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Full text of "Errata du Dictionnaire de l'Académie Française, ou, Remarques critiques sur ..."

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ERRATA 

DU 

DICTIONNAIRE 

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE 



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Les exemplaires destinés à assurer à Fauteur la propriété de ce livre 
ont été déposés conformément aux termes de la loi. 

Tout exemplaire qui ne portera pas la signature de l'auteur sera 
réputé contrefait. 




OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 
Chez les mêmes Libraires : 



RECUEIL DE MOTS FRAHÇA» PAR ORDRE m MATIÈRES, aveo des Notes sur les 
lociUions ticieusêt, das Règles d'curlhographe , et def Exercicbs qui servMit d'application 
i la méthode. 13« édition. — In-S». Prix : 1 fr. 50 c. — Ouvrage adopté par l'Université. 

ABRÉGÉ DU RECUEIL DE MOTS FRANÇAIS par ordre de matières, à Vusage des com- 
mençants, avec des Exbrcicks qui servent d'application à la méthode. In-12 de 48 pages. 
21« édition. Prix : 30 centimes. — Ouvrage adopté par l'Université pour l'instruction pri- 
maire et les SaUes d'Asile. 

EXERCICES SUR L'ABRÉGÉ DU RECUEIL DE MOTS, etc. In-12. Prix: 1 fr. — Outre 
les exercices proprement dits, on trouvera dans cet ouvrage les mots du Recueil accom- 
pagnés d'adjectifs, de substantifs, etc., au moyen desquels MM. les Instituteurs pourront 
composer sur-le-champ des phrases pour les plus jeunes élèves. 

RECUEIL DE MOTS FRANÇAIS par ordre alphabétique, avec des règles d'orthographe. 
In-8», 6« édition. Prix : 1 fr. 50 c. — Dans ce Recueil , qui lui a été demandé pour servir 
de dictionnaire aux élèves, l'auteur, afin de ne pas multiplier inutilement le nombre des 
mots , a donné tantôt les racines , tantôt les dérivés , suivant la nature des difficultés qu'ils 
présentaient; de plus, il s'est borné aux termes généralement usités dans le commerce, 
l'industrie, l'agriculture et la vie commune. 



PARU. — IMPKIMBRIB DK J. CLAYB, RUE SAINT- BENOIT, 7. 



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ERRATA 



DU 



DICTIONNAIRE 

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE 

ou 

REMARQUES CRITIQUES 

m LES 1RRÉGU1.ARITÉS OO'Il PRÉSENTE 

AVBC l'indication 

DE CERTAINES RÈGLES A ÉTABLIR 

PAR 

B. PAUTEX 

PROFESSEUR DB LANGUE FRANÇAISE 

MEMBRE DB LA BOa^TÉ POUR L'INSTRUCTION éLÉMENTAIRB 

ET DB CELLE DBS MÉTHODES D'eNSEIONBMBNT 

MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ GRAMMATICALE 

ET DB L'aTHÉNBB DES ARTS, SCIENCES, BELLES-LETTRES ET INDUSTRIE DB PARIS 

DEUXIÈME ÉDITION 



Si mon œuvre n'est pas un assez bon modèle, 

J'ai du moins ouvert le chemin : 
D'autres pourront y mettre une dernière main. 
La Fontainb. 



r 



PARIS 



J. CHERBULIEZ, LIBRAIRE 

RUE DE LA MONNAIE, 10. 

HACHETTE et 0% LÎBRAIRES 

boulbvabt st-obrmain, n. 



DEZOBRY, F. TANDOU et C'« 

EUB DBS éCOLBS, 78. 

MAIRE-NYON, LIBRAIRE 

QUAI CONTI, 13. * 



1862 



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PREFACE 



L'accueil favorable qu'avaient reçu les Remarques sur le 
Dictionnaire de l' Académie publiées dans plusieurs journaux, 
nous engagea en 1856 à les réunir en un petit volume. Cet 
opuscule nous a valu des témoignages de bienveillance qui 
nous ont déterminé à examiner de nouveau le Dictionnaire, 
à le scruter minutieusement. Nous avons comparé entre eux et 
parfois opposé les uns aux autres les articles qui avaient quel- 
ques points de corrélation -^^ nous avons tâché d'en déduire 
des règles que les dictionnaires n'établissent pas, et qu'on ne 
trouve pas même dans les grammaires. 

Ce travail nous a confirmé dans l'bpinion que nous avons 
émise précédemment, qu'il serait utile que l'Académie s'adjoi- 
gnît quelques hommes compétents pour la révision de son 
ouvrage. Les collaborateurs de la savante Compagnie seraient 
chargés de relire le Dictionnaire , et de puiser soit dans leur 
propre fonds, soit dans les grands lexiques qui ont paru 
depuis une quarantaine d'années, tels que ceux de Laveaux, 
de Boiste , le Complément du Dictionnaire de l'Académie , le 
Dictionnaire national et le Dictionnaire universel S les mots et 
les acceptions qui manquent dans celui que nous regardons 
comme le code de notre langue. A mesure qu'on avancerait, 

1. A ces divers ouvrages nous devons en ajouter deux autres qui s'impriment en ce mo- 
ment : le Dictionnaire fiançais iUmtré et encyclopédie universelle, par M. B. Dupiney de 
Vorepierre, qui a déjà obtenu l'approbation, puis une souscription de S. Exe. le ministre 
de l'instruction publique; — et le grand dictionnaire de M. Littré, membre de l'Institut. Ce 
dernier ouvrage , que le public lettré attend avec une vive impatience , et dont les premières 
livraisons doivent paraître avant la fin de cette année , faciliterait considérablement la tAche 
ùiM» mandataires de l'Académie. 

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— II — 

ils devraient s'assurer si les mêmes locutions, les mêmes apho- 
rismes, les mêmes proverbes ne se sont pas déjà rencontrés; 
ils verraient comment ils ont été écrits et définis, et si l'or- 
thographe et la définition ne présentent pas des différences 
choquantes d'un article à un autre. 

Quand nous disons que les collaborateurs prendraient note 
des mots et des acceptions qui manquent dans le Dictionnaire 
de l'Académie, nous n'entendons certainement pas demander 
qu'on recueille toutes sortes de mots et toutes les acceptions 
qu'ils peuvent avoir dans le public; nous croyons même qu'on 
pourrait, dans l'intérêt bien entendu de l'ouvrage, supprimer 
plusieurs de ceux qui s'y trouvent aujourd'hui. L'essentiel n'est 
pas de tout dire, mais de dire ce qui est réellement utile. Ainsi 
les additions qu'on ferait d'un côté seraient compensées d'un 
autre, en partie du moins, par des suppressions notables. 

On retrancherait, par exemple, un assez grand nombre de 
doubles emplois. Plusieurs articles de huit à douze lignes 
sont répétés ; d'autres de quatre à huit lignes s'y trouvent trois 
fois et plus*; certains proverbes avec leurs définitions s'y 
rencontrent quatre, cinq, et même six fois; tel est celui-ci : 
« A laver la tête d'un âne, d'un More (ou plutôt, d'un Maure), on 
perd sa lessive)), qui figure aux articles Laver, Tête, Ane, More, 
Perdre, Lessive, et qui chaque fois occupe de quatre à sept lignes, 
en sorte que ce proverbe en prend trente-trois à lui seul !... 

On retrancherait encore un certain nombre de mots qui 
nous semblent inutiles; puis les proverbes ou les locutions 
qui pèchent contre la grammaire, contre le bon goût, contre 
l'usage actuel, etc. Voy. l'Introduction, p. xxx à xxxii. 

1. L'Académie, qui renvoie d'un article à un autre pour ne pas répéter des définitions de 
deux ligues, comme Annonairb {loi), c Celle qui, chez les Romains, pourvoyait à ce que 
les vivres n'enchérissent pas » ; — Bourse ( ami jusqu'à /a ) , « Ami à rendre toutes sortes 
de services, excepté d'aider de son argent » ; — Non-prix, « Vendre à non-prix, Vendre 
moins que la chose ne coûte, beaucoup moins qu'elle ne se vend » ; — l'Académie, disons- 
nous, répète des définitions de six, huit, dix lignes, et plus, telles que celles de Sang-froid 
( à Sang et à Froid ) , de Entendre finesse, malice. Entendre raillerie et entendre la raillerie, 
Entendre raison, Entendre la plaisanterie et ne pas entendre plaisanterie, etc. etc., qui se 
trouvent à Entbndrk, puis à Finesse, Malice, Raison, Raillerie, Plaisanterie. La 
locution En rang d*oignon prend 12 lignes à l'article Oignon, et 15 à Rang. Outre l'incon- 
vénient d'occuper sans utilité une place précieuse , ces doubles emplois ont souvent encore 
celui de présenter des variantes et des définitions incomplètes à l'un des deux mots, comme 
on peut le voir aux articles Oie, Ric-à-Ric, Train, etc. 



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— m — 

Outre les additions et les suppressions à opérer, il est un 
autre travail non moins essentiel à notre avis; c'est celui qui 
tendrait à faire du Dictionnaire de TAcadémie un tout bien 
homogène, bien lié dans seâ différentes parties ; il préviendrait 
quantité de rectifications que sans cela on serait appelé à eflfec^ 
tuer plus tard, et contribuerait à établir dès l'abord entre les 
divers articles du Dictionnaire un accord qui est loin d'exister 
toujours. Ce travail, qu'on pourrait appeler d'édaireur, serait 
dévolu à l'un des collaborateurs, qui n'aurait guère d'autre 
mission que celle-là , et suivant nous ce ne serait ni la moins 
délicate ni la moins laborieuse*. 

Les collaborateurs se réuniraient, à des jours déterminés, 
avec les membres de la Commission de l'Académie, pour dis- 
cuter le travail qu'ils auraient fait dans l'intervalle des séances; 
l'un d'eux serait chargé de résumer par écrit les discussions? 
la Commission y prendrait ce qu'elle jugerait convenable, et 



1. Voici de quelle manière on pourrait procéder. A chaque mot de quelque importanct 
qu'il trouverait en lisant le Dictionnaire de l'Académie , le collaborateur chargé de ce tra- 
vail chercherait le mot à son rang alphabétique et s'assurerait s'il y est bien écrit de la 
même manière , s'il est employé dans la même acception , avec le môme complément, etc. 
Ainsi, à l'article A , il trouvera, N'avoir pas fait une panse d*a. Il devra donc chercher à l'ar- 
ticle Panse ce qui a rapport à cette locution, soit dans le sens propre, soit au figuré ; il signa- 
lera à la Commission les différences qui peuvent exister entre les deux articles , et la Com- 
mission jugera s'il y a lieu de modifier les définitions de l'un ou de l'autre. Pour Commencer à, 
commencer de; continuer à, continuer de, il signalera également les différences que présen- 
tent l'article À et les articles Commencer , Continuer. — 11 verra que le proverbe Traiter 
quelqu'un de Turc à More (ou plutôt, à Maure) figure aux articles À, Traiter, Turc, 
More, et qu'à De il y a encore De Turc à More; il examinera si les définitions sont les 
mômes, et la Commission décidera s'il faut laisser les cinq citations, etc.— Pour ces phrases, 
Cest à vous de parler, c'est à txnw à parler, il recueillera ce qui est aux articles Ce , Être , 
De, etc. — Il fera remarquer qu'à Sévère on ne retrouve pas cette phrase qui est ici, 
Sévère à lui-même, et demandera si elle doit être maintenue, ainsi que indulgent à, qui 
se trouve à l'article Indulgent : Indulgent à lui-même, indulgent à ses enfants. Etc. ete. 

Il est d'autres remarques qui ne regardent pas spécialement le savant chargé de cette 
mission. Ses collaborateurs pourront également s'apercevoir que les locutions A demain, à ce 
soir, à dimanche, ne signifient pas seulement. Nous nous re verrons demain, ce soir, diman- 
che ; elles peuvent signifier aussi, Nous renvoyons à demain , à ce soir, à dimanche , l'examen 
de telle affaire ; dans tous 19b cas , nous pensons qu'au lieu de la définition qu'elle a donnée , 
l'Académie aurait mieux fait de suppléer l'ellipse. Adieu JusQu'à demain , etc. — Les uns et 
les autres verront également que les phrases maître à danser, à chanter, devraient être 
supprimées, et que dans tous les cas ces locutions, où le complément a un sens actif, se 
trouvent assez mal entre fille à marier et bois à brûler, où le sens est passif; — qu'on dit, 
non pas touch&t^ au doigt, mais toucher du doigt, faire toucher au doigt et à l*œil; — que ces 
exemples. Habile à séduire, fou à lier, facile à dire, bon à manger, curieux à txHr, triste à 
penser, prompt à s'irriter, prêt à cmnbaltre, où l'on a , comme plus haut , entremêlé le sens 
actif et le sens passif, devraient être présentés séparément : haMle à séduire, enclin à médire, 
ingénieux à faire le bien, — fond lier, facile à comprendre, utile à dire. Etc. etc. etc. 



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— IV — 

ferait le travail que nous appellerons définitif, bien qull dût 
probablement subir des modifications ultérieures. 

Mais pour un ouvrage tel que le Dictionnaire de l'Académie, 
il est une autre question presque aussi importante, sous un 
rapport, que celle du travail intellectuel, c'est celle du travail 
matériel, de la composition typographique. Sans doute nous 
ne pouvons rien apprendre à l'Académie sur la manière dont 
cette partie doit être traitée; les soins tout particuliers qu'elle 
a apportés à la sixième édition, les précautions qu'elle a 
prises pour livrer au public un ouvrage exempt de fautes 
typographiques, soins et précautions qui malheureusement 
n'ont pas été couronnés de tout le succès désirable, permettent 
d'apprécier ce qu'elle aurait fait si elle avait été convenable- 
ment secondée. Malgré cela, nous prendrons la liberté de 
dire quelques mots sur ce sujet. 

A mesure que la Commission de l'Académie aurait rédigé un 
certain nombre d'articles du Dictionnaire, ils seraient composés 
à l'imprimerie et l'on en ferait des épreuves en nombre égal 
à celui des personnes chargées de coopérer à la confection de 
l'ouvrage. Cette composition serait soigneusement gardée, afin 
qu'on pût la modifier plus tard si l'on venait à changer d'avis 
sur la place que devraient- occuper les définitions de certains 
mots ou de certaines locutions qu'on voudrait ne pas répéter, 
comme celles de Plain-pied, Sang-froid, Haut le pied, etc. Une 
fois le travail terminé, on ferait la mise en pages du Dictionnaire ; 
on en tirerait des exemplaires pour tous les membres de la 
Commission et les collaborateurs, qui compareraient ce travail 
d'ensemble avec les épreuves successivement tirées, s'assure- 
raient s'il n'y a ni omissions ni doubles emplois, et en même 
temps examineraient s'ils n'ont rien à proposer pour l'amé- 
liorer*. 

Aujourd'hui qu'on ne publie pas de dicttennaire de quelque 

1. Sans entrer ici dans des détails qui nécessiteraient l'emploi de termes techniques fort 
peu intéressants pour la plupart des lecteurs, nous dirons que le Dictionnaire de l'Académie 
ne devrait pas être cliché : rien n'est moins compatible avec une belle exécution typogra- 
phique que le clichage. Aussi dans une imprimerie renommée, la plus grande imprimerie de 
province et presque de la France, n'y a-t-il qu'une très-faible partie des ouvrages qui soient 
clichés ; les ouvrages conservés le sont en caractères mobiles : c'est le seul moyen de faire 
convenablement les corrections , les réparations exigées par les accidents , et une foule de 
petites améliorations dont la pensée est éloignée par l'existence môme du cliché. 



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importance sans indiquer l'origine des mots et leur prononcia- 
tion, nous pensons qu'il y aurait dans le Dictionnaire de l'Aca- 
démie une lacune fâcheuse si ces deux points essentiels 
n'étaient pas résolus; et nous sommes persuadé que le chiflfre 
énorme de cent mille exemplaires, auquel on estime la vente 
de la sixième édition, aurait été de beaucoup dépassé si ce 
régulateur de notre langue avait oflfert ce qu'on trouve dans 
d'autres ouvrages du même genre. 

Malgré les savantes raisons alléguées par l'illustre auteur de 
la Préface pour ne pas ajouter les étymologies, nous ne pen- 
sons pas que cette addition , d'une grande utilité ou du moins 
d'un grand intérêt pour bon nombre de lecteurs, offrît des 
difficultés insurmontables. L'Institut compte dans son sein 
bien des membres capables de remplir cette tâche ardue; 
d'ailleurs l'auteur de la Préface ne nous montre-t-il pas que 
lui-même pourrait l'accomplir? Enfin il ne s'agit point d'in- 
diquer les origines de tous les mots, mais seulement celles 
dont on croit aujourd'hui être certain. 

Souvent TAcadémie a soin de donner explicitement la valeur 
des locutions empruntées à la langue latine. Ainsi elle dit : 
« Ad libitum. Expression latine qui signifie A volonté... »; — 
« Ad rem. Locution latine qui signifie A la chose... » ; — « Allé- 
luia, Terme emprunté de l'hébreu, qui signifie Louez le Sei- 
.gneur... » , etc. Pourquoi n'a-t-elle pas indiqué de même la 
signification primitive de beaucoup d'autres mots? A l'article 
« Ad honores*. Expression empruntée du latin, dont on se sert 
en français, dans le langage familier, en parlant D'un titre sans 
fonction et sans émoluments » , n'aurait-il pas été convenable 
de dire que cette expression signifie Pour l'honneur, simple- 
ment honorifique? — Et de même dans la définition de « Ad 
PATRES, Locution latine qui s'emploie dans quelques phrases 
familières. Aller ad patres, Mourir; Envoyer ad patres, Faire 
mourir » , ceux qui n'ont pas étudié le latin ne seraient-ils pas 
satisfaits d'apprendre que la première de ces locutions signifie 
Aller auprès de ses pères, de ses aïeux, aller les rejoindre dans 

1. L'Académie ne met pas Ad hominem (argument) : c'est une omission à réparer, d'au- 
tant plus que c'est là qu'on devrait trouver explicitement indiquée la signification de cette 
locution latine (argument fait pmir l'homme, qui va droità /7towwK?,qui attaque directement la 
personne à qui on l'adresse), signification qu'elle n'a pas fait connaître à l'article Argumbnt. 



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— VI — 

la tombe, — et la seconde Envoyer auprès de ses pères, c'est- 
à-dire dans l'autre monde? Le nombre de ces locutions latines 
employées en français est assez considérable ; nous n'en cite- 
rons que quelques-unes : nescio vos, custodi-nos, salvanos, vade- 
mecvm; ne varietur, bénédicité, paréatis, veniat, récépissé, etc. 
Pourquoi l'Académie ne dit-elle pas que Récépissé signifie Avoir 
reçu, comme elle dit que Récïpé signifie Prenez? 

Quanta la prononciation, l'Académie l'a indiquée quelque- 
fois, il est vrai, mais trop rarement, comme nous l'avons fait 
remarquer dans l'Introduction et dans le chapitre de la Pro- 
nonciation. Ces absences d'indications se font surtout sentir 
dans les adverbes en amment et emment et dans les mots termi- 
nés par il, ille, tie, tial, tiel, tion. — Nous croyons superflu de 
demander que l'Académie continue de dire « l'L est mouillée, 
les LL sont mouillées » , au lieu de figurer la prononciation, 
car celle qui est indiquée dans les dictionnaires du jour déna- 
ture complètement celle qu'on observe quand on parle bien. 

Malgré le titre d'Errata du Dictionnaire de V Académie française, 
que nous avons cru pouvoir donner à cette nouvelle édition 
de nos Remarques, nous aimons à croire que personne ne 
verra dans cet ouvrage une critique dirigée contre l'Académie 
elle-même. Nous avons entrepris ce travail par goût, et avec 
l'espoir qu'il pourrait être de quelque utilité; puis nous avons 
ajouté à nos premières observations celles que nous ont suggé- 
rées six années d'un examen attentif, qui nous a permis de 
faire de plus nombreux rapprochements. L'illustre Compa- 
gnie ne s'est pas méprise sur l'intention qui a dirigé notre 
plume dès le commencement, comme en témoignent' les 
lettres dont nous ont honoré quelques-uns de ses membres. 

D'ailleurs nous croyons avoir justifié ce titre non-seulement 
par Y errata proprement dit qui figure à l'article Typographie, 
mais encore par le relevé des distractions que nous avons 
signalées, notamment aux mots Amande, Contre-basse, Gris, 
Majuscule, Mentor, etc. 

Peut-être nous reprochera-t-on d'avoir signalé des distractions 
sans importance; et cependant nous avons supprimé au moins 
le tiers de notre travail primitif. Quant à la longueur de quel- 
ques articles, on l'excusera sans doute, en raison de la néce&- 



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— VII — 

site où nous nous trouvions de grouper des remarques qui 
sans cela auraient été incomplètes. 

Afin d'abréger autant que possible, nous n'avons mentionné 
que les alinéa ou même les portions d'alinéa qui nous ont 
paru exiger une observation. Les points (...) qui figurent 
dans le commencement d'un grand nombre d'articles après 
le MOT -TITRE, représentent ce qui, dans le Dictionnaire, se 
trouve entre ce mot et les phrases que nous avons signalées. 

Nous ne terminerons pas cette préface sans exprimer notre 
vive reconnaissance aux personnes qui ont eu la bonté de nous 
aider de leurs conseils dans un travail si délicat, et sans men- 
tionner les principaux ouvrages que nous avons consultés; 
ce sont : 

Les diverses éditions du Dictionnaire de V Académie française, savoir : la 1", 
de 1694; — la 2% de 1718; — la 3% de 1740; — la 4% de 1762; — et la 6% de 
1835. — Quant à la cinquième édition, qui paraît n'avoir pas été reconnue par 
l'Académie et dont l'autorité peut être contestée, nous nous sommes abstenu de 
la mentionner •. ^ 

Le Supplément de 1696, qui souvent pourrait être utilement consulté pour 
rectifier le Dictionnaire de 1835. 

Le Complément publié en 1842 sous la direction d'un membre de l'Académie. 

Ce qui a paru du Dictionnaire historique de la langue française publié par 
l'Académie en 1858. 

V Essai d'un dictionnaire historique de la langue française par M. Paulin 
Paris, publié en 1847. 

VErrata de la. sixième édition du Dictionnaire de V Académie française, publié 
en 1841 par M. Legoarant, auteur de la Nouvelle orthologie française^ dans une 
brochure in-4° qui a pour titre Nouveau dictionnaire critique de la langue fran- 
çaise, etc. — Cet errata n'est pas long, mais il présente de précieuses remarques. 

Le Dictionnaire national de M. Bescherelle. 

Le Dictionnaire universel (in-4°) de M. Poitevin. 

Le Dictionnaire français par ordre d'analogie de Lemare. 

Le Dictionnaire étymologique de la langue française par Roquefort. 

La Balance orthographique et grammaticale de la langue française par 
M. La Loy. 

Le Dictionnaire universel d'histoire et de géographie par M. Bouillet. 

Le Dictionnaire général de biographie, d'histoire, de géographie, etc. par 
MM. Dezobry et Bachelet. 

La Biographie portative universelle par MM. LtUanne , Renier, etc. 

Le Dictionnaire grec-français de M. C. Alexandre, membre de l'Institut. 

Le Dictionnaire latin-français de MM. Quicherat et Daveluy. 

1. Au moment de mettre sous presse, nous apprenons d'un membre de l'Académie fran- 
çaise, que la savante Compagnie, avec laquelle il a eu l'obligeance d'en conférer, a déclaré 
reconnaître la cinquième édition de son Dictionnaire. 



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LETTRES 

MUTITES iUI REHiRQIieS SDR LE DICTIONNAIRE DE L'iClDÉIIE FRANCUSE 



M. SAINTE-BEUVE 

MEMBRE DE l'INSTITUT ET DE LA COMMISSION CHARGÉE DES TRAVAUX EELATIFi 
AU DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE. 

Ce 25 septembre 1856. 
Monsieur, 

Votre travail, sous sa forme actuelle, me paraît excellent, et très-bon à être 
consulté pour les futures éditions du Dictionnaire de l'Académie, Malheureuse- 
ment celui que nous faisons en ce moment n'est pas celui de l'usage , mais un 
grand Ùictionnaire historique de la langue qui sera terminé dans un siècle. Il 
faudrait qu'on mît à profit vos exactes et judicieuses remarques pour les pro- 
chaines éditions du Dictionnaire ordinaire. Je le dirai. 
Croyez à mes sentiments les plus distingués. 

Sainte-Beuve. 

M. PATIN 

MEMBRE DE L'iNSTITUT, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION CHARGÉE DES TRAVAUX RELATIFS 
AU DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISK. 

24 décembre 1856. 
Monsieur, 

Il y a longtemps que je devrais vous avoir remercié du présent que vous avez 
bien voulu me faire. Vos Remarques sur le Dictionnaire de V Académie française 
témoignent de recherches poursuivies avec une grande patience et beaucoup de 
sagacité grammaticale. Quand on prendra le parti d'effacer du Dictionnaire bien 
des irrégularités consacrées par l'usage et qu'on s'est jusqu'ici borné à constater, 
votre livre présentera des indications fort utiles, dont il est juste de vous témoi- 
gner d'avance sa reconnaissance. J'ai grand plaisir à le faire, en vous renou- 
velant en même temps l'assurance de mon estime pour vos travaux et de ma 
parfaite considération pour votre personne. 

Patin. 

M. Ad. REGNIER 

MEMBRE DE l'iNSTITUT. 

Paris, le 15 avril 1818. 
Monsieur, 

Je connaissais déjà vos Remarques sur le Dictionnaire de l'Académie, et je 
vous suis d'autant plus reconnaissant de me les avoir données que j'en sais le 
mérite. Je les ai parcourues plus d'une fois, et soit dan» les remarques et instruc- 
tions générales, soit dans les observations de détail, j'ai pu apprécier la puissance 
d'attention, la sagacité, l'esprit de suite et d'ensemble qui vous distingue, en 
même temps que j'ai été frappé de votre érudition consciencieuse en tout ce qui 
concerne l'étude soit historique , soit grammaticale de notre langue. On ne peut 
s'empêcher de désirer, en maniant votre petit livre, qu'une nouvelle édition du 
Dictionnaire soit publiée sans trop de retard, et qu'on y mette à profit vos judi- 
cieuses critiques et indications. 

Recevez, Monsieur, je vous prie, avec mes remercîments, la sincère assurance 
de ma considération très-distinguée. 

Ad. Régnier. 



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— IX 

M. C. ALEXANPRE 

MBMBRB DB L'iNSTITUT. 

Paris , le 21 avril 1858. 
Monsieur, 

J'ai reçu l'ouvrage dont vous avez eu la bonté de m*adresser un exemplaire. Je 
n'ai pu qu'en parcourir bien rapidement quelques pages , étant occupé en ce 
moment des préparatifs de mon départ pour ma tournée annuelle d'inspection. 
J'avais plusieurs fois remarqué, Monsieur, dans un journal de l'instruction 
publique, de fort bons articles signés de vous sur certains détails du Dictionnaire 
de l'Académie. Je suis bien aise de voir que vous donniez suite à ces travaux, et 
je crois qu'ils peuvent être fort utiles pour l'étude approfondie de notre langue. 

Agréez , Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération. 

G. Alsxandm. 
M. Alfred MAURY 

MBMBRt DB L'INSTITUT. 

Paiis» ce 2 mai 1868. 

Monsieur, 

J'ai lu avec intérêt l'opuscule intitulé Remarques sur le Dictionnaire de 
V Académie française , que vous avez eu l'amabilité de m'ofirir. Plusieurs de vos 
critiques m'ont paru fondées, et pour celles qui ne le semblent pas autant, il 
y a lieu à examen , et vous avez bien fait d'attirer sur ces points l'attention. La 
lecture de votre travail profitera à ceux qui ont besoin d'écrire correctement le 
français, c'est-à-dire à tous ceux qui le parlent. 

Veuillez donc agréer mes sincères remerciements et croire à mon entier 
dévouement. 

Alfbed Madiit. 

S. ÉM. M^ LE CARDINAL MORLOT 

ARCHIVftQUB DB PARI9. 

Paris, le 19 juin 1858. 

Monsieur, 

Je n'ai pu encore que parcourir bien rapidement votre ouvrage sur le Diction- 
naire de l'Académie. C'est une lecture qu'on ne voudrait plus interrompre dès 
qu'on l'a commencée ; malheureusement le temps me manque pour cela comme 
pour beaucoup d'autres choses; Seulement je reviendrai le plus fréquemment 
possible à vos Remarques, si judicieuses, si intéressantes et si utiles. Je n'ai pas 
voulu différer plus longtemps de vous adresser mille remercîments pour ce service 
rendu et pour la bonté que vous avez eue de m'adresser un exemplaire de ce 
nouvel ouvrage, fruit d'études et d'observations qu'on ne saurait trop apprécier. 

Veuillez recevoir, Monsieur, l'assurance de mes sentiments très-reconnaissants 
et dévoués. 

f F. N. , Card, , archev. de Paris. 



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— X — 

M. DUPIN AÎNÉ 

MEMBRE DE l'INSTITUT. 

Paris, le 9 juillet 1858. 
Monsieur, 

Je vous remercie de m'avoir envoyé vos Remarques sur le Dictionnaire de 
V Académie. — J'ai tardé à vous répondre parce que j'ai voulu les lire. Je vous 
en félicite maintenant en connaissance de cause; c'est un errata très-utile, dont 
on devra profiter dans une nouvelle édition. 

Recevez, je vous prie , etc. Dupin. 

EXTRAIT de l'Illustration, n'* du M octobre 1856. 

M. Pautex, dont le nom se rattache à de nombreux et utiles travaux sur la 
langue française , et qui professe pour la grammaire un culte auquel il a voué sa 
vie entière, a entrepris et mené à fin une tâche ardue que lui seul eût osé aborder: 
il a lu le Dictionnaire de l'Académie. Il l'a lu, disons-nous , ce qui s'appelle lu, 
la loupe à la main, d'un œil scrutateur et inexorable. Dans ce voyage autour 
du monde , commencé à la lettre A et terminé avec la lettre Z , il a recueilli une 
ample collection de ces anomalies, de ces caprices orthographiques, éternel déses- 
poir des instituteurs , des professeurs , des typographes et autres surveillants du 
feu sacré, auxquels l'application des règles semble déjà un labeur suffisant, et 
dont les exceptions multipliées déroutent toute la science. 

Nous ne parlerons pas de quelques erreurs échappées à l'impression de ce 
Dictionnaire, et qui disparaîtront facilement d'un tirage à l'autre; nous nous 
abstiendrons de signaler l'omission assez fréquente des indications nécessaires 
pour fixer la prononciation ; nous n'insisterons pas non plus sur cette profusion 
de variantes dans une matière qui devrait être invariable comme la loi : nous 
nous bornerons à citer quelques exemples , pris au hasard , dans diverses catégo- 
ries d'irrégularités. 

L'Académie emploie fort arbitrairement le trait d'union ; elle écrit dès lors et 
dès-là, par là et jusque-là, par derrière et par-dessus, là dedans et là-haut, 
au delà et aur-devant, portefeuille et porte-montre, entretoise et entre-sol^ 
surintendant et sur-arbitre, etc, etc. — Dans quelques verbes elle double la 
consonne; dans d'autres, elle se contente d'affecter de l'accent grave la voyelle 
qui la précède '.j'appellerai, je harcèlerai; j'achèterai, je cachetterai; ou bien 
elle change la nature de l'accent , et elle écrit : je relèverai et je révélerai; je 
décèlerai et je recèlerai. — Pourquoi écrire maçonner et ramoner, cannellier et 
chapelier, lunettier et layetier, sangloter et grelotter? — Pourquoi cette diflfé- 
rence entre des mots dérivés du même radical : emmaillotter et démailloter, 
consonnance et dissonance ? — Que dire de la triple méthode qu'elle admet pour 
des substantifs de formation analogue : remuement, dénûment, éternument; pour 
les adverbes absolument et assidûment ? — Pourcpioi surtout résolument et irré- 
solument? — N'est-ce pas pousser la liberté jusqu'à l'anarchie que d'autoriser, 
au mot payement, les variantes paiement et patment ? 

Ce petit nombre de citations , pris dans le cours d'un volume très-rempli de 
faits, prouve tout le parti que l'Académie peut tirer du travail de M. Pautex pour 
ramènera une plus grande uniformité le code de notre langue, pour effacer de 
ses colonnes des disparates qui offusquent la logique, et des fantaisies qui défient 
tous les efforts de la mémoire. En attendant cet important résultat, \qs Remarques 
deviendront l'annexe indispensable du Dictionnaire pour tous ceux' qui, par goût 
ou par nécessité, s'intéressent à son perfectionnement. H. F. 



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INTRODUCTION 



Malgré tout ce qu'on a pu dire depuis cent soixante ans contre 
le Dictionnaire de TAcadémie, il est resté le seul régulateur de la 
langue française, tant pour la prononciation que pour Torthographe 
et la signification des mots. On conçoit cependant que dans un 
travail de si longue haleine, il se soit glissé un certain nombre de 
fautes , qui ensuite ont pu passer dans d'autres ouvrages et par là 
induire en erreur un grand nombre de personnes. Il peut donc y 
avoir quelque utilité à relever une à une les fautes qui déparent ce 
Dictionnaire, en le suivant dans son ordre alphabétique. 

Ces fautes sont de deux sortes : les unes, telles que les contradic- 
tions dans Forthographe, le manque d'harmonie dans les définitions, 
sont inhérentes à l'ouvrage même et proviennent de difl'érentes 
causes; les autres, et ce sont les plus saillantes, sont le résultat du 
travail matériel ou typographique, qui n'a pas été surveillé avec tout 
le soin désirable. Il en est quelques-unes pour lesquelles il est diffi- 
cile de reconnaître à qui elles doivent être attribuées, et dans ce cas 
nous nous sommes permis de les mettre sur le compte de l'Académie, 
c'est-à-dire que nous ne les faisons pas figurer dans V errata qui se 
trouve à l'article Typographie ; telle est cette inversion à l'article 
QoEUE : « Prendre le mariage par la queue. Avant le mariage, vivre 
maritalement ». Évidemment il faut lire ici, comme à l'article Rom ait : 
« Vivre maritalement avant le mariage » ; cependant il est possible 
que l'inversion qui se trouve à l'article Queue soit le fait du compo- 
siteur. Mais il y a des transpositions de phrases qui ne peuvent être 
attribuées à l'Académie, ni même au premier compositeur : c'est, 
croyons-nous, le résultat d'additions faites après coup, et qui ont 
été mal placées par l'ouvrier qui a corrigé sur le plomb; telles sont 
celles qu'on voit aux articles Commencer , Gouverner , Mais , etc. Le 
reproche qu'on peut adresser au membre de l'Académie chargé de 
surveiller l'impression, c'est de n'avoir pas vérifié les corrections 
jusqu'au dernier moment , et d'avoir donné le bon à tirer ou plutôt 
à clicher sur des épreuves qui portaient encore des remaniements 
(changements, additions ou suppressions) à faire ^. 

1. n est des auteurs qui répugnent tellement à lire les épreuves de leurs ouvrages, qu'ils 
donnent leur bon à tirer ou à clicher sur des épreuves qui demandent encore plusieurs 
heures de remaniements. Souvent les renvois pour les additions à intercaler sont indiqués 
si peu clairement , que le compositeur reste indécis ; et il commet des erreurs , surtout s'il 
est distrait, si récriture est difficile à lire , ou si lar matière traitée dans l'ouvrage est hors de 



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— XII — 

Quel& que soient les coupables, pour ces fautes et pour les autres, 
nous allons passer en revue les principales de celles qu'on trouve 
dans le Dictionnaire de rAcadémie. 

Fautes typographiques. Aux mots aspersoir^ hillon (terme d'Agri- 
culture), faucillon, cervier, on trouve le genre féminin; — à ballot- 
tade, collection, déchéance, préceinte, le masculin ; — à boulonner, 
expérimenter, verbe neutre; — à couler (fluer), verbe actif; — à 
mésavenir, s. fém.; — à simultanément, adj.; — k vivifiant, ante, 
adv.; — à fécale (matière), subst. fém.; — k gemme (sel, pierre), 
adj. masc; — à baiseur, euse, adj. pour subst.; — à opérateur, 
subst. pour subst. masc; et au contraire, on trouve, à payeur, euse, 
et à toutinier, ère, s. m. , et à inoculateur, trice, s. f. , au lieu de 
subst. seulement. — Aux mots déconsidéré, ée; paraphraseur, euse; 
parent, ente; tellière, etc., les dénominations sont omises; — le par- 
ticipe causé, ée, est mis au verbe neutre comme au verbe actif; — 
défilé, ée, qui devait être au verbe actif, a été placé au verbe neutre. 

Aux verbes déjeuner, détonner, on trouve les participes déjeuné, ée; 
détonné, ée, qui sont de trop , puisque le participe de ces verbes 
neutres qui ne se conjuguent qu'avec l'auxiliaire avoir reste toujours 
invariable. — D'un autre côté, les participes sont omis à plusieurs 
verbes actifs tels que dégriser, estamper, plaisanter, etc., ou à des 
verbes pronominaux et réciproques tels que s'absenter, s'abstenir, se 
désister, s'écrier, s'emparer, se souvenir; s'entr' avertir, s'entr'égor- 
ger, s'entre - quereller , etc., tandis qu'on en a mis à murmurer, 
marmonner, marmotter, pisser, etc.; se bastingiier, s'encasteler , 
s'engrumeler, s'entabler, etc. 

DÉFINITIONS. On nous dit que Homocentrique est un terme d^Ana- 
tomie, au lieu ù^ Astronomie ; — que Mystique signifie Figure allégo- 
rique, au lieu de Figuré, allégorique; —que Rembourser des épi- 
grammes, de mauvais compliments, des injures, des coups de poing, 
un soufflet, un coup dépée, etc., c'est les recevoir; — que Retourner 
un habit, c'est le tourner dans un autre sens, comme on le ferait d'une 
rôtie, d'une côtelette, ou de foin qu'on veut faire séchçr (Voy. Re- 
tourner); — que Tergbr ou Terser signifie Donner un troisième 
labour, et Reterser , Donner un second labour ; — que quintupler, 
sextupler, septupler, décupler, centupler, c'est rendre cinq, six, 
sept, dix, cent fois plcs grand; tandis que quintuple, sextuple, sep- 
tuple, décuple, centwple, sont définis « qui vaut cinq, six, sept, dix, 

sa portée. Le correcteur qui lit la dernière épreuve peut s'y tromper également, par l'une 
des trois causes que nous venons d'énoncer, et de là viennent des fautes que l'auteur déplore, 
mais qu'il ne doit imputer qu'à lui-môme. Quelquefois, et cela n'est même pas très-rare, on 
croit voir que l'auteur a fait un lapsus calami, et l'on voudrait le consulter ; mais il est à la 
campagne, en province, en voyage; on est pressé de tirer pour avancer l'ouvrage» et l'on se 
décide à imprimer tel qaeL 



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— XIII — 

cent fois autant, et non cinq, six, sept, dix, cent fois plus.-— On nous 
dit encore que 1' airain est un métal ( lisez : alliage) composé en 
grande partie de cuivre jaune {supprimez : jaune), mêlé avec du 
zinc. ; — que Goût se prend quelquefois pour Odeur. (M sent ici un 
goût de renfermé (Voy. Goût); — on donne des définitions diflTé- 
rentes à Grébur et Agréedr , à Écourgeon et Escourgeon , qui doi- 
vent être synonymes. Etc. etc. 

Exemples. Dans les exemples nous trouvons Des poissons vivipares; 
— Des bras (sorte de chandeliers), une coupe, un couvert, un flam- 
beau de vermeil doré -^--La pièce d*un franc pèse un gramme (lisez : 
CINQ grammes);^Il ressemble aux anguilles (au lieu de à l'Anguille 
ou Languille) de Melun, il crie avant qu'on Vécorche; — Le glacier 
du Mont-Blanc est le plus remarquable de la Suisse. (Jusqu'en 1860, 
il fallait dirç : de la Savoie ; maintenant le Mont-Blanc est en France.) 

Contradictions et inconséquences. Les unes et les autres sont 
nombreuses, car on en trouve dans l'orthographe, dans le genre et 
dans les définitions. Pour celles-ci nous nous bornons aux citations 
présentées plus haut.— Quant au genre, nous mentionnerons Viorne, 
Losange, auxquels l'Académie donne le genre féminin , tandis qu'aux 
articles Obier, Khombe , /elle dit : L'obier est un viorne j Le losange 
est un rhombe; — puis Euphorbe, auquel elle donne le genre mascu- 
lin , tandis qu'aux articles Ésule et Tithymale elle en fait un sub- 
stantif féminin (Voy. Euphorbe); — Orge, qui, dit-elle, ne prend 
le genre masculin que dans les locutions orge mondé, orge perlé, 
bien qu'elle appelle l'écourgeon de Vorge carré ; — et enfin la plante 
appelée hièble, à laquelle elle donne le genre masculin quand elle 
l'écrit YÈBLE, et le genre féminin à l'article Hièble. 

Mais c'est l'orthographe qui nous fournit le plus de matériaux. — 
Dans le verbe Asseoir, l'Académie ne met Ve qu'à l'infinitif; elle écrit 
j'assois, j'assoyais, j'assoirai, j'assoirais, assoyant; dans le verbe 
Surseoir, elle met Ve à l'infinitif, au futur et au conditionnel (sur- 
seoir, je surseoirai, je surseoirais), et le supprime aux autres temps 
(je sursois, je sursoyais, sursoyant). — Elle écrit abattement, abat- 
teur, abattoir, abattures, avec deux t ; abatage, abalée, abatis, avec 
un sew];— battre, abattre, combattre, débattre, s'ébattre, Sivec deux t; 
elle n'en met qu'un kembatre, embalage (Voy. Battre). — Elle écrit 
avec deux r, charrette, charretier, charrier, charroi, charron, char- 
rue, et les dérivés, auxquels on pourrait ajouter carriole et carrosse; 
mais chariot n'en prend qu'une ; — au contraire, courrier, courrière, 
ont deux r, par exception à courant, courante, coureur, courir et 
tous les composés de ce verbe : accourir, concourir, parcourir, recour- 
rir, secourir, etc. — Elle écrit un zéphyr avec Vy et sans e à la fin, et 
Zéphire, le Zéphire, avec un i simple et un e final ; — desquamation 



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— XIV — 

avec une seule m, conformément à Tétymologie, et sguammeux avec 
deux m; — des dames-jeannes, des saints-g er mains , sans majuscules 
et avec des s finales ; dans les reines-Claude, Claude prend la majus- 
cule et reste au singulier ; pour les poires de Messire Jean, il faut 
écrire Messire et Jean avec des majuscules , les laisser au singulier, 
et supprimer le tiret qu'on met à dames-jeannes, à saints-germains 
et à reines-Claude, etc. etc. ; — elle donne la marque du pluriel à 
les duos, les trios, mais elle écrit les solo sans s finale. Voyez aussi 
les articles Amande , Contre-basse , Gris , Majdscdle , etc. 

Aux Contradictions et inconséquences on pourrait ajouter quelques 
lignes qui auraient pour titre Distractions. C'est en effet, ce nous 
semble, à des distractions qu'il faut attribuer Torthographe de l'ad- 
jectif douceâtre, dont le ce au lieu du ç ( douçâtre ) nous ramène au 
temps où l'on écrivait nous commenceons, nous commenceasmes; — 
celle de recez, dont le z, qui aurait été en harmonie, il y a cent qua- 
rante ans, avec agrez, congrez, procez, succez, etc., ne peut être 
maintenu aujourd'hui qu'on écrit agrès, congrès, procès, succès; — 
celle de tutelle, curatelle, qui, à la vérité, peut être attribuée au 
respect pour les habitudes du barreau, aussi bien que celle de 
préfix (au lieu de préfixe)^ mais qu'on doit maintenant rendre con- 
forme à l'étymologie , et à l'analogie de ces mots avec parentèle, 
clientèle, cautèle, loquèle, etc., comme l'Académie l'a fait en 1835 
pour fidèle et modèle, qu'elle écrivait précédemment fidelle, modelle. 

C'est probablement une cause semblable qui a fait omettre à l'Aca- 
démie les mots iconolâtrie et zoolâtre, quoiqu'elle ait donné icono- 
lâtre et zoolâtrie ; — qui lui a fait dire, à l'article B, que les mots 
ahbé, rabbin, sabbat, et leurs dérivés, sont en français les seuls mots 
où le b se redouble, bien qu'elle ait admis gobbe, gibbeux, gibbositë, 
qui prennent également deux b; — et encore, que repartir, répli- 
quer, etc., qui est un verbe actif, se conjugue comme partir, verbe 
neutre qui prend généralement l'auxiliaire être * ; — que vermoulu 
est le participe de vermouler; ce qui autoriserait à dire que moulu 
est le participe de mouler, ou tissu le participe de tisser, etc. etc. 

Les accents ne présentent pas moins d'anomalies. L'Académie écrit 
novissimÉ et optimt\ — stve, grkve, trÈve;— soutènement, ttnement, 
entrettnement ; — fkve, allÈgre, règlement, et ftverole, alltgrement, 
rtglementer, dértglement, etc. ; — elle emploie l'accent grave pour 
les mots recèlement, dégrèvement, allèchement, et met l'accent aigu 
dans affrètement, complètement (substantif et adverbe), dessèchement, 
rengrénement ; bien que les uns et les autres soient dans les mêmes 
conditions, c'est-à-dire que Ja pénultième syllabe des verbes auxquels 

1. Pour être dans le vrai, il aurait fallu dire que repartir t se conjugue comme partir 

DANS LIS TBMPS SIMPLES. > 



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— XV — 

ils appartiennent soit affectée d'un accent aigu {receler, dégrever, 
allécher; a/fréter, compléter, dessécher, rengréner)^ qu'ils aient le 
même nombre de syllabes, et que la syllabe accentuée soit suivie 
d'une syllabe muette * ; — elle emploie Vè grave pour les mots bobèche, 
brèche, calèche, lèchefrite, chènevotte, fièvre, mièvrerie, piètrerie, 
espièglerie, etc.; Yé circonflexe pour bêche, campêche, dréche, etc.; 
et IV aigu pour orfèvre, orfèvrerie, négrerie, etc.; — elle met toujours 
un accent aigu devant la syllabe ge; d'où ces bizarreries : collègue 
et collège, strattgue et strattge, grtgue et grége, allkgre et allège, 
Sjfnthkse et cortège, diÈse et piège. — Dans les verbes, le futur et 
le conditionnel prennent l'accent grave ou l'accent aigu suivant que 
la pénultième syllabe de l'infinitif présente un e muet ou un é; il faut 
donc écrire f engrènerai et je rengrènerai; je grkverai et je dé- 
grèverai ^; je relèverai et je révélerai; je décèlerai et je recèlerai. 
L'emploi de l'accent circonflexe mérite une mention particulière. 
On est généralement persuadé qu'il faut mettre cet accent dans les 
mots où il y a une lettre supprimée, voyelle ou consonne; et l'on 
écrit, en conséquence, chiite, reliure, meunier, moûtier, vite, étage, 
joute, etc. Eh bien, précisément dans ces mots-là l'Académie l'a sup- 
primé; elle écrit chute, reliure, meunier, moutier, vite, otage, 
joute, etc. ; mais elle en met un aux mots grâce, extrême, suprême, 
trêve, etc., où il ne représente rien; — elle le met à gainier, où la 
première syllabe doit être brève, et non dans je dégaine, je rengaine, 
où elle doit être longue ; — elle l'emploie pour dix des adverbes dé- 
rivés des adjectifs terminés par u : assidûment, congrûment et incon- 
grûment, continûment, crûment, dûment et indûment, goulûment, 
nûment, résolument, et le supprime dans les six autres : absolument, 
ambigume it, dissolument, éper dûment, ingénument, irrésolument ; 
ainsi elle écrit incongrûment avec un accent comme congrûment, 
mais elle n'en met pas dans irrésolument, composé de résolument 
qui en a un. — Gomme elle supprime dans les mots déjeuner, dessoû- 
ler, encablure, cranologie, symptomatique,etc., le circonflexe qu'elle 
met k jeûner, soûler, câble, crâne, symptôme, on pourrait croire que 
cette règle est générale pour leâ composés et les dérivés; mais il n'en 
est rien ; ainsi elle ne met pas cet accent à batardeau, batardière, 

1. Nous sommes loin de réclamer l'accent aigu pour les mots recèlement, dégrèvement, 
allèchement, etc.; nous désirerions, au contraire, qu'on ne le mît jamais sur un e suivi d'une 
syllabe muette ; ainsi nous pensons qu'on devrait écrire allège, collège, fèverole, réglementer, 
orfèvre, affrètement, complètement, empiétement, dessèchement, rengrènement, avènement, 
événement, etc.; je recèlerai, je dégrèverai, je révélerai, etc., comme en écrit alèze, collègue, 
fève, règlement, lèvre, allèchement, achèvement, prélèvement, je cèlerai, je grèverai, je relè- 
verai, etc. 

2. L'Académie aurait supprimé trois difficultés si elle avait écrit dégrever, rejigrener, 
receler, comme grever, engrener, celer et déceler. L'accent aigu qu'elle ajoute à la seconde 
syllabe de ces trois verbes, qu'elle écrit dégrever, rengréner, receler, nous semble tout à fait 
inutile. Il en est de même pour celui qu'elle met à la première syllabe~des verbes rédupli- 
catifs répuUuler, révimfier. 



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— XVI — 

futaie, futaille, futé, je clorai, je clorais, kUrie ( culte de); tandis 
qu'elle le met aux mots abâtardir, abâtardissement, affûtage, affûter, 
affûtiau, il éclôra, il éclôrait, idolâtrie, zoolâtrie. — Enfin elle met 
un circonflexe à des o qui sont brefs dans leur étymologie grecque : 
pôle, monôme, binôme, trinôme, quadrinôme, polynôme, etc. ( com- 
posés de nome, où elle n'en met pas), et elle le supprime dans des 
mots où Vo est long dans cette langue, comme amome et cardamome, 
arôme, axiome, chrome, gnome, idioràe, sarcome, idole, zone, prote, 
et les composés de gone : pentagone, hexagone, heptagone, octogone, 
ennéagoîie, décagone, etc. Cependant elle l'a conservé dans les mots 
diplôme, osmazôme, staphylôme, stéatôme, symptôme, cône, pylône, 
et elle a maintenu Vo bref dans agronome, astronome, autonome, 
économe, gastronome, Deutéronome, épitome, atome, etc.; mais 
déjà elle dit qu'on doit prononcer long Vo à'atome, ce qui semble 
annoncer que prochainement elle écrira atome. Comment se rappeler 
tout cela? 

Voici encore d'autres occasions d'exercer sa mémoire. L'Académie 
écrit appartement ou appariment; crucifiement ow cr ii ci fiment; re- 
niement ou reniment; mais elle préfère, remer ciment et résiliment k 
remerciement, résiliement; — elle écrit dévouement, mais dans dé- 
noûment .elle remplace Ve par un circonflexe, sur Vu; -— elle écrit 
remuement ou remûment, mais dans décrûment, dénûment, elle sup- 
prime Ve, et dans étemument elle ne met pas même le circonflexe ; — 
elle donne délayement, étayeme^U, sans variante ; bégayement avec la 
variante bégaiement; quant à payement, elle dit que l'usage autorise 
les variantes paiement et paiment. 

Ceci nous mène naturellement à parler de la conjugaison des 
verbes. Dans ceux qui se terminent en oyer, uyer, l'Académie met 
toujours un i simple devant Ve muet : je tutoie, je nettoierai, que 
j'envoie; j'appuie, j'ennuierai, que j'essuie; de même que pour les 
substantifs elle écrit joie, voie, soierie, pluie, suie, essuie-main, etc. 
— Mais pour les verbes terminés par ayer, eyer, la règle n'est plus 
la même. L'Académie donne toujours, il est vrai, pour paradigme le 
verbe payer, où elle admet Vi comme variante de Vy (Je paye, tu 
payes, il paye ou il paie ; ils payent ou ils paient. Je payerai ou je 
paierai ou je pairai); mais toujours aussi, malgré cela, elle emploie 
Vy, comme on peut le voir surtout aux verbes balayer, bégayer, 
effrayer, etc. Ainsi donc il faut écrire avec un i, la monnaie, une 
étaie, une effraie, une raie, etc., et avec un y, je monnaye, j'étaye, 
j* effraye, je raye, etc. — Puisqu'elle dit elle-même au verbe Avoir : * 
« L'orthographe aye, que j'aye, de l'impératif et du subjonctif, n'est 
plus guère usitée ; on écrit généralement aie, qy£ j'aie » , il est à dé- 
sirer qu'elle renonce à Vy pour les verbes avoir, payer, et tous ceux 
qui se conjuguent sur ce dernier.— Nous en dirons autant pour ceux 
qui se terminent par le son eyer. Ils sont peu nombreux, puisqu'ils 



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— XVIÏ — 

se bornent à quatre : barheyer, bras^eyer, grasseyer, langneyer; et 
cependant ils présentent encore une exception, planchéier^. 

La conjugaison des verbes terminés par eler, eter, offre plus de dif- 
ficultés encore, en ce que rien ne fait pressentir l'orthographe de 
TAcadémie pour le présent de Tindicatif et du subjonctif, le futur et 
le conditionnel ; ainsi elle écrit je harcèle, je modèlerai, etc., f achète, 
f étiqueterai, etc., avec un è et une seule l, ou un seul t, tandis que 
dans j'attelle, je chancellerai, je cachette, je souffletterai, etc, elle 
double la consonne. 

Pour les premiers, qui sont au nombre de soixante environ, il n'y 
en a pas trente dont l'Académie ait fait connaître la conjugaison ; 
quant aux derniers, sur trente-cinq verbes, elle ne l'a indiquée que 
pour dix; en sorte qu'on ne sait si l'on doit écrire je cisèle ou je 
ciselle ; j'épelle ou j'épèle ; il furète, il guillemète, ou il furette, il 
guillemette; et ce qui est à noter, c'est que l'orthographe du substan- 
tif et celle du verbe ne s'accordent pas toujours : ainsi une bourrelle 
(féminin de bourreau) prend deux l, tandis que dans la conscience 
bourrelé les méchants, il n'en faut qu'une; — j'étiquete, l'aigle 
trompeté, ne prennent qu'un t; il en faut deux dans les substantifs 
étiquette et trompette. 

Nous ajouterons que !a plupart du temps c'est par des exemples 
très-rares et quelquefois même donnés dans les dernières lignes d'un 
article très-long que l'Académie fait connaître la manière dont le 
verbe doit être conjugué. Il serait convenable qu'elle indiquât tout 
d'abord cette conjugaison comme elle l'a fait pour quelques verbes : 
ASSENER, LEVER, PESER {J'assènc , j'assèncrai, etc.)\ — acheter 
(J'achète, j'achèterai); — cacheter, jeter {Je cachette, je cachette- 
rai^e^c.);— déceler {Je décèle, je rfec^Zerezt);— amonceler, appeler, 
CHANCELER, DÉTELER, ENJAVELER (J'amoncellc, f amoncellerai, etc.) ; 
— ALLÉCHER, COMPLÉTER {J'allèchc, j'allëchcrai, etc.); — alléger 
{J'allège, j'allégerai). Il est à désirer, de plus, qu'elle supprime des 
disparates qui créent de véritables difficultés, et que si elle ne met 
pas à l'unisson les verbes qui prennent deux consonnes et ceux où la 
première est remplacée par un accent {Je cachette, j'achète; j'amon- 
celle, je décèle), elle conserve du moins l'accent grave toutes les 
fois que la syllabe suivante est muette, et qu'elle écrive j'allécherai, 
j'allécherais, comme j'allèche ; et j'allège, j'allégerai, j'allégerais, 
comme j'achète, j'achèterai, etc. 

Mais ce n'est pas pour ces verbes-là seulement que nous avons à 
demander que l'Académie indique la manière dont on doit^'écrire cer- 
tains temps ou certaines personnes. Prier est le seul verbe où elle 
nous apprenne que l'imparfait de l'indicatif et le présent du subjonc- 

1. En 1694, l'Académie écrivait grasseier et plancheier. — Il semble quion devrait écrire 
de la même manière les verbes qui dérivent de bègue et de langue; cependant langueyer se 
forme rôgalièrement , tandis que dans bégayer Vue s'est changé en a. 



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— XVIII — 

tif prennent deux i aux deux premières personnes plurielles (Notes 
priions, que vous priiez) . — Payer, employer, envoyer, sont égale- 
ment les seuls où elle fasse connaître que ces mêmes personnes 
prennent un i après Vy dans les verbes terminés par yer :■ Nous 
payions, que vous payiez; nous employions, que vous employiez, etc. 
— Cependant il serait utile de dire que les verbes en eyer, uyer, 
suivent la même règle : Nous grasseyions, que vous grasseyiez; nous 
nous ennuyions, qvs vous vous appuyiez. 

Pour les verbes en uer, ouer, l'Académie n'indique nulle part la 
manière dont on doit écrire ces deux personnes, et même elle ne 
donne pas d'exemples où elles se trouvent. Nous ignorons donc si 
elle écrirait nous continuions, que vous continuiez; nous avouions, 
que vous avouiez; mais nous croyons que l'ï tréma est bien pré- 
férable à Vi simple, et qu'il convient d'écrire nou^s continuions, 
qu£ vous continuiez; nous avouions, que vous avouiez, afin de mon- 
trer que Vi doit être détaché de Vu dans la prononciation, et non 
y être joint comme dans fuir, enfouir. — Il y aurait plus à faire 
encore pour les verbes arguer et rédarguer, dont la finale guer ne 
se prononce pas comme dans distinguer, haranguer, narguer, etc. 
Voy. Arguer. 

Enfin il nous paraît nécessaire que l'Académie indique également 
dès l'abord, et non par des exemples plus ou moins rares, la conju- 
gaison des verbes en cer, ger, pour faire connaître que le c prend 
une cédille devant a, o, u : acquiescer, apercevoir {nous acquies- 
çons, /acquiesçais, acquiesçant; j'aperçois, f aperçus); — et que le g 
conserve Ve devant a, o : affliger {7ious affligeons, j'affligeais, affli- 
geant)^ afin que ces lettres c et ^ aient dans tous les temps et à toutes 
les personnes le même son qu'à l'infinitif. 

La réduplication des consonnes l, t, est une cause constante d'em- 
barras pour ceux qui aspirent à ne pas s'écarter de l'orthographe 
indiquée par l'Académie. Gomment, en effet, se rappeler, par exemple, 
qu'il ne faut qu'une / à banderole, féverole, casserole, etc., tandis 
que barcarolle, bouterolle, moucherolle, etc., en prennent deux? 
qu'il faut mettre deux t à chènevotte, gelinotte, gibelotte, etc., et 
qu'il n'en faut qu'un à échalote, gargote, papillote, etc. ? — Le fémi- 
nin des adjectifs bigot, cagot, dévot, idiot, ne prend qu'un t, mais 
celui tles diminutifs en prend deux ; on écrit bellotte, pâlotte, vieil- 
lotte, — Pourrait-on supposer que pour les verbes c'est précisément 
le contraire qui a lieu, et que dans les diminutifs et les fréquentatifs 
il ne faut qu'un t! Tels sont cependant clignoter, crachoter, grigno- 
ter, pissoter, siroter, suçoter, tapoter, trembloter, rioter, vivoter; il 
n'y a que baisotter, buvotter, frisotter, qui en prennent deux. — Et 
pareillement on ne met qu'un t dans les verbes dérivés des substan- 
tifs terminée par ot : cahoter, comploter, raboter, sangloter^ etc. C'est 
même là une. règle ; mais cette règle nous paraît peu rationnelle et 



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— XIX — 

devrait être réformée; il serait bien plus naturel de doubler le t dans 
les verbes qui dérivent de mots terminés par ot, comme on le fait 
pour Vn dans ceux qui dérivent de mots en on ^, et d'écrire cahoUer, 
complotter, raboUer, sanglotler, etc. Ce serait d'autant plus conve- 
nable, que cette prétendue règle, qui ne compte qu'une quinzaine de 
verbes, présente déjà huit exceptions {emmaillotter, flotter, garrotter, 
gigotter, gohelotter, grelotter, marmotter, trotter)^ et que parfois 
même les dérivés d'un mot se trouvent dans les deux camps; ainsi 
maillot a le verbe démailloter dans la règle, et emmaillotter dans 
l'exception; l'adjectif sot a pour dérivés sotte, sottement, sottise, etc., 
qui sont dans l'exception, mais les verbes assoler et rassoter sont 
dans la règle; clapoter, formé de clapet, ne prend qu'un t; gobe- 
lotter, qui vient de gobelet, en prend deux. 

Dans l'intérieur des mots , la réduplication des consonnes l, t, ne 
présente pas moins de difficultés. Pour la désinence ellerie l'Acadé- 
mie met généralement deux /; elle écrit boissellerie, chancellerie, 
chapellerie, coutellerie, hôtellerie, oisellerie, sommellerie, tonnelle- 
rie, etc. Il n'y a que deux exceptions : grivèlene, qui prend un è, et 
bourrelerie, qui a une seule ^ et un e muet. — Dans la désinence 
etlerie, au contraire, il n'y a que trois mots où le t se double : coquet- 
terie, escopetterie, tabletterie ; les autres ne prennent qu'un t : bon- 
neterie, briqueterie, buffteterie, caqueterie, grèneterie, louveterie, 
marqueterie, mousqueterie, paneterie, papeterie, parqueterie, pelle- 
terie, etc. — D'un autre côté, elle double ces consonnes dans des 
mots où la syllabe suivante n'est pas muette ; ainsi elle écrit cannel- 
lier, ficellier, prunellier, vermicellier; aiguille Hier, lunettier, ra4^uet- 
lier. Il semble que l'analogie avec boisselier, chancelier, cimndelier, 
chapelier, etc.; bonnetier, charretier, gazelier, layetier, etc. *, devrait 
faire supprimer une ^ ou un / dans les mots où ces consonnes sont 
doublées. 

Encore un mot sur la lettre t, L'Académie écrit par un c, confor- 
mément au primitif français, les adjectifs consciencieux, licencieux, 
révérencieux, sentencie^cx, silencieux, etc. ; mais elle conserve le t 
étymologique du latin dans confidentiel, différentiel, essentiel, obé- 
dientielj pestilentiel, substantiel, etc. Pourquoi cette anomalie? Déjà 

1. Cette règle présente environ cent cinquante applications pour trois exceptions seule- 
ment : disi(merf époumoner et ramoner, où l'Académie mettait autrefois deux n. — Détoner 
vient du latin detonare. Aumâner, prôner, trôner et détrôner ne doivent pas être considérés 
comme des exceptions , d'abord parce qu'ils ne dérivent pas d'un substantif terminé par on, 
et ensuite parce que Yô n'est jamais suivi d'une consonne redoublée. 

2. Pour qu'on voie bien que la rè^le consiste réellement dans la non-réduplication de la 
consonne / ou t, nous donnons ici la liste des substantifs terminés par elier, etier : batelier, 
boisselier f chancelier, chandelier, chapelier, co> délier, coutelier, hôtelier, oixelier, }incrlier, 
râtelier, Kommelier, tomhelier, tonnelier; — bonnetier, briqnetier, huvrtier, cafetier, ehanetier, 
ehaussetier, co/fretier, coquetier, gazetier, grèmtier, guichetier, lai/etier, lonvtiir, muletier, 
noisetier, panetier, papetier, pelletier, savetier, tnbletier, vergelier. — Les mots où /, f , sont 
doublés se bornent, comme nous l'avons dit, à quatre pour la lettre /, et à trois pour le t. 



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— XX — 

cependant elle met un c à révérencielle (crainte), sans doute par 
analogie avec révérencieux; mais ohédiencier, pénitencier, réclament 
aussi ohédienciel, pénilenciaire, pénitenciel, etc.; quintessencier 
demande qu'on écrive essenciel, etc. etc. 

Ce serait une omission grave que de terminer le chapitre de l'or- 
thographe sans parler du tréma, dont l'emploi dans notre langue n'est 
pas toujours très-rationnel : il devrait, ce semble, être converti en 
accent dans certains mots et supprimé dans d'autres. Comme le dit 
l'Académie, le tréma sert à faire détacher la voyelle ainsi accentuée 
de la voyelle précédente ou suivante ; mais il ne remplace point un 
accent, il ne donne aucun son à la voyelle qui en est affectée. Il de- 
vrait donc être exclusivement réservé à Vi et à Vu {naïf, Saiil, Anti- 
noOs, ïambe, etc.)\ sur Ve, il serait remplacé par l'accent grave ou par 
l'accent aigu, selon que la syllabe suivante serait muette ou non. 
Puisqu'on écrit aujourd'hui poésie, poétique, poétiser, goétie, avec 
un accent aigu , il faudrait faire de même pour goéland, goélette, 
goémon, au lieu d'écrire goéland, goélette, goémon; on mettrait 
l'accent grave à poème, poète, ciroène, troène, au lieu du tréma 
{poème, poète, ciroène, troène).— Qua.nt à Ye qui forme syllabe avec la 
consonne suivante, il devrait ne jamais prendre le tréma; et de même 
que l'Académie écrit tael, coefficient, coemption, coercible, coexister, 
elle devrait écrire aussi Noël, Israël, Raphaël, Aello (harpie), etc.^ 

L'emploi du tiret, que les grammairiens appellent Trait d'union, et 
les imprimeurs Division ; l'emploi du tiret, disons-nous, soit dans les 
locutions adverbiales, soit dans les mots composés ou juxtaposés , 
mériterait également d'être examiné ici; mais comme il n'est pas 
possible d'effleurer ce sujet, nous prions nos lecteurs de consulter 
l'article Tiret, pages 397 à AOO. 

Il y a dans le Dictionnaire un assez grand nombre de mots qui ne 
se trouvent pas à leur rang alphabétique, ce qui en rend la recher- 
che difficile; ainsi garde -vue est placé après garder, tandis que 
garde-robe est avant; joujou est a.ya.nt jouir, jouissance, etc.; nouure 
est après nouvelliste, etc. etc. 

Souvent l'Académie a eu soin de nous dire par quel mot il faut en 
remplacer un autre qui choque l'oreille ou qui vieillit; ainsi à 
CoNCOCTiON nous lisons : « On dit plus ordinairement coction » ; aux 
mots apprête, débours, heurtoir, peintureur, vogueur, résidu (de 
compte), etc., elle ajoute qu'ils vieillissent et qu'on dit aujourd'hui 
mouillette, déboursés, marteau, barbouilleur, rameur^ reliquat, etc. 
— Mais souvent aussi elle se borne à dire : « Ce mot est maintenant 
peu usité; Il a vieilli; Il est vieux. » On se demande donc quelles sont 

1. L'Académie écrit kakatoès. Si la finale de ce mot devait être prononcée comme celle 
d'aloès, il faudrait employer l'accent grave ( kakatoès ), ainsi qu'on le trouve au mot Cacatois ; 
mais , puisqu'elle dit de prononcer kakatoua, il serait évidemment plus rationnel d'écrire 
cacatois pour le nom du perroquet comme pour celui du mât. 



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— XXI — 

les expressions qui aujourd'hui remplacent assesseur j bailleul, pieo- 
reuTj quëmaaideurj lunette d'opéra, lourderie, lourdise; accords j 
dans cette phrase : Terminer, signer les accords d'un mariage, etc. 
On regrette aussi que l'Académie, qui en général cherche à rame- 
ner les mots à leur étymologie , se soit laissé parfois entraîner loin 
de la ligne qu'elle semble s'être tracée, et qu'elle admette de véri- 
tables barbarismes tels que sarholière, érésipèle, honchets, aspic 
(huile d' ) , au lieu de sorbetière, érysipèle, jonchets, spic (huile de) , etc. 
11 est vrai que quelques-uns sont accompagnés d'expressions restric- 
tives, telles que « On dit plus ordinairement et mieux...; On dit 
aussi plus exactement, mais plus rarement...; On disait autrefois..., 
ce q^i était conforme à l'étymologie » ; mais pour d'autres rien ne 
vient servir de correctif : en sorte que ceux qui consultent son Dic- 
tionnaire ne peuvent pas toujours distinguer quelle est la bonne ou 
la mauvaise locution. — Si l'Académie renvoyait simplement de la 
locution vicieuse à l'expression correcte pt ne donnait la définition 
qu'à cette dernière, les nombreux dictionnaires qui se publient au- 
jourd'hui, surtout ces petits dictionnaires qui ne peuvent reproduire 
l'espèce de blâme qu'elle impose aux mauvaises locutions, seraient 
pour elle un puissant auxiliaire et réussiraient sans doute à les faire 
disparaître; tandis qu'au contraire ils les propagent et les accréditent. 
Qui pourrait croire que crépodaille, qui devrait seul être employé 
au lieu de crapaudaille, ne figure même pas à son rang alphabétique ; 
que roussi (cuir de), pour cuir de Russie; esquine, terme de manège, 
pour échine, ne sont pas même l'objet de la plus légère critique? 

Il nous reste à parler de la prononciation. Quand on l'examine de 
près, on ne peut s'empêcher de se demander pour quelle classe de 
lecteurs elle a été donnée. En n'indiquant pas la manière dont on doit 
prononcer certains mots latins, tels que committimus, in extremis, ah 
intestat, celle des mots français terminés par tiel,, tion, atie ^, etc., 
celle de lithotritie, opuntia, quotient, satiété, etc., l'Académie semble 
avoir eu en vue les hommes lettrés; — en indiquant celle de Ve 
dans confiteor, credo, deleatur, libéra, veto, celle de Vs finale dans 
custodi-nos, nescio vos, de profundis, in manus, etc., ou celle de um 
dans album, maximum, minimum, ultimatum, etc., elle semble, au 
contraire, avoir eu en vue ceux qui n'ont pas reçu d'instruction; — 
mais quand elle ne donne que la prononciation de Ve dans abigeat, 
exeat, exequatur, on ne sait vraiment plus à qui elle s'adresse : ceux 
qui ont appris le latin n'ont pas besoin qu'on leur indique la pro- 
nonciation de cet e, et ceux qui ne l'ont pas appris demanderont 
comment il faut prononcer la consonne finale dans les deux premiers 
mots et la troisième syllabe d'exequatur. — Les hommes lettrés pro- 

1 . L'Académie n'a indiqué la prononciation de la finale atie qu'au seul mot primatie. 



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— XXII — 

nonceroht délicuescence, ëcuipollent, ohlicuitë, sescuialtère, ubicui- 
taire, ubicuité; ceux qui ne le sont pas diront délikescence, ékipol- 
lent, oblikité, seskialtère, ubikita%re,ubikité; il fallait donc indiquer 
la prononciation pour guider ou les uns ou les autres. 

Ensuite, TAcadémie n'a pas suivi de principe fixe. Tantôt elle 
donne la prononciation à chacun des mots d'une famille lors même 
qu'ils se suivent sans interruption, comme dixième et dixièmement; 
igné, ignicole^ ignition; chlorate, chlore, chlorique, chlorose, chloro- 
tique, chlorure ; — tantôt elle se borne à dire que la prononciation 
indiquée s'applique à un, deux, trois, quatre, etc., mots suivants, 
comme à deu^ème, enivrer, domptable, équestre ^, etc., ou bien aux 
dérivés qui se trouvent après ou avant, comme à aiguillon et à 
damner; — mais quelquefois la prononciation marquée doit servir 
pour 10, 20, 30, ZjO, et même 50 mots ; telle est celle qu'on a mise à 
banne (pour 10 mots), à illégal (pour 23), à chrême pour aller jusqu'à 
chrysoprase inclusivement, ou jusqu'à chuchotement exclusivement, 
et non ixxsqxi'k chuchoter, comme elle le dit (pour 31); à irrachetable 
(pour 49), à immaculé (pour 50), etc.; et ce n'est qu'à six mots seu- 
lement qu'elle a signalé la prononciation des adverbes terminés par 
emment : compétemment, concurremment, excellemment, innocemr- ' 
mejit, négligemment, sciemment (compétament, concurrament, excé- 
lament, inoçaman, néglijaman, daman) ; nulle part elle ne l'a fait 
pour cetix qui se terminent par amment. 

Cette manière de procéder a de grands inconvénients pour ceux 
qui consultent le Dictionnaire de l'Académie : sans doute une longue 
habitude pourrait suppléer à un manque de clarté, tandis que rien 
ne peut suppléer au silence qu'elle garde trop souvent. Si de la pro- 
nonciation indiquée pour annexe, endosse, gangrène, présupposer, 
symptomatique, etc., on peut jusqu'à un certain point conclure quelle 
doit être celle des mots annexer, endosser, etc., se gangrener, etc., 
présupposition, symptôme, etc., il n'en est pas de même pour bien 
d'autres. A la vérité l'Académie nous dit qu'il faut prononcer licu^- 
f action et likéfier les mots liquéfaction et liquéfier; nous savons 
par l'usage que gn doit être mouillé dans désignation, désigner, bien 
que le g soit dur dans désignatif; que le t de prophétique ne se pro- 
nonce pas c comme dans prophétie; mais le g de stagnation doit-il 
être dur comme dans stagnant f La syllabe gv^il doit-elle se pronon- 

1. Quelquefois l'Académie réunit, pour la prononciation, plusieurs mots où l'une des 
syllabes se prononce , à la vérité , de la même manière , mais qui cependant n'ont entré eux 
aucun rapport d'étymologie , ce qui peut induire en erreur ceux qui ne connaissent que le 
français. Ainsi en disant , à l'article Équbstrb : ir L'U se prononce dans ce mot et dans les 
quatre suivants {équiangle, équidistant, équilatéral, équUath'e) », elle donne à penser que 
ces cinq mots ont une commune origine, tandis que le premier vient de eqwu, cheval, et que 
dans les quatre autres les deux premières syllabes sont formées de œquus, qui signifie Égal. 
Il aurait donc été convenable d'indiquer la prononciation tout au moins à Equbstrb et à 
Équianqlb. 



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— XXIII — 

cer dans orgueilleux j s'enorgusillir, comme dans orgueil? Faut- il 
prononcer la première syllabe de qualeme comme celle de quater- 
naire ? celle de quinaire, terme d'Antiquité, comme celle de quinaire, 
terme de Mathématiques? et celle de quiétude ne doit-elle pas être 
prononcée comme dans quiet, quiëtisme,quiétiste? Nous restons dans 
le doute à l'égard de quiétude; car si d'un côté l'Académie dit à l'ar- 
ticle QoiET, « On prononce cui dans ce mot et dans les deux sui- 
vants (quiétisme, quiétiste) » , ce qui signifie qu'on doit dire kiétude, 
d*un autre côté les dictionnaires et l'usage disent de prononcer égale- 
ment cuiétude, et l'expérience nous a prouvé qu'il pourrait bien y 
avoir dans ce mot deux une faute typographique. 



OMISSIONS 

Le Compléînent du Dictionnaire de VAcadémie présente sur le 
Dictionnaire même quelques articles aussi intéressants qu'instructifs 
dus à la plume de nos sommités littéraires, et qui ont paru dans di- 
vers journaux : le Moniteur, le Journal des Débats, le Constitutionnel, 
le Courrier et le Temps. 

Dans l'article du Moniteur (signé A. Z.)» Fauteur dit (page 8 du 
Complément) qu'il n'a pu découvrir pour quel motif l'Académie, qui 
admet les noms propres devenus appellatifs de Amphitryon, Dulcinée, 
Nestor, Stentor, etc., n'a pas fait de même pour les noms de Sosie et 
de don Quichotte, qui sont, dit-il, comme les corrélatifs obligés, les 
pendants lexicographiques de Amphitryon et Dulcinée, et dont la 
valeur appellative ne saurait être douteuse. 

Dans le Courrier français (article signé B.), l'auteur, qui a sous 
les yeux une liste des omissions de l'Académie, dit (p. 16), que les 
« seuls » mots dont l'oubli lui paraît « le plus » à regretter sont : 
canalisation, confortable, calé facteur, fédéralisme, fertilisation, 
éditer, fashionable, capitaliser. 

Nous sommes moins facile à contenter. A l'article Mentor , nous 
avons exprimé (p. 171-172) le regret de ne pas voir dans le Diction- 
naire de l'Académie un certain nombre de noms propres devenus 
appellatifs, tels que Automédon, Cupidon, Esculape,etc.;ei ci-après 
nous donnons une liste de quelques mots et de quelques locutions 
dont l'omission forme de véritables lacunes. 

Nous demanderons, par exemple, pourquoi l'on ne trouve pas dans 
ce Dictionnaire plusieurs mots du nouveau système des poids et 
mesures : hectomètre, décastère et décistère, décigramme, centi- 
gramme, milligramme, et même myriagramme, qui, à la vérité, n'est 
plus usité aujourd'hui, mais qui l'était lors de la publication de 
cet ouvrage , puisque c'était le terme en usage avant que la loi du 
4 juillet 1837 lui substituât l'expression « dix kilogrammes». — Nous 



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— XXIV — 

pensons qu'à ces mots il faudrait nécessairement ajouter métrer, 
métrage j métré, qui ont remplacé toiser et toisé^, s. m. 

On est également surpris de ne pas y trouver, soit des mots qui 
semblent être les dérivés nécessaires de leurs primitifs : annexion, 
chatoiement, déblaiement, enraiement ; circonstanciel ^, providenciel, 
torrentiel; correctionnellement, empiriquement, interrogativement ; 
ellipser, patronner (protéger), verglacer^, etc.; — soit des mots que 
Ton serait tenté de regarder comme les primitifs naturels de ceux 
qu'a donnés l'Académie; tels sont les verbes ausculter, chamoiser, 
éructer, etc., dont les substantifs aicscultation, chamoiserie, éructor 
tion, paraissent être les dérivés. 

Mais ce qui surprend davantage encore, c'est de ne pas voir à leur 
rang alphabétique un certain nombre de mots qui sont employés ou 
dans les définitions ou dans les exemples du Dictionnaire : curule 
(statue), javelle (eau de), trentenaire (prescription), chiffonne 
(branche), nageurs (oiseaux), mille (lettre), etc, etc., mots qui le 
plus souvent ne sont pas définis à la place où ils se trouvent, et dont 
par conséquent il est impossible de connaître la signification sans 
recourir à d'autres dictionnaires. Voy. Armoise. 

Le Dictionnaire de l'Académie présente peu d'uniformité sous plu- 
sieurs rapports. Si certains articles ne laissent rien à désirer pour 
les définitions et les exemples, d'autres qui réclamaient les mêmes 
développements sont dîme sécheresse dont on ne peut se faire une 
idée. Nous ne citerons qu'un de ces contrastes: — «Barbarisme, s. m. 
Faute de langage qui consiste, soit à se servir de mots forgés ou alté- 
rés, comme, Un visage réharharatif, pour rébarbatif; Ils réduirent, 
pour /^s réduisirent; soit à donner un sens difiTérent de celui qu'ils ont 
reçu de l'usage, comme II a recouvert la vue, pour // a recouvré la 
vue; soit enfin à se servir de locutions choquantes et extraordinaires, 
comme Je m'en ai douté, pour Je m'en suis douté. Le barbarisme et 
le solécisme sont deu^ grands vices d'élocution. Faire un barbarisme. » 
— A l'article Solécisme, l'Académie se borne à dire, pour le sens 
propre : « Solécisme, s. m. Faute contre la syntaxe. Faire un sole- 
cisme. Il y a un solécisme dans cette phrase. » Puis elle ajoute : « 11 
se dit quelquefois, figurément et par plaisanterie, d'une faute quel- 
conque. Un solécisme en conduite. Il fait dans cette science d'étranges 

1. A l'article Toisé nous lisons : « Il signifie, en Mathématiques, La science ou l'art de 
mesurer les surfaces ou les solides, et d'exprimer leur étendue ou leur volume en parties de 
certaines unités convenues : par exemple', en toisbs ou en mètres carrés, s'il s'agit de sur- 
faces ; cubes , s'il s'agit de volumes. » — Nous croyons qu'on ne se sert plus du mot toisé, 
surtout lorsqu'il s'agit de calculs en mètres. — Quant au mesurage des liquides et des ma- 
tières sèches, nous pensons qu'aujourd'hui l'on doit employer les mots Uttei', litriige, litre, 
s. m. — Dans un grand nombre d'exemples, l'Académie devra opérer la conversion des 
anciennes mesures en mesures nouvelles. 

2. Circonstanciel était dans le dictionnaire de Gattel imprimé en 1803. 

8. Verglacer se trouvait dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie ( 1094). 



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— XXV — 

solecismes, » Faire des solécismes dam une science^ ne nous semble 
pas une expression heureuse. 

Pour ce qui concerne l'histoire naturelle, tantôt l'Académie fait 
connaître le nom scientifique et le nom vulgaire des animaux et des 
plantes, tantôt elle ne donne que Tun des deux. Exemples : 

Dans la Zoologie : « Crevette , s. f. Petite écrevisse de mer, qu'on 
nomme dans quelques endroits Salicoque, et dans d'autres Chevrette. » 
— « Oursin, s. m. T. d'Hist. nat. Nom d'un genre de zoophytes à co- 
quille calcaire, hérissée d'épines mobiles. » 11 aurait été bon d'ajou- 
ter le nom vulgaire Hérisson de mer. — Mais les termes vulgaires 
non accompagnés du nom scientifique sont assez nombreux ; cochon 
d'Inde, demoiselle, perce-oreille, serpent à sonnettes, ver luisant, etc, 
manquent de leurs correspondants cobaie ou cobaye, libellule, for^ 
ficule, crotale, lampyre. 

Dans la Botanique : « Opuntia, s. f. Plante de la famille des Cac- 
tiers... On la nomme vulgairement Raqtiette et Figuier d'hide. » — 
a Airelle, s. f. T. de Botan. Sous-arbrisseau à fleurs rougeâtres... » 
Il aurait été convenable d'ajouter l'expression vulgaire Myrtille, 
car dans beaucoup de localités c'est la seule que l'on connaisse. — 
« Pied-d'alouette, Genre de plantes éperonnées... » Ici il fallait 
mettre le terme de Botanique Dauphinelle, ou plutôt Delphinium,, 

Pour les noms de professions et autres, elle néglige souvent d'indi- 
quer le féminin. C'est même sous ce rapport qu'on trouve le moins 
de régularité. L'Académie, qui donne brasseuse, charbonnière, chau- 
dronnière, teinturière; caqueuse et encaqueuse, fluteuse; mécheuse, 
mangeuse, jeûneuse; finasseuse, fraudeuse, tricheuse; batailleuse, 
ergoteuse, vantarde, pendarde, etc., omet d'autres féminins au* 
moins aussi utiles : chevrière, bimbelolière, bonnetière, quincaillière, 
miroitière, dégraisseuse, javeleuse, sarcleuse; écouteuse, fureteuse, 
persifleuse, etc, etc. — Mais il manque des féminins plus intéressants 
encore , tels que examinatrice, inspectrice, monitrice, patronnesse 
(dame); gélive (pierre), houillère (formation, zone), etc, etc. 

Dans la liste que nous donnons plus loin, nous avons indiqué 
comme verbes quelques mots pour lesquels l'Académie se borne à 
l'adjectif; elle met azuré, ée; camphré, ée; lézardé, ée; ver juté, ée; 
et cependant l'on dit : Azurer une étoffe, une pâte de papier ; Cam- 
PHRER une potion, de l'eavrde-vie; Ver juter une sauce, des cer- 
neaux, etc. ; Un seul hiver a suffi pour lézarder ces murailles. 

Les spécialités qui se sont introduites dans le commerce et dans 
l'industrie ont fait créer des mots qui les représentent ; il y a main- 
tenant des culottiers et des culottières, des caleçonniers et des 
caleçonnières, des giletiers et des giletières, des corsetiers et des 
corsetières, des colletiers et des colletières, des casquettiers et des 
casquettières (ou mieux, casquetiers, casqiœtières), des guêtriers, des 
chemisiers, des galonniers, des tullistes, des dentellières (ou mieux 

d 



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-=— XXVI -^ 

dentelières)^ etc., et tous ces noms devront nécessairement figurer 
dans le Dictionnaire de l'Académie, au même titre que ruhanier, ière; 
passementier, ière; ceinturier, gazier, cirier^, etc. 

Aujourd'hui l'on ne parle plus seulement ^'agriculture et d'Aorit- 
culture; on a créé de nouvelles branches scientifiques et industrielles : 
Y arboriculture, qui se borne aux pépinières, et s'occupe plutôt des 
arbres fruitiers; — la silviculture, qui est particulière aux bois 
et aux forêts; — la viticulture, ou culture de la vigne. — Le mot 
culture s'applique également aux soins qu'on prend pour élever 
certains animaux; on dit apiculture pour signifier l'éducation des 
abeilles; — hirudiniculture, ... des sangsues; — pstriculture, ... des 
huîtres; — pisciculture, ... des poissons; — sériciculture*, ... des 
vers à soie ; — et même galli?iiculture, pour les oiseaux de basse- 
cour. — Ces diverses locutions et bien d'autres encore sont devenues 
familières à toutes les classes de la société , grâce aux journaux de 
toutes sortes, qui font pénétrer dans les masses des faits scientifiques 
ignorés il y a vingt ans ; et l'Académie ne peut rester en arrière, sous 
peine de voir préférer à son Dictionnaire des ouvrages du même genre 
qui n'auraient pas pour eux l'autorité d'un corps savant, mais qui 
répondraient mieux aux besoins de la génération actuelle. 

Dans notre liste nous n'avons abordé ni les termes scientifiques, 
ni les termes techniques des arts et métiers, ni la mythologie, ni la 
géographie; cela nous aurait mené trop loin. Nous nous sommes 
borné à quelques-uns des mots et des locutions dont l'absence étonne 
dans le Dictionnaire de l'Académie , et à quelques autres qui ont été 
créés ou empruntés à la langue anglaise depuis 1835. 

LISTE 

DE QUELQUES MOTS A AJOUTER AU DICTIONNAIRE DE L' ACADÉMIE ' 

Abréviatif, ive; abréviativement, accessibilité, acclimatation, accor- 
déon, achalandage, * acte d'habeas corpus *, actualité, acuité, ad hoc, 

1. L'Académie a depuis longtemps adopté les mots boutonnerie, chaudronnerie, clouterie, 
eorderie, etc. etc., pour exprimer la marchandise ou le commerce, et même la fabrique, l'ate- 
lier du boutomiier, etc.; pourquoi n'adopterait-elle pas également amidonnerie, bou^hon^- 
nerie, chasublerie, dentelierie, et tant d'autres mots de même nature, qui sont usités dans 
l'industrie ? 

2. Il nous semble qu'on devrait dire bombyciculture et non sériciculture, car ce dernier 
mot signifie Culture de la soie et non éducation des vers à soie. On dit apiculture, et non 
fnelliculture, céricuiture, pour exprimer l'Éducation des abeilles. — Quant à magnanerie et 
surtout magnanière, ils signifient le Bâtiment où l'on élève les vers à soie, et non l'Éducation 
de ces animaux. 

3. Cette liste présente quelques mots qui sont bien dans le Dictionnaire , mais auxquels il 
manque une acception ; c'est cette acception que nous avons mise en italique : boiser un 
canton, etc.; boîte de Pandore; collage du vin, vue longue. Etc. 

4. Les mots précédés d'un astérisque ( * ) se trouvent aussi dans le Dictionnaire ; mais ils 
sont dans des définitions ou dans des exemples , où le plus souvent rien n'indique ce qu'ils 



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— XXVIl — 

* ad homidem (argument) S adjudicateur, admissibilité, admones- 
tation, aéromètre, affichage, affiloir, * aigle de mer*, aiguisage, 
aiguiseur, albumen, alcalisation, alcoolisation, allopathe, allopathie, 
altitude, aluminium, amidonner, amidonnerie, anglicanisme, anhydre, 
annexion, anormal, aie; anthracite, anxieux, euse; apaisement, api- 
culture, arachnides, arboriculture, * arbre à pain ^, * arbre de Judée*, 
architectural, aie; argentifère, arnica, artisane, ascétisme, assombrir 
et s'assombrir, Atlas, atrophier (s'), * auréole, t, d*A8tron^\ auri- 
fère, ausculter, autoclave, autographie, autographier, Automédon, 
azoter, azurer. 

Bancal, s. m., sabre recourbé; baraquement, barôme, benzine, 
biconcave, biconvexe, bigaradier, bimbelotière, * blé -mouture*, 
boisement, boiser un canton, une montagne ; boîte de Pandore, * bom- 
byx'', bonnetière, *Jbou (thé)^ bouddhisme, bouddhiste, bronchite, 
brosseur, budgétaire, * buplèvre^, bureaucrate, burnous. 

Cachotier, ère *^ ; cailleter, caillouter, calandrage, calandreur, cale- 
çonnier, ère; caléfacteur, calomel, calorimètre, calottier, ère; cam- 
phrer, canalisation, canaliser, cancaner, cancanier, ère; cantilène, 
capillarité, capitalisation, capitaliser, capitonner, cardage, * carex", 
carnier, carrossable, casquetier, ère; cenelle, centigramme, cen- 
tralisateur, trice; cépage, céramique, chamoiser, charroyeur, cha- 
sublerie, chatoiement, * chat- tigre ^*, chemisier, ère; chevrière, 
chimpanzé, chinure, chloroforme, cholérine, chouan, chouanerie, 
cicatrisation,* cinchonine^^, circonstanciel, elle; * cithare**, citron- 
nât, citronner, claustration, cliquet, clivage, clocheton, cobaie 
OM cobaye, coccinelle, collaboration, collage du vin, etc.; collec- 
tionner, collectionneur, coloration, coloriage, commémoratif, ive; 

* commode et incommoda*^, commutabilité, complexionné, ée; 
comploteur, composant, s. m.; compteur, condenseur, conductibilité, 
confortable, confortablement, conglomération , conglutinatif, ive; 
constatation, contre -épaulette, corindon, correctionnellement , 
corroierie, corroyage, corsé, ée (qui a du corps : drap, étoffe, viw), 
corsetier, ère ; couguar, créditeur, * crémaster *®, crémerie, crémeux, 
euse; crémier, * crocus", crotale, crown-glass, cueilleur, euse; 
culottière, Cupidon, *.curule {statue) *^, cuvage, cylindricité. 

Dandy, déblaiement, déboisement, déboiser, décastère, décigramme, 
décistère, déconsidération, déconsidérer, décortiquer, décrottage, 
défloraison, dégraisseuse, dégréement, delta, démolisseur, démora- 
lisateur, trice ; démoralisation, démoraliser, démuseler, dépersuader, 

signifient. Les notes suivantes font connaître les articles où figurent ces mots. — Acte 
dlmbeas corpun se trouve à l'article Palladium. 

I. à Argument. — 2. à Huard , Orfraie. — 3. à Jaquier. — 4. à Comprimer , Gaînikr. 
— 5. à Chevelu. — 6. à Mouture. — 7. à Ver. — 8. à Thé. — 9. à Perce -feuille. 

10. Dans cette liste , nous suivons l'orthographe que nous voudrions voir adoptée. 

II. à Androgynb. — 12. à Maroay. — 13. à Quinine. — 14. à Heptacordb. — 15. à Infor- 
mation. — 16. à SusPENSEUR. — 17. à Safran. — 18. à Statue. 



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— XXVIII — 

♦dépiteux, euse*; déraisonnement, désenivrement, désinvolture» 
désorganisateur, trice; dessuintage, dessuinter (ou désuintage, 
désuinter), destructible, * déterminable *, détournement, dévidage, 
diglyphe, dilettante, diorama, discutable, distancer, divinateur, trice; 
dock, dolmen, domestication, domestiquer, don Quichotte, donqui- 
chottisme, draconien, enne ; drainage, drainer, dressoir, drolatique, 
dualité, duodécimal, aie; dynastique. 

Écuries (les) ou les étables d'Augias, édicter, éditer, effluve, égru- 
geure. Eldorado, élevage, éleveur, ellipser, élogieux, euse ; élucidation, 
élucider, embaumeur, * emménagogue ^, empierrement, empierrer, 
empiriquement, encliquetage , encliqueter, encolleur, endiguement, 
engoulevent, engrènement, enguirlander, enraiement, enrubaner, 
entrain, entreposi taire, * entre vifs*, équarrissoir, équatorial, aie; 
équilibrer, éructer, escompteur, Esculape, estampage, estuaire, éta- 
gère, * étampure'^, étroitesse, * eutychéen^ évoluer, examinatrice, 
exaucement, excaver, exigibilité, exonération , exonérer, expérimen- 
tateur, expertiser, exportateur, extenso (in), extra, s. m.; extra 
muros (demeurer). 

Fablier, fabricante, fâcheusement, factage, fascinateur, trice; 
fashionable, fécondateur, triée; féculerie, fédéralisme, félin, ine; 
fémoral, aie; fertilisation, feuilletoniste, * flèche - d'eau ^ forficule, 
foulonnier, fourchetée, fractionnement, fractionner, ♦ frété, ée 
(lance) ^; * frette®, anneau d'une lance frétée ^^ ; fumivore, * funé- 
raire [monument) **, fusillement, fusioniste. 

Gainerie, galliniculture , galonnier, galvaniser, galvanoplastie, 

* Ganymède **, garde-magasin , Gargantua, gaufrage, gaufroir, gein- 
dre, s. m.; généralisateur, trice; géographiquement, giletier, ère; 
glaçage, gobeletterie, grattiner, grillageur, groupement, guêtrier, ère; 

* gueule-de-loup *^, guillochage, guillocheur, euse. 

Harmonier ou harmoniser, harnachement. Harpagon, * Hébé**, 
hectomètre, herboristerie, herculéen, enne ; hideur, hippique, hippo- 
phage, hirudiniculture, homérique, homœopathe, homœopathie, 
homœopathique, horizontalité, huilerie, humanitaire, * hybride 
(mot) *'^, hydrofuge, hydrothérapie, hydrothérapique, hypertrophie, 
hypocritement. 

Illogique, immensurable, immigration, impérialiste, importateur, 
impressionnable, impressionner, * incarnatif , ive *^ ; incessant, ante ; 
incomber, * incompjètement *'', inconstitutionnalité, inconvenance, 
incorrectement,* incrément**, incunable, indolemment, infirma- 

l. à OisBAU. — 2, à Équation. — 3. à Armoise, Sabine. — 4. à Disposition, Dona- 
tion, Incapable. — 5. à Maigre. — 6. à Cophte. — 7. à Sagittaire. — 8, 9. à Lance. 

10. Le dérivé de fret s'écrit frété,ée; il serait utile de distinguer celui de fntte en doublant 
le t {frettéf ée), comme on le fait pour aigrette, levrette , etc., dérivés de aigrette, levrette, etc. 

U. à Monument. — 12. à Échanson, Nectar. — 13. à Pbrsonnée. — 14. à Nectar. — 
15. à Mot. — 16. à Sarcotiqub. — 17. à Demi. — 18. à Intégrai.. 



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— XXIX — 

tion, inflammabilité, infranchissable, ingérence, ingestion, initiateur, 
injustifiable, insectivore» insondable^ insoucieux, euse; inspectrice, 
instantanéité, insubmersible, insulteur, intègrement, international, 
aie; interner» interrogativement, intertropical, aie; intimidation, 
invulnérabilité, irascibilité, irréalisable, irréfutable, irresponsable, 
irrévéreneieux, euse; irrigable, irriguer. 

* Jacobite^, jaspage, jareleuse, * javelle (eau de) *, jointoiement, 
jonchaie, jovialité. 

Lactifère, laitier, marchand de lait; lampyre, laryngite, *léonu- 
rus ^, lésineur, euse ; lettre de Bellérophoitj lettre morte, léviathan , 
lexicologie, lézarder et se lézarder, libellule, lilliputien, enne; lit 
de Procrusle, literie, lithochromie, litrage, litrer, localisation , loca- 
liser, lubréfaction, luxueux, euse; luxuriant, ante ; * lydien, enne*. 

Macadam, macadamiser, magnanerie et magnanîère, magnanier, 
*mabogon ^, manquant, ante ; marivauder, marmoréen, enne ; marque- 
teur, * mèche, t. d'Art vétérin.^,-^ médisÀ, aie; médication, méditerra- 
néen, enne; médius, mellification , mensongèrement, métrage, mé- 
tré, s. m.; métrer, * meunier, poisson'' ; milligramme, miroitière, 
monarchiste, monitrice, monogamie, monopoliser, moralisateur, trîce; 

* morave?, * morne, anmeau d'une lance momée^ ; murage, musca- 
délie, myriagramme, mysticisme. 

* Nageurs (oiseaux) *o, ♦ natatoire^*, navigabilité, nidification, 
notabilité , * nulle ( lettre )^^. 

Obséquiosité, cenophile, œsophagite, * officier (bas) **, ogival, aie; 
omnipotent, ente; *ophioglosse **, opportunément, opposable, orches- 
tration, ordonnancement, organisateur, trîce; orphelinat, orphéon, 
orphéoniste, orthologie, orthopédiste, ostentateur, trice ; ostriculture, 

* ourlées (oreilles) ^^\ ovine, adj. f. 

Pactole, paléographe, paléontologie, paletot, panoplie, panthéiste, 
paragrêle, pardessus, ve7emew^; parfumerie, parmentière, parturition, 
patronner, protéger; patronnesse (dame), patte, ée (croix), paupé- 
risme, perler, perpétration, peuplement, phalanstère, pharyngite, 
phénoménal, aie; photographe, photographie, photographier, phré- 
nologie, * phrygien, enne*^; pisciculture, piscivore, poinçonner, 

* poirier des Indes ^'', polychrome, polychromie, porcherie, portrai- 
tiste,* poulet dinde**,* poulette [œufs, asperges à ^a)*^, poussinière, 
cage, ëtuve pour élever des poussins ; précautionneux , euse ; pré- 
fectoral , aie ; préfixe, s. f . ; presbytie et presbytisme, préservation , 
pressage, prestidigitateur, prestidigitation, * prime {orge de)^^, 
priseur de tabac, professionnel, elle; progresser, prolétariat, pro- 
pagandiste, propulsion, protectioniste, protubérant, ante; providen- 

1. à CoPHTE. — 2. à Tachb. — 3. à<ÎUBUB. — 4. à Mode. — 5. à Acajou. — 6. à Ortie. 

— 7. à Chabot. — 8. à Hermutbs. — 9. à Lance. — 10. à Palmipède. — 11. à Vbsiculb. — 
12. à l'art. B. — 13. à Anspessade, Bas. — 14. à Langue. ^ 15. à Orbille. — 16. à Mode. 

— 17. à Goyavier. — 18. à Croupion, Gland. — 19. à Mettre. — 20. à Écourobon. 



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— XXX — 

ciel, elle; provincialisme, provocant, ante; pnllulation, pnHn, pu- 
trescible, pyrale, pyroscaphe, pythagorisme, Python, 

Railway, ramollissement, rassortiment, rassortir, rationalisme, 
rationaliste, rationner, ravier, rebiffer (se), reboisement, reboiser, 

* rebordées (oreilles)^, réclusionnaire, recrudescence, réfutable, 
régates, s. f. pL; réitératif, ive; relayeur, réorganisateur, trice; 

* retourner à, faire retour à*; révolutionnairement, révolutionner, 

* roche Tarpéienne '^ romantisme, rotatoire. 
Sacchariôcation, saccharin, ine; salangane, sans-cœur, subst. ; 

saponification, saponifier, saroleuse, * Scylla*, sècherie, sénatorerie, 

* sens {peine du)^, sentimentalité, seran ou serançoir, serançage, 
serancer, seranceur, sériciculture, * sexagésimal, ale^; siffloter, 
silencieusement, silviculture, sorgho. Sosie, soufrage, soufrière, 
soufroir, * sous-officier '', stalle d' écurie j statisticien, statuette, sténo- 
gr£|.phier, stéréoscope, strident, ente; suburbain, aine; * sulfuré, ée*. 

Teinturerie^ télégramme, télégraphie, télégraphier, terrifier, ter- 
tiaire, tétanique, tête de Méduse^ théophilanthrope, théophilanthropie, 
thermométrique, timbre-poste, timonnerie, tonneau des Danaïdes, 
torrentiel, elle; torrentueux, euse; transatlantique, transfèrement, 
translucide, transsept ou transept, transvasage, transvasement, 

* trentenaire ^, triptyque , trôner, tropical, aie; troupier, tuUiste, 
tunnel, typhoïde. 

Unipersonnel, elle; utilisation, utopiste. 

Vagir, vagon ou waggon,valenciennes (de la), varrant ou warrant, 
vélocipède, vendéen, enne ; verdict, verglacer, verjuter, * verticalité *^, 
villégiature, vinaigrerie, * vitex ", viticole, viticulture, vitrine, * vol- 
taïque ^^, vue longue. 

Pour faire place à quelques-unes des omissions à réparer, on pour- 
rait effectuer quelques suppressions. Dans la Préface (p. ii), nous 
avons vu qu'il serait utile de retran'eher un certain nombre de dou- 
bles emplois; ici, nous parlerons des mots inutiles. Le Dictionnaire 
de l'Académie nous semble trop riche en termes typographiques, en 
termes relatifs aux figures de grammaire et de rhétorique, et en mots 
orientaux. Les premiers sont peu intéressants pour la plupart des 
personnes qui consultent cet ouvrage; ils n'apprennent rien aux typo- 
graphes, qui en savent plus par expérience qu'un dictionnaire ne 
peut leur en enseigner, et qui au besoin même rectifieraient quel- 
ques-unes des définitions qu'on y trouve {palestinej trismégiste, 
parisienne ou sédanoise, perle, cadrât, corps d'une lettre, œil d'une 
lettre, pâte, pâtë,prote (Voy. ce mot), servante, sommier, pr élire ^^, 

1. à Oreille. — 2. à Réversible. — 3. à Précipiter. — 4. à Charybdb, Tomber. — 
5. à Dam.— 6. à DBORé. — 7. à Caporal, Officier, Soos. — 8. à Hydrogène. — 9. à Prescrip- 
tion. — 10. à Pbrpendicule. — 11. à Agnus-castus. — 12. à Pile. 

13. II aurait été convenable de faire connaître l'expression usitée : lire en première (sous- 
entendu , épreuve ), car prélire te se dit jamais. 



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— XXXI — 

tremper S elc.j, termes dont 1^ uns sont hors d'usage maintenant que 
l'on compte par points, et dont les autres présentent des définitions ou 
des exemples difficiles à comprendre). — Nous en dirons autant de la 
plupart des figures de grammaire et de rhétorique, dont on a saturé 
les élèves pendant leurs humanités : elles ne sont guère connues que 
des savants, et intéressent bien peu le commun des lecteurs*, qui 
ne les rencontre jamais sans une sorte d'ennui et même de répulsion. 
— Nous sommes loin de demander qu'on supprime complètement ces 
deux classes de mots; nous désirons seulement qu'ils soient dans une 
juste proportion avec le reste. 

Quant aux mots orientaux, empruntés aux langues turque, chi- 
noise, persane, etc., et qui, à notre avis, étaient à peu près superflus 
il y a dix ans, ils pourront devenir utiles par suite des relations qill 
commencent à s'établir entre la France et ces pays lointains. Néan- 
moins on ne voit pas sans surprise que l'Académie indique la valeur 
correspondante en mètres ou en toises de la parasange chez les 
Perses, du schène chez les anciens, surtout en Egypte; — la valeur 
de la bourse et du rize turcs, et même de petites monnaies telles que 
Vaspre et le para; — tandis qu'elle nous laisse ignorer la différence 
qui existe entre les milles d'Angleterre, d'Italie et d'Allemagne, et 
qu'elle ne nous indique pas la valeur de la pièce de monnaie appelée 
cent en Hollande, en Belgique, etc. Il ne serait pas inutile non plus 
de dire que cette expression vulgaire , Avoir des mille et des cents, 
signifie Posséder des milliers et même des centaines de milliers de 
francs, être fort riche. Il croit que fai des mille et des cents. 

Nous terminons en proposant de supprimer quelques locutions 
telles que ablativo tout en un taSj ergo-glu, potron-minet et potron- 
jaquetj tarare-pompon^ etc. etc.; puis les locutions triviales, les pro- 
verbes inusités ou de mauvais goût, les phrases qui pèchent contre la 
grammaire, etc. En voici quelques exemples : 

En apprenant cette nouvelle, son front, son visage s'est rasséréné. 

Ils burent tant qu'à des noces. 

Comment vous en va ? 

Attrape-toi cela. 

Cela n'est pas tant chien. 

Il fait bien crotté dans les rues. 

Vienne qui plante, sont des choux. 



1. A ce dernier mot le Dictionnaire donne un exemple dont le sens est difficile à saisir. 
Au lieu de, Le papier se trempe ordinairement une fois par main, il aurait fallu dire : 
Le papier se trempe par mains ou par demi-Tnmns, suivarU sa grandeur, sa force, etc. On ne 
comprend pas ce que peut signifier une fois par mnin. 

2. Parmi ces figures il en est quelques-unes que nous sommes supris de voir consacrées 
par l'Académie ; Vhypallage est une de celles qui nous choquent le plus : Il n*avait point de 
souliers dans ses pieds (pour, aux pieds, ou, comme elle l'explique, H n'avait point ses pieds 
daiis des souliers) ; Enfoncer son chapeau dans sa tête, au lieu de, Enfoncer sa tête dans son 
chapeau. Nous croyons qu'on pourrait très-bien dire , Enfoncer son chapeau sus ta tête. 



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— XXXII — 

// a été le plus fort, il a porté les coups. 

Manger, ronfler, rire comme un crevé. 

Il en a menti par la gueule, par sa gusule. 

Ne comptez pas sur les promesses de cet homme, il vous pétera dans la 

main, 
La gueule du iuge en pétera, il faut que la gueule du juge en pète. 
Tenir quelqu'un au cul et aux chausses. 
Prendre son cul pour ses chausses. 
Cet argument l'arrêta sur cul. 
Je m'en bats les fesses. Etc. etc. 

Après avoir présenté sommairement les points qui réclament de la 
part de TAcadémie une attention particulière, nous nous faisons un 
devoir de répéter que la rédaction et l'impression d'un ouvrage aussi 
considérable sont un travail immense, et que s'il était exempt de tout 
défaut, ce serait un vrai chef-d'œuvre. D'ailleurs ce travail ne pou- 
vait être fait par une seule personne, et c'est ce qui explique en 
grande partie les inconséquences et même les contradictions que 
nous avons signalées. Il faut donc convenir que le Dictionnaire de 
l'Académie française est encore le meilleur guide que l'on puisse 
consulter pour la langue. 

Mais il n'en est pas moins constant que cet ouvrage demande à être 
rectifié, perfectionné, complété, et il est à désirer que l'Académie ne 
fasse pas attendre trop longtemps ces importantes réformes. Les 
instituteurs et les typographes, particulièrement ceux-ci, appellent 
de tous leurs vœux une nouvelle édition qui réponde aux besoins 
actuels et qui facilite leur travail en supprimant le luxe de variantes 
que présente celle dont on se sert aujourd'hui. Espérons que la 
savante Compagnie s'empressera de répondre le plus tôt possible 
aux réclamations qui s'élèvent de toutes parts, et qu'elle accomplira 
sans désemparer une œuvre qui porte son nom et sera toujours pour 
elle un titre de gloire. 



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REMARQUES CRITIQUES 



DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE 



A, s. m... Ane se prononce pas dafis quelques mots, tels que août, 
taon, etc. — L'étymologie du mot taon, en latin tabanm, nous semble 
demander qu'on le prononce tan et non pas ton, Voy. Taon. 

À, prép... Commencer à désigne une action qui aura du progrès, de 
Taccroissement. Le jour commence à luire. Il comfnçnce à pleuvoir. 
Cet enfant commence à parler. — Commencer de désigne une action qui 
aura de la durée. Lorsque cet orateur commença de parler, il s'éleva 
dans V auditoire un murmure favorable. Qu>and le tonnerre commence 
de gronder, il faut s'attendre à un orage, . 

Nous pensons qu'on emploie souvent commencer à pour conmencer 
de, soit parce que le premier est plus doux à l'oreille, soit parce 
qu'il est assez difficile de prévoir si une action aura du progrès, de 
l'accroissement, ou si elle aura seulement de la durée; et en effet 
non-seulement l'Académie donne pour exemples, aux verbes Gronder 
et Tonner, « Le tonnerre, l'orage,,, commence À gronder; l'artillerie 
commençait À tonner », contrairement à la règle ci -dessus; mais 
encore elle dit à l'article Commencer : « Cependant on dit quelquefois 
commencer à pour commencer de. Commençons À dîner. Ils commen- 
cèrent À jouer, Etc, » — D'un autre côté nous pensons que parfois on. 
emploie de au lieu de à lorsqu'on veut éviter un hiatus; ainsi dans 
les exemples ci-dessus on dirait, lorsque le tonnerre, l'orage com- 
mença de gronder,,,; l'artillerie commença de tonner vers midi; on 
Commença de dîner, de jouera etè. C'est ainsi qu'à l'article Obliger 
l'Académie dit : 

Mes réprimandes , mes exhortations Vont obligé À changer d'avis, de 
conduite. 

tandis que dans la phrase qui vient immédiatement après, elle em- 
ploie de afin d'éviter la rencontre de trois voyelles : 
L envie de parvenir Va obligé n'étudier, 

Voy. Commencer et Continuer. 

1 



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— 2 — 

À... Traiter quelqu'un de Turc à More. — Voy. Morb. 

À... Au veau qui telle. — Voy» Tête». 

À... On dit elliptiquement... à une personne que l'on quitte, A 
demain, à ce soir, à dimanche j etc. Nous nous reverrons demain, ce 
soir, dimanche. — Nous ferons remarquer que cette expression ellip- 
tique s'emploie aussi dans une acception bien différente, comme dans 

ce vers : 

A demain, à demain les affaires, 

qui veut dire, Aujourd'hui amusons-nous, et remettons à demain les 
affaires. Elle peut donc signifier, Renvoyons, remettons à demain, etc., 
notre entrevue, la fin de cet entretien, de cette discussion. Quoi qu'il 
en soit, il nous semble que l'Académie aurait bien fait de suppléer 
l'ellipse de la phrase telle qu'elle l'entend, comme Bonjour, adieu 
jusqu'à demain, ou d'autres expressions analogues. 

À... s^em{^loie de même quelquefois pour déterminer son régime ou 
complément par rapport au nombre. Avoir, louer une maison à deux, 
à trois, A moi seul je le ferai. A dix qus nous étions, pas un ne refusa. 

Il aurait été bon que l'Académie ajoutât que souvent on supprime 
la préposition à du second exemple» comme elle l'a fait à l'article 
Maxime : 

Maxime, en termes de Musique, Note qui vaut ellb seclb quatre mesures. 

Quant au troisième exemple, nous croyons qu'on emploie plutôt 
sur, dCj que à; c'est ainsi' qu'elle dit : 

(à Sur) Sur dix, il n'y en avait pas un de bon. 

(à De) De six cents hommes qui montèrent à V assaut, pas un n*est revenu. 

À... indique particulièrement... T la destination, l'usage. Fille à 
marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer... 
— Ce rapprochement ne suffit-il pas pour faire sentir que les expres- 
sions waf^re de danse, maître de chant * seraient préférables k maître 
à danser, maître à chanter? Et Maître à écrire ne devrait-il pas éga- 
lement être remplacé par maître d'écriture, de calligraphie, puisqu'on 
lit à l'article Maître , maître de danse, de musique, de harpe, de vio- 
lon, d'escrime, de dessin, eïc. f 

À... indique... 3° ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire 'à 
l'emploi d'une machine, d'un instrument, etc. Arme a feu. Fusil à 
vent. Bateau, machine à vapeur. Moulin à eau, à vent, à bras. Chaise 
à porteurs. Instrument à vent. — Il nous semble que, malgré ces nom- 
breux exemples, plus d'un lecteur aura de la peine à voir de prime 
abord un rapport exact entre eux et l'explication qui précède ; et nous 
aimerions mieux une définition dans le genre de celle-ci : « Rapport 

1. A l'article Dansb, l'Académie dit très-bien mmire de dcrnse^ et si à Chanter elle met 
maître à chaîner, à l'article Chant nous trouvons école de chant. Nous ne croyons pas que 
personne dise École à chanter^ à lire, à écrire} et il nous semble que les locutions maître à 
chanter, à lire, à écrire, ne sont pas meilleures. 



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de rinstrument, de la machiné à âon moteur », parce que dans les 
exemples le nom du mùteur vient après celui de la machine : arme à 
Fsu^ fusil à VENT, machine à vapeur, etc. 

ABATAGE, abatée, abatis. — Ccs mots devraient s'écrire avec 
deux tj, comme abattre j abattement, cAatteur, abattoir, etc. Voy. Ba.ttre. 

abbatial, ale. -* L'Académie nous dit bien que dans cet adjectif 
le t se prononce comme c> mais eUe a oublié de nous a|)prendre s'il 
faut faire sentir les deux b. 

ABDOMEN*.* T. d'Anat., emprunté du latin, qui signifie le ventre. 
— Nous avions toujours pensé que ce mot devait signifier le bas- 
ventre, soit parce qu'il y a synonymie entre Vinterior abdominis mem^ 
brana de Celse et le peritonium de C. Aurelianus^, que l'Académie 
définit « Membrane qui revêt intérieurement toute la capacité du bas- 
ventre » ; soit peut-être parce que la partie inférieure de l'abdomen 
correspond à cette partie extérieure du corps que la pudeur fait' 
cacher avec le plus de soin, même chez les sauvages. Mais nous tenions 
à voir cette synonymie donnée par l'Académie elle-même, et nous 
l'avons trouvée à l'article Ventre : « Le ventre inférieur, ou le bas- 
ventre, l'abdomen. » 

ABE€QUER OU abéquer. — L'Académie écrit également becquée 
ou béquée, becquster ou béqueter, abecqùer ou abéq^ier; mais elle n'ad- 
met point de variante pour se rebéquer. 

aberration, abhorrer. — La prononciation n'est pas indiquée, 
et pour savoir qu'il Taut faire sentir les deux r dans le second de ces 
mots, il faut recourir à l'article R; celle di aberration ne se trouve 
nulle part. 

ABJECT, ECT£. — L'Académie n*indique la prononciation à aucun 
ae^^adjectifs terminés par ect : abject, circonspect, correct, direct, 
infect, suspect; et à l'article T, contact et correct sont les seuls exemr 
pies des^mots terminés par et, où elle dise qu'on prononce le ^méme 
devant une consonne. 

AiLATivo. Terme adverbial et populaire, qui ne s*emploie que dans 
cette phrase, Ablalivo tout en im tas, tout ensemble, avec confusion 
et désordre. Il a mis cela ablativo tout en un tas. — On se demande 
pourquoi l'Académie a recueilli dans son Dictionnaire cette locution 
moitié latine, moitié française, et dont une partie est inintelligible pour 
bon nombre de ceux qui le consultent. Serait-ce parce que Dancourt, 
dans sa pièce le Charivari, a dit 2 a Allons, moi^gué, ablativo tods en 
ON tas; 4nettofis toutes les noces en une^ » ? Nous croyons, comme 
M. Paulin Paris ^ que cette locution n'est pas populaire puisque le 
peuple ne s'en sert jamais, et qu'il aurait été mieux de la laisser dans 
les dictionnaires de Basnage et de Trévoux. 

1. Qnicherat, Dict. frai\ç.'laU 

d. DicUonnairt hiaorique de la langue fronçais», publié par rAcadémie. 

8*. Bans son EwjA dSm dictionnaire Uatariqm de la lamgxu françaiee^ 



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— k - 

ABONDAMMENT. ^ Aujourd'hui, dans les adverbes terminés par 
arriment cette finale se prononce comme s'il n'y avait qu'une m 
[abondament) ; mais nulle part l'Académie n'a indiqué la prononcia- 
tion de ces adverbes. 

ABOUTIR. — Il serait à désirer que l'Académie indiquât l'auxiliaire 
avec lequel se conjuguent les verbes neutres. Au verbe Aboutir elle 
ne donne pas un seul exemple des temps composés, et ensuite elle 
met Abouti, ie ; c'est dire implicitement qu'il se conjugue avec l'auxi- 
liaire être^ tandis qu'il prend au contraire l'auxiliaire avoir j du moins 
dans les deux premières acceptions qu'elle a données. Quant à la 
troisième, faut-il dire son apos terne j son abcès, son clou a abouti, ou 
EST abouti'^ l\ est probable qu'on peut employer l'un ou l'autre suivant 
qu'on veut exprimer l'action ou le résultat ; mais dans ce cas l'Acadé- 
mie aurait bien fait de nous le dire. 

ABRÉGER. — Il aurait fallu mettre ici la conjugaison, f abrège, 
nous abrégeons, j'abrégeais, etc., pour nous montrer qu'entre le g 
et l'a ou Vo on doit mettre un e qui adoucisse le son du g. Cette 
remarque s'applique à tous les verbes terminés par ger. 

ABRUPT, UPTE. — Au mot CONCEPT, l'Académie dit qu'il faut en 
prononcer le p; au mot Rapt, qu'il faut faire sonner le t final; ici elle 
se tait sur la prononciation de l'une et de l'autre consonne. . 

ABSENTER (s'). — On sc demande pourquoi l'Académie n'a pas mis 
le participe absenté, ée. Il en est de même pour soixante-dix autres 
verbes environ, réfléchis ou réciproques, tels que s'abstenir, se désis-: 
ter, s'écrier, s'égosiller, s'emparer, s'immiscer, s'ingérer, se méfier, 
s'entr'aider, s'entre-choqusr, s'entre-quereller, etc, tandis qu'elle a 
mis le participe à s'accointer, se bastinguer, s'entabler, s'entremettre^ 
se gendarmer, se grimer, etc. Cependant on dit aussi bien elle s'est 
absentée, elles se sont abstenues, elles se sont entr' aidées, que elle s'est 
entremise, elles se sont gendarmées, etc, 

ABSIDE, s. f. T. d'Archit. — • L'étymologie réclamait apside ^,eX bon 
nombre d'architectes, d'archéologues, l'écrivent ainsi. L'Académie a 

1. D'après le dict. lat.-franç. de MM. Quicherat et Daveluy, on disait en grec apsis; en 
latin, absU ou mieux apsis, mais dans les deux langues et pour les deux acceptions le mot 
était féminin. — Ce 6 substitué au p dans l'acception la plus usuelle à*apside ne doit pas nous 
surprendre , puisque nous avons en français de nombreux exemples de cet- adoucissement 
dans la prononciation. L'aôsin^Ae s'appelait en grec apsinthion, en latin àhsinthium; et Gre- 
noble, autrefois Grenople (du latin Gratianopolis) a changé son p en b, tandis que Constanti- 
nople, Andnnople, etc., noms beaucoup moins connus, conservent le p étymologique.— Nous 
devons ajouter toutefois que Villehardouin (commencement du xiii» siècle) écrivait « Con- 
queste de Constantinoble » , comme nous l'apprend le Dictionnaire historique de la langue fran- 
çaise publié par l'Académie ; mais cela vient de ce que lors de la quatrième croisade, à 
laquelle prit part Villehardouin, le nom de Constantinople était au moins aussi connu à Paris 
que celui de Grenoble qui dans ce temps n'appartenait pas à la France. — Sans remonter si 
haut, en 1694 l'Académie écrivait capriole, caprioler, et ajoutait : « Quelques-uns disent 
cabriole, cabrioler ». On a dit aussi capriolet (aujourd'hui cabriolet), et chacun sait que ces 
mots viennent de capreolus ou capriolus, cabri , par allusion aux sauts légers de cet animal. 



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— 5 — 

préféré le b, sans doute pour le distinguer davantage encore d' Ap- 
sides, s. m. pi. T. d'Astron. 

ABSTENIR (S'), V. pron. (•!! se conjugue comme Se tenir), — A 
Tarticle Tenir, l'Académie donne bien la conjugaison du verbe actif, 
mais non celle du verbe pronominal; aux verbes Aller, Retourner, 
elle n'a même pas donné régulièrement celle de s*en aller ^ s'en retour- 
ner, sur laquelle on se trompe tous les jours. 

ACA€IA, s. m... Faux acacia, ou Acacia blanc, ou simplement y4ca- 
cia. Arbre d'agrément, espèce de robinier à rameaux épineux, et à 
fleurs blanches et odorantes disposées par bouquets. V Acacia est 
originaire d'Amérique. Un bel acacia. Planter des acacias. On appelle 
de même improprement Acacias quelques autres espèces de robiniers 
cultivés, tels que le Robinier à fleurs roses et le Robinier visqueux. — 
Au sujet de ces lignes, M. Paulin Paris dit, dans son Essai d'un dic- 
tionnaire historique de la langue française : « En vérité, je ne vois 
pas pourquoi l'admission du mot robinier. Et si M. Robin a introduit 
en France le premier acacia d'Amérique sur lequel ont été greffés les 
autres, comment les robiniers ne seraient-ils plus, à proprement par- 
ler, des acacias ? Voilà ce que c'est de dédaigner l'histoire des ori- 
gines. Au lieu de déclarer Vacacia une sorte de robinier, ne vaudrait-il 
pas mieux remarquer que le. robinier est une espèce d'acacia ? Je m'en 
rapporte. » 

ACADÉMICIEN... Les quarante académiciens de l'Académie française. 

— Il serait mieux de supprimer académiciens et de dire, comme à 
l'article Quarante : « Les quarante de l'Académie française^ ». 

ACCABLER. — Tous les Français savent que lorsque deux c se trou- 
vent entre deux voyelles dont la dernière est un e ou un i, le premier c 
se prononce comme un k et le second comme une s : accès, occident 
(prononcez ak-sès, ok-sident). Mais lorsque les deux c sont suivis 
d'un a, d'un o, d'un u, ou d'une consonne telle que l, r (accabler, 
accoter, accul, acclam^tiofi, accroc)^ doit-on toujours n'en faire sen- 
tir qu'un? L'Académie aurait dû le dire au moins à l'article C. 

ACCABLER... Accabler quelqu'un de biens, de grâces, de bienfaits, de 
présents, le combler de biens, de grâces, etc.— Accabler n'exprimê-t-il 
pas plus que combler? Corneille fait dire par Auguste à Cinna, 
Je t'ai COMBLÉ de biens , je t'en veux accabler. 

Il nous semble qu'accabler doit signifier Combler outre mesure. 

ACCÉDER, V. n. Entrer dans les engagements contractés déjà par 
d'autres. Les puissances du Nord ont accédé à ce traité, à cette con- 
vention. J'accède aux stipulations que mes cohéritiers ont consenties. 

— Accéder à une proposition, y adhérer, l'accepter. 
L'Académie a quelquefois pris soin d'indiquer la conjugaison des 

verbes dans les temps qui présentent une difficulté sous le rapport de 

u Remarque de M. P. Paris dans son Essai d'un dictionnaire historique, etc. 



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~ 6 — 

Taccent grave ou aigu qu^on doit employer; ainsi elle met : ÀLLiCHSii 
{ J'allèche j, f allécherai); Alléger {J'allège^ f allégerai); Assener 
{ J'assène j f assènerai); mais ces indications sont malheureusement 
trop rares. Ici , elle aurait dû mettre « Accéder {J'accède, faccé^ 
derai ) » , d'autant plus qu'elle ne donne aucun exemple où ce verbe 
soit employé au futur ou au conditionnel. 

ACCENTS 

DE l'accent grave 

Depuis un certain nombre d'années, on a pris pour règle de ne mettre 
l'accent circonflexe qu'aux mots qui le conservent dans leurs dérivés, 
comme blême , blêmir; prêche j prêcher; rêve, rêver, etc., et d'em- 
ployer l'accent grave pour ceux qui changent cet accent ; ainsi l'on 
écrit emblème, problème, système, etc., parce que l'accent devient 
aigu dans emblématique, problématique, systématique, etc. Il faudrait 
suivre la même règle dans les mots chrême, extrême, suprême, etc., 
qui ont pour dérivés chrémeàu, extrémité, suprématie, etc. 

Au lieu de crêpe et crêper, ne devrait-on pas écrire crêpe, crêper, 
comme on écrit crème, crémer, d'autant plus que crêpe a d'autres 
dérivés où l'on met l'accent aigu : crépon, crépu, crépodaille, etc. ? 

D'un autre côté, ne devrait-on pas écrire fêtoyer, au lieu de fétayer? 
Autrefois fête s'écrivait feste, et l'on a conservé Vs dans festin, festi- 
ner; dans sa précédente édition*, l'Académie écrivait festoyer, qui se 
prononce encore quelquefois ainsi, et le circonflexe serait peut-être 
plus conforme à la prononciation générale. 

Puisqu'on écrit avec l'accent grave bobèche, brèche, calèche, crèche, 
flammèche, flèche, mèche, — élève, fève, grève, — cèdre, chèvre, lèvre, 
fièvre, lièvre, genièvre,—- espièglerie, mièvrerie, piètrerie, ne serait-il 
pas convenable d'en mettre également un à campêche, dréche, pim^ 
bêche, trêve, au lieu de l'accent circonflexe, et à sève, orfèvre, orfè- 
vrerie, négrerie, au lieu de l'accent aigu? 

L'accent aigu que l'Académie met sur Ve suivi de ge, semble devoir 
être converti le plus tôt possible en accent grave. Pour toute langue 
écrite Je premier principe devrait être d'éviter les exceptions, surtout 
lorsque les règles sont aussi nombreuses qu'elles le sont dans l'ortho- 
graphe française. Puisqu'on met un accent grave aux motâ règle, 
règne, intègre, bègtie, diocèse, etc., pourquoi mettre un ^ à cortège, 
liège, privilège, sacrilège, etc. ? Quelle raison peut-il y avoir pour 
écrire collègue et collège, stratègue et stratège; allègre, àlèze, et 
allège ; manganèse et manège; synthèse et cortège, dièse et piège? 

1. Nous dirons ici, une fois pour toutes, que rAcadémie ne reconnatt pas les diverses 
éditions de son Dictionnaire qui ont été publiées entre 1762 et 1835. Ainsi donc , lorsque 
nous parlerons dA la prteédente édUknt, ce sera tonjoun d* cell* d« 1*760. 



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— 7 — 

Dfi L^AGGE^ Sun L'E DANS LA PÉNULTIÈME DES VEMES 

Dans les verbes qui ont un e muet à la pénultième de rinônitif, cet 
e se change en è au futur et au conditionnel : celer, je cèle, je 
cèlerai, je cèlerais; geler, je gèle, je gèlerai, je gèlerais; peler, je 
pèle, je pèlerai, je pèlerais.-^Màis les verbes qui ont une k la pénul- 
tième de l'infinitif conservent cet accent au futur et au conditionnel : 
céder, je cède, je céderai, je céderais ; régner, je règne, je régnerai, 
je régnerais ; révéler, je révèle, je révélerai, je révélerais; compléter, 
je complète, je compléterai, je compléterais. Cette diflTérence d'accent 
se fait à peine sentir dans la prononciation, et cependant il en résulte 
pour l'écriture des difficultés inextricables; ainsi l'on doit écrire : 
j'engrènerai et, je rengrénerai; je grèverai et je dégrèverai; je relè- 
verai et je révélerai; je décèlerai et je recèlerai. — Ne serait-il pas 
plus convenable de mettre l'accent grave dans tous ces verbes? 

DE l'accent dans LES SUBSTANTIFS DÉKIVÉS DES VERBES 

Les substantifs dérivés des verbes dont la pénultième syllabe con» 
tient un é, présentent un grand inconvénient pour la mémoire : leur 
accentuation n'a pas de règle fixe. Ainsi receler, régler, dégrever, 
lécher, allécher, ont pour dérivés recèlement, règlement, dégrève- 
ment, lèchefrite, aUèchem^nt, avec l'acc^it grave, tandis que les déri- 
vés de affréter, compléter, dérégler, dessécher, empiéter, rengréner, 
conservent i*accent aigu : affrètement, complètement, dérèglement, 
dessèchement, empiétement, rengrénement. 

On retrouve, les mêmes bizarreries dans les mots ténemeni (é), 
entretènement (^), soutènement {e muet). L'Académie ajoute, dans 
l'article de ce dernier mot : « Quelques-uns écrivent sotUé-nement. » 
Il semble que l'oreille aurait dû faire préférer cette variante. 

Il n'y a que deux verbes commençant par une consonne qui pren- 
nent l'accent aigu à leur réduplicatif re : répulluler, révwifier *. Puis- 
qu'on a deux et même trois e muets de suite dans redemander, rede-- 
vMe, redevenir, etc., on pourrait sans inconvénient supprimer les 
deux exceptions ci-dessus. 

DE l'accent circonflexe 

Au mot Accent, l'Académie dit qu'on met l'accent cîrcwiflexe sur 
les voyelles longues où il indique la suppression d'une voyelle, comme 
dans âge, rôle ( aage, roole ) , ou celle d'une s, comme dans tête, gîte, 
côte, flâte [teste, giste, caste, fluste), — Au mot Circonflexe, elle a 
donné une définition plus large et plus vraie en disant qu'on se sert 
de cet accent « principalement pour marquer les voyelles qui sont 

1. Comme l'A mu«tte est réputée voyeUey nons ne p£Hrk>ns pas de réliabilHer, réhabituer^ 
ces mots sont dans les mômes conditions que réaioumer, réapparitioUf réassigner, etc 



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— 8 — 

restées longues après la suppression d'une lettre » ; mais tant qu'on 
suivra les errements actuels il sera impossible de donner une règle 
exacte et complète. En effet, on met des circonflexes dans des mots 
où il n'y a ni voyelle ni consonne supprimées, comme dans câble, 
fâme et infâme j grâce et disgrâce, extrême, suprême, trêve, pâle, etc., 
et l'on n'en met pas à toit, chute, reliure, coutre, noce, citerne, 
vite, otage, meunier, coutume, joiite, moutier, etc., qui s'écrivaient 
autrefois toict, cheute, relieure, coultre, nopce, cisteme, viste, ostage, 
meusnier, coustume, jouste, monstier puis moustier, etc. 

On supprime l'accent dans plu, tu, participes de plaire et de pleur- 
voir, de taire, et on le conserve dans mû, où il n'est d'aucune utilité; 
on le met à dû, participe du y erhe devoir, employé substantivement, 
et on ne le met pas à cru, qui est aussi le participe employé substan- 
tivement du verbe croître, Voy. Cru. 

On conserve le circonflexe du radical dans les dérivés et les com- 
posés de certains mots, tels que débâclage, plâtras et replâtrage, 
théâtral; pâquerette; câlinerie, câprier, mâchicatoire, pâtissier; enp- 
bâtonner, pâmoison; râblu; rôtisserie; encroûter, bûcheron et bû- 
chette, etc, qui viennent de bâcler, plâtre, théâtre, pâqus, câlin, 
câpre, mâcher, pâte, bâton, pâmer, râble, rôt, croûte, bâche, etc. — On 
le supprime dans cranologie ou craniologie, conifère, polaire, sym- 
ptomatiqice, dérivés de crâne, cône, pôle, symptôme; dans compatir, 
déjeuner, dessoûler, composés de pâtir, jeûner, soûler; dans tatillon, 
tatillonnage, tatillonner, diminutifs de talonneur, tâtonnement, tâton- 
ner, etc. — Il faut écrire câble, câbleau ou câblot, et encablure; côte, 
côtoyer, et coteau; embûche, et débucher, se rembiccher. — Il faut 
mettre le circonflexe à incongrûment comme à congrûment,ei le sup- 
primer dans irrésolument, composé de résolument. — Quelquefois 
même c'est le composé qui prend l'accent, tandis que le mot simple 
n'en a pas; ainsi batardeau, batardière; futaie, futaille, futé; je clo- 
rai, je clorais, s'écrivent sans accent, tandis qu'il en faut un dans 
abâtardir, abâtardissement; affûtage, affûter, affûtiau; il éclôra, il 
éclôrait; — latrie (culte de) s'écrit aussi sans accent, mais il en faut 
un dans idolâtrie, zoolâtrie. 

Enfin l'on met un circonflexe à des o qui sont brefs dans leur éty- 
mologie grecque; tels sont les mots monôme, binôme, trinôme, qiia- 
drinôme, polynôme, etc. (composés de nome, où l'on n'en met pas), 
et on le supprime à des o qui sont longs dans cette langue, comme 
amome et cardamome, arôme, axiome, chro^ne, gnome, idiome, sar- 
come, idole, proie, zone, et les composés de gone : pentagone, hexa- 
gone, octogone, ennéagone, décagone, etc. Cependant on l'a conservé 
dans les mots cône, diplôme, osmazôme, staphylôme, stéatôme, sym- 
ptôme, et l'on a maintenu l'o bref dans agronome, astronome, auto- 
nome, économe, gastronome, deutéronome, épitome, atome, etc.; mais 
déjà l'Académie dit qu'on doit prononcer long Vo d'atome. 



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— 9 — 

Il serait bien à désirer que l^Académie posât enfin et suivît une 
règle générale à cet égard. Au lieu d'ajouter et de supprimer les 
accents circonflexes arbitrairement et même parfois contrairement 
à l'étymologie, ne serait-il pas mieux de n'en mettre que lorsqu'il 
s'agit de faire distinguer des mots qui n'ont entre eux aucun rap- 
port de signification, comme côte, jeûne, s. m., pâte, rôt, et cote, 
jeune, adj., pâte (au lieu de patte, pied d'animal ), rot^f On éviterait 
ainsi bien des inconséquences ^ et l'on serait moins exposé à être en 
contradiction avec l'étymologie. Il nous semble que l'Académie a 
ouvert la voie en supprimant les accents qui représentaient diverses 
lettres, voyelles ou consonnes, entre autres Ve et Vs; ainsi elle a écrit 
successivement : ckeute, chute, chute; relieure, reliure, reliure; cw- 
teme, citerne, citerne; coustume, coutume, coutume, etc.; — puis les 
accents étymologiques dans les mots arôme, ojiiome, idiome, idole, 
prote, zone, pentagone, hexagone, et autres composés de gone (génia, 
angle) ; dans les terminaisons ore et ose, tels que météore, pylore, et 
les noms propres terminés par dore (Isidore, Théodore, etc.)', apo^ 
théose, métamorphose, métempsycose ^, etc. etc. 

ACCENT AJOUTÉ OU RETRANGHJÉ DANS LES DÉRIVÉS 

Nous avons plusieurs mots où l'on met un accent qui ne se trouve 
pas dans le radical ; les voici : : 

Ange, angélique; — anneler, mmélides ; -—trsemc, arséniate, arsé- 
nique, arsénite; mais on écrit arsenical sans accent; — celer, rece- 
ler; — congeler, cmigélation; — dyssentèrie, dyssentérique ; — 
engrener, rengréner;— grever, dégrever; — lienterie, lientérique; 

— massore, massorétique ; — mine, minéral, minéraliser, etc.; mais 
on dit minerai;— jJepin, pépinière, pépiniériste; — quérir, quérable, 
acquérir, conquérant, conquérir, s'enquérir, requérable, requérant, 
requérir; — rebelle, rébellion; — recevoir, réception; -— redoubler, 
réduplication; — refaire (se), réfection, réfectoire; — reflet, réflec- 
teur; — refuge, se réfugier; — registre, régis trateur ; mais on ne 
met pas d'accent à registrer, enregistrer; ~ relatif, relation, corré- 
latif, corrélation; -— religieux, religion, irréligieux, irréligion; — 
remettre, rémission, irrémissible; — replet, réplétion; — repro- 
chable, irréprochable ; — requérir, réquisition; — retenir, rétention; 

— re viser, réviseur, révision; — serein, sérénité, rasséréner; — 

1. Voici la liste des principaux motë dont le sens. est déterminé par l'accent grave ou cir- 
conflexe. AocraiT 0RAVB : ça, çà; la, là; ou, où. Accent circonfleiCe : acre, âcfe; bailler, 
bâiUer;xihasse, châsse; cote, eâte; du, du; empâtement, empétement; foret, forêt; genêt, 
fl»né/; jeune, jeune; masser, masser; mat, mât; mater, mater; matin, mâtin; mur, et mûr, ûre; 
pale, pâlt; rot, r6t; sur, ure, &i«^,ûre; tache, tâche, etc. — Quelques adverbes ne sont 
distingués du substantif que par I'aocsnt aigu qu'on met i la pénultième sjrllabe ; tels sont : 
aveuglement, av«u^ém«n^; «léréglement, dérèglement; désintéressement, désifUértssérMnî ; 
isolement, isolément; serrement, serrement , etc. 

2. Nivôse, pluviôse, ventôse, devraient s'écrire de même avec tm o simple. 

2 



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— 10 — 

tenace, ténacité; — veneur, véiierie ; —venin , vénéneux, vénéfice; mais 
venimeicXj envenimer, conservent Ve muet. 

L'Académie écrit sans accent reclure, réclusion; mais elle ajoute : 
« Quelques-uns écrivent et prononcent réclusion, » — Bien qu'elle 
mette l'accent à irréligieux:, irréligion, irrémissible, irréprochable ^ 
elle écrit irrémédiable avec un e muet à la seconde syllabe, en sorte 
que cet adjectif est le seul mot qui commence par irre *. La plupart 
des dictionnaires donnent irrémédiable avec.l'accent. 

Quelques mots perdent dans leur dérivé ou leur composé Taccent 
dont le radical est affecté. D'évêque, évêché, on fait archevêque, arche- 
véché; de café, cafetier^ cafetière; de cépage, cépée, recepage, rece- 
pée, receper; de chèvre, chevreau, chevrier, chevrotin, chevroter; de 
gangrène, se gangrener, mais on met un accent à gangreneux; de 
lévrier, levrette, levrette; de vipère, vipereau; de bergère, bergerette 
et bergeronnette. 

Peut-être n'est-il pas inutile de donner aussi la liste des adverbes 
terminés par ment qui prennent à la pénultième un accent que n'a pas 
l'adjectif; ce sont aveuglément (sans doute pour le distinguer du 
substantif aveuglement)^ commodément et incommodément, commitr- 
nément , conforméfnent , confusément, diffusément, énorméTnent , 
expressément, immensément, indivisément, obscurément, opiniâtre- 
ment, précisément, profondément, uniformément *. 



ACCOMPAGNER, V. a. — Dans cet article on lit : « Ce prince est tour- 
jours accompagné liune suite nombreuse, et 11 s'accompagne toujours 
DE méchants garnements; Il s' accompagnai}^ gens de main pour faire 
ce coup. Ce sens vieillit. » Mais à l'article Mener, l'Académie donne 
pour définition « Se faire accompagner de ou par ». Il nous semble 
donc nécessaire qu'elle donne ici des exemples du verbe accompa- 
gner et de son participe suivis de la préposition par. 

Télémaque est accompagné par Minerve, Fénelon, 

ACCOUCHER, v. n.... Elle est accouchée en tel endroit, — On re- 
grette que l'Académie ne dise pas plus souvent ce qu'on lit au verbe 
Desgendre : « 11 se conjugue avec le verbe Avoir ou avec le verbe 
Être, selon que l'on considère l'action ou son résultat. » Si elle 

1. Un de nos amis à qui nous avons communiqué ces pages, nous dit qu'il a sous la main 
deux exemplaires de l'édition de 1835; l'un porte irrémédiable, l'autre irrémédiable; mais il 
ne sait lequel a été acheté le dernier. — Grâce à l'obligeance de MM. Didot, nous avons pu 
consulter le dernier tirage de ce Dictionnaire ; il porte irrémédiable, ce qui fait disparaître 
l'exception. 

2. Ce qui nous engage à donner cette liste, c'est qu'un grand nombre de personnes et môme 
des lexicographes mettent ou suppriment l'accent contrairement à l'usage reçu ; ainsi l'on 
dit souvent et môme on imprime : distinctement, efficacement» fixement, intimement, récipro- 
quement, succinctement, unanimement, etc; et, au contraire, énormément, immensément, opi- 
niâtrement, profondement, etc. 



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— H — 

avait eu cette règle présente à son souvenir, elle aurait mis : Elle a 
ACCOUCHÉ et non elle est accouchée en tel endroit, car ici on a voulu 
exprimer Taction aussi bien que dans ces autres phrases : J'ai accou- 
ché avec de cruelles douleurs ; Elle a accouché très-courageusement. 
Quand on dit : Elle est accouchée d'tm garçon, etc., Elle est accou- 
chée depuis quinze jours, on exprime le résultat de Taction. Nous 
pensons que ce serait une faute de dire, Elle est accouchée il y a 
quinze jours. 

ACCOUPLEMENT, S. m... Le mulet vient de Vaccouplemenl d*un âne 
et d'une jument. — Ajoutez « ou d'un cheval et d'une ânesse », comme 
l'Académie le dit à Tarticle Mulet. 

ACCUEIL, ACCUEILLIR* — L' Académie n^a pas indiqué la pronon- 
ciation, biais il faut prononcer akeuil, akeuillir. 

Le son doux du c et du ^ devant Ve nécessite l'emploi de Vu entre 
le c ou le ^ et Ye pour les rendre durs. Il en résulte que pour figu- 
rer dans les mots accueil, écueil, cercueil, orgueil, recueil, etc., le 
son que présentent deuil, seuil, cerfeuil, etc., il faudrait mettre deux u, 
l'un avant , l'autre après Ve : accueuil, cercvsuil, orgueuil, etc. ; mais 
l'usage en a décidé autrement, et Ton supprime Vu qui devrait venir 
après Ve, 

Cette orthographe présente donc une difficulté, pour les étrangers 
surtout, qui pourraient croire que eil dans accueil, cercueil, or- 
gueil, etc, doit se prononcer comme dans pareil, réveil, soleil, etc., 
et il était indispensable d'indiquer la prononciation à chacun des 
mots qui présentent cette anomalie. L'Académie l'a fait connaître aux 
mots cueillette, cueillir, cueilloir (keuillette, keuillir, keuilloir), écueil 
{ékeuil), orgueil (comme deuil) ; elle ferait bien de l'indiquer égale- 
ment aux autres. 

ACH^RON. — Faut-il prononcer ché ou ké? Pour le savoir, nous 
sommes obligé de recourir à l'article H, où l'Académie dit : « Quand 
H est après un C, dans les mots pris du grec, de l'hébreu ou de l'arabe, 
C et H ensemble se prononcent ordinairement comme un K. Ainsi, 
Achéloûs, Achmet, archange, archiépiscopal, catéchumène, Cherso- 
nèse, Melchisédech, Chalcédoine, Chaldéen, chaos, eu^iharistie, chiro- 
%ancie, chrétien, se prononcent comme s'ils étaient écrits, AkéloOs, 
arkiépiscopal, arkange, Kersonêse, Melkisédec, kaos, krétien, etc. 
L'usage a excepté de cette règle les mots suivants : Achille, Chypre, 
Achéron, chérif, chérubin, archevêque, chimie, chirurgie, archiduc, 
architecte, Michel, où CH se prononce à peu près comme le Jforte- 
ment articulé. Dans Michel-Ange, on prononcé Mikel. » 

ACHETER... Acheter quelque chose à quelqu'un signifie quelquefois 
L'acheter de lui. Je lui ai acheté un volume qu'il m'a fait payer cher. 
Vous ne sortirez pas de ma boutique sans m' acheter quelque chose. Il 
signifie aussi Acheter pour quelqu'un. J'ai acheté une montre à mon 
fils pour ses étrennes. 



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— 12 — 

L'emploi d'acheter à dans deux acceptions si différentes est mal- 
heureusement trop général. Gq)endant il serait facile de faire dispa- 
raître le premier: on pourrait dire, par exemple, fai acheté db lui, 
CHEZ LUI, un volume quHl m'a fait payer cher» Vûus ne sortirez pas 
de ma boutique sans acheter quelque chose. 

Mais les locutions amphibologiques ne se bornent pas au verbe 
acheter; on dit aussi : Je lui aé entendu dire. Je lui ai vu faire, pour 
signifier J'ai entendu dire à lui ou par lui. J'ai vu faire par lui ou à 
lui, et ce n'est que par lés mots qui précèdent ou qui suivent qu'on 
peut distinguer le sens réel de la phrase : 

Je LOI ai entendu dire qu*il était trop jeune pour occuper telle place; mais 
il a répondu que c'est un défaut dont U se corrige tous les jours» 

Je LUI ai (mieux, Je L'ai) entendu dire qu'il était trop jeune pour occuper 
telle place; mais &est uniquement parce qu'il en désire uneautre. 

Je LUI ai tn* faire une opération très^UfficUe; qt^il a supportée avec un cou- 
rage étonnant. 

Je LUI ai (mieux, je L'ai) vu faire une opération très-difficUe, dont U s'est 
acquitté à merveille. 

Je LUI ai fait restituer les cent francs qu'on lui avait escroqués. 

Je LUI ai fait ( mieux ^ je l'ai forcé à) restituer les cent francs qu'il avait 
escroqués. 

Ces amphibologies sont fâcheuses, mais elles sont entrées si pro- 
fondément dans les habitudes de la conversation qu'on ne parvien- 
drait que bien difficilement à les déraciner. 

À-€aMPTE, s. m. — Ce mot se trouve à l'article Compte; mais il 
était convenable de le dire comme on l'a fait pour à-propos et pour 
beaucoup d'autres. 

ACQUÉRIR. — Au lieu de : J'acquérais. J'ai acquis. J'acquis, J'a/o- 
querra/i, lisez : J'acquérais, J'acquis. J'ai acquis. J'acquerrai, Le pré- 
térit simple doit précéder le prétérit composé. Les distractions de ce 
genre sont fréquentes , et ce serait fatiguer inutilement nos lecteurs 
que de tes relever toutes ; nous nous bornerons aux plus importantes, 
lorsqu'elles se présenteront. 

ACQUIESCER. — On aurait dû trouver dans cet article des exemples 
où le c, suivi d'un a, d'un o, nt connaître qu'il prend alors une cé- 
dille [nous acquiesçons, j'acquiesçais) ; il nous semble que lorsque la 
conjugaison n'est pas indiquée, il faudrait que les exemples du moins 
nous apprissent les difficultés orthographiques. Cette remarque s'ap- 
plique non-seulement aux verbes terminés par cêr, ger, etc, mais 
encore à tous ceux qui, sans être irréguliers, présentent quelque 
difficulté dans la conjugaison. Voy. Abréger, Accéder, Apprécier, etc. 

ACTE, s. m. — A l'article Palladium nous lisons : « En Angleterre, 
on regarde l'acte rf'Habeas corpus comme le palladium de la liberté 
individuelle » ; et nulle part dans le Dictionnaire de l'Académie nous 
ne trouvons ce que c'est que cet acte d'Habeas corpus. Ne pouvant 



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— 13 — 

gv^e espérer qu'on fasse un article exprès à la lettre H, nous deman> 
derons qu'on dise ici: « Les Anglais appellent Acte (ou lorit) c^'habeas 
corpus, un acte qui accorde à tout prisonnier, dans la plupart des 
cas, sa mise en liberté immédiate, moyennant caution. 

ACTION... Il se dit plus particulièrement d'une petite bataille. L'ac- 
tiûn de Bléneau fut une affaire décisive. On ne pourrait pas .dire, fac- 
tion de Zama, de Fontenoy, d'Austerlitz, — On trouve souvent dans 
le Dictionnaire de l'Académie de ces indications intéressantes *, mais 
on désirerait en trouver plus fréquemment encore. On regrette, par 
exemple, qu'elle ne dise pas les différentes gradations qu'il y a entre 
Action, Affaire^ Combat, Bataille et Journée. Des synonymies comme 
on en trouve dans les dictionnaires récents seraient d'une grande uti- 
lité pour préciser la valeur réelle des mots. 

ADDiTIOfINEL, ADDITIONNER, ADDUCTEUR, ADDUCTION. — Au 

mot Addition, l'Académie dit : « On prononce les deux D » ; mais 
dans les quatre ci-dessus, qui viennent immédiatement après, faut-il 
également les faire sentir? 

ADiANTE, s. f. Genre de plantes de la famille des fougères... — Ici 
nous croyons qu'il y a décidément une faute typographique, non 
parce que adiante est du genre neutre en grec et en latin, non parce 
que tous les dictionnaires le font masculin, mais parce que l'Acadé- 
mie elle-même lui donnait précédemment le genre masculin. 

ADOS, s. m. T. de Labourage et de Jardinage. Terre qu'on élève en 
talus, ordinairement le long d'un mur bien exposé, pour y semer 
quelque chose qu'on veut faire venir plus tôt qu'on ne le pourrait en 
pleine terre. — Que signifie ici en pleine terre ? A l'article Terre nous 
ne trouvons rien d'analogue, et à Plein l'Académie dit seulement : 
« Un arbre en pleine terre, un arbre qui n'est point renfermé dans 
une caisse* ». 

AFFAIRE... se dit particulièrement des actions de guerre. C'est un 
homme qui a vu bien des affaires. Il s'est toujours bien conduit dans 
toutes les affaires où il s'est rencontré. Il fit des merveilles dans la 
dernière affaire. L'affaire fut quelque temps disputée. L'affaire a été 
vive, a été chatide. — Il nous semble que toutes ces phrases peuvent 
aussi bien s'appliquer à des affaires commerciales , à des discussions 
de chambres législatives, etc., qu'à des actions de guerre, et que 
pour mieux préciser le sens il aurait fallu donner au moins un exem- 
ple analogue à celui qu'on trouve à État : 

L'affaire de Denain fut un coup d'État. 

1. Voici un des exemples qu'elle donne à l'article Définir; on voudrait qu'il y en eût 
beaucoup de pareils : « On définit les idées abstj'aites et composées; on décrit les objets sen- 
sibles; on énonce les idées simples. » 

2. A l'article Plbin, l'Académie dit : « ^n pleine campagw, dans les champs, loin des ha- 
bitations » ; et à Plain, « La bataille s'est donnée en plaine campagne », c'est-à-dire, en rase 
campagne. Peut-être dans, la définition ci-dessus faudrait-il écrire en plaine terre, ou simple- 
ment ^7» j»tem«^ par opposition aux mots ados, talus. 



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— Ift — 

AFFRE. — L'Académie dit que dans ce mot Va est long. Sans doute 
elle l'aurait affecté d'un circonflexe si l'usage permettait d'en mettre 
sur une voyelle suivie d'une consonne redoublée. Cependant nous 
avons deux mots qui, ainsi que leurs dérivés et leurs composés, font 
exception à la règle : masse et masser (termes de jeu), pour les dis- 
tinguer de masse et masser; — châsse, boîte à reliques, pour le distin- 
guer de chasse, action de chasser, de poursuivre ; et par analogie on 
a également mis le circonflexe à châssis, enchâsser, enchâssure, où il 
était moins nécessaire puisqu'il ne peut y avoir confusion avec d'autres 
mots. Si l'Académie a écrit sans accent affre, endosse, flamme, bien 
que l'a et Vo soient longs dans ces mots, c'est qu'ils n'ont pas d'ho- 
monymes avec lesquels on puisse les confondre; mais le mot manne, 
suc de certains végétaux, devrait prendre cet accent, pour le distin- 
guer de manne, panier d'osier, si toutefois Va est bref dans cette 
dernière acception comme le dit TAcadémie. 

AFFÛT, AFFÛTAGE, AFFÛTER, AFFÛTIAU. — L'aCCent pourrait 

très-bien être supprimé dans ces mots ; Vu n'y est pas plus long que 
dans futaie, futaille, futé, où l'on n'en met pas. 

AGACE. « Quelques-uns écrivent agasse. » — Ces quelques-uns ont 
peut-être raison, car ils se rapprochent de l'étymologie la gazza, qui 
est le nom italien de la pie, et c'est ainsi que le mot était écrit dans 
les Fables de La Fontaine imprimées de son vivant. Voy. Mésair. 

AGNELER... Une brebis prête à agneler,,, — A Chatter, à Laie, à 
Poulette, on trouve également : Une chatte qui est prête à chatter, une 
laie prête À mettre bas, une poulette prête à pondre; mais au mot 
Lapin, nous lisons : Une lapine près de mettre bas. Cette dernière 
expression près de est préférable à prête à. Il y a, comme chacun 
le sait, une grande différence entre un homme prêt à partir, prêt à 
mourir, et un homme près de partir, près de mourir. Aujourd'hui ce 
serait une faute de dire qu'ww mur est prêt à s'écrouler, 

AGNUS. Cire bénite par le pape, sur laquelle est imprimée la figure 
d'un agneau.— Dans ce mot, il ne faut pas prononcer le g dur comme ^ 
dans agnuS'Castus, car au mot Agneau l'Académie dit : « Le ^ se pro- 
nonce mouillé ici et dans les six articles suivants » , et agnu^s est le 
sixième. Comme ce mot vient à la suite de cinq mots français, qu'il est 
latin et qu'on y prononce généralement le g dur, l'Académie aurait 
mieux fait de répéter la prononciation qu'elle veut voir adopter, 
« Gn mouillé ». 

AGREMENT, S. m... Cet homme trouve de grands agréments dans sa 
famille, dans sa profession, dans sa place, dans la compagnie dont il 
EST. — Peut-on employer le verbe être absolument, pour signifier Être 
membre , faire partie de ? Oui sans doute , et à l'article Être nous 
lisons : Il est de telle assemblée; mais il nous semble que dans l'exem- 
ple ci-dessus l'emploi qu'on a fait de cette locution n'est pas heu- 



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— 15 — 

reux : la phrase paraît tronquée. Aux articles Partie et Honteux, 
TAcadémie dit très-bien : « Il fait déshonneur au corps, à la compa- 
gnie DONT IL EST MEMBRE ». 

AIDER... « Aider à quelqu'un signifie, lui prêter une assistance 
momentanée, pour un objet déterminé, et le plus souvent pour un 
travail qui demande des efforts physiques... Aidez-LVi à soulever ce 
fardeau. » L'Académie dit encore : 

(à Recharger) Aidez-hm à se recharger. 

(à Relever) Voilà un enfant «qui est tombé, aidez-Lvi à se relever. 

Il faudrait donc dire : Aidez-hm à descendre, à marcher, et peut- 
être même Aidez-hm à payer ses dettes, au lieu de Aidez-LE à des- 
cendre, à marcher, Aidez-hE à payer ses dettes, qu'elle a mis dans les 
deux lignes qui précèdent la définition ci-dessus. 

AIGUADE. (Ce mot et les cinq suivants se prononcent'comme s'il n'y 
avait pas d'U). -— Qu'on ne prononce pas Vu comme ou, et même qu'on 
ne le fasse pas sentir dans aiguade, aiguail, aiguayer, quoique l'éty- 
mologie semble le demander et que la prononciation aigayer présente 
une équivoque avec égayer, nous l'acceptons ; mais dire de prononcer 
aigue-marine, aiguière, aiguiérée, comme s'il n'y avait pas d'w^ c'est- 
à-dire, comme si l'on écrivait aige-marine, aigière, aigiérée, c'est au 
moins une faute de rédaction. 

AIGUILLAT. — Ce nom vient évidemment d'^aigu, puisqu'il a été 
donné à un chien de mer à cause d'une pointe ou épine cornée située 
au devant des nageoires dorsales; et cependant l'absence de pronon- 
ciation à ce mot placé entre aiguillade et aiguille, à chacun desquels 
on dit que ui est diphthongue, semble indiquer que la seconde syllabe 
ô" aiguillât doit se prononcer comme dans anguille. — C'estprobable- 
ment une omission, et nous croyons devoir la signaler. 

AIR, s. m. Fluide élastique, pesant, dont la masse totale forme l'at- 
mosphère qui enveloppe la terre de toutes parts. Air atmosphérique...- 
Toute l'étendus de Vair. La masse de l'air. Nous respirons l'air. Poé- 
tiquement : Les plaines de l'air. Le vague des airs. Daiis les airs. Au 
plus haut des airs. Voyez , à la fin de l'article, la locution adverbiale 
En l'air, m 

*A la fin de l'article nous trouvons lesr locutions : « Tirer en l'air, 
tirer un coup en l'air; Avoir toujours le pied en l'air, un pied en l'air; 
Tout le monde est en l'air, toute la ville est en l'air; Un cabinet en 
Vair;... Toute sa fortune est en l'air; Des contes en l'air; Des paroles 
en l'air... » 

Ainsi dans cet article nous ne trouvons pour l'emploi du mot Air 
précédé des prépositions dans, en, que l'expression poétique dans les 
airs, et les locutions tirer en l'air, tirer un coup en l'air, etc. îl y a 
cependant beaucoup de phrases très-différentes de celles-là^ où l'on 
désirerait savoir si l'on peut employer dans l'air et même dans les 



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-16-- 

airs^ sans avoir aucune prétention au langage poétique. L'Académie 
aurait donc rendu un grand service à ses lecteurs en donnant ici des 
exemples analogues aux suivants : 

(à Balancer) Un oiseau qui se bcUanCê m l'air, bans les airs. 

(à Enlever) Le ballon s*enleva dans les airs* 

Ailleurs, il est vrai, TAcadémie emploie l'expression en l'air : 
(à Élever) S'élever en l'air, 

(à Soutenir) Les oiseaux se soutiennent en Vair au moyen de leurs aHes. 
(à Suspendre) Les nuées sont suspendues en l'air. 

mais nous croyons qu'elle n'appartient qu'au style familier, et qu'il 
eût été mieux d'ajouter les variantes dans l'air, dans les airs; nous 
doutons qu'il fût de bon goût de dire, par exemple. Le boMon, 
l'aérostat s'éleva rapidement, majestueusement en l'air. 

AIRAIN. Métal composé en grande partie de cuivre jaune, mêlé avec 
du zinc, de l'étain, et une petite quantité d'antimoine. — Puisque le 
cuivre jaune est un alliage de cuivre et de zinc, nous pensons qu'il 
faut supprimer jaune ou zin^. 

AIBELLE, s. f. T. de Botan... — Autrefois l'airelle était appelée 
myrtille, et c'est encore aujourd'hui le seul nom connu dans quelques 
provinces. 11 est fâcheux que l'Académie ait supprimé ce synonyme 
dans sa dernière édition. 

ALIZE et ALIZIE&, AJLizÉ. — Ges trois mots devraient s'écrire 
avec une s, car le z n'est point réclamé par l'étymologie, et il forme 
une exception dans l'orthographe de ces terminaisons. 

ALLEGATION. — L'usage est généralement de faire sentir les deux l 
dans allégation et alléguer; on est surpris du silence de l'Académie, 
qui fait supposer qu'on n'en doit prononcer qu'une. 

ALLEGREMENT, adv. — Cet adverbe devrait conserver à la seconde 
syllabe l'accent grave de l'adjectif, puisque l'Académie écrit avec un è 
grave les mots austèrement, fidèlement, sévèrement, sincèrement, etc., 
qui sont absolument dans les mêmes conditions, c'est-à-dire qu'ils 
dérivent régulièrement d'un adjectif des deux genres. 

ALLÉGUER. -- A l'article Allégorie, l'Académie dit : « On prononce 
les deux L dans ce mot et les suivants jusqu'à Alléguer ». Nous pen- 
sons qu'elle aurait dû ajouter : inclusivement. Voy. Allégation. ^ 

ALLER, V. n. [Je vais ou je vas, tu vas, il va; nous allons, vous 
allez, ils vont. J'allais. Je suis allé. J'allai. J'irai. J'irais. Va. Que 
j'aille. Que j'allasse. Allant. Allé.) — Nous ne dirons rien de j'allai, 
qui devrait précéder je suis allé, mais nous exprimerons un regret 
de ce qu'on a oublié de donner le pluriel du présent du subjonctif : 
qu£ nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent. Cette omission est 
d'autant plus fâcheuse, que Vi qui précède les II au singulier et à la 
troisième personne du pluriel se met après ces II dans que nous allions, 
que vous alliez, comme à l'imparfait de l'indicatif. 



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— 17 — 

Voici les exemples que nous avons trouvés dans le Dictionnaire : 

( à Tout ) Ce n'est pas tout, ce n*est pas encore tout, U faut que vous alubx là, 
(à Troover) Je trouve bon que vous âluez le voir. 
(à Vouloir) Votre père veut que vous aluez là, 

ALLOVABLE, ALLOUER. — A chacun des mots allitération^ allo^ 
broge, allocation^ allocution, allodial, l'Académie dit « On fait sentir 
les deux L » ; mais à allouable, allouer, où il semble naturel de les 
faire sentir comme dans allocation, elle ne dit rien; c'est sans doute 
par oubli. 

ALORS... Jusqu'alors, jusqu'à ce temps-là, jusqu'à ce moment-là. Il 
exprime un temps passé' antérieurement à un autre temps. Ses affaires 
se sont dérangées depuis un an ; elles avaient été très-bonnes jus- 
qu'alors, — La définition donnée par l'Académie est excellente, et 
l'exemple bien choisi ; mais on désirerait qu'elle ne se fût pas bornée là, 
.et qu'elle eût prémuni ses lecteurs contre une locution malheureuse- 
ment trop usitée, même chez les auteurs qui écrivent bien. Nombre 
de personnes s'imaginent quç puisqu'on dit : On avait cru jusqu'alors, 
on peut dire également : On a cru jusqu'alors, pour signifier Jusqu'à 
présent. Elles ne réfléchissent pas que jusqu'alor$ signifie Jusqu'à ce 
temps-là, et non Jusqu'à ce temps-ci^ et qu'ainsi il faut dire : On a cru 
jusqu'ici, jusqu'à présent, jusqu'à ce moment, jusqu'à ce jour *. 

ALTERCAS. — Ce mot devrait s'écrire Altercat. Dans les deux pre- 
mières éditions l'Académie le mettait au pluriel, altercats, orthographe 
très-logique puisque ce mot est une ai}révia4ion d'altercation. Dans 
la troisième, où elle a supprimé le t au pluriel des mots terminés par 
ont, ent, des enfans, des parens, elle a fait subir cette même suppres- 
sion au mot altercats. Dans la quatrième comme dans celle-ci, elle 
l'a employé au singulier, et elle a donné à ce nombre l'orthographe 
du pluriel. 

AMANDE, s. f. Fruit quo donne l'amandier... Huile d'amande doitce. 
Du lait d'amande. Pâte d'amandes. Un gâteau d'amandes. Biscuit 
d'amandes amer es. — On se demande pourquoi l'Académie écrit le 
mot amande au singulier dans les deux premiers exemples et au plu- 
riel dans les trois derniers. Veut-elle donner à entendre qu'il est 
indifférent dans ces cinq exemples et dans tous ceux qu'elle ne donne 
pas, de mettre le singulier ou le pluriel, et qu'on pourrait très-bien 
écrire huile d'amandes douces, biscuit d'amande amère ? Nous avons 
peine à le croire, car si d'un côté on peut écrire huile d'amandes 
dômes (c'est ainsi que l'Académie l'écrit aux articles Huile et Doux), 

1. On fait la faute opposée en disant : Di^soRMAis nous fôhss tranquilles. Personne ne 
s'avisa désormais de contester nos droits. En efiTet, désormais signifie Dès ce moment-ci (dès 
l'heure actuelle) , et non Dès ce moment-/à; il faut donc, en pariant d'un temps passé, em- 
ployer les expressions dès lors, dès ce moment-ld, ou quelque autre équivalente. Avec désoT' 
mais il faut un futur : Désormais nous serons tranquilles. Personne ne s'aimera désormais de 
contester nos droits. 

3 



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- là- 

nous ne pensons pas qu'on puisse écrire Biscuit d'amande amère;pas 
plus que sirop de rose pâle, conserve de rose de Provins, gelée de 
chou rouge, etc. Il nous semble que lorsque le second substantif est 
déterminé par un adjectif ou une expression équivalente, on ne peut 
pas le mettre au singulier comme lorsqu'il est pris dans un sens vague 
ou absolu. 

Quoi qu'il en soit, nous croyons indispensable que l'Académie ne 
laisse rien à deviner au lecteur, et que lorsqu'elle regarde comme 
indifférent de mettre le singulier ou le pluriel elle le dise nettement 
toutes les fois que l'occasion s'en présente, comme elle l'a fait d'ail- 
leurs en plus d'un endroit de son Dictionnaire*. Là où certains lec- 
teurs verront une autorisation d'écrire ad libitum, d'autres croiront 
voir une inconséquence, et d'autres enfin seront persuadés que ce qu'ils 
lisent est la seule orthographe à suivre, la seule locution qu'on doive 
employer, que s'en écarter serait utfe faute capitale. Voyez l'article 
Pellée. 

Pour modifier l'opinion de nos lecteurs et signaler à l'Académie 
elle-même les variantes que présente son Dictionnaire, nous croyons 
devoir donner un tableau des irrégularités que nous avons rencon- 
trées ; il est précède d'une liste des phrases qu'elle écrit invariable- 
ment de la même manière , c'est-à-dire que ces phrases portent la 
même orthographe à chacun des deux substantifs dont elles se com- 
posent. 

PHRASES ÉCRITES DE LA MÊME MANIÈRE A CHACUN DES SUBSTANTIFS 



Au singulier. 
Gelée de groseille. 
Graine de concombre. 
Huile de faine. 
Huile d'olive. 
Lait d'amande. 
Sucre de betterave. 
Bisence de clou de girofle. 

Au pluriel. 
Un citron piqué de clous de 

girofle. 
Compote d'abricots. 
Compote de poires. 



Compote de pommes. 
Conserve de violettes. 
Eau de fraises. 
Essence de roses. 
Fécule de pommes de terre. 
Fricassée de poulets. 
Gâteau d'amandes. 
Jus d'herbes. 
Marmelade d'abricots. 
Pain de pommes de terre. 
Pain de châtaignes. 
Pâte d 'abricots. 
Pâte d'amandes. 
Pâte de coings. 



Purée de lentilles. 

Salade de betteraves. 

Salade de concombres. 

Sirop de mûres. 

Soupe aux choux. 

Tourte de confitures. 

De la teinture de roses. 

Une corbeille de fruits. 

Un panier de raisins. 

Un pot de confitures. 

Des Dlancs d'œufs, des jaunes 

d'œufs. 
Des boucles de souliers. 
Des pendants d*oreilles. 



Les phrases Un lit de plume, Un hcUai ie plumes, se trouvent même à Lit, de, plume ; 

BALAI, DE, PLUMB. 

1. (à Brique) Maison de brique ou de briques. 
(à CÔTé) De tous côtés, de tout côté. 
(à Moment) A tout moment, à tous moments. 
( à Part) De toute part, de toutes q)arts. 
(à Main) Être en bonne main, en bonnes mains; en main sûre, en mains, sûres. 

Id. Tomber, être en mauvaise main, en mauvaises mains. 
( à Pierre ) Un lit de pierre, de pierres. Ouvrage à pierre perdue, à pierres perdues. 
(à Progrès) Faire du progrès, des progrès. 
(à Raisin ) Cueillir des raisins, du raisin. 
(à Remords ) La voix du remords, des remords. 
(à Scellé) Mettre, apposer, forcer, rompre, briser le scellé, les scellés. 
(à Touffe ) Touffe de poil ou de poils. 



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— 19 — 

PHRASES 06 L' ACCORD DU NOMBRE «^EXISTE PAS 



Anx articles 


Nombre singulier. 


Aux articles 


Nombre pluriel. 


Amandb. 


Hnile d'amande douce. 


Huile, Doux. 


Hnile d'amandes douces. 


Framboise. 


Conserve de framboise. 


Conserve. 


Conserve de framboises. 


Gelée. 


Gelée de pomme. 


Pomme. 


Gelée de pommes. 


Groseille. 


Sirop de groseille. 


Sirop. 


Sirop de groseilles. 


Laitue. 


Salade de laitue. 


Salade. 


Salade de laitues. 


Limon. 


Sirop de limon. 


Sirop. 


Sirop de limons. 


LiODEOR. 


Eao de groseille. 
Graine ae pavot. 


Eau. 


San de groseilles. 
Graine de pavots. 


Pavot. 


Grainb. 


Pécher. 
Pied. 


Sirop de fleur de pêcher. 
Un pied d*œilïet. 


Sirop. 
Oeillet. 


Sirop de fleurs de pêcher. 
Un pied d'œillets. 
Poudre de violettes. 


POODRE. 


Poudre de violette. 


Violette- 


Salade. 


Salade de raiponce. 


Raiponce. 


Une salade de raiponces. 


SBNTEOa. 


Des sachets de sentear. 


Sachet. 


Des sachets de senteurs. 


Sdcre. 


Sucre de pomme. 


Pommb. 


Sucre de pommes. 


Framboise. 


Pâte de framboise. 


PâTE, Amande. 


Pâte d'amandes. 


Id. 


Eau de framboise. 


Eau, Fraise. 


Eau de fraises. 


HOILB, Faînb. 


Huile de faine. 


Courge. 


Huile de courges. 


Huile, Olive. 


Huile d'olive. 


Huile. 


Huile de fleurs d'orange. 






Id. 


Huile de roses de Provins. 


Jonquille. 


Essence de jonquille. 


Essence, Rose. 


Essence de roses. 


G-elée, Groseille. 


Gelée de groseUle. 


PâTB. 


Pâte de groseilles. 


Liqueur. 


Eau de grenade. 


Sirop. 


Sirop de grenades. 


Poudre. 


Poudre de fleur d'orange. 


Ratafia. 


Ratafla de fleurs d'orange. 


Primevère. 


Bouquet de primevère. 
Jus de prunelle. 


Primevère. 


Bordure de primevères. 


Prunelle. 


Vin. 


Vin de prunelles. 


Sucre. 


Sucre de pomme de terre. 


Fécule, Pain, Pomme. 


Fécule , pain de i^^oiiimes 

de terre. 
Rembourré de noyaux db 


PERSICOT. 


Des noyaux de pèche. 


PÉcïïR, Rembourrer. 








pêches. 


TÈTE. 


Des têtes de pavot, des 
têtes d'artichaut. 


Asperge. 


Des pointes d'asperges. 


Lavement, Capsule. 


Des tètes de pavot. 


Diurétique. 


Les racines d'asperges 

sont diurétiques. 
Enchausserdes pieds d'ar- 


CEiLLETON. 


Lever des œilletons d*ar- 


Enchausser. 




ti<Éiaut. 




tichauts. 






Marcotte. 


Des marcottes d'œillets. 


Boucle. 


Des boucles de jarretière. 


Boucle , Soulier. 


Des boucles de souliers. 






Boucle, Oreille. 


Des boucles d'oreilles. 


Ramage. 


Velours, damas à ramage. 


Patron . Velours. 


Velours à ramages. 



Quelques grammairiens, et nous croyons que Laveaux est le pre- 
mier en date, ont proposé d'employer le singulier ou le pluriel selon 
que le produit dont on parle présente plus ou moins distinctement 
l'élément dont il se compose ; ainsi ils écrivent du lait, de la pâte, de 
V huile û^^amande ; du siccre, du sirop, de la gelée de pomme, etc., parce 
que dans ces divers produits les amandes et les pommes ne sont plus 
appréciables par la forme; ils écrivent, au contraire, un gâteau 
rf'AMANDES , une compote de pommeS , parce que les amandes et les 
pommes s'y trouvent dans un état d'intégrité plus ou moins complet. 
On pourrait suivre cette règle, qui présente quelque chose de spé- 
cieux, et l'Académie semble l'avoir eue sous les yeux quand elle a 
écrit sucre de betterave, salade de betteraves ; essence de clou de 
girofle, un citron piqué de clouS de girofle; mais malheureusement 
elle n'a pas suivi de règle, et si à l'article Amande elle a mis huile 
d'amande dôme, aux articles Huile et Doux elle écrit huile d'amandeS 
douces ;2Lax mots Laitue, Framboise, Gelée, elle écrit salade de 



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— 20 - 

laitue, conserve de framboise, gelée de pomme, tandis qu'à Salade, 
Conserve, Pomme, elle met salade de laitueS, conserve de framboises, 
gelée de pommeS. 

Les auteurs des grands dictionnaires du jour affectent de suivre la 
règle dont nous venons de parler ; ils écrivent non-seulement comme 
l'Académie sitcre de betterave et salade de betteraves, mais encore, 
contrairement à elle, essence de rose, confitures de prune, de coing, 
fécule de pomme de terre. L'un d'eux donne même pour règle, à l'ar- 
ticle De î « Lorsque deux noms sont unis par la préposition de, le 
second reste toujours au siîigulier toutes les fois qu'il est pris dans un 
sens absolu, général ; il se met du pluriel s'il est pris dans une accep- 
tion individuelle ou collective... De la gelée de pomme, une corbeille 
de pommeS. De la fécule de pomme de terre, un ragoût de pommeS 
de terre. Marmelade de pomme, compote de pommeS. Du sirop de gro- 
seille, un panier de groseilles. Des confitures de prune, un quarteron 
de pruneS ». — A l'article Pomme il dit encore plus explicitement : 
« On écrit sirop de pomme, gelée de pomme, parce que le fruit n'entre 
que comme matière composante, il n'existe plus individuellement 
comme fruit; mais on écrit compote de pommeS, parce que ces fruits 
entrent comme individus, on les voit, on peut les compter. » — Mais 
à: l'article Amande on lit : « On doit écrire gâteau d'amandeS, pâte 
d'amandeS, huile d'amahdeS, lait d'amandeS, etc., et non pas gâteau 
d'amande, pâte d'amande, etc., parce que ces différentes choses sont 
faites avec plusieurs amandes et non avec une seule amande. 

Voijà les deux systèmes en présence, lequel ces auteurs suivent-ils? 
Ils font comme l'Académie, ils suivent tantôt Tuft , tantôt l'autre, et 
souvent, comme elle, ils mettent au pluriel dans un article ce qui est 
au singulier dans un autre. Ces contradictions semblent prouver que 
si la nouvelle règle est bonne, l'ancienne avait aussi sa raison d'être, 
puisqu'on la suit même involontairement. Il serait bon cependant de 
n'obéir qu'à une seule, mais à laquelle faut-tl donner la préférence? 
Nous ne pensons pas que ce soit à la nouvelle, qu'enfreignent à chaque 
instant ceux mômes qui la posent en principe. Dans le dictionnaire où 
il est dit qu'il faut écrire marmelade de pomme, sirop de groseille, on 
lit à l'article Marmelade : marmelade d'abricots, de pruneS, de 
pécheS; et à SirOp : sirop de groseilles ; sirop de mûreS, de grenadeS; 
sirop de limonS; sirop de roseS pâleS; sirop de fleurS de pécher; 
sirop d'amandeS, de pommeS; et nous n'en finirions pas si nous vou- 
lions donner tous les exemples qui contredisent cette nouvelle règle. 

Quelques personnes pensent qu'il vaudrait mieux employer toujours 
le singulier, comme partitif, afin d'éviter une option fort embarras- 
sante, et qui ne s'expliquerait pas d'eUe-même ; mais nous doutons 
qu'on en vienne jamais à écrire au singulier le second substantif dans 
les phrases suivantes : de la purée de lentille, de fève, de haricot; 
du marc d'olive, de pomme, de poire; un jus d'herbe, un coulis d'écre- 



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— 21 — 

visse; un bouillon d'ëcrevisse, de grenouille; du sirop de rose pâle; 
de la conserve de rose de Provins, etc. 

Nous croyons donc devoir préférer le pluriel comme étant plus ra- 
tionnel, car de ces pâtes, gelées, fécules, poudres, essences, liqueurs, 
sirops, etc., que Ton compose, il n*en est pas un seul où il n'y ait plu- 
sieurs des fleurs ou des fruits dont ils portent le nom ; et puisque les 
prosélytes dii nouveau système s'accordent à écrire de la marmelade 
d'abricots, de pommeS, de pruneS, de pêcheS, etc., du sirop de gro* 
seilleS, de mûreS, de grenadeS, de limonS, etc., substances où les 
fruits ne peuvent plus être non-seulement comptés mais encore re- 
connaissables , il nous semble naturel de mettre également au pluriel 
les mots prune, coing, pomme, betterave, rose, dans ces phrases : 
confitures de pruneS, de coingS, fécule de pommeS de terre, sucre de 
betteraves, essence de roseS, etc. Nous croyons même que c'est de 
l'habitude assez générale à Paris de dire J'ai acheté de la groseille, de 
LA framboise, de la chandelle, de la bougie, etc, qu'est venue celle 
d'écrire de la gelée de groseille, de framboise, etc. — Quant à l'huile, 
puisque l'Académie écrit huile de fleurS d'orange, huile de roseS de 
Provins, et surtout huile de courgeS, il ne doit pas y avoir de raison 
plausible pour mettre au singulier huile d'olive, huile de faine, etc. 

Il est encore un autre point sur lequel nous croyons devoir insis- 
ter, c'est l'accord du nombre pour deux choses qui doivent néces- 
sairement être en nombre égal. L'Académie a très-bien écrit des 
blancs d'œufS, des jaunes d'œufS, des foies de canardS, des pointes 
d'aspergeS, les amandes d'abricotS, les racines d'aspergeS, des mar- 
cottes d'œilletS^ des pieds d'artichautS^ des pendants d'oreilleS, des 
boucles d' oreilles, des boucles de soulierS, des bouts de mancheS, etc.; 
on regrette qu'elle n'ait pas également observé l'accord dans ces 
phrases-ci : des crêtes de coq, des ris de veau, des têtes de pavot, 
^'artichaut; des griffes ou pattes rf' anémone; des boucles de jarre- 
tière, etc., car le principe est absolument le même que pour les 
précédentes.— A ce sujet nous ferons remarquer qu'on peut très-bien 
écrire des oreilles de veau, des pieds de mouton, etc., parce que ces 
animaux ont plus d'un pied et d'une oreille, 

AMARANTE... e^t aussi adjectif des deux genres, et il se dit des 
choses qui sont de couleur d'amarante. Un velours, un satin, un drap 
amarante. De la soie amarante. Un carrosse amarante. — Il aurait été 
fort utile d'avoir un exemple avec un substantif pluriel. Faut-il écrire 
des rideau^ amarantes' ou amarante, ou faut-il dire des rideaux de 
couleur ^'amarante, des rideaux de couleur amarante, des rideaux 
couleur D'amarante ? Voy. Aurore. 

AMBIGUIMENT, AMBIGUÏTÉ. — Transposez : Ambiguïté, Ambigument. 

AMULETTE, S. m. Il se dit des figures, des caractères, et de tout 
autre objet portatif auquel on attache une confiance superstitieuse. 
Porter un amulette sur soi pour se préserver de la mort, des dan- 



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— 22 — 

gers, etc. — AmiUette et sqtielette sont les seuls mots terminés par 
ette qui soient du genre masculin, car pied-d^alovsUe et casse-noi- 
sette n'ont ce genre qu'en vertu du mot pied dans le premier et d'une 
ellipse dans le second; quant à un trompette, il signifie Un homme qui 
sonne de la trompette ; il nous semble donc que la terminaison ^amu- 
lette appartient au genre féminin. A la vérité il vient 6!!amuletum, qui 
est neutre ; mais on a très-bien donné le genre féminin à comète et- à 
planète, bien qu'ils aient pour étymologie cometa et planeta, qui sont 
masculins. — Ce mot ne commence à figurer que dans la quatrième 
édition du Dictionnaire de l'Académie; cependant on le trouve dans 
le Supplément de la première, mais il est écrit avec un seul t : amur- 
lete (sans accent, suivant l'usage de cette époque). Si l'Académie tient 
au genre masculin, malgré l'usage qui est pour le féminin, nous 
n'avons rien à dire ; mais alors nous demanderons l'orthographe de 
1696, amulète, parce que du moins cette terminaison admet des sub- 
stantifs masculins : anachorète, athlète,' interprète, poète, prophète, 
proxénète, thesmothète, etc. Voy. Squelette. 

ANABAPTISTE. — L' Académie n'indique pas la prononciation ; mais 
on ne fait pas plus sentir le p dans ce mot que dans baptême, baptiser, 
baptismal, baptistaire, baptistère, où elle dit qu'on ne le prononce 
pas. 

ANAGRASfSfE... « Les mots écran , nacre, rance, et crâne, sont des 
anagrammes les uns dès autres. » — Le mot ancre méritait de n'être 
pas oublié, car il forme une anagramme parfaite avec nacre et rance; 
écran et crâne présentent bien aussi les mêmes lettres, mais ils sont 
affectés d'accents qui nuisent à l'exactitude de l'anagramme. 

ANCIEN, ENNE, adj. t- Il uous Semble qu'il aurait fallu ajouter à cet 
article : « Ancie7i se dit aussi par opposition à Jeune, pour distinguer 
certains personnages historiques. Tarquin Vancien, Denys Vancien ou 
le Tyran, Caton Vancien ou le Censeur, Pline Vaiicien ou le Naturor 
liste, etc., ou bien, le tyran, le censeur, le naturaliste, nous ne savons, 
car si l'Académie emploie la majuscule pour certaines épithètes telles 
que Charles le Bel, Philippe le Bel, Philippe le Bon, Pépin le Bref, 
Louis le Débonnaire, Louis le Gros, Henri VOiseleur, Denys le Ty- 
ran, etc. ; d'un autre côté elle écrit Pline le jeunie, Denys le jeune, 
Pline le naturaliste, Caton le censeur, etc. Nous ne comprenons pas 
bien la raison de ces différences dans l'orthographe des épithètes, et 
peut-être si elle avait réuni les deux aurait-elle modifié l'une ou 
l'autre; elle aurait écrit, par exemple, Denys V Ancien ou le Tyran, 
Denys l'ancien ou le tyran. 

ANECDOTE... s'emploie aussi adjectivement. L'histoire anecdote de 
Procope. Ce sens vieillit. — Voy. Ogive. 

ANGUILLE... Prov. et fig. « Il ressemble aux anguilles de Melun, il 
crie avant qu'on l'écorche. — Pour ce proverbe, nous ne pouvons 



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— 23 — 

faire mieux que d'extraire de l'ouvrage de M. B. Jullien, intitulé Le 
langage vicieiùx corrigé j etc., l'article qui s'y rapporte. 

« LiCNGUILLE ou l'AnGUILLE , UNE ANGUILLE, LES ANGUILLES , Par. 

« Ces trois paronymes sont ici rapprochés à cause de ce proverbe : 
« Il fait comme l'Anguille de Melun; il crie avant qu'on l'écorche. » 
Voici l'explication de ce proverbe : « Il y avait à Melun-sur-Seine, 
près Paris, un jeune homme nommé l'Anguille, lequel, en une comé- 
die qui se jouait publiquement, représentait le personnage de saint 
Barthélémy. Comme celui qui faisait l'exécuteur le voulut approcher, 
le couteau à la main, feignant de l'écorcher, il se prit à crier avant 
qu'on le touchât, ce ^qui donna sujet de rire à toute l'assemblée, et 
commencement à ce proverbe, qui depuis s'est appliqué à ceux qui 
se plaignent du mal avant qu'il arrive. » Cette origine n'est pas très- 
certaine ; mais ce qui n'est pas douteux, c'est que le proverbe est dû 
à quelque homonymie ou paronymie semblables, car les anguilles de 
Melun, non plus qu'aucune autre, ne crient avant qu'on les écorche. 
Or, cet exemple nous montre comment les mots et les phrases se cor- 
rompent et arrivent quelquefois à nous faire répéter des non-sens ou 
des absurdités. De l'Anguille, qui était bon comme nom d'homme, on 
a fait une anguille ou les anguilles ; et on a ainsi énoncé des phrases 
acceptées par l'usage, si l'on veut, et par le Dictionnaire de VAcadé-- 
mie, mais qui enfin ne sont pas justifiées, et à la place desquelles il 
vaudrait toujours mieux mettre le mot exact, comme V Anguille de 
Melun. » 

ANNEXER. — Il paraîtrait que dans ce mot on ne doit prononcer 
qu'une n, car au mot Annexe l'Académie dit simplement « On fait 
sentir les deux N », tandis qu'au mot Annihiler, qui vient immédia- 
tement après Annexer, elle dit « Dans ce mot et dans le suivant on 
fait sentir les deux N ». 

ANTECHRIST, S. m. (L'S ne se prononce pas.) — A l'article Christ, 
l'Académie dit que dans Jésv^-<^hrist on ne prononce pas Vs et le t, 
c'est-à-dire qu'on doit prononcer Chri; mais ici l'Académie ne parle 
que de Vs ; faut-il donc faire sonner le t dans antechrisl f 

ANTECHRIST, ANTEDILUVIEN. — L'Académie fait observer que anti 
a deux acceptions très-différentes : il marque l'opposition, comme 
dans antiscorbutique, antiseptique ; et l'antériorité de temps ou de 
lieu, comme dans antidate, antichambre. Elle aurait pu en dire autant 
de anté, qui marque aussi l'opposition, comme dans antechrist, et l'an- 
tériorité de temps comme dans antédiluvien. Ainsi l'on dit dans le 
même sens antechrist et antipape i antécesseur et antidate; seulement 
antechrist ne prend pas un é aigu comme antécédent, antécesseur, 
antédiluvien, antépénultième, etc. 

Ne pourrait-on pas mettre un tiret après ante ou anti indiquant op- 
position, et écrire ante-Christ, anti-pape, etc. ? Il est inutile d€f dire 
qu'on ne mettrait le tiret que lorsque la seconde partie du mot se com- 



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-24- 

poserait d'un mot français, comme dans anii-apoplectiqtbe, anli-féhrile, 
anti-laiteiùXj etc., tandis que Ton continuerait d'écrire en un seul mot 
antidote, antipathie et antipathique, antipode, etc. 

AORISTE, AOÛT, AOÛTER, AOÛTERON. — L'Académie dit qu'on 
prononce oriste, oût, oûteron, mais qu'on fait sentir l'a dans le verbe 
aoûter, La suppression de Va dans la prononciation é!aoûter serait 
assurément beaucoup moins regrettable que dans celle ^aoriste : 
dans ce dernier mot l'a est privatif, et la prononciation oriste semble 
faire un contre-sens. En effet aoriste signifie (passé) indéterminé, in- 
défini, et en supprimant l'a on lui fait signifier (passé) défini. 

APAISER, APERCEVOIR, APETissER, APLATIR, etc. —Autrefois 
l'Académie écrivait appaiser, appercevoir, appetisser, applatir, etc. 
avec deux p; elle n'y en met plus qu'un, bien qu'elle en laisse deux 
dans appauvrir, appesantir, apporter, apprivoiser, approcher, etc. 

APARTÉ, s. m. Mot pris du latin... Il ne prend point l'S au pluriel. 

— Il nous semble que ce terme est du nombl'e de ceux qui demandent à 
être écrits en deux mots, et c'est sans doute l'accent que l'Acadé- 
mie a cru devoir mettre sur Ve, pour indiquer la prononciation aux 
personnes illettrées, qui l'a déterminée à en faire un seul mot. Mais 
puisqu'elle l'a francisé, nous pensons qu'elle devrait lui donner la 
/marque du pluriel : les apartés doivent être rares et courts, 

APARTÉ... s'emploie aussi adverbialement. Ce vers doit être dit 
aparté. — Si le substantif peut à la rigueur être écrit en un seul mot, 
il nous semble qu'il n'en est pas de même de la locution adverbiale, 
qui devrait retenir l'orthographe latine ou italienne (a parte) ; mais 
nous préférons de beaucoup l'expression à part, dont on se sert gé* 
néralement et qu'on trouve dans l'article Part : Ce vers doit être dit 
à part *. Nous croyons aussi que cette locution adverbiale a précédé 
et même de longtemps le substantif, et que l'Académie aurait dû la 
placer en première ligne. 

À POSTERIORI. Voyez Posteriori (à). — A la lettre P, nous trou- 
vons « Posteriori (à) » sans accent sur Ve, m"ême dans l'exemple. 
Peut-être serait-il mieux de ne mettre l'accent ni sur l'A ni sur l'É. 

APOTHICAIRE... Le mot de Pharmacien est aujourd'hui plus usité. 

— Malgré cela, c'est presque toujours apothicaire que l'Académie a 
employé dans ses définitions et dans ses exemples. Nous ne parlons 
pas des proverbes tels que : un apothicaire sans sucre; Un mémoire 
^^APOTHICAIRE ; Faire de son corps une boutique rf' apothicaire ; Les 
quiproquo rf^ apothicaire sont très-dangereux ; Dieu nous garde d'un 
quiproquo û^^ apothicaire et d'un et cœtera de notaire, etc. Ce sont là 
des phrases faites , c'est l'arche sainte, il n'y faut pas* toucher ; dites 
pharmacien au lieu d'apothicaire, votre proverbe a perdu tout son . 

1. Dans les nombreuses pièces de théâtre dont la correction typographique nous a été 
Confiée , les auteurs ont toujours mis entre parenthèses : (A part). Nous ne nous souvenons 
pat d'y avoir jamais vu : {Apsrié}- 



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— 25 — 

mérite. Mais si hors de là le mot pharmacien doit être préféré, il nous 
semble que c'est en l'employant elle-même que l'Académie en propa- 
gera l'usage. Voici quelques-uns des articles où le mot apothicaire 
aurait pu être remplacé par son synonyme : 
(à Cocloirb) Couloire d'apothicaire, 
(à Étiqueter) Les apothicaires étiqtiètent leurs fioles. 
(à Fourneau) Fourneau d'apothicaireé 
'(à Médicament) Payer les médicaments à l'apothicaire. 
(à Officinal) Compositions officinales, Préparations pharmaceutiques qui 

se trouvent toutes composées chez les apothicaires'. 
(à Ordonnance) Porter l'ordonnance chez l'apothicaire, 
(à Pharmacie) Les médecins ont abandonné la pharmacie aux apothi" 
caires *. 

Après la remarque sur l'emploi du mot apothicaire^ nous nous en 
permettrons une seconde sur celui de la préposition de^ que nous 
trouvons deux fois de suite : « Le mot de Pharmacien est aujourd'hui 
plus usité. Le mot de Pharmacie est aujourd'hui plus usité. » Ce de 
est-il nécessaire ? Nous ne le pensons pas. Voy . Mot. 

APPELER... se dit également en parlant des personnes dont on fait 
choix, que l'on désigne pour quelque fonction ou quelque action im- 
portante. Appeler à une chaire un professeur habile. Il fut appelé à 
siéger dans le conseil du prince. L'important devoir que nous sommes 
appelés à remplir. Le vœu de ses concitoyens l'appela au trône. H fut 
appelé à lui succéder. — On est surpris de ne trouver dans cet article 
aucun exemple du participe suivi des prépositions par ou de. L'em- 
ploi de par est fréquent ; ainsi l'on dit : 

Il fut appelé au trône par ses concitoyens, par le voeu de ses concitoyens, 
n fut appelé PAR le souverain à un des postes les plus éminents de l'État, 

La préposition de ne s'emploie qu'en parlant de Dieu. Nous lisons 
dans le Dictionnaire de l'Académie la phrase suivante : 

(à Apôtre) Après la mort de Notre-Seigneur, on donna le nom à* Apôtre,,, 
à saint Paul et à saint Barnabe, qui furent appelés de Dieu 
extraordinairement pour prêcher rÉvangile. 

APPÉTENCE, APPATER... — Ccs deux mots sont les seuls de ceux 
qui commencent par app^ où l'Académie ait dit de prononcer les 
deux p. Probablement il faut y ajouter Appendice , où figure la pro- 
nonciation appaindice, 

APPÉTIT... Prov. Il n'est chère que d'appétit. — Lisez comme à 
l'article Sauce : « Il n'est sauce que d'appétit ». Le mot chère appar- 
tient à cet autre proverbe qu'on trouve aux articles Chère et Vilain : 
« // n'est chère que de vilain ». 

1. Pour éviter l'emploi simultané des mots pliarmaceutique et pliat-macien, on aurait pu dire, 
Préparations qui se trouvent toutes composées chez les pharmaciens. 

S. Et de môme , Les médecins ont abandonné aux pharmaciens la préparation des raédica- 
ments. 

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— 26 ^ 

APPRÉCIER. — Il y a environ 180 verbes terminés à Pinfinitif par 
ier, et ce n'est, croyons-nous, qu'à Prier que l'Académie a indiqué la 
conjugaison des temps qui présentent une difficulté : « Prier, v. a. 
(On écrit au présent de l'indicatif et à l'impératif, Prions, priez; à 
l'imparfait de l'indicatif et au présent du subjonctif, Nom priions, 
vous priiez.) » Cette indication aurait dû être donnée, sinon à tous les 
verbes de cette terminaison , du moins à ceux qui sont le plus usités. 
Voy. AccÉi>ER. 

APPRENDRE... Cest un homme mal appris, Cest un mal appris (c'est 
un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation). — Nous pensons 
que dans cette dernière phrase où mal appris est employé comme 
substantif il faut l'écrire en un seul mot : un malappris. Voy. Mal- 
appris. 

APPRÊT, s. m... Manière d'apprêter. Ce cuir ne vaut rien, on y a 
donné un mauvais apprêt.Se faudrait-il pas dire, on lui ^ a donné. . . ? 
Voy. les articles Y et Lui. 

après-dInée, s. f... Plusieurs écrivent après-dîné ou après-diner, 
et font ce mot masculin. — Après-Soupée , s. f... Plusieurs écrivent 
après-soupé ou aprèssouper, et font ce mot masculin. 

Nous ne comprenons pas pourquoi l'Académie a donné la préférence 
à ces terminaisons féminines après -dinée, après -soupée^, et nous 
croyons que Vaprès-dîner, Vaprès-souper, sont préférables même à 
Vaprès-diné, V après-soupé, puisqu'elle ne donne l'orthographe dîné et 
soupe que comme des variantes. Voy. Déjeuner. 

APRÈS-MIDI, s. f... Plusieurs le font masculin. — Ici encore, le mas- 
culin nous semble préférable, puisqu'il s'agit du temps qui s'écoule 
depuis LE midi jusqu'au soir. 

ARC. — Dans les articles suivants, l'Académie nous dit qu*on ne 
prononce pas le e dans arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau ; que le 
mot arc-en-ciel se prononce arkenciel; mais ici elle ne nous apprend 
pas si le c doit être prononcé dans tirer de l'arc, arc de corne, etc. Il 
serait bon d'indiquer qu'on fait sonner le c à la fin d'arc. 

ARC... Arc ogive^ pour arc ogival. — Voy. Ogive. 

ARCHET, s. m. Sorte de petit arc, ou plutôt de baguette droite un 
peu recourbée à son extrémité, qui a pour corde plusieurs crins de 
cheval , et dont on se sert pour tirer le son d'une contrebasse, d'une 
basse, d'un violon, etc. Archet de violon, de contrebasse,*. — Nous 

1. Mais on dirait très-bien : On y a mis un mauvais apprêt. 

2. A l'article Souper, on lit « Apiès-souper.., On dit mieux, Après-soupée. » Pourquoi 
après-soupée est-il préférable, puisque soupée n'est pas un mot français? Quant à dinée, il signi- 
fie f Le repas ou la dépense qu'on fait à dîner dans les voyages , tant pour les personnes 
que pour les cheyaux ; ou bien encore. Le lieu où l'on s'arrête pour dtner, lorsqu'on est en 
voyage. // nous en a coûté tant pour la dÎnbb ; Il n'y a plus qu'une lieue d*ici à la dÎnéb. — 
Mous croyons donc que les mots après-dinée, après-soupée devraient être considérés comme 
des barbarismes. 



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— 21 — 

voyons ici contrebasse écrit deux fois en un seul mot, et à Tarticle 
ÂME on trouve également « l'ârne d'une contrebasse » , tandis qu'à la 
lettre C l'Académie écrit contre^basse avec un tiret. L'orthographe 
officieuse (donnée accidentellement) nous paraît préférable à Tortho- 
graphe officielle (indiquée dans un article exprès); on doit écrire 
contrebasse en un seul moi comme contralto, Voy. Gontre-basse. 

ARCHIÉPISCOPAL, ALE, adj. (On prononce Arkiépiscopal.) archi- 
ÉPiscoPAT, s. m. (On prononce Arkiépiscopat.) — On se demande 
pourquoi l'Académie veut que dans ces deux mots la syllabe chi se 
prononce kij tandis qu'elle ne l'exige pas pour archimandrite, archi- 
mandritat, architectonique, architectonographe, arcMtectonographie, 
architriclinj qui sont des termes de savants ; et peut-être aussi pour- 
quoi elle n'a pas cité au moins archimandrite et architriclin à l'ar- 
ticle H, où elle a donné la nomenclature des mots où ch ne prend pas 
le son de k. Voy. Achéron. 

ARCHIPEL, s. m. Étendue de mer parsemée, entrecoupée d'îles. 
L'archipel du Mexique. L'archipel des Philippines, Il y a plusieurs 
archipels, —Il se dit particulièrement de la partie de la Méditerranée 
qui est située entre la Grèce, la Macédoine et l'Asie, et que les anciens 
appelaient Mer Egée» 

L'Académie aurait dû nous donner des exemples pour la seconde 
définition, c'est-à-dire ^oxkv Archipel pris absolument, comme elle 
l'a fait pour la première, car ce mot s'écrit alors avecnine majuscule, 
ainsi que nous le voyons dans les phrases suivantes : 
(à Galoyer) ,.. du côté du mont Athos et dans V Archipel, 
(à Coubse) Les pirates font des courses dans l'Archipel, 
(à Terre) Après avoir passé les fies de V Archipel.,, 

ARGUER, V. a. (L'U se prononce.) — Il est à désirer que dans ce 
mot et dans son composé rédarguer, l'Académie emploie VU tréma, 
pour qu'on ne prononce pas la Syllabe finale de ces verbes comme dans 
briguer, narguer, voguer, etc. Nous demandons qu'elle mette le tréma 
sur Vu parce que la voyelle suivante varie non-seulement à chaque 
temps mais presque à chaque personne, et que souvent cette yoyelle 
réclame un accent qu'on ne pourrait supprimer : nous arguâmes, 
vous arguâtes, ils arguèrent, qu'il arguât, argué, L'Académie met le 
tréma sur Vi aux mots ïambe, iambique, et figure par locûèle la pro- 
nonciation de loquèle ; il ne s'agit donc plus que d'étendre à un plus 
grand nombre de mots l'application de la règle qu'elle a posée à 
l'article Tréma: «Il se dit d'une voyelle accentuée de deux pointe qui 
avertissent qu'elle se détache de la voyelle précédente oo suivante ». 

ARISTOCRATIE. — De tous les mots terminés par atie, primatie est 
le seul où l'Académie ait indiqué la prononciation : « On prononce 
Primacie » ; mais elle est la même pour tous les mots dS cette dési- 
nence : aristocratie, autocratie, bureaucratie, démocratie, diplomatie, 
gynécocratie, ochlocratie, stratocratie, suprématie, théocratie, etc. 



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— 28 — 

ARLEQUIN, S. m. Personnage de la comédie italienne... Jouter les 
arlequins. Être vêtu, déguisé en arlequin. — Fig. et fam., Un habit 
d'arlequin. Un tout composé de parties disparates, un ouvrage fait 
de morceaux pris de différents auteurs. 

A Lazzi nous trouvons , Les lazzi d'Arlequin ( Voy . Lazzi ) , comme 
à Tabarin, Des plaisanteries de Tabarin; ~ et à l'article Habit, Habit 
d'Arlequin, de Polichinelle, toujours avec une majuscule. — A Gille 
nous voyons encore, Jouer les Gilles. — On se demande donc dans 
quels cas la majuscule doit être employée. Voy. Mentor. 

ARMILLAIRE, ARMILLES. — La prononciation des II doit--elle être 
la même dans ces deux mots? Les lexicographes s'accordent à dire 
que dans armillaire on doit faire sentir les II sans les mouiller; mais 
pour armilles il n'en est pas de même : les uns pensent qu'on doit 
les prononcer comme dans armillaire, tandis que les autres veulent 
qu'elles soient mouillées. Il est donc nécessaire que l'Académie nous 
indique la prononciation convenable. 

ARMOISE... L'armoise commune est d'un grand usage en médecine, 
comme stimulante, tonique, emménagogue, etc. — Ce terme emménor 
gogue, qui se retrouve à l'article Sabine , manque à son rang alpha- 
bétique; il en est de même de plusieurs autres mots qui figurent ou 
dans les exemples ou dans les définitions , et pour en connaître la 
signification il faut recourir à un autre dictionnaire. Tels sont : 

Acte d'habeas corpus, qui est à Tarticle Palladium. 

Arbre de Judée Comprimer. 

Blé-mouture Mouture. 

Boiteux de V oreille {chQYBl) , . . . Oreille. 

Curule (statue) Statue. 

Entre-vifs . • • . • Disposition, Donation, Incapable. 

Eut^chéen et Jacobite Cophte. 

Haut-Empire (médaille duj .... Médaille. 

Hybride (mot) Mot. 

Javelle (eau de) ••••.•• • Tache. 

Mouche-guépe Mouche, GuépE. 

Ourlées, rebordées (oreilles). . . . Oreille. 

Pomme-poire Pomme. 

Poulet d* Inde • . . Croupion, Gland. 

Prédication de la croix Scandale. 

Prime (orge de) Écourgeon. 

Robinet à deux , à trois eaux • . . Robinet. 

Rose pivoine , Rose pompon • • • . Rose. 

Semi-pite Semi. 

Souliers de vache retournée .... Vache. 

Trentenaire Prescription. 

D'autres sont expliqués à l'endroit où ils se trouvent; mais comme 
on n'ira point les chercher là, il est essentiel qu'ils soient au moins 
mentionnés à leur rang alphabétique. De ce nombre sont : 



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-29- 

Arbre à pain, qui est à Tarticle. . . Jaquier. 

Bombyx Ver. 

Chiffonne (branche) Branche. 

Cinchonine Quinine. 

Cithare (écrit mal à propos cythare) . Heptacorde. 

CrénMSter Suspenseur. 

Dépiteux (oiseau) Oiseau. 

Étampure Maigre. 

Flèche d'eau SAcrrrAiRE. 

Fra» (espalmé, tondu (ie) .... Espalmer, Tondre. 

Gusule-de-loup PERSONNés. 

Léonurus Queue. 

Livret de la Caisse d'épargne, , . , Bulletin. 

Mahogon . . • • Acajou. 

Afôc/ic, t. d*Art vétérinaire .... Ortie. 

M*^tor«m (il passe m) Passer. 

Nageurs (oiseaux) ••...•. Palmipède. 

iVtt/^e (lettre) R. 

Ophioglosse, • . . Langue. 

Porte-suif Muscadier. 

Voltaique Pile. 

ARROSAGE, S. m. Âction de conduire Teau d'une rivière ou d'un 
ruisseau sur des terres trop sèches. La pente légère du terrain facilite 
l'arrosage. Cette prairie a besoin de fréquents arrosages. Canal d'arro- 
sage, — Il aurait été convenable d'ajouter : « Aujourd'hui Ton dit 
plutôt Irrigation^ ». 

AKT...^Beaux-artSj ou simplement Arts, par excellence, La pein- 
ture, la sculpture, l'architecture^ la musique et la danse '. •— Ici l'Aca- 
démie écrit Beaux-arts avec un a minuscule, comme à l'article Tiret 
elle écrit Belles-lettres avec une petite l ^ ; cependant partout où elle 
a opposé les Beaux-arts à la Littérature, on a mis Beaux-Arts avec un 
A majuscule, entre autres dans les articles Beau, Facile, Faux, Feu, 
Grotesque, Imagination, Imitation, Imiter, Piller, etc. * 

A qui faut-il obéir? est-ce à la majorité? Nous ne le croyons pas; 
nous pensons que dans tous ces exemples , compositeurs et correc- 
teurs ont cédé à l'entraînement typographique, car en typographie 

1. A rarticle Irrigation on lit : « Arrosement des prés , des terres, par des rigoles ou sai- 
gnées qui amènent l'eau d'une rivière, d'un ruisseau, etc. Canaux d'irrigation »;— à l'article 
Canal : « Canaux d'arrosage, canaux d'irrigation, canaux qui ne servent qu'à distribuer des 
eaux, pour l'arrosage des campagnes ». 

2. Ici et à l'article Beau le Dictionnaire aurait dû nous donner, avec l'ancienne ou antique 
division de l'Académie des beaux-arts, la division moderne et actuelle, dans laquelle la danse 
est remplacée par la gravure : Peinture, Sculpture, Architecture, Gravure, Composition mu- 
sicale. 

3. On s'étonnera peut-être que nous ne citions pas les articles Beau et Lbttrb ; mais à Bbau 
l'on trouve les beaux-arts, les belles-lettres, et à Lettre les belles-lettres, sans majuscule à 
l'adjectif, en sorte qu'il n'y a pas de difficulté pour le substantif. 

4. Excepté toutefois aux articles Amoureusement et Littérature, où l'on trouve Beaux- 
arts, Belles-lettres. 



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- 30 - 

la symétrie a beaucoup de partisans, et Ton pense qu'un mot serait 
boiteux si l'un des çieux composants que joint le tiret commençait 
par une minuscule, tandis que l'autre a une majuscule^ 

ASCENSION... se dit, par extension, du jour auquel l'Église célèbre 
ce mystère. L'Ascension est quarante jours après Pâques, 

Nous ferons ici deux remarques. Nous croyons qu'au lieu de, Du 
jour auquel l'Église célèbre ce mystère, il faut dire, Du jour où, du 
jour dans lequel. En 169/i, l'Académie se Conformait sans doute à 
l'usage du temps en disant auquel, mais aujourd'hui il n'en est plus 
ainsi ,. et il nous semble que où, dans lequel, est préférable. — Cette 
même locution se retrouve à l'article Assomption : « Il se dit aussi Du 
jour auquel l'Église célèbre la fête de cet enlèvement miraculeux ». — 
A l'article Commémoration, on a mis que, qui ne nous semble guère 
meilleur : « Mémoire, mention que l'Église fait d'un saint ou d'une 
sainte, le jour qu'on célèbre une autre fête. » 

La seconde remarque porte sur est, dans l'exemple : L^Ascension 
EST quarante jours après Pâquss. On trouve ce est dans toutes les édi- 
tions, mais nous croyons qu'il vaudrait mieux dire se célèbre, car à 
l'article Être nous ne voyons aucun exemple de ce verbe employé 
dans cette acception. Voici d'autres phrases qui demanderaient la 
même rectification : \ 

(à Assomption) U Assomption est le quinze d'août, 
(à CmcoNasioN) La circoncision^ est le premier jour de l'année, 
(à Toussaint) La fête de tous les saints, qui est toujours le premier 
novembre. 

ASPERSOIR, S. f. — Lisez : s. m. 

ASPIC, s. m. Nom vulgaire de la grande lavande. Il n*est guère usité 
que dans Huile d* aspic. Voyez Spic. — Dans cette locution, aspic est un 
mot mal prononcé; on aurait dû se borner à mettre : « Aspic, s. m. 
Huile d'aspic. Voyez Spic. » 

ASSEOIR. — L'Académie écrit asseoir (avec un e), j'assois, j'as- 
soyais, j'assoirai, que j'assoie, assoyant (sans e) ; surseoir et je 
surseoirai (avec un e), je sursois, je sursoyais, sursoyant (sans e). 
Pourquoi mettre un e à je surseoirai et le supprimer dans j'assoirai? 
ou plutôt, pourquoi mettre à l'infinitif asseoir, surseoir, un e qu'on 
supprime dans les autres temps , sauf à je surseoirai? 

ASSIDÛMENT. — Voilà le premier adverbe de cette formation où 
l'Académie met un û. Elle écrit avec un u simple absolument, ambi- 
gument, dissolument, éperdument, ingénument, irrésolument, et elle 
met le circonflexe dans assidûment, congrûment et incongrûment, 
continûment, crûment, dûment et indûment, goulûment, nûment) réso- 
lument. Puisque les adverbes qui dérivent des adjectifs terminés par 

1. u faut à ce mot une majuscule, comme dans cette phrase du même paragraphe, « la fête 
dt la Circoncision, ou simplement la Circoncision s. 



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— 31 — 

é, i, se forment du masculin , à l'exception de gaiement, ne serait-il 
pas plus naturel de former de la même manière ceux qui dérivent des 
adjectifs terminés par ut D'ailleurs il y en a déjà six que l'Académie 
écrit sans accent, c'est-à-dire que la règle, si règle il y a, n'a que 
quatre mots de plus que l'exception. Enfin on ferait ainsi disparaître 
une bizarrerie, celle d'écrire résolument et irrésolument. 

ASSONANCE, ASSONANT. •— Autrefois l'Académie écrivait asson- 
nonce, dissonncmce, dissonnant, comme elle écrit encore aujourd'hui 
consonnance, consonnant; résormance, résonnant. Il semble que tous 
ces dérivés et composés du substantif son devraient suivre la même 
orthographe; il faudrait mettre partout deux n, ou n'en mettre par- 
tout qu'une seule. 

ASSOTER. — Sotie, assoter, rassoter, ne prennent qu'un t; on en 
met deux à sotte, sottement, sottise, sottisier. 

ASTHMATIQUE, ASTHME. « On pronouce azmatiqvs, azme. » — 
Bon nombre de personnes prononcent aussi couvèque, cataplasse, si- 
napisse, texe, prétexe ou préteste, etc., au lieu de couvercle, cata- 
plasme, sinapisme, texte, prétexte. L'Académie a eu raison de ne pas 
consigner dans son Dictionnaire ces prononciations vicieuses, et nous 
croyons qu'il aucait mieux valu s'abstenir, comme elle l'a fait au mot 
isthme, d'indiquer la prononciation, ou tout au plus permettre de 
prononcer asme, asmatique, 

ATHÉE, s. m. Celui qui ne reconnaît point de Dieu. Cest un athée» 
Il passe pour athée. Une secte d'athées . — Il est quelquefois adjectif 
des deux genres, et signifie, Qui nie la Divinité. Un sentiment athée. 
Une proposition athée, 

A cet article nous opposerons celui de Déiste, a Déiste, s. des deux 
genres. Celui ou celle qui reconnaît un Dieu , mais qui rejette toute 
religion révélée. C'est un déiste. Adjectiv., Les philosophes déistes. » 

Là-dessus nous ferons deux remarques. Il nous semble que le mot 
alhée doit pouvoir s'employer comme substantif féminin aussi bien 
que déiste : c'est une athée; elle passe pour athée. Conséquemment il 
faudrait en faire un substantif des deux genres ^ — L'Académie n'ap- 
plique l'adjectif athée qu'à des noms de choses, et déiste qu'à des 
personne^; nous croyons que l'un et l'autre peuvent se dire des per- 
sonnes et des choses : un prince athée, un sentiment athée; les philo^ 
sophes déistes, une proposition déiste. Si nous ne sommes pas dans 
Terreur, il serait convenable de modifier ces deux articles. 

ATLAS, s. m. — L'Académie, qui a recueilli les noms de Tabarin, 
de Trivelin, de Turlupin, etc., parce qu'ils s'emploient figurément, 
aurait dû, à plus forte raison, nous donner celui ^' Atlas; il a été 

1. Puisque l'Académie donne les deux genres à tous les noms de sectaires, anabaptiste, 
calviniste, conformiste et nofi-conformiste, déiste, matérialiste, polythéiste, théiste, etc., le mot 
athée doit ayoir également les denz genres. 



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— 32 — 

employé dans ce sens par plusieurs de nos poëtes, entre autres par 
Boileau et Régnier, et Cervantes a dit : « Le duc de Lerme, cet Atlas 
qui portait le poids de la înonarchie espagnole* » 

ATOME. (0 est long dans ce mot.) — Vo -n'est pas plus long dans 
ce mot que dans les composés de gone, pentagone, hexagone, hepton 
gone, etc., où l'Académie ne dit rien. Il est à craindre que cette pro- 
nonciation indiquée comme longue ne nous conduise à un circonflexe, 
comme dans pôle, binôïne, trinôme et les autres composés de nome, 
où rétymologie demande un o bref. 

ATOUT *, s. m. T. de Jeu de cartes... JoiLcr un atout. Jouer atout.,. 
Je coupe, et je fais atout. Et je joue atout. — A l'article Tout, l'Acadé- 
mie distingue la locution adverbiale du substantif : « Il faut faire à 
tout. Jouer à tout. Jouer deux fois à tout. On en fait aussi un seul mot, 
ajoute-t-elle, et alors il s'emploie comme substantif masculin. Jouer . 
un atout. J'ai deu^x atouts. » — Lequel faut-il préférer, jouer, faire 
À TOUT, ou jovsr, faire atout (en un seul mot)? Nous penchons pour 
ce dernier. 

ATTÉNUER, V. a. Affaiblir, diminuer les forces, l'embonpoint. Les 
jeûnes, les veilles, les fatigues. Vont extrêmement atténué. 

A l'article Exténuer nous lisons : « Causer un grand affaiblissement. 
Ses débauches Vont exténué. Sa maladie Va exténué. On l'emploie aussi 
avec le pronom personnel. // s'exténua à force de veilles. » 

L'expression atténuer se retrouve, il est vrai, à Ravigoter : « Re- 
mettre en force , en vigueur une personne , un animal qui semblait 
faible et atténué » ; mais à l'article Abstinence on lit : « Exténué de 
jeûnes et d'abstinences ». Nous croyons l'expression exténuer bien 
plus usitée qu'atténuer dsms le sens propre, et nous la préférons 
d'autant plus qn*exténu£r s'emploie avec le pronom personnel, tandis 
qu'on ne dirait pas, du moins l'Académie n'en donne pas d'exemples: 
// s'atténue, il s'est atténué par les veilles, par ses débauches. — Si 
l'on trouve qn'exténiœr soit une expression trop forte, on en sera 
quitte pour employer a/faiblir, abattre, comme l'Académie l'a fait 
aux articles Affaiblir,Veille : Les débauches affaiblissent le corps; 
Les longues veilles, les veilles continuelles Vmit abattu. 

Au figuré, au contraire, il faut employer atténuer au lieu ^exté- 
nuer. « Ce dernier sens a vieilli, dit l'Académie, et au lieu de, // 
essayait ainsi d'exténuer le crime, V accusation, il faut dire atténuer^, » 

1. A tout, atout, signifie proprement Carte qui , étant de la couleur de la retourne, répond 
à tout ( à toutes les couleurs ) , est bonne à tout ( pour tout prendre ) , gagne tout , a tout. Je 
joue atout (de manière à prendre tout ce qui n'est pas de la couleur que je joue ). 

2. Il en est de môme pour le substantif. Dans le sens propre il faut employer exténuation, 
et dans le sens figuré atténuation, car on lit dans le Dictionnaire de l'Académie : « Atténuor 
tion, s. f. Affaiblissement, diminution de forces. Il n'est guère usité que dans cette phrase. 
Être dans un état d'atténuation, de grande atténuation. — Exténuation , s. f. Vexténuation 
d'un crime, d'un fait, etc., l'adoucissement dans l'exposition d'un crime, d'un fait, etc. Ce 
sen« a vieilli; on dit Atténuation. » — Cependant nous devons en convenir, on peut mieux 
employer atténuation pour le sens propre qvi*exténuation pour le figuré. 



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— 33 — 

Cet emploi d'un verbe pour le sens propre et d'un autre pour le 
sens figuré surprendra peut-être, et cependant il n'est pas unique; 
ainsi le verbe tistre ou plutôt son participe tissu ne s'emploie plus 
guère qu'au figuré , et nous doutons qu'on dise encore comme l'Aca- 
démie, Une étoffe bien tissue. Espèce d'étoffe non tissus (le feutre); on 
dit plutôt tissée, — Nous avons aussi un certain nombre de verbes 
auxquels correspondent deux substantifs pour exprimer les diverses 
acceptions. Voy. Transvaser. 

ATTERRAGE, ATTERRER , ATTERRIR , ATTERRISSAGE, ATTERRIS- 

SEMENT. « Quelques-uns écrivent attérage, attérer, attérir, attéris^ 
sage, attérissement. » — Puisqu'on écrit avec deux r, terre j terrasse, 
terrassier, terreau, terrestre, terrier, terrifier, et tous les autres déri- 
vés de terre, ainsi que les composés enterrer, déterrer, souterrain, etc., 
il serait fâcheux que les mots atterrer, atterrir et leurs dérivé? vins- 
sent à n'en prendre qu'une. 

ATTRAPE. — On écrit trappe, avec deux p ; chausse-trape, attrape 
et ses dérivés n'en prennent qu'un. Cela n'est pas très-régulier. 

AUBÉPINE, s. f. Arbrisseau épineux du genre Néflier... On le nomme 
aussi Avhépin et Épvne blanche. — On est surpris que l'Académie 
admette aubépin^, qui est une ancienne locution vulgaire comme 
noble épine. Il ne doit pas plus être permis de dire aubépin pour aubé- 
pine que sabin pour sabine : le premier vient de alba spina comme Iç 
second de sabùia. 

AURORE... Couleur d'aurore. Espèce de jaune doré. Taffetas, satin 
couleur d'aurore. Par ellipse, Un ruban aurore, du satin aurore. — 
L'Académie aurait dû nous donner un exemple où l'épithète aurore 
fût précédée d'un subsùntif au plurieltel que des rubans; car il est 
un assez grand nombre d'objets, surtout de fleurs et de fruits, dont les 
noms sont employés adjectivement comme couleurs, et l'on est fort 
embarrassé pour savoir si l'on doit ou non les faire accorder avec le 
substantif, parce que nulle part l'Académie n'a tranché la question, 
pas même à l'article Rose , où cependant elle met la dénomination 
très-explicite « adj. des deux genres ». Là comme ailleurs elle ne met 
que des substantifs au singulier : « La couleur rose est une des plus 
agréables. Du ruban rose. Du taffetas rose. Une robe rose » ; et à l'ar- 
ticle Couleur elle dit, Des souliers couleur de rose. 

Voici les principales couleurs tirées des noms de végétaux, d'ani- 
maux, etc. : amarante, aurore, capucine, céladon, citron, feuille- 
morte, garance, gorge- de-pigeon, lilas, marron, naca/rat, noisette, 
olive, orange, ponceau, puce, rose, souci. Assurément personne ne 

1. Dans la première édition, l'Académie ne mentionne pas aubespin à l'article Bspine ; elle 
dit : « Espine blanclie, aubespine ou noble espine; espine noire...* — Dans la seconde édition, 
noble espine ne parait plus , et elle dit : « Le mot d'aubespine est beaucoup plus d'usage que 
celuy d' aubespin, qui ne se trouve que dans des anciennes poésies ». — Il nous semble que 
l'Académie aurait mieux fait d'ajouter cette observation , qui se retrouve dans les éditions 
S* et 4«, que de dire : i On le nomme aussi aubépin ». 

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-34 - 

songera à donner le genre féminin aux mots céladon, citron, marron^ 
nacarat, ponceau, mais on pourra être tenté d'écrire des rubans ci- 
trons, oranges, ponceaux; des habits marrons, noisettes, olives, comme 
on écrit tous les jours des rubans roses, des robes roses, cbt Tanalogie 
joue un grand rôle dans nos jugements : nous avons même vu dans 
un ouvrage de botanique des anémones auroreS. Nous pensons que la 
même raison qui empêche de donner un féminin k céladon, citron, 
marron, nacarat, ponceau, doit rendre ces mots invariables, car ils 
ne sauraient prendre le nombre plutôt que le genre. Cette règle doit 
exister également pour ceux qui se terminent par un e muet comme 
amarante, aurore, capiLcine, noisette, olive, orange, piLce, etc.; mais 
nous ferons une exception en faveur des rubans et des robes roses, 
puisque l'Académie nous dit que ce mot est un adjectif. Quant aux 
autres , afin d'éviter ce qu'il peut y avoir de choquant pour l'œil à 
voir l'adjectif au singulier avec un substantif au pluriel , on ne fera 
pas l'ellipse et l'on dira, des rubans de couleur citron, orange, pon- 
ceau, ou des rubans couleur de citron, d'orange, de ponceau; des 
habits de couleur marron, couleur de noisette, d'olive, etc, 

AlJTAJST... Il ne fait pas autant de froid qu'hier. — Comme on dit 
il fait froid, il fait choMd, il fait bien froid, bien chaud, et non il 
fait DU froid, do chaud, il fait bien dd froid, etc., nous pensons qu*on 
ne peut pas dire il ne fait pas autant de froid.., 11 fallait employer 
l'adverbe comparatif aussi : il ne fait pas aussi froid qu'hier; seule- 
ment la phrase ainsi modifiée n'aurait pas fait partie de cet article. 

AUTEL... Le mattre-autel ou grand autel. 

A Dais et à Custode nous retrouvons maitre-autel avec un tiret : 
« au-dessus du maitre-amtel, à côté du maître-autel; mais à l'article 
Maître il n'y en a pas : « Maître se prend quelquefois pour Premier 
ou principal... Le maître autel. Le madtre brin d'une plante. » — 
Puisqu'on écrit sans tiret le grand autel, le premier autel, le principal 
autel, le maître brin d'une plante, le maître bau, le maître couple, 
pourquoi en mettre un à maître-autel ? 

AUTO-DA-FÉ... Assister à des auto-dorfé. — Les Espagnols écrivent 
auto de fe ou auto da fe, sans tirets et sans accent. Puisqu'on a altéré 
l'orthographe de ce terme sous deux rapports, il vaudrait mieux 
le franciser complètement en écrivant autodafé; alors on pourrait 
mettre à la fin du mot la marque du pluriel que les Espagnols mettent 
à auto {los autos de ou da fe), et l'on écrirait des autodafés. 

AUTRE... Fam. Nous autres, vous autres. Nous, vous. — Ceux qui 
n'ont pas fréquenté ce qu'on est convenu d'appeler la bonne compa- 
gnie disent souvent, par analogie, Eux autres. On regrette que l'Aca- 
démie n'ait pas fait ici comme dans plusieurs articles où elle a pris 
soin d'indiquer ce qu'il faut dire ou ne pas dire , et pourquoi. 

AVÈNEMENT. — Lcs mots avénemeut et événement nous semblent 
devoir prendre l'accent grave à la seconde syllabe comme achève" 



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— 35 — 

menlj (Ulèchement, amèrement, dégrèvement, légèrement j prélèvement, 
recèlement, etc. 

AVENIR, V. n..-. Quoi qu'il avienne. Il en amènera ce qu'il pourra. 
Quelque chose qu'il en avienne. — On dit généralement adoienne, et 
TAcadémie fait de même au verbe Devoir dans ce proverbe de tous les 
jours : « Fais ce que dois, advienne que pourra. » 

AVOIR... Il n'est rien tel que d*en avoir. Si on n'a du bien, on n'est 
point considéré dans le mondé. — Nous n'avons jamais vu faire l'el- 
lipse de la préposition de après rien; et bien qu'à l'article Plancher 
l'Académie répète rien tel : 

Il n'est RIEN TBL que le plancher des vaches, que de marcher sur le plancher 
des vaches, 

et qu'à Vache elle admette indifféremment rien tel et rien de tel : 

Il n*est RIEN TEL, RIEN DE TBL que le plancher des vaches, 
à PoisER, à Rien et à Tel elle n'admet pas la suppression de la pré- 
position de : 

(à Puiser) // n*est rien de tel que de puiser à la source. 
(à Rien) Il n'y a rien de si fâcheux. 
(à Tel) Je ne vis jamais rien de tel. 

Enfin , à l'article De elle consacre six exemples pour montrer que 
rien doit toujours être suivi de cette préposition, dont elle a soin 
d'indiquer la valeur : 

Je ne vois rien là de (qui soit) bien étonnant. 

Â't^n jamais dut rien de (qui sôit) pareil? 

Sa conduite n'a rien de (qui soit) noble. 

Rien de (qui soit) plus simple que cela. 

Je ne vois rien de (qui soit) mieux. 

Sinon, rien de fait (qui soit fait, arrêté, conclu). 

Évidemment de a la même signification dans les autres phrases : // 
n'est rien DE (qui soit) tel que d'en avoir; il n'est rien db (qui soit) 
tel qu>e le plancher des vaches; il n'y a rien de (qui soit) si fâ- 
cheux, etc. — Quant à la définition , nous croyons aussi qu'il aurait 
été préférable de dire « Si l'on n'a pas de bien » ; on aurait ainsi évité 
l'hiatus si on, et la phrase serait plus claire pour celui qui l'enten- 
drait lire. 

AYANT, adj. verbal. T. de Pratique dont on ne se sert que dans 
les deux locutions suivantes : Ayant cause, celui auquel les droits 
d'une personne ont été transmis à titre particulier, par legs, donation, 
vente, etc.. Les héritiers ou ayants cause. Les créanciers sont aussi 
quelquefois cœisidérés comme ayants cause. — Ayant droit, celui qui 
a droit ou qui est intéressé à quelque chose... Chacun des ayants droit. 

La dénomination adjectif verbal est-elle exacte ? Nous ne savons, et 
nous aimerions autant celle de participe présent, car Tadjectif verbal 
ne peut recevoir de régime (des livres amusants, une couleur chan- 



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— 36 — 

géante, des cris perçants. Agad.), tandis qu'autrefois le participe pré- 
sent s'accordait fréquemment avec le substantif, etc. ; TAcadémie nous 
en a conservé des exemples : • 

(à Gbns) I^s gens tenants la cour de parlement. 

Id. Les gens tenants la chambre des comptes y la cour des aides, etc. 

et aujourd'hui encore elle dit : 

(à Tendant, ante) Une proposition tendante à l'hérésie. 

Id. Semer des libelles tendants à la sédition. 

Nous croyons que dans toutes ces phrases ce que l'Académie appelle 
adjectif doit être aujourd'hui considéré comme participe présent et 
rester invariable. Nous écririons donc, Une proposition tendant à 
r hérésie; semer des libelles tendant à la sédition; les gens tenant 
la chambre des comptes, etc.; et de même, en sous-entendant le mot 
gens : les ayant -cause, les ayafit- droit. Dans ces deux dernières 
locutions nous ajoutons le tiret comme on le fait dans u?i boute-feu, 
un rabat- joie, un trouble- fête, etc. 

B 

B... Le 6 ne se redouble en français que dans les mots abbé^ rabbin, 
sabbat, et leurs dérivés. — L'Académie n'a pas songé aux mots gobbe, 
gibbeu^œ, gibbosité, qui sont dans son Dictionnaire, non plus qu'à 
gibbon, qui devrait y être. 

BAILLER, V. a... Fam. et par ellipse. Vous m'en baillez d'une belle, 
vous me la baillez belle. Vous voulez m'en faire accroire. — A l'ar- 
ticle Bon se trouve une autre locution qui aurait également dû avoir 
place ici : « La bailler bonne à quelqu'un. Lui faire quelque pièce ». 

BAILLEUL. « Il vieillit. » — Quel mot faut-il donc employer à la 
place de celui-là? Est-ce renoueur ? L'Académie a eu soin parfois d'in- 
diquer le mot dont on doit se servir, comme à : Congpgtion. <c On dit 
plus ordinairement coction »; — Apprête. « 11 vieillit; on dit plus 
communément mouillette » ; — Vogdeur , rameur, « A vieilli ; on dit 
rameur » , etc. — Ces utiles indications sont trop rares. 

BAILLI, s. m. (On écrivait autrefois, Bailli f.) — Il nous semble que 
l'Académie aurait bien fait d'ajouter : « C'est pourquoi l'on dit encore 
aujourd'hui au féminin , Baillive, Madame la baillive » . 

BAILLI... Il se dit en outre, dans l'ordre de Malte, d'un chevalier 
revêtu d'une dignité qui le met au-dessus des commandeurs, et qui lui 
donne le privilège de porter la grand'croix. Le bailli de la Morée. 
IjC bailli de Suffren. — L'Académie écrit avec une minuscule les par- 
ticules ou articles le, la, qui font partie de certains noms tels que 
le Brun (à Crucifiement, Bataille), le Maistre (à Plaidoyer), le Sage 
(à Romand Romancier), la Bruyère (à Caractère, Observation, Ori- 
ginal), la Fontaine (à Fable , Conte), la Monnoye (à Noël), etc. Cette 



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- 3'7 - 

orthographe, qui ne présente pas d'inconvénients pour les noms bien 
connus, nous semble fâcheuse pour ceux qui ne le sont pas; c'est 
précisément le cas pour Pierre le Chantre (à Litdrgiste), le bailli 
de la Moréc (à Bailli), les pastels de la Rosalba (à Pastel). On ne 
sait s'il s'agit d'un personnage nommé Pierre, qui était chantre ; d'ùh 
titulaire du bailliage de Morée; d'une artiste au nom de laquelle 
est ajouté l'article comme dans le Poussin, la Clairon, etc.; ou si les 
mots le Chantre, la Morée, la Rosalba, sont réellement les noms des 
personnes désignées. La majuscule mise à l'article aiderait à distin- 
guer les noms de famille : Charles le Sage (Charles V); Alain -René 
Le Sage (le romancier), dont le nom s'écrit généralement Les âge. 

BAiSEUR, EUSE, adj. Celui, celle qui se plaît à baiser. U7i grand 
baiseur... — Au lieu de adj„ lisez sicbst. 

BALLADE. (On ne prononce qu'une L dans ce mot et les suivants.) 
— Ces mots suivants qui commencent par bail, et dans lesquels on ne 
doit faire sentir qu'une l, sont au nombre de dix-neuf. Qui est-ce qui 
songera à chercher la prononciation de ballotter à ballade^ dont ce 
mot est séparé par dix-huit autres ? ^ 

BALLOTTADE, S. m. — Lisez : s. f. 

BANQUE, S. f... signifie aussi, Une caisse commune, ou publique; 
dont le crédit repose sur des fonds considérables S et où les particu- 
liers déposent leur argent pour en tirer un intérêt *, avec faculté de 
le reprendre à leur volonté, en tout ou en partie, soit en nature, soit 
en effets équivalents. Les banques particulières et les banques publi- 
ques sont ordinairement sous la surveillance de Vautorité. La banque 
de France, de Londres, d'Amsterdam, de Bordeaux. Le régent de la 
banque. Porter son argent à la banque. Action de la banque. Billet de 
banque de cinq cents francs, de mille francs. 

Il nous semble que le mot banque ne devrait pas être écrit indiffé- 
remment avec un petit b dans tous ces exemples. Qu'on mette une mi- 
nuscule lorsqu'il est suivi d'un déterminatif, comme la danque de 
France, de Londres, etc., ou non précédé de l'article, comme dans un 
billet de banque, c'est très-bien ; mais nous croyons que lorsque ce 
mot est pris dans un sens absolu, on doit mettre une majuscule; 
ainsi nous écririons, le régent de la Banque; porter son argent à la 
Banque; action de la Banque. Au reste, nous avons en faveur de notre 
opinion plusieurs exemples dans le Dictionnaire de l'Académie : 
(à Directeur) Directeur de la Banque. 
(à Fonds) Les fonds du Trésor, de la Banque. 

(à Transfert) Acte par lequel on déclare transporter à un autre la pro- 
priété d'une rente sur TÉtat, d'une action de la Banque, etc. 

1. Il serait peut-être mieux de dire < un capital plus ou moins considérable ». 

2. Cela n'est pas toujours vrai; ainsi les dépôts confiés à la Banque (à la banque do 
femce) ne produisent aucun intérêt. 



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-- 38 — 

et à l'article Régent nous trouvons même un exemple et une défini- 
tion qui confirment encore mieux ce que nous venons de dire : 

Régent de la banque (petit b) de France, Titre de chacun des membres 
qui composent le conseil général de la Banque (grand B), 

Dans le premier cas, le mot banque est un nom commun qui peut 
s'appliquer à des établissements de tous les pays, de toutes les villes 
considérables, la France, Londres, Amsterdam, Bordeaux, etc.; dans 
le second il est pris dans un sens absolu , par la raison même qu'on 
n'a pas nommé le pays auquel il appartient. Ici la majuscule nous 
semble représenter précisément le nom propre qu'on n'exprime pas. 
Voy. Jardin, Archipel, Bosphore. 

BARRICADE... La joumée des Barricades (avec un grand B). — A 
Théâtre on lit, La journée des dupes; et à Dragonnade , Au temps des 
dragonnades j sans majuscules. 

BAS, BASSE, adj... Avoir la vue basse. Ne pouvoir distinguer les 
objets que de près. — Nous convenons sans peine qu'on dit souvent 
vue basse pour vue courte, mais nous demanderons si ce n'est pas une 
locution à réformer, puisqu'on dit une vue longue et non une vue 
haute. Quant au figuré, il n'y a rien d'avilissant dans une vue courte 
(défaut de prévoyance, de sagacité), ni même dans des vues courtes 
(bornées, étroites), tandis que des vues basses et intéressées ont 
quelque chose d'ignoble; c'est l'opposé de vues élevées, grandes j 
nobles, etc. 

BAS-RELIEF, S. m... Bas-relief de marbre, de bronze. Bas-relief 
antique. Les bas-reliefs du Parthénon, du Louvre. Des ornements en 
bas-relief. Figures, portrait en bas-relief. — Et à Relief, Ouvrage 
de relief, de demi-relief, de bas-relief. 

Nous pensons qu'il est bien de mettre un tiret à bas-relief employé 
substantivement {un bas-relief)^ mais seulement dans ce cas-là, et 
nous n'en mettrions pas dans les locutions figures, portrait en bas 
relief, ouvrage de bas relief, pas plus qu'à haut relief, plein relief, 
ouvragesxie ronde bosse (à l'article Bosse ), où l'Académie n'en met pas. 

BATARDEAU, BATARDIERE, BÂTARDISE.— Ces trois mots devraient 
s'écrire de la même manière à la première syllabe, puisqu'ils ont le 
même radical ; bâtard. 

BÂTIR, V. a... Fig. et fam. Un homme bien bâti, mal bâti. Un homme 
bien fait, mal fait. On dit quelquefois substantivement. Un grand mal 
bâti. On écrit aussi Malbâti, en un seul mot. 

Il nous semble qu'il y a une différence à établir pour l'orthographe, 
suivant que ces deux mots sont employés comme qualificatifs, c'est- 
à-dire adjectivement, ou bien substantivement. Dans le premier cas 
ils doivent être écrits séparément, car il n'y a pas de raison pour 
écrire en deux mots un palais mal bâti, une maison mal bâtie, et en 
un seul u7i homme malbàti, une femme malbàtie. Dans le second cas, 
au contraire, nous pensons qu'on doit réunir les deux mots en un seul. 



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— 89 — 

— 11 faudrait donc, suivant nous, rectifier Torthographe de ce quali- 
ficatif dans les exemples suivants, où il est écrit en un seul mot : 

(à Fait, part, de Faire) Un peUt homme mal fait et malbAti. 

( à Hallbbreda) Terme de mépris qui se dit d'une grande femme malbAtu. 

(à Marsouin) Gros marsouin y vilain marsouin , se dit d'un homme laid, 
MALBÂTI et malpropre K 

BATTRE. — Autrefois on écrivait ce verbe avec un seul t {batre). 
La conjugaison y gagnait beaucoup, en ce sens qu'elle était régulière ; 
les dérivés et les composés y gagnaient également, car Torthographe 
en était uniforme, tandis qu'aujourd'hui les uns et les autres sont 
livrés à l'anarchie. Ainsi Ton écrit battement, batteur, battoir, etc., 
avec deux l, et bataille, bataillon, etc., avec un seul; battage, abatte- 
ment, abatteur, abattoir, abattures, avec deux t, et abatage, abatëe, 
abatis, avec un seul ; — on en met également deux à battre, abattre, 
combattre, débattre, s'ébattre, et l'on n'en met qu'un à embatre, em- 
batage; — enfin l'Académie écrit sole battue en deux njots et avec 
deux t, et quand elle en fait un seul mot, elle ne met plus qu'un t : 
soZ6a^w (cheval), solbature (maladie du cheval solbatM)^ et elle ajoute 
<( On dit plus ordinairement sole battue » . 

BAYADÈRE. (On pronoûce Baïadère.) bayart. (On prononce et 
quelques-uns écrivent, Baïart. ) — Puisqu'on a substitué Vï à Vy dans 
aïeul, baïonnette, caïeù, ùammeu, faïence, païen, etc., pour confor- 
mer l'orthographe à la prononciation , il serait convenable d'en faire 
autant dans les autres mots qui ne présentent pas cette harmonie : 
bayadère, bayart, copayer, où l'Académie dit qu'on prononce comme 
s'il y avait un ï, et cacaoyer, cacaoyère, roucouyer, etc., où proba- 
blement Vy ne représente pas deux *. 

BEAU ou BEI49 BELLE... (p. 17/i, col. 3) Vou>s me la d<mmz belle. 
Vous me trompez, vous vous moquez, etc. — (p. 175, col. 2) Vou^ me 
la baillez belle. Vous voulez m'en faire accroire. 

Ces deux phrases à peu près identiques sont séparées par 90 lignes ; 
cela nous paraît fâcheux, et malheureusement de pareils exemples ne 
sont pas rares. , A l'article Œil on voit également à 80 lignes de dis- 
tance ces deux locutions : Couver des yeux une personne, une chose, et 
Manger, dévorer quelqu'un des yeux. Manger, dévorer qvslque chose 
des yeux, qui signifient, Regarder avec intérêt, avec complaisance... ; 
attacher avec plaisir des regards attentifs et en quelque sorte avides, 
sur... 

1. On s'étonnera peut-être que nous demandions qu'on écrive ma/ bâti en deux mots, tan- 
dis que nous écrivons malproprt en un seul. ^ Nous répondrons que dans les qualificatifs où 
mai a le sens de non, nous sommes moins choqué de le voir joint à l'ac^tif , comme dans 
malaisé , malhabile , malheureux, malhonnête, malpropre, malsain, etc. , qui signifient fwn 
tûsé, non habile, non heureux, etc.; mais que dans ceux où mal conserve son sens propre il 
doit en être séparé, comme dans ma/ bâti, mal fait, mal famé, mal intentionné, etc. Nulle 
part l'Académie n'a écrit un homme mai.fait ( en un seul mot) et elle a eu grandement raison ; 
il faut suivre le même principe pour mal bâti, qui signifie Mal fait, mal formé. 



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— 40 ~ 

Vëchapper belle *, Éviter heureusement un péril dont on était me- 
nacé*. N'est-ce pas plutôt, « Sortir heureusement D'un péril...»? 
L' Académie dit elle-même qu'échapper signifie « S'évader, s'esquiver, 
se sauver des mains de quelqu'un, d'une prison, de quelque péril, etc. » 
Or on ne peut pas dire que celui qui se sauve des mains de quelqu'un 
ou d'une prison a évité ces mains ou la prison; il en est sorti, il s'en 
est tiré. Et de même celui qui a échappé au naufrage, au feu, s'en 
EST tiré, mais on ne dira pas qu'il l'a évité. 

BEAUCOUP... Il s'en faut beaucoup^ A y a une grande différence. 
Le cadet n'est pas si sage qtie Vaine, il s'en faut beaucoup. — Jl s'en 
faut de beaucoup, La quantité qui devrait y être n'y est pas à beau- 
coup près. Vous croyez m'avoir tout rendu, il s'en faut de beaucoup. 

Au premier abord , cette règle paraît être aussi facile à suivre qu'à 
comprendre ; mais malheureusement il n'en est rien , parce que les 
phrases auxquelles il faut l'appliquer ne sont pas toutes construites 
de la même manière ni composées des mêmes termes; en voici quel- 
ques preuves tirées du Dictionnaire de l'Académie. Si elle dit, con- 
formément à la règle ci-dessus : 

(à Falloir) Il s'en faut beaucoup que Vun soU du mérite de Vautre. 
Id. Il s'en faut de beaucoup que leur nombre soit complet. 
(à Falloir, Ped) Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein. 
(à Guère) Il ne s'en faut de guère que ce va^e ne soit plein; 

d'un autre côté elle dit : 

(à Falloir) Vous dites qu'il s'en faut tant que la somme entière n'y soit. 
(à Travers) Il s'en faut deux travers de doigt que ces planchés ne se 
joignent; 

phrases où il nous semble qu'il s'agit de quantités qui manquent, et 
où il faudrait : il s'en faut de tant, il s'en faut de deux travers de 
doigt. — Et dans les suivantes, où le sens est figuré, que faudra-t-il 
faire? faut-il, comme l'a fait l'Académie, supprimer de : 

(à Falloir) // s'en fallait peu qu'il n'eût achevé, 

(à Peu ) Il s'en faut peu de chose que cela n'aille, 
Id, Il s'en faut peu que je ne vous blâme K 

Voy. Ne, sous le rapport de la négation employée ou supprimée. 

1. Voici une variante qui se trouve au verbe Manquer : « Fam. f/avoir manqué belle, Avoir 
échappé à un grand danger. La balle a percé votre chapeau, vous l'avez manqué belle. Il a fait 
une chute à se casser le cou, il l'a manqué belle. Il allait confier ses affaires à un fripon, il 
Va manqué belle ». — Nous croyons que l'usage général est d'employer échapper au lieu de 
manquer dans ces phrases et autres analogues. 

2. Cette même définition se retrouve à l'article Échappbr. 

3. Il nous semble qu'il, aurait été mieux de donner cette règle à l'article Falloir, car elle 
s'applique à un certain nombre d'adverbes tels que beaucoup, peu, guère, tant, etc,,et même 
à des nombres : 

// t'en faut peu de chose, db peu, db beaucoup, de tant de francs, db cinquante 

centimes, db cent mille francs, que la somme soit complète. 
Il ne s'en faut de ouèrb que ce vase ne soit plein. 
Peut-être aussi aurait-il fallu dire : Après il s'en faut, l'adverbe ou l'expression représen- 



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^kl - 

BÉJAVNE. — Au sens figuré (montrer à quelqu'un son béjatme), 
TAcadémie ajoute : « On écrit aussi bec jaune , mais on prononce tou- 
jours bëjaune, » — Quelle déplorable chose que cette paresse dans la 
prononciation , qui dénature les mots et empêche d'en reconnaître la 
véritable signification! Qui, en entendant le mot bëjaune, compren- 
dra que cette expression vient de ce que la couleur jaune du bec des 
oiseaux décèle leur jeune âge et en même temps leur inexpérience, ce • 
qu'on traduit chez l'homme par ignorance, sottise, ineptie? Voy. Pivert. 

BENGALI, BENJAMIN, BENJOIN, BENZOÏQUE- — Comment se pro- 
nonce la première syllabe de ces mots, ban ou binf L'usage est pour 
bin; mais comme il y a d'autres mots, tels que prébende, prébendier, 
térébenthine, etc., où ben se prononce ban, il aurait été bon que l'Aca- 
démie indiquât la prononciation aux uns et aux autres. 

BERGEB. — La mort égale les rois et les bergers, Voy. Égaler, 
Égaliser. 

BESOIN, s. m... Besoin naturel, ou simplement ^esom^ se dit aussi, 
particulièrement, Des besoins du corps, qui résultent de la digestion. 
// est sorti pour un besoin. Un besoin pressant. H lui a pris un besoin. 
Faire ses besoins, — Besoin, dans cette acception, ne s'emploie pas 
seulement avec le verbe faire ; on le joint aussi au verbe satisfaire, 
•et nous devrions en trouver ici au moins un exemple. A l'article 
Retenir nous lisons : « Vous ne pouvez satisfaire ici À vos besoins; 
relenez-voits, tâchez de vous retenir » ; mais à Satisfaire nous trou- 
vons tt Satisfaire vn besoin^ Faire ce que ce besoin exige ». Peut-on 

tant une quantité doit être précédé de la préposition de : // $*en foui de peu de chose, etc., 
que la somme soit complète; Il s'en faut db deva; travers de doigt, ds 10 centimètres, que ces 
planches ne se joignent (ou, se joignent. Voy. Nb). — Quand le sens est figuré, on sup- 
prime DB : // s'en faut peu que je ne vous blâme. Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé. 

Cette dernière phrase est sur l'extrême limite entre le sens propre et le sens figuré ; mais 
on peut éluder la difficulté en faisant une transposition : 

Peu s'en fallait qu'il n'eût achevé. 

Peu s'en est fallu qu'il ne fût tué. 

Le coup a été si violent qu'il s'en est peu fallu que mon œil ne sortit de l'orbite. 

Peu s'en est fallu que je ne vinsse. 

Peu s'en faut qu'on ne m'ait trompé. 

Peu s*en faut que je ne vous blâme. 

Il ne s'en est guère fallu, —Une s'en est presque rien fallu. 
Nous croyons qu'on peut également éluder la difficulté pour l'adverbe opposé , betmeoup, 
de beaucoup, en employant bien, tant : 

Vous croyez m^avoir tout rendu; il s'en fau4 bien, tant a^en faut. 

Le cadet n'est pas si sage que l'aîné, il s'en faut bien. 

Il s'en faut bien que leur nombre soit complet. 

Il ^en faut bien que l'un soit du mérite de l'autre. 
Mais la règle ne peut pas toujours être éludée , et nous sommes persuadé que dans le sens 
propre t7 s'en faxU doit toujours être suivi de la préposition de; ainsi l'Académie aurait 
dû dire : 

Vous dites qu'il ^en fa%U db tant que la somme entière n'y soit. 

Il s'en faut db deux travers de doigt que ces planches ne se joignent. 
comme elle l'a fait ailleurs : 

( à DoioT ) // s'en fallait à peine D'un trawrs de doigt que le coup ne fût au coeur. 

. 6 



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dire indifféremment saiis faire un besoin et À un besoin, satisfaire des 
besoins fit À des besoins, dans Tacception qui nous occupe? 

BICONCAVE, BICONVEXE. — On est surpris que F Académie, qui 
explique les mots bidenté, bifide, bi flore, bilahié, bi folié, bilocu- 
laire, etc., termes employés uniquement par les personnes qui s'oc- 
cupent de botanique, ne nous donne pas des mots fort intéressants 
pour tous ceux qui se servent de lunettes, de binocles, de jumelles, etc., 
tels que biconcave et biconvexe, piano-concave et piano-convexe, con- 
cavo-convexeeiconvexo-concave^. Nous croyons utile que le presbyte 
sache que les lunettes* dont il se sert sont appelées biconvexes (au- 
trefois on disait convexo-convexes) ou bombées des deux côtés comme 
les lentilles ou verres à grossir; — que le myope sache de même 
que les siennes sont dites biconcaves (autrefois, concavo-concaves) 
ou creuses des deux côtés; — il n'est guère moins utile que celui qui 
se sert d'une simple lorgnette ou de jumelles sache que le petit verre 
(l'oculaire) est biconcave; que le verre opposé (le grand verre, le 
verre objectif) est ordinairement composé de deux pièces : l'un de 
ces deux verres est piano-concave, l'autre biconvexe, 

BIEN, adv... Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il y est 
aussi bien, autant bien qu'on y puisse être.— L'Académie aurait mieux 
fait de supprimer la locution autant bien, qui était usitée lorsqu'elle 
fit imprimer la première édition de son Dictionnaire, mais qui ne l'est 
plus aujourd'hui ; elle dit elle-même, à l'article Autant : « Autant bien, 
autant mal. Ces locutions vieillissent : on dit Av^ssi bien, aussi mal ». 
Nous avons remarqué plus d'une fois l'emploi de ces locutions hors 
d'usage qui trompent le lecteur étranger et peuvent même induire en 
erreur le lecteur français. En voici quelques exemples : 

(à ApoTHiGAmE) Apothicaire pour Pharmacien. 

(à Secours) Destitué pour Dénué, dépourvu, 

(à Vin) Engraisser (s*), pour se graisser, 

(à. Entre) Entre ci et là, pour Entre ces deux époques, 

(à Meoble, Survendre) Inventaire, pour Encan. 

(à Dévoilement) Le Vieux Testament, pour V Ancien Testament. 
Il nous senïble que dans cet article Bien 11 manque une acception 
fort usitée, et qui ne peut rentrer dans aucune de celles qu'a données 
l'Académie; c'est celle de Réellement : 

( à Prix ) Est-ce bien là votre dernier prix ? 

1. On dit assez généralement, dans la conversation , concave, convexe, au lieu de bieoneave, 
biconvexe, piano-concave, piano-convexe; mais il serait peut-être mieux d'employer le terme 
propre. — Quant aux termes concavo-convexe et convexo-^smcave, qui signifient Concave d'un 
côté et convexe de l'autre , ou vice versa, ils ne s'emploient guère qu'en parlant des verres de 
montres. 

2. Le mot lunette vient de ce qu'autrefois les verres en étaient ronds comme la pleine lune ; 
aujourd'hui qu'on se sert plutôt de verres à peu près ovales, on devrait dire des besicles, des 
binocles (mots qui sigràûent deux yeux , de bis et oculus; binus oculus pu bini oculi); mais 
le mot besicles, quoiqu'il remonte à plus de trois cents ans, n'est guère employé parce qu'il 
semble n'être qu'à l'usage des personnes âgées ( les besicles de ma çrand*mère ) ; quant à bino- 
cle, il ne se dit que des lunettes à deux branches qu'on tient à la main. 



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- 43 ~ 

Les exemples suivants semblent se rattacher à cette même acception : 
(à Êtrb) Ma est bien de son caractère. 

Id, Cela est bien de lui* 
(à Accompagner) Tout ce qu'il disait, il l'accompagnait d'un geste, d^une 

action qui marquait bien. . . 
(à Bun) Voilà bien le langage (fun ami. 
(à Passion) Voilà bien comme la passion s'exprime. 
(à Langage, Passion) C'est bien là le langage de la passion.^ 

Nous aurions désiré y voir aussi quelques exemples de bien signifiant 
Beaucoup, et placé où il doit Tôtre, c'est-à-dire après le verbe, ou 
plutôt immédiatement avant le substantif qu'il modifie, contrairement 
aux exemples suivants : 

(à Couleuvre) Il a bien avalé des couleuvres. 

(à Angoisse) Il lui a bien fait avaler des poires d'angoisse. 

(à Chemin, Faire) Il a bien fait du chemin en peu de temps. 

(à Las) J'ai bien fait du chemin aujourd'hui.., je suis las. 

( à Pays) Il a bien vu du pays, bien fait * , bien parcouru du pays. 

(à Tourment) Cette affaire m'a bien donné du tourment. 

où nous croyons qu'il aurait été plus exact de dire : Il a avalé bien 
DES couleuvres; il lui a fait avaler bien des poires d'angoisse; il a 
fait BIEN DU chemin en peu de temps; j'ai fait bien du chemin aun 
jourd'hui; il a vu bien du pays^ etc. En effet, puisque j'ai bien vu le 
pays signifie J'ai bien examiné le pays, pourquoi serait-il permis de 
dire J'ai bien vu du pays pour signifier J'ai vu beaucoup de pays? 
Ailleurs l'Académie dit très-bien : 

(à Affaire) C'est un homme qui a vu bien des affaires. 

(à Couleuvre) On lui a fait avaler bien des couleuvres. 

(à Chemin) Je lui ferai voir bien du chemin, 

(à Remuer, Terre ) H lui a fallu remuer bien de la terre pour faire ce jardin. 

(à Nulle) Cette lettre a donné bien de la peine à déchiffrer à cause des 
nulles* 
et non, Cest un homme qui a bien vu des affaires. Je lui ferai bien 
voir du chemin. Cette lettre a bien donné de la peine... D'un autre 
côté on dira encore comme elle : 

(à Chemin) Il a bien fait son chemin , 
parce qu'ici il s'agit de la manière dont on a fait le chemin, et non de 
la quantité de chemin. 

BIEN-DIRE, s. m. Il s'emploie dans ces phrases familières. Être sur 
son bienrdire, se mettre sur son bienrdire, Affecter de bien parler. 
Quand il se met sur son bien-dire. Il est sur son biennlire. Hors de 
là. Bien dire, pris substantivement, s'écrit sans trait d'union. Le bien 
faire vaut mieux que le bien dire. — Pourquoi supprimer le trait 
d'union à bien faire, bien dire, dans cette dernière phrase? ils sont 
substantifs là comme dans les autres locutions. Au reste, à l'article 

1. Dit-on faire du payx, et qu'est-ce que cela signifie? 



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- 44 - 

Dire TAcadémie n'établit pas de différence, et elle écrit avec des 
tirets, Le bieit-faire vaut mieux que le bien-oirb, comme Être sur 
son BIEN-DIRE, se mettre sur son bien-dire. 

BlEN-DiSA!rr, ANTE, adj. Qui parle bien et avec facilité. On le 
dit par opposition à Médisant, Cest un homme biennlisant. Il est peu 
usité. — Si cette locution était usitée, nous en parlerions plus longue- 
ment; nous nous bornerons à dire que le tiret ne nous semble pas plus 
utile là que dans bien pensant^ etc, où l'Académie n'en met pas. 

BIENHEUREUX, EUSE, adj. Fort heureux, extrêmement heureux. 
Bienheureux qui peut vivre en paix. L'Écriture dit : Bienheureux ceu>x 
qui sont persécutés pour la justice. État bien/ieureux. Séjour bienheu- 
reux. Vie bienheureuse. Il a vieilli, excepté dans les cas où il est pré- 
cédé d'un verbe ; mais alors on l'écrit en deux mots. Bien heureux. Je 
le tiens bienheureux d'en être échappé. Il est bien heureux d'avoir évité 
ce danger. — Cette règle qui dit d'écrire bie7i heureux en deux mots 
« dans les cas où il est précédé d'un verbe » est-elle bien exacte? 
rndépendamment de cette phrase 

Tai passé des moments bien heureux auprès de lui, 
qu'on trouve à l'article Moment, ne peut-on pas en construire d'au- 
tres encore où le verbe ne sera pas exprimé? telle est celle-ci : 

« Nous avons passé dans cette campagne vingt années bien heubeuses , 
entourés de ce que nous avions de plus cher. » 

Peut-être serait-il convenable , pour prévenir toute hésitation , de 
ne réunir les deux mots que dans le substantif bienheureux; et puis- 
que l'Académie nous apprend que ce mot a vieilli comme adjectif, on 
dirait : Heureux qui peut vivre en paix; heureux ceux qui sont perse- 
cutés pour la justice. État des bienheureux; séjour des bienheureux; 
vie des bienheureux. 

BIENNAL^ TRIENNAL, DECENNAL, VICENNAL. — Dans CeS motS 

faut-il prononcer les deux N ? A quinquennal , l'Académie figure la 
prononciation par cuincu^nnal ; k septennal, elle dit qu'il faut faire 
sonner les deux nj et il est probable qu'il en est de même pour les 
quatre mots ci-dessus ; mais elle aurait bien fait de le dire. 

BIENVENU, UE, adj. Que Ton accueille avec plaisir. C'est unhomnie 
qui est bienvenu partout. — Fam. Vous ne seriez pas bienvenu à lui 
aller dire cela. Il vous accueillerait fort mal si vous alliez le lui dire. 
— Bienvenu s'emploie souvent comme substantif. Soyez le bienvenu, 
la bienvenus. On écrit aussi bien venu, en deux mots. 

A l'article Venir on trouve : « Soyez le bien venu, soyez la bien 
vefiue. Formule de bienveillance ou de civilité dont on se sert à l'égard 
d'une personne qui arrive. On écrit aussi bienvenu, bienvenue, en un 
seul mot. — Être bien venu partout. Être bien reçu partout ». 

Nous croyons devoir suivre pour bien modifiant un participe ou un 
adjectif la même règle que pour mal; si les deux mots sont employés 



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~ 45 - 

adjectivement, ils seront séparés; substantivement, ils seront réunis. 
C'est un homme qui est bien venu (bien reçu, bien accueilli) partout. 
Vous ne seriez pas bien venu à lui aller dire cela. — Soyez le 
bienvenu; soyez la bienvenus, Vay. Malappris, Malbàti , etc. 

BiENVOULU, UE, adj. Qui est aimé, à qui Ton veut du bien. On écrit 
aussi bien voulu, en deux mots. Il est vieux. 

Et à Vouloir : « Voulu, v£, participe, s'emploie comme adjectif dans 
ces phrases qui vieillissent : Elle est bien voulus dans cette maison. Il 
est mal voulu partout. » 

L'Académie , en écrivant elle est bien voulue, il est mal voulu, con- 
firme la règle que nous avons cru devoir poser à Tarticle ci-dessus ; 
si la locution bien voulu s'employait substantivement, nous suivrions 
le même principe que pour bien venu, c'est-à-dire que dans ce cas-là 
nous l'écririons en un seul mot. 

BIGARADE. — Cette espèce d'orange paraît devoir son nom à sa 
figure irrégulière, comme le bigarreau à la diversité de ses cou- 
leurs, et ce mot s'écrivait autrefois avec deux r {bigarrade) ainsi que 
bigarrer et bigarrure. 

Ne devrait-on pas appeler bigaradier l'arbre qui porte les biga- 
rades comme on appelle bigarreautier l'espèce de cerisier qui donne 
les bigarreaux? ou plutôt l'Académie ne devrait-elle pas adopter ce 
mot bigaradier, qui est depuis longtemps dans d'autres dictionnaires? 

BILLET... Négocier, escompter, endosser, acquitter, payer, rem- 
bourser un billet. — Voilà une énumération de verbes assez longue, et 
cependant il en manque un, qui n'est pas le moins important, c'est 
protester ou faire protester un billet. Voy. Protester. 

BILLON, s. f. T. d'Agricult. — Lisez ; s. m. 

BILLON et BiLLONNAGE,T. d'Agric. BILLOT. — A BiLLON, monnaie, 
l'Académie dit que les L sont mouillées dans ce mot et ses dérivés; 
mais elle ne dit rien pour les trois mots ci-dessus, ce qui pourrait in- 
duire en erreur en faisant supposer que là elles ne le sont pas. 

BINOCLE... Il se dit aussi d'une sorte de longue-vue ou de télescope 
double, au moyen duquel on peut observer un objet éloigné avec les 
deux yeux en même temps , et qui est aujourd'hui peu employé. — Il 
paraît que la mode a bien changé depuis le moment où l'Académie a 
fait cet article, car aujourd'hui les longues-vues simples sont presque 
entièrement abandonnées et l'on ne fait plus guère usage que de 
longues-vues doubles; mais afin de ne pas confondre deux choses 
très-distinctes, les longues-vues doubles et les doubles lorgnons, on 
donne le nom de binocle à un double lorgnon réuni par une char- 
nière à l'extrémité des branches, et celui de jumelles à la longue- 
vue double. 

BISTOCRNER... On a reconnu qu'il y avait plus de danger à bis- 
taurner un cheval qu'à le couper. — Nous croyons qu'il serait plus 
correct de dire « qu'il y a n. C'est là une vérité reconnue et qui. 



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- 46 - 

probablement sera de tous les temps. 11 nous semble qtt*il faudrait 
également mettre le présent dans la phrase suivante, qu'on trouve 
à Tarticle Entre : 

On a dit que chaque vertu éTAir entre deux inces. 
C'est ainsi qu'on lit : 

(à Risible) Les philosophes scolastiqUes disaient que Vhomme est un ani- 
mal risible, 

(à Réciter) L'acteur Baron disait qu'on ne doit pas déclamer la tragédie, 
qu'on DOIT la réciter. 

Mais on doit mettre l'imparfait lorsque l'opinion dont on parle est 
reconnue une erreur, comme dans les exemples suivants : 

(à Éterkel) Quelques philosophes pa4ens ont cru que le monde était 

étemel. 
(à GoéTERNEi) Quelques philosophes païens ont cru que la matière était 

coétemelle à Dieu. 
(à Congeler) On a cru longtemps que certains poisons congelaient le 

sang» 

BLANC... Blanc de baleine ou Sperma ceti. — L'Académie aurait 
fait chose utile en disant, comme à l'article Sperme, qu'il faut pro- 
noncer cëti; puis, comme elle l'a fait à Baleine, que l'expression 
sperma ceti ou sperme de baleine est abusive, c'est-à-dire vicieuse. 

BLETTE, adj. fém... « Il se dit le plus souvent dans cette locution: 
poire blette j poire molle, qui n'est pas encore gâtée... 11 se dit encore 
de quelques autres fruits qui s'amollissent sans se gâter. On ne mange 
les nèfles que lorsqu'elles sont blettes. » — Serait-ce une faute de dire : 
On ne mange certains fruits, tels que les nèfles, les sorbes ou cormes 
et quelques poires sauvages, que lorsqu'ils sont blets? Si cette 
phrase est correcte , ne serait-il pas convenable de donner à cet ad- 
jectif le genre masculin aussi bien que le genre féminin? 

BLUET, s. m. BLUETTE, S. f. — L'analogie avec bleUj bleuâtre , bleuir, 
semblerait demander bleuet j bleuette. Nos bons poètes disent génjéra- 
lement bleuet. On lit dans les Contemplations de Victor Hugo ; 

Les parfums, qu'on croit muets, 
Content les peines secrètes 
Des liserons aux bleuets. (T. I, p. 70. ) 
J'ai souvent 



Des conversations avec les giroflées; 

Je reçois des conseils du lierre et du bleuet. (T. I, p. 113.) 

BŒUF... (p. 196, col. 3, lig. kt) Des œils-de-bœufS. — Lisez : Des 
œilS'de-bœuf* 

BOIRE, V. a... (p. 197, col. 2, lig. 59-60) « Faire les Rois, Faire le 
festin du jour des Rois. » Ces deux lignes ne peuvent appartenir à 
l'article Boire , et conséquemment elles devraient être supprimées. 



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- 47 - 

BOITE, S. f. (La première syllabe est brève.) Le degré auquel le 
vin est bon à boire. boIte, s. f. (La première syllabe est longue.) 
Sorte d'ustensile à couvercle, etc. — Cette attention scrupuleuse d'in- 
diquer la prononciation indépendamment de l'accent , qui aurait pu 
suffire, dénote chez l'auteur de ces deux articles une sévérité d'exac- 
titude qu'on aimerait à rencontrer plus souvent dans le Dictionnaire 
de l'Académie. 

BON... (p. 201, col. 3) Un remède bon au mal de tête, contre le mal 
de tête. Cela est bon à la fièvre, contre la fièvre, pour la fièvre. — Bon 
POUR la fièvre est, croyons-nous, l'expression le plus généralement 
employée ; bon contre la fièvre nous paraît la plus exacte ; quant à 
bon A la fièvre, au mal de tête, etc., nous ne l'avons jamais entendu 
prononcer. 

L'article Bon tient trois pages in-Zi°, c'est-à-dire neuf colonnes de 
7li lignes chacune, qui sont en grande partie occupées par des pro- 
verbes dont la plupart se retrouvent dans d'autres articles. Quand ils 
sont courts et que les définitions peuvent être brèves, il n'y a pas 
grand mal à ces répétitions, telles que celles de, A bon vin point d'en- 
seigne; Après bon vin, bon cheval; Faire contre fortune bon cœur, qui 
se voient à Bon, Vin, Enseigne; Bon, Vin, Cheval; Fortune, Bon, 
Coeur. Mais il est des locutions telles que bonne aventure, bonne for- 
tune, de bonne heure, etc., qui avec leur sens figuré tiennent huit à 
dix lignes, et il nous semble que c'est même beaucoup de les donner 
deux fols. Peut-être serait-il bien de ne les faire figurer qu'une seule, 
en ayant soin , comme l'Académie l'a fait pour les locutions A bon 
escient. Faire bonne bouche, etc., de renvoyer de l'adjectif au sub- 
stantif, où le lecteur ira les chercher de préférence. 

Parmi ces proverbes, les uns sont présentés avec les mêmes défini- 
tions à chacun des articles où ils se trouvent; d'autres le sont en 
termes différents; il serait utile de comparer entre elles ces défini- 
tions, afin de conserver les meilleures et même de compléter les unes 
par les autres. 

Ce que nous disons ici au sujet des nombreuses et longues défini- 
tions des proverbes et de certaines locutions de l'article Bon, peut 
s'appliquer à un assez grand nombre de mots; et l'on n'a qu'à voir 
dans le Dictionnaire les articles Faire, Tirer, Cœur, Ventre, 
Gros, etc., pour le nombre des proverbes; Entendre, Raillerie, 
Raison, Plaisanterie, etc., pour la longueur. — U est des proverbes 
tels que. Si jeunesse savait et vieillesse pouvait, qui s'y trouvent 
quatre fois, avec des variantes dans les mots ou dans la ponctuation ; 
il y en a même qui figurent jusqu'à six fois. 

bonhomie. — Les mots bonhomie et prud'homie devraient s'écrire 
avec deux m, comme bonhomme et prud'homme. Voy. Prud'homie. 

bonnet... Les grenadiers à cheval ont de grands bonnets à poiL — 



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-U6- 

Chacun sait que depuis longues années les grenadiers à cheval ne sont 
pas le seul corps qui ait des bonnets à poil, et que rinfanterie en 
porte également. Pour comprendre cette phrase il faut recourir à 
l'article Grenadier, où Ton trouve : « Grenadiers à cheval, s'est dit 
autrefois d'Une compagnie de grenadiers montés, créée par Louis XIV, 
qui servait avec la maison du roi , et qui marchait en tête. Il s'est dit 
aussi d'^:^ corps de cavalerie de la garde impériale et de la garde 
royale dont les soldats portaient des boiTnets à poil ». 

BONN£T.*« En termes de Fortification, Bonnet-de-prétre on Bonnet- 
àr-prêtre... — En Botan. Bonne t-à-prêtre. Voyez Fusain. 

A l'article Prêtre on a écrit Bonnet à prêtre, ou Bonnet de prêtre, 
sans tirets ; et de même à Fusain, Bonnet à prêtre; mais les noms de 
plantes ou autres, lorsqu'ils sont composés de mots employés figuré- 
ment, doivent prendre le ou les tirets; c'est ainsi que l'Académie 
écrit : bouton-d'or, bouton- d'argent, ruban-d*eau, écuelle- d'eau, 
langue-de-chien, œil-de-chèvre, etc. 

BONNE - VOGUE. (On prouoncc bonne -voille, en mouillant les 
deux L. ) •— Nous croyons qu'il aurait été plus exact et plus clair en 
même temps de dire : « Prononcez bôné-vôlié n, ou « Prononcez bonne- 
voile, en mouillant les deux L » ; sinon on fera sentir 1'*., et l'on ne 
rendra pas du tout la prononciation demandée. Voy. Oille. 

BORDIER, adj. et s. m. T. de Marine. Il se dit d'un bâtiment qui a 
un côté plus fort que l'autre, qui incline plus d'un côté que de l'autre. 
Un bâtiment bordier. Un bordier. — Pourquoi ne dirait-on pas. Une 
frégate, une corvette, et même U7ie barque, une chaloupe bordière, 
comme on dit une frégate, une corvette, une barque canarde , c'est- 
à-dire « qui tangue beaucoup et qui reçoit des lames sur son avant » ? 

Il nous semble que l'Académie est parfois trop exclusive , et qu'elle 
ne donne que le genre masculin ou le genre féminin à des adjectifs 
qui devraient avoir l'un et l'autre ; tels sont : 

châtains (cheveux), qui doit pouvoir se dire de la barbe, d'une perruque. 

^cowtcwa; (cheval) d'une jument. 

gélif (arbre) x * de la pierre. 

houiller (terrain, dépôt) d'une mine, d'une zone. 

pair (nombre) des années, des folioles. 

piaffeur {cheysA) d'une jument. 

voilier (navire bon, mauvais) d'une frégate, etc. 

blette (poire) d'un fruit. 

clapoteuse (mer) d'un lac, de l'Océan. 

tandis qu'elle a très-bien donné les deux genres à d'autres tels que 
persillé, ée; per folié, ée; peccant, ante, etc., bien que généralement 
ces adjectifs ne s'appliquent qu'à un seul substantif d'un genre déter- 
miné : fromage persillé, plante per foliée, humeur peccante. L'antre 
genre peut trouver tôt ou tard son emploi. 
BOSPHORE... Le Bosphore de Thrace. !jê Bosphore Cimmérien. — 



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Les mots Bosphore «t Chersonèse tte devraient-ite {nm Miivrs la Même 
règle que Archipel^ Manche et Péninsule; c'est-à-dire prendre la 
minuscule lorsqu'ils sont employés comme noms communs, et la ma- 
juscule seulement lorsqu'ils font l'office des noms propres*? Nous 
pensons qu'il faudrait écrire avec une minuscule, le Bosphore de 
Thrace, le Bosphore Cimmérien; la cher^ohèse Cimbrique, Taurique, 
de Thrace, d'Or, etc., comme l'Académie le fait pour ^archipel du 
Mexique, des Philippines; la manche de Bristol, de Tartarie; la péMN- 
suLE ibérique *; la Marée est une péninsule ; — et réserver la majus- 
cule pour les rives enchantées du Bosphore ; la grande Ghersonèse ; 
la petite Chersonèse, etc., phrases où Bosphore et Chersonêse sont 
réellement des noms propres, de même qu'on écrit les îles de /"Archi- 
pel, ce vaisseau est entré dans la Madtghe, voyager dans /a Péninsule. 

BOSSELER... se dit quelquefois dans le sens de bossuer, et alors on 
l'emploie surtout avec le pronom personnel. Cette écueile s'est bosse- 
lée. — L'Académie aurait peut-être mieux fait de blâmer cette locu- 
tion que de la consacrer. Puisqu'on a bossuer pour exprimer les creux 
et les bosses qu'on fait par accident à la vaisselle , on devrait n'em- 
ployer bosseler que pour signifier Travailler en bosse. Nous n'avons 
jamais entendu employer ce mot dans l'autre sens par des personnes 
qui parlent purement notre langue. 

BOUCX.E... Des boucles de souliers,.. Des boucles de jarretière,.. 
Des boucles d'oreilles. — Comme on ne met qu'une boucle à une jar- 
retière, plusieurs boucles supposent plusieurs jarretières; il faudrait 
donc écrire jarretières au pluriel , ainsi que l'Académie l'a fait pour 
souliers, oreilles. Voy. Amande. 

BOULEVARD. (Quelques-uns écrivent encore Boulevart), — L'Aca- 
démie avait toujours écrit ce mot avec un t, même dans le temps où 
elle écrivait verd, par analogie avec l'étymologie et avec ses dérivés 
verdâtre, verdoyer, verdure, etc. Dans la sixième édition elle y sub- 
stitue un d que rien ne réclamait; cependant à l'article Tréteau on 
trouve encore le f : « Cette pièce est ignoble, et digne des derniers 
tréteaux; de nos Boulevarts ». 

BOULON, s. m... Grosse cheville de fer qui a une tête à un bout, 
et à l'autre une ouverture où l'on passe une clavette, pour l'arrêter. 
— Aujourd'hui , dans la majeure partie des boulons le bout opposé à 
la tête se termine par un pas de vis^qui reçoit un écrou; nous pro- 

1. on peut dire que les mots bosphore et manche, chersonèse et péninsule sont synonymes, 
puisque les deux premiers signifient Détroit , bras de mer, canal ; et les deux, derniers , Pres- 
qu'île, Ue qui tient à la terre ferme. Il n'y a donc pas de raison pour écrire Bosphore et Cher- 
sonèse avec une majuscule, manche et péninsule avec une minuscule, lorsque ces mots sont 
employés de la même manière, c'est-à-dire comme noms communs. Si jusqu'à présent l'on a 
toujours écrit Bospliore et Chersonèse avec des capitales, c'est seulement parce qu'ils sont 
moins usités que leurs synonymes , et qu'on n'a pas encor* songé à leur appliquer la règle. 
Voy. Rbcbz. 

2. C'est sans doute par erreur qu'on a mis un petit i à l'adjectif ibérique, puisque dans les 
•xéittpïes ci-dessus l'.\cadéraie écrit avec une majuscule Cimmérien, Cimbrique, Taurique,etc. 

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~ 5fl — 

posons donc d'ajouter après clavette : « ou un pas de vis auquel on 
adapte un écrou ». 
BOULONNER, V. n. Arrêter avec un boulon. — Lisez : v. a. 
BOCFRSE. — Ce mot doit s'écrire avec une minuscule quand il signi- 
fie La réunion des négociants, etc., et le temps pendant lequel dure 
leur assemblée : La bourse de Paris, de Lyon, etc. Fréquenter la 
bourse; affaires de bourse; bruits, nouvelles de bourse; à l* heure de 
la bourse; à l'ouverture, à la clôture de la bourse ; pendant la bourse; 
le cours de la bourse. Mais lorsqu'il s'agit de l'édifice môme, nous y met- 
trions une majuscule, comme l'Académie l'a fait à l'article Monument : 

La Bourse de Paris est un beau monument. 
Nous pensons donc qu'on a eu tort de l'écrire avec un petit b^ 

(à Périptère) La boirse de Paris est un périptère. 

(à Péribole) Le péribole de la bourse de Paris est planté d'arbres. 

(à Lanterne) La lanterne de la salle de la bourse. 

(à Bourse ) Aller à la bocrse. 
A la rigueur on pourrait nous objecter que dans ces deux derniers 
exemples il s'agit de la salle de réunion ou de la réunion même des 
négociants, etc. ; mais on peut très-bien aussi l'entendre comme signi- 
fiant la principale pièce de l'édifice ou l'édifice même, et alors la ma- 
juscule devient nécessaire; c'est ainsi que l'Académie écrit, 

(à Salle) La salle de la Comédie. La salle de /'Opéra. 

(à Opéra) Aller à TOpéra. Aller à rOpÉRA-CoMiQUE. 

(à Trajet) Faire le trajet de la porte Saint-Martin à TObservatoire. 
BOURSOUFLAGË, BOURSOUFLER, BOURSOUFLURE.— Ccs troiS mOtS^ 

composés de souffler, devraient prendre deux f comme essouffler; et 
c'est ainsi {boursouffler) que l'Académie écrivait dans les deux pre- 
mières éditions. 

BOUT... Prov. et fig., Être au bout de son rôlet. Ne savoir plus que 
dire ni que faire, ne savoir plus que devenir. On dit à peu près dans le 
même sens. Être au bout de son rouleau. — Rouleau pour rôlet ne 
serait-il point un de ces mots mal entendus et mal répétés ou déna- 
turés, comme huile d'aspic pour huile de spic ? 

BOUT... Avoir vent de bout. On écrit aussi debout, en un seul mot. 
— Nous préférons de bout en deux mots. Voy. Debout. 

BRAS... se dit en outre de certains chandeliers qu'on attache au 
mur, à la boiserie d'une chambre ou d'une salle, parce que jadis on 
leur donnait ordinairement la figure d'un bras... Des bras d'argent, 
de vermeil doré. — On trouve de même à Coupe, à Couvert, à Flam- 
beau, etc., une coupe, un couvert, un flambeau de vermeil doré. La 
locution vermeil doré présente un pléonasme , ou plutôt une erreur, 
car ce n'est pas le vermeil qui est doré, c'est l'argent doré qui fait le 
vermeil. Au reste, aux articles Cuiller, Sacrement, Service, Ver- 
meil, etc., l'Académie dit simplement « Une cuiller de vermeil, un 
saint sacrement de ver?neil, un service de vermeil, un vase de vermsiL » 



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— 51 — 

BRASsnkRES, s. f. pi. — Ce mot ne devrait-il pas s'employer au 
singulier, comme caleçon, culotte, pantalon, etc. ? A l'article Fotaine 
nous trouvons « Brassière de futaine ». 

BRIEF, BREF. — Ces deux adjectifs signifient également Court, 
prompt, de peu de durée. Brief n'est guère usité qu'au barreau , mais 
c'est de là que se forment les dérivés brièvement, brièveté. La Fon- 
taine disait breveté, et Ton s'étonne que breveté, brèvement, n'aient 
pas prévalu comme le radical bref, 

BRUT, UTE. — L'Académie ne nous donne aucun exemple analogue 
aux phrases suivantes, qui sont d'un usage journalier : Quel homme brut 
ou brute! Que cet homme est brute ou brut! Si nos souvenirs sont 
fidèles, Buffon, dans des expressions à peu près semblables, a écrit 
brute, faisant de ce mot un substantif féminin ; mais ceux de nos amis 
que nous avons consultés pensent qu'il est plus rationnel d'employer 
brut adjectivement, en lui conservant, au figuré, le sens propre de, 
Qui est dans l'état grossier où la nature l'a produit : Qu'il est brut ! 
Nous attendons la décision de l'Académie. 

BUBONOCÈLE, S. m. — En général les substantifs' terminés par cèle 
tiennent cette finale d'un mot grec qui est féminin ; il semblerait donc 
naturel que tous ceux qui ont cette origine fussent de ce genre. Mais 
il n'en est pas ainsi ; si hématocèle, hydrocèle, hystérocèle, scrotocèle, 
stëatocèle, varicocèle, suivent la règle et sont du genre féminin, bubo» 
nocèle et sarcocèle sont du masculin. Cependant il n'y a que sphacèle 
<en grec sphakélos) qui n'ait pas kèlè pour étymologie, et qui consé- 
quemment doive prendre le genre masculin. 

BUTINER, V. n... On l'emploie aussi comme actif. Les fleurs que 
l'abeille butine, — A la fin de cet article ajouter : Butiné , ée , par- 
ticipe. 

BUVEUR, s. m... Buveur d'eau, se dit d'une personne qui ne boit 
que de l'eau , ou du vin fort trempé. Dans cette acception , il a un 
féminin, Buveu>se.— Ce n'est pas seulement dans cette acception qu'on 
emploie le mot buveuse; on le dit encore en parlant des femmes « qui 
aiment le vin, qui sont sujettes au vin , et qui boivent beaucoup » ; 
c'est dans ce sens qu'il a été employé par La Fontaine dans le Testa- 
ment expliqué par Ésope (livre 11,^ fable 20) : 

Un certain homme avait trois filles. 
Toutes trois de contraire humeur : 
Une buveme; une coquette; 
La troisième , avare parfaite. 

L'Académie a admis biberonne, qui se trouve dans la même fable, 
mais qui est moins usité. — On pourrait ajouter que La Fontaine a 
employé buveur adjectivement : 

A la coquette, (il donna) l'attirail 

Qui suit les personnes buveuses; 

La biberonne eut le bétail... 



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— 5t — 



ÇÀ... Çàj oh çàj dite^-moi ce que vous pensez. Or çà commençons. — 
On n'écrit ni pe dit plus guère , oh çàj or çà ; mais en revanche on dit 
fréquemment, et nous avons lu dans les romans, dans les comédies, 
ah çà, qui devrait se trouver dans le Dictionnaire de TAcadémie. 

CABAS, s. m. Espèce de panier de jonc, qui sert ordinairement à 
mettre des figues. Cabas de figues, — Il aurait été utile de dire « à 
Inettre des figues, cfti raisin. Cabas de raisin. Cabas de figues »; car 
on dit tous les jours du raisin de cabas, et cette locution se trouve à 
l'article Raisin. Or ceux qui ignorent que le raisin de cabas est ainsi 
appelé par opposition au raisin de caisse ( c'est-à-dire qui est expé- 
dié dans des caisses, et qui est plus beau, plus soigné) peuvent croire 
que cabas est un nom de pays, et qu'on dit du raisin de cabas comme 
on dit du raisin de Damas, de Corinlhe, de Malaga, etc. 

CÂBLE. — L'Académie met à ce mot un circonflexe qu'elle n'y 
mettait pas autrefois ; elle le conserve même dans câblée câbleau ou 
câblot,etc., mais elle le supprime dans encablure. Nous ne le croyons 
pas plus nécessaire dans ces mots que dans sable, sabler, sableux, 
sablon, etc. 

CABUS. Pommé. Il ne se dit qu'avec le rtiot chou. Des choux cabus. 

— Pourquoi cabus ne s'emploierait-il qu'avec chout N'y a-t-il pas 

de la laitue pommée, que dans quelques provinces on appelle cabuce? 

CACAOYER ou CACAOTIER. CACAOT^iRE. — Nous croyons que dans 

Cacaoyer et Cacaoyère, Vo doit être prononcé pur comme dans 

cacaotier, et Vy détaché de la voyelle qui le précède comme dans 

' ' 'e, bayart, copayer. S'il en est bien ainsi, il faudrait substituer 

y. Mais comme les variantes cacaoïer, cacaoïère, présentent 

voyelles successives, dont l'efifet est assez désagréable à 

, nous pensons qu'il serait mieux de dire cacaotier, cacao- 

Privation qui a plusieurs analogues : de coco, domino, indigo, 

y etc., on fait cocotier, dominotier, indigotier, numéroter. 

rois, s. m. (Quelques-uns disent Catacois,) T. de Marine. 

3 plus petits mâts qu'on grée, sur les grands bâtiments, au- 

les mâts de perroquet. Mât de cacatois. Voy. Kakatoès. — Il 

mble qu'il aurait été mieux de présenter catacois comme une 

i vicieuse, que de l'autoriser par l'exemple de quelques-uns. 

ET, s. m... Lettre de cachet se disait autrefois d'une lettre du 

itre-signée par un secrétaire d'État, fermée du cachet de Sa 

... — Plus bas nous lisons : « Cacheter, v. a... Fermer avec un 

>. A l'article Fermer nous ne trouvons ni fermer nl'un cachet, 

er AVEC U7i cachet, et c'est une lacune à combler. 

OTTERIE. — Il serait à désirer que ce mot ne prît qu'un t, 

chuchoter, chuchotement, chuchoterie. 



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— M — 

CAiHTC... Le mal cadue, L*épilepsie ou le haut mal. Cet homme a té 
mai caduc. Il tombe du mal caduc, ^- Dans cette locution , caduc n'a 
point la môme acception que dans âge caduc, santé caduque; maison 
caduque; corolle, feuille caduque; il forme en quelque sorte un seul 
mot avec mal, pour signifier Épîlepsie , et nous croyons que le tiret 
serait nécessaire, comme aussi à haut mal qui a la même signification. 

CAHUTE. — Hutte et cahute ne devraient-ils pas avoir une même 
orthographe , prendre tous les deux un seul t qja deux t f Dans les 
premières éditions TAcadémie écrivait cahuette, et y mettait consé- 
quemment deux t, comme à hutte. 

CAJOLER. — Nous avons deux mots où ge s*est transformé en j : 
cajoler et enjôler, formés de cage et de geôle. Ces mots ont pour dé- 
rivés cajolerie, cajoleur, et enjôleur. 

CALICE, s. m. T. de Botan. — Les botanistes écrivent généralement 
calyce, conformément à Tétymologie grecque, calu^x; mais FAcadé- 
mie a mieux fait de supprimer une difficulté en écrivant de la même 
manière le calice des fleurs et le calice qui sert pour la consécration 
du vin à la messe (en grec culix) , que d'en créer une en écrivant 
zéphyr et Zéphire, mots qui ont une étymologie commune, zéphuros. 

CAMPHRÉ, ÉE, adj. Qui contient du camphre. Potion camphrée. 
Esprit-de-vin camphré. Eaw-de-vie camphrée. — ^\ la potion, Tesprit- 
de-vin, Teau-de-vie, mentionnés dans ces exemples, sont camphrés, 
c'est évidemment parce qu'on y a mis du camphre. Il faut donc ad- 
mettre le verbe qui exprime l'opération de camphrer; camphré, ée, en 
serait le participe. Vous aurez soin de camphre r cet esprit-de-vin et 
cette eau/-de-vie. Le pharmacien n'a pas camphré ma potion. Au reste, 
ce verbe se trouve aujourd'hui dans la plupart des dictionnaires. 

CANEPIN, CANÉPHORE. — Transposez : Ganéphore, Canepïn. 

CANNELLiER. — L'analogie avec cannelas^ canmlar, cannelure , 
semble demander la suppression d'une l dans ce mot : camwlier^ 

CANNELLiER, s. m. T. de Botan, L'espèce de laurier dont on tire la 
cannelle. Plusieurs savants ont cru que le cannellier était le ciimor- 
m^me des anciens.— ^o\\k une forme bien dubitative sur l'identité du 
oannellier et du cinnamome» ou plutôt qui donne à. penser que l'opi- 
aion de ces savants était une erreur. K l'article Gïnnamome, cette opi- 
nion est devenue commuue ou générale : 

On CROIT COMMUNÉMENT «w la CQnndU ¥8T le çinnamom^ 4ss anetfr»^. 

CARACTÈRE... Danse de caractère. Danse qui consiste principale- 
ment en attitudes expressives et nobles. — . Il aurait été bien de men- 
tionner aussi la Comédie de caractère ; pour la définition l'on aurait 
renvoyé à l'article Comédie , où nous lisons : « Comédie de caractère. 
Celle qui a principalemeut pour objet la peinture et le développement 
d'un caractère. Le; Tarkufe est une comédie de cataçtére. « 



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-^54 - 

' GABAcréRiSTiQUE... 86 dit aussi dô la lettre qui se conserve dans 
les dérivés d'un mot, comme le P dans les dérivés de Corpi et de 
Temps : Corporel, temporel, temporiser. — U est certain que le p se 
conserve dans plusieurs dérivés de corps, mais il en est quelques-uns 
qui le perdent, tels que corsage, corset, corselet, rencorser, etc. 

CARIATIDE. — L'étymologie demandait caryatide. L'Académie , qui 
dans sa dernière édition semble s'être proposé de rappeler Tétymo- 
logie dans les mots qui ne sont pas trop usuels, aurait dû le faire 
également pour celui^i. 

CAS, s. m... En cas s'emploie aussi quelquefois substantivement, et 
signifie, Supplément, chose préparée pour servir en cas de besoin : il 
ne se dit guère que dans les maisons des princes, ou familièrement. 
C'est un en cas. Le prince s* étant levé avec appétit, se fit servir son en 
cas de nuit. — Nous ne demanderons pas que les deux mots en cas 
soient immédiatement réunis comme dans enjeu, enfin, ensuite, etc. ; 
mais il faudrait du moins les joindre par un tiret conune on l'a fait 
pour sans-fleur, sans-peau, sans-souci, etc. 

CAUSER, V. n. S'entretenir familièrement avec quelqu'un... Causé, 
ÉE , part. — Supprimez ce participe, qui ne peut convenir qu'à Cau- 
ser, V. a. Être cause de, occasionner. 

CAUTÈRE... Appliquer un cautère.— h l'article Occiput nous lisons : 
« On lui a fait un cautère au-dessous de l'occiput ». Si faire un cau- 
tère est une expression reçue, elle devrait se trouver ici. Nous l'avons 
déjà dit, et nous aurons soervent l'occasion de le répéter, chaque 
article devrait réunir, autant que possible , toutes les locutions aux- 
quelles le mot en question peut donner lieu, avec un renvoi aux 
articles où la définition en a été donnée. 

CE... est quelquefois pronom démonstratif invariable, et signifie la 
chose même ou la personne dont on parle... Ça été la cause de bien 
des malheurs. — Quelques grammairiens disent que l'apostrophe qu'on 
met après le c dispense de la cédille ; ils écrivent donc : c'a été la 
cause de bien des malheurs; je ne pense pas qu£ fait été lui qui...; on 
dit que c' mit été des fêtes splendides. Malgré ce qu'il peut y avoir de 
choquant pour l'œil à voir le c sans cédille devant un a ou un o lors- 
qu'il doit prendre le son de Vs forte, nous pensons que ces gram- 
mairiens ont raison ; mais ils auraient dû s'expliquer, et ajouter que si 
le c suivi d'une apostrophe n'a pas besoin de la cédille , c'est parce 
que cette apostrophe détache du verbe la consonne , qui conserve le 
son qu'elle avait dans le pronom ce; c'est comme si l'on écrivait : 
ce a été, ce ait été, ce ont été. 

CEINTURE. —Aux articles Gros, Plein, on lit. Être grosse à pleine 
ceinture. Une femme grosse à pleine ceinture, mais sans aucune défi- 
nition. La dernière de ces phrases devrait se trouver ici avec l'expli- 
cation nécessaire : « dans un état de grossesse très-avancé ». 

CELA.— Au mot Accent, TAcadémie dit : « On le met aussi (l'accent 



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•^ 65 — 

grave) sur à, préposition, pour le distinguer de a, troisième personne 
du singulier du présent de l'indicatif du verbe avoir; on le met éga- 
lement sur làj adverbe, pour le distinguer de la, article, et sur où, 
adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction. » — On écrit donc la 
préposition voilà avec un accent grave, soit pour la distinguer de 
voila, verbe, soit parce qu'elle est composée du verbe voir et de l'ad- 
verbe là (vois /à)* Ne serait-il pas convenable d'écrire aussi le pro- 
nom cela avec un accent grave, pour les mêmes raisons : d'abord 
pour le distinguer de cela, verbe, et ensuite parce, qu'il est également 
composé de l'adverbe là {ce ou cette chose, là) ? 

CÉLADON, s. m. Vert pâle tirant sur la couleur du saule ou de la feuille 
de pêcher. Taffetas céladon. Ruban céladon. On dit aussi , adjective- 
ment, ver/ céladon.— Céladon est employé adjectivement dans taffetas 
céladoUj ruban céladon, aussi bien que dans vert céladon, où vert est 
mis pour D'un vert : taffetas vert céladon. Pour donner un exemple 
où céladon fût substantif, il aurait fallu dire, par exemple, Le cela- 
don est un vert pâle...; céladon clair, céladon foncé. 

CENELLE. — A la lettre S on lit : « Senelle, s. f. Voy. Cenelle. i> 
Ici ce dernier mot manque ; il faudrait donc y mettre ; Cenelle , s. f. 
Petit fruit rouge du houx. 

CENTIÈME. — L'Académie écrit avec un tiret un deux-centième, tm 
trois-centième, et cependant elle n'en met pas à la deicx centième 
partie, la trois centième partie. Nous croyons qu'il en faut un dans 
toutes ces phrases et autres analogues , la cinq-millième partie, la 
huit-millionième partie. Il serait utile de donner des exemples de ces 
fractions aux articles Millième et Millionième, car ceux qui auront 
besoin d'en connaître l'orthographe ne penseront guère à consulter 
l'article Centième. 

CENTUPLE. Qui vaut cent fois autant, centupler. Rendre cent fois 
plus grand. — Nous pensons que la définition de centuple est exacte, 
et qu'il y a erreur dans celle de centupler, où il aurait fallu dire : 
rendre cent fois aussi grand. 

CERCUEIL, s. m.— Ajoutez « On prononce cerkeuil. » Voy. Accueil. 

CERTAIN, AINE, adj... Il y a certaines choses, de certaines choses 
pour lesquelles on éprouve de la répugnance. — Nous ne voyons pas 
l'utilité de la préposition ou plutôt du partitif de dans cette phrase, 
car il y a certaines choses se dit pour II y a des choses ; et de semble 
former un pléonasme ou un^ redondance. Puisque l'Académie ne le 
met pas dans les locutions à certaines époques, dans certains cas, qui 
nous paraissent être dans les mêmes conditions, il serait peut-être 
mieux de n'en pas faire usage. On retrouve ce de, 

(à Aspirer) Il y a de certains mots dans la langm... 

(à Indult) Privilège accordé... de pouvoir nommer à de certains bénéfices. 

(à Mauvais) Le fruit est mauvais pour de certains estomacs. 



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-^66 —^ 

(à SeppdT) Caïuï qui est membre d'un corps, «t qui remplit »i rfirtainm 
fonctions pour le service de ce corps. 

tandis qu'à Tarticle Affecter rAcadémie le supprime ; elle dit : 

Affecter certains mots^ certaines façons de parler, certains airs, certains 
gestes, et non, affecter db certains mots,.. 

Voltaire aussi a dit, il est vrai : « Les filles ont toujours de cer- 
taines petites incommodités qui demandent de certains petits soins, et 
auxquelles il faut mettre un certain ordre, dans de certaines circan^ 
stances » ; mais nous soupçonnons fort Voltaire d'avoir mis ces trois 
de explétifs pour ajouter à la forme plaisante de sa phrase, et peut- 
être même pour faire bien sentir le ridicule de cette redondance. 

GERVIER, adj. f. — Lisez : adj. m. 

CESSER, V. n. Discontinuer. Cesser de- vivre. Cesser de parler. 
Cesser dfagir. Depuis ce matin, il n'a pas cessé de travailler. . . Il est 
quelquefois actif. Cessez vos plaintes. Cessez vos cris.., — L^Acadé- 
mie ne regarde pas le verbe discontinuer comme neutre dans ces 
exemples : Discontinuer db faire une chose, de parler, de travailler. 
Voy. Différer. 

CHAIRE... se dit figurément... du siège apostolique. La chaire apo- 
stolique. La chaire d'unité. Le pape est assis dans la chaire de Saint- 
Pierre *. — Il ne s'agit pas ici de la chaire d'une église ou d'une basi- 
lique, pas plus de celle de Saint-Pierre que de celle de Saint-Jean de 
LatraYi ou de toiite autre chaire proprement dite, mais de la chaire 
apostolique de l'apôtre saint Pierre; il faut donc écrire saint Pierre 
(petite s et pas de tiret). 

CHAMEAU... Chameau mâle. Chameau femelle, — On a déjà donné 
des féminins à des noms d'animaux qui n'en avaient pas autrefois ; on 
dit un barbet, une barbette; un serin, une serine, au lieu de un barbet 
mâle, femelle; un serin mâle, femelle; et de même un linot, une 
linotte, au lieu de une linotte mâle, femelle; enfin encore, toujours 
pour abréger, au lieu de un coq d'Inde, une poule d'Inde, on dit un 
dindon, une dinde. Puisqjie de bons auteurs, et entre autres Chateau- 
briand et M. de Lamartine, ont employé le féminin chamelle, qui est 
tout aussi régulier que les mots damoiselle, jouvencelle, pastourelle, 
jumelle, nouvelle, etc., nous ne doutons pas que dans la prochaine 
édition l'Académie ne mette Chameau, melle, subst. 

CHAMP... Champs Élysces, Élysiehs ou Élyséens, Lieux où, selon 
les anciens païens, étaient reçues, après la mort, les âmes des hommes 
justes. — A la lettre E nous ne trouvons que les champs Élysées et 
les champs Ély siens; l'expression élyséen est réservée pour « Ce qui 

1. Cette même faute de Saint-Pierre pour saint Pierre se retrouve aux articles Clkf, 
Denier , Patrimoine, etc. ; nuUs c'est à l'article Clkp qu'elle est lé plus choquante. Ce sont 
évidemment des fautes typogr^hiques, et l'on aurait tort de 1^ mettre sur le compte de 
l'Académie. 



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- 57 - 

appartient à TÉlysée, aux champs Élysiens : Repos élyséen. Ombres 
élyséermes ». Laquelle de ces deux versions est la bonne? 

CHANDELLE... Chandelle des quatre, des huit, des douze à la livre, 
— Nous préférions de beaucoup la locution qu'on trouve à Tarticle 
Livre : Des chandelles, des bougies de quatre, de cinq, de six à la 
livre, car ici il n'y a qu'un mot de sous-entendu : des chandelles de 
quatre chandelles à la livre; si l'on emploie des, il faut en sous-en- 
tendre plusieurs : des chandelles des {de celles où il y en a) quatre 
à la livre. 

CHAPELET. — Il manque dans cet article Chapelet d'oignons, qu'on 
trouve à Oignon, mais dont la définitioi> laisse à désirer. 

CHAPON , s. m... Prov. et ^^,^ Ce sont deux chapons de rente, se 
dit de deux personnes dont l'une est grasse et l'autre maigre. — Lors- 
qu'on voit un proverbe on désire connaître non-seulement le sens qui 
y est attaché, mais encore sa valeur propre, c'est-à-dire ce qui a pu 
donner lieu à ce proverbe ; or on ne comprend pas pourquoi de deux 
chapons de rente l'un est gras et l'autre maigre ^ Nous espérions trou- 
ver une explication plus satisfaisante à l'article Rente , mais loin de 
là ; nous n'y lisons que ces mots : Chapon de rente, 

CHAHGE, s. f. — L'Académie définit Bénéfice à charge d'âmes * par 
ces simples mots « Celui qui oblige à être prêtre », et oublie de nous 
apprendre ce que c'est que d'avoir charge d'âmes. A la vérité elle dit, 
à l'article Prêtre, qu'on appelle ainsi « celui qui a l'ordre du sacer- 
doce, en vertu duquel il a le pouvoir de dire la messe, et de donner 
l'absolution des péchés » ; mais cela ne constitue pas ce qu'on appelle 
proprement avoir charge d'âmes. Il nous semble que la charge d'âmes, 
c'est-à-dire la direction spirituelle d'une paroisse, est la fonction du 
curé et non celle du simple prêtre. 

CHARIOT. — Tous les dérivés de char : charrette, charretier, char- 
rier, charroi, charron, charrue, et les dérivés, prennent deux r; cha- 
riot est le seul qui n'^en ait qu'une. 

CHARJIHHE. Lieu planté de charmes. — Les noms des lieux plantés 
de certains arbres se terminent généralement par aie : aunaie, bou- 
laie, cannaie, châtaigneraie, chênaie, coudraie, houssaie, oseraie, 
pommeraie, roseraie, saussaie, tremblaie, etc. — On dit ormaiê ou 
armoie. Charmoie fait encore exception à la règle. 

CHÂSSE. — C'est une règle en français de ne jamais affecter d'un 
accent une voyelle suivie d'une consonne redoublée ; cependant il y a 
deux exceptions, châsse, masse, et leurs dérivés. Voy. Affre. 

1. Ce proverbe signifierait-il que celui qui est appelé à donner deux chapons de rente, ne 
▼oalant pas les donner tous deux gras et n'osant pas les donner maigres, prend une moyenne 
et donne l'un gras et l'autre maigre? 

2. A l'article âmb on lit : « Bénéfice à charge d*âmes, avec charge d*âmes » / et à BÉNériCE : 
« Bénéfice ayant charge d'âme», avec charge d'âmes, à charge d'âmes ». C'est très-bien d'avoir 
mis ces trois variantes à BiNÉFics ; mais , suivant nous , elles devaient à plus forte raison se 
trouTer à rarticle Charob. 



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- 58 -^ 

€h1tain, adj. m... Il n'est guère usité que dans ces locutions. Poil 
châtain j cheveux châtains. — Puisqu'il y a. des cheveux châtains, on 
fait probablement des perruques de cette couleur; et d'ailleurs n'y 
a-t-il pas des barbes couleur de châtaigne comme il y en a de blan- 
ches, de noires, de blondes, etc. ? Quelle dénomination dônnera-t-on 
à ces barbes et à ces perruques ? 

CHATOYER. — Le mot chatoiement nous semble au moins aussi 
usité que chatoyer, et nous pensons qu'il mérite d'avoir une place 
dans le Dictionnaire de TAcadémie. 

CHATIER. Une chatte qui est prête à chatter, — Voy. Agneler. 

CHAUD... s'emploie aussi «comme substantif, dans le sens de Cha- 
leur. // fait grand chaud. Avoir chaud. Souffrir le chaud et le froid. 
Mourir, étouffer de chaud. Crever de chaud.., — Aux articles Mourir, 
ÉTOUFFER, Crever, on retrouve ces mêmes locutions. Mourir de 
CHAUD, étouffer de chaud, crever de chaud. On lit encore, 

(à Altérer) Le grand chaud altère les liqueurs. 

(à Modérer) Le temps s'est modéré, le froid, le chaud commence à se mo- 
dérer, 
(à Terre) La terre est toute crevassée du chaud quHl fait. 

Puisque chaud est l'opposé de froid, nous comprenons très-bien 
qu'on dise, Avoir froid, avoir chaud; souffrir le chaud et le froid; 
mais dans la plupart des autres locutions nous aimerions mieux cha- 
leur : J'étouffe de -chaleur; la chaleur commence à se modérer; la 
terre est toute crevassée par la chaleur ; d'autant plus que nous lisons 
dans le Dictionnaire de l'Académie : Chaleur se dit souvent, dans un 
sens particulier, d'une température produite par l'action du soleil. 
La chaleur est dévorante, étouffante. Être incommodé par la cha- 
leur. Nous partirons ce soir, après la chaleur; et 

(à Altérer) La chaleur et la poussière m'ont fort altéré. 
(à Durcir) La grande chaleur durcit la terre. 

CHAUSSER. CHAUSSURE. — Peut-on dire être chaussé en souliers, 
en escarpins, en bottes, ou de souliers, etc, ; avoir pour chaussure des 
souliers, des escarpins, des bottes? Aucune de ces locutions ne se 
trouve dans le Dictionnaire de l'Académie. 

CHAUSSE-TRAPE. — Voy. ATTRAPE. 

CHERSONÈSE... La Chcrsonèse Taurique. La Chersonèse Cimbrique. 
La Chersonèse d'Or, etc, — Voy. Bosphore. 

CHICORACÉES) S. f. pi... Les laitues appartiennent à la famille des 
chicoracées. Il peut aussi s'employer au singulier. Le pissenlit est une 
chicoracée. On dit quelquefois adjectivement, Les plantes chicoracées. 

Nous pensons que ce mot a été employé adjectivement avant de 
l'être comme substantif, et qu'il aurait été mieux de suivre ici Tordre 
chronologique comme l'Académie Ta fait pour d'autres mots tels que 
labié, papilionacé ou papillonacé, cétacé, crustacé, testa^cé, etc. 



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— 59 — 

qu'elle a mis dUibord comme adjectifs. Elle aurait ajouté : « Il s'em- 
ploie plus souvent comme substantif, au féminin. Le pissenlit est une 
chicoracée. Les laituss appartiennent à la famille des chicoracées, » 

L'Académie n'a pas observé de principe fixe dans l'exposition de ses 
articles relatifs aux noms des familles de plantes ; elle a même quatre 
manières de procéder. 

La première, qui nous semble la plus convenable, consiste à donner 
d'abord l'adjectif au masculin et au féminin (Voy. Graminée), puis à 
dire qu'il s'emploie aussi comme substantif. C'est ce qu'elle a fait pour 
Labié, ée ; Légdmineux, euse ; Papilionacé, ée, ou Papillonacé, ée, etc. 
Plante labiée. Fleur labiée. La famille des labiées. — Plante légumi- 
neuse. La famille des légumineuses comprend un grand nombre de 
genres. — Presque toutes les fleurs des légumineuses sont papiliona- 
cées. Le haricot^ le trèfle, sont des papilionacées. 

Dans la seconde, l'adjectif n'est présenté qu'avec le genre féminin : 
Caryophyllée, adj. f.; Cucdrbitacée, adj. f.; LiliaGée, adj. f.; Mal- 
VACÉE, adj. f. Fleur caryophyllée. Plante liliacée. Plantes malvacées. 
— Puis vient l'emploi comme substantif : La famille des caryophyl- 
lées ^j des cucurbitacées, des liliacées. Les malvacées. 

Dans la troisième, comme à Fromentacée, adj. f., elle ne parle pas du 
substantiï ; cependant on doit pouvoir dire. Les orges, les chiendents, 
sont des fromentacées, comme on dit, sont des plantes fromentacées. 

Enfin dans la quatrième manière elle présente d'abord le substantif 
au pluriel : Chicoracées, s. f. pi.; Rosacées, s. f. pi., etc. Les laitues 
appartiennent à la famille des chicoracées. Le pommier, le poirier, la 
ronce, le fraisier, sont des rosacées. Puis elle ajoute : « On dit quel- 
quefois adjectivement. Les plantes chicoracées »; « On dit adjective- 
ment, dans un sens analogue, Uîie fleur rosacée ». Quelquefois cepen- 
dant, comme à Amentacées, Rubiagées, Solanées, Urtigées, s. f. pi., 
elle ne parle pas de l'adjectif. 

CHRÊME. (Dans ce mot et dans les suivants, jusqu'au mot chuchoter, 
on ne prononce point l'H.) — Lisez : Jusqu'au mot chuchotement; ou 
mieux , jusqu'au mot chrysoprase inclusivement. 

Puisque chrémeau prend un accent aigu, ne devrait-on pas écrire 
chrême, avec un accent grave? 

CHRIST... Le Christ. La venue du Christ, La religion du Christ. On 
le fait plus ordinairement précéder du nom de Jésus, et alors il ne 
prend point l'article. Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons été 
rachetés par le sang de Jésus-Christ. Souvent on écrit par abrévia- 
tion , J. C. Cinquante ans avant J. C. 

1. A l'arlicle Saponaire, l'Académie dit « Plante de la famille des OEillets ». Elle aurait 
dû peut-être dire « Plante de la famille des Caryophyllées » ; mais œillet est plus simple et 
sera mieux compris de la plupart des lecteurs. Si à l'article Roucouyer elle avait mis que 
cet arbre est de la famille des tilleuls, au lieu de dire « de la famille des tiliacées » , elle 
ne se serait pas exposée à voir les typographes convertir tiliacées en liliacées, et faire ainsi 
du roucouyer un arbre de la famille des lis. Voy. Roucoutbr. 



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— 60 — 

Ces lignes nous fournissent le sujet de deux observations. D'abord 
on se demande pourquoi l'Académie, qui écrit Jésus-Christ avec un 
tiret, n'en met pas lorsque ce nom est abrégé (7. C). On pourrait 
croire que c'est une distraction typographique, si l'on ne retrouvait 
ce même principe dans plusieurs articles du Dictionnaire; ainsi à 

DÉCOLLATION, NATIVITÉ, PRÉCURSEUR, PRÉPARER, CtC, OU trOUVC Satnt 

Jean-Baptiste ; à Maillot on lit Jean-Jacques (sous-entendu Rousseau) , 
tandis qu'à Confession, Correspondance, Écrit, Esprit, Lange, etc., 
on voit J. J. Rousseau sans tiret entre les prénoms, et de même à Can- 
tate et Allégorie pour J. B. Rousseau, On répondra sans doute qu'il 
n'y a pas de confusion à craindre entre les noms et les prénoms dès 
que ceux-ci sont en abrégé ; cependant le tiret est d'usage en typo- 
graphie, excepté dans les catalogues, où on le supprime généralement, 
dans la crainte de n'en pas avoir suffisamment*; mais on ne met ja- 
mais J, C. sans tiret, même dans les notes marginales. 

Nous demanderons ensuite pourquoi, au contraire, elle en met un à 
Notre-Seigneur^f Cette orthographe nous semble n'être fondée sur 
aucun principe ; en typographie nous ne nous souvenons pas de l'avoir 
jamais vu. 

CHRiSTE-MARiNE. — (lig. 3-Zi) le Posse-pierve ou Bacile. —Nous 
croyons qu'il faut la passe-pierre, puisqu'à la lettre P l'Académie a 
donné le genre féminin à cette plante ainsi qu'à passe-fleur et à 
passe-rose, 

CHROME. — L'étymologie demande chrome, et c'est ainsi qu'on 
écrit généralement. 

CHRYSOLITHE, S. f. — Le mot grec chrusôlilhos est masculin; 
chrysolUhe devrait avoir le même genre , comme Font déjà aërolithe, 
ichlhyolilhe, monolithe, oolilhe, ostéolithe, phyllithe, phythoUthe, 
zéolilhe, zoolithe, — L'Académie donne le genre féminin à hippolithe 
et à hystérolithe comme à chrysolithe, 

CHUT. (LeT se prononce.) Mot dont on se sert pour avertir ou 
ordonner de faire silence. — Il aurait été convenable de donner au 
moins un exemple pour faire connaître si ce mot doit être suivi d'un 
point d'exclamation. Nous le croyons utile, et nous le mettrions dans 
ces phrases : Chut! on nous écoute. Chut I quelqu'un vient. Je vous ai 
dit cela entre nous; mais, ghùtI n'allez pas le répéter. Il est vrai que 
l'Académie n'en met ni à chut, ni à paix, ni à silence, dans les 
exemples suivants : 

1. Dans quelques ouvrages tels que VAnntiaire militaire, où l'on met en toutes lettres lei 
prénom usuel des officiers et en abrégé ceux de leurs prénoms qui ne figurent que dans 
l'extrait baptistaire, et où l'on a voulu suivre le principe admis par l'Académie, cela fait une 
bigarrure dont on a peine à se rendre compte , à moins qu'on ne sache par cœur son Diction- 
naire de l'Académie. 

2. Excepté toutefois à Racheter , où le tiret a été omis : « Racheter se dit aussi en parlant 
de Notre ^et^rwwr Jésus-Christ ». Quant à l'exemple du mot Rédemptsur, « Notre Seignettr 
ft rédempteur » , le tiret y serait une faute. 

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— 61 — 

(à Paix) Pasa>44, messieurs. Eh\ paix donc. Chut, paix, 
(à Silence) SUence, messietirs. 

Nous ne voyons pas l'utilité du tiret dans paix-là. — - Voy. LÀ. 

CIBLE. — L'Académie, qui semble en général tenir aux étymologies, 
ferait peut-être bien de supprimer 1'/ de ce mot, qui doit être formé 
de l'allemand Scheibe. 

CICATRICE. — On regrette que l'Académie n'ait pas adopté l'adjectif 
cicatrice j qui porte une ou plusieurs cicatrices, de Boileau : 

Son front cicatrice rend son air furieux. 

CICATRISER. — Ce verbe nous semble réclamer le substantif cica- 
trisation pour exprimer l'action d'une plaie qui se ferme : La cicatri- 
sation de cette plaie sera lente, sera longtte, 

CICERONE. (On prononce Chichéroné,) — Au mot Fantoccini, l'Aca- 
démie a très-bien figuré la prononciation italienne {fantotchini) ; elle 
n'a pas fait de même ici , car les Italiens prononcent tchitchérôné. Si 
cette prononciation paraît trop dure pour des bouches ou des oreilles 
françaises, il vaudrait mieux franciser le mot, même pour l'écriture, 
que de prendre une moyenne qui ne satisfait personne. 

CIGARE. — L'Académie ajoute ou retranche un peu arbitrairement, 
à notre avis, des lettres que repousse ou que réclame l'étymologie. 
Elle écrit escarre au lieu d'eschare (Voy. Escarre) ; ici elle supprime 
sans nécessité une des r que demande l'espagnol cigarro, 

dPATE, s. m. (On prononce Cipor-ye), Soldat indien. — spahi , 
s. m. Soldat turc qui sert à cheval. 

Cipaye et spahi ont une commune origine. On est d'accord sur 
l'orthographe de ce dernier; quant au premier, sur lequel on diffère, 
nous proposerons de l'écrire cipaïe , ce qui indiquerait la prononcia- 
tion (cipa-ie)^ — ou plutôt sipaï, afin de le rapprocher de l'étymologie 
indienne (sipahy). 

CIRCONCIRE... Je circoncis, nous circoncisons. Je circoncirai. Que 
je circoncisse. — Est-ce le présent ou l'imparfait du subjonctif que 
l'Académie a voulu donner? Si c'est le présent, comme nous le pen- 
sons, il faut circoncise, avec une seule s. Peut-être y a-t-il omission 
de ce temps. 

CISEAUX... Il s'emploie quelquefois au singulier. Onn*a point encore 
mis le ciseau dans cette étoffe. Le chirurgien lui a donné trois coups 
de ciseau, — Il nous semble regrettable que l'Académie accueille des 
locutions qui ne pourraient s'écrire. Qu'on dise donnez-moi les pin- 
cettes ou la pincette, cela ne change pas le sens du mot; mais, à notre 
avis, ce serait tout au moins s'exposer à n'être pas compris que 
d'écrire qu'wn chirurgien a donné des coups de ciseau à un patient. 

CITHARE. — Comment se fait-il que l'Académie , qui nous décrit le 
sistre des Égyptiens, ne parle ni du cistre des Italiens ni même de la 
cithare des Grecs? D'ailleurs ce mot devrait être ici par la seule raison 



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— M — 

quMl figure dans Tartieie Heptâgor0E; maift là, par distraction, on a 
mis cythare avec un y. 

CITRON... JiLS de citron. Couleur de citron. Chair de citron con- 
fite. Écorce de citron. Couleur de citron, — Supprimez le premier 
exemple « Couleur de citron » ; le dernier sert de liaison avec le para- 
graphe suivant, où sont les phrases « Taffetas citron. Une robe citron, » 

CITRONNAT. — L' Académie dit « Orangeat, s. m. Espèce de confi- 
ture sèche faite de petits morceaux d'écorce d'orange ». Pourquoi 
n'a-t-elle pas admis en même temps le citronnât? Ces deux sortes de 
confitures doivent avoir eu une origine à peu près simultanée, ainsi 
que le cédrat confit. Au reste , en 1696 le Supplément du Dictionnaire 
de l'Académie disait déjà : « Citronat, s. m. Confiture faite de peau de 
citron coupée en filets longs et menus. » 

CLAIR-SEMIÉ, ÉE, adj. — La réunion de ces deux mots en un seul 
(clairsemé) en faciliterait beaucoup l'orthographe aux commen- 
çants , qui croient qu'on doit faire accorder clair aussi bien que semé 
avec le substantif {des blés clairs-semés, de l'avoine claire-semée), 
tandis que clair doit rester invariable. Nous avons déjà clairvoyant, 
qui constitue un précédent pour clairsemé. 

CLAPOTE1TSE, adj. f. Il se dit de la mer lorsqu'elle clapote après avoir 
été agitée par différents vents. La mer est clapoteuse, — Cet adjectif 
ne peut-il pas se dire également de l'Océan et des grands lacs, et 
dans ce cas le masculin clapoteux ne pourrait-il pas s'employer? 

CLEF, s. f. (On prononce clé, même devant une voyelle, et plusieurs 
l'écrivent ainsi.)— Puisque dans ce mot Vf ne se prononce pas comme 
dans nef, qu'elle reste nulle même devant une voyelle, et que plu- 
sieurs écrivent clé, nous croyons qu'il serait convenable d'adopter 
cette dernière orthographe , d'autant plus que les dérivés ne se for- 
ment pas très-régulièrement {clavier, clavecin, clavette, claveau) et 
qu'ils sont peu nombreux *. Déjà dans la première édition l'Acadé- 
mie écrivait blé (au lieu de bled, en basse latinité bladum), mot qui 
a pour dérivés blatier, emblaver et emblavure. 

CLEF... Fig., Les clefs de Saint-Pierre, L'autorité du saint-siége. 
— 11 est plus qu'évident qu'il ne s'agit point ici des clefs de l'église 
Saint-Pierre, mais des clefs données à saint Pierre, c'est-à-dire de la 
puissance de lier et de délier qui lui a été conférée; il faut donc 
écrire, les clefs de saint Pierre (petite s et pas de tiret). 

CLIN, s. m... En un clin d' œil, en moins d'un clin d'œil. En un mo- 
ment, en fort peu de temps. Il disparut en un clin d'œil. Cela fut fait 
en moins d'un clin d'oeil. — Fam., C'est Va/faire d'un clin d'œil, cela 
fut fait D^un clin d'œil, se dit d'une chose qui doit se faire ou qui a 
été faite très-promptement. 

Nous pensons qu'il est beaucoup plus naturel et plus correct de 

1. Nous ne parlons pas de clavicule , conclave, enclave, etc., qui viennent directement du 
latin. 



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dire Cela fut faiCEm un clin efceil que o^un clin d'œil, car la chose ne 
fut pas faite avec ou par un clin d'œil, mais dans le temps qui suffit 
pour un clin d'œil. On dirait très-bien ce fut l'a/faire D'une minute, 
i^^une seconde j mais non cela fut fait d'une minute , d'wie seconde; il 
faut, EN une minute , etc. — Cependant on pourrait dire, dans le sens 
de par : D'un clin d'œil Jupiter ébranle VOlympe, 

COACCUSÉ, COASSOCIIÉ, CODEBITEUR, COD^TENTEUR, CODONA- 

TAIRE , COPARTAGEANT, COVENDEUR. — Ces mots et quelques autres 
où co est joint à un substantif qui le plus souvent s'emploie seul, sem- 
blent demander un tiret : co-accusé, co-associé, co- débiteur, etc. 

COCCINELLE, S. f. — Voilà un joli nom, le nom d'un joli petit 
insecte, l'un des plus répandus et des plus connus, et que suivant 
les localités on a surnommé bête à Dieu, bête à la Vierge, vache à 
Dieu, etc. On est surpris que l'Académie n'ait pas recueilli le nom 
scientifique, ne fût-ce vque pour avoir l'occasion de redresser ou du 
moins de mentionner tous les surnoms ou noms vulgaires donnés à 
cet insecte, comme elle l'a fait pour la plante appelée bacile^. 

COEHPTION. — Il aurait été utile de dire ici que le p se prononce, 
comme on l'a fait pour contempteur et contemptible, exemption, 

SYMPTOMATIQUE , CtC. 

CŒUR«.. Tant que le cœur me battra duns le ventre. Tant que je 
vivrai. 

L'Académie, qui a mis cette phrase à Battre, à Cobur et à Ventre, 
dit, il est vrai, qu'elle est populaire ; mais il nous semble qu'il eût été 
mieux d'y substituer poitrine à ventre, car nous l'avons souvent en- 
tendue avec ce changement et elle y gagnait beaucoup en noblesse. 

— Sans doute on dit aussi. Donner du cœur au ventre à quelqu'un, ou 
lui mettre, lui remettre le cœur au ventre; mais ici cœur signifie Cou- 
rage, et l'en peut placer le courage dans telle partie du corps qu'on 
voudra, puisqu'on dit : Prendre, tenir son courage à deux mains. — 
A l'article Corps on lit : « Tant qiée l'âme me battra dans le corps » ; 
et bien certainement cette expression est préférable à la première , 
Tant que le cœur me battra dans le ventre. 

CŒUR... (p. 336, col. 2) Dieu est scrutateur des cœwrs.— Nous pen- 
sons qu'il faut lire ici comme à l'article Scrutateur : Dieu est le 
scrutateur des cœurs. 

COGNASSE , s. f. Coing sauvage moins gros et moins jaune que l'au- 
tre. COGNA2SSIER, S. m. Arbre qui porte des coings ou des cognasses. 

— Puisque le coing présente trois points de différence avec la 
cognasse, qui est sauvage , moins grosse et moins colorée , pourquoi 
a-t-on supprimé le nom de l'arbre qui le produit ? Le mot coignier, 

1. L'Académie a soin de nous dire que le bacile est aussi appelé perce^erre, passe-piene, 
chrUte marine, ou fenouil marin. Ces renseignements sont d'un grand intérêt pour bon nom- 
br« de lecteurs. 



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qu^on trouve dans la première édition du Dictionnaire de rAcadémie, 
devrait être rétabli. Voy. Verglas. 

COING, s. m... Gros fruit jaune en forme de poire... — Pourquoi 
l'Académie a-t-elle supprimé un des caractères du coing, celui d'être 
un fruit à pépins, caractère indiqué dans les quatre premières édi- 
tions? 

COLICITANT. — Dans ce mot, la syllabe co a la même signification 
que dans collaborateur j collatéral; et puisqu'on n'y met pas deux l, il 
serait nécessaire d'y mettre un tiret : co-licitant. 

COLLAGE , s. m. — A l'article Coller on a bien dit « Coller du vin, 
Y mettre de la colle de poisson ou quelque autre ingrédient, pour 
l'éclaircir » ; mais ici l'on a oublié de parler du Collage du vin et de 
diverses liqueurs, qui se fait avec des blancs d'œufs, de la colle de 
poisson, etc. 

COLLECTION, S. m. — Lisez : s. f. Ici la faute typographique a des 
conséquences moins graves, parce qu'il y a plusieurs exemples qui 
servent à la redresser. 

COLLÉGIAL, ALE, adj. Il n'est guère usité qu'au féminin, et dans 
cette dénomination Église collégiale, qui se dit d'un chapitre de cha- 
noines sans siège épiscopal. — Comme l'Acadércie n'a pas admis plu- 
sieurs mots de Fénelon, de Boileau, de Buffon, etc., qui sont usités, 
nous ne parlerons pas de Gresset, qui a dit : Iz prose toisée des poètes 
collégiaux; mais nous rappellerons qu'on dit tous les jours les études 
collégiales, et qu'on trou; 3 la rétribution collégiale à chaque page de 
l'Almanach de l'Université. 

COLONNE... en termes de Physique... Colonne d'kiK. Colonne d'EAïJ. 
Il y a une colonne d'air qui pèse sur la colonne de mergorb contenue 
dans le baromètre, — Pour compléter l'énumération , on pourrait 
ajouter une phrase analogue à la suivante, qui se trouve à l'article 
Feu : line colonne de feu guidait les Israélites dans le désert, pencUmt 
la nuit, 

COLORER. — ■ Nous avons décolorer et décoloration; pourquoi n'a- 
vons-nous pas aussi coloration, pour exprimer l'action de prendre ou 
de donner de la couleur? a Le plus ou moins de coloration des fruits 
dépend de ce qu'ils mit plus ou moins reçu les rayons du soleil, La 
COLORATION du Mont Blanc, /a coloration des nuages parles rayons 
du soleil couchant, présente un beau spectacle. La coloration du verre, 
du cristal, se fait par tels et tels procédés ». Enfin pourquoi ne dirait- 
on pas la coloration de la peau, puisque l'Académie admet la déco- 
loration de la peau? 

COLORIER, V. a. Appliquer les couleurs convenables sur une estampe, 
sur un dessin, etc. Colorier une estampe, un dessin. Colorier une star 
tue» — Nous venons de demander qu'on admette coloration pour cor- 
respondant de colorer; nous en faisons autant pour coloriage, corres- 
pondant de colorier. Autrefois colorier ne se disait que des tableaux > 



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— 65 — 

et dans ce sens il wnAt «on substantif coloris; aujourd'hui qu'on 
l'emploie en parlant des estampes, des dessins, des statues, pour les- 
quels coloris n'es^ pas usité, il faut un nouveau substantif; et ce sub- 
stantif c'est coloriage. 

Sans doute on a le substantif enluminure, qui exprime la même 
idée ; mais on ne dirait ni enluminer une statue, ni V enluminure d'une 
statue. Ainsi donc coloriage pourra s'employer aussi bien que colorier 
en parlant des statues, des estampes et des dessins; d'ailleurs c'est le 
terme dont on se sert généralement aujourd'hui. 

COMBATTRE, V. a... Il est souvent employé absolument et neutra- 
lement. — L'Académie emploie tantôt l'une, tantôt* l'autre de ces 
expressions ; ainsi à Touhner (façonner au tour) elle dit que ce verbe 
est employé absolument dans cette phrase « Un ouvrier qui tourne 
bien » ; et à Toucher, qu'il est employé neutralement dans celle-ci : 
« Regardez cela, mais n'y touchez pas ». Ces différences sont très- 
bien exprimées. Ici elle dit que combattre s'emploie souvent de l'une 
et de l'autre manière ; cela est encore vrai et les exemples sont bien 
choisis , mais elle ne dit pas dans lesquels le verbe est employé abso- 
himent ou neutralement; nous allons essayer de le faire connaître. 
Noms pensons que combattre est employé absolument dans les phrases 
Combattre vaillamment; combattre à pied, à cheval; combattre à Vëpëe, 
m pistolet, parce qu'on sous-entend un régime direct, V ennemi, etc.; 
il est employé neutralement dans celle-ci « Combattre contre qu^l- 
qu'un » , parce qu'on ne peut pas y mettre un régime direct. 

€OMBLER, V. a... Fig., Combler une personne de biens. Lui faire de 
grands biens. — Dit-on faire des biens à quelqu'un ? Nous ne le 
croyons pas * ou du moins nous ne l'avons jamais ni lu ni entendu ; on 
dit faire du bien à quelqu'un, lui faire beaucoup de bien; et à l'article 
Bien nous trouvons de même. Faire du bien à quelqu'un, procurer du 
bien à quelqu'tm. — Dans la première édition l'Académie a donné la 
définition suivante, qui nous paraît meilleure, « Combler une personne 
de biens... Lui donner très-abondamment des biens. » 

€OiiiéME... signifie encore Le lieu où Ton joue la comédie pour le 
public. Il loge vis-àrvis de la comédie. Sa maison est à côté de la 
comédie. Les bureaux de la comédie. — Comédie se dit aussi de la 
troupe des comédiens qui appartiennent à un même théâtre. Toute la 
comédie doit paraître dans cette pièce. La comédie française. La 
troupe de l'Opéra-Comique s'appelait autrefois la comédie italienne. 

Ici, comme on le voit, quelle que soit l'acception du mot comédie, 
l'Académie l'écrit avec un petit c; ailleurs elle emploie la majuscule : 
(à Salle) La scUle de la Comédie. La salle de rOpéRA. 
(à Entrée) Cet auteur a ses entrées à la Comédie française. 
(à Acte) Il vient de donner un joli acte à la Comédie française. 

1. A l'article Pairb on lit aussi : Cela lui a fait de grands maux, de grarides douleurs. Causé 
nous semblerait préférable. 

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— 66 — 

(à Semainusb) Les deux semainiers de la Goiitei pbançaisb. 
(à Sociétaire) Les sociétaires de la Comédie prançaisb* 

Ailleurs encore nous trouvons de plus une variante pour le mot franr 
çaise, qui est écrit avec une majuscule : 

(à Pensionnaire) Pensionnaire de la Comédie Française. 
Voy. Relâche. 

COBIMENCER) V. a. — Il y a dans cet article une transposition de 
trois lignes. Après ces mots du second paragraphe « Ce rai comfnença 
de régner en telle armée » , il faut mettre ceux-ci , qui sont au troi- 
sième : « Cependant on dit quelquefois, Commevicer à, pour Commen- 
cer de. Commençons à dîner. Ils commencèrent à jotœr. Etc. » Voyez, 
à l'article À, Commencer à, etc. 

COMPACTE, adj. des deux genres. T. de Physique. Qui est condensé, 
dont les parties sont fort serrées. Corps compacte. Substance com- 
pacte. Les métaux les pltis compactes sont les plus pesants. 

On écrit sans e final les adjectifs exact et inexact, intact, abject, 
correct et incorrect, direct et indirect, infect, strict, abrupt, et même 
quelques substantifs tels que tact et contact, rapt, intellect, conr 
cept, etc., où cependant Ton fait sentir le t final ; il nous semble qu'il 
serait convenable de suivre la même orthographe pour compa^cte, qui 
d'ailleurs est généralement écrit sans e au masculin (compact) dans 
les ouvrages de sciences. — Nous ferions volontiers la même propo- 
sition pour l'adjectif contracte, terme dont on se sert dans la gram- 
maire grecque. 

coMPÉTËMiiiENT. — Yoilà le premier adverbe de cette terminaison 
où l'Académie ait indiqué la prononciation {compétament) . Elle dit 
elle-même qu'il est peu usité. Nous pedsons qu'à égalité il aurait 
mieux valu l'indiquer au mot Antécédemment, qui du moins se trou- 
vait le premier dans l'ordre alphabétique, ou au mot Ardemment, qui 
est le second, et qui s'emploie tous les jours. 

COMPLÈTEMENT, adv. — Les adverbes dérivés d'un adjectif terminé 
par ecj ef, er, et, prennent un é à l'antépénultième syllabe ; tels sont 
sèchement, brièvement, grièvement, am4rem^nt, entièrement, discrè- 
tement, secrètement, etc. Il n'y a qu'une exception, complètement, 
et il serait bon de la faire disparaître. — Pour complètement, s. m., 
voyez l'article Accents. 

COMPLEXION, s. f. — Pourquoi l'Académie a-t-elle supprimé l'ad- 
jectif complexionné, ée, qu'elle avait admis dans les quatre premières 
éditions? Cette expression, autrefois employée par les médecins seu- 
lement, a passé dans le langage vulgaire : Il est bien complexionné, 
mal complexionné. Il ne vivra pas longtemps, il est m^l complexionné. 
Dans le Complément du Dictionnaire de l'Académie, complexionné, ée, 
est regardé comme le participe du verbe complexionner. 

COMPOSER, V. a... COMPOSÉ, ÉE, part. Un corps, un être composé. 



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— 67 — 

— Un corps, un être composé est évidemment formé de parties com- 
posantes, de composants; et l*on s'étonne que l'Académie ne donne 
pas l'adjectif composant, ante, dont le masculin doit être employé 
substantivement aussi bien que le masculin du participe composé * . 
Cela nous intéresse beaucoup, parce que dans cet ouvrage nous 
sommes souvent appelé à parler des mots composés, qui présentent 
les questions les plus difficiles de notre langue. Ainsi nous sommes 
forcé de dire que dd.ns écttelle-d'eau, rubtm-d^eau, flèche d'eau (celui- 
ci sans tiret, nous ne savons pourquoi) ou sagittaire, une des parties 
COMPOSANTES ,• le premier des composants est pris figurément , et que 
dans houton-d^or, houtonr-d'argent , verge-d'or, les deux composants 
sont employés dans le sens figuré. Nous ne connaissons pas d'autre 
expression que celle-là pour rendre exactement notre pensée, et nous 
espérons qu'on voudra bien nous la passer parce qu'elle nous semble 
très-intelligible. 

C^OBIPTANT, adj. m. Il n'est guère usité que dans ces locutions. 
Argent comptant, deniers comptants. Argent en espèces, argent compté 
sur-le-champ. Il a tant en argent comptant. Payer argent comptant, 
en beaux deniers comptants. Il refusa les billets, et il voulut de l'ar- 
gent comptant.,, — Comptant s'emploie aussi adverbialement. Payer 
une somme compta/nt. Payer comptant. Vendre comptant. Acheter 
comptant. 

Trop souvent l'Académie n'est pas assez explicite, et omet de nous 
donner l'indication des ellipses. Bien des personnes, trompées par les 
beaux deniers comptants, croiront qu'il faut écrire mille francs 
comptants, d'autant plus qu'on ne comprend guère ce que c'est que 
des deniers comptants (au lieu de comptés). Sans doute l'Académie 
dit plus bas payer une somme comptant; mais comme le mot payer 
peut très^bien n'être pas exprimé, on sera trompé par la contexture 
de la phrase : Vous demandez de ce petit mobilier douze cents 
francs; je vous en offre mille francs en beaux deniers comptant, 
c'est-à-dire en comptant les deniers, l'argent qui sera bel et bon. 
M<^ière a dit de même : 

Je gage cent pîstoles. — Cent pistoles (payées) comptant? 

COBIPTE... Compte rendu. Exposé ou récit de certains faits particu- 
liers. Compte rendu de l'état des finances, de la statistique criminelle. 
Compte rendu des séances d'une assemblée législative, etc. — • Nous 
croyons que le tiret serait fort utile dans ce mot composé, qui sou- 
vent est suivi d'un participe ou d'un adjectif. Sans doute il n'en faut 
pas dans ces phrases : « D'après un compte rendu à l'Empereur, au 
Ministre,..; Par suite du compte rendu à l'Académie des sciences... » ; 
mais nous le mettrions dans celles-ci : « Compte-rendu fait, lu, pré- 

1. Le participe cœnposé, ée, a donné naissance à deux substantifs, l'un masculin, l'autre 
féminin. L'homme est un c&mposé de corps et d'âme. L'eau est un composé d'hydrogène et d'oxy- 
gène. — La famille des composées ( des plantes composées ). 



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— 68 -* 

sente, adressé à l'Institut; Gokpte*reiidii officiel, sommmire, géné^ 
ralj etc., du Ministre de ViMérieur sur.., », 

COMPTE. •• À-COMPTE. Je lui ai donné deux àr-compte. — ^ Ce mot^ 
qui est d'ua emploi journalier dans le commerce, semble demander 
qu'on supprime le tiret comme on Ta fait pour beaucoup d'autres : 
abord, about, amont et aval, aplomb, atout, aœmr, a»erse, les alenr- 
tours, etc. Cette réunion en un seul mot {acompte)^ déjà très-usitée, 
permettrait de mettre le signe du pluriel (des acomptes). Il est cho- 
quant de lire en face Tun de l'autre ces mots : Prêts, à-compte, ou 
Remboursements par à-compte; payer par à-gompte successifs. 

CONCEPT. Le P se prononce dans ce mot et le suivant (congep- 
TION). — Aux mots laps, biceps, l'Académie nous dit très-bien qu'on 
doit prononcer le p et Vs ; aux mots tact, intact, exact, intellect, etc., 
qu'on doit prononcer le c et le t; mais ici elle ne parle que du p, 
comme au mot rapt elle ne parle que du f, 

CONDAMNATION... Passer condamnation. Consentir que ta partie 
adverse obtienne jugement à son avantage.— Fig., Passer condanma- 
lion. Avouer qu'on a tort. Je passe condamnation. 

Cette expression figurée ne peut-elle pas recevoir un complément : 
Je passe condamnation sur vos critiques, sor vos reproches? Ne pour- 
rait-on même pas dire. Je passe condamnation pour telle et telle 
phrase, pour telles et telles expressions, dans le sens de. Je les adniets, 
bien qu'elles ne me semblent pas tout à fait correctes, tout à fait 
exactes? N'y eût-il qu'une de nos propositions qui fût admissible, 
nous nous applaudirions d'avoir attiré l'attention de l'Académie sur 
cet exemple un peu bref : Je passe condamnation. 

CONDOLÉANCE... Nous avons été lui faire nos compliments de conn 
doléance. — Cette phrase est-elle correcte? Nous ne pensons pas qu'elle 
soit meilleure que ce vers de Corneille tant critiqué par les grammai- 
riens : 

Il FUT jusques à Rome implorer le aénat. 

Nous pensons qu'il faut dire « Nous sommes allés lui faire nos com- 
pliments de condoléance, ou Nous avons été chez h»^, et nous lui aixms 
fait nos compliments... », et non « notis avons été faire».. » Par la 
même raison nous croyons qu'il y a une faute dans cette phrase : 

(à Maritalement) Us ont été se promener maritalement, en tête d tête 

(Voy. TÉTB À TÊTE). 

Il nous semble que si les personnes dont on parle viennent de sortir 
pour se promener, il faut dire, « Ils sont allés se promener. . . » , 
comme l'Académie à l'article Vin, « Ils sont allés boire le vin du mar- 

1. Cette phrase, iwus avons été chez /m', n'exprime point l'action d'aller; elle signifie, Nous 
avons existé , vécu chez lui , nous y avons passé quelques moments plus ou moins longs. Il 
en est de môme de j*ai été dans les phrases suivantes : « J'm été hier au spectacle et je m'y 
suis ennuyé d*un bout à l'autre; /'ai été au tribunal ce matin, mais je n'y retournerai pas cet 
après-midi. » 



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- 69 — 

ché » ; mais si la prontenadç dont on parle a eu lien plud ou moins 
aDtérieurement, il fl&udra dire •fisse sont promenés, U leur est arrivé 
de se promener, on les a vus se pPomener, etc. » 

CONFIDENTIEL. — On conservB le t étymologique du latin dans 
confidentiel, différentiel, essentiel, obédientiel, pestilentiel, svèstan- 
tiel, etc., tandis qu^on écrit consciencieuXj licendeiw, révérencieux, 
sentencieux, silencieux, etc., conformément au radical français. Il est 
à désirer que l'Académie fasse disparaître cette anomalie dans la pro- 
chaine édition de son Dictionnaire. Déjà elle écrit révérencielle 
(crainte), sans doute par analogie avec révérencieux; obédiencier 
réclame ohédiendel; çww^csscwcier demande également essenciel, etc. 
~ En même temps sans doute elle adoptera circonstanciel,, qui déjà 
en 1803 se trouvait dans le dictionnaire deGattel, et providenciel, qixi 
est dans la bouche de tout le monde. 

CONGLOMÉRER. — On est surpris que l'Académie n'ait pas donné à 
ce verbe le substantif corrélatif conglomération, comme elle a donné 
agglomération, conglutinaiion, congratulation, etc, pour répondre à 
agglomérer, conglutiner, congratuler, etc. 

CONGRÈS, s. m... Le congrès de Radstadt. — Lisez Bastadt, U ne 
faut pas confondre Radstadt, petite ville d'Autriche, dans le cercle de 
Salzbourg, où Moreau défit les Autrichiens en juillet 1796, avec Ra- 
stadtj ville du grand-duché de Bade, où se tint de 1797 à 1799 un 
congrès en vue d'amener la paix entre la France et l'Allemagne, 

CONJUGAISON 

DES vERBÇs TERMINÉS PAR ayçr, oycr, îtyer. 

Dans les verbes terminés en oyer, uyer, l'Académie met toujours 
uni simple devant l'e nraet, comme dans les substantifs; elle écrit 
donc : je tutoie, je nettoierai, qtie j^ envoie ; f appuie, j^ennuierai, que 
j^essuie ; — joie, voie, soierie, pltde, suie, essuie-main, etc. 

Mais dans les verbes terminés en ayer, la rè^e n*est plus la même. 
L'Académie donne toujours, il est vrai, pour paradigme le verbe 
payer, où elle admet Vi comme variante de l'y ( Je paye, tu payes, il 
paye ou il paie ; ils payent ou ils paient. Je payerai ou je paierai ou 
je-paîrai); mais toujours aussi, malgré cela, elle emploie l'y^ comme 
on peut le voir, surtout aux verbes balayer, bégayer, effrayer, etc. 
Ainsi donc il faut écrire avec un i, la monnaie, une étaie, une effraie, 
une raie ^, etc., et avec un y, je monnaye, j'étaye, j'effraye, je raye. 
~ Puisqu'elle dit elle-même, au verbe Avoir « L'orliographe aye, que 

1. Les moto ffoye, eipaye, ahbajft, sont les «eols qui m teniùiMit par ojft. Abbojfô se pro- 
nonce abcie; cipaye se prononce cipa-ye, ou cipa-ie ( Voy. Cipayb) ; conséquemment ces deux 
mots n'ont aucun rapport avec paye, et leur prononciation suffit pour prouver que ce dernier 
doit changer d'orthographe. Bientôt sans doute l'Académie y substituera Vi à Ty, comme elle 
r» fait d«pi)i« lon(temp« pour l^s oioto était, e/fhnk, monnaie, raie, Oe. : • 



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— 70 — 

j'at^e, de Timpératif et du subjonctif, n'est plus guère usdtée : on écrit 
généralement aie, que j'aie » ^ il est à désirer qu'elle renonce à Vy 
pour les verbes avoir, payer, et tous ceux qui se conjuguent sur ce 
dernier. 

DES VERBES TERMINÉS PAR elcr. 

La langue française a une soixantaine de verbes terminés par eler, 
mais ils ne se conjuguent pas tous de la même manière : devant un e 
muet, les uns doublent la lettre l, les, autres prennent un è avant 
cette consonne. L'Académie n'a indiqué la manière de conjuguer que 
pour une moitié de ces verbes. Elle met un accent grave à la voyelle 
qui précède 1'/ dans les verbes celer (et déceler), bourreler, écarte- 
1er, geler (et les composés congeler, dégeler), harceler, marteler, 
modeler, peler. Elle écrit donc je cèle, je gèle, je harcèle, etc. — Elle 
double la lettre l dans amonceler, appeler (et rappeler), atteler (et 
dételer) , chanceler, ensorceler, étinceler, ficeler, grommeler, se grw- 
meler ( et s'engrumeler), javeler (et enjaveler), niveler, renouveler, 
ruisseler; et elle écrit j'amoncelle, j'appelle, j^attelle, etc. 

Reste à savoir comment doivent être conjugués agneler, bosseler, 
botteler, bretteler, canneler, carreler, chapeler, ciseler, cordeler, cré- 
neler, décheveler, démanteler, s'encasteler, enchanteler, épeler, gre- 
neler, qX les composés. Faut-il écrire je cisèle, ou je ciselle; j'épelle, 
ou j'épèle? — Quelques verbes ont un substantif qui, au premier 
abord, semble devoir diriger pour l'orthographe du verbe lui-même; 
ainsi morcellement, épellation, paraissent indiquer qu'on doit écrire 
je morcelle, j'épelle ; — démantèlement, grivèlerie, porteront à écrire 
je démantèle, je grivèle. — Cependant ces inductions pourraient 
n'être pas exactes; car si l'Académie écrit modèle et je modèle, ficelle 
et je ficelle, d'un autre côté elle écrit avec deux l le substantif bour- 
relle, tandis que dans le verbe elle met l'accent grave : la conscience 
bourrelé les méchants; de même qu'elle écrit une trompette, ufie éti- 
quette, et j'étiquete, f aigle trompeté. Elle écrit encore une époussette, 
et je répomseterai bien; mais ici l'on ne sait ce qui manque, l'accent 
grave ou le t, 

DES VERBES TERMINÉS PAR Ctcr. 

De tous les verbes de cette terminaison il n'y a que dix radicaux pu 
l'Académie indique la manière dont ils doivent être conjugués dans 
les temps où le t est suivi d'un e muet. Elle met un accent grave à la 
syllabe précédente dans les verbes acheter {et son composé racheter), 
becqueter, décolleter (au verbe colleter, elle ne donne pas d'exemple 
où le t soit suivi d'un e muet), étiqueter; elle écrit donc j'achète, ils 
se becquètent, un habit qui décolleté, les apothicaires étiquetent... '- 
Elle double le t dans cacheter, coque ter, jeter (et dans les composés 
se dé jeter, for jeter, projeter, rejeter) , mugueter, souffleter, et teter 
(Voy. ce mot) ; elle écrit : je cachette; eUe coquette tout le jour; il 



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- 71 - 

mugueùe toutes les femmes de son quartier; elle soufflette son enfant.,.; 
cet enfant tette bien. — On peut sans doute ajouter à ces derniers le 
verbe caqueter , puisque au mot Gaqueteur , edse , elle écrit « Celui 
qui caquette et babille beaucoup », — et aux premiers les verbes cro* 
cheter, haleter, puisque au mot Grogheteur elle écrit « Celui qui 
crochète n et à Pantelant, « Qui halète ». 

Pour les verbes aiguiUeter, banqueter, billeter, bowneter, breveter, 
briqueter, cliqueter, coupleter, craqueter, déchiqueter, empaqueter et 
dépaqueter y feuilleter, fureter, gobeter, guillemeter, haleter, marque- 
ter, moucheter, parqueter, pocheter, rapiéceter, sa/^eter, tacheter, 
voleter, vergeter, voleter, elle ne dit rien; on ne sait si Ton doit 
écrire, par exemple, Rempaquette, je feuillette, on f empaqueté, je 
feuilleté; — je furète, je guillemète, ou je furette, je guillemette. Nous 
avons vu plus haut que l'orthographe des substantifs n'est point un 
guide sûr pour celle qu'on serait tenté de mettre aux verbes. 



CONNAITRE, V. a... CONNU, UE, participe. Le monde connu. Le plus 
grand des animaux connus. Il ny a rien de si connu. C'est un homme 
connu par son mérite. Ce nom m'est connu. ~ L'Académie omet 
souvent d'indiquer les diverses manières dont les mots peuvent être 
employés^ les compléments des verbes, etc. Ici elle ne nous apprend 
pas s'il faut dire qu'un homme est connu de tous les savants ou par 
tous les savants ; elle nous laisse ignorer s'il est correct ou non de 
dire que tel savant est surtout connu pour certains ouvrages, tel ma- 
gistrat pour son intégrité, sa sévérité, son équité. Où cherchera-t-on 
ces règles, si ce n'est dans le Dictionnaire de l'Académie? Yoy. Re- 
nommé. 

CONSONNE... L'a? est une consonne double qui équivaut à ks. — Il 
nous semble qu'il aurait mieux valu dire : a L'a? est une consonne 
double dont la prononciation varie; dans certains mots, elle équivaut 
à ks; dans d'autres, à gz, au c dur, à Vs forte, au jr ou à Vs adoucie. 
Voyez X ». En effet à l'article X on trouvera des exemples de ces di- 
verses prononciations, et de plus on y verra que dans certains mots 
celle de Vx final est complètement nulle. 

CONSTATER, V. a. — Ce verbe a besoin d'un substantif qui est em- 
ployé tous les jours non-seulement au barreau , mais encore dans la 
conversation. Ce que je vous dis là ce n'est pas une conjecture, c'est 
Id CONSTATATION d'un fait. 

CONTINUER. Poursuivre ce qui est commencé. Continuer à faire, à 
dire, de dire, de faire. — . Il signifie aussi Persévérer dans une habi- 
tude. Continuez à bien faire, et vous vous en trouverez bien. Si vous 
continuez à boire, vous ruinerez votre santé. 

A ces lignes nous ajouterons ce qu'on lit à l'article k. 

« Continuer à suppose une action commencée, et que l'on continue. 



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- w- 

Je vais carUirmer à écrire ma lettre. Nous ûllons corUinuer à j^ftêer, 
(c GoHTiNUBR DE désigne une action répétée par itttenralles etqu^on 
a l'habitude de faire. Mon frère continue de jouer. Je ne continuerai 
pas longtemps de voir cet homme-là, • 

Il nous semble que dans'ces deux exemples « Si vous gohtino» à 
boire vous ruinerez votre santé, et Mon frère gontikoe de jouer », de 
et à sont employés absolument dans le même sens, et contredisent la 
règle qu'a donnée l'Académie. Voy. Commencer à, à l'article 1. 

coBîTiNUiTÉ. (U et I font deux syllabes.) — Cette remarque n'inté- 
resse guère que les poètes ; mais puisque l'Académie l'a jugée utile, 
il aurait été bon de la faire également aux mots annuilé, ingénuité, 
ténuité, assiduité, viduité, perpétuité, etc., qui doivent ôtre dans ie 
même cas. 

CONTRACTE, adj. — Voy. COMPACTE. 

CONTHAGTER, V. a. — Ce verbe a deux acceptions fort différentes. 
Pour le sens de Resserrer, diminuer le volume, etc., au propre et au 
figuré, on a le substantif correspondant contraction; mais pour le sens 
le plus usité, celui de Faire une convention avec quelqu'un, de prendre 
des habitudes, de gagner des maladies, etc., il n'y a pas de substan- 
tif, et les néologues eux-mêmes n'en ont pas encore proposé, du 
moins que nous connaissions. Nous nous permettrons donc d'indiquer 
le mot con^oc^a(ion*^ qu'on trouve dans quelques dictionnaires comme 
étant un terme d'ancienne législation espagnole. Nous ne voyons rien 
de choquant dans les locutions la contractation d'un mariage, d'une 
alliance, d'un engagement, d'une obligation, d'une dette, d'habitudes 
bonnes ou mauvaises, etc, etc. Voy. Transvaser. 

CONTRAPONTISTE, S. m. T. de Musique. Il se dit d'un compositeur 
qui connaît les règles du contre-point. Ce compositeur est bon contra- 
pontiste. Il n'est pas contrapontiste. — Il est surprenant que l'Acadé- 
mief ne mentionne ni ici ni à son rang alphabétique le mo^ contre- 
pointiste ^, qui, formé régulièrement, nous paraît bien préférable : 
il a, du moins, pour radicaux contre et point, et non contra, punc- 
tum. — Contrapontiste n'est ni français , ni latin , ni italien ; c'est un 
terme de fantaisie, plus usité peut-être que contrepoinHste, mais qui 
à coup sûr n'est pas meilleur. 

CONTRE -BALANCER, CONTRECARRER; CONTRE -ESCALIER, CON- 
TRESCARPE; CONTREHmDRfi, CONTREMABTDER ; — C<»îTREVALLA- 
TION, CONTRE- fort; CONTRALTO, CONTRE -BASSE; CONTRAPON- 
TISTE, CONTRE-POINT, etc. -— Ccs différents mots nous semblent être 

1. Les verbes accepter, affecter , intercepter, ont pour substantifs acceptation et acception; 
a/feetaiion et affection; interception et interceptation. (Ce dernier mot n'est pas encore adopté 
par l'Académie.) Soetravastr a dauz dérivéd qui sont synonyiaes : eaetravatation et exir^m* 
sion, moins usité. 

2. Nous écririons sans tiret contrepoint et contrepointiste, parce qu'il s'agit ici d'application 
et non d'opposition (Voy. Contrb-balai«cbr, etc.). Les premiers harmonistes, pour indiquer 
l'intonation sor les portées, y mettaient des points contre des points. 



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~ 73 — 

dans des coBditions respectives tout à fait analogues, et demander 
à être écrits de la môme manière. Peut-être serait-il convenable de 
distinguer contre marquant l'opposition, de contre indiquant l'appli- 
cation d'une chose sur une autre. Le premier serait séparé du sub- 
stantif par un tiret, le second s'y joindrait immédiatement; ainsi Ton 
écrirait contre-batterie, contre-courant, contre-finesse, contre-jour, 
contre-marche, contre-mine, contre-partie, contre-poil, contre-révo- 
lution, contre -ruse, contre -sens, etc.; mais on écrirait sans tiret 
contrebouter, contrechâssis , contreclef, contrecœur (d'une chemi- 
née), contre fiche, contrefort, contrelatte , contremur, contreplatine, 
contresanglon, contreterrasse, etc. Par extension, on suivrait cette 
même orthographe pour les personnes ou les choses en sous-ordre : 
contremaître, contremarque, contreseing, etc. 

CONTREBANDE. CONTREDANSE. — Autrefois l'Académie écrivait 
ces deux mots avec un tiret {contre-bande, contre-danse) ; a-t-elle 
bien fait de le supprimer? Nous le croyons pour le premier, parce que 
bande n'est pas français dans cette acception (Voy. Fer -blanc. 
Ferblantier). Quant au second, que nous regardons, non comme une 
traduction des mots anglais country dance (danse de campagne), 
ainsi que le prétendent quelques lexicographes , mais comme un mot 
français qui exprime très-bien que les personnes qui exécutent cette 
danse sont en face les unes des autres, nous pensons qu'il devrait 
prendre le tiret comme contre-espalier, contre-batterie, etc. Nous 
écririons donc Contrebande sans tiret et Contre-danse avec un tiret. 

CONTRE -BASSE, S. f. Grosse basse sur laquelle on joue la même 
partie que celle de la basse, mais qui sonne une octave au-dessous de 
la basse ordinaire, et par conséquent deux octaves au-dessous du 
violon. Jou£r de la contre-basse. Il y a quatre contre -basses, huit 
contre-basses dans cet orchestre. 

Tous les dictionnaires, il est vrai, donnent contre-basse avec un 
tiret; mais nous croyons que c'est uniquement parce qu'on a copié 
sans réflexion le Dictionnaire de l'Académie. En effet, la contre-basse 
n'est pas l'opposé de la basse comme le contre-poison est l'opposé du 
poison ; c'est la basse ou l'octave de la basse, comme le contralto est 
la basse ou l'octave du soprano, c'est-à-dire des voix de femme. Nous 
pensons donc qu'il faut écrire contrebasse en seul mot, comme on le 
fait pour contralto. L'Académie elle-même l'écrit ainsi une fois à l'ar- 
ticle ÂME, deux fois à Archet, et cette orthographe, pour n'être donnée 
qu'accidentellement, n'en est pas moins bonne. 

Ces variantes nous ont engagé à donner ici la liste des mots compo- 
sés ou des locutions qu'on trouve écrits diversement dans le Diction- 
naire de l'Académie suivant l'article où on les cherche : les uns en 
un seul mot, ou en deux avec ou sans tiret; les autres en deux ou 
trois mots avec ou sans tirets. Nous avons placé dans la première 
colonne l'orthographe qui nous a semblé la plus convenable, et l'on 

10 



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-74- 



trouvera dans le^cours de cet ouvrage les raisons qui nous ont décidé 
pour telle variante plutôt que pour telle autre dans les mots qui ont 
le plus d'importance : maitre autel à Autbl; plus-valtte à Value; 
pot-de-mn à Vin, etc. 

UAeadémie écrit : Elle ierii : 



à A6ATB, 

à Amb, A&cnr, 

i Amgiospekme, 

i son rang alphabétique , 



à Apprbndhb, 
i Aronde, 

i BOMNBT, 

Id, 
à Q^uiLLON , DaAPBR , Epi , 
i Branche, Acanthe, 
i son rang , 
i Conte, 
à son rajoig, 
i Culot, 
à Dès, Lors, 
à Dire, 

i Docteur, 
à Duc, 
à Fleuriste, 
à son rang, 

i Hadt, 

i son rang, 

à Là, 

i Lait, Petit, etc., 

à son rang, 

i Maître, 

à son rang, 

/d. 

Id. 

Id. 

à Oreille, 
à Pater, 
à Petit, 

à son rang, à Plus, 

à son rang, 

à Pot, 

à son rang, 

à OooTE, QooTiTÉ, etc., 

à son rang, 

à SAINT,CONGRÉGATION,etC., 

à son rang, 

à SCEAD, 

à THÉâTRE, Figurant, 



agate-onyx, 
contrebasse. 

mnfle-de-yeaa , plante. 
atoat (je fais, je joue). 

malappris (homme) 
4 queue d'aronde ' 

blage). 
bonnet-de-prètre, bonnet- 

à-prêtre, t. de fortifie. 
bonnet-à-prëtre, plante. 
, bouillon-blanc, plante. 
branche-ursine, plante. 
chiendent, plante. 
conte de Peau-d'âne, 
contre-poison, 
le dernier né. 
dès là. 
le bien-faire yaut mieux 

que le bien-dire, 
doc leur- régent, 
^and-dnc. 
jardinier fleuriste, 
gorge-de-pigeon (taffetas) . 

haut le pied (renToyer 
descheyaux). 

hant-de-chausses. 

halte là. 

petit-lait. 

mainmorte. 

maitre autel. 

Mont-Joie Saint-Denis. 

morte-eau. 

morte-saison. 

nec plus ultra et non pins 
ultra. 

oreille-de-sonris, plante. 

rie à rie. 

petits-pieds , t. de rôtis- 
seur. 

plus-yalae. 

portefaix. 

pot-de-vin , cadeau. 

qu'en-dira-t-on (le). 

quote-part. 

reine-marguerite, plante. 

saint-office (le). 

sans-dent (une yieille). 

scean-de-Salomon , plante. 
Théâtre-Fran^. 



à Ontx, agate onyx >. 

à son rang alpha- 

bé tique , contre-basse . 

à Mufle, Muflier, mufle de veau, 
à Tout, faire à toat, jouer i 

tout». 
à son rang, mal-appris'. 

à Queue , à queue-d'aronde. 



à Prêtre, 

à Fusain, Prêtre, 

à MOLÈNI, 

à Berce, 

à Dent, 

à Ane, Peau, 

à Antiik)te, 

à Nourrice, 

à U, 

à Bœn-diei, 

à RéGENT, 

à Cour, Règne, 
à Jardinier, 
à Pigeon , 

à PlEO, 

à Porter, 
à Halte, 
à Beurre, 
à Mourir, 
à Autel, 
à Cri , Crier , 
à Mourir, 

Id. 
à Non... 

à Mtosotis, 
à son rang , 
à Petit, Pied, 

à Value. 
à Gagne-denier, 
à Vin, 
Dire, 
à Part, Pater, 

à MARGUEBrrE, 

à Office, 
à Dent, 

à Grenouillbt, 
à Loge, RELàôiE, 



bonnet de prêtre , 
bonnet à orétre. 

bonnet à pretre. 

bouillon blanc. 

branche nrsine. 

chien-dent. 

conte de Peau d*ine*. 

contrei>oison. 

le dernier-né ^. 

dès-là «. 

le bien faire, le bien 
dire'. 

docteur régent. 

^and duc. 

jardinier- fleuriste •• 

gorge de pigeon (taf- 
fetas). 

hant-le-pied •. 

haut de chausses, 
halte-là ••. 
petit lait, 
main-morte, 
maitre-antel ". 
Montjoie Saint-Denis 
morte eau. 
morte saison, 
non - plus - ultra et 
nec-plus-ultrà ". 
oreille de souris, 
rio-à-ric «3. 
petits pieds *^. 

plus yalne ". 
porte-faix, 
pot de vin *•. 
qu'en dira-t-on (le)". 
quote part '•. 
reine marguerite »'. 
saint office (le)^. 
une vieille sans 

dents'', 
sceau de Salomon. 
Théâtre Français ^. 



1. Nous n'avons pas mis dans cette liste les mots dont l'orthographe nous a paru être le ré- 
sultat d'une faute typographique, comme colle-forte avec un tiret ; bouti rimes, rez de chaussée, 
sans tirets, etc. 

2 à 22. Voyez les articles indiqués aux chiffres suivants : (2) Atout. — (8) Mal-appris. — 
(4) Pbau.— (5) Dbenier.— (6) Là.— (7) Bikn-dirb.— (8) Jardinibr.— (9) Pied.— (10) Halte.— 
(11) Autel.— (12) Non-plus-ultra.— (13) Ric-a-ric— (14) Petit.— (15) Value.— (16) Vm.— 
(17) Qu'bn-dira-t-on. — (18) Quotb. — (19) MAROtJBRrrB. — (20) Office. — (21) Sans-dent. 

— (22) RBLàCHB. 



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— 75 — 

Nous aurions pu augmenter sensiblement cette liste des variantes 
sous Je rapport du tiret, en y joignant celles que présentent les noms 
de couleurs employés adjectivement, comme Cheval gris -pommelé 
on gris pommelé; couleur gris-de-perlCj des bas de soie gris de perle; 
étoffe gris-de-lin, ruban gris de lin, etc.; mais nous préférons ren- 
voyer nos lecteurs à Tarticle Gris, où ils trouveront réunies toutes 
ces disparates. 

CONTREDIRE, V. a. (On dit à la seconde personne du pluriel du 
présent de l'indicatif, Vous contredisez. A regard du reste, il se con- 
jugue comme Dire.) — 11 fallait dire : du présent de l'indicatif c^ de 
Vimpératif, car on pourrait croire que ce dernier temps se conjugue 
comme dans le verbe Dire. Voy. Dire. 

CONTUMAX, adj. des deux genres. T. de Jurispr. criminelle. Accusé 
ou prévenu qui est en état de contumace , qui s'est soustrait par la 
fuite aux recherches de la justice... Il est contumax. Elle a été déclo'- 
rée contumax. — Il s'emploie aussi substantivement. Le c<mtumax. 

La quatrième édition porte contumace, et nous préférons de beau- 
coup cette variante, parce qu'elle a pour analogues efficace, fugace, 
loqucLce, perspicace, rapace, sagace, vivace, vorace, etc., tandis que 
contumax est le seul adjectif de cette terminaison. Il est à remarquer 
qu'en latin tous ces adjectifs se terminent par ax comme contumax, 
et l'Académie a bien fait de les franciser. Qu'on laisse donc au bar- 
reau contum^ix, préfix, etc., mais que dans le langage ordinaire on 
dise et l'on écrive contumace, préfixe, etc. Si l'on nous objectait que 
le mot contumax a été rétabli pour le distinguer du substantif fémi- 
nin contumace, nous pourrions répondre que le moX^efjicace est éga- 
lement adjectif et substantif féminin. 

COPATER, s. m. (On prononce et quelques-uns écrivent Copaier.) 
T. de Botan. Arbre fort haut... — Puisqu'on prononce copaïer, il y 
aurait avantage à l'écrire ainsi. Voy. Bayadère. 

COPULATION... La copulation chamelle est défendue hors le ma^ 
riage. — Qu'à l'article Hors l'Académie dise que « dans certaines 
façons de parler familières on emploie hors sans le faire suivre de la 
particule de. Il est logé hors la barrière » , cela se comprend ; mais 
quand c'est. elle qui parle, elle devrait ne jamais autoriser par son 
exemple les infractions à la règle*. La phrase ci-dessus ne rentre 
point dans les façons de parler familières, et conséquemment il fallait 
dire : La copulation charnelle est défendue hors dd mariage. 

COQ... Coq d'Inde, le mâle de la dinde. — Ne fallait-il pas ajouter : 
« Lorsqu'il est jeune, on l'appelle Poulet d'Inde » ? Voy. Poulet. 

COQUE, s. f. Enveloppe extérieure de l'œuf. Le poussin becquetait 
déjà la coqtie. Les poulets, les perdreaux, courent au sortir de la 

1. Cfest ainsi, par exemple, que dans l'une des acceptions de Noix elle dit : t Proche la 
jointoie det deux os t au lieu de « prit de la jointure... » 



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— 76 — 

coqiùe.—ll aurait été utile d'ajouter « On dit SLUsncoquiUle n, car c'est, 
croyons-nous, la locution la plus usitée, excepté dans la phrase CÊuf 
à la coque; cependant ce n'est que vers la fin de l'article Go<^illb 
qu'on trouve cette espèce de synonymie : « Coqmlle se dit pareille- 
ment des coques d'œufs, de noix, d'amandes, etc., prlncipalem^t 
quand elles sont vides, rompues, cassées. Quand on a fini de mander 
un œuf à la coque , l'usage est de briser la coquille ». 

L'Académie dit encore : « Ne faire que sortir de la coque, Être en- 
core très-jeune » ; — et à l'article Coquille, mais dans ce qui con- 
cerne les testacés, elle met « Ne faire que * sortir de la coquille. Être 
fort jeune et sans expérience ». 

COQUE... Coque du Levant, Fruit d'un arbre des Indes... qui a la 
propriété d'BNivRER les poissons, de manière qu'on peut les pêcher à 
la main. — A l'article Mortel on lit : « La coque du Levant est mor- 
telle av^ poissons j pour les poissons ». 

COQUE... se dit aussi de l'enveloppe ligneuse de la noix *, de l'a- 
mande, etc. Coque de noix. Je n'en donnerais pas une coque de noix, 
— A l'article Noix on ne retrouve pas le mot coque : « Écale, coquille 
de noix. Le zeste d'une noix ». 

CORBILLAT. Le petit du corbeau. — L'Académie écrit comUlas, le 
petit d'une corneille. Comme elle a préféré Vs pour les mots cadenas, 
cannelas, altercas , etc., qui autrefois se terminaient par un t, il 
est probable que dans la prochaine édition elle écrira de même 
corbUlas, 

CORELIGIONNAIRE. — On écrit corrélation, corrélatif, corresponr 
dant, etc., avec deux r; coreligionnaire nous semble demander oa 
deux r, ou du moins un tiret : co-religionnaire. 

COTEAU. Autrefois on écrivait coteau, comme côte, côtier, côtoyer; 
mais la prononciation a prévalu sur l'analogie avec le radical et les 
autres dérivés. 

COTYLÉDONÉ, EE. — Cet adjectif prend un ^ à la dernière syllabe, 
mais ses composés prennent un e muet : acotylédone, monocotylé- 
dofie, dicotylédone, etc. 

1. Ne faire que sortir de la coque; ne faire que sortir de la coquille. — D'après ce que 
l'Académie nous apprend au verbe Faire , il fallait dire Ne faire que db sortir, car il s'agit 
ici d'une action récente {Ne faire que de sortir, que D'arrivei; que de s'éveiller, etc., n'être 
sorti, arrivé, éveillé, etc., que depuis très-peu de temps. Acad.), et non d'une action instan- 
tanée, immédiatement suivie d'une autre ou d'un résultat quelconque, comme dans ces 
phrases : Je ne fis que le toucher, et il tomba. Il n*a fait que paraître etdisparaitre. 

2. Il nous semble qu'il y a un grand inconvénient à donner à un mot des aooeptioas pour 
lesquelles il a des synonymes beaucoup plus connus et qui préviendraient les quiproquos. Tel 
est le mot coque, que l'Académie emploie en parlant des coquilles de noix , d'amandes, tandis 
que coquille est bien suffisant; -r- puis elle lui fait«ignifier L'enveloppe extérieure de la noix, 
pour laquelle on a les synonymes brou, qui est connu de tout le monde , et écale qui l'est 
moins ; et encore , pour être certain que l'Académie a voulu parler de l'enveloppe extérieure 
il faut avoir lu la définition de Racinaqe : « Décoction d'écorce, de feuilles d« noyer { Voyez 
Racin.^qb) , de coques de noix, propre pour la teinture ». 



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— 77 ~ 

oiHJUER, y. a. Fluer. Ce ruisseau j cette fontaine coule doucement, etc, 
— Dans cette acception, lisez : y. n. 

€9iJUBUVRE... Avaler des couleuvres. Recevoir des dégoûts, des 
chagrins, des mortifications qu'on est obligé de dissimuler, dont on 
n'ose se plaindre. Jl a bien avalé des couleuvres. On lui a fait avaler 
BiBN des couleuvres. En plaçant l'adverbe bien entre l'auxiliaire et le 
participe dans le premier exemple , on lui fait signifier non pas mul~ 
tum, mais etiam, quddem, imo, quin etiam, etc. Il en est de même de 
cette phrase, qu'on trouve à Angoisse et à Poire : Il lui a bien fait 
avaler des poires d'angoisse. Voy. Bien. * 

COULOIR, s. m. Écuelle ordinairement de bois, qui a, sra lieu de 
fond, une pièce de linge par où on coule le lait en le tirant.— Passage 
de dégagement d'un appartement à uu autre.— Dans les salles de spec- 
tacle, Passages pratiqués derrière les loges. — En termes d'Ânatomie, 
Conduits par lesquels s'écoulent certaines humeurs. Les couloirs de la 
bile. Ce sens vieillit. — €OULoire, s. f. Vaisseau propre à faire passer, 
à faire égoutter la partie la plus liquide ou le suc de quelque sub- 
stance qu'on veut en séparer. Couloire d'apothicaire. 

Il serait plus naturel de donner la même orthographe et le même 
genre aux deux vases qui servent aux vachers et aux pharmaciens, que 
d'assimiler le vase des premieis à des passages de dégagement et aux 
conduits de la bile. Voy. Vérine. 

COUP... // a été le plus fort, il a porté les coups, se dit d'un homme 
qui a été battu par un autre. — Ce proverbe, qui se retrouve à l'ar- 
ticle Porter , est du nombre de ceux qxf on ne met que pour grossir 
un volume ou pour dérider un instant le front du lecteur. Et encore y 
a-t-il amphibologie; car Fhomme dont on parle a pu porter (donner) 
les coups, et dans ce cas il aurait été réellement le phis fort. Pour 
exprimer qu'il a été battu, il faudrait dire qu'il a supporté les coups. 

coupe; couvert... Coupe d'or, de vermeil doré. Couvert de ver- 
meil doré. — Supprimez doré. Voy. Bras. 

COUPER... Fig. et fam.. Couper le sifiet à quelqu'un. Le rendre 
muet, le mettre hors d'état de répondre.— Cette expression figurée ne 
s'emploie-t-elle pas aussi pour signifier Couper la parole à quelqu'un, 
c'est-à-dire l'interrompre dans son discours? Nous le croyons beau- 
coup, et peut-être même cette derni^e acception est-elle plus usitée 
que l'autre, 

COURANT... Toutr-cowrant, loc. adv. Très-vite, en toute hâte. On vint 
m'a/vertir qu'il était chez moi, je m'y rendis tout-courant. — Il signi- 
fie aussi Sans hésiter, sans peine, facilement. // lit tout-courant. Jl 
récita cela tout-courant. Il joue mieux que lui, il le gagne tout-courant. 

Nous croyons que pour le sens propre tout-courant est une locution 
très-familière qui serait fort bien remplacée par en courant. — Dans 
le sens figuré. Il lit tout-courant, H récita cela tout-courant, l'expres- 
sion couramment, nous semble préférable. Nous tisons dans la même 



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— 78 — 

page du Dictionnaire, // lit eourammerU; à Lire , Lire couramment, et 
à Solfier, Il solfie déjà tout couramment (sans tiret). Quant à H le 
gagne tout-courant, c'est probablement une expression rare, et qu'on 
eût aussi bien fait de ne pas admettre. — Dans toutes ces phrases le 
tiret nous paraît au moins inutile. 

COURRIER. — On écrit avec une seule r, courant, courante, coureur, 
courir et tous ses composés accourir, concourir, parcourir, recott- 
rir, etc.; mais on en met deux à courrier, courrière. 

COURS, s. m. COURT, adv... Cours se dit figurément de la direction, 
de la marche que prennent certaines choses, ou qu'on leur donne... 
Arrêter le cours d'une doctrine pernicieuse. Couper cours à l'erreur. 
Je coupai cours à la discussion, en leur disant... — Court, adv. Fig. et 
fam.. Couper court. Abréger son discours. Monsieur, point tant de 
paroles, coupez court, — Fig. «t fam.. Couper court à quelqu'un. Le 
quitter brusquement, en lui faisant une réponse brève et décisive. Je 
lui coupai court. 

Nous croyons que l'usage le plus général est d'écrire couper codrt 
à l'erreur, à une discussion, etc, ; nous osons même dire que nous 
n'avons jamais vu couper cours que dans le Dictionnaire de l'Acadé- 
mie et que nous avons été fort surpris de ne pas trouver ces locutions 
à l'adverbe court, auquel l'Académie donne des acceptions bien diffé- 
rentes. Certainement l'orthographe couper cours n'est pas choquante; 
mais l'autre orthographe fait plus image que celle-ci, -et nous pensons 
qu'il serait mieux d'employer couper court dans toutes les acceptions. 

COURT, COURTE, adj... Court s'emploie aussi adverbialement. // 
lui coupa les cheveux très-court, trop court, si court, que... Cette pé- 
riode est coupée trop court. — Il est bien évident qu'on ne pourrait 
pas dire Cette période est coupée trop courte ; mais sans cet exem- 
ple, qui semble prouver que dans le premier et dans les phrases ana- 
logues il faut faire de court un adverbe et le laisser invariable, on 
serait fort embarrassé sur l'emploi de ce mot. Cela est si vrai, que sur 
quatre exemples que nous avons recueillis il n'y a que celui de l'ar- 
ticle Moucher qui soit absolument conforme à la règle ci-dessus , et 
encore cette conformité ne tient-elle peut-être qu'à ce qu'il s'agit 
d'un substantif féminin : 

(à Moucher) Vous a/oez mouché cette chandelle trop court, trop. près. 
(à Tailler) On nous a taUlé nos morceaux bien courts, bien court, etc,, 

c*est-^dire, on nous a bien limité notre dépense. 
(à Morceau) Tailler les morceaux bien courts à quelqu'un, loi faire sa 

part bien petite. 
(à Bretaider) Bretauder les cheveux de quelqu'un, les lui couper trop 
courts. 

COURT, adverbe. — On regrette de ne pas trouver dans cet article 
Texpression court-vétu employée par La Fontaine (liv. X, fable 7) : 
Légère et court-vétue, elle allait à grands pas... 



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— 79 — 

COURIR-POINTE, S, f. Couverture de parade, qu'on place sur un 
lit. — On disait autrefois contre-pointe, parce que cette sorte de cou- 
verture est piquée (ornée de points ordinairement rangés en losange, 
pour unir les deux tissus dont elle est composée), et Ton avait le cor- 
respondant contre-pointier, ière, pour qualifier les artisans qui les 
faisaient. Aujourd'hui l'usage veut qu'on dise courte-pointe; mais 
l'Académie ne donne pas de mot correspondant pour le nom de ceux 
qui les fabriquent*. 

COURTOIS, OISE, adj... Courtois aiLX dames, envers les dames, — 
Ne peut-on pas dire Être courtois a^ec les dames. Il n'est courtois 
AVEC personne f 

COUSIN, INE, S... Cousins issus de germain. — Nous pensons qu'il 
faut écrire germains, au pluriel, puisque les cousins sont issus de deux 
cousins germains. Voy. Germain. 

COÛTER, V. n... Le verbe coûter, étant neutre, n'a point de parti- 
cipe ; cependant plusieurs personnes écrivent. Les vingt mille francs 
que cette maison m'a coûtés... — L'Académie a sans doute voulu dire 
« Son participe devrait rester invariable » , car nous pensons que 
coûté est un participe dans cette phrase, ces livres m'ont co<3té cent 
francs. Au reste, il est un assez bon nombre de verbes neutres qui se 
conjuguent avec l'auxiliaire avoir, et auxquels cependant l'Académie 
donne un participe variable sans ajouter aucune observation ; tels sont 
aboyer, avorter, bourgeonner, croupir, décrépiter, dévier, divorcer, 
émigrer, fermenter, flotter, germer, pâtisser, procéder, rancir, re- 
chigner, renfler, tressaillir ^, etc. 

Il y a, en revanche, des verbes actifs dont le participe est inva- 
riable, ou du moins auxquels l'Académie n'a point donné de participe, 
tels que butiner, dégriser, plaisanter, rueller, etc. ; mais pour la plu- 
part c'est probablement une omission, car on doit pouvoir dire et 
écrire : les fleurs qvs l'abeille a butinées; le sommeil les a dégrisés; 
on les a tant plaisantes que,..; une vigne qu'on a rdellée, etc. 

CRAPAUDAlLLE. Il se dit par corruption de crépodaille, et signifie. 
Une sorte de crêpe fort délié et fort clair. Une coiffe de crapaudaille. 
— L'Académie aurait dû se borner à dire « Crapaudaille. Voy. Cré- 
podaille » , mot où elle aurait donné la définition et l'exemple ; mais 
elle n'a pas même mis à son rang alphabétique « Crépodaille. Voy. 
Crapaudaille. » 

1. Dans plusieurs dictionnaires postérieurs à celui de l'Académie , on lit Contre^pointier, 
fabricant de contre-pointes ou courtes-pointes ; et cela même dans ceux où contre-pointe n'est 
pas admis dans cette acception ; cependant quelques-uns donnent aussi cowte-pointier, 

2. Voici quelques-uns des exemples donnés au participe ; ils semblent prouver ou que ces 
rerbes neutres ont un passif, ou que le participe devrait être appelé adjectif. Un débiteur 
oboyé de tous ses créanciers. — Du blé avorté. Fruit avorté. Entreprise avortée. L'affaire est 
mortée. C'est un talent Uvorté, — Avoir le front bourgeonné, le visage tout bourgeonné. (Nous 
pensons qu'on pourrait dire tout aussi bien : avoir la figure toute bourgeonnée.) — De l*eau 
trcupie. — Un homme divorcé. Une femme divortée, etc. 



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— M — 

CRAQUÈTEMENT. Ganvulsion dans les muscles des mâchoires, (|ui 
fait craquer les dents.— Craqueter, fréquentatif de craquer. Craquer 
souvent et avec un petit bruit. Qucmd on jette du sel, du laurier dans 
le feu, on Venàend craqueter. — Ceaqueteb se dit aussi pour exprimer 
le cri de quelques oiseaux. On entend craqueter les cigognes. 

Ainsi Ton dit le craquètement des mâchoires^ mais on ne peut pas 
dire que des mâchoires craquètent; et réciproquement Ton ne peut 
pas dire le craquètement à.\x sel, du laurier, dans le leu;^6 eraquète^ 
ment des cigognes, etc.; car TAcadémie n'aurait sans doute pas Hian- 
que de nous donner ces locutions, si elles pouvaient être employéesu 

CRÊPE, CRÊPER. — Lcs dérivés de ces deux mots {crépine, crépir j^ 
crépissure, crépon, etc., auxquels nous ajouterons crépodaille) pren- 
nent tous l'accent aigu; il serait donc convenable, pour diminuer le 
nombre des exceptions, d'écrire crêpe avec l'accent grave et crêper 
avec l's^ccent aigu. 

CRESANE. Sorte de poire fondante et d'un goût délicat. On dit aussi 
plus exactement, mais plus rarement, crassane, — Si l'Académie avait 
donné la définition au mot Crassane, on aurait pu espérer de voir re- 
vivre la locution exacte, parce que les petits dictionnaires l'auraient 
répétée; au contraire, elle est morte pour toujours, parce que ceux 
qui ont été publiés depuis 1835 disent seulement « Cresane, Poire 
fondante » ; ils ne font pas mention de Crassane, Cela est vraiment 
regrettable. 

CREVER, V. a.,, est aussi neutre, et signifie S'ouvrir, se rompre par 
un effort violent. Le canmi creva dès le second coup. La bombe creva 
en l'air... — Fig. et par exagérât.. Crever d'embonpoint, de graisse, 
être excessivement gras... 

Voilà qui est bien; mais comment dire ensuite : « Fig. et fam., Cre- 
ver de faim, de soif » , pour signifier Avoir une grande faim , une 
grande soif? C'est une expression fausse, et l'Académie aurait mieux 
fait de ne pas l'admettre , puisqu'elle emploie le verbe mourir même 
en parlant des animaux : « Son chien est mort enragé. Son cheval 
vient de mourir^. » 

Le paragraphe suivant nous semble également peu digne de rester 
dans le Dictionnaire : « Subst. , pop. et par mépris. Un gros crevé, 
une grosse crevée, un gros homme, une grosse femme. Manger, ron- 
fler, rire, etc., comme un crevé, manger, ronfler, rire beaucoup. »r 

CRI. CRIER... Lé cri des Français était. Mont joie Saint-Denis. Les 
Français criaient M ont joie. —k^on rang alphabétique ce mot est écrit 
Mont-Joie Saint-Denis. Laquelle de ces variantes est la meilleure? 

CROISSANT, s. m. La figure de la nouvelle lune jusqu'à son premier 

1. A l'article Mourir, l'Académie dit très-bien , Je meurs de faim, de soif; et à Faim, Avoir 
grande faim, mourir de faim. A Soif, on lit : Avoir soif, brûler de soif, mourir de soif, «irtt- 
ger de soif. 



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— 81 — 

quartier. Le croissant de la lune, La lune est dans son croissaîit. Les 
cornes du croissant. 

Il y a certainement en français un terme pour exprimer l'augmen- 
tation en grandeur de la lune et des autres planètes une fois qu'elles 
ont dépassé le premier quartier, un mot qui répond à décours ou dé- 
croissement. Ce mot quel est-il? est-ce cruCj croissance? Nous venons 
de voir que ce n'est pas croissant^ puisque l'Académie dit que ce mot 
exprime « la figure de la nouvelle lune jusqu'à son premier quartier. 
Les cornes du croissant, » — Ce qui nous embarrasse, c'est qu'à l'article 
Vénus nous lisons « Vénus a son croissant et son dégours comme la 
lune, en sorte, que croissant semblerait être précisément le mot que 
nous cherchons, le terme qui exprime l'action opposée à celle du 
décours. S'il en est ainsi, il faudrait modifier la définition de Croissant, 
et ne pas dire « jusqu'à son premier quartier ». 

CROISSANT, s. m... Il se dit absolument, en poésie et dans le style 
soutenu, des armes de l'empire turc; et, figurément, de cet empire 
même. Arborer la croix à la place du croissant» Abattre , relever le 
croissant. L^ empire du Croissant. L'orgueil du croissant. — 'Dans ce 
dernier exemple il faut évidemment écrire Croissant avec une majus- 
cule, comme dans le précédent, car dans tous deux il représente 
Tempire turc. 

CROITRE, v. n. (Je croîs j tu croîs j, il croît; nous croissons , vous 
croissez, ils croissent. Je croissais, etc. Je crûs, etc.;^ous crûmes, etc, 
J*ai crû, etc. Je croîtrai, etc. Croîs, Croissez, etc. Je croîtrais, etc. 
Que je croisse, etc. Que je crusse, etc. Croissant.) Devenir plus grand... 
11 signifie encore. Multiplier. La population crut en peu de temps,.. 
Crû, ue, participe. 

Cet article donne lieu à plusieurs observations. Nous ne parlerons 
pas de la transposition du conditionnel Je croîtrais, etc., qui doit être 
placé après le futur Je croîtrai, et non après l'impératif Croîs. Crois- 
sez ; — mais nous ferons observer qu'on a mis au passé défini je crûs, 
avec un û circonflexe, et plus bas, La population crut beaucoup en 
peu de temps, sans accent. Or, puisque l'Académie, pour prévenir toute 
confusion avec le verbe croire, écrit je croîs, tu croîs, il croît, je 
crûs, il est évident qu'elle veut l'accent à la troisième personne du 
passé défini, il ou elle crût, et qu'il fallait mettre la population crût. 
Cette intention d'empêcher toute confusfon avec le verbe croire aurait 
dû engager l'Académie à écrire l'imparfait du subjonctif je crusse, etc., 
avec un û {je crûsse) comme elle écrit châsse et masse. Voy. Affre. 
La même remarque peut s'appliquer au participe. L'Académie 
û'affecte d'un accent que le masculin singulier crû, ce qui n'est pas 
suffisant, car la confusion avec le participe de croire restera pour le 
féminin singulier et pour les deux genres du pluriel crue, crus, crues; 
elle devrait donc conserver le circonflexe aux deux genres et aux deux 
nombres. Dans l'adjectif sûr, certain, elle met l'accent au féminin 

11 



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— 82 — 

comme au masculin, au pluriel comme au singulier (sûrj sûre, sûrs, 
sûres) ^ pour empêcher qu'il ne soit confondu avec sur, sure, acide, 
aigret ; et bien que Tadjectif mûr ne puisse présenter de confusion 
qu'au singulier masculin avec le substantif mur ^, elle maintient le 
circonflexe dans les deux genres et les deux nombres. Fruit mûr. 
Poire mûre. Raisins mûrs. Pommas mûres. 

CRU, s. m. Terroir où quelque chose croît... Ces vins, ces denrées 
sont de mon cru. — Ce mot, qui n'est autre chose que le participe du 
verbe croître, devrait s'écrire comme le participe lui-même , par la 
même raison qui fait maintenir l'accent dans le substantif dû : Je ne 
réclams que mon dû. L'absence du circonflexe dans le substantif cru 
donne lieu à une singulière équivoque dans ces phrases : Cru de l'Er- 
mitage, cru de Médoc, etc. 

€IJL-DE-SAC. — Voy. Impasse. 

CULOTTE. — Ni dans cet article ni à Donner , on n'a mis l'expres- 
sion Donner la culotte à un enfant ^, pour signifier qu'on cesse de lui 
faire porter la robe. Cette locution, qu'on trouve à Jaquette, est aussi 
nécessaire que cette autre qui aura cours tant que le monde vivra 
« Cette femme porte la culotte '^ » ^ bien que l'usage de la culotte ne 
soit plus guère d'usage qu'à la cour. 

CURATELLE. — L'Académie écrit, conformément à l'étymologie, 
cautêle, loquèle, parentèle, clientèle; mais elle met deux / à curatelle, 
tutelle, contrairement à l'étymologie. Il est à désirer qu'elle s'en rap- 
proche pour ces deux mots comme elle l'a fait pour fidèle et modèle, 
qu'elle écrivait autrefois fidelle, modelle. Quant à querelle, bien qu'il 
vienne de querela il conserverait les deux l à cause de son verbe 
quereller. 

CURE, s. f. Soin, souci. En ce sens, il n'est guère usité que dans 
quelques phrases familières. — Prov. À beau parler qui n*a cure de 
bien faire, se dit en parlant d'un homme qui fait de belles promesses 
sans se soucier de les tenir. On a beau parler à qui n'a cure de bien 
faire, il est inutile de donner des conseils à celui qui n'en veut pas 
profiter. (Dans ces phrases, quelques-uns disent Cœur, au lieu de 
Cure. ) 

Dans l'exemple « À beau parler qui n'a cure de bien faire » , Va 
grave est une grosse faute, car la phrase doit signifier « Il a beau 
n'a cure de bien faire; on ne le croit pas ». 

ra sans doute que c'est pour remplacer Ve qu'on mettait dans les adjectifs 
Ltr), qu'on met aujourd'hui le circonflexe; mais il y a tant d'autres mots 
ne voyelle qui n'est pas représentée par un circonflexe , qu'il nous est 
ce n'est pas là le seul motif qui l'a fait conserver dans sûr et mùr; et 
écrivait autrefois ereu, creue, et du vin de mon crku, de son crku, de 

lussi bien de dire < Mettre la culotte » ? 

à Haut-de-chausse et à Porter « Celle femme porte le haïU-de-cJiaitsse», 

8, dans cette locution, haut-de-cha\isse, qui ne se comprend plus, est bien 

le. 



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^ as — 

QattQt à la loeution cKenr, qtie quelques-uns emploient a« Ueii de 
etare^ elle &ous semble confinner oe que noua avons eu plus d'une 
ftrfs roccaslon de dire dans cet ouvrage, c*e»t que lorsque des pei^ 
sonnes illetti^s entendent un mot qui leur est inconnu et dont elles 
ne peuvent comprendre la signification, elles croient avoir mal en*- 
tendu et elles le remplacent par un autre qui leur paraît être équiva-" 
lent, bien qu'il n'ait aucun rapport pour le sens; ainsi tantôt elles 
emploient un paronyme, tantôt elles forgent un met qui n'a aucune 
valeur. Qu'on nous permette d'en citer ici quelques exemples : 

aâffpter un couvercle à sa bohe pow adftpter. 

cardon, légume gardon, poisson. 

censtirer sangsuer *. 

cresson à la noix cresson alénois. 

^htm^er du linge essaager, laver, 

écharpe écharde« 

embrasement d'une fenêtre ébrasemeat, çjcobrtuHu^* 

eœhonoré du service militaire exonéré, 

huile d'aspic huile de spic. 

jeu d!eau jet d*eau. 

poulevrin pul vérin. 

serment de vigne sarment 

Supplice (saint) saint Snlpioe* 

CURULE *, adj. des deux genres. Il se dit principalement de la chaige 
d'ivoire qui était à l'usage de certains magistrats romains. Chaise ou 
chaire curule. On dit aussi, Magistrats, édiles curules. Magistrats, 
édiles qui avaient le droit de se servir de la chaise curule. — A ces 
définitions il faudrait ajouter celle de la statiie curule, dont il est parlé 
à l'article Statue , mais dont la signification n'est pas indiquée. 

CYGNE... Le cygne de Camhray, Fénélon. — Nous no^parlerons pas 
de Vé accentué de la seconde syllabe de fénélon. Aujourd'hui l'on dit, 
on écrit, on imprime Fénelon, après avoir dit, écrit, imprimé pendant 
un siècle et demi fénélon, et le célèbre auteur de la Préface du Dic- 
tionnaire de l'Académie a eu sans doute de bonnes raisons pour mettre 
cet accent.— Mais nous regrettons que l'Académie mette un y à Cam- 
hray. Nous voudrions voir disparaître de la fin des mots cet y dont 
souvent les anciens calligraphes ne faisaient usage que parce qu'il 
leur donnait l'occasion d'exercer leur main et d'enjoliver leurs pièces 
d'écriture. Autrefois tous les substantifs terminés par les sons ai, oi, 
prenaient Vy, et il semblait que pour un certain nombre il y eût 

1. C« mot samgstur, fermé dô semgtue, efxpnme très-bien Facttcni 4e ceux ^ vivent »ttz 
dépens des autres, qui leur soutirent peu à peu leur fortune, comme les agents d'affaires, les 
solliciteurs, etc.; il dit bien plus que gruger, et nous le croyons préférable à sucer {Il a des 
gens d^affaires, des sollieiteurs qui le sucent Académie). 11 est fâcheux que le Terbe sangsuer 
n'ait pour lai l'autorité d'aucun dictionnaire. 

2. D'après son étymologie currus, ce mot semble devoir s'écrire avec de»x »•; mais l'in- 
conséquence est dans le latin curulis, et l'on ne peut que s'incliner devant Forthographe de 
Cicéron. 



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- 84 ~ 

utilité, parce qu'il suffisait d'ajouter er pour former le verbe : de balay, 
déhlay, essay, employ, oclroy, toumoy, etc., on faisait balayer, dé- 
blayer, essayer, employer, octroyer, tournoyer. Cependant, malgré 
cette raison spécieuse Vy a disparu ; il en a été de môme pour les 
jours de la semaine, lundy, mardy, etc., et pour la plupart des mots 
terminés par les sons i, ai, oi : cecy, cry, guy, Henry, geay, may, 
vray, loy, moy, toy, soy, quoy, palefroy, etc. etc. Puisque l'Académie 
écrit avec un i simple Henri, Rémi, Cernai, Doutai, Villeroi, etc., pour- 
quoi ne ferait- elle pas de même pour Barthélémy, Berry, Cluny, 
Nancy, Cambray, Fontenoy, Rocroy, etc. ? 

D 

DAIGNER, V. n... Il est toujours suivi d'un infinitif. Cet homme de- 
mande que vous daigniez l'écouter. Il n'a pas daigné lui faire réponse. 
— Nous ne croyons pas qu'un verbe doive être considéré comme 
neutre par la seule raison qu'il est toujours suivi d'un infinitif, car les 
régimes ou compléments directs sont de différentes natures ; ce peut 
être un substantif, un autre verbe amené ou non par une préposition, 
tout un membre de phrase, etc. L'Académie ne regarde point le verbe 
comme neutre lorsqu'il a pour régime un verbe au lieu d'un substan- 
tif, témoin ces phrases : Il croyait gagner son procès. Il espérait obte- 
nir tel emploi. Il compte partir demain. Oseriez-vous le blâmer} 
Savoir jouer du violon. Il veut être payé, etc. Toutes ces phrases sont 
mêlées à d'autres, dont les régimes varient, mais que l'Académie 
regarde tous comme directs. Elle admet même comme régime direct 
un infinitif amené par une préposition. Voy. Différer. 

DAMAS... Prune de damas. — Au mot Prune on trouve également 
Prune de damas (avec un petit d), mais à Raisin on lit Raisin de 
Damas et Raisin de Corinthe ( grands D et C) . Il est évident que 
cette dernière orthographe est la seule convenable, car le nom du 
lieu qui produit l'objet doit être écrit avec une majuscule -/c'est ainsi 
que l'Académie écrit Rose de Damas, de Hollande, de Provins, du 
Bengale; acier de Damas, lame de Damas, sabre de Damas; c'est ainsi 
encore qu'elle écrit Du drap de Sedan, de Louviers, d'Elbeuf; du fro- 
mage de Gruyères, de Roquefort ; des prunes de Brignoles, du café de 
Moka, etc. etc. Mais dans la conversation, afin d'abréger on supprime 
le nom de l'objet même dont on parle et l'on ne mentionne que le lieu 
producteur; ainsi l'on dit Voilà du sedan, du louviers, du gruyère^, 
du roquefort, du moka, etc.; ou bien. Mon habit est d'un fin elbeuf; 
j'ai mangé des brignoles, du sassenage; j'ai bu d'excellent cognac. 
Malheureusement pour l'intelligence de certaines phrases, Damas et le 
pays environnant fournissent non-seulement des prunes, mais encore 
du raisin, des sabres, des étoffes pour meubles, etc. ; cependant lors- 

1. On devrait écrire du gruyères comme on écrit du louviers, un pancaliers. ' 



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— 85 — 

qu'on dit du damas broché, un meuble ou un lit de damas, il est bien 
certain qu'il s'agit d'étoffe ; on sera également compris quand on dira 
J'ai pour sabre un damas, un fin damas, un vrai damas; mais si celui 
à qui l'on parle comprend qu'il s'agit de prunes quand on dit J*ai 
mangé du damas musqué, du damas violet, du damas gris, du damas 
rouge, parce que musqué, violet, gris, rouge ^ ne se disent pas du 
raisin , il n'en sera pas de même en parlant du damas blanc ou noir. 
Quoi qu'il en soit, en écrivant ces phrases, le nom de l'endroit pro- 
ducteur remplaçant celui de l'objet produit, devra s'écrire avec une 
minuscule. — Mais ce n'est pas là qu'est la principale difficulté sou- 
levée par le Dictionnaire de l'Académie. Nous croyons avoir prouvé 
qu'il faut nécessairement écrire Damas avec un grand D dans prune 
de Damas , etc. ; cependant si Damas est modifié par un adjectif qui 
en fait un nom commun , on doit pouvoir l'écrire avec une minuscule, 
et nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de rien, critiquer dans l'ortho- 
graphe de ces phrases : prunes de damas musqué, de damas violet, 
blanc j gris, noir, rouge, etc.; pas plus que dans celles-ci : un meuble 
de damas de deux couleurs, de damas cramoisi, jaune, vert, etc. 

DAJME, s. f. — A la lettre N l'Académie met Notre-Dame comme 
nom de la fête de la sainte Vierge, — des églises consacrées à la sainte 
Vierge, — et de certaines images de la Vierge qui sont l'objet d'une 
vénération particulière; mais elle ne dit pas que cette expression est 
synonyme de « la Vierge Marie, la sainte Vierge » , comme on l'emploie 
dans ces phrases : l'office de Notre-Dame ^ ; Notre-Dame, veillez sur 
nous ; Notre-Dame , protégez-nous ; Notre-Dame , ayez pitié de nous ; 
Notre-Dame , entendez nos cris; etc. C'est donc ici que cette locution 
aurait dû se trouver. — Il nous semble aussi que l'interjection dame 
est une abréviation de Notre-Dame, aussi bien que tredame, dont on 
se sert plus rarement : Notre-Dame, sainte Notre-Dame, tredame, 
dame, quHl parle bien! Ah! dame, vous m'en direz tant... Si nous ne 
sommes pas dans l'erreur, il serait convenable qu'on indiquât ici la 
véritable origine de cette interjection ou exclamation. 

DAME- JEANNE... Une dame-jeanne clissée. — Ne faudrait-il pas une 
majuscule à Jeanne, comme dans Messire Jean, reine-Claude ? ou plutôt 
ne vaudrait-il pas mieux écrire reine- claude et messire-jean? 

DE... (p. 673, col. 3) C'est à vous qu'il appartient de l'interroger, 
de décider cela, ou elliptiquement. C'est à vous de Vinterroger, de 
décider cela. — Nous examinerons ce genre de phrases à l'article 
Être, où l'Académie admet à peu près indifféremment à et de; nous 
y discuterons l'emploi de ces deux, prépositions, et nous y donnerons 

1. En parlant du raisin , on dit muscat et non musqué; quant aux couleurs , il n'y en a pas 
de gris , de violet , ni même de rouge. Nous ne comprenons pas trop pourquoi il faut dire du 
vin rouge et du raisin noir. L'expression raisin rmige est très-usitée dans certaines localités. 

2. Dans cette acception nous écririons Notre Dame sans tiret, comme Notre Seigneur. Voy. 
Christ. 



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— 86 — 

quelques-uns des exemples que rAcadémie nous a fburnis àsaas le 
cours de son Dictîocmaire. 

»E... (p. Zi7/i, col. 3) Parler sans faire de foèUes. Il n*a point iué 
(t ennemis. Ne pouvoir souffrir de rivale de rivmtx. N'aA)ez-vou8 poénl 
(t enfants f N'a/û&ir plus d'amis, de bien. — Ces phrases donnent une 
idée à peu près exacte du nombre qu*on doit employer avec sems, 
point, n'avoir plus, etc. ; mais il y a d*autres cas encore où Ton est 
fort embarrassé, et nous croyons devoir les examiner à Tarticle Potm, 
où TAcadémie n'a pas traité la question d*une manière suffisante. 

I»:... (p. 675, col. 1) Le samt des saints. Le Cantique des eantiquèê. 
L'Être des ^ir^*.— Ailleurs nous trouvons une orthographe différente, 
excepté pour VÉtre des êtres; il n'est pas possible d'écrire cette phrase 
autrement. 

(à SANCTtTAme) Le Saint des Sawts» 

(à Cantique et à Pabaphrasb) Le Cantique des Cantiques. 

(à De et à Être) L'Être des êtres. 

(à Roi) Dieu est le roi des rois, 

A Saint nous retrouvons la même orthographe qu'à De , Le saint 
des saints * ; et comme il s'agit ici seulement du sanctuaire , c'est-à- 
dire du lieu le plus saint du temple, ou» si l'on veut, du lieu le plus 
saint entre les lieux saints, nous croyons la minuscule préférable dan» 
les deux mots. Si nous voulions parler de Dieu, nous écririons le Saint 
des saints, le Roi des rois, comme l'Être des c7res.— Nous ne voyons 
pas l'utilité d'un grand C au second mot cantique, qui est un nom 
commun, et nous sommes bien aise de trouver à l'article Époux 
comme ici « le Cantique des cantiques » ; quant au premier, qui com- 
mence le titre d'un ouvrage, la majuscule est nécessaire. — L'Acadé- 
mie écrit Dieu est le roi (petite r) des rois, parce qu'il s'agit simple- 
ment d'une qualification (Dieu est le premier des rois) ; mais nous 
aimons à croire que si le mot Dieu n'eût pas été exprimé, elle aurait 
mis le Roi des rois *, comme elle écrit Z^Être des êtres; et nous pré- 
sumons que par la raison opposée elle aurait écrit Dieu est l'être des 
êtres (le premier entre les êtres, parmi les êtres). 

DEBOUT... s'emploie souvent en termes de Marine. Ainsi on dit: Cette 
embarcation est debout à la lame, au courant, au vent, elle présente 
son avant à la lame^ au courant, au vent. Ve7it debout, vent directe- 
ment contraire à la route qu'on voudrait tenir. Nous avions le vent 
debout, vent debout. Dans ces phrases, quelques-uns écrivent de bout, 
en deux mots. 

Il nous semble que ceux qui écrivent de bout en deux mots ont seuls 
raison , et nous croyons que pour le prouver il suffit de transcrire les 

1. On est surpris de trouTer à cinq pages de distance deux manières d'écrire si opposées : 
à Saint (p. 694, col. 3) le saint des saints, avec des minuscules; à Sanctuaire (p. 699, col. 8) 
le Saint des Saints, avec des majuscules , bien que la signification soit absolument la même. 

2. On voudrait trouver dans le Dictionnaire de l'Académie, le Roi des rois, le Seigneur des 
seigneurs. Dieu est l'être des êtres, et toutes les expressions analogues. 



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— 87 — 

lignes suivantes, qu'on trouve à l'article Bout : « Bout, en termes de 
Marine, se dit, dans quelques phrases, de Pavant, de la proue du bâ- 
timent. Ce bâtiment a le bout à terre ; il court, il donne de bout à 
terre. Cette embarcation nage bout au vent, bout au courant, bout à 
la lame; elle est de bout au vent, au courant, etc. Avoir vent de bout, 
avoir vent contraire. On écrit aussi debout en un seul mot ». — 
Nous avons peine à comprendre, nous le répétons, qu'après avoir 
donné des raisons si claires, si concluantes pour écrire de bout en 
deux mots, on n'hésite pas à dire qu'il existe des personnes qui écri- 
vent d'une autre manière *. — Mais voici un autre cas omis par l'Aca- 
démie, et que nous croyons utile de mentionner. Les architectes, les 
mécaniciens écrivent souvent sur les tracés qu'ils ont faits : « Plan 
vu par dessus. Plan vu de bout. Machine vue de bout, c'est-à-dire par 
le bout, et dans ce cas comme dans l'autre ce serait une faute d'écrire 
debout en un seul mot. 

DÉCAGONE. — D'après l'étymologie, ce mot et tous les autres com- 
posés de gone. Pentagone, hexagone, heptagone, octogone, ennéagone, 
hendécagone, dodécagone, etc., devraient avoir Vô qu'on met sans 
raotif aux composés de nome : binôme, trinôme, etc. 

DÉCHÉANCE, s. m. — Lisez : s. f. 

DÉCONSIDÉRÉ, ée. Qui n'.est plus jugé digne de considération, . 
d'estime. — Après Déconsidéré, ée, ajoutez : adj. 

DÉCROISSEMENT, S. m. Diminution. Le décroissement de la rivière. 
Le décroissement des jours, — 11 aurait été utile d'ajouter le décrois^ 
sèment de la lune, locution qu'on trouve dans la définition de Décours. 

DÉCUPLE. Qui vaut dix fois autant, décupler. Rendre dix fois plus 
grand, augmenter de dix fois autant. — Pour décupler il faudrait dire, 
conformément à la définition de décuple : Rendre dix fois aussi grand, 
augmenter de neuf fois autant. Voy. Centuple , Centupler. 

DÉDIRE, V. a. — Pour la conjugaison, voy. Dire. 

DÉFAUT. — A l'article Non-payement on trouve pour définition , 
« Défaut de payement » ; à Protêt, l'Académie donne pour exemple, 
« Protêt faute d'acceptation, faute de payement » ; on est donc surpris 
de ne voir ni à Défaut, ni à Faute, des locutions analogues, telles 
que Faire prolester un billet, une lettre de change, pour défaut n'ac- 
teptation, de payement, — faute D'acceptation, de payement. Sans 
doute il ne faut pas que l'Académie se répète trop souvent ; mais ce- 

!• Quelques personnes, habituées à voir écrit vent debout, disent qu'elles se représentent 
très-bien un vent qui s'élève , qui se dresse devant les navires et leur fait obstacle. — A cela 
nous répondrons que le vent n'est pas perpendiculaire comme les murailles de la Chine, par 
exemple ; il souffle à peu près horizontalement , et les vents alizés dont on profite pour aller 
aes Indes orientales en Amérique, et vice veisâ, prouvent qu'ils poussent par la poupe les na- 
vires qui vont dans le môme sens qu'eux , tandis qu'ils souffleraient contre la proue de ceux 
qui voudraient aller en sens contraire ; ainsi ces derniers recevraient le vent par le bout du 
navire, ils auraient le vent de boni, comme ceux qui louvoient le reçoivent par le flanc ou de 
mnc, et jamais personne ne s'avisera d'écrire en un seul mot, defl^nc, décote. 



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— 88 — 

pendant il est nécessaire qu'elle indique à chaque mot ses différents 
emplois, quitte pour renvoyer aux articles où elle aura jugé conve- 
nable de les développer. 

DÉFIANCE. DÉFIER (SE). — Voy. MÉFIANCE. MÉFIER (se). 

DÉFICIT... Il y a plusieurs déficit dans cet inventaire. — Au mot 
Accessit, l'Académie ajoute : « Quelques-uns écrivent au pluriel. Des 
accessits. Elle aurait pu faire la même remarque, et avec non moins 
de fondement, au mot Déficit; mais il aurait encore mieux valu 
qu'elle dît d'une manière précise s'il faut ou s'il ne faut pas écrire 
des accessits, des déficits. 

DÉFILER, V. n. Aller l'un après l'autre, etc.. Défilé, ée, parti- 
cipe. — Supprimez ici les mots Défilé, ée, participe, et mettez-les à 
la fin de l'article Défiler, v. a., où ils manquent. 

DÉGÉNÉRER, V. u. — Puisque l'Académie donne pour exemple 
Cette race a bien dégénéré, est bien dégénérée, ne serait-il pas conve- 
nable de dire que « ce verbe prend l'auxiliaire avoir ou l'auxiliaire 
être suivant qu'on veut exprimer l'action ou le résultat » ? Cette expli- 
cation, qui serait utile pour bien des personnes, ne se trouve qu'à un 
fort petit nombre de verbes tels que descendre, apparaître, résul- 
ter, etc. 

DÉGRÉER... Il se dit en parlant d'un bâtiment dont on ôte les agrès, 
les voiles, les cordages et autres choses nécessaires à la manœuvre, 
ou qui perd ses agrès, soit par accident, soit dans un combat. — Ce 
verbe devrait avoir un substantif, dégréement. 

DÉGREVER. — Nous demandons la suppression de l'accent à la se- 
conde syllabe de ce verbe. On dit celer et déceler, et non déceler; 
d'ailleurs cet accent ajoute une difficulté à la conjugaison du futur et 
du conditionnel {je grèverai et je dégrèverai, je grèverais et je dé- 
grèverais) ^ puisque dans ces deux temps l'Académie conserve Vé aux 
verbes qui en ont un à la pénultième de l'infinitif. Voy. Accents. 

DÉGRISER, V. a. Faire passer l'ivresse, etc. — A la fin de l'article, 
ajoutez : Dégrisé, ée, participe. 

DÉJEUNER, V. n. Faire le repas du matin... Déjeuné, ée, participe. 
— Supprimez : Déjeuné, ée, participe. 

L'Académie écrit jeûner avec un circonflexe, et déjeuner sans accent. 

DÉJEUNER, s. m. — L'Académie écrit Déjeuner, s. m., et elle ajoute 
« Plusieurs écrivent. Déjeuné. » — « Dîner, s. m. (Quelques-uns 
écrivent. Dîné) ». — « Goûter, s. m. » sans variante. — « Souper ou 
SoupÉ, s. m. » —A cela on peut ajouter « Après-dÎnée, s. f. Plusieurs 
écrivent, Après-diné ou Après-diner, et font ce mot masculin. » — 
« Après-soupée, s. f. Plusieurs écrivent, Après-soupé ou Après- 
souper, et font ce mot masculin. » — Voilà de quoi choisir, et cette 
latitude nous paraît fâcheuse : il faudrait que l'Académie, qui en a 
reçu la mission , pesât elle-même l'orthographe et le genre des mots, 
et qu'elle formulât nettement les règles. 



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-«9- 

D^iBiÉREU, V. n. Examiner, consulter en soi-même ou avec les 
autres.,. Il signifie aussi, prendre une délibération, se déterminer. 
fai délibéré de faire telle chose. On délibéra d'aller à Vermemi. Voilà 
ce qui a été délibéré dans le conseil *. — Nous croyons qu'ici délibé- 
rer est actif, et nous avons pour nous la première édition du Diction- 
naire de l'Académie, où on lit « Délibérer, V. a. Examiner, résoudre, 
consulter en soy-mesme ou avec les autres^ Il a long-temps délibéré 
ce qu'il devait faire. Qu'a-t-on délibéré? Cette a/faire a esté long-temps 
délibérée j meurement délibérée. Il est aussi neutre. // a esté long- 
temps à délibérer si... », etc. D'ailleurs l'Académie dit encore aujour- 
d'hui « DÉLIBÉRÉ, ÉE, part... C'est une chose délibérée, c'est une chose 
arrêtée, conclue ». Délibérer une affaire, c'est donc î'Çxaminer, la 
résoudre , l'arrêter, la conclure. Si l'on ne donne pas un substantif 
pour régime à ce verbe, on lui donne la préposition de et un infini- 
tif, ce qui revient au même. Voy. Différer. 

DELTA, s. m. — Ce mot manque, et cependant il a plusieurs accep- 
tions. La plus connue est celle du triangle formé par des terres à 
l'embouchure de quelques fleuves tels que le Rhône, le Pô, le Dnieper, 
et surtout à l'embouchure du Nil. Le delta du Nil. Le delta du Rhône. 

lyÉMAlLLOTER, V. a. — Maillot a deux composés : démailloter, 
que TAcadémie écrit avec un seul t, et emmaillotter, où elle en met 
deux. Voy. Terminaison. 

DEMAIN, adv. de temps... // arrivera demain, demain matin. 
Demain au matin. Demain au soir. — HIER, adv. de temps... Hier au 
soir. Hier au matin. Hier malin. 

Par un caprice de Tusage, on dit généralement Demain matin, hier 
Matin, tandis qu'en parlant du soir on ajoute au : Demain au soir, 
hier au soir. Cependant puisque l'Académie admet Demain kV matin, 
hier au matin, qui ne sont guère usités, elle aurait bien fait d'ajouter 
dans ces articles demain soir, hier soir, qu*elle a employés ailleurs : 
(à Soir) J'irai chez vous demain matin ou demain soir. 

Id. Je le vis hier soir, hier au soir. 
(à Participe) Je suis revenu depuis hier soir. 

Elle dirait « Demain soir, et plus ordinairement {ou et mieux) 
demain (m soir; Hier soir, et plus ordinairement {ou et mieux) hier 
au soir, » comme elle a fait à l'article Matin : « On dît demain au 
matin, et plus ordinairement demain matin. » 

DENIER... Le denier de Saint-Pierre, Tribut que l'Angleterre payait 
autrefois au pape, et qui n'avait été d'abord que d'un denier par mai- 
son. — L'Angleterre payait le tribut d'un denier par feu, par famille, 
non à l'église Saint-Pierre, mais à l'apôtre saint Pierre, représenté 

1- Au lieu de, Vbt7à ce qui a été délibéré dans le conseil, on pourrait dire tout aussi bien , 
^oild ce qu'on a délibéré dans le conseil, ou Voilà ce que le conseil a délibéré. Nous ne voyons 
P*« l'avantage que peut présenter dans cette phrase la forme passive, qu'en général l'Acadé- 
mie évite avec soin ; il y a dans son Dictionnaire bien des verbes dont on cherche en vain 
'* participe pour connaître la préposition dont il doit être suivi. 

12 



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— 90 — 

parle pape; il faut donc écrire saint Pierre (petite s et pas de tiret). 

DENTICCLES, S. m. pi. T. d'Archit. Moulure plate, refendue dans le 
sens de la hauteur, de manière à former, dans toute sa longueur, une 
suite de dents.— Ce mot doit-il être du genre masculin ou du féminin? 
L'Académie ne Ta pas mis dans la première édition de son Diction- 
naire; mais dès la seconde elle lui a toujours donné le genre masculin. 
D'un autre côté le Complément du Dictionnaire de l'Académie, le 
Dictionnaire national et le Dictionnaire universel en font un sub- 
stantif féminin , et nous ajouterons qu'on trouve ce même genre dans 
le Supplément du Dictionnaire de l'Académie de 1696, ce qui n'est 
pas sans importance à nos yeux. Si l'on consulte l'étymologie denti- 
culuSj on donnera à denlicule le genre masculin ; mais si le diminutif 
doit prendre le genre du radical, denticule sera féminin comme dent, 
qui lui-même est féminin bien que dens soit masculin. 

DÉPOSANT, AMTË, adj. T. de Palais. Qui dépose et affirme devant le 
juge. Tels et tels témoins déposants. Telles et telles femmes déposantes. 
— Il est aussi substantif. Tous les déposants disent la même chose. 

11 manque ici une acception qui chaque jour devient plus néces- 
saire, car chaque jour augmente le nombre de ceux qui portent leurs 
économies aux caisses d'épargne. En trois jours le nombre des dépo- 
sants a été de.,, 

DÉRÈGLEMENT. — Ce mot devrait prendre l'accent grave à la seconde 
syllabe, puisqu'on écrit règlement, 

DERNIER, ÈRE, adj. — A l'article Naître on lit : 

Sous la loi de Moïse, on offrait à Dieu les enfa/nts premiers-nés. 
L'ange extermina les premiers-nés des Égyptiens. 
Les premiers-nés des animaux étaient offerts à Dieu. 

Cette locution premier-né a un corrélatif, dernier-^, qu'on ne 
trouve ni à Naître ni à Dernier. Comment faut-il l'écrire? avec un 
tiret comme premier-né, ou sans tiret? Si nous consultons l'article 
Nourrice , nous mettrons le tiret : 

Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né. 
Si, au contraire, nous jetons les yeux sur l'article Culot, nous ne le 
mettrons pas : 

Il (culot) désigne également Le dernier né des autres animaux, et fami- 
lièrement Le DERNIER Né d'uue famille. 

Voilà qui est fort embarrassant; cependant, conune l'Académie 
écrit toujours sans tiret le premier venu, le dernier venu, le dernier 
éclosj etc., on se demande pourquoi il faudrait en mettre un à pre- 
mier né, dernier né, 

DÉROiDiR. — Au mot RoiDE , l'Académie dit « En conversation et 
quelquefois dans le discours soutenu, on prononce rède, rédeur, rédir; 
aussi plusieurs écrivent-ils raide, raideur, raidir». Elle aurait dû 
faire la même observation pour déroidir, car déraidir est la seule 
prononciation usitée. 



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— 9! — 

DERYICHE OU DERTis. — Ce dernier mot est oriental; doit-on faire 
sentir Vs dans la prononciation ? 

DÉSERT, ERTE, adj. Inhabité, ou Qui n'est guère fréquenté. Pays 
désert. Campagne déserte. Ile déserte.,,— \[ aurait été bien de donner 
ici pour exemple VArahie Déserte, et de même à Heureux, euse, adj., 
V Arabie Heureuse, comme à Mineur, eure, adj., on a mis l'Asie Mi- 
neure; à Fortuné, ée, adj., les îles Fortunées; à Arabique, adj., 
le golfe Arabique; à Pacifique, adj., la mer Pacifique, etc. L'emploi 
des majuscules est une chose trop intéressante pour qu'on ne saisisse 
pas toutes les occasions d'instruire ceux qui veulent apprendre l'or- 
thographe, et c'est à ceux-là surtout que s'adresse le Dictionnaire de 
l'Académie. 

BÉSHABiiXER... s'emploie quelquefois neutralement, dans le sens 
de Se déshabiller. // a été quinze jours sans déshabiller. Cet emploi 
familier a vieilli. — Cette locution ne méritait guère mieux d'être 
recueillie que beaucoup d'autres analogues que l'Académie a bien 
fait de ne pas mentionner, comme : Je n'ki pas réveillé de toute la 
nuit. Je n'Ai pas arrêté (cessé de marcher, de travailler), je n'Ai pas 
assis de tout le jour, etc. 

DÉsiGNATiF, IVE, adj. (L'S se prononce comme Z, et le G comme 
Gue,) — Si l'Académie croit par trop inutile d'indiquer la prononcia- 
tion des mots désignation et désigner, elle devrait du moins faire con- 
naître d'une manière quelconque que la prononciation qu'elle donne 
ne se rapporte qu'au mot désignatif, en disant, par exemple, comme 
elle l'a fait plus d'une fois : « Dans ce mot, l'S se prononce... » 

BÉSOBSTRVCTIF, S. m. T. de Médec. Il est, comme le précédent, 
synonyme &' Apéritif. — Ce précédent est « Désobstruant, antb, adj. 
qui s'emploie aussi comme substantif : Ce remède est un bon désob- 
struant ». Désobstructif devrait donc être d'abord adjectif comme 
désobstruant et apéritif, ses synonymes. Chose bizarre, obstructif ne 
nous est donné que comme adjectif: « Obstructif, ive, adj. T. de 
Médec. Qui cause obstruction. Aliment obstructif m , tandis que son 
opposé désobstructif ne s'emploierait que substantivement. 

DESQUAMATION, s. f. — Ajoutez : On prononce descouamacion, 

DESSILLER. Quelques-uns écrivent déciller, parce que ce mot vient 
de cil, — Si cette étymologie est exacte, il faudrait adopter définiti- 
vement déciller, qui serait en harmonie avec sourcil, sourciller, etc; 
mais si, au contraire, comme l'Académie le disait dans la première 
édition, il vient de siller, fermer, clore, il faut conserver dessiller eX 
supprimer l'étymologie cil, qui ne ferait qu'induire en erreur*. 

1- En 1762, l'Académie disait encore comme en 1694 : « Dessiller, ouvrir. Il ne se dit 
qu en parlant des yeux et des paupières. // était si endormi, qu'il ne pouvait defsitler les yeux, 
ailler les paupières. » Dans l'édition de 1835, au moyen de légères modifications elle nous 
amène à l'idée dominante de cil : « Séparer les paupières l'une de l'autre , afin de faire 
Toir clair. Ses paupières étaient tellement collées ensemble, qu'on a eu de la peine à les des- 
siUer. 



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— 92 — 

DESSOULER* — Dans la quatrième édition , l'Académie écrivit en- 
core dessaouler. Ne devrait-on pas écrire dessoûler j pour remplacer 
Va supprimé, puisqu'on écrit soûlj soûler? Voy. l'article Accents. 

DESSOUS, DESSUS. — Après y avoir longtemps réfléchi, nous nous 
sommes demandé pourquoi l'on écrit avec un tiret attacher ses jarre- 
tières AU-DESSOUS du genou j au-dessus du genou; passer par-dessoos, 
PAR-DESSUS la barrière; avoir de Teaw par-dessus la tête. Ces diverses 
locutions prépositives s'emploient, il est vrai, dans des phrases figu- 
i^ées, où l'emploi du tiretparaît au premier abord plus naturel, comme 
être au-dessus de la critique; rester au-dessous de ses concurrents; 
il est beau, il est jeune, et par-dessus cela il est sage. Mais nous 
sommes persuadé que malgré ces phrases figurées 'on s'habituerait 
aisément à la suppression du tiret; n'écrit-on pas : au dedans et ao 
DEHORS de la ville; il passa par dehors la ville, par dedans la niai- 
son; cet édifice est moins beau en dehors ^w'en dedans; puis : aller av 
DELÀ des mers, réussir au delà de ses espérances; le juste est récom- 
pensé PAR DELÀ ses mérites; je l'ai satisfait et par delà? N'a-t-on pas 
supprimé les tirets que tous les imprimeurs mettaient encore, il n'y a 
pas quarante ans , à tout à fait, tout à coup, tout d'un coup, tour à 
tour * ? Voy. Làr-bas, là-haut, là-dessus, là-dessous, à l'article LÀ. 

DÉTONNER, v. u. Sortir du ton... Détonné, ée, participe. — Sup- 
primez : DÉTONNÉ, éEj^ participe. 

DIACRE, s. m. Celui qui est promu au second des ordres sacrés. 
C'est au, diacre à chanter V Évangile, Faire diacre à la grand' messe. 
~ Il aurait été convenable d'ajouter que dans les églises protestantes 
les diacres sont des laïques choisis pour assister les pasteurs dans 
l'exercice de la bienfaisance. 

DIEU. — Dans cet article on a bien écrit le Fils de Dieu avec une 
grande F; mais on a mis La Vierge est appelée la mère de Dieu avec 
une petite m, Qi Cybèle est appelée la Mère des dieux avec une 
grande M. — k Gloire , à Mortalité , à Naître , on a mis Le fils de 
Dieu avec une petite /*. Il est inutile de dire qu'on doit écrire Mère 
et Fils avec une majuscule dans ces phrases, la Mère de Dieu, le Fils 
de Dieu, 

DIFFÉREND, S. m. Dans les quatre premières éditions, l'Académie 
écrit différent avec un t ; dans la sixième , elle ne donne même pas 
cette variante. Il est difficile de se rendre compté de cette décision. 
Quelques personnes, il est vrai, prétendent que différend vient du 
latin differendum, mais nous avons peine à croire à cette étymologie. 
Selon Féraud, « l'usage le plus ancien, le plus constant et le plus 
universel est pour différend avec un (/ à la fin; on peut même dire, 
ajoute-t-il, que cet usage est raisonnable, et qu'il est bon de différen- 
cier ces deux mots (l'adjectif différent et le substantif différend)^ ne 

I. L'Académie a écrit tout-à-fait avec des tirets dans les quatre premières éditions, mais 
elle n'en a jamais mis à tout à coup, tout d'un coup, tour à tour. 



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— 93 — 

fût-ce que pour éviter les équivoques/» N'en déplaise à Féraud, nous 
ne voyons pas de raison pour changer Torthographe d'un mot parce 
qu'il passe de l'état d'adjectif à celui de substantif, et nous ne croyons 
même pas qu'on puisse citer un seul autre substantif qui ait subi 
ce changement. Écrit-on un incidend^ un expédiend, un émolliend, 
l^antécédendj le conséqvsnd, etc, pour distinguer ces mots d'avec lès 
adjectifs incident, dente; expédient, ente; émollient, ente ; antécédent, 
dente; conséquente, quente, etc.? 

DIFFÉRER, V. a... Il est aussi neutre. Ne différez point d'y aller. 
Ne différez point de mettre ordre à vos affaires, — Nous avons tou- 
jours cru qu'un verbe pouvait avoir pour régime direct un verbe 
amené ou non par une préposition aussi bien qu'un substantif, et qu'on 
pouvait changer la nature du régime sans changer celle du verbe ; 
qu'ainsi dans cessez de crier, différez de partir, les verbes cesser, 
différer, étaient actifs comme dans cessez vos cris, différez votre 
DÉPART. D'ailleurs l'Académie ne dit point que comploter, craindre, 
décider, dédaigner, discontinuer, regretter, etc., soient neutres dans 
ces phrases : Ils avaient comploté de le voler. Il craint urètre importun. 
Nous décidâmes de partir sur-le-champ. Il dédaignait de nous parler. 
Discontinuer de faire une chose, pe parler, de travailler. Je regrette 
DE lui avoir parlé trop rudement, etc. Dans je me rappelle n'' avoir vu, 
n^avoir fait telle chose (phrases de l'Académie au mot Rappeler) , 
D'avoir vu. D'avoir fait, sont bien certainement des régimes directs. 
Il nous semble impossible de ne pas reconnaître que la préposition 
de et l'infinitif dont elle est suivie forment un régime direct dans ce§ 
phrases : Dites-lui de venir; je vous commande, je vous ordonne, je 
vous enjoins, je vous défends de faire cela. D'aller en tel endroit. 

Un verbe à l'infinitif peut être considéré comme régime direct lors 
même qu'il est précédé de la préposition à. Apprendre À dessiner ou 
apprendre le dessin. Enseigner À lire ou enseigner la lecture. 
Aimer À chasser ou aimer la chasse. 

Enfin l'Académie elle-même ne dit point que commencer à ou de, 
continuer à ou de, soient neutres dans ces phrases : LorsquHl com- 
mença de parler, chacun se tut pour l'écouter. Cet enfant commencé À 
parler, À lire, À écrire. Continuer À faire, À dire, de dire, de faire. 
Nous pensons donc que différer est actif dans ces phrases : Ne diffé- 
rez point D'y aller, ne différez point de mettre ordre à vos affaires; 
6t que dans partez sans différer, il est employé absolument. 

DILUVIEN, lENNE, adj. Qui a rapport au déluge. En examinant les 
inontagnes, on y reconnaît les traces des eaux diluviennes.— Cet adjec- 
tif s'emploie aussi dans une autre acception fort usitée : « Il est tombé 
ces jours derniers une pluie diluvienne. » On regrette que cette 
expression et celle de pluie torrentielle, qui n'est pas moins usitée, 
ne se trouvent pas dans le Dictionnaire de l'Académie. 
DIRE. — Dans la conjugaison il manque les passés défini et indéfini, 



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je dis, j'ai dit, et le pluriel de l'impératif disons, dites. Nous ne rele- 
vons ces omissions que parce que l'Académie renvoie au verbe Dire 
pour la conjugaison de plusieurs autres, et il nous semble que celui 
qui sert de paradigme doit présenter la conjugaison coriiplète, du 
moins dans les parties essentielles. L'omission du pluriel de l'impé- 
ratif surtout est d'autant plus fâcheuse que la seconde personne fait 
dites et que les composés font contredisez, dédisez, interdisez, mé- 
disez, etc., en sorte que les lecteurs seront forcément induits en 
erreur ou pour le verbe simple, ou pour les composés. 

Ne serait-il pas convenable de mettre un tiret kun on dit, des on 
dit, comme on en met à un oui-dire, des ouï-dire ? 

Fam., Se moquer du qu'en dira-t-on, — Voy. Qu'en-dira-t-on , à 
son rang alphabétique. 

DISPARAITRE... signifie aussi S'en aller de quelque endroit et ne 
plus s'y montrer, n'y plus revenir, ou Se retirer promptement, se 
cacher. Il a disparu de son domicile, du lieu qu'il habitait. Il a dis- 
paru de la cour... Elle est disparue avec lui. — Cette dernière phrase 
laisse à désirer. On dirait très-bien Elle est disparue, elle est dispa- 
rue AINSI QUE lui; mais en disant avec lui on exprime l'action simul- 
tanée de deux personnes qui s'en sont allées, se sont retirées ou 
cachées, et conséquemment l'emploi de l'auxiliaire être doit être une 
faute ; il faut mettre Elle a disparu avec lui. • 

DISSONANCE. DISSONANT. DISSONER. — Voy. ASSONANCE. 

DOCTE. — Ici et à l'article Soeur on a omis les doctes sœurs de 
Tibulle pour signifier les Muses. 

DOIGTER. DOIGTIER. — Au mot DoiGT, l' Académie dit seulement 
« On ne prononce point le G » , et elle ne dit rien aux mots suivants. 
Elle aurait mieux fait d'ajouter « dans ce mot et ses dérivés ». 

DOLCE, adv. T. de Musique, emprunté de l'italien. — La seconde 

syllabe de ce mot exigeait que la prononciation fût indiquée, car elle 

n'a aucun rapport avec celle de force, féroce, véloce, etc.; si l'on veut 

prononcer comme les Italiens, il faut dire doltché, sans appuyer sur l'e. 

DONNER. — Dans cet article, qui a plus de onze colonnes, nous 

n'avons rien su voir d'analogue à l'expression Donner une chose à 

faire à quelqu'un, pour signifier Le charger de la faire : La partie 

—'-- '-- - -^--inée à étudier est fort difficile. Cette phrase se trouve 

TiE. En revanche nous voyons ici la locution Donner 

e main, qui manque à Main , et surtout à Poignée , où 

cessairement figurer. . 

lu Domino, double-as, double-deux, double-trois, etc., 
'as, le point deux, etc., est répété. — Le tiret ne nous 
is utile dans ces mots que dans double louis, double 
l'Académie n'en met point ; mais si elle le juge néces- 
bien de répéter cette orthographe aux mots As, Trois, 



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— 95 — 

Quatre, Cinq et Blanc, car on ne trouve ces locutions qu'à Double, 
à Deux et à Six. 

DOUBLER. Mettre le double, augmenter du double, d'une fois autant. 
— Il aurait peut-être mieux valu supprimer du double, et dire seule- 
ment : Mettre le double, augmenter d'une fois autant. 

DOUCEÂTRE. (On prononce douçâtre.) — C'est sans doute par dis- 
traction qu'on a laissé ce dans ce mot au lieu de remplacer ces deux 
lettres par un ç. Cette orthographe nous reporte au temps où, faute 
d'avoir Je ç, on écrivait nous commenceons, nous commenceasmes, 

DOUVAIN, s. m. Bois propre à faire des douves. Un millier de dou- 
vain. — Pourquoi, dans cet exemple, douvain est-il au singulier? À 
coup sûr on écrirait un millier de douveS, et non de douve. S'il y a 
ici une ellipse dans le genre de celle qui fait écrire Un millier de 
foin, de paille, c'est-à-dire un millier de bottes de foin, de paille, 
l'Académie aurait dû le dire, comme elle l'a fait à millier pour ces 
deux dernières locutions. 

DUBITATIF, IVE, adj. Qui sert à exprimer le doute. Proposition 
dubitative. Si est quelquefois conjonction dubitative. — Il aurait fallu 
donner non pas un seul exemple mais plusieurs, pour faire connaître 
Ce que c'est qu'une phrase dubitative et les différentes formes sous 
lesquelles elle peut se présenter. Nous ne pensons pas qu'il soit suffi- 
sant de dire que « si est quelquefois conjonction dubitative ». 

DUCHÉ, s. m... L'expression duché -pairie est ordinairement em- 
ployée comme substantif masculin ; quelques-uns l'emploient comme 
substantif féminin. Un duché-pairie. Une duché-pairie. — A Pairie 
on trouve également « Un ou une duché-pairie ». Les mots duché et 
comté ont été du genre féminin; mais il n'en est plus ainsi, et nous 
sommes bien persuadé qu'aucun auteur n'écrit aujourd'hui une duché- 
pairie, à moins que ce ne soit une citation ; conséquemment il aurait 
été mieux de mettre : « Autrefois on disait une duché-pairie. » 

DURER... C'est un bruit à tête fendre , on n'y peut durer, on n'y 
saurait durer. — A l'article Eau, nous trouvons aussi : 

On dirait qu'il ne sait pas troubler l'eau, qu'il ne sait pas l*eau troubler ; 
mais là du moins on a eu soin d'ajouter la construction grammaticale. 
Malgré cela, nous pensons qu'il serait mieux de ne pas mettre dans le 
Dictionnaire de l'Académie ces inversions germaniques. On dit, il est 
vrai, Il gèle à pierre fendre , mais cette expression est généralement 
usitée. Quant à sans bourse délier (sans donner d'argent), il sait son 
pain manger (il est habile, intelligent), etc., ce sont des phrases 
faites, des expressions figurées qui n'ont pas de rapport avec le sens 
propre. 

Nous croyons que le verbe durer ne s'emploie guère aujourd'hui 
dans quelques-unes des locutions que renferme cet article, et qu'il 
aurait été convenable d'y joindre les mots qui l'ont remplacé ; telles 
sont les phrases suivantes, pour lesquelles l'explication « Être extrô- 



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— 96 — 

mement incommodé du chaud, du froid, etc. » ne peut suffire, et où 
nous nous permettons de suppléer au silence de l'Académie : 

n fait si chaiid dans cette chambre, qu'on n'y saurait ddber (tenir, rester). 
Je ne peux durer (résister) à ce froid-là. 

On ne peut durer (vivre) avec cet homme-là, tant il est fâcheux et difficile. 
Quant à celle-ci. Il ne saurait durer du mal de lélCj nous ne savons 
quel synonyme donner au verbe durer, 

DYSSEXTERIE. DYSSENTERIQUE. — Autrefois TAcadémie écrivait 
dysenterie, conformément à Tétymologie ; aujourd'hui elle écrit encore 
avec une seule s le* mot dysurie, dont Tétymologie est de même 
nature, c'est-à-dire que l'un et l'autre mot sont composés de dus, 
diflScilement,» avec peine, et d'un mot commençant par une voyelle 
{enteron, entrailles; oureô, j'urine). Il aurait donc été mieux de ré- 
tablir l'ancienne orthographe et d'écrire dysenterie, dysentérique. 

E 

EAC... se dit encore d'une liqueur artificielle... Eau de groseilles. 
Eau de fraises. Eau de cerises. Eau de fleur d'orange. — Nous nous 
permettrons de demander pourquoi fleur est au singulier dans eau de 
fleur d'orange, puisqu'on a mis au pluriel les mots groseilles, fraises, 
cerises. Nous ne ferions pas cette question si l'Académie avait toujours 
écrit fleur au singulier dans ce genre de locutions; mais à Ratafia 
nous lisons ratafia de fleurs d'orange; à Conserve, conserve de 
FLEURS d'orange; à Sirop, sirop de fleurs de pécher, etc. — Par la 
même occasion nous dirons qu'ici l'on trouve eau de groseilles, 
tandis qu'à Liqueur eau de groseille est au singulier. 

EAU... se dit également de certains produits, de certaines prépara- 
tions chimiques. Eau- for te. Eau seconde. -— Nous réclamerons après 
eau seconde une mention pour Veau de javelle, qui ne se trouve ni ici 
ni à la lettre J, et dont il n'est parlé qu'en passant dans l'article 
Tache : Cette tache s'en ira avec de l'eau de javelle. Voy. Armoise. 

ÉBOURIFFÉ, ÉE, adj. Il se dit Des personnes dont le yent ou quel- 
que autre cause a mis en désordre les cheveux ou la perruque , la 
coififure : Vous êtes tout ébouriffé. Elle arriva tout ébouriffée. Il est 
familier. — Il s'applique, dans un sens analogue. Aux cheveux,^ la 

^''"- * — Avoir les cheveux ébouriffés. Votre coiffure est tout 

se dit, figurément. D'une personne agitée, troublée, 
ir son trouble, son agitation. Que vous est-^l donc 
là tout ébouriffé; vous avez l'air tout ébouriffé. 
devoir signaler la suppression d'une r dans ce dérivé 
e bourre, et faire une remarque sur l'ordre suivi dans 
effet la racine bourre nous paraît indiquer clairement 
mieux de parler d'abord des cheveux seulement, qui 
plutôt emmêlés. Voy. Mêler) et semblent présenter 



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— 97 — 

Taspect de la .bourre par l'effet du vent ou par quelque autre cause; 
puis on aurait étendu la signification à la personne elle-même, qui 
arrive tout ébouriffée, dans le sens propre; et par une transition 
naturelle on aurait passé de ce sens propre au sens figuré du trouble, 
de l'agitation. 

ÉCALE, s. f. Enveloppe extérieure qui renferme la coque dure de 
certains fruits,' comme les noix. Écale de noix, etc. — Pour un dic- 
tionnaire tel que celui de l'Académie, ces mots Écale de noix, etc, ne 
suffisent pas. On devrait trouver ici tous les fruits dont l'enveloppe 
extérieure porte le nom ^' école, et nous demanderons quel est le nom 
de cette enveloppe dans les marrons, les châtaignes, les amandes, les 
faînes, etc., si ce n'est celui-là même. 

ECCE HOMO. (On prononce exé) .—Cette prononciation (qui équivaut 
•à egzé au lieu de représenter ekcé) pourrait nous mener à pronon- 
cer les mots excès, excellent, excepté, etc., comme s'ils étaient écrits 
exès, exellent, exepté, etc, 

écxAiRCiR, V. a... ÉCLAiRGi, lE, participe. — Il y eut un peu 
d'éclairci. Le ciel s'éclaircit pendant quelques moments. 

Plus haut nous lisons : « Éclairgie, s. f. T. de Marine. Endroit clair 
qui paraît au ciel en temps de brume ou entre des nuages. » Ne serait-ce 
point ce mot éclaircie, et non éclairci, qui devrait figurer dans la 
phrase ci-dessus ? 

écLOPPÉ, ÉE. — L'Académie écrit avec un seul p clopin-clopant, 
clopiner; elle en met deux à écloppé, 

^CLORE... Il éclôra. Il éclorait. — L'Académie écrit je clorai, je 
clorais, avec un o simple, et nous croyons inutile de mettre au futur 
Redore un accent que ne prend pas l'infinitif; il n'y a pas plus de 
contraction à l'un qu'à l'autre. 

écoURGEON, s. m. Orge carré qu'on appelle aussi Orge" d'automne 
ou de prime. — Voy. Orge. — Plus loin nous trouvons : « Escourgeon, 
s. m. Espèce d'orge hâtive qu'on fait ordinairement manger en vert 
aux chevaux. — L'Académie regarde-t-elle ces deux mots comme 
synonymes? Nous l'ignorons; mais ce que nous pouvons assurer, 
c'est qu'en agriculture on n'emploie guère que le mot escourgeon, et 
l'Académie aurait bien fait de renvoyer du premier au dernier, afin 
que l'on pût consulter l'un et l'autre. 

ÉcouTEUX, adj. T. de Manège. Il se dit d'un cheval distrait par les 
objets qui le frappent. 

Voilà un de ces mots à désinence surannée, comme oiseau dépi- 
ieux, le faucheur (araignée) . Autrefois on disait également un oublieuse 
. (marchand d'oubliés. Voy. Oublieur), unpiqueux (t. de Vénerie), etc. 
Les gens de la campagne disent encore un blanchisseur, et quelquefois 
ceux de la ville un boueux pour un b'oueur (charretier chargé d'en- 
lever les boues). — Pourquoi cet adjectif écouteux Q'a-t-il pas de 
féminin? N'y a-t-il pas des juments écouteusesf 

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lÉCRiTURE, S. f... se dit aussi des caractères écrits. Belle écriture. 
Mauvaise écriture. Écriture difficile à lire. Écriture bâtarde, ronde, 
coulée j, etc, — Il manque ici, ou à Serrer, à Lâche, deux adjectifs 
qui sont fort usités : écriture serrée, écriture lâche. Voy. Serrer. 

ECURIE. — L'Académie n'a donné que deux expressions figurées : 
Fermer V écurie quand les chevaux sont dehors , et Cest un chevd 
à l'écurie. Il en est d'autres cependant qu'elle aurait pu citer, telles 
que, Sa chambre, son appartement est une véritable écurie (est 
extrêmement sale), et surtout le proverbe : Nettoyer les écuries* 
d'AugiaSj qu'on emploie figurément pour signifier Faire un travail 
désagréable , presque impossible à exécuter. 

ÉGALER, ÉGALISER. — « ÉGALER, V. a. Rendre égal. Égaler les 
parts j les portions, La mort égale tous les hommes, égale tou^ les rangs. 
— ÉGALISER, V. a. Rendre égal. Il ne se dit qu'en parlant des choses.. 
Égaliser les lots d*un partage, V amour égalise toutes les conditions, » 

En 169Zi, on employait à peu près uniquement égaler dans toutes 
les acceptions ; mais antérieurement le verbe égaliser était en usage ^ , 
et l'on a bien fait de le ressusciter, car il est fort utile ; aujourd'hui 
l'on s'en sert aussi bien en parlant des personnes que des choses. 
Nous pensons que 

Égaler doit signifier Rendre égal à : La mort, la vertu égale lei 
bergers aux rois ; 

et Égaliser, Mettre de niveau, rendre égales entre elles des per- 
sonnes ou des choses. La mort égalise les rois et les bergers, — etLfl 
mort égalise toutes les conditions (Acad* à l'art. Égaliser). Égaliser 
les parts, les portions. 

En conséquence il faudrait, suivant nous, remplacer éga^e par 
ÉGALISE dans les phrases suivantes : 

(à Égaler) La mort égale 'tous les hommes, égale tous les rangs. 
(à Condition) La mort égale toutes les conditions. 

Comme on vient de le voir quelques lignes plus haut, l'Académie 
elle-même nous donne raison au sujet de cette dernière phrase. 

Elle a très -bien fait de rétablir aussi Égaliser dans le sens de 
Rendre uni , plan : Cette allée est raboteuse, il faut Légaliser ^. 

ÉGALISATION, S. .f. T. de Jurispr. Action par laquelle on égalise les 

1. On devrait dire étables, puisqu'elles renfermaient des troupeaux (trente miUe boBof^ 
suivant la Fable ) et non des chevaux ; cependant on dit vulgairement Nettoya' les bcubibs 
d*Augias, sans doute parce que le mot écurie emporte en général l'idée d'un lieu malpropre; 
et en effet , les étables d'Augias n'avaient pas été nettoyées depuis trente ans. 

2. En 1694 (première édition) l'Académie disait : « Égaliser, v. a. Terme d<mt on se 
sert encore au Palais, et qui veut dire Rendre des partages égaux. » Mais le Supplément (1696) 
va plus loin : « Égaliser , v. a. Vieux mot qui n'a plus d'usage qu'au Palais , pour signifier 
Rendre les partages égaux, » 

3. L'Académie dit : « Égaler signifie en outre Rendre uni, plan. Cette allée est nibotevse, 
il faut l'égaler. En ce sens , on dit plus ordinairement Égaliseï'. — A la lettre R on trouve : 
« RÉGALER , V. a. Dresser, aplanir un terrain , après avoir enlevé ou rapporté des terres. Il 
faut régaler les terres après le i-emblai. » Ce mot régaler aurait bfesoin d'être remplacé par un 
autre. 



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— 99 — 

lots dans un partage. Égalisation des lots. 11 n'est plus guère usité. 

— Quel est donc le terme maintenant en usage? ^i Ton ne peut pas 
dire « ^'égalisation des lots a eu lieu tel jour; Légalisation des par- 
tages s'est faite devant toute la famille réunie » , comment faut-il 
s'exprimer? Si égalisation doit être remplacé par Supplément de par- 
tage, qu'on trouve dans la première édition et dans son Supplément, 
l'Académie aurait dû nous l'apprendre et donner un exemple de la 
phrase telle qu'elle doit être dite aujourd'hui. -— A l'article Supplé- 
ment, nous lisons, il est vrai : « Ce qu'on donne pour suppléer, et 
quelquefois Ce qu'on donne en sus. On lui a donné tant en argent pour 
supplément de partage »; mais cela ne nous apprend rien pour la 
con texture des phrases que nous avons proposées ci-dessus. 

ÉGOCTTER, V. n. Il se dit de certaines choses dont on fait peu à peu 
écouler l'eau. Il faut laisser é goutter, faire égoutter ce lait caillé , ce 
fromage. Mettre égoutter de la vaisselle qu'on vient de laver. Mettre 
égoutter des cardes, des asperges, de la morue, etc. — 11 s'emploie 
aussi avec le pronom personnel. Ce fromage s' égoutter a peu à peu. 

Nous sommes persuadé que dans les premiers exemples la forme 
naturelle du verbe est pronominale, avec ellipse du pronom, comme 
cela a lieu lorsqu'un verbe pronominal est précédé d'un autre verbe; 
tels sont s'agenouiller, se cabrer, s'écrouler, s'enfuir, s'épanouir, 
s'évanouir, s'extravaser, s'insurger, se repentir, se souvenir, se ressour- 
venir, etc., lorsqu'ils sont précédés de faire ; s'écouler, s'enraciner, se 
faisander, s'invétérer, etc., lorsqu'ils sont précédés de laisser. Nous 
pensons donc qu'il aurait été mieux de dire : s'égodttbr, v. pron... 
Il s'emploie aussi avec ellipse du pronom... 

icRENER. — Il est à peu près inutile de dire que 1'^ qu'on trouve à 
la pénultième syllabe du participe Égrené , éb , est une faute typogra- 
phique, et qu'il faut lire Égrené, ée. 

éHOCPER, V. a. T. d'Eaux et Forêts*. Couper la cime d'un arbre. 

— Cette orthographe du verbe éhouper avec un seul p, contraire- 
ment au radical houppe ^ nous paraît d'autant plus fâcheuse qu'elle 
semble faire exprimer à ce verbe, non pas l'action de couper la houppb 
ou la cime d'un arbre, mais l'action opposée à celle de l'onomatopée 
HoupER, v. a., en termes de chasse Appeler son compagnon, ce qui 
devient inintelligible. 

ÉLEVER, V. a... En Mathém., Élever un nombre à la seconde puis- 
sance, à la quatrième puissance, etc.. Le carrer, le cuber, etc. — Au 
lieu de : à la quatrième puissance, lisez : à la troisième puissance. 
Chacun sait que carrer un nombre ou le multiplier par lui-même, 

1. Aux articles Eau, Forôt, Spée, nous voyons Eaux et forêts (petite f), et partout ailleurs 
Baux et Forêts (grande F); lequel est le plus convenable? Nous penchons pour la majus- 
«ulfi, et de même nous écririons , contrairement à l'Académie, l*école des Ponts bt Chaussées, 
Vacadémie des Inscriptions bt Bellbs-lettbes, etc. 

2. Voy. le chapitre des Règles d'orthographe, p. 113, de notre Recneil de mots français par 
ordre de matières, in-S». 



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— 100 — 

c'est rélever à la seconde puissance ; le cuber j c'est multiplier cette 
puissance par le npmbre primitif, et relever ainsi à la troisième puis- 
sance ; pour rélever à la quatrième puissance, il faudrait multiplier la 
troisième par le nombre primitif ( 3 X 3 = 9 ; 9 X 3 = 27 ; 27 X 3 =» 81). 

ELLIPSER. — Le substantif élision a son verbe élider, qui signifie 
« Faire une élision... On met une apostrophe dans l'écriture à la place 
de lavoyelle qu'on élide... Cette lettre s'élide dans la prononciation.., » 
Comment se fait-il que le mot ellipse n'ait pas de même son verbe 
correspondant elUpser, faire une ellipse, « Ellipser un verbe : Faites-le 
si vous le pouvez (faire) »? On doit pouvoir dire aussi Ellipser un mot, 
une préposition, un pronom, une phrase, etc.; en un mot, ce verbe 
est aussi nécessaire qu'élider. 

EMBONPOiBrr. — Dans ce mot , la règle qui veut que le b et\e p 
soient toujours précédés d'une m n'est suivie qu'à moitié, en sorte 
qu'on a beaucoup de peine à se rappeler si c'est à la première ou à la 
deuxième syllabe qu'on doit mettre l'w. Il vaudrait mieux observer 
ou violer la règle complètement, et écrire embompoint on enbonpoint ; 
cette dernière variante laisserait dans leur intégrité les trois éléments 
dont le mot se compose. 

EMBRASEMENT. INCENDIE. — (( EMBRASEMENT, S. m. ActiOU OU effet 

d'un feu violent qui consume en jetant des flammes. Vembrasement 
de Troie. Une légère étincelle peut causer un grand embrasement. — 
Incendie , s. m. Grand embrasement. Un horrible, un vaste incendie. 
L'incendie d'une maison, d'un temple, d'un palais, d'une ville... » 

Dans les quatre premières éditions on lisait : « Embrasement, grand 
incendie ; Incendie , grand embrasement. » La première de ces défini- 
tions a été modifiée, mais nous croyons que c'est la seconde qui au- 
rait dû l'être. Le mot incendie exprime un feu local, embrasement un 
feu général, et personne n'oserait dire l'incendie de Troie. Le sens 
figuré d'embrasement vient confirmer notre opinion : « Combustion, 
désordre, grand, trouble dans un État. Cet embrasement allait gagner 
les provinces, on parvint à Varrêter. Ce fut un embrasement général » ; 
et mieux encore le verbe « La guerre embrasa V Europe i». — Enfin le 
mot embrasement présente à l'idée un vaste brasier, et c'est pourquoi 
l'on dit l'embrasement du Vésuve, de l'Etna; il n'en est pas de même 
de l'incendie. — On regrette donc de trouver à l'article Incendier : 
« Brûler, consumer par le feu. Il ne se dit que d'un grand embrasement. » 

EMMAILLOTTËR. ■— La règle veut que les verbes dérivés d'un sub- 
stantif terminé par ot ne doublent pas le ^; cahoter, comploter, raboter, 
sangloter, etc. L'Académie écrit démailloter, conformément à la règle, 
mais elle met emmaillotter dans les exceptions. Voy. Terminaison. 

EMMÉNAGEMENT, S. m. Action de ranger des meubles dans une mai- 
son , dans un appartement où l'on va loger. // m'en a coûté tant pour 
mon emménagement. — Emménagements, au pluriel, se dit, en termes 
de Marine, des compartiments et logements qu'on pratique dans l'in- 



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— 101 — 

térieur d'un vaisseau, d'un navire. Les soutes, les faux ponts, les 
chambres d'officiers, etc., sont des emménagements. Ce navire a des 
emménagements très-commodes, de bons emménagements. Dans ce 
sens, quelques-uns écrivent Aménagements. 

L'usage est pour aménagements; c'est la seule locution que nous 
ayons vue employée dans ce sens, et nous pensons que l'Académie 
aurait bien fait de la préférer, car il s'agit ici de compartiments dis- 
tribués avec ordre,. de logements pratiqués avec économie (avec mé- 
nage, en ménageant l'espace), et non d'un arrangement de meubles. 

EMMÉNAGER, V. n. Mettre ses meubles en place quand on les a 
transportés d'une maison dans une autre. J'ai fini d'emménager, — Il 
s'emploie également avec le pronom personnel. Il lui a fallu huit 
jours pour s'emménager, — Emménagé , ée , participe. Je ne suis pas 
encore emménagé, tout à fait emménagé. — En termes de Marine, Ce 
bâtiment est bien emménagé. Il est bien distribué intérieurement. 

Nous croyons qvC emménager n'est pas plus un verbe neutre dans 
cette phrase J'ai fini d'emménager, que mmiger, boire, lire, écrire, 
dans celles-ci , J'ai bu, mangé, lu, écrit ; le régime meubles, mobilier, 
est sous-entendu, et c'est tout simplement, à notre avis, un verbe 
employé absolument. L'Académie fait de boulanger un verbe actif, 
bien qu'elle ne lui donne pas de régime : Un garçon qui boulange 
bien; cette femme sait boulanger, — Nous ajouterons qu'emménager 
doit signifier non-seulement Répartir les meubles dans les différentes 
pièces d'un appartement, et les ustensiles, le linge, etc. dans les 
armoires, mais encore Les transporter d'une maison dans une autre , 
et que dans cette acception il est encore plus explicitement actif : 
Cest un tel, c'est telle administration qui nous a emménages. — Enfin, 
quant à la Marine, nous pensons qu'emménagé n'est pas plus le terme 
propre qu'emménagement (Voy. ce mot), et qu'aménagé est la seule 
expression convenable. 

EMMÉNAGOGUE. — Ce mot, qui figure dans des exemples à Armoise 
et à Sabine, devrait trouver ici une place et avoir sa définition. Voy. 
Armoise. 

émocLEUR, s. m. — On dit aussi Rémouleur et Gagne-petit, et ce- 
pendant l'Académie ne mentionne pas ces deux variantes. Suivant 
nous, elle aurait dû choisir celui des trois mots qu'elle préfère , en 
donner la définition la plus satisfaisante, dire qu'on emploie aussi les 
deux autres , et mettre chacun de ces derniers à son rang alphabé- 
tique, se bornant, pour toute définition, à renvoyer à celui qu'elle 
aurait préféré. Il résulterait de là trois avantages pour le lecteur : il 
apprendrait que le mot qu'il cherche a des synonymes , il les trou- 
verait réunis sous ses yeux , et il saurait quel est celui qu'il dbit em- 
ployer de préférence. 

EMPIRE.— A l'article Médaille on lit : « Médaille du Haut-Empire, 
du Bas-Empire » ; ici l'Académie ne parle pas du Hautr-Empire : c'est 



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— 102 — 

une omission à réparer. Elle dit que le Baa-Empire a commencé au 
règne de Valérien ou de Constantin; le Haut-Empire, qui finit sou$ 
Tun de ces deux empereurs, avait commencé sous Auguste. 

EMPLÂTRE, s. m... Appliquer j meUre, ôter, lever un emplâtre, — 
De même que l'Académie a fait connaître les verbes qui peuvent pré- 
céder le mot emplâtre, elle aurait bien fait de donner quelques épi- 
thètes de ce substantif : Emplâtre ém^llient, dessiccatif, résolutif; 
emplâtre vésicatoire, comme elle Ta fait pour onguent, etc. 

EMPOISONNER... La noix de galle empoisonne les cAi«fW.— N'est-ce 
pas plutôt la noix vomique qu'il fallait dire? A l'article Vomique on 
lit : « Noix vomique. Espèce de noix qui est un poison pour quelques 
animaux, tels que les chiens, etc. Il se défit de ce chien avec de la 
noir VOMIQUE ». Nous n'avons vu nulle part que la noix de galle ait 
cette propriété. 

EN... Être en fond, en reste. Être en avance. — A l'article Fond on ne 
trouve aucune phrase analogue à Être en fond; mais à Fonds nous 
lisons : « Il se dit quelquefois familièrement, au pluriel, d'un avoir, 
d'un pécule en argent. jÉ^re en fonds. Avoir des fonds ». Il faut donc, 
dans cette locution, écrire /bnrfS, . puisque ce mot est employé au 
pluriel et que Vs serait nécessaire même, au singulier. 

EN... Livrer en proie. — Peut-on dire absolument, c'est-àr-dire sans 
complément. Livrer en proie quelqu'un ou qttelqus chose; ils furent 
livrés EN PROIE ? A l'article Livrer on lit : « Livrer se dit aussi dans 
le sens de Livrer en proie, exposer à ; et alors il est toujours suivi de 
la préposition à. Livrer une ville au pillage, la livrer à la fureur du 
soldat. •— A l'article Proie on ne trouve livrer qu'avec le pronom per» 
sonnel : « Se livrer en proie à ses passions, à sa douleur. » Si l'eX' 
pression livrer en proie peut s'employer absolument, il aurait fallu 
la présenter dans une phrase plus complète que celle que nous avons 
citée en commençant cet article. 

EN CAS (UN). — Voy. Cas. 

ENCLITIQUE, S. f. T. de Gramm. Il se dit de certains mot9 de la 
langue grecque, qui s'appuient sur le mot précédent, et qui semblent 
ne faire qu'un avec ce mot. Une enclitique, — Il aurait été convenable 
de donner au moins un exemple de l'enclitique grecque; mais l'encli- 
tique n'est-elle pas usitée en latin, et même en français? Dans les 
dictionnaires récents on n'hésite pas à dire qu'en latin que, ce, ne 
sont des enclitiques dans ces phrases : Armu virumQVE cano; Hisc% 
temporibm; Jam^z vides ^?; — et qu'il en est de même en français 
pour ce, je, dans est-c^^ aimé-ml Nous demanderons s'il n'en est 
pas de même encore pour da dans oui-nh. 

ENDURCIR, V. a. Rendre dur. Le grand air endurcit certaines 
pierres. Donner une nouvelle trempe à du fer pour Venduroir davan- 

1. Dans le Dictionnaire latin-français de MM. Qaicherat et Davelay, on lit : « Nb, partie, 
enclitique. Brt^« que? Jamne vida ? de. Voi^-tu maintenant? 



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— 103 — 

iage, — Endorgir s'emploie souvent avec le pronom personnel, et 
signifie alors Devenir dur. Le corail s'endurcit à l'air. La plante des 
pieds s'endurcit à force de marcher^. 

A l'article Durcir, nous lisons : « Durcir, v. a. Rendre dur. La 
grande chaleur durcit la terre. L'air durcit le corail. — Il s'emploie 
souvent aveq le pronom personnel , dans le sens de Devenir dur, plus 
dur. La boue 9e durcit au soleil. La pierre se durcit à l'air. — Il est 
aussi neutre dans le même sens. Faire durcir des œufs. Le chêne 
durcit dans l'eau. » 

Nous préférons infiniment durcir et se durcir à endurcir et s'en^ 
rfî^rci'r* dans le sens propre, et nous réserverions endurcir, s'endur- 
cir, pour le sens figuré. Il est bon ^'endurcir de bonne heure les jeunes 
gens au tratail^ aux intempéries de l'air, aux privations. S'endurcir 
m travail, àla peine* S'endurcir à la douleur. S'endurcir ava: injures, 
aux affronts, 

ENGOUFFRER (S') , V. pron.— L' Académie n'emploie ce verbe qu'avec 
le pronom personnel. Le Rhône s'engouffre à quatre lieues au-dessous 
dé Genève, et reparçil à un quart de lievs de là. La Guadiana s'en- 
GouFFRE et se perd l'espace d'environ trois lieues (5 1. ou 20 kilom.?). 
-^ Le vent s'engouffre dans la cheminée. 
Des dictionnaires plus récents donnent engouffrer comme verbe actif. 
La mer engouffra nos vaisseaux. 
Son ombre plane encor siii: tant d'hommes sublimes 
Qu*Àboukir engouffra dans de sanglants abîmes. ( Barthéleht. ) 
Gargantua engouffrait à chaque repas d*énormes pièces de viande. 
Mais il est encore une autre acception aussi usitée que les précé- 
dentes, et qu'ils auraient bien fait de mentionner : 

11 a engouffré dans de sçlendides constructions , dans de folles spécula- 
tions, dans des festins somptueux, les millions que son père avait amas- 
sés par les exactions, par les déprédations. 

Sans doute on répondra que nous avons le verbe engloutir qui rend 
la même idée, et que c'est probablement pour cette raison que l'Aca- 
démie n'a pas admis le synonyme engouffrer; mais nous ne voyons pas 
pourquoi le substantif gouffre n'aurait pas son verbe actif comme 
beaucoup d'autres qui sont moins pittoresques ; et puisque l'Académie 
donne pour exemples Ce procès est un gouffre ; Les maisons de jeu 
mu des GOUFFRES pour les jeunes gens ; C'est un gouffre qus cet 

1. Â l'article Sbllbr ( se ) , on lit également : t Un terrain qui se serre , se tasse , ^endur- 
ctt x; et à Bouillir : « Cuir bouilli, Cuir de vache... endurci à force de bouillir x. 

2. C'est ainsi que Graisser ses habits, son linge; ce vin oraissb , ont remplacé Engraisser 
in kabitf, son linge, et ce vin s'engraisse f et qu'on dit maintenant Ce vêtement le vieillit et 
non Venvieillit. — Bn revanche nous croyons qu'on dit Ce cheval a les jambes snooroébs plu- 
tôt que gorgé&s, phrases qu'on trouve aux articles Gorqbr et Enoorobr. Et de même , bien 
qu'on dise Sb roulbr sur l'herbe, sw un lit, dans la poussière, etc., il faut dire que les vrilles 
^une plante s'bnroulbkt autour des corps voisins, que la chtUne d*nne mùlUre s'snroulb 
autour de la fusée. 



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— 104 — 

homme-là, en parlant d'un grand dissipateur, on doit pouvoir dire 
également, Il a bngouffré sa fortune dans des procès, dans des 
maisons de jeu, dans des profusions. D'ailleurs l'expression est 
reçue , et il ne reste plus qu'à l'enregistrer. 

ENGRENAGE, S. m. T. de Mécanique. Disposition de plusieurs roues 
qui engrènent les unes dans les autres. — L'Académie admet un sub- 
stantif {rengrënement, Yoy. Rengréner) pour exprimer l'action de 
rengréner; il nous semble nécessaire d'admettre de même le substan- 
tif ew^renemew^ pour exprimer l'action d'engrener et le résultat de 
cette action, puisque le mot engrenage a une signification toute diffé- 
rente. Voy. Transvaser. 

ENORGUEILLIR... Quelques -uns prononcent enorgueillir. -^ Le 
nombre de ceux qui prononcent enivrer n'est pas moins grand. L'Aca- 
démie aurait peut-être bien fait de dire à chacun de ces mots que 
ceux qui mettent l'accent prononcent mal. 

ENQUÉRIR (S').., Enquérez-vous soigneusement de cela. Je me suis 
enquis de cet homfne-là partout, et je n'ai pu en avoir de nouvelles. 
Il faut s'enquérir de la vérité du fait. Enquérez-vous-en à ceiùx qui 
le savent. Je me suis enquis d'un tel, ou à un tel, si le bruit qui court 
est vrai. — Ainsi TAcadémie emploie s'enquérir de dans deux accep- 
tions tout à fait différentes : Je me suis enquis de cet homme partout; 
Il faut s'enquérir de la vérité du fait. Jusqu'ici c'est très-bien ; c'est 
le de des Latins, car ces phrases signifient Je me suis enquis touchant 
cet homme, au sujet de cet homme; Il faut s'enquérir touchant la 
vérité du fait, au sujet de la vérité du fait. Mais il n'en est pas de même 
dans cette phrase Je me suis enquis n'un tel si le bruit qui court 
est vrai, et nous croyons qu'au lieu de je me suis enquis D'un tel ou 
À un tel, il serait mieux de dire je me suis enquis auprès d'un tel. 
Malheureusement nous n'avons trouvé ni à Auprès, ni même à Près, 
aucune phrase analogue. Nous espérions que le verbe S'informer nous 
donnerait un exemple tel que nous pouvions le désirer; mais nous n'y 
avons trouvé que s'informer À quelqu'un, et c'est encore à Buffon que 
nous devons de savoir qu'on peut dire s'informer auprès de quel- 
qu'un: « M' étant informé auprès de quelçfues voyageurs dignes de foi, 
je les ai trouvés d'accord sur le passage des hirondelles au delà de 
la Méditerranée, » — Nous pensons donc qu'on peut dire s'enquérir 
auprès de quelqu'un aussi bien que s'informer auprès de quelqu'un, et 
cette expression nous paraît préférable à de, à, pour les deux verbes. 

Nous nous permettrons une seconde remarque. Au lieu de je n'ai 
pu en avoir de nouvelles, ne serait-il pas mieux de dire : Je me suis 
enquis de cet homme partout, et je n'ai pu en avoir des nouvelles, 
c'est-à-dire, je n'ai pu avoir des nouvelles touchant cet homme*? 

1. Voici une règle que nous n'avons vue nulle part, et qui semblera sans doute paradoxale, 
mais nous la croyons exacte : 
Lorsqu'un verbe est employé négativement, le substantif qui suit ne doit pas être précédé 



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— 106 — 

fiNRAGBE, V. n... Fam. Un mal enrayé, une douleur enragée, iin mal 
violentf une extrême douleur. On dit dans un sens analogue : Une 
faim enragée. Une passion enragée, e^c— Nous avons toujours entendu 
dire un mal h'enragé, une douleur D'enragé, c'est-à-dire un mal, une 
douleur semblables à ce qu'endurent ceux qui sont atteints de la rage; 
et par analogie une faim, une passion jy^enragé. Les personnes que 
nous avons consultées pensent que cette dernière locution est préfé- 
rable à Tautre, et nous la soumettons à l'appréciation de l'Académie. 
£NRATER. — Il était naturel, ce semble, de donner un substantif à 
ce verbe. Lenrayement (ou plutôt l'enraiement) était difficile, L*efn- 
rayement fut long, 

ENREGISTREMENT. ENREGISTRER. (Quelques-uus prononcent enre- 
gitrement, enregitrer.) — Ces variantes auraient bien pu être suppri- 
méies : ni dans les ministères, ni chez les notaires, les avoués, les 
huissiers, etc., nous n'avons entendu cette prononciation. Nous 
croyons que regitre, regitrer, enregîtrement, enregitrer, sont des 
locutions locales qui n'ont pas plus droit de figurer dans le Diction- 
naire de l'Académie que les mauvaises locutions de la capitale. 

ENSUITE... Quand ce mot est suivi de la particule de, il a la qua- 
lité de préposition ; m'uis on ne l'emploie guère alors que dans ces 
deux phrases : Ensuite de cela. Ensuite de quoi, ■ — Dans cette locu- 
tion nous écririons volontiers en suite en deux mots, car elle nous 
semble signifier Par suite, en conséquence : En suite de cela, la 
séance fut levée. En suite de quoi, on le mit aux arrêts, en prison. 
Voy. Ensuivre (s'). 

ENSUIVRE (s*), V. pron. Suivre, être après... Le premier chapitre 
et tout ce qui s'ensuit, — Il signirie aussi Dériver, procéder, venir de. 
Un grand bien s'ensuivit de tant de maux. Le tribunal cassa la procé- 
dure, et tout ce qui s'était ensuivi, — Il se dit particulièrement de 
toute conséquence qui découle nécessairement d'un principe. Voyez 
les erreurs qui s'ensuivraient de cette proposition. — Il est souvent 
employé comme impersonnel dans les deux dernières acceptions. Jl 
s'ensuivit de grands maux. Il s'ensuit de là que,,. De cette proposition 
il s'ensuit que.,. Si vous établissez ce principe, il s'ensuivra que... 

Nous croyons être certain qu'aujourd'hui l'on n'observe guère sur 
ce point l'orthographe de l'Académie, et qu'on écrit généralement : Le 
premier chapitre et tout ce qui s'en suit, en deux mots, parce qu'on 
donne à s'en suit le sens de En dépend. H s'en suivit (il en résulta) 

de l'article; mais si entre le verbe employé négativement et le substantif il y a un autre 
verbe , on met l'article : 

Je n'ai pas eu D'enûmts, et Je n'ai pu avoir dbs enfants. 

Je n'ai pas demandé db livres, Je n'ai pas osé demander dbs livres. 

Je n'ai pas donné D'argent, Je n'ai pas voulu donner db L'argent. 

On dira encore : i Depuis six mois que mon navire est parti, je n'en ai pas e^ db nouvelles, 
et je n'ai pu en avoir dbs nouvelles ». Par la même raison on devra dire : Je me suis enquis de 
cH homme, et je n'ai pu en œooir dbs nouvelles. 

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— 106 — 

de grands maux. Si voies établissez ce principe, il s'en suivra ( il en 
résultera, il en découlera) qiie... — Puis on dit : Le tribtmal*cas8a la 
procédure et tout ce qui s'en était suivi *, et De cette proposition il 
SUIT qm... comme l'Académie le fait elle-même à l'article Suivre : « Il 
suit de ce que vous dites, que je n'avais pas tort. Il ne suit pas de là 
que vous ayez raison *. » — Pour ces autres phrases, Un grand bien s^ en- 
suivit de tant de maux, Vojez les erreurs qui s'ensuivraient de cette 
proposition, etc., bu lieu de s'ensuivre on emploie Résulter, découler, 
dériver, etc. Peut-être même pourrait-on dire, Voyez les erreurs 
nui suivraient de cette proposition. Un grand bien suivit de tant de 
maux, car ces phrases nous semblent analogues aux suivantes : 

(à Suivre) L'une de ces propositions ne suit p^s toujours de Vautre, ne 

SUIT pas nécessairement de l'autre, 
(à Ipso facto) Expression adverbiale... qui se dit de tout ce qui suit in- 
failliblement et immédiatement de quelque fait. 

Il faudrait donc supprimer une partie de l'article S'ensuivre , en 
consultant l'article Suivre qui est beaucoup plus conforme au lan- 
gage actuel. Quant aux phrases où s'en suivre signifie Résulter, dé- 
couler, dériver, il faudrait le conjuguer comme S'en aller : il s'en 
suit, il s'en est suivi, il s'en était suivi, etc. 

ENTRAIN, s. m. — Voilà un joli mot très-expressif, et aujourd'hui 
très-usité , que sans doute l'Académie adoptera prochainement. Aux 
diverses acceptions que lui donnent les dictionnaires on pourrait, 
pensons-nous, ajouter celle-ci : Ardeur à l'ouvrage. Cet atelier fait 
plaisir à voir; il y a un entrain dont on ne se fait aucune idée. 

ENTRE... Entre ci et là... NoUs nous étions quittés à Marseille il y 
a deux ans, et je l'ai rencontré hier à Paris ; 7ious ne nous étions pas 
revus entre ci et là. — A l'article Ci, l'Académie dit que les locutions 
entre ci et demain, entre ci et là ont vieilli, même pour ces phrases : 
Entre ci et demain il peut arriver bien des choses. Entre ci et là il y a 
eficore loin. A plus forte raison ent7*e ci et là peut-il être regardé 
comme vieilli, sinon comme vicieux, dans la phrase que nous venons 
de lire au mot Entre , puisqu'il s'agit d'une chose passée. 

1. Dans la sixième édition , TAcadémie a modifié l'expression qu'on trouvait dans les édi- 
tions précédentes : le Parlement cassa la procédure et tout ce qui s*sn était ensuivi. Elle a 
très-bien senti que ces deux en constituaient un pléonasme choquant ; mais en disant s'était 
ENsuîïu", ce n'est pas celui qui aurait dû disparaître qu'elle a supprimé. 

2. Ces deux phrases, Il suit de ce que vous dites, que je n'avais pas tort ; Il ne suit pas de là 
que vous ayez raison, nous semblent condamner celles-ci : // s'ensuit de là que..., De cette 
proposition il s'ensuit qu^..., où il faut sub^ituer suit à s'ensuit. — Par la même raison il fau- 
drait rectifier les phrases suivantes : 

(à Mort) Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive. 

( à NécEssiTé ) // s'ensuit de nécessité, de toute nécessité, de nécessité absolue,.. 

(à Poser) Cela posé, il s'ensuit... 

(à Absurdité ) // s'ensuivrait de là une grande absurdité. 
Dans les trois premières, s'ensuivre devrait s'écrire en deux mots : Pe^u jusqu'à ce que 
mort s'en suive; // s'en suit de nécessité...; Cela posé, il s'en suit... ; — dans la quatrième 
il faudrait substituer sufvrb à s'ensuivre : Il suivrait de là une grande absurdité. 



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— 107 — 

ENTRE -COLONNE. ENTRE -cAtE. ENTRE -LIGNE. — EBrTREMETS. 

ENTRETOILE. ENTRETOISE. — Plus nous examinons la question du 
tiret dans les mots composés de la préposition entre, plus il nous 
semble qu'il n'y a pas de raison plausible pour mettre ce tiret aux 
uns plutôt qu'aux autres. En effet , il s'agit toujours d'un objet placé 
entre deux autres, en lieu ou en temps. Il ne doit donc plus y avoir 
à consulter que la logique; et comme l'entre-colonne , l'entre-ligne , 
l'entre-côte, sont nécessairement un espace, vide ou non, entre deux 
colonnes , deux lignes , deux côtes , il répugne de mettre au singulier 
les mots colonne, ligne, côte. En réunissant les deux mots en un seul, 
on éviterait cette contradiction. 

ENTRE-CROISER (S') , V. réciproque. — On ne comprend pas bien 
pourquoi l'Académie n'a mis le participe à aucun des verbes réci- 
proques où ce participe s'accorde en genre et en nombre avec le sujet 
du verbe ; mais on est particulièrement surpris de ne pas le voir à 
s'entre-^roiser, car on doit pouvoir dire des lignes entre-croisées, 
comme on dit des lignes qui s'entre-croisent. 

ENTRE-DEUX, S. m... Entre-deux s'emploie adverbialement dans 
ces phrases et d'autres semblables : Ce mouton est-il dur ou tendre^ 
Entre-deux. Fait-il froid ? Entre-deux : c'est-à-dire. Ce mouton n'est 
ni tendre ni dur ; il ne fait ni chaud ni froid. — Qu'on mette un tiret 
dans le substantif entre -deu^, c'est très-bien • Ventre- deux des 
épaules. Un entre-deux de morue. Mais dans la locution adverbiale 
nous croyons le tiret inutile ; nous dirons plus, il nous semble consti- 
tuer une faute dans les phrases suivantes : 

(à Doublet) Deux morceaux de cristal mis Tun sur Tautro, avec une feuille 

- colorée entre-dêcx. 
(à Fond) Botte à double fond, Boite qui a un premier fond sous lequel 

s'adapte un autre fond , de manière qu'on peut cacher quelque 

chose ENTRE-DEUX. 

•(à II) II... se met ordinairement avant le verbe, dans les phrases afiSrma- 
tives, sans qu'il y ait rien entre-deux. 

(à Intermédiaire) Qui est entre-deux. Temps intermédiaire, 

(à Je) Lorsqu'il (je) est ainsi placé après le verbe, c'est toujours immé- 
diatement, sans qu'on puisse rien mettre entre-deux. 

(à Joignant) Il {joignant) est quelquefois préposition; et alors il signifie 
Tout proche , sans qu'il y ait rien entre-deux. 

(à Jour) Ces planches ne sont pas bien jointes, il y a du jour entre-deux. 

(à Repasser) Revenir de celui-ci (lieu) au premier, traverser de nouveau 
l'espace qui est entre-deux. 

Voici deux phrases où ce tiret n'a pas été mis : 

(à Toucher) ... lorsqu'ils (les corps) se joignent tellement qu'il n'y a rien 

ENTRE DEUX. Ma maison touche la sienne, 

(à Trait) Ce lieu est à un trait d'arbalète de tel autre, Il y a entre deux 

un espace à peu près égal à la portée d'un trait. 

Il nous reste deux remarques à faire : l'une, c'est que le sens propre 



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— 108 — 

de la locution adverbiale, celui dont nous venons de citer des exem- 
ples épars dans le Dictionnaire, ne se trouve pas à Tartide Eht»R' 
DEUX : l'Académie n'en a donné que le sens figuré; — l'autre, c'est 
qu'on aurait dû commencer par la locution adverbiale et finir par le 
substantif, comme on l'a presque toujours fait, entre autres pour les 
substantifs àrcompte^ à^propos, pis aller, iête-^iête, etc. 
ENTREFAITES, S. t-^Lisez : Entrefaite, s. f., ou Entrefaites, s. f. pi. 
EKTEER, V. n. (Il se conjugue avec l'auxiliaire Être.) -— On peut 
employer activement les verbes sortir et rentrer : Sortez ce cheval 
de l'écurie. Sortez la voiture de la remise. H est temps de sortir les 
orangers de la serre. Voici le moment de rentrer les foins; — et l'on 
ne peut pas faire de même pour le verbe entrer; il faut employer 
descendre, faire descendre, monter, etc., et surtout mettre, qui est un 
cheval à toutes mains : 

(à Descendre) Descendre du vin à la cave, 
(à Cave) Faire descendre du vin dans une caivê. 

Id. Mettre du bois dans une cave, 
(à Monter) Il faut monter tous ces meubles dans une chambre. 

Id. Monter du foin au grenier. 
(à Grenier) Mettre de vieux meubles au grenier. 
(à Celuer) Mettre des pièces de vin au cellier. 

(k Mettre) Mettre tin cheval dans l'écurie, à Vécurie; un oiseau dans 
une cage, en cage, 
Id. Mettre du foin dans le grenier, au grenier. 
(à Remise) Mettre une calèche, un cabriolet sous la remise, dans la 
remise. 
Nous ne comprenons pas pourquoi il n'est pas permis de dire 
Entrez le cheval dans l'écurie; entrez la voiture dans la remise; 
ENTREZ ces meubles dans le salon, etc. etc. C'est une lacune évidente 
et regrettable *. 

ENTRE-SOL. — Dans les quatre premières éditions, l'Académie écri- 
vait ce mot sans tiret (entresol), et l'on se demande quel motif le lui 
a fait ajouter, car ce tiret ne fait qu'apporter une difficulté pour l'or- 
thographe du pluriel, qu'elle ne nous a pas indiquée *. 

ENTRE -TAILLER (s'). ENTRETAILLURE. — C'est probablement 
parce que l'Académie ne reconnaît pas taillure pour un mot français, 
qu'elle ne l'a pas séparé de la préposition e^itre comme elle l'a fait 

1. En termes de douane et d'octroi, on dit tous les jours Bntrbb de la marchandise par 
contrebande; et nous demanderons si dans cette phrase qu'on lit à Tarticle Fraudb , Du vin 
sifTRé , WTKODuiT en fraude dans Paris, on ne pourrait pas employer entrer comme verbe 
actif aussi bien qu'introduire : Du vin qu'on ▲ sntr^ , qu'on ▲ introduit en fraude. — 
Dans le commerce et dans le langage de la tenue des livres , on dit encore Entrer un article, 
sortir un article, pour signifier Le porter au compte d'entrée ou au compte de sortie : Voitt 
BNTRBRBZ ces 100 ballcs de coton au crédit de N..., et vous les sortirbz au débit de X... 

2. On la trouve à l'article Mezzanine, mais nous ferons remarquer que cette orthographe 
n'est donnée qu'accidentellement: «Mezzanine... se dit aussi d'une petite fenêtre carrée, 
comme celles qu'on pratique aux entre-sols. » —[Nous ajouterons qu'à l'article Étaob on a mi» 
entresol en on seul mot 



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— 109 — 

pour le verbe. On éviterait cette anomalie en supprimant le tiret 
dans le verbe, comme dans s' entrecouper j dont le sens est le môme, 
ainsi que le prouve cette définition : « S'entre-tailler... se dit d'un 
cheval qui se heurte les jambes^ l'une contre l'autre en marchant, et 
qui s'entrecoupe, » 

EirrRE-yiFS» — Cette locution, qui est d'un usage journalier chez 
les notaires et au barreau, et qui aurait dû se trouver ici ou à Vif, ou 
même à ces deux endroits, ne se voit qu'incidemment dans quelques 
articles; aussi croyons-nous devoir citer les phrases que nous avons 
recueillies : 

(à Capacité )r Soit par actes entre-vifs, soit par testament. 

(à Disposition) Dispositions entre-vifs. — Par acte entre-vifs. 

(à Donation) Donation entre-vifs. 

(à Incapable) Un mineur est incapMe de disposer de son bien entre- vifs. 

Nous pensons que le tiret est inutile et qu'il devrait être supprimé. 

ENTOLER (S'), V. prou... Prov. et fig. Il n'y a plus que le nid, les 
oiseaux s'en sont envolés^. — Nous croyons qu'il aurait été mieux de 
dire simplement les oiseaux se sont envolés, comme l'Académie l'a fait 
dans la première édition. Au verbe s'enfuir , elle dit très-bien : On 
Va mis en prison, mais il s'est enfui, et non il s^en est enfui; le pro- 
nom en se trouve déjà dans s'enfuir, s'envoler, qui signifient Fuir, 
voler du lieu où Ton est vers un autre. C'est pour la même raison que 
dans cette dernière édition l'Académie dit : Le tribunal cassa la pro- 
cédure et tout ce qui s'était ensuivi, au lieu de tout ce qui s'en était 
msuivi, qu'elle avait mis précédemment; mais elle aurait dû dire, 
tout ce qui s^en était suivi ^. 

ÉPELER, V. a... Il commence à épeler. Épelez ce mot. — Non-seu- 
lement l'Académie n'indique pas la conjugaison de ce verbe, mais en- 
core elle ne donne pas un seul exemple pour mettre sur la voie. 
L'analogie qui existe entre épeler, épellation, et appeler, appella- 
tion, nous porte à croire qu'il faut écrire fépelle, j'épellerai, etc.; 
mais ce n'est qu'une induction, et nous nous garderons bien de la 
donner comme une certitude. 

1. A l'article Bntrbcoopbr nous lisons « S'entrecouper se dit des cheTaux et autres ani- 
maux qui se blessent en se frottant un pibd contre l'autre quand ils marchent » ; et nom 
croyons que, dans la définition de s'entre-tailler , joted serait plus exact que jambe. 

2. Au bas de ce même article et à Nid, on lit : les oiseaux sont envolés; nous pensons que 
an sont envolés est préférable. A l'article Oiseau l'Académie dit très-bien roiseau S*est envolé, 
et non est envolé. — Au reste dans l'article S'bnvqlkr on troute les trois variantes , dont la 
première seule nous paraît bonne : Les oiseaUx étaient déjà drus, ils se sont envolés;— Il n'y 
a plus que le nid, les oiseaux s'en sont envolés; — et Les oiseaux sont envolés. 

3. On peut sans inconvénient écrire en un seul mot s'envoler, s'enfuir, parce que l'usage 
permet d'employer indifféremment ces deux verbes avec ou sans complément : le prisonnier 
s'est enfui, l'oiseau s'est envolé, ou le prisonnier s'est enfui de la prison, l'oiseau s'est envolé de 
son nid. Il faut, au contraire, écrire s'en svivre en deux mots, parce que le pronom en devant 
être suppléé toutts les fois que le complément vient après le verbe, il doit nécessairement 
en être détaché s'il le précède. Voy. Ensuivre ( s* ). 



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— 110 — 

épizooTlE. — Faut-il prononcer iie ou cie f 

ÉPOUMONER. — Précédemment l'Académie écrivait époumormer 
avec deux n; on se demande pourquoi elle supprime aujourd'hui la 
seconde, tandis qu'elle écrit avec deux n occasionner où elle n'en 
mettait qu'une. 

^oussETER. — L'Académie n'a donné qu'un seul exemple qui pût 
faire connaître si dans ce verbe elle veut la réduplication du t ou 
l'emploi' de l'accent grave ; malheureusement on s'est borné à tran- 
scrire d'une édition à une autre ce qu'il y avait dans la première, et 
l'on a mis : Je Vépousseterai (primitivement, espousseterai) comme il 
faut; en sorte qu'il est impossible de savoir si l'Académie avait l'inten- 
tion d'écrire époussetterai ou épomsèterai. L'analogie avec épomseUe 
nous fait préférer la première de ces variantes. 

ÉRÉSIPÈLE, s. m. (On disait smiref ois Érysipèle, ce qui était con- 
forme à l'étymologie.) — Le nombre de' ceux qui encore aujourd'hui 
prononcent érysipèle est assez grand pour que l'Académie eût pu 
mettre cette orthographe en tête de son article ; elle aurait ajouté ; 
Quelques-uns ou Plusieurs disent érésipèle^ ce qui est contraire à 
l'étymologie. — Il est à remarquer que bon nombre de ceux qui pro- 
noncent érësipèle donnent à ce mot le genre féminin, comme l'Acadé- 
mie l'a fait dans les trois premières éditions : « Érésipèle, s. f. » 

ERGO-GLU. Expression familière dont on se sert pour se moquer des 
grands raisonnements qui ne concluent rien. — L'Académie aurait pu 
laisser dans l'ombre cette locution hybride * aussi bien que ablativo 
tout en un tas; ou tout au moins elle aurait dû donner le proverbe 
entier, pour l'édification de ceux qui l'ignorent : Ergo glu capiuntur 
aves (donc les oiseaux se prennent avec de la glu). Voy. Ablativo. 

ERMITAGE OU HERMITAGE. ERMITE OU HERMITE. — On regrette 

que l'Académie, qui supprime des h étymologiques, comme dans 
alcool^ ipécacuanaj hémorragie^ hémorroïdes^ hypocondrCj métem- 
psycose, etc., conserve cette lettre dans des mots où l'étymologie ne la 
demande pas, comme hermitage, her?nite; elle ne la met cependant 
pas dans l'adjectif érémitique. 

ERREUR. — Dans aucun des articles Erreur, Rectifier, Redresser, 
nous ne trouvons rectifier une erreur, des erreurs; redresser une 
erreur, des erreurs ; ces expressions que nous croyons avoir lues et 
entendues plus d'une fois seraient-elles vicieuses ? Si elles ne le sont 
pas, il serait bien utile de les admettre.— En revanche, dans cet article 
i?«««,T« «^„« Msons : Les erreurs de calcul ne se couvrent point, 

i ne peut connaître le sens, parce qu'à Couvrir on 

j d'analogues. 

. — L'Académie nous dit que rot et roter sont des 

qu'on évite de s'en servir. Elle a donc adopté le sub- 

ae glu n'est pas l'ablatif de glu8,gluti8, ni de glus, glutinis; c'est donc le 



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— 111 — 

stàu^f éructation, mais elle aurait dû adopter en même temps le verbe 
éructer. 

ESCARRE. -7- Cette orthographe, qui se trouve déjà dans la pre- 
mière édition , aurait dû être modifiée conformément à l'étymologie 
soit grecque, soit latine (eschara), dont elle s'écarte sous deux rap- 
ports : une h en moins, une r en plus. Si FAcadémie voulait retran- 
cher Yh comme elle Ta fait pour plusieurs mots et entre autres pour 
hémorragie j hémorroïdes^ etc. (voy. Tarticle H) , elle aurait dû au 
moins ne pas ajouter une r qu'elle ne met pas dans l'adjectif escarotique, 

ESCOMPTE. ESCOMPTER. — Ajoutez « On ne prononce pas le P. » 
Au mot Comptabilité , l'Académie dit bien : « Le P ne se prononce ni 
dans ce mot ni dans les suivants », et au mot Décompte « On ne pro- 
nonce pas le P dans ce mot et le suivant » ; mais elle n'indique pas 
la prononciation à escompte , escompter j mécompte, se mécompter, 
'précompter, recompter. Or c'est précisément parce qu'elle a indiqué 
la prononciation de deux des composés qu'elle aurait dû la donner 
pour tous, car il est naturel de conclure que le p doit se prononcer 
dans ceux où elle n'a pas dit te contraire. 

ESCCLAPE, s. m. — L'Académie ne mentionne pas ce mot, qui se 
trouve dans plusieurs locutions figurées et familières : l'art d'Escu- 
lape; Vesculape du village; quand Vesculape arriva, le malade était 
mort. Voy. Mentor. 

ESPALMER, V. a. T. de Marine. Nettoyer, laver la carène d'un bâti- 
ment, d'une embarcation, avant de l'enduire de suif ou autre matière*. 
Espalmer un bâtiment... Un navire espalmé de frais.— Si l'expression 
de frais s'emploie pour Fraîchement, récemment, il serait convenable 
.de la mettre à l'article Frais; si elle n'est pas reçue, il faudrait la 
supprimer ici et à Tondre, où nous lisons « Il est tondu de frais ». 

ESPRIT, s. m... Un bel esprit.,, ne s'emploie guère aujourd'hui que 
par ironie. Messieurs les beaux esprits. On dit aussi ,' Une femme bel 
esprit. Une fepime qui a des prétentions à l'esprit.— Faut-il dire « J'ai 
entendu de beav^ esprils ou des beaux esprits qui m'ont paru bien 
sots » ? Si l'on doit dire des beaux esprits, nous pensons qu'il faudrait 
écrire bel-esprit, avec un tiret, comme on le trouve d'ailleurs dans 
quelquQs dictionnaires et dans un graùd nombre d'ouvrages. Voyez 
Plein pouvoir à Pouvoir. 

EST, s. m. — La prononciation de ce mot aurait besoin d'être indi- 
quée, d'autant plus que est verbe se prononce tout différemment. Au 
mot Lest, l'Académie dit « Le T se prononce », et à Zest elle est en- 
core plus explicite : « On prononce zeste ». 

ESTAMPER, V. a. Faire une empreinte de quelque matière dure et 
gravée, sur une matière plus molle. Ofi estampe la monnaie avec un 

1. La grammaire demandait : avant de l'enduire de suif ou D'autre matiôre. 



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— 112 — 

balancier. Voilà une image bien estampée^. — Ces deux exeviples 
prouvent qu'on peut dire « Voilà une pièce de monnaie, une image 
qu'on a bien ou mal estampée » , et qu'à la fin de Tarticle il fallait 
ajouter : Estampé, ée, participe. 

ÉTAMPER, V. a. — L'Académie nous donne le verbe, mais elle a omis 
le substantif, qui doit être bon et admissible puisqu'elle l'a employé à 
l'article Maigre : « Étamper maigre. Percer les trous ou étampures 
du fer d'un cheval , près dû bord extérieur. » 

ÉTERNVMENT. — Ici Ve supprimé dans la dernière syllabe d'éter- 
nuer n'est pas même représenté par un circonflexe sur Vu. 

ÊTRE... C'est à vous de parler. C'est au juge à prononcer, etc. C'est 
à vous qu'il appartient de parler. C'est au juge qu'appartient le droit 
de prononcer. C'est à vous à parler, à jouer, etc.. Voici votre tour de 
parler, de jouer. — Nous comprenons parfaitement cette expression 
C'est à vous DE parler, qui est une ellipse de Cest à vous qu'il appar- 
tient DE parler, comme l'Académie le dit fort bien à l'article De : 
« C'est à vous qu'il appartient de l'interroger, de décider cela, ou 
elliptiquement, Cest à vous de l'interroger, de décider cela ». Mais 
par cette même raison nous ne comprenons pas l'emploi de À dans 
cette phrase : C'est au juge À prononcer, pour C'est au juge qu'ap- 
partient le droit de prononcer, et nous pensons qu'il faut y remplacer 
à par de, puisque l'emploi de la préposition à donne à la phrase une 
signification toute différente, et que C'est à vous À parler, k jouer, 
signifie Voici votre tour de parler, de jouer *. 

1. Les exemples donnés par l'Académie ne sont pas heureux, car on dit frapper et non 
estamper de la monnaie; imprimer, tirer une image, et non l'estamper. — Aux articles Balan- 
cier, Frapper, Monnaie, on lit : Z>e la monnaie frappée au balancier; Prappbb de lamon% 
naie. Frapper des médailles; De la monnaie bien frappée. Et en effet l'estampage (ce mot 
manque dans le Dictionnaire de l'Académie) ne s'opère que sur un métal mince, pour la 
b^outerie, etc. ; il produit un relief d'un côté , et de l'autre un creux. — A Bstampb , Impri- 
mer, Tirer, nous voyons aussi, Estampe bien noire, bien nette, bien tirée ; Imprimer des litho- 
graphies; TIRE9 des estampes. — Enfin le mot image aurait peut-être dû être remplacé par 
estampe, car l'Académie nous apprend encore qu'image se dit « de certaines estampes... ordi- 
nairement gravées et coloriées orossièrement ». On ne m A donc pas beaucoup d'importance 
à bien estamper ou plutôt à bien tirer une image ; et d'ailleurs on ne fait plus des images en 
tcUlle-douce, comme l'Académie disait en 1694 et même en 1740 ; aujourd'hui on les appelle- 
rait des estampes : le cabinet des estampes à la bibliothèque impériale. 

2. A l'article À on lit de même : « C'est à vous de parler , C'est à vous qu'il appartient , qu'il 
convient de parler, et Cest à vous k parler. Votre tour de parler est venu, a Voici d'autres 
exemples : 

( à Ce) Cest à vous k parler, Cest à vous de décider. 
(à Donner ) A qui est-ce k donner ? Je viens de faire, c'est à vous k donner. 
(à Faire) A qui est-ce k faire ? Cest d vous k faire. 

(à Mener) Cest à vous de mener la danse, de mener le branle. C'est à vous de con- 
duire les autres , de leur donner l'exemple, 
(à Passer) J*ai passé, c'est à vous k parler. 

Il est évid^t que dans les phrases où l'on a mis A on veut exprimer le toub , «t non le 
DEVOIR ou le DROIT ; il n'en est pas de même* pour celles-ci : Cest d vous de décider, Cest à 
vous DE mener la danse, de mener le branle, etc. 



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— 113 — 

Le Dictionnaire de rAcadémie présente un assez grand nombre de 
phrases où à devrait être remplacé par de. En voici quelques-unes : 

(à Voib) Cest à vous À voir que rien ne lui manque, Vous devez veiller à 
ce qu*il ne lui manque rien , faire en sorte qu'il ne lui manque 
rien. 

(à Faire) Cest à vous À faire que rien ne manque. 

(à Interpréter) Est-ce à vous A interpréter ma pensée, ma volonté, mes 
intentions ? 

(à âbatage) Cest à l'acheteur A payer Vdbatage, 

(à Locataire) Ce n'est pas au locataire À faire les grosses réparations. 

{t RÉPARATION ) C'est au propriétaire A faire les grosses réparations. 

ÊTRE.,., dans les temps où ce verbe prend l'auxiliaire Avoir, se dit 
quelquefois pour Aller; mais avec cette différence que, dans J^ai été 
à Rome, par exemple, J'ai été fait entendre qu'on y est allé et qu'on 
en est revenu ; et que , dans II est allé à Rome, le verbe // est allé 
marque que celui dont on parle peut n'être pas encore de retour. 

L'Académie aurait mieux fait de mettre II a été à Rome que J'ai été 
h, Rome, car il est plus qu'évident que celui qui dit /ai été à Rome 
n'y est plus. Mais nous ne pensons pas comme elle que cette expres- 
sion /ai été à Rome donne à entendre qu'on en est revenu; moi, 
Parisien, Suisse ou Ai glais, je puis très-bien dire, étant à Florence, 
J'ki ÉTÉ à Rome pour apjyrendre la mosaïque, mais je préfère celle de 
Florence et je reste ici (donc je ne suis pas revenu dans mon pays). 
Un Portugais qui aura traversé la France pour se rendre en Russie, et 
qui en arrivant dira J'ai été à Paris, ne donnera pas à entendre 
qu'il en est revenu, c'est-à-dire qu'il est retourné au lieu d'où il était 
parti; il exprimera seulement qu'il a vécu, existé à Paris plus ou 
Inoins d'heures, plus ou moins de jours, mais qu'il n'y est plus. Ainsi 
donc, il A ÉTÉ à Rome signifie qu'il n'y est plus; il est allé à Rome 
veut dire II est parti pour Rome, et conséquemment il n'est plus ici. 
Une domestique qui répond « Madame est allée à l'église » donne 
à entendre que sa maîtresse est sortie pour se rendre à l'église; si elle 
dit « Madame a été à l'église » , on pourra en conclure que madame 
a assisté à l'office , mais non qu'elle est rentrée chez elle. 

ÉTRIER... Par extension. Avoir le pied à Vétrier, Être au moment 
de partir. — A l'article Pied on lit « Avoir le pied à Vétrier, Être prêt 
à partir ». Cette dernière définition peut être la plus vraisemblable, 
mais malheureusement ce n'est pas la plus vraie. Avoir le pied à 
Vétrier se dit quand on est près de partir, et non prêt à. 

EUPHORBE, s. m. T. de Botan. Genre de plantes qui renferme un 
très-grand nombre d'espèces, à suc laiteux, acre et corrosif. Les 
lithymales sont des euphorbes. La gomme-résine d'euphorbe est un 
drastique violent. — A l'article Tithymale nous lisons : « Nom que 
Ton donne aux euphorbes indigènes, telles que l'épurge, l'ésule, etc.»; 
et à l'article Ésule : « Nom que l'on donne à plusieurs espèces d'eu- 

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- 114 - 

phorbes herdagées, dont la plus connue est appelée Peèite ésule. » 
Où est la faute, à ëdphoabe où Ton dit a s. m. », ou à Titktmalx ei 
à ÉsuLE où Ton fait ^'Euphorbe un substantif féminiu? 

EXAMINATEUR, S. m.—LisBz « ExAMiNATEQR, TRiCE , S. » Il y a main- 
tenant des dames chargées de faire subir Texameix aux personnes qui 
postulent les places cb maîtresses d'école, etc. 

EXCÉDANT, ANTE. — Autrofois l'Académie écrivait eœcédeni, ente, 
ce qui était en harmonie avec précédent et antécédent. Aujourd'hui 
on a de la peine à se rappeler lequel de ces trois mots doit prendre 
un a à la dernière syllabe. 

EXCX.AMATION... Point d'exclamation, Point figuré ainsi (î), qui se 
met après une exclamation, comme Hélas f ô Dieu! — Nous ae com- 
prenons pas bien pourquoi Ton ne dit pas point exdamaÂif comme 
on dit point admiratif, et pourquoi l'on dit point mterrogant au lieu 
de point interrogatif. Au sujet de ces points nous pourrions fitire un 
article très-long, mais nous nous bornerons à présenter quelques 
phrases dont la ponctuation varie dans le Dictionnaire de l'Académie. 
Nous présumons que la ponctuation convenable est celle de la pre- 
mière colonne. 



(à Donc) Gare donc ! 
(à Bombe) Gare la bombe! 
(à Horreur) Fi! l'horreur! 
(à Laid) Fi! le laid! Fi! la laide! 
(à Comme) Comme vous voilà ftiit! 
(à Répondant) Voilà un bon répon- 
dant! 
(à De) Le cri de Vive le roi! 



(à Gare) Gare donc. 

Id. Gare la bombe. 
(à Sale) Fi, le sale! 
(à Vilain) Fi le vilain! 
(à Affubler) Comme le voilà affables 
(à Fier) Cinq mille hommes, voilà un» 

fière armée, 
(à Cri) Le cri de Vive le roi. 



EXEQUATUR. (On prouonco Exé,) — L'Académie ne parle pas de 
la troisième syllabe ; ftiut-il la prononcer ca ou coim ? 

EXPÉRIMENTER, V. u. — Lisez ; v. a. 

EXPIRER, V. n. Mourir, rendre Pâme, rendre le dernier soupir... 
Dès qu'il eut expiré. Il a expiré entre mes bras, dans mes bras,.. 
— Expiré , ée , participe. 

L'Académie nous laisse ignorer si Ton peut dire q\i*une personne 
EST EXPIRÉE. Les poëtes nous oflTrent de nombreux exemples de cette 
locution , imitée de Racine : 

Ce héros expiré 

N*a laissé dans mes bras qu'un corps défiguré. 

Voltaire la réclame et s'en sert même en prose. Bien que nous préfé- 
rions l'emploi de l'auxiliaire avoir, nous pensons qu'on peut dire être 
expiré comme on dit être trépassé, être décédé, etc. 

1. Dans la quatrième édition nous lisons : « On ne dit pas 4'un homme qui vient de mourii; 
qu'tf est EXPIRÉ, on dit i7 est expirant, il a expiré à telle heure; il est mort. » L'Académie 
a bien fait de supprimer cette substitution d'expirant à expiré, car ces deux mots n'ont guère 
plus de rapport entre eux que mort et vif. 



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— 115 — 

BXmnso (m) . -^ Cette iocution latine, qui se rend en français par 
« dans toute son étendue », est très-usitée et devrait se trouver dans 
le Dictionnaire de TAcadémie aussi bien que in extremis, in tnanus, 
in pace, inpartibuSj in petto, etc. Tous les jours on lit dans les jour- 
naux : Le manque de place nous empêche de donner, de reproduire 
iif EXTENSO le discours de.,. 

EXTKA. '^ Ce mot latin s^emploie depuis bien des années en fran- 
çais comme substantif ou autrement, et Ton est surpris que TAcadé- 
mie ne Tait pas encore admis : Mon frère est revenu de son voyage, 
et nous ofoons fait un extra wu diner. Nous avons bu deux bouteilles 
de ehampag^ne pour extra, comme extra, en extra, d'EXTRA. 

EXTRÊME. — Les adjectifs extrême et suprême changent d'accent 
dans leurs dérivés extrémité, suprématie ; ils devraient donc prendre 
Taccent grave comme emblème, problême, système, etc., qui ont pour 
dérivés emblématique, problématique, systématique, etc. 

EXTREMIS (IN). Locutiou adverbiale empruntée du latin. — Il au- 
rait été utile d'indiquer que Vs doit sonner, car le latin n'est pas connu 
de tous ceux qui consultent le Dictionnaire de l'Académie. Elle y a 
bien songé quand elle a dit de prononcer dé profondiss le de pro- 
PDNDis; honorèsse dans ad honores; vosse dans nesgio vos, etc. 

EXTRÉMITÉ, s. f... Il se prend aussi pour Excès. Vou>s allez toujours 
o>V extrémité. Vous partez les choses aux dernières extrémités. Passer 
d'une extrémité à l'autre. Toutes les extrémités sont vicieuses. — Dans 
ce sens nous préférons à extrémité l'adjectif extrême employé sub- 
stantivement, qui nous semble plus usité et qui a d'ailleurs la sanc- 
tion de l'Académie : « Les extrêmes se touchent. La prodigalité et 
l'avarice sont les deux extrêmes. Entre ces deux extrêmes il est diffi- 
cile de prendre un juste milieu. Il se jette dans les extrêmes. Pousser, 
porter tout à ^extrême. » On lit encore 

(â Gaver) Caver au plus fort... Fig. et fam., Porter tout à rixTRÉiiE, dans 

les entreprises, les opinions, les suppositions, etc. ' 
(à Passer) Prov. et fig.. Passer du blanc au fwir, AUer d'un ExfRÉHB à 
Tautre. 



l^ABliiCANT, S. m. (Quelques-uns écrivent, Fabriquant.) Celui qui 
fabrique ou qui fait fabriquer. — Il aurait été mieux de ne pas men- 
tionner la variante fabriquant, qui est d'une orthographe surannée. 
Lorsqu'un verbe en quer a déjà un dérivé qui prend ca, les autres 
doivent suivre cette même orthographe ; si l'on écrit conflscant, suffo- 
cant, vacant, à cause de confiscable et confiscation; suffocation; va- 
cance et vacation, on doit écrire de même fabricant par analogie avec 
fabricateur et fabrication. Les verbes choquer, croquer, marquer, 
piquer, n'ont qu'un dérivé, et c'est probablement pour cette raison 



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— 116 — 

qu'ils conservent qu : choquant, ante; croquant, ante; marquant, 
ante * ; piquant, ante *. 

FACILITÉ, s. f... // a une grande facilité k parler, k s'exprimer. 
Cette facilité k produire nuit quelquefois aux hommes qui en sont 
doués. — Aux articles Langue et Pendre on lit « Avoir la langue bien 
pendue. Avoir une grande facilité de parler. » Si Ton peut employer 
indifféremment à et 6^ dans cette locution , il serait convenable de 
donner ici des exemples avec de ; sinon il faut mettre À dans les deux 
articles ci-dessus. 

FAC-siBiiLE, s. m. — Ce mot nous semble être absolument dans les 
mêmes conditions que le substantif aparté; on pourrait l'écrire en un 
seul mot, avec un accent sur Ye {facsimilé), et à tous les deux on 
donnerait un pluriel ' comme à spécimen. L'absence d'accent dans 
fac-similé nous paraît fâcheuse, car elle induit en erreur ceux 
mêmes qui travaillent à ce genre de reproduction, les graveurs et les 
lithographes : ils font généralement muet l'a final de ce mot. 

FAÎNE. — Est-ise pour la prononciation , ou à cause du g supprimé 
dans l'étymologie {fagina)^ que l'Académie met sur Vi un accent 
qu'elle n'y mettait pas autrefois? Voy. GàÎne. — Quel est le nom de 
l'enveloppe verte de ce fruit? n'est-ce pas école, comme pour la noix? 

FAIRE, V. a.— Dans ce long article nous relèverons quelques phrases 
qui laissent à désirer. 

(p. 723, col. 2) /< a bien fait du chemin en peu de temps \ 

(p. 724, col. 2) Cela le fera bien aise^, 

(p. 725 , col. 1 ) Cela lui a FArr de grands mauXj de grandes douleurs*. 

(p. 725, col. 2) Cest à vous À faire que rien ne manque'^, 

1. Démarcation (ligne de) vient, il est vrai, de mcarquer; mais ce n'est qu'on dériTé com- 
posé , et, qui plus est, de fraîche date ; il n'a donc pas pu influer sur rorthographe de YaA- 
}écX\t marquant, qui est antérieur. 

2. C'est probablement. aussi pour la môme raison que les a^jectifis cUtaquable, critiquable, 
immanquable, remarquable et risquable conservent le qu du verbe , tandis qu'on met un e 
à applicable, communicable, confiscable (mentionné plus haut), évocable, explicable, révo- 
cable, et leurs composés inapplicable, incommunicable, inexplicable, irrévocable; tous ces 
adjectifs qui prennent ca ont un substantif correspondant : appUeatùm» communication, 
c&nfiscation, évocation, explication, révocation. — Il est des adjectifs terminés par cable qui 
viennent directement du latin; tels sont impeccable, implacable, inextricable, etc. (terminés 
en latin par cabilis). — Praticable et impraticable, qui viennent de pratiquer, n'ont en leur 
faveur ni une étymologie latine ni des substantifs correspondants en cation, et l'on ne voit 
pas bien clairement pourquoi ils prennent ca au lieu de qiM. — Bnfin prédicable, qui vient de 
prêcher, ou plutôt de prcedicare, prend ca d'abord parce qu'il est formé de prcedicabilis, et 
ensuite parce qu'il a un nombreux cortège de mots dont la troisième syllabe s'écrit de la 
même manière : prédicant, prédicateur, prédication, prédicament. 

8. Pour savoir comment l'on doit écrire fac-similé au pluriel , il faut recourir à l'article 
PiouRBR, ou plutôt au participe Fiooré, éb, où on lit : Les fac-similé sont des copies figurées. 

4. Dans cette phrase, bien modifie chemin et non faire; il faudrait donc mettre comme dans 
les quatre premières éditions : // a fait bien du chemin... Voy. Bien. 

5. Cette locution doit être bien surannée. 

6. Cette phrase était dans l'édition de 1694, comme la précédente. Nous croyons qu'au- 
jourd'hui l'on dirait $ Cela lui a CAOsé... » 

7. Nous croyons qu'il faut t C'est à vous db faire... ■ Voy. Ôtbb. 



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— 117 — 

(p. 725^ col. 2) Cet homme n*aime pas tant le jeu qu*U faisait, Il ne 

l'aime plus tant qu'il Taimait i. 
(p. 726, col. 3) Un petit homme mal fait et malbâti*. 

FAIRE..., neutre, signifie aussi Avoir une influence, un eflTet quel- 
conque. U argent fait plm auprès de lui qu'aucune recommandation. 
— Il nous semble qu'on peut très-naturellement sous-entendre pour 
régime direct plus d'impression^ plus d'effet, ou tout autre équiva- 
lent, et qu'ainsi faire peut être considéré comme verbe actif dans 
cette phrase, aussi bien que pouvoir dans celles-ci : 
(à Pouvoir) Vous poovbe tout sur lui, sur son esprit. 

Id. C'est un homme qui peut beaucoup dans V affaire dont U s* agit, 
Id. Il PEUT BEAUCOUP auprès de vos chefs. 

où pouvoir signifie o avoir l'autorité, le crédit, le moyen, la fa- 
culté, etc. , de faire ». Il doit être également actif dans 

L'argent fatt tout auprès de lui. 

L'argent ferait beaucoup dans l'affaire dont il s'agit. 

V argent fait beaucoup awprès de vos chefs , beaucoup plus que les recom- 
mandations. 

Que le complément ou le régime de faire soit tout, beaucoup, beau- 
caup plus, ou seulement plus, nous pensons que ce verbe n'en sera 
pas moins actif. 

Dans la sixième édition , l'Académie a formé le substantif affaire 
des deux mots à faire. Elle écrivait précédemment « Je voudrais bien 
lui parler, j'ai À faire à lui. Il aura a paire à moi, il verra à qui il 
aura À fai^. J'ai bien À faire de lui. J'ai bien À paire de tout ce 
que vous dites » ; et aujourd'hui « J'ai affaire à lui, il faut que j'aille 
le voir. Il aura affaire à moi. Il verra à qui il a affaire. J'ai bien 
affaire de tout cela. Qu'ai-je affaire de toutes ces querelles?» Sans 
examiner si cette métamorphose convient également à toutes les 
phrases qui l'ont subie , nous demanderons si elle n'aurait pas été 
applicable à celles-ci, qui du reste ont vieilli : « C'est À faire (affaire, 
une affaire) à perdre deux cents francs. C'est À faire' (affaire, sens 
figuré) à être mouillé. » 

FALLOIR, V. n... Fam., Un homme, une personne comme il faut. Un 
homme, une personne d'un rang distingué. C'est un homme très comme 
il faut. Les gens comme il faut ne suivent plus cette mode. 

Nous avons entendu dire plus d'une fois C'est un homme très comme 
il faut; mais cette locution est-elle bien convenable, surtout dans le 
sens exclusif qu'on lui donne ici ? N'y a-t-il de gens comme il faut 
que les gens distingués quant au rang? — Ensuite nous demanderons 
si très, qui, suivant l'Académie, « se joint à un adjectif, à un participe 

1. Nous pensons qu'il serait mieux de dire « Cet homme n'aime pas autaiU le jeu..., il 
ne l'aime plus autant... » ~ Il serait bon de rétablir la phrase telle qu'elle était dans le 
principe : Cet homme n'aime plus tant..., puisque plv^ est resté dans la définition. 

2. Il faudrait écrire mal bàii en deux mots comme mal fait. Voy. BAna. 



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— IW — 

ou à trti advenue t>, et q[ti*elle accoftipagne toujours d'un tiret, peut 
régulièrement être suivi de comme il faut. Si la réponse doit être 
affirmative , il n'y îiura plus rien à dire contre ces locutions : îl est 
TRÈS à son aise; Il prenait son rôle de critique très au sérieux^, etc. 

Dans cet article îl manque une acception de la locution comme il 
faut, fréquemment employée dans le sens de Comme il ne tkxn pas; 
c'est probablement un euphémisme. A l'article Accommoder nous 
lisons : « Prov. et par raillerie, S'accommoder comme il faut. Prendre 
trop de vin , en prendre jusqu'à l'excès. Quand il trouve de bon vin, 
il s'accommode gomme il faut. » — Nous présumons bien que cette 
expression peut se dire au sujet de toute autre liqueur, et du manger 
comme du boire : Quand il trouve des mets, des boissons à son goût, il 
s'accommode gomme il faut. 

L'article Accommoder présente encore une autre acception de 
comme il faut, qui manque également ici : Je l'accommoderai comme 
IL FAUT, Je le traiterai durement comme il le mérite. 

FALLOIR... se dit encore dans le sens de Manquer... // s'en faut de 
beaucoup que leur nombre soit complet. Il s'en faut beaucoup que Vvn 
soit du mérite de l'autre. Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein. 
Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé.— Pour le de supprimé ou ajouté 
dans ces phrases il s'en faut beaucoup ou de beaucoup, il s'en faut 
peu ou DE peu, nous renvoyons nos lecteurs à l'article Beaucoup; 
quant à la particule ne également ajoutée ou retranchée suivant qu'il 
s'agit de peu ou de beaucoup, nous- les prions de voir l'article Ne. Mais 
voici deux phrases que nous croyons devoir examiner icViûême: 
V(ms dites qu'U s'en faut tant qi*e la somme entière n'y soit* 
Il ne peut pas s'en falloir tant. 

A l'article Beaucoup l'Académie dit qu'il faut ajouter de lorsqu'il 
s'agit de quantité : « Il s'en faut de beaucoup, La quantité qui devrait 
y être, n'y est pas à beaucoup près. Vous croyez m'avoir tout renée, 
il s'en faut de beaucoup. » Ici la question de somme ou de quantité est 
encore plus formellement exprimée ; nous pensons donc que le de est 
indispensable, et qu'il faut mettre : Vous dites qu'il s'en faut de taht 

1. Outre les deux exemples ci-dessus que nous avons puisés dans des ouvrages publiés par 
des membres de l'Académie, voici quelques autres phrases également prises dans des ouvrai 
publiés ou par des membres de l'Académie ou par nos sommités littéraires : 

Quand je me la représente ( la marquise de S... ) ... sans fortune et très en crédit... 

Elle (M»« de T... ) était restée ti'ès-vraie, très elle-même. 

M. Magallon, homme distingué et très au fait de l'Egypte et de l'Orient... 

Si l'on opérait de même, très à la hâte, sur d'autres objets mal définis.:. 

Le jeune homme s'appelle Victor; c'était un rwm très à la mode sous l'empire. 

Ce necours vient très à propos. 

Le roi d'Angleterre était resté très en froid avec le roi de France depuis la peux de 

NiTnègue. 

Noos désirerions beaucoup savoir si l'Académie en- corps reeonnaitraft pour bonnes ces 

diverses locutions. Dans tous les cas on peut s'étonner, en trouvant Tadverbe tris employé une 

seule fois hors de la règle tracée par l'Académie, que ce soit dans use phrase telle que ceJle-ci : 

Un homme très BWfMR Or paot, pour signifia Un homme thm KANd tRis^istxKoOé. 



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— «9 — 

que la somme entière n'y soit (ou y soil), — La seconde phrase, bien 
qu'elle ekcHiiie inoii»a« premier coup d'oeil, n'est pas plus correcte. 
N<His pensons qu'il tout dire : 

Il ne peut pas s'en failoir de tant (d'une somme de tant de francs), ou, 
U ne peut pas s^en falloir u'Hiitant (que vous le dites). 
La même faute se retroure dans cet exemple de l'article Travers : 
Il ^en faut dbox (lisez : db dbox) travers de deigt qw ces pkmches ne se 
joignent ( ou 5e joignent ). 
A l'article Doigt l'Académie a très-bien dit : ' 

Il ^'en fallait d peine D'wn trover* de doigt que le coup ne fût au ccour. 

PAixoiR... Fam. ^ Tant s'en faut qu'au contraire, s'emploie quel- 
quefois, pajr phiisaDterie, pour dire simplement. Au contraire. Vous 
demandez si cette femme est jolie j tant s'en fmu qu'au contraire. 
— Évidemment il y a ici une ellipse que l'Académie aurait bien fait de 
s<^)pléer, c'est : elle est très-laide. Mais elle aurait pu dire aussi que 
le plus souvent on abrège de moitié cette locution, et qu'on dit seu- 
lement tant s'en faut. Cette personne n'est pas belle, n'est pas bonne, 
TAHT s'en fawt. Cet ouvrage n'est pas bien écrit, tant s'en faot. On 
ne vous a pas fait le poids, la mesure, tant s'en faut. 

FAOM^ S. m. (On prononce Fan.) Le petit d'une biche ou d'un cbe*- 
vreuil. Un faon de biche. Un faon de cÀevreto/...— Autrefois on disait 
un chevreuil mâle, un chevreuil femelle, et en conséquence il fallait 
nécessairement dire le faon d'un chevreuil; aujourd'hui qu'on adonné 
le nom de chevrette à la femelle du chevreuil comme on appelle biche 
la femelle du cerf, il nous semble convenable de dire Le petit d'une 
biche ou d'une chevrette... Un faon de chevrette. 

FAUBOURG. — L'Académie nous apprend que bowr^ se prononce 
bçurk; ici elle aurait dû dire qu'on prononce faubour. 
FAUCILLON, s. f. — Lisez ; s. m. 

FAUTE DE,- — Il manque ici l'expression faute B'hérUiérs, et 
surtout protêt faute D'acceptation, faute de payement. Voy. Défaut. 
FÉCALE, s. f. ^ Lisez : adj. f. 

FEMELLE... est aussi adjectif de» deux genres. Ufi serin mâle, un serim 
femelle. Une perdrix mâle, une perdrix femelle. -^ Avant que l'Aca- 
démie adoptât le féminin serine, elle avait r«ison ée dire un serin 
^le, un serm femelle, comme on dit nne perdrix mMe, une perdrix 
femelle; un rossignol mâle, un rossignol femelle ; mdls aujourd'hui 
, qu'elle a admis les depx substantifs serin, serine, les expression» serin 
mâle, serin femelle, peuvent-elles être conservées? N'est-ce pas comme 
si Ton disait une linotte mâle, une linotte femelle ; un dinde mâle, un 
dinde femelle, maintenant qu'on est convenu de dire pour le mascu- 
lin «n linot, un dindon, et pour le féminin une linotte, une dinde? 

FER-BLAMC FERBLANTiEa. — Au premier abord on se demande» 
Pourquoi l'un de ces mots prend un tiret, et non l'autre. Nous penson» 
Que cela vient de ce que lUanc est un modificatif connu, un bsM fran^* 



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— 120 — 

çais par lui-même, tandis que blantier n'a aucune signification. (Test 
]a môme raison sans doute qui a fait écrire sans tiret enlretaillure 
(voy. ce mot), et qui devrait le faire supprimer dans entresol et 
havre-sac. 

n est à remarquer que le c de fer-blanc s'est changé en t dans fer- 
blantier j comme celui de tabac dans tabatière, et le qu de reverqtUer 
dans rêver tier; au contraire, le t d'écart s'est changé en qu dans 
k écarquiller, 

FERMETURE, S. f. Ce qui sert à fermer. Il se dit, particulièrement, 
en termes de Serrurerie et de Menuiserie. La fermeture d'une cha- 
pelle, La fermeture d'une boutique, — Il se dit aussi, dans les places 
de guerre, de L'action de fermer les portes. La garde prend les armes 
à la fermeture des portes. 

Nous croyons que fermeture a d'autres acceptions ; il doit se dire, 
comme le verbe lui-même, de l'action de fermer un magasin, un bu- 
reau, et même de l'heure où cessent les travaux des employés, et de la 
suspension des exercices, des travaux, etc., dans certaines adminis- 
trations. J'irai chez votis après la fermeture de ma boiUique, de mon 
magasin, de mon bureau. La fermetore des bureaux de telle admi- 
nistration a lieu à quatre heures. La fermeture des théâtres pendant 
certains jours de la semmne sainte. La fermeture des tribunaux, des 
collèges, des écoles pendant les vacances. 

FESSE, s. f... Fig. et bassem.. Je m'en bats les fesses. Je m'en 
moque. — C'est là en eflTet une expression bien basse, et nous sommes 
d'autant plus surpris de la trouver ici qu'elle est probablement très- 
rare; nous ne l'avons jamais entendue, et nous pensons qu'il aurait 
suffi et au delà de Je m'en bats l'œil, qui se trouve à Battre et à 
QEiL. On est peiné de rencontrer dans ce Dictionnaire des expresr 
sions telles que celles-ci : 

Gela n'est pas tant chien. 

n n'avait que cet ouvrage dans le ventre. 

Cet argument l'arrêta sur cul. 

mais l'article Gueule en fournit plusieurs à lui seul : 
Il en a menti par la gueule, par sa gueule. 
Avoir touéours la gueule ouverte. 

Avoir la gueule morte, la gueule ferrée, la gueule fratche. 
La GUEULE du juge en pétera. Etc. etc. 

FÊTE, S. f... Garder les jours de fête, et plus bas : // ne met cet 
habit-là que les jours de féteS carillonnées. 

A l'article Étaler, fête est également au pluriel : // est défendu 
d'étaler les jours de féteS, et à Chômable, « il ne se dit que des jours 
de fêteS » ; tandis qu'à Ouvrir il est au singulier : Les boutiques 
n'ouvrent point les jours de fête. Çeut-on mettre indifféremment le 
singulier ou le pluriel? — Dans le premier exemple, garder est sans 
doute mis pour Observer; mais dit-on Garder les jours de fête. 



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— 121 — 

comme on dit Garder les commandements de Dieu? Nous n'en voyons 
aucun exemple à Tarticle Garder. 

FÉTOTER. — On ne comprend pas pourquoi ce mot prend un ^ à la 
première syllabe, tandis que fête, fêter, prennent un ê, et que festin, 
festiner, conservent encore Vs qui se mettait autrefois dans les trois 
autres mots {feste, f ester, festoyer), 

FEUILLETONISTE, S. m. Écrivain qui rédige des feuilletons. -— Il 
est possible que ce mot ne fût pas encore usité lorsqu'on imprimait 
le premier volume de la sixième édition du Dictionnaire ; mais c'est 
un mot nécessaire aujourd'hui qu'il n'y a presque pas de journal sans 
feuilleton. — - Il est encore d'autres mots de cette terminaison que 
nous voudrions voir adoptés par l'Académie pour rectifier l'ortho- 
graphe qu'on leur a donnée dans quelques dictionnaires; ainsi dans le 
Complément du Dictionnaire de l'Académie on a écrit abolitionniste, 
fusionniste, rësurrectionniste, etc., avec deux n, tandis qu'on n'en a 
mis qu'une à bourboniste, confessioniste, feuilletoniste, opinioniste, 
unioniste, etc. Tous ces mots devraient suivre une seule et même 
règle, c'est-à-dire ne prendre qu'une n, comme sorboniste, violoniste, 
antagoniste, etc. Il est vrai que l'Académie en met deux à bâtonniste. 
FEURRE, s. m. (On disait autrefois Foarre.) Paille de toute sorte de 
blé. Une gerbe de feurre. — Il se dit, particulièrement, de la paille 
longue qui sert à empailler les chaises. 

Il aurait fallu ajouter « Voyez Foerre ou Foarre » ; il y a là une 
phrase proverbiale qui complète l'article Feurre : « Faire à Dieu 
barbe de foerre, ne pas payer la dîme à son curé , ou la payer avec 
des gerbes où il y a peu de grains; et, par extension. Traiter les 
choses de la religion avec irrévérence. » 

FEUTRER, V. a. Mettre en feutre du poil ou de la laine. Feutrer le 
poil destiné à faire des chapeaux. Feutrer de la laine. Feutrer à 
chaud. Feutrer à froid. — Il fallait ajouter que feutrer s'emploie 
quelquefois avec le pronom personnel , car nous lisons à l'article. 
Marcher, v. a. « C'est à force de marcher Vétoffe^ qu'elle se feutre 
et se contracte. » 

FiCELLiER. — Il vaudrait peut-être mieux écrire ficelier avec une 
seule l, comme chandelier, chapelier, coutelier, sommelier, tonne- 
lier, etc. 

FINALE, s. m. T. de Musique, emprunté de l'italien. Morceau d'en- 
semble qui termine un acte d'opéra, et dans lequel le compositeur 
doit chercher surtout à produire de l'effet. Le finale du premier acte. 
Il y a un très-beau finale au deuxième acte. Ce compositeur a fait de 
beaux finales. —Cette terminaison féminine trompe bien des personnes, 
qui ignorant que ce mot vient de l'italien croient devoir donner à 
finale le genre féminin comme on le fait en grammaire lorsqu'on 

1. U aurait été plus correct de dire : « Cestàforce d'être marchés (foulée, comprimée), 
<ICB l' ÉTOFFE Se fcutrc et se contracte. 

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— 122 — 

emploie ce mot dans le sens de Syllabe finale : « On met Vaccent sur 
LA FINALE (le ce mot » , ou même en musique lorsqu'il est synonyme 
de Tonique : « La basse doit tomber sur la finale ». Aussi quelques 
auteurs, afin d'éviter toute équivoque, suppriment Ve et font de ce 
mot un substantif masculin complètement français; ils disent, par 
exemple : Les finals des opéras de Mozart. . . Cette orthographe pour- 
rait être adoptée sans trop d'inconvénient; nous avons d'autres mots 
qui sont dans le même cas : caporal, carnaval, etc., dont on a retran- 
ché Ve final italien. 

FLAMANT, S. m. Oiseau... ainsi nommé à cause de la belle couleur 
rouge de son plumage. — Buff*on écrivait ce mot avec deux m, par 
analogie avec flamme, d'où ce mot est dérivé; il observe même que 
quelques naturalistes, trompés par l'orthographe flamant, avaient cru 
devoir écrire flamand, comme si cet oiseau était particulier à la 
Flandre. C'était là une grande erreur, puisque le Flammant habite 
les rivages des mers méridionales. 

FLEUVE. — Aux articles Noir, Onde, Oubli, etc., on trouve les 
noms du Styx, du Cocyte, du Lélhé; mais personne ne songera à les 
chercher ailleurs qu'à Fleuve, où il n'en est pas fait mention; nous 
devrions aussi y trouver le Phlégéthon, que nous n'avons vu nulle 
part, et VAchéron,(\\x\ a obtenu le privilège d'un article. — Les Juges 
des enfers manquent également à Juge et à Enfer. 

floral, ale, adj. — Dans jetix floraux faut-il mettre deux majus- 
cules ou seulement une, et auquel de ces deux mots faut-il la mettre? 
La réponse n'est pas facile, car l'Académie écrit ces deux mots tantôt 
d'une manière, tantôt d'une autre. Dans cet article, par exemple, elle 
met : « En termes d'Antiq., Jeux floraux (petite /"), Jeux qu'on cé- 
lébrait à Rome dans le mois d'avril, en l'honneur de Flore, déesse 
des fleurs. L'institution des jeux Floraux » (petit y, grande F). — Fig., 
Jeux Floraux, Assemblée qui se tient chaque année à Toulouse... 
Remporter un prix aux Jeux Floraux, Académie des Jeux Floraux 
(deux majuscules, J,F). Aux articles Jeu et Académie, floraux est 
toujours avec une petite f : Re?nporter un prix aux Jeux floraux, 
Académie des Jeux floraux *. 

FŒTUS. (On prononce l'S.) — Peut-être Vœ demandait-il que l'Aca- 
démie dît « On prononce fétuce » , de même qu'à Cœcum elle a dit 
« On' prononce cécome » ; mais puisque les Latins écrivaient fetua, 
fetare, fetura, fetifer, etc., préférablement à /Vr/its^ e^c.^ nous pensons 

1 serait mieux d'écrire fétus comme on écrit Phébus, fétnur, hiir 

^us, utérus, etc. De cette manière le composé super fé talion aurait 

3 d'analogie avec son radical. 

ONDRE... FoNDD, UE, participe. Plomb fondu. Cire fondue. Maison 

A l'article Olympique, au contraire, c'est l'adjectif qui prend la majuscule : Remporter 
ix aux JEUX Olympiques; et de même à l'article Jeu : les jeux Olympiques, les jbux 
ÉENs; à Instauration, instauration des jeux Olympiques, etc. 



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— 123 — 

fondue. — Ce dernier exemple n'est à la vérité que quinze lignes au- 
dessous de cet autre « La maison fondit (s'abîma) tout à coup » ; mais 
l'expression maison fondue est tellement en dehors des idées com- 
munes, surtout après plomb fondu et cire fondue, qu'il aurait été 
convenable d'ajouter comme explication « abîmée, écroulée ». C'est 
ainsi qu'à un des exemples du participe Piqué , ée , l'Académie dit : 
« Il parle en homme piqué, fâché, irrité. » 

FORCE... Maison de force. Maison où l'on enferme les gens de mau- 
vaises mœurs qu'on veut corriger. On l'enferma dans une maison de 
force. — A la lettre C l'Académie nous apprend qu'en quelques en- 
droits on appelle Conciergerie « certaines prisons qui étaient autre- 
fois celles où les parlements tenaient leurs 'prisonniers... La Concier- 
gerie de Paris, » Ici elle aurait bien fait de dire ce qu'était la prison 
appelée la Force, qu'elle a mentionnée plus d'une fois : 

(à Claquemurer) Il fut claquemuré à la Force, 

(à Guichetier) Les guichetiers de la Conciergerie, de la Force. 

FORCEPS. — n aurait été utile d'indiquer la prononciation , et de 
dire, comme à Biceps , « On prononce le P et l'S », ou , comme à 
Triceps, « On prononce tricèpse ». 

FORÊT... La forêt des Ardennes, U ancienne forêt Hercynie. La forêt 
Noire. — A l'article Sibylle nous trouvons également « La sibylle 
Erythrée. » Pourquoi dire la forêt Hercynie, la sibylle Erythrée, au lieu 
de La forêt n'IIercynie ou la forêt hercynienne, la sibylle D'Erythrée 
ou la sibylle érythréenne? Il est vrai que dans les phrases d'un usage 
journalier on supprime volontiers la préposition de; ainsi l'Académie 
dit : 

(à Saint) La porte Saint-Antoine. L'hôpital Saint-Louis, 

Id. L'église Saint-Germain , l'église Saint-Gervais, etc. 
(à Parvis) Le parvis de Notre-Dame , et plus ordinairement, Le parvis 

Notre-Dame. 
(à Foire) La foire Saint-Laurent. 

Mais elle met la préposition même devant ces noms de saints lors- 
qu'il s'agit de lieux plus éloignés ou de phrases moins familières : 

(à Tenir) La foire de Saint-Germain tenait depuis le 3 de février jusque 

vers la semaine sainte. 
(à National) L'église de Saint-Louis est, à Rome, l'église... des Français. 
(à Désespoir) L'église de Saint-Pierre de Rome est le désespoir des archi^ 
tectes. 

A plus forte raison doit-on mettre la préposition lorsqu'on parle de 
noms aussi peu connus que ceux de la forêt d' Hercynie et de la sibylle 
d'Erythrée. 

FORUM, s. m. (On prononce Forome.) Mot emprunté du latin. Il se 
dit des places où le peuple s'assemblait, à Rome, pour les affaires 
publiques, et de celles où se tenait quelque marché. Le plus ancien 
forum, ou le Forum proprement dit, était situé entre le Capitole et le 



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— \2h — 

mont Palatin. Le forum de Nerva. Le forum de Trajan... — Ce mot 
doit-il prendre la marque du pluriel? En donnant un exemple avec 
ce nombre, l'Académie aurait empêché de s'égarer les auteurs qui ont 
publié des histoires de Rome et de ses conquêtes. Nous avons lu 
dans Tune : La Narbonnaise se couvrait de forums, de temples, etc.; 
dans une autre : Les fora étaient nombreux à Rome. 

FOURCHETTE.— On s'étoune de ne pas trouver dans le Dictionnaire 
de l'Académie le mot fourchetée comme on y trouve cuillerée, assiet- 
tée, écuellée, jallée, platée, potée, etc. 

FOURRAGER, V. u... FOURRAGER s'cmploic aussi commc verbe actif 
dans le sens de Ravager. Fourrager tout un pays. Le troupeau a four- 
ragé DANS cette pièce de blé. Les lapins ont fourragé mon jardin, — 
Dans les quatre premières éditions on lit : Le troupeau a fourragé 
TOUTE (et non dans) cette pièce de blé. Il faut donc supprimer dans, 
qui donne au verbe actif une acception qu'il n'a pas. 

FRAGILE, adj. des deux genres. Aisé à rompre, sujet à se casser. 
Fragile comme un verre.— Nous croyons qu'il faut dire fragile comme 
LE verre, com?ne du verre, et non comme un verre, car les verres à 
boire ne sont pas plus fragiles que le verre en généraL Cette même 
locution se retrouve à l'article Verre : Cela se casse comme un verre. 
Voy. Marbre. 

FRAIS, FRAICHE... s'emploient aussi adverbialement, et signifient 
Nouvellement, récemment. Maison toute fraîche faite. Appartement 
tout frais décoré. Du beurre frais battu... — On a oublié d'ajouter ici 
l'expression de frais, pour signifier Nouvellement, récemment; elle 
doit être bonne puisqu'elle a été employée par l'Académie : 
(à Espalmer) Un navire espalmé de fbais. 
(à Tondre) Il est tondu de frais. 

A l'article Raser on lit : Il est frais rasé, tout frais rasé, 

FRANC, s. m... La pièce d*un franc pèse un gramme, — Lisez : cinq 
grammes. 

FRICANDEAU, S. m. Morccau de veau lardé, qu'on sert en entrée de 
table. Un plat de fricandeaux,— ^\ l'Académie avait défini fricandeau, 
Tranche ou tranche mince de veau lardé, comme dans les précédentes 
éditions, on comprendrait le pluriel qu'elle a mis à ce mot; mais 
comme aujourd'hui un seul fricandeau suffit pour garnir un plat, il 
est plus naturel de mettre le singulier. 

FRITURE, s. f. L'action ou la manière de frire. Friture au beurre, 
Pirrh/rA à VhuHe. — Il sc dit aussi du beurre ou de l'huile qui sert à 
e la friture trop vieille, — Il se dit, par extension, du poisson 
ne mange point de friture. 

re ne se dit pas du poisson seulement; aux articles Artichaut, 
s. Cervelle, Huître, etc., on lit : Une friture d'artichauts. 
Isifis à l'huile, en sauce blanche, en friture. Des cervelles 
Des huîtres frites. Il aurait donc fallu mentionner quelques- 



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— 125 — 

unes de ces fritures', et ajouter : Employé absolument, il se dit du 
poisson. Il ne mange point de friture. 

FAONCÉ, ÉE. Peau froncée. — Après Froncé, ée, a/ow^ei? ; participe. 

FRUGIVORE, adj. des deux genres. Qui se nourrit de fruits, de vé- 
gétaux. Les animaux frugivores, — Frugivore doit s'employer substan- 
tivement aussi bien que Carnivore, herbivore , etc. Les frugivores 
forment une famille dans l* ordre des oiseaux sylvains. Cçnséquem- 
ment il faudrait dire « adj. des deux genres et s. m. n 

FUNAMBUIJS, s. m. — Ne dit-on pas Une funambule, comme on dit 
Une acrobate, et le premier de ces mots ne doit-il pas être un sub- 
stantif des deux genres aussi bien que le second? 

FUR, s. m. Il n'est employé que dans la locution Au fur et à mesure, 
ou A fur et mesure, qui s'emploie en termes de Pratique et d'Admi- 
nistration, comme conjonction, comme préposition et comme adverbe, 
et qui signifie, A mesure que, à mesure de, à mesure. Nous vous ferons 
passer les marchandises au fur et à mesure qu'elles arriveront. On le 
paye au fur et à mesure de l'ouvrage. Travaillez, nous vous payerons 
au fur et à mesure, à fur et mesure. — A ces deux locutions il aurait 
été convenable d'ajouter A fur et à mesure, qu'on trouve à l'article 
Mescre ; mais peut-être serait^il encore mieux de laisser aux notaires 
et au barreau , comme l'Académie le faisait précédemment, ces trois 
variétés d'une longue locution conjonctive, prépositive ou adverbiale, 
et de dire simplement comme elle le fait encore aujourd'hui à l'article 
Mesure ^mOn vous payera À mesure que vous travaillerez. A mesure 
que l'un avançait, l'autre reculait. Vous n'avez qu'à travailler, et on 
'oous payera À mesure. Vous serez payé À mesure de votre travail. » 

FUSAIN, S. m... On le nomme vulgairement Bonnet à prêtre.— Noy. 
Bonnet et Contre-basse. 

FUSÉE, s. f... en termes d'Horlogerie, se dit d'un petit cône, can- 
nelé en spirale, autour duquel se roule la chaîne d'une montre quand 
on la monte. — A l'article Rouler nous n'avons pas trouvé se rouler 
employé dans l'acception ci-dessus ; nous pensons donc qu'il fallait 
dire « autour duquel s'enroule la chaîne... » Se rouler signifie Se 
tourner de côté et d'autre : Se rouler sur l'herbe, sur un lit, dans la 
poussière, etc.; S'enrouler signifie Tourner plusieurs fois autour d'un 
objet ou sur soi-même : Les vrilles de la vigne, des pois, etc., s'en- 
ROULENT autour des échalas, des rames, qu'on leur donne pour sup- 
ports. Le spiral d'une montre s'enroule sur lui-même. 

FUSILLADE. FUSILLER. — Comme on ne prononce pas 1'/ de fusil, 
il aurait été au moins utile de dire que dans ces dérivés les II doivent 
être mouillées. 

1. Dans les deux premières éditions cette locution ne se trouvait qu'à l'article Mesure, 

1 Académie mettait, pour l'usage vulgaire, A mesure, à mesure que; puis dans un autre 

Paragraphe elle disait -. m Au fur et à mesure que. Terme de Pratique dont les Notaires se 

^rvent dans les baux à ferme, marchez et autres semblables contrats, pour dire, A mesure 



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— 126 — 



GAÎNE. GAINIER. — Il manque ici un mot essentiel et très-usité : 
Gaîneriej Fabrique et commerce de gaines, ou L'art, le métier ou le 
commerce du gaînier, définition analogue à celle de Ganterie *. 

Nous ne savons pas pour quel motif l'Académie écrit ces deux mots 
avec un circonflexe, si c'est à cause de la syncope faite dansTétymo- 
logie latine, ou pour la prononciatioji. Si c'est à cause de la sup- 
pression du g de vagina^ nous ferons observer qu'il y a un grand 
nombre de mots où l'on supprime non pas seulement une lettre de 
l'étymblogie étrangère, hiais une lettre des mots français même, sans 
la rappeler par un accent ; tels sont reliure, chute, toit, coteau, otage, 
vite, etc., qu'on écrivait autrefois relieur e, cheute, toict, costeau, 
ostage, viste, etc.; dans cogner, il y a même deux lettres supprimées, 
car on a dit coingner. D'ailleurs l'Académie ne met pas cet accent 
dans les composés engainer, dégainer, rengainer. 

Si c'est pour la prononciation , la première syllabe de gaine n'est 
pas, nous le croyons, plus longue que celle des mots aine, haine, 
raine, etc., où l'on n'en met pas. Quant à gainier, il serait bien sur- 
prenant qu'elle y fût plus longue que dans fengaine, je dégaine, je 
rengaine, où l'on met un i simple. 

GANGRÈNE. (On pronouce Gangrène.) — Il est plus que probable 
que dans se gangrener, gangreneux, la première syllabe doit aussi se 
prononce can; cependant l'Académie, au lieu de dire simplement 
« On prononce cangrène » , aurait bien fait de dire « Dans ce mot et 
dans ses dérivés, la première syllabe se prononce can » *. 

GANGRÈNE... Mortification totale de quelque partie du corps, qui 
s'étend quelquefois avec rapidité. — A l'article Mortification, nous 
lisons : « Dans la gangrène il y a mortification imparfaite ; dans le 
sphacèle il y a mortification entière, » Laquelle de ces deux assertions 
est exacte? 

GARGANTUA. — Ce Hom du géant de Rabelais s'emploie tous les 
jours en parlant des personnes qui mangent beaucoup. // a un appétit 
de gargantua. Toute cette famille se compose de vrais gargantuas. On 
devrait trouver dans le Dictionnaire de l'Académie un mot aussi usité. 

GARGOUSSE, S. f. T. d'Artillerie. Charge pour un canon, enveloppée 
d'un papier fort ou de serge, etc. Charger à gar gousse. Une gar gousse 
pour une pièce de vingt-quatre.-— ^ous avons des raisons pour croire 

1. Nous profitons de cette occasion pour signaler l'omission de sécherie (lieu aéré où l'on 
fait sécher des toiles, etc.), vinaigrerie (fabrique de vinaigre), teinturerie (métier, art, atelier 
du teinturier), etc., mots qui ne sont pas moins utiles que veirenHe, seit'ureiie, chantrene, etc. 

2. Au reste nous ne comprenons pas l'utilité de cette prononciation, qui est contraire à 
l'étymologie soit grecque, soit latine {gaggi'aina, gangrœna); c'est l'opposé de celle des mots 
Claude, Claudine; scco/id, seconder; secret, secrétaire, etc, où le c devait autrefois so pro- 
noncer comme le g ( Glande, segond, segret, etc. ). 



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— 127 — 

que le mot gargousse, comme cartouche, signifie d'abord « l'enveloppe 
de la charge » ; et il serait utile de faire connaître la signification 
primitive de ces deux mots. 

GEINDRE, V. n. Gémir, ou se plaindre à diverses reprises, et d'une 
voix languissante et non articulée... Ce mot est familier. — S'il est un 
terme populaire généralement usité, c'ogt ce verbe geindre employé 
substantivement pour dénommer celui des ouvriers d'une boulangerie 
qui pétrit le pain, évidemment à cause de l'espèce de gémissement qu'il 
fait entendre pendant son travail. Ce mot est tellement connu qu'il a 
été donné pour nom à une rue de Paris. Nous ne comprenons pas 
pourquoi il n'a pas été accueilli par l'Académie comme substantif. 

GELÉE, s. f. Grand froid... -— On employait autrefois la locution 
gel, qui est encore usitée dans un grand nombre de localités, et dont 
on a fait le mot dégel (le gel et le dégel). On regrette d'autant plus 
cette ancienne locution , que gelée a une autre acception complète- 
ment étrangère à celle-ci (gelée de viande, gelée de fruits) et qu'il 
n'a pas comme gel un correspondant opposé. 

GÉLiF, adj. m. T. d'Eaux et Forêts. Il se dit des bois qui ont été 
fendus par les grandes gelées. Arbres gélifs, — Il faudrait mettre 
Gélif, ive, adj..., et ajouter : En T. de Maçonnerie, il se dit égale- 
ment en parlant des pierres. Pierre gélive. 

GEMME, adj. m. Il se dit des pierres précieuses, et du sel qui se tire 
des mines. Des pierres gemmes. Du sel gemme,— An lieu de : adj. m., 
lisez : adj. des deux genres. 

GESov,,^ Avoir les genoux souples, les genoux faibles.,. Mes genoux 
fléchissent. — Il y a en français sept substantifs terminés par ou, qui 
prennent un x au pluriel : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, 
pou.Tons les autres prennent une s : des fous, des licous, des trous, etc. 
Il est assez bizarre d'écrire bambouS et hibouX, clouS et chouX, filouS 
et cailloux ; mais il l'est plus encore , ce semble , d'écrire verrouS, 
et genoux, pouX. Autrefois verrou, genou, pou, prenaient tous trois 
une s au pluriel : verrouils, genouils, pouils; nous avons encore 
'verrouiller, s'agenouiller, pouilleux, épouiller. Il est à désirer que 
tous les trois se terminent par une s, comme précédemment, en 
supprimant il. 

GENTIANE, S. f. — Ajoutez : On prononce genciane, 

GENTIL, adj. m. Païen, idolâtre. — Après adj. m., ajoutez : On ne 
prononce pas l'L. — Nous demanderons pourquoi cet adjectif n'a pas 
un féminin, puisqu'il s'emploie au singulier comme chrétien, juif, 
^dhométan, etc. Ne pourrait-on pas dire : Il était fils d'un père chré- 
^'^en et d'une mère gentile, aussi bien que, // était fils d'un père 
GENTIL et d'une mère chrétienne ? 

GENTIL, ILLE. — Cet adjectif demandait d'autant plus que la pro- 
nonciation fût indiquée, que dans le masculin 1'/ ne se prononce pas, 
et que dans le féminin on mouille les II. 



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— 128 — 

GENTILHOMME. (La lettre L se mouille dans ce mot et dans les sui- 
vants.) — Lisez : dans les deux suivants {gentilhommerie, gentilhom- 
mière). 

GENTiLLÂTRE. GENTILLESSE. — Ces mots, qui out deux l, deman- 
daient une prononciation à part. 

GERMAIN, AINE, adj... Jssu de germain se dit des personnes qui 
sont sorties de deux cousins germains. Cousin issu de germain. Ils 
sont issus de germain. Elles sont issues de germain, 

La définition ci-dessus « se dit des personnes qui sont sorties de 
deux COUSINS germains » nous semble prouver surabondamment qu'il 
fallait écrire, Ils sont issus de germainS, elles sont issues de germainS; 
et de même à Cousin , Cousins issus de germainS, et à Issu : Cousins 
issus de germainS. Ils sont issus de germainS *. 

GIBELET, s. m. Petit foret dont on se sert pour percer une pièce de 
vin ou de quelque autre liquide qu'on veut déguster. Les essayeurs de 
vin^ ont toujours un gibelet dans leur poche. — Dit-on Un essayeur de 
vin ? Cette expression ne se trouve dans aucune des éditions du Dic- 
tionnaire de l'Académie, où Essayeur est toujours défini « Officier 
préposé pour faire l'essai de la monnaie , des matières d'or et d'ar- 
gent... )i\ mais elle se lit à l'article Gibelet dès la deuxième (1718). 
Elle était admissible et même nécessaire dans un temps où l'on n'avait 
pas le mot dégustateur, qui figure pour la première fois dans la 
sixième édition; dès qu'on a eu une expression convenable, il fallait 
supprimer l'autre, dont on ne s'était servi que faute de mieux. 

GILLE... Jouer les rôles de Gille, et elliptiquement, Jouer les Gilles. 
— C'est un Gille, un vrai Gille (toujours avec un grand G), 

Ailleurs on a mis des minuscules : Jouer les arlequins. — Cet 
acteur est un vrai trivelin. — C'est un turlupin, un vrai turlupin. 

GIRATOIRE, adj. des 2 g. T. didactique. Il se dit d'un mouvement 
de rotation, et du point autour duquel ce mouvement s'exécute. Mou- 
ve?nent giratoire. Point giratoire. — Voilà un terme didactique, un 
mot presque inconnu au vulgaire, et où la plupart de ceux qui l'em- 
ploient mettent 1'^ igyratoire); pourquoi l'Académie l'écrit-elle par 
un i plutôt que cylindre, gypse, myrte, mystère, etc, qui sont d'un 
emploi journalier? 

GLACIER, s. m. Grand amas de glace, qui couvre le sommet d'une 
haute montagne. Le glacier du Mont-Blanc est le plus remarquable de 
la Suisse. — En 1835, le Mont-Blanc était dans la Savoie, et non dans 
la Suisse ; depuis 1860 il est dans la France. 

1. n va sans dire qu'après cousin ou cousine au singulier (cousin issu de germain, cousine 
issue de germain ) , germain doit rester au singulier. 

2. Dans les quatre premières éditions on ne trouve ni dégustateur ni même déguster; la 
quatrième donne seulement dégustation, et pour la définition de Gibelkt on disait alors 
«f Petit foret dont on se sert pour percer un muid de vin dont on veut faire l'bssai. » Dans la 
sixième, où l'Académie dit « qu'on veut déguster » , il était naturel de remplacer également 
essayeurs de vin par dégustateurs , mot qu'elle venait d'adopter. 



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— 129 — 

Ne serait-il pas mieux d'écrire le mont Blanchie mofURosCj comme 
on écrit la mer Blanche ^ la mer Noire , la mer Roiige, la mer Ja/une, le 
cap Blanc, le cap Vert, les montagnes Blettes, etc. f 

GLAS. — Nous avons souvent entendu prononcer Vs dans ce mot; 
.faut-il la faire sonner? Cela semblerait d'autant plus naturel qu'au- 
trefois on a écrit glass. 

OLOUGLOTER OU GOUGLOUTER, V. n. Il sc dit du cri des dindons. 
La poule piaule, le dindon glouglote, — Il faut probablement lire « Le 
poulet piaule » ou « La poule glousse «^ car au mot Piauler, on trouve : 
« Il se dit du cri des petits poulets » ; il n'y est point parlé de la poule. 

GOBBË. GOBER. GOBET. — La gohbe et le gobet sont tous deux de 
la famille du verbe gober, et par conséquent ils devraient s'écrire de 
la même manière, c'est-à-dire avec un seul b. Nous ne pensons pas 
qu'il y ait des raisons pour mettre deux b à gobbe plutôt qu'à lobe, 
globe, robe, etc. 

GOÉLAND. GOÉLETTE. GOÉMON, goétie. — Dans les trois pre- 
miers de ces mots, Ve doit-il être prononcé autrement que dans le 
quatrième? S'il a dans tous le son de Vé, ne devrait-on pas mettre 
cet é aux uns comme aux autres ? 

Gotnr... se prend quelquefois pour Odeur. On sent ici un goût de 
renfermé. Ce tabac a un goût de pourri. — Cet emploi de goût pour 
odeur es1>-il bon, et devail>-il être recueilli par l'Académie? Dans cet 
exemple On sent ici un G0t3T de renfermé, goût n'est-il pas un terme 
impropre ?,Quant à celui-ci, Ce tabac a un goût de pourri, nous pen- 
sons qu'on peut très-bien l'appliquer au tabac à fumer ou à chiquer, 
mais que ce serait une faute de l'employer en parlant de tabac à 
priser. 

gouverner... signifie particulièrement, Avoir grand crédit, grand 
pouvoir sur l'esprit de quelqu'un... Tel croit gouverner un autre qui 
en est gouverné. Gouverner à son gré les volontés de quelqu'un. Gou- 
verner les esprits. Gouverner l'opinion publique. L'opinion gouverne 
le monde. On le dit aussi Des choses morales. Les préjugés gouvernent 
la plupart des hommes.— Noms présumons que l'Académie, après avoir 
donné cette phrase « Gouverner l'opinion publique » , où l'opinion 
publique, chose morale, est employée comme régime , a voulu indi- 
quer que gouverner peut aussi avoir pour sujet une chose morale; et 
il aurait été convenable de le dire d'une manière précise. Nous ajou- 
terons que cette indication devait précéder l'exemple « L'opinion 
gouverne le monde », car l'opinion est un être moral aussi bien que les 
préjugés, et tous deux sont employés comme sujets du verbe. 

GRAIN... Grains d'or. Morceaux d'or très-purs qui se trouvent dans 
les rivières, ou sur la surface de la terre. On les nomme ainsi, quel 
que soit leur volume. — Aujourd'hui Ton n'appelle plus grains les 
morceaux d'or d'un certain volume; on leur donne le nom de pépite. 

GRAMEN. {Men se prononce comme dans Amen.) — Ici et à Gluten , 

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— 180 — 

il aurait été plus court et tout aussi clair de dire « On prononce TN » , 
car au mot Amen TAcadémie ne dit pas autre chose. 

GRAMINÉE, adj. des deux genres. T. de Botan. Il se dit d'une famiUe 
de plantes fort nombreuse, à laquelle appartiennent le blé, le seigle, 
Tavoine... — Dans Tédition de 1762, TAcadémie terminait encore par. 
un e muet les adjectifs cétacé, crustacé, os tracé , testacé; cutané, igné, 
instantané, momentané, pédané, simultané; éthéré, etc., et en faisait 
ainsi des adjectifs des deux genres. Aujourd'hui qu'elle supprime Ve 
muet dans tous ces mots , elle devrait faire de même pour graminée, 

GRAMMAIRE. GRAMMATICAL. GRAMMATISTE. ~ Dans CCS mOtS et 

dans leurs dérivés faut -il faire sentir les deux m, ou prononcer 
comme s'il n'y en avait qu'une? On raconte que l'abbé d'Olivet, jouant 
sur la prononciation de son temps, disait que c'était sa grand'mère 
(granHnaire) qui l'avait fait entrer à l'Académie. Molière aussi a dit 
dans les Femmes savantes (acte II, se. 6) : 

BéusE. Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? 
Martine. Qui parle d*offenser grand'mère ni grand-père î 
BéusE. . . • Grammaire est prise à contre-sens par toi. 

GRAND, ANDE, adj... Grande, placé devant un substantif féminin 
qui commence par une consonne, perd* quelquefois Ve dans la pronon- 
ciation, et même dans l'écriture, et l'on marque ce retranchement par 
une apostrophe, comme dans ces phrases : A grand* peine. Faire grand'- 
chère. C'est grand'pitié. Ce n'est pas grand'-chose, La grand' chambre. 
La grand'messe, etc. Il hérite dé sa grand'mère, de sa grand'-tante. 

Nous pensons que malgré l'apostrophe il faut espacer, dans l'im- 
pression comme dans l'écriture, les mots grand' chère, grand' pitié, 
grand' chose, grand' chambre, grand' messe, etc. Suivant nous , on 
doit suivre pour grand' la même règle que pour tout autre mot où 1'^ 
a été élidé, comme dans ces deux vers de Béranger : 
Nous qui n' sommes pas d' TAcadémie, 
Souhaitons-lui d' ces petits plaisirs-là. 

{A Antoine AmatUt, le jour de sa fête.) 

En conséquence il nous semble qu'il ne fallait pas de tiret à la fin 
de la ligne après grand' dans grand' chère et grand' "chose, et de même 
h l'article Diacre où l'on trouve grand'-messe *. En effet, l'Académie 
dit gravide messe ou grand'messe ; grande pitié ou grand'pitié, grande 
presse ou grand presse, grande route ou grand'route, et elle ne met 
pas le tiret après grand' qui se trouve à la fin de la ligne dans les 
phrases suivantes : 

(à Acolyte) Faire les fonctions d'acolyie à une grand' messe. 

(à Échapper) Lui-même n* échappa qu*à grand' peine. 

(à Peine) Je n'y ai pas eu grand' peine. 

(à Pitié) Ce serait grand' pitié s'il ne trouvait pas d'asile. 

1. Nous avons mis le tiret à grani**chère, grand'-chose, gramF -tante, grand'-messe, ^uce 
que dans le Dictionnaire de l'Académie le mot grand'- termine la ligne et que nous avons 
toulu reproduire exactement l'orthographe de l'Académie. 



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— 131 — 

Nous n'avons pas besoin de dire que puisqu'on écîlt grand^pére, 
grarid-onclej avec un tiret, il en faut également un à la fin des lignes 
dans grand'mère, grand' tante; nous croyons de plus qu'on devrait le 
mettre toujours, c'est-à-dire lors même que ces mots ne sont pas divi- 
• ses d'une ligne à une autre * ; et il est probable que cette suppres- 
sion n'a lieu qu'afin de ne pas multiplier des signes inutiles pour la 
prononciation. C'est sans doute aussi par la même raison qu'on met 
seulement le tiret à grand-croix dans ces phrases Grand-croix de la 
Légion d'honneur, grand-croix de l'ordre du Christ, où nous préfére- 
rions l'apostrophe au trait d'union , qui ne représente pas du tout 
l'apocope, et que d'ailleurs on ne met pas à grand cordon. Peut-être 
l'adoption du tiret dans cette locution, dont on semble faire ainsi un 
substantif masculin, vient-elle de ce que ces décorations sont confé- 
rées presque exclusivement à des hommes; cependant l'ellipse suffit 
pour rendre compte du genre féminin que doit conserver grand' croix 
lors même qu'on le met en rapport avec un pronom, un participe, etc., 
de genre masculin : Il est (porteur, revêtu, décoré de la) graiid' 
croix de tel ordre ^, Les (dignitaires revêtus, décorés de la) grand' 
croix de l'ordre national se sont rendus chez l'Empereur, 

GRANDIR, V. n. — On dit généralement : Ce vêtement le grandit 
beaucoup ; cet acte de courage, de générosité, le grandit à mes yeux. 
Mais l'Académie n'admet pas ces looutions. Pour le sens propre , elle 
dit : « Ce vêtement agrandit la taille ; Une distribution bien entendue 
agrandit en apparence un jardin. » Elle ne parle pas du sens figuré. 

GRATERON. GRATIN. — Ces deux mots, qui viennent de gratter, 
semblent devoir prendre deux t, comme grattelle, grattoir, etc. 

GRATUITÉ, s. f. T. de Théologie. Qualité de ce qui est gratuit. La 
gratuité de la prédestination.— Gratuit a cinq acceptions différentes; 
à laquelle faut^il rapporter la définition de gratuité dans cet exemple? 
Est-ce à supposition gratuite, c'est-à-dire Qui n'a aucun fondement 
(quatrième acception) ? Il aurait fallu le dire d'une manière positive. 

GRAVER, GRAVEUR, GRAVURE. — L'Académie fait suivre à peu 
près indifl*éremment ces trois mots des prépositions sur, en, à : « Gra- 
ver SUR l'airain, sur le bronze; graver sur des agates, sur des pierres 
précieuses; graver en creux; graver en relief. Graver en taille-douce; 
graver sur le cuivre au burin; graver en. bois; graver k l'eau-forte; 
graver À la manière noire.— -Graveur en pierres fines et en médailles^; 

1. Le rapprochement des mots dans grand'mère, grand*tante, peut à la rigueur, pensons- 
nous , remplacer le tiret lorsqu'ils se trouvent dans une même ligne. 

2. Il est bien surprenant que ni dans cet article-ci; ni à Croix, il n'y ait pas un seul exemple 
de grand'croix comme décoration, et conséquemment précédé de Tarticle. Celui que nous 
avons trouvé à l'article Bailli k le privilège de porter la grand'croix » nous fait désirer 
qu'on répare la double omission que nous venons de signaler, et qu'on adopte la même 
orthographe en parlant de ceux ou de celles qui portent cette décoration : /( ou elle est 
grand* croix, comme on écrirait, Il ou elle est grand cordon, 

8. Nous ne pensons pas qu'on puisse dire grav^tr bn pierres fines comme on dit graveur 
IN médailles. Le premier travaille, grave sur la matière même, et ce rapport doit être exprimé 



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— 132 — 

graveur en caraclères d'imprimerie ; graveur sur métaux; graveur en 
acier; graveur en taille-douce, en eau-forte ^ en bois; graveur À la 
manière noire,— Gravure en boiSj en pierres fines; gravure en ^at7i«- 
lioi^d^ À to manière noire, etc. 

Bien que ces locutions soient en quelque sorte autorisées par 
l'usage, nous croyons que les trois prépositions ci-dessus doiveùt 
avoir des emplois distincts, et nous nous permettons d'indiquer celui 
qui nous paraît le plus naturel pour chacune : sur s'emploierait 
lorsqu'il s'agit de la matière, en pour désigner le genre de gravure, 
à pour le procédé. 

Graver, graveur, gravure sur bois, sur acier, scr cuivre, sur pierres fines. 
_ — — EN médailles, en caractères d'imprimerie, en musique. 

— — — EN creux, EN relief, en taille-douce. 

^- — — AU burin, À Teau-forte, À la manière noire. 

GRÉEMENT. (Plusieurs écrivent Grément.) — Il serait fâcheux que 
ces plusieurs finissent par avoir le dessus; c'est bien assez, ce semble, 
que le mot radical agrès ait perdu l'initiale a dans ses dérivés. 

Les mots gré et agrès ont eu une fortune bien différente. Les déri- 
vés du premier ajoutent un a à leur radical : agréable, agréer, agré- 
ment, etc. ; dans ceux du dernier, au contraire, on supprime aujour- 
d'hui l'a initial, et au lieu d'agréer, agréement, on dit gréer, gréement, 

— Les mots gréeur et agréeur semblent même n'être pas synonymes. 
L'Académie définit agréeur, celui qui prépare , qui fournit les agrès 
d'un bâtiment, et gréeur, celui qui fait métier de gréer les bâtiments, 
c'est-à-dire de les garnir de toutes les voiles, manœuvres, poulies, etc. 
nécessaires pour naviguer. Dans la quatrième édition de son Diction- 
naire , l'Académie donnait désagréer sans observation ; dans la der- 
nière, elle dit que ce mot a vieilli et qu'il faut employer dégréer. 

GRÈNETERIE. grènetier. — Nous ne comprenons pas bien pour- 
quoi l'on doit écrire par un è le mot grènetier (celui qui vend des 
graines), tandis que l'on conserve les lettres ai du radical dans le mot 
grainier (celui qui vend en détail toutes sortes de grains). 

GRIOTTE, s. f. Espèce de cerise à courte queue, grosse et noirâtre, 
plus douce que les autres. — Dans quelques provinces , on appelle 
griotte l'espèce de cerise que , sans doute par antiphrase ou par eu- 
phémisme, on appelle à Paris la douce ou cerise de Montmorency, qui 
est loin d'être plus douce que les autres, et qui généralement n'est 
pas noirâtre. Dans le Supplément de la première édition on lit ; 
« Griotte, s. f. Espèce de cerise à courte queue, qui est un peu aigre, 
et plus grosse que les autres. » Voilà, ce nous semble, la définition 
exacte du mot griotte. 

par la préposition ; le graveur en médailles, comme le graveur bn caractères d'imprimerie, m 
musique, etc., ne grave que le poinçon qui doit donner l'empreinte aux coins et aux matrices. 

— Quant aux expressions graver, graveur, gravure eh bois, en ader, au lieu de sur bois, sur 
aeier, nouf croyons que ce sont réellement des fautes. 



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— 133 — 

GRIS, ISE, adj... Fig. et (?im,. Être gris» un peu gris, être à demi 
ivre. A la fin du repas nous étions tous un peu gris. Cette femme est 
grise. — Cette locution se trouve entre Patrouille grise et Vin gris ; 
mais quoiqu'on dise II est gris comme un cordelier, comme la manche 
d'un cordelierj nous avons peine à croire qu'il s'agisse ici de couleur, 
et il nous semble que cette acception de gris devrait faire un article 
à part. 

GRIS... signifie aussi La couleur grise, et alors il est substantif 
masculin. Gris blanc. Gris cendré. Gris pommelé. Gris brun. Gris de 
More. Gris sale. Gris de minime. Gris de souris. Gris mêlé. Gris de 
perle. Gris de lin. Gris de fer. Gris moucheté. Cela tire sur le gris. 
S'habiller de gris. On dit aussi adjectivement. Couleur gris-de-perle. 
Étoffe griS'de-lin. Habit gris-bru7i, etc. 

Lorsque nous avons lu cet article nous avons cru tenir la règle de 
tous les modificatifs composés pour les couleurs ; car nous y voyons 
que lorsque le nom de la couleur est pris substantivement, les mots 
qui l'accompagnent i)e prennent pas de tiret : le gris de perle, le gris 
de lin, le gris de fer, le gris brun, etc. Si au contraire le nom de la 
couleur est employé adjectivement, les modificatifs qui l'accom- 
pagnent doivent lui être joints par un ou des tirets : Un habit gris- 
brm, la couleur gris-de-perle, une étoffe gris-de-lin, et Vet cœtera 
donne à entendre qu'il faut pareillement écrire Un habit gris-de-fer, 
gris-de-souris, gris-de-minime, etc. — Mais nous nous trompions 
grandement, et plus nous avons compulsé le Dictionnaire pour nous 
assurer de l'exactitude de la règle, plus nous avons été convaincu que 
si l'Académie a eu réellement l'intention d'en poser une, cette règle 
n'a été observée à peu près nulle part. En effet l'on trouve 

(à Couleur) Couleur gris de lin, 

(à Lm) Ruban gris de lin, 

(à More) Des bas gris de more, et à Gris, gris de More (grande M). 

(à Perle) Des bas de soie gris de perle, 

(à Souris) Couleur gris de souris, 

(à Perdrix) Vin œil de perdrix, 

(à Barbeau) Un habit bleu barbeau. • 

(à Châtain) Des cheveux châtain clair. 

Pour la robe des chevaux nous n'avons trouvé de tiret qu'à Cbeval 
gris-pommelé, dans l'article Pommelé; et encore à l'article Cheval 
on n'en a pas mis « Cheval gris pommelé ». L'Académie écrit donc 
« Chevaux bai clair, jument bai brun, cheval bai obscur, cheval 
alezan brûlé, alezan moreau, alezan doré, alezan truite; cheval gris 
moucheté, soupe de lait ou soupe au lait, poil de souris, etc. etc. » 

Terminons par le très-petit nombre d'exemples où nous avons vu 
le tiret, outre les trois que nous avons cités plus haut. L'Académie 
écrit, à l'article Vert employé comme substantif : Vert-dragon, vert- 
pré, vert-pomme; cependant à l'article Céladon elle met vert cela- 



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— 134 — 

don sans tiret. Lorsque vert est suivi de la préposition de, elle le 
supprime : Vert de mer, vert d'eau, vert d'émeraude; et de même, 
un taffetas merde d'oie. 

RouGE-GERiSE , fouge très-vif et un peu clair. 

Jaune couleur de citron , ou JAUNE-aTRON. 

Vert d'eau j couleur vert-clair. 

Cette femme est clair-rrdnb, elle a les cheveux clair-bruns. 

Enfin elle écrit Teinte bleue-violâtre , teinte jaune-verdàtre. 

GROSEILLE... Gelée de groseille. Sirop de groseille ; et k Gelée ^ 
Gelée de groseille. Gelée de pomjne . — Aux mots Pomme, Sirop, on 
trouve : Sirop de pommeS, Gelée de pommeS; Sirop de groseilleS, de 
mûreS, de grenadeS, de limonS. Voy. Amande. 

GROSSIÈREMENT, adv... so dit quelquefois pour Sommairement, 
imparfaitement. Voilà grossièrement ce qu'il a dit sur ce sujet. — 11 
est fort possible que des personnes illettrées aient employé et em- 
ploient encore aujourd'hui grossièretnent dans le sens de Sommaire- 
ment, comme d'autres disent sanguinaire pour sanguin, grossier pour 
gros, etc. Puisqu'on a la locution en gros, et que l'Académie donne 
pour exemples « Raconter une histoire en gros , et sans s'arrêter au 
détail^; Dire les choses en gros; Je vous ai rendu compte de cela es 
GROS ; Voilà EN gros comme les choses se sont passées » , nous pensons 
qu'il est mieux de n'employer grossièrement que dans son acception 
jiaturelle, pour signifier D'une manière grossière : « Cela est travaillé 
grossièrement. Il parle, il répond, il fait tout grossièrement. » 

GROTESQUE. — Ce mot, qui vient de grotte ou tout au moins de 
l'italien grottesche (les peintures appelées de ce nom ont été, dit-on, 
trouvées dans des grottes, dans des lieux souterrains), nous senible 
devoir prendre deux^ aussi bien que pittoresque. 

GROUP, s. m. T. de Comm. Sac cacheté plein d'or ou d'argent, qu'on 
envoie d'une ville à une autre. — L'usage général est de prononcer 
groupe. Il était d'autant plus essentiel d'indiquer la prononciation, 
que l'Académie l'a mise à Croup et qu'on ne prononce pas le p dans 
les autres mots de cette terminaison : coup, loup, cantaloup, etc. 

GUÈRE... Adverbe qui s'emploie toujours avec la négative, et qui 
signifie Pas beaucoup, peu. // n'y a gitère de gens tout à fait désinté- 
ressés. Il n'a guère d'argent.,. Il n'a plus guère à vivre *. Une s'en est 
guère fallu.— Cette définition demande peut-être un peu plus de clarté, 
pour faire bien comprendre que c'est la négative dont guère est 
accompagné qui lui fait signifier Peu, pas beaucoup; car guère, par 
lui-même , doit signifier Beaucoup , comme le mot italien gu^ari dont 
il nous paraît être la traduction, ou comme l'allemand gar, qui est 
l'étymologie probable de l'un et de l'autre. 

1 . Il serait peut-être mieux de mettre le pluriel : sans s'arrêter auX détails. 

2. Que dans cette phrase de l'Académie « // n*a plus guère à vivre » on substitue à guère 
les expressions beaucoup ou peu, pas beaucoup, et l'on verra si guère signifie Peu ou Beau- 
coup. 



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— 135 — 

GUET- APENS. — Autrefois (dans les trois premières éditions) TAca- 
demie écrivait guet-à-pens, orthographe dont on ne se rend pas bien 
compte. Guet-appens serait plus conforme à Tétymologie appensus. 

GUIGNARD, s. m. T. d'Hist. nat. Espèce de pluvier de la grosseur 
d'un merle, bon à manger et fort délicat. On ne trouve guère de gui- 
gnards que dans le pays Charlrain. — Nous croyons qu'il faut des 
guignards, car ici gu^re modifie non pas guignards mais trouver ou 
le pays Char train; la phrase signifie, Ce n'est guère que dans le pays 
Chartrain qu'on trouve des guignards. — Au contraire on mettrait de 
si l'idée portait sur la quantité et non sur la localité; on dirait donc: 
On ne trouve guère de guignards dans le pays Chartrain, 

GUINGAN. GUINÉE. — Transposez : Guinée. Guingan. 

GUTTURAL, ALE, adj... signifie aussi Qui vient du gosier. Son 
guttural. Sons gutturaux. G etK sont des lettres gutturales, La langue 
espagnole et la langue allemande ont beaucoup de lettres gutturales. 
— Il aurait été plus exact de dire « La langue espagiiole et la langue 
allemande ont un grand nombre de mots où figurent des lettres 
gutturales » , puisque l'une et l'autre n'ont que trois lettres de ce genre : 
la première, le G, le J et le X; la seconde, le G, le K et le CH, car 
le ch ne forme proprement qu'une seule lettre, qu'une seule articu- 
lation. 

H 

H. — Il est à remarquer que l'Académie , qui dans tout le cours de 
son Dictionnaire donne le genre féminin aux lettres f, h, l, nij n, r, s 
(sauf au mot Interrogant, où elle dit « l'E est ouvert, et on ne pro- 
nonce qu'uN R dans ce mot et les suivants », et à Tarticle Impromptu 
« Quelques-uns lui donnent un S au pluriel » ) , donne six fois dans 
cet article le genre masculin à la lettre h, et une fois à la lettre f 
(ph se prononce comme un /*), bien qu'elle y conserve le féminin 
à l'r (après un T ou une R). Au mot Hanneton, terme de Passe- 
menterie, on trouve encore « H n'est pas aspiré. » 

La lettre H présente d'assez nombreuses difficultés, parce qu'elle 
est maintenue dans certains mots et supprimée dans d'autres dont 
l'étymologie est la même , comme rhume, diarrhée, et hémorroïde, 
hémorroïsse; psychologie et métempsycose ; asiarchat, exarchat, et 
« patriarcal , patriarcat ; gothique et ostrogot ; ou dans des mots 
qui, sans avoir la même étymologie, semblaient devoir suivre la 
même fortune, comme catarrhe et hémorragie ; rhéteur, rhétorique, 
rhinocéros, et rahdologie, rahdomancie, rapsode; Charybde et Caron; 
Thubarbe et ipécacuana (précédemment ipécacuanha), etc. 

HABILLER... Ce traducteur a liabillé Démosthène à la française. — 
Ici et à Opposer « Quel orateur avons-nous qu'on puisse opposer à 
Cicëron, à Démosthène », on a fait la division Démos-thène; à Narra- 
tion et à Ne {^Cicéron, Démosthène excellent dans la narration; Dé- 



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— 136 — 

mosthène n'est pas si abondant que Cicéron), on a au contraire divisé 
Dëmo-sthène. Nous pensons que cette dernière division est préférable 
à Tautre, et qu'on devrait également diviser Anti-sthène^ Bory-slhène, 
Calli-slhènej Erato-sthène, Pli-sthène^ etc. 

HAÏR, V. a. (H s'aspire. ) Je hais, tu hais, il hait; nous haïssons, vous 
haïssez, ils haïssent. Je haïssais. J'ai haï. Je haïrai. Hais, Que je 
haïsse. Haïssant. — L'Académie ne nous donne ni le passé défiai ni 
l'imparfait du subjonctif. Ce n'est sans doute pas qu'elle rejette ces 
temps, car on doit pouvoir dire : Lorsque feus appris les calomnies 
quil avait publiées contre moi, je le haïs cordialement. H faudrait 
que je le haïsse bien pour me conduire ainsi à son égard; mais peut- 
être a-t-elle voulu éviter qu'on ne lui demandât comment il faut 
écrire les deux premières personnes plurielles du premier de ces 
temps et la troisième personne singulière du second, qui devraient 
s'écrire : nous haïmes, vous haïtes, qu'il hait. Cependant, puisqu'elle 
dit que le tréma fait détacher la voyelle qui en est affectée de la 
voyelle suivante aussi bien que de la précédente, nous pensons qu'il 
faut écrire ces trois personnes comme nous venons de le faire, au 
lieu d'écrire nous haïmes, vous haïtes, qu'il haït, Voy. Arguer. 

HALTE... Halte-là. — A l'article LÀ on trouve Halte là sans tiret, 
et nous croyons cette dernière orthographe préférable, parce qu'on 
ne met plus comme autrefois un tiret entre le verbe et là. L'Académie 
écrivait dans la première édition, Demeure-là (à LÀ), demeurez-là 
(à Demeurer) ; mais dès la quatrième on ne retrouve plus le tiret ni 
à l'un ni à l'autre. 

HARMONIE. — Ce substantif a un et même deux verbes correspon- 
dants {harmonier et harmoniser) pour signifier Mettre en harmonie. 
L'auteur de Paul et Virginie, dans ses Harmonies de la nature, dit 
toujours harmonier; d'autres auteurs préfèrent harmoniser^. Il est à 
désirer que l'Académie nous dise quel est celui qu'on doit employer. 

HARPAGON. — Ce nom, presque aussi usité que celui de tartufe, et 
certainement bien plus usité que ceux d'olibrius, de trivelin, de tur- 
lupin, etc., méritait de figurer dans le Dictionnaire de l'Académie. Je 
n'ai jamais vu de pareil harpagon. Prenez garde à vous; vous avez 
a/faire au plus avide harpagon qui existe. 

1 . Des substantifs terminés par te les uns forment leur verbe régulièrement par la simple 
addition d'une r, comme amnistie, calomnie, carie, copie, effigie, yénie, parodie, scie, etc., dont 
les verbes sont amnislier, calomnier, carier, copier, effîgier, s'ingénier, parodie)', scier; — les 
autres veulent l'addition d'une s avant 1'^; ainsi allégorie, économie, syt)iètrie, $j/mn(Ulûe, 
tyrannie, etc., ont pour verbes atlegoriser, économise)', syinét)iser, sympathiser, ly)anni$er. — 
S'il nous était permis de déduire une règle de ce petit nombre d'exemples, nous ferions re- 
marquer que les verbes qui prennent Vs dans leur dérivation viennent d'un substantif qn« a 
pour correspondant un ad ectif en icpie; de.s mots allégorie, économie, syvutiie, etc., on fait 
allégorique, économique, synvtrvjue, tandis que calomnie, carie, copie, effigie, etc., n'ont pa» 
cet adjectif. D'après cela, harmonie devrait prendre Vs dans son verbe {Itarmoniser) , car il» 
pour adjectif harmonique (et ha)-mo)\ieiix, comme calomjiie a calomnieitx, mais cela ne chanî?c 
rien à la règle ). — Le verbe agoniser, formé d'agonie, bien qu'il n'ait pas d'autre adjectif 
qu'agonisant, n'infirme pas davantage la règle que nous avons essayé de donner. 



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— 137 — 

HARPIE.— Dans la seconde syllabe de ce mot les Grecs mettaient ut, 
les Latins yi; l'Académie a supprimé Vy dès la première édition de 
son Dictionnaire, et elle a maintenu cette orthographe bien que géné- 
ralement les littérateurs et surtout les littérateurs avancés en âge 
emploient Vy encore aujourd'hui. Elle a bien fait de ne conserver 
qu'une des deux voyelles; mais peut-être aurait-il été mieux de 
supprimer Vi, parce que Vy est plus radical. Toutefois ce n'est pas là 
le principal objet de cette remarque; nous voulons parler des noms 
des harpies : Aètlo, Ocypète et Celceno. Nous pensons qu'il faudrait 
écrire Aello avec un e au lieu d'un ë (Voy. Tréma); quant à Celceno, 
c'est probablement par distraction qu'on a mis un ob à la seconde 
syllabe au lieu d'un m ; mais on aurait pu simplifier aussi l'ortho- 
graphe de ce nom en mettant un é (Céléno), puisqu'on écrit avec 
un è Célènes, ville de Phrygie où régnait Midas, et avec un é Céléna, 
nom de la montagne où ce roi fut puni par Apollon. 

HAVRE -SAC. — Nous présumous que c'est à cause de la pronon- 
ciation de Vs que l'Académie a mis un tiret dans ce mot et dans 
entresol; mais puisqu'elle écrit sans division entretaillure, ferblantier, 
sovhresaut, parce qu'une portion de ces mots isolée ne forme pas un 
mot par elle-même, peut-être aurait-il mieux valu écrire havresac, 
car havre, reproduction de l'allemand Haher, qui signifie Avoine, n'a 
ici aucune signification. — A l'article Capote, on trouve havresac, 

HÉ.,. Hé quoii vous n'êtes pas encore parti! — Il paraît qu'il est 
assez indifférent d'écrire hé ou eh, du moins dans l'exclamation hé 
quoil, car à l'article Quoi nous lisons « On y ajoute (à quoi) quel- 
quefois l'interjection M. Ehquoiî vous n'êtes pas encore partit » 
HÉux, s. m. T. d'Anat. — Ajoutez : On prononce l'X. 
HÈHisPHÈRE, s. m. — Il est fâcheux que l'usage donne parfois aux 
mots composés ou juxtaposés un genre différent de celui qu'ils ont 
étant seuls; ainsi, midi est masculin, après-midi est féminin; sphère 
et nuit sont féminins, tandis que minuit, hémisphère, planisphère, sont 
du genre masculin. Autrefois atmosphère était aussi de ce même 
genre, en sorte que spMre seulement était féminin. 

HERBORISTE, S. m. — On aurait pu, sans manquer à la vérité, dire 
substantif des deux genres, ca.T les herboristeries (l'Académie n'a pas 
encore adopté ce mot) de détail sont en grande partie tenues par des 
femmes. D'ailleurs les substantifs chavdronyiier , cordonnier, chape- 
lier, boucher, boulanger, pâtissier, confiseur, etc., ont un féminin 
bien moins motivé : chaudronnière, cordonnière, chapelier e, etc. 

Hi^LE, s. f.— De quel genre est ce mot? A la lettre Y, nous trou- 
vons « Yèble, s. m. Plante. Voyez Hièble. » — Ce substantif change- 
ï^it-il de genre suivant l'orthographe qu'on lui donne? 

HISTORIQUEMENT, adv... se dit aussi par opposition à Fabuleuse- 
ment. Suivant la fable reçus, Didon vivait du temps d'Énée ; mais, à 
parler historiquement, elle était plusieurs siècles avant ce héros. — 

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— 138 — 

Cet exemple date de la seconde édition (17^0); aujourd'hui, pour 
être compris, il faudrait dire, elle existait. 

HOLÀ... Meiire le holà, mettre les holà. Faire cesser des gens qui 
se querellent, qui se battent. — Mettre les holà était sans doute usité 
en i69h , puisqu'on le trouve dans la première édition de ce Diction- 
naire; mais l'est-il encore aujourd'hui? Qu'un grand poëte ait employé 
le pluriel afin d'ajouter une s qui sauvait un hiatus. 
Vous mettez les kolas en écoutant l'auteur, 
c'est là une licence qui ne peut faire règle, surtout pour l'ortho- 
graphe, et nous pensons qu'il vaut mieux s'en tenir au singulier, mettre 
le holàjCSLTce mot est composé de l'exclamation hof et de l'adverbe là. 

■oliàLJE... Les homélies de saint Chrysostôme sur saint Matthieu. 
— Dans cet article , Chrysostôme a un ^ circonflexe à la troisième 
syllabe; à Docteur on trouve « saint Jean Chrysostôme » sans accent. 
Bien que cet accent se voie dans plusieurs biographies, nous pensons 
qu'il vaut mieux mettre un o simple puisque le mot grec (chrusos, or; 
stoma, bouche : bouche d'or) prend un omicron et non un oméga. 

HOMOCENTRIQCE, adj. des deux genres. T. d'Anat. Il se dit des 
cercles qui ont un centre commun , et que l'on nomme aussi concenr 
triqms. -— Au lieu de « T. d'Anat. » lisez « T. d'Astron. » 

HONCHETS, s. m. pi. (H s'aspire.) Sorte de jeu d'enfants. Voy. Jon- 
chets. — Ce mot est dérivé de joncj et il est fâcheux que l'Académie 
autorise Honchets], non-seulement en donnant ici des détails, au lieu 
de renvoyer purement et simplement à l'expression correcte, mais 
encore en mettant au mot Jonchets « Quelques-uns disent Honchets^. 

HUMAIN. HUMANITÉ. INHUMAIN. INHUMANITÉ. — Ces quatre mots 
peuvent-ils ou non s'employer avec un complément? Peut-on dire 
a II faut être humain avec, pour, envers les animatix; il ne fimt pas 
être inhumain, même avec, pour, envers les animaux » f Nous croyons 
avoir entendu et lu ces diverses expressions , mais nous ne tes trou- 
vons pas dans les dictionnaires, et nous voudrions savoir si elles 
doivent être bannies même de la conversation. Puisqu'on dît. L'indul- 
gence pour; indulgent pour, à*; sévère envers, à l'égard de, à*, 
rude À, envers'; terrible À*, et même souple À*, inébranlable À®, 
tendre À', on doit pouvoir donner un complément aux quatre mots 
mentionnés plus haut. 

X. (à Indulqbncb) Avoir de VindiUgence pour une personne. 

{ à Indulgent) // est trop indulgent pour ses enfants, X ses enfants. 

Id. htre indulgent X soi-même. — Être indulgent pour le» fautes de ses amùf. 

t. ( i SÉvÈRfc ) Ce père est. trop sévère envers ses enfants, X l'égard de ses (tVMi. 

(à A) Indulgent X tous. — Sévère k lui-même. 
a. (à Rude) Un précepteur rude X ou envers ses écoliers. 
4. ( à Terrible) // étevint terrible X ses ennemis. 
$. ( i SooptE ) Un enfani svifile aux volontés de ses mmtres. — Soiu^lt kl^t 

6. (4 larÉBEANLABLE) Ce roc est inébranlable X l'impétuosité des vents. 

Id. Inébranlable aux coups de l'adversité. 

7. (à Tendre) Ce cfieval est tendre X l'éperon. — H est tendre av% mouches-. 



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— 139 ^ 

HimmE... La t^rrô est encore toute kumide^.,. Il a phuré, il a 
encore les yeux tout humides, — Dans ces phrases tout signifie Entiè- 
rement, complètement; il est adverbe et conséquemment dans là 
première il doit rester invariable comme s'il était suivi d'une voyelle, 
puisque Vh est muette. L'Académie écrit très-bien : 

(à Aisb) Elle est tout aise et tout heureuse d* avoir trouvé o$ mùfi4â. 
(à Ébouriffé) Elle arriva tout ébouriffée, 

Id, Votre coiffure est tout ébouriffée, 

(à Tout) Elle est tout absorbée dans ses réflexions, 
Id. Tout ingrate qu*elle est, 

HYBRIDE, adj. des deux genres. Qui est né, provenu de deux 
espèces différentes. Les mulets sont des animaux hybrides. Il se dit 
plus souvent des plantes que des animaux. Plante- hybride. Variétés 
hybrides. On l'emploie aussi substantivement. Les hybrides sont sté- 
riles^. — Il manque ici une acception importante, celle de mot 
HYBRIDE. A l'article Mot, l'Académie nous apprend qu'un mot hybride 
est a Un mot composé d'autres mots qui appartiennent à des langues 
différentes. Choléra-morbus est un mot hybride ». On pourrait en 
citer beaucoup d'autres, tels que burea^œratiej er go-glu; multinôme, 
que l'Académie devrait supprimer, puisqu'on a polynôme; monocle, 
qu'a remplacé lorgnon, etc. 

HYDROGÈNE, S. m... V hydrogène est toujours à Vétat de gaz. Gaz 
hydrogène.' Le gaz hydrogène est quatorze fois et demie aussi léger 
que l'air. L'extrême légèreté du gaz hydrogène le rend très-propre 
aux expériences aérostatiques. Remplir un aérostat de gaz hydrogène, 
— Il fallait mettre « Hydrogène, s. m. et adj. » ou ajouter, avant Gaz 
hydrogène : « H s'emploie aussi comme adjectif. » La même distraction 
se retrouve à Oxygène. Voy. ce mot. 

HYDROSVLFATE OU HYDROSULFURE. HYDROSULFURIQUE. — AprèS 

Hydrosulfate ou Hydrosulfure, ajoutez : Dans ces deux mots et dans 
le suivant, l'S se prononce fortement, comme dans sulfate, sulfure j 
sulfurique, 

HYÉMAL, ALE. — Cet adjectif ne devrait-il pas s'écrire hiémalf II 
n'y a pas plus de cinquante ans, nos professeurs nous faisaient, il est 
vrai, écrire hyems avec un y; mais des lexicographes modernes, qui 
ont fait plus de recherches qu'eux pour connaître l'orthographe du 
temps de la bonne latinité. Roquefort et MM. Quîcheràt et Daveluy, 
par exemple, mettent un i à hiems, hiemalis, hiematio, etc. ; et par 
les mots hibemum, hibemare, ils nous montrent également que nos 
pères avaient tort d'écrire hyver et hytjemer^ 

1. A. l'article Lbvantine on lit aussi * Étoffe de soie toutb unie ». 

2. Il aurait été utile de renvoyer d'HvBRiDE à Mulbt , car on lit dans ee desmier artîck : 
• Mulet se dit «n général de tout animal provenu de deux animaux de différente eepèce, et 
qui A'ongendrè point-^Ilse dit par extension, en Botanii^ue, de foute plante qui est le pro- 
duit d'une semence fécondée par la poussière d'une plante d'une autre eêpètê. » — MmUI est 
donc un synonyme d'Hybride, du moim pour lee smiifiAtti et lee liantes. 



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— 140 — 

HYPOTHÈSE... L'hypothèse de Ptolomée. L'hypothèse de Ticho- 
Brahé.— Ces deux noms célèbres sont mal écrits ; heureusement nous 
les retrouvons à Tarticle Fondre, et là du moins ils sont tels qu'ils 
doivent être : « HYcno-Brahé voulut fondre ensemble le système de 
Ptolémée et celui de Copernic ». Les noms propres ont été un peu 
négligés dans cet ouvrage : nous signalerons ici ceux qui nous ont 

frappé : 

Brignolles pour Brignoles, à Prune. 

Essone Essonne, Poudrière. 

Lauffenbourg ^ Laufenbourg, Forestier. 

Natolie* Anatolîe, Orient. 

Radstadt Rastadt, Congrès. 

Nous ne parlerons pas de Suisse pour Savoie , Glacier. 

Parmi les noms d'hommes, etc., . . 

Célœno pour Célseno, à Harpie. 

Mélanchton Mélanchthon , MéTONOM asie. 

Sénebier Senebier, Physiologie. 

Van-Dick Van Dyck, Portratt. 

Willu^hby Willoughby, Ornffhologie. 

et enfin ici Ptolomée Ptolémée, 

et Ticho-Brahé Tycho-Brahé. 

Disons en passant que souvent on met dans les noms un tiret qui 
ne devrait pas y figurer, et si nous né sommes pas dans Terreur celui 
de Tycho-Brahé est dans ce cas. Tycho était son prénom ; mais comme 
il était Danois et que ce prénom ne se retrouve pas chez les autres 
célébrités de cette nation, on a cru qu'il faisait partie du nom de fa- 
mille et on l'y a joint par un tiret. Bien des auteurs en font autant 
pour le prénom Guij et écrivest Gui-Coquille ^ Gui-Patin, etc.; ici 
Terreur est moins excusable. Au reste il y a aujourd'hui même des 
Français qui unissent leur prénom à leur nom par un tiret, sans doute 
parce qu'ils trouvent ce dernier trop court. 

Il est encore une autre sorte de noms où l^on met mal à propos le 
tiret. La particule nobiliaire de des Français s'exprime en allemand 
par von, en hollandais par van. Nous ne faisons jamais la faute de 
mettre un tiret après von, et nous écrivons Otto von Guericke ou Otto 
de Guericke ; mais par une bizarrerie dont la cause nous est inconnue, 
on le met assez fréquemment après van; c'est ainsi que dans le Dic- 
tionnaire de l'Académie on a mis Van-Dick au lieu de Van Dyck. 

HYSOPE. — Dans toutes les Bibles on trouve hyssope avec deux s, 
conformément à Tétymologie. 

s on doublait fréquemment la consonne finale f: Dor/f, village; Ho/f, cour; 
, etc. ; aujourd'hui ces mots ne prennent plus qu'une f : Dorf, Hof, Lauf; il faut 
lufen, courir, et Laufenburg ou Laufenbourg. C'est ainsi que ce mot est écrit 
:}nnaires récents. 

Q'est pas précisément une faute ; c'est une suppression de lettre ^semblable à 
dire la Pouille au lieu de VApulie; mais puisque Anatolie vient du mot grec 
jignifie Levant, orient, pays de l'Orient, il est mieux de se conformer à l'élymo- 
OD le fait dans tous les dictionnaires géographiques. 



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— 141 — 



I 



I et Y. — Autrefois TAcadémie écrivait avec un y, abysme, asyle^ 
myrmidonj etc., et avec un i^ analise, diachilon, emhrion, stile^ etc.; 
aujourd'hui, c'est le contraire qui a lieu : elle écrit abîme, asile, mir- 
midon, etc., et analyse, diachylon, embryon, style, etc. 

La suppression de Vs et la prosodie ont dû faire adopter abîme; 
analise et stile, se rattachant à la grammaire , ont pu reprendre l'y 
étymologique ; mais pourquoi avoir changé en i Vy de myrmidon, et 
en y Vi de diachilon, embrion, puisqu'elle écrit anévrisme et caria- 
tide, termes de sciences et d'arts, dont l'étymologie réclame l'y {ané- 
vrysme, caryatide) ? — Pourquoi encore écrire avec un y lacrymal et 
lacrymatoire, Sylvain, puisque les Latins y mettaient de préférence 
\H {lacrima, silva) ; et avec un i sirtes, où le grec et le latin deman- 
daient un y? — Pourquoi enfin écrire le zéphyr avec un y et Zéphire 
avec un i? 

Ïambe. ïambique. — Ces deux mots sont les seuls de la langue 
française où l'on mette le tréma sur la première des deux voyelles 
qu'on doit détacher l'une de l'autre dans la prononciation. Aux mots 
Arguer et Haïr, nous avons vu qu'il serait utile d'augmenter le 
nombre de ces cas. 

ICI... Revenez demain; d'ici là, f aurai arrangé votre affaire. — La 
locution d'ici là est-elle la seule qu'on puisse employer pour expri- 
mer l'idée qu'elle représente ? Non , car nous trouvons : 

(à De) Nous verrons bien des choses d'ici à ce temps-là, d'ici là. 
(à Eau et à Pont) // passera bien de Veau sous les ponts entre ci et là *, 
ou d'ici à ce temps-là. 

On peut donc très-bien dire d'ici à ce temps-là, et il est fâcheux 
que l'Académie n'ait pas donné dans cet article-ci un exemple de 
cette locution.— Mais peut-on dire également d'ici à vingt ans, à trente 
ans, à cent ans, etc.? Nous le croyons ; cependant l'Académie aurait 
dû prévenir les doutes à cet égard. Il est probable que si elle avait 
mis à Ici Texpression correcte, Lamennais n'aurait pas écrit « D'ici 
VINGT ANS la face de la terre aura changé ». Nous pensons qu'il faut 
« d'ici À vingt ans ». 

ICONOLÂTBE. — Ce mot semble réclamer iconolâtrie, comme zoo- 
lâtrie semble auppelerzoolâtre. Est-ce par omission ou volontairement 
que l'Académie n'a pas donné ces deux mots? 

IDOLÂTBIE. — Puisque l'Académie écrit latrie , le culte de latrie, 
sans accent, pourquoi eu mettre un à idolâtrie, zoolâtrief Qu'elle 
emploie Va pour idolâtre, iconolâtre, zoolâtre, ce sera conforme au 
principe qui l'a décidée à en faire usage dans grâce, disgrâce, infâme, 

1. A rarticle Ci , l'Académie dit que les locutions entre ci et dema4n, entre ci et là ont vieilli. 
Voy. Bmtbk. 



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— 142 — 

où elle ne mettait point d'accent autrefois, non plus qu^à idolâtre, 
et où Ton pourrait aussi bien s'en passer que dans dictâmes prame, 
profane, etc., où Va est long. Mais il nous semble que puisqu'on sup- 
prime cet accent dans gracieiur, disgracier, infamie, il n'y a pas de 
raison plausible pour en mettre dans les mots idolâtrie, zoolâtrie. 

ILLÉGAL, ALE , adj. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce 
les deux L.) — Ces mots suivants où il faut prononcer les deux L sont 
au nombre de vingt-deux. Celui qui cherchera la prononciation du 
mot Illustrissime ne pensera guère qu'il peut la trouver à Illégal. 

ILLUMINATION... Une belle illumination. Une grande illumination. 
Faire une illumination dans un palais, dans une place publique, cUms 
des jardins. Il y avait des illuminations à toutes les fetiêtres, dans 
toutes les rues. L'illumination de cet hôtel est brillante. Allons, voir 
les illuminations. — Dans tous ces exemples il n'y a pas ce que nous 
cherchons, c'est-à-dire quelle préposition il faut employer pour com- 
plément de ce substantif. Au verbe Illuminer nous lisons, il est vrai, 
« Toute la ville était illuminée par les feux de joie qu'on avail oÀlur- 
mes dans les rues » ; mais nous ne pensons pas qu'on dise « Une 
illumination par des feux de joie, par des lampions ». Nous dirons 
donc comme l'Académie à l'article Verre , « Illumination en verres de 
couleur », et par suite « Illumination en lampions » ; pour le gaz, nous 
pensons qu'il faut employer la préposition À « Illumination ad gaz ». 
Quant au verbe, nous dirons « Illuminer avec des bougies, avec des 
verres de couleur, avec des lanternes ; illuminer avec du gaz ou ad 
gaz (au moyen du gaz). » 

IMBÉCILE. — Jusqu'ici l'Académie avait écrit imbécille, conformé- 
ment à rétymologie. La suppression d'une l dans ce mot est d'autant 
plus surprenante, qu'on en met deux dans le substantif imbécillité. 

IMBROGLIO. (Mot italien qui se prononce imbroillo à l'italienne, ou 
imbroille à la française, sans faire sentir Vi et en mouillant les /.)— 
Nous pensons que le plus simple était de dire que dans imbroglio il 
faut mouiller gl, ou peut-être encore qu'il faut prononcer imbrâlio ; 
quant à la prononciation française imbroille, bien peu de personnes 
la comprendront si elles ne la savent d'avance. 

IMMACULÉ, ÉE, adj. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce 
les deux M, et l'I conserve le son qui lui est naturel.) — Ainsi donc il 
faudra chercher à deux pages en arrière la prononciation d'immuta- 
bilité, qui est séparé d'immaculé par quarante-huit mots. 
- IMMARCESSIBLE. — L' Académie écrit, conformément à l'étymo- 
logie, adolescence, convalescence, effervescence, incandescence, etc. 
Elle aurait dû faire de même pour immàrcessible, qui, venant de 
marcescere, se flétrir, demande également un c : immarcescible. 

IMPASSE, s, f. Cul-de-sac, petite rue qui n'a point d'issue. — On a 
bien de l'abligatiou à. Voltaire d'avoir ressuscité ce mot pour rempla- 
cer cul-de^sac, et nous voudrions que la définition fût aussi conve- 



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^ U3 - 

nable que Texpreasioû eUe-niême. A coup sûr la.belette de la fable 
(La Fontaine, III, 17), si elle n'eût pas fait si bonne obère dans le 
grenier, n'aurait pas dit qu'il n'y avait point n'issue; elle serait fort 
bien sortie par le même trou qui lui avait servi de passage pour y 
entrer. Nous croyons donc qu'il serait plus exact de dire : « Petite rue 
qui B^a Qu'uriB issue, » 

IMPERSONNEL, ELLE, ad j... Lfê verbes impersonnels proprement 
ditSj, sont ceux qm n'ont que l'infinitif et la troisième personne du «m- 
gulier, tels que Falloir, pleuvoir, ùeiger, etc., qui font II faut, il pleut, 
il neige, etc. — Il aurait fallu i^uter que Pleuooir, employé figuré- 
raent, prend le pluriel : « Les coups de fusil y pleuvent. I^s sar- 
casmes PLBDVENT sur Im de tous côtés. Les biens, les dignités, les 
honneurs pleuvent chez lui, pleuvent sur lui » ; ou du moins il fallait 
renvoyer au verbe Pleuvoir, où l'on aurait trouvé ces exemples. 

IMPOLI, IB, a4j.,. Homme impoli. Manières im>polies. Réponse imr- 
polie. — Et au participe de Polir employé âgurément : « Cest un 
homme extrêmement poli. C'est l'homme du monde le plus poli. H est 
savant, mais il n'est pas poli. Il a les manières fort poHes. Parler d'un 
ton poli » . — Ainsi donc poli et impoli ne prennent jamais de com- 
plément, et Ton ne pourrait pas dire : « Vous vous plaignez de ce que 
cet homme est ihpoli à votre éoari>; mais ce n'est pas U7%e excep^ 
lion, il n'est poli avec personne » 7 
IMPROMPTU, s« m... (Quelques-uns lui donnent un s au pluriel.) 
Pour « UN « » Yoy, l'article H. Quant à la marque du pluriel, 
nous pensons qu'il faudrait l'admettre pour ce mot-là ainsi que pour 
plusieurs autres où les composants ont été réunis, tels que aparté, 
quiproquo, etc., et pour quelques-uns où la réunion devrait se faire: 
acompte, autchda-fé, fac-^imile, etc. — Mais nous avons encore 
autre cbose à demander : impromptu peut-il s'employer adverbiale- 
ment ? peut-on dire : « Excité par la gaieté des consoives, il composa 
IMPROMPTU de fort jolis vers »? Si cette locution n'est pas admissible, 
on en sera quitte pour employer le synonyme français sur^le-<:hamp ; 
mais nous aimerions mieux impromptu. 

IJHPUGNEE, V. a. — Faut-il prononcer : impug-ner ou vmpur-gfyerJ 
Los dictionnaires ne sont pas d'accord; et dans la crainte de passer 
pour un pédant ou pour un ignorant, on désire connaître la pronon- 
ciation que préfère l'Académie. On dit répu-gner et inexpug-^nable. 

IN.». « Quaiïd le (mot) simple commence par une des labiales E ou 
P, Vh se change en m^, et l'oo prononce En, avec le son nasal : fmbu, 
imjiQrter {Ènbu, ènporter). — Partout ailleurs, Jn reste tel qu'il est; 
et il prend toujours le son nasal devant les consonnes, à moins que le 
simple ne commence par N : Inattendu, inutile ( prononcez f-^nattendiù, 
i^nutik); Indocile y injuste (prononcez Ènr-docile, èn-just€)\ kmé, ^ 
immibrc^le (prononcez I-^xmé, i^^umkrable).. 
I<jous croyons qu'il aurait mieux vialu ne pas indiqjuer la proooncîa^ 



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- m - 

tion des mots imbu^ importer ^ indocile, injuste, que de la figurer par 
ènbu, ènporteTj èn-docile, èn-juste, même en ajoutant, comme l'Aca- 
démie Ta fait, « avec le son nasal ». 

INCOMMODER. — On trouve bien ici « // est incommodé depuis 
plusieurs jours. Être incommodé d'un bras, d'une jambe. Être incomn 
mode dans ses affaires »; mais on n'y voit pas une autre acception fort 
usitée. Faut-il dire a. Pendant ce trajet, qui dura trois mortelles jour- 
nées, nous fûmes constamment incommodés de ou par] la neige et le 
vent qui nous fouettaient dans le visage, contre le visage »? A l'article 
Toge, nous trouvons « Les Romains se couvraient la tête d'un pa/n de 
leur toge, lorsqu'ils étaient incommodés du soleil ou de la pluie » ; 
et à Chaledr « Être incommodé par la chaleur. » Il fallait donc 
donner un exemple avec chacune de ces prépositions. 

INCOMPLET, ETE, adj. — Cet adjectif réclame un adverbe corres- 
pondant. Il m'a raconté ses malheurs, mais fort incomplètement (ou 
plutôt incomplètement). 

INCONVENANT, ÀNTE, adj. — Cet adjectif-ci devrait avoir son sub- 
stantif, qui est d'un usage de tous les instants : L'inconvenance ds ses 
propos choqua toute la compagnie. Quelle inconvenance I 

INDISCRÉTION, S. f... se prend quelquefois pour Action indiscrète. 
Faire une indiscrétion, des indiscrétions. C'est la seule indiscrétion 
qu'il ait fc^te en sa vie. — Ne peut-on pas dire Commettre une indis- 
crétion? Si cette locution est bonne, il serait convenable de l'adopter. 

INITIATION. (On prononce iniciation.) — Il aurait mieux valu indi- 
quer la prononciation complète du mot (iniciacion), car il semblera 
évident au lecteur que si dans tia le t prend le son du c, dans tion, 
au contraire, il doit conserver la valeur qui lui est propre. 

INNAVIGABLE. — Ajoutez « On prononce les deux N. » Le silence 
de l'Académie sur cette prononciation étonne, et il est d'autant plus 
fâcheux qu'au mot Inné, qui vient immédiatement après, elle dit qu'on 
prononce les deux n, ce qui pourrait faire supposer qu'elle veut qu'on 
n'en prononce qu'une dans innavigable. 

INOCULATEUR, TRICË, S. f. — Supprimez : f. 

iN-4Q»UARTO, adj. et s. — Lisez : adj. et s. m. (On prononce in-couarto.) 

INSATIABILITÉ. INSATIABLE. INSATIABLEMENT. — Au mOt InsA- 

TiÀBiLiTÉ, ajoutez : Dans ce mot et dans les deux suivants, tia se pro- 
nonce cia; ou plutôt, à chaque mot ajoutez : Tia se prononce cia. 

INSECTIVORE, adj. des deux genres et s. m. — Plus haut nous avons 
vu que l'Académie a omis de présenter frugivore comme substantif; 
l'omission complète du mot insectivore est plus grave, car cette déno- 
mination se donne à des poissons, à des oiseaux, et même à des mam- 
mifères, qui se nourrissent d'insectes. 

INSPECTEUR, s. m. — Lisez « Inspecteur, trice, subst. » Depuis 
bien des années, il y a des Inspectrices pour les écoles communales 
déjeunes filles et pour les salles d'asile. 



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— U5 — 

INSTITUT, S. m... est aussi le titre de certaines sociétés savantes. 
UinstittU de Bologne, — Vlnstitut royal de France, ou simplement 
L'Institut, Nom de la première société savante de France, établie à 
Paris, et composée de cinq Académies, savoir : TAcadémie française, 
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences, 
l'Académie des beaux-arts, et l'Académie des sciences morales et poli- 
tiques. Les membres de V Institut. Être reçu, entrer à l'Institut, Ou le 
dit aussi du lieu où se tiennent les séances- de l'Institut. Aller à 
l'Institut. 

Nous sommes tout à fait d'avis qu'il faut écrire le mot Institut avec 
une majuscule quand il est employé absolument. Cette majuscule a 
deux raisons d'être : Institut est le nom d'une société, d'une institution; 
en outre, c'est celui d'une société déterminée, de la première société 
savante de France. Gonséquemment nous pensons qu'on a eu tort de 
mettre un petit i dans l'exemple suivant : 

(à Membre) Membre de la chambre des pairs, de la chambre des députés, 

de TlNSTITUT*. 

Mais en revanche il nous semble que lorsque ce mot est suivi d'un 
complément qui désigne Vinstitul ou qui en détermine l'espèce, il 
rentre dans la classe des noms communs; et nous ne voyons pas 
pourquoi il faudrait écrire Tinstitdt de Bologne avec une minus- 
cule, et riNSTiTDT royal de France avec une majuscule. 

Le même principe nous ferait écrire, contrairement à l'orthographe 
adoptée par l'Académie : l'académie Française, l'académie des In- 
scriptions ET Belles-lettres, l'académie des Sciences, l'académie 
cte5 Beaux-arts , l'académie des Sciences morales et politiques; — 
et encore, école Polytechnique, école Normale, école des Ponts et 
Chaussées ; société Philotechnique, la société royale de Médecine, etc., 
mettant toujours la minuscule aux mots académie, école, société, etc., 
et la majuscule aux déterminatifs , comme on le fait pour mont Pala- 
tin, Valérien; la voie Sacrée, Appienne, Flaminienne; la roche Tar- 
péienne; la porte Triomphale, etc. Nous ne mettrions la majuscule 
au substantif que lorsqu'il serait sans complément, comme dans 
membre de /^Académie, aller à /'Académie ; mon fils est entré à TÉcole* 
(l'école par excellence, l'école Polytechnique), etc. etc. 

INTERDIRE, V. a. — Pour la conjugaison du pluriel de l'impératif, 
voyez Dire. 

INTERPELLER, V. a. T. de Palais. Requérir, sommer-.. — Ce verbe 
devrait ne prendre qu'une l à l'infinitif, comme appeler, épeler, 

1. Nous écririons avec une maguscule, la chambre des Pairs, la chambi'e des D^puris. 

2. Cest ainsi que l'Académie écrit : 

(à Quarante) Les quarante de l'Académie française. — Un des Quarante. 

( à ILB ) Les ÎLES d'A mérique, etc. — Il fit un voyage awx Iles . Cacao des Ile». 
( à Code) Le code de /tw/inien. — Le Code. Le Code et le Digeste. 
(à Intérim) L'intérim de Charles-Quint. — L'Intérim permettait le mariage dn 
prêtres et la communion sous les deux espèces. 

10 



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— IW — 

puisque Tétymologie est la même (interpeller, inter appellare, inter- 
pellare; épeler, c'est appeler (appellare) les lettres pour en former 
des syllabes et des mots). Nous croyons que si ce mot a conservé les 
deux l, c'est parce qu'il e§t moins usité que les verbes appeler^ rap- 
peler, épeler; d'ailleurs c'est un terme de Palais, et l'on sait qu'au 
Palais l'orthographe reste immuable comme les us et coutumes ; té- 
moin l'orthographe de préfix pour préfixe ; ledit, ladite, mondit, etc., 
en un seul mot; l'accord des mots aycmt, oycmt, tenant, tendant, etc., 
avec le sujet, etc. etc. Voy. Ayant. 

IRRACHETABLE. (Dans ce mot et dans les suivants, on prononce les 
deux R.) — C'est à irrachetable qu'il faut chercher la prononciation 
dHrruption, qui en est séparé par quarante-sept mots. 

IRRÉMÉDIABLE. — Daus les derniers tirages de son Dictionnaire, 
l'Académie écrit irrémédiable, avec un ^ à la seconde syllabe. Voy. la 
note 1 de la page 10. 

ISOCÈLE... — Dans les mots composés on supprime fréquemment la 
consonne finale du premier composant, mais jamais l'initiale du se- 
cond; et puisque le mot qui nous occupe est formé de ison, skélos, 
et qu'il s'écrit en grec isoskelès, il faudrait écrire isosgèle et non iso- 
cèle. Ajoutons que si le mot venait à être divisé, le tiret devrait venir 
après Vo {iso-scèle)^ comme dans apostrophe, atmosphère, horo- 
scope, etc. — Nous profitons de cette occasion pour citer quelques 
mots français où la finale du premier composant est également sup- 
primée; c'est tantôt une consonne, comme dans soucoupe, soulever, 
soumettre, fainéant, vaurien, morfil, verjits, pour sous-coupe, soics- 
lever, sous^mettre, fait-^ant, vaut-rien, mort-fil, vert-jus ; tantôt une 
voyelle, comme dans justaucorps, pissenlit, mordoré, pour jitste-au- 
corps, pisse-enr-lit, more doré (ou plutôt maure doré), etc. 

ITEM... est quelquefois substantif, et signifie Un article de compte. 
C'est un bon item. Voilà bien de petits item. — Dans cet exemple bien 
signifie Beaucoup, et dans cette acception la préposition de qui vient 
après doit toujours être accompagnée de l'article. Vous buvez bien 
DE L'eau. Voilà bien des grosses fautes. Chacun sait que Voilà de 
BIEN grosses fautes présenterait un tout autre sens. Nous pensons 
donc qu'il fallait dire : Voilà bien des petits item. 

lVRE,adj. des deux genres... Prov., Être ivre mort. Être ivre au 
point d'avoir perdu tout sentiment. — Ces deux mots devraient être 
joints par un trait d'union {ivre-mort), car l'idée n'est complète 
qu'après le second adjectif. 

On dit aussi quelquefois mort-ivre; mais l'Académie n'a pas admis 
cette locution , et nous pensons qu'elle a bien fait ; il pourrait y avoir 
amphibologie, surtout si l'on négligeait l'emploi du tiret {il était mort 
IVRE, ils étaient morts ivres). 

IXIA, s. f. — Voy. Mimosa. 



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^ 147 - 



JA6UAE. — Ce mot, qui est étranger, prend un u entre le g et Va; 
mais cet u se prononce (jor-gur-ar), quoique F Académie ne le dise 
pas. Il en est de même pour couguar (grand chat d'Amérique), qui 
n'est pas dans le Dictionnaire de l'Académie. 

JARDIN... Le jardin des Tuileries. Jardin des plantes j des simples, 
ou Jardin botanique,— On regrette de ne pas trouver ici des exemples 
qui fassent connaître dans quels cas il faut écrire Jardin avec un / 
majuscule dans cette phrase Jardin des plantes. Nous comprenons 
très-bien pourquoi l'Académie écrit 

(à Plante) L» jardin des plantes de Paris, de Bordeaux, de Montpellier, 
avec un petit j, tandis qu'elle met un grand J dans les phrases sui- 
vantes : 

(à Amphithéâtre) L'amphithéâtre de V École de médecine, du Jardin des 

plantes, 
(à Démonstration) Une démonstration de botanique au Jardin des plantes. 

C'est que dans le premier exemple jardin des plantes est employé 
comme nom commun, tandis que dans les deux autres il est pris dans 
un sens absolu et joue le rôle d'un nom propre. Ainsi on devrait 
écrire : « Le Jardin des plantes est situé près de l'Entrepôt , » et : 
« Paris possède un admirable jardin des plantes. » Mais cette règle a 
besoin d'être posée par le Dictionnaire : tous les lecteurs ne sont pas 
à même de saisir dès l'abord la différence que nous venons d'établir. 
JARDINIER... Jardinier-fleuriste, — Aux articles Fleuriste et Pépi- 
niériste on a mis ssLns iivet jardinier fleuriste, jardinier pépiniériste. 
Puisque l'occasion s'en présente, nous allons donner quelques-uns de 
ces noms d'état composés dont les uns prennent le tiret et les autres 
ne le prennent pas. L'Académie n'en met pas à 

chirurgien dentiste. chirurgien bandagiste. 

chirurgien pédicure. médecin vétérinaire. 

Elle met le tiret aux suivants : 

orfévre-joaiUier. 

seUier-carrossier. 

chaussetier-bonnetier. 

huissier-priseur. 

commissaire-priseur. 

huissier-priseur-vendeur. 

commissaire-priseur-ven- 

deur. 
sapeur-pompier, 
brigadier-trompette. 

JAVELLE.— On est surpris que l'Académie qui dit, à l'article Tache : 
• Cette tache s'en ira avec 4e l'eau de javelle », ne nous apprenne pas ici 



cardinal-diacre. 

cardinal-prêtre. 

cardinal-évêque. 

docteur-médecin. 

imprimeur-libraire. 

ingénieur - constructeur 

de vaisseaux, 
ingénieur-géographe, 
ingénieur-opticien, 
orfèvre-bijoutier. 



épicier droguiste, 
huissier audiencier. 



aide-maçon. 

aide-poseur. 

aide-chirurgien. 

aide-major. 

chirurgien-major. 

adjudant-major. 

état-major. 

tambour-major. 

trompette-major. 

ronde-major, etc. 



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— U8 — 

oe qu*est cette eau et d'où lui vient son nom. Le petit nombre de ceui 
qui peuvent savoir que primitivement elle se fabriquait au moulin de 
Javelle, entre Paris et Saint-Cloud, croiront devoir écrire ce nom ou 
ce mot avec une majuscule, comme on le trouve dans le Complément 
du Dictionnaire de TAcadémie ; mais aujourd'hui c'est un nom com- 
mun , comme guinée, malineSj roquefort^ etc, 

JOINTOYER, V. a. T. de Maçonnerie. Remplir les joints des pierres 
avec du mortier ou du plâtre.— Le substantif correspondant, jointoie-' 
ment, est aussi nécessaire ({xx^ affermissement, alignement, nivellement, 
redressement, rehamsement, etc. En effet on doit pouvoir dire : Le 
JOiNTOiEMENT de ces pierres est mal fait, a été fait avec de mauvais 
matériaux, avec de mauvais plâtre, de mauvais mortier, etc, 

JOUJOU, JOUIR, JOUISSANCE, JOUISSANT. — Transposez : Jouir, 
Jouissance, Jouissant, Joujou. 

JOUR... Jour de fête. — On voudrait que l'Académie eût fait con- 
naître s'il faut écrire Les jours de fête ou de fêteS. Voy. Fête. 

JOURNÉE... signifie encore Un jour de bataille, ou La bataille même. 
La journée de Poitiers, de Bouvines, etc. — Ce mot a une autre accep- 
tion qu'on ne trouve pas dans cet article, c'est celle de la journée des 
Barricades, la journée des dupes, etc., qu'on trouve à Barricade et à 
Théâtre. Voy. Barricade. 

JOUTE... fl emporta le prix de la joute. — Nous croyons qu'il fau- 
drait Il remporta le prix, car au verbe Emporter nous ne trouvons 
pas le sens de Gagner, obtenir; d'ailleurs il serait quelquefois assez 
diflacile d'EMPORTER le prix, un prix semblable par exemple à celui qui 
fut adjugé à Entelle après sa lutte avec Darès. 

JOUVENCE, s. f. Jeunesse. IlTi'est usité que dans cette locution, La 
fontaine de Jouvence, fontaine fabuleuse qu'on suppose avoir la vertu 
de rajeunir. Je crois, vraiment, qu'il vient de la fontaine de Jouvence. 
Il a bu de l'eau de la fontaine de Jouvence. — A l'article Fontaine on 
retrouve la même orthographe, et nous demandons s'il ne serait pas 
plus convenable d'écrire jouvence avec un petit j, puisque ce mot 
n'est pas un nom de lieu et qu'il signifie jeunesse. Il faut réserver le 
grand J pour la ville de Jouvence, autrement dite Saint-Gengoux-le- 
Royal, département de Saône-et-Loire, où se trouve une fontaine des- 
tinée à rappeler la fontaine fabuleuse. 

JUDAÏQUE, adj. des deux genres. Qui appartient aux Juifs. La loi 
judaïque. Les antiquités judaïques. Superstition judaïqus.,.^îï serait 
bien d'ajouter « La religion judaïque », qui manque ici et à Religion, 
mais qu'on l;rouve à l'article Juif, « Celui, celle qui professe la reli- 
gion judaïque. » 

JUGE. — Plus haut nous avons exprimé le regret de ne pas trouver 
à l'article Fleuve les noms des fleuves qui arrosaient les Enfers; ici 
nous ferons de même pour les noms des personnages mythologiques 
qui jugeaient « tous les pâles humains », Éaque, Minas et Rhadamanthe, 



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-- U9 — 

JUGER 9 V. a,.,. Il a été jugéj on Va jugé à mort; et à Tartlcle Mort, 
Condamner, juger à morlj condamner quelqu'un à la peine de mort. 
— Peut-on dire indifféremment Juger à mort ou condamner à mortl 
Nous ne le pensons pas. Juger ^ c'est simpleiçent examiner si Taccusé 
est réellement coupable ; condamner^ c'est appliquer la peine dont la 
loi punit le délit ou le crime commis. On ne peut donc pas dire qu'un 
homme a été jugé à telle ou telle peine. 

JUIF, IVE, adj. et s. Celui, celle qui professe la religion judaïque... 
Les juifs de Pologne, d'Allemagne, de France. — Nous avouons fran- 
chement que nous ne savons pas encore dans quels cas il faut écrire 
les Juifs (grand J) ou les juifs (petit j). Cependant nous croyons 
entrevoir que l'Académie met la majuscule quand elle parle des Juifs 
de l'Ancien Testament, des Juifs considérés comme peuple, et la mi- 
nuscule quand il s'agit des familles ou des individus qui professent la 
religion judaïque; ainsi nous lisons : 

(à Repos) Le septième jour de la semaine était chez les Juifs un jour de 

repos qu'ils appelaient Sabbat. 
(à Sanctiher) Dans l'ancienne loi, les Juifs sanctifiaient le sabbat, 
(à Septennal) L'année sabbatiqt^ des Juifs était septennale. 

et d'un autre côté : 

(à Sabbat) Les juifs observent fort exactement le sabbat. 
(à Samedi) Le samedi est chez les juifs le jour du sabbat. 
(à Rabbiniqie) Les juifs écrivent quelquefois leur la^ue vulgaire en 
caractères rabbiniques. 

Mais en revanche nous trouvons une majuscule en parlant des juifs 
modernes : 

(à Circoncibe) Les Juifs, les mahométans font circoncire leurs enfants. 
(à ÉPARs) Les Juifs n'ont plus de patrie, ils sont épars dans tous les pays 
du monde, 

puis dans une autre phrase les deux variantes : 

(à Souillube) Parmi les Juifs, Souillures légales, l'impureté contractée, 
soit par certaines maladies, soit par certains accidents 
qui, selon Topinion des juifs, rendent immonde. 

en sorte que nous craignons beaucoup de n'avoir pas rencontré juste 

dans nos conjectures, que nous désirerions pourtant voir converties 

en une règle invariable. 

JUJUBE, s. f. — Les naturalistes et les médecins donnent à ce mot 

le genre masculin, conformément à l'étymologie {zizyphum), 

* 
JURY, S. m. (Quelques-uns écrivent Juri.) -— L'institution du jury 

en France date de 1791, c'est-à-dire qu'elle a soixante-dix ans d'exis- 
tence, et il est temps que son nom soit francisé comme elle-même. 
Au lieu de jury, tilbury, jockey, etc., nous devrions écrire juri, 
tilburi, jockei. 
JUSQUE-LÀ. — Voy. LÀ. 



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— 150 — • 

K 

La lettre k est d'une grande utilité pour représenter le c dur de- 
vant les lettres e, i : kemièSj kilogramme ^ kiosque j etc. ; mais en re- 
Tanche il est tout à fait inutile devant a, o, u. On a substitué le c au ^ 
dans cacatois, calendes, calendrier, carat, cor an, etc. ; ne serait-il 
pas convenable de faire cette même substitution dans kahouanne, 
kanguroo, kaolin, etc. ? 

De même, il semble que l'Académie, qui a figuré par ca la pronon- 
ciation des lettres cha dans bacchanal, bacchante, chalcographe, Cha- 
rybde; par co le cko de dichorée, dichotome, m^michordion ; par clé 
le chlé de cochléaria; par eue, cui, le que, qui de quérimonie, ques- 
teur, quiescent, requiem, etc., aurait bien fait d'employer également 
le c au lieu du k dans la prononciation de anachorète, archaïsme, 
archange, asiarchat, catachrèse, catéchumène, chlamyde, chlore et 
ses dérivés, cholédologie, choléra-morbus, chorége et autres dérivés 
de chœur, chorographie, choroïde, conchoïde, eucharistie, exarchat, 
machabées, trochaïque, trochanter, ubiquiste, etc. etc. 

KAKATOÈS. (On prononce Kakatoua.) ...T. d'Hist. nat. Sorte de 
perroquet remarquable par une huppe... —Au mot Cacatois on trouve 
« Voyez Kakatoès ». Ainsi l'Académie elle-même donne deux variantes. 

Si l'on devait prononcer la finale de kakatoès comme celle d^'aloès, 
assurément il n'y aurait pas à balancer, et il faudrait mettre un è, car 
le tréma ne. donne aucun son et devrait disparaître de la lettre e dans 
la langue française ; mais puisqu'on doit prononcer cacatoua, il pa- 
raîtrait convenable d'écrire cacatois le nom du perroquet, comme 
le mât auquel la huppe de cet oiseau a donné son nom. 

KALI... Nom que les Arabes donnent à la soude. Il se dit particuliè- 
rement, en français, d'une espèce de soude à feuilles épineuses qui 
croît abondamment sans culture sur les bords de la mer, dans les par- 
ties méridionales de l'Europe. — Puisque l'Académie écrit par un c 
« Alcali, s. m. Nom donné primitivement à la plante marine qui 
fournit la soude du commerce, et ensuite au produit salin de l'inci- 
nération de ce végétal » , il nous semble nécessaire d'écrire pareille- 
ment le mot cali, qui est le nom de cette même plante. Il serait 
ridicule d'écrire Valcool et le kool, Valcoran et le koran. 

KANGUROO, s. m. T. d'Hist. nat. Quadrupède de la Nouvelle-Hol- 
lande... Une peau de kanguroo. — Au lieu de suivre l'orthographe 
des Anglais pour ce mot qui est étranger à leur langue, nous devrions 
en faire un mot français en l'écrivant kangurou ou plutôt cangurouf 

KNOUT, s. m... se dit aussi du fouet même. Le patient mourut soas 
les coups DU knout. — Nous pensons qu'il faut dire sous les coups db 
knout, comme on dirait sous les coups de fouet, de bâton. 



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— 151 — 



LÀ. — Pourquoi mettre un tiret dans les locutions Mettez-vous 
LÀ-HAUT, LÀ-BAS, LÀ-DESSUS, descendez de là-haut,- puisqu'on n'en 
met pas dans celles-ci : Mettez-vous là dedans, là contre ; sortez de 
LÀ dedans, ôtez-vous de là contre? — Et de même au figuré, pour- 
quoi écrire avec un tiret Que pensez-vous là-dessus, puisqu^on le 
supprime dans Qu^avez-vous à voir là dedans? 
On trouve dans ce môme article :. 

Quel discours est-ce-là? — Quelles gens sont-cb-là? 

(à Diantre) Quelle diantre de cérémonie est-ce-là? 

(à Espèce) Quelle espèce de drap, quelle espèce de cheval bst-ch-là? 

(à Jaune) Quelle couleur est-cr-là? C'est du jaune, de beau jaune. 

Plus nous examinons ces phrases, plus le tiret qui précède là nous 
paraît inutile, car l'Académie n'en met point dans : 

(à Ce) Est-ce là votre voiture? 

(à LÀ) SoNT-CB LÀ vos gens? — Est-^b là ce que vous m'aviez promis? 

(à Main) Voyez, est-ce là sa main? 

(à Récompense) Est-ce là la récompense de mes services? 

(à Salaire) Est-ce là le salaire des services que je lui ai rendus? 

(à Volonté) Est-ce là votre volonté? 

ni dans celles-ci, où est-ce là termine la phrase : 
(à Parler) Quel parler est-ce là? 
(à Patrocillis) Quel patrouillis est-ce là? 
(à Plante) Quelle plante est-ce là? 

Concluons qu'il ne faut pas de tiret avant là dans est-ce làj sonl-ce là. 

On ne met pas de tiret à dès lors: il vaudrait donc mieux n'en pas 
mettre à dès-là, qui a la même signification : Il leur échut une suc- 
cession, el pÈs-LÀ ils se brouillèrent; ni même dans le sen^ éloigné 
de Cela étant : C'est votre père, et dès-là vous lui devez du respect. 
Au reste, à l'article Dès l'Académie écrit dès là sans tiret dans cette 
même phrase : C'est votre père, et dès là vous lui devez du respect. 
Elle le supprime également à l'article Lors : Dès lors se dit aussi pour 
De là ou Dès là, par forme de conséquence. 

On n'en met point à par là : Allez par là ; passez, prenez par là; 
vous viendrez, vous irez par là, c'est-à-dire, par ce lieu-là. Nous 
croyons que par la même raison il n'est pas logique d'écrire avec un 
tiret : Allez, venez, avancez, reculez jusque-là. — Il en est de même 
pour le sens moral, Vous avez poussé jusque-là la patience ! ; il faut 
ï'y supprimer, comme on le fait à par là dans cette phrase : Qu'enr- 
tcn(ic2r-t)ows PAR là? 

LAcaiYMAL. LACRTMATOIRE. — Daus l'étymologic du mot harpie, 
^^y aun y^ puis un i; l'Académie, pour simplifier l'orthographe, a 
choisi Vi simple; et puisque les Latins écrivaient hidifféremment 



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— 158 — 

lacrima et lacryma, etc., le môme motif aurait dû, ce semble, lui 
faire préférer lacrimal et lacrimatoire. 

LAISSER, V. a... Fam., Avoir du laisser aller. Avoir une sorte de 
négligence, d'abandon. Dans cette phrase. Laisser aller est pris 
substantivement. — L'Académie met d'ordinaire un tiret entre deux 
verbes à l'infinitif qui sont employés substantivement : le laisser- 
courre, le savoir-faire, le savoir-vivre, etc.; pourquoi n'en met-elle 
pas dans le laisser aller t Nous croyons ce trait d'union nécessaire. 

LAISSER-PASSER OU plutôt LAISSEZ -PASSER, S. m. — Ce mot, qui 
correspond à Passavant (autrefois Passe-avant), Passe-debout, est 
très-usité en termes d'Octroi et de Douane, et nous sommes surpris 
de ne pas le trouver dans le Dictionnaire de l'Académie. Nous croyons 
laissez-passer préférable à laisser-passer, parce que ce mot semble 
renfermer un ordre, une injonction adressée aux employés, comme 
passe-avant, passe-debout, expriment une permission pour le voitu- 
rier, etc. ; en un mot c'est le mode impératif : Passe avec ta marchan- 
dise, sous telle ou telle condition ; Laissez passer, pourvu qu'on rem- 
plisse telle ou telle formalité. * 
LAITUE... Salade de laitue. — Et à Salade, Salade de laitueS. 
LAMRIN, INE, subst... s'emploie aussi adjectivement. Êtes -vous 
assez lambin ? — Assurément cette phrase n'est pas interrogative, et 
il y fallait un point d'exclamation. Nous en avons recueilli quelques 
autres, où l'on s'est également trompé ; telles sont : 

(à Dommage) Qml dommage que vous ne soyez pas venu cejour4à ? 
(à Histoire) Que d'histoires ne sait-il pas? 

[k Machine) Que de machines n'a-t-on pas employées, n^a-t-U pas fallu 
pour réussir? 
Évidemment ces trois phrases demandaient une exclamation, comme* 
la première. En voici d'autres où l'exclamation a été omise : 
(à Fier) Cinq mille hommes, voilà une fière armée, 
(à Pied) Il n'est que quatre heures du matin, et vous êtes déjà sur pied, 
(à Plaire) A Dieu ne plaise que j'y consente jamais, 
(à Fi) Fi du plaisir que quelque crainte accompagne. 
Au lieu de ce dernier exemple, qui n'est qu'une variante de La Fon- 
taine (liv. P', fab. 9), nous préférerions le texte même de l'auteur : 

Fi du plaisir 

Que la crainte peut corrompre! 

LAMENTIN, S. m. (Quelques-uns écrivent Lamantin,) -r- Ce ne sont 
pas quelques dictionnaires qui portent lamantin, mais la plupart, et 
c'est ainsi que l'Académie elle-même écrivait ce mot précédemment; 
cet a à la seconde syllabe vient probablement de l'espèce de mains 
dont cet animal est pourvu, et qui lui ont fait donner par les Espa- 
gnols le nom de manato ou manati. Puisqu'elle a jugé convenable de 
changer l'a en e, sans doute à cause du gémissement [lamenta) au- 
quel ressemble son cri d'appel, elle aurait bien fait de justifier cette 
nouvelle orthographe dans la définition qu'elle a donnée. 



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-. 158 — 

uiMPi^nié — A Tartlcle iLLDMiifAnoN (Voy. e& mot) rAcadémie ne 
dit pas qvtél complémeût il faut dodder à ce mot; ici Von ne trouve pas 
un seul exemple, et c'est à Tarticle Verre {illumination en verres dé 
couleur) que nous emprunterons la variante Ilhtmination ew lam^ 
pians (consistant en lampions)* Peut-être aussi pourrait-on dire 
Illumination db lampions (composée de lampions). C'est pour savoir 
lequel des deux est préférable que nous sollicitons une décision de 
TAcadémie. 

UkNCER, V. a... s'emploie aussi avec le pronom personnel , et signi^ 
fie Se jeter avec impétuosité, avec effort* // se lança au travers des 
ennemis. Il se lança dans le bois* Il se lança le' premier dans l'eau. 
Ils se sont lancés l'un sur l'aiUre. — A la lettre E nous lisons a Élan- 
cer, V. a. Pousser, lancer en avant. On ne l'emploie guère qu'avec le 
pronom personnel. Il s'élança au travers des ennemis. Le chien s'élança 
sur kii. Les serpents s'élancent. Son cheval s' étant élancé,.. » 

Nous croyons que dans les phrases ci-dessus et autres analogues 
s'élancer est plus usité ; ainsi l'on dira Mon âme s'élançait vers Dieu, 
et non se lançait. Mais en revanche on dit se lancer (et non s'élan- 
cer) dans le monde, dans les affaires, etc. 

LANDAU ou LANDAW, S. m. Sortc de voiture à quatre roues... 

Les noms allemands qui aujourd'hui se terminent par au prenaient 
autrefois aw, ou du moins quelques-uns tels que Breslaw, Brisgaw, 
Landatv, Passaiv, Spandaw, Sundgaw, Torgaw, etc.; mais Cet usage a 
cessé, et cette orthographe a disparu des dictionnaires allemands- 
français et surtout des dictionnaires français. Nous pensons donc 
que landaw devrait être supprimé dès aujourd'hui du Dictionnaire dô 
l'Académie, ne fût-ce que pour la diflaculté d'écrire le pluriel de lan- 
daw (des landaws /) — Quant au pluriel landaus, ce n'est pas un pro- 
^ grès, c'est une exception à enregistrer. Si la terminaison des mots en 
ou présentait quelques exceptions pour la marque du pluriel (Voy. 
GENOD),du moins il n'y en avait pas dans la désinence plurielle aux; 
tous prenaient invariablement un x. Maintenant voilà un substantif 
terminé par au qui prend Vs au pluriel; il est vrai que c'est un mot 
étranger. 

LARYNX. — A Làrix, l'Académie nous a donné la prononciation i 
« On prononce l'X » ; mais elle a oublié de nous indiquer celle dé 
larynx, lynx, pharynx et sphinx, qui présente plus de' difficulté en ce 
que les consonnes finales se prononcent rarement après Vm, Vn et l'r. 
On fait sentir l'X dans ces quatre mots. 

LAS, ASSE, adj... Faire quelque chose de guerre lasse, le faire après 
avoir longtemps résisté. Je lui ai cédé de guerre lasse. — On a déjà 
réclamé contre ce féminin lasse^ et il nous semble qu'on a eu raison, 
car il est difficile de comprendre ce que c'est qu'une guerre lasse. 
Qu'une femme, au lieu de dire lasse de batailler, de contester, etc., 
dise de guerre lasse, j'ai cédé à leurs prétentions, j'ai renoncé à mes 



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— 15/1 ^ 

droits sur cet héritage, c'est très-bien; il n'y a qu'une simple inver- 
sion. Mais appliquer de guerre lasse à un homme nous paraît une 
faute, et elle nous étonne d'autant plus que cette locution ne date 
que de la dernière édition du Dictionnaire. 

LATTIS, s. m. Ouvrage de lattes. Faire un lattis. Enduire un kutû 
avec du plâtre, — Peut-on dire enduire avec? A l'article Endoire 
l'Académie n'en parle pas ; elle dit : Enduire une muraille de plâtre, 
enduire une barque de goudron; et à }\dghe : Enduire une ruche de 
terre grasse, — Cette même locution oiduire avec se retrouve à Mi- 
roir : « Glace de verre ou de cristal, qui, étant enduite par derrière 
AVEC une feuille d'étain et du mercure, réfléchit l'image des objets 
qu'on lui présente. » Si elle est bonne, il faudrait la mettre à Enduire. 

LAZZI... Les comédies italiennes sont pleines de lazzi. Les lazzi 
d'Arlequin. Quelques-uns écrivent au pluriel. Lazzis.— ^oxis croyons 
qu'on doit écrire des lazziS, comme on écrit des macaronis, puisque 
l'Académie a fait de lazzi un singulier. 

LE, LA, LES, pronoms relatifs... Fows avez mon chapeau, rendez'4e' 
moi. Quand vous durez des nouvelles, faites-les-moi savoir. 

Il est fâcheux que l'Académie n'ait pas donné plusieurs exemples 
pour faire connaître la place que les pronoms le, la, les doivent occu- 
per dans la phrase, suivant qu'elle est positive, interrogative, etc.; 
car si d'un côté l'on dit re?idez-LE-moi, faite s-LES-moi savoir, d'un 
autre on dit me les rendrez-vous ?, me les ferez-vous savoir?, ou bien 
encore, veuillez me les rendre, tâchez de me les faire savoir; ne me 
LA rendez pas, etc. — Elle aurait pu dire, comme règle générale, que 
le, la, les précèdent toujours les pronoms moi, lui, leur, quelle que soit 
la construction de la phrase : prétez-LE-moi ; la lui donnez-vous?; 
ne LES leur montrez pas ; veuillez les leur envoyer. Avec les autres 
pronoms, on doit placer le, la, les immédiatement après le verbe qui 
les régit si la phrase est directe : envoyez-LE-nous, rendez-LES-nous ^; 
immédiatement avant le verbe s'il y a inversion, etc. : me le direz- 
vous ? ne nous la montrez pas ; gardez-vous de nous les envoyer. 

LE, LA, LES, pronoms relatifs. — Si aux articles Pronom, Inver- 
sion, Transposition, nous avions trouvé des exemples d'inversion, 
c'est'assurément là que nous aurions fait une remarque sur l'inversion 
des pronoms ; mais comme il n'y en a pas, nous nous voyons contraint 
de faire ici cette remarque, bien qu'elle concerne les pronoms person- 
nels aussi bien que les pronoms relatifs. 

Dans cet article consacré aux pronoms le, la, les, il n'y a qu'un 
exemple susceptible d'inversion, et la construction en est telle qu'on 

1. Cette construction est la plus naturelle; cependant quelques personnes disent de préfé- 
rence envoyez-nous-hK, rendez-noug-LEs. Quant à nous, nous convenons que dans les verbes 
réfléchis cette inversion serait convenable : Figurez-vous-i^K , imaginez-voiu-LE , reptésentez- 
twnw-LB pâle, décharné, mourant de faim sur un grabat. Ici encore nous sollicitons une déci- 
sion de l'Académie. 



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~ 155 — 

la fait aujourd'hui, c'est-à-dire que le pronom précède immédiate- 
ment le verbe qui le régit. L'Académie dit : 

" Dès que ma sosw sera arrivée, j'irai la voir, 
et non,... je Virai voir, comme on disait généralement autrefois. 
Aux articles Démunir et Paître on lit encore : 
Cette place est menacée, il ne faut pas la démunir. 
On a oublié de paître ces oiseaux, il faut les pattre, 
et non,... il ne 4.x faut pas démunir;,,, il les faut paître. 
Elle a suivi la même règle pour le régime indirect dans cet exemple : 
(à Venir) Le sot met à la loterie,, croyant que le bon billet doit lui venir; 
et non,... lui doit venir. 

Mais pour ce petit nombre de phrases où la construction est régu- 
lière, nous pourrions en citer beaucoup d'autres où elle ne Test pas; 
nous n'en donnerons que quelques-unes : 

( à Milieu) Au milieu de tout cela, je voudrais le pouvoir servir, 

(à Aimable) Vous êtes bien aimable de me venir voir* 

(à Fait) Il me voulait railler, mais je lui ai donné son fait, 

(à Rire) Il nous pensa faire mourir de rire, 

(à PaItre ) SHl ME vient parler de cela, je Venverrai bien pattre. 

Peut-être, au reste, ces constructions paraîtront-elles plus pitto- 
resques et plairont-elles plus que si elles étaient régulières; nous 
dirons même qu'il y a des cas où l'oreille demande l'inversion, comme 
dans les phrases suivantes : 

(à Gâter) Il a gâté sa maison en la voulant embellir* 

(à He|<evbr) Pensez-vous qu'il s'en puisse relever? 

L'oreille serait choquée si l'on avait dit : en vowlant L*EMbellir;.„ 
pensez'vous qu'il puissE s'en relever ? 

Si l'on transpose souvent les pronoms relatifs ou personnels, sou- 
vent aussi on supprime le pronom le représentant une proposition. 
Voici des phrases sans ellipse : 

(à Dupe) Il n'est pas si dupe que vous le pensfii, 
(à Faire) Se faire plus riche, plus pauvre, plus jeune qu'on n» i^est 
réellement. 
Les suivantes sont elliptiques : 
( à Si ) /i viendra s'il ( le ) peut, 

(à Ne) 71 est moins riche, plus riche qu'on ne (le) croit. 
(à Tort) Vous avez grand tort de parler comme vous (le) faites, 
(à Mal) La gelée a tout perdu, il y a encore plus de mal que l'on ne croit. 

Dans cette dernière phrase la grammaire et peut-être aussi l'oreille 
auraient été plus satisfaites si l'on avait dit : .., il y a encore plus de 
*nal qu'ov ne le croit. 

Encore une observation sur les pronoms. L'Académie dit : « Quand 
^ est après le verbe, s'il est suivi d'une voyelle, il ne s'élide point en 
écrivant, mais il s'élide en prononçant : Voyez-le à son retour (On 



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^ 156 — 

prononce Voyez-V à son retour). Dans le même cas, La nefioaffrepa^ 
d'élision : Ramenez-la à son devoir ». — Cette élision était permise 
même dans l'écriture, il y a deux cents ans, puisqu'on lit dans k 
Misanthrope de Jiolière ; 

Mais, mon petit monsieur, prenQ^H' un peu moins liaut; 
mais il y a deux siècles de cela. En 1762 l'Académie disait déjà : 
a Quand le est après le verbe, il ne s'élide point dans l'écriture, ni 

MÊME DANS LA PRONONCIATION, SI CE n'eST EN VERS; àU liCU que, danS 

le même cas^ la ne souffre jamais d'élision. » Nous croyons que la 
quatrième édition a raison, même aujourd'hui ; et encore cette licence 
n'est-elle permise que dans les comédies légères ou dans les vers du 
genre de ceux de Béranger que nous avons cités à l'article Grand. 

LETTRE... signifie encore Une épître, une missive, une dépêche. 

Dans cette acception du moi' lettre^ nous regrettons de ne pas trou- 
ver Lettre de Bellérophon, c'est-à-dire Lettre écrite dans l'intention 
de nuire à celui qui en est porteur. — Mais il est une autre acception 
du mot lettre que nous n'avons su trouver ni à Lettre ni à Mort ( ad- 
jectif ou participe de Mourir)^ et qui cependant est fort usitée, c'est 
LETTRE MORTE. Uue lettre morte est encore moins que le caput-mor- 
tuum de la chimie; c'est une chose, un titre sans valeur. Ainsi une 
couturiie tombée en désuétude; un mandat, un pouvoir révoqués; un 
testament annulé par un autre postérieur, sont autant de lettres 
MORTES. On emploie encore cette locution dans d'autres phrases telles 
que celle-ci : Cet article du traité deviendrait une lettre morte si..., 
c'est-à-dire n'aurait aucun effet, serait comme nul et non avenu. 

LEVANTINE, S. f. Étoffe de soie toute unie.— Ne fallait>-iJ pas écrire 
tout unie, en faisant de tout un adverbe? Voy. Humide. 

LÉVITE, s. f. Sorte de vêtement. — Cette définition nous semble 
bien vague. Au nord comme au midi de là France on appelle lévite 
ce qu'à Paris on nomme redingote^ mot emprunté à la langue anglaise. 
S'il y a quelque différence, l'Académie aurait pu dire : « Lévite, sorte 
de redingote... » 

LEVURE. — On devrait écrire avec un ûj balayures^ gravilrej la- 
vûrCj mouchûrej ratissûre, reliure, rognure, et tous les autres mots 
de cette désinence qui dérivent d'un verbe en er, parce que tous pre- 
naient autrefois un e avant Vu; halayeures, graveure, laveure, etc.; 
mais puisqu'on a supprimé le circonflexe dans tous ces mots, et même 
dans enclouure, nouure, nous ne voyons pas .de raison pour le con- 
server dans leviîre. Le mot piqûre peut faire exception, parce qu'il a 
perdu deux lettres consécutives, ue : on a écrit d'abord picqueure, 
puis piquûre, aujourd'hui piqûre. 

LIBRE, adj. — Dans l'Almanach impérial, dans l'Almanach du com- 
merce, etc., on lit que l'Institut compte parmi ses membres trente- 
six académiciens libres : la classe des Inscriptions et Belles-lettres, 
celle des Sciences et celle des Beaux-arts en ont dix chacune ; celle 



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- 157 - 

des Sciences morales et politiques en a six. On se demande donc 
« Qu'est-ce qu'un Académicien libre? • et Ton en cherche Texplica-^ 
tion dans le Dictionnaire de TAcadéraie aux articles Académie, Acadé- 
micien, Institut, et enfin à Libre; mais inutilement. 

Voici les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet. Les 
Académiciens libres sont ainsi appelés parce qu'ils ne sont pas tenus 
de résider à Paris. Au titre d'Académicien ils joignent à peu près 
toutes les prérogatives des titulaires : ils en portent le costume, re- 
çoivent des jetons de présence, et ont voix délibérative même dans 
les réunions des cinq classes de l'Institut ; seulement ils ne touchent 
pas l'indemnité dont jouissent les titulaires, et n'ont le droit de suf- 
frage dans les élections que lorsqu'il s'agit de remplacer des Acadé- 
miciens libres. 

LIESSE, s. f. Joie. Vieux mot qui n'est guère usité que dans cette 
phrase familière, Vivre en joie et en liesse, et dans cette expression, 
Notre-Dame de liesse, ^Que signifie liesse dans cette dernière phrase? 
Signifie-t-il Joie, ou est-ce le nom du bourg, dans le département de 
l'Aisne, où l'on fait de nombreux pèlerinages? Si c'est un nom de lieu, 
il faudrait écrire Liesse avec une majuscule. 

LITHARGÉ, i^E, OU UTHARGiRé, ée^ adj. Altéré avec de la litharge. 
— L'étymologie arguros demandait lithargyré avec un y, L't se re- 
trouve à l'article Lut : Lut gras ou d'argile et d* huile lithargirée. 
LITHOTRITIE, S. f. — Ajoutez : Tie se prononce de, 
LIVRET, s. m. — Dans cet article on a omig de parler du Livret de 
la Caisse d'épargne dont il est fait mention à l'article Bulletin, et où 
sont inscrites les sommes versées ou retirées par les déposants : « Le 
bulletin qui constate le dépôt d'un livret, une demande en rembourse- 
tnent faite à la Caisse d'épargne, etc. n 

LOGOGRIPHE, S. m. Sorte d'énigme consistant en un mot dont les 
lettres, diversement combinées, forment d'autres mots qu'il faut éga- 
lement deviner. Les logogriphes ne valent pas la peine qu'on prend à 
les deviner. — On regrette que l'Académie, qui ^ donné des exemples 
<ie l'anagramme et de la charade, n'en ait pas donné pour le logogriphe. 
Voici un mot de six lettres qui nous semble mériter d'être cité, à 
cause du nombre étonnant de ceux qu'on peut en former. C'est orange, 
qui est tout à la fois le nom d'un fruit et celui d'une ville, et dont on 
peut faire : or (substantif et conjonction) , an, rang, ange, orage, 
orge, ogre, organe, onagre, nage, rage, gare, are, en, ne; Oran et 
^gen (noms de villes), Amo (rivière), Ango (célèbre armateur de 
Weppe), le navire Argo^ et les verbes nager, range, rongea, grena. 
-* A cette liste quelques personnes ajouteraient peut-être âge. Agé- 
i^or, âne, et les verbes régna, gêna, géra ; mais nous pensons que la 
substitution des lettres accentuées à d'autres qui ne le sont pas dans 
le mot qui sert de type ne saurait être permise ni pour les logogri- 
phes ni pour les anagrammes. Voy. Anagramme. 



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— 158 — 

LOI... Aimer ses père et mère, être reconnaissant envers ses bien- 
faiteurs, sont des lois de la nature, — On lit de même 

(à Majeur) Actuellement on est majev/r à vingt et tm ans; on ne pwrt 
toutefois contracter mariage , sans le consentement de ses 
père et mère, que lorsqu'on est majeur de vingt-cinq ans. 
(à Préalable) Une personne majeure ne peut pas se marier sans le con- 
sentement de SES père et mère, ou sans une sommation 
préalable. 
Si dans ces deux derniers exemples on avait cité textuellement le 
Code, nous comprendrions très-bien qu'il y eût ses père et w^re^ parce 
que le Code est un chef-d'œuvre de législation et non un modèle de 
pureté grammaticale ; mais comme ce sont des phrases de l'Académie 
elle-même, nous aurions dû y trouver son père et sa mère. L'expres- 
sion ses père et mère surprend encore plus dans le premier exemple, 
où aucun terme technique ne vient rappeler le Code. Voici, en re- 
vanche, des phrases telles qu'elles doivent être : 
(à Père) Il faut honorer son père et sa mère, 
( à Nourrir ) Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère 

dans le besoin, 
(à Violenter) Les pères et les mères ne doivent point violenter leurs enfants 

dans le choix d'un état, d'une profession. 
(à Sommation) Sommation respectueuse, Acte extrajudiciaire qu'un fils de 
vingt-cinq ans ou une fille majeure de vingt et un ans 
sont tenus de faire signifier à leur père et à leur mère 
ou à leurs aïeuls et aïeules... 
On voit que même dans cette dernière phrase, qui semble rappeler 
le Code, l'Académie a eu soin de mettre à leur père et à leur msre, 
et non à leurs père et mère, 

LONGITUDE, S. f. T. de Géogr. Distance en degrés d'un lieu quel- 
conque à un premier méridien... — Longitude est aussi un terme 
d'Astronomie, et se dit de la distance, en degrés *, qui existe entre un 
astre rapporté à l'écliptique, et le point équinoxial du printemps. 

Il nous semble que c'est ici surtout que l'Académie aurait dû parler 
du Bureau des Longitudes et nous indiquer le genre de ses travaux. 
Elle ne le dit pas à Bureau, et il est douteux que personne songe à 
consulter l'article Annuaire , où d'ailleurs la définition est un peu 
brève : « Sorte d'ouvrage que l'on publie chaque année, et qui contient... 
le résultat des observations astronomiques ou météorologiques, etc. » 
Elle aurait dû ajouter que le 'Bureau des Longitudes est un établis- 
sement créé en 1795, dont le siège est à l'Observatoire, et qui se 
compose d'astronomes, de géographes, de mathématiciens, de navi- 
gateurs, et d'artistes, c'est-à-dire de constructeurs d'instruments de 
précision; — qu'il est chargé de rédiger pour chaque année, et au 
moins deux ans à l'avance, la Connaissance des Temps, recueil qui 

1. Il aurait fallu ajouter « ou en heures » ; et même il aurait été bien de dire « la distance 
exprimée en degrés, minutes et secondes de la division sexagésimale du cercle, ou en heures, 
minutes et secondes de temps. » ' 



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— 169 — 

donne la position respective des astres et signale les principaux phé- 
nomènes astronomiques pour tous les jours de Tannée. — Le Bureau 
des Longitudes publie aussi un Annmire qui contient, outre quelques 
tables astronomiques, des tableaux des monnaies françaises et étran- 
gères, des tables de population et de mortalité ^ et d'autres docu- 
ments statistiques et scientifiques d'un usage journalier*. 

LONGTEMPS.. • il y a longtemps qu'il est revenu. — L'Académie a 
oublié de nous donner ici quelques exemples où longtemps soit suivi 
de la négation ; en voici deux , que nous trouvons ailleurs : 
(à HÉ) Hé, bonjour! il y a longtemps qu*on ne vous a vu, 
(à Nouvelle) Il y a longtemps que je is'at reçu de ses nouvelles. 

L.OOCH, S. m. Terme de Médecine emprunté de Tarabe. (On pro- 
nonce et quelques-uns écrivent Lok.) — Si Tétymologie arabe- laïka, 
lakttj lécher, donnée par Roquefort, est exacte, il serait convenable 
d'écrire simplement lokj comme l'Académie le faisait précédemment.. 

LOSANGE, s. f.— Les mathématiciens et les géomètres donnent à ce 
mot le genre masculin, et l'Académie en fait autant au mot Rhombe : 
a Le losange est un rhotnbe,.. » 

LUBRIFIER, V. a. T. didactique. Oindre, rendre glissant. La muco- 
sité des intestins sert à les lubrifier. — Sans doute l'étymologie 
lubricus et les analogues français lubrique, lubricité, réclament Vi à 
la seconde syllabe de ce verbe ; cependant quelques auteurs disent 
lubréfier, et cette variante se prête beaucoup mieux à la formation du 
substantif correspondant qu'ils lui donnent, mais qu'on ne trouve pas 
dans les dictionnaires, malgré son utilité incontestable. Ce substantif 
est lubré faction, qui est plus court et nous plaît mieux que lubrifica- 
tion^ dérivé nécessaire de lubrifier. — Peut-être nous demandera-t-on 
pourquoi Ton ne pourrait pas dire lubrifaction aussi bien que lubré- 
faction. Mous répondrons que c'est l'analogie qui veut que de lubrifier 
on fasse lubrification et de lubréfier lubré faction, de même que de 
pétrifier on fait pétrification et de putréfier putréfaction. Les 36 à UO 
verbes terminés par ifier font tous ification dans leur substantif; clar- 
rifierj falsifier, ossifier, etc., ont pour substantifs clarification, falsi- 
fication, ossification. Au contraire, liquéfier, madéfier, raréfier, etc., 
font liquéfaction, madéfaction, raréfaction. 

Si Ton dit raréfier au lieu de rarifier, tandis qu'on met un i à cla- 
rifier, falsifier, justifier, etc., c'est évidemment parce que l'analogie 
aurait exigé rarification, tandis que raréfaction a paru plus simple. 
Nous réclamons le même raisonnement, la même conséquence en 
faveur d^ lubréfier, qui aurait ainsi pour dérivé lubréfaction au lieu 
de lubrification. 

1. Lorsque Fr. Arago coopérait à la rédaction de V Annuaire, cet ouvrage contenait de plus 
des notices scientifiques qui parfois ont eu un très-grand développement et qui sont restées 
célèbres. 

(C'est à l'obligeance de M. J. A. Barrai, directeur de la publication des OEuvres complètes 
(1* Arago, que nous devons nos renseignements sur le liureœu des Longitudes. ) 



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— 160 — 

LCi, pronom de la troisième personne. — Ce pronom ne s'emploie- 
t-il qn'en parlant des personnes, comme le fait TAcadémie, et ne peut- 
on pas s'en servir pour les choses? Faut-il dire 

« Cette étoffe paraîtrait plus belle si on lui avait donné, ou si Ton y avait 
donné Tapprôt convenable. 
Cette phrase ne rend pas celle de Tauteur anglais; vous lui donnez, oa 
vous y donnez un sens forcé » ? 

Si lui est préférable à y^ il y a évidemment une lacune dans cet 
article ; et nous croyons qu'il faut employer luij car à Leur nous 
lisons : « 11 se dit quelquefois des animaux, des plantes, et même d^ 
choses inanimées. Ces chevaux sont rendus, faites-LEVR donner un peu 
de vin. Ces orangers vont périr, si on ne leur donne de Veau, Ces murs 
de terrasse sont mal faits, on ne leur a pas donné assez de talus. » 

— Au mot Attacher, l'Académie dit également : « Attacher un sens, 
une signification à un mot, à un terme, LUI (et non Y) donner un cer- 
tain sens , une certaine signification , l'entendre d'une certaine ma- 
nière. » Voy. l'article Y. 

LUIRE. Je luis, tu luis, il luit; notes luisons, etc. Je luisais. Je luirai. 
Je luirais. Que je luise. Luisant. Lm*. — L'Académie, et à son exemple 
d'autres dictionnaires, ne donnent point de passé défini à ce verbe, 
conséquemment point d'imparfait du subjonctif. Ne peut-on pas dire : 
« Ce jour-là, le soleil ne luisit pas un seul instant. Il faudrait que le 
soleil luisit pour favoriser nos expériences du microscope solaire » f 
. LUTHÉRANISME. — On se demande pourquoi le dérivé de luthérien 
n'est pas formé régulièrement comme ceux de, chrétien, arien, soci- 
nien, etc, qui font christianisme, arianisme, socinianisme. Il faudrait 
dire luthérianisme, et, à la lettre P, supprimer preshytéranisme, que 
l'Académie donne pour synonyme de presbytérianisme, La terminai- 
son anisme serait réservée pour les dérivés des mots en ain, tels que 
puritanisme, républicanisme, ultramontanisme, etc, dont les radicaux 
sont puritain, républicain, ultramontain. 

M 

MACHIAVÉLIQUE. MACHIAVÉLISME. MACHIAVÉLISTE. — Nombre 

de personnes prononcent kia la seconde syllabe de Machiavel et des 
trois mots ci-dessus ; mais il paraît que l'Académie veut qu'on en fran- 
cise la prononciation, puisqu'elle ne dit rien de contraire. 
mafflÉ, Ée, adj. Qui a de grosses joues... On dit aussi Mafflu^ ue. 

— Dans les Fables de La Fontaine publiées par Walckenaèr, Aimé 
Martin et Nodier, nous trouvons maflu écrit avec une seule f: 

La voilà (la belette), pour conclusion, 
Grasse, maflue et rebondie. (III, 17.) 

Roquefort fait dériver ces adjectifs de mufle, qui ne prend qu'une f. 



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— 161 — 

MAGNANERIE OU AiAGNANiERE , S. f. Bâtiment destiné à l'éducation 
des vers à soie, magnanier, s. m. Celui qui élève en grand des vers 
à soie. — On est surpris de ne pas trouver ces mots dans le Diction- 
naire de l'Académie, car l'éducation des vers à soie en France re- 
monte à plus de deux siècles. 

magnat. — Faut-il prononcer ma-gnat, et mouiller gn comme dans 
magnanime ? Cela paraît évident, puisque l'Académie ne dit pas que 
le g soit dur ; mais nous croyons que c'est contraire à l'usage le plus 
général. — Pour les mots ag^iatj cognât et leurs dérivés elle dit de 
prononcer le g dur. 

MAIGRIR. — Nous ferons sur ce verbe la même observation que sur 
grandir, c'est qu'on lui fait généralement signifier Donner une "appa- 
rence de maigreur : Sa barbe longue le maigrit. L'Académie ne donne 
pas cette acception. Elle n'emploie pas non plus amaigrir (actif) 
dans ce sens, mais elle lui donne (comme neutre, en supprimant le 
pronom personnel ) la même signification qu'à maigrir : « Devenir 
maigre. Il amaigrit tous les jours. Les bœufs amaigrissaient dans 
ces pâturages, au lieu d'engraisser, » Nous croyons que dans ce sens 
7naigrir est beaucoup plus usité. 

MAIN... A pleines mains. Abondamment, libéralement. Prendre, 
donner, répandre de l'argent à pleines mains. — Il aurait fallu ren- 
voyer à l'article Plein, où Ton voit que dans cette acception on peut 
écrire indifféremment à pleines mainS ou à pleine main; et de plus, 
que la locution à pleine main s'emploie en parlant des étoffes et du 
cheval : Étoffe à pleine main, étoffe fort épaisse, moelleuse et bien 
fournie. Ce cheval a.,, une bouche à pleine main, il a la bouche bonne. 

MAIN-D'ŒUVRE, S. f. Façon, travail de l'ouvrier. — Ce substantif 
embarrasse souvent. On se demande d'abord s'il peut s'employer au 
pluriel, puisque l'Académie n'en donne pas d'exemples à ce nombre, 
et ensuite comment on doit l'écrire. Nous pensons qu'on peut très- 
bien l'employer au pluriel, et dire par exemple : La fabrication de 
l'acier comporte différentes mains-d'œuvre; quant à l'orthographe, 
elle doit être au pluriel comme pour chef-d'œuvre (chefs-d'œuvre). 

MAIRIE. •• Mairie du palais. Dignité de maire du palais. Pépin avait 
été élevé à la mairie du palais. — Nous croyons qu'il faut écrire 
Pépin, nom propre, sans accent comme on le fait dans ces phrases, 
pépin de poire, de pomme, de citron, d'orange, etc. C'est probable- 
ment ici une faute typographique, puisque nous trouvons ce nom 
écrit avec un e muet dans les exemples suivants : 

(à Bref) Dans Pépin le Bref, il signifie De petite taille, 
(à Exarchat) Pépin conquit V exarchat de Ravenne, et le donna au saint- 
siège, 

MAIS... sert à marquer Opposition, exception, différence. Il est 
fort honnête hoinme, mais il est un peu brutal. Elle n'est pas aussi 
jolie que sa sœur, mais elle est plus spiritu£lle. Cette femme est bien 

21 



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— 162 — 

faite, mais elle n*est pas grande ^ — La grammaire veut qu'après la 
conjonction mais on répète le sujet de la phrase, et Ton doit savoir 
gré à l'Académie d'en avoir donné ici plusieurs exemples; seulement 
on regrette qu'elle n'ait pas toujours observé cette règle. On trouve 
ailleurs : 

(à Comédien) Cet acteur excelle dans le comique, mais (il) joue mal dans 

le sérieux, dans le tragique. 
(à Multitude) Son système éblouit la multitude, mais (il) révolte les 
esprits sages* 
et en revanche 

(à Agrément) Cette femme n'est pas belle, mais elle a beaucoup d'agré- 
ment. 
( à Composer ) La feuille est composée, mais elle n'est pas tirée. 
(à Proportionner) Ce cheval est petit, mais il est bien proportionné, 

MAIS... est quelquefois adverbe, dans le langage familier; et alors 
il se joint toujours au verbe pouvoir par une négation * ou par une 
interrogation. Je n'en puis ?nais. Ce n'est pas ma faute, je n'en suis 
pas la cause. Si le fils a fait une faute, le père n'en peut mais. En 
puis-je mais de vos sottises? Si cela est arrivé, enpuis-je mais? ■— Il 
nous semble que ce mais, qui doit venir de magis et en être l'accep- 
tion la plus immédiate, aurait dû figurer en tête de l'article au lieu 
d'être placé vers la fin. Peut-être même serait-il convenable d'en 
faire un article séparé. 

MAJUSCULE. — Afin de ne pas trop multiplier les articles au sujet 
des majuscules, nous présenterons ici divers exemples où l'Académie 
n'a pas suivi de principe fixe. On nous permettra sans doute de ne 
pas citer tous les endroits où nous les avons puisés ; cela nous mène- 
rait trop loin. 
1° Épithètes : 

Charles le Bel. Louis le Gros. Saint Jean FÉvangéliste. 

Philippe le Bel. Henri l'Oiseleur. Léon le Philosophe. 

Philippe le Bon. Tarquin le Superbe. 

Pépin le Bref. Denys le Tyran. Caton le censeur. 

Charles le Chauve. - Léon Tlsaurien. Pline Tancien. 

Clodion le Chevelu. Saint Siméon Stylite. Pline le naturaliste. 

Louis le Débonnaire. Julien l'Apostat. Pline le jeune. 

Robert le Fort. Saint Jean rAumônier. Denys le jeune. 

1. L'analogie de cette dernière phrase avec les deux précédentes prouve évidemment 
qu'elle devrait les suivre immédiatement, tandis qu'elle se trouve dans un autre paragraphe 
où niais sert o à marquer l'augmentation ou la diminution » et dont les exemples n'eut aucun 
rapport avec ceux que nous avons cités, comme on le verra par les deux suivants ; * l\on- 
seulemenl il est bon, mais encore il est généreux. Non-seulement il est pauvre, mais il est criblé 
de dettes, mais de plus il est aiblé de dettes ». C'est là une de ces malheureuses transposi- 
tions qui sont le résultat des nombreuses corrections ou modifications ( en termes typogra- 
phiques, remaniements) faites après la composition, et dont nous avons signalé quelques 
exemples. ( Voy. Commencbr, Gouverner, etc.) Cependant cette transposition existait dej.i 
dans la quatrième édition , et il semble qu'elle aurait dû être rectifiée dans la dernière. 

2. 11 aurait été plus exact de dire par la nc/jation ne, eau: pas serait de trop ; il est remplacé 
par mais. 



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^ 163 -- 



Abraham est gpp^é 1$ PàRi 4$s croyants. 

Çybèle est ç^ppelée la M^RC des dieiM)^ 
François /*' a été nommé le Pèkb des 

lettres *. 
Louis Xir fut sUmommé le Père du 

peuple. 

2^ Édifices, institutions, etc. : 
La Bourse de Paris est un beau monu- 
ment. 
Hôtel des Monnaies, (à Hôtel.) 
Un élèw du Conservatoire. 



Jésus 'Christ est appelé le rbparateor 

du genre humai», 
La Vierge est appelée la mèr^ de Die^,. 
Hérodote qu*on appelle le père de Vhis- 

toire. 
Hercule est appelé le dompteur des 

monstres. 

La BOURSE de Paris est un périptère. 



Hôtel des monnaies, (à Monnaie.) 
Le conservatoire est une pépinière de 
comédiens et d» musiciens, 
3^ Titres d'ouvrages, légendes de tableaux 5 



Le picTioNNAïRB de VAcaiiémie' 

(à Dictionnaire,) 
Les QUATRAINS de Pibraà, 
Les HÉROÎDES d'Ovide, 
Les CANTATES de J, B. Rousseau, 
La BACCHANALE du Poussin, 
La CÈNE de Paul Véronèse, 

Les PLATONICIENS et les aristotéuciens. 

( à Platonicien. ) 
Les pharisiens affectaient de se distin^ 

guer,,, (à Pharisien.) 
Les scribes et les pharisiens, (à Scribe.) 



Le Dictionnaire de l'Académie, 

(à Académie.) 
Les Distiques de Çaton^ 
Us DiALOQUEs de Platon. 
Les Confessions de J. J. Rousseau *. 
Le Crucifiement de le Brun. 
La Descente de croix de Rubens, 

U"" Sectes : 
Les Platoniciens croyaient. t. 

(à Réminiscence.) 
Les Pharisiens portaient des fronteaux, 

(à Frontbao.) 
Les Pharisiens demandaient à Jésusi- 
Christ... (^ SiçNE.) 

Nous bornons là nos citations; mais avant de quitter cet article 
nous croyons devoir faire une observation au sujet des épithètes qui 
suivent les verbes appeler, nommer, surnommer, La majuscule qu'on 
y a mise nous paraît n'avoir point pour but de les décorer, pour ainsi 
dire, mais bien de les mieux signaler, car cette majuscule com^ 
mence non-seulement des épithètes ajoutées à des noms d'hommes , 
comme dans ces phrases « Un des dites de Guise fui surnommé le 
Balafré ; le dictateur Fabius a été surnommé le Temporisedr», mais 
encore des noms communs comme dans celles-ci « la véronique mâle, 
appelée aussi Thé d'Europe...; les arcs-doubleaux des voûtes gothiques 
se nomment Nervures ». D'ailleurs, lorsque l'épithète est simplement 
énoncée, sans être précédée des verbes appeler, nommer, etc., elle 

1. Il parait que dans certains cas on peut employai* indifféremment appelé, nommé et sur^ 
nommé; nous lisons : • 

( à Lbttrb) Le roi François /« a été appbl* le Père'des lettret. 

[k Noj^mbr) François /«^ a été aroiiMi le P^q de$ lettres. 

( à PèRB ) François l^f a été suRNOjusié le Père des lettrç$, 

(à Nommer) Louis XII a été nommé le Père du peuple. 

(à PàBB ) Louis XII fut surnommé le Père du peuple. 
«. L'Académie supprima le tint antre les psénomi abrégés /. B., J. J., êto. V07. Ohbist. 



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— 164 — 

est toujours écrite avec une minuscule : Hérodote est le père de 
V histoire ; Corneille est le père de notre théâtre; et au verbe Appeler 
on ne voit la majuscule, à l'exception des noms propres, que dans 
cette seule phrase « Cette fleur s'appelle Anémone ». Nous pensons 
donc que dans les exemples où il est parlé d'Abraham, de Cybèle, de 
François 1*', de Louis XII , on pourrait aussi bien écrire les épithètes 
père, mère, avec une minuscule, que réparateur, père, mère, domp- 
teur, dans ceux qui concernent Jésus-Christ, la Vierge, etc. ; mais, 
nous le répétons, on ne peut s'empêcher de regretter ces disparates. 

MALACHITE, S. f. (On prononce malakite.).., La malachite est un 
minerai de cuivre.— Pourquoi cette exception en faveur de malakite, 
alors qu'on doit prononcer comme dans chien le ch de machiavélisme, 
de manichéen et même de tachygraphe, etc., mots où tous les hommes 
lettrés prononcent ch comme un A: ? 

MAL-APPRis, adj. et s. m. Voyez le participe d' Apprendre. — Au 
participe d'AppRENORE on trouve : « Fam., C'est un homme mal appris, 
C^est un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation. On dit de 
même substantivement. C'est un mal appris. » 

Nous plaçons notre remarque ici plutôt qu'au verbe Apprendre , 
afin de rapprocher cette orthographe de mal appris employé comme 
substantif {c'est un mal appris) de celle de malavisé, malinten- 
tionné, et surtout de celle de malbâli et malfamé, qui sont écrits en 
un seul mot lors même qu'ils sont employés adjectivement. Sans 
doute dans la première phrase C'est un homme mal appris, il est bien 
de détacher l'adverbe du participe ; nous pensons même que ce serait 
une faute de réunir les deux mots ; mais en revanche il nous semble 
bien préférable de les réunir lorsqu'ils sont employés substantive- 
ment : un malappris, 

MALAVISÉ, ÉE, adj. Imprudent, indiscret... C'est un homme mal- 
avisé. Il a été assez malavisé pour tomber dans le piège qu'on lui 
tendait, — Il est aussi substantif. C'est un malavisé, une malavisée, 
— • Et à l'article Avisé : « Substantivement, C'est un mal avisé, c'est un 
homme qui manque de circonspection... On écrit plus ordinairement 
Malavisé, en un seul mot. » 

Nous pensons qu'il faut écrire en deux mots cette locution employée 
adjectivement : Cest un homme mal avisé ; et en un seul lorsqu'elle 
devient substantif : C'est un malavisé. 

MALBÂTI, lE, adj. Mal fait, mal tourné. C'est un homme malbâti. 
On le dit aussi substantivement. Utt grand malbâti. — Voy. Bâtir. 
. malcontÈnt, ente, adj. Qui n'est pas aussi satisfait qu'il espérait 
ou qu'il avait droit de l'être. Il est malcontent de ses voisins. Vous ne 
serez pas malcontent de moi. Il est vieux. — Si c'est mécontent qu'on 
doit substituer à malcontent, l'Académie aurait bien fait de nous le 
dire. 

BIALEBÊTE. MALEFAIM. MALEMORT. MALEPESTE. MALFAÇON. — 



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— 165 — 

Ce dernier mot devrait prendre un e comme les autres {malefaçon); 
mais l'usage a autorisé cette suppression depuis 170 ans. 

WAL-EN-POINT, adv. En mauvais état de santé, de fortune... Ce< 
homme a un procès fâcheux^ il est bien mal-erv-poinL — A l'article 
Point nous trouvons « Mal en point. En mauvais état. Il est mal en 
POINT. Ses affaires sont mal en point » sans tirets. Il est vrai que 
l'Académie ajoute, ù tort suivant nous : « On écrit aussi Mal-en-point, » 

MALFAMÉ, ÉE, adj. Qui a une mauvaise réputation. C* est un homms 
bien malfamé. On écrit aussi mal famé en deux mots. Voyez Famé. — 
Nous pensons que cette dernière variante est de beaucoup préférable ; 
mal n'a point ici le sens de non, comme dans malaisé, maladroit, 
malheuretùx, etc., et ne doit pas se joindre à l'adjectif. A l'article 
Famé, l'Académie écrit Cet homme est mal famé , Elle est bien famée, 
en deux mots , sans variantes. 

MALINTENTIONNÉ, ée... Ces personnes étaient très-malintention-- 
nées. Il est malintentionné pour vous, malintentionné à votre égard,— 
Il se prend aussi substantivement. Des malintentionnés ont répandu 
cette nouvelle. Ce discours est d'un malintentionné. 

Comme pour mal appris, etc., nous pensons qu'il est convenable 
d'écrire en un seul mot un malintentionné, mais que ces mots pris 
adjectivement doivent rester séparés. A l'article Intentionné, nous 
trouvons mal intentionné (en deux mots), et l'Académie aurait dû y 
renvoyer, comme elle l'a fait pour Malfamé. 

MAL-JUGÉ, s. m... Il faut prouver le mal-jugé, quand on appelle 
d'une sentence, d'un premier jugement. Le mal-jugé n'est pas un 
moyen de cassation. — Au verbe Juger on trouve Bien jugé, sans 
tiret : « Bien jugé, mal appelé; mal jugé, bien appelé... On dit sub- 
stantivement dans le même sens, Le bien jugé. Maintenir le bien 
jugé. » Ne serait-il pas convenable de suivre la même orthographe 
pour ces deux expressions employées substantivement, le bien jugé, 
le mal jugé; de mettre ou de supprimer le tiret dans toutes deux? 

MALPEIGNÉ, S. m. Homme malpropre et mal vêtu. C'est un malpei- 
gné. — Au verbe Peigner on lit : « Un 7nal peigné (en deux mots), 
Un homme malpropre et mal vêtu. Dans cette phrase. Peigné est em- 
ployé substantivement». Pour cette locution comme pour malappris, 
malbâti, malintentionné, etc., employés substantivement, il vaut 
mieux réunir les deux mots : Un malpeigné ^. 

MAMELUK, s. m. (Pronoucez J/aw-/ow/r.) — Si, comme le disent les 
dictionnaires, ce mot s'écrit ou tout au moins se prononce en arabe 
mamlouk, il nous semble qu'il aurait été mieux de l'écrire en français 

1. Résumons brièvement ce qui concerne les locutions adjectives ci-dessus. Malcontent et mal 
famé ne s'emploient qu'adjectivement ; le premier doit s'écrire en un seul mot , comme mai- 
aisé, maladroit f etc., et le second en deux mots. — .Va/ appris, mal avisé, mal bâti, mal inten- 
tionné, mal peigné, s'écriront en deux mots s'ils sont employés comme adjectifs; en un seul, 
s'ils deviennent substantifs.— Quant à bien jugé, mal jugé, pris substantivement, on pourrait se 
borner à joindre les deux mots par un tiret ( le bienrjvgé, le mal-jugé ), comme le bien^aimé, etc. 



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— 166 — 

mamelouk que mameluk; autrement c'est créer une difficulté de pro- 
nonciation dans la troisième syllabe en échange de celle qu'on a voulu 
supprimer dans la seconde. On écrit en français Edimbourg, Hem- 
bourg, Liùxembourg, etc., bien que les Anglais et les Allemands ne 
mettent pas Va : Edinlmrgh, Hamburg, Luxenburg, eic, 

MANICHÉEN. MANiCHEisiHË. — 11 paraît qu'on doit franciser la pro- 
nonciation de ces mots comme celle de Machiavel et de ses dérivés, 
puisque l'Académie n'en parle pas et qu'à l'article suivant, ManiOhor- 
DiON, elle dit de prononcer manicordion, 

MARBRE, s. m. Cela est dur, froid comme un marbre, comme marbre, 
— Bien que La Fontaine ait dit (liv. V, fab. 20) : 

L'un des deux compagnons grimpe au faite d*un arbre; 

L'autre, plus froid que n*est un marbre, 
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent... 

nous pensons qu'il faut mettre froid comme le marbre, comme po 
marbre, et nous verrons tout à l'heure que l'Académie elle-même dit 
ailleurs du marbre. Les personnes illettrées emploient mal à propos 
l'article un dans plusieurs comparaisons telles que Dur comme on 
marbre, lourd comme un plomb, doua: comme, un miel, doux comme 
UN satin, blanc comme un lait, noir comme un jais, etc., et cette der- 
nière locution surtout montre l'absurdité de cet article un; ceux 
mêmes qui disent noir comme un jais s'étonnent de cette comparaison, 
parce qu'ils croient qu'il s'agit de l'oiseau appelé geai, qui n'est pas 
noir, tandis qu'elle fait allusion au jais oxxjaiet.^On voit par là com- 
bien il serait utile que dans ce genre de phrases l'Académie fît autant 
que possible précéder le substantif de l'article qui doit l'accompagner. 
Voici quelques-unes de ces comparaisons, telles qu'on les trouve dans 
le Dictionnaire : 

(à Blanc) Blanc comme neiob. Blanc comme cygne. Blanc comme ivoms. 

Blanc comme lait. 
(à Neige) Blanc comme neige. Plus blanc que neige , que la neige. 
(à Cygne) Être blanche comme un cygne, être blanc comme cygne. 
(à Ivoire) Cela est blanc comme de l'ivoire. 
(à Laft) Blanc comme laft, comme du lait. 
(à Noir) Noir comme jais. Noir comme de l*encre. Noir comme dd 

charbon, comme la CHEiiiNéE. Noir comme un corbeau. 
(à Jais) Cela est noir comme jais, comme du jais. 
(à Suie) Noir comme suie, comme de la suie. 
(à Doux) Doux comme du satin. 

(à Satin) Avoir la peau douce comme UN satin, comme pu satoi, 
(à Miel) Être doux comme miel. 

(à Amer) Amer commue suie, comme de la suie, comme chicotin. 
(à Coloquinte) Amer commue coloquinte. 
(à Braise) Chaud comme braise. 
(à Froid, à Gomme, ^ Glace) Froid comme glace. 
(à Froid) Froid comme du marbre. 



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— 167 — 

(à II&bbrb) Cela tst dur, (Mi comme Of marbbe, comme jiaibbk. 

(à Dur) Dur comme marbbb. Dur comme fer. 

(à BoséE) Cette viande , cette salade est tendre comme la roséb, comme 

ROSÉE. 

(à Verre) Cela se casse comme UN verre. 
(à Fragile) Fragile comme UN verre. 
Les verres à boire sont généralement plus épais et en conséquence 
moins fragiles que le verre des vitres, etc. ; ainsi il fallait dire, Cela 
se casse comme DU verre, fragile comme LE verre, — A l'article Satin 
on a eu tort de mettre comme UN satin, et plus encore de placer cette 
variante avant l'expression correcte comme DU satin. Si quelqu'un 
disait noir comme UNE suie, ce ne serait pas une raison pour em- 
ployer cette locution au lieu de noir comme LA suie, comme DE LA 
suie. Il est donc important de rectifier les négligences qui se sont 
glissées dans quatre des exemples ci-dessus, et de mettre 

(à Satin) Avoir la peau douce comme DU satin (en supprimant comme 

UN satin). 
( à Marbre) Cela est dur, froid comme DU marbre, comme LE marbre, 

comme marbre. 
(à Verre) Cela se casse comme DU verre, comme LE verre. 
(à Fra«lc) Fragile comme LE verre, comme DU verre. 
MAIMSUEKITE... Reine MARGUERITE, Plante du genre des Asters. On 
ctUtiee la reine marguerite dans les jardins, — On demandera sans 
doute pourquoi le nom de cette plante ne prend ni tiret ni majuscule, 
taadis qu'on met l'un et l'autre à reine-Claude, nom d'une prune ; et 
Ton sera d'autant plus fondé à faire cette question qu'à la lettre R 
l'Académie met le tiret « Reine-margderite , Voyez Marguerite ». 
Nous présumons que reine -Claude prend la majuscule parce que 
Claude est le nom d'une reine qui aimait beaucoup oe fruit, tandis 
<iue le reine marguerite serait simplement la reine ou la plus belle 
des fleurs appelées marguerites ; cependant il nous semble que l'ana- 
logie avec reine 'Claude (que nous voudrions écrire reine-daude, des 
reines-claudes, Voy. ce mot) «et avec reine-des-prés devrait faire 
écrire reine-marguerite avec un trait d'union. 

MJHtiE^ALOPE. MARTIK-SEC— Qui s'avisera de chercher à Salope 
et à Sec ces deux mots qui manquent à la lettre M? Nous aimerions 
mieux qu'ils fussent définis deux fois, comme bon-chrétien, cogne-fétu, 
juge-commissaire, etc., que de les voir à une place pour ainsi dire 
perdue. Il est encore d'autres mots qui ne se trouvent qu'à leur der- 
nier composant, Hé-mouture, chêne-pommier, clématite-viorne, vais- 
seau-hôpital, etc., et qu'il serait utile de mettre aussi au premier 
composant, en renvoyant à celui où ils sont définis. 

lilAlUTAJL£ii£9îT.«. Hs ont ddné, ils ont été se promener maritale- 
ment, en tête à tête. Pour ces mots, ils ont été se promener, Voy. Gon- 
dolé ange;, quant à l'orthographe de la locution en tête à tête, y oy. 
Tête. 



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— 168 — 

MABEON^ ONNE, adj... Néçresse marronne. --Kn mot Négresse, on 
lit : Une négresse maronne ^ avec une seule r. 

MARSOUIN, s. m. Gétacé du genre des Dauphins, mais à museau 
obtus. — Il aurait été bon d'ajouter ici le nom vulgaire Pourceau d^ 
mer, qu'on trouve à l'article Pourceau. 

MARTRE, s. f... On dit aussi marte. ^ Dans les premières éditions, 
l'Académie écrivait marte, conformément à l'étymologie, et l'on ne 
comprend pas quel motif a pu la déterminer plus tard à préférer la 
variante martre, qui assurément n'est pas plus agréable à l'oreille. 
— Buffon a toujours écrit marte, 

MASSE, s. f. Ce qu'on met au jeu, etc. masser, v. a. Faire une masse. 
^ Masse, masser, châsse et ses dérivés ou ses composés, sont les seuls 
mots où une voyelle prenne un accent devant une consonne redou- 
blée. Voy. Affre. 

MA1TDIRE, V. a. (Je maudis, tu maudis, il maudit; nous maudissons, 
voMS maudissez, ils maudissent. Je maudissais. Qu'il maudisse. Dans 
tout le reste du verbe, il.se conjugue comme Dire,) — On a oublié de 
mentionner les deux personnes plurielles de l'impératif, qui font maw- 
dissons, maudissez, et non maudisons, maudites. De tois les compo- 
sés de Dire, médire est le seul où l'on ait songé à parler de l'impératif. 

ME, pronom personnel.... La particule y, unie au pronom Me, ne se 
met jamais après le verbe. Vous m'y attendrez, je vous prie de m*y 
mener. On ne dit pas, Attendez^m'yy menez-m'y. Grammaticalement, 
il ne serait pas incorrect de dire, Attendez-y-moi, inenez-y-moi: 
mais on évite ces façons de parler bizarres. 

A l'article Moi on lit : « Dans le même cas (à l'impératif), le pro- 
nom Moi se met après l'adverbe de lieu y, soit comme régime direct, 
soit comme régime indirect. Vou>s allez à VOpéra, menez-y-moi. Vous 
allez dans votre voiture, donnez-y-moi une place, (Voy. Me.) Au con- 
traire, l'adverbe y, dans le même sens, se met après le pronom Nous^. 
Menez-nous-y. Donnez -nous-y une place. » 

A l'article Tu on lit encore : « Lorsqu'il (le pronom toi) se trouve 
ainsi après la seconde personne de l'impératif, et qu'il est suivi de 
l'une des particules en ou y, on élide toujours la diphthongue ot. 
Va-t'en. Garde-t'en bien. Fais-t'en donner la moitié. Mets-t'y, Jette-t'y. 
Il ne serait pas incorrect de dire, Mets-y-toi, jettes-y-toi ; mais on 
évite ordinairement ces façons de parler bizarres. La première con- 
struction n'est elle-même usitée qu'avec un très-petit nombre de 
verbes : on ne dirait pas, Accroche-t'y; réfugie-t'y, etc. Il faut pren- 
dre un autre tour. » 

Nous .avons cru devoir réunir ces trois articles,, qui semblent se 
compléter les uns les autres, pour essayer d'en tirer une conclusion. 

I. Il en est de même pour le pronom vous, qu'il ne fallait pas oublier, car on lit à l'articl« 
Attendre (s'), Attendez-vmiS'y ; à Fibr, v. a., Fiez-vous-y; à Tenir. Tenez-vous-y: A l'ar- 
ticle Y : Rendez-vo\M-y, Fiez-wms-y, etc. 



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_ 16^ -. 

A Tarticle Me, TÂcadémie condamne les expressions attendez-my, 
menez-m'y; à la rigueur elle accepterait attendez-y-moi ^ menez-y- 
moi; cependant elle dit qu'on doit éviter ces façons de parler bizarres. 
— A Tu, au contraire, elle préfère mets-t'y, jette-t'y, à mets-y-toij 
jettes-y-toij qu'elle regarde également comme bizarres; mais en même 
temps elle fait observer qu'il y a des verbes qui n'admettraient pas 
cette construction , et que par exemple on ne dirait pas accroche-t'y, 
réfugie-t'y. Il faut, dit-elle, prendre un autre tour. Mais dire a il faut 
prendre un autre tour » ce n'est pas résoudre la difficulté; et si 
l'Académie ne l'a pas fait, qui pourra le faire? Bon nombre de ceux 
qui la consultent n'ont que des notions très-superficielles de la 
grammaire, et ils seront fort embarrassés pour dire autrement que 
accroche-t'y ou accroches-y-toi ; réfugie-t'y ou réfugies-y-toi; pour 
nous, nous proposerons à tout hasard : Tâche, essaye de t'y réfugier, 
de t'y^ accrocher; il faut t'y accrocher, t'y réfugier, etc. 

Quant à l'article Moi, on a pu remarquer de même qu'elle y donne 
comme bonnes les formes Menez-y-moi, donnez-y-moi une place, 
qu'à l'article Me elle disait d'éviter comme étant bizarres. A la vérité 
elle renvoie à cet article Me , mais sans qu'on puisse découvrir au 
juste son intention, puisqu'elle y tient un langage opposé ; d'ailleurs 
bien peu de lecteurs prendront la peine de tourner les feuillets. Là 
cependant ils trouveraient les formules « Vous m'y attendrez, je vous 
prie de m'y mener » ; c'est-à-dire, sans doute, que si l'on parle à un 
inférieur, au lieu de attendez-m'y ou attetidez-y-moi , on lui dirar 
Vous m'y attendrez ; si c'est à un égal ou à un supérieur, on emploiera 
les formules « Je vous prie de m'y attendre; ayez l'obligeance, la 
bonté de m'y attendre ». Au lieu de Vous allez à l'Opéra, menez-y- 
moi, on dira : Vous allez à l'Opéra, « veuillez m'y mener, m'y con- 
duire, etc. » 

MÉDIAL, Ai^, adj. — On est surpris que l'Académie ne mentionne 
pas un terme de grammaire aussi nécessaire que celui-là, bien plus 
nécessaire que toutes les figures de la rhétorique. Elle nous parle des 
lettres initiales et des finales des mots, mais elle ne donne pas le nom 
par lequel il faut désigner celles qui se trouvent dans le milieu de ces 
mots, des lettres médules. 

MÉDUSE. — Le nom de cette Gorgone devrait se trouver ici, à cause 
des phrases proverbiales auxquelles il donne lieu, et entre autres 
celle-ci : Ce fut pour mai la tête de Méduse, c'est-à-dire Je fus frappé 
de stupeur^. 

MÉFIER (SE), DÉFIER (SE). — En lisant les articles Méfiance, 
Méfiant, se Méfier, et surtout ces phrases « Méfiance est mère de 
sûreté; On se méfie des autres, on se défie de soi » , on est persuadé 

1. A l'article Pétrifier on lit, il est vrai : « Suivant la Fable, la tête de la Méduse avait la 
vertu de pétrifier ceux qui la regardaient » ; mais cela même ne nous apprend rien pour 
l'expression figurée. 



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— f 70 — 

qifte la déôwce est \» résxtltat d'un fonds de mod«stfe, et la m^aace 
celui d'ua caractère soupçonneux. Mais en lisant les articles Défi ahge, 
DÉFUNT» SB DÉFIER, on revient de s©n erreur et l'on TOit^ue défiance, 
sa défier se disent également des autres et de soi-même : m Ut défi auge 
e$t mère de sûreté; Avoir tme juste DÉPiArrar de ses propres forces; 
C'est un hamme dont il faut se nériRR ; sb défiea de sei-même, de s€$ 
forées; &s défieb de son esprit, » -* Il paraît doaic qu'on peut dire itt- 
diférenuneELt sb défier et se siéfibr des autres; msà» qu'en psbrUst 
de soi-même il faut employer le verbe, se béfirr. 

MÊLER, V. a... I^IÊLÉ, EÉ, participe. Vins mêlés. ChcDettx métis. 
Œuvres méèées. Lettres mêlées^ de vers et de prose. — Nous ne parlerons 
pas de la faute typographique mêlé, eé; chacun verra facilement 
qu'il faut, au féminin, ée; mais nous voulons signaler la différence de 
sens que présentent les phrases Vins mêlés, œuvres mêlées, et cheveux 
mêlés. Les deux premières signifient qu'il y a un mélange de vins, 
d^ceuvres de différentes qualités ou de différentes natures; il n'en^st 
pas de même pour cheveux mêlés, car on veut dire que les chereuî 
sont brouillés, enchevêtrés ies uns dans les autres. Dans plusieurs 
localités on dit Des cheveux emmêlés , un écheveau emmêlé ; X)n a 
EMMÊLÉ cet éckeveau en le décidant. Depuis longtemps mes douleurs 
de tête m'ont empêchée de me peigner; mes cheveux sont tout emmêtlés; 
et cette locution nous paraît préfHérable, en ce qu'ielTe exprime très- 
bien ridée d'enchevêtrement. On devrait donc.réserver cheveux métes 
pour exprimer que des cheveux blonds, roux, châtains, noirs, etc., 
ont été réunis et mêlés, ou qu'une personne a sur la tête des chereux 
encore noirs, châtains, etc., tandis que d'autres sont devenus blancs. 

MÉMOIRE... Poétiq., Les Filles de Mémoire , les Muses. — Le Temple 
de Mémoire, le temple où , suivant les poètes , les noms des grands, 
hommes sont conservés. 

A Farticle Fille, on trouve, Les filles de Mémoire,, les filles d* enfer „ 
avec une petite f; et à Temple, à Victoire, le temple de la Gloire,. l£ 
temple de Mémoire, le temple de la Victoire, avec un petit t à temple. 
Nous devons donc croire que dans les exemples ci-dessus il faut écrire 
de même, avec une minuscule à fille et à temple, les filles de Mémoire, 
le temple de Mémoire, 

MENTOR, s. m. (On prononce i1/e«(ûr^) Nom propre du gauveffne«r 
deTélémaque; ce nom est devenu appellatif , et se dit du gouverneur, 
du guide, du conseil ^ de quelqu'un. Il aurait besoin d'un menéor.VQUi 

1. Nous pensons que ceux qui prononcent la première syllabe de ce nom comme dans 
menton prononcent mal ; mais nous croyons aussi que la prononciation mèn est exagérée dans 
le sens opposé ; tous les dictionnaires* disent mm ou main, ca ^tù' revient au mâme, et celé 
prononciation nous paraît la plus conforme à celle qui est généralement usitée. Voy. l'art In. 

2. ConseilUr serait peut-être plus convenable ici, ear l' Académie* nous dit <|ite* • dana ce 
sens conseil est principalement d'usage au Palai». CeU avocat est le oonseil d^un tel\ Le oomeil 
soussigné est d*avis.„ Tout accmé a le droit de se choisir un conseil. » 



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— 171 — 

éé$s èiem j$%me pmar faire le mentor, H est Uur mentor. H leur sert de 
mentor^. 

Nous aTons difléré jusqu'Ici de faire une rematxiue «ur les noflis 
propres devenus appelbttifs ou noms communs, ou bien employés 
figurément, familièrement, métaphoriquement, par antonomase, par 
allusion, etc., car l'Académie emploie ces diverses expressions; nous 
avons, disons-nous, différé notre remarque sur les noms propres afin 
de pouYOîr opposer l'un à l'autre deux noms où les termes de la défi- 
nition fussent absolument les mêmes. — Mécène^ Narcisse, Tabarin, 
sont des noms derenus appellatife comme Mentor et Stentor, et ce- 
pendant les trois premiers sont écrits avec une majuscule (le Mécène, 
un Narcisse^ un Tabarin)^ et les deux derniers avec une minuscule 
{un mentor, une voix de etenlor * ) ; Œdipe est devenu un nom commun 
c^nme Nicodéme, et pourtant l'Académie écrit un Œdipe et un 
nicodème. 

D'un autre o6té, il y a des noms communs qui se personnifient, 
comme dans cette phrase de PAcadémie « la déesse de la paix , ou 
simplement, la Paix ». Mais pour cette catégorie de mots encore 11 
n'y a pas plus de principe ûxe que pour les noms propres ; ainsi, à 
l'article Vérité l'on trouve : le flambeau de la Vérité, le miroir de la 
Vérité (grand F), et à Flambbau, Miroir, le flambeau de la vérité, le 
miroir de la vérité (petit v)\ à Temps, la faux du Temps (grand T)\ 
à Faux, la faux impitoyable du temps (petit t)\e\. même, sans sortir 
de Taçticle Personnipicatiow, on voit: «La Mollesse (grande M) dans 
le Lutrin, est une personnification » ; et « On dit par personnification. 
Être dans les bras de la mort (petite m), du sommeil (petite «)• » 

Mais ce qui étonne surtout, c'est de ne pas trouver dans le Diction- 
' naire de l'Académie des noms qui se présentent chaque jour dans la 
conversation : un excellent automédon, un petit cupidon, un pauvre 
esculape, un beau ganymède, une charmante hébé^, un vrai gargan^ 
tm, un vieil harpagon, un véritable eldorado; c'est un vrai don Qui- 
cholte; c'e&t dn donquichottisme tout pur; voilà votre sosie qui passe. 
Tous ces mots sont, croyons-nous, plus connus et surtout plus inté- 
ressants que architriclin, chiaoux, colao, icoglan, potron^jaquet Qt 
potronr-minet, tarare-ponton, etc. ^ Les écuries ou plutôt les étables 
d'Augias, le tonneau des Dandides, une lettre de Bellérophon, la tête 
de Méduse ^,ls boîte de Pandore, le lit de Procruste ou Proeuste,etc., 
sont aussi des expressions qu'on emploie tous les jours au figuré ; et si 
l'Académiç ne jugeait pas à propos de mettre ces divers noms à leur 

l. Le moyen le plu5 simple pour faire de mewlor un nom commua était peut-être de l'ac- 
compagner d'un adjectif tel que ceux-ci : Vous avez là un excellent mentor. Cet homme est 
'« mbillbu» mentor qu'il put donner à son fils. 

3- L'Académie écht Un orgueil de Satan ( grande S) ; 11 nous semble que par la même 
raison il faudrait Une voix de Stentor, avec une grande 5. 

3. Hébé et Ganymède sont à Nectar , mais comme noms propres. 

*• Méduse est à Ooroone et à Pétrifier. 



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— 172 — 

rang alphabétique, il semble qu'on devrait du moins les trouver aux 
articles Écdrie ou Établb, Tonneau, Lettre, Tête , Boîte , Lit, etc., 
comme à Fil, à Toile, on trouve le fil d'Ariane, la toile de Pénélope. 

Dans le' cours du Dictionnaire nous avons bien trouvé le Léthé, 
fleuve d'oubli (à Oubli), le noir Styx (à Onde et à Noir), et rimpur 
Cocyte (à Onde); mais nous n'avons vu nulle part ce Phlégéthon qui 
roulait des torrents de flammes. — Nous avons également trouvé 
Caron (qui devrait s'écrire Charon comme Charyhde)^ Bacchus et 
Cérês, Flore et Zéphire (ou plutôt Zéphyre), Thélis et Pelée, Castor 
et Polltix, Ulysse et Pénélope, Médée et son émule en magie Circé, 
la chèvre Amallhée, etc. ; mais nous aurions désiré voir aux articles 
Juge ou Enfer les noms de Minos, d'Éaqite et de Rhadamanthe, — 
Nous aurions aussi voulu trouver Polypkème aux articles Antre ou 
Cyclope, Triptolème à I'Agriculture. — Charybde est à sa lettrine, 
mais non Scylla, — Le serpent Python n'est même pas mentionné à 
l'article Pythique , bien que les jeux Pythiqvss ou Pythiens aient été 
institués en mémoire de la victoire d'Apollon sur ce monstre. — On 
a omis les jeiujo Isthmiques ou Isthmiens, qui étaient solennels dans la 
Grèce comme les jeiix Néméens, Olympiqvss et Pythiques. — Le Mi- 
notaure méritait d'être nommé comme l'ont été le Sphinx, les Cen- 
taures et les Cyclopes, — On s'attendrait sans doute à voir les douze 
grands dieux aux articles Dieux ou Divinités , mais ils sont à Olym- 
pien. — On nous a donné les noms des Furies, des Gorgones, des 
Grâces, des Parques, même ceux des Sirènes et des Harpies, mais nulle 
part nous n'avons su découvrir ceux des Muses. 

Passons à l'orthographe des noms. Nous nous demandons pourquoi il 
faut écrire avec une majuscule C'est un Adonis, une Agnès, un Argus, 
un Caton, un Céladon, un Crésus, un Hercule, un Mécène, un Narcisse, 
un Nestor, un Œdipe, un Sardanapale, un Zoïle,^t surtout un Syba- 
rite, un Bu^céphale, tandis qu'il faut mettre une initiale minuscule à 
C'est un cerbère, un claude, un jocrisse, une amazone, une mégère, 
un mentor, un mirmidon (ou plutôt myrmidon), un nicodème, un 
olibrius (ou mieux olybrius), un protée, etc.; — un habile Aristarque, 
nos modernes Aristarques, un orgueil de Satan, et une voix de stenr- 
tor; — c'est un Gille, un vrai Gille, un Pasquin, un Tabarin; et, c'est 
un pantalon, un vrai trivelin, un turlupin, un vrai turlupin; — c'est 
un Iroqv^is, un fin Normand, un Vandale, un grand Vandale; ce sont 
de véritables Velches; et, c'est un franc allobroge; c'est un arahcy un 
gascon; cet homme n'est pas grand grec; c'est un ostrogot, fie dernier 
nom n'a pas même Vh que réclame le radical. 

On ne pourrait pas objecter qu'on a écrit un Narcisse avec une ma- 
juscule pour prévenir toute équivoque avec le nom de là fleur, car 
alors il aurait fallu la mettre aussi dans C'est un pantalmi^, pour em- 

1. Nom d'un personnage de la comédie italienne qui s'emploie figurément et familièie- 



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J 



— 173 — 

pécher toute équivoque avec le nom du vêtement.— A l'article Arle- 
Quiwnous trouvons Un habit d'arlequin par un petit a; mais à l'article 
Habit, il y a Habit dArlequin, de Polichinelle, avec des majuscules. 
Pourquoi encore commencer par une minuscule les centaures , les 
cyclopes, les faunes, les satyres, les sylvains, les naïades, les sirènes, 
les harpies, les saturnales, tandis qu'on emploie une majuscule pour 
les Argonautes, les Pygmées, les Euménides ou Furies, les Gorgones, 
les Grâces, les Parques, les Bacchanales ^ et les Panathénées ? 

Il est des noms pour lesquels on est fort embarrassé; comme l'Aca- 
démie n'a pas donné d'exemples pour le sens propre, on ne sait s'il 
faut les écrire avec une majuscule ou une minuscule. Cependant l'or- 
thographe de quelques-uns nous est enseignée dans d'autres articles ; 
ainsi nous trouvons : 

( à Pelte) Dans les bas-reliefs antiqttes, les Amazones sont ordinairement 
armées de peltes, 

(à Lazzi) Lss lazzi ^'Arlequin. 

(à Pisser) C'est Jocrisse qui mène les poules pisser. 

(à Botte) Par allusion au personnage de I'Ogre, dans le conte du Petit 
Poucet. 

(à Foudroyer) Jupiter foudroya les Titans. 

(à Foudroiement) Le foudroiement des géants (petit g), 

(à Renaissance) La renaissance du phénix (petit p) est une fable. 

Quant à Bacchante, l'Académie nous le donne écrit de deux ma- 
nières : (Jans les deux premières phrases elle y a mis une majuscule, 
dans les deux autres une minuscule : 

(à Pampre) Les Bacchantes entouraient leurs javelots de pampre et de 

lierre, 
(àTHYRSE) Javelot... dont les Bacchantes étaient armées. 
(à Bacchanale) Représentation d'une danse de bacchantes et de satyres. 
{khk) Là u/ne trowpe de bacchantes , ici un groupe de jeunes gens. 

Nous présumons qu'il faut commencer par une grande lettre, le 
Bucentaure, le Cotisée, etc., et par une petite. Une lamie, les larves, 
les lémures, les lupercales, les na^ées, les néréiàes, les oréades ^, etc.; 
mais nous ne savons quelle orthographe suivre au sujet de Une ma- 
riiome, un mercure, etc.; faut-il y mettre une majuscule comme dans 
un Argus, ou une minuscule comme dans Un mentor ^ f 

ment pour signifier Un homme qui prend toute sorte de figures , et qui joue toute sorte de 
rôles pour arriver à ses fins. 

1. L'Académie écrit « Célébrer les Baeclianales (grand J9), et Célébrer les orgies ( petit o). 

2. Quant à nous , nous écririons Napées, Néréides, Oréades, et aussi Naiades, Sirènes, etc. 

3. Nous sommes à peu près certain qu'il faut écrire avec de petites initiales earrare (mar- 
bre de Carrare), sassenage et carUal (fromages de Sassenage en Dauphiné et du Cantal en 
Auvergne) comme angora, gruyère, roquefort, pancaliers, moka, etc. ; mais il n'en est pas 
moins vrai que l'Académie aurait dû mettre des exemples aux articles Carrare , Sassenagb 
et Cantal , comme elle l'a fait pour les autres mots que nous venons de citer, afin que le 
lecteur n'eût aucun doute sur l'orthographe à suivre. — Sous ce rapport on regrette qu'elle 
Q'ait pas même mentionné dans son Dictionnaire le mot cognac, qui est d'un usage journa- 
lier, et que bien des personnes écrivent avec une majuscule. Nous en dirons autant pour la 



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— 174 -- 

Zl serait bien à désirer que TÂcad^ie posÂt des ràgles fixes pour 
trancher toutes ces questions. 

Maintenant nous allons citer quelques locutions familières sur les- 
quelles il parait n'y avoir aucun doute, parce que TAcad^ie y est 
généralement d'accord avec elle-même : 

du sedan, du iouviers, de Velbeuf (pour, du drap de Sedan, de Lonvieni, 

d'Elbeuf). 
du nankin (toile de coton qui se fabrique à Nankin). 
du pékin (étoffe de soie fabriquée à Pékin ou en Chine). 
de belle mcUines brodée (dentelle originairement fabriquée à Malines). 
une tenture, une robe de perse (toile peinte qui vient de Perse). 
- du masulipatan (toile de coton originairement fabriquée à Masulipatam • ). 
un caudebec (un chapeau de Caudebec). 
un meuble, un lit de damcts (espèce de satin à fleurs et à deux eiiren, 

originairement fabriqué à Damas). 
ce sabre est un vrai damais (fabriqué k Damas), 
une olinde (lame d'épée fabriquée à Olinde, ville du Brésil)* 
un angora (chat à poils longs et soyeux, originaire d'Angora). 
du gruyère, du roquefort (du fromage de Gruyères, de Roquefort). 
des brignoles, du damas (des prunes de Brignoles, de Damas). 
un pancaliers (un chou de Pancaliers*, ville du Piémont). 
du moka ( du café de Moka ' ). 
du curaçao ( liqueur où il entre de Técorce d'oranges amères qui croissent 

à Curaçao, Tune des Antilles ). 
du garus (de l'élixir de Garus). 
du mithridate (antidote qu'on attribue à Mithridate). 

Par analogie on écrit aussi , bien que l'Académie n'en donne pas 
d*exemples, du bordemix, du bourgogne, du Champagne, etc., pour Du 
vin de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne. 

Voici encore quelques phrases de l'Académie où se trouvent des 
noms modernes : 

Fusée à la Congrève, cafetière à la Dubelloy, 
potage à la julienne, sau>ce à la béchamel *, sauce-Robert; 
,^«?« „î^«* /^ quinquet (qui devrait s'appeler argand ou lampe à l'Ar- 

Hileneienne (dentelle fabriquée à Valenciennes ) , qui jouit d'une grande ré- 
léritait d'être citée puisqu'on a consacré un article à la malines. 
om propre a été modifié, comme masulipatan, fftUnçfan, macadam, etc., aa 
itam, Guingamp, Hao^Adam, il doit naturellement commencer par une mi- 

conserre Vt finale du nom dans du louvierst un pancaliers, de la malines; 
dans du gi'uyère, une brignole. 

3nt la majuscule lors même que le de est supprimé : café Moka, café Bourbon. 
B appelée cachemire, elle l'écrit par un petit c, même «n employant la prépo- 
*be de cachemire, un châle de cachemire, 

ble que le même principe qui fait généralement écrire , Un métier à la Jac- 
oe à /'Aroand, et qui a fait écrire par l'Académie, Fusée d la CoMaRfcvB, 
[JBBLLOY, demandait une majuscule à julienne et à béchamel ( potage à la 
r à la BicHAiiBL ), car ces phrases signifient, A la façon , à la manière de 
chamel. — Il faudrait également employer la majuscule dans lès locutions 

sauce Béchamel, comme l'Académie l'a fait pour café Moka, café Bourbon, 



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— 175 — 

g(md^ nom du Téritableinveoteur); unjaqtéemart (corruption du nom 
de rmventear^ lescques-Mare); le stras {qu*il vaudrait peut-être mieux 
écrire strass^ puisqu'on prononce deux s et que l'inrenteur se nom- 
mait, dit-H>ii, Strasze}, et le nonim {que TAcadémle aurait aussi peut- ^ 
être mieux fait d'appeler pemier, puisque tel paraît être le nom de 
l'inventeur). — On voit par là que sir William Ctmgreve et MM. Di^ 
helloy, Robert sont plus favorisés que leurs émules en inventions; 
leurs noms sont ornés d'une BEmjuscutev 

Dans les nouveaux dictionnaires on trouve de plus : le macadam^ 
méthode de pavage où l'on emploie le granit concassé, et qui a été in- 
veHtôe par Mac-Adam ; wfi muU-jenny (appareil employé dans le filage 
du coton, ainsi appelé, dit-on, de Jenny, femme de l'inventeur); un 
jaequm't ou jacquard (ou métier à la Jacquartj nom de l'inventeur), 
mêtîép à tisser des étoffes de soie brochées. — On dit souvent une 
chaptalj pour Une cafetière à la Chaptal ; un£ carcel pour Une lampe 
de Carceï; mais on ne dit pas une papin pour Une marmite à la Papîn. 

Nous pourrions ajouter encore quelques noms de pays dérivés de 
ceux des navigateurs qui les ont découverts : V Amérique, ainsi appe- 
lée du prénom d'Améric Vespuce, bien que le véritable découvreur ftlt 
Christophe Colomb; — • la Colombie, qui reçut ce nom en l'honneur de 
ce même Colwnb; — la Tasmanie, découverte par Tasman; — la 
Diëménie, ou plutôt la Terre de Diemen, ainsi appelée du nom de van 
DieHieo, gouverneur de Batavia*, etc. 

Anmti et SPradirmrius étaient de célèbres luthiers ; Aide Mœnuce, 
Elzévir, Estienne^ de célèbres imprimeurs, dont les noms ont été 
donnés à leurs œuvres typographiques ; mais les lexicographes ne 
sont d'accord ni outre eux nî avee eux-mêmes sur l'a manière d'écrire 
ces noms^ ainsi appliqués; te! écrit lesamatis (petit a) sont fort rares, 
et cemotmt est un Straxiwartu;s (grande S); tel autre, c'est un Aide, 
une eMection d^ Aides (grand ^4), et bei elzévir, la collection des elzé- 
virs (petit e), et^. IVous pensons qu'il serait mieux de suivre pour ces 
anciens notas M règle qu'on suit pour les nouveaux, et d'écrire un 
stradivarius, un aide, comme on écrit un jacqu^art, le stras, une 
chaptal et une carcel. 

Enfin à rartîcle MMtre rAcadémie écrit maître Mcques, et maître 
gonin, maître aliboron\ Gonin est un nom d'homme aussi bien que 
Jacquss; seulement Mcques est un prénom de tous les temps, tandis 
que gonin (petite), est ua nom de famille, et le personnage qui a 

1. Quelque» géographes donnent indifféremment les noms de Tasmanie ou de Terre do 
Diemen à l'tle située au sud de la Nouvelle-Hollande, dont elle est séparée par le détroit de 
Bass. 

i. « Plg'. ef fam., MaAfire Jacques, homme qui réunit plusieurs emplois dans une maison. // 
est à la foi» etBisiniet", valet de cftambre, cocher; c'est un maître Jacques. » — « Prov. et en mau- 
vaise part, Maître gonin, homme rusé, fin et adroit. Ce sont des tours de maître gonin. » — 
€ Pop., Mcdtre aHboron, homme ignorant, stnpide, ridicule, qui ne se connaît en rien. C'est 
un maitre aliboron. » ( Académie. ) 



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— 176 — 

donné lieu à cette locution était un adroit escamoteur du temps de 
Louis XIV. Cette différence dans les dates ne nous semble pas suffi- 
sante pour en mettre une dans Torthographe. — Quant à aliborm, 
dans maître aliboron^ il s'écrivait autrefois aliborum; et quelle qu'en 
*soit l'étymologie ce n'était qu'une épithète ^. Depuis qu'il a été em- 
ployé par La Fontaine (liv. I, fab. 13) , 

Arrive un troisième larron 
Qui saisit maitre cUiboron, 

il ne se dit plus que de l'âne ou d'un âne. 

MÈRE... Grand'mère^ Aïeule... Populairement, on dit quelquefois 
Mère-grand. — Ne devrait- on pas, dans cette inversion, maintenir 
l'apostrophe et écrire mère-grand', nos mères-grand' j comme l'Acadé- 
mie écrit gard' à l'article Dieu dans cette phrase : Dieu vous garde 

ou vous GARD' ? 

MÉRIDIONAL, ALE, adj... Les peuples méridionaujo, — L'Académie 
a mis ailleurs les Septentrionaux, les Orientaux, les Occidentaux; il 
aurait été convenable de mettre également ici « On dit aussi, substan- 
tivement, les Méridionaux, » 

MÉRIDIONAL, ALE... Pôle méridional. Amérique méridionale.— 
Peut-on dire le pôle méridional comme on dit le pôle sud? Sans 
doute on dit indifféremment le pôle septentrional et le pôle nord; 
mais nous avons un scrupule au sujet de l'expression pôle méridional^ 
bien qu'elle soit consacrée par l'Académie, et nous aimerions mieux 
pôle sud, pôle antarctique, qu'on trouve à l'article Sud {le pôle sud, 
le pôle antarctique). Il nous semble que méridional est un terme re- 
latif à notre hémisphère, et dont la signification s'arrête aux pays 
situés sur la ligne équinoxiale, pour recommencer en sens opposé au 
pôle antarctique ou sud et s'arrêter également à la ligne. Nous croyons 
que c'est une faute de dire le pôle méridional comme il le serait de 
dire, par exemple, que la Patagonie est située au midi de la répu- 
blique Argentine, que la Nouvelle-Hollande est au midi de la Nouvelle- 
Guinée. 

MÉRINOS. — Ajoutez : On fait sonner l'S. 

MÉisAiR ou MÉZAIR. Allure du cheval , qui tient le milieu entre le 
terre à terre et les courbettes.— Nous croyons que la variante Mézair 
aurait dû figurer la première, comme étant la plus conforme à l'éty- 

1. Suivant Huet, le surnom de maître aliboron fut donné à un avocat ignorant qui , plai- 
dant en latin et voulant dire que sa partie adverse n'était pas recevable dans ses alibi (ou 
peut-être mieux, alibis), s'écria : Nulla ratio habenda est istarum aliborum. Le mot est resté, 
et dès lors il a servi à désigner un homme ignorant , un âne. 

2. L'expression pôle aitstral ne nous satisfait pas non plus complètement, car la tempéra- 
ture de ce pôle est encore plus froide que celle du pôle nord, et le mot austral nous semble 
devoir être réservé en géographie pour les pays chauds , comme il l'est en botanique et en 
zoologie : animal austral, plante australe; les noms de continent austral, d'Australie, 
à! Australasie (Asie australe), donnés à des contrées qui sont près de la ligne, condamnent en 
quelque sorte celui d'hémisphère austral et surtout celui de pôle austral. 



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— 177 — 

mologîe italienne (mezz^ aria^ allure moyenne). L'orthographe mes 
semble avoir dans ce mot la même valeur que dans mésalliance, més- 
aventure, etCj, ce qui trompe sur la signification qu'il a réellement. 

MÉSAVENIR, s. f. Il a le même sens que Mésarriver. Votre cause est* 
bonne, il ne saurait vous en mésavenir, — Au lieu de « s. f. », lisez 
« verbe neutre ». 

MESSIRE, s. m. Titre d'honneur... Poire de Messire Jean,Vo\ve de 
couleur rousse, qui est cassante et fort sucrée, et qui est mûre en 
octobre ou en novembre. Compote de poires de Messire Jean. 

Nous ne parlerons pas de l'humble dame- Jeanne , mais nous 
opposerons la prune de reine-Claude à la poire de Messire Jean, et 
nous demanderons pourquoi Messire prend une grande M, tandis que 
reine s'écrit avec une petite r; puis, pourquoi un tiret entre reine et 
Claude, et point entre Messire et Jean; puis encore, pourquoi l'on peut 
dire simplement une reine-Claude (en supprimant prune de) et non 
m Messire Jean (en supprimant poire de); et enfin, pourquoi l'on 
n'écrirait pas un messire-jean et une reine-claude, avec des minus- 
cules, et des messires-jeans, des reines-claudes, comme on écrit des 
saints-germains . 

MESURE... A fur et à mesure, à fur et mesure. — Ici il manque 
l'expression au fur et à mesure, qui est à l'article Fur. Voy. ce mot. 

NÉTONOMASIE, S. f. T. didact. Changement de nom propre par la 
voie de la traduction, comme Mélanchton, fait de deux mots grecs, 
pour Schwarzerd, qui, en allemand, signifie Terre noire ; Ramus, pour 
la Ramée ; Métastase, fait aussi de deux mots grecs, pour Trapassi. 

A l'article Gréciser l'Académie dit « Métastase est le nom de Tra- 
passo, grécisé. » Ici elle dit Trapassi, et nous croyons devoir préférer 
cette variante, qui seule se trouve dans tous les dictionnaires que 
nous avons consultés. 

Le célèbre ami de Luther écrivait-il son nom primitif Schwarzerd * 
ou Schwartzerde, comme le veulent la plupart des biographes ? Nous 
pouvons laisser cette question à vider aux savants ou plutôt aux 
érudits. Quant au nom grec, l'orthographe Mélanchton ne nous î)araît 
pas régulière : le ch appelle après lui un th et non un simple t, comme 
on le voit dans autochthone, ichthyologie et ichthyophage, Chthonie, 
Érechthée, Érichthonius, Érysichthon, etc. Il en est de même du ph : 
dphthe, apophthegme, diphthongue, ophthalmie, phthisie, Phthio- 
^ide, etc. — A cette règle il y a une exception , naphte. Voy. ce mot. 
MEUBLE... Acheter des meubles à un inventaire. — Au mot Inven- 
taire , on lit : « Inventaire signifie quelquefois, par extension , Une 

1. Noos savons que la mode actueUe tend à supprimer dans les mots et même dans les noms 
demanda le ( qui précède le z; ainsi dans le grand dictionnaire de La veaux on a mis quarz, 
l^neux, au lieu de quartz, quartzeux. Quant au nom de Leibnitz, qui jusqu'à ces derniers 
temps s'était écrit avec tz, M. P. Hoefer, directeur de la Nouvelle biographie générale de 
^« I>idot, affirme que tous les autographes qu'il a vus de cet homme célèbre sont signés 

LWBNIZ. 

23 



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— 178 — 

vente de meubles inventoriés par un officier ministériel. Ilya tmtn- 
venlaire sur telle place publigtce, dans cette maison-là. J'ai acheté 
cela à un inventaire. Ce sens vieillit : on dit Encan. — On se demande 
^pourquoi TAcadémie a employé inventaire au lieu d'ewcow dans cet 
article Meuble. Voy. Bien. 

MIDI... // est midi, midi et demi, midi un quart, midi trois quarts. 

A l'article Minuit on trouve « Minuit et demi, A minuit un quart yi; 
— à Quart « Deux heures et un quart, Deu^ heures un quart. Deux 
heures trois quarts » ; — mais à Tiers on lit « Deu^x aunes et un tiers. 
Trois aunes et deux tiers ». Assurément nous préférons l'emploi de 
la conjonction , et nous ne voyons pas pourquoi on la supprimerait 
devant un quart, trois quarts, plutôt que devant demi ou demie, un tiers 
et deu^ tiers, A l'article Aune on trouve une ellipse plus forte encore» 
celle de « et un » : « demi-aune demi-qitart ». 

MILLE-FEUILLE, S. f. Plante de la famille des Radiées, ainsi nommée 
parce que ses feuilles sont découpées très-menu... — Il nous semble 
que si l'on ne veut pas écrire mille-feuilleS comme on écrit mille- 
fleurS et mille-piedS, il faudrait réunir les deux mots {millefeuîlle) 
comme dans chèvrefeuille, qui autrefois s'écrivait chèvre -feuille, et 
dans quinte feuille, que l'Académie a toujours écrit ainsi. 

MIMOSA, s. f.— L'Académie donne le genre féminin à ixia, mimosa, 
opuntia, et le genre masculin à acacia, althœa, hecabunga, cobœa, 
cochléaria, dahlia, datura, hortensia, etc. Les botanistes, et entre 
autres de Gandolle, donnent le genre masculin à toutes les plantes 
dont le nom se termine par a; il serait à désirer que l'Académie suivît 
le même principe. 

MINIATURE. (On prononce ordinairement mignature,) —Nous croyons 
qu'on devrait écrire mignature, comme Buffon; ce mot vient évidem- 
ment de mignon ou de mignard, et non de minium, puisqu'on peut 
faire des miniatures sans employer la moindre parcelle de cet oxyde, 
auquel on substitue très-bien la laque, le carmin, etc. Les diverses 
acceptions de ce mot confirment notre opinion : c'est la finesse, la 
délicatesse de ce genre de peinture qui lui ont valu ce nom, qu'on 
applique également aux ouvrages de littérature faits dans de petites 
proportions, aux objets d'art de petite dimension et travaillés avec 
délicatesse, et même aux personnes ou aux choses petites et déli- 
cates, etc., comme dans les phrases suivantes : Il a donné une des- 
cription en MINIATURE de toutes les parties du globe. Cette boite est une 
vraie miniature. Cette personne est une jolie petite miniature. L'oiseau- 
mouche, cette charmante miniature... Ce joli animal (le perrito fino) 
peut être considéré comme une miniature du barbet. On la prendrait 
(la couronne du roi des gobe-mouches) pour la miniature e/^t^ne 
qy>eue de paon. Dans toutes ces acceptions, l'orthographe MIGNATURE 
serait donc plus en harmonie que l'autre avec la véritable significa- 
tion du mot. 



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— 179 — 

MINIJIT, S. m. -^ Accolé au mot carême ou aux noms de mois, mi 
prend le genre féminin : la mi-earéme, la mi-janvier , la mi-août, la 
mi-septembre j, etc.; réuni au mot nuit, qui est féminin, il prend le genre 
masculin : Sur le minuit; minuit sonnant, minuit sonne, minuit et 
demi. Quelle bizarrerie! 

MiRMiDON, s. m. (Quelques-uns, pour se conformer à Pétymologîe, 
écrivent Myrmidon). — Nous croyons que les quelques-uns dont parle 
l'Académie forment la majorité, et que ce mot aurait dû conserver Vy. 
BIOBILE, adj. des deux genres... Mobile, substantif, signifie aussi 
La force mouvante. Veau est le mobile de cette machine, — Nous 
croyons que dans cette acception du sens propre on ne dit plus guère 
que' moteur, et qu'il aurait été convenable de mentionner ici ce mot, 
puisque nous lisons à l'article Moteur : « Moteur, en termes de Méca- 
nique, signifie Mobile, ce qui imprime le mouvement. L'eau, le feu 
est le premier^ moteur de cette machine. Le moteur doit être propor- 
tionné à l'effet qu'on veut produire. » 

MOBILE... Fig., Premier mobile, se dit d'une personne qui donne le 
mouvement à une afl*aire, à une association. Un tel est le premier 
mobile de cette affaire, de cette conjuration. — Nous croyons égale- 
ment qu'au lieu de premier mobile on dit plutôt promoteur, et qu'il 
aurait fallu mentionner ce synonyme, qui est admis par l'Académie : 
« Il (promoteur) se dit aussi de celui qui donne la première impulsion 
pour* quelque chose. Ce prince fut le promoteur de la guerre. Il fut 
le PROMOTEUR de cette querelle. Il fut un des plus ardents promoteurs 
de la réforme. » 

NOBILIAIRE, adj. f. Qui consiste en meubles, ou qui concerne 
cette nature de biens. Propriété, richesse mobiliaire. Contribution, 
imposition mobiliaire. — Mobilier, ère, adj... Succession mobilière. 
Succession ou portion de succession qui consiste en meubles. 

Puisque mobiliaire et mobilier, ère, signifient Qui consiste en meu- 
bles, pourquoi n'écrirait-on pas propriété, richesse mobilière, et 
même contribution, imposition mobilière, comme succession mobi- 
lière? Il n'y aura jamais que les notaires et les membres du barreau , 
qui sauront établir une différence dans la valeur de ces deux variantes. 

MODÈLE... se dit aussi, en Sculpture, de la représentation en terre 
ou en cire d'un ouvrage qu'on se propose d'exécuter en marbre ou 
en quelque autre matière. Modèle de terre, de cire. — Il se dit égale- 
ment de la représentation en petit d'un objet qu'on se propose d'exé- 
cuter en grand. Le modèle d'un édifice. Modèle de plâtre, de stuc, de 
bois. Le modèle d'une machine. Modèle de vaisseau, de canon. 

L'Académie a toujours employé la préposition de pour exprimer le- 

1. Nous croyons qu'il fallait dire simplement l*eau... est le motew..., ou bien, Ujnineipal 
«otettr, et non , U premier moteur. 

2. Ne dit-on pas plutôt : donner l'impulsion , la première impulsion à quelque chose , 
<2<Hnme on dit : donner le mouvement à .* A l'article Impulsion nous ne trouvons aucun com- 
plément, ni pour le ses» propre ai au figuré. 



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^ 



— -180 — 



« rapport particulier d'une chose à la matière dont elle est faite. Une 
porte DE bois. Un pont de pierre. Une barre de fer. Une tabatière ui^or. 
Une table de marbre. Un habit de drap,,, » Il nous semble cependant 
qu'on pourrait dire : Il faut là une porte bien épaisse, en bon chêne. 
Je voudrais une belle table en a^cajou plein. Il aune magnifique armure 
EN noyer sculpté » , et encore Un modèle en terre, en cire, c'est-à- 
dire exécuté en terre, en cire. Nous avouons même qu'on est quelque 
peu surpris de voir de exprimer deux rapports aussi différents que 
ceux-ci : Modèle de vaisseau, de canon, et Modèle de plâtre, de stuc, 
de bois *. Nous aimerions également mieux en dans cet exemple : 
(à Terre) Les sculpteurs font leurs modèles de terre. 

Enfin il nous semble qu'il doit être permis d'employer en au lieu 
de la préposition de lorsqu'il peut résulter de l'emploi de cette prépo- 
sition une équivoque fâcheuse comme dans la phrase suivante : Un 
pivot D^acier fondu qui tourne sur un grain de cuivre logé dans la 
crapavdine. Ici grain n'a pas la même signification que dans^mmcfe 
sable, de sel, de plomb, etc.; c'est le nom d'une petite pièce de métal 
dont la forme approche de celle d'un grain d'orge, et l'on en fait avec 
de l'acier, du cuivre, etc. Nous pensons donc que l'auteur de cette 
phrase a fait très-sagement de dire : Un pivot en acier fondu qui 
tourne sur un grain en cuivre,,, 

MODISTE, s. des deux genres... Un modiste. Une modiste, — On est 
aussi surpi^is de trouver dans le Dictionnaire de l'Académie Un mo- 
diste, qu'on l'est de n'y pas voir un laitier, une funambule, une her- 
boriste, etc, 

MOI... entre aussi dans le sujet de la phrase, lorsqu'il est joint à 
d'autres mots qui forment le sujet. Son père, sa mère et moi le lui 
avons défendu. Mon avocat et moi sommes de cet avis, -- On trouve 
encore à l'article Sans : 

Il s'en est emparé sans que mon frère et moi nous en soyons aperçus. 
Mais nous croyons qu'il est mieux de mettre avant le verbe un pro- 
nom pluriel qui résume les pronoms employés précédemment, comme 
on le trouve dans les exemples suivants : 

(à Moi) Votts et moi nods sommes contents de notre sort, 
(à Tn) Toi et moi nods avons fait ce que nous devions, 
Id, J*ai appris que toi et lui, que toi et ton frère vous partiez bientôt» 

et nous mettrions le pronom nous dans cette phrase 

Lui et moi nous irons à la campagne, 
aussi bien que dans celle-ci, qui n'en est qu'une inversion : 

(à Moi) Nous irons à la campagne lui et moi, 

1. Nous ne pensons pas qu'on paisse dire Un modèle de canon db bois, de statue ob terre, 
de figure db cire , pour exprimer que le modèle de canon , de statue ou de figure est fait 
avec du bois, de la terre, de la cire ; d'ailleurs on risquerait beaucoup de n'être pas compris, 
tandis qu'on le sera parfaitement, croyons-nous, en disant Un modèle de canon {îadt, exécuté) 
BN bois; un modèle de ttcUue sa terre; un modèle de figure bn cire. 



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— 181 -^ 

MOI... Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se 
met par redondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit. 
FaiteS'MOi taire ces gens-là, Donnez-leur-uoi sur les oreilles. — On 
trouve ailleurs : 

(à Explétif) Prenez-noi ce flambeau, 

Id. Je vous le traiterai comme il le mérite, 
(à Porte) Enfilez-vioi la porte bien vite, 
(à Attraper) Attrape-Toi cela. 

Cette dernière phrase nous semble plus que familière. Nous préférons 
l'emploi des pronoms explétifs dans des phrases telles que celles-ci : 

Vous le voulez, vous; et moi, je ne le veux pas. 
(à Nous) Nous \}oul<ms, nous, que telle chose se fasse, 
Jd, Nous pensons f nous, que telle chose doit être, 
(à Lui) Je le choisis, lui, de préférence à tout autre, 

MOI. — Il aurait été bien de répéter ici une locution très-usitée qui 
se trouve à l'article Êtrb : « Il n'est pas en moi de faire telle chose, 11 
n'est pas en mon pouvoir, ou il n'est pas dans mon caractère de la 
faire ». C'est en eflfet le mot moi qui nous paraît être le principal de 
la phrase, celui dont la signification locale a besoin d'être expliquée ; 
et conséquemment c'est à l'article Moi qu'on ira la chercher, plutôt 
qu'à Être ou à En*. 

MOINS. — Rien moins qtie, comme chacun le sait, est une de ces 
locutions dont le sens équivoque ne peut être déterminé que par ce 
qui précède ou ce qui suit. Avant de l'examiner nous en citerons quel- 
ques autres qui nous viennent à la mémoire. Être sans prix signifie 
également, N'avoir aucune valeur ou Être d'un prix inestimable; — 
Être capable de tout peut signifier Être propre aux emplois les plus 
élevés, et Être capable des plus grands crimes. C'est dans ce dernier 
sens qu'on l'emploie le plus fréquemment ; — Faire un passe-droit à 
quelquun, c'est lui faire une faveur ou, plus ordinairement, une 
injustice ; — Bon jour, bonne oeuvre, se dit d'une bonne ou d'une mau- 
vaise action faite dans un jour solennel. — Chez les Romains, le mot 
privilegium, privilège, a signifié Une loi exceptionnelle portée contre 
un particulier, ou Un privilège, une faveur. 

Ici nous avons Rien moins que, qui, soit devant un substantif, soit 
devant un verbe, affirme ou nie la proposition exprimée. Vou^ lui 
devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfai- 
teur (Il est votre bienfaiteur). Vous pouvez vous dispenser de recon- 
naissance envers lui, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur 

1. A l'article Bm, on lit « Il n'est pas en mon pouvoir de faire cela, il n'est pas en moi de 
le faire » ; mais ponr les personnes peu exercées dans notre langue, la seconde phrase ne 
sera probablement pas synonyme de la première, qui aurait pu devenir explicative si eUe 
avait suivi au lieu de précéder, et qu'eUe eût été mise en caractère différent. D'aiUeurs à 
l'article firas l'Académie lui donne deux acceptions, tandis qu'à En, où il n'y a pas de défini- 
tion , on ne sait si eUe a voulu lui en donner une seule et quel sens eUe y attache. 



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1 



— 182 — 

(Il n'est pas votre bienfaiteur). — Et de même : Vous le croyez t>otre 
concurrent; il a d'autres vues, il ne désire rien moins, il ne se pro- 
pose RIEN MOINS QUE de VOUS Supplanter, il n'aspire à rien moins qu'à 
vous supplanter (Il n'est point votre concurrent; vous supplanter est 
la chose qu'il désire, qu'il se propose, à laquelle il aspire le moins). 
Vous ne le regardez pas comme votre concurrent ; cependant il w 
désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter, 
il n'aspire à rien moins Qu'à vous supplanter (Il est votre concurrent; 
il n'aspire pas, etc., à moins qu'à vous supplanter). — • Il n'est rieb 
MOINS QUE sage signifie II n'est point sage. Marmontel , pour exprimer 
l'idée contraire, a dit : Écoutez bien cet homme, il n'est rien de moins 
qu'on sage (c'est un vrai sage).— Au resté, dit l'Académie, il est bon 
d'éviter cette façon de parler, à cause de l'équivoque qu'elle entraîne. 
MOITIIÉ... De l'argent plus D'à moitié dépensé. — A l'article Demi 
nous trouvons « Cela est plus D'à demi fait. Cela est plus qu'à demi 
fait » ; pourquoi ne dirait-on pas également « de l'argent plus qo'ô 
moitié dépensé » ? Bien que l'usage semble avoir prévalu en faveur de 
plus D'à moitié, plus D'à demi, et qu'on ait critiqué ce vers de Racan, 

La trame de mes jours est plus Qu'à demi faite, 
nous croyons devoir préférer que à de, parce qu'il nous semble très- 
difficile de donner la construction pleine avec la préposition , tandis 
que l'emploi de la conjonction suppose simplement l'ellipse de jusque: 

De l'argent plus que (jusque) à moitié dépensé. 

Mon adversaire était déjà plus qde (jusque) à moitié vaincu, lorsque... 

Une bouteille plus que (jusque) à moitié, plus que (jusque) aui trois 
rfuarts pleine, vide. 

Mon ouvrage est fait plus que (jusque) à moitié, à demi, aux trois quarts. 

MOKA.—Toutes les grammaires nous disent que devant un adjectif 
on met la préposition de seule et non accompagnée de l'article. Ce 
marchand a de bon savon, de bonne moutarde, d'excellent drap, dt 
très-belle dentelle, etc., et l'Académie dit également, 

(à Api) Voilà de fort bel a/pi, 

(à Batiste) De belle batiste. 

(à Elbeuf) Voilà de bel elbeuf, un bon elbeuf. 

(à Incarnat) Voilà de bel incarnat. 

(à Jaune) C'est du jaune, de beau jaune. 

(à Laque) Voilà de vrai, de beau laque, 

(à Plaqué) VoUà de beau plaqué. 

(à Teter) /{ a teté de mauvais lait. 

Mais ici et ailleurs elle ajoute l'article ou elle met du, c'est-à-dire de le . 
(à Moka) Du bon moka, du vrai moka, 
(à Agave) Ses feuilles contiennent un fll dont on fait des cordes etDBL& 

grosse toile, 
(à Râpé) Il ne nous a donné à boire que du râpé, du mauvais râpé. 
(à Vrai) Du vrai marbre. Un vrai diamant, 
(à Rousselit) Du gros rousselet. Du petit roustelet. 



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— 183 — 

Nous pensons que ces deux dernières phrases sont exactes, parce 
quMl y a deux sortes ou qualités de rousselet, et qu'il s'agit de distin- 
guer le gros rousselet du petit rousselet ; mais pour les autres exem- 
ples, nous croyons que ce sont des fautes à corriger. 

MOMENT, s. m... En ce moment, loc. adv. Présentement, à Theure 
qu'il est. Revenez me voir demain^ je suis trop occupé en ce moment 
pour vous recevoir. — L'Académie aurait dû faire connaître la diffé- 
rence de signification que présentent les expressions en ce moment et 
À ce moment. Nous croyons que la dernière ne s'emploie qu'en par- 
lant d'un temps passé et signifie Alors. La dernière fois que vous 
vîntes à Paris, il me fut impossible d'aller vous voir; À ce moment, 
j'étais retenu dans mon lit par une cruelle maladie. On pourrait dire 
aussi : En ce m^yment-hk^ dans ce moment-Lk, au lieu de À ce moment : 
En ce moment-hk, j'étais' retenu,.. 

Puisque l'occasion s'en présente, nous relèrerons une autre locu- 
tion. « Dans le moment, loc. adv. Bientôt, dans très-peu de temps. 
Je reviens dans le moment, » — Il nous semble qu'il serait plus exact 
de dire Dans un moment, comme l'Académie l'a fait dans ce même 
article : « Je reviens dans un moment », et à Être : « Je suis, je serai 
à vous dans un moment » ; et de réserver dans le moment pour expri- 
mer un temps relatif. // croyait me prendre au dépourvu; mais dans 
LE moment je me rappelai tout ce qui avait eu lieu, et je lui répondis 
en conséquence. 

Peut-être n'aurait^il pas été inutile de mettre également en présence 
les locutions dans un moment et en un moment. Je ferai cela dans 
(après) un moment; je ferai cela en (dans l'espace de) un moment. 

MONITEUR... , dans les écoles d'enseignement mutuel , se dît de 
l'élève chargé d'instruire un certain nombre de ses condisciples. 
L'école de ce régiment a de bons moniteurs. — Il faudrait ajouter : 
Dans cette acception, Moniteur a un féminin. Monitrice. 

MONTER, V. n. — L'Académie aurait bien fait de dire ici comme au 
verbe Descendre : « Il se conjugue avec le verbe Avoir ou avec le 
verbe Être, selon que l'on considère l'action ou son résultat ». Le lec- 
teur saurait du moins qu'on a voulu exprimer le résultat et non l'ac- 
tion même dans les phrases suivantes, où peut-être il aurait, lui, em- 
ployé de préférence l'auxiliaire avoir : Il est monté datis sa chambre, 
et il y est resté ^, Il était sergent, et il est monté àla sous-lieutenance. 
Il était lieutenant, et il est monté au grade de capitaine. Cet officier 
EST monté en grade. Cet écolier était en troisième, il est monté en 
seconde. Le cri de son peuple est monté jusqu'à lui. — Quant à cette 
phrase : Le blé est m^onté jusqu'à trente francs l'hectolitre, il nous 
semble évident qu'elle doit exprimer l'action , et qu'en conséquence 
si l'on n'emploie pas le passé défini le blé monta, pour exprimer une 

1. L'Académie fait eUemnème usage de l'auxiliaire avoir poar exprimer l'action dans cet 
exemple, qui précède immédiatement : H a momté quatre fois à ta dtambre dans la jmtmée. 



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— 184 — 

époque antérieure, il faudrait se servir de l'auxiliaire avoir, le blé 
A monté, comme on Ta fait dans la phrase suivante <r Cette dépense 
n'k pus monté haut. » 

MONTER... Monté sur le ton de. En usage de. Cette société n'est pas 
montée sur le ton de médire. — Ici nous relèverons l'exemple et la 
définition. Nous croyons qu'on ne dit ni être monté sur le ton de 
dire, de faire, ni être en usage de dire, de faire, A Tarticle Ton, 
l'Académie ne parle aucunement de la première de ces locutions, qui 
devrait s'y trouver si elle est bonne. Quant à la seconde, nous lisons 
à l'article Usage : // a l'usage de diner de bonne heure. Il est dans 
l'usage de rentrer tard » , et non, il est en usage de. » 

MORAVE. — Nous croyons que le nom de Moraves est plus généra- 
lement connu que celui de Hemutes ; puisque l'Académie a jugé con- 
venable de donner la définition à ce dernier mot, il aurait été bien de 
répéter ici le nom de Moraves pour renvoyer à Hemutes, 

MORDRE, V. a... Être mordu d'un chien enragé. — Être mordu par 
nous semble préférable à de; et cependant nous n'avons trouvé dans 
tous les exemples de l'Académie que être mordu de * : 
(à Mordre) Cet enfant est tout mordu de puces. 
(à Vipère) H a été mordu D'une vipère, 
(à Tarentule) Être mordu de la tarentule, 
(à Autant) Autant vaut être mordu D*tm chien que h'une chienne. 
(à Enrager) Cet homme a été mordu D'un chien... 
On trouve pareillement : 

(à Piquer) Être piqué de la tarentule. 
Cependant à ce même article Piquer on lit : 
Être piqué par un serpent. 
Être piqué par un cousin. 
Avec mangé on trouve également l'une et l'autre préposition : 
(à Vermine) Il est mangé, rongé de vermitie. 

(à Manger) Cette écriture, cette planche gravée est mangée par le temps. 
Avec rongé, c'est toujours la préposition de : 
(à Ronger) Un habit tout rongé de vers. 

Id. Un homme rongé i>*ulcères, de dartres, de vermine. 
Id. Un homme rongé de remords, de chagrins. 
Avec accueilli, assailli, battu, surpris, on trouve tantôt de, tantôt par: 
(à Accueillir) Ils furent accueillis de l'orage. 

Id. Le détachement, en approchant du bois, fut dcctieUli par 

une décharge de coups de fusil. 
(à Assailur) Nous fûmes assaillis d'ww» grêle de pierres. 
Id. Nous fûmes assaillis D*une furieuse tempête. 
(à Tempête) Il a été surpris de la tempête, par la tempête, assailli par la 
tempête. 
Id. Des vaisseaux agités et battus de la tempête, par la tempête. 

1. A Tarticle Couvrir, l'Académie dit môme : Cette chienne a été couverte D'un épagnerU, 
par im épagneul, comme on dirait elle était couverte db sang, db sueur, etc. 



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— 185 -. 

(à Battre) Un vaisseau battu db la tempête. 

Id, Un bâtiment battu par la mer, par des grains violents. 

MOUK^ S. m. Nom de peuple qu'on ne met ici que parce qu'il entre 
dans diverses phrases de la langue. Traiter quelqu'un de Turc à More. 
A laver la tête d*un More on perd sa lessive^. — On peut dire, sans 
crainte d'être démenti, que sur dix personnes il ne s'en trouvera pas 
deux qui écrivent More par un o ; et en géographie il est difficile de 
mettre en présence More et Mauritanie. Au reste nous lisons dans le 
Dictionnaire même de l'Académie : 

(à Appeler) Le comte Julien appela les Maures en Espagne. 

(à Christ) Ordre du Christ, Ordre militaire fondé en 1318, par Daniel I«', 
roi de Portugal, pour animer la noblesse contre les Maures. 

(à Expulser) Les Espagnols otU exptdsé les Maures. 

(à Expulsion) L'expulsion des Maures coûta bien du temps à l'Espagne, 

Toutefois nous devons constater que l'orthographe More s'y trouve 
bien plus souvent: aux articles À, Laver, Lessive, Perdre, Tête, 
Traiter , Turc , Mozarabe , etc. * 

MOREAU, adj. m. 11 se dit d'un cheval qui est extrêmement noir. 
Un cheval moreau, de poil moreau. — Ne peut-on pas dire Une jument 
MOREAU, et ne faudrait-il pas modifier la dénomination en disant, par 
exemple « adj. des deux genres )> ; ou même « adj. invar. »? à moins 
qu'on n'écrive des chevaux moreauX, ce qu'il aurait été utile de faire 
connaître par un exemple mis au pluriel. 

MORPHÉE. — Ce nom, qu'on prononce tous les jours, devrait se 
trouver ici pour réunir les diverses locutions dans lesquelles il est 
employé : « Être dans les bras de Morphëe ( à Bras ) ; les pavots de 
Morphée; Morphëe avait versé sur lui tous ses pavots, (à Pavot) ». 
Il ne faut pas qu'on soit dans la nécessité de demander à divers 
articles ce qui devrait être réuni dans un seul; et d'ailleurs où cher- 
chera-t-on ces locutions éparses, si l'on consulte le Dictionnaire pour 
apprendre à les connaître ? 

MORTE (LETTRE). — Voy. LETTRE. 

MORTE- EAU, MORTE - SAISON. — Ici CCS deux mots composés sont 
écrits avec un tiret; au participe de Mourir ils n'en ont pas : Morte 
eau, Morte saison. Quelle orthographe faut-il suivre? 

MOT, s. m. Une ou plusieurs syllabes réunies, qui expriment une 
idée. Mot français, latin, grec, etc. — L'Académie a fait suivre trop 
souvent, à notre avis, le substantif mot de la préposition de {\e mot de 
pied, DE pharmxicien, de rame, etc.), et nous croyons devoir présen- 
ter ici les phrases que nous avons remarquées avec ou sans cette pré- 

1. Dans cet article on trouve : des bas gris de more ( petite m ) ; — aux articles .Gris, Tkint, 
gris de More, teint de More ( avec une grande M). 

2. On nous demandera sans doute si nous conserverions au dans la première syllabe des 
dérivés de Maure. Oui dans mauresque: danse mauresque, architecture mauresque^ etc.; mais 
non dans mot^au, morelle, morillon, moricaud, etc^ ni môme dans mordoré où l'on ne recon- 
naît plus le radical more dont Ye a été retranché. 

24 



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— 180 — 

position. Nous commencerons par ces dernières, qui nous semblent 
destinées à servir de règle : 

(à Mot) En théologie, les mots consubstantiel et transsubstanticUion sont 
des mots consacrés; de même qu'en physique les mots gravi- 
tation, raréfaction, condensation, etc. 
(à PÉNULTIÈME) Dans le mot tempête, la pénultième syllabe est longue. 
(à Sous-entendrb) Dans ces locutions. Une bouteille de vin, un muid de 
vin, les mots pleine et plein sont sous-entendus. 

Nous avons même trouvé le mot terme non suivi de la préposition de : 

(à Prédicable) Le terme Animal est prédicable (peut se dire) autant de 
l'homme que de la bête. 

Maintenant voici quelques-unes des phrases où l'Académie ajoute le 
de, qui nous paraît choquant surtout dans la dernière phrase, User 
des mots de Tu et db Toi. 

(à Analogiquement) Le mot db pied se dit analogiquement du bas d'une 

montagne. 
(à Apothicaire) Le mot de pharmacien est aujourd'hui plus usité. 
(à Apothigairerie) Le mot de pharmacie est aujourd'hui plus usité. 
( à Aviron ) En termes de Marine il (aviron) est plus usité que le mot de ratne. 
(à Don) Le Don est devenu aussi commun en Espagne que le mot de 

Monsieur en France. 
(à Emporter) Le mot de vertu emporte presque toujours l'idée d'effort fait 

sur soû-méme. 
(à Gazetier) Il (le mot gazetier) a été remplacé, dans l'usage ordinaire, 

par le mot de journaliste. 
(à Maman) Terme dont les enfants, et ceux qui leur parlent, se servent au 

lieu du mot de mère* 
(à Tdtoïer) User des mots de tu et de toi en parlant à quelqu'un. 

On trouve aussi ce de employé avec certain, comme De certains 
mots, DE certains estomacs, remplir de certaines fonctions ; mais pour 
ces phrases on peut voir Tarticle Certain. 

Nous finirons cet article par une remarque sur deux termes qui 
nous semblent ne devoir pas être assimilés; ce sont les termes mot et 
nom. Nom est synonyme de Titre, qualité, qualification morale, et doit 
être toujours suivi de la préposition de. Il faut dire, les noms de 
père, D^époicx, de mère, de frère, etc.; les noms de grand, D^ami, de 
bienfaiteur, etc., comme on dirait Le titre, la qualité de père, 
d'époux, etc., la qualification de grand, rf^ami, etc. Il n'en est pas de 
même pour mot : on dit très-bien, Les mots père, époux, mère, frère; 
les mots grand, ami, bienfaiteur, etc. 

Il est des cas cependant où le de peut et doit même se mettre 
après mot; c'est lorsqu'il est suivi d'un participe; ainsi l'on dira : il 
y a là un mot D'ajouté, de supprimé, de sous-entendu, etc.; dans ces 
phrases, de signifie Qui est : un mot qui est ajouté, supprimé, sous- 
entendu, etc. 

Quelquefois encore, sans être suivi d'un participe, il ne choque pas 



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— 187 — 

précisément; c'est lorsque le mot suivant est une épithète, ou, si Ton 
veut, lorsque mot peut être lui-même remplacé par épithète^ comme 
dans Le mot de gredin est injurieitx. 

11 en est de même, croyons-nous, lorsque mot peut être remplacé 
par nom : le mot de gazetier a été remplacé par le mot de journaliste ; 
les enfants emploient le mot de maman au lieu du mot de mère. 

Enfin mot peut, ce nous semble, représenter le mot idée ou quelque 
autre équivalent, et alors le de ne choque pas davantage, comme dans 
la phrase suivante de H. Heine : Il (Bellini) avait tant envie de vivre! 
Le mot DE mort excitait en lui un délire d'aversion ; il ne voulait pas 
entendre parler de mourir; il en avait peur comme un enfant craint 
de dormir dans l'obscurité. 

Le peu qui a paru jusqif ici du Dictionnaire historique de la langue 
française nous donne la presque certitude que toutes ces nuances y 
seront exprimées avec des exemples à l'appui ; malheureusement nous 
n'aurons pas le plaisir d'en voir la lettre M. En attendant, il serait à 
désirer que dans son Dictionnaire ordinaire l'Académie, sans entrer 
dans de grands détails , nous donnât plusieurs exemples où de serait 
tantôt admis comme utile, tantôt rejeté comme superflu. 

MOT... Mot à mot s'emploie quelquefois substantivement, et signifie 
Traduction littérale. Cette version n'est qu'un mot à mot. Voilà le mot 
à mot de la phrase , maintenant traduisez avec élégance. — Ce sub- 
stantif et le terre à terre nous semblent devoir prendre des tirets 
comme le tête-^tête. 11 en est plusieurs autres, tels que un à peu 
près, un en cas, un pot pourri, le laisser aller, etc., où l'Académie 
n'a pas mis de traits d'union, et où nous les croyons nécessaires. 

MOUFLE, s. f. Machine, formée d'un assemblage de plusieurs pou- 
lies... Lever un fardeau avec une moufle, avec des moufles. — Movfle^ 
s. m. Terme de Chimie. Vaisseau de terre dont on se sert pour expo- 
ser des corps à l'action du feu, sans que la flamme y touche immé- 
diatement. 

Autrefois moufle était féminin dans les deux acceptions ci-dessus, 
mais il n'en est plus ainsi : aujourd'hui tous ou du moins presque 
tous les ingénieurs, les mécaniciens, en un mot les gens du métier, 
font ce mot masculin quand il signifie Assemblage de poulies, et 
féminin quand c'est un terme de chimie. C'est précisément le con- 
traire que nous trouvons dans le Dictionnaire de l'Académie; et si elle 
n'avait pas mis lever un fardeau avec une moufle ^, nous croirions 
qu'une erreur typographique a fait transposer le genre de ces deux 
mots. 

MOUSSEUX, EUSE, adj... Rose mousseuse se dit abusivement pour 

1. Dans la quatrième édition on a mis s. m., ce qui est d'accord avec le genre actuel ; ce- 
pendant comme l'exemple dit une moufle, il serait difficile de juger où est la faute typogra- 
phique, si cette acception ne venait immédiatement après une autre où le genre diffère : 
MouFLB, s. f., Mitaine... 



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— 188 — 

Hose moussus, d'une rose dont le calice et la tige sont garnis d'une 
espèce de mousse. — Moussu, ue, adj. Qui est couvert de mousse. (M 
arbre moussu* Une pierre moussus. Cette carpe était si vieille^ qu'elle 
avait la tête toute moussue. 

Nous croyons que mousseux (qui mousse, qui fait beaucoup de 
mousse) ne peut se dire en parlant de la rose, et que moussu n'est 
guère meilleur, car il ne s'agit point ici d'une mousse qui s'attache à 
la rose comme elle s'attache aux arbres, aux pierres, aux carpes, etc.; 
nous préférons l'expression rose-mousse (fleur qui participe de la 
rose et de la mousse), qui est employée dans quelques localités. Cette 
locution correspondrait à plusieurs autres noms de fleurs et de fruits : 
clématite-viorne, aristoloche-clématite; abricot-péche, pomme-povn 
et pomme-figus; chovn fleur, chour-navet, chou-rave, etc. 

MOUSTIQUE, s. m. — L'usage, et surtout l'étymologie (en espagnol 
mosquito, qui lui-même vient de musca)^ aurait dû faire préférer 
mousquite, ou peut-être mieux encore mosquite» Les Anglais disent 
mosquito ou musquitto, les Italiens moschino, les Allemands muskito. 
— On a mieux obéi à l'étymologie pour le genre, qui sans cela sem- 
blerait devoir être féminin, genre que l'Académie lui donnait en effet 
dans la quatrième édition de son Dictionnaire. 

Ces transpositions de lettres soQt faites dans plusieurs mots par des 
personnes peu instruites ; ainsi l'on dit souvent Saragota pour Saror 
toga, Tangarog pour Taganrog, Yutacan pour Yucatan, Catalayud 
pour Calatayvd, catacois pour cacatois, etc. On donne aujourd'hui le 
nom de tangara à l'espèce de passereau que Linné appelait tanagra. 

MOUVOIR... Mû, ue, part.-— Le circonflexe nous semble n'être d'au- 
cune utilité au masculin de ce participe, qui n'a pas d'homonyme; on 
n'en met pas à tu, participe du verbe taire, qui autrefois s'écrivait 
teu, et qui a pour homonyme le pronom tu; m à plu, participe de 
plaire, qu'autrefois l'Académie écrivait pleu^. 

MUFTI. — Au mot Fetfa, on lit : « Mandement du mnphtu » 

MULES, s. f. pi. Sorte d'engelures qui viennent aux talons dans les 
grands froids. Avoir les mules aux ^a^ows. — Pourquoi ce mot n'a-t-il 
pas un singulier aussi bien qn^engelure-f On n'a pas plus nécessaire- 
ment une mule à chaque talon qu'une engelure à chaque oreille ou à 
chaque doigt. — Pourquoi encore dit-on les mules plutôt que des 
mules, puisqu'on dit avoir des engelures et non les engelures f • 

MULTIKÔME, s. m. Terme d'Algèbre. Grandeur exprimée par plu- 
sieurs termes que joignent les signes plus ou moins. Il est peu usité: 

1. On a peine à comprendre la raison de cet e dans le participe des verbes taire et plairt 
(teu, pieu). Dans teu, ce pouvait être pour empêcher une confusion avec le pronom tu; mais 
dans pieu c'était un contre-sens , car il aurait dû se mettre au participe de pleuvoir, et non i 
oelai de plaire. Cependant on lit dans les deux premières éditions du Dictionnaire de l'Aca- 
démie * Il a PLBU à Dieu de l'affUger » , tandis qu'au participe du verbe pleuvoir il n'y a 
pas même un circonflexe : « U bruit couroU qu'il avoit plu du sang m tel endroit, qvlU y 
anoU PLU deê pierrei. * 



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— 189 — 

on dit plus ordinairement et mieux Polynôme. — L'Académie aurait, 
ce semble, mieux fait de dire seulement : « Moltinôme. Yoyez Poi,y- 
19011 E » , ou même de ne pas citer ce mot hybride. 

MUSE, s. f. Chacune des neuf déesses qui , suivant les anciens, pré- 
sidaient aux arts libéraux , et principalement à Téloquence et à la 
poésie... £^ Muse de r histoire j de l'épopée, de la tragédie, de la corné-' 
die champêtre, de la danse, etc,^ Il y a neuf Muses; l'Académie n'en 
mentionne que cinq et n'en nomme pas une. Nous croyons devoir 
suppléer à son silence en indiquant leurs noms et leurs attributions : 
Clio présidait à l'Histoire; Calliope, à l'Éloquence et à la Poésie 
héroïque; Melpomène, k la Tragédie; Thalie, à la Comédie; Euterpe, 
à la Musique; Érato, à la Poésie erotique; Terpsichore, à la Danse; 
Polymnie, à la Poésie lyrique; Uranie, à l'Astronomie. 

MYSTIQUE, adj. des deux genres. Figure allégorique. Il ne se dit 
que Des choses de la religion.— Au lieu de Figure allégorique, il faut 
lire, comme dans la quatrième édition. Figuré, allégorique, 

N 

NAGEUR, EUSE, S. Celui, celle qui nage, qui sait nager. Grand nor 
geur. Bonne nageuse, — Il signifie quelquefois. Un batelier qui rame. \ 
Nous avions quatre nageurs. 

On a omis un emploi important de ce mot, celui de nageur pris 
adjectivement, qu'on trouve à l'article Palmipède : « Il (palmipède) 
se dit Des oiseaux nageurs qui ont des pieds dont les doigts sont unis 
par une membrane. » 

NAISSANCE... Il est sourd et muet de naissance, dès sa naissance. — 
Peut-on dire « Il est sourd et muet, il est aveugle dès sa naissance » ? 
Il nous semble qu'avec le présent de l'indicatif il faut employer 
depuis, tandis que dés s'emploie ou avec un temps passé : il était in- 
firme, il fut malheureux, il a été prince dès sa naissance; — ou avec 
le futur : il sera riche dès sa naissance. 

NAISSANCE. — Pour le sens figuré de ce mot nous trouvons comme 
exemple « Cest la politesse, c'est le désir de plaire qui a donné nais- 
sance à cet usage » ; mais pour le sens propre l'Académie ne nous 
apprend rien. Faut-il dire. Donner naissance ou la naissance à un 
enfant f Nous lisons 

(à Jour) Mettre au jour, Donner la naissance. 

( à Monde) Mettre un enfant au monde , Donner la naissance à un enfant. 

Nous pensons donc que dans le sens propre il faut dire donner la 
naissance, et au figuré donner naissance. Il est nécessaire que l'Aca- 
démie signale cette différence en donnant les deux locutions et en 
les rapprochant autant que possible. 

naItre... Mal né, ée, adj. Qui a de mauvaises inclinations. — 
Mort-^, ée, adj. Mort avant que de naître. 



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— 190 — 

Que né soit considéré comme adjectif dans les locutions un enfant 
mal né, une fille mal née, c'est-à-dire qui a de mauvaises inclinations, 
nous le comprenons sans peine, parce qu'il ne s'agit point là de nais- 
sance proprement dite ; né y est employé fîgurément. Mais il nous 
semble que dans mort -né il n'en est pas ainsi; c'est le verbe naitré 
employé dans le sens propre, et en conséquence né devrait être appelé 
PARTICIPE et non adjectif. Nous en dirons autant de nouveau-né, et 
nous pensons qu'il aurait suffi d'un changement dans la rédaction 
pour tout concilier. 

Cela dit, nous relèverons l'omission de dernier-^, correspondant 
de premier -né, et c'est à l'article Nourrice que nous prendrons 
notre citation : 

Elle a voulu être la nourrice de son DERNiER-Né *. 

En terminant nous poserons une question dont nous n'avons trouvé la 
solution ni dans les dictionnaires ni daiis les grammaires, et qui nous 
est suggérée par une phrase du Dictionnaire de l'Académie. Elle met 
avec raison un tiret à légat-né, président-né, ennemi-né, protecteur- 
né ; mais en même temps elle donne un exemple où né n'est pas pré- 
cédé du tiret : « L'archevêque de Paris et l'abbé de Cluny étaient 
^ conseillers d'honneur nés du parlement de Paris, » On comprend 
parfaitement la cause de cette différence ; c'est que dans cette dernière 
phrase né se rapporte à conseiller et non à honneur; si l'on écrivait 
conseiller d'honneur avec un tiret, on pourrait en mettre un second 
entre honneur et né; ainsi par exemple on écrirait un quinze-vingt- 
NÉ, si cette locution était en usage. L'exemple ci-dessus nous donne 
à penser qu'il ne faut pas de tiret dans les phrases suivantes : 

Ce marchand de vin là est très-bien assorti. 

Ces preuves de bonté là sont rares. 

Diviser le demi grand arc. — Papier demi grand aigle. 

Cependant quelques auteurs mettraient le tiret entre vin et là, bonté 
et là, bien que là se rapporte à marchand et à preuves ; entre demi 
et grand, parce qu'ils considèrent grand arc, grand aigle, comme 
ne formant qu'un seul mot ou ne représentant qu'une seule idée. — 
Enfin nous ferons remarquer que le tiret se transpose quelquefois; 
ainsi l'on écrit : Notre saint-père le pape et Notre très-saint père. 
NAPHTE. — Ce mot, d'origine égyptienne, syriaque ou chal- 
déenne, etc., se disait en grec naphtha, naphthas et naphthè; les 
Latins l'ont écrit naphta on pluiàtnaphlhas. Cette dernière variante 
est d'accord avec la règle qui veut que le ph soit suivi d'un th, comme 
dans phthisie, et non d'un simple t; et l'Académie, qui pour la pre- 
mière fois fait ce mot masculin conformément au genre de naphthas 
(grec ou latin), et pour la première fois aussi écrit aphthe et ophthai- 

1. Nous ne voyons pas précisément l'utilîté du tiret dans ces expressions le premier-né, le 
demier^né, et nous en demanderons la suppression. Yoy. Dbbnibr. 



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— 191 — 

mie avec th conformément à Fétymologie grecque, aurait bien fait 
de mettre également th à naphte, qu'on est involontairement entraîné 
à écrire naphthe. Voy. Métonomasie. 

uns. Mot qui rend une proposition négative, et qui précède toujours 
le verbe. — Ce tout petit mot joue un grand rôle dans notre langue ; 
et précisément parce qu'il est petit, il s'introduit souvent dans des 
phrases où il n'a que faire , et où quelquefois môme il fait entendre 
le contraire de ce qu'on veut dire. A quoi sert -il, par exemple, 
dans les phrases suivantes : 

« Je ne commencerai pas mon travail avant que vous ne soyez ici. 
Je ne ferai rien sans qi*e vous ne soyez présent * » î 

et ne fait-il pas au moins un non-sens dans celle-ci : 

« Il NE compte pour rien tous les services qu'on lui a rendus > » ? 
On n'a pas à reprocher à l'Académie de l'avoir admis dans ces sortes 
de phrases ; mais il en est d'autres d'où , suivant nous , il serait utile 
de le faire disparaître, ne fût-ce que pour simplifier la diction. Pour- 
quoi faut-il dire 

Je crains qu'il ne vienne. 

Je crains quHl ne vienne pas. 

Je NE crains pas qu'il vienne. 

Ne craignez-vous pas qu'il ne vienne? 

A quoi sert la négation dans la première et là quatrième de ces 
phrases? Quant à celles-ci, 

Je doute qu'U vienne. 

Je NE doute pas qu'il ne vienne. 

Doutez-iXHÂS qu'il ne vienne ? 

l'Académie aurait pu y ajouter 

Ne doutez-vous pas qu'il vienne? 
ce qui aurait fait à peu près le contre- pied des phrases construites 
avec craindre. Elle dit encore : 

Doutez-vous que je sois malade ? 

Doutez-vous que je ne tombe malade si je fais cette imprudence ? 

Dans cette dernière phrase le ne est-il bien nécessaire? ne serait- 
elle pas comprise si on le supprimait? 

1. Quelquefois on supprime avant que, sans que, et on les remplace par que... ne; on lit: 
( à QuB ) Je n'irai point là que tout nb soit prêt ( avant que tout.soit prêt). 

Id. Il ne fait point de voyage qv'il M^/ut arrive ( sans qu'il lui arrive ) quelque 
accident, 
i. Quelques personnes croient que rien a toujours le sens positif de quelque chose s'il n'est 
pas accompagné de la négation ; cependant on dit tous les jours avec l'Académie : 
(à Compter) // compte pour rien tous les services qu'on lui rend. 
Id. Pensez-vous qu'il se compte pour rien ? 

(à Rien) Je compte cela, je compte cet homme-là pour bien. 
Id. Ce que vous dites et bien , c^est la même chose. 

Id. Cela me fait moint que rien. 



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— 192 — 

Maintenant voici le verbe Empêcher : 

La pluie empêche d'aller se promener, empêche qu'on n'aille i se promener. 
Je n'empêche pas qu'il ne fasse ou qu'il fasse ce qu'il voudra. 

Comme on le voit , ici la règle n'est plus la même : l'emploi de la 
particule est nécessaire si la phrase est positive ( affirmative ) ; il est 
facultatif si elle est négative. Mais l'Académie ne dit pas ce qu'il faut 
faire si la phrase est interrogative ou dubitative , comme celles-ci : 

Empêcherez-vous qu'on vienne {ou qu'on ne vienne) me voir? 

Voulût-on empêcher que la foule se précipite (ou ne se précipite) à sa 

rencontra. . . 

A l'article Ne, l'Académie dît : « Après les verbes Nier^ disconvenir, 

on peut indifféremment supprimer le Ne ou l'employer. Je ne nie pas, 

je NE disconviens pas qtie cela ne soit, qvs cela soit » ; et à l'article 

Nier on lit de même : 

Je NE nie pas qu'il m'ait fait cela, qu'il ait fait cela» 
mais à Disconvenir on trouve une variante , celle du mode indicatif 
au lieu du subjonctif lorsque la négation est supprimée : 

Vous ne sauriez disconvenir qu'il ne vous ait parlé, ou qu'il vous a parlé. 
Ces deux dernières formes sont celles que l'Académie emploie avec 
le verbe Désavouer : 

Je NE désavoue pas qiM je N'en aie été fâché, que j'en ai été fâché. 
La locution s^en falloir présente aussi des difficultés. Employée 
avec peuj peu de chose, de peu, de guère, etc., l'Académie l'accom- 
pagne de la particule ne : 

(à Falloir, Peu) Il s'en faut de peu que ce vase ne soit plein. 

(à Guère) Il ne s'en faut de guère que ce vase ne soit plein. 

(à Peu) Il s'en faut peu de chose que cela n'aille. 

(à Falloir) Il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé. 

(à P^u) // s'en fa/ut peu que je ne vous blâme. 

(à Falloir) Peu s'en est failu que je ne vinsse. 

(à Ne) Peu s'en faut qu'on ne w'ait trompé. 

Avec beaucoup, de beaucoup, elle supprime ne : 

(à Arriérer) Vous voilà bien arriéré, Il s'en faut de beaucoup que votre 

tâche SOIT aussi avancée qu'elle devrait l'être. 
(à Falloir) Il s'en fa/ut de beaucoup qus leur nombre sorr complet. 

Id. Il s'en faut beaucoup que l'un sorr du mérite de l'autre, 
(à Satisfaire) H s'en faut beaucoup qu'il ait satisfait l'attente du public. 

A quoi tient cette différent? Pourquoi dire sans la négation, Il 
s^en faut de beaucoup çwe leur nombre soit complet, et avec la néga- 

1. L'Académie dit, à l'article Ne : « Dans ces phrases, Je crains que mon ami kb mettre, 
vous empêchez qu*on ne chante, et autres semblables, ce mot Ne n'exprime point une néga- 
tion ; c'est le Ne ou le Quin des Latins , qui a passé dans notre langue. » — Mais le franco 
n'a-tr-il pas assez de ses propres idiotismes sans se charger encore de ceux des langues étran- 
gères? L'emploi facultatif de mots dont l'utilité n'est pas démontrée ne fait qu'embarrasser 
eeux qui écrivent. 



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— 198 — 

tion, Il s* en faut de peu q\ie ce vase ne soit plein? Quelques gram- 
mairiens prétendent qu'avec il s'en faut, si la phrase principale est 
dubitative, interrogative, négative, ou si elle renferme les mots peu, 
guère, etc., la subordonnée doit prendre la négation ne; mais il nous 
semble qu'on pourrait très-bien dire : 

S'en faut-il de beaucoup que la somme soit complète? 

Il ne s*en est pas beaucoup fallu qu'il fCt tué. 

Peu s*en est fallu, il ne s'en est guère fallu que je fusse trompé par son 
air de candeur. 

Nous ne critiquerons pas les grands écrivains qui peuvent avoir 
employé la négation ne dans ces sortes de phrases; mais nous croyons 
qu'elle est inutile et qu'il serait bon de la supprimer. 

Après un comparatif d'égalité , on ne met pas la particule ne, lors 
même que la phrase est négative : 

Il n'est pas aussi prudent que vous l'êtes. 
mais après les comparatifs d'inégalité moins, plus, mieux, eic, on 
met la négation lors même que la phrase est affirmative : 
(à Moins) Il est moins spirituel qu'il n'est instruit, 
(à Plus) // est plus heureux que vous ne l'êtes. 
(à Mieux) // chante mieux, beaucoup mieux qu'il ne faisait. 

L'Académie met un ne dans le second membre de la phrase , lors 
même qu'il y a «e pas dans le premier : 

(à Plus) Je ne le connais pas plus que vous ne le connaissez. 
Buffon aurait dit « pas plds que vous le connaissez »; et il nous sem- 
ble que l'Académie lui donne raison dans les exemples suivants : 
(à Autrement) Il n'agit pas autrement qu'il parle. 
(à Tenir) Je n'en ai non plus qu'il en pourraff tenir dans l'œil, dam 

mon œil* 
(à Quttter) Il ne le quitte non plus que l'ombre fatt le corps (V. Non plus). 

Souvent on supprime la seconde négation au moyen d'ui^e ellipse : 
Il n'est pas plus heureux que vous ( ne l'êtes ). 
Vous n'êtes pas mieux informé que moi (je ne le suis). 
Voici deux locutions dans lesquelles l'emploi ou la suppression de 
ne dépend de l'idée qu'on veut exprimer ; si la phrase est positive, on 
ne met pas la négation ; on la met si le sens est indéterminé : 

Depuis que je l'Ai yu si triste , si sombre , je me suis souvent demandé . . . 
Depuis que je ne I'ai vu, il a bien changé, dit-on, au physique et au moral. 
Il y a longtemps que je I'ai vu riche, heureux; mais depuis. . . 
Il y a longtemps que je ne I'ai vu gai comme il était autrefois. 
L'Académie s'est bornée à dire (à Depuis) Depuis que je ne l'ai vu; 
Depuis que je vous ai vu; (à Longtemps) Il y a longtemps qu'il est 
revenu; ce qui ne nous apprend rien pour l'emploi qu'on doit faire 
de la négation. Elle aurait dû nous donner, sinon la règle à observer,, 
du moins des phrases assez complètes pour faire comprendre quand 
on doit ou non ajouter la particule ne. 

25 



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— 194 — 

NiÊCESSiTER) V. a. Contraindre, réduire à la nécessité de faire quel- 
que chose. Dès que vous l'attaquez, vous le nécessitez à se défendre. 
Vous l'avez nécessité à faire telle chose, La grâce ne nécessite point 
la volonté, — Il signifie plus ordinairement, Rendre une chose néces- 
saire. Cela nécessite une démarche de voire part, 

La première de ces acceptions, qui seule figurait dans les quatre pre- 
mières éditions, est maintenant à peu près hors d'usage*; on ne dit 
plus Nécessiter quelqu'un à faire ou de faire quelque chose; on em- 
ploie la périphrase « Mettre quelqu'un dans la nécessité de ». Quant 
à la dernière, elle s'emploie tous les jours : Cette bâtisse, ce procès 
ifÉGCS^iTA de grandes dépenses, des allées et venues, tm séjour à Paris. 

NÉCROMANCE OU NÉCROMANCIE. Nécromancien, Négromancien, 
ienne; Nécroimmt ou Négromomt, — L'étymologie et l'analogie avec 
aéromancie, chiromancie, cenomancie, doivent faire préférer nécro- 
mancie à nécromance, et conséquemment lui assigner la première 
place. L'Académie dit elle-même que nécromance a été le premier en 
usage, mais que nécromancie est plus usité. — Quant à négrom^ancien 
et négromant, ce sont des restes de l'ancienne prononciation adoucie g 
pour c, comme Claude, Claudine, segond et segonder, segret et segré- 
taire, etc., po.ur Claude, second, secret, etc. ; l'Académie aurait pu les 
supprimer comme elle a fait de négromance et négromameie, qui re- 
présentaient la prononciation autrefois à la mode, et prescrite même 
dans les trois premières éditions de son Dictionnaire, ïnais dont elle 
ne parle pas dans les deux dernières (quatrième et sixième). 

NÉGLIGER 9 V. a... NÉGLIGÉ, ÉE, part. Style négligé, Eœtérieurné- 
gligé. Éducation négligée, — Il est aussi substantif, au masculin... 
Elle était dans son négligé. Vous voilà dans un grand négligé. 

Il nous semble qu'il aurait été plus convenable de mettre Négligé, 
s. m., à son rang alphabétique, c'est-à-dire avant Nègligement, s. m., 
comme l'académie l'a fait pour Déshabillé. Le lecteur qui n'est pas 
habitué à ces liaisons d'idées du substantif avec le participe cherche 
les mots à la place qu'ils doivent réellement occuper, et croit qu'ils 
manquent s'il ne les trouve pas là. Nous en dirons autant pour cer- 
tains adjectifs qui sont placés après le verbe dont ils semblent déri- 
ver, au lieu de le précéder. 

NÉGRESSE. NÉGRERiE. — Transposez : Négrerie. Négresse'.— On 
devrait écrire Négrerie avec un è grave, comme espièglerie, mièvre- 
rie, piètrerie, etc. Voy. Accents. 

NÉNUFAR,is. m. ç- Tous ceux qui ont fait leurs classes écrivent 
nénuphar, et c'est ainsi qu'on le trouve dans le Supplém^Eit de la pre- 
mière édition (1696). 

4 . Sauf cependant 1« cas du troisième exemple c la ffrdee ne nétessite point lavoUmH», qé 
est ua terme mystique sur lequel nous n'avons rien à dire. — On jregretia que r^Académit 
n*ait donné qu'un seul exemple de la dernière acception. 

2. Dans cet article NéoRBssB, on a mis négresse maronne avec uno seule r au lieu de mar- 
ronne. 



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— 195 — 

SETTOTEE) V. a. (Il 86 conjugue comme Envoyer,) -^Linex : comme 
B^mployeTj car nettoyer fait au futur je nettoierai et non je netlerrai. 
— - Nou» fârons en même temps une autre remarque, c'est que TAca* 
demie avertit qu'il faut conjuguer comme employer les verbes bor^ 
noyer, gro$soyer, larmoyer et quelques autres qui ne sont guère usités 
qu'i l'infinitif , tandis qu'elle ne dit rien pour apitoyer, charroyer, 
côtoyer, eovdoyer, etc,, qui s'emploient à tous les temps. 

NEVTRE, a(y. des deux genres... Verbe neutre. Verbe qui ne peut 
point avoir de régime direct, comme aller, venir, marcher, eto. 

Voilà une définition bien brève, et qui n'est guère satisfaisante. 
L'Académie, qui, sans le dire expressément, nous donne à entendre 
que les substantifs neutres sont ainsi appelés parce qu'ils ne sont ni 
masculins ni féminins, ^ et que les sels sont dits neutres quand ils 
ne sont ni addes ni alcalins, ^ aurait pu tout au moins nous dire si 
les verbes neutres ont reçu ce nom parce qu'ils ne sont ni actifs ni 
passifs. Bonne ou non, ce serait du moins une explication admissible. 

Mais ce n'est pas ici seulement que nous sommes arrêté au sujet 
du mot neiUre. Dans le cours de son Dictionnaire, l'Académie appelle 
souvent verbe neutre ce qu'ailleurs elle regarde comme un verbe 
actif employé absolument, ou même comme actif, sans restriction 
(Voy. DAiancH, DiFFÉREK, etc.). Les exemples que nous pourrions 
citer sont nombreux, et nous n'aurions que l'embarras du choix; mais 
nous nous bornerons à trois verbes, qui par leur synonymie appa* 
rente, sinon réelle, semblent faits tout exprès pour l'objet qui nous 
occupe ; ce sont les verbes répondre, repartir, répliquer. 

L'Académie regarde Répi^iqder comme toujours actif; elle ne parle 
dans cet article ni de neutre ni d'absolu , même pour ces phrases : 
« Mon avocat a parlé le premier, le vôtre a répondu, le mien a réplï»' 
QUé. Il a bien répuqdé, répliqué fortement.,. Quand il commande 
quelques chose, il ne souffre pas qu'on lui réplique, qu'on RÉpiiiQus,,. 
Ne BÉPLiQUEZ pas, 

« RÉPONDRE s'emploie souvent, dlt^elle, absolument. Répondre à 
propos, sur^e-champ,,. Je lui ai répondu sur toutes les choses qu'il 
m'a demandées. Il a répondu à toutes les questions qu'on lui a faites. 
Hésiter à répondre. Répondre par des injures. H ne répond à ses 
reproches que par des larmes, » 

Pour le troisième verbe, comme l'article est court et que tout y est 
mêlé, nous le citerons en entier. « Repartir, v. actif, et quelquefois 
neutre. Répliquer, répondre sur-^le-champ et vivement. // ne lui a 
REPARTI que des impertinences. Il ne lui a reparti que par injures, que 
par des injures. Repartir brusquement, vivement. S'il m'en parle, je 
saurai bien lui repartir, je saurai bien que lui repartir, n 

Malgré la synonymie de ces trois verbes, nou» voyons que TAca» 
demie leur donne trois dénominations différentes. Répliquer est re- 
gardé comme actif dans Ne répliquez pas, où il paraît d'abord difl^- 



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— 196 — 

cile de suppléer un régime sous-entendu ; — Répondre est dit absolu 
dans Hésitera répondre , où Ton doit sous-entendre « ce qu'on voulait 
ou ce qu'on devait dire » , et dans II ne répond à ses reproches que 
par des larmes, où le complément direct ne se présente pas facile- 
ment à Tesprit; — Repartir est appelé neutre dans celle-ci, qui a 
beaucoup d'analogie avec la précédente : Il ne lui a reparti que par 
injures, que par des injures, = Enfin Repartir est encore appelé 
NEUTRE, nous le pensons du moins, dans cette phrase : Repartir brus- 
quement, vivement, parce qu'il n'y a pas de régime exprimé , tandis 
que RÉPLIQUER est dit actif dans celle-ci, // a bien répliqué, répliqué 
fortement, et que Répondre est regardé comme employé absolument 
dans Répondre à propos, sur-le-champ. 

Pour conclure nous dirons que la dénomination de verbe neutre, 
que l'Académie définit « Verbe qui ne peut point avoir de régime di- 
rect , comme aller, venir, marcher, etc. » , nous semble n'être pas 
applicable à ceux dont le régime est sous-entendu et peut être expli- 
qué d'une manière plus ou moins naturelle, comme dans repartir 
brusquement, vivement ; répliquer fortement; répondre à propos, sur- 
le-champ, etc. ; ceux-ci doivent être' considérés comme employés 
absolument. — Il faudrait donc réserver la dénomination de neutre 
pour les verbes qui n'ont jamais d'acception active, comme aller, 
venir, marcher, etc., et pour ceux auxquels il est absolument impos- 
sible de donner un régime direct. Prenant nos exemples parmi ceux 
qui tantôt s'emploient avec un régime direct, tantôt ont un sens qui 
ne leur permet pas d'avoir un régime, nous donnerons comme neutres 
les suivants : La nuit approche; courir de toutes ses forces; ce ma- 
lade EMPIRE à vwe d'œil; je pense toujours à vous; le pain renchérit; 
la messe tinte , etc. etc. Dans ces deux dernières phrases et autres 
semblables on pourrait dire que le verbe est neutre passif, car elles 
signifient Le pain est renchéri, la messe est tintée, etc. — Terminons 
en disant qu'aujourd'hui les grammairiens donnent assez générale- 
ment au verbe le nom d' intransitif, quand l'action exprimée par ce 
verbe ne sort pas du sujet, comme aller, marcher, venir, etc,,ei 
même quand l'action ne passe au complément qu'au moyen d'une 
préposition, comme nuire À quelqu'un, Voy. Transitif. 

NOMBRIL, s. m... se dit, en Botanique, de certaines cavités qu'on 
aperçoit à la partie des fruits qui est opposée à la queue, et auxquelles 
les jardiniers donnent le nom d'CEil, — Le mot nombril n'est pas 
un terme de Botanique ; on ne le trouve dans aucun vocabulaire de 
cette science. Quant au mot œil, on l'emploie généralement, comme 
les jardiniers et les botanistes eux-mêmes, pour signifier l'espèce de 
couronne qu'on voit au sommet de quelqujes fruits tels que les poires, 
les pommes, les coings, et qui se compose des dents du calice. Il y a 
même une variété de poire dans laquelle ce caractère est double, et 
qu'on appelle poire à deux yeux. 



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— 197 — 

NON... Nonr-seulement. — Ce tiret est-il nécessaire? L'Académie ne 
l'a pas mis dans les trois premières éditions, et nous pensons qu'on 
pourrait s'en passer de même aujourd'hui : il n'y a pas de liaison 
intime entre ces deux adverbes. 

NON... Non plus, loc. adv. Pas plus. Il n'en fut non plus ému que 
sHl eût été innocent. On n'en parle non plus que s'il n'eût jamais été^. 
Je n'en sais rien, non plm que vous. — La dernière de ces locutions, 
non plus que vous, que lui, que nous, qu'eux, est assez fréquemment 
employée, mais nous croyons que maintenant, dans les deux pre- 
mières phrases, on substitue pas plus à non plus. Il en est de même 
pour celles-ci : 

(à Drap) Fig. et fam., Ce malade, cet enfant ne se soutient non plus qu'un 

drap mouillé, Il ne peut se soutenir. 
(à Jalodx) // ne dort non plus qu'un jaloux, Il ne saurait dormir. 
(àTE:viR) Je n'en ai non plus quHl en pdhrrait tenir dans l'œil, dans 

mon œil, 
(à Passer, y, a,) Il ne peut non plus s'en passer que de sa chemise, que 

de chemise, 
(à Quitter) H ne le quittée non plus que l'ombre fait le corps, 

A cette dernière phrase nous préférons les variantes que nous 
trouvons à l'article Ombre : 

Il le suit COMME Vombre fait* le corps. 
Il ne le quitte pas plus que son ombre, 

NOURRICIER, 1ÈRE, adj. Qui opère la nutrition, qui sert à la nutri- 
tion, qui se répand dans un corps pour en augmenter la substance... 
On a cru de certaines plantes qu'elles attiraient les sucs nourriciers 
du sol qui les produit. 

Dans cet exemple on nous présente comme erronée l'opinion de 
ceux qui pensent que les plantes ou tout au moins certaines plantes 
tirent leur substance de la terre. Cependant il paraît que le fait est 
certain, et voici des phrases où l'Académie semble le reconnaître : 
(à Égravillonner) On égravillonne^ (on ôte la plus grande partie de la 
terre d'entre les racines d*un arbre qui a été levé en 
motte, et qu'on veut replanter) afin que l^ racines 
puissent prohter des sucs nourriciers de la nour 
velle terre, 
(à Exsuccion) Il y a dans la racine des plantes une sorte d'ExsuccioN. 
(à Substance) Les arbres, les plantes attirent la substance de la terre, 

1. k l'article Plus l'Académie ne donne pas d'exemples de cette acception , qui a vieilli ; 
•Ue se borne à ces deux phrases : 

On n'exige rien de vous, non plus que de votre camarade. 
Je ne me fie pas à Iw, non plus qu'à son frère. 

2. Aujourd'hui , au lieu d'employer le verbe faire, on répète le premier verbe el l'on dit : 
fl le surr comme l'ombre surr le corps. — Quant à cette phrase Je n'e^i ai non plus qu'il en 
P^, qu'on trouve à l'article Pleuvoir, nous croyons qu'on la rendrait par ces moto : J'en ai 
COMMB il en pleut, autant qu'i7 en pleut. 

3. L'Académie dit qn* égravillonner est un verbe actif ; elle aurait dû ajouter que dans cet 
•xemple il est employé absolument, puisqu'elle ne lui donne pas de régime. 



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— 198 — 

NOUVEAU, NOUVEAUTÉ, NOUVELLE, NOUVELLBHKrT, NOUVELLETÉ^ 

NOUVELUSTE, NOUUEE. — Tronsposêz : NoDDRK, Nouveau, Noo- 
VBAUTÉ, Nouvelle, etc^ 

NU, NUE, adj... Nu est invariable lonqnMl précède le substantif. /î 
était nvr4éte, nu-jambes. Il lui parle rm-4ête. Aller nu-pieds, nw- 
jambes, nuMte. — En rédigeant cette règle, l'Académie songeait aux 
mots tête, jambes, pieds, et ne pensait pas à propriété, qui se trouve 
dans le même article et dans ht même colonne. Gomme elle écrit la 
NUB propriété, elle aurait dû dire : Nu est invariable lorsqu'il précède 
le substantif sans êtrb lui-même PRécÉDé d'un article ; et alors il 
se joint au substantif par un tiret : nu-pieds, nu- jambes, mp-téle. 

Dans cet article, comme nous venons de le voir, on parle de la 
« Nue propriété. Propriété d'un fonds dont un autre a l'usufruit. » 
Cela nécessitait une mention du nur-propriétaire, car l'un ne va guère 
sans l'autre. Comment faudra-t-il écrire ce mot, surtout au pluriel? 
Bien qu'on écrive assez généralement la nue propriété sans tiret, on 
s'accorde cependant à en mettre un à nu-propriétaire, mais on fait de 
nu un mot invariable : les nu-propriétaires. Nous ne comprenons pas 
la raison de cette invariabilité, qui ne nous paraît pas fondée, et nous 
écririons la nue- proprié taire, les nus-propriétaires comme nous écri- 
vons la grande-duchesse et les grands^ucs* — En même temps, pour 
diminuer les difficultés orthographiques, nous écririons la nus-pro- 
priété, avec un tiret. 

NUBILE... D'après le code civil, les filles sont nubiles à seize ans, 
et les garçons à dix-huit, — £st>-ce par distraction qu'on a mis seize 
ans au lieu de quinze? A l'article Puberté, que l'Académie elle-même 
définit « L'état des garçons et des filles qui sont nubiles » , elle dit, 
conformément au code civil : « Suivant nos lois, Vâge de puberté est 
de dix'huit atis pour les garçons, et de quinze ans pour les filles, » 

NUIRE. — Dans la conjugaison du verbe luire il manque le passé 
défini et l'imparfait du subjonctif. Ici du moins il ne manque que le 
premier de ces temps; mais il est nécessaire pour la formation du 
second, et d'ailleurs il est d'un fréquent usage : Cette malheureuse 
aventure nuisit beaucoup à mon avancement. 

NUL, NULLE, adj. — On a omis ici une acception importante, celle 
de lettre nulle, expression qui cependant se trouve.à l'article a : « R ne 
se fait pas sentir... Elle ne se prononce pas non plus... Elle est égale- 
ment nulle à la fin de quelques autres mots, tels que berger, danger, 
monsieur, etc, » On dira de même que 1'/ finale est nulle dans baril, 
chenil, coutil, fusil, persil, etc, 

NUNCUPATIF. NUNDiNALES. — Qn prouonce généralement noncupa- 
tif, nondinales; mais il parait que l'Académie n'approuve pas cette 
prononciation, puisqu'elle n'en parle pas. 

NUPTIAL, ALE, adj. — Ajoutez : On prononce nupoial^ 



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— IW — 



OBÉDIENGIER. obédi£NTI£L.— Ges deux mots dériyentû*ohédienct ; 
il semblerait naturel que tous cleux suivissent la même orthographe, 
c'est-à-dire que tous deux prissent ci, comme on écrit révérencieux 
et révérenciel, par analogie avec révérence. 

WÊiAi^itû. — La syllabe qtd doit-elle se prononcer ki, comme dans 
équité j arUiqvité f Nous croyons qu'on prononce plus généralement cui. 

OBfiaÉQUiEUSEBiBiîT. OBSÉQUIEUX. *— Fautr-il pronouccr ki ou cui f 
L'usage est pour ce dernier, mais l'Académie garde le silence. — Il 
ms^nque icile substantif obséquiosilé, 

OBSTEUGTiFi) IVE, adj. T. de Médec. — Voy. Désobstructif, s. m. 

OBUS» (On prononce Obuze,) Sorte de petite bombe sans anse... 

La prononciation obuze ne nous semble pas meilleure que celle de 
azmaUque, nzme pour asthmatique, asthme, et nous pensons qu'il 
aurait fallu dire, comme à Blogos « On prononce l'S ». — Il nous 
semble encore qu'il fallait écrire sam unseS, puisque les bombes ont 
toujours deux anses. C'est ainsi qu'aux articles Poce , Scolopendre , 
Tique, etc., l'Académie écrit « insecte sans aileS », et non , sans aîle. 
Mais on écrira. Un seau, un chaudron, une marmite, etc., scms aune 
(au singulier), parce que ces ustensiles n'ont qu'une anse. 

OCCIPUT... On lui a fait un cautère au-dessous de l'occiput. — A 
l'article Cautère nous ne trouvons que pratiquer wt cautère; dit-on 
aussi faire un i^mdère f Voy. Cautère. 

ocÉANE, adj. f. Il ne s'emploie que dans cette locution, qui vieillit, 
la mer océane, l'Océan. — A l'article Ponant nous trouvons encore 
ce nom avec un petit o : La mer du Ponant, La mer océane. Pour- 
quoi cette minuscule, puisqu'on écrit avec une majuscule non-seule- 
ment la mer Méditerranée, mais encore les noms de toutes les autres 
mers : Atlantique, Pacifique, Rouge, Noire, Jatme, etc. f 

ODORANT. OBORIFÉBANT. — Odorawt, antb, adj. Qui répand une 
bonne odeur. Les fleurs odorantes* Jl y ^ des -bois odorants. Le cèdre 
est un bois odorant. — Odoriférant, ante, adj. Il signifie la même 
chose qu'Odorant, Des parfums odoriférants. Des aromates odorif er- 
rants. 

Nous ne croyons pas que ces deux adjectifs soient synonymes, et 
les exemples ctonnés par l'Académie semblent confirmer notre opi- 
nion. Nous pensons qu'orforatU signifie Qui porte en soi , qui répand 
une bonne odeur, comme les fleurs et certains bois, le santal, le 
cèdre, le palissandre, etc.; et odoriférant. Oui répand son odeur au 
loin, comme les parfums et te» aromates lorsqu'on les brûle : l'en- 
cens, la myrrhe, le benjoin, etc. Oe n'est pwj sans intention qu'on a 
ajouté le verbe ferre, porter, au substantif odor, et il faut que cette 
addition soit représentée dans la définition. 



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— 200 — 

Œ. — L'Académie nous indique la prononciation de Vœ {é) pour 
les mots cœcumj œcuménicité, œcuménique, œcuméniquementj œdé- 
mateux ^ œdème, Œdipe ; msLis elle ne la donne pas pour cœliaque, 
diœciej fœtus, m^nœcie, œnologie, œnomancie, œnométre, œnophore^ 
œsophage, œstre, périœciens, pkœnicure, pœcile, etc, 

ŒDIPE, s. m. Nom propre devenu nom commun, pour désigner un 
homme ^qui trouve facilement te mot des énigmes, des logogriphes, ou 
la solyition de questions obscures... ToxU l'art de nos Œdipes échoue- 
rait devant cette énigme, — Ni à l'article Échouer, ni à Devant, on ne 
trouve rien qui ait quelque rapport avec l'expression échoiter devant» 

ŒIL, s. m. — Ces trois locutions, « Couver des yeux une personne, 
une chose. Regarder cette personne, cette chose avec intérêt, avec 
complaisance ; — Manger, dévorer quelqu'un des yeux. Attacher sur 
lui, avec plaisir, des regards attentifs et en quelque sorte avides. On 
dit dans le même sens, Manger, dévorer quelque chose des yeux; — 
N'avoir des yeux que pour une personne. N'avoir d'affection que pour 
elle, lui accorder une confiance exclusive » ; — ces trois locutions, 
à ce qu'il semble, devraient se suivre dans le Dictionnaire, et cependant 
la seconde est séparée de la première par 81 lignes; la troisième est 
séparée de la seconde par U lignes , « Mettre une chose sous les yeux 
de quelqu'un, etc. » , qui n'ont aucune liaison d'idée avec le reste. 

ŒiiL... en termes de Jardinage et de Botanique, signifie Un bouton, 
une petite excroissance qui paraît sur une tige ou sur une branche 
d'arbre, et qui annonce une feuille, une branche, un fruit. Il se dit 
particulièrement de l'endroit par où sort le petit bourgeon de la vigne 
et des arbres fruitiers. 

L'Académie a omis ici une acception importante, dont elle parle à 
l'article Nombril (Voy. ce mot), celle de l'espèce de couronne qui 
est formée par les dents du calice, et qu'on voit au sommet des 
pommes, des poires, des coings, etc. — Elle aurait pu parler aussi 
des YEUX de la pomme de terre, c'est-à-dire des petites saillies qui 
se voient dans les cavités de ce tubercule, et d'où naissent des bour- 
geons qui peuvent produire de nouvelles plantes. 

ŒIL... Vin couleur d'osil de perdrix, ou simplement. Vin œil de 
perdrix. Vin qui a une légère teinte de rouge. — Il manque ici deux 
acceptions de cette locution œil de perdrix : l'une se trouve à Per- 
drix : « Liiige à œil de perdrix, linge de table ouvré , dont la façon 
représente à peu près des yeux de perdrix » ; l'autre, Œil de perdrix, 
espèce de cor qui survient entre les doigts des pieds, est complète- 
ment omise. Nous croyons que dans cette dernière acception l'on doit 
écrire œil-de-perdrix avec deux tirets; quant au pluriel, nous pré- 
sumons qu'il faut dire des œils-de-perdrix, comme des œils-de-bcetif- 

ŒUF... Ce cuisinier sait faire de vingt sortes d'œufs. — Que signifie 
cette phrase? Veut-elle dire que le cuisinier sait faire vingt sortes de 
plats avec des œufs? C'est probable, mais il fallait le dire. 



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— 201 — 

OFFICE... Le saint office, La congrégation de Tinquisition établie à 
Rome; Le tribunal de l'inquisition. Familier du saint office. Il a été 
détenu deva: ans dans les prisons du saint office, — Ici T Académie 
écrit saint office sans tiret, tandis qu'elle le met aux articles Saint, 
Congrégation, Inquisition, Qualificateur, etc. Familier du saint-- 
office, La congrégation du saint^office. Le saint-office. Qualificateur du 
saint-office. Faut-il ou non mettre ce tiret? Voy. Gontre-basse. 

OGIVE, s. f... Il est aussi adjectif des deux genres, et se dit de toute 
arcade, voûte, etc., qui, étant plus élevée que le plein cintre, se ter- 
mine en pointe, en angle. Voûte ogive. Cet arc ogive sert de décharge. 
Porte, fenêtre, arcade ogive. On dit aussi, voûte, fenêtre en ogive. 

Nous croyons qn'ogive ne s'emploie plus guère comme adjectif, 
et qu'il a été remplacé par ogival: Arc ogival; porte, fenêtre, arcade 
ogivale ; mais l'expression en ogive est très-usitée. 

Ogive n'est ^pas le seul mot qu'on ait cessé d'employer comme ad- 
jectif. L'Académie nous apprend qu'autrefois on disait : L'histoire 
anecdote de Procope (aujourd'hui l'on dirait anecdotique) . Cette opi- 
nion révoltera tout le monde, elle est trop paradoxe (paradoxale). 

OIE... Patte d'oie. Le point de réunion de plusieurs routes, de plu- 
sieurs allées divergentes, d'où on les aperçoit d'un coup d'œil. — Au 
lieu de donner ici une des acceptions , il aurait mieux valu renvoyer 
à l'article Patte , où le lecteur en aurait trouvé deux , dont voici la 
seconde : « Ces rides divergentes que les personnes qui commencent 
à vieillir ont à l'angle extérieur de chaque œil. » 

OIGNON. (L'I ne se prononce point, mais il sert à mouiller le G. 
Quelques-uns écrivent Ognon.) — Si Vi était nécessaire pour mouiller 
le g, il faudrait non-seulement le rétablir dans les mots campagne, 
cocagne, montagne, cognée, cogner, etc., mais encore le mettre dans 
agneau, agnel, Agnès, etc. En le supprimant dans les premiers de ces 
mots, et en disant, au mot Encoignure, « Plusieurs écrivent jE/ico- 
gnure, parce qu'on ne prononce plus 1'* » , l'Acadénjie semble recon- 
naître elle-même que cet i ne fait rien pour la prononciation du g. 
D'ailleurs ne mouille-t-on pas le g dans grognon, rognon, trognon, 
dont la terminaison est absolument la même ? 

OIGNON... Tête, botte d'oignons, — Il fallait dire, Tête d'oignon. 
Botte d'oignons, car on ne peut pas écrire Une tête d'oignonS, 

OIGNON... Chapelet d'oignons, Une grande quantité d'oignons atta- 
chés ensemble. — La définition de l'Académie semble donner à en- 
tendre que les oignons sont attachés en botte, ce qui ne forme pas le 
chapelet ; il aurait fallu dire : ... attachés les uns à la suite des autres, 
à peu près comme les grains d'un chapelet. 

oiLLE. ( Vi ne se prononce point, mais on mouille les deux L. ) 

Si l'Académie a mis Vi Uniquement pour qu'on mouille les l, nous 
croyons qu'elle aurait mieux fait d'écrire simplement Olle, en ajoutant, 
comme au mot L]lama « On mouille les deux L ». Il en est de même 

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— 202 — 

pour bonne-^oiUe, prononciation figurée de BONMe^TOGLis, et pour 
Imbroille, traduction de l'italien Imbroglio. 

L'addition d'un i devant certaines lettres telles que gn et II pour 
les faire mouiller dans la prononciation peut avoir un inconvénient, 
celui de faire croire aux personnes qui ignorent l'origine des mots ou 
les caprices de l'usage, que ces lettres sont toujours mouillées lors- 
qu'elles sont précédées d'un ?*, et seulement dans ce cas-là. Or nous 
venons de voir à l'article Oignon que gn se mouille souvent sans être 
précédé d'un i, et nous ajouterons que dans plusieurs mots qui 
viennent du latin, par exemple, tels que désignatif, igné, ignition, 
ignicole, etc., gn ne se mouille pas , même après l't. — Quant aux II 
précédées d'un i, elles ne sont jamais mouillées au commencement 
des mots : illégal, illicite, illusoire, etc.; et souvent il en est de même 
à la fin ou au milieu, comme dans codicille, gille, mille, papille, 
pupille, fibrille, sille, tranquille, armillaire, capillaire, fritillaire, etc, 

OMBILIC, s. m..., synonyme de Nombril,... se dit, par une espèce 
d'analogie, en Botanique, de l'enfoncement qui se trouve à Tune ou 
à l'autre extrémité de certains fruits, et quelquefois à toutes les deux. 
La pomme a deux ombilics, la poire n'en a qu'un. 

Cette définition manque d'exactitude. Il ne peut exister qu'un seul 
ombilic, généralement situé à l'opposite de la queue et, dans cer- 
tains cas, plus ou moins rapproché de cette dernière. 

Nous avons vu plus haut, p. 196, que nombril n'est pas un terme 
de Botanique. Ici nous croyons pouvoir dire qu'on ne doit pas-appe- 
1er ombilic l'enfoncement ou les enfoncements que présentent cer- 
tains fruits, et qu'ainsi les pommes n'ont pas plus deux ombilics que 
les poires. L'ombilic est, dans les fruits, ce qu'on appelle générale- 
ment œil, c'est-à-dire la petite couronne formée par les dents du câr 
lice ou par les vestiges du style ; pour les semences ou graines, c'est 
le hile ou la cicatrice qui marque le point par où elles tenaient au 
placenta, comme. dans les pois, les haricots, les fèves. 

OPÉRATEUR, s. Celui qui fait certaines opérations de chirurgie... 
— Au lieu de s, lisez \ s. m. 

OPTIMÈ. — L'Académie écrit Optimè avec un è et Novissimé avec 
un é. Ces deux adverbes doivent prendre le même accent l'un que 
l'autre, mais lequel? L'Académie veut -elle donner l'orthographe 
latine, ou la prononciation française? 

ORANGE, s*, f... Un bouquet de fleurs d'orange, — Pourquoi dire 
fleurs d'orange et non fleurs d'oranger? Nous convenons sans peine 
qu'on emploie généralement la première de ces locutions et que des 
auteurs renommés tels que Fénelon et Bernardin de Saint-Pierre en 
ont fait usage; mais l'Académie devrait chercher à la redresser, au 
lieu de s'en servir constamment, car on là rencontre dans un grand 
nombre d'articles : Conserve, Crème, Eau, Gant, Néroli, Pommade, 
Poudre, etc., tandis qu'à Aubère, Fleur, Pêcher > Sirop, etc., on 



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— 2«S — 

trouve fleur de pécher et non fl$ur de pèche. Assurément Ton dirait 
des fleurs d'abricotier, de cerisier, de poirier^ de pommier, etc., et 
non d'abricot, de cerise, etc. — Nous ne voyons d'analogue dans le 
Dictionnaire de FAcadémie que fleur de grenade^, à Grenade, et 
nous pensons qu'il serait mieux de dire flsur de grenadier, 

OBEILLE... Oreilles rebordées, ourlées.— Qu'est-ce que des oreilles 
rebordées, ourlées^ A Reborder, Ourler, nous ne trouvons rien 
de semblable. — Nous demanderons de plus ce que c'est qu'wn cheval 
boiteux de l'oreille. 

OBGANSIN... Organsin de pays. — Si l'Académie avait dit du pays, 
nous comprendrions cette phrase ; elle indiquerait un organsin du 
pays même des personnes qui en parlent ; ainsi les Français appelle- 
raient organsin du pays l'organsin fabriqué en France; les Piémon- 
tais, celui qui est fabriqué en Piémont, etc.; mais nous ne compre- 
nons pas Organsin de pays. 

ORGE, s. f... Orge est aussi masculin, mais seulement dans ces deux 
expressions : Orge mondé. Orge perlé. — Il aurait fallu ajouter Vorge 
carré j car au mot Écourgeon l'Académie donne pour définition : Orge 
carré qu'on appelle aussi Orge d'automne ou de prime. 

ORGUE, s. m. ORGUES, au pluriel, s. f. — Cette différence de genre 
du singulier au pluriel présente un grand inconvénient, car on ne 
peut pas dire ; Cet orgue est un des plus beaux que j'aie vus. Autre- 
fois l'Académie donnait le genre féminin aux deux nombres, et c'était 
bien plus naturel; qu'on lui donne aujourd'hui le genre qu'on voudra, 
mais que du moins ce genre soit constant. On n'a pas même, pour 
appuyer cette bizarrerie, l'autorité d'une étymologie, comme pour 
délice {delicium), et délices {deliciœ). 

ORGUEILLEUX. — Quelques professeurs croient devoir prononcer 
gusil dans orgueilleux, orgueilleusement, s'enorgueillir, de la même 
manière que dans orgueil, où cette syllabe se prononce comme celle 
de deuil. Le silence de l'Académie nous autorise à penser qu'ils se 
trompent. Dans tous les cas, c'est un exemple de plus à l'appui de 
notre demande : il est à désirer que la prononciation soit indiquée 
à chaque mot qui offre une difficulté sous ce rapport, et surtout lors- 
qu'elle varie d'un mot à un autre, afin qu'on sache positivement à 
quoi s'en tenir. 

ORPHELIN, INE, S... Il est orphelin de père et de mère. — Il nous 
semble que dans cet exemple orphelin doit être adjectif, puisque 
l'Académie dit que veuf, veuve, sont adjectifs dans ces phrases : Il est 
veuf. Elle est veuve d'un tel. 

OSER, V. a... Osé, ée, participe... est aussi adjectif, et signifie Hardi, 
audacieux. Serez-vous si osé que de dire..., assez osé pour dire... 

1. On désigne souvent la fleur du grenadier par le nom de grenade, qui appartient au 
ftnit : Il y avait dans ce bouquet du jasmin, des roses, des fleurs â: oranger et de grenadier, ou 
éoBplemtiit, dft çrtmadn, de. 



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— 201 — 

Au sujet de la locution si... que de, nous trouvons encore : 

(à GcRŒDx) H^B soyez pas si curieux que de fouiller dans mes papiers, 
(à Simple) Je ne suis pas si simple que de m'en fier à sa parole, 
(à Sot) Je ne suis pas si sot que de le croire. 

Si,,, que de (assez... pour) manque à l'article Si; c'est une omis- 
sion à réparer. 

OSTENSOIR OU OSTENSOIRE. SVSPENSOIR OU SVSPENSOIRE. — GeS 

deux mots n'ont pas le même âge : le dernier se trouvait déjà dans la 
première édition du Dictionnaire de l'Académie, tandis que le premier ' 
n'y figure que depuis 1835; tous deux cependant ont les mêmes 
variantes. Il serait utile d'en supprimer une ; mais laquelle? La règle 
veut que les substantifs masculins formés d'un participe présent ne 
prennent pas d'e final; ainsi l'on écrit arrosoir (formé d'arrosant), 
éteignoir (d'éteignant), polissoir (de polissant), etc. Ceux qui ne 
dérivent pas d'un participe présent prennent Ve : directoire, offer- 
toire, dimissoire, possessoire, etc. Il y a quelques exceptions : asper- 
soir, birloir, dortoir, espoir, hoir, loir et soir; mais il serait conve- 
nable de ne pas les augmenter, car en toutes choses les exceptions 
sont fâcheuses. Jusqu'ici l'Académie avait toujours écrit suspensoire, 
et il aurait été bien de maintenir seule cette orthographe; osten- 
soire devrait également suivre la règle sans variante. 

OSTROGOT. — On écrit gothique avec une h, et Ton n'en met pas 
dans ostrogot; pourquoi? 

oii. — A l'exception de cette phrase, Le* temps où nous sommes, 
nous ne voyons dans cet article aucun exemple qui présente où coname 
pronom ou adverbe de temps; en voici quelques-uns pris ailleurs : 

(à A) i4 Vinstant ot j'allais sortir, il vint chez moi, 
(à Frayer) Dans la saison oii les poissons frayent. 
(à Nouer) Dans le temps oh les fruits se nouent. 
Cette omission nous paraît d'autant plus fâcheuse, qu'à l'article Qde 
on trouve plusieurs exemples dans lesquels ce pronom pourrait fort 
bien être remplacé par où, tels que 

L'hiver Qo'iï fi,t si froid. 
Le jour qde cela est arrivé. 
Au moment que je le reverrai. 
en sorte que l'étranger qui consulterait ces deux articles Où et Que 
pourrait être persuadé que ce dernier mot est le seul qui doive être 
employé. Voy. Qde. 

OUATE. (On prononce Ouète.) ouater. (On prononce Ouéter.)-- 
Nous n'avons jamais entendu prononcer ainsi ces deux mots, et nous 
croyons que très-peu de personnes disent ouête, ouëter. L'Académie 
ne nous dit pas, et avec raison, de prononcer noal, ouast, poate, bien 
que quelques-uns prononcent ainsi les mots Noël, ouest, poète. 

OUBLIEUR. (On prononce Oublieux.) Garçon pâtissier qui allait le 
soir par les rues crier des oublies. — La prononciation ottblieux pour 



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— 205 — 

oublieur a le grand inconvénient de confondre deux choses qui n'ont 
aucun rapport, Un garçon pâtissier criant et vendant des oublies , et 
Un homme qui a peu de mémoire, car oublieux, sujet à oublier, s'em- 
ploie familièrement comme substantif, quoique l'Académie ne le dise 
pas : C'est un oublieux, un grand oublieux; sans doute par analogie 
avec un capricieux, un curieux, un malicieux, etc. 

OURLER, V. a. Faire un ourlet à du linge ou à quelque autre étoffe. 
Ourler des mouchoirs, des serviettes, etc. — Odrlé, ée, participe. 

Il manque ici une expression figurée du participe Ourlé, celle des 
oreilles ourlées qu'on trouve pour exemple à l'article Oreille, et dont 
on regrette de ne pas connaître la signification. 

OUTILLER. — Au mot OoTiL, l'Académic nous dit « On ne prononce 
pas l'L. » Ici elle aurait dû dire qu'on mouille les II du verbe. 

OUTRE -PASSER. — Nous croyous qu'on pourrait très-bien suppri- 
mer le tiret dans ce mot, non-seulement parce que peu de personnes 
le mettent , mais encore parce qu'il y a inversion , et que l'Académie 
n'en met même pas dans outremer, s. m., oii l'inversion n'a pas* lieu. 
On n'en met point dans surpasser, 

OVIPARE, adj. des deux genres. Il se dit des animaux qui se repro- 
duisent par des œufs. Il y a des poissons qui sont vivipares etd'autres 
qui sont ovipares.-^ Cet exemple était bon en 17Z|0 (dans la troisième 
édition), mais aujourd'hui c'est un anachronisme : depuis un siècle 
(1762, Zi« édition) on donne le nom de cétacés, c'est-à-dire animaux 
du genre de la baleine, à ceux qui autrefois étaient appelés poissons 
vivipares; et dans tous les cas, comme les poissons vivipares étaient 
l'exception, il aurait été mieux de dire : Hjy a des poissons ovipares 
et d'autres qui sont vivipares. 

OXYDE. — L'Académie écrit oxyde et oxygène avec un y. Nous 
croyons que l'orthographe de ce dernier mot seulement est exacte. 
Oxygène, formé d'oxus et de gennaô, demande bien 1'^; mais oxyde 
est composé d^oxus et d'eidos, qui se contractent en oxeidos, oxidos, 
et par cette raison Vy d'oxus disparaît. Cependant, comme aujourd'hui 
ces deux mots sont employés même par la classe ouvrière et qu'il 
lui serait peut-être difficile de se rappeler quel est celui qui doit 
prendre Vy, nous nous bornons à signaler la différence d'étymologie, 
sans en demander une dans l'orthographe. 

OXYGÈNE, s. m. T. de Chimie. — Au lieu de « s. m. » il faut mettre 
« s. m. et adj. » car nous. lisons : 

(à Air) Air vital, ou Gaz oxygène. 

(à Combiner) Le gaz oxygène, en se combinant a>vec un métal ^ en forme 

l'oxyde. 
(à Gaz) Vair atmosphérique se compose de gaz oxygène, de gaz azote, et 

de gaz acide carboniqm. 
(à^ Hydrogène) Il (hydrogène) ne se dit que de la substance aériforme... 
dont la combinaison avec le gaz oxygène forme de Teau. 



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— 206 — 



PAIR, adj. m. ^ Pourquoi donner à cet adjectif le genre ipasculin 
seulement, puisque impair a un féminin? n'y a-t-il pas des années 
paires, des folioles paires, etc., comme il y en a àHmpairesf 

PALEFRENIER... Un cheval bon pour monter un palefrenier, — Le 
sens de cette phrase ne se comprend pas dès l'abord, car ce sont les 
palefreniers qui montent les chevaux plutôt que les chevaux ne mon- 
tent les palefreniers. Évidemment elle fait allusion à l'expression 
Monter un cavalier, qui signifie Lui fournir le cheval et l'équipement; 
mais dans ce cas il nous semble qu'il aurait suffi de dire, Un cheval 
bon pour un palefrenier, 

PALLADIUM... En Angleterre, on regarde Vacte rf'Habeas corpus 
comme le palladium de la liberté individuelle, — Qu'est-ce que l'acte 
d'Habeas corpus ? Il aurait été utile de le dire ici, à l'article Acte, ou 
ailleurs. Voy. Acte et Abmoise. 

PÂMER, V. n. ou SE PÂMER, V. prou. Tomber en pâmoison, en 
défaillance. — Pâmé , ée , participe. Carpe pâmée. 

Qu'est-ce qu'une carpe pâmée? demandera-t-on. Il aurait été bien 
de prévenir la question, et de dire que lu carpe, lorsque le soleil 
brille, vient à, la surface de l'eau et se met sur le côté, fermant les 
yeux et entr'ouvrant la bouche à courtes reprises, en sorte qu'on la 
croirait presque morte. 

PÂMOISON. — Ne serait-il pas convenable d'écrire ce mot sans 
accent (pâmoison), comqae on le fait pour infamie, gracieiuv, disgror 
cier, compatir, encablure, etc. ? 

PANADER (SE), V. pron. Il se dit d'une personne qui marche avec 
un air d'ostentation et de complaisance, à peu près comme un paon 
quand il fait la roue. Voyez comme il se panade. Il est familier et peu 
usité. — Il aurait fallu ajouter « On dit plutôt se pavaner » , car cette 
locution est bien plus usitée que l'autre, et nous lisons plus loin, 
a Pavaner (se), v. pron. Marcher d'une manière fière, superbe, 
comme un paon qui fait la roue. Voyez commue il se pavane. Il aime 
à ^e pavaner. » C'est le même mot avec l'origine latine. 

PAR... sert aussi à désigner la cause, l'agent, le motif, le moyen, 
l'instrument, la manière. — Excepté les cas où par forme avec le 
substantif qui le suit une espèce de locution adverbiale, comme dans 
« Cela est dit par ironie, par raillerie ; il a obtenu cela par force, 
par faveur; donner quelque, chose par charité, par aumône; dire quel- 
que chose par mégarde, par inadvertance; compter par ordre, etc. »; 
— excepté ces cas, disons-nous, les exemples relatifs à la manière 
dont se fait une chose sont au pluriel i n Une va*qtie par saulS el 
par bonds. Poème divisé par chantS. Distribution par canUmS, Rece- 
voir par parties. Toucher une rente par quartiers. S'en aller par 



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_ 207 — 

piècêS* Tomber par lambeaux. Couper par morceauX. » Cependant il 
est des cas où il faut employer le singulier ; et comme on est souvent 
embarrassé à ce sujet , nous croyons devoir donner ici les exemples 
trop peu nombreux que nous avons trouvés : 

(à JoDR) // paye tant par jour. 

(à Port) /{ a donné tant par kilogramme à la messagerie, pour le port de 
ses effets. 

{k Tête) On paye tant par tête. — Le traiteur prend tant par tête. 

Ces exemples montrent que lorsque le substantif peut être précédé 
de chaque il doit toujours se mettre au singulier : chaque jour, chaque 
kilogramme, chaque tête. Nous croyons que dans les exemples suivants 

(à Boutade) N'agir que par boutade. — Composer par boutade. 

(à Transport) Le transport de ces marchandises se fait par bateau. 

(à Charroi) Charriage, transport par chariot, charrette, tombereau, etc. 

(à Tout, Par) Par tout pays. — Cela se fait par tout pays >. 

(à Souche ) La succession par souche est opposée à la succession par tête. 

on aurait pu mettre le pluriel aussi bien que le singulier : par bour- 
tadeS, par bateauX, par chariots, charrettes, tombereaux, par touS 
pays, par soucheS, par têleS; et l'exemple suivant semble justifier 
notre opinion au sujet de ces deux dernières locutions : 

(à tête) La succession du père s'est divisée par têteS, parce que tous les 
enfants étaient vivants; celle dé la mère s'est partagée par 
soucheS, parce qu'v/n des enfants était mort, et que les petits- 
enfants sont venus à partage avec leurs oncles, par représen- 
tation de leur père, 

A l'article Dizaine on lit, Compter par dizaine; à Douzaine, Par 
douzaines; à Centaine, A centaines, par centaines, en grande quan- 
tité. Nous pensons que dans ces locutions on peut mettre le nombre 
singulier ou le pluriel suivant l'idée* qu'on veut exprimer ; ainsi un 
marchand écrira qu'il vend certains articles par dizaines, par dou- 
zaines, par centaines, pour signifier qu'il en vend. beaucoup; un par- 
ticulier écrira qu'il achète ses bas, ses chemises, etc., par douzaine, 
c'est-à-dire une douzaine à la fois , et non paire par paire, pièce par 
pièce. 

Mais on met généralement au pluriel les mots intervalle, moyient, 
degré, etc., précédés de par; nous trouvons : 

(à Intervalle) La lune se montrait par intervalles. 

Id. Cette maladie le prend et le quitte par intervalles. 

(à Moment) /( est sage, il est fou par momentS. 
(à Degré) Le son s'affaiblit par degrés. 

Id. On n* arrive que par degrés à cette haute perfection. 
(à Compagnie) Ils arrivaient à la fête par compagnies. 
(à Looch) Les loochs se prennent ordinairement par cuillerées. 
(à Livraison) Publier un ouvrage par livraisons. 

l. A Pays , l'Académie écrit de même au singulier. En tout pays; mais à Particle EN elle 
met le pluriel : En touS pays. 



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— 208 — 

PARAFER OU PARAPHER. — Voicj quelques exemples de remploi de 
ces deux variantes : 

(à Parafer, etc.) Quatre exemples avec f {parafer), 

(à Piècb) Pièces parafées. 

(à Renvoi) Il y a dans cette minute des renvois qui ne sont point parafés. 

(à Coter) Les notaires ont coté et paraphé ces pièces. 

(à Entrb-ugne) // est défendu aux notaires d* écrire en entre-ligne, U faut 

qu'ils fassent des renvois en marge et des apostilles 

PARAPHÉES des parties, 
(à Fedille) Le président n'a pas encore signé, arrété,vkhkvH±,visé la feuille. 
(à Livre) Livres paraphés. 

(à Page) Numéroter et parapher les pages d'un registre, 
( à Varietdr ) On a ordonné que la pièce serait signée et paraphée, ne varietur . 
(à Viser) Viser et parapher des livres de commerce. 

Comme les quatre exemples qui sont à l'article Parafer ou Para- 
pher suivent nécessairement la première variante et qu'en consé- 
quence ils ne doivent être comptés que pour un, il en résulterait que 
l'Académie n'a employé que trois fois l'orthographe parafer, tandis 
qu'elle a employé sept fois le ph. Cette dernière variante nous semble 
préférable en effet, puisque paraphe est une contraction de para- 
graphe pris dans son sens primitif, celui de Petit signe placé près de 
l'écriture {para, près; ^rap^o^ j'écris). 

PARALLÉLIPIPÈDE. — Ne serait- il pas plus convenable de dire 
paralléLÈpipèdej conformément à l'étymologie {parallélos, parallèle; 
épipédon, plan, surface plane; c'est-à-dire Figure formée de plans 
parallèles)? C'est ainsi que ce mot est écrit dans le Supplément 
de la première édition du Dictionnaire de l'Académie, qu'on aurait 
bien fait de consulter souvent ; et M. Quicherat, qui cite le parallele- 
pipedon de Boetius, dit « Parallélipipède, ou mieux paralléhÈpipêde, » 

PARAPHRASEUR , EVSE. — AJoutez : subst. 

PARÉATis, s. m. (On prononce l'S.) Mot emprunté du latin. — Ce 
mot est la seconde personne plurielle du subjonctif du verbe pareo, 
je parais om j'obéis, et signifie Paraissez, obéissez. Vé accentué en fait 
un mot français qu'on ne sait comment prononcer, et où l'on est 
tenté au premier abord de faire l'a bref. On aurait pu y mettre un e 
muet» tout aussi bien qu'à deleatur, abigeat, exeat, etc, 

PARENT, ENTE. — Ajoutez : subst. 

PARTENAIRE... Quelques-uns écrivent partner. — Il nous semble 
qu'il aurait été convenable d'ajouter après partner, « comme en an- 
glais ». Ces mots auraient appris au lecteur trois choses à la fois : 
il aurait vu que partenaire est un mot anglais habillé à la française ; 
il aurait eu l'explication de l'orthographe partner; enfin il aurait sans 
doute compris que la finale de partner doit se prononcer autrement 
que dans cerner, orner, tourner, etc. Mais malgré cela nous pensons 
qu'il aurait été bien d'indiquer la prononciation de cette variante 
comme on Ta fait pour coroner. 



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— 209 — 

PARTIE... signifie encore , Celui qui plaide contre quelqu'un, soit 
en demandant, soit en défendant. Qui est votre partie? C'est ma par- 
tie adverse. Il s'est rendu partie; et . 

(à DiteLAiiATioN) n s'est livré à des déclamations contre sa pamib. 

(à Faire) Sa partie l'a fait condamner aux dépens. 

(à RéccsABLB) Ce juge est parent de ma partie, ,.. U est récusable. 

(à Tïhpaniser) Il a eu peur que l'avocat de sa partie ne le tympanisàt. 

Déjà lorsque parut le Oid^ les commentateurs jugèrent convenable 
d'expliquer ce vers : 

Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau, 
et nous pensons qu'aujourd'hui comme alors, le mot partie a besMn 
d'être accompagné d'un adjectif ou d'une expression équivalente pour 
compléter le sens. Qui est votre partie ( adverse ) ? Il s'est rendu 
PARTIE ( intervenante ) . — L'Académic aurait bien fait de (Mre que, 
même au Palais, on remplace gé*iéralement partie par les expressions 
adversaire, partie adverse, — et que dans les phrases « Un avocat qui 
contente ses parties, Il défend bien le droit de sa partie, La partie 
de maître un tel a été condamnée aux dépens, » on substitue com- 
munément le mot client à celui de partie. Nous lisons à l'article 
Client : « Cet avocat, cet avoué, ce notaire a beaucoup de clients. » 

PARTIR, V. n. (Je pars, tu pars, il part; nous partons. Je partais. 
Je partis. Je suis ou J'ai parti. Pars. Partez. Etc.),.. Vous n'avez 
pas été plutôt parti qu'il est arrivé. 

Cet article nous suggère plus d'une observation. Celles qui concer- 
nent l'exemple Vous n'avez pas été plutôt parti..,, se trouveront à 
Plutôt et à Surcomposé. Outre cela nous exprimerons le regret de 
ne trouver qu'un seul exemple du participe employé avec l'auxiliaire 
avoir : le fusil a parti tout d'un coup *. Cela ne nous semble pas suffi- 
sant ; et si l'on peut dire j'ai parti aussi bien que je suis parti , il 
aurait fallu dire, par exemple, « J'ai parti de Paris hier à trois 
heures; Il A parti ce matin pour la campagne; et II est parti depuis 
ce matin, depuis hier. » A ces exemples : Dès que le signal a été donné, 
il EST PARTI comme un trait; En voyant cet homme, il est parti d'un 
grand éclat de rire, il aurait été convenable d'ajouter « ou il a parti ». 

PARTITIF, IVE, adj. T. de Grammaire. Qui désigne une partie d'un 

1. A l'article Coup nous lisons : « Tout à coup, loc. adv. Soudainement, en un moment. 
Cette maison est tombée tout à coup. Ce mal lui a pris tout à coup. — Tout d'un coup, 
loc. adv. Tout en une fois. // gagna mille écus tout d'un coup. // fit sa fortune tout d'un 
COUP. » — Ces définitions et les exemples dont elles sont accompagnées nous semblent prou- 
Ter que dans la phrase ci-dessus il fallait mettre • (je fusil a parti tout à coup ( soudaine- 
ment) » , et non tout d'un coup ( en une fois ) ; et nous croyons pouvoir faire la même remarque 
pour les phrases suivantes : 

(à Bourrasque) // s'éleva tout d'un coup une bourrasque. 

(à Tempête) // s'est élevé tout d'un coup une furieuse tempête. 

(à Nuit) En hiver la nuit vient presque tout d'un coup. 

(à Rallumer) Le feu, qu'on croyait éteint, vint tout d'un coup à se rallumer. 

(à Haut, à Pibd) Faire haut le pied. Disparaître tout d'un coup, s'enfuir. 

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— 210 — 

tout. — Moitié, dizaine, etc., sont des substantifs partitifs. Plusieurs, 
quelques, sont des adjectifs partitifs, La prépositionDe se prend sour 
vent dans un sens partitif^. 

L'accord du verbe avec les collectifs partitifs présente d'assez 
grandes difficultés ; et puisque l'Académie n'en a pas donné d'exem- 
ples à l'article Collectif, elle aurait rendu un grand service aux 
grammairiens d'abord, et ensuite à la généralité de ceux qui la con- 
sultent, en en donnant ici un certain nombre. Faut-il dire le qtmrt, le 
tiers, la moitié des vignes a gelé ou ont gelé au printemps ? 

Aux articles Nombre et Quantité on trouve quelques exemples de 
collectifs partitifs : 

(à Nombre] Nombre d'historiens Tont ainsi raconté. 

(à Quantité) Quantité de gens ont dit cela, ont fait cela. 

Id. Quantité de gens sont persuadés de cette nouvelle. 
Id. Quantité de personnes sont persuadées de son mérite. 

Mais ces exemples ne nous apprennent pas grand'chose, car chacun . 
sait qu'après les mots nombre et quantité, non précédés de l'article, 
le verbe se met toujours au même nombre que le substantif dont ils 
sont suivis. Il aurait donc fallu mettre à Nombre des phrases telles 
que celles-ci : 

(à Convier) Un grand nombre de personnes avaient été conviées à la céré-' 

monie, 
(à Infini) /I y a un nombre infini d'auteurs qui ont écrit sur ce sujet. 
(à Acclamation) Il (acclamation) se ciit des cris par lesquels un nombre 
plus ou moins grand de personnes marquent la joie 
qu'ELLES ONT de quelque chose, ou la haute estime 
qu'ELLES ONT pour quelqu'un. 

Il est évident qu'à ces mots un grand nombre, un nombre infini, etc., 
on pourrait substituer une grande quantité, une quantité considérable, 
une multitude infinie, uns foule innombrable, etc., sans rien changer 
au nombre employé pour le verbe. L'Académie nous donne pour 
exemples à l'article Foule : 

Une foule de personnes vous diront qu'il n'en est rien. 

Je connais une foule de personnes qui ont éprouvé le même accident. 

Pour compléter cet article, nous extrayons de « La Grammaire 
selon l'Académie, par Bonneau et Lucan, revue par M. Michaud, 
membre de l'Académie française » les lignes suivantes : 

« Si les mots la moitié, le tiers, le quart, etc., expriment précisément 
la moitié, le tiers, le quart, ils sont collectifs généraux et le verbe 
s'accorde avec le collectif : La moitié des députés a voté pour, et 
l'autre moitié contre le projet de loi. La moitié ^ des recrues est diri- 
gée sur Paris, et l'autre sur Lyon. La moitié de mes pommss est 

I. n ne suffit pas de dire • La préposition De se prend souvent dans un sens partitif » ; il 
fallait en donner des ez'emples. C'est absolument comme cette phrase qu'on trouve à l'article 
Dubitatif : « Si est quelquefois conjonction dubitative. » 

ft. Dans ces deux premiers exemples nous dirions une moitié, et non la moitié. 



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VENDUE.— Mais s'il ne s'agit pas d'une quantité précise, le collectif n'a 
en réalité d'autre valeur que celle de beaucoup de, quantité de ; alors 
il devient collectif partitif, et c'est le nom qui suit le collectif qui 
devient le sujet du verbe. Après avoir visité un fruitier, par exemple, 
on pourra dire, La moitié, le tiers, le quart rfes fruits sont gâtés. 
— Par la même raison on dira : Une douzaine d'exemplaires de cette 
grammaire vous coûtera quinze francs, et Une douzaine de livres 
(environ douze livres) étaient épars sur son bureau. » 

PASSE -PIERRE, S. f. Plante qui croît naturellement sur les bords 
de la mer, et qui sort des fentes des rochers. On la nomme aussi Ba- 
die. Perce-pierre et Fenouil marin. — On a omis ici un cinquième 
nom de cette plante, celui de Christe marine, dont nous parlons uni- 
quement parce qu'à cet article Christe marine on lit « le (et non la) 
passe-pierre. » Où est la faute, à Passe-pierre ou à Christe marine? 
L'analogie avec passe -fleur, passerage, passe^rose, etc., nous fait 
penser que passe-pierre est du genre féminin. 

PASSE-PORT. — Puisqu'on a réuni en un seul mot passe-avant pour 
en faire passavant, qui n'a que le sens propre, il nous semble qu'il 
serait convenable d'écrire passeport; d'autant plus que cette pièce 
administrative sert non-seulement pour entrer dans un port ou pour 
en sortir, mais encore pour passer d'un État dans un autre, et sou- 
vent pour faire à peine quelques lieues. D'ailleurs passe-port s'em- 
ploie figurément, môme pour les choses. Pour les personnes, on dit : 
Cet homme porte son passe-port avec lui, c'est-à-dire que son exté- 
rieur agréable et décent doit le faire bien recevoir partout; pour 
les choses : L'allégorie sert de passe-port aux vérités les plus har- 
dies; La louange est un passe-port dont la vérité a souvent besoin 
pour être accueillie chez les grands. 

PASSER 9 V. n... Fig. et fam.. Cela lui a passé par la tête, par l'esprit, 
n lui est arrivé d'y penser, il s'en est occupé ; et. Cela lui a passé de 
la tête, de l'esprit. Il a cessé d'y penser, il l'a oublié. — La première 
de ces locutions est assez usitée : Il lui a passé par la tête de faire 
m voyage en Italie ; l'idée 'd'acheter une campagne lui a passé par la 
TÊTE, etc. Mais nous croyons qu'il n'en est pas de même de la seconde, 
et qu'on dit sortir au lieu de passer : Cela lui est sorti de la tète, de 
la mémoire, a l'article Sortir nous lisons : « Cela est sorti de ma 
MÉMOIRE, m'é^t sorti de la mémoire. Cela ne m£ sort pas de la tête. » 

PASSER, V. n... (p. 362, 3« col. à la fin) signifie aussi. S'écouler, ne 
pas demeurer dans un état permanent. Les jours, les années passent. 
Le temps passe et la mort vient... La beauté passe comme une fleur. Cette 
couleur passe bien vite. Les plaisirs passent. Tout passe en ce monde. 
— (p. 36/i, 2« col.) Passer, avec le pronom personnel, se dit aussi des 
choses qui perdent leur beauté, leur éclat, leur force, etc. Les fleurs 
SE passent en un jour. Les couleurs vives se passent facilement. Cette 
femme n'est pliçs aicssi belle, elle se passe. Ce vin n'a plus guère de 



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force, il se passe. On dit dans un sens analogue : Cette mode se pas». 
Le goût des liqueurs fortes se passe de jour en jour. Etc. 

Ces deux manières d'employer le verbe passer, avec ou sans le pro- 
nom personnel , sont à quatre et même à cinq colonnes de distance, 
et cela nous semble fâcheux pour la plupart ée ceux qui consultent 
le Dictionnaire de l'Académie» car ils ne pourront pas comparer les 
définitions et les exemples , ou plutôt ils n'y songeront guère *. 
Quant à nous, nous avouons franchement que nous ne savons pas 
voir de différence entre La beauté passe comme une fieur; Cette covr 
leur passe bien vite, et Les fleurs se passent en un jour; Les couleurs 
vives se passent facilement; — où plutôt nous pensons que lorsqu'il 
s'agit de beauté, d'éclat, de force, etc., il faut supprimer le pronom, 
qui ne fait qu'allonger la phrase et obscurcir le sens. Nous dirions 
donc. Les fleurs passent en un jowr; Les couleurs vives passent faci- 
lement; Ce vin n'a plus guère de force, il passe; Cette mode passe; 
Cette mode est passée; Le goût des liqueurs fortes passe (ou plutôt 
diminue) de jour en jour. — Pour le temps, on dira, comme l'Aca- 
démie : « Les jours, les années passent; Le temps passe et la mort 
vient; Les plaisirs passent; et Les années se passent, le temps se 
passe insensiblement; L'occasion se passe. » — L'emploi du pro- 
nom ne devient nécessaire que lorsque le verbe est accompagné 
d'un modifïcatif qui indique la manière dont le temps est employé : 
« Presque toute notre vie se passe à formier de vains désirs. Tout leur 
temps SE passe en de frivoles occupations. Ses jours se passent dans 
Voisiveté. » 

PASSER, V. n. -:- C'est inutilement qu'on parcourt les 300 et quel- 
ques lignes dont se compose l'article Passer, v. n. , pour trouver la 
locution II a ou il est passé maître. Il faut parcourir encore plus de 
200 lignes dans l'article Passer, v. a., avant d'arriver à œs mots: 
« Passer quelqu'un maître. Le recevoir à la maîtrise. Nous VoA^ons 
passé maître. On l'a passé maître. On dit aussi neutralement : /i o 
passé maître es arts. Il est passé maître; et figurément, Il est maître 
passé, ou // est passé maître en friponnerie, en fourberie. Il y est fort 
habile. » Nous croyons cependant que passer est bien plus usité dans 
cette dernière acception oi^ le verbe est neutre, que dans l'autre, et 
qu'il aurait tout au moins fallu mettre la locution Passer maître dans 
l'article Passer, v. n., avec un renvoi à Passer, v. a., où sans cela 
personne ne s'avisera de la chercher. 

PASTEUR... est aussi le titre des ministres protestants. Il étudie 
pour être pasteur. On l'a nommé pasteur, — Ministre et pasteur ne 
sont pas synonymes : le pasteur a charge d'âmes; il a un troupeau 
qu'il visite, tandis que le simple ministre n'en a pas. Cour êtrem»- 

l. Le lecteur songera d'autant moins à faire la comparaison, que ces citations sont tirées de 
deux articles distincts : celle de la page 362 appartient au verbe Passer, neutre ; et celle de 
la page 364 à Passbb, Terbe actif, employé avec le pronom personnel. 



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nistre il suffit d'avoir fait ses études théologiques, subi des examens 
satisfaisants, et reçu la consécration ; pour être pasteur il faut de plus 
avoir été nommé à la direction spirituelle d'une paroisse. On dirait 
donc plus exactement Étudier pour être ministre, que pour être pas- 
teur, comme on dit Étudier pour être prêtre, et non pour être curé. 

PATARAFFE. — Si Ton écrivait patarafe avec une seule f, comme 
parafe, ce serait une difficulté de moins; c'est trop, ce nous semble, 
de trois terminaisons différentes pour paragraphe, parafe, patara/fe. 

PATRIMOINE... Le patrimoine de Saint-Pierre, et La province du 
Patrimoine, Une partie du domaine que le pape possède en Italie, et 
dont Viterbe est la capitale. — Ici encore (Voy. Chaire) il ne s'agit 
point de l'église Saint-Pierre, mais du prince des apôtres représenté 
par le pape ; il faut donc écrire saint Pierre (petite s et pas de tiret). 

PATRON, ONNE. PATRONAGE. — Depuis bien des années ces mots 
ont pour corrélatifs patronner et patronnesse, qui devraient être dans 
)e Dictionnaire de l'Académie. // était patronné par une grande dame, 
par un homme puissant, et il a facilement obtenu le poste qu'il ambi- 
tionnait. Les dames patronnesses d'un bal de charité; les patron- 
nesse s d'une fête, etc, 

PATTE. — L'étymologie probable de ce mot {patein, fouler aux 
pieds) ne prend qu'un t; l'Académie n'en met qu'un dans pataud, em- 
pâtement, épaté, épater, patin, patiner, etc.; enfin, sur cinquante 
mots environ à désinence en ate, il n'y en a que sept qui prennent 
deux t, et le féminin des adjectifs terminés par at n'en prend qu'un; 
il semblerait donc naturel de mettre un seul t dans patte et pattu. 

PAYE. — Il n'y a dans le Dictionnaire de l'Académie que trois mots 
terminés par aye : abbaye, qu'on prononce abéie; cipaye, qu'elle dit 
de prononcer cipa-ye; et paye , qu'on prononce généralement pai-e. 
Voilà donc une même orthographe pour trois prononciations très- 
distinctes. Nous croyons que cipaye devrait s'écrire cipaïe, et paye 
prendre un * simple (paie), comme effraie, étaie, monnaie, raie, etc. 

PAYEUR, BUSE, S. m. — SupprifHcz : m. 

PATS... Vin de pays. Vin recueilli dans le canton. — ■ Ici comme à 
Organsin , nous croyons qu'il faudrait dire Vin du pays, de même 
qu'on dit Vin du cru, et non Vin de cru, pour signifier le « Vin fait 
avec le raisin recueilli dans l'endroit même où on le consomnue. » On 
dirait de même, croyons-nous encore. Monnaie du pays; Là on ne 
peut employer que la monnaie du pays; on n'y trouve que de la mon- 
naie DU pays. 

PEAU... Contes de Peau d'âne, par allusion à un vieux conte dont 
l'héroïne s'appelle Peau d'âne. Petits contes inventés pour l'amusement 
des enfants. -^ A l'article Ane nous voyons la même définition et la 
même orthographe, mais à Conte nous trouvons Peau-d'âne avec un 
tiret « Conte de Peau - d'Ane » , et cette dernière orthographe nous 
semble préférable. Voy. Contre-basse. 



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PÊCHE... La pèche quitte le noyau, n'adhère point au noyau. — 
Cette expression la pêche nous semble trop absolue, puisqu'il y a des 
pêches, le pavie et la presse, par exemple, « dont la chair est 
ADHÉRENTE au uoyau »; ainsi à l'article Noyau nous lisons» « Les 
pavies ne quittent pas le noyau. » Il aurait donc mieux valu dire, 
« Cette pèche (ou encore, cette espèce de pèche) quitte le noyau. » 

PEINE, s. f. Châtiment, punition... On lui a ordonné cela sur peine, 
sous peine, à peine de la vie, ( De ces trois façons de parler. Sous 
peine est la plus usitée et la meilleure.) — A l'article Sous, on lit : 
Cela est défendu sous peine de la vie, sous peine de bannissement, 
sous peine d'am^nde^ etc.. On encourra la peine de mort, la peine du 
bannissement, etc., si on fait telle chose. 

Nous croyons pouvoir aller plus loin que l'Académie, et recomman- 
der la locution sous peine de comme étant la seule qui soit bonne, 
la seule qu'il faille employer ^. — Mais nous ajouterons qu'au lieu de 
sous peine de la vie il faudrait dire sous peine de mort, comme on 
dit sous peine de bannissement, sous peine rf^ amende ; et l'Académie 
semble confirmer notre opinion par ces mots : « Si on fait telle chose, 
on encourra la peine de mort, la peine du bannissement, etc., et non 
la peine de la vie, la peine de vie *. 

PÊLE, s. m. T. de Serrurerie. Voyez Pêne. — Au mot Pêne, l'Aca- 
démie, à la vérité, n'a pas rappelé pèle; mais nous croyons que c'est 
faire encore trop pour une si mauvaise locution que de lui consacrer - 
même une ligne, quand l'expression correcte crépodaille ne Ta pas 
obtenue. (Voy. Crapaud aille.) Il aurait donc fallu aussi renvoyer de 
calefour, colidor, caneçon, nentille, etc., à carrefour, corridor, cale- 
çon, lentille, etc. ? 

PELLÉE, PELLERÉE, PELLETEE, S. f. Autant qu'il peut en tenir 
sur une pelle. Une pellée de plâtre. Une pellée de feu. Uns pellerée de 
grains. Une pelletée de terre. — Ce luxe de variantes est fâcheux. 
ly^ pelle on doit faire seulement pellée, comme d'écuelle,^cw6W^c;de 
cuiller, cuillerée ; d'assiette, assiettée, etc. Dans quelques localités on 
dit une platelée ponr une platée (une platelée de choux, de pommes 
de terre) ; l'Académie n'a pas accueilli ce mot, et elle a bien fait, 
parce qu'il est tout à fait inutile ; mais il aurait fallu observer la même 
réserve pour pellerée et pelletée. Nous avons vu des personnes très- 

1. A l'article A , on lit : « i4 peine d*amende. A peine de la vie. On dit plus ordinairement, 
Sous peine d*amende, de la vie, etc. » ; et à Vib « Sur peine, sous peine de perdre la vie. A peine 
sur peine de la vie, ou mieux, Sous peine de la vie. » — Il est à remarquer que non-seulement 
l'Académie donne partout la préférence à sous, mais encore qu'à l'article Sur elle ne met pas 
la locution Sur peine de, et qu'à Sous elle ne mentionne pas, comme variantes, les expres- 
sions Sur peine de, à peine de. 

2. Sans doute on comprend l'ellipse que présente l'expression sous peine db la. vik; on 
voit qu'il faut sous-entendre perdre; mais on comprend déjà moins bien sous peine db vib. 
D'ailleurs il nous paraît convenable d'employer une môme expression pour les diverses 
peines : Sous peine de subir la mort, le bannissement, Vamende ( ou avec ellipse , sot« pei/ne 
DB MORT, DB BANNissBMBNT, d'ambndb). On ne dirait pas, sous peine de subir xa vib. 



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instruites persuadées que puisque l'Académie dit, Une pellée de 
plâtre, de feu; une pellerée de grains, une pelletée de terre, ce 
serait une faute de dire, par exemple. Une pellée de grains, de terre ; 
une pellerée de plâtre, de feu, etc. 

PENDRE, V. a... Fam., Dire pis que pendre d'un homme. Dire de lui 
toute sorte de mal.— On regrette que l'Académie n'ait pas donné une 
définition qui rétablisse à peu près complètement la phrase elliptique, 
comme par exemple. Dire d'un homme plus de mal qu'il n'en faudrait 
pour le faire pendre. 

Nous en dirons autant de cette phrase. Cet homme ne vaut pat le 
pendre. Il ne vaut rien. — On dit plus souvent, C§t homme ne vaut 
pas la corde pour le pendre, et il aurait été mieux de donner la phrase 
complète, d'autant plus que l'Académie ne dit pas que pendre s'em- 
ploie substantivement. 

On lit encore dans cet article « Autant lui en pend à l'œil, à l'oreille, 
au nez. Il pourra bien lui en arriver autant. » — • Nous avons souvent 
entendu dire. Autant lui en pend À l'oreille , et cela fait image en 
rappelant les pendants d'oreilles. Pour le nez, il n'y a que certaines 
peuplades sauvages qui y mettent des pendants, et jamais nous n'a- 
vons entendu dire. Autant lui en pend au nez. Quant à la troisième 
locution. Autant lui en pend À l'œil, nous ne l'avons jamais lue ni 
entendue, et nous doutons qu'elle soit usitée; dans tous les cas, elle 
ne nous semble pas mériter de l'être, parce qu'elle ne représente 
rien de réel ni de possible. 

PERCE-NEIGE. PERCE-OREILLE.— Gomment ces deux mots doivent- 
ils s'écrire au pluriel ? 

PERCER... Percer les nuits. Passer les nuits sans dormir. Il ne se 
dit que de l'étude et du jeu. Il perce les nuits à étudier, à jouer. — 
Nous croyons que passer est bien préférable à percer, en parlant des 
nuits, qu'on les emploie à dormir, à étudier ou à jouer, etc. Après 
cette phrase on aurait pu mettre « Inusité ». 

PÉRIPLE, s. m. T. de Géogr. ancienne. Navigation autour d'une 
mer, ou autour des côtes d'un pays, d'une partie du monde, etc. ; Ré- 
cit d'une navigation de ce genre. Le périple d'Hannon est très-ancien, 
Arrien nous a laissé un Périple du Pont-Èu^xin. — Pourquoi dans le 
premier exemple le mot périple commence-t-il par une minuscule? 
Il nous semble que dans cette phrase il s'agit d'un récit de voyage 
de circumnavigation aussi bien que dans la suivante, et que la majus- 
cule y est nécessaire. 

PERSIFLER. — Ge mot doit être composé de siffler et demander 
deux f, comme boursoufler en demanderait également deux. 

PERSILLADE. PERSILLÉ, ée. — Ges mots, dérivés de persil, où 
« l'on ne fait pas sentir l'L » , exigeaient qu'on indiquât la prononcia- 
tion de persillade et persillé; les II doivent y être mouillées. 



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PERSPiculTÉ. — Ce tréma sur Vi nous paraît inutile, car cwi 
ne saurait être prononcé ki; s'il était réellement nécessaire, nous 
croyons qu'il en faudrait également un à promiscuité, 

PERTE... Tout ce quHl a fait dans cette entreprise lui est tourné en 
pure perte, — Cette phrase doit exprimer l'action plutôt que le résul- 
tat, et l'auxiliaire avoir aurait été plus convenable. « Tout ce qu'il a 
fait.,, A tourné en pure perte pour lui. » 

PÉTER. PÉTEUR. Plusieurs disent, Peter... — pétillant, pétille- 
ment, PETILLER. Plusieurs disent, Pétillant, Pétillement, Pétiller. 

Ce sont généralement les dérivés et les composés qui prennent un 
accent ; tels sont pépinière, réplétion, corrélatif et corrélation, irré- 
ligion et irréligieux, etc., dont les primitifs pépin, replet, relatif et 
relation, religion et religieux, etc., ont la première syllabe muette. 
Dans les mots péter, péteur, au contraire, l'Académie met un accent, 
qu'elle supprime dans pétillant, pétillement, pétiller. Nous croyons 
qu'il aurait fallu suivre la règle pour ces mots-là conune pour les 
autres. 

PETIT, ITE, adj... En termes de Rôtisseur, Petits pieds (sans tiret). 
Les grives, cailles, ortolans et autres oiseaux d'un goût délicat. — A 
la colonne suivante on lit « Petits-pieds (avec tiret). Voy. Pied ». A 
l'article Pied, on trouve de nouveau : « En termes de Rôtisseur, Petits 
pieds (sans tiret) se dit Des grives, des cailles,» des ortolans, et autres 
petits oiseaux d'un goût délicat. » Cette locution figurée, destinée à 
représenter de petits oiseaux, ne doit pas s'écrire de la même manière 
que dans cette phrase Les petits pieds font mal aux grands. 

Ce mot petit sert à former un certain nombre deJocutions où le 
tiret semble nécessaire , puisqu'on les fait précéder de l'article. De 
même qu'on écrit petit-fils, petit-^eveu, petit-maitre, etc., avec un 
tiret, ne serait- il pas convenable d'en mettre un à des petits pains, 
des petits pâtés, des petits oignons, etc., qui ne présentent point la 
même idée que de petits pains, de petits pâtés, de petits oignons ? Il 
est bien certain que celui qui n'a pris à son déjeuner qu'un petit- 
pain et un petit-pâté (termes absolus), a moins mangé que celui dont 
le déjeuner s'est composé d'un petit pain et d'un petit pâté ( expres- 
sions où petit est un terme relatif opposé à grand ou à gros). Et 
pareillement, petits pieds exprimant une sorte de menu gibier de- 
vrait prendre un tiret aussi bien que petits-choux, sorte de pâtisserie, 
où l'Académie en met un. 

PEU... A peu près s'emploie aussi substantivement. L'a peu près 
suffit dans les choses qui n'exigent pas une grande précision; — et à 
l'article Près on lit également. Dans les choses qui n'exigent pas une 
grande précision, on se contente de l'a peu près. 

Lorsque les locutions adverbiales sont employées substantivement, 
l'usage veut que les mots dont elles se composent soient joints par des 
tirets ou réunis inunédiatement, comme un téte-à-téte, l'à-propos. 



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l'aplomb j et nous ne comprenons pas pourquoi la locution à peu près 
ferait exception à la règle. Je ne puis me contenter d'un à-ped-près 
(avec tirets) nous semble préférable à d'un à peu près (sans tirets). 

PEUPLER.. • Il n'y a pas de poisson qui peuple autant qu£ la carpe. 
Il n'y a point d'animaux qui peuplent tant que les lapins. — A l'article 
Point nous parlerons de la règle que les grammairiens ont établie sur 
la valeur de pas et point; mais nous ne pouvons nous empêcher de 
signaler ici le singulier après pas et le pluriel après point : Il n'y a 
PAS de POISSON, il n'y a point ^'animaux. Quant à cotte dernière 
phrase, nous lui préférons sous deux rapports celle qu'on trouve à 
l'article Foisonner : « Il n'y a point d'animal qui foisonne autant que 
les lapins. » Là l'Académie a mis animal au lieu d'animaux, et autant 
au lieu de tant; mais elle aurait dû dire « autant qus le lapin. » 

PHYSIOLOGIE... La Physiologie végétale de Sénebier. — Senebier 
ne mettait pas d'accent sur le premier e de son nom; et comme il était 
Genevois, nous dirons par la même occasion que dans ces deux mots 
{Senebier, Genevois) les deux premières syllabes sont muettes. 

PIAFFEUR, adj. m. Qui piaffe. Il ne se dit que des chevaux. Les che- 
vaux d'Espagne sont piaffeurs.— Il y a sans doute aussi des juments piaf- 
fetises, et il aurait été convenable de mettre « Piaffeur, euse, adj. » 

PIE, s. f... Cheval pie. Cheval blanc et noir... Dans cette locution. 
Pie est pris adjectivement. Il montait un cheval pie, U7ie jument pie. 
— Pie employé ainsi prend-il la marque du pluriel ? faut-il écrire Un 
attelage de six chevaux pie ou pieS? Nous croyons le singulier pré- 
férable (des chevaux pie, comme on écrirait des souliers puce). 

PIED... Prov., Haut le pied. Allons, partons; allez, partez. On dit, 
dans un sens analogue, Faire haut le pied. Disparaître tout d'un coup, 
s'enfuir. -- Haut-le-pied s'emploie aussi substantivement, et signifie 
Un homme qui ne tient à rien , qui n'a point d'établissement fixe, et 
qui peut disparaître d'un moment à l'autre. Ne lui prêtez pas d'ar- 
gent, c'est un HAUT-LE-PIED. Il est familier. — Renvoyer des chevaua 
HADT-LE-PIED, Lcs rcuvoycr sans être attelés ni montés. Dans cette 
phrase, Baut-le-pied est employé adverbialement. 

Nous avons deux remarques à faire. D'abord il nous semble que les 
deux locutions adverbiales auraient été mieux placées à la suite Tune 
de l'autre, malgré le rapport plus direct qui existe entre le substantif 
et la première locution adverbiale*. Ensuite nous croyons qu'il faut 
supprimer les tirets dans la dernière {renvoyer des chevaux haut-le- 

1. C'est ainsi qu'à Tarticle Préctbux on a fait suiTre deux paragraphes de l'adjectif, bien 
que le substantif se rapporte au premier : 

Précieux signifie aussi Affecté, et se dit principalement Des manières, du langage, du style. 
Il a des manières précieuses, un air précieux. Il parle un langage précieux. Style précieux. 

Bn termes de Peinture, Ce tableau est d'un fini précieux. Ce tableau est peint avec un soin 
extrême. On dit dans un sens analogue. Ce bijou est d'un travail précieux. 

Précieux s'emploie quelquefois substantivement. Le précieux de son style fatigue. Il est 
d*un précieux insupportable. 

2S 



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— 216 — 

pied), où ils n'ont pas pins ûè raison d'être que dans celle-«ri ffyut 
le pied, allons, pattons, etc., et dans Faire haut le pied; d'ailleurs 
à rarticlè Haut, r Académie n'a mîs les tirets qu'au substantif, ce qui 
nous fait supposer qu'ici ils sont le résultat d'une distraction. 

PIED... Ckatnhres, pièces de pîain-pied. Chambres, pièces d'un 
appartement qui sont au même étage et de même nireau. H a dans 
Èon appartement tant dé chanibres de plain^pied^, — De plain-pied 
s^mploie atissi adverbialement, et signifie Sans monter ni descendre. 
On va de plaiiv-pied d'un appartement à Vautre. De la salle à manger 
on entré de plain-pied dans le jardin,—fig. et ftim., Cela va de plain- 
pied. Cela va sans dire, sïins difficulté. — Plainr^ned s'emploie quel- 
quefois substantivement. Il y a heatccoup de plain^ied dans cette 
maisoh, fl y à, d^ns cette maison, plusieurs appartements composés 
d'un grand ùombre de pièces de piain-pied. On dit dans ie ïnême 
§en's, Un plain-pied, un ieau plain-pied. 

Ici coitime à Haut tjè pied nous croyons pouvoir demander que les 
tirets ne soient employés que dans le substantif : Un tt^aih-piëd , un 
beau PLAifï-PiEB ;Ilya beaucoup de PLATw-iPiEn dans cette maiistm, etc.; 
— et qu'on n'en mette pas dans les locutions adverbiales, On va de 
PLAIN l>lEb d*un appartement a l'autre. De la salle à manger en entre 
DÉ PtiAïN PIED dans le jardin. Cela va de plain pïed. 

PIS... Au pu aller, loc. adv. En supposant les choses au pire état 
où elles puissent être. Au pis aller nous y vivrons de ce que nous y 
trouverons. Au pis aller, nous reviendrons sur nos pas. — Pis aUer 
s'emploie auâsi substantivement. C'est votre pis aller. C'est le pis qui 
vous puisse arriver. Être le pis aller de quelqu'un. Être la personne à 
qui il s'adresse pour quelque chose que ce soit, lorsqu'il n^apastroaté 
une autre personne de qui il pût l'obtenir. Je ne veux pas être son pis 
aller. Je serai votre pis aller. 

A l'article Pied nous avons demandé la suppression du tiret dans les 
locutions adverbiales haut-le-pied, de plain-pied; ici nous en récla- 
mons l'emploi pour le substantif un ou le pis aller, tîomme on le met 
dans un à-compte, l'dr-propos, etc. 

PissEiiLlt, s. m. Enfant qui pisse au lit. C'est un pissenlit. —Pour- 
quoi, demandera-t-on peut-être, l'Académie écrit-elle pissenlit et non 
pissé-en-lit, puisqu'elle écrit chie-en-Ht f Nous pensons qu'ici comme 
pour un grand nombre d'autres mots c'est le désir, le besoin d'abré- 
ger qui a tait écrire en un seul mot pissenlit, justaucorps, mordoré, 
vaurien, fainéant, etc., au lieu de pisse-en-lit, juste-aur-corps, more- 
doré, vaut-Hen., fait-^ant. On aurait probablement ausm o^itracté 
chie-en-lit en chienlit si Ton n'avait craint que cette dernière va- 

1. Quel rôle ptain-^Hed TempUt-il dans cette pliracse « // a dai^ mn ftppartement tmt di 
pièces de plain-pied » ? Nous le croyons substantif oomine Aaws ceHe-ci m il y a beavtetmp 
de PLAiN-PiBD dans cette maison. » Ces deux 'phrases auraient dû Ôtne réunies, iei et à l'article 
Plain , au lieu d'être placées dans deux paragraphes distincts. 



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riante ne fût ppoo^oQoée ccKmme daQS le mot chiendent ou n^éçie 
qu'elle ne fût pas comprise. 

PISSENLIT^ s. m. Plante à fleurs composées.,, dont les feuill^a, i 
peu près semblables à. celles de la cbicorée, sç mangent en salade, 
quand elles sont jeunes et tendres. Une salade de pis&enlits^^ 0^ La 
nomme aussi Dent-de-Uon.-^ On voudrait trouver ici l'origine 4^ <?es 
deux noms pissenlit et dent-^de-lim- Dans le Supplément de la pre- 
mière édition (1696) on lit du moins « Les Latins l'appellent Urinçr- 
ria, à cause de sa vertu diurétique ; Dens leonis, parce qu'elle res- 
semble à xme dent de lion. » Pour ceux qui ne savent pas le latin , il 
aurait fallu dire, dans la sixième édition « On V2Lppé[le pissenlit parce 
que l'eau dans laquelle on fait bouillir ses feuilles est fortement diu- 
rétique, c'est-à-dire qu'elle provoque les urines, et qu^insi elle 
expose à pisser au lit les enfants ou les personnes faibles qui en 
auraient bu une certaine quantité; — dent-de-lion, à cause de la 
forme de ses feuilles. » 

PIVERT, s. m. Oiseau du genre des Pics, dont le plumage est jau- 
nâtre et vert. — Comme on le voit par cette définition, l'oiseau dont 
il s'agit est un Pic sur le plumage duquel le vert domine. Il y a des 
pics noirs, des pics rouges, des pics gris, etc. Puisqu'on ne dit pas 
des pinoirs, des pirouges, des pigris, etc., et qi^e les naturalistes 
conservent le nom dans son intégrité {piç vert), pourquoi l'avoir 
dénaturé par une contraction * ? 

PLAIDOIRIE. — Autrefois on écrivait plaidoyerie, voyerie,' aujour- 
d'hui l'on ne met pas même un circonflexe sur Vi pour représenter Ve 
supprimé. Soierie a conservé son e médial, et nous ne doutons pas qye 
l'Académie n'écrive également Corroierie lorsqu'elle admettra ce nigt. 
PLAINDRE..., avec le pronom personnel, signifie aussi , Témoigner 
son mécontentement de quelque chose, du mécontentement contre 
quelqu'un..» Il se plaint de ce qu'on le calomnie. Il se plaint qii'on 
l'ait cd^ommV.— Non-seulement l'Académie ne nous fait pas connaître 
la différence de sens qu'il doit y avoir entre se plaindre de ce que et 
se plaindre que employé avec le sutyonctif, mais encore elle omet 
une autre variante qu'elle donne ailleurs : 

(^ Sévir) Cette fêtmm W flaimt qub son mwr% a sépi plu^iBi^rs fois con^r9 

elle. 
(à Chçmin) Il SB PLAINT Qu'on A fait un chemin dans son champ. 

Les grammairiens ne sont pas d'accord sur l'emploi diç ces troi^ 
manières de s'exprimer. Les uns veulent que se plaindre dfs çfi (fue et 
w plaindre que avec l'indicatif soient synonymes et signifient Faire 

I. U serait peut-être mieux d'écrire Une Balade di pissbmut ( au sinf plier ) lODOQ^ie on écrit 
i*n platf une salade de dbnt-db-lion , de pourpier, de chicqréb, de çiu^m. Nous en dirons 
autant pour salade de laitubs , de raiponces, que l' Académie écrit tantôt au pluriel, tantôt 
au singulier. Voy. Amande. 

9. La suppression du c dans pivert dénature bien plus le mot que celle de Ve ou du t dans 
jwtanfo;^^ Wfnterp, t)«t*H#», faifmnt, dont la proïionçiatio» n'Q»t pas çhan^jée. 



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-- 220 — 

des plaintes, des reproches ; tandis que se plaindre que, avec le sub- 
jonctif, signifierait Blâmer, trouver mauvais ; — d'autres pensent que 
se plaindre de ce que signifie Faire des plaintes , des reproches ; et 
que se plaindre que signifie Blâmer, trouver mauvais , quel que soit le 
mode employé, etc. 

Après cela oserons -nous émettre une opinion différente? Nous 
croyons que se plaindre de ce que devrait s'employer quand le fait 
est avéré : 

(à Plaindre) H se plaint de ce QC*on le calomnie, 
(à Ouvrage) Ce domestique se plaint de ce Qo*t7 y a trop d*ow>rage pour 
lui dans la maison. 
Se plaindre que avec le subjonctif supposerait qu'il y a doute sur 
l'exactitude de la plainte : 

(à Plaindre) H se plaint Qo'on Tait calomnié, 

(à Cadet) Ce lieutenant se plaint Qu'on ait fait capitaines plusieurs de 
ses cadets. 
Se plaindre que avec l'indicatif se dirait d'une plainte portée en 
justice en donnant à la plainte une valeur précise : 

(à Chemin) Il se plaint qu'on a fait un chemin dans son champ. 
(à Sévir) Cette femme se plaint que son mari a sévi plusieurs fois contre 
elle. 
Ainsi donc si la plainte du domestique n'était pas fondée, il faudrait 
dire : Ce domestiqua se plaint qu'il y ait... ; — si celle du lieutenant 
l'était, il faudrait : Ce lieutenant se plaint de ce qu'on a... 

PLAISANTER, v. u... Il s'emploie quelquefois activement. Ils l'ont 
tant plaisanté qu'il n'a pu y tenir,— A la fin de cet article il faudrait 
ajouter : Plaisanté , ée , part. 

PLANCHÉIER. — Autrefois l'Académie écrivait grasse ier et planr- 
cheier. Elle a converti Vi en y dans grasseyer; il est à désirer qu'elle 
en fasse autant à planchéier, pour supprimer une exception, puisque 
ce verbe est le seul de cette désinence qui prenne éier : on écrit har- 
heyer, hrasseyer, grasseyer^ langueyer, etc. 

PLANTER, V. a... Prov. et fi^,, Vienne qui plante, sont des choux, et 
absolument, Vienne qui plante, arrive qui plante, se dit en parlant De 
quelque chose qu'on veut faire, au hasard de ce qui peut en arriver. — 
Nous acceptons telle quelle la locution Vienne ou arrive qui plante, 
pour signifier II arrivera ce qu'il pourra, ce qu'il voudra; mais nous 
avouons que nous ne comprenons pas du tout cette addition, sont des 
choux; il y a là une ellipse que nous ne pouvons réussir à compléter. 
PLAQUER... Pop., Plaquer un soufflet sur la jou£. Donner un souf- 
flet. — Fig. et pop.. Plaquer quelque chose au nez de quelqu'un. Lui 
faire en face quelque reproche piquant. Il lui alla plaquer au nez 
que son père avait été laquais. 

Nous nous demandons s'il est nécessaire de recueillir dans le Dic- 
tionnaire de l'Académie toutes les locutions bonnes ou mauvaises qui 
ont été prononcées par quelques personnes. Déjà à l'article Planter 



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— 221 — 

nous trouvons ... « Fig. et pop., Planter un soufflet sur la joue j au 
beau milieu de la joue de quelqu'un j Lui donner un soufflet. — Fig. et 
fam., Planter quelque chose au nez de quelqu'un. Lui faire quelque 
reproche en face, lui dire quelque chose de désagréable. Il lui alla 
PLANTER au nez qus son père avait été repris de justice. Il ne cesse 
de me planter mon âge au nez » ; et il nous semble que c'était bien 
suffisant, d'autant plus qu'on a encore le verbe jeter j qui s'emploie 
dans le même sens; l'Académie dit, à l'article Nez : H me jette tour- 
jours mon âge au nez. 

PLAT, ATE, adj... Vaisselle joto^e^ Vaisselle qui est d'une seule pièce, 
sans soudure, par opposition à Vaisselle montée. Les cuillers, les four- 
chettes sont de la vaisselle plate. Il se dit particulièrement Des plats 
et des assiettes d'argent. On nous servit en vaisselle plate. Je préfère 
la porcelaine à la vaisselle plate.— k l'article Vaisselle on lit encore 
« Vaisselle plate se dit aujourd'hui, plus particulièrement, Des plats 
et des assiettes d'argent, à la différence de la vaisselle de porcelaine, 
de faïence, etc. On sert chez lui en vaisselle plate, » 

Si l'on dit de la vaisselle plate en parlant de l'argenterie, par op- 
position à la porcelaine, à la faïence, etc., c'est que plate, dans cette 
acception, vient de plata, mot espagnol qui signifie argent. Les cuillers 
et les fourchettes ne sont pas plus plates quand elles sont d'argent 
que quand elles sont d'étain , de fer ou de bois , et cependant ce n'est 
que lorsqu'elles sont d'argent qu'on les met au rang de la vaisselle 
plate. Il en est de même des assiettes creuses dont on se sert pour 
la soupe, et des plats d'une certaine profondeur qu'on emploie pour 
différents mets. Quant à la vaisselle d'or, dont il est parlé à l'article 
Vaisselle, si on lui donne le nom de vaisselle plate, c'est par exten- 
sion; mais nous doutons beaucoup que les possesseurs de pareille 
vaisselle lui donnent cette dénomination. 

PLAT, s. m... se dit aussi de Ce qui est contenu dans le plat. Un 
plat de viande, de légumes, de poisson, de gibier.-. Un plat de fruits. 
— Nous comprenons très-bien qu'on écrive Un plat de fruits, un plat 
de raisins, parce qu'on met fréquemment sur un plat plusieurs sortes 
de fruits : pommes, poires, pêches, etc., ou plusieurs variétés du 
même fruit : du raisin blanc et du noir, du chasselas et du muscat ; 
nous irions jusqu'à comprendre qu'on écrivît Un plat de viandeS, 
d'après ces vers de Boileau : 

Sur un lièvre flanqué de six poulets étiques, 
S'élevaient trois lapins , animaux domestiques. 

mais, à moins qu'il ne s'agisse d'une macédoine ou jardinière, il nous 
semble qu'on doit écrire Un plat de légume (au singulier); et encore 
pensons-nous qu'en parlant d'une macédoine on pourrait employer 
ce nombre, de même qu'on écrirait très-bien un plat de viande , de 
fruit, de raisin. 



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— 232 — 

PLATINE 9 S. m. Substance métallique un peu moins blanche que 
Targent^ inaltérable à Tair, très-fixe au feu, et plus pesante que For. 

Précédemment TAcadémie donnait à ce mot le genre féminin; nou» 
présumons qu'elle Ta fait masculin pour que tous les noms de métaux 
fussent du même genre, et il serait à désirer que ce principe de géné- 
ralisation fût plus souvent appliqué. Yoy. Mimosa. — L'Académie aurait 
bien fait de dire que le platine était autrefois appelé or 6/anc^ parce 
qu'il est à peu près du même poids (un 20* en plus) que l'or. — Sub- 
stance métallique était une expression très-convenable en 1763 , dans 
la quatrième édition, parce qu'alors on ne connaissait pas ce métal 
comme aujourd'hui ; mais il nous semble que longtemps avant 1835 il 
avait été assez étudié pour qu'on pût lui donner la dénomination pliis 
simple et plus précise de métal, aussi bien qu'à l'or, à l'argent, au 
cuivre, etc. 

PLEIN, EiNE, adj... Toutr plein, sert quelquefois d'adverbe de quan- 
tité, et alors il signifie Beaucoup. On trouve tout plbin de gens qui 
pensent».. Il y a tout plein de monde dans les rues. J'ai tout pleih de 
livres d'égarés. Vous dites qu'il n'y a pas de boutiques dans cette rue, 
il y en a tout plein. Il est très-familier.— Ces locutions, quoique fort 
usitées, nous semblent trop familières pour être admises dans le Dio* 
tionnaire de l'Académie. 

PU>MB... A plomb.,, s'emploie quelquefois substantivement, et alors 
il ne forme qu'un seul mot. Prendre l'aplomb d'une muraille... — Il 
serait utile de refondre ce qui est dit ici avec l'article Aplomb , afin 
de compléter l'un par l'autre les deux articles et de n'en faire qu'un 
seul. 

PLURIEL, ELLE, adj. ( Quclques-uns écrivent p/unar, et la plupart 
prononcent jo/ï^rie.) — Dans ses précédentes éditions, l'Académie ne 
parlait pas de la variante plurier; bien qu'elle ait été employée par 
de célèbres grammairiens tels que ceux de Port-Royal, on regrette de 
voir cette orthographe rappelée et la prononciation plurié presque 
recommandée, car elles n'ont l'une et l'autre aucun fondement. De sin- 
gularis on a fait naturellement singulier; mais pluralis exige pluriel, 

DE LA MARQUE DU PLURIEL. 

L'Académie écrit, des acaciaS, dahliaS, falbalaS, hortensias, lamaS, 
moxaS, opéras, pariaS, sofaS; et des alinéa, duplicata, errata; — 
DES vivat; — des récépissés, récipéS; et des aparté, auto-dor-fé, avé, 
cicérone, fac-similé (à Figuré), mezzo-termine ; — des spécimenS; 
— DES bpniS^ macaronis, paroliS, spahiS; et des alibi, coneetti, lazzi, 
zani; — des déficit, accessit (quelques-uns écrivent acces8itS)\ — des 
altoS, avisos, bravoS, dominoS, diwS, folioS, hidalgoS, imbroglios, 
musicoS, numéros, pianoS (à Accordeur)^ popuhS, trioS, vêrtigoS, 
zéros ; et des ex-^oto, in-folio, inroctavo, in-quarto, quiproquo, solo; 



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— 2Î3 — 

quant à qmniêtte, elle lui donne le pluriel italien quintetii; — bes 
efPUre^olS^ (à MezzAi^iNE); — des quatuor; — i>i8 impromptu (quel- 
ques-uns écrivent impromptus)-^ — bes arumS, factotums , fœtumS, 
géraniums, penswmS; et des post^scriptum. 

On regrette qu'elle n'indique pas quelle doit être au pluriel Tortho- 
graphe d'un assez ^raod nombre de mots tels que agenda, cochléaria, 
tibia, tréma, triplicata, visa; adagio, bobe, concerto, mémento, orato- 
rio, pizzicato, soprano; confiteor; album, compendium, critérium, 
forum, maxipvwm, minimum, muséum, ultimatufh, été. 

On s'étonne qu'elle ne donne pas la marque du pluriel aux mots 
alinéa, duplicata, uparté, oonoeUi, lazzi, solo, comme elle te fait 
pour opéra, bom, macaroni, duo, trio, etc. 

On ne comprend pas pourquoi elle n'ajoute pas, aux mots Déricir, 
Quiproquo, que quelques-uns (si ce n'est même un grand nombre) 
écrivent des déficits, des quiproquos, Qomme eUe dit que -quelques- 
uns écrivent 4ie8 aoeessiiS, des 4mprcmpluSj -r-^ pourquoi ellfe écrit 
d^s Hre-téteS., et des eerrê-téte; — pourquoi Citaon est le seul mot 
où p^u prenne la .marq«i€ du pluriel dans cette définition fruit à 
pepinS, car aux mota Fakit, P02»me, Poiwe, OaAwoB, elle écrit fruit à 
pepm, «t au mot PsNff , ^rbre à pe^mi. 

Ën£» tersqu'ofl examân^ de près le régulateur de notre langue, on 
est peiné de voir les jwmhreusesdistiactkMis qu'il présente- C'est aiasi 
qu'aux articles Pomme, aAHH)N<iE, Viols tte, ces mots sont écrits au 
piuriel dans les pbrases ^iée de pommeS, salade de raiponces, pou- 
drée de violettes, tandis qu'à Gbléjb, Salade, Podd«e, on les a mis au 
singulier : Gehée de pomme, salade de raiponce, poudre de violeUe;-^ 
et en revanche aux articles Framboise , Laïque , Umo» , ces m^ots 5ont 
écrits au âinguliejr da^s les phrases Co^^^n)^ de framboise, salade de 
laitue, sirop de limon, tandis qu'on les trouve itu pluriel à Conserve , 
Salade , Sirop : Cwsert?e de framboises, salade de laitueS, sirop de 
lim<mS, elc. etc, Voy. Amande* 

pijUS..., précédé de l'artiole Le, devient si^erlatif relatif... De ces 
deu^x sœurs la cadette est celle qui est le plus aimée, la plus aimée.,. 
L*a&tronoinie est une des sciences qui fait Le plus ou qui font le plus 
d^honneur à Vesprit humain. 

Ces deux,exen\ples nous semblent demgjader une observation. Dans 
la première phrase nous pensons que la première variante est la meil- 
leure : De ces deux sœurs la cadette est celle qui est le plus aimée, 
c'est-à-dire celle qui est aimée au plus haut degré ; mais si l'on sup- 
primait celle qui est, nous préférerions la à U, parce que la compa- 
raison serait plus marquée.— Quant à la dernière phrase, F Académie 

1. C'est quelque chose «ans doute qu'on ait donné le pluriel des mots entre-sol, fkc-simiie, 
piano, à Mbzzan ms , Figuré , Accordbur ; mais ce n'est pas là seulement que ces indica- 
tions devraient être mises , parce que personne n'ira les y chercher ; il fendrait que T Acadé- 
mie fît connaître Tégulièrement l'orthographe du pluriel à tous les mots qui présentent une 
difficulté sous ce Tappoit. 



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— 224 — 

ajoute, il est vrai, « le dernier (le pluriel font) est le plus usité » ; 
mais l'expression nous paraît faible. Autrefois on n'aurait guère mis 
que le singulier après une des sciences qui, parce que sans rien exa- 
miner on aurait fait rapporter le verbe à une ; aujourd'hui on fait le 
contraire, parce que la raison dit qu'il doit s'accorder avec des 
sciences, représenté par qui. En effet « V astronomie est une des 
SCIENCES QUI FONT le plus d'honneuv » signifie qu'il y a plusieurs 
sciences qui font honneur à l'esprit humain, et que l'astronomie est 
une de ces sciences; si l'on veut rapporter tout l'honneur à l'astro- 
nomie, il faut dire simplement « L'astronomie est la science qui fait 
le plus d'^honneur, ou l'astronomie est celle des sciences qui fait le 
plus d'honneur. » Nous croyons donc que l'astronomie est une des 
sciences qui fait... peut être considéré aujourd'hui comme une faute 
de grammaire. 

PLUTÔT, ...en un seul mot, avec retranchement de Vs, marque pré- 
férence. Plutôt mourir que de faire une lâcheté.,. Il s'emploie aussi 
absolument : Je ne le sou/frirai point; je mourrai plutôt,.. Il n* eut 
pas plutôt dit, il n'eut pas plutôt fait telle chose, qu'il s'en repentit, 
A peine eut-il dit, eut-il fait telle chose qu'il s'en repentit. 
^ 11 nous semble qu'il n'y a aucun rapport entre ces deux acceptions, 
et que la dernière exige plus toi en deux mots : Il n'eut pas plus tôt 
dit, il n'eut pas plus tôt fait telle chose, qu'il s'en repentit; il s'agit ici 
de temps, et non de préférence. Il en est de même pour ces phrases : 
H ne fut pas plutôt sorti, qu'on le vit rentrer (au mot Rentrer); Vous 
n'avez pas été plutôt parti, qu'il est arrivé (au mot Partir). — On a 
malheureusement passé d'un extrême à l'autre : après avoir écrit 
plustôt dans les deux acceptions de temps et de préférence, on y a 
supprimé \'s, et dans sa quatrième édition l'Académie écrivait « Arri- 
ver plutôt. Un peu plutôt, » Il y a déjà un pas de fait vers le mieux, 
puisque dans ces phrases elle écrit aujourd'hui plus tôt en deux mots. 
Reste encore le sens de dès qvs, à peine, qui, ayant beaucoup plus de 
rapport avec plus vite qu'avec préférahlemenl, demanderait plus tôt 
Qji deux mots^ 

POÊLE, S. f. POÊLE OU POILE, S. m. POÊLIER, POÊLON, POÊLONNÉE. 

— Dans tous ces mots, Vo et Ve ne se prononcent pas séparément; 
on dit poile, poilier, poilon, poilon?iée, comme toile, toilier, voile, 
voilier, etc. Il serait donc convenable de tr^gisformer en i Vë qu'on 
y mettait autrefois, comme on l'a fait pour les mots coi/fe, coiffer, 

1. Sans doute il est des cas, où l'on peut mettre à volonté plibs tôt ou plutôt; c'est l'inten- 
tion de l'auteur qui doit "flécider. Ainsi l'on écrira : On oublie plutôt ( de préférence ) ou 
PLUS TÔT (plus vite) les bienfaits que les injures; et de même : Mon compétiteur sera nommé 
membre de l'Institua plus tôt que moi, plutôt qu^ moi, suivant que celui qui parle a en vue 
le moment ou la chance d'entrer à l'Institut. Mais dans les phrases « // n'eut pas plutôt dit, 
pas PLUTÔT fait telle chose qu'il s'en repentit; il ne fut pas plutôt sorti qu'on le vit rentrer; 
vous n'avez pas été plutôt parti qu'il est arrivé, etc. », il n'y a pas deux manières d'inteipré- 
ter la pensée, et nous persistons à croire qu'il faut y mettre plus tôt en deux mots. 



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— 225 — 

COIFFEUR, COIFFURE, CEF IV ne représente pas Ja prononciation. Déjà 
TAcadémie écrit Poêle ou Poile, sorte de fourneau. 

POÈME. (Dans ce mot et ses dérivés, o etÊ, ou É, forment deux 
syllabes en vers et dans le discours soutenu.)— Le tréma ne sert qu'à 
faire séparer dans la prononciation la voyelle qui le porte de celle qui 
précède; il ne donne aucun accent à cette voyelle, et il devrait ne 
se mettre que sur Vi et Vu. L'accent, au contraire, réunit le double 
avantage de montrer que Ve qui en est affecté forme une syllabe dis- 
tincte de la voyelle précédente, et d'en indiquer la prononciation. Il 
paraît donc hors de doute qu'il faudrait remplacer le tréma par un 
accent grave dans poème, poète, comme on l'a déjà remplacé par un 
accent aigu dans poésie, poétesse, poétique, poétiser, Poétereau serait 
peut-être mieux écrit avec un accent grave : poétereau. 

POIGNÉE. — A l'article Plein nous avons vu quelques locutions plus 
que familières; ici il en manque une très-généralement employée, 
c'est Donner une poignée de main*. En me quittant il m'a donné 
une bonne poignée de main. Sans doute on pourrait dire II m'a serré 
la main très-affectueusement; mais cette manière de 4B'exprimer nous 
semble un peu recherchée, tandis que la précédente est plus simple 
et peut-être plus énergique. 

POINT, adv. de négation. Pas, nullement. En voulez-vous 7 Je n'en 
vetix point. Je ne doute point que cela ne soit. Ne voulez-vous point 
venir? Il n'a point d'argent. — A l'article Pas nous lisons : « Pas, 
adverbe de négation, qui est toujours précédé ou censé précédé de 
l'une des négatives Ne ou Non, Point, nullement. Je ne le veux pas. 
N'y allez pas. Je n'entends pas cela. » 

On toit que ces deux négations ont bien du rapport entre elles, 
puisque point signiiQe Pas, nullement, et pas. Point, nullement; en 
sorte qu'on les emploie souvent l'une pour l'autre , et qu'on pourrait 
dire, Je n'en veux pas ; je ne doute pas que cela ne soit; ne voulez-vous 
pas venir?; il n'a pas d'argent; — et je ne le veux point; vous n'irez 
POINT ;ye n'entends point cela. Seulement il faut remarquer que point 
est plus exclusif que pas, car, comme dit Lemare, le point est plus 
près de la nullité absolue que le pas. Quand on dit qu'ww homme n'a 
PAS d'argent, on donne à penser qu'il en a peu ; si l'on dit q\ïil n'en 
a POINT, c'est qu'il n'en a pas du tout. Ainsi les expressions Je n'en 
veux pas; je ne doute pas que cela ne soit; je n'entends pas cela, 
nient moins formellement que Je n'en veux point, je ne doute point 
que cela ne soit, etc, ; vous n'irez pas exprime une défense moins 
positive que vous n'irez point. On peut voir par là qu'il doit y avoir 
des phrases où point n'est pas le mot propre , parce qu'il est trop 

1. En parcourant le Dictionnaire nous voyons cette expression au verbe Donner, mais ce 
n'est pas là qu'on songerait à la chercher. Voilà l'inconvénient de mettre certaines locutions 
ailleurs qu'aux mots où le lecteur s'attend à les trouver : si elles ne s'y rencontrent pas„il est 
persuadé qu'elles ne sont nulle part. — D'autres y ont été trompés comme nous. 

29 



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— 226 — 

absolu; c'est lorsqu'il suffit de la simple négation, comme 4aDs 
celles-ci : 

(à Larièrb) La laitière n*»st point encore venm, 

(à Sel) 11$ ne mangeront point un minùt de sel ensemble. 

(à Dommage) C'est dommage que vous n'a/^e% point a^^fpriscda'pl'us tét, 

(à Sédentaire) Cet homme ne fait point assez d'exercice, U est trop «0- 

dentaire, 
{à Passer) Des bas qui ne passent point le genou, 
(à Renvoi) Il y a dans cette minute des renvois qui ne sont point parafés. 

Peut-être nous dira-t-on que dans ces deux derniers exemples on a 
mis point afin d'éviter la rencontre de vk&seni pas, pas vkrafés; nous 
l'acceptons, bien que pas nous semble meilleur grammaticalement 
parlant, maïs il n'en est pas de même dans les autres, et nous savons 
qu'en France il est des localités où l'emploi de la négation point est 
une atï^îre de prédilection. 

Mais îl est une autre question plus importante encore au sujet de 
l'adverbe point, c'est l'emploi du nombre dont oii doit le faire suivre. 
L'Académie a laissé une grande lacune sous ce point de vue, car nous 
aurions eu besmn d'un certain nombre d'exemples, et le seul qu'elle 
nous donne est précisément contraire à la règle qu'il faudrait suivre : 
// me dit souvent qu'il me payera; niais pour de l'argent point de nou- 
velles. Nous pensons qu'il faudrait : pas de nouvelles, ou point de 
nouvelle, au singulier. 

En effet, en partant du principe ci-dessus, que point exprime une 
nullité à peu près absolue, il nous semble que le substantif qui suit 
point doit toujours être au singulier, et qu'avec pas on doit metlare 
plutôt le pluriel. Or c'est précisément le contraire que l'Académie a 
fait à l'article Peupler, où elle dit « Il n'y a pas de poisson qui peuple 
autant que la carpe ; Il n'y a point ^'animaux qui peuplent tant que 
tes lapins. » A ce dernier exemple nous avons opposé celuji qu'on 
trouve à l'article Foisonner, // n'y a point c^' animal qui foisonne aur 
tant que les lapins, qui nous semble bien préférable sous deux rajp- 
ports, mais où nous aimerions mieux voir lapin au singulier comme 
le mot anifnal *. Voici d'autres phrases où l'Académie a mis aussi le 
singulier : 

(à Exemple) Il n*y en a point ^'etlemple. 

(à Héritier) Sa femme ne lui a point encore donné c^'héritier. 

Id. Ce prince n'ayant point laissé d'nÉRmEK^ la couronne fut 
dévolus à son frère. 

Partout ailleurs nous avons trouvé le pluriel : 

(à Affamer, Oreille) Ventre affamé n'a point cI'orejlleS. 
(à Cérémonie) Ne faisons point de cérémonies. 

1. Ce rapport de nombre a été observé dans les deux phrases de l'article Peupler : on y a 
mis pcissdn et carpe au singulier, animaux et lapins au pluriel ; mais elles nous seniblant 
pécher sons le rapport du nombre employé après pas et pçint. 



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— 227 — 

(à Di) /i n'u pomt tué d'mHtniS, — N'avêz-^ous pomt ({'kn^antS? 

(i Dirb) H0ureua> qui peut se dire, Je n*ai point d'EimmiS. 

(à Fauti) a la guerre U n'y a point de petiteS fauteS. 

(à Ipée) Cet autev/r, cet artiste manque d'idées, n'a point d'n>iB&. 

{h OEil) Un fromage qui n'a point d'YEUx. 

(à Pratiquer) H n'y avait point de garde-robeS dans cet appart^m^t, on 

a trouvé le moyen d'y en pratiquer, 
(à Soite) N'avoir point de suite, N'avoir point cI'enfantS ni de proches 

PARENTS. 

(à TnMB) Il n'y a point de termes pour exprimer la grandeur de Dieu. 
(à Vivant) Cëst un vivant qui n'a point de scrdpdleS. 
(à Punaise) L'espèce commune n'a point d'AiLBS. 
(à Pâturage) On ne sawait faire des nourritures dans ce domaine, il n'y 
a point de pâturageS. 
Dans tous ces exemples nous préférerions pas h point; dat^s le der- 
nier seulement poiiit se comprend mieux parce qu'il sauve une légère 
cacophonie : pas de vkturag^s. 
Nous n'avons trouvé qu'un exemple où il y ait pas avec le pluriel : 

(à Adopter) N'ayant pas c^'enfantS, ils adoptèrent un orphelin. 
Par analogie, nous parlerons ici de la préposition sana^ qui de- 
mande après elle tantôt le singulier, tantôt le pluriel; quelquefois on 
peut mettre l'un ou Tautre, suivant l'idée qu'on veut exprimer. Voioi 
des exemples avec le singulier : 

(à Maruge) Sa femme étant morte sans enfant, il doit rapport le ma^ 

riage (la dot), 
(à Défaut) Un auteur sans défaut. — // n'y a personne sans défaut. 
(à Exemple) Ce que vous dites là est sans exemple. Cela est san^ exemple 
(à Composition) Une composition sans faute. 
(à Vie) Mener une vie sans reproche. 
(à Peur) Le chevalier^ Bayard fut surnommé le Chevalier sans peur et 

sans reproche. 
(à Obus) Petite hombe sans anse. (Voy. Obus.) 

Avec le pluriel : 

(à Déshérence) Droit qu'a l'État... de recueillir la succession des per- 
sonnes mortes sans héritiers. 
(à Hoir) Il est mort sans hoirs. 
(à Sqe) Uya des scies sans dentS* pour refendre les pierres dures, le 

marbre, etc, 
(à Puce, Scolopendre, Tique, etc.) Insecte sans ailbS. 
(à Sans) Sam argent, sans protecteurs , que pouvais-je faire? 
(à TÉMOPi) l^eur entrevue doit avoir lieu sans témoinS. 
(à Ciel) Un ciel sans nuageS. 
(à De) Parler sans faire de fauteS. 

1. On mirait pu supprimer ces deux premiers mots et mettre, comme à l'artiole Rvrochs : 
Bayard fut sum&mmé le Chevalier sans peur et sans reproche. 

2. Voilà un de ces exemples assez rares où il serait impossible de mettre le singulier sans 
taire une lourde faute. L'A,cadémie écrit Une vieille sams pbnts et Une vieilU aAns-DBirr. 
Voy. Sams-obnt. 



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— 228 — 

Sans blâmer remploi du singulier dans les premiers exemples, nous 
croyons qu'on aurait pu les mettre au pluriel ; on écrirait tout aussi 
bien Mourir sans enfantS, faire une composition sans fauteS, mener 
une me SANS REPROCHES, il n'y a personne sans défadtS, etc., parce 
qu'il arrive plus ordinairement qu'on ait plusieurs enfants, qu'on fasse 
plusieurs fautes, qu'on mérite plusieurs reproches, etc. 

Par la même raison nous aurions mis, comme l'Académie, le plu- 
riel dans les derniers exemples; seulement nous pensons que dans 
cette phrase, Leur entrevue doit avoir lieu sans témoinS, on pourrait 
employer le singulier dans le cas où il aurait été stipulé d'abord qu'il 
y aurait un témoin à cette entrevue. 

Nous terminerons cet article par trois exemples qui semblent se 
rattacher également à la question de nombre : 
(à Dévolu) Faute (f héritiers dans cette ligne,.. 
(à Concurrent) Il ne peut souffrir de concurrents. 
(à De) /l ne peut souffrir de rival, de rivaux. 

Cette dernière phrase montre que dans la précédente on pourrait 
mettre aussi bien le singulier que le pluriel, suivant l'idée qu'on vou- 
drait exprimer. 

POIREAU ou PORREAU. — L'étymologic de ce mot, qu'on la prenne 
dans le grec ou dans le latin, ne prescrite pas d'i; ne serait-il pas 
convenable de supprimer cet i dans le mot français? On se rappro- 
cherait ainsi de l'adjectif poracé, 

POIS... Prov. et fîg.. Donner un pois pour avoir une fève. Donner 
une chose pour en obtenir une autre. — Cette définition, qui est iden- 
tique avec celle qu'on trouve à l'article Fève, nous semble n'être pas 
complète. Comme une fève est plus grosse qu'un pois, nous croyons 
que ce proverbe signifie. Donner une chose pour en obtenir une plus 
CONSIDÉRABLE. Ou dit daus le même sens, Donner^n oeuf pour avoir 
un BŒUF, mais l'Académie ne mentionne nulle part cette locution 
proverbiale, qui est peut-être plus usitée que l'autre. 

Par la même raison, le proverbe Je lui rendrai pois pour fève , 
auquel on fait signifier. S'il * me fait de la peine, je lui rendrai la pa- 
reille, ne nous semble pas aussi bon que cette autre variante , S'il me 
DONNE des POIS, je lui donnerai des fèves, car celui qui projette de 
se venger a presque toujours l'intention de payer avec usure. 

POLYGLOTTE, adj... cst aussi substantif féminin, et se dit d'une 
bible polyglotte. La Polyglotte de Paris. La Polyglotte d'Angleterre, 
— Fig., Cet homme est une polyglotte, une vraie polyglotte. Il possède 
un grand nombre de langues. 

Nous ne comprenons pas qu'on dise d'un homme qu'il est une poly- 
glotte. Puisque polyglotte est d'abord adjectif, Bible polyglotte, 

1. Ici l'on, a mis « Je lui rendrai pois pour fève, Il me fait de la peine, je lui rendrai la 
pareille » ; mais nous pensons qu'il faut lire , comme à rarticle Fèvb « S'il me fait de la 
peine... » ou, du moins, // m'a fait de la peine, mais... 



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— 229 — 

ddclionnaire polyglotte (qui est en plusieurs langues), il serait plus 
naturel d'appliquer, par extension , l'adjectif à Thomme, Cet homme 
est polyglotte, et d'en faire ensuite un substantif masculin. Ce savant 
est un polyglotte, un vrai polyglotte. 

POMMELER (SE), V. pron... POMMELÉ, ÉB, participe. Un cheval gris- 
pommelé. — Aux articles Cheyal et Gris, on trouve gris pommelé, 
sans tiret, et à Attelage, Un attelage de six chevatix gris pommelés. 
Peut-être le tiret eât-il superflu, mais d'un autre côté nous croyons 
que c'est une faute d'avoir mis pommelés dans cette dernière phrase, 
car on veut dire, D%n gris pommelé. Nous écririons donc, Sixche- 
vay^ gris pommelé, gris moucheté. 

PONCTUATION, S. f. L'art de ponctuer. — Il se dit aussi de la ma- 
nière de ponctuer. — Ponctuer, v. a. Mettre des points et des vir- 
gules dans un discours écrit, pour distinguer les phrases et les diffé- 
rents membres dont elles sont composées. 

Il nous semble qu'au substantif ou au verbe il aurait fallu dire que 
la ponctuation ne se compose pas seulement des' points et des vir- 
gules, mais encore de plusieurs autres signes tels que le point et vir- 
gule (;), le comma ou deux points (:), le point dHnterrogation (?), 
le point d admiration, d* exclamation (I), les points suspensifs (...)? 
puis encore le moins (— ), la parenthèse ( ), l^ crochet []^ei le 
guillemet ( « » ) . C'est du moins là ce qu'on nous enseigne dans les 
grammaires. Nous avons été surpris de ne pas trouver à l'article 
Signe , même ces mots les signes de la ponctuation, tandis qu'il y est 
fait mention des signes de la musique. 

PONDRE, V. a. (Je ponds, tu ponds, il pond; nous pondons, etc. Je 
pondais. Je pondis. Je pondrai. Je pondrais. Ponds. Pondez, Que je 
ponde. Que je pondisse, etc. ) 11 se dit D'une femelle d'oiseau qui se 
délivre de ses œufs. — Nous n'avons jamais vu cette expression à 
la première personne que dans La Fontaine; et encore le' fabuliste 
n'emploie-t-il pas le verbe pondre : 

Quoi! j*AGCODCHE d'uh œuf ! — D'un œuf? — Oui, le voilà 

Frais et nouveau pondu. (Liv. VIII, fab. 6.) 

11 aurait été mieux de placer cette conjugaison au verbe Fondre, 
qui s'emploie dans tous les temps et à toutes les personnes, et où ce- 
pendant l'on n'a rien mis. Ici l'on aurait pu dire que pondre se con- 
jugue comme fondre, mais qu'il ne s'emploie guère qu'à la troisième 
personne. 

PONTONAGE, S. m. Droit qui se perçoit en quelques lieux sur les 
personnes, voitures ou marchandises qui traversent une rivière, soit 
sur un pont, soit dans un bac. — Pontonnier, s. m. Celui qui reçoit 
le droit de pontonage. — 11 se dit aussi, en termes de Guerre, des sol- 
dats d'artillerie qui sont chargés du service des pontons. 

11 nous sem'ble fâcheux de donner pour noms à l'impôt mis sur le 
passade d'un pont, d'un bac, et à la personne chargée de la percep- 



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— 230 — 

tiOD de cet impôt, des mots qui semblent dériver de ponton; et nous 
croyons qu'il serait mieux d'employer pontenage et pontenier, qui 
sont en usage dans plusieurs localités. — D y aurait à ce ohangement 
deux avantages, celui de supprimer une anomalie orthographique, 
pontonage avec une seule n, pontonnier avec deux ; et de plus œlui 
de ne pas confondre la personne chargée de la recette d'Un pont avec 
les soldats d'artillerie chargés du service des pontons , lesquels coû- 
serveraient leur nom de pontonniers. — En même temps, après ces 
mots « du service des pontons » on ajouterait ceux-ci , qui nous pa- 
raissent nécessaires pour compléter la définition , « c'est-à-dire de la 
construction des ponts volants, des ponts de bateaux. » 

poRTE€HOUX. PORTEFEUILLE. — Le portefeuille contient ordinai- 
rement plus d'une feuille, comme le portechouX i^orte pins d'un chou. 
Pourquoi mettre le signe du pluriel à l'un et non à l'autre? 

PORT£-€ROSSE. PORTEMANTEAU.— PORTE-BOUGIE. PORTECUAYON. 

L'Académie met un tiret dans les mots composés de porter qu'elle 
fait invariables, et elle le supprime dans ceux qui doivent prendre la 
marque du pluriel. Nous ne voyons aucune difiTérence entre Celui qui 
porte la crosse devant un évêque et l'Officier chargé de porter le man* 
teau du roi quand il sortai,t; entre un Porte-bougie et un Portecrayon. 
Les douze portemmteauX ne portaient alternativement qu'un man* 
teau, comme douze porte-crosse ne portent chacun qu'une crosse; 
pour garnir douze porte-bougie il faut douze bougies , comme il faut 
douze crayons seulement pour garnir douze portecrayonSj et l'on n'y 
met à la fois ni plus d'un crayon ni plus d'une bougie. Nous croyons 
pouvoir appliquer cette même observation aux mots porte-aiguille, 
porte-baguette j porte-drapeau, porte-hache, porte-montre, porte-' 
page, porte- tapisserie, etc., où l'Académie met le tiret et qu'elle fait 
invariables, et à porteballe, portechape, portecollet, portefeuille, etc., 
où elle met une s au pluriel. v 

PORTE-DIEU, s. m. Le prêtre qui, dans une paroisse, est chargé 
spécialement de porter le viatique aux malades. Il ne prend point le 
signe du pluriel. — Nous ne doutons pas qu'il ne faille écrire Dieu 
avec une majuscule dans ce mot comme dans prie-Dieu, lever-Dieu; 
mais l'Académie aurait dû donner un exemple pour le faire savoir 
d'une manière certaine, car dans ces divers mots la signification du 
second composant peut ne pas être identique. Puisqu'elle écrit christ 
' avec un c minuscule dans ces phrases^ Il a dans .son oratoire un beau 
CHRIST, une belle tête de christ ; un christ d'ivoire ; baiser un ghiust, 
le CHRIST, il est bien permis de croire qu'on peut écrire un porte- 
DIEU comme* elle écrirait sans doute unporte-cuKi^t, 

PORTEFAIX. — Au mot Gagne-denier , on trouve Porte-faix. 

PORTER, V. a. — Au lieu de ces phrases, // a été le plv>s fort, il a 
porté les coups, se dit d'un homme qui a été battu par un autre ; Cet 
homme porte le nez au vent. Il porte la tête fort haute, il a l'air hau- 



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— 231 — 

tahi, orgtteiileux, etc., phrases qui d'ailleurs se retrouvent dans d'au- 
tres articles, nous aurions désiré voir ici cette locution très-usitée, 
Bien porter «o» âge. Porter bien son âge, qui , croyons-nous, est sus- 
ceptible de deux interprétations tout à fait opposées. Si notre mé- 
moire est fidèle , nous avons entendu dire , Cet homme porte bien son 
âge, son grand âge, ses qtiatre-vingts ans, pour signifier, Malgré son 
grand âge, il a encore de la fraîcheur, de la vigueur, de l'agilité; — 
et au contraire. Sa tête chauve, son front plissé, ses joues sillonnées, 
son dos voûté, accusent largement son âge. 

POT... Pot poî*m/ Différentes sortes de viandes assaisonnées et 
cuites ensemble avec diverses sortes de légumes ; — Diverses sortes 
de fleurs et d'herbes odoriférantes ; — Morceau de musique composé 
de différents airs connus; — Livre ou autre ouvrage d'esprit, composé 
de morceaux assemblés sans ordre , sans liaison , et le plus souvent 
sans choix. 

Si jamais on a dû mettre un ou des tirets dans une locution compo- 
sée, c'est assurément dans celle-ci , car aucun des deux composants 
n'est employé dans le sens propre ; il ftiut donc écrire pot-pourhi. 
Voy. Pot de vin, à Vm. 

POUDRE, s. f. Poussière, petites particules de terre desséchée... 
Poudre légère, menue, épaisse. Il y a beaucoup de poudre dans la 
campagne. Il serait nécessaire qu'il plat pour abattre la poudre... 

L'Académie aurait dû nous dire que dans les quinze exemples qu'elle 
a donnés, et qui reproduisent à peu près mot pour mot ce qui était 
dans la première édition, on emploie généralement aujourd'hui îe 
mot poussière au lieu de poudre; la phrase Ce pain sent la poudre, 
pour signifier Du pain qui a contracté un goût de poussière, est même 
inintelligible. — Poudre n'est plus guère usité qu'au figuré, dans la 
pferase biblique Tu es poubre et tu retourneras en poudre , et dans 
eelle»-oi. Jeter de /a poudre aux peux. Imposer, éblouir par ses dis- 
cours et par ses manières ; — Mettre en poudre, réduire en poudre une 
ville, un château, un rdiso7inement. Les détruire complètement; — 
Faire mordre la poudre à ses ennemis. Les tuer dans un combat. 

Elle aurait bien fait d'ajouter que si poudre a cessé d'être en usage 
dans le sens de poussière, il revit dans son dérivé poudreux, qui -est 
en effet bien préférable k poussiéreux. On dit. De meux parchemins 
poudreux, une bibliothèque toute poudreuse. 

POCBiue... Poudre de violette... Poudre de diamants. — Pourquoi 
cette différence dans le nombre? Il nous semble que s'il faut plus d'uji 
diamant pour faire de la poudre, il faut aussi plus d'une violette; ou 
réciproqueinent. Au reste, on pourra écrire ces deux phrases comme 
on voudra, car à l'article Violette, l'Acadtoie écrit : Poudre de 
violettes, et à Diamant, Poudre de diamant. 

POULET, s. m. Le petit d'une poule. Cette poule a tant de poulets. 
Un poulet gras. Des poulets engraissés... — Aux articles Croupion et 



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_ 232 — 

Gland nous Usods : Le croupion d'un poulet d'Inde, d'wn chapon. 
Engraisser des cochons j des poulets d'Inde avec du gland. Ces mots 
poulet d'Inde sont-ils mis pour dindon ou pour dindonneau ? Quelle 
que soit Taceeption que TAcadémie leur ait donnée, ils devraient se 
retrouver éomme synonymes à Coq , à Dindon ou à Dindonneau, ou 
tout au moins ici , pour en faire connaître la véritable signification. 

POULETTE.— Dans tous les restaurants on mange un grand nombre 
de plats dits à la sauce poulette, c'est-à-dire avec une sauce où il y a 
des œufs : des moules, des asperges, des choux -fleurs, des ris de 
veau, des pieds de mouton, des cervelles à la sauce poulette , à la 
poulette. Cette expression devrait donc se trouver dans le Diction- 
naire de l'Académie. 

POULEVRiN, s. m. Poudre fine pour amorcer le canon ^. — Il se dit 
aussi de la poire qui contient cette poudre. Voy. Pul vérin. 

A son rang alphabétique ce dernier mot est écrit avec un é : pul- 
vérin. Nous ne signalons cette difl'érence que pour la constater, car 
nous préférons l'e muet. — Quant à poulevrin, il nous paraît être un 
mot dénaturé, comme crapaudaille pour crépodaille. Voy. CurTe. 

POURPRE, s. m... Cette étoffe est d'un beau pourpre. — Il est aussi 
féminin. La pourpre de Tyr était la plus estimée. 

Il manque ici l'emploi très -usité de pourpre pris adjectivement : 
La couleur pourpre. Un manteau pourpre. Il devint vomkv^^ de colère. 

POURSUIVANTES, m... Le poursuivant la vente sur folle enchère. — 
Peut-on donner un complément au substantif poursuivant : le pour- 
suivant LA vente...? C'est peut-être bien un terme de Palais, mais 
il nous semble que c'est une locution à rectifier. 

POUVOIR, v. n... Avoir la faculté, être en état de. Pouvoir marcher. 
Je pourrais sortir. Je puis dépenser. Je ne puis vous répondre. Je ne 
petuc pas dormir. Il n'a pu réussir dans cette affaire,.. — Pouvoir 
s'emploie aussi activement, et signifie. Avoir Pautorité, le crédit, le 
moyen, la faculté, etc., de faire. Vous pouvez tout sur lui, sur son 
esprit. Si je puis quelque chose pour votre service, je m'y emploierai 
avec joie. C'est un homme qui peut beaucoup dans l'affaire dont il 
s' agit Je ne puis rien en cela. Il peut beaucoup auprès de vos chefs. 
Il peut tout ce qu'il veut. Je ne crois pas le pouvoir. 

S'il n'y avait pas dans ce dernier paragraphe « Pouvoir s'emploie 
aussi activement » , nous serions persuadé que l'indication de neutre, 
qui est au commencement de l'article, est une faute typographique. 
Comment croire en effet que les verbes oser et vouloir sont actifs 
dans ces phrases : « Oseriez-vows le blAmer? Il a osé lui résister 
en face. Si j'ose m'exprimer ainsi. Personne w^ose /m annoncer cette 
fâcheuse nouvelle. Il veut partir demain. Il veut faire ce voyage. 

1. Il aurait fallu dire i Poudre fine dont on sb sbrvait autrefois pour amorcer le canon», 
car aujourd'hui l'on se sert d'une i étoupille, petite mèche inflammable qu'on introduit dans 
la lumière d'une pièce , et qui sert d'amorce. » ( Acad. ) 



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— 233 — 

Il n'en veut rien faire. Il veut être payé » ; — et que pouvoir soit 
neutre dans celles-ci : « Pouvoir marcher. Je pourrais sortir. Je 
PUIS DÉPENSER. Je ne puis vom répondr^. Il n'k pu réussir ûfaws ceiie 
araire » ? Quelle différence y a-t-il? Les uns et les autres n'ont- ils 
pas également un verbe pour régime? Et dans celle-ci : « Il l'eût fait 
assurément s'il l'eût osé » , le verbe faire n'est-il pas sous-entendu? 
Ne l'est-il pas de même dans ces autres phrases où l'Académie re- 
garde pouvoir comme actif : « Si je puis (faire) quelque chose pour 
votre sei^ice, je m'y emploierai avec joie. C'est un homme qui peut 
(faire) beaucoup dans l'affaire dont il s'agit. Je ne puis rien (faire) 
en cela. Il peut (faire) tout ce qu'il veut. Je ne crois pas le pouvoir 
(faire) »? 

POUVOIR... Ne pouvoir mais d'une chose. — A l'article Mais cette 
locution occupe huit lignes ; ici elle en occupe quatorze. Il vaudrait 
mieux ne faire qu'une seule rédaction qu'on mettrait à Mais ou à 
Pouvoir, et l'on renverrait de l'un à l'autre. 

POUVOIR... Si jeunesse savait et vieillesse pouvait ! — Ce proverbe 
ûgure quatre fois dans le Dictionnaire; mais ce qu'il y a de fâcheux, 
c'est qu'il subit des variantes tandis qu'il devrait être écrit partout de 
la même manière : ici, par exemple, il y a une exclamation qui ne se 
voit pas ailleurs, et à l'article Savoir le et est remplacé par si. Voici 
ces variantes : 

(à Jeunesse et Vieillesse) Si jeunesse savait et vieillesse pouvait, 
(à Pouvoir) Si jeunesse savait et vieillesse pouvait! 
(à Savoir) Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. 

POUVOIR) S. m... Les ambassadeurs se sont communiqué leurs poun 
voirSj ont exhibé leurs pleins pouvoirs, ont fait apparaître de leurs 
pouvoirs ^. Il a reçu dés pleins pouvoirs. Ce ministre a un plein pouvoir 
pour traiter de la paix, — Cette phrase II a reçu des pleins pouvoirs 
nous montre que l'Académie considère les mots plein pouvoir comme 
n'en formant qu'un seul, ce qui d'ailleurs semble confirmé par l'ad- 
jectif plénipotentiaire; en conséquence il faudrait les joindre par 
un tiret. L'absence de ce trait d'union a induit en erreur des écri- 
vains éminents, qui ont cru devoir supprimer l'article : « Couvant de 
là vers la Bastille avec de pleins pouvoirs,.. Le comité propose de 
donner au ministère du commerce de pleins pouvoirs pour faire des 
enquêtes,., » Il est bien entendu qu'on ne mettrait le tiret que lorsque 
les deux mots seraient employés substantivement. On écrirait, donc, 
Ce ministre a plein pouvoir (sans tiret) ou un plein-pouvoir (avec 
tiret) pour traiter de la paix. 

PRATIQUER, V. a... Pratiquer un trou, une ouverture, Vqtcqt^ faire 
un trou, une ouverture. Pratiquer un chemin, un sentier. Frayer un 

1. A l'article Apparaître on a mis leur pouvoir (au singulier) « Les ambassadeurs ayant fait 
apparmtre de leur pouvoir ji , ce qui donne à penser qu'on peut employer indifféremment 
l'un ou l'autre nombre. 

30 



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— 234 — 

chemin, un sentier. — Ce mot pratiquer s'emploie en médecine, en 
chirurgie, en hippiatrique, et devrait se trouver ici dans cette accep- 
tion. On dit pratiquer un séton, et à l'article Ortie l'Académie dit 
également : Pratiquer une ortie (insinuer entre le cuir et la chair d'un 
cheval un morceau de cuir ou mèche, pour dégorger la partie malade) . 

PRÉCEINTE, s. m. —- Lisez : s. f. 

PRÉCIEUX, EUSE, adj. Qui est de grand prix. Une étoffe précieuse. 
Des meubles précieux. Les plus précieux des métaux.., — Nous avons 
souvent exprimé le regret que l'Académie n'ait pas indiqué les com- 
pléments qu'on peut ou qu'on doit donner aux verbes , aux substan- 
tifs, aux adjectifs, etc. Ici nous demanderons s'il faut dire, Cet animal 
est précietix pour son utilité ^ pour sa frugalité ^ pour sa beauté, ou par 
son utilité, etc; le diamant est précieux pouR^sa dureté, pour son 
éclat, POUR sa transparence, pour sa rareté, ou par sa dureté, etc. ? 
Nous ne doutons pas qu'on ne puisse employer les périphrases à cause 
de, sous le rapport de, etc. ; mais comme les auteurs disent le plus 
souvent précieux pour ou précieux par, nous voudrions savoir si 
l'une de ces locutions est préférable à l'autre, et laquelle. 

PRÉFÉRER, V. a. Se déterminer en faveur d'une personne, d'une 
chose, plutôt qu'en faveur d'une autre. Il faut préférer l'honnête à 
l'utile. Il préféra de se retirer. Je préfère qu'il parte. 

Faut-il dire « Je préfère beaucoup ou de beaucoup l'honnête à 
l'utile; je préfère beaucoup ou de beaucoup qu'il parte immédiate- 
ment n^l Voilà ce que l'Académie ne nous apprend ni à Préférer, 
ni à Beaucoup. Nous croyons qu'il est mieux de dire Je préfère de 
BEAUCOUP, mais nous voudrions être certain de ne pas nous tromper. 

PRÉFix, IXE, adj. — Le masculin devrait prendre un e final , comme 
fixe, et comme perplexe, qu'autrefois l'Académie écriw slH perplex, exe, 

PREMIER, ÈRE, adj... Nous avons douté de cette nouvelle, et vous 
TOUT LE premier. — A Tout nous trouvons de même : Bien des gens 
s'y tromperaient, et vous tout le premier. 

Nous sommes surpris de ne pas trouver, au moins comme variante, 
le tout premier, car on dirait la toute première, les tout pre??iiers, 
et non toute la première, tout * les premiers. Si l'on vous faisait 
telle chose, vous seriez la toute première à vous plaindre. Nous 
avons douté de cette nouvelle, et vous les tout premiers, — Aux 
articles Tout et Autre , l'Académie dit très-bien : « C'est maintenant 
tout un autre homme, ou mieux un tout autre homme. » Voy. Tout. 

PRÉPARATIF, s. m. Apprêt. On fait de grands préparatifs pour 
l'entrée de ce prince. On n'a fait encore aucun préparatif... Il y a des 
opérations de chirurgie qui demandent de grands préparatifs. — Ici 
comme à l'article Apprêt (dans cette acception), l'Académie ne joint 

1. Ce serait évidemment une faute d'écrire « tous les premiers n , car cela présenterait un 
non-sens ; et c'est cependant à cela qu'on pourrait être entraîné, par distraction du moins» en 
mettant to\U avant l'article. 



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— 235 — 

que le verbe faire au substantif : Faire de grands préparatifs; faire 
des apprêts, de grands apprêts. Cependant il aurait été utile d'y join- 
dre les autres verbes qu'on peut employer, et nous pensons qu'on 
peut très-bien dire. Commencer, finir, achever, terminer les prépa- 
ratifs, les apprêts d'une fête; Les apprêts, les préparatifs de la fête 
sont commencés, finis, achevés, terminés. 

PRÈS... Il n'est pas près de finir. Quand il se vit près de mourir, près 
d'être condamné. — 11 est fâcheux que l'Académie n'ait pas donné un 
plus grand nombre d'exemples de près de suivi d'un infinitif, car sou- 
vent prêt à et près de ont tellement de rapport dans le sens figuré, qu'il 
est diflScile de déterminer lequel est préférable (Voy. Prêt à). Autre- 
fois on ne faisait aucune différence entre les deux, et même on écri- 
vait fréquemment prêt de, comme dans cette phrase de Montesquieu : 

Nous étions prêts n'arriver, quand la curiosité me prit... 
Voici quelques-uns des exemples que nous avons recueillis snvprès de: 

(à Crever) L'abcès, la tumeur n*est pas encore près de crever. 
(à Récréation) Vheure de la récréation est près de finir. 
(à Incendie) Leur politique sut prévenir l'incendie qui était près n'éclater, 
(à Dissoudre) A les entendre, le corps social est près de se dissoudre, 
(à Foudre) Le prince est en colère, et la foudre est près de tomber. 
(à Présence) La présence de Dieu devrait retenir ceuoQ qui sont près de se 
rendre coupables. 

L'Académie aurait dû nous apprendre dans cet article s'il faut dire 
Couper des cheveux, moucher une chandelle, tondre, raser près ou de 
PRÈS. C'est une question qui paraît assez délicate, puisque l'Académie 
n'est pas toujours d'accord avec elle-même. Voy. Raser et la note. 

Mais il est une locution que nous avons plus d'une fois entendue et 
même lue, et que nous ne trouvons ni à Approcher, ni à Près; la 
voici : Jl approche de fort près le ministre, le pnnce, le souverain. 
Si elle est bonne, nous serions bien aise de la voir dans le Dictionnaire 
de l'Académie et d'apprendre si elle dit plus que Approcher le mi- 
nistre, le prince, que l'Académie définit « Avoir un accès libre et facile 
auprès de lui ». 

PRESSER, V. a. — A l'article Serrer nous lisons : Votre écriture 
n'est pas assez pressée, serrez-la davantage. Si l'on peut dire presser 
son écriture, une écriture pressée, il serait convenable de mettre^ ici 
cette locution; si l'on ne doit pas l'employer, il faut la supprimer à 
Tarticle Serrer. 

PRÊT À. — On regrette de ne voir ici aucun exemple analogue à 
ceux qu'on trouve aux mots Agneler, Chatter, Laie, Poulette : 
Une brebis prête à agneler. Une chatte qui est prête à chatter. Une 
laie prête à mettre bas, Une poulette prête à pondre. Dans toutes 
ces phrases, près de aurait mieux rendu l'idée qu'elles présentent; et 
à Tarticle Lapin nous lisons : Une lapine près de mettre bas. 

PRIMEVÈRE. PRIMEUR. — Transposez : Primeur. Primevère. 



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— 236 ^ 

PRIMEVÈRE... Boicquet de primevère. Bordure de primevères, — 
Pourquoi primevère est- il au singulier dans le premier exemple, 
tandis qu'il est au pluriel dans le second? Ne faut-il pas plusieurs 
primevères pour un bouquet aussi bien que pour une bordure? 
L'Académie a-t-elle voulu donner à entendre qu'on peut mettre in- 
différemment l'un ou l'autre nombre? Voy. Amande. 

PRIVILÉGIÉ, ÉE, adj... Les artisans non-maitres pouvaient travail- 
ler librement dans les lieux privilégiés, — Lisez : non maîtres (sans 
tiret), car il ne s'agit point ici d'un substantif composé comme nonr- 
senSj nonHAsage, les non-conformistes, etc.; on veut dire. Les artisans 
qui ne sont pas maîtres, ^'est ainsi qu'on écrirait : Tels et telSj, non 
comparants, sont sommés de,.,; on ne mettrait le tiret que si l'on fai- 
sait de non comparants un substantif en disant : les non-comparants. 

Dans ce même article Privilégié il manque un paragraphe de cinq 
lignes qui se trouve à l'article Cas, auquel on aurait pu renvoyer ; le 
voici : « Cas privilégiés, ou Cas royaux * , Crimes dont les juges 
royaux pouvaient seuls connaître, quelle que fût la condition de Tac- 
cusé. La fausse monnaie, le duel, étaient des cas privilégiés. » 

PROCHE, adj. des deux genres. Voisin, qui est près de quelqu'un, 
de quelque chose. Les maisons proches de la rivière sont sujettes aua 
inondations,.. Ces maisons sont proches l'une de l'autre. — Proche 
est encore préposition, et signifie. Près, auprès... Les maisons qui 
sont proche de la ville. 

Il nous semble que la différence est bien peu sensible entre les 
maisons proches de la rivière et les maisons qui sont proche de la 
ville. Nous croyons voir que c'est le verbe dont proche est précédé 
qui fait toute la différence entre l'emploi de la préposition et celui 
de l'adjectif, et en conséquence nous proposerons d'écrire Ces mai- 
sons sont (situées) proche l'une de l'autre, mais nous aimerions 
mieux... sont près l'une de l'autre. 

PROFITER... signifie aussi Être utile, servir. Tom les avis qu^on lui 
a donnés ne lui ont profité de rien. Tout ce qu'il a fait n'a profité de 
rien à sa famille,.. Il ne lui a de rien profité d'avoir été si attaché à 
ses intérêts.,. De quoi, en quoi cela vous profitera-t-il? 

Toutes ces phrases sont dans l'édition de 169/», et de plus Racine a dit : 
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? 
Mais aujourd'hui dit-on Vos avis ne luiront profité de rien; Son avor- 
rice n'a profité de rien à sa famille ?-Nous croyons que depuis long- 
temps déjà on substitue servir à profiter dans ces deux phrases et 
autres analogues, et qu'on dirait, par exemple, Il ne lui a servi de 
rien d'avoir été si attaché à ses intérêts. Quant à la dernière phrase 
ci-dessus, nous sommes persuadé qu'on dirait en quoi et non de quoi 

1. Ce paragraphe manque également à Royal. Une ligne suffirait pour réparer l'omissioa. 
Avant ou après celui qui concerne les lettres royaux, on mettrait : « Cas royaux ou Cas pri- 
vilégiés. Voyez Cas. » 



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— 237 -- 

cela vous profUerort-il f Cette variante en quoi, ajoutée dans l'édition 
de 1835, nous semble la seule expression admise aujourd'hui, ainsi 
que de qiwi ou à quoi cela vous servira-M7 ? 

On dit très-bien profiler de dans le sens actif de Tirer profit, avan- 
tage, utilité. Profiter de la dépouille, de la ruine d' autrui; profiter du 
temps, de V occasion, de ses avantages ; cet homme ne sait profiter de 
rien, etc.; quant au sens passif, quoiqu'on dise Cela lui a peu profité, 
nous pensons qu'avec de rien il est mieux d'employer le verbe servir, 
qui rend fort bien l'idée qu'on veut exprimer : Cela ne lui a servi db 
RIEN, ne lui a profité en rien. 

PROIE... se dit aussj, figurément, en parlant des personnes qui ont 
à souffrir des vices, des passions des autres, ou de leurs propres pas- 
sions. Être en proie à V avidité, à la cupidité des usuriers.,, — Dans 
cet exemple et dans ceux qui suivent, l'expression être en proie, de- 
meurer, rester en proie, se livrer en proie, est toujours suivie d'un 
complément : Il est en proie à la rapacité de ses valets, de ses do- 
mestiquas; À la calomnie, À la médisance; À ses passions, À sa dovr 
leur. À, la tristesse. Dénué de tous ses appuis, il demeura, il resta en 
proie à la vengeance. Se livrer en proie à ses passions, À sa douleur. 
Cependant à l'article En on trouve simplement /ivrer ew joroie^ expres- 
sion reproduite dans une définition du verbe Livrer. Il y a donc ici 
omission d'exemples sans complément, ou ailleurs omission de ce 
complément. Voy. En. 

PROMESSE... Je vous sommc de votre promesse, de tenir votre pro- 
messe. — Suivant nous, la phrase pleine aurait dû précéder la phrase 
elliptique, car si l'on veut procéder méthodiquement on doit aller du 
connu à l'inconnu^.— A l'article Sommer on trouve seulement « Som- 
mer quelqu'un de sa parole. Lui demander qu'il tienne sa parole. » Il 
aurait certainement mieux valu ajouter la phrase pleine. 

PRONOMINAL, ALE, adj. T. de Gramm. Qui appartient au pronom. 
— Verbe pronominal. Verbe qui se conjugue avec le pronom person- 
nel de la même personne que le sujet, comme dans ces phrases : // se 
loue. Il se donne des louanges. Ces deu^œ femmes se disent des injures. 
Votre bien s'augmente. Vous vous ennuyez d'attendre. On n'appelle 
proprement Verbes pronominaux que les verbes toujours employés 
avec le pronom personnel, comme Se repentir, s'emparer, s'arro- 
ger, çtc. — Verbe pronominal réfléchi. Verbe pronominal réciproque. 

Cette définition du verbe pronominal nous paraît être un des articles 
de grammaire les plus simples et les plus clairs du Dictionnaire; 
seulement, nous aurions désiré voir ici des exemples des verbes 

1. Si la locution est tellement familière que l'expression elliptique soit la plus usitée, ce 
n'est pas toujours une raison pour ne pas donner la phrase pleine ; on ajoute « Ou simple- 
ment, ou plus ordinairement, etc. » Les exemples n'en sont pas rares dans le Dictionnaire de 
l'Académie; ainsi à l'article Matin on lit : « On dit Demain au matin, et plus ordinairement, 
Demain matin, j» 



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— 258 — 

pronominaux dans les temps composés et au pluriel , pour faire bien 
Comprendre au lecteur que le participe de s'arroger, par exemple, 
ne s'accorde pas avec le sujet comme celui de s'emparer et de se re- 
pentir. — Nous pensons aussi qu'après Verbe profwminal réfléchi, 
verbe pronominal réciproque, on aurait pu ajouter a ou simplement, 
Verbe réfléchi, verbe réciproque » , puisque ces deux sortes de verbes 
ne peuvent pas se conjuguer sans un des pronoms me, te, se, etc. 

PROPITIATION, s. f. (On prononce Propiciation.) — Deux motifs 
auraient dû faire substituer à cette indication « Dans ce mot et le sui- 
vant (Propitiatoire) tia se prononce cia. » D'abord, la prononciation 
aurait servi pour deux mots, et ensuite il nous semble qu'en disant de 
prononcer propiciation l'Académie donne à croire que dans tion le t 
conserve sa valeur naturelle, d'autant plus que quelques lignes plus 
bas se trouve Proportion, qu'elle dit de prononcer proporcion, 

PROPORTION, s. f. (On prononce Proporcion.) — Dans tout son 
Dictionnaire l'Académie n'a indiqué la prononciation de tion final 
qu'aux quatre mots portion, potion, proportion, transition (sauf toute- 
fois celle de faction, qui se trouve au mot fa>ctieux) , On se demande 
pourquoi ^lle a donné la préférence à ceux-là, qui ne présentent pas 
de difficulté particulière, plutôt qu'à déglutition, dentition, partition, 
pétition, etc., dans lesquels les deux ti se prononcent différemment, 
et aux mots appréciation, énonciation, négociation, prononciation, re- 
nonciation, etc., dans lesquels on pourrait supposer que ci et ti ne se 
prononcent pas de la même manière. Cette prononciation du mot 
proportion, donnée sans nécessité évidente, contraste singulièrement, 
comme nous venons de le voir, avec celle de propitiation, où l'Aca- 
démie dit de prononcer dation, 

PROPRE... signifie quelquefois. Même, exactement semblable. Ha 
dit cela en propres termes. C'est, en propres termes, ce quHl a ré- 
pondu. Je vous rapporte ses propres paroles, les propres paroles dont 
il s'est servi. Vous demeurez dans la propre maison où il logeait^. Le 
propre jour de sa naissance. Sa maladie commença le propre jour 
que la mienne finit. Il se dit par redondance, et pour exprimer l'iden- 
tité avec plus d'énergie. — Nous croyons que dans cette acception 
propre ne s'emploie plus qu'avec les mots termes et paroles, et qu'il 
aurait mieux valu ne pas mettre les trois derniers exemples. L'Aca- 
démie a supprimé celui-ci de la première édition : « Vous estes monté 
sur le propre cheval qu'il avoit accoustumé de monter » ; mais elle a 
ajouté ceux-ci : « Le propre jour de sa naissance. Sa maladie com- 
mença le propre jour que la mienne finit, » L'expression le jour 
même nous semble préférable; et dans la dernière phrase nous au- 
rions dit le jour même où, au lieu de le jour même que. 

l. iPest inutile de faire remarquer la différence qu'il y a entre Vous demeurez dans la 
PROPRE maison de M*^ ( la maison qui lui appartient) , et Vous demeurez dans la pbopu 
maison (la maison même) où il logeait. 



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— 239 ~ 

PROPRUÈTAIKE, S. des deux genres. Celui ou celle à qui une chose 
appartient en propriété. Les propriétaires des maisons sont obligés 
aux grosses réparations. Cette maison appartient à plusieurs proprié-- 
taires. Cette terre rapporte tant au propriétairej à son propriétaire. 
Le propriétaire et le locataire. Le propriétaire et l'usufruitier. La 
propriétaire est absente. 

D'après ces exemples il semblerait que propriétaire ne se dit que de 
ceux qui possèdent des immeubles. Quel est donc le terme qu'il faut 
employer en parlant de ceux à qui appartiennent des meubles, des 
livres, des chevaux, etc.? Si l'on peut dire le propriétaire de ces 
meubles, de cette bibliothèque, etc., l'Académie aurait dû en donner 
au moins un exemple. 

Cette phrase Le propriétaire et l'usufruitier se trouvait déjà dans 
la première édition , imprimée en 169A. Dans ce temps-là on ne con- 
naissait pas l'expression nue propriété, ni par conséquent celle de 
nur-propriétaire ; mais aujourd'hui que l'Académie parle de la nue pro^ 
priélé aux articles Nu et Propriété , elle devrait dire Le nd-proprié- 
TAiRE et l'usufruitier, et nous apprendre comment ce mot composé 
doit s'écrire au féminin et au pluriel. 

PROPRIÉTÉ... Nue propriété. Propriété d'un fonds dont un autre a 
l'usufruit. — De même que nous écrivons les nus-propriétaires (Voy. 
Nd), nous pensons qu'il serait bien d'écrire la nue-propriété (avec 
un tiret). Nous avons un certain nombre de mots où l'adjectif est joint 
par un tiret au substantif qui le suit : blanc-^ianger, court-bouillon, 
courte-botte, longue-vue, plùim-chant, sage-femme, etc. 

PROTE, s. m. T. d'Impr. Celui qui» sous les ordres de l'imprimeur, 
est chargé de diriger et de conduire tous les travaux, de maintenir 
l'ordre dans l'établissement, et de payer les ouvriers. Un prote intel^ 
ligent, attentif. Un prote négligent. Cet imprimeur a un prote vigilant. 
— Il se dit aussi de ceux qui lisent et. corrigent les épreuves. Un 
prote ne saurait être trop instruit. 

Nous nous permettrons plus d'une remarque sur cet article, et 
d'abord nous dirons qu'on devrait écrire prête avec un â, car ce mot 
vient du grec prôtos qui signifie premier (le premier employé). 

D'^[)rès cette signification primitive du mot prote, on aurait pu dire 
simplement que le prote d'une imprimerie en est le contre-maître , 
car à l'article Contre -maître l'Académie dit que ce mot exprime 
« daus les grandes Manufactures, Celui qui dirige les ouvriers, qui a 
inspection sur eux » , et qui sans doute aussi est chargé de les payer. 

Enfin nous pensons que c'est un abus des mots de dire prote pour 
correcteur; car c'est seulement dans de petites imprimeries que le 
prote est appelé parfois à corriger les épreuves sur le papier et même 
- sur le plomb, et à faire le simple office de compositeur. — A l'article 
Passer on trouve ce même emploi du mot prote : « Ce prote ne cor- 
rige pas exactement, il laisse passer bien des fautes » , phrase Inin- 



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— 240 — 

telligible pour les imprimeurs qui n'auront pas lu la définition de 
Prote dans le Dictionnaire de l'Académie, à moins qu'il ne s'agisse de 
ces petits ateliers où, comme nous venons de le dire, le prote remplit 
les fonctions de correcteur d'épreuves. 

PROVENANT, ANTE, adj. Qui provient. Tous les deniers provenants 
de la vente des metibles ont été employés à cela. Les sommes prove- 
nantes de la vente des différents effets s'élevaient à tant. Les biens 
PROVENANTS de la succession, —li^Q serait-il pas convenable de laisser 
cette orthographe au style de pratique, et d'employer provetiant 
comme participe présent dans l'usage habituel? 

PROVOCATEUR, TRI€E, adj. Qui provoquc. Agent provocateur, — U 
est un autre mot qui a le même sens, mais auquel on donne une accep- 
tion bien diflérente; c'est l'adjectif provocant. Tous les jours on em-. 
ploie les locutions bravade provocante^ regards provocants ^ œillades 
provocantes, grâces provocantes, de provocants sourires^ où l'adjectif 
provocateur ne saurait trouver place. On voit que le plus souvent il a 
à peu près la même signification qvi agaçant, mais un peu plus de force. 
On regrette d'autant plus de ne pas le trouver dans les dictionnaires, 
que la plupart des auteurs l'écrivent par qu au lieu d'y mettre un c, 
et à notre avis font une faute. En effet, les adjectifs en ant dérivés des 
verbes en qu>er dont le substantif finit par cation, prennent tous le c; 
ainsi l'on écrit confiscant, fabricant, suffocant, vacant, etc., comme 
confiscation, fabrication, etc. ; et puisqu'on met un c à provocateur et 
provocation, il en faut également un à provocant. 

PRUD'HOMIE. — On écrit homme, homm^asse, hommage, etc.; pour- 
quoi écrire bonhomie et prvd'homie avec une seule w*? Dans les quatre 
premières éditions, l'Académie a écrit prud'hommie avec deux w; 
bonhomie (une seule m)- n'est admis qu'à partir de la quatrième. Sans 
doute on a voulu régulariser l'orthographe de ces deux mots ; mais 
on aurait mieux fait d'ajouter une m à bonhomie que de la supprimer 
à prud'hommie. 

PRUNE, s. f. Fruit à noyau... Prune de damas... Prune de Bri- 
gnolles.— Il faut écrire Damas avec un grand /), comme on a mis un 
grand B à l'autre nom {Brignolles); mais à ce dernier mot il ne faut 
qu'une l, comme on le trouve à la lettre B, « Brignoles ». Voy. Damas. 

PUISSANT, ANTE, adj... Tout-puissant, toute-puissante. Qui peut 
tout. Dieu seul est tout-puissant. Il signifie aussi, par exagération, 
Qui a un très-grand pouvoir, un très-grand crédit. // était tout-puis- 
sant à la cour. Il était tout-puissant auprès du prince. Vous êtes totU- 
puissant sur l'esprit d'un tel. *Ils sont tout-puissants. — Il nous semble 
qu'on pourrait sans inconvénient supprimer le tiret dans l'adjectif 
composé tout-puissant, et écrire : « C'est un coup de la muin de Dieu, 
de sa main toute puissante. La reine est toute puissante sur l'esprit 
de son auguste épou^. On réserverait le tiret pour le substantif com- 
posé LE Tout-Puissant. 



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— 241 — 

PUITSI, S* m... Le bord d'un puits. Le rebwrd d'wfi puitt, La mar- 
délié ou la margelle d'un puits, ^ A l'article Margellk l'Académie 
n'a pas reproduit mardelle, d'où nous concluons que ce mot est un 
terme local ou même une locution vicieuse qui ne devrait pas se trou- 
ver ici. De margo on doit faire margelle et non mardelle. 

PUNCH, s. m. (On prononce Ponche.)— En 1762, l'Académie a fran- 
cisé les mots anglais beef steak, roastbeefj pudding, aie, punch, 
toast, etc., en les écrivant bifteck, rosbif, pouding, aile, ponche, 
toste, etc. Dans sa dernière édition elle a maintenu la même ortho- 
graphe pour les quatre premiers de ces mots; il aurait été mieux-de 
ne pas revenir à l'anglais pour les deux derniers. Voy. Toast. 

Q 

QUADRATURE. T. d'Horlogerie.— A la lettre C on trouve déjà ce mot 
écrit Cadrature, et accompagné d'une définition qui est lettre pour 
lettre la même qu'ici. Nous pensons que c est préférable à qu, et que 
de cette dernière variante II faudrait renvoyer à la première, d'autant 
plus que nous avons aussi quadrature, terme de Géométrie et d'Astro- 
nomie, où la syllabe qua se prononce coiui. 

QUADRUPÈDE... Lcs quadrupèdes vivipares. Les quadrupèdes ovi- 
pares. — A l'article Ovipare nous avons vu que l'Académie en repro- 
duisant cet exemple des précédentes éditions, Jl y a des poissons qui 
sont VIVIPARES, et d'autres qui sont ovipares, a fait un anachronisme, 
c'est-à^ire qu'elle a mis au nombre des poissons les cétacés, qui au- 
j<yurd*hui forment une famille à part. Ici, en disant qu'il y a des qua- 
drupèdes OVIPARES, elle qualifie évidemment du nom de quadrupèdes 
les tortues, les lézards, les grenouilles, etc., qui maintenant sont con- 
sidérés par les naturalistes comnie des reptiles, parce que, de même 
que les vrais reptiles, c'est-à-dire les serpents, ils ont le sang froid. 
Sans supprimer cet exemple, les quadrupèdes ovipares, elle aurait 
bien fait de mettre ses lecteurs au courant des progrès de la science. 

QUARTINIER, S. m... Quelques-uns disent, Quartenier. — Dans les 
trois premières éditions l'Académie elle-même disait quartenier, et à 
l'article Dizenier elle dit encore aujourd'hui Les quarteniers, les 
dixeniers de Paris. D'après l'orthographe qui figure en tête de cet 
article il paraît que quartinier prévaut maintenant; mais nous n'en 
comprenons pas la cause , et nous croyons que quartenier est préfé- 
rable,* à cause de l'analogie de désinence avec dizenier, cinquante- 
nier, centenier, etc. Ce mot n'a pas un primitif terminé par ine 
comme cantinier, qui est dérivé de cantine. 

QUATERNE.— L'Académie nous dit que dans quaternaire qua se pro- 
nonce coua. En est-il de même pour quateme? Qu'il faille prononcer 
ca ou coua, elle aurait dû, ce semble, l'indiquer ici, comme elle l'a 
fait à chacun des mots qtcadruple {coua) et quadrupler {coua) pour 

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— 242 — 

la similitude, ou liqtié faction {eue) et liquéfier (ké) pour la différence. 
QUATRAIN... Les quatrains de Pibrac. — A Gnomique on trouve 
« Les Distiques de Caton smit un poème gnomique, » Nous ne compre- 
nons pas pourquoi Distique est écrit avec un D majuscule et quatrain 
avec un q minuscule. 

QUE...' remplace aussi, en parlant des choses. Pendant lequel, dans 
lequel, etc. L'hiver qu'zï fit si froid. Le jour qde cela est arrivé. Au 
moment que je le reverrai. — Et ailleurs : 

(à Propre) Sa maladie commença le propre jour que la mienne finit, 

(à Voir) fai vu le temps que l*on faisait.,, 

(à Commémoration) . . . le jour Qu'on célèbre une autre fête. 

Dans d'autres articles, l'Académie emploie à peu près indifférem- 
ment où et que; cependant elle semble préférer ce dernier : 
(à Moment) Au moment où U arrivera, j'irai le voir. 

Id, Au moment que je le verrai, je lui parlerai de vous, 
ïd. J'arrivai dans le moment même Qu't( venait de sortir, dans le 
moment où t( sortait. 
(à Temps) Quand reverrons-noits le temps que..., le temps où... 
Id. Le temps fut que... 

Id, Il fut un temps, il y a eu un temps que..., un temps ot... 
( à Jour ) Un jour viendra que. . . 

C'est là le quo des Latins, et le que français qui le représente était en- 
core très-usité il y a deux siècles ; mais nous croyons qu'aujourd'hui 
l'on emploie généralement le pronom oûj qui nous semble préférable. 

QUE... est aussi un corrélatif des mots Tel, quel, même; autre, 
meilleur, pire, et se met toujours après... C'est bien un autre homme 
qu£ votis ne disiez. Il a bien d'autres vues que vous ne croyez. — J>ious 
croyons qu'il aurait été plus correct de dire : C'est un bien autre 
homme que vous ne disiez. Il a de bien autres vues que vous ne 
croyez , car il a bien d'autres mces peut signifier 11 a beaucoup d'au- 
tres vues , et ce n'est que la fin de la phrase qui force à comprendre 
l'idée de l'auteur. Nous pensons qu'on dirait. Ce sont de bien autres 
genSj et non, ce sont bien d'autres gens, Voy. Bien et Premier. 

QUE... forme en outre certaines locutions avec diverses préposi- 
tions, conjonctions et adverbes, comme Afin que, avant que, après 
que, bien que, dès que, depuis que, encore que, loin que, puisque, 
parce que, sans que, à moins que, attendu que, vu que, en sorte que, 
d'autant que, outre que, pourvu que, soit que, et quelques autres. 

Non-seulement que se joint à des prépositions, des conjonctions et 
des adverbes, pour former diverses locutions, mais encore il s'em- 
ploie seul pour représenter ces locutions, et l'Académie nous en four- 
nit plusieurs exemples; ainsi il se dit pour 
AFIN QUE : Approches , que je vous parle. 
DE PEUR QUE : Retire z^vous , qvHI ne vous maltraite. 
lorsque : A peine était-il sorti , que la maison s'écroula. 



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— 243 — 

AVANT QUE : Je n*%rai point que tout ne soit prêt. ( Voy. Ne.) 
DEPUIS que i fi y a dix ans (écoulés) qv'H est parti, 
SOIT QUE : Qv'il perde son procès ou qvHI le gagne, il partira, 
SI BIEN QUE : On le régala que rien n'y manquait. 

Mais il est d'autres locutions représentées par que, et nous aurions 
désiré les trouver dans le Dictionnaire de TAcadémie, pour savoir 
d'abord si elles sont bonnes, et ensuite si notre interprétation est 
exacte. Voici quelques exemples que nous faisons précéder du sens 
que nous attribuons au que : 

PUISQUE : Sans doute vous avez été malade, Qu*on ne vous a vu depuis 
six mois. 
Id. Vous êtes donc brouillé avec M***, que vous ne lui parlez plus? 
PARCE que : Si je ne vais plus chez vous, c'est que je crains d'y rencon- 
trer M***. 
Id. S'il est pauvre aujourd'hui, c'est Qu'il a dissipé follement son 

immense fortune. 

COMME ou PARCE QUE : ^ 

(à Aujourd'hui) Aujourd'hui Qu'il est puissant, il pourra vous servir, 
(à Maintenant) Maintenant que nous sommes seuls, je vais vous parler 

librement. 
(à Présent) A présent que* je suis en meilleure santé, j'irai vous voir. 

Si notre interprétation est exacte, on devrait trouver des exemples 
de ces locutions, comme elliptiques, ici ou aux articles Puisque, Parce 
QUE , etc. -- En voici deux qu'on lit à Tarticle Savoir, et dont on dé- 
sirerait avoir la phrase complète : 

Que sait-on ce qui arrivera? 

Que sait-on s'il le voudra? 

Ici le QUE serail-il employé par redondance, comme dans 

« (à Que) Que s'il m'allègue,.. Que si vous m'objectez.,, » ? 
Dans cet article nous voyons que employé explétivement dans plu- 
sieurs expressions : Si fêtais que de vous. Cela ne laisse pas que 
d'être inquiétant. Que s'il m'allègue,.. C'est une belle chose que de 
garder le secret , etc.; mais nous n'y trouvons pas d'exemples où il ait 
été supprimé par ellipse*. Après ces phrases « Que je meure si cela 
n'est pas vrai ! Qu't7 parte tout à l'heure î etc. », il aurait fallu en mettre 
quelques-unes dans le genre de celles-ci : 

(à Dieu) Dieu m'en garde. — Dieu m'en préserve. — A Dieu ne plaise. 

Id, Dieu soit loué ! nous voilà délivrés de cet importun, 
(à Arder ou Ardre) Le feu saint Antoine^ vous ardel 

1. Quelq.ies personnes sont disposées à donner au que de ces trois phrases le sens de où/ 
mais nous croyons qu'elles se trompent, car les Latins diraient nunc gtiutn. 

2. Au lieu de supprimé par ellipse, nous dirions ellipse si l'Académie le permettait. Voy. 
Bllipser. 

3. Aux articles Feu, Saint, on trouve feu Saint- Antoine {gTAnde S et tiret). Nous croyons 
cette orthographe-ci préférable, à cause du de supprimé : l'Académie écrit de môme mal 
Saint-Jean, feu Saint^Elme, et noa saint Jean, etc. 



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Quelquerols on sous-entend qiw. celui, comme dans ces phrases : 
(à Bois, Feuille) Qui a peur des feuilles n'aille point au bois. 
(à Morveux, Moucher) Qui se sent morveux se mouche, 
(à Savoir) Qui ne sait pas son métier, V.apprennê ou le quitte. 

Enfin il nous semble que TAcadémie aurait dû faire connaître dans 
cet article la valeur de qiie dans certains proverbes tels que ceux-ci : 
Coûte QUE coûte. Vaille que vaille. Fais ce que dois, advienne que 
pourra, etc, 

QUELQU'UN, UNE, S. Un, une entre plusieurs. Nous attendons des 
hommes, il en viendra quelqu'un, — Dans cet exemple, quelqu'tm 
peut-il être réellement considéré comme substantif? n'est-ce vpas plu- 
tôt un pronom ? On pourrait mieux l'appeler substantif dans les phrases 
suivantes, où l'Académie dit qu'il est employé absolument : Quelqu'un 
m'a dit, Il viendra quelqu'un. J'attends quelqu'un, parce qu'en effet 
ici quelqu'un signifie Une personne. Voy. Rien. 

QU'EN-DiRA-T-ON, S, m... Se moquer du qu'en-dira-t-on. Se mettre 
au-dessus du qu'en-dira-t-on. Mépriser le qu'en-dira-t-on. — Aux 
articles Dire et On, nous voyons sans tiret entre qu'en et dira-t-on 
les deux premiers de ces exemples, plus les suivants : Braver le 
qu'en dira-t-on, Être sensible au qu'en dira-t-on. Nous croyons utile 
de mettre le tiret. 

QUEUE... Queue en catogan. Celle qui a été coupée très-couRT, près 
de la racine. — Ce nouvel exemple semble confirmer ce que nous 
avons dit à l'article Court, qu'après le^ verbes couper, tailler, etc, 
ce mot doit rester invariable, surtout si le substantif auquel il se 
rapporte est du genre féminin. Voy. Court. 

QUEUE... Prov. et fig.. Prendre le roman par la queue. Avant le ma- 
riage, vivre maritalement.— N'y a-t-il pas ici une transposition typo- 
graphique? Il nous semble qu'il fallait dire : « Vivre maritalement 
avant le mariage » ; autrement, c'est prendre le roman par la queue 
en fait de construction. 

QUI, pronom relatif. L'homme qui raisonne. La femme qui a soin de 
son ménage.,, — On est surpris de ne pas trouver dans cet article 
des exemples de qui se rapportant à un pronom qui ne le précède pas 
immédiatement. En voici que nous avons pris ailleurs : 

(à Voici, Voilà) Le voici, le voilà qui vient. 

(à Démon) /{ est là qui fait le démon. 

(à Renier) Je l'entendais qui reniait et blasphémait,, 

(à Venir) Je le rencontrai qui venait de Rome, 

Il aurait été d'autant plus utile de donner ici quelques exemples 
semblables, que dans certaines localités on dit qu'il au lieu de qui : 
Le voici qu'il vieiit, etc, 

QUiBUS. (On prononce Cuibicsse.) — Y a-t-il quelque différence dans 
ces trois prononciations figurées diversement « Blocus, on prononce 
l'S; Chorus, on prononce koruce; Quibus, on prononce cuibusse » ? 



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J 



— 2&5 — 

QUIDAM, QiTiDANE, S. (On proDonce Kidan.) — C'est une chose 
assez bizarre qu'un mot qu'on ne francise qu'à moitié. Quidam con- 
serve sa forme latine, et cependant non-seulement on le prononce à 
la française, mais encore on lui donne un féminin formé irrégulière- 
ment. Nous nous joignons à ceux qui proposent d'écrire quidan pour 
faire disparaître ces inconséquences. 

QUIÉTUDE. — Comment faut-il prononcer ce mot, ki-étude ou cui- 
élude f Jamais nous n'avons entendu la première de ces prononcia- 
tions, et cependant il semblerait que c'est celle que veut l'Académie, 
car au mot Quiet elle dit « On prononce cui dans ce mot et les deux 
suivants », c'est-à-dire dans Quiétisme et Quiéliste; Quiétude se trouve 
le troisième. 

QUINTUPLER. Rendre cinq fois plus grand, multiplier un nombre par 
cinq. —Au mot Quintuple, l'Académie dit fort bien « Qui vaut cinq 
fois AUTANT » , et non , Qui vaut cinq fois plus. Il fallait donc définir 
QUINTUPLER, Rendre cinq fois aussi grand, ou quatre fois />/ws grand. 

Dans quintupler la première syllabe doit-elle ou non être pronon- 
cée cuin comme dans quintuple ? 

<)UiNZAiN. Terme indéclinable dont on se sert au jeu de paume, 
pour indiquer que les joueurs ont chacun quinze. Ils sont quinzain. 
Nous sommes quinzain, — 11 serait à désirer que l'Académie s'abstînt 
d'employer des locutions hors d'usage, et le mot indéclinable est au- 
jourd'hui de ce nombre quand on parle de mots français. A l'article 
Indéclinable nous lisons : « 11 se dit quelquefois des mots qui ne re- 
çoivent pas les signes du genre et du nombre. Participe indéclinable. 
Mot, particule indéclinable. Dans ce sens, on dit mieux, Invariable. » 
Voyez Bien. 

QUIPROQUO... Cet homme fait sans cesse des quiproquo. Les quir^ 
proquo d'apothicaire sont dangereu^.^Si l'on mettait deux tirets dans 
ce mot pour en rappeler l'étymologie, il serait très-bien de le main- 
tenir invariable ; mais nous croyons que, tel qu'on l'écrit maintenant, 
il est tombé dans le langage vulgaire et qu'il doit prendre la marque 
du pluriel. Au reste c'est ainsi qu'on l'écrit généralement. 

QUOTE, adj. fém. 11 n'est usité que dans cette ]ocntion. Quote-part, 
La part que chacun doit payer ou recevoir, dans la répartition d'une 
somme totale. Il doit payer tant pour sa quote-part. Il lui revient tant 
pour sa quote-part. Voyez Cote. 

^ Nous avons ici deux remarques à faire : 1° Comme le mot quote 
n'existe plus isolément depuis deux cents ans au moins, il nous sem- 
ble qu'il aurait été mieux de dire : « Quote-part, s. f. La part que 
chacun.... // doit payer tant pour sa quote-part. Il lui revient tant 
pour sa quote-part. Le mot quote, employé seul , s'écrit maintenant 
Cote. » — 2° Nous dirons que dans cet article et à Quotité, Cotisa- 
tion, le mot quote-part est écrit avec un tiret, mais qu'à Part et à 
Payer ce tiret est omis (Quote part. Voyez Quote. Payer sa quote part). 



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— 246 — 
R 

R, s. f. et m... « R double se prononce comme si elle était simple, 
excepté dans Errer, abhorrer, concurrent, interrègne, narration, ter- 
reur, torrent, et quelques autres ; dans la plupart des mots qui cora- 
meucent par ir : Irrégulier, irrévocable ; ainsi que dans le futur et le 
conditionnel des verbes acquérir, mourir, courir et ses dérivés : f ac- 
querrai, je courrai, je mourrai ; j'acquerrais, etc. 

Au mot Concurremment, l'Académie dit « On prononce concurra- 
ment » ; mais elle ne dit point que dans concurrence, concurrent, on 
doive prononcer les deux r. — Au mot Irrachetable, elle dit a Dans 
ce mot et dans les suivants, on prononce les deux R »> , et cette règle 
paraît être sans exception pour les Zi8 mots qui suivent, puisqu'elle ne 
dit le contraire à aucun de ces mots. Cependant puisqu'on lit plus 
haut : « Dans la plupart des mots qui commencent par ir », il semble 
qu'il doit y avoir des exceptions, et il aurait été bon de les indiquer. 
— Aux itiots terreur, torrent, elle ne dit pas de prononcer les deux r; 
est-ce une omission? — Nous croyons qu'aux verbes acquérir, mou- 
rir, courir et ses dérivés (accourir, concourir, discourir, encourir, 
parcourir, recourir, secourir)^ il faut ajouter co7iquérir, s'enquérir et 
requérir, qui prennent aussi deux r au futur et au conditionnel : je 
conquerrai, je ?n'enquerrai, je requerrai; je conquerrais, etc. 

RABDONANCE OU BABDOMANCIE *. — Rabdomauce est-il plus usité 
que Rabdomancie, que l'Académie met le dernier? Nous ne le croyons 
pas, et conséquemment nous pensons que Rabdomancie devrait occu- 
per la première place. Il nous semble aussi que l'Académie aurait dû 
écrire rhabdomancie et rhabdomance, conformément à l'étymologie, 
car ces mots, presque inconnus, ne sont point du domaine public. 
^ RABÊTIR, v. a. Rendre bête, stupide. Vous rabêtlssez ce garçon-là 
à force de le maltraiter. — Il s'emploie aussi neutralement, et signifie 
Devenir bête. Il rabêtit de jour en jour.—k la lettre A nous lisons: 
« Abêtir, v. a. Rendre stupide. Vous abêtirez cet enfant. — Il est 
aussi neutre, et signifie Devenir bête. // abêtit tous les jours. » 

Nous avons en français plusieurs verbes où l'addition de la parti- 
cule re ne change rien à la signification primitive; ainsi l'on dit indif- 
féremment AccouRCiR ou RACCOURCIR unc robc, un manteau, un bâton; 
Allonger ou rallonger un habit, une. jupe, une table, etc.; mais 
parfois cette particule a quelque chose de choquant, et nous croyons 
qu'il en est ainsi pour rabétir, où d'ailleurs elle n'est d'aucune uti- 
lité, puisque l'Académie donne à ce verbe la même valeur qu'à abêtir. 

l. L'Académie met aéromancie, œnomancie, sans variante; — e//ira/nanew^ quelques-uns 
disent chiromance; — gcomance ou géomancie; nécromance ou nécromancie; onirotnance ou 
oniromancie; omilhotnance ou ornithomancie ; rahdomance ou rabdomancie; — puis, chiro' 
mancien, s. m.; — géomancien, ienne, s.; — nécromancien^ négromanciea, ienne, s. — Les 
autres mots, aéroma.ncie, œnomaneie, géomance, etc., n'ont pas de corrélatif 



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— 247 — 

RÂBLE. ~ L'étymologie de râble ne demande point Taccent que 
r Académie y met aujourd'hui et qu'elle n'y mettait pas autrefois; 
dans râle et râpe^ le circonflexe représente, il est vrai, une 5 sup- 
primée; mais cet accent étant devenu une affaire de fantaisie, puis- 
qu'on le met sans qu'il y ait de lettre supprimée et que souvent on 
ne le met pas malgré les suppressions de lettres, il vaudrait beau- 
coup mieux ne pas avoir une orthographe qui varie à chaque mot 
Nous en disons autant pour râteler ^ râper, racler, ratisser, etc., dont 
les deux premiers seulement prennent un accent. 

rIblu. — • L'accent nous paraît être encore moins utile dans ce 
mot que dans ràble, puisque la syllabe finale n'est pas muette. 

RABOUGRIR, V. n. Les grandes gelées font rabougrir le jeune bois, 
— Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Quand les racines 
touchent le tuf, les arbres se rabougrissent. 

Il nous semble évident que l'emploi de ce verbe avec le pronom 
personnel devrait précéder l'autre, où ce pronom est supprimé par 
ellipse : faire rabougrir se dit pour faire se rabougrir, comme faire 
AGENOUILLER , faire ÉCROULER , ctc. , sc disent pour faire s'agenouil- 
ler, faire s'écrouler, etc. Voy. Égoutter. 

RACINAGE, S. m. Décoction d'écorce de feuilles de noyer, de coques 
de noix, propre pour la teinture. — Évidemment il y a une faute dans 
cette définition , car les feuilles de noyer n'ont pas une écorce qu'on 
enlève pour en faire le racinage. Nous présumons qu'apcès écorce il 
faut ajouter une virgule ou peut-être le mot ou. 

RADIS, s. m... Déjeuner avec du beurre et des radis, — A l'article 
Matin on lit également : « H déjeune tous les matins avec du choco- 
lat » ; mais on trouve ailleurs : 

(à Collation) Il fait collation n'une pomme, 

(à Di'JEUNER) Déjeuner D*ttn pâté. 

(à Dîner) Diner D'un poulet, D'un morceau de bœuf. 

On se demandera sans doute si l'on peut dire indifféremment déjeun 
ner de et déjeuner avec du... ; et l'on sera tenté de répondre affirma- 
tivement, puisque l'Académie donne plus d'un exemple de l'un et de 
l'autre. Cependant il n'en est point ainsi, et les grammaires proscrivent 
l'emploi d'avec. Serait-ce pour empêcher une équivoque dans le cas 
où l'on dirait Déjeuner avec un perdreau, diner avec un poulet, comme 
on dit Déjeuner avec un ami, diner avec son cAiew? Quoi qu'il en soit, 
les phrases déjewier avec du chocolat, avec du beurre et des radis, 
n'étaient pas dans les précédentes éditions ; mais nous ignorons si 
l'Académie a voulu protester en 1835 contre la règle des grammairiens. 

R AGRÉMENT. Action de ragréer (mettre la dernière main à) un 
ouvrage, ou le résultat de cette action. — Ce mot devrait s'écrire 
ragréement, avec deux e comme l'infinitif. Ragrément n'est pas le 
réduplicatif d'agrément; et les dictionnaires qui donnent un substan- 
tif au verbe dé gréer disent dégréement et non dégrément. 



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— 248 — 

KAlS) S. m. piL... Il y a un rais rompu à cette roue. Remettre un 
rais à une roue. *- Nîcot écrivait un ray, et il araît raison; lô radical 
de tayon, rayonnement, rayonner, etc., est rai et non rais, comme le 
radical de balayer, essayer, étayer, est balai, essai, étai, et non ba- 
lais^ essais, étais. Voy. Rëlai. 

EAMONAGE , RAMOHmR , RAMONEUft. — Ccs mots, qui Viennent de 
ramon, balai , devraient prendre deux n, comme sermonnaire, ser- 
monner, sermonneur. 

RAPATRIAGE OU RAPATRIEMENT... Ces deux mots sout familiers. 
^ Il nous semble que rapatriage est plus que familier, qu'il est pres- 
que de mauvais goût, et qu'il aurait dû être placé après rapatriement. 
RAPPEI.ER... signifie, figurément. Faire revenir dans la mémoire... 
Rappeler quelque chose dans sa mémoire. Se rappeler quelque chose 
dans la mémoire, ou simplement et mieux, Se rappeler qu^lqiœ chose. 
— Plusieurs de ceux qui ont appris dans leur grammaire qu'il ne faut 
pas dire se rappeler de quelque chose, je m^ETH rappelle bien, en con- 
cluent que se rappeler ne doit jamais être suivi de la préposition de, 
et qu'en revanche se souvenir, se ressouvenir ne doivent jamais avoir 
pour complément que ou toute autre expression qui semble être un 
régime direct. Nous croyons devoir les désabuser en leur présentant 
les exemples que donne l'Académie : 

Je me rappelle n^avoir vu, D'avoir fait telle chose. 

Je me rappelle qvHI m* a conté cette histoire. 

Je ne me souviens pas QvHl m'ait dit cela. 

Je ne me souviens pas SHl y était, ^Hl y. $st vmu. 

Je ne me souviens pas quand cela est arrivé, comment cela s*est fait, podb- 

Quoi il a fait cela, où cela s'est passé. 
Je ne me souviens pas qui me l'a dit. 
Ressouvenez-vous que vous m'avez promis de venir me voir. 
Ressouvenez-vous (considérez, etc.) que celui qui vous parle est le fUs de 
^votre meilleur ami, 
RAPSODE, s. m. T. d'Antiq. grecque.— -Comme rabdomancie, ce mot 
devrait s'écrire avec rh, conformément à son étymologie grecque. 

RAQUETTIER. — Il faudrait ramener à la règle générale aiguillet- 
tier, lunettier et raquettier, et les écrire avec un seul t comme buve- 
tier, charretier, gazelier, vergetier, etc. Voy. l'article Réduplicatioiï. 
RASER, V. a... Un perruquier qui rase bien, qui rase mal, qui «e 
rase pas d'assez près. — N'est-ce pas plutôt « qui ne rase pas assez 
près » qu'il faudrait ? Il nous semble qu'il faut dire Rasez-moi près, 
BIEN PRÈS, c'est-à-dire près de la peau, et non rasez-moi de près*, 

1. L'Académie dit encore : 

- (à Tondre) Fig. et fam., Tondre la brebis de trop près, Mettre des impôts trop 
lourds sur le peuple. 
Id. Toivirè... signifie Couper les cheveux de près avec les ciseaux. 

f^g in 4 l'article Moucher nous trouvons un exemple qui semble confirmer notre opinion : 

Vous avez mouché cette chandelle trop court, trop près ( et non , de trop près). 
Ces locutions Coupe)', moucfier, tondre p'ès ou de près devraient se trouver à l'article Près. 



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— 249 — 

puisqu'on ne peut pas raser de loin. Au contraire on dit très-bien «otr 
de près, comme on dit voir de loin; mais chacun sentira qu'il n'y a 
aucun rapport entre voir et raser et que l'adverbe ne peut pas être 
le même. 

BATION, s. f . — Comment se fait-il que le verbe rationner ne ie 
trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie? C'est un mot qu'on 
emploie tous les jours dans le sens propre et au figurée On aationne 
LES PASSAGERS sur uu uavlrc où les vivres manquent; un père ra- 
tionne pour l'argent son fils qui fait trop de dépense, etc* 

RE... On peut donner à beaucoup de verbes, surtout dans le langage 
familier, une signification itérative, en les faisant précéder de la par- 
ticule Re. Rehroyer, recarreler^ recroUer, redëmolir, redessiner, re- 
feuilleter, refiger, regeler, regreffer, relimer, remanger, renoircit, 
remprunter, réinterroger, etc.. Broyer de nouveau, carreler de nou- 
veau, etc. Plusieurs des mots ainsi formés ne se disent guère que 
dans des phrases où on les joint à ceux dont ils dérivent. Avant d'ache- 
ter ce vin, il l'a goûté et regoûté. Il conte et regonte toujours la 
même histoire. Je chantais et reghantais son air favori. 11 serait 
inutile de réunir dans un dictionnaire tous les mots qu'on est libre de 
former avec la particule Re; nous nous bornerons à indiquer ceux qui 
sont consacrés par l'usage. 

U est fâcheux que dans la citation des verbes et dans les exemples 
qu'elle donne, l'Académie n'ait pas introduit un seul de9 verbes qui 
présentent une difficulté réelle sous le rapport de la réduplication de 
rs. Plus loin on trouve, il est vrai, les verbes ressaigner, ressaisir, 
ressasser, ressauter^ ressortir, ressouder, ressouvenir, ressuer; mais 
cette liste est bien incomplète, et de plus nous croyons qu'en géné- 
ral on ne double pas l'S dans les verbes à signification itérative, lors- 
que ceux dont ils dérivent sont exprimés dans la même phrase. Ainsi 
l'on écrit : Ce pauvre malade a été tellement saigné et resaigné quHl 
en est mort; Il m'a salué et resalué; Il a sauté et resauté par- 
dessus la corde; Cet acteur a été siFFjiÉ et resifflé ; Cest inutilement 
que j'ai sonné et resonné, personne n'a répondu. Nous trouvons 
même dans quelques-uns des grands dictionnaires du jour resaluer, 
resiffler, resonner, pour signifier Saluer, siffler, sonner de nouveau. 

HEBÉQUER (SE). — Voy. AbEGQUER. 

REBORDER, V. a... Reborder une jupe, une robe, des souliers, etc, 
— Rebordé , ée , participe. 

Il manque ici l'explication des oreilles rebordées, comme à Ourler 
celle des oreilles ourlées, qu'on trouve à l'article Oreille. 

REBOUUXIR, V. n. — L'Académie donne au verbe bouillir un par- 
ticipe faisant les fonctions d'adjectif : « De la viande bouillie. Deê 
châtaignes bouillies, » Il nous semble qu'il fallait en donner égale- 
ment un au verbe rebouillir, car on doit pouvoir dire De la viande 

BOUaLIE et REB0UILLIB, CtC. 

32 



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— MO — 

RSC»9 f^ m« Tv de Ik*oik public^ relatif aux diètes de TËmpire. Vtac^ 
oà, avant qu^une diète se sépare, on recueille et l'on rédige les déli- 
bérations qu'elle a prises. R$cez di l'Empire^— Nom présiumons qu'il 
faut lire Recès. Autrefois l'Académie écrivait abscés, accès, excès, 
pregr^, #^,; mais elle mettait un 2^ à congrez, procez, succez, etc.; 
^ourd'kui tous ces mots se terminent par es (abcès, accès j excès, 
Pf9^f4^; ê^ngrés, procès, succès, «fc.)» à l'exception de reeez, qui 
nan^ im^s^ a été oublié dans la réforme parce qu'il est moins usité. 

REGom^TËR. -^ Ajouiez « On ne prononce pas le P. » Voy. Escoiipte. 

RSCONNAUUSANCE... se dit en outre d'un acte par écrit, pour re- 
ee^oaître qu'on a reçu quelque ehose, soit par emprunt, soit en d^t... 
^ î\ Manque ici une expression qui malheureusement n'est que trop 
im^ i Reo$n»Êiisaance du mont-tte-ixiètè, 

ISCK^i^RANix, s. f. Vieux mot qui signifiait Reeouvrement, action 
de recouvrer. Il n'est plus employé que dans cette dénomination, 
Motre-Dame de recouvrtmce. --*(hiae demande : Qu'est-ce que Notre- 
Dame de^ veeouvrance f eomme à Liessr : Qu'est-ce que Noére^Dame 
de^ liesse ^Qiielle a été l'origine de ce» noms? Il aurait peut-être suffi 
de troia ou quatre Ugnes pour donner au lecteur un renseignement 
qu'ijb ne «ai^ où chercher. 

RECUEIL, REGCEILLEMENT, RECUEILLIR. -** Ajmitez « Prononcez 

'N^emk, rekeuidiement, vekemûin »> Voy. AooceiL. 

RSCHL^m (1>... Les écrevisse» 'ifont à reeu^ens, — Eï^ lisant oet 
exea^ile on est tenté de ^foire que les écrevisses ne marchent qu'à 
veoulôns, et U est toujours fâcheux de perpétuer tes erreurs. Il aurait 
fallu dire, eomme au mot ÉeBS visse, que selon ^'opinion vukc^aire 
ee crufitaqé va presque toujours à reculons; là du moins il y a deux 
oorreotifè^ 

REIHUTIAN, a. f. -r- Ajoutez : On prononce les deux D. 

REMSCKNBRE, V. R. Descendre de nouveau, ft est remonté dan^ sa 
ektmbre, ik va^ redescendre. Le baromètre redescend. ^ 11 est aussi 
aetif , eâ signifie Oter de nouveau d'un Keu élevé. Redescendez ce 
tableau. 

L'Acadtoie a omis une acception très-usttée du sens actif : Redes-^ 
acÊMbre une montagne, un escoMet^, des^ degrés, »»e rmère, etc^ 

RiÊDONDANCE, S. f. (Dans ce HK>t et dans ses dérivés, bien des per- 
sonnes écrivait et prononcent Re.) — Nous aussi nous croyons que re 
est préférable à ré, et que l'Académie aurait mieux fait de supprimer 
l'wcent. Est-ce bien à la majorité des voix qu'elle a joint la sienne? 

REDOUTER, V. a. Craindre fort. — Ce verbe peut-il ©u non être 
siûvi de éo, de que : U redoute beaucoup de passer l'fmer à la cam- 
fèogne^ Je redoute qvHI n'apprenne * cette fatale nouvelle sans y aooir 

1* Nous avons cra devoir mettre la négation comme on le fait après craindre, dont redouter 
•at un augmentatif. Cette difficulté grammaticale était une raison de plus pour que l'Académie 
donnât un exemple du verbe redouter suivi de qtte. 



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— 251 — 

été préptaré. 81 ce» deux locutions redouter d^, r&dùiitér ^né, «6ai 
bônûes, il faut réparer l'omission de rAcadémie, qui n'a miâ que dftè 
substantifs pour compléments du verbe. 

KéDÛPLIGATION DES CONSONNES L, T, AU MILIEU DES MÔT^. 

Dans la désinence ellerie l'Académie met généralement deux /,* elle 
écrit : hoissellerie, chancellerie^ chapellerie, coutellerie, hôtellerie^ 
oisellerie, tonnellerie j etc. Il n'y a que deux exceptions î grivèlerie, 
qui prend un è, et bourrelerie, qui a une seule l et un e muet. 

Pour la désinence etterie, au contraire^ il n'y a que trois mots qui 
doublent le t : coquetterie, escopetterie, tabletterie; les autres n'ea 
prennent qu'un ; bonneterie, briqueterie, buffleterie, caquetericy grène^ 
terie, louveterie, marqueterie, mousqueterie , paneterie, papeterie ^ 
parqueterie, pelleterie, etc. 

Cette contradiction est fâcheuse^ et il nous semble que l'oreille de* 
mande la réduplication du t comme celle de 1'/. 

L'analogie avec les mots boisselier, chancelier j chandelier, chape- 
lier, coutelier, hôtelier, sommelier, tonnelier, oiselier et oiseleurt 
chapelain, châtelain, gabeleur, etc, qui ne prennent qu'une l bien 
qu'on en mette deux dans leurs corrélatifs boissellerie, chancellerie, 
chandelle, etc, ne devraitrclle pas faire supprimer une / dans camnêl- 
lier, ficellier, prunellier, vermicellier, etc, ? 

Et de même, l'analogie avec bonnetier, buvetiert ehainetier, charre- 
tier, gazetier, layetier, noisetier, vergetier, etc., ne devrait^elle pas 
amener la suppression du second t dans aiguillettier, lunettierj r»^ 
quettierf — On laisserait les deux t dans brouettier, à cause de la 
syllabe sourde qui précède. 

RÉFiiécHiR*.. Fig.^ en Grammaire ^ l'action du verbe se réfléchit 
sur le sujet. Exemples : Je me repens.'Vous vous moquez. Il se tour- 
mente. Etc» Le verbe alors s'appelle Verbe réfléchi* 

Il nous semble que pour des choses distinctes il faudrait employer 
des noms différent». Suivant nous, les verbes qui se conjuguent avec 
les deux pronoms de la même personne sont de deux sortes j le» 
verbes réfléchis, dont l'action retombe. sur le âujet hii^iïiême^ et dant 
le participe reste invariable ou s'accorde suivant que le régime direct 
est après ou avants comme dans les verbes stctifs : Elle s'est blessé i.A 
MÂiN, elle s'est brûlé le pied; elle Si'est^ blessée à la mmnj elle S''est 
BRÛLÉE au pied. C'est à cette classe qu'appartient le verbe $$ tour- 
menter : Ils se sont tourmenté le gorp» par les remèdes; ils sm èonê 
todrmeutés è chercher un expédient pour sortir d' embarrm. ^^ I^was 
les verbes que nous appelons essentiellement pronominaux, l'action ^ 
Suivant nou»^ ôe retombe pas sur le sujet; tels sont se moquer, se re- 
pentit, 99 néfitr^ eto, Nou^ le» appelons ains» noa^'SeuMMirt parte 



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— 252 — 

(^'Us se conjuguent avec les deux pronoms de la même personne, 
mais encore parce que le participe s'accorde toujours en genre et en 
nombre avec le sujet du verbe. Elle s'est moquée de nom. Ils se sont 
REPENTIS de leur faute. Elles se sont méfiées de vos intentions. Cette 
règle ne présente qu'une seule exception , le verbe S'arroger : Ils ou 
elles se sont arrogé nos droits. Les droits QV^elle s'est arrogés. Ce 
verbe, qui ne peut pas se conjuguer avec un seul pronom, suit, 
comme on le voit, la règle des verbes actifs. 

L'Académie dit, un peu plus bas : « Fig., en Grammaire, Verbes ré- 
fléchis^ Les verbes pronominaux exprimant une action ou un état qui 
ne se rapporte qu'au sujet du verbe. » Cette définition n'est pas à la 
portée de tout le monde; pour être bien comprise elle aurait besoin 
d'être éclaircie par un ou deux exemples. Nous devons donc renvoyer 
le lecteur à ceux que nous venons de donner. 

Quant à ce qu'elle ajoute « Quelques grammairiens appellent Pro- 
nom réfléchi de la troisième personne, le pronom Se, soi, qui sert à 
la conjugaison de ces verbes » , il nous semble qu'on pourrait . tout 
aussi bien appeler Pronoms réfléchis de la première et de la seconde 
personne les pronoms Me, moi; te, toi, car les verbes réfléchis, 
comme les verbes essentiellement pronominaux , se conjuguent aux 
trois personnes du singulier et du pluriel. Voy. Pronominal. 

REFLEURIR , V. n. Fleurir de nouveau. Les orangers, après avoir 
porté des fleurs au printemps, refleurissent ordinairement en automne... 

— Refleuri, ie, participe. 

L'Académie aurait dû dire que ce verbe prend les deux auxiliaires 
avoir et être, suivant qu'on veut exprimer l'action ou le résultat de 
cette action, car en ne donnant aucun exemple de temps composés 
conjugués avec l'auxiliaire avoir, et en ajoutant le participe re- 
fleuri, ie , elle donne à entendre que refleurir ne se conjugue qu'avec 
être. Cependant on doit pouvoir dire : Nos orangers ont refleuri ou 
n^)NT pas refleuri l'automne' dernier ; Plusieurs marronniers ont 
refleuri cette année en septembre, tout aussi bien que , Nos orangers 
SONT refleuris, les marronniers sont refleuris. 

RÉGALER, V. a. Dresser, aplanir un terrain, après avoir enlevé ou 
rapporté des terres. // faut régaler les terres après le remblai. 

A l'article Égaler nous lisons : « Égaler signifie en outre. Rendre 
uni, plan. Cette allée est raboteuse, il faut l'égaler. En ce sens, on dit 
plus ordinairement. Égaliser. » Il nous semble don* qu'on devrait 
dire régaliser ou mieux encore reniveler, au lieu de régaler. 

REGISTRE, REGISTRER. ( Quelques -unsicriveut et prononcent 
Regitre, Regîtrer.) — Voy. Enregistrement. 

RÈGLEMENT, adv. Avcc règle, d'une manière réglée. On vit règle- 
ment dans cette maison. Il se porte mieux depuis qu'il vit règlement. 

— D se dit aussi Des choses qui se font toujours précisément de la 
même manière, dans le même temps. Il soups règlement à sept 



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— 253 — 

heures. Il étudib RÉGLÉMEnT ses six heures par jour. La fiéofe le 
pretui règlement tous les jours à telle heure, 

A cet adverbe nous en opposerons un autre que nous croyons beau- 
coup plus usité, et qui nous est également donné par TÂcadémie : 
« RÉGULIÈREMENT, adv. D'uue manière régulière. // vit fort réguliè- 
rement. // tient régulièrement ses promesses. — Il signifie aussi. 
Exactement, uniformément. // dîne régulièrement à midi. Il tra^ 
VAILLE régulièrement tant d'heures par jour. Il se lève régulière- 
ment à sept heures. » 

Les exemples donnés par l'Académie montrent que règlement et 
régulièrement ont la même signification, et que même ils s'emploient 
dans des phrases identiques; seulement nous croyons le premier à 
peu près hors d'usage, tandis que le dernier est d'un usage presque 
général. Ajoutons que régulièrement a un sens un peu plus étendu, 
car on ne dirait pas. Il tient règlement ses promesses. Ces observa- 
tions auraient été fort utiles pour les étrangers et même pour les 
habitants des provinces extrêmes de la France, qui ne sont pas au 
courant des expressions du jour, et qui conséquemment sont exposés 
à se servir de termes inusités. 

RjÊGLEBiENTAiRE, RÉGLEMENTER. — 11 est regrettable que l'Aca- 
démie n'ait pas conservé dans ces mots et dans dérèglement l'accent 
grave qu'elle met au substantif rkglemsnt. 

REINE- CLAUDE... Manger des reines-Claude. — On simplifierait 
beaucoup l'orthographe de ce mot en écrivant des reines-^laudes 
comme on écrit des dames-jeannes, des saints-germains. 

REINETTE, S. f. Sorte de pomme très-estimée... On écrit aussi, 
Rainette. — Le nom de cette pomme vient de ce qu'elle est tiquetée 
comme la grenouille appelée rainette; il serait donc convenable 
d'écrire de la même manière le nom de la grenouille et celui de la 
pomme ^. 

RELÂCHE, s. m... On donne * aujourd'hui relâche au Théâtre Fran- 
çais. — Ici Théâtre et Français ne sont pas joints par un tiret, et il 
en est de même au mot Loge « Les loges du Théâtre Français, de 
l'Opéra » , tandis qu'on l'a mis aux articles Théâtre et Figurant « Le 
Théâtre-Français. Les figurants du Théâtre-Français, de l'Opéra- 

1. Quelques étymologistes veulent qu'on écrive pomme VEinette, à cause de renetinum mo/^ 
lum; d'autres font venir ce mot de reine ou de reginetta, diminutif de regina, parce que la 
reipette est la reine des pommes ; mais ces étymologies nous semblent n'avoir aucun fonde- 
ment.— Dans ses trois premières éditions , l'Académie écrivait « Rain bttb ou rbimbttb , sorte 
de pomme marquetée de petites taches rousses ou grises » , ce qui semble prouver qu'elle 
rattachait le nom de cette pomme à celui de la grenouille. 

2. Donner relâche est nne expression usitée, il est vrai, mais elle nous paraît vicieuse dans 
cette phrase en ce qu'elle prête à l'amphibologie ; et en effet on doit prendre donner dans le 
sens de Jouer, représenter. Tout le monde connaît la plaisanterie suivante : t Une personne 
à qui l'on disait que le jour même on dohnait relâche à tel théâtre , répondit qu'elle voudrait 
bien voir jouer cette pièce. » L'Académie pourrait se borner à l'exemple qu'elle of&e dans 
ce sens avec le verbe faire :*Ona paît RBLàcHB pendant huit jours pour réparer la salle. » 



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— 254 — 

Comique. » — A l'article Comédie nous avons vu que non-seulement 
TAcadémie n'a pas mis le tiret à Comédie Française, mais encore que 
sur cinq exemples cités il n'y en a qu'un seul où française ait une F 
majuscule. Gela est fort embarrassant. 

HELAIS, s. m. Il se dit d'un ou de plusieurs chevaux frais, soit de 

selle, soit d'attelage, que l'on poste en quelque endroit, etc Voilà 

le relais. — Nous ferons sur ce mot la même observation que sur 
rais : puisqu'on dit relayer et non relaisser, il faudrait écrire rekU. 
Autrefois on employait les mots au pluriel plus souvent encore qu'an*- 
jourd'hui; ainsi l'Académie, dans la quatrième édition de son Dic- 
tionnaire, mettait aphteS, ichtyoliteS, ooliteS, nërétdeS^, etc., sans 
donner à ces mots un singulier; aujourd'hui il en est encore de même 
pour brassières, mules (engelures aux talons), rais, etc. C'est évidem* 
ment à cette cause que nous devons d'écrire au singulier altercas, 
rais, relais, etc., au lieu d'altercat, rai, relai, etc. Il serait à désirer 
que ces trois mots, et autres qui sont dans le même cas, reçussent 
enfin l'orthographe que réclament l'analogie et la logique. 

REMBOURSER, V. a... Fig. et fam., Rembourser des ëpigrammes, de 
mauvais compliments, des injures, des coups de poing, un soufflet, un 
coup d'épée, etc.. Les recevoir. — Les recevoir ! Si l'Académie avait 
donné pour définition , En rendre à ceux de qui l'on en a reçu, nous 
comprendrions parfaitement; ce serait simplement le sens figuré; 
mais dans le sens qu'elle donne il est évident qu'il fallait dire bm- 
BODRSER, comme on dit embourser de l'argent pour signifier Mettre 
en bourse l'argent qu'on a reçu. Rembourser au lieu d'embourser 
nous semble un contre-sens. Rabelais a dit : embourber des coups de 
bâton; Racine, embourser des coups de nerf de bœuf; Saint-Simon, 
EMBOURSER dcs bourrodcs, et non rembourser. 

REMISE, s. f... Voiture de remise, ou simplement Remise, voiture à 
quatre places, sans numéro, qui se loue ordinairement par jour ou 
par mois. // a loué une voiture de remise, un remise. Nous prendrons 
un remise. On dit aussi Cabriolet de remise. — Comme l' Académie a 
donné deux exemples avec un remise, on verra sans doute qu'il n'y a 
pas là une faute typographique ; cependant il aurait été convenable 
d'ajouter : « Dans ce sens, remise est du genre masculin. » 

RENAISSANCE... Depuis la renaissance des lettres et des arts. 

A l'article Age , l'Académie a eu soin de nous dire que le moyen âge 
comprend le temps qui s'est écoulé depuis la chute de l'empire rp- 
main, en Zi75, jusqu'à la prise de Constantinople par Mahomet II, en 
1453. — A l'article Moderne , elle nous apprend que ce mot employé 
substantivement se dit Des auteurs, des savants, dea artistes qui ont 
paru depuis la renaissance des lettres et des arts. — Ici elle aurait 
rendu un grand service à bon nombre de ceux qui la consultent en 

1 . Maintenant l'Académie écrit aphthe, ichihyoHthe^ oolithe, etc., conformément à Tétymo- 
logie, et néréide avec un t simple. 



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^ 255 -. . 

leur indlquaat Tépoqiibe où cette renaissaooe eut Ueu, car ils pearent 
ignorer qu'elle ^te de la prise même de Ck)nstantinople par Maho- 
met II; qu'alors les artistes, le$ savants, etc., chassés par le cimeterre 
du conquérant, se réfugièrent en Italie, où Laurent de Médicis lea prit 
sous son glorieux patronage. 

REN6RÉNEHEKT. rengrénbr. ^ Il faudrait écrire rengrEner avec 
un e muet à la seconde syllabecomme engrener , et remplacer par un 
accent grave l'accent aigu ûerengrénemenl {rengrknemeni) ^ confor- 
mémeokt à la règle qui fait écrire enlÈvetMntj. rectlement, dégrkve- 
ment, allkchament, etc. Voy. Accents. 

RJBNOBIBIER, V. a... Rekommé, ée, participe. Un capitaine renommé. 
H est fort renommé parmi les savants. Renommé par sa sainteté. Il 
était des plus renommée de ce siècle. Cest tm lieu renommé pour les 
bons vins.— Jusqu'ici nous pensions qu'il fallait dire qu'on homme est 
renommé pour sa sainteté, pour ses vertus, pour ses talents, powr sa 
science, etc.; qu'un pays est renommé pour tel ou. tel produit; et 
l'Académie en définissant Renomi^ir, Nommer avec éloge, semblait 
confirmer notre opinion. Cependant il paraît que nous n'avions raison 
qu'à demi , puisque si d'un côté l'on peut dire qu'w» lieu est renommé 
POQR les bons vins, et sans doute aussi pour ses vinsi, d'un autre il 
£aut dire qu't^ homme est renommé far sa sainteté, locution repro- 
duite à l'article DROifURB : « Renommé par sub, droiture. » 

Nous savons que plusieurs auteurs ont employé par au lieu de^wr^ 
comme dans ces phrases^ : CL Jos. Vemei est renommé par ses ma- 
rines. Cette ville est renommée par ses fabriquées de tapis. Ces sau- 
vages font des barques renommées par leur légèreté et leur solidité; 
naaid il nous semble que ce sont là des fautes réelles, et nous regret- 
tons que l'Académie les ait justifiées par les exemples qu'elle domie. 
Nous préférons de beaucoup celui qu'on trouve à l'article Pyra- 
mide : « Les pyramides, d'Egypte sont renommes pocr leur gr&ndsur 
et POUR leur antiquité^. » 

. RENTRER... se dit vulgaûrement Des humeurs, qui se répergiïteiyt. 
Prenez garde de laisser rentrer eeUe humeur, elle vous jouerait tm 
mauvais tour. Un charlatan lui a fait rentrer ses dartres.-^ R£ntré,.éb, 
participe. Dartre rentrée. Uumevo' rentrée. Sueur rentrée. 

La Médecine a une grande obligation au vMiGAire de ce qu'il a in- 
troduit dans le langage une expression tout à la fois simple et claire 
à la place dtin terme qui n'était à la portée que des gens lettrés. Tout 
le monde comprend ce que c'est qu'wne dartre rentrée , une humeur 

1. Peut-être nous répondra-tron que l'Académie a dit à l'article Pyraahi>b, Lm pyramides 
d'Egypte sont renommées pour leur grandeur et pour leur antiquité, comme à l'article Rg- 
NOMMBR , C'est un lieu renommé pour les bons vins, parce qu'il s'agit de choses ; mais que 
pour les personnes il faut employer par. — Nous ne pensons pas qu'il y ait lieu d'établir 
cette différence entre les personnes et les choses ; il nous semble qu'on doit dire qu'un liomme 
est i-enômmé par son siècle, par les savants, pocr sa vaste érudition; — que tel tnn est re- 
nommé PAR les gourmets pour son bouquet délicieux. 



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. — 256 — 

RENTRÉE, une sueur rentrée, mais il n^en est pas de même de réper- 
COTÉE. Il serait à désirer que la langue vulgaire possédât un grand 
nombre de mots propres à rendre aussi fidèlement Texpression scien- 
tifique. 

REPARTIR, V. a. et quelquefois neutre. (Il se conjugue comme 
Partir. ) Répliquer, répondre sur-le-champ et vivement. 
^ L'Académie aurait dû dire « Il se conjugue comme Partir, J^kvs les 
temps simples » , car le verbe Partir,' v. a., ne s'emploie guère qu'à 
l'infinitif et dans cette phrase Avoir maille à partir avec quelqu'un *. 
— Quant à Partir, v. n., il se conjugue presque toujours avec Tauxi- 
liaire être, et conséquemment il ne peut servir de modèle pour la 
conjugaison d'un verbe actif. 

^ REPARTIR, V. n. (Il se conjugue comme le verbe ci-dessus. ) Retour- 
ner, ou partir de nouveau. A peine était-il arrivé, qu'il fut obligé de 
repartir, — Reparti, ie, part. Il est reparti, elle est repartie. 

Ici nous avons la contre-partie de l'indication donnée à l'article 
précédent. L'Académie nous disait de conjuguer un verbe actif sur 
un verbe neutre qui prend généralement l'auxiliaire être; dans le pré- 
sent article elle dit de conjuguer un verbe neutre qui prend l'auxi- 
liaire être, sur un verbe actif où elle n'a même pas donné la conju- 
gaison. — Au lieu de ces mots a II se conjugue comme le verbe 
ci-dessus » , Il faut lire « Il se conjugue comiùe Partir, v. neutre. » 
REPENTIR (SE), V. prou... On dit quelquefois par menace : Je l'en 
ferai bien repentir. — Il aurait été bon de dire que faire repentir est 
mis pour faire se repentir, et qu'il y a ellipse du pronom. Cette indi- 
cation que l'Académie a eu soin de donner dans quelques articles 
tels que s'agenouiller, s'écrouler, s'enfuir, s'enraciner, s'invétérer, etc., 
manque dans un plus grand nombre, entre autres aux verbes se 
souvenir et se ressouvenir, pour ces exemples : Faites-moi souvenir 
d'aller là. Je l'en ferai souvenir. Ceci ms fait souvenir que,.. Si vous 
l'oubliez, je vous en ferai ressouvenir. 

RÉPÉTITEUR... Répétiteur au collège Louis le Grand.— Cest le seul 
exemple où nous ayons trouvé collège immédiatement suivi du nom 
sans préposition; ailleurs on lit : 

(à Boursier) Boursier au collège de Louis le Grand. 

(à Censeur) Le censeur du collège de Louis le Grand. 

(èi Collège) Le collège de Charlemagne, de Samt-Louis. 

(èi Professeur) Il est professeur au collège de Louis le Grand. 

(à Proviseur) Proviseur du collège de Louis le Grand, de Henri IV, etc. 
Nous pensons que dans ces cinq exemples le de est plus qu'inutile, 
car les collèges dont il est question n'ont pas été fondés par Charle- 
magne, saint Louis , Henri IV, Louis le Grand. Il doit en être de ces 

1. La maille était une petite pièce de monnaie valant à peu près une obole ou la moitié 
d'un denier tournois ; partir se disait pour Partager. — Aujourd'hui cette locution signifie 
Avoir un démêlé, une contestation avec quelqu'un pour une chose sans importance : Ils ont 
toujours maille à paarUar entembk. 



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— 257 — 

noms de collèges comme des noms d'églises, d^hôpitaux, de rues, etc. : 
l'église Saint-Germain, V hôpital Saint-Louis, la rue Righbubd, le 
faubourg Saint-Jagqubs, la porte Saint-Antoine, etc. Il faut réserver 
le de pour les noms des collèges de telle ou telle ville, comme le col- 
lège D^OrléanSj de Marseille j D'Oxford^ de Cambridge^ etc. ; mais en 
revanche il faudrait écrire le collège Louis-le-Grand avec des tirets, 
comme on en met à Saint-Louis, Saint-Germain, etc. 

RESOUDRE, V. a... RÉSOLU, UE, participe. — Faut-il dire, Je suis 
résolu DE partir ou À partir f Ces deux locutions sont très-usitées, et 
cependant l'Académie ne mentionne ni Tune ni Tautre; elle n'emploie 
le participe résolu qu'avec l'auxiliaire avoir : a Des intrigants ont 
résolu... de le perdre. On a résolu d'agir sans plus tarder. On a ré- 
solu d'attendre » , ou avec le pronom personnel : uJeme résolus k 
plaider, À demander ma retraite, k quoi vous résolvez-vous? » D y a 
donc une omission à réparer; mais de quelle préposition faut-il faire 
usage? Molière, Le Sage, Chateaubriand, etc., ont dit. Je suis résolu 
DE ; Racine, J. B. Rousseau et d'autres ont dit Je suis résolu À. D'après 
cela, il paraît à peu près indiffèrent d'employer à ou de; cependant 
nous croyons qu'aujourd'hui on dit plutôt être résolu À, à moins que 
le mot qui suit ne commence par une voyelle : Je suis résolu À rester, 
À frapper un grand coup, À lui parler; et Je suis résolu D'attendre, 
D^agir, D'empêcher ce ?nariage, etc. 

RESSEMBLANT, ANTE, adj. Qul ressemble. Portrait ressemblant... 
— Des cinq exemples de cet article il n'y en a pas un seul où res- 
semblant ait pour complément la préposition à; cependant c'est une 
locution très-usitée, employée par Voltaire, Buffon, Chateaubriand, 
Ségur, etc., et par l'Académie elle-même à Grain et à Orge : « Grain 
d'orge, ou Toile, linge grain d'orge, de grain d'orge, à grain d'orge. 
Toile semée de points ressemblants à des grains d'orge. » 11 était 
donc convenable de donner ici des exemples qui autorisent l'emploi 
de ce complément. 

RESSUYER, V. u. Sécher. Il faut laisser ressuyer ce mur. On l'em- 
ploie aussi pronominalement. Se ressuyer au soleil. ^ Comme pour 
le verbe égoutter (Voy. ce mot), nous pensons que la forme naturelle 
de ressuyer est la forme réfléchie, et qu'il aurait été mieux de dire : 
Se ressuyer, v. réfléchi ou v. pronominal. Se sécher. Se ressuyer au 
soleil. Avec l'ellipse du pronom, // faiU laisser ressuyer ce mur. 

RETABLE, s. m. Ornement d'architecture contre lequel est appuyé 
l'autel , et qui enferme ordinairement un tableau. 

A l'article Enfermer l'Académie dit bien que ce verbe signifie Con- 
tenir, comprendre; mais elle ne l'emploie qu'au figuré : Son cceur 
n'enferme point une méchanceté si noire ; Ce passage enferme beau- 
coup de vérités; Cette proposition en enferme beaucoup d'autres. Si 
enfermer peut s'employer dans cette acception au sens propre, il fau- 
drait qu'elle en donnât au moins un exemple. Au reste nous croyons 

33 



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— 25« — 

que fower ie mun figuré doiBi»e pour le seat propm 11 sernH aalêoii de 
diire i^mfenmr inCà parc RÉNFUiMe plusieurs tUbàgês ; Ce khrê tfti»- 
PBIM8 piu$vêutis %fér%^; Cette phrase REm^Eâite un yrmsd sens; IM 
G4rps4md fmt peut reMpermer %aie belle àmte^. » ( Agad.) 

DaÉA TartMe UitriuiflER nous aarions éésir^ trouver m ^n de«i 
extwplee relalâf» k ë^ objets d'une moindre «Hmemios qu'un psre 
gui renferme plusieurs viltàfeê^ oûrame ^hm isrf?mite qui it6NF«ft»s 
i^itttes %ori9s dé théêesj Un etorëtaire qui aunI^rmb d^ss papii0t9 pré- 
aieugsyVfiie ufr^ qui REifPÉm»E les eiemlteS iJVm mo7^j€$ê^ J^% fiuHÉ(Sles 
AÉAioniBy StiiméTiiRE^ U^inv^ riicadémie » empkrfé 4aM s«0 Aéftal ^ 
tmie te Y^-be renfermer «t oon enfermer; et nous pensons •qu^elte a 
bien faiCi 60 n'est ^ère que ia m^u^e 4q vers qui irat^i»«rtUt à4)f«i : 
Son «œulr n>iMFn«E pttnt taie Mtioti ^ *oire, 
k w « '4 . i • V . ua si noir attentelu 

tttnt£m&5 V4 â... ee «bit^ avec le pronoA per^onnel^ -eft parlant 4«b 
bô90ki6^4es taoufements natoro^». Vous ne pow^ez sAttsi^nnifi iet à 
tHM ée^di/ts^i reia9wi2'-vou8> lâchée: de 9ôub r4$emr... — Nous p«i»ik7aii 
qfu'il £attah tM^« Fé^a ^e pâmez SATtSFAfiRE toi V(»» BfisOtiv^v. Toy^se 
SAffisriiiRffi». 

msTEftsi^* Donner un fteieond iab(mr à la Tii^oe, piner ^trutre 
rh«t*tie. "^ T^reer ov Terse^ %\^tt^^ Donner un tAidfi8iÈa»E lal^^i", et 
reterser c'est donner un second labdtirî Mou». aurions cru plutôt q^àe 
c'était 4'«iM»veli^ ie troisièttie, im en donner uti ^atriè»e^ '^'Qmtïi 
à 4V>rtbi)graf>hef mniB pensonfis ^'U vattdra4^ mieux écrire reiercer et 
f«l«rç»a§'é> fraésqu'i)» écirit lareer^ lerceh Uerm, tveroelet, imTHmtPmt, 
tiiMver^ ééenoeTùn «t tierçon. 

MKTomtSŒÊiif v. iï. Mèâr de nouveau e<i un èicru où l'o^ a-déjà^té... 
•-*^ Baû8 tMft "Cet artiela on ne trouve pas «a exemple, pas u»e châiHiii* 
tion qtlL ait 'trait à oett» parade ««[«'oii Mtà l^artide BéVEiviPiBiiA : %f(R 
se 'éit ^ès béena^ ée» iterres ^ dcHvedt en oéor^ainâ cas retomber ou 
propriétaire qui en a disposé. » Dans ce sens , reloUfmsr iM«is ^r^ 
»gmfier k Âtro fesD^)»é 4^ faire i^tMif à »^, '«^ ^ serait utile de t^on- 
Mer cette iadufie. 

BBYOiwWBft^ V* Ukw, ^0it aussi verbe >ive«ii; et «ij^niHe <m»urner dXin 
autre sena. extourner nn ^hiu Reimtnmr une 'rétiê. jRetnvmer ^une 
eartex Reiemmer^du foin pour qu'il séehe. 

Retcnamer tm 4èabit ne «ifàifie pkDS seulement Le tdurher danli wi 
aoptre sens comme on M% d'ttue rôtle^ d'une carte, du f^m^«oeia^Mait 
dire aussi , et surtout, Le -découdre et le «►eftiire «ea 'ttiçfttttflt en debovs 
r^n^rt eu draip quand Tendmit est usé. C^t datii» «e ^ens que Des- 
tottokee^a dit : 

«Oui tfuabd H *era vieux fait€»4e retourn», 
f^ifi il ¥t)us durera oioq xm wk mm enoo^ew 

«lèTRAtrFATioN, 3. f. Acte, discours t»u éc^rit ^ntenant le désaveu 
fwrmBi difc'ce qu'on a fait, dit ou éoi^ 'prétjédeitunem. mprama/^»n 



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-^ 259 — 

puMifm^ vûhnkmr, forcée, H a faU sa réêii*mt0>H<m. H Vni eMigé à 
tme rétraeiaHon, Signer sa rétractation, Réiftaetationsineére.^Pe^irmi 
donner un complément à rétractation, et dire /e l'ai eéligé à une ré- 
tvmcMdm de ses cAi^OMifiËs; Faire la nétraetation d'ikie oj^imon, 
»«fi G«es«fi qu'on avait AVAseéES? $4 on le petit, il avivait follu i^e 
rAK»ft(lémi« 4aiHiât mxl hioîas un met^le avec <m Oùm^ém^nt. 

RETRAIT, s. m. Le lieu secret d'uiae mam», «à Van va aux nécm- 
sHé» j»tiirellâ«. €mreur ek retrait». Il %fA peu us^é. -^ fi ffaTiiRil est 
peu ««liés, ^eite «si \% loautiou qu',on eaiplqj# ifoér^^nôsl;? J!iws 
le retrouvons ^ Maître, g^a et OEpvr«, ConBirn, i.A«««i8«, tilc. 

4fa/tn0 (105 iMrisse^ cm^re^, Cumtir de Rmuurg , >«ridangew. 

Cureur de puilt, ctirew de r»i«aits. 

hJiffwm^, .?, f. pi »ETiiA«T, pf i¥^, lim <4 l'fl# «*iftfaH If^ îwsfip» iwit«»#l«. 

RÉVIVIFIER. — Répulluler et révivifier sont les «euls verbes rédu- 
pîicatîfs où rAcadémîe ait mis un é à la première syllabe devant une 
consonne. Cet accent nous paraît inutile. Voy. p. 7, ligne Î8, et la note. 

Ric-À-Rïc, îoc. adv. et fam. Avec une exactitude rigoureuse. Je îe 
ferai payer ric-À-bic. On tui a payé ric-à-ric tout ce qui lui était dà. 
Compter ric-à-ric. — A cette orthographe et à cette définition nous 
devons nécessairement opposer t?e qu'on trouve â l'article Payer : 
« Prov., Payer rig à ric, Payer avec lésinerie, s'acquitter, mais en 
payant le moins qu'on peut. // n'est pas généreux, il paye ric à rig ; 
et. Faire payer «ic à ric, Faire payer tout ce qui est dû, sans grâce 
ni remise. C'est un homme qu'il faut faire payer rïc à ric » 

A l'article Payer on voit d^un côté la suppression des tirets, qui en 
effet ne nous semblent pas plus nécessaires dans cette locution que 
dans pefit à petit, peu à peu, tour à tour, etc. ; et d'un autre, une 
acception qiïi ne se trouve pas à rartîcle ^Ric-à-ric , et qtfi est cepen- 
dant ta phis connue â Paris, cel'le de Payer avec lésinerie, donner le 
mo^ns qu'on peut. On l'emplorie même dans le sens de Paytr chiquet à 
etâquet, c'est-à-dire par petites parcelles. 

-QrfVm'nous permette de répéter ici ce que nous avons eu Toccasion 
de dirent)ien souvent, d'est qil'll serait convenable de ne donner la 
définition d'ttn mot, d^tm provert>e qu'une seule feds, à T-endroitoù le 
lefffcenr doit natttreïlementla -Ohenïher, -mais de 3a donner aussi com- 
plète que possible. Ailleurs on se contenterait de renvoyer à cet endroit. 

•lilBN, ^. m. !^éant, nulle diose. THeu a créé le monde iie ¥ien, — 
%*w e^-^îl*bîen un substantif dans cet exem{»e eft dans tous ceux où*il 
est employé sans artidle?? %oire, manger, dormir, déjeuner, éiner, etc., 
jqui sont des vert)es , ne deviennent suT3Sftan4ifs que lorsqu'ils -sont 
'«ec^wïipagnés de l'article, et il en e^ de 'môme des particfipes accusé, 
'âMvé,^m>pîoyé, habitué, négligé, protégé, réchauffé, «^.^ous oroyons 
gue Rien est substantif dans Un rien le fâche, H ferait une quereUe 
sur,w9 RIEN», S'amiks^e^r ,à jï^s ,K\t^s„,S'a,r.rê,ter à jPfiS fI^I-En?,, qt.^i^tres 
phrases où il est précédé.deîljactiole; «iftis qu^iLdoitétwe-o^nsidéré 



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— 260 — 

comine pronom indéfini dans ces phrases : Dans l'ordre de laneUure, 
RIEN ne se fait de rien ; rien n'est plus glorieux, plus commode, plus 
avantageux, plus nécessaire, etc. 

ROI... Dieu est le maître des rois. On dit dans un sens analogue, 
Dieu est le roi des rois, est le roi du ciel et de la terre. — Noua regret- 
tons que TAcadémie n'ait pas mis ici le Roi des rois comme elle a 
mis à Être l'Être des êtres. Voy. De. 

ROMANCIER, S. m... Les meilleurs romanciers anglais sont Richard- 
son, Fielding, Goldsmith, etc. Le Sage est un admirable romancier. — 
Pourquoi romancier n'a-t-il pas de féminin? En serait-il de ce mot 
comme de peintre et d'hauteur, et faudrait-il dire Une femme roman- 
cier ou une faiseuse de romans? Assurément ce n'est pas à mesdames 
de Staël et Guizot, à Maria Edgeworth, etc., qu'on pourrait donner 
cette dernière épithète. 

RONCE, s. f. Arbuste épineux et rampant, de la famille des Rosa- 
cées, qui vient dans les haies et dans les bois, et qui porte un fruit 
assez semblable à une petite mûre. -— Quel est le nom de ce fruit? 
Dans quelques localités on l'appelle mûron; à l'article Mûre, l'Aca- 
démie l'appelle mûre sauvage ; il aurait été nécessaire de mettre ici 
ce nom , puisqu'il n'a aucun rapport avec celui de l'arbrisseau qui 
le produit. 

RONGEUR, adj. Qui ronge... — Rongeurs, au pluriel, se dit, en His- 
toire naturelle, d'un ordre de quadrupèdes... Le lapin, l'écureuil, le 
rat, sont des rongeurs. 

L'Académie n'emploie l'adjectif rongeur que dans le sens figuré 
. « Le ver rongeur. Le remords qui tourmente le coupable. On dit aussi, 
Les remords, les soucis rongeurs. » Il nous semble cependant qu'on 
doit pouvoir dire Un ulcère rongeur , et peut-être même Une plaie 
rongeuse. Conséquemment il serait bien de mettre Rongeur, euse, 
adj. — Quant à Rongeurs, terme d'Histoire naturelle, on l'emploie 
adjectivement et au singulier : Le rat est un animal rongeur, et sub- 
stantivement, un rongeur. Mais sans réclamer contre cette omission, 
nous dirons que puisque l'Académie a donné Rongeur comme un 
adjectif, il aurait été convenable, après ces mots Le lapin, l'écureuil, 
le rat, sont des rongeurs, d'ajouter « Dans cette phrase, il est employé 
substantivement. » 

ROSE, s. f... Rose pompon. Rose pivoine... — Qulest-ce qu'une. me 
pompon, une rose pivoine^? Aux articles Pivoine et Pompon, on ne 
nous le dit pas. — Rose mousseuse. Voy. Mousseux. 

ROSE, adj. des deux genres. Qui est de la couleur de la rose. La 
couleur rose est une des plus agréables. Du ruban rose. Du taffetas 
rose. Une robe rose.—W est surprenant que l'Académie n'ait pas donné 

1 . La ro»e pivoine n'est-elle pas une fleur qui tient de la rose et de la pivoine , et ne 
devraitron pas joindre les deux mots par un tiret (rose-pivoine) ^ comme on le fait pour 
\a clémaHte^vtome, Varistoloche-elémaUte, le ehou-fleur, etc.? 



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— 261 — 

un seul exemple de cet adjectif au pluriel , comme des rvhans roses, 
des écharpes où des ceintures roses j etc, d'autant plus que nulle autre 
part nous n'avons rien trouvé de semblable; seulement, à l'article 
Couleur on lit : Des souliers couleur de rose, Voy. Aurore. 

BOT, s. m. Vent qui sort de l'estomac par la bouche avec bruit. 
Gros roi. Rot aigre, vineux. Faire un rot, des rots. Il est bas, et l'on 
évite de s'en servir. — 11 aurait été au moins utile de rappeler ici le 
synonyme Éructation, que l'Académie admet, et qui se trouve à son 
rang alphabétique. Don Quichotte, lui, a grand soin d'en recommander 
remploi à Sancho Pança, lorsque son écuyer va prendre possession 
du gouvernement de Barataria. 

BOTER, V. n. Faire un rot, des rots. C'est un vilain, il ne fait que 
roter. Ce mot est bas, et l'on évite de s'en servir. — Si l'Académie a 
négligé de rappeler Éructation, synonyme de rot, du moins elle a mis 
ce synonyme à son rang alphabétique, tandis qu'elle n'a pas même 
accueilli Éructer, synonyme obligé de roter. 

RÔTI, s. m. RÔTIE, s. f., etc. — Il est peu de personnes qui pro- 
noncent longue la première syllabe de rôtir et de ses dérivés rôti, 
rôtie, rôtisserie, rôtisseur, rôtissoire, etc. ; ne pourrait-on pas y sup- 
primer le circonflexe comme on l'a fait dans otage, coteau, meu- 
nier, vite, coutre, chute, reliure, etc. ? 

ROUGOUTER, S. m. — Comme on prononce roucou-ier et non rou- 
coui'ier, nous pensons qu'il serait convenable de substituer un i à Vy. 

ROUGOUTER... Arbre de la famille des Lili âgées, qui croît sur le 
bord des eaux dans l'Amérique méridionale eU dans l'archipel des 
Indes...— Au lieu de, famille des Liliacées, lisez : famille des Tilia- 
cÉES ; c'est-à-dire que le roucouyer appartient à la famille du tilleul 
et non à celle du lis. Malheureusement le mot tiliacé, ée, adj., ou 
tout au moins tiliacées, s. f. pi., ne figure pas dans le Dictionnaire de 
l'Académie ; en sorte qu'à moins d'être botaniste il est impossible de 
se douter même de la faute que nous venons de relever. L'Académie 
l'aurait évitée si elle avait dit simplement que le roucouyer est un 
arbre de la famille des tilleuls, comme à Saponaire elle dit que 
cette plante est de la famille des oeillets. — Caryophyllées, plus 
savant, n'aurait été compris que d'un petit nombre de personnes. 

ROUENNERiE, S. f. — Ajoutez : On prononce roitanerie. 

ROULEAU... Prov. et fig.. Être au bout de son rouleau, Avoir épuisé 
tous ses arguments, tous ses moyens, toutes ses ressources. —Il aurait 
été au moins utile de mentionner la variante rôlet. Voy. Bout. 

ROULEMENT... se dit aussi du bruit formé par un ou par plusieurs 
tambours que l'on bat continuellement à coups égaux et pressés. Faire 
un roulement. — Ne peut-on pas dire Un roulement de tambour , un 
roulement de timbale, les roulements du tonnerre, les roulements 
DE la foudre? Comment se fait-il qu'on ne trouve dans le Dictionnaire 
de l'Académie aucune de ces expressions journalières? 



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— 262 — 

ROUSSI^ S. ». Guir rouge qui vient de Russie, qui ^t teint en reuge 
^u en brun, et qui a une odeur forte. Ctdr de roussi. Vache de roussi. 
Des bottes de romsi... On dit aussi cuir de JRussie, -^ Nous croyons 
que cette dernière iocution est seule admissible, et que rA^sadéaile 
devait renvoyer de Aoussi à Coir; là elle aurait signalé comme 
vicieuse Texpressioû €uir de réussi^ origioairement employée «ans 
doute par des ^ns qui ne eonnaissalent pas pluâ le nom d« Rassie 
que celui de tzar et de Gnmd M^^U. 
AOUTiNiER^, é:re^ «. m. «^ Supprimer: : m. 

iiVAOB^ Sv f.^. Ce chewU lui eêenna ly^une ruade deui^ les jumèas^ iui 
détacha j lui allongea une rvMde. Ce che^Ml lui casdt^ la pBi,mbt d'ime 
ruade^ •— M peut-on pas Âyre^ €e cheval lui donna date ntmde^ aussi 
bien que d'cne ruade ? Si Ton peut eaapèoyer Tune et l'autre expres- 
aiout, l'Académie aurait bien £ait 4e donner les deux ; si le »e est néees- 
m^^s «ous aurions désiré qu'eWe eût ajouté : ^ et non, une ruade ^ «. 
RUE, s. f... Rue Saint-H^Horé. Rue de r Échelle. — <ieoK qui coa- 
suUent le Dictionnaire de l'Académie sont, eo grande parti», des 
typograplèes, compositevârs ou correcteurs d'é^neuves, «ip^Iés p»sr la 
nature mette de -leur travail 4 propager les «enseignemeels de J'JlWoft- 
demie; -et cependant ils n'y trouvent |Mts tOHJours <ce ^ont ils «ont 
besoin. Dans cet article elle aurait pu leur reodre *ua grand «ervîce 
ea «nettant quelques «oms <M>«»posés, au lieu des deux, «v-^keasos que 
tout le meode ^»ait écrire. £n dèsanit, par exes^ple, rue iXctre^^JSimme 
dee VdoêeireSf rue Vieille du Tam^^ rue JVeui^ des Pelifte ^hmtmps, 
>nie Sainée^roiâo de la Breteamarie^ rue des Prêtres SamMtermaân 
l^Ausperrois^j aée^^, ^le leur «aurait appris -quel nombre «de tireis ils 
doivent me^re ésais ce «genre <de aofus^ iquels fnots «dielveAt pretadre 
des •majuscules. Sans 4eute ils ^ouvercmt 

{AJlsqwule) L'aiguHk (VoYiilmçfm) de Saint-^Pierse ée Bam&. 

(à Bourdon,) Le bourdon de Notre-Dame 4e Paris, 

(à Pèlerin) Un pèlerin qui va... à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame 

de Lorette, 
(à pRiMttiF) L'abbé de Sainte - Geneviève Matt curé priniîtif ôa Saint- 

Etienne âa flfonf . 
'fà ADftôfi^ÉRfE) Ûaumih&rie ttB SumU&mmmn d/es >Pr&s, 
'fit UlEKÈi) iL'W^e Se Ndtre-Dmm Wn ta Ménfi. 
( à LiESfiTE^ .fBioPrB-fE^mttB cfo hesMa. 
Ht ïVritouwRANOEi) NBtre>f19ame^ ^eeeuwanc». 

1. On nous dira peut-être que l' Académie indique ce qu'il fautiiire^.et non ce qu'il n&fant 
pas dire. 'Si elle n'avait jâûiafs Tôctffié lés lûiauvàises 'locutions 'tie setâltlRlcîlfém/mais ce 
^heiSétsAt ^as nue KliMti pOttr qtf^De tieile fft p»s àrMattfnib. }Nâkis.tscli«sfeiÉ;à:iia*ftidfe A : 
9^0aûit4,'Ginq ^ou mx pevmftmtSjOnzeowdmkze t«hemm,^>êLe, /lOtfaoD,, 'Cmqfà m,pfiMonmm, 
onze à douze chevaux, etc. ».; — à Coquille : « On ne dit ni Coquille d€.tortv^,jai Coquille 
)î%lttre »■; — à HûÎTRfe : «'On Hît L'écaillé , et ndti La coquille W une huître », etc., et ce que 
<a«fe>'MgrMit<5ns tT^st^e tietffdkUtfoutM' pltts^soavdttt^ eefe^prébiauktetUeigniBnisiNB. 

Ô. NovMMivoiïB édrit ces nomS'Saas tirets,. d'après l'arthogEaphe ftuel' Académie nous a donnée 
dans Saint-Étjennb du Mont, Saint-Germain des Prés, etc.; mais nous croyons jJevojr préfé- 
rer l'emploi des iirbtsrT\ie'Notre-îkime^&€s-Victotrés,^rm Weuve^s-'Ptiits^Ghcmp8,'étc, 



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-- 265 — 

Mm8 d'aborâ qui kur indiquer» les articles auxquels fis dofrent 
recottHr, s'il» n'ont rien tfouvé là oè ils croyaient voir ce qu'ils cher- 
chent? Et ensuite par les exemples mômes «[ue nous venons de citer 
ils ne seront pas suffisamment édifiés ; ils se demanderont pourquoi 
dans Saint-Germain des Prés et Notre-Dame d^ la Merci, Prés et 
Merci ont des majuscules , tandis que liesse et reœuvrance n'en ont 
pas dans NMre-Dame de Hesst et Notre^ame de retouvrance. — Il 
awrait fallu «que TAcadémie cboieît les noms de mes les flus longs et 
le» plus diffciles, pour faire connaître comment on doit les écrire. 

Une décision de l'Académie à ce si^et serait d*a«itafft plus utile que 
des botnmes fort instruits sont divisés d'opinions. Les uns, et nous 
soMnes de leur avis, pensent qu'on ne^it mettre le tiret qu'entre 
les mots qui lont partie intégrante du nom du monwneirt, de la 
r«e, etc., qu'on veut déagner, comme dans L'aigtmUe de Satwt- 
Pierre de (qm est à) Rame; le bmnrdon de Not«e-I>ame de (qui est à) 
Ptiris; Un pèlerin qui v«« 8ahit-*acç!j«# (qui est) en QaUi^.à Notre- 
I^AWB de (>qui est à) Loretle; — mois ite en mettraient trois dans 
L^^lite SiHifT-ÉTîENBrB^«»-1!oNT; L'aum&nerie de SAint^ERMAîw- 
i>ei-P.RÉB, parce qu'on a perds de vue ia mtmiagne Smnte^eneméve 
qui a «donné son Bom à l'église Samê^Étienne du Mont, et ies prés sur 
lesquels on a construit l'église, l'abbaye, l'aun^^fierie, etc., de Saini- 
Germain dans le faubourg de ce nom. De même ils écriraient La me, 
l'^giise NoTRE^D^AME-oii-LoirETi^E à Paris, parée q«'il ne s'agit pofcrt 
ici<derégUse qui est à Lorette, ville d'Italie ; et>eneope NoTiUB-I>AAf&- 

DE-LA-MerÈI, K09'RB*^A1SB-DG4jIES8E ^, NOWVB-ÛAME^MS-RECOmrRANCB. 

— D'autres voudraient que, powr couper court à l'arhîtpaiipe , on mît 
panrtout les majuscules et les tirets. 



SABBAT^ S. m. Nom donné chez les Juifs au dernier jour de la se- 
maine... Les JUIFS observent fort exactement le sabbat. Chez les juifs, 
il n*est pas permis de travailler les jours de sabbat, — Pourquoi 
a-t-on mis Juifs avec une majuscule dans la définition, et juifs avec 
une minuscule dans les deux exemples? Serait-ce que dans la défini- 
tion ce mot représenterait la nation juive, et que dans les exemples il 
représenterait seulement des individus? Voy. Juif. 

SABINE, s. f... La Sabine est souvenu employée comme emménor 
gogtte, — Voy. Armoise. 

SAGE... s'emploie aussi comme substantif masculin... Les maximes 
du sage sonl.^. Le sage des sioïciens. — Que signifie le smge des 
stoiciens f est-ce le surnom de Zenon, philosophe de CStium? 

1. Bi 4ftn> ovt «xBmpte Uem^mA le nom du boai^, il fti«t4ertr« Notrb-Damb^ Lmse 
ar«c un 8«ul tiret, comme Noteb-Damb de Loretie, ville d'Italie ; -si c'est un simple qualificatif, 
il en faut plnaiiurs, comme dans Konuc-DAMs^M-RBCOovuA'NCB. Voilà l'urtilité qu'on peut 
retirer de l'emploi d 



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— 264 — 

SALER, V. a... Salé, ée, participe. Viande salée. Bœuf salé. Gigot 
de pré salé. Hareng salé. Beurre salé. — Qu'est-ce qu'un pré saXé, et 
surtout un gigot de pré salé? Un dictionnaire, comme tout autre ou- 
vrage, et peut-être plus que tout autre ouvrage, est fait pour instruire 
ceux qui veulent apprendre ; or gigot de pré salé entre bceuf salé et 
hareng salé sera inintelligible pour tous ceux qui ne savent pas qu'on 
appelle prés salés ceux dont les terres sont arrosées ou du moins 
pénétrées par les eaux de la mer, et que ce sont les moutons qui 
broutent sur ces plaines salées qui fournissent ce qu'on appelle gigot 
de PRÉ SALÉ, côtelette de pré salé^. 

SALOPE, adj. des deux genres.. /En termes de Marine, Marie^salope, 
Petit bâtiment d'une construction particulière, destiné à porter, à une 
certaine distance des ports, les vases et les sables qu'on en retire. — 
La véritable place de cet article était à son rang alphabétique, c'est- 
à-dire à la lettre M, car on ne songera guère à le chercher ici. 

SALPÊTRE, SALPÊTRER, SALPÊTRIER, salpêtrière. — Ne pour- 
rai t-on, ou plutôt ne devrait -on pas écrire salpêtre, salpétrer, sal- 
pétrier, salpétrière, comme on écrit arbalète, arbalétrier; crème, 
crémer, écrémer, crémier, crémière, etc. ? On ne voit pas bien la né- 
cessité du circonflexe dans salpêtre, qui vient de sal petrœ, sel de 
pierre, comme glossopètre vient de glôssu, langue, et pelros, pierre 
(Langue pétrifiée ou pierre qui a la forme d'une langue*). Puisqu'on 
écrit pétrifiant, pétrifier, pétrification avec un é aigu, et que nous 
avons déjà glossopètre qui prend 1'^ grave, il nous semble naturel 
de suivre la même orthographe pour les mots ci-dessus. 

SALVANOS, s. m. T. de Marine emprunté du latin. (On fait sentir 
l'S finale.) Bouée de sauvetage.— Pourquoi écrire salvanos en un seul 
mot, puisqu'on écrit custodi-^ios avec un tiret? Le premier signifie 
Sauve-nous ; le second. Garde-nous * ; tous deux sont employés comme 
substantifs, et réclament par conséquent la même orthographe. 

SANS, préposition exclusive. Être sans argent, sans place, sans 
ressource. C'est un homme sans esprit, sans jugement, sans hon- 
neur, etc. Il est sans malice. Sans force ni vertu. Sans force et sans 
vertu. Une lettre sans date, sans signature. Une audace sans égale. Un 
homme sans pareil... — Cet article pouvait présenter des exemples 
précieux sous le rapport de la grammaire , et cependant il n'y en a 

1. La plupart des personnes qui mangent et même qui vendent des côtelettes ou des gigots 
de pré salé paraissent ignorer complètement ce que c'est qu'un pré salé, car elles prononcent 
fyré comme dans présage, présent, présider, etc. ; elles écrivent même présalé en un seul mot. 

2. On demandera sans doute et avec raison comment il se fait qu'on donne le nom de 
langw pétrifiée ou de glossopètre à des dents de poisson. L'Académie nous l'apprend dans 
l'exemple qu'elle ajoute à la définition de ce mot : Dent db poisson p-trifiée. On a cru long- 
temps, dit-elle, que les glossopètres étaient des lanqubs de serpent pétrifiées. 

3. Parmi ceux qui consultent le Dictionnaire de l'Académie, il en est plus d'un qui ne sait 
pas le latin et qui cependant serait bien aise de connaître la valeur des mots qu'il lit on qu'il 
entend ; il aurait donc fallu donner la traduction littérale de custodi-ru)S, de salvanos^ àe 
nescio vos, etc., nécessaire pour ceux qui n'ont pas fait d'études classiques. 



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- Î65 -- 

pas un * qui soit tel que nous l'aurions désifé. Dans tous ceux que 
nous venons de voir, le substantif est et doit être au singulier, et nous 
cherchions précisément le contraire. Nous aurions voulu des exem- 
ples où Ton pût mettre à peu près indifféremment le singulier ou le 
pluriel, afin de connaître l'opinion de l'Académie, qui aurait fait pen- 
cher la balance. Faut-il écrire 

• Cet homme est mort sans enfant, sans héritier ; sans laisser d*ENFANT, 
d^HÉRiTiBR ; —oti sans enfantS, sans héritiers; sans laisser d*ENFANTS, 

d'HÉAlTIERS. 

Cet enfant a fait un exercice sans faute, ou sans fadteS; 
C'est un auteur sans défaut, ou «ans défautS, etc. etc. » 7 

Il y a dans le Dictionnaire de l'Académie des exemples qui répon- 
dent à ces diverses questions, mais ils sont épars, et l'on pourrait 
chercher longtemps sans en trouver un seul. Nous en avons recueilli 
quelques-uns, que nous avons cru devoir mettre à là suite de ceux 
qui concernent l'adverbe Point, la difficulté étant à peu près la même. 

Sans doute on nous répondra qu'il y a fort peu de cas où le nombre 
à employer soit bien déterminé, comme dans une scie sans dentSj où il 
serait impossible de mettre le singulier; — que dans les exemples que 
nous avons présentés il y a tantôt le singulier, tantôt le pluriel, comme 
sa femme étant morte sans enfant, et il est mort sans hoirS;— et que 
nous-même nous avons dit qu'on pourrait très-bien mettre le pluriel 
dans les exemples où l'Académie a employé l'autre nombre. Nous en 
convenons^ sans peine, mais nous dirons à»notre tour que le lecteur, 
surtout celui qui s'occupe spécialement de grammaire,. s'estimerait 
heureux de trouver dans un dictionnaire comme celui de l'Académie 
un certain nombre d'exemples qui seraient classés avec des indica- 
tions telles que « Dans ceux-ci on ne peut mettre que le singulier; 
ceux-là n'admettent que le pluriel; en voici d'autres où l'on peut em- 
ployer l'un ou l'autre nombre, suivant l'idée qu'on veut exprimer. » 
C'est ainsi que l'Académie dit « Faire du progrès, des progrès ; mettre 
le scellé, les scellés; le poids du remords, des remords; il n'y a pas 
de reproche, de reproches à lui faire, etc. etc. » Chacun sentira fort 
bien qu'il aurait été ridicule d'imposer comme règle l'un ou l'autre de 
ces nombres ; et l'on est même parfois choqué de n'en trouver qu'un 
seul dans les articles où ces phrases se présentent occasionnellement ; 
cependant l'Académie ne pouvait guère donner presque à chaque page 
des variantes , comme elle le fait dans les articles qui sont consacrés 
aux mots mêmes où elle les -a mises, tels que Progrès, Scellé, Re- 
mords, etc. 

SANS-DENT. SANS-FLEUR. SANS-PEAU. SANSCRIT. — Bien que les 

1. Ou plutôt il y en a un, un seul : « Sans argent, sans protecteurs, que pouvais-je faire? 
N'ayant point d'argent, de protecteurs, etc. » On aurait pu mettre protecteur au singulier, car 
il suffît d'un seul protecteur pour atteindre une position élevée ; mais comme on a l'habitude 
de dire d'un homme bien appuyé qu'il a des protecteurs, c'est pour cela sans doute qu'on a 
mis ici le pluriel. 

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— 266 — 

trois pcfijniers de ces mots soient des composés de saas et sembleat 
en être un complément nécessaire^ cependant nous croyons plus ré- 
gulier de suivre rigoureusement Tordre alphabétique^ et de mettre 
Sanscrit, Sahs-dent» Sans-fleur» San^-peau» comme TAcadéinie a 
fait pour Loup-garou» qu'elle a placé après Loepft* Loqpeqix, et non 
après Loup, Lodp-cervier. 

SANS -DENT, S. f. Terme populaire dont on se sert pour désigner 
Une vieille femme qui a perdu ses dents, JQ'eM une vieille ^ans-dent. 

A l'article Dent on lit : « Prov. et pop., Une meUU nuns dentS 
(sans tiret), Une vieUlelemi»e décrépite. » Umoarait été utile de rap- 
procher ces deux variantes ^ et «te dire oi elios pré8«nt»Dt une diffé- 
renoe de sens* Nous croyons sms'-dênt plus hyurieux et eiMTespomiant 
mieux i décrite que sam d^ntS^ car on voit des personnes encore 
Jeuoes privées de leurs dents,; cQnséquemment nous initervertirioas 
volontiers les définitions donaées par TAcadémie. 

&U(BOTiàRE^ s. f. T. de Limonadier. Vase de métal dans lequel on 
prépare les liqueurs qui doivent être servies en glaces ou en sorl^^ts. 

Si Tordre alphabétique ne confirmait Torthographe de ce «kH» on 
serait persuadé qu'il renferme deu^c fautes d'impressâoût oar ob a 
peine à comprendre que >$orbet se soit transformé en mrbol dao» le 
dérivé. Il est faucheux, crpyondnnous^ que TAcadémioait accueiUi ^seul 
et sans variante ce terme <iui «emhie barbare» au lieu de^sorbetiêre, 
qui se présentait naturellement €e n'est étendant pas sans réflexion 
qu'eUe a admis mrbQlière^ car après IVticle Sorbet oa trouve 
« SoRBÀTiÈRE, s^ f. Voyez SAaBOTi&BV »; en sorte qu'on se perd en 
conjectures sur le motif de cette préférence» 

Sorbetière aurait été préférable à Sarbotière,, mais nous aiflAerions 
mieux encore sorbetière, qui est .plus conforme au mode de dérivation 
des mots terminés par et. En eflet, il n'y a qu'une douzaine de ces 
dérivés qui parennent l'accent ou doublent le t; tels sont compléter ^ 
discréiioi^, s^rélaire, regreUer, etc., qui viennent de complet, 
discret^ secret, regret. Ve muet se trouve au contraire dans une 
trentaine au moins de ces dérivés; c'est ainsi que de cachet, parquet, 
soufflet, etç.^ on fait cacheter, parqueter, souffleter, et de bouquet, 
jarret, mousquet, etc, on fait bouquetière, jarretière, mousquetaire, 
et non bouquetière, jarretière, etc. 

SATIÉTÉ, s. f. — Ajoutez : On projionce saciété. 

SATIN, s. m. Étoffe de soie plate, qui est fine, douce, moelleuse et 
lustrée.,. Prov-, Avoir la peau douce comme un ^atin, comme du satin. 
Avoir la peau fort douce et fort unie. — A l'article Doux nous lisons. 
Doux comme nu satin, et nous pensons que cette expression est la 
seule qu'on doive employer. Voy. Marbre. 

SATISFAIRE... Satisfaire un besoin. Faire ce que ce besoin exige. 
*- Cela nous paraît bien bref; cet exemple et cette définition expri- 
menl^ils la satisfaction de tout besoin quel qu'il soit, au propre et au 



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— 267 — 

llguré? Nous retrouvons oe ré^e direct daiDs d*aatres exemi^M t 
(à Latrines) Retrait, privé, lieu où l*on satispait lïs besoins naturels, 
(à Aisance) Au pluriel, il se dit d*un lieu pratiqué dans une UMison pour 
y stAnsPAiRB LES besoins naturata* 

Mais ailleurs TAcadémie emploie le régime indirect, et elle aurait 
dû en présenter ici un ou deux exemples; elle dit : 

(à NÉGESsrrÉ) Satisfairc aox nécesHtés ie la nature (boire, manger, dor* 

inir> etc. ), 
(à Natcre) Satisfaire aux desoins de la nature. 

(à Retenir) Vous ne pouvez satisfaire ici À vos besoins^; retenez-votM, 
tâchez de vous retenir, 

SAUF^coMDCiT. ^ Ne devrait-on pas réunir ces deux mots m un 
seul comme on Ta fait pi>vit sauvegiardef 0^ supprimerait ainsi une 
difficulté orthographique, puisque sauf doit r^ter invaoriskble dans le 
pluriel muf-^onduits. 

SAUPOUDRER, V, a... «0 dit aussi en parlant de ce qu'on poudre 
d^autre chose que de sel^ comme de farine, de poivre, Qtc... Saupou^ 
drer de cantharides un emplâtre db vésicataire, -^ N'y a-t-il pas une 
faute typographique dans cette phrase? Les pharmaciens et les mé** 
decins disent Un emplâtre vésicatoire ; et à l'article Vésigatoirb nous 
lisons « Les emplâtres vé$imtoires. Taffetas vésicatoire. » 

SAUVER, V, a... se construit quelquefois aveq un régime indirect et 
un régime direct, l'un désignant la personne et Tautre U chose que 
la personne était menacée de perdre ou de subir. Vom m'avez sàtwé 
la vie. Je lui ai stmoé Vhonnewr. Cette déclaration du jury lui « sm'oé 
les travaux forcés. Je lui ai sauvé une réprimcmds. Je lui ai sauvé ma 
ridicule. ^ il signifie quelquefois simplement, Épargner une chose à 
quelqu'un, l'en exempter. Cela lui a soMvé beaucoup de dépense. Les 
nouvelles que fai reçues m'ont sauvé un ermuyeitx voyage* Vous 
m'avez sauvé une grande peine, une grande fatigue, un grand travail. 

D'un autre côté on lit à l'article Épargnse ; a Fig., Épargner quel-^ 
que chose à quelqu'un. L'en dispenser, ou l'en préserver; ne pas 1« lui 
laisser éprouver, ne pas le lui faire subir. Je voiés épargnerai ce soin^ 
cette peine, cet embarras. Cela nous épargnerait, cela épargnerait 
beaucoup de travaux. Épargnez-moi ce chagrin, cette douleur, cette 
cofifus^ion, cette honte. J'épargne à votre sensibilité le tableau de leurs 
souffrances. On dit de même, S'épargner de la dépense, des soins, de 
l'embarras, des inquiétudes, etc. Vous cherchez en vain à me persu^a- 
çler, épargnez-vous ce soin. 

Un assez grand nombre d'auteurs emploient le verbe éviter au lieu 

1. Nous croyons qu« dans ce dernier exemple il fant néeetaurement le régime direct 
(Vous ne pomeM satispairk ici vos besoins ), comme dans les phrases oi-dessos des articles 
LATRmBS et Aisance ; mais on dirait dans le sens de mf^re, Il ne powxiit sATiarAiRB à lo«u 
teê hfKiins, aux bmÀm de ta nombreuse fanUtU : -^ ou, c(HBme l'Académie le dit dans les deux 
premiers, satisfairb aux besoins, aux nécessités de la natitre. 



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— 268 — 

d^Épargner, sauver*, et l'Académie aurait bien fait de prémunir ceux 
qui la consultent contre une faute aussi répandue. 

SAUVER... Le cri de sauve qui peut se fit entendre, — A l'article 
Pouvoir on trouve la même phrase, écrite de la même manière; mais 
à Cri , sauve prend une majuscule : Le cri de Sauve qui pe%U, Nous 
pensons que cette majuscule est très-convenable, et qu'un point 
d'exclamation n'aurait rien gâté : 

Ls cri de Sauve qdi peut ! se fit entendre. 

C'est ainsi que l'Académie écrit avec un grand V et une exclamation 
(à De) Le cri de Vive le roi! 
(à Vivre) Le peuple cria. Vive le roi! 
mais à l'article Cri elle supprime l'exclamation : Le cri de Vive le roi. 

SAVOIR... Fam. , Je ne sache personne. Je ne connais personne. Je 
ne sache personne qu'on puisse lui comparer. On dit aussi, Je ne sache 
rien de si beau, je ne sache rien de mieux écrit, etc. Je ne sais rien, 
je ne connais rien... Dans ces sortes de phrases, on n'emploie jamais 
le subjonctif qu'avec la négation. — Que je sache, se met à la fin 
d'une phrase pour signifier que , si un fait est autrement qu'on ne le 
dit, on l'ignore. Il n'y a personne à la maison, que je sache. Il n'a 
point été à la campagne, que je sache. Est-il venu quelqu'un? Non pas 
que je sache. 

Le verbe Savoir, dans ces locutions je ne sache personne, je ne 
sache rien, que je sache , ne peut-il s'employer qu'au singulier, et 
pourquoi? Si l'on peut l'employer au pluriel, il est à regretter que 
l'Académie n'en ait donné aucun exemple à ce nombre. 

SCARLATINE, S. f. T. de Médec. Maladie contagieuse dont le phéno- 
mène le plus remarquable est la couleur écarlate que prend toute la 
peau. La scarlatine n'attaque que les enfants. On la nomme aussi 
Fièvre scarlatine, et alors scarlatine est pris adjectivement. — Nous 
croyons, comme divers grammairiens ou lexicographes, qu'il serait 
mieux d'employer écarlatine, terme à la vérité moins savant que scar- 
latine, mais qui a plus d'analogie avec écarlate d'où il a pris son nom, 
et qui par conséquent serait mieux compris de tout le monde. Ce- 
pendant il faut convenir que nous avons plusieurs dérivés qui pré- 
sentent la même irrégularité, c'est-à-dire qui reprennent la forme de 
l'étyraologie, dont le mot primitif s'est éloigné; tels sont spongieux, 
stagnation, stemutatoire, stomacal et stomachique, strangulation, etc., 
qui viennent des mots éponge, étang, étemuer, estomac, étrangler. 

1. Éviter ne peut avoir qu'un régime, le régime direct : Évitée lbs périls, un piéob, on 
MALHEUR, UNE QUERELLE, etc. Ainsi au lieu de Jelvi ai évité, je me suis évité bien des embarras, 
bien des reproches, il faut dire, Je lui ai épargné, je me suis épargné bien des embarras. Pour 
les reproches nous croyons qu'il serait mieux de dire /e lui ai sauvé bien des reproches, J'ai 
ÉVITÉ bien des reproches. Peut-être trouvera-t-on que nous poussons trop loin les distinctions, 
et cependant nous ferons encore une remarque. Nous pensons qu'avec un ennuyeux voyage et 
un voyage coûteux, il est mieux de ne pas employer le même verbe, et de dire, par exemple, 
Les nouvelles que j*ai reçues m'ont sauvé un ennuyeux voyage; elles m*ont épargné un voy§ge 

COiiTBUX. 



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— 269 — 

SGHELLUiG. ~ On ne devine pas quels motifs ont déterminé For- 
thographe de quelques mots qui s'écrivent tantôt conformément, 
tantôt contrairement à l'étymologie, tels que shako, shérif (officier 
municipal en Angleterre); — châle, cheik, chéri f (prince, chez les 
Arabes et chez les Maures) ; — schabraque, schah, schelling.. 

De ces huit mots il n'y en a que deux dont les lettres initiales 
soient conformes à l'étymologie : shérif (en anglais, sheriff), scha- 
braque (en allemand, schabrack, auquel on a donné une terminaison 
féminine et le genre féminin) ; ~ shako vient du hongrois schakal; 
— cheik et chérif viennent de l'arabe schaikh, scherif; — châle, schah 
s'écrivent en persan shal, chah; — enfin schelling vient de l'anglais 
shilling, — Ainsi dans cheik, chérif, on a supprimé Vs initiale ; dans 
schah, on l'a ajoutée ; dans schelling on a ajouté un c, dans shako on 
l'a supprimé. Nous ne parlerons des autres différences que pour si- 
gnaler le but a])parent de simplification , comme la suppression du t 
dans shako, de Vh dans cheik. On aurait bien fait, ce semble, de sim- 
plifier également schelling; et puisqu'on le dénaturait {shilling), au- 
tant valait écrire chelin, conformément à la prononciation, comme 
on a fait pour bol, bifteck, rosbif (bowl, beef- steak ou stake, roast 
beef), etc. 

SCIENCE... signifie particulièrement. Ensemble, système de con- 
naissances sur quelque matière... On dispute, dans V école, si^ la logi- 
que est une science ou un art. — On pourrait disputer également pour 
savoir si la Médecins et la Navigation appartiennent aux arts ou aux 
sciences, puisque l'Académie des Sciences a formé sa quatrième sec- 
tion de « GÉOGRAPHIE et Navigation » , et la onzième de « Médecine 
et Chirurgie » , tandis que l'Académie Française dit , à l'article Art : 
« L^ART de la navigation. L^art de la médecine » , et n'en fait aucune 
mention à l'article Science. Nous croyons que l'Académie Française 
fera bien de se ranger à l'avis de sa sœur de l'Institut en disant à 
l'avenir « La science de la navigation, La science de la médecine. » 
Quant à Vart de guérir, dont parle l'Académie, sa nature probléma- 
tique l'empêchera peut-être longtemps encore d'être classé parmi les 
sciences. 

SCULPTER, SCULPTEUR, SCULPTURE. (On prononce sculter, seul- 
leur, sculture). — En 169/j, l'Académie écrivait sculper * et insculper 
(qui ne se disent plus); en 1762, elle ne parlait pas encore de sup- 
primer le p dans la prononciation des trois mots ci-dessus. La pro- 
nonciation actuelle est le résultat de cette paresse d'articulation qui 
se retrouve dans un si grand nombre de mots : azme et azmatique, 
exé homo, obuze, Gzavier, Aucerre, Brucelles, etc., pour asthme et 

1. Noos ne doutons pas qu'on ne puisse dire disputer si; mais il nous semble que l'Acadé- 
mie aurait bien fait d'en donner un exemple à l'article Disputer. 

2. Sculper était plus conforme à l'étymologie sctUpere; mais il avait l'inconyénient d« diffé- 
rer des mots tetUpteur et sculpture, qui ont été formés du supin sculptum. 



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— 270 — 

(Hihmatiqm^ ecce homo, obus, Xaxier, Auamre, Bruxelles, et qui feit 
même écrire béjauMe, pivert, mlebrequm, Xercèn, au lieu de hee 
jaune, pic vert, tfirebrequin, Xerxés, Maintenant oa Ta jusqu^à pnv 
ïioncer, jusqu'à écrire, et nème jusqu'à imprimer Ambmirg et Phi- 
lisbourg, au lieu de Au§sbourff et Fhilippaboîir^, 

SEC, ÈGHK, adj... Martinr$ec, Sorte de petite poire d'ftiver très- 
esttmée pour les compotes et le raisinéw Le martin^aee a la chair 
emtsënte. 

Ofi se demande si c'est pour r^arer une omissioa qœ rAcaMmlt 
n'a mis qu'au second des composants, qui est phis «vanoé dans 
Tordre alphabétique , certains mots qui devraient être [^acës an pre- 
mier. On serait tenté de le croire en voyant chén»*pommier, dé- 
nubtite-^iome, marie-salope, mariiM^sec, etc., figurer seulement à 
Pommier , Viornb , Salope , Sec . si les mots spatk fluor et vm^sea»- 
hôpital ne se trouvaient à Fluor, Hôpital, en sorte que les hbs et 
les autres ont leur définition au mot secondaire et ne sont pas même 
mentionnés là où le lecteur irait naturellertient les chercher. — 
Quelques-uns cependant sont moins bien traités «icore, tels que bié^ 
mouture, pomme^poire, rose pivoine, rose pompon, etc., qui ont été 
simplement donnés comme exemples et n'ont reçu de définition nulle 
part. -~ Enfin il en est qu'on ne trouve ni à l'un ni à l'autre des com- 
posants, tels que chat-tigre, pomme-figice, etc., qui ne sont nommés 
qu'incidemment et comme synonymes à Maroat et à Sans^fleu». — 
D'autres, au contraire, favorisés entre tous, ont reçu une définition 
à chacun de leurs composants; tels sont bofn-ehrétien, cogne- fétu, 
knsser-courre, etc. — On peut y ajouter d'autres mots composés tek» 
que boute-en-train^ meurt-de-faim, va-nu-pieds, qui sont égaleaaent 
définis dans deux ou trois articles diflFérents, et par-dessus tout un 
assez grand nombre de proverbes qui sont expliqués jusqu'à ti»is, 
quatre fois, et même davantage. 

SECHER, v. a. Rendre sec. Le soleil sèche les prairies. Le grttnd 
hâte sèche les fleurs. Le vent sèche les chemÂns. On remploie quelque 
fois avec le pronom personnel. Jls se mirent au soleil, ils se mirent 
devant le feu, pour se sécher... — Sécher est souvent neutre, et si- 
gnifie Devenir sec. La plupart des arbres séchèrent à cause du grand 
hâlé, des grandes chaleurs. Les arbres séchèrent sur pied. Faire sé- 
cher, mettre sécher du linge. Faire sécher des fruits au soleil, dam 
un four. Ne laissez pas tant sécher cela. 

Nous croyons que dans ces locutions faire sécher, mettre sécher^ 
laisser sécher, sécher n'est pas neutre ; il est mis pour se sécher, et 
il y a seulement ellipse du pronom. Il doit en être de même dans les 
phrases suivantes, qui malheureusement ne se trouvent pas dans le 
Dictionnaire de TAcadéraie : Mettre ou faire chauffe n de Veau, Lais- 
ser FLÉTRIR des fleurs, etc. Au reste il nous dit très-bien qu'il y a 
ellipse du pronom dans celles-ci : Faire écouler Veau; Il faut laisser 



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— 271 — 

ÉcociiER la foule; Faire écouler des marchandises; Faire baigner 
dm^ chevaux, vn ehien; Vous ferez écrouler la muraille, etc, 

«BCOURS... // est privé, destitué, dénué de secours, de tout secours. 
— Il aurait fallu mettre dépourvu au lieu de destitué, car TAcadémie 
nous dit, à Tariticle DssnruER : « Destitué s'emploie comme adjectif 
dans le seos de Dépourvu, dénué. Un homme destitué de tout secours. 
DmstiwoÈ de bon sens, de raison, etc. Une cruinte destituée de fcm* 
dmnent. En parlant «des personnes^ ce sens yielllit; on dît, Dénué de 
Mtàours, etc, » Voy* BntN. 

SEIGNEUR. .« Par e)0cellence, Le Seigneur, Dieu ; et NotreSeigneur, 
Jâsos^-Qirist. 

Dans le Dictionnaire de TAcadémie on trouve souvent le Seigneur, 
pour signifier Dan : 

(à OmimB) Les rois sont les oints du Seignecr. 

Id. Jésus-Christ est appelé, par excellence, VŒnt dd Seigneur. 
{k Souffler) Le Seigneur a soufflé sur Vamas de leurs richesses, et l'a 

dissipé comme de la poussière. 
(à Tabernacle) Le tabernacle do Seigneur, et par excellence, Le Taber- 
nacle.., 

Mais souvent aussi le Seigneur est mis pour Jésus* Christ : 

(à Précieux) La Madeleine versa sur les pieds du Seigneur un onguent 

(essence, parfum) précieux* 
(à Prédestiner) Dieu avait prédestiné Moise pour être le conducteur de 
son peuple, Cyrus pour être le libérateur du peuple 
juif, la Vierge Marie pour être la mère du Seigneur. 
(à Préparer) Saint Jean-Baptiste est venu pour préparer les voies du 
Seigneur, Pour annoncer la venue prccliaine du Seigneur, 
pour disposer les Juifs à le recevoir. 

SEMBLANT, S. m... Faire semblant de, faire semblant que, Feindre 
de, feindre que. Cet homme fait semblant de dormir. Il faisait sem-- 
hlant d'être fâché... Faites semblarU que cela vous plaît, que c'est là 
votre avis. Faites semblant Qv'on vous en a prié. 

Autant faire semblant de est usité , autant faire semblant qu£ l'est 
peu, et pour cette locution comme pour beaucoup d'autres nous 
sommes contraint d'avouer que nous ne l'avons jamais lue ni entendu 
prononcer par des personnes qui parlent bien. Ne pourrait-on pas 
employer une autre expression, et dire, par exemple, Faites semblant 
d'en avoir été prié; Faites semblant d'être de cet avis, de trouver 
À cela votre plaisir, etc. ? 

Quant à feindre que, nous ne savons si cette locution est bonne, 
mais nous ne la trouvons pas au verbe Feindre. 

SEMBLER, V. n... // me semble, il vous semble, etc., que. Je crois, 
vous croyez, etc., que. Il me semble que je le vois. Je crois que je le 

1 . Nous croyons que destitiu n'est guère plus usité en parlant des choses ; on dit , Une 
rj'ointe pÉNBÉK de fondement, etc. 



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— 272 — 

vois. // me semblait que cela était ainsi,— Tont le monde sait qu'après 
sembler accompagné du pronom personnel on met toujours le mode 
indicatif, comme on vient de le voir dans les exemples ci-dessus. 
Mais lorsqu'il n'y a pas de pronom personnel, c'est diflférent; le doute, 
le vague que présente la phrase engage assez naturellement à mettre 
le subjonctif. Cependant il y a des cas où l'on est fort embarrassé, et 
nous espérions que l'Académie lèverait la difficulté. Nous avons donc 
été péniblement surpris de ne trouver dans cet article qu'un seul 
exemple tel que nous le désirions, et nous avons été réduit à recu^lUr 
ceux que nous avons trouvés épars dans le Dictionnaire : 

(à Sembler) Il semble dixm^ enteiidre parler que vous m'ATsz remit* service, 
(à D'abord) D'abord il semble que cela soir vrai. 
(à Baisser, Prendre) Il semble qu'il n'y ait qu'à se baisser et en prendre. 
(à Sentiment) Il semble qu'U soit mort, il n'a plw de mouvement ni de 

sentiment. 
(à Sympathie) Il semble qu'il y ait de la sympathie entre certaines plantes, 

entre certains animaux. 
(à Venir) Il semble qu'il vienne de l'autre monde. 

Bien que l'Académie mette le subjonctif dans toutes ces' phrases, 
nous pensons qu'on peut quelquefois employer l'indicatif, et les exem- 
ples n'en sont pas rares dans nos grands auteurs : 

Il semble que nous augmentons notre être lorsque nous pouvons le porter 

dans la mémoire des autres. ( La Bruyère. ) 
Il semble que le bon sens dépend encore plus des sentiments du cœur que 

des lumières de l'esprit. (J. J. Rousseau.) 
Il semblait qu'on voyait déjà sur cette tête dominatrice la double cou- 
ronne de France et d'Italie. (M. Thiers.) 

SEMI. Mot PRIT du latin, et qui signifie Demi... Semi-pite. 

Au lieu de prit, lisez : jom.— Qu'est-ce que cette semi-pite? Est-ce 
la moitié de la « petite monnaie de cuivre qui valait le quart d'un 
denier, et qui n'a plus cours depuis longtemps » ? 

SEMOULE. (On prononce Semouille.)— Il nous semble qu'il n'y a pas 
plus de raison pour prononcer ouille la finale ouïe dans ce mot que 
dans ampoule, boule/ ciboule, foule, houle, poule, etc., et que cette 
prononciation vicieuse devrait être plutôt rectifiée que recommandée. 
A l'article Nouilles, l'Académie dit que « dans les livres de cuisine, 
on écrit ordinairement Noules » ; serait-ce par compensation? 

SENELLE, s. f. Voyez Genelle. — Genelle manque. 

SENS... signifie encore. Un des côtés d'une chose, d'un corps. Mettez 
cette table, cette couverture, etc., de ce sens-là. Mettez-la du bon 
sens... On a mis cette étoffe du mauvais sens. Couper un jambon or 
bon sens. Cette pièce de bœuf n'est pas coupée dans le sens. — Sur 
cinq exemples il n'y en a qu'un où l'Académie ait employé la prépo- 
sition dans, et encore peut-on présumer que c'est parce que le mot 
sens n'y est pas déterminé par un adjectif, un adverbe, etc. Nous pen- 



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-- 273 — 

sons cependant qu^on peut suppléer Tellipse et dire « Cette pièce de 
bœuf n'est pas coupée dans le sens convenable » ; or si Ton peut dire 
DANS le sens convenable, on doit pouvoir dire également « Coupez 
celle-ci dans Vautre sens; mettez cette table, cette couverture, etc., 
DANS ce sens-là. Dans est pour le moins aussi usité que de : pouf notre 
part, nous n'avons guère entendu employer que la première de ces 
locutions. 11 aurait donc fallu modifier un peu l'article dans ce sens. 
11 est surprenant que dans le paragraphe où sens a la valeur de 
Signification, acception, TAcadémie n'ait pas donné un seul exemple 
où ce mot soit accompagné de la préposition dans; cependant on dit 
tous les jours, Dans quel sens faut-il prendre ce mot, cette phrase, 
ce passage? Cette locution serait-elle vicieuse? Nous ne le pensons 
pas, puisque nous trouvons 

(à Littoral) Il faut prendre ce vers d'Homère non dans un sens littéral, 

mais DANS un sens figuré, 
(à Naturel) Vous n'avez pas pris cette phrase dans son sens naturel, 
(à Dans) Il entend cela dans le sens de saint Augustin, 
Id. On doit prendre ce passage dans tm tout autre sens. 

SENSIBLE... C'est son endroit sensible, sa partie sensible, se dit en 
parlant des choses dont quelqu'un est le plus touché. — Il nous semble 
que cette expression aurait dû être accompagnée de cette autre, qui 
n'est pas moins usitée, « Toucher la corde sensible. Parler de ce qui 
intéresse le plus vivement une personne, de ce qui lui fait le plus de 
peine ou de plaisir » ; et pour ne pas répéter la définition de quatre 
lignes qui est l'article Corde , l'Académie pouvait renvoyer à ce mot. 

SENTINE, s. f. T. de Marine. Partie basse de l'intérieur d'un navire, 
dans laquelle les eaux s'amassent et croupissent... Il vieillit. •— Quel 
mot l'a remplacé ? 

sÉPARER...^ signifie encore, Diviser un espace, un tout par quelque 
chose qu'on place entre ses parties. Séparer une cour en deux par un 
mur, SÉPARER une chambre en trois par des cloisons. — ^ons croyons 
que dans cette acception le mot diviser, employé dans la définition 
de l'Académie, est bien préférable à séparer, et qu'il est beaucoup 
plus usité. On devrait réserver le verbe séparer pour signifier Servir 
de séparation, former une séparation entre deux choses distinctes :. 
a Le mur qui sépare ces deux maisons. Le sentier gui sépare ces 
deu^ propriétés, ». . 

Nous ferons la même observation au sujet de Séparer conjugué 
avec le pronom personnel : A cet endroit le chemin se sépare en deux. 
Cette rivière se sépare en plusieurs canaux. L'armée se sépara en 
deux corps. -— Dans ces exemples nous préférerions les verbes se di- 
viser, se partager, que l'Académie emploie également : 
(à Diviser) Ils se divisèrent en petits groupes, 

Id, Là, le fleuve se divise en deux branches principales. 
(à Partager) Près de tel endroit, la route se partage en deuo) branches, 

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— 274 — 

i^PTUPUSR. Rendre sept fois plus grand, multiplier un nombre 
par sept. — Multiplier un nombre par 7, ce n'est pas le rendre 7 fois 
plits grand, c'est lui donner 7 fois la valeur quMl avait d'abord ; et de 
,mérae que TAcadémie dit que septuple signifie Qui vaut sept fois 
AUTANT, et non sept fois plus , de même aussi elle aurait dû dire : 
Septupler , Rendre sept fois aussi grand. 

SERAN ou SERANÇOIR^ S. m. Sorte de peigne de fer qui sert à divi- • 
ser la filasse du chanvre et du lin. Serançage, Serancer, Serancecr. 
—Les mots serançage et seranceur ne remontent pas à un bien grand 
nombre d'années ; mais serau et serancer, qui figuraient déjà en 1696 
dans le Supplément du Dictionnaire de l'Académie et qui sont d'un 
usage si répandu, devraient du moins se trouver dans ce Dictionnaire. 

SERPE^T... Serpent à sonneltes. Serpent ainsi nommé à cause dn 
bruit qu'il fait en remuant les anneaux cornés et mobiles qui terminent 
sa queue. — C'est ici, croyons-nous, bien plutôt qu'à Sonnette , que le 
lecteur cherchera la définition de ce mot; et d'ailleurs, de l'article 
Sonnette on aurait pu renvoyer à Serpent, tandis qu'ici l'on n'a pas 
même indiqué l'endroit où se trouve l'explication. De plus il aurait été 
convenable de donner en même temps le nom scientifique « Crotale ». 

SERRE-PAPIERS, S. m... sc dit aussi d'une sorte de tablette divisée 
en plusieurs compartiments, qui se met ordinairement au bout d'un 
bureau, et où l'on range des papiers. — Si casier j que l'Académie 
définit « Garniture de bureau composée de plusieurs cases, dans 
lesquelles on place les papiers ou autres objets que l'on veut tenir en 
ordre » , est bien synonyme de serre-papiei^s dans cette acception, 
il aurait été bon de le dire, car le mot casier est plus court et nous 
semble plus agréable à l'oreille. 

SERRER, V. a... Serrer son écriture , Rapprocher les lettres ou les 
lignes les unes des autres. Votre écriture n'est pas assez pressée, 
serrez-la davantage. — A l'article Presser nous ne trouvons ni pres- 
ser son écriture, ni une écriture pressée, et nous ne savons si l'ex- 
pression ci-dessus, votre écriture n'est pas assez pressée, est bonne. 
Peut-être l'a-t-on employée ici uniquement pour ne pas répéter le 
même verbe : serrée, serrez-la. Bien que nous n'en trouvions d'exem- 
• pies nulle part, nous croyons qu'on aurait pu dire : Votre écriture est 
TROP lâche, serreZ'la davantage. 

SESQUIALTERE. — - Qui doit-il être prononcé ki ou cuif 

SEUL... signifie aussi. Unique. Il n'y a qu'une seule personne qui 
vous en puisse donner des nouvelles. C'est le seul homme qui vive d£ 
la sorte. Vous êtes le seul qui Tait fait. Voilà les seules raisons que 
vous puissiez alléguer. — Et ailleurs : 

(à De) C'est, de tous ces monuments, le seul qui soit resté debout. 
(à Soumission) Ce régiment est le seul qui ait tardé à faire sa soumission. 
(à Unique) C'était l'dnique capitaine, l'unique orateur qu'il y eût en et 
temps4à. 



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— 275 — 

Les grammairiens donnent pour règle qu'après le seul on doit em- 
ployer le mode subjonctif, et l'on voit que l'Académie nous oflre plu- 
sieurs exemples qui viennent à l'appui. Mais cette règle n'est pas sans 
exceptions, car dans ce même article nous lisons : 
La sbulb loi qu'il faut suivre, 
(à Adresser) Je m*adresse à vous comme à la seule personne de qui j§ 
PLIS attendre quelqm secours. 
Nous regrettons de n'avoir pas trouvé un plus grand nombre d'exem- 
ples avec le mode indicatif, ce qui nous eût peut-être permis d'en 
déduire une règle; mais nous croyons néanmoins pouvoir dire que 
l'indicatif affirme et donne à la phrase plus d'assurance. 

L'Académie nous offre aussi un exemple avec le conditionnel ; 

C'est LE SEUL danger qu'on pourrait craindre. 
Ce temps ne nous semble pas présenter de différence appréciable 
avec le présent du subjonctif : CesC le seul danger qu'on puisse 
craindre. 

Quant ;\ ces deux exemples : « C'est le seul bien qui me reste; 
C^estj de tous mes biens, le seul qui me reste » , il est difficile de dire 
quel mode l'Académie a voulu employer; cependant l'analogie nous 
fait présumer que c'est le subjonctif. Il doit en être de même pour 
cette phrase qu'on lit à l'article Unique : « On ne trouve plus ce livre j 
j'en ai Tunique exemplaire qui reste. » 

SÉVE. — L'Académie écrit ftve avec un è, stve avec un ë, et trÈve 
avec un e\ Pourquoi figurer de trois manières différentes une pro- 
nonciation qui doit être la même? L'accent grave est le seul qui de* 
vrait être employé. 

SÉVÈRE. — Il manque ici l'expression sévère àj qu'on trouve à l'ar- 
ticle À : Sévère à lui-même, 

SEXTUPLER. Rendre six fois plus grand, multiplier un nombre par 
six.— L'Académie définit sextuple « Qui vaut six fois autant, et non, 
six fois PLUS. » Voy. Septupler. 

SI... est aussi comparatif, et signifie Autant, aussi; alors il ne s'em- 
ploie qu'avec la négation. Il n'est pas si riche que vous. Il ne se porte 
pas si bien. Il ne fait pas de si beaux vers. — Que'ques grammairiens 
ont donné pour règle que lorsqu'une phrase est négative il faut em- 
ployer si et non aussi; mais cette règle n'est pas absolue, tant s'en 
faut, et nous lisons dans le Dictionnaire de l'Académie : 

(à Aussi) Cet ouvrier ne travaille plus adssi bien qu'autrefois, ne travaille 

plus AUSSI bien. 
(à Passer) Cette femme îi'est plus aussi belle, elle se passe, 
(à Mais ) Elle îi'est pas aussi jolie que sa sœur, mais elle est plus spirituelle. 
(à Personne) Je ne connais personne d\vssi heureux que cette femme. 
(à Paématuré) Les fruits prématurés ne sont pas ordinairement d' aussi 

bon goût que les au^tres, 
(à Proportion) Il ^'est pas aussi bien payé que Vautre à proportion. 
(à Vanneau) Le vanneau v^'est pas aussi bon à manger que le pluvier. 



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— 276 -^ 

Il en est de même pour Tant et autant. Si d'un côté Ton trouve : 
(à Que) Rien ne Va tant affligé que cette nouvelle. 
( à Tant) Rien ne m'a tant fâx^hé que cette nouvelle, 
(à Quart) Il N*a pas le quart tant de peine que vous. 
(à Rassurer) Rassurez-vous, il n'j/ « p(W tant d craindre que vous pensez. 

d'un autre on lit : 

(à Nourrir) Les fruits, les légumes ne nourrissent pas autant que laviand$. 
(à Autant) // ne fait pas autant de froid qu'hier. 

Cette dernière phrase nous semble laisser à désirer. Voy. Autant. 

SI, — Peut-on employer l'expression si... que de, pour signifier 
Assez... pour, au point de? Cela nous paraît probable, et cette expres- 
sion devrait se trouver ici, puisqu'on la rencontre dans plusieurs 
articles du Dictionnaire de l'Académie. Voy. Oser. 

siBYiXE... La sibylle de Cdmes. La sibylle Erythrée. — Voy. Forêt. 
Il était d'autant plus important de mettre d^ Erythrée, que la plupart 
des lecteurs croiront qu'Erythrée * était le nom de la sibylle, tandis 
que, si nous ne sommes dans l'erreur, elle se nommait Hérophile. 

SIFFLET... // n'y a pas assez de sifflets dans Paris pour une aussi 
mauvaise pièce. — Il nous semble que cet exemple n'exprinae pas une 
comparaison, et qu'il aurait fallu employer si au lieu d'^aussi, corame 
l'académie l'a fait dans les phrases suivantes : 

(à Gagner) Une si forte somme ne se gagne pas en un jour, 

(à Prix) L'opprobre est le prix, est le juste prix d'une conduite si infâme. 

SIGNET. (Le G ne se prononce pas.)—- Il fut un temps où cette pro- 
nonciation était à l'ordre du jour, puisque La Fontaine supprimait le^ 
même dans l'écriture ; ainsi il écrivait maline, assinée, sine, au lieu 
de maligne, assignée, signe, pour rimer avec machins (Fabl. VI, 15), 
avec hy menée (Fabl. VI, 20), et avec tnine (Épître à M™* de G***); 
mais aujourd'hui l'on revient à prononcer le g dans signet, comme 
on le fait depuis longtemps dans les trois autres mots. 

SILENCIEUSEMENT, adv. — Cet adverbe, omis par l'Académie, nous 
paraît essentiel. Il passa silencieusement sous le canon de VermerM, 
Il vivait silencieusement dans son ermitage. 

SIMULTANÉ, ÉE, adj... Plusieurs écrivent encore Simultanée, v\ 
masculin. — L'Académie a fait la même observation à l'article Spon- 
tané, mais elle aurait pu la faire également aux adjectifs cétacé, 
crustacé, ostracé, testacé, — cutané, igné, instantané, mome^Uané, 
pédané, simultané, — éthéré, etc., que les auteurs avancés en âge 
écrivent encore comme elle le faisait elle-même en 1762 : cétacée, 

1. Erythrée, synonyme grec et latin de Bouge (la mer Rouge n'est qu'une partie de la mer 
érythrée ), est aussi le nom de la ville d'Ionie où résidait la sibylle. Quelques géographes, 
il est vrai , écrivent Ërythie ou Erythres, mais la plupart conservent l'ancien nom d* Erythrée. 
Quel que soit celui qu'on veuille donner à cette ville, nous ne pensons pas qu'on puisse dire 
aujourd'hui la sibylle Érythréb, de même qu'on ne dirait pas lasibylleCuuÉB (pont la sibylle 
DB Clmbs), bien qu'on trouve dans les 2; 3* et 4« éditions du Dictionnaire de l'Académie 
la sibylle Érythrée, la sibylle Cumée» 



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— 277 — 

cutanée, éthérée ^, etc. Roquefort, dans son Dictionnaire étymologique 
imprimé en 1829, écrit cétacée, bien qu'il supprime Ve muet dans 
teslacé; et Lemare, dans son Dictionnaire par ordre d'analogie, im- 
primé en 1820, après avoir écrit crustacé, herbacé, oslracé, etc., met 
Ve muet dans tous les adjectifs terminés par né et en fait ainsi des 
adjectifs des deux genres : cutanée, extemporanée, graminée, instan- 
tanée, momenta9iée, simultanée, spontanée, staminée, subterranée, 
succédanée. Aujourd'hui aucun de ces adjectifs ne prend Ve muet au 
masculin, excepté graminée, et probablement il ne faut voir là qu'une 
distraction. Voy. Graminée. — L'Académie a très-bien fait de suppri- 
mer Ve muet dans Linné, quoique la plupart des auteurs écrivent 
encore Linnée ; espérons qu'elle ne tardera pas à écrire un scarabé * 
et surtout un sigisbé, peut-être même des miscellanés. 
SIMULTANÉMENT, adj. — Lisez : adv. 

SIRTES, s. f. pi. Sables mouvants, tantôt amoncelés, tantôt disper- 
sés, et souvent très-dangereux pour les navires. Il n'est guère usité 
parmi les marins. — Pourquoi écrire par un i simple ce mot fort peu 
connu, puisqu'il prend un upsilon en grec et un y en latin (surtis, 
syrtes)1 Nous demanderons encore qui emploie ce mot, si les marins 
n'en font pas usage, car nous ne nous souvenons pas de l'avoir vu 
ailleurs que dans Boileau {Art poétique, ch. III) : 

Que Neptune en courroux s'élevant sur la mer, 

D'un mot calme les flots, mette la paix dans l'air, 

Délivre les vaisseaux, des syrtes les arrache; 

C'est là ce qui surprend, frappe, saisit, attache. 

mais Boileau, en véritable amant de l'antiquité, écrivait syrtes, et les 
auteurs du Supplément de 1696 faisaient de même. 

SIXAIN. — L'Académie a transformé en z Vx de dix dans les mots 
dizain et dizaine, et celui de six dans sizette, mais elle conserve l'a? 
dans sixain. 

SOBRIQUET, s. m. Sorte de surnom, qui le plus souvent se donne à 
une personne par dérision , et qui est fondé sur quelque défaut de 
corps ou d'esprit, ou sur quelque singularité. Sobriquet offensant, 
injurieitx, plaisant, ridicule. Donner un sobriquet. Il y a des sobri- 
quets qui sont devenus les surnoms de certaines familles illustres. — 
L'Académie, qui a donné de nombreux exemples de surnoms, n'en 
donne pas un seul de sobriquets; cependant il n'en manque pas dans 
l'histoire; et puisque dès la troisième édition elle a mis à l'article Sur- 
nommer l'épithète de balafré {Guise le Balafré), qui était d'abord à 
Sobriquet, elle aurait pu remplacer ce nom par Charles le Mauvais^ 
Guillaume le Roux, Louis le Débonnaire, /?o6er^ Courte-heuse '*, 

1. Au mot Éthéréb (3« et 4» éditions) où l'Académie dit « adjectif de tout genre », elle met 
pour exemple Corps éthéré, en sorte qu'on ne sait où est la faute typographique, 

2. Dans les OEuvres d*Arago, revues par M. J/A. Barrai , on lit « un scarabé ■ . 

3. Heuse se disait autrefois pour Botte, chaussure. Populairement on appelle encore aujour- 
d'hui courte-botte un petit homme. 



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— 278 — 

CooRTE-BOTTE , CouRTE-cuissE , stc, Nous pcDsons quc Tépithètc de 
Plantagenet, qui a été donnée à une série de rois d'Angleterre, était 
dans le principe considérée plutôt comme un sobriquet que comme 
un surnom; peut-être même l'Académie a-t-elle voulu faire allusion 
à des sobriquets de ce genre en disant qu'il y en a qui sont devenus 
les surnoms de certaines familles illustres *. Chacun sait que Geoffroi V, 
surnommé Plantagenet à cause d'une branche de genêt qu'il portait 
ordinairement à sa toque, fut la souche de la dynastie des rois d'Angle- 
terre d'origine française. 

SOIERIE. — Nous sommes loin de demander qu'on supprime Ve mé- 
dial, comme on l'a fait dans le Dictionnaire de l'Académie aux mots 
plaidoirie, voirie, et dans le Complément de cet ouvrage au mot cor- 
roirie; mais nous croyons qu'on aurait dû indiquer la prononciation 
soirie, qui est généralement adoptée. 

SOLÉCISME, s. m. Faute contre la syntaxe. Faire un solécisme. Il y 
a un solécisme dans cette pAra^e.— L'Académie, qui a eu soin de don- 
ner plusieurs exemples de barbarismes, aurait dû faire de même pour 
les solécismes ; elle n'en donne pas un seul. 

SOLEIL... Entre deux soleils, Entre le lever et le coucher du soleil. 
Marcher, voyager entre deux soleils. Suivant d'anciennes ordonnances, 
l'argent daroi ne se voitarait ç^^'entre deux soleils.— Il semble qu'il 
aurait fallu dire : Entre le coucher et le lever du soleil; de cette ma- 
nière du moins il y a deux soleils, celui du premier jour et celui du 
second ou du lendemain ; mais l'usage, accepté par l'Académie, compte 
le soleil levant et le soleil couchant pour deux soleils, bien que cet 
astre n'ait pas quitté l'horizon. 

SOUBRESAUT, S. m. — Ajoutcz : On prononce la dernière s forte, 
comme dans Saut. 

SOURCILLEUX, EUSE, adj... Un front sourcilleux. Un front où se 
peint l'orgueil. Il veut dire aussi , Un front empreint de tristesse, un 
front chagrin, inquiet. — Nous comprenons qu'on dise Un front sour- 
cilleux pour Un front sévère, un front où se peint l'orgueil ; mais 
dans l'autre acception nous croyons que soucieux est préférable. 
L'Académie dit « Air soucieux. Mine soucieuse », et Cas. Delavigne, 

Sur ton FRONT SOUCIEUX 

Je vois passer une ride légère. 

1. On sait combien les Romains faisaient usage des sobriquets : Ciecron était ainsi appelé * 
cause d'une petite verrue en forme de pois (eicer) qu'il avait sur le ner; les sobriquets Flaù- 
cWt Nasica, signifiaient Qui a de longues oreilles, un gros nez. — Tout le monde coanattles 
sobriquets ou surnoms de Philadelplie, Pttilopalor, Philométor, etc., donnés ironiquement à 
ceux des Ptolémées qui étaient soupçonnés d'avoir abrégé la vie de leurs frères, de leur père, 
de leur mère, ou tout au moins de leur avoir porté une haine violente; — Holémée VII avait 
tryis surnoms : Éveryèle {hienMteui), Kakergète {maXîaisaint), /^Ay«con (ventru ).— On connaît 
également ceux qui ont été donnés à différents Charles, Louis, Plùlippes, «te. : Charles /<* 
CJiauve, le Gros ou le Gras, le Simple, l'Insensé, le Téméraire, etc.; — Louis le Bèffue, U Fai- 
néant, le Hutin; — Philippe le Long, le Bel, etc. 



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— 279 — 

SOCS-MULTIPLE) adj. des deux genres... Trois est un des sous-mmU 
tiples de douze. — Dans cet exemple, le mot sous-muUiple est em* 
ployé comme substantif (on des sous -multiples) et non comme 
adjectif; nous présumons donc que l'article présente une omission 
typographique, et qu'il faut lire : « Trois est un des nombres sous- 
multiples de douze. Il s'emploie aussi comme substantif. Trois est 
un des sous-multiples de douze. » 

SOUTENEMENT, S. m. ( Quelques -uns écrivent, Soutènement.) — 
L'Académie écrit entreltnement avec un è, ttnement avec un é, et 
soutEnement sans accent. Il nous semble que ces trois mots devraient 
prendre l'accent grave, et que cette fois encore ce sont les quelques- 
wis qui ont raison. Voy. Sève. 

SOUVENIR, s. m... Rappeler le souvenir... —- Quelques personnes 
pensent qu'il vaudrait mieux dire simplement Rappeler un fait, une 
victoire, une action généreuse, etc., que Rappeler le souvenir d'w» 
fait, etc. 11 nous semble qu'elles ont parfaitement raison, car le mot . 
souvenir n'ajoute rien à l'idée, ne rend pas la phrase plus intelligible. 
Il y a là un désir de concision analogue à celui qui fait dire à l'Aca- 
démie, à l'article Rappeler « Se rappeler quelque chose dans la mé- 
moire, ou simplement et mieux. Se rappeler quelque chose. » — Il est 
bien évident que cette proposition ne touche nullement aux expres- 
sions poétiques, telles que Rappeler de douloureux souvenirs, etc. 

SPÉE, s. f. T. d'Eaux et forêts. Bois d'un an ou deux. On dit aussi 
Cépée. — KQitHf. nous lisons : « Cépée, s. f. T. d'Agricult., Toufife de 
plusieurs tiges de bois qui sortent d'une même souche. Faire la coupe 
des CÉPÉES de saules. » Il nous paraît évident que cépée ou cepée est 
l'expression correcte, et que spéc n'en est qu'une altération. C'est une 
faute contraire à celle qui fait dire huile rf' aspic pour huile de spic. 
SPONTANÉ, ÉE, adj... Plusieurs écrivent encore spontanée au mas- 
culin. — Voy. Simultané, ée. 

SQUAMMEUX, EUSE. — L'étymologie (squama, squamatus, squor- 
meus, squamosus, etc.) ne demande qu'une m: ne devrait-on pas s'y 
conformer comme on le fait pour le composé desquafnation? La plu- 
part des savants écrivent sqiiamsux. 

SQUELETTE, s. m. — A la lettre A, nous demandons i\\3L^ amulette 
(Voy. ce mot) soit du genre féminin, conformément à l'usage, ou bien 
qu'il s'écrive amulète, parce que les substantifs de cette désinence 
sont généralement masculins, tandis que la terminaison ette ne com- 
prend que des féminins, excepte amulette et squelette. La même rair- 
aon nous engage à proposer l'orthographe squelète, et nous avons 
pour nous les étymologies grecque et latine, skelelôs, sceletus. Nous 
ajouterons que dans les deux premières éditions et dans le Supplé- 
ment de la première on trouve squelète, sans réduplication du t. 

SQUIRRE, s. m. (Quelques-uns, se conformant à l'étymologie, écri- 
vent, Sjqmrrhe et Sqmrrheux.) —Puisque l'étymologie réclame L'a, 



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_ 280 — 

rAcadémie aurait dû la rétablir dans ce mot comme elle Ta fait dans 
aphthe (pour la dernière syllabe), catarrhe, zoolithe, etc. 

STAGNATION. — Le ^ doit-il être prononcé dur dans ce mot comme 
dans stagnant? Nous le croyons, mais l'Académie devait le dire. 

STATUE, s. L.. Stattte équestre. Statue pédestre. Statue curule. — 
Aux articles Équestre, Pédestre, l'Académie nous apprend qu'une 
statue équestre représente une personne à cheval ; une statite pédestre, 
un homme à pied ; mais à Curule elle a oublié de nous dire ce que 
c'est qu'une statue curule. Serait-ce une statue qui représente un 
magistrat romain dans sa chaise curule? L'omission commise à la 
lettre C devait être réparée ici par une définition. 

STENTOR... Une voix de stentor, une voix forte et retentissante.— 

— Pourquoi l'Académie n'écrit-elle pas Stentor avec une majuscule, 
comme elle l'a fait dans ces phrases : Cest une Agnès, C'est un Cré- 
sus. Je ne suis pas un Œdipe? Voy. Mentor. 

STÉRÉOTYPE, adj. des deux genres. T. d'Impr. Il se dit Des ouvrages 
imprimés avec des pages ou planches dont les caractères ne sont pas 
mobiles, et que l'on conserve pour de nouveaux tirages. Avec le temps 
les éditions stéréotypes deviennent parfaitement correctes. — Stéréo- 
TYPER, V. a. T. d'Impr. Imprimer un livre avec des pages ou planches 
solides, au lieu de formes composées de caractères mobiles. On a sté- 
réotypé Racine, Corneille, etc. 

Il nous semble que dans ces deux articles on a omis la vraie signi- 
fication, le sens primitif. Stéréotyper doit signifier d'abord Rendre 
solides, souder en un seul bloc les caractères mobiles avec lesquels 
on a composé des pages; c'est l'opération qu'a remplacée le clichage. 

— Quant à l'adjectif, il a dû être auparavant substitutif et se dire, des 
pages stéréotypées. MM, Herhan et Didot sont les premiers qui aient 
stéréotypé des caractères, des pages, qui aient produit des stéréo- 
types. Les stéréotypes d' Herhan et Didot sont très-estimés. L'emploi 
de stéréotype comme substantif est fréquent , et il aurait été conve- 
nable d'ajouter cette dénomination. 

STERLING, s. m. Monnaie de compte en Angleterre. Il ne se dit point 
seul et il est invariable. Une livre sterling. La livre sterling vaut en- 
viron vingt-cinq francs. Cinquante sous sterling... Denier sterling. 

Que sterling soit invariable, comme adjectif du moins, nous l'accep- 
tons volontiers ; mais pourquoi l'appeler substantif, quand on le joint 
à un substantif? Jamais on n'a dit que les mots tournois et parisis 
fussent substantifs dans une livre, un sou, un denier tournois; franc, 
sou, denier parisis. — ]\ous ne disons pas que sterli?ig soit toujours 
un adjectif; car nous l'avons vu employé comme substantif dans Aug» 
Thierry, Conquête de l'Angleterre, liv. X, p. 211 : « Je vois à ton dis- 
cours qus tuas déjà flairé les sterlings du roi d'Angleterre. » 

STRAS, s. m. (On prononce l'S finale.) Composition qui imite le 
diamant et qui tire son nom de celui qui en est l'inventeur. — On dit 



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-^ 281 — 

que l'inventeur se nommait Strasze; et puisque son nom devait être 
altéré, il nous semble qu'il valait mieux écrire strass^ ce qui aurait 
indiqué naturellement la prononciation, car c'est ainsi que l'Académie 
la donne à De profdndis (On prononce Déprofondiss), 

STYPTIQCE, adj. des deux genres. T. de Médec. Qui a la vertu de 
resserrer. Plante astringente et styptique. — Slyptiqne n'a pas d'autre 
signification ({xx' astringent, et l'on ne peut expliquer ici l'emploi simul- 
tané des mots astringente et slyptique que par l'usage assez fréquent 
que nous faisons de ces synonymies : On sait vos faits et gestes ; 
H n*a ni honte ni vergogne; Être toujours par voie et par chemin; 
Voire même ; Voils avez beau tourner et virer , etc. Mais en matière 
de définitions on doit éviter les redondances, à moins qu'elles ne 
donnent plus de force à la pensée, en exprimant des nuances ou une 
gradation. — On retrouve des exemples de ces synonymies superflues 
à Pesant, TÉNÉBREUX, etc. : Machine lourde et pesante; Il est sombre 
et TÉNÉBREUX, il a l'air sombre et ténébreux. 

SUCRIN, adj. m. Qui a le goût de sucre. Il ne se dit guère qu'en 
parlant Des melons. Melon sucrin.^U n'aurait pas été superflu d'ajou- 
ter « On dit aussi Melon sucré » , puisque cette variante se trouve à 
Sucré pris adjectivement, et à Melon, où il occupe la première place 
« Melon sucré ou sucrin ». 

Mais ce n'est pas là ce qui nous a principalement engagé à relever 
cet article ; c'est l'expression « Qui a le goût de sucre » employée 
dans la définition. Il nous semble qu'il fallait dire, comme l'Académie 
l'a fait dans une des définitions de Sucré « 11 se dit adjectivement Des 
fruits, des légumes qui sont fort doux, qui ont le goût du sucre » ; car 
lorsque le premier substantif est précédé de l'article défini, il faut ré- 
péter ce même article devant le second, ou y mettre l'article indéfini; 
mais si le premier substantif est précédé de l'article indéfini , le se- 
cond ne prend pas d'article. Nous lisons : 

(à Air ) Prendre Vair dd feu, ... dn air de feu. 

(à Quartier ) Faire les visites du quartier. ... des visites de quartier. 

(à Langue) Mince comme la langue d'un chat. ... comme une langue de chat. 

(à Squelette) Le squelette d'ln cheval. Un squelette n'homme. 

Cependant nous trouvons dans le Dictionnaire de l'Académie des 
exceptions dont nous ne nous rendons pas compte, et que nous 
croyons devoir mentionner : 

(à Vent) Les quatre vents principaux ou cardinaux sont : le vent du nord, 
le vent du sud, le vent n'est, le vent n' ouest. 

Nous présumons qu'ici l'usage a suivi la règle devant les mots qui 
commencent par une consonne, mais que l'habitude d'abréger autant 
que possible , habitude dont on voit la trace dans une foule de locu- 
tions, a fait supprimer l'article devant ceux qui commencent par une 
voyelle; au lieu de dire le vent de Vest, de h' ouest, comme on dit le 
vent DU nord, du sud, on dit le vent xi est, n^ ouest. 

36 



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^ 882 ^ 

Toi^L^fQisi U^ r^e n'^i ps^ mto^ çpna^ta^ car oq IH 
(à Sui>) (« vmt PU <^, l# vatt,^ PU fi^. 
(ê^ Sud-est) Le vent du £w2-e^t, ^6 «xetU D^t sud-est, 

La même irrégularité règne dans les locutions relatives aux sacie- 
m^^^, mais en sens inverse, c'est-à-dire qu'on met l'anlicle devant 
left mots qui commencent par une voyelle et qu'on le supprime devait 
qe^ qui CQmmen^ent par une consonne : 

(Il Eochamstib) Le aacremm^ w L'eucharistie^ 

(à Sa^rpiisnt) Le sacret9ent ui hoftéme, pe con/irma^iiQtf, de vM/rktoe, «(c. 

(à PIivit^ce^ Le sçmrem^i^ P^ pimtenc^K 

Quant à. Veaptrême-anction et aux archrMj, nous. »e trouvo^ auoon 
exemple où ils soient précédés du mot sacrement. 

SUFFIRE, V, n. (Je suffis y tu suffis, il suffit; nous sufis&us, voua at§- 
s^j ilsi sitffi^^nln Je suffisai$. J'ai suffi. Je sucrai. Je suffirai» Su/fis, 
^ffi^ez^ Que j^ suffise,) — L'Académie n'a mis ni passé défini ni im- 
parfait du subjonctif; ne peut-on donc pas dire : « Pendant cêS trois 
cmnëes, je suffis, notre modique revenu sofpit à l'entretien^ de ma 
mère et au mien. H fallait que cette modique somme suffît pwr 
élever trois orphelins »? 

S|JFFi$A2ii9IEiiT. Adv. Asse». H a d/u bien sufj^amment pour vivre. Il 
a ^suffisamment de bien pour vivre d'une manière agréable. Il fë du 
mpnd^ suffi^a^nment. Il y a suffisamment de monde* Ce fermier n'aura 
pas DE blé suffisamment pour vivre et pour semer, — On a mis : « Ce 
fermier n'aura pas db blé suffisamment,,. » , probablement parce que 
la plwase est négative ; mais si l'on doit dire Je n'ai pas de W«V ^^ 
n'ai pa^ T>'argent, Ce général n'a pas i>e troupes j nous croyons qu'il 
fftut mettre l'article {du ou de le, des pour de les) dans ces phrases: 
Je n'a^ pas bu blé en quantité suffisante pour ensemencer toutes ees 
terres ; Je n'ai pas rb h*arg^nt assez abondamment pour pa^ef les 
dettes que vous avez contractées ; Ce général n'a pas des troupes in 
nombre suffisant, ou, des troupes suffisantes pour Hmier q, l'ennemi. 
Lorsqu'un suj^stantif est déterminé par un acyectif , par uû adverbe 
ou une locution équivalente , il doit être précédé d>e l'article -, il nous 
semble donc que dans la phrase ci-dessus il faut mettre, Ce fermier 
n'aura pas du blé suffisamment pour vivre et pour semer, liais nous 
croyons qu'il serait encore mieux de dire Assaa de blé, et qu^ gé- 
néral on doit éviter de donner un complément à l'adverbe suffisoMr 
ment; ainsi au lieu de. Il a suffisammSiNt de bien pour vivre; Il y et 
SUFFISAMMENT de mondc pour remplir cette salle, nous dirions, Il « 
ASSEZ de bien, il y a assez de monde^ etc, 

suFFBAtiANT, adj. m. 11 se dit d'un évêque à l'égard de son métKK 
politain. Les évêques de Chartres, d^ MeauXj d'Orléans ^t de B(çi$ 
sont suffragants de l'archevêque de Paris, — Il s^emploi^ plus ordi- 
nairement comme substantif^ t^'archevéqu^ d^ Tours a pour sb* ««/- 
fragants les évêques d'Angers^ du Mfii^, de Nçbnte^j ^Ic. 



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-* 265 -^ 

Cette définition * Il se dit d*un évoque à l'égard de son métr6{ï6- 
iitain » iie sera certainement pas comprise de tout le monde; en 
disant %tt(fe les évéquès de ChaHres, 4è Mtaux, êtù.j soM suffragtmts 
de Vûtùkèvéque de Pafi^, reût-on dire que ce sont âes subordonnée 
iiâffiôdiatB? — Quant à cette phrase « l'archevêque de Tourte a pàtit 
SES sujfragants les évêques d'Angers, etc. » , ttOUô Crôyôï» ^ùll feertitt 
vàiè^x de supprimer Ttidjectif 5^^ c^t où dirait J'ai poûY êlëdés, 
j'ai ^mptmm'fifii^, etc^, MM,., et non» fwi pmr ^ks S^e^, p&»r Mirt 
cf>tnmù...i Secrate eut powh disciples (et tion "pour à«te dintipim) 
Xënùphon, Platûn, AHtislhênej, Arislippe, Phédon, EucUde, Vriton, elè. 
— Enfin, puisque l'Académie a expliqué ce que sont les pasteurs, 1)6» 
nainistres et les proposants dans la religion protestante, il aurait été 
bi^èîi de dire aussi ce qu'on y appelle suffragant. Le suffragant est un 
ministre qui aspire à la charge de pasteur, et qui en remplit certaines 
fonctions comme suppléant des pasteurs malades ou eu vacances. 
Après avoi^ été suffragant il devient ordinairement pasteUr. 

SUITE ^ s. f... .4 ^ suite se construit encore avec quelques autres 
verbes, et signifie Après, Marcher, entrer à la suite de quelqu'un, Mat*- 
cher, entrer après lui. — Il aurait été bon de donner ici uil ou dètlx 
exemples pour montrer s'il faut dire Les uns à la suite des autres ou 
A liA stJiTE LES UNS des autres. Bien des personnes Croient que la 
première de ces constructions est la seule qu'où doive employer; 
cependant nous lisons : 

(à QoEDB) A la quêuè leu leu, Jeu d'enfantà, ainsi apf^elé parce ^'à ce Jeu 
on marche À la sote les utis des autres, comme Marchent 
les loups, qu'on appelait autrefois Leux. 
(à Sospensif) En Grammaire, Points suspenses, Plusieurs pdntt mis À la 
SUITE LES UNS des autres pour marquer suspenûon ou ia- 
terruption du sens. 
8UITE» — L'Académie donne à tout de suite deux acceptions trèô- 
difiRérentes, et cela nous paraît fâcheux, parce qu'en toute chose le 
premier mérite est d'être clair; la clarté, nous répète-t-on chaque 
joun est le plus beau privilège de la langue française. Voici ce q\w 
dit l'Académie : « De suite, loc, adv. L'un après l'autre, sans in- 
terruption, faites "les marcher de suite. Il ne saurait dire deua 
mots DE SUITE. — Tout de suite, loCê adv. Sur-le-champ* Il f&ut 
qm les enfants obéissent tout de suite. Quand vous aurez reçu ma 
lettre, iwws le ferez partir tout de suite. » 

Jusqu'ici c'est bien; l'Académie nous donne deux locutions diffé-^ 
rentes pour exprimer deux choses qui n'ont pas de rapport; mais elle 
ajoute <t 11 (tout de suite) signifie aussi, Sans interruption. H bui 
trois rasades tout de suite. Il a couru vingt postes tout de suite. Dans 
oe sens* souvent on dit simplement, De suite. Il a couru vingt postes 
de suite* » — Puisque la bonne locution est souvent employée, il 
aurait été mieux de ne donner que cell«-là^ 



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— 284 — 

smvER, V. a. (Quelques-uns disent Suiffer.) Enduire de suif. — 
L'analogie avec tarif, tarifer, demandait suifer avec une seule /. 

SUIVRE. — Dans cet article nous ne voyons rien qui nous apprenne 
si le participe suivi demande après lui de ou par, et dans tout le 
Dictionnaire nous n'avons su trouver que cet exemple : // arriva, 
suivi D'tm cortège d'enfants. 

Nous croyons que lorsqu'il s'agit d'une escorte, d'un cortège, quand 
suivi est pris dans le sens Raccompagné, on emploie généralement la 
préposition de, et que, lorsqu'il est synonyme de poursuivi, il faut 
par, comme dans cette phrase : Il était suivi de près, de loin, par la 
police, qui était à ses trousses. Si notre observation est exacte, il serait 
utile de donner cette indication. Mais il y a aussi le sens figuré, 
qui demande l'emploi tantôt de l'une, tantôt de l'autre de ces prépo- 
sitions, et dont il faudrait également présenter des exemples. 

SUJET, ETTE, adj. Soumis, subordonné, qui est dans la dépendance, 
qui est obligé d'obéir. Notis sommes tous sujets aux lois et aux cou- 
tumes du pays où nous vivons. Le fils doit se regarder comme sujet h 
son père. Je ne veux pas être sujet à ces conditions-là. Être sujet 
aux ordres de quelqu'un. — Tous ces exemples, à l'exception du der- 
nier, se trouvent, avec de légères variantes, dans la première édition 
du Dictionnaire. Nous croyons qu'aujourd'hui sujet ne se dit plus 
guère dans ces diverses acceptions, et qu'on substituerait à ce mot 
précisément ceux qui lui servent de définition. Nous sommes tous 
soDMfs aux lois et aux coutumes.... Le fils doit se regarder comme 
SUBORDONNÉ à SOU père. Je ne veux pas être assujetti ou m'assdjettir 
à ces conditions-là, etc. 

SUPPOSITION, s. f. Proposition que l'on suppose comme vraie ou 
comme possible, afin d'en tirer quelque induction. Dans la supposi- 
tion qus vous faites, il' faudrait que... Il ne faut point faire de suppo- 
sitions de choses qui soient contradictoires. — A l'article Suffisamment 
nous avons demandé l'emploi de l'article dans cette phrase. Ce fer- 
mier n'aura pas de blé suffisamment pour vivre et pour semer, parce 
que le substantif est pris dans un sens déterminé. Il nous semble 
qu'ici le cas est le môme, et que malgré l'adverbe poifit, qui est plus 
exclusif que pas, il faudrait dire , // ne faut point faire des suppo- 
sitions de choses qui soient contradictoires, de môme qu'on dirait. Il 
ne faut point répandre, même sur ses ennemis, des bruits capables 
de flétrir leur réputation; Il ne faut point faire des suppositions aussi 
ridicules que celles que nous venons d'entendre. 

SUR... signifie À, dans quelques phrases qui expriment Addition. Il 
fallut mettre quatre chevaux sur cette voiture pour la tirer du bour- 
bier. — Dans les précédentes éditions il y avait sur ma chaise; mais 
malgré la modification introduite dans la dernière, la phrase n'est pas 
beaucoup meilleure; et parmi ceux à qui l'on dirait. L'accumulation, 
la hauXeur des neiges força de mettre six chevaux sur la voiture, il 



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— 285 — 

pourrait se trouver des gens assez mauvais plaisants pour demander 
si on les mit sur la voiture dans la crainte qu'ils ne fussent engloutis. 
Pourquoi ne pas dire à au lieu de sur? 

Dans cet article nous ne voyons pas sur employé pour aux dépens 
de. En voici des exemples que nous avons trouvés ailleurs : 

(à GoMMim) Vivre §ur le commun. Vivre aux frais d*uae société, sans 
payer sa part de la dépense commune. Il signifie aussi, 
figurément, Vivre habituellement sur le tiers et scr le 
quart. 
(à Paysan) Les gens de guerre vivent sur le paysan. 
(à Vivre) Il vit aux dépens d* autrui, sun le commun, aux dépens du 
commun. 

Si la préposition sur ne doit plus être employée dans cette accep- 
tion, il serait bien de supprimer les phrases où elle se trouve; dans 
le cas contraire , il faut mettre ici des exemples analogues à ceux que 
nous venons de citer. 

SÛR, ÈRE, adj... signifie aussi. En qui on peut se fier. C'est un ami 
sûr. Un domestique sûr. Ce banquier est sûr. LHnstinct est un guide 
sûr. J'ai un sûr garant de ce que f avance. — Il manque ici un exem- 
ple qui nous semble n'être pas sans utilité : Vos papiers, vos titres 

sont EN MAIN SÛRE, EN MAINS SÛRES. 

SUR -ALLER, SUR - ANDOUILLER , SUR -ARBITRE. ~ PourquOi CCS 

mots prennent-ils un tiret? Nous ne Voyons pas de motif pour écrire 
sur-aller et surmonter j sur-andouiller et surabondance, sur-arbitre 
et surintendant. 

SURCOMPOSÉ, ÉE, adj. T. de Gramm. 11 se dit des temps des verbes * 
dans la conjugaison desquels on redouble Tauxiliaire Avoir. J' aurais 
EU FAIT, vous AURIEZ EU DIT, so7it dcs tcmp's surcomposés. Il est peu 
usité. — Pourquoi peu usité? L'emploi du mot ne doit pas être plus 
rare que celui de la chose. Voici d'autres exemples de temps surcom- 
posés que nous avons trouvés dans le Dictionnaire : 

(à Après) Après que vous avez eu parlé, il s'est retiré.' 

(à Avoir) Sans lui, j'aurais eu dîné de meilleure heure, 
là. Dès que y ta eu fini. 

(à Peupler) V alevin qu'il a jeté dans son étang Va eu bientôt peuplé. 

(à Partir) Vous w'avez pas été plutôt parti qu'il est arrivé. 

Dans ce dernier exemple nous mettrions volontiers Vous w^étiez pas 
plus tôt (Voy. Plutôt) parti..., ou mieux, A peine étiez-vous parti... 

SURET, ETE, adj. Diminutif de Sur. — Puisque TAcadémie double 
le t pour le féminin dans duret, ette, diminutif de dur, comme dans la 
plupart des adjectifs de cette terminaison, aigret ou aigrelet, clairet, 
douillet, fluet, muet, sujet, violet, etc., il aurait mieux valu ne pas 
ajouter une exception aux six qui existent ( complet, concret, discret, 

1. n nous semble qu'il aurait été mieux de dire des tbmps db verbes, car le complément 
dans la conjugaison desquels, etc., se rapporte aux temps de verbes et non aux verbes. 



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- 286 - 

iftçiwfél^ rtp^lj secret, et leurs cûiïiposés incomplet, indiscret), Sî ce« 
derniers mots ne doublent pas le t au féminin, il y a du môinà à 
cela une raison d'étymologie. 

siTBPASSER, T. a. Excédef, être plus haut, phis élevé. CHasvAPk^hE 
la muraille de déUx pieds. H eU heemcoup plus grand qtt^ lui, il le 
SI7APASSE de toute là tête. — Au verbe Passer .nous lisonB : « Passer 
signifie aussi, tant au sens physique qu*au sens moral, Aller au delà, 
excéder... La doublure passe le drap. Des bas qui dopassent point le 
genou. Cet arbre passe la muraille de deux pieds. Cet homme vous 
passe de toute la tête. Il ne faut pas que cela passe d'un cheveu. Ce 
rire ne passe pas les lèvres. » — Et à Dépasser : « Dépasser signifie 
aussi. Être plus long, plus haut, etc. Le vêtement de dessous dépas- 
sai!^ l'autre de trois doigts. La hauteur de cette maison dépasse de 
bettutoup celle des maisons voisines. » 

Nous avons donc trois mots pour exprimer la même idée ou à peu 
près, maris nous croyons. que surpasser est beaucoup plus usité au 
figuré que dans le sens propre : il les surpasse tous en science, en ri- 
chesses, en vertu, en méchanceté, etc. — Nous pensons aussi qu'il se- 
rait mieux de dire surpasser en beauté, en nombre, en valeur, que 
PASSER e7i beauté, etc., dans ces phrases : Elle passait toutes ses 
compagnes en beauté; V ennemi nous passait en nombre, nous le pas- 
sions en valeur. Ce n'est que la mesure de Thémistiche qui autorise 
passer dans ce Vers que l'Académie a altéré en le donnant pour 
exemple : « Ils nous passaient en nombre, mais non pas en valeur^. » 

SURPLOMBER, V. n. Être hors de Taplomb, être en surplomb. Ce 
mur surplombe.— Ne peut-on pas donner un complément à ce verbe? 
Nous ne demanderons pas qu'on lui donne un régime direct, comme 
Ùe rocher^ svRphOMBE la route, la mer, bien que cette locution ait été 
hasardée par de bons auteurs ; mais on doit pouvoir dire Ce rocher 
surplombe sur..., malgré le mauvais effet que produisent ces deux 
SUR. A défaut de complément à ce verbe, nous donnons ici le seul 
exemple que noué ayons trouvé pour rendre à peu près la même idée: 
(à Avancer) Les rochers qui s*avançaient au-dessus de nos têtes. 

suR&EOiRk — Voy. Asseoir. 

1. L'Académie d'est interdit à^eci quelque ttiièon la citation des vers, parcfe que soû Diction- 
naire est un guide destiné particulièrement aux prosateurs , et qu'il descend même aux lo- 
cutions les plus familières. Cependant, aûn de faire passer dans la prose des mots qui 
n'appartiennent qu'à la poésie daps le sens où elle les emploie, elle les encadté Aatà Uù Tlé^ 
itiistiche et termine la phrase par deia prose. îti , par exemple > au lid«à de Sire 

Ik nous PASSAIENT en nofnbre bt non pa* en ve^hut% 
elle dit mais non pas en valeur. 

Au verbe Enfermer elle met 

Son cœur u'enferme point une MécHANCKTrtà «t noire, 
au li^û de une AtTnoK si notre. 

On ne s'aperçoit pas que la première moitié de la phrase est un hémistiche, et l'on emploie 
è& i^ïWPi Vax mot auquel ofl ne dètïàil t%Coutir ^ue s'il n'eu eïistàlt pa» Ufi WIM A*ia» Valeur 
plus préoine \ péêêtr à« nèd de gu/t'pèêttr^ ënfèn/nér M Ueu de nnfifimt', m* 



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- «17 ^ 

spil,V^iqi||gi;9 V. (^.. YÉjïMjyre ^rop ob<^* pl^s o^a^r que les cIkkkhi ne 
Valent, Sn^i^pmndr^ $a murchmAi^^ T'ovl a <^(6» mnmulu à cet ihtei!- 
TAiRE. -rr- A Tarticle Mpofti*^ an Ut éj^ement û Acheter des menblesi à 
tm INVENTAIRE, au liwi de isckim i^gan h» Voy . Bien, 

sus, -- Oa est vraitrient aurpn^ 4^ ne p»* trouver mentiouaées 
dans cet article tQi^tpa \^ locutiç^m daos} l^queUes ce mot est em- 
ployé au barreau, chez \^ Qût^M?Q9, \^ hîWssiers, etc. : Sm^U§%i4, 
sus-cité, sitS'datéj sus-énoncé, sus-indiqué, sus-mentionné, sm-rap- 
pelé, sus-relaléj sus-visé, etc. L'Afiadémie ne donne que susdit, qu'elle 
écrit en un seul mot et qu'elle place à son rang alphabétique. 

SUSPENDRE*, V. a... Les nuées sorU suspendues en l'air. — Nous 
croyons quMI serait mieux de dire dans l'air j, pans les airs, Voy. Am. 
SYLVAIN, s. m. Dieu des forêts, selon la Fable. Les faunes et Içs 
^ylvains,. 

Pans harpie, qui a en grec un upsilon et un ioia (àgiwia), en 
latin un y, et un i {harpyia), l'Académie a retranché Vy plutôt que Tt., 
afin de supprimer une difficulté ; — elle écrit par un i simple silves, 
qui nous paraît avoir la même étynjologie que Sylvain; ce sont 4es 
pièces détachées comme les feuilles éparses dans les bois;— elle éçrjt 
même sirtes, bien que l'étymologie réclame Vy (Voy.'SiRTEs) ;--com- 
meot se fait-il qu'elle ait préféré 1'^ à Vi simple dans le mot qui npus 
occupe, puisque du grec ulê les Latins ont fait silva ou sylva, don- 
nant la préférence à Vi simple? Conformément à leur orthographe 
{silvanœ, silvaticus, silveslris, silvicola, etc.), nous écrirons Silvain, 
Silves tre, Silvie, etc.), et nous proposerons d'écrire Transilvanie avec 
un i, contrairement à l'orthographe observée dans les phrases sui- 
vantes : 

(à Tellbre) Le tellure a été découvert à la fin du siècle dernier, dans les 

mines de TIvanstlvanib. 
(à Vayvodb) Titre qu'on donne aux sotwerain» et aux gouverneurs de la 
Valaehie, de la Moldavie, de la TBAOiSYLVAFfiB, et de pbè- 
sieurs autres endroits, 
SYit|^Tâl»|Ee ~ L'Académie dit que dans symptomatique « o» pro- 
nonce le P ». S'il doit en être de même dan^ symptçme, elle aurait 
bien fait de le dire, car beaucoup de personnes prononcent sintôme, 
i^YNCOPER, V. n. T. de Musique. Faire une syncope. Il y a dans q^t 
air plusieurs notes qui syncopent. — syncopé, ée, adj. T. da Graïaaia. 
et de Mus. Mot syncopé. Mot au milieu duquel on a retranché une 
lettre ou une syllabe. Note syncopée, note qui fait une syncope. 

D'abord nous demanderons si l'on ne peut pas aussi bien dire syn- 
coper un mot qo'élider une voyelle, et faire ainsi de syncoper ua 
verbe actif : « Dans les vers quelques typographes syncopent (retran- 
chent) tous les e muets précédés d'une voyelle ; ils écrivent /avoûrat,, 
nous lotrons, enptmentj gaU4, e^c, au lieu d,e i'avmwT^L nous hmr 
roms, enjœEment, çmBié. «» De cette manière, dan» moi syncopé, 
SYMCOPÉ deviendrait nécessairement un participe. 



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— 288 -- 

Ensuite nous ferons remarquer que syncopé, ée, pourrait être ap- 
pelé participe lors même que syncoper serait uniquement un verbe 
neutre, puisque T Académie regarde comme des participes toutes les 
épithètes suivantes, bien que les verbes dont elles dérivent soient des 
verbes neutres : entreprise avortée; — eau croupie; — escadre dé- 
bouquée; — sauce trop ébouillie; — roues engrenées; — liqueur 
fermentée; — marrons, oignons germes, etc. 



T, s. m. Lettre consonne, la vingtième de l'alphabet... Plusieurs 
retranchent le t au pluriel des mots en ant et ent. Des enfans, des 
présens. 

Dans les deux premières éditions de son Dictionnaire l'Académie 
mettait le t {des enfants, des présents)^ et l'on regrette qu'elle l'ait 
supprimé dans les éditions troisième et quatrième* (Voy. Altercas). 
— Il y a plusieurs raisons pour maintenir ce t qu'elle a sagement réta- 
bli ; d'abord et par-dessus tout, celle de la formation régulière du 
pluriel , l'addition pure et simple de l'S. A cette raison qui nous sem- 
ble péremptoire on peut en ajouter deux autres qui ont bien leur va- 
leur. — Dans les adjectifs le t fait connaître la formation du féminin. 
Si au lieu d'écrire des paysanS mefianTS, des gardienS patienTS, on 
écrivait méfianS et patienS ^, comment serait indiquée la différence 
de terminaison qui doit exister au féminin entre le substantif et 
l'adjectif : des paysan^^s mëfiamEs , des gardieni^ES patiemES ? — 
Dans les mots dont la dernière syllabe prend un e, \\ y o. une seconde 
raison pour conserver au pluriel le t final du singulier, c'est la pro- 
nonciation , car les terminaisons ien et ient ne se prononcent pas de 
la même manière : dans patricien, gardien, lien, essénien, éthiopien, 
capétien, etc., la finale en se prononce in {patrici-in, gardi-in, li-in, 
esséni-in, etc.)^ tandis que dans coefficient, ingrédieîit, inconvénient, 
récipient, quotient, etc., la finale ent se prononce ant {coeffici-ant, 
ingrédi-ant, cli-ant, etc.). 

TACHE, s. f... Cette tache s'en ira avec de Veau de javelle. — Eau 
de javelle ne se trouve ni à l'article Eau ni à Javelle. Voy, Javelle 
et Armoise. 

1. Tandis qu'on supprimait le t au pluriel des mots polysyllabes terminés par ant, ent, on 
le conservait dans les monosyllabes; on écrivait donc des ganTS, les dbnTS, les venTS, des 
poisons lenTS, et des intriganS, des accidenS, des hommes fekvenS, des maux violenS. On 
conservait le t même dans les composés des monosyllabes : les surdenTS, /es contrevenTS , 
les évenTS , et encore dans les avenTS de Noël, qui n'ont guère de rapport avec les vents , 
ce qui augmentait la di£Qculté dans l'application de la règle. 

2. Avant 1835, des hommes instruits mais qui ne faisaient pas de la grammaire une affaire 
d'étude , s'étaient imaginé' qu'il fallait conserver le t seulement dans les mots qui ont un fé- 
minin; ils écrivaient donc des diamanS étincelanTS, des médicamenS calmanTS,des aed- 
dfnS récenTS, des agenS négligenTS, des lalenS équhalenTS, etc. Le raisonnement était asseï 
juste , mais quelle bigarrure I 



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— 289 — 

TAC TAC. Onomatopée dont on se sert pour exprimer un bruit ré- 
glé qui se renouvelle à temps égaux. 

L'Académie a omis de nous dire que cette onomatopée s'emploie 
souvent comme substantif et qu'alors elle doit prendre un tiret. S'etir- 
dormir au tac-tac d'un moulin.— Il doit en être de même du tic-tac 
d'une pendule, qui, employé comme simple onomatopée, ne prend 
pas le tiret : la pendule faisait tic tac *. — L'onomatopée flic flac, 
dont on se sert pour exprimer le bruit de plusieurs coups de fouet, 
celui de plusieurs soufflets donnés coup sur coup, etc., ne forme plus 
qu'un mot lorsqu'on l'emploie substantivement, en termes de Dapse, 
pour signifier une sorte de pas : Faire un flîcflac, des flicflacs.— 
Le taf taf que produit le froissement de la soie nous a donné le sub- 
stantif taffetas. — L'ancien refrain flon flon et le glod glod que 
fait un liquide en s'écoulant d'une bouteille ont également donné 
les joyeux flonflons et le glouglou de la bouteille que nous trou- 
vons dans quelques chansons à boire. — Enfin le tam-tam des Orien- 
taux s'écrirait probablement aussi en un seul mot {tamtam) si l'on 
n'avait eu à craindre de voir s'altérer la prononciation de la première 
syllabe *, qui doit être la même que pour la seconde (tame tame). 

TAIE. Certaine tache blanche et opaque qui se forme quelquefois 
sur l'œil. Il lui est venu une taie à Vœil,,, Il 'n'est plus usité dans le 
langage médical. — Quel est le mot aujourd'hui en usage dans la Mé- 
decine? Cela intéresse beaucoup ceux qui tiennent à employer les 
termes techniques ^. 

TAILLEUR, s. m. — Pourquoi ce mot n'a-t-il pas de féminin? Les 
femmes qui coupent, qui taillent les robes et autres vêtements pour 
femmes ne sont-elles pas des tailleuses f Le taot couturière ne rend 
pas du tout cette idée, et, comme le dit l'Académie, la couturière 
travaille en couture. Probablement c'étaient les hommes qui autre- 
fois taillaient les vêtements de femmes ; ils avaient sous leurs ordres 
des couturiers * et des couturières. Au premier de ces deux mots 
l'usage a substitué garçon tailleur; le second est resté, et l'on a ap- 
pelé maîtresse couturière ou simplement couturière celle qui taille 
les vêtements de femmes. 

1. L'Académie se borne à dire à Tic tac (à peu près comme à Tac tac) î « Onomatopée 
dont on se sert pour exprimer un mouvement réglé , accompagné d'un pbtft bruit. » Les 
deux définitions auraient grand besoin d'être modifiées. 

2. Cette crainte n'aurait paâ été sans fondement , car déjà l'Académie écrit masulipatan 
pour le nom de la toile de coton qui originairement venait de Masulipatam, ville des Indes ; 
et elle donne sélan pour variante de sélnm (bouquet de fleurs dont l'arrangement est une 
sorte d'écriture, de langage muet). 

3. Pour éviter l'énumération des taches dont l'œil peut être affecté , telles que Valbugo, 
le leueome, le nuage, etc., l'Académie aurait pu dire : Nom qu'on donne vulgairement aux 
diverses taches blanches et opaques qui se forment quelquefois sur l'œil. 

4. « En récompense , le neuvième jour nous vîmes arriver un carrosse à quatre mulets , 
dans lequel il y avait des couturiers qui apportaient de belles étoffes pour habiller la mariée. » 
( Le Sage, 6il Bios, !!• partie , liv. X , ch. 9. ) 

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— 290 — 

TALNCD>9 S. m. — Ajoutez : On fait sonner le D. 

TALUS. TALCTER. — Puisque le verbe prend on t^ il semblerait 
naturel de terminer le substantif par cette consonne, comme TAcadé- 
mie le faisait autrefois ; elle écrivait Talut ou Talm, 

TAMARIS 9 TAMARISC, TAMARIX, S. m. T. de Botan. 

Voilà un bien grand luxe de variantes pour le nom d'ufflte plante; il 
est vrai qu'en latin elle en a davantage encore, puisque 1« diction- 
naire de MM. Quicherat et Daveluy nous en présente quatre : Taim- 
rice, tamaricum, lamarisciis, tamarix. Si nous avions été appelé à 
choisir, nous nous serions probablement borné à deux : nous aurions 
supprimé tamaris^ parce que cette orthographe ne dit pas s'il faut 
prononcer tamari ou tamarice, et nous aurions mis Tamarix ou ta- 
MARisouE. — - NoUs préférons tamarisque à tamarisc, parce que cette 
dernière orthographie n'a d'analogue que le mot fisc, tandis que les 
mois astérisque, disque, lenUsque, obélisque, Irochisque, etc., OBt co 
latin la terminaison iscus comme tamariscus. 

TANBi^, adv. Il est toujours suivi de que, et signifie Pendant le 
temps. T(mdis que vous êtes ici. Tandis qtt'ih m'en souvient. Tandis 
qu'il ira se promener. Il s'amuse tandis que nous travaillons. 

Tandis que ne sert-il pas souvent aussi à marquer l'opposition, et 
ne peut-il pas se traduire par Au lieu que? 

Il pft3se ses journées en promenades et ses soirées en festins , tandis Qo'fl 
devrait utiliser son talent dans la peinture pour subvenir aux besoioi 
de sa jeune et déjà nombreuse famille. 
Tout le monde le croit heureux , tandis qu'H est rongé de soucis et de 
remords. 

A la vérité il est des phrases où l'on pourrait traduire tandis que à 
peu près indifféremment par Pendant le temps où, pendant que, et 
par Au lieu que, comme dans celle-ci : 

Il regorge de biens, il est magnifiquement vêtu et logé, il donne des repa» 
somptueux, tandis que son pauvre frère, dont la conduite est irrépro- 
chable , n'a ni vêtements pour se couvrir, ni logement pour s'abriter, et 
ne suffit qu'à peine à sa subsistance. 

Cependant nous n'hésitons pas à préférer le sens de Au lieu que. 

TAON, s. m. (On prononce Ton.) — Ne serait-il pas mieux de pro- 
noncer tan ? L'étymologie tabanus, qui ne contient pas d'o^ et l'ana- 
logie avec faon, paon, qu'on prononce fan, pan, devraient faire préfé- 
rer la prononciation tan, qui se trouve indiquée dans le dictionnaire 
de Nicot : « Taon, m., monosyllabe que le François prononce, ton^ 
comme de Laon, Lan; de Carni, Caru » 

TAPECU.— Nous ne comprenons pas pourquoi il faut écrire Tapecu 
et Torche-cul. Deux différences (un tiret et une l) dans la manière 
d'écrire ces deux mots! 

TAQi^iNER. TAQViNEMEST.— Transposez : Taqotnembnt. Taquineb. 

TEINTAS, m. Le coloris du visage... Teint de rosbS câ de lis.—M4^ 



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— Ml — 

BOUS trovrtond : Teint de lis et de Rost; les lis de son teint; et à 
A06B ! Elle a un teint de Us et de rose. 

Nous ferons remarquer non pas Finversion <iu'il y a dans ces locu- 
tions» mais la différence du nombre à rosej qui est au pluriel dans la 
première construction et au singulier dans la seconde; nous ne nous 
en rendons pas compte. Bien qu'on dise les lis et les roses de 4on 
teini^ nous préférons teint de rose (au singulier) et de lis, du moins 
pour la prose, parce qu'il y aurait trop d'affectation à prononcer 
teint de rose--s-et de lis; quant à la poésie, elle peut avoir besoin 
d'une syllabe de plus. 

TEINTE 9 s. f. T. de Peinture. Il se dit des nuances qui résultent 
du mélange de deux ou de plusieurs couleurs. Teinte bleue -violâtre. 
Teinte jaune-verdàtre, — Malheureusement jaune est un adjectif des 
deux genres^ en sorte qu'il ne vient pas confirmer le genre féminin 
qu'on a donné à bleu; mais il nous semble que le masculin serait pré- 
férable. Suivant nous il y a deux manières d'envisager ce modificatif 
composé, mais toutes deux reviennent à faire de bleu un mot inva- 
riable; seulement, dans l'une il ne faudrait pas de tiret, tandis que 
dans l'autre il serait nécessaire. Dans la première , bleu serait réputé 
substantif, comme bai ^d^ws jument bai brun (d'un bai brun); dans 
l'autre ce serait la moitié d'un adjectif dont le second composant seul 
s'accorderait avec le substantif, comme dans ces phrases : V industrie 
franc-comtoise, la couronne grand^ducale , l'alliance anglo-espa- 
gnole \ etc. 

TEINTURE, TEINTURIER. — Ces deux mots en appellent nécessai- 
rement un troisième, Teinturerie, le métier, l'art, l'atelier du teintu- 
rier. Si c'est la délicatesse de l'oreille qui a empêché d'admettre ce 
mot- là, nous citerons verrerie, serrurerie, apothicairerie, etc., qui 
certes ne sont pas plus harmonieux ; et d'ailleurs ce ne sont pas de 
pareilles raisons qui doivent s^opposer à l'adoption des mots néces- 
saires dans Tindustrie. 

TENANCIER, 1ÈRE, S. T. de Droit. Celui qui tenait des terres en 
roture, dépendantes d'un fief auquel il était dû des cens ou autres 
droits. // a fait assigner les tenanciers pour lui passer déclaration. — 
La grammaire demandait : // a fait assigner, il a réuni les tenanciers 
pour se faire passer déclaration. Les tenanciers se sont réunis. 
Assemblés pour lui passer déclaration. 

TENANT, ANTE, adj. Qui tient. On ne l'emploie guère que dans ces 
locutions, dont la première a vieilli : Les plaids tenants, A l'audience; 
et Séance tenante. Dans le cours de la séance , avant la clôture de la 

1 . C'est inutilement que nous consultons nos dictionnaires. Dans l'un , on met Teinte bleur 
tnoWfr*, et pourtant l'on signe Acad.; dans l'autre, on met Teinte hleae-verdâtre ; teinte jaune- 
Vêrdâtre; trinte brune-noirâtre. Cette dernière orthographe nous semble constituer un non- 
sens ; il faudrait tout au moins supprimer le tiret , car, ainsi que nous l'avons dit plus haut , 
reatistence dû tiret fait supposer dans la teinte un mélange de brun et de noir, et le modifi- 
catif n'est cbmylet qu'à la an du soeond eompovant, qui «eu! doit prendre l'accord. 



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— 292 — 

séance. — Au nombre des locutions qui ont vieilli, il fallait mettre 
celles-ci : « Les gens tenants la cour de parlement; les gens tenants la 
chambre des comptes, la cour des aides, le prësidial de tel lieu, etc. », 
qui se trouvent à Gens. Peut-être même eût-il mieux valu mettre 
ces phrases à Tenir, à la suite de Le roi tenant son lit de justice, et 
îdAvQéQ tenant un participe présent, c'est-à-dire le laisser invariable: 
les gens tenant la cour de parlement, la chambre des comptes, etc. 

TENDANT, ANTE, adj. Qui tend à quelque fin, qui va à quelque fin. 
Un discours tendant à prouver,.. Une enquête tendante à ce qu'il 
plaise à la cour... Une proposition tendante à V hérésie. Semer des 
libelles tendants à la sédition. —S'il était possible d'avoir deux poids 
et deux mesures, une orthographe pour le Palais et l'autre pour l'His- 
toire, nous dirions : « Donnons simultanément l'orthographe et les 
locutions surannées du Palais, et celles qui conviennent à l'Histoire » ; 
mais nous pensons qu'il vaut mieux poser une règle unique, en lais- 
sant toutefois le Palais libre de faire ce qu'il voudra. Nous deman- 
derons donc que tendant soit considéré comme participe présent dans 
les phrases ci-dessus, et qu'on écrive Une proposition tendant à 
l'hérésie. Semer des libelles tendant à la sédition, et même Une re- 
quête TENDANT à ce qu'il plaise à la cour... Voy. Tenant, ante. 

tenir, V. a.., signifie encore Réputer, estimer, croire... Je tiens que 
cela a besoin d'explication. — Nous croyons que dans cette acception 
tenir est beaucoup moins usité aujourd'hui que les verbes estimer, 
croire, et par cette raison-là même moins intelligible ; ainsi les exem- 
ples suivants ne seront compris que par un petit nombre de personnes : 

(à Déterminer) La plupart des philosophes tiennent que la matière est 
indifférente au repos et au mouvement, et qu'il faut une 
cause qui la détermine à l'un ou à Vautre. 
(à Père) La plupart des Pères tiennent que... 

(à Terme) Les Romains tenaient quHl y avait une divinité particulière qui 
présidait aux bornes, aux limites des terres, et ils l'appe- 
laient dieu Terme. 

TERCER OU TERSER. Donner un troisième labour, une troisième 
façon à la vigne. — Et plus loin , Tiercer, Donner aux terres le troi- 
sième labour, la troisième façon. 

Le mot change-t-il suivant que le troisième labour se donne à la 
terre des vignes ou à toute autre? Voy. Reterser. 

TERME... signifie aussi. Un temps préfix de payement. Le terme de 
la Saint-Jean, de la Saint-Remy. — Ailleurs l'Académie a écrit Rémi : 

(à Baptiser) Clovis fut baptisé à Reims par saint Rémi. 
(à Perdrix) A la Saint-REW^ tous perdreaux sont perdrix. 

Il serait à désirer que l'Académie n'employât que Vi simple à la fin 
des noms propres qui se trouvent dans son Dictionnaire, tels que 
Barthélémy, Berry, Cambray, Fontenoy, Rocroy, etc. Voy. Ctgnb. 



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^ 293 — 
TERMINAISON 

DES SUBSTANTIFS EN î)ient j DÉRIVÉS DES VERBES EN ter, 

ouer, uer, ayer^ eyer, oyer. 

Les substantifs terminés par ment et dérivés des verbes en ter, 
ouer, tter, ayer, eyer, oyer, ont grand besoin d'être assujettis à une 
règle générale. Voici la manière dont les écrit l'Académie : 

lement, îment, iment, 

1° Balbutiement, licenciement, rapatriement, rassasiement, sans 
variante et sans prononciation; — 2*» maniement, ralliement. On 
prononce maniment, ralliment; — 3° remaniement. On prononce et 
plusieurs écrivent remaniment ; -— /i° appariement ou appariment ; 
crucifiement ou crucif iment; reniement ou renîment; — 5° remerci- 
ment ou remerciement; résiliment ou résiliement; — 6° châtiment, 

Ouementj oûment. 

l*» Ébrouement, échouement, nouement, sans variante et sans pro- 
nonciation ; — 2" engouement, enjouement, enrouement. On prononce 
engoûment, enjoûment, enroûment; — 3° dévouement. On prononce, 
et plusieurs écrivent dévoûment; — lx° renouement ou renoûment; — 
5° dénoûment. Quelques-uns écrivent dénouement; — 6° secoûment, 

Uement, ûment, umenl. 

1° Remuement ou renîûment; — 2<» décrément, dénûment; — 3° éter- 
nument, — Quant à argument, on peut le considérer comme venant 
du latin argumenlum plutôt que du verbe arguer, 

Ayement, aiement, aiment. 

1° Délayement, étayement, sans variante ; — 2° bégayement ou bé- 
gaiement; — S° payement. L'usage, dit l'Académie, autorise aussi à 
écrire paiement et paîment. 

Eyement. 

Grasseyement est le seul substantif dérivé d'un verbe en eyer. 

Oiement, oîment. 

1° Atermoiement, larmoiement, nettoiement, ondoiement, pantoie- 
mentj sans variante et sans prononciation ; — 2° déploiement, dévoie- 
mentj foudroiement, fourvoiement. On prononce déploiment, dévoi- 
ment, foudroi?nenl, fourvoiment^ ; — 3° aboiement ou aboiment; 
broiement ou broiment; dégravoiement ou dégravoiment ; tournoie- 
ment ou toumoîment ; tutoiement ou tutoîment. 

1. Le Dictionnaire de l'Académie porte fourvoîmeni (avec un t simple), mais nous présu- 
mons que c'est une faute typographique. 



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DBS VERBES EN ÔTER, OTTER. 

Les verbes terminés par le son oter^ non dérivés d'un radiôàl en ot, 
ne prennent qu'un t; on écrit chuchoter , dorloter , grignoter, rado- 
ter, etc. — Deux verbes font exception : frotter et gringottèr. 

Les diminutifs et les fréquentatifs présentent également des excep^ 
tiens. Cligner, cracher, pisser, sucer, taper, trembler, rire, vivre, ne 
prennent qu'un t dans leurs dérivés : clignoter, crachoter, pissoter, 
suçoter, tapoter, trembloter, rioter, vivoter. — Baiser, boire, friser, 
en prennent deux dans les leurs : baisoitery buvotter, frisoiter. 

Les verbes qui ont un radical terminé par ot ne prennent généra- 
lement qu'un t; ainsi de cahot, complot, rabot, sanglot, etc., on fait 
cahoter , comploter, raboter, sangloter, etc.^^Les exceptions sont fht, 
garrot, gigot, grelot et trot, qui font flotter, garrotter, gigoter, gre^ 
lotter, trotter. — Maillot a deux composés : emmaillotier, que l'Acar- 
démie écrit avec deux l, et démailloter où elle n'en met qu'un. 

Ainsi les verbes qui dérivent d'un radical terminé par ot pren- 
nent, les uns un seul t, les autres deux ; ^ ceux qui n'ont pas ce ra- 
dical prennent également, les uns un seul t, les autres doux; — enfin 
l«s diminutifs et les fréquentatifs présentent encore les mêmes ano- 
malies. Écrire emmaillotier, gringottèr, baisotter, biwotter, fri- 
sotter, et ne mettre qu'un t à démailloter, cahoter, comploter, 
sangloter, etc. ! 

TERRE... On dit substantivement le terre ài,erre. Le terre à terre 
est une des allures artificielles du cheval. — Ne faudrait-il pas écrire 
ce substantif avec des tirets {le terre^terre)^ comme on écrit un 
téte-à'téle, un va-nu-pieds, etc. f 

TÊTARD, s. m. Nom qu'on donne au petit de la grenouille, lequel, 
peu de jours après qu'il est éclos, paraît sous la forme d'un poisson 
ayant la tête très-grosse et une queue mince. — Nous croyons qu'il 
aurait fallu dire « de la grenouille, du crapaud, etc. » , ou même « et 
des autres batraciens ». Pour nombre de lecteurs la grenouille est sim- 
plement la grenouille, et ne représente pas tout un ordre d'animaux. 

TÊTE, s. f. — Dans cet article il manque l'expression figurée la 
tète de Méduse. Voy. Méduse. 

TÊTE... Des têtes de pavot, des têtes d'artichaut. — }ie serait-il pas 
mieux de mettre dans ces phrases pavotS et artichauts au pluriel, 
comme des blancs d'œufS, des jaunes d'œufS, des pointes d'aspergeS, 
des pieds d artichauts, etc. ? N'y a-t-il pas autant de pavots et d'arti- 
chauts que de têtes? 

TÊTE, s. f... se dit également en parlant de certains fruits, et signifie 
L'extrémité opposée à la queue. Cette pomme commence à se pourrir 

1. On devrait doubler le t dans tous les verbes qui dérivent d'un substantif terminé paro/ 
{eahotter, comptoUet', rabotUr, sang lotter ^ etc. ), comme on double l'a daot l6s verbes qui dé- 
rivent d'un substantif terminé par on {abandonner, actionner, 9âguiUùntUfr,tt«.). 



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-. 3M — 

pwt la téte^. Poire à deux^ iétes, •*- Ge mot hêU employé pour ai^ifier 
Vœil de certains fruits, poires, pommes, coings, etc. , est uû terme 
purement local , et l'Académie aurait dû se borner à renvoyer à l'ar- 
ticle Œil (Voy. ce mot), comme elle l'a fait pour Bourcette, Froment- 
locar, etc., synonymes de Mâche, ÉpeatUre, 

TÊTE À TETE, loc. adv. Seul à seul. Parier tête à tête. Diner tête 
à tête. Jouer tête à tête. Ils furent longtemps tête à tête, --Tête à tête 
s'emploie aussi substantivement; et alors il se dit d'Une conversation, 
d'une entrevue de seul à seul. Ils ont eu un long tête-à-tête. Ils ont 
de fréquents tête-à-tête. 

Nous voyons par ces exemples que tête à tête employé adverbiale- 
ment s'écrit sans tirets, tandis qu'il faut eu mettre si on l'emploie 
comme substantif. C'est là une règle simple et à la portée de tout le 
monde, et il serait à désirer qu'elle s'appliquât à toutes les locutions 
qui sont dans les mêmes conditions, comme mot à mot, terre à terre, 
à peu près, etc.; malheureusement l'Académie ne met les tirets dans 
aucun de ces substantifs composés. 

Quand tête à tête est précédé de la préposition en, doit-il être con- 
sidéré comme locution adverbiale ou comme substantif? Nous pen- 
sons qu'alors il devient substantif et doit prendre les tirets, bien que 
TAcadémie l'écrive tantôt d'une manière , tantôt de l'autre : 

(à Maritalement) Us ont diné, ils ont été se promener maritalement, en 

tête à tête (sans tirets). 
(k Être) Être en téte-à-t^ie avec qudqt/un (avec tirets), 
(à TRorrER) On les trouva en tête-à-téte (avec tirets). 

TETER, V. a. (On prononce et on écrit aussi Tétfir.) Sucer le laft 
de la mamelle d'une femme, ou de la mamelle d'un animal. Teterune 
femme. Teter sa nourrice. Teter une vache, une chèvre. — Il auraît 
mieux valu dire simplement « On écrit aussi Téter », car il n*est pas 
probable qu*on doive prononcer téter si Fon écrit teter. 

Mais- le plus important c'est la manière de conjuguer ce verbe. Si 
dans cet article et à Sevrage l'Académie écrft teter avec un e nraet, 
partout ailleurs elle emploie l'accent aigu (téter). 
Commençons nos citations par ht conjugaison régulière : 

(à Teter) Cet enfant a tet^ de plusieurs laits, — H « teté de mauvais 

laU. — Donne%4v à teter. 
(à Sevrage) Temps nécessaire pouv accoutumer un enfant à ae paiwr 

de teter. 
(à Teter) Cet enfant tette bien. Il ne tettk plt*s, 
{k A) Au veau qui tette. 
(à Enfant) Un enfant qui texte. 
(à Vead) Veau de lait. Veau qui tette encore sa mère, 
(à Cochon) Cochon de lait^ Petit cochon qui tette encore, ou qu'on ne 

nourrit que de lait, 
(à Lait) Veau de lait, cochon de lait, Veau, cochon qui tette encore, ou 
qu'on ne nourrit que de lait. 



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— 296 — 

Maintenant voici les phrases où TAcadémie met un é aigu à la pre- 
mière syllabe : 

(à Commencer) Cette nourrice a commencé cet enfant, Elle est la première 

qui lui ait donné à TéTER. 
(à Donner) Donner à téter, donner le sein à un enfant, Le faire téter. 
(à ëmmdseler) Emmuseler un veau pour V empêcher de téter. 
(à Lait) Ils ont tété d'un même lait, le même lait. 
(à Mère) Mère nourrice, La femme qui donne à téter à un enfant, au 

lieu de la véritable mère. 
(à Mdseuère) Mettre une muselière à un veau, pour V empêcher de téter. 
(à Nourrir) Nourrir, se dit aussi D*une femme qui donne à téter à un 

enfant. 
(à Sein) Donner le sein à un enfant, Lui donner à téter. 

Ces deux orthographes sont incompatibles : ceux qui écrivent teter 
à l'infinitif doubleront le t devant un e muet (tette), comme l'a fait 
l'Académie; mais ceux qui dans ce même temps accentuent Ve de la 
première syllabe (téter) devront écrire, je tète, tu tètes, il tète; je 
téterai, tu téteras, il tétera; je téterais, etc. Il semble donc qu'en 
donnant la variante téter, il aurait été convenable d'en indiquer la 
conjugaison. 

TÉTRARCHIE, TETRARQUE. — Ces deux mots semblent réclamer 
nécessairement Tétrarchat ou Tétrarcat, Autorité, dignité d'un té- 
trarque , et Durée de ses fonctions. 

TÊTU, UE, adj. Opiniâtre, obstiné, qui est fort attaché à son sens, 
à ses opinions, à sa volonté. // est si têtu que jamais il ne démord de 
ce qu'il a dit. Cette petite fille est bien têtue. — Il aurait fallu dire 
« âdj. et subst. », car ce mot s'emploie plus souvent, croyons-nous, 
comme substantif que opiniâtre et obstiné, auxquels l'Académie donne 
cette seconde dénomination. On dit tous les jours. C'est dn grand 
TÊTU. Cet enfant est un petit têtu. Une petite têtue. Je n'aime pas 
LES têtus. — L'Académie a fait un substantif de stupide, qui, sous 
cette forme, est assurément bien moins usité que têtu : C'est un vrai 
STUPIDE. Un franc stupide. 

THYRSE, s. m. Javelot environné de pampre et de lierre...— Il nous 
semble que le participe entouré eût été préférable à environné, parce 
que ce qui environne est généralement moins rapproché de l'objet 
dont on parle, que ce qui l'entoure. On dit qu'un homme est entouré 
et non environné de soins; et d'ailleurs l'Académie dit : 

(à Pampre) Les Bacchantes entouraient leurs javelots de pampre et de 

lierre, 
(à Entourer) Un portrait entouré de diamants, 
. (à Jonc) Un jonc entouré de rubis ou de diamants. 

(à Ame) La devise avait pour corps un arbre abattu, entouré d'un lierre, 
et pour âme ces paroles : Je meurs où je m'attache. 

TIC TAC. — Voy. Tac tac. 



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— 297 — 

TiLiACÉ^ ÉE, adj. T. de Bot. Qui ressemble au tilleul. •— Tïliacées, 
s. f. pi. Famille de plantes qui a pour type le tilleul. 

Ce mot manque dans le Dictionnaire ; cependant nous n'aurions pas 
relevé cette omission si le mot Tiliacëes ne devenait nécessaire après 
]a rectification qu'on devra faire à Tarticle Roucouyer, où Ton a dit 
que cet arbre appartient à la famille des Liliacées. Voy. Roucouter. 

TILLAC, s. m. Le pont d'un navire. —- Nous demanderons d'abord 
s'il n'aurait pas fallu ajouter « On mouille les L » , et ensuite s'il n'au- 
rait pas été convenable de parler du franc-HUac, pont, tillac de plain- 
pied, sans interruption. Il nous semble que c'est bien plutôt ici qu'à 
Tarticle Franc qu'on cherchera la définition de ce mot composé, 
parce qu'en général le substantif est plus important que l'adjectif^, 
et ensuite parce qu'on ne se doute même pas que ces deux- mots 
doivent être joints par un tiret. Ce signe ne nous paraît pas plus 
nécessaire ici* que dans franc parler {avoir son franc parler)^ où 
l'Académie n'en met pas. 

TIRE... Tout d'une tire. Sans discontinuation, tout de suite. // a 
fait cet ouvrage tout d'une tire. — Ces deux définitions^ sans discon- 
tinuationj tout de suitCj sont-elle» données comme ayant le même 
sens, ou comme présentant deux acceptions différentes? Nous croyons 
qu'il aurait été préférable de dire, sam discontimêationj de suite. 
Voy. Suite. 

DU TIRET (appelé trait d'union ou division). 

Avant de discuter l'emploi du tiret^ qu'il nous soit permis de dire 
deux mots sur les noms qu'on lui a donnés. L'Académie dit simple= 
ment que c'est « un petit trait horizontal qu'on fait au bout de la 
ligne, quand un mot n'est pas fini, ou dont on se sert pour joindre 
certains mots, qui proprement sont censés n'en faire qu'un, comme 
Toxit'puissant, Belles-lettres^ etc. », et que « dans ce sens, les gram= 
mairiens disent plus ordinairement Trait d'union , et les imprimeurs 
Division. » 

Nous croyons que ce signe devrait être appelé « trait d'union » 
lorsqu'il réunit deux mots qu'on pourrait laisser séparés, comme 
dans hranche-^rsine, madtre-autel, dès-là^ etc., où l'Académie tantôt 
le met, tantôt ne le met pas, ou dans les adverbes employés substan= 
tivement, comme un décompte, l' à-propos, un tête-à-tête, etc.; — et 
que c'est un a trait de division » , ou, pour abréger, a une division » , 
quand on l'emploie pour séparer des mots qui pourraient ou même 

1. Sans doute il est des substantifs composés qu'on cBercherait inutilement au second com- 
posant, parce que dans leur combinaison avec un adjectif ils perdent le sens primitif; tels sont 
boise'^spur, plate-bande, plate-forme, rouge-gorge, etc. ; cependant la plupart se trourent à 
chacun des composants, et cette marche a môme été observée pour bonrchrétien^ frano-maçon, 
petit-maitre, sage-femme, etc. 

2. C'est probablement pour une raison de ce genre que l'Académie a renvoyé de 
Pranc-alled, Feawc-fibf, Frano-punin, etc., à Alleu, Fiep, Funin. 

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— 298 — 

devraient être unis; ainsi l'Académie a supprimé la division qu'elle 
niettait autrefois à chèvrefeuille, contrebande, longtemps, etc, et il 
faut espérer qu'elle supprimera bientôt celle qu'elle met encore au= 
jourd'hul à havre-sac, passe-port, clairsemé, outre-passer, etc. 

Quand il se trouve à la fin des lignes, il devrait être appelé « trait 
d'union » , puisqu'il sert à indiquer que la fraction de mot qui ter= 
mine une ligne a son complément dans la ligne suivante. Cependant 
il faut convenir que ce trait indique une division, et l'on dit : Cette 
division est bonne, est mauvaise. En typographie, on pensait autre= 
fois que la seconde partie du mot divisé ne devait jamais conmien= 
cer par une voyelle*. C'était un préjugé dont on est revenu; ainsi 
l'on divise très-bien extror-ordinaire, innitile, pré-occupation, etc. 
Ajoutons que, pour notre compte, nous regrettons beaucoup que, 
dans les ouvrages de grammaire du moins, on ne fasse plus usage du 
double tiret ( = ) qu'on a mis pendant un certain temps à la fin des 
lignes pour figurer le trait d'union. Ce double tiret, qui se trouve 
encore dans certains caractères d'écriture de Firmin Didot, était 
d'une grande utilité pour faire connaître que le mot n'aurait pas été 
divisé s'il avait pu entrer dans une même ligne; l'Académie l'aurait 
donc employé pour les mots porieballe, portecrayon, portefeuille, 
portemanteau, etc. (porte=baUe, porte=crayon, porte=feuiUe , porte= 
manteau*, etc.)» où elle ne met pas de division, et elle aurait fait 
usage du signe ordinaire pour les mots porte-bougie, porte-croix, 
porte-drapeau, porte-montre, etc., où elle en met toujours une. 

D'après ce que nous venons de dire, il nous semble que le signe 
dont il est question remplit deux fonctions très-distinctes; et comme 
il serait assez diflacile dans bien des cas de déterminer quel est son 
office, nous pensons que le mot tiret, qui est un terme neutre, devrait 
seul être employé. 

Les mots juxtaposés présentent bien plus de difficultés que les 
autres : réunion médiate ou immédiate, signe à interposer ou non, 
orthographe à suivre soit au singulier, soit au pluriel. On peut voira 
l'article Contre-basse, que l'Académie elle-même n'a pas des prin= 
cipes bien arrêtés à cet égard ^. 

Sous le rapport du signe à interposer, disons tout de suite que 

1. DSifis le Dictionnaire de l'Académie on a fait une fâcheuse application de ce principe en 
divisant : l*i-namissibilité, d'i-^galité, dH-nertie, au lieu d'écrire IHîïramissibilité, dHnrégdité, 
d*in-€rtie. Puisque la place le permettait , il aurait été plus convenable de diviser : l*iMr 
missibilité, d*iné-galité, d'iner-tie. 

2. Pour faire mieux comprendre l'application du double tiret, nous remployons dans cet 
article. 

9. On se demande , par exemple , pourquoi elle veut qu'on écrive avec des tirets les nom 
de plantes bimton-d'ofr, boutonrd'argent, verge^'or, rubanrd'eau, écuelle-d'eau, larme-de- 
Job (plante dont les semences ont la forme d'une larme), etc., et sans tirets gland de terre 
(la gesse sauvage ), gland de mer ( coquillage), orgw de mer { madrépore ), flèche d'eau ( plante 
aquatique dont les feuilles.sont taillées en fer de flèche ), lentille d'eau (plante aquatique dont 
la feuille a la forme d'une lentiUe) , bois de serpent (la serpentine) , etc. etc. 



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— 299 — 

TAcadémie, qui autrefois écrivait contr'écarij conlr' échange, contrées» 
palier, etc., n'emploie plus l'apostrophe qu'après la préposition entre : 
entr^acte, entr'ouir, entr' ouvrir, s^entr' accuser, s^entr^aider,etc»; ledits 
tout ailleurs elle met le tiret. 

Mais ce tiret, dans quels cas faut-il en faire usage? Pourquoi écrire 
contrescarpe et contre-espalier; — contremander et contre-ordre; 
— contralto et contre-basse ; — entremets, entretaille, entretoise, 
entretoile, et entr'acte, entre-côte, entre-deux, entresol; — sawvc= 
garde et sauf-conduit; — surpasser et outre-passer; — passavant, et 
passe-partout, passe-port; — portecollet, portecrayon, portechape, 
portemanteau, et porte-tapisserie, porte-bougie, porte-crosse, porter- 
ver ge; — surintendant et sur-arbitre; un claquedent et un cure-dent, 
ou vice versa, car nous convenons sans peine que l'orthographe la 
plus naturelle serait de mettre un tiret dans tous les mots juxtaposés; 
ce que nous désirons par-dessus tout, c'est la simplification de rortho= 
graphe, ce sont des règles qui aient peu ou n'aient pas d'exceptions. 
Malheureusement il sera bien difficile d'atteindre ce but, et, qu'on 
fasse ou non usage du tiret, nous voyons des contradictions : un 
portechouX et un portefeuille ; un serre-papierS et un couvre-pied; 
un gobe-moucheS, et un attrape-mouche, un chasse-mouche; des tire- 
têteS et des serre-tête, etc. etc. 

L'emploi du tiret présente encore une anomalie au sujet des lettres 
euphoniques. Le t se met entre deux tirets : aime-T-il, danse-T-elle, 
viendra-T-on; Ys, au contraire, se joint au v^rbe : vaS-y, donneS-y 
tes soins, cueilleS-y des fruits; voilà des fruits, cueilleS-en, donneS-en 
à ton frère, mangeS-en la moitié. 

La division des mots à la fin des lignes n'est pas sans difficultés, 
parce qu'il n'y a pas plus de règle sur ce point que sur les autres. 
Ainsi l'Académie divise : dés-accord, dés-espoir, dés-honneur, dés* 
oeuvré, dés-unir, inscrire, inspecter, inspirer, bis-annuel, més- 
aventure, ob-struction, proscrire, pour que le radical soit complet et 
sans mélange; mais elle divise : i-^amissibilité, i-^égalité, dé-sopiler, 
mésaise, sunranné, et désobs-truer, pros-temer, pros-tituer, ce qui 
est contraire à l'étymologie. 

A côté de ces mots, où Ton s'étonne de ne pas trouver l'Académie 
toujours d'accord avec elle-même, il en est d'autres où il est împos= 
sible de concilier la division avec l'étymologie; tels sont desceller, 
description, destitution, destruction, prescription, rescription, téles= 
cope, et tous ceux où la préfixe se termine par un e muet. Si l'on 
divisait desceller, description, destitution, destruction, prescrip= 
tion, rescription, télescope, conformément à l'étymologie, au lieu 
de des-celler, des-cription, téles-cope, etc., comme on le fait pour 
que Vs du radical donne à Ve muet de la préfixe le son d'un é aigu, 
les étrangers et bon nombre de Français croiraient devoir faire cet e 
muet dans la prononciation. — Ne serait-11 pas plus convenable de 



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— 300 — 

Taccentuer, pour faciliter une division rationnelle , puisque dans les 
mots où le radical commence par une voyelle, tels que désaccord, 
désarmer, désordre, etc., on met un accent qui tend, au contraire, à 
altérer cette division rationnelle? En effet, quelques auteurs pensent 
qu'on doit diviser désaccord, désespoir, désunir, etc., à cause de 
Taccent, et d'un autre côté nous voyons dans un dictionnaire l'accent 
supprimé devant l'A ; déshabiller, dis^shériter, déshonorer, etc. 

On est surpris que l'Académie, qui divise in^spirer, catastrophe 
( à Voir.) , apostropher, solsticial, dés-astre, hémisphère, hém- 
ptère, mono'ptère, conformément à l'étymologie, s'en écarte en divi= 
sant cho-révéque, horos-cope, coléop-tère, etc. 

Il est des mots qui réclameraient deux s successives, l'une pour la 
préfixe, l'autre pour le radical; on devrait donc écrire sotùsscrire, 
atmossphére, etc. L'usage n'en admet qu'une* ; et lorsqu'on divise ces 
mots, c'est la consonne finale de la préfixe qui doit être supprimée, 
comme nous le voyons dans microscope (à Infusoire) et stétho- 
scope * (à Auscultation). Cependant l'Académie n'a pas toujours tenu 
compte de cette règle : dans une même colonne elle divise soiiscrire 
et sous-crire, sous-cripteur et sonnscripteur; et partout ( à Atm osphé= 
RiQUE, Aériforme, Air, Bas, adj., Ciel, etc.)» elle divise cUmos-phère^, 
bien que phère n'ait par lui-même aucune signification. 
' Nous terminerons cet article du tiret en demandant s'il ne serait 
pas convenable de faire suivre de ce signe, comme on le fait pour le 
mot contre, la préposition anti, empruntée du grec et indiquant oppo= 
sition, contrariété. On écrirait anti-pape'', anti-apoplectiqvs, anti- 
fébrile, anti-laiteicx, antisocial, etc., au lieu de antipape, antiapo= 
plectique, etc. — Peut-être même devrait-on mettre le tiret après la 
syllabe co, signifiant avec, dans les mots coassocié, copartageant, 
copermutant, copropriétaire, covendeur, etc., et surtout dans colégap 
taire, colicitant, coreligionnaire, qui sans cela devraient doubler la 
consonne / ou r comme on le fait pour collaborateur, colkUéralj cor= 
relation, etc. 

TISSURE, s. f... Fig., La TISSURE d'un discours, d'un poëme, etc., U 
disposition, l'ordre, l'économie des parties d'un discours, d'un poëme. 
Il y a d'assez belles choses dans ce discours, mais la tissure n'en 
vaut rien. Ce sens a vieilli ; on dit Tissu. — Au mot Tissu, qui est 
en effet plus usité que tissure, nous lisons : « Ordre, suite, enchaîne- 
ment. Le tissu de son discours est fort bon. Le tissu de son style est 
plein, serré. Le tissu de sa diction est tel qu'on ne peut en rien retran- 
cher, ni rien y ajouter. » Mais n'aurait-il pas été convenable de men- 
tionner ici Texture, où nous lisons « Fig., La texture d'un ouvrage, 

1. Excepté dans tramsuhstantiet' et transsubstantiatian , transsuder et trans9iulaU&n, 

2. De micros, petit; scopéin, regarder, examiner; — stéthos, poitrine, etc. 

3. De atmos, exhalaison f vapeur; sp/iatra, sphère. 

4. Qrn écrit anti-Liban, anti'Taurus; et quelques auteurs écrivent aiUé-CkHit. 



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— 301 — 

d'wie pièce de théâtre, d'un poème, etc., La liaison des différentes par- 
ties de cet ouvrage, etc. » ; — et même Contexture , où il est dit : « Il 
signifie aussi, figurément, La liaison des diverses parties d'un ouvrage 
d'esprit. La cqntexture d'u7i discours, d'un poème » ? 

TiSTRE, V. a., synonyme de Tisser. 11 n'est en usage que dans les 
temps formés de Tissu, qui est son participe. Il a tissu cette toile... 
Une étoffe bien ^m<^e.— Nous regrettons que le participe ^mw^ qui tous 
les jours s'emploie substantivement, et qui dans ce cas ne saurait être 
remplacé par le participe du verbe tisser, ait cessé d'être en usage dans 
le sens propre ; mais nous n'en croyons pas moins qu'on ne dit plus 
il a TISSU cette toile; une étoffe bien tissde. Par la même raison, nous 
pensons qu'il faut substituer tissé à tissu dans les phrases suivantes : 

(à Feutre) Espèce d'étoffe non tissue... 

(à Or) Défendre l'or et l'argent, Défendre de porter des étoffes, des den- 
telles, etc., TissuES de fil d'argent doré. 

(à Padou) Ruban tissu moitié de fil et moitié de soie. 

(à Sangle) Une sangle bien tissue. 

A l'article Tisser, nous trouvons : « Cette toile est bien tissée. » 
TITAN, s. m. Il n'est guère usité qu'au pluriel. Nom des géants qui, 
selon la Fable, voulurent escalader le ciel et détrôner Jupiter. — Il 
aurait été fort utile d'avoir ici un exemple qui fît connaître qu'on 
doit écrire ce mot avec une majuscule. En voici un qui est à l'article 
Foudroyer : « Jupiter foudroya les Titans. » C'était d'autant plus 
convenable, que l'Académie écrit toujours les géants avec un petit g : 

(à Géant) La guerre des géants contre les dieux, 

(à Escalader) Les géants voulaient escalader le ciel. 

(à Foudroiement) Le foudroiement des géants. 

TiTHYMALE, S. m. T. de Botan. Nom que l'on donne aux euphorbes 
indigènes, telLES que l'épurge, l'ésule, etc. — Voy. Euphorbe, s. m. 

TOAST, s. m. On prononce et quelques-uns écrivent Tosle... 
— Toaster, v. a. et n. Voyez Toster. — Toste, s. m. Voyez Toast. — 
TosTER, V. a. Porter un toast... 

L'Académie renvoie de ioaêter à toster, et au contraire de toste à 
toast. 11 vaudrait mieux suivre partout la même marche, prendre 
TOSTE et TOSTER pour mots principaux, et y renvoyer toast et toaster, 
qui représentent l'orthographe anglaise et non notre prononciation. 
Cela serait d'autant plus naturel que l'Académie a francisé aile, 
bifteck, pouding, rosbif, etc. Au reste, dans sa précédente édition elle 
écrivait déjà Toste et Toster, sans même mentionner Toast, toaster, 

TOMBER, V. n... Tomber sur quelqu'un. Se jeter, se précipiter, 
fondre sur lui , l'attaquer vigoureusement. Ils sont tombés l'un sur 
l'autre avec impétuosité, à bras raccourci,.. En termes de Faucon- 
nerie, L'oiseau a tombé sur la perdrix, 11 a fondu sur elle. — On lit 
encore : Il a voulu courir, et il est tombé. Les poètes disent que Vulcain 
A tombé du ciel pendant un jour entier... Ce grami courage a tombé 



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— 302 — 

tout à coup... Cette pièce est tombée à la première représentation. — 

Ici, il ne s'agit pas de phrases faites, de termes techniques; il semble 

donc permis d'en conclure qu'on peut employer les deux auxiliaires. 

TONNEAU, s. m. — De même que l'Académie a eu soin de mettre 

(à Fil) Fig., Le fil d* Ariane, se dit quelquefois de ce qui sert à diriger, 
à guider dans certaines recherches difficiles ; par allusion au fil 
qu'Ariane donna secrètement à Thésée , pour qu*il retrouvât son 
chemin dans les détours du labyrinthe. 

(à Toile) Prov. et fig., Cest la toUe de Pénélope, se dit d'une afi&mre qui 
recommence toujours, et ne finit point, 
elle aurait dû donner ici les diverses acceptions de cet autre pro- 
verbe, C'est le tonneau desDanaïdeSj auquel les uns font signifier,' 
C'est un ouvrage interminable, un gouffre de temps et d'argent; — 
d'autres. C'est un homme d'une extrême prodigalité, qui engloutirait 
les plus grandes fortunes; etc. 

TORS, ORSE, adj. Qui est tordu, ou qui paraît l'être. De la soie 
torse. Du fil tors.Dusitcre tors. Des jambes torses. Cou tors. Colonnes 
torses. On dit populairement Torte au féminin, en parlant de *ce qui 
est contourné, difforme. Jambes tortes. Bouche torte. -^Nons croyons 
que populairement on dit plutôt jambes tortues (avec \m t), bouche 
tordue (avec un d); mais nous nous demandons si ces deux locutions 
jambes tortes, bouche torte, ont été mises pour signaler des exprès^ 
sions vicieuses qu'il faut éviter, ou comme des termes dont on peut 
faire usage. 

TÔT... Il n'arrivera pas sitôt, de sitôt. Votre affaire ne sera pas 
SITÔT finie que la mienne. Je n'arriverai pas sitôt que vous, aussitôt 
qt^ vous. U n'est pas arrivé aussitôt qu'il l'avait promis. — Puis- 
qu'on écrit plus tôt en deux mots dans ces phrases : Il était venu 
PLUS. TÔT qu£ moi. Son procès sera jugé plus tôt que le mien, il fau- 
drait de même écrire si tôt, aussi tôt, en deux mots, dans celles-ci : 

Votre affaire ne sera pas si tôt finie que la mienne. 

Je n'arriverai pas si tôt, acssi tôt que votw. Etc. 

(à Attendre) Je ne m'attendais pas à vous voir si tôt. 

(à Dévêtir) Il est dangereux de se, dévêtir si tôt. 

(à Fleur) Cette fleur si belle et qui fut si tôt moissonnée. 

(à Peinture) Ces fenêtres ne seront pas de si tôt dégradées par la pluie,*, 

(à Retirer) Pourquoi vous retirer si tôt? Etc, Voy. Plutôt. 

TOU€HER... Toucher dans la main. Mettre sa main dans celle d'un 
autre, en signe de réconciliation, d'amitié, ou de conclusion de 
marché , etc. Le marché est conclu, il m'o> touché dans la main. Nous 
nous sommes touchés dans la main. On les a réconciliés, ils se sont 
touchés dans la main. Il me tendit la main, et me dit : Touchez là, 
l'a/faire est faite. — Ici l'Académie écrit touchés au pluriel dans ces 
phrases 7ious nous sommes toucbéS... ils se sont touchés...; à l'article 
Main, elle dit « Toucher dans la main À quelqu'un, mettre sa main 



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— 303 — 

dans la sienne, en signe d'amitié, de réconciliation, d'accord, d'ac- 
quiescement. Us se sont touché dans la main. » Nous croyons que 
cette version toucher dans la main À quelqu'un, où le participe reste 
invariable, est bien préférable à Toucher quelqu'un dans la main, où 
Ton fait accorder *le participe; on dirait. Je loi ai touché dans la 
mainj et non Je L'ai touché dans la main. Molière a dit : 

« Allons, toucheZ'Lvi dans la main, et rendez grâce au ciel de votre bonheur. » 
L'expression Ils se sont touché la main, qui est usitée et que nous 
aurions dû trouver dans le Dictionnaire de l'Académie, lèverait la 
difficulté relative au participe; mais elle nous semble plus froide et 
ne répond pas si bien à la locution populaire, Ils se sont donné une 
franche poignée de main. 

TOUT... Fam., En tout et par tout. Entièrement. Je suis de votre 
avis en tout et par tout. -— Dans les quatre premières éditions, l'Aca- 
démie écrivait par tout en deux mots i II va par tout ; il passe par 
tout; on dit par tout; je suis de votre avis en tout et par tout. 
N'est-ce point par distraction que celle de 1835 a maintenu cette 
orthographe dans la dernière phrase citée, tandis que dans les autres 
partout ne forme plus qu'un seul mot : « // va partout; il est par- 
tout; il passe partout; on ne peut être partout; on reprend son 
bien partout où on le. trouve; on se moque de lui partout où il va » 
(à Partout) ? Mais nous proposerons un autre amendement, qui 
consisterait à substituer pour tout à par tout ou partout : Je suis 
de votre avis en tout et pour tout. 

TOUT, adv... Cest maintenant tout un autre homme, ou mieux urr 
tout autre homme,.. Bien des gens s'y tromperaient, et vou^s tout le 
premier. — La même raison qui a fait préférer à l'Académie un tout 
autre homme à tout un autre homme, aurait dû, suivant nous, lui 
faire ajouter « ou mieux le tout premier », car on dirait, au féminin, 
LA toute première, et au pluriel^ les tout premiers. Voy. Premier. 

TOUT, adverbe, étant mis immédiatement devant un adjectif fémi- 
nin qui commence par une consonne ou une H aspirée, reçoit le genre 
et le nombre du nom ou du pronom auquel cet adjectif se rapporte. 
Elle est toute malade. Elles furent toutes surprises de le voir. Elle en 
esÉ toute honteuse. C'est toute la même chose. — Ce dernier exemple 
rentre-t-il bien dans la règle? Nous ne le pensons pas. Il nous semble 
que dans cette phrase tout doit rester invariable, et cela pour deux 
raisons : d'abord, tout n'est pas suivi d'un adjectif féminin, comme la 
règle l'exige pour l'accord; ensuite, même en considérant la même 
chose comme une locution adjective, il n'en reste pas moins constant 
que tout doit « recevoir le genre et le nombre du pronom (ce) auquel 
cet adjectif se rapporte. » 

TRACE, s. f... se dit encore Des lignes que l'on fait sur le terrain, 
pour marquer le dessin d'un jardin, l'alignement d'un mur, le plan 
<l'un édifice. Faire la trace d'un parterre. — Il se dit également Des 



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— 504 — 

premiers points d*aiguille , des premiers traits que Ton fait sur du 
canevas, pour marquer les contours des figures d'un ouvrage de tapis- 
serie. J'ai donné à celte ouvrière tant pour le dessin j tant pour la trace. 

Nous croyons qu'aujourd'hui l'on emploie plus généralement, peut- 
être même uniquement le mot tracé au lieu de trace dans les accep- 
tions ci-dessus. Au reste l'Académie admet le participe tracé employé 
substantivement : Le tracé d*un ouvrage de fortification. Le tracé 
d'une broderie, 

TRACHÉOTOMIE.— Faut-il prononcer trachéotomie ou trakéotomie f 
Le silence de l'Académie fait supposer qu'il faut dire trachéotomie; 
mais cette prononciation paraît choquante dans un terme qui n'est 
employé qu'en Médecine. Trachée est français, mais trachéo est grec 
et doit conserver la prononciation grecque. 

TRAFIQUANT, S. m. — H semblerait naturel d'écrire un traficant 
comme on écrit un fabricant, 

TRAIN, s. m... Pop., Boute-en-train, se dit d'un homme qui excite 
les autres à la joie , qui met toute la compagnie en train. — Il aurait 
mieux valu renvoyer à ce mot composé, lettre B , où il a trois accep- 
tions, que d'en donner ici une seule *. 

TRAITER, v. a... On ne Va pas fort bien traité, il s'en plaint, — Il 
aurait été utile de donner ici un exemple analogue au suivant, qui 
est à l'article Porte : Il fît bien de prendre la porte, sans quoi il au- 
rait été mal traité. De cette manière on aurait appris qu'on peut 
écrire maltraiter et mal traiter, et que chacune de ces deux variantes 
a son acception, tandis qu'à Porte cet exemple passe inaperçu. 

TRANQUILLE. (Dans ce mot et ses dérivés, les L ne se mouillent 
point, et on n'en fait sonner qu'une.) — Lorsqu'on ne fait sonner 
qu'une l dans le milieu des mots, cette 7 ne peut être mouillée. Bien 
qu'en général ce qui abonde ne vicie pas, nous croyons qu'il aurait 
suffi de dire : Dans ce mot et ses dérivés, on ne fait sentir qu'une L. 

TRANSITIF, adj. m... T. de Gramm. Il se dit des verbes qui .mar- 
quent l'action du sujet de la proposition sur la chose ou la personne 
que désigne le régime ou complément direct du verbe. Tous les verbes 
actifs sont transitifs, — intransitif, ive, adj... se dit des verbes 
neutres, lesquels expriment des actions qui ne passent point hors du 
sujet. Dîner, souper, marcher, parler, sont des verbes intransitifs. 
Signification inlransitive , 

Ces deux locutions transitif et intransitif, aujourd'hui employées 
par la plupart des grammairiens , ne sont appliquées à aucun verbe 
dans le cours du Dictionnaire; et cependant il semble que si ces 
dénominations doivent passer dans la pratique, il serait convenable 
de les rendre familières à ceux qui consultent l'Académie. — Outre 
cela nous avons un scrupule à lui soumettre. Elle appelle verbes 

1. Dans les autres acceptions, boute-en-tmin est d'abord un terme de Haras et signifie 
Cheval entier, etc. ; puis il se dit d'un petit oiseau qui sert à faire chanter les autres. 



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— 305 — 

intrtmsitifs ceux dont Taction ne passe point hors du sujet. Mais 
dans nuire à qtislqu'un, médire d-e quelqu'un, l'action passe bien cer- 
tainement du sujet à l'objet, et nous nous demandons si nuire et mé- 
dire doivent être appelés verbes intransitifs ; quelques grammairiens 
en doutent, et nous faisons comme eux. 

TRANSVASER, V. à. Versor uue liqueur d'un vase dans un autre. Il 
faut transvaser ce vin, cette eau-de-vie, — Pour le verbe Soutirer 
l'Académie a bien donné le substantif corrélatif « Soutirage , s. m. 
Action de soutirer. // lui en a coûté tant pour le soutirage de son vin » ; 
mais transvaser n'a pas de corrélatif, et il faut nécessairement qu'il 
en ait un. Quelques dictionnaires donnent transvasement, parce que 
M. de Salvandy a employé ce mot : « Les puissances alliées n* ont-elles 
pas donné au monde le spectacle du singulier transvasement des 
nations qui, conquérantes, viennent garder les vaincues, et, vaincues, 
vont maintenir les conquérantes ?» — Mais dans cette phrase le mot est 
pris figurément, et pour le sens propre on pourrait se servir de 
transvasage, qui est d'un grand usage dans quelques localités, et qui 
nous paraît formé tout aussi régulièrement que arpentage, binage, 
calfatage, carrelage, éclairage, fossoyage, et cent autres mots de 
cette désinence. — On ne manquera sans doute pas de dire qu'il est 
ridicule de proposer un nouveau mot, puisqu'il en existe déjà un, 
qui a été créé par un ministre de l'Instruction publique, membre de 
l'Académie Française ; et plus ridicule encore peut-être de proposer 
l'emploi de deux mots, l'un pour le sens propre, l'autre pour le sens 
figuré. — Nous répondrons d'abord que transvasage est un terme connu 
depuis bipn longtemps, et ensuite que transvasement ne nous paraît 
pas plus susceptible d'être employé pour le sens propre que trans- 
vasage pour le figuré; d'ailleurs il nous semble tout aussi naturel 
d'avoir transvasage et transvasement que accofnmodage et accom- 
modement, raccommodage et raccommodement, battage et battement, 
abatage (sic) et abattement^, etc^etc. 

1. Noos avons un certain nombre de verbes dont on a formé deux et même trois substan- 
tifs ; voici quelques-uns de ces doubles ou triples dérivés , que nous ajoutons à ceux que nous 
venons de donner. Nous aurions voulu les grouper d'après le rapport plus ou moins intime 
qui existe entre ces dérivés ; mais nous avons trouvé des nuances qu'il était impossible de 
faire sentir, et d'ailleurs tel d'entre eux a plusieurs acceptions , ce qui détruisait les rappro- 
chements que nous aurions pu faire. Nous nous sommes donc borné à séparer les terminai- 
sons : abatage, abattement; accommodage, accommodement; ajustage, ajustemeut; arrosage, 
arrosement; équarrissage, équarrissement; équipage, équipement; frottage, frottement; habil- 
lage, habillement; pansage, pansement; pavage, pavement; raccommodage , raccommodement; 
rapairiage, rapatriement; remuage, remuement; roulage, roulement; — chauffage, chaufferie; 
frelaiage, frelaterie; partage, parlerie; pillage, pillerie; rabâchage, rabdcherie; radotage, 
radoterie; ravaudage, ravauderie; saunage, saunerie; — agacernent, agacerie; chuchotement, 
chucholerie; — battage, battement, batterie; raffinage, raffinement, raffinerie; — patrouillage, 
patrouillis; — fanage, fanaison; — brochage, brochure; — lavage, lavement, lavure; — 
brûlement, trrûlerie, brûlure; — affectation, affection ; — exhalaison, exhalation ; extravasa- 
tUm, extravaswn; — abolissement , abolition; prostemement , prosternation; résiliement, 
résiliation; — abstinence, abstention; convenance, convention; — négligence, négligement ; — 
croyance, créance. — De brailler on a fait braillard et brailUur; de grogner, grognard, 

39 



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• 306 — 

OU TRÉMA. 

Le tréma sert, comme le dit l'Académie, à faire détacher la voyelle 
ainsi accentuée de la voyelle précédente ou suivante, mais il ne rem- 
place point un accent, il ne donne aucun son à. la voyelle qui en est 
affectée. Nous croyons donc qu'il devrait être réservé pour Vi et I'm 
{naïf^ Saulj ïambe, etc.), et que pour Ve il devrait être remplacé par 
l'accent grave ou l'accent aigi. Puisqu'on écrit aujourd'hui poésie , 
poétique j poétiser, goétie, avec un accent aigu, il faudrait écrire de 
même goéland, goélette, goémon, au lieu de goéland, goélette, goémon, 
et mettre un accent grave lorsque cet e est suivi d'une syllabe muette : 
poème, poète, ciroène, troène, au lieu de poème, poète, ciroëne, troène. 

Quant à' Ve qui forme syllabe avec la consonne suivante , il devrait 
ne jamais prendre le tréma; et de même que l'Académie écrit tael, 
coefficient, coemption, coercible, coexister, elle devrait écrire aussi 
Noël, Israël, Raphaël, Aello, et non Noèl (aux art. Noël, Avent, etc.), 
Israèl (à Peuple, Tribu, etc.), Raphaèl (à École, Famille, Trans- 
figuration, etc.), Aèllo (à Harpie), etc. 

Pour Kakatoès, au lieu de Kakatoès, etc. , voyez ce mot. 

L'emploi du tréma pour séparer la voyelle qui en est affectée de 
celle qui suit aussi bien que de celle qui précède, est une heureuse 
idée; et puisque l'Académie en a fait usage ainsi dans l'orthographe 
des mots ïambe, ïambique, et dans la prononciation du mot loquèle 
(qu'elle figure lociièle), nous espérons qu'elle l'introduira également 
sur Vu dans les verbes arguer, rédarguer, dont quelquefois on pro- 
nonce mal à propos la finale comme celle de haranguer; sur celui du 
verbe ouïr, et sur l'a du verbe haïr, dont trois personnes demandent 
le tréma et le circonflexe ; on écrirait : nous ouïmes, vous ouïtes, qu'il 
oûit; nous haïmes, vous haïtes, qu'il haït. 

Pour conformer l'orthographe à la prononciation , l'Académie écrit 
a/ieul, baïonnette, baïoque, biscaïen, caïeu, camaïeu, faïence, gaïac, 
glaïeul, païen, etc.; il est probable que bientôt elle suivra le même 

grogneur et grognon. — Enfin il est des verbes qui dérivent d*un substantif ou d'un adjectif, 
et qui à leur tour ont un ou plusieurs dérivés : agio, agioter, agiotage; cahot, cahoter, cabo- 
tage; échafaud, échAÎsmàer, échafaudage; tricot, tricoter, tricotage ; — estime, estimer, esti- 
mation; profane, profaner, profanation; — frisson, frissonner, frissonnement; raison, rai- 
sonner, raisonnement; — ôott/fon, bouffonner, bouffonnerie; fripon, friponner, frifionnerie ; 
—coiffé, coiffer, coiffure; sale, salir, salissure; — bras, embrasser, embrassade, embrassement ; 
recul, reculer, reculade, reculement; — net, nettoyer, nettoyage^ nettoiement; port, porter, 
portage, portement; — retard, retarder, retardation, retardement; temps, temporiser, tempo- 
risation/ temporisement ; — caquet, caqueter, caquetage, caçueterie; maçon, maçonner, 
maçonnage, maçonnerie; parquet, parqueter, parquetage, parqueterie; tan, tanner, tannage, 
tannerie; — picot, picoter, picotement, picoterie; taquin, taquiner, taquinement, taquinerie; 
— brun, brunir, brunissage, brunissure; glane, glaner, glanage, glanure; — charlatan, char- 
lataner, charlatanerie, charlatanisme; pédant, pédanter, pédanterie, pédantisme ; — damas, 
damasquiner, damasquinerie , damasquinure;—rance, rancir, rancidité, rancissure; — blane, 
blanchir, blanchissage, blanchisserie, blanchiment;— flot, ûotter, flottage, flottaison, flottement; 
—Sel, saler, salage, salaison, salure;— souffle, souffler, soufflage, souffteiie, soufflure. Etc. ete. 



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.— 307 — 

principe pour les mots bayadère, hayari, copayer, etc, qu'elle dit 
de prononcer comme s'il y avait un ï. Elle ajoute même que « quel- 
ques-uns écrivent baiart, copaïer ». A Rodcouyer, elle ne donne ni 
variante ni prononciation ; mais c'est évidemment un oubli. 

L'emploi de l'i* tréma dans les deux premières personnes plurielles 
de l'imparfait de l'indicatif et du présent du subjonctif des verbes en 
tierj oîier, tend à se généraliser, et nous ne pouvons qu'y applaudir. 
En effet, la rencontre de trois ou quatre voyelles consécutives exigeait 
qu'un signe indiquât la divisfon des syllabes et fît connaître que l'i 
qui vient après Vu doit en être détaché dans la prononciation : nous 
diminuions; qice vous diminuiez; nous jouions^ que vous jouiez. On 
regrette que l'Académie ne donne aucun exemple où ces personnes 
se trouvent employées. 

TRÉMiiiRE, adj. f. Il n'est usité que dans cette dénomination. Rose 
trémière. Espèce de grande mauve dont la fleur a quelque ressem- 
blance avec la rose. — Cette définition ne nous apprend que la moi- 
tié de ce que nous voudrions savoir : elle nous dit bien pourquoi* cette 
mauve est nommée rose, mais non pourquoi elle est surnommée tré- 
mière. C'est sans doute parce que ses grands pétales sont agités par 
le moindre vent comme les feuilles du tremble. 

TRÈS. Particule qui marque le superlatif absolu , et qui se joint à 
un adjectif, à un participe ou à un adverbe. Bon, très-bon. Mauvais , 
très-mauvais. Très-connu. Très-estimé. Très-bien. Très-fort. Très- 
peu. Très-sagement. — Le tiret est-il nécessaire entre la particule 
très et l'adjectif, le participe ou l'adverbe qui vient après? L'Acadé- 
. mie ne l'a pas mis dans la seconde édition de son Dictionnaire, et 
quelques auteurs le suppriment comme inutile. Ceux qui tiennent 
absolument au tiret après la particule très donnent pour raison que 
cette particule est seule de son espèce ; qu'on ne l'emploie jamais 
sans un complément, et qu'anciennement on la joignait même à l'ad- 
jectif, etc., qu'on voulait modifier, dont on voulait augmenter l'éner- 
gie, comme dans trèsbon, trèsmauvais. Ceux qui, au contraire, en de- 
mandent la suppression, disent qu'il n'y a pas de raison pour en mettre 
dans très-mauvais, très-connu, puisqu'on n'en met pas dans bien mau- 
vais, fort connu, qui ont à bien peu de chose près la même valeur. 
Mais, à notre avis, ce qui militerait le plus en faveur de la suppres- 
sion, c'est qu'aujourd'hui la particule très s'emploie pour modifier 
certaines locutions qu'il est impossible de faire précéder d'un tiret, 
comme dans très au sérieux, tv^ts au fait, très à son aise, très en 
crédit, très à Va hâte, très à la mode, très à propos, etc.; et l'Aca- 
démie elle-même dit : un homme très comme il faut. Voyez Falloir. 

TRÊVE. — Ce mot devrait prendre un è, comme fève, grève, etc., et 
nous voyons deux fois trêve dans l'article Paix. 

TRISECTION. TRISSTIXABE.— Pourquoi met-ou deux s à trissyllabe 



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— 308 ^ 

et une seule à trisection f Que la première syllabe vienne du latin 
1res ou du grec treis, Tétymologie en est toujours terminée par une s; 
et si cette s se supprime dans trisection, il semblerait naturel de la 
supprimer dans trissyllabe, ou vice versa. Dans le Dictionnaire de 
MM. Ouicherat et Daveluy on voit que les Grecs écrivaient trisûllabos; 
Priscien, trisyllabus, a, um, adj. ; et Varron, trisyllabum^ s. n. L'Aca- 
démie peut donc en toute sécurité écrire trisyllabe avec une seule s, 
comme elle le fait pour trisection. — Si elle craignait de paraître in- 
conséquente en écrivant trisyllabe avec une seule s et dissyllabe, 
dissyllabique avec deux, elle pourrait supprimer également une s 
dans ces deux derniers mots, car nous voyons dans ce même diction- 
naire que les Grecs écrivaient disûllabos ; Quintilien , disyllabus, a, 
um, adj.; Priscien, disyllabum, s. n.,* et Lucilius, disyllabon. 

TROMPILLON, S. m. Diminutif. T. d'Archit. Petite trompe.— Trowpc 
de voûte, Pierre ronde faisant partie des voussoirs d'une niche. 

Sans doute il faut lire : Trompillon de voûte. 

TROTTER, V. n. Aller le trot. Ce cheval trotte mal. Un cheval qm 
trotte menu. Faites trotter ce cheval. — Il aurait fallu mettre ce verbe 
comme étant aussi actif, car on lit : 

(à Longe) Corde d'une certaine étendue, placée à Panneau du caveçon, et 
qui. sert à tenir un cheval que l'on trotte sur des cercles. 
Trotter un cheval à la longe, à la plate4onge. 

(à Plate-Longb) Trotter, faire trotter un cheval à la plate-longe. 

TUFFEAU, s. m. TUFIER, liiRE, adj. ■— Il serait à désirer que ces 
mots suivissent la même orthographe , et que tous les deux prissent 
également deux f ou une seule , mais plutôt une seule. 

TYPOGRAPHIE. 

Le but de cet article est de grouper des fautes typographiques dont 
plusieurs n'avaient pas assez d'importance pour trouver place dans 
le corps de cet ouvrage. 

Sans doute c'est généralement sur le compte de l'auteur qu'on met 
les fautes, quelles qu'elles soient, qui déparent ses œuvres; mais le 
reproche n'est pas toujours fondé; souvent même l'auteur en est tout 
à fait innocent, car elles peuvent résulter ou de corrections mal faites 
au moment de mettre sous presse, ou de lettres enlevées par les rou- 
leaux pendant l'impression et remises ailleurs qu'à leur véritable 
place. Nous convenons sans peine que pour un ouvrage cliché, comme 
le Dictionnaire de l'Académie, ce dernier danger n'est pas à craindre, 
puisque chaque page ne forme qu'une seule pièces mais il y a parfois 
des lettres écrasées par un accident quelconque, et s'il faut en rem- 
placer plusieurs , l'ouvrier clicheur peut faire des transpositions ou 
mettre dans une ligne ce qui devait entrer dans une autre. 



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— 300— 

Quelles que soient la cause et la nature de ces erreurs, on ne sau- 
rait assez veiller à ce que le Dictionnaire de T Académie en présente 
le moins possible, car celles qui ne frappent pas les yeux sont quel- 
quefois copiées aveuglément par les lexicographes. Nous nous per- 
mettrons d'en citer deux exemples : 1° A la lettre Y, l'Académie dit 
« YÈBLE , s. M. Plante. Voyez Hièble » , tandis qu'à la lettre H , elle dit 
« HiÈBLE, s. F. T. de Botan. Espèce de sureau... » 2° Elle donne à 
Euphorbe le genre masculin (Euphorbe, s. m.)» mais à l'article Ésule 
on lit : « Nom que Ton donne à plusieurs espèces d'EUPHORBES hbr- 
baCÉES...», et à Tithymale : « Nom que l'on donne aux euphorbes 
indigènes, telLES que l'épurge, l'ésule, etc. » Les contradictions 
pour le genre donné aux mots yèble, hièble, euphorbe, dans ces divers 
articles, se trouvent répétées à peu près lettre pour lettre dans quel- 
ques dictionnaires que nous avons sous les yeux. 

ERRATA TYPOGRAPHIQUE DU DICTIONNAIRE DE V ACADÉMIE. 



Adiante, s. f. — Lisez : s. m. 

AiGUADE, s. f. (Ce mot et les cinq sui 
vants se prononcent comme s'il n'y avait 
pas d*U). — Lisez : ... et les deux sui- 
vants {aiguail, aiguayer). Quant aux 
trois autres (aigite- marine, aiguière , 
aigmérée) , Vu s'y fait sentir, puisqu'il 
rend le g dur. 

Alkéeengb. — (lig. 4) Au lieu de, un 
baie , lisez : une baie. 

Aller.— (p. 57, col. 1, lig. 9) sa pas- 
ser. — Lisez : se passer. 

Ambigument. Ambiguïté. — Transposez : 
Ambiguïté. Ambigdmeint. 

Ame. — (p. 64, c. 4, 1. 4) contrebasse,— 
Lisez :eontre-b(Kse, d'après l'Académie*. 

ANTisTPmLiTiQOE , adj. et s. — Lisez: 
et s. m. 

Appétit.— ( p. 89, c. 3, 1. 8 ) /l n'est chère 
que d*a/ppétit» — Lisez i // n'est sauce, 

Archet. — (lig. 5 et 1) contreba^sse.— 
Lisez : contre-basse, d'après l'Académie. 

Arrière-garde. — (lig. 7) arrière garde, 
— Ajoutez le tiret. 

AsPERSOiR, s. f. — Lisez : s. m. 



Baiseur, euse, adj. — Lisez : subst. 
Ballottade , s. m. — Lisez : s. f . 
Bardane. — (lig. 3) folioles crochus. 

— Lisez : ... crochues. 
BÈGUE. — Lisez : Bègue. 

Beurre. — (lig. 15) espèce de petit lait. 

— Lisez : ... petit-lait, 

Billon , s. f . (T. d'Agric. ) — Lisez : s. m. 

Bivaquer ou Bivouaquer. Bivalve. — 
Transposez : Bivalve. Bivaquer... 

Blanc. — (p. 192, c. 2, 1. 68) Le code 
ne permet pas.., — Lisez : Le Code*.., 

Boeuf. — (p. 196, c. 3, 1. 42) Des œih- 
de-bœUfS, — Lisez : Des osUs-de-boRuf, 

Bois. — (lig. 7 ) campèche. — Lisez : 
campéche, d'après l'Académie. 

Bolet. — (lig. 6) Bolet comestible, ou 
Ceps, — Lisez : ... Cèpe. 

Boulonner , v. n. — Lisez : v. a. 

ÇÀ.— (p. 241, c. 2, 1. 1-2) Or pa com- 
mençons. — Lisez : ... çà.„ 

Canepin. Canéphore. — Transposez 
Ganéphore. Canepin. 

Capote. — (lig. 11) havresac. — Lisez : 
havre-sac, d'après l'Académie. 



1. Ces mots « d'après l'Académie » signifient que nous relevons une irrégularité dans l'or- 
thographe du Dictionnaire, mais non que nous désapprouvons la variante signalée ; ainsi nous 
préférons contrebasse, campèche, hamesac, entrôsol, ognon, trêve, etc., qui sont des variantes, 
à contre-ba^e, campèche, havre-sac, entre-sol, oignon, trêve, etc., qui sont l'orthographe de 
l'Académie. 

2. Le mot Code, employé sans complément , doit prendre une majuscale : le Code; le Code 
et le Digeste; ce cas n'a point été prévu par te Code, etc. Lorsqu'il a un complément, il s'écrit 
avec une minuscule : le code de Jusiinien; le code civil; le code de procédure civile, etc. Nous 
avons plusieurs mots qui suivftnt cette règle. Voy. Institut. 



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— 310 — 



Capuchon. — (lig. 13) /«« fleurs.., du 
pied d* alouette.— lAaez : ...pied-d' alouette 
(avec un tiret). 

Cas.— (lig.23) lecode.^LisezzleCode. 

Causé, fe, participe... (p. 272, c. 2, 
1. 37.) — Supprimez cette ligne, puisque 
le participe de causer, s'entretenir avec 
quelqu'un, est invariable. 

CéDiLLE, s. f. (On mouille l'L). — Lisez : 
(...lesL). 

Cervier, adj. f. — Lisez : adj. m. 

Chaire. — (p. 282, c. 2, 1. 21-22) la 
chaire de Saint-Pierre. — Lisez : ... saint 
Pierre. 

Chien. Ghie-en-lit. — Transposez 
Chie-en-ut. Chien. 

CrrRON. — (lig. 4-6) Couleur de citron. 
Chair de citron confite. Êcorce de citron, 
Couleur de citron. — Supprimez le 
1" Couleur de citron. 

Clapotage. — (lig. 3) s* entrechoquent 
— Lisez : s'entre-choquent. 

Clef. — (p. 328, c. 3, \. U) Les clefs 
de Saint-Pierre. — Lisez: ...saint Pierre. 

Code. — (lig. 23) le Code forestier.— 
Lisez : le code,.. 

Collection , s. m. — Lisez : s. f. 

Commencer. — (p. 349, c. 1, 1. 14) 
Après ces mots : en telle année^ mettez la 
fin du 3* alinéa depuis ceux-ci : Cepen- 
dant on dit quelquefois. Commencer à... 

Comprendre. — (p. 363, c. i, 1. 12) 
tel article du code. — Lisez : ... Code. 

Concordant. — (lig. 4) Un beau cor- 
cordant. — Lisez : ... concordant. 

Concret.— (lig. 4) Au lieu de quantité, 
lisez : qualité, comme à la ligne 6. . 

Convoquer. — (lig. 4) Les États qui 
furent convoqiiés à Blois. — Lisez : Les 
états K.. 

Côté. — (p. 419, c. 3, 1. 64) cotés du 
monument, — Lisez : côtés... 

Coudre. — (lig. 3. ) Je coudrais Je cou- 
drais. — Lisez : Je coudrai. Je coudrais. 

Couler , v. a. Fluer. — Lisez : v. n. 

Cour. — (p. 432, c. 1, 1. 70) du grand 
du<: de. — Lisez : ... grand-duc... 

Croche. — (lig. 2) jamhre croche. — 
Lisez : jambe... 



Croissant, s. m. — (lig. 15) LorgueU 
du croissant. — Lisez : ... Croissant. 

Croître. — (lig. 42) La population 
crut beaucoup en peu de temps. — Lisez: 
... crût... 

Croquer.— (p. 458, c. 2, 1.24-25) Que 
voulez-wms que je fasse-là... — Lisez : 
... fasse là (sans tiret). 

Cure.— (lig. 4) à beau parler qui n'a 
cure de bien faire. — Lisez : a (sans accent) 
beau parler... 

Déchéance, s. m. — Lisez : s. f. 

Déconsidéré , ée. — Ajoutez : adj. 

DÉFILÉ, ÉE, part. — Cette ligne, qui 
est la 46* de la colonne, doit être enlevée 
et mise à la fin de l'article Défiler, v. a.; 
elle deviendra ainsi la 32*. 

DÉJEUNÉ, ÉE, participe. — Supprimez 
cette ligne ; le participe de déjeuner, v. n., 
est invariable. 

Denier, s. m. — (lig. 41) Le denier de 
Saint-Pierre. — Lisez : .». saint Pierre. 

DÉTONNÉ, ÉE, participe. — Supprimez 
cette ligne comme celle de Déjeuné, ée, 
et pour la même raison. 

Dieu. — (p. 549, c. 2, L 67-68) La 
Vierge est appelée la mère de Dieu. — 
Lisez : ... la Mère... 

Digérer. — (lig. 13) de manière à la 
dien concevoir. — Lisez :... bien concevoir. 

DiGNrrÉ.— ( lig. 37 ) les insignes d*une 
dignitée, — Lisez : ... dignité. 

DiPHTHONGUE. — (lig. 10) Après eu, 
au lieu de au lisez ou. 

Direct.— (p. 557, c. 2,1. 31-32)iaraf- 
son inverse de ces mêmes nombres est 
une demi. — Lisez : ...un demi. 

Donner.— (p. 574, c. 2, L iO) étages. 

— Lisez : otages. 

ÉcuMER. — (lig. 17) prendre ça et là. 

— Lisez : ... çà... 

Égrené, éb, participe. — ^Lisez : Égrené. 

Élever. — (p. 617, c. 3, 1. 47) la qua- 
trième puissance. — Lisez : la troisième.,. 

Ellipse. — (lig. &) La fête de Saint- 
Jean. — Lisez : ... saint Jean. 

Endormeur.— (lig. 2) enjôleur. — ^Lisez : 
enjôleur. 

Entrefaites , s. f.— Lisez : ENTREFArrB. 



1. Le mot État, pris dans le sens de « états généraux, états provinciaux » , s'écrit avec une 
minuscule lors même qu'il est employé absolument : les états de Blois, d'Orléans, de Tours; 
les états de Languedoc, de Bretagne; les députes des états ; l'ouverture des états, etc. -- Il prend 
une majuscule lorsqu'il signifie Le gouvernement, radministration d'un pays, d'une société 
politique : ministre d'État; secrétaire d'État ; le gain de cette baiaille fut un coup d^Étai. 



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— 511 — 



ÉTAGE.— (lig. 6) VentresoL — Lisez : 
Ventre-sol, d'après VAcadémie. 

ÉTAT. — (p. 686, C.-3, 1. 69) Coup 
d*état, — Lisez i ... ÊtaL 

ÉTUDE.— (p. 695, c. 3, 1. 29-30) Michel 
Ange, —Lisez : Michel- Ange (avec tiret). 

Expérimenter, v. n. — Lisez : v. a. 

Falloir.— (p. 729, c. 1, 1. 12) peut s'en 
faut. — Lisez : peu... 

Falqcer , V. n. t. de Manège qui s'em- 
poie... — Lisez i ... s'emploie. 

Faucillon , s. f. — Lisez : s. m. 

FécALE, s. f. — Usez : adj. f. 
. Fetpa. — (lig. 2) muphti. — Lisez 
mufti. 

FouRvoiEMEviT, S. m. (On prononce 
Fourwotwwnt.) Lisez : {^.Fourvoiment,) 

Franc, s. m. — (lig. 6) La pièce d'un 
franc pèse un gramme, — Lisez : ... cinq 
grammes. 

Froncé, èe. — Ajoutez : participe. 

Garde-robe. Garder. Garde-vue. — 
Transp. : Garder. Garde-robe.Garde-vue. 

Gemme, adj. m. ~ Lisez : adj. des 2 g. 

Glacer.— (p. 837, c. 3, 1. 8) L'e^it 
de vin. — Lisez : L'esprit-de-vin. 

Gloire. — (p. 840, c. 2, 1. 6) le fUs dé 
Dieu. — Lisez : le FUs... 

Gouverner.— (p. 847, c. 3, 1. 36 à 38) 
L* opinion gouverne le monde. On le dit 
aussi Des choses morales. — Transpo- 
sez : On le dit aussi Des choses mo- 
rales. L'opinion gouverne le monde, 

GuDiGAN. Guinée. — Transposez : Gui- 
née. Guingan. 

H. — Dans cet article, on a donné ex- 
ceptionnellement le genre masculin aux 
lettres H et F, et l'on a mis le moihéhété 
avec un ^ à la seconde syllabe (hébété) 

Heptacordb. — (lig. 2) cythare. — 
Lisez : cithare. 

HoMocENTRiQUB, adj. des 2 g. T. d'Anat. 
— Lisez : T. d'Astron. 

Hypothèse. — (lig. 44-15) Ptolomée. 
Ticho-Brahé. — Lisez : Ptolémée. Tycho- 
Brahé. 

Imposer.— (lig. 22-23) S'imposer une 
Uiche, — Lisez : ... tâche. 

Impromptu. — (lig. 14) un s.— Lisez 
une s, comme partout ailleurs. 

Inamissibiuté. — (lig. 3-4) Au lieu de 

la division ri-namissibilité, lisez : l*in- 

amissibilité. 

INÉGAUTÉ. — (p. 31, c. 1, 1. 15-46) Au 



lieu de la division d'i-négalités, lisez : 
d'in-égalités. 

In-folio, adj. et s. — Lisez : et s. m. 

In-OGTAvo, adj. et s. — Lisez : et s. m. 

Inogclateur,trige, s. f. — Lisez : subst. 

In-quarto, adj. et s. — Lisez : et s. m. 

In-seize, adj. et s. — Lisez : et s. m. 

Interligner , v. a. T. d'Impr. Séparer 
pas des lignes... — Lisez : ... par des 
lignes. 

Interrogant. — ( lig. 2) t*n R. — Usez : 
une R, comme partout ailleurs. 

In-trente-deux , adj. et s. — Lisez : et 
s. m. 

Joindre. — (lig. 8-9) avec de la colle" 
forte.— Lisez : ...colle forte (sans tiret). 

Languir. — (lig. 5) long-temps, — Lisez : 
longtemps. 

Lever.— (p. 111, c. 1, 1.44) Lever un 
corps saint, — Lisez : ... corps -saint, 
comme à Corps (p. 413, c. 3, 1. 12-15). 

Lieue. — (lig. 14) Lieu de pays. — 
Lisez : Lieue... 

Logis. — (lig. 18) Cheval Blanc. — 
Lisez : Cheval blanc, comme aux articles 
À et Enseigne. 

Mais. — Ifettez à la fin du 1«' alinéa, 
après ces mots mais elle est plus spiri- 
ttêelle, la dernière phrase du 3*" alinéa. 
Cette femme est bien faite, etc. 

Massorétique. Massorètes. — Trans- 
posez : Massorètes. Massorétique. 

Mêler.- ( p. 485, c. 2, 1. 31 ) Mêlé, eé, 
participe. — Lisez : ... ée... 

MÉSAVENiR, s. f. — Au lieu de s. f., 
lisez : v. n. 

Mirliton. — (lig. 3) une pelure d'ognon. 
— Lisez : ... oignon, d'après l'Académie. 

Mission. — (lig. 55) Séminaire des 
Misssions, — Lisez : ... Missions, 
Mons, s. m. (On pronce l'S). — Lisez: 



(...prononce...) 

Monter. — (p. 227, c. 1, 1. 49) on en re- 
hausser le contre-poids. — Lisez : ou en... 

Mortalité. — (lig. 3) Le fils de Dieu, 
— Lisez : Le Fils... 

MCr, ûre. — (lig. 29) Fig. Age mur. — 
Lisez : ... mûr. 

Mystique, adj. des 2 g. Figure allégo- 
rique. — Lisez : ... Figuré, allégorique. 

N.— (lig. 18) on qu'on ne veut pas faire 
connaître. — Lisez : ou qu'on... 

Naître.— (p. 251, c. 3, 1. 3) du fils de 
Dieu. — Lisez : du Fils... 



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— 312 — 



NéoRESSB.— (lig. 2 ) négresse maronne, 

— Lisez : ... marronne (avec 2 r). 
Nettoyer, v. a^ (Il se conjugue comme 

Envoyer,) — Lisez : comme Employer, 
car ENVOYER fait au futur j'enverraif et 
NETTOYER, je nettoierai. 

Nouveau. Nouveauté. Nouvelle. Nou- 
vellement. NOUVELLETÉ. NOUVELUSTE. 

NouuRB. — Transposez : Nouurb. Nou- 
veau. Nouveauté, etc. 

Nubile. — (lig. 4-5) D'après le code 
civil, les filles sont nubiles à seize ans.— 
Lisez : ... quinze ans, 

Oblation.— (lig. 3-5) Jésus-Christ,,, 
fit une oblation de lui-même à son père, 
— - Lisez : ... Père, 

Obugation.— (p. 284,'c. 3, 1. 4) le titre 
du code, — Lisez : ... Code, 

Occuper. — (lig. 14) rez de chaussée, 

— Lisez : rez-de-cliaussée. 
Opérateur, s. — Lisez : s. m. 
Paix.— (p. 339, c. i, 1. 20 et 41) trêve, 

— Usez : trêve, d'après TAcadémie. 
Paraphraseur , eusb. — Ajoutez : subst. 
Parasange. — (lig. 2-3) pa/rarange, 

— Lisez : parasange. 
Pardonner. — (lig. 7) Marie-Magde- 

leine, — Usez : ... Madeleine, 

Parent, ente. — Ajoutez : subst. 

Patrimoine.— (lig. 30) Le patrimoine 
de Saint-Pierre,— Lisez : . . . saint Pierre. 

Payeur , eusb , s. m. — Lisez : subst. 

Percer. — (lig. 40) une tel spectacle. 

— Lisez : tin tel.,. 
Père.— (p. 391, c. 3, 1. 22-23) et dans 

l'oraison dominicale, Notre père, — 
Usez : ... Père, 

Plus-pétition. Plus-que-parfait. Plu- 
sieurs. Plus-value. — Transposez : Plu- 
sieurs. Plus-pétition. PLus-Qus-PARFArr. 
Plus-value. 

Porte. — (lig. 31-32) Porte.,, entre- 
bâillée, — Usez : ... entre-bàillée, 

Prégeinte, s. m. — Lisez : s. f. 

Proievère. Primeur. — Transposez : 
Primeur. Primevère. 

Privilégié, ée, adj.— ( p. 507, c. 1,1. 10). 
Les artisans non- maîtres. — Usez : 
... non maitres (sans tiret). 

PROvmcE. — (lig. 10) L«s États, les 
députés de telle province. — Lisez : Les 
états. „ 

Prune. — (lig. 9-10) Prune de Bri- 
gnolles, — Lisez : ... Brignoles. \ 



Racinagb, s. m. Décoction d*écorce de 
feuilles de no]Fer.. — Mettez une vir- 
gule après écorce. 

Racheter.— (p. 553, c. 3, 1. 13) Notre 
Seigneur Jésus-Christ. — Lisez : Notre- 
Seigneur..., avec un tiret, d'après l'Acad. 

Radier. — ( lig. 4 ) des bàtardeaux. — 
Lisez : ...batardeaux, d'après l'Académie. 

RÈGNE. — (lig. 6) Léopold, grand duc 
de Toscane. — Lisez : ... grandrduc.,. 

Rêverie. — (lig. 14) des vérités. — 
Lisez : ... vérités. 

Rôdeur. — (lig. 3) corps-de-garde,— 
Lisez : corps de garde, d'après l'Académie. 

RoucouYER. — ?lig. 2) des Liliacées.— 
Lisez : des Tiliacées. 

Routinier, ère, s. m. — Usez : subst. 

Sans -DENT. Sans -pleur. Sans -peau. 
Sanscett. —Transposez : SANSCRrr. Sans- 
dent. Sans-fleur. Sans-peau. 

SEMi.Motprit du latin.— Lisez :...pris... 

Sieur.- (p. 743, c. 1, 1. 5) L« dit sieur 
N, — Usez : Ledit,,, (en un seul mot), 
d'après l'Académie. 

Simultanément, adj. — Lisez : adv. 

Taquiner. Taquinement.— Transposez : 
Taquinement. Taquiner. 

Tenant, s. m. — (dernière ligne de la 
colonne) d'un même continuité. — Lisez : 
d'une... 

TiMox. — (lig. 4) on attèle. — Lisez : 
.. attelle. 

Tomber.— (p. 854, c. 1 , 1 . 21) déliquium. 

— Lisez : déliquium (avec un e muet). 
Tréteau.— (lig. 14-15) nos boulevarts, 

— Lisez : ... boulevards, d'après l'Acad. 
Trompillon.— (lig. 3) Trompe de voûte. 

— Lisez : TrompUlon,,, 
Venir.— (p. 917, c. 2, 1. 68 ) Tout vient 

à point qui peut attendre, — Lisez : ... d 
qui peut attendre, 

yERB\L,—{\ig,l)Amusants,changeants, 
perçants, — Usez : ... changeante,,, , 
comme à la ligne 9 : une couleur chan- 
geante. 

Viser.— (lig. 3) ce but /d.— Lisez : ce 
but-là (avec un tiret). 

Vivifiant, antb , adv. — Lisez : adj. 

Volée. - (p. 952, c. 3, 1. M) Il ne fait 
ce qu'il dit. — Usez : Il ne sait... 

Vouloir.— (p. 956, c. 2, 1. 3) Vapâtre 
dit, — Lisez : L'Apôtre.,, 

XiPHUS. — (lig. 5) XiPAïAS. — Usez : 

XlPHIAS. 



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— 313 -^ 

On a pu remarquer que dans cet errata nous n'avons relevé aucun 
des mots où se trouvent des e dont Taccent manque; c'est qu'ils sont 
en trop grand nombre. Un défaut dans le papier suffit pour faire dis- 
paraître un accent, et à la page 506 du tome ï*% par exemple, il en 
manque plus de vingt. Quant aux autres lettres, l'absence de l'accent 
est plus grave, et nous avons cru devoir la signaler; tels sont les 
mots ça pour çà, tache pour tâche, mur pour mûr, etc. 

Mais l'exemplaire que nous avons entre les mains, et que nous pos- 
sédions quatre ou cinq ans après l'apparition de l'édition actuelle du 
Dictionnaire , atteste des accidents bien plus fâcheux que des accents 
écrasés : on y trouve assez fréquemment des mots et même des lignes 
presque illisibles. Lorsque le mal était par trop grand, on a dû re- 
composer les pages, et c'est là que se sont glissées des variantes qui 
ont fait croire non pas seulement qu'il y avait eu plusieurs tirages , 
cela est certain , mais que l'ouvrage entier avait été recomposé. 

Aux fautes purement typographiques nous avons cru devoir en 
joindre quelques autres qu'on aurait sans doute été surpris de ne pas 
trouver dans cet errata, telles que : les filles sont nubiles à seize ans 
(au lieu de quinze ans); la pièce d*un franc pèse un gramme (au lieu 
de cinq grammes)^ puis les majuscules ou les minuscules aux mots 
Code, État, états, etc. etc. 

Nous n'avons reproduit ni les disparates d'orthographe qui figurent 
aux articles Amande, Contre -basse; ni celles de ponctuation , que 
nous avons signalées à l'article Exclamation; ni même les fautes de 
ce genre qui sont mentiçnnées à l'article Lambin. Voici quelques 
exemples que nous pouvons ajouter à ces dernières : 

( à Beau ) Voilà un bel homme pour prétendre nous imposer. 

Id. Vous nom proposez là un bel expédient, un beau moyen. 

(à Besogne) Ironiq., Vous avez fait là une belle besogne, de belle besogne. 

(à Diable) Diable! vou^ faites là de belles affaires. 

(à Pied) Il n'est que quatre heures du matin, et vous êtes déjà sur pied. 

Toutes ces phrases doivent se terminer par un point d'exclamation ^ 
Nous aurions pu augmenter sensiblement cet errata en y signalant 
les distractions qu'on remarque dans les titrer courants et surtout 
dans la division des mots. Ainsi, tome I, p. 2/il, pour titre courant de 
la lettre C, à la l'« col. on a mis C au lieu de CA; p. 699, 3« col., EVO 
pour EVI; tome II, p. 101, V' col., LAU pour LAV; p. 731, 3« col., SE 
pour SEP; p. 787, 3« col., SUC pour SUD, etc. — Les distractions dans 

1. Il est, nous le savons, des phrases susceptibles de recevoir diverses ponctuations, sui^ 
vant le sens qu'on y attache et la manière dont elles doivent être prononcées ; ainsi l'on pour- 
rait très-bien terminer par un point d'exclamation celle-ci, où l'Académie met l'interrogation : 
^ ( à Ne ) Que n'êtes^ous arrivé plus tôt ? 

On pourrait même, selon les vues de l'esprit, mettre un simple point, un point d'interroga- 
tion ou d'exclamation , à la fin de la phrase suivante : Vous partez demain* Vous partez 
demain ? Vous partez demain! Mais nous ne pensons pas qu'il y ait deux manières de pro- 
noncer les phrases ci-dessus. 

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— 514 — 

la division des mots à la fin des lignes sont assez nombreuses. Ainsi 
Ton a mis cUmos-phère, atmos-phérique, coléojhtère, ob$-4ructicn, 
dé^opilatif, désordre, etc; à SonscAiPTSUR^ Soosgrirs, on a divisé 
indifféremment Èùu-$cr%pleur et sotis^cripteur, souscrire et som-- 
crire, etc, etc. (Voy.p. 299 et 300.) Nous nous sommes born'é à signa- 
ler les divisions l'i-namissibilUé, d'i-négalUéSj qui nous semblent par 
trop choquantes. 

Pour Tordre des mots entre eux, outre les transpositions que nous 
avons indiquées nous aurions pu faire deux sortes de remarques : la 
première, c'est que les adjectlfe devraient précéder les verbes dont 
ils dérivent; ainsi, suivant nous, éTiNCSLÉ; mué^ éb; ondulé, éb; 
PELUGHâ, éE; VOILÉ, ÉE (bâtiment, frégate), etc., seraient mieux 
avant étingeler, mder, onduler, pelucher, voiler. — Il en est de 
même pour divers participes employés substantivement tels que 
accusé, a/franchi, ie; agrégé, allié, ée; associé, ée ; délégué ;^aperçu, 
déboursé, émincé, énoncé, intitulé, négligé, etc-, d'autant plus que TAcar 
demie Ta fait pour plusiei^rs autres : accordé, ée; commis, député; — 
abrégé, bouilli, consommé, démêlé, exposé, extrait , procédé, reçu^, etc. 

Il y aurait encore à faire un autre genre de transpositions, moins 
nécessaires, il est vrai, que celles dont nous venons de parler, mais 
qui ne seraient pas sans utilité. Ici il ne s'agirait pas précisément de 
faciliter la recherche des mots, mais de donner plus d'unité à la 
marche du Dictionnaire, de suivre une règle uniforme; et puisque 
l'Académie met le plus souvent le mot qui n'est pas accentué avant 
celui qui l'est, comme acre, acre; aveuglement, aveuglément; boite ^ 
boite; cote, côte; du, dû; jeune, jeûne; mat, mât; mater, mater; mur 
et mûr, ûre; ou, où; pale, pâle; rot, rôt; sur, ure, et sûr, ûre; tache, 
tâche, etc., il serait convenable d'observer toujours le même ordre et 
de mettre, par exemple, ça, pà; foret, forêt; genêt, gtnét; matin, 
matin, etc, au lieu de çà, ça; forêt, foret, etc. 

1. Voici la liste des pttticipes employés substantivement que nous avons recueillis : 
Substantifs placés à la suitb dbs vbrbbs : abonné, ée; accusé, ée; acquis, affranchi, ie; 
agrégé, allié, ée; aperçu, appointé, associé, ée; brûlé, connu, cliclu, crevé, croisé, damassé, 
débauclu, déboursé, décousu, défilé et défiler, dégourdi, ie; délégué, délibéré, dérivé, désespéré, 
déterré, icorché, effilé, élu, émigré, ée; émincé, employé, énoncé, envoyé, ée; failli, fiancé, ée; 
fini, grevé, habitué, ée; imprime, initié, intimé, intitulé, marié, ée; moisi, mort, orte; négligé, 
obligé, ée; obstiné, ée; parvenu, passé, pelé, poidu, poli, pourri, prédestiné, ée; préposé, pré- 
tendu, ue; produit, prononcé, protégé, ée; raccourci, réclmuffé, référé, ré formé, réprouvé, saisi, 
salé, subdélégué, subordonné, sursis, tissu, tondu, tracé, trépassé, vaincu, vu, su, etc. Les 
mots effilé, fini, poli, tissu, nous paraissent être les seuls que l'Académie ait mis à leur rang 
alphabétique pour renyoyer aux verbes d'où ils dérivent. 

Substantifs qui formbnt dbs articles séparés des vbrbbs : abrégé, accordé, ée; 
agréé, arrêté, balancé, bordé, bouilli, bouillie, bruni, chassé ( chassé croisé ), commis, composé, 
compromis, conduit, consommé, contenu, coulé, crépi, débouché, dédit, démêlé, démenti, député, 
déshabillé, dii, écrit, enclos, enduit, établi, exposé, extrait, fait, fondue, fumé, glissé, jeté (jeté 
battu) , narré, pavé, percé ou plutôt percée, permis, plié, préjugé, privé ^ procédé, reçu, réduit, 
revenu, rôti, scellé. — Le substantif dérivé du verbe croItrb forme nécessairement un article 
séparé, puisque l'Académie y supprime l'accent qu'elle met au participe CRt. BUe écrit, du 
vin de mon oru , de son cru , de votre cru ; ce vin-là est d*un bon cru. 



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— 315 — 

u 

UBiQUiTAiRE, UBIQUITÉ. — Au mot Ubiquiste, PAcadémie dit que 
Vu de la troisième syllabe se prononce : ubikmste. En est-il de même 
pour ubiquitaire et ubiquité f 

UHLAN, s. m. (L'U est aspiré.)... On écrit aussi HiUan et Houlan. — 
Si la lettre initiale de ce mot doit être aspirée, il serait plus naturel 
de le commencer par la lettre h. 

UNIR, V. a... En termes de Manège, Unir un cheval. Le mettre en*- 
semble. -^ Qu'est-ce que Mettre un cheval ensemble ? Au lieu de la 
définition ci-dessus,. il aurait fallu dire « Unir un cheval. Le rassem- 
bler. Voyez ce* mot. » Là du moins on aurait trouvé : « En termes 
de Manège, Rassembler un cheval. Le mettre ensemble; agir simulta- 
nément des mains et des jambes, de manière que le cheval, s'asseyant 
sur les hanches, ait le devant plus libre pour Texécution des mouve- 
ments. Rassemblez votre cheval. » 

UNISSON, s. m. T. de Musiq. Accord de plusieurs voix, de plusieurs 
cordes, de plusieurs instruments , qui ne font entendre qu'un même 
ton. L'unisson est^la plus simple des consonnances. Chanter à l'unisson. 
Monter deux cordes, deux instruments à l'unisson. Ces voix sont à 
l'unisson. — Ce mot devrait s'écrire avec une seule s, comme uni- 
seocuel, trisection, vraisemblable, antisocial, parasol, préséance, etc.; 
et cependant aucun ouvrage récent , à notre connaissance du moins, 
n'a fait cette observation ; c'est encore dans le Supplément de la pre- 
mière édition du Dictionnaire de l'Académie, souvent cité dans cet 
ouvrage, que nous avons trouvé un écho. Sans demander un change- 
ment dans l'orthographe actuelle, nous ne pouvons nous empêcher 
de dire que celle d'wmso» ou uni-son représenterait beaucoup mieux 
ce que le mot signifie. Son unique. 



VA€HE, s. f... Vache de pays, — L'Académie dit Vin du cru, et ce- 
pendant elle dit Organsin de pays, vin de pays, vache de pays. Pour- 
quoi cette différence? Ne devrait-on pas dire : Ce que je vous vends 
LÀ, c'est de l'organsin du pays (de la soie organsinée dans ce pays- 
ci); c'est une vache du pays (née et élevée dans oe poys-oi); c'est du 
vin du pays (du vin fait avec le raisia de ce pays-ci)? Nous deman- 
dons si dans ces trois phrases il serait possible de mettre, de pays. 

VAGHE... Souliers de vache retournée» -^ Qu'est-ce qu'unE vache 
ou DE LA VACHE RETOURNÉE ? Nous avous Cherché une explication à 
Tarticle Retourner; mais nous n'avons trouvé au participe que ces 
mots; Un habit retourné. Il est probable que souliers de vache retour- 
née signifie, Souliers faits avec de la peau de vache dont on a mis en 
dehors le côté qu'on a coutume de mettre en dedans.Yoy. Retourner. 



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— 316 — 

VA-ET-VIENT, S. m. T. de Mécan. (Beaucoup de personnes pro- 
noncent Vatévien.) Il se dit d'Une partie de machine qui va et vient 
d'un point à un autre, lorsque la machinç est en mouvement. On dit 
de même, Mouvement de va-et-vient. — Nous ne voyons pas de rai- 
son pour que cette prononciation vatévien soit admise, et il n'est 
guère probable que jamais, on mette dans cette locution un t eupho- 
nique après va. 

VAGABONDER OU VAGABONNER, V. n. — L'Académie, qui n'a pas 
admis vagabonnage, aurait mieux fait, à notre avis, de ne pas ad-' 
mettre non plus vagabonner. 

VAISSEAU, s. m... Vaisseau garde-côte. —,11 nous^ semble que le 
VAISSEAU-HÔPITAL dont il est parlé à l'article Hôpital -(Dans les flottes 
et les escadres. Vaisseau disposé pour recevoir et traiter les ma- 
lades), devait se trouver ici de préférence. Voy. Martin-sec, à Sec. 

VAISSELLE... Vaisselle plate j celle où il n'y a pas de soudure. 
Cela ne se dit que de la vaisselle d'or ou d'argent. — Nous ne pensons 
pas qu'il y ait plus de soudure aux assiettes d'étain dont on se servait 
autrefois , et dont les gens aisés de la campagne ornaient leur bufl*et 
ou dressoir, que dans les assiettes d'or ou d'argent. Voy. Plat, ate, adj. 

VALENCIENNES, S. f. — L'Académie dit : « Malines, s. f. Dentelle 
très-fine qui s'est fabriquée originairement dans la ville de Malines, 
en Flandre. » N'était-il pas convenable de mettre également « Valen- 
ciennes , s. f . Sorte de dentelle originaire de Valenciennes » ? Nous 
écrivons ce mot avec une s finale comme le nom de la ville même, 
parce que l'Académie l'a fait ainsi pour la malines; peut-être suppri- 
mera-t-elle cette s pour se conformer à l'usage assez général d'écrire 
de la valenciennej de la maline. 

VALOIR... signifie encore, Procurer, faire obtenir, produire ; et dans 
ce sens il est actif. Cette bataille lui a valu le bâton de maréchal de 
France. Cette terre lui vaut dix mille francs de rente. Que lui a valu 
son ambition, sinon de le rendre odieux ? Ses exploits lui ont valu 
une gloire immortelle. Cette action ne lui a valu que de la honte. 

Au verbe Goûter, que par une vieille habitude quelques grammairiens 
s'obstinent à désigner comme neutre , l'Académie a fort bien dit que 
« plusieurs personnes écrivent. Les vingt mille francs que cette mai- 
son m'a coûtés; Les efforts que ce travail m'a coûtés, la peine qu'il 
m'a coûtée. » On regrette de ne pas trouver ici un seul exemple du 
participe au pluriel ou au féminin, comme, La gloire immortelle que 
lui ont value ses exploits; les honneurs que mon habit m'a valus. Bien 
des lecteurs auraient beaucoup mieux compris par là qu'on doit faire 
accorder le participe avec le régime direct qui précède, qu'en lisant 
simplement « il est actif ». — Nous ne comprenons pas bien pourquoi 
valoir est neutre dans ces phrases : Cette étoffe valait dix francs 
l'aune: cet homme vaut son pesant d'or; cette affaire ne vaut pas la 
peine d'y penser, la peine qu'on y pense, etc. 



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— 317 — 

VALUE, S. f. Il ne s'emploie que dans cette locution, Plus value, 
La somme que vaut une chose au delà de ce qu'on l'a prisée ou ache- 
tée. // faut payer encore tant pour la plus value, — A l'article Plus 
on trouve la plus-value avec un tiret; et cette orthographe nous paraît 
bien préférable, en ce qu'elle est conforme à celle de non-valeur, non- 
sens, trop'plein, etc. D'ailleurs c'est ainsi que ce mot est écrit à son 
rang alphabétique : Plus-value , s. f. 

VAMPIRE 9 s. m... est aussi le nom que les naturalistes donnent à 
une très-grosse chauve-souris. — Il aurait été utile de rappeler ici le 
synonyme stryge, qu'on trouve à la lettre 8. 

VANDALE, s. m. Nom d'un ancien peuple de la Germanie : on l'ap- 
plique figurément à Ceux qui détruisent les monuments des arts , qui 
voudraient ramener les temps de barbarie. Cest un Vandale, un grand 
Vandale. — Dans cette acception figurée, Vandale est considéré comme 
synonyme de barbare, presque de brigand, et nous ne voyons pas trop 
l'utilité du r majuscule. Voy. Mentor. 

VANTAIL, s. m. Battant d'une porte, d'une fenêtre qui s'ouvre des 
deux côtés. Les vantaux d'une porte, d'une fenêtre. 

Ce mot ne vient-il pas de vent, comme ventait, « terme de Blason, 
Partie inférieure de l'ouverture d'un casque, d'un heaume, » et ne 
devrait-il pas s'écrire de même ? C'est là du moins l'avis de Roquefort, 
et le nôtre, s'il nous est permis d'en avoir un. Les auteurs du Com- 
plément de l'Académie ne paraissent pas penser de même ; on serait 
même tenté de croire qu'ils veulent Va dans la première syllabe pour 
les deux acceptions, car si d'un côté ils disent « Ventail, s. m. (blar- 
son), voy. au Dict. Ce mot fait au pi. ventau^ », d'un autre côté ils 
mettent « Vantail, s. m. (anc. T. milit.) La partie mobile du casque, 
qui était percée afin de laisser la respiration libre. » Or, sauf le terme 
de Blason employé par l'Académie, cette définition nous paraît être 
la même que' la sienne, ou du moins se rapporter au même objet. — Si 
cette orthographe était adoptée, elle amènerait bientôt VvAwtoï et 
contrevknt. 

VENIR, V. n. Prov. Tout vient à point qui peut attendre. Dans les 
affaires de ce monde, on vient à bout de tout avec du temps et de la 
patience.— Nous pensons que dans ce proverbe il y a une faute typo- 
graphique, et qu'il faut lire, comme aux articles Attendre et Point : 
Tout vient à point À qui peut attendre, 

A l'article Temps on trouve deux variantes : 

Tout vient à temps pour qui peut attendre ; 
mais ces consonnances À temps, ATTENrfre^ nous semblent peu agréables. 

Outre ceux qui se hâtent trop et manquent leur but parce qu'ils ne 
PEUVENT pas attendre, il y a encore les impatients qui pourraient mais 
qui ne savent pas attendre. L'Académie aurait peut-être bien fait de 
mentionner ces deux catégories de gens en disant : 

Tout vient à point à qui sait attendre, à çut peut attendre. 



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— 318 — 

yjBR... Ver à soie. Espèce de chenille qui fait la soie. C'est la che- 
nille d'un papillon que les entomologistes appellent Bombyx. — Le 
mot ver à soie est trop connu, trop répandu, trop usité, pour qu'on 
puisse songer à lui substituer l'expression chenille à soie; mais il fau- 
drait du moins y mettre deux tirets {ver-^soie) pour en faire un seul 
mot et atténuer ainsi, en quelque sorte, l'impropriété du terme. 

VER... Prov. et hg,. Un ver se recoquille bien ou se recroqueville 
bien quand on marche dessus, 11 n'est point d'homme si faible et si 
chétif qui n'éprouve quelque ressentiment quand on l'offense.—Si l'on 
peut dire qu'ww ver se recroqueville, cette locution devrait se trouver 
à Recroqueviller (se), tandis que l'Académie définit ce verbe i « Il 
se dit de certaines choses, telles que le parchemin, le cuir, etc., qui 
se retirent et qui se replient lorsqu'elles sont exposées à l'action d'une 
chaleur trop vive. » 

VERGÉ, ÉE, adj. Il se dit d'une étoffe où se trouvent quelques fils 
d'une soie plus grossière que le reste, ou d'une teinture soit plus forte 
soit plus faible. — L'Académie a donné plus bas le mot vergeure, 
t. de papetier, mais ici elle a omis de parler du papier vergé, 

VERGETTES^s. f. pi . Époussette, brosse composée de soies de cochon, 
de sanglier... Il faut donner deux ou trois coups de vergettes à cet 
hahit, a ce chapeau. On dit aussi dans le même sens, Une vergette. — 
Nous avons déjà fait remarquer qu'autrefois on employait les mots au 
pluriel bien plus souvent qu'aujourd'hui (Voy. Relais). Vergette est 
dans ce cas, et nous croyons qu'en général on en fait un substantif 
singulier. Au reste, puisque l'Académie elle-même dit : « Vergeter, 
V. a. Nettoyer avec une vergette » , elle aurait pu mettre d'abord 
« Vergette , s. f. » ; puis elle aurait ajouté : On dit encore quelque- 
fois des vergettes pour une vergette. 

VERGLAS. — On est surpris que l'Académie ait supprimé verglacer, 
verglacé, ée, qu'elle admettait autrefois ; ce sont cependant des mots 
qu'il faudrait créer s'ils n'avaient existé déjà. Il verglace est, à notre 
avis, aussi bon que la périphrase « il fait du verglas » , et le pavé est 
tout verglacé nous paraît bien préférable h a le payÉ est comvert de 
YEKglas ». 

VÉRINE, s. f. T. de Marine. Lampe de verre à cul rond, etc. — 
Ce mot, qui paraît être un dérivé de verre, comme la verrine ou ver- 
rière qu'on met au devant des châsses, des reliquaires, etc., devrait 
s'écrire de même avec deux r; ce serait plus naturel que de l'assi- 
miler à vérine, nom de la meilleure espèce de tabac que l'on cultive 
en Amérique. 

VÉRITABLEMENT, adv. Conformément à la vérité. Parlez-moi véri- 
tablement. — Il signifie aussi Réellement, de fait. Jésus-Christ est 
ressuscité véritablement. Je suis véritablement très^affligé de ce qui 
vous arrive» — Il s'emploie aussi comme adverbe d'acquiescement, de 
consentement, et signifie A la vérité. Véritahlemeni je vous dois cette 



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— 319 — 

somme j mais vous m'avez donné du temps pour votes la payer. Vérita- 
blement il m'a dit cela, mais à condition que je ne le dirais à personne. 

Nous croyons qu'aujourd'hui le mot véritablement ne s'emploie plus 
guère que dans la seconde des acceptions que lui donne l'Académie. 
Dans la première, au lieu de Parlez-moi véritablement, on dit 
plutôt, Parlez-moi franchement. Dites-moi la vérité. — Quant à la 
dernière, on dit tout simplement, A la vérité, comme l'Académie le 
fait à l'article Vérité : « A la vérité nows avons été battus^ mais nous 
étions inférieurs en nombre. A la vérité je l'ai frappé^ mais il 
m'avait offensé. A la vérité je vous ai dit cela, mais j'ai voulu vous 
dire qu£... » On dirait donc : A la vérité je vous dois cette somme...; 
A LA VÉRITÉ il m'a dit cela.,. 

VERMICELLE OU VERMICEL. — Ce mot Vient de l'italien comme 
polichinelle et violoncelle {vermicelli, pulcinella, violoncello) , aux- 
quels l'Académie ne donne pas de variante. Il faudrait donc mettre 
la variante à tous les trois , ou ne la mettre à aucun. 

YERMOULER (SE).,. Vermoulu, us, part.— Nous ne pouvons croire 
que vermoulu^ ue^ soit le participe de se vermouler^ pas plus que 
moulu, ue, n'est celui de mouler; tissu^ ue, celui de tisser^ etc. Il faut 
que ce soit ou un adjectif ou le participe du verbe inusité se ver- 
moudre, comme écloppé, embesogné, ouvragé, intruSy issu, etc., sont 
les participes des verbes inusités éclopper, embesàgner, ouvrager, in- 
trure, issir, etc. 

VÉROLE... Petite vérole. Maladie qui se manifeste par une éruption 
de boutons pustuleux, la plupart déprimés à leur centre, et qui laissent 
ordinairement de petits creux dans la peau après la guérison... Les 
médecins nomment plus ordinairement cette maladie KanoZ^.— Nous 
croyons le tiret tout aussi nécessaire dans cette locution qu'à petite 
chou, petit-fils, grand-père, basse-cour, etc., et plus nécessaire qu'à 
petit-lait. Voy. Caduc. 

VÊTIR, V. a. (Je vêts, tu vêts, il vêt; nous vêtons, vous vêlez, ils 
vêteîit. Je vêtais. Je vêtis» J'ai vêtu. Je vêtirai. Vêts; vêtons, vêtez. 
Que je vête. Que je vêtisse. Vêtant.) — L'Académie dit ailleurs « Quel- 
ques-uns écrivent plurier et la plupart prononcent plurié »; — 
« Quelques prosateurs célèbres ont écrit, par euphonie. Il tressaillit 
au présent du verbe tressaillir » , au lieu de il tressaille. Ici elle 
aurait pu dire également que Bufifon écrivait. Je- vêtis, nous vêtissons; 
je vê tissais, etc. 

VEUF, EUVE, adj. (F se prononce, même au pluriel.) — Nous ne 
comprenons pas bien pourquoi l'Académie ajoute « même au pluriel ». 
Serait-ce parce que Vf ne se prononce pas dans le pluriel des mots 
oeuf et bœuf? Cette remarque aurait pu être faite également à l'article 
Neuf, euve, adj. 

VICE -GÉRANT. Celui qui supplée le gérant en son absence, ou qui 



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— 320 — 

le seconde lorsqu'il est présent. — Vice -gèrent. Celui qui tient la 
place de Tofficial en son absence. 

Il n'y a pas de motif plausible pour écrire tantôt vice-gérant, tantôt 
vice-gérent : dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'un homme qui gère en 
l'absence d'un autre ou qui le seconde. On n'écrit pas vice-président 
et vice-présidant suivant la nature des assemblées à présider. 

VICOMTE, s. f. — Ce mot ne devrait-il pas prendre le genre mas- 
culin comme cofnté? Bien qu'on dise encore la Franche-Comté, on ne 
dit plus Y ancienne comté d'Artois , de Champagne , de Toulouse ; et 
ceux qui disent aujourd'hui la comté de Neuchâtel (en Suisse) sont 
regardés comme faisant une faute grave. 

VIORNE, s. f. — Au mot Obier, on lit « L'obier est un viorne ». Si 
l'Académie avait donné au mot Viorne un exemple qui en fît connaître 
le genre, soit par l'article, soit par un adjectif, nous saurions si la 
faute est au mot Viorne ou dans l'exemple d'aubier; mais elle s'est 
bornée à dire : Un panier fait de viorne. 

VISON -VISU. Locution adverbiale et familière, qui est une altéra- 
tion du latin Visum-visu.. — L'Académie , qui a rétabli la terminaison 
latine d3,ns factotum, factum,visorium, etc., aurait dû en faire autant 
pour visum-visu. 

VIVIFIANT, ANTE, adv. — Lisez : adj. 

VOL- AU- VENT, s. m. Espèce de pâtisserie chaude dans laquelle on 
met du poisson ou de la viande délicate , et dont les bords assez éle- 
vés sont de pâte feuilletée. Ce pâtissier est renommé pour ses vol-au- 
vent. — On pourrait sans inconvénient supprimer les tirets dans ce 
mot comme on l'a fait dans justaucorps, pissenlit, les alentours, etc., 
ce qui permettrait de donner à ce mot la marque du pluriel : des 
volauvents; sinon, il faudrait écrire yoi^is^-au-vent, orthographe plus 
rationnelle que yoh-aur-vent. 

VOLÉE, s. f... Avec ces phrases. Obtenir une grâce, un>e faveur tant 
de bond que de volée. Faire une chose tant de bond qu£ de volée, on 
devrait trouver celle-ci, qui figure à l'article Bonnet, « Cette déci- 
sion, cet arrêt a passé à volée de bonnet. Les avis ont été prompts et 
uniformes. » Mais peut-être serait-il mieux encore de supprimer les 
unes et les autres, car elles ne sont plus usitées. 

VÔTRE. Adjectif possessif et relatif des deux genres. Il ne se dit que 
par rapport à une chose dont on a déjà parlé, et d'une manière ellip- 
tique, le substantif auquel il se rapporte étant sous-entendu. Quand 
vous aurez entendu nos raisons, nous écouterons les vôtres. 

Ici déjà l'Académie nous donne à entendre que le vôtre est pronom, 
en disant qu'il s'emploie elliptiquement, le substantif étant sous- 
entendu. — Au mot Leur , elle s'explique un peu plus clairement : 
« Leur, précédé de l'article Le, la, les, s'emploie pronominalement. 
Les gens sages conservent leurs amis, et les fous perdent les leurs. » 
Or chacun sait qu'un verbe neutre employé activement devient réel- 



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— SSl — 

lem^it actif, qn^in adjectif employé sabstaatiTeawnt devient réeàie^ 
ment un substantif.^ Mais an siot Nôtre, l'Académie appelle la chose 
par son trai nom : « BiÛTRB , pronom possessif des deux genres, qui a 
un sens analogue à notre j, adjectif, et qui se dit par rapport à une 
chose dont on a déjà parlé. 11 est ordûmrement précédé de l'article, 
et fait au pluriel Les nôtres. Cesi voire at?ts> mais ce n'est pas le nôtre. 
Vos intérêts sont les nôtres. On supprime quelquefois l'article dans le 
langage familier. Nous pouvons compter sur lui, il est lukre. Ces effets 
sont nôtres.,. » — D'après cela nous pensons que le mien, le tien, le 
sieUj le nôtre, le vôtre, le leur, sont tous des pronoms possessifs, bien 
que l'Académie dise que le mien, le tien, le sien, sont des adjectifs. 

vociiOUL- L'impératif veux, voulons, voulez, n'est usité que dans 
certaines occasions très-rares où l'on s'engage à s'armer d'une ferme 
volonté... — VoiUoir s'emploie souvent par civilité à la seconde per- 
sonne plurielle de l'impératif, qui fait alors veuillez, et qui signifie , 
Ayez la bonté, la complaisance de. VetUllez permettre que je me retire. 
Veuillez me faire le plaisir de... Veuillez n'en rien dire à personne. 

Sans doute le tutoiement n'exige pas des formes aussi polies; ce- 
pendant il est des cas où l'on est appelé à employer le verbe vouloir 
au singulier de l'impératif, avec des parents ou même avec un ami, 
et nous croyons qu'il doit être permis de dire veuille : Veuille me 
dire au plus tôt ce que tu penses de touÀ cela, ce que je dois faire, etc.; 
et peutrétre aussi : Ne m'en veuille pas trop d'avoir agi sans te con- 
sulter; car au pluriel on dirait : Ne m'en veuillez, et non ne m'en 
VOULEZ pas d'avoir devancé vos ordres. 

TRAI, AIE, adj. Véritable, qui est conforme à la vérité... Dites-vovs 
des choses vraies, si vous voulez ^^oh vous croie. — Ces pronoms 
nous et (m, pour représenter les mêmes personnes, choquent un peu 
dans une phrase si courte et pour laquelle il y avait d'autres ma- 
nières de s'exprimer. La plus simple est de supprimer nous : Dites 
des choses vraies, si vous voulez qu'on vous croie. Voy. Suffragant. 

VUB, s. f... Avoir la vue bonne, perçante, subtile... Vue courte. Vue 
basse. Vue trouble. Vue égarée. 

L'expression avoir la vue longue ne serait-elle pas française, qu'on 
ne la trouve ni ici ni à Long? Jusqu'ici nous l'avons estimée .très- 
bonne, et nous pensions qu'elle pouvait s'employer au figuré comme 
dans le sens propre, aussi bien que avoir la vue courte, qu'on trouve à 
Court, umûs que l'Académie a oublié de répéter ici au figuré. Quant 
à l'expression vue basse, qui est ici et à-BAs, nous en verrions avec 
plaisir la suppression. (Voy. Bas, basse, adj.)— Les expressions avoir 
les YEUX égarés, I'aik égaré, qu'on trouve à l'article Égarer, nous 
semblent préférables à la vue égarée, car le trouble de l'esprit, de 
la raison, se manifeste dans les organes de la vue, dans l'habitude 
du corps, plutôt que dans la vue même. 

Maintenant voici quelques phrases dans lesquelles aujourd'hui on 

41 



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— 322 — 

remplace généralement le mot vue par oeil, teux, regards. « Baisser 
la VDE. Détourner la vue. Le soleil me donne dans la vue. Cette fille 
lui a donné dans la vue. Cette cfMtrge lui a donné dans la vue. Avoir 
la VUE sur quelqu'un, » En effet on lit 

(à Baisser) Elle rougit et baissa les yeux. 

Id, Confondu par mes reproches, il ne sut que répondre et baissa 

les YEUX. 

Id. Je lui ferai baisser les yedI. 
(à Donner) Le soleil lui donne dans les yeux. 

Id. Avouez que cette jeune personne vous a donné dans /'oeil. 
(à Donner, Oeil) Depuis que la fortune de son voisin lui a donné dans 

les YEDx , il brûle de s'enrichir. 
(à CEil) fai peine à voir, le soleil me donne dans les yeux. 
Id. Tai le jour, le soleil dans les yeux. 
Id» Cette femme lui a donné dans Tobil. 
Id, Ayez les yeux sur les ouvriers» 
(à Œil., Sor) Avoir Toeil sur quelqu'un. 
(à Détourner) Détourner la vue, les yeux de dessus quelque objet. 

Id, Détourner ses regards. 

(à Œil) Détourner les yelx de dessus quelqus objet. 
(à Regard) Détourner ses regards de quelque objet. 
{à Diriger) Diriger ses regards sur un objet, vers un objet, 
(à Attacher) Attacher ses yeux, ses regards, sur quelqu'un.,. 
(à Tourner) Tourner les yeux. Tourner les regards. 
(à Attirer) Attirer les yeux, les regards de tout le monde sur soi. 



X... tantôt a le son de CS joints ensemble, comme dems xiphoîde, 
extrême; tantôt* de GZ, aussi joints ensemble*, comme dans Aperces, 
exercice^ Xavier,,, 

Dans les précédentes éditions, TAcàdémie donnait pour exemples de 
la prononciation es les mots Xantippe et Xerxès. Aujourd'hui le pre- 
mier X de Xerxès doit être prononcé comme gz ; le second s'est trans- 
formé en c (Xercès). Quant à Xantippe ou plutôt Xanthippe, elle l'a 
remplacé par Xavier, dont l'initiale doit également être prononcée 
comme gz. Mais Vx a-t-il le son de gz dans tous les noms propres, 
Xanthe, Xanthippe, Xénocrate, Xénophon, Ximenès, etc.? C'est ce 
que l'Académie nous laisse à deviner. — Nous ne sommes pas mieux 
édifiés pour les noms communs, car si elle nous apprend que xiphoïde 
doit être prononcé csiphoïde, elle ne dit rien aux mots xénélasie, 
xérasie, xérophagie, xérophlhalmie, xiphias, xylophage et xysie. 

1. Peut-être serait-il mieux de dire : « X... a tantôt le son de CS, tantôt celui de GZ. » 

2. Ne devrait-on pas supprimer ces mots « joints ensemble, aussi joints ensemble »? Ils 
avaient leur utilité lorsque l'Académie disait : « X a tantôt le son du C bt db l'S joints en- 
semble , ... tantôt celui du G et du Z aussi joints ensemble » ; aujourd'hui qu'elle dit sim- 
plement : « le son de CS , celui de GZ • , les mots c joints ensemble » nous paraissent com- 
plètement superflus. 



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— 323 — 



Y... Caractère double, il vaut deux I accouplés, dont le premier 
FAIT PARTIE d'uuc Syllabe {sic), et le second en commence une autre, 
comme dans Citoyen^ employer^ royale appuyer ^ pays, etc., qui se 
prononcent comme s'il y avait C*7oi-fe7i^ emploi-ier, roi-ial, appui-ier, 
pai-iSj etc. C'est mal à propos que quelques auteurs ou imprimeurs 
écrivent Citoïen, moïen, etc., avec un ï tréma. 

Cette dernière observation, qui aurait été essentielle il y a 170 ans, 
lorsque Richelet publiait son Dictionnaire où il employait l'ï au lieu 
de Vy, et que l'Académie elle-même écrivait paJis ou pays; cette 
observation, disons -nous, avait encore son utilité il y a un siècle, 
lorsque parut la quatrième édition du Dictionnaire de l'Académie ; 
mais aujourd'hui elle nous paraît superflue, car personne n'écrit, et 
surtout n'impripie plus Ciloïen, moïen, voïelle^,etc, 

Y... signifie aussi, A cela, à cette personne-là. Qitant à la raison 
que vous m'alléguez, je m'y rends. J'y répondrai dans la suite. C'est 
un homme' équivoque, ne vous y fiez pas. Fiez-vous-y. 
Nous avons trouvé dans le Dictionnaire les phrases suivantes : 
(à Apprêt) Ce cuir ne vaut rien, on y a donné un mauA)ais apprêt, 
(à Parole) C'est un homme qui abuse de la parole de Dieu, en y donnant 

des explications forcées. 
(à Caryophyllée) Il se dit des fleurs de Toeillet, et de toutes celles qui Y 
ressemblent par leur structure. 

Si ces phrases sont correctes , nous aurions dû trouver ici des exem- 
ples analogues; mais comme il n'y en a pas, nous pensons qu'à Vy il 
faut substituer, dans les deux premières le pronom lui (on lui a 
donné, en lui donnant), et leur dans la troisième (celles qui leur res- 
semblent par LA structure); en ^et, à l'article Attacher nous lisons: 
« Attacher un sens, une signification à un mot, à un terme, etc., LUI 
(et non Y) donner un certain sens, une certaine signification, l'en- 
tendre d'une certaine manière. » 

Dans la seconde phrase peut-être serait-il mieux de remplacer y 
par en : « en en donnant des explications forcées ». Voy. Lui. 
En voici une où la question nous paraît plus diflîcile à résoudre : 

(à Mauvais) Mauvais, avec la négative,... signifie souvent. Assez bon, ou 
môme Fort bon , selon le ton qu'on y donne. 

Pour lever la difficulté, nous aurions dit : le ton qu'on y met. 
TÈBLE, s. m. Plante, — Voy. Hièble, s. f. 

1. Il paraît que la prononciation de l'ï s'est un peu modifiée depuis 1694. Ainsi que nous 
venons de le dire, Richelet n'employait que "très -rarement l'y, auquel il substituait l'ï, et 
l'Académie elle-même écrivait « Païs ou Pays ». En outre, elle disait à l'article Y : « Quand 
il est entre deux voyelles , il semble qu'il tienne à l'une et à l'autre comme en ces mots , 
Citoyen, employer, royal, rayon, essayer, appuyer, etc., qui se prononcent à peu près 
comme s'il y avoit Citoien, employer, etc. » 



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— 324 — 



ZÈLE, S. m. Affection vive, ardente pour le maintien ou le succès 
de quelque chose, pour les intérêts de quelqu'un. Il se dit, particu- 
lièrement, en matière de religion. Zèle pour la gloire de Dieu, potR 
la foi, POUR les choses saintes. Le zèle du salut des âmes. Le zèle db 
la religion. Le zèle des autels. Le zèle de la maison de Dieu. Le zèle 
DU bien public. Zèle pour la patrie, pour le bien public. Avoir beaih 
coup de zèle pour son prince, pour le service de son prince. Témoi- 
gner du zèle POUR Vhonneur de sa compagnie, pour le service, poor 
les intérêts de ses amis. 

Puisqu'on emploie pour dans ces phrases. Le zèle pour la gloire rfc 
Dieu, pour la foi, pour les choses saintes, pourquoi ne le ferait-on pas 
également dans celles-ci, Le zèle pour le salut des âmes/von^ h 
religion, pour les autels f II est probable que si saint Jérôme avait 
dit, Zelus domui (au lieu de domûs) tuœ me comedit, on aurait tra- 
duit, le zèle pour ta maison me dévore, et non, le zèle de ta maison, 
et par suite on aurait dit, le zèle pour la maison de Dieu.,^ Dans la 
première édition il y avait, Le zèle de la patrie, le zèle pour la patrie; 
le premier exemple a été supprimé comme présentant une amphi- 
bologie ; on a mis à la place, le zèle du bien public, et pour pendant 
le zèle POUR le bien public. — A Tarticle Animer on lit. Le zèle de 
Dieu anime cet homme ;m3,\s nous pensons que cette phrase demande 
la même rectification que le zèle de la patrie : on ne doit pas pou- 
voir dire le zèle de Dieu, le zèle du prochain, bien que Tusage auto- 
rise, l'amour de Dieu, l'amour du prochain. 

ZÉPHIRE, s. m. Nom que les anciens donnaient au vent d'occident 
Le souffle du Zéphire. — Il se dit aussi Du vent d'occident personnifié, 
et qualifié de dieu par la Fable. Dans ce sens, il ne prend jamais l'ar- 
ticle. Les amours de Flore et de Zéphire.— zéi?HYR^ s. m. On appelle 
ainsi Toute sorte de vents doux et agréables. Les doux zéphyrs. Un 
agréable zéphyr. Un zéphyr rafraîchissant. 

Les diverses manières d'écrire ce mot suivant qu'on l'envisage 
comme nom propre ou comme nom commun, Zéphire, le Zéphire, 
un zéphyr, multiplient inutilement les diflScultés; et puisqu'il prend 
Vupsiloneii grec, l'y en latin (Zéphuros, Zephyrus), peut-être serait-il 
convenable de maintenir cette même orthographe en ft^nçais, de 
mettre toujours Ve final, et de n'établir entre ces mots d'autre diffé- 
rence que celle de la majuscule dans le nom propre î Zéphyre, le 
zéphyr e, un zéphyre. 

ZOOLATRIE, s. f. Adoratiou des animaux, — V adoration des ani- 
maux suppose des adorateurs, et conséquemment des zoolâtres. Voy. 
Igonolàtre. — Quant à Va circonflexe, voy. Idolâtrie. 



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DE LA PRONONCIATION 



Dans le cours de cet ouvrage nous* avons examiné, sous le rapport 
de la prononciation, les principales difficultés non résolues par 
FAcadémie dans Tintérieur des mots; maintenant nous allons passer 
en revue les consonnes finales. Là comme ailleurs l'embarras est ^rand. 
En n'indiquant la prononciation qu'à quelques-uns des mots où ces 
consonnes doivent être articulées, l'Académie laisse dans l'incertitude 
pour les autres. Il faudrait qu'elle la donnât régulièrement lorsque la 
consonne doit être prononcée , et qu'elle ne. dît rien lorsque cette 
consonne doit rester muette, ou qu'elle suivît la marche opposée, si 
elle le jugeait plus convenable; alors on pourrait, sans craindre de 
se tromper, établir des règles et suppléer à son silence. Mais en 
la donnant tantôt dans un cas, tantôt dans l'autre, souvent dans les 
deux, et seulement pour une partie des mots, elle augmente considé- 
rablement la difficulté. 

B 

Le b se prononce dans elubj roh, rodoub, rumb; — il est muet dans 
plomb (prononcer pion), — L'Académie ne donne pas la prononcia- 
tion de baobab j nabab, inahaleb, etc.--^ Le b ne termine guère que des 
noms orientaux : Achab, Horeb, Tippo-Saëb ou Saïb, Sennachérib, 
Job, Jacob, etc, 

c 

L'Académie dit qu'on prononce le c dans ha?nac, tombac, talcj^orc- 
en-ciel, cric crac, fisc, broc (en vers), estoc, froc, botic; rfwc (titre); 
— qu'on ne le prononce pas dans cotignac, estomac, tabac (dans la 
conversation familière), banc, marc, arc-boutant, arc-doubleau, almà- 
nach, lacs et entrelacs, clerc (excepté dans de clerc à maître), cria, 
6. m., amict, croc (ordinairement), accroc, tronc, porc (devant les 
consonnes). 

Les mots où l'Académie a oublié d'indiquer la prononciation du c 
final sont bien plus nombreux que ceux où elle la fait connaître, 
comme on peut en juger par les omissions suivantes ; ab hoc et ab 
hâc, ammoniac, bac, bissac, bivac ou bivouac, cétërac, cornac, crac, 
flic flac, gaïac, havre-sac, lac, micmac, ressac, sac, scubac, sumac, 
tac, tac tac, tic, tic tac, tillac, trac, trictrac, blanc, flanc, franc, arc, 
parc, — arec, avec, bec, échec ^, fenugrec, grec, pec (hareng), rebec, 
sec, — agaric, alambic, arsenic, aspic, basilic, fie, hic, pic, porc-épic, 

1 . Dime éehec», jeu , on ne fait pas sentir le c ( éehè). 



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— 326 — 

pronostic, repic, ric-à-ric, syndic, tic, trafic, zinc, — bloc, escroc, 
manioc, nos toc, ploc, roc, siroc (ou siroco), soc, troc, ajonc, donc, 
jonc,^ aqtùeduc, bonduc, caduc, déjuc, duc (oiseau), stuc, suc, buse, 
musc, etc. 

A l'article C, l'Académie se borne à dire : « Lorsque C doit se faire 
entendre devant une consonne ou à la fin d'un mot , on le prononce 
comme K : Accès (akcès), Cneîus (Knéius), crédit (krédit), trictrac; 
(triktrak), sec (sek), bloc (blok), du blanc au noir (du blank au 
noir), etc. » 

Il nous semble que pour le c final elle aurait dû présenter quelques 
données générales, et dire que le c final précédé d'une voyelle se pro- 
nonce presque toujours; et, après avoir donné au moins un exemple 
du c précédé de chacune des voyelles, elle aurait fait connaître les 
exceptions : cotignac, estomac, arsenic, accroc et raccroc, escroc, etc. 
— Ensuite elle aurait parlé du c précédé d'une consonne : talc, arc, 
parc, zinc, buse, etc., où il se prononce également (excepté dans 
arC'boutant, arc-doubleau, que nous ferions rentrer dans la règle), 
puis des exceptions blanc, flanc, franc, marc, ajonc, donc, jonc, etc., 
pour lesquels il aurait été bien de donner des exemples. 

D 

On prononce le d dans éphod, sud; — on ne le prononceras dans 
muid, nid, nœud; — l'Académie se tait sur les mots cid, crid (poi- 
gnard), talmud.^Vowv ceux où le d final est précédé d'une consonne, 
elle n'a indiqué la prononciation qu'à Gond, où elle dit « Le D ne 
se prononce pas. » 

A l'article D on lit : « D, à la fin d'un mot, et devant un autre qui 
commence par une voyelle, se prononce souvent comme un T. Cest un 
grand ignorant. Un grand homme. Un grand empire. » — On prononce 
de même \ç*d final dans un profond ennui, un second examen, et dans 
tous les adjectifs qui se trouvent devant un substantif commençant par 
une voyelle. Mais dans les substantifs suivis d'un adjectif commençant 
par une voyelle, en est-il de même? Doit-on faire sentir le d dans 
placard injurieux, blond ardent, abord agréable, marchand épicier? 



La lettre f se fait sentir dans chef, chef- lieu, nef, neuf, veuf, 
serf; on la fait sentir au singulier seulement dans bœuf, œuf, nerf; 
et, même au singulier, on ne la prononce pas dans le bœuf gras, non 
plus que celle de nerf dans nerf de bœuf; — dans éteuf on ne la fait 
sentir que dans les vers, lorsque le mot suivant commence par une 
voyelle; — on ne la prononce pas dans clef (clé), cerf-volant, chef- 
d'œuvre. ^L2i prononciation manque à bref, brief, fief, grief, mèche f. 



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— 327 — 

relief, cerf, etc., ainsi qu'aux mots terminés par if, of, ouf, uf; mais 
à l'article F l'Académie dit : « Quand cette lettre est à la fin d'un mot, 
elle se prononce presque toujours, même devant une consonne. Une 
soif brûlante. Une soif ardente. Il fut piqué jusqu'au vif de ce refus. 
Pièce de bœuf tremblante. Il est veuf de sa troisième femme. » 



Le g se fait sentir dans whig, joug, pouding; — • bourg se prononce 
bourk; bourgmestre se prononce bourguemestre, — On ne le fait pas 
sentir dans coing, hareng, schelling, oing (vieux), sangsue, doigt, 
legs. — La prononciation n'est pas indiquée aux mots zigzag, étang, 
rang, sang, orang-outang, parpaing, seing, sterling, poi?ig, brande- 
bourg, faubourg. — A l'article G, l'Académie dit, il est vrai « G final 
suivi d'un mot qui commence par une voyelle, se prononce ordinai- 
rement comme un G dur. Un sang aduste. Un long hiver. ^k la fin de 
CERTAINS MOTS tcls quo scing, étang, il ne se prononce point, même 
devant une voyelle » ; mais cela ne nous semble pas suflisant. 



L'^ finale est nulle, c'est-à-dire ne se prononce pas, dans baril, 
chenil, coutil., fournil, fraisil, fusil, nombril, outil, persil, sourcil, 
soûl, cul; — dans gril, elle ne se prononce pas dans le langage fami- 
lier, et quand on la prononce on doit la mouiller; elle est également 
nulle dans fils. ^On la prononce sans la mouiller dans exil, fil, profil, 
accul, recul, et dans les adjectifs terminés par il : bissextil, civil et 
incivil, mil (adj. numéral ), puéril, subtil, vil, viril, volatil, etc. — On 
la mouille dans avril, babil, cil, fenil, mil (millet) , péril, et dans gen- 
tilhomme, gentilhommerie, gentillâtre, gentillesse, composés ou déri- 
vés de gentil, où elle est nulle. — L'Académie ne nous dit pas si l'on 
doit ou non la prononcer dans béryl, brésil, gentil, païen , et gentil, 
adjectif, grémil, grésil, pénil, pistil, sil, et dans le mot bill, emprunté 
de l'anglais. 

VI est toujours mouillée dans les terminaisons ail, eil, iceil, euil, 
ouil, comme travail, réveil, cercueil, cerfeuil, œil, fenouil. 

L MOUILLÉE. 

Sur 80 mots environ terminés par ille, il n'y en a que 21, croyons- 
nous, où l'Académie ait indiqué la prononciation; ce sont les mots 
bille, bisbille, cédille, crou^stille, drille, mandille, mercantille, mo- 
rille, ormille, pacotille, quille, vanille, où les // doivent être mouil- 
lées ; — codicille, gille, mille, papille, pupille, sibylle, où on les fait 
sentir sans les mouiller ; — fibnlle, sille, tranquille, qu'on doit pro- 
noncer comme s'il n'y avait qu'une l. 



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— 328 — 

A Tàrticle L, TAcadémie dit que cette lettre se prononce mouillée 
« dans quelques mots où elle n'est précédée que d'un i, comme dans 
ceux-ci, Fille, quille, briller, et dsins plusieurs autres qui seront in- 
diqués en leur lieu. » D'après cela, il semblerait qu'on doit s'en tenir 
strictement à la prononciation qu'elle a indiquée, et que là où elle 
n'a rien dit les // ne doivent pas être mouillées. Cependant, comme 
sur les trois mots ci-dessus il n'y en a qu'un (le mot quille) où elle 
ait indiqué la prononciation, il est permis de croire qu'elle a oublié 
de le faire à quelques autres. Il n'est pas probable qu'on doive pro- 
noncer de la même manière les II de ville et de cheville j de cankUille 
et de ccmnetille, de famille et de camomille ; celles de vertidUe et 
verticillé comme celles de bastille et bastille. 

M 

Dans intérim, Vm garde sa prononciation ordinaire ; dans les mots 
dam, quidam, elle prend le son de Vn (dan, kidan); — dans les mots 
terminés par um, cette finale se prononce ome; tels sont album, déco- 
rum, erratum, factotum, factum, géranium, laudanum, ma^mum, 
minimum, minium, muséum, pensum, post-scriptum, rhum. Te Deum, 
ultimatum, etc, etc. — Em médial se prononce èm dans bélemnite, 
décemvir, et ain dans semper virens, sempiternel, 

L'Académie ne donne pas la prononciation des mots hem!, ibidem, 
idem, item, oUm, zaïm, homf ; celle de nom et de ses composés pré- 
nom, renom, surnom, ni même celle de parfum et de thym. — Dans 
ceux où um final doit 5e prononcer ome, elle a omis la prononciation 
de busiUcum, judicatum (judicatum solvi), odéum et uranium. 

N 

bans landamman, man se prononce mane; mais l'Académie ne nous 
dit pas comment il faut prononcer alderman, amm^an. — Dans abdo- 
men, hymen, on fait sentir Vn; — dans amen, cérumen, dictamen, glu- 
ten, gramen, on la prononce; — dans examen, la dernière syllabe se 
prononce comme celle de chemin, ou comme celle du mot amen, mais 
seulement au singulier;— dans Éden, lien, en se prononce é», et dans 
solen, en; — dans béhen, ben, lichen, spécimen, semen-contra, en se 
prononce êne^; — spleen se prononce spline. — L'Académie n'indique 
pas la prononciation de cyclamen et de pollen. 

La prononciation de en dans le corps des mots nous semble mériter 
d'être signalée. Dans agenda, appendice, pacta conventa, relentum, 
semper virens, sensorium, spencer, spina-ventosa, zend-avesta, en se 

1. A toutes ces nuances de prononciation : k On fait sentir Vn; on prononce Vn; en se pro- 
nonce én,èn,ène%, opposées à ain, nous préférons de beaucoup la règle unique qui se trouve 
à l'article N : « Quelquefois elle (cette lettre) se prononce fortement, comme dans les mots 
Hymen, amen, abdomen, Éden, etc. » — Quant à lien, nous pensons que la finale doit se pro- 
noncer in ( li-in), comme dans chemin, et non in ctHume dans abdomen. 



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— 82« — 

prononce ain; mais dans mentor, pensum, pentacor de, pentagone, pen- 
tamètre, pentandrie, pentapole, pentateuque, pentathle, il faut pro- 
noncer en. Cette différence nous étonne; si pensum ne figurait pas 
parmi ces derniers, on pourrait supposer qu'elle tient à ce qu'ils 
viennent du grec, tandis que les premiers mots viennent presque tous 
du latin. Quoi qu'il en soit, cette prononciation ne saurait paraître 
plus bizarre que celle de l'initiale in ou im dans les mots indocile, in- 
juste, imbu, importer, etc., que l'Académie, à l'article IN, nous dit de 
prononcer en (èn-docile, èn-juste, ènbu, ènporter) avec le son nasal. 

L'Académie ne nous dit pas comment doivent se prononcer la 
première syllabe de hendécagone et hendécasyllahe, et la seconde de 
épenthèse, épenthétique, mémento; est-ce ain ou en? 

Elle nous apprend que le mot ennemi se prononce ènemi; — que 
dans ennéagone, ennéandrie, on fait sentir les deux n; r- que enivrer, 
enorgueillir se prononcent a/nrmGrer, an^orgueillir; — mais elle a 
oublié de nous dire que enharmonique, enherber, se prononcent aussi 
an-narmonique, an-nerber. 

Elle nous dit que dans la première syllabe de hennir et dsms la 
seconde de solennel et de leurs dérivés, hennissement, solennellement, 
solennisation, solenniser, solennité, en se prononce comme un a bref 
(hanir, solanel^, etc.); mais elle se tait au sujet de nenni, que, 
suivant plusieurs dictionnaires, il faut prononcer nani. — Elle nous 
dit encore que dans empenner « les lettres en se prononcent comme 
dans amen » ; mais elle ne dit rien pour les mots désempennèr, penne, 
pennage, pennon, dans lesquels la prononciation doit sans doute être 
la même (empèn-ner, désempèn-ner, pèn-ne, pènrnage, pèn-non). 

Enfin elle dit que la pénultième syllabe de chrétienté se prononce 
comme dans chrétien; mais elle oublie de faire connaître comment se 
prononce la finale de ce mot. Cette omission est fâcheuse, car d'après 
l'Académie la prononciation de la finale ien semblerait n'être paa tou- 
jours la même. A l'article M elle dit : « Cette lettre, quand elle est à 
la fin d'une syllabe ou d'un mot, change quelquefois la prononciation 
de la voyelle qui précède, et produit un son nasal, comme dans les 
mots Ban, bon, bien... » ; — puis à l'article Nasal : « Nos quat7*e nasales 
sont an, comme dans la première syllabe du mot Anchois; en, dans 
la dernière syllabe de Bien , dans la dernière syllabe de Frein *, dans 
la première rf'Ainsi, dans la première rf'Ingrat, etc.. » — Mais à Lien 
la prononciation est figurée par li-èn, ce qui peut jeter le lecteur dans 
l'incertitude. Nous croyons que tout le monde prononce li-in, chréti-in; 
en conséquence il faut dire Chréti-inté, et non chréti-enneté. 

1. Puisqu'il est question de Ve prononcé a, nous parlerons des mots indemniser, indemnité, 
îpLQ rAcadémie dit de prononcer indamniser, indamnité. Il serait plus naturel de conserver 
dans ces deux mots la prononciation de l'tf^^omme dans indemne; elle est d'ailleurs très- 
usitée, même parmi les personnes qui parlent bien. 

2. Il y a évidemment là une distraction. Bien n'a jamais compté que pour une syllabe , et 
ffvte. n'en saurait Cure deux. 

42 



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— 330 — 

P PRÉCÉDÉ d'une voyelle. 

Le p précédé d*une voyelle se prononce dans cap, jalap, laps et 
relaps; — julep, biceps et triceps j concept et son dérivé conception; 
— croup, — On ne le fait pas sentir dans galop, sirop ; — il est encore 
nul dans sept et ses dérivés septième et septièmement, tandis qu'on le 
fait sonner dans les composés tels que septante, septembre, septenn 
trion, septuagénaire, c^c— L'Académie ne nous dit rien pour les mots 
drap, hanap, sparadrap; cep, salep, forceps, princeps, reps, seps, 
tumeps; coup-, loup, cantaloup, group, etc, 

P PRÉCÉDÉ d'une consonne. 

A l'article P nous lisons : « Il y a un grand nombre de mots où le p ne 
se prononce pas, comme Temps, romps, exempter, etc, » — Sans doute 
l'Académie aurait eu beaucoup à faire d'indiquer que le p précédé 
d'une consonne est nul, à chacun des mots où on ne le fait pas sentir; 
mais, ainsi que nous le disons au commencement de ce chapitre, elle 
aurait dû au moins nous avertir toutes les fois qu'on doit le pro- 
noncer. Malheureusement elle ne présente rien de complet ni dans 
un sens ni dans l'autre. Elle nous apprend que cette consonne est 
nulle dans les mots exempt, exempter; temps; compte, comptable, 
comptabilité, compter, comptoir, décompte, etc, ; dompter, indomp- 
table, etc.; prompt, promptitude, etc., et qu'au contraire il faut la 
prononcer dans contempteur, contemptible, exemption, symptoma- 
tique; — • mais elle ne dit rien aux mots corps, escompte et escompter, 
mécompte et se m4compter, précompter, recompter, où le p est nul; 
ni à coemption, rédempteur et rédemption; péremption, péremp- 
toire, etc.; assomption, consomptif et consomption; présomptif, pré- 
somption, présomptueux, etc., où l'usage veut qu'on le prononce; 
ni à symptôme, sur lequel les avis sont partagés; etc. etc. 

Q 

La lettre q ne termine que les mots coq et cinq. Dans le premier 
on prononce toujours le q, excepté dans coq d'Inde; on le fait sentir 
dans coq de bruyère ou coq des bois, dans coq des jardins, etc. — Quant 
au mot cinq, voyez I'Observation générale, p. 33/i. 

R 

La finale r se fait sentir dans tous les mots terminés par ar, ir, or, 
ur : cauchemar, avenir, castor, azur, etc. — Il en est à peu près de 
même pour la terminaison en eur : ardeur, brodeur, coiffeur, dour 
leur, prieur, etc. Il n'y a qu'une seule exception, monsieur, où l'rest 
nulle, pour la prononciation.— La terminaison er se prononce comme 



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• _ 331 — 

un é, 1° dans tous les verbes, ex. : absorber, avancer, aboucher, abor- 
der, etc.; 2« dans les substantifs, au nombre de 500 et plus; ex. : plan^ 
cher, berger, armurier, pompier, etc. Les exceptions se composent de 
aster, Auster, belvéder (qu'on écrit plutôt belvédère)^ ber, calender, 
cancer, cathéter, coroner, cuiller (qu'on écrit aussi cuillère)^ enfer, 
éther, fer et mâchefer, frôler, gaster, hiver, Jupiter, liber, Lucifer, 
magister, mér et outremer, messer, partner, pater, spencer, sphinc- 
ter, stathouder, trochanter, ver, vétyver, mots qui pour la plupart 
appartiennent aux langues étrangères; 3° dans les adjectifs; ex. : 
étranger, léger, gaucher, allier, grossier, etc. Trois exceptions : amer, 
cher et fier, — Les adverbes ne donnent que hier et avant-hier ^, où 
Vr se prononce. — On fait également sonner Vr dans la plupart des 
mots terminés en ers : pers, adj., tiers, vers et envers, prépos. et 
subst., revers, travers, univers, convers, dévers, divers, pervers, etc. 
Exceptions : volontiers et quelques noms propres , Angers, Damvil- 
liers, Louviers, Noirmoutiers, Thiviers et Pithiviers, etc., où ers se 
prononce comme é. 

Quant aux mots cutter, quaker, kirsch-wasser, kreutzer, thaler, on 
les prononce cotre, couacre, kirche-wasre^, creutzre, thalre, sans 
appuyer sur Ye final. 



Comme le nombre des mots terminés par s est assez considérable, 
nous n'indiquerons que ceux sur lesquels on peut avoir quelque doute. 
L'Académie dit de prononcer Vs dans alcarazas, ambesas, as, asclé- 
pias, atlas, lépas, Pallas, pancréas, stras, vasistas, vindas, xiphias. 
Mars, laps et relaps; — Agnès, aloès, aspergés, cor tes, florès, hono- 
res (ad), kermès, biceps et triceps; — Adonis, amaryllis, bis, adv., 
cassis, gratis, ibis, iris, lapis, lis,, métis, oasis, orchis, vis, tourne- 
vis, etc., et dans bris et locatis, ce dont bien des personnes ne se 
seraient pas doutées ; — albatros, albinos, pathos, rhinocéros, téta- 
nos, etc.; — agnus, aiig élus. Argus, blocus^ calus, Crésus, hiatus, oli- 
brius, phébus, rébus, typhus^ Vénus, virus; — obus se prononce obuze. 
— Il ne faut pas la faire sentir dans damas, patatras, bis, adj., cam- 
pos, pouls, antechrist. 

Elle ne nous dit pas s'il faut prononcer Vs dans altercas, ananas, 
choucas, glas, haras, hypocras, lampas, madras, sirsacas, upas, 
lacs, etc.; — alkermès, Cérès, cyprès, prof es, legs, forceps, reps, seps, 
tumeps, mets et entremets, rets, — anagallis, avis, cauris ou coris, 
macis, propolis, salmigondis, tabis, tournis, puis, adv., et surtout 

1. L'Académie a négligé de donner la prononciation des mots cher, fer et mâchefer, hier et 
avani-^ier, hiver, lucifer, mer et outremer, partner, ver, vétyver, etc. 

2. L'Académie dit bien que cutter et quaker se prononcent cotre et couacre, mais elle ne 
dit rien pour kirschrwasser et kreutzer. Au mot tJialer, elle dit qu'on fait sentir Vr, mais elle 
ne nous apprend pas si l'on doit la faire sentir comme dans frater ou comme dans cutter. 



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— 5â2 — • 

dans débris, oemp&sô de bris; — mérinos, aurocks; — abu», committi^ 
mus, jus et verjus, refus, plus et aurplm, sus eien sus, taltés, etc. 

S MÉDIALE. 

Au milieu des mots, Vs se prononce de deux manières différentes: 
1° Précédée ou suivie d'une consonne, elle se prononce fortement, 
comme dans absolu, riposter.-^ Les excepUons sont : asbeste, asthme 
et asthmatique, boLsamir^, balsamique, baisamite, transiger, Iransae^ 
tian, transit, transitif et intransitif, transition, transitoire, qu^on 
doit prononcer azbeste, azme, azmatiqtie, balzamine, etc., transiger, 
tranzoecion, tranzite, etc. 

2^ Placée entre deux voyelles, elle prend le son du z : oi$eau, ba- 
sdne*— Cette règle a pour exceptions les mots composés ou juxtaposés 
oùTs initiale du mot simple se trouve entre deux voyelles; ainsi, 
bien que Ys de signe, de solution,, prenne le son du z dans désigner, 
résigner, résolution, etc., et que celle de philosophie ne se pronoDce 
pas comme celle de Sophie, cependant Vs initiale de septique, «o- 
eial, syphilis, sécante, seigneur, sinus, syllabe, sUex, synode, séance, 
supposer, secteur, section, sexuel, semblable, etc., conserve le son 
qui lui est propre (celui du c devant e, i, et du ç devant a, a, u) 
dans antiseptique, antisocial, antisyphilitique, cosécante, coseigneur, 
cosinus, décasyllabe et hendécasyllabe, imparisyllabique, polysyllabe, 
péirosilex, polysynodie, préséance, présupposer, prosecteur, trisec- 
tion, unisexuel, vraisemblance, vraisemblable, etc. (On écrit avec 
deux s dissyllabe et trissyllabe.) — Il en est de même pour asym- 
ptote, désuétude, girasol, parasol, tournesol, parasélène,etc., qui n'ont 
pas le mot simple, et sans doute aussi pour les mots composés hydro- 
sulfate, hydrosulfure, hydrosulfurique, monosyllabe, monosyllabique, 
parisyllabiqice, périsystole, protosyncèle, soubresaut, quoique FAca- 
démie ne dise pas comment ils doivent être prononcés. — L*Académie 
aurait pu sans grand inconvénient, ce semble, ajouter à tous ces mots 
havre-sac et entre-sol, qu'elle aurait écrits havresac, entresol ; elle n'y 
met probablement le tiret que pour conserver à Vs le son de Vs forte. 



L'Académie nous dit bien que le t se fait sentir dans bat (entre œil 
et bat)^ fat, magnificat, m^t (terme de jeu d'échecs), mat, adj.^ opiaX, 
pat, toast (qu'on prononce toste)^ ventât, tact et contact, exact, e; 
intact^ e; malt,, rapt, part, s. m. — ab hoc et ab hâc, et caetera, fret, 
licet, tacet, intellect, lest, zest, -^ accessit, aconit, bardit, coït, dé- 
ficit, introït, obit, prétérit, transit. Christ, whist, zénith, — dot, — 
knout, rout, — azimut, brut, e; chut!, lui, occiput^ rut, ut, induit, 
luth; — et qu'on ne le prononce pas dans bât, et, conjonction (sa«f 
les deux exceptions ci-dessus), amict (prononcez ami)., bahut. 

Mais elle ne njous dit rien pour abigéat, ab intestat, agnat, aiguillât. 



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(dlemal, exeat, mât, — ampect, aspect, respect; abject, e; drccmn 
spectj e; correct, e; direct, e; infect, e; suspect, e; net, te; est et otiest; 
transfert, heurt, — prurit, subit, e; district; instinct, distinct, e; smc- 
cintt, «; — comput, abrupt, e; bismuth, etc. De tous ces mots, il n'y a 
que net, correct, subit, dont la prononciation soit indiquée à Fart. T; 
on doit y faire sentir le ^— Au mot Concept, TAcadémie dît seulement 
qu'on prononce le p, et ^ Antéchrist, que Ys ne se prononce pas ; 
mais le t, doit-on le faire sentir? 

T MÉDIAL. 

A l'article T, l'Académie dit : « Au milieu des mots, T suivi d'un i 
et d'une autre voyelle se prononce fort souvent comme C dans Ce : 
Patience, partial, ambition, captieux, etc. (prononcez : Pacience, par- 
cial, ambicion, capcieux, etc.) Les grammairiens ont déterminé par 
des règles nombreuses les cas où le T prend cette valeur accidentelle, 
et ceux où il garde sa valeur propre; mais de telles règles souffrent 
des exceptions qui ajoutent à l'inconvénient <ie leur multiplicité : il 
est plus facile et plus sûr d'apprendre ces distinctions par l'usage. » 
— On avait lieu de croire que l'Académie, pour faciliter cette étude 
par l'usage, ferait connaître la prononciation à chacun des mots où 
se présente cette irrégularité ; mais elle ne l'a indiquée qu'à trente- 
six mots. Elle a négligé de le faire pour aristocratie, autocratie, bu- 
reaucratie, confidentiaire, confidentiel et son adverbe, consubslanliel 
et ses dérivés, démocratie, différentiel, différentier, diplomatie, épi- 
zooiie, essentiel et son adv., gentiane, gratiole, gynécocratie, impar- 
tial et ses dérivés, insatiable et ses dérivés, lithotritie, martial, 
obédientiel, ochloeratie, opuntia, patience et ses dériw es, pénitentiaire, 
pénitentiel et pénitentiau^x, pestilentiel, potentiel, primatial, quotient, 
sapientiau^x , satiété, scotie, sotie, stratocratie, substantiel et son adv., 
suprématie, théocratie, tortionnaire, transsubstantier, Pribunitien, 
tutie, etc., puis les substantifs terminés par tion, au nombre de treize 
cents environ. (Voy.,p. 238, l'article Proportion.) Parmi ces dernier», 
il en est même où l'Académie a indiqué la prononciation de manière 
à induire en erreur; tels sont équation, initiation, liquaticw, propitia^ 
tion, transaction, où elle la figure tion, au Heu de mettre cion:écoua- 
tien, inidation, licpuation, propiciation, tranzaction. 

Dans amitié, inimitié, moitié, pitié, le f conserve sa valeur naturelle. 

Dans les substantifs qui se terminent par tion, cette finale se pro- 
nonce toujours cion, excepté cependant lorsque le t est précédé 
d'une s ou d'un x : bastion, gestion, congestion, digestion et indiges- 
tion, suggestion, question, ustion, adustion, combustion, mdxtion et 
immixtion; dans ces mots-là le t conserve sa valeur propre. 

Quant aux verbes, îl va sans dire que dans la finale tions de l'impar- 
fait de l'indicatif et du présent du subjonctif, le t conserve sa valeur 
propre comme aux autres personnes, ce qui présente un ccmiraste 



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— 3S4 — 



avec le substantif. 

nous adoptions 

» désertions 

» éditions • 

» exceptions 

» exécutions 

» exemptions 

» infections 

» injections 

» inspections 

» interceptions 

» inventions 

» objections 

» options 

» persécutions 

» réfractions 

» sécrétions 



Voici la liste des verbes qui sont dans ce cas : 

Dans les mots suivants, le verbe et 
le substantif n*ont pas le môme sens. 



les adoptions 
» désertions 
» éditions 
» exceptions 
» exécutions 
» exemptions 
» infections 
» injections 
» inspections 
» interceptions 
» inventions 
» objections 
» options 
n persécutions 
» réfractions 
)) sécrétions 



nous acceptions 

» affections 

» attentions 

» contentions 

» contractions 

» dations 

» dictions 

» intentions 

» mentions 

» notions 

» portions 

» rations 

» relations 

» rétractions 



les acceptions 
affections 
attentions 
contentions 
contractions 
dations 
dictions 
intentions 
mentions 
notions 
portions 
rations 
relations 
rétractions 



Vx se prononce dans larix; il se prononce comme s dans coccyx; 
il se prononce fortement dans index; — dans les mots diXj six, il est 
muet devant une consonne, excepté dans dix-sept j dix-huit^ dix-neuf; 
— il se prononce comme z devant une voyelle, etc. ; — il ne se pro- 
nonce pas dans crucifix et afflux. — L'Académie n'indique pas la pronon- 
ciation de borax, storax ou styrax; thorax, faix, paix, chaux, faux, 
tau^x ; — murex, silex ; — hélix, phénix, préfix, prix, tamarix, larynx, 
lynx, pharynx, sphinx; — choix, croix, noix, poix, voix, — courroux;, 
époux, houx, saindoux, toiuv, dotix, jaloux, roux; — flttx, reflux *. 

OBSERVATION GÉNÉRALE, 

L'usage veut que la consonne finale des mots deux, trois, vingt, ne 
se laisse entendre que devant une voyelle ou une h muette : deu^z- 
arbres, troi-z-hommes , le vm^-^-avril. Dans tous les autres cas, ces 
consonnes restent nulles : deu francs, troi homards, le vin janvier; 
nous n'étions que vin*, — Quant aux mots cinq, six, sept, huit, neuf, 
dix, on fait sentir leur consonne finale dans les dates, et quand ils 
ne sont pas suivis d'un substantif ou d'un adjectif commençant par 
une consonne : cm-^-enfants, st-jz^-hommes, neur-v-hàbiis (et non, 
w«t*-/'-habits); le sète, le huite janvier; nous étions neufe; tous les 
dice partirent ensemble. Partout ailleurs elle est nulle : cin francs, 
si centimes, se volumes, hui maisons, neu hameaux, di mille hommes. 

1. n est vrai qu'à l'article X l'Académie indique la prononciation de cette consonne, soit 
au milieu, soit à la fin des mots, et qu'elle donne quelques exemples; mais ce qu'elle dit 
est loin de répondre à toutes les questions. 

2. Cependant l'on prononce vinte-àewx, vinte-\XQ\s, etc., probablement à cause de l'ellipse 
de et sous-entendu : vingt et deux, vingt et trois, etc., comme on dit vingt et un. C'est la même 
raison qui fait prononcer di««-sept, dize-haxXt dize-wtv£. 



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REMARQUES DETACHEES 



On se trompe souvent dans remploi de certaines lettres, et nous 
croyons devoir signaler les mots où l'on fait erreur le plus fréquem- 
ment. — Quelques pages sont consacrées à la lettre N, dont la rédu- 
plication est une source de difficultés dans notre langue. 



c, K, 



ETC. 



Les terminaisons c^ ch, k, ck, que, cqvs, etc., présentaient autrefois 
de grandes difficultés; on a simplifié Torthographe en supprimant 
tantôt le Cj tantôt 4e k, mais il reste toujours à deviner laquelle de ces 
deux lettres est restée. Nous allons passer en revue les désinences 
€ic, eCj iCj ocj uCj etc., en donnant seulement les mots qui nous paraî- 
tront les plus nécessaires. 

Ac, etc. (prononcez a). Cotignac, estomac , tabac, — almanach, 
Voy. les pages 325-326. 

Ec, etc. Les noms communs de cette terminaison sont peu nom- 
breux et présentent peu d'exceptions : avec, bec, échec, grec, sec, etc.^\ 

— varech; — bifteck; — cheik. — Pour les noms propres, il n'en est 
pas de même, parce qu'ils appartiennent à différentes parties du 
globe : Bolbec, Caudebec, Lautrec, Québec, Ruffec; — Abimélech, 
Melchisédech ; — Utrecht *; — Balbek, — Lubeck, Rosbeck ( en flamand , 
ce mot s'écrit Roosebeke; mais dans les dictionnaires français on 
trouve les variantes qui suivent : Rosebecque, Rosebeck, Rosbecqu^, 
Rosbecq, elc.)^ Rvdbeck, — Mecqice (la). 

Erqdb , etc. Albitquerqys, Dunkerque, Steinkerqtie ou Steenkerke. 

le, etc. Nous n'avons pas à nous occuper ici de cette désinence 
»sous le rapport de l'orthographe ic ou iqus; nous dirons seulement 
qu'on écrit Bervic (graveur); — Munich, Zurich; — Maestricht; 

— pachalik; — brick (qu'on écrit aussi brig)^ carrick, Dantzick, 
Leipsick (ou mieux Dantzig, Leipzig) ^ Berwick (comté d'Ecosse); — 
Ryswyk; — Van Dyck; — auxquels on peut ajouter district. 

Oc, etc. Les exceptions dans cette désinence sont : loch (t. de Ma- 
rine), looch ou lok (sorte de potion), Enoch, Moloch, Roch, — Pem- 
hrùke, — coq; — les mots anglais coke, dock, stock, dont les deux 
derniers ne sont pas encore dans le Dictionnaire de l'Académie, et 
le composé allemand stockfisch. 

Ooc, etc. On écrit Femambouc, ou mieux Pemambou€,—Kalmouk. 

1. On prononce également ec la finale eet des substantifs anspect, cispect, respect. 

2. Dans Dordrecht on fait sentir le t final. 



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— 336 -- 

De, etc. Les exceptions sont : Baruch; — Innsbruck ou Inspruck, 
Omabruck, et tous les mots ayant cette syllabe finale, qui signifie 
Pont; — et Lucqvss, — Mameluk se prononce mam-louk, 

Ark, Ork. Après la lettre r on ne met plus le ck d'autrefois; on 
écrit Danemark j Cork j York, New-York, etc; mais on écrit Neumarkl 
avec un t final. 



Un grand nombre de personnes doublent mal à propos cette con- 
sonne dans plusieurs substantifs tels que agrafe, carafe, girafe, — 
gaufre, — mufle et mouflon, 

H 

n faut écrire sans h : agate ^, amarante, amiante, catégorie et ses 
dérivés, ermite et ermitage; exorbitant, eancbérance, hypoténiLse (à la 
3« syllabe), liturgie^, myrte, pentélique^ (marbre), tiare, Galatée^, 
Tyane (Apollonius de), où Tétymologie ne demande pas cette lettre; 
et monacal, pascal, stomacal, patriarcal et patriarcat *, où l'usage 
et l'Académie ne l'admettent plus. — On écrit également galimaXias 
sans h, 

L'Académie écrit aujourd'hui sans h, alcool et ipécacuana; elle l'a 
supprimée depuis longtemps dans calcédoine ^, hémorragie, hémor- 
roïde, hémorroïsse (après les rr), dans hypocondre et hypocondriaque 
(après le c), dans métempsycose'^, ocre, Caron^, etc.; elle écrit de 
même kan^ {le grand). 

On écrit Reims et Rémois, et généralement on supprime Yh dans 
Amilcar, Annibal, Botnie, Ré, Rodez, Trasimène *®. — On n'en met 
plus qu'une dans Bethléem, — On doit écrire sans ^i à la fin les mots 
Erfurt, Frankfurt, Klagenfurt, Ochsenfurt, Schweinfurt, Stein- 
furt, etc.^^ 

Quelques personnes transposent mal à propos Vh dans les mots 
catéchumène, rhéteur et rhétorique, térébinthe et térébenthine. Ter- 
psichore, thaumaturge, etc. 

i. Oq. met Vh dans Agathe, nom propre. — 2. litharge et léthargie preimeiit l'ft. 
8. Mais on met l'A dans Penthée et PeîUhésilée. — 4. Amalthée prend Vh. 
5. Asiarchat, exarchat, conservent Vh. — 6. Cependant on conserve Vh dans Chalcéd^ne, 
ville de Bithynie près de laquelle on trouva les premières pitres de ce oom. 
7* Précédemment, l'Académie écriyaài pèyeologie; elle a rétabli Vh (psychologie). 

8. Elle maintient Vh dans Charybde. 

9. A l'article Grand , elle écrit le Grand Kan, avec deux majuscules. 

10. Ce nom s'est écrit de plusieurs manières : Thrasymène, Tratymèm, Thrasiminê, et 
aujourd'hui Trasimène. 

1 1 . Dans plusieurs dictionnaires , quelques-uns de ces noms sont écrits avec une h finale ; 
mais c'est une orthographe surannée. A l'exception d' Erfurt (en latin, Erfwtum, Erfordia), 
ce sont tous des composés de Furt, qui signifie Passage : Frankfwt (en français Francfort), 
Passage fraftc, libre; Klagenfurt, Passage des gémissements, des lamentations; Ochsen^ 
furt, ... des bcenfs; Scftweinfurt, ... des porcs; Steinfurt^ ... des pierres, ou Passage piei^ 
reux , pratiqué avec des pierres, etc. 



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— 337 — 

N 

La réduplicatîon de la lettre N présente dans notre langue des irré- 
gularités si nombreuses, surtout après l'O, que nous croyons devoir 
lui consacrer un paragraphe spécial. Voy. pages 340 à 352. 

R 

n faut écrire avec une seule r les mots baraque^ barilj caricature, 
carillon, curule, gabare (embarcation, filet), maroquin^, Aragon, 
Ariége, Novare, Saragosse ^, etc, — L'usage veut qu'on écrive barème 
(livre de comptes faits) avec une seule r {Consulter son barème. Il 
sait son barème sur le bout du doigt) j bien que le nom de l'auteur 
de cet ouvrage en prenne deux {Barréme), Il est surprenant que 
l'Académie n'ait pas accueilli ce mot, qui a été fort en usage. 

S ET Z 

On doit écrire avec une s : asile, basane, basoche ^, blason, diapa- 
son, dièse, hasard, léser et lèse-majesté, nasal, sarrasin, etc., con- 
formément à l'étymologie; et losange, magasin, conformément à 
l'usage depuis longtemps adopté; — avec un z : lézard^, mazette et 
suzerain, conformément à l'usage actuel; gaze, horizon, topaze, 
vizir, Byzance, Byzantin, Trébizonde, suivant l'étymologie. Cepen- 
dant on trouve ce dernier mot écrit par une s dans quelques diction- 
naires. On trouve également Balthazar et Balthasar. 

On écrit aujourd'hui avec une s les noms Basile, Elisabeth, Sw- 
sanne, Génésareth^. — L'habitude fait cependant conserver le z dans 
Suzon et Suzette, diminutifs de Susanne. 

On doit également écrire avec une s : Stùse, ville et passage en 
Savoie, et ville de Perse, capitale de la Susiane. 
. On doit écrire sans s finale : Borysthène^, Ravenne, et Flandre 
dans en Flandre'^, 

1. Dans les quatre premières éditions du Dictionnaire de l'Académie on trouve , il est vrai, 
carrillon^t marroquin avec deux r; mais cette réduplication était sans fondement, puisque 
carillon vient de quatre ou de quadrille, parce que les carillons étaient autrefois exécutés 
par quatre cloches; quant à maroquin, il doit s'écrire comme Maroc, d'oin il a pris son nom. . 

2. Il faut mettre deux r à bagarre, barrique, marronnier, Navarre, Tarrayone, etc. 

8. Ce mot vient de basilique, maison royale, parce qu'autrefois on rendait la justice dans la 
maison du roi. Ceux qui écrivent bazoche font venir ce mot du grec bazâ, je goguenarde, 
étymologie plus que hasardée. 

4. On pourrait écrire lésard, car l'étymologie lacerta ne réclame pas le z; ce mot serait 
ainsi en harmonie avec hasard et puisard, tandis que lézard est le seul mot terminé par zaïd. 

5. On conserve le z dans Nazareth. 

6. C'est probablement par inadvertance qu'on a mis Borysthènes aveonne s finale dans le 
Complément du Dictionnaire de l'Académie. Si l'on écrit Athènes, Mycènes, Cynoscéphales, 
Delphes, etc., c'est à cause de la terminaison plurielle de l'étymologie : Athenœ, Mycenœ, 
Cynoscephalœ, Delphi. Cependant on trouve, même dans le Complément ci-dessus, Clazomène 
et Cyrène sans s, malgré la terminaison Clazomenœ, Cyrenœ. 

7. Vs qu'on mettait autrefois au mot Flandre vient évidemment de l'idée de pluralité qu'on 

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— 338 — 

On jbrouve dans des dictionnaires biographiques très-estimés les 
noms propres Apelle, Démosthène, Anaximène, etc, écrits avec une 5 
à la fin. C'est sans doute une distraction, puisque dans ces mêmes 
ouvrages on a écrit sans s finale : Socrate^ Sophocle^ Euripide, Aris- 
tophane, Arisiomène, Clisthène, Antisthène, Éraiosthène, Diogène, 
Mécène, etc. 

L'Académie a conservé ez dans le mot lez signifiant Près de (le 
Plessis-lez-Tours, Saint-Denis-lez-Paris), que les auteurs et les typo- 
graphes écrivent généralement lès. 



ET 



I 



Il faut écrire avec un i simple , conformément à l'étymologie et à 
l'usage : absinthe, empiriqite ^, lis, logogriphe ^, siphon, siréfie, sirop, 
sphinx, stigmate. Silène. — L'Académie écrit aussi avec un * simple : 
asile, calice, cariatide, cime ^, Cotisée, cristal, harpie, mirmidon, 
et Zéphire, le Zéphire, quoiqu'elle maintienne Vy dans un zéphyr. 

Bon nombre de personnes transposent à tort Yi et 1'^ dans les 
mots suivants : amphictyon, amphitryon, diptyque, triglyphe^, 
hyacinthe ^, sibylle, Érinnys, Ériphyle, Hippolyte ^, Bithynie, Didyme, 
Libye'^, Libyssa , Lilybée , Mitylène, Sicyone, Sisygambis, Sisyphe^, 
Tirynthe, etc. 

DE l'accent circonflexe ET DU TRÉMA. 

Il ne faut pas d'accent circonflexe dans les mots aile, cime, mitre,— 
chute, égout, joute, reliure. — Levâre (écume de bière) et mûre sont 
les seuls substantifs terminés parwre où l'Académie mette un accent ®. 

En attendant que l'Académie supprime le tréma sur Ve précédé 
d'un a ou d'un 0, comme dans Israël, Raphaël, Noël, etc., nous croyons 
devoir signaler l'habitude qu'ont les littérateurs les plus instruits 
d'affecter de ce signe Vi ou Vu précédé d'un é, et d'écrire : néréide, 
plébéien, Chryséïs, Déïdamie, Déïphobe, Pléiades, Pompéï, Créûse, etc. 
Aujourd'hui l'Académie ne met plus le tréma sur la voyelle qui suit 
Vé, et elle a raison : l'accent indique suffisamment que la voyelle sui- 
vante, i, u, n'a pas besoin de tréma pour être détachée de cet é dans 
la prononciation. 

attachait à ce mot; au lieu de dire, // est ou je vais dans les Flandres, on disait, // est, je 
vais en Flandres. 
1 . On met un 3/ à empyrée, empyreume. — 2. Apocryphe et hiéroglyphe prennent l'y. 

3. Cymaise n'a pas l^ môme étymplogie que cime, et prend nécessairement Vy. 

4. On est surpris que l'Académie n'ait pas admis les mots triptyque et diglyphe en même 
temps que diptyqw et triglyphe. 

5. Zacynthe (iÏQ aujourd'hui appelée Zanthe) prend l'y, 

6. Il 7 a môme des personnes qui écrivent Hypolithe. 

1, 8. Dans Lycie, Lydie, Cyziqtie, Vy se met au contraire à la première syllabe. 

9. Bile n'en met point à lavure, qu'autrefois elle écrivait laveure aussi bien que lêveure. 



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— 339 — 

Plusieurs personnes séparent Te de l'a ou de Vo dont il est précédé 
dans quelques noms étrangers, et raffectent d'un tréma ; elles écrivent 
Schweighaèuser, Goethe, etc. Cet usage qui commence à s'introduire 
doit être combattu, parce qu'il tend à dénaturer la prononciation des 
noms : si l'on ne veut pas écrire comme les Allemands Schweighàuser, 
Gôthe, tout au moins doit-on joindre à l'a et à Vo Ve qui est destiné 
à modifier la prononciation : Gœthe, Schweighœuser. 

Qu'il nous soit permis, en terminant, de signaler quelques mots qui 
chaque jour sont prononcés avec un accent que bien probablement 
on ne mettrait pas en les écrivant; et d'autres, au contraire, où l'on 
fait muet Ve qui doit être accentué. 

Il faut prononcer sans accent Ve de la première syllabe dans les 
mots Rémi, Sedan, degré, femelle, levier, menuisier, mesure, pépin, 
peser, venimeux, etc. ; celui de la seconde dans les mots dangereux, 
féerique, je trouverai, Richelieu, Angely {Saint-Jean d'), atelier, 
chandelier, chapelier, coutelier, hôtelier, sommelier, tonnelier, etc. — 
Mais dans Pépin le Bref, Rehecca, René, on ne se borne pas à pronon- 
cer la première syllabe avec un accent : un grand nombre d'auteurs 
les écrivent ainsi, et même la plupart des biographes écrivent Pépin. 
Cependant l'Académie écrit Pépin le Bref sans accent, comme le sub- 
stantif joepm (Voy. Mairie). 

Quant aux mots où l'on supprime mal à propos l'accent ou une 
lettre qui en tient lieu, ce sont principalement les diverses personnes 
du futur et du conditionnel des verbes terminés par 1er, ner, ter, etc., 
telles que j'appellerai, tu attelleras, il gèlera; je mènerais, tu emmè- 
nerais, il promènerait ; j'achèterai, je cachetterai, je souffletterai, etc., 
dont on fait muette l'antépénultième syllabe : j'appelerai, je menC" 
rais, etc. — Il est même des gens très-instruits qui prononcent je 
renouvelé, tu feuilVtes, il épouss'te, au lieu de renouvelle, feuillettes, 
épomsette. 

Ua assez grand nombre de personnes, qui d'ailleurs parlent bien, 
disent ajeter pour acheter;, c'est une faute dont on ne se rend pas 
compte de leur part. 

Dans quelques phrases les Parisiens pronon<;ent 1'/ comme si elle 
était double : ainsi ils disent : je UVai vu; je l-Vai dit à votre frère; 
vous l-Vaurez, etc. — Plusieurs aussi prononcent et même écrivent 
intercaller, au lieu de intercaler. 

Quelquefois enfin , contrairement à l'habitude qu'ils ont de ne pas 
faire sentir Ve muet final précédé d'une voyelle, comme dans Vécurie, 
la vie, la boue, la rue, etc., qu'ils prononcent Vécuri, la vi, la bou, la 
ru, ils ajoutent un e au milieu de certains temps de verbes, et disent 
je conduirai, j'exclu^rai, je pourvoiErai, et même je perdurai, 
comme si ces verbes faisaient à l'infinitif conclusr, exclusr, pour- 
voyer, perder. 



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— 3/i0 — 
RÉDUPLICATION DE LA LETTRE M. 

N APRÈS A 

Les dérivés des mots terminés par an sont peu nombreux, et pro- 
portionnellement ils présentent moins d'exceptions que ceux de la 
finale on. 

Alezan^ capitan, castillan, courtisan, gallican, mahométan, musul- 
man, ottoman, persan, plan, roman, sultan, toscan, etc., forment leur 
féminin en ane : alezane, capitane, castillane, courtisane^, etc. — Du 
substantif Oc^aw on a fait l'adjectif océane (mer).— Il y a deux excep- 
tions : paysan, sanne; Jean, Jeanne, et le composé dame-jeanne, sorte 
de bouteilJe*. 

Faisan a pour féminin faisane ou faisande (poule). C'est de ce 
dernier féminin qu'on a fait les dérivés faisandeau, faisander, fai- 
sanderie, faisandier. 

Ahan, safran, trépan, font ahaner, safr'aner, trépaner; — roman, 
romanesque; — ruban, rubanerie, ruhanier^; — boucan, boucaner, 
boucanier; — charlatan, charlataner, charlatanerie, charlatanisme; 

— satan, sa/am^we; — talisman, talismanique; — tymp2Ln, tympaniser; 

— volcan, volcanique, volcanisé. 

De ban on fait bannir, bannissement; — de tyran,- tyranneau, 
tyrannie, tyrannique, etc., tyranniser; — de van, vanner, vannerie, 
vannette, vanneur, vannier; — de tan, tanner, tannerie, tanneur; mais 
l'Académie écrit tanin avec une seule n. 

Sur 60 mots environ terminés par le son ane, il n'y en a qu'une 
dizaine qui prennent deux n; ce sont banne (et ses dérivés banneau, 
bannette, banner), canne (bâton, roseau, mesure, et les dérivés 
cannage, cannaie, etc.), kahouanne, manne, panne (et son composé 
empanner)., rouanne (et ses dérivés rouanner, rou^nnette), tanne, 
vanne ; dame-jeanne et paysanne, que nous avons vus plus haut; et 
enfin les noms propres Anne, Marianne, Susanne, et les noms de villes 
Cannes, Vannes. — Les autres ne prennent qu'une n : basane, cabane, 
cane (femelle du canard, et ses dérivés caneton, canette)^ caravane, 

1. Capitane et courtisane ne sont pas précisément le féminin de capitan et courtisan, puis- 
qu'ils ne s'emploient pas dans le même sens. — Quelques dictionnaires donnent les mots 
artfsanne et partisane pour féminins d*artisan, partisan. Le premier est assez fréquemment 
employé pour pouvoir être admis ; mais il faut l'écrire avec une seule n, comme cartisane, 
courtisane, pariisane, etc. Ce dernier est d'un usage plus rare ; et bien qu'il ait été employé 
par Voltaire , il n'a pas eu plus de succès que le mot auguste substitué à août par le même 
auteur. 

2, L'Académie a bien voulu accueillir s'endimancher, mais elle n'a pas encore admis enru- 
haner, dont le participe enrubané est d'un fréquent usage. Il est d'autant plus à désirer qu'elle 
l'admette , que la plupart des lexicographes l'écrivent avec deux n, quoiqu'ils n'en mettent 
qu'une à rubanerie, rubanier, etc. — On voit avec regret l'n tendre à se doubler dans les 
nouveaux mots dérivés de substantifs en an : artisanne, chouannerie, coudranner, ewnk- 
banner, etc. 



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— 341 — 

chicane j tisane j etc. etc. — Vn ne se double jamais dans la finale des 
mots masculins : filigrane^ organe, platane j etc, et dans les mots dont 
mane est le second composant : bibliomanej mélomane^ etc. 

Les désinences anais, anois, ne donnent que milanais, danois. 

Le son anneau nous présente anneau, grianneau, panneau (et son 
dérivé panneauter), vanneau, avec deux w; — et organeau, qui n'en 
prend qu'une. 

De tous les mots terminés par le son anier, il n'y a que vannier qui 
ait deux n; on écrit bananier, boucanier, casanier, chicanier, doitor- 
nier, latanier, panier, printanier, rubanier, etc. — Dans les mots ânier 
et rudânier, l'accent sur l'a exclut la réduplication de l'w. 

Dans la plupart des mots qui commencent par an suivi d'une voyelle 
(environ 110 mots), cette n ne se double pas; on écrit analogie, anor- 
lyse, anecdote, animal, anoblir, s'anuiter, etc. Comme noms propres 
nous citerons Anacharsis, Anastase, VAnatolie, etc. — Les exceptions 
sont l'anneau et ses dérivés anneler, annelet, annélides, annelure, 
annulaire, etc.; — année et ses dérivés annales ^, annales, anniver- 
saire, annuel, annuité, etc. ; — annexe et annexer; — annihiler et 
annihilation; — annonaire^, — annonce et ses dérivés annoncer, 
anno7iciade, annonciation ; — annoter, annotation et annotateur; — 
annuler et annulation. Parmi les noms propres, Annecy, Annibal, 
Annonay, etc. 

Dans les mots où an est précédé d'une ou de deux consonnes, on 
ne met également qu'une n ; on écrit : banal, canevçLS, canot, manière, 
manoir, panique, panonceau, panorama, tanière; flanelle, glanage, 
granit, planète, planure, etc. (environ 160 mots). 

Les exceptions sont banneret, — banneton, — bannière, — canne- 
berge, — cannelle et ses dérivés, — cannelille, — cannette (sorte de 
robinet), — cannibale, — hanneton, — mannequin, — panneton, — 
enfin les dérivés de ban, tan, van, tyran, banne, canne, roiumne, etc., 
et ceux des mots terminés par anne, anneau, etc., que tous nous avons 
vus plus haut. 

N APRÈS E 

La prononciation de l'N après l'E peut induire en erreur sur l'or- 
thographe des mots où l'on fait sentir cette consonne comme si elle 
était double, bien qu'il n'y en ait qu'une, comme enivrer, enorgueillir, 
enharmonique, enherber {an-^ivrer, an-norgueillir, an-narmonique, 
annierber, etc. ) et les dérivés ; -— de ceux où Ton n'en fait sentir 

1. U est important de distinguer annaliste, historien qui écrit des annales, A'analyste^ 
savant versé dans l'analyse. Ceux qui réclament contre la réduplication des consonnes et 
l'emploi des lettres étymologiques nous exposeraient , comme on le voit , à de singulières 
confusions de mots. 

2. La définition de Loi annonaire ( celle qui pourvoyait chez les Romains à ce que les vivres 
n'enchérissent pas ) ne fait pas comprendre pour quelle raison ce mot prend deux n. Il est 
regrettable que l'Académie n'ait pas mis le mot Annonb , Provisions de bouche pour Vannée. 



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— 342 — 

qu'une bien qu'il y en ait deux, comme ennemi^ hennir^ nenni, 
solennel j et les dérivés {ènemi, ha-nir, ncHni, 'sola-nel, etc.), — et de 
quelques autres où l'on s'écarte de la prononciation naturelle que 
présentent les mots ennoblir, ennui, etc. Voy. page 329. 

Conformément à l'étymologie , on écrit avec deux n les adjectifs 
biennal, triennal, qitatriennal , ,quinquennal , septennal, décennal, 
vicennal, qui en latin se terminent par ennis, ennalis ( biennis, bien- 
nalis; decennis, decennalis, etc.), et où l'on fait sentir les deux n du 
mot annus dont ils sont formés. — Mais on écrit avec un ë les mots 
septénaire, quadragénaire, quinquagénaire, sexagénaire, septuagé- 
naire, octogénaire, nonagénaire, parce qu'en latin ces mots se termi- 
nent par enarius (septenarius, quadragenarius, etc.). Centenaire 
s'écrit avec un e muet à la seconde syllabe. 

La désinence enne sert à former le féminin d'un certain nombre de 
mots terminés par en. L'orthographe de cette formation est constante : 
Chaldéen, enne; Européen, enne ; Vendéen, enne; chrétien, enne; mvr- 
sicien, enne ; plébéien, enne, etc. ; — ou bien elle termine des mots 
non dérivés : antenne, antienne, couenne, étrenne, géhenne, julienne, 
méridienne, penne (grosse plume des oiseaux de proie), persienne, 
renne, etc. — Ceux où Vn ne se double pas se terminent par ène, éne, 
ëne : arène j bourgène (ou bourdaine), cadène, carène, catéchumène, 
ébène, galène, gangrèyie, glène, hydrogène, hyène, hygiène, molybdène, 
oxygène, ozène, patène, phalène, phénomène, scène, sentène, sirène; 
— alêne, chêne, frêne, gêne, pêne ( la partie de la serrure qu'on fait 
aller et venir avec la clef), rêne (bride); — ciroène, troène j etc. * 

N APRÈS I 

In initial a tantôt le sens privatif de non, comme dans inutile, innor- 
vigable; tantôt celui de dans, comme dans les mots inondation, 
innover. La réduplication de Vn dépend donc de ce que le mot pri- 
mitif commence par une voyelle ou par une consonne. Mais ce qui 
augmente la difficulté, c'est que le primitif n'est pas toujours usité 
en français; ainsi les mots iniqus, innocent, n'ont pas le mot simple. 
Heureusement les mots qui commencent par inn ne sont pas nom- 
breux, et nous pouvons en donner la liste : innavigable, inné, inno- 
cence, innocuité, innombrable, innomé, innominé, innover, et leurs 
dérivés. — Dans tous les autres , Vn reste simple : inabordable, iné- 
narrable, inhabile, inique, inoculer, inonder, inutile, etc., et les 
dérivés. 

Dans l'intérieur des mots, Vn ne se double pas ; cinnamome etpinne- 
marine, sont, croyons-nous, les seules exceptions. Dans tous les autres, 
il n'en faut qu'une : binage, binet, binocle; cinabre, cinéraire; finance, 

1. Le son ène peut se rendre encore par aine, eine (centaine, chaîne, haleine, peine) , etc.; 
mais nous ne faisons pas ici un tableau d'homonymes. 



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— 343 — 

finesse; linéaire j linon; minauder, minéral, ministre; rhinocéros; 
sinapisme, sinécure, sinistre, synagogue, synonyme, etc. etc. 

Dans les mots terminés par ine^ dérivés ou non d'autres mots ter- 
minés par in, on ne double pas Vn : badin, ine; câlin, ine; cousin, 
ine; orphelin, ûie;— capucine, colline, cuisine, famine, farine, mous- 
seline, térébenthine, vermine, etc. — Une exception : Corinne. 

N APRÈS U 

Soit au commencement, soit à la fin des mots, TN ne* se double 
jamais après TU : unamme, uniforme, union, univers; dune, fortune, 
lune, pécune, prune, rancune, etc. 

Par la même raison, le féminin des mots terminés par un ne dou- 
ble jamais cette consonne : aucun, une; brun, une; commun, une; 
importun, une, etc. — Cette règle doit être observée dans les autres 
dérivés : communauté, importunément, rembrunir, etc. 

N APRÈS 0* 

C'est après Vo que cette consonne se rencontre le plus fréquem- 
ment; et pour faciliter la recherche des mots où elle se redouble, 
nous donnerons : 1° la liste des mots terminés par on, dont tous les 
dérivés doublent Vn; — 2° celle des mots sans primitif en on où Vo est 
suivi de deux n; — 3° celle des mots terminés par on dont les dérivés 
ne doublent pas Vn; — 4** celle des mots sans primitif en on qui ne 
prennent qu'une w; — 6® celle des mots en on dont les dérivés pren- 
nent les uns deux n, et les autres une seule *. 

1° Mots terminés par on, dont tous les dérivés, simples ou compo- 
sés', doublent Vn : 

Abandon, action, addition, affection, aiguillon, ambition, amidon, 
ftnon, arçon, artison, ascension, attraction. 

Badigeon, bâillon, ballon, baron, bastion, bâton, besson, biberon, 
bichon, billon, blason, bonbon, bondon, bouchon, bouffon, bouillon, 
boulon, bourdon, bourgeon, bouton, brandon, brouillon, buisson. 

Camion, caparaçon, capon, capuchon, carillon, carton, caution, 
cession, chanson, chaperon, chapon, charançon, chardon, charron, 
chaudron, chevron, chiffon, citron, clayon, cloison, cochon, coïon, 
collation, commission, compagnon, concession, concussion, condition, 
confection, confession, constitution, convention, convulsion, cordon, 
correction, coton, crampon, crayon, cresson. 

Démission, diction, dindon, discrétion, division, donjon, drageon, 
dragon. 

1. Contrairement à l'ordre alphabétique, que nous avons suivi jusqu'ici , nous plaçons cet 
article à la fin du chapitre , à cause de sa longueur. 

8. Pour tous ces mots, nous nous sommes borné au Dictionnaire de l'Académie. 

8. Tels sont arçon, désarçonner; guiynon, déguiffnonner ; poison, empoisonner; saison, 
assaisonner (suivant l'Académie, première édition), dêssaisonner. 



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— 344 - 

Échanson, échantillon, échelon, écouvillon, écusson, émerillon, 
émulsion, environ, éperon, escadron, espadon, espion, estramaçon, 
étalon, étançon, étréslllon, exception, expédition. 

Façon, faction, fanfaron, faon, faucon, feston, fleuron, flocon, 
fluxion, foison, folichon, fonction, fourgon, fraction, fredon, friction, 
fripon, frisson. 

Gabion, galon, garçon, gazon, giron, glouton, godron, goudron, 
grison, guerdon, guignon. 

Harpon, hérisson, héron, houblon. 

Insurrection, intention. — Jalon, jambon, jargon, juridiction. 

Larron, légion, liaison, lion, luron. 

Maçon, maison, mamelon, maquignon, marron, melon, mention, 
menton, mignon, mission, mixtion, moisson, mouton, munition. 

Négrillon. — Occasion, octavon. 

Pantalon, paon, parangon, pardon, passion, peloton, pension, per- 
fection, pétition, pigeon, pion, plastron, poêlon, poison, poisson, 
polisson, poltron, pompon, ponton, poupon, précaution, prison, pro- 
cession, proportion, provision. 

Quarterons question. 

Raison, rançon, rayon, religion, rémission, rétention, révolution. 

Sablon, saison, sanction, savon, scission, sermon, sillon, soumis- 
sion, soupçon, station. 

Talon, tampon, tatillon, teton, tignon, tison, tourbillon, tradition, 
tronçon. 

Vermillon, vigneron, vision. 

Plafond et quart-de-rond font plafonner, quarderonner, et de la 
loc. adv. à tâtons on a fait tâtonner, etc. 

A ces mots s'ajoutent naturellement les noms propres Bourguignon, 
Brabançon, Breton, Saxon, etc., qui tous doublent Yn au féminin : 
Bourguignonne, Brabançonne, etc. 

2° Mots sans primitif en on, où Vo est suivi de deux n : 

Braconnage, braconner, braconnier, — lantiponnage et lantiponner, 

— tortionnaire, — bisonîie, chaconne, cretonne, personne, ses dérivés 
et ses composés; — randonnée; — rationnel et irrationnel; — péronr- 
nelle; — bougonner (de bougon, grondeur, terme que T Académie n'a 
pas admis), marmonner, rognonner, égravillonner, mitonner, tes tonner; 

— les diminutifs chantonner, mâchonner, nasillonner, strapassonner; 

— abonner, griffonner (de griff'e), et leurs dérivés; ordonner (d'ordre), 
et ses dérivés réguliers ordonnance, ordonnancer, ordonnateur, ordon- 
née^, etc.; — bourdonnet, sansonnet; — baïonnette, barcelonnette, 
bergeronnette, marionnette ; — semonneur; — cordonnier (autrefois 
cordouanier, ouvrier en cordouan, cuir de Gordoue), cordonnerie; 

— paXonnier, ferronnier et ferronnerie. 

1. Né d'un blanc et d'une mulâtre, et réciproquement. 

2. Les dérivés irréguliers sont : ordinand, ordinant, ordination. 



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— 345 — 

3o Mots terminés par on, dont les dérivés ne doublent pas Vn : 
Tabellion, tabellionage; ramon, ramonage , ramoner, ramoneur; — 
nation, national, etc,^, nationalité; septentrion, septentrional; — coty- 
lédon, colylédonë et les composés acotylédone, monocotylédone , dico^ 
tylédone; — saumon, saumoné, saumoneau; — poumon, époumoner, 
pulmonaire, pulmonie,pulmoniqus on poumaniqvs ;— oignon, oignonet, 
oignonière; — flegmon^ flegmoneux; limon (boue), limoneux;— limon 
(citron), limonier, limonade, limonadier; — limon (d'une voiture), 
limonière, limonier *; — démon, démoniaque; — Simon , simonie, simo- 
niaque; — colon, colonie, colonial, coloniser, etc; — alcyon, boston, 
Cicéron, Tiron, Newton, alcyonien, bostonien, cicéronien, tironien, 
newtonien et newtmiianisme ; — Glycon, glyconien ou gly conique; — 
Pyrrhon, pyrrhonien, pyrrhonisme ; — Platon, platonicien, platonique, 
platonisme; — amphictyon, amphictyonide, amphictyonique ; --' gon- 
falon, timon, gonfalonier, timonier; — gnomon ^Teuton ^ gnomonique, 
teutonique; — Zenon, zénonique, zénonisme ; -^ Python, pythonisse; 

— violon, violoniste; — Ammon, Maron, ammonite, maronite. 
U° Mots sans primitif en on, qui ne prennent qu'une n : 
Caronade, cassonade, flanconadey — antiphonaire (ou antiphonier)^ 

saponaire; — rational, diaconat, diagonal, etc., méridional, ohsidional; 

— rationalisme; — diaconat, stellionat; — stellionataire; — Argonaute; 

— amazone, anémone, argémone, aurone, autochthone, belladone, 
bryone, carbone, cicérone. Gorgone, madone, matrone, monotone, 
trombone;— archidiaconé, erroné, péroné; — macaronée, scammonée; 

— épiphonême; — déponent; — scorsonère; — Chersonèse; — diaconesse 
(ou dia^oniêse)\ — ammoniac (ou ammoniaque) \ — ammoniacal; — 
cérémonial, antimonial, matrimonial, patrimonial, testimonial;-^ 
ammoniaque, dionysiaque, simoniaque; — disponible; — canonicat; — 
saronidé; — acrimonie, agonie, cérémonie, harmonie, ironie, parci- 
monie, pkysiognomonie, pneumonie, prestimonie, quérimonie, et tous 
les composés de gonie, phonie, tonte, tels que cosmogonie, cacophonie, 
atonie, monotonie, etc.; — antimonié; — adonien (ou adonique); 
sardonien (ou sardoniqiùe) ; — antiphonier, nautonier; — acrimonieu>x, 
calcédonieux , cérémonieux, harmonieux:, etc.; — gonin (maître), 
léonin (partage, vers); — adoniqiie, architectonique, aréotectonique, 
diatonique, etc. ; euphonique, harmonique, etc. et enharmonique; her- 
cotectonique, hiéronique, irofiique, etc., laconique, etc., macaronique, 
pathognomoniqus, physiognomonique, pneumonique, sardonique, véro- 
nique; — Adonis; — agonisant; — intronisation, préconisation ; — 
adoniser, agoniser, introniser, préconiser; — antagonisme, laconisme; 

— diaconisse; — antagoniste, harmoniste; — aconit;— bonite; — ano- 

1. Vetc. qui suit national, diatonique, harmonique, ironique, et quelques autres adjectifs, 
remplace les adverbes naiionaltment, diatoniquement, etc. 

2. Autrefois l'Académie échvait époumonmr ; limonnade, limonnadier, linumneux, linum- 
nier; timonnier; ramonner et ramonneur. 

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— 346 — 

nyme, ëponyme, homonyme, paronyme, synonyme; — homonymie, 
métonymie, synonymie; — patronymique, synonymique, 

5° Voici maintenant les mots terminés par on dont les dérivés ne 
suivent pas une règle uniforme, c'est-à-dire dont les uns doublent la 
lettre n, tandis que les autres n'en prennent qu'une. 

Bon, bonne, etc.; abonnir, rabonnir, débonnaire, etc., débonnaireté; 
— bonace, bonasse, boni, bonifier, bonification. 

Canon, pièce d'artillerie, prend deux n dans ses dérivés : canon- 
nade, canonnage, canonner, canonnier, canonnière. 

Canon, terme d'Église, n'en prend qu'une dans les siens : canonial, 
canonicat, canonicité, canoniqtie, canoniser, etc. 

Canton, cantonner, cantonnement, cantonnier, cantonnière; — can- 
tonal, cantonade. 

Charbon, charbonnée, charbonner, charbonneux, charbonnier, char- 
bonnière, carbonnade;^ carbone, carboné, carboniqvs, carbonisation, 
carboniser, carbonate. 

Don, donnant, donne, donnée, donner, donneur, s' adonner; ^dona- 
taire, donateur, donation. 

FÉLON, félonne; — félonie. ^ 

Gascon, gasconne, gasconnade, gasconner; — gasconisme. 

Million, millionnaire; — millionième. 

Papillon, papillonner; — papilionacé ou papillonacé. 

Patron, modèle, patronner. 

Patron, protecteur, patronne ;-'patronage, patronal, patronymique; 
s'iràpatroniser. 

Son, sonnant, sonner, sonnerie, sonnette, sonneur; sonnaille, son- 
nailler; résonnance, résonnant, résonnement, résonner; consonne, 
consonnance, consonnant; — sonore, sonorité; assonance, assonant, 
dissonance, dissonant, dissoner^. 

SoRBON (fondateur de la Sorbonne), Sorbonne; — sorbonique, sor- 
boniste. 

Ton, entonner, détonner (sortir du ton); — intonation. 

Pont a pour dérivés pontonnier, — et pontonage. 

Voici encore quelques mots dont les dérivés ne suivent pas une 
règle uniforme : 

Colonne, colonnade, entre-colonnement; — colonel, s. m.; colonelle 
(compagnie), adj. f. 

Couronne, couronnement, couronner; — coronaire, coronal, coro- 
noïde, coronille. 

Pour compléter ce tableau, il nous reste à donner la liste des mots 
où on se trouve dans la première syllabe , et où il ne s'agit point de 
dérivation. 

1. Dans ses premières éditions, l'Académie écrivait asionnance, dissonnanee, rfc, avec 
deux n. 



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— 3/|7 — 

Mots tant primitif fsn OVy oà l'N te double. 

Bonnet et ses dérivés bonnetade, honneter, bonneterie, bonneteur, 
bonnetier, bonnette. 

Connaître , ses dérivés et ses composés : connaissance, connaissant, 
connaissement, connaisseur; — reconnaître, reconnaissable, recon- 
naissance, reconnaissant;— méconnaître, méconnaissable, méconnais- 
sance, méconnaissant; — inconnu. 

Connétable et connétablie. 

Connexe, cowwea?iow^ connexité. 

Connivence, connivent, conniver. 

Honnête, honnêtement, honnêteté; ^malhonnête, etc., malhonnêteté; 

— déshonnête, etc., dés honnêteté. 

HoNNEDR et déshonneur, dont les dérivés ne prennent qu'une n, 
parce que cette lettre s'y trouve entre deux o : honorable, etc. (Voy. 
p. 3/j8). 

Honnir. 

Monnaie , monnayage, monnayer, monnayeur, — Les autres dérivés 
et les composés, se rapprochant de la forme latine {moneta)^ ne 
prennent qu'une n : monétaire, démonétisation, démonétiser. 

Nonne ou nonnain, nonne tte. 

Sonna, s. f. — Sonnet. — Sonnez, s. m. 

Tonne , ses dérivés et ses composés : tonneau, tonnage, tonnelet, 
tonnelier, tonnellerie, tonnelle, tonneler, tonneleur; entonner, entonnoir. 

Tonnerre , tonner; — étonner, étonnement, étonnant, etc, — Une 
seule n à détoner (faire explosion), détonation. 

Mot* tant primitif en OH, où VN ne te double pat. 

Bonite. 

Chronique , ses dérivés et ses composés : chronicité, chroniqueur; 

— anachronisme, métachronisme, parachronisme, prochronisme ; — 

— isochrone, isochronisme ; — tautochrone, tautochronisme ; — syn- 
chronique, synchronisme. 

CÔNE, conique, conifère. — Donatiste. 
GONiN. -^ Goniomètre et goniométrie. 
Ionien, ionique. 

Monacal, etc.,monachisme, monastère, monastique, dérivés de Moine. 
Monade, — monadelphie, — monandrie, — monaut. 
Monarque, monarchie, monarchique, etc. 
Moniteur, mofiition, monitoire, monitorial. 
Monument, monumental. ' 

Nonagénaire, '-'nonagésime,'—nonante et nonantième;—none {terme 
de liturgie ),—nowes (terme du calendrier romain),— nonirfi^—nomî^^ 

— nonuple, nonupler. 



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— 3^8 — 

Ponant. — Pronaos. 

Phonateur, pronation. 

Prône , prôner, prôneur. 

Sonate. — Tonarion. — Zone. 

Dans certains mots, Vn se trouve entre deux o; c'est dire qu'elle 
ne s'y double jamais. Nous pourrions donc nous dispenser d'en donner 
la liste; cependant nous la joindrons ici, afin d'être complet. 

Agonothète. 

Agronome , astronome , autonome , Deutéronome , économe y gastro- 
nome, et leurs dérivés. 

Antonomase, paronomase et paronomasie, métonomasie. 

A rchitectonographe, architectonographie , 

Bubonocèle, 

Chronogramme; — chronologie, chronologique, chroîiologiste, chro- 
nologue; — chronomètre, 

Conoïde. — Coronoïde. 

Démonographe, démonomanie. 

Iconoclaste; iconographe et- ses dérivés iconographie, iconogror 
phique; iconolâtre, iconologie, iconomaque. 

Monochrome, — monocle, — monocorde, — monocotylédone, — mo- 
nœcie, — monogramme, — monographie, — monoïque , — monolithe, — 
monologue, — m>onomane et monomanie; — fnonôme, — monopétale,-^ 
monophylle, — monopole et monopoleur, — monoptère, — monastique, 
— monosyllabe et monosyllabique, — monotone et mxmotonie. 

Nonobstant, — Onomatopée. 

Physionomie, physionomiste. 

Pronom, pronominal, etc. 

Prononcer, prononciation. 

Pronostic, pronostiquer, pronostiqueur. 

Trigonométrie, trigonométrique, etc. 

A ces mots on peut ajouter, pour mémoire, sonore, sonorité, et les 
dérivés et composés ^'honneur : honorable, etc, honoraire, honorer, 
ad honores, honorifique, — déshonorable, déshonorant, déshonorer. 

Maintenant nous allons essayer de donner les règles qu'il est pos- 
sible de tirer de ce qu'on vient de lire. Afin d'être plus clair, nous 
présenterons d'abord les terminaisons où Vn est doublée après Va, 
avec les .exceptions ; puis celles où l'o est suivi d'une seule n. Ce ta- 
bleau n'embrasse pas seulement les dérivés des mots terminés par on; 
il comprend, nous le croyons du moins, tous les motstlans lesquels se 
trouve on. — Il est inutile de dire que les dérivés de ces mots suivent 
la même règle ; ainsi, personnel, personnellement, personnification, 
personnifier, prennent deux n comme personne, — et harmonieux, 
harmonique, harmoniste, etc., n'en prennent qu'une, comme luir- 
monie; — sauf les exceptions indiquées à la page 346. 



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— 3^9 — 
Écrivez avec deux N : 

Onka ; sonnaj s. f. — Onnable : pardwmable, raisonnable, etc. * 

Onnad£ : canonnade, carbonnade, etc. — Exceptions : cantonadej 
limonade; — caronade, cassonade, flanconade, mona4e, 

Onnage : charromiage, lantiponnage, e^c— Exceptions : patronage, 
pontonage, ramonage, tabellionage, 

Onnaie : monnaie, et ses dérivés monnayage, monnayer, morma^ur. 
Pour les autres dérivés et les composés, voy. p. 3A7. 

Onn AILLE : sonnaille, poissonnaille, 

Onnaire : dictionnaire, tortionnaire, etc. — Exceptions : mUipho- 
naire, coronaire, pulmonaire, saponaire. 

Onnais : quelques noms propres : Bourbonnais, Lyonnais ^, etc. — 
Exceptions : Aragonads, Bolonais, Boulonais, Japonais, Polonais^. 

Onnaître : connaître. (Voy. ses dérivés et ses composés, p. 3^7.) 

Onnalité : constitutionnalité , personnalité, proportiommlité. -- 
Exception : nationalité. 

Onn ANGE : consonnance, résonnance, ordonnance. — Exceptions : 
assonance, dissonance. 

Onne : Cette terminaison renferme le féminin des substantifs et 
des adjectifs indiqués pages 343-3M, tels que baronne, bouffonne, 
friponne, poltronne, quarteronne, etc. ; — bisonne, chaconne, colonne, 
cretonne, donne, dragonne, nonne ou nonnain, personne, tonne (Voy. 
ses dérivés et ses composés, p. 3/i7). — Auxoniie, Bayonne, Car cas- 
sonne, Lisbonne, Olonne, Péronne, Ratisbonne, Garomie, Ymme, etc. , 
plus le féminin de Berrichon, Bourguignon, Breton, Gascon, etc. etc. 
—Exceptions : aumône'', cône, prône, pylône, trône; — acotylédone, 
monocotylédone, dicotylédone, isochrone, synchrone, amazone, ané- 
mone, argémone, aurone, autochthone; bryone, carbone, cicérone (que, 
suivant l'Académie, il faut prononcer chichéroné), Gorgone, m^ndone, 
matrone, monotone, none (terme de liturgie), et nones (terme du 
calendrier romain), trombone, zone, et les composés de gone : pen- 
tagone, hexagone, heptagone, octogone, ennéagone, décagone, poly- 
gone, etc. — Plus, quelques noms de villes, tels que Babylone, Barce- 
lone ^, Colone ^, Dodone, Hippone, Tarragone, etc. etc. 

1. Dans cette page et dans les trois suivantes, Veto, qu'on trouve après deux exemples 
d'une terminaison représenta tous les mots de cette même terminaison, sauf les exceptions 
indiquées. 

2. Sans trancher la question qui divise les historiens, nous dirons que les uns, s'appuyant 
sur l'étymologie latine {Narbonerisis) , écrivent la Narbonaise; les autres, faisant dériver ce 
mot du français (Narbonne), écrivent la Narbonnaise. 

S. Bolonais, Boulonais, Polonais, dérivent de Bologne, Boulogne, etc., dont on supprime le g. 

4. L'é n'est jamais suivi de deux n; et l'on peut donner comme règle qu'une voyelle 
affectée d'un accent n'est jamais suivie de deux consonnes semblables. — Il n'y a pour excep- 
tions que masse et son verbe masser; châsse, châssis, et les composés enchâsser, e^ichâssure. 

5. On écrit avec deux n, Barcelonnette, nom de ville et nom d'un lit d'enfant. 

6. Co/otw (Colonos) était le nom d'un bourg près d'Athènes, célèbre par un bois où 
Sophocle place la scène d'OEdipe à Colone. 



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— 350 — 

Onné : basHonné^ désordonné j etc. — Exceptions : archidiaconé , 
péroné, s. m. ; carboné, cotylédoné, saumoné, erroné. 

Onneau : fauconneau, tonneau, etc. — Exception : saumoneau, 

Onnée : chaudronnée, randonnée, etc, — Exceptions : dionée, mor 
caronée, scammonée, 

Onnel : processionnel, personnel, etc. — Exception : colonel. 

Onnelle : citronnelle, péronnelle, tonnelle. — Exception : colonelle 
(compagnie). 

Onner : abandonner, braconner, étonner, etc. — Exceptions : aumô- 
ner, détrôner, prôner; détoner (faire explosion), époumoner, ramener. 

Onneret : chardonneret. 

Onnerie : bouffonnerie, ferronnerie, etc.--- Exception : aumônerie. 

Onnerre : tonnerre et paratonnerre. 

Onnessê : larronnesse, patronnesse, qui n'est pas encore dans Je 
Dictionnaire de TAcadémie. — Exception : diaconesse. 

Onnet : baronnet, bonnet S sansonnet, etc. — Exception : oignanel. 

Onné TABLE : connétable et connétablie. 

Onnête : honnête *. 

Onnette : chansonnette, barcelonnette, etc. 

Onneur : carillonneur, sermonneur, etc. — Exe. : ramoneur, prôneur. 

Onneux : buissonneux, cotonneux, etc. — Exceptions : flegmoneux, 
limoneiuc. 

Onnez : sonnez, s. m. 

Onnier : amidonnier, marronnier, cordonnier, etc. — Exceptions: 
gonfalonier, limonier, timonier; antiphonier, nautonier, aumônier. 

Onnière : bonbonnière, boutonnière, etc. — Exceptions : limonière, 
oignonière, aumônier e. 

Onnine : cotonnine. 

Onnir : abonnir, rabonnir, honnir, 

Onni venge, etc. : connivence, connivent, conniver. 

Eorivez avec une seule N : 

l'« règle générale. — La lettre n entre deux o ne se double jamais. 
(Voy. p. 3/i8.) 

2« règle. — Après Vô, Vn ne se double jamais. ( Voy. la note k de 
la page 3Zi9. ) 

3« règle. — Aucun mot ne commence par onn; on écrit : onagre, 
onéreux, onirocritie, onomatopée, onyx, etc. 

4* règle. — Mon initial ne double pas son n; on écrit : monacal, etc., 
monachisme, monastère, monastique, — monade, monadelphie, mo- 
nandrie, monaut, — monarque, etc. ^, — monétaire, etc. *, — moni- 
teur, etc.^^ — monument, etc.^^ et tous les mots qui commencent par 

1. Voyez les dérivés de bonnet, p. 347. — 2. Voyez les dérivés et les composés d'honnête, 
p. 347. — 3,4,5,6. Pour les dérivés de ces mots, voyez p. 347. 



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— 351 — 

mono : monochrome, etc, (Voy. p. 3/i8.)— Les seules exceptions sont 
monnaie, monnayage, monnayer, monnayeur, 

5* règle. — Il en est de même pour Tinitiale non; on écrit nonagé- 
naire, etc. ; none et nones, nonidi, nonius, nonupler, etc. ( Voy. p. 3Z»7.) 
— Les exceptions sont nonne ou nonfiain et nonnette. 

Onacal : monacal. ( Pour ce mot et les autres dérivés de moine, 
voyez la règle U^. ) 

Onace : bonace. 

On ÂGÉ : papilionacë ou papillonacé. 

Onagre, etc. (Voy. la règle 3«.) 

On AL : cantonal, diagonal, etc. — Exceptions : confessionnal, pro- 
cessionnal, stationnale, adj. f. 

Onant : ponant. 

Onaos : pronaos. 

Onarion : tonarion. 

On ARQUE : monarque. (Voy. ses dérivés, p. 347.) 

Onasme : pléonasme. 

Onasse : bonasse, 

Onat : diaconat, stellionat ^. — • Exceptions : pensionnat, personnat. 

Onataire : donataire, stellionataire, etc. 

Onate : carbonate, sonate. 

Onatedr : donateur, pronateur. — Exception : ordonnateur, 

Onation : détonation (explosion), donation, intonation, pronation, 

Onatiste : donatiste. 

One : aumône, cône, prône, pylône, trôfte, etc. (Voy. la terminaison 
Onne, p. 3Zi9.) 

Onème : épiphonème. 

Onent : déponent. 

Onère : scorsonère. 

Onèse : Chersonèse, Péloponèse^. 

Oni : boni (Voy. au mot Bon, p. 346), macaroni. 

Oniac, oniaque : ammoniac, ammoniaque, démoniaque, simoniaque. 

Oni AL : canonial, colonial, ^tc. * 

1. Ce n'est pas sans regret que nous mettons dans la règle la terminaison onat, avec une 
seule n, car il serait bien plus naturel de doubler la consonne dans les substantifs et les adjec- 
tifs dérivés des mots en on ^ comme on le fait pour les verbes ; ainsi nous écririons cilronncU 
comme pensionnat. Malheureusement l'Académie n'a pas admis le premier de ces deux mots, 
qui aurait départagé les voix. D'un autre côté , nous ne pouvions guère mettre onnat dans 
la règle , puisque l'Académie écrit avec une seule n la plupart des mots terminés par onal, 
onataire, onateur, onation, etc.; et cela contrairement aux terminaisons onnable, onnade, 
onnage, onnaire, etc., où la consonne est généralement doublée , du moins pour les dérivés 
des mots en on. Combien il y aurait à faire pour simplifier l'orthographe 1 

2. Aucun dictionnaire ne donne Chersonèse avec deux n, tandis que dans plusieurs on lit 
Pélopowèse, On a peine à comprendre d'abord le pourquoi de cette différence, car ce dernier 
mot vient de Pélops et nésos (île de Pélops), comme le premier vient de chersos, terre ferme, 
et nésos, tle (île qui tient à la terre ferme , ou presqu'île, péninsule). Cependant, comme les 
Grecs eux-mêmes écrivaient Pelopôs^iésos, il est évident que la double tin a une raison d'éty- 
mologie ; et les lexicographes qui n'en mettent qu'une le font par analogie avec Chersonèse, 



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— 352 — 

Onible : disponible, 

Onide : saronide, 

Onie : félonie, colonie, Laponie, agonie, e/c— Exception : baronme. 

UNIÈME : millionième, 

Onien, onicien : cicéronien, pyrrhonien, platonicien, etc.; adonien 
ou adoniqvs, glyconien ou glyconique, (Voy. p. 3/i5.) 

Onifère : conifère. 

Onin : gonin (maître), léonin (partage, vers). 

UNIQUE : tonique, véronique, etc. — Exception : maçonnique, 

Onis : Adonis. 

Oniser : sHmpatrordser, carboniser, etc. « 

Onisme : gasconisme, pyrrhonisme, laconisme, etc. 

Onisse : diaconisse ( ou diaconesse ), pylhonisse. 

Oniste : sorboniste, violoniste, symphoniste, antagoniste, etc. — 
Exception : bâtonniste. 

Onit : aconit. 

Onite : ammonite, bonite, maronite. 

Onitedr, onition, onitoire : moniteur, etc, (Voy. la règle /t*".) 

Onore, etc. : Sonore, sonorité, honorer, honorable, etc. (Voy. la 
règle !'•.) 

Onyme , ONTMiE , onymique : anonyme, éponyme, homonyme, paro- 
nyme, synonyme; — homonymie, métonymie, synonymie; ^patrony- 
mique, synonymique. 



PARIS. ~ IMPRIMERIE DE J CLATB, RUE S A1NT - BKNOIT , 7. 



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