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^'^3^û
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ERRATA
DU
DICTIONNAIRE
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
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Les exemplaires destinés à assurer à Fauteur la propriété de ce livre
ont été déposés conformément aux termes de la loi.
Tout exemplaire qui ne portera pas la signature de l'auteur sera
réputé contrefait.
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Chez les mêmes Libraires :
RECUEIL DE MOTS FRAHÇA» PAR ORDRE m MATIÈRES, aveo des Notes sur les
lociUions ticieusêt, das Règles d'curlhographe , et def Exercicbs qui servMit d'application
i la méthode. 13« édition. — In-S». Prix : 1 fr. 50 c. — Ouvrage adopté par l'Université.
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mençants, avec des Exbrcicks qui servent d'application à la méthode. In-12 de 48 pages.
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maire et les SaUes d'Asile.
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les exercices proprement dits, on trouvera dans cet ouvrage les mots du Recueil accom-
pagnés d'adjectifs, de substantifs, etc., au moyen desquels MM. les Instituteurs pourront
composer sur-le-champ des phrases pour les plus jeunes élèves.
RECUEIL DE MOTS FRANÇAIS par ordre alphabétique, avec des règles d'orthographe.
In-8», 6« édition. Prix : 1 fr. 50 c. — Dans ce Recueil , qui lui a été demandé pour servir
de dictionnaire aux élèves, l'auteur, afin de ne pas multiplier inutilement le nombre des
mots , a donné tantôt les racines , tantôt les dérivés , suivant la nature des difficultés qu'ils
présentaient; de plus, il s'est borné aux termes généralement usités dans le commerce,
l'industrie, l'agriculture et la vie commune.
PARU. — IMPKIMBRIB DK J. CLAYB, RUE SAINT- BENOIT, 7.
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ERRATA
DU
DICTIONNAIRE
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
ou
REMARQUES CRITIQUES
m LES 1RRÉGU1.ARITÉS OO'Il PRÉSENTE
AVBC l'indication
DE CERTAINES RÈGLES A ÉTABLIR
PAR
B. PAUTEX
PROFESSEUR DB LANGUE FRANÇAISE
MEMBRE DB LA BOa^TÉ POUR L'INSTRUCTION éLÉMENTAIRB
ET DB CELLE DBS MÉTHODES D'eNSEIONBMBNT
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ GRAMMATICALE
ET DB L'aTHÉNBB DES ARTS, SCIENCES, BELLES-LETTRES ET INDUSTRIE DB PARIS
DEUXIÈME ÉDITION
Si mon œuvre n'est pas un assez bon modèle,
J'ai du moins ouvert le chemin :
D'autres pourront y mettre une dernière main.
La Fontainb.
r
PARIS
J. CHERBULIEZ, LIBRAIRE
RUE DE LA MONNAIE, 10.
HACHETTE et 0% LÎBRAIRES
boulbvabt st-obrmain, n.
DEZOBRY, F. TANDOU et C'«
EUB DBS éCOLBS, 78.
MAIRE-NYON, LIBRAIRE
QUAI CONTI, 13. *
1862
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f
^,/ô
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PREFACE
L'accueil favorable qu'avaient reçu les Remarques sur le
Dictionnaire de l' Académie publiées dans plusieurs journaux,
nous engagea en 1856 à les réunir en un petit volume. Cet
opuscule nous a valu des témoignages de bienveillance qui
nous ont déterminé à examiner de nouveau le Dictionnaire,
à le scruter minutieusement. Nous avons comparé entre eux et
parfois opposé les uns aux autres les articles qui avaient quel-
ques points de corrélation -^^ nous avons tâché d'en déduire
des règles que les dictionnaires n'établissent pas, et qu'on ne
trouve pas même dans les grammaires.
Ce travail nous a confirmé dans l'bpinion que nous avons
émise précédemment, qu'il serait utile que l'Académie s'adjoi-
gnît quelques hommes compétents pour la révision de son
ouvrage. Les collaborateurs de la savante Compagnie seraient
chargés de relire le Dictionnaire , et de puiser soit dans leur
propre fonds, soit dans les grands lexiques qui ont paru
depuis une quarantaine d'années, tels que ceux de Laveaux,
de Boiste , le Complément du Dictionnaire de l'Académie , le
Dictionnaire national et le Dictionnaire universel S les mots et
les acceptions qui manquent dans celui que nous regardons
comme le code de notre langue. A mesure qu'on avancerait,
1. A ces divers ouvrages nous devons en ajouter deux autres qui s'impriment en ce mo-
ment : le Dictionnaire fiançais iUmtré et encyclopédie universelle, par M. B. Dupiney de
Vorepierre, qui a déjà obtenu l'approbation, puis une souscription de S. Exe. le ministre
de l'instruction publique; — et le grand dictionnaire de M. Littré, membre de l'Institut. Ce
dernier ouvrage , que le public lettré attend avec une vive impatience , et dont les premières
livraisons doivent paraître avant la fin de cette année , faciliterait considérablement la tAche
ùiM» mandataires de l'Académie.
a
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— II —
ils devraient s'assurer si les mêmes locutions, les mêmes apho-
rismes, les mêmes proverbes ne se sont pas déjà rencontrés;
ils verraient comment ils ont été écrits et définis, et si l'or-
thographe et la définition ne présentent pas des différences
choquantes d'un article à un autre.
Quand nous disons que les collaborateurs prendraient note
des mots et des acceptions qui manquent dans le Dictionnaire
de l'Académie, nous n'entendons certainement pas demander
qu'on recueille toutes sortes de mots et toutes les acceptions
qu'ils peuvent avoir dans le public; nous croyons même qu'on
pourrait, dans l'intérêt bien entendu de l'ouvrage, supprimer
plusieurs de ceux qui s'y trouvent aujourd'hui. L'essentiel n'est
pas de tout dire, mais de dire ce qui est réellement utile. Ainsi
les additions qu'on ferait d'un côté seraient compensées d'un
autre, en partie du moins, par des suppressions notables.
On retrancherait, par exemple, un assez grand nombre de
doubles emplois. Plusieurs articles de huit à douze lignes
sont répétés ; d'autres de quatre à huit lignes s'y trouvent trois
fois et plus*; certains proverbes avec leurs définitions s'y
rencontrent quatre, cinq, et même six fois; tel est celui-ci :
« A laver la tête d'un âne, d'un More (ou plutôt, d'un Maure), on
perd sa lessive)), qui figure aux articles Laver, Tête, Ane, More,
Perdre, Lessive, et qui chaque fois occupe de quatre à sept lignes,
en sorte que ce proverbe en prend trente-trois à lui seul !...
On retrancherait encore un certain nombre de mots qui
nous semblent inutiles; puis les proverbes ou les locutions
qui pèchent contre la grammaire, contre le bon goût, contre
l'usage actuel, etc. Voy. l'Introduction, p. xxx à xxxii.
1. L'Académie, qui renvoie d'un article à un autre pour ne pas répéter des définitions de
deux ligues, comme Annonairb {loi), c Celle qui, chez les Romains, pourvoyait à ce que
les vivres n'enchérissent pas » ; — Bourse ( ami jusqu'à /a ) , « Ami à rendre toutes sortes
de services, excepté d'aider de son argent » ; — Non-prix, « Vendre à non-prix, Vendre
moins que la chose ne coûte, beaucoup moins qu'elle ne se vend » ; — l'Académie, disons-
nous, répète des définitions de six, huit, dix lignes, et plus, telles que celles de Sang-froid
( à Sang et à Froid ) , de Entendre finesse, malice. Entendre raillerie et entendre la raillerie,
Entendre raison, Entendre la plaisanterie et ne pas entendre plaisanterie, etc. etc., qui se
trouvent à Entbndrk, puis à Finesse, Malice, Raison, Raillerie, Plaisanterie. La
locution En rang d*oignon prend 12 lignes à l'article Oignon, et 15 à Rang. Outre l'incon-
vénient d'occuper sans utilité une place précieuse , ces doubles emplois ont souvent encore
celui de présenter des variantes et des définitions incomplètes à l'un des deux mots, comme
on peut le voir aux articles Oie, Ric-à-Ric, Train, etc.
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— m —
Outre les additions et les suppressions à opérer, il est un
autre travail non moins essentiel à notre avis; c'est celui qui
tendrait à faire du Dictionnaire de TAcadémie un tout bien
homogène, bien lié dans seâ différentes parties ; il préviendrait
quantité de rectifications que sans cela on serait appelé à eflfec^
tuer plus tard, et contribuerait à établir dès l'abord entre les
divers articles du Dictionnaire un accord qui est loin d'exister
toujours. Ce travail, qu'on pourrait appeler d'édaireur, serait
dévolu à l'un des collaborateurs, qui n'aurait guère d'autre
mission que celle-là , et suivant nous ce ne serait ni la moins
délicate ni la moins laborieuse*.
Les collaborateurs se réuniraient, à des jours déterminés,
avec les membres de la Commission de l'Académie, pour dis-
cuter le travail qu'ils auraient fait dans l'intervalle des séances;
l'un d'eux serait chargé de résumer par écrit les discussions?
la Commission y prendrait ce qu'elle jugerait convenable, et
1. Voici de quelle manière on pourrait procéder. A chaque mot de quelque importanct
qu'il trouverait en lisant le Dictionnaire de l'Académie , le collaborateur chargé de ce tra-
vail chercherait le mot à son rang alphabétique et s'assurerait s'il y est bien écrit de la
même manière , s'il est employé dans la même acception , avec le môme complément, etc.
Ainsi, à l'article A , il trouvera, N'avoir pas fait une panse d*a. Il devra donc chercher à l'ar-
ticle Panse ce qui a rapport à cette locution, soit dans le sens propre, soit au figuré ; il signa-
lera à la Commission les différences qui peuvent exister entre les deux articles , et la Com-
mission jugera s'il y a lieu de modifier les définitions de l'un ou de l'autre. Pour Commencer à,
commencer de; continuer à, continuer de, il signalera également les différences que présen-
tent l'article À et les articles Commencer , Continuer. — 11 verra que le proverbe Traiter
quelqu'un de Turc à More (ou plutôt, à Maure) figure aux articles À, Traiter, Turc,
More, et qu'à De il y a encore De Turc à More; il examinera si les définitions sont les
mômes, et la Commission décidera s'il faut laisser les cinq citations, etc.— Pour ces phrases,
Cest à vous de parler, c'est à txnw à parler, il recueillera ce qui est aux articles Ce , Être ,
De, etc. — Il fera remarquer qu'à Sévère on ne retrouve pas cette phrase qui est ici,
Sévère à lui-même, et demandera si elle doit être maintenue, ainsi que indulgent à, qui
se trouve à l'article Indulgent : Indulgent à lui-même, indulgent à ses enfants. Etc. ete.
Il est d'autres remarques qui ne regardent pas spécialement le savant chargé de cette
mission. Ses collaborateurs pourront également s'apercevoir que les locutions A demain, à ce
soir, à dimanche, ne signifient pas seulement. Nous nous re verrons demain, ce soir, diman-
che ; elles peuvent signifier aussi, Nous renvoyons à demain , à ce soir, à dimanche , l'examen
de telle affaire ; dans tous 19b cas , nous pensons qu'au lieu de la définition qu'elle a donnée ,
l'Académie aurait mieux fait de suppléer l'ellipse. Adieu JusQu'à demain , etc. — Les uns et
les autres verront également que les phrases maître à danser, à chanter, devraient être
supprimées, et que dans tous les cas ces locutions, où le complément a un sens actif, se
trouvent assez mal entre fille à marier et bois à brûler, où le sens est passif; — qu'on dit,
non pas touch&t^ au doigt, mais toucher du doigt, faire toucher au doigt et à l*œil; — que ces
exemples. Habile à séduire, fou à lier, facile à dire, bon à manger, curieux à txHr, triste à
penser, prompt à s'irriter, prêt à cmnbaltre, où l'on a , comme plus haut , entremêlé le sens
actif et le sens passif, devraient être présentés séparément : haMle à séduire, enclin à médire,
ingénieux à faire le bien, — fond lier, facile à comprendre, utile à dire. Etc. etc. etc.
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— IV —
ferait le travail que nous appellerons définitif, bien qull dût
probablement subir des modifications ultérieures.
Mais pour un ouvrage tel que le Dictionnaire de l'Académie,
il est une autre question presque aussi importante, sous un
rapport, que celle du travail intellectuel, c'est celle du travail
matériel, de la composition typographique. Sans doute nous
ne pouvons rien apprendre à l'Académie sur la manière dont
cette partie doit être traitée; les soins tout particuliers qu'elle
a apportés à la sixième édition, les précautions qu'elle a
prises pour livrer au public un ouvrage exempt de fautes
typographiques, soins et précautions qui malheureusement
n'ont pas été couronnés de tout le succès désirable, permettent
d'apprécier ce qu'elle aurait fait si elle avait été convenable-
ment secondée. Malgré cela, nous prendrons la liberté de
dire quelques mots sur ce sujet.
A mesure que la Commission de l'Académie aurait rédigé un
certain nombre d'articles du Dictionnaire, ils seraient composés
à l'imprimerie et l'on en ferait des épreuves en nombre égal
à celui des personnes chargées de coopérer à la confection de
l'ouvrage. Cette composition serait soigneusement gardée, afin
qu'on pût la modifier plus tard si l'on venait à changer d'avis
sur la place que devraient- occuper les définitions de certains
mots ou de certaines locutions qu'on voudrait ne pas répéter,
comme celles de Plain-pied, Sang-froid, Haut le pied, etc. Une
fois le travail terminé, on ferait la mise en pages du Dictionnaire ;
on en tirerait des exemplaires pour tous les membres de la
Commission et les collaborateurs, qui compareraient ce travail
d'ensemble avec les épreuves successivement tirées, s'assure-
raient s'il n'y a ni omissions ni doubles emplois, et en même
temps examineraient s'ils n'ont rien à proposer pour l'amé-
liorer*.
Aujourd'hui qu'on ne publie pas de dicttennaire de quelque
1. Sans entrer ici dans des détails qui nécessiteraient l'emploi de termes techniques fort
peu intéressants pour la plupart des lecteurs, nous dirons que le Dictionnaire de l'Académie
ne devrait pas être cliché : rien n'est moins compatible avec une belle exécution typogra-
phique que le clichage. Aussi dans une imprimerie renommée, la plus grande imprimerie de
province et presque de la France, n'y a-t-il qu'une très-faible partie des ouvrages qui soient
clichés ; les ouvrages conservés le sont en caractères mobiles : c'est le seul moyen de faire
convenablement les corrections , les réparations exigées par les accidents , et une foule de
petites améliorations dont la pensée est éloignée par l'existence môme du cliché.
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importance sans indiquer l'origine des mots et leur prononcia-
tion, nous pensons qu'il y aurait dans le Dictionnaire de l'Aca-
démie une lacune fâcheuse si ces deux points essentiels
n'étaient pas résolus; et nous sommes persuadé que le chiflfre
énorme de cent mille exemplaires, auquel on estime la vente
de la sixième édition, aurait été de beaucoup dépassé si ce
régulateur de notre langue avait oflfert ce qu'on trouve dans
d'autres ouvrages du même genre.
Malgré les savantes raisons alléguées par l'illustre auteur de
la Préface pour ne pas ajouter les étymologies, nous ne pen-
sons pas que cette addition , d'une grande utilité ou du moins
d'un grand intérêt pour bon nombre de lecteurs, offrît des
difficultés insurmontables. L'Institut compte dans son sein
bien des membres capables de remplir cette tâche ardue;
d'ailleurs l'auteur de la Préface ne nous montre-t-il pas que
lui-même pourrait l'accomplir? Enfin il ne s'agit point d'in-
diquer les origines de tous les mots, mais seulement celles
dont on croit aujourd'hui être certain.
Souvent TAcadémie a soin de donner explicitement la valeur
des locutions empruntées à la langue latine. Ainsi elle dit :
« Ad libitum. Expression latine qui signifie A volonté... »; —
« Ad rem. Locution latine qui signifie A la chose... » ; — « Allé-
luia, Terme emprunté de l'hébreu, qui signifie Louez le Sei-
.gneur... » , etc. Pourquoi n'a-t-elle pas indiqué de même la
signification primitive de beaucoup d'autres mots? A l'article
« Ad honores*. Expression empruntée du latin, dont on se sert
en français, dans le langage familier, en parlant D'un titre sans
fonction et sans émoluments » , n'aurait-il pas été convenable
de dire que cette expression signifie Pour l'honneur, simple-
ment honorifique? — Et de même dans la définition de « Ad
PATRES, Locution latine qui s'emploie dans quelques phrases
familières. Aller ad patres, Mourir; Envoyer ad patres, Faire
mourir » , ceux qui n'ont pas étudié le latin ne seraient-ils pas
satisfaits d'apprendre que la première de ces locutions signifie
Aller auprès de ses pères, de ses aïeux, aller les rejoindre dans
1. L'Académie ne met pas Ad hominem (argument) : c'est une omission à réparer, d'au-
tant plus que c'est là qu'on devrait trouver explicitement indiquée la signification de cette
locution latine (argument fait pmir l'homme, qui va droità /7towwK?,qui attaque directement la
personne à qui on l'adresse), signification qu'elle n'a pas fait connaître à l'article Argumbnt.
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— VI —
la tombe, — et la seconde Envoyer auprès de ses pères, c'est-
à-dire dans l'autre monde? Le nombre de ces locutions latines
employées en français est assez considérable ; nous n'en cite-
rons que quelques-unes : nescio vos, custodi-nos, salvanos, vade-
mecvm; ne varietur, bénédicité, paréatis, veniat, récépissé, etc.
Pourquoi l'Académie ne dit-elle pas que Récépissé signifie Avoir
reçu, comme elle dit que Récïpé signifie Prenez?
Quanta la prononciation, l'Académie l'a indiquée quelque-
fois, il est vrai, mais trop rarement, comme nous l'avons fait
remarquer dans l'Introduction et dans le chapitre de la Pro-
nonciation. Ces absences d'indications se font surtout sentir
dans les adverbes en amment et emment et dans les mots termi-
nés par il, ille, tie, tial, tiel, tion. — Nous croyons superflu de
demander que l'Académie continue de dire « l'L est mouillée,
les LL sont mouillées » , au lieu de figurer la prononciation,
car celle qui est indiquée dans les dictionnaires du jour déna-
ture complètement celle qu'on observe quand on parle bien.
Malgré le titre d'Errata du Dictionnaire de V Académie française,
que nous avons cru pouvoir donner à cette nouvelle édition
de nos Remarques, nous aimons à croire que personne ne
verra dans cet ouvrage une critique dirigée contre l'Académie
elle-même. Nous avons entrepris ce travail par goût, et avec
l'espoir qu'il pourrait être de quelque utilité; puis nous avons
ajouté à nos premières observations celles que nous ont suggé-
rées six années d'un examen attentif, qui nous a permis de
faire de plus nombreux rapprochements. L'illustre Compa-
gnie ne s'est pas méprise sur l'intention qui a dirigé notre
plume dès le commencement, comme en témoignent' les
lettres dont nous ont honoré quelques-uns de ses membres.
D'ailleurs nous croyons avoir justifié ce titre non-seulement
par Y errata proprement dit qui figure à l'article Typographie,
mais encore par le relevé des distractions que nous avons
signalées, notamment aux mots Amande, Contre-basse, Gris,
Majuscule, Mentor, etc.
Peut-être nous reprochera-t-on d'avoir signalé des distractions
sans importance; et cependant nous avons supprimé au moins
le tiers de notre travail primitif. Quant à la longueur de quel-
ques articles, on l'excusera sans doute, en raison de la néce&-
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— VII —
site où nous nous trouvions de grouper des remarques qui
sans cela auraient été incomplètes.
Afin d'abréger autant que possible, nous n'avons mentionné
que les alinéa ou même les portions d'alinéa qui nous ont
paru exiger une observation. Les points (...) qui figurent
dans le commencement d'un grand nombre d'articles après
le MOT -TITRE, représentent ce qui, dans le Dictionnaire, se
trouve entre ce mot et les phrases que nous avons signalées.
Nous ne terminerons pas cette préface sans exprimer notre
vive reconnaissance aux personnes qui ont eu la bonté de nous
aider de leurs conseils dans un travail si délicat, et sans men-
tionner les principaux ouvrages que nous avons consultés;
ce sont :
Les diverses éditions du Dictionnaire de V Académie française, savoir : la 1",
de 1694; — la 2% de 1718; — la 3% de 1740; — la 4% de 1762; — et la 6% de
1835. — Quant à la cinquième édition, qui paraît n'avoir pas été reconnue par
l'Académie et dont l'autorité peut être contestée, nous nous sommes abstenu de
la mentionner •. ^
Le Supplément de 1696, qui souvent pourrait être utilement consulté pour
rectifier le Dictionnaire de 1835.
Le Complément publié en 1842 sous la direction d'un membre de l'Académie.
Ce qui a paru du Dictionnaire historique de la langue française publié par
l'Académie en 1858.
V Essai d'un dictionnaire historique de la langue française par M. Paulin
Paris, publié en 1847.
VErrata de la. sixième édition du Dictionnaire de V Académie française, publié
en 1841 par M. Legoarant, auteur de la Nouvelle orthologie française^ dans une
brochure in-4° qui a pour titre Nouveau dictionnaire critique de la langue fran-
çaise, etc. — Cet errata n'est pas long, mais il présente de précieuses remarques.
Le Dictionnaire national de M. Bescherelle.
Le Dictionnaire universel (in-4°) de M. Poitevin.
Le Dictionnaire français par ordre d'analogie de Lemare.
Le Dictionnaire étymologique de la langue française par Roquefort.
La Balance orthographique et grammaticale de la langue française par
M. La Loy.
Le Dictionnaire universel d'histoire et de géographie par M. Bouillet.
Le Dictionnaire général de biographie, d'histoire, de géographie, etc. par
MM. Dezobry et Bachelet.
La Biographie portative universelle par MM. LtUanne , Renier, etc.
Le Dictionnaire grec-français de M. C. Alexandre, membre de l'Institut.
Le Dictionnaire latin-français de MM. Quicherat et Daveluy.
1. Au moment de mettre sous presse, nous apprenons d'un membre de l'Académie fran-
çaise, que la savante Compagnie, avec laquelle il a eu l'obligeance d'en conférer, a déclaré
reconnaître la cinquième édition de son Dictionnaire.
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LETTRES
MUTITES iUI REHiRQIieS SDR LE DICTIONNAIRE DE L'iClDÉIIE FRANCUSE
M. SAINTE-BEUVE
MEMBRE DE l'INSTITUT ET DE LA COMMISSION CHARGÉE DES TRAVAUX EELATIFi
AU DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE.
Ce 25 septembre 1856.
Monsieur,
Votre travail, sous sa forme actuelle, me paraît excellent, et très-bon à être
consulté pour les futures éditions du Dictionnaire de l'Académie, Malheureuse-
ment celui que nous faisons en ce moment n'est pas celui de l'usage , mais un
grand Ùictionnaire historique de la langue qui sera terminé dans un siècle. Il
faudrait qu'on mît à profit vos exactes et judicieuses remarques pour les pro-
chaines éditions du Dictionnaire ordinaire. Je le dirai.
Croyez à mes sentiments les plus distingués.
Sainte-Beuve.
M. PATIN
MEMBRE DE L'iNSTITUT, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION CHARGÉE DES TRAVAUX RELATIFS
AU DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISK.
24 décembre 1856.
Monsieur,
Il y a longtemps que je devrais vous avoir remercié du présent que vous avez
bien voulu me faire. Vos Remarques sur le Dictionnaire de V Académie française
témoignent de recherches poursuivies avec une grande patience et beaucoup de
sagacité grammaticale. Quand on prendra le parti d'effacer du Dictionnaire bien
des irrégularités consacrées par l'usage et qu'on s'est jusqu'ici borné à constater,
votre livre présentera des indications fort utiles, dont il est juste de vous témoi-
gner d'avance sa reconnaissance. J'ai grand plaisir à le faire, en vous renou-
velant en même temps l'assurance de mon estime pour vos travaux et de ma
parfaite considération pour votre personne.
Patin.
M. Ad. REGNIER
MEMBRE DE l'iNSTITUT.
Paris, le 15 avril 1818.
Monsieur,
Je connaissais déjà vos Remarques sur le Dictionnaire de l'Académie, et je
vous suis d'autant plus reconnaissant de me les avoir données que j'en sais le
mérite. Je les ai parcourues plus d'une fois, et soit dan» les remarques et instruc-
tions générales, soit dans les observations de détail, j'ai pu apprécier la puissance
d'attention, la sagacité, l'esprit de suite et d'ensemble qui vous distingue, en
même temps que j'ai été frappé de votre érudition consciencieuse en tout ce qui
concerne l'étude soit historique , soit grammaticale de notre langue. On ne peut
s'empêcher de désirer, en maniant votre petit livre, qu'une nouvelle édition du
Dictionnaire soit publiée sans trop de retard, et qu'on y mette à profit vos judi-
cieuses critiques et indications.
Recevez, Monsieur, je vous prie, avec mes remercîments, la sincère assurance
de ma considération très-distinguée.
Ad. Régnier.
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— IX
M. C. ALEXANPRE
MBMBRB DB L'iNSTITUT.
Paris , le 21 avril 1858.
Monsieur,
J'ai reçu l'ouvrage dont vous avez eu la bonté de m*adresser un exemplaire. Je
n'ai pu qu'en parcourir bien rapidement quelques pages , étant occupé en ce
moment des préparatifs de mon départ pour ma tournée annuelle d'inspection.
J'avais plusieurs fois remarqué, Monsieur, dans un journal de l'instruction
publique, de fort bons articles signés de vous sur certains détails du Dictionnaire
de l'Académie. Je suis bien aise de voir que vous donniez suite à ces travaux, et
je crois qu'ils peuvent être fort utiles pour l'étude approfondie de notre langue.
Agréez , Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.
G. Alsxandm.
M. Alfred MAURY
MBMBRt DB L'INSTITUT.
Paiis» ce 2 mai 1868.
Monsieur,
J'ai lu avec intérêt l'opuscule intitulé Remarques sur le Dictionnaire de
V Académie française , que vous avez eu l'amabilité de m'ofirir. Plusieurs de vos
critiques m'ont paru fondées, et pour celles qui ne le semblent pas autant, il
y a lieu à examen , et vous avez bien fait d'attirer sur ces points l'attention. La
lecture de votre travail profitera à ceux qui ont besoin d'écrire correctement le
français, c'est-à-dire à tous ceux qui le parlent.
Veuillez donc agréer mes sincères remerciements et croire à mon entier
dévouement.
Alfbed Madiit.
S. ÉM. M^ LE CARDINAL MORLOT
ARCHIVftQUB DB PARI9.
Paris, le 19 juin 1858.
Monsieur,
Je n'ai pu encore que parcourir bien rapidement votre ouvrage sur le Diction-
naire de l'Académie. C'est une lecture qu'on ne voudrait plus interrompre dès
qu'on l'a commencée ; malheureusement le temps me manque pour cela comme
pour beaucoup d'autres choses; Seulement je reviendrai le plus fréquemment
possible à vos Remarques, si judicieuses, si intéressantes et si utiles. Je n'ai pas
voulu différer plus longtemps de vous adresser mille remercîments pour ce service
rendu et pour la bonté que vous avez eue de m'adresser un exemplaire de ce
nouvel ouvrage, fruit d'études et d'observations qu'on ne saurait trop apprécier.
Veuillez recevoir, Monsieur, l'assurance de mes sentiments très-reconnaissants
et dévoués.
f F. N. , Card, , archev. de Paris.
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— X —
M. DUPIN AÎNÉ
MEMBRE DE l'INSTITUT.
Paris, le 9 juillet 1858.
Monsieur,
Je vous remercie de m'avoir envoyé vos Remarques sur le Dictionnaire de
V Académie. — J'ai tardé à vous répondre parce que j'ai voulu les lire. Je vous
en félicite maintenant en connaissance de cause; c'est un errata très-utile, dont
on devra profiter dans une nouvelle édition.
Recevez, je vous prie , etc. Dupin.
EXTRAIT de l'Illustration, n'* du M octobre 1856.
M. Pautex, dont le nom se rattache à de nombreux et utiles travaux sur la
langue française , et qui professe pour la grammaire un culte auquel il a voué sa
vie entière, a entrepris et mené à fin une tâche ardue que lui seul eût osé aborder:
il a lu le Dictionnaire de l'Académie. Il l'a lu, disons-nous , ce qui s'appelle lu,
la loupe à la main, d'un œil scrutateur et inexorable. Dans ce voyage autour
du monde , commencé à la lettre A et terminé avec la lettre Z , il a recueilli une
ample collection de ces anomalies, de ces caprices orthographiques, éternel déses-
poir des instituteurs , des professeurs , des typographes et autres surveillants du
feu sacré, auxquels l'application des règles semble déjà un labeur suffisant, et
dont les exceptions multipliées déroutent toute la science.
Nous ne parlerons pas de quelques erreurs échappées à l'impression de ce
Dictionnaire, et qui disparaîtront facilement d'un tirage à l'autre; nous nous
abstiendrons de signaler l'omission assez fréquente des indications nécessaires
pour fixer la prononciation ; nous n'insisterons pas non plus sur cette profusion
de variantes dans une matière qui devrait être invariable comme la loi : nous
nous bornerons à citer quelques exemples , pris au hasard , dans diverses catégo-
ries d'irrégularités.
L'Académie emploie fort arbitrairement le trait d'union ; elle écrit dès lors et
dès-là, par là et jusque-là, par derrière et par-dessus, là dedans et là-haut,
au delà et aur-devant, portefeuille et porte-montre, entretoise et entre-sol^
surintendant et sur-arbitre, etc, etc. — Dans quelques verbes elle double la
consonne; dans d'autres, elle se contente d'affecter de l'accent grave la voyelle
qui la précède '.j'appellerai, je harcèlerai; j'achèterai, je cachetterai; ou bien
elle change la nature de l'accent , et elle écrit : je relèverai et je révélerai; je
décèlerai et je recèlerai. — Pourquoi écrire maçonner et ramoner, cannellier et
chapelier, lunettier et layetier, sangloter et grelotter? — Pourquoi cette diflfé-
rence entre des mots dérivés du même radical : emmaillotter et démailloter,
consonnance et dissonance ? — Que dire de la triple méthode qu'elle admet pour
des substantifs de formation analogue : remuement, dénûment, éternument; pour
les adverbes absolument et assidûment ? — Pourcpioi surtout résolument et irré-
solument? — N'est-ce pas pousser la liberté jusqu'à l'anarchie que d'autoriser,
au mot payement, les variantes paiement et patment ?
Ce petit nombre de citations , pris dans le cours d'un volume très-rempli de
faits, prouve tout le parti que l'Académie peut tirer du travail de M. Pautex pour
ramènera une plus grande uniformité le code de notre langue, pour effacer de
ses colonnes des disparates qui offusquent la logique, et des fantaisies qui défient
tous les efforts de la mémoire. En attendant cet important résultat, \qs Remarques
deviendront l'annexe indispensable du Dictionnaire pour tous ceux' qui, par goût
ou par nécessité, s'intéressent à son perfectionnement. H. F.
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INTRODUCTION
Malgré tout ce qu'on a pu dire depuis cent soixante ans contre
le Dictionnaire de TAcadémie, il est resté le seul régulateur de la
langue française, tant pour la prononciation que pour Torthographe
et la signification des mots. On conçoit cependant que dans un
travail de si longue haleine, il se soit glissé un certain nombre de
fautes , qui ensuite ont pu passer dans d'autres ouvrages et par là
induire en erreur un grand nombre de personnes. Il peut donc y
avoir quelque utilité à relever une à une les fautes qui déparent ce
Dictionnaire, en le suivant dans son ordre alphabétique.
Ces fautes sont de deux sortes : les unes, telles que les contradic-
tions dans Forthographe, le manque d'harmonie dans les définitions,
sont inhérentes à l'ouvrage même et proviennent de difl'érentes
causes; les autres, et ce sont les plus saillantes, sont le résultat du
travail matériel ou typographique, qui n'a pas été surveillé avec tout
le soin désirable. Il en est quelques-unes pour lesquelles il est diffi-
cile de reconnaître à qui elles doivent être attribuées, et dans ce cas
nous nous sommes permis de les mettre sur le compte de l'Académie,
c'est-à-dire que nous ne les faisons pas figurer dans V errata qui se
trouve à l'article Typographie ; telle est cette inversion à l'article
QoEUE : « Prendre le mariage par la queue. Avant le mariage, vivre
maritalement ». Évidemment il faut lire ici, comme à l'article Rom ait :
« Vivre maritalement avant le mariage » ; cependant il est possible
que l'inversion qui se trouve à l'article Queue soit le fait du compo-
siteur. Mais il y a des transpositions de phrases qui ne peuvent être
attribuées à l'Académie, ni même au premier compositeur : c'est,
croyons-nous, le résultat d'additions faites après coup, et qui ont
été mal placées par l'ouvrier qui a corrigé sur le plomb; telles sont
celles qu'on voit aux articles Commencer , Gouverner , Mais , etc. Le
reproche qu'on peut adresser au membre de l'Académie chargé de
surveiller l'impression, c'est de n'avoir pas vérifié les corrections
jusqu'au dernier moment , et d'avoir donné le bon à tirer ou plutôt
à clicher sur des épreuves qui portaient encore des remaniements
(changements, additions ou suppressions) à faire ^.
1. n est des auteurs qui répugnent tellement à lire les épreuves de leurs ouvrages, qu'ils
donnent leur bon à tirer ou à clicher sur des épreuves qui demandent encore plusieurs
heures de remaniements. Souvent les renvois pour les additions à intercaler sont indiqués
si peu clairement , que le compositeur reste indécis ; et il commet des erreurs , surtout s'il
est distrait, si récriture est difficile à lire , ou si lar matière traitée dans l'ouvrage est hors de
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— XII —
Quel& que soient les coupables, pour ces fautes et pour les autres,
nous allons passer en revue les principales de celles qu'on trouve
dans le Dictionnaire de rAcadémie.
Fautes typographiques. Aux mots aspersoir^ hillon (terme d'Agri-
culture), faucillon, cervier, on trouve le genre féminin; — à ballot-
tade, collection, déchéance, préceinte, le masculin ; — à boulonner,
expérimenter, verbe neutre; — à couler (fluer), verbe actif; — à
mésavenir, s. fém.; — à simultanément, adj.; — k vivifiant, ante,
adv.; — à fécale (matière), subst. fém.; — k gemme (sel, pierre),
adj. masc; — à baiseur, euse, adj. pour subst.; — à opérateur,
subst. pour subst. masc; et au contraire, on trouve, à payeur, euse,
et à toutinier, ère, s. m. , et à inoculateur, trice, s. f. , au lieu de
subst. seulement. — Aux mots déconsidéré, ée; paraphraseur, euse;
parent, ente; tellière, etc., les dénominations sont omises; — le par-
ticipe causé, ée, est mis au verbe neutre comme au verbe actif; —
défilé, ée, qui devait être au verbe actif, a été placé au verbe neutre.
Aux verbes déjeuner, détonner, on trouve les participes déjeuné, ée;
détonné, ée, qui sont de trop , puisque le participe de ces verbes
neutres qui ne se conjuguent qu'avec l'auxiliaire avoir reste toujours
invariable. — D'un autre côté, les participes sont omis à plusieurs
verbes actifs tels que dégriser, estamper, plaisanter, etc., ou à des
verbes pronominaux et réciproques tels que s'absenter, s'abstenir, se
désister, s'écrier, s'emparer, se souvenir; s'entr' avertir, s'entr'égor-
ger, s'entre - quereller , etc., tandis qu'on en a mis à murmurer,
marmonner, marmotter, pisser, etc.; se bastingiier, s'encasteler ,
s'engrumeler, s'entabler, etc.
DÉFINITIONS. On nous dit que Homocentrique est un terme d^Ana-
tomie, au lieu ù^ Astronomie ; — que Mystique signifie Figure allégo-
rique, au lieu de Figuré, allégorique; —que Rembourser des épi-
grammes, de mauvais compliments, des injures, des coups de poing,
un soufflet, un coup dépée, etc., c'est les recevoir; — que Retourner
un habit, c'est le tourner dans un autre sens, comme on le ferait d'une
rôtie, d'une côtelette, ou de foin qu'on veut faire séchçr (Voy. Re-
tourner); — que Tergbr ou Terser signifie Donner un troisième
labour, et Reterser , Donner un second labour ; — que quintupler,
sextupler, septupler, décupler, centupler, c'est rendre cinq, six,
sept, dix, cent fois plcs grand; tandis que quintuple, sextuple, sep-
tuple, décuple, centwple, sont définis « qui vaut cinq, six, sept, dix,
sa portée. Le correcteur qui lit la dernière épreuve peut s'y tromper également, par l'une
des trois causes que nous venons d'énoncer, et de là viennent des fautes que l'auteur déplore,
mais qu'il ne doit imputer qu'à lui-môme. Quelquefois, et cela n'est même pas très-rare, on
croit voir que l'auteur a fait un lapsus calami, et l'on voudrait le consulter ; mais il est à la
campagne, en province, en voyage; on est pressé de tirer pour avancer l'ouvrage» et l'on se
décide à imprimer tel qaeL
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— XIII —
cent fois autant, et non cinq, six, sept, dix, cent fois plus.-— On nous
dit encore que 1' airain est un métal ( lisez : alliage) composé en
grande partie de cuivre jaune {supprimez : jaune), mêlé avec du
zinc. ; — que Goût se prend quelquefois pour Odeur. (M sent ici un
goût de renfermé (Voy. Goût); — on donne des définitions diflTé-
rentes à Grébur et Agréedr , à Écourgeon et Escourgeon , qui doi-
vent être synonymes. Etc. etc.
Exemples. Dans les exemples nous trouvons Des poissons vivipares;
— Des bras (sorte de chandeliers), une coupe, un couvert, un flam-
beau de vermeil doré -^--La pièce d*un franc pèse un gramme (lisez :
CINQ grammes);^Il ressemble aux anguilles (au lieu de à l'Anguille
ou Languille) de Melun, il crie avant qu'on Vécorche; — Le glacier
du Mont-Blanc est le plus remarquable de la Suisse. (Jusqu'en 1860,
il fallait dirç : de la Savoie ; maintenant le Mont-Blanc est en France.)
Contradictions et inconséquences. Les unes et les autres sont
nombreuses, car on en trouve dans l'orthographe, dans le genre et
dans les définitions. Pour celles-ci nous nous bornons aux citations
présentées plus haut.— Quant au genre, nous mentionnerons Viorne,
Losange, auxquels l'Académie donne le genre féminin , tandis qu'aux
articles Obier, Khombe , /elle dit : L'obier est un viorne j Le losange
est un rhombe; — puis Euphorbe, auquel elle donne le genre mascu-
lin , tandis qu'aux articles Ésule et Tithymale elle en fait un sub-
stantif féminin (Voy. Euphorbe); — Orge, qui, dit-elle, ne prend
le genre masculin que dans les locutions orge mondé, orge perlé,
bien qu'elle appelle l'écourgeon de Vorge carré ; — et enfin la plante
appelée hièble, à laquelle elle donne le genre masculin quand elle
l'écrit YÈBLE, et le genre féminin à l'article Hièble.
Mais c'est l'orthographe qui nous fournit le plus de matériaux. —
Dans le verbe Asseoir, l'Académie ne met Ve qu'à l'infinitif; elle écrit
j'assois, j'assoyais, j'assoirai, j'assoirais, assoyant; dans le verbe
Surseoir, elle met Ve à l'infinitif, au futur et au conditionnel (sur-
seoir, je surseoirai, je surseoirais), et le supprime aux autres temps
(je sursois, je sursoyais, sursoyant). — Elle écrit abattement, abat-
teur, abattoir, abattures, avec deux t ; abatage, abalée, abatis, avec
un sew];— battre, abattre, combattre, débattre, s'ébattre, Sivec deux t;
elle n'en met qu'un kembatre, embalage (Voy. Battre). — Elle écrit
avec deux r, charrette, charretier, charrier, charroi, charron, char-
rue, et les dérivés, auxquels on pourrait ajouter carriole et carrosse;
mais chariot n'en prend qu'une ; — au contraire, courrier, courrière,
ont deux r, par exception à courant, courante, coureur, courir et
tous les composés de ce verbe : accourir, concourir, parcourir, recour-
rir, secourir, etc. — Elle écrit un zéphyr avec Vy et sans e à la fin, et
Zéphire, le Zéphire, avec un i simple et un e final ; — desquamation
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— XIV —
avec une seule m, conformément à Tétymologie, et sguammeux avec
deux m; — des dames-jeannes, des saints-g er mains , sans majuscules
et avec des s finales ; dans les reines-Claude, Claude prend la majus-
cule et reste au singulier ; pour les poires de Messire Jean, il faut
écrire Messire et Jean avec des majuscules , les laisser au singulier,
et supprimer le tiret qu'on met à dames-jeannes, à saints-germains
et à reines-Claude, etc. etc. ; — elle donne la marque du pluriel à
les duos, les trios, mais elle écrit les solo sans s finale. Voyez aussi
les articles Amande , Contre-basse , Gris , Majdscdle , etc.
Aux Contradictions et inconséquences on pourrait ajouter quelques
lignes qui auraient pour titre Distractions. C'est en effet, ce nous
semble, à des distractions qu'il faut attribuer Torthographe de l'ad-
jectif douceâtre, dont le ce au lieu du ç ( douçâtre ) nous ramène au
temps où l'on écrivait nous commenceons, nous commenceasmes; —
celle de recez, dont le z, qui aurait été en harmonie, il y a cent qua-
rante ans, avec agrez, congrez, procez, succez, etc., ne peut être
maintenu aujourd'hui qu'on écrit agrès, congrès, procès, succès; —
celle de tutelle, curatelle, qui, à la vérité, peut être attribuée au
respect pour les habitudes du barreau, aussi bien que celle de
préfix (au lieu de préfixe)^ mais qu'on doit maintenant rendre con-
forme à l'étymologie , et à l'analogie de ces mots avec parentèle,
clientèle, cautèle, loquèle, etc., comme l'Académie l'a fait en 1835
pour fidèle et modèle, qu'elle écrivait précédemment fidelle, modelle.
C'est probablement une cause semblable qui a fait omettre à l'Aca-
démie les mots iconolâtrie et zoolâtre, quoiqu'elle ait donné icono-
lâtre et zoolâtrie ; — qui lui a fait dire, à l'article B, que les mots
ahbé, rabbin, sabbat, et leurs dérivés, sont en français les seuls mots
où le b se redouble, bien qu'elle ait admis gobbe, gibbeux, gibbositë,
qui prennent également deux b; — et encore, que repartir, répli-
quer, etc., qui est un verbe actif, se conjugue comme partir, verbe
neutre qui prend généralement l'auxiliaire être * ; — que vermoulu
est le participe de vermouler; ce qui autoriserait à dire que moulu
est le participe de mouler, ou tissu le participe de tisser, etc. etc.
Les accents ne présentent pas moins d'anomalies. L'Académie écrit
novissimÉ et optimt\ — stve, grkve, trÈve;— soutènement, ttnement,
entrettnement ; — fkve, allÈgre, règlement, et ftverole, alltgrement,
rtglementer, dértglement, etc. ; — elle emploie l'accent grave pour
les mots recèlement, dégrèvement, allèchement, et met l'accent aigu
dans affrètement, complètement (substantif et adverbe), dessèchement,
rengrénement ; bien que les uns et les autres soient dans les mêmes
conditions, c'est-à-dire que Ja pénultième syllabe des verbes auxquels
1. Pour être dans le vrai, il aurait fallu dire que repartir t se conjugue comme partir
DANS LIS TBMPS SIMPLES. >
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— XV —
ils appartiennent soit affectée d'un accent aigu {receler, dégrever,
allécher; a/fréter, compléter, dessécher, rengréner)^ qu'ils aient le
même nombre de syllabes, et que la syllabe accentuée soit suivie
d'une syllabe muette * ; — elle emploie Vè grave pour les mots bobèche,
brèche, calèche, lèchefrite, chènevotte, fièvre, mièvrerie, piètrerie,
espièglerie, etc.; Yé circonflexe pour bêche, campêche, dréche, etc.;
et IV aigu pour orfèvre, orfèvrerie, négrerie, etc.; — elle met toujours
un accent aigu devant la syllabe ge; d'où ces bizarreries : collègue
et collège, strattgue et strattge, grtgue et grége, allkgre et allège,
Sjfnthkse et cortège, diÈse et piège. — Dans les verbes, le futur et
le conditionnel prennent l'accent grave ou l'accent aigu suivant que
la pénultième syllabe de l'infinitif présente un e muet ou un é; il faut
donc écrire f engrènerai et je rengrènerai; je grkverai et je dé-
grèverai ^; je relèverai et je révélerai; je décèlerai et je recèlerai.
L'emploi de l'accent circonflexe mérite une mention particulière.
On est généralement persuadé qu'il faut mettre cet accent dans les
mots où il y a une lettre supprimée, voyelle ou consonne; et l'on
écrit, en conséquence, chiite, reliure, meunier, moûtier, vite, étage,
joute, etc. Eh bien, précisément dans ces mots-là l'Académie l'a sup-
primé; elle écrit chute, reliure, meunier, moutier, vite, otage,
joute, etc. ; mais elle en met un aux mots grâce, extrême, suprême,
trêve, etc., où il ne représente rien; — elle le met à gainier, où la
première syllabe doit être brève, et non dans je dégaine, je rengaine,
où elle doit être longue ; — elle l'emploie pour dix des adverbes dé-
rivés des adjectifs terminés par u : assidûment, congrûment et incon-
grûment, continûment, crûment, dûment et indûment, goulûment,
nûment, résolument, et le supprime dans les six autres : absolument,
ambigume it, dissolument, éper dûment, ingénument, irrésolument ;
ainsi elle écrit incongrûment avec un accent comme congrûment,
mais elle n'en met pas dans irrésolument, composé de résolument
qui en a un. — Gomme elle supprime dans les mots déjeuner, dessoû-
ler, encablure, cranologie, symptomatique,etc., le circonflexe qu'elle
met k jeûner, soûler, câble, crâne, symptôme, on pourrait croire que
cette règle est générale pour leâ composés et les dérivés; mais il n'en
est rien ; ainsi elle ne met pas cet accent à batardeau, batardière,
1. Nous sommes loin de réclamer l'accent aigu pour les mots recèlement, dégrèvement,
allèchement, etc.; nous désirerions, au contraire, qu'on ne le mît jamais sur un e suivi d'une
syllabe muette ; ainsi nous pensons qu'on devrait écrire allège, collège, fèverole, réglementer,
orfèvre, affrètement, complètement, empiétement, dessèchement, rengrènement, avènement,
événement, etc.; je recèlerai, je dégrèverai, je révélerai, etc., comme en écrit alèze, collègue,
fève, règlement, lèvre, allèchement, achèvement, prélèvement, je cèlerai, je grèverai, je relè-
verai, etc.
2. L'Académie aurait supprimé trois difficultés si elle avait écrit dégrever, rejigrener,
receler, comme grever, engrener, celer et déceler. L'accent aigu qu'elle ajoute à la seconde
syllabe de ces trois verbes, qu'elle écrit dégrever, rengréner, receler, nous semble tout à fait
inutile. Il en est de même pour celui qu'elle met à la première syllabe~des verbes rédupli-
catifs répuUuler, révimfier.
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— XVI —
futaie, futaille, futé, je clorai, je clorais, kUrie ( culte de); tandis
qu'elle le met aux mots abâtardir, abâtardissement, affûtage, affûter,
affûtiau, il éclôra, il éclôrait, idolâtrie, zoolâtrie. — Enfin elle met
un circonflexe à des o qui sont brefs dans leur étymologie grecque :
pôle, monôme, binôme, trinôme, quadrinôme, polynôme, etc. ( com-
posés de nome, où elle n'en met pas), et elle le supprime dans des
mots où Vo est long dans cette langue, comme amome et cardamome,
arôme, axiome, chrome, gnome, idioràe, sarcome, idole, zone, prote,
et les composés de gone : pentagone, hexagone, heptagone, octogone,
ennéagoîie, décagone, etc. Cependant elle l'a conservé dans les mots
diplôme, osmazôme, staphylôme, stéatôme, symptôme, cône, pylône,
et elle a maintenu Vo bref dans agronome, astronome, autonome,
économe, gastronome, Deutéronome, épitome, atome, etc.; mais
déjà elle dit qu'on doit prononcer long Vo à'atome, ce qui semble
annoncer que prochainement elle écrira atome. Comment se rappeler
tout cela?
Voici encore d'autres occasions d'exercer sa mémoire. L'Académie
écrit appartement ou appariment; crucifiement ow cr ii ci fiment; re-
niement ou reniment; mais elle préfère, remer ciment et résiliment k
remerciement, résiliement; — elle écrit dévouement, mais dans dé-
noûment .elle remplace Ve par un circonflexe, sur Vu; -— elle écrit
remuement ou remûment, mais dans décrûment, dénûment, elle sup-
prime Ve, et dans étemument elle ne met pas même le circonflexe ; —
elle donne délayement, étayeme^U, sans variante ; bégayement avec la
variante bégaiement; quant à payement, elle dit que l'usage autorise
les variantes paiement et paiment.
Ceci nous mène naturellement à parler de la conjugaison des
verbes. Dans ceux qui se terminent en oyer, uyer, l'Académie met
toujours un i simple devant Ve muet : je tutoie, je nettoierai, que
j'envoie; j'appuie, j'ennuierai, que j'essuie; de même que pour les
substantifs elle écrit joie, voie, soierie, pluie, suie, essuie-main, etc.
— Mais pour les verbes terminés par ayer, eyer, la règle n'est plus
la même. L'Académie donne toujours, il est vrai, pour paradigme le
verbe payer, où elle admet Vi comme variante de Vy (Je paye, tu
payes, il paye ou il paie ; ils payent ou ils paient. Je payerai ou je
paierai ou je pairai); mais toujours aussi, malgré cela, elle emploie
Vy, comme on peut le voir surtout aux verbes balayer, bégayer,
effrayer, etc. Ainsi donc il faut écrire avec un i, la monnaie, une
étaie, une effraie, une raie, etc., et avec un y, je monnaye, j'étaye,
j* effraye, je raye, etc. — Puisqu'elle dit elle-même au verbe Avoir : *
« L'orthographe aye, que j'aye, de l'impératif et du subjonctif, n'est
plus guère usitée ; on écrit généralement aie, qy£ j'aie » , il est à dé-
sirer qu'elle renonce à Vy pour les verbes avoir, payer, et tous ceux
qui se conjuguent sur ce dernier.— Nous en dirons autant pour ceux
qui se terminent par le son eyer. Ils sont peu nombreux, puisqu'ils
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— XVIÏ —
se bornent à quatre : barheyer, bras^eyer, grasseyer, langneyer; et
cependant ils présentent encore une exception, planchéier^.
La conjugaison des verbes terminés par eler, eter, offre plus de dif-
ficultés encore, en ce que rien ne fait pressentir l'orthographe de
TAcadémie pour le présent de Tindicatif et du subjonctif, le futur et
le conditionnel ; ainsi elle écrit je harcèle, je modèlerai, etc., f achète,
f étiqueterai, etc., avec un è et une seule l, ou un seul t, tandis que
dans j'attelle, je chancellerai, je cachette, je souffletterai, etc, elle
double la consonne.
Pour les premiers, qui sont au nombre de soixante environ, il n'y
en a pas trente dont l'Académie ait fait connaître la conjugaison ;
quant aux derniers, sur trente-cinq verbes, elle ne l'a indiquée que
pour dix; en sorte qu'on ne sait si l'on doit écrire je cisèle ou je
ciselle ; j'épelle ou j'épèle ; il furète, il guillemète, ou il furette, il
guillemette; et ce qui est à noter, c'est que l'orthographe du substan-
tif et celle du verbe ne s'accordent pas toujours : ainsi une bourrelle
(féminin de bourreau) prend deux l, tandis que dans la conscience
bourrelé les méchants, il n'en faut qu'une; — j'étiquete, l'aigle
trompeté, ne prennent qu'un t; il en faut deux dans les substantifs
étiquette et trompette.
Nous ajouterons que !a plupart du temps c'est par des exemples
très-rares et quelquefois même donnés dans les dernières lignes d'un
article très-long que l'Académie fait connaître la manière dont le
verbe doit être conjugué. Il serait convenable qu'elle indiquât tout
d'abord cette conjugaison comme elle l'a fait pour quelques verbes :
ASSENER, LEVER, PESER {J'assènc , j'assèncrai, etc.)\ — acheter
(J'achète, j'achèterai); — cacheter, jeter {Je cachette, je cachette-
rai^e^c.);— déceler {Je décèle, je rfec^Zerezt);— amonceler, appeler,
CHANCELER, DÉTELER, ENJAVELER (J'amoncellc, f amoncellerai, etc.) ;
— ALLÉCHER, COMPLÉTER {J'allèchc, j'allëchcrai, etc.); — alléger
{J'allège, j'allégerai). Il est à désirer, de plus, qu'elle supprime des
disparates qui créent de véritables difficultés, et que si elle ne met
pas à l'unisson les verbes qui prennent deux consonnes et ceux où la
première est remplacée par un accent {Je cachette, j'achète; j'amon-
celle, je décèle), elle conserve du moins l'accent grave toutes les
fois que la syllabe suivante est muette, et qu'elle écrive j'allécherai,
j'allécherais, comme j'allèche ; et j'allège, j'allégerai, j'allégerais,
comme j'achète, j'achèterai, etc.
Mais ce n'est pas pour ces verbes-là seulement que nous avons à
demander que l'Académie indique la manière dont on doit^'écrire cer-
tains temps ou certaines personnes. Prier est le seul verbe où elle
nous apprenne que l'imparfait de l'indicatif et le présent du subjonc-
1. En 1694, l'Académie écrivait grasseier et plancheier. — Il semble quion devrait écrire
de la même manière les verbes qui dérivent de bègue et de langue; cependant langueyer se
forme rôgalièrement , tandis que dans bégayer Vue s'est changé en a.
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— XVIII —
tif prennent deux i aux deux premières personnes plurielles (Notes
priions, que vous priiez) . — Payer, employer, envoyer, sont égale-
ment les seuls où elle fasse connaître que ces mêmes personnes
prennent un i après Vy dans les verbes terminés par yer :■ Nous
payions, que vous payiez; nous employions, que vous employiez, etc.
— Cependant il serait utile de dire que les verbes en eyer, uyer,
suivent la même règle : Nous grasseyions, que vous grasseyiez; nous
nous ennuyions, qvs vous vous appuyiez.
Pour les verbes en uer, ouer, l'Académie n'indique nulle part la
manière dont on doit écrire ces deux personnes, et même elle ne
donne pas d'exemples où elles se trouvent. Nous ignorons donc si
elle écrirait nous continuions, que vous continuiez; nous avouions,
que vous avouiez; mais nous croyons que l'ï tréma est bien pré-
férable à Vi simple, et qu'il convient d'écrire nou^s continuions,
qu£ vous continuiez; nous avouions, que vous avouiez, afin de mon-
trer que Vi doit être détaché de Vu dans la prononciation, et non
y être joint comme dans fuir, enfouir. — Il y aurait plus à faire
encore pour les verbes arguer et rédarguer, dont la finale guer ne
se prononce pas comme dans distinguer, haranguer, narguer, etc.
Voy. Arguer.
Enfin il nous paraît nécessaire que l'Académie indique également
dès l'abord, et non par des exemples plus ou moins rares, la conju-
gaison des verbes en cer, ger, pour faire connaître que le c prend
une cédille devant a, o, u : acquiescer, apercevoir {nous acquies-
çons, /acquiesçais, acquiesçant; j'aperçois, f aperçus); — et que le g
conserve Ve devant a, o : affliger {7ious affligeons, j'affligeais, affli-
geant)^ afin que ces lettres c et ^ aient dans tous les temps et à toutes
les personnes le même son qu'à l'infinitif.
La réduplication des consonnes l, t, est une cause constante d'em-
barras pour ceux qui aspirent à ne pas s'écarter de l'orthographe
indiquée par l'Académie. Gomment, en effet, se rappeler, par exemple,
qu'il ne faut qu'une / à banderole, féverole, casserole, etc., tandis
que barcarolle, bouterolle, moucherolle, etc., en prennent deux?
qu'il faut mettre deux t à chènevotte, gelinotte, gibelotte, etc., et
qu'il n'en faut qu'un à échalote, gargote, papillote, etc. ? — Le fémi-
nin des adjectifs bigot, cagot, dévot, idiot, ne prend qu'un t, mais
celui tles diminutifs en prend deux ; on écrit bellotte, pâlotte, vieil-
lotte, — Pourrait-on supposer que pour les verbes c'est précisément
le contraire qui a lieu, et que dans les diminutifs et les fréquentatifs
il ne faut qu'un t! Tels sont cependant clignoter, crachoter, grigno-
ter, pissoter, siroter, suçoter, tapoter, trembloter, rioter, vivoter; il
n'y a que baisotter, buvotter, frisotter, qui en prennent deux. — Et
pareillement on ne met qu'un t dans les verbes dérivés des substan-
tifs terminée par ot : cahoter, comploter, raboter, sangloter^ etc. C'est
même là une. règle ; mais cette règle nous paraît peu rationnelle et
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devrait être réformée; il serait bien plus naturel de doubler le t dans
les verbes qui dérivent de mots terminés par ot, comme on le fait
pour Vn dans ceux qui dérivent de mots en on ^, et d'écrire cahoUer,
complotter, raboUer, sanglotler, etc. Ce serait d'autant plus conve-
nable, que cette prétendue règle, qui ne compte qu'une quinzaine de
verbes, présente déjà huit exceptions {emmaillotter, flotter, garrotter,
gigotter, gohelotter, grelotter, marmotter, trotter)^ et que parfois
même les dérivés d'un mot se trouvent dans les deux camps; ainsi
maillot a le verbe démailloter dans la règle, et emmaillotter dans
l'exception; l'adjectif sot a pour dérivés sotte, sottement, sottise, etc.,
qui sont dans l'exception, mais les verbes assoler et rassoter sont
dans la règle; clapoter, formé de clapet, ne prend qu'un t; gobe-
lotter, qui vient de gobelet, en prend deux.
Dans l'intérieur des mots , la réduplication des consonnes l, t, ne
présente pas moins de difficultés. Pour la désinence ellerie l'Acadé-
mie met généralement deux /; elle écrit boissellerie, chancellerie,
chapellerie, coutellerie, hôtellerie, oisellerie, sommellerie, tonnelle-
rie, etc. Il n'y a que deux exceptions : grivèlene, qui prend un è, et
bourrelerie, qui a une seule ^ et un e muet. — Dans la désinence
etlerie, au contraire, il n'y a que trois mots où le t se double : coquet-
terie, escopetterie, tabletterie ; les autres ne prennent qu'un t : bon-
neterie, briqueterie, buffteterie, caqueterie, grèneterie, louveterie,
marqueterie, mousqueterie, paneterie, papeterie, parqueterie, pelle-
terie, etc. — D'un autre côté, elle double ces consonnes dans des
mots où la syllabe suivante n'est pas muette ; ainsi elle écrit cannel-
lier, ficellier, prunellier, vermicellier; aiguille Hier, lunettier, ra4^uet-
lier. Il semble que l'analogie avec boisselier, chancelier, cimndelier,
chapelier, etc.; bonnetier, charretier, gazelier, layetier, etc. *, devrait
faire supprimer une ^ ou un / dans les mots où ces consonnes sont
doublées.
Encore un mot sur la lettre t, L'Académie écrit par un c, confor-
mément au primitif français, les adjectifs consciencieux, licencieux,
révérencieux, sentencie^cx, silencieux, etc. ; mais elle conserve le t
étymologique du latin dans confidentiel, différentiel, essentiel, obé-
dientielj pestilentiel, substantiel, etc. Pourquoi cette anomalie? Déjà
1. Cette règle présente environ cent cinquante applications pour trois exceptions seule-
ment : disi(merf époumoner et ramoner, où l'Académie mettait autrefois deux n. — Détoner
vient du latin detonare. Aumâner, prôner, trôner et détrôner ne doivent pas être considérés
comme des exceptions , d'abord parce qu'ils ne dérivent pas d'un substantif terminé par on,
et ensuite parce que Yô n'est jamais suivi d'une consonne redoublée.
2. Pour qu'on voie bien que la rè^le consiste réellement dans la non-réduplication de la
consonne / ou t, nous donnons ici la liste des substantifs terminés par elier, etier : batelier,
boisselier f chancelier, chandelier, chapelier, co> délier, coutelier, hôtelier, oixelier, }incrlier,
râtelier, Kommelier, tomhelier, tonnelier; — bonnetier, briqnetier, huvrtier, cafetier, ehanetier,
ehaussetier, co/fretier, coquetier, gazetier, grèmtier, guichetier, lai/etier, lonvtiir, muletier,
noisetier, panetier, papetier, pelletier, savetier, tnbletier, vergelier. — Les mots où /, f , sont
doublés se bornent, comme nous l'avons dit, à quatre pour la lettre /, et à trois pour le t.
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cependant elle met un c à révérencielle (crainte), sans doute par
analogie avec révérencieux; mais ohédiencier, pénitencier, réclament
aussi ohédienciel, pénilenciaire, pénitenciel, etc.; quintessencier
demande qu'on écrive essenciel, etc. etc.
Ce serait une omission grave que de terminer le chapitre de l'or-
thographe sans parler du tréma, dont l'emploi dans notre langue n'est
pas toujours très-rationnel : il devrait, ce semble, être converti en
accent dans certains mots et supprimé dans d'autres. Comme le dit
l'Académie, le tréma sert à faire détacher la voyelle ainsi accentuée
de la voyelle précédente ou suivante ; mais il ne remplace point un
accent, il ne donne aucun son à la voyelle qui en est affectée. Il de-
vrait donc être exclusivement réservé à Vi et à Vu {naïf, Saiil, Anti-
noOs, ïambe, etc.)\ sur Ve, il serait remplacé par l'accent grave ou par
l'accent aigu, selon que la syllabe suivante serait muette ou non.
Puisqu'on écrit aujourd'hui poésie, poétique, poétiser, goétie, avec
un accent aigu , il faudrait faire de même pour goéland, goélette,
goémon, au lieu d'écrire goéland, goélette, goémon; on mettrait
l'accent grave à poème, poète, ciroène, troène, au lieu du tréma
{poème, poète, ciroène, troène).— Qua.nt à Ye qui forme syllabe avec la
consonne suivante, il devrait ne jamais prendre le tréma; et de même
que l'Académie écrit tael, coefficient, coemption, coercible, coexister,
elle devrait écrire aussi Noël, Israël, Raphaël, Aello (harpie), etc.^
L'emploi du tiret, que les grammairiens appellent Trait d'union, et
les imprimeurs Division ; l'emploi du tiret, disons-nous, soit dans les
locutions adverbiales, soit dans les mots composés ou juxtaposés ,
mériterait également d'être examiné ici; mais comme il n'est pas
possible d'effleurer ce sujet, nous prions nos lecteurs de consulter
l'article Tiret, pages 397 à AOO.
Il y a dans le Dictionnaire un assez grand nombre de mots qui ne
se trouvent pas à leur rang alphabétique, ce qui en rend la recher-
che difficile; ainsi garde -vue est placé après garder, tandis que
garde-robe est avant; joujou est a.ya.nt jouir, jouissance, etc.; nouure
est après nouvelliste, etc. etc.
Souvent l'Académie a eu soin de nous dire par quel mot il faut en
remplacer un autre qui choque l'oreille ou qui vieillit; ainsi à
CoNCOCTiON nous lisons : « On dit plus ordinairement coction » ; aux
mots apprête, débours, heurtoir, peintureur, vogueur, résidu (de
compte), etc., elle ajoute qu'ils vieillissent et qu'on dit aujourd'hui
mouillette, déboursés, marteau, barbouilleur, rameur^ reliquat, etc.
— Mais souvent aussi elle se borne à dire : « Ce mot est maintenant
peu usité; Il a vieilli; Il est vieux. » On se demande donc quelles sont
1. L'Académie écrit kakatoès. Si la finale de ce mot devait être prononcée comme celle
d'aloès, il faudrait employer l'accent grave ( kakatoès ), ainsi qu'on le trouve au mot Cacatois ;
mais , puisqu'elle dit de prononcer kakatoua, il serait évidemment plus rationnel d'écrire
cacatois pour le nom du perroquet comme pour celui du mât.
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les expressions qui aujourd'hui remplacent assesseur j bailleul, pieo-
reuTj quëmaaideurj lunette d'opéra, lourderie, lourdise; accords j
dans cette phrase : Terminer, signer les accords d'un mariage, etc.
On regrette aussi que l'Académie, qui en général cherche à rame-
ner les mots à leur étymologie , se soit laissé parfois entraîner loin
de la ligne qu'elle semble s'être tracée, et qu'elle admette de véri-
tables barbarismes tels que sarholière, érésipèle, honchets, aspic
(huile d' ) , au lieu de sorbetière, érysipèle, jonchets, spic (huile de) , etc.
11 est vrai que quelques-uns sont accompagnés d'expressions restric-
tives, telles que « On dit plus ordinairement et mieux...; On dit
aussi plus exactement, mais plus rarement...; On disait autrefois...,
ce q^i était conforme à l'étymologie » ; mais pour d'autres rien ne
vient servir de correctif : en sorte que ceux qui consultent son Dic-
tionnaire ne peuvent pas toujours distinguer quelle est la bonne ou
la mauvaise locution. — Si l'Académie renvoyait simplement de la
locution vicieuse à l'expression correcte pt ne donnait la définition
qu'à cette dernière, les nombreux dictionnaires qui se publient au-
jourd'hui, surtout ces petits dictionnaires qui ne peuvent reproduire
l'espèce de blâme qu'elle impose aux mauvaises locutions, seraient
pour elle un puissant auxiliaire et réussiraient sans doute à les faire
disparaître; tandis qu'au contraire ils les propagent et les accréditent.
Qui pourrait croire que crépodaille, qui devrait seul être employé
au lieu de crapaudaille, ne figure même pas à son rang alphabétique ;
que roussi (cuir de), pour cuir de Russie; esquine, terme de manège,
pour échine, ne sont pas même l'objet de la plus légère critique?
Il nous reste à parler de la prononciation. Quand on l'examine de
près, on ne peut s'empêcher de se demander pour quelle classe de
lecteurs elle a été donnée. En n'indiquant pas la manière dont on doit
prononcer certains mots latins, tels que committimus, in extremis, ah
intestat, celle des mots français terminés par tiel,, tion, atie ^, etc.,
celle de lithotritie, opuntia, quotient, satiété, etc., l'Académie semble
avoir eu en vue les hommes lettrés; — en indiquant celle de Ve
dans confiteor, credo, deleatur, libéra, veto, celle de Vs finale dans
custodi-nos, nescio vos, de profundis, in manus, etc., ou celle de um
dans album, maximum, minimum, ultimatum, etc., elle semble, au
contraire, avoir eu en vue ceux qui n'ont pas reçu d'instruction; —
mais quand elle ne donne que la prononciation de Ve dans abigeat,
exeat, exequatur, on ne sait vraiment plus à qui elle s'adresse : ceux
qui ont appris le latin n'ont pas besoin qu'on leur indique la pro-
nonciation de cet e, et ceux qui ne l'ont pas appris demanderont
comment il faut prononcer la consonne finale dans les deux premiers
mots et la troisième syllabe d'exequatur. — Les hommes lettrés pro-
1 . L'Académie n'a indiqué la prononciation de la finale atie qu'au seul mot primatie.
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nonceroht délicuescence, ëcuipollent, ohlicuitë, sescuialtère, ubicui-
taire, ubicuité; ceux qui ne le sont pas diront délikescence, ékipol-
lent, oblikité, seskialtère, ubikita%re,ubikité; il fallait donc indiquer
la prononciation pour guider ou les uns ou les autres.
Ensuite, TAcadémie n'a pas suivi de principe fixe. Tantôt elle
donne la prononciation à chacun des mots d'une famille lors même
qu'ils se suivent sans interruption, comme dixième et dixièmement;
igné, ignicole^ ignition; chlorate, chlore, chlorique, chlorose, chloro-
tique, chlorure ; — tantôt elle se borne à dire que la prononciation
indiquée s'applique à un, deux, trois, quatre, etc., mots suivants,
comme à deu^ème, enivrer, domptable, équestre ^, etc., ou bien aux
dérivés qui se trouvent après ou avant, comme à aiguillon et à
damner; — mais quelquefois la prononciation marquée doit servir
pour 10, 20, 30, ZjO, et même 50 mots ; telle est celle qu'on a mise à
banne (pour 10 mots), à illégal (pour 23), à chrême pour aller jusqu'à
chrysoprase inclusivement, ou jusqu'à chuchotement exclusivement,
et non ixxsqxi'k chuchoter, comme elle le dit (pour 31); à irrachetable
(pour 49), à immaculé (pour 50), etc.; et ce n'est qu'à six mots seu-
lement qu'elle a signalé la prononciation des adverbes terminés par
emment : compétemment, concurremment, excellemment, innocemr- '
mejit, négligemment, sciemment (compétament, concurrament, excé-
lament, inoçaman, néglijaman, daman) ; nulle part elle ne l'a fait
pour cetix qui se terminent par amment.
Cette manière de procéder a de grands inconvénients pour ceux
qui consultent le Dictionnaire de l'Académie : sans doute une longue
habitude pourrait suppléer à un manque de clarté, tandis que rien
ne peut suppléer au silence qu'elle garde trop souvent. Si de la pro-
nonciation indiquée pour annexe, endosse, gangrène, présupposer,
symptomatique, etc., on peut jusqu'à un certain point conclure quelle
doit être celle des mots annexer, endosser, etc., se gangrener, etc.,
présupposition, symptôme, etc., il n'en est pas de même pour bien
d'autres. A la vérité l'Académie nous dit qu'il faut prononcer licu^-
f action et likéfier les mots liquéfaction et liquéfier; nous savons
par l'usage que gn doit être mouillé dans désignation, désigner, bien
que le g soit dur dans désignatif; que le t de prophétique ne se pro-
nonce pas c comme dans prophétie; mais le g de stagnation doit-il
être dur comme dans stagnant f La syllabe gv^il doit-elle se pronon-
1. Quelquefois l'Académie réunit, pour la prononciation, plusieurs mots où l'une des
syllabes se prononce , à la vérité , de la même manière , mais qui cependant n'ont entré eux
aucun rapport d'étymologie , ce qui peut induire en erreur ceux qui ne connaissent que le
français. Ainsi en disant , à l'article Équbstrb : ir L'U se prononce dans ce mot et dans les
quatre suivants {équiangle, équidistant, équilatéral, équUath'e) », elle donne à penser que
ces cinq mots ont une commune origine, tandis que le premier vient de eqwu, cheval, et que
dans les quatre autres les deux premières syllabes sont formées de œquus, qui signifie Égal.
Il aurait donc été convenable d'indiquer la prononciation tout au moins à Equbstrb et à
Équianqlb.
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cer dans orgueilleux j s'enorgusillir, comme dans orgueil? Faut- il
prononcer la première syllabe de qualeme comme celle de quater-
naire ? celle de quinaire, terme d'Antiquité, comme celle de quinaire,
terme de Mathématiques? et celle de quiétude ne doit-elle pas être
prononcée comme dans quiet, quiëtisme,quiétiste? Nous restons dans
le doute à l'égard de quiétude; car si d'un côté l'Académie dit à l'ar-
ticle QoiET, « On prononce cui dans ce mot et dans les deux sui-
vants (quiétisme, quiétiste) » , ce qui signifie qu'on doit dire kiétude,
d*un autre côté les dictionnaires et l'usage disent de prononcer égale-
ment cuiétude, et l'expérience nous a prouvé qu'il pourrait bien y
avoir dans ce mot deux une faute typographique.
OMISSIONS
Le Compléînent du Dictionnaire de VAcadémie présente sur le
Dictionnaire même quelques articles aussi intéressants qu'instructifs
dus à la plume de nos sommités littéraires, et qui ont paru dans di-
vers journaux : le Moniteur, le Journal des Débats, le Constitutionnel,
le Courrier et le Temps.
Dans l'article du Moniteur (signé A. Z.)» Fauteur dit (page 8 du
Complément) qu'il n'a pu découvrir pour quel motif l'Académie, qui
admet les noms propres devenus appellatifs de Amphitryon, Dulcinée,
Nestor, Stentor, etc., n'a pas fait de même pour les noms de Sosie et
de don Quichotte, qui sont, dit-il, comme les corrélatifs obligés, les
pendants lexicographiques de Amphitryon et Dulcinée, et dont la
valeur appellative ne saurait être douteuse.
Dans le Courrier français (article signé B.), l'auteur, qui a sous
les yeux une liste des omissions de l'Académie, dit (p. 16), que les
« seuls » mots dont l'oubli lui paraît « le plus » à regretter sont :
canalisation, confortable, calé facteur, fédéralisme, fertilisation,
éditer, fashionable, capitaliser.
Nous sommes moins facile à contenter. A l'article Mentor , nous
avons exprimé (p. 171-172) le regret de ne pas voir dans le Diction-
naire de l'Académie un certain nombre de noms propres devenus
appellatifs, tels que Automédon, Cupidon, Esculape,etc.;ei ci-après
nous donnons une liste de quelques mots et de quelques locutions
dont l'omission forme de véritables lacunes.
Nous demanderons, par exemple, pourquoi l'on ne trouve pas dans
ce Dictionnaire plusieurs mots du nouveau système des poids et
mesures : hectomètre, décastère et décistère, décigramme, centi-
gramme, milligramme, et même myriagramme, qui, à la vérité, n'est
plus usité aujourd'hui, mais qui l'était lors de la publication de
cet ouvrage , puisque c'était le terme en usage avant que la loi du
4 juillet 1837 lui substituât l'expression « dix kilogrammes». — Nous
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pensons qu'à ces mots il faudrait nécessairement ajouter métrer,
métrage j métré, qui ont remplacé toiser et toisé^, s. m.
On est également surpris de ne pas y trouver, soit des mots qui
semblent être les dérivés nécessaires de leurs primitifs : annexion,
chatoiement, déblaiement, enraiement ; circonstanciel ^, providenciel,
torrentiel; correctionnellement, empiriquement, interrogativement ;
ellipser, patronner (protéger), verglacer^, etc.; — soit des mots que
Ton serait tenté de regarder comme les primitifs naturels de ceux
qu'a donnés l'Académie; tels sont les verbes ausculter, chamoiser,
éructer, etc., dont les substantifs aicscultation, chamoiserie, éructor
tion, paraissent être les dérivés.
Mais ce qui surprend davantage encore, c'est de ne pas voir à leur
rang alphabétique un certain nombre de mots qui sont employés ou
dans les définitions ou dans les exemples du Dictionnaire : curule
(statue), javelle (eau de), trentenaire (prescription), chiffonne
(branche), nageurs (oiseaux), mille (lettre), etc, etc., mots qui le
plus souvent ne sont pas définis à la place où ils se trouvent, et dont
par conséquent il est impossible de connaître la signification sans
recourir à d'autres dictionnaires. Voy. Armoise.
Le Dictionnaire de l'Académie présente peu d'uniformité sous plu-
sieurs rapports. Si certains articles ne laissent rien à désirer pour
les définitions et les exemples, d'autres qui réclamaient les mêmes
développements sont dîme sécheresse dont on ne peut se faire une
idée. Nous ne citerons qu'un de ces contrastes: — «Barbarisme, s. m.
Faute de langage qui consiste, soit à se servir de mots forgés ou alté-
rés, comme, Un visage réharharatif, pour rébarbatif; Ils réduirent,
pour /^s réduisirent; soit à donner un sens difiTérent de celui qu'ils ont
reçu de l'usage, comme II a recouvert la vue, pour // a recouvré la
vue; soit enfin à se servir de locutions choquantes et extraordinaires,
comme Je m'en ai douté, pour Je m'en suis douté. Le barbarisme et
le solécisme sont deu^ grands vices d'élocution. Faire un barbarisme. »
— A l'article Solécisme, l'Académie se borne à dire, pour le sens
propre : « Solécisme, s. m. Faute contre la syntaxe. Faire un sole-
cisme. Il y a un solécisme dans cette phrase. » Puis elle ajoute : « 11
se dit quelquefois, figurément et par plaisanterie, d'une faute quel-
conque. Un solécisme en conduite. Il fait dans cette science d'étranges
1. A l'article Toisé nous lisons : « Il signifie, en Mathématiques, La science ou l'art de
mesurer les surfaces ou les solides, et d'exprimer leur étendue ou leur volume en parties de
certaines unités convenues : par exemple', en toisbs ou en mètres carrés, s'il s'agit de sur-
faces ; cubes , s'il s'agit de volumes. » — Nous croyons qu'on ne se sert plus du mot toisé,
surtout lorsqu'il s'agit de calculs en mètres. — Quant au mesurage des liquides et des ma-
tières sèches, nous pensons qu'aujourd'hui l'on doit employer les mots Uttei', litriige, litre,
s. m. — Dans un grand nombre d'exemples, l'Académie devra opérer la conversion des
anciennes mesures en mesures nouvelles.
2. Circonstanciel était dans le dictionnaire de Gattel imprimé en 1803.
8. Verglacer se trouvait dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie ( 1094).
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solecismes, » Faire des solécismes dam une science^ ne nous semble
pas une expression heureuse.
Pour ce qui concerne l'histoire naturelle, tantôt l'Académie fait
connaître le nom scientifique et le nom vulgaire des animaux et des
plantes, tantôt elle ne donne que Tun des deux. Exemples :
Dans la Zoologie : « Crevette , s. f. Petite écrevisse de mer, qu'on
nomme dans quelques endroits Salicoque, et dans d'autres Chevrette. »
— « Oursin, s. m. T. d'Hist. nat. Nom d'un genre de zoophytes à co-
quille calcaire, hérissée d'épines mobiles. » 11 aurait été bon d'ajou-
ter le nom vulgaire Hérisson de mer. — Mais les termes vulgaires
non accompagnés du nom scientifique sont assez nombreux ; cochon
d'Inde, demoiselle, perce-oreille, serpent à sonnettes, ver luisant, etc,
manquent de leurs correspondants cobaie ou cobaye, libellule, for^
ficule, crotale, lampyre.
Dans la Botanique : « Opuntia, s. f. Plante de la famille des Cac-
tiers... On la nomme vulgairement Raqtiette et Figuier d'hide. » —
a Airelle, s. f. T. de Botan. Sous-arbrisseau à fleurs rougeâtres... »
Il aurait été convenable d'ajouter l'expression vulgaire Myrtille,
car dans beaucoup de localités c'est la seule que l'on connaisse. —
« Pied-d'alouette, Genre de plantes éperonnées... » Ici il fallait
mettre le terme de Botanique Dauphinelle, ou plutôt Delphinium,,
Pour les noms de professions et autres, elle néglige souvent d'indi-
quer le féminin. C'est même sous ce rapport qu'on trouve le moins
de régularité. L'Académie, qui donne brasseuse, charbonnière, chau-
dronnière, teinturière; caqueuse et encaqueuse, fluteuse; mécheuse,
mangeuse, jeûneuse; finasseuse, fraudeuse, tricheuse; batailleuse,
ergoteuse, vantarde, pendarde, etc., omet d'autres féminins au*
moins aussi utiles : chevrière, bimbelolière, bonnetière, quincaillière,
miroitière, dégraisseuse, javeleuse, sarcleuse; écouteuse, fureteuse,
persifleuse, etc, etc. — Mais il manque des féminins plus intéressants
encore , tels que examinatrice, inspectrice, monitrice, patronnesse
(dame); gélive (pierre), houillère (formation, zone), etc, etc.
Dans la liste que nous donnons plus loin, nous avons indiqué
comme verbes quelques mots pour lesquels l'Académie se borne à
l'adjectif; elle met azuré, ée; camphré, ée; lézardé, ée; ver juté, ée;
et cependant l'on dit : Azurer une étoffe, une pâte de papier ; Cam-
PHRER une potion, de l'eavrde-vie; Ver juter une sauce, des cer-
neaux, etc. ; Un seul hiver a suffi pour lézarder ces murailles.
Les spécialités qui se sont introduites dans le commerce et dans
l'industrie ont fait créer des mots qui les représentent ; il y a main-
tenant des culottiers et des culottières, des caleçonniers et des
caleçonnières, des giletiers et des giletières, des corsetiers et des
corsetières, des colletiers et des colletières, des casquettiers et des
casquettières (ou mieux, casquetiers, casqiœtières), des guêtriers, des
chemisiers, des galonniers, des tullistes, des dentellières (ou mieux
d
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-=— XXVI -^
dentelières)^ etc., et tous ces noms devront nécessairement figurer
dans le Dictionnaire de l'Académie, au même titre que ruhanier, ière;
passementier, ière; ceinturier, gazier, cirier^, etc.
Aujourd'hui l'on ne parle plus seulement ^'agriculture et d'Aorit-
culture; on a créé de nouvelles branches scientifiques et industrielles :
Y arboriculture, qui se borne aux pépinières, et s'occupe plutôt des
arbres fruitiers; — la silviculture, qui est particulière aux bois
et aux forêts; — la viticulture, ou culture de la vigne. — Le mot
culture s'applique également aux soins qu'on prend pour élever
certains animaux; on dit apiculture pour signifier l'éducation des
abeilles; — hirudiniculture, ... des sangsues; — pstriculture, ... des
huîtres; — pisciculture, ... des poissons; — sériciculture*, ... des
vers à soie ; — et même galli?iiculture, pour les oiseaux de basse-
cour. — Ces diverses locutions et bien d'autres encore sont devenues
familières à toutes les classes de la société , grâce aux journaux de
toutes sortes, qui font pénétrer dans les masses des faits scientifiques
ignorés il y a vingt ans ; et l'Académie ne peut rester en arrière, sous
peine de voir préférer à son Dictionnaire des ouvrages du même genre
qui n'auraient pas pour eux l'autorité d'un corps savant, mais qui
répondraient mieux aux besoins de la génération actuelle.
Dans notre liste nous n'avons abordé ni les termes scientifiques,
ni les termes techniques des arts et métiers, ni la mythologie, ni la
géographie; cela nous aurait mené trop loin. Nous nous sommes
borné à quelques-uns des mots et des locutions dont l'absence étonne
dans le Dictionnaire de l'Académie , et à quelques autres qui ont été
créés ou empruntés à la langue anglaise depuis 1835.
LISTE
DE QUELQUES MOTS A AJOUTER AU DICTIONNAIRE DE L' ACADÉMIE '
Abréviatif, ive; abréviativement, accessibilité, acclimatation, accor-
déon, achalandage, * acte d'habeas corpus *, actualité, acuité, ad hoc,
1. L'Académie a depuis longtemps adopté les mots boutonnerie, chaudronnerie, clouterie,
eorderie, etc. etc., pour exprimer la marchandise ou le commerce, et même la fabrique, l'ate-
lier du boutomiier, etc.; pourquoi n'adopterait-elle pas également amidonnerie, bou^hon^-
nerie, chasublerie, dentelierie, et tant d'autres mots de même nature, qui sont usités dans
l'industrie ?
2. Il nous semble qu'on devrait dire bombyciculture et non sériciculture, car ce dernier
mot signifie Culture de la soie et non éducation des vers à soie. On dit apiculture, et non
fnelliculture, céricuiture, pour exprimer l'Éducation des abeilles. — Quant à magnanerie et
surtout magnanière, ils signifient le Bâtiment où l'on élève les vers à soie, et non l'Éducation
de ces animaux.
3. Cette liste présente quelques mots qui sont bien dans le Dictionnaire , mais auxquels il
manque une acception ; c'est cette acception que nous avons mise en italique : boiser un
canton, etc.; boîte de Pandore; collage du vin, vue longue. Etc.
4. Les mots précédés d'un astérisque ( * ) se trouvent aussi dans le Dictionnaire ; mais ils
sont dans des définitions ou dans des exemples , où le plus souvent rien n'indique ce qu'ils
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— XXVIl —
* ad homidem (argument) S adjudicateur, admissibilité, admones-
tation, aéromètre, affichage, affiloir, * aigle de mer*, aiguisage,
aiguiseur, albumen, alcalisation, alcoolisation, allopathe, allopathie,
altitude, aluminium, amidonner, amidonnerie, anglicanisme, anhydre,
annexion, anormal, aie; anthracite, anxieux, euse; apaisement, api-
culture, arachnides, arboriculture, * arbre à pain ^, * arbre de Judée*,
architectural, aie; argentifère, arnica, artisane, ascétisme, assombrir
et s'assombrir, Atlas, atrophier (s'), * auréole, t, d*A8tron^\ auri-
fère, ausculter, autoclave, autographie, autographier, Automédon,
azoter, azurer.
Bancal, s. m., sabre recourbé; baraquement, barôme, benzine,
biconcave, biconvexe, bigaradier, bimbelotière, * blé -mouture*,
boisement, boiser un canton, une montagne ; boîte de Pandore, * bom-
byx'', bonnetière, *Jbou (thé)^ bouddhisme, bouddhiste, bronchite,
brosseur, budgétaire, * buplèvre^, bureaucrate, burnous.
Cachotier, ère *^ ; cailleter, caillouter, calandrage, calandreur, cale-
çonnier, ère; caléfacteur, calomel, calorimètre, calottier, ère; cam-
phrer, canalisation, canaliser, cancaner, cancanier, ère; cantilène,
capillarité, capitalisation, capitaliser, capitonner, cardage, * carex",
carnier, carrossable, casquetier, ère; cenelle, centigramme, cen-
tralisateur, trice; cépage, céramique, chamoiser, charroyeur, cha-
sublerie, chatoiement, * chat- tigre ^*, chemisier, ère; chevrière,
chimpanzé, chinure, chloroforme, cholérine, chouan, chouanerie,
cicatrisation,* cinchonine^^, circonstanciel, elle; * cithare**, citron-
nât, citronner, claustration, cliquet, clivage, clocheton, cobaie
OM cobaye, coccinelle, collaboration, collage du vin, etc.; collec-
tionner, collectionneur, coloration, coloriage, commémoratif, ive;
* commode et incommoda*^, commutabilité, complexionné, ée;
comploteur, composant, s. m.; compteur, condenseur, conductibilité,
confortable, confortablement, conglomération , conglutinatif, ive;
constatation, contre -épaulette, corindon, correctionnellement ,
corroierie, corroyage, corsé, ée (qui a du corps : drap, étoffe, viw),
corsetier, ère ; couguar, créditeur, * crémaster *®, crémerie, crémeux,
euse; crémier, * crocus", crotale, crown-glass, cueilleur, euse;
culottière, Cupidon, *.curule {statue) *^, cuvage, cylindricité.
Dandy, déblaiement, déboisement, déboiser, décastère, décigramme,
décistère, déconsidération, déconsidérer, décortiquer, décrottage,
défloraison, dégraisseuse, dégréement, delta, démolisseur, démora-
lisateur, trice ; démoralisation, démoraliser, démuseler, dépersuader,
signifient. Les notes suivantes font connaître les articles où figurent ces mots. — Acte
dlmbeas corpun se trouve à l'article Palladium.
I. à Argument. — 2. à Huard , Orfraie. — 3. à Jaquier. — 4. à Comprimer , Gaînikr.
— 5. à Chevelu. — 6. à Mouture. — 7. à Ver. — 8. à Thé. — 9. à Perce -feuille.
10. Dans cette liste , nous suivons l'orthographe que nous voudrions voir adoptée.
II. à Androgynb. — 12. à Maroay. — 13. à Quinine. — 14. à Heptacordb. — 15. à Infor-
mation. — 16. à SusPENSEUR. — 17. à Safran. — 18. à Statue.
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— XXVIII —
♦dépiteux, euse*; déraisonnement, désenivrement, désinvolture»
désorganisateur, trice; dessuintage, dessuinter (ou désuintage,
désuinter), destructible, * déterminable *, détournement, dévidage,
diglyphe, dilettante, diorama, discutable, distancer, divinateur, trice;
dock, dolmen, domestication, domestiquer, don Quichotte, donqui-
chottisme, draconien, enne ; drainage, drainer, dressoir, drolatique,
dualité, duodécimal, aie; dynastique.
Écuries (les) ou les étables d'Augias, édicter, éditer, effluve, égru-
geure. Eldorado, élevage, éleveur, ellipser, élogieux, euse ; élucidation,
élucider, embaumeur, * emménagogue ^, empierrement, empierrer,
empiriquement, encliquetage , encliqueter, encolleur, endiguement,
engoulevent, engrènement, enguirlander, enraiement, enrubaner,
entrain, entreposi taire, * entre vifs*, équarrissoir, équatorial, aie;
équilibrer, éructer, escompteur, Esculape, estampage, estuaire, éta-
gère, * étampure'^, étroitesse, * eutychéen^ évoluer, examinatrice,
exaucement, excaver, exigibilité, exonération , exonérer, expérimen-
tateur, expertiser, exportateur, extenso (in), extra, s. m.; extra
muros (demeurer).
Fablier, fabricante, fâcheusement, factage, fascinateur, trice;
fashionable, fécondateur, triée; féculerie, fédéralisme, félin, ine;
fémoral, aie; fertilisation, feuilletoniste, * flèche - d'eau ^ forficule,
foulonnier, fourchetée, fractionnement, fractionner, ♦ frété, ée
(lance) ^; * frette®, anneau d'une lance frétée ^^ ; fumivore, * funé-
raire [monument) **, fusillement, fusioniste.
Gainerie, galliniculture , galonnier, galvaniser, galvanoplastie,
* Ganymède **, garde-magasin , Gargantua, gaufrage, gaufroir, gein-
dre, s. m.; généralisateur, trice; géographiquement, giletier, ère;
glaçage, gobeletterie, grattiner, grillageur, groupement, guêtrier, ère;
* gueule-de-loup *^, guillochage, guillocheur, euse.
Harmonier ou harmoniser, harnachement. Harpagon, * Hébé**,
hectomètre, herboristerie, herculéen, enne ; hideur, hippique, hippo-
phage, hirudiniculture, homérique, homœopathe, homœopathie,
homœopathique, horizontalité, huilerie, humanitaire, * hybride
(mot) *'^, hydrofuge, hydrothérapie, hydrothérapique, hypertrophie,
hypocritement.
Illogique, immensurable, immigration, impérialiste, importateur,
impressionnable, impressionner, * incarnatif , ive *^ ; incessant, ante ;
incomber, * incompjètement *'', inconstitutionnalité, inconvenance,
incorrectement,* incrément**, incunable, indolemment, infirma-
l. à OisBAU. — 2, à Équation. — 3. à Armoise, Sabine. — 4. à Disposition, Dona-
tion, Incapable. — 5. à Maigre. — 6. à Cophte. — 7. à Sagittaire. — 8, 9. à Lance.
10. Le dérivé de fret s'écrit frété,ée; il serait utile de distinguer celui de fntte en doublant
le t {frettéf ée), comme on le fait pour aigrette, levrette , etc., dérivés de aigrette, levrette, etc.
U. à Monument. — 12. à Échanson, Nectar. — 13. à Pbrsonnée. — 14. à Nectar. —
15. à Mot. — 16. à Sarcotiqub. — 17. à Demi. — 18. à Intégrai..
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— XXIX —
tion, inflammabilité, infranchissable, ingérence, ingestion, initiateur,
injustifiable, insectivore» insondable^ insoucieux, euse; inspectrice,
instantanéité, insubmersible, insulteur, intègrement, international,
aie; interner» interrogativement, intertropical, aie; intimidation,
invulnérabilité, irascibilité, irréalisable, irréfutable, irresponsable,
irrévéreneieux, euse; irrigable, irriguer.
* Jacobite^, jaspage, jareleuse, * javelle (eau de) *, jointoiement,
jonchaie, jovialité.
Lactifère, laitier, marchand de lait; lampyre, laryngite, *léonu-
rus ^, lésineur, euse ; lettre de Bellérophoitj lettre morte, léviathan ,
lexicologie, lézarder et se lézarder, libellule, lilliputien, enne; lit
de Procrusle, literie, lithochromie, litrage, litrer, localisation , loca-
liser, lubréfaction, luxueux, euse; luxuriant, ante ; * lydien, enne*.
Macadam, macadamiser, magnanerie et magnanîère, magnanier,
*mabogon ^, manquant, ante ; marivauder, marmoréen, enne ; marque-
teur, * mèche, t. d'Art vétérin.^,-^ médisÀ, aie; médication, méditerra-
néen, enne; médius, mellification , mensongèrement, métrage, mé-
tré, s. m.; métrer, * meunier, poisson'' ; milligramme, miroitière,
monarchiste, monitrice, monogamie, monopoliser, moralisateur, trîce;
* morave?, * morne, anmeau d'une lance momée^ ; murage, musca-
délie, myriagramme, mysticisme.
* Nageurs (oiseaux) *o, ♦ natatoire^*, navigabilité, nidification,
notabilité , * nulle ( lettre )^^.
Obséquiosité, cenophile, œsophagite, * officier (bas) **, ogival, aie;
omnipotent, ente; *ophioglosse **, opportunément, opposable, orches-
tration, ordonnancement, organisateur, trîce; orphelinat, orphéon,
orphéoniste, orthologie, orthopédiste, ostentateur, trice ; ostriculture,
* ourlées (oreilles) ^^\ ovine, adj. f.
Pactole, paléographe, paléontologie, paletot, panoplie, panthéiste,
paragrêle, pardessus, ve7emew^; parfumerie, parmentière, parturition,
patronner, protéger; patronnesse (dame), patte, ée (croix), paupé-
risme, perler, perpétration, peuplement, phalanstère, pharyngite,
phénoménal, aie; photographe, photographie, photographier, phré-
nologie, * phrygien, enne*^; pisciculture, piscivore, poinçonner,
* poirier des Indes ^'', polychrome, polychromie, porcherie, portrai-
tiste,* poulet dinde**,* poulette [œufs, asperges à ^a)*^, poussinière,
cage, ëtuve pour élever des poussins ; précautionneux , euse ; pré-
fectoral , aie ; préfixe, s. f . ; presbytie et presbytisme, préservation ,
pressage, prestidigitateur, prestidigitation, * prime {orge de)^^,
priseur de tabac, professionnel, elle; progresser, prolétariat, pro-
pagandiste, propulsion, protectioniste, protubérant, ante; providen-
1. à CoPHTE. — 2. à Tachb. — 3. à<ÎUBUB. — 4. à Mode. — 5. à Acajou. — 6. à Ortie.
— 7. à Chabot. — 8. à Hermutbs. — 9. à Lance. — 10. à Palmipède. — 11. à Vbsiculb. —
12. à l'art. B. — 13. à Anspessade, Bas. — 14. à Langue. ^ 15. à Orbille. — 16. à Mode.
— 17. à Goyavier. — 18. à Croupion, Gland. — 19. à Mettre. — 20. à Écourobon.
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— XXX —
ciel, elle; provincialisme, provocant, ante; pnllulation, pnHn, pu-
trescible, pyrale, pyroscaphe, pythagorisme, Python,
Railway, ramollissement, rassortiment, rassortir, rationalisme,
rationaliste, rationner, ravier, rebiffer (se), reboisement, reboiser,
* rebordées (oreilles)^, réclusionnaire, recrudescence, réfutable,
régates, s. f. pL; réitératif, ive; relayeur, réorganisateur, trice;
* retourner à, faire retour à*; révolutionnairement, révolutionner,
* roche Tarpéienne '^ romantisme, rotatoire.
Sacchariôcation, saccharin, ine; salangane, sans-cœur, subst. ;
saponification, saponifier, saroleuse, * Scylla*, sècherie, sénatorerie,
* sens {peine du)^, sentimentalité, seran ou serançoir, serançage,
serancer, seranceur, sériciculture, * sexagésimal, ale^; siffloter,
silencieusement, silviculture, sorgho. Sosie, soufrage, soufrière,
soufroir, * sous-officier '', stalle d' écurie j statisticien, statuette, sténo-
gr£|.phier, stéréoscope, strident, ente; suburbain, aine; * sulfuré, ée*.
Teinturerie^ télégramme, télégraphie, télégraphier, terrifier, ter-
tiaire, tétanique, tête de Méduse^ théophilanthrope, théophilanthropie,
thermométrique, timbre-poste, timonnerie, tonneau des Danaïdes,
torrentiel, elle; torrentueux, euse; transatlantique, transfèrement,
translucide, transsept ou transept, transvasage, transvasement,
* trentenaire ^, triptyque , trôner, tropical, aie; troupier, tuUiste,
tunnel, typhoïde.
Unipersonnel, elle; utilisation, utopiste.
Vagir, vagon ou waggon,valenciennes (de la), varrant ou warrant,
vélocipède, vendéen, enne ; verdict, verglacer, verjuter, * verticalité *^,
villégiature, vinaigrerie, * vitex ", viticole, viticulture, vitrine, * vol-
taïque ^^, vue longue.
Pour faire place à quelques-unes des omissions à réparer, on pour-
rait effectuer quelques suppressions. Dans la Préface (p. ii), nous
avons vu qu'il serait utile de retran'eher un certain nombre de dou-
bles emplois; ici, nous parlerons des mots inutiles. Le Dictionnaire
de l'Académie nous semble trop riche en termes typographiques, en
termes relatifs aux figures de grammaire et de rhétorique, et en mots
orientaux. Les premiers sont peu intéressants pour la plupart des
personnes qui consultent cet ouvrage; ils n'apprennent rien aux typo-
graphes, qui en savent plus par expérience qu'un dictionnaire ne
peut leur en enseigner, et qui au besoin même rectifieraient quel-
ques-unes des définitions qu'on y trouve {palestinej trismégiste,
parisienne ou sédanoise, perle, cadrât, corps d'une lettre, œil d'une
lettre, pâte, pâtë,prote (Voy. ce mot), servante, sommier, pr élire ^^,
1. à Oreille. — 2. à Réversible. — 3. à Précipiter. — 4. à Charybdb, Tomber. —
5. à Dam.— 6. à DBORé. — 7. à Caporal, Officier, Soos. — 8. à Hydrogène. — 9. à Prescrip-
tion. — 10. à Pbrpendicule. — 11. à Agnus-castus. — 12. à Pile.
13. II aurait été convenable de faire connaître l'expression usitée : lire en première (sous-
entendu , épreuve ), car prélire te se dit jamais.
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— XXXI —
tremper S elc.j, termes dont 1^ uns sont hors d'usage maintenant que
l'on compte par points, et dont les autres présentent des définitions ou
des exemples difficiles à comprendre). — Nous en dirons autant de la
plupart des figures de grammaire et de rhétorique, dont on a saturé
les élèves pendant leurs humanités : elles ne sont guère connues que
des savants, et intéressent bien peu le commun des lecteurs*, qui
ne les rencontre jamais sans une sorte d'ennui et même de répulsion.
— Nous sommes loin de demander qu'on supprime complètement ces
deux classes de mots; nous désirons seulement qu'ils soient dans une
juste proportion avec le reste.
Quant aux mots orientaux, empruntés aux langues turque, chi-
noise, persane, etc., et qui, à notre avis, étaient à peu près superflus
il y a dix ans, ils pourront devenir utiles par suite des relations qill
commencent à s'établir entre la France et ces pays lointains. Néan-
moins on ne voit pas sans surprise que l'Académie indique la valeur
correspondante en mètres ou en toises de la parasange chez les
Perses, du schène chez les anciens, surtout en Egypte; — la valeur
de la bourse et du rize turcs, et même de petites monnaies telles que
Vaspre et le para; — tandis qu'elle nous laisse ignorer la différence
qui existe entre les milles d'Angleterre, d'Italie et d'Allemagne, et
qu'elle ne nous indique pas la valeur de la pièce de monnaie appelée
cent en Hollande, en Belgique, etc. Il ne serait pas inutile non plus
de dire que cette expression vulgaire , Avoir des mille et des cents,
signifie Posséder des milliers et même des centaines de milliers de
francs, être fort riche. Il croit que fai des mille et des cents.
Nous terminons en proposant de supprimer quelques locutions
telles que ablativo tout en un taSj ergo-glu, potron-minet et potron-
jaquetj tarare-pompon^ etc. etc.; puis les locutions triviales, les pro-
verbes inusités ou de mauvais goût, les phrases qui pèchent contre la
grammaire, etc. En voici quelques exemples :
En apprenant cette nouvelle, son front, son visage s'est rasséréné.
Ils burent tant qu'à des noces.
Comment vous en va ?
Attrape-toi cela.
Cela n'est pas tant chien.
Il fait bien crotté dans les rues.
Vienne qui plante, sont des choux.
1. A ce dernier mot le Dictionnaire donne un exemple dont le sens est difficile à saisir.
Au lieu de, Le papier se trempe ordinairement une fois par main, il aurait fallu dire :
Le papier se trempe par mains ou par demi-Tnmns, suivarU sa grandeur, sa force, etc. On ne
comprend pas ce que peut signifier une fois par mnin.
2. Parmi ces figures il en est quelques-unes que nous sommes supris de voir consacrées
par l'Académie ; Vhypallage est une de celles qui nous choquent le plus : Il n*avait point de
souliers dans ses pieds (pour, aux pieds, ou, comme elle l'explique, H n'avait point ses pieds
daiis des souliers) ; Enfoncer son chapeau dans sa tête, au lieu de, Enfoncer sa tête dans son
chapeau. Nous croyons qu'on pourrait très-bien dire , Enfoncer son chapeau sus ta tête.
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— XXXII —
// a été le plus fort, il a porté les coups.
Manger, ronfler, rire comme un crevé.
Il en a menti par la gueule, par sa gusule.
Ne comptez pas sur les promesses de cet homme, il vous pétera dans la
main,
La gueule du iuge en pétera, il faut que la gueule du juge en pète.
Tenir quelqu'un au cul et aux chausses.
Prendre son cul pour ses chausses.
Cet argument l'arrêta sur cul.
Je m'en bats les fesses. Etc. etc.
Après avoir présenté sommairement les points qui réclament de la
part de TAcadémie une attention particulière, nous nous faisons un
devoir de répéter que la rédaction et l'impression d'un ouvrage aussi
considérable sont un travail immense, et que s'il était exempt de tout
défaut, ce serait un vrai chef-d'œuvre. D'ailleurs ce travail ne pou-
vait être fait par une seule personne, et c'est ce qui explique en
grande partie les inconséquences et même les contradictions que
nous avons signalées. Il faut donc convenir que le Dictionnaire de
l'Académie française est encore le meilleur guide que l'on puisse
consulter pour la langue.
Mais il n'en est pas moins constant que cet ouvrage demande à être
rectifié, perfectionné, complété, et il est à désirer que l'Académie ne
fasse pas attendre trop longtemps ces importantes réformes. Les
instituteurs et les typographes, particulièrement ceux-ci, appellent
de tous leurs vœux une nouvelle édition qui réponde aux besoins
actuels et qui facilite leur travail en supprimant le luxe de variantes
que présente celle dont on se sert aujourd'hui. Espérons que la
savante Compagnie s'empressera de répondre le plus tôt possible
aux réclamations qui s'élèvent de toutes parts, et qu'elle accomplira
sans désemparer une œuvre qui porte son nom et sera toujours pour
elle un titre de gloire.
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REMARQUES CRITIQUES
DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE
A, s. m... Ane se prononce pas dafis quelques mots, tels que août,
taon, etc. — L'étymologie du mot taon, en latin tabanm, nous semble
demander qu'on le prononce tan et non pas ton, Voy. Taon.
À, prép... Commencer à désigne une action qui aura du progrès, de
Taccroissement. Le jour commence à luire. Il comfnçnce à pleuvoir.
Cet enfant commence à parler. — Commencer de désigne une action qui
aura de la durée. Lorsque cet orateur commença de parler, il s'éleva
dans V auditoire un murmure favorable. Qu>and le tonnerre commence
de gronder, il faut s'attendre à un orage, .
Nous pensons qu'on emploie souvent commencer à pour conmencer
de, soit parce que le premier est plus doux à l'oreille, soit parce
qu'il est assez difficile de prévoir si une action aura du progrès, de
l'accroissement, ou si elle aura seulement de la durée; et en effet
non-seulement l'Académie donne pour exemples, aux verbes Gronder
et Tonner, « Le tonnerre, l'orage,,, commence À gronder; l'artillerie
commençait À tonner », contrairement à la règle ci -dessus; mais
encore elle dit à l'article Commencer : « Cependant on dit quelquefois
commencer à pour commencer de. Commençons À dîner. Ils commen-
cèrent À jouer, Etc, » — D'un autre côté nous pensons que parfois on.
emploie de au lieu de à lorsqu'on veut éviter un hiatus; ainsi dans
les exemples ci-dessus on dirait, lorsque le tonnerre, l'orage com-
mença de gronder,,,; l'artillerie commença de tonner vers midi; on
Commença de dîner, de jouera etè. C'est ainsi qu'à l'article Obliger
l'Académie dit :
Mes réprimandes , mes exhortations Vont obligé À changer d'avis, de
conduite.
tandis que dans la phrase qui vient immédiatement après, elle em-
ploie de afin d'éviter la rencontre de trois voyelles :
L envie de parvenir Va obligé n'étudier,
Voy. Commencer et Continuer.
1
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— 2 —
À... Traiter quelqu'un de Turc à More. — Voy. Morb.
À... Au veau qui telle. — Voy» Tête».
À... On dit elliptiquement... à une personne que l'on quitte, A
demain, à ce soir, à dimanche j etc. Nous nous reverrons demain, ce
soir, dimanche. — Nous ferons remarquer que cette expression ellip-
tique s'emploie aussi dans une acception bien différente, comme dans
ce vers :
A demain, à demain les affaires,
qui veut dire, Aujourd'hui amusons-nous, et remettons à demain les
affaires. Elle peut donc signifier, Renvoyons, remettons à demain, etc.,
notre entrevue, la fin de cet entretien, de cette discussion. Quoi qu'il
en soit, il nous semble que l'Académie aurait bien fait de suppléer
l'ellipse de la phrase telle qu'elle l'entend, comme Bonjour, adieu
jusqu'à demain, ou d'autres expressions analogues.
À... s^em{^loie de même quelquefois pour déterminer son régime ou
complément par rapport au nombre. Avoir, louer une maison à deux,
à trois, A moi seul je le ferai. A dix qus nous étions, pas un ne refusa.
Il aurait été bon que l'Académie ajoutât que souvent on supprime
la préposition à du second exemple» comme elle l'a fait à l'article
Maxime :
Maxime, en termes de Musique, Note qui vaut ellb seclb quatre mesures.
Quant au troisième exemple, nous croyons qu'on emploie plutôt
sur, dCj que à; c'est ainsi' qu'elle dit :
(à Sur) Sur dix, il n'y en avait pas un de bon.
(à De) De six cents hommes qui montèrent à V assaut, pas un n*est revenu.
À... indique particulièrement... T la destination, l'usage. Fille à
marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer...
— Ce rapprochement ne suffit-il pas pour faire sentir que les expres-
sions waf^re de danse, maître de chant * seraient préférables k maître
à danser, maître à chanter? Et Maître à écrire ne devrait-il pas éga-
lement être remplacé par maître d'écriture, de calligraphie, puisqu'on
lit à l'article Maître , maître de danse, de musique, de harpe, de vio-
lon, d'escrime, de dessin, eïc. f
À... indique... 3° ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire 'à
l'emploi d'une machine, d'un instrument, etc. Arme a feu. Fusil à
vent. Bateau, machine à vapeur. Moulin à eau, à vent, à bras. Chaise
à porteurs. Instrument à vent. — Il nous semble que, malgré ces nom-
breux exemples, plus d'un lecteur aura de la peine à voir de prime
abord un rapport exact entre eux et l'explication qui précède ; et nous
aimerions mieux une définition dans le genre de celle-ci : « Rapport
1. A l'article Dansb, l'Académie dit très-bien mmire de dcrnse^ et si à Chanter elle met
maître à chaîner, à l'article Chant nous trouvons école de chant. Nous ne croyons pas que
personne dise École à chanter^ à lire, à écrire} et il nous semble que les locutions maître à
chanter, à lire, à écrire, ne sont pas meilleures.
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de rinstrument, de la machiné à âon moteur », parce que dans les
exemples le nom du mùteur vient après celui de la machine : arme à
Fsu^ fusil à VENT, machine à vapeur, etc.
ABATAGE, abatée, abatis. — Ccs mots devraient s'écrire avec
deux tj, comme abattre j abattement, cAatteur, abattoir, etc. Voy. Ba.ttre.
abbatial, ale. -* L'Académie nous dit bien que dans cet adjectif
le t se prononce comme c> mais eUe a oublié de nous a|)prendre s'il
faut faire sentir les deux b.
ABDOMEN*.* T. d'Anat., emprunté du latin, qui signifie le ventre.
— Nous avions toujours pensé que ce mot devait signifier le bas-
ventre, soit parce qu'il y a synonymie entre Vinterior abdominis mem^
brana de Celse et le peritonium de C. Aurelianus^, que l'Académie
définit « Membrane qui revêt intérieurement toute la capacité du bas-
ventre » ; soit peut-être parce que la partie inférieure de l'abdomen
correspond à cette partie extérieure du corps que la pudeur fait'
cacher avec le plus de soin, même chez les sauvages. Mais nous tenions
à voir cette synonymie donnée par l'Académie elle-même, et nous
l'avons trouvée à l'article Ventre : « Le ventre inférieur, ou le bas-
ventre, l'abdomen. »
ABE€QUER OU abéquer. — L'Académie écrit également becquée
ou béquée, becquster ou béqueter, abecqùer ou abéq^ier; mais elle n'ad-
met point de variante pour se rebéquer.
aberration, abhorrer. — La prononciation n'est pas indiquée,
et pour savoir qu'il Taut faire sentir les deux r dans le second de ces
mots, il faut recourir à l'article R; celle di aberration ne se trouve
nulle part.
ABJECT, ECT£. — L'Académie n*indique la prononciation à aucun
ae^^adjectifs terminés par ect : abject, circonspect, correct, direct,
infect, suspect; et à l'article T, contact et correct sont les seuls exemr
pies des^mots terminés par et, où elle dise qu'on prononce le ^méme
devant une consonne.
AiLATivo. Terme adverbial et populaire, qui ne s*emploie que dans
cette phrase, Ablalivo tout en im tas, tout ensemble, avec confusion
et désordre. Il a mis cela ablativo tout en un tas. — On se demande
pourquoi l'Académie a recueilli dans son Dictionnaire cette locution
moitié latine, moitié française, et dont une partie est inintelligible pour
bon nombre de ceux qui le consultent. Serait-ce parce que Dancourt,
dans sa pièce le Charivari, a dit 2 a Allons, moi^gué, ablativo tods en
ON tas; 4nettofis toutes les noces en une^ » ? Nous croyons, comme
M. Paulin Paris ^ que cette locution n'est pas populaire puisque le
peuple ne s'en sert jamais, et qu'il aurait été mieux de la laisser dans
les dictionnaires de Basnage et de Trévoux.
1. Qnicherat, Dict. frai\ç.'laU
d. DicUonnairt hiaorique de la langue fronçais», publié par rAcadémie.
8*. Bans son EwjA dSm dictionnaire Uatariqm de la lamgxu françaiee^
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— k -
ABONDAMMENT. ^ Aujourd'hui, dans les adverbes terminés par
arriment cette finale se prononce comme s'il n'y avait qu'une m
[abondament) ; mais nulle part l'Académie n'a indiqué la prononcia-
tion de ces adverbes.
ABOUTIR. — Il serait à désirer que l'Académie indiquât l'auxiliaire
avec lequel se conjuguent les verbes neutres. Au verbe Aboutir elle
ne donne pas un seul exemple des temps composés, et ensuite elle
met Abouti, ie ; c'est dire implicitement qu'il se conjugue avec l'auxi-
liaire être^ tandis qu'il prend au contraire l'auxiliaire avoir j du moins
dans les deux premières acceptions qu'elle a données. Quant à la
troisième, faut-il dire son apos terne j son abcès, son clou a abouti, ou
EST abouti'^ l\ est probable qu'on peut employer l'un ou l'autre suivant
qu'on veut exprimer l'action ou le résultat ; mais dans ce cas l'Acadé-
mie aurait bien fait de nous le dire.
ABRÉGER. — Il aurait fallu mettre ici la conjugaison, f abrège,
nous abrégeons, j'abrégeais, etc., pour nous montrer qu'entre le g
et l'a ou Vo on doit mettre un e qui adoucisse le son du g. Cette
remarque s'applique à tous les verbes terminés par ger.
ABRUPT, UPTE. — Au mot CONCEPT, l'Académie dit qu'il faut en
prononcer le p; au mot Rapt, qu'il faut faire sonner le t final; ici elle
se tait sur la prononciation de l'une et de l'autre consonne. .
ABSENTER (s'). — On sc demande pourquoi l'Académie n'a pas mis
le participe absenté, ée. Il en est de même pour soixante-dix autres
verbes environ, réfléchis ou réciproques, tels que s'abstenir, se désis-:
ter, s'écrier, s'égosiller, s'emparer, s'immiscer, s'ingérer, se méfier,
s'entr'aider, s'entre-choqusr, s'entre-quereller, etc, tandis qu'elle a
mis le participe à s'accointer, se bastinguer, s'entabler, s'entremettre^
se gendarmer, se grimer, etc. Cependant on dit aussi bien elle s'est
absentée, elles se sont abstenues, elles se sont entr' aidées, que elle s'est
entremise, elles se sont gendarmées, etc,
ABSIDE, s. f. T. d'Archit. — • L'étymologie réclamait apside ^,eX bon
nombre d'architectes, d'archéologues, l'écrivent ainsi. L'Académie a
1. D'après le dict. lat.-franç. de MM. Quicherat et Daveluy, on disait en grec apsis; en
latin, absU ou mieux apsis, mais dans les deux langues et pour les deux acceptions le mot
était féminin. — Ce 6 substitué au p dans l'acception la plus usuelle à*apside ne doit pas nous
surprendre , puisque nous avons en français de nombreux exemples de cet- adoucissement
dans la prononciation. L'aôsin^Ae s'appelait en grec apsinthion, en latin àhsinthium; et Gre-
noble, autrefois Grenople (du latin Gratianopolis) a changé son p en b, tandis que Constanti-
nople, Andnnople, etc., noms beaucoup moins connus, conservent le p étymologique.— Nous
devons ajouter toutefois que Villehardouin (commencement du xiii» siècle) écrivait « Con-
queste de Constantinoble » , comme nous l'apprend le Dictionnaire historique de la langue fran-
çaise publié par l'Académie ; mais cela vient de ce que lors de la quatrième croisade, à
laquelle prit part Villehardouin, le nom de Constantinople était au moins aussi connu à Paris
que celui de Grenoble qui dans ce temps n'appartenait pas à la France. — Sans remonter si
haut, en 1694 l'Académie écrivait capriole, caprioler, et ajoutait : « Quelques-uns disent
cabriole, cabrioler ». On a dit aussi capriolet (aujourd'hui cabriolet), et chacun sait que ces
mots viennent de capreolus ou capriolus, cabri , par allusion aux sauts légers de cet animal.
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préféré le b, sans doute pour le distinguer davantage encore d' Ap-
sides, s. m. pi. T. d'Astron.
ABSTENIR (S'), V. pron. (•!! se conjugue comme Se tenir), — A
Tarticle Tenir, l'Académie donne bien la conjugaison du verbe actif,
mais non celle du verbe pronominal; aux verbes Aller, Retourner,
elle n'a même pas donné régulièrement celle de s*en aller ^ s'en retour-
ner, sur laquelle on se trompe tous les jours.
ACA€IA, s. m... Faux acacia, ou Acacia blanc, ou simplement y4ca-
cia. Arbre d'agrément, espèce de robinier à rameaux épineux, et à
fleurs blanches et odorantes disposées par bouquets. V Acacia est
originaire d'Amérique. Un bel acacia. Planter des acacias. On appelle
de même improprement Acacias quelques autres espèces de robiniers
cultivés, tels que le Robinier à fleurs roses et le Robinier visqueux. —
Au sujet de ces lignes, M. Paulin Paris dit, dans son Essai d'un dic-
tionnaire historique de la langue française : « En vérité, je ne vois
pas pourquoi l'admission du mot robinier. Et si M. Robin a introduit
en France le premier acacia d'Amérique sur lequel ont été greffés les
autres, comment les robiniers ne seraient-ils plus, à proprement par-
ler, des acacias ? Voilà ce que c'est de dédaigner l'histoire des ori-
gines. Au lieu de déclarer Vacacia une sorte de robinier, ne vaudrait-il
pas mieux remarquer que le. robinier est une espèce d'acacia ? Je m'en
rapporte. »
ACADÉMICIEN... Les quarante académiciens de l'Académie française.
— Il serait mieux de supprimer académiciens et de dire, comme à
l'article Quarante : « Les quarante de l'Académie française^ ».
ACCABLER. — Tous les Français savent que lorsque deux c se trou-
vent entre deux voyelles dont la dernière est un e ou un i, le premier c
se prononce comme un k et le second comme une s : accès, occident
(prononcez ak-sès, ok-sident). Mais lorsque les deux c sont suivis
d'un a, d'un o, d'un u, ou d'une consonne telle que l, r (accabler,
accoter, accul, acclam^tiofi, accroc)^ doit-on toujours n'en faire sen-
tir qu'un? L'Académie aurait dû le dire au moins à l'article C.
ACCABLER... Accabler quelqu'un de biens, de grâces, de bienfaits, de
présents, le combler de biens, de grâces, etc.— Accabler n'exprimê-t-il
pas plus que combler? Corneille fait dire par Auguste à Cinna,
Je t'ai COMBLÉ de biens , je t'en veux accabler.
Il nous semble qu'accabler doit signifier Combler outre mesure.
ACCÉDER, V. n. Entrer dans les engagements contractés déjà par
d'autres. Les puissances du Nord ont accédé à ce traité, à cette con-
vention. J'accède aux stipulations que mes cohéritiers ont consenties.
— Accéder à une proposition, y adhérer, l'accepter.
L'Académie a quelquefois pris soin d'indiquer la conjugaison des
verbes dans les temps qui présentent une difficulté sous le rapport de
u Remarque de M. P. Paris dans son Essai d'un dictionnaire historique, etc.
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~ 6 —
Taccent grave ou aigu qu^on doit employer; ainsi elle met : ÀLLiCHSii
{ J'allèche j, f allécherai); Alléger {J'allège^ f allégerai); Assener
{ J'assène j f assènerai); mais ces indications sont malheureusement
trop rares. Ici , elle aurait dû mettre « Accéder {J'accède, faccé^
derai ) » , d'autant plus qu'elle ne donne aucun exemple où ce verbe
soit employé au futur ou au conditionnel.
ACCENTS
DE l'accent grave
Depuis un certain nombre d'années, on a pris pour règle de ne mettre
l'accent circonflexe qu'aux mots qui le conservent dans leurs dérivés,
comme blême , blêmir; prêche j prêcher; rêve, rêver, etc., et d'em-
ployer l'accent grave pour ceux qui changent cet accent ; ainsi l'on
écrit emblème, problème, système, etc., parce que l'accent devient
aigu dans emblématique, problématique, systématique, etc. Il faudrait
suivre la même règle dans les mots chrême, extrême, suprême, etc.,
qui ont pour dérivés chrémeàu, extrémité, suprématie, etc.
Au lieu de crêpe et crêper, ne devrait-on pas écrire crêpe, crêper,
comme on écrit crème, crémer, d'autant plus que crêpe a d'autres
dérivés où l'on met l'accent aigu : crépon, crépu, crépodaille, etc. ?
D'un autre côté, ne devrait-on pas écrire fêtoyer, au lieu de fétayer?
Autrefois fête s'écrivait feste, et l'on a conservé Vs dans festin, festi-
ner; dans sa précédente édition*, l'Académie écrivait festoyer, qui se
prononce encore quelquefois ainsi, et le circonflexe serait peut-être
plus conforme à la prononciation générale.
Puisqu'on écrit avec l'accent grave bobèche, brèche, calèche, crèche,
flammèche, flèche, mèche, — élève, fève, grève, — cèdre, chèvre, lèvre,
fièvre, lièvre, genièvre,—- espièglerie, mièvrerie, piètrerie, ne serait-il
pas convenable d'en mettre également un à campêche, dréche, pim^
bêche, trêve, au lieu de l'accent circonflexe, et à sève, orfèvre, orfè-
vrerie, négrerie, au lieu de l'accent aigu?
L'accent aigu que l'Académie met sur Ve suivi de ge, semble devoir
être converti le plus tôt possible en accent grave. Pour toute langue
écrite Je premier principe devrait être d'éviter les exceptions, surtout
lorsque les règles sont aussi nombreuses qu'elles le sont dans l'ortho-
graphe française. Puisqu'on met un accent grave aux motâ règle,
règne, intègre, bègtie, diocèse, etc., pourquoi mettre un ^ à cortège,
liège, privilège, sacrilège, etc. ? Quelle raison peut-il y avoir pour
écrire collègue et collège, stratègue et stratège; allègre, àlèze, et
allège ; manganèse et manège; synthèse et cortège, dièse et piège?
1. Nous dirons ici, une fois pour toutes, que rAcadémie ne reconnatt pas les diverses
éditions de son Dictionnaire qui ont été publiées entre 1762 et 1835. Ainsi donc , lorsque
nous parlerons dA la prteédente édUknt, ce sera tonjoun d* cell* d« 1*760.
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Dfi L^AGGE^ Sun L'E DANS LA PÉNULTIÈME DES VEMES
Dans les verbes qui ont un e muet à la pénultième de rinônitif, cet
e se change en è au futur et au conditionnel : celer, je cèle, je
cèlerai, je cèlerais; geler, je gèle, je gèlerai, je gèlerais; peler, je
pèle, je pèlerai, je pèlerais.-^Màis les verbes qui ont une k la pénul-
tième de l'infinitif conservent cet accent au futur et au conditionnel :
céder, je cède, je céderai, je céderais ; régner, je règne, je régnerai,
je régnerais ; révéler, je révèle, je révélerai, je révélerais; compléter,
je complète, je compléterai, je compléterais. Cette diflTérence d'accent
se fait à peine sentir dans la prononciation, et cependant il en résulte
pour l'écriture des difficultés inextricables; ainsi l'on doit écrire :
j'engrènerai et, je rengrénerai; je grèverai et je dégrèverai; je relè-
verai et je révélerai; je décèlerai et je recèlerai. — Ne serait-il pas
plus convenable de mettre l'accent grave dans tous ces verbes?
DE l'accent dans LES SUBSTANTIFS DÉKIVÉS DES VERBES
Les substantifs dérivés des verbes dont la pénultième syllabe con»
tient un é, présentent un grand inconvénient pour la mémoire : leur
accentuation n'a pas de règle fixe. Ainsi receler, régler, dégrever,
lécher, allécher, ont pour dérivés recèlement, règlement, dégrève-
ment, lèchefrite, aUèchem^nt, avec l'acc^it grave, tandis que les déri-
vés de affréter, compléter, dérégler, dessécher, empiéter, rengréner,
conservent i*accent aigu : affrètement, complètement, dérèglement,
dessèchement, empiétement, rengrénement.
On retrouve, les mêmes bizarreries dans les mots ténemeni (é),
entretènement (^), soutènement {e muet). L'Académie ajoute, dans
l'article de ce dernier mot : « Quelques-uns écrivent sotUé-nement. »
Il semble que l'oreille aurait dû faire préférer cette variante.
Il n'y a que deux verbes commençant par une consonne qui pren-
nent l'accent aigu à leur réduplicatif re : répulluler, révwifier *. Puis-
qu'on a deux et même trois e muets de suite dans redemander, rede--
vMe, redevenir, etc., on pourrait sans inconvénient supprimer les
deux exceptions ci-dessus.
DE l'accent circonflexe
Au mot Accent, l'Académie dit qu'on met l'accent cîrcwiflexe sur
les voyelles longues où il indique la suppression d'une voyelle, comme
dans âge, rôle ( aage, roole ) , ou celle d'une s, comme dans tête, gîte,
côte, flâte [teste, giste, caste, fluste), — Au mot Circonflexe, elle a
donné une définition plus large et plus vraie en disant qu'on se sert
de cet accent « principalement pour marquer les voyelles qui sont
1. Comme l'A mu«tte est réputée voyeUey nons ne p£Hrk>ns pas de réliabilHer, réhabituer^
ces mots sont dans les mômes conditions que réaioumer, réapparitioUf réassigner, etc
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restées longues après la suppression d'une lettre » ; mais tant qu'on
suivra les errements actuels il sera impossible de donner une règle
exacte et complète. En effet, on met des circonflexes dans des mots
où il n'y a ni voyelle ni consonne supprimées, comme dans câble,
fâme et infâme j grâce et disgrâce, extrême, suprême, trêve, pâle, etc.,
et l'on n'en met pas à toit, chute, reliure, coutre, noce, citerne,
vite, otage, meunier, coutume, joiite, moutier, etc., qui s'écrivaient
autrefois toict, cheute, relieure, coultre, nopce, cisteme, viste, ostage,
meusnier, coustume, jouste, monstier puis moustier, etc.
On supprime l'accent dans plu, tu, participes de plaire et de pleur-
voir, de taire, et on le conserve dans mû, où il n'est d'aucune utilité;
on le met à dû, participe du y erhe devoir, employé substantivement,
et on ne le met pas à cru, qui est aussi le participe employé substan-
tivement du verbe croître, Voy. Cru.
On conserve le circonflexe du radical dans les dérivés et les com-
posés de certains mots, tels que débâclage, plâtras et replâtrage,
théâtral; pâquerette; câlinerie, câprier, mâchicatoire, pâtissier; enp-
bâtonner, pâmoison; râblu; rôtisserie; encroûter, bûcheron et bû-
chette, etc, qui viennent de bâcler, plâtre, théâtre, pâqus, câlin,
câpre, mâcher, pâte, bâton, pâmer, râble, rôt, croûte, bâche, etc. — On
le supprime dans cranologie ou craniologie, conifère, polaire, sym-
ptomatiqice, dérivés de crâne, cône, pôle, symptôme; dans compatir,
déjeuner, dessoûler, composés de pâtir, jeûner, soûler; dans tatillon,
tatillonnage, tatillonner, diminutifs de talonneur, tâtonnement, tâton-
ner, etc. — Il faut écrire câble, câbleau ou câblot, et encablure; côte,
côtoyer, et coteau; embûche, et débucher, se rembiccher. — Il faut
mettre le circonflexe à incongrûment comme à congrûment,ei le sup-
primer dans irrésolument, composé de résolument. — Quelquefois
même c'est le composé qui prend l'accent, tandis que le mot simple
n'en a pas; ainsi batardeau, batardière; futaie, futaille, futé; je clo-
rai, je clorais, s'écrivent sans accent, tandis qu'il en faut un dans
abâtardir, abâtardissement; affûtage, affûter, affûtiau; il éclôra, il
éclôrait; — latrie (culte de) s'écrit aussi sans accent, mais il en faut
un dans idolâtrie, zoolâtrie.
Enfin l'on met un circonflexe à des o qui sont brefs dans leur éty-
mologie grecque; tels sont les mots monôme, binôme, trinôme, qiia-
drinôme, polynôme, etc. (composés de nome, où l'on n'en met pas),
et on le supprime à des o qui sont longs dans cette langue, comme
amome et cardamome, arôme, axiome, chro^ne, gnome, idiome, sar-
come, idole, proie, zone, et les composés de gone : pentagone, hexa-
gone, octogone, ennéagone, décagone, etc. Cependant on l'a conservé
dans les mots cône, diplôme, osmazôme, staphylôme, stéatôme, sym-
ptôme, et l'on a maintenu l'o bref dans agronome, astronome, auto-
nome, économe, gastronome, deutéronome, épitome, atome, etc.; mais
déjà l'Académie dit qu'on doit prononcer long Vo d'atome.
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Il serait bien à désirer que l^Académie posât enfin et suivît une
règle générale à cet égard. Au lieu d'ajouter et de supprimer les
accents circonflexes arbitrairement et même parfois contrairement
à l'étymologie, ne serait-il pas mieux de n'en mettre que lorsqu'il
s'agit de faire distinguer des mots qui n'ont entre eux aucun rap-
port de signification, comme côte, jeûne, s. m., pâte, rôt, et cote,
jeune, adj., pâte (au lieu de patte, pied d'animal ), rot^f On éviterait
ainsi bien des inconséquences ^ et l'on serait moins exposé à être en
contradiction avec l'étymologie. Il nous semble que l'Académie a
ouvert la voie en supprimant les accents qui représentaient diverses
lettres, voyelles ou consonnes, entre autres Ve et Vs; ainsi elle a écrit
successivement : ckeute, chute, chute; relieure, reliure, reliure; cw-
teme, citerne, citerne; coustume, coutume, coutume, etc.; — puis les
accents étymologiques dans les mots arôme, ojiiome, idiome, idole,
prote, zone, pentagone, hexagone, et autres composés de gone (génia,
angle) ; dans les terminaisons ore et ose, tels que météore, pylore, et
les noms propres terminés par dore (Isidore, Théodore, etc.)', apo^
théose, métamorphose, métempsycose ^, etc. etc.
ACCENT AJOUTÉ OU RETRANGHJÉ DANS LES DÉRIVÉS
Nous avons plusieurs mots où l'on met un accent qui ne se trouve
pas dans le radical ; les voici : :
Ange, angélique; — anneler, mmélides ; -—trsemc, arséniate, arsé-
nique, arsénite; mais on écrit arsenical sans accent; — celer, rece-
ler; — congeler, cmigélation; — dyssentèrie, dyssentérique ; —
engrener, rengréner;— grever, dégrever; — lienterie, lientérique;
— massore, massorétique ; — mine, minéral, minéraliser, etc.; mais
on dit minerai;— jJepin, pépinière, pépiniériste; — quérir, quérable,
acquérir, conquérant, conquérir, s'enquérir, requérable, requérant,
requérir; — rebelle, rébellion; — recevoir, réception; -— redoubler,
réduplication; — refaire (se), réfection, réfectoire; — reflet, réflec-
teur; — refuge, se réfugier; — registre, régis trateur ; mais on ne
met pas d'accent à registrer, enregistrer; ~ relatif, relation, corré-
latif, corrélation; -— religieux, religion, irréligieux, irréligion; —
remettre, rémission, irrémissible; — replet, réplétion; — repro-
chable, irréprochable ; — requérir, réquisition; — retenir, rétention;
— re viser, réviseur, révision; — serein, sérénité, rasséréner; —
1. Voici la liste des principaux motë dont le sens. est déterminé par l'accent grave ou cir-
conflexe. AocraiT 0RAVB : ça, çà; la, là; ou, où. Accent circonfleiCe : acre, âcfe; bailler,
bâiUer;xihasse, châsse; cote, eâte; du, du; empâtement, empétement; foret, forêt; genêt,
fl»né/; jeune, jeune; masser, masser; mat, mât; mater, mater; matin, mâtin; mur, et mûr, ûre;
pale, pâlt; rot, r6t; sur, ure, &i«^,ûre; tache, tâche, etc. — Quelques adverbes ne sont
distingués du substantif que par I'aocsnt aigu qu'on met i la pénultième sjrllabe ; tels sont :
aveuglement, av«u^ém«n^; «léréglement, dérèglement; désintéressement, désifUértssérMnî ;
isolement, isolément; serrement, serrement , etc.
2. Nivôse, pluviôse, ventôse, devraient s'écrire de même avec tm o simple.
2
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— 10 —
tenace, ténacité; — veneur, véiierie ; —venin , vénéneux, vénéfice; mais
venimeicXj envenimer, conservent Ve muet.
L'Académie écrit sans accent reclure, réclusion; mais elle ajoute :
« Quelques-uns écrivent et prononcent réclusion, » — Bien qu'elle
mette l'accent à irréligieux:, irréligion, irrémissible, irréprochable ^
elle écrit irrémédiable avec un e muet à la seconde syllabe, en sorte
que cet adjectif est le seul mot qui commence par irre *. La plupart
des dictionnaires donnent irrémédiable avec.l'accent.
Quelques mots perdent dans leur dérivé ou leur composé Taccent
dont le radical est affecté. D'évêque, évêché, on fait archevêque, arche-
véché; de café, cafetier^ cafetière; de cépage, cépée, recepage, rece-
pée, receper; de chèvre, chevreau, chevrier, chevrotin, chevroter; de
gangrène, se gangrener, mais on met un accent à gangreneux; de
lévrier, levrette, levrette; de vipère, vipereau; de bergère, bergerette
et bergeronnette.
Peut-être n'est-il pas inutile de donner aussi la liste des adverbes
terminés par ment qui prennent à la pénultième un accent que n'a pas
l'adjectif; ce sont aveuglément (sans doute pour le distinguer du
substantif aveuglement)^ commodément et incommodément, commitr-
nément , conforméfnent , confusément, diffusément, énorméTnent ,
expressément, immensément, indivisément, obscurément, opiniâtre-
ment, précisément, profondément, uniformément *.
ACCOMPAGNER, V. a. — Dans cet article on lit : « Ce prince est tour-
jours accompagné liune suite nombreuse, et 11 s'accompagne toujours
DE méchants garnements; Il s' accompagnai}^ gens de main pour faire
ce coup. Ce sens vieillit. » Mais à l'article Mener, l'Académie donne
pour définition « Se faire accompagner de ou par ». Il nous semble
donc nécessaire qu'elle donne ici des exemples du verbe accompa-
gner et de son participe suivis de la préposition par.
Télémaque est accompagné par Minerve, Fénelon,
ACCOUCHER, v. n.... Elle est accouchée en tel endroit, — On re-
grette que l'Académie ne dise pas plus souvent ce qu'on lit au verbe
Desgendre : « 11 se conjugue avec le verbe Avoir ou avec le verbe
Être, selon que l'on considère l'action ou son résultat. » Si elle
1. Un de nos amis à qui nous avons communiqué ces pages, nous dit qu'il a sous la main
deux exemplaires de l'édition de 1835; l'un porte irrémédiable, l'autre irrémédiable; mais il
ne sait lequel a été acheté le dernier. — Grâce à l'obligeance de MM. Didot, nous avons pu
consulter le dernier tirage de ce Dictionnaire ; il porte irrémédiable, ce qui fait disparaître
l'exception.
2. Ce qui nous engage à donner cette liste, c'est qu'un grand nombre de personnes et môme
des lexicographes mettent ou suppriment l'accent contrairement à l'usage reçu ; ainsi l'on
dit souvent et môme on imprime : distinctement, efficacement» fixement, intimement, récipro-
quement, succinctement, unanimement, etc; et, au contraire, énormément, immensément, opi-
niâtrement, profondement, etc.
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— H —
avait eu cette règle présente à son souvenir, elle aurait mis : Elle a
ACCOUCHÉ et non elle est accouchée en tel endroit, car ici on a voulu
exprimer Taction aussi bien que dans ces autres phrases : J'ai accou-
ché avec de cruelles douleurs ; Elle a accouché très-courageusement.
Quand on dit : Elle est accouchée d'tm garçon, etc., Elle est accou-
chée depuis quinze jours, on exprime le résultat de Taction. Nous
pensons que ce serait une faute de dire, Elle est accouchée il y a
quinze jours.
ACCOUPLEMENT, S. m... Le mulet vient de Vaccouplemenl d*un âne
et d'une jument. — Ajoutez « ou d'un cheval et d'une ânesse », comme
l'Académie le dit à Tarticle Mulet.
ACCUEIL, ACCUEILLIR* — L' Académie n^a pas indiqué la pronon-
ciation, biais il faut prononcer akeuil, akeuillir.
Le son doux du c et du ^ devant Ve nécessite l'emploi de Vu entre
le c ou le ^ et Ye pour les rendre durs. Il en résulte que pour figu-
rer dans les mots accueil, écueil, cercueil, orgueil, recueil, etc., le
son que présentent deuil, seuil, cerfeuil, etc., il faudrait mettre deux u,
l'un avant , l'autre après Ve : accueuil, cercvsuil, orgueuil, etc. ; mais
l'usage en a décidé autrement, et Ton supprime Vu qui devrait venir
après Ve,
Cette orthographe présente donc une difficulté, pour les étrangers
surtout, qui pourraient croire que eil dans accueil, cercueil, or-
gueil, etc, doit se prononcer comme dans pareil, réveil, soleil, etc.,
et il était indispensable d'indiquer la prononciation à chacun des
mots qui présentent cette anomalie. L'Académie l'a fait connaître aux
mots cueillette, cueillir, cueilloir (keuillette, keuillir, keuilloir), écueil
{ékeuil), orgueil (comme deuil) ; elle ferait bien de l'indiquer égale-
ment aux autres.
ACH^RON. — Faut-il prononcer ché ou ké? Pour le savoir, nous
sommes obligé de recourir à l'article H, où l'Académie dit : « Quand
H est après un C, dans les mots pris du grec, de l'hébreu ou de l'arabe,
C et H ensemble se prononcent ordinairement comme un K. Ainsi,
Achéloûs, Achmet, archange, archiépiscopal, catéchumène, Cherso-
nèse, Melchisédech, Chalcédoine, Chaldéen, chaos, eu^iharistie, chiro-
%ancie, chrétien, se prononcent comme s'ils étaient écrits, AkéloOs,
arkiépiscopal, arkange, Kersonêse, Melkisédec, kaos, krétien, etc.
L'usage a excepté de cette règle les mots suivants : Achille, Chypre,
Achéron, chérif, chérubin, archevêque, chimie, chirurgie, archiduc,
architecte, Michel, où CH se prononce à peu près comme le Jforte-
ment articulé. Dans Michel-Ange, on prononcé Mikel. »
ACHETER... Acheter quelque chose à quelqu'un signifie quelquefois
L'acheter de lui. Je lui ai acheté un volume qu'il m'a fait payer cher.
Vous ne sortirez pas de ma boutique sans m' acheter quelque chose. Il
signifie aussi Acheter pour quelqu'un. J'ai acheté une montre à mon
fils pour ses étrennes.
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— 12 —
L'emploi d'acheter à dans deux acceptions si différentes est mal-
heureusement trop général. Gq)endant il serait facile de faire dispa-
raître le premier: on pourrait dire, par exemple, fai acheté db lui,
CHEZ LUI, un volume quHl m'a fait payer cher» Vûus ne sortirez pas
de ma boutique sans acheter quelque chose.
Mais les locutions amphibologiques ne se bornent pas au verbe
acheter; on dit aussi : Je lui aé entendu dire. Je lui ai vu faire, pour
signifier J'ai entendu dire à lui ou par lui. J'ai vu faire par lui ou à
lui, et ce n'est que par lés mots qui précèdent ou qui suivent qu'on
peut distinguer le sens réel de la phrase :
Je LOI ai entendu dire qu*il était trop jeune pour occuper telle place; mais
il a répondu que c'est un défaut dont U se corrige tous les jours»
Je LUI ai (mieux, Je L'ai) entendu dire qu'il était trop jeune pour occuper
telle place; mais &est uniquement parce qu'il en désire uneautre.
Je LUI ai tn* faire une opération très^UfficUe; qt^il a supportée avec un cou-
rage étonnant.
Je LUI ai (mieux, je L'ai) vu faire une opération très-difficUe, dont U s'est
acquitté à merveille.
Je LUI ai fait restituer les cent francs qu'on lui avait escroqués.
Je LUI ai fait ( mieux ^ je l'ai forcé à) restituer les cent francs qu'il avait
escroqués.
Ces amphibologies sont fâcheuses, mais elles sont entrées si pro-
fondément dans les habitudes de la conversation qu'on ne parvien-
drait que bien difficilement à les déraciner.
À-€aMPTE, s. m. — Ce mot se trouve à l'article Compte; mais il
était convenable de le dire comme on l'a fait pour à-propos et pour
beaucoup d'autres.
ACQUÉRIR. — Au lieu de : J'acquérais. J'ai acquis. J'acquis, J'a/o-
querra/i, lisez : J'acquérais, J'acquis. J'ai acquis. J'acquerrai, Le pré-
térit simple doit précéder le prétérit composé. Les distractions de ce
genre sont fréquentes , et ce serait fatiguer inutilement nos lecteurs
que de tes relever toutes ; nous nous bornerons aux plus importantes,
lorsqu'elles se présenteront.
ACQUIESCER. — On aurait dû trouver dans cet article des exemples
où le c, suivi d'un a, d'un o, nt connaître qu'il prend alors une cé-
dille [nous acquiesçons, j'acquiesçais) ; il nous semble que lorsque la
conjugaison n'est pas indiquée, il faudrait que les exemples du moins
nous apprissent les difficultés orthographiques. Cette remarque s'ap-
plique non-seulement aux verbes terminés par cêr, ger, etc, mais
encore à tous ceux qui, sans être irréguliers, présentent quelque
difficulté dans la conjugaison. Voy. Abréger, Accéder, Apprécier, etc.
ACTE, s. m. — A l'article Palladium nous lisons : « En Angleterre,
on regarde l'acte rf'Habeas corpus comme le palladium de la liberté
individuelle » ; et nulle part dans le Dictionnaire de l'Académie nous
ne trouvons ce que c'est que cet acte d'Habeas corpus. Ne pouvant
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— 13 —
gv^e espérer qu'on fasse un article exprès à la lettre H, nous deman>
derons qu'on dise ici: « Les Anglais appellent Acte (ou lorit) c^'habeas
corpus, un acte qui accorde à tout prisonnier, dans la plupart des
cas, sa mise en liberté immédiate, moyennant caution.
ACTION... Il se dit plus particulièrement d'une petite bataille. L'ac-
tiûn de Bléneau fut une affaire décisive. On ne pourrait pas .dire, fac-
tion de Zama, de Fontenoy, d'Austerlitz, — On trouve souvent dans
le Dictionnaire de l'Académie de ces indications intéressantes *, mais
on désirerait en trouver plus fréquemment encore. On regrette, par
exemple, qu'elle ne dise pas les différentes gradations qu'il y a entre
Action, Affaire^ Combat, Bataille et Journée. Des synonymies comme
on en trouve dans les dictionnaires récents seraient d'une grande uti-
lité pour préciser la valeur réelle des mots.
ADDiTIOfINEL, ADDITIONNER, ADDUCTEUR, ADDUCTION. — Au
mot Addition, l'Académie dit : « On prononce les deux D » ; mais
dans les quatre ci-dessus, qui viennent immédiatement après, faut-il
également les faire sentir?
ADiANTE, s. f. Genre de plantes de la famille des fougères... — Ici
nous croyons qu'il y a décidément une faute typographique, non
parce que adiante est du genre neutre en grec et en latin, non parce
que tous les dictionnaires le font masculin, mais parce que l'Acadé-
mie elle-même lui donnait précédemment le genre masculin.
ADOS, s. m. T. de Labourage et de Jardinage. Terre qu'on élève en
talus, ordinairement le long d'un mur bien exposé, pour y semer
quelque chose qu'on veut faire venir plus tôt qu'on ne le pourrait en
pleine terre. — Que signifie ici en pleine terre ? A l'article Terre nous
ne trouvons rien d'analogue, et à Plein l'Académie dit seulement :
« Un arbre en pleine terre, un arbre qui n'est point renfermé dans
une caisse* ».
AFFAIRE... se dit particulièrement des actions de guerre. C'est un
homme qui a vu bien des affaires. Il s'est toujours bien conduit dans
toutes les affaires où il s'est rencontré. Il fit des merveilles dans la
dernière affaire. L'affaire fut quelque temps disputée. L'affaire a été
vive, a été chatide. — Il nous semble que toutes ces phrases peuvent
aussi bien s'appliquer à des affaires commerciales , à des discussions
de chambres législatives, etc., qu'à des actions de guerre, et que
pour mieux préciser le sens il aurait fallu donner au moins un exem-
ple analogue à celui qu'on trouve à État :
L'affaire de Denain fut un coup d'État.
1. Voici un des exemples qu'elle donne à l'article Définir; on voudrait qu'il y en eût
beaucoup de pareils : « On définit les idées abstj'aites et composées; on décrit les objets sen-
sibles; on énonce les idées simples. »
2. A l'article Plbin, l'Académie dit : « ^n pleine campagw, dans les champs, loin des ha-
bitations » ; et à Plain, « La bataille s'est donnée en plaine campagne », c'est-à-dire, en rase
campagne. Peut-être dans, la définition ci-dessus faudrait-il écrire en plaine terre, ou simple-
ment ^7» j»tem«^ par opposition aux mots ados, talus.
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— Ift —
AFFRE. — L'Académie dit que dans ce mot Va est long. Sans doute
elle l'aurait affecté d'un circonflexe si l'usage permettait d'en mettre
sur une voyelle suivie d'une consonne redoublée. Cependant nous
avons deux mots qui, ainsi que leurs dérivés et leurs composés, font
exception à la règle : masse et masser (termes de jeu), pour les dis-
tinguer de masse et masser; — châsse, boîte à reliques, pour le distin-
guer de chasse, action de chasser, de poursuivre ; et par analogie on
a également mis le circonflexe à châssis, enchâsser, enchâssure, où il
était moins nécessaire puisqu'il ne peut y avoir confusion avec d'autres
mots. Si l'Académie a écrit sans accent affre, endosse, flamme, bien
que l'a et Vo soient longs dans ces mots, c'est qu'ils n'ont pas d'ho-
monymes avec lesquels on puisse les confondre; mais le mot manne,
suc de certains végétaux, devrait prendre cet accent, pour le distin-
guer de manne, panier d'osier, si toutefois Va est bref dans cette
dernière acception comme le dit TAcadémie.
AFFÛT, AFFÛTAGE, AFFÛTER, AFFÛTIAU. — L'aCCent pourrait
très-bien être supprimé dans ces mots ; Vu n'y est pas plus long que
dans futaie, futaille, futé, où l'on n'en met pas.
AGACE. « Quelques-uns écrivent agasse. » — Ces quelques-uns ont
peut-être raison, car ils se rapprochent de l'étymologie la gazza, qui
est le nom italien de la pie, et c'est ainsi que le mot était écrit dans
les Fables de La Fontaine imprimées de son vivant. Voy. Mésair.
AGNELER... Une brebis prête à agneler,,, — A Chatter, à Laie, à
Poulette, on trouve également : Une chatte qui est prête à chatter, une
laie prête À mettre bas, une poulette prête à pondre; mais au mot
Lapin, nous lisons : Une lapine près de mettre bas. Cette dernière
expression près de est préférable à prête à. Il y a, comme chacun
le sait, une grande différence entre un homme prêt à partir, prêt à
mourir, et un homme près de partir, près de mourir. Aujourd'hui ce
serait une faute de dire qu'ww mur est prêt à s'écrouler,
AGNUS. Cire bénite par le pape, sur laquelle est imprimée la figure
d'un agneau.— Dans ce mot, il ne faut pas prononcer le g dur comme ^
dans agnuS'Castus, car au mot Agneau l'Académie dit : « Le ^ se pro-
nonce mouillé ici et dans les six articles suivants » , et agnu^s est le
sixième. Comme ce mot vient à la suite de cinq mots français, qu'il est
latin et qu'on y prononce généralement le g dur, l'Académie aurait
mieux fait de répéter la prononciation qu'elle veut voir adopter,
« Gn mouillé ».
AGREMENT, S. m... Cet homme trouve de grands agréments dans sa
famille, dans sa profession, dans sa place, dans la compagnie dont il
EST. — Peut-on employer le verbe être absolument, pour signifier Être
membre , faire partie de ? Oui sans doute , et à l'article Être nous
lisons : Il est de telle assemblée; mais il nous semble que dans l'exem-
ple ci-dessus l'emploi qu'on a fait de cette locution n'est pas heu-
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— 15 —
reux : la phrase paraît tronquée. Aux articles Partie et Honteux,
TAcadémie dit très-bien : « Il fait déshonneur au corps, à la compa-
gnie DONT IL EST MEMBRE ».
AIDER... « Aider à quelqu'un signifie, lui prêter une assistance
momentanée, pour un objet déterminé, et le plus souvent pour un
travail qui demande des efforts physiques... Aidez-LVi à soulever ce
fardeau. » L'Académie dit encore :
(à Recharger) Aidez-hm à se recharger.
(à Relever) Voilà un enfant «qui est tombé, aidez-Lvi à se relever.
Il faudrait donc dire : Aidez-hm à descendre, à marcher, et peut-
être même Aidez-hm à payer ses dettes, au lieu de Aidez-LE à des-
cendre, à marcher, Aidez-hE à payer ses dettes, qu'elle a mis dans les
deux lignes qui précèdent la définition ci-dessus.
AIGUADE. (Ce mot et les cinq suivants se prononcent'comme s'il n'y
avait pas d'U). -— Qu'on ne prononce pas Vu comme ou, et même qu'on
ne le fasse pas sentir dans aiguade, aiguail, aiguayer, quoique l'éty-
mologie semble le demander et que la prononciation aigayer présente
une équivoque avec égayer, nous l'acceptons ; mais dire de prononcer
aigue-marine, aiguière, aiguiérée, comme s'il n'y avait pas d'w^ c'est-
à-dire, comme si l'on écrivait aige-marine, aigière, aigiérée, c'est au
moins une faute de rédaction.
AIGUILLAT. — Ce nom vient évidemment d'^aigu, puisqu'il a été
donné à un chien de mer à cause d'une pointe ou épine cornée située
au devant des nageoires dorsales; et cependant l'absence de pronon-
ciation à ce mot placé entre aiguillade et aiguille, à chacun desquels
on dit que ui est diphthongue, semble indiquer que la seconde syllabe
ô" aiguillât doit se prononcer comme dans anguille. — C'estprobable-
ment une omission, et nous croyons devoir la signaler.
AIR, s. m. Fluide élastique, pesant, dont la masse totale forme l'at-
mosphère qui enveloppe la terre de toutes parts. Air atmosphérique...-
Toute l'étendus de Vair. La masse de l'air. Nous respirons l'air. Poé-
tiquement : Les plaines de l'air. Le vague des airs. Daiis les airs. Au
plus haut des airs. Voyez , à la fin de l'article, la locution adverbiale
En l'air, m
*A la fin de l'article nous trouvons lesr locutions : « Tirer en l'air,
tirer un coup en l'air; Avoir toujours le pied en l'air, un pied en l'air;
Tout le monde est en l'air, toute la ville est en l'air; Un cabinet en
Vair;... Toute sa fortune est en l'air; Des contes en l'air; Des paroles
en l'air... »
Ainsi dans cet article nous ne trouvons pour l'emploi du mot Air
précédé des prépositions dans, en, que l'expression poétique dans les
airs, et les locutions tirer en l'air, tirer un coup en l'air, etc. îl y a
cependant beaucoup de phrases très-différentes de celles-là^ où l'on
désirerait savoir si l'on peut employer dans l'air et même dans les
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-16--
airs^ sans avoir aucune prétention au langage poétique. L'Académie
aurait donc rendu un grand service à ses lecteurs en donnant ici des
exemples analogues aux suivants :
(à Balancer) Un oiseau qui se bcUanCê m l'air, bans les airs.
(à Enlever) Le ballon s*enleva dans les airs*
Ailleurs, il est vrai, TAcadémie emploie l'expression en l'air :
(à Élever) S'élever en l'air,
(à Soutenir) Les oiseaux se soutiennent en Vair au moyen de leurs aHes.
(à Suspendre) Les nuées sont suspendues en l'air.
mais nous croyons qu'elle n'appartient qu'au style familier, et qu'il
eût été mieux d'ajouter les variantes dans l'air, dans les airs; nous
doutons qu'il fût de bon goût de dire, par exemple. Le boMon,
l'aérostat s'éleva rapidement, majestueusement en l'air.
AIRAIN. Métal composé en grande partie de cuivre jaune, mêlé avec
du zinc, de l'étain, et une petite quantité d'antimoine. — Puisque le
cuivre jaune est un alliage de cuivre et de zinc, nous pensons qu'il
faut supprimer jaune ou zin^.
AIBELLE, s. f. T. de Botan... — Autrefois l'airelle était appelée
myrtille, et c'est encore aujourd'hui le seul nom connu dans quelques
provinces. 11 est fâcheux que l'Académie ait supprimé ce synonyme
dans sa dernière édition.
ALIZE et ALIZIE&, AJLizÉ. — Ges trois mots devraient s'écrire
avec une s, car le z n'est point réclamé par l'étymologie, et il forme
une exception dans l'orthographe de ces terminaisons.
ALLEGATION. — L'usage est généralement de faire sentir les deux l
dans allégation et alléguer; on est surpris du silence de l'Académie,
qui fait supposer qu'on n'en doit prononcer qu'une.
ALLEGREMENT, adv. — Cet adverbe devrait conserver à la seconde
syllabe l'accent grave de l'adjectif, puisque l'Académie écrit avec un è
grave les mots austèrement, fidèlement, sévèrement, sincèrement, etc.,
qui sont absolument dans les mêmes conditions, c'est-à-dire qu'ils
dérivent régulièrement d'un adjectif des deux genres.
ALLÉGUER. -- A l'article Allégorie, l'Académie dit : « On prononce
les deux L dans ce mot et les suivants jusqu'à Alléguer ». Nous pen-
sons qu'elle aurait dû ajouter : inclusivement. Voy. Allégation. ^
ALLER, V. n. [Je vais ou je vas, tu vas, il va; nous allons, vous
allez, ils vont. J'allais. Je suis allé. J'allai. J'irai. J'irais. Va. Que
j'aille. Que j'allasse. Allant. Allé.) — Nous ne dirons rien de j'allai,
qui devrait précéder je suis allé, mais nous exprimerons un regret
de ce qu'on a oublié de donner le pluriel du présent du subjonctif :
qu£ nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent. Cette omission est
d'autant plus fâcheuse, que Vi qui précède les II au singulier et à la
troisième personne du pluriel se met après ces II dans que nous allions,
que vous alliez, comme à l'imparfait de l'indicatif.
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Voici les exemples que nous avons trouvés dans le Dictionnaire :
( à Tout ) Ce n'est pas tout, ce n*est pas encore tout, U faut que vous alubx là,
(à Troover) Je trouve bon que vous âluez le voir.
(à Vouloir) Votre père veut que vous aluez là,
ALLOVABLE, ALLOUER. — A chacun des mots allitération^ allo^
broge, allocation^ allocution, allodial, l'Académie dit « On fait sentir
les deux L » ; mais à allouable, allouer, où il semble naturel de les
faire sentir comme dans allocation, elle ne dit rien; c'est sans doute
par oubli.
ALORS... Jusqu'alors, jusqu'à ce temps-là, jusqu'à ce moment-là. Il
exprime un temps passé' antérieurement à un autre temps. Ses affaires
se sont dérangées depuis un an ; elles avaient été très-bonnes jus-
qu'alors, — La définition donnée par l'Académie est excellente, et
l'exemple bien choisi ; mais on désirerait qu'elle ne se fût pas bornée là,
.et qu'elle eût prémuni ses lecteurs contre une locution malheureuse-
ment trop usitée, même chez les auteurs qui écrivent bien. Nombre
de personnes s'imaginent quç puisqu'on dit : On avait cru jusqu'alors,
on peut dire également : On a cru jusqu'alors, pour signifier Jusqu'à
présent. Elles ne réfléchissent pas que jusqu'alor$ signifie Jusqu'à ce
temps-là, et non Jusqu'à ce temps-ci^ et qu'ainsi il faut dire : On a cru
jusqu'ici, jusqu'à présent, jusqu'à ce moment, jusqu'à ce jour *.
ALTERCAS. — Ce mot devrait s'écrire Altercat. Dans les deux pre-
mières éditions l'Académie le mettait au pluriel, altercats, orthographe
très-logique puisque ce mot est une ai}révia4ion d'altercation. Dans
la troisième, où elle a supprimé le t au pluriel des mots terminés par
ont, ent, des enfans, des parens, elle a fait subir cette même suppres-
sion au mot altercats. Dans la quatrième comme dans celle-ci, elle
l'a employé au singulier, et elle a donné à ce nombre l'orthographe
du pluriel.
AMANDE, s. f. Fruit quo donne l'amandier... Huile d'amande doitce.
Du lait d'amande. Pâte d'amandes. Un gâteau d'amandes. Biscuit
d'amandes amer es. — On se demande pourquoi l'Académie écrit le
mot amande au singulier dans les deux premiers exemples et au plu-
riel dans les trois derniers. Veut-elle donner à entendre qu'il est
indifférent dans ces cinq exemples et dans tous ceux qu'elle ne donne
pas, de mettre le singulier ou le pluriel, et qu'on pourrait très-bien
écrire huile d'amandes douces, biscuit d'amande amère ? Nous avons
peine à le croire, car si d'un côté on peut écrire huile d'amandes
dômes (c'est ainsi que l'Académie l'écrit aux articles Huile et Doux),
1. On fait la faute opposée en disant : Di^soRMAis nous fôhss tranquilles. Personne ne
s'avisa désormais de contester nos droits. En efiTet, désormais signifie Dès ce moment-ci (dès
l'heure actuelle) , et non Dès ce moment-/à; il faut donc, en pariant d'un temps passé, em-
ployer les expressions dès lors, dès ce moment-ld, ou quelque autre équivalente. Avec désoT'
mais il faut un futur : Désormais nous serons tranquilles. Personne ne s'aimera désormais de
contester nos droits.
3
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- là-
nous ne pensons pas qu'on puisse écrire Biscuit d'amande amère;pas
plus que sirop de rose pâle, conserve de rose de Provins, gelée de
chou rouge, etc. Il nous semble que lorsque le second substantif est
déterminé par un adjectif ou une expression équivalente, on ne peut
pas le mettre au singulier comme lorsqu'il est pris dans un sens vague
ou absolu.
Quoi qu'il en soit, nous croyons indispensable que l'Académie ne
laisse rien à deviner au lecteur, et que lorsqu'elle regarde comme
indifférent de mettre le singulier ou le pluriel elle le dise nettement
toutes les fois que l'occasion s'en présente, comme elle l'a fait d'ail-
leurs en plus d'un endroit de son Dictionnaire*. Là où certains lec-
teurs verront une autorisation d'écrire ad libitum, d'autres croiront
voir une inconséquence, et d'autres enfin seront persuadés que ce qu'ils
lisent est la seule orthographe à suivre, la seule locution qu'on doive
employer, que s'en écarter serait utfe faute capitale. Voyez l'article
Pellée.
Pour modifier l'opinion de nos lecteurs et signaler à l'Académie
elle-même les variantes que présente son Dictionnaire, nous croyons
devoir donner un tableau des irrégularités que nous avons rencon-
trées ; il est précède d'une liste des phrases qu'elle écrit invariable-
ment de la même manière , c'est-à-dire que ces phrases portent la
même orthographe à chacun des deux substantifs dont elles se com-
posent.
PHRASES ÉCRITES DE LA MÊME MANIÈRE A CHACUN DES SUBSTANTIFS
Au singulier.
Gelée de groseille.
Graine de concombre.
Huile de faine.
Huile d'olive.
Lait d'amande.
Sucre de betterave.
Bisence de clou de girofle.
Au pluriel.
Un citron piqué de clous de
girofle.
Compote d'abricots.
Compote de poires.
Compote de pommes.
Conserve de violettes.
Eau de fraises.
Essence de roses.
Fécule de pommes de terre.
Fricassée de poulets.
Gâteau d'amandes.
Jus d'herbes.
Marmelade d'abricots.
Pain de pommes de terre.
Pain de châtaignes.
Pâte d 'abricots.
Pâte d'amandes.
Pâte de coings.
Purée de lentilles.
Salade de betteraves.
Salade de concombres.
Sirop de mûres.
Soupe aux choux.
Tourte de confitures.
De la teinture de roses.
Une corbeille de fruits.
Un panier de raisins.
Un pot de confitures.
Des Dlancs d'œufs, des jaunes
d'œufs.
Des boucles de souliers.
Des pendants d*oreilles.
Les phrases Un lit de plume, Un hcUai ie plumes, se trouvent même à Lit, de, plume ;
BALAI, DE, PLUMB.
1. (à Brique) Maison de brique ou de briques.
(à CÔTé) De tous côtés, de tout côté.
(à Moment) A tout moment, à tous moments.
( à Part) De toute part, de toutes q)arts.
(à Main) Être en bonne main, en bonnes mains; en main sûre, en mains, sûres.
Id. Tomber, être en mauvaise main, en mauvaises mains.
( à Pierre ) Un lit de pierre, de pierres. Ouvrage à pierre perdue, à pierres perdues.
(à Progrès) Faire du progrès, des progrès.
(à Raisin ) Cueillir des raisins, du raisin.
(à Remords ) La voix du remords, des remords.
(à Scellé) Mettre, apposer, forcer, rompre, briser le scellé, les scellés.
(à Touffe ) Touffe de poil ou de poils.
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PHRASES 06 L' ACCORD DU NOMBRE «^EXISTE PAS
Anx articles
Nombre singulier.
Aux articles
Nombre pluriel.
Amandb.
Hnile d'amande douce.
Huile, Doux.
Hnile d'amandes douces.
Framboise.
Conserve de framboise.
Conserve.
Conserve de framboises.
Gelée.
Gelée de pomme.
Pomme.
Gelée de pommes.
Groseille.
Sirop de groseille.
Sirop.
Sirop de groseilles.
Laitue.
Salade de laitue.
Salade.
Salade de laitues.
Limon.
Sirop de limon.
Sirop.
Sirop de limons.
LiODEOR.
Eao de groseille.
Graine ae pavot.
Eau.
San de groseilles.
Graine de pavots.
Pavot.
Grainb.
Pécher.
Pied.
Sirop de fleur de pêcher.
Un pied d*œilïet.
Sirop.
Oeillet.
Sirop de fleurs de pêcher.
Un pied d'œillets.
Poudre de violettes.
POODRE.
Poudre de violette.
Violette-
Salade.
Salade de raiponce.
Raiponce.
Une salade de raiponces.
SBNTEOa.
Des sachets de sentear.
Sachet.
Des sachets de senteurs.
Sdcre.
Sucre de pomme.
Pommb.
Sucre de pommes.
Framboise.
Pâte de framboise.
PâTE, Amande.
Pâte d'amandes.
Id.
Eau de framboise.
Eau, Fraise.
Eau de fraises.
HOILB, Faînb.
Huile de faine.
Courge.
Huile de courges.
Huile, Olive.
Huile d'olive.
Huile.
Huile de fleurs d'orange.
Id.
Huile de roses de Provins.
Jonquille.
Essence de jonquille.
Essence, Rose.
Essence de roses.
G-elée, Groseille.
Gelée de groseUle.
PâTB.
Pâte de groseilles.
Liqueur.
Eau de grenade.
Sirop.
Sirop de grenades.
Poudre.
Poudre de fleur d'orange.
Ratafia.
Ratafla de fleurs d'orange.
Primevère.
Bouquet de primevère.
Jus de prunelle.
Primevère.
Bordure de primevères.
Prunelle.
Vin.
Vin de prunelles.
Sucre.
Sucre de pomme de terre.
Fécule, Pain, Pomme.
Fécule , pain de i^^oiiimes
de terre.
Rembourré de noyaux db
PERSICOT.
Des noyaux de pèche.
PÉcïïR, Rembourrer.
pêches.
TÈTE.
Des têtes de pavot, des
têtes d'artichaut.
Asperge.
Des pointes d'asperges.
Lavement, Capsule.
Des tètes de pavot.
Diurétique.
Les racines d'asperges
sont diurétiques.
Enchausserdes pieds d'ar-
CEiLLETON.
Lever des œilletons d*ar-
Enchausser.
ti<Éiaut.
tichauts.
Marcotte.
Des marcottes d'œillets.
Boucle.
Des boucles de jarretière.
Boucle , Soulier.
Des boucles de souliers.
Boucle, Oreille.
Des boucles d'oreilles.
Ramage.
Velours, damas à ramage.
Patron . Velours.
Velours à ramages.
Quelques grammairiens, et nous croyons que Laveaux est le pre-
mier en date, ont proposé d'employer le singulier ou le pluriel selon
que le produit dont on parle présente plus ou moins distinctement
l'élément dont il se compose ; ainsi ils écrivent du lait, de la pâte, de
V huile û^^amande ; du siccre, du sirop, de la gelée de pomme, etc., parce
que dans ces divers produits les amandes et les pommes ne sont plus
appréciables par la forme; ils écrivent, au contraire, un gâteau
rf'AMANDES , une compote de pommeS , parce que les amandes et les
pommes s'y trouvent dans un état d'intégrité plus ou moins complet.
On pourrait suivre cette règle, qui présente quelque chose de spé-
cieux, et l'Académie semble l'avoir eue sous les yeux quand elle a
écrit sucre de betterave, salade de betteraves ; essence de clou de
girofle, un citron piqué de clouS de girofle; mais malheureusement
elle n'a pas suivi de règle, et si à l'article Amande elle a mis huile
d'amande dôme, aux articles Huile et Doux elle écrit huile d'amandeS
douces ;2Lax mots Laitue, Framboise, Gelée, elle écrit salade de
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— 20 -
laitue, conserve de framboise, gelée de pomme, tandis qu'à Salade,
Conserve, Pomme, elle met salade de laitueS, conserve de framboises,
gelée de pommeS.
Les auteurs des grands dictionnaires du jour affectent de suivre la
règle dont nous venons de parler ; ils écrivent non-seulement comme
l'Académie sitcre de betterave et salade de betteraves, mais encore,
contrairement à elle, essence de rose, confitures de prune, de coing,
fécule de pomme de terre. L'un d'eux donne même pour règle, à l'ar-
ticle De î « Lorsque deux noms sont unis par la préposition de, le
second reste toujours au siîigulier toutes les fois qu'il est pris dans un
sens absolu, général ; il se met du pluriel s'il est pris dans une accep-
tion individuelle ou collective... De la gelée de pomme, une corbeille
de pommeS. De la fécule de pomme de terre, un ragoût de pommeS
de terre. Marmelade de pomme, compote de pommeS. Du sirop de gro-
seille, un panier de groseilles. Des confitures de prune, un quarteron
de pruneS ». — A l'article Pomme il dit encore plus explicitement :
« On écrit sirop de pomme, gelée de pomme, parce que le fruit n'entre
que comme matière composante, il n'existe plus individuellement
comme fruit; mais on écrit compote de pommeS, parce que ces fruits
entrent comme individus, on les voit, on peut les compter. » — Mais
à: l'article Amande on lit : « On doit écrire gâteau d'amandeS, pâte
d'amandeS, huile d'amahdeS, lait d'amandeS, etc., et non pas gâteau
d'amande, pâte d'amande, etc., parce que ces différentes choses sont
faites avec plusieurs amandes et non avec une seule amande.
Voijà les deux systèmes en présence, lequel ces auteurs suivent-ils?
Ils font comme l'Académie, ils suivent tantôt Tuft , tantôt l'autre, et
souvent, comme elle, ils mettent au pluriel dans un article ce qui est
au singulier dans un autre. Ces contradictions semblent prouver que
si la nouvelle règle est bonne, l'ancienne avait aussi sa raison d'être,
puisqu'on la suit même involontairement. Il serait bon cependant de
n'obéir qu'à une seule, mais à laquelle faut-tl donner la préférence?
Nous ne pensons pas que ce soit à la nouvelle, qu'enfreignent à chaque
instant ceux mômes qui la posent en principe. Dans le dictionnaire où
il est dit qu'il faut écrire marmelade de pomme, sirop de groseille, on
lit à l'article Marmelade : marmelade d'abricots, de pruneS, de
pécheS; et à SirOp : sirop de groseilles ; sirop de mûreS, de grenadeS;
sirop de limonS; sirop de roseS pâleS; sirop de fleurS de pécher;
sirop d'amandeS, de pommeS; et nous n'en finirions pas si nous vou-
lions donner tous les exemples qui contredisent cette nouvelle règle.
Quelques personnes pensent qu'il vaudrait mieux employer toujours
le singulier, comme partitif, afin d'éviter une option fort embarras-
sante, et qui ne s'expliquerait pas d'eUe-même ; mais nous doutons
qu'on en vienne jamais à écrire au singulier le second substantif dans
les phrases suivantes : de la purée de lentille, de fève, de haricot;
du marc d'olive, de pomme, de poire; un jus d'herbe, un coulis d'écre-
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— 21 —
visse; un bouillon d'ëcrevisse, de grenouille; du sirop de rose pâle;
de la conserve de rose de Provins, etc.
Nous croyons donc devoir préférer le pluriel comme étant plus ra-
tionnel, car de ces pâtes, gelées, fécules, poudres, essences, liqueurs,
sirops, etc., que Ton compose, il n*en est pas un seul où il n'y ait plu-
sieurs des fleurs ou des fruits dont ils portent le nom ; et puisque les
prosélytes dii nouveau système s'accordent à écrire de la marmelade
d'abricots, de pommeS, de pruneS, de pêcheS, etc., du sirop de gro*
seilleS, de mûreS, de grenadeS, de limonS, etc., substances où les
fruits ne peuvent plus être non-seulement comptés mais encore re-
connaissables , il nous semble naturel de mettre également au pluriel
les mots prune, coing, pomme, betterave, rose, dans ces phrases :
confitures de pruneS, de coingS, fécule de pommeS de terre, sucre de
betteraves, essence de roseS, etc. Nous croyons même que c'est de
l'habitude assez générale à Paris de dire J'ai acheté de la groseille, de
LA framboise, de la chandelle, de la bougie, etc, qu'est venue celle
d'écrire de la gelée de groseille, de framboise, etc. — Quant à l'huile,
puisque l'Académie écrit huile de fleurS d'orange, huile de roseS de
Provins, et surtout huile de courgeS, il ne doit pas y avoir de raison
plausible pour mettre au singulier huile d'olive, huile de faine, etc.
Il est encore un autre point sur lequel nous croyons devoir insis-
ter, c'est l'accord du nombre pour deux choses qui doivent néces-
sairement être en nombre égal. L'Académie a très-bien écrit des
blancs d'œufS, des jaunes d'œufS, des foies de canardS, des pointes
d'aspergeS, les amandes d'abricotS, les racines d'aspergeS, des mar-
cottes d'œilletS^ des pieds d'artichautS^ des pendants d'oreilleS, des
boucles d' oreilles, des boucles de soulierS, des bouts de mancheS, etc.;
on regrette qu'elle n'ait pas également observé l'accord dans ces
phrases-ci : des crêtes de coq, des ris de veau, des têtes de pavot,
^'artichaut; des griffes ou pattes rf' anémone; des boucles de jarre-
tière, etc., car le principe est absolument le même que pour les
précédentes.— A ce sujet nous ferons remarquer qu'on peut très-bien
écrire des oreilles de veau, des pieds de mouton, etc., parce que ces
animaux ont plus d'un pied et d'une oreille,
AMARANTE... e^t aussi adjectif des deux genres, et il se dit des
choses qui sont de couleur d'amarante. Un velours, un satin, un drap
amarante. De la soie amarante. Un carrosse amarante. — Il aurait été
fort utile d'avoir un exemple avec un substantif pluriel. Faut-il écrire
des rideau^ amarantes' ou amarante, ou faut-il dire des rideaux de
couleur ^'amarante, des rideaux de couleur amarante, des rideaux
couleur D'amarante ? Voy. Aurore.
AMBIGUIMENT, AMBIGUÏTÉ. — Transposez : Ambiguïté, Ambigument.
AMULETTE, S. m. Il se dit des figures, des caractères, et de tout
autre objet portatif auquel on attache une confiance superstitieuse.
Porter un amulette sur soi pour se préserver de la mort, des dan-
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gers, etc. — AmiUette et sqtielette sont les seuls mots terminés par
ette qui soient du genre masculin, car pied-d^alovsUe et casse-noi-
sette n'ont ce genre qu'en vertu du mot pied dans le premier et d'une
ellipse dans le second; quant à un trompette, il signifie Un homme qui
sonne de la trompette ; il nous semble donc que la terminaison ^amu-
lette appartient au genre féminin. A la vérité il vient 6!!amuletum, qui
est neutre ; mais on a très-bien donné le genre féminin à comète et- à
planète, bien qu'ils aient pour étymologie cometa et planeta, qui sont
masculins. — Ce mot ne commence à figurer que dans la quatrième
édition du Dictionnaire de l'Académie; cependant on le trouve dans
le Supplément de la première, mais il est écrit avec un seul t : amur-
lete (sans accent, suivant l'usage de cette époque). Si l'Académie tient
au genre masculin, malgré l'usage qui est pour le féminin, nous
n'avons rien à dire ; mais alors nous demanderons l'orthographe de
1696, amulète, parce que du moins cette terminaison admet des sub-
stantifs masculins : anachorète, athlète,' interprète, poète, prophète,
proxénète, thesmothète, etc. Voy. Squelette.
ANABAPTISTE. — L' Académie n'indique pas la prononciation ; mais
on ne fait pas plus sentir le p dans ce mot que dans baptême, baptiser,
baptismal, baptistaire, baptistère, où elle dit qu'on ne le prononce
pas.
ANAGRASfSfE... « Les mots écran , nacre, rance, et crâne, sont des
anagrammes les uns dès autres. » — Le mot ancre méritait de n'être
pas oublié, car il forme une anagramme parfaite avec nacre et rance;
écran et crâne présentent bien aussi les mêmes lettres, mais ils sont
affectés d'accents qui nuisent à l'exactitude de l'anagramme.
ANCIEN, ENNE, adj. t- Il uous Semble qu'il aurait fallu ajouter à cet
article : « Ancie7i se dit aussi par opposition à Jeune, pour distinguer
certains personnages historiques. Tarquin Vancien, Denys Vancien ou
le Tyran, Caton Vancien ou le Censeur, Pline Vaiicien ou le Naturor
liste, etc., ou bien, le tyran, le censeur, le naturaliste, nous ne savons,
car si l'Académie emploie la majuscule pour certaines épithètes telles
que Charles le Bel, Philippe le Bel, Philippe le Bon, Pépin le Bref,
Louis le Débonnaire, Louis le Gros, Henri VOiseleur, Denys le Ty-
ran, etc. ; d'un autre côté elle écrit Pline le jeunie, Denys le jeune,
Pline le naturaliste, Caton le censeur, etc. Nous ne comprenons pas
bien la raison de ces différences dans l'orthographe des épithètes, et
peut-être si elle avait réuni les deux aurait-elle modifié l'une ou
l'autre; elle aurait écrit, par exemple, Denys V Ancien ou le Tyran,
Denys l'ancien ou le tyran.
ANECDOTE... s'emploie aussi adjectivement. L'histoire anecdote de
Procope. Ce sens vieillit. — Voy. Ogive.
ANGUILLE... Prov. et fig. « Il ressemble aux anguilles de Melun, il
crie avant qu'on l'écorche. — Pour ce proverbe, nous ne pouvons
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faire mieux que d'extraire de l'ouvrage de M. B. Jullien, intitulé Le
langage vicieiùx corrigé j etc., l'article qui s'y rapporte.
« LiCNGUILLE ou l'AnGUILLE , UNE ANGUILLE, LES ANGUILLES , Par.
« Ces trois paronymes sont ici rapprochés à cause de ce proverbe :
« Il fait comme l'Anguille de Melun; il crie avant qu'on l'écorche. »
Voici l'explication de ce proverbe : « Il y avait à Melun-sur-Seine,
près Paris, un jeune homme nommé l'Anguille, lequel, en une comé-
die qui se jouait publiquement, représentait le personnage de saint
Barthélémy. Comme celui qui faisait l'exécuteur le voulut approcher,
le couteau à la main, feignant de l'écorcher, il se prit à crier avant
qu'on le touchât, ce ^qui donna sujet de rire à toute l'assemblée, et
commencement à ce proverbe, qui depuis s'est appliqué à ceux qui
se plaignent du mal avant qu'il arrive. » Cette origine n'est pas très-
certaine ; mais ce qui n'est pas douteux, c'est que le proverbe est dû
à quelque homonymie ou paronymie semblables, car les anguilles de
Melun, non plus qu'aucune autre, ne crient avant qu'on les écorche.
Or, cet exemple nous montre comment les mots et les phrases se cor-
rompent et arrivent quelquefois à nous faire répéter des non-sens ou
des absurdités. De l'Anguille, qui était bon comme nom d'homme, on
a fait une anguille ou les anguilles ; et on a ainsi énoncé des phrases
acceptées par l'usage, si l'on veut, et par le Dictionnaire de VAcadé--
mie, mais qui enfin ne sont pas justifiées, et à la place desquelles il
vaudrait toujours mieux mettre le mot exact, comme V Anguille de
Melun. »
ANNEXER. — Il paraîtrait que dans ce mot on ne doit prononcer
qu'une n, car au mot Annexe l'Académie dit simplement « On fait
sentir les deux N », tandis qu'au mot Annihiler, qui vient immédia-
tement après Annexer, elle dit « Dans ce mot et dans le suivant on
fait sentir les deux N ».
ANTECHRIST, S. m. (L'S ne se prononce pas.) — A l'article Christ,
l'Académie dit que dans Jésv^-<^hrist on ne prononce pas Vs et le t,
c'est-à-dire qu'on doit prononcer Chri; mais ici l'Académie ne parle
que de Vs ; faut-il donc faire sonner le t dans antechrisl f
ANTECHRIST, ANTEDILUVIEN. — L'Académie fait observer que anti
a deux acceptions très-différentes : il marque l'opposition, comme
dans antiscorbutique, antiseptique ; et l'antériorité de temps ou de
lieu, comme dans antidate, antichambre. Elle aurait pu en dire autant
de anté, qui marque aussi l'opposition, comme dans antechrist, et l'an-
tériorité de temps comme dans antédiluvien. Ainsi l'on dit dans le
même sens antechrist et antipape i antécesseur et antidate; seulement
antechrist ne prend pas un é aigu comme antécédent, antécesseur,
antédiluvien, antépénultième, etc.
Ne pourrait-on pas mettre un tiret après ante ou anti indiquant op-
position, et écrire ante-Christ, anti-pape, etc. ? Il est inutile d€f dire
qu'on ne mettrait le tiret que lorsque la seconde partie du mot se com-
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poserait d'un mot français, comme dans anii-apoplectiqtbe, anli-féhrile,
anti-laiteiùXj etc., tandis que Ton continuerait d'écrire en un seul mot
antidote, antipathie et antipathique, antipode, etc.
AORISTE, AOÛT, AOÛTER, AOÛTERON. — L'Académie dit qu'on
prononce oriste, oût, oûteron, mais qu'on fait sentir l'a dans le verbe
aoûter, La suppression de Va dans la prononciation é!aoûter serait
assurément beaucoup moins regrettable que dans celle ^aoriste :
dans ce dernier mot l'a est privatif, et la prononciation oriste semble
faire un contre-sens. En effet aoriste signifie (passé) indéterminé, in-
défini, et en supprimant l'a on lui fait signifier (passé) défini.
APAISER, APERCEVOIR, APETissER, APLATIR, etc. —Autrefois
l'Académie écrivait appaiser, appercevoir, appetisser, applatir, etc.
avec deux p; elle n'y en met plus qu'un, bien qu'elle en laisse deux
dans appauvrir, appesantir, apporter, apprivoiser, approcher, etc.
APARTÉ, s. m. Mot pris du latin... Il ne prend point l'S au pluriel.
— Il nous semble que ce terme est du nombl'e de ceux qui demandent à
être écrits en deux mots, et c'est sans doute l'accent que l'Acadé-
mie a cru devoir mettre sur Ve, pour indiquer la prononciation aux
personnes illettrées, qui l'a déterminée à en faire un seul mot. Mais
puisqu'elle l'a francisé, nous pensons qu'elle devrait lui donner la
/marque du pluriel : les apartés doivent être rares et courts,
APARTÉ... s'emploie aussi adverbialement. Ce vers doit être dit
aparté. — Si le substantif peut à la rigueur être écrit en un seul mot,
il nous semble qu'il n'en est pas de même de la locution adverbiale,
qui devrait retenir l'orthographe latine ou italienne (a parte) ; mais
nous préférons de beaucoup l'expression à part, dont on se sert gé*
néralement et qu'on trouve dans l'article Part : Ce vers doit être dit
à part *. Nous croyons aussi que cette locution adverbiale a précédé
et même de longtemps le substantif, et que l'Académie aurait dû la
placer en première ligne.
À POSTERIORI. Voyez Posteriori (à). — A la lettre P, nous trou-
vons « Posteriori (à) » sans accent sur Ve, m"ême dans l'exemple.
Peut-être serait-il mieux de ne mettre l'accent ni sur l'A ni sur l'É.
APOTHICAIRE... Le mot de Pharmacien est aujourd'hui plus usité.
— Malgré cela, c'est presque toujours apothicaire que l'Académie a
employé dans ses définitions et dans ses exemples. Nous ne parlons
pas des proverbes tels que : un apothicaire sans sucre; Un mémoire
^^APOTHICAIRE ; Faire de son corps une boutique rf' apothicaire ; Les
quiproquo rf^ apothicaire sont très-dangereux ; Dieu nous garde d'un
quiproquo û^^ apothicaire et d'un et cœtera de notaire, etc. Ce sont là
des phrases faites , c'est l'arche sainte, il n'y faut pas* toucher ; dites
pharmacien au lieu d'apothicaire, votre proverbe a perdu tout son .
1. Dans les nombreuses pièces de théâtre dont la correction typographique nous a été
Confiée , les auteurs ont toujours mis entre parenthèses : (A part). Nous ne nous souvenons
pat d'y avoir jamais vu : {Apsrié}-
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mérite. Mais si hors de là le mot pharmacien doit être préféré, il nous
semble que c'est en l'employant elle-même que l'Académie en propa-
gera l'usage. Voici quelques-uns des articles où le mot apothicaire
aurait pu être remplacé par son synonyme :
(à Cocloirb) Couloire d'apothicaire,
(à Étiqueter) Les apothicaires étiqtiètent leurs fioles.
(à Fourneau) Fourneau d'apothicaireé
'(à Médicament) Payer les médicaments à l'apothicaire.
(à Officinal) Compositions officinales, Préparations pharmaceutiques qui
se trouvent toutes composées chez les apothicaires'.
(à Ordonnance) Porter l'ordonnance chez l'apothicaire,
(à Pharmacie) Les médecins ont abandonné la pharmacie aux apothi"
caires *.
Après la remarque sur l'emploi du mot apothicaire^ nous nous en
permettrons une seconde sur celui de la préposition de^ que nous
trouvons deux fois de suite : « Le mot de Pharmacien est aujourd'hui
plus usité. Le mot de Pharmacie est aujourd'hui plus usité. » Ce de
est-il nécessaire ? Nous ne le pensons pas. Voy . Mot.
APPELER... se dit également en parlant des personnes dont on fait
choix, que l'on désigne pour quelque fonction ou quelque action im-
portante. Appeler à une chaire un professeur habile. Il fut appelé à
siéger dans le conseil du prince. L'important devoir que nous sommes
appelés à remplir. Le vœu de ses concitoyens l'appela au trône. H fut
appelé à lui succéder. — On est surpris de ne trouver dans cet article
aucun exemple du participe suivi des prépositions par ou de. L'em-
ploi de par est fréquent ; ainsi l'on dit :
Il fut appelé au trône par ses concitoyens, par le voeu de ses concitoyens,
n fut appelé PAR le souverain à un des postes les plus éminents de l'État,
La préposition de ne s'emploie qu'en parlant de Dieu. Nous lisons
dans le Dictionnaire de l'Académie la phrase suivante :
(à Apôtre) Après la mort de Notre-Seigneur, on donna le nom à* Apôtre,,,
à saint Paul et à saint Barnabe, qui furent appelés de Dieu
extraordinairement pour prêcher rÉvangile.
APPÉTENCE, APPATER... — Ccs deux mots sont les seuls de ceux
qui commencent par app^ où l'Académie ait dit de prononcer les
deux p. Probablement il faut y ajouter Appendice , où figure la pro-
nonciation appaindice,
APPÉTIT... Prov. Il n'est chère que d'appétit. — Lisez comme à
l'article Sauce : « Il n'est sauce que d'appétit ». Le mot chère appar-
tient à cet autre proverbe qu'on trouve aux articles Chère et Vilain :
« // n'est chère que de vilain ».
1. Pour éviter l'emploi simultané des mots pliarmaceutique et pliat-macien, on aurait pu dire,
Préparations qui se trouvent toutes composées chez les pharmaciens.
S. Et de môme , Les médecins ont abandonné aux pharmaciens la préparation des raédica-
ments.
4
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APPRÉCIER. — Il y a environ 180 verbes terminés à Pinfinitif par
ier, et ce n'est, croyons-nous, qu'à Prier que l'Académie a indiqué la
conjugaison des temps qui présentent une difficulté : « Prier, v. a.
(On écrit au présent de l'indicatif et à l'impératif, Prions, priez; à
l'imparfait de l'indicatif et au présent du subjonctif, Nom priions,
vous priiez.) » Cette indication aurait dû être donnée, sinon à tous les
verbes de cette terminaison , du moins à ceux qui sont le plus usités.
Voy. AccÉi>ER.
APPRENDRE... Cest un homme mal appris, Cest un mal appris (c'est
un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation). — Nous pensons
que dans cette dernière phrase où mal appris est employé comme
substantif il faut l'écrire en un seul mot : un malappris. Voy. Mal-
appris.
APPRÊT, s. m... Manière d'apprêter. Ce cuir ne vaut rien, on y a
donné un mauvais apprêt.Se faudrait-il pas dire, on lui ^ a donné. . . ?
Voy. les articles Y et Lui.
après-dInée, s. f... Plusieurs écrivent après-dîné ou après-diner,
et font ce mot masculin. — Après-Soupée , s. f... Plusieurs écrivent
après-soupé ou aprèssouper, et font ce mot masculin.
Nous ne comprenons pas pourquoi l'Académie a donné la préférence
à ces terminaisons féminines après -dinée, après -soupée^, et nous
croyons que Vaprès-dîner, Vaprès-souper, sont préférables même à
Vaprès-diné, V après-soupé, puisqu'elle ne donne l'orthographe dîné et
soupe que comme des variantes. Voy. Déjeuner.
APRÈS-MIDI, s. f... Plusieurs le font masculin. — Ici encore, le mas-
culin nous semble préférable, puisqu'il s'agit du temps qui s'écoule
depuis LE midi jusqu'au soir.
ARC. — Dans les articles suivants, l'Académie nous dit qu*on ne
prononce pas le e dans arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau ; que le
mot arc-en-ciel se prononce arkenciel; mais ici elle ne nous apprend
pas si le c doit être prononcé dans tirer de l'arc, arc de corne, etc. Il
serait bon d'indiquer qu'on fait sonner le c à la fin d'arc.
ARC... Arc ogive^ pour arc ogival. — Voy. Ogive.
ARCHET, s. m. Sorte de petit arc, ou plutôt de baguette droite un
peu recourbée à son extrémité, qui a pour corde plusieurs crins de
cheval , et dont on se sert pour tirer le son d'une contrebasse, d'une
basse, d'un violon, etc. Archet de violon, de contrebasse,*. — Nous
1. Mais on dirait très-bien : On y a mis un mauvais apprêt.
2. A l'article Souper, on lit « Apiès-souper.., On dit mieux, Après-soupée. » Pourquoi
après-soupée est-il préférable, puisque soupée n'est pas un mot français? Quant à dinée, il signi-
fie f Le repas ou la dépense qu'on fait à dîner dans les voyages , tant pour les personnes
que pour les cheyaux ; ou bien encore. Le lieu où l'on s'arrête pour dtner, lorsqu'on est en
voyage. // nous en a coûté tant pour la dÎnbb ; Il n'y a plus qu'une lieue d*ici à la dÎnéb. —
Mous croyons donc que les mots après-dinée, après-soupée devraient être considérés comme
des barbarismes.
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voyons ici contrebasse écrit deux fois en un seul mot, et à Tarticle
ÂME on trouve également « l'ârne d'une contrebasse » , tandis qu'à la
lettre C l'Académie écrit contre^basse avec un tiret. L'orthographe
officieuse (donnée accidentellement) nous paraît préférable à Tortho-
graphe officielle (indiquée dans un article exprès); on doit écrire
contrebasse en un seul moi comme contralto, Voy. Gontre-basse.
ARCHIÉPISCOPAL, ALE, adj. (On prononce Arkiépiscopal.) archi-
ÉPiscoPAT, s. m. (On prononce Arkiépiscopat.) — On se demande
pourquoi l'Académie veut que dans ces deux mots la syllabe chi se
prononce kij tandis qu'elle ne l'exige pas pour archimandrite, archi-
mandritat, architectonique, architectonographe, arcMtectonographie,
architriclinj qui sont des termes de savants ; et peut-être aussi pour-
quoi elle n'a pas cité au moins archimandrite et architriclin à l'ar-
ticle H, où elle a donné la nomenclature des mots où ch ne prend pas
le son de k. Voy. Achéron.
ARCHIPEL, s. m. Étendue de mer parsemée, entrecoupée d'îles.
L'archipel du Mexique. L'archipel des Philippines, Il y a plusieurs
archipels, —Il se dit particulièrement de la partie de la Méditerranée
qui est située entre la Grèce, la Macédoine et l'Asie, et que les anciens
appelaient Mer Egée»
L'Académie aurait dû nous donner des exemples pour la seconde
définition, c'est-à-dire ^oxkv Archipel pris absolument, comme elle
l'a fait pour la première, car ce mot s'écrit alors avecnine majuscule,
ainsi que nous le voyons dans les phrases suivantes :
(à Galoyer) ,.. du côté du mont Athos et dans V Archipel,
(à Coubse) Les pirates font des courses dans l'Archipel,
(à Terre) Après avoir passé les fies de V Archipel.,,
ARGUER, V. a. (L'U se prononce.) — Il est à désirer que dans ce
mot et dans son composé rédarguer, l'Académie emploie VU tréma,
pour qu'on ne prononce pas la Syllabe finale de ces verbes comme dans
briguer, narguer, voguer, etc. Nous demandons qu'elle mette le tréma
sur Vu parce que la voyelle suivante varie non-seulement à chaque
temps mais presque à chaque personne, et que souvent cette yoyelle
réclame un accent qu'on ne pourrait supprimer : nous arguâmes,
vous arguâtes, ils arguèrent, qu'il arguât, argué, L'Académie met le
tréma sur Vi aux mots ïambe, iambique, et figure par locûèle la pro-
nonciation de loquèle ; il ne s'agit donc plus que d'étendre à un plus
grand nombre de mots l'application de la règle qu'elle a posée à
l'article Tréma: «Il se dit d'une voyelle accentuée de deux pointe qui
avertissent qu'elle se détache de la voyelle précédente oo suivante ».
ARISTOCRATIE. — De tous les mots terminés par atie, primatie est
le seul où l'Académie ait indiqué la prononciation : « On prononce
Primacie » ; mais elle est la même pour tous les mots dS cette dési-
nence : aristocratie, autocratie, bureaucratie, démocratie, diplomatie,
gynécocratie, ochlocratie, stratocratie, suprématie, théocratie, etc.
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ARLEQUIN, S. m. Personnage de la comédie italienne... Jouter les
arlequins. Être vêtu, déguisé en arlequin. — Fig. et fam., Un habit
d'arlequin. Un tout composé de parties disparates, un ouvrage fait
de morceaux pris de différents auteurs.
A Lazzi nous trouvons , Les lazzi d'Arlequin ( Voy . Lazzi ) , comme
à Tabarin, Des plaisanteries de Tabarin; ~ et à l'article Habit, Habit
d'Arlequin, de Polichinelle, toujours avec une majuscule. — A Gille
nous voyons encore, Jouer les Gilles. — On se demande donc dans
quels cas la majuscule doit être employée. Voy. Mentor.
ARMILLAIRE, ARMILLES. — La prononciation des II doit--elle être
la même dans ces deux mots? Les lexicographes s'accordent à dire
que dans armillaire on doit faire sentir les II sans les mouiller; mais
pour armilles il n'en est pas de même : les uns pensent qu'on doit
les prononcer comme dans armillaire, tandis que les autres veulent
qu'elles soient mouillées. Il est donc nécessaire que l'Académie nous
indique la prononciation convenable.
ARMOISE... L'armoise commune est d'un grand usage en médecine,
comme stimulante, tonique, emménagogue, etc. — Ce terme emménor
gogue, qui se retrouve à l'article Sabine , manque à son rang alpha-
bétique; il en est de même de plusieurs autres mots qui figurent ou
dans les exemples ou dans les définitions , et pour en connaître la
signification il faut recourir à un autre dictionnaire. Tels sont :
Acte d'habeas corpus, qui est à Tarticle Palladium.
Arbre de Judée Comprimer.
Blé-mouture Mouture.
Boiteux de V oreille {chQYBl) , . . . Oreille.
Curule (statue) Statue.
Entre-vifs . • • . • Disposition, Donation, Incapable.
Eut^chéen et Jacobite Cophte.
Haut-Empire (médaille duj .... Médaille.
Hybride (mot) Mot.
Javelle (eau de) ••••.•• • Tache.
Mouche-guépe Mouche, GuépE.
Ourlées, rebordées (oreilles). . . . Oreille.
Pomme-poire Pomme.
Poulet d* Inde • . . Croupion, Gland.
Prédication de la croix Scandale.
Prime (orge de) Écourgeon.
Robinet à deux , à trois eaux • . . Robinet.
Rose pivoine , Rose pompon • • • . Rose.
Semi-pite Semi.
Souliers de vache retournée .... Vache.
Trentenaire Prescription.
D'autres sont expliqués à l'endroit où ils se trouvent; mais comme
on n'ira point les chercher là, il est essentiel qu'ils soient au moins
mentionnés à leur rang alphabétique. De ce nombre sont :
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Arbre à pain, qui est à Tarticle. . . Jaquier.
Bombyx Ver.
Chiffonne (branche) Branche.
Cinchonine Quinine.
Cithare (écrit mal à propos cythare) . Heptacorde.
CrénMSter Suspenseur.
Dépiteux (oiseau) Oiseau.
Étampure Maigre.
Flèche d'eau SAcrrrAiRE.
Fra» (espalmé, tondu (ie) .... Espalmer, Tondre.
Gusule-de-loup PERSONNés.
Léonurus Queue.
Livret de la Caisse d'épargne, , . , Bulletin.
Mahogon . . • • Acajou.
Afôc/ic, t. d*Art vétérinaire .... Ortie.
M*^tor«m (il passe m) Passer.
Nageurs (oiseaux) ••...•. Palmipède.
iVtt/^e (lettre) R.
Ophioglosse, • . . Langue.
Porte-suif Muscadier.
Voltaique Pile.
ARROSAGE, S. m. Âction de conduire Teau d'une rivière ou d'un
ruisseau sur des terres trop sèches. La pente légère du terrain facilite
l'arrosage. Cette prairie a besoin de fréquents arrosages. Canal d'arro-
sage, — Il aurait été convenable d'ajouter : « Aujourd'hui Ton dit
plutôt Irrigation^ ».
AKT...^Beaux-artSj ou simplement Arts, par excellence, La pein-
ture, la sculpture, l'architecture^ la musique et la danse '. •— Ici l'Aca-
démie écrit Beaux-arts avec un a minuscule, comme à l'article Tiret
elle écrit Belles-lettres avec une petite l ^ ; cependant partout où elle
a opposé les Beaux-arts à la Littérature, on a mis Beaux-Arts avec un
A majuscule, entre autres dans les articles Beau, Facile, Faux, Feu,
Grotesque, Imagination, Imitation, Imiter, Piller, etc. *
A qui faut-il obéir? est-ce à la majorité? Nous ne le croyons pas;
nous pensons que dans tous ces exemples , compositeurs et correc-
teurs ont cédé à l'entraînement typographique, car en typographie
1. A rarticle Irrigation on lit : « Arrosement des prés , des terres, par des rigoles ou sai-
gnées qui amènent l'eau d'une rivière, d'un ruisseau, etc. Canaux d'irrigation »;— à l'article
Canal : « Canaux d'arrosage, canaux d'irrigation, canaux qui ne servent qu'à distribuer des
eaux, pour l'arrosage des campagnes ».
2. Ici et à l'article Beau le Dictionnaire aurait dû nous donner, avec l'ancienne ou antique
division de l'Académie des beaux-arts, la division moderne et actuelle, dans laquelle la danse
est remplacée par la gravure : Peinture, Sculpture, Architecture, Gravure, Composition mu-
sicale.
3. On s'étonnera peut-être que nous ne citions pas les articles Beau et Lbttrb ; mais à Bbau
l'on trouve les beaux-arts, les belles-lettres, et à Lettre les belles-lettres, sans majuscule à
l'adjectif, en sorte qu'il n'y a pas de difficulté pour le substantif.
4. Excepté toutefois aux articles Amoureusement et Littérature, où l'on trouve Beaux-
arts, Belles-lettres.
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la symétrie a beaucoup de partisans, et Ton pense qu'un mot serait
boiteux si l'un des çieux composants que joint le tiret commençait
par une minuscule, tandis que l'autre a une majuscule^
ASCENSION... se dit, par extension, du jour auquel l'Église célèbre
ce mystère. L'Ascension est quarante jours après Pâques,
Nous ferons ici deux remarques. Nous croyons qu'au lieu de, Du
jour auquel l'Église célèbre ce mystère, il faut dire, Du jour où, du
jour dans lequel. En 169/i, l'Académie se Conformait sans doute à
l'usage du temps en disant auquel, mais aujourd'hui il n'en est plus
ainsi ,. et il nous semble que où, dans lequel, est préférable. — Cette
même locution se retrouve à l'article Assomption : « Il se dit aussi Du
jour auquel l'Église célèbre la fête de cet enlèvement miraculeux ». —
A l'article Commémoration, on a mis que, qui ne nous semble guère
meilleur : « Mémoire, mention que l'Église fait d'un saint ou d'une
sainte, le jour qu'on célèbre une autre fête. »
La seconde remarque porte sur est, dans l'exemple : L^Ascension
EST quarante jours après Pâquss. On trouve ce est dans toutes les édi-
tions, mais nous croyons qu'il vaudrait mieux dire se célèbre, car à
l'article Être nous ne voyons aucun exemple de ce verbe employé
dans cette acception. Voici d'autres phrases qui demanderaient la
même rectification : \
(à Assomption) U Assomption est le quinze d'août,
(à CmcoNasioN) La circoncision^ est le premier jour de l'année,
(à Toussaint) La fête de tous les saints, qui est toujours le premier
novembre.
ASPERSOIR, S. f. — Lisez : s. m.
ASPIC, s. m. Nom vulgaire de la grande lavande. Il n*est guère usité
que dans Huile d* aspic. Voyez Spic. — Dans cette locution, aspic est un
mot mal prononcé; on aurait dû se borner à mettre : « Aspic, s. m.
Huile d'aspic. Voyez Spic. »
ASSEOIR. — L'Académie écrit asseoir (avec un e), j'assois, j'as-
soyais, j'assoirai, que j'assoie, assoyant (sans e) ; surseoir et je
surseoirai (avec un e), je sursois, je sursoyais, sursoyant (sans e).
Pourquoi mettre un e à je surseoirai et le supprimer dans j'assoirai?
ou plutôt, pourquoi mettre à l'infinitif asseoir, surseoir, un e qu'on
supprime dans les autres temps , sauf à je surseoirai?
ASSIDÛMENT. — Voilà le premier adverbe de cette formation où
l'Académie met un û. Elle écrit avec un u simple absolument, ambi-
gument, dissolument, éperdument, ingénument, irrésolument, et elle
met le circonflexe dans assidûment, congrûment et incongrûment,
continûment, crûment, dûment et indûment, goulûment, nûment) réso-
lument. Puisque les adverbes qui dérivent des adjectifs terminés par
1. u faut à ce mot une majuscule, comme dans cette phrase du même paragraphe, « la fête
dt la Circoncision, ou simplement la Circoncision s.
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é, i, se forment du masculin , à l'exception de gaiement, ne serait-il
pas plus naturel de former de la même manière ceux qui dérivent des
adjectifs terminés par ut D'ailleurs il y en a déjà six que l'Académie
écrit sans accent, c'est-à-dire que la règle, si règle il y a, n'a que
quatre mots de plus que l'exception. Enfin on ferait ainsi disparaître
une bizarrerie, celle d'écrire résolument et irrésolument.
ASSONANCE, ASSONANT. •— Autrefois l'Académie écrivait asson-
nonce, dissonncmce, dissonnant, comme elle écrit encore aujourd'hui
consonnance, consonnant; résormance, résonnant. Il semble que tous
ces dérivés et composés du substantif son devraient suivre la même
orthographe; il faudrait mettre partout deux n, ou n'en mettre par-
tout qu'une seule.
ASSOTER. — Sotie, assoter, rassoter, ne prennent qu'un t; on en
met deux à sotte, sottement, sottise, sottisier.
ASTHMATIQUE, ASTHME. « On pronouce azmatiqvs, azme. » —
Bon nombre de personnes prononcent aussi couvèque, cataplasse, si-
napisse, texe, prétexe ou préteste, etc., au lieu de couvercle, cata-
plasme, sinapisme, texte, prétexte. L'Académie a eu raison de ne pas
consigner dans son Dictionnaire ces prononciations vicieuses, et nous
croyons qu'il aucait mieux valu s'abstenir, comme elle l'a fait au mot
isthme, d'indiquer la prononciation, ou tout au plus permettre de
prononcer asme, asmatique,
ATHÉE, s. m. Celui qui ne reconnaît point de Dieu. Cest un athée»
Il passe pour athée. Une secte d'athées . — Il est quelquefois adjectif
des deux genres, et signifie, Qui nie la Divinité. Un sentiment athée.
Une proposition athée,
A cet article nous opposerons celui de Déiste, a Déiste, s. des deux
genres. Celui ou celle qui reconnaît un Dieu , mais qui rejette toute
religion révélée. C'est un déiste. Adjectiv., Les philosophes déistes. »
Là-dessus nous ferons deux remarques. Il nous semble que le mot
alhée doit pouvoir s'employer comme substantif féminin aussi bien
que déiste : c'est une athée; elle passe pour athée. Conséquemment il
faudrait en faire un substantif des deux genres ^ — L'Académie n'ap-
plique l'adjectif athée qu'à des noms de choses, et déiste qu'à des
personne^; nous croyons que l'un et l'autre peuvent se dire des per-
sonnes et des choses : un prince athée, un sentiment athée; les philo^
sophes déistes, une proposition déiste. Si nous ne sommes pas dans
Terreur, il serait convenable de modifier ces deux articles.
ATLAS, s. m. — L'Académie, qui a recueilli les noms de Tabarin,
de Trivelin, de Turlupin, etc., parce qu'ils s'emploient figurément,
aurait dû, à plus forte raison, nous donner celui ^' Atlas; il a été
1. Puisque l'Académie donne les deux genres à tous les noms de sectaires, anabaptiste,
calviniste, conformiste et nofi-conformiste, déiste, matérialiste, polythéiste, théiste, etc., le mot
athée doit ayoir également les denz genres.
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employé dans ce sens par plusieurs de nos poëtes, entre autres par
Boileau et Régnier, et Cervantes a dit : « Le duc de Lerme, cet Atlas
qui portait le poids de la înonarchie espagnole* »
ATOME. (0 est long dans ce mot.) — Vo -n'est pas plus long dans
ce mot que dans les composés de gone, pentagone, hexagone, hepton
gone, etc., où l'Académie ne dit rien. Il est à craindre que cette pro-
nonciation indiquée comme longue ne nous conduise à un circonflexe,
comme dans pôle, binôïne, trinôme et les autres composés de nome,
où rétymologie demande un o bref.
ATOUT *, s. m. T. de Jeu de cartes... JoiLcr un atout. Jouer atout.,.
Je coupe, et je fais atout. Et je joue atout. — A l'article Tout, l'Acadé-
mie distingue la locution adverbiale du substantif : « Il faut faire à
tout. Jouer à tout. Jouer deux fois à tout. On en fait aussi un seul mot,
ajoute-t-elle, et alors il s'emploie comme substantif masculin. Jouer .
un atout. J'ai deu^x atouts. » — Lequel faut-il préférer, jouer, faire
À TOUT, ou jovsr, faire atout (en un seul mot)? Nous penchons pour
ce dernier.
ATTÉNUER, V. a. Affaiblir, diminuer les forces, l'embonpoint. Les
jeûnes, les veilles, les fatigues. Vont extrêmement atténué.
A l'article Exténuer nous lisons : « Causer un grand affaiblissement.
Ses débauches Vont exténué. Sa maladie Va exténué. On l'emploie aussi
avec le pronom personnel. // s'exténua à force de veilles. »
L'expression atténuer se retrouve, il est vrai, à Ravigoter : « Re-
mettre en force , en vigueur une personne , un animal qui semblait
faible et atténué » ; mais à l'article Abstinence on lit : « Exténué de
jeûnes et d'abstinences ». Nous croyons l'expression exténuer bien
plus usitée qu'atténuer dsms le sens propre, et nous la préférons
d'autant plus qn*exténu£r s'emploie avec le pronom personnel, tandis
qu'on ne dirait pas, du moins l'Académie n'en donne pas d'exemples:
// s'atténue, il s'est atténué par les veilles, par ses débauches. — Si
l'on trouve qn'exténiœr soit une expression trop forte, on en sera
quitte pour employer a/faiblir, abattre, comme l'Académie l'a fait
aux articles Affaiblir,Veille : Les débauches affaiblissent le corps;
Les longues veilles, les veilles continuelles Vmit abattu.
Au figuré, au contraire, il faut employer atténuer au lieu ^exté-
nuer. « Ce dernier sens a vieilli, dit l'Académie, et au lieu de, //
essayait ainsi d'exténuer le crime, V accusation, il faut dire atténuer^, »
1. A tout, atout, signifie proprement Carte qui , étant de la couleur de la retourne, répond
à tout ( à toutes les couleurs ) , est bonne à tout ( pour tout prendre ) , gagne tout , a tout. Je
joue atout (de manière à prendre tout ce qui n'est pas de la couleur que je joue ).
2. Il en est de môme pour le substantif. Dans le sens propre il faut employer exténuation,
et dans le sens figuré atténuation, car on lit dans le Dictionnaire de l'Académie : « Atténuor
tion, s. f. Affaiblissement, diminution de forces. Il n'est guère usité que dans cette phrase.
Être dans un état d'atténuation, de grande atténuation. — Exténuation , s. f. Vexténuation
d'un crime, d'un fait, etc., l'adoucissement dans l'exposition d'un crime, d'un fait, etc. Ce
sen« a vieilli; on dit Atténuation. » — Cependant nous devons en convenir, on peut mieux
employer atténuation pour le sens propre qvi*exténuation pour le figuré.
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Cet emploi d'un verbe pour le sens propre et d'un autre pour le
sens figuré surprendra peut-être, et cependant il n'est pas unique;
ainsi le verbe tistre ou plutôt son participe tissu ne s'emploie plus
guère qu'au figuré , et nous doutons qu'on dise encore comme l'Aca-
démie, Une étoffe bien tissue. Espèce d'étoffe non tissus (le feutre); on
dit plutôt tissée, — Nous avons aussi un certain nombre de verbes
auxquels correspondent deux substantifs pour exprimer les diverses
acceptions. Voy. Transvaser.
ATTERRAGE, ATTERRER , ATTERRIR , ATTERRISSAGE, ATTERRIS-
SEMENT. « Quelques-uns écrivent attérage, attérer, attérir, attéris^
sage, attérissement. » — Puisqu'on écrit avec deux r, terre j terrasse,
terrassier, terreau, terrestre, terrier, terrifier, et tous les autres déri-
vés de terre, ainsi que les composés enterrer, déterrer, souterrain, etc.,
il serait fâcheux que les mots atterrer, atterrir et leurs dérivé? vins-
sent à n'en prendre qu'une.
ATTRAPE. — On écrit trappe, avec deux p ; chausse-trape, attrape
et ses dérivés n'en prennent qu'un. Cela n'est pas très-régulier.
AUBÉPINE, s. f. Arbrisseau épineux du genre Néflier... On le nomme
aussi Avhépin et Épvne blanche. — On est surpris que l'Académie
admette aubépin^, qui est une ancienne locution vulgaire comme
noble épine. Il ne doit pas plus être permis de dire aubépin pour aubé-
pine que sabin pour sabine : le premier vient de alba spina comme Iç
second de sabùia.
AURORE... Couleur d'aurore. Espèce de jaune doré. Taffetas, satin
couleur d'aurore. Par ellipse, Un ruban aurore, du satin aurore. —
L'Académie aurait dû nous donner un exemple où l'épithète aurore
fût précédée d'un subsùntif au plurieltel que des rubans; car il est
un assez grand nombre d'objets, surtout de fleurs et de fruits, dont les
noms sont employés adjectivement comme couleurs, et l'on est fort
embarrassé pour savoir si l'on doit ou non les faire accorder avec le
substantif, parce que nulle part l'Académie n'a tranché la question,
pas même à l'article Rose , où cependant elle met la dénomination
très-explicite « adj. des deux genres ». Là comme ailleurs elle ne met
que des substantifs au singulier : « La couleur rose est une des plus
agréables. Du ruban rose. Du taffetas rose. Une robe rose » ; et à l'ar-
ticle Couleur elle dit, Des souliers couleur de rose.
Voici les principales couleurs tirées des noms de végétaux, d'ani-
maux, etc. : amarante, aurore, capucine, céladon, citron, feuille-
morte, garance, gorge- de-pigeon, lilas, marron, naca/rat, noisette,
olive, orange, ponceau, puce, rose, souci. Assurément personne ne
1. Dans la première édition, l'Académie ne mentionne pas aubespin à l'article Bspine ; elle
dit : « Espine blanclie, aubespine ou noble espine; espine noire...* — Dans la seconde édition,
noble espine ne parait plus , et elle dit : « Le mot d'aubespine est beaucoup plus d'usage que
celuy d' aubespin, qui ne se trouve que dans des anciennes poésies ». — Il nous semble que
l'Académie aurait mieux fait d'ajouter cette observation , qui se retrouve dans les éditions
S* et 4«, que de dire : i On le nomme aussi aubépin ».
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songera à donner le genre féminin aux mots céladon, citron, marron^
nacarat, ponceau, mais on pourra être tenté d'écrire des rubans ci-
trons, oranges, ponceaux; des habits marrons, noisettes, olives, comme
on écrit tous les jours des rubans roses, des robes roses, cbt Tanalogie
joue un grand rôle dans nos jugements : nous avons même vu dans
un ouvrage de botanique des anémones auroreS. Nous pensons que la
même raison qui empêche de donner un féminin k céladon, citron,
marron, nacarat, ponceau, doit rendre ces mots invariables, car ils
ne sauraient prendre le nombre plutôt que le genre. Cette règle doit
exister également pour ceux qui se terminent par un e muet comme
amarante, aurore, capiLcine, noisette, olive, orange, piLce, etc.; mais
nous ferons une exception en faveur des rubans et des robes roses,
puisque l'Académie nous dit que ce mot est un adjectif. Quant aux
autres , afin d'éviter ce qu'il peut y avoir de choquant pour l'œil à
voir l'adjectif au singulier avec un substantif au pluriel , on ne fera
pas l'ellipse et l'on dira, des rubans de couleur citron, orange, pon-
ceau, ou des rubans couleur de citron, d'orange, de ponceau; des
habits de couleur marron, couleur de noisette, d'olive, etc,
AlJTAJST... Il ne fait pas autant de froid qu'hier. — Comme on dit
il fait froid, il fait choMd, il fait bien froid, bien chaud, et non il
fait DU froid, do chaud, il fait bien dd froid, etc., nous pensons qu*on
ne peut pas dire il ne fait pas autant de froid.., 11 fallait employer
l'adverbe comparatif aussi : il ne fait pas aussi froid qu'hier; seule-
ment la phrase ainsi modifiée n'aurait pas fait partie de cet article.
AUTEL... Le mattre-autel ou grand autel.
A Dais et à Custode nous retrouvons maitre-autel avec un tiret :
« au-dessus du maitre-amtel, à côté du maître-autel; mais à l'article
Maître il n'y en a pas : « Maître se prend quelquefois pour Premier
ou principal... Le maître autel. Le madtre brin d'une plante. » —
Puisqu'on écrit sans tiret le grand autel, le premier autel, le principal
autel, le maître brin d'une plante, le maître bau, le maître couple,
pourquoi en mettre un à maître-autel ?
AUTO-DA-FÉ... Assister à des auto-dorfé. — Les Espagnols écrivent
auto de fe ou auto da fe, sans tirets et sans accent. Puisqu'on a altéré
l'orthographe de ce terme sous deux rapports, il vaudrait mieux
le franciser complètement en écrivant autodafé; alors on pourrait
mettre à la fin du mot la marque du pluriel que les Espagnols mettent
à auto {los autos de ou da fe), et l'on écrirait des autodafés.
AUTRE... Fam. Nous autres, vous autres. Nous, vous. — Ceux qui
n'ont pas fréquenté ce qu'on est convenu d'appeler la bonne compa-
gnie disent souvent, par analogie, Eux autres. On regrette que l'Aca-
démie n'ait pas fait ici comme dans plusieurs articles où elle a pris
soin d'indiquer ce qu'il faut dire ou ne pas dire , et pourquoi.
AVÈNEMENT. — Lcs mots avénemeut et événement nous semblent
devoir prendre l'accent grave à la seconde syllabe comme achève"
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menlj (Ulèchement, amèrement, dégrèvement, légèrement j prélèvement,
recèlement, etc.
AVENIR, V. n..-. Quoi qu'il avienne. Il en amènera ce qu'il pourra.
Quelque chose qu'il en avienne. — On dit généralement adoienne, et
TAcadémie fait de même au verbe Devoir dans ce proverbe de tous les
jours : « Fais ce que dois, advienne que pourra. »
AVOIR... Il n'est rien tel que d*en avoir. Si on n'a du bien, on n'est
point considéré dans le mondé. — Nous n'avons jamais vu faire l'el-
lipse de la préposition de après rien; et bien qu'à l'article Plancher
l'Académie répète rien tel :
Il n'est RIEN TBL que le plancher des vaches, que de marcher sur le plancher
des vaches,
et qu'à Vache elle admette indifféremment rien tel et rien de tel :
Il n*est RIEN TEL, RIEN DE TBL que le plancher des vaches,
à PoisER, à Rien et à Tel elle n'admet pas la suppression de la pré-
position de :
(à Puiser) // n*est rien de tel que de puiser à la source.
(à Rien) Il n'y a rien de si fâcheux.
(à Tel) Je ne vis jamais rien de tel.
Enfin , à l'article De elle consacre six exemples pour montrer que
rien doit toujours être suivi de cette préposition, dont elle a soin
d'indiquer la valeur :
Je ne vois rien là de (qui soit) bien étonnant.
Â't^n jamais dut rien de (qui sôit) pareil?
Sa conduite n'a rien de (qui soit) noble.
Rien de (qui soit) plus simple que cela.
Je ne vois rien de (qui soit) mieux.
Sinon, rien de fait (qui soit fait, arrêté, conclu).
Évidemment de a la même signification dans les autres phrases : //
n'est rien DE (qui soit) tel que d'en avoir; il n'est rien db (qui soit)
tel qu>e le plancher des vaches; il n'y a rien de (qui soit) si fâ-
cheux, etc. — Quant à la définition , nous croyons aussi qu'il aurait
été préférable de dire « Si l'on n'a pas de bien » ; on aurait ainsi évité
l'hiatus si on, et la phrase serait plus claire pour celui qui l'enten-
drait lire.
AYANT, adj. verbal. T. de Pratique dont on ne se sert que dans
les deux locutions suivantes : Ayant cause, celui auquel les droits
d'une personne ont été transmis à titre particulier, par legs, donation,
vente, etc.. Les héritiers ou ayants cause. Les créanciers sont aussi
quelquefois cœisidérés comme ayants cause. — Ayant droit, celui qui
a droit ou qui est intéressé à quelque chose... Chacun des ayants droit.
La dénomination adjectif verbal est-elle exacte ? Nous ne savons, et
nous aimerions autant celle de participe présent, car Tadjectif verbal
ne peut recevoir de régime (des livres amusants, une couleur chan-
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géante, des cris perçants. Agad.), tandis qu'autrefois le participe pré-
sent s'accordait fréquemment avec le substantif, etc. ; TAcadémie nous
en a conservé des exemples : •
(à Gbns) I^s gens tenants la cour de parlement.
Id. Les gens tenants la chambre des comptes y la cour des aides, etc.
et aujourd'hui encore elle dit :
(à Tendant, ante) Une proposition tendante à l'hérésie.
Id. Semer des libelles tendants à la sédition.
Nous croyons que dans toutes ces phrases ce que l'Académie appelle
adjectif doit être aujourd'hui considéré comme participe présent et
rester invariable. Nous écririons donc, Une proposition tendant à
r hérésie; semer des libelles tendant à la sédition; les gens tenant
la chambre des comptes, etc.; et de même, en sous-entendant le mot
gens : les ayant -cause, les ayafit- droit. Dans ces deux dernières
locutions nous ajoutons le tiret comme on le fait dans u?i boute-feu,
un rabat- joie, un trouble- fête, etc.
B
B... Le 6 ne se redouble en français que dans les mots abbé^ rabbin,
sabbat, et leurs dérivés. — L'Académie n'a pas songé aux mots gobbe,
gibbeu^œ, gibbosité, qui sont dans son Dictionnaire, non plus qu'à
gibbon, qui devrait y être.
BAILLER, V. a... Fam. et par ellipse. Vous m'en baillez d'une belle,
vous me la baillez belle. Vous voulez m'en faire accroire. — A l'ar-
ticle Bon se trouve une autre locution qui aurait également dû avoir
place ici : « La bailler bonne à quelqu'un. Lui faire quelque pièce ».
BAILLEUL. « Il vieillit. » — Quel mot faut-il donc employer à la
place de celui-là? Est-ce renoueur ? L'Académie a eu soin parfois d'in-
diquer le mot dont on doit se servir, comme à : Congpgtion. <c On dit
plus ordinairement coction »; — Apprête. « 11 vieillit; on dit plus
communément mouillette » ; — Vogdeur , rameur, « A vieilli ; on dit
rameur » , etc. — Ces utiles indications sont trop rares.
BAILLI, s. m. (On écrivait autrefois, Bailli f.) — Il nous semble que
l'Académie aurait bien fait d'ajouter : « C'est pourquoi l'on dit encore
aujourd'hui au féminin , Baillive, Madame la baillive » .
BAILLI... Il se dit en outre, dans l'ordre de Malte, d'un chevalier
revêtu d'une dignité qui le met au-dessus des commandeurs, et qui lui
donne le privilège de porter la grand'croix. Le bailli de la Morée.
IjC bailli de Suffren. — L'Académie écrit avec une minuscule les par-
ticules ou articles le, la, qui font partie de certains noms tels que
le Brun (à Crucifiement, Bataille), le Maistre (à Plaidoyer), le Sage
(à Romand Romancier), la Bruyère (à Caractère, Observation, Ori-
ginal), la Fontaine (à Fable , Conte), la Monnoye (à Noël), etc. Cette
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orthographe, qui ne présente pas d'inconvénients pour les noms bien
connus, nous semble fâcheuse pour ceux qui ne le sont pas; c'est
précisément le cas pour Pierre le Chantre (à Litdrgiste), le bailli
de la Moréc (à Bailli), les pastels de la Rosalba (à Pastel). On ne
sait s'il s'agit d'un personnage nommé Pierre, qui était chantre ; d'ùh
titulaire du bailliage de Morée; d'une artiste au nom de laquelle
est ajouté l'article comme dans le Poussin, la Clairon, etc.; ou si les
mots le Chantre, la Morée, la Rosalba, sont réellement les noms des
personnes désignées. La majuscule mise à l'article aiderait à distin-
guer les noms de famille : Charles le Sage (Charles V); Alain -René
Le Sage (le romancier), dont le nom s'écrit généralement Les âge.
BAiSEUR, EUSE, adj. Celui, celle qui se plaît à baiser. U7i grand
baiseur... — Au lieu de adj„ lisez sicbst.
BALLADE. (On ne prononce qu'une L dans ce mot et les suivants.)
— Ces mots suivants qui commencent par bail, et dans lesquels on ne
doit faire sentir qu'une l, sont au nombre de dix-neuf. Qui est-ce qui
songera à chercher la prononciation de ballotter à ballade^ dont ce
mot est séparé par dix-huit autres ? ^
BALLOTTADE, S. m. — Lisez : s. f.
BANQUE, S. f... signifie aussi, Une caisse commune, ou publique;
dont le crédit repose sur des fonds considérables S et où les particu-
liers déposent leur argent pour en tirer un intérêt *, avec faculté de
le reprendre à leur volonté, en tout ou en partie, soit en nature, soit
en effets équivalents. Les banques particulières et les banques publi-
ques sont ordinairement sous la surveillance de Vautorité. La banque
de France, de Londres, d'Amsterdam, de Bordeaux. Le régent de la
banque. Porter son argent à la banque. Action de la banque. Billet de
banque de cinq cents francs, de mille francs.
Il nous semble que le mot banque ne devrait pas être écrit indiffé-
remment avec un petit b dans tous ces exemples. Qu'on mette une mi-
nuscule lorsqu'il est suivi d'un déterminatif, comme la danque de
France, de Londres, etc., ou non précédé de l'article, comme dans un
billet de banque, c'est très-bien ; mais nous croyons que lorsque ce
mot est pris dans un sens absolu, on doit mettre une majuscule;
ainsi nous écririons, le régent de la Banque; porter son argent à la
Banque; action de la Banque. Au reste, nous avons en faveur de notre
opinion plusieurs exemples dans le Dictionnaire de l'Académie :
(à Directeur) Directeur de la Banque.
(à Fonds) Les fonds du Trésor, de la Banque.
(à Transfert) Acte par lequel on déclare transporter à un autre la pro-
priété d'une rente sur TÉtat, d'une action de la Banque, etc.
1. Il serait peut-être mieux de dire < un capital plus ou moins considérable ».
2. Cela n'est pas toujours vrai; ainsi les dépôts confiés à la Banque (à la banque do
femce) ne produisent aucun intérêt.
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et à l'article Régent nous trouvons même un exemple et une défini-
tion qui confirment encore mieux ce que nous venons de dire :
Régent de la banque (petit b) de France, Titre de chacun des membres
qui composent le conseil général de la Banque (grand B),
Dans le premier cas, le mot banque est un nom commun qui peut
s'appliquer à des établissements de tous les pays, de toutes les villes
considérables, la France, Londres, Amsterdam, Bordeaux, etc.; dans
le second il est pris dans un sens absolu , par la raison même qu'on
n'a pas nommé le pays auquel il appartient. Ici la majuscule nous
semble représenter précisément le nom propre qu'on n'exprime pas.
Voy. Jardin, Archipel, Bosphore.
BARRICADE... La joumée des Barricades (avec un grand B). — A
Théâtre on lit, La journée des dupes; et à Dragonnade , Au temps des
dragonnades j sans majuscules.
BAS, BASSE, adj... Avoir la vue basse. Ne pouvoir distinguer les
objets que de près. — Nous convenons sans peine qu'on dit souvent
vue basse pour vue courte, mais nous demanderons si ce n'est pas une
locution à réformer, puisqu'on dit une vue longue et non une vue
haute. Quant au figuré, il n'y a rien d'avilissant dans une vue courte
(défaut de prévoyance, de sagacité), ni même dans des vues courtes
(bornées, étroites), tandis que des vues basses et intéressées ont
quelque chose d'ignoble; c'est l'opposé de vues élevées, grandes j
nobles, etc.
BAS-RELIEF, S. m... Bas-relief de marbre, de bronze. Bas-relief
antique. Les bas-reliefs du Parthénon, du Louvre. Des ornements en
bas-relief. Figures, portrait en bas-relief. — Et à Relief, Ouvrage
de relief, de demi-relief, de bas-relief.
Nous pensons qu'il est bien de mettre un tiret à bas-relief employé
substantivement {un bas-relief)^ mais seulement dans ce cas-là, et
nous n'en mettrions pas dans les locutions figures, portrait en bas
relief, ouvrage de bas relief, pas plus qu'à haut relief, plein relief,
ouvragesxie ronde bosse (à l'article Bosse ), où l'Académie n'en met pas.
BATARDEAU, BATARDIERE, BÂTARDISE.— Ces trois mots devraient
s'écrire de la même manière à la première syllabe, puisqu'ils ont le
même radical ; bâtard.
BÂTIR, V. a... Fig. et fam. Un homme bien bâti, mal bâti. Un homme
bien fait, mal fait. On dit quelquefois substantivement. Un grand mal
bâti. On écrit aussi Malbâti, en un seul mot.
Il nous semble qu'il y a une différence à établir pour l'orthographe,
suivant que ces deux mots sont employés comme qualificatifs, c'est-
à-dire adjectivement, ou bien substantivement. Dans le premier cas
ils doivent être écrits séparément, car il n'y a pas de raison pour
écrire en deux mots un palais mal bâti, une maison mal bâtie, et en
un seul u7i homme malbàti, une femme malbàtie. Dans le second cas,
au contraire, nous pensons qu'on doit réunir les deux mots en un seul.
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— 89 —
— 11 faudrait donc, suivant nous, rectifier Torthographe de ce quali-
ficatif dans les exemples suivants, où il est écrit en un seul mot :
(à Fait, part, de Faire) Un peUt homme mal fait et malbAti.
( à Hallbbreda) Terme de mépris qui se dit d'une grande femme malbAtu.
(à Marsouin) Gros marsouin y vilain marsouin , se dit d'un homme laid,
MALBÂTI et malpropre K
BATTRE. — Autrefois on écrivait ce verbe avec un seul t {batre).
La conjugaison y gagnait beaucoup, en ce sens qu'elle était régulière ;
les dérivés et les composés y gagnaient également, car Torthographe
en était uniforme, tandis qu'aujourd'hui les uns et les autres sont
livrés à l'anarchie. Ainsi Ton écrit battement, batteur, battoir, etc.,
avec deux l, et bataille, bataillon, etc., avec un seul; battage, abatte-
ment, abatteur, abattoir, abattures, avec deux t, et abatage, abatëe,
abatis, avec un seul ; — on en met également deux à battre, abattre,
combattre, débattre, s'ébattre, et l'on n'en met qu'un à embatre, em-
batage; — enfin l'Académie écrit sole battue en deux njots et avec
deux t, et quand elle en fait un seul mot, elle ne met plus qu'un t :
soZ6a^w (cheval), solbature (maladie du cheval solbatM)^ et elle ajoute
<( On dit plus ordinairement sole battue » .
BAYADÈRE. (On pronoûce Baïadère.) bayart. (On prononce et
quelques-uns écrivent, Baïart. ) — Puisqu'on a substitué Vï à Vy dans
aïeul, baïonnette, caïeù, ùammeu, faïence, païen, etc., pour confor-
mer l'orthographe à la prononciation , il serait convenable d'en faire
autant dans les autres mots qui ne présentent pas cette harmonie :
bayadère, bayart, copayer, où l'Académie dit qu'on prononce comme
s'il y avait un ï, et cacaoyer, cacaoyère, roucouyer, etc., où proba-
blement Vy ne représente pas deux *.
BEAU ou BEI49 BELLE... (p. 17/i, col. 3) Vou>s me la d<mmz belle.
Vous me trompez, vous vous moquez, etc. — (p. 175, col. 2) Vou^ me
la baillez belle. Vous voulez m'en faire accroire.
Ces deux phrases à peu près identiques sont séparées par 90 lignes ;
cela nous paraît fâcheux, et malheureusement de pareils exemples ne
sont pas rares. , A l'article Œil on voit également à 80 lignes de dis-
tance ces deux locutions : Couver des yeux une personne, une chose, et
Manger, dévorer quelqu'un des yeux. Manger, dévorer qvslque chose
des yeux, qui signifient, Regarder avec intérêt, avec complaisance... ;
attacher avec plaisir des regards attentifs et en quelque sorte avides,
sur...
1. On s'étonnera peut-être que nous demandions qu'on écrive ma/ bâti en deux mots, tan-
dis que nous écrivons malproprt en un seul. ^ Nous répondrons que dans les qualificatifs où
mai a le sens de non, nous sommes moins choqué de le voir joint à l'ac^tif , comme dans
malaisé , malhabile , malheureux, malhonnête, malpropre, malsain, etc. , qui signifient fwn
tûsé, non habile, non heureux, etc.; mais que dans ceux où mal conserve son sens propre il
doit en être séparé, comme dans ma/ bâti, mal fait, mal famé, mal intentionné, etc. Nulle
part l'Académie n'a écrit un homme mai.fait ( en un seul mot) et elle a eu grandement raison ;
il faut suivre le même principe pour mal bâti, qui signifie Mal fait, mal formé.
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— 40 ~
Vëchapper belle *, Éviter heureusement un péril dont on était me-
nacé*. N'est-ce pas plutôt, « Sortir heureusement D'un péril...»?
L' Académie dit elle-même qu'échapper signifie « S'évader, s'esquiver,
se sauver des mains de quelqu'un, d'une prison, de quelque péril, etc. »
Or on ne peut pas dire que celui qui se sauve des mains de quelqu'un
ou d'une prison a évité ces mains ou la prison; il en est sorti, il s'en
est tiré. Et de même celui qui a échappé au naufrage, au feu, s'en
EST tiré, mais on ne dira pas qu'il l'a évité.
BEAUCOUP... Il s'en faut beaucoup^ A y a une grande différence.
Le cadet n'est pas si sage qtie Vaine, il s'en faut beaucoup. — Jl s'en
faut de beaucoup, La quantité qui devrait y être n'y est pas à beau-
coup près. Vous croyez m'avoir tout rendu, il s'en faut de beaucoup.
Au premier abord , cette règle paraît être aussi facile à suivre qu'à
comprendre ; mais malheureusement il n'en est rien , parce que les
phrases auxquelles il faut l'appliquer ne sont pas toutes construites
de la même manière ni composées des mêmes termes; en voici quel-
ques preuves tirées du Dictionnaire de l'Académie. Si elle dit, con-
formément à la règle ci-dessus :
(à Falloir) Il s'en faut beaucoup que Vun soU du mérite de Vautre.
Id. Il s'en faut de beaucoup que leur nombre soit complet.
(à Falloir, Ped) Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein.
(à Guère) Il ne s'en faut de guère que ce va^e ne soit plein;
d'un autre côté elle dit :
(à Falloir) Vous dites qu'il s'en faut tant que la somme entière n'y soit.
(à Travers) Il s'en faut deux travers de doigt que ces planchés ne se
joignent;
phrases où il nous semble qu'il s'agit de quantités qui manquent, et
où il faudrait : il s'en faut de tant, il s'en faut de deux travers de
doigt. — Et dans les suivantes, où le sens est figuré, que faudra-t-il
faire? faut-il, comme l'a fait l'Académie, supprimer de :
(à Falloir) // s'en fallait peu qu'il n'eût achevé,
(à Peu ) Il s'en faut peu de chose que cela n'aille,
Id, Il s'en faut peu que je ne vous blâme K
Voy. Ne, sous le rapport de la négation employée ou supprimée.
1. Voici une variante qui se trouve au verbe Manquer : « Fam. f/avoir manqué belle, Avoir
échappé à un grand danger. La balle a percé votre chapeau, vous l'avez manqué belle. Il a fait
une chute à se casser le cou, il l'a manqué belle. Il allait confier ses affaires à un fripon, il
Va manqué belle ». — Nous croyons que l'usage général est d'employer échapper au lieu de
manquer dans ces phrases et autres analogues.
2. Cette même définition se retrouve à l'article Échappbr.
3. Il nous semble qu'il, aurait été mieux de donner cette règle à l'article Falloir, car elle
s'applique à un certain nombre d'adverbes tels que beaucoup, peu, guère, tant, etc,,et même
à des nombres :
// t'en faut peu de chose, db peu, db beaucoup, de tant de francs, db cinquante
centimes, db cent mille francs, que la somme soit complète.
Il ne s'en faut de ouèrb que ce vase ne soit plein.
Peut-être aussi aurait-il fallu dire : Après il s'en faut, l'adverbe ou l'expression représen-
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^kl -
BÉJAVNE. — Au sens figuré (montrer à quelqu'un son béjatme),
TAcadémie ajoute : « On écrit aussi bec jaune , mais on prononce tou-
jours bëjaune, » — Quelle déplorable chose que cette paresse dans la
prononciation , qui dénature les mots et empêche d'en reconnaître la
véritable signification! Qui, en entendant le mot bëjaune, compren-
dra que cette expression vient de ce que la couleur jaune du bec des
oiseaux décèle leur jeune âge et en même temps leur inexpérience, ce •
qu'on traduit chez l'homme par ignorance, sottise, ineptie? Voy. Pivert.
BENGALI, BENJAMIN, BENJOIN, BENZOÏQUE- — Comment se pro-
nonce la première syllabe de ces mots, ban ou binf L'usage est pour
bin; mais comme il y a d'autres mots, tels que prébende, prébendier,
térébenthine, etc., où ben se prononce ban, il aurait été bon que l'Aca-
démie indiquât la prononciation aux uns et aux autres.
BERGEB. — La mort égale les rois et les bergers, Voy. Égaler,
Égaliser.
BESOIN, s. m... Besoin naturel, ou simplement ^esom^ se dit aussi,
particulièrement, Des besoins du corps, qui résultent de la digestion.
// est sorti pour un besoin. Un besoin pressant. H lui a pris un besoin.
Faire ses besoins, — Besoin, dans cette acception, ne s'emploie pas
seulement avec le verbe faire ; on le joint aussi au verbe satisfaire,
•et nous devrions en trouver ici au moins un exemple. A l'article
Retenir nous lisons : « Vous ne pouvez satisfaire ici À vos besoins;
relenez-voits, tâchez de vous retenir » ; mais à Satisfaire nous trou-
vons tt Satisfaire vn besoin^ Faire ce que ce besoin exige ». Peut-on
tant une quantité doit être précédé de la préposition de : // $*en foui de peu de chose, etc.,
que la somme soit complète; Il s'en faut db deva; travers de doigt, ds 10 centimètres, que ces
planches ne se joignent (ou, se joignent. Voy. Nb). — Quand le sens est figuré, on sup-
prime DB : // s'en faut peu que je ne vous blâme. Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé.
Cette dernière phrase est sur l'extrême limite entre le sens propre et le sens figuré ; mais
on peut éluder la difficulté en faisant une transposition :
Peu s'en fallait qu'il n'eût achevé.
Peu s'en est fallu qu'il ne fût tué.
Le coup a été si violent qu'il s'en est peu fallu que mon œil ne sortit de l'orbite.
Peu s'en est fallu que je ne vinsse.
Peu s'en faut qu'on ne m'ait trompé.
Peu s*en faut que je ne vous blâme.
Il ne s'en est guère fallu, —Une s'en est presque rien fallu.
Nous croyons qu'on peut également éluder la difficulté pour l'adverbe opposé , betmeoup,
de beaucoup, en employant bien, tant :
Vous croyez m^avoir tout rendu; il s'en fau4 bien, tant a^en faut.
Le cadet n'est pas si sage que l'aîné, il s'en faut bien.
Il s'en faut bien que leur nombre soit complet.
Il ^en faut bien que l'un soit du mérite de l'autre.
Mais la règle ne peut pas toujours être éludée , et nous sommes persuadé que dans le sens
propre t7 s'en faxU doit toujours être suivi de la préposition de; ainsi l'Académie aurait
dû dire :
Vous dites qu'il ^en fa%U db tant que la somme entière n'y soit.
Il s'en faut db deux travers de doigt que ces planches ne se joignent.
comme elle l'a fait ailleurs :
( à DoioT ) // s'en fallait à peine D'un trawrs de doigt que le coup ne fût au coeur.
. 6
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dire indifféremment saiis faire un besoin et À un besoin, satisfaire des
besoins fit À des besoins, dans Tacception qui nous occupe?
BICONCAVE, BICONVEXE. — On est surpris que F Académie, qui
explique les mots bidenté, bifide, bi flore, bilahié, bi folié, bilocu-
laire, etc., termes employés uniquement par les personnes qui s'oc-
cupent de botanique, ne nous donne pas des mots fort intéressants
pour tous ceux qui se servent de lunettes, de binocles, de jumelles, etc.,
tels que biconcave et biconvexe, piano-concave et piano-convexe, con-
cavo-convexeeiconvexo-concave^. Nous croyons utile que le presbyte
sache que les lunettes* dont il se sert sont appelées biconvexes (au-
trefois on disait convexo-convexes) ou bombées des deux côtés comme
les lentilles ou verres à grossir; — que le myope sache de même
que les siennes sont dites biconcaves (autrefois, concavo-concaves)
ou creuses des deux côtés; — il n'est guère moins utile que celui qui
se sert d'une simple lorgnette ou de jumelles sache que le petit verre
(l'oculaire) est biconcave; que le verre opposé (le grand verre, le
verre objectif) est ordinairement composé de deux pièces : l'un de
ces deux verres est piano-concave, l'autre biconvexe,
BIEN, adv... Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il y est
aussi bien, autant bien qu'on y puisse être.— L'Académie aurait mieux
fait de supprimer la locution autant bien, qui était usitée lorsqu'elle
fit imprimer la première édition de son Dictionnaire, mais qui ne l'est
plus aujourd'hui ; elle dit elle-même, à l'article Autant : « Autant bien,
autant mal. Ces locutions vieillissent : on dit Av^ssi bien, aussi mal ».
Nous avons remarqué plus d'une fois l'emploi de ces locutions hors
d'usage qui trompent le lecteur étranger et peuvent même induire en
erreur le lecteur français. En voici quelques exemples :
(à ApoTHiGAmE) Apothicaire pour Pharmacien.
(à Secours) Destitué pour Dénué, dépourvu,
(à Vin) Engraisser (s*), pour se graisser,
(à. Entre) Entre ci et là, pour Entre ces deux époques,
(à Meoble, Survendre) Inventaire, pour Encan.
(à Dévoilement) Le Vieux Testament, pour V Ancien Testament.
Il nous senïble que dans cet article Bien 11 manque une acception
fort usitée, et qui ne peut rentrer dans aucune de celles qu'a données
l'Académie; c'est celle de Réellement :
( à Prix ) Est-ce bien là votre dernier prix ?
1. On dit assez généralement, dans la conversation , concave, convexe, au lieu de bieoneave,
biconvexe, piano-concave, piano-convexe; mais il serait peut-être mieux d'employer le terme
propre. — Quant aux termes concavo-convexe et convexo-^smcave, qui signifient Concave d'un
côté et convexe de l'autre , ou vice versa, ils ne s'emploient guère qu'en parlant des verres de
montres.
2. Le mot lunette vient de ce qu'autrefois les verres en étaient ronds comme la pleine lune ;
aujourd'hui qu'on se sert plutôt de verres à peu près ovales, on devrait dire des besicles, des
binocles (mots qui sigràûent deux yeux , de bis et oculus; binus oculus pu bini oculi); mais
le mot besicles, quoiqu'il remonte à plus de trois cents ans, n'est guère employé parce qu'il
semble n'être qu'à l'usage des personnes âgées ( les besicles de ma çrand*mère ) ; quant à bino-
cle, il ne se dit que des lunettes à deux branches qu'on tient à la main.
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- 43 ~
Les exemples suivants semblent se rattacher à cette même acception :
(à Êtrb) Ma est bien de son caractère.
Id, Cela est bien de lui*
(à Accompagner) Tout ce qu'il disait, il l'accompagnait d'un geste, d^une
action qui marquait bien. . .
(à Bun) Voilà bien le langage (fun ami.
(à Passion) Voilà bien comme la passion s'exprime.
(à Langage, Passion) C'est bien là le langage de la passion.^
Nous aurions désiré y voir aussi quelques exemples de bien signifiant
Beaucoup, et placé où il doit Tôtre, c'est-à-dire après le verbe, ou
plutôt immédiatement avant le substantif qu'il modifie, contrairement
aux exemples suivants :
(à Couleuvre) Il a bien avalé des couleuvres.
(à Angoisse) Il lui a bien fait avaler des poires d'angoisse.
(à Chemin, Faire) Il a bien fait du chemin en peu de temps.
(à Las) J'ai bien fait du chemin aujourd'hui.., je suis las.
( à Pays) Il a bien vu du pays, bien fait * , bien parcouru du pays.
(à Tourment) Cette affaire m'a bien donné du tourment.
où nous croyons qu'il aurait été plus exact de dire : Il a avalé bien
DES couleuvres; il lui a fait avaler bien des poires d'angoisse; il a
fait BIEN DU chemin en peu de temps; j'ai fait bien du chemin aun
jourd'hui; il a vu bien du pays^ etc. En effet, puisque j'ai bien vu le
pays signifie J'ai bien examiné le pays, pourquoi serait-il permis de
dire J'ai bien vu du pays pour signifier J'ai vu beaucoup de pays?
Ailleurs l'Académie dit très-bien :
(à Affaire) C'est un homme qui a vu bien des affaires.
(à Couleuvre) On lui a fait avaler bien des couleuvres.
(à Chemin) Je lui ferai voir bien du chemin,
(à Remuer, Terre ) H lui a fallu remuer bien de la terre pour faire ce jardin.
(à Nulle) Cette lettre a donné bien de la peine à déchiffrer à cause des
nulles*
et non, Cest un homme qui a bien vu des affaires. Je lui ferai bien
voir du chemin. Cette lettre a bien donné de la peine... D'un autre
côté on dira encore comme elle :
(à Chemin) Il a bien fait son chemin ,
parce qu'ici il s'agit de la manière dont on a fait le chemin, et non de
la quantité de chemin.
BIEN-DIRE, s. m. Il s'emploie dans ces phrases familières. Être sur
son bienrdire, se mettre sur son bienrdire, Affecter de bien parler.
Quand il se met sur son bien-dire. Il est sur son biennlire. Hors de
là. Bien dire, pris substantivement, s'écrit sans trait d'union. Le bien
faire vaut mieux que le bien dire. — Pourquoi supprimer le trait
d'union à bien faire, bien dire, dans cette dernière phrase? ils sont
substantifs là comme dans les autres locutions. Au reste, à l'article
1. Dit-on faire du payx, et qu'est-ce que cela signifie?
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Dire TAcadémie n'établit pas de différence, et elle écrit avec des
tirets, Le bieit-faire vaut mieux que le bien-oirb, comme Être sur
son BIEN-DIRE, se mettre sur son bien-dire.
BlEN-DiSA!rr, ANTE, adj. Qui parle bien et avec facilité. On le
dit par opposition à Médisant, Cest un homme biennlisant. Il est peu
usité. — Si cette locution était usitée, nous en parlerions plus longue-
ment; nous nous bornerons à dire que le tiret ne nous semble pas plus
utile là que dans bien pensant^ etc, où l'Académie n'en met pas.
BIENHEUREUX, EUSE, adj. Fort heureux, extrêmement heureux.
Bienheureux qui peut vivre en paix. L'Écriture dit : Bienheureux ceu>x
qui sont persécutés pour la justice. État bien/ieureux. Séjour bienheu-
reux. Vie bienheureuse. Il a vieilli, excepté dans les cas où il est pré-
cédé d'un verbe ; mais alors on l'écrit en deux mots. Bien heureux. Je
le tiens bienheureux d'en être échappé. Il est bien heureux d'avoir évité
ce danger. — Cette règle qui dit d'écrire bie7i heureux en deux mots
« dans les cas où il est précédé d'un verbe » est-elle bien exacte?
rndépendamment de cette phrase
Tai passé des moments bien heureux auprès de lui,
qu'on trouve à l'article Moment, ne peut-on pas en construire d'au-
tres encore où le verbe ne sera pas exprimé? telle est celle-ci :
« Nous avons passé dans cette campagne vingt années bien heubeuses ,
entourés de ce que nous avions de plus cher. »
Peut-être serait-il convenable , pour prévenir toute hésitation , de
ne réunir les deux mots que dans le substantif bienheureux; et puis-
que l'Académie nous apprend que ce mot a vieilli comme adjectif, on
dirait : Heureux qui peut vivre en paix; heureux ceux qui sont perse-
cutés pour la justice. État des bienheureux; séjour des bienheureux;
vie des bienheureux.
BIENNAL^ TRIENNAL, DECENNAL, VICENNAL. — Dans CeS motS
faut-il prononcer les deux N ? A quinquennal , l'Académie figure la
prononciation par cuincu^nnal ; k septennal, elle dit qu'il faut faire
sonner les deux nj et il est probable qu'il en est de même pour les
quatre mots ci-dessus ; mais elle aurait bien fait de le dire.
BIENVENU, UE, adj. Que Ton accueille avec plaisir. C'est unhomnie
qui est bienvenu partout. — Fam. Vous ne seriez pas bienvenu à lui
aller dire cela. Il vous accueillerait fort mal si vous alliez le lui dire.
— Bienvenu s'emploie souvent comme substantif. Soyez le bienvenu,
la bienvenus. On écrit aussi bien venu, en deux mots.
A l'article Venir on trouve : « Soyez le bien venu, soyez la bien
vefiue. Formule de bienveillance ou de civilité dont on se sert à l'égard
d'une personne qui arrive. On écrit aussi bienvenu, bienvenue, en un
seul mot. — Être bien venu partout. Être bien reçu partout ».
Nous croyons devoir suivre pour bien modifiant un participe ou un
adjectif la même règle que pour mal; si les deux mots sont employés
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adjectivement, ils seront séparés; substantivement, ils seront réunis.
C'est un homme qui est bien venu (bien reçu, bien accueilli) partout.
Vous ne seriez pas bien venu à lui aller dire cela. — Soyez le
bienvenu; soyez la bienvenus, Vay. Malappris, Malbàti , etc.
BiENVOULU, UE, adj. Qui est aimé, à qui Ton veut du bien. On écrit
aussi bien voulu, en deux mots. Il est vieux.
Et à Vouloir : « Voulu, v£, participe, s'emploie comme adjectif dans
ces phrases qui vieillissent : Elle est bien voulus dans cette maison. Il
est mal voulu partout. »
L'Académie , en écrivant elle est bien voulue, il est mal voulu, con-
firme la règle que nous avons cru devoir poser à Tarticle ci-dessus ;
si la locution bien voulu s'employait substantivement, nous suivrions
le même principe que pour bien venu, c'est-à-dire que dans ce cas-là
nous l'écririons en un seul mot.
BIGARADE. — Cette espèce d'orange paraît devoir son nom à sa
figure irrégulière, comme le bigarreau à la diversité de ses cou-
leurs, et ce mot s'écrivait autrefois avec deux r {bigarrade) ainsi que
bigarrer et bigarrure.
Ne devrait-on pas appeler bigaradier l'arbre qui porte les biga-
rades comme on appelle bigarreautier l'espèce de cerisier qui donne
les bigarreaux? ou plutôt l'Académie ne devrait-elle pas adopter ce
mot bigaradier, qui est depuis longtemps dans d'autres dictionnaires?
BILLET... Négocier, escompter, endosser, acquitter, payer, rem-
bourser un billet. — Voilà une énumération de verbes assez longue, et
cependant il en manque un, qui n'est pas le moins important, c'est
protester ou faire protester un billet. Voy. Protester.
BILLON, s. f. T. d'Agricult. — Lisez ; s. m.
BILLON et BiLLONNAGE,T. d'Agric. BILLOT. — A BiLLON, monnaie,
l'Académie dit que les L sont mouillées dans ce mot et ses dérivés;
mais elle ne dit rien pour les trois mots ci-dessus, ce qui pourrait in-
duire en erreur en faisant supposer que là elles ne le sont pas.
BINOCLE... Il se dit aussi d'une sorte de longue-vue ou de télescope
double, au moyen duquel on peut observer un objet éloigné avec les
deux yeux en même temps , et qui est aujourd'hui peu employé. — Il
paraît que la mode a bien changé depuis le moment où l'Académie a
fait cet article, car aujourd'hui les longues-vues simples sont presque
entièrement abandonnées et l'on ne fait plus guère usage que de
longues-vues doubles; mais afin de ne pas confondre deux choses
très-distinctes, les longues-vues doubles et les doubles lorgnons, on
donne le nom de binocle à un double lorgnon réuni par une char-
nière à l'extrémité des branches, et celui de jumelles à la longue-
vue double.
BISTOCRNER... On a reconnu qu'il y avait plus de danger à bis-
taurner un cheval qu'à le couper. — Nous croyons qu'il serait plus
correct de dire « qu'il y a n. C'est là une vérité reconnue et qui.
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probablement sera de tous les temps. 11 nous semble qtt*il faudrait
également mettre le présent dans la phrase suivante, qu'on trouve
à Tarticle Entre :
On a dit que chaque vertu éTAir entre deux inces.
C'est ainsi qu'on lit :
(à Risible) Les philosophes scolastiqUes disaient que Vhomme est un ani-
mal risible,
(à Réciter) L'acteur Baron disait qu'on ne doit pas déclamer la tragédie,
qu'on DOIT la réciter.
Mais on doit mettre l'imparfait lorsque l'opinion dont on parle est
reconnue une erreur, comme dans les exemples suivants :
(à Éterkel) Quelques philosophes pa4ens ont cru que le monde était
étemel.
(à GoéTERNEi) Quelques philosophes païens ont cru que la matière était
coétemelle à Dieu.
(à Congeler) On a cru longtemps que certains poisons congelaient le
sang»
BLANC... Blanc de baleine ou Sperma ceti. — L'Académie aurait
fait chose utile en disant, comme à l'article Sperme, qu'il faut pro-
noncer cëti; puis, comme elle l'a fait à Baleine, que l'expression
sperma ceti ou sperme de baleine est abusive, c'est-à-dire vicieuse.
BLETTE, adj. fém... « Il se dit le plus souvent dans cette locution:
poire blette j poire molle, qui n'est pas encore gâtée... 11 se dit encore
de quelques autres fruits qui s'amollissent sans se gâter. On ne mange
les nèfles que lorsqu'elles sont blettes. » — Serait-ce une faute de dire :
On ne mange certains fruits, tels que les nèfles, les sorbes ou cormes
et quelques poires sauvages, que lorsqu'ils sont blets? Si cette
phrase est correcte , ne serait-il pas convenable de donner à cet ad-
jectif le genre masculin aussi bien que le genre féminin?
BLUET, s. m. BLUETTE, S. f. — L'analogie avec bleUj bleuâtre , bleuir,
semblerait demander bleuet j bleuette. Nos bons poètes disent génjéra-
lement bleuet. On lit dans les Contemplations de Victor Hugo ;
Les parfums, qu'on croit muets,
Content les peines secrètes
Des liserons aux bleuets. (T. I, p. 70. )
J'ai souvent
Des conversations avec les giroflées;
Je reçois des conseils du lierre et du bleuet. (T. I, p. 113.)
BŒUF... (p. 196, col. 3, lig. kt) Des œils-de-bœufS. — Lisez : Des
œilS'de-bœuf*
BOIRE, V. a... (p. 197, col. 2, lig. 59-60) « Faire les Rois, Faire le
festin du jour des Rois. » Ces deux lignes ne peuvent appartenir à
l'article Boire , et conséquemment elles devraient être supprimées.
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BOITE, S. f. (La première syllabe est brève.) Le degré auquel le
vin est bon à boire. boIte, s. f. (La première syllabe est longue.)
Sorte d'ustensile à couvercle, etc. — Cette attention scrupuleuse d'in-
diquer la prononciation indépendamment de l'accent , qui aurait pu
suffire, dénote chez l'auteur de ces deux articles une sévérité d'exac-
titude qu'on aimerait à rencontrer plus souvent dans le Dictionnaire
de l'Académie.
BON... (p. 201, col. 3) Un remède bon au mal de tête, contre le mal
de tête. Cela est bon à la fièvre, contre la fièvre, pour la fièvre. — Bon
POUR la fièvre est, croyons-nous, l'expression le plus généralement
employée ; bon contre la fièvre nous paraît la plus exacte ; quant à
bon A la fièvre, au mal de tête, etc., nous ne l'avons jamais entendu
prononcer.
L'article Bon tient trois pages in-Zi°, c'est-à-dire neuf colonnes de
7li lignes chacune, qui sont en grande partie occupées par des pro-
verbes dont la plupart se retrouvent dans d'autres articles. Quand ils
sont courts et que les définitions peuvent être brèves, il n'y a pas
grand mal à ces répétitions, telles que celles de, A bon vin point d'en-
seigne; Après bon vin, bon cheval; Faire contre fortune bon cœur, qui
se voient à Bon, Vin, Enseigne; Bon, Vin, Cheval; Fortune, Bon,
Coeur. Mais il est des locutions telles que bonne aventure, bonne for-
tune, de bonne heure, etc., qui avec leur sens figuré tiennent huit à
dix lignes, et il nous semble que c'est même beaucoup de les donner
deux fols. Peut-être serait-il bien de ne les faire figurer qu'une seule,
en ayant soin , comme l'Académie l'a fait pour les locutions A bon
escient. Faire bonne bouche, etc., de renvoyer de l'adjectif au sub-
stantif, où le lecteur ira les chercher de préférence.
Parmi ces proverbes, les uns sont présentés avec les mêmes défini-
tions à chacun des articles où ils se trouvent; d'autres le sont en
termes différents; il serait utile de comparer entre elles ces défini-
tions, afin de conserver les meilleures et même de compléter les unes
par les autres.
Ce que nous disons ici au sujet des nombreuses et longues défini-
tions des proverbes et de certaines locutions de l'article Bon, peut
s'appliquer à un assez grand nombre de mots; et l'on n'a qu'à voir
dans le Dictionnaire les articles Faire, Tirer, Cœur, Ventre,
Gros, etc., pour le nombre des proverbes; Entendre, Raillerie,
Raison, Plaisanterie, etc., pour la longueur. — U est des proverbes
tels que. Si jeunesse savait et vieillesse pouvait, qui s'y trouvent
quatre fois, avec des variantes dans les mots ou dans la ponctuation ;
il y en a même qui figurent jusqu'à six fois.
bonhomie. — Les mots bonhomie et prud'homie devraient s'écrire
avec deux m, comme bonhomme et prud'homme. Voy. Prud'homie.
bonnet... Les grenadiers à cheval ont de grands bonnets à poiL —
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-U6-
Chacun sait que depuis longues années les grenadiers à cheval ne sont
pas le seul corps qui ait des bonnets à poil, et que rinfanterie en
porte également. Pour comprendre cette phrase il faut recourir à
l'article Grenadier, où Ton trouve : « Grenadiers à cheval, s'est dit
autrefois d'Une compagnie de grenadiers montés, créée par Louis XIV,
qui servait avec la maison du roi , et qui marchait en tête. Il s'est dit
aussi d'^:^ corps de cavalerie de la garde impériale et de la garde
royale dont les soldats portaient des boiTnets à poil ».
BONN£T.*« En termes de Fortification, Bonnet-de-prétre on Bonnet-
àr-prêtre... — En Botan. Bonne t-à-prêtre. Voyez Fusain.
A l'article Prêtre on a écrit Bonnet à prêtre, ou Bonnet de prêtre,
sans tirets ; et de même à Fusain, Bonnet à prêtre; mais les noms de
plantes ou autres, lorsqu'ils sont composés de mots employés figuré-
ment, doivent prendre le ou les tirets; c'est ainsi que l'Académie
écrit : bouton-d'or, bouton- d'argent, ruban-d*eau, écuelle- d'eau,
langue-de-chien, œil-de-chèvre, etc.
BONNE - VOGUE. (On prouoncc bonne -voille, en mouillant les
deux L. ) •— Nous croyons qu'il aurait été plus exact et plus clair en
même temps de dire : « Prononcez bôné-vôlié n, ou « Prononcez bonne-
voile, en mouillant les deux L » ; sinon on fera sentir 1'*., et l'on ne
rendra pas du tout la prononciation demandée. Voy. Oille.
BORDIER, adj. et s. m. T. de Marine. Il se dit d'un bâtiment qui a
un côté plus fort que l'autre, qui incline plus d'un côté que de l'autre.
Un bâtiment bordier. Un bordier. — Pourquoi ne dirait-on pas. Une
frégate, une corvette, et même U7ie barque, une chaloupe bordière,
comme on dit une frégate, une corvette, une barque canarde , c'est-
à-dire « qui tangue beaucoup et qui reçoit des lames sur son avant » ?
Il nous semble que l'Académie est parfois trop exclusive , et qu'elle
ne donne que le genre masculin ou le genre féminin à des adjectifs
qui devraient avoir l'un et l'autre ; tels sont :
châtains (cheveux), qui doit pouvoir se dire de la barbe, d'une perruque.
^cowtcwa; (cheval) d'une jument.
gélif (arbre) x * de la pierre.
houiller (terrain, dépôt) d'une mine, d'une zone.
pair (nombre) des années, des folioles.
piaffeur {cheysA) d'une jument.
voilier (navire bon, mauvais) d'une frégate, etc.
blette (poire) d'un fruit.
clapoteuse (mer) d'un lac, de l'Océan.
tandis qu'elle a très-bien donné les deux genres à d'autres tels que
persillé, ée; per folié, ée; peccant, ante, etc., bien que généralement
ces adjectifs ne s'appliquent qu'à un seul substantif d'un genre déter-
miné : fromage persillé, plante per foliée, humeur peccante. L'antre
genre peut trouver tôt ou tard son emploi.
BOSPHORE... Le Bosphore de Thrace. !jê Bosphore Cimmérien. —
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Les mots Bosphore «t Chersonèse tte devraient-ite {nm Miivrs la Même
règle que Archipel^ Manche et Péninsule; c'est-à-dire prendre la
minuscule lorsqu'ils sont employés comme noms communs, et la ma-
juscule seulement lorsqu'ils font l'office des noms propres*? Nous
pensons qu'il faudrait écrire avec une minuscule, le Bosphore de
Thrace, le Bosphore Cimmérien; la cher^ohèse Cimbrique, Taurique,
de Thrace, d'Or, etc., comme l'Académie le fait pour ^archipel du
Mexique, des Philippines; la manche de Bristol, de Tartarie; la péMN-
suLE ibérique *; la Marée est une péninsule ; — et réserver la majus-
cule pour les rives enchantées du Bosphore ; la grande Ghersonèse ;
la petite Chersonèse, etc., phrases où Bosphore et Chersonêse sont
réellement des noms propres, de même qu'on écrit les îles de /"Archi-
pel, ce vaisseau est entré dans la Madtghe, voyager dans /a Péninsule.
BOSSELER... se dit quelquefois dans le sens de bossuer, et alors on
l'emploie surtout avec le pronom personnel. Cette écueile s'est bosse-
lée. — L'Académie aurait peut-être mieux fait de blâmer cette locu-
tion que de la consacrer. Puisqu'on a bossuer pour exprimer les creux
et les bosses qu'on fait par accident à la vaisselle , on devrait n'em-
ployer bosseler que pour signifier Travailler en bosse. Nous n'avons
jamais entendu employer ce mot dans l'autre sens par des personnes
qui parlent purement notre langue.
BOUCX.E... Des boucles de souliers,.. Des boucles de jarretière,..
Des boucles d'oreilles. — Comme on ne met qu'une boucle à une jar-
retière, plusieurs boucles supposent plusieurs jarretières; il faudrait
donc écrire jarretières au pluriel , ainsi que l'Académie l'a fait pour
souliers, oreilles. Voy. Amande.
BOULEVARD. (Quelques-uns écrivent encore Boulevart), — L'Aca-
démie avait toujours écrit ce mot avec un t, même dans le temps où
elle écrivait verd, par analogie avec l'étymologie et avec ses dérivés
verdâtre, verdoyer, verdure, etc. Dans la sixième édition elle y sub-
stitue un d que rien ne réclamait; cependant à l'article Tréteau on
trouve encore le f : « Cette pièce est ignoble, et digne des derniers
tréteaux; de nos Boulevarts ».
BOULON, s. m... Grosse cheville de fer qui a une tête à un bout,
et à l'autre une ouverture où l'on passe une clavette, pour l'arrêter.
— Aujourd'hui , dans la majeure partie des boulons le bout opposé à
la tête se termine par un pas de vis^qui reçoit un écrou; nous pro-
1. on peut dire que les mots bosphore et manche, chersonèse et péninsule sont synonymes,
puisque les deux premiers signifient Détroit , bras de mer, canal ; et les deux, derniers , Pres-
qu'île, Ue qui tient à la terre ferme. Il n'y a donc pas de raison pour écrire Bosphore et Cher-
sonèse avec une majuscule, manche et péninsule avec une minuscule, lorsque ces mots sont
employés de la même manière, c'est-à-dire comme noms communs. Si jusqu'à présent l'on a
toujours écrit Bospliore et Chersonèse avec des capitales, c'est seulement parce qu'ils sont
moins usités que leurs synonymes , et qu'on n'a pas encor* songé à leur appliquer la règle.
Voy. Rbcbz.
2. C'est sans doute par erreur qu'on a mis un petit i à l'adjectif ibérique, puisque dans les
•xéittpïes ci-dessus l'.\cadéraie écrit avec une majuscule Cimmérien, Cimbrique, Taurique,etc.
7
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~ 5fl —
posons donc d'ajouter après clavette : « ou un pas de vis auquel on
adapte un écrou ».
BOULONNER, V. n. Arrêter avec un boulon. — Lisez : v. a.
BOCFRSE. — Ce mot doit s'écrire avec une minuscule quand il signi-
fie La réunion des négociants, etc., et le temps pendant lequel dure
leur assemblée : La bourse de Paris, de Lyon, etc. Fréquenter la
bourse; affaires de bourse; bruits, nouvelles de bourse; à l* heure de
la bourse; à l'ouverture, à la clôture de la bourse ; pendant la bourse;
le cours de la bourse. Mais lorsqu'il s'agit de l'édifice môme, nous y met-
trions une majuscule, comme l'Académie l'a fait à l'article Monument :
La Bourse de Paris est un beau monument.
Nous pensons donc qu'on a eu tort de l'écrire avec un petit b^
(à Périptère) La boirse de Paris est un périptère.
(à Péribole) Le péribole de la bourse de Paris est planté d'arbres.
(à Lanterne) La lanterne de la salle de la bourse.
(à Bourse ) Aller à la bocrse.
A la rigueur on pourrait nous objecter que dans ces deux derniers
exemples il s'agit de la salle de réunion ou de la réunion même des
négociants, etc. ; mais on peut très-bien aussi l'entendre comme signi-
fiant la principale pièce de l'édifice ou l'édifice même, et alors la ma-
juscule devient nécessaire; c'est ainsi que l'Académie écrit,
(à Salle) La salle de la Comédie. La salle de /'Opéra.
(à Opéra) Aller à TOpéra. Aller à rOpÉRA-CoMiQUE.
(à Trajet) Faire le trajet de la porte Saint-Martin à TObservatoire.
BOURSOUFLAGË, BOURSOUFLER, BOURSOUFLURE.— Ccs troiS mOtS^
composés de souffler, devraient prendre deux f comme essouffler; et
c'est ainsi {boursouffler) que l'Académie écrivait dans les deux pre-
mières éditions.
BOUT... Prov. et fig., Être au bout de son rôlet. Ne savoir plus que
dire ni que faire, ne savoir plus que devenir. On dit à peu près dans le
même sens. Être au bout de son rouleau. — Rouleau pour rôlet ne
serait-il point un de ces mots mal entendus et mal répétés ou déna-
turés, comme huile d'aspic pour huile de spic ?
BOUT... Avoir vent de bout. On écrit aussi debout, en un seul mot.
— Nous préférons de bout en deux mots. Voy. Debout.
BRAS... se dit en outre de certains chandeliers qu'on attache au
mur, à la boiserie d'une chambre ou d'une salle, parce que jadis on
leur donnait ordinairement la figure d'un bras... Des bras d'argent,
de vermeil doré. — On trouve de même à Coupe, à Couvert, à Flam-
beau, etc., une coupe, un couvert, un flambeau de vermeil doré. La
locution vermeil doré présente un pléonasme , ou plutôt une erreur,
car ce n'est pas le vermeil qui est doré, c'est l'argent doré qui fait le
vermeil. Au reste, aux articles Cuiller, Sacrement, Service, Ver-
meil, etc., l'Académie dit simplement « Une cuiller de vermeil, un
saint sacrement de ver?neil, un service de vermeil, un vase de vermsiL »
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— 51 —
BRASsnkRES, s. f. pi. — Ce mot ne devrait-il pas s'employer au
singulier, comme caleçon, culotte, pantalon, etc. ? A l'article Fotaine
nous trouvons « Brassière de futaine ».
BRIEF, BREF. — Ces deux adjectifs signifient également Court,
prompt, de peu de durée. Brief n'est guère usité qu'au barreau , mais
c'est de là que se forment les dérivés brièvement, brièveté. La Fon-
taine disait breveté, et Ton s'étonne que breveté, brèvement, n'aient
pas prévalu comme le radical bref,
BRUT, UTE. — L'Académie ne nous donne aucun exemple analogue
aux phrases suivantes, qui sont d'un usage journalier : Quel homme brut
ou brute! Que cet homme est brute ou brut! Si nos souvenirs sont
fidèles, Buffon, dans des expressions à peu près semblables, a écrit
brute, faisant de ce mot un substantif féminin ; mais ceux de nos amis
que nous avons consultés pensent qu'il est plus rationnel d'employer
brut adjectivement, en lui conservant, au figuré, le sens propre de,
Qui est dans l'état grossier où la nature l'a produit : Qu'il est brut !
Nous attendons la décision de l'Académie.
BUBONOCÈLE, S. m. — En général les substantifs' terminés par cèle
tiennent cette finale d'un mot grec qui est féminin ; il semblerait donc
naturel que tous ceux qui ont cette origine fussent de ce genre. Mais
il n'en est pas ainsi ; si hématocèle, hydrocèle, hystérocèle, scrotocèle,
stëatocèle, varicocèle, suivent la règle et sont du genre féminin, bubo»
nocèle et sarcocèle sont du masculin. Cependant il n'y a que sphacèle
<en grec sphakélos) qui n'ait pas kèlè pour étymologie, et qui consé-
quemment doive prendre le genre masculin.
BUTINER, V. n... On l'emploie aussi comme actif. Les fleurs que
l'abeille butine, — A la fin de cet article ajouter : Butiné , ée , par-
ticipe.
BUVEUR, s. m... Buveur d'eau, se dit d'une personne qui ne boit
que de l'eau , ou du vin fort trempé. Dans cette acception , il a un
féminin, Buveu>se.— Ce n'est pas seulement dans cette acception qu'on
emploie le mot buveuse; on le dit encore en parlant des femmes « qui
aiment le vin, qui sont sujettes au vin , et qui boivent beaucoup » ;
c'est dans ce sens qu'il a été employé par La Fontaine dans le Testa-
ment expliqué par Ésope (livre 11,^ fable 20) :
Un certain homme avait trois filles.
Toutes trois de contraire humeur :
Une buveme; une coquette;
La troisième , avare parfaite.
L'Académie a admis biberonne, qui se trouve dans la même fable,
mais qui est moins usité. — On pourrait ajouter que La Fontaine a
employé buveur adjectivement :
A la coquette, (il donna) l'attirail
Qui suit les personnes buveuses;
La biberonne eut le bétail...
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— 5t —
ÇÀ... Çàj oh çàj dite^-moi ce que vous pensez. Or çà commençons. —
On n'écrit ni pe dit plus guère , oh çàj or çà ; mais en revanche on dit
fréquemment, et nous avons lu dans les romans, dans les comédies,
ah çà, qui devrait se trouver dans le Dictionnaire de TAcadémie.
CABAS, s. m. Espèce de panier de jonc, qui sert ordinairement à
mettre des figues. Cabas de figues, — Il aurait été utile de dire « à
Inettre des figues, cfti raisin. Cabas de raisin. Cabas de figues »; car
on dit tous les jours du raisin de cabas, et cette locution se trouve à
l'article Raisin. Or ceux qui ignorent que le raisin de cabas est ainsi
appelé par opposition au raisin de caisse ( c'est-à-dire qui est expé-
dié dans des caisses, et qui est plus beau, plus soigné) peuvent croire
que cabas est un nom de pays, et qu'on dit du raisin de cabas comme
on dit du raisin de Damas, de Corinlhe, de Malaga, etc.
CÂBLE. — L'Académie met à ce mot un circonflexe qu'elle n'y
mettait pas autrefois ; elle le conserve même dans câblée câbleau ou
câblot,etc., mais elle le supprime dans encablure. Nous ne le croyons
pas plus nécessaire dans ces mots que dans sable, sabler, sableux,
sablon, etc.
CABUS. Pommé. Il ne se dit qu'avec le rtiot chou. Des choux cabus.
— Pourquoi cabus ne s'emploierait-il qu'avec chout N'y a-t-il pas
de la laitue pommée, que dans quelques provinces on appelle cabuce?
CACAOYER ou CACAOTIER. CACAOT^iRE. — Nous croyons que dans
Cacaoyer et Cacaoyère, Vo doit être prononcé pur comme dans
cacaotier, et Vy détaché de la voyelle qui le précède comme dans
' ' 'e, bayart, copayer. S'il en est bien ainsi, il faudrait substituer
y. Mais comme les variantes cacaoïer, cacaoïère, présentent
voyelles successives, dont l'efifet est assez désagréable à
, nous pensons qu'il serait mieux de dire cacaotier, cacao-
Privation qui a plusieurs analogues : de coco, domino, indigo,
y etc., on fait cocotier, dominotier, indigotier, numéroter.
rois, s. m. (Quelques-uns disent Catacois,) T. de Marine.
3 plus petits mâts qu'on grée, sur les grands bâtiments, au-
les mâts de perroquet. Mât de cacatois. Voy. Kakatoès. — Il
mble qu'il aurait été mieux de présenter catacois comme une
i vicieuse, que de l'autoriser par l'exemple de quelques-uns.
ET, s. m... Lettre de cachet se disait autrefois d'une lettre du
itre-signée par un secrétaire d'État, fermée du cachet de Sa
... — Plus bas nous lisons : « Cacheter, v. a... Fermer avec un
>. A l'article Fermer nous ne trouvons ni fermer nl'un cachet,
er AVEC U7i cachet, et c'est une lacune à combler.
OTTERIE. — Il serait à désirer que ce mot ne prît qu'un t,
chuchoter, chuchotement, chuchoterie.
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— M —
CAiHTC... Le mal cadue, L*épilepsie ou le haut mal. Cet homme a té
mai caduc. Il tombe du mal caduc, ^- Dans cette locution , caduc n'a
point la môme acception que dans âge caduc, santé caduque; maison
caduque; corolle, feuille caduque; il forme en quelque sorte un seul
mot avec mal, pour signifier Épîlepsie , et nous croyons que le tiret
serait nécessaire, comme aussi à haut mal qui a la même signification.
CAHUTE. — Hutte et cahute ne devraient-ils pas avoir une même
orthographe , prendre tous les deux un seul t qja deux t f Dans les
premières éditions TAcadémie écrivait cahuette, et y mettait consé-
quemment deux t, comme à hutte.
CAJOLER. — Nous avons deux mots où ge s*est transformé en j :
cajoler et enjôler, formés de cage et de geôle. Ces mots ont pour dé-
rivés cajolerie, cajoleur, et enjôleur.
CALICE, s. m. T. de Botan. — Les botanistes écrivent généralement
calyce, conformément à Tétymologie grecque, calu^x; mais FAcadé-
mie a mieux fait de supprimer une difficulté en écrivant de la même
manière le calice des fleurs et le calice qui sert pour la consécration
du vin à la messe (en grec culix) , que d'en créer une en écrivant
zéphyr et Zéphire, mots qui ont une étymologie commune, zéphuros.
CAMPHRÉ, ÉE, adj. Qui contient du camphre. Potion camphrée.
Esprit-de-vin camphré. Eaw-de-vie camphrée. — ^\ la potion, Tesprit-
de-vin, Teau-de-vie, mentionnés dans ces exemples, sont camphrés,
c'est évidemment parce qu'on y a mis du camphre. Il faut donc ad-
mettre le verbe qui exprime l'opération de camphrer; camphré, ée, en
serait le participe. Vous aurez soin de camphre r cet esprit-de-vin et
cette eau/-de-vie. Le pharmacien n'a pas camphré ma potion. Au reste,
ce verbe se trouve aujourd'hui dans la plupart des dictionnaires.
CANEPIN, CANÉPHORE. — Transposez : Ganéphore, Canepïn.
CANNELLiER. — L'analogie avec cannelas^ canmlar, cannelure ,
semble demander la suppression d'une l dans ce mot : camwlier^
CANNELLiER, s. m. T. de Botan, L'espèce de laurier dont on tire la
cannelle. Plusieurs savants ont cru que le cannellier était le ciimor-
m^me des anciens.— ^o\\k une forme bien dubitative sur l'identité du
oannellier et du cinnamome» ou plutôt qui donne à. penser que l'opi-
aion de ces savants était une erreur. K l'article Gïnnamome, cette opi-
nion est devenue commuue ou générale :
On CROIT COMMUNÉMENT «w la CQnndU ¥8T le çinnamom^ 4ss anetfr»^.
CARACTÈRE... Danse de caractère. Danse qui consiste principale-
ment en attitudes expressives et nobles. — . Il aurait été bien de men-
tionner aussi la Comédie de caractère ; pour la définition l'on aurait
renvoyé à l'article Comédie , où nous lisons : « Comédie de caractère.
Celle qui a principalemeut pour objet la peinture et le développement
d'un caractère. Le; Tarkufe est une comédie de cataçtére. «
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-^54 -
' GABAcréRiSTiQUE... 86 dit aussi dô la lettre qui se conserve dans
les dérivés d'un mot, comme le P dans les dérivés de Corpi et de
Temps : Corporel, temporel, temporiser. — U est certain que le p se
conserve dans plusieurs dérivés de corps, mais il en est quelques-uns
qui le perdent, tels que corsage, corset, corselet, rencorser, etc.
CARIATIDE. — L'étymologie demandait caryatide. L'Académie , qui
dans sa dernière édition semble s'être proposé de rappeler Tétymo-
logie dans les mots qui ne sont pas trop usuels, aurait dû le faire
également pour celui^i.
CAS, s. m... En cas s'emploie aussi quelquefois substantivement, et
signifie, Supplément, chose préparée pour servir en cas de besoin : il
ne se dit guère que dans les maisons des princes, ou familièrement.
C'est un en cas. Le prince s* étant levé avec appétit, se fit servir son en
cas de nuit. — Nous ne demanderons pas que les deux mots en cas
soient immédiatement réunis comme dans enjeu, enfin, ensuite, etc. ;
mais il faudrait du moins les joindre par un tiret conune on l'a fait
pour sans-fleur, sans-peau, sans-souci, etc.
CAUSER, V. n. S'entretenir familièrement avec quelqu'un... Causé,
ÉE , part. — Supprimez ce participe, qui ne peut convenir qu'à Cau-
ser, V. a. Être cause de, occasionner.
CAUTÈRE... Appliquer un cautère.— h l'article Occiput nous lisons :
« On lui a fait un cautère au-dessous de l'occiput ». Si faire un cau-
tère est une expression reçue, elle devrait se trouver ici. Nous l'avons
déjà dit, et nous aurons soervent l'occasion de le répéter, chaque
article devrait réunir, autant que possible , toutes les locutions aux-
quelles le mot en question peut donner lieu, avec un renvoi aux
articles où la définition en a été donnée.
CE... est quelquefois pronom démonstratif invariable, et signifie la
chose même ou la personne dont on parle... Ça été la cause de bien
des malheurs. — Quelques grammairiens disent que l'apostrophe qu'on
met après le c dispense de la cédille ; ils écrivent donc : c'a été la
cause de bien des malheurs; je ne pense pas qu£ fait été lui qui...; on
dit que c' mit été des fêtes splendides. Malgré ce qu'il peut y avoir de
choquant pour l'œil à voir le c sans cédille devant un a ou un o lors-
qu'il doit prendre le son de Vs forte, nous pensons que ces gram-
mairiens ont raison ; mais ils auraient dû s'expliquer, et ajouter que si
le c suivi d'une apostrophe n'a pas besoin de la cédille , c'est parce
que cette apostrophe détache du verbe la consonne , qui conserve le
son qu'elle avait dans le pronom ce; c'est comme si l'on écrivait :
ce a été, ce ait été, ce ont été.
CEINTURE. —Aux articles Gros, Plein, on lit. Être grosse à pleine
ceinture. Une femme grosse à pleine ceinture, mais sans aucune défi-
nition. La dernière de ces phrases devrait se trouver ici avec l'expli-
cation nécessaire : « dans un état de grossesse très-avancé ».
CELA.— Au mot Accent, TAcadémie dit : « On le met aussi (l'accent
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•^ 65 —
grave) sur à, préposition, pour le distinguer de a, troisième personne
du singulier du présent de l'indicatif du verbe avoir; on le met éga-
lement sur làj adverbe, pour le distinguer de la, article, et sur où,
adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction. » — On écrit donc la
préposition voilà avec un accent grave, soit pour la distinguer de
voila, verbe, soit parce qu'elle est composée du verbe voir et de l'ad-
verbe là (vois /à)* Ne serait-il pas convenable d'écrire aussi le pro-
nom cela avec un accent grave, pour les mêmes raisons : d'abord
pour le distinguer de cela, verbe, et ensuite parce, qu'il est également
composé de l'adverbe là {ce ou cette chose, là) ?
CÉLADON, s. m. Vert pâle tirant sur la couleur du saule ou de la feuille
de pêcher. Taffetas céladon. Ruban céladon. On dit aussi , adjective-
ment, ver/ céladon.— Céladon est employé adjectivement dans taffetas
céladoUj ruban céladon, aussi bien que dans vert céladon, où vert est
mis pour D'un vert : taffetas vert céladon. Pour donner un exemple
où céladon fût substantif, il aurait fallu dire, par exemple, Le cela-
don est un vert pâle...; céladon clair, céladon foncé.
CENELLE. — A la lettre S on lit : « Senelle, s. f. Voy. Cenelle. i>
Ici ce dernier mot manque ; il faudrait donc y mettre ; Cenelle , s. f.
Petit fruit rouge du houx.
CENTIÈME. — L'Académie écrit avec un tiret un deux-centième, tm
trois-centième, et cependant elle n'en met pas à la deicx centième
partie, la trois centième partie. Nous croyons qu'il en faut un dans
toutes ces phrases et autres analogues , la cinq-millième partie, la
huit-millionième partie. Il serait utile de donner des exemples de ces
fractions aux articles Millième et Millionième, car ceux qui auront
besoin d'en connaître l'orthographe ne penseront guère à consulter
l'article Centième.
CENTUPLE. Qui vaut cent fois autant, centupler. Rendre cent fois
plus grand. — Nous pensons que la définition de centuple est exacte,
et qu'il y a erreur dans celle de centupler, où il aurait fallu dire :
rendre cent fois aussi grand.
CERCUEIL, s. m.— Ajoutez « On prononce cerkeuil. » Voy. Accueil.
CERTAIN, AINE, adj... Il y a certaines choses, de certaines choses
pour lesquelles on éprouve de la répugnance. — Nous ne voyons pas
l'utilité de la préposition ou plutôt du partitif de dans cette phrase,
car il y a certaines choses se dit pour II y a des choses ; et de semble
former un pléonasme ou un^ redondance. Puisque l'Académie ne le
met pas dans les locutions à certaines époques, dans certains cas, qui
nous paraissent être dans les mêmes conditions, il serait peut-être
mieux de n'en pas faire usage. On retrouve ce de,
(à Aspirer) Il y a de certains mots dans la langm...
(à Indult) Privilège accordé... de pouvoir nommer à de certains bénéfices.
(à Mauvais) Le fruit est mauvais pour de certains estomacs.
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-^66 —^
(à SeppdT) Caïuï qui est membre d'un corps, «t qui remplit »i rfirtainm
fonctions pour le service de ce corps.
tandis qu'à Tarticle Affecter rAcadémie le supprime ; elle dit :
Affecter certains mots^ certaines façons de parler, certains airs, certains
gestes, et non, affecter db certains mots,..
Voltaire aussi a dit, il est vrai : « Les filles ont toujours de cer-
taines petites incommodités qui demandent de certains petits soins, et
auxquelles il faut mettre un certain ordre, dans de certaines circan^
stances » ; mais nous soupçonnons fort Voltaire d'avoir mis ces trois
de explétifs pour ajouter à la forme plaisante de sa phrase, et peut-
être même pour faire bien sentir le ridicule de cette redondance.
GERVIER, adj. f. — Lisez : adj. m.
CESSER, V. n. Discontinuer. Cesser de- vivre. Cesser de parler.
Cesser dfagir. Depuis ce matin, il n'a pas cessé de travailler. . . Il est
quelquefois actif. Cessez vos plaintes. Cessez vos cris.., — L^Acadé-
mie ne regarde pas le verbe discontinuer comme neutre dans ces
exemples : Discontinuer db faire une chose, de parler, de travailler.
Voy. Différer.
CHAIRE... se dit figurément... du siège apostolique. La chaire apo-
stolique. La chaire d'unité. Le pape est assis dans la chaire de Saint-
Pierre *. — Il ne s'agit pas ici de la chaire d'une église ou d'une basi-
lique, pas plus de celle de Saint-Pierre que de celle de Saint-Jean de
LatraYi ou de toiite autre chaire proprement dite, mais de la chaire
apostolique de l'apôtre saint Pierre; il faut donc écrire saint Pierre
(petite s et pas de tiret).
CHAMEAU... Chameau mâle. Chameau femelle, — On a déjà donné
des féminins à des noms d'animaux qui n'en avaient pas autrefois ; on
dit un barbet, une barbette; un serin, une serine, au lieu de un barbet
mâle, femelle; un serin mâle, femelle; et de même un linot, une
linotte, au lieu de une linotte mâle, femelle; enfin encore, toujours
pour abréger, au lieu de un coq d'Inde, une poule d'Inde, on dit un
dindon, une dinde. Puisqjie de bons auteurs, et entre autres Chateau-
briand et M. de Lamartine, ont employé le féminin chamelle, qui est
tout aussi régulier que les mots damoiselle, jouvencelle, pastourelle,
jumelle, nouvelle, etc., nous ne doutons pas que dans la prochaine
édition l'Académie ne mette Chameau, melle, subst.
CHAMP... Champs Élysces, Élysiehs ou Élyséens, Lieux où, selon
les anciens païens, étaient reçues, après la mort, les âmes des hommes
justes. — A la lettre E nous ne trouvons que les champs Élysées et
les champs Ély siens; l'expression élyséen est réservée pour « Ce qui
1. Cette même faute de Saint-Pierre pour saint Pierre se retrouve aux articles Clkf,
Denier , Patrimoine, etc. ; nuUs c'est à l'article Clkp qu'elle est lé plus choquante. Ce sont
évidemment des fautes typogr^hiques, et l'on aurait tort de 1^ mettre sur le compte de
l'Académie.
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- 57 -
appartient à TÉlysée, aux champs Élysiens : Repos élyséen. Ombres
élyséermes ». Laquelle de ces deux versions est la bonne?
CHANDELLE... Chandelle des quatre, des huit, des douze à la livre,
— Nous préférions de beaucoup la locution qu'on trouve à Tarticle
Livre : Des chandelles, des bougies de quatre, de cinq, de six à la
livre, car ici il n'y a qu'un mot de sous-entendu : des chandelles de
quatre chandelles à la livre; si l'on emploie des, il faut en sous-en-
tendre plusieurs : des chandelles des {de celles où il y en a) quatre
à la livre.
CHAPELET. — Il manque dans cet article Chapelet d'oignons, qu'on
trouve à Oignon, mais dont la définitioi> laisse à désirer.
CHAPON , s. m... Prov. et ^^,^ Ce sont deux chapons de rente, se
dit de deux personnes dont l'une est grasse et l'autre maigre. — Lors-
qu'on voit un proverbe on désire connaître non-seulement le sens qui
y est attaché, mais encore sa valeur propre, c'est-à-dire ce qui a pu
donner lieu à ce proverbe ; or on ne comprend pas pourquoi de deux
chapons de rente l'un est gras et l'autre maigre ^ Nous espérions trou-
ver une explication plus satisfaisante à l'article Rente , mais loin de
là ; nous n'y lisons que ces mots : Chapon de rente,
CHAHGE, s. f. — L'Académie définit Bénéfice à charge d'âmes * par
ces simples mots « Celui qui oblige à être prêtre », et oublie de nous
apprendre ce que c'est que d'avoir charge d'âmes. A la vérité elle dit,
à l'article Prêtre, qu'on appelle ainsi « celui qui a l'ordre du sacer-
doce, en vertu duquel il a le pouvoir de dire la messe, et de donner
l'absolution des péchés » ; mais cela ne constitue pas ce qu'on appelle
proprement avoir charge d'âmes. Il nous semble que la charge d'âmes,
c'est-à-dire la direction spirituelle d'une paroisse, est la fonction du
curé et non celle du simple prêtre.
CHARIOT. — Tous les dérivés de char : charrette, charretier, char-
rier, charroi, charron, charrue, et les dérivés, prennent deux r; cha-
riot est le seul qui n'^en ait qu'une.
CHARJIHHE. Lieu planté de charmes. — Les noms des lieux plantés
de certains arbres se terminent généralement par aie : aunaie, bou-
laie, cannaie, châtaigneraie, chênaie, coudraie, houssaie, oseraie,
pommeraie, roseraie, saussaie, tremblaie, etc. — On dit ormaiê ou
armoie. Charmoie fait encore exception à la règle.
CHÂSSE. — C'est une règle en français de ne jamais affecter d'un
accent une voyelle suivie d'une consonne redoublée ; cependant il y a
deux exceptions, châsse, masse, et leurs dérivés. Voy. Affre.
1. Ce proverbe signifierait-il que celui qui est appelé à donner deux chapons de rente, ne
▼oalant pas les donner tous deux gras et n'osant pas les donner maigres, prend une moyenne
et donne l'un gras et l'autre maigre?
2. A l'article âmb on lit : « Bénéfice à charge d*âmes, avec charge d*âmes » / et à BÉNériCE :
« Bénéfice ayant charge d'âme», avec charge d'âmes, à charge d'âmes ». C'est très-bien d'avoir
mis ces trois variantes à BiNÉFics ; mais , suivant nous , elles devaient à plus forte raison se
trouTer à rarticle Charob.
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€h1tain, adj. m... Il n'est guère usité que dans ces locutions. Poil
châtain j cheveux châtains. — Puisqu'il y a. des cheveux châtains, on
fait probablement des perruques de cette couleur; et d'ailleurs n'y
a-t-il pas des barbes couleur de châtaigne comme il y en a de blan-
ches, de noires, de blondes, etc. ? Quelle dénomination dônnera-t-on
à ces barbes et à ces perruques ?
CHATOYER. — Le mot chatoiement nous semble au moins aussi
usité que chatoyer, et nous pensons qu'il mérite d'avoir une place
dans le Dictionnaire de TAcadémie.
CHATIER. Une chatte qui est prête à chatter, — Voy. Agneler.
CHAUD... s'emploie aussi «comme substantif, dans le sens de Cha-
leur. // fait grand chaud. Avoir chaud. Souffrir le chaud et le froid.
Mourir, étouffer de chaud. Crever de chaud.., — Aux articles Mourir,
ÉTOUFFER, Crever, on retrouve ces mêmes locutions. Mourir de
CHAUD, étouffer de chaud, crever de chaud. On lit encore,
(à Altérer) Le grand chaud altère les liqueurs.
(à Modérer) Le temps s'est modéré, le froid, le chaud commence à se mo-
dérer,
(à Terre) La terre est toute crevassée du chaud quHl fait.
Puisque chaud est l'opposé de froid, nous comprenons très-bien
qu'on dise, Avoir froid, avoir chaud; souffrir le chaud et le froid;
mais dans la plupart des autres locutions nous aimerions mieux cha-
leur : J'étouffe de -chaleur; la chaleur commence à se modérer; la
terre est toute crevassée par la chaleur ; d'autant plus que nous lisons
dans le Dictionnaire de l'Académie : Chaleur se dit souvent, dans un
sens particulier, d'une température produite par l'action du soleil.
La chaleur est dévorante, étouffante. Être incommodé par la cha-
leur. Nous partirons ce soir, après la chaleur; et
(à Altérer) La chaleur et la poussière m'ont fort altéré.
(à Durcir) La grande chaleur durcit la terre.
CHAUSSER. CHAUSSURE. — Peut-on dire être chaussé en souliers,
en escarpins, en bottes, ou de souliers, etc, ; avoir pour chaussure des
souliers, des escarpins, des bottes? Aucune de ces locutions ne se
trouve dans le Dictionnaire de l'Académie.
CHAUSSE-TRAPE. — Voy. ATTRAPE.
CHERSONÈSE... La Chcrsonèse Taurique. La Chersonèse Cimbrique.
La Chersonèse d'Or, etc, — Voy. Bosphore.
CHICORACÉES) S. f. pi... Les laitues appartiennent à la famille des
chicoracées. Il peut aussi s'employer au singulier. Le pissenlit est une
chicoracée. On dit quelquefois adjectivement, Les plantes chicoracées.
Nous pensons que ce mot a été employé adjectivement avant de
l'être comme substantif, et qu'il aurait été mieux de suivre ici Tordre
chronologique comme l'Académie Ta fait pour d'autres mots tels que
labié, papilionacé ou papillonacé, cétacé, crustacé, testa^cé, etc.
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— 59 —
qu'elle a mis dUibord comme adjectifs. Elle aurait ajouté : « Il s'em-
ploie plus souvent comme substantif, au féminin. Le pissenlit est une
chicoracée. Les laituss appartiennent à la famille des chicoracées, »
L'Académie n'a pas observé de principe fixe dans l'exposition de ses
articles relatifs aux noms des familles de plantes ; elle a même quatre
manières de procéder.
La première, qui nous semble la plus convenable, consiste à donner
d'abord l'adjectif au masculin et au féminin (Voy. Graminée), puis à
dire qu'il s'emploie aussi comme substantif. C'est ce qu'elle a fait pour
Labié, ée ; Légdmineux, euse ; Papilionacé, ée, ou Papillonacé, ée, etc.
Plante labiée. Fleur labiée. La famille des labiées. — Plante légumi-
neuse. La famille des légumineuses comprend un grand nombre de
genres. — Presque toutes les fleurs des légumineuses sont papiliona-
cées. Le haricot^ le trèfle, sont des papilionacées.
Dans la seconde, l'adjectif n'est présenté qu'avec le genre féminin :
Caryophyllée, adj. f.; Cucdrbitacée, adj. f.; LiliaGée, adj. f.; Mal-
VACÉE, adj. f. Fleur caryophyllée. Plante liliacée. Plantes malvacées.
— Puis vient l'emploi comme substantif : La famille des caryophyl-
lées ^j des cucurbitacées, des liliacées. Les malvacées.
Dans la troisième, comme à Fromentacée, adj. f., elle ne parle pas du
substantiï ; cependant on doit pouvoir dire. Les orges, les chiendents,
sont des fromentacées, comme on dit, sont des plantes fromentacées.
Enfin dans la quatrième manière elle présente d'abord le substantif
au pluriel : Chicoracées, s. f. pi.; Rosacées, s. f. pi., etc. Les laitues
appartiennent à la famille des chicoracées. Le pommier, le poirier, la
ronce, le fraisier, sont des rosacées. Puis elle ajoute : « On dit quel-
quefois adjectivement. Les plantes chicoracées »; « On dit adjective-
ment, dans un sens analogue, Uîie fleur rosacée ». Quelquefois cepen-
dant, comme à Amentacées, Rubiagées, Solanées, Urtigées, s. f. pi.,
elle ne parle pas de l'adjectif.
CHRÊME. (Dans ce mot et dans les suivants, jusqu'au mot chuchoter,
on ne prononce point l'H.) — Lisez : Jusqu'au mot chuchotement; ou
mieux , jusqu'au mot chrysoprase inclusivement.
Puisque chrémeau prend un accent aigu, ne devrait-on pas écrire
chrême, avec un accent grave?
CHRIST... Le Christ. La venue du Christ, La religion du Christ. On
le fait plus ordinairement précéder du nom de Jésus, et alors il ne
prend point l'article. Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons été
rachetés par le sang de Jésus-Christ. Souvent on écrit par abrévia-
tion , J. C. Cinquante ans avant J. C.
1. A l'arlicle Saponaire, l'Académie dit « Plante de la famille des OEillets ». Elle aurait
dû peut-être dire « Plante de la famille des Caryophyllées » ; mais œillet est plus simple et
sera mieux compris de la plupart des lecteurs. Si à l'article Roucouyer elle avait mis que
cet arbre est de la famille des tilleuls, au lieu de dire « de la famille des tiliacées » , elle
ne se serait pas exposée à voir les typographes convertir tiliacées en liliacées, et faire ainsi
du roucouyer un arbre de la famille des lis. Voy. Roucoutbr.
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Ces lignes nous fournissent le sujet de deux observations. D'abord
on se demande pourquoi l'Académie, qui écrit Jésus-Christ avec un
tiret, n'en met pas lorsque ce nom est abrégé (7. C). On pourrait
croire que c'est une distraction typographique, si l'on ne retrouvait
ce même principe dans plusieurs articles du Dictionnaire; ainsi à
DÉCOLLATION, NATIVITÉ, PRÉCURSEUR, PRÉPARER, CtC, OU trOUVC Satnt
Jean-Baptiste ; à Maillot on lit Jean-Jacques (sous-entendu Rousseau) ,
tandis qu'à Confession, Correspondance, Écrit, Esprit, Lange, etc.,
on voit J. J. Rousseau sans tiret entre les prénoms, et de même à Can-
tate et Allégorie pour J. B. Rousseau, On répondra sans doute qu'il
n'y a pas de confusion à craindre entre les noms et les prénoms dès
que ceux-ci sont en abrégé ; cependant le tiret est d'usage en typo-
graphie, excepté dans les catalogues, où on le supprime généralement,
dans la crainte de n'en pas avoir suffisamment*; mais on ne met ja-
mais J, C. sans tiret, même dans les notes marginales.
Nous demanderons ensuite pourquoi, au contraire, elle en met un à
Notre-Seigneur^f Cette orthographe nous semble n'être fondée sur
aucun principe ; en typographie nous ne nous souvenons pas de l'avoir
jamais vu.
CHRiSTE-MARiNE. — (lig. 3-Zi) le Posse-pierve ou Bacile. —Nous
croyons qu'il faut la passe-pierre, puisqu'à la lettre P l'Académie a
donné le genre féminin à cette plante ainsi qu'à passe-fleur et à
passe-rose,
CHROME. — L'étymologie demande chrome, et c'est ainsi qu'on
écrit généralement.
CHRYSOLITHE, S. f. — Le mot grec chrusôlilhos est masculin;
chrysolUhe devrait avoir le même genre , comme Font déjà aërolithe,
ichlhyolilhe, monolithe, oolilhe, ostéolithe, phyllithe, phythoUthe,
zéolilhe, zoolithe, — L'Académie donne le genre féminin à hippolithe
et à hystérolithe comme à chrysolithe,
CHUT. (LeT se prononce.) Mot dont on se sert pour avertir ou
ordonner de faire silence. — Il aurait été convenable de donner au
moins un exemple pour faire connaître si ce mot doit être suivi d'un
point d'exclamation. Nous le croyons utile, et nous le mettrions dans
ces phrases : Chut! on nous écoute. Chut I quelqu'un vient. Je vous ai
dit cela entre nous; mais, ghùtI n'allez pas le répéter. Il est vrai que
l'Académie n'en met ni à chut, ni à paix, ni à silence, dans les
exemples suivants :
1. Dans quelques ouvrages tels que VAnntiaire militaire, où l'on met en toutes lettres lei
prénom usuel des officiers et en abrégé ceux de leurs prénoms qui ne figurent que dans
l'extrait baptistaire, et où l'on a voulu suivre le principe admis par l'Académie, cela fait une
bigarrure dont on a peine à se rendre compte , à moins qu'on ne sache par cœur son Diction-
naire de l'Académie.
2. Excepté toutefois à Racheter , où le tiret a été omis : « Racheter se dit aussi en parlant
de Notre ^et^rwwr Jésus-Christ ». Quant à l'exemple du mot Rédemptsur, « Notre Seignettr
ft rédempteur » , le tiret y serait une faute.
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— 61 —
(à Paix) Pasa>44, messieurs. Eh\ paix donc. Chut, paix,
(à Silence) SUence, messietirs.
Nous ne voyons pas l'utilité du tiret dans paix-là. — - Voy. LÀ.
CIBLE. — L'Académie, qui semble en général tenir aux étymologies,
ferait peut-être bien de supprimer 1'/ de ce mot, qui doit être formé
de l'allemand Scheibe.
CICATRICE. — On regrette que l'Académie n'ait pas adopté l'adjectif
cicatrice j qui porte une ou plusieurs cicatrices, de Boileau :
Son front cicatrice rend son air furieux.
CICATRISER. — Ce verbe nous semble réclamer le substantif cica-
trisation pour exprimer l'action d'une plaie qui se ferme : La cicatri-
sation de cette plaie sera lente, sera longtte,
CICERONE. (On prononce Chichéroné,) — Au mot Fantoccini, l'Aca-
démie a très-bien figuré la prononciation italienne {fantotchini) ; elle
n'a pas fait de même ici , car les Italiens prononcent tchitchérôné. Si
cette prononciation paraît trop dure pour des bouches ou des oreilles
françaises, il vaudrait mieux franciser le mot, même pour l'écriture,
que de prendre une moyenne qui ne satisfait personne.
CIGARE. — L'Académie ajoute ou retranche un peu arbitrairement,
à notre avis, des lettres que repousse ou que réclame l'étymologie.
Elle écrit escarre au lieu d'eschare (Voy. Escarre) ; ici elle supprime
sans nécessité une des r que demande l'espagnol cigarro,
dPATE, s. m. (On prononce Cipor-ye), Soldat indien. — spahi ,
s. m. Soldat turc qui sert à cheval.
Cipaye et spahi ont une commune origine. On est d'accord sur
l'orthographe de ce dernier; quant au premier, sur lequel on diffère,
nous proposerons de l'écrire cipaïe , ce qui indiquerait la prononcia-
tion (cipa-ie)^ — ou plutôt sipaï, afin de le rapprocher de l'étymologie
indienne (sipahy).
CIRCONCIRE... Je circoncis, nous circoncisons. Je circoncirai. Que
je circoncisse. — Est-ce le présent ou l'imparfait du subjonctif que
l'Académie a voulu donner? Si c'est le présent, comme nous le pen-
sons, il faut circoncise, avec une seule s. Peut-être y a-t-il omission
de ce temps.
CISEAUX... Il s'emploie quelquefois au singulier. Onn*a point encore
mis le ciseau dans cette étoffe. Le chirurgien lui a donné trois coups
de ciseau, — Il nous semble regrettable que l'Académie accueille des
locutions qui ne pourraient s'écrire. Qu'on dise donnez-moi les pin-
cettes ou la pincette, cela ne change pas le sens du mot; mais, à notre
avis, ce serait tout au moins s'exposer à n'être pas compris que
d'écrire qu'wn chirurgien a donné des coups de ciseau à un patient.
CITHARE. — Comment se fait-il que l'Académie , qui nous décrit le
sistre des Égyptiens, ne parle ni du cistre des Italiens ni même de la
cithare des Grecs? D'ailleurs ce mot devrait être ici par la seule raison
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— M —
quMl figure dans Tartieie Heptâgor0E; maift là, par distraction, on a
mis cythare avec un y.
CITRON... JiLS de citron. Couleur de citron. Chair de citron con-
fite. Écorce de citron. Couleur de citron, — Supprimez le premier
exemple « Couleur de citron » ; le dernier sert de liaison avec le para-
graphe suivant, où sont les phrases « Taffetas citron. Une robe citron, »
CITRONNAT. — L' Académie dit « Orangeat, s. m. Espèce de confi-
ture sèche faite de petits morceaux d'écorce d'orange ». Pourquoi
n'a-t-elle pas admis en même temps le citronnât? Ces deux sortes de
confitures doivent avoir eu une origine à peu près simultanée, ainsi
que le cédrat confit. Au reste , en 1696 le Supplément du Dictionnaire
de l'Académie disait déjà : « Citronat, s. m. Confiture faite de peau de
citron coupée en filets longs et menus. »
CLAIR-SEMIÉ, ÉE, adj. — La réunion de ces deux mots en un seul
(clairsemé) en faciliterait beaucoup l'orthographe aux commen-
çants , qui croient qu'on doit faire accorder clair aussi bien que semé
avec le substantif {des blés clairs-semés, de l'avoine claire-semée),
tandis que clair doit rester invariable. Nous avons déjà clairvoyant,
qui constitue un précédent pour clairsemé.
CLAPOTE1TSE, adj. f. Il se dit de la mer lorsqu'elle clapote après avoir
été agitée par différents vents. La mer est clapoteuse, — Cet adjectif
ne peut-il pas se dire également de l'Océan et des grands lacs, et
dans ce cas le masculin clapoteux ne pourrait-il pas s'employer?
CLEF, s. f. (On prononce clé, même devant une voyelle, et plusieurs
l'écrivent ainsi.)— Puisque dans ce mot Vf ne se prononce pas comme
dans nef, qu'elle reste nulle même devant une voyelle, et que plu-
sieurs écrivent clé, nous croyons qu'il serait convenable d'adopter
cette dernière orthographe , d'autant plus que les dérivés ne se for-
ment pas très-régulièrement {clavier, clavecin, clavette, claveau) et
qu'ils sont peu nombreux *. Déjà dans la première édition l'Acadé-
mie écrivait blé (au lieu de bled, en basse latinité bladum), mot qui
a pour dérivés blatier, emblaver et emblavure.
CLEF... Fig., Les clefs de Saint-Pierre, L'autorité du saint-siége.
— 11 est plus qu'évident qu'il ne s'agit point ici des clefs de l'église
Saint-Pierre, mais des clefs données à saint Pierre, c'est-à-dire de la
puissance de lier et de délier qui lui a été conférée; il faut donc
écrire, les clefs de saint Pierre (petite s et pas de tiret).
CLIN, s. m... En un clin d' œil, en moins d'un clin d'œil. En un mo-
ment, en fort peu de temps. Il disparut en un clin d'œil. Cela fut fait
en moins d'un clin d'oeil. — Fam., C'est Va/faire d'un clin d'œil, cela
fut fait D^un clin d'œil, se dit d'une chose qui doit se faire ou qui a
été faite très-promptement.
Nous pensons qu'il est beaucoup plus naturel et plus correct de
1. Nous ne parlons pas de clavicule , conclave, enclave, etc., qui viennent directement du
latin.
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dire Cela fut faiCEm un clin efceil que o^un clin d'œil, car la chose ne
fut pas faite avec ou par un clin d'œil, mais dans le temps qui suffit
pour un clin d'œil. On dirait très-bien ce fut l'a/faire D'une minute,
i^^une seconde j mais non cela fut fait d'une minute , d'wie seconde; il
faut, EN une minute , etc. — Cependant on pourrait dire, dans le sens
de par : D'un clin d'œil Jupiter ébranle VOlympe,
COACCUSÉ, COASSOCIIÉ, CODEBITEUR, COD^TENTEUR, CODONA-
TAIRE , COPARTAGEANT, COVENDEUR. — Ces mots et quelques autres
où co est joint à un substantif qui le plus souvent s'emploie seul, sem-
blent demander un tiret : co-accusé, co-associé, co- débiteur, etc.
COCCINELLE, S. f. — Voilà un joli nom, le nom d'un joli petit
insecte, l'un des plus répandus et des plus connus, et que suivant
les localités on a surnommé bête à Dieu, bête à la Vierge, vache à
Dieu, etc. On est surpris que l'Académie n'ait pas recueilli le nom
scientifique, ne fût-ce vque pour avoir l'occasion de redresser ou du
moins de mentionner tous les surnoms ou noms vulgaires donnés à
cet insecte, comme elle l'a fait pour la plante appelée bacile^.
COEHPTION. — Il aurait été utile de dire ici que le p se prononce,
comme on l'a fait pour contempteur et contemptible, exemption,
SYMPTOMATIQUE , CtC.
CŒUR«.. Tant que le cœur me battra duns le ventre. Tant que je
vivrai.
L'Académie, qui a mis cette phrase à Battre, à Cobur et à Ventre,
dit, il est vrai, qu'elle est populaire ; mais il nous semble qu'il eût été
mieux d'y substituer poitrine à ventre, car nous l'avons souvent en-
tendue avec ce changement et elle y gagnait beaucoup en noblesse.
— Sans doute on dit aussi. Donner du cœur au ventre à quelqu'un, ou
lui mettre, lui remettre le cœur au ventre; mais ici cœur signifie Cou-
rage, et l'en peut placer le courage dans telle partie du corps qu'on
voudra, puisqu'on dit : Prendre, tenir son courage à deux mains. —
A l'article Corps on lit : « Tant qiée l'âme me battra dans le corps » ;
et bien certainement cette expression est préférable à la première ,
Tant que le cœur me battra dans le ventre.
CŒUR... (p. 336, col. 2) Dieu est scrutateur des cœwrs.— Nous pen-
sons qu'il faut lire ici comme à l'article Scrutateur : Dieu est le
scrutateur des cœurs.
COGNASSE , s. f. Coing sauvage moins gros et moins jaune que l'au-
tre. COGNA2SSIER, S. m. Arbre qui porte des coings ou des cognasses.
— Puisque le coing présente trois points de différence avec la
cognasse, qui est sauvage , moins grosse et moins colorée , pourquoi
a-t-on supprimé le nom de l'arbre qui le produit ? Le mot coignier,
1. L'Académie a soin de nous dire que le bacile est aussi appelé perce^erre, passe-piene,
chrUte marine, ou fenouil marin. Ces renseignements sont d'un grand intérêt pour bon nom-
br« de lecteurs.
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qu^on trouve dans la première édition du Dictionnaire de rAcadémie,
devrait être rétabli. Voy. Verglas.
COING, s. m... Gros fruit jaune en forme de poire... — Pourquoi
l'Académie a-t-elle supprimé un des caractères du coing, celui d'être
un fruit à pépins, caractère indiqué dans les quatre premières édi-
tions?
COLICITANT. — Dans ce mot, la syllabe co a la même signification
que dans collaborateur j collatéral; et puisqu'on n'y met pas deux l, il
serait nécessaire d'y mettre un tiret : co-licitant.
COLLAGE , s. m. — A l'article Coller on a bien dit « Coller du vin,
Y mettre de la colle de poisson ou quelque autre ingrédient, pour
l'éclaircir » ; mais ici l'on a oublié de parler du Collage du vin et de
diverses liqueurs, qui se fait avec des blancs d'œufs, de la colle de
poisson, etc.
COLLECTION, S. m. — Lisez : s. f. Ici la faute typographique a des
conséquences moins graves, parce qu'il y a plusieurs exemples qui
servent à la redresser.
COLLÉGIAL, ALE, adj. Il n'est guère usité qu'au féminin, et dans
cette dénomination Église collégiale, qui se dit d'un chapitre de cha-
noines sans siège épiscopal. — Comme l'Acadércie n'a pas admis plu-
sieurs mots de Fénelon, de Boileau, de Buffon, etc., qui sont usités,
nous ne parlerons pas de Gresset, qui a dit : Iz prose toisée des poètes
collégiaux; mais nous rappellerons qu'on dit tous les jours les études
collégiales, et qu'on trou; 3 la rétribution collégiale à chaque page de
l'Almanach de l'Université.
COLONNE... en termes de Physique... Colonne d'kiK. Colonne d'EAïJ.
Il y a une colonne d'air qui pèse sur la colonne de mergorb contenue
dans le baromètre, — Pour compléter l'énumération , on pourrait
ajouter une phrase analogue à la suivante, qui se trouve à l'article
Feu : line colonne de feu guidait les Israélites dans le désert, pencUmt
la nuit,
COLORER. — ■ Nous avons décolorer et décoloration; pourquoi n'a-
vons-nous pas aussi coloration, pour exprimer l'action de prendre ou
de donner de la couleur? a Le plus ou moins de coloration des fruits
dépend de ce qu'ils mit plus ou moins reçu les rayons du soleil, La
COLORATION du Mont Blanc, /a coloration des nuages parles rayons
du soleil couchant, présente un beau spectacle. La coloration du verre,
du cristal, se fait par tels et tels procédés ». Enfin pourquoi ne dirait-
on pas la coloration de la peau, puisque l'Académie admet la déco-
loration de la peau?
COLORIER, V. a. Appliquer les couleurs convenables sur une estampe,
sur un dessin, etc. Colorier une estampe, un dessin. Colorier une star
tue» — Nous venons de demander qu'on admette coloration pour cor-
respondant de colorer; nous en faisons autant pour coloriage, corres-
pondant de colorier. Autrefois colorier ne se disait que des tableaux >
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— 65 —
et dans ce sens il wnAt «on substantif coloris; aujourd'hui qu'on
l'emploie en parlant des estampes, des dessins, des statues, pour les-
quels coloris n'es^ pas usité, il faut un nouveau substantif; et ce sub-
stantif c'est coloriage.
Sans doute on a le substantif enluminure, qui exprime la même
idée ; mais on ne dirait ni enluminer une statue, ni V enluminure d'une
statue. Ainsi donc coloriage pourra s'employer aussi bien que colorier
en parlant des statues, des estampes et des dessins; d'ailleurs c'est le
terme dont on se sert généralement aujourd'hui.
COMBATTRE, V. a... Il est souvent employé absolument et neutra-
lement. — L'Académie emploie tantôt l'une, tantôt* l'autre de ces
expressions ; ainsi à Touhner (façonner au tour) elle dit que ce verbe
est employé absolument dans cette phrase « Un ouvrier qui tourne
bien » ; et à Toucher, qu'il est employé neutralement dans celle-ci :
« Regardez cela, mais n'y touchez pas ». Ces différences sont très-
bien exprimées. Ici elle dit que combattre s'emploie souvent de l'une
et de l'autre manière ; cela est encore vrai et les exemples sont bien
choisis , mais elle ne dit pas dans lesquels le verbe est employé abso-
himent ou neutralement; nous allons essayer de le faire connaître.
Noms pensons que combattre est employé absolument dans les phrases
Combattre vaillamment; combattre à pied, à cheval; combattre à Vëpëe,
m pistolet, parce qu'on sous-entend un régime direct, V ennemi, etc.;
il est employé neutralement dans celle-ci « Combattre contre qu^l-
qu'un » , parce qu'on ne peut pas y mettre un régime direct.
€OMBLER, V. a... Fig., Combler une personne de biens. Lui faire de
grands biens. — Dit-on faire des biens à quelqu'un ? Nous ne le
croyons pas * ou du moins nous ne l'avons jamais ni lu ni entendu ; on
dit faire du bien à quelqu'un, lui faire beaucoup de bien; et à l'article
Bien nous trouvons de même. Faire du bien à quelqu'un, procurer du
bien à quelqu'tm. — Dans la première édition l'Académie a donné la
définition suivante, qui nous paraît meilleure, « Combler une personne
de biens... Lui donner très-abondamment des biens. »
€OiiiéME... signifie encore Le lieu où Ton joue la comédie pour le
public. Il loge vis-àrvis de la comédie. Sa maison est à côté de la
comédie. Les bureaux de la comédie. — Comédie se dit aussi de la
troupe des comédiens qui appartiennent à un même théâtre. Toute la
comédie doit paraître dans cette pièce. La comédie française. La
troupe de l'Opéra-Comique s'appelait autrefois la comédie italienne.
Ici, comme on le voit, quelle que soit l'acception du mot comédie,
l'Académie l'écrit avec un petit c; ailleurs elle emploie la majuscule :
(à Salle) La scUle de la Comédie. La salle de rOpéRA.
(à Entrée) Cet auteur a ses entrées à la Comédie française.
(à Acte) Il vient de donner un joli acte à la Comédie française.
1. A l'article Pairb on lit aussi : Cela lui a fait de grands maux, de grarides douleurs. Causé
nous semblerait préférable.
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(à Semainusb) Les deux semainiers de la Goiitei pbançaisb.
(à Sociétaire) Les sociétaires de la Comédie prançaisb*
Ailleurs encore nous trouvons de plus une variante pour le mot franr
çaise, qui est écrit avec une majuscule :
(à Pensionnaire) Pensionnaire de la Comédie Française.
Voy. Relâche.
COBIMENCER) V. a. — Il y a dans cet article une transposition de
trois lignes. Après ces mots du second paragraphe « Ce rai comfnença
de régner en telle armée » , il faut mettre ceux-ci , qui sont au troi-
sième : « Cependant on dit quelquefois, Commevicer à, pour Commen-
cer de. Commençons à dîner. Ils commencèrent à jotœr. Etc. » Voyez,
à l'article À, Commencer à, etc.
COMPACTE, adj. des deux genres. T. de Physique. Qui est condensé,
dont les parties sont fort serrées. Corps compacte. Substance com-
pacte. Les métaux les pltis compactes sont les plus pesants.
On écrit sans e final les adjectifs exact et inexact, intact, abject,
correct et incorrect, direct et indirect, infect, strict, abrupt, et même
quelques substantifs tels que tact et contact, rapt, intellect, conr
cept, etc., où cependant Ton fait sentir le t final ; il nous semble qu'il
serait convenable de suivre la même orthographe pour compa^cte, qui
d'ailleurs est généralement écrit sans e au masculin (compact) dans
les ouvrages de sciences. — Nous ferions volontiers la même propo-
sition pour l'adjectif contracte, terme dont on se sert dans la gram-
maire grecque.
coMPÉTËMiiiENT. — Yoilà le premier adverbe de cette terminaison
où l'Académie ait indiqué la prononciation {compétament) . Elle dit
elle-même qu'il est peu usité. Nous pedsons qu'à égalité il aurait
mieux valu l'indiquer au mot Antécédemment, qui du moins se trou-
vait le premier dans l'ordre alphabétique, ou au mot Ardemment, qui
est le second, et qui s'emploie tous les jours.
COMPLÈTEMENT, adv. — Les adverbes dérivés d'un adjectif terminé
par ecj ef, er, et, prennent un é à l'antépénultième syllabe ; tels sont
sèchement, brièvement, grièvement, am4rem^nt, entièrement, discrè-
tement, secrètement, etc. Il n'y a qu'une exception, complètement,
et il serait bon de la faire disparaître. — Pour complètement, s. m.,
voyez l'article Accents.
COMPLEXION, s. f. — Pourquoi l'Académie a-t-elle supprimé l'ad-
jectif complexionné, ée, qu'elle avait admis dans les quatre premières
éditions? Cette expression, autrefois employée par les médecins seu-
lement, a passé dans le langage vulgaire : Il est bien complexionné,
mal complexionné. Il ne vivra pas longtemps, il est m^l complexionné.
Dans le Complément du Dictionnaire de l'Académie, complexionné, ée,
est regardé comme le participe du verbe complexionner.
COMPOSER, V. a... COMPOSÉ, ÉE, part. Un corps, un être composé.
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— Un corps, un être composé est évidemment formé de parties com-
posantes, de composants; et l*on s'étonne que l'Académie ne donne
pas l'adjectif composant, ante, dont le masculin doit être employé
substantivement aussi bien que le masculin du participe composé * .
Cela nous intéresse beaucoup, parce que dans cet ouvrage nous
sommes souvent appelé à parler des mots composés, qui présentent
les questions les plus difficiles de notre langue. Ainsi nous sommes
forcé de dire que dd.ns écttelle-d'eau, rubtm-d^eau, flèche d'eau (celui-
ci sans tiret, nous ne savons pourquoi) ou sagittaire, une des parties
COMPOSANTES ,• le premier des composants est pris figurément , et que
dans houton-d^or, houtonr-d'argent , verge-d'or, les deux composants
sont employés dans le sens figuré. Nous ne connaissons pas d'autre
expression que celle-là pour rendre exactement notre pensée, et nous
espérons qu'on voudra bien nous la passer parce qu'elle nous semble
très-intelligible.
C^OBIPTANT, adj. m. Il n'est guère usité que dans ces locutions.
Argent comptant, deniers comptants. Argent en espèces, argent compté
sur-le-champ. Il a tant en argent comptant. Payer argent comptant,
en beaux deniers comptants. Il refusa les billets, et il voulut de l'ar-
gent comptant.,, — Comptant s'emploie aussi adverbialement. Payer
une somme compta/nt. Payer comptant. Vendre comptant. Acheter
comptant.
Trop souvent l'Académie n'est pas assez explicite, et omet de nous
donner l'indication des ellipses. Bien des personnes, trompées par les
beaux deniers comptants, croiront qu'il faut écrire mille francs
comptants, d'autant plus qu'on ne comprend guère ce que c'est que
des deniers comptants (au lieu de comptés). Sans doute l'Académie
dit plus bas payer une somme comptant; mais comme le mot payer
peut très^bien n'être pas exprimé, on sera trompé par la contexture
de la phrase : Vous demandez de ce petit mobilier douze cents
francs; je vous en offre mille francs en beaux deniers comptant,
c'est-à-dire en comptant les deniers, l'argent qui sera bel et bon.
M<^ière a dit de même :
Je gage cent pîstoles. — Cent pistoles (payées) comptant?
COBIPTE... Compte rendu. Exposé ou récit de certains faits particu-
liers. Compte rendu de l'état des finances, de la statistique criminelle.
Compte rendu des séances d'une assemblée législative, etc. — • Nous
croyons que le tiret serait fort utile dans ce mot composé, qui sou-
vent est suivi d'un participe ou d'un adjectif. Sans doute il n'en faut
pas dans ces phrases : « D'après un compte rendu à l'Empereur, au
Ministre,..; Par suite du compte rendu à l'Académie des sciences... » ;
mais nous le mettrions dans celles-ci : « Compte-rendu fait, lu, pré-
1. Le participe cœnposé, ée, a donné naissance à deux substantifs, l'un masculin, l'autre
féminin. L'homme est un c&mposé de corps et d'âme. L'eau est un composé d'hydrogène et d'oxy-
gène. — La famille des composées ( des plantes composées ).
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sente, adressé à l'Institut; Gokpte*reiidii officiel, sommmire, géné^
ralj etc., du Ministre de ViMérieur sur.., »,
COMPTE. •• À-COMPTE. Je lui ai donné deux àr-compte. — ^ Ce mot^
qui est d'ua emploi journalier dans le commerce, semble demander
qu'on supprime le tiret comme on Ta fait pour beaucoup d'autres :
abord, about, amont et aval, aplomb, atout, aœmr, a»erse, les alenr-
tours, etc. Cette réunion en un seul mot {acompte)^ déjà très-usitée,
permettrait de mettre le signe du pluriel (des acomptes). Il est cho-
quant de lire en face Tun de l'autre ces mots : Prêts, à-compte, ou
Remboursements par à-compte; payer par à-gompte successifs.
CONCEPT. Le P se prononce dans ce mot et le suivant (congep-
TION). — Aux mots laps, biceps, l'Académie nous dit très-bien qu'on
doit prononcer le p et Vs ; aux mots tact, intact, exact, intellect, etc.,
qu'on doit prononcer le c et le t; mais ici elle ne parle que du p,
comme au mot rapt elle ne parle que du f,
CONDAMNATION... Passer condamnation. Consentir que ta partie
adverse obtienne jugement à son avantage.— Fig., Passer condanma-
lion. Avouer qu'on a tort. Je passe condamnation.
Cette expression figurée ne peut-elle pas recevoir un complément :
Je passe condamnation sur vos critiques, sor vos reproches? Ne pour-
rait-on même pas dire. Je passe condamnation pour telle et telle
phrase, pour telles et telles expressions, dans le sens de. Je les adniets,
bien qu'elles ne me semblent pas tout à fait correctes, tout à fait
exactes? N'y eût-il qu'une de nos propositions qui fût admissible,
nous nous applaudirions d'avoir attiré l'attention de l'Académie sur
cet exemple un peu bref : Je passe condamnation.
CONDOLÉANCE... Nous avons été lui faire nos compliments de conn
doléance. — Cette phrase est-elle correcte? Nous ne pensons pas qu'elle
soit meilleure que ce vers de Corneille tant critiqué par les grammai-
riens :
Il FUT jusques à Rome implorer le aénat.
Nous pensons qu'il faut dire « Nous sommes allés lui faire nos com-
pliments de condoléance, ou Nous avons été chez h»^, et nous lui aixms
fait nos compliments... », et non « notis avons été faire».. » Par la
même raison nous croyons qu'il y a une faute dans cette phrase :
(à Maritalement) Us ont été se promener maritalement, en tête d tête
(Voy. TÉTB À TÊTE).
Il nous semble que si les personnes dont on parle viennent de sortir
pour se promener, il faut dire, « Ils sont allés se promener. . . » ,
comme l'Académie à l'article Vin, « Ils sont allés boire le vin du mar-
1. Cette phrase, iwus avons été chez /m', n'exprime point l'action d'aller; elle signifie, Nous
avons existé , vécu chez lui , nous y avons passé quelques moments plus ou moins longs. Il
en est de môme de j*ai été dans les phrases suivantes : « J'm été hier au spectacle et je m'y
suis ennuyé d*un bout à l'autre; /'ai été au tribunal ce matin, mais je n'y retournerai pas cet
après-midi. »
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ché » ; mais si la prontenadç dont on parle a eu lien plud ou moins
aDtérieurement, il fl&udra dire •fisse sont promenés, U leur est arrivé
de se promener, on les a vus se pPomener, etc. »
CONFIDENTIEL. — On conservB le t étymologique du latin dans
confidentiel, différentiel, essentiel, obédientiel, pestilentiel, svèstan-
tiel, etc., tandis qu^on écrit consciencieuXj licendeiw, révérencieux,
sentencieux, silencieux, etc., conformément au radical français. Il est
à désirer que l'Académie fasse disparaître cette anomalie dans la pro-
chaine édition de son Dictionnaire. Déjà elle écrit révérencielle
(crainte), sans doute par analogie avec révérencieux; obédiencier
réclame ohédiendel; çww^csscwcier demande également essenciel, etc.
~ En même temps sans doute elle adoptera circonstanciel,, qui déjà
en 1803 se trouvait dans le dictionnaire deGattel, et providenciel, qixi
est dans la bouche de tout le monde.
CONGLOMÉRER. — On est surpris que l'Académie n'ait pas donné à
ce verbe le substantif corrélatif conglomération, comme elle a donné
agglomération, conglutinaiion, congratulation, etc, pour répondre à
agglomérer, conglutiner, congratuler, etc.
CONGRÈS, s. m... Le congrès de Radstadt. — Lisez Bastadt, U ne
faut pas confondre Radstadt, petite ville d'Autriche, dans le cercle de
Salzbourg, où Moreau défit les Autrichiens en juillet 1796, avec Ra-
stadtj ville du grand-duché de Bade, où se tint de 1797 à 1799 un
congrès en vue d'amener la paix entre la France et l'Allemagne,
CONJUGAISON
DES vERBÇs TERMINÉS PAR ayçr, oycr, îtyer.
Dans les verbes terminés en oyer, uyer, l'Académie met toujours
uni simple devant l'e nraet, comme dans les substantifs; elle écrit
donc : je tutoie, je nettoierai, qtie j^ envoie ; f appuie, j^ennuierai, que
j^essuie ; — joie, voie, soierie, pltde, suie, essuie-main, etc.
Mais dans les verbes terminés en ayer, la rè^e n*est plus la même.
L'Académie donne toujours, il est vrai, pour paradigme le verbe
payer, où elle admet Vi comme variante de l'y ( Je paye, tu payes, il
paye ou il paie ; ils payent ou ils paient. Je payerai ou je paierai ou
je-paîrai); mais toujours aussi, malgré cela, elle emploie l'y^ comme
on peut le voir, surtout aux verbes balayer, bégayer, effrayer, etc.
Ainsi donc il faut écrire avec un i, la monnaie, une étaie, une effraie,
une raie ^, etc., et avec un y, je monnaye, j'étaye, j'effraye, je raye.
~ Puisqu'elle dit elle-même, au verbe Avoir « L'orliographe aye, que
1. Les moto ffoye, eipaye, ahbajft, sont les «eols qui m teniùiMit par ojft. Abbojfô se pro-
nonce abcie; cipaye se prononce cipa-ye, ou cipa-ie ( Voy. Cipayb) ; conséquemment ces deux
mots n'ont aucun rapport avec paye, et leur prononciation suffit pour prouver que ce dernier
doit changer d'orthographe. Bientôt sans doute l'Académie y substituera Vi à Ty, comme elle
r» fait d«pi)i« lon(temp« pour l^s oioto était, e/fhnk, monnaie, raie, Oe. : •
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j'at^e, de Timpératif et du subjonctif, n'est plus guère usdtée : on écrit
généralement aie, que j'aie » ^ il est à désirer qu'elle renonce à Vy
pour les verbes avoir, payer, et tous ceux qui se conjuguent sur ce
dernier.
DES VERBES TERMINÉS PAR elcr.
La langue française a une soixantaine de verbes terminés par eler,
mais ils ne se conjuguent pas tous de la même manière : devant un e
muet, les uns doublent la lettre l, les, autres prennent un è avant
cette consonne. L'Académie n'a indiqué la manière de conjuguer que
pour une moitié de ces verbes. Elle met un accent grave à la voyelle
qui précède 1'/ dans les verbes celer (et déceler), bourreler, écarte-
1er, geler (et les composés congeler, dégeler), harceler, marteler,
modeler, peler. Elle écrit donc je cèle, je gèle, je harcèle, etc. — Elle
double la lettre l dans amonceler, appeler (et rappeler), atteler (et
dételer) , chanceler, ensorceler, étinceler, ficeler, grommeler, se grw-
meler ( et s'engrumeler), javeler (et enjaveler), niveler, renouveler,
ruisseler; et elle écrit j'amoncelle, j'appelle, j^attelle, etc.
Reste à savoir comment doivent être conjugués agneler, bosseler,
botteler, bretteler, canneler, carreler, chapeler, ciseler, cordeler, cré-
neler, décheveler, démanteler, s'encasteler, enchanteler, épeler, gre-
neler, qX les composés. Faut-il écrire je cisèle, ou je ciselle; j'épelle,
ou j'épèle? — Quelques verbes ont un substantif qui, au premier
abord, semble devoir diriger pour l'orthographe du verbe lui-même;
ainsi morcellement, épellation, paraissent indiquer qu'on doit écrire
je morcelle, j'épelle ; — démantèlement, grivèlerie, porteront à écrire
je démantèle, je grivèle. — Cependant ces inductions pourraient
n'être pas exactes; car si l'Académie écrit modèle et je modèle, ficelle
et je ficelle, d'un autre côté elle écrit avec deux l le substantif bour-
relle, tandis que dans le verbe elle met l'accent grave : la conscience
bourrelé les méchants; de même qu'elle écrit une trompette, ufie éti-
quette, et j'étiquete, f aigle trompeté. Elle écrit encore une époussette,
et je répomseterai bien; mais ici l'on ne sait ce qui manque, l'accent
grave ou le t,
DES VERBES TERMINÉS PAR Ctcr.
De tous les verbes de cette terminaison il n'y a que dix radicaux pu
l'Académie indique la manière dont ils doivent être conjugués dans
les temps où le t est suivi d'un e muet. Elle met un accent grave à la
syllabe précédente dans les verbes acheter {et son composé racheter),
becqueter, décolleter (au verbe colleter, elle ne donne pas d'exemple
où le t soit suivi d'un e muet), étiqueter; elle écrit donc j'achète, ils
se becquètent, un habit qui décolleté, les apothicaires étiquetent... '-
Elle double le t dans cacheter, coque ter, jeter (et dans les composés
se dé jeter, for jeter, projeter, rejeter) , mugueter, souffleter, et teter
(Voy. ce mot) ; elle écrit : je cachette; eUe coquette tout le jour; il
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- 71 -
mugueùe toutes les femmes de son quartier; elle soufflette son enfant.,.;
cet enfant tette bien. — On peut sans doute ajouter à ces derniers le
verbe caqueter , puisque au mot Gaqueteur , edse , elle écrit « Celui
qui caquette et babille beaucoup », — et aux premiers les verbes cro*
cheter, haleter, puisque au mot Grogheteur elle écrit « Celui qui
crochète n et à Pantelant, « Qui halète ».
Pour les verbes aiguiUeter, banqueter, billeter, bowneter, breveter,
briqueter, cliqueter, coupleter, craqueter, déchiqueter, empaqueter et
dépaqueter y feuilleter, fureter, gobeter, guillemeter, haleter, marque-
ter, moucheter, parqueter, pocheter, rapiéceter, sa/^eter, tacheter,
voleter, vergeter, voleter, elle ne dit rien; on ne sait si Ton doit
écrire, par exemple, Rempaquette, je feuillette, on f empaqueté, je
feuilleté; — je furète, je guillemète, ou je furette, je guillemette. Nous
avons vu plus haut que l'orthographe des substantifs n'est point un
guide sûr pour celle qu'on serait tenté de mettre aux verbes.
CONNAITRE, V. a... CONNU, UE, participe. Le monde connu. Le plus
grand des animaux connus. Il ny a rien de si connu. C'est un homme
connu par son mérite. Ce nom m'est connu. ~ L'Académie omet
souvent d'indiquer les diverses manières dont les mots peuvent être
employés^ les compléments des verbes, etc. Ici elle ne nous apprend
pas s'il faut dire qu'un homme est connu de tous les savants ou par
tous les savants ; elle nous laisse ignorer s'il est correct ou non de
dire que tel savant est surtout connu pour certains ouvrages, tel ma-
gistrat pour son intégrité, sa sévérité, son équité. Où cherchera-t-on
ces règles, si ce n'est dans le Dictionnaire de l'Académie? Yoy. Re-
nommé.
CONSONNE... L'a? est une consonne double qui équivaut à ks. — Il
nous semble qu'il aurait mieux valu dire : a L'a? est une consonne
double dont la prononciation varie; dans certains mots, elle équivaut
à ks; dans d'autres, à gz, au c dur, à Vs forte, au jr ou à Vs adoucie.
Voyez X ». En effet à l'article X on trouvera des exemples de ces di-
verses prononciations, et de plus on y verra que dans certains mots
celle de Vx final est complètement nulle.
CONSTATER, V. a. — Ce verbe a besoin d'un substantif qui est em-
ployé tous les jours non-seulement au barreau , mais encore dans la
conversation. Ce que je vous dis là ce n'est pas une conjecture, c'est
Id CONSTATATION d'un fait.
CONTINUER. Poursuivre ce qui est commencé. Continuer à faire, à
dire, de dire, de faire. — . Il signifie aussi Persévérer dans une habi-
tude. Continuez à bien faire, et vous vous en trouverez bien. Si vous
continuez à boire, vous ruinerez votre santé.
A ces lignes nous ajouterons ce qu'on lit à l'article k.
« Continuer à suppose une action commencée, et que l'on continue.
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- w-
Je vais carUirmer à écrire ma lettre. Nous ûllons corUinuer à j^ftêer,
(c GoHTiNUBR DE désigne une action répétée par itttenralles etqu^on
a l'habitude de faire. Mon frère continue de jouer. Je ne continuerai
pas longtemps de voir cet homme-là, •
Il nous semble que dans'ces deux exemples « Si vous gohtino» à
boire vous ruinerez votre santé, et Mon frère gontikoe de jouer », de
et à sont employés absolument dans le même sens, et contredisent la
règle qu'a donnée l'Académie. Voy. Commencer à, à l'article 1.
coBîTiNUiTÉ. (U et I font deux syllabes.) — Cette remarque n'inté-
resse guère que les poètes ; mais puisque l'Académie l'a jugée utile,
il aurait été bon de la faire également aux mots annuilé, ingénuité,
ténuité, assiduité, viduité, perpétuité, etc., qui doivent ôtre dans ie
même cas.
CONTRACTE, adj. — Voy. COMPACTE.
CONTHAGTER, V. a. — Ce verbe a deux acceptions fort différentes.
Pour le sens de Resserrer, diminuer le volume, etc., au propre et au
figuré, on a le substantif correspondant contraction; mais pour le sens
le plus usité, celui de Faire une convention avec quelqu'un, de prendre
des habitudes, de gagner des maladies, etc., il n'y a pas de substan-
tif, et les néologues eux-mêmes n'en ont pas encore proposé, du
moins que nous connaissions. Nous nous permettrons donc d'indiquer
le mot con^oc^a(ion*^ qu'on trouve dans quelques dictionnaires comme
étant un terme d'ancienne législation espagnole. Nous ne voyons rien
de choquant dans les locutions la contractation d'un mariage, d'une
alliance, d'un engagement, d'une obligation, d'une dette, d'habitudes
bonnes ou mauvaises, etc, etc. Voy. Transvaser.
CONTRAPONTISTE, S. m. T. de Musique. Il se dit d'un compositeur
qui connaît les règles du contre-point. Ce compositeur est bon contra-
pontiste. Il n'est pas contrapontiste. — Il est surprenant que l'Acadé-
mief ne mentionne ni ici ni à son rang alphabétique le mo^ contre-
pointiste ^, qui, formé régulièrement, nous paraît bien préférable :
il a, du moins, pour radicaux contre et point, et non contra, punc-
tum. — Contrapontiste n'est ni français , ni latin , ni italien ; c'est un
terme de fantaisie, plus usité peut-être que contrepoinHste, mais qui
à coup sûr n'est pas meilleur.
CONTRE -BALANCER, CONTRECARRER; CONTRE -ESCALIER, CON-
TRESCARPE; CONTREHmDRfi, CONTREMABTDER ; — C<»îTREVALLA-
TION, CONTRE- fort; CONTRALTO, CONTRE -BASSE; CONTRAPON-
TISTE, CONTRE-POINT, etc. -— Ccs différents mots nous semblent être
1. Les verbes accepter, affecter , intercepter, ont pour substantifs acceptation et acception;
a/feetaiion et affection; interception et interceptation. (Ce dernier mot n'est pas encore adopté
par l'Académie.) Soetravastr a dauz dérivéd qui sont synonyiaes : eaetravatation et exir^m*
sion, moins usité.
2. Nous écririons sans tiret contrepoint et contrepointiste, parce qu'il s'agit ici d'application
et non d'opposition (Voy. Contrb-balai«cbr, etc.). Les premiers harmonistes, pour indiquer
l'intonation sor les portées, y mettaient des points contre des points.
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~ 73 —
dans des coBditions respectives tout à fait analogues, et demander
à être écrits de la môme manière. Peut-être serait-il convenable de
distinguer contre marquant l'opposition, de contre indiquant l'appli-
cation d'une chose sur une autre. Le premier serait séparé du sub-
stantif par un tiret, le second s'y joindrait immédiatement; ainsi Ton
écrirait contre-batterie, contre-courant, contre-finesse, contre-jour,
contre-marche, contre-mine, contre-partie, contre-poil, contre-révo-
lution, contre -ruse, contre -sens, etc.; mais on écrirait sans tiret
contrebouter, contrechâssis , contreclef, contrecœur (d'une chemi-
née), contre fiche, contrefort, contrelatte , contremur, contreplatine,
contresanglon, contreterrasse, etc. Par extension, on suivrait cette
même orthographe pour les personnes ou les choses en sous-ordre :
contremaître, contremarque, contreseing, etc.
CONTREBANDE. CONTREDANSE. — Autrefois l'Académie écrivait
ces deux mots avec un tiret {contre-bande, contre-danse) ; a-t-elle
bien fait de le supprimer? Nous le croyons pour le premier, parce que
bande n'est pas français dans cette acception (Voy. Fer -blanc.
Ferblantier). Quant au second, que nous regardons, non comme une
traduction des mots anglais country dance (danse de campagne),
ainsi que le prétendent quelques lexicographes , mais comme un mot
français qui exprime très-bien que les personnes qui exécutent cette
danse sont en face les unes des autres, nous pensons qu'il devrait
prendre le tiret comme contre-espalier, contre-batterie, etc. Nous
écririons donc Contrebande sans tiret et Contre-danse avec un tiret.
CONTRE -BASSE, S. f. Grosse basse sur laquelle on joue la même
partie que celle de la basse, mais qui sonne une octave au-dessous de
la basse ordinaire, et par conséquent deux octaves au-dessous du
violon. Jou£r de la contre-basse. Il y a quatre contre -basses, huit
contre-basses dans cet orchestre.
Tous les dictionnaires, il est vrai, donnent contre-basse avec un
tiret; mais nous croyons que c'est uniquement parce qu'on a copié
sans réflexion le Dictionnaire de l'Académie. En effet, la contre-basse
n'est pas l'opposé de la basse comme le contre-poison est l'opposé du
poison ; c'est la basse ou l'octave de la basse, comme le contralto est
la basse ou l'octave du soprano, c'est-à-dire des voix de femme. Nous
pensons donc qu'il faut écrire contrebasse en seul mot, comme on le
fait pour contralto. L'Académie elle-même l'écrit ainsi une fois à l'ar-
ticle ÂME, deux fois à Archet, et cette orthographe, pour n'être donnée
qu'accidentellement, n'en est pas moins bonne.
Ces variantes nous ont engagé à donner ici la liste des mots compo-
sés ou des locutions qu'on trouve écrits diversement dans le Diction-
naire de l'Académie suivant l'article où on les cherche : les uns en
un seul mot, ou en deux avec ou sans tiret; les autres en deux ou
trois mots avec ou sans tirets. Nous avons placé dans la première
colonne l'orthographe qui nous a semblé la plus convenable, et l'on
10
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-74-
trouvera dans le^cours de cet ouvrage les raisons qui nous ont décidé
pour telle variante plutôt que pour telle autre dans les mots qui ont
le plus d'importance : maitre autel à Autbl; plus-valtte à Value;
pot-de-mn à Vin, etc.
UAeadémie écrit : Elle ierii :
à A6ATB,
à Amb, A&cnr,
i Amgiospekme,
i son rang alphabétique ,
à Apprbndhb,
i Aronde,
i BOMNBT,
Id,
à Q^uiLLON , DaAPBR , Epi ,
i Branche, Acanthe,
i son rang ,
i Conte,
à son rajoig,
i Culot,
à Dès, Lors,
à Dire,
i Docteur,
à Duc,
à Fleuriste,
à son rang,
i Hadt,
i son rang,
à Là,
i Lait, Petit, etc.,
à son rang,
i Maître,
à son rang,
/d.
Id.
Id.
à Oreille,
à Pater,
à Petit,
à son rang, à Plus,
à son rang,
à Pot,
à son rang,
à OooTE, QooTiTÉ, etc.,
à son rang,
à SAINT,CONGRÉGATION,etC.,
à son rang,
à SCEAD,
à THÉâTRE, Figurant,
agate-onyx,
contrebasse.
mnfle-de-yeaa , plante.
atoat (je fais, je joue).
malappris (homme)
4 queue d'aronde '
blage).
bonnet-de-prètre, bonnet-
à-prêtre, t. de fortifie.
bonnet-à-prëtre, plante.
, bouillon-blanc, plante.
branche-ursine, plante.
chiendent, plante.
conte de Peau-d'âne,
contre-poison,
le dernier né.
dès là.
le bien-faire yaut mieux
que le bien-dire,
doc leur- régent,
^and-dnc.
jardinier fleuriste,
gorge-de-pigeon (taffetas) .
haut le pied (renToyer
descheyaux).
hant-de-chausses.
halte là.
petit-lait.
mainmorte.
maitre autel.
Mont-Joie Saint-Denis.
morte-eau.
morte-saison.
nec plus ultra et non pins
ultra.
oreille-de-sonris, plante.
rie à rie.
petits-pieds , t. de rôtis-
seur.
plus-yalae.
portefaix.
pot-de-vin , cadeau.
qu'en-dira-t-on (le).
quote-part.
reine-marguerite, plante.
saint-office (le).
sans-dent (une yieille).
scean-de-Salomon , plante.
Théâtre-Fran^.
à Ontx, agate onyx >.
à son rang alpha-
bé tique , contre-basse .
à Mufle, Muflier, mufle de veau,
à Tout, faire à toat, jouer i
tout».
à son rang, mal-appris'.
à Queue , à queue-d'aronde.
à Prêtre,
à Fusain, Prêtre,
à MOLÈNI,
à Berce,
à Dent,
à Ane, Peau,
à Antiik)te,
à Nourrice,
à U,
à Bœn-diei,
à RéGENT,
à Cour, Règne,
à Jardinier,
à Pigeon ,
à PlEO,
à Porter,
à Halte,
à Beurre,
à Mourir,
à Autel,
à Cri , Crier ,
à Mourir,
Id.
à Non...
à Mtosotis,
à son rang ,
à Petit, Pied,
à Value.
à Gagne-denier,
à Vin,
Dire,
à Part, Pater,
à MARGUEBrrE,
à Office,
à Dent,
à Grenouillbt,
à Loge, RELàôiE,
bonnet de prêtre ,
bonnet à orétre.
bonnet à pretre.
bouillon blanc.
branche nrsine.
chien-dent.
conte de Peau d*ine*.
contrei>oison.
le dernier-né ^.
dès-là «.
le bien faire, le bien
dire'.
docteur régent.
^and duc.
jardinier- fleuriste ••
gorge de pigeon (taf-
fetas).
hant-le-pied •.
haut de chausses,
halte-là ••.
petit lait,
main-morte,
maitre-antel ".
Montjoie Saint-Denis
morte eau.
morte saison,
non - plus - ultra et
nec-plus-ultrà ".
oreille de souris,
rio-à-ric «3.
petits pieds *^.
plus yalne ".
porte-faix,
pot de vin *•.
qu'en dira-t-on (le)".
quote part '•.
reine marguerite »'.
saint office (le)^.
une vieille sans
dents'',
sceau de Salomon.
Théâtre Français ^.
1. Nous n'avons pas mis dans cette liste les mots dont l'orthographe nous a paru être le ré-
sultat d'une faute typographique, comme colle-forte avec un tiret ; bouti rimes, rez de chaussée,
sans tirets, etc.
2 à 22. Voyez les articles indiqués aux chiffres suivants : (2) Atout. — (8) Mal-appris. —
(4) Pbau.— (5) Dbenier.— (6) Là.— (7) Bikn-dirb.— (8) Jardinibr.— (9) Pied.— (10) Halte.—
(11) Autel.— (12) Non-plus-ultra.— (13) Ric-a-ric— (14) Petit.— (15) Value.— (16) Vm.—
(17) Qu'bn-dira-t-on. — (18) Quotb. — (19) MAROtJBRrrB. — (20) Office. — (21) Sans-dent.
— (22) RBLàCHB.
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— 75 —
Nous aurions pu augmenter sensiblement cette liste des variantes
sous Je rapport du tiret, en y joignant celles que présentent les noms
de couleurs employés adjectivement, comme Cheval gris -pommelé
on gris pommelé; couleur gris-de-perlCj des bas de soie gris de perle;
étoffe gris-de-lin, ruban gris de lin, etc.; mais nous préférons ren-
voyer nos lecteurs à Tarticle Gris, où ils trouveront réunies toutes
ces disparates.
CONTREDIRE, V. a. (On dit à la seconde personne du pluriel du
présent de l'indicatif, Vous contredisez. A regard du reste, il se con-
jugue comme Dire.) — 11 fallait dire : du présent de l'indicatif c^ de
Vimpératif, car on pourrait croire que ce dernier temps se conjugue
comme dans le verbe Dire. Voy. Dire.
CONTUMAX, adj. des deux genres. T. de Jurispr. criminelle. Accusé
ou prévenu qui est en état de contumace , qui s'est soustrait par la
fuite aux recherches de la justice... Il est contumax. Elle a été déclo'-
rée contumax. — Il s'emploie aussi substantivement. Le c<mtumax.
La quatrième édition porte contumace, et nous préférons de beau-
coup cette variante, parce qu'elle a pour analogues efficace, fugace,
loqucLce, perspicace, rapace, sagace, vivace, vorace, etc., tandis que
contumax est le seul adjectif de cette terminaison. Il est à remarquer
qu'en latin tous ces adjectifs se terminent par ax comme contumax,
et l'Académie a bien fait de les franciser. Qu'on laisse donc au bar-
reau contum^ix, préfix, etc., mais que dans le langage ordinaire on
dise et l'on écrive contumace, préfixe, etc. Si l'on nous objectait que
le mot contumax a été rétabli pour le distinguer du substantif fémi-
nin contumace, nous pourrions répondre que le moX^efjicace est éga-
lement adjectif et substantif féminin.
COPATER, s. m. (On prononce et quelques-uns écrivent Copaier.)
T. de Botan. Arbre fort haut... — Puisqu'on prononce copaïer, il y
aurait avantage à l'écrire ainsi. Voy. Bayadère.
COPULATION... La copulation chamelle est défendue hors le ma^
riage. — Qu'à l'article Hors l'Académie dise que « dans certaines
façons de parler familières on emploie hors sans le faire suivre de la
particule de. Il est logé hors la barrière » , cela se comprend ; mais
quand c'est. elle qui parle, elle devrait ne jamais autoriser par son
exemple les infractions à la règle*. La phrase ci-dessus ne rentre
point dans les façons de parler familières, et conséquemment il fallait
dire : La copulation charnelle est défendue hors dd mariage.
COQ... Coq d'Inde, le mâle de la dinde. — Ne fallait-il pas ajouter :
« Lorsqu'il est jeune, on l'appelle Poulet d'Inde » ? Voy. Poulet.
COQUE, s. f. Enveloppe extérieure de l'œuf. Le poussin becquetait
déjà la coqtie. Les poulets, les perdreaux, courent au sortir de la
1. Cfest ainsi, par exemple, que dans l'une des acceptions de Noix elle dit : t Proche la
jointoie det deux os t au lieu de « prit de la jointure... »
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— 76 —
coqiùe.—ll aurait été utile d'ajouter « On dit SLUsncoquiUle n, car c'est,
croyons-nous, la locution la plus usitée, excepté dans la phrase CÊuf
à la coque; cependant ce n'est que vers la fin de l'article Go<^illb
qu'on trouve cette espèce de synonymie : « Coqmlle se dit pareille-
ment des coques d'œufs, de noix, d'amandes, etc., prlncipalem^t
quand elles sont vides, rompues, cassées. Quand on a fini de mander
un œuf à la coque , l'usage est de briser la coquille ».
L'Académie dit encore : « Ne faire que sortir de la coque, Être en-
core très-jeune » ; — et à l'article Coquille, mais dans ce qui con-
cerne les testacés, elle met « Ne faire que * sortir de la coquille. Être
fort jeune et sans expérience ».
COQUE... Coque du Levant, Fruit d'un arbre des Indes... qui a la
propriété d'BNivRER les poissons, de manière qu'on peut les pêcher à
la main. — A l'article Mortel on lit : « La coque du Levant est mor-
telle av^ poissons j pour les poissons ».
COQUE... se dit aussi de l'enveloppe ligneuse de la noix *, de l'a-
mande, etc. Coque de noix. Je n'en donnerais pas une coque de noix,
— A l'article Noix on ne retrouve pas le mot coque : « Écale, coquille
de noix. Le zeste d'une noix ».
CORBILLAT. Le petit du corbeau. — L'Académie écrit comUlas, le
petit d'une corneille. Comme elle a préféré Vs pour les mots cadenas,
cannelas, altercas , etc., qui autrefois se terminaient par un t, il
est probable que dans la prochaine édition elle écrira de même
corbUlas,
CORELIGIONNAIRE. — On écrit corrélation, corrélatif, corresponr
dant, etc., avec deux r; coreligionnaire nous semble demander oa
deux r, ou du moins un tiret : co-religionnaire.
COTEAU. Autrefois on écrivait coteau, comme côte, côtier, côtoyer;
mais la prononciation a prévalu sur l'analogie avec le radical et les
autres dérivés.
COTYLÉDONÉ, EE. — Cet adjectif prend un ^ à la dernière syllabe,
mais ses composés prennent un e muet : acotylédone, monocotylé-
dofie, dicotylédone, etc.
1. Ne faire que sortir de la coque; ne faire que sortir de la coquille. — D'après ce que
l'Académie nous apprend au verbe Faire , il fallait dire Ne faire que db sortir, car il s'agit
ici d'une action récente {Ne faire que de sortir, que D'arrivei; que de s'éveiller, etc., n'être
sorti, arrivé, éveillé, etc., que depuis très-peu de temps. Acad.), et non d'une action instan-
tanée, immédiatement suivie d'une autre ou d'un résultat quelconque, comme dans ces
phrases : Je ne fis que le toucher, et il tomba. Il n*a fait que paraître etdisparaitre.
2. Il nous semble qu'il y a un grand inconvénient à donner à un mot des aooeptioas pour
lesquelles il a des synonymes beaucoup plus connus et qui préviendraient les quiproquos. Tel
est le mot coque, que l'Académie emploie en parlant des coquilles de noix , d'amandes, tandis
que coquille est bien suffisant; -r- puis elle lui fait«ignifier L'enveloppe extérieure de la noix,
pour laquelle on a les synonymes brou, qui est connu de tout le monde , et écale qui l'est
moins ; et encore , pour être certain que l'Académie a voulu parler de l'enveloppe extérieure
il faut avoir lu la définition de Racinaqe : « Décoction d'écorce, de feuilles d« noyer { Voyez
Racin.^qb) , de coques de noix, propre pour la teinture ».
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— 77 ~
oiHJUER, y. a. Fluer. Ce ruisseau j cette fontaine coule doucement, etc,
— Dans cette acception, lisez : y. n.
€9iJUBUVRE... Avaler des couleuvres. Recevoir des dégoûts, des
chagrins, des mortifications qu'on est obligé de dissimuler, dont on
n'ose se plaindre. Jl a bien avalé des couleuvres. On lui a fait avaler
BiBN des couleuvres. En plaçant l'adverbe bien entre l'auxiliaire et le
participe dans le premier exemple , on lui fait signifier non pas mul~
tum, mais etiam, quddem, imo, quin etiam, etc. Il en est de même de
cette phrase, qu'on trouve à Angoisse et à Poire : Il lui a bien fait
avaler des poires d'angoisse. Voy. Bien. *
COULOIR, s. m. Écuelle ordinairement de bois, qui a, sra lieu de
fond, une pièce de linge par où on coule le lait en le tirant.— Passage
de dégagement d'un appartement à uu autre.— Dans les salles de spec-
tacle, Passages pratiqués derrière les loges. — En termes d'Ânatomie,
Conduits par lesquels s'écoulent certaines humeurs. Les couloirs de la
bile. Ce sens vieillit. — €OULoire, s. f. Vaisseau propre à faire passer,
à faire égoutter la partie la plus liquide ou le suc de quelque sub-
stance qu'on veut en séparer. Couloire d'apothicaire.
Il serait plus naturel de donner la même orthographe et le même
genre aux deux vases qui servent aux vachers et aux pharmaciens, que
d'assimiler le vase des premieis à des passages de dégagement et aux
conduits de la bile. Voy. Vérine.
COUP... // a été le plus fort, il a porté les coups, se dit d'un homme
qui a été battu par un autre. — Ce proverbe, qui se retrouve à l'ar-
ticle Porter , est du nombre de ceux qxf on ne met que pour grossir
un volume ou pour dérider un instant le front du lecteur. Et encore y
a-t-il amphibologie; car Fhomme dont on parle a pu porter (donner)
les coups, et dans ce cas il aurait été réellement le phis fort. Pour
exprimer qu'il a été battu, il faudrait dire qu'il a supporté les coups.
coupe; couvert... Coupe d'or, de vermeil doré. Couvert de ver-
meil doré. — Supprimez doré. Voy. Bras.
COUPER... Fig. et fam.. Couper le sifiet à quelqu'un. Le rendre
muet, le mettre hors d'état de répondre.— Cette expression figurée ne
s'emploie-t-elle pas aussi pour signifier Couper la parole à quelqu'un,
c'est-à-dire l'interrompre dans son discours? Nous le croyons beau-
coup, et peut-être même cette derni^e acception est-elle plus usitée
que l'autre,
COURANT... Toutr-cowrant, loc. adv. Très-vite, en toute hâte. On vint
m'a/vertir qu'il était chez moi, je m'y rendis tout-courant. — Il signi-
fie aussi Sans hésiter, sans peine, facilement. // lit tout-courant. Jl
récita cela tout-courant. Il joue mieux que lui, il le gagne tout-courant.
Nous croyons que pour le sens propre tout-courant est une locution
très-familière qui serait fort bien remplacée par en courant. — Dans
le sens figuré. Il lit tout-courant, H récita cela tout-courant, l'expres-
sion couramment, nous semble préférable. Nous tisons dans la même
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— 78 —
page du Dictionnaire, // lit eourammerU; à Lire , Lire couramment, et
à Solfier, Il solfie déjà tout couramment (sans tiret). Quant à H le
gagne tout-courant, c'est probablement une expression rare, et qu'on
eût aussi bien fait de ne pas admettre. — Dans toutes ces phrases le
tiret nous paraît au moins inutile.
COURRIER. — On écrit avec une seule r, courant, courante, coureur,
courir et tous ses composés accourir, concourir, parcourir, recott-
rir, etc.; mais on en met deux à courrier, courrière.
COURS, s. m. COURT, adv... Cours se dit figurément de la direction,
de la marche que prennent certaines choses, ou qu'on leur donne...
Arrêter le cours d'une doctrine pernicieuse. Couper cours à l'erreur.
Je coupai cours à la discussion, en leur disant... — Court, adv. Fig. et
fam.. Couper court. Abréger son discours. Monsieur, point tant de
paroles, coupez court, — Fig. «t fam.. Couper court à quelqu'un. Le
quitter brusquement, en lui faisant une réponse brève et décisive. Je
lui coupai court.
Nous croyons que l'usage le plus général est d'écrire couper codrt
à l'erreur, à une discussion, etc, ; nous osons même dire que nous
n'avons jamais vu couper cours que dans le Dictionnaire de l'Acadé-
mie et que nous avons été fort surpris de ne pas trouver ces locutions
à l'adverbe court, auquel l'Académie donne des acceptions bien diffé-
rentes. Certainement l'orthographe couper cours n'est pas choquante;
mais l'autre orthographe fait plus image que celle-ci, -et nous pensons
qu'il serait mieux d'employer couper court dans toutes les acceptions.
COURT, COURTE, adj... Court s'emploie aussi adverbialement. //
lui coupa les cheveux très-court, trop court, si court, que... Cette pé-
riode est coupée trop court. — Il est bien évident qu'on ne pourrait
pas dire Cette période est coupée trop courte ; mais sans cet exem-
ple, qui semble prouver que dans le premier et dans les phrases ana-
logues il faut faire de court un adverbe et le laisser invariable, on
serait fort embarrassé sur l'emploi de ce mot. Cela est si vrai, que sur
quatre exemples que nous avons recueillis il n'y a que celui de l'ar-
ticle Moucher qui soit absolument conforme à la règle ci-dessus , et
encore cette conformité ne tient-elle peut-être qu'à ce qu'il s'agit
d'un substantif féminin :
(à Moucher) Vous a/oez mouché cette chandelle trop court, trop. près.
(à Tailler) On nous a taUlé nos morceaux bien courts, bien court, etc,,
c*est-^dire, on nous a bien limité notre dépense.
(à Morceau) Tailler les morceaux bien courts à quelqu'un, loi faire sa
part bien petite.
(à Bretaider) Bretauder les cheveux de quelqu'un, les lui couper trop
courts.
COURT, adverbe. — On regrette de ne pas trouver dans cet article
Texpression court-vétu employée par La Fontaine (liv. X, fable 7) :
Légère et court-vétue, elle allait à grands pas...
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— 79 —
COURIR-POINTE, S, f. Couverture de parade, qu'on place sur un
lit. — On disait autrefois contre-pointe, parce que cette sorte de cou-
verture est piquée (ornée de points ordinairement rangés en losange,
pour unir les deux tissus dont elle est composée), et Ton avait le cor-
respondant contre-pointier, ière, pour qualifier les artisans qui les
faisaient. Aujourd'hui l'usage veut qu'on dise courte-pointe; mais
l'Académie ne donne pas de mot correspondant pour le nom de ceux
qui les fabriquent*.
COURTOIS, OISE, adj... Courtois aiLX dames, envers les dames, —
Ne peut-on pas dire Être courtois a^ec les dames. Il n'est courtois
AVEC personne f
COUSIN, INE, S... Cousins issus de germain. — Nous pensons qu'il
faut écrire germains, au pluriel, puisque les cousins sont issus de deux
cousins germains. Voy. Germain.
COÛTER, V. n... Le verbe coûter, étant neutre, n'a point de parti-
cipe ; cependant plusieurs personnes écrivent. Les vingt mille francs
que cette maison m'a coûtés... — L'Académie a sans doute voulu dire
« Son participe devrait rester invariable » , car nous pensons que
coûté est un participe dans cette phrase, ces livres m'ont co<3té cent
francs. Au reste, il est un assez bon nombre de verbes neutres qui se
conjuguent avec l'auxiliaire avoir, et auxquels cependant l'Académie
donne un participe variable sans ajouter aucune observation ; tels sont
aboyer, avorter, bourgeonner, croupir, décrépiter, dévier, divorcer,
émigrer, fermenter, flotter, germer, pâtisser, procéder, rancir, re-
chigner, renfler, tressaillir ^, etc.
Il y a, en revanche, des verbes actifs dont le participe est inva-
riable, ou du moins auxquels l'Académie n'a point donné de participe,
tels que butiner, dégriser, plaisanter, rueller, etc. ; mais pour la plu-
part c'est probablement une omission, car on doit pouvoir dire et
écrire : les fleurs qvs l'abeille a butinées; le sommeil les a dégrisés;
on les a tant plaisantes que,..; une vigne qu'on a rdellée, etc.
CRAPAUDAlLLE. Il se dit par corruption de crépodaille, et signifie.
Une sorte de crêpe fort délié et fort clair. Une coiffe de crapaudaille.
— L'Académie aurait dû se borner à dire « Crapaudaille. Voy. Cré-
podaille » , mot où elle aurait donné la définition et l'exemple ; mais
elle n'a pas même mis à son rang alphabétique « Crépodaille. Voy.
Crapaudaille. »
1. Dans plusieurs dictionnaires postérieurs à celui de l'Académie , on lit Contre^pointier,
fabricant de contre-pointes ou courtes-pointes ; et cela même dans ceux où contre-pointe n'est
pas admis dans cette acception ; cependant quelques-uns donnent aussi cowte-pointier,
2. Voici quelques-uns des exemples donnés au participe ; ils semblent prouver ou que ces
rerbes neutres ont un passif, ou que le participe devrait être appelé adjectif. Un débiteur
oboyé de tous ses créanciers. — Du blé avorté. Fruit avorté. Entreprise avortée. L'affaire est
mortée. C'est un talent Uvorté, — Avoir le front bourgeonné, le visage tout bourgeonné. (Nous
pensons qu'on pourrait dire tout aussi bien : avoir la figure toute bourgeonnée.) — De l*eau
trcupie. — Un homme divorcé. Une femme divortée, etc.
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— M —
CRAQUÈTEMENT. Ganvulsion dans les muscles des mâchoires, (|ui
fait craquer les dents.— Craqueter, fréquentatif de craquer. Craquer
souvent et avec un petit bruit. Qucmd on jette du sel, du laurier dans
le feu, on Venàend craqueter. — Ceaqueteb se dit aussi pour exprimer
le cri de quelques oiseaux. On entend craqueter les cigognes.
Ainsi Ton dit le craquètement des mâchoires^ mais on ne peut pas
dire que des mâchoires craquètent; et réciproquement Ton ne peut
pas dire le craquètement à.\x sel, du laurier, dans le leu;^6 eraquète^
ment des cigognes, etc.; car TAcadémie n'aurait sans doute pas Hian-
que de nous donner ces locutions, si elles pouvaient être employéesu
CRÊPE, CRÊPER. — Lcs dérivés de ces deux mots {crépine, crépir j^
crépissure, crépon, etc., auxquels nous ajouterons crépodaille) pren-
nent tous l'accent aigu; il serait donc convenable, pour diminuer le
nombre des exceptions, d'écrire crêpe avec l'accent grave et crêper
avec l's^ccent aigu.
CRESANE. Sorte de poire fondante et d'un goût délicat. On dit aussi
plus exactement, mais plus rarement, crassane, — Si l'Académie avait
donné la définition au mot Crassane, on aurait pu espérer de voir re-
vivre la locution exacte, parce que les petits dictionnaires l'auraient
répétée; au contraire, elle est morte pour toujours, parce que ceux
qui ont été publiés depuis 1835 disent seulement « Cresane, Poire
fondante » ; ils ne font pas mention de Crassane, Cela est vraiment
regrettable.
CREVER, V. a.,, est aussi neutre, et signifie S'ouvrir, se rompre par
un effort violent. Le canmi creva dès le second coup. La bombe creva
en l'air... — Fig. et par exagérât.. Crever d'embonpoint, de graisse,
être excessivement gras...
Voilà qui est bien; mais comment dire ensuite : « Fig. et fam., Cre-
ver de faim, de soif » , pour signifier Avoir une grande faim , une
grande soif? C'est une expression fausse, et l'Académie aurait mieux
fait de ne pas l'admettre , puisqu'elle emploie le verbe mourir même
en parlant des animaux : « Son chien est mort enragé. Son cheval
vient de mourir^. »
Le paragraphe suivant nous semble également peu digne de rester
dans le Dictionnaire : « Subst. , pop. et par mépris. Un gros crevé,
une grosse crevée, un gros homme, une grosse femme. Manger, ron-
fler, rire, etc., comme un crevé, manger, ronfler, rire beaucoup. »r
CRI. CRIER... Lé cri des Français était. Mont joie Saint-Denis. Les
Français criaient M ont joie. —k^on rang alphabétique ce mot est écrit
Mont-Joie Saint-Denis. Laquelle de ces variantes est la meilleure?
CROISSANT, s. m. La figure de la nouvelle lune jusqu'à son premier
1. A l'article Mourir, l'Académie dit très-bien , Je meurs de faim, de soif; et à Faim, Avoir
grande faim, mourir de faim. A Soif, on lit : Avoir soif, brûler de soif, mourir de soif, «irtt-
ger de soif.
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— 81 —
quartier. Le croissant de la lune, La lune est dans son croissaîit. Les
cornes du croissant.
Il y a certainement en français un terme pour exprimer l'augmen-
tation en grandeur de la lune et des autres planètes une fois qu'elles
ont dépassé le premier quartier, un mot qui répond à décours ou dé-
croissement. Ce mot quel est-il? est-ce cruCj croissance? Nous venons
de voir que ce n'est pas croissant^ puisque l'Académie dit que ce mot
exprime « la figure de la nouvelle lune jusqu'à son premier quartier.
Les cornes du croissant, » — Ce qui nous embarrasse, c'est qu'à l'article
Vénus nous lisons « Vénus a son croissant et son dégours comme la
lune, en sorte, que croissant semblerait être précisément le mot que
nous cherchons, le terme qui exprime l'action opposée à celle du
décours. S'il en est ainsi, il faudrait modifier la définition de Croissant,
et ne pas dire « jusqu'à son premier quartier ».
CROISSANT, s. m... Il se dit absolument, en poésie et dans le style
soutenu, des armes de l'empire turc; et, figurément, de cet empire
même. Arborer la croix à la place du croissant» Abattre , relever le
croissant. L^ empire du Croissant. L'orgueil du croissant. — 'Dans ce
dernier exemple il faut évidemment écrire Croissant avec une majus-
cule, comme dans le précédent, car dans tous deux il représente
Tempire turc.
CROITRE, v. n. (Je croîs j tu croîs j, il croît; nous croissons , vous
croissez, ils croissent. Je croissais, etc. Je crûs, etc.;^ous crûmes, etc,
J*ai crû, etc. Je croîtrai, etc. Croîs, Croissez, etc. Je croîtrais, etc.
Que je croisse, etc. Que je crusse, etc. Croissant.) Devenir plus grand...
11 signifie encore. Multiplier. La population crut en peu de temps,..
Crû, ue, participe.
Cet article donne lieu à plusieurs observations. Nous ne parlerons
pas de la transposition du conditionnel Je croîtrais, etc., qui doit être
placé après le futur Je croîtrai, et non après l'impératif Croîs. Crois-
sez ; — mais nous ferons observer qu'on a mis au passé défini je crûs,
avec un û circonflexe, et plus bas, La population crut beaucoup en
peu de temps, sans accent. Or, puisque l'Académie, pour prévenir toute
confusion avec le verbe croire, écrit je croîs, tu croîs, il croît, je
crûs, il est évident qu'elle veut l'accent à la troisième personne du
passé défini, il ou elle crût, et qu'il fallait mettre la population crût.
Cette intention d'empêcher toute confusfon avec le verbe croire aurait
dû engager l'Académie à écrire l'imparfait du subjonctif je crusse, etc.,
avec un û {je crûsse) comme elle écrit châsse et masse. Voy. Affre.
La même remarque peut s'appliquer au participe. L'Académie
û'affecte d'un accent que le masculin singulier crû, ce qui n'est pas
suffisant, car la confusion avec le participe de croire restera pour le
féminin singulier et pour les deux genres du pluriel crue, crus, crues;
elle devrait donc conserver le circonflexe aux deux genres et aux deux
nombres. Dans l'adjectif sûr, certain, elle met l'accent au féminin
11
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— 82 —
comme au masculin, au pluriel comme au singulier (sûrj sûre, sûrs,
sûres) ^ pour empêcher qu'il ne soit confondu avec sur, sure, acide,
aigret ; et bien que Tadjectif mûr ne puisse présenter de confusion
qu'au singulier masculin avec le substantif mur ^, elle maintient le
circonflexe dans les deux genres et les deux nombres. Fruit mûr.
Poire mûre. Raisins mûrs. Pommas mûres.
CRU, s. m. Terroir où quelque chose croît... Ces vins, ces denrées
sont de mon cru. — Ce mot, qui n'est autre chose que le participe du
verbe croître, devrait s'écrire comme le participe lui-même , par la
même raison qui fait maintenir l'accent dans le substantif dû : Je ne
réclams que mon dû. L'absence du circonflexe dans le substantif cru
donne lieu à une singulière équivoque dans ces phrases : Cru de l'Er-
mitage, cru de Médoc, etc.
€IJL-DE-SAC. — Voy. Impasse.
CULOTTE. — Ni dans cet article ni à Donner , on n'a mis l'expres-
sion Donner la culotte à un enfant ^, pour signifier qu'on cesse de lui
faire porter la robe. Cette locution, qu'on trouve à Jaquette, est aussi
nécessaire que cette autre qui aura cours tant que le monde vivra
« Cette femme porte la culotte '^ » ^ bien que l'usage de la culotte ne
soit plus guère d'usage qu'à la cour.
CURATELLE. — L'Académie écrit, conformément à l'étymologie,
cautêle, loquèle, parentèle, clientèle; mais elle met deux / à curatelle,
tutelle, contrairement à l'étymologie. Il est à désirer qu'elle s'en rap-
proche pour ces deux mots comme elle l'a fait pour fidèle et modèle,
qu'elle écrivait autrefois fidelle, modelle. Quant à querelle, bien qu'il
vienne de querela il conserverait les deux l à cause de son verbe
quereller.
CURE, s. f. Soin, souci. En ce sens, il n'est guère usité que dans
quelques phrases familières. — Prov. À beau parler qui n*a cure de
bien faire, se dit en parlant d'un homme qui fait de belles promesses
sans se soucier de les tenir. On a beau parler à qui n'a cure de bien
faire, il est inutile de donner des conseils à celui qui n'en veut pas
profiter. (Dans ces phrases, quelques-uns disent Cœur, au lieu de
Cure. )
Dans l'exemple « À beau parler qui n'a cure de bien faire » , Va
grave est une grosse faute, car la phrase doit signifier « Il a beau
n'a cure de bien faire; on ne le croit pas ».
ra sans doute que c'est pour remplacer Ve qu'on mettait dans les adjectifs
Ltr), qu'on met aujourd'hui le circonflexe; mais il y a tant d'autres mots
ne voyelle qui n'est pas représentée par un circonflexe , qu'il nous est
ce n'est pas là le seul motif qui l'a fait conserver dans sûr et mùr; et
écrivait autrefois ereu, creue, et du vin de mon crku, de son crku, de
lussi bien de dire < Mettre la culotte » ?
à Haut-de-chausse et à Porter « Celle femme porte le haïU-de-cJiaitsse»,
8, dans cette locution, haut-de-cha\isse, qui ne se comprend plus, est bien
le.
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^ as —
QattQt à la loeution cKenr, qtie quelques-uns emploient a« Ueii de
etare^ elle &ous semble confinner oe que noua avons eu plus d'une
ftrfs roccaslon de dire dans cet ouvrage, c*e»t que lorsque des pei^
sonnes illetti^s entendent un mot qui leur est inconnu et dont elles
ne peuvent comprendre la signification, elles croient avoir mal en*-
tendu et elles le remplacent par un autre qui leur paraît être équiva-"
lent, bien qu'il n'ait aucun rapport pour le sens; ainsi tantôt elles
emploient un paronyme, tantôt elles forgent un met qui n'a aucune
valeur. Qu'on nous permette d'en citer ici quelques exemples :
aâffpter un couvercle à sa bohe pow adftpter.
cardon, légume gardon, poisson.
censtirer sangsuer *.
cresson à la noix cresson alénois.
^htm^er du linge essaager, laver,
écharpe écharde«
embrasement d'une fenêtre ébrasemeat, çjcobrtuHu^*
eœhonoré du service militaire exonéré,
huile d'aspic huile de spic.
jeu d!eau jet d*eau.
poulevrin pul vérin.
serment de vigne sarment
Supplice (saint) saint Snlpioe*
CURULE *, adj. des deux genres. Il se dit principalement de la chaige
d'ivoire qui était à l'usage de certains magistrats romains. Chaise ou
chaire curule. On dit aussi, Magistrats, édiles curules. Magistrats,
édiles qui avaient le droit de se servir de la chaise curule. — A ces
définitions il faudrait ajouter celle de la statiie curule, dont il est parlé
à l'article Statue , mais dont la signification n'est pas indiquée.
CYGNE... Le cygne de Camhray, Fénélon. — Nous no^parlerons pas
de Vé accentué de la seconde syllabe de fénélon. Aujourd'hui l'on dit,
on écrit, on imprime Fénelon, après avoir dit, écrit, imprimé pendant
un siècle et demi fénélon, et le célèbre auteur de la Préface du Dic-
tionnaire de l'Académie a eu sans doute de bonnes raisons pour mettre
cet accent.— Mais nous regrettons que l'Académie mette un y à Cam-
hray. Nous voudrions voir disparaître de la fin des mots cet y dont
souvent les anciens calligraphes ne faisaient usage que parce qu'il
leur donnait l'occasion d'exercer leur main et d'enjoliver leurs pièces
d'écriture. Autrefois tous les substantifs terminés par les sons ai, oi,
prenaient Vy, et il semblait que pour un certain nombre il y eût
1. C« mot samgstur, fermé dô semgtue, efxpnme très-bien Facttcni 4e ceux ^ vivent »ttz
dépens des autres, qui leur soutirent peu à peu leur fortune, comme les agents d'affaires, les
solliciteurs, etc.; il dit bien plus que gruger, et nous le croyons préférable à sucer {Il a des
gens d^affaires, des sollieiteurs qui le sucent Académie). 11 est fâcheux que le Terbe sangsuer
n'ait pour lai l'autorité d'aucun dictionnaire.
2. D'après son étymologie currus, ce mot semble devoir s'écrire avec de»x »•; mais l'in-
conséquence est dans le latin curulis, et l'on ne peut que s'incliner devant Forthographe de
Cicéron.
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- 84 ~
utilité, parce qu'il suffisait d'ajouter er pour former le verbe : de balay,
déhlay, essay, employ, oclroy, toumoy, etc., on faisait balayer, dé-
blayer, essayer, employer, octroyer, tournoyer. Cependant, malgré
cette raison spécieuse Vy a disparu ; il en a été de môme pour les
jours de la semaine, lundy, mardy, etc., et pour la plupart des mots
terminés par les sons i, ai, oi : cecy, cry, guy, Henry, geay, may,
vray, loy, moy, toy, soy, quoy, palefroy, etc. etc. Puisque l'Académie
écrit avec un i simple Henri, Rémi, Cernai, Doutai, Villeroi, etc., pour-
quoi ne ferait- elle pas de même pour Barthélémy, Berry, Cluny,
Nancy, Cambray, Fontenoy, Rocroy, etc. ?
D
DAIGNER, V. n... Il est toujours suivi d'un infinitif. Cet homme de-
mande que vous daigniez l'écouter. Il n'a pas daigné lui faire réponse.
— Nous ne croyons pas qu'un verbe doive être considéré comme
neutre par la seule raison qu'il est toujours suivi d'un infinitif, car les
régimes ou compléments directs sont de différentes natures ; ce peut
être un substantif, un autre verbe amené ou non par une préposition,
tout un membre de phrase, etc. L'Académie ne regarde point le verbe
comme neutre lorsqu'il a pour régime un verbe au lieu d'un substan-
tif, témoin ces phrases : Il croyait gagner son procès. Il espérait obte-
nir tel emploi. Il compte partir demain. Oseriez-vous le blâmer}
Savoir jouer du violon. Il veut être payé, etc. Toutes ces phrases sont
mêlées à d'autres, dont les régimes varient, mais que l'Académie
regarde tous comme directs. Elle admet même comme régime direct
un infinitif amené par une préposition. Voy. Différer.
DAMAS... Prune de damas. — Au mot Prune on trouve également
Prune de damas (avec un petit d), mais à Raisin on lit Raisin de
Damas et Raisin de Corinthe ( grands D et C) . Il est évident que
cette dernière orthographe est la seule convenable, car le nom du
lieu qui produit l'objet doit être écrit avec une majuscule -/c'est ainsi
que l'Académie écrit Rose de Damas, de Hollande, de Provins, du
Bengale; acier de Damas, lame de Damas, sabre de Damas; c'est ainsi
encore qu'elle écrit Du drap de Sedan, de Louviers, d'Elbeuf; du fro-
mage de Gruyères, de Roquefort ; des prunes de Brignoles, du café de
Moka, etc. etc. Mais dans la conversation, afin d'abréger on supprime
le nom de l'objet même dont on parle et l'on ne mentionne que le lieu
producteur; ainsi l'on dit Voilà du sedan, du louviers, du gruyère^,
du roquefort, du moka, etc.; ou bien. Mon habit est d'un fin elbeuf;
j'ai mangé des brignoles, du sassenage; j'ai bu d'excellent cognac.
Malheureusement pour l'intelligence de certaines phrases, Damas et le
pays environnant fournissent non-seulement des prunes, mais encore
du raisin, des sabres, des étoffes pour meubles, etc. ; cependant lors-
1. On devrait écrire du gruyères comme on écrit du louviers, un pancaliers. '
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— 85 —
qu'on dit du damas broché, un meuble ou un lit de damas, il est bien
certain qu'il s'agit d'étoffe ; on sera également compris quand on dira
J'ai pour sabre un damas, un fin damas, un vrai damas; mais si celui
à qui l'on parle comprend qu'il s'agit de prunes quand on dit J*ai
mangé du damas musqué, du damas violet, du damas gris, du damas
rouge, parce que musqué, violet, gris, rouge ^ ne se disent pas du
raisin , il n'en sera pas de même en parlant du damas blanc ou noir.
Quoi qu'il en soit, en écrivant ces phrases, le nom de l'endroit pro-
ducteur remplaçant celui de l'objet produit, devra s'écrire avec une
minuscule. — Mais ce n'est pas là qu'est la principale difficulté sou-
levée par le Dictionnaire de l'Académie. Nous croyons avoir prouvé
qu'il faut nécessairement écrire Damas avec un grand D dans prune
de Damas , etc. ; cependant si Damas est modifié par un adjectif qui
en fait un nom commun , on doit pouvoir l'écrire avec une minuscule,
et nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de rien, critiquer dans l'ortho-
graphe de ces phrases : prunes de damas musqué, de damas violet,
blanc j gris, noir, rouge, etc.; pas plus que dans celles-ci : un meuble
de damas de deux couleurs, de damas cramoisi, jaune, vert, etc.
DAJME, s. f. — A la lettre N l'Académie met Notre-Dame comme
nom de la fête de la sainte Vierge, — des églises consacrées à la sainte
Vierge, — et de certaines images de la Vierge qui sont l'objet d'une
vénération particulière; mais elle ne dit pas que cette expression est
synonyme de « la Vierge Marie, la sainte Vierge » , comme on l'emploie
dans ces phrases : l'office de Notre-Dame ^ ; Notre-Dame, veillez sur
nous ; Notre-Dame , protégez-nous ; Notre-Dame , ayez pitié de nous ;
Notre-Dame , entendez nos cris; etc. C'est donc ici que cette locution
aurait dû se trouver. — Il nous semble aussi que l'interjection dame
est une abréviation de Notre-Dame, aussi bien que tredame, dont on
se sert plus rarement : Notre-Dame, sainte Notre-Dame, tredame,
dame, quHl parle bien! Ah! dame, vous m'en direz tant... Si nous ne
sommes pas dans l'erreur, il serait convenable qu'on indiquât ici la
véritable origine de cette interjection ou exclamation.
DAME- JEANNE... Une dame-jeanne clissée. — Ne faudrait-il pas une
majuscule à Jeanne, comme dans Messire Jean, reine-Claude ? ou plutôt
ne vaudrait-il pas mieux écrire reine- claude et messire-jean?
DE... (p. 673, col. 3) C'est à vous qu'il appartient de l'interroger,
de décider cela, ou elliptiquement. C'est à vous de Vinterroger, de
décider cela. — Nous examinerons ce genre de phrases à l'article
Être, où l'Académie admet à peu près indifféremment à et de; nous
y discuterons l'emploi de ces deux, prépositions, et nous y donnerons
1. En parlant du raisin , on dit muscat et non musqué; quant aux couleurs , il n'y en a pas
de gris , de violet , ni même de rouge. Nous ne comprenons pas trop pourquoi il faut dire du
vin rouge et du raisin noir. L'expression raisin rmige est très-usitée dans certaines localités.
2. Dans cette acception nous écririons Notre Dame sans tiret, comme Notre Seigneur. Voy.
Christ.
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— 86 —
quelques-uns des exemples que rAcadémie nous a fburnis àsaas le
cours de son Dictîocmaire.
»E... (p. Zi7/i, col. 3) Parler sans faire de foèUes. Il n*a point iué
(t ennemis. Ne pouvoir souffrir de rivale de rivmtx. N'aA)ez-vou8 poénl
(t enfants f N'a/û&ir plus d'amis, de bien. — Ces phrases donnent une
idée à peu près exacte du nombre qu*on doit employer avec sems,
point, n'avoir plus, etc. ; mais il y a d*autres cas encore où Ton est
fort embarrassé, et nous croyons devoir les examiner à Tarticle Potm,
où TAcadémie n'a pas traité la question d*une manière suffisante.
I»:... (p. 675, col. 1) Le samt des saints. Le Cantique des eantiquèê.
L'Être des ^ir^*.— Ailleurs nous trouvons une orthographe différente,
excepté pour VÉtre des êtres; il n'est pas possible d'écrire cette phrase
autrement.
(à SANCTtTAme) Le Saint des Sawts»
(à Cantique et à Pabaphrasb) Le Cantique des Cantiques.
(à De et à Être) L'Être des êtres.
(à Roi) Dieu est le roi des rois,
A Saint nous retrouvons la même orthographe qu'à De , Le saint
des saints * ; et comme il s'agit ici seulement du sanctuaire , c'est-à-
dire du lieu le plus saint du temple, ou» si l'on veut, du lieu le plus
saint entre les lieux saints, nous croyons la minuscule préférable dan»
les deux mots. Si nous voulions parler de Dieu, nous écririons le Saint
des saints, le Roi des rois, comme l'Être des c7res.— Nous ne voyons
pas l'utilité d'un grand C au second mot cantique, qui est un nom
commun, et nous sommes bien aise de trouver à l'article Époux
comme ici « le Cantique des cantiques » ; quant au premier, qui com-
mence le titre d'un ouvrage, la majuscule est nécessaire. — L'Acadé-
mie écrit Dieu est le roi (petite r) des rois, parce qu'il s'agit simple-
ment d'une qualification (Dieu est le premier des rois) ; mais nous
aimons à croire que si le mot Dieu n'eût pas été exprimé, elle aurait
mis le Roi des rois *, comme elle écrit Z^Être des êtres; et nous pré-
sumons que par la raison opposée elle aurait écrit Dieu est l'être des
êtres (le premier entre les êtres, parmi les êtres).
DEBOUT... s'emploie souvent en termes de Marine. Ainsi on dit: Cette
embarcation est debout à la lame, au courant, au vent, elle présente
son avant à la lame^ au courant, au vent. Ve7it debout, vent directe-
ment contraire à la route qu'on voudrait tenir. Nous avions le vent
debout, vent debout. Dans ces phrases, quelques-uns écrivent de bout,
en deux mots.
Il nous semble que ceux qui écrivent de bout en deux mots ont seuls
raison , et nous croyons que pour le prouver il suffit de transcrire les
1. On est surpris de trouTer à cinq pages de distance deux manières d'écrire si opposées :
à Saint (p. 694, col. 3) le saint des saints, avec des minuscules; à Sanctuaire (p. 699, col. 8)
le Saint des Saints, avec des majuscules , bien que la signification soit absolument la même.
2. On voudrait trouver dans le Dictionnaire de l'Académie, le Roi des rois, le Seigneur des
seigneurs. Dieu est l'être des êtres, et toutes les expressions analogues.
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— 87 —
lignes suivantes, qu'on trouve à l'article Bout : « Bout, en termes de
Marine, se dit, dans quelques phrases, de Pavant, de la proue du bâ-
timent. Ce bâtiment a le bout à terre ; il court, il donne de bout à
terre. Cette embarcation nage bout au vent, bout au courant, bout à
la lame; elle est de bout au vent, au courant, etc. Avoir vent de bout,
avoir vent contraire. On écrit aussi debout en un seul mot ». —
Nous avons peine à comprendre, nous le répétons, qu'après avoir
donné des raisons si claires, si concluantes pour écrire de bout en
deux mots, on n'hésite pas à dire qu'il existe des personnes qui écri-
vent d'une autre manière *. — Mais voici un autre cas omis par l'Aca-
démie, et que nous croyons utile de mentionner. Les architectes, les
mécaniciens écrivent souvent sur les tracés qu'ils ont faits : « Plan
vu par dessus. Plan vu de bout. Machine vue de bout, c'est-à-dire par
le bout, et dans ce cas comme dans l'autre ce serait une faute d'écrire
debout en un seul mot.
DÉCAGONE. — D'après l'étymologie, ce mot et tous les autres com-
posés de gone. Pentagone, hexagone, heptagone, octogone, ennéagone,
hendécagone, dodécagone, etc., devraient avoir Vô qu'on met sans
raotif aux composés de nome : binôme, trinôme, etc.
DÉCHÉANCE, s. m. — Lisez : s. f.
DÉCONSIDÉRÉ, ée. Qui n'.est plus jugé digne de considération, .
d'estime. — Après Déconsidéré, ée, ajoutez : adj.
DÉCROISSEMENT, S. m. Diminution. Le décroissement de la rivière.
Le décroissement des jours, — 11 aurait été utile d'ajouter le décrois^
sèment de la lune, locution qu'on trouve dans la définition de Décours.
DÉCUPLE. Qui vaut dix fois autant, décupler. Rendre dix fois plus
grand, augmenter de dix fois autant. — Pour décupler il faudrait dire,
conformément à la définition de décuple : Rendre dix fois aussi grand,
augmenter de neuf fois autant. Voy. Centuple , Centupler.
DÉDIRE, V. a. — Pour la conjugaison, voy. Dire.
DÉFAUT. — A l'article Non-payement on trouve pour définition ,
« Défaut de payement » ; à Protêt, l'Académie donne pour exemple,
« Protêt faute d'acceptation, faute de payement » ; on est donc surpris
de ne voir ni à Défaut, ni à Faute, des locutions analogues, telles
que Faire prolester un billet, une lettre de change, pour défaut n'ac-
teptation, de payement, — faute D'acceptation, de payement. Sans
doute il ne faut pas que l'Académie se répète trop souvent ; mais ce-
!• Quelques personnes, habituées à voir écrit vent debout, disent qu'elles se représentent
très-bien un vent qui s'élève , qui se dresse devant les navires et leur fait obstacle. — A cela
nous répondrons que le vent n'est pas perpendiculaire comme les murailles de la Chine, par
exemple ; il souffle à peu près horizontalement , et les vents alizés dont on profite pour aller
aes Indes orientales en Amérique, et vice veisâ, prouvent qu'ils poussent par la poupe les na-
vires qui vont dans le môme sens qu'eux , tandis qu'ils souffleraient contre la proue de ceux
qui voudraient aller en sens contraire ; ainsi ces derniers recevraient le vent par le bout du
navire, ils auraient le vent de boni, comme ceux qui louvoient le reçoivent par le flanc ou de
mnc, et jamais personne ne s'avisera d'écrire en un seul mot, defl^nc, décote.
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— 88 —
pendant il est nécessaire qu'elle indique à chaque mot ses différents
emplois, quitte pour renvoyer aux articles où elle aura jugé conve-
nable de les développer.
DÉFIANCE. DÉFIER (SE). — Voy. MÉFIANCE. MÉFIER (se).
DÉFICIT... Il y a plusieurs déficit dans cet inventaire. — Au mot
Accessit, l'Académie ajoute : « Quelques-uns écrivent au pluriel. Des
accessits. Elle aurait pu faire la même remarque, et avec non moins
de fondement, au mot Déficit; mais il aurait encore mieux valu
qu'elle dît d'une manière précise s'il faut ou s'il ne faut pas écrire
des accessits, des déficits.
DÉFILER, V. n. Aller l'un après l'autre, etc.. Défilé, ée, parti-
cipe. — Supprimez ici les mots Défilé, ée, participe, et mettez-les à
la fin de l'article Défiler, v. a., où ils manquent.
DÉGÉNÉRER, V. u. — Puisque l'Académie donne pour exemple
Cette race a bien dégénéré, est bien dégénérée, ne serait-il pas conve-
nable de dire que « ce verbe prend l'auxiliaire avoir ou l'auxiliaire
être suivant qu'on veut exprimer l'action ou le résultat » ? Cette expli-
cation, qui serait utile pour bien des personnes, ne se trouve qu'à un
fort petit nombre de verbes tels que descendre, apparaître, résul-
ter, etc.
DÉGRÉER... Il se dit en parlant d'un bâtiment dont on ôte les agrès,
les voiles, les cordages et autres choses nécessaires à la manœuvre,
ou qui perd ses agrès, soit par accident, soit dans un combat. — Ce
verbe devrait avoir un substantif, dégréement.
DÉGREVER. — Nous demandons la suppression de l'accent à la se-
conde syllabe de ce verbe. On dit celer et déceler, et non déceler;
d'ailleurs cet accent ajoute une difficulté à la conjugaison du futur et
du conditionnel {je grèverai et je dégrèverai, je grèverais et je dé-
grèverais) ^ puisque dans ces deux temps l'Académie conserve Vé aux
verbes qui en ont un à la pénultième de l'infinitif. Voy. Accents.
DÉGRISER, V. a. Faire passer l'ivresse, etc. — A la fin de l'article,
ajoutez : Dégrisé, ée, participe.
DÉJEUNER, V. n. Faire le repas du matin... Déjeuné, ée, participe.
— Supprimez : Déjeuné, ée, participe.
L'Académie écrit jeûner avec un circonflexe, et déjeuner sans accent.
DÉJEUNER, s. m. — L'Académie écrit Déjeuner, s. m., et elle ajoute
« Plusieurs écrivent. Déjeuné. » — « Dîner, s. m. (Quelques-uns
écrivent. Dîné) ». — « Goûter, s. m. » sans variante. — « Souper ou
SoupÉ, s. m. » —A cela on peut ajouter « Après-dÎnée, s. f. Plusieurs
écrivent, Après-diné ou Après-diner, et font ce mot masculin. » —
« Après-soupée, s. f. Plusieurs écrivent, Après-soupé ou Après-
souper, et font ce mot masculin. » — Voilà de quoi choisir, et cette
latitude nous paraît fâcheuse : il faudrait que l'Académie, qui en a
reçu la mission , pesât elle-même l'orthographe et le genre des mots,
et qu'elle formulât nettement les règles.
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-«9-
D^iBiÉREU, V. n. Examiner, consulter en soi-même ou avec les
autres.,. Il signifie aussi, prendre une délibération, se déterminer.
fai délibéré de faire telle chose. On délibéra d'aller à Vermemi. Voilà
ce qui a été délibéré dans le conseil *. — Nous croyons qu'ici délibé-
rer est actif, et nous avons pour nous la première édition du Diction-
naire de l'Académie, où on lit « Délibérer, V. a. Examiner, résoudre,
consulter en soy-mesme ou avec les autres^ Il a long-temps délibéré
ce qu'il devait faire. Qu'a-t-on délibéré? Cette a/faire a esté long-temps
délibérée j meurement délibérée. Il est aussi neutre. // a esté long-
temps à délibérer si... », etc. D'ailleurs l'Académie dit encore aujour-
d'hui « DÉLIBÉRÉ, ÉE, part... C'est une chose délibérée, c'est une chose
arrêtée, conclue ». Délibérer une affaire, c'est donc î'Çxaminer, la
résoudre , l'arrêter, la conclure. Si l'on ne donne pas un substantif
pour régime à ce verbe, on lui donne la préposition de et un infini-
tif, ce qui revient au même. Voy. Différer.
DELTA, s. m. — Ce mot manque, et cependant il a plusieurs accep-
tions. La plus connue est celle du triangle formé par des terres à
l'embouchure de quelques fleuves tels que le Rhône, le Pô, le Dnieper,
et surtout à l'embouchure du Nil. Le delta du Nil. Le delta du Rhône.
lyÉMAlLLOTER, V. a. — Maillot a deux composés : démailloter,
que TAcadémie écrit avec un seul t, et emmaillotter, où elle en met
deux. Voy. Terminaison.
DEMAIN, adv. de temps... // arrivera demain, demain matin.
Demain au matin. Demain au soir. — HIER, adv. de temps... Hier au
soir. Hier au matin. Hier malin.
Par un caprice de Tusage, on dit généralement Demain matin, hier
Matin, tandis qu'en parlant du soir on ajoute au : Demain au soir,
hier au soir. Cependant puisque l'Académie admet Demain kV matin,
hier au matin, qui ne sont guère usités, elle aurait bien fait d'ajouter
dans ces articles demain soir, hier soir, qu*elle a employés ailleurs :
(à Soir) J'irai chez vous demain matin ou demain soir.
Id. Je le vis hier soir, hier au soir.
(à Participe) Je suis revenu depuis hier soir.
Elle dirait « Demain soir, et plus ordinairement {ou et mieux)
demain (m soir; Hier soir, et plus ordinairement {ou et mieux) hier
au soir, » comme elle a fait à l'article Matin : « On dît demain au
matin, et plus ordinairement demain matin. »
DENIER... Le denier de Saint-Pierre, Tribut que l'Angleterre payait
autrefois au pape, et qui n'avait été d'abord que d'un denier par mai-
son. — L'Angleterre payait le tribut d'un denier par feu, par famille,
non à l'église Saint-Pierre, mais à l'apôtre saint Pierre, représenté
1- Au lieu de, Vbt7à ce qui a été délibéré dans le conseil, on pourrait dire tout aussi bien ,
^oild ce qu'on a délibéré dans le conseil, ou Voilà ce que le conseil a délibéré. Nous ne voyons
P*« l'avantage que peut présenter dans cette phrase la forme passive, qu'en général l'Acadé-
mie évite avec soin ; il y a dans son Dictionnaire bien des verbes dont on cherche en vain
'* participe pour connaître la préposition dont il doit être suivi.
12
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— 90 —
parle pape; il faut donc écrire saint Pierre (petite s et pas de tiret).
DENTICCLES, S. m. pi. T. d'Archit. Moulure plate, refendue dans le
sens de la hauteur, de manière à former, dans toute sa longueur, une
suite de dents.— Ce mot doit-il être du genre masculin ou du féminin?
L'Académie ne Ta pas mis dans la première édition de son Diction-
naire; mais dès la seconde elle lui a toujours donné le genre masculin.
D'un autre côté le Complément du Dictionnaire de l'Académie, le
Dictionnaire national et le Dictionnaire universel en font un sub-
stantif féminin , et nous ajouterons qu'on trouve ce même genre dans
le Supplément du Dictionnaire de l'Académie de 1696, ce qui n'est
pas sans importance à nos yeux. Si l'on consulte l'étymologie denti-
culuSj on donnera à denlicule le genre masculin ; mais si le diminutif
doit prendre le genre du radical, denticule sera féminin comme dent,
qui lui-même est féminin bien que dens soit masculin.
DÉPOSANT, AMTË, adj. T. de Palais. Qui dépose et affirme devant le
juge. Tels et tels témoins déposants. Telles et telles femmes déposantes.
— Il est aussi substantif. Tous les déposants disent la même chose.
11 manque ici une acception qui chaque jour devient plus néces-
saire, car chaque jour augmente le nombre de ceux qui portent leurs
économies aux caisses d'épargne. En trois jours le nombre des dépo-
sants a été de.,,
DÉRÈGLEMENT. — Ce mot devrait prendre l'accent grave à la seconde
syllabe, puisqu'on écrit règlement,
DERNIER, ÈRE, adj. — A l'article Naître on lit :
Sous la loi de Moïse, on offrait à Dieu les enfa/nts premiers-nés.
L'ange extermina les premiers-nés des Égyptiens.
Les premiers-nés des animaux étaient offerts à Dieu.
Cette locution premier-né a un corrélatif, dernier-^, qu'on ne
trouve ni à Naître ni à Dernier. Comment faut-il l'écrire? avec un
tiret comme premier-né, ou sans tiret? Si nous consultons l'article
Nourrice , nous mettrons le tiret :
Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né.
Si, au contraire, nous jetons les yeux sur l'article Culot, nous ne le
mettrons pas :
Il (culot) désigne également Le dernier né des autres animaux, et fami-
lièrement Le DERNIER Né d'uue famille.
Voilà qui est fort embarrassant; cependant, conune l'Académie
écrit toujours sans tiret le premier venu, le dernier venu, le dernier
éclosj etc., on se demande pourquoi il faudrait en mettre un à pre-
mier né, dernier né,
DÉROiDiR. — Au mot RoiDE , l'Académie dit « En conversation et
quelquefois dans le discours soutenu, on prononce rède, rédeur, rédir;
aussi plusieurs écrivent-ils raide, raideur, raidir». Elle aurait dû
faire la même observation pour déroidir, car déraidir est la seule
prononciation usitée.
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— 9! —
DERYICHE OU DERTis. — Ce dernier mot est oriental; doit-on faire
sentir Vs dans la prononciation ?
DÉSERT, ERTE, adj. Inhabité, ou Qui n'est guère fréquenté. Pays
désert. Campagne déserte. Ile déserte.,,— \[ aurait été bien de donner
ici pour exemple VArahie Déserte, et de même à Heureux, euse, adj.,
V Arabie Heureuse, comme à Mineur, eure, adj., on a mis l'Asie Mi-
neure; à Fortuné, ée, adj., les îles Fortunées; à Arabique, adj.,
le golfe Arabique; à Pacifique, adj., la mer Pacifique, etc. L'emploi
des majuscules est une chose trop intéressante pour qu'on ne saisisse
pas toutes les occasions d'instruire ceux qui veulent apprendre l'or-
thographe, et c'est à ceux-là surtout que s'adresse le Dictionnaire de
l'Académie.
BÉSHABiiXER... s'emploie quelquefois neutralement, dans le sens
de Se déshabiller. // a été quinze jours sans déshabiller. Cet emploi
familier a vieilli. — Cette locution ne méritait guère mieux d'être
recueillie que beaucoup d'autres analogues que l'Académie a bien
fait de ne pas mentionner, comme : Je n'ki pas réveillé de toute la
nuit. Je n'Ai pas arrêté (cessé de marcher, de travailler), je n'Ai pas
assis de tout le jour, etc.
DÉsiGNATiF, IVE, adj. (L'S se prononce comme Z, et le G comme
Gue,) — Si l'Académie croit par trop inutile d'indiquer la prononcia-
tion des mots désignation et désigner, elle devrait du moins faire con-
naître d'une manière quelconque que la prononciation qu'elle donne
ne se rapporte qu'au mot désignatif, en disant, par exemple, comme
elle l'a fait plus d'une fois : « Dans ce mot, l'S se prononce... »
BÉSOBSTRVCTIF, S. m. T. de Médec. Il est, comme le précédent,
synonyme &' Apéritif. — Ce précédent est « Désobstruant, antb, adj.
qui s'emploie aussi comme substantif : Ce remède est un bon désob-
struant ». Désobstructif devrait donc être d'abord adjectif comme
désobstruant et apéritif, ses synonymes. Chose bizarre, obstructif ne
nous est donné que comme adjectif: « Obstructif, ive, adj. T. de
Médec. Qui cause obstruction. Aliment obstructif m , tandis que son
opposé désobstructif ne s'emploierait que substantivement.
DESQUAMATION, s. f. — Ajoutez : On prononce descouamacion,
DESSILLER. Quelques-uns écrivent déciller, parce que ce mot vient
de cil, — Si cette étymologie est exacte, il faudrait adopter définiti-
vement déciller, qui serait en harmonie avec sourcil, sourciller, etc;
mais si, au contraire, comme l'Académie le disait dans la première
édition, il vient de siller, fermer, clore, il faut conserver dessiller eX
supprimer l'étymologie cil, qui ne ferait qu'induire en erreur*.
1- En 1762, l'Académie disait encore comme en 1694 : « Dessiller, ouvrir. Il ne se dit
qu en parlant des yeux et des paupières. // était si endormi, qu'il ne pouvait defsitler les yeux,
ailler les paupières. » Dans l'édition de 1835, au moyen de légères modifications elle nous
amène à l'idée dominante de cil : « Séparer les paupières l'une de l'autre , afin de faire
Toir clair. Ses paupières étaient tellement collées ensemble, qu'on a eu de la peine à les des-
siUer.
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DESSOULER* — Dans la quatrième édition , l'Académie écrivit en-
core dessaouler. Ne devrait-on pas écrire dessoûler j pour remplacer
Va supprimé, puisqu'on écrit soûlj soûler? Voy. l'article Accents.
DESSOUS, DESSUS. — Après y avoir longtemps réfléchi, nous nous
sommes demandé pourquoi l'on écrit avec un tiret attacher ses jarre-
tières AU-DESSOUS du genou j au-dessus du genou; passer par-dessoos,
PAR-DESSUS la barrière; avoir de Teaw par-dessus la tête. Ces diverses
locutions prépositives s'emploient, il est vrai, dans des phrases figu-
i^ées, où l'emploi du tiretparaît au premier abord plus naturel, comme
être au-dessus de la critique; rester au-dessous de ses concurrents;
il est beau, il est jeune, et par-dessus cela il est sage. Mais nous
sommes persuadé que malgré ces phrases figurées 'on s'habituerait
aisément à la suppression du tiret; n'écrit-on pas : au dedans et ao
DEHORS de la ville; il passa par dehors la ville, par dedans la niai-
son; cet édifice est moins beau en dehors ^w'en dedans; puis : aller av
DELÀ des mers, réussir au delà de ses espérances; le juste est récom-
pensé PAR DELÀ ses mérites; je l'ai satisfait et par delà? N'a-t-on pas
supprimé les tirets que tous les imprimeurs mettaient encore, il n'y a
pas quarante ans , à tout à fait, tout à coup, tout d'un coup, tour à
tour * ? Voy. Làr-bas, là-haut, là-dessus, là-dessous, à l'article LÀ.
DÉTONNER, v. u. Sortir du ton... Détonné, ée, participe. — Sup-
primez : DÉTONNÉ, éEj^ participe.
DIACRE, s. m. Celui qui est promu au second des ordres sacrés.
C'est au, diacre à chanter V Évangile, Faire diacre à la grand' messe.
~ Il aurait été convenable d'ajouter que dans les églises protestantes
les diacres sont des laïques choisis pour assister les pasteurs dans
l'exercice de la bienfaisance.
DIEU. — Dans cet article on a bien écrit le Fils de Dieu avec une
grande F; mais on a mis La Vierge est appelée la mère de Dieu avec
une petite m, Qi Cybèle est appelée la Mère des dieux avec une
grande M. — k Gloire , à Mortalité , à Naître , on a mis Le fils de
Dieu avec une petite /*. Il est inutile de dire qu'on doit écrire Mère
et Fils avec une majuscule dans ces phrases, la Mère de Dieu, le Fils
de Dieu,
DIFFÉREND, S. m. Dans les quatre premières éditions, l'Académie
écrit différent avec un t ; dans la sixième , elle ne donne même pas
cette variante. Il est difficile de se rendre compté de cette décision.
Quelques personnes, il est vrai, prétendent que différend vient du
latin differendum, mais nous avons peine à croire à cette étymologie.
Selon Féraud, « l'usage le plus ancien, le plus constant et le plus
universel est pour différend avec un (/ à la fin; on peut même dire,
ajoute-t-il, que cet usage est raisonnable, et qu'il est bon de différen-
cier ces deux mots (l'adjectif différent et le substantif différend)^ ne
I. L'Académie a écrit tout-à-fait avec des tirets dans les quatre premières éditions, mais
elle n'en a jamais mis à tout à coup, tout d'un coup, tour à tour.
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fût-ce que pour éviter les équivoques/» N'en déplaise à Féraud, nous
ne voyons pas de raison pour changer Torthographe d'un mot parce
qu'il passe de l'état d'adjectif à celui de substantif, et nous ne croyons
même pas qu'on puisse citer un seul autre substantif qui ait subi
ce changement. Écrit-on un incidend^ un expédiend, un émolliend,
l^antécédendj le conséqvsnd, etc, pour distinguer ces mots d'avec lès
adjectifs incident, dente; expédient, ente; émollient, ente ; antécédent,
dente; conséquente, quente, etc.?
DIFFÉRER, V. a... Il est aussi neutre. Ne différez point d'y aller.
Ne différez point de mettre ordre à vos affaires, — Nous avons tou-
jours cru qu'un verbe pouvait avoir pour régime direct un verbe
amené ou non par une préposition aussi bien qu'un substantif, et qu'on
pouvait changer la nature du régime sans changer celle du verbe ;
qu'ainsi dans cessez de crier, différez de partir, les verbes cesser,
différer, étaient actifs comme dans cessez vos cris, différez votre
DÉPART. D'ailleurs l'Académie ne dit point que comploter, craindre,
décider, dédaigner, discontinuer, regretter, etc., soient neutres dans
ces phrases : Ils avaient comploté de le voler. Il craint urètre importun.
Nous décidâmes de partir sur-le-champ. Il dédaignait de nous parler.
Discontinuer de faire une chose, pe parler, de travailler. Je regrette
DE lui avoir parlé trop rudement, etc. Dans je me rappelle n'' avoir vu,
n^avoir fait telle chose (phrases de l'Académie au mot Rappeler) ,
D'avoir vu. D'avoir fait, sont bien certainement des régimes directs.
Il nous semble impossible de ne pas reconnaître que la préposition
de et l'infinitif dont elle est suivie forment un régime direct dans ce§
phrases : Dites-lui de venir; je vous commande, je vous ordonne, je
vous enjoins, je vous défends de faire cela. D'aller en tel endroit.
Un verbe à l'infinitif peut être considéré comme régime direct lors
même qu'il est précédé de la préposition à. Apprendre À dessiner ou
apprendre le dessin. Enseigner À lire ou enseigner la lecture.
Aimer À chasser ou aimer la chasse.
Enfin l'Académie elle-même ne dit point que commencer à ou de,
continuer à ou de, soient neutres dans ces phrases : LorsquHl com-
mença de parler, chacun se tut pour l'écouter. Cet enfant commencé À
parler, À lire, À écrire. Continuer À faire, À dire, de dire, de faire.
Nous pensons donc que différer est actif dans ces phrases : Ne diffé-
rez point D'y aller, ne différez point de mettre ordre à vos affaires;
6t que dans partez sans différer, il est employé absolument.
DILUVIEN, lENNE, adj. Qui a rapport au déluge. En examinant les
inontagnes, on y reconnaît les traces des eaux diluviennes.— Cet adjec-
tif s'emploie aussi dans une autre acception fort usitée : « Il est tombé
ces jours derniers une pluie diluvienne. » On regrette que cette
expression et celle de pluie torrentielle, qui n'est pas moins usitée,
ne se trouvent pas dans le Dictionnaire de l'Académie.
DIRE. — Dans la conjugaison il manque les passés défini et indéfini,
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je dis, j'ai dit, et le pluriel de l'impératif disons, dites. Nous ne rele-
vons ces omissions que parce que l'Académie renvoie au verbe Dire
pour la conjugaison de plusieurs autres, et il nous semble que celui
qui sert de paradigme doit présenter la conjugaison coriiplète, du
moins dans les parties essentielles. L'omission du pluriel de l'impé-
ratif surtout est d'autant plus fâcheuse que la seconde personne fait
dites et que les composés font contredisez, dédisez, interdisez, mé-
disez, etc., en sorte que les lecteurs seront forcément induits en
erreur ou pour le verbe simple, ou pour les composés.
Ne serait-il pas convenable de mettre un tiret kun on dit, des on
dit, comme on en met à un oui-dire, des ouï-dire ?
Fam., Se moquer du qu'en dira-t-on, — Voy. Qu'en-dira-t-on , à
son rang alphabétique.
DISPARAITRE... signifie aussi S'en aller de quelque endroit et ne
plus s'y montrer, n'y plus revenir, ou Se retirer promptement, se
cacher. Il a disparu de son domicile, du lieu qu'il habitait. Il a dis-
paru de la cour... Elle est disparue avec lui. — Cette dernière phrase
laisse à désirer. On dirait très-bien Elle est disparue, elle est dispa-
rue AINSI QUE lui; mais en disant avec lui on exprime l'action simul-
tanée de deux personnes qui s'en sont allées, se sont retirées ou
cachées, et conséquemment l'emploi de l'auxiliaire être doit être une
faute ; il faut mettre Elle a disparu avec lui. •
DISSONANCE. DISSONANT. DISSONER. — Voy. ASSONANCE.
DOCTE. — Ici et à l'article Soeur on a omis les doctes sœurs de
Tibulle pour signifier les Muses.
DOIGTER. DOIGTIER. — Au mot DoiGT, l' Académie dit seulement
« On ne prononce point le G » , et elle ne dit rien aux mots suivants.
Elle aurait mieux fait d'ajouter « dans ce mot et ses dérivés ».
DOLCE, adv. T. de Musique, emprunté de l'italien. — La seconde
syllabe de ce mot exigeait que la prononciation fût indiquée, car elle
n'a aucun rapport avec celle de force, féroce, véloce, etc.; si l'on veut
prononcer comme les Italiens, il faut dire doltché, sans appuyer sur l'e.
DONNER. — Dans cet article, qui a plus de onze colonnes, nous
n'avons rien su voir d'analogue à l'expression Donner une chose à
faire à quelqu'un, pour signifier Le charger de la faire : La partie
—'-- '-- - -^--inée à étudier est fort difficile. Cette phrase se trouve
TiE. En revanche nous voyons ici la locution Donner
e main, qui manque à Main , et surtout à Poignée , où
cessairement figurer. .
lu Domino, double-as, double-deux, double-trois, etc.,
'as, le point deux, etc., est répété. — Le tiret ne nous
is utile dans ces mots que dans double louis, double
l'Académie n'en met point ; mais si elle le juge néces-
bien de répéter cette orthographe aux mots As, Trois,
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Quatre, Cinq et Blanc, car on ne trouve ces locutions qu'à Double,
à Deux et à Six.
DOUBLER. Mettre le double, augmenter du double, d'une fois autant.
— Il aurait peut-être mieux valu supprimer du double, et dire seule-
ment : Mettre le double, augmenter d'une fois autant.
DOUCEÂTRE. (On prononce douçâtre.) — C'est sans doute par dis-
traction qu'on a laissé ce dans ce mot au lieu de remplacer ces deux
lettres par un ç. Cette orthographe nous reporte au temps où, faute
d'avoir Je ç, on écrivait nous commenceons, nous commenceasmes,
DOUVAIN, s. m. Bois propre à faire des douves. Un millier de dou-
vain. — Pourquoi, dans cet exemple, douvain est-il au singulier? À
coup sûr on écrirait un millier de douveS, et non de douve. S'il y a
ici une ellipse dans le genre de celle qui fait écrire Un millier de
foin, de paille, c'est-à-dire un millier de bottes de foin, de paille,
l'Académie aurait dû le dire, comme elle l'a fait à millier pour ces
deux dernières locutions.
DUBITATIF, IVE, adj. Qui sert à exprimer le doute. Proposition
dubitative. Si est quelquefois conjonction dubitative. — Il aurait fallu
donner non pas un seul exemple mais plusieurs, pour faire connaître
Ce que c'est qu'une phrase dubitative et les différentes formes sous
lesquelles elle peut se présenter. Nous ne pensons pas qu'il soit suffi-
sant de dire que « si est quelquefois conjonction dubitative ».
DUCHÉ, s. m... L'expression duché -pairie est ordinairement em-
ployée comme substantif masculin ; quelques-uns l'emploient comme
substantif féminin. Un duché-pairie. Une duché-pairie. — A Pairie
on trouve également « Un ou une duché-pairie ». Les mots duché et
comté ont été du genre féminin; mais il n'en est plus ainsi, et nous
sommes bien persuadé qu'aucun auteur n'écrit aujourd'hui une duché-
pairie, à moins que ce ne soit une citation ; conséquemment il aurait
été mieux de mettre : « Autrefois on disait une duché-pairie. »
DURER... C'est un bruit à tête fendre , on n'y peut durer, on n'y
saurait durer. — A l'article Eau, nous trouvons aussi :
On dirait qu'il ne sait pas troubler l'eau, qu'il ne sait pas l*eau troubler ;
mais là du moins on a eu soin d'ajouter la construction grammaticale.
Malgré cela, nous pensons qu'il serait mieux de ne pas mettre dans le
Dictionnaire de l'Académie ces inversions germaniques. On dit, il est
vrai, Il gèle à pierre fendre , mais cette expression est généralement
usitée. Quant à sans bourse délier (sans donner d'argent), il sait son
pain manger (il est habile, intelligent), etc., ce sont des phrases
faites, des expressions figurées qui n'ont pas de rapport avec le sens
propre.
Nous croyons que le verbe durer ne s'emploie guère aujourd'hui
dans quelques-unes des locutions que renferme cet article, et qu'il
aurait été convenable d'y joindre les mots qui l'ont remplacé ; telles
sont les phrases suivantes, pour lesquelles l'explication « Être extrô-
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mement incommodé du chaud, du froid, etc. » ne peut suffire, et où
nous nous permettons de suppléer au silence de l'Académie :
n fait si chaiid dans cette chambre, qu'on n'y saurait ddber (tenir, rester).
Je ne peux durer (résister) à ce froid-là.
On ne peut durer (vivre) avec cet homme-là, tant il est fâcheux et difficile.
Quant à celle-ci. Il ne saurait durer du mal de lélCj nous ne savons
quel synonyme donner au verbe durer,
DYSSEXTERIE. DYSSENTERIQUE. — Autrefois TAcadémie écrivait
dysenterie, conformément à Tétymologie ; aujourd'hui elle écrit encore
avec une seule s le* mot dysurie, dont Tétymologie est de même
nature, c'est-à-dire que l'un et l'autre mot sont composés de dus,
diflScilement,» avec peine, et d'un mot commençant par une voyelle
{enteron, entrailles; oureô, j'urine). Il aurait donc été mieux de ré-
tablir l'ancienne orthographe et d'écrire dysenterie, dysentérique.
E
EAC... se dit encore d'une liqueur artificielle... Eau de groseilles.
Eau de fraises. Eau de cerises. Eau de fleur d'orange. — Nous nous
permettrons de demander pourquoi fleur est au singulier dans eau de
fleur d'orange, puisqu'on a mis au pluriel les mots groseilles, fraises,
cerises. Nous ne ferions pas cette question si l'Académie avait toujours
écrit fleur au singulier dans ce genre de locutions; mais à Ratafia
nous lisons ratafia de fleurs d'orange; à Conserve, conserve de
FLEURS d'orange; à Sirop, sirop de fleurs de pécher, etc. — Par la
même occasion nous dirons qu'ici l'on trouve eau de groseilles,
tandis qu'à Liqueur eau de groseille est au singulier.
EAU... se dit également de certains produits, de certaines prépara-
tions chimiques. Eau- for te. Eau seconde. -— Nous réclamerons après
eau seconde une mention pour Veau de javelle, qui ne se trouve ni ici
ni à la lettre J, et dont il n'est parlé qu'en passant dans l'article
Tache : Cette tache s'en ira avec de l'eau de javelle. Voy. Armoise.
ÉBOURIFFÉ, ÉE, adj. Il se dit Des personnes dont le yent ou quel-
que autre cause a mis en désordre les cheveux ou la perruque , la
coififure : Vous êtes tout ébouriffé. Elle arriva tout ébouriffée. Il est
familier. — Il s'applique, dans un sens analogue. Aux cheveux,^ la
^''"- * — Avoir les cheveux ébouriffés. Votre coiffure est tout
se dit, figurément. D'une personne agitée, troublée,
ir son trouble, son agitation. Que vous est-^l donc
là tout ébouriffé; vous avez l'air tout ébouriffé.
devoir signaler la suppression d'une r dans ce dérivé
e bourre, et faire une remarque sur l'ordre suivi dans
effet la racine bourre nous paraît indiquer clairement
mieux de parler d'abord des cheveux seulement, qui
plutôt emmêlés. Voy. Mêler) et semblent présenter
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Taspect de la .bourre par l'effet du vent ou par quelque autre cause;
puis on aurait étendu la signification à la personne elle-même, qui
arrive tout ébouriffée, dans le sens propre; et par une transition
naturelle on aurait passé de ce sens propre au sens figuré du trouble,
de l'agitation.
ÉCALE, s. f. Enveloppe extérieure qui renferme la coque dure de
certains fruits,' comme les noix. Écale de noix, etc. — Pour un dic-
tionnaire tel que celui de l'Académie, ces mots Écale de noix, etc, ne
suffisent pas. On devrait trouver ici tous les fruits dont l'enveloppe
extérieure porte le nom ^' école, et nous demanderons quel est le nom
de cette enveloppe dans les marrons, les châtaignes, les amandes, les
faînes, etc., si ce n'est celui-là même.
ECCE HOMO. (On prononce exé) .—Cette prononciation (qui équivaut
•à egzé au lieu de représenter ekcé) pourrait nous mener à pronon-
cer les mots excès, excellent, excepté, etc., comme s'ils étaient écrits
exès, exellent, exepté, etc,
écxAiRCiR, V. a... ÉCLAiRGi, lE, participe. — Il y eut un peu
d'éclairci. Le ciel s'éclaircit pendant quelques moments.
Plus haut nous lisons : « Éclairgie, s. f. T. de Marine. Endroit clair
qui paraît au ciel en temps de brume ou entre des nuages. » Ne serait-ce
point ce mot éclaircie, et non éclairci, qui devrait figurer dans la
phrase ci-dessus ?
écLOPPÉ, ÉE. — L'Académie écrit avec un seul p clopin-clopant,
clopiner; elle en met deux à écloppé,
^CLORE... Il éclôra. Il éclorait. — L'Académie écrit je clorai, je
clorais, avec un o simple, et nous croyons inutile de mettre au futur
Redore un accent que ne prend pas l'infinitif; il n'y a pas plus de
contraction à l'un qu'à l'autre.
écoURGEON, s. m. Orge carré qu'on appelle aussi Orge" d'automne
ou de prime. — Voy. Orge. — Plus loin nous trouvons : « Escourgeon,
s. m. Espèce d'orge hâtive qu'on fait ordinairement manger en vert
aux chevaux. — L'Académie regarde-t-elle ces deux mots comme
synonymes? Nous l'ignorons; mais ce que nous pouvons assurer,
c'est qu'en agriculture on n'emploie guère que le mot escourgeon, et
l'Académie aurait bien fait de renvoyer du premier au dernier, afin
que l'on pût consulter l'un et l'autre.
ÉcouTEUX, adj. T. de Manège. Il se dit d'un cheval distrait par les
objets qui le frappent.
Voilà un de ces mots à désinence surannée, comme oiseau dépi-
ieux, le faucheur (araignée) . Autrefois on disait également un oublieuse
. (marchand d'oubliés. Voy. Oublieur), unpiqueux (t. de Vénerie), etc.
Les gens de la campagne disent encore un blanchisseur, et quelquefois
ceux de la ville un boueux pour un b'oueur (charretier chargé d'en-
lever les boues). — Pourquoi cet adjectif écouteux Q'a-t-il pas de
féminin? N'y a-t-il pas des juments écouteusesf
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lÉCRiTURE, S. f... se dit aussi des caractères écrits. Belle écriture.
Mauvaise écriture. Écriture difficile à lire. Écriture bâtarde, ronde,
coulée j, etc, — Il manque ici, ou à Serrer, à Lâche, deux adjectifs
qui sont fort usités : écriture serrée, écriture lâche. Voy. Serrer.
ECURIE. — L'Académie n'a donné que deux expressions figurées :
Fermer V écurie quand les chevaux sont dehors , et Cest un chevd
à l'écurie. Il en est d'autres cependant qu'elle aurait pu citer, telles
que, Sa chambre, son appartement est une véritable écurie (est
extrêmement sale), et surtout le proverbe : Nettoyer les écuries*
d'AugiaSj qu'on emploie figurément pour signifier Faire un travail
désagréable , presque impossible à exécuter.
ÉGALER, ÉGALISER. — « ÉGALER, V. a. Rendre égal. Égaler les
parts j les portions, La mort égale tous les hommes, égale tou^ les rangs.
— ÉGALISER, V. a. Rendre égal. Il ne se dit qu'en parlant des choses..
Égaliser les lots d*un partage, V amour égalise toutes les conditions, »
En 169Zi, on employait à peu près uniquement égaler dans toutes
les acceptions ; mais antérieurement le verbe égaliser était en usage ^ ,
et l'on a bien fait de le ressusciter, car il est fort utile ; aujourd'hui
l'on s'en sert aussi bien en parlant des personnes que des choses.
Nous pensons que
Égaler doit signifier Rendre égal à : La mort, la vertu égale lei
bergers aux rois ;
et Égaliser, Mettre de niveau, rendre égales entre elles des per-
sonnes ou des choses. La mort égalise les rois et les bergers, — etLfl
mort égalise toutes les conditions (Acad* à l'art. Égaliser). Égaliser
les parts, les portions.
En conséquence il faudrait, suivant nous, remplacer éga^e par
ÉGALISE dans les phrases suivantes :
(à Égaler) La mort égale 'tous les hommes, égale tous les rangs.
(à Condition) La mort égale toutes les conditions.
Comme on vient de le voir quelques lignes plus haut, l'Académie
elle-même nous donne raison au sujet de cette dernière phrase.
Elle a très -bien fait de rétablir aussi Égaliser dans le sens de
Rendre uni , plan : Cette allée est raboteuse, il faut Légaliser ^.
ÉGALISATION, S. .f. T. de Jurispr. Action par laquelle on égalise les
1. On devrait dire étables, puisqu'elles renfermaient des troupeaux (trente miUe boBof^
suivant la Fable ) et non des chevaux ; cependant on dit vulgairement Nettoya' les bcubibs
d*Augias, sans doute parce que le mot écurie emporte en général l'idée d'un lieu malpropre;
et en effet , les étables d'Augias n'avaient pas été nettoyées depuis trente ans.
2. En 1694 (première édition) l'Académie disait : « Égaliser, v. a. Terme d<mt on se
sert encore au Palais, et qui veut dire Rendre des partages égaux. » Mais le Supplément (1696)
va plus loin : « Égaliser , v. a. Vieux mot qui n'a plus d'usage qu'au Palais , pour signifier
Rendre les partages égaux, »
3. L'Académie dit : « Égaler signifie en outre Rendre uni, plan. Cette allée est nibotevse,
il faut l'égaler. En ce sens , on dit plus ordinairement Égaliseï'. — A la lettre R on trouve :
« RÉGALER , V. a. Dresser, aplanir un terrain , après avoir enlevé ou rapporté des terres. Il
faut régaler les terres après le i-emblai. » Ce mot régaler aurait bfesoin d'être remplacé par un
autre.
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lots dans un partage. Égalisation des lots. 11 n'est plus guère usité.
— Quel est donc le terme maintenant en usage? ^i Ton ne peut pas
dire « ^'égalisation des lots a eu lieu tel jour; Légalisation des par-
tages s'est faite devant toute la famille réunie » , comment faut-il
s'exprimer? Si égalisation doit être remplacé par Supplément de par-
tage, qu'on trouve dans la première édition et dans son Supplément,
l'Académie aurait dû nous l'apprendre et donner un exemple de la
phrase telle qu'elle doit être dite aujourd'hui. -— A l'article Supplé-
ment, nous lisons, il est vrai : « Ce qu'on donne pour suppléer, et
quelquefois Ce qu'on donne en sus. On lui a donné tant en argent pour
supplément de partage »; mais cela ne nous apprend rien pour la
con texture des phrases que nous avons proposées ci-dessus.
ÉGOCTTER, V. n. Il se dit de certaines choses dont on fait peu à peu
écouler l'eau. Il faut laisser é goutter, faire égoutter ce lait caillé , ce
fromage. Mettre égoutter de la vaisselle qu'on vient de laver. Mettre
égoutter des cardes, des asperges, de la morue, etc. — 11 s'emploie
aussi avec le pronom personnel. Ce fromage s' égoutter a peu à peu.
Nous sommes persuadé que dans les premiers exemples la forme
naturelle du verbe est pronominale, avec ellipse du pronom, comme
cela a lieu lorsqu'un verbe pronominal est précédé d'un autre verbe;
tels sont s'agenouiller, se cabrer, s'écrouler, s'enfuir, s'épanouir,
s'évanouir, s'extravaser, s'insurger, se repentir, se souvenir, se ressour-
venir, etc., lorsqu'ils sont précédés de faire ; s'écouler, s'enraciner, se
faisander, s'invétérer, etc., lorsqu'ils sont précédés de laisser. Nous
pensons donc qu'il aurait été mieux de dire : s'égodttbr, v. pron...
Il s'emploie aussi avec ellipse du pronom...
icRENER. — Il est à peu près inutile de dire que 1'^ qu'on trouve à
la pénultième syllabe du participe Égrené , éb , est une faute typogra-
phique, et qu'il faut lire Égrené, ée.
éHOCPER, V. a. T. d'Eaux et Forêts*. Couper la cime d'un arbre.
— Cette orthographe du verbe éhouper avec un seul p, contraire-
ment au radical houppe ^ nous paraît d'autant plus fâcheuse qu'elle
semble faire exprimer à ce verbe, non pas l'action de couper la houppb
ou la cime d'un arbre, mais l'action opposée à celle de l'onomatopée
HoupER, v. a., en termes de chasse Appeler son compagnon, ce qui
devient inintelligible.
ÉLEVER, V. a... En Mathém., Élever un nombre à la seconde puis-
sance, à la quatrième puissance, etc.. Le carrer, le cuber, etc. — Au
lieu de : à la quatrième puissance, lisez : à la troisième puissance.
Chacun sait que carrer un nombre ou le multiplier par lui-même,
1. Aux articles Eau, Forôt, Spée, nous voyons Eaux et forêts (petite f), et partout ailleurs
Baux et Forêts (grande F); lequel est le plus convenable? Nous penchons pour la majus-
«ulfi, et de même nous écririons , contrairement à l'Académie, l*école des Ponts bt Chaussées,
Vacadémie des Inscriptions bt Bellbs-lettbes, etc.
2. Voy. le chapitre des Règles d'orthographe, p. 113, de notre Recneil de mots français par
ordre de matières, in-S».
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c'est rélever à la seconde puissance ; le cuber j c'est multiplier cette
puissance par le npmbre primitif, et relever ainsi à la troisième puis-
sance ; pour rélever à la quatrième puissance, il faudrait multiplier la
troisième par le nombre primitif ( 3 X 3 = 9 ; 9 X 3 = 27 ; 27 X 3 =» 81).
ELLIPSER. — Le substantif élision a son verbe élider, qui signifie
« Faire une élision... On met une apostrophe dans l'écriture à la place
de lavoyelle qu'on élide... Cette lettre s'élide dans la prononciation.., »
Comment se fait-il que le mot ellipse n'ait pas de même son verbe
correspondant elUpser, faire une ellipse, « Ellipser un verbe : Faites-le
si vous le pouvez (faire) »? On doit pouvoir dire aussi Ellipser un mot,
une préposition, un pronom, une phrase, etc.; en un mot, ce verbe
est aussi nécessaire qu'élider.
EMBONPOiBrr. — Dans ce mot , la règle qui veut que le b et\e p
soient toujours précédés d'une m n'est suivie qu'à moitié, en sorte
qu'on a beaucoup de peine à se rappeler si c'est à la première ou à la
deuxième syllabe qu'on doit mettre l'w. Il vaudrait mieux observer
ou violer la règle complètement, et écrire embompoint on enbonpoint ;
cette dernière variante laisserait dans leur intégrité les trois éléments
dont le mot se compose.
EMBRASEMENT. INCENDIE. — (( EMBRASEMENT, S. m. ActiOU OU effet
d'un feu violent qui consume en jetant des flammes. Vembrasement
de Troie. Une légère étincelle peut causer un grand embrasement. —
Incendie , s. m. Grand embrasement. Un horrible, un vaste incendie.
L'incendie d'une maison, d'un temple, d'un palais, d'une ville... »
Dans les quatre premières éditions on lisait : « Embrasement, grand
incendie ; Incendie , grand embrasement. » La première de ces défini-
tions a été modifiée, mais nous croyons que c'est la seconde qui au-
rait dû l'être. Le mot incendie exprime un feu local, embrasement un
feu général, et personne n'oserait dire l'incendie de Troie. Le sens
figuré d'embrasement vient confirmer notre opinion : « Combustion,
désordre, grand, trouble dans un État. Cet embrasement allait gagner
les provinces, on parvint à Varrêter. Ce fut un embrasement général » ;
et mieux encore le verbe « La guerre embrasa V Europe i». — Enfin le
mot embrasement présente à l'idée un vaste brasier, et c'est pourquoi
l'on dit l'embrasement du Vésuve, de l'Etna; il n'en est pas de même
de l'incendie. — On regrette donc de trouver à l'article Incendier :
« Brûler, consumer par le feu. Il ne se dit que d'un grand embrasement. »
EMMAILLOTTËR. ■— La règle veut que les verbes dérivés d'un sub-
stantif terminé par ot ne doublent pas le ^; cahoter, comploter, raboter,
sangloter, etc. L'Académie écrit démailloter, conformément à la règle,
mais elle met emmaillotter dans les exceptions. Voy. Terminaison.
EMMÉNAGEMENT, S. m. Action de ranger des meubles dans une mai-
son , dans un appartement où l'on va loger. // m'en a coûté tant pour
mon emménagement. — Emménagements, au pluriel, se dit, en termes
de Marine, des compartiments et logements qu'on pratique dans l'in-
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térieur d'un vaisseau, d'un navire. Les soutes, les faux ponts, les
chambres d'officiers, etc., sont des emménagements. Ce navire a des
emménagements très-commodes, de bons emménagements. Dans ce
sens, quelques-uns écrivent Aménagements.
L'usage est pour aménagements; c'est la seule locution que nous
ayons vue employée dans ce sens, et nous pensons que l'Académie
aurait bien fait de la préférer, car il s'agit ici de compartiments dis-
tribués avec ordre,. de logements pratiqués avec économie (avec mé-
nage, en ménageant l'espace), et non d'un arrangement de meubles.
EMMÉNAGER, V. n. Mettre ses meubles en place quand on les a
transportés d'une maison dans une autre. J'ai fini d'emménager, — Il
s'emploie également avec le pronom personnel. Il lui a fallu huit
jours pour s'emménager, — Emménagé , ée , participe. Je ne suis pas
encore emménagé, tout à fait emménagé. — En termes de Marine, Ce
bâtiment est bien emménagé. Il est bien distribué intérieurement.
Nous croyons qvC emménager n'est pas plus un verbe neutre dans
cette phrase J'ai fini d'emménager, que mmiger, boire, lire, écrire,
dans celles-ci , J'ai bu, mangé, lu, écrit ; le régime meubles, mobilier,
est sous-entendu, et c'est tout simplement, à notre avis, un verbe
employé absolument. L'Académie fait de boulanger un verbe actif,
bien qu'elle ne lui donne pas de régime : Un garçon qui boulange
bien; cette femme sait boulanger, — Nous ajouterons qu'emménager
doit signifier non-seulement Répartir les meubles dans les différentes
pièces d'un appartement, et les ustensiles, le linge, etc. dans les
armoires, mais encore Les transporter d'une maison dans une autre ,
et que dans cette acception il est encore plus explicitement actif :
Cest un tel, c'est telle administration qui nous a emménages. — Enfin,
quant à la Marine, nous pensons qu'emménagé n'est pas plus le terme
propre qu'emménagement (Voy. ce mot), et qu'aménagé est la seule
expression convenable.
EMMÉNAGOGUE. — Ce mot, qui figure dans des exemples à Armoise
et à Sabine, devrait trouver ici une place et avoir sa définition. Voy.
Armoise.
émocLEUR, s. m. — On dit aussi Rémouleur et Gagne-petit, et ce-
pendant l'Académie ne mentionne pas ces deux variantes. Suivant
nous, elle aurait dû choisir celui des trois mots qu'elle préfère , en
donner la définition la plus satisfaisante, dire qu'on emploie aussi les
deux autres , et mettre chacun de ces derniers à son rang alphabé-
tique, se bornant, pour toute définition, à renvoyer à celui qu'elle
aurait préféré. Il résulterait de là trois avantages pour le lecteur : il
apprendrait que le mot qu'il cherche a des synonymes , il les trou-
verait réunis sous ses yeux , et il saurait quel est celui qu'il dbit em-
ployer de préférence.
EMPIRE.— A l'article Médaille on lit : « Médaille du Haut-Empire,
du Bas-Empire » ; ici l'Académie ne parle pas du Hautr-Empire : c'est
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une omission à réparer. Elle dit que le Baa-Empire a commencé au
règne de Valérien ou de Constantin; le Haut-Empire, qui finit sou$
Tun de ces deux empereurs, avait commencé sous Auguste.
EMPLÂTRE, s. m... Appliquer j meUre, ôter, lever un emplâtre, —
De même que l'Académie a fait connaître les verbes qui peuvent pré-
céder le mot emplâtre, elle aurait bien fait de donner quelques épi-
thètes de ce substantif : Emplâtre ém^llient, dessiccatif, résolutif;
emplâtre vésicatoire, comme elle Ta fait pour onguent, etc.
EMPOISONNER... La noix de galle empoisonne les cAi«fW.— N'est-ce
pas plutôt la noix vomique qu'il fallait dire? A l'article Vomique on
lit : « Noix vomique. Espèce de noix qui est un poison pour quelques
animaux, tels que les chiens, etc. Il se défit de ce chien avec de la
noir VOMIQUE ». Nous n'avons vu nulle part que la noix de galle ait
cette propriété.
EN... Être en fond, en reste. Être en avance. — A l'article Fond on ne
trouve aucune phrase analogue à Être en fond; mais à Fonds nous
lisons : « Il se dit quelquefois familièrement, au pluriel, d'un avoir,
d'un pécule en argent. jÉ^re en fonds. Avoir des fonds ». Il faut donc,
dans cette locution, écrire /bnrfS, . puisque ce mot est employé au
pluriel et que Vs serait nécessaire même, au singulier.
EN... Livrer en proie. — Peut-on dire absolument, c'est-àr-dire sans
complément. Livrer en proie quelqu'un ou qttelqus chose; ils furent
livrés EN PROIE ? A l'article Livrer on lit : « Livrer se dit aussi dans
le sens de Livrer en proie, exposer à ; et alors il est toujours suivi de
la préposition à. Livrer une ville au pillage, la livrer à la fureur du
soldat. •— A l'article Proie on ne trouve livrer qu'avec le pronom per»
sonnel : « Se livrer en proie à ses passions, à sa douleur. » Si l'eX'
pression livrer en proie peut s'employer absolument, il aurait fallu
la présenter dans une phrase plus complète que celle que nous avons
citée en commençant cet article.
EN CAS (UN). — Voy. Cas.
ENCLITIQUE, S. f. T. de Gramm. Il se dit de certains mot9 de la
langue grecque, qui s'appuient sur le mot précédent, et qui semblent
ne faire qu'un avec ce mot. Une enclitique, — Il aurait été convenable
de donner au moins un exemple de l'enclitique grecque; mais l'encli-
tique n'est-elle pas usitée en latin, et même en français? Dans les
dictionnaires récents on n'hésite pas à dire qu'en latin que, ce, ne
sont des enclitiques dans ces phrases : Armu virumQVE cano; Hisc%
temporibm; Jam^z vides ^?; — et qu'il en est de même en français
pour ce, je, dans est-c^^ aimé-ml Nous demanderons s'il n'en est
pas de même encore pour da dans oui-nh.
ENDURCIR, V. a. Rendre dur. Le grand air endurcit certaines
pierres. Donner une nouvelle trempe à du fer pour Venduroir davan-
1. Dans le Dictionnaire latin-français de MM. Qaicherat et Davelay, on lit : « Nb, partie,
enclitique. Brt^« que? Jamne vida ? de. Voi^-tu maintenant?
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iage, — Endorgir s'emploie souvent avec le pronom personnel, et
signifie alors Devenir dur. Le corail s'endurcit à l'air. La plante des
pieds s'endurcit à force de marcher^.
A l'article Durcir, nous lisons : « Durcir, v. a. Rendre dur. La
grande chaleur durcit la terre. L'air durcit le corail. — Il s'emploie
souvent aveq le pronom personnel , dans le sens de Devenir dur, plus
dur. La boue 9e durcit au soleil. La pierre se durcit à l'air. — Il est
aussi neutre dans le même sens. Faire durcir des œufs. Le chêne
durcit dans l'eau. »
Nous préférons infiniment durcir et se durcir à endurcir et s'en^
rfî^rci'r* dans le sens propre, et nous réserverions endurcir, s'endur-
cir, pour le sens figuré. Il est bon ^'endurcir de bonne heure les jeunes
gens au tratail^ aux intempéries de l'air, aux privations. S'endurcir
m travail, àla peine* S'endurcir à la douleur. S'endurcir ava: injures,
aux affronts,
ENGOUFFRER (S') , V. pron.— L' Académie n'emploie ce verbe qu'avec
le pronom personnel. Le Rhône s'engouffre à quatre lieues au-dessous
dé Genève, et reparçil à un quart de lievs de là. La Guadiana s'en-
GouFFRE et se perd l'espace d'environ trois lieues (5 1. ou 20 kilom.?).
-^ Le vent s'engouffre dans la cheminée.
Des dictionnaires plus récents donnent engouffrer comme verbe actif.
La mer engouffra nos vaisseaux.
Son ombre plane encor siii: tant d'hommes sublimes
Qu*Àboukir engouffra dans de sanglants abîmes. ( Barthéleht. )
Gargantua engouffrait à chaque repas d*énormes pièces de viande.
Mais il est encore une autre acception aussi usitée que les précé-
dentes, et qu'ils auraient bien fait de mentionner :
11 a engouffré dans de sçlendides constructions , dans de folles spécula-
tions, dans des festins somptueux, les millions que son père avait amas-
sés par les exactions, par les déprédations.
Sans doute on répondra que nous avons le verbe engloutir qui rend
la même idée, et que c'est probablement pour cette raison que l'Aca-
démie n'a pas admis le synonyme engouffrer; mais nous ne voyons pas
pourquoi le substantif gouffre n'aurait pas son verbe actif comme
beaucoup d'autres qui sont moins pittoresques ; et puisque l'Académie
donne pour exemples Ce procès est un gouffre ; Les maisons de jeu
mu des GOUFFRES pour les jeunes gens ; C'est un gouffre qus cet
1. Â l'article Sbllbr ( se ) , on lit également : t Un terrain qui se serre , se tasse , ^endur-
ctt x; et à Bouillir : « Cuir bouilli, Cuir de vache... endurci à force de bouillir x.
2. C'est ainsi que Graisser ses habits, son linge; ce vin oraissb , ont remplacé Engraisser
in kabitf, son linge, et ce vin s'engraisse f et qu'on dit maintenant Ce vêtement le vieillit et
non Venvieillit. — Bn revanche nous croyons qu'on dit Ce cheval a les jambes snooroébs plu-
tôt que gorgé&s, phrases qu'on trouve aux articles Gorqbr et Enoorobr. Et de même , bien
qu'on dise Sb roulbr sur l'herbe, sw un lit, dans la poussière, etc., il faut dire que les vrilles
^une plante s'bnroulbkt autour des corps voisins, que la chtUne d*nne mùlUre s'snroulb
autour de la fusée.
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homme-là, en parlant d'un grand dissipateur, on doit pouvoir dire
également, Il a bngouffré sa fortune dans des procès, dans des
maisons de jeu, dans des profusions. D'ailleurs l'expression est
reçue , et il ne reste plus qu'à l'enregistrer.
ENGRENAGE, S. m. T. de Mécanique. Disposition de plusieurs roues
qui engrènent les unes dans les autres. — L'Académie admet un sub-
stantif {rengrënement, Yoy. Rengréner) pour exprimer l'action de
rengréner; il nous semble nécessaire d'admettre de même le substan-
tif ew^renemew^ pour exprimer l'action d'engrener et le résultat de
cette action, puisque le mot engrenage a une signification toute diffé-
rente. Voy. Transvaser.
ENORGUEILLIR... Quelques -uns prononcent enorgueillir. -^ Le
nombre de ceux qui prononcent enivrer n'est pas moins grand. L'Aca-
démie aurait peut-être bien fait de dire à chacun de ces mots que
ceux qui mettent l'accent prononcent mal.
ENQUÉRIR (S').., Enquérez-vous soigneusement de cela. Je me suis
enquis de cet homfne-là partout, et je n'ai pu en avoir de nouvelles.
Il faut s'enquérir de la vérité du fait. Enquérez-vous-en à ceiùx qui
le savent. Je me suis enquis d'un tel, ou à un tel, si le bruit qui court
est vrai. — Ainsi TAcadémie emploie s'enquérir de dans deux accep-
tions tout à fait différentes : Je me suis enquis de cet homme partout;
Il faut s'enquérir de la vérité du fait. Jusqu'ici c'est très-bien ; c'est
le de des Latins, car ces phrases signifient Je me suis enquis touchant
cet homme, au sujet de cet homme; Il faut s'enquérir touchant la
vérité du fait, au sujet de la vérité du fait. Mais il n'en est pas de même
dans cette phrase Je me suis enquis n'un tel si le bruit qui court
est vrai, et nous croyons qu'au lieu de je me suis enquis D'un tel ou
À un tel, il serait mieux de dire je me suis enquis auprès d'un tel.
Malheureusement nous n'avons trouvé ni à Auprès, ni même à Près,
aucune phrase analogue. Nous espérions que le verbe S'informer nous
donnerait un exemple tel que nous pouvions le désirer; mais nous n'y
avons trouvé que s'informer À quelqu'un, et c'est encore à Buffon que
nous devons de savoir qu'on peut dire s'informer auprès de quel-
qu'un: « M' étant informé auprès de quelçfues voyageurs dignes de foi,
je les ai trouvés d'accord sur le passage des hirondelles au delà de
la Méditerranée, » — Nous pensons donc qu'on peut dire s'enquérir
auprès de quelqu'un aussi bien que s'informer auprès de quelqu'un, et
cette expression nous paraît préférable à de, à, pour les deux verbes.
Nous nous permettrons une seconde remarque. Au lieu de je n'ai
pu en avoir de nouvelles, ne serait-il pas mieux de dire : Je me suis
enquis de cet homme partout, et je n'ai pu en avoir des nouvelles,
c'est-à-dire, je n'ai pu avoir des nouvelles touchant cet homme*?
1. Voici une règle que nous n'avons vue nulle part, et qui semblera sans doute paradoxale,
mais nous la croyons exacte :
Lorsqu'un verbe est employé négativement, le substantif qui suit ne doit pas être précédé
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fiNRAGBE, V. n... Fam. Un mal enrayé, une douleur enragée, iin mal
violentf une extrême douleur. On dit dans un sens analogue : Une
faim enragée. Une passion enragée, e^c— Nous avons toujours entendu
dire un mal h'enragé, une douleur D'enragé, c'est-à-dire un mal, une
douleur semblables à ce qu'endurent ceux qui sont atteints de la rage;
et par analogie une faim, une passion jy^enragé. Les personnes que
nous avons consultées pensent que cette dernière locution est préfé-
rable à Tautre, et nous la soumettons à l'appréciation de l'Académie.
£NRATER. — Il était naturel, ce semble, de donner un substantif à
ce verbe. Lenrayement (ou plutôt l'enraiement) était difficile, L*efn-
rayement fut long,
ENREGISTREMENT. ENREGISTRER. (Quelques-uus prononcent enre-
gitrement, enregitrer.) — Ces variantes auraient bien pu être suppri-
méies : ni dans les ministères, ni chez les notaires, les avoués, les
huissiers, etc., nous n'avons entendu cette prononciation. Nous
croyons que regitre, regitrer, enregîtrement, enregitrer, sont des
locutions locales qui n'ont pas plus droit de figurer dans le Diction-
naire de l'Académie que les mauvaises locutions de la capitale.
ENSUITE... Quand ce mot est suivi de la particule de, il a la qua-
lité de préposition ; m'uis on ne l'emploie guère alors que dans ces
deux phrases : Ensuite de cela. Ensuite de quoi, ■ — Dans cette locu-
tion nous écririons volontiers en suite en deux mots, car elle nous
semble signifier Par suite, en conséquence : En suite de cela, la
séance fut levée. En suite de quoi, on le mit aux arrêts, en prison.
Voy. Ensuivre (s').
ENSUIVRE (s*), V. pron. Suivre, être après... Le premier chapitre
et tout ce qui s'ensuit, — Il signirie aussi Dériver, procéder, venir de.
Un grand bien s'ensuivit de tant de maux. Le tribunal cassa la procé-
dure, et tout ce qui s'était ensuivi, — Il se dit particulièrement de
toute conséquence qui découle nécessairement d'un principe. Voyez
les erreurs qui s'ensuivraient de cette proposition. — Il est souvent
employé comme impersonnel dans les deux dernières acceptions. Jl
s'ensuivit de grands maux. Il s'ensuit de là que,,. De cette proposition
il s'ensuit que.,. Si vous établissez ce principe, il s'ensuivra que...
Nous croyons être certain qu'aujourd'hui l'on n'observe guère sur
ce point l'orthographe de l'Académie, et qu'on écrit généralement : Le
premier chapitre et tout ce qui s'en suit, en deux mots, parce qu'on
donne à s'en suit le sens de En dépend. H s'en suivit (il en résulta)
de l'article; mais si entre le verbe employé négativement et le substantif il y a un autre
verbe , on met l'article :
Je n'ai pas eu D'enûmts, et Je n'ai pu avoir dbs enfants.
Je n'ai pas demandé db livres, Je n'ai pas osé demander dbs livres.
Je n'ai pas donné D'argent, Je n'ai pas voulu donner db L'argent.
On dira encore : i Depuis six mois que mon navire est parti, je n'en ai pas e^ db nouvelles,
et je n'ai pu en avoir dbs nouvelles ». Par la même raison on devra dire : Je me suis enquis de
cH homme, et je n'ai pu en œooir dbs nouvelles.
U
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de grands maux. Si voies établissez ce principe, il s'en suivra ( il en
résultera, il en découlera) qiie... — Puis on dit : Le tribtmal*cas8a la
procédure et tout ce qui s'en était suivi *, et De cette proposition il
SUIT qm... comme l'Académie le fait elle-même à l'article Suivre : « Il
suit de ce que vous dites, que je n'avais pas tort. Il ne suit pas de là
que vous ayez raison *. » — Pour ces autres phrases, Un grand bien s^ en-
suivit de tant de maux, Vojez les erreurs qui s'ensuivraient de cette
proposition, etc., bu lieu de s'ensuivre on emploie Résulter, découler,
dériver, etc. Peut-être même pourrait-on dire, Voyez les erreurs
nui suivraient de cette proposition. Un grand bien suivit de tant de
maux, car ces phrases nous semblent analogues aux suivantes :
(à Suivre) L'une de ces propositions ne suit p^s toujours de Vautre, ne
SUIT pas nécessairement de l'autre,
(à Ipso facto) Expression adverbiale... qui se dit de tout ce qui suit in-
failliblement et immédiatement de quelque fait.
Il faudrait donc supprimer une partie de l'article S'ensuivre , en
consultant l'article Suivre qui est beaucoup plus conforme au lan-
gage actuel. Quant aux phrases où s'en suivre signifie Résulter, dé-
couler, dériver, il faudrait le conjuguer comme S'en aller : il s'en
suit, il s'en est suivi, il s'en était suivi, etc.
ENTRAIN, s. m. — Voilà un joli mot très-expressif, et aujourd'hui
très-usité , que sans doute l'Académie adoptera prochainement. Aux
diverses acceptions que lui donnent les dictionnaires on pourrait,
pensons-nous, ajouter celle-ci : Ardeur à l'ouvrage. Cet atelier fait
plaisir à voir; il y a un entrain dont on ne se fait aucune idée.
ENTRE... Entre ci et là... NoUs nous étions quittés à Marseille il y
a deux ans, et je l'ai rencontré hier à Paris ; 7ious ne nous étions pas
revus entre ci et là. — A l'article Ci, l'Académie dit que les locutions
entre ci et demain, entre ci et là ont vieilli, même pour ces phrases :
Entre ci et demain il peut arriver bien des choses. Entre ci et là il y a
eficore loin. A plus forte raison ent7*e ci et là peut-il être regardé
comme vieilli, sinon comme vicieux, dans la phrase que nous venons
de lire au mot Entre , puisqu'il s'agit d'une chose passée.
1. Dans la sixième édition , TAcadémie a modifié l'expression qu'on trouvait dans les édi-
tions précédentes : le Parlement cassa la procédure et tout ce qui s*sn était ensuivi. Elle a
très-bien senti que ces deux en constituaient un pléonasme choquant ; mais en disant s'était
ENsuîïu", ce n'est pas celui qui aurait dû disparaître qu'elle a supprimé.
2. Ces deux phrases, Il suit de ce que vous dites, que je n'avais pas tort ; Il ne suit pas de là
que vous ayez raison, nous semblent condamner celles-ci : // s'ensuit de là que..., De cette
proposition il s'ensuit qu^..., où il faut sub^ituer suit à s'ensuit. — Par la même raison il fau-
drait rectifier les phrases suivantes :
(à Mort) Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive.
( à NécEssiTé ) // s'ensuit de nécessité, de toute nécessité, de nécessité absolue,..
(à Poser) Cela posé, il s'ensuit...
(à Absurdité ) // s'ensuivrait de là une grande absurdité.
Dans les trois premières, s'ensuivre devrait s'écrire en deux mots : Pe^u jusqu'à ce que
mort s'en suive; // s'en suit de nécessité...; Cela posé, il s'en suit... ; — dans la quatrième
il faudrait substituer sufvrb à s'ensuivre : Il suivrait de là une grande absurdité.
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ENTRE -COLONNE. ENTRE -cAtE. ENTRE -LIGNE. — EBrTREMETS.
ENTRETOILE. ENTRETOISE. — Plus nous examinons la question du
tiret dans les mots composés de la préposition entre, plus il nous
semble qu'il n'y a pas de raison plausible pour mettre ce tiret aux
uns plutôt qu'aux autres. En effet , il s'agit toujours d'un objet placé
entre deux autres, en lieu ou en temps. Il ne doit donc plus y avoir
à consulter que la logique; et comme l'entre-colonne , l'entre-ligne ,
l'entre-côte, sont nécessairement un espace, vide ou non, entre deux
colonnes , deux lignes , deux côtes , il répugne de mettre au singulier
les mots colonne, ligne, côte. En réunissant les deux mots en un seul,
on éviterait cette contradiction.
ENTRE-CROISER (S') , V. réciproque. — On ne comprend pas bien
pourquoi l'Académie n'a mis le participe à aucun des verbes réci-
proques où ce participe s'accorde en genre et en nombre avec le sujet
du verbe ; mais on est particulièrement surpris de ne pas le voir à
s'entre-^roiser, car on doit pouvoir dire des lignes entre-croisées,
comme on dit des lignes qui s'entre-croisent.
ENTRE-DEUX, S. m... Entre-deux s'emploie adverbialement dans
ces phrases et d'autres semblables : Ce mouton est-il dur ou tendre^
Entre-deux. Fait-il froid ? Entre-deux : c'est-à-dire. Ce mouton n'est
ni tendre ni dur ; il ne fait ni chaud ni froid. — Qu'on mette un tiret
dans le substantif entre -deu^, c'est très-bien • Ventre- deux des
épaules. Un entre-deux de morue. Mais dans la locution adverbiale
nous croyons le tiret inutile ; nous dirons plus, il nous semble consti-
tuer une faute dans les phrases suivantes :
(à Doublet) Deux morceaux de cristal mis Tun sur Tautro, avec une feuille
- colorée entre-dêcx.
(à Fond) Botte à double fond, Boite qui a un premier fond sous lequel
s'adapte un autre fond , de manière qu'on peut cacher quelque
chose ENTRE-DEUX.
•(à II) II... se met ordinairement avant le verbe, dans les phrases afiSrma-
tives, sans qu'il y ait rien entre-deux.
(à Intermédiaire) Qui est entre-deux. Temps intermédiaire,
(à Je) Lorsqu'il (je) est ainsi placé après le verbe, c'est toujours immé-
diatement, sans qu'on puisse rien mettre entre-deux.
(à Joignant) Il {joignant) est quelquefois préposition; et alors il signifie
Tout proche , sans qu'il y ait rien entre-deux.
(à Jour) Ces planches ne sont pas bien jointes, il y a du jour entre-deux.
(à Repasser) Revenir de celui-ci (lieu) au premier, traverser de nouveau
l'espace qui est entre-deux.
Voici deux phrases où ce tiret n'a pas été mis :
(à Toucher) ... lorsqu'ils (les corps) se joignent tellement qu'il n'y a rien
ENTRE DEUX. Ma maison touche la sienne,
(à Trait) Ce lieu est à un trait d'arbalète de tel autre, Il y a entre deux
un espace à peu près égal à la portée d'un trait.
Il nous reste deux remarques à faire : l'une, c'est que le sens propre
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de la locution adverbiale, celui dont nous venons de citer des exem-
ples épars dans le Dictionnaire, ne se trouve pas à Tartide Eht»R'
DEUX : l'Académie n'en a donné que le sens figuré; — l'autre, c'est
qu'on aurait dû commencer par la locution adverbiale et finir par le
substantif, comme on l'a presque toujours fait, entre autres pour les
substantifs àrcompte^ à^propos, pis aller, iête-^iête, etc.
ENTREFAITES, S. t-^Lisez : Entrefaite, s. f., ou Entrefaites, s. f. pi.
EKTEER, V. n. (Il se conjugue avec l'auxiliaire Être.) -— On peut
employer activement les verbes sortir et rentrer : Sortez ce cheval
de l'écurie. Sortez la voiture de la remise. H est temps de sortir les
orangers de la serre. Voici le moment de rentrer les foins; — et l'on
ne peut pas faire de même pour le verbe entrer; il faut employer
descendre, faire descendre, monter, etc., et surtout mettre, qui est un
cheval à toutes mains :
(à Descendre) Descendre du vin à la cave,
(à Cave) Faire descendre du vin dans une caivê.
Id. Mettre du bois dans une cave,
(à Monter) Il faut monter tous ces meubles dans une chambre.
Id. Monter du foin au grenier.
(à Grenier) Mettre de vieux meubles au grenier.
(à Celuer) Mettre des pièces de vin au cellier.
(k Mettre) Mettre tin cheval dans l'écurie, à Vécurie; un oiseau dans
une cage, en cage,
Id. Mettre du foin dans le grenier, au grenier.
(à Remise) Mettre une calèche, un cabriolet sous la remise, dans la
remise.
Nous ne comprenons pas pourquoi il n'est pas permis de dire
Entrez le cheval dans l'écurie; entrez la voiture dans la remise;
ENTREZ ces meubles dans le salon, etc. etc. C'est une lacune évidente
et regrettable *.
ENTRE-SOL. — Dans les quatre premières éditions, l'Académie écri-
vait ce mot sans tiret (entresol), et l'on se demande quel motif le lui
a fait ajouter, car ce tiret ne fait qu'apporter une difficulté pour l'or-
thographe du pluriel, qu'elle ne nous a pas indiquée *.
ENTRE -TAILLER (s'). ENTRETAILLURE. — C'est probablement
parce que l'Académie ne reconnaît pas taillure pour un mot français,
qu'elle ne l'a pas séparé de la préposition e^itre comme elle l'a fait
1. En termes de douane et d'octroi, on dit tous les jours Bntrbb de la marchandise par
contrebande; et nous demanderons si dans cette phrase qu'on lit à Tarticle Fraudb , Du vin
sifTRé , WTKODuiT en fraude dans Paris, on ne pourrait pas employer entrer comme verbe
actif aussi bien qu'introduire : Du vin qu'on ▲ sntr^ , qu'on ▲ introduit en fraude. —
Dans le commerce et dans le langage de la tenue des livres , on dit encore Entrer un article,
sortir un article, pour signifier Le porter au compte d'entrée ou au compte de sortie : Voitt
BNTRBRBZ ces 100 ballcs de coton au crédit de N..., et vous les sortirbz au débit de X...
2. On la trouve à l'article Mezzanine, mais nous ferons remarquer que cette orthographe
n'est donnée qu'accidentellement: «Mezzanine... se dit aussi d'une petite fenêtre carrée,
comme celles qu'on pratique aux entre-sols. » —[Nous ajouterons qu'à l'article Étaob on a mi»
entresol en on seul mot
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pour le verbe. On éviterait cette anomalie en supprimant le tiret
dans le verbe, comme dans s' entrecouper j dont le sens est le môme,
ainsi que le prouve cette définition : « S'entre-tailler... se dit d'un
cheval qui se heurte les jambes^ l'une contre l'autre en marchant, et
qui s'entrecoupe, »
EirrRE-yiFS» — Cette locution, qui est d'un usage journalier chez
les notaires et au barreau, et qui aurait dû se trouver ici ou à Vif, ou
même à ces deux endroits, ne se voit qu'incidemment dans quelques
articles; aussi croyons-nous devoir citer les phrases que nous avons
recueillies :
(à Capacité )r Soit par actes entre-vifs, soit par testament.
(à Disposition) Dispositions entre-vifs. — Par acte entre-vifs.
(à Donation) Donation entre-vifs.
(à Incapable) Un mineur est incapMe de disposer de son bien entre- vifs.
Nous pensons que le tiret est inutile et qu'il devrait être supprimé.
ENTOLER (S'), V. prou... Prov. et fig. Il n'y a plus que le nid, les
oiseaux s'en sont envolés^. — Nous croyons qu'il aurait été mieux de
dire simplement les oiseaux se sont envolés, comme l'Académie l'a fait
dans la première édition. Au verbe s'enfuir , elle dit très-bien : On
Va mis en prison, mais il s'est enfui, et non il s^en est enfui; le pro-
nom en se trouve déjà dans s'enfuir, s'envoler, qui signifient Fuir,
voler du lieu où Ton est vers un autre. C'est pour la même raison que
dans cette dernière édition l'Académie dit : Le tribunal cassa la pro-
cédure et tout ce qui s'était ensuivi, au lieu de tout ce qui s'en était
msuivi, qu'elle avait mis précédemment; mais elle aurait dû dire,
tout ce qui s^en était suivi ^.
ÉPELER, V. a... Il commence à épeler. Épelez ce mot. — Non-seu-
lement l'Académie n'indique pas la conjugaison de ce verbe, mais en-
core elle ne donne pas un seul exemple pour mettre sur la voie.
L'analogie qui existe entre épeler, épellation, et appeler, appella-
tion, nous porte à croire qu'il faut écrire fépelle, j'épellerai, etc.;
mais ce n'est qu'une induction, et nous nous garderons bien de la
donner comme une certitude.
1. A l'article Bntrbcoopbr nous lisons « S'entrecouper se dit des cheTaux et autres ani-
maux qui se blessent en se frottant un pibd contre l'autre quand ils marchent » ; et nom
croyons que, dans la définition de s'entre-tailler , joted serait plus exact que jambe.
2. Au bas de ce même article et à Nid, on lit : les oiseaux sont envolés; nous pensons que
an sont envolés est préférable. A l'article Oiseau l'Académie dit très-bien roiseau S*est envolé,
et non est envolé. — Au reste dans l'article S'bnvqlkr on troute les trois variantes , dont la
première seule nous paraît bonne : Les oiseaUx étaient déjà drus, ils se sont envolés;— Il n'y
a plus que le nid, les oiseaux s'en sont envolés; — et Les oiseaux sont envolés.
3. On peut sans inconvénient écrire en un seul mot s'envoler, s'enfuir, parce que l'usage
permet d'employer indifféremment ces deux verbes avec ou sans complément : le prisonnier
s'est enfui, l'oiseau s'est envolé, ou le prisonnier s'est enfui de la prison, l'oiseau s'est envolé de
son nid. Il faut, au contraire, écrire s'en svivre en deux mots, parce que le pronom en devant
être suppléé toutts les fois que le complément vient après le verbe, il doit nécessairement
en être détaché s'il le précède. Voy. Ensuivre ( s* ).
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épizooTlE. — Faut-il prononcer iie ou cie f
ÉPOUMONER. — Précédemment l'Académie écrivait époumormer
avec deux n; on se demande pourquoi elle supprime aujourd'hui la
seconde, tandis qu'elle écrit avec deux n occasionner où elle n'en
mettait qu'une.
^oussETER. — L'Académie n'a donné qu'un seul exemple qui pût
faire connaître si dans ce verbe elle veut la réduplication du t ou
l'emploi' de l'accent grave ; malheureusement on s'est borné à tran-
scrire d'une édition à une autre ce qu'il y avait dans la première, et
l'on a mis : Je Vépousseterai (primitivement, espousseterai) comme il
faut; en sorte qu'il est impossible de savoir si l'Académie avait l'inten-
tion d'écrire époussetterai ou épomsèterai. L'analogie avec épomseUe
nous fait préférer la première de ces variantes.
ÉRÉSIPÈLE, s. m. (On disait smiref ois Érysipèle, ce qui était con-
forme à l'étymologie.) — Le nombre de' ceux qui encore aujourd'hui
prononcent érysipèle est assez grand pour que l'Académie eût pu
mettre cette orthographe en tête de son article ; elle aurait ajouté ;
Quelques-uns ou Plusieurs disent érésipèle^ ce qui est contraire à
l'étymologie. — Il est à remarquer que bon nombre de ceux qui pro-
noncent érësipèle donnent à ce mot le genre féminin, comme l'Acadé-
mie l'a fait dans les trois premières éditions : « Érésipèle, s. f. »
ERGO-GLU. Expression familière dont on se sert pour se moquer des
grands raisonnements qui ne concluent rien. — L'Académie aurait pu
laisser dans l'ombre cette locution hybride * aussi bien que ablativo
tout en un tas; ou tout au moins elle aurait dû donner le proverbe
entier, pour l'édification de ceux qui l'ignorent : Ergo glu capiuntur
aves (donc les oiseaux se prennent avec de la glu). Voy. Ablativo.
ERMITAGE OU HERMITAGE. ERMITE OU HERMITE. — On regrette
que l'Académie, qui supprime des h étymologiques, comme dans
alcool^ ipécacuanaj hémorragie^ hémorroïdes^ hypocondrCj métem-
psycose, etc., conserve cette lettre dans des mots où l'étymologie ne la
demande pas, comme hermitage, her?nite; elle ne la met cependant
pas dans l'adjectif érémitique.
ERREUR. — Dans aucun des articles Erreur, Rectifier, Redresser,
nous ne trouvons rectifier une erreur, des erreurs; redresser une
erreur, des erreurs ; ces expressions que nous croyons avoir lues et
entendues plus d'une fois seraient-elles vicieuses ? Si elles ne le sont
pas, il serait bien utile de les admettre.— En revanche, dans cet article
i?«««,T« «^„« Msons : Les erreurs de calcul ne se couvrent point,
i ne peut connaître le sens, parce qu'à Couvrir on
j d'analogues.
. — L'Académie nous dit que rot et roter sont des
qu'on évite de s'en servir. Elle a donc adopté le sub-
ae glu n'est pas l'ablatif de glu8,gluti8, ni de glus, glutinis; c'est donc le
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stàu^f éructation, mais elle aurait dû adopter en même temps le verbe
éructer.
ESCARRE. -7- Cette orthographe, qui se trouve déjà dans la pre-
mière édition , aurait dû être modifiée conformément à l'étymologie
soit grecque, soit latine (eschara), dont elle s'écarte sous deux rap-
ports : une h en moins, une r en plus. Si FAcadémie voulait retran-
cher Yh comme elle Ta fait pour plusieurs mots et entre autres pour
hémorragie j hémorroïdes^ etc. (voy. Tarticle H) , elle aurait dû au
moins ne pas ajouter une r qu'elle ne met pas dans l'adjectif escarotique,
ESCOMPTE. ESCOMPTER. — Ajoutez « On ne prononce pas le P. »
Au mot Comptabilité , l'Académie dit bien : « Le P ne se prononce ni
dans ce mot ni dans les suivants », et au mot Décompte « On ne pro-
nonce pas le P dans ce mot et le suivant » ; mais elle n'indique pas
la prononciation à escompte , escompter j mécompte, se mécompter,
'précompter, recompter. Or c'est précisément parce qu'elle a indiqué
la prononciation de deux des composés qu'elle aurait dû la donner
pour tous, car il est naturel de conclure que le p doit se prononcer
dans ceux où elle n'a pas dit te contraire.
ESCCLAPE, s. m. — L'Académie ne mentionne pas ce mot, qui se
trouve dans plusieurs locutions figurées et familières : l'art d'Escu-
lape; Vesculape du village; quand Vesculape arriva, le malade était
mort. Voy. Mentor.
ESPALMER, V. a. T. de Marine. Nettoyer, laver la carène d'un bâti-
ment, d'une embarcation, avant de l'enduire de suif ou autre matière*.
Espalmer un bâtiment... Un navire espalmé de frais.— Si l'expression
de frais s'emploie pour Fraîchement, récemment, il serait convenable
.de la mettre à l'article Frais; si elle n'est pas reçue, il faudrait la
supprimer ici et à Tondre, où nous lisons « Il est tondu de frais ».
ESPRIT, s. m... Un bel esprit.,, ne s'emploie guère aujourd'hui que
par ironie. Messieurs les beaux esprits. On dit aussi ,' Une femme bel
esprit. Une fepime qui a des prétentions à l'esprit.— Faut-il dire « J'ai
entendu de beav^ esprils ou des beaux esprits qui m'ont paru bien
sots » ? Si l'on doit dire des beaux esprits, nous pensons qu'il faudrait
écrire bel-esprit, avec un tiret, comme on le trouve d'ailleurs dans
quelquQs dictionnaires et dans un graùd nombre d'ouvrages. Voyez
Plein pouvoir à Pouvoir.
EST, s. m. — La prononciation de ce mot aurait besoin d'être indi-
quée, d'autant plus que est verbe se prononce tout différemment. Au
mot Lest, l'Académie dit « Le T se prononce », et à Zest elle est en-
core plus explicite : « On prononce zeste ».
ESTAMPER, V. a. Faire une empreinte de quelque matière dure et
gravée, sur une matière plus molle. Ofi estampe la monnaie avec un
1. La grammaire demandait : avant de l'enduire de suif ou D'autre matiôre.
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— 112 —
balancier. Voilà une image bien estampée^. — Ces deux exeviples
prouvent qu'on peut dire « Voilà une pièce de monnaie, une image
qu'on a bien ou mal estampée » , et qu'à la fin de Tarticle il fallait
ajouter : Estampé, ée, participe.
ÉTAMPER, V. a. — L'Académie nous donne le verbe, mais elle a omis
le substantif, qui doit être bon et admissible puisqu'elle l'a employé à
l'article Maigre : « Étamper maigre. Percer les trous ou étampures
du fer d'un cheval , près dû bord extérieur. »
ÉTERNVMENT. — Ici Ve supprimé dans la dernière syllabe d'éter-
nuer n'est pas même représenté par un circonflexe sur Vu.
ÊTRE... C'est à vous de parler. C'est au juge à prononcer, etc. C'est
à vous qu'il appartient de parler. C'est au juge qu'appartient le droit
de prononcer. C'est à vous à parler, à jouer, etc.. Voici votre tour de
parler, de jouer. — Nous comprenons parfaitement cette expression
C'est à vous DE parler, qui est une ellipse de Cest à vous qu'il appar-
tient DE parler, comme l'Académie le dit fort bien à l'article De :
« C'est à vous qu'il appartient de l'interroger, de décider cela, ou
elliptiquement, Cest à vous de l'interroger, de décider cela ». Mais
par cette même raison nous ne comprenons pas l'emploi de À dans
cette phrase : C'est au juge À prononcer, pour C'est au juge qu'ap-
partient le droit de prononcer, et nous pensons qu'il faut y remplacer
à par de, puisque l'emploi de la préposition à donne à la phrase une
signification toute différente, et que C'est à vous À parler, k jouer,
signifie Voici votre tour de parler, de jouer *.
1. Les exemples donnés par l'Académie ne sont pas heureux, car on dit frapper et non
estamper de la monnaie; imprimer, tirer une image, et non l'estamper. — Aux articles Balan-
cier, Frapper, Monnaie, on lit : Z>e la monnaie frappée au balancier; Prappbb de lamon%
naie. Frapper des médailles; De la monnaie bien frappée. Et en effet l'estampage (ce mot
manque dans le Dictionnaire de l'Académie) ne s'opère que sur un métal mince, pour la
b^outerie, etc. ; il produit un relief d'un côté , et de l'autre un creux. — A Bstampb , Impri-
mer, Tirer, nous voyons aussi, Estampe bien noire, bien nette, bien tirée ; Imprimer des litho-
graphies; TIRE9 des estampes. — Enfin le mot image aurait peut-être dû être remplacé par
estampe, car l'Académie nous apprend encore qu'image se dit « de certaines estampes... ordi-
nairement gravées et coloriées orossièrement ». On ne m A donc pas beaucoup d'importance
à bien estamper ou plutôt à bien tirer une image ; et d'ailleurs on ne fait plus des images en
tcUlle-douce, comme l'Académie disait en 1694 et même en 1740 ; aujourd'hui on les appelle-
rait des estampes : le cabinet des estampes à la bibliothèque impériale.
2. A l'article À on lit de même : « C'est à vous de parler , C'est à vous qu'il appartient , qu'il
convient de parler, et Cest à vous k parler. Votre tour de parler est venu, a Voici d'autres
exemples :
( à Ce) Cest à vous k parler, Cest à vous de décider.
(à Donner ) A qui est-ce k donner ? Je viens de faire, c'est à vous k donner.
(à Faire) A qui est-ce k faire ? Cest d vous k faire.
(à Mener) Cest à vous de mener la danse, de mener le branle. C'est à vous de con-
duire les autres , de leur donner l'exemple,
(à Passer) J*ai passé, c'est à vous k parler.
Il est évid^t que dans les phrases où l'on a mis A on veut exprimer le toub , «t non le
DEVOIR ou le DROIT ; il n'en est pas de même* pour celles-ci : Cest d vous de décider, Cest à
vous DE mener la danse, de mener le branle, etc.
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Le Dictionnaire de rAcadémie présente un assez grand nombre de
phrases où à devrait être remplacé par de. En voici quelques-unes :
(à Voib) Cest à vous À voir que rien ne lui manque, Vous devez veiller à
ce qu*il ne lui manque rien , faire en sorte qu'il ne lui manque
rien.
(à Faire) Cest à vous À faire que rien ne manque.
(à Interpréter) Est-ce à vous A interpréter ma pensée, ma volonté, mes
intentions ?
(à âbatage) Cest à l'acheteur A payer Vdbatage,
(à Locataire) Ce n'est pas au locataire À faire les grosses réparations.
{t RÉPARATION ) C'est au propriétaire A faire les grosses réparations.
ÊTRE.,., dans les temps où ce verbe prend l'auxiliaire Avoir, se dit
quelquefois pour Aller; mais avec cette différence que, dans J^ai été
à Rome, par exemple, J'ai été fait entendre qu'on y est allé et qu'on
en est revenu ; et que , dans II est allé à Rome, le verbe // est allé
marque que celui dont on parle peut n'être pas encore de retour.
L'Académie aurait mieux fait de mettre II a été à Rome que J'ai été
h, Rome, car il est plus qu'évident que celui qui dit /ai été à Rome
n'y est plus. Mais nous ne pensons pas comme elle que cette expres-
sion /ai été à Rome donne à entendre qu'on en est revenu; moi,
Parisien, Suisse ou Ai glais, je puis très-bien dire, étant à Florence,
J'ki ÉTÉ à Rome pour apjyrendre la mosaïque, mais je préfère celle de
Florence et je reste ici (donc je ne suis pas revenu dans mon pays).
Un Portugais qui aura traversé la France pour se rendre en Russie, et
qui en arrivant dira J'ai été à Paris, ne donnera pas à entendre
qu'il en est revenu, c'est-à-dire qu'il est retourné au lieu d'où il était
parti; il exprimera seulement qu'il a vécu, existé à Paris plus ou
Inoins d'heures, plus ou moins de jours, mais qu'il n'y est plus. Ainsi
donc, il A ÉTÉ à Rome signifie qu'il n'y est plus; il est allé à Rome
veut dire II est parti pour Rome, et conséquemment il n'est plus ici.
Une domestique qui répond « Madame est allée à l'église » donne
à entendre que sa maîtresse est sortie pour se rendre à l'église; si elle
dit « Madame a été à l'église » , on pourra en conclure que madame
a assisté à l'office , mais non qu'elle est rentrée chez elle.
ÉTRIER... Par extension. Avoir le pied à Vétrier, Être au moment
de partir. — A l'article Pied on lit « Avoir le pied à Vétrier, Être prêt
à partir ». Cette dernière définition peut être la plus vraisemblable,
mais malheureusement ce n'est pas la plus vraie. Avoir le pied à
Vétrier se dit quand on est près de partir, et non prêt à.
EUPHORBE, s. m. T. de Botan. Genre de plantes qui renferme un
très-grand nombre d'espèces, à suc laiteux, acre et corrosif. Les
lithymales sont des euphorbes. La gomme-résine d'euphorbe est un
drastique violent. — A l'article Tithymale nous lisons : « Nom que
Ton donne aux euphorbes indigènes, telles que l'épurge, l'ésule, etc.»;
et à l'article Ésule : « Nom que l'on donne à plusieurs espèces d'eu-
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phorbes herdagées, dont la plus connue est appelée Peèite ésule. »
Où est la faute, à ëdphoabe où Ton dit a s. m. », ou à Titktmalx ei
à ÉsuLE où Ton fait ^'Euphorbe un substantif féminiu?
EXAMINATEUR, S. m.—LisBz « ExAMiNATEQR, TRiCE , S. » Il y a main-
tenant des dames chargées de faire subir Texameix aux personnes qui
postulent les places cb maîtresses d'école, etc.
EXCÉDANT, ANTE. — Autrofois l'Académie écrivait eœcédeni, ente,
ce qui était en harmonie avec précédent et antécédent. Aujourd'hui
on a de la peine à se rappeler lequel de ces trois mots doit prendre
un a à la dernière syllabe.
EXCX.AMATION... Point d'exclamation, Point figuré ainsi (î), qui se
met après une exclamation, comme Hélas f ô Dieu! — Nous ae com-
prenons pas bien pourquoi Ton ne dit pas point exdamaÂif comme
on dit point admiratif, et pourquoi l'on dit point mterrogant au lieu
de point interrogatif. Au sujet de ces points nous pourrions fitire un
article très-long, mais nous nous bornerons à présenter quelques
phrases dont la ponctuation varie dans le Dictionnaire de l'Académie.
Nous présumons que la ponctuation convenable est celle de la pre-
mière colonne.
(à Donc) Gare donc !
(à Bombe) Gare la bombe!
(à Horreur) Fi! l'horreur!
(à Laid) Fi! le laid! Fi! la laide!
(à Comme) Comme vous voilà ftiit!
(à Répondant) Voilà un bon répon-
dant!
(à De) Le cri de Vive le roi!
(à Gare) Gare donc.
Id. Gare la bombe.
(à Sale) Fi, le sale!
(à Vilain) Fi le vilain!
(à Affubler) Comme le voilà affables
(à Fier) Cinq mille hommes, voilà un»
fière armée,
(à Cri) Le cri de Vive le roi.
EXEQUATUR. (On prouonco Exé,) — L'Académie ne parle pas de
la troisième syllabe ; ftiut-il la prononcer ca ou coim ?
EXPÉRIMENTER, V. u. — Lisez ; v. a.
EXPIRER, V. n. Mourir, rendre Pâme, rendre le dernier soupir...
Dès qu'il eut expiré. Il a expiré entre mes bras, dans mes bras,..
— Expiré , ée , participe.
L'Académie nous laisse ignorer si Ton peut dire q\i*une personne
EST EXPIRÉE. Les poëtes nous oflTrent de nombreux exemples de cette
locution , imitée de Racine :
Ce héros expiré
N*a laissé dans mes bras qu'un corps défiguré.
Voltaire la réclame et s'en sert même en prose. Bien que nous préfé-
rions l'emploi de l'auxiliaire avoir, nous pensons qu'on peut dire être
expiré comme on dit être trépassé, être décédé, etc.
1. Dans la quatrième édition nous lisons : « On ne dit pas 4'un homme qui vient de mourii;
qu'tf est EXPIRÉ, on dit i7 est expirant, il a expiré à telle heure; il est mort. » L'Académie
a bien fait de supprimer cette substitution d'expirant à expiré, car ces deux mots n'ont guère
plus de rapport entre eux que mort et vif.
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BXmnso (m) . -^ Cette iocution latine, qui se rend en français par
« dans toute son étendue », est très-usitée et devrait se trouver dans
le Dictionnaire de TAcadémie aussi bien que in extremis, in tnanus,
in pace, inpartibuSj in petto, etc. Tous les jours on lit dans les jour-
naux : Le manque de place nous empêche de donner, de reproduire
iif EXTENSO le discours de.,.
EXTKA. '^ Ce mot latin s^emploie depuis bien des années en fran-
çais comme substantif ou autrement, et Ton est surpris que TAcadé-
mie ne Tait pas encore admis : Mon frère est revenu de son voyage,
et nous ofoons fait un extra wu diner. Nous avons bu deux bouteilles
de ehampag^ne pour extra, comme extra, en extra, d'EXTRA.
EXTRÊME. — Les adjectifs extrême et suprême changent d'accent
dans leurs dérivés extrémité, suprématie ; ils devraient donc prendre
Taccent grave comme emblème, problême, système, etc., qui ont pour
dérivés emblématique, problématique, systématique, etc.
EXTREMIS (IN). Locutiou adverbiale empruntée du latin. — Il au-
rait été utile d'indiquer que Vs doit sonner, car le latin n'est pas connu
de tous ceux qui consultent le Dictionnaire de l'Académie. Elle y a
bien songé quand elle a dit de prononcer dé profondiss le de pro-
PDNDis; honorèsse dans ad honores; vosse dans nesgio vos, etc.
EXTRÉMITÉ, s. f... Il se prend aussi pour Excès. Vou>s allez toujours
o>V extrémité. Vous partez les choses aux dernières extrémités. Passer
d'une extrémité à l'autre. Toutes les extrémités sont vicieuses. — Dans
ce sens nous préférons à extrémité l'adjectif extrême employé sub-
stantivement, qui nous semble plus usité et qui a d'ailleurs la sanc-
tion de l'Académie : « Les extrêmes se touchent. La prodigalité et
l'avarice sont les deux extrêmes. Entre ces deux extrêmes il est diffi-
cile de prendre un juste milieu. Il se jette dans les extrêmes. Pousser,
porter tout à ^extrême. » On lit encore
(â Gaver) Caver au plus fort... Fig. et fam., Porter tout à rixTRÉiiE, dans
les entreprises, les opinions, les suppositions, etc. '
(à Passer) Prov. et fig.. Passer du blanc au fwir, AUer d'un ExfRÉHB à
Tautre.
l^ABliiCANT, S. m. (Quelques-uns écrivent, Fabriquant.) Celui qui
fabrique ou qui fait fabriquer. — Il aurait été mieux de ne pas men-
tionner la variante fabriquant, qui est d'une orthographe surannée.
Lorsqu'un verbe en quer a déjà un dérivé qui prend ca, les autres
doivent suivre cette même orthographe ; si l'on écrit conflscant, suffo-
cant, vacant, à cause de confiscable et confiscation; suffocation; va-
cance et vacation, on doit écrire de même fabricant par analogie avec
fabricateur et fabrication. Les verbes choquer, croquer, marquer,
piquer, n'ont qu'un dérivé, et c'est probablement pour cette raison
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qu'ils conservent qu : choquant, ante; croquant, ante; marquant,
ante * ; piquant, ante *.
FACILITÉ, s. f... // a une grande facilité k parler, k s'exprimer.
Cette facilité k produire nuit quelquefois aux hommes qui en sont
doués. — Aux articles Langue et Pendre on lit « Avoir la langue bien
pendue. Avoir une grande facilité de parler. » Si Ton peut employer
indifféremment à et 6^ dans cette locution , il serait convenable de
donner ici des exemples avec de ; sinon il faut mettre À dans les deux
articles ci-dessus.
FAC-siBiiLE, s. m. — Ce mot nous semble être absolument dans les
mêmes conditions que le substantif aparté; on pourrait l'écrire en un
seul mot, avec un accent sur Ye {facsimilé), et à tous les deux on
donnerait un pluriel ' comme à spécimen. L'absence d'accent dans
fac-similé nous paraît fâcheuse, car elle induit en erreur ceux
mêmes qui travaillent à ce genre de reproduction, les graveurs et les
lithographes : ils font généralement muet l'a final de ce mot.
FAÎNE. — Est-ise pour la prononciation , ou à cause du g supprimé
dans l'étymologie {fagina)^ que l'Académie met sur Vi un accent
qu'elle n'y mettait pas autrefois? Voy. GàÎne. — Quel est le nom de
l'enveloppe verte de ce fruit? n'est-ce pas école, comme pour la noix?
FAIRE, V. a.— Dans ce long article nous relèverons quelques phrases
qui laissent à désirer.
(p. 723, col. 2) /< a bien fait du chemin en peu de temps \
(p. 724, col. 2) Cela le fera bien aise^,
(p. 725 , col. 1 ) Cela lui a FArr de grands mauXj de grandes douleurs*.
(p. 725, col. 2) Cest à vous À faire que rien ne manque'^,
1. Démarcation (ligne de) vient, il est vrai, de mcarquer; mais ce n'est qu'on dériTé com-
posé , et, qui plus est, de fraîche date ; il n'a donc pas pu influer sur rorthographe de YaA-
}écX\t marquant, qui est antérieur.
2. C'est probablement. aussi pour la môme raison que les a^jectifis cUtaquable, critiquable,
immanquable, remarquable et risquable conservent le qu du verbe , tandis qu'on met un e
à applicable, communicable, confiscable (mentionné plus haut), évocable, explicable, révo-
cable, et leurs composés inapplicable, incommunicable, inexplicable, irrévocable; tous ces
adjectifs qui prennent ca ont un substantif correspondant : appUeatùm» communication,
c&nfiscation, évocation, explication, révocation. — Il est des adjectifs terminés par cable qui
viennent directement du latin; tels sont impeccable, implacable, inextricable, etc. (terminés
en latin par cabilis). — Praticable et impraticable, qui viennent de pratiquer, n'ont en leur
faveur ni une étymologie latine ni des substantifs correspondants en cation, et l'on ne voit
pas bien clairement pourquoi ils prennent ca au lieu de qiM. — Bnfin prédicable, qui vient de
prêcher, ou plutôt de prcedicare, prend ca d'abord parce qu'il est formé de prcedicabilis, et
ensuite parce qu'il a un nombreux cortège de mots dont la troisième syllabe s'écrit de la
même manière : prédicant, prédicateur, prédication, prédicament.
8. Pour savoir comment l'on doit écrire fac-similé au pluriel , il faut recourir à l'article
PiouRBR, ou plutôt au participe Fiooré, éb, où on lit : Les fac-similé sont des copies figurées.
4. Dans cette phrase, bien modifie chemin et non faire; il faudrait donc mettre comme dans
les quatre premières éditions : // a fait bien du chemin... Voy. Bien.
5. Cette locution doit être bien surannée.
6. Cette phrase était dans l'édition de 1694, comme la précédente. Nous croyons qu'au-
jourd'hui l'on dirait $ Cela lui a CAOsé... »
7. Nous croyons qu'il faut t C'est à vous db faire... ■ Voy. Ôtbb.
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— 117 —
(p. 725^ col. 2) Cet homme n*aime pas tant le jeu qu*U faisait, Il ne
l'aime plus tant qu'il Taimait i.
(p. 726, col. 3) Un petit homme mal fait et malbâti*.
FAIRE..., neutre, signifie aussi Avoir une influence, un eflTet quel-
conque. U argent fait plm auprès de lui qu'aucune recommandation.
— Il nous semble qu'on peut très-naturellement sous-entendre pour
régime direct plus d'impression^ plus d'effet, ou tout autre équiva-
lent, et qu'ainsi faire peut être considéré comme verbe actif dans
cette phrase, aussi bien que pouvoir dans celles-ci :
(à Pouvoir) Vous poovbe tout sur lui, sur son esprit.
Id. C'est un homme qui peut beaucoup dans V affaire dont U s* agit,
Id. Il PEUT BEAUCOUP auprès de vos chefs.
où pouvoir signifie o avoir l'autorité, le crédit, le moyen, la fa-
culté, etc. , de faire ». Il doit être également actif dans
L'argent fatt tout auprès de lui.
L'argent ferait beaucoup dans l'affaire dont il s'agit.
V argent fait beaucoup awprès de vos chefs , beaucoup plus que les recom-
mandations.
Que le complément ou le régime de faire soit tout, beaucoup, beau-
caup plus, ou seulement plus, nous pensons que ce verbe n'en sera
pas moins actif.
Dans la sixième édition , l'Académie a formé le substantif affaire
des deux mots à faire. Elle écrivait précédemment « Je voudrais bien
lui parler, j'ai À faire à lui. Il aura a paire à moi, il verra à qui il
aura À fai^. J'ai bien À faire de lui. J'ai bien À paire de tout ce
que vous dites » ; et aujourd'hui « J'ai affaire à lui, il faut que j'aille
le voir. Il aura affaire à moi. Il verra à qui il a affaire. J'ai bien
affaire de tout cela. Qu'ai-je affaire de toutes ces querelles?» Sans
examiner si cette métamorphose convient également à toutes les
phrases qui l'ont subie , nous demanderons si elle n'aurait pas été
applicable à celles-ci, qui du reste ont vieilli : « C'est À faire (affaire,
une affaire) à perdre deux cents francs. C'est À faire' (affaire, sens
figuré) à être mouillé. »
FALLOIR, V. n... Fam., Un homme, une personne comme il faut. Un
homme, une personne d'un rang distingué. C'est un homme très comme
il faut. Les gens comme il faut ne suivent plus cette mode.
Nous avons entendu dire plus d'une fois C'est un homme très comme
il faut; mais cette locution est-elle bien convenable, surtout dans le
sens exclusif qu'on lui donne ici ? N'y a-t-il de gens comme il faut
que les gens distingués quant au rang? — Ensuite nous demanderons
si très, qui, suivant l'Académie, « se joint à un adjectif, à un participe
1. Nous pensons qu'il serait mieux de dire « Cet homme n'aime pas autaiU le jeu..., il
ne l'aime plus autant... » ~ Il serait bon de rétablir la phrase telle qu'elle était dans le
principe : Cet homme n'aime plus tant..., puisque plv^ est resté dans la définition.
2. Il faudrait écrire mal bàii en deux mots comme mal fait. Voy. BAna.
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— IW —
ou à trti advenue t>, et q[ti*elle accoftipagne toujours d'un tiret, peut
régulièrement être suivi de comme il faut. Si la réponse doit être
affirmative , il n'y îiura plus rien à dire contre ces locutions : îl est
TRÈS à son aise; Il prenait son rôle de critique très au sérieux^, etc.
Dans cet article îl manque une acception de la locution comme il
faut, fréquemment employée dans le sens de Comme il ne tkxn pas;
c'est probablement un euphémisme. A l'article Accommoder nous
lisons : « Prov. et par raillerie, S'accommoder comme il faut. Prendre
trop de vin , en prendre jusqu'à l'excès. Quand il trouve de bon vin,
il s'accommode gomme il faut. » — Nous présumons bien que cette
expression peut se dire au sujet de toute autre liqueur, et du manger
comme du boire : Quand il trouve des mets, des boissons à son goût, il
s'accommode gomme il faut.
L'article Accommoder présente encore une autre acception de
comme il faut, qui manque également ici : Je l'accommoderai comme
IL FAUT, Je le traiterai durement comme il le mérite.
FALLOIR... se dit encore dans le sens de Manquer... // s'en faut de
beaucoup que leur nombre soit complet. Il s'en faut beaucoup que Vvn
soit du mérite de l'autre. Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein.
Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé.— Pour le de supprimé ou ajouté
dans ces phrases il s'en faut beaucoup ou de beaucoup, il s'en faut
peu ou DE peu, nous renvoyons nos lecteurs à l'article Beaucoup;
quant à la particule ne également ajoutée ou retranchée suivant qu'il
s'agit de peu ou de beaucoup, nous- les prions de voir l'article Ne. Mais
voici deux phrases que nous croyons devoir examiner icViûême:
V(ms dites qu'U s'en faut tant qi*e la somme entière n'y soit*
Il ne peut pas s'en falloir tant.
A l'article Beaucoup l'Académie dit qu'il faut ajouter de lorsqu'il
s'agit de quantité : « Il s'en faut de beaucoup, La quantité qui devrait
y être, n'y est pas à beaucoup près. Vous croyez m'avoir tout renée,
il s'en faut de beaucoup. » Ici la question de somme ou de quantité est
encore plus formellement exprimée ; nous pensons donc que le de est
indispensable, et qu'il faut mettre : Vous dites qu'il s'en faut de taht
1. Outre les deux exemples ci-dessus que nous avons puisés dans des ouvrages publiés par
des membres de l'Académie, voici quelques autres phrases également prises dans des ouvrai
publiés ou par des membres de l'Académie ou par nos sommités littéraires :
Quand je me la représente ( la marquise de S... ) ... sans fortune et très en crédit...
Elle (M»« de T... ) était restée ti'ès-vraie, très elle-même.
M. Magallon, homme distingué et très au fait de l'Egypte et de l'Orient...
Si l'on opérait de même, très à la hâte, sur d'autres objets mal définis.:.
Le jeune homme s'appelle Victor; c'était un rwm très à la mode sous l'empire.
Ce necours vient très à propos.
Le roi d'Angleterre était resté très en froid avec le roi de France depuis la peux de
NiTnègue.
Noos désirerions beaucoup savoir si l'Académie en- corps reeonnaitraft pour bonnes ces
diverses locutions. Dans tous les cas on peut s'étonner, en trouvant Tadverbe tris employé une
seule fois hors de la règle tracée par l'Académie, que ce soit dans use phrase telle que ceJle-ci :
Un homme très BWfMR Or paot, pour signifia Un homme thm KANd tRis^istxKoOé.
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— «9 —
que la somme entière n'y soit (ou y soil), — La seconde phrase, bien
qu'elle ekcHiiie inoii»a« premier coup d'oeil, n'est pas plus correcte.
N<His pensons qu'il tout dire :
Il ne peut pas s'en failoir de tant (d'une somme de tant de francs), ou,
U ne peut pas s^en falloir u'Hiitant (que vous le dites).
La même faute se retroure dans cet exemple de l'article Travers :
Il ^en faut dbox (lisez : db dbox) travers de deigt qw ces pkmches ne se
joignent ( ou 5e joignent ).
A l'article Doigt l'Académie a très-bien dit : '
Il ^'en fallait d peine D'wn trover* de doigt que le coup ne fût au ccour.
PAixoiR... Fam. ^ Tant s'en faut qu'au contraire, s'emploie quel-
quefois, pajr phiisaDterie, pour dire simplement. Au contraire. Vous
demandez si cette femme est jolie j tant s'en fmu qu'au contraire.
— Évidemment il y a ici une ellipse que l'Académie aurait bien fait de
s<^)pléer, c'est : elle est très-laide. Mais elle aurait pu dire aussi que
le plus souvent on abrège de moitié cette locution, et qu'on dit seu-
lement tant s'en faut. Cette personne n'est pas belle, n'est pas bonne,
TAHT s'en fawt. Cet ouvrage n'est pas bien écrit, tant s'en faot. On
ne vous a pas fait le poids, la mesure, tant s'en faut.
FAOM^ S. m. (On prononce Fan.) Le petit d'une biche ou d'un cbe*-
vreuil. Un faon de biche. Un faon de cÀevreto/...— Autrefois on disait
un chevreuil mâle, un chevreuil femelle, et en conséquence il fallait
nécessairement dire le faon d'un chevreuil; aujourd'hui qu'on adonné
le nom de chevrette à la femelle du chevreuil comme on appelle biche
la femelle du cerf, il nous semble convenable de dire Le petit d'une
biche ou d'une chevrette... Un faon de chevrette.
FAUBOURG. — L'Académie nous apprend que bowr^ se prononce
bçurk; ici elle aurait dû dire qu'on prononce faubour.
FAUCILLON, s. f. — Lisez ; s. m.
FAUTE DE,- — Il manque ici l'expression faute B'hérUiérs, et
surtout protêt faute D'acceptation, faute de payement. Voy. Défaut.
FÉCALE, s. f. ^ Lisez : adj. f.
FEMELLE... est aussi adjectif de» deux genres. Ufi serin mâle, un serim
femelle. Une perdrix mâle, une perdrix femelle. -^ Avant que l'Aca-
démie adoptât le féminin serine, elle avait r«ison ée dire un serin
^le, un serm femelle, comme on dit nne perdrix mMe, une perdrix
femelle; un rossignol mâle, un rossignol femelle ; mdls aujourd'hui
, qu'elle a admis les depx substantifs serin, serine, les expression» serin
mâle, serin femelle, peuvent-elles être conservées? N'est-ce pas comme
si Ton disait une linotte mâle, une linotte femelle ; un dinde mâle, un
dinde femelle, maintenant qu'on est convenu de dire pour le mascu-
lin «n linot, un dindon, et pour le féminin une linotte, une dinde?
FER-BLAMC FERBLANTiEa. — Au premier abord on se demande»
Pourquoi l'un de ces mots prend un tiret, et non l'autre. Nous penson»
Que cela vient de ce que lUanc est un modificatif connu, un bsM fran^*
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— 120 —
çais par lui-même, tandis que blantier n'a aucune signification. (Test
]a môme raison sans doute qui a fait écrire sans tiret enlretaillure
(voy. ce mot), et qui devrait le faire supprimer dans entresol et
havre-sac.
n est à remarquer que le c de fer-blanc s'est changé en t dans fer-
blantier j comme celui de tabac dans tabatière, et le qu de reverqtUer
dans rêver tier; au contraire, le t d'écart s'est changé en qu dans
k écarquiller,
FERMETURE, S. f. Ce qui sert à fermer. Il se dit, particulièrement,
en termes de Serrurerie et de Menuiserie. La fermeture d'une cha-
pelle, La fermeture d'une boutique, — Il se dit aussi, dans les places
de guerre, de L'action de fermer les portes. La garde prend les armes
à la fermeture des portes.
Nous croyons que fermeture a d'autres acceptions ; il doit se dire,
comme le verbe lui-même, de l'action de fermer un magasin, un bu-
reau, et même de l'heure où cessent les travaux des employés, et de la
suspension des exercices, des travaux, etc., dans certaines adminis-
trations. J'irai chez votis après la fermeture de ma boiUique, de mon
magasin, de mon bureau. La fermetore des bureaux de telle admi-
nistration a lieu à quatre heures. La fermeture des théâtres pendant
certains jours de la semmne sainte. La fermeture des tribunaux, des
collèges, des écoles pendant les vacances.
FESSE, s. f... Fig. et bassem.. Je m'en bats les fesses. Je m'en
moque. — C'est là en eflTet une expression bien basse, et nous sommes
d'autant plus surpris de la trouver ici qu'elle est probablement très-
rare; nous ne l'avons jamais entendue, et nous pensons qu'il aurait
suffi et au delà de Je m'en bats l'œil, qui se trouve à Battre et à
QEiL. On est peiné de rencontrer dans ce Dictionnaire des expresr
sions telles que celles-ci :
Gela n'est pas tant chien.
n n'avait que cet ouvrage dans le ventre.
Cet argument l'arrêta sur cul.
mais l'article Gueule en fournit plusieurs à lui seul :
Il en a menti par la gueule, par sa gueule.
Avoir touéours la gueule ouverte.
Avoir la gueule morte, la gueule ferrée, la gueule fratche.
La GUEULE du juge en pétera. Etc. etc.
FÊTE, S. f... Garder les jours de fête, et plus bas : // ne met cet
habit-là que les jours de féteS carillonnées.
A l'article Étaler, fête est également au pluriel : // est défendu
d'étaler les jours de féteS, et à Chômable, « il ne se dit que des jours
de fêteS » ; tandis qu'à Ouvrir il est au singulier : Les boutiques
n'ouvrent point les jours de fête. Çeut-on mettre indifféremment le
singulier ou le pluriel? — Dans le premier exemple, garder est sans
doute mis pour Observer; mais dit-on Garder les jours de fête.
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— 121 —
comme on dit Garder les commandements de Dieu? Nous n'en voyons
aucun exemple à Tarticle Garder.
FÉTOTER. — On ne comprend pas pourquoi ce mot prend un ^ à la
première syllabe, tandis que fête, fêter, prennent un ê, et que festin,
festiner, conservent encore Vs qui se mettait autrefois dans les trois
autres mots {feste, f ester, festoyer),
FEUILLETONISTE, S. m. Écrivain qui rédige des feuilletons. -— Il
est possible que ce mot ne fût pas encore usité lorsqu'on imprimait
le premier volume de la sixième édition du Dictionnaire ; mais c'est
un mot nécessaire aujourd'hui qu'il n'y a presque pas de journal sans
feuilleton. — - Il est encore d'autres mots de cette terminaison que
nous voudrions voir adoptés par l'Académie pour rectifier l'ortho-
graphe qu'on leur a donnée dans quelques dictionnaires; ainsi dans le
Complément du Dictionnaire de l'Académie on a écrit abolitionniste,
fusionniste, rësurrectionniste, etc., avec deux n, tandis qu'on n'en a
mis qu'une à bourboniste, confessioniste, feuilletoniste, opinioniste,
unioniste, etc. Tous ces mots devraient suivre une seule et même
règle, c'est-à-dire ne prendre qu'une n, comme sorboniste, violoniste,
antagoniste, etc. Il est vrai que l'Académie en met deux à bâtonniste.
FEURRE, s. m. (On disait autrefois Foarre.) Paille de toute sorte de
blé. Une gerbe de feurre. — Il se dit, particulièrement, de la paille
longue qui sert à empailler les chaises.
Il aurait fallu ajouter « Voyez Foerre ou Foarre » ; il y a là une
phrase proverbiale qui complète l'article Feurre : « Faire à Dieu
barbe de foerre, ne pas payer la dîme à son curé , ou la payer avec
des gerbes où il y a peu de grains; et, par extension. Traiter les
choses de la religion avec irrévérence. »
FEUTRER, V. a. Mettre en feutre du poil ou de la laine. Feutrer le
poil destiné à faire des chapeaux. Feutrer de la laine. Feutrer à
chaud. Feutrer à froid. — Il fallait ajouter que feutrer s'emploie
quelquefois avec le pronom personnel , car nous lisons à l'article.
Marcher, v. a. « C'est à force de marcher Vétoffe^ qu'elle se feutre
et se contracte. »
FiCELLiER. — Il vaudrait peut-être mieux écrire ficelier avec une
seule l, comme chandelier, chapelier, coutelier, sommelier, tonne-
lier, etc.
FINALE, s. m. T. de Musique, emprunté de l'italien. Morceau d'en-
semble qui termine un acte d'opéra, et dans lequel le compositeur
doit chercher surtout à produire de l'effet. Le finale du premier acte.
Il y a un très-beau finale au deuxième acte. Ce compositeur a fait de
beaux finales. —Cette terminaison féminine trompe bien des personnes,
qui ignorant que ce mot vient de l'italien croient devoir donner à
finale le genre féminin comme on le fait en grammaire lorsqu'on
1. U aurait été plus correct de dire : « Cestàforce d'être marchés (foulée, comprimée),
<ICB l' ÉTOFFE Se fcutrc et se contracte.
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emploie ce mot dans le sens de Syllabe finale : « On met Vaccent sur
LA FINALE (le ce mot » , ou même en musique lorsqu'il est synonyme
de Tonique : « La basse doit tomber sur la finale ». Aussi quelques
auteurs, afin d'éviter toute équivoque, suppriment Ve et font de ce
mot un substantif masculin complètement français; ils disent, par
exemple : Les finals des opéras de Mozart. . . Cette orthographe pour-
rait être adoptée sans trop d'inconvénient; nous avons d'autres mots
qui sont dans le même cas : caporal, carnaval, etc., dont on a retran-
ché Ve final italien.
FLAMANT, S. m. Oiseau... ainsi nommé à cause de la belle couleur
rouge de son plumage. — Buff*on écrivait ce mot avec deux m, par
analogie avec flamme, d'où ce mot est dérivé; il observe même que
quelques naturalistes, trompés par l'orthographe flamant, avaient cru
devoir écrire flamand, comme si cet oiseau était particulier à la
Flandre. C'était là une grande erreur, puisque le Flammant habite
les rivages des mers méridionales.
FLEUVE. — Aux articles Noir, Onde, Oubli, etc., on trouve les
noms du Styx, du Cocyte, du Lélhé; mais personne ne songera à les
chercher ailleurs qu'à Fleuve, où il n'en est pas fait mention; nous
devrions aussi y trouver le Phlégéthon, que nous n'avons vu nulle
part, et VAchéron,(\\x\ a obtenu le privilège d'un article. — Les Juges
des enfers manquent également à Juge et à Enfer.
floral, ale, adj. — Dans jetix floraux faut-il mettre deux majus-
cules ou seulement une, et auquel de ces deux mots faut-il la mettre?
La réponse n'est pas facile, car l'Académie écrit ces deux mots tantôt
d'une manière, tantôt d'une autre. Dans cet article, par exemple, elle
met : « En termes d'Antiq., Jeux floraux (petite /"), Jeux qu'on cé-
lébrait à Rome dans le mois d'avril, en l'honneur de Flore, déesse
des fleurs. L'institution des jeux Floraux » (petit y, grande F). — Fig.,
Jeux Floraux, Assemblée qui se tient chaque année à Toulouse...
Remporter un prix aux Jeux Floraux, Académie des Jeux Floraux
(deux majuscules, J,F). Aux articles Jeu et Académie, floraux est
toujours avec une petite f : Re?nporter un prix aux Jeux floraux,
Académie des Jeux floraux *.
FŒTUS. (On prononce l'S.) — Peut-être Vœ demandait-il que l'Aca-
démie dît « On prononce fétuce » , de même qu'à Cœcum elle a dit
« On' prononce cécome » ; mais puisque les Latins écrivaient fetua,
fetare, fetura, fetifer, etc., préférablement à /Vr/its^ e^c.^ nous pensons
1 serait mieux d'écrire fétus comme on écrit Phébus, fétnur, hiir
^us, utérus, etc. De cette manière le composé super fé talion aurait
3 d'analogie avec son radical.
ONDRE... FoNDD, UE, participe. Plomb fondu. Cire fondue. Maison
A l'article Olympique, au contraire, c'est l'adjectif qui prend la majuscule : Remporter
ix aux JEUX Olympiques; et de même à l'article Jeu : les jeux Olympiques, les jbux
ÉENs; à Instauration, instauration des jeux Olympiques, etc.
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— 123 —
fondue. — Ce dernier exemple n'est à la vérité que quinze lignes au-
dessous de cet autre « La maison fondit (s'abîma) tout à coup » ; mais
l'expression maison fondue est tellement en dehors des idées com-
munes, surtout après plomb fondu et cire fondue, qu'il aurait été
convenable d'ajouter comme explication « abîmée, écroulée ». C'est
ainsi qu'à un des exemples du participe Piqué , ée , l'Académie dit :
« Il parle en homme piqué, fâché, irrité. »
FORCE... Maison de force. Maison où l'on enferme les gens de mau-
vaises mœurs qu'on veut corriger. On l'enferma dans une maison de
force. — A la lettre C l'Académie nous apprend qu'en quelques en-
droits on appelle Conciergerie « certaines prisons qui étaient autre-
fois celles où les parlements tenaient leurs 'prisonniers... La Concier-
gerie de Paris, » Ici elle aurait bien fait de dire ce qu'était la prison
appelée la Force, qu'elle a mentionnée plus d'une fois :
(à Claquemurer) Il fut claquemuré à la Force,
(à Guichetier) Les guichetiers de la Conciergerie, de la Force.
FORCEPS. — n aurait été utile d'indiquer la prononciation , et de
dire, comme à Biceps , « On prononce le P et l'S », ou , comme à
Triceps, « On prononce tricèpse ».
FORÊT... La forêt des Ardennes, U ancienne forêt Hercynie. La forêt
Noire. — A l'article Sibylle nous trouvons également « La sibylle
Erythrée. » Pourquoi dire la forêt Hercynie, la sibylle Erythrée, au lieu
de La forêt n'IIercynie ou la forêt hercynienne, la sibylle D'Erythrée
ou la sibylle érythréenne? Il est vrai que dans les phrases d'un usage
journalier on supprime volontiers la préposition de; ainsi l'Académie
dit :
(à Saint) La porte Saint-Antoine. L'hôpital Saint-Louis,
Id. L'église Saint-Germain , l'église Saint-Gervais, etc.
(à Parvis) Le parvis de Notre-Dame , et plus ordinairement, Le parvis
Notre-Dame.
(à Foire) La foire Saint-Laurent.
Mais elle met la préposition même devant ces noms de saints lors-
qu'il s'agit de lieux plus éloignés ou de phrases moins familières :
(à Tenir) La foire de Saint-Germain tenait depuis le 3 de février jusque
vers la semaine sainte.
(à National) L'église de Saint-Louis est, à Rome, l'église... des Français.
(à Désespoir) L'église de Saint-Pierre de Rome est le désespoir des archi^
tectes.
A plus forte raison doit-on mettre la préposition lorsqu'on parle de
noms aussi peu connus que ceux de la forêt d' Hercynie et de la sibylle
d'Erythrée.
FORUM, s. m. (On prononce Forome.) Mot emprunté du latin. Il se
dit des places où le peuple s'assemblait, à Rome, pour les affaires
publiques, et de celles où se tenait quelque marché. Le plus ancien
forum, ou le Forum proprement dit, était situé entre le Capitole et le
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— \2h —
mont Palatin. Le forum de Nerva. Le forum de Trajan... — Ce mot
doit-il prendre la marque du pluriel? En donnant un exemple avec
ce nombre, l'Académie aurait empêché de s'égarer les auteurs qui ont
publié des histoires de Rome et de ses conquêtes. Nous avons lu
dans Tune : La Narbonnaise se couvrait de forums, de temples, etc.;
dans une autre : Les fora étaient nombreux à Rome.
FOURCHETTE.— On s'étoune de ne pas trouver dans le Dictionnaire
de l'Académie le mot fourchetée comme on y trouve cuillerée, assiet-
tée, écuellée, jallée, platée, potée, etc.
FOURRAGER, V. u... FOURRAGER s'cmploic aussi commc verbe actif
dans le sens de Ravager. Fourrager tout un pays. Le troupeau a four-
ragé DANS cette pièce de blé. Les lapins ont fourragé mon jardin, —
Dans les quatre premières éditions on lit : Le troupeau a fourragé
TOUTE (et non dans) cette pièce de blé. Il faut donc supprimer dans,
qui donne au verbe actif une acception qu'il n'a pas.
FRAGILE, adj. des deux genres. Aisé à rompre, sujet à se casser.
Fragile comme un verre.— Nous croyons qu'il faut dire fragile comme
LE verre, com?ne du verre, et non comme un verre, car les verres à
boire ne sont pas plus fragiles que le verre en généraL Cette même
locution se retrouve à l'article Verre : Cela se casse comme un verre.
Voy. Marbre.
FRAIS, FRAICHE... s'emploient aussi adverbialement, et signifient
Nouvellement, récemment. Maison toute fraîche faite. Appartement
tout frais décoré. Du beurre frais battu... — On a oublié d'ajouter ici
l'expression de frais, pour signifier Nouvellement, récemment; elle
doit être bonne puisqu'elle a été employée par l'Académie :
(à Espalmer) Un navire espalmé de fbais.
(à Tondre) Il est tondu de frais.
A l'article Raser on lit : Il est frais rasé, tout frais rasé,
FRANC, s. m... La pièce d*un franc pèse un gramme, — Lisez : cinq
grammes.
FRICANDEAU, S. m. Morccau de veau lardé, qu'on sert en entrée de
table. Un plat de fricandeaux,— ^\ l'Académie avait défini fricandeau,
Tranche ou tranche mince de veau lardé, comme dans les précédentes
éditions, on comprendrait le pluriel qu'elle a mis à ce mot; mais
comme aujourd'hui un seul fricandeau suffit pour garnir un plat, il
est plus naturel de mettre le singulier.
FRITURE, s. f. L'action ou la manière de frire. Friture au beurre,
Pirrh/rA à VhuHe. — Il sc dit aussi du beurre ou de l'huile qui sert à
e la friture trop vieille, — Il se dit, par extension, du poisson
ne mange point de friture.
re ne se dit pas du poisson seulement; aux articles Artichaut,
s. Cervelle, Huître, etc., on lit : Une friture d'artichauts.
Isifis à l'huile, en sauce blanche, en friture. Des cervelles
Des huîtres frites. Il aurait donc fallu mentionner quelques-
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— 125 —
unes de ces fritures', et ajouter : Employé absolument, il se dit du
poisson. Il ne mange point de friture.
FAONCÉ, ÉE. Peau froncée. — Après Froncé, ée, a/ow^ei? ; participe.
FRUGIVORE, adj. des deux genres. Qui se nourrit de fruits, de vé-
gétaux. Les animaux frugivores, — Frugivore doit s'employer substan-
tivement aussi bien que Carnivore, herbivore , etc. Les frugivores
forment une famille dans l* ordre des oiseaux sylvains. Cçnséquem-
ment il faudrait dire « adj. des deux genres et s. m. n
FUNAMBUIJS, s. m. — Ne dit-on pas Une funambule, comme on dit
Une acrobate, et le premier de ces mots ne doit-il pas être un sub-
stantif des deux genres aussi bien que le second?
FUR, s. m. Il n'est employé que dans la locution Au fur et à mesure,
ou A fur et mesure, qui s'emploie en termes de Pratique et d'Admi-
nistration, comme conjonction, comme préposition et comme adverbe,
et qui signifie, A mesure que, à mesure de, à mesure. Nous vous ferons
passer les marchandises au fur et à mesure qu'elles arriveront. On le
paye au fur et à mesure de l'ouvrage. Travaillez, nous vous payerons
au fur et à mesure, à fur et mesure. — A ces deux locutions il aurait
été convenable d'ajouter A fur et à mesure, qu'on trouve à l'article
Mescre ; mais peut-être serait^il encore mieux de laisser aux notaires
et au barreau , comme l'Académie le faisait précédemment, ces trois
variétés d'une longue locution conjonctive, prépositive ou adverbiale,
et de dire simplement comme elle le fait encore aujourd'hui à l'article
Mesure ^mOn vous payera À mesure que vous travaillerez. A mesure
que l'un avançait, l'autre reculait. Vous n'avez qu'à travailler, et on
'oous payera À mesure. Vous serez payé À mesure de votre travail. »
FUSAIN, S. m... On le nomme vulgairement Bonnet à prêtre.— Noy.
Bonnet et Contre-basse.
FUSÉE, s. f... en termes d'Horlogerie, se dit d'un petit cône, can-
nelé en spirale, autour duquel se roule la chaîne d'une montre quand
on la monte. — A l'article Rouler nous n'avons pas trouvé se rouler
employé dans l'acception ci-dessus ; nous pensons donc qu'il fallait
dire « autour duquel s'enroule la chaîne... » Se rouler signifie Se
tourner de côté et d'autre : Se rouler sur l'herbe, sur un lit, dans la
poussière, etc.; S'enrouler signifie Tourner plusieurs fois autour d'un
objet ou sur soi-même : Les vrilles de la vigne, des pois, etc., s'en-
ROULENT autour des échalas, des rames, qu'on leur donne pour sup-
ports. Le spiral d'une montre s'enroule sur lui-même.
FUSILLADE. FUSILLER. — Comme on ne prononce pas 1'/ de fusil,
il aurait été au moins utile de dire que dans ces dérivés les II doivent
être mouillées.
1. Dans les deux premières éditions cette locution ne se trouvait qu'à l'article Mesure,
1 Académie mettait, pour l'usage vulgaire, A mesure, à mesure que; puis dans un autre
Paragraphe elle disait -. m Au fur et à mesure que. Terme de Pratique dont les Notaires se
^rvent dans les baux à ferme, marchez et autres semblables contrats, pour dire, A mesure
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GAÎNE. GAINIER. — Il manque ici un mot essentiel et très-usité :
Gaîneriej Fabrique et commerce de gaines, ou L'art, le métier ou le
commerce du gaînier, définition analogue à celle de Ganterie *.
Nous ne savons pas pour quel motif l'Académie écrit ces deux mots
avec un circonflexe, si c'est à cause de la syncope faite dansTétymo-
logie latine, ou pour la prononciatioji. Si c'est à cause de la sup-
pression du g de vagina^ nous ferons observer qu'il y a un grand
nombre de mots où l'on supprime non pas seulement une lettre de
l'étymblogie étrangère, hiais une lettre des mots français même, sans
la rappeler par un accent ; tels sont reliure, chute, toit, coteau, otage,
vite, etc., qu'on écrivait autrefois relieur e, cheute, toict, costeau,
ostage, viste, etc.; dans cogner, il y a même deux lettres supprimées,
car on a dit coingner. D'ailleurs l'Académie ne met pas cet accent
dans les composés engainer, dégainer, rengainer.
Si c'est pour la prononciation , la première syllabe de gaine n'est
pas, nous le croyons, plus longue que celle des mots aine, haine,
raine, etc., où l'on n'en met pas. Quant à gainier, il serait bien sur-
prenant qu'elle y fût plus longue que dans fengaine, je dégaine, je
rengaine, où l'on met un i simple.
GANGRÈNE. (On pronouce Gangrène.) — Il est plus que probable
que dans se gangrener, gangreneux, la première syllabe doit aussi se
prononce can; cependant l'Académie, au lieu de dire simplement
« On prononce cangrène » , aurait bien fait de dire « Dans ce mot et
dans ses dérivés, la première syllabe se prononce can » *.
GANGRÈNE... Mortification totale de quelque partie du corps, qui
s'étend quelquefois avec rapidité. — A l'article Mortification, nous
lisons : « Dans la gangrène il y a mortification imparfaite ; dans le
sphacèle il y a mortification entière, » Laquelle de ces deux assertions
est exacte?
GARGANTUA. — Ce Hom du géant de Rabelais s'emploie tous les
jours en parlant des personnes qui mangent beaucoup. // a un appétit
de gargantua. Toute cette famille se compose de vrais gargantuas. On
devrait trouver dans le Dictionnaire de l'Académie un mot aussi usité.
GARGOUSSE, S. f. T. d'Artillerie. Charge pour un canon, enveloppée
d'un papier fort ou de serge, etc. Charger à gar gousse. Une gar gousse
pour une pièce de vingt-quatre.-— ^ous avons des raisons pour croire
1. Nous profitons de cette occasion pour signaler l'omission de sécherie (lieu aéré où l'on
fait sécher des toiles, etc.), vinaigrerie (fabrique de vinaigre), teinturerie (métier, art, atelier
du teinturier), etc., mots qui ne sont pas moins utiles que veirenHe, seit'ureiie, chantrene, etc.
2. Au reste nous ne comprenons pas l'utilité de cette prononciation, qui est contraire à
l'étymologie soit grecque, soit latine {gaggi'aina, gangrœna); c'est l'opposé de celle des mots
Claude, Claudine; scco/id, seconder; secret, secrétaire, etc, où le c devait autrefois so pro-
noncer comme le g ( Glande, segond, segret, etc. ).
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que le mot gargousse, comme cartouche, signifie d'abord « l'enveloppe
de la charge » ; et il serait utile de faire connaître la signification
primitive de ces deux mots.
GEINDRE, V. n. Gémir, ou se plaindre à diverses reprises, et d'une
voix languissante et non articulée... Ce mot est familier. — S'il est un
terme populaire généralement usité, c'ogt ce verbe geindre employé
substantivement pour dénommer celui des ouvriers d'une boulangerie
qui pétrit le pain, évidemment à cause de l'espèce de gémissement qu'il
fait entendre pendant son travail. Ce mot est tellement connu qu'il a
été donné pour nom à une rue de Paris. Nous ne comprenons pas
pourquoi il n'a pas été accueilli par l'Académie comme substantif.
GELÉE, s. f. Grand froid... -— On employait autrefois la locution
gel, qui est encore usitée dans un grand nombre de localités, et dont
on a fait le mot dégel (le gel et le dégel). On regrette d'autant plus
cette ancienne locution , que gelée a une autre acception complète-
ment étrangère à celle-ci (gelée de viande, gelée de fruits) et qu'il
n'a pas comme gel un correspondant opposé.
GÉLiF, adj. m. T. d'Eaux et Forêts. Il se dit des bois qui ont été
fendus par les grandes gelées. Arbres gélifs, — Il faudrait mettre
Gélif, ive, adj..., et ajouter : En T. de Maçonnerie, il se dit égale-
ment en parlant des pierres. Pierre gélive.
GEMME, adj. m. Il se dit des pierres précieuses, et du sel qui se tire
des mines. Des pierres gemmes. Du sel gemme,— An lieu de : adj. m.,
lisez : adj. des deux genres.
GESov,,^ Avoir les genoux souples, les genoux faibles.,. Mes genoux
fléchissent. — Il y a en français sept substantifs terminés par ou, qui
prennent un x au pluriel : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou,
pou.Tons les autres prennent une s : des fous, des licous, des trous, etc.
Il est assez bizarre d'écrire bambouS et hibouX, clouS et chouX, filouS
et cailloux ; mais il l'est plus encore , ce semble , d'écrire verrouS,
et genoux, pouX. Autrefois verrou, genou, pou, prenaient tous trois
une s au pluriel : verrouils, genouils, pouils; nous avons encore
'verrouiller, s'agenouiller, pouilleux, épouiller. Il est à désirer que
tous les trois se terminent par une s, comme précédemment, en
supprimant il.
GENTIANE, S. f. — Ajoutez : On prononce genciane,
GENTIL, adj. m. Païen, idolâtre. — Après adj. m., ajoutez : On ne
prononce pas l'L. — Nous demanderons pourquoi cet adjectif n'a pas
un féminin, puisqu'il s'emploie au singulier comme chrétien, juif,
^dhométan, etc. Ne pourrait-on pas dire : Il était fils d'un père chré-
^'^en et d'une mère gentile, aussi bien que, // était fils d'un père
GENTIL et d'une mère chrétienne ?
GENTIL, ILLE. — Cet adjectif demandait d'autant plus que la pro-
nonciation fût indiquée, que dans le masculin 1'/ ne se prononce pas,
et que dans le féminin on mouille les II.
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GENTILHOMME. (La lettre L se mouille dans ce mot et dans les sui-
vants.) — Lisez : dans les deux suivants {gentilhommerie, gentilhom-
mière).
GENTiLLÂTRE. GENTILLESSE. — Ces mots, qui out deux l, deman-
daient une prononciation à part.
GERMAIN, AINE, adj... Jssu de germain se dit des personnes qui
sont sorties de deux cousins germains. Cousin issu de germain. Ils
sont issus de germain. Elles sont issues de germain,
La définition ci-dessus « se dit des personnes qui sont sorties de
deux COUSINS germains » nous semble prouver surabondamment qu'il
fallait écrire, Ils sont issus de germainS, elles sont issues de germainS;
et de même à Cousin , Cousins issus de germainS, et à Issu : Cousins
issus de germainS. Ils sont issus de germainS *.
GIBELET, s. m. Petit foret dont on se sert pour percer une pièce de
vin ou de quelque autre liquide qu'on veut déguster. Les essayeurs de
vin^ ont toujours un gibelet dans leur poche. — Dit-on Un essayeur de
vin ? Cette expression ne se trouve dans aucune des éditions du Dic-
tionnaire de l'Académie, où Essayeur est toujours défini « Officier
préposé pour faire l'essai de la monnaie , des matières d'or et d'ar-
gent... )i\ mais elle se lit à l'article Gibelet dès la deuxième (1718).
Elle était admissible et même nécessaire dans un temps où l'on n'avait
pas le mot dégustateur, qui figure pour la première fois dans la
sixième édition; dès qu'on a eu une expression convenable, il fallait
supprimer l'autre, dont on ne s'était servi que faute de mieux.
GILLE... Jouer les rôles de Gille, et elliptiquement, Jouer les Gilles.
— C'est un Gille, un vrai Gille (toujours avec un grand G),
Ailleurs on a mis des minuscules : Jouer les arlequins. — Cet
acteur est un vrai trivelin. — C'est un turlupin, un vrai turlupin.
GIRATOIRE, adj. des 2 g. T. didactique. Il se dit d'un mouvement
de rotation, et du point autour duquel ce mouvement s'exécute. Mou-
ve?nent giratoire. Point giratoire. — Voilà un terme didactique, un
mot presque inconnu au vulgaire, et où la plupart de ceux qui l'em-
ploient mettent 1'^ igyratoire); pourquoi l'Académie l'écrit-elle par
un i plutôt que cylindre, gypse, myrte, mystère, etc, qui sont d'un
emploi journalier?
GLACIER, s. m. Grand amas de glace, qui couvre le sommet d'une
haute montagne. Le glacier du Mont-Blanc est le plus remarquable de
la Suisse. — En 1835, le Mont-Blanc était dans la Savoie, et non dans
la Suisse ; depuis 1860 il est dans la France.
1. n va sans dire qu'après cousin ou cousine au singulier (cousin issu de germain, cousine
issue de germain ) , germain doit rester au singulier.
2. Dans les quatre premières éditions on ne trouve ni dégustateur ni même déguster; la
quatrième donne seulement dégustation, et pour la définition de Gibelkt on disait alors
«f Petit foret dont on se sert pour percer un muid de vin dont on veut faire l'bssai. » Dans la
sixième, où l'Académie dit « qu'on veut déguster » , il était naturel de remplacer également
essayeurs de vin par dégustateurs , mot qu'elle venait d'adopter.
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Ne serait-il pas mieux d'écrire le mont Blanchie mofURosCj comme
on écrit la mer Blanche ^ la mer Noire , la mer Roiige, la mer Ja/une, le
cap Blanc, le cap Vert, les montagnes Blettes, etc. f
GLAS. — Nous avons souvent entendu prononcer Vs dans ce mot;
.faut-il la faire sonner? Cela semblerait d'autant plus naturel qu'au-
trefois on a écrit glass.
OLOUGLOTER OU GOUGLOUTER, V. n. Il sc dit du cri des dindons.
La poule piaule, le dindon glouglote, — Il faut probablement lire « Le
poulet piaule » ou « La poule glousse «^ car au mot Piauler, on trouve :
« Il se dit du cri des petits poulets » ; il n'y est point parlé de la poule.
GOBBË. GOBER. GOBET. — La gohbe et le gobet sont tous deux de
la famille du verbe gober, et par conséquent ils devraient s'écrire de
la même manière, c'est-à-dire avec un seul b. Nous ne pensons pas
qu'il y ait des raisons pour mettre deux b à gobbe plutôt qu'à lobe,
globe, robe, etc.
GOÉLAND. GOÉLETTE. GOÉMON, goétie. — Dans les trois pre-
miers de ces mots, Ve doit-il être prononcé autrement que dans le
quatrième? S'il a dans tous le son de Vé, ne devrait-on pas mettre
cet é aux uns comme aux autres ?
Gotnr... se prend quelquefois pour Odeur. On sent ici un goût de
renfermé. Ce tabac a un goût de pourri. — Cet emploi de goût pour
odeur es1>-il bon, et devail>-il être recueilli par l'Académie? Dans cet
exemple On sent ici un G0t3T de renfermé, goût n'est-il pas un terme
impropre ?,Quant à celui-ci, Ce tabac a un goût de pourri, nous pen-
sons qu'on peut très-bien l'appliquer au tabac à fumer ou à chiquer,
mais que ce serait une faute de l'employer en parlant de tabac à
priser.
gouverner... signifie particulièrement, Avoir grand crédit, grand
pouvoir sur l'esprit de quelqu'un... Tel croit gouverner un autre qui
en est gouverné. Gouverner à son gré les volontés de quelqu'un. Gou-
verner les esprits. Gouverner l'opinion publique. L'opinion gouverne
le monde. On le dit aussi Des choses morales. Les préjugés gouvernent
la plupart des hommes.— Noms présumons que l'Académie, après avoir
donné cette phrase « Gouverner l'opinion publique » , où l'opinion
publique, chose morale, est employée comme régime , a voulu indi-
quer que gouverner peut aussi avoir pour sujet une chose morale; et
il aurait été convenable de le dire d'une manière précise. Nous ajou-
terons que cette indication devait précéder l'exemple « L'opinion
gouverne le monde », car l'opinion est un être moral aussi bien que les
préjugés, et tous deux sont employés comme sujets du verbe.
GRAIN... Grains d'or. Morceaux d'or très-purs qui se trouvent dans
les rivières, ou sur la surface de la terre. On les nomme ainsi, quel
que soit leur volume. — Aujourd'hui Ton n'appelle plus grains les
morceaux d'or d'un certain volume; on leur donne le nom de pépite.
GRAMEN. {Men se prononce comme dans Amen.) — Ici et à Gluten ,
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il aurait été plus court et tout aussi clair de dire « On prononce TN » ,
car au mot Amen TAcadémie ne dit pas autre chose.
GRAMINÉE, adj. des deux genres. T. de Botan. Il se dit d'une famiUe
de plantes fort nombreuse, à laquelle appartiennent le blé, le seigle,
Tavoine... — Dans Tédition de 1762, TAcadémie terminait encore par.
un e muet les adjectifs cétacé, crustacé, os tracé , testacé; cutané, igné,
instantané, momentané, pédané, simultané; éthéré, etc., et en faisait
ainsi des adjectifs des deux genres. Aujourd'hui qu'elle supprime Ve
muet dans tous ces mots , elle devrait faire de même pour graminée,
GRAMMAIRE. GRAMMATICAL. GRAMMATISTE. ~ Dans CCS mOtS et
dans leurs dérivés faut -il faire sentir les deux m, ou prononcer
comme s'il n'y en avait qu'une? On raconte que l'abbé d'Olivet, jouant
sur la prononciation de son temps, disait que c'était sa grand'mère
(granHnaire) qui l'avait fait entrer à l'Académie. Molière aussi a dit
dans les Femmes savantes (acte II, se. 6) :
BéusE. Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ?
Martine. Qui parle d*offenser grand'mère ni grand-père î
BéusE. . . • Grammaire est prise à contre-sens par toi.
GRAND, ANDE, adj... Grande, placé devant un substantif féminin
qui commence par une consonne, perd* quelquefois Ve dans la pronon-
ciation, et même dans l'écriture, et l'on marque ce retranchement par
une apostrophe, comme dans ces phrases : A grand* peine. Faire grand'-
chère. C'est grand'pitié. Ce n'est pas grand'-chose, La grand' chambre.
La grand'messe, etc. Il hérite dé sa grand'mère, de sa grand'-tante.
Nous pensons que malgré l'apostrophe il faut espacer, dans l'im-
pression comme dans l'écriture, les mots grand' chère, grand' pitié,
grand' chose, grand' chambre, grand' messe, etc. Suivant nous , on
doit suivre pour grand' la même règle que pour tout autre mot où 1'^
a été élidé, comme dans ces deux vers de Béranger :
Nous qui n' sommes pas d' TAcadémie,
Souhaitons-lui d' ces petits plaisirs-là.
{A Antoine AmatUt, le jour de sa fête.)
En conséquence il nous semble qu'il ne fallait pas de tiret à la fin
de la ligne après grand' dans grand' chère et grand' "chose, et de même
h l'article Diacre où l'on trouve grand'-messe *. En effet, l'Académie
dit gravide messe ou grand'messe ; grande pitié ou grand'pitié, grande
presse ou grand presse, grande route ou grand'route, et elle ne met
pas le tiret après grand' qui se trouve à la fin de la ligne dans les
phrases suivantes :
(à Acolyte) Faire les fonctions d'acolyie à une grand' messe.
(à Échapper) Lui-même n* échappa qu*à grand' peine.
(à Peine) Je n'y ai pas eu grand' peine.
(à Pitié) Ce serait grand' pitié s'il ne trouvait pas d'asile.
1. Nous avons mis le tiret à grani**chère, grand'-chose, gramF -tante, grand'-messe, ^uce
que dans le Dictionnaire de l'Académie le mot grand'- termine la ligne et que nous avons
toulu reproduire exactement l'orthographe de l'Académie.
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Nous n'avons pas besoin de dire que puisqu'on écîlt grand^pére,
grarid-onclej avec un tiret, il en faut également un à la fin des lignes
dans grand'mère, grand' tante; nous croyons de plus qu'on devrait le
mettre toujours, c'est-à-dire lors même que ces mots ne sont pas divi-
• ses d'une ligne à une autre * ; et il est probable que cette suppres-
sion n'a lieu qu'afin de ne pas multiplier des signes inutiles pour la
prononciation. C'est sans doute aussi par la même raison qu'on met
seulement le tiret à grand-croix dans ces phrases Grand-croix de la
Légion d'honneur, grand-croix de l'ordre du Christ, où nous préfére-
rions l'apostrophe au trait d'union , qui ne représente pas du tout
l'apocope, et que d'ailleurs on ne met pas à grand cordon. Peut-être
l'adoption du tiret dans cette locution, dont on semble faire ainsi un
substantif masculin, vient-elle de ce que ces décorations sont confé-
rées presque exclusivement à des hommes; cependant l'ellipse suffit
pour rendre compte du genre féminin que doit conserver grand' croix
lors même qu'on le met en rapport avec un pronom, un participe, etc.,
de genre masculin : Il est (porteur, revêtu, décoré de la) graiid'
croix de tel ordre ^, Les (dignitaires revêtus, décorés de la) grand'
croix de l'ordre national se sont rendus chez l'Empereur,
GRANDIR, V. n. — On dit généralement : Ce vêtement le grandit
beaucoup ; cet acte de courage, de générosité, le grandit à mes yeux.
Mais l'Académie n'admet pas ces looutions. Pour le sens propre , elle
dit : « Ce vêtement agrandit la taille ; Une distribution bien entendue
agrandit en apparence un jardin. » Elle ne parle pas du sens figuré.
GRATERON. GRATIN. — Ces deux mots, qui viennent de gratter,
semblent devoir prendre deux t, comme grattelle, grattoir, etc.
GRATUITÉ, s. f. T. de Théologie. Qualité de ce qui est gratuit. La
gratuité de la prédestination.— Gratuit a cinq acceptions différentes;
à laquelle faut^il rapporter la définition de gratuité dans cet exemple?
Est-ce à supposition gratuite, c'est-à-dire Qui n'a aucun fondement
(quatrième acception) ? Il aurait fallu le dire d'une manière positive.
GRAVER, GRAVEUR, GRAVURE. — L'Académie fait suivre à peu
près indifl*éremment ces trois mots des prépositions sur, en, à : « Gra-
ver SUR l'airain, sur le bronze; graver sur des agates, sur des pierres
précieuses; graver en creux; graver en relief. Graver en taille-douce;
graver sur le cuivre au burin; graver en. bois; graver k l'eau-forte;
graver À la manière noire.— -Graveur en pierres fines et en médailles^;
1. Le rapprochement des mots dans grand'mère, grand*tante, peut à la rigueur, pensons-
nous , remplacer le tiret lorsqu'ils se trouvent dans une même ligne.
2. Il est bien surprenant que ni dans cet article-ci; ni à Croix, il n'y ait pas un seul exemple
de grand'croix comme décoration, et conséquemment précédé de Tarticle. Celui que nous
avons trouvé à l'article Bailli k le privilège de porter la grand'croix » nous fait désirer
qu'on répare la double omission que nous venons de signaler, et qu'on adopte la même
orthographe en parlant de ceux ou de celles qui portent cette décoration : /( ou elle est
grand* croix, comme on écrirait, Il ou elle est grand cordon,
8. Nous ne pensons pas qu'on puisse dire grav^tr bn pierres fines comme on dit graveur
IN médailles. Le premier travaille, grave sur la matière même, et ce rapport doit être exprimé
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graveur en caraclères d'imprimerie ; graveur sur métaux; graveur en
acier; graveur en taille-douce, en eau-forte ^ en bois; graveur À la
manière noire,— Gravure en boiSj en pierres fines; gravure en ^at7i«-
lioi^d^ À to manière noire, etc.
Bien que ces locutions soient en quelque sorte autorisées par
l'usage, nous croyons que les trois prépositions ci-dessus doiveùt
avoir des emplois distincts, et nous nous permettons d'indiquer celui
qui nous paraît le plus naturel pour chacune : sur s'emploierait
lorsqu'il s'agit de la matière, en pour désigner le genre de gravure,
à pour le procédé.
Graver, graveur, gravure sur bois, sur acier, scr cuivre, sur pierres fines.
_ — — EN médailles, en caractères d'imprimerie, en musique.
— — — EN creux, EN relief, en taille-douce.
^- — — AU burin, À Teau-forte, À la manière noire.
GRÉEMENT. (Plusieurs écrivent Grément.) — Il serait fâcheux que
ces plusieurs finissent par avoir le dessus; c'est bien assez, ce semble,
que le mot radical agrès ait perdu l'initiale a dans ses dérivés.
Les mots gré et agrès ont eu une fortune bien différente. Les déri-
vés du premier ajoutent un a à leur radical : agréable, agréer, agré-
ment, etc. ; dans ceux du dernier, au contraire, on supprime aujour-
d'hui l'a initial, et au lieu d'agréer, agréement, on dit gréer, gréement,
— Les mots gréeur et agréeur semblent même n'être pas synonymes.
L'Académie définit agréeur, celui qui prépare , qui fournit les agrès
d'un bâtiment, et gréeur, celui qui fait métier de gréer les bâtiments,
c'est-à-dire de les garnir de toutes les voiles, manœuvres, poulies, etc.
nécessaires pour naviguer. Dans la quatrième édition de son Diction-
naire , l'Académie donnait désagréer sans observation ; dans la der-
nière, elle dit que ce mot a vieilli et qu'il faut employer dégréer.
GRÈNETERIE. grènetier. — Nous ne comprenons pas bien pour-
quoi l'on doit écrire par un è le mot grènetier (celui qui vend des
graines), tandis que l'on conserve les lettres ai du radical dans le mot
grainier (celui qui vend en détail toutes sortes de grains).
GRIOTTE, s. f. Espèce de cerise à courte queue, grosse et noirâtre,
plus douce que les autres. — Dans quelques provinces , on appelle
griotte l'espèce de cerise que , sans doute par antiphrase ou par eu-
phémisme, on appelle à Paris la douce ou cerise de Montmorency, qui
est loin d'être plus douce que les autres, et qui généralement n'est
pas noirâtre. Dans le Supplément de la première édition on lit ;
« Griotte, s. f. Espèce de cerise à courte queue, qui est un peu aigre,
et plus grosse que les autres. » Voilà, ce nous semble, la définition
exacte du mot griotte.
par la préposition ; le graveur en médailles, comme le graveur bn caractères d'imprimerie, m
musique, etc., ne grave que le poinçon qui doit donner l'empreinte aux coins et aux matrices.
— Quant aux expressions graver, graveur, gravure eh bois, en ader, au lieu de sur bois, sur
aeier, nouf croyons que ce sont réellement des fautes.
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GRIS, ISE, adj... Fig. et (?im,. Être gris» un peu gris, être à demi
ivre. A la fin du repas nous étions tous un peu gris. Cette femme est
grise. — Cette locution se trouve entre Patrouille grise et Vin gris ;
mais quoiqu'on dise II est gris comme un cordelier, comme la manche
d'un cordelierj nous avons peine à croire qu'il s'agisse ici de couleur,
et il nous semble que cette acception de gris devrait faire un article
à part.
GRIS... signifie aussi La couleur grise, et alors il est substantif
masculin. Gris blanc. Gris cendré. Gris pommelé. Gris brun. Gris de
More. Gris sale. Gris de minime. Gris de souris. Gris mêlé. Gris de
perle. Gris de lin. Gris de fer. Gris moucheté. Cela tire sur le gris.
S'habiller de gris. On dit aussi adjectivement. Couleur gris-de-perle.
Étoffe griS'de-lin. Habit gris-bru7i, etc.
Lorsque nous avons lu cet article nous avons cru tenir la règle de
tous les modificatifs composés pour les couleurs ; car nous y voyons
que lorsque le nom de la couleur est pris substantivement, les mots
qui l'accompagnent i)e prennent pas de tiret : le gris de perle, le gris
de lin, le gris de fer, le gris brun, etc. Si au contraire le nom de la
couleur est employé adjectivement, les modificatifs qui l'accom-
pagnent doivent lui être joints par un ou des tirets : Un habit gris-
brm, la couleur gris-de-perle, une étoffe gris-de-lin, et Vet cœtera
donne à entendre qu'il faut pareillement écrire Un habit gris-de-fer,
gris-de-souris, gris-de-minime, etc. — Mais nous nous trompions
grandement, et plus nous avons compulsé le Dictionnaire pour nous
assurer de l'exactitude de la règle, plus nous avons été convaincu que
si l'Académie a eu réellement l'intention d'en poser une, cette règle
n'a été observée à peu près nulle part. En effet l'on trouve
(à Couleur) Couleur gris de lin,
(à Lm) Ruban gris de lin,
(à More) Des bas gris de more, et à Gris, gris de More (grande M).
(à Perle) Des bas de soie gris de perle,
(à Souris) Couleur gris de souris,
(à Perdrix) Vin œil de perdrix,
(à Barbeau) Un habit bleu barbeau. •
(à Châtain) Des cheveux châtain clair.
Pour la robe des chevaux nous n'avons trouvé de tiret qu'à Cbeval
gris-pommelé, dans l'article Pommelé; et encore à l'article Cheval
on n'en a pas mis « Cheval gris pommelé ». L'Académie écrit donc
« Chevaux bai clair, jument bai brun, cheval bai obscur, cheval
alezan brûlé, alezan moreau, alezan doré, alezan truite; cheval gris
moucheté, soupe de lait ou soupe au lait, poil de souris, etc. etc. »
Terminons par le très-petit nombre d'exemples où nous avons vu
le tiret, outre les trois que nous avons cités plus haut. L'Académie
écrit, à l'article Vert employé comme substantif : Vert-dragon, vert-
pré, vert-pomme; cependant à l'article Céladon elle met vert cela-
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don sans tiret. Lorsque vert est suivi de la préposition de, elle le
supprime : Vert de mer, vert d'eau, vert d'émeraude; et de même,
un taffetas merde d'oie.
RouGE-GERiSE , fouge très-vif et un peu clair.
Jaune couleur de citron , ou JAUNE-aTRON.
Vert d'eau j couleur vert-clair.
Cette femme est clair-rrdnb, elle a les cheveux clair-bruns.
Enfin elle écrit Teinte bleue-violâtre , teinte jaune-verdàtre.
GROSEILLE... Gelée de groseille. Sirop de groseille ; et k Gelée ^
Gelée de groseille. Gelée de pomjne . — Aux mots Pomme, Sirop, on
trouve : Sirop de pommeS, Gelée de pommeS; Sirop de groseilleS, de
mûreS, de grenadeS, de limonS. Voy. Amande.
GROSSIÈREMENT, adv... so dit quelquefois pour Sommairement,
imparfaitement. Voilà grossièrement ce qu'il a dit sur ce sujet. — 11
est fort possible que des personnes illettrées aient employé et em-
ploient encore aujourd'hui grossièretnent dans le sens de Sommaire-
ment, comme d'autres disent sanguinaire pour sanguin, grossier pour
gros, etc. Puisqu'on a la locution en gros, et que l'Académie donne
pour exemples « Raconter une histoire en gros , et sans s'arrêter au
détail^; Dire les choses en gros; Je vous ai rendu compte de cela es
GROS ; Voilà EN gros comme les choses se sont passées » , nous pensons
qu'il est mieux de n'employer grossièrement que dans son acception
jiaturelle, pour signifier D'une manière grossière : « Cela est travaillé
grossièrement. Il parle, il répond, il fait tout grossièrement. »
GROTESQUE. — Ce mot, qui vient de grotte ou tout au moins de
l'italien grottesche (les peintures appelées de ce nom ont été, dit-on,
trouvées dans des grottes, dans des lieux souterrains), nous senible
devoir prendre deux^ aussi bien que pittoresque.
GROUP, s. m. T. de Comm. Sac cacheté plein d'or ou d'argent, qu'on
envoie d'une ville à une autre. — L'usage général est de prononcer
groupe. Il était d'autant plus essentiel d'indiquer la prononciation,
que l'Académie l'a mise à Croup et qu'on ne prononce pas le p dans
les autres mots de cette terminaison : coup, loup, cantaloup, etc.
GUÈRE... Adverbe qui s'emploie toujours avec la négative, et qui
signifie Pas beaucoup, peu. // n'y a gitère de gens tout à fait désinté-
ressés. Il n'a guère d'argent.,. Il n'a plus guère à vivre *. Une s'en est
guère fallu.— Cette définition demande peut-être un peu plus de clarté,
pour faire bien comprendre que c'est la négative dont guère est
accompagné qui lui fait signifier Peu, pas beaucoup; car guère, par
lui-même , doit signifier Beaucoup , comme le mot italien gu^ari dont
il nous paraît être la traduction, ou comme l'allemand gar, qui est
l'étymologie probable de l'un et de l'autre.
1 . Il serait peut-être mieux de mettre le pluriel : sans s'arrêter auX détails.
2. Que dans cette phrase de l'Académie « // n*a plus guère à vivre » on substitue à guère
les expressions beaucoup ou peu, pas beaucoup, et l'on verra si guère signifie Peu ou Beau-
coup.
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— 135 —
GUET- APENS. — Autrefois (dans les trois premières éditions) TAca-
demie écrivait guet-à-pens, orthographe dont on ne se rend pas bien
compte. Guet-appens serait plus conforme à Tétymologie appensus.
GUIGNARD, s. m. T. d'Hist. nat. Espèce de pluvier de la grosseur
d'un merle, bon à manger et fort délicat. On ne trouve guère de gui-
gnards que dans le pays Charlrain. — Nous croyons qu'il faut des
guignards, car ici gu^re modifie non pas guignards mais trouver ou
le pays Char train; la phrase signifie, Ce n'est guère que dans le pays
Chartrain qu'on trouve des guignards. — Au contraire on mettrait de
si l'idée portait sur la quantité et non sur la localité; on dirait donc:
On ne trouve guère de guignards dans le pays Chartrain,
GUINGAN. GUINÉE. — Transposez : Guinée. Guingan.
GUTTURAL, ALE, adj... signifie aussi Qui vient du gosier. Son
guttural. Sons gutturaux. G etK sont des lettres gutturales, La langue
espagnole et la langue allemande ont beaucoup de lettres gutturales.
— Il aurait été plus exact de dire « La langue espagiiole et la langue
allemande ont un grand nombre de mots où figurent des lettres
gutturales » , puisque l'une et l'autre n'ont que trois lettres de ce genre :
la première, le G, le J et le X; la seconde, le G, le K et le CH, car
le ch ne forme proprement qu'une seule lettre, qu'une seule articu-
lation.
H
H. — Il est à remarquer que l'Académie , qui dans tout le cours de
son Dictionnaire donne le genre féminin aux lettres f, h, l, nij n, r, s
(sauf au mot Interrogant, où elle dit « l'E est ouvert, et on ne pro-
nonce qu'uN R dans ce mot et les suivants », et à Tarticle Impromptu
« Quelques-uns lui donnent un S au pluriel » ) , donne six fois dans
cet article le genre masculin à la lettre h, et une fois à la lettre f
(ph se prononce comme un /*), bien qu'elle y conserve le féminin
à l'r (après un T ou une R). Au mot Hanneton, terme de Passe-
menterie, on trouve encore « H n'est pas aspiré. »
La lettre H présente d'assez nombreuses difficultés, parce qu'elle
est maintenue dans certains mots et supprimée dans d'autres dont
l'étymologie est la même , comme rhume, diarrhée, et hémorroïde,
hémorroïsse; psychologie et métempsycose ; asiarchat, exarchat, et
« patriarcal , patriarcat ; gothique et ostrogot ; ou dans des mots
qui, sans avoir la même étymologie, semblaient devoir suivre la
même fortune, comme catarrhe et hémorragie ; rhéteur, rhétorique,
rhinocéros, et rahdologie, rahdomancie, rapsode; Charybde et Caron;
Thubarbe et ipécacuana (précédemment ipécacuanha), etc.
HABILLER... Ce traducteur a liabillé Démosthène à la française. —
Ici et à Opposer « Quel orateur avons-nous qu'on puisse opposer à
Cicëron, à Démosthène », on a fait la division Démos-thène; à Narra-
tion et à Ne {^Cicéron, Démosthène excellent dans la narration; Dé-
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mosthène n'est pas si abondant que Cicéron), on a au contraire divisé
Dëmo-sthène. Nous pensons que cette dernière division est préférable
à Tautre, et qu'on devrait également diviser Anti-sthène^ Bory-slhène,
Calli-slhènej Erato-sthène, Pli-sthène^ etc.
HAÏR, V. a. (H s'aspire. ) Je hais, tu hais, il hait; nous haïssons, vous
haïssez, ils haïssent. Je haïssais. J'ai haï. Je haïrai. Hais, Que je
haïsse. Haïssant. — L'Académie ne nous donne ni le passé défiai ni
l'imparfait du subjonctif. Ce n'est sans doute pas qu'elle rejette ces
temps, car on doit pouvoir dire : Lorsque feus appris les calomnies
quil avait publiées contre moi, je le haïs cordialement. H faudrait
que je le haïsse bien pour me conduire ainsi à son égard; mais peut-
être a-t-elle voulu éviter qu'on ne lui demandât comment il faut
écrire les deux premières personnes plurielles du premier de ces
temps et la troisième personne singulière du second, qui devraient
s'écrire : nous haïmes, vous haïtes, qu'il hait. Cependant, puisqu'elle
dit que le tréma fait détacher la voyelle qui en est affectée de la
voyelle suivante aussi bien que de la précédente, nous pensons qu'il
faut écrire ces trois personnes comme nous venons de le faire, au
lieu d'écrire nous haïmes, vous haïtes, qu'il haït, Voy. Arguer.
HALTE... Halte-là. — A l'article LÀ on trouve Halte là sans tiret,
et nous croyons cette dernière orthographe préférable, parce qu'on
ne met plus comme autrefois un tiret entre le verbe et là. L'Académie
écrivait dans la première édition, Demeure-là (à LÀ), demeurez-là
(à Demeurer) ; mais dès la quatrième on ne retrouve plus le tiret ni
à l'un ni à l'autre.
HARMONIE. — Ce substantif a un et même deux verbes correspon-
dants {harmonier et harmoniser) pour signifier Mettre en harmonie.
L'auteur de Paul et Virginie, dans ses Harmonies de la nature, dit
toujours harmonier; d'autres auteurs préfèrent harmoniser^. Il est à
désirer que l'Académie nous dise quel est celui qu'on doit employer.
HARPAGON. — Ce nom, presque aussi usité que celui de tartufe, et
certainement bien plus usité que ceux d'olibrius, de trivelin, de tur-
lupin, etc., méritait de figurer dans le Dictionnaire de l'Académie. Je
n'ai jamais vu de pareil harpagon. Prenez garde à vous; vous avez
a/faire au plus avide harpagon qui existe.
1 . Des substantifs terminés par te les uns forment leur verbe régulièrement par la simple
addition d'une r, comme amnistie, calomnie, carie, copie, effigie, yénie, parodie, scie, etc., dont
les verbes sont amnislier, calomnier, carier, copier, effîgier, s'ingénier, parodie)', scier; — les
autres veulent l'addition d'une s avant 1'^; ainsi allégorie, économie, syt)iètrie, $j/mn(Ulûe,
tyrannie, etc., ont pour verbes atlegoriser, économise)', syinét)iser, sympathiser, ly)anni$er. —
S'il nous était permis de déduire une règle de ce petit nombre d'exemples, nous ferions re-
marquer que les verbes qui prennent Vs dans leur dérivation viennent d'un substantif qn« a
pour correspondant un ad ectif en icpie; de.s mots allégorie, économie, syvutiie, etc., on fait
allégorique, économique, synvtrvjue, tandis que calomnie, carie, copie, effigie, etc., n'ont pa»
cet adjectif. D'après cela, harmonie devrait prendre Vs dans son verbe {Itarmoniser) , car il»
pour adjectif harmonique (et ha)-mo)\ieiix, comme calomjiie a calomnieitx, mais cela ne chanî?c
rien à la règle ). — Le verbe agoniser, formé d'agonie, bien qu'il n'ait pas d'autre adjectif
qu'agonisant, n'infirme pas davantage la règle que nous avons essayé de donner.
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HARPIE.— Dans la seconde syllabe de ce mot les Grecs mettaient ut,
les Latins yi; l'Académie a supprimé Vy dès la première édition de
son Dictionnaire, et elle a maintenu cette orthographe bien que géné-
ralement les littérateurs et surtout les littérateurs avancés en âge
emploient Vy encore aujourd'hui. Elle a bien fait de ne conserver
qu'une des deux voyelles; mais peut-être aurait-il été mieux de
supprimer Vi, parce que Vy est plus radical. Toutefois ce n'est pas là
le principal objet de cette remarque; nous voulons parler des noms
des harpies : Aètlo, Ocypète et Celceno. Nous pensons qu'il faudrait
écrire Aello avec un e au lieu d'un ë (Voy. Tréma); quant à Celceno,
c'est probablement par distraction qu'on a mis un ob à la seconde
syllabe au lieu d'un m ; mais on aurait pu simplifier aussi l'ortho-
graphe de ce nom en mettant un é (Céléno), puisqu'on écrit avec
un è Célènes, ville de Phrygie où régnait Midas, et avec un é Céléna,
nom de la montagne où ce roi fut puni par Apollon.
HAVRE -SAC. — Nous présumous que c'est à cause de la pronon-
ciation de Vs que l'Académie a mis un tiret dans ce mot et dans
entresol; mais puisqu'elle écrit sans division entretaillure, ferblantier,
sovhresaut, parce qu'une portion de ces mots isolée ne forme pas un
mot par elle-même, peut-être aurait-il mieux valu écrire havresac,
car havre, reproduction de l'allemand Haher, qui signifie Avoine, n'a
ici aucune signification. — A l'article Capote, on trouve havresac,
HÉ.,. Hé quoii vous n'êtes pas encore parti! — Il paraît qu'il est
assez indifférent d'écrire hé ou eh, du moins dans l'exclamation hé
quoil, car à l'article Quoi nous lisons « On y ajoute (à quoi) quel-
quefois l'interjection M. Ehquoiî vous n'êtes pas encore partit »
HÉux, s. m. T. d'Anat. — Ajoutez : On prononce l'X.
HÈHisPHÈRE, s. m. — Il est fâcheux que l'usage donne parfois aux
mots composés ou juxtaposés un genre différent de celui qu'ils ont
étant seuls; ainsi, midi est masculin, après-midi est féminin; sphère
et nuit sont féminins, tandis que minuit, hémisphère, planisphère, sont
du genre masculin. Autrefois atmosphère était aussi de ce même
genre, en sorte que spMre seulement était féminin.
HERBORISTE, S. m. — On aurait pu, sans manquer à la vérité, dire
substantif des deux genres, ca.T les herboristeries (l'Académie n'a pas
encore adopté ce mot) de détail sont en grande partie tenues par des
femmes. D'ailleurs les substantifs chavdronyiier , cordonnier, chape-
lier, boucher, boulanger, pâtissier, confiseur, etc., ont un féminin
bien moins motivé : chaudronnière, cordonnière, chapelier e, etc.
Hi^LE, s. f.— De quel genre est ce mot? A la lettre Y, nous trou-
vons « Yèble, s. m. Plante. Voyez Hièble. » — Ce substantif change-
ï^it-il de genre suivant l'orthographe qu'on lui donne?
HISTORIQUEMENT, adv... se dit aussi par opposition à Fabuleuse-
ment. Suivant la fable reçus, Didon vivait du temps d'Énée ; mais, à
parler historiquement, elle était plusieurs siècles avant ce héros. —
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Cet exemple date de la seconde édition (17^0); aujourd'hui, pour
être compris, il faudrait dire, elle existait.
HOLÀ... Meiire le holà, mettre les holà. Faire cesser des gens qui
se querellent, qui se battent. — Mettre les holà était sans doute usité
en i69h , puisqu'on le trouve dans la première édition de ce Diction-
naire; mais l'est-il encore aujourd'hui? Qu'un grand poëte ait employé
le pluriel afin d'ajouter une s qui sauvait un hiatus.
Vous mettez les kolas en écoutant l'auteur,
c'est là une licence qui ne peut faire règle, surtout pour l'ortho-
graphe, et nous pensons qu'il vaut mieux s'en tenir au singulier, mettre
le holàjCSLTce mot est composé de l'exclamation hof et de l'adverbe là.
■oliàLJE... Les homélies de saint Chrysostôme sur saint Matthieu.
— Dans cet article , Chrysostôme a un ^ circonflexe à la troisième
syllabe; à Docteur on trouve « saint Jean Chrysostôme » sans accent.
Bien que cet accent se voie dans plusieurs biographies, nous pensons
qu'il vaut mieux mettre un o simple puisque le mot grec (chrusos, or;
stoma, bouche : bouche d'or) prend un omicron et non un oméga.
HOMOCENTRIQCE, adj. des deux genres. T. d'Anat. Il se dit des
cercles qui ont un centre commun , et que l'on nomme aussi concenr
triqms. -— Au lieu de « T. d'Anat. » lisez « T. d'Astron. »
HONCHETS, s. m. pi. (H s'aspire.) Sorte de jeu d'enfants. Voy. Jon-
chets. — Ce mot est dérivé de joncj et il est fâcheux que l'Académie
autorise Honchets], non-seulement en donnant ici des détails, au lieu
de renvoyer purement et simplement à l'expression correcte, mais
encore en mettant au mot Jonchets « Quelques-uns disent Honchets^.
HUMAIN. HUMANITÉ. INHUMAIN. INHUMANITÉ. — Ces quatre mots
peuvent-ils ou non s'employer avec un complément? Peut-on dire
a II faut être humain avec, pour, envers les animatix; il ne fimt pas
être inhumain, même avec, pour, envers les animaux » f Nous croyons
avoir entendu et lu ces diverses expressions , mais nous ne tes trou-
vons pas dans les dictionnaires, et nous voudrions savoir si elles
doivent être bannies même de la conversation. Puisqu'on dît. L'indul-
gence pour; indulgent pour, à*; sévère envers, à l'égard de, à*,
rude À, envers'; terrible À*, et même souple À*, inébranlable À®,
tendre À', on doit pouvoir donner un complément aux quatre mots
mentionnés plus haut.
X. (à Indulqbncb) Avoir de VindiUgence pour une personne.
{ à Indulgent) // est trop indulgent pour ses enfants, X ses enfants.
Id. htre indulgent X soi-même. — Être indulgent pour le» fautes de ses amùf.
t. ( i SÉvÈRfc ) Ce père est. trop sévère envers ses enfants, X l'égard de ses (tVMi.
(à A) Indulgent X tous. — Sévère k lui-même.
a. (à Rude) Un précepteur rude X ou envers ses écoliers.
4. ( à Terrible) // étevint terrible X ses ennemis.
$. ( i SooptE ) Un enfani svifile aux volontés de ses mmtres. — Soiu^lt kl^t
6. (4 larÉBEANLABLE) Ce roc est inébranlable X l'impétuosité des vents.
Id. Inébranlable aux coups de l'adversité.
7. (à Tendre) Ce cfieval est tendre X l'éperon. — H est tendre av% mouches-.
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— 139 ^
HimmE... La t^rrô est encore toute kumide^.,. Il a phuré, il a
encore les yeux tout humides, — Dans ces phrases tout signifie Entiè-
rement, complètement; il est adverbe et conséquemment dans là
première il doit rester invariable comme s'il était suivi d'une voyelle,
puisque Vh est muette. L'Académie écrit très-bien :
(à Aisb) Elle est tout aise et tout heureuse d* avoir trouvé o$ mùfi4â.
(à Ébouriffé) Elle arriva tout ébouriffée,
Id, Votre coiffure est tout ébouriffée,
(à Tout) Elle est tout absorbée dans ses réflexions,
Id. Tout ingrate qu*elle est,
HYBRIDE, adj. des deux genres. Qui est né, provenu de deux
espèces différentes. Les mulets sont des animaux hybrides. Il se dit
plus souvent des plantes que des animaux. Plante- hybride. Variétés
hybrides. On l'emploie aussi substantivement. Les hybrides sont sté-
riles^. — Il manque ici une acception importante, celle de mot
HYBRIDE. A l'article Mot, l'Académie nous apprend qu'un mot hybride
est a Un mot composé d'autres mots qui appartiennent à des langues
différentes. Choléra-morbus est un mot hybride ». On pourrait en
citer beaucoup d'autres, tels que burea^œratiej er go-glu; multinôme,
que l'Académie devrait supprimer, puisqu'on a polynôme; monocle,
qu'a remplacé lorgnon, etc.
HYDROGÈNE, S. m... V hydrogène est toujours à Vétat de gaz. Gaz
hydrogène.' Le gaz hydrogène est quatorze fois et demie aussi léger
que l'air. L'extrême légèreté du gaz hydrogène le rend très-propre
aux expériences aérostatiques. Remplir un aérostat de gaz hydrogène,
— Il fallait mettre « Hydrogène, s. m. et adj. » ou ajouter, avant Gaz
hydrogène : « H s'emploie aussi comme adjectif. » La même distraction
se retrouve à Oxygène. Voy. ce mot.
HYDROSVLFATE OU HYDROSULFURE. HYDROSULFURIQUE. — AprèS
Hydrosulfate ou Hydrosulfure, ajoutez : Dans ces deux mots et dans
le suivant, l'S se prononce fortement, comme dans sulfate, sulfure j
sulfurique,
HYÉMAL, ALE. — Cet adjectif ne devrait-il pas s'écrire hiémalf II
n'y a pas plus de cinquante ans, nos professeurs nous faisaient, il est
vrai, écrire hyems avec un y; mais des lexicographes modernes, qui
ont fait plus de recherches qu'eux pour connaître l'orthographe du
temps de la bonne latinité. Roquefort et MM. Quîcheràt et Daveluy,
par exemple, mettent un i à hiems, hiemalis, hiematio, etc. ; et par
les mots hibemum, hibemare, ils nous montrent également que nos
pères avaient tort d'écrire hyver et hytjemer^
1. A. l'article Lbvantine on lit aussi * Étoffe de soie toutb unie ».
2. Il aurait été utile de renvoyer d'HvBRiDE à Mulbt , car on lit dans ee desmier artîck :
• Mulet se dit «n général de tout animal provenu de deux animaux de différente eepèce, et
qui A'ongendrè point-^Ilse dit par extension, en Botanii^ue, de foute plante qui est le pro-
duit d'une semence fécondée par la poussière d'une plante d'une autre eêpètê. » — MmUI est
donc un synonyme d'Hybride, du moim pour lee smiifiAtti et lee liantes.
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HYPOTHÈSE... L'hypothèse de Ptolomée. L'hypothèse de Ticho-
Brahé.— Ces deux noms célèbres sont mal écrits ; heureusement nous
les retrouvons à Tarticle Fondre, et là du moins ils sont tels qu'ils
doivent être : « HYcno-Brahé voulut fondre ensemble le système de
Ptolémée et celui de Copernic ». Les noms propres ont été un peu
négligés dans cet ouvrage : nous signalerons ici ceux qui nous ont
frappé :
Brignolles pour Brignoles, à Prune.
Essone Essonne, Poudrière.
Lauffenbourg ^ Laufenbourg, Forestier.
Natolie* Anatolîe, Orient.
Radstadt Rastadt, Congrès.
Nous ne parlerons pas de Suisse pour Savoie , Glacier.
Parmi les noms d'hommes, etc., . .
Célœno pour Célseno, à Harpie.
Mélanchton Mélanchthon , MéTONOM asie.
Sénebier Senebier, Physiologie.
Van-Dick Van Dyck, Portratt.
Willu^hby Willoughby, Ornffhologie.
et enfin ici Ptolomée Ptolémée,
et Ticho-Brahé Tycho-Brahé.
Disons en passant que souvent on met dans les noms un tiret qui
ne devrait pas y figurer, et si nous né sommes pas dans Terreur celui
de Tycho-Brahé est dans ce cas. Tycho était son prénom ; mais comme
il était Danois et que ce prénom ne se retrouve pas chez les autres
célébrités de cette nation, on a cru qu'il faisait partie du nom de fa-
mille et on l'y a joint par un tiret. Bien des auteurs en font autant
pour le prénom Guij et écrivest Gui-Coquille ^ Gui-Patin, etc.; ici
Terreur est moins excusable. Au reste il y a aujourd'hui même des
Français qui unissent leur prénom à leur nom par un tiret, sans doute
parce qu'ils trouvent ce dernier trop court.
Il est encore une autre sorte de noms où l^on met mal à propos le
tiret. La particule nobiliaire de des Français s'exprime en allemand
par von, en hollandais par van. Nous ne faisons jamais la faute de
mettre un tiret après von, et nous écrivons Otto von Guericke ou Otto
de Guericke ; mais par une bizarrerie dont la cause nous est inconnue,
on le met assez fréquemment après van; c'est ainsi que dans le Dic-
tionnaire de l'Académie on a mis Van-Dick au lieu de Van Dyck.
HYSOPE. — Dans toutes les Bibles on trouve hyssope avec deux s,
conformément à Tétymologie.
s on doublait fréquemment la consonne finale f: Dor/f, village; Ho/f, cour;
, etc. ; aujourd'hui ces mots ne prennent plus qu'une f : Dorf, Hof, Lauf; il faut
lufen, courir, et Laufenburg ou Laufenbourg. C'est ainsi que ce mot est écrit
:}nnaires récents.
Q'est pas précisément une faute ; c'est une suppression de lettre ^semblable à
dire la Pouille au lieu de VApulie; mais puisque Anatolie vient du mot grec
jignifie Levant, orient, pays de l'Orient, il est mieux de se conformer à l'élymo-
OD le fait dans tous les dictionnaires géographiques.
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— 141 —
I
I et Y. — Autrefois TAcadémie écrivait avec un y, abysme, asyle^
myrmidonj etc., et avec un i^ analise, diachilon, emhrion, stile^ etc.;
aujourd'hui, c'est le contraire qui a lieu : elle écrit abîme, asile, mir-
midon, etc., et analyse, diachylon, embryon, style, etc.
La suppression de Vs et la prosodie ont dû faire adopter abîme;
analise et stile, se rattachant à la grammaire , ont pu reprendre l'y
étymologique ; mais pourquoi avoir changé en i Vy de myrmidon, et
en y Vi de diachilon, embrion, puisqu'elle écrit anévrisme et caria-
tide, termes de sciences et d'arts, dont l'étymologie réclame l'y {ané-
vrysme, caryatide) ? — Pourquoi encore écrire avec un y lacrymal et
lacrymatoire, Sylvain, puisque les Latins y mettaient de préférence
\H {lacrima, silva) ; et avec un i sirtes, où le grec et le latin deman-
daient un y? — Pourquoi enfin écrire le zéphyr avec un y et Zéphire
avec un i?
Ïambe. ïambique. — Ces deux mots sont les seuls de la langue
française où l'on mette le tréma sur la première des deux voyelles
qu'on doit détacher l'une de l'autre dans la prononciation. Aux mots
Arguer et Haïr, nous avons vu qu'il serait utile d'augmenter le
nombre de ces cas.
ICI... Revenez demain; d'ici là, f aurai arrangé votre affaire. — La
locution d'ici là est-elle la seule qu'on puisse employer pour expri-
mer l'idée qu'elle représente ? Non , car nous trouvons :
(à De) Nous verrons bien des choses d'ici à ce temps-là, d'ici là.
(à Eau et à Pont) // passera bien de Veau sous les ponts entre ci et là *,
ou d'ici à ce temps-là.
On peut donc très-bien dire d'ici à ce temps-là, et il est fâcheux
que l'Académie n'ait pas donné dans cet article-ci un exemple de
cette locution.— Mais peut-on dire également d'ici à vingt ans, à trente
ans, à cent ans, etc.? Nous le croyons ; cependant l'Académie aurait
dû prévenir les doutes à cet égard. Il est probable que si elle avait
mis à Ici Texpression correcte, Lamennais n'aurait pas écrit « D'ici
VINGT ANS la face de la terre aura changé ». Nous pensons qu'il faut
« d'ici À vingt ans ».
ICONOLÂTBE. — Ce mot semble réclamer iconolâtrie, comme zoo-
lâtrie semble auppelerzoolâtre. Est-ce par omission ou volontairement
que l'Académie n'a pas donné ces deux mots?
IDOLÂTBIE. — Puisque l'Académie écrit latrie , le culte de latrie,
sans accent, pourquoi eu mettre un à idolâtrie, zoolâtrief Qu'elle
emploie Va pour idolâtre, iconolâtre, zoolâtre, ce sera conforme au
principe qui l'a décidée à en faire usage dans grâce, disgrâce, infâme,
1. A rarticle Ci , l'Académie dit que les locutions entre ci et dema4n, entre ci et là ont vieilli.
Voy. Bmtbk.
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— 142 —
où elle ne mettait point d'accent autrefois, non plus qu^à idolâtre,
et où Ton pourrait aussi bien s'en passer que dans dictâmes prame,
profane, etc., où Va est long. Mais il nous semble que puisqu'on sup-
prime cet accent dans gracieiur, disgracier, infamie, il n'y a pas de
raison plausible pour en mettre dans les mots idolâtrie, zoolâtrie.
ILLÉGAL, ALE , adj. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce
les deux L.) — Ces mots suivants où il faut prononcer les deux L sont
au nombre de vingt-deux. Celui qui cherchera la prononciation du
mot Illustrissime ne pensera guère qu'il peut la trouver à Illégal.
ILLUMINATION... Une belle illumination. Une grande illumination.
Faire une illumination dans un palais, dans une place publique, cUms
des jardins. Il y avait des illuminations à toutes les fetiêtres, dans
toutes les rues. L'illumination de cet hôtel est brillante. Allons, voir
les illuminations. — Dans tous ces exemples il n'y a pas ce que nous
cherchons, c'est-à-dire quelle préposition il faut employer pour com-
plément de ce substantif. Au verbe Illuminer nous lisons, il est vrai,
« Toute la ville était illuminée par les feux de joie qu'on avail oÀlur-
mes dans les rues » ; mais nous ne pensons pas qu'on dise « Une
illumination par des feux de joie, par des lampions ». Nous dirons
donc comme l'Académie à l'article Verre , « Illumination en verres de
couleur », et par suite « Illumination en lampions » ; pour le gaz, nous
pensons qu'il faut employer la préposition À « Illumination ad gaz ».
Quant au verbe, nous dirons « Illuminer avec des bougies, avec des
verres de couleur, avec des lanternes ; illuminer avec du gaz ou ad
gaz (au moyen du gaz). »
IMBÉCILE. — Jusqu'ici l'Académie avait écrit imbécille, conformé-
ment à rétymologie. La suppression d'une l dans ce mot est d'autant
plus surprenante, qu'on en met deux dans le substantif imbécillité.
IMBROGLIO. (Mot italien qui se prononce imbroillo à l'italienne, ou
imbroille à la française, sans faire sentir Vi et en mouillant les /.)—
Nous pensons que le plus simple était de dire que dans imbroglio il
faut mouiller gl, ou peut-être encore qu'il faut prononcer imbrâlio ;
quant à la prononciation française imbroille, bien peu de personnes
la comprendront si elles ne la savent d'avance.
IMMACULÉ, ÉE, adj. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce
les deux M, et l'I conserve le son qui lui est naturel.) — Ainsi donc il
faudra chercher à deux pages en arrière la prononciation d'immuta-
bilité, qui est séparé d'immaculé par quarante-huit mots.
- IMMARCESSIBLE. — L' Académie écrit, conformément à l'étymo-
logie, adolescence, convalescence, effervescence, incandescence, etc.
Elle aurait dû faire de même pour immàrcessible, qui, venant de
marcescere, se flétrir, demande également un c : immarcescible.
IMPASSE, s, f. Cul-de-sac, petite rue qui n'a point d'issue. — On a
bien de l'abligatiou à. Voltaire d'avoir ressuscité ce mot pour rempla-
cer cul-de^sac, et nous voudrions que la définition fût aussi conve-
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nable que Texpreasioû eUe-niême. A coup sûr la.belette de la fable
(La Fontaine, III, 17), si elle n'eût pas fait si bonne obère dans le
grenier, n'aurait pas dit qu'il n'y avait point n'issue; elle serait fort
bien sortie par le même trou qui lui avait servi de passage pour y
entrer. Nous croyons donc qu'il serait plus exact de dire : « Petite rue
qui B^a Qu'uriB issue, »
IMPERSONNEL, ELLE, ad j... Lfê verbes impersonnels proprement
ditSj, sont ceux qm n'ont que l'infinitif et la troisième personne du «m-
gulier, tels que Falloir, pleuvoir, ùeiger, etc., qui font II faut, il pleut,
il neige, etc. — Il aurait fallu i^uter que Pleuooir, employé figuré-
raent, prend le pluriel : « Les coups de fusil y pleuvent. I^s sar-
casmes PLBDVENT sur Im de tous côtés. Les biens, les dignités, les
honneurs pleuvent chez lui, pleuvent sur lui » ; ou du moins il fallait
renvoyer au verbe Pleuvoir, où l'on aurait trouvé ces exemples.
IMPOLI, IB, a4j.,. Homme impoli. Manières im>polies. Réponse imr-
polie. — Et au participe de Polir employé âgurément : « Cest un
homme extrêmement poli. C'est l'homme du monde le plus poli. H est
savant, mais il n'est pas poli. Il a les manières fort poHes. Parler d'un
ton poli » . — Ainsi donc poli et impoli ne prennent jamais de com-
plément, et Ton ne pourrait pas dire : « Vous vous plaignez de ce que
cet homme est ihpoli à votre éoari>; mais ce n'est pas U7%e excep^
lion, il n'est poli avec personne » 7
IMPROMPTU, s« m... (Quelques-uns lui donnent un s au pluriel.)
Pour « UN « » Yoy, l'article H. Quant à la marque du pluriel,
nous pensons qu'il faudrait l'admettre pour ce mot-là ainsi que pour
plusieurs autres où les composants ont été réunis, tels que aparté,
quiproquo, etc., et pour quelques-uns où la réunion devrait se faire:
acompte, autchda-fé, fac-^imile, etc. — Mais nous avons encore
autre cbose à demander : impromptu peut-il s'employer adverbiale-
ment ? peut-on dire : « Excité par la gaieté des consoives, il composa
IMPROMPTU de fort jolis vers »? Si cette locution n'est pas admissible,
on en sera quitte pour employer le synonyme français sur^le-<:hamp ;
mais nous aimerions mieux impromptu.
IJHPUGNEE, V. a. — Faut-il prononcer : impug-ner ou vmpur-gfyerJ
Los dictionnaires ne sont pas d'accord; et dans la crainte de passer
pour un pédant ou pour un ignorant, on désire connaître la pronon-
ciation que préfère l'Académie. On dit répu-gner et inexpug-^nable.
IN.». « Quaiïd le (mot) simple commence par une des labiales E ou
P, Vh se change en m^, et l'oo prononce En, avec le son nasal : fmbu,
imjiQrter {Ènbu, ènporter). — Partout ailleurs, Jn reste tel qu'il est;
et il prend toujours le son nasal devant les consonnes, à moins que le
simple ne commence par N : Inattendu, inutile ( prononcez f-^nattendiù,
i^nutik); Indocile y injuste (prononcez Ènr-docile, èn-just€)\ kmé, ^
immibrc^le (prononcez I-^xmé, i^^umkrable)..
I<jous croyons qu'il aurait mieux vialu ne pas indiqjuer la proooncîa^
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- m -
tion des mots imbu^ importer ^ indocile, injuste, que de la figurer par
ènbu, ènporteTj èn-docile, èn-juste, même en ajoutant, comme l'Aca-
démie Ta fait, « avec le son nasal ».
INCOMMODER. — On trouve bien ici « // est incommodé depuis
plusieurs jours. Être incommodé d'un bras, d'une jambe. Être incomn
mode dans ses affaires »; mais on n'y voit pas une autre acception fort
usitée. Faut-il dire a. Pendant ce trajet, qui dura trois mortelles jour-
nées, nous fûmes constamment incommodés de ou par] la neige et le
vent qui nous fouettaient dans le visage, contre le visage »? A l'article
Toge, nous trouvons « Les Romains se couvraient la tête d'un pa/n de
leur toge, lorsqu'ils étaient incommodés du soleil ou de la pluie » ;
et à Chaledr « Être incommodé par la chaleur. » Il fallait donc
donner un exemple avec chacune de ces prépositions.
INCOMPLET, ETE, adj. — Cet adjectif réclame un adverbe corres-
pondant. Il m'a raconté ses malheurs, mais fort incomplètement (ou
plutôt incomplètement).
INCONVENANT, ÀNTE, adj. — Cet adjectif-ci devrait avoir son sub-
stantif, qui est d'un usage de tous les instants : L'inconvenance ds ses
propos choqua toute la compagnie. Quelle inconvenance I
INDISCRÉTION, S. f... se prend quelquefois pour Action indiscrète.
Faire une indiscrétion, des indiscrétions. C'est la seule indiscrétion
qu'il ait fc^te en sa vie. — Ne peut-on pas dire Commettre une indis-
crétion? Si cette locution est bonne, il serait convenable de l'adopter.
INITIATION. (On prononce iniciation.) — Il aurait mieux valu indi-
quer la prononciation complète du mot (iniciacion), car il semblera
évident au lecteur que si dans tia le t prend le son du c, dans tion,
au contraire, il doit conserver la valeur qui lui est propre.
INNAVIGABLE. — Ajoutez « On prononce les deux N. » Le silence
de l'Académie sur cette prononciation étonne, et il est d'autant plus
fâcheux qu'au mot Inné, qui vient immédiatement après, elle dit qu'on
prononce les deux n, ce qui pourrait faire supposer qu'elle veut qu'on
n'en prononce qu'une dans innavigable.
INOCULATEUR, TRICË, S. f. — Supprimez : f.
iN-4Q»UARTO, adj. et s. — Lisez : adj. et s. m. (On prononce in-couarto.)
INSATIABILITÉ. INSATIABLE. INSATIABLEMENT. — Au mOt InsA-
TiÀBiLiTÉ, ajoutez : Dans ce mot et dans les deux suivants, tia se pro-
nonce cia; ou plutôt, à chaque mot ajoutez : Tia se prononce cia.
INSECTIVORE, adj. des deux genres et s. m. — Plus haut nous avons
vu que l'Académie a omis de présenter frugivore comme substantif;
l'omission complète du mot insectivore est plus grave, car cette déno-
mination se donne à des poissons, à des oiseaux, et même à des mam-
mifères, qui se nourrissent d'insectes.
INSPECTEUR, s. m. — Lisez « Inspecteur, trice, subst. » Depuis
bien des années, il y a des Inspectrices pour les écoles communales
déjeunes filles et pour les salles d'asile.
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— U5 —
INSTITUT, S. m... est aussi le titre de certaines sociétés savantes.
UinstittU de Bologne, — Vlnstitut royal de France, ou simplement
L'Institut, Nom de la première société savante de France, établie à
Paris, et composée de cinq Académies, savoir : TAcadémie française,
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences,
l'Académie des beaux-arts, et l'Académie des sciences morales et poli-
tiques. Les membres de V Institut. Être reçu, entrer à l'Institut, Ou le
dit aussi du lieu où se tiennent les séances- de l'Institut. Aller à
l'Institut.
Nous sommes tout à fait d'avis qu'il faut écrire le mot Institut avec
une majuscule quand il est employé absolument. Cette majuscule a
deux raisons d'être : Institut est le nom d'une société, d'une institution;
en outre, c'est celui d'une société déterminée, de la première société
savante de France. Gonséquemment nous pensons qu'on a eu tort de
mettre un petit i dans l'exemple suivant :
(à Membre) Membre de la chambre des pairs, de la chambre des députés,
de TlNSTITUT*.
Mais en revanche il nous semble que lorsque ce mot est suivi d'un
complément qui désigne Vinstitul ou qui en détermine l'espèce, il
rentre dans la classe des noms communs; et nous ne voyons pas
pourquoi il faudrait écrire Tinstitdt de Bologne avec une minus-
cule, et riNSTiTDT royal de France avec une majuscule.
Le même principe nous ferait écrire, contrairement à l'orthographe
adoptée par l'Académie : l'académie Française, l'académie des In-
scriptions ET Belles-lettres, l'académie des Sciences, l'académie
cte5 Beaux-arts , l'académie des Sciences morales et politiques; —
et encore, école Polytechnique, école Normale, école des Ponts et
Chaussées ; société Philotechnique, la société royale de Médecine, etc.,
mettant toujours la minuscule aux mots académie, école, société, etc.,
et la majuscule aux déterminatifs , comme on le fait pour mont Pala-
tin, Valérien; la voie Sacrée, Appienne, Flaminienne; la roche Tar-
péienne; la porte Triomphale, etc. Nous ne mettrions la majuscule
au substantif que lorsqu'il serait sans complément, comme dans
membre de /^Académie, aller à /'Académie ; mon fils est entré à TÉcole*
(l'école par excellence, l'école Polytechnique), etc. etc.
INTERDIRE, V. a. — Pour la conjugaison du pluriel de l'impératif,
voyez Dire.
INTERPELLER, V. a. T. de Palais. Requérir, sommer-.. — Ce verbe
devrait ne prendre qu'une l à l'infinitif, comme appeler, épeler,
1. Nous écririons avec une maguscule, la chambre des Pairs, la chambi'e des D^puris.
2. Cest ainsi que l'Académie écrit :
(à Quarante) Les quarante de l'Académie française. — Un des Quarante.
( à ILB ) Les ÎLES d'A mérique, etc. — Il fit un voyage awx Iles . Cacao des Ile».
( à Code) Le code de /tw/inien. — Le Code. Le Code et le Digeste.
(à Intérim) L'intérim de Charles-Quint. — L'Intérim permettait le mariage dn
prêtres et la communion sous les deux espèces.
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— IW —
puisque Tétymologie est la même (interpeller, inter appellare, inter-
pellare; épeler, c'est appeler (appellare) les lettres pour en former
des syllabes et des mots). Nous croyons que si ce mot a conservé les
deux l, c'est parce qu'il e§t moins usité que les verbes appeler^ rap-
peler, épeler; d'ailleurs c'est un terme de Palais, et l'on sait qu'au
Palais l'orthographe reste immuable comme les us et coutumes ; té-
moin l'orthographe de préfix pour préfixe ; ledit, ladite, mondit, etc.,
en un seul mot; l'accord des mots aycmt, oycmt, tenant, tendant, etc.,
avec le sujet, etc. etc. Voy. Ayant.
IRRACHETABLE. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce les
deux R.) — C'est à irrachetable qu'il faut chercher la prononciation
dHrruption, qui en est séparé par quarante-sept mots.
IRRÉMÉDIABLE. — Daus les derniers tirages de son Dictionnaire,
l'Académie écrit irrémédiable, avec un ^ à la seconde syllabe. Voy. la
note 1 de la page 10.
ISOCÈLE... — Dans les mots composés on supprime fréquemment la
consonne finale du premier composant, mais jamais l'initiale du se-
cond; et puisque le mot qui nous occupe est formé de ison, skélos,
et qu'il s'écrit en grec isoskelès, il faudrait écrire isosgèle et non iso-
cèle. Ajoutons que si le mot venait à être divisé, le tiret devrait venir
après Vo {iso-scèle)^ comme dans apostrophe, atmosphère, horo-
scope, etc. — Nous profitons de cette occasion pour citer quelques
mots français où la finale du premier composant est également sup-
primée; c'est tantôt une consonne, comme dans soucoupe, soulever,
soumettre, fainéant, vaurien, morfil, verjits, pour sous-coupe, soics-
lever, sous^mettre, fait-^ant, vaut-rien, mort-fil, vert-jus ; tantôt une
voyelle, comme dans justaucorps, pissenlit, mordoré, pour jitste-au-
corps, pisse-enr-lit, more doré (ou plutôt maure doré), etc.
ITEM... est quelquefois substantif, et signifie Un article de compte.
C'est un bon item. Voilà bien de petits item. — Dans cet exemple bien
signifie Beaucoup, et dans cette acception la préposition de qui vient
après doit toujours être accompagnée de l'article. Vous buvez bien
DE L'eau. Voilà bien des grosses fautes. Chacun sait que Voilà de
BIEN grosses fautes présenterait un tout autre sens. Nous pensons
donc qu'il fallait dire : Voilà bien des petits item.
lVRE,adj. des deux genres... Prov., Être ivre mort. Être ivre au
point d'avoir perdu tout sentiment. — Ces deux mots devraient être
joints par un trait d'union {ivre-mort), car l'idée n'est complète
qu'après le second adjectif.
On dit aussi quelquefois mort-ivre; mais l'Académie n'a pas admis
cette locution , et nous pensons qu'elle a bien fait ; il pourrait y avoir
amphibologie, surtout si l'on négligeait l'emploi du tiret {il était mort
IVRE, ils étaient morts ivres).
IXIA, s. f. — Voy. Mimosa.
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^ 147 -
JA6UAE. — Ce mot, qui est étranger, prend un u entre le g et Va;
mais cet u se prononce (jor-gur-ar), quoique F Académie ne le dise
pas. Il en est de même pour couguar (grand chat d'Amérique), qui
n'est pas dans le Dictionnaire de l'Académie.
JARDIN... Le jardin des Tuileries. Jardin des plantes j des simples,
ou Jardin botanique,— On regrette de ne pas trouver ici des exemples
qui fassent connaître dans quels cas il faut écrire Jardin avec un /
majuscule dans cette phrase Jardin des plantes. Nous comprenons
très-bien pourquoi l'Académie écrit
(à Plante) L» jardin des plantes de Paris, de Bordeaux, de Montpellier,
avec un petit j, tandis qu'elle met un grand J dans les phrases sui-
vantes :
(à Amphithéâtre) L'amphithéâtre de V École de médecine, du Jardin des
plantes,
(à Démonstration) Une démonstration de botanique au Jardin des plantes.
C'est que dans le premier exemple jardin des plantes est employé
comme nom commun, tandis que dans les deux autres il est pris dans
un sens absolu et joue le rôle d'un nom propre. Ainsi on devrait
écrire : « Le Jardin des plantes est situé près de l'Entrepôt , » et :
« Paris possède un admirable jardin des plantes. » Mais cette règle a
besoin d'être posée par le Dictionnaire : tous les lecteurs ne sont pas
à même de saisir dès l'abord la différence que nous venons d'établir.
JARDINIER... Jardinier-fleuriste, — Aux articles Fleuriste et Pépi-
niériste on a mis ssLns iivet jardinier fleuriste, jardinier pépiniériste.
Puisque l'occasion s'en présente, nous allons donner quelques-uns de
ces noms d'état composés dont les uns prennent le tiret et les autres
ne le prennent pas. L'Académie n'en met pas à
chirurgien dentiste. chirurgien bandagiste.
chirurgien pédicure. médecin vétérinaire.
Elle met le tiret aux suivants :
orfévre-joaiUier.
seUier-carrossier.
chaussetier-bonnetier.
huissier-priseur.
commissaire-priseur.
huissier-priseur-vendeur.
commissaire-priseur-ven-
deur.
sapeur-pompier,
brigadier-trompette.
JAVELLE.— On est surpris que l'Académie qui dit, à l'article Tache :
• Cette tache s'en ira avec 4e l'eau de javelle », ne nous apprenne pas ici
cardinal-diacre.
cardinal-prêtre.
cardinal-évêque.
docteur-médecin.
imprimeur-libraire.
ingénieur - constructeur
de vaisseaux,
ingénieur-géographe,
ingénieur-opticien,
orfèvre-bijoutier.
épicier droguiste,
huissier audiencier.
aide-maçon.
aide-poseur.
aide-chirurgien.
aide-major.
chirurgien-major.
adjudant-major.
état-major.
tambour-major.
trompette-major.
ronde-major, etc.
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— U8 —
oe qu*est cette eau et d'où lui vient son nom. Le petit nombre de ceui
qui peuvent savoir que primitivement elle se fabriquait au moulin de
Javelle, entre Paris et Saint-Cloud, croiront devoir écrire ce nom ou
ce mot avec une majuscule, comme on le trouve dans le Complément
du Dictionnaire de TAcadémie ; mais aujourd'hui c'est un nom com-
mun , comme guinée, malineSj roquefort^ etc,
JOINTOYER, V. a. T. de Maçonnerie. Remplir les joints des pierres
avec du mortier ou du plâtre.— Le substantif correspondant, jointoie-'
ment, est aussi nécessaire ({xx^ affermissement, alignement, nivellement,
redressement, rehamsement, etc. En effet on doit pouvoir dire : Le
JOiNTOiEMENT de ces pierres est mal fait, a été fait avec de mauvais
matériaux, avec de mauvais plâtre, de mauvais mortier, etc,
JOUJOU, JOUIR, JOUISSANCE, JOUISSANT. — Transposez : Jouir,
Jouissance, Jouissant, Joujou.
JOUR... Jour de fête. — On voudrait que l'Académie eût fait con-
naître s'il faut écrire Les jours de fête ou de fêteS. Voy. Fête.
JOURNÉE... signifie encore Un jour de bataille, ou La bataille même.
La journée de Poitiers, de Bouvines, etc. — Ce mot a une autre accep-
tion qu'on ne trouve pas dans cet article, c'est celle de la journée des
Barricades, la journée des dupes, etc., qu'on trouve à Barricade et à
Théâtre. Voy. Barricade.
JOUTE... fl emporta le prix de la joute. — Nous croyons qu'il fau-
drait Il remporta le prix, car au verbe Emporter nous ne trouvons
pas le sens de Gagner, obtenir; d'ailleurs il serait quelquefois assez
diflacile d'EMPORTER le prix, un prix semblable par exemple à celui qui
fut adjugé à Entelle après sa lutte avec Darès.
JOUVENCE, s. f. Jeunesse. IlTi'est usité que dans cette locution, La
fontaine de Jouvence, fontaine fabuleuse qu'on suppose avoir la vertu
de rajeunir. Je crois, vraiment, qu'il vient de la fontaine de Jouvence.
Il a bu de l'eau de la fontaine de Jouvence. — A l'article Fontaine on
retrouve la même orthographe, et nous demandons s'il ne serait pas
plus convenable d'écrire jouvence avec un petit j, puisque ce mot
n'est pas un nom de lieu et qu'il signifie jeunesse. Il faut réserver le
grand J pour la ville de Jouvence, autrement dite Saint-Gengoux-le-
Royal, département de Saône-et-Loire, où se trouve une fontaine des-
tinée à rappeler la fontaine fabuleuse.
JUDAÏQUE, adj. des deux genres. Qui appartient aux Juifs. La loi
judaïque. Les antiquités judaïques. Superstition judaïqus.,.^îï serait
bien d'ajouter « La religion judaïque », qui manque ici et à Religion,
mais qu'on l;rouve à l'article Juif, « Celui, celle qui professe la reli-
gion judaïque. »
JUGE. — Plus haut nous avons exprimé le regret de ne pas trouver
à l'article Fleuve les noms des fleuves qui arrosaient les Enfers; ici
nous ferons de même pour les noms des personnages mythologiques
qui jugeaient « tous les pâles humains », Éaque, Minas et Rhadamanthe,
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-- U9 —
JUGER 9 V. a,.,. Il a été jugéj on Va jugé à mort; et à Tartlcle Mort,
Condamner, juger à morlj condamner quelqu'un à la peine de mort.
— Peut-on dire indifféremment Juger à mort ou condamner à mortl
Nous ne le pensons pas. Juger ^ c'est simpleiçent examiner si Taccusé
est réellement coupable ; condamner^ c'est appliquer la peine dont la
loi punit le délit ou le crime commis. On ne peut donc pas dire qu'un
homme a été jugé à telle ou telle peine.
JUIF, IVE, adj. et s. Celui, celle qui professe la religion judaïque...
Les juifs de Pologne, d'Allemagne, de France. — Nous avouons fran-
chement que nous ne savons pas encore dans quels cas il faut écrire
les Juifs (grand J) ou les juifs (petit j). Cependant nous croyons
entrevoir que l'Académie met la majuscule quand elle parle des Juifs
de l'Ancien Testament, des Juifs considérés comme peuple, et la mi-
nuscule quand il s'agit des familles ou des individus qui professent la
religion judaïque; ainsi nous lisons :
(à Repos) Le septième jour de la semaine était chez les Juifs un jour de
repos qu'ils appelaient Sabbat.
(à Sanctiher) Dans l'ancienne loi, les Juifs sanctifiaient le sabbat,
(à Septennal) L'année sabbatiqt^ des Juifs était septennale.
et d'un autre côté :
(à Sabbat) Les juifs observent fort exactement le sabbat.
(à Samedi) Le samedi est chez les juifs le jour du sabbat.
(à Rabbiniqie) Les juifs écrivent quelquefois leur la^ue vulgaire en
caractères rabbiniques.
Mais en revanche nous trouvons une majuscule en parlant des juifs
modernes :
(à Circoncibe) Les Juifs, les mahométans font circoncire leurs enfants.
(à ÉPARs) Les Juifs n'ont plus de patrie, ils sont épars dans tous les pays
du monde,
puis dans une autre phrase les deux variantes :
(à Souillube) Parmi les Juifs, Souillures légales, l'impureté contractée,
soit par certaines maladies, soit par certains accidents
qui, selon Topinion des juifs, rendent immonde.
en sorte que nous craignons beaucoup de n'avoir pas rencontré juste
dans nos conjectures, que nous désirerions pourtant voir converties
en une règle invariable.
JUJUBE, s. f. — Les naturalistes et les médecins donnent à ce mot
le genre masculin, conformément à l'étymologie {zizyphum),
*
JURY, S. m. (Quelques-uns écrivent Juri.) -— L'institution du jury
en France date de 1791, c'est-à-dire qu'elle a soixante-dix ans d'exis-
tence, et il est temps que son nom soit francisé comme elle-même.
Au lieu de jury, tilbury, jockey, etc., nous devrions écrire juri,
tilburi, jockei.
JUSQUE-LÀ. — Voy. LÀ.
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— 150 — •
K
La lettre k est d'une grande utilité pour représenter le c dur de-
vant les lettres e, i : kemièSj kilogramme ^ kiosque j etc. ; mais en re-
Tanche il est tout à fait inutile devant a, o, u. On a substitué le c au ^
dans cacatois, calendes, calendrier, carat, cor an, etc. ; ne serait-il
pas convenable de faire cette même substitution dans kahouanne,
kanguroo, kaolin, etc. ?
De même, il semble que l'Académie, qui a figuré par ca la pronon-
ciation des lettres cha dans bacchanal, bacchante, chalcographe, Cha-
rybde; par co le cko de dichorée, dichotome, m^michordion ; par clé
le chlé de cochléaria; par eue, cui, le que, qui de quérimonie, ques-
teur, quiescent, requiem, etc., aurait bien fait d'employer également
le c au lieu du k dans la prononciation de anachorète, archaïsme,
archange, asiarchat, catachrèse, catéchumène, chlamyde, chlore et
ses dérivés, cholédologie, choléra-morbus, chorége et autres dérivés
de chœur, chorographie, choroïde, conchoïde, eucharistie, exarchat,
machabées, trochaïque, trochanter, ubiquiste, etc. etc.
KAKATOÈS. (On prononce Kakatoua.) ...T. d'Hist. nat. Sorte de
perroquet remarquable par une huppe... —Au mot Cacatois on trouve
« Voyez Kakatoès ». Ainsi l'Académie elle-même donne deux variantes.
Si l'on devait prononcer la finale de kakatoès comme celle d^'aloès,
assurément il n'y aurait pas à balancer, et il faudrait mettre un è, car
le tréma ne. donne aucun son et devrait disparaître de la lettre e dans
la langue française ; mais puisqu'on doit prononcer cacatoua, il pa-
raîtrait convenable d'écrire cacatois le nom du perroquet, comme
le mât auquel la huppe de cet oiseau a donné son nom.
KALI... Nom que les Arabes donnent à la soude. Il se dit particuliè-
rement, en français, d'une espèce de soude à feuilles épineuses qui
croît abondamment sans culture sur les bords de la mer, dans les par-
ties méridionales de l'Europe. — Puisque l'Académie écrit par un c
« Alcali, s. m. Nom donné primitivement à la plante marine qui
fournit la soude du commerce, et ensuite au produit salin de l'inci-
nération de ce végétal » , il nous semble nécessaire d'écrire pareille-
ment le mot cali, qui est le nom de cette même plante. Il serait
ridicule d'écrire Valcool et le kool, Valcoran et le koran.
KANGUROO, s. m. T. d'Hist. nat. Quadrupède de la Nouvelle-Hol-
lande... Une peau de kanguroo. — Au lieu de suivre l'orthographe
des Anglais pour ce mot qui est étranger à leur langue, nous devrions
en faire un mot français en l'écrivant kangurou ou plutôt cangurouf
KNOUT, s. m... se dit aussi du fouet même. Le patient mourut soas
les coups DU knout. — Nous pensons qu'il faut dire sous les coups db
knout, comme on dirait sous les coups de fouet, de bâton.
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— 151 —
LÀ. — Pourquoi mettre un tiret dans les locutions Mettez-vous
LÀ-HAUT, LÀ-BAS, LÀ-DESSUS, descendez de là-haut,- puisqu'on n'en
met pas dans celles-ci : Mettez-vous là dedans, là contre ; sortez de
LÀ dedans, ôtez-vous de là contre? — Et de même au figuré, pour-
quoi écrire avec un tiret Que pensez-vous là-dessus, puisqu^on le
supprime dans Qu^avez-vous à voir là dedans?
On trouve dans ce môme article :.
Quel discours est-ce-là? — Quelles gens sont-cb-là?
(à Diantre) Quelle diantre de cérémonie est-ce-là?
(à Espèce) Quelle espèce de drap, quelle espèce de cheval bst-ch-là?
(à Jaune) Quelle couleur est-cr-là? C'est du jaune, de beau jaune.
Plus nous examinons ces phrases, plus le tiret qui précède là nous
paraît inutile, car l'Académie n'en met point dans :
(à Ce) Est-ce là votre voiture?
(à LÀ) SoNT-CB LÀ vos gens? — Est-^b là ce que vous m'aviez promis?
(à Main) Voyez, est-ce là sa main?
(à Récompense) Est-ce là la récompense de mes services?
(à Salaire) Est-ce là le salaire des services que je lui ai rendus?
(à Volonté) Est-ce là votre volonté?
ni dans celles-ci, où est-ce là termine la phrase :
(à Parler) Quel parler est-ce là?
(à Patrocillis) Quel patrouillis est-ce là?
(à Plante) Quelle plante est-ce là?
Concluons qu'il ne faut pas de tiret avant là dans est-ce làj sonl-ce là.
On ne met pas de tiret à dès lors: il vaudrait donc mieux n'en pas
mettre à dès-là, qui a la même signification : Il leur échut une suc-
cession, el pÈs-LÀ ils se brouillèrent; ni même dans le sen^ éloigné
de Cela étant : C'est votre père, et dès-là vous lui devez du respect.
Au reste, à l'article Dès l'Académie écrit dès là sans tiret dans cette
même phrase : C'est votre père, et dès là vous lui devez du respect.
Elle le supprime également à l'article Lors : Dès lors se dit aussi pour
De là ou Dès là, par forme de conséquence.
On n'en met point à par là : Allez par là ; passez, prenez par là;
vous viendrez, vous irez par là, c'est-à-dire, par ce lieu-là. Nous
croyons que par la même raison il n'est pas logique d'écrire avec un
tiret : Allez, venez, avancez, reculez jusque-là. — Il en est de même
pour le sens moral, Vous avez poussé jusque-là la patience ! ; il faut
ï'y supprimer, comme on le fait à par là dans cette phrase : Qu'enr-
tcn(ic2r-t)ows PAR là?
LAcaiYMAL. LACRTMATOIRE. — Daus l'étymologic du mot harpie,
^^y aun y^ puis un i; l'Académie, pour simplifier l'orthographe, a
choisi Vi simple; et puisque les Latins écrivaient hidifféremment
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— 158 —
lacrima et lacryma, etc., le môme motif aurait dû, ce semble, lui
faire préférer lacrimal et lacrimatoire.
LAISSER, V. a... Fam., Avoir du laisser aller. Avoir une sorte de
négligence, d'abandon. Dans cette phrase. Laisser aller est pris
substantivement. — L'Académie met d'ordinaire un tiret entre deux
verbes à l'infinitif qui sont employés substantivement : le laisser-
courre, le savoir-faire, le savoir-vivre, etc.; pourquoi n'en met-elle
pas dans le laisser aller t Nous croyons ce trait d'union nécessaire.
LAISSER-PASSER OU plutôt LAISSEZ -PASSER, S. m. — Ce mot, qui
correspond à Passavant (autrefois Passe-avant), Passe-debout, est
très-usité en termes d'Octroi et de Douane, et nous sommes surpris
de ne pas le trouver dans le Dictionnaire de l'Académie. Nous croyons
laissez-passer préférable à laisser-passer, parce que ce mot semble
renfermer un ordre, une injonction adressée aux employés, comme
passe-avant, passe-debout, expriment une permission pour le voitu-
rier, etc. ; en un mot c'est le mode impératif : Passe avec ta marchan-
dise, sous telle ou telle condition ; Laissez passer, pourvu qu'on rem-
plisse telle ou telle formalité. *
LAITUE... Salade de laitue. — Et à Salade, Salade de laitueS.
LAMRIN, INE, subst... s'emploie aussi adjectivement. Êtes -vous
assez lambin ? — Assurément cette phrase n'est pas interrogative, et
il y fallait un point d'exclamation. Nous en avons recueilli quelques
autres, où l'on s'est également trompé ; telles sont :
(à Dommage) Qml dommage que vous ne soyez pas venu cejour4à ?
(à Histoire) Que d'histoires ne sait-il pas?
[k Machine) Que de machines n'a-t-on pas employées, n^a-t-U pas fallu
pour réussir?
Évidemment ces trois phrases demandaient une exclamation, comme*
la première. En voici d'autres où l'exclamation a été omise :
(à Fier) Cinq mille hommes, voilà une fière armée,
(à Pied) Il n'est que quatre heures du matin, et vous êtes déjà sur pied,
(à Plaire) A Dieu ne plaise que j'y consente jamais,
(à Fi) Fi du plaisir que quelque crainte accompagne.
Au lieu de ce dernier exemple, qui n'est qu'une variante de La Fon-
taine (liv. P', fab. 9), nous préférerions le texte même de l'auteur :
Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre!
LAMENTIN, S. m. (Quelques-uns écrivent Lamantin,) -r- Ce ne sont
pas quelques dictionnaires qui portent lamantin, mais la plupart, et
c'est ainsi que l'Académie elle-même écrivait ce mot précédemment;
cet a à la seconde syllabe vient probablement de l'espèce de mains
dont cet animal est pourvu, et qui lui ont fait donner par les Espa-
gnols le nom de manato ou manati. Puisqu'elle a jugé convenable de
changer l'a en e, sans doute à cause du gémissement [lamenta) au-
quel ressemble son cri d'appel, elle aurait bien fait de justifier cette
nouvelle orthographe dans la définition qu'elle a donnée.
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-. 158 —
uiMPi^nié — A Tartlcle iLLDMiifAnoN (Voy. e& mot) rAcadémie ne
dit pas qvtél complémeût il faut dodder à ce mot; ici Von ne trouve pas
un seul exemple, et c'est à Tarticle Verre {illumination en verres dé
couleur) que nous emprunterons la variante Ilhtmination ew lam^
pians (consistant en lampions)* Peut-être aussi pourrait-on dire
Illumination db lampions (composée de lampions). C'est pour savoir
lequel des deux est préférable que nous sollicitons une décision de
TAcadémie.
UkNCER, V. a... s'emploie aussi avec le pronom personnel , et signi^
fie Se jeter avec impétuosité, avec effort* // se lança au travers des
ennemis. Il se lança dans le bois* Il se lança le' premier dans l'eau.
Ils se sont lancés l'un sur l'aiUre. — A la lettre E nous lisons a Élan-
cer, V. a. Pousser, lancer en avant. On ne l'emploie guère qu'avec le
pronom personnel. Il s'élança au travers des ennemis. Le chien s'élança
sur kii. Les serpents s'élancent. Son cheval s' étant élancé,.. »
Nous croyons que dans les phrases ci-dessus et autres analogues
s'élancer est plus usité ; ainsi l'on dira Mon âme s'élançait vers Dieu,
et non se lançait. Mais en revanche on dit se lancer (et non s'élan-
cer) dans le monde, dans les affaires, etc.
LANDAU ou LANDAW, S. m. Sortc de voiture à quatre roues...
Les noms allemands qui aujourd'hui se terminent par au prenaient
autrefois aw, ou du moins quelques-uns tels que Breslaw, Brisgaw,
Landatv, Passaiv, Spandaw, Sundgaw, Torgaw, etc.; mais Cet usage a
cessé, et cette orthographe a disparu des dictionnaires allemands-
français et surtout des dictionnaires français. Nous pensons donc
que landaw devrait être supprimé dès aujourd'hui du Dictionnaire dô
l'Académie, ne fût-ce que pour la diflaculté d'écrire le pluriel de lan-
daw (des landaws /) — Quant au pluriel landaus, ce n'est pas un pro-
^ grès, c'est une exception à enregistrer. Si la terminaison des mots en
ou présentait quelques exceptions pour la marque du pluriel (Voy.
GENOD),du moins il n'y en avait pas dans la désinence plurielle aux;
tous prenaient invariablement un x. Maintenant voilà un substantif
terminé par au qui prend Vs au pluriel; il est vrai que c'est un mot
étranger.
LARYNX. — A Làrix, l'Académie nous a donné la prononciation i
« On prononce l'X » ; mais elle a oublié de nous indiquer celle dé
larynx, lynx, pharynx et sphinx, qui présente plus de' difficulté en ce
que les consonnes finales se prononcent rarement après Vm, Vn et l'r.
On fait sentir l'X dans ces quatre mots.
LAS, ASSE, adj... Faire quelque chose de guerre lasse, le faire après
avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse. — On a déjà
réclamé contre ce féminin lasse^ et il nous semble qu'on a eu raison,
car il est difficile de comprendre ce que c'est qu'une guerre lasse.
Qu'une femme, au lieu de dire lasse de batailler, de contester, etc.,
dise de guerre lasse, j'ai cédé à leurs prétentions, j'ai renoncé à mes
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— 15/1 ^
droits sur cet héritage, c'est très-bien; il n'y a qu'une simple inver-
sion. Mais appliquer de guerre lasse à un homme nous paraît une
faute, et elle nous étonne d'autant plus que cette locution ne date
que de la dernière édition du Dictionnaire.
LATTIS, s. m. Ouvrage de lattes. Faire un lattis. Enduire un kutû
avec du plâtre, — Peut-on dire enduire avec? A l'article Endoire
l'Académie n'en parle pas ; elle dit : Enduire une muraille de plâtre,
enduire une barque de goudron; et à }\dghe : Enduire une ruche de
terre grasse, — Cette même locution oiduire avec se retrouve à Mi-
roir : « Glace de verre ou de cristal, qui, étant enduite par derrière
AVEC une feuille d'étain et du mercure, réfléchit l'image des objets
qu'on lui présente. » Si elle est bonne, il faudrait la mettre à Enduire.
LAZZI... Les comédies italiennes sont pleines de lazzi. Les lazzi
d'Arlequin. Quelques-uns écrivent au pluriel. Lazzis.— ^oxis croyons
qu'on doit écrire des lazziS, comme on écrit des macaronis, puisque
l'Académie a fait de lazzi un singulier.
LE, LA, LES, pronoms relatifs... Fows avez mon chapeau, rendez'4e'
moi. Quand vous durez des nouvelles, faites-les-moi savoir.
Il est fâcheux que l'Académie n'ait pas donné plusieurs exemples
pour faire connaître la place que les pronoms le, la, les doivent occu-
per dans la phrase, suivant qu'elle est positive, interrogative, etc.;
car si d'un côté l'on dit re?idez-LE-moi, faite s-LES-moi savoir, d'un
autre on dit me les rendrez-vous ?, me les ferez-vous savoir?, ou bien
encore, veuillez me les rendre, tâchez de me les faire savoir; ne me
LA rendez pas, etc. — Elle aurait pu dire, comme règle générale, que
le, la, les précèdent toujours les pronoms moi, lui, leur, quelle que soit
la construction de la phrase : prétez-LE-moi ; la lui donnez-vous?;
ne LES leur montrez pas ; veuillez les leur envoyer. Avec les autres
pronoms, on doit placer le, la, les immédiatement après le verbe qui
les régit si la phrase est directe : envoyez-LE-nous, rendez-LES-nous ^;
immédiatement avant le verbe s'il y a inversion, etc. : me le direz-
vous ? ne nous la montrez pas ; gardez-vous de nous les envoyer.
LE, LA, LES, pronoms relatifs. — Si aux articles Pronom, Inver-
sion, Transposition, nous avions trouvé des exemples d'inversion,
c'est'assurément là que nous aurions fait une remarque sur l'inversion
des pronoms ; mais comme il n'y en a pas, nous nous voyons contraint
de faire ici cette remarque, bien qu'elle concerne les pronoms person-
nels aussi bien que les pronoms relatifs.
Dans cet article consacré aux pronoms le, la, les, il n'y a qu'un
exemple susceptible d'inversion, et la construction en est telle qu'on
1. Cette construction est la plus naturelle; cependant quelques personnes disent de préfé-
rence envoyez-nous-hK, rendez-noug-LEs. Quant à nous, nous convenons que dans les verbes
réfléchis cette inversion serait convenable : Figurez-vous-i^K , imaginez-voiu-LE , reptésentez-
twnw-LB pâle, décharné, mourant de faim sur un grabat. Ici encore nous sollicitons une déci-
sion de l'Académie.
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~ 155 —
la fait aujourd'hui, c'est-à-dire que le pronom précède immédiate-
ment le verbe qui le régit. L'Académie dit :
" Dès que ma sosw sera arrivée, j'irai la voir,
et non,... je Virai voir, comme on disait généralement autrefois.
Aux articles Démunir et Paître on lit encore :
Cette place est menacée, il ne faut pas la démunir.
On a oublié de paître ces oiseaux, il faut les pattre,
et non,... il ne 4.x faut pas démunir;,,, il les faut paître.
Elle a suivi la même règle pour le régime indirect dans cet exemple :
(à Venir) Le sot met à la loterie,, croyant que le bon billet doit lui venir;
et non,... lui doit venir.
Mais pour ce petit nombre de phrases où la construction est régu-
lière, nous pourrions en citer beaucoup d'autres où elle ne Test pas;
nous n'en donnerons que quelques-unes :
( à Milieu) Au milieu de tout cela, je voudrais le pouvoir servir,
(à Aimable) Vous êtes bien aimable de me venir voir*
(à Fait) Il me voulait railler, mais je lui ai donné son fait,
(à Rire) Il nous pensa faire mourir de rire,
(à PaItre ) SHl ME vient parler de cela, je Venverrai bien pattre.
Peut-être, au reste, ces constructions paraîtront-elles plus pitto-
resques et plairont-elles plus que si elles étaient régulières; nous
dirons même qu'il y a des cas où l'oreille demande l'inversion, comme
dans les phrases suivantes :
(à Gâter) Il a gâté sa maison en la voulant embellir*
(à He|<evbr) Pensez-vous qu'il s'en puisse relever?
L'oreille serait choquée si l'on avait dit : en vowlant L*EMbellir;.„
pensez'vous qu'il puissE s'en relever ?
Si l'on transpose souvent les pronoms relatifs ou personnels, sou-
vent aussi on supprime le pronom le représentant une proposition.
Voici des phrases sans ellipse :
(à Dupe) Il n'est pas si dupe que vous le pensfii,
(à Faire) Se faire plus riche, plus pauvre, plus jeune qu'on n» i^est
réellement.
Les suivantes sont elliptiques :
( à Si ) /i viendra s'il ( le ) peut,
(à Ne) 71 est moins riche, plus riche qu'on ne (le) croit.
(à Tort) Vous avez grand tort de parler comme vous (le) faites,
(à Mal) La gelée a tout perdu, il y a encore plus de mal que l'on ne croit.
Dans cette dernière phrase la grammaire et peut-être aussi l'oreille
auraient été plus satisfaites si l'on avait dit : .., il y a encore plus de
*nal qu'ov ne le croit.
Encore une observation sur les pronoms. L'Académie dit : « Quand
^ est après le verbe, s'il est suivi d'une voyelle, il ne s'élide point en
écrivant, mais il s'élide en prononçant : Voyez-le à son retour (On
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^ 156 —
prononce Voyez-V à son retour). Dans le même cas, La nefioaffrepa^
d'élision : Ramenez-la à son devoir ». — Cette élision était permise
même dans l'écriture, il y a deux cents ans, puisqu'on lit dans k
Misanthrope de Jiolière ;
Mais, mon petit monsieur, prenQ^H' un peu moins liaut;
mais il y a deux siècles de cela. En 1762 l'Académie disait déjà :
a Quand le est après le verbe, il ne s'élide point dans l'écriture, ni
MÊME DANS LA PRONONCIATION, SI CE n'eST EN VERS; àU liCU que, danS
le même cas^ la ne souffre jamais d'élision. » Nous croyons que la
quatrième édition a raison, même aujourd'hui ; et encore cette licence
n'est-elle permise que dans les comédies légères ou dans les vers du
genre de ceux de Béranger que nous avons cités à l'article Grand.
LETTRE... signifie encore Une épître, une missive, une dépêche.
Dans cette acception du moi' lettre^ nous regrettons de ne pas trou-
ver Lettre de Bellérophon, c'est-à-dire Lettre écrite dans l'intention
de nuire à celui qui en est porteur. — Mais il est une autre acception
du mot lettre que nous n'avons su trouver ni à Lettre ni à Mort ( ad-
jectif ou participe de Mourir)^ et qui cependant est fort usitée, c'est
LETTRE MORTE. Uue lettre morte est encore moins que le caput-mor-
tuum de la chimie; c'est une chose, un titre sans valeur. Ainsi une
couturiie tombée en désuétude; un mandat, un pouvoir révoqués; un
testament annulé par un autre postérieur, sont autant de lettres
MORTES. On emploie encore cette locution dans d'autres phrases telles
que celle-ci : Cet article du traité deviendrait une lettre morte si...,
c'est-à-dire n'aurait aucun effet, serait comme nul et non avenu.
LEVANTINE, S. f. Étoffe de soie toute unie.— Ne fallait>-iJ pas écrire
tout unie, en faisant de tout un adverbe? Voy. Humide.
LÉVITE, s. f. Sorte de vêtement. — Cette définition nous semble
bien vague. Au nord comme au midi de là France on appelle lévite
ce qu'à Paris on nomme redingote^ mot emprunté à la langue anglaise.
S'il y a quelque différence, l'Académie aurait pu dire : « Lévite, sorte
de redingote... »
LEVURE. — On devrait écrire avec un ûj balayures^ gravilrej la-
vûrCj mouchûrej ratissûre, reliure, rognure, et tous les autres mots
de cette désinence qui dérivent d'un verbe en er, parce que tous pre-
naient autrefois un e avant Vu; halayeures, graveure, laveure, etc.;
mais puisqu'on a supprimé le circonflexe dans tous ces mots, et même
dans enclouure, nouure, nous ne voyons pas .de raison pour le con-
server dans leviîre. Le mot piqûre peut faire exception, parce qu'il a
perdu deux lettres consécutives, ue : on a écrit d'abord picqueure,
puis piquûre, aujourd'hui piqûre.
LIBRE, adj. — Dans l'Almanach impérial, dans l'Almanach du com-
merce, etc., on lit que l'Institut compte parmi ses membres trente-
six académiciens libres : la classe des Inscriptions et Belles-lettres,
celle des Sciences et celle des Beaux-arts en ont dix chacune ; celle
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- 157 -
des Sciences morales et politiques en a six. On se demande donc
« Qu'est-ce qu'un Académicien libre? • et Ton en cherche Texplica-^
tion dans le Dictionnaire de TAcadéraie aux articles Académie, Acadé-
micien, Institut, et enfin à Libre; mais inutilement.
Voici les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet. Les
Académiciens libres sont ainsi appelés parce qu'ils ne sont pas tenus
de résider à Paris. Au titre d'Académicien ils joignent à peu près
toutes les prérogatives des titulaires : ils en portent le costume, re-
çoivent des jetons de présence, et ont voix délibérative même dans
les réunions des cinq classes de l'Institut ; seulement ils ne touchent
pas l'indemnité dont jouissent les titulaires, et n'ont le droit de suf-
frage dans les élections que lorsqu'il s'agit de remplacer des Acadé-
miciens libres.
LIESSE, s. f. Joie. Vieux mot qui n'est guère usité que dans cette
phrase familière, Vivre en joie et en liesse, et dans cette expression,
Notre-Dame de liesse, ^Que signifie liesse dans cette dernière phrase?
Signifie-t-il Joie, ou est-ce le nom du bourg, dans le département de
l'Aisne, où l'on fait de nombreux pèlerinages? Si c'est un nom de lieu,
il faudrait écrire Liesse avec une majuscule.
LITHARGÉ, i^E, OU UTHARGiRé, ée^ adj. Altéré avec de la litharge.
— L'étymologie arguros demandait lithargyré avec un y, L't se re-
trouve à l'article Lut : Lut gras ou d'argile et d* huile lithargirée.
LITHOTRITIE, S. f. — Ajoutez : Tie se prononce de,
LIVRET, s. m. — Dans cet article on a omig de parler du Livret de
la Caisse d'épargne dont il est fait mention à l'article Bulletin, et où
sont inscrites les sommes versées ou retirées par les déposants : « Le
bulletin qui constate le dépôt d'un livret, une demande en rembourse-
tnent faite à la Caisse d'épargne, etc. n
LOGOGRIPHE, S. m. Sorte d'énigme consistant en un mot dont les
lettres, diversement combinées, forment d'autres mots qu'il faut éga-
lement deviner. Les logogriphes ne valent pas la peine qu'on prend à
les deviner. — On regrette que l'Académie, qui ^ donné des exemples
<ie l'anagramme et de la charade, n'en ait pas donné pour le logogriphe.
Voici un mot de six lettres qui nous semble mériter d'être cité, à
cause du nombre étonnant de ceux qu'on peut en former. C'est orange,
qui est tout à la fois le nom d'un fruit et celui d'une ville, et dont on
peut faire : or (substantif et conjonction) , an, rang, ange, orage,
orge, ogre, organe, onagre, nage, rage, gare, are, en, ne; Oran et
^gen (noms de villes), Amo (rivière), Ango (célèbre armateur de
Weppe), le navire Argo^ et les verbes nager, range, rongea, grena.
-* A cette liste quelques personnes ajouteraient peut-être âge. Agé-
i^or, âne, et les verbes régna, gêna, géra ; mais nous pensons que la
substitution des lettres accentuées à d'autres qui ne le sont pas dans
le mot qui sert de type ne saurait être permise ni pour les logogri-
phes ni pour les anagrammes. Voy. Anagramme.
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— 158 —
LOI... Aimer ses père et mère, être reconnaissant envers ses bien-
faiteurs, sont des lois de la nature, — On lit de même
(à Majeur) Actuellement on est majev/r à vingt et tm ans; on ne pwrt
toutefois contracter mariage , sans le consentement de ses
père et mère, que lorsqu'on est majeur de vingt-cinq ans.
(à Préalable) Une personne majeure ne peut pas se marier sans le con-
sentement de SES père et mère, ou sans une sommation
préalable.
Si dans ces deux derniers exemples on avait cité textuellement le
Code, nous comprendrions très-bien qu'il y eût ses père et w^re^ parce
que le Code est un chef-d'œuvre de législation et non un modèle de
pureté grammaticale ; mais comme ce sont des phrases de l'Académie
elle-même, nous aurions dû y trouver son père et sa mère. L'expres-
sion ses père et mère surprend encore plus dans le premier exemple,
où aucun terme technique ne vient rappeler le Code. Voici, en re-
vanche, des phrases telles qu'elles doivent être :
(à Père) Il faut honorer son père et sa mère,
( à Nourrir ) Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère
dans le besoin,
(à Violenter) Les pères et les mères ne doivent point violenter leurs enfants
dans le choix d'un état, d'une profession.
(à Sommation) Sommation respectueuse, Acte extrajudiciaire qu'un fils de
vingt-cinq ans ou une fille majeure de vingt et un ans
sont tenus de faire signifier à leur père et à leur mère
ou à leurs aïeuls et aïeules...
On voit que même dans cette dernière phrase, qui semble rappeler
le Code, l'Académie a eu soin de mettre à leur père et à leur msre,
et non à leurs père et mère,
LONGITUDE, S. f. T. de Géogr. Distance en degrés d'un lieu quel-
conque à un premier méridien... — Longitude est aussi un terme
d'Astronomie, et se dit de la distance, en degrés *, qui existe entre un
astre rapporté à l'écliptique, et le point équinoxial du printemps.
Il nous semble que c'est ici surtout que l'Académie aurait dû parler
du Bureau des Longitudes et nous indiquer le genre de ses travaux.
Elle ne le dit pas à Bureau, et il est douteux que personne songe à
consulter l'article Annuaire , où d'ailleurs la définition est un peu
brève : « Sorte d'ouvrage que l'on publie chaque année, et qui contient...
le résultat des observations astronomiques ou météorologiques, etc. »
Elle aurait dû ajouter que le 'Bureau des Longitudes est un établis-
sement créé en 1795, dont le siège est à l'Observatoire, et qui se
compose d'astronomes, de géographes, de mathématiciens, de navi-
gateurs, et d'artistes, c'est-à-dire de constructeurs d'instruments de
précision; — qu'il est chargé de rédiger pour chaque année, et au
moins deux ans à l'avance, la Connaissance des Temps, recueil qui
1. Il aurait fallu ajouter « ou en heures » ; et même il aurait été bien de dire « la distance
exprimée en degrés, minutes et secondes de la division sexagésimale du cercle, ou en heures,
minutes et secondes de temps. » '
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donne la position respective des astres et signale les principaux phé-
nomènes astronomiques pour tous les jours de Tannée. — Le Bureau
des Longitudes publie aussi un Annmire qui contient, outre quelques
tables astronomiques, des tableaux des monnaies françaises et étran-
gères, des tables de population et de mortalité ^ et d'autres docu-
ments statistiques et scientifiques d'un usage journalier*.
LONGTEMPS.. • il y a longtemps qu'il est revenu. — L'Académie a
oublié de nous donner ici quelques exemples où longtemps soit suivi
de la négation ; en voici deux , que nous trouvons ailleurs :
(à HÉ) Hé, bonjour! il y a longtemps qu*on ne vous a vu,
(à Nouvelle) Il y a longtemps que je is'at reçu de ses nouvelles.
L.OOCH, S. m. Terme de Médecine emprunté de Tarabe. (On pro-
nonce et quelques-uns écrivent Lok.) — Si Tétymologie arabe- laïka,
lakttj lécher, donnée par Roquefort, est exacte, il serait convenable
d'écrire simplement lokj comme l'Académie le faisait précédemment..
LOSANGE, s. f.— Les mathématiciens et les géomètres donnent à ce
mot le genre masculin, et l'Académie en fait autant au mot Rhombe :
a Le losange est un rhotnbe,.. »
LUBRIFIER, V. a. T. didactique. Oindre, rendre glissant. La muco-
sité des intestins sert à les lubrifier. — Sans doute l'étymologie
lubricus et les analogues français lubrique, lubricité, réclament Vi à
la seconde syllabe de ce verbe ; cependant quelques auteurs disent
lubréfier, et cette variante se prête beaucoup mieux à la formation du
substantif correspondant qu'ils lui donnent, mais qu'on ne trouve pas
dans les dictionnaires, malgré son utilité incontestable. Ce substantif
est lubré faction, qui est plus court et nous plaît mieux que lubrifica-
tion^ dérivé nécessaire de lubrifier. — Peut-être nous demandera-t-on
pourquoi Ton ne pourrait pas dire lubrifaction aussi bien que lubré-
faction. Mous répondrons que c'est l'analogie qui veut que de lubrifier
on fasse lubrification et de lubréfier lubré faction, de même que de
pétrifier on fait pétrification et de putréfier putréfaction. Les 36 à UO
verbes terminés par ifier font tous ification dans leur substantif; clar-
rifierj falsifier, ossifier, etc., ont pour substantifs clarification, falsi-
fication, ossification. Au contraire, liquéfier, madéfier, raréfier, etc.,
font liquéfaction, madéfaction, raréfaction.
Si Ton dit raréfier au lieu de rarifier, tandis qu'on met un i à cla-
rifier, falsifier, justifier, etc., c'est évidemment parce que l'analogie
aurait exigé rarification, tandis que raréfaction a paru plus simple.
Nous réclamons le même raisonnement, la même conséquence en
faveur d^ lubréfier, qui aurait ainsi pour dérivé lubréfaction au lieu
de lubrification.
1. Lorsque Fr. Arago coopérait à la rédaction de V Annuaire, cet ouvrage contenait de plus
des notices scientifiques qui parfois ont eu un très-grand développement et qui sont restées
célèbres.
(C'est à l'obligeance de M. J. A. Barrai, directeur de la publication des OEuvres complètes
(1* Arago, que nous devons nos renseignements sur le liureœu des Longitudes. )
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— 160 —
LCi, pronom de la troisième personne. — Ce pronom ne s'emploie-
t-il qn'en parlant des personnes, comme le fait TAcadémie, et ne peut-
on pas s'en servir pour les choses? Faut-il dire
« Cette étoffe paraîtrait plus belle si on lui avait donné, ou si Ton y avait
donné Tapprôt convenable.
Cette phrase ne rend pas celle de Tauteur anglais; vous lui donnez, oa
vous y donnez un sens forcé » ?
Si lui est préférable à y^ il y a évidemment une lacune dans cet
article ; et nous croyons qu'il faut employer luij car à Leur nous
lisons : « 11 se dit quelquefois des animaux, des plantes, et même d^
choses inanimées. Ces chevaux sont rendus, faites-LEVR donner un peu
de vin. Ces orangers vont périr, si on ne leur donne de Veau, Ces murs
de terrasse sont mal faits, on ne leur a pas donné assez de talus. »
— Au mot Attacher, l'Académie dit également : « Attacher un sens,
une signification à un mot, à un terme, LUI (et non Y) donner un cer-
tain sens , une certaine signification , l'entendre d'une certaine ma-
nière. » Voy. l'article Y.
LUIRE. Je luis, tu luis, il luit; notes luisons, etc. Je luisais. Je luirai.
Je luirais. Que je luise. Luisant. Lm*. — L'Académie, et à son exemple
d'autres dictionnaires, ne donnent point de passé défini à ce verbe,
conséquemment point d'imparfait du subjonctif. Ne peut-on pas dire :
« Ce jour-là, le soleil ne luisit pas un seul instant. Il faudrait que le
soleil luisit pour favoriser nos expériences du microscope solaire » f
. LUTHÉRANISME. — On se demande pourquoi le dérivé de luthérien
n'est pas formé régulièrement comme ceux de, chrétien, arien, soci-
nien, etc, qui font christianisme, arianisme, socinianisme. Il faudrait
dire luthérianisme, et, à la lettre P, supprimer preshytéranisme, que
l'Académie donne pour synonyme de presbytérianisme, La terminai-
son anisme serait réservée pour les dérivés des mots en ain, tels que
puritanisme, républicanisme, ultramontanisme, etc, dont les radicaux
sont puritain, républicain, ultramontain.
M
MACHIAVÉLIQUE. MACHIAVÉLISME. MACHIAVÉLISTE. — Nombre
de personnes prononcent kia la seconde syllabe de Machiavel et des
trois mots ci-dessus ; mais il paraît que l'Académie veut qu'on en fran-
cise la prononciation, puisqu'elle ne dit rien de contraire.
mafflÉ, Ée, adj. Qui a de grosses joues... On dit aussi Mafflu^ ue.
— Dans les Fables de La Fontaine publiées par Walckenaèr, Aimé
Martin et Nodier, nous trouvons maflu écrit avec une seule f:
La voilà (la belette), pour conclusion,
Grasse, maflue et rebondie. (III, 17.)
Roquefort fait dériver ces adjectifs de mufle, qui ne prend qu'une f.
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— 161 —
MAGNANERIE OU AiAGNANiERE , S. f. Bâtiment destiné à l'éducation
des vers à soie, magnanier, s. m. Celui qui élève en grand des vers
à soie. — On est surpris de ne pas trouver ces mots dans le Diction-
naire de l'Académie, car l'éducation des vers à soie en France re-
monte à plus de deux siècles.
magnat. — Faut-il prononcer ma-gnat, et mouiller gn comme dans
magnanime ? Cela paraît évident, puisque l'Académie ne dit pas que
le g soit dur ; mais nous croyons que c'est contraire à l'usage le plus
général. — Pour les mots ag^iatj cognât et leurs dérivés elle dit de
prononcer le g dur.
MAIGRIR. — Nous ferons sur ce verbe la même observation que sur
grandir, c'est qu'on lui fait généralement signifier Donner une "appa-
rence de maigreur : Sa barbe longue le maigrit. L'Académie ne donne
pas cette acception. Elle n'emploie pas non plus amaigrir (actif)
dans ce sens, mais elle lui donne (comme neutre, en supprimant le
pronom personnel ) la même signification qu'à maigrir : « Devenir
maigre. Il amaigrit tous les jours. Les bœufs amaigrissaient dans
ces pâturages, au lieu d'engraisser, » Nous croyons que dans ce sens
7naigrir est beaucoup plus usité.
MAIN... A pleines mains. Abondamment, libéralement. Prendre,
donner, répandre de l'argent à pleines mains. — Il aurait fallu ren-
voyer à l'article Plein, où Ton voit que dans cette acception on peut
écrire indifféremment à pleines mainS ou à pleine main; et de plus,
que la locution à pleine main s'emploie en parlant des étoffes et du
cheval : Étoffe à pleine main, étoffe fort épaisse, moelleuse et bien
fournie. Ce cheval a.,, une bouche à pleine main, il a la bouche bonne.
MAIN-D'ŒUVRE, S. f. Façon, travail de l'ouvrier. — Ce substantif
embarrasse souvent. On se demande d'abord s'il peut s'employer au
pluriel, puisque l'Académie n'en donne pas d'exemples à ce nombre,
et ensuite comment on doit l'écrire. Nous pensons qu'on peut très-
bien l'employer au pluriel, et dire par exemple : La fabrication de
l'acier comporte différentes mains-d'œuvre; quant à l'orthographe,
elle doit être au pluriel comme pour chef-d'œuvre (chefs-d'œuvre).
MAIRIE. •• Mairie du palais. Dignité de maire du palais. Pépin avait
été élevé à la mairie du palais. — Nous croyons qu'il faut écrire
Pépin, nom propre, sans accent comme on le fait dans ces phrases,
pépin de poire, de pomme, de citron, d'orange, etc. C'est probable-
ment ici une faute typographique, puisque nous trouvons ce nom
écrit avec un e muet dans les exemples suivants :
(à Bref) Dans Pépin le Bref, il signifie De petite taille,
(à Exarchat) Pépin conquit V exarchat de Ravenne, et le donna au saint-
siège,
MAIS... sert à marquer Opposition, exception, différence. Il est
fort honnête hoinme, mais il est un peu brutal. Elle n'est pas aussi
jolie que sa sœur, mais elle est plus spiritu£lle. Cette femme est bien
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— 162 —
faite, mais elle n*est pas grande ^ — La grammaire veut qu'après la
conjonction mais on répète le sujet de la phrase, et Ton doit savoir
gré à l'Académie d'en avoir donné ici plusieurs exemples; seulement
on regrette qu'elle n'ait pas toujours observé cette règle. On trouve
ailleurs :
(à Comédien) Cet acteur excelle dans le comique, mais (il) joue mal dans
le sérieux, dans le tragique.
(à Multitude) Son système éblouit la multitude, mais (il) révolte les
esprits sages*
et en revanche
(à Agrément) Cette femme n'est pas belle, mais elle a beaucoup d'agré-
ment.
( à Composer ) La feuille est composée, mais elle n'est pas tirée.
(à Proportionner) Ce cheval est petit, mais il est bien proportionné,
MAIS... est quelquefois adverbe, dans le langage familier; et alors
il se joint toujours au verbe pouvoir par une négation * ou par une
interrogation. Je n'en puis ?nais. Ce n'est pas ma faute, je n'en suis
pas la cause. Si le fils a fait une faute, le père n'en peut mais. En
puis-je mais de vos sottises? Si cela est arrivé, enpuis-je mais? ■— Il
nous semble que ce mais, qui doit venir de magis et en être l'accep-
tion la plus immédiate, aurait dû figurer en tête de l'article au lieu
d'être placé vers la fin. Peut-être même serait-il convenable d'en
faire un article séparé.
MAJUSCULE. — Afin de ne pas trop multiplier les articles au sujet
des majuscules, nous présenterons ici divers exemples où l'Académie
n'a pas suivi de principe fixe. On nous permettra sans doute de ne
pas citer tous les endroits où nous les avons puisés ; cela nous mène-
rait trop loin.
1° Épithètes :
Charles le Bel. Louis le Gros. Saint Jean FÉvangéliste.
Philippe le Bel. Henri l'Oiseleur. Léon le Philosophe.
Philippe le Bon. Tarquin le Superbe.
Pépin le Bref. Denys le Tyran. Caton le censeur.
Charles le Chauve. - Léon Tlsaurien. Pline Tancien.
Clodion le Chevelu. Saint Siméon Stylite. Pline le naturaliste.
Louis le Débonnaire. Julien l'Apostat. Pline le jeune.
Robert le Fort. Saint Jean rAumônier. Denys le jeune.
1. L'analogie de cette dernière phrase avec les deux précédentes prouve évidemment
qu'elle devrait les suivre immédiatement, tandis qu'elle se trouve dans un autre paragraphe
où niais sert o à marquer l'augmentation ou la diminution » et dont les exemples n'eut aucun
rapport avec ceux que nous avons cités, comme on le verra par les deux suivants ; * l\on-
seulemenl il est bon, mais encore il est généreux. Non-seulement il est pauvre, mais il est criblé
de dettes, mais de plus il est aiblé de dettes ». C'est là une de ces malheureuses transposi-
tions qui sont le résultat des nombreuses corrections ou modifications ( en termes typogra-
phiques, remaniements) faites après la composition, et dont nous avons signalé quelques
exemples. ( Voy. Commencbr, Gouverner, etc.) Cependant cette transposition existait dej.i
dans la quatrième édition , et il semble qu'elle aurait dû être rectifiée dans la dernière.
2. 11 aurait été plus exact de dire par la nc/jation ne, eau: pas serait de trop ; il est remplacé
par mais.
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^ 163 --
Abraham est gpp^é 1$ PàRi 4$s croyants.
Çybèle est ç^ppelée la M^RC des dieiM)^
François /*' a été nommé le Pèkb des
lettres *.
Louis Xir fut sUmommé le Père du
peuple.
2^ Édifices, institutions, etc. :
La Bourse de Paris est un beau monu-
ment.
Hôtel des Monnaies, (à Hôtel.)
Un élèw du Conservatoire.
Jésus 'Christ est appelé le rbparateor
du genre humai»,
La Vierge est appelée la mèr^ de Die^,.
Hérodote qu*on appelle le père de Vhis-
toire.
Hercule est appelé le dompteur des
monstres.
La BOURSE de Paris est un périptère.
Hôtel des monnaies, (à Monnaie.)
Le conservatoire est une pépinière de
comédiens et d» musiciens,
3^ Titres d'ouvrages, légendes de tableaux 5
Le picTioNNAïRB de VAcaiiémie'
(à Dictionnaire,)
Les QUATRAINS de Pibraà,
Les HÉROÎDES d'Ovide,
Les CANTATES de J, B. Rousseau,
La BACCHANALE du Poussin,
La CÈNE de Paul Véronèse,
Les PLATONICIENS et les aristotéuciens.
( à Platonicien. )
Les pharisiens affectaient de se distin^
guer,,, (à Pharisien.)
Les scribes et les pharisiens, (à Scribe.)
Le Dictionnaire de l'Académie,
(à Académie.)
Les Distiques de Çaton^
Us DiALOQUEs de Platon.
Les Confessions de J. J. Rousseau *.
Le Crucifiement de le Brun.
La Descente de croix de Rubens,
U"" Sectes :
Les Platoniciens croyaient. t.
(à Réminiscence.)
Les Pharisiens portaient des fronteaux,
(à Frontbao.)
Les Pharisiens demandaient à Jésusi-
Christ... (^ SiçNE.)
Nous bornons là nos citations; mais avant de quitter cet article
nous croyons devoir faire une observation au sujet des épithètes qui
suivent les verbes appeler, nommer, surnommer, La majuscule qu'on
y a mise nous paraît n'avoir point pour but de les décorer, pour ainsi
dire, mais bien de les mieux signaler, car cette majuscule com^
mence non-seulement des épithètes ajoutées à des noms d'hommes ,
comme dans ces phrases « Un des dites de Guise fui surnommé le
Balafré ; le dictateur Fabius a été surnommé le Temporisedr», mais
encore des noms communs comme dans celles-ci « la véronique mâle,
appelée aussi Thé d'Europe...; les arcs-doubleaux des voûtes gothiques
se nomment Nervures ». D'ailleurs, lorsque l'épithète est simplement
énoncée, sans être précédée des verbes appeler, nommer, etc., elle
1. Il parait que dans certains cas on peut employai* indifféremment appelé, nommé et sur^
nommé; nous lisons : •
( à Lbttrb) Le roi François /« a été appbl* le Père'des lettret.
[k Noj^mbr) François /«^ a été aroiiMi le P^q de$ lettres.
( à PèRB ) François l^f a été suRNOjusié le Père des lettrç$,
(à Nommer) Louis XII a été nommé le Père du peuple.
(à PàBB ) Louis XII fut surnommé le Père du peuple.
«. L'Académie supprima le tint antre les psénomi abrégés /. B., J. J., êto. V07. Ohbist.
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est toujours écrite avec une minuscule : Hérodote est le père de
V histoire ; Corneille est le père de notre théâtre; et au verbe Appeler
on ne voit la majuscule, à l'exception des noms propres, que dans
cette seule phrase « Cette fleur s'appelle Anémone ». Nous pensons
donc que dans les exemples où il est parlé d'Abraham, de Cybèle, de
François 1*', de Louis XII , on pourrait aussi bien écrire les épithètes
père, mère, avec une minuscule, que réparateur, père, mère, domp-
teur, dans ceux qui concernent Jésus-Christ, la Vierge, etc. ; mais,
nous le répétons, on ne peut s'empêcher de regretter ces disparates.
MALACHITE, S. f. (On prononce malakite.).., La malachite est un
minerai de cuivre.— Pourquoi cette exception en faveur de malakite,
alors qu'on doit prononcer comme dans chien le ch de machiavélisme,
de manichéen et même de tachygraphe, etc., mots où tous les hommes
lettrés prononcent ch comme un A: ?
MAL-APPRis, adj. et s. m. Voyez le participe d' Apprendre. — Au
participe d'AppRENORE on trouve : « Fam., C'est un homme mal appris,
C^est un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation. On dit de
même substantivement. C'est un mal appris. »
Nous plaçons notre remarque ici plutôt qu'au verbe Apprendre ,
afin de rapprocher cette orthographe de mal appris employé comme
substantif {c'est un mal appris) de celle de malavisé, malinten-
tionné, et surtout de celle de malbâli et malfamé, qui sont écrits en
un seul mot lors même qu'ils sont employés adjectivement. Sans
doute dans la première phrase C'est un homme mal appris, il est bien
de détacher l'adverbe du participe ; nous pensons même que ce serait
une faute de réunir les deux mots ; mais en revanche il nous semble
bien préférable de les réunir lorsqu'ils sont employés substantive-
ment : un malappris,
MALAVISÉ, ÉE, adj. Imprudent, indiscret... C'est un homme mal-
avisé. Il a été assez malavisé pour tomber dans le piège qu'on lui
tendait, — Il est aussi substantif. C'est un malavisé, une malavisée,
— • Et à l'article Avisé : « Substantivement, C'est un mal avisé, c'est un
homme qui manque de circonspection... On écrit plus ordinairement
Malavisé, en un seul mot. »
Nous pensons qu'il faut écrire en deux mots cette locution employée
adjectivement : Cest un homme mal avisé ; et en un seul lorsqu'elle
devient substantif : C'est un malavisé.
MALBÂTI, lE, adj. Mal fait, mal tourné. C'est un homme malbâti.
On le dit aussi substantivement. Utt grand malbâti. — Voy. Bâtir.
. malcontÈnt, ente, adj. Qui n'est pas aussi satisfait qu'il espérait
ou qu'il avait droit de l'être. Il est malcontent de ses voisins. Vous ne
serez pas malcontent de moi. Il est vieux. — Si c'est mécontent qu'on
doit substituer à malcontent, l'Académie aurait bien fait de nous le
dire.
BIALEBÊTE. MALEFAIM. MALEMORT. MALEPESTE. MALFAÇON. —
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Ce dernier mot devrait prendre un e comme les autres {malefaçon);
mais l'usage a autorisé cette suppression depuis 170 ans.
WAL-EN-POINT, adv. En mauvais état de santé, de fortune... Ce<
homme a un procès fâcheux^ il est bien mal-erv-poinL — A l'article
Point nous trouvons « Mal en point. En mauvais état. Il est mal en
POINT. Ses affaires sont mal en point » sans tirets. Il est vrai que
l'Académie ajoute, ù tort suivant nous : « On écrit aussi Mal-en-point, »
MALFAMÉ, ÉE, adj. Qui a une mauvaise réputation. C* est un homms
bien malfamé. On écrit aussi mal famé en deux mots. Voyez Famé. —
Nous pensons que cette dernière variante est de beaucoup préférable ;
mal n'a point ici le sens de non, comme dans malaisé, maladroit,
malheuretùx, etc., et ne doit pas se joindre à l'adjectif. A l'article
Famé, l'Académie écrit Cet homme est mal famé , Elle est bien famée,
en deux mots , sans variantes.
MALINTENTIONNÉ, ée... Ces personnes étaient très-malintention--
nées. Il est malintentionné pour vous, malintentionné à votre égard,—
Il se prend aussi substantivement. Des malintentionnés ont répandu
cette nouvelle. Ce discours est d'un malintentionné.
Comme pour mal appris, etc., nous pensons qu'il est convenable
d'écrire en un seul mot un malintentionné, mais que ces mots pris
adjectivement doivent rester séparés. A l'article Intentionné, nous
trouvons mal intentionné (en deux mots), et l'Académie aurait dû y
renvoyer, comme elle l'a fait pour Malfamé.
MAL-JUGÉ, s. m... Il faut prouver le mal-jugé, quand on appelle
d'une sentence, d'un premier jugement. Le mal-jugé n'est pas un
moyen de cassation. — Au verbe Juger on trouve Bien jugé, sans
tiret : « Bien jugé, mal appelé; mal jugé, bien appelé... On dit sub-
stantivement dans le même sens, Le bien jugé. Maintenir le bien
jugé. » Ne serait-il pas convenable de suivre la même orthographe
pour ces deux expressions employées substantivement, le bien jugé,
le mal jugé; de mettre ou de supprimer le tiret dans toutes deux?
MALPEIGNÉ, S. m. Homme malpropre et mal vêtu. C'est un malpei-
gné. — Au verbe Peigner on lit : « Un 7nal peigné (en deux mots),
Un homme malpropre et mal vêtu. Dans cette phrase. Peigné est em-
ployé substantivement». Pour cette locution comme pour malappris,
malbâti, malintentionné, etc., employés substantivement, il vaut
mieux réunir les deux mots : Un malpeigné ^.
MAMELUK, s. m. (Pronoucez J/aw-/ow/r.) — Si, comme le disent les
dictionnaires, ce mot s'écrit ou tout au moins se prononce en arabe
mamlouk, il nous semble qu'il aurait été mieux de l'écrire en français
1. Résumons brièvement ce qui concerne les locutions adjectives ci-dessus. Malcontent et mal
famé ne s'emploient qu'adjectivement ; le premier doit s'écrire en un seul mot , comme mai-
aisé, maladroit f etc., et le second en deux mots. — .Va/ appris, mal avisé, mal bâti, mal inten-
tionné, mal peigné, s'écriront en deux mots s'ils sont employés comme adjectifs; en un seul,
s'ils deviennent substantifs.— Quant à bien jugé, mal jugé, pris substantivement, on pourrait se
borner à joindre les deux mots par un tiret ( le bienrjvgé, le mal-jugé ), comme le bien^aimé, etc.
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mamelouk que mameluk; autrement c'est créer une difficulté de pro-
nonciation dans la troisième syllabe en échange de celle qu'on a voulu
supprimer dans la seconde. On écrit en français Edimbourg, Hem-
bourg, Liùxembourg, etc., bien que les Anglais et les Allemands ne
mettent pas Va : Edinlmrgh, Hamburg, Luxenburg, eic,
MANICHÉEN. MANiCHEisiHË. — 11 paraît qu'on doit franciser la pro-
nonciation de ces mots comme celle de Machiavel et de ses dérivés,
puisque l'Académie n'en parle pas et qu'à l'article suivant, ManiOhor-
DiON, elle dit de prononcer manicordion,
MARBRE, s. m. Cela est dur, froid comme un marbre, comme marbre,
— Bien que La Fontaine ait dit (liv. V, fab. 20) :
L'un des deux compagnons grimpe au faite d*un arbre;
L'autre, plus froid que n*est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent...
nous pensons qu'il faut mettre froid comme le marbre, comme po
marbre, et nous verrons tout à l'heure que l'Académie elle-même dit
ailleurs du marbre. Les personnes illettrées emploient mal à propos
l'article un dans plusieurs comparaisons telles que Dur comme on
marbre, lourd comme un plomb, doua: comme, un miel, doux comme
UN satin, blanc comme un lait, noir comme un jais, etc., et cette der-
nière locution surtout montre l'absurdité de cet article un; ceux
mêmes qui disent noir comme un jais s'étonnent de cette comparaison,
parce qu'ils croient qu'il s'agit de l'oiseau appelé geai, qui n'est pas
noir, tandis qu'elle fait allusion au jais oxxjaiet.^On voit par là com-
bien il serait utile que dans ce genre de phrases l'Académie fît autant
que possible précéder le substantif de l'article qui doit l'accompagner.
Voici quelques-unes de ces comparaisons, telles qu'on les trouve dans
le Dictionnaire :
(à Blanc) Blanc comme neiob. Blanc comme cygne. Blanc comme ivoms.
Blanc comme lait.
(à Neige) Blanc comme neige. Plus blanc que neige , que la neige.
(à Cygne) Être blanche comme un cygne, être blanc comme cygne.
(à Ivoire) Cela est blanc comme de l'ivoire.
(à Laft) Blanc comme laft, comme du lait.
(à Noir) Noir comme jais. Noir comme de l*encre. Noir comme dd
charbon, comme la CHEiiiNéE. Noir comme un corbeau.
(à Jais) Cela est noir comme jais, comme du jais.
(à Suie) Noir comme suie, comme de la suie.
(à Doux) Doux comme du satin.
(à Satin) Avoir la peau douce comme UN satin, comme pu satoi,
(à Miel) Être doux comme miel.
(à Amer) Amer commue suie, comme de la suie, comme chicotin.
(à Coloquinte) Amer commue coloquinte.
(à Braise) Chaud comme braise.
(à Froid, à Gomme, ^ Glace) Froid comme glace.
(à Froid) Froid comme du marbre.
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— 167 —
(à II&bbrb) Cela tst dur, (Mi comme Of marbbe, comme jiaibbk.
(à Dur) Dur comme marbbb. Dur comme fer.
(à BoséE) Cette viande , cette salade est tendre comme la roséb, comme
ROSÉE.
(à Verre) Cela se casse comme UN verre.
(à Fragile) Fragile comme UN verre.
Les verres à boire sont généralement plus épais et en conséquence
moins fragiles que le verre des vitres, etc. ; ainsi il fallait dire, Cela
se casse comme DU verre, fragile comme LE verre, — A l'article Satin
on a eu tort de mettre comme UN satin, et plus encore de placer cette
variante avant l'expression correcte comme DU satin. Si quelqu'un
disait noir comme UNE suie, ce ne serait pas une raison pour em-
ployer cette locution au lieu de noir comme LA suie, comme DE LA
suie. Il est donc important de rectifier les négligences qui se sont
glissées dans quatre des exemples ci-dessus, et de mettre
(à Satin) Avoir la peau douce comme DU satin (en supprimant comme
UN satin).
( à Marbre) Cela est dur, froid comme DU marbre, comme LE marbre,
comme marbre.
(à Verre) Cela se casse comme DU verre, comme LE verre.
(à Fra«lc) Fragile comme LE verre, comme DU verre.
MAIMSUEKITE... Reine MARGUERITE, Plante du genre des Asters. On
ctUtiee la reine marguerite dans les jardins, — On demandera sans
doute pourquoi le nom de cette plante ne prend ni tiret ni majuscule,
taadis qu'on met l'un et l'autre à reine-Claude, nom d'une prune ; et
Ton sera d'autant plus fondé à faire cette question qu'à la lettre R
l'Académie met le tiret « Reine-margderite , Voyez Marguerite ».
Nous présumons que reine -Claude prend la majuscule parce que
Claude est le nom d'une reine qui aimait beaucoup oe fruit, tandis
<iue le reine marguerite serait simplement la reine ou la plus belle
des fleurs appelées marguerites ; cependant il nous semble que l'ana-
logie avec reine 'Claude (que nous voudrions écrire reine-daude, des
reines-claudes, Voy. ce mot) «et avec reine-des-prés devrait faire
écrire reine-marguerite avec un trait d'union.
MJHtiE^ALOPE. MARTIK-SEC— Qui s'avisera de chercher à Salope
et à Sec ces deux mots qui manquent à la lettre M? Nous aimerions
mieux qu'ils fussent définis deux fois, comme bon-chrétien, cogne-fétu,
juge-commissaire, etc., que de les voir à une place pour ainsi dire
perdue. Il est encore d'autres mots qui ne se trouvent qu'à leur der-
nier composant, Hé-mouture, chêne-pommier, clématite-viorne, vais-
seau-hôpital, etc., et qu'il serait utile de mettre aussi au premier
composant, en renvoyant à celui où ils sont définis.
lilAlUTAJL£ii£9îT.«. Hs ont ddné, ils ont été se promener maritale-
ment, en tête à tête. Pour ces mots, ils ont été se promener, Voy. Gon-
dolé ange;, quant à l'orthographe de la locution en tête à tête, y oy.
Tête.
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MABEON^ ONNE, adj... Néçresse marronne. --Kn mot Négresse, on
lit : Une négresse maronne ^ avec une seule r.
MARSOUIN, s. m. Gétacé du genre des Dauphins, mais à museau
obtus. — Il aurait été bon d'ajouter ici le nom vulgaire Pourceau d^
mer, qu'on trouve à l'article Pourceau.
MARTRE, s. f... On dit aussi marte. ^ Dans les premières éditions,
l'Académie écrivait marte, conformément à l'étymologie, et l'on ne
comprend pas quel motif a pu la déterminer plus tard à préférer la
variante martre, qui assurément n'est pas plus agréable à l'oreille.
— Buffon a toujours écrit marte,
MASSE, s. f. Ce qu'on met au jeu, etc. masser, v. a. Faire une masse.
^ Masse, masser, châsse et ses dérivés ou ses composés, sont les seuls
mots où une voyelle prenne un accent devant une consonne redou-
blée. Voy. Affre.
MA1TDIRE, V. a. (Je maudis, tu maudis, il maudit; nous maudissons,
voMS maudissez, ils maudissent. Je maudissais. Qu'il maudisse. Dans
tout le reste du verbe, il.se conjugue comme Dire,) — On a oublié de
mentionner les deux personnes plurielles de l'impératif, qui font maw-
dissons, maudissez, et non maudisons, maudites. De tois les compo-
sés de Dire, médire est le seul où l'on ait songé à parler de l'impératif.
ME, pronom personnel.... La particule y, unie au pronom Me, ne se
met jamais après le verbe. Vous m'y attendrez, je vous prie de m*y
mener. On ne dit pas, Attendez^m'yy menez-m'y. Grammaticalement,
il ne serait pas incorrect de dire, Attendez-y-moi, inenez-y-moi:
mais on évite ces façons de parler bizarres.
A l'article Moi on lit : « Dans le même cas (à l'impératif), le pro-
nom Moi se met après l'adverbe de lieu y, soit comme régime direct,
soit comme régime indirect. Vou>s allez à VOpéra, menez-y-moi. Vous
allez dans votre voiture, donnez-y-moi une place, (Voy. Me.) Au con-
traire, l'adverbe y, dans le même sens, se met après le pronom Nous^.
Menez-nous-y. Donnez -nous-y une place. »
A l'article Tu on lit encore : « Lorsqu'il (le pronom toi) se trouve
ainsi après la seconde personne de l'impératif, et qu'il est suivi de
l'une des particules en ou y, on élide toujours la diphthongue ot.
Va-t'en. Garde-t'en bien. Fais-t'en donner la moitié. Mets-t'y, Jette-t'y.
Il ne serait pas incorrect de dire, Mets-y-toi, jettes-y-toi ; mais on
évite ordinairement ces façons de parler bizarres. La première con-
struction n'est elle-même usitée qu'avec un très-petit nombre de
verbes : on ne dirait pas, Accroche-t'y; réfugie-t'y, etc. Il faut pren-
dre un autre tour. »
Nous .avons cru devoir réunir ces trois articles,, qui semblent se
compléter les uns les autres, pour essayer d'en tirer une conclusion.
I. Il en est de même pour le pronom vous, qu'il ne fallait pas oublier, car on lit à l'articl«
Attendre (s'), Attendez-vmiS'y ; à Fibr, v. a., Fiez-vous-y; à Tenir. Tenez-vous-y: A l'ar-
ticle Y : Rendez-vo\M-y, Fiez-wms-y, etc.
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_ 16^ -.
A Tarticle Me, TÂcadémie condamne les expressions attendez-my,
menez-m'y; à la rigueur elle accepterait attendez-y-moi ^ menez-y-
moi; cependant elle dit qu'on doit éviter ces façons de parler bizarres.
— A Tu, au contraire, elle préfère mets-t'y, jette-t'y, à mets-y-toij
jettes-y-toij qu'elle regarde également comme bizarres; mais en même
temps elle fait observer qu'il y a des verbes qui n'admettraient pas
cette construction , et que par exemple on ne dirait pas accroche-t'y,
réfugie-t'y. Il faut, dit-elle, prendre un autre tour. Mais dire a il faut
prendre un autre tour » ce n'est pas résoudre la difficulté; et si
l'Académie ne l'a pas fait, qui pourra le faire? Bon nombre de ceux
qui la consultent n'ont que des notions très-superficielles de la
grammaire, et ils seront fort embarrassés pour dire autrement que
accroche-t'y ou accroches-y-toi ; réfugie-t'y ou réfugies-y-toi; pour
nous, nous proposerons à tout hasard : Tâche, essaye de t'y réfugier,
de t'y^ accrocher; il faut t'y accrocher, t'y réfugier, etc.
Quant à l'article Moi, on a pu remarquer de même qu'elle y donne
comme bonnes les formes Menez-y-moi, donnez-y-moi une place,
qu'à l'article Me elle disait d'éviter comme étant bizarres. A la vérité
elle renvoie à cet article Me , mais sans qu'on puisse découvrir au
juste son intention, puisqu'elle y tient un langage opposé ; d'ailleurs
bien peu de lecteurs prendront la peine de tourner les feuillets. Là
cependant ils trouveraient les formules « Vous m'y attendrez, je vous
prie de m'y mener » ; c'est-à-dire, sans doute, que si l'on parle à un
inférieur, au lieu de attendez-m'y ou attetidez-y-moi , on lui dirar
Vous m'y attendrez ; si c'est à un égal ou à un supérieur, on emploiera
les formules « Je vous prie de m'y attendre; ayez l'obligeance, la
bonté de m'y attendre ». Au lieu de Vous allez à l'Opéra, menez-y-
moi, on dira : Vous allez à l'Opéra, « veuillez m'y mener, m'y con-
duire, etc. »
MÉDIAL, Ai^, adj. — On est surpris que l'Académie ne mentionne
pas un terme de grammaire aussi nécessaire que celui-là, bien plus
nécessaire que toutes les figures de la rhétorique. Elle nous parle des
lettres initiales et des finales des mots, mais elle ne donne pas le nom
par lequel il faut désigner celles qui se trouvent dans le milieu de ces
mots, des lettres médules.
MÉDUSE. — Le nom de cette Gorgone devrait se trouver ici, à cause
des phrases proverbiales auxquelles il donne lieu, et entre autres
celle-ci : Ce fut pour mai la tête de Méduse, c'est-à-dire Je fus frappé
de stupeur^.
MÉFIER (SE), DÉFIER (SE). — En lisant les articles Méfiance,
Méfiant, se Méfier, et surtout ces phrases « Méfiance est mère de
sûreté; On se méfie des autres, on se défie de soi » , on est persuadé
1. A l'article Pétrifier on lit, il est vrai : « Suivant la Fable, la tête de la Méduse avait la
vertu de pétrifier ceux qui la regardaient » ; mais cela même ne nous apprend rien pour
l'expression figurée.
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— f 70 —
qifte la déôwce est \» résxtltat d'un fonds de mod«stfe, et la m^aace
celui d'ua caractère soupçonneux. Mais en lisant les articles Défi ahge,
DÉFUNT» SB DÉFIER, on revient de s©n erreur et l'on TOit^ue défiance,
sa défier se disent également des autres et de soi-même : m Ut défi auge
e$t mère de sûreté; Avoir tme juste DÉPiArrar de ses propres forces;
C'est un hamme dont il faut se nériRR ; sb défiea de sei-même, de s€$
forées; &s défieb de son esprit, » -* Il paraît doaic qu'on peut dire itt-
diférenuneELt sb défier et se siéfibr des autres; msà» qu'en psbrUst
de soi-même il faut employer le verbe, se béfirr.
MÊLER, V. a... I^IÊLÉ, EÉ, participe. Vins mêlés. ChcDettx métis.
Œuvres méèées. Lettres mêlées^ de vers et de prose. — Nous ne parlerons
pas de la faute typographique mêlé, eé; chacun verra facilement
qu'il faut, au féminin, ée; mais nous voulons signaler la différence de
sens que présentent les phrases Vins mêlés, œuvres mêlées, et cheveux
mêlés. Les deux premières signifient qu'il y a un mélange de vins,
d^ceuvres de différentes qualités ou de différentes natures; il n'en^st
pas de même pour cheveux mêlés, car on veut dire que les chereuî
sont brouillés, enchevêtrés ies uns dans les autres. Dans plusieurs
localités on dit Des cheveux emmêlés , un écheveau emmêlé ; X)n a
EMMÊLÉ cet éckeveau en le décidant. Depuis longtemps mes douleurs
de tête m'ont empêchée de me peigner; mes cheveux sont tout emmêtlés;
et cette locution nous paraît préfHérable, en ce qu'ielTe exprime très-
bien ridée d'enchevêtrement. On devrait donc.réserver cheveux métes
pour exprimer que des cheveux blonds, roux, châtains, noirs, etc.,
ont été réunis et mêlés, ou qu'une personne a sur la tête des chereux
encore noirs, châtains, etc., tandis que d'autres sont devenus blancs.
MÉMOIRE... Poétiq., Les Filles de Mémoire , les Muses. — Le Temple
de Mémoire, le temple où , suivant les poètes , les noms des grands,
hommes sont conservés.
A Farticle Fille, on trouve, Les filles de Mémoire,, les filles d* enfer „
avec une petite f; et à Temple, à Victoire, le temple de la Gloire,. l£
temple de Mémoire, le temple de la Victoire, avec un petit t à temple.
Nous devons donc croire que dans les exemples ci-dessus il faut écrire
de même, avec une minuscule à fille et à temple, les filles de Mémoire,
le temple de Mémoire,
MENTOR, s. m. (On prononce i1/e«(ûr^) Nom propre du gauveffne«r
deTélémaque; ce nom est devenu appellatif , et se dit du gouverneur,
du guide, du conseil ^ de quelqu'un. Il aurait besoin d'un menéor.VQUi
1. Nous pensons que ceux qui prononcent la première syllabe de ce nom comme dans
menton prononcent mal ; mais nous croyons aussi que la prononciation mèn est exagérée dans
le sens opposé ; tous les dictionnaires* disent mm ou main, ca ^tù' revient au mâme, et celé
prononciation nous paraît la plus conforme à celle qui est généralement usitée. Voy. l'art In.
2. ConseilUr serait peut-être plus convenable ici, ear l' Académie* nous dit <|ite* • dana ce
sens conseil est principalement d'usage au Palai». CeU avocat est le oonseil d^un tel\ Le oomeil
soussigné est d*avis.„ Tout accmé a le droit de se choisir un conseil. »
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éé$s èiem j$%me pmar faire le mentor, H est Uur mentor. H leur sert de
mentor^.
Nous aTons difléré jusqu'Ici de faire une rematxiue «ur les noflis
propres devenus appelbttifs ou noms communs, ou bien employés
figurément, familièrement, métaphoriquement, par antonomase, par
allusion, etc., car l'Académie emploie ces diverses expressions; nous
avons, disons-nous, différé notre remarque sur les noms propres afin
de pouYOîr opposer l'un à l'autre deux noms où les termes de la défi-
nition fussent absolument les mêmes. — Mécène^ Narcisse, Tabarin,
sont des noms derenus appellatife comme Mentor et Stentor, et ce-
pendant les trois premiers sont écrits avec une majuscule (le Mécène,
un Narcisse^ un Tabarin)^ et les deux derniers avec une minuscule
{un mentor, une voix de etenlor * ) ; Œdipe est devenu un nom commun
c^nme Nicodéme, et pourtant l'Académie écrit un Œdipe et un
nicodème.
D'un autre o6té, il y a des noms communs qui se personnifient,
comme dans cette phrase de PAcadémie « la déesse de la paix , ou
simplement, la Paix ». Mais pour cette catégorie de mots encore 11
n'y a pas plus de principe ûxe que pour les noms propres ; ainsi, à
l'article Vérité l'on trouve : le flambeau de la Vérité, le miroir de la
Vérité (grand F), et à Flambbau, Miroir, le flambeau de la vérité, le
miroir de la vérité (petit v)\ à Temps, la faux du Temps (grand T)\
à Faux, la faux impitoyable du temps (petit t)\e\. même, sans sortir
de Taçticle Personnipicatiow, on voit: «La Mollesse (grande M) dans
le Lutrin, est une personnification » ; et « On dit par personnification.
Être dans les bras de la mort (petite m), du sommeil (petite «)• »
Mais ce qui étonne surtout, c'est de ne pas trouver dans le Diction-
' naire de l'Académie des noms qui se présentent chaque jour dans la
conversation : un excellent automédon, un petit cupidon, un pauvre
esculape, un beau ganymède, une charmante hébé^, un vrai gargan^
tm, un vieil harpagon, un véritable eldorado; c'est un vrai don Qui-
cholte; c'e&t dn donquichottisme tout pur; voilà votre sosie qui passe.
Tous ces mots sont, croyons-nous, plus connus et surtout plus inté-
ressants que architriclin, chiaoux, colao, icoglan, potron^jaquet Qt
potronr-minet, tarare-ponton, etc. ^ Les écuries ou plutôt les étables
d'Augias, le tonneau des Dandides, une lettre de Bellérophon, la tête
de Méduse ^,ls boîte de Pandore, le lit de Procruste ou Proeuste,etc.,
sont aussi des expressions qu'on emploie tous les jours au figuré ; et si
l'Académiç ne jugeait pas à propos de mettre ces divers noms à leur
l. Le moyen le plu5 simple pour faire de mewlor un nom commua était peut-être de l'ac-
compagner d'un adjectif tel que ceux-ci : Vous avez là un excellent mentor. Cet homme est
'« mbillbu» mentor qu'il put donner à son fils.
3- L'Académie écht Un orgueil de Satan ( grande S) ; 11 nous semble que par la même
raison il faudrait Une voix de Stentor, avec une grande 5.
3. Hébé et Ganymède sont à Nectar , mais comme noms propres.
*• Méduse est à Ooroone et à Pétrifier.
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rang alphabétique, il semble qu'on devrait du moins les trouver aux
articles Écdrie ou Établb, Tonneau, Lettre, Tête , Boîte , Lit, etc.,
comme à Fil, à Toile, on trouve le fil d'Ariane, la toile de Pénélope.
Dans le' cours du Dictionnaire nous avons bien trouvé le Léthé,
fleuve d'oubli (à Oubli), le noir Styx (à Onde et à Noir), et rimpur
Cocyte (à Onde); mais nous n'avons vu nulle part ce Phlégéthon qui
roulait des torrents de flammes. — Nous avons également trouvé
Caron (qui devrait s'écrire Charon comme Charyhde)^ Bacchus et
Cérês, Flore et Zéphire (ou plutôt Zéphyre), Thélis et Pelée, Castor
et Polltix, Ulysse et Pénélope, Médée et son émule en magie Circé,
la chèvre Amallhée, etc. ; mais nous aurions désiré voir aux articles
Juge ou Enfer les noms de Minos, d'Éaqite et de Rhadamanthe, —
Nous aurions aussi voulu trouver Polypkème aux articles Antre ou
Cyclope, Triptolème à I'Agriculture. — Charybde est à sa lettrine,
mais non Scylla, — Le serpent Python n'est même pas mentionné à
l'article Pythique , bien que les jeux Pythiqvss ou Pythiens aient été
institués en mémoire de la victoire d'Apollon sur ce monstre. — On
a omis les jeiujo Isthmiques ou Isthmiens, qui étaient solennels dans la
Grèce comme les jeiix Néméens, Olympiqvss et Pythiques. — Le Mi-
notaure méritait d'être nommé comme l'ont été le Sphinx, les Cen-
taures et les Cyclopes, — On s'attendrait sans doute à voir les douze
grands dieux aux articles Dieux ou Divinités , mais ils sont à Olym-
pien. — On nous a donné les noms des Furies, des Gorgones, des
Grâces, des Parques, même ceux des Sirènes et des Harpies, mais nulle
part nous n'avons su découvrir ceux des Muses.
Passons à l'orthographe des noms. Nous nous demandons pourquoi il
faut écrire avec une majuscule C'est un Adonis, une Agnès, un Argus,
un Caton, un Céladon, un Crésus, un Hercule, un Mécène, un Narcisse,
un Nestor, un Œdipe, un Sardanapale, un Zoïle,^t surtout un Syba-
rite, un Bu^céphale, tandis qu'il faut mettre une initiale minuscule à
C'est un cerbère, un claude, un jocrisse, une amazone, une mégère,
un mentor, un mirmidon (ou plutôt myrmidon), un nicodème, un
olibrius (ou mieux olybrius), un protée, etc.; — un habile Aristarque,
nos modernes Aristarques, un orgueil de Satan, et une voix de stenr-
tor; — c'est un Gille, un vrai Gille, un Pasquin, un Tabarin; et, c'est
un pantalon, un vrai trivelin, un turlupin, un vrai turlupin; — c'est
un Iroqv^is, un fin Normand, un Vandale, un grand Vandale; ce sont
de véritables Velches; et, c'est un franc allobroge; c'est un arahcy un
gascon; cet homme n'est pas grand grec; c'est un ostrogot, fie dernier
nom n'a pas même Vh que réclame le radical.
On ne pourrait pas objecter qu'on a écrit un Narcisse avec une ma-
juscule pour prévenir toute équivoque avec le nom de là fleur, car
alors il aurait fallu la mettre aussi dans C'est un pantalmi^, pour em-
1. Nom d'un personnage de la comédie italienne qui s'emploie figurément et familièie-
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pécher toute équivoque avec le nom du vêtement.— A l'article Arle-
Quiwnous trouvons Un habit d'arlequin par un petit a; mais à l'article
Habit, il y a Habit dArlequin, de Polichinelle, avec des majuscules.
Pourquoi encore commencer par une minuscule les centaures , les
cyclopes, les faunes, les satyres, les sylvains, les naïades, les sirènes,
les harpies, les saturnales, tandis qu'on emploie une majuscule pour
les Argonautes, les Pygmées, les Euménides ou Furies, les Gorgones,
les Grâces, les Parques, les Bacchanales ^ et les Panathénées ?
Il est des noms pour lesquels on est fort embarrassé; comme l'Aca-
démie n'a pas donné d'exemples pour le sens propre, on ne sait s'il
faut les écrire avec une majuscule ou une minuscule. Cependant l'or-
thographe de quelques-uns nous est enseignée dans d'autres articles ;
ainsi nous trouvons :
( à Pelte) Dans les bas-reliefs antiqttes, les Amazones sont ordinairement
armées de peltes,
(à Lazzi) Lss lazzi ^'Arlequin.
(à Pisser) C'est Jocrisse qui mène les poules pisser.
(à Botte) Par allusion au personnage de I'Ogre, dans le conte du Petit
Poucet.
(à Foudroyer) Jupiter foudroya les Titans.
(à Foudroiement) Le foudroiement des géants (petit g),
(à Renaissance) La renaissance du phénix (petit p) est une fable.
Quant à Bacchante, l'Académie nous le donne écrit de deux ma-
nières : (Jans les deux premières phrases elle y a mis une majuscule,
dans les deux autres une minuscule :
(à Pampre) Les Bacchantes entouraient leurs javelots de pampre et de
lierre,
(àTHYRSE) Javelot... dont les Bacchantes étaient armées.
(à Bacchanale) Représentation d'une danse de bacchantes et de satyres.
{khk) Là u/ne trowpe de bacchantes , ici un groupe de jeunes gens.
Nous présumons qu'il faut commencer par une grande lettre, le
Bucentaure, le Cotisée, etc., et par une petite. Une lamie, les larves,
les lémures, les lupercales, les na^ées, les néréiàes, les oréades ^, etc.;
mais nous ne savons quelle orthographe suivre au sujet de Une ma-
riiome, un mercure, etc.; faut-il y mettre une majuscule comme dans
un Argus, ou une minuscule comme dans Un mentor ^ f
ment pour signifier Un homme qui prend toute sorte de figures , et qui joue toute sorte de
rôles pour arriver à ses fins.
1. L'Académie écrit « Célébrer les Baeclianales (grand J9), et Célébrer les orgies ( petit o).
2. Quant à nous , nous écririons Napées, Néréides, Oréades, et aussi Naiades, Sirènes, etc.
3. Nous sommes à peu près certain qu'il faut écrire avec de petites initiales earrare (mar-
bre de Carrare), sassenage et carUal (fromages de Sassenage en Dauphiné et du Cantal en
Auvergne) comme angora, gruyère, roquefort, pancaliers, moka, etc. ; mais il n'en est pas
moins vrai que l'Académie aurait dû mettre des exemples aux articles Carrare , Sassenagb
et Cantal , comme elle l'a fait pour les autres mots que nous venons de citer, afin que le
lecteur n'eût aucun doute sur l'orthographe à suivre. — Sous ce rapport on regrette qu'elle
Q'ait pas même mentionné dans son Dictionnaire le mot cognac, qui est d'un usage journa-
lier, et que bien des personnes écrivent avec une majuscule. Nous en dirons autant pour la
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Zl serait bien à désirer que TÂcad^ie posÂt des ràgles fixes pour
trancher toutes ces questions.
Maintenant nous allons citer quelques locutions familières sur les-
quelles il parait n'y avoir aucun doute, parce que TAcad^ie y est
généralement d'accord avec elle-même :
du sedan, du iouviers, de Velbeuf (pour, du drap de Sedan, de Lonvieni,
d'Elbeuf).
du nankin (toile de coton qui se fabrique à Nankin).
du pékin (étoffe de soie fabriquée à Pékin ou en Chine).
de belle mcUines brodée (dentelle originairement fabriquée à Malines).
une tenture, une robe de perse (toile peinte qui vient de Perse).
- du masulipatan (toile de coton originairement fabriquée à Masulipatam • ).
un caudebec (un chapeau de Caudebec).
un meuble, un lit de damcts (espèce de satin à fleurs et à deux eiiren,
originairement fabriqué à Damas).
ce sabre est un vrai damais (fabriqué k Damas),
une olinde (lame d'épée fabriquée à Olinde, ville du Brésil)*
un angora (chat à poils longs et soyeux, originaire d'Angora).
du gruyère, du roquefort (du fromage de Gruyères, de Roquefort).
des brignoles, du damas (des prunes de Brignoles, de Damas).
un pancaliers (un chou de Pancaliers*, ville du Piémont).
du moka ( du café de Moka ' ).
du curaçao ( liqueur où il entre de Técorce d'oranges amères qui croissent
à Curaçao, Tune des Antilles ).
du garus (de l'élixir de Garus).
du mithridate (antidote qu'on attribue à Mithridate).
Par analogie on écrit aussi , bien que l'Académie n'en donne pas
d*exemples, du bordemix, du bourgogne, du Champagne, etc., pour Du
vin de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne.
Voici encore quelques phrases de l'Académie où se trouvent des
noms modernes :
Fusée à la Congrève, cafetière à la Dubelloy,
potage à la julienne, sau>ce à la béchamel *, sauce-Robert;
,^«?« „î^«* /^ quinquet (qui devrait s'appeler argand ou lampe à l'Ar-
Hileneienne (dentelle fabriquée à Valenciennes ) , qui jouit d'une grande ré-
léritait d'être citée puisqu'on a consacré un article à la malines.
om propre a été modifié, comme masulipatan, fftUnçfan, macadam, etc., aa
itam, Guingamp, Hao^Adam, il doit naturellement commencer par une mi-
conserre Vt finale du nom dans du louvierst un pancaliers, de la malines;
dans du gi'uyère, une brignole.
3nt la majuscule lors même que le de est supprimé : café Moka, café Bourbon.
B appelée cachemire, elle l'écrit par un petit c, même «n employant la prépo-
*be de cachemire, un châle de cachemire,
ble que le même principe qui fait généralement écrire , Un métier à la Jac-
oe à /'Aroand, et qui a fait écrire par l'Académie, Fusée d la CoMaRfcvB,
[JBBLLOY, demandait une majuscule à julienne et à béchamel ( potage à la
r à la BicHAiiBL ), car ces phrases signifient, A la façon , à la manière de
chamel. — Il faudrait également employer la majuscule dans lès locutions
sauce Béchamel, comme l'Académie l'a fait pour café Moka, café Bourbon,
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g(md^ nom du Téritableinveoteur); unjaqtéemart (corruption du nom
de rmventear^ lescques-Mare); le stras {qu*il vaudrait peut-être mieux
écrire strass^ puisqu'on prononce deux s et que l'inrenteur se nom-
mait, dit-H>ii, Strasze}, et le nonim {que TAcadémle aurait aussi peut- ^
être mieux fait d'appeler pemier, puisque tel paraît être le nom de
l'inventeur). — On voit par là que sir William Ctmgreve et MM. Di^
helloy, Robert sont plus favorisés que leurs émules en inventions;
leurs noms sont ornés d'une BEmjuscutev
Dans les nouveaux dictionnaires on trouve de plus : le macadam^
méthode de pavage où l'on emploie le granit concassé, et qui a été in-
veHtôe par Mac-Adam ; wfi muU-jenny (appareil employé dans le filage
du coton, ainsi appelé, dit-on, de Jenny, femme de l'inventeur); un
jaequm't ou jacquard (ou métier à la Jacquartj nom de l'inventeur),
mêtîép à tisser des étoffes de soie brochées. — On dit souvent une
chaptalj pour Une cafetière à la Chaptal ; un£ carcel pour Une lampe
de Carceï; mais on ne dit pas une papin pour Une marmite à la Papîn.
Nous pourrions ajouter encore quelques noms de pays dérivés de
ceux des navigateurs qui les ont découverts : V Amérique, ainsi appe-
lée du prénom d'Améric Vespuce, bien que le véritable découvreur ftlt
Christophe Colomb; — • la Colombie, qui reçut ce nom en l'honneur de
ce même Colwnb; — la Tasmanie, découverte par Tasman; — la
Diëménie, ou plutôt la Terre de Diemen, ainsi appelée du nom de van
DieHieo, gouverneur de Batavia*, etc.
Anmti et SPradirmrius étaient de célèbres luthiers ; Aide Mœnuce,
Elzévir, Estienne^ de célèbres imprimeurs, dont les noms ont été
donnés à leurs œuvres typographiques ; mais les lexicographes ne
sont d'accord ni outre eux nî avee eux-mêmes sur l'a manière d'écrire
ces noms^ ainsi appliqués; te! écrit lesamatis (petit a) sont fort rares,
et cemotmt est un Straxiwartu;s (grande S); tel autre, c'est un Aide,
une eMection d^ Aides (grand ^4), et bei elzévir, la collection des elzé-
virs (petit e), et^. IVous pensons qu'il serait mieux de suivre pour ces
anciens notas M règle qu'on suit pour les nouveaux, et d'écrire un
stradivarius, un aide, comme on écrit un jacqu^art, le stras, une
chaptal et une carcel.
Enfin à rartîcle MMtre rAcadémie écrit maître Mcques, et maître
gonin, maître aliboron\ Gonin est un nom d'homme aussi bien que
Jacquss; seulement Mcques est un prénom de tous les temps, tandis
que gonin (petite), est ua nom de famille, et le personnage qui a
1. Quelque» géographes donnent indifféremment les noms de Tasmanie ou de Terre do
Diemen à l'tle située au sud de la Nouvelle-Hollande, dont elle est séparée par le détroit de
Bass.
i. « Plg'. ef fam., MaAfire Jacques, homme qui réunit plusieurs emplois dans une maison. //
est à la foi» etBisiniet", valet de cftambre, cocher; c'est un maître Jacques. » — « Prov. et en mau-
vaise part, Maître gonin, homme rusé, fin et adroit. Ce sont des tours de maître gonin. » —
€ Pop., Mcdtre aHboron, homme ignorant, stnpide, ridicule, qui ne se connaît en rien. C'est
un maitre aliboron. » ( Académie. )
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donné lieu à cette locution était un adroit escamoteur du temps de
Louis XIV. Cette différence dans les dates ne nous semble pas suffi-
sante pour en mettre une dans Torthographe. — Quant à aliborm,
dans maître aliboron^ il s'écrivait autrefois aliborum; et quelle qu'en
*soit l'étymologie ce n'était qu'une épithète ^. Depuis qu'il a été em-
ployé par La Fontaine (liv. I, fab. 13) ,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maitre cUiboron,
il ne se dit plus que de l'âne ou d'un âne.
MÈRE... Grand'mère^ Aïeule... Populairement, on dit quelquefois
Mère-grand. — Ne devrait- on pas, dans cette inversion, maintenir
l'apostrophe et écrire mère-grand', nos mères-grand' j comme l'Acadé-
mie écrit gard' à l'article Dieu dans cette phrase : Dieu vous garde
ou vous GARD' ?
MÉRIDIONAL, ALE, adj... Les peuples méridionaujo, — L'Académie
a mis ailleurs les Septentrionaux, les Orientaux, les Occidentaux; il
aurait été convenable de mettre également ici « On dit aussi, substan-
tivement, les Méridionaux, »
MÉRIDIONAL, ALE... Pôle méridional. Amérique méridionale.—
Peut-on dire le pôle méridional comme on dit le pôle sud? Sans
doute on dit indifféremment le pôle septentrional et le pôle nord;
mais nous avons un scrupule au sujet de l'expression pôle méridional^
bien qu'elle soit consacrée par l'Académie, et nous aimerions mieux
pôle sud, pôle antarctique, qu'on trouve à l'article Sud {le pôle sud,
le pôle antarctique). Il nous semble que méridional est un terme re-
latif à notre hémisphère, et dont la signification s'arrête aux pays
situés sur la ligne équinoxiale, pour recommencer en sens opposé au
pôle antarctique ou sud et s'arrêter également à la ligne. Nous croyons
que c'est une faute de dire le pôle méridional comme il le serait de
dire, par exemple, que la Patagonie est située au midi de la répu-
blique Argentine, que la Nouvelle-Hollande est au midi de la Nouvelle-
Guinée.
MÉRINOS. — Ajoutez : On fait sonner l'S.
MÉisAiR ou MÉZAIR. Allure du cheval , qui tient le milieu entre le
terre à terre et les courbettes.— Nous croyons que la variante Mézair
aurait dû figurer la première, comme étant la plus conforme à l'éty-
1. Suivant Huet, le surnom de maître aliboron fut donné à un avocat ignorant qui , plai-
dant en latin et voulant dire que sa partie adverse n'était pas recevable dans ses alibi (ou
peut-être mieux, alibis), s'écria : Nulla ratio habenda est istarum aliborum. Le mot est resté,
et dès lors il a servi à désigner un homme ignorant , un âne.
2. L'expression pôle aitstral ne nous satisfait pas non plus complètement, car la tempéra-
ture de ce pôle est encore plus froide que celle du pôle nord, et le mot austral nous semble
devoir être réservé en géographie pour les pays chauds , comme il l'est en botanique et en
zoologie : animal austral, plante australe; les noms de continent austral, d'Australie,
à! Australasie (Asie australe), donnés à des contrées qui sont près de la ligne, condamnent en
quelque sorte celui d'hémisphère austral et surtout celui de pôle austral.
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mologîe italienne (mezz^ aria^ allure moyenne). L'orthographe mes
semble avoir dans ce mot la même valeur que dans mésalliance, més-
aventure, etCj, ce qui trompe sur la signification qu'il a réellement.
MÉSAVENIR, s. f. Il a le même sens que Mésarriver. Votre cause est*
bonne, il ne saurait vous en mésavenir, — Au lieu de « s. f. », lisez
« verbe neutre ».
MESSIRE, s. m. Titre d'honneur... Poire de Messire Jean,Vo\ve de
couleur rousse, qui est cassante et fort sucrée, et qui est mûre en
octobre ou en novembre. Compote de poires de Messire Jean.
Nous ne parlerons pas de l'humble dame- Jeanne , mais nous
opposerons la prune de reine-Claude à la poire de Messire Jean, et
nous demanderons pourquoi Messire prend une grande M, tandis que
reine s'écrit avec une petite r; puis, pourquoi un tiret entre reine et
Claude, et point entre Messire et Jean; puis encore, pourquoi l'on peut
dire simplement une reine-Claude (en supprimant prune de) et non
m Messire Jean (en supprimant poire de); et enfin, pourquoi l'on
n'écrirait pas un messire-jean et une reine-claude, avec des minus-
cules, et des messires-jeans, des reines-claudes, comme on écrit des
saints-germains .
MESURE... A fur et à mesure, à fur et mesure. — Ici il manque
l'expression au fur et à mesure, qui est à l'article Fur. Voy. ce mot.
NÉTONOMASIE, S. f. T. didact. Changement de nom propre par la
voie de la traduction, comme Mélanchton, fait de deux mots grecs,
pour Schwarzerd, qui, en allemand, signifie Terre noire ; Ramus, pour
la Ramée ; Métastase, fait aussi de deux mots grecs, pour Trapassi.
A l'article Gréciser l'Académie dit « Métastase est le nom de Tra-
passo, grécisé. » Ici elle dit Trapassi, et nous croyons devoir préférer
cette variante, qui seule se trouve dans tous les dictionnaires que
nous avons consultés.
Le célèbre ami de Luther écrivait-il son nom primitif Schwarzerd *
ou Schwartzerde, comme le veulent la plupart des biographes ? Nous
pouvons laisser cette question à vider aux savants ou plutôt aux
érudits. Quant au nom grec, l'orthographe Mélanchton ne nous î)araît
pas régulière : le ch appelle après lui un th et non un simple t, comme
on le voit dans autochthone, ichthyologie et ichthyophage, Chthonie,
Érechthée, Érichthonius, Érysichthon, etc. Il en est de même du ph :
dphthe, apophthegme, diphthongue, ophthalmie, phthisie, Phthio-
^ide, etc. — A cette règle il y a une exception , naphte. Voy. ce mot.
MEUBLE... Acheter des meubles à un inventaire. — Au mot Inven-
taire , on lit : « Inventaire signifie quelquefois, par extension , Une
1. Noos savons que la mode actueUe tend à supprimer dans les mots et même dans les noms
demanda le ( qui précède le z; ainsi dans le grand dictionnaire de La veaux on a mis quarz,
l^neux, au lieu de quartz, quartzeux. Quant au nom de Leibnitz, qui jusqu'à ces derniers
temps s'était écrit avec tz, M. P. Hoefer, directeur de la Nouvelle biographie générale de
^« I>idot, affirme que tous les autographes qu'il a vus de cet homme célèbre sont signés
LWBNIZ.
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vente de meubles inventoriés par un officier ministériel. Ilya tmtn-
venlaire sur telle place publigtce, dans cette maison-là. J'ai acheté
cela à un inventaire. Ce sens vieillit : on dit Encan. — On se demande
^pourquoi TAcadémie a employé inventaire au lieu d'ewcow dans cet
article Meuble. Voy. Bien.
MIDI... // est midi, midi et demi, midi un quart, midi trois quarts.
A l'article Minuit on trouve « Minuit et demi, A minuit un quart yi;
— à Quart « Deux heures et un quart, Deu^ heures un quart. Deux
heures trois quarts » ; — mais à Tiers on lit « Deu^x aunes et un tiers.
Trois aunes et deux tiers ». Assurément nous préférons l'emploi de
la conjonction , et nous ne voyons pas pourquoi on la supprimerait
devant un quart, trois quarts, plutôt que devant demi ou demie, un tiers
et deu^ tiers, A l'article Aune on trouve une ellipse plus forte encore»
celle de « et un » : « demi-aune demi-qitart ».
MILLE-FEUILLE, S. f. Plante de la famille des Radiées, ainsi nommée
parce que ses feuilles sont découpées très-menu... — Il nous semble
que si l'on ne veut pas écrire mille-feuilleS comme on écrit mille-
fleurS et mille-piedS, il faudrait réunir les deux mots {millefeuîlle)
comme dans chèvrefeuille, qui autrefois s'écrivait chèvre -feuille, et
dans quinte feuille, que l'Académie a toujours écrit ainsi.
MIMOSA, s. f.— L'Académie donne le genre féminin à ixia, mimosa,
opuntia, et le genre masculin à acacia, althœa, hecabunga, cobœa,
cochléaria, dahlia, datura, hortensia, etc. Les botanistes, et entre
autres de Gandolle, donnent le genre masculin à toutes les plantes
dont le nom se termine par a; il serait à désirer que l'Académie suivît
le même principe.
MINIATURE. (On prononce ordinairement mignature,) —Nous croyons
qu'on devrait écrire mignature, comme Buffon; ce mot vient évidem-
ment de mignon ou de mignard, et non de minium, puisqu'on peut
faire des miniatures sans employer la moindre parcelle de cet oxyde,
auquel on substitue très-bien la laque, le carmin, etc. Les diverses
acceptions de ce mot confirment notre opinion : c'est la finesse, la
délicatesse de ce genre de peinture qui lui ont valu ce nom, qu'on
applique également aux ouvrages de littérature faits dans de petites
proportions, aux objets d'art de petite dimension et travaillés avec
délicatesse, et même aux personnes ou aux choses petites et déli-
cates, etc., comme dans les phrases suivantes : Il a donné une des-
cription en MINIATURE de toutes les parties du globe. Cette boite est une
vraie miniature. Cette personne est une jolie petite miniature. L'oiseau-
mouche, cette charmante miniature... Ce joli animal (le perrito fino)
peut être considéré comme une miniature du barbet. On la prendrait
(la couronne du roi des gobe-mouches) pour la miniature e/^t^ne
qy>eue de paon. Dans toutes ces acceptions, l'orthographe MIGNATURE
serait donc plus en harmonie que l'autre avec la véritable significa-
tion du mot.
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— 179 —
MINIJIT, S. m. -^ Accolé au mot carême ou aux noms de mois, mi
prend le genre féminin : la mi-earéme, la mi-janvier , la mi-août, la
mi-septembre j, etc.; réuni au mot nuit, qui est féminin, il prend le genre
masculin : Sur le minuit; minuit sonnant, minuit sonne, minuit et
demi. Quelle bizarrerie!
MiRMiDON, s. m. (Quelques-uns, pour se conformer à Pétymologîe,
écrivent Myrmidon). — Nous croyons que les quelques-uns dont parle
l'Académie forment la majorité, et que ce mot aurait dû conserver Vy.
BIOBILE, adj. des deux genres... Mobile, substantif, signifie aussi
La force mouvante. Veau est le mobile de cette machine, — Nous
croyons que dans cette acception du sens propre on ne dit plus guère
que' moteur, et qu'il aurait été convenable de mentionner ici ce mot,
puisque nous lisons à l'article Moteur : « Moteur, en termes de Méca-
nique, signifie Mobile, ce qui imprime le mouvement. L'eau, le feu
est le premier^ moteur de cette machine. Le moteur doit être propor-
tionné à l'effet qu'on veut produire. »
MOBILE... Fig., Premier mobile, se dit d'une personne qui donne le
mouvement à une afl*aire, à une association. Un tel est le premier
mobile de cette affaire, de cette conjuration. — Nous croyons égale-
ment qu'au lieu de premier mobile on dit plutôt promoteur, et qu'il
aurait fallu mentionner ce synonyme, qui est admis par l'Académie :
« Il (promoteur) se dit aussi de celui qui donne la première impulsion
pour* quelque chose. Ce prince fut le promoteur de la guerre. Il fut
le PROMOTEUR de cette querelle. Il fut un des plus ardents promoteurs
de la réforme. »
NOBILIAIRE, adj. f. Qui consiste en meubles, ou qui concerne
cette nature de biens. Propriété, richesse mobiliaire. Contribution,
imposition mobiliaire. — Mobilier, ère, adj... Succession mobilière.
Succession ou portion de succession qui consiste en meubles.
Puisque mobiliaire et mobilier, ère, signifient Qui consiste en meu-
bles, pourquoi n'écrirait-on pas propriété, richesse mobilière, et
même contribution, imposition mobilière, comme succession mobi-
lière? Il n'y aura jamais que les notaires et les membres du barreau ,
qui sauront établir une différence dans la valeur de ces deux variantes.
MODÈLE... se dit aussi, en Sculpture, de la représentation en terre
ou en cire d'un ouvrage qu'on se propose d'exécuter en marbre ou
en quelque autre matière. Modèle de terre, de cire. — Il se dit égale-
ment de la représentation en petit d'un objet qu'on se propose d'exé-
cuter en grand. Le modèle d'un édifice. Modèle de plâtre, de stuc, de
bois. Le modèle d'une machine. Modèle de vaisseau, de canon.
L'Académie a toujours employé la préposition de pour exprimer le-
1. Nous croyons qu'il fallait dire simplement l*eau... est le motew..., ou bien, Ujnineipal
«otettr, et non , U premier moteur.
2. Ne dit-on pas plutôt : donner l'impulsion , la première impulsion à quelque chose ,
<2<Hnme on dit : donner le mouvement à .* A l'article Impulsion nous ne trouvons aucun com-
plément, ni pour le ses» propre ai au figuré.
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^
— -180 —
« rapport particulier d'une chose à la matière dont elle est faite. Une
porte DE bois. Un pont de pierre. Une barre de fer. Une tabatière ui^or.
Une table de marbre. Un habit de drap,,, » Il nous semble cependant
qu'on pourrait dire : Il faut là une porte bien épaisse, en bon chêne.
Je voudrais une belle table en a^cajou plein. Il aune magnifique armure
EN noyer sculpté » , et encore Un modèle en terre, en cire, c'est-à-
dire exécuté en terre, en cire. Nous avouons même qu'on est quelque
peu surpris de voir de exprimer deux rapports aussi différents que
ceux-ci : Modèle de vaisseau, de canon, et Modèle de plâtre, de stuc,
de bois *. Nous aimerions également mieux en dans cet exemple :
(à Terre) Les sculpteurs font leurs modèles de terre.
Enfin il nous semble qu'il doit être permis d'employer en au lieu
de la préposition de lorsqu'il peut résulter de l'emploi de cette prépo-
sition une équivoque fâcheuse comme dans la phrase suivante : Un
pivot D^acier fondu qui tourne sur un grain de cuivre logé dans la
crapavdine. Ici grain n'a pas la même signification que dans^mmcfe
sable, de sel, de plomb, etc.; c'est le nom d'une petite pièce de métal
dont la forme approche de celle d'un grain d'orge, et l'on en fait avec
de l'acier, du cuivre, etc. Nous pensons donc que l'auteur de cette
phrase a fait très-sagement de dire : Un pivot en acier fondu qui
tourne sur un grain en cuivre,,,
MODISTE, s. des deux genres... Un modiste. Une modiste, — On est
aussi surpi^is de trouver dans le Dictionnaire de l'Académie Un mo-
diste, qu'on l'est de n'y pas voir un laitier, une funambule, une her-
boriste, etc,
MOI... entre aussi dans le sujet de la phrase, lorsqu'il est joint à
d'autres mots qui forment le sujet. Son père, sa mère et moi le lui
avons défendu. Mon avocat et moi sommes de cet avis, -- On trouve
encore à l'article Sans :
Il s'en est emparé sans que mon frère et moi nous en soyons aperçus.
Mais nous croyons qu'il est mieux de mettre avant le verbe un pro-
nom pluriel qui résume les pronoms employés précédemment, comme
on le trouve dans les exemples suivants :
(à Moi) Votts et moi nods sommes contents de notre sort,
(à Tn) Toi et moi nods avons fait ce que nous devions,
Id, J*ai appris que toi et lui, que toi et ton frère vous partiez bientôt»
et nous mettrions le pronom nous dans cette phrase
Lui et moi nous irons à la campagne,
aussi bien que dans celle-ci, qui n'en est qu'une inversion :
(à Moi) Nous irons à la campagne lui et moi,
1. Nous ne pensons pas qu'on paisse dire Un modèle de canon db bois, de statue ob terre,
de figure db cire , pour exprimer que le modèle de canon , de statue ou de figure est fait
avec du bois, de la terre, de la cire ; d'ailleurs on risquerait beaucoup de n'être pas compris,
tandis qu'on le sera parfaitement, croyons-nous, en disant Un modèle de canon {îadt, exécuté)
BN bois; un modèle de ttcUue sa terre; un modèle de figure bn cire.
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MOI... Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se
met par redondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit.
FaiteS'MOi taire ces gens-là, Donnez-leur-uoi sur les oreilles. — On
trouve ailleurs :
(à Explétif) Prenez-noi ce flambeau,
Id. Je vous le traiterai comme il le mérite,
(à Porte) Enfilez-vioi la porte bien vite,
(à Attraper) Attrape-Toi cela.
Cette dernière phrase nous semble plus que familière. Nous préférons
l'emploi des pronoms explétifs dans des phrases telles que celles-ci :
Vous le voulez, vous; et moi, je ne le veux pas.
(à Nous) Nous \}oul<ms, nous, que telle chose se fasse,
Jd, Nous pensons f nous, que telle chose doit être,
(à Lui) Je le choisis, lui, de préférence à tout autre,
MOI. — Il aurait été bien de répéter ici une locution très-usitée qui
se trouve à l'article Êtrb : « Il n'est pas en moi de faire telle chose, 11
n'est pas en mon pouvoir, ou il n'est pas dans mon caractère de la
faire ». C'est en eflfet le mot moi qui nous paraît être le principal de
la phrase, celui dont la signification locale a besoin d'être expliquée ;
et conséquemment c'est à l'article Moi qu'on ira la chercher, plutôt
qu'à Être ou à En*.
MOINS. — Rien moins qtie, comme chacun le sait, est une de ces
locutions dont le sens équivoque ne peut être déterminé que par ce
qui précède ou ce qui suit. Avant de l'examiner nous en citerons quel-
ques autres qui nous viennent à la mémoire. Être sans prix signifie
également, N'avoir aucune valeur ou Être d'un prix inestimable; —
Être capable de tout peut signifier Être propre aux emplois les plus
élevés, et Être capable des plus grands crimes. C'est dans ce dernier
sens qu'on l'emploie le plus fréquemment ; — Faire un passe-droit à
quelquun, c'est lui faire une faveur ou, plus ordinairement, une
injustice ; — Bon jour, bonne oeuvre, se dit d'une bonne ou d'une mau-
vaise action faite dans un jour solennel. — Chez les Romains, le mot
privilegium, privilège, a signifié Une loi exceptionnelle portée contre
un particulier, ou Un privilège, une faveur.
Ici nous avons Rien moins que, qui, soit devant un substantif, soit
devant un verbe, affirme ou nie la proposition exprimée. Vou^ lui
devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfai-
teur (Il est votre bienfaiteur). Vous pouvez vous dispenser de recon-
naissance envers lui, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur
1. A l'article Bm, on lit « Il n'est pas en mon pouvoir de faire cela, il n'est pas en moi de
le faire » ; mais ponr les personnes peu exercées dans notre langue, la seconde phrase ne
sera probablement pas synonyme de la première, qui aurait pu devenir explicative si eUe
avait suivi au lieu de précéder, et qu'eUe eût été mise en caractère différent. D'aiUeurs à
l'article firas l'Académie lui donne deux acceptions, tandis qu'à En, où il n'y a pas de défini-
tion , on ne sait si eUe a voulu lui en donner une seule et quel sens eUe y attache.
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1
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(Il n'est pas votre bienfaiteur). — Et de même : Vous le croyez t>otre
concurrent; il a d'autres vues, il ne désire rien moins, il ne se pro-
pose RIEN MOINS QUE de VOUS Supplanter, il n'aspire à rien moins qu'à
vous supplanter (Il n'est point votre concurrent; vous supplanter est
la chose qu'il désire, qu'il se propose, à laquelle il aspire le moins).
Vous ne le regardez pas comme votre concurrent ; cependant il w
désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter,
il n'aspire à rien moins Qu'à vous supplanter (Il est votre concurrent;
il n'aspire pas, etc., à moins qu'à vous supplanter). — • Il n'est rieb
MOINS QUE sage signifie II n'est point sage. Marmontel , pour exprimer
l'idée contraire, a dit : Écoutez bien cet homme, il n'est rien de moins
qu'on sage (c'est un vrai sage).— Au resté, dit l'Académie, il est bon
d'éviter cette façon de parler, à cause de l'équivoque qu'elle entraîne.
MOITIIÉ... De l'argent plus D'à moitié dépensé. — A l'article Demi
nous trouvons « Cela est plus D'à demi fait. Cela est plus qu'à demi
fait » ; pourquoi ne dirait-on pas également « de l'argent plus qo'ô
moitié dépensé » ? Bien que l'usage semble avoir prévalu en faveur de
plus D'à moitié, plus D'à demi, et qu'on ait critiqué ce vers de Racan,
La trame de mes jours est plus Qu'à demi faite,
nous croyons devoir préférer que à de, parce qu'il nous semble très-
difficile de donner la construction pleine avec la préposition , tandis
que l'emploi de la conjonction suppose simplement l'ellipse de jusque:
De l'argent plus que (jusque) à moitié dépensé.
Mon adversaire était déjà plus qde (jusque) à moitié vaincu, lorsque...
Une bouteille plus que (jusque) à moitié, plus que (jusque) aui trois
rfuarts pleine, vide.
Mon ouvrage est fait plus que (jusque) à moitié, à demi, aux trois quarts.
MOKA.—Toutes les grammaires nous disent que devant un adjectif
on met la préposition de seule et non accompagnée de l'article. Ce
marchand a de bon savon, de bonne moutarde, d'excellent drap, dt
très-belle dentelle, etc., et l'Académie dit également,
(à Api) Voilà de fort bel a/pi,
(à Batiste) De belle batiste.
(à Elbeuf) Voilà de bel elbeuf, un bon elbeuf.
(à Incarnat) Voilà de bel incarnat.
(à Jaune) C'est du jaune, de beau jaune.
(à Laque) Voilà de vrai, de beau laque,
(à Plaqué) VoUà de beau plaqué.
(à Teter) /{ a teté de mauvais lait.
Mais ici et ailleurs elle ajoute l'article ou elle met du, c'est-à-dire de le .
(à Moka) Du bon moka, du vrai moka,
(à Agave) Ses feuilles contiennent un fll dont on fait des cordes etDBL&
grosse toile,
(à Râpé) Il ne nous a donné à boire que du râpé, du mauvais râpé.
(à Vrai) Du vrai marbre. Un vrai diamant,
(à Rousselit) Du gros rousselet. Du petit roustelet.
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Nous pensons que ces deux dernières phrases sont exactes, parce
quMl y a deux sortes ou qualités de rousselet, et qu'il s'agit de distin-
guer le gros rousselet du petit rousselet ; mais pour les autres exem-
ples, nous croyons que ce sont des fautes à corriger.
MOMENT, s. m... En ce moment, loc. adv. Présentement, à Theure
qu'il est. Revenez me voir demain^ je suis trop occupé en ce moment
pour vous recevoir. — L'Académie aurait dû faire connaître la diffé-
rence de signification que présentent les expressions en ce moment et
À ce moment. Nous croyons que la dernière ne s'emploie qu'en par-
lant d'un temps passé et signifie Alors. La dernière fois que vous
vîntes à Paris, il me fut impossible d'aller vous voir; À ce moment,
j'étais retenu dans mon lit par une cruelle maladie. On pourrait dire
aussi : En ce m^yment-hk^ dans ce moment-Lk, au lieu de À ce moment :
En ce moment-hk, j'étais' retenu,..
Puisque l'occasion s'en présente, nous relèrerons une autre locu-
tion. « Dans le moment, loc. adv. Bientôt, dans très-peu de temps.
Je reviens dans le moment, » — Il nous semble qu'il serait plus exact
de dire Dans un moment, comme l'Académie l'a fait dans ce même
article : « Je reviens dans un moment », et à Être : « Je suis, je serai
à vous dans un moment » ; et de réserver dans le moment pour expri-
mer un temps relatif. // croyait me prendre au dépourvu; mais dans
LE moment je me rappelai tout ce qui avait eu lieu, et je lui répondis
en conséquence.
Peut-être n'aurait^il pas été inutile de mettre également en présence
les locutions dans un moment et en un moment. Je ferai cela dans
(après) un moment; je ferai cela en (dans l'espace de) un moment.
MONITEUR... , dans les écoles d'enseignement mutuel , se dît de
l'élève chargé d'instruire un certain nombre de ses condisciples.
L'école de ce régiment a de bons moniteurs. — Il faudrait ajouter :
Dans cette acception, Moniteur a un féminin. Monitrice.
MONTER, V. n. — L'Académie aurait bien fait de dire ici comme au
verbe Descendre : « Il se conjugue avec le verbe Avoir ou avec le
verbe Être, selon que l'on considère l'action ou son résultat ». Le lec-
teur saurait du moins qu'on a voulu exprimer le résultat et non l'ac-
tion même dans les phrases suivantes, où peut-être il aurait, lui, em-
ployé de préférence l'auxiliaire avoir : Il est monté datis sa chambre,
et il y est resté ^, Il était sergent, et il est monté àla sous-lieutenance.
Il était lieutenant, et il est monté au grade de capitaine. Cet officier
EST monté en grade. Cet écolier était en troisième, il est monté en
seconde. Le cri de son peuple est monté jusqu'à lui. — Quant à cette
phrase : Le blé est m^onté jusqu'à trente francs l'hectolitre, il nous
semble évident qu'elle doit exprimer l'action , et qu'en conséquence
si l'on n'emploie pas le passé défini le blé monta, pour exprimer une
1. L'Académie fait eUemnème usage de l'auxiliaire avoir poar exprimer l'action dans cet
exemple, qui précède immédiatement : H a momté quatre fois à ta dtambre dans la jmtmée.
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époque antérieure, il faudrait se servir de l'auxiliaire avoir, le blé
A monté, comme on Ta fait dans la phrase suivante <r Cette dépense
n'k pus monté haut. »
MONTER... Monté sur le ton de. En usage de. Cette société n'est pas
montée sur le ton de médire. — Ici nous relèverons l'exemple et la
définition. Nous croyons qu'on ne dit ni être monté sur le ton de
dire, de faire, ni être en usage de dire, de faire, A Tarticle Ton,
l'Académie ne parle aucunement de la première de ces locutions, qui
devrait s'y trouver si elle est bonne. Quant à la seconde, nous lisons
à l'article Usage : // a l'usage de diner de bonne heure. Il est dans
l'usage de rentrer tard » , et non, il est en usage de. »
MORAVE. — Nous croyons que le nom de Moraves est plus généra-
lement connu que celui de Hemutes ; puisque l'Académie a jugé con-
venable de donner la définition à ce dernier mot, il aurait été bien de
répéter ici le nom de Moraves pour renvoyer à Hemutes,
MORDRE, V. a... Être mordu d'un chien enragé. — Être mordu par
nous semble préférable à de; et cependant nous n'avons trouvé dans
tous les exemples de l'Académie que être mordu de * :
(à Mordre) Cet enfant est tout mordu de puces.
(à Vipère) H a été mordu D'une vipère,
(à Tarentule) Être mordu de la tarentule,
(à Autant) Autant vaut être mordu D*tm chien que h'une chienne.
(à Enrager) Cet homme a été mordu D'un chien...
On trouve pareillement :
(à Piquer) Être piqué de la tarentule.
Cependant à ce même article Piquer on lit :
Être piqué par un serpent.
Être piqué par un cousin.
Avec mangé on trouve également l'une et l'autre préposition :
(à Vermine) Il est mangé, rongé de vermitie.
(à Manger) Cette écriture, cette planche gravée est mangée par le temps.
Avec rongé, c'est toujours la préposition de :
(à Ronger) Un habit tout rongé de vers.
Id. Un homme rongé i>*ulcères, de dartres, de vermine.
Id. Un homme rongé de remords, de chagrins.
Avec accueilli, assailli, battu, surpris, on trouve tantôt de, tantôt par:
(à Accueillir) Ils furent accueillis de l'orage.
Id. Le détachement, en approchant du bois, fut dcctieUli par
une décharge de coups de fusil.
(à Assailur) Nous fûmes assaillis d'ww» grêle de pierres.
Id. Nous fûmes assaillis D*une furieuse tempête.
(à Tempête) Il a été surpris de la tempête, par la tempête, assailli par la
tempête.
Id. Des vaisseaux agités et battus de la tempête, par la tempête.
1. A Tarticle Couvrir, l'Académie dit môme : Cette chienne a été couverte D'un épagnerU,
par im épagneul, comme on dirait elle était couverte db sang, db sueur, etc.
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— 185 -.
(à Battre) Un vaisseau battu db la tempête.
Id, Un bâtiment battu par la mer, par des grains violents.
MOUK^ S. m. Nom de peuple qu'on ne met ici que parce qu'il entre
dans diverses phrases de la langue. Traiter quelqu'un de Turc à More.
A laver la tête d*un More on perd sa lessive^. — On peut dire, sans
crainte d'être démenti, que sur dix personnes il ne s'en trouvera pas
deux qui écrivent More par un o ; et en géographie il est difficile de
mettre en présence More et Mauritanie. Au reste nous lisons dans le
Dictionnaire même de l'Académie :
(à Appeler) Le comte Julien appela les Maures en Espagne.
(à Christ) Ordre du Christ, Ordre militaire fondé en 1318, par Daniel I«',
roi de Portugal, pour animer la noblesse contre les Maures.
(à Expulser) Les Espagnols otU exptdsé les Maures.
(à Expulsion) L'expulsion des Maures coûta bien du temps à l'Espagne,
Toutefois nous devons constater que l'orthographe More s'y trouve
bien plus souvent: aux articles À, Laver, Lessive, Perdre, Tête,
Traiter , Turc , Mozarabe , etc. *
MOREAU, adj. m. 11 se dit d'un cheval qui est extrêmement noir.
Un cheval moreau, de poil moreau. — Ne peut-on pas dire Une jument
MOREAU, et ne faudrait-il pas modifier la dénomination en disant, par
exemple « adj. des deux genres )> ; ou même « adj. invar. »? à moins
qu'on n'écrive des chevaux moreauX, ce qu'il aurait été utile de faire
connaître par un exemple mis au pluriel.
MORPHÉE. — Ce nom, qu'on prononce tous les jours, devrait se
trouver ici pour réunir les diverses locutions dans lesquelles il est
employé : « Être dans les bras de Morphëe ( à Bras ) ; les pavots de
Morphée; Morphëe avait versé sur lui tous ses pavots, (à Pavot) ».
Il ne faut pas qu'on soit dans la nécessité de demander à divers
articles ce qui devrait être réuni dans un seul; et d'ailleurs où cher-
chera-t-on ces locutions éparses, si l'on consulte le Dictionnaire pour
apprendre à les connaître ?
MORTE (LETTRE). — Voy. LETTRE.
MORTE- EAU, MORTE - SAISON. — Ici CCS deux mots composés sont
écrits avec un tiret; au participe de Mourir ils n'en ont pas : Morte
eau, Morte saison. Quelle orthographe faut-il suivre?
MOT, s. m. Une ou plusieurs syllabes réunies, qui expriment une
idée. Mot français, latin, grec, etc. — L'Académie a fait suivre trop
souvent, à notre avis, le substantif mot de la préposition de {\e mot de
pied, DE pharmxicien, de rame, etc.), et nous croyons devoir présen-
ter ici les phrases que nous avons remarquées avec ou sans cette pré-
1. Dans cet article on trouve : des bas gris de more ( petite m ) ; — aux articles .Gris, Tkint,
gris de More, teint de More ( avec une grande M).
2. On nous demandera sans doute si nous conserverions au dans la première syllabe des
dérivés de Maure. Oui dans mauresque: danse mauresque, architecture mauresque^ etc.; mais
non dans mot^au, morelle, morillon, moricaud, etc^ ni môme dans mordoré où l'on ne recon-
naît plus le radical more dont Ye a été retranché.
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— 180 —
position. Nous commencerons par ces dernières, qui nous semblent
destinées à servir de règle :
(à Mot) En théologie, les mots consubstantiel et transsubstanticUion sont
des mots consacrés; de même qu'en physique les mots gravi-
tation, raréfaction, condensation, etc.
(à PÉNULTIÈME) Dans le mot tempête, la pénultième syllabe est longue.
(à Sous-entendrb) Dans ces locutions. Une bouteille de vin, un muid de
vin, les mots pleine et plein sont sous-entendus.
Nous avons même trouvé le mot terme non suivi de la préposition de :
(à Prédicable) Le terme Animal est prédicable (peut se dire) autant de
l'homme que de la bête.
Maintenant voici quelques-unes des phrases où l'Académie ajoute le
de, qui nous paraît choquant surtout dans la dernière phrase, User
des mots de Tu et db Toi.
(à Analogiquement) Le mot db pied se dit analogiquement du bas d'une
montagne.
(à Apothicaire) Le mot de pharmacien est aujourd'hui plus usité.
(à Apothigairerie) Le mot de pharmacie est aujourd'hui plus usité.
( à Aviron ) En termes de Marine il (aviron) est plus usité que le mot de ratne.
(à Don) Le Don est devenu aussi commun en Espagne que le mot de
Monsieur en France.
(à Emporter) Le mot de vertu emporte presque toujours l'idée d'effort fait
sur soû-méme.
(à Gazetier) Il (le mot gazetier) a été remplacé, dans l'usage ordinaire,
par le mot de journaliste.
(à Maman) Terme dont les enfants, et ceux qui leur parlent, se servent au
lieu du mot de mère*
(à Tdtoïer) User des mots de tu et de toi en parlant à quelqu'un.
On trouve aussi ce de employé avec certain, comme De certains
mots, DE certains estomacs, remplir de certaines fonctions ; mais pour
ces phrases on peut voir Tarticle Certain.
Nous finirons cet article par une remarque sur deux termes qui
nous semblent ne devoir pas être assimilés; ce sont les termes mot et
nom. Nom est synonyme de Titre, qualité, qualification morale, et doit
être toujours suivi de la préposition de. Il faut dire, les noms de
père, D^époicx, de mère, de frère, etc.; les noms de grand, D^ami, de
bienfaiteur, etc., comme on dirait Le titre, la qualité de père,
d'époux, etc., la qualification de grand, rf^ami, etc. Il n'en est pas de
même pour mot : on dit très-bien, Les mots père, époux, mère, frère;
les mots grand, ami, bienfaiteur, etc.
Il est des cas cependant où le de peut et doit même se mettre
après mot; c'est lorsqu'il est suivi d'un participe; ainsi l'on dira : il
y a là un mot D'ajouté, de supprimé, de sous-entendu, etc.; dans ces
phrases, de signifie Qui est : un mot qui est ajouté, supprimé, sous-
entendu, etc.
Quelquefois encore, sans être suivi d'un participe, il ne choque pas
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précisément; c'est lorsque le mot suivant est une épithète, ou, si Ton
veut, lorsque mot peut être lui-même remplacé par épithète^ comme
dans Le mot de gredin est injurieitx.
11 en est de même, croyons-nous, lorsque mot peut être remplacé
par nom : le mot de gazetier a été remplacé par le mot de journaliste ;
les enfants emploient le mot de maman au lieu du mot de mère.
Enfin mot peut, ce nous semble, représenter le mot idée ou quelque
autre équivalent, et alors le de ne choque pas davantage, comme dans
la phrase suivante de H. Heine : Il (Bellini) avait tant envie de vivre!
Le mot DE mort excitait en lui un délire d'aversion ; il ne voulait pas
entendre parler de mourir; il en avait peur comme un enfant craint
de dormir dans l'obscurité.
Le peu qui a paru jusqif ici du Dictionnaire historique de la langue
française nous donne la presque certitude que toutes ces nuances y
seront exprimées avec des exemples à l'appui ; malheureusement nous
n'aurons pas le plaisir d'en voir la lettre M. En attendant, il serait à
désirer que dans son Dictionnaire ordinaire l'Académie, sans entrer
dans de grands détails , nous donnât plusieurs exemples où de serait
tantôt admis comme utile, tantôt rejeté comme superflu.
MOT... Mot à mot s'emploie quelquefois substantivement, et signifie
Traduction littérale. Cette version n'est qu'un mot à mot. Voilà le mot
à mot de la phrase , maintenant traduisez avec élégance. — Ce sub-
stantif et le terre à terre nous semblent devoir prendre des tirets
comme le tête-^tête. 11 en est plusieurs autres, tels que un à peu
près, un en cas, un pot pourri, le laisser aller, etc., où l'Académie
n'a pas mis de traits d'union, et où nous les croyons nécessaires.
MOUFLE, s. f. Machine, formée d'un assemblage de plusieurs pou-
lies... Lever un fardeau avec une moufle, avec des moufles. — Movfle^
s. m. Terme de Chimie. Vaisseau de terre dont on se sert pour expo-
ser des corps à l'action du feu, sans que la flamme y touche immé-
diatement.
Autrefois moufle était féminin dans les deux acceptions ci-dessus,
mais il n'en est plus ainsi : aujourd'hui tous ou du moins presque
tous les ingénieurs, les mécaniciens, en un mot les gens du métier,
font ce mot masculin quand il signifie Assemblage de poulies, et
féminin quand c'est un terme de chimie. C'est précisément le con-
traire que nous trouvons dans le Dictionnaire de l'Académie; et si elle
n'avait pas mis lever un fardeau avec une moufle ^, nous croirions
qu'une erreur typographique a fait transposer le genre de ces deux
mots.
MOUSSEUX, EUSE, adj... Rose mousseuse se dit abusivement pour
1. Dans la quatrième édition on a mis s. m., ce qui est d'accord avec le genre actuel ; ce-
pendant comme l'exemple dit une moufle, il serait difficile de juger où est la faute typogra-
phique, si cette acception ne venait immédiatement après une autre où le genre diffère :
MouFLB, s. f., Mitaine...
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Hose moussus, d'une rose dont le calice et la tige sont garnis d'une
espèce de mousse. — Moussu, ue, adj. Qui est couvert de mousse. (M
arbre moussu* Une pierre moussus. Cette carpe était si vieille^ qu'elle
avait la tête toute moussue.
Nous croyons que mousseux (qui mousse, qui fait beaucoup de
mousse) ne peut se dire en parlant de la rose, et que moussu n'est
guère meilleur, car il ne s'agit point ici d'une mousse qui s'attache à
la rose comme elle s'attache aux arbres, aux pierres, aux carpes, etc.;
nous préférons l'expression rose-mousse (fleur qui participe de la
rose et de la mousse), qui est employée dans quelques localités. Cette
locution correspondrait à plusieurs autres noms de fleurs et de fruits :
clématite-viorne, aristoloche-clématite; abricot-péche, pomme-povn
et pomme-figus; chovn fleur, chour-navet, chou-rave, etc.
MOUSTIQUE, s. m. — L'usage, et surtout l'étymologie (en espagnol
mosquito, qui lui-même vient de musca)^ aurait dû faire préférer
mousquite, ou peut-être mieux encore mosquite» Les Anglais disent
mosquito ou musquitto, les Italiens moschino, les Allemands muskito.
— On a mieux obéi à l'étymologie pour le genre, qui sans cela sem-
blerait devoir être féminin, genre que l'Académie lui donnait en effet
dans la quatrième édition de son Dictionnaire.
Ces transpositions de lettres soQt faites dans plusieurs mots par des
personnes peu instruites ; ainsi l'on dit souvent Saragota pour Saror
toga, Tangarog pour Taganrog, Yutacan pour Yucatan, Catalayud
pour Calatayvd, catacois pour cacatois, etc. On donne aujourd'hui le
nom de tangara à l'espèce de passereau que Linné appelait tanagra.
MOUVOIR... Mû, ue, part.-— Le circonflexe nous semble n'être d'au-
cune utilité au masculin de ce participe, qui n'a pas d'homonyme; on
n'en met pas à tu, participe du verbe taire, qui autrefois s'écrivait
teu, et qui a pour homonyme le pronom tu; m à plu, participe de
plaire, qu'autrefois l'Académie écrivait pleu^.
MUFTI. — Au mot Fetfa, on lit : « Mandement du mnphtu »
MULES, s. f. pi. Sorte d'engelures qui viennent aux talons dans les
grands froids. Avoir les mules aux ^a^ows. — Pourquoi ce mot n'a-t-il
pas un singulier aussi bien qn^engelure-f On n'a pas plus nécessaire-
ment une mule à chaque talon qu'une engelure à chaque oreille ou à
chaque doigt. — Pourquoi encore dit-on les mules plutôt que des
mules, puisqu'on dit avoir des engelures et non les engelures f •
MULTIKÔME, s. m. Terme d'Algèbre. Grandeur exprimée par plu-
sieurs termes que joignent les signes plus ou moins. Il est peu usité:
1. On a peine à comprendre la raison de cet e dans le participe des verbes taire et plairt
(teu, pieu). Dans teu, ce pouvait être pour empêcher une confusion avec le pronom tu; mais
dans pieu c'était un contre-sens , car il aurait dû se mettre au participe de pleuvoir, et non i
oelai de plaire. Cependant on lit dans les deux premières éditions du Dictionnaire de l'Aca-
démie * Il a PLBU à Dieu de l'affUger » , tandis qu'au participe du verbe pleuvoir il n'y a
pas même un circonflexe : « U bruit couroU qu'il avoit plu du sang m tel endroit, qvlU y
anoU PLU deê pierrei. *
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on dit plus ordinairement et mieux Polynôme. — L'Académie aurait,
ce semble, mieux fait de dire seulement : « Moltinôme. Yoyez Poi,y-
19011 E » , ou même de ne pas citer ce mot hybride.
MUSE, s. f. Chacune des neuf déesses qui , suivant les anciens, pré-
sidaient aux arts libéraux , et principalement à Téloquence et à la
poésie... £^ Muse de r histoire j de l'épopée, de la tragédie, de la corné-'
die champêtre, de la danse, etc,^ Il y a neuf Muses; l'Académie n'en
mentionne que cinq et n'en nomme pas une. Nous croyons devoir
suppléer à son silence en indiquant leurs noms et leurs attributions :
Clio présidait à l'Histoire; Calliope, à l'Éloquence et à la Poésie
héroïque; Melpomène, k la Tragédie; Thalie, à la Comédie; Euterpe,
à la Musique; Érato, à la Poésie erotique; Terpsichore, à la Danse;
Polymnie, à la Poésie lyrique; Uranie, à l'Astronomie.
MYSTIQUE, adj. des deux genres. Figure allégorique. Il ne se dit
que Des choses de la religion.— Au lieu de Figure allégorique, il faut
lire, comme dans la quatrième édition. Figuré, allégorique,
N
NAGEUR, EUSE, S. Celui, celle qui nage, qui sait nager. Grand nor
geur. Bonne nageuse, — Il signifie quelquefois. Un batelier qui rame. \
Nous avions quatre nageurs.
On a omis un emploi important de ce mot, celui de nageur pris
adjectivement, qu'on trouve à l'article Palmipède : « Il (palmipède)
se dit Des oiseaux nageurs qui ont des pieds dont les doigts sont unis
par une membrane. »
NAISSANCE... Il est sourd et muet de naissance, dès sa naissance. —
Peut-on dire « Il est sourd et muet, il est aveugle dès sa naissance » ?
Il nous semble qu'avec le présent de l'indicatif il faut employer
depuis, tandis que dés s'emploie ou avec un temps passé : il était in-
firme, il fut malheureux, il a été prince dès sa naissance; — ou avec
le futur : il sera riche dès sa naissance.
NAISSANCE. — Pour le sens figuré de ce mot nous trouvons comme
exemple « Cest la politesse, c'est le désir de plaire qui a donné nais-
sance à cet usage » ; mais pour le sens propre l'Académie ne nous
apprend rien. Faut-il dire. Donner naissance ou la naissance à un
enfant f Nous lisons
(à Jour) Mettre au jour, Donner la naissance.
( à Monde) Mettre un enfant au monde , Donner la naissance à un enfant.
Nous pensons donc que dans le sens propre il faut dire donner la
naissance, et au figuré donner naissance. Il est nécessaire que l'Aca-
démie signale cette différence en donnant les deux locutions et en
les rapprochant autant que possible.
naItre... Mal né, ée, adj. Qui a de mauvaises inclinations. —
Mort-^, ée, adj. Mort avant que de naître.
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Que né soit considéré comme adjectif dans les locutions un enfant
mal né, une fille mal née, c'est-à-dire qui a de mauvaises inclinations,
nous le comprenons sans peine, parce qu'il ne s'agit point là de nais-
sance proprement dite ; né y est employé fîgurément. Mais il nous
semble que dans mort -né il n'en est pas ainsi; c'est le verbe naitré
employé dans le sens propre, et en conséquence né devrait être appelé
PARTICIPE et non adjectif. Nous en dirons autant de nouveau-né, et
nous pensons qu'il aurait suffi d'un changement dans la rédaction
pour tout concilier.
Cela dit, nous relèverons l'omission de dernier-^, correspondant
de premier -né, et c'est à l'article Nourrice que nous prendrons
notre citation :
Elle a voulu être la nourrice de son DERNiER-Né *.
En terminant nous poserons une question dont nous n'avons trouvé la
solution ni dans les dictionnaires ni daiis les grammaires, et qui nous
est suggérée par une phrase du Dictionnaire de l'Académie. Elle met
avec raison un tiret à légat-né, président-né, ennemi-né, protecteur-
né ; mais en même temps elle donne un exemple où né n'est pas pré-
cédé du tiret : « L'archevêque de Paris et l'abbé de Cluny étaient
^ conseillers d'honneur nés du parlement de Paris, » On comprend
parfaitement la cause de cette différence ; c'est que dans cette dernière
phrase né se rapporte à conseiller et non à honneur; si l'on écrivait
conseiller d'honneur avec un tiret, on pourrait en mettre un second
entre honneur et né; ainsi par exemple on écrirait un quinze-vingt-
NÉ, si cette locution était en usage. L'exemple ci-dessus nous donne
à penser qu'il ne faut pas de tiret dans les phrases suivantes :
Ce marchand de vin là est très-bien assorti.
Ces preuves de bonté là sont rares.
Diviser le demi grand arc. — Papier demi grand aigle.
Cependant quelques auteurs mettraient le tiret entre vin et là, bonté
et là, bien que là se rapporte à marchand et à preuves ; entre demi
et grand, parce qu'ils considèrent grand arc, grand aigle, comme
ne formant qu'un seul mot ou ne représentant qu'une seule idée. —
Enfin nous ferons remarquer que le tiret se transpose quelquefois;
ainsi l'on écrit : Notre saint-père le pape et Notre très-saint père.
NAPHTE. — Ce mot, d'origine égyptienne, syriaque ou chal-
déenne, etc., se disait en grec naphtha, naphthas et naphthè; les
Latins l'ont écrit naphta on pluiàtnaphlhas. Cette dernière variante
est d'accord avec la règle qui veut que le ph soit suivi d'un th, comme
dans phthisie, et non d'un simple t; et l'Académie, qui pour la pre-
mière fois fait ce mot masculin conformément au genre de naphthas
(grec ou latin), et pour la première fois aussi écrit aphthe et ophthai-
1. Nous ne voyons pas précisément l'utilîté du tiret dans ces expressions le premier-né, le
demier^né, et nous en demanderons la suppression. Yoy. Dbbnibr.
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mie avec th conformément à Fétymologie grecque, aurait bien fait
de mettre également th à naphte, qu'on est involontairement entraîné
à écrire naphthe. Voy. Métonomasie.
uns. Mot qui rend une proposition négative, et qui précède toujours
le verbe. — Ce tout petit mot joue un grand rôle dans notre langue ;
et précisément parce qu'il est petit, il s'introduit souvent dans des
phrases où il n'a que faire , et où quelquefois môme il fait entendre
le contraire de ce qu'on veut dire. A quoi sert -il, par exemple,
dans les phrases suivantes :
« Je ne commencerai pas mon travail avant que vous ne soyez ici.
Je ne ferai rien sans qi*e vous ne soyez présent * » î
et ne fait-il pas au moins un non-sens dans celle-ci :
« Il NE compte pour rien tous les services qu'on lui a rendus > » ?
On n'a pas à reprocher à l'Académie de l'avoir admis dans ces sortes
de phrases ; mais il en est d'autres d'où , suivant nous , il serait utile
de le faire disparaître, ne fût-ce que pour simplifier la diction. Pour-
quoi faut-il dire
Je crains qu'il ne vienne.
Je crains quHl ne vienne pas.
Je NE crains pas qu'il vienne.
Ne craignez-vous pas qu'il ne vienne?
A quoi sert la négation dans la première et là quatrième de ces
phrases? Quant à celles-ci,
Je doute qu'U vienne.
Je NE doute pas qu'il ne vienne.
Doutez-iXHÂS qu'il ne vienne ?
l'Académie aurait pu y ajouter
Ne doutez-vous pas qu'il vienne?
ce qui aurait fait à peu près le contre- pied des phrases construites
avec craindre. Elle dit encore :
Doutez-vous que je sois malade ?
Doutez-vous que je ne tombe malade si je fais cette imprudence ?
Dans cette dernière phrase le ne est-il bien nécessaire? ne serait-
elle pas comprise si on le supprimait?
1. Quelquefois on supprime avant que, sans que, et on les remplace par que... ne; on lit:
( à QuB ) Je n'irai point là que tout nb soit prêt ( avant que tout.soit prêt).
Id. Il ne fait point de voyage qv'il M^/ut arrive ( sans qu'il lui arrive ) quelque
accident,
i. Quelques personnes croient que rien a toujours le sens positif de quelque chose s'il n'est
pas accompagné de la négation ; cependant on dit tous les jours avec l'Académie :
(à Compter) // compte pour rien tous les services qu'on lui rend.
Id. Pensez-vous qu'il se compte pour rien ?
(à Rien) Je compte cela, je compte cet homme-là pour bien.
Id. Ce que vous dites et bien , c^est la même chose.
Id. Cela me fait moint que rien.
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Maintenant voici le verbe Empêcher :
La pluie empêche d'aller se promener, empêche qu'on n'aille i se promener.
Je n'empêche pas qu'il ne fasse ou qu'il fasse ce qu'il voudra.
Comme on le voit , ici la règle n'est plus la même : l'emploi de la
particule est nécessaire si la phrase est positive ( affirmative ) ; il est
facultatif si elle est négative. Mais l'Académie ne dit pas ce qu'il faut
faire si la phrase est interrogative ou dubitative , comme celles-ci :
Empêcherez-vous qu'on vienne {ou qu'on ne vienne) me voir?
Voulût-on empêcher que la foule se précipite (ou ne se précipite) à sa
rencontra. . .
A l'article Ne, l'Académie dît : « Après les verbes Nier^ disconvenir,
on peut indifféremment supprimer le Ne ou l'employer. Je ne nie pas,
je NE disconviens pas qtie cela ne soit, qvs cela soit » ; et à l'article
Nier on lit de même :
Je NE nie pas qu'il m'ait fait cela, qu'il ait fait cela»
mais à Disconvenir on trouve une variante , celle du mode indicatif
au lieu du subjonctif lorsque la négation est supprimée :
Vous ne sauriez disconvenir qu'il ne vous ait parlé, ou qu'il vous a parlé.
Ces deux dernières formes sont celles que l'Académie emploie avec
le verbe Désavouer :
Je NE désavoue pas qiM je N'en aie été fâché, que j'en ai été fâché.
La locution s^en falloir présente aussi des difficultés. Employée
avec peuj peu de chose, de peu, de guère, etc., l'Académie l'accom-
pagne de la particule ne :
(à Falloir, Peu) Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein.
(à Guère) Il ne s'en faut de guère que ce vase ne soit plein.
(à Peu) Il s'en faut peu de chose que cela n'aille.
(à Falloir) Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé.
(à P^u) // s'en fa/ut peu que je ne vous blâme.
(à Falloir) Peu s'en est failu que je ne vinsse.
(à Ne) Peu s'en faut qu'on ne w'ait trompé.
Avec beaucoup, de beaucoup, elle supprime ne :
(à Arriérer) Vous voilà bien arriéré, Il s'en faut de beaucoup que votre
tâche SOIT aussi avancée qu'elle devrait l'être.
(à Falloir) Il s'en fa/ut de beaucoup qus leur nombre sorr complet.
Id. Il s'en faut beaucoup que l'un sorr du mérite de l'autre,
(à Satisfaire) H s'en faut beaucoup qu'il ait satisfait l'attente du public.
A quoi tient cette différent? Pourquoi dire sans la négation, Il
s^en faut de beaucoup çwe leur nombre soit complet, et avec la néga-
1. L'Académie dit, à l'article Ne : « Dans ces phrases, Je crains que mon ami kb mettre,
vous empêchez qu*on ne chante, et autres semblables, ce mot Ne n'exprime point une néga-
tion ; c'est le Ne ou le Quin des Latins , qui a passé dans notre langue. » — Mais le franco
n'a-tr-il pas assez de ses propres idiotismes sans se charger encore de ceux des langues étran-
gères? L'emploi facultatif de mots dont l'utilité n'est pas démontrée ne fait qu'embarrasser
eeux qui écrivent.
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tion, Il s* en faut de peu q\ie ce vase ne soit plein? Quelques gram-
mairiens prétendent qu'avec il s'en faut, si la phrase principale est
dubitative, interrogative, négative, ou si elle renferme les mots peu,
guère, etc., la subordonnée doit prendre la négation ne; mais il nous
semble qu'on pourrait très-bien dire :
S'en faut-il de beaucoup que la somme soit complète?
Il ne s*en est pas beaucoup fallu qu'il fCt tué.
Peu s*en est fallu, il ne s'en est guère fallu que je fusse trompé par son
air de candeur.
Nous ne critiquerons pas les grands écrivains qui peuvent avoir
employé la négation ne dans ces sortes de phrases; mais nous croyons
qu'elle est inutile et qu'il serait bon de la supprimer.
Après un comparatif d'égalité , on ne met pas la particule ne, lors
même que la phrase est négative :
Il n'est pas aussi prudent que vous l'êtes.
mais après les comparatifs d'inégalité moins, plus, mieux, eic, on
met la négation lors même que la phrase est affirmative :
(à Moins) Il est moins spirituel qu'il n'est instruit,
(à Plus) // est plus heureux que vous ne l'êtes.
(à Mieux) // chante mieux, beaucoup mieux qu'il ne faisait.
L'Académie met un ne dans le second membre de la phrase , lors
même qu'il y a «e pas dans le premier :
(à Plus) Je ne le connais pas plus que vous ne le connaissez.
Buffon aurait dit « pas plds que vous le connaissez »; et il nous sem-
ble que l'Académie lui donne raison dans les exemples suivants :
(à Autrement) Il n'agit pas autrement qu'il parle.
(à Tenir) Je n'en ai non plus qu'il en pourraff tenir dans l'œil, dam
mon œil*
(à Quttter) Il ne le quitte non plus que l'ombre fatt le corps (V. Non plus).
Souvent on supprime la seconde négation au moyen d'ui^e ellipse :
Il n'est pas plus heureux que vous ( ne l'êtes ).
Vous n'êtes pas mieux informé que moi (je ne le suis).
Voici deux locutions dans lesquelles l'emploi ou la suppression de
ne dépend de l'idée qu'on veut exprimer ; si la phrase est positive, on
ne met pas la négation ; on la met si le sens est indéterminé :
Depuis que je l'Ai yu si triste , si sombre , je me suis souvent demandé . . .
Depuis que je ne I'ai vu, il a bien changé, dit-on, au physique et au moral.
Il y a longtemps que je I'ai vu riche, heureux; mais depuis. . .
Il y a longtemps que je ne I'ai vu gai comme il était autrefois.
L'Académie s'est bornée à dire (à Depuis) Depuis que je ne l'ai vu;
Depuis que je vous ai vu; (à Longtemps) Il y a longtemps qu'il est
revenu; ce qui ne nous apprend rien pour l'emploi qu'on doit faire
de la négation. Elle aurait dû nous donner, sinon la règle à observer,,
du moins des phrases assez complètes pour faire comprendre quand
on doit ou non ajouter la particule ne.
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NiÊCESSiTER) V. a. Contraindre, réduire à la nécessité de faire quel-
que chose. Dès que vous l'attaquez, vous le nécessitez à se défendre.
Vous l'avez nécessité à faire telle chose, La grâce ne nécessite point
la volonté, — Il signifie plus ordinairement, Rendre une chose néces-
saire. Cela nécessite une démarche de voire part,
La première de ces acceptions, qui seule figurait dans les quatre pre-
mières éditions, est maintenant à peu près hors d'usage*; on ne dit
plus Nécessiter quelqu'un à faire ou de faire quelque chose; on em-
ploie la périphrase « Mettre quelqu'un dans la nécessité de ». Quant
à la dernière, elle s'emploie tous les jours : Cette bâtisse, ce procès
ifÉGCS^iTA de grandes dépenses, des allées et venues, tm séjour à Paris.
NÉCROMANCE OU NÉCROMANCIE. Nécromancien, Négromancien,
ienne; Nécroimmt ou Négromomt, — L'étymologie et l'analogie avec
aéromancie, chiromancie, cenomancie, doivent faire préférer nécro-
mancie à nécromance, et conséquemment lui assigner la première
place. L'Académie dit elle-même que nécromance a été le premier en
usage, mais que nécromancie est plus usité. — Quant à négrom^ancien
et négromant, ce sont des restes de l'ancienne prononciation adoucie g
pour c, comme Claude, Claudine, segond et segonder, segret et segré-
taire, etc., po.ur Claude, second, secret, etc. ; l'Académie aurait pu les
supprimer comme elle a fait de négromance et négromameie, qui re-
présentaient la prononciation autrefois à la mode, et prescrite même
dans les trois premières éditions de son Dictionnaire, ïnais dont elle
ne parle pas dans les deux dernières (quatrième et sixième).
NÉGLIGER 9 V. a... NÉGLIGÉ, ÉE, part. Style négligé, Eœtérieurné-
gligé. Éducation négligée, — Il est aussi substantif, au masculin...
Elle était dans son négligé. Vous voilà dans un grand négligé.
Il nous semble qu'il aurait été plus convenable de mettre Négligé,
s. m., à son rang alphabétique, c'est-à-dire avant Nègligement, s. m.,
comme l'académie l'a fait pour Déshabillé. Le lecteur qui n'est pas
habitué à ces liaisons d'idées du substantif avec le participe cherche
les mots à la place qu'ils doivent réellement occuper, et croit qu'ils
manquent s'il ne les trouve pas là. Nous en dirons autant pour cer-
tains adjectifs qui sont placés après le verbe dont ils semblent déri-
ver, au lieu de le précéder.
NÉGRESSE. NÉGRERiE. — Transposez : Négrerie. Négresse'.— On
devrait écrire Négrerie avec un è grave, comme espièglerie, mièvre-
rie, piètrerie, etc. Voy. Accents.
NÉNUFAR,is. m. ç- Tous ceux qui ont fait leurs classes écrivent
nénuphar, et c'est ainsi qu'on le trouve dans le Supplém^Eit de la pre-
mière édition (1696).
4 . Sauf cependant 1« cas du troisième exemple c la ffrdee ne nétessite point lavoUmH», qé
est ua terme mystique sur lequel nous n'avons rien à dire. — On jregretia que r^Académit
n*ait donné qu'un seul exemple de la dernière acception.
2. Dans cet article NéoRBssB, on a mis négresse maronne avec uno seule r au lieu de mar-
ronne.
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SETTOTEE) V. a. (Il 86 conjugue comme Envoyer,) -^Linex : comme
B^mployeTj car nettoyer fait au futur je nettoierai et non je netlerrai.
— - Nou» fârons en même temps une autre remarque, c'est que TAca*
demie avertit qu'il faut conjuguer comme employer les verbes bor^
noyer, gro$soyer, larmoyer et quelques autres qui ne sont guère usités
qu'i l'infinitif , tandis qu'elle ne dit rien pour apitoyer, charroyer,
côtoyer, eovdoyer, etc,, qui s'emploient à tous les temps.
NEVTRE, a(y. des deux genres... Verbe neutre. Verbe qui ne peut
point avoir de régime direct, comme aller, venir, marcher, eto.
Voilà une définition bien brève, et qui n'est guère satisfaisante.
L'Académie, qui, sans le dire expressément, nous donne à entendre
que les substantifs neutres sont ainsi appelés parce qu'ils ne sont ni
masculins ni féminins, ^ et que les sels sont dits neutres quand ils
ne sont ni addes ni alcalins, ^ aurait pu tout au moins nous dire si
les verbes neutres ont reçu ce nom parce qu'ils ne sont ni actifs ni
passifs. Bonne ou non, ce serait du moins une explication admissible.
Mais ce n'est pas ici seulement que nous sommes arrêté au sujet
du mot neiUre. Dans le cours de son Dictionnaire, l'Académie appelle
souvent verbe neutre ce qu'ailleurs elle regarde comme un verbe
actif employé absolument, ou même comme actif, sans restriction
(Voy. DAiancH, DiFFÉREK, etc.). Les exemples que nous pourrions
citer sont nombreux, et nous n'aurions que l'embarras du choix; mais
nous nous bornerons à trois verbes, qui par leur synonymie appa*
rente, sinon réelle, semblent faits tout exprès pour l'objet qui nous
occupe ; ce sont les verbes répondre, repartir, répliquer.
L'Académie regarde Répi^iqder comme toujours actif; elle ne parle
dans cet article ni de neutre ni d'absolu , même pour ces phrases :
« Mon avocat a parlé le premier, le vôtre a répondu, le mien a réplï»'
QUé. Il a bien répuqdé, répliqué fortement.,. Quand il commande
quelques chose, il ne souffre pas qu'on lui réplique, qu'on RÉpiiiQus,,.
Ne BÉPLiQUEZ pas,
« RÉPONDRE s'emploie souvent, dlt^elle, absolument. Répondre à
propos, sur^e-champ,,. Je lui ai répondu sur toutes les choses qu'il
m'a demandées. Il a répondu à toutes les questions qu'on lui a faites.
Hésiter à répondre. Répondre par des injures. H ne répond à ses
reproches que par des larmes, »
Pour le troisième verbe, comme l'article est court et que tout y est
mêlé, nous le citerons en entier. « Repartir, v. actif, et quelquefois
neutre. Répliquer, répondre sur-^le-champ et vivement. // ne lui a
REPARTI que des impertinences. Il ne lui a reparti que par injures, que
par des injures. Repartir brusquement, vivement. S'il m'en parle, je
saurai bien lui repartir, je saurai bien que lui repartir, n
Malgré la synonymie de ces trois verbes, nou» voyons que TAca»
demie leur donne trois dénominations différentes. Répliquer est re-
gardé comme actif dans Ne répliquez pas, où il paraît d'abord difl^-
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cile de suppléer un régime sous-entendu ; — Répondre est dit absolu
dans Hésitera répondre , où Ton doit sous-entendre « ce qu'on voulait
ou ce qu'on devait dire » , et dans II ne répond à ses reproches que
par des larmes, où le complément direct ne se présente pas facile-
ment à Tesprit; — Repartir est appelé neutre dans celle-ci, qui a
beaucoup d'analogie avec la précédente : Il ne lui a reparti que par
injures, que par des injures, = Enfin Repartir est encore appelé
NEUTRE, nous le pensons du moins, dans cette phrase : Repartir brus-
quement, vivement, parce qu'il n'y a pas de régime exprimé , tandis
que RÉPLIQUER est dit actif dans celle-ci, // a bien répliqué, répliqué
fortement, et que Répondre est regardé comme employé absolument
dans Répondre à propos, sur-le-champ.
Pour conclure nous dirons que la dénomination de verbe neutre,
que l'Académie définit « Verbe qui ne peut point avoir de régime di-
rect , comme aller, venir, marcher, etc. » , nous semble n'être pas
applicable à ceux dont le régime est sous-entendu et peut être expli-
qué d'une manière plus ou moins naturelle, comme dans repartir
brusquement, vivement ; répliquer fortement; répondre à propos, sur-
le-champ, etc. ; ceux-ci doivent être' considérés comme employés
absolument. — Il faudrait donc réserver la dénomination de neutre
pour les verbes qui n'ont jamais d'acception active, comme aller,
venir, marcher, etc., et pour ceux auxquels il est absolument impos-
sible de donner un régime direct. Prenant nos exemples parmi ceux
qui tantôt s'emploient avec un régime direct, tantôt ont un sens qui
ne leur permet pas d'avoir un régime, nous donnerons comme neutres
les suivants : La nuit approche; courir de toutes ses forces; ce ma-
lade EMPIRE à vwe d'œil; je pense toujours à vous; le pain renchérit;
la messe tinte , etc. etc. Dans ces deux dernières phrases et autres
semblables on pourrait dire que le verbe est neutre passif, car elles
signifient Le pain est renchéri, la messe est tintée, etc. — Terminons
en disant qu'aujourd'hui les grammairiens donnent assez générale-
ment au verbe le nom d' intransitif, quand l'action exprimée par ce
verbe ne sort pas du sujet, comme aller, marcher, venir, etc,,ei
même quand l'action ne passe au complément qu'au moyen d'une
préposition, comme nuire À quelqu'un, Voy. Transitif.
NOMBRIL, s. m... se dit, en Botanique, de certaines cavités qu'on
aperçoit à la partie des fruits qui est opposée à la queue, et auxquelles
les jardiniers donnent le nom d'CEil, — Le mot nombril n'est pas
un terme de Botanique ; on ne le trouve dans aucun vocabulaire de
cette science. Quant au mot œil, on l'emploie généralement, comme
les jardiniers et les botanistes eux-mêmes, pour signifier l'espèce de
couronne qu'on voit au sommet de quelqujes fruits tels que les poires,
les pommes, les coings, et qui se compose des dents du calice. Il y a
même une variété de poire dans laquelle ce caractère est double, et
qu'on appelle poire à deux yeux.
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NON... Nonr-seulement. — Ce tiret est-il nécessaire? L'Académie ne
l'a pas mis dans les trois premières éditions, et nous pensons qu'on
pourrait s'en passer de même aujourd'hui : il n'y a pas de liaison
intime entre ces deux adverbes.
NON... Non plus, loc. adv. Pas plus. Il n'en fut non plus ému que
sHl eût été innocent. On n'en parle non plus que s'il n'eût jamais été^.
Je n'en sais rien, non plm que vous. — La dernière de ces locutions,
non plus que vous, que lui, que nous, qu'eux, est assez fréquemment
employée, mais nous croyons que maintenant, dans les deux pre-
mières phrases, on substitue pas plus à non plus. Il en est de même
pour celles-ci :
(à Drap) Fig. et fam., Ce malade, cet enfant ne se soutient non plus qu'un
drap mouillé, Il ne peut se soutenir.
(à Jalodx) // ne dort non plus qu'un jaloux, Il ne saurait dormir.
(àTE:viR) Je n'en ai non plus quHl en pdhrrait tenir dans l'œil, dans
mon œil,
(à Passer, y, a,) Il ne peut non plus s'en passer que de sa chemise, que
de chemise,
(à Quitter) H ne le quittée non plus que l'ombre fait le corps,
A cette dernière phrase nous préférons les variantes que nous
trouvons à l'article Ombre :
Il le suit COMME Vombre fait* le corps.
Il ne le quitte pas plus que son ombre,
NOURRICIER, 1ÈRE, adj. Qui opère la nutrition, qui sert à la nutri-
tion, qui se répand dans un corps pour en augmenter la substance...
On a cru de certaines plantes qu'elles attiraient les sucs nourriciers
du sol qui les produit.
Dans cet exemple on nous présente comme erronée l'opinion de
ceux qui pensent que les plantes ou tout au moins certaines plantes
tirent leur substance de la terre. Cependant il paraît que le fait est
certain, et voici des phrases où l'Académie semble le reconnaître :
(à Égravillonner) On égravillonne^ (on ôte la plus grande partie de la
terre d'entre les racines d*un arbre qui a été levé en
motte, et qu'on veut replanter) afin que l^ racines
puissent prohter des sucs nourriciers de la nour
velle terre,
(à Exsuccion) Il y a dans la racine des plantes une sorte d'ExsuccioN.
(à Substance) Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre,
1. k l'article Plus l'Académie ne donne pas d'exemples de cette acception , qui a vieilli ;
•Ue se borne à ces deux phrases :
On n'exige rien de vous, non plus que de votre camarade.
Je ne me fie pas à Iw, non plus qu'à son frère.
2. Aujourd'hui , au lieu d'employer le verbe faire, on répète le premier verbe el l'on dit :
fl le surr comme l'ombre surr le corps. — Quant à cette phrase Je n'e^i ai non plus qu'il en
P^, qu'on trouve à l'article Pleuvoir, nous croyons qu'on la rendrait par ces moto : J'en ai
COMMB il en pleut, autant qu'i7 en pleut.
3. L'Académie dit qn* égravillonner est un verbe actif ; elle aurait dû ajouter que dans cet
•xemple il est employé absolument, puisqu'elle ne lui donne pas de régime.
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— 198 —
NOUVEAU, NOUVEAUTÉ, NOUVELLE, NOUVELLBHKrT, NOUVELLETÉ^
NOUVELUSTE, NOUUEE. — Tronsposêz : NoDDRK, Nouveau, Noo-
VBAUTÉ, Nouvelle, etc^
NU, NUE, adj... Nu est invariable lonqnMl précède le substantif. /î
était nvr4éte, nu-jambes. Il lui parle rm-4ête. Aller nu-pieds, nw-
jambes, nuMte. — En rédigeant cette règle, l'Académie songeait aux
mots tête, jambes, pieds, et ne pensait pas à propriété, qui se trouve
dans le même article et dans ht même colonne. Gomme elle écrit la
NUB propriété, elle aurait dû dire : Nu est invariable lorsqu'il précède
le substantif sans êtrb lui-même PRécÉDé d'un article ; et alors il
se joint au substantif par un tiret : nu-pieds, nu- jambes, mp-téle.
Dans cet article, comme nous venons de le voir, on parle de la
« Nue propriété. Propriété d'un fonds dont un autre a l'usufruit. »
Cela nécessitait une mention du nur-propriétaire, car l'un ne va guère
sans l'autre. Comment faudra-t-il écrire ce mot, surtout au pluriel?
Bien qu'on écrive assez généralement la nue propriété sans tiret, on
s'accorde cependant à en mettre un à nu-propriétaire, mais on fait de
nu un mot invariable : les nu-propriétaires. Nous ne comprenons pas
la raison de cette invariabilité, qui ne nous paraît pas fondée, et nous
écririons la nue- proprié taire, les nus-propriétaires comme nous écri-
vons la grande-duchesse et les grands^ucs* — En même temps, pour
diminuer les difficultés orthographiques, nous écririons la nus-pro-
priété, avec un tiret.
NUBILE... D'après le code civil, les filles sont nubiles à seize ans,
et les garçons à dix-huit, — £st>-ce par distraction qu'on a mis seize
ans au lieu de quinze? A l'article Puberté, que l'Académie elle-même
définit « L'état des garçons et des filles qui sont nubiles » , elle dit,
conformément au code civil : « Suivant nos lois, Vâge de puberté est
de dix'huit atis pour les garçons, et de quinze ans pour les filles, »
NUIRE. — Dans la conjugaison du verbe luire il manque le passé
défini et l'imparfait du subjonctif. Ici du moins il ne manque que le
premier de ces temps; mais il est nécessaire pour la formation du
second, et d'ailleurs il est d'un fréquent usage : Cette malheureuse
aventure nuisit beaucoup à mon avancement.
NUL, NULLE, adj. — On a omis ici une acception importante, celle
de lettre nulle, expression qui cependant se trouve.à l'article a : « R ne
se fait pas sentir... Elle ne se prononce pas non plus... Elle est égale-
ment nulle à la fin de quelques autres mots, tels que berger, danger,
monsieur, etc, » On dira de même que 1'/ finale est nulle dans baril,
chenil, coutil, fusil, persil, etc,
NUNCUPATIF. NUNDiNALES. — Qn prouonce généralement noncupa-
tif, nondinales; mais il parait que l'Académie n'approuve pas cette
prononciation, puisqu'elle n'en parle pas.
NUPTIAL, ALE, adj. — Ajoutez : On prononce nupoial^
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— IW —
OBÉDIENGIER. obédi£NTI£L.— Ges deux mots dériyentû*ohédienct ;
il semblerait naturel que tous cleux suivissent la même orthographe,
c'est-à-dire que tous deux prissent ci, comme on écrit révérencieux
et révérenciel, par analogie avec révérence.
WÊiAi^itû. — La syllabe qtd doit-elle se prononcer ki, comme dans
équité j arUiqvité f Nous croyons qu'on prononce plus généralement cui.
OBfiaÉQUiEUSEBiBiîT. OBSÉQUIEUX. *— Fautr-il pronouccr ki ou cui f
L'usage est pour ce dernier, mais l'Académie garde le silence. — Il
ms^nque icile substantif obséquiosilé,
OBSTEUGTiFi) IVE, adj. T. de Médec. — Voy. Désobstructif, s. m.
OBUS» (On prononce Obuze,) Sorte de petite bombe sans anse...
La prononciation obuze ne nous semble pas meilleure que celle de
azmaUque, nzme pour asthmatique, asthme, et nous pensons qu'il
aurait fallu dire, comme à Blogos « On prononce l'S ». — Il nous
semble encore qu'il fallait écrire sam unseS, puisque les bombes ont
toujours deux anses. C'est ainsi qu'aux articles Poce , Scolopendre ,
Tique, etc., l'Académie écrit « insecte sans aileS », et non , sans aîle.
Mais on écrira. Un seau, un chaudron, une marmite, etc., scms aune
(au singulier), parce que ces ustensiles n'ont qu'une anse.
OCCIPUT... On lui a fait un cautère au-dessous de l'occiput. — A
l'article Cautère nous ne trouvons que pratiquer wt cautère; dit-on
aussi faire un i^mdère f Voy. Cautère.
ocÉANE, adj. f. Il ne s'emploie que dans cette locution, qui vieillit,
la mer océane, l'Océan. — A l'article Ponant nous trouvons encore
ce nom avec un petit o : La mer du Ponant, La mer océane. Pour-
quoi cette minuscule, puisqu'on écrit avec une majuscule non-seule-
ment la mer Méditerranée, mais encore les noms de toutes les autres
mers : Atlantique, Pacifique, Rouge, Noire, Jatme, etc. f
ODORANT. OBORIFÉBANT. — Odorawt, antb, adj. Qui répand une
bonne odeur. Les fleurs odorantes* Jl y ^ des -bois odorants. Le cèdre
est un bois odorant. — Odoriférant, ante, adj. Il signifie la même
chose qu'Odorant, Des parfums odoriférants. Des aromates odorif er-
rants.
Nous ne croyons pas que ces deux adjectifs soient synonymes, et
les exemples ctonnés par l'Académie semblent confirmer notre opi-
nion. Nous pensons qu'orforatU signifie Qui porte en soi , qui répand
une bonne odeur, comme les fleurs et certains bois, le santal, le
cèdre, le palissandre, etc.; et odoriférant. Oui répand son odeur au
loin, comme les parfums et te» aromates lorsqu'on les brûle : l'en-
cens, la myrrhe, le benjoin, etc. Oe n'est pwj sans intention qu'on a
ajouté le verbe ferre, porter, au substantif odor, et il faut que cette
addition soit représentée dans la définition.
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— 200 —
Œ. — L'Académie nous indique la prononciation de Vœ {é) pour
les mots cœcumj œcuménicité, œcuménique, œcuméniquementj œdé-
mateux ^ œdème, Œdipe ; msLis elle ne la donne pas pour cœliaque,
diœciej fœtus, m^nœcie, œnologie, œnomancie, œnométre, œnophore^
œsophage, œstre, périœciens, pkœnicure, pœcile, etc,
ŒDIPE, s. m. Nom propre devenu nom commun, pour désigner un
homme ^qui trouve facilement te mot des énigmes, des logogriphes, ou
la solyition de questions obscures... ToxU l'art de nos Œdipes échoue-
rait devant cette énigme, — Ni à l'article Échouer, ni à Devant, on ne
trouve rien qui ait quelque rapport avec l'expression échoiter devant»
ŒIL, s. m. — Ces trois locutions, « Couver des yeux une personne,
une chose. Regarder cette personne, cette chose avec intérêt, avec
complaisance ; — Manger, dévorer quelqu'un des yeux. Attacher sur
lui, avec plaisir, des regards attentifs et en quelque sorte avides. On
dit dans le même sens, Manger, dévorer quelque chose des yeux; —
N'avoir des yeux que pour une personne. N'avoir d'affection que pour
elle, lui accorder une confiance exclusive » ; — ces trois locutions,
à ce qu'il semble, devraient se suivre dans le Dictionnaire, et cependant
la seconde est séparée de la première par 81 lignes; la troisième est
séparée de la seconde par U lignes , « Mettre une chose sous les yeux
de quelqu'un, etc. » , qui n'ont aucune liaison d'idée avec le reste.
ŒiiL... en termes de Jardinage et de Botanique, signifie Un bouton,
une petite excroissance qui paraît sur une tige ou sur une branche
d'arbre, et qui annonce une feuille, une branche, un fruit. Il se dit
particulièrement de l'endroit par où sort le petit bourgeon de la vigne
et des arbres fruitiers.
L'Académie a omis ici une acception importante, dont elle parle à
l'article Nombril (Voy. ce mot), celle de l'espèce de couronne qui
est formée par les dents du calice, et qu'on voit au sommet des
pommes, des poires, des coings, etc. — Elle aurait pu parler aussi
des YEUX de la pomme de terre, c'est-à-dire des petites saillies qui
se voient dans les cavités de ce tubercule, et d'où naissent des bour-
geons qui peuvent produire de nouvelles plantes.
ŒIL... Vin couleur d'osil de perdrix, ou simplement. Vin œil de
perdrix. Vin qui a une légère teinte de rouge. — Il manque ici deux
acceptions de cette locution œil de perdrix : l'une se trouve à Per-
drix : « Liiige à œil de perdrix, linge de table ouvré , dont la façon
représente à peu près des yeux de perdrix » ; l'autre, Œil de perdrix,
espèce de cor qui survient entre les doigts des pieds, est complète-
ment omise. Nous croyons que dans cette dernière acception l'on doit
écrire œil-de-perdrix avec deux tirets; quant au pluriel, nous pré-
sumons qu'il faut dire des œils-de-perdrix, comme des œils-de-bcetif-
ŒUF... Ce cuisinier sait faire de vingt sortes d'œufs. — Que signifie
cette phrase? Veut-elle dire que le cuisinier sait faire vingt sortes de
plats avec des œufs? C'est probable, mais il fallait le dire.
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— 201 —
OFFICE... Le saint office, La congrégation de Tinquisition établie à
Rome; Le tribunal de l'inquisition. Familier du saint office. Il a été
détenu deva: ans dans les prisons du saint office, — Ici T Académie
écrit saint office sans tiret, tandis qu'elle le met aux articles Saint,
Congrégation, Inquisition, Qualificateur, etc. Familier du saint--
office, La congrégation du saint^office. Le saint-office. Qualificateur du
saint-office. Faut-il ou non mettre ce tiret? Voy. Gontre-basse.
OGIVE, s. f... Il est aussi adjectif des deux genres, et se dit de toute
arcade, voûte, etc., qui, étant plus élevée que le plein cintre, se ter-
mine en pointe, en angle. Voûte ogive. Cet arc ogive sert de décharge.
Porte, fenêtre, arcade ogive. On dit aussi, voûte, fenêtre en ogive.
Nous croyons qn'ogive ne s'emploie plus guère comme adjectif,
et qu'il a été remplacé par ogival: Arc ogival; porte, fenêtre, arcade
ogivale ; mais l'expression en ogive est très-usitée.
Ogive n'est ^pas le seul mot qu'on ait cessé d'employer comme ad-
jectif. L'Académie nous apprend qu'autrefois on disait : L'histoire
anecdote de Procope (aujourd'hui l'on dirait anecdotique) . Cette opi-
nion révoltera tout le monde, elle est trop paradoxe (paradoxale).
OIE... Patte d'oie. Le point de réunion de plusieurs routes, de plu-
sieurs allées divergentes, d'où on les aperçoit d'un coup d'œil. — Au
lieu de donner ici une des acceptions , il aurait mieux valu renvoyer
à l'article Patte , où le lecteur en aurait trouvé deux , dont voici la
seconde : « Ces rides divergentes que les personnes qui commencent
à vieillir ont à l'angle extérieur de chaque œil. »
OIGNON. (L'I ne se prononce point, mais il sert à mouiller le G.
Quelques-uns écrivent Ognon.) — Si Vi était nécessaire pour mouiller
le g, il faudrait non-seulement le rétablir dans les mots campagne,
cocagne, montagne, cognée, cogner, etc., mais encore le mettre dans
agneau, agnel, Agnès, etc. En le supprimant dans les premiers de ces
mots, et en disant, au mot Encoignure, « Plusieurs écrivent jE/ico-
gnure, parce qu'on ne prononce plus 1'* » , l'Acadénjie semble recon-
naître elle-même que cet i ne fait rien pour la prononciation du g.
D'ailleurs ne mouille-t-on pas le g dans grognon, rognon, trognon,
dont la terminaison est absolument la même ?
OIGNON... Tête, botte d'oignons, — Il fallait dire, Tête d'oignon.
Botte d'oignons, car on ne peut pas écrire Une tête d'oignonS,
OIGNON... Chapelet d'oignons, Une grande quantité d'oignons atta-
chés ensemble. — La définition de l'Académie semble donner à en-
tendre que les oignons sont attachés en botte, ce qui ne forme pas le
chapelet ; il aurait fallu dire : ... attachés les uns à la suite des autres,
à peu près comme les grains d'un chapelet.
oiLLE. ( Vi ne se prononce point, mais on mouille les deux L. )
Si l'Académie a mis Vi Uniquement pour qu'on mouille les l, nous
croyons qu'elle aurait mieux fait d'écrire simplement Olle, en ajoutant,
comme au mot L]lama « On mouille les deux L ». Il en est de même
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— 202 —
pour bonne-^oiUe, prononciation figurée de BONMe^TOGLis, et pour
Imbroille, traduction de l'italien Imbroglio.
L'addition d'un i devant certaines lettres telles que gn et II pour
les faire mouiller dans la prononciation peut avoir un inconvénient,
celui de faire croire aux personnes qui ignorent l'origine des mots ou
les caprices de l'usage, que ces lettres sont toujours mouillées lors-
qu'elles sont précédées d'un ?*, et seulement dans ce cas-là. Or nous
venons de voir à l'article Oignon que gn se mouille souvent sans être
précédé d'un i, et nous ajouterons que dans plusieurs mots qui
viennent du latin, par exemple, tels que désignatif, igné, ignition,
ignicole, etc., gn ne se mouille pas , même après l't. — Quant aux II
précédées d'un i, elles ne sont jamais mouillées au commencement
des mots : illégal, illicite, illusoire, etc.; et souvent il en est de même
à la fin ou au milieu, comme dans codicille, gille, mille, papille,
pupille, fibrille, sille, tranquille, armillaire, capillaire, fritillaire, etc,
OMBILIC, s. m..., synonyme de Nombril,... se dit, par une espèce
d'analogie, en Botanique, de l'enfoncement qui se trouve à Tune ou
à l'autre extrémité de certains fruits, et quelquefois à toutes les deux.
La pomme a deux ombilics, la poire n'en a qu'un.
Cette définition manque d'exactitude. Il ne peut exister qu'un seul
ombilic, généralement situé à l'opposite de la queue et, dans cer-
tains cas, plus ou moins rapproché de cette dernière.
Nous avons vu plus haut, p. 196, que nombril n'est pas un terme
de Botanique. Ici nous croyons pouvoir dire qu'on ne doit pas-appe-
1er ombilic l'enfoncement ou les enfoncements que présentent cer-
tains fruits, et qu'ainsi les pommes n'ont pas plus deux ombilics que
les poires. L'ombilic est, dans les fruits, ce qu'on appelle générale-
ment œil, c'est-à-dire la petite couronne formée par les dents du câr
lice ou par les vestiges du style ; pour les semences ou graines, c'est
le hile ou la cicatrice qui marque le point par où elles tenaient au
placenta, comme. dans les pois, les haricots, les fèves.
OPÉRATEUR, s. Celui qui fait certaines opérations de chirurgie...
— Au lieu de s, lisez \ s. m.
OPTIMÈ. — L'Académie écrit Optimè avec un è et Novissimé avec
un é. Ces deux adverbes doivent prendre le même accent l'un que
l'autre, mais lequel? L'Académie veut -elle donner l'orthographe
latine, ou la prononciation française?
ORANGE, s*, f... Un bouquet de fleurs d'orange, — Pourquoi dire
fleurs d'orange et non fleurs d'oranger? Nous convenons sans peine
qu'on emploie généralement la première de ces locutions et que des
auteurs renommés tels que Fénelon et Bernardin de Saint-Pierre en
ont fait usage; mais l'Académie devrait chercher à la redresser, au
lieu de s'en servir constamment, car on là rencontre dans un grand
nombre d'articles : Conserve, Crème, Eau, Gant, Néroli, Pommade,
Poudre, etc., tandis qu'à Aubère, Fleur, Pêcher > Sirop, etc., on
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— 2«S —
trouve fleur de pécher et non fl$ur de pèche. Assurément Ton dirait
des fleurs d'abricotier, de cerisier, de poirier^ de pommier, etc., et
non d'abricot, de cerise, etc. — Nous ne voyons d'analogue dans le
Dictionnaire de FAcadémie que fleur de grenade^, à Grenade, et
nous pensons qu'il serait mieux de dire flsur de grenadier,
OBEILLE... Oreilles rebordées, ourlées.— Qu'est-ce que des oreilles
rebordées, ourlées^ A Reborder, Ourler, nous ne trouvons rien
de semblable. — Nous demanderons de plus ce que c'est qu'wn cheval
boiteux de l'oreille.
OBGANSIN... Organsin de pays. — Si l'Académie avait dit du pays,
nous comprendrions cette phrase ; elle indiquerait un organsin du
pays même des personnes qui en parlent ; ainsi les Français appelle-
raient organsin du pays l'organsin fabriqué en France; les Piémon-
tais, celui qui est fabriqué en Piémont, etc.; mais nous ne compre-
nons pas Organsin de pays.
ORGE, s. f... Orge est aussi masculin, mais seulement dans ces deux
expressions : Orge mondé. Orge perlé. — Il aurait fallu ajouter Vorge
carré j car au mot Écourgeon l'Académie donne pour définition : Orge
carré qu'on appelle aussi Orge d'automne ou de prime.
ORGUE, s. m. ORGUES, au pluriel, s. f. — Cette différence de genre
du singulier au pluriel présente un grand inconvénient, car on ne
peut pas dire ; Cet orgue est un des plus beaux que j'aie vus. Autre-
fois l'Académie donnait le genre féminin aux deux nombres, et c'était
bien plus naturel; qu'on lui donne aujourd'hui le genre qu'on voudra,
mais que du moins ce genre soit constant. On n'a pas même, pour
appuyer cette bizarrerie, l'autorité d'une étymologie, comme pour
délice {delicium), et délices {deliciœ).
ORGUEILLEUX. — Quelques professeurs croient devoir prononcer
gusil dans orgueilleux, orgueilleusement, s'enorgueillir, de la même
manière que dans orgueil, où cette syllabe se prononce comme celle
de deuil. Le silence de l'Académie nous autorise à penser qu'ils se
trompent. Dans tous les cas, c'est un exemple de plus à l'appui de
notre demande : il est à désirer que la prononciation soit indiquée
à chaque mot qui offre une difficulté sous ce rapport, et surtout lors-
qu'elle varie d'un mot à un autre, afin qu'on sache positivement à
quoi s'en tenir.
ORPHELIN, INE, S... Il est orphelin de père et de mère. — Il nous
semble que dans cet exemple orphelin doit être adjectif, puisque
l'Académie dit que veuf, veuve, sont adjectifs dans ces phrases : Il est
veuf. Elle est veuve d'un tel.
OSER, V. a... Osé, ée, participe... est aussi adjectif, et signifie Hardi,
audacieux. Serez-vous si osé que de dire..., assez osé pour dire...
1. On désigne souvent la fleur du grenadier par le nom de grenade, qui appartient au
ftnit : Il y avait dans ce bouquet du jasmin, des roses, des fleurs â: oranger et de grenadier, ou
éoBplemtiit, dft çrtmadn, de.
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— 201 —
Au sujet de la locution si... que de, nous trouvons encore :
(à GcRŒDx) H^B soyez pas si curieux que de fouiller dans mes papiers,
(à Simple) Je ne suis pas si simple que de m'en fier à sa parole,
(à Sot) Je ne suis pas si sot que de le croire.
Si,,, que de (assez... pour) manque à l'article Si; c'est une omis-
sion à réparer.
OSTENSOIR OU OSTENSOIRE. SVSPENSOIR OU SVSPENSOIRE. — GeS
deux mots n'ont pas le même âge : le dernier se trouvait déjà dans la
première édition du Dictionnaire de l'Académie, tandis que le premier '
n'y figure que depuis 1835; tous deux cependant ont les mêmes
variantes. Il serait utile d'en supprimer une ; mais laquelle? La règle
veut que les substantifs masculins formés d'un participe présent ne
prennent pas d'e final; ainsi l'on écrit arrosoir (formé d'arrosant),
éteignoir (d'éteignant), polissoir (de polissant), etc. Ceux qui ne
dérivent pas d'un participe présent prennent Ve : directoire, offer-
toire, dimissoire, possessoire, etc. Il y a quelques exceptions : asper-
soir, birloir, dortoir, espoir, hoir, loir et soir; mais il serait conve-
nable de ne pas les augmenter, car en toutes choses les exceptions
sont fâcheuses. Jusqu'ici l'Académie avait toujours écrit suspensoire,
et il aurait été bien de maintenir seule cette orthographe; osten-
soire devrait également suivre la règle sans variante.
OSTROGOT. — On écrit gothique avec une h, et Ton n'en met pas
dans ostrogot; pourquoi?
oii. — A l'exception de cette phrase, Le* temps où nous sommes,
nous ne voyons dans cet article aucun exemple qui présente où coname
pronom ou adverbe de temps; en voici quelques-uns pris ailleurs :
(à A) i4 Vinstant ot j'allais sortir, il vint chez moi,
(à Frayer) Dans la saison oii les poissons frayent.
(à Nouer) Dans le temps oh les fruits se nouent.
Cette omission nous paraît d'autant plus fâcheuse, qu'à l'article Qde
on trouve plusieurs exemples dans lesquels ce pronom pourrait fort
bien être remplacé par où, tels que
L'hiver Qo'iï fi,t si froid.
Le jour qde cela est arrivé.
Au moment que je le reverrai.
en sorte que l'étranger qui consulterait ces deux articles Où et Que
pourrait être persuadé que ce dernier mot est le seul qui doive être
employé. Voy. Qde.
OUATE. (On prononce Ouète.) ouater. (On prononce Ouéter.)--
Nous n'avons jamais entendu prononcer ainsi ces deux mots, et nous
croyons que très-peu de personnes disent ouête, ouëter. L'Académie
ne nous dit pas, et avec raison, de prononcer noal, ouast, poate, bien
que quelques-uns prononcent ainsi les mots Noël, ouest, poète.
OUBLIEUR. (On prononce Oublieux.) Garçon pâtissier qui allait le
soir par les rues crier des oublies. — La prononciation ottblieux pour
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— 205 —
oublieur a le grand inconvénient de confondre deux choses qui n'ont
aucun rapport, Un garçon pâtissier criant et vendant des oublies , et
Un homme qui a peu de mémoire, car oublieux, sujet à oublier, s'em-
ploie familièrement comme substantif, quoique l'Académie ne le dise
pas : C'est un oublieux, un grand oublieux; sans doute par analogie
avec un capricieux, un curieux, un malicieux, etc.
OURLER, V. a. Faire un ourlet à du linge ou à quelque autre étoffe.
Ourler des mouchoirs, des serviettes, etc. — Odrlé, ée, participe.
Il manque ici une expression figurée du participe Ourlé, celle des
oreilles ourlées qu'on trouve pour exemple à l'article Oreille, et dont
on regrette de ne pas connaître la signification.
OUTILLER. — Au mot OoTiL, l'Académic nous dit « On ne prononce
pas l'L. » Ici elle aurait dû dire qu'on mouille les II du verbe.
OUTRE -PASSER. — Nous croyous qu'on pourrait très-bien suppri-
mer le tiret dans ce mot, non-seulement parce que peu de personnes
le mettent , mais encore parce qu'il y a inversion , et que l'Académie
n'en met même pas dans outremer, s. m., oii l'inversion n'a pas* lieu.
On n'en met point dans surpasser,
OVIPARE, adj. des deux genres. Il se dit des animaux qui se repro-
duisent par des œufs. Il y a des poissons qui sont vivipares etd'autres
qui sont ovipares.-^ Cet exemple était bon en 17Z|0 (dans la troisième
édition), mais aujourd'hui c'est un anachronisme : depuis un siècle
(1762, Zi« édition) on donne le nom de cétacés, c'est-à-dire animaux
du genre de la baleine, à ceux qui autrefois étaient appelés poissons
vivipares; et dans tous les cas, comme les poissons vivipares étaient
l'exception, il aurait été mieux de dire : Hjy a des poissons ovipares
et d'autres qui sont vivipares.
OXYDE. — L'Académie écrit oxyde et oxygène avec un y. Nous
croyons que l'orthographe de ce dernier mot seulement est exacte.
Oxygène, formé d'oxus et de gennaô, demande bien 1'^; mais oxyde
est composé d^oxus et d'eidos, qui se contractent en oxeidos, oxidos,
et par cette raison Vy d'oxus disparaît. Cependant, comme aujourd'hui
ces deux mots sont employés même par la classe ouvrière et qu'il
lui serait peut-être difficile de se rappeler quel est celui qui doit
prendre Vy, nous nous bornons à signaler la différence d'étymologie,
sans en demander une dans l'orthographe.
OXYGÈNE, s. m. T. de Chimie. — Au lieu de « s. m. » il faut mettre
« s. m. et adj. » car nous. lisons :
(à Air) Air vital, ou Gaz oxygène.
(à Combiner) Le gaz oxygène, en se combinant a>vec un métal ^ en forme
l'oxyde.
(à Gaz) Vair atmosphérique se compose de gaz oxygène, de gaz azote, et
de gaz acide carboniqm.
(à^ Hydrogène) Il (hydrogène) ne se dit que de la substance aériforme...
dont la combinaison avec le gaz oxygène forme de Teau.
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PAIR, adj. m. ^ Pourquoi donner à cet adjectif le genre ipasculin
seulement, puisque impair a un féminin? n'y a-t-il pas des années
paires, des folioles paires, etc., comme il y en a àHmpairesf
PALEFRENIER... Un cheval bon pour monter un palefrenier, — Le
sens de cette phrase ne se comprend pas dès l'abord, car ce sont les
palefreniers qui montent les chevaux plutôt que les chevaux ne mon-
tent les palefreniers. Évidemment elle fait allusion à l'expression
Monter un cavalier, qui signifie Lui fournir le cheval et l'équipement;
mais dans ce cas il nous semble qu'il aurait suffi de dire, Un cheval
bon pour un palefrenier,
PALLADIUM... En Angleterre, on regarde Vacte rf'Habeas corpus
comme le palladium de la liberté individuelle, — Qu'est-ce que l'acte
d'Habeas corpus ? Il aurait été utile de le dire ici, à l'article Acte, ou
ailleurs. Voy. Acte et Abmoise.
PÂMER, V. n. ou SE PÂMER, V. prou. Tomber en pâmoison, en
défaillance. — Pâmé , ée , participe. Carpe pâmée.
Qu'est-ce qu'une carpe pâmée? demandera-t-on. Il aurait été bien
de prévenir la question, et de dire que lu carpe, lorsque le soleil
brille, vient à, la surface de l'eau et se met sur le côté, fermant les
yeux et entr'ouvrant la bouche à courtes reprises, en sorte qu'on la
croirait presque morte.
PÂMOISON. — Ne serait-il pas convenable d'écrire ce mot sans
accent (pâmoison), comqae on le fait pour infamie, gracieiuv, disgror
cier, compatir, encablure, etc. ?
PANADER (SE), V. pron. Il se dit d'une personne qui marche avec
un air d'ostentation et de complaisance, à peu près comme un paon
quand il fait la roue. Voyez comme il se panade. Il est familier et peu
usité. — Il aurait fallu ajouter « On dit plutôt se pavaner » , car cette
locution est bien plus usitée que l'autre, et nous lisons plus loin,
a Pavaner (se), v. pron. Marcher d'une manière fière, superbe,
comme un paon qui fait la roue. Voyez commue il se pavane. Il aime
à ^e pavaner. » C'est le même mot avec l'origine latine.
PAR... sert aussi à désigner la cause, l'agent, le motif, le moyen,
l'instrument, la manière. — Excepté les cas où par forme avec le
substantif qui le suit une espèce de locution adverbiale, comme dans
« Cela est dit par ironie, par raillerie ; il a obtenu cela par force,
par faveur; donner quelque, chose par charité, par aumône; dire quel-
que chose par mégarde, par inadvertance; compter par ordre, etc. »;
— excepté ces cas, disons-nous, les exemples relatifs à la manière
dont se fait une chose sont au pluriel i n Une va*qtie par saulS el
par bonds. Poème divisé par chantS. Distribution par canUmS, Rece-
voir par parties. Toucher une rente par quartiers. S'en aller par
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piècêS* Tomber par lambeaux. Couper par morceauX. » Cependant il
est des cas où il faut employer le singulier ; et comme on est souvent
embarrassé à ce sujet , nous croyons devoir donner ici les exemples
trop peu nombreux que nous avons trouvés :
(à JoDR) // paye tant par jour.
(à Port) /{ a donné tant par kilogramme à la messagerie, pour le port de
ses effets.
{k Tête) On paye tant par tête. — Le traiteur prend tant par tête.
Ces exemples montrent que lorsque le substantif peut être précédé
de chaque il doit toujours se mettre au singulier : chaque jour, chaque
kilogramme, chaque tête. Nous croyons que dans les exemples suivants
(à Boutade) N'agir que par boutade. — Composer par boutade.
(à Transport) Le transport de ces marchandises se fait par bateau.
(à Charroi) Charriage, transport par chariot, charrette, tombereau, etc.
(à Tout, Par) Par tout pays. — Cela se fait par tout pays >.
(à Souche ) La succession par souche est opposée à la succession par tête.
on aurait pu mettre le pluriel aussi bien que le singulier : par bour-
tadeS, par bateauX, par chariots, charrettes, tombereaux, par touS
pays, par soucheS, par têleS; et l'exemple suivant semble justifier
notre opinion au sujet de ces deux dernières locutions :
(à tête) La succession du père s'est divisée par têteS, parce que tous les
enfants étaient vivants; celle dé la mère s'est partagée par
soucheS, parce qu'v/n des enfants était mort, et que les petits-
enfants sont venus à partage avec leurs oncles, par représen-
tation de leur père,
A l'article Dizaine on lit, Compter par dizaine; à Douzaine, Par
douzaines; à Centaine, A centaines, par centaines, en grande quan-
tité. Nous pensons que dans ces locutions on peut mettre le nombre
singulier ou le pluriel suivant l'idée* qu'on veut exprimer ; ainsi un
marchand écrira qu'il vend certains articles par dizaines, par dou-
zaines, par centaines, pour signifier qu'il en vend. beaucoup; un par-
ticulier écrira qu'il achète ses bas, ses chemises, etc., par douzaine,
c'est-à-dire une douzaine à la fois , et non paire par paire, pièce par
pièce.
Mais on met généralement au pluriel les mots intervalle, moyient,
degré, etc., précédés de par; nous trouvons :
(à Intervalle) La lune se montrait par intervalles.
Id. Cette maladie le prend et le quitte par intervalles.
(à Moment) /( est sage, il est fou par momentS.
(à Degré) Le son s'affaiblit par degrés.
Id. On n* arrive que par degrés à cette haute perfection.
(à Compagnie) Ils arrivaient à la fête par compagnies.
(à Looch) Les loochs se prennent ordinairement par cuillerées.
(à Livraison) Publier un ouvrage par livraisons.
l. A Pays , l'Académie écrit de même au singulier. En tout pays; mais à Particle EN elle
met le pluriel : En touS pays.
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PARAFER OU PARAPHER. — Voicj quelques exemples de remploi de
ces deux variantes :
(à Parafer, etc.) Quatre exemples avec f {parafer),
(à Piècb) Pièces parafées.
(à Renvoi) Il y a dans cette minute des renvois qui ne sont point parafés.
(à Coter) Les notaires ont coté et paraphé ces pièces.
(à Entrb-ugne) // est défendu aux notaires d* écrire en entre-ligne, U faut
qu'ils fassent des renvois en marge et des apostilles
PARAPHÉES des parties,
(à Fedille) Le président n'a pas encore signé, arrété,vkhkvH±,visé la feuille.
(à Livre) Livres paraphés.
(à Page) Numéroter et parapher les pages d'un registre,
( à Varietdr ) On a ordonné que la pièce serait signée et paraphée, ne varietur .
(à Viser) Viser et parapher des livres de commerce.
Comme les quatre exemples qui sont à l'article Parafer ou Para-
pher suivent nécessairement la première variante et qu'en consé-
quence ils ne doivent être comptés que pour un, il en résulterait que
l'Académie n'a employé que trois fois l'orthographe parafer, tandis
qu'elle a employé sept fois le ph. Cette dernière variante nous semble
préférable en effet, puisque paraphe est une contraction de para-
graphe pris dans son sens primitif, celui de Petit signe placé près de
l'écriture {para, près; ^rap^o^ j'écris).
PARALLÉLIPIPÈDE. — Ne serait- il pas plus convenable de dire
paralléLÈpipèdej conformément à l'étymologie {parallélos, parallèle;
épipédon, plan, surface plane; c'est-à-dire Figure formée de plans
parallèles)? C'est ainsi que ce mot est écrit dans le Supplément
de la première édition du Dictionnaire de l'Académie, qu'on aurait
bien fait de consulter souvent ; et M. Quicherat, qui cite le parallele-
pipedon de Boetius, dit « Parallélipipède, ou mieux paralléhÈpipêde, »
PARAPHRASEUR , EVSE. — AJoutez : subst.
PARÉATis, s. m. (On prononce l'S.) Mot emprunté du latin. — Ce
mot est la seconde personne plurielle du subjonctif du verbe pareo,
je parais om j'obéis, et signifie Paraissez, obéissez. Vé accentué en fait
un mot français qu'on ne sait comment prononcer, et où l'on est
tenté au premier abord de faire l'a bref. On aurait pu y mettre un e
muet» tout aussi bien qu'à deleatur, abigeat, exeat, etc,
PARENT, ENTE. — Ajoutez : subst.
PARTENAIRE... Quelques-uns écrivent partner. — Il nous semble
qu'il aurait été convenable d'ajouter après partner, « comme en an-
glais ». Ces mots auraient appris au lecteur trois choses à la fois :
il aurait vu que partenaire est un mot anglais habillé à la française ;
il aurait eu l'explication de l'orthographe partner; enfin il aurait sans
doute compris que la finale de partner doit se prononcer autrement
que dans cerner, orner, tourner, etc. Mais malgré cela nous pensons
qu'il aurait été bien d'indiquer la prononciation de cette variante
comme on Ta fait pour coroner.
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PARTIE... signifie encore , Celui qui plaide contre quelqu'un, soit
en demandant, soit en défendant. Qui est votre partie? C'est ma par-
tie adverse. Il s'est rendu partie; et .
(à DiteLAiiATioN) n s'est livré à des déclamations contre sa pamib.
(à Faire) Sa partie l'a fait condamner aux dépens.
(à RéccsABLB) Ce juge est parent de ma partie, ,.. U est récusable.
(à Tïhpaniser) Il a eu peur que l'avocat de sa partie ne le tympanisàt.
Déjà lorsque parut le Oid^ les commentateurs jugèrent convenable
d'expliquer ce vers :
Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau,
et nous pensons qu'aujourd'hui comme alors, le mot partie a besMn
d'être accompagné d'un adjectif ou d'une expression équivalente pour
compléter le sens. Qui est votre partie ( adverse ) ? Il s'est rendu
PARTIE ( intervenante ) . — L'Académic aurait bien fait de (Mre que,
même au Palais, on remplace gé*iéralement partie par les expressions
adversaire, partie adverse, — et que dans les phrases « Un avocat qui
contente ses parties, Il défend bien le droit de sa partie, La partie
de maître un tel a été condamnée aux dépens, » on substitue com-
munément le mot client à celui de partie. Nous lisons à l'article
Client : « Cet avocat, cet avoué, ce notaire a beaucoup de clients. »
PARTIR, V. n. (Je pars, tu pars, il part; nous partons. Je partais.
Je partis. Je suis ou J'ai parti. Pars. Partez. Etc.),.. Vous n'avez
pas été plutôt parti qu'il est arrivé.
Cet article nous suggère plus d'une observation. Celles qui concer-
nent l'exemple Vous n'avez pas été plutôt parti..,, se trouveront à
Plutôt et à Surcomposé. Outre cela nous exprimerons le regret de
ne trouver qu'un seul exemple du participe employé avec l'auxiliaire
avoir : le fusil a parti tout d'un coup *. Cela ne nous semble pas suffi-
sant ; et si l'on peut dire j'ai parti aussi bien que je suis parti , il
aurait fallu dire, par exemple, « J'ai parti de Paris hier à trois
heures; Il A parti ce matin pour la campagne; et II est parti depuis
ce matin, depuis hier. » A ces exemples : Dès que le signal a été donné,
il EST PARTI comme un trait; En voyant cet homme, il est parti d'un
grand éclat de rire, il aurait été convenable d'ajouter « ou il a parti ».
PARTITIF, IVE, adj. T. de Grammaire. Qui désigne une partie d'un
1. A l'article Coup nous lisons : « Tout à coup, loc. adv. Soudainement, en un moment.
Cette maison est tombée tout à coup. Ce mal lui a pris tout à coup. — Tout d'un coup,
loc. adv. Tout en une fois. // gagna mille écus tout d'un coup. // fit sa fortune tout d'un
COUP. » — Ces définitions et les exemples dont elles sont accompagnées nous semblent prou-
Ter que dans la phrase ci-dessus il fallait mettre • (je fusil a parti tout à coup ( soudaine-
ment) » , et non tout d'un coup ( en une fois ) ; et nous croyons pouvoir faire la même remarque
pour les phrases suivantes :
(à Bourrasque) // s'éleva tout d'un coup une bourrasque.
(à Tempête) // s'est élevé tout d'un coup une furieuse tempête.
(à Nuit) En hiver la nuit vient presque tout d'un coup.
(à Rallumer) Le feu, qu'on croyait éteint, vint tout d'un coup à se rallumer.
(à Haut, à Pibd) Faire haut le pied. Disparaître tout d'un coup, s'enfuir.
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tout. — Moitié, dizaine, etc., sont des substantifs partitifs. Plusieurs,
quelques, sont des adjectifs partitifs, La prépositionDe se prend sour
vent dans un sens partitif^.
L'accord du verbe avec les collectifs partitifs présente d'assez
grandes difficultés ; et puisque l'Académie n'en a pas donné d'exem-
ples à l'article Collectif, elle aurait rendu un grand service aux
grammairiens d'abord, et ensuite à la généralité de ceux qui la con-
sultent, en en donnant ici un certain nombre. Faut-il dire le qtmrt, le
tiers, la moitié des vignes a gelé ou ont gelé au printemps ?
Aux articles Nombre et Quantité on trouve quelques exemples de
collectifs partitifs :
(à Nombre] Nombre d'historiens Tont ainsi raconté.
(à Quantité) Quantité de gens ont dit cela, ont fait cela.
Id. Quantité de gens sont persuadés de cette nouvelle.
Id. Quantité de personnes sont persuadées de son mérite.
Mais ces exemples ne nous apprennent pas grand'chose, car chacun .
sait qu'après les mots nombre et quantité, non précédés de l'article,
le verbe se met toujours au même nombre que le substantif dont ils
sont suivis. Il aurait donc fallu mettre à Nombre des phrases telles
que celles-ci :
(à Convier) Un grand nombre de personnes avaient été conviées à la céré-'
monie,
(à Infini) /I y a un nombre infini d'auteurs qui ont écrit sur ce sujet.
(à Acclamation) Il (acclamation) se ciit des cris par lesquels un nombre
plus ou moins grand de personnes marquent la joie
qu'ELLES ONT de quelque chose, ou la haute estime
qu'ELLES ONT pour quelqu'un.
Il est évident qu'à ces mots un grand nombre, un nombre infini, etc.,
on pourrait substituer une grande quantité, une quantité considérable,
une multitude infinie, uns foule innombrable, etc., sans rien changer
au nombre employé pour le verbe. L'Académie nous donne pour
exemples à l'article Foule :
Une foule de personnes vous diront qu'il n'en est rien.
Je connais une foule de personnes qui ont éprouvé le même accident.
Pour compléter cet article, nous extrayons de « La Grammaire
selon l'Académie, par Bonneau et Lucan, revue par M. Michaud,
membre de l'Académie française » les lignes suivantes :
« Si les mots la moitié, le tiers, le quart, etc., expriment précisément
la moitié, le tiers, le quart, ils sont collectifs généraux et le verbe
s'accorde avec le collectif : La moitié des députés a voté pour, et
l'autre moitié contre le projet de loi. La moitié ^ des recrues est diri-
gée sur Paris, et l'autre sur Lyon. La moitié de mes pommss est
I. n ne suffit pas de dire • La préposition De se prend souvent dans un sens partitif » ; il
fallait en donner des ez'emples. C'est absolument comme cette phrase qu'on trouve à l'article
Dubitatif : « Si est quelquefois conjonction dubitative. »
ft. Dans ces deux premiers exemples nous dirions une moitié, et non la moitié.
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VENDUE.— Mais s'il ne s'agit pas d'une quantité précise, le collectif n'a
en réalité d'autre valeur que celle de beaucoup de, quantité de ; alors
il devient collectif partitif, et c'est le nom qui suit le collectif qui
devient le sujet du verbe. Après avoir visité un fruitier, par exemple,
on pourra dire, La moitié, le tiers, le quart rfes fruits sont gâtés.
— Par la même raison on dira : Une douzaine d'exemplaires de cette
grammaire vous coûtera quinze francs, et Une douzaine de livres
(environ douze livres) étaient épars sur son bureau. »
PASSE -PIERRE, S. f. Plante qui croît naturellement sur les bords
de la mer, et qui sort des fentes des rochers. On la nomme aussi Ba-
die. Perce-pierre et Fenouil marin. — On a omis ici un cinquième
nom de cette plante, celui de Christe marine, dont nous parlons uni-
quement parce qu'à cet article Christe marine on lit « le (et non la)
passe-pierre. » Où est la faute, à Passe-pierre ou à Christe marine?
L'analogie avec passe -fleur, passerage, passe^rose, etc., nous fait
penser que passe-pierre est du genre féminin.
PASSE-PORT. — Puisqu'on a réuni en un seul mot passe-avant pour
en faire passavant, qui n'a que le sens propre, il nous semble qu'il
serait convenable d'écrire passeport; d'autant plus que cette pièce
administrative sert non-seulement pour entrer dans un port ou pour
en sortir, mais encore pour passer d'un État dans un autre, et sou-
vent pour faire à peine quelques lieues. D'ailleurs passe-port s'em-
ploie figurément, môme pour les choses. Pour les personnes, on dit :
Cet homme porte son passe-port avec lui, c'est-à-dire que son exté-
rieur agréable et décent doit le faire bien recevoir partout; pour
les choses : L'allégorie sert de passe-port aux vérités les plus har-
dies; La louange est un passe-port dont la vérité a souvent besoin
pour être accueillie chez les grands.
PASSER 9 V. n... Fig. et fam.. Cela lui a passé par la tête, par l'esprit,
n lui est arrivé d'y penser, il s'en est occupé ; et. Cela lui a passé de
la tête, de l'esprit. Il a cessé d'y penser, il l'a oublié. — La première
de ces locutions est assez usitée : Il lui a passé par la tête de faire
m voyage en Italie ; l'idée 'd'acheter une campagne lui a passé par la
TÊTE, etc. Mais nous croyons qu'il n'en est pas de même de la seconde,
et qu'on dit sortir au lieu de passer : Cela lui est sorti de la tète, de
la mémoire, a l'article Sortir nous lisons : « Cela est sorti de ma
MÉMOIRE, m'é^t sorti de la mémoire. Cela ne m£ sort pas de la tête. »
PASSER, V. n... (p. 362, 3« col. à la fin) signifie aussi. S'écouler, ne
pas demeurer dans un état permanent. Les jours, les années passent.
Le temps passe et la mort vient... La beauté passe comme une fleur. Cette
couleur passe bien vite. Les plaisirs passent. Tout passe en ce monde.
— (p. 36/i, 2« col.) Passer, avec le pronom personnel, se dit aussi des
choses qui perdent leur beauté, leur éclat, leur force, etc. Les fleurs
SE passent en un jour. Les couleurs vives se passent facilement. Cette
femme n'est pliçs aicssi belle, elle se passe. Ce vin n'a plus guère de
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force, il se passe. On dit dans un sens analogue : Cette mode se pas».
Le goût des liqueurs fortes se passe de jour en jour. Etc.
Ces deux manières d'employer le verbe passer, avec ou sans le pro-
nom personnel , sont à quatre et même à cinq colonnes de distance,
et cela nous semble fâcheux pour la plupart ée ceux qui consultent
le Dictionnaire de l'Académie» car ils ne pourront pas comparer les
définitions et les exemples , ou plutôt ils n'y songeront guère *.
Quant à nous, nous avouons franchement que nous ne savons pas
voir de différence entre La beauté passe comme une fieur; Cette covr
leur passe bien vite, et Les fleurs se passent en un jour; Les couleurs
vives se passent facilement; — où plutôt nous pensons que lorsqu'il
s'agit de beauté, d'éclat, de force, etc., il faut supprimer le pronom,
qui ne fait qu'allonger la phrase et obscurcir le sens. Nous dirions
donc. Les fleurs passent en un jowr; Les couleurs vives passent faci-
lement; Ce vin n'a plus guère de force, il passe; Cette mode passe;
Cette mode est passée; Le goût des liqueurs fortes passe (ou plutôt
diminue) de jour en jour. — Pour le temps, on dira, comme l'Aca-
démie : « Les jours, les années passent; Le temps passe et la mort
vient; Les plaisirs passent; et Les années se passent, le temps se
passe insensiblement; L'occasion se passe. » — L'emploi du pro-
nom ne devient nécessaire que lorsque le verbe est accompagné
d'un modifïcatif qui indique la manière dont le temps est employé :
« Presque toute notre vie se passe à formier de vains désirs. Tout leur
temps SE passe en de frivoles occupations. Ses jours se passent dans
Voisiveté. »
PASSER, V. n. -:- C'est inutilement qu'on parcourt les 300 et quel-
ques lignes dont se compose l'article Passer, v. n. , pour trouver la
locution II a ou il est passé maître. Il faut parcourir encore plus de
200 lignes dans l'article Passer, v. a., avant d'arriver à œs mots:
« Passer quelqu'un maître. Le recevoir à la maîtrise. Nous VoA^ons
passé maître. On l'a passé maître. On dit aussi neutralement : /i o
passé maître es arts. Il est passé maître; et figurément, Il est maître
passé, ou // est passé maître en friponnerie, en fourberie. Il y est fort
habile. » Nous croyons cependant que passer est bien plus usité dans
cette dernière acception oi^ le verbe est neutre, que dans l'autre, et
qu'il aurait tout au moins fallu mettre la locution Passer maître dans
l'article Passer, v. n., avec un renvoi à Passer, v. a., où sans cela
personne ne s'avisera de la chercher.
PASTEUR... est aussi le titre des ministres protestants. Il étudie
pour être pasteur. On l'a nommé pasteur, — Ministre et pasteur ne
sont pas synonymes : le pasteur a charge d'âmes; il a un troupeau
qu'il visite, tandis que le simple ministre n'en a pas. Cour êtrem»-
l. Le lecteur songera d'autant moins à faire la comparaison, que ces citations sont tirées de
deux articles distincts : celle de la page 362 appartient au verbe Passer, neutre ; et celle de
la page 364 à Passbb, Terbe actif, employé avec le pronom personnel.
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nistre il suffit d'avoir fait ses études théologiques, subi des examens
satisfaisants, et reçu la consécration ; pour être pasteur il faut de plus
avoir été nommé à la direction spirituelle d'une paroisse. On dirait
donc plus exactement Étudier pour être ministre, que pour être pas-
teur, comme on dit Étudier pour être prêtre, et non pour être curé.
PATARAFFE. — Si Ton écrivait patarafe avec une seule f, comme
parafe, ce serait une difficulté de moins; c'est trop, ce nous semble,
de trois terminaisons différentes pour paragraphe, parafe, patara/fe.
PATRIMOINE... Le patrimoine de Saint-Pierre, et La province du
Patrimoine, Une partie du domaine que le pape possède en Italie, et
dont Viterbe est la capitale. — Ici encore (Voy. Chaire) il ne s'agit
point de l'église Saint-Pierre, mais du prince des apôtres représenté
par le pape ; il faut donc écrire saint Pierre (petite s et pas de tiret).
PATRON, ONNE. PATRONAGE. — Depuis bien des années ces mots
ont pour corrélatifs patronner et patronnesse, qui devraient être dans
)e Dictionnaire de l'Académie. // était patronné par une grande dame,
par un homme puissant, et il a facilement obtenu le poste qu'il ambi-
tionnait. Les dames patronnesses d'un bal de charité; les patron-
nesse s d'une fête, etc,
PATTE. — L'étymologie probable de ce mot {patein, fouler aux
pieds) ne prend qu'un t; l'Académie n'en met qu'un dans pataud, em-
pâtement, épaté, épater, patin, patiner, etc.; enfin, sur cinquante
mots environ à désinence en ate, il n'y en a que sept qui prennent
deux t, et le féminin des adjectifs terminés par at n'en prend qu'un;
il semblerait donc naturel de mettre un seul t dans patte et pattu.
PAYE. — Il n'y a dans le Dictionnaire de l'Académie que trois mots
terminés par aye : abbaye, qu'on prononce abéie; cipaye, qu'elle dit
de prononcer cipa-ye; et paye , qu'on prononce généralement pai-e.
Voilà donc une même orthographe pour trois prononciations très-
distinctes. Nous croyons que cipaye devrait s'écrire cipaïe, et paye
prendre un * simple (paie), comme effraie, étaie, monnaie, raie, etc.
PAYEUR, BUSE, S. m. — SupprifHcz : m.
PATS... Vin de pays. Vin recueilli dans le canton. — ■ Ici comme à
Organsin , nous croyons qu'il faudrait dire Vin du pays, de même
qu'on dit Vin du cru, et non Vin de cru, pour signifier le « Vin fait
avec le raisin recueilli dans l'endroit même où on le consomnue. » On
dirait de même, croyons-nous encore. Monnaie du pays; Là on ne
peut employer que la monnaie du pays; on n'y trouve que de la mon-
naie DU pays.
PEAU... Contes de Peau d'âne, par allusion à un vieux conte dont
l'héroïne s'appelle Peau d'âne. Petits contes inventés pour l'amusement
des enfants. -^ A l'article Ane nous voyons la même définition et la
même orthographe, mais à Conte nous trouvons Peau-d'âne avec un
tiret « Conte de Peau - d'Ane » , et cette dernière orthographe nous
semble préférable. Voy. Contre-basse.
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— 2U —
PÊCHE... La pèche quitte le noyau, n'adhère point au noyau. —
Cette expression la pêche nous semble trop absolue, puisqu'il y a des
pêches, le pavie et la presse, par exemple, « dont la chair est
ADHÉRENTE au uoyau »; ainsi à l'article Noyau nous lisons» « Les
pavies ne quittent pas le noyau. » Il aurait donc mieux valu dire,
« Cette pèche (ou encore, cette espèce de pèche) quitte le noyau. »
PEINE, s. f. Châtiment, punition... On lui a ordonné cela sur peine,
sous peine, à peine de la vie, ( De ces trois façons de parler. Sous
peine est la plus usitée et la meilleure.) — A l'article Sous, on lit :
Cela est défendu sous peine de la vie, sous peine de bannissement,
sous peine d'am^nde^ etc.. On encourra la peine de mort, la peine du
bannissement, etc., si on fait telle chose.
Nous croyons pouvoir aller plus loin que l'Académie, et recomman-
der la locution sous peine de comme étant la seule qui soit bonne,
la seule qu'il faille employer ^. — Mais nous ajouterons qu'au lieu de
sous peine de la vie il faudrait dire sous peine de mort, comme on
dit sous peine de bannissement, sous peine rf^ amende ; et l'Académie
semble confirmer notre opinion par ces mots : « Si on fait telle chose,
on encourra la peine de mort, la peine du bannissement, etc., et non
la peine de la vie, la peine de vie *.
PÊLE, s. m. T. de Serrurerie. Voyez Pêne. — Au mot Pêne, l'Aca-
démie, à la vérité, n'a pas rappelé pèle; mais nous croyons que c'est
faire encore trop pour une si mauvaise locution que de lui consacrer -
même une ligne, quand l'expression correcte crépodaille ne Ta pas
obtenue. (Voy. Crapaud aille.) Il aurait donc fallu aussi renvoyer de
calefour, colidor, caneçon, nentille, etc., à carrefour, corridor, cale-
çon, lentille, etc. ?
PELLÉE, PELLERÉE, PELLETEE, S. f. Autant qu'il peut en tenir
sur une pelle. Une pellée de plâtre. Une pellée de feu. Uns pellerée de
grains. Une pelletée de terre. — Ce luxe de variantes est fâcheux.
ly^ pelle on doit faire seulement pellée, comme d'écuelle,^cw6W^c;de
cuiller, cuillerée ; d'assiette, assiettée, etc. Dans quelques localités on
dit une platelée ponr une platée (une platelée de choux, de pommes
de terre) ; l'Académie n'a pas accueilli ce mot, et elle a bien fait,
parce qu'il est tout à fait inutile ; mais il aurait fallu observer la même
réserve pour pellerée et pelletée. Nous avons vu des personnes très-
1. A l'article A , on lit : « i4 peine d*amende. A peine de la vie. On dit plus ordinairement,
Sous peine d*amende, de la vie, etc. » ; et à Vib « Sur peine, sous peine de perdre la vie. A peine
sur peine de la vie, ou mieux, Sous peine de la vie. » — Il est à remarquer que non-seulement
l'Académie donne partout la préférence à sous, mais encore qu'à l'article Sur elle ne met pas
la locution Sur peine de, et qu'à Sous elle ne mentionne pas, comme variantes, les expres-
sions Sur peine de, à peine de.
2. Sans doute on comprend l'ellipse que présente l'expression sous peine db la. vik; on
voit qu'il faut sous-entendre perdre; mais on comprend déjà moins bien sous peine db vib.
D'ailleurs il nous paraît convenable d'employer une môme expression pour les diverses
peines : Sous peine de subir la mort, le bannissement, Vamende ( ou avec ellipse , sot« pei/ne
DB MORT, DB BANNissBMBNT, d'ambndb). On ne dirait pas, sous peine de subir xa vib.
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instruites persuadées que puisque l'Académie dit, Une pellée de
plâtre, de feu; une pellerée de grains, une pelletée de terre, ce
serait une faute de dire, par exemple. Une pellée de grains, de terre ;
une pellerée de plâtre, de feu, etc.
PENDRE, V. a... Fam., Dire pis que pendre d'un homme. Dire de lui
toute sorte de mal.— On regrette que l'Académie n'ait pas donné une
définition qui rétablisse à peu près complètement la phrase elliptique,
comme par exemple. Dire d'un homme plus de mal qu'il n'en faudrait
pour le faire pendre.
Nous en dirons autant de cette phrase. Cet homme ne vaut pat le
pendre. Il ne vaut rien. — On dit plus souvent, C§t homme ne vaut
pas la corde pour le pendre, et il aurait été mieux de donner la phrase
complète, d'autant plus que l'Académie ne dit pas que pendre s'em-
ploie substantivement.
On lit encore dans cet article « Autant lui en pend à l'œil, à l'oreille,
au nez. Il pourra bien lui en arriver autant. » — • Nous avons souvent
entendu dire. Autant lui en pend À l'oreille , et cela fait image en
rappelant les pendants d'oreilles. Pour le nez, il n'y a que certaines
peuplades sauvages qui y mettent des pendants, et jamais nous n'a-
vons entendu dire. Autant lui en pend au nez. Quant à la troisième
locution. Autant lui en pend À l'œil, nous ne l'avons jamais lue ni
entendue, et nous doutons qu'elle soit usitée; dans tous les cas, elle
ne nous semble pas mériter de l'être, parce qu'elle ne représente
rien de réel ni de possible.
PERCE-NEIGE. PERCE-OREILLE.— Gomment ces deux mots doivent-
ils s'écrire au pluriel ?
PERCER... Percer les nuits. Passer les nuits sans dormir. Il ne se
dit que de l'étude et du jeu. Il perce les nuits à étudier, à jouer. —
Nous croyons que passer est bien préférable à percer, en parlant des
nuits, qu'on les emploie à dormir, à étudier ou à jouer, etc. Après
cette phrase on aurait pu mettre « Inusité ».
PÉRIPLE, s. m. T. de Géogr. ancienne. Navigation autour d'une
mer, ou autour des côtes d'un pays, d'une partie du monde, etc. ; Ré-
cit d'une navigation de ce genre. Le périple d'Hannon est très-ancien,
Arrien nous a laissé un Périple du Pont-Èu^xin. — Pourquoi dans le
premier exemple le mot périple commence-t-il par une minuscule?
Il nous semble que dans cette phrase il s'agit d'un récit de voyage
de circumnavigation aussi bien que dans la suivante, et que la majus-
cule y est nécessaire.
PERSIFLER. — Ge mot doit être composé de siffler et demander
deux f, comme boursoufler en demanderait également deux.
PERSILLADE. PERSILLÉ, ée. — Ges mots, dérivés de persil, où
« l'on ne fait pas sentir l'L » , exigeaient qu'on indiquât la prononcia-
tion de persillade et persillé; les II doivent y être mouillées.
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PERSPiculTÉ. — Ce tréma sur Vi nous paraît inutile, car cwi
ne saurait être prononcé ki; s'il était réellement nécessaire, nous
croyons qu'il en faudrait également un à promiscuité,
PERTE... Tout ce quHl a fait dans cette entreprise lui est tourné en
pure perte, — Cette phrase doit exprimer l'action plutôt que le résul-
tat, et l'auxiliaire avoir aurait été plus convenable. « Tout ce qu'il a
fait.,, A tourné en pure perte pour lui. »
PÉTER. PÉTEUR. Plusieurs disent, Peter... — pétillant, pétille-
ment, PETILLER. Plusieurs disent, Pétillant, Pétillement, Pétiller.
Ce sont généralement les dérivés et les composés qui prennent un
accent ; tels sont pépinière, réplétion, corrélatif et corrélation, irré-
ligion et irréligieux, etc., dont les primitifs pépin, replet, relatif et
relation, religion et religieux, etc., ont la première syllabe muette.
Dans les mots péter, péteur, au contraire, l'Académie met un accent,
qu'elle supprime dans pétillant, pétillement, pétiller. Nous croyons
qu'il aurait fallu suivre la règle pour ces mots-là conune pour les
autres.
PETIT, ITE, adj... En termes de Rôtisseur, Petits pieds (sans tiret).
Les grives, cailles, ortolans et autres oiseaux d'un goût délicat. — A
la colonne suivante on lit « Petits-pieds (avec tiret). Voy. Pied ». A
l'article Pied, on trouve de nouveau : « En termes de Rôtisseur, Petits
pieds (sans tiret) se dit Des grives, des cailles,» des ortolans, et autres
petits oiseaux d'un goût délicat. » Cette locution figurée, destinée à
représenter de petits oiseaux, ne doit pas s'écrire de la même manière
que dans cette phrase Les petits pieds font mal aux grands.
Ce mot petit sert à former un certain nombre deJocutions où le
tiret semble nécessaire , puisqu'on les fait précéder de l'article. De
même qu'on écrit petit-fils, petit-^eveu, petit-maitre, etc., avec un
tiret, ne serait- il pas convenable d'en mettre un à des petits pains,
des petits pâtés, des petits oignons, etc., qui ne présentent point la
même idée que de petits pains, de petits pâtés, de petits oignons ? Il
est bien certain que celui qui n'a pris à son déjeuner qu'un petit-
pain et un petit-pâté (termes absolus), a moins mangé que celui dont
le déjeuner s'est composé d'un petit pain et d'un petit pâté ( expres-
sions où petit est un terme relatif opposé à grand ou à gros). Et
pareillement, petits pieds exprimant une sorte de menu gibier de-
vrait prendre un tiret aussi bien que petits-choux, sorte de pâtisserie,
où l'Académie en met un.
PEU... A peu près s'emploie aussi substantivement. L'a peu près
suffit dans les choses qui n'exigent pas une grande précision; — et à
l'article Près on lit également. Dans les choses qui n'exigent pas une
grande précision, on se contente de l'a peu près.
Lorsque les locutions adverbiales sont employées substantivement,
l'usage veut que les mots dont elles se composent soient joints par des
tirets ou réunis inunédiatement, comme un téte-à-téte, l'à-propos.
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l'aplomb j et nous ne comprenons pas pourquoi la locution à peu près
ferait exception à la règle. Je ne puis me contenter d'un à-ped-près
(avec tirets) nous semble préférable à d'un à peu près (sans tirets).
PEUPLER.. • Il n'y a pas de poisson qui peuple autant qu£ la carpe.
Il n'y a point d'animaux qui peuplent tant que les lapins. — A l'article
Point nous parlerons de la règle que les grammairiens ont établie sur
la valeur de pas et point; mais nous ne pouvons nous empêcher de
signaler ici le singulier après pas et le pluriel après point : Il n'y a
PAS de POISSON, il n'y a point ^'animaux. Quant à cotte dernière
phrase, nous lui préférons sous deux rapports celle qu'on trouve à
l'article Foisonner : « Il n'y a point d'animal qui foisonne autant que
les lapins. » Là l'Académie a mis animal au lieu d'animaux, et autant
au lieu de tant; mais elle aurait dû dire « autant qus le lapin. »
PHYSIOLOGIE... La Physiologie végétale de Sénebier. — Senebier
ne mettait pas d'accent sur le premier e de son nom; et comme il était
Genevois, nous dirons par la même occasion que dans ces deux mots
{Senebier, Genevois) les deux premières syllabes sont muettes.
PIAFFEUR, adj. m. Qui piaffe. Il ne se dit que des chevaux. Les che-
vaux d'Espagne sont piaffeurs.— Il y a sans doute aussi des juments piaf-
fetises, et il aurait été convenable de mettre « Piaffeur, euse, adj. »
PIE, s. f... Cheval pie. Cheval blanc et noir... Dans cette locution.
Pie est pris adjectivement. Il montait un cheval pie, U7ie jument pie.
— Pie employé ainsi prend-il la marque du pluriel ? faut-il écrire Un
attelage de six chevaux pie ou pieS? Nous croyons le singulier pré-
férable (des chevaux pie, comme on écrirait des souliers puce).
PIED... Prov., Haut le pied. Allons, partons; allez, partez. On dit,
dans un sens analogue, Faire haut le pied. Disparaître tout d'un coup,
s'enfuir. -- Haut-le-pied s'emploie aussi substantivement, et signifie
Un homme qui ne tient à rien , qui n'a point d'établissement fixe, et
qui peut disparaître d'un moment à l'autre. Ne lui prêtez pas d'ar-
gent, c'est un HAUT-LE-PIED. Il est familier. — Renvoyer des chevaua
HADT-LE-PIED, Lcs rcuvoycr sans être attelés ni montés. Dans cette
phrase, Baut-le-pied est employé adverbialement.
Nous avons deux remarques à faire. D'abord il nous semble que les
deux locutions adverbiales auraient été mieux placées à la suite Tune
de l'autre, malgré le rapport plus direct qui existe entre le substantif
et la première locution adverbiale*. Ensuite nous croyons qu'il faut
supprimer les tirets dans la dernière {renvoyer des chevaux haut-le-
1. C'est ainsi qu'à Tarticle Préctbux on a fait suiTre deux paragraphes de l'adjectif, bien
que le substantif se rapporte au premier :
Précieux signifie aussi Affecté, et se dit principalement Des manières, du langage, du style.
Il a des manières précieuses, un air précieux. Il parle un langage précieux. Style précieux.
Bn termes de Peinture, Ce tableau est d'un fini précieux. Ce tableau est peint avec un soin
extrême. On dit dans un sens analogue. Ce bijou est d'un travail précieux.
Précieux s'emploie quelquefois substantivement. Le précieux de son style fatigue. Il est
d*un précieux insupportable.
2S
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pied), où ils n'ont pas pins ûè raison d'être que dans celle-«ri ffyut
le pied, allons, pattons, etc., et dans Faire haut le pied; d'ailleurs
à rarticlè Haut, r Académie n'a mîs les tirets qu'au substantif, ce qui
nous fait supposer qu'ici ils sont le résultat d'une distraction.
PIED... Ckatnhres, pièces de pîain-pied. Chambres, pièces d'un
appartement qui sont au même étage et de même nireau. H a dans
Èon appartement tant dé chanibres de plain^pied^, — De plain-pied
s^mploie atissi adverbialement, et signifie Sans monter ni descendre.
On va de plaiiv-pied d'un appartement à Vautre. De la salle à manger
on entré de plain-pied dans le jardin,—fig. et ftim., Cela va de plain-
pied. Cela va sans dire, sïins difficulté. — Plainr^ned s'emploie quel-
quefois substantivement. Il y a heatccoup de plain^ied dans cette
maisoh, fl y à, d^ns cette maison, plusieurs appartements composés
d'un grand ùombre de pièces de piain-pied. On dit dans ie ïnême
§en's, Un plain-pied, un ieau plain-pied.
Ici coitime à Haut tjè pied nous croyons pouvoir demander que les
tirets ne soient employés que dans le substantif : Un tt^aih-piëd , un
beau PLAifï-PiEB ;Ilya beaucoup de PLATw-iPiEn dans cette maiistm, etc.;
— et qu'on n'en mette pas dans les locutions adverbiales, On va de
PLAIN l>lEb d*un appartement a l'autre. De la salle à manger en entre
DÉ PtiAïN PIED dans le jardin. Cela va de plain pïed.
PIS... Au pu aller, loc. adv. En supposant les choses au pire état
où elles puissent être. Au pis aller nous y vivrons de ce que nous y
trouverons. Au pis aller, nous reviendrons sur nos pas. — Pis aUer
s'emploie auâsi substantivement. C'est votre pis aller. C'est le pis qui
vous puisse arriver. Être le pis aller de quelqu'un. Être la personne à
qui il s'adresse pour quelque chose que ce soit, lorsqu'il n^apastroaté
une autre personne de qui il pût l'obtenir. Je ne veux pas être son pis
aller. Je serai votre pis aller.
A l'article Pied nous avons demandé la suppression du tiret dans les
locutions adverbiales haut-le-pied, de plain-pied; ici nous en récla-
mons l'emploi pour le substantif un ou le pis aller, tîomme on le met
dans un à-compte, l'dr-propos, etc.
PissEiiLlt, s. m. Enfant qui pisse au lit. C'est un pissenlit. —Pour-
quoi, demandera-t-on peut-être, l'Académie écrit-elle pissenlit et non
pissé-en-lit, puisqu'elle écrit chie-en-Ht f Nous pensons qu'ici comme
pour un grand nombre d'autres mots c'est le désir, le besoin d'abré-
ger qui a tait écrire en un seul mot pissenlit, justaucorps, mordoré,
vaurien, fainéant, etc., au lieu de pisse-en-lit, juste-aur-corps, more-
doré, vaut-Hen., fait-^ant. On aurait probablement ausm o^itracté
chie-en-lit en chienlit si Ton n'avait craint que cette dernière va-
1. Quel rôle ptain-^Hed TempUt-il dans cette pliracse « // a dai^ mn ftppartement tmt di
pièces de plain-pied » ? Nous le croyons substantif oomine Aaws ceHe-ci m il y a beavtetmp
de PLAiN-PiBD dans cette maison. » Ces deux 'phrases auraient dû Ôtne réunies, iei et à l'article
Plain , au lieu d'être placées dans deux paragraphes distincts.
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riante ne fût ppoo^oQoée ccKmme daQS le mot chiendent ou n^éçie
qu'elle ne fût pas comprise.
PISSENLIT^ s. m. Plante à fleurs composées.,, dont les feuill^a, i
peu près semblables à. celles de la cbicorée, sç mangent en salade,
quand elles sont jeunes et tendres. Une salade de pis&enlits^^ 0^ La
nomme aussi Dent-de-Uon.-^ On voudrait trouver ici l'origine 4^ <?es
deux noms pissenlit et dent-^de-lim- Dans le Supplément de la pre-
mière édition (1696) on lit du moins « Les Latins l'appellent Urinçr-
ria, à cause de sa vertu diurétique ; Dens leonis, parce qu'elle res-
semble à xme dent de lion. » Pour ceux qui ne savent pas le latin , il
aurait fallu dire, dans la sixième édition « On V2Lppé[le pissenlit parce
que l'eau dans laquelle on fait bouillir ses feuilles est fortement diu-
rétique, c'est-à-dire qu'elle provoque les urines, et qu^insi elle
expose à pisser au lit les enfants ou les personnes faibles qui en
auraient bu une certaine quantité; — dent-de-lion, à cause de la
forme de ses feuilles. »
PIVERT, s. m. Oiseau du genre des Pics, dont le plumage est jau-
nâtre et vert. — Comme on le voit par cette définition, l'oiseau dont
il s'agit est un Pic sur le plumage duquel le vert domine. Il y a des
pics noirs, des pics rouges, des pics gris, etc. Puisqu'on ne dit pas
des pinoirs, des pirouges, des pigris, etc., et qi^e les naturalistes
conservent le nom dans son intégrité {piç vert), pourquoi l'avoir
dénaturé par une contraction * ?
PLAIDOIRIE. — Autrefois on écrivait plaidoyerie, voyerie,' aujour-
d'hui l'on ne met pas même un circonflexe sur Vi pour représenter Ve
supprimé. Soierie a conservé son e médial, et nous ne doutons pas qye
l'Académie n'écrive également Corroierie lorsqu'elle admettra ce nigt.
PLAINDRE..., avec le pronom personnel, signifie aussi , Témoigner
son mécontentement de quelque chose, du mécontentement contre
quelqu'un..» Il se plaint de ce qu'on le calomnie. Il se plaint qii'on
l'ait cd^ommV.— Non-seulement l'Académie ne nous fait pas connaître
la différence de sens qu'il doit y avoir entre se plaindre de ce que et
se plaindre que employé avec le sutyonctif, mais encore elle omet
une autre variante qu'elle donne ailleurs :
(^ Sévir) Cette fêtmm W flaimt qub son mwr% a sépi plu^iBi^rs fois con^r9
elle.
(à Chçmin) Il SB PLAINT Qu'on A fait un chemin dans son champ.
Les grammairiens ne sont pas d'accord sur l'emploi diç ces troi^
manières de s'exprimer. Les uns veulent que se plaindre dfs çfi (fue et
w plaindre que avec l'indicatif soient synonymes et signifient Faire
I. U serait peut-être mieux d'écrire Une Balade di pissbmut ( au sinf plier ) lODOQ^ie on écrit
i*n platf une salade de dbnt-db-lion , de pourpier, de chicqréb, de çiu^m. Nous en dirons
autant pour salade de laitubs , de raiponces, que l' Académie écrit tantôt au pluriel, tantôt
au singulier. Voy. Amande.
9. La suppression du c dans pivert dénature bien plus le mot que celle de Ve ou du t dans
jwtanfo;^^ Wfnterp, t)«t*H#», faifmnt, dont la proïionçiatio» n'Q»t pas çhan^jée.
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des plaintes, des reproches ; tandis que se plaindre que, avec le sub-
jonctif, signifierait Blâmer, trouver mauvais ; — d'autres pensent que
se plaindre de ce que signifie Faire des plaintes , des reproches ; et
que se plaindre que signifie Blâmer, trouver mauvais , quel que soit le
mode employé, etc.
Après cela oserons -nous émettre une opinion différente? Nous
croyons que se plaindre de ce que devrait s'employer quand le fait
est avéré :
(à Plaindre) H se plaint de ce QC*on le calomnie,
(à Ouvrage) Ce domestique se plaint de ce Qo*t7 y a trop d*ow>rage pour
lui dans la maison.
Se plaindre que avec le subjonctif supposerait qu'il y a doute sur
l'exactitude de la plainte :
(à Plaindre) H se plaint Qo'on Tait calomnié,
(à Cadet) Ce lieutenant se plaint Qu'on ait fait capitaines plusieurs de
ses cadets.
Se plaindre que avec l'indicatif se dirait d'une plainte portée en
justice en donnant à la plainte une valeur précise :
(à Chemin) Il se plaint qu'on a fait un chemin dans son champ.
(à Sévir) Cette femme se plaint que son mari a sévi plusieurs fois contre
elle.
Ainsi donc si la plainte du domestique n'était pas fondée, il faudrait
dire : Ce domestiqua se plaint qu'il y ait... ; — si celle du lieutenant
l'était, il faudrait : Ce lieutenant se plaint de ce qu'on a...
PLAISANTER, v. u... Il s'emploie quelquefois activement. Ils l'ont
tant plaisanté qu'il n'a pu y tenir,— A la fin de cet article il faudrait
ajouter : Plaisanté , ée , part.
PLANCHÉIER. — Autrefois l'Académie écrivait grasse ier et planr-
cheier. Elle a converti Vi en y dans grasseyer; il est à désirer qu'elle
en fasse autant à planchéier, pour supprimer une exception, puisque
ce verbe est le seul de cette désinence qui prenne éier : on écrit har-
heyer, hrasseyer, grasseyer^ langueyer, etc.
PLANTER, V. a... Prov. et fi^,, Vienne qui plante, sont des choux, et
absolument, Vienne qui plante, arrive qui plante, se dit en parlant De
quelque chose qu'on veut faire, au hasard de ce qui peut en arriver. —
Nous acceptons telle quelle la locution Vienne ou arrive qui plante,
pour signifier II arrivera ce qu'il pourra, ce qu'il voudra; mais nous
avouons que nous ne comprenons pas du tout cette addition, sont des
choux; il y a là une ellipse que nous ne pouvons réussir à compléter.
PLAQUER... Pop., Plaquer un soufflet sur la jou£. Donner un souf-
flet. — Fig. et pop.. Plaquer quelque chose au nez de quelqu'un. Lui
faire en face quelque reproche piquant. Il lui alla plaquer au nez
que son père avait été laquais.
Nous nous demandons s'il est nécessaire de recueillir dans le Dic-
tionnaire de l'Académie toutes les locutions bonnes ou mauvaises qui
ont été prononcées par quelques personnes. Déjà à l'article Planter
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nous trouvons ... « Fig. et pop., Planter un soufflet sur la joue j au
beau milieu de la joue de quelqu'un j Lui donner un soufflet. — Fig. et
fam., Planter quelque chose au nez de quelqu'un. Lui faire quelque
reproche en face, lui dire quelque chose de désagréable. Il lui alla
PLANTER au nez qus son père avait été repris de justice. Il ne cesse
de me planter mon âge au nez » ; et il nous semble que c'était bien
suffisant, d'autant plus qu'on a encore le verbe jeter j qui s'emploie
dans le même sens; l'Académie dit, à l'article Nez : H me jette tour-
jours mon âge au nez.
PLAT, ATE, adj... Vaisselle joto^e^ Vaisselle qui est d'une seule pièce,
sans soudure, par opposition à Vaisselle montée. Les cuillers, les four-
chettes sont de la vaisselle plate. Il se dit particulièrement Des plats
et des assiettes d'argent. On nous servit en vaisselle plate. Je préfère
la porcelaine à la vaisselle plate.— k l'article Vaisselle on lit encore
« Vaisselle plate se dit aujourd'hui, plus particulièrement, Des plats
et des assiettes d'argent, à la différence de la vaisselle de porcelaine,
de faïence, etc. On sert chez lui en vaisselle plate, »
Si l'on dit de la vaisselle plate en parlant de l'argenterie, par op-
position à la porcelaine, à la faïence, etc., c'est que plate, dans cette
acception, vient de plata, mot espagnol qui signifie argent. Les cuillers
et les fourchettes ne sont pas plus plates quand elles sont d'argent
que quand elles sont d'étain , de fer ou de bois , et cependant ce n'est
que lorsqu'elles sont d'argent qu'on les met au rang de la vaisselle
plate. Il en est de même des assiettes creuses dont on se sert pour
la soupe, et des plats d'une certaine profondeur qu'on emploie pour
différents mets. Quant à la vaisselle d'or, dont il est parlé à l'article
Vaisselle, si on lui donne le nom de vaisselle plate, c'est par exten-
sion; mais nous doutons beaucoup que les possesseurs de pareille
vaisselle lui donnent cette dénomination.
PLAT, s. m... se dit aussi de Ce qui est contenu dans le plat. Un
plat de viande, de légumes, de poisson, de gibier.-. Un plat de fruits.
— Nous comprenons très-bien qu'on écrive Un plat de fruits, un plat
de raisins, parce qu'on met fréquemment sur un plat plusieurs sortes
de fruits : pommes, poires, pêches, etc., ou plusieurs variétés du
même fruit : du raisin blanc et du noir, du chasselas et du muscat ;
nous irions jusqu'à comprendre qu'on écrivît Un plat de viandeS,
d'après ces vers de Boileau :
Sur un lièvre flanqué de six poulets étiques,
S'élevaient trois lapins , animaux domestiques.
mais, à moins qu'il ne s'agisse d'une macédoine ou jardinière, il nous
semble qu'on doit écrire Un plat de légume (au singulier); et encore
pensons-nous qu'en parlant d'une macédoine on pourrait employer
ce nombre, de même qu'on écrirait très-bien un plat de viande , de
fruit, de raisin.
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PLATINE 9 S. m. Substance métallique un peu moins blanche que
Targent^ inaltérable à Tair, très-fixe au feu, et plus pesante que For.
Précédemment TAcadémie donnait à ce mot le genre féminin; nou»
présumons qu'elle Ta fait masculin pour que tous les noms de métaux
fussent du même genre, et il serait à désirer que ce principe de géné-
ralisation fût plus souvent appliqué. Yoy. Mimosa. — L'Académie aurait
bien fait de dire que le platine était autrefois appelé or 6/anc^ parce
qu'il est à peu près du même poids (un 20* en plus) que l'or. — Sub-
stance métallique était une expression très-convenable en 1763 , dans
la quatrième édition, parce qu'alors on ne connaissait pas ce métal
comme aujourd'hui ; mais il nous semble que longtemps avant 1835 il
avait été assez étudié pour qu'on pût lui donner la dénomination pliis
simple et plus précise de métal, aussi bien qu'à l'or, à l'argent, au
cuivre, etc.
PLEIN, EiNE, adj... Toutr plein, sert quelquefois d'adverbe de quan-
tité, et alors il signifie Beaucoup. On trouve tout plbin de gens qui
pensent».. Il y a tout plein de monde dans les rues. J'ai tout pleih de
livres d'égarés. Vous dites qu'il n'y a pas de boutiques dans cette rue,
il y en a tout plein. Il est très-familier.— Ces locutions, quoique fort
usitées, nous semblent trop familières pour être admises dans le Dio*
tionnaire de l'Académie.
PU>MB... A plomb.,, s'emploie quelquefois substantivement, et alors
il ne forme qu'un seul mot. Prendre l'aplomb d'une muraille... — Il
serait utile de refondre ce qui est dit ici avec l'article Aplomb , afin
de compléter l'un par l'autre les deux articles et de n'en faire qu'un
seul.
PLURIEL, ELLE, adj. ( Quclques-uns écrivent p/unar, et la plupart
prononcent jo/ï^rie.) — Dans ses précédentes éditions, l'Académie ne
parlait pas de la variante plurier; bien qu'elle ait été employée par
de célèbres grammairiens tels que ceux de Port-Royal, on regrette de
voir cette orthographe rappelée et la prononciation plurié presque
recommandée, car elles n'ont l'une et l'autre aucun fondement. De sin-
gularis on a fait naturellement singulier; mais pluralis exige pluriel,
DE LA MARQUE DU PLURIEL.
L'Académie écrit, des acaciaS, dahliaS, falbalaS, hortensias, lamaS,
moxaS, opéras, pariaS, sofaS; et des alinéa, duplicata, errata; —
DES vivat; — des récépissés, récipéS; et des aparté, auto-dor-fé, avé,
cicérone, fac-similé (à Figuré), mezzo-termine ; — des spécimenS;
— DES bpniS^ macaronis, paroliS, spahiS; et des alibi, coneetti, lazzi,
zani; — des déficit, accessit (quelques-uns écrivent acces8itS)\ — des
altoS, avisos, bravoS, dominoS, diwS, folioS, hidalgoS, imbroglios,
musicoS, numéros, pianoS (à Accordeur)^ popuhS, trioS, vêrtigoS,
zéros ; et des ex-^oto, in-folio, inroctavo, in-quarto, quiproquo, solo;
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— 2Î3 —
quant à qmniêtte, elle lui donne le pluriel italien quintetii; — bes
efPUre^olS^ (à MezzAi^iNE); — des quatuor; — i>i8 impromptu (quel-
ques-uns écrivent impromptus)-^ — bes arumS, factotums , fœtumS,
géraniums, penswmS; et des post^scriptum.
On regrette qu'elle n'indique pas quelle doit être au pluriel Tortho-
graphe d'un assez ^raod nombre de mots tels que agenda, cochléaria,
tibia, tréma, triplicata, visa; adagio, bobe, concerto, mémento, orato-
rio, pizzicato, soprano; confiteor; album, compendium, critérium,
forum, maxipvwm, minimum, muséum, ultimatufh, été.
On s'étonne qu'elle ne donne pas la marque du pluriel aux mots
alinéa, duplicata, uparté, oonoeUi, lazzi, solo, comme elle te fait
pour opéra, bom, macaroni, duo, trio, etc.
On ne comprend pas pourquoi elle n'ajoute pas, aux mots Déricir,
Quiproquo, que quelques-uns (si ce n'est même un grand nombre)
écrivent des déficits, des quiproquos, Qomme eUe dit que -quelques-
uns écrivent 4ie8 aoeessiiS, des 4mprcmpluSj -r-^ pourquoi ellfe écrit
d^s Hre-téteS., et des eerrê-téte; — pourquoi Citaon est le seul mot
où p^u prenne la .marq«i€ du pluriel dans cette définition fruit à
pepinS, car aux mota Fakit, P02»me, Poiwe, OaAwoB, elle écrit fruit à
pepm, «t au mot PsNff , ^rbre à pe^mi.
Ën£» tersqu'ofl examân^ de près le régulateur de notre langue, on
est peiné de voir les jwmhreusesdistiactkMis qu'il présente- C'est aiasi
qu'aux articles Pomme, aAHH)N<iE, Viols tte, ces mots sont écrits au
piuriel dans les pbrases ^iée de pommeS, salade de raiponces, pou-
drée de violettes, tandis qu'à Gbléjb, Salade, Podd«e, on les a mis au
singulier : Gehée de pomme, salade de raiponce, poudre de violeUe;-^
et en revanche aux articles Framboise , Laïque , Umo» , ces m^ots 5ont
écrits au âinguliejr da^s les phrases Co^^^n)^ de framboise, salade de
laitue, sirop de limon, tandis qu'on les trouve itu pluriel à Conserve ,
Salade , Sirop : Cwsert?e de framboises, salade de laitueS, sirop de
lim<mS, elc. etc, Voy. Amande*
pijUS..., précédé de l'artiole Le, devient si^erlatif relatif... De ces
deu^x sœurs la cadette est celle qui est le plus aimée, la plus aimée.,.
L*a&tronoinie est une des sciences qui fait Le plus ou qui font le plus
d^honneur à Vesprit humain.
Ces deux,exen\ples nous semblent demgjader une observation. Dans
la première phrase nous pensons que la première variante est la meil-
leure : De ces deux sœurs la cadette est celle qui est le plus aimée,
c'est-à-dire celle qui est aimée au plus haut degré ; mais si l'on sup-
primait celle qui est, nous préférerions la à U, parce que la compa-
raison serait plus marquée.— Quant à la dernière phrase, F Académie
1. C'est quelque chose «ans doute qu'on ait donné le pluriel des mots entre-sol, fkc-simiie,
piano, à Mbzzan ms , Figuré , Accordbur ; mais ce n'est pas là seulement que ces indica-
tions devraient être mises , parce que personne n'ira les y chercher ; il fendrait que T Acadé-
mie fît connaître Tégulièrement l'orthographe du pluriel à tous les mots qui présentent une
difficulté sous ce Tappoit.
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ajoute, il est vrai, « le dernier (le pluriel font) est le plus usité » ;
mais l'expression nous paraît faible. Autrefois on n'aurait guère mis
que le singulier après une des sciences qui, parce que sans rien exa-
miner on aurait fait rapporter le verbe à une ; aujourd'hui on fait le
contraire, parce que la raison dit qu'il doit s'accorder avec des
sciences, représenté par qui. En effet « V astronomie est une des
SCIENCES QUI FONT le plus d'honneuv » signifie qu'il y a plusieurs
sciences qui font honneur à l'esprit humain, et que l'astronomie est
une de ces sciences; si l'on veut rapporter tout l'honneur à l'astro-
nomie, il faut dire simplement « L'astronomie est la science qui fait
le plus d'^honneur, ou l'astronomie est celle des sciences qui fait le
plus d'honneur. » Nous croyons donc que l'astronomie est une des
sciences qui fait... peut être considéré aujourd'hui comme une faute
de grammaire.
PLUTÔT, ...en un seul mot, avec retranchement de Vs, marque pré-
férence. Plutôt mourir que de faire une lâcheté.,. Il s'emploie aussi
absolument : Je ne le sou/frirai point; je mourrai plutôt,.. Il n* eut
pas plutôt dit, il n'eut pas plutôt fait telle chose, qu'il s'en repentit,
A peine eut-il dit, eut-il fait telle chose qu'il s'en repentit.
^ 11 nous semble qu'il n'y a aucun rapport entre ces deux acceptions,
et que la dernière exige plus toi en deux mots : Il n'eut pas plus tôt
dit, il n'eut pas plus tôt fait telle chose, qu'il s'en repentit; il s'agit ici
de temps, et non de préférence. Il en est de même pour ces phrases :
H ne fut pas plutôt sorti, qu'on le vit rentrer (au mot Rentrer); Vous
n'avez pas été plutôt parti, qu'il est arrivé (au mot Partir). — On a
malheureusement passé d'un extrême à l'autre : après avoir écrit
plustôt dans les deux acceptions de temps et de préférence, on y a
supprimé \'s, et dans sa quatrième édition l'Académie écrivait « Arri-
ver plutôt. Un peu plutôt, » Il y a déjà un pas de fait vers le mieux,
puisque dans ces phrases elle écrit aujourd'hui plus tôt en deux mots.
Reste encore le sens de dès qvs, à peine, qui, ayant beaucoup plus de
rapport avec plus vite qu'avec préférahlemenl, demanderait plus tôt
Qji deux mots^
POÊLE, S. f. POÊLE OU POILE, S. m. POÊLIER, POÊLON, POÊLONNÉE.
— Dans tous ces mots, Vo et Ve ne se prononcent pas séparément;
on dit poile, poilier, poilon, poilon?iée, comme toile, toilier, voile,
voilier, etc. Il serait donc convenable de tr^gisformer en i Vë qu'on
y mettait autrefois, comme on l'a fait pour les mots coi/fe, coiffer,
1. Sans doute il est des cas, où l'on peut mettre à volonté plibs tôt ou plutôt; c'est l'inten-
tion de l'auteur qui doit "flécider. Ainsi l'on écrira : On oublie plutôt ( de préférence ) ou
PLUS TÔT (plus vite) les bienfaits que les injures; et de même : Mon compétiteur sera nommé
membre de l'Institua plus tôt que moi, plutôt qu^ moi, suivant que celui qui parle a en vue
le moment ou la chance d'entrer à l'Institut. Mais dans les phrases « // n'eut pas plutôt dit,
pas PLUTÔT fait telle chose qu'il s'en repentit; il ne fut pas plutôt sorti qu'on le vit rentrer;
vous n'avez pas été plutôt parti qu'il est arrivé, etc. », il n'y a pas deux manières d'inteipré-
ter la pensée, et nous persistons à croire qu'il faut y mettre plus tôt en deux mots.
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COIFFEUR, COIFFURE, CEF IV ne représente pas Ja prononciation. Déjà
TAcadémie écrit Poêle ou Poile, sorte de fourneau.
POÈME. (Dans ce mot et ses dérivés, o etÊ, ou É, forment deux
syllabes en vers et dans le discours soutenu.)— Le tréma ne sert qu'à
faire séparer dans la prononciation la voyelle qui le porte de celle qui
précède; il ne donne aucun accent à cette voyelle, et il devrait ne
se mettre que sur Vi et Vu. L'accent, au contraire, réunit le double
avantage de montrer que Ve qui en est affecté forme une syllabe dis-
tincte de la voyelle précédente, et d'en indiquer la prononciation. Il
paraît donc hors de doute qu'il faudrait remplacer le tréma par un
accent grave dans poème, poète, comme on l'a déjà remplacé par un
accent aigu dans poésie, poétesse, poétique, poétiser, Poétereau serait
peut-être mieux écrit avec un accent grave : poétereau.
POIGNÉE. — A l'article Plein nous avons vu quelques locutions plus
que familières; ici il en manque une très-généralement employée,
c'est Donner une poignée de main*. En me quittant il m'a donné
une bonne poignée de main. Sans doute on pourrait dire II m'a serré
la main très-affectueusement; mais cette manière de 4B'exprimer nous
semble un peu recherchée, tandis que la précédente est plus simple
et peut-être plus énergique.
POINT, adv. de négation. Pas, nullement. En voulez-vous 7 Je n'en
vetix point. Je ne doute point que cela ne soit. Ne voulez-vous point
venir? Il n'a point d'argent. — A l'article Pas nous lisons : « Pas,
adverbe de négation, qui est toujours précédé ou censé précédé de
l'une des négatives Ne ou Non, Point, nullement. Je ne le veux pas.
N'y allez pas. Je n'entends pas cela. »
On toit que ces deux négations ont bien du rapport entre elles,
puisque point signiiQe Pas, nullement, et pas. Point, nullement; en
sorte qu'on les emploie souvent l'une pour l'autre , et qu'on pourrait
dire, Je n'en veux pas ; je ne doute pas que cela ne soit; ne voulez-vous
pas venir?; il n'a pas d'argent; — et je ne le veux point; vous n'irez
POINT ;ye n'entends point cela. Seulement il faut remarquer que point
est plus exclusif que pas, car, comme dit Lemare, le point est plus
près de la nullité absolue que le pas. Quand on dit qu'ww homme n'a
PAS d'argent, on donne à penser qu'il en a peu ; si l'on dit q\ïil n'en
a POINT, c'est qu'il n'en a pas du tout. Ainsi les expressions Je n'en
veux pas; je ne doute pas que cela ne soit; je n'entends pas cela,
nient moins formellement que Je n'en veux point, je ne doute point
que cela ne soit, etc, ; vous n'irez pas exprime une défense moins
positive que vous n'irez point. On peut voir par là qu'il doit y avoir
des phrases où point n'est pas le mot propre , parce qu'il est trop
1. En parcourant le Dictionnaire nous voyons cette expression au verbe Donner, mais ce
n'est pas là qu'on songerait à la chercher. Voilà l'inconvénient de mettre certaines locutions
ailleurs qu'aux mots où le lecteur s'attend à les trouver : si elles ne s'y rencontrent pas„il est
persuadé qu'elles ne sont nulle part. — D'autres y ont été trompés comme nous.
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absolu; c'est lorsqu'il suffit de la simple négation, comme 4aDs
celles-ci :
(à Larièrb) La laitière n*»st point encore venm,
(à Sel) 11$ ne mangeront point un minùt de sel ensemble.
(à Dommage) C'est dommage que vous n'a/^e% point a^^fpriscda'pl'us tét,
(à Sédentaire) Cet homme ne fait point assez d'exercice, U est trop «0-
dentaire,
{à Passer) Des bas qui ne passent point le genou,
(à Renvoi) Il y a dans cette minute des renvois qui ne sont point parafés.
Peut-être nous dira-t-on que dans ces deux derniers exemples on a
mis point afin d'éviter la rencontre de vk&seni pas, pas vkrafés; nous
l'acceptons, bien que pas nous semble meilleur grammaticalement
parlant, maïs il n'en est pas de même dans les autres, et nous savons
qu'en France il est des localités où l'emploi de la négation point est
une atï^îre de prédilection.
Mais îl est une autre question plus importante encore au sujet de
l'adverbe point, c'est l'emploi du nombre dont oii doit le faire suivre.
L'Académie a laissé une grande lacune sous ce point de vue, car nous
aurions eu besmn d'un certain nombre d'exemples, et le seul qu'elle
nous donne est précisément contraire à la règle qu'il faudrait suivre :
// me dit souvent qu'il me payera; niais pour de l'argent point de nou-
velles. Nous pensons qu'il faudrait : pas de nouvelles, ou point de
nouvelle, au singulier.
En effet, en partant du principe ci-dessus, que point exprime une
nullité à peu près absolue, il nous semble que le substantif qui suit
point doit toujours être au singulier, et qu'avec pas on doit metlare
plutôt le pluriel. Or c'est précisément le contraire que l'Académie a
fait à l'article Peupler, où elle dit « Il n'y a pas de poisson qui peuple
autant que la carpe ; Il n'y a point ^'animaux qui peuplent tant que
tes lapins. » A ce dernier exemple nous avons opposé celuji qu'on
trouve à l'article Foisonner, // n'y a point c^' animal qui foisonne aur
tant que les lapins, qui nous semble bien préférable sous deux rajp-
ports, mais où nous aimerions mieux voir lapin au singulier comme
le mot anifnal *. Voici d'autres phrases où l'Académie a mis aussi le
singulier :
(à Exemple) Il n*y en a point ^'etlemple.
(à Héritier) Sa femme ne lui a point encore donné c^'héritier.
Id. Ce prince n'ayant point laissé d'nÉRmEK^ la couronne fut
dévolus à son frère.
Partout ailleurs nous avons trouvé le pluriel :
(à Affamer, Oreille) Ventre affamé n'a point cI'orejlleS.
(à Cérémonie) Ne faisons point de cérémonies.
1. Ce rapport de nombre a été observé dans les deux phrases de l'article Peupler : on y a
mis pcissdn et carpe au singulier, animaux et lapins au pluriel ; mais elles nous seniblant
pécher sons le rapport du nombre employé après pas et pçint.
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(à Di) /i n'u pomt tué d'mHtniS, — N'avêz-^ous pomt ({'kn^antS?
(i Dirb) H0ureua> qui peut se dire, Je n*ai point d'EimmiS.
(à Fauti) a la guerre U n'y a point de petiteS fauteS.
(à Ipée) Cet autev/r, cet artiste manque d'idées, n'a point d'n>iB&.
{h OEil) Un fromage qui n'a point d'YEUx.
(à Pratiquer) H n'y avait point de garde-robeS dans cet appart^m^t, on
a trouvé le moyen d'y en pratiquer,
(à Soite) N'avoir point de suite, N'avoir point cI'enfantS ni de proches
PARENTS.
(à TnMB) Il n'y a point de termes pour exprimer la grandeur de Dieu.
(à Vivant) Cëst un vivant qui n'a point de scrdpdleS.
(à Punaise) L'espèce commune n'a point d'AiLBS.
(à Pâturage) On ne sawait faire des nourritures dans ce domaine, il n'y
a point de pâturageS.
Dans tous ces exemples nous préférerions pas h point; dat^s le der-
nier seulement poiiit se comprend mieux parce qu'il sauve une légère
cacophonie : pas de vkturag^s.
Nous n'avons trouvé qu'un exemple où il y ait pas avec le pluriel :
(à Adopter) N'ayant pas c^'enfantS, ils adoptèrent un orphelin.
Par analogie, nous parlerons ici de la préposition sana^ qui de-
mande après elle tantôt le singulier, tantôt le pluriel; quelquefois on
peut mettre l'un ou Tautre, suivant l'idée qu'on veut exprimer. Voioi
des exemples avec le singulier :
(à Maruge) Sa femme étant morte sans enfant, il doit rapport le ma^
riage (la dot),
(à Défaut) Un auteur sans défaut. — // n'y a personne sans défaut.
(à Exemple) Ce que vous dites là est sans exemple. Cela est san^ exemple
(à Composition) Une composition sans faute.
(à Vie) Mener une vie sans reproche.
(à Peur) Le chevalier^ Bayard fut surnommé le Chevalier sans peur et
sans reproche.
(à Obus) Petite hombe sans anse. (Voy. Obus.)
Avec le pluriel :
(à Déshérence) Droit qu'a l'État... de recueillir la succession des per-
sonnes mortes sans héritiers.
(à Hoir) Il est mort sans hoirs.
(à Sqe) Uya des scies sans dentS* pour refendre les pierres dures, le
marbre, etc,
(à Puce, Scolopendre, Tique, etc.) Insecte sans ailbS.
(à Sans) Sam argent, sans protecteurs , que pouvais-je faire?
(à TÉMOPi) l^eur entrevue doit avoir lieu sans témoinS.
(à Ciel) Un ciel sans nuageS.
(à De) Parler sans faire de fauteS.
1. On mirait pu supprimer ces deux premiers mots et mettre, comme à l'artiole Rvrochs :
Bayard fut sum&mmé le Chevalier sans peur et sans reproche.
2. Voilà un de ces exemples assez rares où il serait impossible de mettre le singulier sans
taire une lourde faute. L'A,cadémie écrit Une vieille sams pbnts et Une vieilU aAns-DBirr.
Voy. Sams-obnt.
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Sans blâmer remploi du singulier dans les premiers exemples, nous
croyons qu'on aurait pu les mettre au pluriel ; on écrirait tout aussi
bien Mourir sans enfantS, faire une composition sans fauteS, mener
une me SANS REPROCHES, il n'y a personne sans défadtS, etc., parce
qu'il arrive plus ordinairement qu'on ait plusieurs enfants, qu'on fasse
plusieurs fautes, qu'on mérite plusieurs reproches, etc.
Par la même raison nous aurions mis, comme l'Académie, le plu-
riel dans les derniers exemples; seulement nous pensons que dans
cette phrase, Leur entrevue doit avoir lieu sans témoinS, on pourrait
employer le singulier dans le cas où il aurait été stipulé d'abord qu'il
y aurait un témoin à cette entrevue.
Nous terminerons cet article par trois exemples qui semblent se
rattacher également à la question de nombre :
(à Dévolu) Faute (f héritiers dans cette ligne,..
(à Concurrent) Il ne peut souffrir de concurrents.
(à De) /l ne peut souffrir de rival, de rivaux.
Cette dernière phrase montre que dans la précédente on pourrait
mettre aussi bien le singulier que le pluriel, suivant l'idée qu'on vou-
drait exprimer.
POIREAU ou PORREAU. — L'étymologic de ce mot, qu'on la prenne
dans le grec ou dans le latin, ne prescrite pas d'i; ne serait-il pas
convenable de supprimer cet i dans le mot français? On se rappro-
cherait ainsi de l'adjectif poracé,
POIS... Prov. et fîg.. Donner un pois pour avoir une fève. Donner
une chose pour en obtenir une autre. — Cette définition, qui est iden-
tique avec celle qu'on trouve à l'article Fève, nous semble n'être pas
complète. Comme une fève est plus grosse qu'un pois, nous croyons
que ce proverbe signifie. Donner une chose pour en obtenir une plus
CONSIDÉRABLE. Ou dit daus le même sens, Donner^n oeuf pour avoir
un BŒUF, mais l'Académie ne mentionne nulle part cette locution
proverbiale, qui est peut-être plus usitée que l'autre.
Par la même raison, le proverbe Je lui rendrai pois pour fève ,
auquel on fait signifier. S'il * me fait de la peine, je lui rendrai la pa-
reille, ne nous semble pas aussi bon que cette autre variante , S'il me
DONNE des POIS, je lui donnerai des fèves, car celui qui projette de
se venger a presque toujours l'intention de payer avec usure.
POLYGLOTTE, adj... cst aussi substantif féminin, et se dit d'une
bible polyglotte. La Polyglotte de Paris. La Polyglotte d'Angleterre,
— Fig., Cet homme est une polyglotte, une vraie polyglotte. Il possède
un grand nombre de langues.
Nous ne comprenons pas qu'on dise d'un homme qu'il est une poly-
glotte. Puisque polyglotte est d'abord adjectif, Bible polyglotte,
1. Ici l'on, a mis « Je lui rendrai pois pour fève, Il me fait de la peine, je lui rendrai la
pareille » ; mais nous pensons qu'il faut lire , comme à rarticle Fèvb « S'il me fait de la
peine... » ou, du moins, // m'a fait de la peine, mais...
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ddclionnaire polyglotte (qui est en plusieurs langues), il serait plus
naturel d'appliquer, par extension , l'adjectif à Thomme, Cet homme
est polyglotte, et d'en faire ensuite un substantif masculin. Ce savant
est un polyglotte, un vrai polyglotte.
POMMELER (SE), V. pron... POMMELÉ, ÉB, participe. Un cheval gris-
pommelé. — Aux articles Cheyal et Gris, on trouve gris pommelé,
sans tiret, et à Attelage, Un attelage de six chevatix gris pommelés.
Peut-être le tiret eât-il superflu, mais d'un autre côté nous croyons
que c'est une faute d'avoir mis pommelés dans cette dernière phrase,
car on veut dire, D%n gris pommelé. Nous écririons donc, Sixche-
vay^ gris pommelé, gris moucheté.
PONCTUATION, S. f. L'art de ponctuer. — Il se dit aussi de la ma-
nière de ponctuer. — Ponctuer, v. a. Mettre des points et des vir-
gules dans un discours écrit, pour distinguer les phrases et les diffé-
rents membres dont elles sont composées.
Il nous semble qu'au substantif ou au verbe il aurait fallu dire que
la ponctuation ne se compose pas seulement des' points et des vir-
gules, mais encore de plusieurs autres signes tels que le point et vir-
gule (;), le comma ou deux points (:), le point dHnterrogation (?),
le point d admiration, d* exclamation (I), les points suspensifs (...)?
puis encore le moins (— ), la parenthèse ( ), l^ crochet []^ei le
guillemet ( « » ) . C'est du moins là ce qu'on nous enseigne dans les
grammaires. Nous avons été surpris de ne pas trouver à l'article
Signe , même ces mots les signes de la ponctuation, tandis qu'il y est
fait mention des signes de la musique.
PONDRE, V. a. (Je ponds, tu ponds, il pond; nous pondons, etc. Je
pondais. Je pondis. Je pondrai. Je pondrais. Ponds. Pondez, Que je
ponde. Que je pondisse, etc. ) 11 se dit D'une femelle d'oiseau qui se
délivre de ses œufs. — Nous n'avons jamais vu cette expression à
la première personne que dans La Fontaine; et encore le' fabuliste
n'emploie-t-il pas le verbe pondre :
Quoi! j*AGCODCHE d'uh œuf ! — D'un œuf? — Oui, le voilà
Frais et nouveau pondu. (Liv. VIII, fab. 6.)
11 aurait été mieux de placer cette conjugaison au verbe Fondre,
qui s'emploie dans tous les temps et à toutes les personnes, et où ce-
pendant l'on n'a rien mis. Ici l'on aurait pu dire que pondre se con-
jugue comme fondre, mais qu'il ne s'emploie guère qu'à la troisième
personne.
PONTONAGE, S. m. Droit qui se perçoit en quelques lieux sur les
personnes, voitures ou marchandises qui traversent une rivière, soit
sur un pont, soit dans un bac. — Pontonnier, s. m. Celui qui reçoit
le droit de pontonage. — 11 se dit aussi, en termes de Guerre, des sol-
dats d'artillerie qui sont chargés du service des pontons.
11 nous sem'ble fâcheux de donner pour noms à l'impôt mis sur le
passade d'un pont, d'un bac, et à la personne chargée de la percep-
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tiOD de cet impôt, des mots qui semblent dériver de ponton; et nous
croyons qu'il serait mieux d'employer pontenage et pontenier, qui
sont en usage dans plusieurs localités. — D y aurait à ce ohangement
deux avantages, celui de supprimer une anomalie orthographique,
pontonage avec une seule n, pontonnier avec deux ; et de plus œlui
de ne pas confondre la personne chargée de la recette d'Un pont avec
les soldats d'artillerie chargés du service des pontons , lesquels coû-
serveraient leur nom de pontonniers. — En même temps, après ces
mots « du service des pontons » on ajouterait ceux-ci , qui nous pa-
raissent nécessaires pour compléter la définition , « c'est-à-dire de la
construction des ponts volants, des ponts de bateaux. »
poRTE€HOUX. PORTEFEUILLE. — Le portefeuille contient ordinai-
rement plus d'une feuille, comme le portechouX i^orte pins d'un chou.
Pourquoi mettre le signe du pluriel à l'un et non à l'autre?
PORT£-€ROSSE. PORTEMANTEAU.— PORTE-BOUGIE. PORTECUAYON.
L'Académie met un tiret dans les mots composés de porter qu'elle
fait invariables, et elle le supprime dans ceux qui doivent prendre la
marque du pluriel. Nous ne voyons aucune difiTérence entre Celui qui
porte la crosse devant un évêque et l'Officier chargé de porter le man*
teau du roi quand il sortai,t; entre un Porte-bougie et un Portecrayon.
Les douze portemmteauX ne portaient alternativement qu'un man*
teau, comme douze porte-crosse ne portent chacun qu'une crosse;
pour garnir douze porte-bougie il faut douze bougies , comme il faut
douze crayons seulement pour garnir douze portecrayonSj et l'on n'y
met à la fois ni plus d'un crayon ni plus d'une bougie. Nous croyons
pouvoir appliquer cette même observation aux mots porte-aiguille,
porte-baguette j porte-drapeau, porte-hache, porte-montre, porte-'
page, porte- tapisserie, etc., où l'Académie met le tiret et qu'elle fait
invariables, et à porteballe, portechape, portecollet, portefeuille, etc.,
où elle met une s au pluriel. v
PORTE-DIEU, s. m. Le prêtre qui, dans une paroisse, est chargé
spécialement de porter le viatique aux malades. Il ne prend point le
signe du pluriel. — Nous ne doutons pas qu'il ne faille écrire Dieu
avec une majuscule dans ce mot comme dans prie-Dieu, lever-Dieu;
mais l'Académie aurait dû donner un exemple pour le faire savoir
d'une manière certaine, car dans ces divers mots la signification du
second composant peut ne pas être identique. Puisqu'elle écrit christ
' avec un c minuscule dans ces phrases^ Il a dans .son oratoire un beau
CHRIST, une belle tête de christ ; un christ d'ivoire ; baiser un ghiust,
le CHRIST, il est bien permis de croire qu'on peut écrire un porte-
DIEU comme* elle écrirait sans doute unporte-cuKi^t,
PORTEFAIX. — Au mot Gagne-denier , on trouve Porte-faix.
PORTER, V. a. — Au lieu de ces phrases, // a été le plv>s fort, il a
porté les coups, se dit d'un homme qui a été battu par un autre ; Cet
homme porte le nez au vent. Il porte la tête fort haute, il a l'air hau-
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tahi, orgtteiileux, etc., phrases qui d'ailleurs se retrouvent dans d'au-
tres articles, nous aurions désiré voir ici cette locution très-usitée,
Bien porter «o» âge. Porter bien son âge, qui , croyons-nous, est sus-
ceptible de deux interprétations tout à fait opposées. Si notre mé-
moire est fidèle , nous avons entendu dire , Cet homme porte bien son
âge, son grand âge, ses qtiatre-vingts ans, pour signifier, Malgré son
grand âge, il a encore de la fraîcheur, de la vigueur, de l'agilité; —
et au contraire. Sa tête chauve, son front plissé, ses joues sillonnées,
son dos voûté, accusent largement son âge.
POT... Pot poî*m/ Différentes sortes de viandes assaisonnées et
cuites ensemble avec diverses sortes de légumes ; — Diverses sortes
de fleurs et d'herbes odoriférantes ; — Morceau de musique composé
de différents airs connus; — Livre ou autre ouvrage d'esprit, composé
de morceaux assemblés sans ordre , sans liaison , et le plus souvent
sans choix.
Si jamais on a dû mettre un ou des tirets dans une locution compo-
sée, c'est assurément dans celle-ci , car aucun des deux composants
n'est employé dans le sens propre ; il ftiut donc écrire pot-pourhi.
Voy. Pot de vin, à Vm.
POUDRE, s. f. Poussière, petites particules de terre desséchée...
Poudre légère, menue, épaisse. Il y a beaucoup de poudre dans la
campagne. Il serait nécessaire qu'il plat pour abattre la poudre...
L'Académie aurait dû nous dire que dans les quinze exemples qu'elle
a donnés, et qui reproduisent à peu près mot pour mot ce qui était
dans la première édition, on emploie généralement aujourd'hui îe
mot poussière au lieu de poudre; la phrase Ce pain sent la poudre,
pour signifier Du pain qui a contracté un goût de poussière, est même
inintelligible. — Poudre n'est plus guère usité qu'au figuré, dans la
pferase biblique Tu es poubre et tu retourneras en poudre , et dans
eelle»-oi. Jeter de /a poudre aux peux. Imposer, éblouir par ses dis-
cours et par ses manières ; — Mettre en poudre, réduire en poudre une
ville, un château, un rdiso7inement. Les détruire complètement; —
Faire mordre la poudre à ses ennemis. Les tuer dans un combat.
Elle aurait bien fait d'ajouter que si poudre a cessé d'être en usage
dans le sens de poussière, il revit dans son dérivé poudreux, qui -est
en effet bien préférable k poussiéreux. On dit. De meux parchemins
poudreux, une bibliothèque toute poudreuse.
POCBiue... Poudre de violette... Poudre de diamants. — Pourquoi
cette différence dans le nombre? Il nous semble que s'il faut plus d'uji
diamant pour faire de la poudre, il faut aussi plus d'une violette; ou
réciproqueinent. Au reste, on pourra écrire ces deux phrases comme
on voudra, car à l'article Violette, l'Acadtoie écrit : Poudre de
violettes, et à Diamant, Poudre de diamant.
POULET, s. m. Le petit d'une poule. Cette poule a tant de poulets.
Un poulet gras. Des poulets engraissés... — Aux articles Croupion et
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_ 232 —
Gland nous Usods : Le croupion d'un poulet d'Inde, d'wn chapon.
Engraisser des cochons j des poulets d'Inde avec du gland. Ces mots
poulet d'Inde sont-ils mis pour dindon ou pour dindonneau ? Quelle
que soit Taceeption que TAcadémie leur ait donnée, ils devraient se
retrouver éomme synonymes à Coq , à Dindon ou à Dindonneau, ou
tout au moins ici , pour en faire connaître la véritable signification.
POULETTE.— Dans tous les restaurants on mange un grand nombre
de plats dits à la sauce poulette, c'est-à-dire avec une sauce où il y a
des œufs : des moules, des asperges, des choux -fleurs, des ris de
veau, des pieds de mouton, des cervelles à la sauce poulette , à la
poulette. Cette expression devrait donc se trouver dans le Diction-
naire de l'Académie.
POULEVRiN, s. m. Poudre fine pour amorcer le canon ^. — Il se dit
aussi de la poire qui contient cette poudre. Voy. Pul vérin.
A son rang alphabétique ce dernier mot est écrit avec un é : pul-
vérin. Nous ne signalons cette difl'érence que pour la constater, car
nous préférons l'e muet. — Quant à poulevrin, il nous paraît être un
mot dénaturé, comme crapaudaille pour crépodaille. Voy. CurTe.
POURPRE, s. m... Cette étoffe est d'un beau pourpre. — Il est aussi
féminin. La pourpre de Tyr était la plus estimée.
Il manque ici l'emploi très -usité de pourpre pris adjectivement :
La couleur pourpre. Un manteau pourpre. Il devint vomkv^^ de colère.
POURSUIVANTES, m... Le poursuivant la vente sur folle enchère. —
Peut-on donner un complément au substantif poursuivant : le pour-
suivant LA vente...? C'est peut-être bien un terme de Palais, mais
il nous semble que c'est une locution à rectifier.
POUVOIR, v. n... Avoir la faculté, être en état de. Pouvoir marcher.
Je pourrais sortir. Je puis dépenser. Je ne puis vous répondre. Je ne
petuc pas dormir. Il n'a pu réussir dans cette affaire,.. — Pouvoir
s'emploie aussi activement, et signifie. Avoir Pautorité, le crédit, le
moyen, la faculté, etc., de faire. Vous pouvez tout sur lui, sur son
esprit. Si je puis quelque chose pour votre service, je m'y emploierai
avec joie. C'est un homme qui peut beaucoup dans l'affaire dont il
s' agit Je ne puis rien en cela. Il peut beaucoup auprès de vos chefs.
Il peut tout ce qu'il veut. Je ne crois pas le pouvoir.
S'il n'y avait pas dans ce dernier paragraphe « Pouvoir s'emploie
aussi activement » , nous serions persuadé que l'indication de neutre,
qui est au commencement de l'article, est une faute typographique.
Comment croire en effet que les verbes oser et vouloir sont actifs
dans ces phrases : « Oseriez-vows le blAmer? Il a osé lui résister
en face. Si j'ose m'exprimer ainsi. Personne w^ose /m annoncer cette
fâcheuse nouvelle. Il veut partir demain. Il veut faire ce voyage.
1. Il aurait fallu dire i Poudre fine dont on sb sbrvait autrefois pour amorcer le canon»,
car aujourd'hui l'on se sert d'une i étoupille, petite mèche inflammable qu'on introduit dans
la lumière d'une pièce , et qui sert d'amorce. » ( Acad. )
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— 233 —
Il n'en veut rien faire. Il veut être payé » ; — et que pouvoir soit
neutre dans celles-ci : « Pouvoir marcher. Je pourrais sortir. Je
PUIS DÉPENSER. Je ne puis vom répondr^. Il n'k pu réussir ûfaws ceiie
araire » ? Quelle différence y a-t-il? Les uns et les autres n'ont- ils
pas également un verbe pour régime? Et dans celle-ci : « Il l'eût fait
assurément s'il l'eût osé » , le verbe faire n'est-il pas sous-entendu?
Ne l'est-il pas de même dans ces autres phrases où l'Académie re-
garde pouvoir comme actif : « Si je puis (faire) quelque chose pour
votre sei^ice, je m'y emploierai avec joie. C'est un homme qui peut
(faire) beaucoup dans l'affaire dont il s'agit. Je ne puis rien (faire)
en cela. Il peut (faire) tout ce qu'il veut. Je ne crois pas le pouvoir
(faire) »?
POUVOIR... Ne pouvoir mais d'une chose. — A l'article Mais cette
locution occupe huit lignes ; ici elle en occupe quatorze. Il vaudrait
mieux ne faire qu'une seule rédaction qu'on mettrait à Mais ou à
Pouvoir, et l'on renverrait de l'un à l'autre.
POUVOIR... Si jeunesse savait et vieillesse pouvait ! — Ce proverbe
ûgure quatre fois dans le Dictionnaire; mais ce qu'il y a de fâcheux,
c'est qu'il subit des variantes tandis qu'il devrait être écrit partout de
la même manière : ici, par exemple, il y a une exclamation qui ne se
voit pas ailleurs, et à l'article Savoir le et est remplacé par si. Voici
ces variantes :
(à Jeunesse et Vieillesse) Si jeunesse savait et vieillesse pouvait,
(à Pouvoir) Si jeunesse savait et vieillesse pouvait!
(à Savoir) Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
POUVOIR) S. m... Les ambassadeurs se sont communiqué leurs poun
voirSj ont exhibé leurs pleins pouvoirs, ont fait apparaître de leurs
pouvoirs ^. Il a reçu dés pleins pouvoirs. Ce ministre a un plein pouvoir
pour traiter de la paix, — Cette phrase II a reçu des pleins pouvoirs
nous montre que l'Académie considère les mots plein pouvoir comme
n'en formant qu'un seul, ce qui d'ailleurs semble confirmé par l'ad-
jectif plénipotentiaire; en conséquence il faudrait les joindre par
un tiret. L'absence de ce trait d'union a induit en erreur des écri-
vains éminents, qui ont cru devoir supprimer l'article : « Couvant de
là vers la Bastille avec de pleins pouvoirs,.. Le comité propose de
donner au ministère du commerce de pleins pouvoirs pour faire des
enquêtes,., » Il est bien entendu qu'on ne mettrait le tiret que lorsque
les deux mots seraient employés substantivement. On écrirait, donc,
Ce ministre a plein pouvoir (sans tiret) ou un plein-pouvoir (avec
tiret) pour traiter de la paix.
PRATIQUER, V. a... Pratiquer un trou, une ouverture, Vqtcqt^ faire
un trou, une ouverture. Pratiquer un chemin, un sentier. Frayer un
1. A l'article Apparaître on a mis leur pouvoir (au singulier) « Les ambassadeurs ayant fait
apparmtre de leur pouvoir ji , ce qui donne à penser qu'on peut employer indifféremment
l'un ou l'autre nombre.
30
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— 234 —
chemin, un sentier. — Ce mot pratiquer s'emploie en médecine, en
chirurgie, en hippiatrique, et devrait se trouver ici dans cette accep-
tion. On dit pratiquer un séton, et à l'article Ortie l'Académie dit
également : Pratiquer une ortie (insinuer entre le cuir et la chair d'un
cheval un morceau de cuir ou mèche, pour dégorger la partie malade) .
PRÉCEINTE, s. m. —- Lisez : s. f.
PRÉCIEUX, EUSE, adj. Qui est de grand prix. Une étoffe précieuse.
Des meubles précieux. Les plus précieux des métaux.., — Nous avons
souvent exprimé le regret que l'Académie n'ait pas indiqué les com-
pléments qu'on peut ou qu'on doit donner aux verbes , aux substan-
tifs, aux adjectifs, etc. Ici nous demanderons s'il faut dire, Cet animal
est précietix pour son utilité ^ pour sa frugalité ^ pour sa beauté, ou par
son utilité, etc; le diamant est précieux pouR^sa dureté, pour son
éclat, POUR sa transparence, pour sa rareté, ou par sa dureté, etc. ?
Nous ne doutons pas qu'on ne puisse employer les périphrases à cause
de, sous le rapport de, etc. ; mais comme les auteurs disent le plus
souvent précieux pour ou précieux par, nous voudrions savoir si
l'une de ces locutions est préférable à l'autre, et laquelle.
PRÉFÉRER, V. a. Se déterminer en faveur d'une personne, d'une
chose, plutôt qu'en faveur d'une autre. Il faut préférer l'honnête à
l'utile. Il préféra de se retirer. Je préfère qu'il parte.
Faut-il dire « Je préfère beaucoup ou de beaucoup l'honnête à
l'utile; je préfère beaucoup ou de beaucoup qu'il parte immédiate-
ment n^l Voilà ce que l'Académie ne nous apprend ni à Préférer,
ni à Beaucoup. Nous croyons qu'il est mieux de dire Je préfère de
BEAUCOUP, mais nous voudrions être certain de ne pas nous tromper.
PRÉFix, IXE, adj. — Le masculin devrait prendre un e final , comme
fixe, et comme perplexe, qu'autrefois l'Académie écriw slH perplex, exe,
PREMIER, ÈRE, adj... Nous avons douté de cette nouvelle, et vous
TOUT LE premier. — A Tout nous trouvons de même : Bien des gens
s'y tromperaient, et vous tout le premier.
Nous sommes surpris de ne pas trouver, au moins comme variante,
le tout premier, car on dirait la toute première, les tout pre??iiers,
et non toute la première, tout * les premiers. Si l'on vous faisait
telle chose, vous seriez la toute première à vous plaindre. Nous
avons douté de cette nouvelle, et vous les tout premiers, — Aux
articles Tout et Autre , l'Académie dit très-bien : « C'est maintenant
tout un autre homme, ou mieux un tout autre homme. » Voy. Tout.
PRÉPARATIF, s. m. Apprêt. On fait de grands préparatifs pour
l'entrée de ce prince. On n'a fait encore aucun préparatif... Il y a des
opérations de chirurgie qui demandent de grands préparatifs. — Ici
comme à l'article Apprêt (dans cette acception), l'Académie ne joint
1. Ce serait évidemment une faute d'écrire « tous les premiers n , car cela présenterait un
non-sens ; et c'est cependant à cela qu'on pourrait être entraîné, par distraction du moins» en
mettant to\U avant l'article.
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— 235 —
que le verbe faire au substantif : Faire de grands préparatifs; faire
des apprêts, de grands apprêts. Cependant il aurait été utile d'y join-
dre les autres verbes qu'on peut employer, et nous pensons qu'on
peut très-bien dire. Commencer, finir, achever, terminer les prépa-
ratifs, les apprêts d'une fête; Les apprêts, les préparatifs de la fête
sont commencés, finis, achevés, terminés.
PRÈS... Il n'est pas près de finir. Quand il se vit près de mourir, près
d'être condamné. — 11 est fâcheux que l'Académie n'ait pas donné un
plus grand nombre d'exemples de près de suivi d'un infinitif, car sou-
vent prêt à et près de ont tellement de rapport dans le sens figuré, qu'il
est diflScile de déterminer lequel est préférable (Voy. Prêt à). Autre-
fois on ne faisait aucune différence entre les deux, et même on écri-
vait fréquemment prêt de, comme dans cette phrase de Montesquieu :
Nous étions prêts n'arriver, quand la curiosité me prit...
Voici quelques-uns des exemples que nous avons recueillis snvprès de:
(à Crever) L'abcès, la tumeur n*est pas encore près de crever.
(à Récréation) Vheure de la récréation est près de finir.
(à Incendie) Leur politique sut prévenir l'incendie qui était près n'éclater,
(à Dissoudre) A les entendre, le corps social est près de se dissoudre,
(à Foudre) Le prince est en colère, et la foudre est près de tomber.
(à Présence) La présence de Dieu devrait retenir ceuoQ qui sont près de se
rendre coupables.
L'Académie aurait dû nous apprendre dans cet article s'il faut dire
Couper des cheveux, moucher une chandelle, tondre, raser près ou de
PRÈS. C'est une question qui paraît assez délicate, puisque l'Académie
n'est pas toujours d'accord avec elle-même. Voy. Raser et la note.
Mais il est une locution que nous avons plus d'une fois entendue et
même lue, et que nous ne trouvons ni à Approcher, ni à Près; la
voici : Jl approche de fort près le ministre, le pnnce, le souverain.
Si elle est bonne, nous serions bien aise de la voir dans le Dictionnaire
de l'Académie et d'apprendre si elle dit plus que Approcher le mi-
nistre, le prince, que l'Académie définit « Avoir un accès libre et facile
auprès de lui ».
PRESSER, V. a. — A l'article Serrer nous lisons : Votre écriture
n'est pas assez pressée, serrez-la davantage. Si l'on peut dire presser
son écriture, une écriture pressée, il serait convenable de mettre^ ici
cette locution; si l'on ne doit pas l'employer, il faut la supprimer à
Tarticle Serrer.
PRÊT À. — On regrette de ne voir ici aucun exemple analogue à
ceux qu'on trouve aux mots Agneler, Chatter, Laie, Poulette :
Une brebis prête à agneler. Une chatte qui est prête à chatter. Une
laie prête à mettre bas, Une poulette prête à pondre. Dans toutes
ces phrases, près de aurait mieux rendu l'idée qu'elles présentent; et
à Tarticle Lapin nous lisons : Une lapine près de mettre bas.
PRIMEVÈRE. PRIMEUR. — Transposez : Primeur. Primevère.
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— 236 ^
PRIMEVÈRE... Boicquet de primevère. Bordure de primevères, —
Pourquoi primevère est- il au singulier dans le premier exemple,
tandis qu'il est au pluriel dans le second? Ne faut-il pas plusieurs
primevères pour un bouquet aussi bien que pour une bordure?
L'Académie a-t-elle voulu donner à entendre qu'on peut mettre in-
différemment l'un ou l'autre nombre? Voy. Amande.
PRIVILÉGIÉ, ÉE, adj... Les artisans non-maitres pouvaient travail-
ler librement dans les lieux privilégiés, — Lisez : non maîtres (sans
tiret), car il ne s'agit point ici d'un substantif composé comme nonr-
senSj nonHAsage, les non-conformistes, etc.; on veut dire. Les artisans
qui ne sont pas maîtres, ^'est ainsi qu'on écrirait : Tels et telSj, non
comparants, sont sommés de,.,; on ne mettrait le tiret que si l'on fai-
sait de non comparants un substantif en disant : les non-comparants.
Dans ce même article Privilégié il manque un paragraphe de cinq
lignes qui se trouve à l'article Cas, auquel on aurait pu renvoyer ; le
voici : « Cas privilégiés, ou Cas royaux * , Crimes dont les juges
royaux pouvaient seuls connaître, quelle que fût la condition de Tac-
cusé. La fausse monnaie, le duel, étaient des cas privilégiés. »
PROCHE, adj. des deux genres. Voisin, qui est près de quelqu'un,
de quelque chose. Les maisons proches de la rivière sont sujettes aua
inondations,.. Ces maisons sont proches l'une de l'autre. — Proche
est encore préposition, et signifie. Près, auprès... Les maisons qui
sont proche de la ville.
Il nous semble que la différence est bien peu sensible entre les
maisons proches de la rivière et les maisons qui sont proche de la
ville. Nous croyons voir que c'est le verbe dont proche est précédé
qui fait toute la différence entre l'emploi de la préposition et celui
de l'adjectif, et en conséquence nous proposerons d'écrire Ces mai-
sons sont (situées) proche l'une de l'autre, mais nous aimerions
mieux... sont près l'une de l'autre.
PROFITER... signifie aussi Être utile, servir. Tom les avis qu^on lui
a donnés ne lui ont profité de rien. Tout ce qu'il a fait n'a profité de
rien à sa famille,.. Il ne lui a de rien profité d'avoir été si attaché à
ses intérêts.,. De quoi, en quoi cela vous profitera-t-il?
Toutes ces phrases sont dans l'édition de 169/», et de plus Racine a dit :
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Mais aujourd'hui dit-on Vos avis ne luiront profité de rien; Son avor-
rice n'a profité de rien à sa famille ?-Nous croyons que depuis long-
temps déjà on substitue servir à profiter dans ces deux phrases et
autres analogues, et qu'on dirait, par exemple, Il ne lui a servi de
rien d'avoir été si attaché à ses intérêts. Quant à la dernière phrase
ci-dessus, nous sommes persuadé qu'on dirait en quoi et non de quoi
1. Ce paragraphe manque également à Royal. Une ligne suffirait pour réparer l'omissioa.
Avant ou après celui qui concerne les lettres royaux, on mettrait : « Cas royaux ou Cas pri-
vilégiés. Voyez Cas. »
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— 237 --
cela vous profUerort-il f Cette variante en quoi, ajoutée dans l'édition
de 1835, nous semble la seule expression admise aujourd'hui, ainsi
que de qiwi ou à quoi cela vous servira-M7 ?
On dit très-bien profiler de dans le sens actif de Tirer profit, avan-
tage, utilité. Profiter de la dépouille, de la ruine d' autrui; profiter du
temps, de V occasion, de ses avantages ; cet homme ne sait profiter de
rien, etc.; quant au sens passif, quoiqu'on dise Cela lui a peu profité,
nous pensons qu'avec de rien il est mieux d'employer le verbe servir,
qui rend fort bien l'idée qu'on veut exprimer : Cela ne lui a servi db
RIEN, ne lui a profité en rien.
PROIE... se dit aussj, figurément, en parlant des personnes qui ont
à souffrir des vices, des passions des autres, ou de leurs propres pas-
sions. Être en proie à V avidité, à la cupidité des usuriers.,, — Dans
cet exemple et dans ceux qui suivent, l'expression être en proie, de-
meurer, rester en proie, se livrer en proie, est toujours suivie d'un
complément : Il est en proie à la rapacité de ses valets, de ses do-
mestiquas; À la calomnie, À la médisance; À ses passions, À sa dovr
leur. À, la tristesse. Dénué de tous ses appuis, il demeura, il resta en
proie à la vengeance. Se livrer en proie à ses passions, À sa douleur.
Cependant à l'article En on trouve simplement /ivrer ew joroie^ expres-
sion reproduite dans une définition du verbe Livrer. Il y a donc ici
omission d'exemples sans complément, ou ailleurs omission de ce
complément. Voy. En.
PROMESSE... Je vous sommc de votre promesse, de tenir votre pro-
messe. — Suivant nous, la phrase pleine aurait dû précéder la phrase
elliptique, car si l'on veut procéder méthodiquement on doit aller du
connu à l'inconnu^.— A l'article Sommer on trouve seulement « Som-
mer quelqu'un de sa parole. Lui demander qu'il tienne sa parole. » Il
aurait certainement mieux valu ajouter la phrase pleine.
PRONOMINAL, ALE, adj. T. de Gramm. Qui appartient au pronom.
— Verbe pronominal. Verbe qui se conjugue avec le pronom person-
nel de la même personne que le sujet, comme dans ces phrases : // se
loue. Il se donne des louanges. Ces deu^œ femmes se disent des injures.
Votre bien s'augmente. Vous vous ennuyez d'attendre. On n'appelle
proprement Verbes pronominaux que les verbes toujours employés
avec le pronom personnel, comme Se repentir, s'emparer, s'arro-
ger, çtc. — Verbe pronominal réfléchi. Verbe pronominal réciproque.
Cette définition du verbe pronominal nous paraît être un des articles
de grammaire les plus simples et les plus clairs du Dictionnaire;
seulement, nous aurions désiré voir ici des exemples des verbes
1. Si la locution est tellement familière que l'expression elliptique soit la plus usitée, ce
n'est pas toujours une raison pour ne pas donner la phrase pleine ; on ajoute « Ou simple-
ment, ou plus ordinairement, etc. » Les exemples n'en sont pas rares dans le Dictionnaire de
l'Académie; ainsi à l'article Matin on lit : « On dit Demain au matin, et plus ordinairement,
Demain matin, j»
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— 258 —
pronominaux dans les temps composés et au pluriel , pour faire bien
Comprendre au lecteur que le participe de s'arroger, par exemple,
ne s'accorde pas avec le sujet comme celui de s'emparer et de se re-
pentir. — Nous pensons aussi qu'après Verbe profwminal réfléchi,
verbe pronominal réciproque, on aurait pu ajouter a ou simplement,
Verbe réfléchi, verbe réciproque » , puisque ces deux sortes de verbes
ne peuvent pas se conjuguer sans un des pronoms me, te, se, etc.
PROPITIATION, s. f. (On prononce Propiciation.) — Deux motifs
auraient dû faire substituer à cette indication « Dans ce mot et le sui-
vant (Propitiatoire) tia se prononce cia. » D'abord, la prononciation
aurait servi pour deux mots, et ensuite il nous semble qu'en disant de
prononcer propiciation l'Académie donne à croire que dans tion le t
conserve sa valeur naturelle, d'autant plus que quelques lignes plus
bas se trouve Proportion, qu'elle dit de prononcer proporcion,
PROPORTION, s. f. (On prononce Proporcion.) — Dans tout son
Dictionnaire l'Académie n'a indiqué la prononciation de tion final
qu'aux quatre mots portion, potion, proportion, transition (sauf toute-
fois celle de faction, qui se trouve au mot fa>ctieux) , On se demande
pourquoi ^lle a donné la préférence à ceux-là, qui ne présentent pas
de difficulté particulière, plutôt qu'à déglutition, dentition, partition,
pétition, etc., dans lesquels les deux ti se prononcent différemment,
et aux mots appréciation, énonciation, négociation, prononciation, re-
nonciation, etc., dans lesquels on pourrait supposer que ci et ti ne se
prononcent pas de la même manière. Cette prononciation du mot
proportion, donnée sans nécessité évidente, contraste singulièrement,
comme nous venons de le voir, avec celle de propitiation, où l'Aca-
démie dit de prononcer dation,
PROPRE... signifie quelquefois. Même, exactement semblable. Ha
dit cela en propres termes. C'est, en propres termes, ce quHl a ré-
pondu. Je vous rapporte ses propres paroles, les propres paroles dont
il s'est servi. Vous demeurez dans la propre maison où il logeait^. Le
propre jour de sa naissance. Sa maladie commença le propre jour
que la mienne finit. Il se dit par redondance, et pour exprimer l'iden-
tité avec plus d'énergie. — Nous croyons que dans cette acception
propre ne s'emploie plus qu'avec les mots termes et paroles, et qu'il
aurait mieux valu ne pas mettre les trois derniers exemples. L'Aca-
démie a supprimé celui-ci de la première édition : « Vous estes monté
sur le propre cheval qu'il avoit accoustumé de monter » ; mais elle a
ajouté ceux-ci : « Le propre jour de sa naissance. Sa maladie com-
mença le propre jour que la mienne finit, » L'expression le jour
même nous semble préférable; et dans la dernière phrase nous au-
rions dit le jour même où, au lieu de le jour même que.
l. iPest inutile de faire remarquer la différence qu'il y a entre Vous demeurez dans la
PROPRE maison de M*^ ( la maison qui lui appartient) , et Vous demeurez dans la pbopu
maison (la maison même) où il logeait.
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— 239 ~
PROPRUÈTAIKE, S. des deux genres. Celui ou celle à qui une chose
appartient en propriété. Les propriétaires des maisons sont obligés
aux grosses réparations. Cette maison appartient à plusieurs proprié--
taires. Cette terre rapporte tant au propriétairej à son propriétaire.
Le propriétaire et le locataire. Le propriétaire et l'usufruitier. La
propriétaire est absente.
D'après ces exemples il semblerait que propriétaire ne se dit que de
ceux qui possèdent des immeubles. Quel est donc le terme qu'il faut
employer en parlant de ceux à qui appartiennent des meubles, des
livres, des chevaux, etc.? Si l'on peut dire le propriétaire de ces
meubles, de cette bibliothèque, etc., l'Académie aurait dû en donner
au moins un exemple.
Cette phrase Le propriétaire et l'usufruitier se trouvait déjà dans
la première édition , imprimée en 169A. Dans ce temps-là on ne con-
naissait pas l'expression nue propriété, ni par conséquent celle de
nur-propriétaire ; mais aujourd'hui que l'Académie parle de la nue pro^
priélé aux articles Nu et Propriété , elle devrait dire Le nd-proprié-
TAiRE et l'usufruitier, et nous apprendre comment ce mot composé
doit s'écrire au féminin et au pluriel.
PROPRIÉTÉ... Nue propriété. Propriété d'un fonds dont un autre a
l'usufruit. — De même que nous écrivons les nus-propriétaires (Voy.
Nd), nous pensons qu'il serait bien d'écrire la nue-propriété (avec
un tiret). Nous avons un certain nombre de mots où l'adjectif est joint
par un tiret au substantif qui le suit : blanc-^ianger, court-bouillon,
courte-botte, longue-vue, plùim-chant, sage-femme, etc.
PROTE, s. m. T. d'Impr. Celui qui» sous les ordres de l'imprimeur,
est chargé de diriger et de conduire tous les travaux, de maintenir
l'ordre dans l'établissement, et de payer les ouvriers. Un prote intel^
ligent, attentif. Un prote négligent. Cet imprimeur a un prote vigilant.
— Il se dit aussi de ceux qui lisent et. corrigent les épreuves. Un
prote ne saurait être trop instruit.
Nous nous permettrons plus d'une remarque sur cet article, et
d'abord nous dirons qu'on devrait écrire prête avec un â, car ce mot
vient du grec prôtos qui signifie premier (le premier employé).
D'^[)rès cette signification primitive du mot prote, on aurait pu dire
simplement que le prote d'une imprimerie en est le contre-maître ,
car à l'article Contre -maître l'Académie dit que ce mot exprime
« daus les grandes Manufactures, Celui qui dirige les ouvriers, qui a
inspection sur eux » , et qui sans doute aussi est chargé de les payer.
Enfin nous pensons que c'est un abus des mots de dire prote pour
correcteur; car c'est seulement dans de petites imprimeries que le
prote est appelé parfois à corriger les épreuves sur le papier et même
- sur le plomb, et à faire le simple office de compositeur. — A l'article
Passer on trouve ce même emploi du mot prote : « Ce prote ne cor-
rige pas exactement, il laisse passer bien des fautes » , phrase Inin-
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— 240 —
telligible pour les imprimeurs qui n'auront pas lu la définition de
Prote dans le Dictionnaire de l'Académie, à moins qu'il ne s'agisse de
ces petits ateliers où, comme nous venons de le dire, le prote remplit
les fonctions de correcteur d'épreuves.
PROVENANT, ANTE, adj. Qui provient. Tous les deniers provenants
de la vente des metibles ont été employés à cela. Les sommes prove-
nantes de la vente des différents effets s'élevaient à tant. Les biens
PROVENANTS de la succession, —li^Q serait-il pas convenable de laisser
cette orthographe au style de pratique, et d'employer provetiant
comme participe présent dans l'usage habituel?
PROVOCATEUR, TRI€E, adj. Qui provoquc. Agent provocateur, — U
est un autre mot qui a le même sens, mais auquel on donne une accep-
tion bien diflérente; c'est l'adjectif provocant. Tous les jours on em-.
ploie les locutions bravade provocante^ regards provocants ^ œillades
provocantes, grâces provocantes, de provocants sourires^ où l'adjectif
provocateur ne saurait trouver place. On voit que le plus souvent il a
à peu près la même signification qvi agaçant, mais un peu plus de force.
On regrette d'autant plus de ne pas le trouver dans les dictionnaires,
que la plupart des auteurs l'écrivent par qu au lieu d'y mettre un c,
et à notre avis font une faute. En effet, les adjectifs en ant dérivés des
verbes en qu>er dont le substantif finit par cation, prennent tous le c;
ainsi l'on écrit confiscant, fabricant, suffocant, vacant, etc., comme
confiscation, fabrication, etc. ; et puisqu'on met un c à provocateur et
provocation, il en faut également un à provocant.
PRUD'HOMIE. — On écrit homme, homm^asse, hommage, etc.; pour-
quoi écrire bonhomie et prvd'homie avec une seule w*? Dans les quatre
premières éditions, l'Académie a écrit prud'hommie avec deux w;
bonhomie (une seule m)- n'est admis qu'à partir de la quatrième. Sans
doute on a voulu régulariser l'orthographe de ces deux mots ; mais
on aurait mieux fait d'ajouter une m à bonhomie que de la supprimer
à prud'hommie.
PRUNE, s. f. Fruit à noyau... Prune de damas... Prune de Bri-
gnolles.— Il faut écrire Damas avec un grand /), comme on a mis un
grand B à l'autre nom {Brignolles); mais à ce dernier mot il ne faut
qu'une l, comme on le trouve à la lettre B, « Brignoles ». Voy. Damas.
PUISSANT, ANTE, adj... Tout-puissant, toute-puissante. Qui peut
tout. Dieu seul est tout-puissant. Il signifie aussi, par exagération,
Qui a un très-grand pouvoir, un très-grand crédit. // était tout-puis-
sant à la cour. Il était tout-puissant auprès du prince. Vous êtes totU-
puissant sur l'esprit d'un tel. *Ils sont tout-puissants. — Il nous semble
qu'on pourrait sans inconvénient supprimer le tiret dans l'adjectif
composé tout-puissant, et écrire : « C'est un coup de la muin de Dieu,
de sa main toute puissante. La reine est toute puissante sur l'esprit
de son auguste épou^. On réserverait le tiret pour le substantif com-
posé LE Tout-Puissant.
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— 241 —
PUITSI, S* m... Le bord d'un puits. Le rebwrd d'wfi puitt, La mar-
délié ou la margelle d'un puits, ^ A l'article Margellk l'Académie
n'a pas reproduit mardelle, d'où nous concluons que ce mot est un
terme local ou même une locution vicieuse qui ne devrait pas se trou-
ver ici. De margo on doit faire margelle et non mardelle.
PUNCH, s. m. (On prononce Ponche.)— En 1762, l'Académie a fran-
cisé les mots anglais beef steak, roastbeefj pudding, aie, punch,
toast, etc., en les écrivant bifteck, rosbif, pouding, aile, ponche,
toste, etc. Dans sa dernière édition elle a maintenu la même ortho-
graphe pour les quatre premiers de ces mots; il aurait été mieux-de
ne pas revenir à l'anglais pour les deux derniers. Voy. Toast.
Q
QUADRATURE. T. d'Horlogerie.— A la lettre C on trouve déjà ce mot
écrit Cadrature, et accompagné d'une définition qui est lettre pour
lettre la même qu'ici. Nous pensons que c est préférable à qu, et que
de cette dernière variante II faudrait renvoyer à la première, d'autant
plus que nous avons aussi quadrature, terme de Géométrie et d'Astro-
nomie, où la syllabe qua se prononce coiui.
QUADRUPÈDE... Lcs quadrupèdes vivipares. Les quadrupèdes ovi-
pares. — A l'article Ovipare nous avons vu que l'Académie en repro-
duisant cet exemple des précédentes éditions, Jl y a des poissons qui
sont VIVIPARES, et d'autres qui sont ovipares, a fait un anachronisme,
c'est-à^ire qu'elle a mis au nombre des poissons les cétacés, qui au-
j<yurd*hui forment une famille à part. Ici, en disant qu'il y a des qua-
drupèdes OVIPARES, elle qualifie évidemment du nom de quadrupèdes
les tortues, les lézards, les grenouilles, etc., qui maintenant sont con-
sidérés par les naturalistes comnie des reptiles, parce que, de même
que les vrais reptiles, c'est-à-dire les serpents, ils ont le sang froid.
Sans supprimer cet exemple, les quadrupèdes ovipares, elle aurait
bien fait de mettre ses lecteurs au courant des progrès de la science.
QUARTINIER, S. m... Quelques-uns disent, Quartenier. — Dans les
trois premières éditions l'Académie elle-même disait quartenier, et à
l'article Dizenier elle dit encore aujourd'hui Les quarteniers, les
dixeniers de Paris. D'après l'orthographe qui figure en tête de cet
article il paraît que quartinier prévaut maintenant; mais nous n'en
comprenons pas la cause , et nous croyons que quartenier est préfé-
rable,* à cause de l'analogie de désinence avec dizenier, cinquante-
nier, centenier, etc. Ce mot n'a pas un primitif terminé par ine
comme cantinier, qui est dérivé de cantine.
QUATERNE.— L'Académie nous dit que dans quaternaire qua se pro-
nonce coua. En est-il de même pour quateme? Qu'il faille prononcer
ca ou coua, elle aurait dû, ce semble, l'indiquer ici, comme elle l'a
fait à chacun des mots qtcadruple {coua) et quadrupler {coua) pour
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la similitude, ou liqtié faction {eue) et liquéfier (ké) pour la différence.
QUATRAIN... Les quatrains de Pibrac. — A Gnomique on trouve
« Les Distiques de Caton smit un poème gnomique, » Nous ne compre-
nons pas pourquoi Distique est écrit avec un D majuscule et quatrain
avec un q minuscule.
QUE...' remplace aussi, en parlant des choses. Pendant lequel, dans
lequel, etc. L'hiver qu'zï fit si froid. Le jour qde cela est arrivé. Au
moment que je le reverrai. — Et ailleurs :
(à Propre) Sa maladie commença le propre jour que la mienne finit,
(à Voir) fai vu le temps que l*on faisait.,,
(à Commémoration) . . . le jour Qu'on célèbre une autre fête.
Dans d'autres articles, l'Académie emploie à peu près indifférem-
ment où et que; cependant elle semble préférer ce dernier :
(à Moment) Au moment où U arrivera, j'irai le voir.
Id, Au moment que je le verrai, je lui parlerai de vous,
ïd. J'arrivai dans le moment même Qu't( venait de sortir, dans le
moment où t( sortait.
(à Temps) Quand reverrons-noits le temps que..., le temps où...
Id. Le temps fut que...
Id, Il fut un temps, il y a eu un temps que..., un temps ot...
( à Jour ) Un jour viendra que. . .
C'est là le quo des Latins, et le que français qui le représente était en-
core très-usité il y a deux siècles ; mais nous croyons qu'aujourd'hui
l'on emploie généralement le pronom oûj qui nous semble préférable.
QUE... est aussi un corrélatif des mots Tel, quel, même; autre,
meilleur, pire, et se met toujours après... C'est bien un autre homme
qu£ votis ne disiez. Il a bien d'autres vues que vous ne croyez. — J>ious
croyons qu'il aurait été plus correct de dire : C'est un bien autre
homme que vous ne disiez. Il a de bien autres vues que vous ne
croyez , car il a bien d'autres mces peut signifier 11 a beaucoup d'au-
tres vues , et ce n'est que la fin de la phrase qui force à comprendre
l'idée de l'auteur. Nous pensons qu'on dirait. Ce sont de bien autres
genSj et non, ce sont bien d'autres gens, Voy. Bien et Premier.
QUE... forme en outre certaines locutions avec diverses préposi-
tions, conjonctions et adverbes, comme Afin que, avant que, après
que, bien que, dès que, depuis que, encore que, loin que, puisque,
parce que, sans que, à moins que, attendu que, vu que, en sorte que,
d'autant que, outre que, pourvu que, soit que, et quelques autres.
Non-seulement que se joint à des prépositions, des conjonctions et
des adverbes, pour former diverses locutions, mais encore il s'em-
ploie seul pour représenter ces locutions, et l'Académie nous en four-
nit plusieurs exemples; ainsi il se dit pour
AFIN QUE : Approches , que je vous parle.
DE PEUR QUE : Retire z^vous , qvHI ne vous maltraite.
lorsque : A peine était-il sorti , que la maison s'écroula.
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AVANT QUE : Je n*%rai point que tout ne soit prêt. ( Voy. Ne.)
DEPUIS que i fi y a dix ans (écoulés) qv'H est parti,
SOIT QUE : Qv'il perde son procès ou qvHI le gagne, il partira,
SI BIEN QUE : On le régala que rien n'y manquait.
Mais il est d'autres locutions représentées par que, et nous aurions
désiré les trouver dans le Dictionnaire de TAcadémie, pour savoir
d'abord si elles sont bonnes, et ensuite si notre interprétation est
exacte. Voici quelques exemples que nous faisons précéder du sens
que nous attribuons au que :
PUISQUE : Sans doute vous avez été malade, Qu*on ne vous a vu depuis
six mois.
Id. Vous êtes donc brouillé avec M***, que vous ne lui parlez plus?
PARCE que : Si je ne vais plus chez vous, c'est que je crains d'y rencon-
trer M***.
Id. S'il est pauvre aujourd'hui, c'est Qu'il a dissipé follement son
immense fortune.
COMME ou PARCE QUE : ^
(à Aujourd'hui) Aujourd'hui Qu'il est puissant, il pourra vous servir,
(à Maintenant) Maintenant que nous sommes seuls, je vais vous parler
librement.
(à Présent) A présent que* je suis en meilleure santé, j'irai vous voir.
Si notre interprétation est exacte, on devrait trouver des exemples
de ces locutions, comme elliptiques, ici ou aux articles Puisque, Parce
QUE , etc. -- En voici deux qu'on lit à Tarticle Savoir, et dont on dé-
sirerait avoir la phrase complète :
Que sait-on ce qui arrivera?
Que sait-on s'il le voudra?
Ici le QUE serail-il employé par redondance, comme dans
« (à Que) Que s'il m'allègue,.. Que si vous m'objectez.,, » ?
Dans cet article nous voyons que employé explétivement dans plu-
sieurs expressions : Si fêtais que de vous. Cela ne laisse pas que
d'être inquiétant. Que s'il m'allègue,.. C'est une belle chose que de
garder le secret , etc.; mais nous n'y trouvons pas d'exemples où il ait
été supprimé par ellipse*. Après ces phrases « Que je meure si cela
n'est pas vrai ! Qu't7 parte tout à l'heure î etc. », il aurait fallu en mettre
quelques-unes dans le genre de celles-ci :
(à Dieu) Dieu m'en garde. — Dieu m'en préserve. — A Dieu ne plaise.
Id, Dieu soit loué ! nous voilà délivrés de cet importun,
(à Arder ou Ardre) Le feu saint Antoine^ vous ardel
1. Quelq.ies personnes sont disposées à donner au que de ces trois phrases le sens de où/
mais nous croyons qu'elles se trompent, car les Latins diraient nunc gtiutn.
2. Au lieu de supprimé par ellipse, nous dirions ellipse si l'Académie le permettait. Voy.
Bllipser.
3. Aux articles Feu, Saint, on trouve feu Saint- Antoine {gTAnde S et tiret). Nous croyons
cette orthographe-ci préférable, à cause du de supprimé : l'Académie écrit de môme mal
Saint-Jean, feu Saint^Elme, et noa saint Jean, etc.
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Quelquerols on sous-entend qiw. celui, comme dans ces phrases :
(à Bois, Feuille) Qui a peur des feuilles n'aille point au bois.
(à Morveux, Moucher) Qui se sent morveux se mouche,
(à Savoir) Qui ne sait pas son métier, V.apprennê ou le quitte.
Enfin il nous semble que TAcadémie aurait dû faire connaître dans
cet article la valeur de qiie dans certains proverbes tels que ceux-ci :
Coûte QUE coûte. Vaille que vaille. Fais ce que dois, advienne que
pourra, etc,
QUELQU'UN, UNE, S. Un, une entre plusieurs. Nous attendons des
hommes, il en viendra quelqu'un, — Dans cet exemple, quelqu'tm
peut-il être réellement considéré comme substantif? n'est-ce vpas plu-
tôt un pronom ? On pourrait mieux l'appeler substantif dans les phrases
suivantes, où l'Académie dit qu'il est employé absolument : Quelqu'un
m'a dit, Il viendra quelqu'un. J'attends quelqu'un, parce qu'en effet
ici quelqu'un signifie Une personne. Voy. Rien.
QU'EN-DiRA-T-ON, S, m... Se moquer du qu'en-dira-t-on. Se mettre
au-dessus du qu'en-dira-t-on. Mépriser le qu'en-dira-t-on. — Aux
articles Dire et On, nous voyons sans tiret entre qu'en et dira-t-on
les deux premiers de ces exemples, plus les suivants : Braver le
qu'en dira-t-on, Être sensible au qu'en dira-t-on. Nous croyons utile
de mettre le tiret.
QUEUE... Queue en catogan. Celle qui a été coupée très-couRT, près
de la racine. — Ce nouvel exemple semble confirmer ce que nous
avons dit à l'article Court, qu'après le^ verbes couper, tailler, etc,
ce mot doit rester invariable, surtout si le substantif auquel il se
rapporte est du genre féminin. Voy. Court.
QUEUE... Prov. et fig.. Prendre le roman par la queue. Avant le ma-
riage, vivre maritalement.— N'y a-t-il pas ici une transposition typo-
graphique? Il nous semble qu'il fallait dire : « Vivre maritalement
avant le mariage » ; autrement, c'est prendre le roman par la queue
en fait de construction.
QUI, pronom relatif. L'homme qui raisonne. La femme qui a soin de
son ménage.,, — On est surpris de ne pas trouver dans cet article
des exemples de qui se rapportant à un pronom qui ne le précède pas
immédiatement. En voici que nous avons pris ailleurs :
(à Voici, Voilà) Le voici, le voilà qui vient.
(à Démon) /{ est là qui fait le démon.
(à Renier) Je l'entendais qui reniait et blasphémait,,
(à Venir) Je le rencontrai qui venait de Rome,
Il aurait été d'autant plus utile de donner ici quelques exemples
semblables, que dans certaines localités on dit qu'il au lieu de qui :
Le voici qu'il vieiit, etc,
QUiBUS. (On prononce Cuibicsse.) — Y a-t-il quelque différence dans
ces trois prononciations figurées diversement « Blocus, on prononce
l'S; Chorus, on prononce koruce; Quibus, on prononce cuibusse » ?
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J
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QUIDAM, QiTiDANE, S. (On proDonce Kidan.) — C'est une chose
assez bizarre qu'un mot qu'on ne francise qu'à moitié. Quidam con-
serve sa forme latine, et cependant non-seulement on le prononce à
la française, mais encore on lui donne un féminin formé irrégulière-
ment. Nous nous joignons à ceux qui proposent d'écrire quidan pour
faire disparaître ces inconséquences.
QUIÉTUDE. — Comment faut-il prononcer ce mot, ki-étude ou cui-
élude f Jamais nous n'avons entendu la première de ces prononcia-
tions, et cependant il semblerait que c'est celle que veut l'Académie,
car au mot Quiet elle dit « On prononce cui dans ce mot et les deux
suivants », c'est-à-dire dans Quiétisme et Quiéliste; Quiétude se trouve
le troisième.
QUINTUPLER. Rendre cinq fois plus grand, multiplier un nombre par
cinq. —Au mot Quintuple, l'Académie dit fort bien « Qui vaut cinq
fois AUTANT » , et non , Qui vaut cinq fois plus. Il fallait donc définir
QUINTUPLER, Rendre cinq fois aussi grand, ou quatre fois />/ws grand.
Dans quintupler la première syllabe doit-elle ou non être pronon-
cée cuin comme dans quintuple ?
<)UiNZAiN. Terme indéclinable dont on se sert au jeu de paume,
pour indiquer que les joueurs ont chacun quinze. Ils sont quinzain.
Nous sommes quinzain, — 11 serait à désirer que l'Académie s'abstînt
d'employer des locutions hors d'usage, et le mot indéclinable est au-
jourd'hui de ce nombre quand on parle de mots français. A l'article
Indéclinable nous lisons : « 11 se dit quelquefois des mots qui ne re-
çoivent pas les signes du genre et du nombre. Participe indéclinable.
Mot, particule indéclinable. Dans ce sens, on dit mieux, Invariable. »
Voyez Bien.
QUIPROQUO... Cet homme fait sans cesse des quiproquo. Les quir^
proquo d'apothicaire sont dangereu^.^Si l'on mettait deux tirets dans
ce mot pour en rappeler l'étymologie, il serait très-bien de le main-
tenir invariable ; mais nous croyons que, tel qu'on l'écrit maintenant,
il est tombé dans le langage vulgaire et qu'il doit prendre la marque
du pluriel. Au reste c'est ainsi qu'on l'écrit généralement.
QUOTE, adj. fém. 11 n'est usité que dans cette ]ocntion. Quote-part,
La part que chacun doit payer ou recevoir, dans la répartition d'une
somme totale. Il doit payer tant pour sa quote-part. Il lui revient tant
pour sa quote-part. Voyez Cote.
^ Nous avons ici deux remarques à faire : 1° Comme le mot quote
n'existe plus isolément depuis deux cents ans au moins, il nous sem-
ble qu'il aurait été mieux de dire : « Quote-part, s. f. La part que
chacun.... // doit payer tant pour sa quote-part. Il lui revient tant
pour sa quote-part. Le mot quote, employé seul , s'écrit maintenant
Cote. » — 2° Nous dirons que dans cet article et à Quotité, Cotisa-
tion, le mot quote-part est écrit avec un tiret, mais qu'à Part et à
Payer ce tiret est omis (Quote part. Voyez Quote. Payer sa quote part).
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R
R, s. f. et m... « R double se prononce comme si elle était simple,
excepté dans Errer, abhorrer, concurrent, interrègne, narration, ter-
reur, torrent, et quelques autres ; dans la plupart des mots qui cora-
meucent par ir : Irrégulier, irrévocable ; ainsi que dans le futur et le
conditionnel des verbes acquérir, mourir, courir et ses dérivés : f ac-
querrai, je courrai, je mourrai ; j'acquerrais, etc.
Au mot Concurremment, l'Académie dit « On prononce concurra-
ment » ; mais elle ne dit point que dans concurrence, concurrent, on
doive prononcer les deux r. — Au mot Irrachetable, elle dit a Dans
ce mot et dans les suivants, on prononce les deux R »> , et cette règle
paraît être sans exception pour les Zi8 mots qui suivent, puisqu'elle ne
dit le contraire à aucun de ces mots. Cependant puisqu'on lit plus
haut : « Dans la plupart des mots qui commencent par ir », il semble
qu'il doit y avoir des exceptions, et il aurait été bon de les indiquer.
— Aux itiots terreur, torrent, elle ne dit pas de prononcer les deux r;
est-ce une omission? — Nous croyons qu'aux verbes acquérir, mou-
rir, courir et ses dérivés (accourir, concourir, discourir, encourir,
parcourir, recourir, secourir)^ il faut ajouter co7iquérir, s'enquérir et
requérir, qui prennent aussi deux r au futur et au conditionnel : je
conquerrai, je ?n'enquerrai, je requerrai; je conquerrais, etc.
RABDONANCE OU BABDOMANCIE *. — Rabdomauce est-il plus usité
que Rabdomancie, que l'Académie met le dernier? Nous ne le croyons
pas, et conséquemment nous pensons que Rabdomancie devrait occu-
per la première place. Il nous semble aussi que l'Académie aurait dû
écrire rhabdomancie et rhabdomance, conformément à l'étymologie,
car ces mots, presque inconnus, ne sont point du domaine public.
^ RABÊTIR, v. a. Rendre bête, stupide. Vous rabêtlssez ce garçon-là
à force de le maltraiter. — Il s'emploie aussi neutralement, et signifie
Devenir bête. Il rabêtit de jour en jour.—k la lettre A nous lisons:
« Abêtir, v. a. Rendre stupide. Vous abêtirez cet enfant. — Il est
aussi neutre, et signifie Devenir bête. // abêtit tous les jours. »
Nous avons en français plusieurs verbes où l'addition de la parti-
cule re ne change rien à la signification primitive; ainsi l'on dit indif-
féremment AccouRCiR ou RACCOURCIR unc robc, un manteau, un bâton;
Allonger ou rallonger un habit, une. jupe, une table, etc.; mais
parfois cette particule a quelque chose de choquant, et nous croyons
qu'il en est ainsi pour rabétir, où d'ailleurs elle n'est d'aucune uti-
lité, puisque l'Académie donne à ce verbe la même valeur qu'à abêtir.
l. L'Académie met aéromancie, œnomancie, sans variante; — e//ira/nanew^ quelques-uns
disent chiromance; — gcomance ou géomancie; nécromance ou nécromancie; onirotnance ou
oniromancie; omilhotnance ou ornithomancie ; rahdomance ou rabdomancie; — puis, chiro'
mancien, s. m.; — géomancien, ienne, s.; — nécromancien^ négromanciea, ienne, s. — Les
autres mots, aéroma.ncie, œnomaneie, géomance, etc., n'ont pas de corrélatif
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RÂBLE. ~ L'étymologie de râble ne demande point Taccent que
r Académie y met aujourd'hui et qu'elle n'y mettait pas autrefois;
dans râle et râpe^ le circonflexe représente, il est vrai, une 5 sup-
primée; mais cet accent étant devenu une affaire de fantaisie, puis-
qu'on le met sans qu'il y ait de lettre supprimée et que souvent on
ne le met pas malgré les suppressions de lettres, il vaudrait beau-
coup mieux ne pas avoir une orthographe qui varie à chaque mot
Nous en disons autant pour râteler ^ râper, racler, ratisser, etc., dont
les deux premiers seulement prennent un accent.
rIblu. — • L'accent nous paraît être encore moins utile dans ce
mot que dans ràble, puisque la syllabe finale n'est pas muette.
RABOUGRIR, V. n. Les grandes gelées font rabougrir le jeune bois,
— Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Quand les racines
touchent le tuf, les arbres se rabougrissent.
Il nous semble évident que l'emploi de ce verbe avec le pronom
personnel devrait précéder l'autre, où ce pronom est supprimé par
ellipse : faire rabougrir se dit pour faire se rabougrir, comme faire
AGENOUILLER , faire ÉCROULER , ctc. , sc disent pour faire s'agenouil-
ler, faire s'écrouler, etc. Voy. Égoutter.
RACINAGE, S. m. Décoction d'écorce de feuilles de noyer, de coques
de noix, propre pour la teinture. — Évidemment il y a une faute dans
cette définition , car les feuilles de noyer n'ont pas une écorce qu'on
enlève pour en faire le racinage. Nous présumons qu'apcès écorce il
faut ajouter une virgule ou peut-être le mot ou.
RADIS, s. m... Déjeuner avec du beurre et des radis, — A l'article
Matin on lit également : « H déjeune tous les matins avec du choco-
lat » ; mais on trouve ailleurs :
(à Collation) Il fait collation n'une pomme,
(à Di'JEUNER) Déjeuner D*ttn pâté.
(à Dîner) Diner D'un poulet, D'un morceau de bœuf.
On se demandera sans doute si l'on peut dire indifféremment déjeun
ner de et déjeuner avec du... ; et l'on sera tenté de répondre affirma-
tivement, puisque l'Académie donne plus d'un exemple de l'un et de
l'autre. Cependant il n'en est point ainsi, et les grammaires proscrivent
l'emploi d'avec. Serait-ce pour empêcher une équivoque dans le cas
où l'on dirait Déjeuner avec un perdreau, diner avec un poulet, comme
on dit Déjeuner avec un ami, diner avec son cAiew? Quoi qu'il en soit,
les phrases déjewier avec du chocolat, avec du beurre et des radis,
n'étaient pas dans les précédentes éditions ; mais nous ignorons si
l'Académie a voulu protester en 1835 contre la règle des grammairiens.
R AGRÉMENT. Action de ragréer (mettre la dernière main à) un
ouvrage, ou le résultat de cette action. — Ce mot devrait s'écrire
ragréement, avec deux e comme l'infinitif. Ragrément n'est pas le
réduplicatif d'agrément; et les dictionnaires qui donnent un substan-
tif au verbe dé gréer disent dégréement et non dégrément.
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KAlS) S. m. piL... Il y a un rais rompu à cette roue. Remettre un
rais à une roue. *- Nîcot écrivait un ray, et il araît raison; lô radical
de tayon, rayonnement, rayonner, etc., est rai et non rais, comme le
radical de balayer, essayer, étayer, est balai, essai, étai, et non ba-
lais^ essais, étais. Voy. Rëlai.
EAMONAGE , RAMOHmR , RAMONEUft. — Ccs mots, qui Viennent de
ramon, balai , devraient prendre deux n, comme sermonnaire, ser-
monner, sermonneur.
RAPATRIAGE OU RAPATRIEMENT... Ces deux mots sout familiers.
^ Il nous semble que rapatriage est plus que familier, qu'il est pres-
que de mauvais goût, et qu'il aurait dû être placé après rapatriement.
RAPPEI.ER... signifie, figurément. Faire revenir dans la mémoire...
Rappeler quelque chose dans sa mémoire. Se rappeler quelque chose
dans la mémoire, ou simplement et mieux, Se rappeler qu^lqiœ chose.
— Plusieurs de ceux qui ont appris dans leur grammaire qu'il ne faut
pas dire se rappeler de quelque chose, je m^ETH rappelle bien, en con-
cluent que se rappeler ne doit jamais être suivi de la préposition de,
et qu'en revanche se souvenir, se ressouvenir ne doivent jamais avoir
pour complément que ou toute autre expression qui semble être un
régime direct. Nous croyons devoir les désabuser en leur présentant
les exemples que donne l'Académie :
Je me rappelle n^avoir vu, D'avoir fait telle chose.
Je me rappelle qvHI m* a conté cette histoire.
Je ne me souviens pas QvHl m'ait dit cela.
Je ne me souviens pas SHl y était, ^Hl y. $st vmu.
Je ne me souviens pas quand cela est arrivé, comment cela s*est fait, podb-
Quoi il a fait cela, où cela s'est passé.
Je ne me souviens pas qui me l'a dit.
Ressouvenez-vous que vous m'avez promis de venir me voir.
Ressouvenez-vous (considérez, etc.) que celui qui vous parle est le fUs de
^votre meilleur ami,
RAPSODE, s. m. T. d'Antiq. grecque.— -Comme rabdomancie, ce mot
devrait s'écrire avec rh, conformément à son étymologie grecque.
RAQUETTIER. — Il faudrait ramener à la règle générale aiguillet-
tier, lunettier et raquettier, et les écrire avec un seul t comme buve-
tier, charretier, gazelier, vergetier, etc. Voy. l'article Réduplicatioiï.
RASER, V. a... Un perruquier qui rase bien, qui rase mal, qui «e
rase pas d'assez près. — N'est-ce pas plutôt « qui ne rase pas assez
près » qu'il faudrait ? Il nous semble qu'il faut dire Rasez-moi près,
BIEN PRÈS, c'est-à-dire près de la peau, et non rasez-moi de près*,
1. L'Académie dit encore :
- (à Tondre) Fig. et fam., Tondre la brebis de trop près, Mettre des impôts trop
lourds sur le peuple.
Id. Toivirè... signifie Couper les cheveux de près avec les ciseaux.
f^g in 4 l'article Moucher nous trouvons un exemple qui semble confirmer notre opinion :
Vous avez mouché cette chandelle trop court, trop près ( et non , de trop près).
Ces locutions Coupe)', moucfier, tondre p'ès ou de près devraient se trouver à l'article Près.
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puisqu'on ne peut pas raser de loin. Au contraire on dit très-bien «otr
de près, comme on dit voir de loin; mais chacun sentira qu'il n'y a
aucun rapport entre voir et raser et que l'adverbe ne peut pas être
le même.
BATION, s. f . — Comment se fait-il que le verbe rationner ne ie
trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie? C'est un mot qu'on
emploie tous les jours dans le sens propre et au figurée On aationne
LES PASSAGERS sur uu uavlrc où les vivres manquent; un père ra-
tionne pour l'argent son fils qui fait trop de dépense, etc*
RE... On peut donner à beaucoup de verbes, surtout dans le langage
familier, une signification itérative, en les faisant précéder de la par-
ticule Re. Rehroyer, recarreler^ recroUer, redëmolir, redessiner, re-
feuilleter, refiger, regeler, regreffer, relimer, remanger, renoircit,
remprunter, réinterroger, etc.. Broyer de nouveau, carreler de nou-
veau, etc. Plusieurs des mots ainsi formés ne se disent guère que
dans des phrases où on les joint à ceux dont ils dérivent. Avant d'ache-
ter ce vin, il l'a goûté et regoûté. Il conte et regonte toujours la
même histoire. Je chantais et reghantais son air favori. 11 serait
inutile de réunir dans un dictionnaire tous les mots qu'on est libre de
former avec la particule Re; nous nous bornerons à indiquer ceux qui
sont consacrés par l'usage.
U est fâcheux que dans la citation des verbes et dans les exemples
qu'elle donne, l'Académie n'ait pas introduit un seul de9 verbes qui
présentent une difficulté réelle sous le rapport de la réduplication de
rs. Plus loin on trouve, il est vrai, les verbes ressaigner, ressaisir,
ressasser, ressauter^ ressortir, ressouder, ressouvenir, ressuer; mais
cette liste est bien incomplète, et de plus nous croyons qu'en géné-
ral on ne double pas l'S dans les verbes à signification itérative, lors-
que ceux dont ils dérivent sont exprimés dans la même phrase. Ainsi
l'on écrit : Ce pauvre malade a été tellement saigné et resaigné quHl
en est mort; Il m'a salué et resalué; Il a sauté et resauté par-
dessus la corde; Cet acteur a été siFFjiÉ et resifflé ; Cest inutilement
que j'ai sonné et resonné, personne n'a répondu. Nous trouvons
même dans quelques-uns des grands dictionnaires du jour resaluer,
resiffler, resonner, pour signifier Saluer, siffler, sonner de nouveau.
HEBÉQUER (SE). — Voy. AbEGQUER.
REBORDER, V. a... Reborder une jupe, une robe, des souliers, etc,
— Rebordé , ée , participe.
Il manque ici l'explication des oreilles rebordées, comme à Ourler
celle des oreilles ourlées, qu'on trouve à l'article Oreille.
REBOUUXIR, V. n. — L'Académie donne au verbe bouillir un par-
ticipe faisant les fonctions d'adjectif : « De la viande bouillie. Deê
châtaignes bouillies, » Il nous semble qu'il fallait en donner égale-
ment un au verbe rebouillir, car on doit pouvoir dire De la viande
BOUaLIE et REB0UILLIB, CtC.
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— MO —
RSC»9 f^ m« Tv de Ik*oik public^ relatif aux diètes de TËmpire. Vtac^
oà, avant qu^une diète se sépare, on recueille et l'on rédige les déli-
bérations qu'elle a prises. R$cez di l'Empire^— Nom présiumons qu'il
faut lire Recès. Autrefois l'Académie écrivait abscés, accès, excès,
pregr^, #^,; mais elle mettait un 2^ à congrez, procez, succez, etc.;
^ourd'kui tous ces mots se terminent par es (abcès, accès j excès,
Pf9^f4^; ê^ngrés, procès, succès, «fc.)» à l'exception de reeez, qui
nan^ im^s^ a été oublié dans la réforme parce qu'il est moins usité.
REGom^TËR. -^ Ajouiez « On ne prononce pas le P. » Voy. Escoiipte.
RSCONNAUUSANCE... se dit en outre d'un acte par écrit, pour re-
ee^oaître qu'on a reçu quelque ehose, soit par emprunt, soit en d^t...
^ î\ Manque ici une expression qui malheureusement n'est que trop
im^ i Reo$n»Êiisaance du mont-tte-ixiètè,
ISCK^i^RANix, s. f. Vieux mot qui signifiait Reeouvrement, action
de recouvrer. Il n'est plus employé que dans cette dénomination,
Motre-Dame de recouvrtmce. --*(hiae demande : Qu'est-ce que Notre-
Dame de^ veeouvrance f eomme à Liessr : Qu'est-ce que Noére^Dame
de^ liesse ^Qiielle a été l'origine de ce» noms? Il aurait peut-être suffi
de troia ou quatre Ugnes pour donner au lecteur un renseignement
qu'ijb ne «ai^ où chercher.
RECUEIL, REGCEILLEMENT, RECUEILLIR. -** Ajmitez « Prononcez
'N^emk, rekeuidiement, vekemûin »> Voy. AooceiL.
RSCHL^m (1>... Les écrevisse» 'ifont à reeu^ens, — Eï^ lisant oet
exea^ile on est tenté de ^foire que les écrevisses ne marchent qu'à
veoulôns, et U est toujours fâcheux de perpétuer tes erreurs. Il aurait
fallu dire, eomme au mot ÉeBS visse, que selon ^'opinion vukc^aire
ee crufitaqé va presque toujours à reculons; là du moins il y a deux
oorreotifè^
REIHUTIAN, a. f. -r- Ajoutez : On prononce les deux D.
REMSCKNBRE, V. R. Descendre de nouveau, ft est remonté dan^ sa
ektmbre, ik va^ redescendre. Le baromètre redescend. ^ 11 est aussi
aetif , eâ signifie Oter de nouveau d'un Keu élevé. Redescendez ce
tableau.
L'Acadtoie a omis une acception très-usttée du sens actif : Redes-^
acÊMbre une montagne, un escoMet^, des^ degrés, »»e rmère, etc^
RiÊDONDANCE, S. f. (Dans ce HK>t et dans ses dérivés, bien des per-
sonnes écrivait et prononcent Re.) — Nous aussi nous croyons que re
est préférable à ré, et que l'Académie aurait mieux fait de supprimer
l'wcent. Est-ce bien à la majorité des voix qu'elle a joint la sienne?
REDOUTER, V. a. Craindre fort. — Ce verbe peut-il ©u non être
siûvi de éo, de que : U redoute beaucoup de passer l'fmer à la cam-
fèogne^ Je redoute qvHI n'apprenne * cette fatale nouvelle sans y aooir
1* Nous avons cra devoir mettre la négation comme on le fait après craindre, dont redouter
•at un augmentatif. Cette difficulté grammaticale était une raison de plus pour que l'Académie
donnât un exemple du verbe redouter suivi de qtte.
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— 251 —
été préptaré. 81 ce» deux locutions redouter d^, r&dùiitér ^né, «6ai
bônûes, il faut réparer l'omission de rAcadémie, qui n'a miâ que dftè
substantifs pour compléments du verbe.
KéDÛPLIGATION DES CONSONNES L, T, AU MILIEU DES MÔT^.
Dans la désinence ellerie l'Académie met généralement deux /,* elle
écrit : hoissellerie, chancellerie^ chapellerie, coutellerie, hôtellerie^
oisellerie, tonnellerie j etc. Il n'y a que deux exceptions î grivèlerie,
qui prend un è, et bourrelerie, qui a une seule l et un e muet.
Pour la désinence etterie, au contraire^ il n'y a que trois mots qui
doublent le t : coquetterie, escopetterie, tabletterie; les autres n'ea
prennent qu'un ; bonneterie, briqueterie, buffleterie, caquetericy grène^
terie, louveterie, marqueterie, mousqueterie , paneterie, papeterie ^
parqueterie, pelleterie, etc.
Cette contradiction est fâcheuse^ et il nous semble que l'oreille de*
mande la réduplication du t comme celle de 1'/.
L'analogie avec les mots boisselier, chancelier j chandelier, chape-
lier, coutelier, hôtelier, sommelier, tonnelier, oiselier et oiseleurt
chapelain, châtelain, gabeleur, etc, qui ne prennent qu'une l bien
qu'on en mette deux dans leurs corrélatifs boissellerie, chancellerie,
chandelle, etc, ne devraitrclle pas faire supprimer une / dans camnêl-
lier, ficellier, prunellier, vermicellier, etc, ?
Et de même, l'analogie avec bonnetier, buvetiert ehainetier, charre-
tier, gazetier, layetier, noisetier, vergetier, etc., ne devrait^elle pas
amener la suppression du second t dans aiguillettier, lunettierj r»^
quettierf — On laisserait les deux t dans brouettier, à cause de la
syllabe sourde qui précède.
RÉFiiécHiR*.. Fig.^ en Grammaire ^ l'action du verbe se réfléchit
sur le sujet. Exemples : Je me repens.'Vous vous moquez. Il se tour-
mente. Etc» Le verbe alors s'appelle Verbe réfléchi*
Il nous semble que pour des choses distinctes il faudrait employer
des noms différent». Suivant nous, les verbes qui se conjuguent avec
les deux pronoms de la même personne sont de deux sortes j le»
verbes réfléchis, dont l'action retombe. sur le âujet hii^iïiême^ et dant
le participe reste invariable ou s'accorde suivant que le régime direct
est après ou avants comme dans les verbes stctifs : Elle s'est blessé i.A
MÂiN, elle s'est brûlé le pied; elle Si'est^ blessée à la mmnj elle S''est
BRÛLÉE au pied. C'est à cette classe qu'appartient le verbe $$ tour-
menter : Ils se sont tourmenté le gorp» par les remèdes; ils sm èonê
todrmeutés è chercher un expédient pour sortir d' embarrm. ^^ I^was
les verbes que nous appelons essentiellement pronominaux, l'action ^
Suivant nou»^ ôe retombe pas sur le sujet; tels sont se moquer, se re-
pentit, 99 néfitr^ eto, Nou^ le» appelons ains» noa^'SeuMMirt parte
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(^'Us se conjuguent avec les deux pronoms de la même personne,
mais encore parce que le participe s'accorde toujours en genre et en
nombre avec le sujet du verbe. Elle s'est moquée de nom. Ils se sont
REPENTIS de leur faute. Elles se sont méfiées de vos intentions. Cette
règle ne présente qu'une seule exception , le verbe S'arroger : Ils ou
elles se sont arrogé nos droits. Les droits QV^elle s'est arrogés. Ce
verbe, qui ne peut pas se conjuguer avec un seul pronom, suit,
comme on le voit, la règle des verbes actifs.
L'Académie dit, un peu plus bas : « Fig., en Grammaire, Verbes ré-
fléchis^ Les verbes pronominaux exprimant une action ou un état qui
ne se rapporte qu'au sujet du verbe. » Cette définition n'est pas à la
portée de tout le monde; pour être bien comprise elle aurait besoin
d'être éclaircie par un ou deux exemples. Nous devons donc renvoyer
le lecteur à ceux que nous venons de donner.
Quant à ce qu'elle ajoute « Quelques grammairiens appellent Pro-
nom réfléchi de la troisième personne, le pronom Se, soi, qui sert à
la conjugaison de ces verbes » , il nous semble qu'on pourrait . tout
aussi bien appeler Pronoms réfléchis de la première et de la seconde
personne les pronoms Me, moi; te, toi, car les verbes réfléchis,
comme les verbes essentiellement pronominaux , se conjuguent aux
trois personnes du singulier et du pluriel. Voy. Pronominal.
REFLEURIR , V. n. Fleurir de nouveau. Les orangers, après avoir
porté des fleurs au printemps, refleurissent ordinairement en automne...
— Refleuri, ie, participe.
L'Académie aurait dû dire que ce verbe prend les deux auxiliaires
avoir et être, suivant qu'on veut exprimer l'action ou le résultat de
cette action, car en ne donnant aucun exemple de temps composés
conjugués avec l'auxiliaire avoir, et en ajoutant le participe re-
fleuri, ie , elle donne à entendre que refleurir ne se conjugue qu'avec
être. Cependant on doit pouvoir dire : Nos orangers ont refleuri ou
n^)NT pas refleuri l'automne' dernier ; Plusieurs marronniers ont
refleuri cette année en septembre, tout aussi bien que , Nos orangers
SONT refleuris, les marronniers sont refleuris.
RÉGALER, V. a. Dresser, aplanir un terrain, après avoir enlevé ou
rapporté des terres. // faut régaler les terres après le remblai.
A l'article Égaler nous lisons : « Égaler signifie en outre. Rendre
uni, plan. Cette allée est raboteuse, il faut l'égaler. En ce sens, on dit
plus ordinairement. Égaliser. » Il nous semble don* qu'on devrait
dire régaliser ou mieux encore reniveler, au lieu de régaler.
REGISTRE, REGISTRER. ( Quelques -unsicriveut et prononcent
Regitre, Regîtrer.) — Voy. Enregistrement.
RÈGLEMENT, adv. Avcc règle, d'une manière réglée. On vit règle-
ment dans cette maison. Il se porte mieux depuis qu'il vit règlement.
— D se dit aussi Des choses qui se font toujours précisément de la
même manière, dans le même temps. Il soups règlement à sept
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heures. Il étudib RÉGLÉMEnT ses six heures par jour. La fiéofe le
pretui règlement tous les jours à telle heure,
A cet adverbe nous en opposerons un autre que nous croyons beau-
coup plus usité, et qui nous est également donné par TÂcadémie :
« RÉGULIÈREMENT, adv. D'uue manière régulière. // vit fort réguliè-
rement. // tient régulièrement ses promesses. — Il signifie aussi.
Exactement, uniformément. // dîne régulièrement à midi. Il tra^
VAILLE régulièrement tant d'heures par jour. Il se lève régulière-
ment à sept heures. »
Les exemples donnés par l'Académie montrent que règlement et
régulièrement ont la même signification, et que même ils s'emploient
dans des phrases identiques; seulement nous croyons le premier à
peu près hors d'usage, tandis que le dernier est d'un usage presque
général. Ajoutons que régulièrement a un sens un peu plus étendu,
car on ne dirait pas. Il tient règlement ses promesses. Ces observa-
tions auraient été fort utiles pour les étrangers et même pour les
habitants des provinces extrêmes de la France, qui ne sont pas au
courant des expressions du jour, et qui conséquemment sont exposés
à se servir de termes inusités.
RjÊGLEBiENTAiRE, RÉGLEMENTER. — 11 est regrettable que l'Aca-
démie n'ait pas conservé dans ces mots et dans dérèglement l'accent
grave qu'elle met au substantif rkglemsnt.
REINE- CLAUDE... Manger des reines-Claude. — On simplifierait
beaucoup l'orthographe de ce mot en écrivant des reines-^laudes
comme on écrit des dames-jeannes, des saints-germains.
REINETTE, S. f. Sorte de pomme très-estimée... On écrit aussi,
Rainette. — Le nom de cette pomme vient de ce qu'elle est tiquetée
comme la grenouille appelée rainette; il serait donc convenable
d'écrire de la même manière le nom de la grenouille et celui de la
pomme ^.
RELÂCHE, s. m... On donne * aujourd'hui relâche au Théâtre Fran-
çais. — Ici Théâtre et Français ne sont pas joints par un tiret, et il
en est de même au mot Loge « Les loges du Théâtre Français, de
l'Opéra » , tandis qu'on l'a mis aux articles Théâtre et Figurant « Le
Théâtre-Français. Les figurants du Théâtre-Français, de l'Opéra-
1. Quelques étymologistes veulent qu'on écrive pomme VEinette, à cause de renetinum mo/^
lum; d'autres font venir ce mot de reine ou de reginetta, diminutif de regina, parce que la
reipette est la reine des pommes ; mais ces étymologies nous semblent n'avoir aucun fonde-
ment.— Dans ses trois premières éditions , l'Académie écrivait « Rain bttb ou rbimbttb , sorte
de pomme marquetée de petites taches rousses ou grises » , ce qui semble prouver qu'elle
rattachait le nom de cette pomme à celui de la grenouille.
2. Donner relâche est nne expression usitée, il est vrai, mais elle nous paraît vicieuse dans
cette phrase en ce qu'elle prête à l'amphibologie ; et en effet on doit prendre donner dans le
sens de Jouer, représenter. Tout le monde connaît la plaisanterie suivante : t Une personne
à qui l'on disait que le jour même on dohnait relâche à tel théâtre , répondit qu'elle voudrait
bien voir jouer cette pièce. » L'Académie pourrait se borner à l'exemple qu'elle of&e dans
ce sens avec le verbe faire :*Ona paît RBLàcHB pendant huit jours pour réparer la salle. »
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Comique. » — A l'article Comédie nous avons vu que non-seulement
TAcadémie n'a pas mis le tiret à Comédie Française, mais encore que
sur cinq exemples cités il n'y en a qu'un seul où française ait une F
majuscule. Gela est fort embarrassant.
HELAIS, s. m. Il se dit d'un ou de plusieurs chevaux frais, soit de
selle, soit d'attelage, que l'on poste en quelque endroit, etc Voilà
le relais. — Nous ferons sur ce mot la même observation que sur
rais : puisqu'on dit relayer et non relaisser, il faudrait écrire rekU.
Autrefois on employait les mots au pluriel plus souvent encore qu'an*-
jourd'hui; ainsi l'Académie, dans la quatrième édition de son Dic-
tionnaire, mettait aphteS, ichtyoliteS, ooliteS, nërétdeS^, etc., sans
donner à ces mots un singulier; aujourd'hui il en est encore de même
pour brassières, mules (engelures aux talons), rais, etc. C'est évidem*
ment à cette cause que nous devons d'écrire au singulier altercas,
rais, relais, etc., au lieu d'altercat, rai, relai, etc. Il serait à désirer
que ces trois mots, et autres qui sont dans le même cas, reçussent
enfin l'orthographe que réclament l'analogie et la logique.
REMBOURSER, V. a... Fig. et fam., Rembourser des ëpigrammes, de
mauvais compliments, des injures, des coups de poing, un soufflet, un
coup d'épée, etc.. Les recevoir. — Les recevoir ! Si l'Académie avait
donné pour définition , En rendre à ceux de qui l'on en a reçu, nous
comprendrions parfaitement; ce serait simplement le sens figuré;
mais dans le sens qu'elle donne il est évident qu'il fallait dire bm-
BODRSER, comme on dit embourser de l'argent pour signifier Mettre
en bourse l'argent qu'on a reçu. Rembourser au lieu d'embourser
nous semble un contre-sens. Rabelais a dit : embourber des coups de
bâton; Racine, embourser des coups de nerf de bœuf; Saint-Simon,
EMBOURSER dcs bourrodcs, et non rembourser.
REMISE, s. f... Voiture de remise, ou simplement Remise, voiture à
quatre places, sans numéro, qui se loue ordinairement par jour ou
par mois. // a loué une voiture de remise, un remise. Nous prendrons
un remise. On dit aussi Cabriolet de remise. — Comme l' Académie a
donné deux exemples avec un remise, on verra sans doute qu'il n'y a
pas là une faute typographique ; cependant il aurait été convenable
d'ajouter : « Dans ce sens, remise est du genre masculin. »
RENAISSANCE... Depuis la renaissance des lettres et des arts.
A l'article Age , l'Académie a eu soin de nous dire que le moyen âge
comprend le temps qui s'est écoulé depuis la chute de l'empire rp-
main, en Zi75, jusqu'à la prise de Constantinople par Mahomet II, en
1453. — A l'article Moderne , elle nous apprend que ce mot employé
substantivement se dit Des auteurs, des savants, dea artistes qui ont
paru depuis la renaissance des lettres et des arts. — Ici elle aurait
rendu un grand service à bon nombre de ceux qui la consultent en
1 . Maintenant l'Académie écrit aphthe, ichihyoHthe^ oolithe, etc., conformément à Tétymo-
logie, et néréide avec un t simple.
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^ 255 -. .
leur indlquaat Tépoqiibe où cette renaissaooe eut Ueu, car ils pearent
ignorer qu'elle ^te de la prise même de Ck)nstantinople par Maho-
met II; qu'alors les artistes, le$ savants, etc., chassés par le cimeterre
du conquérant, se réfugièrent en Italie, où Laurent de Médicis lea prit
sous son glorieux patronage.
REN6RÉNEHEKT. rengrénbr. ^ Il faudrait écrire rengrEner avec
un e muet à la seconde syllabecomme engrener , et remplacer par un
accent grave l'accent aigu ûerengrénemenl {rengrknemeni) ^ confor-
mémeokt à la règle qui fait écrire enlÈvetMntj. rectlement, dégrkve-
ment, allkchament, etc. Voy. Accents.
RJBNOBIBIER, V. a... Rekommé, ée, participe. Un capitaine renommé.
H est fort renommé parmi les savants. Renommé par sa sainteté. Il
était des plus renommée de ce siècle. Cest tm lieu renommé pour les
bons vins.— Jusqu'ici nous pensions qu'il fallait dire qu'on homme est
renommé pour sa sainteté, pour ses vertus, pour ses talents, powr sa
science, etc.; qu'un pays est renommé pour tel ou. tel produit; et
l'Académie en définissant Renomi^ir, Nommer avec éloge, semblait
confirmer notre opinion. Cependant il paraît que nous n'avions raison
qu'à demi , puisque si d'un côté l'on peut dire qu'w» lieu est renommé
POQR les bons vins, et sans doute aussi pour ses vinsi, d'un autre il
£aut dire qu't^ homme est renommé far sa sainteté, locution repro-
duite à l'article DROifURB : « Renommé par sub, droiture. »
Nous savons que plusieurs auteurs ont employé par au lieu de^wr^
comme dans ces phrases^ : CL Jos. Vemei est renommé par ses ma-
rines. Cette ville est renommée par ses fabriquées de tapis. Ces sau-
vages font des barques renommées par leur légèreté et leur solidité;
naaid il nous semble que ce sont là des fautes réelles, et nous regret-
tons que l'Académie les ait justifiées par les exemples qu'elle domie.
Nous préférons de beaucoup celui qu'on trouve à l'article Pyra-
mide : « Les pyramides, d'Egypte sont renommes pocr leur gr&ndsur
et POUR leur antiquité^. »
. RENTRER... se dit vulgaûrement Des humeurs, qui se répergiïteiyt.
Prenez garde de laisser rentrer eeUe humeur, elle vous jouerait tm
mauvais tour. Un charlatan lui a fait rentrer ses dartres.-^ R£ntré,.éb,
participe. Dartre rentrée. Uumevo' rentrée. Sueur rentrée.
La Médecine a une grande obligation au vMiGAire de ce qu'il a in-
troduit dans le langage une expression tout à la fois simple et claire
à la place dtin terme qui n'était à la portée que des gens lettrés. Tout
le monde comprend ce que c'est qu'wne dartre rentrée , une humeur
1. Peut-être nous répondra-tron que l'Académie a dit à l'article Pyraahi>b, Lm pyramides
d'Egypte sont renommées pour leur grandeur et pour leur antiquité, comme à l'article Rg-
NOMMBR , C'est un lieu renommé pour les bons vins, parce qu'il s'agit de choses ; mais que
pour les personnes il faut employer par. — Nous ne pensons pas qu'il y ait lieu d'établir
cette différence entre les personnes et les choses ; il nous semble qu'on doit dire qu'un liomme
est i-enômmé par son siècle, par les savants, pocr sa vaste érudition; — que tel tnn est re-
nommé PAR les gourmets pour son bouquet délicieux.
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. — 256 —
RENTRÉE, une sueur rentrée, mais il n^en est pas de même de réper-
COTÉE. Il serait à désirer que la langue vulgaire possédât un grand
nombre de mots propres à rendre aussi fidèlement Texpression scien-
tifique.
REPARTIR, V. a. et quelquefois neutre. (Il se conjugue comme
Partir. ) Répliquer, répondre sur-le-champ et vivement.
^ L'Académie aurait dû dire « Il se conjugue comme Partir, J^kvs les
temps simples » , car le verbe Partir,' v. a., ne s'emploie guère qu'à
l'infinitif et dans cette phrase Avoir maille à partir avec quelqu'un *.
— Quant à Partir, v. n., il se conjugue presque toujours avec Tauxi-
liaire être, et conséquemment il ne peut servir de modèle pour la
conjugaison d'un verbe actif.
^ REPARTIR, V. n. (Il se conjugue comme le verbe ci-dessus. ) Retour-
ner, ou partir de nouveau. A peine était-il arrivé, qu'il fut obligé de
repartir, — Reparti, ie, part. Il est reparti, elle est repartie.
Ici nous avons la contre-partie de l'indication donnée à l'article
précédent. L'Académie nous disait de conjuguer un verbe actif sur
un verbe neutre qui prend généralement l'auxiliaire être; dans le pré-
sent article elle dit de conjuguer un verbe neutre qui prend l'auxi-
liaire être, sur un verbe actif où elle n'a même pas donné la conju-
gaison. — Au lieu de ces mots a II se conjugue comme le verbe
ci-dessus » , Il faut lire « Il se conjugue comiùe Partir, v. neutre. »
REPENTIR (SE), V. prou... On dit quelquefois par menace : Je l'en
ferai bien repentir. — Il aurait été bon de dire que faire repentir est
mis pour faire se repentir, et qu'il y a ellipse du pronom. Cette indi-
cation que l'Académie a eu soin de donner dans quelques articles
tels que s'agenouiller, s'écrouler, s'enfuir, s'enraciner, s'invétérer, etc.,
manque dans un plus grand nombre, entre autres aux verbes se
souvenir et se ressouvenir, pour ces exemples : Faites-moi souvenir
d'aller là. Je l'en ferai souvenir. Ceci ms fait souvenir que,.. Si vous
l'oubliez, je vous en ferai ressouvenir.
RÉPÉTITEUR... Répétiteur au collège Louis le Grand.— Cest le seul
exemple où nous ayons trouvé collège immédiatement suivi du nom
sans préposition; ailleurs on lit :
(à Boursier) Boursier au collège de Louis le Grand.
(à Censeur) Le censeur du collège de Louis le Grand.
(èi Collège) Le collège de Charlemagne, de Samt-Louis.
(èi Professeur) Il est professeur au collège de Louis le Grand.
(à Proviseur) Proviseur du collège de Louis le Grand, de Henri IV, etc.
Nous pensons que dans ces cinq exemples le de est plus qu'inutile,
car les collèges dont il est question n'ont pas été fondés par Charle-
magne, saint Louis , Henri IV, Louis le Grand. Il doit en être de ces
1. La maille était une petite pièce de monnaie valant à peu près une obole ou la moitié
d'un denier tournois ; partir se disait pour Partager. — Aujourd'hui cette locution signifie
Avoir un démêlé, une contestation avec quelqu'un pour une chose sans importance : Ils ont
toujours maille à paarUar entembk.
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noms de collèges comme des noms d'églises, d^hôpitaux, de rues, etc. :
l'église Saint-Germain, V hôpital Saint-Louis, la rue Righbubd, le
faubourg Saint-Jagqubs, la porte Saint-Antoine, etc. Il faut réserver
le de pour les noms des collèges de telle ou telle ville, comme le col-
lège D^OrléanSj de Marseille j D'Oxford^ de Cambridge^ etc. ; mais en
revanche il faudrait écrire le collège Louis-le-Grand avec des tirets,
comme on en met à Saint-Louis, Saint-Germain, etc.
RESOUDRE, V. a... RÉSOLU, UE, participe. — Faut-il dire, Je suis
résolu DE partir ou À partir f Ces deux locutions sont très-usitées, et
cependant l'Académie ne mentionne ni Tune ni Tautre; elle n'emploie
le participe résolu qu'avec l'auxiliaire avoir : a Des intrigants ont
résolu... de le perdre. On a résolu d'agir sans plus tarder. On a ré-
solu d'attendre » , ou avec le pronom personnel : uJeme résolus k
plaider, À demander ma retraite, k quoi vous résolvez-vous? » D y a
donc une omission à réparer; mais de quelle préposition faut-il faire
usage? Molière, Le Sage, Chateaubriand, etc., ont dit. Je suis résolu
DE ; Racine, J. B. Rousseau et d'autres ont dit Je suis résolu À. D'après
cela, il paraît à peu près indiffèrent d'employer à ou de; cependant
nous croyons qu'aujourd'hui on dit plutôt être résolu À, à moins que
le mot qui suit ne commence par une voyelle : Je suis résolu À rester,
À frapper un grand coup, À lui parler; et Je suis résolu D'attendre,
D^agir, D'empêcher ce ?nariage, etc.
RESSEMBLANT, ANTE, adj. Qul ressemble. Portrait ressemblant...
— Des cinq exemples de cet article il n'y en a pas un seul où res-
semblant ait pour complément la préposition à; cependant c'est une
locution très-usitée, employée par Voltaire, Buffon, Chateaubriand,
Ségur, etc., et par l'Académie elle-même à Grain et à Orge : « Grain
d'orge, ou Toile, linge grain d'orge, de grain d'orge, à grain d'orge.
Toile semée de points ressemblants à des grains d'orge. » 11 était
donc convenable de donner ici des exemples qui autorisent l'emploi
de ce complément.
RESSUYER, V. u. Sécher. Il faut laisser ressuyer ce mur. On l'em-
ploie aussi pronominalement. Se ressuyer au soleil. ^ Comme pour
le verbe égoutter (Voy. ce mot), nous pensons que la forme naturelle
de ressuyer est la forme réfléchie, et qu'il aurait été mieux de dire :
Se ressuyer, v. réfléchi ou v. pronominal. Se sécher. Se ressuyer au
soleil. Avec l'ellipse du pronom, // faiU laisser ressuyer ce mur.
RETABLE, s. m. Ornement d'architecture contre lequel est appuyé
l'autel , et qui enferme ordinairement un tableau.
A l'article Enfermer l'Académie dit bien que ce verbe signifie Con-
tenir, comprendre; mais elle ne l'emploie qu'au figuré : Son cceur
n'enferme point une méchanceté si noire ; Ce passage enferme beau-
coup de vérités; Cette proposition en enferme beaucoup d'autres. Si
enfermer peut s'employer dans cette acception au sens propre, il fau-
drait qu'elle en donnât au moins un exemple. Au reste nous croyons
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— 25« —
que fower ie mun figuré doiBi»e pour le seat propm 11 sernH aalêoii de
diire i^mfenmr inCà parc RÉNFUiMe plusieurs tUbàgês ; Ce khrê tfti»-
PBIM8 piu$vêutis %fér%^; Cette phrase REm^Eâite un yrmsd sens; IM
G4rps4md fmt peut reMpermer %aie belle àmte^. » ( Agad.)
DaÉA TartMe UitriuiflER nous aarions éésir^ trouver m ^n de«i
extwplee relalâf» k ë^ objets d'une moindre «Hmemios qu'un psre
gui renferme plusieurs viltàfeê^ oûrame ^hm isrf?mite qui it6NF«ft»s
i^itttes %ori9s dé théêesj Un etorëtaire qui aunI^rmb d^ss papii0t9 pré-
aieugsyVfiie ufr^ qui REifPÉm»E les eiemlteS iJVm mo7^j€$ê^ J^% fiuHÉ(Sles
AÉAioniBy StiiméTiiRE^ U^inv^ riicadémie » empkrfé 4aM s«0 Aéftal ^
tmie te Y^-be renfermer «t oon enfermer; et nous pensons •qu^elte a
bien faiCi 60 n'est ^ère que ia m^u^e 4q vers qui irat^i»«rtUt à4)f«i :
Son «œulr n>iMFn«E pttnt taie Mtioti ^ *oire,
k w « '4 . i • V . ua si noir attentelu
tttnt£m&5 V4 â... ee «bit^ avec le pronoA per^onnel^ -eft parlant 4«b
bô90ki6^4es taoufements natoro^». Vous ne pow^ez sAttsi^nnifi iet à
tHM ée^di/ts^i reia9wi2'-vou8> lâchée: de 9ôub r4$emr... — Nous p«i»ik7aii
qfu'il £attah tM^« Fé^a ^e pâmez SATtSFAfiRE toi V(»» BfisOtiv^v. Toy^se
SAffisriiiRffi».
msTEftsi^* Donner un fteieond iab(mr à la Tii^oe, piner ^trutre
rh«t*tie. "^ T^reer ov Terse^ %\^tt^^ Donner un tAidfi8iÈa»E lal^^i", et
reterser c'est donner un second labdtirî Mou». aurions cru plutôt q^àe
c'était 4'«iM»veli^ ie troisièttie, im en donner uti ^atriè»e^ '^'Qmtïi
à 4V>rtbi)graf>hef mniB pensonfis ^'U vattdra4^ mieux écrire reiercer et
f«l«rç»a§'é> fraésqu'i)» écirit lareer^ lerceh Uerm, tveroelet, imTHmtPmt,
tiiMver^ ééenoeTùn «t tierçon.
MKTomtSŒÊiif v. iï. Mèâr de nouveau e<i un èicru où l'o^ a-déjà^té...
•-*^ Baû8 tMft "Cet artiela on ne trouve pas «a exemple, pas u»e châiHiii*
tion qtlL ait 'trait à oett» parade ««[«'oii Mtà l^artide BéVEiviPiBiiA : %f(R
se 'éit ^ès béena^ ée» iterres ^ dcHvedt en oéor^ainâ cas retomber ou
propriétaire qui en a disposé. » Dans ce sens , reloUfmsr iM«is ^r^
»gmfier k Âtro fesD^)»é 4^ faire i^tMif à »^, '«^ ^ serait utile de t^on-
Mer cette iadufie.
BBYOiwWBft^ V* Ukw, ^0it aussi verbe >ive«ii; et «ij^niHe <m»urner dXin
autre sena. extourner nn ^hiu Reimtnmr une 'rétiê. jRetnvmer ^une
eartex Reiemmer^du foin pour qu'il séehe.
Retcnamer tm 4èabit ne «ifàifie pkDS seulement Le tdurher danli wi
aoptre sens comme on M% d'ttue rôtle^ d'une carte, du f^m^«oeia^Mait
dire aussi , et surtout, Le -découdre et le «►eftiire «ea 'ttiçfttttflt en debovs
r^n^rt eu draip quand Tendmit est usé. C^t datii» «e ^ens que Des-
tottokee^a dit :
«Oui tfuabd H *era vieux fait€»4e retourn»,
f^ifi il ¥t)us durera oioq xm wk mm enoo^ew
«lèTRAtrFATioN, 3. f. Acte, discours t»u éc^rit ^ntenant le désaveu
fwrmBi difc'ce qu'on a fait, dit ou éoi^ 'prétjédeitunem. mprama/^»n
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puMifm^ vûhnkmr, forcée, H a faU sa réêii*mt0>H<m. H Vni eMigé à
tme rétraeiaHon, Signer sa rétractation, Réiftaetationsineére.^Pe^irmi
donner un complément à rétractation, et dire /e l'ai eéligé à une ré-
tvmcMdm de ses cAi^OMifiËs; Faire la nétraetation d'ikie oj^imon,
»«fi G«es«fi qu'on avait AVAseéES? $4 on le petit, il avivait follu i^e
rAK»ft(lémi« 4aiHiât mxl hioîas un met^le avec <m Oùm^ém^nt.
RETRAIT, s. m. Le lieu secret d'uiae mam», «à Van va aux nécm-
sHé» j»tiirellâ«. €mreur ek retrait». Il %fA peu us^é. -^ fi ffaTiiRil est
peu ««liés, ^eite «si \% loautiou qu',on eaiplqj# ifoér^^nôsl;? J!iws
le retrouvons ^ Maître, g^a et OEpvr«, ConBirn, i.A«««i8«, tilc.
4fa/tn0 (105 iMrisse^ cm^re^, Cumtir de Rmuurg , >«ridangew.
Cureur de puilt, ctirew de r»i«aits.
hJiffwm^, .?, f. pi »ETiiA«T, pf i¥^, lim <4 l'fl# «*iftfaH If^ îwsfip» iwit«»#l«.
RÉVIVIFIER. — Répulluler et révivifier sont les «euls verbes rédu-
pîicatîfs où rAcadémîe ait mis un é à la première syllabe devant une
consonne. Cet accent nous paraît inutile. Voy. p. 7, ligne Î8, et la note.
Ric-À-Rïc, îoc. adv. et fam. Avec une exactitude rigoureuse. Je îe
ferai payer ric-À-bic. On tui a payé ric-à-ric tout ce qui lui était dà.
Compter ric-à-ric. — A cette orthographe et à cette définition nous
devons nécessairement opposer t?e qu'on trouve â l'article Payer :
« Prov., Payer rig à ric, Payer avec lésinerie, s'acquitter, mais en
payant le moins qu'on peut. // n'est pas généreux, il paye ric à rig ;
et. Faire payer «ic à ric, Faire payer tout ce qui est dû, sans grâce
ni remise. C'est un homme qu'il faut faire payer rïc à ric »
A l'article Payer on voit d^un côté la suppression des tirets, qui en
effet ne nous semblent pas plus nécessaires dans cette locution que
dans pefit à petit, peu à peu, tour à tour, etc. ; et d'un autre, une
acception qiïi ne se trouve pas à rartîcle ^Ric-à-ric , et qtfi est cepen-
dant ta phis connue â Paris, cel'le de Payer avec lésinerie, donner le
mo^ns qu'on peut. On l'emplorie même dans le sens de Paytr chiquet à
etâquet, c'est-à-dire par petites parcelles.
-QrfVm'nous permette de répéter ici ce que nous avons eu Toccasion
de dirent)ien souvent, d'est qil'll serait convenable de ne donner la
définition d'ttn mot, d^tm provert>e qu'une seule feds, à T-endroitoù le
lefffcenr doit natttreïlementla -Ohenïher, -mais de 3a donner aussi com-
plète que possible. Ailleurs on se contenterait de renvoyer à cet endroit.
•lilBN, ^. m. !^éant, nulle diose. THeu a créé le monde iie ¥ien, —
%*w e^-^îl*bîen un substantif dans cet exem{»e eft dans tous ceux où*il
est employé sans artidle?? %oire, manger, dormir, déjeuner, éiner, etc.,
jqui sont des vert)es , ne deviennent suT3Sftan4ifs que lorsqu'ils -sont
'«ec^wïipagnés de l'article, et il en e^ de 'môme des particfipes accusé,
'âMvé,^m>pîoyé, habitué, négligé, protégé, réchauffé, «^.^ous oroyons
gue Rien est substantif dans Un rien le fâche, H ferait une quereUe
sur,w9 RIEN», S'amiks^e^r ,à jï^s ,K\t^s„,S'a,r.rê,ter à jPfiS fI^I-En?,, qt.^i^tres
phrases où il est précédé.deîljactiole; «iftis qu^iLdoitétwe-o^nsidéré
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comine pronom indéfini dans ces phrases : Dans l'ordre de laneUure,
RIEN ne se fait de rien ; rien n'est plus glorieux, plus commode, plus
avantageux, plus nécessaire, etc.
ROI... Dieu est le maître des rois. On dit dans un sens analogue,
Dieu est le roi des rois, est le roi du ciel et de la terre. — Noua regret-
tons que TAcadémie n'ait pas mis ici le Roi des rois comme elle a
mis à Être l'Être des êtres. Voy. De.
ROMANCIER, S. m... Les meilleurs romanciers anglais sont Richard-
son, Fielding, Goldsmith, etc. Le Sage est un admirable romancier. —
Pourquoi romancier n'a-t-il pas de féminin? En serait-il de ce mot
comme de peintre et d'hauteur, et faudrait-il dire Une femme roman-
cier ou une faiseuse de romans? Assurément ce n'est pas à mesdames
de Staël et Guizot, à Maria Edgeworth, etc., qu'on pourrait donner
cette dernière épithète.
RONCE, s. f. Arbuste épineux et rampant, de la famille des Rosa-
cées, qui vient dans les haies et dans les bois, et qui porte un fruit
assez semblable à une petite mûre. -— Quel est le nom de ce fruit?
Dans quelques localités on l'appelle mûron; à l'article Mûre, l'Aca-
démie l'appelle mûre sauvage ; il aurait été nécessaire de mettre ici
ce nom , puisqu'il n'a aucun rapport avec celui de l'arbrisseau qui
le produit.
RONGEUR, adj. Qui ronge... — Rongeurs, au pluriel, se dit, en His-
toire naturelle, d'un ordre de quadrupèdes... Le lapin, l'écureuil, le
rat, sont des rongeurs.
L'Académie n'emploie l'adjectif rongeur que dans le sens figuré
. « Le ver rongeur. Le remords qui tourmente le coupable. On dit aussi,
Les remords, les soucis rongeurs. » Il nous semble cependant qu'on
doit pouvoir dire Un ulcère rongeur , et peut-être même Une plaie
rongeuse. Conséquemment il serait bien de mettre Rongeur, euse,
adj. — Quant à Rongeurs, terme d'Histoire naturelle, on l'emploie
adjectivement et au singulier : Le rat est un animal rongeur, et sub-
stantivement, un rongeur. Mais sans réclamer contre cette omission,
nous dirons que puisque l'Académie a donné Rongeur comme un
adjectif, il aurait été convenable, après ces mots Le lapin, l'écureuil,
le rat, sont des rongeurs, d'ajouter « Dans cette phrase, il est employé
substantivement. »
ROSE, s. f... Rose pompon. Rose pivoine... — Qulest-ce qu'une. me
pompon, une rose pivoine^? Aux articles Pivoine et Pompon, on ne
nous le dit pas. — Rose mousseuse. Voy. Mousseux.
ROSE, adj. des deux genres. Qui est de la couleur de la rose. La
couleur rose est une des plus agréables. Du ruban rose. Du taffetas
rose. Une robe rose.—W est surprenant que l'Académie n'ait pas donné
1 . La ro»e pivoine n'est-elle pas une fleur qui tient de la rose et de la pivoine , et ne
devraitron pas joindre les deux mots par un tiret (rose-pivoine) ^ comme on le fait pour
\a clémaHte^vtome, Varistoloche-elémaUte, le ehou-fleur, etc.?
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un seul exemple de cet adjectif au pluriel , comme des rvhans roses,
des écharpes où des ceintures roses j etc, d'autant plus que nulle autre
part nous n'avons rien trouvé de semblable; seulement, à l'article
Couleur on lit : Des souliers couleur de rose, Voy. Aurore.
BOT, s. m. Vent qui sort de l'estomac par la bouche avec bruit.
Gros roi. Rot aigre, vineux. Faire un rot, des rots. Il est bas, et l'on
évite de s'en servir. — 11 aurait été au moins utile de rappeler ici le
synonyme Éructation, que l'Académie admet, et qui se trouve à son
rang alphabétique. Don Quichotte, lui, a grand soin d'en recommander
remploi à Sancho Pança, lorsque son écuyer va prendre possession
du gouvernement de Barataria.
BOTER, V. n. Faire un rot, des rots. C'est un vilain, il ne fait que
roter. Ce mot est bas, et l'on évite de s'en servir. — Si l'Académie a
négligé de rappeler Éructation, synonyme de rot, du moins elle a mis
ce synonyme à son rang alphabétique, tandis qu'elle n'a pas même
accueilli Éructer, synonyme obligé de roter.
RÔTI, s. m. RÔTIE, s. f., etc. — Il est peu de personnes qui pro-
noncent longue la première syllabe de rôtir et de ses dérivés rôti,
rôtie, rôtisserie, rôtisseur, rôtissoire, etc. ; ne pourrait-on pas y sup-
primer le circonflexe comme on l'a fait dans otage, coteau, meu-
nier, vite, coutre, chute, reliure, etc. ?
ROUGOUTER, S. m. — Comme on prononce roucou-ier et non rou-
coui'ier, nous pensons qu'il serait convenable de substituer un i à Vy.
ROUGOUTER... Arbre de la famille des Lili âgées, qui croît sur le
bord des eaux dans l'Amérique méridionale eU dans l'archipel des
Indes...— Au lieu de, famille des Liliacées, lisez : famille des Tilia-
cÉES ; c'est-à-dire que le roucouyer appartient à la famille du tilleul
et non à celle du lis. Malheureusement le mot tiliacé, ée, adj., ou
tout au moins tiliacées, s. f. pi., ne figure pas dans le Dictionnaire de
l'Académie ; en sorte qu'à moins d'être botaniste il est impossible de
se douter même de la faute que nous venons de relever. L'Académie
l'aurait évitée si elle avait dit simplement que le roucouyer est un
arbre de la famille des tilleuls, comme à Saponaire elle dit que
cette plante est de la famille des oeillets. — Caryophyllées, plus
savant, n'aurait été compris que d'un petit nombre de personnes.
ROUENNERiE, S. f. — Ajoutez : On prononce roitanerie.
ROULEAU... Prov. et fig.. Être au bout de son rouleau, Avoir épuisé
tous ses arguments, tous ses moyens, toutes ses ressources. —Il aurait
été au moins utile de mentionner la variante rôlet. Voy. Bout.
ROULEMENT... se dit aussi du bruit formé par un ou par plusieurs
tambours que l'on bat continuellement à coups égaux et pressés. Faire
un roulement. — Ne peut-on pas dire Un roulement de tambour , un
roulement de timbale, les roulements du tonnerre, les roulements
DE la foudre? Comment se fait-il qu'on ne trouve dans le Dictionnaire
de l'Académie aucune de ces expressions journalières?
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ROUSSI^ S. ». Guir rouge qui vient de Russie, qui ^t teint en reuge
^u en brun, et qui a une odeur forte. Ctdr de roussi. Vache de roussi.
Des bottes de romsi... On dit aussi cuir de JRussie, -^ Nous croyons
que cette dernière iocution est seule admissible, et que rA^sadéaile
devait renvoyer de Aoussi à Coir; là elle aurait signalé comme
vicieuse Texpressioû €uir de réussi^ origioairement employée «ans
doute par des ^ns qui ne eonnaissalent pas pluâ le nom d« Rassie
que celui de tzar et de Gnmd M^^U.
AOUTiNiER^, é:re^ «. m. «^ Supprimer: : m.
iiVAOB^ Sv f.^. Ce chewU lui eêenna ly^une ruade deui^ les jumèas^ iui
détacha j lui allongea une rvMde. Ce che^Ml lui casdt^ la pBi,mbt d'ime
ruade^ •— M peut-on pas Âyre^ €e cheval lui donna date ntmde^ aussi
bien que d'cne ruade ? Si Ton peut eaapèoyer Tune et l'autre expres-
aiout, l'Académie aurait bien £ait 4e donner les deux ; si le »e est néees-
m^^s «ous aurions désiré qu'eWe eût ajouté : ^ et non, une ruade ^ «.
RUE, s. f... Rue Saint-H^Horé. Rue de r Échelle. — <ieoK qui coa-
suUent le Dictionnaire de l'Académie sont, eo grande parti», des
typograplèes, compositevârs ou correcteurs d'é^neuves, «ip^Iés p»sr la
nature mette de -leur travail 4 propager les «enseignemeels de J'JlWoft-
demie; -et cependant ils n'y trouvent |Mts tOHJours <ce ^ont ils «ont
besoin. Dans cet article elle aurait pu leur reodre *ua grand «ervîce
ea «nettant quelques «oms <M>«»posés, au lieu des deux, «v-^keasos que
tout le meode ^»ait écrire. £n dèsanit, par exes^ple, rue iXctre^^JSimme
dee VdoêeireSf rue Vieille du Tam^^ rue JVeui^ des Pelifte ^hmtmps,
>nie Sainée^roiâo de la Breteamarie^ rue des Prêtres SamMtermaân
l^Ausperrois^j aée^^, ^le leur «aurait appris -quel nombre «de tireis ils
doivent me^re ésais ce «genre <de aofus^ iquels fnots «dielveAt pretadre
des •majuscules. Sans 4eute ils ^ouvercmt
{AJlsqwule) L'aiguHk (VoYiilmçfm) de Saint-^Pierse ée Bam&.
(à Bourdon,) Le bourdon de Notre-Dame 4e Paris,
(à Pèlerin) Un pèlerin qui va... à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame
de Lorette,
(à pRiMttiF) L'abbé de Sainte - Geneviève Matt curé priniîtif ôa Saint-
Etienne âa flfonf .
'fà ADftôfi^ÉRfE) Ûaumih&rie ttB SumU&mmmn d/es >Pr&s,
'fit UlEKÈi) iL'W^e Se Ndtre-Dmm Wn ta Ménfi.
( à LiESfiTE^ .fBioPrB-fE^mttB cfo hesMa.
Ht ïVritouwRANOEi) NBtre>f19ame^ ^eeeuwanc».
1. On nous dira peut-être que l' Académie indique ce qu'il fautiiire^.et non ce qu'il n&fant
pas dire. 'Si elle n'avait jâûiafs Tôctffié lés lûiauvàises 'locutions 'tie setâltlRlcîlfém/mais ce
^heiSétsAt ^as nue KliMti pOttr qtf^De tieile fft p»s àrMattfnib. }Nâkis.tscli«sfeiÉ;à:iia*ftidfe A :
9^0aûit4,'Ginq ^ou mx pevmftmtSjOnzeowdmkze t«hemm,^>êLe, /lOtfaoD,, 'Cmqfà m,pfiMonmm,
onze à douze chevaux, etc. ».; — à Coquille : « On ne dit ni Coquille d€.tortv^,jai Coquille
)î%lttre »■; — à HûÎTRfe : «'On Hît L'écaillé , et ndti La coquille W une huître », etc., et ce que
<a«fe>'MgrMit<5ns tT^st^e tietffdkUtfoutM' pltts^soavdttt^ eefe^prébiauktetUeigniBnisiNB.
Ô. NovMMivoiïB édrit ces nomS'Saas tirets,. d'après l'arthogEaphe ftuel' Académie nous a donnée
dans Saint-Étjennb du Mont, Saint-Germain des Prés, etc.; mais nous croyons jJevojr préfé-
rer l'emploi des iirbtsrT\ie'Notre-îkime^&€s-Victotrés,^rm Weuve^s-'Ptiits^Ghcmp8,'étc,
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-- 265 —
Mm8 d'aborâ qui kur indiquer» les articles auxquels fis dofrent
recottHr, s'il» n'ont rien tfouvé là oè ils croyaient voir ce qu'ils cher-
chent? Et ensuite par les exemples mômes «[ue nous venons de citer
ils ne seront pas suffisamment édifiés ; ils se demanderont pourquoi
dans Saint-Germain des Prés et Notre-Dame d^ la Merci, Prés et
Merci ont des majuscules , tandis que liesse et reœuvrance n'en ont
pas dans NMre-Dame de Hesst et Notre^ame de retouvrance. — Il
awrait fallu «que TAcadémie cboieît les noms de mes les flus longs et
le» plus diffciles, pour faire connaître comment on doit les écrire.
Une décision de l'Académie à ce si^et serait d*a«itafft plus utile que
des botnmes fort instruits sont divisés d'opinions. Les uns, et nous
soMnes de leur avis, pensent qu'on ne^it mettre le tiret qu'entre
les mots qui lont partie intégrante du nom du monwneirt, de la
r«e, etc., qu'on veut déagner, comme dans L'aigtmUe de Satwt-
Pierre de (qm est à) Rame; le bmnrdon de Not«e-I>ame de (qui est à)
Ptiris; Un pèlerin qui v«« 8ahit-*acç!j«# (qui est) en QaUi^.à Notre-
I^AWB de (>qui est à) Loretle; — mois ite en mettraient trois dans
L^^lite SiHifT-ÉTîENBrB^«»-1!oNT; L'aum&nerie de SAint^ERMAîw-
i>ei-P.RÉB, parce qu'on a perds de vue ia mtmiagne Smnte^eneméve
qui a «donné son Bom à l'église Samê^Étienne du Mont, et ies prés sur
lesquels on a construit l'église, l'abbaye, l'aun^^fierie, etc., de Saini-
Germain dans le faubourg de ce nom. De même ils écriraient La me,
l'^giise NoTRE^D^AME-oii-LoirETi^E à Paris, parée q«'il ne s'agit pofcrt
ici<derégUse qui est à Lorette, ville d'Italie ; et>eneope NoTiUB-I>AAf&-
DE-LA-MerÈI, K09'RB*^A1SB-DG4jIES8E ^, NOWVB-ÛAME^MS-RECOmrRANCB.
— D'autres voudraient que, powr couper court à l'arhîtpaiipe , on mît
panrtout les majuscules et les tirets.
SABBAT^ S. m. Nom donné chez les Juifs au dernier jour de la se-
maine... Les JUIFS observent fort exactement le sabbat. Chez les juifs,
il n*est pas permis de travailler les jours de sabbat, — Pourquoi
a-t-on mis Juifs avec une majuscule dans la définition, et juifs avec
une minuscule dans les deux exemples? Serait-ce que dans la défini-
tion ce mot représenterait la nation juive, et que dans les exemples il
représenterait seulement des individus? Voy. Juif.
SABINE, s. f... La Sabine est souvenu employée comme emménor
gogtte, — Voy. Armoise.
SAGE... s'emploie aussi comme substantif masculin... Les maximes
du sage sonl.^. Le sage des sioïciens. — Que signifie le smge des
stoiciens f est-ce le surnom de Zenon, philosophe de CStium?
1. Bi 4ftn> ovt «xBmpte Uem^mA le nom du boai^, il fti«t4ertr« Notrb-Damb^ Lmse
ar«c un 8«ul tiret, comme Noteb-Damb de Loretie, ville d'Italie ; -si c'est un simple qualificatif,
il en faut plnaiiurs, comme dans Konuc-DAMs^M-RBCOovuA'NCB. Voilà l'urtilité qu'on peut
retirer de l'emploi d
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SALER, V. a... Salé, ée, participe. Viande salée. Bœuf salé. Gigot
de pré salé. Hareng salé. Beurre salé. — Qu'est-ce qu'un pré saXé, et
surtout un gigot de pré salé? Un dictionnaire, comme tout autre ou-
vrage, et peut-être plus que tout autre ouvrage, est fait pour instruire
ceux qui veulent apprendre ; or gigot de pré salé entre bceuf salé et
hareng salé sera inintelligible pour tous ceux qui ne savent pas qu'on
appelle prés salés ceux dont les terres sont arrosées ou du moins
pénétrées par les eaux de la mer, et que ce sont les moutons qui
broutent sur ces plaines salées qui fournissent ce qu'on appelle gigot
de PRÉ SALÉ, côtelette de pré salé^.
SALOPE, adj. des deux genres.. /En termes de Marine, Marie^salope,
Petit bâtiment d'une construction particulière, destiné à porter, à une
certaine distance des ports, les vases et les sables qu'on en retire. —
La véritable place de cet article était à son rang alphabétique, c'est-
à-dire à la lettre M, car on ne songera guère à le chercher ici.
SALPÊTRE, SALPÊTRER, SALPÊTRIER, salpêtrière. — Ne pour-
rai t-on, ou plutôt ne devrait -on pas écrire salpêtre, salpétrer, sal-
pétrier, salpétrière, comme on écrit arbalète, arbalétrier; crème,
crémer, écrémer, crémier, crémière, etc. ? On ne voit pas bien la né-
cessité du circonflexe dans salpêtre, qui vient de sal petrœ, sel de
pierre, comme glossopètre vient de glôssu, langue, et pelros, pierre
(Langue pétrifiée ou pierre qui a la forme d'une langue*). Puisqu'on
écrit pétrifiant, pétrifier, pétrification avec un é aigu, et que nous
avons déjà glossopètre qui prend 1'^ grave, il nous semble naturel
de suivre la même orthographe pour les mots ci-dessus.
SALVANOS, s. m. T. de Marine emprunté du latin. (On fait sentir
l'S finale.) Bouée de sauvetage.— Pourquoi écrire salvanos en un seul
mot, puisqu'on écrit custodi-^ios avec un tiret? Le premier signifie
Sauve-nous ; le second. Garde-nous * ; tous deux sont employés comme
substantifs, et réclament par conséquent la même orthographe.
SANS, préposition exclusive. Être sans argent, sans place, sans
ressource. C'est un homme sans esprit, sans jugement, sans hon-
neur, etc. Il est sans malice. Sans force ni vertu. Sans force et sans
vertu. Une lettre sans date, sans signature. Une audace sans égale. Un
homme sans pareil... — Cet article pouvait présenter des exemples
précieux sous le rapport de la grammaire , et cependant il n'y en a
1. La plupart des personnes qui mangent et même qui vendent des côtelettes ou des gigots
de pré salé paraissent ignorer complètement ce que c'est qu'un pré salé, car elles prononcent
fyré comme dans présage, présent, présider, etc. ; elles écrivent même présalé en un seul mot.
2. On demandera sans doute et avec raison comment il se fait qu'on donne le nom de
langw pétrifiée ou de glossopètre à des dents de poisson. L'Académie nous l'apprend dans
l'exemple qu'elle ajoute à la définition de ce mot : Dent db poisson p-trifiée. On a cru long-
temps, dit-elle, que les glossopètres étaient des lanqubs de serpent pétrifiées.
3. Parmi ceux qui consultent le Dictionnaire de l'Académie, il en est plus d'un qui ne sait
pas le latin et qui cependant serait bien aise de connaître la valeur des mots qu'il lit on qu'il
entend ; il aurait donc fallu donner la traduction littérale de custodi-ru)S, de salvanos^ àe
nescio vos, etc., nécessaire pour ceux qui n'ont pas fait d'études classiques.
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pas un * qui soit tel que nous l'aurions désifé. Dans tous ceux que
nous venons de voir, le substantif est et doit être au singulier, et nous
cherchions précisément le contraire. Nous aurions voulu des exem-
ples où Ton pût mettre à peu près indifféremment le singulier ou le
pluriel, afin de connaître l'opinion de l'Académie, qui aurait fait pen-
cher la balance. Faut-il écrire
• Cet homme est mort sans enfant, sans héritier ; sans laisser d*ENFANT,
d^HÉRiTiBR ; —oti sans enfantS, sans héritiers; sans laisser d*ENFANTS,
d'HÉAlTIERS.
Cet enfant a fait un exercice sans faute, ou sans fadteS;
C'est un auteur sans défaut, ou «ans défautS, etc. etc. » 7
Il y a dans le Dictionnaire de l'Académie des exemples qui répon-
dent à ces diverses questions, mais ils sont épars, et l'on pourrait
chercher longtemps sans en trouver un seul. Nous en avons recueilli
quelques-uns, que nous avons cru devoir mettre à là suite de ceux
qui concernent l'adverbe Point, la difficulté étant à peu près la même.
Sans doute on nous répondra qu'il y a fort peu de cas où le nombre
à employer soit bien déterminé, comme dans une scie sans dentSj où il
serait impossible de mettre le singulier; — que dans les exemples que
nous avons présentés il y a tantôt le singulier, tantôt le pluriel, comme
sa femme étant morte sans enfant, et il est mort sans hoirS;— et que
nous-même nous avons dit qu'on pourrait très-bien mettre le pluriel
dans les exemples où l'Académie a employé l'autre nombre. Nous en
convenons^ sans peine, mais nous dirons à»notre tour que le lecteur,
surtout celui qui s'occupe spécialement de grammaire,. s'estimerait
heureux de trouver dans un dictionnaire comme celui de l'Académie
un certain nombre d'exemples qui seraient classés avec des indica-
tions telles que « Dans ceux-ci on ne peut mettre que le singulier;
ceux-là n'admettent que le pluriel; en voici d'autres où l'on peut em-
ployer l'un ou l'autre nombre, suivant l'idée qu'on veut exprimer. »
C'est ainsi que l'Académie dit « Faire du progrès, des progrès ; mettre
le scellé, les scellés; le poids du remords, des remords; il n'y a pas
de reproche, de reproches à lui faire, etc. etc. » Chacun sentira fort
bien qu'il aurait été ridicule d'imposer comme règle l'un ou l'autre de
ces nombres ; et l'on est même parfois choqué de n'en trouver qu'un
seul dans les articles où ces phrases se présentent occasionnellement ;
cependant l'Académie ne pouvait guère donner presque à chaque page
des variantes , comme elle le fait dans les articles qui sont consacrés
aux mots mêmes où elle les -a mises, tels que Progrès, Scellé, Re-
mords, etc.
SANS-DENT. SANS-FLEUR. SANS-PEAU. SANSCRIT. — Bien que les
1. Ou plutôt il y en a un, un seul : « Sans argent, sans protecteurs, que pouvais-je faire?
N'ayant point d'argent, de protecteurs, etc. » On aurait pu mettre protecteur au singulier, car
il suffît d'un seul protecteur pour atteindre une position élevée ; mais comme on a l'habitude
de dire d'un homme bien appuyé qu'il a des protecteurs, c'est pour cela sans doute qu'on a
mis ici le pluriel.
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trois pcfijniers de ces mots soient des composés de saas et sembleat
en être un complément nécessaire^ cependant nous croyons plus ré-
gulier de suivre rigoureusement Tordre alphabétique^ et de mettre
Sanscrit, Sahs-dent» Sans-fleur» San^-peau» comme TAcadéinie a
fait pour Loup-garou» qu'elle a placé après Loepft* Loqpeqix, et non
après Loup, Lodp-cervier.
SANS -DENT, S. f. Terme populaire dont on se sert pour désigner
Une vieille femme qui a perdu ses dents, JQ'eM une vieille ^ans-dent.
A l'article Dent on lit : « Prov. et pop., Une meUU nuns dentS
(sans tiret), Une vieUlelemi»e décrépite. » Umoarait été utile de rap-
procher ces deux variantes ^ et «te dire oi elios pré8«nt»Dt une diffé-
renoe de sens* Nous croyons sms'-dênt plus hyurieux et eiMTespomiant
mieux i décrite que sam d^ntS^ car on voit des personnes encore
Jeuoes privées de leurs dents,; cQnséquemment nous initervertirioas
volontiers les définitions donaées par TAcadémie.
&U(BOTiàRE^ s. f. T. de Limonadier. Vase de métal dans lequel on
prépare les liqueurs qui doivent être servies en glaces ou en sorl^^ts.
Si Tordre alphabétique ne confirmait Torthographe de ce «kH» on
serait persuadé qu'il renferme deu^c fautes d'impressâoût oar ob a
peine à comprendre que >$orbet se soit transformé en mrbol dao» le
dérivé. Il est faucheux, crpyondnnous^ que TAcadémioait accueiUi ^seul
et sans variante ce terme <iui «emhie barbare» au lieu de^sorbetiêre,
qui se présentait naturellement €e n'est étendant pas sans réflexion
qu'eUe a admis mrbQlière^ car après IVticle Sorbet oa trouve
« SoRBÀTiÈRE, s^ f. Voyez SAaBOTi&BV »; en sorte qu'on se perd en
conjectures sur le motif de cette préférence»
Sorbetière aurait été préférable à Sarbotière,, mais nous aiflAerions
mieux encore sorbetière, qui est .plus conforme au mode de dérivation
des mots terminés par et. En eflet, il n'y a qu'une douzaine de ces
dérivés qui parennent l'accent ou doublent le t; tels sont compléter ^
discréiioi^, s^rélaire, regreUer, etc., qui viennent de complet,
discret^ secret, regret. Ve muet se trouve au contraire dans une
trentaine au moins de ces dérivés; c'est ainsi que de cachet, parquet,
soufflet, etç.^ on fait cacheter, parqueter, souffleter, et de bouquet,
jarret, mousquet, etc, on fait bouquetière, jarretière, mousquetaire,
et non bouquetière, jarretière, etc.
SATIÉTÉ, s. f. — Ajoutez : On projionce saciété.
SATIN, s. m. Étoffe de soie plate, qui est fine, douce, moelleuse et
lustrée.,. Prov-, Avoir la peau douce comme un ^atin, comme du satin.
Avoir la peau fort douce et fort unie. — A l'article Doux nous lisons.
Doux comme nu satin, et nous pensons que cette expression est la
seule qu'on doive employer. Voy. Marbre.
SATISFAIRE... Satisfaire un besoin. Faire ce que ce besoin exige.
*- Cela nous paraît bien bref; cet exemple et cette définition expri-
menl^ils la satisfaction de tout besoin quel qu'il soit, au propre et au
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llguré? Nous retrouvons oe ré^e direct daiDs d*aatres exemi^M t
(à Latrines) Retrait, privé, lieu où l*on satispait lïs besoins naturels,
(à Aisance) Au pluriel, il se dit d*un lieu pratiqué dans une UMison pour
y stAnsPAiRB LES besoins naturata*
Mais ailleurs TAcadémie emploie le régime indirect, et elle aurait
dû en présenter ici un ou deux exemples; elle dit :
(à NÉGESsrrÉ) Satisfairc aox nécesHtés ie la nature (boire, manger, dor*
inir> etc. ),
(à Natcre) Satisfaire aux desoins de la nature.
(à Retenir) Vous ne pouvez satisfaire ici À vos besoins^; retenez-votM,
tâchez de vous retenir,
SAUF^coMDCiT. ^ Ne devrait-on pas réunir ces deux mots m un
seul comme on Ta fait pi>vit sauvegiardef 0^ supprimerait ainsi une
difficulté orthographique, puisque sauf doit r^ter invaoriskble dans le
pluriel muf-^onduits.
SAUPOUDRER, V, a... «0 dit aussi en parlant de ce qu'on poudre
d^autre chose que de sel^ comme de farine, de poivre, Qtc... Saupou^
drer de cantharides un emplâtre db vésicataire, -^ N'y a-t-il pas une
faute typographique dans cette phrase? Les pharmaciens et les mé**
decins disent Un emplâtre vésicatoire ; et à l'article Vésigatoirb nous
lisons « Les emplâtres vé$imtoires. Taffetas vésicatoire. »
SAUVER, V, a... se construit quelquefois aveq un régime indirect et
un régime direct, l'un désignant la personne et Tautre U chose que
la personne était menacée de perdre ou de subir. Vom m'avez sàtwé
la vie. Je lui ai stmoé Vhonnewr. Cette déclaration du jury lui « sm'oé
les travaux forcés. Je lui ai sauvé une réprimcmds. Je lui ai sauvé ma
ridicule. ^ il signifie quelquefois simplement, Épargner une chose à
quelqu'un, l'en exempter. Cela lui a soMvé beaucoup de dépense. Les
nouvelles que fai reçues m'ont sauvé un ermuyeitx voyage* Vous
m'avez sauvé une grande peine, une grande fatigue, un grand travail.
D'un autre côté on lit à l'article Épargnse ; a Fig., Épargner quel-^
que chose à quelqu'un. L'en dispenser, ou l'en préserver; ne pas 1« lui
laisser éprouver, ne pas le lui faire subir. Je voiés épargnerai ce soin^
cette peine, cet embarras. Cela nous épargnerait, cela épargnerait
beaucoup de travaux. Épargnez-moi ce chagrin, cette douleur, cette
cofifus^ion, cette honte. J'épargne à votre sensibilité le tableau de leurs
souffrances. On dit de même, S'épargner de la dépense, des soins, de
l'embarras, des inquiétudes, etc. Vous cherchez en vain à me persu^a-
çler, épargnez-vous ce soin.
Un assez grand nombre d'auteurs emploient le verbe éviter au lieu
1. Nous croyons qu« dans ce dernier exemple il fant néeetaurement le régime direct
(Vous ne pomeM satispairk ici vos besoins ), comme dans les phrases oi-dessos des articles
LATRmBS et Aisance ; mais on dirait dans le sens de mf^re, Il ne powxiit sATiarAiRB à lo«u
teê hfKiins, aux bmÀm de ta nombreuse fanUtU : -^ ou, c(HBme l'Académie le dit dans les deux
premiers, satisfairb aux besoins, aux nécessités de la natitre.
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d^Épargner, sauver*, et l'Académie aurait bien fait de prémunir ceux
qui la consultent contre une faute aussi répandue.
SAUVER... Le cri de sauve qui peut se fit entendre, — A l'article
Pouvoir on trouve la même phrase, écrite de la même manière; mais
à Cri , sauve prend une majuscule : Le cri de Sauve qui pe%U, Nous
pensons que cette majuscule est très-convenable, et qu'un point
d'exclamation n'aurait rien gâté :
Ls cri de Sauve qdi peut ! se fit entendre.
C'est ainsi que l'Académie écrit avec un grand V et une exclamation
(à De) Le cri de Vive le roi!
(à Vivre) Le peuple cria. Vive le roi!
mais à l'article Cri elle supprime l'exclamation : Le cri de Vive le roi.
SAVOIR... Fam. , Je ne sache personne. Je ne connais personne. Je
ne sache personne qu'on puisse lui comparer. On dit aussi, Je ne sache
rien de si beau, je ne sache rien de mieux écrit, etc. Je ne sais rien,
je ne connais rien... Dans ces sortes de phrases, on n'emploie jamais
le subjonctif qu'avec la négation. — Que je sache, se met à la fin
d'une phrase pour signifier que , si un fait est autrement qu'on ne le
dit, on l'ignore. Il n'y a personne à la maison, que je sache. Il n'a
point été à la campagne, que je sache. Est-il venu quelqu'un? Non pas
que je sache.
Le verbe Savoir, dans ces locutions je ne sache personne, je ne
sache rien, que je sache , ne peut-il s'employer qu'au singulier, et
pourquoi? Si l'on peut l'employer au pluriel, il est à regretter que
l'Académie n'en ait donné aucun exemple à ce nombre.
SCARLATINE, S. f. T. de Médec. Maladie contagieuse dont le phéno-
mène le plus remarquable est la couleur écarlate que prend toute la
peau. La scarlatine n'attaque que les enfants. On la nomme aussi
Fièvre scarlatine, et alors scarlatine est pris adjectivement. — Nous
croyons, comme divers grammairiens ou lexicographes, qu'il serait
mieux d'employer écarlatine, terme à la vérité moins savant que scar-
latine, mais qui a plus d'analogie avec écarlate d'où il a pris son nom,
et qui par conséquent serait mieux compris de tout le monde. Ce-
pendant il faut convenir que nous avons plusieurs dérivés qui pré-
sentent la même irrégularité, c'est-à-dire qui reprennent la forme de
l'étyraologie, dont le mot primitif s'est éloigné; tels sont spongieux,
stagnation, stemutatoire, stomacal et stomachique, strangulation, etc.,
qui viennent des mots éponge, étang, étemuer, estomac, étrangler.
1. Éviter ne peut avoir qu'un régime, le régime direct : Évitée lbs périls, un piéob, on
MALHEUR, UNE QUERELLE, etc. Ainsi au lieu de Jelvi ai évité, je me suis évité bien des embarras,
bien des reproches, il faut dire, Je lui ai épargné, je me suis épargné bien des embarras. Pour
les reproches nous croyons qu'il serait mieux de dire /e lui ai sauvé bien des reproches, J'ai
ÉVITÉ bien des reproches. Peut-être trouvera-t-on que nous poussons trop loin les distinctions,
et cependant nous ferons encore une remarque. Nous pensons qu'avec un ennuyeux voyage et
un voyage coûteux, il est mieux de ne pas employer le même verbe, et de dire, par exemple,
Les nouvelles que j*ai reçues m'ont sauvé un ennuyeux voyage; elles m*ont épargné un voy§ge
COiiTBUX.
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SGHELLUiG. ~ On ne devine pas quels motifs ont déterminé For-
thographe de quelques mots qui s'écrivent tantôt conformément,
tantôt contrairement à l'étymologie, tels que shako, shérif (officier
municipal en Angleterre); — châle, cheik, chéri f (prince, chez les
Arabes et chez les Maures) ; — schabraque, schah, schelling..
De ces huit mots il n'y en a que deux dont les lettres initiales
soient conformes à l'étymologie : shérif (en anglais, sheriff), scha-
braque (en allemand, schabrack, auquel on a donné une terminaison
féminine et le genre féminin) ; ~ shako vient du hongrois schakal;
— cheik et chérif viennent de l'arabe schaikh, scherif; — châle, schah
s'écrivent en persan shal, chah; — enfin schelling vient de l'anglais
shilling, — Ainsi dans cheik, chérif, on a supprimé Vs initiale ; dans
schah, on l'a ajoutée ; dans schelling on a ajouté un c, dans shako on
l'a supprimé. Nous ne parlerons des autres différences que pour si-
gnaler le but a])parent de simplification , comme la suppression du t
dans shako, de Vh dans cheik. On aurait bien fait, ce semble, de sim-
plifier également schelling; et puisqu'on le dénaturait {shilling), au-
tant valait écrire chelin, conformément à la prononciation, comme
on a fait pour bol, bifteck, rosbif (bowl, beef- steak ou stake, roast
beef), etc.
SCIENCE... signifie particulièrement. Ensemble, système de con-
naissances sur quelque matière... On dispute, dans V école, si^ la logi-
que est une science ou un art. — On pourrait disputer également pour
savoir si la Médecins et la Navigation appartiennent aux arts ou aux
sciences, puisque l'Académie des Sciences a formé sa quatrième sec-
tion de « GÉOGRAPHIE et Navigation » , et la onzième de « Médecine
et Chirurgie » , tandis que l'Académie Française dit , à l'article Art :
« L^ART de la navigation. L^art de la médecine » , et n'en fait aucune
mention à l'article Science. Nous croyons que l'Académie Française
fera bien de se ranger à l'avis de sa sœur de l'Institut en disant à
l'avenir « La science de la navigation, La science de la médecine. »
Quant à Vart de guérir, dont parle l'Académie, sa nature probléma-
tique l'empêchera peut-être longtemps encore d'être classé parmi les
sciences.
SCULPTER, SCULPTEUR, SCULPTURE. (On prononce sculter, seul-
leur, sculture). — En 169/j, l'Académie écrivait sculper * et insculper
(qui ne se disent plus); en 1762, elle ne parlait pas encore de sup-
primer le p dans la prononciation des trois mots ci-dessus. La pro-
nonciation actuelle est le résultat de cette paresse d'articulation qui
se retrouve dans un si grand nombre de mots : azme et azmatique,
exé homo, obuze, Gzavier, Aucerre, Brucelles, etc., pour asthme et
1. Noos ne doutons pas qu'on ne puisse dire disputer si; mais il nous semble que l'Acadé-
mie aurait bien fait d'en donner un exemple à l'article Disputer.
2. Sculper était plus conforme à l'étymologie sctUpere; mais il avait l'inconyénient d« diffé-
rer des mots tetUpteur et sculpture, qui ont été formés du supin sculptum.
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(Hihmatiqm^ ecce homo, obus, Xaxier, Auamre, Bruxelles, et qui feit
même écrire béjauMe, pivert, mlebrequm, Xercèn, au lieu de hee
jaune, pic vert, tfirebrequin, Xerxés, Maintenant oa Ta jusqu^à pnv
ïioncer, jusqu'à écrire, et nème jusqu'à imprimer Ambmirg et Phi-
lisbourg, au lieu de Au§sbourff et Fhilippaboîir^,
SEC, ÈGHK, adj... Martinr$ec, Sorte de petite poire d'ftiver très-
esttmée pour les compotes et le raisinéw Le martin^aee a la chair
emtsënte.
Ofi se demande si c'est pour r^arer une omissioa qœ rAcaMmlt
n'a mis qu'au second des composants, qui est phis «vanoé dans
Tordre alphabétique , certains mots qui devraient être [^acës an pre-
mier. On serait tenté de le croire en voyant chén»*pommier, dé-
nubtite-^iome, marie-salope, mariiM^sec, etc., figurer seulement à
Pommier , Viornb , Salope , Sec . si les mots spatk fluor et vm^sea»-
hôpital ne se trouvaient à Fluor, Hôpital, en sorte que les hbs et
les autres ont leur définition au mot secondaire et ne sont pas même
mentionnés là où le lecteur irait naturellertient les chercher. —
Quelques-uns cependant sont moins bien traités «icore, tels que bié^
mouture, pomme^poire, rose pivoine, rose pompon, etc., qui ont été
simplement donnés comme exemples et n'ont reçu de définition nulle
part. -~ Enfin il en est qu'on ne trouve ni à l'un ni à l'autre des com-
posants, tels que chat-tigre, pomme-figice, etc., qui ne sont nommés
qu'incidemment et comme synonymes à Maroat et à Sans^fleu». —
D'autres, au contraire, favorisés entre tous, ont reçu une définition
à chacun de leurs composants; tels sont bofn-ehrétien, cogne- fétu,
knsser-courre, etc. — On peut y ajouter d'autres mots composés tek»
que boute-en-train^ meurt-de-faim, va-nu-pieds, qui sont égaleaaent
définis dans deux ou trois articles diflFérents, et par-dessus tout un
assez grand nombre de proverbes qui sont expliqués jusqu'à ti»is,
quatre fois, et même davantage.
SECHER, v. a. Rendre sec. Le soleil sèche les prairies. Le grttnd
hâte sèche les fleurs. Le vent sèche les chemÂns. On remploie quelque
fois avec le pronom personnel. Jls se mirent au soleil, ils se mirent
devant le feu, pour se sécher... — Sécher est souvent neutre, et si-
gnifie Devenir sec. La plupart des arbres séchèrent à cause du grand
hâlé, des grandes chaleurs. Les arbres séchèrent sur pied. Faire sé-
cher, mettre sécher du linge. Faire sécher des fruits au soleil, dam
un four. Ne laissez pas tant sécher cela.
Nous croyons que dans ces locutions faire sécher, mettre sécher^
laisser sécher, sécher n'est pas neutre ; il est mis pour se sécher, et
il y a seulement ellipse du pronom. Il doit en être de même dans les
phrases suivantes, qui malheureusement ne se trouvent pas dans le
Dictionnaire de TAcadéraie : Mettre ou faire chauffe n de Veau, Lais-
ser FLÉTRIR des fleurs, etc. Au reste il nous dit très-bien qu'il y a
ellipse du pronom dans celles-ci : Faire écouler Veau; Il faut laisser
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ÉcociiER la foule; Faire écouler des marchandises; Faire baigner
dm^ chevaux, vn ehien; Vous ferez écrouler la muraille, etc,
«BCOURS... // est privé, destitué, dénué de secours, de tout secours.
— Il aurait fallu mettre dépourvu au lieu de destitué, car TAcadémie
nous dit, à Tariticle DssnruER : « Destitué s'emploie comme adjectif
dans le seos de Dépourvu, dénué. Un homme destitué de tout secours.
DmstiwoÈ de bon sens, de raison, etc. Une cruinte destituée de fcm*
dmnent. En parlant «des personnes^ ce sens yielllit; on dît, Dénué de
Mtàours, etc, » Voy* BntN.
SEIGNEUR. .« Par e)0cellence, Le Seigneur, Dieu ; et NotreSeigneur,
Jâsos^-Qirist.
Dans le Dictionnaire de TAcadémie on trouve souvent le Seigneur,
pour signifier Dan :
(à OmimB) Les rois sont les oints du Seignecr.
Id. Jésus-Christ est appelé, par excellence, VŒnt dd Seigneur.
{k Souffler) Le Seigneur a soufflé sur Vamas de leurs richesses, et l'a
dissipé comme de la poussière.
(à Tabernacle) Le tabernacle do Seigneur, et par excellence, Le Taber-
nacle..,
Mais souvent aussi le Seigneur est mis pour Jésus* Christ :
(à Précieux) La Madeleine versa sur les pieds du Seigneur un onguent
(essence, parfum) précieux*
(à Prédestiner) Dieu avait prédestiné Moise pour être le conducteur de
son peuple, Cyrus pour être le libérateur du peuple
juif, la Vierge Marie pour être la mère du Seigneur.
(à Préparer) Saint Jean-Baptiste est venu pour préparer les voies du
Seigneur, Pour annoncer la venue prccliaine du Seigneur,
pour disposer les Juifs à le recevoir.
SEMBLANT, S. m... Faire semblant de, faire semblant que, Feindre
de, feindre que. Cet homme fait semblant de dormir. Il faisait sem--
hlant d'être fâché... Faites semblarU que cela vous plaît, que c'est là
votre avis. Faites semblant Qv'on vous en a prié.
Autant faire semblant de est usité , autant faire semblant qu£ l'est
peu, et pour cette locution comme pour beaucoup d'autres nous
sommes contraint d'avouer que nous ne l'avons jamais lue ni entendu
prononcer par des personnes qui parlent bien. Ne pourrait-on pas
employer une autre expression, et dire, par exemple, Faites semblant
d'en avoir été prié; Faites semblant d'être de cet avis, de trouver
À cela votre plaisir, etc. ?
Quant à feindre que, nous ne savons si cette locution est bonne,
mais nous ne la trouvons pas au verbe Feindre.
SEMBLER, V. n... // me semble, il vous semble, etc., que. Je crois,
vous croyez, etc., que. Il me semble que je le vois. Je crois que je le
1 . Nous croyons que destitiu n'est guère plus usité en parlant des choses ; on dit , Une
rj'ointe pÉNBÉK de fondement, etc.
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vois. // me semblait que cela était ainsi,— Tont le monde sait qu'après
sembler accompagné du pronom personnel on met toujours le mode
indicatif, comme on vient de le voir dans les exemples ci-dessus.
Mais lorsqu'il n'y a pas de pronom personnel, c'est diflférent; le doute,
le vague que présente la phrase engage assez naturellement à mettre
le subjonctif. Cependant il y a des cas où l'on est fort embarrassé, et
nous espérions que l'Académie lèverait la difficulté. Nous avons donc
été péniblement surpris de ne trouver dans cet article qu'un seul
exemple tel que nous le désirions, et nous avons été réduit à recu^lUr
ceux que nous avons trouvés épars dans le Dictionnaire :
(à Sembler) Il semble dixm^ enteiidre parler que vous m'ATsz remit* service,
(à D'abord) D'abord il semble que cela soir vrai.
(à Baisser, Prendre) Il semble qu'il n'y ait qu'à se baisser et en prendre.
(à Sentiment) Il semble qu'U soit mort, il n'a plw de mouvement ni de
sentiment.
(à Sympathie) Il semble qu'il y ait de la sympathie entre certaines plantes,
entre certains animaux.
(à Venir) Il semble qu'il vienne de l'autre monde.
Bien que l'Académie mette le subjonctif dans toutes ces' phrases,
nous pensons qu'on peut quelquefois employer l'indicatif, et les exem-
ples n'en sont pas rares dans nos grands auteurs :
Il semble que nous augmentons notre être lorsque nous pouvons le porter
dans la mémoire des autres. ( La Bruyère. )
Il semble que le bon sens dépend encore plus des sentiments du cœur que
des lumières de l'esprit. (J. J. Rousseau.)
Il semblait qu'on voyait déjà sur cette tête dominatrice la double cou-
ronne de France et d'Italie. (M. Thiers.)
SEMI. Mot PRIT du latin, et qui signifie Demi... Semi-pite.
Au lieu de prit, lisez : jom.— Qu'est-ce que cette semi-pite? Est-ce
la moitié de la « petite monnaie de cuivre qui valait le quart d'un
denier, et qui n'a plus cours depuis longtemps » ?
SEMOULE. (On prononce Semouille.)— Il nous semble qu'il n'y a pas
plus de raison pour prononcer ouille la finale ouïe dans ce mot que
dans ampoule, boule/ ciboule, foule, houle, poule, etc., et que cette
prononciation vicieuse devrait être plutôt rectifiée que recommandée.
A l'article Nouilles, l'Académie dit que « dans les livres de cuisine,
on écrit ordinairement Noules » ; serait-ce par compensation?
SENELLE, s. f. Voyez Genelle. — Genelle manque.
SENS... signifie encore. Un des côtés d'une chose, d'un corps. Mettez
cette table, cette couverture, etc., de ce sens-là. Mettez-la du bon
sens... On a mis cette étoffe du mauvais sens. Couper un jambon or
bon sens. Cette pièce de bœuf n'est pas coupée dans le sens. — Sur
cinq exemples il n'y en a qu'un où l'Académie ait employé la prépo-
sition dans, et encore peut-on présumer que c'est parce que le mot
sens n'y est pas déterminé par un adjectif, un adverbe, etc. Nous pen-
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sons cependant qu^on peut suppléer Tellipse et dire « Cette pièce de
bœuf n'est pas coupée dans le sens convenable » ; or si Ton peut dire
DANS le sens convenable, on doit pouvoir dire également « Coupez
celle-ci dans Vautre sens; mettez cette table, cette couverture, etc.,
DANS ce sens-là. Dans est pour le moins aussi usité que de : pouf notre
part, nous n'avons guère entendu employer que la première de ces
locutions. 11 aurait donc fallu modifier un peu l'article dans ce sens.
11 est surprenant que dans le paragraphe où sens a la valeur de
Signification, acception, TAcadémie n'ait pas donné un seul exemple
où ce mot soit accompagné de la préposition dans; cependant on dit
tous les jours, Dans quel sens faut-il prendre ce mot, cette phrase,
ce passage? Cette locution serait-elle vicieuse? Nous ne le pensons
pas, puisque nous trouvons
(à Littoral) Il faut prendre ce vers d'Homère non dans un sens littéral,
mais DANS un sens figuré,
(à Naturel) Vous n'avez pas pris cette phrase dans son sens naturel,
(à Dans) Il entend cela dans le sens de saint Augustin,
Id. On doit prendre ce passage dans tm tout autre sens.
SENSIBLE... C'est son endroit sensible, sa partie sensible, se dit en
parlant des choses dont quelqu'un est le plus touché. — Il nous semble
que cette expression aurait dû être accompagnée de cette autre, qui
n'est pas moins usitée, « Toucher la corde sensible. Parler de ce qui
intéresse le plus vivement une personne, de ce qui lui fait le plus de
peine ou de plaisir » ; et pour ne pas répéter la définition de quatre
lignes qui est l'article Corde , l'Académie pouvait renvoyer à ce mot.
SENTINE, s. f. T. de Marine. Partie basse de l'intérieur d'un navire,
dans laquelle les eaux s'amassent et croupissent... Il vieillit. •— Quel
mot l'a remplacé ?
sÉPARER...^ signifie encore, Diviser un espace, un tout par quelque
chose qu'on place entre ses parties. Séparer une cour en deux par un
mur, SÉPARER une chambre en trois par des cloisons. — ^ons croyons
que dans cette acception le mot diviser, employé dans la définition
de l'Académie, est bien préférable à séparer, et qu'il est beaucoup
plus usité. On devrait réserver le verbe séparer pour signifier Servir
de séparation, former une séparation entre deux choses distinctes :.
a Le mur qui sépare ces deux maisons. Le sentier gui sépare ces
deu^ propriétés, ». .
Nous ferons la même observation au sujet de Séparer conjugué
avec le pronom personnel : A cet endroit le chemin se sépare en deux.
Cette rivière se sépare en plusieurs canaux. L'armée se sépara en
deux corps. -— Dans ces exemples nous préférerions les verbes se di-
viser, se partager, que l'Académie emploie également :
(à Diviser) Ils se divisèrent en petits groupes,
Id, Là, le fleuve se divise en deux branches principales.
(à Partager) Près de tel endroit, la route se partage en deuo) branches,
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i^PTUPUSR. Rendre sept fois plus grand, multiplier un nombre
par sept. — Multiplier un nombre par 7, ce n'est pas le rendre 7 fois
plits grand, c'est lui donner 7 fois la valeur quMl avait d'abord ; et de
,mérae que TAcadémie dit que septuple signifie Qui vaut sept fois
AUTANT, et non sept fois plus , de même aussi elle aurait dû dire :
Septupler , Rendre sept fois aussi grand.
SERAN ou SERANÇOIR^ S. m. Sorte de peigne de fer qui sert à divi- •
ser la filasse du chanvre et du lin. Serançage, Serancer, Serancecr.
—Les mots serançage et seranceur ne remontent pas à un bien grand
nombre d'années ; mais serau et serancer, qui figuraient déjà en 1696
dans le Supplément du Dictionnaire de l'Académie et qui sont d'un
usage si répandu, devraient du moins se trouver dans ce Dictionnaire.
SERPE^T... Serpent à sonneltes. Serpent ainsi nommé à cause dn
bruit qu'il fait en remuant les anneaux cornés et mobiles qui terminent
sa queue. — C'est ici, croyons-nous, bien plutôt qu'à Sonnette , que le
lecteur cherchera la définition de ce mot; et d'ailleurs, de l'article
Sonnette on aurait pu renvoyer à Serpent, tandis qu'ici l'on n'a pas
même indiqué l'endroit où se trouve l'explication. De plus il aurait été
convenable de donner en même temps le nom scientifique « Crotale ».
SERRE-PAPIERS, S. m... sc dit aussi d'une sorte de tablette divisée
en plusieurs compartiments, qui se met ordinairement au bout d'un
bureau, et où l'on range des papiers. — Si casier j que l'Académie
définit « Garniture de bureau composée de plusieurs cases, dans
lesquelles on place les papiers ou autres objets que l'on veut tenir en
ordre » , est bien synonyme de serre-papiei^s dans cette acception,
il aurait été bon de le dire, car le mot casier est plus court et nous
semble plus agréable à l'oreille.
SERRER, V. a... Serrer son écriture , Rapprocher les lettres ou les
lignes les unes des autres. Votre écriture n'est pas assez pressée,
serrez-la davantage. — A l'article Presser nous ne trouvons ni pres-
ser son écriture, ni une écriture pressée, et nous ne savons si l'ex-
pression ci-dessus, votre écriture n'est pas assez pressée, est bonne.
Peut-être l'a-t-on employée ici uniquement pour ne pas répéter le
même verbe : serrée, serrez-la. Bien que nous n'en trouvions d'exem-
• pies nulle part, nous croyons qu'on aurait pu dire : Votre écriture est
TROP lâche, serreZ'la davantage.
SESQUIALTERE. — - Qui doit-il être prononcé ki ou cuif
SEUL... signifie aussi. Unique. Il n'y a qu'une seule personne qui
vous en puisse donner des nouvelles. C'est le seul homme qui vive d£
la sorte. Vous êtes le seul qui Tait fait. Voilà les seules raisons que
vous puissiez alléguer. — Et ailleurs :
(à De) C'est, de tous ces monuments, le seul qui soit resté debout.
(à Soumission) Ce régiment est le seul qui ait tardé à faire sa soumission.
(à Unique) C'était l'dnique capitaine, l'unique orateur qu'il y eût en et
temps4à.
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— 275 —
Les grammairiens donnent pour règle qu'après le seul on doit em-
ployer le mode subjonctif, et l'on voit que l'Académie nous oflre plu-
sieurs exemples qui viennent à l'appui. Mais cette règle n'est pas sans
exceptions, car dans ce même article nous lisons :
La sbulb loi qu'il faut suivre,
(à Adresser) Je m*adresse à vous comme à la seule personne de qui j§
PLIS attendre quelqm secours.
Nous regrettons de n'avoir pas trouvé un plus grand nombre d'exem-
ples avec le mode indicatif, ce qui nous eût peut-être permis d'en
déduire une règle; mais nous croyons néanmoins pouvoir dire que
l'indicatif affirme et donne à la phrase plus d'assurance.
L'Académie nous offre aussi un exemple avec le conditionnel ;
C'est LE SEUL danger qu'on pourrait craindre.
Ce temps ne nous semble pas présenter de différence appréciable
avec le présent du subjonctif : CesC le seul danger qu'on puisse
craindre.
Quant ;\ ces deux exemples : « C'est le seul bien qui me reste;
C^estj de tous mes biens, le seul qui me reste » , il est difficile de dire
quel mode l'Académie a voulu employer; cependant l'analogie nous
fait présumer que c'est le subjonctif. Il doit en être de même pour
cette phrase qu'on lit à l'article Unique : « On ne trouve plus ce livre j
j'en ai Tunique exemplaire qui reste. »
SÉVE. — L'Académie écrit ftve avec un è, stve avec un ë, et trÈve
avec un e\ Pourquoi figurer de trois manières différentes une pro-
nonciation qui doit être la même? L'accent grave est le seul qui de*
vrait être employé.
SÉVÈRE. — Il manque ici l'expression sévère àj qu'on trouve à l'ar-
ticle À : Sévère à lui-même,
SEXTUPLER. Rendre six fois plus grand, multiplier un nombre par
six.— L'Académie définit sextuple « Qui vaut six fois autant, et non,
six fois PLUS. » Voy. Septupler.
SI... est aussi comparatif, et signifie Autant, aussi; alors il ne s'em-
ploie qu'avec la négation. Il n'est pas si riche que vous. Il ne se porte
pas si bien. Il ne fait pas de si beaux vers. — Que'ques grammairiens
ont donné pour règle que lorsqu'une phrase est négative il faut em-
ployer si et non aussi; mais cette règle n'est pas absolue, tant s'en
faut, et nous lisons dans le Dictionnaire de l'Académie :
(à Aussi) Cet ouvrier ne travaille plus adssi bien qu'autrefois, ne travaille
plus AUSSI bien.
(à Passer) Cette femme îi'est plus aussi belle, elle se passe,
(à Mais ) Elle îi'est pas aussi jolie que sa sœur, mais elle est plus spirituelle.
(à Personne) Je ne connais personne d\vssi heureux que cette femme.
(à Paématuré) Les fruits prématurés ne sont pas ordinairement d' aussi
bon goût que les au^tres,
(à Proportion) Il ^'est pas aussi bien payé que Vautre à proportion.
(à Vanneau) Le vanneau v^'est pas aussi bon à manger que le pluvier.
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— 276 -^
Il en est de même pour Tant et autant. Si d'un côté Ton trouve :
(à Que) Rien ne Va tant affligé que cette nouvelle.
( à Tant) Rien ne m'a tant fâx^hé que cette nouvelle,
(à Quart) Il N*a pas le quart tant de peine que vous.
(à Rassurer) Rassurez-vous, il n'j/ « p(W tant d craindre que vous pensez.
d'un autre on lit :
(à Nourrir) Les fruits, les légumes ne nourrissent pas autant que laviand$.
(à Autant) // ne fait pas autant de froid qu'hier.
Cette dernière phrase nous semble laisser à désirer. Voy. Autant.
SI, — Peut-on employer l'expression si... que de, pour signifier
Assez... pour, au point de? Cela nous paraît probable, et cette expres-
sion devrait se trouver ici, puisqu'on la rencontre dans plusieurs
articles du Dictionnaire de l'Académie. Voy. Oser.
siBYiXE... La sibylle de Cdmes. La sibylle Erythrée. — Voy. Forêt.
Il était d'autant plus important de mettre d^ Erythrée, que la plupart
des lecteurs croiront qu'Erythrée * était le nom de la sibylle, tandis
que, si nous ne sommes dans l'erreur, elle se nommait Hérophile.
SIFFLET... // n'y a pas assez de sifflets dans Paris pour une aussi
mauvaise pièce. — Il nous semble que cet exemple n'exprinae pas une
comparaison, et qu'il aurait fallu employer si au lieu d'^aussi, corame
l'académie l'a fait dans les phrases suivantes :
(à Gagner) Une si forte somme ne se gagne pas en un jour,
(à Prix) L'opprobre est le prix, est le juste prix d'une conduite si infâme.
SIGNET. (Le G ne se prononce pas.)—- Il fut un temps où cette pro-
nonciation était à l'ordre du jour, puisque La Fontaine supprimait le^
même dans l'écriture ; ainsi il écrivait maline, assinée, sine, au lieu
de maligne, assignée, signe, pour rimer avec machins (Fabl. VI, 15),
avec hy menée (Fabl. VI, 20), et avec tnine (Épître à M™* de G***);
mais aujourd'hui l'on revient à prononcer le g dans signet, comme
on le fait depuis longtemps dans les trois autres mots.
SILENCIEUSEMENT, adv. — Cet adverbe, omis par l'Académie, nous
paraît essentiel. Il passa silencieusement sous le canon de VermerM,
Il vivait silencieusement dans son ermitage.
SIMULTANÉ, ÉE, adj... Plusieurs écrivent encore Simultanée, v\
masculin. — L'Académie a fait la même observation à l'article Spon-
tané, mais elle aurait pu la faire également aux adjectifs cétacé,
crustacé, ostracé, testacé, — cutané, igné, instantané, mome^Uané,
pédané, simultané, — éthéré, etc., que les auteurs avancés en âge
écrivent encore comme elle le faisait elle-même en 1762 : cétacée,
1. Erythrée, synonyme grec et latin de Bouge (la mer Rouge n'est qu'une partie de la mer
érythrée ), est aussi le nom de la ville d'Ionie où résidait la sibylle. Quelques géographes,
il est vrai , écrivent Ërythie ou Erythres, mais la plupart conservent l'ancien nom d* Erythrée.
Quel que soit celui qu'on veuille donner à cette ville, nous ne pensons pas qu'on puisse dire
aujourd'hui la sibylle Érythréb, de même qu'on ne dirait pas lasibylleCuuÉB (pont la sibylle
DB Clmbs), bien qu'on trouve dans les 2; 3* et 4« éditions du Dictionnaire de l'Académie
la sibylle Érythrée, la sibylle Cumée»
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— 277 —
cutanée, éthérée ^, etc. Roquefort, dans son Dictionnaire étymologique
imprimé en 1829, écrit cétacée, bien qu'il supprime Ve muet dans
teslacé; et Lemare, dans son Dictionnaire par ordre d'analogie, im-
primé en 1820, après avoir écrit crustacé, herbacé, oslracé, etc., met
Ve muet dans tous les adjectifs terminés par né et en fait ainsi des
adjectifs des deux genres : cutanée, extemporanée, graminée, instan-
tanée, momenta9iée, simultanée, spontanée, staminée, subterranée,
succédanée. Aujourd'hui aucun de ces adjectifs ne prend Ve muet au
masculin, excepté graminée, et probablement il ne faut voir là qu'une
distraction. Voy. Graminée. — L'Académie a très-bien fait de suppri-
mer Ve muet dans Linné, quoique la plupart des auteurs écrivent
encore Linnée ; espérons qu'elle ne tardera pas à écrire un scarabé *
et surtout un sigisbé, peut-être même des miscellanés.
SIMULTANÉMENT, adj. — Lisez : adv.
SIRTES, s. f. pi. Sables mouvants, tantôt amoncelés, tantôt disper-
sés, et souvent très-dangereux pour les navires. Il n'est guère usité
parmi les marins. — Pourquoi écrire par un i simple ce mot fort peu
connu, puisqu'il prend un upsilon en grec et un y en latin (surtis,
syrtes)1 Nous demanderons encore qui emploie ce mot, si les marins
n'en font pas usage, car nous ne nous souvenons pas de l'avoir vu
ailleurs que dans Boileau {Art poétique, ch. III) :
Que Neptune en courroux s'élevant sur la mer,
D'un mot calme les flots, mette la paix dans l'air,
Délivre les vaisseaux, des syrtes les arrache;
C'est là ce qui surprend, frappe, saisit, attache.
mais Boileau, en véritable amant de l'antiquité, écrivait syrtes, et les
auteurs du Supplément de 1696 faisaient de même.
SIXAIN. — L'Académie a transformé en z Vx de dix dans les mots
dizain et dizaine, et celui de six dans sizette, mais elle conserve l'a?
dans sixain.
SOBRIQUET, s. m. Sorte de surnom, qui le plus souvent se donne à
une personne par dérision , et qui est fondé sur quelque défaut de
corps ou d'esprit, ou sur quelque singularité. Sobriquet offensant,
injurieitx, plaisant, ridicule. Donner un sobriquet. Il y a des sobri-
quets qui sont devenus les surnoms de certaines familles illustres. —
L'Académie, qui a donné de nombreux exemples de surnoms, n'en
donne pas un seul de sobriquets; cependant il n'en manque pas dans
l'histoire; et puisque dès la troisième édition elle a mis à l'article Sur-
nommer l'épithète de balafré {Guise le Balafré), qui était d'abord à
Sobriquet, elle aurait pu remplacer ce nom par Charles le Mauvais^
Guillaume le Roux, Louis le Débonnaire, /?o6er^ Courte-heuse '*,
1. Au mot Éthéréb (3« et 4» éditions) où l'Académie dit « adjectif de tout genre », elle met
pour exemple Corps éthéré, en sorte qu'on ne sait où est la faute typographique,
2. Dans les OEuvres d*Arago, revues par M. J/A. Barrai , on lit « un scarabé ■ .
3. Heuse se disait autrefois pour Botte, chaussure. Populairement on appelle encore aujour-
d'hui courte-botte un petit homme.
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— 278 —
CooRTE-BOTTE , CouRTE-cuissE , stc, Nous pcDsons quc Tépithètc de
Plantagenet, qui a été donnée à une série de rois d'Angleterre, était
dans le principe considérée plutôt comme un sobriquet que comme
un surnom; peut-être même l'Académie a-t-elle voulu faire allusion
à des sobriquets de ce genre en disant qu'il y en a qui sont devenus
les surnoms de certaines familles illustres *. Chacun sait que Geoffroi V,
surnommé Plantagenet à cause d'une branche de genêt qu'il portait
ordinairement à sa toque, fut la souche de la dynastie des rois d'Angle-
terre d'origine française.
SOIERIE. — Nous sommes loin de demander qu'on supprime Ve mé-
dial, comme on l'a fait dans le Dictionnaire de l'Académie aux mots
plaidoirie, voirie, et dans le Complément de cet ouvrage au mot cor-
roirie; mais nous croyons qu'on aurait dû indiquer la prononciation
soirie, qui est généralement adoptée.
SOLÉCISME, s. m. Faute contre la syntaxe. Faire un solécisme. Il y
a un solécisme dans cette pAra^e.— L'Académie, qui a eu soin de don-
ner plusieurs exemples de barbarismes, aurait dû faire de même pour
les solécismes ; elle n'en donne pas un seul.
SOLEIL... Entre deux soleils, Entre le lever et le coucher du soleil.
Marcher, voyager entre deux soleils. Suivant d'anciennes ordonnances,
l'argent daroi ne se voitarait ç^^'entre deux soleils.— Il semble qu'il
aurait fallu dire : Entre le coucher et le lever du soleil; de cette ma-
nière du moins il y a deux soleils, celui du premier jour et celui du
second ou du lendemain ; mais l'usage, accepté par l'Académie, compte
le soleil levant et le soleil couchant pour deux soleils, bien que cet
astre n'ait pas quitté l'horizon.
SOUBRESAUT, S. m. — Ajoutcz : On prononce la dernière s forte,
comme dans Saut.
SOURCILLEUX, EUSE, adj... Un front sourcilleux. Un front où se
peint l'orgueil. Il veut dire aussi , Un front empreint de tristesse, un
front chagrin, inquiet. — Nous comprenons qu'on dise Un front sour-
cilleux pour Un front sévère, un front où se peint l'orgueil ; mais
dans l'autre acception nous croyons que soucieux est préférable.
L'Académie dit « Air soucieux. Mine soucieuse », et Cas. Delavigne,
Sur ton FRONT SOUCIEUX
Je vois passer une ride légère.
1. On sait combien les Romains faisaient usage des sobriquets : Ciecron était ainsi appelé *
cause d'une petite verrue en forme de pois (eicer) qu'il avait sur le ner; les sobriquets Flaù-
cWt Nasica, signifiaient Qui a de longues oreilles, un gros nez. — Tout le monde coanattles
sobriquets ou surnoms de Philadelplie, Pttilopalor, Philométor, etc., donnés ironiquement à
ceux des Ptolémées qui étaient soupçonnés d'avoir abrégé la vie de leurs frères, de leur père,
de leur mère, ou tout au moins de leur avoir porté une haine violente; — Holémée VII avait
tryis surnoms : Éveryèle {hienMteui), Kakergète {maXîaisaint), /^Ay«con (ventru ).— On connaît
également ceux qui ont été donnés à différents Charles, Louis, Plùlippes, «te. : Charles /<*
CJiauve, le Gros ou le Gras, le Simple, l'Insensé, le Téméraire, etc.; — Louis le Bèffue, U Fai-
néant, le Hutin; — Philippe le Long, le Bel, etc.
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— 279 —
SOCS-MULTIPLE) adj. des deux genres... Trois est un des sous-mmU
tiples de douze. — Dans cet exemple, le mot sous-muUiple est em*
ployé comme substantif (on des sous -multiples) et non comme
adjectif; nous présumons donc que l'article présente une omission
typographique, et qu'il faut lire : « Trois est un des nombres sous-
multiples de douze. Il s'emploie aussi comme substantif. Trois est
un des sous-multiples de douze. »
SOUTENEMENT, S. m. ( Quelques -uns écrivent, Soutènement.) —
L'Académie écrit entreltnement avec un è, ttnement avec un é, et
soutEnement sans accent. Il nous semble que ces trois mots devraient
prendre l'accent grave, et que cette fois encore ce sont les quelques-
wis qui ont raison. Voy. Sève.
SOUVENIR, s. m... Rappeler le souvenir... —- Quelques personnes
pensent qu'il vaudrait mieux dire simplement Rappeler un fait, une
victoire, une action généreuse, etc., que Rappeler le souvenir d'w»
fait, etc. 11 nous semble qu'elles ont parfaitement raison, car le mot .
souvenir n'ajoute rien à l'idée, ne rend pas la phrase plus intelligible.
Il y a là un désir de concision analogue à celui qui fait dire à l'Aca-
démie, à l'article Rappeler « Se rappeler quelque chose dans la mé-
moire, ou simplement et mieux. Se rappeler quelque chose. » — Il est
bien évident que cette proposition ne touche nullement aux expres-
sions poétiques, telles que Rappeler de douloureux souvenirs, etc.
SPÉE, s. f. T. d'Eaux et forêts. Bois d'un an ou deux. On dit aussi
Cépée. — KQitHf. nous lisons : « Cépée, s. f. T. d'Agricult., Toufife de
plusieurs tiges de bois qui sortent d'une même souche. Faire la coupe
des CÉPÉES de saules. » Il nous paraît évident que cépée ou cepée est
l'expression correcte, et que spéc n'en est qu'une altération. C'est une
faute contraire à celle qui fait dire huile rf' aspic pour huile de spic.
SPONTANÉ, ÉE, adj... Plusieurs écrivent encore spontanée au mas-
culin. — Voy. Simultané, ée.
SQUAMMEUX, EUSE. — L'étymologie (squama, squamatus, squor-
meus, squamosus, etc.) ne demande qu'une m: ne devrait-on pas s'y
conformer comme on le fait pour le composé desquafnation? La plu-
part des savants écrivent sqiiamsux.
SQUELETTE, s. m. — A la lettre A, nous demandons i\\3L^ amulette
(Voy. ce mot) soit du genre féminin, conformément à l'usage, ou bien
qu'il s'écrive amulète, parce que les substantifs de cette désinence
sont généralement masculins, tandis que la terminaison ette ne com-
prend que des féminins, excepte amulette et squelette. La même rair-
aon nous engage à proposer l'orthographe squelète, et nous avons
pour nous les étymologies grecque et latine, skelelôs, sceletus. Nous
ajouterons que dans les deux premières éditions et dans le Supplé-
ment de la première on trouve squelète, sans réduplication du t.
SQUIRRE, s. m. (Quelques-uns, se conformant à l'étymologie, écri-
vent, Sjqmrrhe et Sqmrrheux.) —Puisque l'étymologie réclame L'a,
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_ 280 —
rAcadémie aurait dû la rétablir dans ce mot comme elle Ta fait dans
aphthe (pour la dernière syllabe), catarrhe, zoolithe, etc.
STAGNATION. — Le ^ doit-il être prononcé dur dans ce mot comme
dans stagnant? Nous le croyons, mais l'Académie devait le dire.
STATUE, s. L.. Stattte équestre. Statue pédestre. Statue curule. —
Aux articles Équestre, Pédestre, l'Académie nous apprend qu'une
statue équestre représente une personne à cheval ; une statite pédestre,
un homme à pied ; mais à Curule elle a oublié de nous dire ce que
c'est qu'une statue curule. Serait-ce une statue qui représente un
magistrat romain dans sa chaise curule? L'omission commise à la
lettre C devait être réparée ici par une définition.
STENTOR... Une voix de stentor, une voix forte et retentissante.—
— Pourquoi l'Académie n'écrit-elle pas Stentor avec une majuscule,
comme elle l'a fait dans ces phrases : Cest une Agnès, C'est un Cré-
sus. Je ne suis pas un Œdipe? Voy. Mentor.
STÉRÉOTYPE, adj. des deux genres. T. d'Impr. Il se dit Des ouvrages
imprimés avec des pages ou planches dont les caractères ne sont pas
mobiles, et que l'on conserve pour de nouveaux tirages. Avec le temps
les éditions stéréotypes deviennent parfaitement correctes. — Stéréo-
TYPER, V. a. T. d'Impr. Imprimer un livre avec des pages ou planches
solides, au lieu de formes composées de caractères mobiles. On a sté-
réotypé Racine, Corneille, etc.
Il nous semble que dans ces deux articles on a omis la vraie signi-
fication, le sens primitif. Stéréotyper doit signifier d'abord Rendre
solides, souder en un seul bloc les caractères mobiles avec lesquels
on a composé des pages; c'est l'opération qu'a remplacée le clichage.
— Quant à l'adjectif, il a dû être auparavant substitutif et se dire, des
pages stéréotypées. MM, Herhan et Didot sont les premiers qui aient
stéréotypé des caractères, des pages, qui aient produit des stéréo-
types. Les stéréotypes d' Herhan et Didot sont très-estimés. L'emploi
de stéréotype comme substantif est fréquent , et il aurait été conve-
nable d'ajouter cette dénomination.
STERLING, s. m. Monnaie de compte en Angleterre. Il ne se dit point
seul et il est invariable. Une livre sterling. La livre sterling vaut en-
viron vingt-cinq francs. Cinquante sous sterling... Denier sterling.
Que sterling soit invariable, comme adjectif du moins, nous l'accep-
tons volontiers ; mais pourquoi l'appeler substantif, quand on le joint
à un substantif? Jamais on n'a dit que les mots tournois et parisis
fussent substantifs dans une livre, un sou, un denier tournois; franc,
sou, denier parisis. — ]\ous ne disons pas que sterli?ig soit toujours
un adjectif; car nous l'avons vu employé comme substantif dans Aug»
Thierry, Conquête de l'Angleterre, liv. X, p. 211 : « Je vois à ton dis-
cours qus tuas déjà flairé les sterlings du roi d'Angleterre. »
STRAS, s. m. (On prononce l'S finale.) Composition qui imite le
diamant et qui tire son nom de celui qui en est l'inventeur. — On dit
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-^ 281 —
que l'inventeur se nommait Strasze; et puisque son nom devait être
altéré, il nous semble qu'il valait mieux écrire strass^ ce qui aurait
indiqué naturellement la prononciation, car c'est ainsi que l'Académie
la donne à De profdndis (On prononce Déprofondiss),
STYPTIQCE, adj. des deux genres. T. de Médec. Qui a la vertu de
resserrer. Plante astringente et styptique. — Slyptiqne n'a pas d'autre
signification ({xx' astringent, et l'on ne peut expliquer ici l'emploi simul-
tané des mots astringente et slyptique que par l'usage assez fréquent
que nous faisons de ces synonymies : On sait vos faits et gestes ;
H n*a ni honte ni vergogne; Être toujours par voie et par chemin;
Voire même ; Voils avez beau tourner et virer , etc. Mais en matière
de définitions on doit éviter les redondances, à moins qu'elles ne
donnent plus de force à la pensée, en exprimant des nuances ou une
gradation. — On retrouve des exemples de ces synonymies superflues
à Pesant, TÉNÉBREUX, etc. : Machine lourde et pesante; Il est sombre
et TÉNÉBREUX, il a l'air sombre et ténébreux.
SUCRIN, adj. m. Qui a le goût de sucre. Il ne se dit guère qu'en
parlant Des melons. Melon sucrin.^U n'aurait pas été superflu d'ajou-
ter « On dit aussi Melon sucré » , puisque cette variante se trouve à
Sucré pris adjectivement, et à Melon, où il occupe la première place
« Melon sucré ou sucrin ».
Mais ce n'est pas là ce qui nous a principalement engagé à relever
cet article ; c'est l'expression « Qui a le goût de sucre » employée
dans la définition. Il nous semble qu'il fallait dire, comme l'Académie
l'a fait dans une des définitions de Sucré « 11 se dit adjectivement Des
fruits, des légumes qui sont fort doux, qui ont le goût du sucre » ; car
lorsque le premier substantif est précédé de l'article défini, il faut ré-
péter ce même article devant le second, ou y mettre l'article indéfini;
mais si le premier substantif est précédé de l'article indéfini , le se-
cond ne prend pas d'article. Nous lisons :
(à Air ) Prendre Vair dd feu, ... dn air de feu.
(à Quartier ) Faire les visites du quartier. ... des visites de quartier.
(à Langue) Mince comme la langue d'un chat. ... comme une langue de chat.
(à Squelette) Le squelette d'ln cheval. Un squelette n'homme.
Cependant nous trouvons dans le Dictionnaire de l'Académie des
exceptions dont nous ne nous rendons pas compte, et que nous
croyons devoir mentionner :
(à Vent) Les quatre vents principaux ou cardinaux sont : le vent du nord,
le vent du sud, le vent n'est, le vent n' ouest.
Nous présumons qu'ici l'usage a suivi la règle devant les mots qui
commencent par une consonne, mais que l'habitude d'abréger autant
que possible , habitude dont on voit la trace dans une foule de locu-
tions, a fait supprimer l'article devant ceux qui commencent par une
voyelle; au lieu de dire le vent de Vest, de h' ouest, comme on dit le
vent DU nord, du sud, on dit le vent xi est, n^ ouest.
36
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^ 882 ^
Toi^L^fQisi U^ r^e n'^i ps^ mto^ çpna^ta^ car oq IH
(à Sui>) (« vmt PU <^, l# vatt,^ PU fi^.
(ê^ Sud-est) Le vent du £w2-e^t, ^6 «xetU D^t sud-est,
La même irrégularité règne dans les locutions relatives aux sacie-
m^^^, mais en sens inverse, c'est-à-dire qu'on met l'anlicle devant
left mots qui commencent par une voyelle et qu'on le supprime devait
qe^ qui CQmmen^ent par une consonne :
(Il Eochamstib) Le aacremm^ w L'eucharistie^
(à Sa^rpiisnt) Le sacret9ent ui hoftéme, pe con/irma^iiQtf, de vM/rktoe, «(c.
(à PIivit^ce^ Le sçmrem^i^ P^ pimtenc^K
Quant à. Veaptrême-anction et aux archrMj, nous. »e trouvo^ auoon
exemple où ils soient précédés du mot sacrement.
SUFFIRE, V, n. (Je suffis y tu suffis, il suffit; nous sufis&us, voua at§-
s^j ilsi sitffi^^nln Je suffisai$. J'ai suffi. Je sucrai. Je suffirai» Su/fis,
^ffi^ez^ Que j^ suffise,) — L'Académie n'a mis ni passé défini ni im-
parfait du subjonctif; ne peut-on donc pas dire : « Pendant cêS trois
cmnëes, je suffis, notre modique revenu sofpit à l'entretien^ de ma
mère et au mien. H fallait que cette modique somme suffît pwr
élever trois orphelins »?
S|JFFi$A2ii9IEiiT. Adv. Asse». H a d/u bien sufj^amment pour vivre. Il
a ^suffisamment de bien pour vivre d'une manière agréable. Il fë du
mpnd^ suffi^a^nment. Il y a suffisamment de monde* Ce fermier n'aura
pas DE blé suffisamment pour vivre et pour semer, — On a mis : « Ce
fermier n'aura pas db blé suffisamment,,. » , probablement parce que
la plwase est négative ; mais si l'on doit dire Je n'ai pas de W«V ^^
n'ai pa^ T>'argent, Ce général n'a pas i>e troupes j nous croyons qu'il
fftut mettre l'article {du ou de le, des pour de les) dans ces phrases:
Je n'a^ pas bu blé en quantité suffisante pour ensemencer toutes ees
terres ; Je n'ai pas rb h*arg^nt assez abondamment pour pa^ef les
dettes que vous avez contractées ; Ce général n'a pas des troupes in
nombre suffisant, ou, des troupes suffisantes pour Hmier q, l'ennemi.
Lorsqu'un suj^stantif est déterminé par un acyectif , par uû adverbe
ou une locution équivalente , il doit être précédé d>e l'article -, il nous
semble donc que dans la phrase ci-dessus il faut mettre, Ce fermier
n'aura pas du blé suffisamment pour vivre et pour semer, liais nous
croyons qu'il serait encore mieux de dire Assaa de blé, et qu^ gé-
néral on doit éviter de donner un complément à l'adverbe suffisoMr
ment; ainsi au lieu de. Il a suffisammSiNt de bien pour vivre; Il y et
SUFFISAMMENT de mondc pour remplir cette salle, nous dirions, Il «
ASSEZ de bien, il y a assez de monde^ etc,
suFFBAtiANT, adj. m. 11 se dit d'un évêque à l'égard de son métKK
politain. Les évêques de Chartres, d^ MeauXj d'Orléans ^t de B(çi$
sont suffragants de l'archevêque de Paris, — Il s^emploi^ plus ordi-
nairement comme substantif^ t^'archevéqu^ d^ Tours a pour sb* ««/-
fragants les évêques d'Angers^ du Mfii^, de Nçbnte^j ^Ic.
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-* 265 -^
Cette définition * Il se dit d*un évoque à l'égard de son métr6{ï6-
iitain » iie sera certainement pas comprise de tout le monde; en
disant %tt(fe les évéquès de ChaHres, 4è Mtaux, êtù.j soM suffragtmts
de Vûtùkèvéque de Pafi^, reût-on dire que ce sont âes subordonnée
iiâffiôdiatB? — Quant à cette phrase « l'archevêque de Tourte a pàtit
SES sujfragants les évêques d'Angers, etc. » , ttOUô Crôyôï» ^ùll feertitt
vàiè^x de supprimer Ttidjectif 5^^ c^t où dirait J'ai poûY êlëdés,
j'ai ^mptmm'fifii^, etc^, MM,., et non» fwi pmr ^ks S^e^, p&»r Mirt
cf>tnmù...i Secrate eut powh disciples (et tion "pour à«te dintipim)
Xënùphon, Platûn, AHtislhênej, Arislippe, Phédon, EucUde, Vriton, elè.
— Enfin, puisque l'Académie a expliqué ce que sont les pasteurs, 1)6»
nainistres et les proposants dans la religion protestante, il aurait été
bi^èîi de dire aussi ce qu'on y appelle suffragant. Le suffragant est un
ministre qui aspire à la charge de pasteur, et qui en remplit certaines
fonctions comme suppléant des pasteurs malades ou eu vacances.
Après avoi^ été suffragant il devient ordinairement pasteUr.
SUITE ^ s. f... .4 ^ suite se construit encore avec quelques autres
verbes, et signifie Après, Marcher, entrer à la suite de quelqu'un, Mat*-
cher, entrer après lui. — Il aurait été bon de donner ici uil ou dètlx
exemples pour montrer s'il faut dire Les uns à la suite des autres ou
A liA stJiTE LES UNS des autres. Bien des personnes Croient que la
première de ces constructions est la seule qu'où doive employer;
cependant nous lisons :
(à QoEDB) A la quêuè leu leu, Jeu d'enfantà, ainsi apf^elé parce ^'à ce Jeu
on marche À la sote les utis des autres, comme Marchent
les loups, qu'on appelait autrefois Leux.
(à Sospensif) En Grammaire, Points suspenses, Plusieurs pdntt mis À la
SUITE LES UNS des autres pour marquer suspenûon ou ia-
terruption du sens.
8UITE» — L'Académie donne à tout de suite deux acceptions trèô-
difiRérentes, et cela nous paraît fâcheux, parce qu'en toute chose le
premier mérite est d'être clair; la clarté, nous répète-t-on chaque
joun est le plus beau privilège de la langue française. Voici ce q\w
dit l'Académie : « De suite, loc, adv. L'un après l'autre, sans in-
terruption, faites "les marcher de suite. Il ne saurait dire deua
mots DE SUITE. — Tout de suite, loCê adv. Sur-le-champ* Il f&ut
qm les enfants obéissent tout de suite. Quand vous aurez reçu ma
lettre, iwws le ferez partir tout de suite. »
Jusqu'ici c'est bien; l'Académie nous donne deux locutions diffé-^
rentes pour exprimer deux choses qui n'ont pas de rapport; mais elle
ajoute <t 11 (tout de suite) signifie aussi, Sans interruption. H bui
trois rasades tout de suite. Il a couru vingt postes tout de suite. Dans
oe sens* souvent on dit simplement, De suite. Il a couru vingt postes
de suite* » — Puisque la bonne locution est souvent employée, il
aurait été mieux de ne donner que cell«-là^
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smvER, V. a. (Quelques-uns disent Suiffer.) Enduire de suif. —
L'analogie avec tarif, tarifer, demandait suifer avec une seule /.
SUIVRE. — Dans cet article nous ne voyons rien qui nous apprenne
si le participe suivi demande après lui de ou par, et dans tout le
Dictionnaire nous n'avons su trouver que cet exemple : // arriva,
suivi D'tm cortège d'enfants.
Nous croyons que lorsqu'il s'agit d'une escorte, d'un cortège, quand
suivi est pris dans le sens Raccompagné, on emploie généralement la
préposition de, et que, lorsqu'il est synonyme de poursuivi, il faut
par, comme dans cette phrase : Il était suivi de près, de loin, par la
police, qui était à ses trousses. Si notre observation est exacte, il serait
utile de donner cette indication. Mais il y a aussi le sens figuré,
qui demande l'emploi tantôt de l'une, tantôt de l'autre de ces prépo-
sitions, et dont il faudrait également présenter des exemples.
SUJET, ETTE, adj. Soumis, subordonné, qui est dans la dépendance,
qui est obligé d'obéir. Notis sommes tous sujets aux lois et aux cou-
tumes du pays où nous vivons. Le fils doit se regarder comme sujet h
son père. Je ne veux pas être sujet à ces conditions-là. Être sujet
aux ordres de quelqu'un. — Tous ces exemples, à l'exception du der-
nier, se trouvent, avec de légères variantes, dans la première édition
du Dictionnaire. Nous croyons qu'aujourd'hui sujet ne se dit plus
guère dans ces diverses acceptions, et qu'on substituerait à ce mot
précisément ceux qui lui servent de définition. Nous sommes tous
soDMfs aux lois et aux coutumes.... Le fils doit se regarder comme
SUBORDONNÉ à SOU père. Je ne veux pas être assujetti ou m'assdjettir
à ces conditions-là, etc.
SUPPOSITION, s. f. Proposition que l'on suppose comme vraie ou
comme possible, afin d'en tirer quelque induction. Dans la supposi-
tion qus vous faites, il' faudrait que... Il ne faut point faire de suppo-
sitions de choses qui soient contradictoires. — A l'article Suffisamment
nous avons demandé l'emploi de l'article dans cette phrase. Ce fer-
mier n'aura pas de blé suffisamment pour vivre et pour semer, parce
que le substantif est pris dans un sens déterminé. Il nous semble
qu'ici le cas est le môme, et que malgré l'adverbe poifit, qui est plus
exclusif que pas, il faudrait dire , // ne faut point faire des suppo-
sitions de choses qui soient contradictoires, de môme qu'on dirait. Il
ne faut point répandre, même sur ses ennemis, des bruits capables
de flétrir leur réputation; Il ne faut point faire des suppositions aussi
ridicules que celles que nous venons d'entendre.
SUR... signifie À, dans quelques phrases qui expriment Addition. Il
fallut mettre quatre chevaux sur cette voiture pour la tirer du bour-
bier. — Dans les précédentes éditions il y avait sur ma chaise; mais
malgré la modification introduite dans la dernière, la phrase n'est pas
beaucoup meilleure; et parmi ceux à qui l'on dirait. L'accumulation,
la hauXeur des neiges força de mettre six chevaux sur la voiture, il
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— 285 —
pourrait se trouver des gens assez mauvais plaisants pour demander
si on les mit sur la voiture dans la crainte qu'ils ne fussent engloutis.
Pourquoi ne pas dire à au lieu de sur?
Dans cet article nous ne voyons pas sur employé pour aux dépens
de. En voici des exemples que nous avons trouvés ailleurs :
(à GoMMim) Vivre §ur le commun. Vivre aux frais d*uae société, sans
payer sa part de la dépense commune. Il signifie aussi,
figurément, Vivre habituellement sur le tiers et scr le
quart.
(à Paysan) Les gens de guerre vivent sur le paysan.
(à Vivre) Il vit aux dépens d* autrui, sun le commun, aux dépens du
commun.
Si la préposition sur ne doit plus être employée dans cette accep-
tion, il serait bien de supprimer les phrases où elle se trouve; dans
le cas contraire , il faut mettre ici des exemples analogues à ceux que
nous venons de citer.
SÛR, ÈRE, adj... signifie aussi. En qui on peut se fier. C'est un ami
sûr. Un domestique sûr. Ce banquier est sûr. LHnstinct est un guide
sûr. J'ai un sûr garant de ce que f avance. — Il manque ici un exem-
ple qui nous semble n'être pas sans utilité : Vos papiers, vos titres
sont EN MAIN SÛRE, EN MAINS SÛRES.
SUR -ALLER, SUR - ANDOUILLER , SUR -ARBITRE. ~ PourquOi CCS
mots prennent-ils un tiret? Nous ne Voyons pas de motif pour écrire
sur-aller et surmonter j sur-andouiller et surabondance, sur-arbitre
et surintendant.
SURCOMPOSÉ, ÉE, adj. T. de Gramm. 11 se dit des temps des verbes *
dans la conjugaison desquels on redouble Tauxiliaire Avoir. J' aurais
EU FAIT, vous AURIEZ EU DIT, so7it dcs tcmp's surcomposés. Il est peu
usité. — Pourquoi peu usité? L'emploi du mot ne doit pas être plus
rare que celui de la chose. Voici d'autres exemples de temps surcom-
posés que nous avons trouvés dans le Dictionnaire :
(à Après) Après que vous avez eu parlé, il s'est retiré.'
(à Avoir) Sans lui, j'aurais eu dîné de meilleure heure,
là. Dès que y ta eu fini.
(à Peupler) V alevin qu'il a jeté dans son étang Va eu bientôt peuplé.
(à Partir) Vous w'avez pas été plutôt parti qu'il est arrivé.
Dans ce dernier exemple nous mettrions volontiers Vous w^étiez pas
plus tôt (Voy. Plutôt) parti..., ou mieux, A peine étiez-vous parti...
SURET, ETE, adj. Diminutif de Sur. — Puisque TAcadémie double
le t pour le féminin dans duret, ette, diminutif de dur, comme dans la
plupart des adjectifs de cette terminaison, aigret ou aigrelet, clairet,
douillet, fluet, muet, sujet, violet, etc., il aurait mieux valu ne pas
ajouter une exception aux six qui existent ( complet, concret, discret,
1. n nous semble qu'il aurait été mieux de dire des tbmps db verbes, car le complément
dans la conjugaison desquels, etc., se rapporte aux temps de verbes et non aux verbes.
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iftçiwfél^ rtp^lj secret, et leurs cûiïiposés incomplet, indiscret), Sî ce«
derniers mots ne doublent pas le t au féminin, il y a du môinà à
cela une raison d'étymologie.
siTBPASSER, T. a. Excédef, être plus haut, phis élevé. CHasvAPk^hE
la muraille de déUx pieds. H eU heemcoup plus grand qtt^ lui, il le
SI7APASSE de toute là tête. — Au verbe Passer .nous lisonB : « Passer
signifie aussi, tant au sens physique qu*au sens moral, Aller au delà,
excéder... La doublure passe le drap. Des bas qui dopassent point le
genou. Cet arbre passe la muraille de deux pieds. Cet homme vous
passe de toute la tête. Il ne faut pas que cela passe d'un cheveu. Ce
rire ne passe pas les lèvres. » — Et à Dépasser : « Dépasser signifie
aussi. Être plus long, plus haut, etc. Le vêtement de dessous dépas-
sai!^ l'autre de trois doigts. La hauteur de cette maison dépasse de
bettutoup celle des maisons voisines. »
Nous avons donc trois mots pour exprimer la même idée ou à peu
près, maris nous croyons. que surpasser est beaucoup plus usité au
figuré que dans le sens propre : il les surpasse tous en science, en ri-
chesses, en vertu, en méchanceté, etc. — Nous pensons aussi qu'il se-
rait mieux de dire surpasser en beauté, en nombre, en valeur, que
PASSER e7i beauté, etc., dans ces phrases : Elle passait toutes ses
compagnes en beauté; V ennemi nous passait en nombre, nous le pas-
sions en valeur. Ce n'est que la mesure de Thémistiche qui autorise
passer dans ce Vers que l'Académie a altéré en le donnant pour
exemple : « Ils nous passaient en nombre, mais non pas en valeur^. »
SURPLOMBER, V. n. Être hors de Taplomb, être en surplomb. Ce
mur surplombe.— Ne peut-on pas donner un complément à ce verbe?
Nous ne demanderons pas qu'on lui donne un régime direct, comme
Ùe rocher^ svRphOMBE la route, la mer, bien que cette locution ait été
hasardée par de bons auteurs ; mais on doit pouvoir dire Ce rocher
surplombe sur..., malgré le mauvais effet que produisent ces deux
SUR. A défaut de complément à ce verbe, nous donnons ici le seul
exemple que noué ayons trouvé pour rendre à peu près la même idée:
(à Avancer) Les rochers qui s*avançaient au-dessus de nos têtes.
suR&EOiRk — Voy. Asseoir.
1. L'Académie d'est interdit à^eci quelque ttiièon la citation des vers, parcfe que soû Diction-
naire est un guide destiné particulièrement aux prosateurs , et qu'il descend même aux lo-
cutions les plus familières. Cependant, aûn de faire passer dans la prose des mots qui
n'appartiennent qu'à la poésie daps le sens où elle les emploie, elle les encadté Aatà Uù Tlé^
itiistiche et termine la phrase par deia prose. îti , par exemple > au lid«à de Sire
Ik nous PASSAIENT en nofnbre bt non pa* en ve^hut%
elle dit mais non pas en valeur.
Au verbe Enfermer elle met
Son cœur u'enferme point une MécHANCKTrtà «t noire,
au li^û de une AtTnoK si notre.
On ne s'aperçoit pas que la première moitié de la phrase est un hémistiche, et l'on emploie
è& i^ïWPi Vax mot auquel ofl ne dètïàil t%Coutir ^ue s'il n'eu eïistàlt pa» Ufi WIM A*ia» Valeur
plus préoine \ péêêtr à« nèd de gu/t'pèêttr^ ënfèn/nér M Ueu de nnfifimt', m*
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spil,V^iqi||gi;9 V. (^.. YÉjïMjyre ^rop ob<^* pl^s o^a^r que les cIkkkhi ne
Valent, Sn^i^pmndr^ $a murchmAi^^ T'ovl a <^(6» mnmulu à cet ihtei!-
TAiRE. -rr- A Tarticle Mpofti*^ an Ut éj^ement û Acheter des menblesi à
tm INVENTAIRE, au liwi de isckim i^gan h» Voy . Bien,
sus, -- Oa est vraitrient aurpn^ 4^ ne p»* trouver mentiouaées
dans cet article tQi^tpa \^ locutiç^m daos} l^queUes ce mot est em-
ployé au barreau, chez \^ Qût^M?Q9, \^ hîWssiers, etc. : Sm^U§%i4,
sus-cité, sitS'datéj sus-énoncé, sus-indiqué, sus-mentionné, sm-rap-
pelé, sus-relaléj sus-visé, etc. L'Afiadémie ne donne que susdit, qu'elle
écrit en un seul mot et qu'elle place à son rang alphabétique.
SUSPENDRE*, V. a... Les nuées sorU suspendues en l'air. — Nous
croyons quMI serait mieux de dire dans l'air j, pans les airs, Voy. Am.
SYLVAIN, s. m. Dieu des forêts, selon la Fable. Les faunes et Içs
^ylvains,.
Pans harpie, qui a en grec un upsilon et un ioia (àgiwia), en
latin un y, et un i {harpyia), l'Académie a retranché Vy plutôt que Tt.,
afin de supprimer une difficulté ; — elle écrit par un i simple silves,
qui nous paraît avoir la même étynjologie que Sylvain; ce sont 4es
pièces détachées comme les feuilles éparses dans les bois;— elle éçrjt
même sirtes, bien que l'étymologie réclame Vy (Voy.'SiRTEs) ;--com-
meot se fait-il qu'elle ait préféré 1'^ à Vi simple dans le mot qui npus
occupe, puisque du grec ulê les Latins ont fait silva ou sylva, don-
nant la préférence à Vi simple? Conformément à leur orthographe
{silvanœ, silvaticus, silveslris, silvicola, etc.), nous écrirons Silvain,
Silves tre, Silvie, etc.), et nous proposerons d'écrire Transilvanie avec
un i, contrairement à l'orthographe observée dans les phrases sui-
vantes :
(à Tellbre) Le tellure a été découvert à la fin du siècle dernier, dans les
mines de TIvanstlvanib.
(à Vayvodb) Titre qu'on donne aux sotwerain» et aux gouverneurs de la
Valaehie, de la Moldavie, de la TBAOiSYLVAFfiB, et de pbè-
sieurs autres endroits,
SYit|^Tâl»|Ee ~ L'Académie dit que dans symptomatique « o» pro-
nonce le P ». S'il doit en être de même dan^ symptçme, elle aurait
bien fait de le dire, car beaucoup de personnes prononcent sintôme,
i^YNCOPER, V. n. T. de Musique. Faire une syncope. Il y a dans q^t
air plusieurs notes qui syncopent. — syncopé, ée, adj. T. da Graïaaia.
et de Mus. Mot syncopé. Mot au milieu duquel on a retranché une
lettre ou une syllabe. Note syncopée, note qui fait une syncope.
D'abord nous demanderons si l'on ne peut pas aussi bien dire syn-
coper un mot qo'élider une voyelle, et faire ainsi de syncoper ua
verbe actif : « Dans les vers quelques typographes syncopent (retran-
chent) tous les e muets précédés d'une voyelle ; ils écrivent /avoûrat,,
nous lotrons, enptmentj gaU4, e^c, au lieu d,e i'avmwT^L nous hmr
roms, enjœEment, çmBié. «» De cette manière, dan» moi syncopé,
SYMCOPÉ deviendrait nécessairement un participe.
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Ensuite nous ferons remarquer que syncopé, ée, pourrait être ap-
pelé participe lors même que syncoper serait uniquement un verbe
neutre, puisque T Académie regarde comme des participes toutes les
épithètes suivantes, bien que les verbes dont elles dérivent soient des
verbes neutres : entreprise avortée; — eau croupie; — escadre dé-
bouquée; — sauce trop ébouillie; — roues engrenées; — liqueur
fermentée; — marrons, oignons germes, etc.
T, s. m. Lettre consonne, la vingtième de l'alphabet... Plusieurs
retranchent le t au pluriel des mots en ant et ent. Des enfans, des
présens.
Dans les deux premières éditions de son Dictionnaire l'Académie
mettait le t {des enfants, des présents)^ et l'on regrette qu'elle l'ait
supprimé dans les éditions troisième et quatrième* (Voy. Altercas).
— Il y a plusieurs raisons pour maintenir ce t qu'elle a sagement réta-
bli ; d'abord et par-dessus tout, celle de la formation régulière du
pluriel , l'addition pure et simple de l'S. A cette raison qui nous sem-
ble péremptoire on peut en ajouter deux autres qui ont bien leur va-
leur. — Dans les adjectifs le t fait connaître la formation du féminin.
Si au lieu d'écrire des paysanS mefianTS, des gardienS patienTS, on
écrivait méfianS et patienS ^, comment serait indiquée la différence
de terminaison qui doit exister au féminin entre le substantif et
l'adjectif : des paysan^^s mëfiamEs , des gardieni^ES patiemES ? —
Dans les mots dont la dernière syllabe prend un e, \\ y o. une seconde
raison pour conserver au pluriel le t final du singulier, c'est la pro-
nonciation , car les terminaisons ien et ient ne se prononcent pas de
la même manière : dans patricien, gardien, lien, essénien, éthiopien,
capétien, etc., la finale en se prononce in {patrici-in, gardi-in, li-in,
esséni-in, etc.)^ tandis que dans coefficient, ingrédieîit, inconvénient,
récipient, quotient, etc., la finale ent se prononce ant {coeffici-ant,
ingrédi-ant, cli-ant, etc.).
TACHE, s. f... Cette tache s'en ira avec de Veau de javelle. — Eau
de javelle ne se trouve ni à l'article Eau ni à Javelle. Voy, Javelle
et Armoise.
1. Tandis qu'on supprimait le t au pluriel des mots polysyllabes terminés par ant, ent, on
le conservait dans les monosyllabes; on écrivait donc des ganTS, les dbnTS, les venTS, des
poisons lenTS, et des intriganS, des accidenS, des hommes fekvenS, des maux violenS. On
conservait le t même dans les composés des monosyllabes : les surdenTS, /es contrevenTS ,
les évenTS , et encore dans les avenTS de Noël, qui n'ont guère de rapport avec les vents ,
ce qui augmentait la di£Qculté dans l'application de la règle.
2. Avant 1835, des hommes instruits mais qui ne faisaient pas de la grammaire une affaire
d'étude , s'étaient imaginé' qu'il fallait conserver le t seulement dans les mots qui ont un fé-
minin; ils écrivaient donc des diamanS étincelanTS, des médicamenS calmanTS,des aed-
dfnS récenTS, des agenS négligenTS, des lalenS équhalenTS, etc. Le raisonnement était asseï
juste , mais quelle bigarrure I
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TAC TAC. Onomatopée dont on se sert pour exprimer un bruit ré-
glé qui se renouvelle à temps égaux.
L'Académie a omis de nous dire que cette onomatopée s'emploie
souvent comme substantif et qu'alors elle doit prendre un tiret. S'etir-
dormir au tac-tac d'un moulin.— Il doit en être de même du tic-tac
d'une pendule, qui, employé comme simple onomatopée, ne prend
pas le tiret : la pendule faisait tic tac *. — L'onomatopée flic flac,
dont on se sert pour exprimer le bruit de plusieurs coups de fouet,
celui de plusieurs soufflets donnés coup sur coup, etc., ne forme plus
qu'un mot lorsqu'on l'emploie substantivement, en termes de Dapse,
pour signifier une sorte de pas : Faire un flîcflac, des flicflacs.—
Le taf taf que produit le froissement de la soie nous a donné le sub-
stantif taffetas. — L'ancien refrain flon flon et le glod glod que
fait un liquide en s'écoulant d'une bouteille ont également donné
les joyeux flonflons et le glouglou de la bouteille que nous trou-
vons dans quelques chansons à boire. — Enfin le tam-tam des Orien-
taux s'écrirait probablement aussi en un seul mot {tamtam) si l'on
n'avait eu à craindre de voir s'altérer la prononciation de la première
syllabe *, qui doit être la même que pour la seconde (tame tame).
TAIE. Certaine tache blanche et opaque qui se forme quelquefois
sur l'œil. Il lui est venu une taie à Vœil,,, Il 'n'est plus usité dans le
langage médical. — Quel est le mot aujourd'hui en usage dans la Mé-
decine? Cela intéresse beaucoup ceux qui tiennent à employer les
termes techniques ^.
TAILLEUR, s. m. — Pourquoi ce mot n'a-t-il pas de féminin? Les
femmes qui coupent, qui taillent les robes et autres vêtements pour
femmes ne sont-elles pas des tailleuses f Le taot couturière ne rend
pas du tout cette idée, et, comme le dit l'Académie, la couturière
travaille en couture. Probablement c'étaient les hommes qui autre-
fois taillaient les vêtements de femmes ; ils avaient sous leurs ordres
des couturiers * et des couturières. Au premier de ces deux mots
l'usage a substitué garçon tailleur; le second est resté, et l'on a ap-
pelé maîtresse couturière ou simplement couturière celle qui taille
les vêtements de femmes.
1. L'Académie se borne à dire à Tic tac (à peu près comme à Tac tac) î « Onomatopée
dont on se sert pour exprimer un mouvement réglé , accompagné d'un pbtft bruit. » Les
deux définitions auraient grand besoin d'être modifiées.
2. Cette crainte n'aurait paâ été sans fondement , car déjà l'Académie écrit masulipatan
pour le nom de la toile de coton qui originairement venait de Masulipatam, ville des Indes ;
et elle donne sélan pour variante de sélnm (bouquet de fleurs dont l'arrangement est une
sorte d'écriture, de langage muet).
3. Pour éviter l'énumération des taches dont l'œil peut être affecté , telles que Valbugo,
le leueome, le nuage, etc., l'Académie aurait pu dire : Nom qu'on donne vulgairement aux
diverses taches blanches et opaques qui se forment quelquefois sur l'œil.
4. « En récompense , le neuvième jour nous vîmes arriver un carrosse à quatre mulets ,
dans lequel il y avait des couturiers qui apportaient de belles étoffes pour habiller la mariée. »
( Le Sage, 6il Bios, !!• partie , liv. X , ch. 9. )
37
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TALNCD>9 S. m. — Ajoutez : On fait sonner le D.
TALUS. TALCTER. — Puisque le verbe prend on t^ il semblerait
naturel de terminer le substantif par cette consonne, comme TAcadé-
mie le faisait autrefois ; elle écrivait Talut ou Talm,
TAMARIS 9 TAMARISC, TAMARIX, S. m. T. de Botan.
Voilà un bien grand luxe de variantes pour le nom d'ufflte plante; il
est vrai qu'en latin elle en a davantage encore, puisque 1« diction-
naire de MM. Quicherat et Daveluy nous en présente quatre : Taim-
rice, tamaricum, lamarisciis, tamarix. Si nous avions été appelé à
choisir, nous nous serions probablement borné à deux : nous aurions
supprimé tamaris^ parce que cette orthographe ne dit pas s'il faut
prononcer tamari ou tamarice, et nous aurions mis Tamarix ou ta-
MARisouE. — - NoUs préférons tamarisque à tamarisc, parce que cette
dernière orthographie n'a d'analogue que le mot fisc, tandis que les
mois astérisque, disque, lenUsque, obélisque, Irochisque, etc., OBt co
latin la terminaison iscus comme tamariscus.
TANBi^, adv. Il est toujours suivi de que, et signifie Pendant le
temps. T(mdis que vous êtes ici. Tandis qtt'ih m'en souvient. Tandis
qu'il ira se promener. Il s'amuse tandis que nous travaillons.
Tandis que ne sert-il pas souvent aussi à marquer l'opposition, et
ne peut-il pas se traduire par Au lieu que?
Il pft3se ses journées en promenades et ses soirées en festins , tandis Qo'fl
devrait utiliser son talent dans la peinture pour subvenir aux besoioi
de sa jeune et déjà nombreuse famille.
Tout le monde le croit heureux , tandis qu'H est rongé de soucis et de
remords.
A la vérité il est des phrases où l'on pourrait traduire tandis que à
peu près indifféremment par Pendant le temps où, pendant que, et
par Au lieu que, comme dans celle-ci :
Il regorge de biens, il est magnifiquement vêtu et logé, il donne des repa»
somptueux, tandis que son pauvre frère, dont la conduite est irrépro-
chable , n'a ni vêtements pour se couvrir, ni logement pour s'abriter, et
ne suffit qu'à peine à sa subsistance.
Cependant nous n'hésitons pas à préférer le sens de Au lieu que.
TAON, s. m. (On prononce Ton.) — Ne serait-il pas mieux de pro-
noncer tan ? L'étymologie tabanus, qui ne contient pas d'o^ et l'ana-
logie avec faon, paon, qu'on prononce fan, pan, devraient faire préfé-
rer la prononciation tan, qui se trouve indiquée dans le dictionnaire
de Nicot : « Taon, m., monosyllabe que le François prononce, ton^
comme de Laon, Lan; de Carni, Caru »
TAPECU.— Nous ne comprenons pas pourquoi il faut écrire Tapecu
et Torche-cul. Deux différences (un tiret et une l) dans la manière
d'écrire ces deux mots!
TAQi^iNER. TAQViNEMEST.— Transposez : Taqotnembnt. Taquineb.
TEINTAS, m. Le coloris du visage... Teint de rosbS câ de lis.—M4^
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— Ml —
BOUS trovrtond : Teint de lis et de Rost; les lis de son teint; et à
A06B ! Elle a un teint de Us et de rose.
Nous ferons remarquer non pas Finversion <iu'il y a dans ces locu-
tions» mais la différence du nombre à rosej qui est au pluriel dans la
première construction et au singulier dans la seconde; nous ne nous
en rendons pas compte. Bien qu'on dise les lis et les roses de 4on
teini^ nous préférons teint de rose (au singulier) et de lis, du moins
pour la prose, parce qu'il y aurait trop d'affectation à prononcer
teint de rose--s-et de lis; quant à la poésie, elle peut avoir besoin
d'une syllabe de plus.
TEINTE 9 s. f. T. de Peinture. Il se dit des nuances qui résultent
du mélange de deux ou de plusieurs couleurs. Teinte bleue -violâtre.
Teinte jaune-verdàtre, — Malheureusement jaune est un adjectif des
deux genres^ en sorte qu'il ne vient pas confirmer le genre féminin
qu'on a donné à bleu; mais il nous semble que le masculin serait pré-
férable. Suivant nous il y a deux manières d'envisager ce modificatif
composé, mais toutes deux reviennent à faire de bleu un mot inva-
riable; seulement, dans l'une il ne faudrait pas de tiret, tandis que
dans l'autre il serait nécessaire. Dans la première , bleu serait réputé
substantif, comme bai ^d^ws jument bai brun (d'un bai brun); dans
l'autre ce serait la moitié d'un adjectif dont le second composant seul
s'accorderait avec le substantif, comme dans ces phrases : V industrie
franc-comtoise, la couronne grand^ducale , l'alliance anglo-espa-
gnole \ etc.
TEINTURE, TEINTURIER. — Ces deux mots en appellent nécessai-
rement un troisième, Teinturerie, le métier, l'art, l'atelier du teintu-
rier. Si c'est la délicatesse de l'oreille qui a empêché d'admettre ce
mot- là, nous citerons verrerie, serrurerie, apothicairerie, etc., qui
certes ne sont pas plus harmonieux ; et d'ailleurs ce ne sont pas de
pareilles raisons qui doivent s^opposer à l'adoption des mots néces-
saires dans Tindustrie.
TENANCIER, 1ÈRE, S. T. de Droit. Celui qui tenait des terres en
roture, dépendantes d'un fief auquel il était dû des cens ou autres
droits. // a fait assigner les tenanciers pour lui passer déclaration. —
La grammaire demandait : // a fait assigner, il a réuni les tenanciers
pour se faire passer déclaration. Les tenanciers se sont réunis.
Assemblés pour lui passer déclaration.
TENANT, ANTE, adj. Qui tient. On ne l'emploie guère que dans ces
locutions, dont la première a vieilli : Les plaids tenants, A l'audience;
et Séance tenante. Dans le cours de la séance , avant la clôture de la
1 . C'est inutilement que nous consultons nos dictionnaires. Dans l'un , on met Teinte bleur
tnoWfr*, et pourtant l'on signe Acad.; dans l'autre, on met Teinte hleae-verdâtre ; teinte jaune-
Vêrdâtre; trinte brune-noirâtre. Cette dernière orthographe nous semble constituer un non-
sens ; il faudrait tout au moins supprimer le tiret , car, ainsi que nous l'avons dit plus haut ,
reatistence dû tiret fait supposer dans la teinte un mélange de brun et de noir, et le modifi-
catif n'est cbmylet qu'à la an du soeond eompovant, qui «eu! doit prendre l'accord.
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— 292 —
séance. — Au nombre des locutions qui ont vieilli, il fallait mettre
celles-ci : « Les gens tenants la cour de parlement; les gens tenants la
chambre des comptes, la cour des aides, le prësidial de tel lieu, etc. »,
qui se trouvent à Gens. Peut-être même eût-il mieux valu mettre
ces phrases à Tenir, à la suite de Le roi tenant son lit de justice, et
îdAvQéQ tenant un participe présent, c'est-à-dire le laisser invariable:
les gens tenant la cour de parlement, la chambre des comptes, etc.
TENDANT, ANTE, adj. Qui tend à quelque fin, qui va à quelque fin.
Un discours tendant à prouver,.. Une enquête tendante à ce qu'il
plaise à la cour... Une proposition tendante à V hérésie. Semer des
libelles tendants à la sédition. —S'il était possible d'avoir deux poids
et deux mesures, une orthographe pour le Palais et l'autre pour l'His-
toire, nous dirions : « Donnons simultanément l'orthographe et les
locutions surannées du Palais, et celles qui conviennent à l'Histoire » ;
mais nous pensons qu'il vaut mieux poser une règle unique, en lais-
sant toutefois le Palais libre de faire ce qu'il voudra. Nous deman-
derons donc que tendant soit considéré comme participe présent dans
les phrases ci-dessus, et qu'on écrive Une proposition tendant à
l'hérésie. Semer des libelles tendant à la sédition, et même Une re-
quête TENDANT à ce qu'il plaise à la cour... Voy. Tenant, ante.
tenir, V. a.., signifie encore Réputer, estimer, croire... Je tiens que
cela a besoin d'explication. — Nous croyons que dans cette acception
tenir est beaucoup moins usité aujourd'hui que les verbes estimer,
croire, et par cette raison-là même moins intelligible ; ainsi les exem-
ples suivants ne seront compris que par un petit nombre de personnes :
(à Déterminer) La plupart des philosophes tiennent que la matière est
indifférente au repos et au mouvement, et qu'il faut une
cause qui la détermine à l'un ou à Vautre.
(à Père) La plupart des Pères tiennent que...
(à Terme) Les Romains tenaient quHl y avait une divinité particulière qui
présidait aux bornes, aux limites des terres, et ils l'appe-
laient dieu Terme.
TERCER OU TERSER. Donner un troisième labour, une troisième
façon à la vigne. — Et plus loin , Tiercer, Donner aux terres le troi-
sième labour, la troisième façon.
Le mot change-t-il suivant que le troisième labour se donne à la
terre des vignes ou à toute autre? Voy. Reterser.
TERME... signifie aussi. Un temps préfix de payement. Le terme de
la Saint-Jean, de la Saint-Remy. — Ailleurs l'Académie a écrit Rémi :
(à Baptiser) Clovis fut baptisé à Reims par saint Rémi.
(à Perdrix) A la Saint-REW^ tous perdreaux sont perdrix.
Il serait à désirer que l'Académie n'employât que Vi simple à la fin
des noms propres qui se trouvent dans son Dictionnaire, tels que
Barthélémy, Berry, Cambray, Fontenoy, Rocroy, etc. Voy. Ctgnb.
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^ 293 —
TERMINAISON
DES SUBSTANTIFS EN î)ient j DÉRIVÉS DES VERBES EN ter,
ouer, uer, ayer^ eyer, oyer.
Les substantifs terminés par ment et dérivés des verbes en ter,
ouer, tter, ayer, eyer, oyer, ont grand besoin d'être assujettis à une
règle générale. Voici la manière dont les écrit l'Académie :
lement, îment, iment,
1° Balbutiement, licenciement, rapatriement, rassasiement, sans
variante et sans prononciation; — 2*» maniement, ralliement. On
prononce maniment, ralliment; — 3° remaniement. On prononce et
plusieurs écrivent remaniment ; -— /i° appariement ou appariment ;
crucifiement ou crucif iment; reniement ou renîment; — 5° remerci-
ment ou remerciement; résiliment ou résiliement; — 6° châtiment,
Ouementj oûment.
l*» Ébrouement, échouement, nouement, sans variante et sans pro-
nonciation ; — 2" engouement, enjouement, enrouement. On prononce
engoûment, enjoûment, enroûment; — 3° dévouement. On prononce,
et plusieurs écrivent dévoûment; — lx° renouement ou renoûment; —
5° dénoûment. Quelques-uns écrivent dénouement; — 6° secoûment,
Uement, ûment, umenl.
1° Remuement ou renîûment; — 2<» décrément, dénûment; — 3° éter-
nument, — Quant à argument, on peut le considérer comme venant
du latin argumenlum plutôt que du verbe arguer,
Ayement, aiement, aiment.
1° Délayement, étayement, sans variante ; — 2° bégayement ou bé-
gaiement; — S° payement. L'usage, dit l'Académie, autorise aussi à
écrire paiement et paîment.
Eyement.
Grasseyement est le seul substantif dérivé d'un verbe en eyer.
Oiement, oîment.
1° Atermoiement, larmoiement, nettoiement, ondoiement, pantoie-
mentj sans variante et sans prononciation ; — 2° déploiement, dévoie-
mentj foudroiement, fourvoiement. On prononce déploiment, dévoi-
ment, foudroi?nenl, fourvoiment^ ; — 3° aboiement ou aboiment;
broiement ou broiment; dégravoiement ou dégravoiment ; tournoie-
ment ou toumoîment ; tutoiement ou tutoîment.
1. Le Dictionnaire de l'Académie porte fourvoîmeni (avec un t simple), mais nous présu-
mons que c'est une faute typographique.
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DBS VERBES EN ÔTER, OTTER.
Les verbes terminés par le son oter^ non dérivés d'un radiôàl en ot,
ne prennent qu'un t; on écrit chuchoter , dorloter , grignoter, rado-
ter, etc. — Deux verbes font exception : frotter et gringottèr.
Les diminutifs et les fréquentatifs présentent également des excep^
tiens. Cligner, cracher, pisser, sucer, taper, trembler, rire, vivre, ne
prennent qu'un t dans leurs dérivés : clignoter, crachoter, pissoter,
suçoter, tapoter, trembloter, rioter, vivoter. — Baiser, boire, friser,
en prennent deux dans les leurs : baisoitery buvotter, frisoiter.
Les verbes qui ont un radical terminé par ot ne prennent généra-
lement qu'un t; ainsi de cahot, complot, rabot, sanglot, etc., on fait
cahoter , comploter, raboter, sangloter, etc.^^Les exceptions sont fht,
garrot, gigot, grelot et trot, qui font flotter, garrotter, gigoter, gre^
lotter, trotter. — Maillot a deux composés : emmaillotier, que l'Acar-
démie écrit avec deux l, et démailloter où elle n'en met qu'un.
Ainsi les verbes qui dérivent d'un radical terminé par ot pren-
nent, les uns un seul t, les autres deux ; ^ ceux qui n'ont pas ce ra-
dical prennent également, les uns un seul t, les autres doux; — enfin
l«s diminutifs et les fréquentatifs présentent encore les mêmes ano-
malies. Écrire emmaillotier, gringottèr, baisotter, biwotter, fri-
sotter, et ne mettre qu'un t à démailloter, cahoter, comploter,
sangloter, etc. !
TERRE... On dit substantivement le terre ài,erre. Le terre à terre
est une des allures artificielles du cheval. — Ne faudrait-il pas écrire
ce substantif avec des tirets {le terre^terre)^ comme on écrit un
téte-à'téle, un va-nu-pieds, etc. f
TÊTARD, s. m. Nom qu'on donne au petit de la grenouille, lequel,
peu de jours après qu'il est éclos, paraît sous la forme d'un poisson
ayant la tête très-grosse et une queue mince. — Nous croyons qu'il
aurait fallu dire « de la grenouille, du crapaud, etc. » , ou même « et
des autres batraciens ». Pour nombre de lecteurs la grenouille est sim-
plement la grenouille, et ne représente pas tout un ordre d'animaux.
TÊTE, s. f. — Dans cet article il manque l'expression figurée la
tète de Méduse. Voy. Méduse.
TÊTE... Des têtes de pavot, des têtes d'artichaut. — }ie serait-il pas
mieux de mettre dans ces phrases pavotS et artichauts au pluriel,
comme des blancs d'œufS, des jaunes d'œufS, des pointes d'aspergeS,
des pieds d artichauts, etc. ? N'y a-t-il pas autant de pavots et d'arti-
chauts que de têtes?
TÊTE, s. f... se dit également en parlant de certains fruits, et signifie
L'extrémité opposée à la queue. Cette pomme commence à se pourrir
1. On devrait doubler le t dans tous les verbes qui dérivent d'un substantif terminé paro/
{eahotter, comptoUet', rabotUr, sang lotter ^ etc. ), comme on double l'a daot l6s verbes qui dé-
rivent d'un substantif terminé par on {abandonner, actionner, 9âguiUùntUfr,tt«.).
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-. 3M —
pwt la téte^. Poire à deux^ iétes, •*- Ge mot hêU employé pour ai^ifier
Vœil de certains fruits, poires, pommes, coings, etc. , est uû terme
purement local , et l'Académie aurait dû se borner à renvoyer à l'ar-
ticle Œil (Voy. ce mot), comme elle l'a fait pour Bourcette, Froment-
locar, etc., synonymes de Mâche, ÉpeatUre,
TÊTE À TETE, loc. adv. Seul à seul. Parier tête à tête. Diner tête
à tête. Jouer tête à tête. Ils furent longtemps tête à tête, --Tête à tête
s'emploie aussi substantivement; et alors il se dit d'Une conversation,
d'une entrevue de seul à seul. Ils ont eu un long tête-à-tête. Ils ont
de fréquents tête-à-tête.
Nous voyons par ces exemples que tête à tête employé adverbiale-
ment s'écrit sans tirets, tandis qu'il faut eu mettre si on l'emploie
comme substantif. C'est là une règle simple et à la portée de tout le
monde, et il serait à désirer qu'elle s'appliquât à toutes les locutions
qui sont dans les mêmes conditions, comme mot à mot, terre à terre,
à peu près, etc.; malheureusement l'Académie ne met les tirets dans
aucun de ces substantifs composés.
Quand tête à tête est précédé de la préposition en, doit-il être con-
sidéré comme locution adverbiale ou comme substantif? Nous pen-
sons qu'alors il devient substantif et doit prendre les tirets, bien que
TAcadémie l'écrive tantôt d'une manière , tantôt de l'autre :
(à Maritalement) Us ont diné, ils ont été se promener maritalement, en
tête à tête (sans tirets).
(k Être) Être en téte-à-t^ie avec qudqt/un (avec tirets),
(à TRorrER) On les trouva en tête-à-téte (avec tirets).
TETER, V. a. (On prononce et on écrit aussi Tétfir.) Sucer le laft
de la mamelle d'une femme, ou de la mamelle d'un animal. Teterune
femme. Teter sa nourrice. Teter une vache, une chèvre. — Il auraît
mieux valu dire simplement « On écrit aussi Téter », car il n*est pas
probable qu*on doive prononcer téter si Fon écrit teter.
Mais- le plus important c'est la manière de conjuguer ce verbe. Si
dans cet article et à Sevrage l'Académie écrft teter avec un e nraet,
partout ailleurs elle emploie l'accent aigu (téter).
Commençons nos citations par ht conjugaison régulière :
(à Teter) Cet enfant a tet^ de plusieurs laits, — H « teté de mauvais
laU. — Donne%4v à teter.
(à Sevrage) Temps nécessaire pouv accoutumer un enfant à ae paiwr
de teter.
(à Teter) Cet enfant tette bien. Il ne tettk plt*s,
{k A) Au veau qui tette.
(à Enfant) Un enfant qui texte.
(à Vead) Veau de lait. Veau qui tette encore sa mère,
(à Cochon) Cochon de lait^ Petit cochon qui tette encore, ou qu'on ne
nourrit que de lait,
(à Lait) Veau de lait, cochon de lait, Veau, cochon qui tette encore, ou
qu'on ne nourrit que de lait.
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— 296 —
Maintenant voici les phrases où TAcadémie met un é aigu à la pre-
mière syllabe :
(à Commencer) Cette nourrice a commencé cet enfant, Elle est la première
qui lui ait donné à TéTER.
(à Donner) Donner à téter, donner le sein à un enfant, Le faire téter.
(à ëmmdseler) Emmuseler un veau pour V empêcher de téter.
(à Lait) Ils ont tété d'un même lait, le même lait.
(à Mère) Mère nourrice, La femme qui donne à téter à un enfant, au
lieu de la véritable mère.
(à Mdseuère) Mettre une muselière à un veau, pour V empêcher de téter.
(à Nourrir) Nourrir, se dit aussi D*une femme qui donne à téter à un
enfant.
(à Sein) Donner le sein à un enfant, Lui donner à téter.
Ces deux orthographes sont incompatibles : ceux qui écrivent teter
à l'infinitif doubleront le t devant un e muet (tette), comme l'a fait
l'Académie; mais ceux qui dans ce même temps accentuent Ve de la
première syllabe (téter) devront écrire, je tète, tu tètes, il tète; je
téterai, tu téteras, il tétera; je téterais, etc. Il semble donc qu'en
donnant la variante téter, il aurait été convenable d'en indiquer la
conjugaison.
TÉTRARCHIE, TETRARQUE. — Ces deux mots semblent réclamer
nécessairement Tétrarchat ou Tétrarcat, Autorité, dignité d'un té-
trarque , et Durée de ses fonctions.
TÊTU, UE, adj. Opiniâtre, obstiné, qui est fort attaché à son sens,
à ses opinions, à sa volonté. // est si têtu que jamais il ne démord de
ce qu'il a dit. Cette petite fille est bien têtue. — Il aurait fallu dire
« âdj. et subst. », car ce mot s'emploie plus souvent, croyons-nous,
comme substantif que opiniâtre et obstiné, auxquels l'Académie donne
cette seconde dénomination. On dit tous les jours. C'est dn grand
TÊTU. Cet enfant est un petit têtu. Une petite têtue. Je n'aime pas
LES têtus. — L'Académie a fait un substantif de stupide, qui, sous
cette forme, est assurément bien moins usité que têtu : C'est un vrai
STUPIDE. Un franc stupide.
THYRSE, s. m. Javelot environné de pampre et de lierre...— Il nous
semble que le participe entouré eût été préférable à environné, parce
que ce qui environne est généralement moins rapproché de l'objet
dont on parle, que ce qui l'entoure. On dit qu'un homme est entouré
et non environné de soins; et d'ailleurs l'Académie dit :
(à Pampre) Les Bacchantes entouraient leurs javelots de pampre et de
lierre,
(à Entourer) Un portrait entouré de diamants,
. (à Jonc) Un jonc entouré de rubis ou de diamants.
(à Ame) La devise avait pour corps un arbre abattu, entouré d'un lierre,
et pour âme ces paroles : Je meurs où je m'attache.
TIC TAC. — Voy. Tac tac.
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— 297 —
TiLiACÉ^ ÉE, adj. T. de Bot. Qui ressemble au tilleul. •— Tïliacées,
s. f. pi. Famille de plantes qui a pour type le tilleul.
Ce mot manque dans le Dictionnaire ; cependant nous n'aurions pas
relevé cette omission si le mot Tiliacëes ne devenait nécessaire après
]a rectification qu'on devra faire à Tarticle Roucouyer, où Ton a dit
que cet arbre appartient à la famille des Liliacées. Voy. Roucouter.
TILLAC, s. m. Le pont d'un navire. —- Nous demanderons d'abord
s'il n'aurait pas fallu ajouter « On mouille les L » , et ensuite s'il n'au-
rait pas été convenable de parler du franc-HUac, pont, tillac de plain-
pied, sans interruption. Il nous semble que c'est bien plutôt ici qu'à
Tarticle Franc qu'on cherchera la définition de ce mot composé,
parce qu'en général le substantif est plus important que l'adjectif^,
et ensuite parce qu'on ne se doute même pas que ces deux- mots
doivent être joints par un tiret. Ce signe ne nous paraît pas plus
nécessaire ici* que dans franc parler {avoir son franc parler)^ où
l'Académie n'en met pas.
TIRE... Tout d'une tire. Sans discontinuation, tout de suite. // a
fait cet ouvrage tout d'une tire. — Ces deux définitions^ sans discon-
tinuationj tout de suitCj sont-elle» données comme ayant le même
sens, ou comme présentant deux acceptions différentes? Nous croyons
qu'il aurait été préférable de dire, sam discontimêationj de suite.
Voy. Suite.
DU TIRET (appelé trait d'union ou division).
Avant de discuter l'emploi du tiret^ qu'il nous soit permis de dire
deux mots sur les noms qu'on lui a donnés. L'Académie dit simple=
ment que c'est « un petit trait horizontal qu'on fait au bout de la
ligne, quand un mot n'est pas fini, ou dont on se sert pour joindre
certains mots, qui proprement sont censés n'en faire qu'un, comme
Toxit'puissant, Belles-lettres^ etc. », et que « dans ce sens, les gram=
mairiens disent plus ordinairement Trait d'union , et les imprimeurs
Division. »
Nous croyons que ce signe devrait être appelé « trait d'union »
lorsqu'il réunit deux mots qu'on pourrait laisser séparés, comme
dans hranche-^rsine, madtre-autel, dès-là^ etc., où l'Académie tantôt
le met, tantôt ne le met pas, ou dans les adverbes employés substan=
tivement, comme un décompte, l' à-propos, un tête-à-tête, etc.; — et
que c'est un a trait de division » , ou, pour abréger, a une division » ,
quand on l'emploie pour séparer des mots qui pourraient ou même
1. Sans doute il est des substantifs composés qu'on cBercherait inutilement au second com-
posant, parce que dans leur combinaison avec un adjectif ils perdent le sens primitif; tels sont
boise'^spur, plate-bande, plate-forme, rouge-gorge, etc. ; cependant la plupart se trourent à
chacun des composants, et cette marche a môme été observée pour bonrchrétien^ frano-maçon,
petit-maitre, sage-femme, etc.
2. C'est probablement pour une raison de ce genre que l'Académie a renvoyé de
Pranc-alled, Feawc-fibf, Frano-punin, etc., à Alleu, Fiep, Funin.
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— 298 —
devraient être unis; ainsi l'Académie a supprimé la division qu'elle
niettait autrefois à chèvrefeuille, contrebande, longtemps, etc, et il
faut espérer qu'elle supprimera bientôt celle qu'elle met encore au=
jourd'hul à havre-sac, passe-port, clairsemé, outre-passer, etc.
Quand il se trouve à la fin des lignes, il devrait être appelé « trait
d'union » , puisqu'il sert à indiquer que la fraction de mot qui ter=
mine une ligne a son complément dans la ligne suivante. Cependant
il faut convenir que ce trait indique une division, et l'on dit : Cette
division est bonne, est mauvaise. En typographie, on pensait autre=
fois que la seconde partie du mot divisé ne devait jamais conmien=
cer par une voyelle*. C'était un préjugé dont on est revenu; ainsi
l'on divise très-bien extror-ordinaire, innitile, pré-occupation, etc.
Ajoutons que, pour notre compte, nous regrettons beaucoup que,
dans les ouvrages de grammaire du moins, on ne fasse plus usage du
double tiret ( = ) qu'on a mis pendant un certain temps à la fin des
lignes pour figurer le trait d'union. Ce double tiret, qui se trouve
encore dans certains caractères d'écriture de Firmin Didot, était
d'une grande utilité pour faire connaître que le mot n'aurait pas été
divisé s'il avait pu entrer dans une même ligne; l'Académie l'aurait
donc employé pour les mots porieballe, portecrayon, portefeuille,
portemanteau, etc. (porte=baUe, porte=crayon, porte=feuiUe , porte=
manteau*, etc.)» où elle ne met pas de division, et elle aurait fait
usage du signe ordinaire pour les mots porte-bougie, porte-croix,
porte-drapeau, porte-montre, etc., où elle en met toujours une.
D'après ce que nous venons de dire, il nous semble que le signe
dont il est question remplit deux fonctions très-distinctes; et comme
il serait assez diflacile dans bien des cas de déterminer quel est son
office, nous pensons que le mot tiret, qui est un terme neutre, devrait
seul être employé.
Les mots juxtaposés présentent bien plus de difficultés que les
autres : réunion médiate ou immédiate, signe à interposer ou non,
orthographe à suivre soit au singulier, soit au pluriel. On peut voira
l'article Contre-basse, que l'Académie elle-même n'a pas des prin=
cipes bien arrêtés à cet égard ^.
Sous le rapport du signe à interposer, disons tout de suite que
1. DSifis le Dictionnaire de l'Académie on a fait une fâcheuse application de ce principe en
divisant : l*i-namissibilité, d'i-^galité, dH-nertie, au lieu d'écrire IHîïramissibilité, dHnrégdité,
d*in-€rtie. Puisque la place le permettait , il aurait été plus convenable de diviser : l*iMr
missibilité, d*iné-galité, d'iner-tie.
2. Pour faire mieux comprendre l'application du double tiret, nous remployons dans cet
article.
9. On se demande , par exemple , pourquoi elle veut qu'on écrive avec des tirets les nom
de plantes bimton-d'ofr, boutonrd'argent, verge^'or, rubanrd'eau, écuelle-d'eau, larme-de-
Job (plante dont les semences ont la forme d'une larme), etc., et sans tirets gland de terre
(la gesse sauvage ), gland de mer ( coquillage), orgw de mer { madrépore ), flèche d'eau ( plante
aquatique dont les feuilles.sont taillées en fer de flèche ), lentille d'eau (plante aquatique dont
la feuille a la forme d'une lentiUe) , bois de serpent (la serpentine) , etc. etc.
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TAcadémie, qui autrefois écrivait contr'écarij conlr' échange, contrées»
palier, etc., n'emploie plus l'apostrophe qu'après la préposition entre :
entr^acte, entr'ouir, entr' ouvrir, s^entr' accuser, s^entr^aider,etc»; ledits
tout ailleurs elle met le tiret.
Mais ce tiret, dans quels cas faut-il en faire usage? Pourquoi écrire
contrescarpe et contre-espalier; — contremander et contre-ordre;
— contralto et contre-basse ; — entremets, entretaille, entretoise,
entretoile, et entr'acte, entre-côte, entre-deux, entresol; — sawvc=
garde et sauf-conduit; — surpasser et outre-passer; — passavant, et
passe-partout, passe-port; — portecollet, portecrayon, portechape,
portemanteau, et porte-tapisserie, porte-bougie, porte-crosse, porter-
ver ge; — surintendant et sur-arbitre; un claquedent et un cure-dent,
ou vice versa, car nous convenons sans peine que l'orthographe la
plus naturelle serait de mettre un tiret dans tous les mots juxtaposés;
ce que nous désirons par-dessus tout, c'est la simplification de rortho=
graphe, ce sont des règles qui aient peu ou n'aient pas d'exceptions.
Malheureusement il sera bien difficile d'atteindre ce but, et, qu'on
fasse ou non usage du tiret, nous voyons des contradictions : un
portechouX et un portefeuille ; un serre-papierS et un couvre-pied;
un gobe-moucheS, et un attrape-mouche, un chasse-mouche; des tire-
têteS et des serre-tête, etc. etc.
L'emploi du tiret présente encore une anomalie au sujet des lettres
euphoniques. Le t se met entre deux tirets : aime-T-il, danse-T-elle,
viendra-T-on; Ys, au contraire, se joint au v^rbe : vaS-y, donneS-y
tes soins, cueilleS-y des fruits; voilà des fruits, cueilleS-en, donneS-en
à ton frère, mangeS-en la moitié.
La division des mots à la fin des lignes n'est pas sans difficultés,
parce qu'il n'y a pas plus de règle sur ce point que sur les autres.
Ainsi l'Académie divise : dés-accord, dés-espoir, dés-honneur, dés*
oeuvré, dés-unir, inscrire, inspecter, inspirer, bis-annuel, més-
aventure, ob-struction, proscrire, pour que le radical soit complet et
sans mélange; mais elle divise : i-^amissibilité, i-^égalité, dé-sopiler,
mésaise, sunranné, et désobs-truer, pros-temer, pros-tituer, ce qui
est contraire à l'étymologie.
A côté de ces mots, où Ton s'étonne de ne pas trouver l'Académie
toujours d'accord avec elle-même, il en est d'autres où il est împos=
sible de concilier la division avec l'étymologie; tels sont desceller,
description, destitution, destruction, prescription, rescription, téles=
cope, et tous ceux où la préfixe se termine par un e muet. Si l'on
divisait desceller, description, destitution, destruction, prescrip=
tion, rescription, télescope, conformément à l'étymologie, au lieu
de des-celler, des-cription, téles-cope, etc., comme on le fait pour
que Vs du radical donne à Ve muet de la préfixe le son d'un é aigu,
les étrangers et bon nombre de Français croiraient devoir faire cet e
muet dans la prononciation. — Ne serait-11 pas plus convenable de
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— 300 —
Taccentuer, pour faciliter une division rationnelle , puisque dans les
mots où le radical commence par une voyelle, tels que désaccord,
désarmer, désordre, etc., on met un accent qui tend, au contraire, à
altérer cette division rationnelle? En effet, quelques auteurs pensent
qu'on doit diviser désaccord, désespoir, désunir, etc., à cause de
Taccent, et d'un autre côté nous voyons dans un dictionnaire l'accent
supprimé devant l'A ; déshabiller, dis^shériter, déshonorer, etc.
On est surpris que l'Académie, qui divise in^spirer, catastrophe
( à Voir.) , apostropher, solsticial, dés-astre, hémisphère, hém-
ptère, mono'ptère, conformément à l'étymologie, s'en écarte en divi=
sant cho-révéque, horos-cope, coléop-tère, etc.
Il est des mots qui réclameraient deux s successives, l'une pour la
préfixe, l'autre pour le radical; on devrait donc écrire sotùsscrire,
atmossphére, etc. L'usage n'en admet qu'une* ; et lorsqu'on divise ces
mots, c'est la consonne finale de la préfixe qui doit être supprimée,
comme nous le voyons dans microscope (à Infusoire) et stétho-
scope * (à Auscultation). Cependant l'Académie n'a pas toujours tenu
compte de cette règle : dans une même colonne elle divise soiiscrire
et sous-crire, sous-cripteur et sonnscripteur; et partout ( à Atm osphé=
RiQUE, Aériforme, Air, Bas, adj., Ciel, etc.)» elle divise cUmos-phère^,
bien que phère n'ait par lui-même aucune signification.
' Nous terminerons cet article du tiret en demandant s'il ne serait
pas convenable de faire suivre de ce signe, comme on le fait pour le
mot contre, la préposition anti, empruntée du grec et indiquant oppo=
sition, contrariété. On écrirait anti-pape'', anti-apoplectiqvs, anti-
fébrile, anti-laiteicx, antisocial, etc., au lieu de antipape, antiapo=
plectique, etc. — Peut-être même devrait-on mettre le tiret après la
syllabe co, signifiant avec, dans les mots coassocié, copartageant,
copermutant, copropriétaire, covendeur, etc., et surtout dans colégap
taire, colicitant, coreligionnaire, qui sans cela devraient doubler la
consonne / ou r comme on le fait pour collaborateur, colkUéralj cor=
relation, etc.
TISSURE, s. f... Fig., La TISSURE d'un discours, d'un poëme, etc., U
disposition, l'ordre, l'économie des parties d'un discours, d'un poëme.
Il y a d'assez belles choses dans ce discours, mais la tissure n'en
vaut rien. Ce sens a vieilli ; on dit Tissu. — Au mot Tissu, qui est
en effet plus usité que tissure, nous lisons : « Ordre, suite, enchaîne-
ment. Le tissu de son discours est fort bon. Le tissu de son style est
plein, serré. Le tissu de sa diction est tel qu'on ne peut en rien retran-
cher, ni rien y ajouter. » Mais n'aurait-il pas été convenable de men-
tionner ici Texture, où nous lisons « Fig., La texture d'un ouvrage,
1. Excepté dans tramsuhstantiet' et transsubstantiatian , transsuder et trans9iulaU&n,
2. De micros, petit; scopéin, regarder, examiner; — stéthos, poitrine, etc.
3. De atmos, exhalaison f vapeur; sp/iatra, sphère.
4. Qrn écrit anti-Liban, anti'Taurus; et quelques auteurs écrivent aiUé-CkHit.
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d'wie pièce de théâtre, d'un poème, etc., La liaison des différentes par-
ties de cet ouvrage, etc. » ; — et même Contexture , où il est dit : « Il
signifie aussi, figurément, La liaison des diverses parties d'un ouvrage
d'esprit. La cqntexture d'u7i discours, d'un poème » ?
TiSTRE, V. a., synonyme de Tisser. 11 n'est en usage que dans les
temps formés de Tissu, qui est son participe. Il a tissu cette toile...
Une étoffe bien ^m<^e.— Nous regrettons que le participe ^mw^ qui tous
les jours s'emploie substantivement, et qui dans ce cas ne saurait être
remplacé par le participe du verbe tisser, ait cessé d'être en usage dans
le sens propre ; mais nous n'en croyons pas moins qu'on ne dit plus
il a TISSU cette toile; une étoffe bien tissde. Par la même raison, nous
pensons qu'il faut substituer tissé à tissu dans les phrases suivantes :
(à Feutre) Espèce d'étoffe non tissue...
(à Or) Défendre l'or et l'argent, Défendre de porter des étoffes, des den-
telles, etc., TissuES de fil d'argent doré.
(à Padou) Ruban tissu moitié de fil et moitié de soie.
(à Sangle) Une sangle bien tissue.
A l'article Tisser, nous trouvons : « Cette toile est bien tissée. »
TITAN, s. m. Il n'est guère usité qu'au pluriel. Nom des géants qui,
selon la Fable, voulurent escalader le ciel et détrôner Jupiter. — Il
aurait été fort utile d'avoir ici un exemple qui fît connaître qu'on
doit écrire ce mot avec une majuscule. En voici un qui est à l'article
Foudroyer : « Jupiter foudroya les Titans. » C'était d'autant plus
convenable, que l'Académie écrit toujours les géants avec un petit g :
(à Géant) La guerre des géants contre les dieux,
(à Escalader) Les géants voulaient escalader le ciel.
(à Foudroiement) Le foudroiement des géants.
TiTHYMALE, S. m. T. de Botan. Nom que l'on donne aux euphorbes
indigènes, telLES que l'épurge, l'ésule, etc. — Voy. Euphorbe, s. m.
TOAST, s. m. On prononce et quelques-uns écrivent Tosle...
— Toaster, v. a. et n. Voyez Toster. — Toste, s. m. Voyez Toast. —
TosTER, V. a. Porter un toast...
L'Académie renvoie de ioaêter à toster, et au contraire de toste à
toast. 11 vaudrait mieux suivre partout la même marche, prendre
TOSTE et TOSTER pour mots principaux, et y renvoyer toast et toaster,
qui représentent l'orthographe anglaise et non notre prononciation.
Cela serait d'autant plus naturel que l'Académie a francisé aile,
bifteck, pouding, rosbif, etc. Au reste, dans sa précédente édition elle
écrivait déjà Toste et Toster, sans même mentionner Toast, toaster,
TOMBER, V. n... Tomber sur quelqu'un. Se jeter, se précipiter,
fondre sur lui , l'attaquer vigoureusement. Ils sont tombés l'un sur
l'autre avec impétuosité, à bras raccourci,.. En termes de Faucon-
nerie, L'oiseau a tombé sur la perdrix, 11 a fondu sur elle. — On lit
encore : Il a voulu courir, et il est tombé. Les poètes disent que Vulcain
A tombé du ciel pendant un jour entier... Ce grami courage a tombé
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tout à coup... Cette pièce est tombée à la première représentation. —
Ici, il ne s'agit pas de phrases faites, de termes techniques; il semble
donc permis d'en conclure qu'on peut employer les deux auxiliaires.
TONNEAU, s. m. — De même que l'Académie a eu soin de mettre
(à Fil) Fig., Le fil d* Ariane, se dit quelquefois de ce qui sert à diriger,
à guider dans certaines recherches difficiles ; par allusion au fil
qu'Ariane donna secrètement à Thésée , pour qu*il retrouvât son
chemin dans les détours du labyrinthe.
(à Toile) Prov. et fig., Cest la toUe de Pénélope, se dit d'une afi&mre qui
recommence toujours, et ne finit point,
elle aurait dû donner ici les diverses acceptions de cet autre pro-
verbe, C'est le tonneau desDanaïdeSj auquel les uns font signifier,'
C'est un ouvrage interminable, un gouffre de temps et d'argent; —
d'autres. C'est un homme d'une extrême prodigalité, qui engloutirait
les plus grandes fortunes; etc.
TORS, ORSE, adj. Qui est tordu, ou qui paraît l'être. De la soie
torse. Du fil tors.Dusitcre tors. Des jambes torses. Cou tors. Colonnes
torses. On dit populairement Torte au féminin, en parlant de *ce qui
est contourné, difforme. Jambes tortes. Bouche torte. -^Nons croyons
que populairement on dit plutôt jambes tortues (avec \m t), bouche
tordue (avec un d); mais nous nous demandons si ces deux locutions
jambes tortes, bouche torte, ont été mises pour signaler des exprès^
sions vicieuses qu'il faut éviter, ou comme des termes dont on peut
faire usage.
TÔT... Il n'arrivera pas sitôt, de sitôt. Votre affaire ne sera pas
SITÔT finie que la mienne. Je n'arriverai pas sitôt que vous, aussitôt
qt^ vous. U n'est pas arrivé aussitôt qu'il l'avait promis. — Puis-
qu'on écrit plus tôt en deux mots dans ces phrases : Il était venu
PLUS. TÔT qu£ moi. Son procès sera jugé plus tôt que le mien, il fau-
drait de même écrire si tôt, aussi tôt, en deux mots, dans celles-ci :
Votre affaire ne sera pas si tôt finie que la mienne.
Je n'arriverai pas si tôt, acssi tôt que votw. Etc.
(à Attendre) Je ne m'attendais pas à vous voir si tôt.
(à Dévêtir) Il est dangereux de se, dévêtir si tôt.
(à Fleur) Cette fleur si belle et qui fut si tôt moissonnée.
(à Peinture) Ces fenêtres ne seront pas de si tôt dégradées par la pluie,*,
(à Retirer) Pourquoi vous retirer si tôt? Etc, Voy. Plutôt.
TOU€HER... Toucher dans la main. Mettre sa main dans celle d'un
autre, en signe de réconciliation, d'amitié, ou de conclusion de
marché , etc. Le marché est conclu, il m'o> touché dans la main. Nous
nous sommes touchés dans la main. On les a réconciliés, ils se sont
touchés dans la main. Il me tendit la main, et me dit : Touchez là,
l'a/faire est faite. — Ici l'Académie écrit touchés au pluriel dans ces
phrases 7ious nous sommes toucbéS... ils se sont touchés...; à l'article
Main, elle dit « Toucher dans la main À quelqu'un, mettre sa main
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— 303 —
dans la sienne, en signe d'amitié, de réconciliation, d'accord, d'ac-
quiescement. Us se sont touché dans la main. » Nous croyons que
cette version toucher dans la main À quelqu'un, où le participe reste
invariable, est bien préférable à Toucher quelqu'un dans la main, où
Ton fait accorder *le participe; on dirait. Je loi ai touché dans la
mainj et non Je L'ai touché dans la main. Molière a dit :
« Allons, toucheZ'Lvi dans la main, et rendez grâce au ciel de votre bonheur. »
L'expression Ils se sont touché la main, qui est usitée et que nous
aurions dû trouver dans le Dictionnaire de l'Académie, lèverait la
difficulté relative au participe; mais elle nous semble plus froide et
ne répond pas si bien à la locution populaire, Ils se sont donné une
franche poignée de main.
TOUT... Fam., En tout et par tout. Entièrement. Je suis de votre
avis en tout et par tout. -— Dans les quatre premières éditions, l'Aca-
démie écrivait par tout en deux mots i II va par tout ; il passe par
tout; on dit par tout; je suis de votre avis en tout et par tout.
N'est-ce point par distraction que celle de 1835 a maintenu cette
orthographe dans la dernière phrase citée, tandis que dans les autres
partout ne forme plus qu'un seul mot : « // va partout; il est par-
tout; il passe partout; on ne peut être partout; on reprend son
bien partout où on le. trouve; on se moque de lui partout où il va »
(à Partout) ? Mais nous proposerons un autre amendement, qui
consisterait à substituer pour tout à par tout ou partout : Je suis
de votre avis en tout et pour tout.
TOUT, adv... Cest maintenant tout un autre homme, ou mieux urr
tout autre homme,.. Bien des gens s'y tromperaient, et vou^s tout le
premier. — La même raison qui a fait préférer à l'Académie un tout
autre homme à tout un autre homme, aurait dû, suivant nous, lui
faire ajouter « ou mieux le tout premier », car on dirait, au féminin,
LA toute première, et au pluriel^ les tout premiers. Voy. Premier.
TOUT, adverbe, étant mis immédiatement devant un adjectif fémi-
nin qui commence par une consonne ou une H aspirée, reçoit le genre
et le nombre du nom ou du pronom auquel cet adjectif se rapporte.
Elle est toute malade. Elles furent toutes surprises de le voir. Elle en
esÉ toute honteuse. C'est toute la même chose. — Ce dernier exemple
rentre-t-il bien dans la règle? Nous ne le pensons pas. Il nous semble
que dans cette phrase tout doit rester invariable, et cela pour deux
raisons : d'abord, tout n'est pas suivi d'un adjectif féminin, comme la
règle l'exige pour l'accord; ensuite, même en considérant la même
chose comme une locution adjective, il n'en reste pas moins constant
que tout doit « recevoir le genre et le nombre du pronom (ce) auquel
cet adjectif se rapporte. »
TRACE, s. f... se dit encore Des lignes que l'on fait sur le terrain,
pour marquer le dessin d'un jardin, l'alignement d'un mur, le plan
<l'un édifice. Faire la trace d'un parterre. — Il se dit également Des
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— 504 —
premiers points d*aiguille , des premiers traits que Ton fait sur du
canevas, pour marquer les contours des figures d'un ouvrage de tapis-
serie. J'ai donné à celte ouvrière tant pour le dessin j tant pour la trace.
Nous croyons qu'aujourd'hui l'on emploie plus généralement, peut-
être même uniquement le mot tracé au lieu de trace dans les accep-
tions ci-dessus. Au reste l'Académie admet le participe tracé employé
substantivement : Le tracé d*un ouvrage de fortification. Le tracé
d'une broderie,
TRACHÉOTOMIE.— Faut-il prononcer trachéotomie ou trakéotomie f
Le silence de l'Académie fait supposer qu'il faut dire trachéotomie;
mais cette prononciation paraît choquante dans un terme qui n'est
employé qu'en Médecine. Trachée est français, mais trachéo est grec
et doit conserver la prononciation grecque.
TRAFIQUANT, S. m. — H semblerait naturel d'écrire un traficant
comme on écrit un fabricant,
TRAIN, s. m... Pop., Boute-en-train, se dit d'un homme qui excite
les autres à la joie , qui met toute la compagnie en train. — Il aurait
mieux valu renvoyer à ce mot composé, lettre B , où il a trois accep-
tions, que d'en donner ici une seule *.
TRAITER, v. a... On ne Va pas fort bien traité, il s'en plaint, — Il
aurait été utile de donner ici un exemple analogue au suivant, qui
est à l'article Porte : Il fît bien de prendre la porte, sans quoi il au-
rait été mal traité. De cette manière on aurait appris qu'on peut
écrire maltraiter et mal traiter, et que chacune de ces deux variantes
a son acception, tandis qu'à Porte cet exemple passe inaperçu.
TRANQUILLE. (Dans ce mot et ses dérivés, les L ne se mouillent
point, et on n'en fait sonner qu'une.) — Lorsqu'on ne fait sonner
qu'une l dans le milieu des mots, cette 7 ne peut être mouillée. Bien
qu'en général ce qui abonde ne vicie pas, nous croyons qu'il aurait
suffi de dire : Dans ce mot et ses dérivés, on ne fait sentir qu'une L.
TRANSITIF, adj. m... T. de Gramm. Il se dit des verbes qui .mar-
quent l'action du sujet de la proposition sur la chose ou la personne
que désigne le régime ou complément direct du verbe. Tous les verbes
actifs sont transitifs, — intransitif, ive, adj... se dit des verbes
neutres, lesquels expriment des actions qui ne passent point hors du
sujet. Dîner, souper, marcher, parler, sont des verbes intransitifs.
Signification inlransitive ,
Ces deux locutions transitif et intransitif, aujourd'hui employées
par la plupart des grammairiens , ne sont appliquées à aucun verbe
dans le cours du Dictionnaire; et cependant il semble que si ces
dénominations doivent passer dans la pratique, il serait convenable
de les rendre familières à ceux qui consultent l'Académie. — Outre
cela nous avons un scrupule à lui soumettre. Elle appelle verbes
1. Dans les autres acceptions, boute-en-tmin est d'abord un terme de Haras et signifie
Cheval entier, etc. ; puis il se dit d'un petit oiseau qui sert à faire chanter les autres.
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— 305 —
intrtmsitifs ceux dont Taction ne passe point hors du sujet. Mais
dans nuire à qtislqu'un, médire d-e quelqu'un, l'action passe bien cer-
tainement du sujet à l'objet, et nous nous demandons si nuire et mé-
dire doivent être appelés verbes intransitifs ; quelques grammairiens
en doutent, et nous faisons comme eux.
TRANSVASER, V. à. Versor uue liqueur d'un vase dans un autre. Il
faut transvaser ce vin, cette eau-de-vie, — Pour le verbe Soutirer
l'Académie a bien donné le substantif corrélatif « Soutirage , s. m.
Action de soutirer. // lui en a coûté tant pour le soutirage de son vin » ;
mais transvaser n'a pas de corrélatif, et il faut nécessairement qu'il
en ait un. Quelques dictionnaires donnent transvasement, parce que
M. de Salvandy a employé ce mot : « Les puissances alliées n* ont-elles
pas donné au monde le spectacle du singulier transvasement des
nations qui, conquérantes, viennent garder les vaincues, et, vaincues,
vont maintenir les conquérantes ?» — Mais dans cette phrase le mot est
pris figurément, et pour le sens propre on pourrait se servir de
transvasage, qui est d'un grand usage dans quelques localités, et qui
nous paraît formé tout aussi régulièrement que arpentage, binage,
calfatage, carrelage, éclairage, fossoyage, et cent autres mots de
cette désinence. — On ne manquera sans doute pas de dire qu'il est
ridicule de proposer un nouveau mot, puisqu'il en existe déjà un,
qui a été créé par un ministre de l'Instruction publique, membre de
l'Académie Française ; et plus ridicule encore peut-être de proposer
l'emploi de deux mots, l'un pour le sens propre, l'autre pour le sens
figuré. — Nous répondrons d'abord que transvasage est un terme connu
depuis bipn longtemps, et ensuite que transvasement ne nous paraît
pas plus susceptible d'être employé pour le sens propre que trans-
vasage pour le figuré; d'ailleurs il nous semble tout aussi naturel
d'avoir transvasage et transvasement que accofnmodage et accom-
modement, raccommodage et raccommodement, battage et battement,
abatage (sic) et abattement^, etc^etc.
1. Noos avons un certain nombre de verbes dont on a formé deux et même trois substan-
tifs ; voici quelques-uns de ces doubles ou triples dérivés , que nous ajoutons à ceux que nous
venons de donner. Nous aurions voulu les grouper d'après le rapport plus ou moins intime
qui existe entre ces dérivés ; mais nous avons trouvé des nuances qu'il était impossible de
faire sentir, et d'ailleurs tel d'entre eux a plusieurs acceptions , ce qui détruisait les rappro-
chements que nous aurions pu faire. Nous nous sommes donc borné à séparer les terminai-
sons : abatage, abattement; accommodage, accommodement; ajustage, ajustemeut; arrosage,
arrosement; équarrissage, équarrissement; équipage, équipement; frottage, frottement; habil-
lage, habillement; pansage, pansement; pavage, pavement; raccommodage , raccommodement;
rapairiage, rapatriement; remuage, remuement; roulage, roulement; — chauffage, chaufferie;
frelaiage, frelaterie; partage, parlerie; pillage, pillerie; rabâchage, rabdcherie; radotage,
radoterie; ravaudage, ravauderie; saunage, saunerie; — agacernent, agacerie; chuchotement,
chucholerie; — battage, battement, batterie; raffinage, raffinement, raffinerie; — patrouillage,
patrouillis; — fanage, fanaison; — brochage, brochure; — lavage, lavement, lavure; —
brûlement, trrûlerie, brûlure; — affectation, affection ; — exhalaison, exhalation ; extravasa-
tUm, extravaswn; — abolissement , abolition; prostemement , prosternation; résiliement,
résiliation; — abstinence, abstention; convenance, convention; — négligence, négligement ; —
croyance, créance. — De brailler on a fait braillard et brailUur; de grogner, grognard,
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• 306 —
OU TRÉMA.
Le tréma sert, comme le dit l'Académie, à faire détacher la voyelle
ainsi accentuée de la voyelle précédente ou suivante, mais il ne rem-
place point un accent, il ne donne aucun son à. la voyelle qui en est
affectée. Nous croyons donc qu'il devrait être réservé pour Vi et I'm
{naïf^ Saulj ïambe, etc.), et que pour Ve il devrait être remplacé par
l'accent grave ou l'accent aigi. Puisqu'on écrit aujourd'hui poésie ,
poétique j poétiser, goétie, avec un accent aigu, il faudrait écrire de
même goéland, goélette, goémon, au lieu de goéland, goélette, goémon,
et mettre un accent grave lorsque cet e est suivi d'une syllabe muette :
poème, poète, ciroène, troène, au lieu de poème, poète, ciroëne, troène.
Quant à' Ve qui forme syllabe avec la consonne suivante , il devrait
ne jamais prendre le tréma; et de même que l'Académie écrit tael,
coefficient, coemption, coercible, coexister, elle devrait écrire aussi
Noël, Israël, Raphaël, Aello, et non Noèl (aux art. Noël, Avent, etc.),
Israèl (à Peuple, Tribu, etc.), Raphaèl (à École, Famille, Trans-
figuration, etc.), Aèllo (à Harpie), etc.
Pour Kakatoès, au lieu de Kakatoès, etc. , voyez ce mot.
L'emploi du tréma pour séparer la voyelle qui en est affectée de
celle qui suit aussi bien que de celle qui précède, est une heureuse
idée; et puisque l'Académie en a fait usage ainsi dans l'orthographe
des mots ïambe, ïambique, et dans la prononciation du mot loquèle
(qu'elle figure lociièle), nous espérons qu'elle l'introduira également
sur Vu dans les verbes arguer, rédarguer, dont quelquefois on pro-
nonce mal à propos la finale comme celle de haranguer; sur celui du
verbe ouïr, et sur l'a du verbe haïr, dont trois personnes demandent
le tréma et le circonflexe ; on écrirait : nous ouïmes, vous ouïtes, qu'il
oûit; nous haïmes, vous haïtes, qu'il haït.
Pour conformer l'orthographe à la prononciation , l'Académie écrit
a/ieul, baïonnette, baïoque, biscaïen, caïeu, camaïeu, faïence, gaïac,
glaïeul, païen, etc.; il est probable que bientôt elle suivra le même
grogneur et grognon. — Enfin il est des verbes qui dérivent d*un substantif ou d'un adjectif,
et qui à leur tour ont un ou plusieurs dérivés : agio, agioter, agiotage; cahot, cahoter, cabo-
tage; échafaud, échAÎsmàer, échafaudage; tricot, tricoter, tricotage ; — estime, estimer, esti-
mation; profane, profaner, profanation; — frisson, frissonner, frissonnement; raison, rai-
sonner, raisonnement; — ôott/fon, bouffonner, bouffonnerie; fripon, friponner, frifionnerie ;
—coiffé, coiffer, coiffure; sale, salir, salissure; — bras, embrasser, embrassade, embrassement ;
recul, reculer, reculade, reculement; — net, nettoyer, nettoyage^ nettoiement; port, porter,
portage, portement; — retard, retarder, retardation, retardement; temps, temporiser, tempo-
risation/ temporisement ; — caquet, caqueter, caquetage, caçueterie; maçon, maçonner,
maçonnage, maçonnerie; parquet, parqueter, parquetage, parqueterie; tan, tanner, tannage,
tannerie; — picot, picoter, picotement, picoterie; taquin, taquiner, taquinement, taquinerie;
— brun, brunir, brunissage, brunissure; glane, glaner, glanage, glanure; — charlatan, char-
lataner, charlatanerie, charlatanisme; pédant, pédanter, pédanterie, pédantisme ; — damas,
damasquiner, damasquinerie , damasquinure;—rance, rancir, rancidité, rancissure; — blane,
blanchir, blanchissage, blanchisserie, blanchiment;— flot, ûotter, flottage, flottaison, flottement;
—Sel, saler, salage, salaison, salure;— souffle, souffler, soufflage, souffteiie, soufflure. Etc. ete.
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.— 307 —
principe pour les mots bayadère, hayari, copayer, etc, qu'elle dit
de prononcer comme s'il y avait un ï. Elle ajoute même que « quel-
ques-uns écrivent baiart, copaïer ». A Rodcouyer, elle ne donne ni
variante ni prononciation ; mais c'est évidemment un oubli.
L'emploi de l'i* tréma dans les deux premières personnes plurielles
de l'imparfait de l'indicatif et du présent du subjonctif des verbes en
tierj oîier, tend à se généraliser, et nous ne pouvons qu'y applaudir.
En effet, la rencontre de trois ou quatre voyelles consécutives exigeait
qu'un signe indiquât la divisfon des syllabes et fît connaître que l'i
qui vient après Vu doit en être détaché dans la prononciation : nous
diminuions; qice vous diminuiez; nous jouions^ que vous jouiez. On
regrette que l'Académie ne donne aucun exemple où ces personnes
se trouvent employées.
TRÉMiiiRE, adj. f. Il n'est usité que dans cette dénomination. Rose
trémière. Espèce de grande mauve dont la fleur a quelque ressem-
blance avec la rose. — Cette définition ne nous apprend que la moi-
tié de ce que nous voudrions savoir : elle nous dit bien pourquoi* cette
mauve est nommée rose, mais non pourquoi elle est surnommée tré-
mière. C'est sans doute parce que ses grands pétales sont agités par
le moindre vent comme les feuilles du tremble.
TRÈS. Particule qui marque le superlatif absolu , et qui se joint à
un adjectif, à un participe ou à un adverbe. Bon, très-bon. Mauvais ,
très-mauvais. Très-connu. Très-estimé. Très-bien. Très-fort. Très-
peu. Très-sagement. — Le tiret est-il nécessaire entre la particule
très et l'adjectif, le participe ou l'adverbe qui vient après? L'Acadé-
. mie ne l'a pas mis dans la seconde édition de son Dictionnaire, et
quelques auteurs le suppriment comme inutile. Ceux qui tiennent
absolument au tiret après la particule très donnent pour raison que
cette particule est seule de son espèce ; qu'on ne l'emploie jamais
sans un complément, et qu'anciennement on la joignait même à l'ad-
jectif, etc., qu'on voulait modifier, dont on voulait augmenter l'éner-
gie, comme dans trèsbon, trèsmauvais. Ceux qui, au contraire, en de-
mandent la suppression, disent qu'il n'y a pas de raison pour en mettre
dans très-mauvais, très-connu, puisqu'on n'en met pas dans bien mau-
vais, fort connu, qui ont à bien peu de chose près la même valeur.
Mais, à notre avis, ce qui militerait le plus en faveur de la suppres-
sion, c'est qu'aujourd'hui la particule très s'emploie pour modifier
certaines locutions qu'il est impossible de faire précéder d'un tiret,
comme dans très au sérieux, tv^ts au fait, très à son aise, très en
crédit, très à Va hâte, très à la mode, très à propos, etc.; et l'Aca-
démie elle-même dit : un homme très comme il faut. Voyez Falloir.
TRÊVE. — Ce mot devrait prendre un è, comme fève, grève, etc., et
nous voyons deux fois trêve dans l'article Paix.
TRISECTION. TRISSTIXABE.— Pourquoi met-ou deux s à trissyllabe
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— 308 ^
et une seule à trisection f Que la première syllabe vienne du latin
1res ou du grec treis, Tétymologie en est toujours terminée par une s;
et si cette s se supprime dans trisection, il semblerait naturel de la
supprimer dans trissyllabe, ou vice versa. Dans le Dictionnaire de
MM. Ouicherat et Daveluy on voit que les Grecs écrivaient trisûllabos;
Priscien, trisyllabus, a, um, adj. ; et Varron, trisyllabum^ s. n. L'Aca-
démie peut donc en toute sécurité écrire trisyllabe avec une seule s,
comme elle le fait pour trisection. — Si elle craignait de paraître in-
conséquente en écrivant trisyllabe avec une seule s et dissyllabe,
dissyllabique avec deux, elle pourrait supprimer également une s
dans ces deux derniers mots, car nous voyons dans ce même diction-
naire que les Grecs écrivaient disûllabos ; Quintilien , disyllabus, a,
um, adj.; Priscien, disyllabum, s. n.,* et Lucilius, disyllabon.
TROMPILLON, S. m. Diminutif. T. d'Archit. Petite trompe.— Trowpc
de voûte, Pierre ronde faisant partie des voussoirs d'une niche.
Sans doute il faut lire : Trompillon de voûte.
TROTTER, V. n. Aller le trot. Ce cheval trotte mal. Un cheval qm
trotte menu. Faites trotter ce cheval. — Il aurait fallu mettre ce verbe
comme étant aussi actif, car on lit :
(à Longe) Corde d'une certaine étendue, placée à Panneau du caveçon, et
qui. sert à tenir un cheval que l'on trotte sur des cercles.
Trotter un cheval à la longe, à la plate4onge.
(à Plate-Longb) Trotter, faire trotter un cheval à la plate-longe.
TUFFEAU, s. m. TUFIER, liiRE, adj. ■— Il serait à désirer que ces
mots suivissent la même orthographe , et que tous les deux prissent
également deux f ou une seule , mais plutôt une seule.
TYPOGRAPHIE.
Le but de cet article est de grouper des fautes typographiques dont
plusieurs n'avaient pas assez d'importance pour trouver place dans
le corps de cet ouvrage.
Sans doute c'est généralement sur le compte de l'auteur qu'on met
les fautes, quelles qu'elles soient, qui déparent ses œuvres; mais le
reproche n'est pas toujours fondé; souvent même l'auteur en est tout
à fait innocent, car elles peuvent résulter ou de corrections mal faites
au moment de mettre sous presse, ou de lettres enlevées par les rou-
leaux pendant l'impression et remises ailleurs qu'à leur véritable
place. Nous convenons sans peine que pour un ouvrage cliché, comme
le Dictionnaire de l'Académie, ce dernier danger n'est pas à craindre,
puisque chaque page ne forme qu'une seule pièces mais il y a parfois
des lettres écrasées par un accident quelconque, et s'il faut en rem-
placer plusieurs , l'ouvrier clicheur peut faire des transpositions ou
mettre dans une ligne ce qui devait entrer dans une autre.
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— 300—
Quelles que soient la cause et la nature de ces erreurs, on ne sau-
rait assez veiller à ce que le Dictionnaire de T Académie en présente
le moins possible, car celles qui ne frappent pas les yeux sont quel-
quefois copiées aveuglément par les lexicographes. Nous nous per-
mettrons d'en citer deux exemples : 1° A la lettre Y, l'Académie dit
« YÈBLE , s. M. Plante. Voyez Hièble » , tandis qu'à la lettre H , elle dit
« HiÈBLE, s. F. T. de Botan. Espèce de sureau... » 2° Elle donne à
Euphorbe le genre masculin (Euphorbe, s. m.)» mais à l'article Ésule
on lit : « Nom que Ton donne à plusieurs espèces d'EUPHORBES hbr-
baCÉES...», et à Tithymale : « Nom que l'on donne aux euphorbes
indigènes, telLES que l'épurge, l'ésule, etc. » Les contradictions
pour le genre donné aux mots yèble, hièble, euphorbe, dans ces divers
articles, se trouvent répétées à peu près lettre pour lettre dans quel-
ques dictionnaires que nous avons sous les yeux.
ERRATA TYPOGRAPHIQUE DU DICTIONNAIRE DE V ACADÉMIE.
Adiante, s. f. — Lisez : s. m.
AiGUADE, s. f. (Ce mot et les cinq sui
vants se prononcent comme s'il n'y avait
pas d*U). — Lisez : ... et les deux sui-
vants {aiguail, aiguayer). Quant aux
trois autres (aigite- marine, aiguière ,
aigmérée) , Vu s'y fait sentir, puisqu'il
rend le g dur.
Alkéeengb. — (lig. 4) Au lieu de, un
baie , lisez : une baie.
Aller.— (p. 57, col. 1, lig. 9) sa pas-
ser. — Lisez : se passer.
Ambigument. Ambiguïté. — Transposez :
Ambiguïté. Ambigdmeint.
Ame. — (p. 64, c. 4, 1. 4) contrebasse,—
Lisez :eontre-b(Kse, d'après l'Académie*.
ANTisTPmLiTiQOE , adj. et s. — Lisez:
et s. m.
Appétit.— ( p. 89, c. 3, 1. 8 ) /l n'est chère
que d*a/ppétit» — Lisez i // n'est sauce,
Archet. — (lig. 5 et 1) contreba^sse.—
Lisez : contre-basse, d'après l'Académie.
Arrière-garde. — (lig. 7) arrière garde,
— Ajoutez le tiret.
AsPERSOiR, s. f. — Lisez : s. m.
Baiseur, euse, adj. — Lisez : subst.
Ballottade , s. m. — Lisez : s. f .
Bardane. — (lig. 3) folioles crochus.
— Lisez : ... crochues.
BÈGUE. — Lisez : Bègue.
Beurre. — (lig. 15) espèce de petit lait.
— Lisez : ... petit-lait,
Billon , s. f . (T. d'Agric. ) — Lisez : s. m.
Bivaquer ou Bivouaquer. Bivalve. —
Transposez : Bivalve. Bivaquer...
Blanc. — (p. 192, c. 2, 1. 68) Le code
ne permet pas.., — Lisez : Le Code*..,
Boeuf. — (p. 196, c. 3, 1. 42) Des œih-
de-bœUfS, — Lisez : Des osUs-de-boRuf,
Bois. — (lig. 7 ) campèche. — Lisez :
campéche, d'après l'Académie.
Bolet. — (lig. 6) Bolet comestible, ou
Ceps, — Lisez : ... Cèpe.
Boulonner , v. n. — Lisez : v. a.
ÇÀ.— (p. 241, c. 2, 1. 1-2) Or pa com-
mençons. — Lisez : ... çà.„
Canepin. Canéphore. — Transposez
Ganéphore. Canepin.
Capote. — (lig. 11) havresac. — Lisez :
havre-sac, d'après l'Académie.
1. Ces mots « d'après l'Académie » signifient que nous relevons une irrégularité dans l'or-
thographe du Dictionnaire, mais non que nous désapprouvons la variante signalée ; ainsi nous
préférons contrebasse, campèche, hamesac, entrôsol, ognon, trêve, etc., qui sont des variantes,
à contre-ba^e, campèche, havre-sac, entre-sol, oignon, trêve, etc., qui sont l'orthographe de
l'Académie.
2. Le mot Code, employé sans complément , doit prendre une majuscale : le Code; le Code
et le Digeste; ce cas n'a point été prévu par te Code, etc. Lorsqu'il a un complément, il s'écrit
avec une minuscule : le code de Jusiinien; le code civil; le code de procédure civile, etc. Nous
avons plusieurs mots qui suivftnt cette règle. Voy. Institut.
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— 310 —
Capuchon. — (lig. 13) /«« fleurs.., du
pied d* alouette.— lAaez : ...pied-d' alouette
(avec un tiret).
Cas.— (lig.23) lecode.^LisezzleCode.
Causé, fe, participe... (p. 272, c. 2,
1. 37.) — Supprimez cette ligne, puisque
le participe de causer, s'entretenir avec
quelqu'un, est invariable.
CéDiLLE, s. f. (On mouille l'L). — Lisez :
(...lesL).
Cervier, adj. f. — Lisez : adj. m.
Chaire. — (p. 282, c. 2, 1. 21-22) la
chaire de Saint-Pierre. — Lisez : ... saint
Pierre.
Chien. Ghie-en-lit. — Transposez
Chie-en-ut. Chien.
CrrRON. — (lig. 4-6) Couleur de citron.
Chair de citron confite. Êcorce de citron,
Couleur de citron. — Supprimez le
1" Couleur de citron.
Clapotage. — (lig. 3) s* entrechoquent
— Lisez : s'entre-choquent.
Clef. — (p. 328, c. 3, \. U) Les clefs
de Saint-Pierre. — Lisez: ...saint Pierre.
Code. — (lig. 23) le Code forestier.—
Lisez : le code,..
Collection , s. m. — Lisez : s. f.
Commencer. — (p. 349, c. 1, 1. 14)
Après ces mots : en telle année^ mettez la
fin du 3* alinéa depuis ceux-ci : Cepen-
dant on dit quelquefois. Commencer à...
Comprendre. — (p. 363, c. i, 1. 12)
tel article du code. — Lisez : ... Code.
Concordant. — (lig. 4) Un beau cor-
cordant. — Lisez : ... concordant.
Concret.— (lig. 4) Au lieu de quantité,
lisez : qualité, comme à la ligne 6. .
Convoquer. — (lig. 4) Les États qui
furent convoqiiés à Blois. — Lisez : Les
états K..
Côté. — (p. 419, c. 3, 1. 64) cotés du
monument, — Lisez : côtés...
Coudre. — (lig. 3. ) Je coudrais Je cou-
drais. — Lisez : Je coudrai. Je coudrais.
Couler , v. a. Fluer. — Lisez : v. n.
Cour. — (p. 432, c. 1, 1. 70) du grand
du<: de. — Lisez : ... grand-duc...
Croche. — (lig. 2) jamhre croche. —
Lisez : jambe...
Croissant, s. m. — (lig. 15) LorgueU
du croissant. — Lisez : ... Croissant.
Croître. — (lig. 42) La population
crut beaucoup en peu de temps. — Lisez:
... crût...
Croquer.— (p. 458, c. 2, 1.24-25) Que
voulez-wms que je fasse-là... — Lisez :
... fasse là (sans tiret).
Cure.— (lig. 4) à beau parler qui n'a
cure de bien faire. — Lisez : a (sans accent)
beau parler...
Déchéance, s. m. — Lisez : s. f.
Déconsidéré , ée. — Ajoutez : adj.
DÉFILÉ, ÉE, part. — Cette ligne, qui
est la 46* de la colonne, doit être enlevée
et mise à la fin de l'article Défiler, v. a.;
elle deviendra ainsi la 32*.
DÉJEUNÉ, ÉE, participe. — Supprimez
cette ligne ; le participe de déjeuner, v. n.,
est invariable.
Denier, s. m. — (lig. 41) Le denier de
Saint-Pierre. — Lisez : .». saint Pierre.
DÉTONNÉ, ÉE, participe. — Supprimez
cette ligne comme celle de Déjeuné, ée,
et pour la même raison.
Dieu. — (p. 549, c. 2, L 67-68) La
Vierge est appelée la mère de Dieu. —
Lisez : ... la Mère...
Digérer. — (lig. 13) de manière à la
dien concevoir. — Lisez :... bien concevoir.
DiGNrrÉ.— ( lig. 37 ) les insignes d*une
dignitée, — Lisez : ... dignité.
DiPHTHONGUE. — (lig. 10) Après eu,
au lieu de au lisez ou.
Direct.— (p. 557, c. 2,1. 31-32)iaraf-
son inverse de ces mêmes nombres est
une demi. — Lisez : ...un demi.
Donner.— (p. 574, c. 2, L iO) étages.
— Lisez : otages.
ÉcuMER. — (lig. 17) prendre ça et là.
— Lisez : ... çà...
Égrené, éb, participe. — ^Lisez : Égrené.
Élever. — (p. 617, c. 3, 1. 47) la qua-
trième puissance. — Lisez : la troisième.,.
Ellipse. — (lig. &) La fête de Saint-
Jean. — Lisez : ... saint Jean.
Endormeur.— (lig. 2) enjôleur. — ^Lisez :
enjôleur.
Entrefaites , s. f.— Lisez : ENTREFArrB.
1. Le mot État, pris dans le sens de « états généraux, états provinciaux » , s'écrit avec une
minuscule lors même qu'il est employé absolument : les états de Blois, d'Orléans, de Tours;
les états de Languedoc, de Bretagne; les députes des états ; l'ouverture des états, etc. -- Il prend
une majuscule lorsqu'il signifie Le gouvernement, radministration d'un pays, d'une société
politique : ministre d'État; secrétaire d'État ; le gain de cette baiaille fut un coup d^Étai.
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— 511 —
ÉTAGE.— (lig. 6) VentresoL — Lisez :
Ventre-sol, d'après VAcadémie.
ÉTAT. — (p. 686, C.-3, 1. 69) Coup
d*état, — Lisez i ... ÊtaL
ÉTUDE.— (p. 695, c. 3, 1. 29-30) Michel
Ange, —Lisez : Michel- Ange (avec tiret).
Expérimenter, v. n. — Lisez : v. a.
Falloir.— (p. 729, c. 1, 1. 12) peut s'en
faut. — Lisez : peu...
Falqcer , V. n. t. de Manège qui s'em-
poie... — Lisez i ... s'emploie.
Faucillon , s. f. — Lisez : s. m.
FécALE, s. f. — Usez : adj. f.
. Fetpa. — (lig. 2) muphti. — Lisez
mufti.
FouRvoiEMEviT, S. m. (On prononce
Fourwotwwnt.) Lisez : {^.Fourvoiment,)
Franc, s. m. — (lig. 6) La pièce d'un
franc pèse un gramme, — Lisez : ... cinq
grammes.
Froncé, èe. — Ajoutez : participe.
Garde-robe. Garder. Garde-vue. —
Transp. : Garder. Garde-robe.Garde-vue.
Gemme, adj. m. ~ Lisez : adj. des 2 g.
Glacer.— (p. 837, c. 3, 1. 8) L'e^it
de vin. — Lisez : L'esprit-de-vin.
Gloire. — (p. 840, c. 2, 1. 6) le fUs dé
Dieu. — Lisez : le FUs...
Gouverner.— (p. 847, c. 3, 1. 36 à 38)
L* opinion gouverne le monde. On le dit
aussi Des choses morales. — Transpo-
sez : On le dit aussi Des choses mo-
rales. L'opinion gouverne le monde,
GuDiGAN. Guinée. — Transposez : Gui-
née. Guingan.
H. — Dans cet article, on a donné ex-
ceptionnellement le genre masculin aux
lettres H et F, et l'on a mis le moihéhété
avec un ^ à la seconde syllabe (hébété)
Heptacordb. — (lig. 2) cythare. —
Lisez : cithare.
HoMocENTRiQUB, adj. des 2 g. T. d'Anat.
— Lisez : T. d'Astron.
Hypothèse. — (lig. 44-15) Ptolomée.
Ticho-Brahé. — Lisez : Ptolémée. Tycho-
Brahé.
Imposer.— (lig. 22-23) S'imposer une
Uiche, — Lisez : ... tâche.
Impromptu. — (lig. 14) un s.— Lisez
une s, comme partout ailleurs.
Inamissibiuté. — (lig. 3-4) Au lieu de
la division ri-namissibilité, lisez : l*in-
amissibilité.
INÉGAUTÉ. — (p. 31, c. 1, 1. 15-46) Au
lieu de la division d'i-négalités, lisez :
d'in-égalités.
In-folio, adj. et s. — Lisez : et s. m.
In-OGTAvo, adj. et s. — Lisez : et s. m.
Inogclateur,trige, s. f. — Lisez : subst.
In-quarto, adj. et s. — Lisez : et s. m.
In-seize, adj. et s. — Lisez : et s. m.
Interligner , v. a. T. d'Impr. Séparer
pas des lignes... — Lisez : ... par des
lignes.
Interrogant. — ( lig. 2) t*n R. — Usez :
une R, comme partout ailleurs.
In-trente-deux , adj. et s. — Lisez : et
s. m.
Joindre. — (lig. 8-9) avec de la colle"
forte.— Lisez : ...colle forte (sans tiret).
Languir. — (lig. 5) long-temps, — Lisez :
longtemps.
Lever.— (p. 111, c. 1, 1.44) Lever un
corps saint, — Lisez : ... corps -saint,
comme à Corps (p. 413, c. 3, 1. 12-15).
Lieue. — (lig. 14) Lieu de pays. —
Lisez : Lieue...
Logis. — (lig. 18) Cheval Blanc. —
Lisez : Cheval blanc, comme aux articles
À et Enseigne.
Mais. — Ifettez à la fin du 1«' alinéa,
après ces mots mais elle est plus spiri-
ttêelle, la dernière phrase du 3*" alinéa.
Cette femme est bien faite, etc.
Massorétique. Massorètes. — Trans-
posez : Massorètes. Massorétique.
Mêler.- ( p. 485, c. 2, 1. 31 ) Mêlé, eé,
participe. — Lisez : ... ée...
MÉSAVENiR, s. f. — Au lieu de s. f.,
lisez : v. n.
Mirliton. — (lig. 3) une pelure d'ognon.
— Lisez : ... oignon, d'après l'Académie.
Mission. — (lig. 55) Séminaire des
Misssions, — Lisez : ... Missions,
Mons, s. m. (On pronce l'S). — Lisez:
(...prononce...)
Monter. — (p. 227, c. 1, 1. 49) on en re-
hausser le contre-poids. — Lisez : ou en...
Mortalité. — (lig. 3) Le fils de Dieu,
— Lisez : Le Fils...
MCr, ûre. — (lig. 29) Fig. Age mur. —
Lisez : ... mûr.
Mystique, adj. des 2 g. Figure allégo-
rique. — Lisez : ... Figuré, allégorique.
N.— (lig. 18) on qu'on ne veut pas faire
connaître. — Lisez : ou qu'on...
Naître.— (p. 251, c. 3, 1. 3) du fils de
Dieu. — Lisez : du Fils...
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— 312 —
NéoRESSB.— (lig. 2 ) négresse maronne,
— Lisez : ... marronne (avec 2 r).
Nettoyer, v. a^ (Il se conjugue comme
Envoyer,) — Lisez : comme Employer,
car ENVOYER fait au futur j'enverraif et
NETTOYER, je nettoierai.
Nouveau. Nouveauté. Nouvelle. Nou-
vellement. NOUVELLETÉ. NOUVELUSTE.
NouuRB. — Transposez : Nouurb. Nou-
veau. Nouveauté, etc.
Nubile. — (lig. 4-5) D'après le code
civil, les filles sont nubiles à seize ans.—
Lisez : ... quinze ans,
Oblation.— (lig. 3-5) Jésus-Christ,,,
fit une oblation de lui-même à son père,
— - Lisez : ... Père,
Obugation.— (p. 284,'c. 3, 1. 4) le titre
du code, — Lisez : ... Code,
Occuper. — (lig. 14) rez de chaussée,
— Lisez : rez-de-cliaussée.
Opérateur, s. — Lisez : s. m.
Paix.— (p. 339, c. i, 1. 20 et 41) trêve,
— Usez : trêve, d'après TAcadémie.
Paraphraseur , eusb. — Ajoutez : subst.
Parasange. — (lig. 2-3) pa/rarange,
— Lisez : parasange.
Pardonner. — (lig. 7) Marie-Magde-
leine, — Usez : ... Madeleine,
Parent, ente. — Ajoutez : subst.
Patrimoine.— (lig. 30) Le patrimoine
de Saint-Pierre,— Lisez : . . . saint Pierre.
Payeur , eusb , s. m. — Lisez : subst.
Percer. — (lig. 40) une tel spectacle.
— Lisez : tin tel.,.
Père.— (p. 391, c. 3, 1. 22-23) et dans
l'oraison dominicale, Notre père, —
Usez : ... Père,
Plus-pétition. Plus-que-parfait. Plu-
sieurs. Plus-value. — Transposez : Plu-
sieurs. Plus-pétition. PLus-Qus-PARFArr.
Plus-value.
Porte. — (lig. 31-32) Porte.,, entre-
bâillée, — Usez : ... entre-bàillée,
Prégeinte, s. m. — Lisez : s. f.
Proievère. Primeur. — Transposez :
Primeur. Primevère.
Privilégié, ée, adj.— ( p. 507, c. 1,1. 10).
Les artisans non- maîtres. — Usez :
... non maitres (sans tiret).
PROvmcE. — (lig. 10) L«s États, les
députés de telle province. — Lisez : Les
états. „
Prune. — (lig. 9-10) Prune de Bri-
gnolles, — Lisez : ... Brignoles. \
Racinagb, s. m. Décoction d*écorce de
feuilles de no]Fer.. — Mettez une vir-
gule après écorce.
Racheter.— (p. 553, c. 3, 1. 13) Notre
Seigneur Jésus-Christ. — Lisez : Notre-
Seigneur..., avec un tiret, d'après l'Acad.
Radier. — ( lig. 4 ) des bàtardeaux. —
Lisez : ...batardeaux, d'après l'Académie.
RÈGNE. — (lig. 6) Léopold, grand duc
de Toscane. — Lisez : ... grandrduc.,.
Rêverie. — (lig. 14) des vérités. —
Lisez : ... vérités.
Rôdeur. — (lig. 3) corps-de-garde,—
Lisez : corps de garde, d'après l'Académie.
RoucouYER. — ?lig. 2) des Liliacées.—
Lisez : des Tiliacées.
Routinier, ère, s. m. — Usez : subst.
Sans -DENT. Sans -pleur. Sans -peau.
Sanscett. —Transposez : SANSCRrr. Sans-
dent. Sans-fleur. Sans-peau.
SEMi.Motprit du latin.— Lisez :...pris...
Sieur.- (p. 743, c. 1, 1. 5) L« dit sieur
N, — Usez : Ledit,,, (en un seul mot),
d'après l'Académie.
Simultanément, adj. — Lisez : adv.
Taquiner. Taquinement.— Transposez :
Taquinement. Taquiner.
Tenant, s. m. — (dernière ligne de la
colonne) d'un même continuité. — Lisez :
d'une...
TiMox. — (lig. 4) on attèle. — Lisez :
.. attelle.
Tomber.— (p. 854, c. 1 , 1 . 21) déliquium.
— Lisez : déliquium (avec un e muet).
Tréteau.— (lig. 14-15) nos boulevarts,
— Lisez : ... boulevards, d'après l'Acad.
Trompillon.— (lig. 3) Trompe de voûte.
— Lisez : TrompUlon,,,
Venir.— (p. 917, c. 2, 1. 68 ) Tout vient
à point qui peut attendre, — Lisez : ... d
qui peut attendre,
yERB\L,—{\ig,l)Amusants,changeants,
perçants, — Usez : ... changeante,,, ,
comme à la ligne 9 : une couleur chan-
geante.
Viser.— (lig. 3) ce but /d.— Lisez : ce
but-là (avec un tiret).
Vivifiant, antb , adv. — Lisez : adj.
Volée. - (p. 952, c. 3, 1. M) Il ne fait
ce qu'il dit. — Usez : Il ne sait...
Vouloir.— (p. 956, c. 2, 1. 3) Vapâtre
dit, — Lisez : L'Apôtre.,,
XiPHUS. — (lig. 5) XiPAïAS. — Usez :
XlPHIAS.
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— 313 -^
On a pu remarquer que dans cet errata nous n'avons relevé aucun
des mots où se trouvent des e dont Taccent manque; c'est qu'ils sont
en trop grand nombre. Un défaut dans le papier suffit pour faire dis-
paraître un accent, et à la page 506 du tome ï*% par exemple, il en
manque plus de vingt. Quant aux autres lettres, l'absence de l'accent
est plus grave, et nous avons cru devoir la signaler; tels sont les
mots ça pour çà, tache pour tâche, mur pour mûr, etc.
Mais l'exemplaire que nous avons entre les mains, et que nous pos-
sédions quatre ou cinq ans après l'apparition de l'édition actuelle du
Dictionnaire , atteste des accidents bien plus fâcheux que des accents
écrasés : on y trouve assez fréquemment des mots et même des lignes
presque illisibles. Lorsque le mal était par trop grand, on a dû re-
composer les pages, et c'est là que se sont glissées des variantes qui
ont fait croire non pas seulement qu'il y avait eu plusieurs tirages ,
cela est certain , mais que l'ouvrage entier avait été recomposé.
Aux fautes purement typographiques nous avons cru devoir en
joindre quelques autres qu'on aurait sans doute été surpris de ne pas
trouver dans cet errata, telles que : les filles sont nubiles à seize ans
(au lieu de quinze ans); la pièce d*un franc pèse un gramme (au lieu
de cinq grammes)^ puis les majuscules ou les minuscules aux mots
Code, État, états, etc. etc.
Nous n'avons reproduit ni les disparates d'orthographe qui figurent
aux articles Amande, Contre -basse; ni celles de ponctuation , que
nous avons signalées à l'article Exclamation; ni même les fautes de
ce genre qui sont mentiçnnées à l'article Lambin. Voici quelques
exemples que nous pouvons ajouter à ces dernières :
( à Beau ) Voilà un bel homme pour prétendre nous imposer.
Id. Vous nom proposez là un bel expédient, un beau moyen.
(à Besogne) Ironiq., Vous avez fait là une belle besogne, de belle besogne.
(à Diable) Diable! vou^ faites là de belles affaires.
(à Pied) Il n'est que quatre heures du matin, et vous êtes déjà sur pied.
Toutes ces phrases doivent se terminer par un point d'exclamation ^
Nous aurions pu augmenter sensiblement cet errata en y signalant
les distractions qu'on remarque dans les titrer courants et surtout
dans la division des mots. Ainsi, tome I, p. 2/il, pour titre courant de
la lettre C, à la l'« col. on a mis C au lieu de CA; p. 699, 3« col., EVO
pour EVI; tome II, p. 101, V' col., LAU pour LAV; p. 731, 3« col., SE
pour SEP; p. 787, 3« col., SUC pour SUD, etc. — Les distractions dans
1. Il est, nous le savons, des phrases susceptibles de recevoir diverses ponctuations, sui^
vant le sens qu'on y attache et la manière dont elles doivent être prononcées ; ainsi l'on pour-
rait très-bien terminer par un point d'exclamation celle-ci, où l'Académie met l'interrogation :
^ ( à Ne ) Que n'êtes^ous arrivé plus tôt ?
On pourrait même, selon les vues de l'esprit, mettre un simple point, un point d'interroga-
tion ou d'exclamation , à la fin de la phrase suivante : Vous partez demain* Vous partez
demain ? Vous partez demain! Mais nous ne pensons pas qu'il y ait deux manières de pro-
noncer les phrases ci-dessus.
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— 514 —
la division des mots à la fin des lignes sont assez nombreuses. Ainsi
Ton a mis cUmos-phère, atmos-phérique, coléojhtère, ob$-4ructicn,
dé^opilatif, désordre, etc; à SonscAiPTSUR^ Soosgrirs, on a divisé
indifféremment Èùu-$cr%pleur et sotis^cripteur, souscrire et som--
crire, etc, etc. (Voy.p. 299 et 300.) Nous nous sommes born'é à signa-
ler les divisions l'i-namissibilUé, d'i-négalUéSj qui nous semblent par
trop choquantes.
Pour Tordre des mots entre eux, outre les transpositions que nous
avons indiquées nous aurions pu faire deux sortes de remarques : la
première, c'est que les adjectlfe devraient précéder les verbes dont
ils dérivent; ainsi, suivant nous, éTiNCSLÉ; mué^ éb; ondulé, éb;
PELUGHâ, éE; VOILÉ, ÉE (bâtiment, frégate), etc., seraient mieux
avant étingeler, mder, onduler, pelucher, voiler. — Il en est de
même pour divers participes employés substantivement tels que
accusé, a/franchi, ie; agrégé, allié, ée; associé, ée ; délégué ;^aperçu,
déboursé, émincé, énoncé, intitulé, négligé, etc-, d'autant plus que TAcar
demie Ta fait pour plusiei^rs autres : accordé, ée; commis, député; —
abrégé, bouilli, consommé, démêlé, exposé, extrait , procédé, reçu^, etc.
Il y aurait encore à faire un autre genre de transpositions, moins
nécessaires, il est vrai, que celles dont nous venons de parler, mais
qui ne seraient pas sans utilité. Ici il ne s'agirait pas précisément de
faciliter la recherche des mots, mais de donner plus d'unité à la
marche du Dictionnaire, de suivre une règle uniforme; et puisque
l'Académie met le plus souvent le mot qui n'est pas accentué avant
celui qui l'est, comme acre, acre; aveuglement, aveuglément; boite ^
boite; cote, côte; du, dû; jeune, jeûne; mat, mât; mater, mater; mur
et mûr, ûre; ou, où; pale, pâle; rot, rôt; sur, ure, et sûr, ûre; tache,
tâche, etc., il serait convenable d'observer toujours le même ordre et
de mettre, par exemple, ça, pà; foret, forêt; genêt, gtnét; matin,
matin, etc, au lieu de çà, ça; forêt, foret, etc.
1. Voici la liste des pttticipes employés substantivement que nous avons recueillis :
Substantifs placés à la suitb dbs vbrbbs : abonné, ée; accusé, ée; acquis, affranchi, ie;
agrégé, allié, ée; aperçu, appointé, associé, ée; brûlé, connu, cliclu, crevé, croisé, damassé,
débauclu, déboursé, décousu, défilé et défiler, dégourdi, ie; délégué, délibéré, dérivé, désespéré,
déterré, icorché, effilé, élu, émigré, ée; émincé, employé, énoncé, envoyé, ée; failli, fiancé, ée;
fini, grevé, habitué, ée; imprime, initié, intimé, intitulé, marié, ée; moisi, mort, orte; négligé,
obligé, ée; obstiné, ée; parvenu, passé, pelé, poidu, poli, pourri, prédestiné, ée; préposé, pré-
tendu, ue; produit, prononcé, protégé, ée; raccourci, réclmuffé, référé, ré formé, réprouvé, saisi,
salé, subdélégué, subordonné, sursis, tissu, tondu, tracé, trépassé, vaincu, vu, su, etc. Les
mots effilé, fini, poli, tissu, nous paraissent être les seuls que l'Académie ait mis à leur rang
alphabétique pour renyoyer aux verbes d'où ils dérivent.
Substantifs qui formbnt dbs articles séparés des vbrbbs : abrégé, accordé, ée;
agréé, arrêté, balancé, bordé, bouilli, bouillie, bruni, chassé ( chassé croisé ), commis, composé,
compromis, conduit, consommé, contenu, coulé, crépi, débouché, dédit, démêlé, démenti, député,
déshabillé, dii, écrit, enclos, enduit, établi, exposé, extrait, fait, fondue, fumé, glissé, jeté (jeté
battu) , narré, pavé, percé ou plutôt percée, permis, plié, préjugé, privé ^ procédé, reçu, réduit,
revenu, rôti, scellé. — Le substantif dérivé du verbe croItrb forme nécessairement un article
séparé, puisque l'Académie y supprime l'accent qu'elle met au participe CRt. BUe écrit, du
vin de mon oru , de son cru , de votre cru ; ce vin-là est d*un bon cru.
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— 315 —
u
UBiQUiTAiRE, UBIQUITÉ. — Au mot Ubiquiste, PAcadémie dit que
Vu de la troisième syllabe se prononce : ubikmste. En est-il de même
pour ubiquitaire et ubiquité f
UHLAN, s. m. (L'U est aspiré.)... On écrit aussi HiUan et Houlan. —
Si la lettre initiale de ce mot doit être aspirée, il serait plus naturel
de le commencer par la lettre h.
UNIR, V. a... En termes de Manège, Unir un cheval. Le mettre en*-
semble. -^ Qu'est-ce que Mettre un cheval ensemble ? Au lieu de la
définition ci-dessus,. il aurait fallu dire « Unir un cheval. Le rassem-
bler. Voyez ce* mot. » Là du moins on aurait trouvé : « En termes
de Manège, Rassembler un cheval. Le mettre ensemble; agir simulta-
nément des mains et des jambes, de manière que le cheval, s'asseyant
sur les hanches, ait le devant plus libre pour Texécution des mouve-
ments. Rassemblez votre cheval. »
UNISSON, s. m. T. de Musiq. Accord de plusieurs voix, de plusieurs
cordes, de plusieurs instruments , qui ne font entendre qu'un même
ton. L'unisson est^la plus simple des consonnances. Chanter à l'unisson.
Monter deux cordes, deux instruments à l'unisson. Ces voix sont à
l'unisson. — Ce mot devrait s'écrire avec une seule s, comme uni-
seocuel, trisection, vraisemblable, antisocial, parasol, préséance, etc.;
et cependant aucun ouvrage récent , à notre connaissance du moins,
n'a fait cette observation ; c'est encore dans le Supplément de la pre-
mière édition du Dictionnaire de l'Académie, souvent cité dans cet
ouvrage, que nous avons trouvé un écho. Sans demander un change-
ment dans l'orthographe actuelle, nous ne pouvons nous empêcher
de dire que celle d'wmso» ou uni-son représenterait beaucoup mieux
ce que le mot signifie. Son unique.
VA€HE, s. f... Vache de pays, — L'Académie dit Vin du cru, et ce-
pendant elle dit Organsin de pays, vin de pays, vache de pays. Pour-
quoi cette différence? Ne devrait-on pas dire : Ce que je vous vends
LÀ, c'est de l'organsin du pays (de la soie organsinée dans ce pays-
ci); c'est une vache du pays (née et élevée dans oe poys-oi); c'est du
vin du pays (du vin fait avec le raisia de ce pays-ci)? Nous deman-
dons si dans ces trois phrases il serait possible de mettre, de pays.
VAGHE... Souliers de vache retournée» -^ Qu'est-ce qu'unE vache
ou DE LA VACHE RETOURNÉE ? Nous avous Cherché une explication à
Tarticle Retourner; mais nous n'avons trouvé au participe que ces
mots; Un habit retourné. Il est probable que souliers de vache retour-
née signifie, Souliers faits avec de la peau de vache dont on a mis en
dehors le côté qu'on a coutume de mettre en dedans.Yoy. Retourner.
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— 316 —
VA-ET-VIENT, S. m. T. de Mécan. (Beaucoup de personnes pro-
noncent Vatévien.) Il se dit d'Une partie de machine qui va et vient
d'un point à un autre, lorsque la machinç est en mouvement. On dit
de même, Mouvement de va-et-vient. — Nous ne voyons pas de rai-
son pour que cette prononciation vatévien soit admise, et il n'est
guère probable que jamais, on mette dans cette locution un t eupho-
nique après va.
VAGABONDER OU VAGABONNER, V. n. — L'Académie, qui n'a pas
admis vagabonnage, aurait mieux fait, à notre avis, de ne pas ad-'
mettre non plus vagabonner.
VAISSEAU, s. m... Vaisseau garde-côte. —,11 nous^ semble que le
VAISSEAU-HÔPITAL dont il est parlé à l'article Hôpital -(Dans les flottes
et les escadres. Vaisseau disposé pour recevoir et traiter les ma-
lades), devait se trouver ici de préférence. Voy. Martin-sec, à Sec.
VAISSELLE... Vaisselle plate j celle où il n'y a pas de soudure.
Cela ne se dit que de la vaisselle d'or ou d'argent. — Nous ne pensons
pas qu'il y ait plus de soudure aux assiettes d'étain dont on se servait
autrefois , et dont les gens aisés de la campagne ornaient leur bufl*et
ou dressoir, que dans les assiettes d'or ou d'argent. Voy. Plat, ate, adj.
VALENCIENNES, S. f. — L'Académie dit : « Malines, s. f. Dentelle
très-fine qui s'est fabriquée originairement dans la ville de Malines,
en Flandre. » N'était-il pas convenable de mettre également « Valen-
ciennes , s. f . Sorte de dentelle originaire de Valenciennes » ? Nous
écrivons ce mot avec une s finale comme le nom de la ville même,
parce que l'Académie l'a fait ainsi pour la malines; peut-être suppri-
mera-t-elle cette s pour se conformer à l'usage assez général d'écrire
de la valenciennej de la maline.
VALOIR... signifie encore, Procurer, faire obtenir, produire ; et dans
ce sens il est actif. Cette bataille lui a valu le bâton de maréchal de
France. Cette terre lui vaut dix mille francs de rente. Que lui a valu
son ambition, sinon de le rendre odieux ? Ses exploits lui ont valu
une gloire immortelle. Cette action ne lui a valu que de la honte.
Au verbe Goûter, que par une vieille habitude quelques grammairiens
s'obstinent à désigner comme neutre , l'Académie a fort bien dit que
« plusieurs personnes écrivent. Les vingt mille francs que cette mai-
son m'a coûtés; Les efforts que ce travail m'a coûtés, la peine qu'il
m'a coûtée. » On regrette de ne pas trouver ici un seul exemple du
participe au pluriel ou au féminin, comme, La gloire immortelle que
lui ont value ses exploits; les honneurs que mon habit m'a valus. Bien
des lecteurs auraient beaucoup mieux compris par là qu'on doit faire
accorder le participe avec le régime direct qui précède, qu'en lisant
simplement « il est actif ». — Nous ne comprenons pas bien pourquoi
valoir est neutre dans ces phrases : Cette étoffe valait dix francs
l'aune: cet homme vaut son pesant d'or; cette affaire ne vaut pas la
peine d'y penser, la peine qu'on y pense, etc.
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— 317 —
VALUE, S. f. Il ne s'emploie que dans cette locution, Plus value,
La somme que vaut une chose au delà de ce qu'on l'a prisée ou ache-
tée. // faut payer encore tant pour la plus value, — A l'article Plus
on trouve la plus-value avec un tiret; et cette orthographe nous paraît
bien préférable, en ce qu'elle est conforme à celle de non-valeur, non-
sens, trop'plein, etc. D'ailleurs c'est ainsi que ce mot est écrit à son
rang alphabétique : Plus-value , s. f.
VAMPIRE 9 s. m... est aussi le nom que les naturalistes donnent à
une très-grosse chauve-souris. — Il aurait été utile de rappeler ici le
synonyme stryge, qu'on trouve à la lettre 8.
VANDALE, s. m. Nom d'un ancien peuple de la Germanie : on l'ap-
plique figurément à Ceux qui détruisent les monuments des arts , qui
voudraient ramener les temps de barbarie. Cest un Vandale, un grand
Vandale. — Dans cette acception figurée, Vandale est considéré comme
synonyme de barbare, presque de brigand, et nous ne voyons pas trop
l'utilité du r majuscule. Voy. Mentor.
VANTAIL, s. m. Battant d'une porte, d'une fenêtre qui s'ouvre des
deux côtés. Les vantaux d'une porte, d'une fenêtre.
Ce mot ne vient-il pas de vent, comme ventait, « terme de Blason,
Partie inférieure de l'ouverture d'un casque, d'un heaume, » et ne
devrait-il pas s'écrire de même ? C'est là du moins l'avis de Roquefort,
et le nôtre, s'il nous est permis d'en avoir un. Les auteurs du Com-
plément de l'Académie ne paraissent pas penser de même ; on serait
même tenté de croire qu'ils veulent Va dans la première syllabe pour
les deux acceptions, car si d'un côté ils disent « Ventail, s. m. (blar-
son), voy. au Dict. Ce mot fait au pi. ventau^ », d'un autre côté ils
mettent « Vantail, s. m. (anc. T. milit.) La partie mobile du casque,
qui était percée afin de laisser la respiration libre. » Or, sauf le terme
de Blason employé par l'Académie, cette définition nous paraît être
la même que' la sienne, ou du moins se rapporter au même objet. — Si
cette orthographe était adoptée, elle amènerait bientôt VvAwtoï et
contrevknt.
VENIR, V. n. Prov. Tout vient à point qui peut attendre. Dans les
affaires de ce monde, on vient à bout de tout avec du temps et de la
patience.— Nous pensons que dans ce proverbe il y a une faute typo-
graphique, et qu'il faut lire, comme aux articles Attendre et Point :
Tout vient à point À qui peut attendre,
A l'article Temps on trouve deux variantes :
Tout vient à temps pour qui peut attendre ;
mais ces consonnances À temps, ATTENrfre^ nous semblent peu agréables.
Outre ceux qui se hâtent trop et manquent leur but parce qu'ils ne
PEUVENT pas attendre, il y a encore les impatients qui pourraient mais
qui ne savent pas attendre. L'Académie aurait peut-être bien fait de
mentionner ces deux catégories de gens en disant :
Tout vient à point à qui sait attendre, à çut peut attendre.
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— 318 —
yjBR... Ver à soie. Espèce de chenille qui fait la soie. C'est la che-
nille d'un papillon que les entomologistes appellent Bombyx. — Le
mot ver à soie est trop connu, trop répandu, trop usité, pour qu'on
puisse songer à lui substituer l'expression chenille à soie; mais il fau-
drait du moins y mettre deux tirets {ver-^soie) pour en faire un seul
mot et atténuer ainsi, en quelque sorte, l'impropriété du terme.
VER... Prov. et hg,. Un ver se recoquille bien ou se recroqueville
bien quand on marche dessus, 11 n'est point d'homme si faible et si
chétif qui n'éprouve quelque ressentiment quand on l'offense.—Si l'on
peut dire qu'ww ver se recroqueville, cette locution devrait se trouver
à Recroqueviller (se), tandis que l'Académie définit ce verbe i « Il
se dit de certaines choses, telles que le parchemin, le cuir, etc., qui
se retirent et qui se replient lorsqu'elles sont exposées à l'action d'une
chaleur trop vive. »
VERGÉ, ÉE, adj. Il se dit d'une étoffe où se trouvent quelques fils
d'une soie plus grossière que le reste, ou d'une teinture soit plus forte
soit plus faible. — L'Académie a donné plus bas le mot vergeure,
t. de papetier, mais ici elle a omis de parler du papier vergé,
VERGETTES^s. f. pi . Époussette, brosse composée de soies de cochon,
de sanglier... Il faut donner deux ou trois coups de vergettes à cet
hahit, a ce chapeau. On dit aussi dans le même sens, Une vergette. —
Nous avons déjà fait remarquer qu'autrefois on employait les mots au
pluriel bien plus souvent qu'aujourd'hui (Voy. Relais). Vergette est
dans ce cas, et nous croyons qu'en général on en fait un substantif
singulier. Au reste, puisque l'Académie elle-même dit : « Vergeter,
V. a. Nettoyer avec une vergette » , elle aurait pu mettre d'abord
« Vergette , s. f. » ; puis elle aurait ajouté : On dit encore quelque-
fois des vergettes pour une vergette.
VERGLAS. — On est surpris que l'Académie ait supprimé verglacer,
verglacé, ée, qu'elle admettait autrefois ; ce sont cependant des mots
qu'il faudrait créer s'ils n'avaient existé déjà. Il verglace est, à notre
avis, aussi bon que la périphrase « il fait du verglas » , et le pavé est
tout verglacé nous paraît bien préférable h a le payÉ est comvert de
YEKglas ».
VÉRINE, s. f. T. de Marine. Lampe de verre à cul rond, etc. —
Ce mot, qui paraît être un dérivé de verre, comme la verrine ou ver-
rière qu'on met au devant des châsses, des reliquaires, etc., devrait
s'écrire de même avec deux r; ce serait plus naturel que de l'assi-
miler à vérine, nom de la meilleure espèce de tabac que l'on cultive
en Amérique.
VÉRITABLEMENT, adv. Conformément à la vérité. Parlez-moi véri-
tablement. — Il signifie aussi Réellement, de fait. Jésus-Christ est
ressuscité véritablement. Je suis véritablement très^affligé de ce qui
vous arrive» — Il s'emploie aussi comme adverbe d'acquiescement, de
consentement, et signifie A la vérité. Véritahlemeni je vous dois cette
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— 319 —
somme j mais vous m'avez donné du temps pour votes la payer. Vérita-
blement il m'a dit cela, mais à condition que je ne le dirais à personne.
Nous croyons qu'aujourd'hui le mot véritablement ne s'emploie plus
guère que dans la seconde des acceptions que lui donne l'Académie.
Dans la première, au lieu de Parlez-moi véritablement, on dit
plutôt, Parlez-moi franchement. Dites-moi la vérité. — Quant à la
dernière, on dit tout simplement, A la vérité, comme l'Académie le
fait à l'article Vérité : « A la vérité nows avons été battus^ mais nous
étions inférieurs en nombre. A la vérité je l'ai frappé^ mais il
m'avait offensé. A la vérité je vous ai dit cela, mais j'ai voulu vous
dire qu£... » On dirait donc : A la vérité je vous dois cette somme...;
A LA VÉRITÉ il m'a dit cela.,.
VERMICELLE OU VERMICEL. — Ce mot Vient de l'italien comme
polichinelle et violoncelle {vermicelli, pulcinella, violoncello) , aux-
quels l'Académie ne donne pas de variante. Il faudrait donc mettre
la variante à tous les trois , ou ne la mettre à aucun.
YERMOULER (SE).,. Vermoulu, us, part.— Nous ne pouvons croire
que vermoulu^ ue^ soit le participe de se vermouler^ pas plus que
moulu, ue, n'est celui de mouler; tissu^ ue, celui de tisser^ etc. Il faut
que ce soit ou un adjectif ou le participe du verbe inusité se ver-
moudre, comme écloppé, embesogné, ouvragé, intruSy issu, etc., sont
les participes des verbes inusités éclopper, embesàgner, ouvrager, in-
trure, issir, etc.
VÉROLE... Petite vérole. Maladie qui se manifeste par une éruption
de boutons pustuleux, la plupart déprimés à leur centre, et qui laissent
ordinairement de petits creux dans la peau après la guérison... Les
médecins nomment plus ordinairement cette maladie KanoZ^.— Nous
croyons le tiret tout aussi nécessaire dans cette locution qu'à petite
chou, petit-fils, grand-père, basse-cour, etc., et plus nécessaire qu'à
petit-lait. Voy. Caduc.
VÊTIR, V. a. (Je vêts, tu vêts, il vêt; nous vêtons, vous vêlez, ils
vêteîit. Je vêtais. Je vêtis» J'ai vêtu. Je vêtirai. Vêts; vêtons, vêtez.
Que je vête. Que je vêtisse. Vêtant.) — L'Académie dit ailleurs « Quel-
ques-uns écrivent plurier et la plupart prononcent plurié »; —
« Quelques prosateurs célèbres ont écrit, par euphonie. Il tressaillit
au présent du verbe tressaillir » , au lieu de il tressaille. Ici elle
aurait pu dire également que Bufifon écrivait. Je- vêtis, nous vêtissons;
je vê tissais, etc.
VEUF, EUVE, adj. (F se prononce, même au pluriel.) — Nous ne
comprenons pas bien pourquoi l'Académie ajoute « même au pluriel ».
Serait-ce parce que Vf ne se prononce pas dans le pluriel des mots
oeuf et bœuf? Cette remarque aurait pu être faite également à l'article
Neuf, euve, adj.
VICE -GÉRANT. Celui qui supplée le gérant en son absence, ou qui
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— 320 —
le seconde lorsqu'il est présent. — Vice -gèrent. Celui qui tient la
place de Tofficial en son absence.
Il n'y a pas de motif plausible pour écrire tantôt vice-gérant, tantôt
vice-gérent : dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'un homme qui gère en
l'absence d'un autre ou qui le seconde. On n'écrit pas vice-président
et vice-présidant suivant la nature des assemblées à présider.
VICOMTE, s. f. — Ce mot ne devrait-il pas prendre le genre mas-
culin comme cofnté? Bien qu'on dise encore la Franche-Comté, on ne
dit plus Y ancienne comté d'Artois , de Champagne , de Toulouse ; et
ceux qui disent aujourd'hui la comté de Neuchâtel (en Suisse) sont
regardés comme faisant une faute grave.
VIORNE, s. f. — Au mot Obier, on lit « L'obier est un viorne ». Si
l'Académie avait donné au mot Viorne un exemple qui en fît connaître
le genre, soit par l'article, soit par un adjectif, nous saurions si la
faute est au mot Viorne ou dans l'exemple d'aubier; mais elle s'est
bornée à dire : Un panier fait de viorne.
VISON -VISU. Locution adverbiale et familière, qui est une altéra-
tion du latin Visum-visu.. — L'Académie , qui a rétabli la terminaison
latine d3,ns factotum, factum,visorium, etc., aurait dû en faire autant
pour visum-visu.
VIVIFIANT, ANTE, adv. — Lisez : adj.
VOL- AU- VENT, s. m. Espèce de pâtisserie chaude dans laquelle on
met du poisson ou de la viande délicate , et dont les bords assez éle-
vés sont de pâte feuilletée. Ce pâtissier est renommé pour ses vol-au-
vent. — On pourrait sans inconvénient supprimer les tirets dans ce
mot comme on l'a fait dans justaucorps, pissenlit, les alentours, etc.,
ce qui permettrait de donner à ce mot la marque du pluriel : des
volauvents; sinon, il faudrait écrire yoi^is^-au-vent, orthographe plus
rationnelle que yoh-aur-vent.
VOLÉE, s. f... Avec ces phrases. Obtenir une grâce, un>e faveur tant
de bond que de volée. Faire une chose tant de bond qu£ de volée, on
devrait trouver celle-ci, qui figure à l'article Bonnet, « Cette déci-
sion, cet arrêt a passé à volée de bonnet. Les avis ont été prompts et
uniformes. » Mais peut-être serait-il mieux encore de supprimer les
unes et les autres, car elles ne sont plus usitées.
VÔTRE. Adjectif possessif et relatif des deux genres. Il ne se dit que
par rapport à une chose dont on a déjà parlé, et d'une manière ellip-
tique, le substantif auquel il se rapporte étant sous-entendu. Quand
vous aurez entendu nos raisons, nous écouterons les vôtres.
Ici déjà l'Académie nous donne à entendre que le vôtre est pronom,
en disant qu'il s'emploie elliptiquement, le substantif étant sous-
entendu. — Au mot Leur , elle s'explique un peu plus clairement :
« Leur, précédé de l'article Le, la, les, s'emploie pronominalement.
Les gens sages conservent leurs amis, et les fous perdent les leurs. »
Or chacun sait qu'un verbe neutre employé activement devient réel-
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— SSl —
lem^it actif, qn^in adjectif employé sabstaatiTeawnt devient réeàie^
ment un substantif.^ Mais an siot Nôtre, l'Académie appelle la chose
par son trai nom : « BiÛTRB , pronom possessif des deux genres, qui a
un sens analogue à notre j, adjectif, et qui se dit par rapport à une
chose dont on a déjà parlé. 11 est ordûmrement précédé de l'article,
et fait au pluriel Les nôtres. Cesi voire at?ts> mais ce n'est pas le nôtre.
Vos intérêts sont les nôtres. On supprime quelquefois l'article dans le
langage familier. Nous pouvons compter sur lui, il est lukre. Ces effets
sont nôtres.,. » — D'après cela nous pensons que le mien, le tien, le
sieUj le nôtre, le vôtre, le leur, sont tous des pronoms possessifs, bien
que l'Académie dise que le mien, le tien, le sien, sont des adjectifs.
vociiOUL- L'impératif veux, voulons, voulez, n'est usité que dans
certaines occasions très-rares où l'on s'engage à s'armer d'une ferme
volonté... — VoiUoir s'emploie souvent par civilité à la seconde per-
sonne plurielle de l'impératif, qui fait alors veuillez, et qui signifie ,
Ayez la bonté, la complaisance de. VetUllez permettre que je me retire.
Veuillez me faire le plaisir de... Veuillez n'en rien dire à personne.
Sans doute le tutoiement n'exige pas des formes aussi polies; ce-
pendant il est des cas où l'on est appelé à employer le verbe vouloir
au singulier de l'impératif, avec des parents ou même avec un ami,
et nous croyons qu'il doit être permis de dire veuille : Veuille me
dire au plus tôt ce que tu penses de touÀ cela, ce que je dois faire, etc.;
et peutrétre aussi : Ne m'en veuille pas trop d'avoir agi sans te con-
sulter; car au pluriel on dirait : Ne m'en veuillez, et non ne m'en
VOULEZ pas d'avoir devancé vos ordres.
TRAI, AIE, adj. Véritable, qui est conforme à la vérité... Dites-vovs
des choses vraies, si vous voulez ^^oh vous croie. — Ces pronoms
nous et (m, pour représenter les mêmes personnes, choquent un peu
dans une phrase si courte et pour laquelle il y avait d'autres ma-
nières de s'exprimer. La plus simple est de supprimer nous : Dites
des choses vraies, si vous voulez qu'on vous croie. Voy. Suffragant.
VUB, s. f... Avoir la vue bonne, perçante, subtile... Vue courte. Vue
basse. Vue trouble. Vue égarée.
L'expression avoir la vue longue ne serait-elle pas française, qu'on
ne la trouve ni ici ni à Long? Jusqu'ici nous l'avons estimée .très-
bonne, et nous pensions qu'elle pouvait s'employer au figuré comme
dans le sens propre, aussi bien que avoir la vue courte, qu'on trouve à
Court, umûs que l'Académie a oublié de répéter ici au figuré. Quant
à l'expression vue basse, qui est ici et à-BAs, nous en verrions avec
plaisir la suppression. (Voy. Bas, basse, adj.)— Les expressions avoir
les YEUX égarés, I'aik égaré, qu'on trouve à l'article Égarer, nous
semblent préférables à la vue égarée, car le trouble de l'esprit, de
la raison, se manifeste dans les organes de la vue, dans l'habitude
du corps, plutôt que dans la vue même.
Maintenant voici quelques phrases dans lesquelles aujourd'hui on
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— 322 —
remplace généralement le mot vue par oeil, teux, regards. « Baisser
la VDE. Détourner la vue. Le soleil me donne dans la vue. Cette fille
lui a donné dans la vue. Cette cfMtrge lui a donné dans la vue. Avoir
la VUE sur quelqu'un, » En effet on lit
(à Baisser) Elle rougit et baissa les yeux.
Id, Confondu par mes reproches, il ne sut que répondre et baissa
les YEUX.
Id. Je lui ferai baisser les yedI.
(à Donner) Le soleil lui donne dans les yeux.
Id. Avouez que cette jeune personne vous a donné dans /'oeil.
(à Donner, Oeil) Depuis que la fortune de son voisin lui a donné dans
les YEDx , il brûle de s'enrichir.
(à CEil) fai peine à voir, le soleil me donne dans les yeux.
Id. Tai le jour, le soleil dans les yeux.
Id» Cette femme lui a donné dans Tobil.
Id, Ayez les yeux sur les ouvriers»
(à Œil., Sor) Avoir Toeil sur quelqu'un.
(à Détourner) Détourner la vue, les yeux de dessus quelque objet.
Id, Détourner ses regards.
(à Œil) Détourner les yelx de dessus quelqus objet.
(à Regard) Détourner ses regards de quelque objet.
{à Diriger) Diriger ses regards sur un objet, vers un objet,
(à Attacher) Attacher ses yeux, ses regards, sur quelqu'un.,.
(à Tourner) Tourner les yeux. Tourner les regards.
(à Attirer) Attirer les yeux, les regards de tout le monde sur soi.
X... tantôt a le son de CS joints ensemble, comme dems xiphoîde,
extrême; tantôt* de GZ, aussi joints ensemble*, comme dans Aperces,
exercice^ Xavier,,,
Dans les précédentes éditions, TAcàdémie donnait pour exemples de
la prononciation es les mots Xantippe et Xerxès. Aujourd'hui le pre-
mier X de Xerxès doit être prononcé comme gz ; le second s'est trans-
formé en c (Xercès). Quant à Xantippe ou plutôt Xanthippe, elle l'a
remplacé par Xavier, dont l'initiale doit également être prononcée
comme gz. Mais Vx a-t-il le son de gz dans tous les noms propres,
Xanthe, Xanthippe, Xénocrate, Xénophon, Ximenès, etc.? C'est ce
que l'Académie nous laisse à deviner. — Nous ne sommes pas mieux
édifiés pour les noms communs, car si elle nous apprend que xiphoïde
doit être prononcé csiphoïde, elle ne dit rien aux mots xénélasie,
xérasie, xérophagie, xérophlhalmie, xiphias, xylophage et xysie.
1. Peut-être serait-il mieux de dire : « X... a tantôt le son de CS, tantôt celui de GZ. »
2. Ne devrait-on pas supprimer ces mots « joints ensemble, aussi joints ensemble »? Ils
avaient leur utilité lorsque l'Académie disait : « X a tantôt le son du C bt db l'S joints en-
semble , ... tantôt celui du G et du Z aussi joints ensemble » ; aujourd'hui qu'elle dit sim-
plement : « le son de CS , celui de GZ • , les mots c joints ensemble » nous paraissent com-
plètement superflus.
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— 323 —
Y... Caractère double, il vaut deux I accouplés, dont le premier
FAIT PARTIE d'uuc Syllabe {sic), et le second en commence une autre,
comme dans Citoyen^ employer^ royale appuyer ^ pays, etc., qui se
prononcent comme s'il y avait C*7oi-fe7i^ emploi-ier, roi-ial, appui-ier,
pai-iSj etc. C'est mal à propos que quelques auteurs ou imprimeurs
écrivent Citoïen, moïen, etc., avec un ï tréma.
Cette dernière observation, qui aurait été essentielle il y a 170 ans,
lorsque Richelet publiait son Dictionnaire où il employait l'ï au lieu
de Vy, et que l'Académie elle-même écrivait paJis ou pays; cette
observation, disons -nous, avait encore son utilité il y a un siècle,
lorsque parut la quatrième édition du Dictionnaire de l'Académie ;
mais aujourd'hui elle nous paraît superflue, car personne n'écrit, et
surtout n'impripie plus Ciloïen, moïen, voïelle^,etc,
Y... signifie aussi, A cela, à cette personne-là. Qitant à la raison
que vous m'alléguez, je m'y rends. J'y répondrai dans la suite. C'est
un homme' équivoque, ne vous y fiez pas. Fiez-vous-y.
Nous avons trouvé dans le Dictionnaire les phrases suivantes :
(à Apprêt) Ce cuir ne vaut rien, on y a donné un mauA)ais apprêt,
(à Parole) C'est un homme qui abuse de la parole de Dieu, en y donnant
des explications forcées.
(à Caryophyllée) Il se dit des fleurs de Toeillet, et de toutes celles qui Y
ressemblent par leur structure.
Si ces phrases sont correctes , nous aurions dû trouver ici des exem-
ples analogues; mais comme il n'y en a pas, nous pensons qu'à Vy il
faut substituer, dans les deux premières le pronom lui (on lui a
donné, en lui donnant), et leur dans la troisième (celles qui leur res-
semblent par LA structure); en ^et, à l'article Attacher nous lisons:
« Attacher un sens, une signification à un mot, à un terme, etc., LUI
(et non Y) donner un certain sens, une certaine signification, l'en-
tendre d'une certaine manière. »
Dans la seconde phrase peut-être serait-il mieux de remplacer y
par en : « en en donnant des explications forcées ». Voy. Lui.
En voici une où la question nous paraît plus diflîcile à résoudre :
(à Mauvais) Mauvais, avec la négative,... signifie souvent. Assez bon, ou
môme Fort bon , selon le ton qu'on y donne.
Pour lever la difficulté, nous aurions dit : le ton qu'on y met.
TÈBLE, s. m. Plante, — Voy. Hièble, s. f.
1. Il paraît que la prononciation de l'ï s'est un peu modifiée depuis 1694. Ainsi que nous
venons de le dire, Richelet n'employait que "très -rarement l'y, auquel il substituait l'ï, et
l'Académie elle-même écrivait « Païs ou Pays ». En outre, elle disait à l'article Y : « Quand
il est entre deux voyelles , il semble qu'il tienne à l'une et à l'autre comme en ces mots ,
Citoyen, employer, royal, rayon, essayer, appuyer, etc., qui se prononcent à peu près
comme s'il y avoit Citoien, employer, etc. »
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— 324 —
ZÈLE, S. m. Affection vive, ardente pour le maintien ou le succès
de quelque chose, pour les intérêts de quelqu'un. Il se dit, particu-
lièrement, en matière de religion. Zèle pour la gloire de Dieu, potR
la foi, POUR les choses saintes. Le zèle du salut des âmes. Le zèle db
la religion. Le zèle des autels. Le zèle de la maison de Dieu. Le zèle
DU bien public. Zèle pour la patrie, pour le bien public. Avoir beaih
coup de zèle pour son prince, pour le service de son prince. Témoi-
gner du zèle POUR Vhonneur de sa compagnie, pour le service, poor
les intérêts de ses amis.
Puisqu'on emploie pour dans ces phrases. Le zèle pour la gloire rfc
Dieu, pour la foi, pour les choses saintes, pourquoi ne le ferait-on pas
également dans celles-ci, Le zèle pour le salut des âmes/von^ h
religion, pour les autels f II est probable que si saint Jérôme avait
dit, Zelus domui (au lieu de domûs) tuœ me comedit, on aurait tra-
duit, le zèle pour ta maison me dévore, et non, le zèle de ta maison,
et par suite on aurait dit, le zèle pour la maison de Dieu.,^ Dans la
première édition il y avait, Le zèle de la patrie, le zèle pour la patrie;
le premier exemple a été supprimé comme présentant une amphi-
bologie ; on a mis à la place, le zèle du bien public, et pour pendant
le zèle POUR le bien public. — A Tarticle Animer on lit. Le zèle de
Dieu anime cet homme ;m3,\s nous pensons que cette phrase demande
la même rectification que le zèle de la patrie : on ne doit pas pou-
voir dire le zèle de Dieu, le zèle du prochain, bien que Tusage auto-
rise, l'amour de Dieu, l'amour du prochain.
ZÉPHIRE, s. m. Nom que les anciens donnaient au vent d'occident
Le souffle du Zéphire. — Il se dit aussi Du vent d'occident personnifié,
et qualifié de dieu par la Fable. Dans ce sens, il ne prend jamais l'ar-
ticle. Les amours de Flore et de Zéphire.— zéi?HYR^ s. m. On appelle
ainsi Toute sorte de vents doux et agréables. Les doux zéphyrs. Un
agréable zéphyr. Un zéphyr rafraîchissant.
Les diverses manières d'écrire ce mot suivant qu'on l'envisage
comme nom propre ou comme nom commun, Zéphire, le Zéphire,
un zéphyr, multiplient inutilement les diflScultés; et puisqu'il prend
Vupsiloneii grec, l'y en latin (Zéphuros, Zephyrus), peut-être serait-il
convenable de maintenir cette même orthographe en ft^nçais, de
mettre toujours Ve final, et de n'établir entre ces mots d'autre diffé-
rence que celle de la majuscule dans le nom propre î Zéphyre, le
zéphyr e, un zéphyre.
ZOOLATRIE, s. f. Adoratiou des animaux, — V adoration des ani-
maux suppose des adorateurs, et conséquemment des zoolâtres. Voy.
Igonolàtre. — Quant à Va circonflexe, voy. Idolâtrie.
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DE LA PRONONCIATION
Dans le cours de cet ouvrage nous* avons examiné, sous le rapport
de la prononciation, les principales difficultés non résolues par
FAcadémie dans Tintérieur des mots; maintenant nous allons passer
en revue les consonnes finales. Là comme ailleurs l'embarras est ^rand.
En n'indiquant la prononciation qu'à quelques-uns des mots où ces
consonnes doivent être articulées, l'Académie laisse dans l'incertitude
pour les autres. Il faudrait qu'elle la donnât régulièrement lorsque la
consonne doit être prononcée , et qu'elle ne. dît rien lorsque cette
consonne doit rester muette, ou qu'elle suivît la marche opposée, si
elle le jugeait plus convenable; alors on pourrait, sans craindre de
se tromper, établir des règles et suppléer à son silence. Mais en
la donnant tantôt dans un cas, tantôt dans l'autre, souvent dans les
deux, et seulement pour une partie des mots, elle augmente considé-
rablement la difficulté.
B
Le b se prononce dans elubj roh, rodoub, rumb; — il est muet dans
plomb (prononcer pion), — L'Académie ne donne pas la prononcia-
tion de baobab j nabab, inahaleb, etc.--^ Le b ne termine guère que des
noms orientaux : Achab, Horeb, Tippo-Saëb ou Saïb, Sennachérib,
Job, Jacob, etc,
c
L'Académie dit qu'on prononce le c dans ha?nac, tombac, talcj^orc-
en-ciel, cric crac, fisc, broc (en vers), estoc, froc, botic; rfwc (titre);
— qu'on ne le prononce pas dans cotignac, estomac, tabac (dans la
conversation familière), banc, marc, arc-boutant, arc-doubleau, almà-
nach, lacs et entrelacs, clerc (excepté dans de clerc à maître), cria,
6. m., amict, croc (ordinairement), accroc, tronc, porc (devant les
consonnes).
Les mots où l'Académie a oublié d'indiquer la prononciation du c
final sont bien plus nombreux que ceux où elle la fait connaître,
comme on peut en juger par les omissions suivantes ; ab hoc et ab
hâc, ammoniac, bac, bissac, bivac ou bivouac, cétërac, cornac, crac,
flic flac, gaïac, havre-sac, lac, micmac, ressac, sac, scubac, sumac,
tac, tac tac, tic, tic tac, tillac, trac, trictrac, blanc, flanc, franc, arc,
parc, — arec, avec, bec, échec ^, fenugrec, grec, pec (hareng), rebec,
sec, — agaric, alambic, arsenic, aspic, basilic, fie, hic, pic, porc-épic,
1 . Dime éehec», jeu , on ne fait pas sentir le c ( éehè).
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— 326 —
pronostic, repic, ric-à-ric, syndic, tic, trafic, zinc, — bloc, escroc,
manioc, nos toc, ploc, roc, siroc (ou siroco), soc, troc, ajonc, donc,
jonc,^ aqtùeduc, bonduc, caduc, déjuc, duc (oiseau), stuc, suc, buse,
musc, etc.
A l'article C, l'Académie se borne à dire : « Lorsque C doit se faire
entendre devant une consonne ou à la fin d'un mot , on le prononce
comme K : Accès (akcès), Cneîus (Knéius), crédit (krédit), trictrac;
(triktrak), sec (sek), bloc (blok), du blanc au noir (du blank au
noir), etc. »
Il nous semble que pour le c final elle aurait dû présenter quelques
données générales, et dire que le c final précédé d'une voyelle se pro-
nonce presque toujours; et, après avoir donné au moins un exemple
du c précédé de chacune des voyelles, elle aurait fait connaître les
exceptions : cotignac, estomac, arsenic, accroc et raccroc, escroc, etc.
— Ensuite elle aurait parlé du c précédé d'une consonne : talc, arc,
parc, zinc, buse, etc., où il se prononce également (excepté dans
arC'boutant, arc-doubleau, que nous ferions rentrer dans la règle),
puis des exceptions blanc, flanc, franc, marc, ajonc, donc, jonc, etc.,
pour lesquels il aurait été bien de donner des exemples.
D
On prononce le d dans éphod, sud; — on ne le prononceras dans
muid, nid, nœud; — l'Académie se tait sur les mots cid, crid (poi-
gnard), talmud.^Vowv ceux où le d final est précédé d'une consonne,
elle n'a indiqué la prononciation qu'à Gond, où elle dit « Le D ne
se prononce pas. »
A l'article D on lit : « D, à la fin d'un mot, et devant un autre qui
commence par une voyelle, se prononce souvent comme un T. Cest un
grand ignorant. Un grand homme. Un grand empire. » — On prononce
de même \ç*d final dans un profond ennui, un second examen, et dans
tous les adjectifs qui se trouvent devant un substantif commençant par
une voyelle. Mais dans les substantifs suivis d'un adjectif commençant
par une voyelle, en est-il de même? Doit-on faire sentir le d dans
placard injurieux, blond ardent, abord agréable, marchand épicier?
La lettre f se fait sentir dans chef, chef- lieu, nef, neuf, veuf,
serf; on la fait sentir au singulier seulement dans bœuf, œuf, nerf;
et, même au singulier, on ne la prononce pas dans le bœuf gras, non
plus que celle de nerf dans nerf de bœuf; — dans éteuf on ne la fait
sentir que dans les vers, lorsque le mot suivant commence par une
voyelle; — on ne la prononce pas dans clef (clé), cerf-volant, chef-
d'œuvre. ^L2i prononciation manque à bref, brief, fief, grief, mèche f.
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— 327 —
relief, cerf, etc., ainsi qu'aux mots terminés par if, of, ouf, uf; mais
à l'article F l'Académie dit : « Quand cette lettre est à la fin d'un mot,
elle se prononce presque toujours, même devant une consonne. Une
soif brûlante. Une soif ardente. Il fut piqué jusqu'au vif de ce refus.
Pièce de bœuf tremblante. Il est veuf de sa troisième femme. »
Le g se fait sentir dans whig, joug, pouding; — • bourg se prononce
bourk; bourgmestre se prononce bourguemestre, — On ne le fait pas
sentir dans coing, hareng, schelling, oing (vieux), sangsue, doigt,
legs. — La prononciation n'est pas indiquée aux mots zigzag, étang,
rang, sang, orang-outang, parpaing, seing, sterling, poi?ig, brande-
bourg, faubourg. — A l'article G, l'Académie dit, il est vrai « G final
suivi d'un mot qui commence par une voyelle, se prononce ordinai-
rement comme un G dur. Un sang aduste. Un long hiver. ^k la fin de
CERTAINS MOTS tcls quo scing, étang, il ne se prononce point, même
devant une voyelle » ; mais cela ne nous semble pas suflisant.
L'^ finale est nulle, c'est-à-dire ne se prononce pas, dans baril,
chenil, coutil., fournil, fraisil, fusil, nombril, outil, persil, sourcil,
soûl, cul; — dans gril, elle ne se prononce pas dans le langage fami-
lier, et quand on la prononce on doit la mouiller; elle est également
nulle dans fils. ^On la prononce sans la mouiller dans exil, fil, profil,
accul, recul, et dans les adjectifs terminés par il : bissextil, civil et
incivil, mil (adj. numéral ), puéril, subtil, vil, viril, volatil, etc. — On
la mouille dans avril, babil, cil, fenil, mil (millet) , péril, et dans gen-
tilhomme, gentilhommerie, gentillâtre, gentillesse, composés ou déri-
vés de gentil, où elle est nulle. — L'Académie ne nous dit pas si l'on
doit ou non la prononcer dans béryl, brésil, gentil, païen , et gentil,
adjectif, grémil, grésil, pénil, pistil, sil, et dans le mot bill, emprunté
de l'anglais.
VI est toujours mouillée dans les terminaisons ail, eil, iceil, euil,
ouil, comme travail, réveil, cercueil, cerfeuil, œil, fenouil.
L MOUILLÉE.
Sur 80 mots environ terminés par ille, il n'y en a que 21, croyons-
nous, où l'Académie ait indiqué la prononciation; ce sont les mots
bille, bisbille, cédille, crou^stille, drille, mandille, mercantille, mo-
rille, ormille, pacotille, quille, vanille, où les // doivent être mouil-
lées ; — codicille, gille, mille, papille, pupille, sibylle, où on les fait
sentir sans les mouiller ; — fibnlle, sille, tranquille, qu'on doit pro-
noncer comme s'il n'y avait qu'une l.
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— 328 —
A Tàrticle L, TAcadémie dit que cette lettre se prononce mouillée
« dans quelques mots où elle n'est précédée que d'un i, comme dans
ceux-ci, Fille, quille, briller, et dsins plusieurs autres qui seront in-
diqués en leur lieu. » D'après cela, il semblerait qu'on doit s'en tenir
strictement à la prononciation qu'elle a indiquée, et que là où elle
n'a rien dit les // ne doivent pas être mouillées. Cependant, comme
sur les trois mots ci-dessus il n'y en a qu'un (le mot quille) où elle
ait indiqué la prononciation, il est permis de croire qu'elle a oublié
de le faire à quelques autres. Il n'est pas probable qu'on doive pro-
noncer de la même manière les II de ville et de cheville j de cankUille
et de ccmnetille, de famille et de camomille ; celles de vertidUe et
verticillé comme celles de bastille et bastille.
M
Dans intérim, Vm garde sa prononciation ordinaire ; dans les mots
dam, quidam, elle prend le son de Vn (dan, kidan); — dans les mots
terminés par um, cette finale se prononce ome; tels sont album, déco-
rum, erratum, factotum, factum, géranium, laudanum, ma^mum,
minimum, minium, muséum, pensum, post-scriptum, rhum. Te Deum,
ultimatum, etc, etc. — Em médial se prononce èm dans bélemnite,
décemvir, et ain dans semper virens, sempiternel,
L'Académie ne donne pas la prononciation des mots hem!, ibidem,
idem, item, oUm, zaïm, homf ; celle de nom et de ses composés pré-
nom, renom, surnom, ni même celle de parfum et de thym. — Dans
ceux où um final doit 5e prononcer ome, elle a omis la prononciation
de busiUcum, judicatum (judicatum solvi), odéum et uranium.
N
bans landamman, man se prononce mane; mais l'Académie ne nous
dit pas comment il faut prononcer alderman, amm^an. — Dans abdo-
men, hymen, on fait sentir Vn; — dans amen, cérumen, dictamen, glu-
ten, gramen, on la prononce; — dans examen, la dernière syllabe se
prononce comme celle de chemin, ou comme celle du mot amen, mais
seulement au singulier;— dans Éden, lien, en se prononce é», et dans
solen, en; — dans béhen, ben, lichen, spécimen, semen-contra, en se
prononce êne^; — spleen se prononce spline. — L'Académie n'indique
pas la prononciation de cyclamen et de pollen.
La prononciation de en dans le corps des mots nous semble mériter
d'être signalée. Dans agenda, appendice, pacta conventa, relentum,
semper virens, sensorium, spencer, spina-ventosa, zend-avesta, en se
1. A toutes ces nuances de prononciation : k On fait sentir Vn; on prononce Vn; en se pro-
nonce én,èn,ène%, opposées à ain, nous préférons de beaucoup la règle unique qui se trouve
à l'article N : « Quelquefois elle (cette lettre) se prononce fortement, comme dans les mots
Hymen, amen, abdomen, Éden, etc. » — Quant à lien, nous pensons que la finale doit se pro-
noncer in ( li-in), comme dans chemin, et non in ctHume dans abdomen.
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— 82« —
prononce ain; mais dans mentor, pensum, pentacor de, pentagone, pen-
tamètre, pentandrie, pentapole, pentateuque, pentathle, il faut pro-
noncer en. Cette différence nous étonne; si pensum ne figurait pas
parmi ces derniers, on pourrait supposer qu'elle tient à ce qu'ils
viennent du grec, tandis que les premiers mots viennent presque tous
du latin. Quoi qu'il en soit, cette prononciation ne saurait paraître
plus bizarre que celle de l'initiale in ou im dans les mots indocile, in-
juste, imbu, importer, etc., que l'Académie, à l'article IN, nous dit de
prononcer en (èn-docile, èn-juste, ènbu, ènporter) avec le son nasal.
L'Académie ne nous dit pas comment doivent se prononcer la
première syllabe de hendécagone et hendécasyllahe, et la seconde de
épenthèse, épenthétique, mémento; est-ce ain ou en?
Elle nous apprend que le mot ennemi se prononce ènemi; — que
dans ennéagone, ennéandrie, on fait sentir les deux n; r- que enivrer,
enorgueillir se prononcent a/nrmGrer, an^orgueillir; — mais elle a
oublié de nous dire que enharmonique, enherber, se prononcent aussi
an-narmonique, an-nerber.
Elle nous dit que dans la première syllabe de hennir et dsms la
seconde de solennel et de leurs dérivés, hennissement, solennellement,
solennisation, solenniser, solennité, en se prononce comme un a bref
(hanir, solanel^, etc.); mais elle se tait au sujet de nenni, que,
suivant plusieurs dictionnaires, il faut prononcer nani. — Elle nous
dit encore que dans empenner « les lettres en se prononcent comme
dans amen » ; mais elle ne dit rien pour les mots désempennèr, penne,
pennage, pennon, dans lesquels la prononciation doit sans doute être
la même (empèn-ner, désempèn-ner, pèn-ne, pènrnage, pèn-non).
Enfin elle dit que la pénultième syllabe de chrétienté se prononce
comme dans chrétien; mais elle oublie de faire connaître comment se
prononce la finale de ce mot. Cette omission est fâcheuse, car d'après
l'Académie la prononciation de la finale ien semblerait n'être paa tou-
jours la même. A l'article M elle dit : « Cette lettre, quand elle est à
la fin d'une syllabe ou d'un mot, change quelquefois la prononciation
de la voyelle qui précède, et produit un son nasal, comme dans les
mots Ban, bon, bien... » ; — puis à l'article Nasal : « Nos quat7*e nasales
sont an, comme dans la première syllabe du mot Anchois; en, dans
la dernière syllabe de Bien , dans la dernière syllabe de Frein *, dans
la première rf'Ainsi, dans la première rf'Ingrat, etc.. » — Mais à Lien
la prononciation est figurée par li-èn, ce qui peut jeter le lecteur dans
l'incertitude. Nous croyons que tout le monde prononce li-in, chréti-in;
en conséquence il faut dire Chréti-inté, et non chréti-enneté.
1. Puisqu'il est question de Ve prononcé a, nous parlerons des mots indemniser, indemnité,
îpLQ rAcadémie dit de prononcer indamniser, indamnité. Il serait plus naturel de conserver
dans ces deux mots la prononciation de l'tf^^omme dans indemne; elle est d'ailleurs très-
usitée, même parmi les personnes qui parlent bien.
2. Il y a évidemment là une distraction. Bien n'a jamais compté que pour une syllabe , et
ffvte. n'en saurait Cure deux.
42
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— 330 —
P PRÉCÉDÉ d'une voyelle.
Le p précédé d*une voyelle se prononce dans cap, jalap, laps et
relaps; — julep, biceps et triceps j concept et son dérivé conception;
— croup, — On ne le fait pas sentir dans galop, sirop ; — il est encore
nul dans sept et ses dérivés septième et septièmement, tandis qu'on le
fait sonner dans les composés tels que septante, septembre, septenn
trion, septuagénaire, c^c— L'Académie ne nous dit rien pour les mots
drap, hanap, sparadrap; cep, salep, forceps, princeps, reps, seps,
tumeps; coup-, loup, cantaloup, group, etc,
P PRÉCÉDÉ d'une consonne.
A l'article P nous lisons : « Il y a un grand nombre de mots où le p ne
se prononce pas, comme Temps, romps, exempter, etc, » — Sans doute
l'Académie aurait eu beaucoup à faire d'indiquer que le p précédé
d'une consonne est nul, à chacun des mots où on ne le fait pas sentir;
mais, ainsi que nous le disons au commencement de ce chapitre, elle
aurait dû au moins nous avertir toutes les fois qu'on doit le pro-
noncer. Malheureusement elle ne présente rien de complet ni dans
un sens ni dans l'autre. Elle nous apprend que cette consonne est
nulle dans les mots exempt, exempter; temps; compte, comptable,
comptabilité, compter, comptoir, décompte, etc, ; dompter, indomp-
table, etc.; prompt, promptitude, etc., et qu'au contraire il faut la
prononcer dans contempteur, contemptible, exemption, symptoma-
tique; — • mais elle ne dit rien aux mots corps, escompte et escompter,
mécompte et se m4compter, précompter, recompter, où le p est nul;
ni à coemption, rédempteur et rédemption; péremption, péremp-
toire, etc.; assomption, consomptif et consomption; présomptif, pré-
somption, présomptueux, etc., où l'usage veut qu'on le prononce;
ni à symptôme, sur lequel les avis sont partagés; etc. etc.
Q
La lettre q ne termine que les mots coq et cinq. Dans le premier
on prononce toujours le q, excepté dans coq d'Inde; on le fait sentir
dans coq de bruyère ou coq des bois, dans coq des jardins, etc. — Quant
au mot cinq, voyez I'Observation générale, p. 33/i.
R
La finale r se fait sentir dans tous les mots terminés par ar, ir, or,
ur : cauchemar, avenir, castor, azur, etc. — Il en est à peu près de
même pour la terminaison en eur : ardeur, brodeur, coiffeur, dour
leur, prieur, etc. Il n'y a qu'une seule exception, monsieur, où l'rest
nulle, pour la prononciation.— La terminaison er se prononce comme
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• _ 331 —
un é, 1° dans tous les verbes, ex. : absorber, avancer, aboucher, abor-
der, etc.; 2« dans les substantifs, au nombre de 500 et plus; ex. : plan^
cher, berger, armurier, pompier, etc. Les exceptions se composent de
aster, Auster, belvéder (qu'on écrit plutôt belvédère)^ ber, calender,
cancer, cathéter, coroner, cuiller (qu'on écrit aussi cuillère)^ enfer,
éther, fer et mâchefer, frôler, gaster, hiver, Jupiter, liber, Lucifer,
magister, mér et outremer, messer, partner, pater, spencer, sphinc-
ter, stathouder, trochanter, ver, vétyver, mots qui pour la plupart
appartiennent aux langues étrangères; 3° dans les adjectifs; ex. :
étranger, léger, gaucher, allier, grossier, etc. Trois exceptions : amer,
cher et fier, — Les adverbes ne donnent que hier et avant-hier ^, où
Vr se prononce. — On fait également sonner Vr dans la plupart des
mots terminés en ers : pers, adj., tiers, vers et envers, prépos. et
subst., revers, travers, univers, convers, dévers, divers, pervers, etc.
Exceptions : volontiers et quelques noms propres , Angers, Damvil-
liers, Louviers, Noirmoutiers, Thiviers et Pithiviers, etc., où ers se
prononce comme é.
Quant aux mots cutter, quaker, kirsch-wasser, kreutzer, thaler, on
les prononce cotre, couacre, kirche-wasre^, creutzre, thalre, sans
appuyer sur Ye final.
Comme le nombre des mots terminés par s est assez considérable,
nous n'indiquerons que ceux sur lesquels on peut avoir quelque doute.
L'Académie dit de prononcer Vs dans alcarazas, ambesas, as, asclé-
pias, atlas, lépas, Pallas, pancréas, stras, vasistas, vindas, xiphias.
Mars, laps et relaps; — Agnès, aloès, aspergés, cor tes, florès, hono-
res (ad), kermès, biceps et triceps; — Adonis, amaryllis, bis, adv.,
cassis, gratis, ibis, iris, lapis, lis,, métis, oasis, orchis, vis, tourne-
vis, etc., et dans bris et locatis, ce dont bien des personnes ne se
seraient pas doutées ; — albatros, albinos, pathos, rhinocéros, téta-
nos, etc.; — agnus, aiig élus. Argus, blocus^ calus, Crésus, hiatus, oli-
brius, phébus, rébus, typhus^ Vénus, virus; — obus se prononce obuze.
— Il ne faut pas la faire sentir dans damas, patatras, bis, adj., cam-
pos, pouls, antechrist.
Elle ne nous dit pas s'il faut prononcer Vs dans altercas, ananas,
choucas, glas, haras, hypocras, lampas, madras, sirsacas, upas,
lacs, etc.; — alkermès, Cérès, cyprès, prof es, legs, forceps, reps, seps,
tumeps, mets et entremets, rets, — anagallis, avis, cauris ou coris,
macis, propolis, salmigondis, tabis, tournis, puis, adv., et surtout
1. L'Académie a négligé de donner la prononciation des mots cher, fer et mâchefer, hier et
avani-^ier, hiver, lucifer, mer et outremer, partner, ver, vétyver, etc.
2. L'Académie dit bien que cutter et quaker se prononcent cotre et couacre, mais elle ne
dit rien pour kirschrwasser et kreutzer. Au mot tJialer, elle dit qu'on fait sentir Vr, mais elle
ne nous apprend pas si l'on doit la faire sentir comme dans frater ou comme dans cutter.
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— 5â2 — •
dans débris, oemp&sô de bris; — mérinos, aurocks; — abu», committi^
mus, jus et verjus, refus, plus et aurplm, sus eien sus, taltés, etc.
S MÉDIALE.
Au milieu des mots, Vs se prononce de deux manières différentes:
1° Précédée ou suivie d'une consonne, elle se prononce fortement,
comme dans absolu, riposter.-^ Les excepUons sont : asbeste, asthme
et asthmatique, boLsamir^, balsamique, baisamite, transiger, Iransae^
tian, transit, transitif et intransitif, transition, transitoire, qu^on
doit prononcer azbeste, azme, azmatiqtie, balzamine, etc., transiger,
tranzoecion, tranzite, etc.
2^ Placée entre deux voyelles, elle prend le son du z : oi$eau, ba-
sdne*— Cette règle a pour exceptions les mots composés ou juxtaposés
oùTs initiale du mot simple se trouve entre deux voyelles; ainsi,
bien que Ys de signe, de solution,, prenne le son du z dans désigner,
résigner, résolution, etc., et que celle de philosophie ne se pronoDce
pas comme celle de Sophie, cependant Vs initiale de septique, «o-
eial, syphilis, sécante, seigneur, sinus, syllabe, sUex, synode, séance,
supposer, secteur, section, sexuel, semblable, etc., conserve le son
qui lui est propre (celui du c devant e, i, et du ç devant a, a, u)
dans antiseptique, antisocial, antisyphilitique, cosécante, coseigneur,
cosinus, décasyllabe et hendécasyllabe, imparisyllabique, polysyllabe,
péirosilex, polysynodie, préséance, présupposer, prosecteur, trisec-
tion, unisexuel, vraisemblance, vraisemblable, etc. (On écrit avec
deux s dissyllabe et trissyllabe.) — Il en est de même pour asym-
ptote, désuétude, girasol, parasol, tournesol, parasélène,etc., qui n'ont
pas le mot simple, et sans doute aussi pour les mots composés hydro-
sulfate, hydrosulfure, hydrosulfurique, monosyllabe, monosyllabique,
parisyllabiqice, périsystole, protosyncèle, soubresaut, quoique FAca-
démie ne dise pas comment ils doivent être prononcés. — L*Académie
aurait pu sans grand inconvénient, ce semble, ajouter à tous ces mots
havre-sac et entre-sol, qu'elle aurait écrits havresac, entresol ; elle n'y
met probablement le tiret que pour conserver à Vs le son de Vs forte.
L'Académie nous dit bien que le t se fait sentir dans bat (entre œil
et bat)^ fat, magnificat, m^t (terme de jeu d'échecs), mat, adj.^ opiaX,
pat, toast (qu'on prononce toste)^ ventât, tact et contact, exact, e;
intact^ e; malt,, rapt, part, s. m. — ab hoc et ab hâc, et caetera, fret,
licet, tacet, intellect, lest, zest, -^ accessit, aconit, bardit, coït, dé-
ficit, introït, obit, prétérit, transit. Christ, whist, zénith, — dot, —
knout, rout, — azimut, brut, e; chut!, lui, occiput^ rut, ut, induit,
luth; — et qu'on ne le prononce pas dans bât, et, conjonction (sa«f
les deux exceptions ci-dessus), amict (prononcez ami)., bahut.
Mais elle ne njous dit rien pour abigéat, ab intestat, agnat, aiguillât.
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(dlemal, exeat, mât, — ampect, aspect, respect; abject, e; drccmn
spectj e; correct, e; direct, e; infect, e; suspect, e; net, te; est et otiest;
transfert, heurt, — prurit, subit, e; district; instinct, distinct, e; smc-
cintt, «; — comput, abrupt, e; bismuth, etc. De tous ces mots, il n'y a
que net, correct, subit, dont la prononciation soit indiquée à Fart. T;
on doit y faire sentir le ^— Au mot Concept, TAcadémie dît seulement
qu'on prononce le p, et ^ Antéchrist, que Ys ne se prononce pas ;
mais le t, doit-on le faire sentir?
T MÉDIAL.
A l'article T, l'Académie dit : « Au milieu des mots, T suivi d'un i
et d'une autre voyelle se prononce fort souvent comme C dans Ce :
Patience, partial, ambition, captieux, etc. (prononcez : Pacience, par-
cial, ambicion, capcieux, etc.) Les grammairiens ont déterminé par
des règles nombreuses les cas où le T prend cette valeur accidentelle,
et ceux où il garde sa valeur propre; mais de telles règles souffrent
des exceptions qui ajoutent à l'inconvénient <ie leur multiplicité : il
est plus facile et plus sûr d'apprendre ces distinctions par l'usage. »
— On avait lieu de croire que l'Académie, pour faciliter cette étude
par l'usage, ferait connaître la prononciation à chacun des mots où
se présente cette irrégularité ; mais elle ne l'a indiquée qu'à trente-
six mots. Elle a négligé de le faire pour aristocratie, autocratie, bu-
reaucratie, confidentiaire, confidentiel et son adverbe, consubslanliel
et ses dérivés, démocratie, différentiel, différentier, diplomatie, épi-
zooiie, essentiel et son adv., gentiane, gratiole, gynécocratie, impar-
tial et ses dérivés, insatiable et ses dérivés, lithotritie, martial,
obédientiel, ochloeratie, opuntia, patience et ses dériw es, pénitentiaire,
pénitentiel et pénitentiau^x, pestilentiel, potentiel, primatial, quotient,
sapientiau^x , satiété, scotie, sotie, stratocratie, substantiel et son adv.,
suprématie, théocratie, tortionnaire, transsubstantier, Pribunitien,
tutie, etc., puis les substantifs terminés par tion, au nombre de treize
cents environ. (Voy.,p. 238, l'article Proportion.) Parmi ces dernier»,
il en est même où l'Académie a indiqué la prononciation de manière
à induire en erreur; tels sont équation, initiation, liquaticw, propitia^
tion, transaction, où elle la figure tion, au Heu de mettre cion:écoua-
tien, inidation, licpuation, propiciation, tranzaction.
Dans amitié, inimitié, moitié, pitié, le f conserve sa valeur naturelle.
Dans les substantifs qui se terminent par tion, cette finale se pro-
nonce toujours cion, excepté cependant lorsque le t est précédé
d'une s ou d'un x : bastion, gestion, congestion, digestion et indiges-
tion, suggestion, question, ustion, adustion, combustion, mdxtion et
immixtion; dans ces mots-là le t conserve sa valeur propre.
Quant aux verbes, îl va sans dire que dans la finale tions de l'impar-
fait de l'indicatif et du présent du subjonctif, le t conserve sa valeur
propre comme aux autres personnes, ce qui présente un ccmiraste
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— 3S4 —
avec le substantif.
nous adoptions
» désertions
» éditions •
» exceptions
» exécutions
» exemptions
» infections
» injections
» inspections
» interceptions
» inventions
» objections
» options
» persécutions
» réfractions
» sécrétions
Voici la liste des verbes qui sont dans ce cas :
Dans les mots suivants, le verbe et
le substantif n*ont pas le môme sens.
les adoptions
» désertions
» éditions
» exceptions
» exécutions
» exemptions
» infections
» injections
» inspections
» interceptions
» inventions
» objections
» options
n persécutions
» réfractions
)) sécrétions
nous acceptions
» affections
» attentions
» contentions
» contractions
» dations
» dictions
» intentions
» mentions
» notions
» portions
» rations
» relations
» rétractions
les acceptions
affections
attentions
contentions
contractions
dations
dictions
intentions
mentions
notions
portions
rations
relations
rétractions
Vx se prononce dans larix; il se prononce comme s dans coccyx;
il se prononce fortement dans index; — dans les mots diXj six, il est
muet devant une consonne, excepté dans dix-sept j dix-huit^ dix-neuf;
— il se prononce comme z devant une voyelle, etc. ; — il ne se pro-
nonce pas dans crucifix et afflux. — L'Académie n'indique pas la pronon-
ciation de borax, storax ou styrax; thorax, faix, paix, chaux, faux,
tau^x ; — murex, silex ; — hélix, phénix, préfix, prix, tamarix, larynx,
lynx, pharynx, sphinx; — choix, croix, noix, poix, voix, — courroux;,
époux, houx, saindoux, toiuv, dotix, jaloux, roux; — flttx, reflux *.
OBSERVATION GÉNÉRALE,
L'usage veut que la consonne finale des mots deux, trois, vingt, ne
se laisse entendre que devant une voyelle ou une h muette : deu^z-
arbres, troi-z-hommes , le vm^-^-avril. Dans tous les autres cas, ces
consonnes restent nulles : deu francs, troi homards, le vin janvier;
nous n'étions que vin*, — Quant aux mots cinq, six, sept, huit, neuf,
dix, on fait sentir leur consonne finale dans les dates, et quand ils
ne sont pas suivis d'un substantif ou d'un adjectif commençant par
une consonne : cm-^-enfants, st-jz^-hommes, neur-v-hàbiis (et non,
w«t*-/'-habits); le sète, le huite janvier; nous étions neufe; tous les
dice partirent ensemble. Partout ailleurs elle est nulle : cin francs,
si centimes, se volumes, hui maisons, neu hameaux, di mille hommes.
1. n est vrai qu'à l'article X l'Académie indique la prononciation de cette consonne, soit
au milieu, soit à la fin des mots, et qu'elle donne quelques exemples; mais ce qu'elle dit
est loin de répondre à toutes les questions.
2. Cependant l'on prononce vinte-àewx, vinte-\XQ\s, etc., probablement à cause de l'ellipse
de et sous-entendu : vingt et deux, vingt et trois, etc., comme on dit vingt et un. C'est la même
raison qui fait prononcer di««-sept, dize-haxXt dize-wtv£.
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REMARQUES DETACHEES
On se trompe souvent dans remploi de certaines lettres, et nous
croyons devoir signaler les mots où l'on fait erreur le plus fréquem-
ment. — Quelques pages sont consacrées à la lettre N, dont la rédu-
plication est une source de difficultés dans notre langue.
c, K,
ETC.
Les terminaisons c^ ch, k, ck, que, cqvs, etc., présentaient autrefois
de grandes difficultés; on a simplifié Torthographe en supprimant
tantôt le Cj tantôt 4e k, mais il reste toujours à deviner laquelle de ces
deux lettres est restée. Nous allons passer en revue les désinences
€ic, eCj iCj ocj uCj etc., en donnant seulement les mots qui nous paraî-
tront les plus nécessaires.
Ac, etc. (prononcez a). Cotignac, estomac , tabac, — almanach,
Voy. les pages 325-326.
Ec, etc. Les noms communs de cette terminaison sont peu nom-
breux et présentent peu d'exceptions : avec, bec, échec, grec, sec, etc.^\
— varech; — bifteck; — cheik. — Pour les noms propres, il n'en est
pas de même, parce qu'ils appartiennent à différentes parties du
globe : Bolbec, Caudebec, Lautrec, Québec, Ruffec; — Abimélech,
Melchisédech ; — Utrecht *; — Balbek, — Lubeck, Rosbeck ( en flamand ,
ce mot s'écrit Roosebeke; mais dans les dictionnaires français on
trouve les variantes qui suivent : Rosebecque, Rosebeck, Rosbecqu^,
Rosbecq, elc.)^ Rvdbeck, — Mecqice (la).
Erqdb , etc. Albitquerqys, Dunkerque, Steinkerqtie ou Steenkerke.
le, etc. Nous n'avons pas à nous occuper ici de cette désinence
»sous le rapport de l'orthographe ic ou iqus; nous dirons seulement
qu'on écrit Bervic (graveur); — Munich, Zurich; — Maestricht;
— pachalik; — brick (qu'on écrit aussi brig)^ carrick, Dantzick,
Leipsick (ou mieux Dantzig, Leipzig) ^ Berwick (comté d'Ecosse); —
Ryswyk; — Van Dyck; — auxquels on peut ajouter district.
Oc, etc. Les exceptions dans cette désinence sont : loch (t. de Ma-
rine), looch ou lok (sorte de potion), Enoch, Moloch, Roch, — Pem-
hrùke, — coq; — les mots anglais coke, dock, stock, dont les deux
derniers ne sont pas encore dans le Dictionnaire de l'Académie, et
le composé allemand stockfisch.
Ooc, etc. On écrit Femambouc, ou mieux Pemambou€,—Kalmouk.
1. On prononce également ec la finale eet des substantifs anspect, cispect, respect.
2. Dans Dordrecht on fait sentir le t final.
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— 336 --
De, etc. Les exceptions sont : Baruch; — Innsbruck ou Inspruck,
Omabruck, et tous les mots ayant cette syllabe finale, qui signifie
Pont; — et Lucqvss, — Mameluk se prononce mam-louk,
Ark, Ork. Après la lettre r on ne met plus le ck d'autrefois; on
écrit Danemark j Cork j York, New-York, etc; mais on écrit Neumarkl
avec un t final.
Un grand nombre de personnes doublent mal à propos cette con-
sonne dans plusieurs substantifs tels que agrafe, carafe, girafe, —
gaufre, — mufle et mouflon,
H
n faut écrire sans h : agate ^, amarante, amiante, catégorie et ses
dérivés, ermite et ermitage; exorbitant, eancbérance, hypoténiLse (à la
3« syllabe), liturgie^, myrte, pentélique^ (marbre), tiare, Galatée^,
Tyane (Apollonius de), où Tétymologie ne demande pas cette lettre;
et monacal, pascal, stomacal, patriarcal et patriarcat *, où l'usage
et l'Académie ne l'admettent plus. — On écrit également galimaXias
sans h,
L'Académie écrit aujourd'hui sans h, alcool et ipécacuana; elle l'a
supprimée depuis longtemps dans calcédoine ^, hémorragie, hémor-
roïde, hémorroïsse (après les rr), dans hypocondre et hypocondriaque
(après le c), dans métempsycose'^, ocre, Caron^, etc.; elle écrit de
même kan^ {le grand).
On écrit Reims et Rémois, et généralement on supprime Yh dans
Amilcar, Annibal, Botnie, Ré, Rodez, Trasimène *®. — On n'en met
plus qu'une dans Bethléem, — On doit écrire sans ^i à la fin les mots
Erfurt, Frankfurt, Klagenfurt, Ochsenfurt, Schweinfurt, Stein-
furt, etc.^^
Quelques personnes transposent mal à propos Vh dans les mots
catéchumène, rhéteur et rhétorique, térébinthe et térébenthine. Ter-
psichore, thaumaturge, etc.
i. Oq. met Vh dans Agathe, nom propre. — 2. litharge et léthargie preimeiit l'ft.
8. Mais on met l'A dans Penthée et PeîUhésilée. — 4. Amalthée prend Vh.
5. Asiarchat, exarchat, conservent Vh. — 6. Cependant on conserve Vh dans Chalcéd^ne,
ville de Bithynie près de laquelle on trouva les premières pitres de ce oom.
7* Précédemment, l'Académie écriyaài pèyeologie; elle a rétabli Vh (psychologie).
8. Elle maintient Vh dans Charybde.
9. A l'article Grand , elle écrit le Grand Kan, avec deux majuscules.
10. Ce nom s'est écrit de plusieurs manières : Thrasymène, Tratymèm, Thrasiminê, et
aujourd'hui Trasimène.
1 1 . Dans plusieurs dictionnaires , quelques-uns de ces noms sont écrits avec une h finale ;
mais c'est une orthographe surannée. A l'exception d' Erfurt (en latin, Erfwtum, Erfordia),
ce sont tous des composés de Furt, qui signifie Passage : Frankfwt (en français Francfort),
Passage fraftc, libre; Klagenfurt, Passage des gémissements, des lamentations; Ochsen^
furt, ... des bcenfs; Scftweinfurt, ... des porcs; Steinfurt^ ... des pierres, ou Passage piei^
reux , pratiqué avec des pierres, etc.
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— 337 —
N
La réduplicatîon de la lettre N présente dans notre langue des irré-
gularités si nombreuses, surtout après l'O, que nous croyons devoir
lui consacrer un paragraphe spécial. Voy. pages 340 à 352.
R
n faut écrire avec une seule r les mots baraque^ barilj caricature,
carillon, curule, gabare (embarcation, filet), maroquin^, Aragon,
Ariége, Novare, Saragosse ^, etc, — L'usage veut qu'on écrive barème
(livre de comptes faits) avec une seule r {Consulter son barème. Il
sait son barème sur le bout du doigt) j bien que le nom de l'auteur
de cet ouvrage en prenne deux {Barréme), Il est surprenant que
l'Académie n'ait pas accueilli ce mot, qui a été fort en usage.
S ET Z
On doit écrire avec une s : asile, basane, basoche ^, blason, diapa-
son, dièse, hasard, léser et lèse-majesté, nasal, sarrasin, etc., con-
formément à l'étymologie; et losange, magasin, conformément à
l'usage depuis longtemps adopté; — avec un z : lézard^, mazette et
suzerain, conformément à l'usage actuel; gaze, horizon, topaze,
vizir, Byzance, Byzantin, Trébizonde, suivant l'étymologie. Cepen-
dant on trouve ce dernier mot écrit par une s dans quelques diction-
naires. On trouve également Balthazar et Balthasar.
On écrit aujourd'hui avec une s les noms Basile, Elisabeth, Sw-
sanne, Génésareth^. — L'habitude fait cependant conserver le z dans
Suzon et Suzette, diminutifs de Susanne.
On doit également écrire avec une s : Stùse, ville et passage en
Savoie, et ville de Perse, capitale de la Susiane.
. On doit écrire sans s finale : Borysthène^, Ravenne, et Flandre
dans en Flandre'^,
1. Dans les quatre premières éditions du Dictionnaire de l'Académie on trouve , il est vrai,
carrillon^t marroquin avec deux r; mais cette réduplication était sans fondement, puisque
carillon vient de quatre ou de quadrille, parce que les carillons étaient autrefois exécutés
par quatre cloches; quant à maroquin, il doit s'écrire comme Maroc, d'oin il a pris son nom. .
2. Il faut mettre deux r à bagarre, barrique, marronnier, Navarre, Tarrayone, etc.
8. Ce mot vient de basilique, maison royale, parce qu'autrefois on rendait la justice dans la
maison du roi. Ceux qui écrivent bazoche font venir ce mot du grec bazâ, je goguenarde,
étymologie plus que hasardée.
4. On pourrait écrire lésard, car l'étymologie lacerta ne réclame pas le z; ce mot serait
ainsi en harmonie avec hasard et puisard, tandis que lézard est le seul mot terminé par zaïd.
5. On conserve le z dans Nazareth.
6. C'est probablement par inadvertance qu'on a mis Borysthènes aveonne s finale dans le
Complément du Dictionnaire de l'Académie. Si l'on écrit Athènes, Mycènes, Cynoscéphales,
Delphes, etc., c'est à cause de la terminaison plurielle de l'étymologie : Athenœ, Mycenœ,
Cynoscephalœ, Delphi. Cependant on trouve, même dans le Complément ci-dessus, Clazomène
et Cyrène sans s, malgré la terminaison Clazomenœ, Cyrenœ.
7. Vs qu'on mettait autrefois au mot Flandre vient évidemment de l'idée de pluralité qu'on
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— 338 —
On jbrouve dans des dictionnaires biographiques très-estimés les
noms propres Apelle, Démosthène, Anaximène, etc, écrits avec une 5
à la fin. C'est sans doute une distraction, puisque dans ces mêmes
ouvrages on a écrit sans s finale : Socrate^ Sophocle^ Euripide, Aris-
tophane, Arisiomène, Clisthène, Antisthène, Éraiosthène, Diogène,
Mécène, etc.
L'Académie a conservé ez dans le mot lez signifiant Près de (le
Plessis-lez-Tours, Saint-Denis-lez-Paris), que les auteurs et les typo-
graphes écrivent généralement lès.
ET
I
Il faut écrire avec un i simple , conformément à l'étymologie et à
l'usage : absinthe, empiriqite ^, lis, logogriphe ^, siphon, siréfie, sirop,
sphinx, stigmate. Silène. — L'Académie écrit aussi avec un * simple :
asile, calice, cariatide, cime ^, Cotisée, cristal, harpie, mirmidon,
et Zéphire, le Zéphire, quoiqu'elle maintienne Vy dans un zéphyr.
Bon nombre de personnes transposent à tort Yi et 1'^ dans les
mots suivants : amphictyon, amphitryon, diptyque, triglyphe^,
hyacinthe ^, sibylle, Érinnys, Ériphyle, Hippolyte ^, Bithynie, Didyme,
Libye'^, Libyssa , Lilybée , Mitylène, Sicyone, Sisygambis, Sisyphe^,
Tirynthe, etc.
DE l'accent circonflexe ET DU TRÉMA.
Il ne faut pas d'accent circonflexe dans les mots aile, cime, mitre,—
chute, égout, joute, reliure. — Levâre (écume de bière) et mûre sont
les seuls substantifs terminés parwre où l'Académie mette un accent ®.
En attendant que l'Académie supprime le tréma sur Ve précédé
d'un a ou d'un 0, comme dans Israël, Raphaël, Noël, etc., nous croyons
devoir signaler l'habitude qu'ont les littérateurs les plus instruits
d'affecter de ce signe Vi ou Vu précédé d'un é, et d'écrire : néréide,
plébéien, Chryséïs, Déïdamie, Déïphobe, Pléiades, Pompéï, Créûse, etc.
Aujourd'hui l'Académie ne met plus le tréma sur la voyelle qui suit
Vé, et elle a raison : l'accent indique suffisamment que la voyelle sui-
vante, i, u, n'a pas besoin de tréma pour être détachée de cet é dans
la prononciation.
attachait à ce mot; au lieu de dire, // est ou je vais dans les Flandres, on disait, // est, je
vais en Flandres.
1 . On met un 3/ à empyrée, empyreume. — 2. Apocryphe et hiéroglyphe prennent l'y.
3. Cymaise n'a pas l^ môme étymplogie que cime, et prend nécessairement Vy.
4. On est surpris que l'Académie n'ait pas admis les mots triptyque et diglyphe en même
temps que diptyqw et triglyphe.
5. Zacynthe (iÏQ aujourd'hui appelée Zanthe) prend l'y,
6. Il 7 a môme des personnes qui écrivent Hypolithe.
1, 8. Dans Lycie, Lydie, Cyziqtie, Vy se met au contraire à la première syllabe.
9. Bile n'en met point à lavure, qu'autrefois elle écrivait laveure aussi bien que lêveure.
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— 339 —
Plusieurs personnes séparent Te de l'a ou de Vo dont il est précédé
dans quelques noms étrangers, et raffectent d'un tréma ; elles écrivent
Schweighaèuser, Goethe, etc. Cet usage qui commence à s'introduire
doit être combattu, parce qu'il tend à dénaturer la prononciation des
noms : si l'on ne veut pas écrire comme les Allemands Schweighàuser,
Gôthe, tout au moins doit-on joindre à l'a et à Vo Ve qui est destiné
à modifier la prononciation : Gœthe, Schweighœuser.
Qu'il nous soit permis, en terminant, de signaler quelques mots qui
chaque jour sont prononcés avec un accent que bien probablement
on ne mettrait pas en les écrivant; et d'autres, au contraire, où l'on
fait muet Ve qui doit être accentué.
Il faut prononcer sans accent Ve de la première syllabe dans les
mots Rémi, Sedan, degré, femelle, levier, menuisier, mesure, pépin,
peser, venimeux, etc. ; celui de la seconde dans les mots dangereux,
féerique, je trouverai, Richelieu, Angely {Saint-Jean d'), atelier,
chandelier, chapelier, coutelier, hôtelier, sommelier, tonnelier, etc. —
Mais dans Pépin le Bref, Rehecca, René, on ne se borne pas à pronon-
cer la première syllabe avec un accent : un grand nombre d'auteurs
les écrivent ainsi, et même la plupart des biographes écrivent Pépin.
Cependant l'Académie écrit Pépin le Bref sans accent, comme le sub-
stantif joepm (Voy. Mairie).
Quant aux mots où l'on supprime mal à propos l'accent ou une
lettre qui en tient lieu, ce sont principalement les diverses personnes
du futur et du conditionnel des verbes terminés par 1er, ner, ter, etc.,
telles que j'appellerai, tu attelleras, il gèlera; je mènerais, tu emmè-
nerais, il promènerait ; j'achèterai, je cachetterai, je souffletterai, etc.,
dont on fait muette l'antépénultième syllabe : j'appelerai, je menC"
rais, etc. — Il est même des gens très-instruits qui prononcent je
renouvelé, tu feuilVtes, il épouss'te, au lieu de renouvelle, feuillettes,
épomsette.
Ua assez grand nombre de personnes, qui d'ailleurs parlent bien,
disent ajeter pour acheter;, c'est une faute dont on ne se rend pas
compte de leur part.
Dans quelques phrases les Parisiens pronon<;ent 1'/ comme si elle
était double : ainsi ils disent : je UVai vu; je l-Vai dit à votre frère;
vous l-Vaurez, etc. — Plusieurs aussi prononcent et même écrivent
intercaller, au lieu de intercaler.
Quelquefois enfin , contrairement à l'habitude qu'ils ont de ne pas
faire sentir Ve muet final précédé d'une voyelle, comme dans Vécurie,
la vie, la boue, la rue, etc., qu'ils prononcent Vécuri, la vi, la bou, la
ru, ils ajoutent un e au milieu de certains temps de verbes, et disent
je conduirai, j'exclu^rai, je pourvoiErai, et même je perdurai,
comme si ces verbes faisaient à l'infinitif conclusr, exclusr, pour-
voyer, perder.
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— 3/i0 —
RÉDUPLICATION DE LA LETTRE M.
N APRÈS A
Les dérivés des mots terminés par an sont peu nombreux, et pro-
portionnellement ils présentent moins d'exceptions que ceux de la
finale on.
Alezan^ capitan, castillan, courtisan, gallican, mahométan, musul-
man, ottoman, persan, plan, roman, sultan, toscan, etc., forment leur
féminin en ane : alezane, capitane, castillane, courtisane^, etc. — Du
substantif Oc^aw on a fait l'adjectif océane (mer).— Il y a deux excep-
tions : paysan, sanne; Jean, Jeanne, et le composé dame-jeanne, sorte
de bouteilJe*.
Faisan a pour féminin faisane ou faisande (poule). C'est de ce
dernier féminin qu'on a fait les dérivés faisandeau, faisander, fai-
sanderie, faisandier.
Ahan, safran, trépan, font ahaner, safr'aner, trépaner; — roman,
romanesque; — ruban, rubanerie, ruhanier^; — boucan, boucaner,
boucanier; — charlatan, charlataner, charlatanerie, charlatanisme;
— satan, sa/am^we; — talisman, talismanique; — tymp2Ln, tympaniser;
— volcan, volcanique, volcanisé.
De ban on fait bannir, bannissement; — de tyran,- tyranneau,
tyrannie, tyrannique, etc., tyranniser; — de van, vanner, vannerie,
vannette, vanneur, vannier; — de tan, tanner, tannerie, tanneur; mais
l'Académie écrit tanin avec une seule n.
Sur 60 mots environ terminés par le son ane, il n'y en a qu'une
dizaine qui prennent deux n; ce sont banne (et ses dérivés banneau,
bannette, banner), canne (bâton, roseau, mesure, et les dérivés
cannage, cannaie, etc.), kahouanne, manne, panne (et son composé
empanner)., rouanne (et ses dérivés rouanner, rou^nnette), tanne,
vanne ; dame-jeanne et paysanne, que nous avons vus plus haut; et
enfin les noms propres Anne, Marianne, Susanne, et les noms de villes
Cannes, Vannes. — Les autres ne prennent qu'une n : basane, cabane,
cane (femelle du canard, et ses dérivés caneton, canette)^ caravane,
1. Capitane et courtisane ne sont pas précisément le féminin de capitan et courtisan, puis-
qu'ils ne s'emploient pas dans le même sens. — Quelques dictionnaires donnent les mots
artfsanne et partisane pour féminins d*artisan, partisan. Le premier est assez fréquemment
employé pour pouvoir être admis ; mais il faut l'écrire avec une seule n, comme cartisane,
courtisane, pariisane, etc. Ce dernier est d'un usage plus rare ; et bien qu'il ait été employé
par Voltaire , il n'a pas eu plus de succès que le mot auguste substitué à août par le même
auteur.
2, L'Académie a bien voulu accueillir s'endimancher, mais elle n'a pas encore admis enru-
haner, dont le participe enrubané est d'un fréquent usage. Il est d'autant plus à désirer qu'elle
l'admette , que la plupart des lexicographes l'écrivent avec deux n, quoiqu'ils n'en mettent
qu'une à rubanerie, rubanier, etc. — On voit avec regret l'n tendre à se doubler dans les
nouveaux mots dérivés de substantifs en an : artisanne, chouannerie, coudranner, ewnk-
banner, etc.
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— 341 —
chicane j tisane j etc. etc. — Vn ne se double jamais dans la finale des
mots masculins : filigrane^ organe, platane j etc, et dans les mots dont
mane est le second composant : bibliomanej mélomane^ etc.
Les désinences anais, anois, ne donnent que milanais, danois.
Le son anneau nous présente anneau, grianneau, panneau (et son
dérivé panneauter), vanneau, avec deux w; — et organeau, qui n'en
prend qu'une.
De tous les mots terminés par le son anier, il n'y a que vannier qui
ait deux n; on écrit bananier, boucanier, casanier, chicanier, doitor-
nier, latanier, panier, printanier, rubanier, etc. — Dans les mots ânier
et rudânier, l'accent sur l'a exclut la réduplication de l'w.
Dans la plupart des mots qui commencent par an suivi d'une voyelle
(environ 110 mots), cette n ne se double pas; on écrit analogie, anor-
lyse, anecdote, animal, anoblir, s'anuiter, etc. Comme noms propres
nous citerons Anacharsis, Anastase, VAnatolie, etc. — Les exceptions
sont l'anneau et ses dérivés anneler, annelet, annélides, annelure,
annulaire, etc.; — année et ses dérivés annales ^, annales, anniver-
saire, annuel, annuité, etc. ; — annexe et annexer; — annihiler et
annihilation; — annonaire^, — annonce et ses dérivés annoncer,
anno7iciade, annonciation ; — annoter, annotation et annotateur; —
annuler et annulation. Parmi les noms propres, Annecy, Annibal,
Annonay, etc.
Dans les mots où an est précédé d'une ou de deux consonnes, on
ne met également qu'une n ; on écrit : banal, canevçLS, canot, manière,
manoir, panique, panonceau, panorama, tanière; flanelle, glanage,
granit, planète, planure, etc. (environ 160 mots).
Les exceptions sont banneret, — banneton, — bannière, — canne-
berge, — cannelle et ses dérivés, — cannelille, — cannette (sorte de
robinet), — cannibale, — hanneton, — mannequin, — panneton, —
enfin les dérivés de ban, tan, van, tyran, banne, canne, roiumne, etc.,
et ceux des mots terminés par anne, anneau, etc., que tous nous avons
vus plus haut.
N APRÈS E
La prononciation de l'N après l'E peut induire en erreur sur l'or-
thographe des mots où l'on fait sentir cette consonne comme si elle
était double, bien qu'il n'y en ait qu'une, comme enivrer, enorgueillir,
enharmonique, enherber {an-^ivrer, an-norgueillir, an-narmonique,
annierber, etc. ) et les dérivés ; -— de ceux où Ton n'en fait sentir
1. U est important de distinguer annaliste, historien qui écrit des annales, A'analyste^
savant versé dans l'analyse. Ceux qui réclament contre la réduplication des consonnes et
l'emploi des lettres étymologiques nous exposeraient , comme on le voit , à de singulières
confusions de mots.
2. La définition de Loi annonaire ( celle qui pourvoyait chez les Romains à ce que les vivres
n'enchérissent pas ) ne fait pas comprendre pour quelle raison ce mot prend deux n. Il est
regrettable que l'Académie n'ait pas mis le mot Annonb , Provisions de bouche pour Vannée.
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— 342 —
qu'une bien qu'il y en ait deux, comme ennemi^ hennir^ nenni,
solennel j et les dérivés {ènemi, ha-nir, ncHni, 'sola-nel, etc.), — et de
quelques autres où l'on s'écarte de la prononciation naturelle que
présentent les mots ennoblir, ennui, etc. Voy. page 329.
Conformément à l'étymologie , on écrit avec deux n les adjectifs
biennal, triennal, qitatriennal , ,quinquennal , septennal, décennal,
vicennal, qui en latin se terminent par ennis, ennalis ( biennis, bien-
nalis; decennis, decennalis, etc.), et où l'on fait sentir les deux n du
mot annus dont ils sont formés. — Mais on écrit avec un ë les mots
septénaire, quadragénaire, quinquagénaire, sexagénaire, septuagé-
naire, octogénaire, nonagénaire, parce qu'en latin ces mots se termi-
nent par enarius (septenarius, quadragenarius, etc.). Centenaire
s'écrit avec un e muet à la seconde syllabe.
La désinence enne sert à former le féminin d'un certain nombre de
mots terminés par en. L'orthographe de cette formation est constante :
Chaldéen, enne; Européen, enne ; Vendéen, enne; chrétien, enne; mvr-
sicien, enne ; plébéien, enne, etc. ; — ou bien elle termine des mots
non dérivés : antenne, antienne, couenne, étrenne, géhenne, julienne,
méridienne, penne (grosse plume des oiseaux de proie), persienne,
renne, etc. — Ceux où Vn ne se double pas se terminent par ène, éne,
ëne : arène j bourgène (ou bourdaine), cadène, carène, catéchumène,
ébène, galène, gangrèyie, glène, hydrogène, hyène, hygiène, molybdène,
oxygène, ozène, patène, phalène, phénomène, scène, sentène, sirène;
— alêne, chêne, frêne, gêne, pêne ( la partie de la serrure qu'on fait
aller et venir avec la clef), rêne (bride); — ciroène, troène j etc. *
N APRÈS I
In initial a tantôt le sens privatif de non, comme dans inutile, innor-
vigable; tantôt celui de dans, comme dans les mots inondation,
innover. La réduplication de Vn dépend donc de ce que le mot pri-
mitif commence par une voyelle ou par une consonne. Mais ce qui
augmente la difficulté, c'est que le primitif n'est pas toujours usité
en français; ainsi les mots iniqus, innocent, n'ont pas le mot simple.
Heureusement les mots qui commencent par inn ne sont pas nom-
breux, et nous pouvons en donner la liste : innavigable, inné, inno-
cence, innocuité, innombrable, innomé, innominé, innover, et leurs
dérivés. — Dans tous les autres , Vn reste simple : inabordable, iné-
narrable, inhabile, inique, inoculer, inonder, inutile, etc., et les
dérivés.
Dans l'intérieur des mots, Vn ne se double pas ; cinnamome etpinne-
marine, sont, croyons-nous, les seules exceptions. Dans tous les autres,
il n'en faut qu'une : binage, binet, binocle; cinabre, cinéraire; finance,
1. Le son ène peut se rendre encore par aine, eine (centaine, chaîne, haleine, peine) , etc.;
mais nous ne faisons pas ici un tableau d'homonymes.
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— 343 —
finesse; linéaire j linon; minauder, minéral, ministre; rhinocéros;
sinapisme, sinécure, sinistre, synagogue, synonyme, etc. etc.
Dans les mots terminés par ine^ dérivés ou non d'autres mots ter-
minés par in, on ne double pas Vn : badin, ine; câlin, ine; cousin,
ine; orphelin, ûie;— capucine, colline, cuisine, famine, farine, mous-
seline, térébenthine, vermine, etc. — Une exception : Corinne.
N APRÈS U
Soit au commencement, soit à la fin des mots, TN ne* se double
jamais après TU : unamme, uniforme, union, univers; dune, fortune,
lune, pécune, prune, rancune, etc.
Par la même raison, le féminin des mots terminés par un ne dou-
ble jamais cette consonne : aucun, une; brun, une; commun, une;
importun, une, etc. — Cette règle doit être observée dans les autres
dérivés : communauté, importunément, rembrunir, etc.
N APRÈS 0*
C'est après Vo que cette consonne se rencontre le plus fréquem-
ment; et pour faciliter la recherche des mots où elle se redouble,
nous donnerons : 1° la liste des mots terminés par on, dont tous les
dérivés doublent Vn; — 2° celle des mots sans primitif en on où Vo est
suivi de deux n; — 3° celle des mots terminés par on dont les dérivés
ne doublent pas Vn; — 4** celle des mots sans primitif en on qui ne
prennent qu'une w; — 6® celle des mots en on dont les dérivés pren-
nent les uns deux n, et les autres une seule *.
1° Mots terminés par on, dont tous les dérivés, simples ou compo-
sés', doublent Vn :
Abandon, action, addition, affection, aiguillon, ambition, amidon,
ftnon, arçon, artison, ascension, attraction.
Badigeon, bâillon, ballon, baron, bastion, bâton, besson, biberon,
bichon, billon, blason, bonbon, bondon, bouchon, bouffon, bouillon,
boulon, bourdon, bourgeon, bouton, brandon, brouillon, buisson.
Camion, caparaçon, capon, capuchon, carillon, carton, caution,
cession, chanson, chaperon, chapon, charançon, chardon, charron,
chaudron, chevron, chiffon, citron, clayon, cloison, cochon, coïon,
collation, commission, compagnon, concession, concussion, condition,
confection, confession, constitution, convention, convulsion, cordon,
correction, coton, crampon, crayon, cresson.
Démission, diction, dindon, discrétion, division, donjon, drageon,
dragon.
1. Contrairement à l'ordre alphabétique, que nous avons suivi jusqu'ici , nous plaçons cet
article à la fin du chapitre , à cause de sa longueur.
8. Pour tous ces mots, nous nous sommes borné au Dictionnaire de l'Académie.
8. Tels sont arçon, désarçonner; guiynon, déguiffnonner ; poison, empoisonner; saison,
assaisonner (suivant l'Académie, première édition), dêssaisonner.
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Échanson, échantillon, échelon, écouvillon, écusson, émerillon,
émulsion, environ, éperon, escadron, espadon, espion, estramaçon,
étalon, étançon, étréslllon, exception, expédition.
Façon, faction, fanfaron, faon, faucon, feston, fleuron, flocon,
fluxion, foison, folichon, fonction, fourgon, fraction, fredon, friction,
fripon, frisson.
Gabion, galon, garçon, gazon, giron, glouton, godron, goudron,
grison, guerdon, guignon.
Harpon, hérisson, héron, houblon.
Insurrection, intention. — Jalon, jambon, jargon, juridiction.
Larron, légion, liaison, lion, luron.
Maçon, maison, mamelon, maquignon, marron, melon, mention,
menton, mignon, mission, mixtion, moisson, mouton, munition.
Négrillon. — Occasion, octavon.
Pantalon, paon, parangon, pardon, passion, peloton, pension, per-
fection, pétition, pigeon, pion, plastron, poêlon, poison, poisson,
polisson, poltron, pompon, ponton, poupon, précaution, prison, pro-
cession, proportion, provision.
Quarterons question.
Raison, rançon, rayon, religion, rémission, rétention, révolution.
Sablon, saison, sanction, savon, scission, sermon, sillon, soumis-
sion, soupçon, station.
Talon, tampon, tatillon, teton, tignon, tison, tourbillon, tradition,
tronçon.
Vermillon, vigneron, vision.
Plafond et quart-de-rond font plafonner, quarderonner, et de la
loc. adv. à tâtons on a fait tâtonner, etc.
A ces mots s'ajoutent naturellement les noms propres Bourguignon,
Brabançon, Breton, Saxon, etc., qui tous doublent Yn au féminin :
Bourguignonne, Brabançonne, etc.
2° Mots sans primitif en on, où Vo est suivi de deux n :
Braconnage, braconner, braconnier, — lantiponnage et lantiponner,
— tortionnaire, — bisonîie, chaconne, cretonne, personne, ses dérivés
et ses composés; — randonnée; — rationnel et irrationnel; — péronr-
nelle; — bougonner (de bougon, grondeur, terme que T Académie n'a
pas admis), marmonner, rognonner, égravillonner, mitonner, tes tonner;
— les diminutifs chantonner, mâchonner, nasillonner, strapassonner;
— abonner, griffonner (de griff'e), et leurs dérivés; ordonner (d'ordre),
et ses dérivés réguliers ordonnance, ordonnancer, ordonnateur, ordon-
née^, etc.; — bourdonnet, sansonnet; — baïonnette, barcelonnette,
bergeronnette, marionnette ; — semonneur; — cordonnier (autrefois
cordouanier, ouvrier en cordouan, cuir de Gordoue), cordonnerie;
— paXonnier, ferronnier et ferronnerie.
1. Né d'un blanc et d'une mulâtre, et réciproquement.
2. Les dérivés irréguliers sont : ordinand, ordinant, ordination.
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— 345 —
3o Mots terminés par on, dont les dérivés ne doublent pas Vn :
Tabellion, tabellionage; ramon, ramonage , ramoner, ramoneur; —
nation, national, etc,^, nationalité; septentrion, septentrional; — coty-
lédon, colylédonë et les composés acotylédone, monocotylédone , dico^
tylédone; — saumon, saumoné, saumoneau; — poumon, époumoner,
pulmonaire, pulmonie,pulmoniqus on poumaniqvs ;— oignon, oignonet,
oignonière; — flegmon^ flegmoneux; limon (boue), limoneux;— limon
(citron), limonier, limonade, limonadier; — limon (d'une voiture),
limonière, limonier *; — démon, démoniaque; — Simon , simonie, simo-
niaque; — colon, colonie, colonial, coloniser, etc; — alcyon, boston,
Cicéron, Tiron, Newton, alcyonien, bostonien, cicéronien, tironien,
newtonien et newtmiianisme ; — Glycon, glyconien ou gly conique; —
Pyrrhon, pyrrhonien, pyrrhonisme ; — Platon, platonicien, platonique,
platonisme; — amphictyon, amphictyonide, amphictyonique ; --' gon-
falon, timon, gonfalonier, timonier; — gnomon ^Teuton ^ gnomonique,
teutonique; — Zenon, zénonique, zénonisme ; -^ Python, pythonisse;
— violon, violoniste; — Ammon, Maron, ammonite, maronite.
U° Mots sans primitif en on, qui ne prennent qu'une n :
Caronade, cassonade, flanconadey — antiphonaire (ou antiphonier)^
saponaire; — rational, diaconat, diagonal, etc., méridional, ohsidional;
— rationalisme; — diaconat, stellionat; — stellionataire; — Argonaute;
— amazone, anémone, argémone, aurone, autochthone, belladone,
bryone, carbone, cicérone. Gorgone, madone, matrone, monotone,
trombone;— archidiaconé, erroné, péroné; — macaronée, scammonée;
— épiphonême; — déponent; — scorsonère; — Chersonèse; — diaconesse
(ou dia^oniêse)\ — ammoniac (ou ammoniaque) \ — ammoniacal; —
cérémonial, antimonial, matrimonial, patrimonial, testimonial;-^
ammoniaque, dionysiaque, simoniaque; — disponible; — canonicat; —
saronidé; — acrimonie, agonie, cérémonie, harmonie, ironie, parci-
monie, pkysiognomonie, pneumonie, prestimonie, quérimonie, et tous
les composés de gonie, phonie, tonte, tels que cosmogonie, cacophonie,
atonie, monotonie, etc.; — antimonié; — adonien (ou adonique);
sardonien (ou sardoniqiùe) ; — antiphonier, nautonier; — acrimonieu>x,
calcédonieux , cérémonieux, harmonieux:, etc.; — gonin (maître),
léonin (partage, vers); — adoniqiie, architectonique, aréotectonique,
diatonique, etc. ; euphonique, harmonique, etc. et enharmonique; her-
cotectonique, hiéronique, irofiique, etc., laconique, etc., macaronique,
pathognomoniqus, physiognomonique, pneumonique, sardonique, véro-
nique; — Adonis; — agonisant; — intronisation, préconisation ; —
adoniser, agoniser, introniser, préconiser; — antagonisme, laconisme;
— diaconisse; — antagoniste, harmoniste; — aconit;— bonite; — ano-
1. Vetc. qui suit national, diatonique, harmonique, ironique, et quelques autres adjectifs,
remplace les adverbes naiionaltment, diatoniquement, etc.
2. Autrefois l'Académie échvait époumonmr ; limonnade, limonnadier, linumneux, linum-
nier; timonnier; ramonner et ramonneur.
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— 346 —
nyme, ëponyme, homonyme, paronyme, synonyme; — homonymie,
métonymie, synonymie; — patronymique, synonymique,
5° Voici maintenant les mots terminés par on dont les dérivés ne
suivent pas une règle uniforme, c'est-à-dire dont les uns doublent la
lettre n, tandis que les autres n'en prennent qu'une.
Bon, bonne, etc.; abonnir, rabonnir, débonnaire, etc., débonnaireté;
— bonace, bonasse, boni, bonifier, bonification.
Canon, pièce d'artillerie, prend deux n dans ses dérivés : canon-
nade, canonnage, canonner, canonnier, canonnière.
Canon, terme d'Église, n'en prend qu'une dans les siens : canonial,
canonicat, canonicité, canoniqtie, canoniser, etc.
Canton, cantonner, cantonnement, cantonnier, cantonnière; — can-
tonal, cantonade.
Charbon, charbonnée, charbonner, charbonneux, charbonnier, char-
bonnière, carbonnade;^ carbone, carboné, carboniqvs, carbonisation,
carboniser, carbonate.
Don, donnant, donne, donnée, donner, donneur, s' adonner; ^dona-
taire, donateur, donation.
FÉLON, félonne; — félonie. ^
Gascon, gasconne, gasconnade, gasconner; — gasconisme.
Million, millionnaire; — millionième.
Papillon, papillonner; — papilionacé ou papillonacé.
Patron, modèle, patronner.
Patron, protecteur, patronne ;-'patronage, patronal, patronymique;
s'iràpatroniser.
Son, sonnant, sonner, sonnerie, sonnette, sonneur; sonnaille, son-
nailler; résonnance, résonnant, résonnement, résonner; consonne,
consonnance, consonnant; — sonore, sonorité; assonance, assonant,
dissonance, dissonant, dissoner^.
SoRBON (fondateur de la Sorbonne), Sorbonne; — sorbonique, sor-
boniste.
Ton, entonner, détonner (sortir du ton); — intonation.
Pont a pour dérivés pontonnier, — et pontonage.
Voici encore quelques mots dont les dérivés ne suivent pas une
règle uniforme :
Colonne, colonnade, entre-colonnement; — colonel, s. m.; colonelle
(compagnie), adj. f.
Couronne, couronnement, couronner; — coronaire, coronal, coro-
noïde, coronille.
Pour compléter ce tableau, il nous reste à donner la liste des mots
où on se trouve dans la première syllabe , et où il ne s'agit point de
dérivation.
1. Dans ses premières éditions, l'Académie écrivait asionnance, dissonnanee, rfc, avec
deux n.
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— 3/|7 —
Mots tant primitif fsn OVy oà l'N te double.
Bonnet et ses dérivés bonnetade, honneter, bonneterie, bonneteur,
bonnetier, bonnette.
Connaître , ses dérivés et ses composés : connaissance, connaissant,
connaissement, connaisseur; — reconnaître, reconnaissable, recon-
naissance, reconnaissant;— méconnaître, méconnaissable, méconnais-
sance, méconnaissant; — inconnu.
Connétable et connétablie.
Connexe, cowwea?iow^ connexité.
Connivence, connivent, conniver.
Honnête, honnêtement, honnêteté; ^malhonnête, etc., malhonnêteté;
— déshonnête, etc., dés honnêteté.
HoNNEDR et déshonneur, dont les dérivés ne prennent qu'une n,
parce que cette lettre s'y trouve entre deux o : honorable, etc. (Voy.
p. 3/j8).
Honnir.
Monnaie , monnayage, monnayer, monnayeur, — Les autres dérivés
et les composés, se rapprochant de la forme latine {moneta)^ ne
prennent qu'une n : monétaire, démonétisation, démonétiser.
Nonne ou nonnain, nonne tte.
Sonna, s. f. — Sonnet. — Sonnez, s. m.
Tonne , ses dérivés et ses composés : tonneau, tonnage, tonnelet,
tonnelier, tonnellerie, tonnelle, tonneler, tonneleur; entonner, entonnoir.
Tonnerre , tonner; — étonner, étonnement, étonnant, etc, — Une
seule n à détoner (faire explosion), détonation.
Mot* tant primitif en OH, où VN ne te double pat.
Bonite.
Chronique , ses dérivés et ses composés : chronicité, chroniqueur;
— anachronisme, métachronisme, parachronisme, prochronisme ; —
— isochrone, isochronisme ; — tautochrone, tautochronisme ; — syn-
chronique, synchronisme.
CÔNE, conique, conifère. — Donatiste.
GONiN. -^ Goniomètre et goniométrie.
Ionien, ionique.
Monacal, etc.,monachisme, monastère, monastique, dérivés de Moine.
Monade, — monadelphie, — monandrie, — monaut.
Monarque, monarchie, monarchique, etc.
Moniteur, mofiition, monitoire, monitorial.
Monument, monumental. '
Nonagénaire, '-'nonagésime,'—nonante et nonantième;—none {terme
de liturgie ),—nowes (terme du calendrier romain),— nonirfi^—nomî^^
— nonuple, nonupler.
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— 3^8 —
Ponant. — Pronaos.
Phonateur, pronation.
Prône , prôner, prôneur.
Sonate. — Tonarion. — Zone.
Dans certains mots, Vn se trouve entre deux o; c'est dire qu'elle
ne s'y double jamais. Nous pourrions donc nous dispenser d'en donner
la liste; cependant nous la joindrons ici, afin d'être complet.
Agonothète.
Agronome , astronome , autonome , Deutéronome , économe y gastro-
nome, et leurs dérivés.
Antonomase, paronomase et paronomasie, métonomasie.
A rchitectonographe, architectonographie ,
Bubonocèle,
Chronogramme; — chronologie, chronologique, chroîiologiste, chro-
nologue; — chronomètre,
Conoïde. — Coronoïde.
Démonographe, démonomanie.
Iconoclaste; iconographe et- ses dérivés iconographie, iconogror
phique; iconolâtre, iconologie, iconomaque.
Monochrome, — monocle, — monocorde, — monocotylédone, — mo-
nœcie, — monogramme, — monographie, — monoïque , — monolithe, —
monologue, — m>onomane et monomanie; — fnonôme, — monopétale,-^
monophylle, — monopole et monopoleur, — monoptère, — monastique,
— monosyllabe et monosyllabique, — monotone et mxmotonie.
Nonobstant, — Onomatopée.
Physionomie, physionomiste.
Pronom, pronominal, etc.
Prononcer, prononciation.
Pronostic, pronostiquer, pronostiqueur.
Trigonométrie, trigonométrique, etc.
A ces mots on peut ajouter, pour mémoire, sonore, sonorité, et les
dérivés et composés ^'honneur : honorable, etc, honoraire, honorer,
ad honores, honorifique, — déshonorable, déshonorant, déshonorer.
Maintenant nous allons essayer de donner les règles qu'il est pos-
sible de tirer de ce qu'on vient de lire. Afin d'être plus clair, nous
présenterons d'abord les terminaisons où Vn est doublée après Va,
avec les .exceptions ; puis celles où l'o est suivi d'une seule n. Ce ta-
bleau n'embrasse pas seulement les dérivés des mots terminés par on;
il comprend, nous le croyons du moins, tous les motstlans lesquels se
trouve on. — Il est inutile de dire que les dérivés de ces mots suivent
la même règle ; ainsi, personnel, personnellement, personnification,
personnifier, prennent deux n comme personne, — et harmonieux,
harmonique, harmoniste, etc., n'en prennent qu'une, comme luir-
monie; — sauf les exceptions indiquées à la page 346.
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— 3^9 —
Écrivez avec deux N :
Onka ; sonnaj s. f. — Onnable : pardwmable, raisonnable, etc. *
Onnad£ : canonnade, carbonnade, etc. — Exceptions : cantonadej
limonade; — caronade, cassonade, flanconade, mona4e,
Onnage : charromiage, lantiponnage, e^c— Exceptions : patronage,
pontonage, ramonage, tabellionage,
Onnaie : monnaie, et ses dérivés monnayage, monnayer, morma^ur.
Pour les autres dérivés et les composés, voy. p. 3A7.
Onn AILLE : sonnaille, poissonnaille,
Onnaire : dictionnaire, tortionnaire, etc. — Exceptions : mUipho-
naire, coronaire, pulmonaire, saponaire.
Onnais : quelques noms propres : Bourbonnais, Lyonnais ^, etc. —
Exceptions : Aragonads, Bolonais, Boulonais, Japonais, Polonais^.
Onnaître : connaître. (Voy. ses dérivés et ses composés, p. 3^7.)
Onnalité : constitutionnalité , personnalité, proportiommlité. --
Exception : nationalité.
Onn ANGE : consonnance, résonnance, ordonnance. — Exceptions :
assonance, dissonance.
Onne : Cette terminaison renferme le féminin des substantifs et
des adjectifs indiqués pages 343-3M, tels que baronne, bouffonne,
friponne, poltronne, quarteronne, etc. ; — bisonne, chaconne, colonne,
cretonne, donne, dragonne, nonne ou nonnain, personne, tonne (Voy.
ses dérivés et ses composés, p. 3/i7). — Auxoniie, Bayonne, Car cas-
sonne, Lisbonne, Olonne, Péronne, Ratisbonne, Garomie, Ymme, etc. ,
plus le féminin de Berrichon, Bourguignon, Breton, Gascon, etc. etc.
—Exceptions : aumône'', cône, prône, pylône, trône; — acotylédone,
monocotylédone, dicotylédone, isochrone, synchrone, amazone, ané-
mone, argémone, aurone, autochthone; bryone, carbone, cicérone (que,
suivant l'Académie, il faut prononcer chichéroné), Gorgone, m^ndone,
matrone, monotone, none (terme de liturgie), et nones (terme du
calendrier romain), trombone, zone, et les composés de gone : pen-
tagone, hexagone, heptagone, octogone, ennéagone, décagone, poly-
gone, etc. — Plus, quelques noms de villes, tels que Babylone, Barce-
lone ^, Colone ^, Dodone, Hippone, Tarragone, etc. etc.
1. Dans cette page et dans les trois suivantes, Veto, qu'on trouve après deux exemples
d'une terminaison représenta tous les mots de cette même terminaison, sauf les exceptions
indiquées.
2. Sans trancher la question qui divise les historiens, nous dirons que les uns, s'appuyant
sur l'étymologie latine {Narbonerisis) , écrivent la Narbonaise; les autres, faisant dériver ce
mot du français (Narbonne), écrivent la Narbonnaise.
S. Bolonais, Boulonais, Polonais, dérivent de Bologne, Boulogne, etc., dont on supprime le g.
4. L'é n'est jamais suivi de deux n; et l'on peut donner comme règle qu'une voyelle
affectée d'un accent n'est jamais suivie de deux consonnes semblables. — Il n'y a pour excep-
tions que masse et son verbe masser; châsse, châssis, et les composés enchâsser, e^ichâssure.
5. On écrit avec deux n, Barcelonnette, nom de ville et nom d'un lit d'enfant.
6. Co/otw (Colonos) était le nom d'un bourg près d'Athènes, célèbre par un bois où
Sophocle place la scène d'OEdipe à Colone.
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— 350 —
Onné : basHonné^ désordonné j etc. — Exceptions : archidiaconé ,
péroné, s. m. ; carboné, cotylédoné, saumoné, erroné.
Onneau : fauconneau, tonneau, etc. — Exception : saumoneau,
Onnée : chaudronnée, randonnée, etc, — Exceptions : dionée, mor
caronée, scammonée,
Onnel : processionnel, personnel, etc. — Exception : colonel.
Onnelle : citronnelle, péronnelle, tonnelle. — Exception : colonelle
(compagnie).
Onner : abandonner, braconner, étonner, etc. — Exceptions : aumô-
ner, détrôner, prôner; détoner (faire explosion), époumoner, ramener.
Onneret : chardonneret.
Onnerie : bouffonnerie, ferronnerie, etc.--- Exception : aumônerie.
Onnerre : tonnerre et paratonnerre.
Onnessê : larronnesse, patronnesse, qui n'est pas encore dans Je
Dictionnaire de TAcadémie. — Exception : diaconesse.
Onnet : baronnet, bonnet S sansonnet, etc. — Exception : oignanel.
Onné TABLE : connétable et connétablie.
Onnête : honnête *.
Onnette : chansonnette, barcelonnette, etc.
Onneur : carillonneur, sermonneur, etc. — Exe. : ramoneur, prôneur.
Onneux : buissonneux, cotonneux, etc. — Exceptions : flegmoneux,
limoneiuc.
Onnez : sonnez, s. m.
Onnier : amidonnier, marronnier, cordonnier, etc. — Exceptions:
gonfalonier, limonier, timonier; antiphonier, nautonier, aumônier.
Onnière : bonbonnière, boutonnière, etc. — Exceptions : limonière,
oignonière, aumônier e.
Onnine : cotonnine.
Onnir : abonnir, rabonnir, honnir,
Onni venge, etc. : connivence, connivent, conniver.
Eorivez avec une seule N :
l'« règle générale. — La lettre n entre deux o ne se double jamais.
(Voy. p. 3/i8.)
2« règle. — Après Vô, Vn ne se double jamais. ( Voy. la note k de
la page 3Zi9. )
3« règle. — Aucun mot ne commence par onn; on écrit : onagre,
onéreux, onirocritie, onomatopée, onyx, etc.
4* règle. — Mon initial ne double pas son n; on écrit : monacal, etc.,
monachisme, monastère, monastique, — monade, monadelphie, mo-
nandrie, monaut, — monarque, etc. ^, — monétaire, etc. *, — moni-
teur, etc.^^ — monument, etc.^^ et tous les mots qui commencent par
1. Voyez les dérivés de bonnet, p. 347. — 2. Voyez les dérivés et les composés d'honnête,
p. 347. — 3,4,5,6. Pour les dérivés de ces mots, voyez p. 347.
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— 351 —
mono : monochrome, etc, (Voy. p. 3/i8.)— Les seules exceptions sont
monnaie, monnayage, monnayer, monnayeur,
5* règle. — Il en est de même pour Tinitiale non; on écrit nonagé-
naire, etc. ; none et nones, nonidi, nonius, nonupler, etc. ( Voy. p. 3Z»7.)
— Les exceptions sont nonne ou nonfiain et nonnette.
Onacal : monacal. ( Pour ce mot et les autres dérivés de moine,
voyez la règle U^. )
Onace : bonace.
On ÂGÉ : papilionacë ou papillonacé.
Onagre, etc. (Voy. la règle 3«.)
On AL : cantonal, diagonal, etc. — Exceptions : confessionnal, pro-
cessionnal, stationnale, adj. f.
Onant : ponant.
Onaos : pronaos.
Onarion : tonarion.
On ARQUE : monarque. (Voy. ses dérivés, p. 347.)
Onasme : pléonasme.
Onasse : bonasse,
Onat : diaconat, stellionat ^. — • Exceptions : pensionnat, personnat.
Onataire : donataire, stellionataire, etc.
Onate : carbonate, sonate.
Onatedr : donateur, pronateur. — Exception : ordonnateur,
Onation : détonation (explosion), donation, intonation, pronation,
Onatiste : donatiste.
One : aumône, cône, prône, pylône, trôfte, etc. (Voy. la terminaison
Onne, p. 3Zi9.)
Onème : épiphonème.
Onent : déponent.
Onère : scorsonère.
Onèse : Chersonèse, Péloponèse^.
Oni : boni (Voy. au mot Bon, p. 346), macaroni.
Oniac, oniaque : ammoniac, ammoniaque, démoniaque, simoniaque.
Oni AL : canonial, colonial, ^tc. *
1. Ce n'est pas sans regret que nous mettons dans la règle la terminaison onat, avec une
seule n, car il serait bien plus naturel de doubler la consonne dans les substantifs et les adjec-
tifs dérivés des mots en on ^ comme on le fait pour les verbes ; ainsi nous écririons cilronncU
comme pensionnat. Malheureusement l'Académie n'a pas admis le premier de ces deux mots,
qui aurait départagé les voix. D'un autre côté , nous ne pouvions guère mettre onnat dans
la règle , puisque l'Académie écrit avec une seule n la plupart des mots terminés par onal,
onataire, onateur, onation, etc.; et cela contrairement aux terminaisons onnable, onnade,
onnage, onnaire, etc., où la consonne est généralement doublée , du moins pour les dérivés
des mots en on. Combien il y aurait à faire pour simplifier l'orthographe 1
2. Aucun dictionnaire ne donne Chersonèse avec deux n, tandis que dans plusieurs on lit
Pélopowèse, On a peine à comprendre d'abord le pourquoi de cette différence, car ce dernier
mot vient de Pélops et nésos (île de Pélops), comme le premier vient de chersos, terre ferme,
et nésos, tle (île qui tient à la terre ferme , ou presqu'île, péninsule). Cependant, comme les
Grecs eux-mêmes écrivaient Pelopôs^iésos, il est évident que la double tin a une raison d'éty-
mologie ; et les lexicographes qui n'en mettent qu'une le font par analogie avec Chersonèse,
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Onible : disponible,
Onide : saronide,
Onie : félonie, colonie, Laponie, agonie, e/c— Exception : baronme.
UNIÈME : millionième,
Onien, onicien : cicéronien, pyrrhonien, platonicien, etc.; adonien
ou adoniqvs, glyconien ou glyconique, (Voy. p. 3/i5.)
Onifère : conifère.
Onin : gonin (maître), léonin (partage, vers).
UNIQUE : tonique, véronique, etc. — Exception : maçonnique,
Onis : Adonis.
Oniser : sHmpatrordser, carboniser, etc. «
Onisme : gasconisme, pyrrhonisme, laconisme, etc.
Onisse : diaconisse ( ou diaconesse ), pylhonisse.
Oniste : sorboniste, violoniste, symphoniste, antagoniste, etc. —
Exception : bâtonniste.
Onit : aconit.
Onite : ammonite, bonite, maronite.
Onitedr, onition, onitoire : moniteur, etc, (Voy. la règle /t*".)
Onore, etc. : Sonore, sonorité, honorer, honorable, etc. (Voy. la
règle !'•.)
Onyme , ONTMiE , onymique : anonyme, éponyme, homonyme, paro-
nyme, synonyme; — homonymie, métonymie, synonymie; ^patrony-
mique, synonymique.
PARIS. ~ IMPRIMERIE DE J CLATB, RUE S A1NT - BKNOIT , 7.
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