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Full text of "Essai historique et critique sur la révolution française; ses causes, ses résultats"

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i 



1/ 





H) 



ESSAI 



HISTORIQUE ET CRITIQUE 



sxra 



LA RÉVOLUTION 



FRANÇAISE. 



<-*• 



ESSAI 

HISTORIQUE ET CRITIQUE 



SUR 



LA RÉVOLUTION 

FRANÇAISE; 

SES CAUSES, SES RÉSULTATS, 

ATEC LES PORTRAITS DES HOMMES LES VhvS CÉLiBRES. 

TROISIÈME ÉDITION, 

llKrVS ET AWmSmi» vu OOVTKRttEMDrr CemrDLATftE ET w 

IliaifE SE BÂPOLÉtUI} 

Par M.-*** 

BX- LÉGISLATEUR y AlTClEir SECRÉTAIRE -céNÉRAL BU MINISTÈRE DES 
BELATIOirS EXTÉRIEURES, etc., DES SOCIÉTÉS PHILOTECHNIQUE, DES 

autiquaires de frange, des sciences et des arts d'agen. 

La iir« Édition fut enlevée entière, par ordre de l'ancien gouvernement, 

en 1810, et détmite en i8i3. 



...,.., Raffermir par nn accord benrenx 
Des penples et des rois les Intimes nœuds. 
Et faire encor flenrir la liberté publique 
Sous l'ombrage sacré do pouvoir monarchique. 

Volt. 

TOME TROISIÈME. 



PARIS, 

C. L. F. PANCKOUCKE, 

iDITSUR DU BICTIONAIRE DES SCIENCES MEDICALES , 

Rue et Hôtel Serpente , n"*. 16. 



18 1 5. 



oc 



DE L'IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE. 



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AVANT -PROPOS. 



« Donnons à l'ordre politique de les ( les princes ) sonf- 
3» frir patiemment indignes de cder leurs vices, d'aï- 
» der de notre recommandation leurs actions indlf— 
y» férentes, pendant qoe leur autorité a besoin d^ 
» notre appui. Mais, notre commerce fini, ce n'est 
» pas raison de refiiser h la justice et à notre Kberté 
» Texpressioa de nos yrais ressentimens ». 

MONTAIGlfE, £lV. I, chr, III. 

/ 



JLiE plan de Y Essai historique et critiqué 
sur la réi^plution de la France y tel qu'il fut 
imprimé en i8io, embrasse une période 
de quinze années. Je considérai la journée 
du i8 brumaire comme la solution de ce 
grand problème politique , et comme une 
l)arrière qu'il étoit dangereux: de franchir. 
Mon respect pour la vérité me prescrivoit 
cette réserve. On ne la dit ni utilement ni 
impunément sous le règne d'un prince qui 
la cfaint et qui la hait. Si la louange est une 



f^À 



ij AVANT-PROPOS. 

justice 5 Tadulation est une bassesse. Quel 
salaire un historien peuMl préférer à son 
honneur , à rindëpendance de sa pensée ? 
Celui qui a sacrifié sa propre estime , n'é- 
prouve-t-il pas le cruel tourment d'éviter sa 
conscience j et la crainte de se reconnoître 
sqùs léis traits odieux qui sortent de sou 
pinceau ? 

. Je savois , ^n 1 8 1 o , et qui ne sa voit pas , 
s'il obsérvbit avec attention la marche du 
gouvernement et le choix des hommes que 
Bonaparte admettoit à son intime confiance, 
qu'il falloitoulelouer ou se taire. Maisj'étois 
^^cpf^qleiade croire que le droit de penser 
çfy^djevnianifester sa pensée lut a tel point 

tfkpQomxik^ :H^'^^ °^ P^* rappeler, sans of- 
fpi^eiç, ,te. jchef de Tétat ., des principes sur 
lesquels le peuple fi:ançais fôndoit ses droitsjj 
principes adoptés «par toutes les constitu- 
tions,, depuis 1789 , et dont toutes les na- 
tiqns .de l'Europe réclan:^oient pour elles l'a- 
doption. Je ne présumois pas qu'en présen- 
tant , dans un tableau historique , 1^ causes , 
les progrès et les résultats de notre révolu- 



• •• 



AVANT-PROPOS. llj 

tion , j'armerois le monarque d'un peuple 
représenté , c'est-à-dire libre , contre l'ou- 
vrage et contre l'auteur. 

Mon livre fut saisi et consigne dans lesi 

magasins de l'imprimeur, en vertu d'un 
ordre écrit et signe de la main de l'empe- 
reur ; c'ëtoit bien évidemment un oubli de 
la dignité impériale. Après tant de guerres , 
et menacée de guerres nouvelles , la France 
aftendoit de lui des soins plus importans. 
L'ordre fut exécuté sans nul examen préa- 
ld>le ; l'ouvrage , après avoir subi l'épreuve 
dî la censure, avoit été imprimé avec l'auto* 
rkation du ministre de la police. A cette 
é>oque , la direction de la librairie fut éta- 
bie. Pour justifier la confiance de l'empe- 
rair, le cbef de cette inquisition littéraire 
éxMpia à son Iribunal une affaire jugée ; 
et^ par une précaution aussi délicate que 
jdicieuse , il fit enlever l'édition et la trans- 
féer dans une espèce d'écurie de son hôtel , 
cil j'ai acquis la certitude que les scellés 
avdent été brisés. D'autres que moi furent 
lesnctimes de ce zèle fervent d'un admi- 




ÎT AVANT-PROPOS. 

nîstrateur novice , plus courtisan qu^admî-^ 
nistrateur. 

Les abus d'autorité sont des conséquences 
naturelles , inévitables , de toute institution 
tyrannique. L'ordre et la justice stipposent 
au contraire des droits reconnus , la liberté 
civile respectée , le dévoûment à la patrie 
honoré. 

^^avâis fait présenter à Tempereur un 
exemplaire de mon livre. Ce fut de ma 
part un simple hommage , non une précau- 
tion inspirée par de fâcheux pressentiment. 
J'étois bien loin de craindre que mon livie 
eut allumé son courroux , quand j'apprs 
que ce redoutable courroux rnenaçoit na 
personne. Il éclata dans un conseil où e 
ministre de la police fut pris à partie. J\i 
su , et je le dis avec tin profond sentimeit 
de recônrioissance 5 qu en justifiant lempH 
légal qu'il avoit de son autorité, relatif- 
mentàmon ouvrage, il avoit détourné le 
coup.dont j'allois^tre frappé. 

Et pourquoi cette colère ? L'eniperar 
ouvre le livre , les mots de souverainetéiu 



( 



AVA.NT-PROPOS. V 

peuple , de représentation nationale frap- 
pent ses regards ; il le referme avec humeur ; 
la proscription en est signée , et sur-le-champ 
adressée à M. le préfet de police. 

Un jugement, si précipitamment pro- 
noncé dans son intérieur, et quand il peut 
se livrer sans contrainte à la fougue de son 
caractère , révèle Famé toute entière de Bo-' 
naparte. A peine assis sur le trône , il fut 
impatient de s'isoler, comme s'isolent les 
despotes asiatiques. Ni dans la représenta- 
tion , ni dans l'exercice du pouvoir, il ne 
souffiroit pas de partage ; l'éclat , la préémi- 
nence , les prérogatives qui décorent la mo- 
narchie , ne remplissoient pas l'ambition de 
cet homme , que sa naissance et le régime 
sous lequel il étoit né classoient naguère 
parmi les ofEciers subaltemes d'un régi- 
ment d'artillerie ou de canonniel^. 

Récemment allié au souverain d'une mo- 
narchie absolue, Bonaparte Ix'usquoit le 
passage dangereux d'un gouvernement ré- 
publicain au système de la concentration 
des pouvoirs dans une seule main, du prin- 



à 



VJ AVANT-PROPOS. 

cipe de la souveraineté du peuple , comme 
source de tout droit politique et de toute 
autorité, à Fexercice de la souveraineté ac- 
quise par la conquête et par Tépée. Son ma- 
riage avec une archiduchesse exalta son or- 
gueil jusqu'au délire; et tel en fut J'effet prévu, 
que lui seul , parmi les souverains , ne péné- 
tra pas le véritable motif de l'abaissement au- 
quel la prévoyance du cabinet autrichien fit 
résoudre la fierté du monarque. Si des mi- 
nistres ou des conseillers de Napoléon pen- 
sèrent que la maison d'Autriche ne pou voit 
autrement sortir de la condition humi- 
liante et précaire où l'avoient précipitée 
de nombreuses défaites , aucun du moins 
n'osa soulever le voile qui couvroît un ave- 
nir bien contraire à la situation respective 
où se voyoient alors les deux empereurs. 

Le gendr% de François se proposoit de 
régner sur nous, comme régnent des princes 
héritiers d'une monarchie absolue. II ne 
songeoit pas que, sans lui , nous avions con- 
quis notre liberté; que, malgré lui, nous sau- 
rions la reconquérir encore. Aux lois gêné- 



• • 



AVANT-PROPOS. VI) 

raies il substituoit les rëglemens so-bitraireS 
de la discipline militaire ; il changeoit» Id 
France agricole , industrieuse , savante ^ en 
un vaste camp de réserve ^ tous les Français 
en soldats , ses innombrables armées en 
instrumens d'usurpations et de vengeances 
royales. Ce régime s'avançoit sur nous et 
sur l'Europe , comme ces tempêtes d'été , 
qui 5 tout-à-coup , s'étendent , enveloppent 
l'atmosphère , et surprennent , loin de tout 
asile 5 le voyageur et l'homme des champs. 
Les Français ne dévoient désormais livrer 
des batailles que pour assouvir son ambi- 
tion , verser leur sang que pour ses que- 
relles 5 que! pour mettre aux pieds de Na- 
poléon de riches dépouilles et des cou- 
ronnes. Toutes les voix , toutes les plumes 
s'interdisoient de traiter les matières poli- 
tiques. Le silence et le mystère chez les 
rois présagent le despotisme et son cor- 
tège , comme le silence des airs présage la 
foudre et ses ravages. Je rompis ce silence ; 
et 5 sous l'emblème de l'histoire , je récla- 
mai nos droits j qui sont aussi les droits des 



• •• 



VllJ .AVANT-PROPOS» 

nations. C'^est pourquoi Y Essai htstorigue 
^ atitique sur la réi^oluùcn française fut 
frappé d'une subite proscription ; et , si elle 
n'dtteignit pas Tauteto lui-même , ce ne fut 
ni par un sentiment de justice ni par indul* 
gence , mais parce qu'elle eût rejailli sur 
d'autres que le coupabie. 

Bonaparte n'ëtoitpas même nommé dans 
cette première édition. Vers le mois de juin 
i8i3 , je fus prévenu par M. le direfcteur 
de la librairie qu'un arrêt de mort venoit 
d'être lancé contre mon livre par le mi- 
nistre de l'intérieur qui , disoit s.on excel- 
lence , avoit elle-même reçu l'ordre de dé- 
truire y parmi les ouvrages saisis , ceux qui 
pouvoient causer de l'inquiétude à sa ma- 
jesté 5 pendant la campagne de cette même 
année i8i3. Ainsi me furent attribuas le 
mérite et Tbonneur d'avoir jeté l'épouvante 
dans l'ame du plus redoutable despote. 

Cette violation de la propriété et oit 
d'autant plus arbitraire , que j'étois pleine- 
ment acquitté à l'égard du gouvernement ; 
j'avois plus fait que n'exigeoit la loi» Non- 



AVANT-PROPOS. IX 

seulement mon livide fîit dëtruit sans que 
j'eusse ëtë entendu, sans indication d'un 
seul passage blâmable , mais après ma de- 
mande réitérée d'en être le gardien respon- 
sable. U avoit ^té fait au ministre plusieurs 
rapports qui , tous , concluoient ou à la res- 
titution , ou à une indemnité , réglée d'après 
les mémoires des frais d'itnpression. 

En i8i4 9 sans être arrêté par les restric- 
tions qui gênoient l'exercice du pi us précieux 
de nos droits , je fis réimprimer F Essai histo- 
rique. A ce tableau de la révolution j'ajoutai 
celui des gouvernemeus consulaire et impé- 
rial . Je po uvois profiter de la faveur de la loi , 
et me soustraire à la censure. Je voulus m'y 
soumettre 5 et constater par son approbation 
que la presse étoit plus libre sous le gouverne- 
ment du roi, qu'elle ne l'avoit été sous Bona- 
parte , empereur ou consul. Est-il en effet 
de tyrannie à la fois plus oppressive et plus 
dérisoire que celle qui se fait un jeu de recon- 
noitre , de proclamer une charte de droits , 
et d'en entraver, même d'en punir la jouis- 
sance ? De lui à nous , Tunique intermé- 



X AVANT-PROPOS. 

diaire c étoît la force ;#de nous à lui , tout 
•étoit devoir , aveugle soumission . Dans sa 
main , le sceptre de Chaf lemagne s'ëtoit 
changé en sceptre de fer. Il n'y a plus de re- 
fuge pour l'opprime quand l'oppresseur dis- 
pose 5 à son gré , et pour son propre intérêt , 

« 

de la force publique. Instituée pour garan- 
tir l'exécution de la loi , elle en assure au 
contraire la violation : dès-lors tout ordre 
est renversé et le lien social dissous. Tel 
fut le despotisme de Bonaparte , dégagé 
des prestiges de fausse grandeur et de v^ine 
gloire qui en formoient le cadre ; et quel 
homme sensé , quel véritable ami de la pa- 
trie s'en laissa éblouir ! En désertant ^ pour 
la première fois son armée , en abandon- 
nant la savante et dispendieuse colonisa- 
tion égyptienne , ne révéla-t-il pas , malgré 
lui 5 le mystère d'une ambition trompée et 
d'une ambition nouvelle ? Fit-il autre chose 
que manœuvrer avec d'autres moyens et 
pour un but plus noble ? Sur la brûlante 
arène de* l'Egypte, comme tout récemment 
sur le rocher de l'île d'Elbe ^ il avoit ^ sous 



AVANT-PROPOS. xj 

ses yeux vîgilans, le thermomètre de la 
situation de la France. Etranger aux fautes 
du gouvernement , observant , avec une 
joie secrète , la décadence rapide du pou- 
voir directorial, surtout n'oubliant pas qu'il 
avoit laisse la re'publique forte et florissante, 
il parut tout-à-coup, et s'offrit à elle comme 
le seul homme qui eût Je pouvoir et le droit 
de lui rendre sa considération -, sa splen- 
deur, sa prospérité. Par cette heureuse au- 
dace , Bonaparte prévint les rivalités et le 
juste reproche d'avoir, sans ordre , déserté 
l'armée d'Egypte au jour de ses plus grands 
dangers. 

De teaux et d'utiles monumens ont im- 
primé un grand éclat sur sa magistrature 
consulaire. Cet éclat s'est répandu sur son 
règne impérial. Les magnifiques ouvrages 
dont Bonaparte a enrichi la capitale et l'em- 
pire fixeront les regards de la postérité. 
Mais elle remarquer^ qu'ik ont été conçus 
et élevés pour un autre but que l'utilité pu- 
blique et la gloire des arts , et qu'ils ont , en 
quelque sorte, servi à jalonner la route 



-../■a 



2^ij AVANT-PROPOS. 

qu'il se fràyoit au despotisme. Il Tatteignoit 
€e terme des calamités publiques^ et déjà 
les arts perdoient leur charme , les chefe- 
d'ceuvres leur poétique langage. Eh ! oui , 
une apathie contagieuse est lefTet et le signe 
d'une servile terreur ; elle émousse ou sus- 
pend- en nous l'activité de l'intelligence et le 
ressort de la sensibilité ; les couleurs se con- 
fondent , la beauté des proportions , l'élé- 
gance des formes s'effacent , et toutes choses 
passent sans harmonie , soit les ouvrages de 
l'homme , soit les créations de la nature , 
sous l'œil inanimé de l'esclave. 

Le général Schérer venoit de ruiner , en 
' Italie 5 les affaires de la république , quand 
Bonaparte 9 par une faveur d'autant plus 
distinguée qu'elle étoit plus périlleuse , fut 
appelé à les rétablir. Il étoit poussé aux pre- 
miers honneurs militaires par ce même di- 
rectoire dont il fot 5 dans un court inter- * 
valle , la créature et le persécuteur- J'ob- 
iserverai ici qu'à une époque postérieure , 
il a éloigné de lui deux hommes qui l'avoient 
élevé à la dignité consulaire. L'histoire les 



AVA NI* -P A O PO S. Xll| 

accusera peut-être de n avoir pas, avec 
précision, déterminé les droits et les limites 
de ce nouveau pouvoir, pour laisser une 
plus large voie à son aml)ition. On na pas 
oublié que , destitué par le comité de salut 
public après le 9 thermidor, le titre d'anar- 
chiste pesoïtsw sa têtej qu'il avoit traîne 
long-temps , dans Paris , une oisive et mi- 
sérable ei^i$tence , implorant des bienfaits 
urgens dopjt il pardit 1q souvenir , aussitôt 
qu'un directeur, le couvrant de sa puiteânte 
protection , peut-être pour eti être dans ua 
autre temps, protégé lui-même, lui eut donné 
une épouse *qni partagea avec lui sa for- 
tune et sa.eopsidération, et qu'il 1 eut appelj^ 
au commandement de Tarni^e qui çonve-^ 
noit le plus à l'activité de gou génie et à l'im- 
patience de SQu. ambition. Ainsi le début 
de Bonaparte est marqué par de coupables 
ingratitudes ecivers se$ -li^ufgiteiikB e% çe^ 
«mis ; etîsa vie CTAière.éstisoumée d'une in-^ 
gratitude ;pltiB\monstnii3Use encore euvers 
cette gtandéai&tion , quUui commettais ai 
généreusement , mais plus impr.iiden)ii|ai<ent 



Xir AVANT-PhOPOS. 

encore , lé soin de sa gloire , de son bon- 
heur , de ses futures destinées. 

J ai exposé , dans la sixlèftie époque de 
V Essai historique , l'état de dissolution et 
. de vétusté prématurées dans lequel le gou- 
vernement directorial étoit tombé , lors- 
qu'encore ' -au - dehors la république étoît 
puissante et redoutée , lorsqu'éncore , datas 
Tintérieur, l'agriculture , le commerce 5 lès 
arts s'avafiçôiént d'un pais égal vers un état 
florissant é* prospètè. Qu'eût-ce été , si Tad- 
ministration eût Seconde le» efforts de Tiû- 

/ 

dôstrie et lés bienfaits de la nature , si elle 
eût su féconde^» ceis germes de talent et 
d'émulation^i naissent de lanïour de la 
patrie , sur le sol de la liberté , partout aii 
rhomme leiir a dressé des^utels ? Ce pro- 
dige de la liberté et de l'amour de la patrie 
est uniforme et constant; il- est attesté par 
les anciennes , par les moderr^s républi^ 
ques , et par les états de nos jours où 
ieeS sentimens s'allument et se: xoriserveirt 
sous les auspices et par Fexeraple d'un 
monarque. 



AVANT-PBOPOS; XV 

Mobile par la forme du gouvernement , 
tourmenté par des partis divers, tourmentant 
lui-même Topinion publique par un système 
alternatif de persécution ou de faveur envers 
deux anarchies dominantes , le directoire se 
vit à tel point dépouillé de son autorité , qu'il 
expira sans convulsions .et sans agonie. 
Presque dès sa naissance , les directeurs se 
divisèrent en deux partis , tendant égale- 
ment lun à exclure l'autre . Des révolutipns 
s'étoient opérées dans son sein , dont ils 
avoient été les auteurs ou les instigateurs; 
et 5 quand il auroit fallu renforcer son orga- 
nisation intérieure , donner à la présidence; 
plus d'éclat et de relief, la faire prédominer 
dans les délibérations par une ampliation 
de pouvoir , par des prérogatives plus, effi- 
caces et pluK imposantes , quand il falloit 
centraliser la démocratie , et presque tou- 
cher à la dictature , on acheva d'énerver 
Gé faible gouvernement , en y appelant des 
hommes , les uns inhabiles , les autres re- 
muans , novateurs et moroses ; personnages 
d'autant plus dangereux , que leur esprit 



XV] AVANT-PROPOS* 

ëtoit plus subtil , leur talent plus exerci^ 5 
leur marche plus ténébreuse. 

Les rênes du gouvernenaent échappoient 
des mains du directoire , quand on vit s'y 
introduire un homme plus connu par sa pu- 
sillanimité que par son cynisme philoso- 
phique. Dans la situation critique où nous 
étions alors , tout fut tenté ; et , n'ayant plus 
à choisir parmi .des candidats désignés par 
una opinion unanime , on se rejeta sur 
ceux d'une réputation équivoque. Jaoïais 
élection n'a été plus raisonnée et plus débat-- 
tue. L'élu s'étoit enveloppé de son manteau 
dans ces crises où la patrie avoit plus haute-^ 
ment réclamé l'emploi du courage et des 
lumières. Cependant il fut donné à la répu- 
blique , comme la planche du salut , au mo- 
ment de son naufrage. Sa prince ne tarda 
pas à dissiper cette illusion; elle fît pressent 
tir les symptômes d'une révolution pro- 
chaine. Le plan en avoit été tracé d'avance. 
Pour les conduire à la fin , il falloit renver- 
ser le directoire lui-même. Cinq hommes 
alors ^^ formoient trois partis. Un autre vou- 



AVAKT-PROPOS» XVIJ 

loît Bonaparte €t la république ; le moins 
puissant , la république sans Bonaparte. Le 
second dissimula et joua les deux autres; les 
dieux abandonnèrent la bonne cause* Il est 
certain que si le premier de ces trois partis 
éùt triompbë, le gouvernement monar-- 
cbique et la constitution de 1791 pur- 
gée de ses défauts , auroient été rendus à la 
France ; et si , dans ces circonstances , le 
prince désigné pour la gouverner se iut 
trouvé parmi nous, il est probable que sa pré* 
sence eût rapproché les partis , éteint le feu 
des dîiscordes et concilié toutes les opinions. 
Sou%ce rapport , Teiitreprise étoit patrio- 
tique et nationale. Mais ceux qui la dîri- 
jgeoient avoient à lutter contre la renom- 
mée , les intrigues , la fortune de Bona- 
parte ; et la première condition du succès 
étoit que chacun d'eux fut fidèle à son propre 
parti. Au jour décisif, 18 brumaire de 
Tan VIII , presque tous le désertèrent. Cette 
fameuse journée fut diversement jugée, mais 
isans aucune apparence de trouble , parles h^ 
bilans de Paris. Ici on laxpialifioit de réforme 



•* 



Xyiij AXA NT -PROPOS. 

■ I 

nécessaire y là de crime d'ëtat et d'attentat 
aux droits de I9 nation. Le peuple français la 
considéra comme un abus de la force armée^ 
comme une répétition du 18 fructidor. 

La plus sacrée , la plus précieuse pro- 
priété d'un peuple, c'est la charte qni le 
constitue libre. La main qui .s'y porte y 
Taltère ou viole. Une seule de ses disposi- 
tions est sacrilège et coupable au premier 
chef: elle usurpe un droit y indivisible , de la 
nation et du prince. Si aucun droit n'existe 
Bans eux , .hors d'eux n'existe aucune puis-^ 
sance ; l'idée de puissance embrasse les gou- 
vernans et les gouvernés . ^ 

Parmi les cinq directeurs , trois furent 
donc les auteurs de la révolution , et deux les 

victimes. On croiroit aujourd'hui , en rap- 

• • 

prochant les temps et les faits , que l'un des 
premiers étoit un holocauste que Bonar- 
parte s'étoit réservé j il sentoit la nécessité 
d'effacer d'humilians souvenirs en brisant 
l'instrument de sa haute fortune. N'est-ce 
pas ce directeur qui dressa, en quelque 
sorte y l'échafaudage d'où Bonaparte put 



/ 



AVA NT - P K O P 0& XIX 

ibillîr au suprême pouvoir ? Il e^ iiaturel 
que la tyrannie craigne que celui qui a pu 
la servir, puisse et veuille , dans uu autre 
tttxips , la détruire. 

Les directeurs dupes n 'eurent pas la ma-* 
ladresse de s'en plaindre ; ils cédèrent à la 
nécessité et se conformèrent aux circons- 
tances pour n'être pas entièrement désap- 
pointés; et, jetant un regard où se pei- 
gnoient la résignation et l'espérance , sur 
les dépouiUes opimes adjugées au vain- 
queur, ils se firent admettre au partage ; ils 
se rangèrent proi^isoirement sur les der- 
rières de Bonaparte ; titulaires sans dignité , 
magistrats sans fonction, ils burent la honte 
attachée à ses bienfaits , et bientôt après ser- 
virent son ambition dans le sénat , l'un par 
un aveugle assentiment qui caractérise la 
sottise-, l'autre par son méthodique silence* 
C'est durant le rapide développement de la 
tyrannie militaire que nous avons pu ,. sans 
.dérision , qualifier le silence de certaimô 
hommes, de calamité publique. Je sais bien 
ce qu'on peut objecter. Quoi qu'il ei)^iispit 



3W^- 



r 

Àti Câritctèt-é de fiôttJiparte , je diirài ' que ^ 
kjts^ile tes lois d'un ëtat libre ëlèTebt qtiél^ 
qiiésîmmtoeS au^ïessirs de tous les autres ^ 
elles ont bien entendu que les avantagea dx^ 
là^^^atidttirék dér l'awtotîtë serôîent bial&ùees^ 
Selon te temps ^ pai* des devoirs ou meurt 
pardeSdatigert. 

" Personne ne Se iftéprit sut te but de la 
j ôutn^ du 1 8 iMtomâite, ni sûr tes hommes 
qui lavotent plus lirAnédiatement dirigée ^ 
Ibrsqu'on apprit que Bonaparte ëtoit investi 
en commandement de la garde directoridk. 
Polir rèmpKr î*ièttgâgemeût qu'ils avoîeirf; 
pris de sauver la république^, les trois direo» 
téufs . tes minislines , tes membres des con- 

• \ t . 

sèife 5 la plupart ehtrafînës plus que com*^ 
jplîtéè , ti'eurelit ïii dès efforts à faire , tii des 
àïîngefs à courir* Oh voyoit bien ce qu'ils 
pôttvoiént gâgtiiër k fen'vétiset te gôuver- 
nemfe</t ; la ckaise ttirute leur ëtoit de loiit 
bïfaife èti pti-SpetiÉiVe. Mais au-delà de cet 
feSiYiMto seïnê d**s;pé«5inces , dëfcouvroient^ 
ils Técûéil ôii Ytà\ ite nouveau piloté entrai-- 
bèf oit ^ pox«* s'y itisèr, te v&isseaù de Vêtài , 



çertsiin 4e swjroager »evl fif)rès le naufrage ? 
Il» seroient trop ca\ip^le§, A Rome ^ uijiç 
poignée de conjurés arrachèrent le 4iftdé^^ 
du froutde César et yepgèreut les lois ; et , 
lor»ju encore les Français ne se reppspie»j: 
de leurs droits et de leur liberté que sur euJfcr 
mêmes 9 1» l^rance apprit qu'une çoppxs^^j- 
tipn moins fornaidaWe pqir le npxubrje ^ ïp 
rang , rinfluence des conjurés , que par Je 
^nie et le caractère de celui qui ep étoit 
l'ohjet ^ avoit remis, le sceptre du pouvoir 
au^ maios dun chef des armées , et que de 
concert avec lui , c'est-à-dire pour lui , elle 
réédifipit la république sous d autre? fprme^ 
et sur d'autres hases, 

I^es trois directeurs révolutionnaires s'ob^ 
servoient entre eux ; ib ohservoient , avep 
une égale défiance , les deux collègues qui 
leur étoient opposés : ceux-ci s etoient pia- 
illes sous l'égide > alors dédaignée ^ de l'opi- 
nion publique. Le ï8 au matin , les pre»^ 
miers ne s etoient pas encore accordés sur 
le choix du chef de la force armée. Ce chef 

devoit aussi disspUiibre le$ conseils et le direc- 



XXIJ AVAN T-F R O Ft) S. 

toîre Ilii-méme. La solution de cette dîïE- 
culte ëtoit décisive. Ce choix tomba sur Bo^ 
naparte. " 

L^audace de ce guerrier convenoit sans 
doute aus^ intrîgans et aux petits ambitieux 
qtd, ne voyant, dans cette entreprise, qu'un 
de ces violens coups d'état , qui sont tou- 
jours pour eux des coups de fortune , en 
pressoîent Texécution avec tout le zèle du 
patriotisme , avec l'accent de l'intérêt piH 
blic. Mais son caractère, qu'avoient trop 
fait connoître ses guerres d'Italie et sa ro*» 
manesque colonisation africaine , jetoit la 
défiance et l'épouvante parmi les citoyens , 
qui n'aspiroient qu'à des réformes que la foi- 
blesse, l'impuissance et la pernicieuse cono?- 
position du directoire rendoient indispen- 
sables. Ceux^i avoîent ouvertement désiré 
que la conduite de la journée fut mise aux 
mains d'un capitmne dont la modération et 
le désintéressement nous fussent garantis 
par des vertus reconnues , par un amour 
éprouvé de la patrie. La voix publique le 
nommoit ; mais les hommes qui domr- 



AVANT-PROPOS. XXÎij 

noient alors n'ëtoient pas animes tous des^ 
mêmes sentimens ^ les pips cupides y qui 
sont aussi dans les révolutions les plus 
adroits y repoussèrent celui qui n'eût em<^ 
ployé son pouvoir qu'à rétablir la nation 
dans le droit de recomposer son gouveme-^^ 
ment et d'en donner la direction héréditaire 
au prince et à la dynastie qu'un vote libre 
auroit désignes. J'atteste qu'il ne nous seroit 
pas venu au sein d'une population récem- 
ment affranchie ^ et qui ne fût jamais un-, 
peuple. 

D^à, à cette époque, Ib malheureux^ 
essai que les Français avoient fait du ré^ 
gime républicain les avoit ramenés à des 
idées plus saines et plus justes; ils désiroient 
un gouvernement plus ferme dans son ac- 
tion, plus solide sur ses bases, et sous lequel 
la jouissance de la liberté fut moins trou- 
blée : c'est peut-être celle où là monorchiô^ 
représentative se seroit rétablie avec moins, 
de contradiction , où lé pacte de 1791 eût 
pu , sans obstacle , être remis en vigueur 
avec les changemens que l'ex^périeiice aÊtiCk 



Xxiv AVANT-PROPOS^ 

juger nécessaires , où , en réalisant les con- 
quêtes légitimes de la révolution, il étoit plus 
possible de s'entendre sur les indemnités 
qu il eût convenu d'accorder aux individus 
ou aux familles qu'elle avoit violemment 
entraînées dans son cours» Il est certain . et 
d'autres que moi pourroient l'attester qu'aux 
premiers jours de brumaire an viii , ce pro- 
jet de restauration constitutionnelle se rat- 
tachoit, comme en étant la conséquence im- 
médiate , à celui de dissoudre le gouverne* 
ment directorial ; que ces projets avoient 
été formés dans le directoire ménae ; et tels 
étoient les personnages qui les avoient con- 
çus , tels étoient les moyens et la probabilité 

du succès y qu'un seul homme au monde 

». *• 

étoit capable de dissoudre cette confédéra- 
tion , et de renverser un plan qu'avouoient 
la raison , la sagesse et l'intérêt général. Cet 
homme y c'étoit Bonaparte. 

J'ai dit que , dans tous ces mouvemens 
contradictoires , trois directeurs manœu- 
vroient contre les deux autres , qui , de leur 
côté , se faisoient considérer comme les 



y 



.AVA.NT-PROPOS. XXV 

seuls et les derniers défenseurs du peuple et 
de la liberté ; titre use y qui ne fut que le 
signal de leur détresse. J ai dit que l'un 
des trois avoit cesse de dissimuler, lorsqu'il 
Ê^ut se prononcer sur le choix du chef da 
la garde directm-iale. Peu de personnes ont 
su peut-être qu'un gênerai citoyen , déjà 
prévenu y attendoit , dans la matinée du t8 
brumaire, l'ordre de se rendre à Saint- 
Gloud avec ses aides-de-camp , lorsque déjà 
l'étranger, dont le frère, Lucien Bonaparte ^ 
présidoit les conseils , avoit ccmsommé la 
catastrophe. 

Le directeur qui avoit pu , par une sorte 
d'influence qu'il exerçoit depuis long-temps 
et qu'il ne partageoit avec personne , mettre 
aux nouons de Bons^parte le hâton du com- 
mandement , n'entendoit certainement pas 
l'armer contre la patrie, contre notre liberté : 
inhabile , imprudent , il servoit mal l'une ; 
esclave de ses propres passions , il ne défen- 
doit pas à propos , ou défendoit mal l'autre» 
Ses deux coUégueç^ au contr^^re [on s/aik que 
l'un d eux âe chargeoit de penseret de vouloir 



XXVJ AVANT-PROPOS. 

pouf son docile collègue) , plus prévoyans^ 
plus capables de conduire à sa fin une 
grande affaire d'état , avoient pénétré Fin- 
tention secrète de Bonaparte ; ils ne dou-^ 
toient pas qxfe , s'il disposoit de la force ar- 
mée , il ne remployât à s'emparer du pou- 
voir, et que , saisi du pouvoir, il n^aspiràt 
à la tyrannie. 

C'est ainsi que prévalurent les intrigues 
d'un magistrat qu'aucun vrai talent n'avoit 
distingué sur la trame qu'avoient ourdie,avec 
réflexion et maturité , pour un but éminem- 
ment patriotique et national , des esprits 
cultivés , des têtes fortes , des magistrats 
éprouyés par les vicissitudes diverses de la 
révolution. Dans tous peut-être les motifs 
n'étoient pas également purs 5 il en étoit 
qui , en travaillant pour tous , se réservoient 
la meilleure part pour eux-mêmes. Gardons- 
nous , en instituant le culte des lois et de la 
patrie , de convertir , en dogme politique , 
cette doctrine imaginaire /cette idéale per- 
fection que le vertueux archevêque de Cam- 
bray vouloit pour le culte d'adoration et 



r 



ATA NT -P R O P O S. Xivîj 

d'amour que nous devons à TEtre-Supréme: 
exiger, dans notre ordre social le plus par- 
fait , une vertu désintéressée , ce seroit en 
bannir la vertu.- 

Bonaparte ne s'enorgueillit pas tellement 
de sa victoire , qu'il dédaignât ou repoussât 
le parti dont il avoit triomphé ; il s'appliqua 
au contraire à le dissoudre pour s'en appro- 
prier les débris et pour isoler ceux qu'il dé- 
sespéroit d'attacher à sa cause. Ses regards 
pénétrans sondèrent le fond des cœurs les 
plus ulcérés. Les hommes qui s'arrangent 
de tout, après l'événement, accoururent en 
foule s'attacher à son char. Il gagna, par 
l'intervention de ses amis , ceux qui , sans 
com-ir après la fortune, accueillent ses 
faveurs. Alors distribuant des promesses et 
des bienfaits selon la nature et le degré des 
passions qu'il avoit observées , mais avec 
tous les ménagemens qu'exigent des amours- 
propres plus ou moins blessés, plus ou 
moins vains , plus ou moins revêches , il se 
fit des partisans dévoués, énergiques, parmi 
les hommes intrépides qui auroient pu, sans 



• •• 



dégtûsemeaty être on jonr ses adTersaireo^f 
ii réduisit à Finactton et au silôice ceux 
^i auroieut pa'miiier le teixaiii , le deva]>- 
cer par une route invisible ^ et creuser un 
dnaie où il se seroit précipite avant que son 
iiravre fut oousommée. Ces précaution^ 
étoient superflues : tout fiit corrompu. Los 
hcnumes qui pouvoieut briser le sceptre de 
la tyrannie naissante , formèrent une ligue 
impie , et ^ sous de spécieuses formules de 
liberté ^ entraînèrent frauduleusement la na- 
tion sous le jpifg^du plus humiliant despo- 
tisme. 

Jusqu'ici Bonaparte ne s'est avancé qu a 
M faveur des circonstances et à l'aide d'un 
puissant protecteur j il parviendra seul, c'est- 
à-dire par des ressorts qu'il soira montés et 
^ que sa main fera mouvoir, à la puissance dic- 
tatoriale, et par elle aupouvûirmonarchique 
le plus ef&ayant; Victime de ses propres er- 
reurs et long-temps trompée par ses agens , 
par elle-même, la nation française le sera par 
ce Napoléon qu'elle nomme ^on chef avec 
orgueil , par ce Hapoléon en qui elle placp 



AVANT -PROPOS. XXlX 

sa dernière espérance. Elle avoit long-tempà 
souffert un régime qui s'entouroit d'ëcha- 
fauds , parce qu'il faisoit de grandes choses ; 
elle a applaudi au renversement du gouver- 
nement directorial , parce qu'il ëtoit foible , 
abject , après avoir été persécuteur et révo- 
lutionnaire. Bonaparte vient tout-à-coup 
s'offrir à ses regards , se dévouer pour elle ; 
elle couvre d'un indulgent oubli la déser* 
tion qui livre l'armée d'Egypte aux ven- 
geances des Ottomans , l'institut et l'admi- 
ilistration à la captivité j et, ne se souve- 
nant que des lauriers qu'il a moissonnés 
dans l'Italie , elle attend de Bonaparte tout 
ce que peut le génie uni au pouvoir ; elle / 

lui prescrit de détrôner l'anarchie ; l'ingrat 
«touffe dans ses bras la patrie et la liberté. 



»Wli f «t^tf^>^<M>^Wif»*^*/>*^A»*A^>A *«r»»> ■>. ■ ■■i . ^ y ^ . ^^.^ >'M WKVWWVWVWt ( ^ i 



ESSAI 

HISTORIQUE ET CRITIQUE 



SUR 



LA REVOLUTION FRANÇAISE. 



SEPTIEME ET DERNIÈRE 

ÉPOQUE. 

SOMMAIRE. 



Décora ingénia j gliscente adulation€^ 
deteruntur. tac. 



Coup-ci'ceîl rapide sur le caractère du général Bonaparte ,' 
et sur la situation de la France après les guerres d'Italie. 
Expédition d*£gypte. Motif de cette colonisation civile 
et militaire. Retour du général Bonaparte. Conjectures 
â ce sujet. — Journée du i8 brumaire^ ses circons- 
tances; ses résultats. Constitution consulaire. Le gé- 
néral Bonaparte premier Consul. Opinion sur ce Gou- 
vernement et sur les hommes influens de cette époque* 
— Vues secrètes du Consul. Son ambition ; sa politique 
astucieuse; ses moyens de corruption. Pacification d« 

5. t 



3 GOUVERNEMENT 

la Vendée. Mesures d'i ndulgence en faveur des émigrés. 
Lyoh particulièrement protégé par le Consul. — Son 
administration intérieure. Instruction publique. Four- 
croy. Codes^civil et criminel. Progrès de l'admiration 
et de la flatterie. Consulat à vie. Concordat. — Pré- 
paratifs contre TAnglelerre. Camp de Boulogne. Con- 
sidérations générales sur le gouvernement consulaire. 

— Progrès de la puissance de Napoléon , et constitu- 
tion inapériale. Naissance. et progrès du despotisme 
militaire. Tribunaux spéciaux. Procès et jugement du 
général Moreau. Autres attentats. Sous quel point de 
vue on doit juger la conduite du Sénat et du Corps- 
législatif. — Politique de Napoléon envers la cour 
de Rome. Son sacre. Observations sur le rôle que le 
Pape joua à Paris. Activité dans les ports inspectés par 
l'Empereur. Alarmes en Angleterre. Son voyage en 
Italie. Il met sur sa tête la couronne des Lombards. 

— Guerre contre l'Autriche. Belle et glorieuse cam- 
pagne, couronnée par le traité de Presbourg, Gou- 
vernement militaire. Ses effets politiques et moraux. 
Développement du plan de Napoléon. Conseil d'Etat. 
Confédération du Rbin. — Guerre contre la Prusse. 
Trailé de Tilsitt. Nouvelle organisation du Corps - 

' législatif. Politique modérçe de Napoléon à cette épo- 
que. Suppression du Tribunat, Dans l'intérieur il pro- 
tège les sciences et les savans/Ies lettres et les beaux- 
arts. -^ Nouveaux accès de son ambition. Invasion 
de l'Espagne ; captivité da Roi et de sa famille. Détails 
sur ce grand événement. Joseph roi d'Espagne; le 
prince Murât roi de Naples. Dernière guerre contre 
l'Autriche. Illusion et décadence de Napoléon. Son 
alliance avec l'Autriche. Son mariage avec i'archidu* 



CONSULAIRE. 5 

cbesse Marie-Louise. Réflexions sur cet événement. 

— Progrès de la servilité. Symptômes de tyrannie. 
Les spectacles, les arts, la presse, tout est asservi. 
De l'Angleterre. Impuissance et danger des mesures 
prises contre elles par Napoléon Guerre contre la 
Russie , et par quels motifs. Etat militaire de Napo- 
léon. — Son entrée sur les possessions russes. Ses 
fautes. Sa politique à l'égard de la Pologne. Conquête 
de la Lithuanie. Victoires de l'Empereur. Incendie 
désastreux de Moscou; retraire plus désastreuse de 
l'armée française. Retour de Napoléon à Paris. — 
Sa dernière armée ^ sa dernière campagne ; ses vaines 
négociations pour la paix. Son abdication forcée. Con- 
séquence de la révolution la plus inattendue. Réflexions 
sur le sort que doivent éprouver les princes dont la 
politique est en opposition avec les lumières du temps, 
les dispositions des peuples et les convenances locales. 

— De l'abdication de Bonaparte et du traité de Fon- 
tainebleau. Motifs secrets de cette abdication. Bona^ 
parte dans l'île d'Elbe ^ de quelle considération il y 
pouvoit jouir. Son projet de retour en France. Des 
causes sur lesquelles il fonde le succès de son entre- 
prise. Son plan ; son débarquement à Cannes ^ sa con<» 
duite.à Grenoble, à Lyon; sa marcbe triomphale jus- 
qu'à Paris. Juste appréciation du parti qui se montra 
en faveur de Bonaparte; ses proclamations; sa persé- 
vérance dans son despotisme militaire , prouvée par le 
désaveu de ses proclamations populaires. Publication 
de l'acte additionnel; convocation des collèges électo* 
raux , sous le titre spécieux du Champ-'de''Mai, Vues 
secrètes de Bonaparte. Chambre des représentans ; sa 
composition ; ses principes; sa conduite; sa résolu^* 

I. 



\ 



1798. 



4 GOUVERNEMENT 

lion d'opposer une inflexible résistance au despotisme 
de Napoléon. Organisation de l'armée ;, son départ. 
Batailles de Fleurus et de Waterloo. Déroute de l'ar- 
mée. Départ de Bonaparte; son retour à. Paris; son 
abdication en faveur de son fils; erreurs des cbam<« 
bres à ce sujet. Gouvernement provisoire ; sa dissolu- 
tion et celle des chambres en présence des armées alliées. 
Capitulation. L'armée française stationnée au-delà de 
la Loire , et rentrée du Roi à Paris. 



CHAPITRE PREMIER. 

Coup'd'œil rapide sur le caractère du général 
Bonaparte, et sur la situation delà France 
après les guerres d'Italie ; expédition d'E-^ 
g^'pte; motifs de cette colonisation civile 
et militaire; retour du général Bonaparte ; 
conjectures à ce sujet. 

r 

Le plan de l'Essai historique et critique sur la 
révolution de la France, tel qu'il fut imprimé 
en 1810, embrasse une période de quinze an-- 
nées. Je considérai la journée du 18 brumaire 
comme la solution de ce grand problème poli- 
tique , et comme une barrière qu'il étoit dange- 
reux de franchir. Mon respect pour la vérité me 
prescrivoit cette réserve. On ne la dit ni utile- 
ment ni impunément sons le règne d'un prince 



CONSULAIRE. 5 

qui la craint et qui la hait. Si Ja louange est une 
justice, l'adulation est une bassesse. Quel salaire 
un historien peut-il préfe'rer à son honneur^ à 
rindëpendance de sa pense'e? Celui qui a sacrifié 
sa propre estime, n'éprouve-t-il pas le cruel 
tourment d'éviter sa conscience , et la crainte de 
se reconnoltre sous les traits odieux qui sortent 
de son pinceau ? 

Toutes choses sont changées. Napoléon , sa 
magistrature consulaire et son règne impérial 
sont entrés dans le domaine de l'histoire. Je 
tracerai le tableau des grands événemens qui 
Qnt rempli ces deux époques. Sa politique ré- 
fléchira son étonnant caractère. Mais un homme 
qui , entouré de souverains, a long-temps paru oc- 
cuper seul le théâtre des batailles, et fixer l'atten- 
tion des peuples; qui , nous apparoissant comme 
un phénomène , a joué les grandeurs et la dorai- 
nation, comme s'il éloil plus élevé que les trônes, 
ne peut être bien peint que par lui-même. Cet 
épisode répandra non moins d'intérêt que d'é- 
clat sur le tableau général de la révolution , dont 
il est en quelque sorte l'œuvre, dont il a feint 
d'être le rnodéraleur, et qu'il a pu, presque sans 
effort, asservir à son génie. Nous le verrons maî- 
triser les passions contraires qu'elle a allumées , 
en concentrer, en diriger à son gré tous les mou- 
vémens, et lui assigner pour dernier terme l'é- 



6 GOUVERNEMENT 

lévation de sa famille sur des trônes conquis ^ 
l'Europe courbée sons son redoutable^ despo- 
tisme. 

Ses premières institutions auront promis ua 
grand homme ; ses dernières campagnes n'offri- 
ront au monde que lexemple de la témérité et de 
l'orgueil punis. Il restera du général français , du 
Consul , du premier potentat du monde , un héros 
d'invasion , qui ignora ou connut mal l'art des 
retraites, l'art des Xénophon , des Fabius, des 
Turenne, des Moreau ; et, conquérant détrôné, 
sans jamais avoir été vaincu , ses contemporains 
même lui assigneront une place parmi ces fléaux 
suscités par la Providence pour opérer dans 
Tordre politique et moral les effets que dans les 
régions de l'air produisent les tempêtes (i). 



(i) On a mis dans la bouche de Napoléon une jac- 
tance qui lui convient, si elle est supposée : «Je ne vou- 
)> drois pas de Louis xiv pour aide-de- camp». On dit 
aussi qu'il ne souffrait pas d'être comparé aux capitaines 
du dix-septième siècle. Combien a-t-il dû s'offenser de 
l'être à Moreau , qui avait appris de ces grands hommes 
à éviter des combats douteux , à ne pas verser sans né- 
cessité le sang de ses soldats. Bonaparte souffroit tout 
au plus le parallèle entre César et lui. Comme César, 
Bonaparte a passé le Rubicon ; mais avec cette différence 
que Rome ayant à choisir entre deux grands hommes , le 
vainqueur des Gaulois , en tournant à son avantage une 



CONSULAIRE. 7 

Cependant Bonaparte possédoit un riche fonds 
de science positive : son génie ëtoit vaste ; son 
caractère entreprenant, froid et résolu. Pour 
mériter sa haute fortune , pour attacher sa re- 
nommée à un grand siècle, que lui man(Juoit-il? 
une arae plus sensible, une tête moins agitée , et 
plus d'harmonie entre ses passions et sa raison. 
Une seule absorboit toutes les autres, Tambition. 
Elle jeta long-temps un grand éclat, soutenue 
par de brillans succès. Napoléon put compter 
de nombreux admirateurs. 11 ne compta pas ou 
méprisa ses ennemis. Il soumit les forts ; il fut 

révolution nécessaire, sauvoit la patrie, £[attoit« par sa 
renommée, l'orgueil du peuple romain , et, par sa popu- 
larité ,-sembloit lui promettre tout ce qu'admet de liberté 
le gouvernement d'un seul 5 tandis que Napoléon cons- 
pire contre la république, douée de toute sa force, au 
moment oii elle vient de le reconnoître pour son premier 
magistrat et pour chef de ses armées. César , grand 
homme d'état et grand capitaine, réunissoii,à tous les 
talens que les républiques récompensent par la considé* 
ration et les dignités , ces vertus généreuses , cette amé- 
nité populaire, celte inépuisable clémence qui sont, 
dans les monarchies , les qualités exigées dans le prince 
et l'ornement du trône. Bonaparte n'eut de l'homme 
d'état que l'art d'éblouir les peuples pour les asservir, 
de les tromper pour en faire les instrùmens dociles de 
son insatiable ambition ; homme de guerre, il le fut; 
mais destructeur, aventurier et barbare. 



8 GOUVERPTEMEWT 

vaincu par les lâches , c'est*à-dire par ces mar- 
chands de prose et de vers qui subordonnoient à 
sa volonté le destin, la providence, les étémens^ 
la nature , et qu'on a^yus , dans l'intervalle d*un 
jour, Fadorer comme un dieu, le condamner 
comme un monstre , et le dépouiller de toutes 
les qualités qu'ils lui avoient supposées , comme 
de celles trop véritables qui lui soumirent long- 
temps les hommes et la fortune. 

Au moment où Bonaparte sortit du rang des 
héros pour se placer parmi les chefs des nations, 
tout annonçoit un âge nouveau, une mémorable 
révolution. Nos malheurs instruisoient l'Europe, 
et modéroîent le mouvement qui s'étoit commu- 
niqué de la France aux autres états. La plus noble 
carrière s'ouvroit pour les ambitions généreuses. 
Les lumières rappeloient les beaux arts , présa- 
geoient les progrès rapides d'une civilisation li- 
bérale et pacifique. Toutes les épreuves étoient 
faites, excepté celle du bonheur. Et telles étoient 
la disposition des esprits, la lassitude des passions, 
la pente générale à Tordre , à la réconciliation *, 
à l'oubli des fautes > des erreurs, et même des 
crimes, que le bon sens et le bon cœur sufBsoient 
alors au premier magistrat de la république , pour 
la gouverner. Il n'avoit qu'à seconder l'action du 
temps et le concours des circonstances, pour fé- 
conder les germes des grands talens et des su- 



CONSULAIRE. 9 

Uînies vertus 9 résultat ordinaire des discordes 
civiles. Tous les biens étoient près d'éclore , lors- 
qu'une intrigue promptertient ourdie fit tomber 
la république aux mains de Bonaparte y qui la 
reçut comme un prix décerné à ses victoires d'I- 
talie y et qui la gouverna comme une conquête 
avec le génie de la révolution (i). 

Le gouvernement de Napoléon comprendra la 
magistrature consulaire et le règne impérial jus- 
qu'à la seconde abdication. Dans l'exercice de la 
première, on verra naître et se dérouler sur la 
France et sur l'Europe ce despotisme militaire qui 
a rempli le second de malheurs et de destructions. 

Ce gouvernement , confié aux ex-Directeurs Gonterne-i 
Sîeyes, Roger-Ducos, et à Bonaparte, provi-iaire, n no- 
soire jusqu'au 1 3 décembre , fut marqué par une ^ ''^^ 
nombreuse proscription (i^). 

(i) Le renversement du gouvernement directorial éloit 
résolu dans le Directoire même , long-temps avant le 
retour de Bonaparte en France ; et les auteurs de ce projet 
étoient bien loin de penser qu'il s'exécuterait en faveur 
de ce général. 

(2) Comment douter que les révolutions, qui se sont 
succédées depuis le 5i mai , ne soient pas l'œuvre 
des factions, lorsqu'on voit que toutes les classes des 
Fpançais ont tour à tour fourni des victimes? Marat 
dresse i'échafaud pour les hommes d'état ; les triumvirs 
y pressent les philosophes et les prêtres , les hommes de 



lO GOUVERNEMENT 

ï3 décembre Lc 22 frîmaîre an VIII, le gouvernail de l'état 
>799* passa aux mains de Bonaparte ; Cambacérès, mi- 
nistre de la justice; Lebrun , membre du conseil 
des anciens, lui furent adjoints (i). Deux cham- 
bres exercèrent rautorilé législative : le tribunal 
qui discutoit les projets de loi et les proposoit ; le 
corps législatif, proprement dit, qui la délibé-i- 
roit et la décréloit sans le concours de la puis-» 
sance executive. 

bien et les femmes courageuses. Les réacteurs s'arment 
du poignard des vengeances contre les jacobins. La fac- 
tion de Clichy , dispersée, bannie au 18 fructidor, re- 
jette, à son tour, jusque dans la Guyanne , après le i5 
vendémiaire, les accusateurs des triumvirs, les vain- 
queurs de Robespierre. 

A cette même époque , une commission législative pro» 
pose l'expatriation forcée de tous les nobles. Peu de jours 
s'écoulent; et trois républicains de première origine^ 
d'incontestable célébrité, signalent le début de leur auto- 
rité par la proscription de quelques centaines d'ouvriers, 
qu'il étoit plus facile de ramener à leurs travaux journa- 
liers, qu'il n'étoit barbare d'enlever à leurs femmes, à 
leurs enfans. Chose remarquable , l'un de ces gouver- 
nans avoit présidé là commission qui proposa le décret 
contre les nobles. 

Il y a une bien extrême perversité d'ame dans l'homme 
puissant qui généralise les délits et les châtimens pour 
s'épargner la peine de discerner l'innocent du coupable. 

( 1 ) Les second et troisième consuls ne figuroient là 
que pour approuver et comme cortège. 



CONSULAIRE. Il 

I 

Le 24 décembre y la constitulîoa de Tan yiii 
est acceptée, et, le même jour, le sénat conser- 
vateur organisé. 

Mon objet n'est pasd'écrîre l'histoire de la vie 
privée de Bonaparte, mais seulement d'expliquer 
sa marche administrative, sa politique extérieure, 
le motif et le but de son système militaire. J'ar- 
rêterai l'attention du lecteursur les points les plus 
lumineux de la rapide et funeste carrière qu'il a 
parcourue. 

Je me propose de prouver que' toutes ses ins- 
titutions, les plus libérales en apparence, et les 
plus populaires, étoient entre elles dans de tels 
rapports , que de leur conflit comme de leur 
concours , devoil résulter l'accroissement de sa 
puissance, et de cet accroissement de puissance 
combiné avec ses succès militaires, le despo- 
tisme le plus absolu , le plus arbitraire , le plus 
dévastateur^ 

Pour bien connoître celhomme extraordinaire, 
il ne suffit pas d'interroger les temps qu'il a rem- 
plis de sa toute-puissance, il faut reprendre les 
événemens de plus haut, et le voir aux diffé- 
rentes phases de sa vie publique. Son gouver- 
nement, sa politique, sfes guerres, instruiront 
les peuples et les rois de tous les âges. Dans Tacite 
et dans Suétone , nous lisons d'autres choses , mais 
non peut-être plus de choses. Lorsqu'on com-^ 



13 GOUVERNEMENT 

parera les règnes de plusieurs Césars au seul 
règne de Napoléon , on trouvera que celui-ci 
étoit^ plus qu'aucun autre ne le fut jamais, ea 
opposition avec les hommes et les temps qui Font 
vu commencer et finir. 
Expdaîdon Peu de personnes ont cherché à pénétrer les 
ao Yi. ' desseins que couvroit l'expédition d'Egypte. C'é- 
toit une nouvelle voie que le génie impatient de 
Bonaparte ouvroit à son ambition. Loin de l'Eu- 
rope , les campagnes d'Italie et le traité de Campo- 
Formio le recommandoient à la nation y ainsi 
qu'au gouvernement qu'il avoit illustré par ses 
victoires et ses conquêtes. Quand sa main diri- 
geoit le coup mortel dont furent frappés y le 
i8 fructidor, la constitution de l'an m, le corps 
législatif et le directoire lui-même; quand il pro- 
voquoit un coup d'état par l'intervention de son 
armée ; quand il interprétoit le vœu menaçant 
de la force militaire , ne se proposoit-il pas de 
recueillir un jour les fruits de cet abus de la force 
armée ? Son génie et son caractère sont profon- 
dément empreints dans le ton et le style de ses 
nombreuses adresses. 

Bonaparte avoit hâté la paix , espérant de pro- 
fiter des discordes qu'il avoit allumées au sein 
des grands corps de l'Etat : mais le moment de 
leur dissolution n'étoit pas encore venu. Quoique 
blessé au cœur, le directoire se soutenoit par sa 



CONSULAIRE. l5 

police, par la divergence des partis; et son ago- 
nie se prolongeoit par des moyens qui dévoient 
rendre sa décadence plus honteuse et sa chute 
plus éclatante. 

Paris n'eût été pour Bonaparte qu'une volup- 
tueuse Capoue. De flatteuses illusions voiloient, 
à tous les regards , ses véritables traits. l\ se con- 
noissoit trop bien lui - même pour ne pas sentir 
tout le prix de ce talisman officieux. Il ne con- 
noissoit pas moins l'inconstance de l'opinion , et 
la fragilité de la faveur populaire. Il avait sur- 
tout à ménager la jalousie des gouvernans, et à 
craindre la rivalité de ses égaux. Parmi ces der- 
niers y il en étoit aloris qui veilloient pour la pa* 
trie. La marche de son ambition ne fut pas fou- 
gueuse et précipitée , comme l'a été celle de son 
pouvoir. Il calcula froidement les moyens de 
succès et les obstacles; et sa passion n'eut qu'elle- 
même pour guide et pour conseil. Dès long-temps 
il lui avoit fait le sacrifice de sa conscience , le 
premier que doivent faire tout entier et sans re- 
tour les ambitieux et les usurpateurs. 

Dès -lors Bonaparte conçoit et résout une en- 
treprise romanesque , qu'approuve un ministre , 
grand homme d'état ; le Directoire souscrit à cette 
croisade d'un ordre si nouveau , à celte colonisa- 
tion , qui coûta à la France des trésors , des sa- 
Tans, des artistes, sa plus belle armée et tous ses 



l4 COUYERNEMENT 

vaisseaux. Entrainë par l'ascendant qu'exerce Fau'* 
dace sur la foiblesse y séduit par une perspective 
de conquêtes^ dont la République faisoit les frais^ 
et ne devoit pas recueillir les fruits, il ne pénétra 
pas le véritable dessein de celui qui avoit conseillé 
cet inconcevable et hasardeux armement. Déjà 
la Méditerranée étoit couverte des débris de notre 
escadre , et des cadavres de nos marins y de nos 
guerriers, quand le directoire revoit encore , et, 
sur la foi de son réve,proclamoit la possession de 
l'Egypte , les terreurs de la Sublime - Porte , et 
l'humiliation de l'Angleterre , spoliée de son com-> 
merce dans les Echelles du Levant , menacée 
dans son empire de l'Inde. Il monlroit a la vanité 
française l'étendard tricolor , flottant sur les tours 
de Constantinople , quand celte capitale reten- 
tissoit du canon d'alarme et du cri des vengean- 
ces ; quand la mort moissonnoit dans les cotnbats 
les soldats qu'épargnoient l'ardeur du jour et la 
fraîcheur des nuits*; contraste de température , 
dont l'éducation , l'habitude, et un régime ana- 
logue au climat , peuvent à peine vaincre la ma- 
ligne influence. Après huit siècles , cette terre 
d'Egypte, célèbre par d'augustes et de religieuses 
traditions , avant d'être fameuse par ses monu- 
mens et ses ruines , ouvrit de nouveau son sein 
pour dévorer des milliers de Français , l'espé- 
rance , Thonneur de la patrie. 



CONSULAIRE. l5 

' 36aacoup de personnes ont cru , et cette opi- 
nion n'est pas dépourvue de vraisemblance , 
que la présence de Bonaparte importunoit le 
gouvernement; que des yeux observateurs avoient 
pénétré dans les plus secrètes profondeurs de sa 
politique (i) , et que , pour s'affranchir à-la- fois 
de la honte de le craindre ou du danger de le 
punir y on lui avoit prodigué tous les moyens de 
satisfaire son ambition sur une terre qui n'oppo- 
soît aucunes limites à son humeur guerrière , à 
sa passion des conquêtes , et qui, non moins que 
IsL Grèce , demande à renaître à la civilisation ^ 
aux arts , au commerce dont elle avoit été, long- 
temps après Alexandre , le centre et le dépôt. 
Cette dernière considération étoit bien propre à 
flatter l'orgueil de Bonaparte , et à stimuler l'ac- 
tivité de son génie. Aussi la saisit-il avec une 
sorte d'emportement , sans arrêter sa pensée sur 
les obstacles qu'il àuroit à surmonter, sur les ré- 
sistances qu'il auroit à vaincre. Toute idée de 
nouveauté , de révolution , de bouleversement , 
avoit pour lui des charmes. Il couvroit de son 
dédain les choses faites ; et jamais on n'auroit 
pu dire de Bonaparte , réformateur ou créateur, 
qu'il étoit content de son ouvrage. 

(i) Celte opinion pourrait bien expliquer Tapproba- 
tion donnée , par le premier homme d'ëlal de ce temps- 
là, à l'expédition d'Egypte; 



i6 cou vcaivExcfiT 

Le plus ioévitable de ces obstacles éloit une 
guerre juste daos sa cause ^ funeste par ses con«« 
séquences ; et c*est celui que Bonaparte eût été 
désespéré de ne pas rencontrer sur cette terre ^ 
déjà trop fameuse par nos défaites. L'envahisse - 
ment de TEgypte s offroit à l'esprit de tout homme 
sage comme une violation de tous les droits des 
sujets et des souverains. L'alarme , comme l'im- 
probation, éloit universelle. Il est permis de dou-* 
ter si le directoire s'enivroit de vaines illusions ^ 
ou s'il éloit de mauvaise foi ; mais Bonaparte en- 
visageoit avec calme, comme des choses prévues, 
tous les efforts que feroit la Porte y alliée à l'An- 
gleterre , pour faire expier à la France la subite 
agression dont, sous les auspices de la paix.^ 
elle se rendoit coupable envers le successeur et 
la religion du prophète. 

Qu'il me soit permis de révéler ici un fait 
gravé dans ma mémoire , que j'ai consigné dans 
quelques notes historiques y et qui appartient 
essenliellement au sujet que je traite. 

Douloureuserpent frappé des conséquences 
désastreuses qui pouvoient résulter d'une aussi 
téméraire entreprise, je communiquai mes crain- 
tes à un homme d'état, éminemment placé dans 
le conseil du gouvernement, et dont les com- 
muiiicalions fréquentes avecle général Bonaparte 
m'étoient connues. Il me répondit avec assu- 



CONSULAIRE» I7 

raoce : « Si le grand - seigneur se fôcfae y la paix 
» générale se fera sous les murs de Constanti- 
» nople». Cette repense me parut plus témé- 
raire que 1 agression ; et celle fois mon extrême 
confiance dans les lumières de Thomme d'état , 
fut raisonneuse et presque rebelle. 

Mais quelle fut ma surprise , lorsqu'à une 
autre époque^ celle où Lucien Bonaparte et soa 

* 

fougueux parti provoquoient dans le conseil des 
cinq-cents les accusations contre le directoire 
et les ministres ) et changeoient le temple des 
lois en une arène de scandaleux débats , j'en- 
tendis ce même homme d'étal^ après une 
longue conférence avec Joseph Bonaparte y as- 
surer que le général, son frère, se proposoit 
de conquérir l'Egypte pour son propre comple ; 
qu'à tout prix il vouloit être roi ; ajoutant, à voix 
basse et avec un sourire plein d'expression , 
qu'il n'avoit laissé que sa femme pour gage de 
sa fidélité à la république ! J'eus la discrétion 
de ne pas lui rappeler « la paix sous les murs 
« de Constantinople. » 

On assure que le général Bonaparte avoit sou- 
mis son armée d'Egypte à la discipline mili- 
taire la plus absolue et la «pli^s orientale ; qu'il 
a exercé sur les prisonniers turcs des cruautés 
encore inouies dans un pays régi par le des- 
potisme , gouverné par des pachas, On à souillé 
5 2 



l8 CQUY ERNSMfiBTT 

son nom d'un crime iaconnu chez cts hordçr^ 
sauvages, qi|i célèbrent la victoire par d'iior-* 
ribles festins. Seroit-il vrai que des soldats fran^ 
cais , infecté» d'une affreuse maladie dans Vht^ 
pital de Ja(Ia..«.t auroient fatigué la pensée de 
leur général ; qn'un breuvage empoisoaûé am-^ 
roit hàlé leur dernier soupir , et qu'un tableau 
imposteur auroit été exposé à nos regards ^ poiir 
rendre en quelque sorte les beaux^arts complices 
d'un grand attentat? Non, non : c'est une sorte 
d'accusation que le plus implacable eniieBai de 
Bonaparte repousse comme une calonmie; llgAs^ 
toire ne recueille de tels forfaits p que iaifie 
de toutes les preuves. 

Ce qu'il importe d'observer i c'est la mardbe 
de son ambition , également ingénieuse à pro* 
filer des revers comme des succès. Ses affaires 
sont-elles dése^rées en Egypte , son audace 
s'accroit ; il £t*ancbit les mers y se mobtre aa di- 
rectoire j le captive ^ le renvwse , dissout \ow 
les partis , rallie a lui ftous les chefs y fixe tous leS 
regards j comme s'il étoit notre dernière oêpé^ 
ranoe. 

La conquête de l'Egypte lui présenloit detia 
tiiapces heureuses. Son fatalisptie repous^oit les 
chances .coiitraires.; il n'en présumoil pas : .par la 
première il dotoit la France de la plus impor<- 
tante colonie , si l'on considère , sok la situation 



géographique de FÉgypte j soit sa population et 
ées productioDB. Ce titre à la main y ce titre ap- 
puyé par Toe&t victoires, Bonaparte pourra-t-il 
«paindre des rivamc y lorsqu'il y atira un «chef à 
^dottser à ^b République? Par la seconde chance, 
il fofDd:eit un grand entpire , îl releVoit le trône 
de ^Sésostrîs , des Ptolomée y il régnoit sur TË- 
,^pte au même titre qu'Alexandre ; et l'Asie 
jesolave -y cft i'Aralye vagabond y s^offroient à sou 
.«Bbition. Egalecnent habile dans l'art de^éduire 
et dans J'art 'de vaincre , il auroit paru dans ces 
•contrées, bù l'imagination exerce un si puissant 
«n^ire, tauttàt comme un homme extraordi- 
naire ) tartot comme lin nouveau prof^éte ; et 
les peuples qu'il n'auroit pas soumis par les armes y 
1^ «eroient pris au'x pièges qu'auroit dressés au- 
4our d'eux son adroite politique. Ainsi y Bona- 
IHirte.s'étœt placé dans une alternative presque 
certaine de grandeur et de puissance. 

Pour la« première fois la fortune lui fut infi->- 
delp y et dépua même toutes ses combinaisons. 
XI n'y avoii qu'un parti à prendre ; c'étoit de se 
passer de la fortune y de ne compter que sur 
spi-tnême^ de recouvrer ses avantages par les- 
moyens qui perdent les hommes ordinaires. Bo- 
naparte ab^donne aux vengeances d'un ennemi 

■s. 

implacable y aux fureurs du climat y son armée 
que de nombreuses défaites ont afïbiblie ; il ne 

• a. 



20 GOUYSRNEMCNT 

fuit pas y comme Antoine y préférant son amante 
à la gloire; il se dérobe aux infortunes dont il 
est Tauteur, aux murmures menacans de son 
armée. Il tint à un jour, à quelques heures, peut- 
être y que tout fut changé dans nos futures destit- 
uées. Il déserte cette terre qu'il a cherchée à 
tant de risques , à de si grands frais pour la 
France, et cette France l'accueille comme ua 
libérateur. Cependant, proscrit par lui-même^ 
il est condamné au Caire à subir la peine capi- 
tale , tandis que les muses de la Seine lassocient 
à la gloire et au surnom du plus illustre des Ro- 
mains. C'est ainsi que Thomme du destin se livra 
lui et sa fortune à la discrétion des vents, des 
flots , et même de Tennemi ; car on assure que sa 
personne et sa liberté lui avoient été garanties à 
des conditions qu'il a mises ensuite sur le compte 
de la nécessité, pour se refuser à les remplir. 
Les stipulations les plus mystérieuses ne sont pas 
toujours les plus impénétrables. Qui ji'a pas dit 
pourquoi et à quelles fins Bonaparte put faire 
sa paisible traversée, au milieu des vaisseaux an- 
glais qui couvroient la Méditerranée (i)? 



( I ) A la nouvelle du retour de Bonaparte , il y eut foule 
chez tous les directeurs. Un d'entre eux, d^ant qui plu- 
sieurs personnes s'étonnoient , ainsi' que moi , que le gé- 
néral eût traversé > sans obstacles , une mer couverte de 



I 

CONSULAIRE. 21. 



La frégate qui porte Bonaparte entre dans le g octobrt 
port de Fréjus j il lui importe de prévenir les *?^ 
plaintes du gouvernement provisoire du Caire ; 
il brave la loi qui soumet à la quarantaine les 
vaisseaux du Levant et ceux qui partent des 
côtes d'Egypte ; il se montre à Paris en triom-* 
phateûr. Ses frères y ses amis proclament le pro- 
dige que là Providence vient d'opérer en faveur 
de la République. Cepeiléant^ peu de jours après^ 
la procédure contre Bonaparte et le jugement 
qui le condamne à la peine de mort, parviennent 
au gouvernement. Le directoire , mutilé , ram- 
pant , couvert d'opprobre, n'étoit plus qu'une 
fbible image de lui-même ; la dépêche d'Egypte* 
fut remise à Bonaparte en présence des direc- 
teurs, qui né se permirent pas de demander 
qu'elle leur fut communiquée. 



vaisseaux anglais, s'écria niaisement : Oh! nous savions 
bien qu'il pouvoit la traverser en toute sûreté. 



:ia COUTV&lf^BVBlVT 



CHAPITRE IL 

Journée du i8 brumaire; ses circonstOMMces p, 
S£S résultats. Constitution, consulaire. X^. 
général Bonaparte > premier consuU Qpi^ 
nion sur le gout^emement et sur les bommeu 
infiuens de cette épqg/ie. 

4 àttxBàxe JLi B directoire, avoit éprouivé: de MimhDensMi' 
^799* dî^[ràces^ tooles pra^oqiiéèl par les frères à»* 
Bonaparte el par des Coisea déit oaés à am» paalk ; 
Ud coup d'étal ëtoit déjà mfletë el psèas^d'édater 
contre cette sufME'éatie autorité. Bonaparte sW 
éloit empam »rec adresse. Il airoib travorsé- 
toutes les ialrigues.^ opposé; sa; nsnoaHOiée ma^ 
titres fondés sur la naissance ou d'anciens ser- 
vices y gagné les uns par des promesses , intimidé 
les autres par ses menaces^ et, seul, il obtint la, 
direction de ce grand mouvement. Cependant 
il laisse divaguer l'opinion sur le choix de celui 
en faveur duquel il sera exécuté. U s'accole à 

S pour le tromper ; il le trompe pour 

n'avoir pas à le craindre. U ne voit, dans ses col* 
lègues, qu'un limon grossier et inerte , privé de 
sentiment, d'idées et de volonté. Enfin, toute 
incertitude cesse ; et Bonaparte , qui n'a été 



CONSlTLÀIltS. (SS 

qoe }e génépdA du directoire ^ au 1 8 brumaire 
( i5 decemère) 1799, hërile de sa^ puissance et 
fix&Iesorl de «chaque direeteui*. irproscrit celui 
dont il s*esf servi ; dans un antre y ta pourpre sé-« 
natoriftle paye la nullité r celui qui pourrote ne 
s*y pas cbndarnner, il le goi^ de richesses et 
TabreuTe de honfe. Tout est soumis. Dès le 
19 brumaire 5 les hommes^ forts en expérieuce 
révolutionnaire , et ^ parmi ces hommes , le plus 
émînent par son esprit^ ses qualités, jsa réputa- 
tion , rompenf le lien d'une précédente eonfé^ 
dération ^ se détachent de celui qui l'avoit cimen- 
tée^ se réunissent à Bonaparte, sans mission^ 
par des motifs divers , et de leurs conceptions 
sort la république consulaire , dont un chef d*ar^ 
mée s'étok , à la manière du pape Sixte-Quiot > 
déclaré le premier magistrat. 

Bonaparte fut traité conmie* le possesseur 
légitime de la suprême puissance. Sa gloire 
militaire est le titre avoué de son élévation ; la 
crainte et ïa vénalité en furent les véritables 
causes. Le 18 brumaire, jour de deuit et de 
terreur , glaçoit encore tous le^ esprits. On 
sentoit ce qu'un tel magistrat pouvoît entre- 
prendre ; mais l'homme de bien ne le disoit 
que par son silence ; tandis que les inlrigans et 
les ambitieux remplissoient tes airs de leurs- 
louangeuses clamenrs^ que les poètes prophétie 



24 GOUVERlfEVElf T 

soient le graod homme ^ le grand siècle d^ 
règnes d'Astrée y de Marc-Aorèle et de Trajao*. 

C*esi maintenant une tonte antre agitation^ an 
antre mouvement. Quel concours d'intrigues et 
de bassesses ^ de mensonges officieux , de calom- 
nieuses révélations ! Tous les ennemis du direc- 
toire sont les amis du nouveau gouvernement. 
£t qui ne veut pas avoir élé Tennemi du direc- 
toire? A peine Tingratitude de Bonaparte.envers 

B (qui peut-être se souvenoit trop de ses 

bienfaits envers Bonaparte) est connue , que les bas 
courlisans du directeur se déclareift ses bruyans 
détracteurs. Tous courent aux places; leshoomies 
qui en sont dignes attendent d y être appelés. 
C'est le petit nombre ^ et dans ce petit nombre 
il y aura peu delus. Les prétendans et lesproté* 
gés circulent de la rue de la- Victoire au Luxem- 
bourg, de la rueTaitbout(i) aux Tuileries. Tou- 
tes les avenues sont obstruées. On se heurte^ on 
se croisç. Les femmes^ et quelles femmes! restent 
en possession du crédit et de la faveur. Gela ne 
peut être autrement. Le droit est fondé sur des 
stipulations avouées ou secrètes, sur des échangea 
et des compensations , admises dans les républi- 
ques comme dans les monarchies. 

(i) Le comité constituant teooit ses assemblées dans 
un petit hôtel qu'y occupoit M. de Talleyrand-Périgofd. 



COirSULAlKE. a5 

Goncevons«*nou5 qu'il puisse exister un gou- 
vernemeot si pur, qu'iLne s y introduise aucune 
3orte de corruption? U.faudroit supposer que le 
prince et ses agens sont les plus fidèles gardiens 
des lois constitutionnelles^ et qu ils sont en garde 
contre tout accroissement de leur propre pouvoir. 
Mais la marche de Tautorité executive étant inva- 
riaUement contraire à la stabilité des lois consti- 
tutionnelles^ la corruption est une maladie né- 
cessaire ^es associations politiques; et lorsqu'il 
s'agit d'une république , sacrifiée dès sa nais- 
sance, la corruption en est Télément le plus 
actif; elle en, est le princrpe; et dans notre 
Europe- 9 surtout en France ^ c'est une sorte 
de mini^tèire dévolu à la beauté^ à l'esprit^. aux 
grâces (i). 

Rien n'auroit manqué à la constitution consu- 
laire de totit ce. qui garantit la liberté du citoyen y 
la prospérité générale e[, la considération exté- 



(i) Je citerai ici une réponse qu'on suppose , avec 
quelque foi^dement , avoir été faite par le premier consul 
au général Lannes, alors général de la garde consulaire. 
Celuî-cî , avec sa franchise ordinaire , lui reprochoit de 
ne donner sa confiance qu'à des hommes flétris , ou dont 
U réputation étoit perdue : Imbécille, lui dit-il, e^t-ce. 
avec des vertus et des gens de bien que Ton fonde une 
monarchie ? 



\ 



a6 OOWERlffellf 8NT 

rieure , si tout n'eût manqua aux principanx agens 
de VsLXïtonté y pcmr la faire aîmev et respecter*, 
Ge défaut dliarmorne , ou plutôt ce GOhlraste^ 
forcoit de recourir au ressort de la cmMer^ toa«» 
jours ftineste aux républitjfieff. To»l sembioil 
diisposé j )e& hommes et les choses y pomr Fî^rrao^ 
tage d^ùn seul. L'envahisseineiit des poufmiÀ 
ëioit pressenti et même provoqfu^. S'il e»e4lilé 
autrement ^ le dévouement antidpë du s^âal n^eùt 
sigaifîé qu'une servilité sans motif et san9 CâMiu 
La chambre des représentans^ ce contrè^p<râii 
nécessaire 9 nefot-élle pas frappée de mimtë dès 
sa formation? ef tou^ ce que le corps social avml 
de mouvement et de vie ^ n'est-ce pas le premier 
consul y et lui sev) y qui le Im imprinsoit ? La 
flatterie et la prévenante obséquiosité descèii* 
dorent des plus hauts rangs ; de&pfos bas s'éle^oit 
jusqu'à lui la plus vénale idolitriie. Tcms^épioieni 
à l'envî les passions de Bonapar le > e4 1- ii!i:vitoîeat 
à s'abandonner sans retenue'à son ambition : tous 
se jetoient au-devant de la servitude , presque 
avec importunité. Que Ton soumette aujourd'hui 
\ l'épreuve d'une critique impartiale ^ mais sé~ 
vère j les journaux , les pamphlets de cette épor 
que y même les actes des premières autorixés, et 
Ton aura pour résultat de ropinion écrite y biea 
différente de l'opinion publique et nationale , <pie 
les Français ne peuvent ni ne doivent tenter un 



uoavelMSJii do^Kborle;^ qu'elle esb poixf eux ok 
insupportable fardeau ; ffoiW^ demandenl k re»*^ 
pîrer à Foi»^ èé\él&B%' dfni^ fràne despotique \i 
el c'eisf anm^ifue fes* people» sont imimd:ës ! 

S^il <$C tiraiî qa^ÀQgpËMsfîe^ eût pu régner coimme 
régna TibèM^ îln'estpas moins cer tas» que Bona^ 
papte-pooTOif fniQehir d*^Hfi pa» le» divers degrés^ 
qoii Fitml eetodo^t €te k dictature eou^uhire à la 
immavcbieiittpëmle ^ de celle-ci au despotisme 
miliftaîre' le ptes^ atMsolu'y et' gouverner dans le 
principe Mfnm^ H a gouvei^ué d)»n& la suite. Il se 
seroff epaf^gâiéibien ée» soins ^ à la France de 
grand» millwnnrs; âeo rég^e aujfoit elle franche-* 
meni' Axxt^ peuVélre cmel y au Keu d'éts^e nsAchia- 
Télîquei-et^ pevr ainsi dire^ frauduleux; car a 
de pompeuse» proHMSses' répondirent ton jour» 
des lois plus fiscaiea , des conscriptions ploa 
ine«rti4èrea ^ des gumres plus désastreuses. On 
à dil , mènie- tArsqu^il étoft le plus craint ( et yt 
suie très-élôigué de le croire sur parole)^ que soou 
Cftrae€ère se composoit de Torgueit insensé de 
GaKgdla , jdes basses inclinations de Connnode^ 
lie la triste et sombre politique de Tibère ^ eft 
d'une insensibHitié poinr tout ce qui est humain j 
donc aucuu <ie ces mdehans princes n'approcha 
jamais. Je retrace ce portrait dans toute son hor«^ 
reur ^ partie qu'il est démenti par les faits , parce 
que rexagétsMîedk eu dénontpe la iisMisseté ^ el 



28 G.OUVXRITESfENT 

parce qu'enfin y pour peindre Bonaparte ^ il De 
faut rien emprunter d'autrui ; il ne faut étudier 
que lui-méitie. Les grandes iet mauvaises qualite's 
se conipensent dans sa tête comme, dans son ame. 
L'admiration que lui ont long-temps d^cieri^e le 
grand peuple quiUa gouverné^ le$ peuples qu'il, 
a soumis^ la i^ation même qrïi le bajlt^.attcisteot 
un génie supérieur et des talens ^xtrAi^cdii^aires. 
S'il eût ressemblé a landes monstres litifcqueU^ 
on l'a comparé 9 les Fi!9r^is auroient nioias long* 
temps soufiçrt sa ty rannie* Us ont pu la supporter^ 
parées des brillantes illusions de ]a:gloire5 assise 
sur des trophées^jenvirônnée cl'armées ;yiçtottieii-- 
ses ^. de. pompe et d'éclat. Mais, qu'pa.pe.s'y 
trompe pas^ la vanité du Français s'aIUe.avec.la 
fierté. Il peut consentir à tout y excepté à rougir 
de son général ^ de son prince. 

Bonaparte se condainpe à une pénible ^mo^-r 
ration durant le consulat temporaire. Soq intérêt' 
même lui prescrivoit cette marche lente et cir- 
conspecte. Sa pénétration naturelle abrégea ce 
temps d'épreuve y qui fut pour nous un rapide 
moment d'espérance : il n'eut pas loi^-temps à 
étudier les personnages qui Tapprochoient. Les 
courtisans devinèrent ce qu'il vouloit d'eux ^ et 
transigèrent. Sa catastrophe nous a dévoilé leur 
dissimulation et leur perfidie : double imposture 
qui les couvre d'opprobre et de mépris* 



CONSULAIRE. 39 

Oa ne parla jamais moins de coiistîtution que 
sous la constitution de Tan y m. On se reposoît 
sur no seul homme du présent et de Tavenir. On 
ne tiroit aucune conséquence fâcheuse de la nul- 
lité du second consul , ni des anciennes affections 
du troisième 9 ni de celte rivalité de prévenances 
qui éclatoit en véritable idolâtrie dans la chaîmbre 
aenatorialeet daps celle des législateurs. Cepen- 
dant quelques hommes que dislinguoient d'émi- 
nentes Vertus , alors même qu'ils sacrifîoient de 
grandes lumières à Tidole du jour, planoient au- 
dessus de ces masses de corruption y et nous ras- 
suroient contre la vénalité y encore pudique , de 
quelques taleos y et contre la prostitution effrontée^ 
de presque tous. L'autorité qu'exerçoit le consul^ 
bornée par les formes , absolue dans la réalité^ 
il la rapportoit encore avec une sorte de complai- 
sance protectrice à là grande nation ; et, dans son 
ÊJIacieux langage, les rayons qu'il jetoit au loin 
n'étoient que les reflets de la grandeur, de la puis- 
sance et de la splendeur de la république. Sou- 
levez le voile , et vous verrez assis sur la chaise 
carule le despote et le dominateur : il l'éloit dans 
sa pensée, et sa pensée étoit une résolution. 

C'est ainsi que ses dissimulations mêmes pre- 
noient Tapparence de vertus publiques. Il sut pa- 
roltre à propos modeste magistrat, et s'attirer la 
confianM* On craignit un moment que le consul 



J 



Sj gouvernement 

C'est l'époque où l'admiratioa fît les plus ra- 
pides progrès : en apparence élranger à ce mou- 
yement , le consul Tîniprimoit et le dirigeoit à 
son gré. Un mot qvi sembloit tomber au hasard^ 
un geste , un mouvement de tête , tout était 
saisi j interprété dans le sens de son ambition. 
La rétrogradation des principes républicains 4i'é-^ 
toit pas moins rapide : deux partis contraires 
s'entendoient pour l'anéantir. La liberté avoit 



en jeu les passions , et qui , n'omettant pas un seul fait , 
se taisent sur l'influence des institutions et des mœurs. 

La philosophie éclaire aujourd'hui de son flambçaa 
l'immense domaine de l'histoire. Avant de raisonner sur 
les faits , elle en constate la véritë , et dévoile les causëff 
avant d'en déterminer les résultats. 

Quels motifs purent porter les premières autorités de 
la république à précipiter sur nous, comme par surprise^ 

Tambition du consul, à anticiper sur l'avenir? Le sénat 

* 

craignoit-il que , tenu plus long-temps sous le doux ré- 
gime de la liberté , le Français la savourât à tel point 
que bientôt il ne fût plus possible de le façonner ^ 
joug ? Craignoit-il qu'un regard investigateur ne décou- 
vrît , sous le voile de formes démocratiques , la chaîne 
qui nous étoit préparée? Youlut-il saisir l'instant oii 
Tadmiration fascinoit les esprits par de séduisans pres- 
tiges? Oui, sans doute, parce que les chefe d'intrfgnes 
s'assuroient par là des premières dignités, des faveurs 
du maître et de la laculté d'accabler le plus hardi cen- 
seur de leur coupable félonie. 



, CONSULA.IRS. ' SS 

pour adversaires et ceux qai n'en avoiént jamais 
senti le prix, et ceux que la corruption avoit 
dégoûtes délie : c'est un fruit sans saveur pour 
les aqaes qu'a une fois atteintes le poison de la 
servitude. Au jour où l'autorilë consulaire fut 
érigée en puissance dictatoriale , il ne se trou*^ 
voit plus dans les hauts rangs de la nation un 
seul homaie qui osât observer cette marche in- 
verse de la liberté et de l'esclavage ; et si , fidèles 
h. leurs premiers sermens ^ et conformant leurs 
suffrages à leurs opinions, quelques citoyens con* 
signent leur opposition au consulat à vie sur 
des registres dont on ne prendra pas l'inutile soin 
de constater l'authenticité , ils' savent que leurs 
npms ne seront comptés que pour passer sur des 
listes de proscription (i). 

Remarquons ici que des conspirations, au 
moins douteuses , contre la personne du premi^ 
consul ; qu'une conspiration certaine , ourdie 
chez l'ennemi, avoient remplLila France de ter* 
renr. et d'alarmes ; que l'opinion publique et le 
vœu des autorités sollicitèrent toute la sévérité 
de la justice contre les auteurs de ce dernier a|ten« 
tat; et que toutes les bouches furent muettes. 



(i) Daos ce temps le proscrit était rejeté, s'il .occji- 
poit des places; oublié, s'il ea méritoit; mais ses jours 
n'étoient pas en danger. 

5. 5 



34 GO VYEftXiUMXNT 

tout^ les plumes çndialnées , tous les esprits 
caloaes ^ tous les cœurs indîifierens ^ si ce n'est 
parmi les hommes qui ne pouvoient se faire en--' 
tetulre, lorsque Icconsul fat ^ par un seul sënatns* 
consulte j et saos le concours authentique de ht 
volonté du peuple français^ investi de toute la 
puissance dictatoriale. Sous cette inviolat>le égide 
vont bientôt sortir du fond de son ame et se 
répandre sur le monde ces passions de guerre 
^t de conquête dont elle est tourmentée y et qui 
s.çf^pnt d autant plus Açrrîbles , qu'elles asrpnt été 
pjtis l|>pg-temp6 contrai uAes. 
a août 18 1 a. j$i l^Q OQUiStilAt à vlc eujt Bté le dernier ierpne de 
r^imbition de Haimfarie , on auroit pu considé- 
rer ^ette dUàraiioa ;d£)s bases constitutionnelles 
comme avantageuse. Dans les cireonstaiKces péril* 
lops^s ail se ifroiiMK)ii placée la république , me- 
n^jcée ou (ooscnjbattup èans îotçrvalle par touie 
TE^URope, il Itti £»lknk un g<Mi(Viernement ferme i 
stoble^ *et pour iilhiif suprême ^ un homme d'4tat 
^jfli fubtwi» graiiâtfapitaine^ et, qm^ jeune e«icoi«^ 
Oppp^ât a^u machiafrélisme ini^étéré des cabinets 
xi»e^ politique frasobe y appuy^ée par la^upétfioritd 
de ses armes. C^étoit bien «en effet la pensée de 
Bonaparte^ niai3 jrréyQ£ablfJ33fJ3X Jiéeaa pauwir 
monarchique héréditaire. Pes-lors il se .crut né- 
cessaire à Tétat :fprgueilleuse et déloyale préteo** 
tion qu'il a inconsidérément ;irûçulée àuneépor 



; j^OJ|«UtÀIRfi. .35 

que de walbcm^ el d^ mines lioiH il éioit la 
seule cauM ; à u»ê éppque où îl nvfok qu'à «t^ 
couvrir <k Tididulgeoie géimiosiie d'une satiod 
qui lui teod^t $iO«f t^ de ^ gloîre pour resler 
toujours afiâooeeii ^es adrersiiés. 

Toutes Je9 biwçbês de rautoarité «desceodoieat 
da leur raugy et ^ coordonooient^'elles-iiiémct 
avec U pittSMPPèdicUtQmle éani elles air<»eitl 
îovesli k fM>lisiil>: «loe 9ei1le.fi/islt9alii9 leitrâMioalu 
Mais, fNiTiade^natkka preipière.et par!lanâUira 
de B€S feoeUeMiU eèatcariaît évidemmeot les 
liou?dlei ftosûtutaoïos ; et^ Êm^lfdtiippôsitioQy il 
poayoti tont-À-coup éclairer lé pra^él^d^ consul^ 
retarder oa tnéme airéièr avec éiccfesisa tdarche 
rapide irers là toute- puissanoe/LeaaliribuiîoQri 
iodépeodaiiteaidii 'tribunal 9 fi0]i:lîti!csjnDéiiiff»y si 
redcMitidile à tonte itHrgueillease sàpreéoaâe ^iJce 
titre qfift néreiUe ,1e souveuir de liant de ciniTnftiafci 
et de si âunenses àéfM^ ^ glaçiit- Bôtiap^rts 
dnc^Era^ ;: :et la'tlissolsitao» >d^ cjelèe aatmité fut 
résolue. ■ -i/:-- -x-s* • '■- 

BonaparU n'étoii pas st étranger à la France'^ 
et n'ignorbit pas à tel point les ^préludes et les 
premieiB événecnens deJ^ révolutioù'^ qullnd 
prévit pas cpicUes pourràienit élne ^ dans certaines 
oirqrastances j irinfluenbô -dut ibi^ jel i'»itoritd 
d'une tribunew où lia; liberté' de' la nation et la 
liinteté ^«skiùr seiaiçot ifitoqaéçb i/àdauna 

5. 



56 GOUVERNElilBîrT • 

<]ui ' se • propdsbit d'êfiâceV da code des nations 
.et des idiomes modernes jusqu'au nom de répu^i- 
biique, de courber la France aous le joug du 
despotisme militaire ^ cette FraMe qu'il avoit il-^ 
lustrée par tant de victoires , tnais qui l'eût été 
ians lui ; un lel hiDfnénmë , dis-je y de voit-il se mettre 
WEix prises avec uii corps délibérant , dont Félo-* 
^ence étoit l'arme ; qui, du baut de sa tribune ^ 
pbuvoît iuvoquer Jes> divinités du Gapitole) et 
montrer : la; nocfae Urpéienne' k l'usurpateur? 
f. N^s vepi*6ns bientôt le tribunat dissous^ et 
un conseil, d'état ^c'est*à'dire le consul, investi 
dé kl propo&il^nj des lois ; nous irerrons ce con^- 
seil obteoif le douUe' déshonneur de- seconder 
hrscibtéiitiions id'un maître, et d'hériter de la 
dépouille diL' Vaincu : nous verrons Bonaparte ^ 
sati^ffnt: d:^avoir sacrifié le tribùnat, opposer la 
HioAéra^ioh :à.8es,>Jpessentimens , la'^olitijq^e aux 
ii)ispiratÎDtis'de'>i^ vengeance r- nous le verrons 
ménager: J'intéf et personnel et l'amonr-propre 
des tribuns , appelant le plus grand nombre à 
d'autres £onctioQ8}^sé contentant de faire un mé- 
moi'able exemple de ceux dont 41 avôit craint les 
himiëres :et(>leKCOuragev.'Quelques-*un6 seront 
maibienuadans tous les 'honneurs ide la disgrâce^ 
parcdqdè leurs^Vands fcalens se feront remarquer 
pkr un vertueux: silence, qnisind les médiocres se 
seront m& à pnbr^ et qbe, pour racheter la faveur^ 



GorrsuLAiRX. 5y. 

pour expier leur fidélité à la patrie ^ ils n auroai. 
pas mêlé leurs accens à des vers sans poésie , à 
des discours sans éloquence , .et leurs nobles 
crayons à des pinceaux adulateurs* 

La constitution de Fan vui. avoit consacré la 
liberté de la presse , absolue , affranchie de toute 
entrave^ ccnnoie loi fondameâtale , comme. ga—. 
rantie nécessaire de la liberté politique et person-** 
nelle. C'étoit encore une barrière que Bouaparte> 
avoit à renverser. Il ne de voit pas moins éprou-*. 
ver le besoin dé circonscrire pour tous les.Fran-i 
cais riadépendance de la pensée y que. pour les. 
législateurs la liberté de la tribune* Aussitôt un 
pi^rti se forme contre la philosophie. Les journaux, 
commencent Fattaque : cent bouches soldées. v.o^ 
missent Finjure et la calomnie contre les philo-, 
sophes passés y présens et à venir ^ décrient le^t 
chef-d'œuvres des premiers^ fermeat.la carHère 
à leurs disciples ; mêlent y hypocrites déboutés ^ 
les intérêts du ciel a Fintérêt des passions humai- 
nes y et rabaissent au-^dessous des temps barbares 
un siècle qui a rendu à la rs^son son empire ., au. 
genre humain sa dignité. Non^ pon^ le dix-hui-. 
tième siècle n'est pas seulement une grande épo- 
que pour un grand peuple , il s élève au milieur 
dés peuples et des âges comme une immense cp-^ 
lonne de lumière y sur laquelle sont écrits tous les . 
triomphes de la vérité sur Fignorance , le fana- 



38 GOU VBRIf KBTEirT 

tisme et les super^itîons ; iôévi'tabie talismair de* 
vant leijoel Tiendront se résoudre et se précipiter 
en limons grossiers tous les systèmes fondes sur 
de mystérieuses 'errècÂrs ^ sur Tintervention de 
puissances fantastiques , et tontes ces théories po- 
Ktîques^ qui abrutissent l'homme sous un double 
serYage, dont l'un lui interdit l'usage de sa ruson , 
Vautre l'usage de sa personne. On pal presseiilir 
dès-lors toutes les: inquiétudes , toutes les précan^. 
itons de la tyrannies Mais on^ s'atteo'doit pea k 
cetie loi régkftnen taire ^ <i^^ % bientàt après , 
t<mrnant en. dérision le droit de penser e( d'é^ 
oriré9iWiposa.âni sàrtfnl , au littérateur, la cbaine 
d'une inquisitio!a»>insidiisuse et fiscale. On tit im. 
mnfistère^ei^toaré d''une légîoii dé censeurs, au*^ 
twisant impression d'un livre ^ TairrétaDt ^ fe 
cKynfisquaDt avant >a pubKcatioa ^ dressant des 
}$rocèsi-Terba€»« comme un im|iîtoyâble daua- 
sier , traitant comme une matchaiBiidise de con-* 
trebaiiidie la plus sacrée des prô^nriétéà,^ et kâ au-» 
leurs comme des noarchands qùin'ôof pas payé 
la patente. Msôs^ ïi'aatic^iofis pas sur ce temps (fe 
notre spoliation politique et de notre honte.. . 

he consulat à vie ai^oît frayé à Bojiapactela. 
rOtite la plus prompte et la pluis sàre pourranriiEer- 
k l'empire. Les autorités publiques la bn abm-- 
geoienl bien au-delà de son attente/ Si leur eon*- 
cdurs empressé ii^eût pâa absisé sa pcéf amption j 



CONSULAIRE. 39 

il aurqît réprimé ce zèle servîle ; il se fui applique 
le^ leçons de rbîstoire. Nul édifice n'est durable^ 
si les ibndemeus n'opi éié long-temps éprouvés* 
Auguste affecta un titre mo^ste pour consolider 
lentement sa toute-pcâssaoce. L^enthousiasdue ^ 
même naiîc»al ^ est 4àa ékm doot un chef hafbild 
doit se défier^ : surtout lorsqu'ùB pari» ^ son* eiH' 
ne mi nalurel^ le p&riage. PbiA toutes choses, au 
dehors et au dedans , flaktotent iran>l»lion de Bo^ 
naparte , plus il devoit redouter rinconslance de 
Topinion et de la fortune , et fonder son dr oi4 sut 
des services plufr réels que ceux qu'il avoit rendua 
comme |[énérd[ de la république. Dans ce genre 
de mérite , de nombreux rivaux pouvoient se pré*^ 
senter et prétendre au prix que tii^i--même assw 
gnoit a la victoire. Le gouvernement eoûsulaire 
lui o0rit toofr les moyens de s'ékvei^ par le génie 
et par les vertus ; et nous devons convenir qu'à 
cet égard U pouvoit éminemment remf>lir le vceii 
de la nation : un régime doux y les arts xle la 
|iaix^ riaViol^iUté de nos limites, uneî adminis- 
tration répai^atric^e ^ tel étoit ce vœu. Conq^i^rir 
et rétablir, Fenipire de Cbarlema^ne ^ c'étoit le 
but 911^ se i^rôposoit Bonaparte; el. cette pensée 
dominante absorbotl toute» ses autres pensées.^ 
ocoupoit seule toutes» ses pasmon»,, el^borooît à 
n'être que le plus grand et le piafs funeste d^$ 
^errier^, celui qui pouvoit ^ 8ap9i|^i^cilique.i^uc)m 



58 GOU VEfRWKWIirT 

tisme et les super^itions^; inévitable talisman de* 
vaot letjoel Tiendront se résoudre et se précipiter 
en limons grossiers tous les systèmes fondés sur 
de mystérieuses • errètfrs y sur Tintervention de 
piiÎBsances faiitasiiqiies , et tontes ces théories po- 
KtîqQes qui durutissent Tbomme sous un double, 
servage^ dont l'un lui' interdit l'usage de sa raâsoti ^ 
I -autre l'usage de sa personne. On pu4 pressenAir 
dès-lors toutes les: inquiétudes , toutes les précâtH^ 
ifoôs de la tyrannie.^ Mais oi^ s'atteo'doit peu à. 
cette loi réglementaire , c[ui > bientôt après, 
t<smrlftant ea. dérision le^droit de penser e( d'é^ 
orire y' imposa Mf sar^nt , au littëriteur, la cbaiiie 
d'une inquisitioâ^^insidiieuse et fiscale. On ^it im 
nmïistèpe^eâtOQré d*'une légîoiidisi^ censeurs^ au«^ 
twisaût Hmprsssion d'un livre y rarréiant ^ le 
donfisquant avant )a pubHcatioa ^ dressant dca 
jlFOcès^véybâc»- comme un impitoyable deua- 
nier y ttaitanfi comme une marchaiiidise de con-> 
trebaâde la plus sacrée des pro^iriétéfc,. et ks àur> 
teurs comme des mwcbands qùin'ôot pas payé 
la patente. Mâ9»ii.^aoticipo«s pas sur ce temps (fe 
notre spoliation politique et de ncHre bonté» 

Iiie consulat à vie^ a voit frayé à Bonaparte k. 
rOui^e la plus prompte et la plus sàre pourrarriTer- 
à Fempire. Les autorités publiques la b» abré^ 
geoient bien au-delà de son attente. Si leur eon«* 
cours empressé tt'ei!^ pas^ abttsé sai préf ompdoa i 



CONSULAIRE. Sg 

il aurQÎt réprimé ce zèle servile ; il se fût applique 
le^ leçons de Tbistoire. Nul édifice n'est durable^ 
si les foodemeus n'ont été tong-teinps éprouvés» 
Auguste affecta un titre nio(}este pour consolider 
lentement sa toute-pussaoce. Leûthousiasme^ 
même national 5 est -un élan dool un chef harbîle 
doit se défier^ surtout lorsqu' ta parti ^ so» ei^ 
nemi nalurel, le partage. Ptu» toutes choses, au 
dehors et au dedans y flattoîent fambtlion de Bo- 
naparte , {dus il devoit redouter rinconslance de 
Vopinion et de la fortune , et fonder son droii sut 
des services plus réels que ceux qu'il avoit rendua 
comme général de la république. Dans ce genre 
de mérite ^ de nombreux rivaux pou voient se pré* 
senter et prétendre au prix que tii^même assi-* 
gnoit à la victoire. Le gouvernement consulaire 
lui offrit toufr les moyens de s'éfevei^ par le génie 
et par les vertus ; et nous devons convenir qu'à 
cet égard il poiivoit éminemment remplir le voeti 
de la nation : un régime doux, les art$\de la 
paix, l'iaviolabililé de nos limites, unel admmis- 
tratiou réparatrice ^ tel éloU ce voeu. Conqeérir 
et rétablir, Tenipire de Cbarleilsagne ^ c'étoit le 
but que se prdposoit Bonapfirrte ; et cette pensée 
domioantie absqrboit toute» ses autres pensées^ 
occupoit seule tout^ ses passions ^ et^ borooit à 
n'être que le plus grand et le plUs fun^tste d^s 
guerriers 9 celui qui pouvoit^ sap|i)^MIique.aittOim 



58 GOU VBRîf KWIITT 

tisme et les super^itions^; xoévitabie talisman de* 
vaot letjoel Tiendront se résoudre et se précipiter: 
en limons grossiers tous les systèmes fondés sur 
de mystérieuses >errèiÂrs y sur Tintervention de 
piissances faiitasiîqiies , et tovtesces théories po- 
KtfqfQes- ^ui durutissent Tbomme sous un double 
servage^ dont l'un lui interdit l'usage de sa raâsoti ^ 
I -autre l'u^ge de sa personne. On put presseàlir 
dès-lors toutes les^ inquiétudes , toutes les précÎKH-». 
irons de la tyrannie.^ Mais oi^ s'atteo'doik pea k. 
cette loi réglementaire , c[ui > Jbieolèt après , 
l(0ttrlftant ea. dérision le droit de pensée e( d'é^ 
orireVimposa Mf sàT»nt, au littérateur, lacbaine 
d'une inquisitiottânsidîisu^e et fiscale. Oh^itua 
nmïiàtèr^ei^teFQré d'aune légîoii dé censeurs^ au«^ 
twisant 1 4mpre8sion d'un livre ^ rajrrélant ^ le 
confisquant avant )a pubKcatioa ; dressant dca 
]$F<>cès^v^bacit 'comme un impitoyable deiia-* 
nier y ttaitant comme une naarchasudise de con-> 
trebai^ la plus sacrée des prô^urvétéfc^ et ksâur» 
teurs comme des noOTcliands qùin'ôof pas pa^é' 
la patente. Mâs» n^'aoticipons pas sur ce temps àe^ 
notre spoliation politique et de ncHre bonte^i. . 

he consulat à vie avbît frayé à Bonaparte kt 
rOùte la plus prompte etla plus sàre pourrarriTcr* 
à l'empire. Les autorités pudiques la b» abré^ 
geoient bien au-delà de son attente. Si Ibur eon«* 
cciurs empressé tt'ei!^ pas^ abttsé sai peéf ampdoa i 



CONSULAIRE. Sg 

il auroit réprimé ce zèle servile ; il se fût appliqué 
le^ leçons de Tbistoire. Nul édifice n'est durable^ 
si les foodemeus n'ont été tcHig-teinps éprouvés» 
Auguste affecta un titre mo^ste pour consolider 
lentement sa toute-pussaoce. L^eûthousiasme^ 
même national 5 est -un élan dool un chef harbîle 
doit se défier, surtout lors<}ii' ta parti ^ so» ei^ 
nemi naturel, le partage. Vtu» toutes cboses, au 
dehors et au dedans y flattoient fambtlion de Bo- 
naparte , {dus il devoil redouter rinconslance de 
Vopinion et de la fortune , et fonder son droii sut 
des services plus réels que ceux qu'il avoit rendua 
comme général de la république. Dans ce genre 
de mérite f de aombreux rivaux pou voient se pré* 
senter et {^ré^^dre au prix que h^mème assi-* 
gnoit à la victoire. Le gouvernement consulaire 
lui offrit toufr les moyens de s'éfevei^ par le génie 
et par les vertus *, et nous devons convenir qu'à 
cet égard il pouvoit éminemment remf>lir le voeti 
de la nation : un régime doux y les arts Ae la 
paix^ l'iaViolabiUlé de nos Umilies, undadmhiis- 
tralioh réparatrice ^ tel étoit ce vœu. Conquérir 
et rétabUr, Tenipire de Cbarlemagne , c'étoit )e 
but que se prdposoit Bonapotrte ; et. cette pensée 
domioanèe absqrboit toute» ses autres pensées.^ 
occupmt seule tout^ ses passions^ et^ borooit à 
n'être que le plus grand et le plus funeste d^s 
guerriers 9 celui qui pouvoit ^ sap|i)pi?ciiqueaiuoua 



4o COUVBAWEMENT « 

effort^ se placer parmi les grands hommes de 
tous les temps ^ et , comme consul de la repu-- 
blique^ se faire distinguer parmi les chefs des 
plus grands empires. 

Si y après l'épreuve de la constitution républi- 
caine^ les Français^ ramenés au gouvernement 
monarchique par leurs opinions y leurs habitudes , 
les convenances qui résultent de la population , 
de la richesse , des mœurs y des cultes y et par 
d'autres considérations diverses, a voient déclaré 
la première magistrature héréditaire y et de leurs 
mains relevé le trône y quel homme s'y seroit 
assis , au^ acclamations d'un peuple heureux et 
libre, si ce n'est le magistrat qui auroit pacifié 
l'Europe ^ fondé la considération de la France sur 
sa modération autant que sur la force de ses 
armées ; <]tii , dans l'intérieur, auroit renoué 
tous les liens de la grande famille , et rallumé 
dans tous les cœurs le pur et sincère amour de la 
patrie? 

Il est donc vrai que les hommes et la fortune 
isembloient également favoriser l'ambition de Bo^ 
naparte. Un certain concours d'événemens , qu'on 
nomme bonheur^ fatalité , faisoit imaginer au 
Vulgaire, à Bonaparte lui-même, qu'une sorte 
de prédestination étoil attachée à sa persontie. 
Cependant y il rie se croyoit pas si invulnérable 
sous cettQ égL^i'i qu'il ne secondât pas le destia 



COIf SVLAIRE. 4< 

on la fortune par ses propres desseins y et qu'il 
ne s'occupât pas sans cesse de soumettre Tavenir 
à ses profondes combinaisons. Renfermé dans le 
cercle étroit de dix années^ le consul^ pour le 
franchir y avoit modéré y enchaîné sa passion des 
conquêtes; et ce court intervalle lui avoit suffi 
pour obtenir^ sur Fopinion publique et sur les 
grands corps de l'état y l'ascendant et la confiance 
dont il a tant et sitôt abusé. Il séduisoit pour cor- 
rompre ; il nous flattoit par l'espérance > afin de 
nous asservir. U modifioit la nation pour les com- 
bats^ et seulement pour les combats; et^ fermant 
toute autre voie à son activité y il détruisoit notre 
belle harmonie sociale et ce caractère noble-* 
ment prononcé qui distingue les peuples libres; 
enfin il enchainoit son impatiente ardeur pour la 
guerre y afin de la satisfaire plus tard avec plus 
de constance et d'éclat y bien certain que la jeu- 
nesse française sera successivement dévouée au 
« 

dieu des batailles par des sénatus- consultes^ 
que l'on sait d'avance être l'expression de sa 
volonté. 

Quel intéressant tableau nous offrît y 'à cette 
même époque y la politique du consul ! Et pour- 
quoi y au lieu d'être inspirée par la vertu, accor- 
dée à la justice, conseillée par les convenances, 
n étoit-elle que le prélude imposteur d'un système 
d'ambition , fondé sur les bases de la corruption , 



2 60UTSRN&MBNT 

de la dissimulation et de rimposiure (i)? Maître 
de lui-tmême , et faisant à propos le sacrifice de 
ses ressentimens y Bonaparte rappela les Français 
émigrés ^ éteignit dans la Vendée les torches de 
aTril i8o?; I3 guerre civile , lorsqu'encore Tborrible détonai-* 
tion de la machine infernale retentissoiu il soa 
oreille. En stipulant les conditions de leur retour 
au sein de lâ patrie^ il&lgénérèui , a leuv égards 
autant que le pétHmettéit là justice; leur ménd^ 
géant la faculté de i*ecouvrer de qui restoit in- 
vendu de leur patrimoine, et garantissant saut: 
acquéreurs des domaines natiotlanx, qa'alarmoit 
toute mesure rétroactive y k soEdité de letirs' 



(1) Sous le gouvernement duconûté âe salut pubKc^ 
le représentant du peuple Aobri fit destikier de ses fonc- 
tions le général. jde Brigade Bonaparte ^ comme anar- 
chiste. Sous le directoire ;, il se prononça avec éclat contre 
la conspiration de Cllchy , plus fkctfeui que la tactîcni 
qu'il meaaçoil dd sonr anriiiée. A one épot^uè ^o^iétxettte , 
grand' capitaine et &ux républicain , il employa- san n^ 
fluence militaire à renverser, de fond en comble , les ré-^ 
publiques qui avoient illustré, qui honoroient encore 
l'Italie. En bnimaire acv ix , il affubla la république fran- 
çaise de tous les titres, de toutes les dénominations con- 
sacrées par les ïlômains par sit Siècles' àe grandeur et d^e 
gloire j et l<mt cela pour cotrtrir et sàr^tnent afteîndré^ 
son but, pour nousifeir» passer sidus le )dUg dU despoli^âiè^ 
militaire. 



CONSULAIRE. 4^ 

transacliotis av^c: le gouverdement y et rkwom- 
mutable propriété des biens ^'ils avoîeai arc(|uis 
SOdS la g^aoUe nationale* 

Cettç pai&devoit âiFoir locis les effels d'uu. pacte 
de (aixûUe. Cepeddaat ^ en éloignant lé^ torches 
du fanatisiae (et quelle» soat hs guerres parri-- 
cides dodt kb religion n'a pa» été daos notre 
Europe la çaose ou le préieHte ! ) ^ elle d'éleigoit 
pas les fermens des discordes civiles. Us se ren- 
fermèrent ^ans les cœurs; et dans ces cœurs, les 
ups ulcérés par le mallieur, les autres agités par 
la crainte^ se.reoflbrmèrent aussi les préjugés qui 
avoient âi$cilé l'émigration et les haines^ qui 
divisèrent de* ncraveati les citoyens et les familles/ 
La poKtique el la religion s'étoient embrassées; 
mais de grands scâûdalels avôient scellé cette ré- 
conciliation. Si la piété des fidèles ne paroissoit 
pas s'en être o&nsée^ la sévère raison des philo- 
sophes les aroit hautement signalés. La philo- 
sof^hie a pliais d'affinité <|ù'obj ne pense avec l'épîs- 
copat y ministvte de morale el de bienfaisaiice. 
La chadre de fttne et celFe de Fartitré fttrenf sœurs 
âurx prerhierS âgés du christrànisriie. L'épiscopaf ^ 
conféré comtne une condition du traité d'amnistie 

■ 

àuahonuoe qui avoit souillé du sang des hommes 
les signes et les mystères de lar religion , auroit 
àltkré siur le consul tous lesanoiâltlièmes dus à l'im«* 
piété y si sa condescendance n'a voit pas été sanc-* 



44 eOUTER^KMENT 

tionnée par Tinfaillible autorité du saint-siège j 
qui s'empressa ^ selon son antique usage y '- d'ap- 
prouver une transaction qui consaçroit 300 
triomphe dans une cause dé}à perdue (i). 

La politique de la cour de Rome ne subit pasr 
ces humaines variations que la politique ordinaire 
des cours profanes éprouve, selon que les événe- 
mens et le caractère des princes les élèvent ou les 



«u 



(1) Le curé Bernier, agent diplomatique du consul; ce 
même Bernîer, évéque de la façon de Bonaparte , n'est- 
ce pas dans l'un l'exemple de la plittt impudente , dans 
l'autre de la plus scandaleuse ^moralité ? Le premier 
}ouoit la religion; le second s'en servoit comme d'un res-> 
sort nécessaire k sa politique. Bonaparte n'igporoit pas 
que Bernier étoit devenu , par ses barbares exécutions , 
par ses mœurs plus que licencieuses, un objet de mépris 
et d'horreur. Les chefs, de l'armée royale réprouvoient 
ses fureurs y et condamnaient la publicité de ses vices. 
C'est par spéculation qu'ils'étoit constitué l'apôtre de la 
croisade vendéenne. Il satisfaisoit à la fois la soif de l'or^ 
•du sang, et son insatiable luxure. Dans un mémoire 
adressé à Louis x viii , Trottonier, major-général de l'ar- 
mée de Stoflet^ peint Bernier comme un intrigant qui 
déshonore la cause du roi. Il termine son portrait par ces 
mots : «Ce prêtre, qui, du sein des voluptés, conseille' 
«< au général de se battre»* : et le chef de l'église scelle 
de son approbation le traité qui fait , du plus saint 
ministère, le prix de l'hypocrisie et du crime. O temps î 
ô mœurs ! 



co]sritrtAiRE« 45 

abaissent. Habiles y méchaos ou imbecilles y les 
pontifes passent comme des ombres : la doctrine 
reste et ne varie pas ; elle est assise sur là pierre ^ 
tromme i^£glise elle--méme ; les vérités révélées 
et dogmatiques ne sont pafs. plus sacrées. Il n'y a 
de versatile que sa morale : Ton formeroit une 
longue et plaisante histoire des compositions 
qu'elle a consenties sur cette matière. «Deman- 
dez y et !vous ^tiendrez » y dit l'Evangile. Ce 
précepte^ si paternel^ si consolateur, queçigni* 
fie-t-il au-delà dès monts? e< Adorez-iïidi jp et je 
vous donnerai les royaumes de la terre. » 

Tandis que Bonaparte se flattoit d'avoir rattaché 
les départemens de FOuest à la république , il 
sondoit avec une attentive sollicitude les plaies 
que dans<l'atttres départertiens la révolution avoit 
faites k l'industrie manufacturière et rurale , au 
commerce y à la fabrication de nos prodùt:tions 
nationales. La ville de Lyon, dont il connut mieux 
les pertes, dont il sentit la nécessité de conserver 
ia supériorité industrielle, reçut du consul, à 
plusieurs reprises, des secours et des encourage- 
mens qui ramenèrent l'activité dans ses ateliers , 
dans son commerce eiftérieur et intérieur, le cré- 
dit et la confiance. Il consola cette industrieuse 
cité par sa présence; il répara ses maux par des 
bienfaits : interrogeant les chefs, s'informant des 
anciennes et des nouvelles relations de Lyon avec 



46 COUYVaNBlIE«T 

les proTJAces tribatalres de 863 ateliers , ces pro-« 
viaces oà des feouoes el des eoEans reproduisent 
chaque «npée les fusilles de Iw^ecl^ qui fiki 
pour r^ooiQ^e le glohe êoye^^oh û s'fst ^me* 
veli* Une chose tiien remarqpaU^ ^ c^est qu'il 
n est pas de savaut ni d'^fU^te qu^ les qp?sl#ons 
de Bonaparte i^'aienl ^onoé ; €ar» par saneisoJiàrc 
d'interroger, il lew «ç9il4oit tpM|api:s ^y4«ir ce 
qu'il youloit apprendre, hft ^|if«|w ^t lapre^lilec^ 
lion qu'il accord» coosl^i^misi^t à 1 uiduçtrie lyoi^ 
naise , m^ porteroJMSipLt à penser qu ^^ se lioîem 
dans sou ^rit à s? col^îs^q 4'l^gy pte , 8#npa 
par des csgrets ^ du mow par la {^Qt^vicïiQ^ bien 
acquif^df »M pnopr^xicfa<pssf^- Qyà^ il dqjt isa? 
COi9UoUr^ qii'jj ptaU pL^s (9fi^ et p)u$ Mtjllis de £st 
owdor les arU dws notr^i^ 7y r i^çn^^frue , qqe 4* 
fj^r^ rey^re Tanicjeiuiie fur M«ie if^r^ qu^ej^ çiyîlir 
satiou a désertée ^ que U ba«:barie e( le i^Q^itismf 
Ta^9kfmé\m 90t «ovahk a iaoïais. 



COKSULAiaC* 47 



\ 



■ !■' 

»• ■ 



, CHAPITRE IV. 

. _. » . ■ , . . . . , 

Son adn^ni^fratiçm ppfér^r^* ïmtruction 

publique. Fourcrqy. Codes çiy il et crimineL 
PJlOjgrès d^^ Vad^iyati^n ^t de la JUutârie. 

a • • - • 

*• • t . I • . 

• ".^ _,»■' » ^* ««o • . • - 

A.BAÊT4>2r8 «oeope bw i)(giH^ds siir ces prelnkrs 
4ei3ips4ii:l.{[Oin'èrD0raeBlieH)Mtila(r«. U6'€a6oat 
]Aj^6uei B^ .' justifient • les J «gérances qoe nous 
avions cooaàm ; ils aCIesteii^^ye ^e pe«it raêcord 
des lois «t du génie; ^(Mmbied la liberté inspire 
de coefianoe à l'iodostiie^ au «talent; eombiea 
elle ajoute de fonce et de ressort aux inoyen^ 
dont 1 administration dispose pour les (éco^er, 
et les âppttquer à là pvospériité générale. Le con- 
sul , iprésent partout^ dirigb saus effort toules les 
branches de cette vaste administratioti; Aucun 
o^elid'îttlécM public n'est 4Miblié^ et lé plus grand 
d^taine iseisible appelé à néparer les isfKUix de la 
gueisne^ à fatre trlomplier les arts de'lapaÎT^^ 
Ëfli-rioe un fieptimeni pur et libéral qui preserit à 
fiiOfiaparte d'associer^ pour la même récompense 
€t pipar les mêmes honneisirs, les services ci^41s et 
«oiliisires , les vertus du magistrat et le détpue- 
mentira jfiDl(lat 2 Que de pliilosopbie et <de yérité 



xSoo. 



48 GOUVKRNEMEirT 

dans celte pensée I Nous la considërons comme 
l'hommage d'un grand homme à un grand siècle ^ 
comme le prélude d'Un ordre nouveau y et notre 
premier pas dans un siècle plus grand encore. Ici 
le grande c'est le beau; et le beau ^ ce qui est uni-* 
versellement utiles ^-^^ 

Quels biens ne nôtls fut-il pas permis d'espé- 
rer pour la France et pour tous lés peuplés^ quand 
nous vîmes les mains de la victoire ouvrir à lemu- 
latipp des talent: ^t dii. géaîe; la carrière de rhoQ«- 
neur^ dont )e lemie A xarement atteint est rim-i- 
mortalité ! Dûmes*-i|Oua.croité îque Bonaparteà^^ 
piroijtSQcrètementyet pour lui séiilyàla toute-piiis^ 
saûcc^ ^^lor$qa'il (entroiten partage de l'admiratioa 
etdeja recpnnoissance publiques: avec les «héros 
qui .avaient partagé ses travaux et ses dangers? 
lorsque y dans des écolei dé; travail et de mœuwj 
il reQu^illdit les énfans des braves quji avoient 
péri au champ de la gloire ? Pieuse et patriotique 
^dopUon y honneur des républiques y comme les 
immenses hôpitaux sotft lé luxe des monarchies. 
Lorsque, par l'institution de la légion d'honneur, 
il confond tout ce qui est utile avec tout ce qui 
est grand , et semble poursuivre ce qui reste dans 
la masse des opinions, de préjugés, de vanités 
puériles et d'orgueil barbare , devions-nous pen- 
ser que bientôt reflueroient sur nous des distinc- 
tiorîs humiliantes et semi-féodales, et qu'avec 



CONSULAIRE. 49 

toutes nos prospérités et nos espérances , dispa- 
roitroient en un jour Fhonneur français^ la liberté^ 
la république? 

Tout ce qui manquoit à la France naît sous la 
main libérale du consul. Les biens qu'elle pos- 
sède s'étendent et se perfectionnent; de nom- 
breux canaux sont ouverts au commerce inté- 
rieur^ à la circulation des produits de l'agricul- 
ture et de l'industrie f et la jalouse Angleterre 
cherche dans son arsenal politique par quelles 
secrètes manœuvres elle traversera cette nou- 
velle rivalité. Les plus grands travaux sont à 
peine conçus, qu'ils s'exécutent , comme si cha- 
cun d'eux étoit le seul qui occupât la pensée du 
gouvernement. Le consul est présent partout , 
lorsque partout on le croit à de grandes dis- 
tances. Nos phis savans ingénieurs ambitionnent 
également sa critique et ses éloges ; ils l'enten- 
dent, et leurs ouvrages atteignent au plus haut 
degré de perfection. Il commande aux mers «t 
aux fleuves , et la nature cesse d'opposer à ses 
desseins des obstacles jusqu'alors invincibles. Les 
montagnes s'abaissent, des routes sûres et ma- 
gnifiques traversent le Mont-Blanc , le Simplon, 
où^ de loin en loin , s'offrent aux voyageurs des 
hôtelleries et de pieux hospices. Les eaux de 
rOcéan, tributaires de nos arts, se détachent en 
ruisseaux, en rivières, se préci|j||tent dans les 
3. 4 



5o t;OtJ VERICEMENT 

f^aoaux que nos mains leur ont creusés ^ arrosent 
les terres y facilitent les échanges , apportent T»» 
bondance aux riches consommateurs de la capi*- 
tale; et là, renfermées dans dévastes réservoirs , 
^es se divisent pour jaillir du sein des fontaines , 
servir à nos besoins y entretenir la propreté des 
rues et la salubrité de l'air. 

L'art manufacturier vivifie le commerce ; ce- 
lui-ci agit sur l'agriculture > qui, à son tonr^re* 
fine sur tous les travaux de l'homme^ sur tous 
les genres d'industrie. L'art nourricier^ l'art qoi 
multiplie^ au gré de celui qui l'exerce avec intdi* 
ligence , les bienfaits de la nature y eat élevé aa 
rang des scietices les plus dignes de fixer ratteo*^ 
tion d'un gouvernement éclairé ; l'agricnllare eut 
ses institutions ; elle fut l'objet d'un miniatcar^ ) 
et df^s théories y fondées sur l'expérience y méd^» 
tées par de vrais savans^ remplacent ces sys- 
tèmes , prétendus économiques y qui payoient en 
Taines espérances des essais ruineux et des tra- 
vaux que le sol désavoue. Nous jouirions maÛH 
tenant du résultat des encouragemens ^e reçu- 
rent alors y. soit à Paris y soit dans les départemena, 
les hommes qui consaçroient leurs veilles et leur 
fortune à la recherche des méthodes les plus sin>* 
pies et les plus sûres ^ si le consulat n'eut pas ecH 
gendre l'empire y si le despotisme ne se fût pas 
tout -à - coup, assis sur un trône construit atvec 



CONSUIiAIRi;. 5l 

les débris dé la république ; si deux campagnes 
d'une guerre , dont nous cherchons les causes y 
accablés de ses efiets ^ n'eussent pas tout dévoré , 
jusqu'à nos dernières espérances. Qui^ nos ins- 
titutions libérales 9 nos lois y nos mœurs y nos en^ 
fans y tout a péri ; tout languit encore''^ et solli- 
cite une nouvelle culture* Les arts des cités et 
l'art des canapagnes réclament également les soins 
protecteurs d'une administration paternelle. 

L'i^strnelion pg|blique avmt subi toutes les 
phases de la révolution y tant6t négligée y tantôt 
combattue y long-temps livrée à des mains ioha^ 
biles* L'ceuvre de rassemblée coosUtuante avoit 
totalement disparu y et Ton n'osoit pas revendis 
quer ce grand et utile bienfait. Elle sort enfin de 
cet état d'existence incertaine ^ et «e relève avec 
éclat sous les auspices de Bonaparte y qui parois- 
soit encore alors rassembler et concentrer dans 
un seul foyer toutes les vérités, toutes les ln«- 
imères épérses du dix - huitième siècle ; et ce 
foyer^ c'éloât la république. U s'est rarement 
ynompé lorsqu'il a cherché l'esprit y le savoir, le 
vrai mérite : il n'a plus connu les hommes lors-* 
qu'il n'a eu a choisir qu'entre les esclaves dévoués 
à ses passions et à ses caprices. La haine a pu 
feindre le dévouement. Lorsqu^il a cru compter 
les complices de son despotisme y il n'a dénom- 
lire que des ennemis qui l'attendoient au temps 

4. 



52 GOUVERNEMENT 

des revers y qui conspiroient avec la fortune y ou 
plutôt avec son orgueil et sa*présomption. 

Le consul confia la direction de Tinstructioa 
publique à un homme en qui se trou voient émi- 
nemment réunis tout ce que la science donne à 
Fespnt d€r|>rofondeur, d'étendue et de rectitude; 
tout ce que Féloquence et la saine littérature 
ajoutent à ces qualités , d'éclat et d'autorité per-^ 
suasive; enfin cette libéralité de raison et de prin- 
cipes qui conviennent à Thooime d'état, au ma- 
gistrat vertueux auquel la patrie commet ses plus 
chères sollicitudes ; car la puissance des lois réside 
essentiellement dans l'autorité des mœurs ; et les 
mœurs, chez les grands peuples dont la civilisa- 
tion est très-avancée , empruntent leur ascendant 
de l'accord des facultés de l'esprit et des senti- 
mens du cœur. Les passions y sont contenues 
par la conviction de l'intérêt^ et par la conscience 
des devoirs. 

Fourcroy sembloit formé tout exprès pour cet 
important ministère. Il n'éloit pas seulement au 
niveau denatre siècle , il devançoit celui qui suc- 
cède. Il purgeoit les méthodes consacrées à l'en- 
seignement des préjugés qui, dès son premier 
développement, impriment à l'esprit d'ineffaça- 
bles erreurs , et de ces routines invétérées qui re- 
tardent ses progrès , et souvent étouffent le talent 
et le génie au moment de prendre leur essor. Il 



CONStf LAIRK^. 55 

• ■ 

péDSoit que rinstruction publique dans les étals 
libres, réfléchissant de plus en plus la constitu-^ 
lion , à chaque degré de Tenseigrieriient , devoit 
former le citoyen avant Tbomme de lettres , et 
des hommes d état plutôt que des savans. C'est 
pourquoi il la coufioit, avec pne prédilection 
marquée y à des maîtres éprouvés, à des citoyens 
fidèles, étrangers à tout esprit de corporation, 
à toute doctrine désavouée par les lois. Quelle 
garantie en effet n'exigent pas Télat et les fa- 
milles des maîtres qui les représentent , et dont 
les paroles arrivent à l'esprit et dans les cœurs de 
la confiante jeunesse, revêtues de l'autorité pa- 
ternelle et de l'autorité de la loi? Quel est le plus 
solide appui de la liberté politique et civile? C'est 
l'éducation uniforme et nationale dans les états 
où les mœurs et la législation protègent les lu- 
mières. De toutes les influences, elle est la plus 
générale et la plus puissante, car elle se saisit de 
l'homme dès son enfance , et ne s'en sépare que 
pour le remettre aux mains de la patrie , capable 
de la servir et de se dévouer pour elle. 

C'est pourquoi Bonaparte , se repentant d'avoir 
modelé la, république d'après le type idéal et phi- 
losophique d'un gouvernement plus parfait que 
les républiques et les monarchies jusques alors 
connues, s'empressa. d'altérer successivement les 
.différentes parties de ce beau système,, et d^en 



54 GOUVERIfEMElfT 

affoiblîr le lien. Il parlok de la république nais--^ 
santé 9 comme César avoit parlé de Rome acca<» 
blée du poids de sa grandeur; et les hommes qa*il 
avoit corrompus , et ceux qui le corrompoîenî 
lui-même 5 répétoient à son oreille , ouverte à 
toutes les séductions, que la liberté étoit un troj^ 
lourd fardeau pour un peuple léger et frivole ; 
que les Français aspiroieot à se remettre sous le 
joug y pourvu qu'il fut ombragé des lauriers de 
la victoire (i). J^ 



(i) Donnez au peuple le plus lëger et le plus frivole 
des institutions grayes ^ une coostitutron libérale , et 
bientôt il aura des mœurs sévères , un caractère natîo-^ 
mal. Plusieurs écrivains , particulièrement celui qvà s'est 
récemment distingué par le talent de justifier dans un 
temps des systèmes et des opmiens qu'il a combattus 
dans un autre , ont savamment démontré les vices de 
la constitution de l'an tiii. Ce n'est pas dans la cons- 
titution même qu'il faut chercher les caisses de la marche 
rétrograde de la liberté , et de la marche progressive de 
ta magistrature consulaire; mais dans l'ame de Bona» 
parte , mais dans^ la dépravation de qudiques hommes 
admi3 dans sa plus intime confiance. 

Sans doute les rédacteurs de la constitution de Taa 
Tinn'avoientpaSy.àdesseiny entravé l'exercice de Tau- 
torité législative , et préparé cet état de nullité qui la 
devoit placer sous la pesante main d'un chef d'armée^. 
L'esprit public , que n'agitoient plus des factions con« 
traires; U volonté fortement prononcée par la nation 



eoNSULirRK. 55» 

Cesl surtout par les faveurs et la protectioa 
qu'ils accordent aux écoles et aux maitres, ou 
par la gène et les ^obstacles qu'ils opposent aux 
progrès de l'easeignement , à la propagation des. 
vëriiés Qtiies ^ que les chefs des gouverneoiens 
manifestent des vues droites et libérales ^ ou qu'ils 
rëvèlelit y malgré le voilé dont ils se couvrent ^ 
leurs projets ambitieux , leur dessein d'enlever à 
l'opinion publique le fiambeau qui la dirige ^ aux 
lois elles-ménaes l'appui de cette autorité morale, 
de cette raison universelle qui résulte de la libre 
eirculation des lumières. Qui pût se méprendre 



^t-^tmi^ 



de se reposer enin, libre et pacifiée ^^aous l'empire des. 
lois , auroient suppléé à tout ce que (a constitution ren«- 
fermoit de défectueux , si lés premiers magistrats , si 
quelques délégués du peuple, si le consul, n'eussent 
pas formé comme un fôjer de secrètes et perpétuelles 
conspirations contre la liberté publique y et, dans le cas 
de résistance , contre la liberté individuelle. Toute cons-» 
litntion est bonne , tandis, que le prince est populaire , 
et le gottv^memeiit libéral; mais quelle garantie olfre 
aux peuples la constitution la plus parfaite , si le mi-^ 
aistère et le prince trament leur oppression et leur ser* 
vitude? Que vouloit le consul? Une nation de soldats.^ 
Pourquoi ces soldats? Four comprimer tout sentiment 
de liberté^ pour fonder^ sur les ruines de nos premières 
et de ses propres constitutions , l'absolu , refifrcné des- 
potisme des gardes prétoriennes. Une nation parfaite- 
lasent libre seroit celle qui j^o^rroitse passer d'armée^^ 



56 CbuVERNETWENT 

sur les secrètes intentions de Bonaparte^ s^il le 
compara a lui-même aux premiers et aux der- 
niers jours de sa magistrature consulaire? 
Code civil de- Ce même esprit d'envahissement des pouvoirs 
janvier 1804. ^^ ^^^^ remarquer dans la rédaction des codes 
civil et criminel. Bonaparte en avoit en quelque 
sorte dicté les principales dispositions y celles où 
s'enveloppoient les élémens d'un ordre nouveau , 
et qui nous y préparoient. Tenant pour accompli 
le plan de conquêtes qu'il avoit résolues , il ré- 
gloit arbitrairement la jurisprudence des nations^ 
ainsi que Justinien, qui compiloit à Rome des 
lois pour l'empire du monde y avec cette diffé- 
reince que Tempereur romain efiaçoit des démar- 
cations humiliantes pour des peuples ancienne- 
ment conquis, et que Napoléon humiiioit d'avance 
ceux dont il avoit fait ou projetoit la conquête. 
Justinien traitoit en Romains des barbares; et 
.Bonaparte se promettoit de réduire des nations 
indépendantes et généreuses à la condition de 
prolétaires ou d'affranchis. L^ premier interro- 
geoit les mœurs, les coutumes, la diversité du 
caractère et du climat ; concilioit avec l'autorité 
suprême les intérêts de chaque peuple , ses pré- 
jugés, ses superstitions. Le second confondoit 
toutes ces diverses considérations sous le joug 
uniforme du despotisme militaire. 

Bonaparte pouvoit déjà marcher au pouvoir 



CONSULAIRE. . 5f 

avec moins de dissimulation et de contrainte. La 
loi s'inclinoit devant lui y et le législateur tom- 
boit à ses pieds ; les premiers corps de Tëtat riva- 
lisoient de prévenances; ils lui montroient le 
trône 9. et le soUicitoit dé s'y asiseoir ; ils lui pro-> 
mettoienl des armées et des conquêtes, c'est-à- 
dire ^ une nation de soldats et des nations rava- 
gées et soumises. Aussi peut-on dire que le consul 
fut moins. entraîné par sa passion, qu'il ne céda 
à rimportunité , lorsqu'il posa la couronne de 
Gharlemagne sur sa tête. Nous le verrons bientôt 
imposer comme un joug aux nations du nord et 
du midi de l'Europe, le code Napolégn (i), le 



(i) Un homme qui, après avoir long-temps bonoré, 
par ses talens, son savoir et son caractère , le barreau 
.de Paris ; s'être fait distinguer par ses utiles travaux 
dans la première assemblée nationale^ avoir encouru 
dans la session conventionnelle la haine et presque \^ 
réprobation àes factions et des tyrans ) avoir rempli , 
sinon avec éclat, du moins avec dignité, le ministère de 
négociateur de la paix au congrès de Kastadt^ avoir 
illustré la présidence de la première des cours souve- 
raines; qui, après avoir, dans le conseil d'état , préparé, 
commenté, recueilli et modifié, selon le temps, les con- 
venances et nos institutions politiques , nos lois an- 
ciennes et modernes , notre jurisprudence civile et cri<« 
zmnelle, a. attaché le souvenir de son nom et de se% 
services aux codes qui régissent le peuple français) ua 



58 COUVE RU K^BTEinr 

système douanier de la France , les droits reuafs^ 
et la conscription militaire > cortège odieux d'une^ 
domination abhorrée. Ce recueil de nos lois, ces. 
réglemens , dernier terme de la tyrannie fiscale y 
ce recrutement en masse de toute la jeunesse de 
Fempire» conve]poient donc dans sa pensée à 
tous les états y quels que fussent le gouvernement 
et le régime. Il avoii donc prémédité dé régner 
en despote sur l'Europe savante ^ sur cette noble 
portion de l'iiumanîté que la nature a plus spé- 
cialement favorisée y sur cette famiHe de peuples 
qui y tous y en perfectionnant leur intelligence y 
rendeqt un égal hommage à Fintelligence divine y 



^ 



tel homme a marqué sa place dans les annales de la 
France» Si j'ose ^ à son égard , devancer le jugement de- 
là postérité f c^est avec la conviction de n'être pas désa* 
voué par elle. Treilhard^ sa vie, ses travaux, appar<- 
tiennent à lliistoipé de sa patrie : llioBnettr à*y figurer^ 
sans autre titre <pie son nom, ne lui sera pas'^contesté. 

Je l'aï vu dans sa vie privée , cet austère Treilhard j 
je r«i vu premier magistrat de la république : là, boil 
époux 9 père tendre, ami sincère; ici, accessible à tout 
homme de bien , inabordable aux bommes trop habiles 
aux femmes trop célèbres. 

Si jamais les auteurs et les motifs du décret qui frappa* 
de nullité l'élection de ce magistrat à la dignité direct 
toriale , sont connus , on satira quel imperceptible lao^ 
bile a pu opére|:< la longue série de nos malheitf s et àùr. 
«os révolutions. 



COlCSULAlREà 5g 

^et qui s'avancent à la plus libérale civilisation 
avec un admirable accord de principes , comme 
si la guerre , en même temps qu'elle dévore les 
armées , respectoit les Inmières de tant de na- 
tions et l'antique lien de l'association européenne. 

Dans rintérieur de la république , la séduction i^^^- 
et Tadmiraiion sont à leur comble. La nation 
résignée s'abandonne au mouvement qu'ont im- 
primé à l'opipion publique les premiers corps 
de rétat^les journaux, l'autorité littéraire des 
académies. Elle vote par acclamation le consulat 
à vie j proposé par le corps législatif sans discus- 
sion préliminaire. On n'examine pas quelles peu- 
vent être les conséquences du consulat à vie , dé- 
cerné avant l'expiration du consulat décennaire ; 
et la nation souscrit avec enthousiasme y sur la 
foi du vote individuel , nécessairement infidèle^ 
à son asservissement, à sa honte, à l'obligation 
de conquérir des royaumes pour une nombreusi^ 
famille, dont l'étroite existence dans une lie, ré- 
cemment émancipée , n'étoit rien moins qu'un 
titre à une aussi haute vocation. 

Bonaparte va fixer, sous d'autres rapports , Cuites, !8< 
l'attention du monde. Un grand intérêt occupe 
la sienne ; il faut que les cultes soient en harmo- 
nie avec les lois pour mériter d'être protégés par 
elles, et pour que Imfluence morale des cultes 
aeconde l'action des lois. Le judaïsme , persécuté 



6o GOUYERNEMINT 

de siècle en siècle , flétri sous les derniers règnear 
par une dédaigneuse tolérance, prend son rang 
parmi les religions de l'état , et les Juifs parmi les 
Français. Le gouvernement assigne des temples 
aux religions réformées y et les ministres prote»- 
tans sont placés sur la même ligne que les prêtres 
et les pontifes du culte romain. L'autorité pu- 
blique n'a eu besoin que d'elle-même pour ac- 
complir à cet égard le vœu de l'humanité et de 
la philosophie. Ici tout est raison , justice et biei>- 
fait. Mais la profession du culte catholique pres- 
crit d'autres ménagemens, et impose aux sou- 
verains des obligations que la raison peut bien 
ne pas avouer, mais que le temps a consacrées. 
Ce culte reconnoit deux chefs , dont les maximes 
sont contraires, ainsi que leurs intérêts. Il est dif- 
ficile d'accorder la politique de l'un avec la doc- 
trine de l'autre. Cependant cette grande négocia- 
tion se terminera au gré du pape et du consul , 
sans que le traité ou concordat renferme aucun 
privilège , aucun droit de domination en faveur 
du souverain pontife. > . 

Qui ne s'est pas permis , à cette époque , de 
scruter les opinions et la pensée de Bonaparte, 
en matière de religion ? On lui supposoit à la fois 
une crédulité superstitieuse et une philosophie 
indépendante de tout sentiment religieux; et l'on 
ne se souvenoit plus qu'il avoit feint l'islamisme 



CONSULAIRE. 6l 

ed Egypte 9 que pour en conclure qu'il jouoit la 
religion. Celte conséquence n'éloit ni juste ni 
vraie. Le consul agissoit en politique habile. S'il 
paroissoit reconnoltre, comme des droits, dan- 
cieuBes prétentions^ il fortifîoit de tout l'ascen- 
dant des préjugés l'autorité consulaire, et par des 
sacrifices pénibles sans doute, mais commandés 
par la nécessité , il mettoit fin aqx divisions qui ^ 
après avoir fait verser des torrens de sang, con<* 
tinuoient d'agiter l'église gallicane et de troubler» 
la république. 

Dans les négociations ordinaires avec des puis- 
sances alliées ou ennemies , les victoires passées 
du consul y la confiance et le dévouement de ses 
armées, abrégeoient les débats, aplanissoient les 
difficultés. D'une part, l'antique vaillance, le pré' 
jngé de l'honneur, qui n'éloit plus un privilège 
de la naissance , et des passions nouvelles, inspi- 
roient le désir des combats , l'ambition des grades 
lâpérieurs et des distinctions militaires. De l'au- 
tre , on craignoit la guerre et de plus grands re- 
vers. Mais les querelles que suscite la cour de 
Home et les obstacles qu'elle oppose à la puis- 
sance temporelle , sont à l'épreuve du canon et 
tie cèdent pas à la force des armes. Le pape est 
^ourles princes catholiques plus, ou, si l'on 
'Veut, autre chose qu'une puissance ; car, en tra- 
Yers^inl des temps obscurs et des siècles barbares. 



■^ 



6â couysRirzMsirT 

la papauté s'est arrangée de telle sorte , qu'elle 
cerne en tout sens le pouvoir des princes ^ qu'elle 
le combat ou le partage^ qu'au besoin elle se for- 
tifie contre eux de toute la résistance des préja-^ 
gés^ de larme du Êinatisme , et de l'autorité du 
Dieu qu'elle représente. Philippe ii fomentoit 
nos troubles y soudoypit la ligue et les seize ; mais 
Sixte-Quint commandoit les crimes ; mais Rome 
avoit aiguisé le poignard qui vengea l'assassinat 
éa duc de Guise ^ et celui qui priva la France du 
bon roi. Et le successeur de Sixte , Pie yii^ dont 
notre pitié généreuse couvre les imprudences et 
les fautes , ne s'est-il pas humilié de nos jours de- 
vant une puissance qui méconnoit celle du pape? 
N'a-tril pas été protégé par une nation hérétiqtfe 
qui y chaque année ^ dans un auto^-fe national^ 
livre aux flammes son effigie? Ainsi les plus sio-^ 
guHères contradictions sont quelquefois des res- 
sorts puissans par lesquels se balance , se main^ 
tient ou se rétablit le sj^stème général de 1» 
politique européenne. Cette observatM>a est éga*- 
lement applicable au système général des choses 
humaines. L'ordre moral natt des contrastes et 
des oppositions. La nature seule est tou}Ottni 
conforme à elle-même. 

Si le temps ^ les circonstances et le but de soa 
ambition l'eussent permis, Bonaparte auroit trïdté 
avec la cour de Rome ^ à la m^aoière d'Henri yiix ^ 



CONSUL AIRS. 6S 

^e Guslave-* Adolphe, et de la confëderatioa 
d'Aosbourg. Les expëdiens les plus prompts » 
les plus impétueux coDvenoietit à ses dessein 
comme à son caractère* Mais il seatmt là néces- 
sité de faire coiicourir, avecj'admiration et la 
faveur dont il étoit l'objet , Tinfluence de la reli- 
gion Qf Fempire que le chef de Téglise exerce 
surj'imagiaatîon de la multitude. Ce fut assez 
de celte prévenance envers le piçe; elle livra 
son secret à Tindiscrétion des hommes qui s'éti»* 
dient à deviner ceux qui leur commandent. 

AÎA» Bonaparte se faisoit un m^yen de Yàhfh' 
tacleméme qu'il étoit le fdua difficSe de vaincre; 
et cette modération étoit dans un tel homme une 
exUrême sagesse. Il déploya dans ces circonstances 
toutes les r^sources de la doctrine de Machiavel* 
Disciple de qet habile et dangereux politique , il 
laissa bien loin derrière lui, non-^seulement le 
maUr^ , mab l'école même où celui-ci a voit 
composé le modèle îdéâ^i du prince. La cour 
de Rome avoit été l'école de Machiavel. Cette 
eouc romaine s'élonna , s'inclina devant l'hlomme 
du destin ^ comme si elle avoit cessé d'être l'm*- 
gaae de la providence > Tarbitre des rois , la su- 
prême dispensatrice des humaines destinées. L'as- 
cendant du consul triomphe^ l'orgueil de la 
tiare rend hommage au magistrat de la répu- 
blique ^ et le pontife compte de bonne fcn sur 



64 COUVÏRNEMEN T 



la protection du consul qui^ en la promettant ^ 
le subordonne à ses bautes pensées y lui impose la 
nécessité de servir son ambition , qui^ pour der« 
nier résultat y résout l'envahissement du royaume 
temporel du saint-siége, et la translation dans 
sa capitale du siège pontifical et du pape^ dégradé 
et asservi. • ^ ' ' 

Bonaparte n'étoit que le fragile magistrat d'une 
démocratie, lorsqu'il se promettoit d'arracher 
de ses antiques fondemens le siège pontifical y 
dominant encore sur les peuples et sur les trônes^ 
et de venger la royauté y après avoir reçu de 
Pie yii Fonction royale dans l'église métropo- 
JtiiUet i8ox. litaine de Paris. Tout ceci est en opposition avec 
l'esprit y les opinions y les lumières et la politique 
du siècle; et tout s^exécute sans obstacle. 

Le concordat est signé ; et , sur la foi de cet 
acte imposant qui prescrit aux Français une plus 
passive obéissance y à TEurope étonnée plus de 
circonspection y Bonaparte reprend le cours de . 
ses expéditions guerrières ; il peut maintenant 
franchir y sans danger , Tintervalle qui sépare la 
dictature consulaire du trône impérial. S'il hésite^ 
c'est pour acquérir de nouveaux droits, et pour 
ajouter un plus grand lustre à l'éclat de ses pre- 
mières victoires. L'Italie est encore le théâtre 
d'une nouvelle guerre entre la France et l'Au- 
triche. La supériorité de la France^ son ioflofince 



CONSULAIRE. 65 , 

politique et raccroissement de son territoire fu- 
rent consignés dans le traite de Lunéville, dont 
les clauses servirent y en quelque sorte , de pré- 
lioiinaires au traité d'Amiens. Le retour de la 
paix ne consola pas long-temps rAllemagne, 
ritalie et la France. Dans cette dernière négocia- 
tion l'Angleterre étoit partie principale. Elle ac- iSoa. 
cordoit aux circonstances des conditions que 
d'autres circonstances lui permettroient d'éluder. 
La paix d'Amiens ne fut qu'une trêve concertée 
entre les puissances ennemies de la France. La 
joie publique ne se montra que mêlée à de tristes 
pressentimens. Les avantages que la France ob- 
tint par le traité d'Amiens furent considérés avec 
quelque raison comme des concessions forcées ^ 
dictées par la nécessité. Les parties contractantes^ 
en signant la paix^ restèrent dans des dispositions 
hostiles; et le consul, plus que tout autre, dans 
une attitude menaçante (i). 



(i) Le traité de Lunëville, conclu le 9 février 1801, 
«onfirma les concessions stipulées en faveur de la France 
dans celui de Campo-Formio. L'empereur céda en outre 
à la république française tout le pays situé sur la rive 
gauche du Rhin , depuis l'endroit où ce fleuve quitte le 
territoire helvétien jusqu'à celui où il entre sur le terri- 
toire batave. Il reconnoît l'indépendance des républi- 
ques batave, helvétique, cisalpine et ligurienne) indé- 

5 5 



6G GOUVERNEMENT 

pendance que mécpnuoîtra bientôt celui qui force Feiii- 
pereur d'Autriche à la consacrer par un traité solennel. 
Par le traité de paix conclu à Amiens , entre la répu- 
blique française, la république batave, l'Angleterre çt 
l'Espagne , les possessions conquises par l'Angleterre 
sont restituées à là*Franceetàsesalliés^ mais la Grau de- 
l^retague reste mahresse de Tîle de la Trinité, et des 
places fortes qqi ont appartenu a, la SoUgad^ jfiqs l'itç 
de Ceylan. Celle de Malte est rendue à l'ordrç de S^ia^- 
Jean de Jérusalem , et déclarée iudépendan^ç. 



CONSULAIKI. 67 



CHAPITRE V. 

Expédition de Saint-Domingue. Préparatifs 
contre t Angleterre. Camp de Boulogne. 
Considérations ^én^rahs ^ur k goiwerne^ 

ment consulaire. 

\ 

X c L étûit rirrésistible asGendant du conspl quej Expédition. 
clan) toutes les circonstances, il put vouloir, sans tl^eT^^ 
opposition, exécuter^ sans obstacle, les entre- 
prises les plus hautement condamnées par Topi- janvier 180 
nion publique» Personne ne posséda au même 
degré celte audace qui s'empare des événe-* 
mens, les interprète, les oppose avec lappareil 
imposant de lautorité dictatoriale au jugement 
des hommes j et les fait servir à Taccomplisse- 
ment d'un vaste dessein. Dans toutes ses entre-* 
prises, Vœil lîxé sur le but, Bonaparte ne tint 
jamais compte de ce qu'il feroit verser, pour 
l'atteindra , dç pleurs et de sang. 

L'ei^pédition d'Egypte avoit fait, à la répu« 
blique, des plaies qui saignoient encore, lors-^ 
que le consul ipanifesta, par d'in^men^es prépa- 
ratiSs de forces de terre et de mer, la résolution 
de rattacher k la France l'tlq de Saint-Dpmin- 
goe, révolotionnée par ces thèmes noirs qu'elle 

5- 



68 GOUVERNEMENT 

avoit rendus à la liberté. Il reprësentoit cette dé- 
termination comme un devoir que Thonneur^ 
rintérêl de notre commerce et la politique im- 
posoient au gouvernement. Mais Topinion pu- 
blique accueilloît mal les raisons apparentes d'une 
entreprise dont on cachoît vainement le vrai mo- 
tif. La guerre airoce <}ue l'invasion de TEgypte 
avoit allumée y la ruine totale dé notre marine , 
une florissante armée ^ ancienne d'honneur et de" 
gloire y fondue en peu de mois sous un ciel et 
sur un sol embrasés, étoient enicore préséns à 
notre mémoire* . t 

m 

Nous étions prémunis contre ces expéditions 
hasardeuses y dont le motif nétoit rien moin& 
que patriotique. 

L'expédition de Saint-Domingue répandit Te^ 
froi dans toute la France, même une sorte d'hor-* 
reur. L'armée elle-même calcula, prévit toutes 
les chances ; et , si elle ne s'en étonna pas, elle 
recula moins encore devant le danger. 

Les improbateurs disoient hautement qu'elle 
avoit pour objet principal de purger, la Fiance: 
de tout ce qu'elle r.enfermoit encore d'énergiques 
républicains. On représentoit ceux-ci comnie des 
victimes que Bonaparte exigeoit pour ^ propre: 
sûreté et pour affranchir son ambition de .l'obs-w 
tacle qu'il avoit le plus à redouter. En un moti- 
on l'accusoit de la perfide intention de déporter. 



CONSULAIRE. . 69 

des Français dont la présence importunoît ses 
vues secrètes , et de se servir d'eux pour remettre 
en sa possession la plus riche ,de nos colonies (i). 



* (i) L'armée avoit déjà subi, sous le gouvernement 
consulaire , de nombreuses réformes. L* épuration attei* 
gnoit également la toge et les armes. Ces invincibles 
légions 9 ^ue l'Europe nommoit républicaines , dissoutes 
et réorganisées sous d'autres chefs, recevoient une di* 
rectioivplus conforme à l'esprit qui dirigeoit la marche 
du chef de l'armée et de l'état. On vojoity dans la capi- 
tale , s'accumuler des oihciers de tout grade, qui, fiers 
àvL motif de leur destitution , autant qu'affligés de leur 
oisive existence, luttant contre la pauvreté , supportant 
le dédain et l'espèce de réprobation dont ils étoient 
frappés ,' n'aspiroient qu'à se dévouer de' nouveau pour 
la patirie. 

Le^ magistrat d'une république , qui se propose d'en 
être le tyran, craint les hommes qui l'ont servie) et s'il 
désespère de les corrompre , ou isi leur gloire les place 
si haut qu'il ne puisse les avilir, il les traîne à leur 
perle en les transformant en conspirateurs. 

Depuis qu'un affranchissement prématuré avoit brisé 
la chaîne des noirs , cette chaîne que par degrés il fal- 
loit détendre et laisser tomber de leurs mains , la colo- 
nie de Saint-Domingue offroit l'aspect d'un repaire ha- 
bité par des bêtes féroces ..Victimes eux-mêmes d'une 
philantropie poussée jusqu'au fanatisme, et privés du 
bien£aiit d'une éducation qui les eût préparés au régime 
social, ils ne surent qu'abuser de leuç liberté, parce 
qu'ils n'en avoient pas le sentiment 9 parce qu'ils n'en 



V 



yO GOUVERNEMENT 

Projet de dc5. L^ génie dé Bonaparte ne reposoit pas; il 
^eTrre"i8^3 «xcrçoit , par lout ce que la gloire offre d appas à 

eC id)o4« 

y 

connoissoîent ni le principe ni les limites \ elle fut dans 
leurs mains une arme qu'ils tournèrent contre eiix- 
jnémes, après avoir assouvi la rage qui les ahimoit 
contre leurs maîtres. Ce passage des vengelncies à la 
plus effrénée anarchie avoit été vaineiheut prévu. La 
lutte des passions , des partis , des factions qui nàqui*' 
rent de leurs barbares discordes , avança jilsqa'à nn 
certain point, dans ces hommes nouveaux, le dévelop» 
pemetit de leur intelligence. Sans civilisation , ils recon- 
nurent des droits et des devoirs; sans morale, ils $• 
soumirent à des lois ^ et , jaloux paf ihstinct de leur în^ 
'dépendance^ ils marchèrent et combattirent soiis ddi 
chefs par nécessité. Ainsi, dans toutes les races hu«- 
maines, commença Tordre politique et social. C'est 
pourquoi les hommes de couleur^ nourris , instruits 
parmi les blancs^ s'élevèrent rapidement au-dessus deà 
hordes africaines , qui , ayant perdu , sous une diSGi<>> 
pline plus que sévère , l'innocence des passions ^ n'avoieàt 
rien acquis, si ce n'est les vices de la servitude, et 
èurtout l'art de les opposer avec adresse à la cupidité , 
\k l'avarice, à la luxure de leurs maîtres. Parmi ces co- 
lons de couleur, il en est qui ont réuni à beaucoup ^ïtL^ 
telligence un caractère ferme et résolu, une bravotatis 
imposante , une tactique indiquée par l^s localités et ]« 
climat, et cette éloquence de sentiment et d'ittléj^S qui 
captive infailliblement les hommes de la nature. ÏOtts- 
saint Louverture, noir d'origine, et né dans l'état ser-- 
vilê; Toussaint, qui jeta dans la colonie de 8àitit-I>o- 



CONSULAIRE. 71 

là valeur, raclîvité de l'esprit français , fîxoîl sa 
légèl-elé, loi impritnoit son propre caractère. IJ 



tiiingae les fon^emeus c(\me association {^61itiqu« d'après 
le modèlie de nos propres institutions, s*ofire comme 
tonè e&ception à la règle commune. 

On sàtoit en France quô les noirs obéissoient à Tous- 
saint Louverture , et tjue cet homme extraordinaire exer- 
çoit rauiorité civile et militaire. La supériorité do ses 
talens étoit généralement reconnue , et les colons blancs 
«ux - mêmes attestoient ({ue lui seul poUVoit rëtftblir 
l'ordre^ remettre en vigueur la culture, et garantir leur» 
propriétés'; ils s*actordoient tous à dire que Toussaint, 
prtidemment ménagé, conserveroit pour la France Tile 
de Saint-Domingue 9 et la préserveroit désormais de la 
sanglante anarchie où l'avoit entraînée l'abus de la li- 
terie. Jusqu'en 1799, le gouvernement avoit vu ses in- 
tentions mal remplies ) et ses espérances trompées par 
Timpéritie, la rivalité et Favarice de ses commissaire», 
les uns augmentant le désordre par l'exagération de 
leurs principes , les autres exploitant pour leur compte 
la tôlonie, et la désertant avec leur proie. 

Au mois de septembre 1799, le directoire apprend 
que Bigaud, à la tête d'un parti, a pris les armes contre 
Toussaint, pour protéger les colons qui restent attaches 
k la république. Les noirs abandonnent dé nouveau - 
lears ateliers, et le gouvernement est joiié par un am- 
bitieux incapable.de le servir. 

Cependant Toussaint Louverture songe à régulariser 
son gouvernement, et à déposer les faisceaux de sa 
dictature. Il rédige une constitution républicaine , q^u'il octobre 18 



ya GOUVERNEMENT 

étoit^ au seia de cette nation française^ aussi gé- 
néreuse qu'imprévoyante^ et susceptible de toutes 



envoie à l'approbation du gouvernement, revêtue de 
l'acceptation des habitans de Saint-Domingue, réunis 
en assemblées primaires. Cet acte étoit un grand pas 
.vers la civilisation , un grand exemple pour toutes les 
colonies. Celui qui maîtrisoit ainsi les passions ardentes 
et capricieuses des noirs, et qui plaçoit sous la garantie 
âés lois, sous la protection même de la mère-patrie, les 
colons blancs et leurs propriétés , devoit s'attendre à la 
reconnoissance , à l'appui de l'autorité suprême , plutôt 
qu'à son animadversion. Au jugement des hommes sages 
et des vrais philantropes , la conduite de Toussaint ac- 
cordoit les intérêts de la France avec le vœu et les droits 
âe l'humanité. . 

Paritii les hommes qui ont conseillé de traiter avec 
Toussaint dans l'intérêt de la république , on doit citer 
M. Vincent , officier très-distingué dans l'arme du génie. 

Mais Bonaparte, premier consul de la république, la 
gouvernoit alors en dictateur. Sa fierté s'ofiensa du pa- 
rallèle que sembloit établir un misérable affranchi, entre 
le chef suprême de la France et Tusurpateur d'un pou- 
voir exercé sur des esclaves. 11 résout de punir cet 
étrange législateur de Saint-Domingue , comme rebelle 
et coupable dé haute trahison^ et, plein de ses ressen- 
timens, publiant à quels malheurs il livre les colons 
blancs, ne calculant pas les chances funestes d'une inva- 
sion qui seroit infailliblement contrariée par l'Angle- 
terre, il en fgiit tous les apprêts avec une célérité et 
une ostentation que condamnent également la raison et 



CONSULAIRE. 7S 

les sortes d'entbousiasmes^ comme celte ame uni- 
verselle qui pénètre toutes les parties de Tuni- 



la politique. Une armée navale appareille et sort de nos 
ports le 16 décembre 1801, sous les ordres de l'amiral 
yîllaret; le 5 février suivant, elle entre dans la rade 
du Cap Français^ le même jour, l'armée comma/idée 
par le général Leclerc , beau-frère du consul , débarque , 
se déploie, malgré le feu des hommes de couleur, s'em- 
pare des forts , et prend des positions. 

.Une révolution rapide s'opère dans l'esprit et le cœur 
de Toussaint Louverture. Tout ce qu'il a acquis d'idées 
politiques et morales durant sa douce administration 
et dans l'exercice de sa magistrature , s'efiface) ce n'est 
plus qu'un Africain rendu à sa férocité naturelle. Ne 
respirant que la vengeance , il commande l'incendie de 
la ville du Cap , le bombardement de la flotte , et le mas- 
sacre de tous les blancs. Eteindre les flammes qui dé- 
vorent les vaisseaux, les habitations et les cités, telle 
est la première épreuve à laquelle sont appelées nos 
braves légions. 

L'affranchi qui a commandé ne consent plus a obéir ^ 
et c'est par la même raison que l'esclave, devenu libre 
et chef d'atelier, est un impitoyable tyran pour ses an- 
ciens compagnons d'infortune. N'étendons pas plus loin 
cette affligeante observation. 

Cependant des proclamations qui promettent le par- 
don au repentir, l'indulgence à Terreur, circulent dans 
la colonie. Le consul , qui avoit prévu le premier effet 
de l'apparition subite delà flotte et de l'armée , déguisoit 
ses ressentimens. Dès son entrée dans File, le* général 



74 CJOUVERKEMENT 

vers. Pour accélérer sa mairbe et les progrès de 
sa puissance ^ qu'il ne prend plus aucun soin de 



Leclerc fait remettre à Toussaint une lettré , par laquelle 
le consul lui t^moij^ne^ dans les termes les plus lioù6* 
rables^ la reconnoissàuce de la nation et son i?^tikiii5 
particulière* S'adressaut à la fois à l'âmoùr^pit>pré et h 
l'amour paternel , il lui disoit t ^ Je remets dans tôs 
bras vos enfans , comblés des bietifaits dtt gôuYeme* 
ment; et capables, par rëdUcatioû libérale ^tHiU ont 
reçue , de seconder un jour vos elFortls pour lé rétablis- 
sement de la subordination et de la culture, n Là pre- 
mière émotion est toute entière pour la nature. TouJs«fc 
saiht, attendri, embrasse ses enfahs, les pi^àsé dani 
ses bras; On peut croire un instabt que le' père désàr» 
moit le cbel des rebenes% Tout-à-tOtip lé sacrifice qu'on 
exige en échange de ses fils s'offk*e à sa petiséet il se 
dégage d'eux ^ repousse leurs caressés , et ^'abandonné 
à sa destinée. 

Les succès se balancent; mais ténu qu'obtient l'ar- 
mée française sont achetés par des pertes de jour en 
jour plus difficiles àréparer^ tandis que le gouvernement 
britannique ne cesse d'approvisionner les rebelles de 
munitions , d'armés et de subsistances. ChaqCie victoire 
des Français ouvre une nouvelle plaie ^ que la malignité 
du pays envenime et rend incurable ) chaque coliquéte 
leur découvre plus prochaines les maladies, la faïnitte^ 
leur etitièl^è destruction. , 

Le 1 1 mai i8oa ^ la fortune semble se déclarer en fa- 
veur du général Leclerc. Soit par jalousie de pouvoir, 
soit par reffet d'une négociation secrète, Christophe se 



COXSULAIàt. 75 

déguiser^ il aigrit nos fessentiilnénë eôdtré lé 
peuple anglais. Il naliotialise ce vceti d^éktarmi-*- 

livre avec les troupes qu'il a sous ses ordres ; et cette 
défection inattendue oblige Toussaint lui - méiHè à se 
soumettre. Les approvisidftfiéméil!^ de tonte espèce, 
ainsi que l'artillerie, pasâettt au pouvoir de l'Armëe 
française. 

A l'exemple de ^oii chef, le général De^sraUnes li« 
cehcie léê noirs qu'il conàllidnde , et sousdrit la éûpi*- 
tnlatton; 

Vh mois s'étoit k peine éboulé, <}ue Tonssaibt , libre 
sur la foi d'un traité solennel , ti'ayant ni là tôlonté ni 
les moyens de recouvrer lé ]^ottVoir ddiit il è'êioit dé*' 
pouillé y est arrêté , chargé db fers et côtid uit en Fratice. 
Il méditoit, disoit-on ^ de fi6uveaux .soulèvétdehâ dans 
la colonie ) lorsK|ue encore od déposoit chaque jour l'ar^- 
tillerie et les armes de sé^ corps d'aniiée , dans les fbrti 
occupés jpar les Français. 

C'est dans ces circonstances qUé lé gétiéràl Boudet , 
aussi zélé citoyen qiie vaillant militaire , est éhargé de 
dépêches pour le consul. La France apprit, avec une sa^ 
tisfaction *qui ne fut qu'éphémère^ que la colonie , sou- 
mise aux lois de la métropole ^ oominençôit à éprouver 
les bienfaits d'une restaul*atîoti qui s'éténdoit de jour 
en jour par le retour des tiOirs à leurs travaux agricoles , 
et pai^ la sécurité dés propriétaires et dés cottimerçans. 
Une craihte se mêloit cependant à la joie publique. Lé 
général Boudet ne laissoit pas ignorer que 'dés fièvres 
pestilentielles s'étoient manifestées daUs l'armée, et que 
le dimat commançoit à exercer sur nos troupes éâ fu-* 
iiestc influence. 



76 GOUVERNEMENT 

nation qu'il a forme contre cet éternel ennemi 
de la France. Il deraadde , il obtient que nous 



C'est alors que celle du cabinet britanoique se montra ' 
plus active. Le. caractère inconstant, léger et turbulent 
des noirs ; l'ambition des hommes de couleur, stimulée 
par une aussi puissante protection , ëtoient des élëmens 
qu'il lui ctoit facile de mettre en fermentation. Dessa- 
lines , qui calculoit nos pertes , qui spéciiloit sur les - 
malheurs publics , prête l'oreille aux promesses des An- 
glais. Aussitôt il reçoit des munitions , des armes* et des 
vivres, rallie à lui tous les partis, arbore de nouveau 
l'étendard de la révolte. Le général Leclerc avoit payé 
de sa vip son dévouement pour le consul^ presque toute 
l'armée avoit subi le même sort, mais avec la conso- 
lante idée de s'être dévouée pour la patrie. Le brave et 
sage Ferrand en rassemble les foibles débris, les con- 
centre, et attend, dans la partie espagnole de Saint- 
Domingue, les renforts qui lui ont été annoncés» Il les 
reçoit, reprend l'offensive , et rejette Dessalines , après 
lui avoir fait éprouver de nombreuses défaites , loin des 
places et des lignes où les Frai^çais s'étoieni , fortifiés. 
Le 16 octobre 1806, Dessalines, chargé de crimes et 
d'infamies, est massacré par ses propres soldats, qui 
mettent à leur tête Christophe, de tous les prétendans 
le plus agréable aux Anglais , le plus implacable en- 
nemi de la France. 

De nouvelles rivalités déchirent la malheureuse co- 
lonie de Saint-Domingue; les noirs se vendent à de 
nouveaux chefs, et ceux-ci aux ennemis de la France^- 
Péthion se montre, avec des forces imposantes ; au xxd'» 



CONSULAIRE. y^ 

lui rendions enfin haine pour haine ; et que y 
dans une lutte directe contre la fière Albion ^ 



lieu de tant de scènes d'horreur, et dispute le pouvoir à 
Christophe. Mais il importe de remarc{uer que Toussaint 
avoit gouverne la colonie pour la conserver à la France, 
et que chacun de ses successeurs a t^paitë avec l'Angle- 
terre pf>ar s'en rendre le dominateur et le maître. Tous- 
saint avoit reconnu sans détour la suprétnàtie de la mé-^ 
troppl^f, et voulu, par des transactions constitution- 
nelles, intéresser le gouvernement et le conunerce à la' 
prospérité de la colonie. Tout autre , après lui , ne fut 
ou n'est encore qu'un transfuge, un ennemi, un agent 
mercenaire de la Grande-Bretagne. 

£t cependant quel a été le sort de ce Toussaint Lou- 
yerture-, si supérieur à sa race , modérateur deâ noirs , 
et bienfaiteur des colons blancs tant qu'il lui fut permis 
de l'être. Mais un crime inexpiable le dévouoit à la haine 
du consul. 11 s'étoit permis de le copier, de le singer en 
quelque sorte , et de calquer sa république sur la répu- 
blique consulaire. 

La politique ordinaire du consul, amalgame confus 
de la foi punique , des maximes de Machiavel, et de la 
doctrine pontiiScale des Grégoire, des Sixte, des Jules, 
avoit diicté ses instructions et sa conduite au général 
Lieclerc. Sôus l'apparence de la conciliation et des égards, 
il loi fui facile de surprendre la confiance de Toussaint, 
<pi'abandonnoient ses compagnons d'armes, séduits eux-» 
mêmes par de fausses promesses. Toussaint, pris au 
piège , saisi , transporté en France avec ses enfans , W" 
(rumens et victimes de cette insidieuse utamsuTre, a 



8o GOUYC IIN EMfiNl* 

certain que la supposition de dix chances favo- 
rables à l'Angleterre y contre une qui le seroit à 
Napoléon ^ suffisoit pour répandre Talanne et la 
terreur dans cette orgueilleuse métropole de la 
navigation et du commerce. Le patriotisme na- 
tional rassuroit peu le gouvernement ^ jusqu'alors 
humilié sur le continent par de constantes dé- 
faites^ et qui n'avoit pas encore son moderne 
Mârlboroug à opposer aux héros de la France. 
Peut-on même assurer que la tactique de Fa- 
bius y si heureusement appliquée par Welling- 
ton à la défense de la péninsule espagnole, eût 
pu Fétre avec le même succès à la guerre d'inva- 
sion qui menaçoit l'Angleterre ? Attaquée sur tel 
ou tel point, pouvant l'être sur plusieurs autres > 



pas la nation à vaincre ? et quelle nation ! la plus jalonse ' 
de sa liberté, la plus inhérente à la terre natale; cette 
terre que^ depuis de longs siècles , le feu du patriotisme 
embrase. Le projet de Bonaparte fut donc un élan im- 
périeux^ absolu, de la haine qu'il avoit juréecontre le gou- 
vernement libéral des Anglais , en même temps qu'une 
conceptioih ambitieuse. Malgré lui , la durée des apprêts 
avoit lassé son impatience et permis quelque accès , soit 
à la critique , soit à des conseils, soit à ses propres re» 
flexions. L'occasion vint s'offrir à lui dAabandonner la 
partie sans paroître rétrograder. Il la saisit ; il renou- 
velle contre l'empereur d'Autriche une guerre que de 
simples explications eussent pu prévenir. 



CONSULAIRIS, 8l 

la disseminalioa des moyens défensifs étoit for^ 
cée, et remploi du système de temporisation 
étoit nul. Dans une telle hypothèse^ c'est 'un 
torrent qu'il faut repousser par un torrent ; mais 
quel sera le point d'où partira l'agression , d'où 
se précipitera le torrent dévastateur? Quelle 
proie sera la première livrée aux flammes, à 
la fpreur du soldat , à la cupidité d'une popu** 
lace effrénée pour laquelle le vol est organisé ^ 
même dans les temps ordinaires ? Ce doute seul 
exposoît les ports et Ja capitale* aux premiers 
coups, aux plus grands dangers; et la sombre 
imagination des Anglais , frappée de ces mêmes 
dangers, se représentolt le succès de la des- 
cente comme une probabilité , voisine de la 
certitude* 

On observa dans le même temps que, parmi 
nous , la perspective d'une descente en Angle-: 
terre glaçoit d'effroi les ennçmîs du consul et 
les anglomanes ^' qui votoîent la fin de la repu-. 
l>lique. Les préparatifs qui se falsoient dans uo% 
ports n'étoient btlàmés et contrariés que par eux;i 
ils les signaloient par les allusion^ies plus déri-- 

4 

soires. 

■ 

Depuis 1788^ le ministère britannique exercC) 
dans nos grandes cités, principalement à Paris ^ 
la plus active influence ; il y soudoie, une police 
secrète, un con3eil et des agens qui se cachent au 

3. ^6 



t -*• 



8a GOUYERITEMENT 

besoin sous la pourpre ou la bure ^ et le plus 

souvent à Torobre de TauteL 

» 

Réflexions La période consulaire de Bonaparte est ^ sous 
^offSXe,^ quelques rapports ^ la plus glorieuse de tous ses 
'^^* temps de gloire ; c*est aussi celle où il déploya 
plus d'habileté , plus d'art ^ plus de conduite po- 
litique ;' où plus soureût il amena l'opinion pu- 
blique à regarder comme des arrêts de la nébes- 
sîté ses propres résolutions et ses volontés. Nous 
1 avons vu s'emparer avec adresse ^ et sans alar- 
mer les consciences républicaines^ des événe- 
mens qu'il n'avoit pas prévus ^ faire naître à pro- 
pos ceux qn'il jugeoit favorables ou nécessaires 
a ses desseins 9 et toujours d'autant plus fidèle à 
son ambition y qu'il paroissoit plus s'occuper de 
notre liberté et moins occupé de lui-même. 
Nous l'avons vu modérer son pouvoir^ comme 
s'il ne l'eût pas possédé sans partage ; exercer la 
dictature consulaire^ comme pressé de la dépo-* 
ser, et comme l'eût exercée Tbomme le p{us 
exempt de passions funestes. Nous l'avons vq. 
épiant dans ses collègues des passions communes; 
par elles y les détachant de leur propre raison et 
les attachant à sa personne ; subjuguant les grands 
corps de l'état par des communications fami- 
lières ^ et , dans ces corps y choisissant a coup sûr 
les hommes les plus nécessaires h. ses desseins ^ 
c'est4t-dire , les plus confians par excès de vertu , 



OU lei piud dddles pdr ettis de ëervililë. Noua 
Fâvons tu èërilânt àatdtir de lui tous les germe!; 
d'otré fapide coM^oplion, laùçànt ces gertnej 
épaiiouis sar les départerileù^ , ^tir les pfûrVrùCêf^ 
soumises i ptépkr^ut la république à &a dissolti^^ 
tioù, le peuple à TaTeugle obëisSânce ; câlcakd j 
froîdéméat les résultats prochains de sa politique^ 
de riihptiissance des lois^ de radmiradorr et dii 
dëtotoeuôietit de ses a^mées. Nôu^ Tavotis ttkj 
dis^je, faire sou ascénsiou, et atteiddre à sotr 
apogée Sitns secousses et sans eflbm^ coxûntë 
VI ti globe qui fourtiit Sa carrière , et côrrnfrtie s if 
rëp<tadoit à là voit du ciel y à Tatteute Ôéi 
hotûcués. 

Que de sujets d^ëlude dâus cette côUHe jié*^ 
riode ! Qué d- ùHléS leçons y puîséroîent les pu- 
blicisleSf éiitn pbllosopbés, le^ hôtttfïiéS d'éiàt 
et lei pi4nce^^ si Ton étudioit rfalstoire pôui' 
écldilrc^ les pétirpleâr^ comme ùii l'étûâie pouf 
apprendre à îëS assehvîr ! I;d tfaôrâle pôlitîc^ 
embrasse de pltis grauds iutëréis ^ mais elle' dé- 
lite de* mêmes rapports que lâ ifïroriale àôtti^' 
muiie; et c<nmne> dans la nature , les grande^* 
masses SMiales sdut soumis^^s àul liiémes loi^ 
que les xudiTidus y lé môiudre écart é&t ua dé-<- 
siordre. 
Dès lé premier psES du consul^ nous pûiinies 
\ (teviuer un Msdlre ; par quelques traits de carac- 

6- 



84 GOUVERNEMENT 

tère^ un tyran; et par lattenlion spéciale qu'il 
donnoit à Fadministration militaire , un conque^ 
rant qui joqeroit les nations au hasard des com- 
bats. Ce n'est pas ici une prophétie après rêvé- 
nement; plus d'une fois le consul s'est trahi 
lui-même , et s'est laissé pénétrer. Parmi les per- 
sonnages qui, par des motifs divers^ servirent 
Bonaparte, ^ avant lé i8 brumaire , quelques- 
uns avoient attaché sur lui un infaillible regard. 
I^on parti se forma y pour ainsi dire y des haines 
et du mépris qui s'étoient attachés au directoire. 
Ces sentimens prévalurent sur les craintes que 
lui-même inspiroit. Tout changea après la fatale 
journée. Bonaparte fut le centre autour duquel 
gravitèrent toutes les passions. 

C'est surtout après l'épreuve des révolutions , 
et le jeu sanglant des discordes publiques y que 
l'œil a acquis la sûreté du toucher^ et que le 
soupçon est un jugement; mais la voix libre étoit 
étouffée par les voix asservies. Dès l'an iSoo, la 
çis^istrature consulaire déguisoit la puissance 
absolue ; il ne lui manquoit que de se montrer 
avec l'appareil de la royauté. Et qui y dans la 
partie sâine de la nation y poùvoit alors mani- 
fester ses craintes y écrire ou parler en faveur de 
la constitution et de la liberté? La foi qu'on 
leur gardoit étoit un secret de famille; si l'on 
révéloit ses alarmes, c'étoit sous le sceau de l'a- 



CONSULAIRE. 85 

milié. La presse venoit d'être enchaînée ; el le 
peuple écrivain ^ aux gages des ministres ^ étoît 
une sorte d avant-garde pour le consul. Dans les 
premiers rangs , l'admiration s'exprimoit par de 
pompeuses flatteries ; dans les derniers^ puérile, 
intéressée, populaire, elle étoit payée, à des 
époques célèbres, par des fêtes bruyantes, par 
des jeux corrupteurs, par d'avilissantes distri- 
butions; et chacun, à Tenvi, consacroit cette 
contagieuse idolâtrie par la prostitution du ta- 
lent , de la renommée et ^de l'honneur. Bona- 
parte marchoit moins au trône qu'il n'y étoit 
porté. 

Quelle est donc cette supériorité d'intelli- 
gence, d'esprit, de jugement à laquelle si peu 
d'hommes parviennent j et qui pourtant' ne les 
élève pas toujours hors de l'atteinte des pas- 
sions vulgaires? Il est donc vrai que les foi- 
blesses du cœur s'allient avec la plus grande 
puissance de la c^ison et de la pensée ! Seroit-ce 
que, dans les hommes extraordinaires, l'orgueil 
refroidit la vertu , et déprave le sentiment du 
beau moral? 

Je me plais à arrêter quelques instans mes 
lecteurs sur ce point le plus lumineux de mon 
tableau ; je le dessine à grands traits , pour me 
conformer, en quelque sorte , à la marche ra- 
pide des événemens, au caractère du héros; cet 




I 

9acord mèa)9 eist ua triât de vérité qui rap- 
proche Içs faits, éclaire les physioaomies , cl 
çopljept rtctioo, Sq effet, h période consulaire 
QQU^ pffri^ tputei^ les parties d^uq drame forte** 
nmnl coDçii p sav^miP^at coqdi^it ; tenant les es- 
prits entre Fespérance et la crainte , m^rchaot à 
soq déoouement saps embarras et saps e0*(^'t• ]St 
quel sera h déapiierp^at? Tesclavage d'un gr^nd 
peuple, 

iPon^p^rte est parvenii aux premières marebçi& 
du trqne. Il en mesure la hauteur, çt ne s'en ^£*- 
i^e p^^, Au i^ite de s^ puissance, dédaignerait-il 
^les grandeurs? s'élevera-t-il au - dessus d'elles? sa 
$QUviçDdra-t**il de César, le plu9 grand des Ro- 
iDçiainf , c 'est^à-dir^ , des hommes , s'il p'çut ja- 
inais passé Iq IVu^icpu? Devant lui sont la gloire 
et la fortune ; un titre que la vertu décore, ou 
autre titre que ^histoire flétrir^. Çon^par^e a 
çhow» Le peuple frapç^ )e couyre de spn induis 
gence (;) ; mais Tipei^orable histoire ne labsou-t 
dra p^- S'il devient digne du rang qu'il a usurpé 9 

çli^ ne lui l'eproçhfçr^ que sa foihlesse ; sHl ^t 
mauvais prince , la postérité assignera cçt atten-* 
tat çcHpnae la çausç dç nos npis^Iheurs et dç nos 
^un^iliaiioni^ ; elle seri^ indiffér^pt^ h /s^s revers i 

t-l y^ tu .MUil I l.llimi. i j II 1 111.1 «IJHJ lu i P U t iii I I " 

(i) La nation et toutes les puissances ontroeoniiu Nsh 
pçlpon poqf f n[|p^re^F ie§ Frwçais. 



CONSULAIBB. 87 

d'âge en âge elle applaudira à sa chute ^ et la re- 
présentera c<mime un grand châtiment de Téter- 
selle justice. CeUe des hommes s'est déjà fiait en- 
tendre; ceux mêmes qui furent les infatigables 
échos de sa renommée» qui mentirent à leur 
conscience en réduisant toutes les gloires à la 
gloire militaire, mentent encore aujourd'hui en 
lui refusant jusqu'à ce dernier mérite. Les pre* 
miers, ils ont brisé avec fureur l'idole qu'ils 
avoient encensée avec idolâtrie (i). 



i0w«l»a«nwB*.W. 



(f ) Asseniado ergà prîncipem sine affectu, 

TAGITI. 



88 COUyEllNZMEÏ(T 



CHAPITRE VI. 

Progrès de la puissance de Napoléon, et cons- 
titution impériale. Naissance et progrès du 
despotisme militaire. Tribunaux spéciaux. 
Procès et jugement du général Moreau; 
autres attentats. Sous quel point de vue on 
doit juger la conduite du sénat et du corps 
législatif. 

^nrcrae- k^ I nous revcnons sur les évënemens qui ont 

ent impé— ••<i r • \ \ • • i 

1, décembre rempli la période consulaire ^ si nous observons 
^^' tout ce qu'ont fait avec un singulier accord^ 
pour accélérer Télévation du consul ^ les hommes, 
la fortune etlul-méme , nous cesserons de nous 
étonner qu'il se soit annoncé aux Musulpaans 
pour Thomme du destin j et qu'il ait voulu sub- 
juguer l'Europe au nom et chargé des pouvoirs 
de la Providence. Le prestige ne fascinoît seu« 
lement p^s les yeux du vulgaire y si prompt à 
supposer des merveilles, à créer des puissances 
surnaturelles; c'étoit une sorte d'épidémie. Dans 
les palais et dans les cabanes , au sénat et dans 
les lieux publics, on remarquoit à tout propos 
le bonheur de Bonaparte comme un indice cer- 
tain de la volonté divine, de sa vocation à l'em- 



IMPERIAL. 89 

pire de l'ani?ers (i). Accaserons-notts les po- 
tentats asiatiques 9 Mahomet lui-même ^ d'avoir 
abusé de la crédule ignorance y de la supersti- 
tieuse bonne foi des peuples y quand le chef ^ les 
magistrats y les lettrés de la grande nation y solen- 
nisènt^ à l'ouverture du dix-neuvième siècle ^ des 
préjugés et des erreurs dignes des temps les plus 
barbares. 

' Cependant^ que de traits de caractère nous 
avoient déjà révélé l'ame entière du consul ! que 
d'intrigues dont il avoit tenu le fif ! que d'abus 
de pouvoir prémédités auroient pu détromper la 
nation , si toutes les précautions n'avoient pas 



(i) On put alors, 1804 ^ compter les hommes qui ne 
s'abaissèrent pas jusqu'à cette absurde adulation. Le bon 
sens et la raison ne se rencontroient presque plus que dans 
les classes moyennes de la société. Qui n'a pas entendu , 
même des hommes justement célèbres, représenter Bo- 
naparte comme prédestiné à l'empire du monde , comme 
élu y par la providence ', monarque universel ? 
- C'est donc en vain que le prince des poètes , pour pré- 
server la fragile raison humaipe de cette superstitieuse 
admiration pour tout ce qui flatte nos sens et nos pas- 
sions, nous a laissé l'ingénieuse fable des syrènes, atti- 
rant à leurs pieds, par des sons enchanteurs ^ les com- 
pagnons d'Ulysse , et les transformant en stupides 
pourceaux. Ulysse, qui n'est pas admirateur, écha/ppe 
seul au danger. 



qA GOUYEIINBMCNT 

été prîaes pour la réparer du gouvernement , et 
l'isoler dans un vaste et profond silence ! Uoe 
sçule voix se faisoit entendre ^ celle de la flatterie; 
un seul bomme occupoit la presse > et c'étoit le 
consul. Linterdiction de la vérité étoit la pria** 
cipale affaire ; et le ministère de la police étoit le 
premier ministère* 

Quand tous les ressorts d'un gouvernement ^ 
constitué pour la liberté > ont pris une direction 
aussi contraire j s'dccuper du peuple et de aed 
droits y que dis-je? eif primer un regret » une pa-9 
triotique sollicitude y c'est encourir le titre et le 
aort d'un infâme conspirateur. 

Oui , l'ambition de Bonaparte s'étoit de bonne 
beure annoncée au monde. N'avoit-il pas provo-' 
que la fatale journée du 18 fructidor? n'avoit-il 
pas otirdi la solennelle conspiration du 18 brii« 
maire pour en recueillir seul tous les avantagea | 
pour en faire peser toutes les suites funestes sur 
le directoire lui-même j sans distinction des vainr 
queurs et des vaincus? Cette épreuve de son ta^ 
lent et de son audace n'apprenoit-elle pas suffi- 
samment à tousjéb partis ce que serait NapoMon 
revêtu de la toûte-puissance ? Non , celui qui ba-^ 
sarde ainsi sa vie ^ qui fait dépendre d'un succis 
douteux une gloire assurée , une renommée juSf- 
tement acquise , ne s'arrêtera pas à un premier 
coup d'état^ et ne se bornera pas à n'âtre que le 



IMPERIAL. gi 

général de la république , lorsqu'il pourra s ea 
déclarer l'arbitre et le tyrau» 

£t l'ombre de KJéber et celle du modeste De- 
saix, évoquées p^r des rumeurs qui n étoient rieu 
moins que populaires , quoiqqlr fabuleuses peut- 
être 9 nt soot-eUes pas souvent sorties de leurs 
lombes étrangères? N'ont-elles pas apparu au mi- 
lieu de npus pour nous dire : « N*ajoute^ aucune 
XI foi à ces o^onumens qu'une perfide niain élève 
» à notre mémoire. » Et cette espèce d'averlis- 
sement imaginaire n'acquéroit-il pas tout le poids 
de la réalita par son accord avec tant d autres 
qui , chaque jour^ résultoieat de la vie politique 
et morale de Bonaparte et de l'emploi de son au- 
torité. Un, surtout (qui peut roubUer?)^ répandit 
au milieu de nous une affreuse lumière, frappa 
de stupeur les ministres de la justice, glaça d'ef-r 
froi les consciences les plus pures ; et c'est Bona- 
parte lui-HYiéme qui nous le donna, cet averlisse-* 
ment , rassuré sans doute par la conviction de 
notre patience- 
Un gouvernement solidement constitué est à 
l'épreuve d un coup d état , même de l'interdic- 
tion tobite d'un droit sacré. Là dictature à Rome, 
la suspension de Yhabeas corpus en Angleterre , 
çonSrmeni cette vérité; la crise passe, et les res- 
forls ordinaires sont rétablis. 11 n'en est pas de 
même chez un peuple qui essaie une nouvelle 



J 



92 CÀU VKRNEMENT 

constitution. La confiance publique ne s'appuie 
que sur les lois ; elle se défie des hommes ; et 
toutes les mesures positives ou négatives que 
l'opinion nationale n'avoue pas, vainement re~ 
vêtues de forme^égales, ne paroissent que des 
infractions aux loix constitutionnelles. L'union 
du peuple au gouvernement est retardée ^ quel- 
. quefois même imposible. Si^ à l'époque de son 
avènement au trône^Guillaume d'Orange eût paru 
croire que la nation anglaise n'était pas digne 
de la liberté y et qu'il en eût, en conséquence^ 
dissimulé les droits, restreint les prérogatives ^ 
n'est-il pas très-probable qu'il auroit subi le sort 
des Stuarts ? 
Tribunaiix Bouaparlc , altérant successivement les bases 
*^^/"' de la constitution de l'an viii , remit en problème 
notre existence politique et civile y et sa propre 
autorité. Dans l'établissement des tribunaux spé- 
ciaux ^toit écrit , en caractères de sang, une ef- 
froyable tyrannie. Nous y découvrions tout ce 
que jusqu'alors il nous avoit pu dérober de son 
caractère.C'étoit une déclaration de guerre contre 
les citoyens qui seroient tentés d'opposer la ten- 
dresse paternelle à son système de conscription 
et de conquêtes ; elle présageoit sans détour l'em- 
brasement de l'Europe et les malheurs du monde ; 
je dis sans détour, car si Bonaparte n'eût pas eu 
cette intention , son institution n'eût été qu'une 



«bsurdité despotique. Le Iribanat se roonlra digne 
de la nation 9 alors délaissée ou trahie, et fut puni 
de son vertueux courage , sans réclamation de 
la part des autres autorités. Les voies extraor- 
dinaires sont des indices certains de la foiblesse 
des gouvernenaens ; et cet avertissement fut en- 
core perdu pour la cause de la justice et de 
rhuoianitQ. 

Le despotisme militaire exerce son influence F«tneri8o 
Jusque dans le sanctuaire de la justice. Il falloit 
priver la république du général citoyen le plus 
digne de la défendre, celui qui balançoit, par sa 
capacité et par sa gloire , la gloire et les taleas 
du consul. Une conspiration est aussitôt ourdie; 
on plutôt on enveloppe Moreau dans celle de 
Picbegru. La mort violente de celui-ci sert de 
prétexte pour imprimer la flétrissure du soupçon 
et du doute sur les communications qu'avoient 
pu se faire deux généraux , dont Tun avoit formé 
l'autre dans l'art de la guerre, et qu'unissoient 
l'estime, la reconnoissauce et Tamitié. Moreaii 
succomba; mais les vacillations de la justice ont 
éclairé le monde sur les motifs de son accusa- 
tion , et sa condamnation même a consacré son 
innocence. *La peine accordée à Tinfluçnce du 
pouvoir devoit , après deux ans de bannissement, 
le rendre aux vœux de la patrie. Le consul, cou- 
vrant ses craintes réelles d'une feinte indul- 



94 GOUVERNEMENT 

gence, prononça Texil à vie. On crui voir un 
regret cruel dans cette arbitraire commutation de 
la peine. 

Le jugement de Moreau est porte par la re- 
nommée chez tous les peuples ; et tous y même 
les ennemis de la France ^ disputent k nos alliés 
l'honneur daccneillir et de consoler ce grand 
capitaine. II ne falloit pas seulement des eoftso-* 
lations et des bienfaits à cet illustre proscrit ^ niais 
une patrie. U la cherche au-delà des mers y (ai la 
république des États-Unis s'honore de cette pré- 
férence. 11 apporte sur cette terre, que lésPenn ^ 
les f^ranklin j les Washington ont affranebie du 
joug européen , de nos préjugé«( et de noé actpers- 
titions y les trophées de sa gloire ^ que r^batissA 
une éclatânie persécution. 

Cette machination judiciaire n'eut qu'tiâ detiii'^ 
succès ; et Ton regretta d'avoir Mt de A grandâ^ 
frais d'intrigues 9 d'appareil et de BtAettùUé ^ pbWt 
n'obtenir que cela, pour avoir encore ttû rtviri ir 
craindre et des injusftices à expier. Il tféi(Al p\m 
temps de se mettre au-dessus des tûéùégetMM 
que conseilloient les circonslances et Fèpioiott 
ptfbliqtie; Boûaparte ne vit dans cette tSàltt 
qu'un temps perdu pour son ambition*^ et pt&^ 
mit bien çu'on ne Vy pf endroit plus. UôttA^ 
sion se présenta bientôt après d'exiger de^ jttgeS 
plus de célérité ^ et de soumettra miiitairenffeTK 



IMPERIAL. 95 

le code pénal à sa politique. Il ne laissa aucune 
sorte de discordance entre les différentes parties 
de son système. 

C'est pourquoi un prince français^ inviolable 
dans Taaile que lui ayoit ouvert le souverain de 
Bade 5 fut bientôt après arrêté dans. ce même 
asile , et traduit à Vincennes. Ce fut asseai de 
vingt-quatre heures pour la formation du tribu- 
nal, la procédure, le jugement et rexécolion. 
L'indignation fut universelle dans TËurope. En 
france, elle fut populaire; elle se peignit Sur 
tpus les visages , et s'exprima par le silence élo-» 
quent des profondes douleurs* La nation j par 
cette violence, se trouva offensée dans sa géné-> 
rosité , dans son honneur, dans sa justice* 

Aux premiers jours de Tan i8o4> les chefs de 
1 armée et les grands corps de Fétat y la nation et 
ses représentans reconnoissoient une nionarchie 
sous les formes de la république. Le consul étoit 
plus qu'un monarque avant que le sénat et leslé^ 
gislateurs lui eussent déféré le titre d*enl»pereur. 
La plus haute dignité légale oblige celui qui en 
est revèlu k se renfermer dans certaines limites, 
qu'il recule^ qu'il franchit sans doute à son gré; 
mais néanmoins ces limites sont tracées^ et au-^ 
delà le despotisme peut esstijer des disgrâces ; 
aa«delà il est sans gouvernait et sans boussole 
au milieu de nombreux écueils. L'autorité con«» 



q6 gouvernement 

sulaire a'ëtoît dëlermioée * ni par Tusage ni par ^ 
les lois. Et parce quon n'en connoissoil pas les 
bornes 9 on ne lui en supposoit point. Cependant , 
Bonaparte . préfeVa à cette aaloritë indéGnie ^ 
toute illimitée qu'elle étoit , le despotisme avec 
tout son luxe et sa périlleuse indépendance. La ^ 
vanité 9 l'orgueil, les sollicitations de sa famille . 
obtinrent ces acrifîce. Il renonça pour elle à la 
situation la plus convenable à son caractère , celle . 
où il osoit tout sans crainte d'être comparé à per- . 
sonne , où il étoit hors de rang et au-dessus de . 
la loi. 

Que les Français eussent impatiemmeint sup- 
porté ce joug si nouveau pour eux,, je le conçois; 
mais ce. n'est pa$ pour en alléger le poids , qu'in-* 
terprétaht dans le sens du consul ses phrases obs- 
cures y ses réticences affectées , ses plus légères 
insinuations, ils ambilionnoient de passer sous 
le joug plus visible, d'un maître plus superbe. 
Ceux qu'agitoit la crainte., et ceux qui. s'atten- 
doient aux faveurs, se précipitoient avec une 
égale ardeur au-devant d'une plus comimune et 
plus brillante servitude , sans songer que leur 
empressemeijt à relever; te tronc de Charlemàgne 
en ternissoit l'éclat et la gloire. 

Le 2 mai , le sanctuaire des lois retentit de ces 
paroles : ce Napoléon Bonaparte , empereur des 
Français. >> Le vœu des. législateurs est conGrmé 



ï»I1?ÉRlAt; 



97 

|Mir le Isenat^ conserçateur des lois de la répu-^ 
ifUque. i< La digaité impériale est héréditaire 
daii8 la £amille de Napoléon. » 

(rLe^ouvernemeat impérial sera représenta- 
tif. Sous ses auspices seront maintenues toutes 
nos libérales institutions. Sur l'ancien pacte s elèye 
\m pacte nouveau^ double garantie pour notre 
liberté politique et civile. » 

Yoilà , Français , Torlà l'appât que jette an mi- 
lieu de vous le visir de votre nouveau maître. Et 
ce visir fut un célèbre républicain^ Vous vous y 
prendrez; cependant ce qu'il dit^ il ne le croit 
pas. Sous un titre pompeux^ c'est un premier 
, esclave pour qui le cœur du despote est sans re- 
plis et sans secret.. Bientôt ce même ministre re- 
cevra et déposera au pied du trône l'abdication 
de l'autorité sénatoriale, et dictera le décret d'in- 
.terdiction qui réduira le corps législatif à n'être 
.qu'une muette députation des dépar temens , sans 
caractère de représentation nationale. 

Ainsi tout déchoit, tout descend à la fois, la 
•nation, ses mandataires, et Napoléon lui-même; 
.car le premier rang , dans l'ordre de la civilisation 
^huniaine, est celui que les républiques et les mo- 
narchies représentatives y occupent; et, parmi les 
chefs des nations , le plus élevé est lejmagistrat , 
soit amovible « soit héréditaire , de ces mêmes 
gouvernemens. Crom-wel , tyran habile et jaloux 
3. 7, 



q3 couvernbment 

d'an pouvoir qu'il étendoit ou modëroii a soa 
gré y se garda bieo de la sacrifier à la vanité d'un 
titre. Une toute autre fierté convenoit à son anM 
altière. La grandeur s'y allioit avec l'alrocité. 
Roi 9 auroit*il y d'une main plus puissante et plus 
assurée^ préparé ^ fiié la domination maritime de 
la Grande-Bretagne (i)^ imposé plus de respetit 
à sa nation envers sa personne ^ et^ de la part des 
puissances alliées ou rivales , plus d'égards y de 
déférence et de considération envers son gouverr 
nement et sa nation? 

Vers la fin de sa magistrature consulaire , Nj^ 
poléon étoi t à peu près dans la même situation fg^ 
litique où se trouva Cromwel , lorsqu'il se fui dé- 
claré protecteur; mais celui-ci^ génie vaste etpro^ 
fond y s'étoil élevé par tous les moyens que soggè^ 
rent une ambition violente y une tyrannie saDJgui- 
naire. Il avoit dompté l'iodomptable nation. Lafin 
de cette tyrannie étoit marquée ; c'étoit la mort du 
protecteur. Le despotisme se rasseoit sur le trône^ 
pour en être de nouveau précipité. L'Anglais 
ioufiriroit plus long-temps un tyran illustre qu'un 
deposte y tel qu'il puisse être ; mais il reviendra 
toujours à la liberté. Il la goûte comme une idée 
juste; il s'y attache comme à la vérité; il la pour- 



(i) L'acte de navigation. 



iSPXRfAL. 99 

ffdt comme le bien le jius nécessaire a soa exis- 
tence. 

Bonaparte , an contraire , avoit traverse y sans 
nom comme sans danger y Forageuse révolution • 
n devoit son entrée dans le port à la faveur des 
teiite, plus qu'à son art. Sous le directoire, il 
commença Sa carrière , et sut adroitement profi- 
ter des circonstances. Les fautes et les malheurs 
de Schérer le servirent au-delà de toute espc- 
Ancè. Comblé de la gloire des héros (i) , il pou- 
TOit lAdissoniïer une plus solide gloire. Le con- 
sulat rétoit 9 en quelque sorte y venu chercher, et 
tonte concurrence s'étoit éclipsée. Les Parisiens 
atVoietit oublié le 1 5 vetidémiaire , les royalistes 
lé i8 fructidor, et tous les partis se taisoient sur 
la hasardeuse expédition d'Egypte. La France 

■ 

n'asfârôit qu'au repos et au bonheur ; elle les at- 
tendit de Bonaparte. Tous les moyens s'offrirent 
à lui dé justifier cette confiance* 

Les peuples sont toujours disposés à excuser 
les torts de ceiix qui les gouvernent ; à faire , pour 
des Uens qu'ils espèrent, le sacrifice des pins 



* 

(i) Il est jaste de reconootlre que la gloire et la 
r^poUlion militaire de Bonaparte se composent ea 
grande partie de celles d'autres grands capitaines , ses 
Heatenans , tels que Joubert , Masséna , Bernadotle , Au^ 
gereaa , Blakdooaîd , etc. , etc. 

7' 



lOO % O U T2 R ir E M E N 1* 

justes ressentîmens ; et toujours trompes^ ils fo 
seront encore. Au faite du pouvoir et des dîgnï<> 
tés 9 le prince qui succède à ses pères oublie trop 
souvent qu'il succède à leurs obligations ainsi quUi 
leurs droits ; et celui que le peuple a tiré de ses 
rangs et élevé sur le bouclier, que les grandeurs 
et le pouvoir, payés d'ingratitude , ne sont pas des 
l)ienfaits irrévocables* 

Mais les cabinets des princes se règlent «-ils 
d'après l'intérêt des peuples? Quelle est l'origine 
de ces rivalités^ de ces haines nationales^ qu'âne 
exécrable politique a fomentées, qui s'apaisent 
par l'effusion du sang , sans jamais s'éteindre? 
Une prévention ^ xm vain titre. Quelle a été la 
cause de la guerre qui ^ tout-à-l'heure , a désolé 
dix empires , qu'elle a tous successivement fou* 
lés, couverts de sang et de ruines; qui, après un 
partage égal de succès, inégal de moyens et de 
gloire, s'est terminée par la chute d'un seol 
JÉomme, mais d^un homme qui avoit rempK 
l'Europe de ses trophées, humilié les rois^ et 
frappé tous les peuples d'étonnement et de ter- 
reur? Cette cause n'est peut-être qu'un amour- 
propre offensé , une injure de l'orgueil que la va- 
nité n^a pas pardonnée. 



MlIPéRiAL. lOX 



CKAPITRE VII, 



Jpùliilque de Napoléon entiers la cour de Rome; 
son sacre. Observations sur le rôle que là 
pape joue à Paris. Activité dans les ports 
inspectés par l'empereur. Alarmes en Angle" 
terre. Son "voyage en Italie., Il met sur sa 
téie la- couronne des Lombards. 

XJ E V X objets occupent^ principalement Napo- 
léon ; le premier^ d'anéantir, du moins de répri- 
meF. le prétendu droit maritime de l'Angleterre, 
de coaliser contre elle le continent , de passer 
lui-même le détroit à la tête de ses légions victo- 
rieuses, et de^ rétablir dans Londres la liberté de 
\^ nayigatiôA et du commerce. 

Le second >. de revêtir de la sanction divine sa 
vjQCation.à l'empire , d'être proclamé I0 restaura^ 
teur titulaire de la religion, d attirer sur lui et sur 
sa couronne le respect et les hommages des peu- 
ples chrétiens , enfin de régner sous les auspices 
et par là grâce de Dieu. Ce n'est point à Rome 
que le pontife reqonnoilra le légitime successeur 
de Charlemagne. 11 importe à Napoléon de faire 
de son couronnement un spectacle, et de lui don-* 
nar, aux yeux du pape, chef et représentant de la 



I(>4 GOUVERNEMENT 

ployer Porgueil de la tiare, d'avoir, pourainsf 
dire, amolli Tinflexible' doctrine de la' cour de 
Rome; il ne devoît pas reconnoitre cette prétea--« 
tk>n absurde , que Imlervention^ d'un pontife: 
ajoute aux droits des princes , aux obligations: 
des peuples. Les kmi'ières du temps ëclatroient 
Forigine, les abus et les dangers de ce dc^ime;* 
la raison- publique' eh réclamoit le sacrifice f et 
Napoléon , relevant le trène, s'en seroit montré 
plus digne, s'il l'eût affranchi de cette antique et 
injurieuse vassalité. U le devoit,pourson intérêt; 
et pour sa gloire; car> s'il n'^eût pas compté sur'/ 
ce frêle appui , il se seroit éiayé d's^puis plus 
réels et plus solides ; il eût cherché ses auxiliaires 
dans l'amour dn peuple, dans l'estime des na-« 
lions et dans la confiance qu'ob^ent la âupéria- 
rilé , lorsqu'elle n'est et ne vent être que défèn-^ 
sive pour elle-même, protectrice pour tous. La 
nation s'empressa de couvrir par son vote,' qui 
fut presque universel , et les. vices de son élec-^ 
lion et la sanction du souverain pontife. L'or- 
gueilleux Napoléon reçut cet hommage comme ' 
pouvant s'en passer; déjà son titre étott la volonté 
de Dieu , garantie par son épéé. . j 

Sous quelque aspect que Ton considère le 
pape, après la cérémonie du sacre, il ne fut à 
Paris qu'un personnage déplacé., hors de rang^ 
Pie vn est-il un courtisan dans le palais de Tenir* 



IMPERIAL» ia5 

pereur ? dans son cabinet est-il un négociateur 
intéresse? y solIicite*t*il le prix de ses complai- 
sances ?.«•. On prétend que le charme ne fut pas 
de longue durée ^ et que de vifs regrets Taccom- * 
pagnèrent à Rome y où Tattendoient de violens 
remords. 

Il sembla en effet qu'on ne retenoit ce pape 
débonnaire ^ que pour désenchanter le vulgaire. 
Ainsi Bonaparte se plaçant sous la garantie de la 
religion 9 lui^ sa dynastie et son pouvoir, expo-» 
soit le chef, le pontife de la religion au ridicule 
et au itiépris d'un peuple déjà familiarisé avec les 
dignités et les grandeurs. Cette espèce de con- 
tradiction se représente souvent dans sa politique 
comme dans sa conduite commune. Promené 
d'église en église^ le pape répandoit des bénédic- 
tions sur une multitude qui n'en demandoit pas, et 
Kcueilloit en échange d'ironiques acclamations. 
Un mois étoit à peine écoulé que ses chapelets 
étbient sans demande , et ses messes sans assis- 
tans; tant il est vrai qu'on n'est pape que dans 
Rome : partout ailleurs le vicaire du Très-Haut , 
serviteur des serviteurs , ne représente ni la puis- 
sance divine ni la souveraineté temporelle. C'est 
un article de doctrine à ajouter à ceux qui, depuis 
tant de siècles, règlent la politique du Vatican. 
Les beautés fantastiques, bien différentes des 
beautés naturelles, soit physiques, soit morales. 



I06 COUVERKEMXNT 

n'ont qu'un seul point de perspective. Le pape 
fut donc joué et préparé aux humiliations et an 
dépouillement du saint-siége. Il s'est vu quelque 
temps réduit à sa puissance spirituelle , et rap- 
pelé à la pauvreté apostolique. Et comme Dieo 
se sert de tous les moyens pour raccomplisse- 
ment de sa justice^ le bras de l'hérétique , l'épée 
de l'infidèle ^ ont fait triompher sa cause. Exemple 
rare , qui ^ je crois , n'ôtera rien de son influence 
future à l'importante leçon que Pie yii laisse k 
ses successeurs (i). 

(i) 3i des causer imprévues ne viennent pas arrêter la 
marche progressive de la raison , il est permis cle douter 
qot les successeurs de Pie vu ayent à se mêler des inté* 
rits temporels des peuples et des rois. La réKgîos €on« 
damne les couronnes ^e Jésus n'a pas posées sur sa llt*« 
Il légua au pontife , son successeur, $a/résîgnatioaa«i, 
souffrances > sa charité envers tous les hommes. £n Ifi 
détachant des grandeurs humaines , il les éleva an-dessos 
des grandeurs : « Toutes choses de vil prix , dit le grand 
Bossuet, et que Dieu, comme telles , abandonne aux 
peuples jaloux de dominer sur la terre ». L'univers subit 
le joug de Buome , et les Romains passent sous eelaî âm 
barbares. C'est du milieu des calamités noîveracHtt, 
c'est du sein des ténèbres que sort la puissance pont^fioalej; 
c'est à la faveur des troubles, des divisions , de U sub* 
version des lois qu'elle s'accroît , se fortifie et s'assied sur 
le trône des Césars. Ce sera donc aussi à la faveur des 
lumières que toutes choses seront rétablies à leur place ^ 



thperiAl. 107 

Cependant l'empereur^ au milieu des soins 
qu'il donnait aux afi^res intérieures , hàl,oit les 
appréU de la descente en Angleterre. Paroissant 
uniqueinent occupé de Ipi-menie et des efiets que 
son sacre avoit produits sur l'opinion publique , 
il aYoit l'œil sur TJ^urope 9 sopdoit les disposi- 
tions des cours et des ministres , éprouvait ses 
amis^ dissimuloit avec ses ennemis ^ et rametioit 
toutes ae^ pensées sur celle puissance britannique^ 
dont les vaisseaux , comme une chaîne inimense, 
tournent le monde y séparent les mers des çonti- 
nens ^ interdisent ou permettent la navigation à 
des conditions dictées par l'orgueil et la cupidité. 
Il meditoit une invasion qui termineroit une 
longue querelle et une nouvelle oppression 1 il 
revoit une époque plus mémorable dans les 
fitttes du monde que la ruine de Gartbage ^ que 
la bataille qui mit Rome et l'univers au pied de 
l'heureux Auguste. Cette chaine naaritime qui 
€eint l'univers , et dont les deux extrémités se 
i^unissent, s'enlacent et sont gardées dans l'ami- 
rnuté de Londres , il est aujourd'hui presque im-* 
|iOfisihle de la rompre. Elle s'est fbra^ée et forti- 
fiée dans le sommeil des nations ^ après des 
guerres que le cabinet de Saint*James a eu l'art 

4an6 leur rang , et que la morale reJigieuse se coordon- 
nera ayee la légisktÎQO polîtiqae el civile» 



d'entretenir ; affoiblissant , ruinant tour à toar- 
chacune d'elles^ et , par avarice^ payant chère- 
ment le sang des peuples. Sa politique est de di*- 
Tiser et d'intervenir dans lés débats ^ pour empè- 
chéries rapprocbemens^ pour embrouiller des. 
discussions qui- ramèneroien^ enfin les peuples et 
lès rois à leurs vrais intérêts. Le dominateur des 
mers est nécessairement Tenuemi des puissances, 
continentales; le,ur désunion fonde, maintient 
sa tyrannie; leur accord' doit un jour la détruire. 
Elles n'auront pas à déployer des forces actives^ 
à mettre sur pied de grandes armées, à opposera 
ses escadres de flottes nombreuses. Que sur tous 
les points les côtes soient gardées; que tous les 
ports et tous les cabinets soient fermés en-méme 
temps à son commerce et à ses agéns ; que la ré*-. 
sistance soit générale , le vœu de l'indépendance 
unanime , et le colosse s'affaissera sous son propre 
poids. L'inertie commerciale , l'absence de tout 
mouvement , de toute communication , voilà la 
puissance * que l'Angleterre redoute, voilà l'en*- 
nemi qui doit la vaincre. Aux premiers syta^ 
tomes de marasme et dé dissolution , elle abdi- 
quera- le sceptre maritime , et chaque' peuple 
recouvrera son droit sur le domaine commun .à 
tous les peuples, sur ces mers qiîe la nature a for- 
mées pour les rapprocher, les lier entre eux, aor 
croître leur industrie et leurs jouissances^ . 



Xa raison et. la justice avouoieat donc égale* 
raient le projet d'isoler T Angleterre ; cette pen- 
sée étoit juste et profonde; mais l'exécution du 
plan tracé par Napoléon étoit contrariée par la 
situation respective des puissances, plus encore 
par son ambition. Le temps, la prudence, une 
politique conciliatrice, l'appui des lumières et 
des discussions polémiques, celui de la morale 
universelle , dévoilant , accusant <:e prétendu pa- 
Udotisme anglais , qui n'est que la haine des autres 
nations, voilà par quels moyens cette grande ré- 
volution pouvoit être opérée , et non par la con- 
quête du continent; système absurde que l'An^ 
gleterre favorisoit , en paroissant le combattre ; 
qui s^adaptoit à son propre système, et qui jetoit 
pour long-temps l'empereur Napoléon et les ca- 
binets de l'Europe bien loin du but qu'une par- 
faite harmonie eût pu leur faire atteindre (i). 

(i) Les ëy«nemens présens rejettent loin, dans Tare- 
nîr, le système d'union continentale contre l'Angleterre. 
La France, avant d'être deux fois envahie et morcelée^ 
pouvoit être le centre de résistance, le. point d'appui de 
cette confédération de tous les peuples contre un seul, la 
plus naturelle et la plus légitime qui jamais ait été con- 
çue. Elle peut tout craindre, et ne peut rien entreprendre 
aujourd'hui. Toute injustice, toute usurpation est pos- ' 
sible au gouvernement britannique; ses vaisseaux tien- 
nent le glpbe en état de blocus , tandis qu'il avilit les 



Î13 COUVERNEMÊNf 

dont le repos annonce la foudre et la lav&brâL^ 
lante ; ses conceptions sont ardentes ^ son cœur 
froid et desséché ; il a souvent paru rétracter, p^r 
des signes de repentir, des mouvemens affec-* 
tueux , et repousser la pitié comme une faiblesse* 
Lé malheur ne parle point à ses yeux^ s'il ne fait 
spectacle. Napoléon concentroit dans sa tête toutes 
les facultés de son ame , et son cœur n'étoit en 
lui quun organe de la vie. Il ne cfaerchoit dans 
l'a venin que des jeux sanglans, des batailles^ des 
conquêtes ; pensant à tout , excepté à quel prix 
sont achetées les victoires , par quel sacrifice 
d'hommes un fleuve est passé , unie redoute en- 
levée. Ses goûts et ses passions expliquent Ja pré- 
férence qu'il donna toujours à la tragédie sur les 
autres représentations théâtrales. 
- Si Napoléon excelloit dans l'art de disposer, 
de diriger, d'électriser ses armées , un jour de 
bataille ; si , par la savante composition des corps 
d'artillerie et du génie, et par l'esprit dont il les 
animoit à son gré, il enchalnoit la victoire à ses 
drapeaux , le cabinet de Saint- James avoitsur lui^ 
dans la science diplomatique , tous les avantages 
d'une longue expérience, une supériorité mar- 
quée par de nombreux succès. Sa tactique étoit 
fondée sur la connpissance des hommes d'état les 
plus influeus dans les conseils ^. des personnages 
de cour les plus favorisés par le prince, des di- 



IMPERIAL. Il3 

irers intérêts qui occupent les cabinets de l'Eu- 
rope, des prétentions qui les divisent, et même 
^e leurs secrets; connoissance indispensable, et 
qae dédaigne celui qui croît pouvoir résoudre 
toutes les difiBcullés par l'épée , qui veut tout de- 
Toir à la victoire. 

L'Angleterre est gouvernée par les lois ; elle- 
même règne sur le globe par l'ascendant de sa 
profonde politique , par une attention patiente 3 
invariable à mettre dans son parti le temps , l'oc- 
casion , les événemens , par l'emploi qu'elle fait 
de son or, tribut des deux Indes , et , vrai fléau 
des peuples , s'il est le tyran des rois. Problème 
singulier^ cette nation commerçante éprouve le 
besoin continuel de la guerre; la guerre soutient 
sa puissance et accroît sa prospérité ; elle la fait 
par raison d'état , si toute autre raison lui manque 
et surtout contre la France , la France , qu'elle 
Teut irrévocablement dominer ou combattre; 
mais elle l'entreprend à propos, et la poursuit 
avec prudence , évitant les hasards , et n'attendant 
rien de la fortune. Le cabinet de Saint-James 
calcule les bénéfices d'une campagne , comme les 
négodans de Londres ceux d'une expédition com- 
mercialef La politique du café de Loyds est la 
même que celle dçs comptoirs. 

C'est pourquoi les Anglais sont toujours tra- 
vaillés de la crainte de perdre la liberté,- et de la 
3. 8 



Il4 GOUVERNEMKNT 

çfaiate que d'autres peviples participent à ce bien*- 
fait de la nature e( de la ciyijii^tiQa. C'e^t une 
divinité doxi^ ^s se réservent le culte ; à cip culte 
ei^clusif ils atta^chen^ ]fi priyilég^ d'un? ^avigati,pa 
exclusive, ^n effet , les, pui^saniçes r^ ^ baJi^mçe- 
ront y et la paix du monde ne serâ^ JM^^Û^nt^ et 
durable qufi lorsque le i^n(4>eai^ de k^ véÊ^it/é luira 
égaJeuji^eJiil poi;iç tous lespeupJlçs^lorfi^u^'U^ «uront 
la mêm^ co^viçtioç, de leurs droite j^ le même 
sent^imçnt dies devQJçs et d^ i^er|ps.> eli lorsqu'ils 
consaçi^çrpi^t k \^w propre^ défense le coujrage^ 
les talens^ les ^rtsi qvi'ilsi appliquant a;uj[ourd'hui9 
ef depuis taj;K( de siècles , k asservir le foible> à 
çomlj^ttr^ d^s. uAtions paisibles , étrangères aux 
q^o^r^Ues dfis grands pptçntate:, et seules punies 
dçs injustices çt de la foj^e ajuk&tion dont ceux-ci 
sont cQ]ap^bliçs.. 

C'est encore par une conséquence évidid&te d« 
sa politique et, de se£l maxinoes. d*état , que toss 
Ips, moyens de corrooipre , d'asservir fea couir& et 
les. niinist(i:es à la cour et a.a ministère biitoo/? 
nique, sp^^ ^mplpyçs pap cel»i-çi; et ^pi^ le 
gouvernem.ent anglaîs^ exerce au- diekora»^ Mr 
tous les états, cette vigilaqçe, cette ceiii^uire qïM 
le peuple de Lopidrçsi exerce sijr apu. p^ opjse 
gouvernement. 

Dans toute monarchie où, M IjberbQ.est gai^autie 
par la division des pouvoirs , ili existe uéc^Sai** 



IMPER 11 L.4 li5 

rement > entre les corps dépositaires d'une des 
branches de l'autorité, une latte qoi menace et 
maintient Fëquilihre. De là naît l'opposition qtii 
circofàvienl , plus spécialement , la prérogative 
royale 5 parce que celle^ réunit le doubkr avan^ 
fage de participer à la législation et de faire e%é^ 
cuter les lois. Source des faveurs et des gr&ces, 
le prince est l'ob)ei de tous les hommages ^ et le 
«i)et de tontes les craintes, Nost précédentes 
cfinadtutions ont péri par déÊsivt de )i»tte et de 
balance* Les deux premières .frappoieitt le pou^ 
voir exécutif d'une absolue nullité. Les constitch- 
laèna dlesrmêroes furent nulles sous Bonaparte. 
SMes avoient séparé L'exécution, de l'autorité lé<- 
gialatîf e ^précisément pavce que la première étoic 
destinée à tout envahir. 

Kapoléon àttiroit sur son camp de Boulogne 
raite»tioo et les regards de l'Euirope. Ce camp 
4iffi?oifcVa^ct d'une superbe viUe. Aux manœu^ 
"vres militaires se meloient les danses et les spec^ 
tacles. I^Aesairts, le luxe, les plaisirs y afSnoient 
et fbrmoient un étonnant contraste avec l'ordre 
et la discipline. La présence de l'empereur tenok 
ckacuA et ebaque chose à sa place. Paris et l'ar- 
mée s'étoient réunis sans désordre et sans confuH 
non. Une cour brillanle dlstinguoit le quartier 
impérial. BeS' fêtes y annoncèrent, y terminèrent 
la plus auguste soleniûté y celle où N^poléoa dis- 



Il6 OaUTERNEMEIf "T 

tribua à sa brave armée le signe de Thonneur, 
le prix de la bravoure. En le recevant , le sol- 
dat tournoit son regard sur le rivage de l'An*- 
gleterre , et ce regard exprimoit le dévouement 
et la certitude de vaincre. Jamais aucun mo- 
narque n'a fait espérer et craindre de plus grandi 
événemens. 

Cependant le cabinet de Saint-James avoit con- 
juré la tempête , et bravoit nos armemens avec 
une insultante ironie. Il avoit armé TAutriche^ 
qui y sans déclaration préalable , s'empara de la 
Bavière et menaça l'Italie. 

Napoléon se laissa prendre au piège que loi 
tendoit le ministère britannique. Celui - ci avoit 
compté sur l'irritation impétueuse de son en- 
nemi y et disposé le cabinet de Vienne à n'en- 
tendre aucune parole de conciliation. Des agens 
secrets relevoient la supériorité de nos armées 
sur celles de l'Autriche. On affectoit de répandre 
des bruits injurieux pour ses troupes, pour le 
gouvernement lui-même. Une campagne pou- 
voit suffire pour soumettre cette puissance^ déjà 
épuisée par tant de défaites. 

L'empereur étoit retourné dans sa capitale j 
et y tandis qu'il donnoit ses soins à la cérémo- 
nie du sacre 9 à l'administration intérieure de 
ses états y l'armée se mettoit en marche y et 
passoitle Rhin. Lui-même le passa le i^' oc- 



m r 



fofare ifloS, après aroir cooqois Fllalie par ses 
^ et placé sur sa tële^ presque en pre- 
des années antrirhieniies^ Fantiqae coq- 
TOiiiiedesLoailiards(i): un royaume (bt le prix 
d'une oourse. 

(1) Qk les pcffSODiics qaî oot obserre les opêntîoiis 
militaires et poHdqaes do général Booapuie en Italie, 
Ji r ft a it IcDT attention snr ce point de sa conduite; elles 
^mnat avec qiielle prédilection il a enridii le dndié de 
Milan des fruits de ses TÎctoires, avec qnel artifice, après 
enflé le cœor des Milanais et de plosieors peuples 
I, réunis sous des lois et des formes républicaines, 
avoir fait sonner, à leur oreille délicate et prompte 
â Tentlioostasme y le nom de répubiiqut ùaSenne; il a 
insinné à la consulta de Milan , ensuite âi la consulta 
coBToqnée à Ljon , tous ces actes de reconnoissance qui 
dévoient rélerer, par degrés, au titre de fondateur, de 
protecteur , de président de la république ; enfin lui 
imposer l'obligation de charger sa tête de la couronne 
exhumée des Lombards. 

Ymlà la Téritable cause de l'existence laborieuse, éqni- 
Toqne de fltalie , dont il étoit si facile â Bonaparte , gé- 
néral , consul on empereur, de fixer à jamais Findépen- 
danoe. Cette même politique , nous la retrouverons dans 
sa conduite' à l'égard de la brave nation polonaise. Il 
laisse aux empereurs de Russie et d'Autriche une belle 
moisson de gloire k recueillir; qu'ils interrogent le siècle, 
qu'ils entendent le vœu de deux grands peuples , et deuT 
irands exemples seront donnés au monde. 



IlS COUVIRNEMEPÏT 



CHAPITRE VIII. 

Guerre contre l'Autriche. Belle et glorieuse 
campagne, couronnée par le traité de Pres-^ 
bourg. Gouvernement militaire; ses effets 
politiques et moraux^ Déi^eloppement du 
plan de Napoléon. Conseil d'état. Confédé^ 
ration du Rhin. 

J^APOLEON atteint son armçe ^ et la harangue 
avec la confiance qu inspire la certitude de vaincre» 
Bientôt il occupe. le territoire ennemi^ et^ de 
triomphe en triomphe^ il arrive^ il entre dan^ 
Vienne , désertée par les grands de Tétat , aban- 
donnée par le gouvernement. Il y règne , plus 
qu'il n'y exerce les droits de conquête. Il donne 
l'exemple dd la modération après la victoire y de 
la justice envers les peuples , de la magnanimité 
envers un prince agresseur. Il dédaigne l'orgueil 
de punir une injure^ et immole les justes ressen- 
tfmens qu'il a apportés du camp de Boulogne. 
Que de triomphe et de gloire au début de cette 
campagne en quelque sorte iitiprovlsée ! Com- 
bien la conduite de Tempereur François^ pré- 
parant la guerre sous les auspices de la paix , s'en- 



iMPéRIÀL. Iig 

gageant dans uhb côalitioa tramée avec ïe secret 
dont les conjurations s'enveloppent , s*hamiliaht 
k la condition d'un subsidiaire de l'Angleterre ^ 
réievoil le mérite de son tainqueur et Ib prix de 
6à noble générosité ! 

Cette ^mpagne sera h jariiais bélebrb par la 
rapidité et la grandeut* des événeniens qui l'ont 
retuplîe; On comptoît plusieurs généraux^ dont 
chteun en eût pu conjcëvOil* le plab> en diriger la 

conduire 9 en assurer le buccès : tous exécutèrent 

les kUbntieUyres léi^ plus savantes > tandis querem- 
pêreb^ déplbyoit tbii tels le^ ressourcés dé la sdéncé 
et du géhie aVec té baliiie <jui présagé des trioUi- 
pfaei^ eét*tainS. Totit ptômettoit âUx Français un 
grand jour; tout annonçoit un jour funeste à 
l'armée aUStf 0-rùSse. Lé 2 déceiUbre y la bataille 
d'AUstérliti; ébi-aula le trÔnè de l'empereur Fran- i8o5. 

çdis^ et Napoléon le raffei^mit en signant la paix 
h PresbôUrg. 

Que de faits d'armes y qUë d'actidU^ dignes de 
iûéthiâm^ auront à Recueillit* les bistoriéns do 
cêUé càtupâgné ! dtàtUè tniliiairé par sa rapidité ^ 
pâi'd'intéressanà épisodes i par son dénouement; 
et ël ié pinceau èât digne du sujet > êjùe de bril- 
lant détails elle fournira au grand tableau dé 
l'bistoire ! Mais qu'après avoir décrit les combats 
et célébré les héros y le philosophe se montre sur 
la scène, déplore le sort, réclamé les droits do 



laO GOUVERNEMENT 

Ihumanité ; qu'il expose aux regards des rois les 
plaies que chacune de leurs querelles lui a faites ; 
qu'il fasse retentir dans leurs consciences la voix 
de la postérité 9 cettevoix qui juge les maîtres de 
la terre et venge les peuples. A quel irrévocable 
arrêt doit s'attendre celui (i)qui, un pied dans 
DOS rangs y l'autre sur la première marche du 
trône j accuse Tacite ^ justifie la sombre tyrannie 
de Tibère , les cruautés de Néron y les absurdes 
fureurs de Caligula. Cette injure^ adressée à la 
Terve de Tacite ^ organe précurseur de la justice 
des temps ; cet intérêt pour des monstres chargés 
de dix-neuf siècles de haines et d'exécrations , 
nous révéloient un bien affreux avenir^ et présa- 
gèrent au monde des destinées qui , par bouheur, 
ne se sont pas toutes accomplies. Le magnanime 
Alexandre vient de payer à la France la dette 
qu'il contracta envers Napoléon , après la bataille 
d'Auslerlitz , quoique les flammes de Moscou 
en aient dévoré le titre. 

Le traité de Presbourg accroît les domaines et 
l'influence de Napoléon. Il est reconnu roi d'Ita- 
lie. Ses alliés , les rois de Bavière et de Wurtem- 
berg^ le prince de Bade^ la Suisse et la Hollande^ 
sont appelés au partage de la dépouille du vaincu^ 



( I ) Bonaparte encore conisaL 



IMFSRIAL. \2^ 

etfondenl leur indépendance et leur sécurité sur la 
considération politique qui environne l'empereur 
lui-même. Ses ennemis sont frappés de terreur ^ 
les Français d'admiration : au plus haut degré de 
bonheur et de puissance ^ de gloire et de renom- 
mée y que lui manque-t-il ? la modération y les 
vertus qui conservent les empires^ bien différentes 
des qualités et des talens qui les fondent. La pro- 
vidence lui présente l'occasion de réparer^ par 
des lois sages ^ par ces soins paternels qui distin- 
guent les bons rois y les maux inséparables de la 
guerre. Elle Fa placé entre les nobles jouissances 
que goûte un père au sein d'une famille heureuse y 
et les regrets qui marquent tous les pas d'un con- 
quérant ; elle lui montre à la fois le port et les 
écueilsoùtant d'ambitions ont échoué^ où se bri- 
sent les grandeurs immodérées. Ni la perspective 
du bonheur des peuples y ni l'honneur (i) de pro- 
téger Jes lettres et les arts y d'étendre les bienfaits 



(i) «Il condamna ( Boileaa ) au mépris et à rindîgoa- 
^ tion publique ces hommes flétris du nom de conquérons; 
») insensés qni osent croire il la gloire du crime. >» 

Ainsi s'exprimoit, dans son éloge de Boileau, à Tàge 

3e dix-neuf ans , un littérateur qui , dans plusieurs ou- 

nrages, a constamment opposé de semblables maximes 

nx louanges tant de fois prodiguées au conquérant le 

las insensé. 



132 COUVERrCBMENT 

de l'industrie et du cotiimerce^ ni lê soiû de sa 
propre gloire tie tôùchebl celte ame, nniqnèknbht 
passiondée pour Id fausse gloire. Il petit encore 
être Un* grand bomme siii* le trône ^ spectadë qui 
si rareitietit Cônsote ou réjouit lès nationè : it éh 
Teut être le fléau ^ et le veut sans hésitiilian et 
8M6 cotttbat. 

Ainsi le traité de Prë^bôurg ne fat^ cdMine 
eenx de Canipo-Forrnio et dé Ltinévîlle ^ qu'une 
suspension d^arnies pouf celui des cObiracUns 
qui avoit des pertes à réparer^ plus eâcbt^ dâti^ 
là pensée de Napoléon , qui vbjroit d'àtitrës 
royaumes à conquérir. Le canon repose , et les 
armées resteut dans Une altitude hostile. Si Véx- 
pectâtive deè combats rit au vainqueur^ elle per- 
met âUx Taiiictis d'espérer des chances plus heu- 
reuses. Qu'il ne compté pas sur la foi de^ traités , 
Celui qui dicte des conditions humiliantes on op- 
pressives. Le faible , daris ce cas , reùhérchfe Tap- 
pui d'un plus fort^ qui craigne pour lui-mênoie. 
De-là des coalitions mieux cimentées et des efforts 
plus seérètement préparés. L'orgueil dé Nëpoléon 
né sôufirôit pas plus le conseil lorsqu'il négocioit 
la paix que lorsqu'il projetoit ou faisoit la guerre. 
Il commandoit un traité comme un plan de cam- 
pagne | comme il commanda bientôt après des 
décisions à son conseil, des décrets au séUat) 
des lois au corps-législatif. 



IMPÉRIAL. 12? 

Celle progression du: despotisme^ foulatit une 
à une Bous ses pieds les lois de la mon&fchte 
tempérée^ s'opéra par les^ mêmes moyens que 
c^le du pouvoir consulaire^ traversant ^ abattant 
les iostitations republicaities ; avec cette diffë«- 
renCe qu^ Tempereur avilissoit des pouvpifs 
qu'il àvtoit établis ^ brisoiC des formes qull aVoit 
c<>asat^rées ^ renversoit des barrières datis le$«- 
<)ùelles il s'étoit renfermé ^ et que le consul avoil 
tourné avec prudence dans le (Cercle que lui tra-* 
çoit Èê, magistrature; qu'il l'avcHt franchi avec 
tant de ménagemens y et dand de telles circons-^ 
tances > qbe l'approbation emprëësée des auto- 
rités-y gardiennes de la constitution et des lois^ 
pouvoit lui paroltrc l'expression de la volonté 
natibivdé. 

Là force armée ()ut suffit a la défense de l'étal 
ne cause aucune alarme ; elle protège y au con- 
traire >k liberté publique et la liberté indivi« 
duelle pai^ sa présence et ptar sa propre soumis-- 
sion aux Idis. Ces innombrables armées qu'an 
prince attache à sa |)er8onne , comme s'il étoit j 
seul ^l'état 9 la nation 5 la patrie ; qu'il enflamme 
d'im désir vague et désordonné de gloire^ de 
conquête; celles-là né servent que son ambition , 
el n'&Bi qu'à dépouiller des peu{d^5 amis ou en** 
oemis. Elles passent sur les royaumes comme 
d'bdtriibies tempélea. Perdant tout sotiventr de 



124 COTTVERlfEMElfT 

sa famille , de son pays^ de son éducation civile,' 
le soldat attend tout de son chef, met en lui seul 
ses affections , ses espérances , et , méconnoissaot 
tout autre droit que la force , il souille par le bri* 
gandage Thonneur et les lauriers des vieilles lé-* 
gions ; de ces légions que Moreau , Joubert , Ber- 
nadot te^ etc. , préservoient tout-à-la-fois de la honte 
d^une défaite , et de la honte plus grande d'avoir 
abusé de la victoire, outragé les mœurs et violé 
le droit de propriété. 

Une armée conquérante rapporte au sein de 
la patrie la corruption et l'immoralité dont elle a 
contracté Thabitude. Sa rentrée se fait comme 
une invasion , et le despotisme militaire s'assied 
sur le trône. 

Tout est prévu pour une guerre défensive. 
Une armée, au contraire , qui s'éloigne des fron-» 
tières par système de conquête, dévaste le pays 
ennemi , et , sans prévoyance , en épuise les res- 
sources. L'impossibilité de traîner après elle des 
magasins et des hôpitaux, l'expose à toutes les 
privations. Elle vit au jour le jour. La base de 
son administration est la réquisition à force ar- 
mée, c'est-à-dire, la saisie violente , l'enlèvement 
des grains , des bestiaux , des boisions ; tout ce 
que réclament enfin des besoins sans cesse re- 
naissans. Que d'abus! que de dangers naissent 
de cet état de c|ioses I D'une part ^ les maladies ^ 



IMPERIAL. 1^5 

la mortalité y rindiscipline , le murmure sédi- 
tieux; d autre ptrt^ le peuple opprimé n'est plus, 
daos cette hypothèse y uu ennemi de convention , 
indifférent à la cause pour laquelle il tue ou se 
fait tuer; mais il devient un ennemi naturel qui 
s'arme pour sa propre défense ; les haines sont 
individuelles et nationales; et quand plusieurs 
peuples ont souffert les mêmes outrages y ils unis- 
sent leurs ressentimens y et concertent de com- 
munes vengeances. L'Europe est depuis quinze 
ans le théâtre de ces sanglantes alternatives. 

U est donc vrai que y sous l'empire y le soldat 
fratiçais n'étoit que le soldat de Napoléon y et 
l'armée française son armée ; qu'il conquéroit 
pour luijt pour sa famille, et pour réduire la 
France à n'être qu'un accessoire dans la monar^ 
chie européenne qu'il se flattoit de fonder. If est 
donc vrai que le résultat de son système de con- 
quête et de son* gouvernement militaire auroit 
été de reproduire, dans toute la partie de l'Eu- 
rope la plus civilisée, les inclinations, les mœurs, 
la grossière ignorance de ces hommes du nord, 
qui s'y établirent après l'avoir dévastée. Napo- 
léon avoit dénationalisé l'armée ; il en faisolt sa 
propriété. Par l'accroissement progressif de la 
force militaire , il anéantissoit toutes les influences 
morales, celle de l'éducation domestique, celle 
de l'instruction nationale et celle de TopiaioB. 



126 GOUTÏRNEMENT 

Tout étoit soumis y même la pensée. Looev cm 
se taire ^ c'étoît Tordre de chaque jour. Quels se^ 
ront les défenseurs de la liberté^ qu^nd le despo- 
tisme sort tout armé du sanctuaire des lois? quand 
les organes du peuple provoquent 1» tyrannie et 
sollicitent la servitude avec cette impudeur qui 
inspiroil à Tibère du mépris pour les faarftngoes 
du sénat 9 du dégoût pour ta flatterie (i)? 

C'est ainsi que Fempereur parvint à se placer 
bien au-dessus des lois , à régner par sa seule vo- 
lonté sur un grand peuple , qui renoMOil à sa 
liberté avec autant d^insouciance qu*en d*k»tre5 
temps il avoit montré'd'ârdeur pour s*en ressaisir. 
Son énergie obéissoit à une autre diirectioo. 1) ne 
relrouvoit son courage qtie sur le tkéâtrê ées 
guerres. L'honneur, principe des vertus géné- 
reuses i se confondoit dans ropinton génépaïé 
avec les honneurs qui sont trop souvent le'salàfM»e 
du complaisant et de l'esclave. L'honneuii^ astîqiiè 
a disparu sous le poids des honnèurs^vee rdmeof 
de la liberté ; tnais il parle au cœur du soldait; ses 
lois sont gardées par les Français des deriueirs 
rangs 9 dans la nation et dans l'armée. L'hoonei^ 
fut un préjugé; il est aujourd'hui la ^rêamti 



^^" 



(i) Ilîum tant projectce serviêrttîuhp paHfèntùe 



IMPÉRIAl.. 127 

verlQ des peup)^ ; çt plu$ il e$t fiajty plus il est 
iosépaniblç de la Hb^^é* 

Le despotisme de ^^^poleon ae pouvait être 
qu*an fléau passager; M devait subir Içs loeaies 
vicissitudes que soq plaq^ àfi coqquèles, La France^ 
devenue i^n icomeuse dépôt de soI<Ws , ne pon^ 
voit pas loqg-rtemps suppor^^r cftl^ viciante ^ 
cettç komicidç coqscriplioD ^ qui prodoiwik» à 
regard des^ famiUes et des géuératioDSi^ tous les 
efifels de ces lois ^cales qui pourçuivQot le de« 
nier du pauvre après avoir épuisa Iç^ tipé^ors du 
riche. 

La bataille d'AusterUt^ fi^t 4^isive CQnitv^ ks 
coalisés et contre. upijf;s-n)^ii;^s^ £ile enflis^ ror-^ 
gueil et les prétentions. ^ambitieuses dç Napoléon. 
Dès-ior$ il Sjçcoua. is>ni^ pu4^r^ et marché à^ siqa 
but à découvert e( s^ns résjerve^ Lm nuMii^t çQUr 
trainte blesspit sou ame alAi^if^ !IË^ ppQQq^oi. SQ 
seroit-il, contraint? L'^preuy^> qti'il avait çji sq«- 
vent faite des hommes le xasfi^ijfrqit QQPirci l-éotj^iJL 
ordÂn^if^ àfi^\^ précipita|io^ $Pa $Ç(iplm pesoit 
également sui; les chels>4^ IVm^ qt sArl^ss^ pce- 
9Ûej^ offidces d^ 1 état. 

Spp plap. se- déroule. Be^. mm^^g^s. poIÂtiqueâ.^. 
et conseods peqlr^tre av^Q de^ intenbmia coor» 
traii:^ , dopoei^ des appuis k sa dynastie , de« 
allié&kla Frs^nq^; et p^r dc^ QQuacsftiofiS de villea 
et de ^rrilQi^e^,^ gi4flév^Mi ^^^ àfijgf&èA. dut f)M 



ia8 COUyERIf ESTENT 

foible y il prépare les alliés à n'être que des pro- 
tégés y des vassaux ^ des tributaires d'argent et de 
soldats. Le prince de Bade reçoit pour épouse 
7 xnû 1806. la princesse Stéphanie ; le roi de Bavière don-* 
nera sa fille au prince Eugène y et l'adoption de 
l'un et de l'autre imposera silence aux vanités 
royales. Ce titre peut avoir perdu de son prix ; 
mais les vertus^ le mérite éminent d'Eugène ne 
dépendent pas de la fortune. Quel est le rang 
que , jeune encore , sa vie politique et militaire 
n'honorât pas? 

Bientôt après Tempereur demande une reine 
au roi de Wurtemberg pour son frère , roi de 
Westpbalie ; et l'orgueil héréditaire de cette mai- 
son f dont lés titres de souveraineté se perdent 
dans la nuit des temps , sliumilie devant Napo- 
léon-Jérôme y souillé d'adultère y réclamé par la 
justice d'un grand peuple, au nom d'une épouse 
abandonnée et d'enfans méconnus , tiu nom de 
la morale civile et religieuse. 

Ces alliances éloient le prélude de plus grands 
événemens; elles couvroient de plus hautes et 
de plus importantes prétentions. En est-il d'exa- 
gérées après la victoire ? L'épée est la politique 
du vainqueur ; elle ne résout pas , elle rompt les 
nœuds que lui oppose la politique contentieuse 
des cabinets. L^àbus de la force, la consternation 
des puissances, l'oppression des petits états^ tout 



annonce lé joug qui doit écraser TEuropef; 
L'etti^feAr des Fr^ta^àîs dispose à son gré de 
ses îtnméâs^s coè<fâpétes. ^En les distribuant^ il 
ft'eatoarë 'd'auxi)iaî<iéè ^ fl àf tâche à son monVe- 
ment d^obéissa^is jàfdtitést il et^e^ ^otir sa^fa-^ 
miUe ^ ée^nd^és^ dé^ ][$riiicipàiités^ dés rôjr^ume^* 
Lesebefe dé Farine et de rétat^ les grands offi« 
ciers du palais et seS iHîtYÎsti'c^ ^ùrii admis ^n plaft^ 
tage )p^éfnàt^ré dé ceis nobtés défkïuillés. Ferdi- 
nand ïT descérid du tt*ôné de Naples; et ce beau 
royaume , fameux par tant de tétolutiobs , ^Otiillé 
de tant de crimes , et d'un criltié utiiqtië dan^ 
Thistoi^ ^ devient Tapanage de Nap'olëon-ïbsëpfa. 
Venise et ses provinces sont réunies an fOyànme 
dltalfe. O Venise! ton nom retracte à dbtrè ttié- 3omai 1806 
moire de longs siècles et de grhnds soàretilfs ! 
Ton origine , tes miraculeux progrès ^ ta puifi;*^ 
sancêy les revers, ton inconcevable gouverne- 
ment, tout en loi éioit empreint dé tdtcê et dé 
grandeur; ta longévité, respèclée jusque-là pat 
le temps et par les gr^nd^ eWpîres , protégeoît 
riodépendance de FltaKè, et balançoit, sur ce 
Tiiobile thé&lre d'usùrpatibnS et de discordes^ 
rinfluence de Rome et tfélle du roi des Deuk- 
Sicîles! AnliqUé et noble république! )â m'êtne 
ftt^n ^ui t'^nchaine à un royaume^, t'avoit une 
prtttfiîèrè fois délivrée de la tyrannie âristocra- l'-^maiiSoe 
l)iqtte> pour t'effacer bientôt après du tai)léaude^ 
5. Q 



s3a OOVVS'&:ifKMENf 

lagunes de rAdrialiqne, mvoit étendu son txnil^ 
merce et sa domination danp TOrient et 'dans Ja 
Grèce ; de oétlerépoUiqtte dont ies armes ydvrant 
sa prospérité 9 forent «généreuses et protectrioes^ 
le sort de Tltalie ne dnt^il pas nous paroltre irré- 
vocablement fixé? Un destracteur des réi^bi-* 
ques, grand capitaîae, heureux conquérant > 
politique imperturbable dans Tart d'imposer 
la confiance ou la civlinte ^ luibile k choisir 
le temps ^ les homnaes, les cinoonstanoes , k rap^ 
porter à lui seul les renommées <pÀ se foiment 
autour de lui , à se considérer comnoe Un être 
nécessaire y délégué par la Providence; un tel 
homme peut4i s'élever par une autre volonté que 
la sienne » s'arrêter dans son ascensioa , compter 
les humains pour vautre chosç qu'une proie qui 
lui est dévolue^ les destiner à autre cbose qu'ji 
servir son ambition? IVon, un tel homme* est 
despote né, et tyran selon l'occurrence. 

Bouaparte , doué de bonne heure d'une raison 
puissante que ne troubloit jamais aucun senti- 
ment huooain ^ aucune do ces affections qui déta- 
chent l'homme de luinni^ime , et qui , selon ie«r 
objet , sont dm verlus privées y ou s'âevent j<is- 
qu'au caractère de vertus publiques, ne devoit pas 
luarcfaer h son but par les voies communes ; il se 
fraya <1eB routes nouvelles. Il ne fit qu'appliquetles 
ressources de son génie aux. chances que lui pro« 



\ 



nettoîtra^œvolulîoo; qu'opposer lioflexibilité 
de flôn capactère à la mobilité de IVpinton. U dit : 
!De looguea cëyoluUons procréent des hommes 
forts et des passion» aveugles ; quand les hommes 
forts se sont détruits , quand les passions aveugles 
se sont Imoussëes,. il doi( resler un maître > el 
une piassion q«]I raiaomie ses moyens^ qui soit 
iastmite par les débris qui reutoufenl. Je serai 
ee maître; ma passion» mpa unique passion est 
de couquérir, et de vegper sans partage sur cent 
peufdes asservis. 

Cette résolution prise > les hommes , les choses^ 
les^événemens, tout fut ^ pour sou génie , instru-* 
ment et moyen.de fortune» Son extérieur grave ^ 
firoid-et méditatif 9 lui permettoit de dérober aux. 
i^gards les plus pénéiraos la turbulente passiott 
dont il étoit dévoré; et quand , à diverses épor 
qaes^nous ayons présagé notre asservissement, les 
malheurs des peuples , la ligue des rois et le mé^ 
inorable exemple d'une catastrophe trop méritée, 
c'est par ses faux calcul^ et par ses prétentions 
exagérées que nous avons pu pressentir notre fu*^ 
tteste avenir. 

Si Bifnaparte eût fùrmé le dessein d'appliquer 
ses talenset ses lumières aux progrès delà civili- 
sation, s*il eut eu le sentiment de la véritable 
gloire , il au roit brisé toutes les chaînes qui pe- 
soient sur Tllalie, au lieu de lui en forger 4^ nou- 



i34 GODVI^RNEMÏNT 

velles.Dès-Iors son iadépeodancereutëtiroiteilieiit 
liée à la France, sous le double rapport deTinté- 
rét du commerce et de la gloire des arts; et celte 
union devenoit tout-à-coup une barrière -que là 
maison d'Autriche eût vainement tenté de fran^ 
chir. L'Europe auroii en même temps trouvé^ 
dans cette alliance nécessaire , la garantie 1^ plus 
solide d'une longue paix ; car les grandes puis- 
sances du midi , stationnaires par leurs ihnites 
naturelles et par les riches productions du sol 
qu'elles occupent, auroient balancé, avec un 
grand avantage , les puissances du nord , et pro- 
tégé l'Allemagne contre leurs subites irruptions. 
L'Europe , dévastée dans toutes ses parties , ayant 
des pertes immenses à réparer, ses lois k réfor- 
mer, son système d'union, de politique et de 
commerce à reconstruire sur des bases plus la'rgeis 
et plus libérales , voit , pour long-temps , reculer 
l'époque de sa prospérité. Cette oeuvre incer- 
taine aujourd'hui, Bonaparte a pu Topérer par 
un acte de sa volonté, lorsqu'en 1806, la vic*- 
toire lui soumettait l'Allemagne et l'Italie, et 
que , par une noble modération , il pouvoît ré- 
gler et fixer les belles destinées de la FratilSè. 
Napoléon , régnant à Naples sous le nom de 
. Joiseph et par lui-même à Milan , étoit maître 
de ritalie. Il accrut son influence sur l'Aile'- 
magne^ en attachant plusieurs âe ses princes aux^ 



'ïMpiRiAL. ' r35 

de^âtléés de Tempire français, c'est-à-dire à sa 

■ • • * 

propre fortune. L'empereur François ne peut 
empêcher que la Confédération du Rhin ne suc- 
cède dans Fintérét de la France^ et qpntre son 
iaiérèly k la décrépite constitution de Fempire 
germanique. Il dépose en même tennps le sceptre 
des Césars, et te fier orgueil de la maison d'Au- 
triche, ^ue le sang lorrain n'a pas dû rabaisser.' 
Parmi les archiducs, il en est qui entrent dans 
cette ligue, qui pouvoit un jour devenir si rèdôd- 
taUe aui états du nord de T Allemagne, et qui 
rompoit tout système d'équilibre, principale- 
ment dans l'hypothèse de la soumission, alors 
probable, du royaume d'Espagne; considération 
d'autant plus importante , que l'effet immédiat 
de ce système étoit d'opposer une forte résis- 
tance à Fesprit de conquête , de soumettre la 
guerre à des conditions que le droit dès gens a 
prescrites, à des règles que l'honneur a dictées. 
La balance des forces réelles et des influehèès 
morales est favorable aux petits états, si néces- 
saires eux-mêmes au maintien de l'harrhônie po- 
litique de l'Europe. La situation respective des 
souverains permet plus de rapprochemens , laisse 
^ouvertes' plus de voies aux négociations paci- 
fiques. La neutralité , respectée par les belligé- 
rans,modère leurs efforts; et, par son interven- 
tion, les guerres sont moins homicides, leups 



]36 COUVSRKESKlfT 

résaltats moins désastreux y le retour de la {mû 
plus probable , les alliances plus sincères et fdiis 
durables. Si la balance est ^elque lemp^ rom- 
pue^elle t^ nd toujours à s^ rét^iUir; et , pélabKe, 
toutes choses reprennent leur place dans If ordre 
accoutumé. 

La guerre d^invasion et de conquête m ter- 
mine au contraire par la ruine des peuple^ et le 
renversement des empires. La cour de Versailles 
s'endort au sein des vcJuptés : plua dç Polbgpe ^ 
plus de balance. La confédération germamque 
se divise*t-elle, les intérêts des princes se croi- 
sent; ils méconnoissenl Vennemî commua; ils 
contractent avec lui des alliances ^ et désormais 
tout équilibre est rompu. Napoléon éteodra aor 
TAUemagne un sceptre de fer. Aujourd'hcâ le 
lien européen est dissous; ritalie aspire àTiodé- 
pendance ; la guerre civile est près â*embraser 
x8 j'ir* l'Espagne ; la situation de la France lui reod la 
paix nécessaire. L'équilibre restera donc loog-' 
temps sans se rétablir, el tout aussi long-temps 
TAutricbe sera menacée. 

La périodicité des guerres , soit en Europe^ 
soit dans les autres parties du globe 5 semble prou^ 
ver qu'elle est un besoin pour Thomme âe la n*rA| 
ture; que ce besoin se reproduit dans Hiomxne 
social, et qu'elle seule absorbe et calme pour un 
temps laclivilé de ses passions : paradoxe que 



Décembre 



IMPEEIALt t5j 

^'bistoire nous fprce de classqr parw. les plus 
affligeantes veritç^. '^ 

Ds^ns YÎBiérief^vd^XMmfir^y Um^ eorrospond 
i cet accroisseilieQt djinfluence eït de dominaûoQ 
ejEttérieures. L'admir^ion desaeud' des premiers 
rangs , et se propage jusqu'aux dernières classes 
du peuple. Çii et là quelques, amis de rhumaniti 
gémissent sur les blessures qu'elle: fr reçues^ sur 
celles qu'elle doit receiioîr encore^ : quelques anus 
dei la liberté déplorent le sort dir la France^ contre 
laquelle s'agglomèrent tant de haines et de ven-^ 
geances, à laquelle tant dereprésaiUèa sont dues y 
et qui y pour avoir eoebiuné la* viQloîrc>à son char, 
ne sera pas okhos et sera plus long-tiamps asser- 
vie que les provinces et les rojraumea que Naponi 
Léon a conquis. Ces jeune&^itoyens qu'il enlève à 
Fagriculture 9 a l'industrie, aux arts, aux études 
libérales , pressés pourle brigandage continental, 
comme l'Angleterre presse li^ oisifs et les vaga- 
bonds pour la piraterie maritimej^ devenint^ par 
nécessité , sur une terre étrangère , d'impitoya^ 
blés ravisseurs , afiRrancbk par cette même néces- 
sité des lois de la iti&cipline ^ rentreront sur la 
teirre natale pour donner un maitre lu leurs con- 
citoyens, un tyran à la patrie. Si Napoléon re- 
connoit encore le grand peuple, c'est pour qu'en 
échange le grand peuple proclame Napoléon le 
grand homme : il flatte pour être adoré. 



ï5ft GOUVERNEMENT 

m 

Au milieu de tant de graves circonstances ^ et 
quand tous les or&res de l'état l'attendoient avec 
impatience pour célébrer ses brillans succès, on 
apprity avec étonnement y que le vainqueur d'Ans- 
terlitz imposoit au tribunat robligatîon d'aller 
déposer à Fbôtel de ville de Paris lés trophées de 
sa victoire. Par quel motif chargea-t-îl des fonc- 
tions ordinaires de ses aides-de-camp, les tri- 
buns , corps de représentans et portion du corps- 
législatif? Cet ordre n'étoit-il que l'effet du ca- 
price ; de cette humeur bizarre et cynique , qui 
souvent se faisoit jour à travers l'appareil impo- 
sant de la souveraineté , et se mettoit en scèpe , 
tandis que le eercle des adorateurs comprimoit 
son étonnement et dissimuloit son embarras? 
Non, il humilioit une autorité qui gênoit sa ifuar- 
che, qui pouvoit un jour la contrarier, dont le 
titre et la tribune fatigu oient sa pensée, importa^ 
noient les regards qu'il portoit sur l'avenir. 

L'empereur, soit par ménagement, soi t par 
système , préparoit ainsi , de loin , l'opinion 

r 

aux changemens qu'il projetoit. L'époque de 
la paix de Presbourg est la plus glorieuse de son 
règne; celk où son génie dirigea les affaires au- 
dehors et au-dedans avec plus d'art et d'ensemble. 
La nation éblouie ne désespéroit pas encore de 
sa liberté; Talliance au-dehors n'étoit pas encore 
un humiliant-servage. 



IM»iRrAL.' i3§- 



CffAl»ITRE IX; 

Guerre contre la Prusse. Traité de Tilsitt. 
Noui^elle organisation' du corps législatif* 
Suppression du tribunat^ Politique mo- 
dérée de Napoléon à cette époque. Dans 
f intérieur il * protège les* sciences et les 
' sayans, les lettres et les beaux-àrts. 



•- • 



Vjepend ATïT telle est la terreur dont la coa- 
fédératioQ rhénane et son protecteur Remplissent 
la cour de Berlin , que le roi de Prusse eroit 
devoir appeler sur T Allemagne les regards de 
l'Angleterre et des puissances du nord> cimenter 
une coalition et lever des forces imposantes. 
L'Autriche voyoît avec une secrète satisfaction 
ces mouvemens et ces apprêts. Ce rôle passif 
lui était pi*escrit par ses derniers revers. Elle Septembre 
dévoroit sa honte et dissimuloit ses resseiitimens. 
San^ trésor et sans crédit, elle a voit a compléter , 
à réorganiser son armée y à rétabKr sçs' finances 
épuisées. Mais les bons Allemands aiment leur 
prince et ne séparent, pas leur honneur et leurs 
intérêts de l'honneur et des intérêts de leur gou- 
vernement. Le cabinet de Vienne se promettoit 
cependant de recourir à propos aux ressources 



J^O COUTKEafSMKBTT 

extrêmes de la politique y ne pouvant , de long^ 
temps, employer ceUes de la force. LV>i^eiI de 
la maison d'Aolriche consentirar à des sacrifices* 
qae la nécessité seule peut absoudre , et que j 
dans les temps ordinaires, réprouveroient la re- 
figion y la morale et Thonneur.. 

Napoléon avoit lui-même Tœil sans cesse 
tourné sur le cabinet prussien; il en obsenroit 
tous les mouTemens; il épioit tontes ses dé- 
marches, et n attendoit qu*un prétexte pour écra- 
ser, de tout le poids de sa puissance, un royaume 
qui , tout militaire qu'il éloit ,. hasardoii son. 
existence, en s'eqg;igeaal dans la lutte io^^e 
à laquelle il se pr^paroit* A aucune époque , 
plus qu'alors^ Frédéric aecond-.n'a.mânqcfié à la. 
Prusse. 11 £aUoit plus que de braves années ,;que 
la tactique ordinaire , que le dévoueveqt du. 
prince et de la nation,, pour résister à Napoléon ,. 
qui,, par les dépositions les pins I^ardies» par les 
manœuvres les plus savant es^, coufoodoit; l'art et 
Texpérience des plusgrandseapitaines. Sec; secr^tLr 
ii'avoient pas encore été surpris ,. et ses enamw 
u'avoient ^a& appris de lui-même à Je va^Wr^* 
Des combats malheureux, des placaik,£çM?bWi9iiH 
levées; Berlin occupé ; PostdaaLy.quartier^i^l'aL 
de l'empereur ;. tels sont les préludes et lesrésitU 
tais de la bataille dléoa, que suivent rapîdeqfient: 
de nombreuses défsdtes. Ni la marche des armées. 



IMpéniAL. 'i* l4l 

russe et «iied(Me ^ ut J;e6 opérations tardives iles 
escadres anglaises ^ fi'empédNsnt les progrès de 
Napoléon. MiAlve dib là H^sée ei de la Prusse » 
il cooipose le rojautïie 4e WeMplnalkr pour son 
frère Napoléon Jérôme. Là Sûte Vaocrolt de la 
province de Yarsorie } et l'^âecteur fftwni rang 
parnîi les rois. <]-étoit aussi le moment ^ne sem- 1806. 
bloit avoir marqué la Providence pour le réta- 
blissement de la Pologne. Elle réclàmoit son 
indépendance; et > soos les auspices de Napoléon 
et de Mil armée vid^rieuse , mus lebri d'une 
monarchie tempérée , eMe se iseroît élevée ait 
niveau des nations libres et pmssanles. Dès sa 
renaissance ^ eHe pouvoit être , pour l'Europe » 
une barrière respectable ; poiur la France^ une 
utile et généreuse alliée. L'occasion favorable 
fut manquer, parce que les raisons <le famille 
prévalurent syr les raisons d'^t; parce apie 
rbooneur et la libéré n^étoient rien moins que la 
pensée de Napoléon ; parce qu'en laissant flotter 
dansi'ibcertitude et le douleies destins des bravés 
PoIuMâis ^ il ccmvroit ses propres desseins et ^ 
tM' att^oit pà^ la crainte et par 4'édpérance. 
Bieàftôt il com^^rofnéttt'a de nouveau le sort de 
la Pologne. Pouvant y sÉns^sffrde y le fixer et 
garantir son indépetrdance politique , il la livrera 
k )a tetageance des Russes ^ épuisée dliommes 
et Id'argent; et ràccÂsâttion de l'avoir jouée; 



14^ I^OUYERNEMElf T 

trahie et réservée pour figurer en esclave dans 
' son système de domination ,- comme l'Italie j 
comme plusieurs états» d'Allemagne j cette accu- 
sation sera consignée dans les annales du monde, 
et flétrira sa mémoire. 
iSo5. L'élévation de Jérôme sur un trône fut un 

sujet de scandale et de ridicule. On opposoit le 
personnage à la dignité , et chacun le tournoit 
en caricature. D'un troDC d arbre , Tartistefait 
un dieu. Il étoit plus difficile de faire u\i roi de 
Napoléon Jérôme ; et l'on assure que le vrai Na- 
poléon ne tarda pas à se repentir de son œuvré. 
Les conseillers les plus sages y la tutelle la plus 
éclairée ne pou voient couvrir son incapacité , ni 
contenir ses foUés^passions.Tout ce qui distinguoit 
le roi de Hollande, la science militaire, les vertus 
civiles , ' le pur sentiment des devoirs et des con- 
venances manquoit au roi de "V^estphaliQ ; et 
cependant l'Empereur se repentit adssi d'avoir 
donné le bon roi Louis au bon peuple . batave ; 
maison sait pour quelles raisons ; et ces raisons 
motivent la haute estime , la reconnoissance et 
rattachement des Hollandais pour ce prince, plus 
heureux., lorsqu'il descendit du trône , qù-îl ne 
le fut lorsqu'il y m^nta. 

L'empereur Alexandre Jiy oit* développé trop 
tard les. forces destitues. à. protéger le rc de 
Prusse. Le sort des combats aqroiipu rester lopg* 



.IM P£RIA L. .143 

temps douteux^ si les troupes des puissances alliées 
av.oient été mues et dirigées avec plus d'ensemble 
et d'opportunité. Il régnoitdans Tarnxée française 
une confiance qui doubloi^ ses nioyens d attaque. 
Napoléon , entouré des plus grands capitaines du 
monde y ne comptoit plus ses victoires. Celle de 
léna avoit déjà decidq du succès et des résul- 
tats de la caoïpagne dont Tobjet étoit d'accroître 
rin&uence de la confédération du Rhin , d'éten- 
dre et de fortifier la chaîne qai déjà pesoit sur 
toute rAUemagne. Cette campagne étoit préaié- 
dîtée par l-Ëmpereur, qui la mit très-injuste- 
ment sur le compte du roi de Prusse. L^es dispo- 
sitions défensives de ce prince lui étoient con- 
seillées par la crainte fondée d'une subite agres<« 
sion. Le développement successif et rapide da 
système de Nappléon résout , à cet égard , tous 
les doutes. 

11 ne restoit que trente mille hommes à la 
Prusse^ et ses places fortes lui étoient presque 
toutes enlevées > quand Alexandre perdit la ba-r 
taille dlEylau^<que suivit de près sa défaite com- 
plette à FriedUad. La paix fut dès-lors prescrite 4 juin 180 
aux alliés par U., nécessité, à Napoléon par des 
considérations politiques et personnelle^, hes 
deux Empereurs se virent, sWimèrent ^t si-: 
gnèrentla paix à Tilsitt : elle fut également 8 juillet 180 
concluie entrer }a iPrusse et Is^ France* 



l44 GOUVERNEMENT 

Ces traités ^ comme celui de Presbonrg y se- 
' ront les monumens les pins mémorables de la 
gloire de Napoléon ; car il fat le modérateur de 
sa propre fortune et des droits que lui donnoit la 
conquête. L'objet principal de la guerre étoit 
rempli ; et la paix lui assnroit d autres avantages ^ 
qu*il était pressé d'obtenir. Alexandre reconnût 
les nouveaux rois de Naples y de Hollàude et de 
Westphalie. Il s'offrit pour médisrttsuf entre TAn- 
gleterre et rEmj^reur des F^ançatsf 5 noble mt>u- 
vement de la belle ame dé ce iùuverain y qui 
Bollicite pour l'humanité tous les biens qu^il se 
promet de faire à ses peuples. OèTté propositîoti, 
accueillie avec enjpnessemeut pât le cabinet de 
Saint- James , -tviiais dans une vue bien contraire 
im sentiment qui Favoit inspirée^ tourna au seul 
avantage de T Angleterre, habile affaire nallre les 
obstacles , à hérisser de difficultés y à entourer de 
pièges la voie des négociations. A la faveur de cette 
Vaine médiation , eDt renôdâ de^ Ëon^muntca- 
tiotis plus faciles, plus cbnfidëâtielles , plus in- 
times avec le càbitiét de Saint-Pétersbourg, avec 
les ministres^ avet les membres infliiensf du sé- 
nat. La coupable agression contre le Danemarck, 
le bombardement de Copenhague , renlèvément 
de la' flotté danoise, la solennelle déclaration 
Svptemtire d' Alexandre , n'interrompirent pas ces comrau-* 
nications ; elles furent plus secrètes. Par Cet acte 



Fempereur de Russie interdit à son conseil y a 

ses ministres y toute relation avec la Grande-Brë^ 

tagne ; il annuHe les conventions qu'il a prece- ociobre 1B07: 

demment faites avec cette puissance^ consacre et 

proclame les principes y les droits de la neutralité 

armée y et promet de n^y pas déroger jusqu'à ce 

que le Danemarck ait obtenu les satisfactions et 

les indemnités qui lui sont dues^ que la justice 

des xtatibns réclame pour lui. 

Le calnnèt de Saint - James temporisa ^ il osa 
méma y et dans le pariement et dans ses mani- 
festes y justifier sa tyrannie ; il raisonna de son 
nsarpation comme d'un principe y d'un droit 
avoué par tous les peuples* Ses agens ourdirent 
des intrigues^ et^ dans toutes les cours , l'agent 
le plus puissant s'ouvrit un facile accès. Cepen- 
dant le continent y chaque jour plus menacé de 
subir le joug de Napoléon y éprouve davantage 
combien les subsides de l'Angleterre lui sont né^ 
cessaires. Quand les principaux cabinets récla- 
ment y pour la défense commune , le concours 
de sa puissance maritime y les trésors qui sont 
le produit de son commerce exclusif , remonte- 
ront-ils aux sources de cette puissance pour en 
contester la légitimité? Ainsi l'ambition d'un seul 
souverain fbrçoit tous les autres à se grouper^ 
pour ainsi dire y autour de T Angleterre , à se 
réfugier sous sa dépendance; situation humi- 
5. 10 



l46 GOUVERNEMENT 

liante , satis doute ^ pour les rois y mais moios 
onërense aux peuples depuis que les produc- 
lions de rAmérkjue et de Flnde sont des obfels 
de nécessité ponr les clasiies communes y de né- 
cessité et de loxe pour les grands et les riches. 

Séparons maîntenAnt le prince du graad capi« 
laine ; Tadmimstrateur, du faéros y et nous recon- 
nc^lrona qu'absent ou présent^ Napoléon bix 
correspondre les progrès de son autoritétriTile 
avec les progrès de sa puissance politique y et que 
ses conquêtes marcbent de fironi au-dedansfst aiH 
dehors de Tempire. Plus sa considération s'étend 
avec sa renommée cfaeis tous les peuples y plus 
il emploie d'art et de soin pour éblouir et pour 
enchaîner ceux qu'il régit : ce qu'il a £iit de grand 
l'intéresse moins que ce qui lui reste à faire 
d'utile pour lui-même. Quant à ce qu'il se pro* 
pose d'exécuter encore y il aura moins recours à 
la confiance qu'à la terreur y aux lois qu'à sa 
volonrté. U soumettra les Finançais à Tobéissance 
la plus absolue; et cependant il commanderai 
il obtiendra d'eux des prodiges : ils se dévoue^ 
ront ponr des guerres dont ils ne connoibroni ni 
la cause y ni l'objet; et cependant ces héros de 
Thonneur y ces antiques défenseurs de la patrie^ 
marcheront comme s'ils étôient précédés de son 
image y conune s'ils obéissoient à ses saintes lois: 
ils serviront y au . prix de leur sang y Tambitioa 



effirénée de Napoléon > ayec toute l'énergie de la 

liberté, aviec cet esprit national quiapima les 

armées de la répubtiqiMS. Mais enfin ces heUe^ 

illusiohs s'évanouiront ; cet esprit patriotique; $'ét 

teindra avec nos vieilles légions elles^méaies dansi 

des guerres lointaines ; et toutes nos forces res- 

teroDl ensevelies tous les glaces du nord y et nos 

dernières espérances y dans les contrées qu arro-- 

Senl TEIbe et l'Oder. Cependant le despotisme 

qui aura tout dévore , qui se sera détruit lui-» 

ménie^ a'aura pasétoufifê, dans Tam^ des Fi'an^ 

çais y les germes des passions gén^^uses , effacé 

le caractère national. Ces ressorts,* trop long* 

temps comprimés , pourront encore se rétablir 

sons* les auspices : d'i^Mie constitution libérale el 

dW gouverneipent paternel. Les lumières au* 

tant que la valeur disUnguent les Français parmi 

les grandes nations; un prince guerrier et con-v 

qu^rant peut un îns^tant les éblouir et surprendre 

ieup admiri^lioç , vcmà ces sentimens ne peuvent 

pas dégénérer en une sèrvile et aveugle obéisr 

^Nince.'- ' 

L^époque à laquelle nous somiùesodiaixiienaut 
parvenus- est celle où les citoyens éclairés qui 
gardoient leur foî à la patrie > d'^titantplusdignçf 
de la servii* ', quHls étoient plus loin des^foncitiàiis 
publiques, purent, embraisser le cercle que Nar 
poléonlse' proposoit de parcourir; Sa marche et 

to. 



t%S eovT£Rtr1fcHXN'r 

^déviation, depuis le point du départ, leurdê^ 
couvroient le plus effrayant avenir. Ils le voyotenUt 
Varrétant dans sa course, encore bien éloigné da 
but, et condamné, par son activité xnètne^ à 
subir toutes les chances du ni^alheur , après avotc 
été comblé de toutes les faveurs de la fortune. 

Jusqu'ici l'empereur a flatté la grande na- 
tion : il ne flatte aujourd'hui que l'armée. You- 
dra-t-il, comme Alexandre, s'en fiire adorer? 
Il défère à sa garde les honneurs du triomphe, 
à sa garde, dont les rangs ne s'ouvirent .qu'à la 
valeur la plus ^éprouvée ^ vers laquelle tous les 
braves se pressent , comme les corps vers leur 
centre de nK>uvement. Les maires de Parisetle 
corps municipal la reçoivent hors des barnèrefti 
Ils précèdent sa marche ; le peuple en foitlo aj^ 
plaudit ; «t Napoléon jouît à-la-fois de l'^orgu^ 
qu'il inspire à ses cohortes impériales-, et de rbu- 
miliation dé la tnagistrature^ qui se seroil ho- 
norée d'honorer Farmée de son propre meuve* 
tnenit: Mais il prévenoit les nobles insplratioas; 
il craignoit la subite apparition de la vertus de 

m 

tout élaa patriotiqi^e. Il réservoit à lui seul la 
jlouangè^, comme un privilège lindivisible^ el les 
grandes. choses qu'il ne faiséit pas ,âl les iéMrdi* 
"soit à tout autre, ou les couvroit «le rân sikioce 
^ de son. oubli. C'est aihsi que Jules-César ra- 
mena des Gaulés de nombreux soldats^' peai de 



4dlofensi» Ponrles.yaioqueursdeIënaet deFried* 
fand^Na^léon. voulpit êtra plus que lar pairie.. 
iiejg^jeërDement lé suivoit de la capitale dans 
1^9: c^mps. : «^Rome. est toute où. je suis ». De sa 
lente partoient des décrets^ les uns accordés aux 
eîpcoDStanees^ les autres à l;!iiftilité,géaérale; et 
jbsqit aux atteintes portées à l'autorité législative^ 
tDint fieriEoit d'alimeat à Tadmiration et de pté*- 
feitç à la flatterie^ Il £aît ouvrir le canal, qui doit 
Qoir les eajux dn. Rhin à celles ^e la BCoselle , ce- 
loi par lequel, les eaux de rOurcc^aeroot coa- 
duitesaaisein de.Parisy et dans le même temps 
• il porte- des coups mortels aux constitutions de 
jl^mpire. IX crée un conseil d'état dout les attri- 
butions :aIîMSôrberont; lamajeure partie des fonc** 
tiona.a^ministratiires y anéantiront la resppnsabi-^ 
liité d^ ministres 9 concentreront. dau$ \fi pou- 
Toir impérial toutes les branches d'autorité, que 
le^ lois ont déléguées; et, fiiar lajsuppriessiop, de- 
puis lo'ng*-temps préméditée^ du trïbunat^ le CQn* 
seil , eest-à^tire le prince ^dictera la loi , en vertu 
. du droit qu'il s'arroge de k proposer. Pour un 
tel prîjQce^ l'initiative il'étoit que Tusurpation 
jaoLême du pouvoir législatif. Le sénat s'empressa 
de la revêtir des formes, dites légales^ Un com- 
plaisant sénatus-consulte r^épondit à l'attente de 
l'empereur, comme si approuver un acte iucons- 
UtuLtionnel^ c etpit le légitimer. Mais il falloit 



'l5o GOUVEnNEBIENT 

paaîr céUé liberté d'opinioB qai avoit attiré IfSt^ 
«gârds (le la France sur lels trdMinSy et répakidn im 
si grand éclat sur les débats de la loi qui rét^ilid- 
'Soit la justice prévôtale y soos le nom de triha^ 
naux spéciaux. 

Rien n'étoit négligé de ce qu'il y avoit ht âMe 
cofifttre la liberté ^ et en faveur dq plus absolu 
despotistne. Tout marcbbit avec un admirable 
concerl^ la dissolutioniles Kënspolili^éS', Tavi- 
lissementdes autçril^oivili^rittJSiieiÉ^ de l^au- 
torité miJifâijre > le dévèto^fupefttent d Vtie ^ôiÀie 
police y l'abus de k foi ptd^ll^ue , riAi|MSii6Mnce 
des lois 9 k rapide dékxicdition de la iftidiïarebie 
tempérée , ^ l-aboliùoh du tùàe ^es aationesy de 
ces droits 'établis pour répriteier la twce et prd- 
' léger la- f oiblèsse > de ces con^n tido; jucfqués 
- alors i^espectées , qui dimii^uetft pour touffes lés 
nliiuic de -k'gtiérre, et qui facilitent à celtes cpaA la 
font^ ieiAr retour à là bonnre itttelIigéMe et à la 
paix. . . T.' • 

liés anpéei iSô^iei^^SdS offi*ent au monde le 
^dlàcle le^âfS étemuant et le plus .Variée (itie 
' sorte d'bâr^xïoiiie semble sortir des plcteriÂ^ë cbto- 
trasiés^ dés plus singulières opposiHotvs« Les ffâ- 
blici^tes et les hommes d'étal de tous Jes sfièélès 
arrêteront leurs regàiklis sur C^tè*^poquè;etydfttis 
leurs méditations philosophiques , i^ls gémit'ont 
sur le sort des nations; cai* ils se seront couvain- 



tus par notre exemple que les lumièi^s flattent 
la vanité des hommes et servent peu à leur bon- 
beur 9 ^u'9s raisonnent en sages sur les principes 
et ter les droits , et gu^ils les «baodonnent , en 
lâches y devant la plus imperli»ente prétention ; 
qu'enfin la liberté ii'«sl généralement qu'une 
savante et vaine théorie. Et cependant cette con- 
clusion, justifiée par tant de faits, et principale- 
ment par l'état de la France , ne sera pas juste. 

Dans ce court intervalle y^ Napoléon brille du 
pinâ graffid éclat ^ et imprime sur sa vie des taxjies 
ineflbçables. U commence un grand siècle , et 
jini^-mémé finit aussitôt en bomme inférieur ^ son 
Nentrepiise 9 à Ms promesses. Noos le voyons > 
instkufew généreux d'une nation ^ui veut être 
-régénérée y parcourir son i^ojaume d!kaiie.,.ra(]^ 
'peler les grands noms^i l'ont illustrée; àoes 
^diMra^les souvenirs , attaobcar ide :flatleuses es- 
péranû66. Tribulaîre mràas snomiise «qtteaccian- 
noîssanté^ la patrie des arts enrachit Jios^ musàes 
Hle'mon\rmens ;ai3^iqii€f$ , âe 'cbef^^d'cewYiies non- 
"veaux ; «t nous coQfteanfdottsâiJPtaris là -plusinoiBde 
-partie d^ Rome aociedne^lPmoderné. 

NiE^lééti , dans Sa ^eaphtde, en paroissant «e 
reposer après ses campagnes 4^. ses courses^ triom- 
]ptiales^ ne fait qu'appliquer à d'^utfiesobjicto son 
infatigable activité. U s'^entc^ure "des stfvans^ des 
tetérateurs , des artîMes. 4fi eocourage ie^ feuaes 



l5a 60UVFB:IfEMEir T 

lalens ; il verse sur le mérite renommé de^ bien-*^ 
faits et des récompenses.. La même distinction 
signale les productions du géqieet les lauriei» de 
la victoire. Il se fait rendre compte^ par chacune 
des classes de Tlnstitut de France ^ de la situation 
présente des sciences ^ de la littérature^jdes arts. Le 
tableau des travaux et des progrès en tout genre 
lui est présenté ; et cerles^ ce n étoit pas une for- 
fanterie. Napoléon possède plusieurs parties des 
connoissances humaines. Aucune ne luiestétran- 
gère. Ici le dieu de la guerre semble avoir dé- 
pouillé son armure. Celte attention^ ce vif in- 
térêt qu'obtiennent de lui les arts de la paix , 
promettent ua moment que le temple de Janus 
sera fermé. Souvent il interroge les oracles de 
la science; et ses questions ^ ses entretiens proor 
«vent que le chef de Tétat honoreroit les acadé» 
mies autrement que par sa jprotection. L'on dir- 
-roitjqu'il a déposé- toutes les gloires, pour celle 
d'être proclamé le protecteur des arts, et de la 
republique littéraire,. U. semble reconnoUre que 
ce titFe est la. condition de. celui de grand roL 
Gependant^'tKimme;<^a. toutes choses son carac- 
tère irascible apporte qi^elque désordre dans ses 
-pensées^ mêle quelques réticences à ses plus 
nobles résolutions, on le voit dédaigner^ re- 
pousser, des hommes dont la vertu modère le 
talent^ et récompenser dans d'autres la verve 



/ IltP£RIAL.i l55 

a. A 

qd'il redoute (i)« Cest surtout à l'égard d^ ceux 
qui avoient pu dévoiler ou contrarier son ambU 
(iôD j que ses resseutimens étoieiiU inflexibles y sa 
baine implacable. 

Dans le monde politique tout a fléchi. La 
Pru^e y la Russie y le Danemarck secondent ses 
projets contre 1 -Angleterre ; Tarmée du roi d'Es- 
pagne reçoit ses ordres au fond de l'Allemagne , 
ou brave les glaces du Nord. Il dispose des flottes 
et des trésors de cette puissance y vassale bien 
moins qu'alliée. Des cotes immenses sont inter- 
dites aux vaisseaux des Anglais; la guerre est 
gëaéralètnent déclarée à leur commerce^ à leur 
prétendue prééminence maritime y aux principes 
excl<;ksifis qui dirigent leur gouvernement. Une 
puissance du Nord se déclare son alliée^ et la 
perte de la Finlande paye cette infraction . à 
l'union continentale. 

Que d'éclat et de grandeur cette situation im^ 



Ml- 



(i) Chenier y. accablé d'infirmités^ et dévoré de cha- 
grins » mais p1u$ fort^que^es douleurs, composa son Epîtr^ 
à YoUaire. Dans sa pleine santé, cet ouvrage eûtsuffi-seul 
pour lui faire une réputation. Eprouvant^ pour ses tragé- 
dies, l'interdiction des'théâtres, celles de toutes les presses 
pour ses autres ouvrages ; et laissant croire que ses traits 
.étosent émoussés par les maux et la misère^ il reçut le 
brevet d'une pension d^6oûo francs. ' 



l54 COUTERNKME NT 

posante de l'Europe réfléchit sur la France et 
Sur Napoléon ! Il tenoit dans sa main la balance 
de l'Europe : pouvant ^ k ton gré, commander 
la guerre, il pouvoit prescrire la paix. Il ne man- 
tfuoit à la considération dont T^nviroBCioienl 
tant de priqces et de peuples , cpie danser de -sa 
puissance pour le bonheur de tous. Dans Tas-* 
semblée des rois , il pouvoit ,'élre le Modérateur 
des passions , Farbitre de tous les diifêrendd , et, 
comme Jupiter , peser les devins du inonde. 

On dit , on répète avec affectation aujourdiiui 
qiie la seule forttrae^a porté Napdtéon à ce faanl 
rang, à cette éminente prospei^é, >|u'iHes a dus 
*a Faccord fortuit des événemens et "des circons- 
tances, non 2i Im^même. Âtteml&ns qive les 
passions se taisent , comme 'se turetil f^adttaira- 
tion et la fl^tterieie jour ée sefs inéHf%t^e6 re- 
vers. L'examen de sa vie n'est pas méigvfe ^ Ja 
postérité (i). 

(i) Bonaparte, occupant seul ou presque seul la re- 
nommée, souAietlafit 2i ses desseins fa ïbrtiine, à son ^ëpée 
ta victoire, âttadhant à ses destinées des tonverams et 
cf'iTIustres guei^ri'ers qui furent ses égattt , n'ayanft pas. 
Comme Augas/le , des guerres civiles à trahrers^» ad 
triumvir , son rival , k vaincre , les cendi'es d'un 'Pom- 
pée, d'un Caton , d'un Brutus à apaiser, un telliotflma 
put comprimer toutes les passions , tant qu'a doré sa 
puissance, et les voir toutes se soaleVer à l'instant de sa 



IMPÉRIAL. l55 

Deux hommes paissans et célèbres ^ placés aux 
deox extrémités de Fassociatioû européenne > 
«vouant Ton pour l'autre une liaute estime^ une 
fi^ncbe amitié^ pouvoient' d'autant plus s'unir 
pour la bienfaisance et pour la gloire ^ que leurs 
empires et leurs intérêts étoient plus séparés. V'ti 
ordre politique tout nouveau ^ un ^stème de 
pacification générale et durable ^ Soient possi*- 
blès ; ils furent un instant le voeu et l'attente des 



chute. Cette catastrophe a suffi aux amis de rhumanité ; 
elle a satisfait les défenseurs des droits des peuples/ 
maïs elfe n'a p'as désarmé Tenvie , mais elle n'est pas une 
«eipialion siiffiBaiite Ae ^a prospérité pour des hommes 
qui ont' déposé !)?ufr orgueil héréditàii^ dans ses anti- 
duraibres et mendié sa faveur ; et ces écrivains , la honfe- 
de notre littérature, voyez-lés , quand l'idole est brisée , 
lui contester son génie ^ ses vastes et profondes concep- 
tions , et nous présenter^ comme un jeu produit par les 
circonstances , les titres mêmes de sa trop funeste gloire. 
Mais ces atréts jpirô'nohcés par de cupides spéculateurs, la 
postérité les sonitae^a à Téptetive d'unfe critique impar- 
tiale. Napoléon vivra dans rhîsttfrrè timme im des plas 
. étonnanè pbénonarènes 'de la plos étonnante révolution. Si 
dans les fers il la'impose pas silence aiïx passioils vul- 
gaires, il obtiendra des égards des rois ses ennemis; et, 
de quelque générosité qu'ils se piquent , il sera permis de 
douter à qui d'eux ou de Napoléon restera la palme de ta 
modération d^ns la victoire, et du noble désintéresse* 
ineot envers les vàitictis. 



l56 GOUVlRNEBfï-Wf 

nations. Cet arbitrage fédéral^ qui occupa* Te^s 
dernières pensées du bon. Henri , qai cbarmoît 
son cœur ^ qui le remplissoit d'iUusiooS) néce^ 
saires à sa vertu , se seroit réalise sous les aos-^ 
pices et sous lu- garantie de ces deux grands mo- 
narques , si l'un et l'autre eussent également pu 
consenlfp à ce partage de mérite y de gloire réelle 
et d'utile inftueuce. Le sceptre maritime -se ae^ 
roit abaissé au niveau de tous, les sceptres y et la 
reine des mers eût été forcée de limiter son: 
usurpation. Le trident de Neptune protège la 
démocralije maritinafe ; il soulève y il apaise , égfH 
leraent pour, tous les navigateurs^ les flots et 
les tempêtes*. Sur des océans * toujpurs libres^ 
que les peuples soient toujours égaux y. telle est 
la loi que tous doivent subir et fàîpe respecter-, 
si l'un d'eux Ose la. méconnoltre. En eflfet y tes 
mers opposent à notre audace des écueils y non 
des barrières. Les mers sont 'y dans le dessein 
de la nature, un domaine commun à tous les 
hommes ; des routes qui , toujours ouvertes à 
l'industrie y abrègent les distances y lient les na- 
tions, exercent le génie. Depuis que des cités 
mobiles^ guidées par la boussole , parcourent, 
en tout sens TOcéan et les mer$ secondaires, 
les lumières circulent des. unes aux autres extré- 
mités de la terre , étendant les conquêtes de la 
civilisation , tandis que le commerce de l'Eu- 



IMPERIAL* tSy 

Tope établit des marchés dans }es deux Indes ^ 
et jusque chez les peuplades les plus barbares , 
y féconde rindustrîe, et ^ en échange de nos su- 
perfluités> apporte des productions nouvelles 
dans cet ancien monde y toujours avide de nou- 
velles jouissances^ et tqp jours plus corrompu. 
Le genre humain prendroit l'aspect d^une im-- 
mense et d'une heureuse famille, si l'intérêt des 
gouyernemens se régloit sur l'intérêt des peur 
pies y si les prétentions de l'orgueil n'étoient plus 
nn obstacle au développement de nos affections 
naturelles , si goui^emement cessoit dé signifier 
despotisme y et peuple,^ propriété héréditaire 
du despote* 

^ Supposons que y parvenu à ce haut degré 
de puissance et de considération politique y Na- 
poléon eût senti qu'il devoit mettre tous ses 
€oins à s'y fixer, à ne plus jouer avec la for- 
tune ; supposons que ses pensées eussent changé 
de direction y et ses passions d'objet ; que don- 
nant la main ii Alexandre, et ne rivalisant avec 
lui que de vertu, la confédération européenne 
se soit assise sur des bases plus solides; qu'au 
^é des parties qui la composent ,. ou par ude 
décision supérieure , les limites de chacune d'elles 
soient marquées , et les intérêts balancés ; sup- 
posas enfin une paix, durable , puisque là paix 
pejqpétaelle est un rêve de l'homme de bien , 



i58 GOuytRNsais^i' 

BOUS voyons aussitôt-^ le» droits respectés , et 
partout la raison publique éclairer la justice^ 
réformer les vices de Tadoiinistration j (devenir 
les abus du pouvoir. Les peuples se mettent en 
garde contre les innovations ; ils opposent Té- 
preuve du temps à des théories séduisantes ; el- 
les Français, sur-tout , guéris de cette frivolité 
qu*on leur a justement reprodiée , iormé& par 
de longs malheurs à la prudence , à la réflexion, 
au juste sentiment de la liberté , rentrés sous 
Tempire des lois, se livrent de nouveau aux 
études libérales , n'ouvrent leurs cœurs qu'aux 
passions nobles et géaérei^et , .e( recouvrent 
néanmoins la prérogative dont ils ont si long^ 
temps joui , celle de se faire par tout reconnoltre 
par rélégance des manières , la politesse et 
l'urbanité. Une réfolution plus heureuse stopère 
encore , l'empereur sacrifie d'injustes conquêtes 
à la véritable grandeur , de vains titres à là 
solide gloire ; il borne se9 desseins et son cm* 
pire ; mais il étend sa renommée , confond les 
haines, émousse les traits de l'envie: il donne 
un plus grand lustre aux sollicitudes impériales ^ 
par la protection et les faveurs qu'il accorde 
aux sciences, aux lettres, aux beaux-arts; et, 
vainqueur des peuples que Tra jan a soumisi dans 
les régions qu'arrosent la Vistule , le Don, le 
Panube , comme lui , il repousse les adulateurs 



IMPERIAL. l59 

qui se pressent en foule autour de son char de 
triomphe. 11 ne confie la garde de ses vertus 
privées qvkk sa propre conscience > celle de ses 
vertos publiques ' qu'à la censure éloquente de 
Famitié. Trajan eut des aoiis^ parce qu'il ainia 
la vérité. 

Xi'ambition ^ qui n^est que la soif de régner ^ 
afflige de loin en loin le monde > en suscitant un 
bérds : plus rarement une ambition ' contraire 
procrée un grand homme : personne ^ jusqu'au 
temps des ses infortunes , ne s'est avis de coii-> 
tester à Napoléon le {premier de ces titres : pour 
^lériter le second , il avoit à réformer son caracr 
tère et son système de gouvernement. Cette ré^ 
forme était peu présumable : ses passions domi-^ 
Hantes excluoient les grandes vertus qui font leà 
grands princes : quelques traits de sa vie ont fait 
soupçonner qu'il y avoit en lui des dispositions 
à la cruauté , qui ^ pour éclater , allendoient que 
notre servitude fût consommée. Il est certain 
qu'il n'a japais proféré des paroles d'indulgence 
qu'avec réflexion , et qu'il prononçoit avec pré-r 
cipitation les mesures de rigueur : son indul- 
gence éloit un calcul , sa sévérité un penchant .; 
et nous ne connoissons qu'une partie de cet 
homme extraordinaire : l'essai que nous ayon^ 
fait de son génie et de son administration , doit 
nous suffire. Ne regrettons pas ce qu^ le temps, 



l6ù GOUVERNEMENT 

ne lui a pas permis de nous eo révéler. Quant anx 
qualités des grandes âmes ^ ces qualités qui se 
manifestent par des mouvemens sublimes , pa.r 
des accens qui ressemblent à des inspirations di- 
vines y il avoit tout à acquérir ; et ce genre de 
mérite ne s'acquiert pas. Celui qui le possède le 
doit à la nature ^ à sa première éducation y sou- 
vent à des événemens que le hasard a produits. 
Ses froides combinaisons militaires et adniinis« 
tratives , la sécheresse de ses pensées y le lâco- 
nonisme impérieux de son langage n'étoient pas 
de vains signes des passions qui agitoient son 
ame. Tout nous apprenoit qu'elle étoit fermée 
aux douces eniotions de la pitié ; et si nous in- 
terrogeons sa vie publique et privée y nous dé- 
couvrons qu'il a fait la guerre par goût , pres- 
que par besoin y et la paix pour recommencer 
la guerre ; que ses affections étoient des caprices^ 
ses plaisirs des jouissances , ses dons des sa- 
laires et non des bienfaits. Consul ou empe- 
reur y il marcha toujours précédé de la terreur y 
poiir comprimer dans l'ame de tout homme de 
bien, de tout magistrat vertueux, la tentation de 
lui faire entendre la vérité. 11 auroit éloigné de 
sa cour un ministre tel que Sully ; il auroit puni 
un orateur tel que Pline. Remarquons ici com- 
bien sont rares les princes que l'amitié a le droit 
de conseiller. 



/ 



IMPÉRIAL* l6l 

Le genre humaîa paye d'un éternelle recon- 
noissance la savante tactique de Turenne j de 
Villars , du maréchal de Saxe ; elje étoit avare 
du sang des troupes. Us en élolent les pères dans 
Fattaque^ comme dans la retraite. Lorsque nous. 
lisons dans les vies de ces grands hommes que la 
pért« d'un soldat étolt comptée , combien de- 
vons-nous déplorer le sort des armées que con- 
somment aujourd'hui deux batailles y quelque- 
fois une seule retraite? Que penser de ces princes 
guerriers qui ^' cent fois, ont jonché la terre de 
morts, pour qui des champs de carnage sont 
un spectacle ravissant , qui dénombrent ceux 
qui ne sont plus , insensibles pour ceux que de 
prompts secours pourroient sauver encore , à 
qni ces horribles résultats coûtent des milliers 
de générations, et n'arrachent pas une larme? 
Nous dirons qu'ils apparoissent au milieu des 
liumains, pour en être les fléaux ; à la tête des 
nations, pour en être les tyrans. 



3. . ïi 



l6a COUYEHITEMZNT 



CHAPITRE X. 

Nouveaux accès 'de Vamhition de Napoléon. 
Invasion de V Espagne; captivité du Roi et 
de sa famille; détails sur ce grand événement. 
Joseph, roi d* Espagne ; le prince Murât , 
roi de Inaptes. Dernière guerre contre VAu* 
triche. Illusions et décadence de Napoléon^ 
sonalliance avec V Autriche; son mariage 
avec V archiduchesse Marie -Louise : ré" 
flexions sur cet événement. 

XiL que ces indomptables dominateurs des 
forêts y dont une éducation domestique semble 
avoir assoupli les inclinations jusqu'à Tobéi^ 
sance^raais dont l'instinct^ âe développant avec la 
force , méconnoit la voix et la main du maltire ; 
Napoléon se débat, en quelque sorte, dans ce 
noble repos où l'ont conduit sa fortune et ses 
victoires. Il réclame son activité guerrière ; il 
redemande ses armes et les combats. Il n'a pas , 
comme Achille , à venger la mort d'un atni ; 
il a son insatiable ambition à satisfaire. Qui pos- 
sède un empire est son ennemi. Ni la perspec- 
tive d'une puissance qu'il lui est facile de con-^ 



IMPlBRI A L. l65 

soHder ^ quil est dangereux d'étendre j nî le 
besoin de légitimer une gloire contestée par 
celte gloire que le temps confirme , ni le deuil 
de la France ^ plus que décimée par de doubles 
et de triples conscriptions^ ni le vœu des peu- 
ples pour la réconciliation des rois et la paix du 
monde, n'ébranlent ses résolutions. Son esprit 
se refuse à tous les conseils^ son cœur est 
fermé à tout sentiment de justice. La carrière de 
sang qu'il s'est ti^acée , il veut la parcourir en- 
tière; la destinée qu'il s'est faite, il veut l'ac- 
complir. Cet homme, qui impose à ses sujets 
( naguère ses égaux ) tant^ de soumission et 
de servile dévouement, est son propre esclave. 
U obéit à ses passions , d'autant plus irritées , 
d'autant plus fougueuses, que sa raison, qu'un 
vague sentiment d'humanké les auront plus con- 
tenues. Conseillers timides , vous ne serez plus 
interrogés ! Nation française , il n'a plus à con- 
sulter tes intérêts, celui qui t'a dépouillée de tous 
tes droite ! Braves légions , que tant de victoires , 
tant de vertu patriotique ont illustrées, vous en- 
trerez dans le royaume d'qn peuple allié en amis 
perfides , vous y serez combattus en tyrans 
abhorrés, et réduits par le poignard et le climat 
à n'être qu'une poignée de fugitifs; et cepen- 
dant vous en sortirez, fidèles à vos «ermens, 
pour votis rallier sous les drapeaux de Napoléon, 



/ 



1*64 COUYERNEMENT 

pour le servir^ le défendre, pour subir ^ ainsi 
que lui - même ^ la loi d*un vainqueur. Sublime 
exemple de résignation , d^obéissance et de 
patriotisme! 
3ctobre ce Si jamais de tels attentais furent commis > qui 

ois suivans . ./•• • \ ' i ^t- 

1807. dussent taire craindre aux hommes, quaban-i- 
donnés par la Providence , la justice fut remon-^ 
tée au ciel pour n'en plus redescendre; ces at-^ 
tentats se trouvent tous réunis dans le tableau 
des scènes scandaleuses qui précédèrent Tinva- 
sion armée du royaume d'Espagne, et des scènes 
sanglantes qui la suivirent. Quel concert de per- 
fidies et de violences! Quel appareil de démons- 
trations amicales, pour surprendre la bonne 
foi d'un souverain qui se précipite au-devant 
des embûches qu'un autre souverain lui a ten- 
dues ! Avec quel art, sous la garantie de l'al- 
liance et paré du litre de conciliateur. Napo- 
léon circonvient toutes les avenues du palais, 
explore les secrètes dispositions d'un roi fôible, 
d'une reine accusée, d'un indigne fa\'t>ri ; tan- 
dis que sa ténébreuse politique enveloppe , 
cerne en .tous sens et lui livre le prince des 
Asturies , héritier du trône , dès long-temps 
sacrifié à des ressentimens dont la source of- 
fense à la fois la nation espagnole , la digniti^ 
royale et la morale publique ! Par combien d'as- 
tucieuses manœuvres il s'empare de la confiance 



IMPERlALr 1:65 

du roi 9 son allié le plus utile et le plus fidèle ^ 
séduit et joue le prince de la Paix y rassure la 
reine et la met dans ses intérêts^ et fait dépen- 
drie le. sort de rhérilier de, la couronne , flot- 
tait entre Tespérance et la crainte, d'un entier 
abandpn ^ux volontés de son généreux protec-' 
tenr! JLe génie de Napoléon remplit les pa- 
ais d'Aranjuez, de Madrid; ses agens d'intri- 
gue agitent la capitale et divisent la cour ^ lors- 
qu'encore les Espagnols se croient de bonne 
foi placés sous les. auspices de l'empereur de» 
Français , et se flattent de bientôt devoir à son 
influence la régénération politique à laquelle ils 
se sont préparés. Il semble qu'un pouvoir sur- 
;fiaturel entraine à sa perle cette antique famille 
de rois. Son aveuglement dure encore, quand le 
'voîle s'est déchiré pour la nation espagnole, quand 
la na{ion française est éclairée sur ce grand for- 
fait, quand Tarnaée elle-même^ condamne cette 
guerre, dont elle prévoit, non les dangers, mais 
la honteuse issue. 

La conséquence immédiate de l'invasion de 
l'Espagne fut une insurrection générale contre 
l'oppresseur. Un gouvernement , provisoire fut 
organisé ; et le <:abinet britannique , trop habile 
pour ne pas faire tourner cet événement à son 
avantage , et au désavantage de son ennemi , de*^ 
vançale vœu de la nation opprimée, par l'offre 



l66 cou VKRÎf feMENT 

d*un secours prompt et puissant. Il répondit ^ 
avec une générosité digne d'un grand pennLs^ 
à cette faveur inattendue de la fortune. Il vit oins 
cette entreprise de Napoléon un grand attentat 
dont rimpunité entralneroit le renversement de 
tout ordre politique; et, dans la guerre à la- 
quelle il s'obligeoit envers TEspagne , ut^ titre a 
la considération de tous les peuples; un motif 
pressant pour les princes coalliés de confier au 
ministère anglais la direction des moyens qu'exi-- 
geroit la défense commune. Qui ne jugea pas 
alors que l'influence de l'Angleterre étoit pro- 
digieusement accrue 9 que la résistance de l'Es- 
pagne , comme celle du Portugal , occuperoit 
et consumeroit successivement les meilleures 
troupes de Napoléon, qu'il disperseroit ses forces 
quand les ennemis concentreroient les leurs ^ et 
qu'enfin la paix seroit rendue à l'Europe ^ soit 
par sa résignation, soit par sa chute? Le pré- 
somptueux Napoléon fut le seul qui ne prévit 
pas ces inévitables résultats de son usurpation. 
Et à l'époque présente , ni durant le cours de 
cette guerre, si injuste dans son principe ^ si 
barbare dans ses moyens , les Français ne ces- 
sèrent de Ynanifester leur improbation avec un 
courage dont ils ont manqué dans leuir propre 
cause. Ils ont constamment réclamé pour la na- 
tion espagnole des droits dont ils ont patiem- 



ment souffert d'être dépouillés. Oui , l'histoire re- 
cueillera ce singulier contraste ; elle dii^ que la 
iiation française 9 indignée ^ a réprouvé la pré- 
tendue médiation de l'empereur^ et la guerre 
impie qui en a été la suite; elle dira que l'armée^ 
tout en se soumettant aux lois de la discipline y 
en se ployant sous le joug d'une passive obéis- 
sance y a déploré les maux et les pertes du peu- 
ple des Espagnes ^ qu'elle a pleuré sur ses pro- 
pres lauriers y et redouté la victoire y cherchant 
dans les décrets de la justice divine la cause de 
ses défaîtes et de ses revers. 

Le nessentiment au prince des Asturies contre 
le prince de la Paix y - la proscription du favori 
que poursuit la haine populaire y que la noblesse 
accuse de marchander avec une grande puissance 
le trône des Espagnes y l'abdication forcée du roi igmarsiSo 
en faveur du prince des Asturies y après des 
émeutes qu'on reproche à c^i-ci d'avoir soule- 
vées y la publication des intriprés de Godoï^ éga- 
lement imputée à ce prince ; révélation non 
moins imprudente quç coupable y puisqu'elle 
déchiroit le voile dont le respect envers le roi » 
et une sorte de pudeur publique couvroient cette 
masse accablante de honte et d'infamie ; la fuite 
de Ferdinand et des autres princes auprès de 
Napoléon, la réunion du roi, de la reine et du " 
favori à Baïonne , dans le palais de l'empereur. 



l68 GOUVERNEMENT 

qui feint d'attendre des souverains j et n^attend ^ 
en effet j que des prisonniers ^ tels sont les pré- 
liminaires du traité que le foible Charles sous- 
cric en faveur de Napoléon ; traité que dicte une 
seule des parties contractantes , qui dépouille le 
successeur légitime ; traité négocié à la manière 
de l'Algérien et du Tartare y et qui déshonore 
celui qui en accepte les conditions ^ plus que celui 
qui les a consenties ; traité qui offense une grande 
nation et lui fait un devoir de la vengeance j 
qui consacre , au mépris des lois divines et hu- 
maines y un genre de déloyauté et de foi punique 
que les Français , non moins offensés gue les 
Espagnols j doivent eux-mêmes punir par un 
éclatant désaveu. 

Tandis que Charles ^ la reine j et le prince de 
la Paix sont traînés dans la royale prison de Corn- 
piégne j et les princes traduits à .Valencej ( le 
motif qui détermina le choix de cette résidence 
est connu ) , le pt/kce Murât forme un parti à 
Napoléon, au sein même de la capitale. Une 
arrnée en présence assure le succès de ses négo^ 
ciations. Il compose une junte ; il commandé 
d'une part des députations ; de l'autre , il découvre 
ou feint de découvrir des rebelles. Il signale les 
opposans ; il punit la résistance. Pour Fexécu- 
tion des ordres de l'empereur, il falloit em- 
ployer le ressort de la terreur ^ subordonner e^ 



IMPÉRIAL. 169 

corrompre. Tandis que le sang coule à flots dans 
les rues de Madrid ^ la voix de quelques hommes^ 
traîtres à leur patrie ^ annonce aux Espagnols 
rindulgence et les bienfaits de Tempereur ^ qui ^ 
n'écoutant que sa clémence , quand des rebelles 
provoquent les rigueurs de sa justice, veut bien 
cimenter avec eux une nouvelle , une inaltérable 
alliance y et accorder pour roi son frère Joseph y 
au vœu de la nation espagnole. 

Napoléon- Joseph monte sur le trône des Cas- 
tilles sans éprouver d'obstacles. L'opposition se 
renferme dans les cœurs avec la haine et la soif 
des vengeances. Joseph lui-même rétrocède le 
royaume des Deux-Siciles à l'empereur, qui en 
fait la dotation de sa sœur, épouse du prince 
Murât. Ces deux grands événemens sont com- jSjujiiet 
muniqués au sénat avec l'appareil le plus impo* 
sant. Les pères conscrits descendent à la plus 
extrême bassesse , pour célébrer la plus extrême 
injustice. Ils louent Napoléon-le-Grand , non 
moins habile à subtiliser un trône qu'à le con^ 
quérir. Us érigent, en titre de gloire , le facile 
succès qu'ont obtenu la perfidie et la violence. 
L'encens fume sur les autels qu'il a relevés ; la 
religion prodigue à son restaurateur les louanges 
qu'ont méritées les rois selon le cœur de Dieu. 
Les autoûtés suprêmes donnent le signal des 
adresses de félicilation et d'éloges ; les feuilles 



1808. 



IfO GOXJ VEliNEAlENT 

publiques les transmettent aux muses de la Sèibe^ 
aux chansonniers des provinces. Tout ce qui parle^ 
tout ce qui chante^ célèbre à Fenvi cet accord mi- 
raculeux du génie de INapoléou et des faveurs de 
la Providence 9 cette politique profonde^ qui 
itomble aux esprits vulgaires s'écarter des règles 
que la raison- et la justice ont consacrées^ mais 
dont les raisons d'état motivent les écarts. £l 
c'est ainsi que la flatterie et les ambitions servites 
justifient les grandes ambitions et conseillent les 
abus de la force contre la foiblesse. 

Cependant l'indignation des peuples et des 
souverain^ est universelle ; mais elle est contenue 
par la terreur dont ils sont frappés. Un sentiment 
général d'équité réprouve cette subite occupation 
de l'Espagne. On oublie des torts 3 pour s'afiliger 
Sur le sort des i^ictimes. La nation française re- 
pousse la bonté d'un attentat dont elle est inno- 
cente. Elle se détache , à haute voix y pour sa 
justification 3 des hommes qui se nomment la 
tête de l'état ^ et rejette sur ces compla&ans 
conseillers du prince les malheurs y le sang que 
le crime réclame et qui ne l'expieront pas. La 
péninsule espagnole^ embrasée du nord au midi, 
est le théâtre sur lequel deux nations y rivales de 
valeur et de haine ^ vont se livrer d'horribles 
combats 3 par des motifs et sous des auspices 
bien contraires. Dès l'ouverture de cette lutte 



IMPÉRIAL. 171 



• • 



entre un gouvernement généreux et un injuste 
ravisseur ^ les vœux du monde se prononcent 
en faveur de l'Angleterre ; Napoléon a contre 
lui les hommes et les dieux. Cependant n'anti- 
cipons pas sur les évënemens; attendons Tissue 
de cette guerre y que la constance et le dévoue- 
ment des Espagnols rendront à jamais célèbre 
pour payer avec discernement à cette puis* 
sancs y leur alliée , un tribut mérité d'éloges et 
d'admiration. Après tant de Sacrifices^ au mo- 
ment où la politique de l'Europe semble s'as^ 
seoir sur de plus solides bases ^ l'Angleterre doit 
ice grand exemple au monde , d'avoir triomphé 
pour la cause commune^ et de ne pas séparer son 
propre intérêt de l'intérêt général de tous les 
peuples. 

Le temps ^ les circonstances ^ le haut degré de 
civilisation où l'Europe est parvenue , tout favo- 
rise le vœu des nations pour une paix durable et 
pour la liberté légalement garantie. Il n'est plus 
d'autre gloire pour les grands souverains que 
celle de réaliser ces espérances. Qu'ils règlent^ 
la balance à la main , tous les droits ^ tous les-in- 
térêts ; qu'ils soient conciliateurs et protecteurs ; 
que tous lés différends viennent expirer au pied 
d'un tribunal suprême y et que le canon ne soit 
plus l'arbitre des querelles des rois. Vous qui 
tenez les deux extrémités de l'union européenne. 



172 COUVERNEMEI«rT 

dites au puissant ^ dites au foible : f< Plus d*en- 
nemis ». 

Les. décrets dont Napoléon a frappé le roi 
Charles et sa famille, ont expliqué la subite entrée 
des Français dans le royaume de Portugal y et 
Fapparilion dans la Vieiile-Castiile d'une armée 
commandée par le prince Murât. Elle alloit y di- 
soit-on , seconder les opérations du général Ju- 
not. Ainsi , 1 alliance et l'amitié couvrirent le 
dessein perfide d'une diversion sur Madrid , liée 
d'avancé au succès du traité que l'empereur né- 
gocioit en personne dans son palais de Marrac» 

Les akernalives fréquentes de victoires et de 
défaites qui distinguent cette guerre impie , lès 
places fortes prises et reprises y les marches sa*^ 
vantes opposées à l'impétuosité française y l'atta- 
qué imprévue prévenant, déjouant la tactique du 
temporiçeur y des sièges où toute action est une 
action d'éclat ; celui de Saragosse,^ méniorable 
répétition du jsiége de Sagonte : quelle immense 
matière pour l'histoire Ique d'intéressans épisodes 
confondus avec tous les excès des passions y avec 
toutes les fureurs du fanatisme patriotique et re- 
ligieux ! Les malheurs sont égaux pour les. deux 
nations;, les pertes sont égales. Le caractère de 
l'Espagnol , son opiniâtre courage y balancent la 
valeur du Français, guidée par l'art, et l'expé- 
rience. Mais la gloire ne pou voit être partagée : 



IIIIP.ERIAL* 173 

en est*il une pour l'injuste agresseur? Expirant 
ou vainqueur , le premier n a pas un instant 
douté du triompha de sa patrie. Cette confiance 
étoit le prix de son dévouement ; elle étoit toute 
sa gloire. 

Je laisse à d'autres écrivains plus courageux ou 
moins graves le soin de transmettre à la postérité 
ïe règne et le gouvernement de Joseph ; car, en 
pénétrant dans sa vie privée, il devient possible 
d'égayer la triste et piate monotonie de sa vie po- 
litique. Je chercherai moins encore quel parti 
peut tirer Ja satire de ce roi Joseph , vu dans son 
intérieur, que je rfe chercherai ce qu'en fera l'his- 
toire, vu, revu, tourné et retourné, mais roi et 
seulement roi. paissons donc là ce monarque , 
ridicule Sosie, imprude'mmenlinterjeté au milieu 
des scènes tragiques que la main de sou frère a 
Ourdies. Il me suffit d'avoir lié son éphémère ap- 
parition sur deux trônes au vaste plan de Napo-* 
léon; d'avoir prouvé, par la ^coïncidence des évé- 
nemens politiques et des mesures militaires , que 
celui<^ci tenoit dans sa main le fil des intrigues 
qui divisèrent la cour d'Aranjuez ; qu'il n'a pas^ 
comme on l'a prétendu, profité des circonstances; 
mais qu'il les a fait naître , et qu'il a sacrifié à ses 
intérêts personnels , à l'intérêt de chaque indi- 
vidu de sa famille , ses devoirs , les droits et la 
glpire des Français, la morale publique et le code 



1^4 GOUVERNEMENT 

des nations : et cela pour jabaisser la royauté ^ 
pour avilir le rang suprême j sans élever ceux 
qu'il plaçoit sur des trônes. . 

Un seul des frères de Napoléon a mérité sa 
*faaute fortune, puisqu'il la dédaignée ,. puisqu'il 
a condamné les usurpations et le frénétique or- 
gueil de ce fier conquérant. 11 a repoussé d'iUé* 
gitimes bienfaits : Français , époux et père y îl 
n'est pas déshérité de sa patrie. Ces noms sacrés^ 
les nœuds qu'ils consacrent, les devoirs qu'ils 
imposent , le dispensent d'en mendier une , bien 
qu'exilé par lui-même , errant , méconnu au sein 
des nations. Napoléon peut bien embraser s^ 
autres frères de l'ambition dont lui-mênie est 
dévoré : mais peut-il également leur commum** 
quer son génie , ses passions , son audace? Leur 
médiocrité croise ses intentions. Ils sont vus plus 
haut et de plus loin , mais sans aucun prestige* 
Leur mesure étoit prise avant leur exhauss^^ment : , 
deux seront des vice-rois peu dignes de sa cen«* 
fiance. L'indocile légèreté de l'un , la mollesse et 
l'incapacité de l'autre, marqueront le côté foible 
de sa puissance colossale. Pressé par Thonneur et 
la vertu, le troisième descendra du trône , emr 
portant les regrets et l'estime d'un peuple qu'il 
ne peut plus défendre contre la tyrannie de l'em- 
pereur son frère. En s'éloignant de sa patrie 
adoptive, il appelle sur la Hollande l'intérêt et 



IMPERIAL. 17$ 

Tappui de tous les peuples ^ de tous les sou** 
verains. 

Le prince Murât étoit monté au rang de grand- 
duc de Berg , et de beau-frère de Napoléon^ par 
le chemin de la gloire. Les justes appréciateurs 
des talens et des vertus militaires ont regretté 
qu^il ait terni ses lauriers par des exécutions san- 
glantes contre les habitans de Madrid ^ et qu^l ne 
doive la couronne de Naples qu'à sa déférence 
envers l'oppresseur d'une famille y dépouillée j 
en Italie , par la violence ; en Espagne , par la 
plus insigne violation de l'alliance et de l'amitié. 
Pourquoi ce vassal ne seroit-il pas un jour Fins- 
trament de cette éternelle justice qui plane sur les 
tètes superbes des rois , et tèt ou tard les atteint 
et les frappe? Pourquoi ^ impatient du joug^ ne 
revendiqueroit-il pas la libre disposition de son 
^rmée, l'indépendance de sa couronne ; et , pour 
mettre fin à tant de royales injustices , à tant de 
calamités répandues sur le monde y ne soUicite- 
roit-il pas de plus légitimes alliances^ et^ ne con- 
courroit-il pas à la pacification de l'Europe? 

L'empereur ^ ébloui par tant et de si faciles 
fuccès y enivré de sa gloire , s'entourant de gran- 
deurs et de majestés dont il est adoré^ ne connoi- 
tra pas désormais ou connoitra mal sa véritable 
situation. Son orgueil sera le faux point de pers- 
pective d'où partirontses regards : sa vue trompée 



Jj6 GOUVERNEMENT 

■ 

égarera son jugemeat ; il ne se défiera pas» du re- 
pos où se tiennent les puissances qu'il a humiliées 
ou soumises; il prendra le silence pour laTési*- 
gnation , le calme pour Tépuisement et la foi- 
blesse ; il fera qualifier de révolte ^ de rébellion 
le patriotisme espagnol , et il ne verra pas que 
la nation est armée; que^ pour la subjuguer , il 
auroit à peine assez de toutes ses forces réunies , 
et que plus il aura conquis de territoire , moins 
les esprits et les volontés lui seront soumis. Tous 
les peuples attentifs épioient le moment où ils 
sortiroient de l'état violent et servile auquel leur 
piésintelligence , autant que la fortune de Tem- 
pereur Napoléon , les avoit réduits : c'est un 
ressort qui tend d'autant plus à se rétablir ^ qu'il 
est plus comprimé. Toutes ses fautes sont ob- 
servées, ses ridicules saisis et commentés, même 
à Paris, On regarda comme une aberration de sa 
raison et de son étoile la pompeuse généalogie 
par laquelle il voulut , à cette époque, attester au 
monde sa haute naissance , comme un titre qui 
justifioit le/Deslin , op , si l'on veut , la Provi- 
dence. Cette prétention décela sa vanité, amusa 
les cours, et bien des illusions s^évanouirent. On 
entrevit sa décadence; on n'espéroit pas encore 
qu'elle dût être plus rapide que n'avoit été soii 
ascension . Il est possible de le tromper , disoit-on, 
puisqu'il s'impose à lui-même; de le pousser au 



IMPERIAL. 177 

piège-, puisqu'il poursuit clés chimères loin de 
ses premières voies ; d'ëmousser ses armes révo- 
lutionnaires, puisqu'il se place dans Tordre régu- 
lier des potentats. héréditaires. 

Cependant Napoléon s'irrite de V insolente ré- 
nstauce des Bspagnols , et fait jiarcher du Nord 
dans la péninsule une partie de ses vieilles lé- 
gions, ne doutant pas qu'une prompte soumis- 
sion ne lui permette bientôt de les rappeler à de 
plu» importantes conquêtes. Il déprime dans ses 
bulletins Larmée anglaise , qui fuit à Tapproche 
d'une poignée de Français : mais il ne ,dit pas 
que cette sage lenteur déconcerte ses plans , ses 
hioyené, et traîne en longueur une guerre, sur 
l'issue de laquelle le cabinet britannique fonde 
l'espoir d'affranchir l'Espagne du joug de Napo- 
léon , et d'ébranler sa propre puissance. 11 ap- 
prendra trop tard qu'il n'a pas à combattre , 
comme le publient des journalistes à gages , 
comme le répètent à son oreille de plus graves 
adulateurs , quelques hordes de brigands, de va- 
gabonds, de fanatiques révoltés, un parti que là 
naUon désavoue , mais la nation elle-^méme, mais 
son gouvernement, dont le ministère anglais est 
l'ame et le conseil , mais des citoyens fidèles à la 
patrie , à la religion , à l'honneur , qui jamais ne 
composeront sur leur indépendance , et qui sont 
résolus à périr ou à se venger. 

3. 12 



178 GOUVERNEMENT 

Pour résister à l'Europe coalise^ et pour ]« 
vaincre 9 les Français de 179a et gS ae con»plè-s 
reot que sur l'éuergie de-leur p^riotisine et sop 
leur indissoluble union*. Les Espagnol^ oot de 
plus à opposer à Napoléon le fanatisme religieux^ 
qui y par son affiiû^é avec reathousîasme patries 
tique 9 et plus encore avec rimpiloyahle passiao 
de la vengeance^ élève le caracièrie Tuatjional j, 
sous le ciel brûlant de l'Espagne ^ à çè. degré de 
constance et d'héroïsme ^ de valeiiur ;et (^'impas^ 
sibilité, d'activité et (}e patience ,..011' Fiicunme 
semble être en Qontradi$:^oa aveela.^tpee^ el 
trouver dans le désordre de ses p^^OMid et* d|» 
ses pensées une force et des £acuItésfq^'«liQ lui 
a refusées. Au milieu de ses provinces <|ccii4 
pées^ de ses villes ouvertes àFennemi^ uâf)fea4 
pie resXe indépendaal et libre. Lea guerres. aa4 
tionales ne se font ei nese terminent pas comtn^ 
celles que des ministres ^ par des moti& frivolea^ 
pnt concertées , qui finissent comme elles cmt 
commencé ^ et dont presque tpujoqrs les cotn-rr 
battans ignorent . la cause et les résultats. Ba^^ 
ce dernier cas^ le soldat exerce son art* et 
gagne son salaire. Il ne /iemande pas q^i le 
paye, mais qu'on le paye. Dans le premier^ le 
même intérêt lie, les mêmes passions ai^imént 
le soldat et le général , le gouvernement ^t les 
citoyens. 



. jL^aveci|[leHaent de Napolëoa ouvre enfin les 
yeux.au conseil et à Tetopereur d'Autriche* 
L'occasion d armer et de tenter de nouveau le 
$art des conabats k» ^par^t fiavor aMe. ËUe Teàt 
été y si TAutricke s'y fût plus long-temps pré^ 
|>arëe, si elle eût su former une coalition plus 
géuéiude et plus fortement cimentée. Elle paiera 
chàreineni son erreur. Napoléon ^ dont le grand 
art est de devancer son ennemi , de prendre sur 
lui Foffensivej et presque d'offrir la bataille > ou 
de l'y forcer, |(H*squ^on crpit l'avoir surpris au 
dépourvu , a rempli les cadres de tous les corps | 
el oj;dimpé de nouvelles levées. Ses armées font 
un niQuveifnait. Il attaque èa même temps l'em- 
pereur 4' Autriche dans l'Italie et dans l' Alle- 
magne. Partout il est Vainqueur* Il gagne des 
* batailles, et contient, parla terreur, les- cabinets 
les plus intéressés à prévenir la f uine de la mo- 
narçbie autrichienne ^à s'<^poser à ce système de 
conquête et de spoliation qui enveloppera l'Eu** 
ropep si elle n'adopte pas ^fin un plan de confé- 
dération générale et indissoluble. Ce changemeùt 
de direction pourra seul l'affranchir d'une acca^ 
blante et honteuse domination. Par un ineou'^ 
cevable renversement des principes politiques et 
de toutes les considérations d'intérêt, les- nà^ 
lions les plus puissantes servent contre l'Autri^ 
che lambilion de Ten^ipereur des Français; et 

13. 



l8o GOUVERNEMENT 

riiiSoo. Vienne, pour la seconde fois, est réduite à lui 
ouvrir ses portes. Un bombardement et plusieurs 
batailles perdues ont rais en problème le; sort 
de l'Empire et de son souverain* Le prince 
Charles , mal secondé , a néanmoins , dans plu- 
sieurs combats , soutenu sa réputation et rhoa- 
neur de sa maison. Sa prudence et son habileté 
nous ont fait chèrement acheter nos dernières 
victoires, . 

Cette brillante campagne est couronnée par la 
paix de Vienne, qui confirme et accroH *, en 
faveur de Napoléon , les concession^ stipulées 
dans le traité de Presbourg. Là Bavière et les 
princes de la confédération du Rhin sont ap- 
pelés au partage des ' dépk)uillej5 de ^emperen^ 
d'Autriche. La Hollande est punie pour n'avoir 
pas pris une part as^z active àu-systèmé du blocus 

« 

continental. Elle perd la Zélande et'là Hbérté. 
Bientôt elle cessera d'être comptée parmi les 
nations. Par le même motif , ou soos le même 
prétexte, le pape est dépouillé de ses états, 
Rome réunie à la France, et le sort du chef de 
l'Église réglé par un sénattis-consulte. Dans le 
nord un roi descend révolutionnairement du 
trône; et cet événement est un résultat de lln- 
fluence de Napoléon . Cependant cette paix , 
trop humiliante pour le vaincu , l'obligera de re- 
courir à des moyens que la politique suggère et 



IMPÉyiAL. 181 

dont la nécessité de sauver TËtat sera Texcuse. 

Tandis que Napoléon 4éconcerte la politique. 
de tous les cabinets de TBtirope , imprime a la 
sienne un mouvem^t plus accéléré ^ assigne 
pour .but à de nouvelles hostilités de nouvelles 
invasions ; le conseil de Vienne , en tout temps 
circonspect et prudent , prend ^ par degrés , un 
tout autre caractère. 11 couvre d'un voile épais 
la dissimulation qu'il s'impose. Il immole For* 
^ueil de son prince ^ pour tromper la vanité de 
son ennemi. Le salut de la monarchie et le salut 
de TËurope obtiennent cette extrême résolution ^ 
à laquelle se portent les peuples des républiques 
dans un extrême danger , de ne considérer, dans 
le choix des moyens , que la nécessité de sauver 
la patrie. Opposer la doctrine de Machiavel à 
la diplomatie conquérante de Napoléon; telle 
parut à l'Autriche la suprême loi et sa dernière 
ressource. 

Cependant l'empereur des Français laisse en- 
trevoir l'intention de se rapprocher de l'empe- 
reur d'Autriche. Il tire avantage du mal qu'il 
ne lui avoit pas fait. Ce monarque paroit insen- 
sible à ce qu'avoit d'offensant cette affectation de 
générosité. Au désir de l'alliance politique se 
joint bientôt celui d'une plus étroite alliance. Ce 
vœu téméraire est accueilli par le cabinet autri- 
chien qui a pressenti le piège auquel Napoléoa 



iSa cou VERrCEMENT 

vieirdra se prendre. II poavoit braver des haines, 
des vengeances. Il fut sans défense contre tes illu« 
slons de la vapité. Eneâ firent reconnoltre une 
partie vulnérable dans cet homme de la fortune , 
qui parut hors des comparaisons tant qu'il resta 
hors des rangs ; et le premier y taudis qu'il se tint 
dans rindépendance des préjugés des cours. Il 
ne fut plus le héros qu*environnoient tant d'im- 
posans prestiges 9 alors qu'il fut descendu au 
rang des rois héréditaires ; vu de plus près, il 
fut soumis à la mesure commune; et lorsqu'on 
put le moins admirer y on crut aussi qu'il étoit 
moins à craindre. Une aussi grande alliance n'étoit 
rien moins qu'une rétrogradation , qui rompoit 
la chaîne de ses Vastes combinaisons y qui le dé- 
tournoit de la route qu'il s'étoit tracée , et quî 
cômprimoitle mouvement révolutionnaire, jus- 
qu'alors irrésistible , de ses armées. 

C'étoit trop et de trop faciles prospérité^pour 
un homme qui modéroil d'autant moins Son am- 
bition , que la fortune lui prodiguoit plus de fa- 
veurs ; qui , par un simple décret , s'àpproprioit 
les royaumes », accabloit de tout le poids d*un 
régime déprédateur les peuples que lui livroit 
leur foiblesse , et qui enveloppoit toutéTEurope 
danà un même plan de destruction et de servi- 
tude , soit par l'abus de la force, soit par un 
machiavéli^ie insidieux; qui n'estimoit dans les 



IMPERIAL. l83 

sciences que leur application aux sièges , aux 
combats 9 aiHc fortifications des camps et des 
places ; (\m réduisoit tous les arts à Tart de tuer 
pliM d'homme dans nn n^oindre tenips, à de 
phis gii'andes distances ; qui condamnoit totis les 
telens à louer un maître^ toute magistrature à 
servir un despote y toutes les volontés à l'aveugle 
obéissance. 

Napoléon arme contre lui la justice du temps^ 
d'autant plus inévitable qu'eUe est plus tardive 
•t {dus voilée. Le jour approche où les excès de 
sa tyrannie réclameront pour les nations et pour 
les rois ces principes d'éternelle vérité qui mar- 
quent Timmuable limite du pouvoir^ et celles 
où cesse l'obligation d'obéir. Ces principes nous 
apprennent que^ dans l'ordre naturel^ des êtres 
individuels^ isolés^ las de subir la loi du besoin y 
constituèrent l'ordre politique y instituèrefit la 
famille^ composèrent l'état de société^ et citèrent 
rbonime moral. De ce principe certain, la rai- 
son déduit cette conséquence évidente , qu'on né 
peut , sans offenser Dieu 9 sans contrarier notre 
propre intelligence , supposer que tous les droits 
d'un peuple à la liberté, à l'égalité civile , à l'em- 
ploi de ses facultés , passent immédiatement et 
sans réserve aux mains de son délé]g^atai|*e ; en 
un mot , que les peupks existent pour 1er rois , 
bien que les rois soitat institués pour 1^ peuples. 



184 GOUVERNEMENT 

Pour bien apprécier leurs rapports mutuels^leurs 
obligations réciproques ^ il est nécessaire que le 
prince en découvre l'origine , et que les sujets 
dépouillent un instant la royauté de tous les pro- 
tocoles qu'ont inventés l'adulation et l'idolâtrie 
servile des cours. La réaction de l'Europe contre 
Napoléon produira ce retour des hommes sur 
eux-mêmes ^ cet examen des droits et deâ de- 
voirs y également heureux pour les peuples et 
pour les rois, et qui ne pouvoit résulter que 
d'une crise universelle , d'une longue lutte de 
la raison contre les préjugés, des passions na- 
turelles et légitimes , contre* les passions factices. 
Que le lien social soit rétabli pour toute la fa- 
mille européenne dans sa pureté primitive , 
qu'une charte immuable , et légalement consen- 
tie , consacre les droits , détermine les obliga- 
tions , garantisse à chaque nation toute faculté 
dont la charte n'a pas prescrit le sacrifice^ et 
nous verrons renaître une mutuelle confiance 
entre le prince et le sujet, s'efiacer le souvenir 
de nos longues discordes, et tous les germes de 
la prospérité publique fécondés par les soins et 
sous les auspices d'un gouvernement éclairé. 

^ J ai dit que Napoléon ne prenant conseil que 
de sa vanité , se livreroit à la discrétion du ca- 
binet autrichien. Il n'est aucun titre de gloire et 
de grandeur humaine qui n(^ juslitie lorgueil de 



IMPÉRIAL. l85 

la maisoa d'Autriche. II est hërëdiiaire comme 
ses trônes et ses souverainetés. Le vainqueur 
d'Austerlitz et de Wagram^ le superbe monarque 
du premier de touS les empires vient de le mettre^ 
ce fier orgueil , à une épreuve pénible et dange- 
reuse. Il a demandé la main de Marie- Louise. 
Le conseil applaudit en secret et s'enveloppe de 
formes diplomatiques , tandis que la cour s'é- 
tonne jusqu'à rindignatiou. L'embarras apparent 
du gouvernement comprime ce mouvement 
d'improbation presque générale. La terreur se 
peint sur tous les visages y circule dans tous les 
palais. Comme père et comme roi^ François 
parut y dit-on , flotter dans un doute cruel* Oa 
assura qu'il ne s'étoit élevé aucun combat dans 
le cœur de la princesse , et qu'elle avoit formé 
le vœu secret d'être unie à ce héros à l'instant 
où elle n'avoit plus vu d'obstacle à cet hymen. 

II ne fut pas difficile au conseil aulique^ mu 
par le seul intérêt de l'état , de calmer les scru*. 
pules du père 9 en représentant ses devoirs aa 
souverain 9 de modérer les élans d'une fierté 
humiliée 9 qui s'offroit sans défense an blâmé 
universel de presque toutes les cours. Il n'eut 
qu'à dévoiler l'avenir ^ qu'à montrer aux regards 
de l'empereur la perspective de tous les avantages 
que lui promettoit cette alliance. Us étoient fon- 
dés sur des probabilités qui avoient tous les ca-* 



i86 goutîernement 

ràclères de la certitude. Les intentions do cabî^ 
net de Vienne furent pénétrées. Un rapprochc*-^ 
ment de cette nature y dans de telles ctrcons^ 
tances , parut à tous les hommes d'état un piégé 
auquel devoit s'enlacer le présomptueux' N»po^ 
léon. Dans sa propre cour, et près de sa ]M»^ 
sonne y on s'élonnoit de son aveuglemient ; maià 
qui auroit osé lui exposer qudles seront , dti 
moins quelles pourront être les suites de se0 
nouveaux engagemens envers l'Autriche , et de 
ceux qu'il contracter^ envers lui-^mème ? En ef^ 
fet y cette alliance, comme une sorte de talisitian > 
déplacet'a tous les objets, trompera sa vue, é|^ 
rerâson jugemetat. A Paris, coiHme à Londres, 
on remarque ceUe contradiction de Napoléon 
avec son propre système } et les mémei résultats 
y furent ptrévusavec dessentimens bien opposésii^ 
Lui seul fut sans défiance. Il reconnoitra tro|^ tari 
son erreur. 

Dans la langue des cours , et selon les maxilmea 
du monde , il est permis de dire que l'empereur 
d'Autriche combla lui-même parle sacrifice de sa 
fille, la mesure des humiliations que hk- fortoM^ 
lui avoit fait subir. Napoléon avoit été le sévère 
ministre de la fortune. Cette considération , fbr^ 
tifiéeparde certaines disconvenances ^ ne ponvok 
être immolée qu'à des intérêts très-puissans. La 
maison d'Autriche, en efiet^ lavoit k se rassurer 



sur 5on existence politique , denx fois 'rtienaeëe , 
à recouvrer son rang, à réparer des pertes im- 
menses, en territoire , en armées, en considéra- 
tion poKtique et militaire. Deux grands motifs 
déterminèrent le cabinet et Ife monarque , le dan- 
ger d'un refuS , la nécessité de tromper Napo- 
léon. Toujours préparé contre la vive force, il 
falloit , par une alliance offensive et défensive ; 
exciter sa témérité, le pousser a de plus pénl- 
tèiises entreprises , forcer la victoire à lui devenir 
contraire, et l'abandonner à lui-même , quand la 
fortune Fauroit abandonné. 

Le mariage de l'empereur avec Farchi.du- 
iChesae Marie-Louise est solennellement annoncé 
au sénat et au corps-législatif. Aussitôt la haute 
sagesse de Napoléon et sa politique profonde 
sont célébrées dans le sanctuaire des lois par les 
hommes qui les prononcent et par ceux auxquels 
la garde en est confiée; tandis que, dans ce mêitie 
sancttiaire , les lois , invoquées par l'opinion pu- 
blique^ attestent la légalité, la sainteté d'un pre- 
mier hjmen : hymen sceHé par le temps, par 
une union exemplaire , par des adoptions obli- 
gatoires , par Tauguste solennité du couronne- 
ment. De ptats épithalames ne balancent pas ^e 
désaveu dé Topinien et des lois. On gémit dans 
le silence. On déplore cette atteinte portée aux 
mœurs, à la religion, et même, dans la pensée 



l88 GOUTERNS.MXNT 

de quelques hommes d'État , aux vrais intérête 
de Fempîre. Ou craint avec raisoa que Tempe- 
reur ne se livre à de trompeuses séductions y et 
qu il ne recule plus loin le terme de la carrière 
de conquête et de vaine gloire qu'il a déjà trop 
courue. La morale naturelle réclame en vain en 
faveur de la morale publique. L'Église fléchit^ 
compose ; et le scandale qui souille l'histoire des 
temps les plus barbares , se reproduit dans un 
temps de lumières et d'urbanité^ dans ce temps 
où les princes^ comme en tout autre , peuvent 
abuser du pouvoir, mais où plus qu'en tout 
autre temps , ils respectent les mœurs et l'c^i- 
nion publique. 

Ici l'impératrice Joséphine est une victime ab* 
solument passive. Elle se résigne pour le bien de 
VEtat à la douleur, à la honte, à une sorte d'exilt 
Ce n'est pas pour épargner la sensibilité d'une 
femme délaissée que Napoléon écarte le mot de 
divorce ; c'est pour ménager la délicatesse de sa 
nouvelle épouse ; et , qui le croiroit ! pour ob- 
tempérer à ses propres scrupules. Transforpié ei> 
dissolution du nœud conjugal, le divorce n'ef'< 
fraie pas la conscience de Tempereur. Avant tout 
examen, les raisons de nullité sont convenues et 
arrêtées dans son conseil privé ; et , sans discusr. 
sion , leur évidence a frappé et convaincu les 
interprètes de la loi divine , comme ceux de la 



1MP£RIÀL« 189 

loi humaine. Cependant personne n'a bien senti ^ 
aucun publiciste n'a sérieusement prouve qu'il 
fût d'un indispensable intérêt pour les Français 
d'être gouvernés par la dynastie directe et natu- 
relle de Napoléon , plutôt que pSir la dynastie 
adoptive. Celle question discutée auroit pu mênnie 
être résolue en faveur de la dernière dynastie. 
Seul il caressa sa chimère , source de maux trop 
réels. Car l'impudent langage des courtisans ^ des 
vers commandés à des muses vénales, ne furent 
pas les élémens dont l'opinion publique se com- 
posa dans une aussi grave circonstance. 

Cet hymen se forma donc sous de sinistres aus« 
pices. Nos craintes seront bientôt justifiées ; bien* 
tôt nous apprendrons qu'il couvroit des événe- 
nemens prévus y préparés avec un profond secret 
par une politique adroite et prévoyante. Bientôt 
les sentimens de justice et de pitié, ce vif in-' 
térêt d'une grande nation , qui ont accompagné 
Joséphine dans sa retraite , nous les devrons , à 
plus juste titre , à la vertueuse Marie-Louise, 
tendre mère, fidèle épouse, fille respectueuse, 
deu3^ fois immolée. 

Mais n'anticipons pas sur l'avenir , cet avenir 
prévu , comme on voit les choses passées , cal- 
<nilé avec une certitude que garantissent la pré- 
som(y|ueuse vanité de Napoléon , son empirique 

gueil ^ son ambition délirante* Il ordonne des 



tgO CO UVSRITEMEI^T 

fêtes à Paris et dans l'empire , en même Umptf 
qull couvre d'un crêpe funèbre tous les signes 
de notre liberté ; et ne connoissant plus de frein 
ni de Utiûle p il renonce à sa marche progressive, 
à un ména^ment gtadué qu^il a cru devoir 
employer envers la grande nation; et les actes , 
dépositaires des droits de cette nation , de «es 
suffrages répétés ^ de ses bienfaits eavers Napor 
léon p ces actes auxquels , tout vains qiu'iis SDAt, 
s'allacbent de beaux souveuîf s el quetqites liMut» 
d'espérance ^ sa main ipgrate les déchire ; et ^ 
comme ua Alaric y ua Attila , il ne veut devoter 
ses grandeurs qn'à sou épée. U révoque un^ 
préférence qu'il n'a pas méritie p. pour^é'affiraar^ 
cbir de Icmte obligation et pour régner e» dcB-^ 
pote par sa seule volonté. Mais le desf^tHsm^ 
•eutre dans Içs cœurs avec de noirs soucis , nveO 
des passions cruelles. La crainte , la défianct ^ 
les soupçous s'en emparent , s'y agiteol ; \eae91r 
pote est une sorte de frén^t jque pu d'insensé 
qui se débat contre des fautâmes que soil iina* 
gitiaiiou déréglée enfante. Napoléon oe rOugit 
pas y en présence des hommes ou des objels qui 
lui rappellent la. république , la constitution^ les 
lois. Les premiers auteurs de son élévation blés* 
sent ses regards. Le nom de pairie l'importuoe ^ 
le mot liberté l'irrite ; il craint ceux qui ^reot 
ses égaujc. U redoute plus encore le réveil d€ 



IMPERIAL; 191 

rhâoœur ^ rîpdépendaace delà pensée^ Tauto^ 
viîé d'aa graod nom. Il opprime le talent^ s'il ne 
peut le ooerompre* Pour réprimer ou punir tout 
élaa de vjertu palriotique^ pour fermer toutes 
lè& çavrièrasi où peut s'élaacer le ^oie inspiré 
par la noble passion: de rbumanité , il ioslitue ^ 
S0119 des noiHS divers y le plus inévitiahle espion- 
nage ; il 01^ un mini^ère explorateur et iiscpai-^ 
siieiir ; d'a^iiresi temps , 4'Autres ministres. 

jVi^Mdéon avoit depuis lioag-temps conçu ioNoareiie < 
dessein d'enchaloer le talent^ ou dé le proscrire y ^œrp Té^ 
de raltachar à ses intérêts par «a subside , ou de Supp^< 
le ç.oodamner ad &ile»ce par la terreur. Par une ^^ ^^g"' 
sioguliere précaiitioci de sa pnsvoy ance ^ «ne as« 
Mmhlée de muets represtotoh les départemeos j 
et craignant qu^il ne survienne des cinconstemces 
où on grand e£&>rt y inspitxs par cet auguste 
earacCèi>e de représentans de la naliovi' , délieroit 
lecir lupgue , et leur rendrôit Fusage de la pâH 
piaie-i il les' dépouille du titre et du caractère qu'il 
yédoule > et les réduit à la servile condition de 
.reV'élip de leur approbation htê lois- djslibérées 
d^nçie sop conseil. Mais l'éloq^iençev interdite au 
corps législatif y étoit y par la natore même dès 
jEpficlions déléguées aux tribuos^ ^ appelée à ii^^ 
lustrer la tribune de ce corps délibérant. Déjà 
il répondoit avec un brillant succès à l'attente 
de la nation. Sa dissolution fut résolue ; et^ pour 



iga couvEHirxMXirT 

châtier ( expression des despotes ) des oralenrl 
qui parloient au nom du peuple et sous la gà* 
rantie des lois constitutionnelles ^ Tempereur 
bannit à jamais Fart oratoire de la France as« 
servie y comme autrefois le sénat chassa les j^i- 
losophes grecs de la superstitieuse Rome. 

Comment expliquer la terreur dont le frappoit 
une pensée forte et librement exprimée, un sen- 
timent généreux et populaire ^ lorsqu'on pense 
que cet homme 9 intrépide dans les batailles , a 
couvert plusieurs fois la terre de cadavres et 
rougi de sang humain tous les fleuves y de TEbre 
à la Vistule y du Danube auiNil:^ au Tibre > à 
FAdriatique ; lorsqu'on se. souvient de sa conres- 
pondance avec le directoire ^ où: ie général s'é* 
nonçoit en citoyen vertueux et libre ? En con«- 
servoit-il le souvenir? craignoitril. qu'on n'op^ 
posât Napoléon à lui - même ? que le cours d« 
ses excursions militaires ne fût traversé par.de$ 
mouvemens intérieurs^ par dès résistances à ses 
décrets oppresssifs ^ par dès écrits éloquens ^ par 
tout ce qu'il laisserqit ^ loin de lui , de Français ^ 
impatiens d'abjurer une servilité y trop long* 
temps consentie, une trop douloureuse abné^ 
gation des affection^ les plus chères , un trop 
pénible sacrifice de leurs en fans et d'eux-mêmes' 



impiiLiArlT igS 



CHAPITRE XL 

Progrès de la servilité. Symptômes de ty-^ 
rannie. Les spéciales , les arts , la presse , 
tout est asservi. De l'Angleterre ; impuis-- 
sance et danger des mesures prises contre 
eUe par Napoléon. Guerre contre la Russie, 
et par quels motifs. Etat militaire de Na^. 
poléon. 

jLjâ garde de Tempereur n'étoit riea moins 
qu'une armée ; mais la force d'opioion l'abaQ- 
doonôit à mesure qu'il témoignoit à ses préto- 
rieos plus de confiance. Rassuré au milieu de 
nous par la seule présence de ses nombreuses 
légions 9 ses inquiétudes ^ ses alarmes croîtront ^ 
dans la proportion des distances , lorsqu'il les 
conduira à de nouvelles conquêtes. Il jette loia 
de lui le masque de la dissimulation. Descendu de 
la magistrature consulaire a la royauté y il so 
précipite de la royauté au despotisme militaire : 
totit despote guerrier est tyran ; c'est une consé- 
qiience du régime (i). L'étnpire, à cette époque , 



(i) En s'interdisant cle commander leurs armées eà 
personne^ les rois d'Angleterre ont souscrit, envers la 
5. l3 



' 194 COUHFKÏlNtBMBN'r 

est un camp y Paris une place de guerre. Le con- 
cours d'une police secrète et d'une police armée 
en a banni la galle , les plaisirs. L'espionnage 
cerne les premiers corps de l'ëlat y souille jus- 
qu'au sanctuaire des lois , obsède lei^ familles y 
obstrue les lieux publics , et traîne chaque jour 
de nouveaux hôtes dans les cachots , de nou- 
velles victimes devant les cours spéciales. 
. Plus Napoléon s'isole de la nation , et concentre 
dans lui seul rexercice du pouvoir suprême , plus 
il éprouve la nécessité et le danger de suppléer 
aux limites naturelles du pouvoir , par des limite^ 
sfrlificî'elles et tyranniques. Il veut tout voir, tout 
entendre ; et son ministre de confiance est un vé- 
rilable inquisiteur. Les magistrats , les ministres 
de là religion , les spectacles , les papiers publics, 
tout est soumis à la plus gênante inspection , 
tout subit les capricieuses investigations d'une' 
aorte de visir qui , chaque jour , comme la re- 



■a. 



nation , la plus forte garantie de leur attachement à la 
constitution. Il est bien difficile, peut-être même impos- 
sible qu'un guerrier , quelque gage qu'il ait déjà tionné 
de sa modéi'atioa et de sa libéralité , ne franchisse pâlies 
limites qui circonscrivent le pouvoir royal. Le gouver- 
nement est tout entier dans les mains de celui qui dispose 
immédiatement de la force armée.' Dans ce cas, la re- 
présentation nationale n'est plus rien f et toute autre au- 
torité est absorbée. 



IMPERIAL. 195 

nommée , recueille le vrai et le faux , et porte , à 
son grë , le trouble ou le calme dans lame de 
son maître , irrite ses passions , ou dissipe ses ter- 
reurs. Et quels sont les intermédiaires entre les 
tjraqs et de tels ministres ? Tacite les a peints. 
Les hommes sont semblables sous de semblables 
régimes. 

Toutes choses se nivèlent pour la servitude , 
même les sciences , là littérature et les arts. Des 
pièces de théâtre que le temps et Tadmiration de 
deux siècles ont consacrées , comme une pro- 
priété nationale , sont interdites ou mutilées ; 
Celles de telle époque, de tel auteyr, plongées 
dans Foubli. Les pièces nouvelles subissent un 
long et minutieux examen. Les fortes pensées , 
les expressions énergiques , disparoissent sous le 
stîlet d'un barbare censeur. Les élans du génie 
ressemblent trop aux accens de la liberté, (^a 
guerre est déclarée au génie. Peu d'auteurs de 
notre temps sont atteints ; aucun ne mourra de 
ses blessures. Quelquefois la représentation est 
permise , comme dernière épreuve ; le public 
tue la pièce, s'il y découvre une allusion. Le 
parterre est coupable j et Tauteur est puni. Le 
premier nuit à Fart en voi^lant veng^ le second 
dés dégoûts dont Tabreuve la censure. 

Quels terribles aveux sortent de la conscience 
d'an souverain qui ^ dans tout écrivain y suppose 



196 IGOUYSRNEMENT 

UD ennemi ; dans Thomme de génie y un CODSpi«« 
rateur; qui se voit lui-raénae dans un portrait 
odieux ; qui craint d'être jugé par les arrêts qu'a 
prononcés Tiiistoire ^ et qu'à des noifis trop 
fameux le sien ne soit substitué par la haine pu^* 
bli()[ue ! Excès de malheur et d'infamie ! Consé^ 
quence immédiate et nécessaire de l'excès et do 
l'abus du pouvoir ! 

La tyrannie inquisitôriale n'atteint paa seule- 
ment les auteurs dramatiques* Elle enveloppe^d^d 
^s recherches , l'écrivain qui fait parler la raison^ 
et celui qui met en scène les passions faumaitlés» 
La proscription «st ^nérale. Napoléon redoute 
l'indépendance de la pensée > sous queltjùe formd 
qu'elle se présente y et sur quelque sujet qu'elle 
«'exerce. Poète, philosophe, historien > vou& su- 
birez la même destinée! L'audace du génie ^ list 
pinceaux créateurs du poète , le burin de Flm- 
ioire seront égaietnent répriraés^, et , pour ainsi 
dire, pressés*sous une direction commune. Mais 
ces magistrats littéraires^ qu'on nemme censeurs, 
auront-ils donc chacun plus que du talent et àa 
génie? — - Non, leur ministère tfen exige pas. 
C'est assez qu'ils aient ce qu'il faut d'esprit et de 
vagues connoissances pour humilier un pemeur 
prrofond, un savant illustre, uii littérateur du 
premier ordre. — Mais quel homme est donc le 
directeur? — It est dirigé lui-même; et c'est pré- 



«îsément pour cela que toute réclamalion y lors-- 
qu'il a prononcé y seroit vaine ou coupable. Ce- 
pendant y comme un peu de bien est quelquefois 
a cèté de beaucoup de mal , soyez bumUe et ré- 
signé; humiliez votre plume jusqu'aux basses, 
flaiieriès ; souillez votre nom par.de complaisans . 
mensonges y et tous ces gens-là vous protégeront 
auprès du dispensateur des places y des cordons ^ 
des dignités.... Honneur, estime à Tbomme de 
bien quLdit au tyraa : «Qu'on me ramené aux, 
carrières. » 

Enfin IWganisation complète du despotisme 
militaire est consommée. Tout Français est élevé- 
pour les combats. Les jeux de l'enfance en pré-, 
aentent l'image y en inspirent le goût. Dans les . 
écoles publiques, dans les lycées, dans les aca-* 
démies, les discours oratoires roulent sur les 
guerres qjou oqt désolé la terre, et proposent pour 
modèle» k la jeunesse les héros qui Font dé^ 
peuplée. Mais e'êst principalement Napoléon ,^ 
aes victoires , ses conquêtes d'Afrique et d'Eu* 
sope, qu'on lui apprend à célébrer. Les grands 
hommes de l'antiquité ne figurent dans les essais 
d'éloquence et de poésie , que comme des om- 
bres dans un tableau. Les émules qui ont su allier 
Fart et la délicatesse à l'exagération de la louange, 
août signalés à l'empereur comme des sujets de 
gpnde espérance. TeUe étoit la direction que 



igS GOUVERNEWriNT 

les ministres donnoient aux lettres et aux arts^ 
que lui seul occupoit la pensée des maitres et 
des élèves, et que toute sorte de composition se 
rapportoit à lui, comme au plus parfait mo- 
dèle. S'il arrivoit, soit par négligence, ^it potur 
surprendre un. téméraire écrivain sur le fait^ 
qu'on lui permit d'imprimer autre chose que de 
fades louanges ou d^s sottises , ce qui est à peu 
près égal , on saisissoii son livre avant qu'il ne fut 
publié ; on le ruinoit ; et, par cet exemple y on 
glaçoit d'efifroi les talens, on encourageoit l'au- 
dace à calomnier des grands-hommes , à former 
un parti contre la philosophie y à souiller du ve- 
Xiin que dîstîUoit sa plume vénale , un siècle qui 
a légué de grandes lumières et d'utiles vérités 
aux siècles à venir, 

Vainement le despotisme repousse la vérité 
et s'arme contre elle. Elle est, en quelque sorte^ 
imprimée sur le temps, qui toujours avance^ 
éternelle comme lui-même. La lumière a vaincu 
les ténèbres. L'Europe est aujourd'hui le do- 
maine de la philosophie; elle y règne, même 
combattue. La persécution accroît le nombre , 
enflamme le zèle de ses défenseurs. S'il est des^ 
rois qui la proscrivent, il en est de 
qui la font asseoir à côté d'eux sur leur trône. 
Au degré où s'est élevée l'intelligence humaine;, 
elle brave toutes les tyrannies. Nul effort ne 



peut ai*rél€ip tii ligaîter ses* progrès. La raison 
iiniversellé étend ses bienfaits^ comme le soleil 
les rayons de; sa lumière. 

Voilà par quelles mesures violentes et arbî- 
traires Napoléon se flatte d'avoir établi solide-^ 
ment son absolu pouvoir. Fondant sa sécurité 
sur la terreur^ dé tous, surle silence des hommes 
de bien 9 sur les hommages des admirateur^ itité^ 
ressés dont il s'entoure , H croira pouvoir sàtiisr 
faire y au gré de son ambitiôïi'êt de son orgueil^ 
sa frénétique passioù pour là guerre. Gèii ici 
que commence à se développer le ^lah', aussi 
hardiment conçu qu'habilèmeil^t conduit , de la 
politique autrichienne. 

. On s'est généralement étonné qu'aussitôt 
livrée à Napoléon, la fille.de l'empereur Frah-*- 
çôis ait paru étrangère à sa famille. Les larmes 
d'une mère manquoient à la pompe nuptiale. 
Mais un onde, une sœur, un frère pouvoîenl, 
par leiir présence , voiler les motifs du sacrifice! 
Assise sur le premier trône du monde, aucune 
attention visible ne l'a rapprochée d'eux ; et Ton 
doute que le plus intéressé à faire cette remarque 
eti ait tiré, s'il l'a faite, les conséquences qu'ed 
déduisoient les hommes d'état chez toutes les na- 
tions, et tous les bons citoyens dans Tempiré 
français. 

Jusqu'ici l'Angleterre a soufflé les discordes 



aOO GOUTERNEMEITT 

sur le continent, allume les guerres contre la 
France y et cimenté les coalitions ; quand TenH 
pereur a marché contre elles , et prévenu , par 
(de subites invasions, des attaques préméditées, il 
les a pu motiver dans ses manifestes par les pré- 
parati& hostiles des puissances subsidiaires du 
gouvernement britannique. Mais lorsque, dispo- 
^nt des trésors, des flottes et de l'armée d'Es- 
pagne, observant la cour de Madrid , conome le 
grand^seigneur observe des pachas, suspects dln- 
fidélité ou de rébellion , il accusoit le roi et 1^ 
joûnîstres d'entretenir de secrètes intelligences 
9vec le cabinet de Saint-James, cette accusation 
n'étoit-elle pas la querelle du fort contre le foible?/ 
La légation française affectoit une conviction 
qu'elle n avoit p^$ , que démentoient hautement 
les faits et les circonstances : ipsidieuse dif^o- 
matie qui couvroit le mon^trueui^ dessein de dé* 
trôner le père par le fils, de dépQMillfir celui-d, 
et de s'approprier un grand royauine , comme 
un faussaire ravit un héritage , en prenant le nom 
d'autrui, en supposant des titres. 

La même cause a fait éclater, à des époque 
diverses , les guerres qui ont embrasé l'Aile-» 
magne et lltalie. Venise et Gènes, la Hollande 
et les villes Anséaliques , suspectes ou prévenues 
d'avoir favorisé le coiTxuxerce de I Angleterre , 
ont subi le joug d'une ^réunion forçQÇ à i'em- 



{ûre de Napoléon. Sa main de fer a déchiré leur 
charte antique; ces chartes que l'Helvétien et 
le Batave ont scellées d^ leur sfiog. Ces nations 
ont disparu du systènie social dçs naûpns euro- 
péennes. Napoléon décrète la radi.ation d'un peu-* 
pie j Féclipse d'une république ^ aussi prompte- 
ment qu'un despote ^^iatique expédie le cordon 
fatal à son grand visir. Veut-il s emparer des tré- 
sors qu'il suppose avoir coulé et s'être accumulés 
dans la ville de Hambourg, il l'envahit comme 
étant l'entrepôt des marchandises anglaises. Cette 
métropole du çpi?imerçe> ceqtre de confiance 
et de liberté pour toijis les peuples , est changée 
en une place forte , et sa douce magistrature 
en un gouvernement militaire y d'autant plus 
dur 9 que les intérêts des habitans et de leurs 
hôtes sont plus froissés et la soumission oioins 

a 

volontaire. 

U est possible que les nations continentales , 
unies parle lien de la paix, interdisent lapproche 
de leurs côtes et fertiaent leurs ports aux vaisseaux 
d'une puissance qui s'arroge exclusivement , et 
à main armée, le commerce et la domina- 
tioii maritimes» Mais un blocus «continental , 
exigé par la force, ne peut pas être maintenu 
par la guerre. Aller à la conquête de tous les 
états, pour tous les réunir contre un epnemi 
cpmmun ^ c'est prendre la voie la plus longue et 



adà c o u'v « r n Ê m-e n t 

• • • " 

la plus difficile ; ou plutôt c'est le rêve d'un in- 
sensé. Telle est pourtant cette chimère que- Na^ 
poléon poursuit avec un risible emportement. 
S'il fut jamais conçu un systètAe m'onstruenx^ 
c'est celui qui met indéfiniment en opposition la 
Tolontéet l'intérêt i qui commande à cent peuples 
la guerre ou la faniine; qui renferme, dans son 
expression simple , la plus absurde contradiction; 
et c'est pour cela même que Napoléon exigeoit 
impérieusement le concours de tout le continent 
à repousser les marchandises anglaises on à \éi 
incendier. Obtempérance ou refus , la guerre 
étoit inévitable. Elle étoit pour lui un besoin 
dlnstinct ; mais il avoit encore ce reste d'égards 
pour les Français et pour l'armée , de s'appuyet 
d'un prétexte et de donner à sa cause Une appa-^ 
rence d'équité. L'infidélité des cabinets à leuri 
engagemens contre l'Angleterre éloit toujomi 
supposée. La plus active vigilance sur ce point 
des traités éloit principalement recommandée 
aux agens consulaires et dipidmatiques ; et Yetrt^ 
pereur étoit toujours préparé à punir les infrac^ 
fions. Dans les courts intervalles de paix y son 
état militair» étoit un effrayant état de guerre^ 
qui forçôit l'Europe entière à rester armée dans 
la'méme proportion, d'où résultoit une marche 
rétrograde de la civilisation à la barbarie. Les 
{>euples s'isoloient» Les communications oom^ 



merciales étoîent interrompues ^ même celles 
que riatérét des lettres et des sciences avoit 
jusqu'alors préservées des effets de la gqerré et 
des rivalités nationales ;, et^ bloqués sur terre et 
sur mer par Fabolition des droits de neutralité^ 
foible image de la paix ^ quand la foudre sillonne 
les mers^et renverse les cités ^ les peuples se res- 
serroient dans leurs limites^ comme dans une lie 
inabordable. 

Tout*à-coup le monde retentit des plaintes de 
Napoléon contre l'empereur Alexandre. « Ses 
ports sont ouverts aux vaisseaux anglais. Son con-^ 
seil et ses ministres se sont vendus au cabinet dé 
Saint-James. Le colporteur de leurs secrètes 
intrigues, c'est un Français transfuge et désho- 
noré, le plus mortel ennemi de sa patrie ». A' 
ces graves 'accii«ations succèdent des injures qui 
n'épargnent ni le sénat, ni la nation , ni le prince.* 
Nos journaux frappent à-la-foîs les peuples d'é- 
tonnement et de terreur.. Us présagent un em- 
brasement universel. Les égards que se doivent 
les chefs des nations y sont méconnus.' Chaque 
article est un virulent manifeste. On ne conçoit 
pas qu'un gouvernement se respecte si peu lui- 
même, qu'il descende au style acerbe, aux gros- 
sières invectives par lesquelles un pamphlétaire 
anonyme se fait acheter et mépriser. Quel Fran- 
çais n'a pas gémi quand le plus noble .ministère 



:304 COUYERNSMENT 

s'est ainsi d^radé^ en adoptant un langage ^ ia 
ton y des formes y réserves aux rixes vulgaires? 
Cette étrange nouveauté pouvoit-elle produire 
un autre e£fet que celui de nationaliser les haines^ 
les vengeances ^ et d'accroître les maux insepa-*^ 
râbles de la guerre , de tous ceux que ces pas«^ 
sions engendrent ? Du moins U procuroit à des. 
souverains nés sur le trène^ roecasion de se mon-^ 
trer plus généreux y plus grands que ne savent 
rêtre ceux que les révolutions ^ la guerre ou la 
fortune y ont élevés. Sous ce rapport^ le sen-^ 
liment des convenances » lamour «propre àé* 
licat^ la fierté bien entendue» ont distingué les 
proclamatioB$ / les manifestes d'Alexandre ^ des. 
rois ses alliés et du prince de Suède (i)^ tandis, 
que les méme^ sentimeos ont totalement manqué- 
aux écrits de Napoléon » qui iafifeetoit y sans pu? 
deur y Torgueil des cours asÛNûques envers leors^ 
tributaires et leurs vassajuiir. 

Il importe de remarquer ici que \6 traité d'al*^ 
liance de Tempereur des Français, et de celui 
d'Autriche obligeoit chacun des deux souverains 
à fournir à l'autre , en cas de guerre , une armés^ 
de trente mille hommes; que les hostilités entr^ 
la Porte et la Russie y entre les Çtat-Unis et FAu-»^ 
gleterre formoient des diversions dont Napo« 

(i) Vojei, sa lettre à NapoIëoB âan&les pièces 4>fficiftlltf • 



éaa se promettoit les plus grands avantages. U 
comptoit pour certaine une prépondérance de 
forces qui n'étoit qu^hypothétique^ et considé- 
roit comme des auxiliaires ^ invariablement en- 
chaînés à son char de triomphe > les trotipes na« 
politaines ^ celles dé la Prusse et de la Confédé- 
ration du Rhin^ les insurgés polonais ^ et les 
régimens que les Suisses tenoient k sa solde. 

Des forces aussi imposantes auroient pu séduire 
un prince tnoins présomptueux que Napoléon , 
et lui inspirer la vanité de les opposer à un mor 
Aârque qui balançoit son iuftuence. PôUvoit-oa 
opérer que ce fier vainqueur y pour qui tout pré-> 
texte étoit un motif légitime de guerre , qui dis- 
^Boity au gré de son ambition» de si nombreuses 
et de si vaillantes armées ; qui*, non moins su- 
perbe qu'Agamemnon , comptoit parmi ses lieu^ 
tenâM des rois et d'illustres capitaines ^ se dé"* 
fendroit de la tentation d'aller planter seé aigles 
sur les tours de Moscou et de Saint-Pétersbourg; 
qu'il ne se précipiteroii pas aveuglément dans 
tiisie lutte où il aura à combattre les hommes ^ 
les élémens y le climat ; où les ennemis lés moins 
dffîdles à vaincre seront u«t peuple fanatique 
de bravoure et de dévouement k son* prince; 
une innombrable armée , conduite par des gé^ 
néraux offensés dans leur honneur ^ et plus en* 
eore dans la personne de leur souverain? 



208 GOUTXRir EH^NT 

messes 9 il eût donné ses premiers soins à la 
Pologne y fixé son* sort et ses limites , organise 
son gouvernement et son armée y effiicé la tache 
de son ancienne servitude; si^ au lieu de l'en- 
traîner avec lui dans les déserts de la Russie y il 
lui eût appris à couvrir ses propres frontières 
contre les subites invasions des kosaques ^ ses 
ennemis naturels; si^ voulant en faire la pre- 
mière ligne de défense pour la Gernàanie et le 
nord de l'Europe y il l'eût mise en état de se dé- 
fendre elle-même^ au moins de soutenir un 
premier choc ; il est présumable que le cabinet 
n^sse eût respecté un au^i noble emploi des 
forces et de l'influence de Napoléon ; ou que , 
s'il eût opposé les siennes au rétablissement de 
la Pologne, c'auroit été sans aucun succès; et, 
dans cette hypothèse^ la guerre contre la Russie, 
juste et légitime, auroit été entreprise avec les 
précautions convenables et l'opportunité du temps 
ei des circonstances. Il est certain que la France 
entière blâma cette invasion , dont les moindres 
ihcônvéniens étoîent ceux que rencontre néces- 
sairement une armée à laquelle s'ofirent , en 
perspective, d'immenses déserts, 'vingt-siîf de- 
grés de glace , une famine cerfaine. Elle parois- 
soît déterminée par une autre cause que l'ambi- 
tion. On y voyoit la précipitation ordinaire de 
la vengeance. L'infraction du blocus continental 



^IMPERIAL. 



ao9 

i^h étoil. que le prétexte. Napoléon ne savoit 
ni déguiser ni pardonner une offense..... Dans 
csetle circonstance, l'orgueil égara à tel point sa 
raison , qu'il se persuada que la Russie seroit sa 
plus facile conquête, et que les peuples de ce 
vaste empire lattendoient comme un libérateur. . 
U }ugea, dans son délire , les hommes, letemps 
et le climat tels qu'il les lui falloit. Maisi ce qui 
nous semble aujourd'hui un problème inexpli- 
cable^ c'est que son erreur ait eu Teffel d'une 
contagion , qu'elle ait gagné toute son armétf ^ 
et-prodûit une sorte d'enchantement. Ces terres 
boréales, immobilisées, et pressées sous un hiver 
de neuf mois, étoient désirées par l'officier et. 
le soldat comme des terres promises , où cou-. 
• loi^nt en abondance le .lait et le miel , où s'é- 
toient accumulés pour eux les richesses de l'Inde 
et l'or du Pactole.^ Ils y couroient comme sur 
une proie qui ne seroit pas disputée. Ils revoient, 
kl fortune au terme, de leurs nobles travaux;, 
tandis que l'élite delà jeunesse française s''y pré- 
eipitoit pour la gloire, et de vieux généraux^ 
pour y cueillir leur dernier laurier. 

Que d'espérances seront déçues ! que de pas- 
sions seront punies ! Cependant la marche de 
l'armée présente l'aspect d'un triomphe. Les villes 
s'ouvrent sans résistance ou tombent sôus le 
canon. Les victoires se succèdent comme les 
3. i4 



jours y mais disputées et chèrement achetées. Jjô 
voile des illusions s'épaisàt. L'empereur entre k 
Moscon y ville impériale et sainte , k Moscou oà 
i'attendoit la fortune , pour l'offrir en ^exemple 
aux conquérans incendiaires et dévastateurs • Sou 
•armée , un moment retenue aux portes de cetlie 
capitale r prépare y orne de trophées le char du 
triomphateur. Napoléon envoie propeser une 
psâx houleuse. Alexandre répond : « Pour vous^ 
la campagne est terminée ; eUe commence pour 
mbi. » L'ordre -est étonné ; el le Moscovite livre 
^ux flammes cette îmnaense 'Ctié ^ où reonensi se 
proposoit d'éiabUr ses arsenaux ^ ses magasins^ 
ses hôpitaux y où seroient forgées les foudres- qm 
dévoient détruire Saint-Pétersbouf^ y et renver- 
ser l'empire ; dévouement sublime qui manqne 
à rhisioire du peuple romain. Les ébnunea qui 
dévorent Moscou x>nt sauvé la patrie de ceaanr 
tiques Slaves y d'aistant .pk» attachés ht leur «ol 
que la nature est pour leux plus coasiammenf sé- 
vère. Us se sont ployés à sa rigueur ; la côns» 
ki^e y et toutes les autres quidâtés de leur âpre 
climat sont passées dans isutv mœurs , dans leur» 
habitudes^ dans Istir caractene. Llncendie de 
Moscou est le signal que semblent attendce ie 
v^nl du nord et les filmas; et c «si à l'approche 
des plus inévitables désastres que l'empereur 
goûte la puérile satisfaction d'allumer de sa propre 



jnaain les flammes qui consuinent Tantlque palais 
des çz^rs. L'hiver ^ rimpitojable hiver surprend 
.tout-|i*çoqp dans leur fuite précip^itée nos divers 
corps d'armée ; dçvant eux est , un désert de 
glace; autour d'eux, des monts de neige ; le 
4o^l^le ^ëau de la famine et du froid leur mon- 
tre la^rtitude et tontes les horreurs de la mort* 
Tput.çç qu'elle n'aura pas moissonna tombera aux 
ipaios de Verineaii ; trop peu subiront cet l^qn^ 
tfinx sort. £t l'auteur de tant de maux . dont 
jtput<!-à^riie^re le d^pit insultoit l'ennemi qu'il 
jj^^spéroit de vaîocrje > tr^erse fsn fugi^f , à la 
JiVfi^rd'pQ humble déguisement^ la plagç glacée 
ji^ )i9 .^^par^ de la Pologne. Son char roule sqr 
4^ nM>9kÇ9ai}x de 0M>rts et de mourons ; çt lui-- 
.laèpe .^ meurt pas. Ce xxfist point par une 
/^Y^r 4^ dieux qu'il échappe k tant de dangers; 
J^r JHStiçe.veut qu'il vive dépouillé de U>\4e 
.jHiJl^Mbl^ piuissance. 

Ah! ^y durant çett^ fuite , pour lui $eu), si 
ImmUçih^ 9 r<>rgueil y irrité plus qu'huijniiié j> n'a 
^i^f^ilé 4iMs l'ame de Napojépa que des mouver 
ipeas de b^ioe et 4^ vengeai^e ; si le çc^yvenir 
dp l'arfQée la plus valeurçu^e et la plus dévoviée 
^ est efi^cé f 9^ 9 ppur distralr^e sa pensée du jL^-^ 
JbJ^H qui ia fatigué ses regards , il ,4énon^rf 
jes hommes qu'i} peut encore dévouer au djl^iii dç 
la guerre , il invente des formes par lesqueUes 

i4- 



*» 
> 



Via GO'tJVÏllNlEWENT 

• • •« » • 

il puisse envelopper ]asqu*au dernier FranÇaik 
capable de porter les armes , ne bous en éton^^ 
nons pas. Les contradictions aigrissent soncarac- 
tère jusqu'à la fureur. Dans cet état qui toucbe 

ti la démence y il se révolte contre le malheur ^ 

• 

'ou il rimpute à des causes qui ne pou voient être 
prévues ; il s'absout de ses fiantes et de ses*rever$ 
^véc une assurance préméditée et dont il a Calculé 
les effets. II a traversé rapidement la Pologne et 
TAlIemagne, afin de prévenir des jogemens con- 
triaireis à ses^desseins. Il suit de près'ce désespérant 
Vingt-neuvième bulletin dônt'il redodtèlepcemier 
''effet. Il arrive, il"se montre , et sffs esclaves in- 
terrogent ses regards y avant de proférerome pa- 
role, d^e^primer un sentiment. Us savent ce qu'il 
Taut croire concernant l'armée et lui-inèhié^ mais 
ce qu'il en faut dire , lui seul doit lordônner. 
il avoue enfin ses infortunés. Il en acctksse là na- 
ture. Aussitôt les organes du pen|)le fràbçai^ 
icondamneùt , en quelque sorte y là douleur pu- 
blique ; et l'empereur est loué pour n'àv6lr pak 
désespéré de l'empire; il Test surtout , pour avoii^ 
'dans sa fuite solitaire, résolu de confondre ses en- 
Viemis ; pour avoir cru que la nation rassurée 
heureuse par sa présence, se leveroit toute en- 
tière } pour avoir compté 'sur nos dernières^ res- 
sources , sur le sacrifice volontaire de la vie des 
itères. et des enfans. 



IMPiRlAL. , 2lS 

r ;. Cependant le deuil estrgéuëral ; maia.il se ren- 
ferme dans l'intérieur des f^oiilles. Des adresses 
jconceptées , des journaux soudoyés ont beau 
répéter que l'heureux retour de Napoléon rachèle 
toutes nos perles , que son génie réparera no$ 
maux : la France se couvre d'un voile funèbre : et 
les mères éplorées redemandent les iils^ qui nç 
sont plus y à celui qui veut arracher de leurs 
Lras. le. seul fils qui leur reste. Aux visites solen^ 
nelles , aux hommages de l'adulation y succèdent 
les décrets , les sénatus-consultes ^ les proclama- 
lions. .Tout fléchit : et ce n'est pas seulement par 
obéissance. L'opinion fait justice de tous ces actes 
où la bassesse répond si complaisamment à la ty-i- 
rannie ; et cependant la nation ^ toujours fidèle 
à l'honneur , toujours soumise à la voix de la 
patrie , prévient le vœu du prince par des offres 
volontaires. Le dévouement est unanime et sans 
doute trop généreux. Car, réduit à cette extrémité 
de devancer l'époque des prochaines conscrip- 
tions, et d'appeler tout ce qu'il restoit d'hommes 
..des conscriptions antérieures, elle eût du presr- 
crîre la destination et l'objet des nouvelles levées, 
jàts taxes extraordinaires cju'elle s'imposoit , et 
vouloir la paix pour condition de son dernier 
sacrifice. L'excès des maux présens , la perspec- 
tive d'un avenir plus désastreux encore, tout 
^imposoit aux premiers corps de l'état l'obligation 



2l4 OOVTIRKÊBIKICT 

d'opposer k la tyrannie la volonté nationale , de 
s'exposer aux ressentiiftens de remperelir, en Icd 
déclarant j en déclarant \ l'ctnivers que lés Fran- 
çais , irrévocablement résolus à ii*entrer désor^ 
mais qu'à titré d'alliés ou d'amis sur le territoire 
des autres ptiissances, ne resteront armés que 
pour défendre leur indépendance èl Tintégrité 
de nos limites; et que sur tous les points de l'en- 
ceinte saci^ée ^ l'étranger agresseur trouvera des 
Spartiates ^ commandés par des Léonidas. 

Tels eussent éclaté les sentimens et les prin- 
cipes des pères du peuple ^ si le peuple eût été 
dignement représenté. Aucune voix ne rompit 
le lugubre silence dont le despotisme s'étoit en- 
touré ; nos vœux parvenôient jusqu'aux ministres; 
aucun d'eux ri'osoit lès porter au pied du tr6tie. 
^\y dans les délibérations du sénat ^ il arrivoit 
qu'une généreuse réclamatron se fit lstAttiûtt\ 
elle étoit aussitôt étoùftee par rintiprobâtîoti tu- 
multueuse d'une jservile mâjoHté , et pértit-^trele 
magistral vertueux étoit-il dénoncé. Car lliomme 
libre et juste est odieux à resctave^ autant que 
redoutable au tyran. Le premier l'accuse, cèltii- 
cile punit. Sous un régime despotique, riiômitië 
de bien est ûiie prôië abaudoonée au débieuf; 
et, s'il .étoit possible que là verge de fèr eût 
anéanti tout germe de vertu , le moûslre la sup- 
poseroil dans l'homme dont il enViëroil ta dé^ 



rW pi RI AL? 21 5- 

pouillie. Noos n'en étions pas encore à ce comble 
dé bassesse et d'iafamie y quoique arrives aii 
dernier temne de.ia servilité. On l'àvoit trop ra-. 
fttdemem^ atteint , poor que tou^ ses résultats 
pussent S'être développés. Plus flatteurs que nié* 
dbans, les. esclaves ordinaires de Napoléon se 
inetldient à prix , sans trop songer k nuire, et * 
s'^irèloient, sans savoir quel^seroit leur emploi. . 
Ceux qiiî oscupoient les hauts ra^gs n avoient 
pas encore tous jeté loin d'eux, le masque de Isl^ 
pudeur. Parmi les nombreux suppÀts d'un maître 
irascible., mais encore modéré dans ses haines et 
aote?e de vengeance , les plus méprisables éloient 
oeiix qu'il rseçrutoit parmi ses ennemis nalurçls : 
courtisans disi^mulés, serviteurs bypocj'iies, d'au- 
tant plus soumis^ qu'ils souffroient plus d'affronts^ 
et s'imposoîent plus de contraipté, que leur 
coudilion présente étoit plus opposée aux opi^ 
nions qu'ils avoiènt précédemment professées ^ 
•t que dses souvenirs récens appcloient sur eux la . 
Aéfiânce et les soupçens. Mais Napoléon se re^ 
, paissoit avec une puérile vanité de la présence de 
4|^s hommes, eux-mêmes si vaios autrefois, si 
bumblejs aujourd'hui sous la livrée de la servi- 
tude; et bouffi de cette sorte d orgueil ^ plus 
4|u'asiatique , il s'aveugioit sur le danger. 

Ainsi tout se passe dans l'empire au gré de iStl^r 
Napoléon^ et comme s'ilétoit revenu de Moscoa. 



^2l6 6 0.U VERNEMENT 

à Paris par un chemia jonché de lauriers. CW*o«^ 
Mie, ou Ton feint d'oublier cinq cent mdle Fran* 
çais, viclimes'deson imprudence , pour célebreir 
le magnanime courage avee lequel il a soutenii 
ce revers de fortune , pour dévouer de nouveau 
un égal nombre de citoyens à une mort certaine. 
Plusieurs corps d'armée se forment dans Tinté- 
rieur et sur les rives du Rhin. Plus d'armes, plus 
de munitions , plus de chevaux , tout a été détruit 
ou pris; tout est réparé comme par enchante^ 
ment. Serait-il donc vrai que la terreur obtient 
plus que Tamour? Malheur aux peuples dont les 
gou vernemens ont consacré cette cruelle maximel 
Opposons- leur celle du bon Henri qui disoit^: 
« Mes trésors sont dansles coffres de mes sujets. » 
Mais où court cette jeunesse* inexpérimentée ? 
Quel service attendez-vous de ces chevaux sans 
exercice , de ces cavaliers sans instruction ? Ou 
trainez-vous ces cohortes qui réclament en vain 
la foi de vos promesses , ces cohortes composées 
de vétérans, d'officiers qui ont vieilli dans la re- 
traite, qui oi^t quitté leurs foyers , leurs épouses, 
leurs enfans, pour veiller sur nos côtes à las^ 
relé de l'empire ? Napoléon répond : « Les cons- 
crits, les cohortes figureront dans les batailles. 
Ils seront bons pour tomber sous le canon de 
l'ennemi. » Et toi qui te joues ainsi de notre 
confiance , qu'as-tu fait de l'invincible armée. 



IMPERIAL^* > âl7 

âes braves qui sauvèrent la France à Fleurus; 
qui ^ dans Tllalie , et sous le ciel brûlant de TÉ- 
gypte; qui, à Hohenlidden, àMarengo, à Aus- 
terlitz y à lëna , à Friedland , enchaînèrent la 
victoire à tes drapeaux ? Ils ne sont plus ; les zones 
^brûlantes et les zones glaciales les ont dévorés f 
et , le sourire sur les lèvres, le mépris des hommes 
dans ton barbare cœur, tu commandes à nos 
énfaos de suppléer par le dévouement à la foi- 
blesse , de combattre contre des armées , sinon 
victorieuses encore , du moins guéries des pré- 
ventions qui paralysèrent long-temps leur cou- 
rage , noi;i-seulement contre des armées, mais 
contre des nations qu'animent les plus justes res- 
sentimens. ^ 

VainementVà cette époque de nos plus grands 
désastres, un ministre, affectant la voix perfide 
Âes syrènes , veut persuader à la nation qu'elle 
croit en nombre , en puissance , en industrie , à 
mesure que les conscriptions sont plus rappro- 
jchées et plus générales : non moins dérisoire 
qu'absurde, son adulation est sans objet. Le 
cœur de Napoléon éloit fermé aux remords ; les 
nôtres à l'espérance. Mais elle peint les hommes 
çt le temps. ' 



at8 CO.UTBKHSKClf'F 



/ 



CHAPITRE XIII. 

armée de Napoléon; sa denuèrè 
campagne ; ses vaines négociations pour la 
paix; son itbdication forcée. Conséquent 
de cette rapide révolution. Réjlexion sur le 
sort que doivent éprouver les princes dont 
la politique est en opposition at^ec lès lù^ 
mières du temps , les dispositions despcuh- 
pies et les convenances loetdes^ 

m 

tli3. Xji'impatient Napoléoft atout dispose pour 
une nouvelle campagne : elle s'ouvre par des 
succès; prélude trompeur des revers que hi: 
ménage la fortune. L'heure approcke où le toc* 
sin de la haine soulèvera contre la France y M 
plutôt contre leur orgueîileox protecteur y kfi 
princes confédérés ; ou ceîi^ haute puissance 
qui y sous le voile d'une dJiance nécessaire 5 s 
savamment préparé la trame dans laquelle le \é^ 
méraire Napoléon doit se prendre, nous expli- 
quera y en se déclarant partie active de la coali' 
tion y la marche insignifiante de son armée, daol 
la dernière campagne; et dans celle-ci, ses hé- 
sitations, ses secrètes intelligences. Cependant 



I 



IMPERIÀtr; 2lQ 

cet état de cliosès, iout désespérant qu'il était ^ 
laissait encore ouverte une y^e de salut pour la 
France, ûi Temperi^ut* pOttY0it «nfin s6 résoudre k 
prendre conseil de tout autfe que de lui-^méoie. 
La défection de rAuiricfa^ fotnpoit le Men àt 
la confédération du Rhin , et entralnoit toute 
FAUendagne dans la çoaKtioUw Mais ce concourt 
de toutes les forces germaâiq\ies ^ eusses et sué- 
doises y avôit très^évidemmënt la paix pour objet* 
La fin des tyrannies qui pesoient sur TËurOpe ^ 
cm étoit alors l'unique condition t elle fut pro^ 
posée et presque sollicitée par les princes côa^ 
lises , avant et après ces Plagiantes batailles , qui^ 
perdues ou gagnées y étoient également ^i^iestes 
à Napoléon. 11 pouvoit conclure un traité, noii 
moins avantageuit qu'honorable , s'il Teùt voulu 
de bonne foi. Mais il prétendoU dicter la paix , 
el non la négocier, se remettant dans la situa* 
lion politique et nulitaîre où il étoit avant l'hiver 
de 1812. 

En tournant ses armes contre la France , l'eM-» 
pereur d' Autriche ne cesse paâ d'étt^ médiateur 
entre l'empereur soti gendre, et lès princes ses 
tMMdUés : caractère auguste , prééminence irespec- 
ito€fuse que ces princes lui défèrent k l'envî. Ce 
témoignage de leur confiance ^vers le père de 
notre impératrice , parut à toute l'Europe le gage 
d Qu rapproc^^Êtôe&t plus prochain , d'une pais 



ardemment désirée. Par son adbédon à ce vote 
universel y Napoléon auroit expié des fautes y dd[ 
erreurs que nous avons bien çbèrement payées ; 
il auroit y sinon réparé y du moins reconnu les 
injustes agressiojis dont il s'étoit. rendu coupai 
ble : il auroit plus fait encore ; il eût sauvé sei 
plus beaux titres de gloire ; car y en n'exposMt 
pas ses dernières ressources à de nouveaux ha- 
sards , les ennemis méme^ malgré leur grandji 
supériorité 9 pou voient douter à qui le sort résert 
voit rhonneur et les avantages de la camjpagoe* 
Un capitaine tel que Napoléon y ne commandant 
qu'à des soldats français , autorisoit ce ^oute 
L'opinion publique y juge suprême des sotive^ 
rains^ étoit disposée à l'indulgence. Même auprèsi 
de cet inflexible tribunal ^ des victoires^ d^im" 
mortels lauriers sont de puissans défenseurs» 
Déjà on se plaisoit à mettre sur le compte d'unt 
«ature invincible les déplorables résultats de éi 
campagne de Moscou : du moins c'eut été dans 
l'histoire une de ces questions problématiques 
sur lesquelles la critique s'exerce et qu'elle n'ose 
résoudre. L'empereur n'avpit qu'à changer d« 
système pour s'assurer "la conquête la plusglOr 
rieuse , l'affection et la reconnoissaxice d'un grand 
peuple, pour recouvrer les litres d époux , àt 
père, de roi, qu'il avoit jusqu'alors sacrifiés* 
^n effrénée ambition. Celui de conquérant ex^ 



• IMPERIAL. àai 

élut ou flétrit tout autre titré ; comme la passion 
de la guerre absorbe tous les senlimens doux et 
humains: 

Napoléon joue les plénipotentiaires^ réunis à *^'^* 
Dresde y ensuite a Prague ; il trompe ses propres 
ttimstres ? lé congrès lui semble une conjuration^ 
•et Tétai de paix un état d'agonie. Cependant un 
armistice est conclu. Tandis que les peuples et 
l'armée en tirent un favorable augure , il em- 
ploie le temps de sa durée à réformer les vices 
^d'tkne organisation précipitée; il préside en per- 
vdône à IHnstruction des corps nouvellement 
formés. La reprise des hostilités est résolue 
dans cette tête inflexible j si accoutumée à froîr 
dément compter ce qu'une campagne coûtera 
de générations à l'humanité , de citoyens et de 
lueurs à la patrie : la guerre '^si rallumée dans 
ton impitoyable cœur. Insensé , qui force VAutr 
friche à toufneif' contre lui ses nombreuses lé-^ 
IgîoDS i qui fait une extrême nécessité aux di- 
vers états germaniques de se concentrer en un 
sèui corps dé nation, de cdhfondré leurs inté- 
rêts, de faire cause commune avec la Russie, 
doift cette même Allemagne a tant de motifs de 
redouter Imfluence. Quelle barrière sera désor- 
knais assez forte pour retenir les hommes du 
nord dans leur âpre climat? Les limites ont été 
franchies ; la ^oute est tracée ; et la pente nalu- 






9 

oarradoo» exagérées, for 4cft<lnBlBdt 
ptgj être pas b Ffance, â la Cmniit cUwfc 



dre y répiioÊt asîovrdlHn la p maisw nqéiBlr 
des soldais Losaqocs, fiéanx dnaslatews^ ^i^îw 
fépandeotea aTaoi, enamëra des troopesfé- 

gofièrcs 9 et qû j daos b goeinc , comase dsBS b 
psi» , niécoBBoisieol lefireiode la diiyipKae wi^ 
lilaire et Tempire des lois» Mak les Yfrtos ne WRt 
paskerédilavescoopmelescoMoiiees. CoouB^d^ 
fs^i le soconseor de Mare-Awele; X i h w laïqît 
clé d' A ogosie* 

J>s Tériiablef casses des ^jmO^g^ qfom ht 
IfDopes allflées ont obteops scnsoet tomvav ; et 
les gOBTereeiBeos respecterooi wie mlion iffà t 
éproové Ipas les aulfaews, hors la faoale d woir 
f M vaincue. Bienlûl reveous de leur éUMm^Eoml^ 
recaeillaat le$ bîeflCiâU de leur charte. eoAsliyhH 
tîooneHe ^ roppelaol à leur pensée Ut rêve U^on-p 
peur de la repabliqoe coasuUice » el je frop.méY 
morable régime impérial ^ Ic^ Fr^uaçpî^ 9e 4er 
niaoderool les um aax aalres^: l^npoléoii ejït-^ 
pu défendre 6^ capitfilQ, arrêta plus Jongrtenipi 
Ti^Doemi wr h riv^ |[9U€b0 d» Ri^o? Des tjrabi* 



isoâs OBt-elIe^ traversé son flsxx de défense ? 
Questions <{ui seroient aujourd'hui prémaUirées ^ 
9iais que la postérité , mieux instruite^ résoudra* 

Déplorons ici le délire des rois 4at la destinée >^i3« 
des peuples ! Le même jour on négocie la paix ^ 
-on livre des batailles : des combats partiels y que 
Turenne eut évités, soat les prélude'^ de celle de 
BauUsen^ la plus sauglaule et la plus opiniâtre 
>doat rAlIemagne ait jaoïais été le théâtre. Plus 
de trente mille morts, coiivrent le champ de 
bataille ; et les d^UK armées s'aUribuent la vic- 
toire. A Berlin , 19 Saint-Pétersbourg , à Paris > 
on offense le ciel par des actions 4e grâces. Non^ 
ce n est pas le père des hommes^ ce n'est pas le 
Dieu des chrétiens que vous invoquez ^ en invo- 
quant le dieu des arniées : le dieu deS: armées ^ 
c'est votre orgueil , insatiable de pouvoir et de 
vengeance ! 

L'espérance de la paix s'est évanouie : tout 
s'apprête pour de nouveaux combats. Il «a iaut 
^oaifeairy la contimiatioa de h guerre ne pro-< 
met que des chances heureuses aux prises coa- 
]i^fis:f et cepeodatnt la paix , le r>epo^ dû monde ^ 
^yolit f oostamment le bu-t de leur ui^ion. Napo-- 
îéo» ne devûk s'al^eiidre qu'à des revers ; iè^ 
âûgnes de réprobation étoieut marqués par soa 
opiniâtreté \ par sGs.imprude«K;e5 , par des fautes 
que sembloit lui coouxiander un pouvoir surna-* 



tarel ; et cependant la guerre étoît le bat des 
fallacieuses nëgocialions de Napoléon. Dans ce- 
conflit de prétentions 9 justes ou exagérées, la 
Russie étoit seule désintéressée ; et cette distinc- 
tion répandoit sur Alexandre^ offensé et paci6ca- 
feur y le pur éclat de la véritable grandeur et de- 
là solide gloire. A ce rare exemple de nnodéra- 
fion y Napoléon répondoit par le cri de guerre : 
il cédoit un jour quelques parties de ses coq«* 
quêtes ; il les refusoit le lendemain : et le canon 
étoit le juge entre les oppritnés et Foppressear; 
C'est pourquoi le temps qu'il accordoit aux né-* 
gôciations^ il le comptoit comme perdu ; c'est- 
(>ourquoi son repos étoit toujoxirs' menaçant et 
presque hostile : d'où il résultoit que i'ëtat de 
paix y sdu6 les t^apports des dépenses y des levées* 
d'hommes -et d'ii^pots, ne difieroit pas de l'état 
de guerre. 

' On a dit, et l'on croit aujourd'hui, que la 
guerre avec la Russie étoit prévue dans le traité 
d'alliance entre, la France et l'Autriche; qne 
Napoléon s'y obligeoit à restituer à l'empereur 
François, Fiume et Trieste, dès l'entrée en cam- 
pagne de l'armée autrichienne ; et que la viola- 
tion de cet engagement fut le motif de la con*> 
duite équivoque du général autrichien durant la 
campagne de Russie , et de la défection de l'Au- 
triche dans celle de Dresde. 



IMPERIAL. 22S 

Les -saccè^ et les revers se balancent y avec 
cette différence que les pertes de Fenneini sont 
aussitôt réparées j qae nos pertes sont irrépara- 
bles f et que la victoire éptûse l'armée française 
non moins que les défaîtes. Partout où elle se 
porte y Thabitanl est armé ; toutes les villes sont 
des places de guerre y les forteresses d'immenses 
dépôts d'aruEies y de munitions y de soldats : par^ 
tout elle a h conquérir le paîi^i de chaque jour; Ce 
o'étôit pas une lutte entre deux arntïées y c'étment 
de nombreuses populations insurgées contre les 
Français. Cependant l'empereur ne vouloit pas 
arrêter ses regards sur les'dangers certains d'une 
semblable position; et^ poursuivant une victoire 
décisive avec une iticrojable témérité y il consii- 
œoit y dans des combats partiels y seai dernières 
ressources. Maître de Leipsick , il se renferme 
dans la ville de Dresde y qu'il fortifie et qu'il dé-* 
vaste > plus que ne l'eut fait une prise d'assaut : sâ 
longue résistance dans cette capitale compromet 
l'existence politique du royaume et du monarque 
son allié. C est de là que partent chaque jour des 
bulletins remplis de forfanteries mensongères ^ 
dont la nation française devoit s'ojffeoser y plus 
encore que les princes contre lesquels elles étoient 
dirigées. 

La Suède y la Russie et la Prusse souteooient 
encore seules tout le poids de la guerre. Cette 
3. i5 



220 GOUVERNlEMErr'V 

époque est immortelle pour les Prussiens et pour 
leur roi ; elle signala à la coDsidéralion ^au res- 
pect de tous les peuples j le peuple que le grand 
Frédéric a formé à la discipline , a l'amour de 
son pays. Que cet exemple si rare de dévoue- 
ment national y d'union entre les sujets et le sou- 
verain y apprenne aux peuples opprimés par des 
héros déprédateurs , que le nombre constitue 
moins la force j qu^ la résolution de périr en 
défendant son indépendance et ses foyers. Mais 
ces trois puissances pouvoient dès-lors considérer 
l'armée autrichienne comme une réserve dont 
l'activité mettroit bientôt un terme a cette san- 
glante alternative de combats douteux^ d'inutiles 
effusions de sang humain. A la bataille si meur- 
trière d^ Bautzen succède celle de Dresde^ éga* 
leraent meurtrière et non plus décisive : dans 
Tune et dans l'autre, l'intrépidité des Français et 
l'habileté des généraux enlèvent aqx enemis les 
avantages qu'ils se promeltoient de leur supério* 
rite numérique , et de l'abondance de leurs ap- 
provisîonnemens en tout genre , quand tout mao- 
quoit à nos soldats. 

L'empereur François avoit déclaré son uoioa 
avec les princes coalisés : il l'avoit motivée sur le 
besoin urgent d'une paix générale , sur l'obsti- 
nation de Napoléon à rejeter toutes les condi- 
tions justes , ^et même honorables, qui lui ODt été 



IMPERIAL. jaaj 

proposées (i). Mais la justification de ce monar- 
que est évidemqient un acte d accusation contre, 
rëpoux desafille. Si sa conduite est digne d'é- 
loges 9 elle réfléchit des torts graves sur celle de 
Napoléon . La monarchie autrichiehne , deux fois 
menacée de périr sous les xui nés de sa capitale^ 
étoit^nposée à ;&ubir enfin le jôtig sous lequel 
géaiissoient tant d'au très, états, si la France con— 
servoit ses coùquêtës efc son influence militaire^ 
Celte.coQtsidéralion ne prescrivoit r elle^ pas à son 
gonvêrnemënl la politique qu'il- a adoptée 9 et la 
cojidiaite qu^il a tenue ? Quoi qu'il en soit , la 
correspondance de l'empereur François avec Na- 
poléon n'a pas uii instant cessé d^étre pacifique-; 
et . 8*^il a enfin coopéré à l'invasion de la France et 
à la chute de Napoléon , ce n'est qu'après avoir 
teaté tous Jes moyens de le sauver y lui , sa 
famille, et Fempire. 

Jln'étoit plus possible à l'empereur de se sou- *®*^' 
tenir dans ses positions et de ramener la victoire 
soiis stô drapeaut ; mais il pou voit prévenir de 
plus grandes disgrâces , sauver de puissans, d'il- 
lustres débris y eo ralliant à lui ces nombreuses gar- 
nisons qui occupoient alors Dantzick y Glogau y 
Magdebourg , et d'autres places fortes de la mo- 



r' 



(i) Voyez le manifeste de l'empereur d'A^r^che , 
dans le recueil des Pièces officielles. - 

i5. 



228. COtJVïmNElIf^NT 

narchie prussienne ; il: aarok bovdé le Rhia y et 
^rni nos lignés de fortifications: , de troapes d*ao-- 
4ant plus ÎDWncfbtes , qu'elles awdient eu ^ noa 
'des peupks' k àévm^v y mais lem ft&pte patrie 
à défendre ; et qn»/ respectées par leaffemi dd-^ 
rant le €oiH*a d'une ireiritito epétéé aver ovdi^ei 
et à propos* , eUes «t'amoieisl pas éproiw^é M dé» 
couragecEient que latsae le «•ttvèoît é'tio» finie 
précipitée et trarversée par d'îoétîtdEilM revcM. 
La gloire d'une retraile savante imaque ûvi% tÈOtty^ 
breux lanrieta^de Napoléon^ îl SMidile qv'U ait 
craint de mettre à cette épretiv# son art ¥i son 
génte. Par ce* rétour a»z pincipee» de HMfdénH 
tioh , qîsi contTÎenorot pliai particdisfremeiil an 
grandes puissance» y il auroit cessé <^ét»0 Teffrei 
et le dominateuir du monde ; et ce moitde ^ dé^ 
^ sarmé , eut recherché son alliance et smi' âniMé. 
Si y dans celte hypothèse y ils ai^eùt pas dkié h 
paix , k Tranee du moins nc^ Te^t pas r^^^ftKT d\ia 
vainqueur. S'il' eât fenamcéKièm^ cooquéiei'y it 
n'anrok rien perdo y sous le rapp^i de la puis* 
sarice et de la vriaie ^ndeiir ;: H aarok hêûitÈcmip 
gagnésotraeelui de ki gloire evde kpçoosidi^iWÎM* 
Pour effaeer le ridicisfodont R: s'étoii OOiivtfrt, 
en avouant te tfHh e que kû a»t«oiettt si piféiMH^ 
ment décerné d'impudens adulateurs ^ Napoléon 
devoit^désormais donner tous ses soins au gou- 
vernement intérieur de l'empire y cicatriser avec 



I^M-P£RI-AL.^ 



prudence des plaies qui pouvoienl saigner long^ 
iexnps encore, et, recoo^pissanl ia vanité de ces 
xetxovmj^efi surprises 4^^ payées par |^ sang des 
penplçs , r^rmer Içs .al^is îi^toleV^kbles de son 
admipisUration , Unt civile qu9:aiilii9}T0> la pre-* 
filière iBxcjSssiy^ment 4^fiipetiqii^CaUe-<:î destruc- 
tive :el barbare.. Il 41 voit il ^néorgapiseiCjS^r la base ,. 
cSeple l^ale ^ des vrais besi^ns d^ Tétat , son 
adÀiimstr^Uion fio^ndère, od^ile odieux d'une, 
fiscalité rapace et tw jours plw insatiable ; sur la 
l^ase de la j<MSti<^ et d'une fidèle exécution des 
lois^ r^admiai^tralion départementale^ adiuiaXrice 
.€t servîle^, tyrsn>pii(t)ijie et corrompre ; sur la base, 
de TrOrdre et d'un^ fixage prévoyance , l'aidminis^ 
tration de la police générale et de la police de 
.Paris, deveuuiçs, soujS^ dir^cjûimpri^pre, comme« 
elle Favoit été -SQfis les ti'iumvirs , iAquîsitOriale , 
oppressive, et pLus qu'orientale. Mais Toréille de 
Napoléon , toujpurs ouverte à I9 flatterie , se fer- 
moit an^ justes plaintes de la nation, de cette 
.grande nation à laquc^ il dut sa gloire, avant 
de lui devoir l'autorité, et qui, couvrant de son 
indulgence l'abus qvi'il ;avoÂt fait de cette même 
autorité, attendoit de lui laveu solennel des 
droits qu'elle réclamoit, en expiation de tout, le 
sang qu'il a voit versé. ^ 

L'orgueil égare la raison de cet homme , si 
nouveau dans l'art de gouverner, despotç. si^pro-,.. 



à la défense de la patrie ; si les bâbitans des villes 
et des campagnes eussent , partout où se présea«* 
toit lennenu y pris une attitude hostile y et natio^ 
nalisë la guerre; si, feignant de négocier la paixji 
les agens des princes n'enssent pas négocié les 
trahisons. Le eonrage des troupes et l'activité de 
l'empereur leur faisoreat craindre Tissoe d'une 
lutte trop prolongée» Mais dans le midi^ plus en- 
core que dans le nord de la France y la disposition 
des esprits se manifestoit en sens contraire de ia 
valeur et du dévouement des armées. De longues 
oppressions avoient comprimé l'énergie oatio^ 
nale ; Napoléon s'étoit détaobé de la nation en 
sacrifiant les fortunes et Us générations à ses 
propres intérêts y à réIcvaUoa de sa familie. Des 
Français, sous le joug du despotisme^ n'aspirent 
qu'à le secouer. Ils avoienl le droit de le puniï^, 
ce despotisme prémédilé , tramé , cimenié, ttvec 
un art perfide ; mais les Français repoosseait cette 
dangereuse maxime y aqu'il eet des circoostances 
dans le$quelles le patriotisme et l'inléfèt public 
sont l'excusé du traitre. # 

C'est ainsi que NapoiéoQ perd tontes les occa- 
sions que Ini offire la fortune y favorable ou con- 
traire , de i^^parer d'éclatJK^tes iniquités^ de se 
montrer enfia y grand y généreuac y et digne dn 
rang où la nation lui a permis de monter. 11 pou-» 
voit devancer la loi de ia nécessité^ et fonder sur 



tHCPÉHlAL. 255 

des titres avoués par les contemporains el par 
Thistoire une considératioo plus réelle , une in«> 
fluence plus positive que celles qu'il avoit con- 
quises par la force et l^ terreur. Il rétrograde 
avec hoDte, ayant pu céder avec honneur. Le 
traité qui délivre Ferdinand de sa longue capli^ 
vite, ridicule monument de bassesse et d^orgueil, 
témoignage authentique d'injustes prétentions et 
d'impuissance , consacre une époque unique dans 
l'histoire y celle qui expose aux regards de la 
terre, dans la personne d'un grand monarque 
alUé et ami , un coviciliateur perfide , un violent 
usurpateur*' Et le souverain pontife qu'il a pro- 
mené de prison en prison , ajoutant le scandale 
k Finsulte , qu'il relient dans les fers à Fontai- 
nebleau y après l'avoir dépouillé de ses états , qui, 
attiré au piège dans lequel la cour de Rome's'est 
trop souvent laissée prendre^ s'est en quelque sorte 
mis en contradiction avec sa doctrine et con- 
damné à d'inutiles repentirs , quand les lui resti- 
tae-4-il, ses états et sa liberté? lorsque la néces- 
sité lui en tnrtpose la loi , et lorsqu'il cmint que 
les princes alliés ne délivrent le pontife et ne 
£si8sent de soii retour à Rome le sujet d'un triom-^ 
{die religieux. 

Je ne retracerai pas ici cette lutte trop mémo- 
rable, que de sanglantes vicissitudes de succès et 
de revers ont prolongée pendant trois mois,«t 



:a54 OOUVBRrNEMENT 

dont rissue a si heureusemenl calmé noscrodlës 
incertiludes. Qui n'a pas encore présent à sapen-^ 
sée ce tableau de nos pertes^ de nos douleurs, 
ce long jour de bataille qui présageoit un len- 
demain de ruines, dmcendfes 9 de servitude, 
et qui fut un jour de bienfaisance ^t de- coiisor 
lation ; un de ces jours si rares où Dieu .se plaît 
à descendre sur la terre. s 

Depuis que les départemens qui environnent 
Paris étoient successivement * dès tkéatres -de 
guerre, notre véritable situation! étdit mieux 
connue. L'affreuse vérité nous parvenoit sans 
voile et par des communications directes^ Noos 
n'ajoutions plus aucune foi à ces relations offir 
cielles, à ces bulletin^ qui, si long- temps,; but 
abusé notre confiance. Vainement' ils exagèrent 
les pertes dé Tennemi , quand chacun de nous 
s'empresse d'aller reconnoitre'un Bls,^ un frère; 
un ami dans les hospices de Paris , changés^^A 
hôpitaux militaires. Là furent entassés: pendimt 
plusieurs - mois les débris de notre dernière ar- 
jnée. La mort ena dévoré le plus grand n6mbre> 
malgré les prompts secours que les habitaos ^ 
Paris leur ont prodigués. Quel spectacle offroîèDt 
ces saints temples de la charité chrétienne M 
père de. famille,' à la tendre mère quicherchoit 
le fils que la conscription venoit de lui enlever, 
parmi ces spldats, blessés, mutilés, mouraos! 



Ponr se former une idée de Tinfatigable activité 
des sœurs hospitalières , de leur courage qui mul« 
tiplie leur nombre 3 tant il accroît leurs forces et 
leur zèle y il faut les avoir vues > dans ces jours 
où les asjles du pauvre devinrent le refuge du 
soldat ; où , par une industrieuse intelligence y 
elles suppléoient tout-à-<coup, et sans trouble ^ h 
Texiguité des salles , au défaut d'approvisionne- 
mens-. Combien ce tableau de calamités et de 
misère s'agrandit , si nous parcourons les dé- 
partemens qui ceignent la capitale , si nous vî-* 
sitons.les cités que Fennèmia occupées y si nous 
interrogeons ces vastes et nombreux cimetières 
où sont réunis les pères elles enfans^ le soldat 
et le citoyen paisible! et parmi ces ruines patrio- 
^tiques-, que de braves dont de nobles cicatrices 
condamnent cette passion effrénée de conquêtes 
et de vaine gloire qui brave toutes les lois. di- 
vines , qui rompt tous les rapports' naturels et 
politiques de la famille humaine! . 

La décadence de Napoléon sera plusrapide que 
n'a^téson étonnante ascension. Après 1 évacuation 
de la péninsule espagnole , quelques restes d'une 
armée, plusieurs fois recrutée, accourent^ pour 
opérer une diversion. favorable à la foible armée 
^ui défend l'approche de Paris. Mais les innom- 
brables troupes des princes alliés ont acquis sur 
tous les points l'avantage de l'offensive ^ ét.celui 



:256 OOUTSRNKMEICT • 

bien pins grand encore de pouvoir relever d» 
corps fatigués ou battus , par des troupes fraldies 
et non encore entamées. Ainsi rennemi est tou- 
jours supérieur en force , quand dbaque jour 
notre armée décroit y sans espérance de recrute- 
ment, quand nous avons autant à craiiidre les 
victoires que les dé&ites. La postiérîté croira-l-eVe 
que y dans cette* situatioa^ sur le bond de Tabj^e, 
Tempereur ait refusé de sigoer une paÎK satis- 
faisante ; qu'ayant demandé IWis du sénat et de 
son conseil 9 il ait été pressé d^en accepter les^ 
conditions^ et que, taisant schs méconteotement,. 
il ait continué les bosiilttés ? La dissolution ûvk 
congrès de Oiaijllûii a a précédé que de peu de 
jours l'entrée des souverains alliés dans la ville 
de Paris. Oestte eolrée , il est vrai y eut tout l'édat 
d'un triomplie ; mais oe 'trkmipfae foi celui de la 
modération y célebné par radaiira^oa ei la re- 
connaissance. Qu& tous les arts retracent à la 
mémoire des hommes eetle aiBguate.«l ioucbante 
solennité, exemple rare de mâgttMmms vertu, 
non moins honorable pour la nation qui en est 
Fobjet , que pour les souverains qui le donnent. 
Ne nous permettons pas d'élever des doutes 
sur les motife et les causes de la capitedation qui 
fut stipulée sous les knurs .de Paris i; écartonjs le 
soupfiçon d'une convention pnéraédîtée , qui ré^ 
duiroit à un acte de justice le noble el libre mM" 



IMPERIALr aZf 

liment de la généreuse bienfaisance de trois 
^gratids sooverains* 

II ne faut pas s'ëtonMr ^iiede vieilIes^ bandes; 
dont ta victoire a cent fois récoovpefisë la va-* 
leur ^ supposent dies ti^abisans pour repousser la 
bonté d'une défaite > pour trouver pffie consola-' 
tion dans cet extrême malheur. Il sef oit vrai , 
dans cette bypotlièse méiye^ il seroit juste de 
reconnoître que les princes allies ont déployé y 
dans le cours et au ternie êe leurs prospérités ^ le 
plus noble caractère ; qu'ils^ ont pressé tes évé- 
nemens^ pour conserver^ en prévenadl d'inutiles 
efforts^ toute Taulorilé; de la discipline Sur des 
troupes dont Tirritation, la fureur^ lés nen^ 
gêspneesse seroienf accrues dans la proportion 
des résistances. Us vouloient la paix pour . prix 
de ta victoire^ et la victoire, sans user des droits 
de la gtién^e; it» veukHetït se montrer âigtiéû 
d'tm siècle dont ils appi^éeient les lumières et 
ambitionnent Testime ; e'est du haut des trônes 
<iue doit desceifdre, jus^u'âus derniers rtirrgs des 
sociétés humaines , ht raison y dégagée de tous 
les pf^ugés y de foutes hs ert*eurs. Qué^ les rois y 
àtgint^ de la justice , le soient de la vérité; 
^etes plus puissanseondatiDnent désormais ces 
jeux terribles y où sont donnés en spectacle des 
hommes, égorgeant d'autres hommes; où des 
armées se présentent y les unes contre les aulr.es. 



2i38 gouyeenImint 

dressées en dociles {Radiateurs ; jeux' barbares 
^ont y jusqu'à nos jours y Fissue n a eu d'autre 
résultat que plus d'accord et de concert entre 
les rois contre les peuples ; que plus de fermens 
de haine , de discordé , et même de rébellion 
chez les' peuples contre les rois. 

Le 3 1 mars , Paris est menacé d'être la proie 
des flammes , . de suhjr le sort d'une place prise 
d'assaut. Une soldatesque , contenue par le frein 
de la discipline 9 réclamait le droit de repré- 
sailles. Tandis que Napoléon délibère à Fontai' 
bleau , une poignée de braves arrête des flots 
d'ennemis , et balance , pendant les deux tiers 
du jour, la* victoire. Le plus {grand ordre est 
maintenu dans la ville par la garde nationale- 
Grâces soient rendues à cette troupe civique j 
qui exécuta hors des barrièi'es tout ce qui se coih 
cilioit avec les devoirs qu'elle avoit à remplir ai|-. 
dedans. La capitulation éloit signée, et Teniper. 
reur ignoroit encore que le caùon des alliés leur; 
avoit ouvert les portes de la capitale ; que ^ 
le matin , son frère Joseph l'a voit désertée , 
nous avoir bercés d'insidieuses espérances ^ aprèff 
avoir invité les Parisiens à se défendre , sans 
douté «afin qu'un grand holocauste illustrât la 
chute de Napoléon. 

Annibal , après la bataille de Cannes , devoit* 
il attaquer les Romains dans Rome? Est-il' vrai 



IMPERIAL. , 239 

qu'il ne sut pas profiler de sa victoire ? Ce pro- 
blème historique nVsl pas encore résolu» Les po- 
litiques e{ les grands capitaines déduiront peut^ 
être^de Tévénenfient du plan défensit deNapoléon, 
UD^rpblème non moips difficile à résoudre. La 
cause. de. plusieurs natipn3 9 l'intérêt d'un grand 
empire y.le. sort. d'une> autre Rome, ia renom-& 
mée. d'un héros , que le. m$ilheur recommande 
à la justice des temps, tout ici réclame cet exa-« 
xnen. J^apoléondevoit-il disséminer ses forces y 
précipiter les. attaques , multiplier Les combats? 
Ne de voit-il pas, au contraire, se réserver 1 avan* 
iage d'une affaire générale;. car c'est là qu'il dé- 
veloppoit toutes les res^qurces de son art, toutes 
les puissances die son génie. Clest, lorsqu'il avoit 
à mQu voir de grandes ridasses que sa vue acqué-; 
roit l'étendue, la sûreté , la précision qui, dana 
ces grandes épreuves, manquent aux homme» 
ordinaires. Ëpfin , deyoit-il sommeiller, daq$ soix 
quartier - général de Fontainebleau, :Soit qu'il 
coaoû^t,,soit qu'il ignorât la marche des armées 
ennemies , et confier à tout autre, qu'à lui-même 
les destins de l'empire, évidemment liés aux desr 
tins de Paris? 

On conçoit sans doute qge ,. pour discutée 
ces questions , il faut se détacher de tout in.-r 
térél^ personnel ou local, de ( toute opinion d^ 
parti; et que , si les, conleoitporain sont ad-f 



:à4o GOUTKRNEBrCNT 

niis au débat , il n'appartiendra qu'à la poslé- 
rilé de les résoudre. Qui n'apporteroil pas au-- 
jourd'bui ^ dans cet examen , des préventions 
trop favorables ou contraires? Attendons que le 
souvenir de nos maux soit affoibli ^ qu'une plas 
heureuse situation ait relevé nos âmes ati<^essQ8 
de tous les ressentimevis et de toutes les affec^ 
tions. Nous userons ibîeux de notre raison. Le 
bonheur inspire la justice el.rindolgénce à tout 
homme dont l'esprit est sain , dont le eœtir n'est 
pas dépravé. Quoi que fussent lés làcbes et les 
ingrats qui brisent l'idole qtStih Cfùî si bassement 
adorée^ qui accusent le despote dont ils Ont 
flatté tous les caprices, à phis haofe voix que 
ceux dont il lui plut de faire ses vicfiokes , qui 
mendient les faveurs d'un pouvoir nooveau , en 
insultant au pouvoir qui n'est plus , et qui se 
]>ermettent de punir , quand la providence et l'hu^ 
manité sont satisfaite», ia gloire de Napoléon 
ne sera pas séparée de celle du peuplé français. 
A son nom resteront à jamais attachés de beaux , 
ainsi que de funestes souvenirs ; et si nous pou- 
vions être injustes envers sa mémoire, elle auroit 
pour défenseurs les peuples mêmes qu'il a tant 
de fois vaincus , et , dans des siècles plus reculés, 
les témoignages de l'histoire. 

Le premier avril fut un jour de fêle pour les 
habitans de Paris > un jour de triomphe pouf 



Vempereur Alexandre et le roi de Prusse. Oq se 
.souvenait à peine du canon et des dangers de la 
veille. Quelques larmes couloient , mais dans le 
secret des famillesv Le deuil fut en quelque sorte 
mystérieux. Rien ne trouble le bonheur pré- 
sent^ ni l'espérance du bonheur prochain. La 
police militaire , également répartie entre la ligne 
et la garde nationale > fut de part et d autre éga-* 
lement vigilante et protectrice. Sous les auspices 
des princes alliés, le sénat forma un gouver^. 
nement provisoire dont la douce autorité nous 
parût comme Taurore d'une monarchie repré^ 
"aeatative , fondée sur les bases immuables de la 
souveraineté des peuples ^ de la division des pou-* 
voir» > de l'inviolabilité du prince , de la respoù* 
sabilité des ministres , du libre consentement de 
rimp6t j de la liberté politique et civile ga-> 
ranties par la liberté de la presse. La déchéance 
de l'empereur fut prononcée par ce même sénat , 
qui y seul ^ dans cette imminente nécessité de 
fixer Içs opinions et les sentimens ,. dut repré- 
senter la nation y interpréter sa volonté sou*- 
veraine y délibérer , asseoir sur 4es principes cer- 
tains le plan d'une constitution libérale , digne 
de la nation qui en revendiquoit le bienfait, et ^ 
comme Ta dit le magnanime Alexandre y con«- 
forme aux lumières du siècle. La France , tout- 
à-coup affranchie du joug qui épuisoit sa force y 
3. 16 



2^2 GOOTKEITKV.BNT 

et qui y par on charme ÎDCOoce vable , n*ayoil pas 
encore lassé sa palieoce y recMivre son énergie > 
avec sa Uberlë , et confirme pat- un vœa onanime 
la charte proposée et le retour des Bourbons. 
Quelles réflexions s*offirent en foule k notre 
pensée, si nous comparons le sénat à Ini-méme^ 
à deux époques m rapprochées I Napoléon des- 
cend du trône à la Toix des hommes qui ¥j 
ont élevé , qui l'y ont adoré , qui ont consacré 
les droits successifs de sa dynastie , qui ont lé- 
gitimé son despotisme, si le despotisme ponroit 
Tétre , qui ont justifié ses nombreux attentais aux 
droits des nations , et , dans chacune de leurs 
humbles délibérations , déposé ^ ses pieds leur 
autorité constitutionuelle. Instruisex-vous par cet 
exemple , vous dont le npble et pénible fiiideau 
est de gouverner des empires I Les peuples ne 
vous ont pas' remis le sceptre pour en être écrasés. 
Ce colosse qui accabloit l'Europe dé son poids , 
une campagne a suflS pour le renverser. Ne cher- 
chez pas la cause de cette catastrophe dans les 
desseins secrets de la providence. Elle est natU" 
relie, et ses effets étoient'cei^tains.- L'excès du 
pouvoir a détruit le pouvoir. L'impuissance est 
résultée de l'abus de la force : on n'a pas re- 
fusé , mais on a cessé d'obéir. Napoléon étoit 
abandonné de ses peuples avant de souscrire 
son abdication. 



IMPERIAL. S45 

. Mais ses généreux vaîaqueurs l'faonoreDt dans 
son îoforluae^ Sourds à la haine ingrate d'une 
cour ^uî lé délaisse ^ de familles de tout i>ai3g 
qu'il » salariées dans sa police et dans ses antî^ 
chambres y d'une caste qui , tout à l'heure y fai- 
soit retentir la vràte des temples en faVf ur de 
Napoléo0 , de tout ce qu'ont de plus pompeux^ 
de plus adulateur , les paraboles sacrées et les 
cantiques orientaux ; ils respectent leur propre 
grandeur dans sa grandeur passée , et traitent 
avec lui de souverain à souverain. A toute ri- 
loueur, cette noble conduite est une justice: 
car un procédé contraire aurbit terni leur gloire ^ 
^t n'àcifoit p£» empêché que Napoléon^ séparé 
4» monde politique , ne l'eût encore rempli de 
son nom et de sa renommée. Comme s'il n'étoit 
pIttS) son ombre appancrîtra long-temps chez 
tous les peuples ; et cette ombre imposanfte peuir 
n'être pas étrangère aux délibérations àes cabi- 
nets. L'obscur asile où Napoléon s'est ren(ernàé> 
pevt devenir célèbre comme lui«même« Dans 
Thumble Lemnos reposèrent long^temps oisives 
les flèdbes auxquelles étoient attachés les destins 
de Troje. C^est au monarque qui préside aux 
destinées de la France; c'est aux souverains qoi 
stipulent en ce moment la paix et le repos dtt 
monde^ qu'il appartient de prévoir et de détour* 
oer ce danger abrmant y tandis qu'il est possible. 

16. 



a44 COUVERNEMEICr 

Mais pourquoi supposerions-nous que Napo- 
léon soit indigne de l'épreuve à laquelle la for- 
tune vient de le soumettre? Pourquoi celui qui^ 
dans les jeux sanglans de la guerre y sut -gagner 
des couronnes j ne sauroit-il pas s'en passer ^ après 
les avoir y à ces mêmes jeux , hasardées et per- 
dues? Heureux ; il ne le sera pas sans doute: 
trop d'images importunes s'offrent à sa pensée , 
et repoussent la paix de son cœur. Qu'a-t-il à 
faire? A conquérir le seul empiré qu'il a trop 
dédaigné ; à se montrer , dans sa retraite y tel 
qu'il eut du se montrer sur le trône y fort de son 
génie , et roi de lui-même. 

Maintenant la philosophie réclame Napoléon^ 
et Tunivers Tobserve. La postérité lui assignera 
une place dans l'histoire , si lui-même ne l'a pas 
marquée. Tels ont été son pouvoir et l'usage 
qu'il en a fait^ qu'il ne lui est point permis de 
regretter te haut' rang dont il est descendu y ni 
de regarder en arrière , si ce n'est pour déplorer 
des maux qu'il n'a plus le droit de réparer. Em- 
pereur et roi , arbitre des peuples, tyran des sou- 
verains, que fut-il dans sa cour? son premier 
esclave. Qu'ilsoit désormais dans sa solitude libre 
4» MB fdQguenses passions. Cest honorer cette 
Itièra^ qne d'attendre d'elle ce noble effort. 
mi qu'il négociât avec elles , qu'il at- 
ilonr de b fortune et b faveur des 



. IMPÉRIAL. 345 

ëvénemensi Les hommes justes aiment à 

croire que ce soupçoo est suscité par lés haines 
trop méritées qui le poursuivent. 

Il en est des révolutions politiques comme de 
celles qui ébranlent les fondemens de la terre* 
Dans les unes^ ainsi que dans les autres, souvent 
le calme est trompeur^ et la sérénité du ciel 
perfide. Mais le peuple voisin des volcans' est 
averti par des signes certains que les éléméns qui 
l'embrasent et s^élanceut en laves brûlantes^ 
vont être épuisés. Ce thermomètre manque aux 
observateurs de Thorizon politique. Il faut le sup-- 
pléer par une prudente temporisation. Dans cet 
état de paix que procure au monde la chute d*un 
grand monarque^ celui-ci excite un vif intérêt^ 
et les opinions conservent long-temps des direc- 
tions contraires; les partis sont dissous; mais 
Tesprit qui les créa s'agite encore. Aux causes 
premières de nos discordes , d'autres causes pieu- 
vent se réunir. Une foible étincelle allume un 
grand incendie y lorsqu'elle tombe sur des ma* 
tières qui n'aspirent qu'à s'enflammer. Notre ciel 
est-il encore dégagé de tous les points nébuleui^ 
d'où sont sorties tant d'horribles tempêtes? Au- 
cune mesure de sagesse et de justice ne doit^ 
dans de telles circonstances, être diffénée ou 
omise; r ; ; 

J'exprime des sollicitudes, qui sont de publiques 



2/fi COUVKRNEMEIÏT 

sollicitudes ^ avec la confiance qu'inspire un r6r ^ 
le descendant et Fémule du meilleur des princes. 
Henri IV aussi monta sur un trène ensanglanté 
par les discordes civiles ^ sur un trène dépouillé 
par des factions des droits de la royauté y des 
prestiges de la grandeur; et, par son aimable 
franchise ^ autant que par ses vertus , il effaot 
toutes les démarcations^ et conquit les cbcfe de 
la Ligue. 

La France a reçu de ses vainqueurs la paix 
et la liberté : double bienfait dont notre bon- 
heur sera pour eux la plus précieuse récompense; 
Que manquera*t*il désormais à la nation frea-* 
çaise^ libre sous Tempire àes iois^ exerçant les 
arts^ jouissant du droit de penser et d'écrire i 
s'abandonoant à son industrieux géniie ? ilieo y À 
nous savons puir des biens dont la nature nous 
comble y et qu'une administration éclairée noas 
garantira. Après une si longue période d'errcnri 
et de crimes ^ de tempêtes et de boule versAnens, 
sous quel abri la civilisation y la morale y la r^*^ 
gion^ tous les droits enfin devront-ils être placés? 
Quelle main cicatrisera nos plaies , et cottiblera 
l'abime que tant de révolutions et de si longues 
guerres ont creusé sous nos pas ? Cet abri y c'est 
une constitution libérale, légalca>ent délibérée , 
librement acceptée. Cette main réparatrice-, c^esl 
k main d'un roi dont la justice guidera la \i&tï%é y 



IMPERIAL. 247 

dont le caractère ferme et résolu réfléchira la 
raison même de la loi. Cette constitution est 
voulue par le monarque lui-même : vplonté sor 
lenpellement proclamée à l'époque où la nation 
rétablit en sa faveur des droits perdus > et par un 
libre choix le rappelle^ lui et sa famille , sur un 
tr6ne on nulle autre puissance ne Peut fait 
monter. 

Les états périssent le plus souvent ^ parce que 
l'autorité ministérielle tendconstamment à l'arbi- 
traire ^ et à ployer avec adresse la volonté du 
prince à ses propres volontés. Plus les ministres 
^efforcent d'éluder toute responsabilité y plus 
doivent être vigilantes et sévères les chambres 
législatives. L»es ministres qui la craignent s'ac-^ 
Gusent eux-mêmes. Dans les monarchies tempé-^ 
rées^ la liberté des peuples repose uniquement 
sur l'indépendai^re y le courage , le désintéresse- 
ment de leurs représentans. Ces vertus sont les 
. premiers obstacles q^ il importe aux agens da 
prince d'écarter ou de vaincre y bien certains 
de franchir ensuite tonte autre barrière. Notre 
état social est assis sur trois bases principales : 
la division des pouvoirs y la liberté de la presse y 
la responsabilité des ministres. Qu'une de ces 
colonnes soit ébranlée, l'édifice perd son à-plomb, 
chancelle et s'écroule. Un despote et des serfs, 
c'est tout ce qui reste , après tant de combats 



\ 



348 oaUVEHNEMElTT 

et de sacrifices. Heureux les peuples dont le 
gouvernement marche , précédé du flambeau 
de la censure! il accueille toutes les lumières 
qui viennent éclairer les avenues du trône ^ et 
se presser autour de Tenceinte où le législateur 
interprèle les vœux de la nation ! Les reflets de 
la vérité s'étendront de rang en rang , des palais 
jusqu'aux chaumières. L'adulation sera discrète^ 
et les corrupteurs plus circonspects. Le plus haut 
degré de vertu dans les cours n'est guère autra 
chose qu'une vertu négative. Les communicar 
tions familières avec les agens du pouvoir royal 
sont les écueils ordinaires où celle des législa-^ 
teurs va se briser ; et^ lors même qu'ils y touchent 
sans faire naufrage ^ ils encourent une sorte de 
disgrâce populaire ; ils provoquent contre eux la 
défiance et le soupçon. 

La confiance du roi en la chambre des pairs, 
sa haute estime pour la chambre des députés ^ 
l'accord des deux chambres et du roi , pour main* 
tenir , dans toute son intégrité , la charte consti* 
tutionnelle : tels sont les motifs de notre sécurité 
et les garans de nos droits. 



IMPERIAL. !249 



CHAPITRE XIV. 

De ^abdication de Bonaparte et du traité de 
Fontainebleau. Motifs secrets de cette ab^ 
dication. Bonaparte dans Vile d'Elbe : de 
quelle considération il y poui^oit Jouir. Son 
projet de retour en France, Des causes sur 
lesquelles il fonde le succès de son entre^ 

. prise* Son plan; son débarquement à Cannes; 
SCLConduite à Grenoble, à Lyon; sa marche 
triomphale jusquà Paris. Juste apprécia--' 
tion du parti qui se montra en faveur de 
Bonaparte; ses proclamations ; sa perséi^é^ 
rance dans son despotisme militaire , prou" 

. we par le désaveu de ses proclamations po^ 
polaires. 
• . 

La Dation française , quinze ans courbée sous le 
joug de Bonaparte^ s'étoit vainement flattée, pen- 
dant onze mois , qu'entre elle et le solitaire de 
nie d'Ëlbe, tout lien étoit à jamais rompu, et 
qu'il ne nous restoit de lui que le souvenir de sa 
tyrannie. 

La mer dltalie le séparoit de nous et du reste 
du monde. Si sa vie politique se fut là terminée , 



ik 



^:- 



:a5d eoxTVEaNBMEirT 

nous n'aurions qu'une ébauche de son caractère ; 
il nous seroit moins bien connu. Bonaparte est 
une grande erreur de la nature ^ qu'elle ne peut 
^eux fois commettre ; son système de politique^ 
fortement conçu ^ est hors des proportions hu- 
maines^ et presque idéal ! II n'eut pas de modèle; 
il n'aura pas d'imitateurs; il s'offre néanmoins aux 
races régnantes comme un sujet de méditatioD 
et d'étude; car^ sans être son émule, un prince 
peut encore être bien funeste à ses peuiiJes. Il fiat 
lui montrer les voies que Bonaparte s'est frayées 
pour qu'il apprenne à les éviter. Ce n'est pas 
seulement les institutions qu^il vouloit cbaDgtTi 
paais l'espèce humaine. 

Pour consommer son œuvre et combler aos 
malheurs ^ il avoit trompé les rois et dissiiBiilé 
avec Dieu lui-même y témoin et gardien du ser- 
ment des hommes. Lorsqu'il put balancer les 
dangers et les moyens d'une invasion y lorsqu'il 
jugea que les hommes et les événemens favori^ 
soient son audace y la mer ne fut qu^ne foîbif 
barrière. Déjà il a renoué les fik de la trame qu'il 
avoit précédemment ourdie pour nous asservir. 

Cette entreprise^ que tant de hasards environ- 
nent , parolt d'abord couronnée par un merveil-* 
leux concours de circonstances : c'est pourquoi 
des espérances renaissent y des cœurs ulcérés as* 
pirent à la vengeance y les rôles sont distribua^ 




%\ 



IMPÉRIAL. âSx 

Faclion commence , les bons citoyens frissonnent 
d'horreur et d'effroi. 

Nous éprouvons des maux qu'un gouverne-/ 
ment ferme et sage peut guërir; toutes nos pertes 
ne sont pas irréparables ; mais il est à craindre 
querbumiliation d'un peuple qui fut grand par ta 
pmssaace et par la gloire , le premier par les arts ^ 
et le génie , ne rejette pour long-temps ce peuple 
dans cet état d'inertie et de langueur ^ qui y plus 
que la tyrannie 5 enchaîne la force physique , pa-- 
ralyse .les facultés morales^ et qui tient dans une 
aorte d'immobilité servile le cbefet les membres 
du corps social jusqu'à des temps où l'existence 
politique d'autres rois et d'autres peuples est re- 
mise au hasard des événeraens ^ où la balance 
des droits et des intérêts reprend son équilibre , 
où l'humanité se régénère. L'homme est lui-même 
l'arche où se conserve le code de la nature. 

. Lorsque y dans le chapitre précédent y et dès ^ 

les premiers mois du règne de Louis xtiii y 
j'eQonçai mes pressenlimens sur le retour de 
Napoléon y j'interprétois des craintes et des dé^ 
sirs encore vagues y et qui se renfermoient dans, 
les coeurs par des motifs divers. En présentant 
cet événement comme possible et'surtout comme 
fvneste y j appelois sur l'ile d'Elbe l'altention des 
puissances intéressées à le prévenir. On n'eii. 1814, Es 

1 . • . • , bistot-iqu< 

ciaana aucune aux signes de ce tri^té présage %. m, <;£.• 




aSa GOUVERNEMENT 

de jour en jour plus expressifs; que de fautes 
et de malheurs sont dérivés de la même cause , 
depuis Cassandre jusqu'à nos jours! 

Napoléon n'eût jamais franchi , par ses propres 
moyeus , les étroites limites de son nouvel em- 
pire; déjà tout sarrangeoit dans le monde po- 
litique pour le lui faire préférer à des grandàirs 
qui y toutes démesurées qu'elles étoienl ^ n^avoient 
pu remplir son ame. L'ile d'Elbe sembloit s'éri- 
ger en UQ temple qui atlendoit une divinité ; les 
illusions, trop tard dissipées pour nous^ 3'éten- 
doient et prenoient de la réalité , en parcourant 
la terre, en ^passant de peuple en peuple. Objet 
dé curiosité et de cette admiration dont les 
hommes payent la gloire, on accouroit déjà 
de toutes parts pour visiter, dans sa retraite, 
cette illustre victime de la fortune. Bientôt ob ^ 
eut recherché l'honneur de le voir et de l'en* 
tendre avec cette impatience qu'exprime le voya- 
geur, ami des arts, de contempler la docte aiH 
tiquité dans les ruines augustes qui couvrent le 
sol classique de la Grèce et de l'Italie. Sa gloire 
passée , sa rapide décroissance , cette image co- 
lossale de l'tinivers armé contre un seul hommei 
les conditions qu'il a imposées à ses vainqueurs 9 
comme si son abdication éloit volontaire ; le 
retour supposé d'un tel homme sur lui-même, 
sur sa vie politique et militaire , tout en Napo* 



• i/; -.. 




IMPÉRIAL. ^53 

léon y eût commandé désormais les égards ^ les 
déférences et celte vénération qui s'attache à des 
héros , à d'illustres souverains résignés sous les 
coups du sort. Assis kir son brûlant rocher^ 
il eût reçu le salut des rois y les hommages des 
peuples qui ^ tous ^ n'auroient vu dans sa chute 
qu'âne éloquente leçon, qu'un mémorable exem- 
ple ; et la France elle-même , si long-temps sa 
proie et sa victime y auroit tout oublié de lui , si 
ce n'est ses beaux jours de gloire, nos courts 
momens d'espérance ; si ce n'est le motif de son 
abdication y éminemment vertueux y s'il eût été 
siacère; car, retardée ou douteuse, il exposoit 
la capitale à toutes les horreurs d'une invasion 
forcée (i). 

Les dispositions que fît Napoléon dans l'ile 
d'Elbe, tant pour sa sûreté que pour embellir 
sa résidence y sembloient définitives. 11 donnoit 
ses soins à la construction d'un palais conve-* 
nabie à sa situation , mais sain et commode; 
sarlout à réparer les ports, à ouvrir des com- 
munications faciles y à mettre son ile en état de 



(i) Il hésita loDg- temps avant de la souscrire; il me- 
naça plusieurs fois de la révoquer après l'avoir souscrite. 
Ce combat et TefFort qu'il fit sûr lui-même releveroient 

le mérite de cet acte , s'il ne se promettoit pas alors d'en 

» 

briser le sceau dans uu temps plus opportun. 




f. 



r£»^i^ '»î''> 



254 GOUYERNKMENT 

défense et à Tabri d'ane surprise de la pari des 
corsaires qui infesteat les mers de l'Italie. U ne 
négligeoit aucun des exercices pénibles dont il 
avoit rhabitude ; il se les* prescri voit comnie un 
régime (i). On a dit qu'il lisoit peu et méditoit 
long-temps y chaque jour ^ à des heures fixes. Sa 
physionomie annonçoit assez ordinairement le 
calme et la sérénité ; elle se couvroit par inter- 
valles de sombres nuages. Cette disposition étoit 
antérieure à sa disgrâce. Dans cet état^ il parcoo- 
roit seul de grands espaces comme pour se fbir 
lui-même ^ ou il se renfermoit , évitant tous ks 
regards. Des souvenirs ^ des regrets^ peul-étre 
d'importuns remords étoient les causes nato- 
relles de ces fréquentes alternatives : pouvattHl 
ne pas s^accuser de tant de maux qu'il avoit feils, 
pouvant faire tous les biens? et si^ dmimeje 
n'ai pas craint de le dire ^ son cœur étoit ferm 
à toute affection humaine ^ du moins il n'en po«- 
voit chasser ses propres passions chaque jotir 
évoquées par des feuilles , échos fidèles de Taiii- 
madversion publique , par des pamphlétaires qui 
exposoient au grand jour de la vérité sa fraudu- 
leuse politique y et qui épuisoient sur lui les 



(i) Oa a remarque cependant que son corps avoit ac- 
quis de l'embonpoint et perdu de son agilité; ane lour- 
deur sensible avoit succédé à sa grâce martiale. ' 



t- jt: 




traits de la salyre saos craiadre d'être injustes. 
: La haine de ses eaoemis , le zèle de ses parti- 
sans ëtoient égalenoient ks colporteurs- assidus 
des journaux et de toutes les productions qui sor-* 
toient du sein agité des deux chambres^ des ca- 
binets des ministres. Ainsi lui étoient signalés 
deux inconciliables partis : Fan qui mëconnois- 
aoit^ l'autre qui dëfendoit les principes d'une 
eonstitution monarchique^ représentative. Celui-t 
là sembloit avoir pour but d aigrir les ressenti- 
mens de Bonaparte par de grossières injures; 
celui-ci > de tromper ses douleurs par le charme 
de l'espérance; tous provoquoient le réveil de 
son ambition ; et^ quoiqu'en effet il ne fut l'idole 
que d'un faible parti y il put se persuader qu'en 
mettant le pied sur le tetritoire de la France^ il 
aeroît accueilli comme son héros et son libérateur. 
: Napoléon avoit un premier obstacle à vaincre^ 
en apparence insurmontable ; il lui opposa son 
audace et cette inflexible résolution qui lui avoit 
valu de si prodigieux succès. U trompa la vigi- 
lance des croiseurs^ par des dispositions qui sem- 
Uoient Leur livrer Bonaparte et âa fortune. J ai 
dit y de- ce premier obstacle^ qu'il paroissoit in-* 
surmontable ; c'est tellement vrai que l'on a sup-* 
posé une connivence entre eux et l'empereur; 
opinion qu'il a lui-mênie accréditée^ lorsque ^ 
pour attirer dans sa cause des généraux et les 




^56 GOUVERNKHIXN'r 

corps qu'ils avoienl sons leurs ordres , il affir-< 
moit que le cabinet britannique avok autorisé sa 
fuite de Tlle d'Elbe^ et qu'il avoit négocié son 
retour en France, celui de Timpératrice et de 
son fils, avec les empereurs de Russie et d'Au- 
triche (i). Quelques hommes, recommandables 
par d'utiles et de glorieux services , ont chère^ 
ment payé la foi qu'ils ont donnée à cette asser-* 
tion. L'empire de la discipline militaire et l'ha- 
bitude de l'obéissance enchaînent la pensée , 
intimident la raison^ captivent le. jugement. 

Le lecteur s'aperçoit déjà que je franchis 
Tannée de la restauration royale , pour rattacher 
au trop long règne impérial de Napoléon son 
règne de trois mois , plus théâtral et plus funeste* 

Il vit, cet homme étonnant, cet homme qui, 
plus qu'aucun autre mortel , autorise la vertu 
même à douter de la providence ! il vit , il respire 
sa détestable immortalité. Dans la plus* noire 
retraite, sous le ciel brûlant du tropique, lef 
titres de sa gloire , lès lieux témoins de ses 
triomphes se reproduiront à son souvenir. Im- 
puissant , il rumine , il savoure le «long , le fiital 
emploi qu'il a fait de son génie et de sa puissance ; 

dans cet isolement absolu-^ie dernier de sesre- 

> ,.. ' 

(i) Celle opinion se fortifie de pins en plus eh ce qui 
concerne l'Angleterre. 




IMrP£RtAL» 1257 

Wts y et pour un tel homme le plus insuppor-^ 
laMe y il peut éprouver ringratîtude de ses amis^ 
l^iiiMindon de sa famille, Toffeosante pitié des 
rois ; jamais Toubli des peuples : mais aussi il vit 
une aecoude fois^ comme personnage historique 
et justiciable de la postérité. Non moins que les 
daq lustres qu'il a remplis de prodiges, balançant 
k>Dg*te|Xips les biens et les maux , comme s'il hé- 
ailoiteatre la vraie et la fausse gloire, entre le 
crime et ia vertu , le dernier et rapide épisode de 
an carrière est une propriété précieuse de l'his-» 
toire. £t cependant il n'aura plus ni existence ni 
rang dajns Tunivers politicfue. Il n'est plus sur la 
terre que pour contempler le ciel , ce ciel dont 
la constante et belle harn^onie accuse les con-* 
<jiiéraiis et les despotes ; comme un séjour en-« 
diaoté) et dont le charme est détruit ^ THe d'Elbe 
s*e$t évanouie pour loi. Il la cherche en vain ; il 
ne dÀx>uvre qu'un affi'eux rocher battu par une 
mer immense ; il ne sera jamais ce qu'il fut ua 
iostaol^ ce qu'il poovoit toujours nous paroltre» 
Les peuples , rassurés, le cherchoient sur les traces 
de sa renommée : ce n'étoit déjà plus l'Ile d'Elbe 
qu'ils voyoient; leur imagination en reculoit Ten'^ 
ceinte, comme pour lui laisser toute sa première 
grandeur ; elle lui dressoit un trône autour du- 
quel elle appeloit les'hommes de toutes les con^ 
trées^ pour contempler dans cet illustre débris 
3. 17 




a58 GOUVïRNK»EN* 

nos superbes vanités 9 nos fragiles systèmes ^ 
puissance et de domination. L'il^ sembloit sedé* 
tacher des eaux^ s^élever^t s^environner d'une 
atmosphère poétique. S^iJ étoit possible que TSêr 
poléon y livré par lui-même à ses ennemis^ leur 
imposât une seconde fois Fobligation d*étre , à 
son égard y indulgens ou géaéreux y pourroit-H 
de même se vplacer à <e point de perspective 
où venoient. se réunir et se concentrer tous le^ 
Hayons de sa, gloire passée ? Retrouveroit-i) ce 
rocher enchanté , où^ soit vérité ^ soit illusion, 
les nations pacifiées l'eussent honoré plus qu'il 
ne le fut jamais par l«s hommages des peuples 
asservis et des rois humiliés? 

Le même principe, qni soumet au jugement de 
l'histoire la vie militaire etpolitique de Napoléoo^ 
ipterdit^ l'historien d'écrire la vie des princes 
régnans , et de prévenir , par un examen- an ticipéi 
par un jugeaient sujet à révision , les airêts de 
la postérité ; ses louanges et ses censures ^seroient 
également suspectes. Quelle est la garantie de 
son impartialité, tandis qu'il peut servir l'envie , 
la haine ^ ou mettre à prix ses talens? Et quand 
les. factions ne sont pas encore dissoutes, le fem 
des discordes civiles entièrement éteint, l'auteur, 
placé dans une atmosphère de préjugés qui se 
combattent, de passionsquise heurtent^ peut-il, 
â travers tant de mouvemens contraires ou divers, 




IMPÉRIAL. ^Sg 

se frayer une roule où son esprit ^ exempt de 
tonte affection et de toute crainte ^ marche guidé 
par la justice et la vérité? Je ne le pense pas.' 
C'est pourquoi je ne parlerai de la première 
année de là restauration qu'autant que mon sujet 
Texigera y et j'en parlerai avec la réserve que me 
prescrivent les convenances et mon respect pour 
le prince. 

Peu de personnes croient aujourd'hui <]ue 
Napc^éon ait souscrit de bonne foi à Fontaine-- 
bleau Tacte d'abdication qui termina la campagne 
de i8i4 y qui ouvrit les portes de la capitale aux 
princes alliés^ et celles du royaume à Louis xviii. 
En cédant à la nécessité avec une prévenance 
qui flatta le vai«queur^ et par un motif qui lui 
acquéroit un titre à la reconpoissance des hàbi* 
tans de Paris ^ il se proposa d'intéresser ses 
ennemis mêmes à sa personne^ et d'imposer^ en 
quelque sorte ^ à Y Alexandre du Nord l'obliga^ 
lion de le traiter en roi. 

Par un seul acte de sa puissante faculté de con-> 
cevoir^ Bonaparte lioit un grand nombre d'idée^,' 
embrassoit un grand espace de temps y traçoit un 
{dan vaste y du présent concluoit l'avenir^ déter- 
minoit les mesures d'exécution et même les évé« 
nemens avec une assurance que le succès a 
souvent justifiée. Il dit : a Abdiquons ^ c'est un 
acte de souveraineté ». En conséquence ^ il né^ 

»7- 



^6o COUySAHSlf EBTT 

gocîa^ il slipida dies conditions qm correspoA- 
4oi€Dl à ses desseins $ el , fixant loi-oirâie son 
sort y choisîssanl sa résidence, cooserranl soa 
Utre , ses hoonesrs^ ses amis , et neideposant que 
le pouvoir ^ loi seul jugea qne ce dernier sacri- 
fice poBvoit n'èlrii que temporaire. 

Supposons que les souverains allies eussent 
offert et garanti à Napoléon la possession en 
toute propriété y héréditaire 9 s<Ht d*iine ile riche 
et popnlense, soit d*an vaste territoire dans le 
continent américain ; qne seroit-il arrivé? Ceha- 
ci.se aeroit toot-a-coup trouvé dans la néoessilé 
d'accepter r<rfGne<> on de motiver la préfevenoe 
qn*il auroit donnée a la possesôon viagère de 
rUe d*Eibe ; et prob^ement qplte explication 
e&t compromis son secreL Car llKMnme le pins 
^vide de pouvoir et dénomination arbitraire , le 
plus dévoré de la passion des conqnètes^ le pks 
indépendant de tonte loi divine et hnmaine^pré- 
férant a un rojaume, dans un hémisflière on son 
génie eut pu s^'^eeroer et son ambitiim s'étendre 
sans eflbrt et sans ofastade , une ile étroite , nn 
rocher brûlant dont laqpect annonce nn repane 
de lorbans on une piison d'état ; un tel homraty 
dis*je 9 eût appelé snr ses desseins une juste dé- 
(Sâuice 9 et révélé sa pins intime pensée. 

Napoléon considérait sa retraite de dioix, 
^^mimte nn crfiservatoire d m son oâl se porte- 



IMPÉRIAL. :é6i- 

roit librement sar Tltalie ^ sur la France ^ et snr 
tous les points de la croisière qui Fenveloppoit. 
De la proximité môme de la France , il dëduisoit 
les chances les plus propices ; et cette faveur Ich 
cale n'écbappoit pas au gouvernement royal. 
Ses réclamations ^ à cet égard , répétées par les* 
échos de TElbe^ avancèrent probablement YejLé-- 
cution de l'entreprise projetée par Napoléon* 
Quant a la chaîne d'observation qu'il au roi t à 
franchir^ il comptoit sur la négligence ordinairé^ 
de gardiens long-temps stationnaires^ et plus 
eocore sur son audace. 

Les spéculateurs politiques bàlissoient alors un 
^stème de coopération entre Bonaparte y Mu- 
rat^ et le parti qu'on supposoit armé pour l'indé- 
pendance de rilalie. Celte absurde et ridicule 
confédération n'exista que dans quelques têtes 
exaltées ) dans des relations mensongères; et 
cependant elle fit des dupes en France , en Italie 
des victimes. Napoléon méprisoit Y ingrat , Yin- 
fidèle Murât ; et cependant il accrédita le bruit 
de leur rapprochement , du concours de leurs 
armes , et fit valoir cette confédération pour 
grossir son parti , et gagner des officiers et des 
chefs de l'armée ; il n'atiendoit rien dé la part 
d'un roi qui avoit si mal connu sa position , 
el si sottement conclu un traité d'alliance avec 
ses ennemis naturels contre son allié nécessaire > 




26^ COUTERNEMENT 

il ne vouloit rien de ce faux frère ^ son compfiee 
à Madnd , sa créature en Italie , de ce roi désa- 
voué par les princes ses alliés^ alors même qu'il 
se dévouoii pour eux* Biaarre jouet de la for- 
lune y objet ridicule d'une myslificalion politique 
dont la malignité et Tenvie firent leur profit, 
Joachim accéléra la chute de Napoléon , et ne fit 
qu'ajourner honteusement là sienne. 

Napoléon connoissoit l'esprit et les disposi'- 
lions du soldat ; cet esprit électrique y ces dis- 
positions éloient son propre ouvrage; il avoit pu. 
renouveler l'armée , la refondre plusieurs fois, 
sans que son dévouement éprouvât la moindre 
altération ; l'abandonner en lâche ou en traître 
en Egypte , dans les plaines glacées de la Russie, 
après la déroute de Leipsick ^ et toujours dire: 
a Mon armée » y plusieurs fois réduite à quelques 
débris, elle se survécut toujours. Son caractère 
admirable se retrouvoit tout entier dans ses re- 
crutemens : un sous-lieutenant , un sergent , un 
soldat suffisoient pour pénétrer les masses des 
conscrits de cet esprit martial , de cette idolâtrie 
qui circuloient dans tous les rangs de Tarmée 
française^ depuis les batailles de Lodi, du Caire, 
de Marengo. « Mes soldats , pouvoit-il dire, ne 
seront pas ceux d'un autre » ; et ce fut là une des 
bases de spn plan. Ce trône, qu'il avoit fondé 
par l'armée (et sans la nation), il sa voit qu'il ne 




lepeo^oit reconquérir que par elle. Aussi ^ pour 
ae dégager de toute reconnbissànce envers léis 
^néraux^ les chambres législatives^ les fonction*^ 
Bàires de tout or^re^ il a dit et répété- souvent 
en leui^ présence et dans- ses revues : a Ge sont- 
mes souS'^of&ciers et soldats qui m'ont ramené à 
Paris».. Cet aveu répond à bien dés accusations. 
' La grande majorité de la- nation ^ principale'., 
ment la plus active ^ modifiée par les institutions 
xnilitaires deNapoléon^, knprégnée de ses fausses . 
idées de grandeuit et de gloire-^ voyoit' en lud 
a€ul la France^ la patrie : dans ses décrets y la 
constitution et les lois. Il se souvenoitqu'à sa 
voix Tartisan ay oit déserté ses atelie^&y le la« 
jbbureur ses champ»; ce quik avoit pu ^ il se 
flattoitdele pouvoir encore. Lorsque dsens cette 
capitale le travail àyoit manqué» à- un, peuple 
d'ouvriers^ ce peuple , loin d accuser Tempereur 
dé sa misère ^ se. dévouoit au métier des armes ^ 
e/t^ lorsqu'après une campagne de lointairies dé^ 
Yastations et de. deuil pour la^pat rie-, il com- 
mande que des trophées et des arcs de triom- 
phe lui soient él&vés pour .en éterniser la mé- 
moire ^ les ouvriersi^ et les artistes loi rendent 
dés actions de grâces*. CeuxJa croient né devoir 
<}u'à ses soins paternels leuD sa.ls»re du jôur^ 
<aeux-ci le célèbrent comme le protecteur éclairé 
des. beaux, arls^ Iç Périclès de la Francçv Cç«€i 



/ 




Q^/^ GOUVERNEMENT 

faveur ^ plas que populaire ^ avoit lotis les ca- 
ractères d'un aveugle faoatisme ; et comme elle 
s'étoit formée de ces êlémeiis grossiers qai op^ 
posent une longue résistanèe à Topinion des 
classes supérieures ^ il se promettott bieii de 
mettre à profit de si favorables dtspôsîlioDS^ araift 
d'avoir à combattre dés dispositions contraires; et 
ce fut encore une des bases de sa prévoyanle po- 
litique. Toujours y et t)artout > homme de guerr^^ ' 
il. manœuvroit la nation en partisan ; et â'il k 
gouverna^ par intervalles^ en homme d'état , si 
ipne administration florissante relevoit nOs esh 
pérances à quelques époques de la période COU'- 
sulaire^ cet espoir ne lardoil pas à s'évanouif. 
Bonaparte iie dirigea que foiblement les sciences 
vers leur objet utile ; et le dieu des beatit àt1& 
ne fut pour lui qu'une divinité de fantaisifSi 

Mais c'étoit surtout dé la composition de là 
cour y de celle du ministère et du premier élM 
de l'esprit réactionnaire qui se manifestoîî aà^ 
tour du roi y que Bonaparte altendôit les iavëiir^ 
les plus promptes et les plus Certaines. Les i»^ 
prises^ les erreurs^ les plus fauk calculs, ^f 
fets de la nouveauté de toutes choses sdr des 
hommes qui revenoient avec leurs préjugés et 
* leurs passions pour gouverner un peuf^e révo^ 
lutionné dans ses lois, dans ses mœuirs > dâBS 
sa religion, et dans ses goûts, marquant tous lés 




IttFBRIÀlA 265 

]f»s de l'autorité àltëstc^nt Tihapuiasance de la 
raison el de la sagesse du motiarque. Presque 
tous led persohnagea qu'il s'élcnt crû tenu dé pla- 
cier auprès de sa pertonoe et dans lés premières 
fonctions de l'étal^ étoient cohnùs de Bona^ 
parte. Il déterminoit areû certitude le degré d'iîH 
fluence que chacun d'eux eierderoit dans l'ad- 
tninislration intérieure ; par quelles décevantes 
illusions le roi séfoit entraîné au-delà des li- 
mités que lui tra^oient l'esprit public > le carac^ 
tère i^égénéré de la natiôh et les principes irré- 
Yocablement consacrés par elle* Car 5 à cet égard^ 
léB constitutions précédentes nous sont restées y 
bien qu'abolies. Signalant d'avance les fautes et 
léi débats qu'elles produiroient au-dehors et dans 
l'intérieur des chambres ^ il assignoit le jour et 
l'heUre y où ^ san^ être rappelé par le vœu de la 
nation^ il n'auroit qu'à frapper de son pied le 
60I de la France pour y ressusciter cet enthou*- 
siasme populaire^ cette admiration exclusive 
dont il avoit tant abusé ^ et poui^ se voir une 
.seconde fois élevé sur le bouclier par ses vieilles 
légions. 

Si Napoléon eût pensé que le rdi . tiendroit 
d'uae main indépendante les nènesde l'état^ 
iju 'il ne laisseroit pas. .divaguer la marche de la 
législation et le cours des affaires au gré de quel- 
ques hidounes^ devenus étrangers à la France, 



266 COVTERNEMErrT 

SOUS le rapport de son administration y qne y 
gnant par lui-même, gouvernant par ses- propres, 
himières^ il s'assoiroit sur le Irène de ses pères sans 
qu'auprès de kii on osât méconnaitre les droits de 
la nation , il^ eut désespéré de l'en faire jamais 
descendre et de s'y replacer Ini^siémei Le earac- 
tère du roi ne lui étoit pa3 moins connu que ses 
lumières 9 que son excellent jugement; mais il 
eroyoit impossible qu'il appliquât à son gouvep- 
nement les fruits de ses éludes et l'expérience 
qu'il avoit acquise à l'école du malheur. Il pré- 
voyoit et les prétentions de l'ancienne noblesse 
et les tentatives du clergé ^.dans^ l'une ^ l'exaspé- 
ration intempestive de l'orgueil y les efforts im- 
puissans^ mais opiniâtres de l'autre ^ pour rallu- 
xner les torches de la guerre civile et pour impo- 
ser de nouveau de honteux tributs a la crédulité. 
La présomption étoit dominante dans le ca- 
ractère de Bonaparte ; elle franchîssoit ^ satis s'y 
arrêter^ les difficultés et les obstacles ; c'est pour- 
quoi sa résolution d'usurper le trône lui parat 
une conséquence naturelle de la nécessité où il 
s*étoit trouvé de le céder a ses premiers pos- 
sesseurs. Selon lui , la certitude du succès étoit 
la démonstration de ses droits. Comment un tel 
homme n eût-il pas tout tenté^ pour se ressaisir 
du pouvoir y ayant si long-temps hésité de le dé- 
poser ? Il est même certain qa'après avoir sig(\i 



* IMPERIAL. ^167 

l'acte d'abdication et déclaré à ses généraux ^ 
aux chefs de Sa garde ^ aux commissaires des 
souverains alliés ^ que le motif de ce sacrifice 
étoît d'épargner à la France qui^ dit -il, avoit 
tant fait pour lui , les horreurs de la guerre ci- 
vile , il différa plusieurs heures , et sous divers 
prétextes, son départ de Fontainebleau , flottant 
dansTincertitude^ et manifestant, par des phrases ' 
entre-coupées , le dessein de révoquer son abdi- 
cation . 

Il partit enfin, et pendant cisq jours, dont MarsxSi 
les deux premiers présentèrent l'aspect d'une po- 
pulation qui perd son appui , son 'protecteur^ 
ses espérances ; les trois autres^ un rassemble- 
ment continu de forcenés respirant la haiae , les 
Yengeances, altérés du sang d'un roi détrôné, 
on le vit agité de sentimens contraires ; on put 
observer à loisir le tumulte de ses pensées , le 
combat de ses passions, et, par quelques paroles 
à demi articulées, juger qu^il rouloit dans sa 
tête divers projets. Tantôt, disposant en(]^re du 
pouvoir dont il était dépouillé , tantôt adressant 
de vife reprochlîs à tel ou tel prince , menaçant 
tel autre de ses vengeances , il fronçoit ses noirs 
sourcils et se figuroit être armé du tonnerre. 
Tantôt résigné à la vie privée, se jetant dans 
les bras de la philosophie , se bornant aux conso- 
lations que le sage poise dans l'étude des sciences^ 




â6& COUYBRICEMENT 

il aspire à la gloire d en agrandir le domaine 
ou d'en éclairer les profondeurs. Enfin y il s'an- 
nonce au monde liltëraire comme Tbistorien de 
la période qu'il a remplie de sôo nom et de sa 
célébrité . 

J ai dit plus haut que Napoléon ne f>eut étfe 
fidèlement peint que par lui-même ; c'est avoir 
dit qu'il ne sera jamais complètement connu. 
Peut-il nous révéler sans réserve tous les moyens 
dont il s'est servi pour égarer , corrompre , maî- 
triser les passions vulgaires ? queld instlronoieas ^ 
quels secrets ressorts il a fait mouvoir pour pré- 
cipiter des nations que leur vertu ^ l^ur courage 
Qut anciennement élevées à l'indépendance ^^ à la 
liberté^ dans les immenses catacombes où le 
despolisrae retient les deux tiersde la race hu- 
maine ^ où des milliers de bras sont condamnés 
aux travaux pénibles ou exercés daiils l'art meur- 
trier des armes , pour satisfaire aux besoint £ic* 
tices^ aux caprices sanguinaires .d'un tyran vo- 
luptuetK et féroce? Et l'aveu de tant de fi98sionS 
opposées dont il fut tantôt le maître, tantôt l'es** 
qlaye ^ des seins qu'il prit lon^-iemp» pour dé- 
rober à tous les regards tout ee qu'elles présst^ 
geoient de funeste , du pfiystère dont il couvroit 
sa vie privée; l'aveii des £avéurs qu'il a pàjées 
par , le n^épris , de ses ingratitudes envers^ des 
hommes dQùt il avoit exigé les phaa pénibles jhh 




s 

iMvinxAÛK 269 

cnfîces , celui de Tfaonneur y celui des devoirs en- 
vers la patrie ; laveu de ce plan de conquêtes et 
d'oppressions dont les dimensions embrassoient 
4oiisles peu {des de rÊurt)pe : peut-on croire qu'il 
les eût £aits ^ ces aveux , ou qu'il les fasse jamais ? 
^00 y Bonaparte ne peut s'exposer lui-même au 
^grand jour de la vérité , s'il n'est pas le plus 
âosensé des hommes. En effet celte espèce d'ac- 
cusation eoo4re soi-même > odieuse aux contem- 
porains , rejetée comme pièce du procès par le 
«trânmal de la postérité^ ne seroit considérée y 
àÊÈns l'histoire y que comme un témoignage de 
déraison et de démence. Quoi qu'il eu soil de 
l'xypinîoii des hofnmes, Bonaparte ne publiera pas 
^saçoafession. Quelques traits de sa vie ont prouvé 
fju'il manque <ie ce courage f^ilosophique par le- 
<pàei l'homme jouit de la faculté de se replier sur 
ImUniéme : Ëh ! quelle ne devroit pas être y dans 
cet illostre coupable y l'énergie de celte faculté ^ 
pour qu'il lui fut possible de fixer long-temps 
«es regards sur son ame et stir l^usage qu'il a obs- 
tinément fait de son génie? 

Toutes choses se passèrent et s^accomplirent 
jcomme Napoléon l'a voit prévu. Vainement l'en- 
trée du roi dans le royaume et dans le palais de 
«es pères avoit présenté Taspect touchant d une 
pompe nationale et d'une fête de famille. Vai^ 
nement la nation et le prince s'étoient entendus. 



ayO COUYERNKMENT 

et avoient contracté ^ à la face du ciel ^ de réci-^ 
proques ^ de solennelles obligations ; la volonté 
royale fut constamment comprimée^ses intentions 
croisées par de sourdes menées y sa sagesse dé-- 
eue; et, malgré lui, d'avides courtisans, un minis* 
tère à marche oblique , à vues étroites , l'obligè- 
rent de régner à Paris avec les préjugés , les pré- 
tentions et les maximes surannées d*un temps 
qui n étoit plus , d'un temps que la révolution 
avoit fait reculer de plusieurs siècles. 

Il n'entre^ ni dans mon plan ni dans mes in-* 
tentions , de dénombrer les bévues et les erreurs 
des ministres du roi. Je ne suivrai pas dans sa 
marche rétrograde le gouvernemeat , qui ^ pour 
régler lavenir , omettoit dans ses calculs les lu- 
mières , les opinions , l'expérience d'une généra- 
tion nouvelle , éprouvée par vingt-cinq années 
de discordes civiles et de .malheurs, comptant 
pour non avenus les droits d'une nation qui 
s'étoit exposée à tout , pour les défendre , même 
contre la tyrannie militaire. Telle étoit l'a- 
veugle confiance de ce ministère , qu'il seroit 
difficile d'indiquer une opération administrative 
qui ne fût pas directement ou indirectement 
contraire aux dispositions des lois existantes , une 
proposition de loi qui ne tendit à une infrac- 
tion manifeste de la charte qui , elle-même , ne 
présentoit aux esprits difficiles , en màticrç de 




^rincipes y ^u^ime modification révocable de nos 
précédentes constitutions. Comment cette con-> 
fédération entre desagens du roi y plus courtisans 
•d'autrefois que ministres d'aujourd'hui^ entre; 
des hommes qui ^ , par une chevalerie féodale y 
s'étant^ux-mêmes bannis de la France ^ avoient 
observé ses nouvelles institutions d'un point trop 
éloigné pour en saisir le lien et l'ensemble^ et 
n'avoient réellement rien vu qu'à travefs le 
prisme de leurs préjugés et de leur orgueil ; et 
d'autres hommes qui^ sans s'être émigrés , ont 
obstinément fermé l'oreille au bruit de nos dé- 
bats y les jreux à tous les changemens qui se sont 
opérés dans nos mœur^ comme dans nos lois, 
et qui^ seulement sensiblesaux offenses qu'ils re- 
cevoient dans leurs vanités et dans leur fortune^ 
ignorent par quelles causes nos calamités au- 
dedans se sont accrues parallèlement avec nos 
triomphes et notre gloire extérieure ; comment , 
dis-je , cette confédération pouvoit-elle se flatter 
de vaincre celle des lumières et de l'opinion pu- 
blique y combinées avec une foule d'intérêts con- 
quis , de prétentions nouvelles , avec des prin- 
cipes hautement admis par l'immense majorité 
de la nation? Affranchie du joug de Napoléon ^ 
le profond souvenir qu'elle en «onserve y plus 
que le raisonnement^ lui démontre l'évidence , 
la presse d'obtenir la jouissance irrévocable de 







ces priocipes d'indépendance polilique et dé 
liberté individuelle y qui garantissent aux peuples 
la justice des rois^ aux rois la confiance^ Tobéis^ 
sance ei l'amour des peuples. 

Autour et auprès du prince , on ne déguisoit 
pas rintentîott de rétablir la monarchie absolue 
sur les ruines du système représentatif. Eh ! qui 
ne voyoit pas que Ton se servait de la représen- 
tation nationale elle-même ^ pour Tanéantir? Ces 
hommes , plus qu'étrangers à la France y sinon 
par leurs sentimens> du moins par leurs opinionSf 
se croyoient assez puissans pour effacer de nos 
annales un quart de siècle qui avoit fixé l'atten- 
tion de tous les peuple^ y ébranlé les trônes , 
assigné d^autres bases aux gouvernemens^^et^ 
pour ainsi dire y modelé pour tous le cercle de 
l'autorité légitime ^ en associant , sans les coo^ 
fondre y les droits naturels et les droits politiques. 
Dans cette union réside le principe de la socia- 
bilité humaine. Le conflit de ces prétentions si 
contraires «ijgnaia bientôt deux partis y dont cha- 
cun eut ses journalistes , ses pamphlétaires y sa 
police y Èa correspondance. Le bruit de nos dé- 
bats alloit frapper chaqAe jour le rocher de l'Elbe^ 
et le rapprochoit de nos rivages. La guerre d'opi- 
nion se faisoit^avec cette animosité qui prélude 
aux discordes civiles , et présage les guerres 
sanglantes. Les ministres s'étoient rendus les 




IMPERIALE 275 

naitres des chambres , et avoient en quelque 
sorte envahi la législation ; ils y dirigèoient , à 
lenr gré , les délibérations ; d'autre part^ on hu-* 
znilioit les chefs de Farmée, et Tarmée elle-* 
même qui n'avoit que sa gloire pour la consoler 
de ses malheurs. Des dénominations injurieuses 
pour elle y comme pour la nation qui s'étoit inti-^ 
mement associée à ses triomphes, lui étoient pro- 
diguées par ceux mêmes qui avoient plus d'in- 
térêt à l'attacher à la cause du roi. L'aliéner de 
lui y c'étoit la rendre redoutable. Le cœur plein 
d'amertume «t de ressentiment y comparant son 
état présent à ses victoires , à sa renommée y le 
soldat emportoit dans ses foyers un levain de 
mécontentement, mêlé de honte , qui aspiroit à 
la ^engeance et qui provoquoit le retour de 
Napoléon. 

Les hommes qui pressoient ainsi y au mépris 
de l'opinion publique et même des sentimens 
avoués du roi , le développement d'une contre- 
révolution générale , qui menaçoient la nation 
dans ses droits les plus chers y la liberté indivi-* 
duelle , la liberté de la presse, et le libre exercice 
des cultes ; et les familles , dans la propriété des 
héritages, dans l'égale répartition des charges 
et des avantages de l'union sociale , ne voyoient^ 
ils pas qu'ils réveilloient des ressentimens af- 
foiblis et prêts à s'éteindre , qu'ils légitimoient 
3. 18 



374 G0U1|rBRirSirENT 

de$ regrets et des plaintes que déjà personne 
n'osoit plus exprimer , qu'ils suscitoient dans 
Napoléon des passions, vaincues, il est vrai, mais 
indomptées dans Napoléon , qui comparoil son 
repos au sommeil du dominateur des plages afri- 
caines ? Pouvoient-ils croire qu'entre ce chef, 
de si nombreuses armées et tant d'honimes, qut^ 
en le perdant, sembloient avoir tout perdu, 
tous les liens fussent rompus , toutes les aff^« 
tions étouffées ? Que la crainte chez les ans , 
Fespérance chez les autres fussent inactîves, et 
par de nombreuses voies n'arrivassent pas |as- 
qu'à lui? hes journaux ministériels affectoient 
de blesser sa fierté , d'irriter son humeur iras- 
cible. Us Tembrasoient du feu des vengeances; 
les journaux de l'opposition ^ d'autant plus élo- 
quens qu'elle ëtoit plus combattue ; des écrits 
qui rëunissôient tout le sel de l'ironie , tout le 
mordant d'une critique implacable , lui 4éooa-' 
vroient chaque jour la marche inverse de l'au- 
torité ministérielle et de l'opinion publique. Il 
pouvoit calculer, avec une sorte de certitude, 
les pertes de Tune et la rapide progression de 
raulrë , et presque marquer le jour où la pre- 
mière n'auroit plus rien à perdre , la seconde 
plus rien à gagner. Le signal du départ fat 
donné ; et, comme le caractère d'un tel homme 
ne peut jamais se démentir ; que, dan^ toutes ses 




IMPERIAL* 275 

entreprises, la ruse a af^payé et seconde Tau-- 
idace j Napoléon ordonne une fêle , rassemble 
les habîtans de l'Ile dans son palais impérial y 
ecort au rivage , appareille, (rompe ou brave 
la surveillance des croiseurs , et débarque , avec 
«es fidèles compagnons de gloire et d'iufortune , 
€ur la rive opposée et dans la rade de Cannes. 

Les hasards qu'il a d'abord courus , les nom*- 
bueUK recrutemens qui se sont formés autour de 
lui 9 sa présence à Grenoble, sa confiance dans la 
garnison de cette place au moment où elle le me-* 
connoit , les paroles qu'il lui adresse , non moins 
«némorables que celles de César au patron de l'es^ 
qaif auquel il se livre lui et sa fortune , son séjour 
à Lyon , les proclamations qui désavouent son 
despotisme, lesadresses qui consacrent nos droits, 
sa marche triomphale à travers des département 
dévastés , incendiés , et des villes dont les ruines 
Taccnsent , son entrée à Paris au milieu d'une 
multitude ivre de joie et d'espérance , toutes ces 
circonstances sont encore présentes à notre sou« 
venir et n'ont été que trop solennisées. 

Arrêtons ici nos regards, nous touchons à la 
principale difficulté de l'entreprise. A Lyon doit 
s'ouvrir ou se fermer à jamais , devant Bonaparte, 
le chemin de la capitale ; il dut appréhender l'ap- 
proche d'une cité alors honorée par la présence 
du frère du roi , protégée par celle d'un grand 

18. 




276 GOUVERNETITENT 

•capitaine, fidèle à l'honneur, à ses sermens, à son 
prince; il s'y montre avec confiance. Cet habile 
conspirateur savoit bien que son audace résou^ 
-droit les doutes chez les faibles et doubleroit le 
-courage des forts. La faveur d'une ville riche et 
centrale 9 d'une population nombreuse, impo- 
sante par son énergie, par ses relations de com- 
merce et d'intérêt , étoit pour lui une conquête 
d'absolue et d'urgente nécessité. U lui ^alloit ua 
|)oint de ralliement où les troupes se portassent 
âvecassurance, u n centre d'opinion où rinfluence 
s'étendit assez loin pour écarter toute pensée de 
rébellion, pour donner à son parti une sédui- 
santé couleur d'opinion publique. Napoléon 
avoit de loin posé le problème ^t préparé les 
moyens de le résoudre; mais la solutioa en étoit 
douteuse , eu ce qu'elle étoit nécessairement 
basée sur des suppositions et des hypothèses : 
aussi est-il vrai qu'il développa à Lyon un grand 
caractère et toute la capacité d'un homme d'étaU 
Dans tous ses discours, il fut Français; dans ses 
écrits, il fut populaire; il enchanta le soldat; il 
séduisit les citoyens; et, par l'aveu tle ses er- 
reurs, prévenant toute explication, devançant les 
termes précis de la volonté nationale, il calma 
les craintes et changea l'espérance en certitude. 

Mais la vérité n'étoit pour Napoléon qu'un 
rapide éclair de lumière, et la vertu qu'une lenn 



. j 




talive impuissante. Voulut-il réellement abjurer 
son premier système au moment où il professa 
la plus saine y la plus pure doctrine? sa conduite 
à Paris a. trop ^uvert^menl démenti les principes, 
qu'il a< proclamés à Lyon-^ pour qu'il ne nous, 
soit pas permis de ciboire qu'il revenoit , au mi- 
lieu de nous^ avec toutes ses passions, et peut--, 
êtreayec des intentions plus funestes. 

Les vrais amis de la patrie se défçndoiènt en. 
"vain de l'enthousiasme que Finfluence de la ca-. 
pitale communique bientôt par d'innombrables 
yioies à tous les déparXemens. Instruits par quinze 
ans de perfides promesses, fixés sur la marche 
imperturbable de son ambition , ils repoussoient 
par leur silence et leur inertie les proclamations . 
emphatiques, la nouvelle profession de foi po- 
litique de Napoléon , commentées avec une adu- 
latrice- complaisance, et dans le sens d'un vœu 
national, par des journalistes protéesqu'abusoit 
l'espoir du salaire , et par des poètes qui , se di- 
sant dramatiques ,.épuisoient la fable et Thistoire • 
pour nous représenter Napoléon dans les demi- . 
dieux , dans les héros, dans les grands hommes, 
da l'antiquité. On cdliroit aux Ilrançais et àrOpéra. 
pour les nobles. allusions; aux Variétés, pour des, 
calembourgs; tout parut perverti ^excepté la, tri-^ 
bune de la représentation nationale ;. ses ora-. 
tÊoxs ne l'ont pas une seule fois souillée pa^ d|^% 




:iyS COUVE R N 2 HT s N T 

louanges intéressées ; el c est pour Fboaofnir de- 
là France , pour la défense de$ droits d» pe«ipl6y 
qu'interprétant faussement ces droits et cet bcttiK 
neur ^ ils perdirent le monneat où l'abN^calioQ lé- 
gale de IXapoIéon nous eût préservés et l'eûft pré- 
servé lui-même des malheurs qua entraioéi^ une 
abdication forcée et tardive. D'autre parl^ h» 
ministres à Paris , les préfets dans les départe- 
mens , s'empressèrent de prodiguer Teneefis au 
Teslaurateur de nos droits, au protecteur del» 
liberté , au fondateur de fa monarchie cofisti^ 
tutionnelle. Ils composoient un ordre de choses 
tout nouveau ; ils annonçoient un âge de paix 
et de bonheur ; ils nous monrt*oient assis sur te 
trône , à côté de Napoléon , Minerve dépè^tiflée 
de son armure ; et tel fut le charme de cette pers^ 
pective sur des hommes que Famour de fo pa- 
trie embrase , que le génie des arts itis^ife , 
qu'ils purent le croire guéri de ses foHes pas*- 
sions et capable de régner désormais par les lois. 
Lui-même reconnoissoît ses fautes , et condam* 
noit les travers où l'avoient entraîné la présonap- 
tion et l'orgueil; et, faisant encore un plus grand 
effort sur lui-même , il sounroit le blâme et 
l'autorisait par la liberté illimitée de la presse. 
Nous verrons bientôt que l'aveu de ce droit 
n e'ioit qu'une concession simulée et trompeuse, 
qu'un piège pour les âmes sîntples et génc- 




reuses y qtstnae tactique adroite dont le bul ëtoîl 
de làire ressortir et reproFUver avec plus d'éclat 
les mesures répressives que les ministres da roi 
ayoieot si précipitamment adoptées. 

Il est doue vrai que la présence de Bonaparte 
inspira plus de crainte que de confiance ^qu'elle 
prouva fkioins une satisfaction présente que te 
xnécbUteniement du passé ; et que si Topinioa 
éclairée des bons citoyens , les sentimens véri-^ 
tables des classes intermédiaires furent compri-^ 
mé^ pat* sa subite apparition y il le dût unique- 
ment à (oui ce que préseatoient d'extraordinaire 
et de ftferveilleùx les moyens par lesquels elle ^ 
s'étoit opérée. Cependant Fadmiralion des uns y 
là stupeur des autres n'affoiblirent que légère- 
nient le sentiment plus profond , Timpression 
ineflEaiçable qui s'étôient gravés dans tous les 
cœurs vraiment français, lorsqu'après la eam-* 
pagne de 1814 et te traité de Fontainebleau, ]a 
situatioft de la France nous fut mieux connue y 
et que nous pûmes sonder l'abime sur le bord 
duquel Bonaparte nous avoit laissés. 

Le 20 mars i8i5 , Napoléon arriva à Paris et 
se retrouva au palais des Tuileries comité un 
souverain qui s'est absenté pour visiter ses pro- 
vinces. Toutes choses se remirent d'elles-mêmes 
sur le pied où elles étoienl avant son abdication. 
Le 21 y il se vit au milieu de sa cour comme 




\ 



28o GOUVERNEMENT 

si ses levers n'eussent pas été interrompus^ 
et se montra à son peuple comme un prodige. 
Ce n'étoit point de la joie^ mais de Fivresse; 
aussi n'eut -elle q.u'une bien courte durée (i)r 
le jour suivant il nous désabusa d'une erreur 
que probablement il avoit lui-même accréditée; 
îl reprit le titre d'empereur , après s'être laissé 
annoncer sous celui de lieutenant-général de la 
régence. Bientôt il manifesta le dessein de cban- 
ger de système, de vivre en paix avec les sou- 
verains, et de rétablir tous les rapports d'indus- 
trie, de commerce et d'amitié entre les Fran- 
çais et tous les peuples de l'Europe. Mais, h 
peine relevé, il ne peut se défendre de cette jac- 
tance impérieuse dont îl avoit contracté Thabi- 
• tude , lorsqu'il réduisoit le titre et l'autorité de 
plusieurs princes à la plus humiliante vassalité. 
Cette jactance même , le ton absolu , presque me- 
naçant , qu'il mêloit à des propositions concilia-^ 
toires , déceloient ses inquiétudes. Il proelamoit 
en vain la résolution de ne régner que dans Tin- 
térieur de l'empire et sous lesauspices de la pair* 
Ses dépêches, repoussées par les cabinets des 



(i) Cette espèce de faveur populaire, Justement ap- 
préciée , prouva moins rafFéction que le désir de la nou- 
veauté. Bonaparte .avoit son peuple que nous ne cottfônr» 
drons pas ayecla natioa. 




IMPÉRIA L.' a8l 

princes alliés , n'arrivèrent même pas jusqu'au 
seuil du palais de son beau-père. Tous, en appre- 
nant l'infraction du traité de Fontainebleau et 
la- subite usurpation du Irône de la France, 
sToient d'avance répondu à Napoléon par un 
cri d'indignation et de vengeance. 

Bonaparte y dans la composition du gouverne- 
ment, se conduisit çonséquemment aux principes 
qu'il avoit professes avant son entrée à Paris ; 
plusieurs ministres, principalement celui dont 
on savoit qu'il reduotoit le caractère, furent con- 
sidérés comme des garans de ses promesses. Il 
se conforma celte fois au temps et au vœu du 
public. 

Cependant les débris de l'armée se rallient 
autour de Napoléon; les soldats sortent à l'envi 
de la retraite àlaquelle ilsavoient été condamnés. 
Les plus âgés , décorés du signé de l'honneur , 
plus honorés, à leur* propres yeux, par le nombre 
de leurs campagnes et de Ieurs_ cicatrices, ac- 
courent de toutes parts lui offrir le sacriUce de 
leur noble repos ; ils lut consacrent leur inépui- 
sable courage et tont ce qu'il leur reste de force 
et de vie. C'est le dévoûment dessoldats de César 
vieillis dans les Gaules. On ne sauroit trop dire 
que la guerre et la conquête engendrent la ty- 
rannie ; que la puissance armée prépare la rnine 
des états. La jeunesse française prévient par des 




aSa couTïRBmtNT 

enrôlemeos volonlaires l'époqoe d'une eoDScrip-' 
tioa qui a cessé d'être oUigatoire. Mais son «on-' 
seil reprend son allure , et rentre dras ses pre^ 
mières voies ; comme aoparsvant , il délibère^ 
les lois-, et ses eoncluaions sont toujoorS ceHss 
que prend l'empereur , «faelque ooctradictoire» 
qu'elles poissent être. Jamais conseil a'a plus 
discouru et moina conseillé que ccloi'là-j s«6 
fonctions y camme celles d'im corps de sspearfrv 
sembloiênt bornéesà déblayer, à élar^r la ro«W 
que le despotime se frayoit anr \s 6o\ conqaî» 4tf 
la liberté. Avec quel douloureus prcssenlroMAf 
de l'avenir , j'ai tu des membres de ce constrit^ 
hommes d'ailleurs forts de pensée et de fnge^ 
ment , prévenus de cette f^mion superstitieB^ , 
que , dans l'administration généraie de l'empire f 
aucune difficulté , aucua nœnd ^ ptfitr coniptkjaé> 
qu'il fût y. ne résisloït à la sagacité de l'empereor ; 
que son génie plaaoit saoA effort , et comme eai 
jouant, sur l'eaaemble de ses propres a(faim>et 
sur celui des inlérâts qui lient Ou divisent touS' 
les peuples de l'Europe-. 

De là cette pente r»[Hde à la: sjervilité dan» Ira 
premiers ordres de l'état , et cette intetnpéranctf 
de basse flatterie ; de là cette infaillitHlité déeer" 
née à Bonaparte consul , à Napoléon emftsteari 
et célébrée par des kymnes dans les £âtes psbli-' 
qaes , par de graves disconrs dans le9 i 




soïciuiellés dn sënat , des député» , des aotenlés 
secondaires. 11 est penni» de croire tjae m Napo* 
l^n, medéraot cette aotortlé reTolatieninaire qui 
suffitoil à peine à la tarfaulcnce de ses passioDs, 
à la OM^iUléde son génie > eiit permis aux dieux 
. de retarder b catastrophe qui Ta précipité do jdov 
hant rai^ ok nid mortel, né dans la foule des vut- 
gaînta triAnains, ae fûtencorcéteTé, il eùtélésnp- 
piié iic recevoir )e sornom de divin , et de soofirir 
que, dans les affaires eonnnimesde la Tie, comme 
dans tes grandes affaires de t'elal^ ^ Térité fât 
^testée par la formule : Jurare per Cœsarem. 
Il est doDC bien recenou qa'au moi» d'a- 
vTÎt t&i5, ëpetjnedu retour de BooaparCc'y son 
parti oe se iormotl qae d'officiere isoté» ^ de 
S4^dat9 éparSj d'oaTriers tnecontens et d'mM) 
clientèle ennoblie , dont b fortone éloît étroites» 
nkeflt Hée aux destinées de 900 patron. Dsprô» 
Itfng^taraps cette partie grossière des nalîoa», 
qtfe fbrguetl féodal désignck aalrefois si im- 
propreuient par le mot peuptt f que , dans towf 
les temps, les gouvememens s'efforcent d'avilir 
et de corrompre (1) , n'élevoit plus sa têle au- 



(1) Qae le peuplé' gagne honorablement son paîn de 
clnique janr ; tjue le» jours de fêtes publiqnei ne soient 
pèS dtosjoorsded^aiicke et d'intempérance'; qae le vin 
cesse de couler de nos fonuines , et que le mât de cocagne 




a84 oouvERirBMxwr 

dessus dalîtnoD où la retiennent son abrntisse^ 
ment, ses vices, sa misère ; elle nese montre- 
pas dans les jours de douce tempéralare et de- 
sérénité, mais seulement aux épo<]ues où' tout: 
ordre est renversé, et l'autorité des lois mécon- 
nue; mais seulement lorsque son intervention 
est nécessaire anx provocateurs de l'atiarctiie , 
à des novateurs ambitieux. La nation ,*calme ,. 
réfléchie, mais doulourensement affectée de sa: 
situation équivoque, n'échappant â un écueitqne- 
pour être euiosée à se briser à un autre , exptî- 
moil ses plaintes avec une franche liberté. Mais, 
en séparant le roi de ses- ministres , mais en se 
conBaot à ses lumières, mais en.liant- soir propre- 
intérêt à notre cause , elle appeloit à son discer-- 
nement de l'empressement des ministres à dé-- 
molir , pièce à pièce, le système représentatif,. 
œuvre du temps et des lumières, consacré par 
toutes nos précédentes constitutions, et que la. 
main seule d'un conquérant,, contempteur sa*- 
crilége de tout ce que la terre révère , s'est, effor-- 



ne soit jamais planté, si l'on veut que celle honteuse- 
ligne lie démarcalion soit effacée. Faiies plus encore,, 
étendez jusqu'à l'enfant du pauvre et de l'indigent le 
bienfait de l'instruction élémenlaire , de l'éducalioa mo- 
rale et religieuse, et vous dessécherez le maraJi de,|«. 
corruption et du vice- 




IMPÉRIAL.* 285 

cée d'ébraaler. Lorsqae Napoléon put pousser 
Jes Français devenus libres par leur énergie, 
dans ces vasles déserts de la pensée, dans ce néant 
où gisent les peuples orientaux , nous pûmes 
DOus-mêmes établir en calcul l'accélération de sa 
■chute. 

Osons le dire : chaque jour le ministère s'éloJ- 
:gnoitdu pointconslilutîonnel d'où il étoit parti; 
<t, manœvrant de force ou de ruse contre la vo- 
Jonté du roi , contre les principes que sa charte 
a consacrés, il imprimoit dans la même pro- 
jrartion plus de mouvement , il inspiroit plus de 
courage aux défenseurs des droits du peuple , il 
versoit officiellenoent sur la France des semences 
de soulèvement et de révolte, quebientàt un 
sûufile de Bonaparte devoit féconder. 

Tout aqnonçoil un grand changement, s'il ne 
survenoit pas une révolutiou dans le ministère 
lui-même. Le levier du gouvernement perdoit 
son point d'appui , et par conséquent sa mobi- 
lité, sa force. Ce point d'appui , c'est la confiance 
dans l'intention et dans la capacité. Le mécon- 
tentement étoit populaire , presque insurrec' 
tionnel , contre les agens immédiats du roi , et 
toujours respectueux à l'égard du roi lui-même. 
Ce n'est pas la flatterie qui nous, montroït dans 
Louis xTiii te bon roi Henri iv ; le cadre seul 
a pu nuire à la comparùson et gâter l'image. 




386 COUYERHEHEKT 

Pour appaiser cetle efierresoetice dans son pria» 
cipCi el avant que Bonaparte songeât à en faire 
fion profil , il snffiiott de remplacer des ministres , 
Tfais Français de 178B, par d'antres ministres, 
ciloj'eos français de iSiS. 

C'est donc sur la foi d'une faosse înterpré" 
talion de ropinion pabliqae , des rumeurs et 
des plaintes dont les ageos du pouvoir eloiemt 
l'objet , que Napoléon fonda prindpalemeot 
ie Euocès de soa entreprise. L'hUtojre en déver- 
sera tout te bl&Rie sur les bommes qni ont sus- 
cité cette lutte imprudente y autant qu'inégale, 
de prétentions vieillies contre des droits recon- 
quis , de la charte des privilèges contre le code 
de la nature ; elle leur reprochera d'avoir nw- 
pirsé la nation dans les choses présentes, de 
l'avoiroulragée dans son existence future , et^ ta 
plaçant entre la servitude «t l'insubordination , 
d'avoir compromis l'autorité du monarque et la 
stabilité de son gouvernement. 

Cette sîhiation de la France , le» molifs réels 
desonmécontentementjlevraifiensderopinii» 
publique , le peu qui restoit à Bonaparte de son- 
veuir-s favoraUes , toutes ces choses furent mietu 
connues , lorsqu'il eut repris les rênes du gouver- 
nement. Ses zélés partisans purent facilement 
être comptés , et lui - même , moins présomp- 
tueux, moins aveuglé par la passion de régner, 




IMfiRIAL* 287 

^t reconnu qu^en repoussant les abus de Tan-p- 
cien régime et lllotisme féodal dont elle venoit 
d'être de nouveau menacée y la natipn n'enten«* 
droit pas se remettre sous le joug d'un couqué*- 
raal accoutumé à dévorer les générations , dès 
)eur entrée dans la vie sociale. 

En effet , nous nous étonnions de notre lon-*- 
gue patience t„« Comment avons^nous souffert c^ 
régime d'orgueil et de guerre éternelle?» C'étoît 
le reproche que chaque Français se faisoit à soi->- 
même ; cependant nous couvrions d'un oubli 
généreux Tingratitude et les attentats de Napo^ 
léon > pour avoir moins à rougir de nous ; nous 
j^eipettions en scène le héros ; nous prenions notre 
part de sa gloire, et ce que Bonaparte disoitpour 
xintipnaliser ses guerres , pour tourner la valeur 
française en fureur conquérante , nous le disions 
pous-mémes pour affoiblir nos torts; nous répé- 
tions après lui : « La nation française est essen- 
tiellement belliqueuse. » Il mentoit pour nous 
séduire; nous mentions à nos consciences pour 
nous absoudre. Eh ! non : la nation française , 
distinguée par la noble valeur y par tous les pro- 
duits de l'intelligence y est celle des nations con- 
tinentales que la situation et la richesse de son 
territoire dispensent le plus de la nécessité et 
du malheur d'être guerrière. Loin d'être essen- 
tiellement belligérante y elle est essentiellement 



-' ^f- 




288 COUTE RNIMEKT 

spirituelle, industrieuse. Cet ordre physique 
et moral , Bonaparte l'a renversé ; la force 
des choses, l'intérêt même des peuples le ré- 
tabliront. » 

Convenons de bonne foi que oous nous sommes 
livrés à lui plus qu'il ue nons a domptés; et que, 
plus dociles que les animaux façoDoés au joug 
par la maiu de rbomme , nous nous sommes 
com plaisamment courbés sous le sceptre mili- 
taire de NapoléoD. N'en doutons pas, l'histoire 
iustiiiera l'excès de son ambition par celui de notre 
£ervitité , et l'insolence de son népotisme (i)pai 
l'abandon que nous lui avons fait de notre ti- 
berlé, de l'honneur national, de nos propres 5i- 
milles. 

Le temps des illusions étoît passé; l'effet na- 
turel de l'absence étoit produit ; le héros avoit 
disparu ; ce qu'il y avoit d'éclat et de gloijre dans 
sa vie militaire était effacé par tout ce que sa 
vie politique présenloit de vanité , de faste , d'im- 



(i) Je me sers àa mot népotisme font iésiguer Vé\é- 
vation que procurent à leurs familles des hommes par- 
venus à la suprême puissance, quoique, dans son ori- 
gine, ce mot n'ait signilié autre chose que les faveurs, lei 
dignités, les principautés dont les papes ont doté ]eun 
avides neveux , et quelquefois , sou» ce nom , les fruiti . 
adultérins de leurs scandaleuses amours. 




■IMPERIAL. 369 

jMflure. La postérité «voit commence pour lui ; 
il ne s'en douloLt pas : nous d«cou Trions les plaies 
larges et profondes qu'il avoit faites^ l'huma- 
nîbé ; aouE percions d'an œil triste le voile de 
deuil qui , depuis trois ans , s epaississoit sur 
notre p^ie ; nous accumulions sur sa tête tous 
les résoUats de sa déliraote ambition ; mais lui- • 
même oe cessoit pas de se regarder dans le miroir 
infidèle avec lequel la flatterie , au temps de set 
prospérités , avoit familiarisé ses regards. C'est 
pottrquoi Napoléon reprît son too , ses habi- 
tudes , son costume théâtral , et reparut sur la 
seine avec les mêmes moyens , les raémes ac- 

* teurssecondaîres,etpourlemêmebut, qu'avant 
U terrible épreuve qu'il avoit faite de son extra- 
vagant système. Mais la baguette magique étoit 
échappée de ses mains ; toute espèce de charme , 
toute fascination étoit impossible pour nos yeux 
désabusés ;on l'observoit avec inquiétude comme 
un homme nouveau ; on pesait ses paroles, on 
épioit ses pas , on lisoît avec défiance ses procla- 
mations et ses décrets; il ne fif pas une conquête 
bors de son parti , et son parti même ne voyoit 
plvs, dansBouaparte, l'envoyé de Dieu, l'homme 
dv destin ; preuve admirable des progrès que fit 
la raison publique aussitôt qu'elle se sentit Iibt<c> 

*da jougquil'avoit tenue dans le silence et lastd- 
pejir. L'armée , à loi^-temps passif , procl»' 
5. >9 




290 GOUVERNEMENT 

moit ^ alors même qu'elle se rallioit à son chef 
suprême , .qu'elle éloit inslituëe pour défendre^ 
les limites ^ Hionneiir ^ Tiodëpendance de la pa- 
trie. Dans ses revues^ dans ses -communications 
avec les généraux , celte profession de foi a re- 
tenti plus d'une fois à son oreille , et sans doute 
. elle en étoit blessée. Car^ qui peut douter que 
cette maxime « les rois sotit faits pour les peu- 
ples y non les peuples pour les rois » ne fût pas 
désavouée dans son ame y quand son intérêt lui 
prescrivait de la proclamer? Dans cette ame 
étrangère à notre nature , les passions ayoient 
toute l'impétuosité qui caractérise l'instinct des 
animaux dominateurs , et la puissance de toutes ' 
se concentroit dans la seule passion du pouvoir. 
Il a pu la réprimer y séduit un instant par l'appât 
d'une plus solide gloire , jamais la'vaincre. Dès 
sa rentrée en France, il caresse l'opinion pu- 
blique y il flatte la nation ; no3 droits remis en 
problème , il veut les garantir. Cette charte oc^ 
troyée et réi^o cable ^ il vient la convertir en un 
pacte qui sera l'expression de la volonté natio- 
nale. 11 trouva des croyans : il y en a toujours 
pour les miracles. N'attendez pas celui que vous 
promet Bonaparte, c'est-à-dire sa conversion 
aux ^entiniens y aux vertu» dont se compose le 
caractère politique et moral dans le souverain * 
d'uq peupl% libre. Entre sa cour et le peuple, il 



iHPEHiAi;. agi 

se formoit une sorte de coafédératioD d'hommes 
éclairés et prudens cjuî l'observoient dans son 
action , dans son repos, qui s'altendoictit au dé- 
savea de ses belles promesses , et se préparoient 
s la laite dont ce désaveu seroit le signal. 




GOVr-EnNIHEITT 



CHAPITRE XV. 

Publication de l'acte additionnel. Convocation 
des collèges électoraux , sous le titre spé- 
cieux du Champ-de-Mai. Vues secrètes dt 
Bonaparte. Chambre des représentons ; sa 
composition,- sa codduite; sa résolution 
d'opposer une inflexible résistance au des- 
potisme de Napoléon. Organisation de 
l'arm,ée ; son départ. Bataille de Fleuras 
et de fVaterloo. Déroute de l'armée. Dé- 
part de Bonaparte ; son retour à Paris; 
son abdication Jorcée en faveur de sonJUs: 
erreur des chambres à ce sujet. Gouverne- 
ment provisoire ; sa fin et celle des cham- 
bres en présence des 'armées alliées. Capi- 
tulation. L'armée française stationnée au- 
delà de la Loire I et rentrée du Roi À 
Paris. 

IjB signal fu^doDDe le aa avril i8i5, par la 
publîcatioa de Tacle addilioiinel aux coostita- 
tionSf oeuvre clandestiue, écrite par des vaJels , 
sous la dictée du niailre^pariscel acte, od voit 
le despotisme se voiler de quelque pudeur , toor- 
tnenter les priacipes , déguiser son venia f et 




potisser jtuqa'ii ses derniers UTttitajÀ êi^ttiné 
de Machiavel. Cet acte sort idut-ir-(;(mii« an cd-' 
billet impérial » comme sortent du Sèin des lé~ 
ohhtei de lugubres méTe'OreS , des lueurs pâleS 
et vacillantes. VaâoemeDt tetil voix le proctà- 
ment' comme le compl^merft des coustiltitiotiS 
antérieures , de celle de l'an tiii y dés Sénatus- 
eonsuke organiques; foeil le*moînS éiërcé, le 
moins prévenu , ne découvre dans cet acte que 
le régime sous tei^et Dons avons géiiAÏ , iftab 
paré et présenté avec plus d'ftrt. Tout^ en effet , 
y est prévu et coordonné ponr encbalner de 
nouveau la nation et ioartiettre ses rcpréSentans 
à la vokinié du chef de l'état ; et Bonaparte , plus 
aveuglé sur nos dispositions, quand Doussommes 
pin» éclairés snr son infienible caractère , feint 
d'onfatier que la France veut élré régie par une 
coostitnâoâ librement acceptée. Après tant dé 
potupenses protestations, comment acquitte-t-îl 
Ms pcomessses? II évoque d'antiqttes soiivenirs, 
il rajeunit de viciâtes ÎBSttfnlions , il cbércbè h 
nons séduire par des dénominations ë f déâ usages ' 
que notre vénération à conssicrés , mais qui sàot 
sans rapport avec nos kisfilulior* nouvelles. Dé- 
gtiinnt , dans les foTitteS , «s impostures et scS 
*«rf*ntes polHiqoe*, iï êe persuade qn'H intéres- 
ser» ta moitié des Françaàs à dès représentatîotis 
tSlélttàleis ; «qu'itS pi-i^i^nt le changft Wncbant 




294 COTITEHltfïMINT 

leur liberté* s'il étale à leu|^ yeux Je signe de 
la liberté de nos. pères; enfin, que^ par respect 
poùF des fiiécles barbares , nous renoncerons aux 
' lumières du siècle où nous vivons. C'est ainsi 
qu'en l'an vin, il décora, de noms romains, 
sj'mboles de la grandeur et 'de la liberté, sa 
dictature consulaire. 

L'erop.ereur , séduit par ses nouvelles con- 
ceptions ^ se croyant plus grand et plus fort, 
pour avcSr parodié Cbarleifiàgne et PfaiKppe- 
^mii8i5. Auguste , convoque , avec une puérile ostenta- 
tion,, u» Champ-de-Alai; il déterniiue les élé- 
mens et i'objel-de cette réunion importante. Ces 
élémeus sont les électeurs de la France ; Cet ob- 
jet, c'est la révision et l'acceptation des arliclies 
additionnels. La renommée remplit le nonde 
de cet hommage que Napoléon rend à la'niliâiD 
française , et en elle à tous les peuples. On pro- 
jette, on exécute à grands frais le cirque aulotar 
duquel on verra rangée, par département , -la 
représentation nationale , et le troue sur lequel 
■l'empereur lui-même ne sera que premier re- 
présentant. A la veille du dénouement, on ap- 
prend que tout cet appareil n'est qu'une jongle- 
rie ; que les fonctions de ce congrès électoral se 
borneront à constater les voles individuels émis 
daos l'empire, pour l'admission ou le rejet de 
l'acte a4ditioDnet , et à parapher des registtes 




IMPÉRIAL. 395 

dont il est impossible d'établir l'authenticité (1). 
Dès-tors celtQ prétendue solennité se change 
en une parade aussijnesquine que ridicule ; l'iro- 
nie el le sarcasme atteignirent l'empereur sans 
presque lucun ménagement; et son parlement 
improvisé, rappelant les notables de 1788, ne 
parut qu'un coup manqué et le triste présage 
d'une révolution prochaine. 

Sous un autre rapport , la politique de Tem- 
pereur fut en défaut ; il n'attendit pas la réunion, 
dans ta capitale , des collèges électoraux pour 
réduire leur ministère à une simple énuméra- 
tioD de voles individuels , quels que fussent les 
pouvoirs dont ils se croiroient investis. C'est 
pourquoi peu d'électeurs s'exposèrent à la honle 
qui les ^tlendoit. Le plus grand nombre dé- 
daigna de figurer dans celte parade , qui eîit 
à peine réussi au temps de notre superstitieuse 
foi envers l'homme du destin. Il fallut remplir 
les places vides par des hommes sans mission ; 
les frais qui se firent pour donner à cette as- 
semblée l'éclat et l'intérêt d'une fête publique , 
furent perdus. 

L'empereur s'y rendit , entouré d'un nom- 
breux cortège. Il attiroît sur lui les regards, 

(1) Voles accordes, presque tous, an besoin de con- 
$errer un emploi et le pain d'une famille. 




agS GOUTE RITEMENT 

et les cœnrt sembloient s'en éloigner. II est si 
facile tie dislinguer la cariosil* de l'tfieetioD ! 
Clucon exptiquoit ^ d'après, ses espépaoees on 
les crwotes , Tindiflëredce des spectateur» , les 
noirs soucis dont lu pbysfcmomie de Bonaparte 
étoit, ce jour-là, profoodcment emprerate. It 
joua son rôle jusqu'à la Ho ; et , quoiqu'il pAt 
découvrir de nombreux nrcrtifs d« rcipentir à 
l'égard da paxsé , et de crainte pour l'avenir, 
dans le discours énergiqve qull fut forcé d'en- 
tendre , comme étant l'expressio» franche , wré- 
TOcable de la volonté nationale y i) parla et too' 
lut", eu maître de la nation,' devant uvcoDgrès 
de représentans imofédiats de la Dation.* 

Cet essai , que les élect^ar» venoieot de faire 
de la politique et du caractère de Napoléon , 
eat des conséquences' qu'il prérît peut-être 
( car il ententioit par l'organe de sa peKee jus- 
qu'au pins léger lanrmure), mai» qii'i( n'éloit 
plus temps de détournei'. H» parent ttppeéàet 
. cet homme , que la plupart d*entre-eax n'irvoit 
jugé que sur la foi des joaroaux , Sur le fémoi- 
gnage des poètes qu'il tenoît à ses gages , qo'îi 
travers une épaisse atmosphère d'adulations et 
de louanges. Ils avoient mesaré ssr force; ils 
pouvoient calculer la résistaBCê pw laqorile 
elle seroit ou comprimée ou vaincue. 

Un gouvernement franchemeot itiilitairf 




éloit le seul dont le génie de Na}ioléon pou- 
voit s'accommoder. Les articles additionnels, 
cooime je l'ai déjà dit y couTroieot d'ane-sorte 
de voile ce détestable régime. Régner par les 
lois j goaTeracr ua peaple libre , compter pour 
quelque chose ses inctiaàlions ^ ses habitudes , 
ses moeurs, prendre en considération toutes les 
influencea géographiques et locales qui détermi- 
nent ses goûts , son industrie , l'étendue et l'ap' 
f licatÎDn de son intelligence , c'étoit , selon lui , 
abaisser la paîssautce dêrati't les argumens d'une 
vaine idéok^pe, et soustraire les peuples à leur 
véritable destinée. Et ^elle est cette destinée? 
Celle du quadrupède qui tourne la roue , et dont 
on intercepte la vue pour qu'ïi ne soit pas dis- 
trait de son pénible labeur. Les théories libérales 
éloîent borsdesfl tête , parce que rien d'humain 
n'étoit dans son cceur. Il n'y sonâiroit d'autres 
images que celles d'an peuple soaiAÎs*, de ^uples 
subjugués , d'armées passives , que celle du des- 
potisme nivelant tout f faisant tout par sa seule 
votonté. 

A peine arrivés dans lenrs départemens res- 
pectifs j les électeurs , en vertu du décret qui 
convoque les collèges , se réunissent , se coni- 
nnraiquent lenrs sollicitudes ; et le résultat gé- 
ftéral de leurs TOles donne une représentation 
presque homogène,, sous le iKq>port des pria- 




398 GOUTKRNÏIMÏ*T 

cipes et du patriotisme ; tous les députes venoîent 
remplir leur mandat , préparés à une lutte pé- 
rilleuse y mais résolus à ne se séparer qu'après 
avoir placé les droits de la nation sous la ga- 
rantie d'un pacte constitutionnel ^ délibéré par 
les chambres , accepté par elles. 

Cependant Napoléon organisoit son armée , . 
et réparoit , comme par enchantement y les 
pertes qu'elle avoit faites dans les trois der- 
nières campagnes. C'est principalement dan» 
cette partie de la science militaire que se faisoit 
remarquer la fécondité de son génie y il créoit 
les ressources plus qa il «ne les découvroit; il 
enlrainoit «tout dans son propre mouvement. 
Ne craignant pas de- résistance , il n'en éprou- 
voit pas ; il est vrai qu'il les prodiguoit avec 
leanéme abandon y sans s'inquiéter de ravenir, 
et cooimé si elles étoîent inépuisables. Cepen- 
dant FEurope armée marchoit , et s étendoit 
sur nos frontières. Elle sembloit s'avancer pour 
nous écraser, plutôt que pour nous combattre. 
Objet de celte invasion , Napoléon se précipite 
dansles hasards d'une campagne, combinée etcal* 
culée sur une échelle de suppositions et de pro- 
babilités, qui toutes furent trompeuses. 11 n'y 
avoit aucune, parité dansles moyens d'attaque 
et de défense ; il n'y en avoit pas davantage 
entre sa situatioa d'alors et celle d'où il s'élan- 




çoii: seul contre l'Europe. Cest ici , c'est dans 
ce moment d'une existence politique si incer- 
taine y que nous avons pu saisir j plus que dans 
aucune circonstance de son précédent r^ne, 
le trait dominant de son caractère j et surprendre 
le sentiment qui Toccupe / il se défie de son 
propre parti; il doute de lui-même. Sans se 
faire illusion sur TimoÉinent danger qui le me* 
nace au-debors y ses regards se tournent malgré 
lui sur Paris ; c'est là qu'il voudrait à la fois ré^ 
sister aux armées ennemies j et vaincre Yéœtffe 
des chambres. Quand il expose son armée , son 
unique armée » à des défaites certaines, il ne 
songe qu'à saover son despotisme ; il observe la 
contenance calme et imposante des représentans 
de la nation , l'esprit patriotique qui les inspire et 
les éclaire , l'opinion générale qui les protège , 
avec une anxiété visible , qui révèle à ceux qui 
l'entourent le tro^ible de son e^rit, les agitations 
contraires de son ame. Et telles sont les disposi- 
tions qu'il laisse entrevoir, à la veille d'une action 
décisive , ^u'il fait redouter la victoire et son 
rqlour au milieu de nous , non-seulen^ent aux 
bons citoyens qu'il a entraînés dans sa cause, mais 
aux autorités mêmes qui l'ont reconnu , et qui 
le défendent encore contre les ^uveraios , en 
leur opposant le droit des nations libres et indé- 
pendantes. 



La tribune de la chambre des reprêsetïlànê né 
fut d abord que bruj^anfe et verbeuse; elledeilii*' 
bk>it se destrûef à copief y on k j^lutôl {Mh^ 
dier les assemble'és d'un âiitfë teilAfMi, quand lé 
temps et même Ihs hommes étoîerrt ehangës. Le 
talent oratoire perçoit,et s'évaporoit en Tàines dé- 
clamations. L'assemblée prit enfiri une attîttidé 
plus fermé, une marche pRw régulière j et dès-lors 
oti put remarquer dans ses délibérâtîofis un sin- 
guHer contraste. Dëvoue'e à Napoléon et àsa dy<^ 
fiastie, tant qu'elle criit interpréter te vcea natio- 
nal, elle fut, pdr ses propres séutimens, cdustam-' 
inenl contraire au système degéwveroeraentqu il 
atoit proposé. Elle alfia , autâut^ue te permet- 
toient les circonsfan<*cs , Fénwgîe et la dignité ; 
eMè rre déguisa ni les màvtt pàssésf ni les dângeïff 
présent. Mais , toute occupée èe Furgeufe liétes^ 
site de conjurer la tempête qui s'appr êtoit àfoÉtdi^ 
sur laFrafhce, cHe compfémk rbamneur eC riwlé- 
peinrdance de lanation ,préieisémedl ptfrtce qu'elto 
eft fut trop jafôuse -et qu elle s-obsfniâ k ô^po* 
^cr à des violences et k k force éti^àngèrer dô^ 
maxinres inapplicables aux cireoustanéeâ» , el 
morns encore à* Napoléon. Cest ^aui^quofi , dàns^ 
la France et hors^de la France, on akreùsa lef 
chambres-, et ptûbablemeut elïes seront accusées 
parla postérité, d'avoir attendu le temp» d*' 
balailles, que tout présageoit devoir être le 




IMPiRIAL. 5oi 

temps 4e OQS pl^8 grands revers , pour résoudre 
la déc^aoce de Napoléon ^ ou négocier avec 
lui-mêrof: squ abdication. Falloiuil mettre le 
falut du royaume 9 de la patrie ^ de notre liberté 
au hasard d'un comijiat^ quand la préseoce de 
ce prince^ armant de nouveau toute TEurope 
contre. lui jet pour les Courbons , lioii à son 
sort BQs propres destinées ? Mériioit * il un 
n généreux devoûment , pelùi dont Tunique sol- 
licitude était de régner 9 tput prix ? les chambres 
ne doutoieut plus du sacrifice que Bonaparte 
fais^i de oipus et de notre liberté à soa intérél 
persounel ; celte certitude les affrandbissoit de 
toate^obligatipa envers lui , et leur dictoit celle 
4e prévenir de bouvelles effusions du sang fran*- 
çnis y de conserver l'armée ^ notre unique espé^^ 
rance y de oaénagerles nioyens qui nous restoient 
de traiter avec les princes alliés. 

Cependant l'empereur suîvoit de l'œil les ar** 
mées eonemies ; il les voyoit s'étendre sur plu- 
sieurs points , couvrir la Flandre , s'épaissir sur 
f nue et l'autre rive dif Rhin, et tourner la France, 
ai) midi y par la Suisse et le Piémont. Il affisctoit un 
cilme , une confiance que sa physionomie et ses 
iiicertitudes démeutoîeoi. Quel contraste s'offroit 
9ijk% ohserveteurs dans la chambre des représen* 
laus du peuf^I Séparés, chacun d'euit pronon'-' 
foU h déckémas et l'éloiguemeut de Napoleou; 






502 GOUVERNEMENT 

réunis , ils soumeltoient le plus absolu de tous 
les principes 9 }e plus sacré de tons les iniérétSy 
le salut de la patrie , à des considérations d'un 
ordre secondaire, et perdoient a délibérer ce qu'il 
leur restoit de temps pour agir. * 

Je n'ai pas l'intention de composer un, plai- 
doyer contre Bonaparte. En déplorant tous les- 
maux qu'il a faits au monde, en pleurant sur notre 
patrie, qui ne fut jamais la sienne, je n.'oubliè 
pas qu'il est vaincu, malheureux et dans les 
fers ; j'oublierai moins encore que je dois expo- 
ser la vérité, sans blesser la dignité de l'histoii^* 
La foudre de Napoléon a grondé sur ma téle^ 
elle n'a pas écUié,^ par considération pouf des 
hommes intéressés à ma causer II s'asseyoit, enflé 
d'orgueil , ébloui de sa gloire , sur le trône de^ 
Césars , quand ^'osai lui rappeler nos* drofts et 
ses devoirs. Il m'en a puni : aucun ressentiment 
ne m'anime. Ce qu'il a fait de grand et d'utile, 
je l'ai dit sans égard à la haine qui le poursuit ; et 
si j'expose avec une égale justice les coupables ré- 
sultats de son odieuse politique, j'atteste que j'at 
souvent éprouvé le regret de ne rien découvrir 
dans la dernière phase de sa domination qui ba- 
lance les maux qu'il a accumulés sur notre patrie* 
Je 'dirai donc de son dernier règne ee «qu'il con- 
vient d'en dire au siècle philosophique qui a pro- 
duit un génie si contraire à l'esprit -^ aux mœurs 




IMPiRIAL. * 5o3 

de ses contenoporains. Je dirai ce qu*il importe 
d'en savoir aux âges qui nous suivent ; chaque 
génération réclamera Tétude du caractère y s'ap- 
propriera le tableau de la vie dé Napoléon, de 
cet être presque idéal y éminemment dramatique 
par ses passions convme par ses desseins y qui 
s'élança de l'obscurité sur le premier trône de 
la terre 9 qui fît des rois, comme les rois font des 
ministres, et qui , ayant pu long-temps«balancer 
les destins du monde, tombe et se brise a la 
borne que Dieu s'est imposée, en douant l'homme 
d'un rayon de sa suprême inteUigei^. Ne cher- 
chons pas la grandeur où n'est pas la vertu ! 

Ce fier conquérant se montra plus petit ot 
plus bas dans les rêvera, qu'il ne fut grand et 
élevé au temps de ses prospérités. Est-ce lé 
même personnage qui.trouvoit étroites les limitef 
de la terre, et qui consent à vivre seul sur un ro- 
cher brûlant ; qui promenoit naguère la foudre * 
sur cent peuples, et qui préfère, pour lui-même; 
une existence ignominieuse et précaire au. seul 
asyle (]ui lui convienne, la mort? Est-ce le même 
qui, après tant de bruit, de bouleversement, 
de couronnes brisées sur sa tête , ne feint le dé- 
sespoir et le mépris de la vie que pour réaliser 
la faole du Bûcheron de La Fontaine. 

Les monarques alliés on tfermé l'oreille à toutes 
les propositions de Bonaparte , et repoussé toutes 



î*i£ 



304 SOttTCKVtHEUT 

les teolatives de ses ministres. Le mot de uégo- 
cialioo Icnr parait one ïii)ure. Le cabinet de 
A'ieniie (c oiontre le plus îuflexible ; il avoit à 
écailer Us doutes q«i poavoieot naître de cer- 
taines coDsidëralioDS et de certains rapports. 
Chacun des princes se croyant individuellement 
offensé par l'infraction du traité de Fontainebleau, 
lous resserrent le nœud de lenr alliance. D'innom- 
brables armées s'ébranlent à la fols et viennent i 
marches forœcs, et , par des routes diverses, lit- 
vestir, inon^r la France. Ce mouveraentest an- 
uoïkcé à rffiropc comme nnit^uemeut dirigé 
contre Napoléon. Lapais du monde, la cbute de 
l'osurpateut^, tel est l'objet de la guerre; telle en 
doit être l'issue. Tous les peuples ont reçu , soli- 
dairemeot avec le peuple français, cette promesie 
des souverains. S'il arrive (ju'elle «oit violée, qm 
l'appareil d'une géuéreuse protection ail couvert 
un système d'oppression et de cupidité , les peu- 
ples, interrogés par l'bisloire , déposeront contre 
les parjures. L'air s'épure dans les régions supé- 
' alleiat 



ricures de l 


'e.|H 


ie^«i'»pinion publique 


aussi le terme siq 


^Bk vérité, en roubiit 


cercle des i( 


■ 


^^Bg n'absoul pas le ( 


Cepeiu^ 


■ 


^Hlur presse les travai 


a ordon^H 


■ 


HOéreiise de la capitale. 


loil qq^l 


■ 


^rilc (K.'s .'irniées eonec 



s de iKuir ta campUD^'On 



IMPÉRIALE 5o5 

reproche d'en avoir tracé le plan avant d'être 
bien fixé sur la force et sur les positions militaires 
des alliés, 'sur les obstacles physi<]ues qu'il au-» 
roit à vsâncre , avant de se porter à Bruxelles et . 
d'occup«r la Belgique qu'il assignoit avec une 
incroyable témérité pour sa première conquête. 
On l'accuse avec encore plus de raison d'avoit 
couru après l'effet de la victoire , comme au 
temps où il pouvoit l'acheter par de grands sa- 
crifices et la payer sans compter. Chacun de ses 
soldats avoit à répondre à dix soldats ennemis ; et 
cette inégalité numérique d'hoipmes n'étoit com-* 
pensée par aucun des avantages que procurent 
les guerres nationales. (celle-ci ne l'étoit certa^- 
îheK^ent pas). Tout prescrivoit donc à Napoléba 
un système défensif ; il devoit ^ par une opiniâtre 
temporisation et sur un vaste théâtre , fatiguer 
r«nnemi y user ses forces ; mais il ne sut jamais 
résister à l'appât y si souvent trompeur^ d'une ba-« 
taille gagnée. Après les journées du i6 et du 17, 
qu avoit-il à faire , qu'à recueillir l'effet moral de 
la victoire de Fleurus? Il brusqua tout y il perdit 
jtout. 

Quant à l'intérieur y sa conduite lui étoit tracée 
dans celle même que tenoient les chambres. U 
devoit , par un prompt retour sur lui-même , 
par une confiance entière dans les représentans 
de la nation y ramener la nation flottant entre la 

3. 30 



« 

3ô6 CO WVERNEBÎENT* 

(rrainle et Teispërance^ 9 des dispositions plué 
favorables ^ se dévouer pour elle y sans mélangé 
d'inlérêl personnel, réveiller, au lieu de Talar^ 
mer, le sentiment de la liberté; en réclamer toute 
l'énergie, et prçnclre pour point d'appui des forcei 
matérielles et morales qu'il dirigeoit, la patrie > 
les droits du peuple, une constitution acceptée 
par les assemblées primaires et proclamée dans 
tous les rangs de l'armée. L'attitude de la cham-* 
bre des représentans , ce qui transpiroit des inten^ 
lions secrètes des puissances alliées , Tinflueneé 
^u'exerçoît sur celte confédération d'intérêts pré- 
sens et futurs , le calnnet de Saint- James , d'aa- 
tres considérations pou voient rendre à Bonaparte 
la faveur' nationale et celle de la fortune qu'il 
«voit si justement mérité de perdre. 

Il est possible , il est même vraisemblable que 
cette conduite n'eût pas arrêté la marche des ar- 
mées ennemies, et que la présence de Bonaparte 
n'auroit pas cessé d'être la cause ou' le prétexte 
de la guerre. Il est au moins probable qu'elle eût 
été bien différente dans son cours et dans son 
issue j qu'elle eût pu prendre un caractère na-^ 
tional , réduire toute opposition au silence , re- 
mettre en problème bien des intérêts , jeter de 
l'incertitude sur de précédens calculs , et dé- 
ranger bien des combinaisons hypothétiques. Il 
n'est pas moins probable que le lien de là con- 



|(Méralibn€uropéennese seroit relâché, rompu 
|ieut-étre, et que la France^ ce contre-poids si 
nécessaire aux états du midi contre les puis- 
Mnées du nord , ne fàl pas long-temps restée sans 
«iiiés et seule contre tous. Enfin , il étôit possible 
que Napoléon , vainqueur , revint pour river nos 
fers et cimenter son despotisme. Et qui n'en fré* 
ikiiçsôit pas? qui ne confioit pas ses craintes k son 
lépousê, à ses enfans , à son ami? 

Le téméraire Napoléon nous en délivra lùi- 
ifiêmé; mais il attira d^autres hontes, d'autres ca- 
lamités sur notre beHe patrie. Son propre destin 
jQ^étoitTil pas écrit dans le caractère de ce soldat 
«imbitieux , toujours chef d'armée, jamais prince; 
toujours maitre, jamais roi? Qù'avoit-il à faire 
dans ces pénibles circonstances? à se placer de 
lionne grâce dans la direction que prenôit Topi- 
91011 publique , â se détacher de lui-mêméT^ 
$e mettre hors de cause pour intéresser, sinon^ 
lésroiâ, du moins les peuples^ à la bause du 
peuple {français. Sous le rapport militaire , il 
av^t à résister par l'adresse et la ruse plutôt 
^'à combattre , à fatiguer lennemi plus qu'à le 
défier, à lui opposer les rivières et les montagnes 
plus que ses braves légions , à l'enlacer dans des 
pièges plus qu'à lui livrer des batailles. 11 avoit 
surtout à traiter avec le temps ; conseiller pru- 
dent , négociateur habile , lé temps dont lui- 

20. 



3o8 CoYjVERiPrE^MlN^ 

même avoit éprouvé la puissance , qui^^sèiil^" 
pouvoit déjouer les secrètes prétentions des en» 
nemis de la France , comme il ^voit broyé son 
insolent orgueil ; le temps eùfin, <lont l'effet est 
d'autant plus certain que son action est plusme^ 
$urée et plus lente. Mais ce système d'ordre ^ de 
sagesse 9 prescrit par la nécessité y ne présentait 
^ Tesprit de \Napoléon aucnn point d analogie 
avec les idées qu'il s'étoit faites du pouvoir y de 
l'obéissance^ de 1 administration d'un empire* 
Vouloir seul 9 seul diriger, seul exécuter, tel est 
le thème dans lequel il renfermoit la théorie et 
la science du gouvernement. S'il parut, ;avant 
son départ ^pour l'armée , troublé par de noirs 
soucis , agité par de tristes pressentimens, c'éteît 
parce que son attention se portoit à-la-fois «ur 
ces armées dont il voyoit s'avancer contre lui^ 
les énormes masses, et sur ces chambres qui^ 
par leur attitude et la liberté de leurs débats^ 
montroiwit la résolution de briser dans ses mains 
le sceptre révolutionnaire. Au moment de joHer^ 
au hasard d'une bataille , la couronne plus que: 
mal assurée «ur sa tête , il tournoit un regard 
inquiet sur les âmes généreuses qu'il laissoit der« 
rière lui , il compromettoit son pouvoir par la 
crainte ; sollicitude ordinaire de^ tyrans et des 
usurpateurs. Personne n'a douté que son empres- 
sement à livrer la bataille du mont Saint^ean ^ 



À<.tL: 



V 

MfFERTAli. Sb9 

€OBtr& Fàvis de tous ses gënéraax , n*eùl pour . 
€>bjet^ moins peut-être d'arrêter la marche de 
Fennemi, de le repousser au-delà d'Anvers^ de 
se fortifier sur la ligne du Hfain^ que- d'en im* 
poser aux chambres par un premier succès ^ que 
de relever son parti dans celle des pairs , et de 
contenir Tune et l'autre dans une respectueuse 
inaction^ jusqu'au moment où il viendroit en 
personne influencer^ les opinions^ paralyser les 
courages ^ et réduire^ comme par le passé ^ à un 
vain simulacre de représentation l'autorité légis* 
lativer^ nos droits et notre indépendance» 

Cette observation est j^ustifiée par les adieuis 
que^ lat veille de son départ , il fit de vive voiic 
à la chambre des représentans. Il ne sut ni taire 
iii déguiser ses craintes. Il oublie que son adresse 
aux Français^ que ses proclamations-^ que Ja dé-* 
claration de son conseil d'état sont les titres à la 
fiiveur desquels il s'est avancé sur le territoire 
ÊMinçais et replacé^ sur le trôae, et-queJ'accom* 
plissement de ses promesses peut seul le faire 
rentrer en grâce envers ^ la nation^ Sa fierté 
d'abaissé, son humeur despotique s'amollit; il 
Bupplie que toute délibération sur Tèxtension ou 
k réforme des articles additionnelssoit ajournée, 
jusqu'à la pai^^, qui ne sera^. selon lui ^qu'une 
crise passagère. Son désir n'est plus reçu comme. 
iia^ordj::e>jseicoamiu]iication^comnie de3lois« 



•-•.. vielAiif^i\jL^^3BUA 



5lO cou VERUf EMEN X 

« 

11 part , et la chambre déclare qu'elle s^oceoper» 
exclusivement de constituer la France. 

Quel motif louable peut justifier. le doute 
qu'on a élevé sur la légitimité dès pouvoirs dont 
la chambre des repré$entans de la nation a, £ait 
usage ? L'esprit de paix et de concorde , le he*^ 
soin de nous réunir au roi y de concourir tous 
avec lui au saliit de la patrie y imposoieni silence 
à tous les partis sur une matière que. dans tous 
les temps il est difficile^ qu'au temps présent ^^ 
il est dangereux d edaircîr. D abord ^ cette ques^ 
tion est très-<complexe considérée sous le rapport 
des principes^ du temps et des circonstances^ 
L'état d'extrême divergence où sont les opî;» 
nions et les intérêts^ nous interdit de chercheirà 
la résoudre. Elle seroit discutée par les passioai 
et jugée tour à tour par deux ou pbisieuvs par-f 
tis, elle resteroit indécise. Ce n'est pas dans rin*^ 
térét et pour la cause de Bonaparte que j'exprime 
des doutes à ce sujet ,. c'est seulement dans l'iat 
térét et la cause de la nation et du roi. Il ne peut 
pas ^'en former sur la nature du pouvoir repris 
par Bonaparte qui y sans autre motif que sa vo« 
lonté, a violé la foi des traités envers toutes lea 
puissances de TEîurope , Je droit des nations et 
des souverains envers la France et son roi. Mais 
il n'est. pas moins juste de reconnoltre dans cett^ 
chambre tout ce qu'il falloit de courage^ de pars 



IMPERIAL. Su 

triolisme, pour modérer Teiilhousiasme dans les 
deraiers rangs de Farmée et du peuple ^ sauver la 
patrie^ et faire respecter lautoritë par les pro voca-. 
teurs ipémes de lanarchie. Il n'est pas moins vrai 
qu'elle a , durant ce court interrègne, préparé, 
assuré à la liberté la victoire sur le despotisme 
militaire, prêt à peser de nouveau sur nous. De- , 
puis sa preniière jusqu'à ^a dernière séance , nous 
l'avons vue repousser toutes les mesures qui pou-r 
voient accroître les prétentions de Napoléon , et^ 
pour ainsi dire, aunuller de fait le droit d'initia-» 
tive qu'il s'étoit exclusivement arrogé. Comme 
si elle avoit pressenti la secrète pensée dé Na-* 
poléon,nous l'avons vue, invariable dans son ia* 
dépendance, ramener à ses vrais élémens le 
|[Ouvernement représentatif et tracer le cercle 
dans lequel doit se renfermer la royauté consli"- 
lutionnelle; cercle où elle déploie , sans obstacle ' 
et sous la garantie d'un ministère responsable^ 
toute sa puissante activité , où chaque ministre 
exerce l'action propre à son administration , 
où de la séparation et de la correspondance de 
leurç mouvemens naissent Tordre politique et la 
vie sociale, foible, mais sensible image du cours 
harmonieux des astres , Toulans et pressés dans 
leur éternel orbite. 

Pour exprimer la puissance et les bornes del'ia- 
tel/igexM^e bumaiae ^ ou dî^ que les deai^ extrêmes 



5l2 COUVERNEMENT 

se touchent : cette moralité est surtout applicable 
à Bonaparte. Ce héros superbe que vous avez vu 
se pavaner avec une insupportable fierté y au plus 
léger sourire de la fortune ^ insulter aux peu* 
pies et aux rois^ tandis qu'elle lui fut prospère; 
Yoyez-le, au moindre revers, déchoir, s'éclîp- 
ser, laisser à nu Thommé foible et se soumettre 
aux conditions les plus humiliantes. Quel lustre, 
que de titres sont effacés par cette rétrogradation 
volontaire de l'orgueil à la pusillanimité? Reste» 
t-il maître d'un champ de bataille , il chausse le 
cothurne , prescrit leur marche aux événemens , 
veut des choses , des hommes et des temps im- 
possibles, d , comme Dieu aux flots soulevés 
par la tempête , il dit au torrent qui se pré« 
cipite du nord sur la France : « Je plante mon 
aigle s^r ce monceau de sable , et tu t'arrêteras 
là ». Lui-même , ne se défiant pas d'un premier 
succès, ne sait pas s'arrêter sur le champ de 
bataille de Fleurus ; le bulletin qui l'annonce , 
dicté dans un moment d'ivresse et de ce ton de 
forfanterie dont la loyauté française eut si sou- 
vent à rougir, décèle l'impatience d'un partisan 
plus que la vaillance d'un héros , plus que l'expé- 
rience et l'habileté d'un grafhd capitaine ; on y 
trouve moins encore la raison éclairée d'un sou- 
verain. Il s'étourdit sur la possibilité des défaites 
et des revers, comme s'il n'en eût jamais fak 



IMPÉRIAL. SiS 

l'épreuve ^ comme si les désastres de trois cam- 
pagnes étoient effacés de sa mémoire. A Wa-^ 
terloo y rien ne manque à son armée ^ si ce 
n'est le génie qui Favoit conduite à Marengo j à 
Atisterlitz y à Friedland. Jamais , comme dans 
cette journée , les Français n'ont mérité de 
vaincre ; jamais vainqueurs n'ont plus chère**^ 
ment payé leur triomphe. D'abord le désordre 
ne fut que dans la tête de Napoléon ; il res- 
sembloit à ces guerriers de la foret enchantée^ 
trompés par des prestiges , poursuivant des 
fantômes; il n'en fallut pas moins pour égarer 
Texpérience de nos généraux et la valeur de nos 
soldats j pour donner à ses habiles adversaires 
le temps et les moyens d'arracher aux Français 
une victoire presque gagnée. Malgré l'avantage 
de ses positions j l'ennemi eut besoin de l'ex- 
trême supériorité numérique de ses troupes et 
de ses canons ; mais y de part et d'autre y le 
dévouement fut sublime. La réponse de Cam-> 
brone àj Wellington a pris place parmi ces 
choses consacrées que les âges vénèrent. « Ren- 
dez^vous, éparjgnez le sang de vos braves. » 
a La garde meurt et ne se rend pas. » Ces 
mots peignent l'action y et mettent de niveau la 
Taleur qui succombe y et la valeur qui triomphe. 
On attribuera plusieurs causes la perte de 
cette journée. On rapporte à une seule la fuite 



5l4 GOUVERNEMENT 

de Napoléon , l'abandon qu'il fait de son ar- 
mée y la perte de nos dernières espérances , et 
celle de son propre honneur. Ici sa raison seule 
n'est pas en défaut y le cœur est coupable. Faut- 
il une quatrième fois l'absoudre d'une défection y 
qui j reproduite dans notre situation la plus 
désespérée y atteste à l'univers qu'il n'eut du 
courage que pour les succès y et que son génie 
lenoit au pouvoir de bouleverser et de détruire. 
En effet y dans la guerre y Bonaparte fut souvent 
un héros de parade ; il n'eut janiais peut-être ni 
la pensée ni le sentiment d'un héroïsme ver- 
tueux. Durant sa magistrature consulaire y il 
prouva qu'il pourroit être un grand homme. 
Il n'eut pas la force de modérer la plus fou- 
gueuse de ses passions ; et nous ne vîmes bientôt 
en lui qu^un jongleur hypocrite y cachant spp 
ambition sous le costume républicain. Sur le 
trône impérial y c'est un despote qui exhale la 
haine de toute loi fondamentale et positive y 
qui, malgré le^ contraste que présentent sou ori- 
gine et son rang, affecte de mépriser les hom- 
mes, les emploie ou les rejette comme de vik 
instrumens. S'il appeloit et souffroit plus ou 
moins près de lui quelques personnages , distin- 
gués par k sagesse et les vertus, il cédçit à 
la nécessité : c'étoit une manière obligée de 
composer avec l'opinion. publique^ qiiii^ ton- 



inryéRiAx. Si5 

jours iospii^ée par nntérét général et par un 
içyin'qible Sentiment d'ordre et de justice , 
cherche les hommes de i bien et les hommes 
j9qlairé& où il lui importe de les.roir^ cest-à** 
aiire y, autour du troae , et dans les premières 
dharges de Tétat. Les nobles ibnctions , le ma- 
;iieinent des grandes affaires étoient au contraire 
xésetvës par Tempèreur à des lucixiimes dont ^ par 
yofkîxé servile ou par corruption^ lesprit, les 
f^lenSy les principes s'abaisseroient à servir aveu* 
glément ^ politique. Ceux-ci savoient d'avance 
qja'îl n^en falloit pas remarquer la perversité : 
c'est pourquoi lestime nationale venoit s'offrir 
•en compensation d'une disgrâce méritée ; c'est 
pourquoi son système général de gouvernement 
et d'administration portpit sur un premier sys- 
tème de corruption ; c'est pourquoi l'or fut 
l'agent principal de sa politique. U le mit avant 
i(>urt ^ ou l'allia à tout y même à l'honneur y pour 
ne laisser aucun élément pur dans notre faarmô«" 
nie sociale. De cet art corrupteur résultèrent 
les plus graves conséquences y la dissolution des ^ 
ïnœurs , la versatilité des principes , les récom-^ 
penses du dévouement à la patrie , décernées 
aux esclaves de coul:- 11 est encore un danger 
plus inévitable pour les princes qui n'admettent 
auprès d'eux que des serviteurs infidèles à l'hon^ 
p!^Wy à la vertu, à la patrie; c'est d'en ren- 



contrer qui soient plus avancés y qu'il ne le &ut 
à leurs desseins , dans la science de Machiavel, et 
qui y capables de jouer «in double r61e'^ se ven- 
dront à Iqi avec l'intention de le jeuer lui-même. 
Quand cette espèce de marché e^ ouvert y qui 
peut fixer une, borne à la vénalité ? Quand le 
corrupteur se présente au nom du prince^ 
qui peut dire oà s'arrêtera la corruption ? Na- 
poléon a employé dans d'importans ministères 
de confiance et d'honneur des hommes tout 
préparés à se couvrir de cette espèce d'infamie.' 
Des écrits font foi qu'ils s'étoient fornfés a la 
meilleure école. Leur zèle hypocrite peut éga- 
lement surprendre la confiance du meilleur 
prince et celle du tyran le plus odieux». Malr 
heur aux peuples dont les gouvernemens sou- 
doient ces ministres de mensonge et d'intrigues I 
Halheur aux^ouvernemens eux-mêmes qui re- 
cherchent des hommes dignes de semblables mi^ 
nistères (i) 1 



(i) L'histoire d'une cectaine ambassade , récemment 
publiée , donnera lieu k bien d'aulr^s qu'à m.oi de £airt 
ces mêmes réflexions ^ elle apprend aux princes à ne pas 
hasarder leur confiance. Un critique judicieux, mais aussi 
modéré, dans les reproches qu'il adresse à l'auteur, que 
celui-ci est âpre dans l'expression vive, animée j et pres- 
que poétique, de ses ressentîmens , a exposé au blâme 
des âmes nobles et élevées cette œuvre inspirée par h 



11HPER1AL. 3l7 

Le bruit se répandoit à Paris que les armées 
«des alliés y complètement battues y étoiènt ea 
pleine retraite ^ et que lempereur occupoit avec 
son éiat-majer la capitale de la Belgicjue, lors- 
que, tout-à-coup on apprend son retour et, nos 
pertes. Il en est d'irréparaUes. Sa mort^ s'il eût 
su mourir , 'eût été àii moins le t^rme de nos 
malheurs. U revientau milieu de nous y et la hain^ 
qui ik poursuit se déploiera ^ s'appesantira sur 
nous. Il n'y a plus d'armée y dit-il y pour ne pas 
dire qu'il a abandonné l'armée et livré lui-même 
ses drapeaux au vainqueur (i)« Il assemble son 



liaioe, et, pour ainsi dire, à la vue du cadavre de Pennemî. 

Cet liîstorîea , dît-on , a bien choisi ses victimes. Au- 
tmne d'elles ne peut se défendre ; mais une d'elles lui ré- 
pi>nd par les bienfaits dont elle Pa comblé, par la con- 
fiance dont il a joui près d'elle pendant dix ans , par l'es- 
pèce d'apothéose qu'il lui a décernée dans la chaire évan<- 
gélique. 

Ce s'candale ne s^est pas renfermé dans la France. Les 
ennemis de Bonaparte le publient. 

^Ona observé, avec raison, que ce pamphlet, décoré 
da titre d'histoire , attaque des hommes dont l'auteur a 
careiiae' la puissance ; qu'il satisfait de petites vengeances, 
après s'être montré devant eux , dévoré d'une grande 
ambition ; et qu'il révèle des erreurs fatales ou des œuvres 
Ûiiques , quand leur effet est produit. 

•<i) Bonaparte ayoit abandonné labataille ava^t d'aban- 



3i8 couvKHKeMVNi:* 

conseil^ etiait proposer a wt* chambrée' de forte) 
levées d'honamcs et d'argeat j de leur cÀté, ie^ 
chambres lui demandent une pnompte abdica- 
tion^ résolues , snr son refus ,' dé décréter sa dé* 
chéanoe. Bonaparte délibère^ menace ^ négocie y 
abdique enfin en faveur de son fîls< loduites par 
de fausses communications à croire que ta 4on<« 
dition seroit accueillie par les puissances alli^f 
et motivant ieureoudescefMkdC^ sûr lesaifecé(iii|l 



donner l'armée ; pendant cinq beures , et tout n'étoit pas 
encore désespéré, il se tînt loin dé la mêlée,* comme 
Achille sur ses vaisseaux. X^es g é n - érau x -se -s uc cé d eient 
auprès de lui, sollicitoient sa présence, en lui rendant 
compte des progrès de l'ennemi; on Pdit dit frappé de la 
tête de Méduse; il ne donnoit ai^c^n signe de douleur ou 
de méditation profonde; mais, atteint d'une sorte de stu-» 
pidité, il paroissoit étranger, à l'action (j[ui décidoit de son 
sort et dé celui de la France. 

On le presse enfin de quitter ce poste de désli^ohneur et 
de danger; et , s'étant arrêté sous le hangar d'une grange, 
il voit passer un de ses lieutepans-généraux (i). U l'ap- 
pejle : « Oii en est Tafifaire, demande-t-iL — Tout est 
perdu , lui répond ce brave général , accablé de douleur. 
— Voilà pourtant, réplique Napoléon , comment onjouc 
les empires. ». 

Si déjà cet homme n'eût pas été jugé , il le seroit par 
cette seule réflexion. 

(i) Le géouéral Nègre, . . 



IIWVIERIAL. Sig 

|)alernelles , sur les inlërêls politiques qui pro- 
tègent le fils de Marîe-Louise , les chambres 
tBlles-mênies accueillent ôelt^ abdication condi- 
tionnelle et proclament Napoléon second , em- 
pereur^ des Français : erreur de sentiment que 
le public éclairé ne partagea pas. Déjà tes princes, 
sans exception , ont reconnu Louis xyiii à 
Gand , comme ils l'avoient reconnu au congrès 
de Vienne dans la personne de son plénipo* 
tenliaire. Cependant les débris ide notre armée 
se rallient à Laon ; et c'est là qu'au milieu de 
traditions diverses ou contradictoires y on assigne 
tine sorte de terreur panique pour principale 
cause du désordre et de la déroute qui lui ont 
arraché la victoire ; c'est aussi là que l'on re- 
connoit que le nombre des morts et des pri- 
sonniers a été prodigieusement exagéré ; la perte 
du matériel ne pouvoit pas Têtre. 

Danft cet état de tronsternation générale y les 
chambres composent un gouvernement provi- 
soire. Je m'interdis tout jugement sur ses opéra* 
tîons ; sa conduite politique est écrite dans ses 
registres. Mais les opinions sur les mesures qu'il 
a prises, sur l'influence de chacun de ses mefnbres 
dans l'adoption deces mesures, sont très-diverses. 
C'est un grand procès, suspendu par un procès 
plus présent , plus universel , mais qui bientôt 
sortira du milieu de nos ruines , et sera porté 



520 GOUVIKNIMENT 

au tribunal de l'opinion publique. Cette cause ]| 
ainsi que bien d'autres , attend y pour être équi* 
tablement jugée y l'oubli du passé et le calme 
des passions. 

Les armées victorieuses poursuivent leur 
marche et leurs, succès. Elles paroissent régarder 
comme le plus important l'occupation de la ca- 
pitale. Des plénipotentiaires avoient été envoyés 
par le gouvernement provisoire pour négocier 
la paix. La ebambre de$ représentans avoit sol- 
licité ^ par une ^députation , une suspension 
d'armes ; ces députés et ces plénipotentiaires 
revenoient à la suite de l'armée y et comme 
prisonniers , sans avoir été reçus par les mo- 
narques alliés. Ce procédé y indice certain des 
dispositions les plus hostiles y dissipe toutes 
Ifes préventions de générosité y de magnanime 
désintéressement , d'intervention conciliatrice 
entre la nation et son roi y que les proclama- 
tions des princes* nofis avoient fait concevoir. 
^Qu'av oient-ils annoncé? que la nation française 
éloit étrangère à leurs immenses armemeq»^' 
qu'ils avoient pour objet et pour dernier t0rrae 
le renversement de Napoléon. Qu'ont-ils promis 
à l'Europe , au monde ? la paix , la paix uni- 
verselle. Jamais promesse fut-elle plus volon- 
taire , plus unanime^ plus solennelle ? Il y avoîl 
autant de grandeur que de justice à déclarer 



IMPERIAL. Sai 

.qu'une seule victime suffiroit au plus juste res- 
sentiment , à rindignation des peuples , à la 
vengeance des rois. Les négociateurs avoieot 
été investis de pouvoirs illimités; et par cette 
illimitation , tout étoit sagement prévu. Ils pou- 
voient écarter toutes les diiiicuUés^ même celle 
qui naitroit de ^ la reconnoissauce de Napo- 
léon.*ii, comme successeur de son père. 

Je n'entreprendrai pas de décrire les combats 
partiels dont la plaine de Saint-Denis ^ Versailles 
et ses environs furent le théâtre ; il m'appartient 
moins encore de présumer quels eussent été le 
succès et les conséquences de la bataille qui étoit 
prête à s'engager dans la plaine d'Issy et de Vau- 
girard^ quand une capitulation fut négociée et 
signée par les généraux en chef des armées res- 
pectives; mais je dirai, avec la franchise d'un 
citoyen jaloux de Thonneur de sa nation, que Fes- 
prit et les termes de cette capitulation prescri- 
voient aux alliés une toute autre conduite que 
oefle qu'ils ont tenue ; qu'elle devoit être le pré- 
liminaire delà paix, l'époque de la réconciliation 
des puissances et des réparations que se dévoient 
les peuples, non un signal de désastres, de vio- 
lences, d'abus de la force, que les lois de la guerre 
et le droit de conquête interdisent aux peuples 
policés; et c'est l'armée qui, ce jour-là, fut sauvée 
par cet acte ( on peut en croire ses propres chefs), 
3. 21 



5iJ2 t> b U T E R Nï ariE N?r 

qui inédite cette insigne iniquité^ qui assume strr 
elle tout ee que la violation préméditée des trai^ 
lés y l'outragé ajouté' au malheur^lé pillage , les 
dévastations y les attentats, sur un sexe que ne 
protègent ni Tinnocence virginale ni letiti^ sacré 
de mère y présentetit d'odieux et d'abominable à 
resprit et aux mœurs ^es nations européennes. 
Félicitons les bordes sauvages deieur ignorance; 
chez oes enfans de la nature ^ les haines finissent 
avec le combat; k vengeance y satisféitè y expire 
dans leurs cœurs. El^ parce que nous: avons fail« 
de la guerre une science , de la destruction un 
ert y nous sonmies de grandes nations > et nous 
méprisons ces peuj^adeis llospilalièii^i La^ terre 
aroéricaiqe seroit encore vierge des crimes qai 
souillent Tancien contilient y si les Espagnols n'en 
eussent pas découvert le chemin. Vops^ cfaer-« 
chenez en vain y dens tes annales des premiers 
hommes du nord^ des peuples yaiocué /des: ville; 
enlevées après une longue résistance , cpai aient 
éprouvé de la part d'une soldatesque barbaft> 
tout ce qu'éprouvent dé la part d^ noê généreux 
"vam^ueurs les babitans des villes et des oampar 
^nes y depuis les Alpes jusques au Rbin, surtout 
d^ns les départenftns qui environnent Baris; 

Si l'on objecte a Fbistorien le droit de rcpré^ 
sailles, et les barbaries qui ont souiUé Fiavaaon 
de l'Espagne^ le philosophe n'est que plus' fondé 



à réprouver les résultat» de Tart et de ht science y 
d'autant plus funestes à VhutnaïÀ\é^ que les na- 
lionsvsootr plus civilisées et plus rapprochées entre 
elles par de comoittns iatéréts. 

. Boi^aparte diaparoit comme un fugitif qui 
craint de rencontrer un regard ; il passe à tra- 
vers des milliers de Français indîfférens sur* 
sa d^ijQ^ef et Tannée , modèle df obéissance , 
comme elle le fut toujours de bravoure et d^ 
fidélîté> eoiporte au-^-delà de la Loire les témoi-- 
goages touchans de notre admfiratioa et de notre 
reconnoissance. Sa marche lente et désordonnée^ 
son lugubre silence y les douleurs concentrées du 
soldat et' des che&> la consternation d'un peuple 
nombreux y image sensible du deuil de la patrie y 
telles soutien couleurs principales du tableau qui 
s'est tout*à-coup^ après la capitulation^ offert à 
notre vue. 

Le roi fît sa rentrée dans sa capitale y et ce jour 
même furent dissous le gouvernement provisoire 
et les chambres. Celle des représentans de la 
nation illustra sa fîn par cette sorte de courage 
que les seules vertus patriotiques inspirent. Sa 
dernière cession l'a placée à la hauteur où les 
premières de l'assemblée nationale constituante 
élevèrent nos premiers législateurs. Prête à cé- 
der à la force qui l'environne , elle consacre , par 
un acte solennel y les droits du peuple français y 

31. 



S24 GOUVERNEMENT IMPERIAL. 

et , dans ces droits 9 ceux de tous les peuples. 
D'une main y e4]e lui présente ce pur hommage 
de ses séntimens^ dépôt sacré qu'elle confie 
au temps et à la nation elle-même; et^ l'autre 
main tendue vers son roi , chaque représen- 
tant se dévoue à lui par l'obéissance ^ le res- 
pect et la sainteté du serment. Ainsi y tous les 
devoirs seront satisfaits et tous le% vœux seront 
accomplis. 

L'interrègne dont j'ai tracé l'esquisse à grandis 
traits^ dernière, mais long-temps douloureuse 
période de notre révolution, terminera cet ou-f 
vrage. 

Puisse le règne de Louis xviii recommencer 
sous les auspices de la paix de la France avec 
tous les peuples ; de Tunion de tpqs lés Français - 
entre eux , et de leur dévouement pour le roi et 
la patrie ! 



FIN. 



j 



^M M nM/^MMW^MnMWMnMnn^M^MV¥yt^ntM/tMi^^^»Mt^W ¥ SMV>M^/WV^/V V WVWW^^SMjy^ ^ 



< > 



TABLE 



CHRONOLOGIQUE 

Des êvénemens les plus importans de la vie 
militaire et politique, du gouvernement 
consulaire et du règne impérial de Napo^ 
léon Bonaparte y jusquà son départ pour 
Vile Sainte^Hélene. 



' 1769. 

{ i5 Août). — Il APOLÉON Bonaparte naquît 
dans l'île dé Corse le i5 août 1769. Sa famille , 
originaire dltalie, étoit noble ^ niais pauvre. 11 
eut pour parrain le célèbre Paoli , et pour pro- 
tecteur constant , le comte de Marbœuf. Ma- 
dame Bonaparte étoit jeune et belle. 

♦ 

1777. 

Le jeune Bonaparte fut admis cette année, 
1777, à l'école militaire de Brienne en Cham- 
pagne. Son caractère s'y développa d'une ma- 
nière effrayante pour quiconque savoil, dans 
l'adolescent, pressentir l'homme. Un traitle peint: 
11 n'eut pas d^amis de collège , et ne connut pas 
les jeux de l'enfance. 11 est impossible de trouyei* 
à peu près à la même époque deux âmes sem- 
blables, comme le furent, dans le pfemier âge 
de la vie, celles de Saiat-Just et de Bonaparte. 



526 TAîLB 

Encore enfant, il conçut le dessein de rendre 
la liberté a la Corse. 

Il cultiva y par raison , toutes les sciences, par 
goût rbistoire. Il vivolt seul, parce qu'il étoit 
absolu , entier dans ses opitiions , dédaigneux 
même pour ses maîtres. Tout , dans ses rapports 
avec les autres élèves , aunonçoit la passion de$ 
combats et des conquêtes. 



7H' 



\ 



Bonaparte est compris dans la pr6mt>tion des 
élèves qui passent à l'école de t^aris. A^ès des 
examens brillan3 , il est nommé lieutenant d'ar^ 
tillerie au régiment la Ferre. 

1788 et 1789. 

Bonaparte se trouvolt tout préparé pour la ré«- 

volution. Mon aiiii , M. Lab , son capitaine, 

m'a dit avoir recueilli ces paroles de son jeune 
lieutenant : ce Les révolutions sont un bon temps 
pour les militaires qui ont de l'espiit «t 4u <^ou^ 
rage ». Il se prononça ouvertement pour le parti 
qui promettoit davantage à son ambition. 

Il revint dans la Corse avec le général Paolt. 
Il y resta trois ans sous ses ordres ; il les passa à 
étudier à fond la théorie de Fart militaire. 

1 792 ( an II ). 

• 

Bonaparte se fit distinguer par les rcprésen- 
tans du peuple dans toutes les affaires qui eurent 
lieu dans la ville et le port de Toulon , livrés aux 
Anglais. 11 contribua beaucoup , par sa valeur 
et le service «de Tartiîllerie jeoofiée à ^& seins, à 



c » R a N ai o c I Q u B* Sa^^- 

la retraite des troupes ennemies et à la reprise de 
Toulon. :Cest là que /Commença cette grande 
réputation y qui s'accrut ensuite avec tant de ra- 
pidité.. 

1793 (an II). 

Elevé au grade de général de brigade a Ton-* 
Ion y il se rendit a Nice ^ où il fut arrêté comme- 
terroriste^ artilleur du premier ordre, on Tap- 

rla, dans son grade, au service de Tinfanterie. 
réctartiavainement contre cette injustice , tan- 
dis que le représentant Aubri dirigea la partie 
militaire dans le comité de salut public. 

Bonaparte n'a , dans sa jeunesse , exprimé<]ue 
des pensées grandes , fortes et élevées ; jamais au- 
cune dans le sens des affections-humaines et d'une 
inodéràtion conformé: aux moyens ordinaires. À 
la place de Cromwel , il ne fut pas mort avec le 
litre de protecteur, A la placé de César, il eût 
prévenu !a conjuration de Brutùs. Qu'il médite 
l^jourd'hûi sur ce qu'il eût dû faire lui-mênife 
^ùr éviter la borne où il a touché , après tant de 
knoissons de lauriers, après de si briUans triom^- 
^hes, après être devenu le plus puissant , et prés-- 
q.lie le seul puissant parmi les maîtres de la terre ! 

Jeuile encore, il enlendoit blâmer Turenne 
d'avoir brûlé le Palatinal. «Qu'importe, dit Bo- 
naparte, si cet incendie éloit nécessaire à sa. 
gloire » ! Celte répartie peint toute son amé, et. 
grésageoit sa vie militaire. 

1795 (an in). 

Bonaparte, le i3 vendémiaire an m, défen- 
ditia couyention sous les ordres du directeur 



528 TABLE 

Barras, qui, depuis, n'a cessé d'être sôn'pro^ 
lecteur que pour être sa constante victime. 

1794 (an iv). 

11 est nommé , âgé de vmgt-six ans , général 
en chef de Tarmée d'Italie. 

1796 (an iv)/ 

25 Février {/^ventôse). — Le général Bor 
Baparte est nommé pour remplacer le général 
Schérer dans le commandement en chef de l'ar- 
mée d'Italie. Il étoit alors âgé dé vingt-sept ans. 

21 Mars {i" germinal). — Le général Bo- 
naparte prend à Nice le commandement de 
l'armée d'Italie, qu'il trouve dans le plus grand 
dénûment. En peu de jours , elle fut pourvue 
d'babillemens et de subsistances. 

II Ai^ril (22 germinal) et jours suii^ans. 
— > Le général Bonaparte bat et met en pleine 
déroute les Autrichiens à Montenotte et à Millé- 
6imo , commandés par les généraux Dargenteau 
et Beaulieu ; là se montra avec le plus grand 
éclat la bravoure dont le maréchal Lannës isi 
depuis donné tant de preuves. * 

1 5 Ai^ril ( 2& germinal). — Combat de Déga 
et déroute de l'armée aulrichiennCi. 

17 j^i^ril (28 germinal). — Combat de la 
Céra , dont le résultat fut le morne. 

21 , 22 Ai^ril (10,11 germinal). — Le gé- 
néral Bonaparte illustre ses armes par les jour- 
nées de Vico et de Mondovi ; le résultat de ces 
batailles est l'occupation, parles troupes fran- 
çaises , des forteresses de Coni , de Torlone et de 
la Géra. 



V 



CHRONdLOClQUi:. 52^ 

6 Mai (^i'] floréal). — Le général Bonaparte 
demande au directoire des artistes pour recueillir 
les monumens des arts que les ùonquétçs mettent 
à la disposition du gouvernement français. 

7, 8 Mai (i8, iQj floréal). — Les troupes 
françaises passent le Pô, et livrent Je combat 
de Lodugno où le général Laharpe est tué. 
Bonaparte effectue ce passage sans inconvénient^ 
en donnant le change à Fennemi. 

9 Mai (2ofloréctl). — Le général Bonaparte 
accorde une amnistie au duc de Parme qui se 
soumet à livrer vingt tableaux de prix et à une 
contribution militaire en argent et easubsistances. 

10 Mai (21 floréal). — L'armée d'Italie 
gagne sur les Autrichiens la fameuse bataille du 
pont de Lodi ; daa(|i)cette affaire se distinguèrent 
avec éclat les généraux Berthier , Masséna , Dal- 
lemagne et Lannes. 

11 Mai (22 floréal). Prijse de Crémone. 

21 Mai (2 prairial). — Le général Bona- 
parte calme, par sa présence, une insurrection 
qui venoit d'éclater à Milan. Partout il encou- 
rage les sciences et les arts. 11 consolide ses 
conquêtes par la prise du château de Milan et 
celle' de Mantoue. 

i5 Juin (25 prairial). — Le général écrit au 
directoire qu'il est maître de Vérone. 

19 Juin ( i" messidor). 11 arrive à Paris plu- 
sieurs tableS^ux précieux , parmi lesquels est ùti 
saint Jérôme et la sainte Cécile de Raphaël. 

29 Juin (11 messidor). — Capitulation du 
château de Milan. 

29 Juillet (x I thermidor). — Le général en 
chef de l'armée d'Italie réunit rapidement ses 
forces^ et marche contre de fortes colonnes au- 



S3à TABLE 

trichîennes , qui se portent sur Solo , Breseià. 
etCassano; et, par différentes manœuvres , iL 
les bat et gagne la bataille de Lonado. Le même 
jour f h \^ tête de douze cents hoa^mes y il fait 
mettre bas les armes à une colonne forte de 
quatre miUe hommes , commandée par 3e gé- 
néral Wurmser. Le même jopr , il gagne sur 
le même général la bataille de Castigiiooe. Ce.t(e 
suite rapide d^afi&ires est nommée , par les 
hommes du métier^ le campagne, de cinq jours, v. 
Le 7 août , plusieurs divisions de 1 armée d'Italie 
passent une seconde fois le Mincio. 

4. Septembre {\& fructidor). -—Bataille de- 
Rovérédo , oii le ^néral Bonaparte a sous sts^ 
ordres lés généraux Masséna. et Augereau. C'est 
une des plus glorieuses de l^^mpagne. 

8 Septembre {^':ï fructidor), —Dans ce jour,, 
après les combats de Primolun et de Conrédo,. 
le général en. chef forcé les gorges de la Bre«\ta,. 
culbute Tennemi et Je met ien pleine déroute^ 
avec une perte de quatre mille prisonnfeirs. 

1 4, 1 5 Septembre ( 28, 2g/ructidor ) . -— Sortie 
infructueuse de la garnison de Màntoue ; elle 
perd trois mille hommes et vingt pièces de 
canon. 

1796 (an v). 

5 Novembre ( i5 brumaire). — Le duc de 
Parme signe un traité de paix par iel}uel il s'eor- 
gage à accorder un libre passage aux troupes 
françaises par ses états. 

i5 Novembre (26 brumaire). — Bataille 
â'Arcole ; elle dure trois jours. Le générs^ ea 
chef Bonaparte est puissamment secondë^ dans 
cette affaire par Içs généraux M^sséça^ A.u§!^ 



CHRONOLOGIQUE. 53 1 

reaa et Lannes. Elle décide du sort de Tltalie. 

27 Décembre ( j nii^yse). — Le général 

Bonaparte s'empare du cbàteati de Bergame^ 

contre les Veaitieas qui contrarient ses opérations. 

1797 (an v). 

:i4 J<m9ier {aSnwose)* — Bataille de Rivoli. 
Les Autrichiens sont mis en pleine déroute; lé 
général Ajvinzy se sauve avec peine. 

i5., a6 Janvier (26, 27 nivôse). — Le gé- 
néral Bonaparte gagne les batailles de Saint-^ 
Georges et de Lafavorite sur les Autrichiens ^ 
qui vouloient s'introduire dans Mantoue;sept 
mille hommes mettent bas les artnes , et les dé- 
pouilles en tout genre sont immenses. 

26 Janvier {'j pluviôse ). — Le gouvernement 
donne ^ à titre de récompense , aux généraux Bo- 
naparte et Augereau j les drapeaux pris par ces 
généraux à la bataille d' Arcole y sur les bataillon^ 
ennemis. 

la Février ( 24 pluviôse). — Le pape Pie vi 
demande la paix au général Bonaparte. 

19 Février (^i"^ ventôse). Ce traité est conclu 
à Tolentino. Le pape renonce à ses prétentions 
sur le comtat Vénessain , et cède à perplétuité à 
la république française Bologne, Ferrare et la 
Romagne, rétablit Técole française à Rome> 
et paie treize millions en argent ou eu efiets 
précieux. 

36 Pévrier (8 ventôse). — Le général en 
chef envoie au corps législatif les trophées de 
Mantoue. - 

16 Mars (a6 ventôse)- — Il gagne la ba- 
taille 4a TagUamento contre le prince C!harles. 



533 TA»L» 

Le territoire vénitien et la libre entrée dans le 
Tj^rol sont le fruit de cette victoire. 

3 1 Mars ( 1 1 germinal). — Après de oom-r 
breux et brillans succès , le général Bonaparte 
invite le prince , Charles à s'unir à lui pour arrêter 
le fléau de la guerre» 

5 Ai^ril ( i6 germinal). — Traité d'alliance 
offensive et défensive entre la république fràn* 
çaise et le roi de Sardaigne. 

7 u4ç^ril(iS germinal). — Suspension d'armes, 
de ce jour jusqu'au treize, conclue entre legé- 
xiéral Bonaparte et le prince Charles. Alors l'ar- 
mée française n'était qu'à trente lieues deVienne. 

A cette même époque , des scènes sanglantes 
s'exécutent dans les Etals Vénitiens. Le général 
Bonaparte , dont l'absence encourageoit cette 
fanatique insurrection , ne donne que vingt- 
quatre heures au doge pour la paix ou la guerre. 
Le sénat de Venise désavoue tout , et les Fran- 
çais continuent d être poignardés. 

i3 j^vril (24 germinal) ^ Jour où expire 
l'armistice , le général Bonaparte enveloppe lar- 
mée du prince Charles. 

1 8 Jli^ril ( :î9 germinal )• Le général en chef 
Bonaparte, au nom de la république française, 
et les généraux Bellegarde et Nubbewed, a» 
nom de l'empereur , signent à Léoben les préli^ 
minaires de la paix. 

24 Avril (SJloréal). — Véronne se rend au 
général Bonaparte, qui pardonne la révolte san- 
glante dont lés habitans s'etoient* rendus cou- 
pables. 

3 Mai (i^ floréal). — hé général Bona- 
parte expose dans un manifeste la conduite do 
gouverftement vénitien^ et lui déclare la guerre* 



CHRONOLOGIQUE. 333 

Il Mai (22 floréal). — L'armée française 
étant campée sous les murs de Venise , la no- 
blesse prend la fuite, le doge abdique, et la 
démocratie y est rétablie , comme elle existoit 
avant la révolution de 1:296. Cet exefbple gagné 
toute ritàlie ; à Gênes , le gouvernemant démo- 
cratique commence sous le nom de république 
ligurienne. Celte révolution est opérée par Phi- 
lippe Doria. 

3 Juin ( 5 prairial). — Le général en chef 
Bonaparte envoie au directoire, par le général 
Serrurier, vingt -deux drapeaux pris dans les. 
dernières^affaires , en Italie , notamment sur les 
Vénitiens. 

6 Juin (18 prairial). — Convention de Mon- 
tebello entre le général Bonaparte et les députés 
de Gènes. 

9 Juillet (^21 messidor). — I.a république 
cisalpine est instituée sous l'influence du général 
Bonaparte. 

20 Juillet (6 thermidor). -*- Il réunit la Ro- 
magne à la république cisalpine. 

9 jioût (22 thermidor). — Le général en 
chef charge le général Bernadolte de présenter 
au directoire un grand nombre de drapeaux. 
Dans sa lettre , il l'annonce comme un excellent 
général, qui, ayant fait sa première réputation 
sur les rives du Rhin , est un des premiers offi- 
ciers de l'atmée d'Italie , et des plus nécessaires 
a «a gloire. 

1797 (an vi). 

17 Octobre (16 vendémiaire). — Traité de 
Campo-Formio. L'empereur d'Allemagne re^ 
aonce à tous ses droits sur les Pays-Bas autri- 



TABLE 



chiens en faveur de Id république^ et sur les pays 
qui font partie de la république cisalpine > dont il 
reconnoit Tindépendance. La république fran- 
çaise y de son côté y consent à ce que l'eaipereur 
possède ri|^rie, la Dalmatie, Venise > etc. etc. 
26 Octobre (^5 brumaire). — Par arrêté da 
directoire , une armée d'Angleterre est formée 
sur Jes côtes de l'Océan. Le commandement en 
est donné au général Bonaparte^ et provisoire* 
ment au général Desaix. 

8 Novembre ( ib brumaire)* — Le pape re- 
connoit la république cisalpine; et le général 
Bonaparte 9* satisfait sur ce point, pari de Milan 
le i5 du même mois , et va présider au congrès 
de Rastadt la légation française. 

i^"^ Décembre (11 frimaire). -^ Coovea- 
tion militaire y signée à Rastadt entre le général 
Bonaparte et le* comte de CobeotZieU Les éva- 
cuations respectives que doivent f«âre les deax 
armées sont arrêtées par cet acte. . 

5 Décembre ( »5 frimaire )% -— Le général 
Bonaparte arrive à Paris. La reconnoissanceet 
l'admiration éclatent partout -où se montre le 
vainqueur de Tlialie. * 

9 JDécembre ( 1 g frimaire ). — Il est de nou- 
veau appelé au commandement de Farmee d'An- 
gleterre après avoir rempli sa mission diploma- 
tique à Rastadt. 

10 Décembre (20 frinia ire). -^ Le général 
Bonaparte présente an dfrectoire le traité de 
Campo-Formio; cette présentation solennelle 
donne lieu à une fête brillante dont le gouver^ 
nemeût fait les frais. 

25 Décembre (5 nhose). — 11 est nommé 
membre de l'institut national. 



<:ïfRONOLOGIQUE. 535 

l^h remarque dans sa lettre de remerclment 
H^es psirolés y qui devroieot être écrites dans le 
H^œur de tous les rois : ce Les vraies conquêtes , 
les seules qui ne donnent aucun regret y sont 
celles qû'ôn^fait sur Fignorance. » Combien il a 
démeiiti eetie beUe maxime y et cpû de regrets 
tlevroient èttipoisonner son existence ! 

1798(^11 vu). 

5 M^rs ( i5 ventôse). — La députation fran- 
cise à Rastadt informe le directoire que celle 
de l'empereur a reconnu toute la rive gauche 
du Rhin pour limite de la république française. 
Le roi de; Prusse accède à cette convention. 

2 Avril ( i3 germinal). — Le directoire ar- 
rête que le général Bonaparte se; rendra à Brest, 
en loi^te diligence, pçur y prendre le coipman^ 
dénient de l'armée d'Angleterre. 

24 Avril (^5 floréal). — Qn reçoit en France, 
comme un ifiopumeut précieux des victoires du 
général Bonaparte, les quatre chevaux antiq^ues 
qi;ii décoroîeat, à. Venise, l'église de Saint-Marc. 

Les têtes en sont admirables : on cite les sta- 
tuaires Polychte ou Myron comme auteurs de 
<^es ouvrages. Ils çompteroient , dans ce cas, 
deux mille deux cent soixante ans au moins d an-: 
cietxnelé. De CoriiUhe , ils furent transportas à 
ÇonstaQÛnople sous Tbéodose ii; et de Cons- 
taaiinople à Venise en 1 204. Ils étoient échus en 
partage. apxYé/litiens, après la prise de Cons- 
tantinople par les croisés. 

4 -^^^ ( ^ 5 floréal ). — Le général Bonaparte 
se rend à Toulon. Une escaqre de treize vais- 
seaux et quatre cents bàtimens , portant quarante 



556 TABLK 

mille hommes ^ appareillent le 19 sous les ordres 
de ce général et de. l'amiral Brueys. Un grand 
nombre de savans et d'artistes en tout genre font 
partie de cette expédition. 

9 Juin (21 prairial). — La flotte de Toulon 
se montre devant Malte. Le i:a , le grand-maitre 
et les chevaliers capitulent, et ce rocher impre- 
nable est. enlevé par iin coup de main ; mais cette 
conquête causa un emploi de temps nuisible au 
but ultérieur de l'expédition. 

' 3o Juin (13 messidor). — Elle arrive à la 
vue d'Alexandrie le i®' juillet. Les troupes 
débarquent ^ attaquent la ville et s'en emparent 
le 5. 

10 Juillet (19 messidor). — Elles battent les 
mamelouks à Rahmanié. 

i5 Juillet (22 messidor). — La cavalerie des 
beys et la flottille des mamelouks sont détruites à 
Chebresse. 

19 Juillet ( !«' thermidor). — L'armée fran- 
çaise arrive à la pointe du Delta. Mourad-Bey 
est retranché à la hauteur du Caire avec six mille 
mamelouks, un grand nombre d'Arabes et de 
paysans. Elle a en vue les fameuses pyramides , 
le Nil, le Caire , les champs de l'ancienne Mend- 
phis. Dans ce cadre est placé et se déploie en 
bataillç la brillante troupe de Mourad-Bey. 

21 Juillet ( 3 thermidor). — Le général Bo- 
naparte livre la bataille des py ranimes; l'attaque 
des mamelouks, impétueuse et terrible, ne sou- 
tient pas le choc de l'infanterie française. Us se 
retirent en désordre avec une grande perte de 
canons et de chameaux. 

23 Juillet {5 thermidor). L'armée entre au 
Caire. 



CHRONOLOGIQUE. 357 

a Août ( i5 thermidor ). — Combat naval 
d' Aboukir ; notre escadre de treize vaisseaux est 
détruite par une escadre anglaise de quatorze 
vaisseaux, commandée par Tamiral Nelson. L'a- 
miral Bruejs y fut tué« Le général en chef lui 
avoit écrit d'entrer dans le port d'Alexandrie où 
la flotte eut été en sûreté. 

m Octobre ( ^o vendémiaire). — Une violente 
insurrection éclate dans la ville du Caire; les sa- 
ges dispositions et l'énergie du général en chef 
rétablissent Tordre et le calme : elle a pour pré- 
texte la religion , et pour motif réel le refus de 
payer des contributions. 

■ 

1799 (an vu). 

4 jFVmer ( i6 plui^iose). — Le général Bona- 
parte se porte sur la Syrie; le lo il défait les 
Beysau coml^t d'EI-Anch. Le 25 il s'empare de 
Gaza , le :i8 il prend Jaffa d assaut y la garnison 
est passée au fil die Tépée. 

i6 Avril ( 37 germinal ). — Il gagne la bataille 
4u Mont-Thabor sur les Mameloucks. 

20 Mai ( i®*^ prairial), -r- L'armée française 
lève le siège de Saint-Jean d'Acre , après soixante- 
un jours de tranchée ouverte. Ici^ nos affaires 
d'Orient commencent à changer de face. 

i5 Juillet (27 messidor).-^ De nombreuses 
forces ottomanes débarquent à Aboukir. Le gé- 
néral Bonaparte s'avance à grandes journées pour 
les combattre ; le aS , les Turcs sont complète- 
ment battus, ils perdent tout le matériel de leur 
armée ; le pacha de Nalolîe est fait prisonnier 
avec tous ses officiers. La gloire de cette journée 
est principalement due au général Murât. 

3. 22 



338 TABLK 

24 Août (7 fructidor). Retour du général 
Bonaparte eu Europe et eu France; il a laissé le 
commandement de l'armée au général Kléber. 

i«*^ Octobre (g vendémiaire). — Il débarque 
à A jaccio où il demeure sept jours ; le 9 à Pré- 
vus : il est accompagné des généraux Berthier, 
Murât y Lannes, Âpdréossy et Marmont , et des 
savans Mouge et Bertbolet» Il arrive le 16 à 
Paris, à six heures du matin. 

9 Novembre (18 brumaire). — Journée du 
18 brumaire ; les deux conseils se réunissent à 
Saint-Cloud; le conseil des cinq-cents jure de 
maintenir la constitution de l'an m : Bonaparte 
parolt dans l'assemblée > il y court de grands 
dangers ; il sort : la salle est évacuée par la force 
armée. Ceux qui restent des deux conseils se ral- 
lieiit sous la présidence de Luciqp Bonaparte. 
Cette assemblée supprime le directoire déjà dis* 
sous, nomme une commission consulaire et 
s'ajourne au i'^^ janvier 1800. Bonaparte gé- 
néral , Sy es et Roger - Ducos , ex - directeurs , 
composent la commission et le gouvernement 
provisoire. " 

. 22 Noi^embre ( \^^ frimaire ). — Le gouver- 
nement provisoire rappelle M. Talleyrand-Péri- 
gord au ministère des relations extérieures. 

i5 Décembre ( 20l frimaire). — La constitu- 
tion de l'an viii est proposée à l'acceptation du 
peuple : pour en connoitre les dispositions, voyez 
le chapitre n. 

24 Décembre ( 3 nii^ose ). — Elle est misé en 
activité. Organisation du sénat-conservateur ; ou 
lisoit, dans là liste des sénateurs, des noms chers 



CHRONOLOGIQUE. SSg 

wa% sciences et aux arts , et Ton conçut des es- 
pérances qui ne se sont pas réalisées. Loi portant 
que le sénat et les consuls entreront en fonctions 
le 25 (4 nivôse), et que les conseils seront dis- 
sous de fait, après la nomination du tribunat et 
du corps législatif. 

nS Décembre {^nivôse). — Loi qui règle le 
mode et la nature des récompenses à accorder 
aux militaires qui se sont distingués ou se dis- 
tingueront par des actions d'éclat. 

26 Décembre ( 5 nivôse) > — Le premierconsùl 
fait copnaltreau roi d'Angleterre, sa nomination 
à la première magistrature de la république, et 
le vœu de la France pour la paix. La réponse 
est évasive. 

27 Décembre {& nivôse). — Guy ton Morveau, 
administrateur des monnoies. On remarque que 
Newton avoit occupé la même place en Angle- 
terre. , 

ag Décembre (8 nivôse). — Les consuls in- 
vitent^ par une proclamation, les habitans de 
l'Ouest à rentrer dans leurs foyers. De nombreux 
citoyens sont ramenés à leurs travaux agricoles. 

1800 (an vin). 

!«' Janvier ( n nivôse ). ~ Première séance 
du tribunat et du corps législatif., 

5 Janvier ( i5 nivôse). -^ Création d'un pre- 
mier inspecteur général du génie. 

:25 Janvier {'^^ pluviôse). — Etablissement de 
la banque de France. 

12 Février (^S pluviôse): — Soumission des 
chouans du département du Morbihan. 

1 9 Février (3o pluviôse). — IjC gouvernement 
consulaire s'installe dans le palais des Tuileries. 

32. 



8 Mars (17 ventôse): — Le consul arrête 

3u'il sera formé , à Dijon y une armée de réserve 
e soixante mille conscrits. 

1 3 Mars ( 2:^ ventôse)^ -— L'évéque d'Imola^ 
cardinal Chiaramonte ^ est élu pape à Venise» 
Ou a dit qu'il avoit préludé au souverain ponti-< 
fjcal par une profession de foi républicaine y et 
qu'en conséquence , un ordre du jour du général 
Bonaparte avoit dispensé le Saint-Esprit de desi^ 
cendre et de souffler dans Toreille des membres 
du conclave. 

2 Ai^ril ( 12 germinal). — Le premier consul 
nomme le général Carnol pour remplacer, aa 
npiinistère de La guerre , le général Berlhier y ap-r 
pelé au commandement en chef de larmée de 
réserve.* 

6 Mai (16 fioréal). — Le premier consul 
part de Paris pour commander en personne Far- 
mée dltalie. 

i5 Mai {2S floréal). — Il nomme premier 
grenadier des armées de la république le brave 
Lalour d'Au vergue, qui se refuse à tout avan-- 
cément. 

i 7 Mai ( 27 floréal ). — A près avoir battu 
l'ennemi à Chàtillon , le consul et Tarmée se 
iruuveul au pied des grandes Alpes. Le pas- 
sage du mont Saîai-Bernard est franchi en quatre 
jours; le.2i ^ l'armée , les bagages , rartiilerie y 
tout est passé ; le 22 les Français entrent de vive 
foixre dans Suze et daps le château dt; laBrunette ; 
le 24 ils se rendent maîtres de ia ville et de la 
citadelle d'Ivrée. Les 25, uGy 27 sont marqués 
par de grands avantages qu'obtiennent les géné- 
raux liAnnes , Mural , etc. 
29 Mai {ij prairial). — Le général Mêlas 



CHRONOLOGIQUE. 34' 

^feort de Nice en désordre ; rarmée passe le 
Tessin. 

^ Juin {\Z prairial). — Le consul entre 
^ns Milan et rétablit la république Cisalpine. 

3 Juin ( i4 prairial ). — Prise de Pavie par 
le général Lannes. On recueille dans cette ville 
une immense quantité d'armes et de munitions. 

5 Juin ( i6 prairial ). — Le général Masséna, 
après la plus belle défense , et manquant de 
vivres ^ est forcé de capituler. La garnison sort 
de Gènes et retourne en France. 

6 Juin ( ij prairial \ — Le général Lannes 
passe le Pô^ et, maigre tous les efforts de Ten- 
nemi, occupe la position de Slradella. Le 7, le 
général Murât passe ce fleuve à Nocetta ; et le 8 ^ 
il cerne 9 devant le château de Plaisance, et fait 
prisonnier un corps ennemi. 

9 Juin ( 20 prairial ). — L'armée de réserve 

agne k bataille de Montebello. Les partisans de 

a maison d'Autriche , en Italie , sont consternéa. 

14 Juin (25 prairial). — Célèbre bataille 
de Marengo, gagnée par l'armée de réserve 
coramandéepar le consul. Elle coûte , jslu% Aur- 
trichiens, quinze mille hommes, quarante pièces 
de canon , quinze drapeaux ; à la France le géné- 
ral Desaix* Cette journée décide du sort de.rita- 
lie. Chose remarquable : le même jour, a la 
même heure ^ Tarmée d'Egypte perdoit son gé«- 
néral.(Kléber) par un assassinat. 

16 Juin (27 prairial), v^ Capitulation. dm 
château de Pbisance. Armiitice en vertu du- 
quel lès principales places de l'Italie sontlUvrééft 
aux Français. ^i^ 

18 Juin ( 2gpràiriàl ). — Le consul forme à 
Milan une consulta chargée (le réorifanisér la 



g 



répaMinue Cisalpine. (Cctf ainâ qsll dispose 
de loin la consulta qui le nuimiiera à Lyoa itû 

d'Italie). 

a5 Juin ( 4 messidor). -^ H r&Jblii roaiyep- 
sîtédePavie. 

a6 Juin (7 messidor). — Rëonion de Far-* 
mée de réserve à l'armée dllalie. TranslatioB 
du corps de Desaix aa couvent da mont Saiot*- 
Bernard. 

39 Juin (10 messidor). -— Le consnl pose à 
Lyon la première pierre de la place Belle- 
cour« 

5 Juillet ( 14 messidor). — Son retour à 
Paris* 1^ aa 9 on y annonce officiellement la 
cessation des hostilités en Allemagne comme en 
Italie. Le a8^ les préliminaires de la paix sont 
signés à Paris entre la France et l'Autricbe. Cette 
dernière puissance refuse de les ratifier. 

a5 jâoùt (j fructidor). — Le consul orgar 
nise It conseilla état y el nomme les conseillers. 
( Cet établissement présage la suppression du tri- 
bunat ). 

5 Septembre ( iSJhtctidor). — Conventioa 
d'amitié et de commerce entre la république des 
Etats-Unis et la république française. . > 

ao Septembre ( 5« foior complémentaire ). 
«— Nouvel armistice entre TAutriche et la France: 
on indique Lunéville pour le lieu du congrès. 
Le général Clarke est commandant extraordir 
Haire de cette jJace. 

Même Jour. — Inauguration du prytanée de 
Saint^yr; translation solennelle des cendres de 
Turenne au temple de Mars ( leglise des Inva- 
lides) : on y voitl'épée du gfand bomme et le 
boulet qui l'a frappé. 



CHRONOLO&IQUE. 545 

r8oo (an ix). 

6 Octobre ( i4 vendémiaire ). — Les Fran- 
çais entrent dans la Toscane et en prennent pos^- 
session. 

8 Octobre (i6 vendémiaire). — Le consul 
nomme le général Berthier, ministre de la 
guerre. 

10 Octobre ( i8 vendémiaire ). — La police 
fait arrêter, dans les couloirs de la salle de 
l'Opéra y quelques hommes soupçonnés de vou-* 
loir attenter à la vie du consul. 

11 Octobre {ig vendémiaire). — Joseph 
Bonaparte est nommé plénipotentiaire pour traî-^ 
t^r de la paix au congrès de Lunéviile. 

i6 Octobre ( 27 vendémiaire). — L'expédi- 
tion commandée par le capitaine Baudia part du 
Havre. 

nj Octobre (5 brumaire). — Les armées 

d'Allemagne et d'Italie se préparent à la reprise 

des hostilités, le comte de Cobenlzal ayant dé^* 

claré qu'il ne pouvoit traiter de la paix qu'en 

'présence des plénipotentiaires anglais. 

6 Décembre ( 12 frimaire). — Le général 
Moreau gagne , sur les Autrichiens , la glorieuse 
bataille de Hohenlinden. Cette journée est dé- 
cisive. 

9 Décembre (iS frimaire). — Le général 
Lecourbe passe Tlnn en présence de Tennemi; 
l'armée du Rhin , sous ses ordres , pousse ses 
avantages jusqu'à Salzbourg , où elle entre le i5. 

18 Décembre {^j frimaire). — Bataille de 
Nuremberg et combat de Walsbruck. Plusieurs 
places en Autrichci sont enlevées par les Fran- 
çais ; Tennemi est toujours en pleine retraite ; 



844 TABLK 

depuis la reprise des hostilités ^ il a perda cent 
vingt pièces de canon. 

24 Décembre (3 ni^ose). — Explosion d'une 
machine infernale dirigée contre la personne du 
premier consul , qui se rendoit à TOpéra par la 
rue Saint-Nlcaise. Il dut son salut à Tadrei^se de 
son cocher y oui tourna la charrette sur laquelle 
étoit la machine , au lieu de faire débarrasser le 
passage : c'est sur cela que comptoîent les cons- 
pirateurs , qui causèrent beaucoup de donaaiages 
sans remplir leur intention. 

3i Décembre (10 nif^se)* Le colite de 
Cobeotzel ayant déclaré qu'il étoit autorisé à 
traiter sans le concours des Anglais y l'ouverture 
du congrès de Luné ville, a lieu le i^' janvier. 

1801 (an IX )• 

i«f Janvier (11 tiwose). —Découverte d'une 
nouvelle planète , par l'astronome Piazzi , placée 
entre Mars et Jupiter; ellefait sa révolution eu 
quatre ans sept mois douze jours. 

1 1 Janvier (21 nivôse )• -^ Création de tri^ 
bunaux criminels spéciaux ; le gouvei^nemènt 
en établira selon qu^il le jugera convenable. Dé-, 
bats à cette occasion y qui font résoudre la sup- 
pression du tribunàt. 

1 7 Janvier { 27 nivôse ). — Rétablissement de 
la compagnie d'Afrique. Le général Turean est 
chargé par le consul de confectionner la belle 
route d'Italie par le Simplon. 

g Février {20 pluviôse). -^ he traité de paix 
est conclu à Lunéville; "voyez le chap. ly. Cet 
acte est présenté au consul par le général Belr 
lavène. .-. 



CHRONOLOGIQUE. 545 

4 Mars ( i5 ventôse). — Arrêté des consuls 
qui ordonne qu'il sera fait chaque année , du 17 
au 22 seplempre 9^ une exposition des produits 
de l'industrie française. 

9 Mars ( 1% ventôse). — Réunion à la répu- 
blique du territoire entre Rhin et Meuse , entre 
Rhin et Moselle ; il forme quatre départeniens. 

19 Mars (28 ventôse)^ — Le gouvernement 
est autorisé par une loi à établir des' bourses de 
commerce. -^ Le même jour y par un traité 
entre la république et le roi d'^pagne , le duché 
de Parme est cédé à la France , et la Toscane au 
prince de Parm^ , avec le titre de roi d'Etrurie. 

25 Mars (4 germinal). — Les consuls or- 
donnent la construction de trois nouveaux ponts 
sur la Seine : un devant le jardin des Plantes^ le 
deuxième dans la cité , le troisième devant le 
Louvre. 

28 Mars (7 germinal). — Traité de paix 
conclu entré le premier consul et le roi des 
Deux-Siciles : Porto-Longone , l'île d*Elbe et 
la principauté de Piombino ^ etc. ^ sont cédés a 
la France: 

jer jUfai (11 Jloréal). — Ouverture d'un 
Opéra-BufFa à Paris ; le 9 , celle du théâtre Lour 
vois 9 sous la direction de Picard, bon comique 
comme acteur , plus célèbre comme auteur. 

8 Mai ( i^ Jloréal)* — La société de la charité 
maternelle est définitivement organisée^ 

21 Mai ( i^^ prairial). — L'institut fkrésentô 
au premier consul son projet de travail pour la 
continuation du dictionnaire de la langue fran- 
çaise. 

5 Juillet (16 messidor). — Combat naval 
d'Algestras contre des forces anglaises supé- 



546 TABLF 

rieures; le contre-amiral Linois se rend maître 
du vaisseau anglais l'AnnibaL 

i5 Juillet {2() messidor). — Concordat entre 
le premier consul et le pape Pie vu. Les évêques 
et archevêques ^ nommés par le premier consul, 
recevront du pape l'institution canonique. 

4 Août ( 16 thermidor), — L'amiral Nelsoii 
se présente devant Boulogne, à la tête de trente 
vaisseaux ; il disparoit le lendemain , aptes avoir 
essuyé un feu qui lui causa des dommages. • 

i5 Août Ç2J thermidor). — Il fait un second 
essai qui lui fut bien plus funeste. 

24 Août {& fructidor). — Traité de paix cl 
d'amitié entre les plénipotentiaires du gouver- 
nement français et ceux du i%i de Bavière. 

3o Août (12 fructidor). — Evacuation de 
l'Egypte par les troupes françaises, dont Je» 
puissances ennemies s'obligent à eflectuer l'em- 
barquement deux jours après là signature du 
traité. 

1801 (an x). 

29 Septembre ( 7 vendémiaire ). — La paix 
est signée à Madrid entre la république et le 
•Portugal. 

t^t Octobre (9 vendémiaire)^ — Prélimi- 
naires de paix , signés à Londres entre la France 
et l'Angleterre ; les plénipotentiaires des deux 
puiss^ces se rendront à Amiens pour la rédaction 
définîti<% du traité. 

8 Octobre ( 1 6 vendémiaire ) . — La paix est 
signée à Paris entre la France et la Russie; le 9, 
entre la France et la Sublime Porte. 

12 Noi^embre (21 brumaire). — Consulta 
législative de la république cisalpine ; le premiet 



CHRONOLOGIQUE. Z^J 

consul est invité à y assister : il s'y rend le 8 

!*anvier. Le a5, cédant au vœu de la consulta, 
e consul accepte le titre de président de la répu- 
blique italienne. 

1802 (an x). 

4 Mars ( i3 ventôse). — Un arrêté des con- 
suls ordonne qu'il leur soit présenté un tableau 
général des progrès et de l'état des sciences , des 
lettres et des arts ^ depuis 1789 jusqu'au 23 sep- 
tembre 1802 ^1*^ vendémiaire an x. Cet acte a 
pour objet de les encourager par toutes sortes de 
secours , et de perfectionner les méthodes em- 
ployées pour l'enseignement public. 

25 Mars (4 germinal). — Traité de paix 
conclu a Amiens entre la république française , 
la Grande-Bretagne, l'Espagne et la république 
haiave (vojrez ses dispositions y chap. ly). 

5 Avril ( 1 3 germinal ). — Le président de la 
république italienne convoque le corps législatif 
pour le 24 juin 1 804 ( an xii ). 

26 Avril {QJloréal). — Loi d'amnistie en fa- 
veur de tout prévenu d'émigration non radié, 
sous la condition du serment de fidélité au gou- 
vernement et à la constitution. 

i«^ Mai ( Il floréal). — Création des écoles 
primaires, secondaires et spéciales ou lycées, aux 
frais du trésor public. 

19 Mai ( 2g floréal). — Loi qui institue la 
légion d'honneur. Elle a pour. objet de récom- 
penser les services civils et militaires , comme 
.également utiles à l'état, . . 

21 Mai ( 1^^ prairial). -^ Nouvelle constitur 
lion de la république ligurienne. 
, i o Juin (21 prairial), -w Touasàio t-LQWïer- 



548 TABLS 

lure est envoyé en France par le général Leclerc 
qui commaude Tannée de Saint-Domingue, 

iS Juin (26 prairial). Le premier consul 
fonde un prix ^ une médaille d*or de 3^oo fr.^ 

Four encourager les savans à des expériences sur 
électricité et le galvanisme ; Tiustitut est juge 
des découvertes qui seront soumises à son exa- 
men. Société galvanique à Paris. 

aS Juin {6 messidor). — Traité de paix entre 
la république française et la Porte Ottomane ^ 
qui confirme tous les traités antérieurs. 

2 Août (14 thermidor). — Un sénatus- con- 
sulte y interprétant le voeu du peuple français , 
proclame Napoléon Bonaparte , premier consul 
à vie; le 4 un séoaius-consulte organique accorde 
aux autres consuls cette même prorogation de 
pouvoir y et la présidence du sénat dont ilsseroot 
membres. 

3 Septembre {i5 fructidor). — Le sénat 
helvétique réclame la médiation du premier 
consul. 

1 1 Septembre ( n^/ructidor). — Réunion du 
Piémont à la France. Il est divisé en six dépar- 
temens^ le P63 la Doire^ la Sesîa^ la Slura^le 
Tanaro^ Marengo. 

1802 (an XI ). 

4 Octobre ( 12 vendémiaire). — Formation 
d^une garde municipale soldée > pour le service 
de la ville de Paris. Elle consiste en deux mille 
cent cinquante - quatre hommes à pied , cent 
quatre-vingt achevai. Le même jour les diverses 
écoles d artillerie et de génie sont réunies à Metz. 

1 8 Octobre ( 26 vendémiaire ). —Un sénatus- 
consulte invite les étrangers à former ^ en France^ 



CHRONOLOGIQUE. 549 

des ëtablissemens utiles : un an de domicile su£-« 
fira poar acquérir le litre de citoyen français. 

^4 Décembre (5 nivôse). — Formation de 
chambres de commerce dans les principale villes 
de la république^ en vertu d'un arrêté des con- 
suls. 

iSoS (an xi). 

. 4 Jo.nvier ( 14 nivôse). — Sénatus- consulte 

aui crée une sénatorerie par département avec une 
olaiion de ^S^ooo fr. en domaines nationaux. ^ 

33 Janvier ( 5 pluviôse ), — Nouvelle orga- 
nisation de riuslitui de France ; il est divisé 
en quatre classes : première ^ des sciences ; 
deuxième , de la langue et de littérature ; troi- 
sième d'histoire et de littérature ancienne ; qua- 
trième , des beaux-arls. 

a8 Janvier ( 8 pluviôse ) — Organisation de 
Técole spéciale militaire ; elle est établie à Fon- 
tainebleau. 

19 Février {Zo pluviôse ). — En sa qualité de 
médiateur, )e premier consul termine les diflë- 
rens qui se sont élevés entre les cantons suisses. 
La Suisse est divisée en dix-neuf cantons dont 
chacun a sa propre constitution. 

2 5 Février [(i ventôse). — Une école spéciale 
des arts et métiers est organisée a Compiègne. 

3o yévril ( 10 floréal). — La France lait ces- 
sion de la Louisiane aux Ëlàts-Unis. 
. 1 3 Mai {25 floréal). — Ultimatum impérieux 
et contraire au traité d*Araiens, énoncé par lord 
Whilworth. Le roi d'Angleterre exige la posses- 
sion de Tile de Campadosa et celle de Malte > 
Erudaut dix ans ; en outre j Tévacuation de la 
ollande. Le 17 il ordonne un embargo sur les 



550 TA fi LÉ 

bàtimens français et bataves. Le 22^ la France 
déclare la guerre à F Angleterre. 

3o Mai (10 prairial). Organisation de Tad- 
ministration des monuoies. 
> i*" et 2 Juin (ne/ 12 prairicd). ^--Uélecio* 
rat de Hanovre est envahi par les Français. Les 
troupes hauovriennes sont repoussées et battues. 
Occupation du Hanovre en vertu d'une con- 
vention entre le général Mortier et la Régence. 

7 Juin (18 prairial ). — * La ville de Rouen^ et 
d'autres villes, à son exemple, vote la construc- 
tion , à ses fraifry d'un vaisseau de guerre. 

21 Juin {2 mfissidor). — ». Envoi , à l'institut, 
de minéraux du Pérou et du Mexique y par le 
savant voyageur Humboldt. 

2 Juillet ( i3 messidor). — - Le consul visite 
Dunkerque, Anvers, etc. Il ordonne le 28 li 
réunion du Rhin ,- de la Meuse et de l'Escaut par 
un grand canal de navigation. 

II Août (23 thermidor). — On a des détails 
irès-intérçssans sur l'expédition du capitaine Bau- 
din ; il faut les lire dans les n^» 327 et 352 da 
Moniteur.' 

19 Août (.i^y fructidor). — L'Angleterre re- 
fuse la médiation de la Russie proposée par le 
premier consul. 

i8o3 (an xii ). 

24 Septembre (i^^ vendémiaire). — Le 
Pont des Arts , remarquable par son élégante 
construction^, est ouvert au public. 
- iS Octobre (20 vendémiaire). — Grande 
alarme à ïorbay, qui se propage dans tout le 
roj^aume à l'apparition prétendue d'une flotté 
qui ne répond pas aux signaux. 



CHRONOLOOIQUE. 35l 

• »6 Noi^embre ( 24 brumaire )• Le consul visite 
le port et les flottilles à Boulogne. 

20 Décembre ( 2^ frimaire ). — Sénatus-con- 
sulte qui détermine la nouvelle organisation du 
corps législatif. ( On peut dire qu'il fut désor- 
ganisé par cet acte^ et réduit à une condition 
servile). 

1804 (an xTi). 

25 Janvier ,{^ plui^iose). — Le gouverne- 
ment anglais prena à sa solde les officiers fran- 
çais de tout grade 9 émigrés^ qui voudront servir 
contre la France. Cette proclamation^ dit-on^ ne 
fut pas sans effet. 

28 Féi^rier (8 ventôse). — Le général Piche- 

fru est arrêté à Paris ; le 9 mars , Georges Ca- 
oudal 1,'est aussi : les rapports officiels lui font 
avouer le dessein d'assassiner le premier cou6ul. 
Plusieurs autres personnes sont arrêtées comme 
complices de Georges. 

i5 Mars (22 ventôse). — Par décret des 
consuls , des écoles de droit sont instituées dans 
toutes les grandes villes de la république. 

26 Mars (5 germinal). — Loi qui organise 
la régie des droits-réunis^ et la place dans les at- 
tributions du ministre des finances. 

4 Avril ( i^ germinal). — Des savags for- 
mant une société pour la propagation de la vac^ 
cine : on y compte Delaplace, Lacépède, Four- 
croy, Corvisart , Cuvier, Delambre , etc. 
. 25 Avril ( 5Jloréal ). — On reçoit à Paris le 
dernier convoi d'objets d'art : le pape y joint 
une magnifique penduje dont le cadre repré- 
sente l'arc-de-triomphe de Septime-Sévère. 

2 Mai ( 12 floréal). — Les membres du corps 



352 TABLE 

législatif, réunis dans la salle de la questure, 
émettent le vœu que Napoléon Bonaparte soit 
déclaré empereur ; que la dignité impériale soit 
héréditaire dan^ sa famille ; que le système re- 
présentatif soit affermi sur des bases inébran- 
lables, etc. , etc. (Vaines réserves quand elles ne 
sont garanties que par les promesses d'un con- 
quérant). 

EMPIRE FRANÇAIS. 

1804. 

18 M ci ( n^ floréal). — Sénalus-consulte or- 
ganique qui défère , au premier consul , le ti(re 
aempereur , et qui établit Thérédité de U dignité 
impériale dans sa famille. Les collèges électo- 
raux , la haute cour impériale, les grandes digni- 
tés de Tempire sont établis par le même acte. 
Le même jour, l'empereur nomme les grands 
officiers de la couronne , Joseph Bonaparte, grtiad 
électeur; Louis Bonaparte, connétable; le con- 
sul Cambacérès , arehi-cbancelier de l'einpire ; le 
consul Lebrun, archî-lrésorier. 

19 Mai {2Q floréal). — L'empereur crée 
maréchaux de fempire les généraux , ses compa* 
gnons d'armes : Alexandre Berlhier , Murât, 
Moncey , Jourdan , Masséna , Augereau j Ber- 
nadotte , Soult, Brune , Lannes, Mortier, Nejr, 
Davoust, Bessières, Kellermann, Lefèvre, Pé- 
rignon , Serrurier. 

6 Juin (17 prairial)% — Procédés inventés 
par Guyton-Morveau , pour la désinfection de 
iair ; ils consistent dans des fumigations d acides 



GHRONOLOCIQUE. 555 

nrariatiques oxigénés. Ce bienfait de la chimie 
est surtout applicable aux grands hôpitaux. 

lo Juin (21 prairial ). — Le général Moreau 
est condamné à deux ans de détention ; sa peine 
est commuée en un exil perpétuel. 11 passe aux 
Etats-Unis. 

1:2 Juin (aS prairial). — Règlement sur les 
inhumations. — Le ^n juin j le trésor de Char- 
lemagne est transporté de Paderborn à Aix-la*- 
Ghapelle. 

lo Juillet (21 messidor). — Un décret im- 
périal rétablit le ministère de la police générale 
dans ses premières attributions. — Le même jour ^ 
la forme de la décoration de la légion-d'honneur 
est réglée par un décret de Tcmpereur. 

16 Juillet (27 messidor). — Organisation de 
Fécole impériale polytechnique. 

10 Juillet ( 3o messidor). — L'empereur se 
rend à Boulogne. 11 passe la journée du i""" août 
au camp d'Ambleteuse ; le 5 ^ il arrive à Calais , 
dont il visite le port et les fortifications; le 9^ 
il visite la rade de Dunkerque , et part pour Os- 
teode ; le 1 5 , après avoir visité Furnes , Nieu- 
port^ Ostende^ il retourne à Boulogne ; le 16^ 
grande fête militaire au camp de la Tour-d'ordre. 
Il reçoit le serment des troupes^ et distribue des 
étoiles d'honneur. 

25 Août {j fructidor), r— Décret impérial 
qui organise sur de nouvelles bases le corps tles 
ingénieurs des points et chaussées. 

26 , 27 Août (8 et g fructidor), — Engage- 
mens de la flottille contre des forces anglaises 
supérieures ; elles se retirent avec perte. 

5 Septembre ( 16 fructidor). — L'empereur 
arrive à Aix-la-Chapelle. 

3. 25 



S54 TJLBLB 

4 Septembre ( l'j fructidor). — Soûrding dé^ 
couvre une plaaète qur lait sa cévolaiioa ea 
quatre ans quatre mois. 

lo Septembre {%i fructidor \ — lastiUiiîoB 
d«n grand prix idëceaoairey le )Our correspoo- 
dantau 18 brumaire. (Elle est restée sans elEei)* 

1804 (au XII i). 

n Octobre (10 vendémiaire). — Vaîne ten- 
tative de l'encadre anglaise pour incendier la 
flottille de Boulogne. 

8 Octobre ( 16 vendémiaire). — Saînt-0ô- 
mingtie , sous le nom de royaume d*Hàïti^ recba- 
nolt pour roi Dessalines, homn(^6 de couléar. 

25 Nvi^embre (4 frimaire). -^ Le pape^ 
parti de Rome le 2 , arrive le 29 à Paris. 

2 Décembre (it frimaire). — L'enipcrear 
él rimpérairice Joséphine sont sacrés yà Ncitre** 
Dame par le pape Pie vu. 

5 Décembre ( i a frimaire ). — Dîstrîbutioii 
des^aigles , au 'Champ-de-Mars ; les troupes ^.ea 
les recevant , prêtetît serment à l'empereur. 

La fin de celle année est maropiée par les af- 
freux ravages que la fièvre a faits en Espagne. 
Rus de trente mille personnes et toute la pr- 
tiison île <iibraltar en ont été les victimes. 

i8o5 (a« xm). 

• • • ■ 

1^^ Janvier (11 mvos^y. ■»-; Teatatkes ^le Na- 
poléon auprès dtt roi d'Angleterre fMKir}»rocarer 
AU GdOfiide la paix générale ; Je i^^il reçoit uiM 
réponse vague «t qui «è promet aucuae détenni- 
oalîoii |>âsitive. 

29 Jans^ier ( 9 pluviôse ) . — Legoayeraemeot 



(CfiROKOtOGIQtJC» 555 

afcâ^e le plan d'une ville dans la Vendée^ sous 
le noBd de Napoleon-Villç. 

i" Février (12 plm^iosey. -^Création de la 
charge de grandrairtiral et d'archichanceiter d^ëtat 
el-de t'emptre; la première est conférée^au ma- 
réchal Mura t; la deuxième à Eugène de Beaubar- 
nais ) adopté par l'empereur > 

Du 2tir février au 9 mars (i" au 18 ventôse). 
*^ Expéditions maritimes de Famiral Mtssiessi. 

limars (2â ventôse). *«^ Solepnelle depu* 
tatioadès collèges et corps constitués de la ré«- 
publique italienne. Us portent au pied du tronc 
de Napoléon le vœu die leur iciaiionetlé pro- 
dameot roi dlialie. Le 18^ il daigne accepter 
la couronné de fer en présence du sénat de 
Fraiice. Dans cette même séance^ il cède à sa 
aœur Eli^a, eu toute propriété , le duché de 
Piombino. Cette cession fut un trait de lumière; 
mais tous les jeux étoîent .fascinés. 

2 Avril { 13 germinal), — L'empereur part 
pour f Italie^ et le pape potir Rome. 

8 Mai { ihfioréal). — Il pose sur le champ 
de bataille de Marengo la première pierre d'un 
IQOiiujQnent consacré aux bravés qui y sont morts ; 
le^8^ il &it son entrée dans Milan; le jnô, il est 
couronné roi d'Italie. 

6 Juin (jj prairial), f^ D'après le wu de 
la république ligurienne ^ elle est réunie a Tem- 
fixe français. 

1 7 Juin ( 28 prairial) -*• L'empereur fonde 
<i Milan l'ordre de la couronne de fer. Il orga-» 
nise le même jour l'université de Turin. 

25 Juin (4 messidor). -*- Réunion de la ré- 
publique de Lucques à la principauté de Piom« 
bioo. 

23. 



^3S6 TABLÏ 

17 Juillet (iîS mess^idor) et j ouf s suiPans^ 
— L'Autriche prend, dans le Tyrol , en Italie et 
dans tous ses états, Tattilude la plus hostile. 

2 Août ( 14 thermidor). — L'enipereur part 
de Pari^ , et visite les camps qui bordent les côtes. 

9^012^(21 Mer/77 /t/or). L'empereurTrairçois 
accède à la coalition. Le 16, quatre -vingt* dix 
mille Français sont rassemblés sur les Ifroatières 
de TA utriche. 

• , Si Août ( 1^ fructidor).* — Le prytanée de 
^aint-Cyr est érigé en prytanée militaire fran- 
çais; 

7 Septembre ( :iO fructidor). — L'empereur 
d'Autriche , sans déclaration de guerre , envahit 
la Bavière. 

9 Septembre {:x:àJructidor ). — Sénatus-con- 
suite qui remet en usage le calendrier grégorien 
pour le 1" janvier 1806. 

i8o5 (an xiv.) 

2 5 Septembre ( 1 •^ vendémiaire ). — ■ Séance 
solennelle au sénat. L'empereur y expose la con- 
duite hostile <le l'Autriche, et annonce - qu'il va 
commander ses armées en personne. Le sénat 
décrète une levée de quatre-vingt mille conscrits. 
Un second décret ordonne la réorganisation de 
la gacde nationale pour la défense des c6tes. 
. 24 Septembre ( 2 vendémiaire ). — L'empe- 
reur part de Paris; les maréchaux, le prince 
Murât , Bernadottè , Davoust , SouU , Ney , 
Lannes et Marmont , commandent sous ses 
ordres. 

1" Octobre {(^vendémiaire ). — Il passe le 
Rhin /et harangue larmée. 

6 Octobre ( 14 vendémiaire). — Les po»- 



OHROrroLOGiQuiîé S57 

tioos dès divers corps tendent à investir Fennemk 
dans tous les sens. (^JToyez le premier bulletin. 
de la grande armée. ) 

8. Octobre (i& vendémiaire ). — Journée de^ 
Vertingen. Le 9, ^combat de Gunsbourg ; il 
coûta, un officier de très -grande espérauce^ \^ 
colbnfil Gérard Lacuée^ 

10 Octobre (18 vendétniaire). -^ L'empe-. 
neur établit son quartier-général à Augsbourg. 

1 1 Octobre ( 19 vendémiaire), -r- Six mille 
Frahçais^ sous les ordres du. général ^Dupont^. 
culbutent vingt-cinq mille Autrichiens. Le 21 y le 
maréchal Bernadotte entre à Munich. Jusqu'à la. 
fia d'octobre , chaque jour est marqué par de 
brillans succès. . 

21 Octobre ( 29 vendémiaire). -«■ Décret im- 
périal qui. ordonne que le mois depuis le 25' 
septembre jusqu'au 22 octobre soit compté pour 
une campagne à toute l'armée. ( Ployez les- 
dix premiers bulletins de la grande armée. ) 
-^.jEe même four , combat naval à la hauteur de 
Trafalgar^ entre la flotte combinée d'Espagne 
€tt de France^. forte de trente-trois vaisseaux de> 
ligne , cinq frégates , trois corvettes, commandée* 
par les vices-amiraux Villeneuve et Gravina , et 
une flotte anglaise de vingt - sept vaisseaux de 
ligne ^ plusieures frégates et corvettes,, com-. 
mandée par l'amiral Nelson. L'une et l'autre 
flotte firent de grandes pertes. Nelsonet Gravina. 
furent tués. Villeneuve se donna la. mort à Ren- 
nes, où il apprit qu'il étoit accusé d'avoir, par 
de grandes fautes, fait perdre la bataille* 

2/^ Octobre ( 2 brumaire ). -^ L'empereur 
entre dans Munich. Le 25, on apprend que l'em- 
pereur. Alexandre s'est renda à Berlin pour.en-^ 



35S TA i; r> s 

fager le roi de Prosse à prendre pari à la coa- 
ition. 

27 et 28 Octobre ( 5 e/ 6 brumaire^ — Pto- 
aage de l'Ina sur plasienrs points. Le 3o, l'empe- 
reur éublil 800 quartier -général à Bnuman. 
GomhaideMehrenbach. Le 3o, le maréchal Ber- 
nadotte entre à Salzbourg^ le même )Oor^ Tarmée 
dltalie bat les Autricbiens. 

i*' Novembre {"lo brumaire). -^ hti rëserre 
de cavalerie entre dans Lintz. Le 2j six mille 
Autrichiens sont faits prisonniers aux portes de 
Vëronne. Le 4 9 les Bavarois , commandés par 
le £;énéral Deroiy battent com[4ètemenl cinq 
régimens autrichiens à Lpvers. Le marédial Ney 
s'empare du Tyrol qu'abandonne Tarcbiduc Jean. 

8 Novembre ( \j brumaire). Combat de Ma- 
TÎenzel ; le 9, le quartier général de l'empereur 
est à Molck ( seize lieues de Vienne). ( Molk 
était un port principal des Romains , sur le 
Dauube. ) 

\o Novembre (10 brumaire ). — Combat de 
Diçrnstein y un dés plus mémorables de cette mé- 
morable campagne. Le général Mortier se couvre 
de gloire. 

i3 Novembre ( aa brumaire)^ — L'armée 
française fait son entrée dans Vienne ; Tempe- 
reur et la cour de Vienne se retirent en Moravie. 
Le général Milhaud a pris à l*enneroi dix-neuf 
pièces de canon. Toutes les colonnes se dirigent 
sur la Moravie. 

i5 Novembre (24 brumaire). — Le général 
Clarke est nommé gouverneur de là Haute el 
Basse-Autriche ; le conseilter - d'état Daru , in- 
lendantgénéral. N^tralitéde la Hongrie. {Fo^e9 
le vingt-cinquième bulletin.) 



ÇHR0i9OEaaîQUE: Sdg 

r6 Noî^embre ( a5 bnmhaire). I)éfi»Ue des 
Russes à Junlersdorf. Le 17 , le maréchal Ney 
» empare de Clœtizen et de Baulzen , et fait un 
graod nombre de prisonniers. Le 18^ te prince 
Mural entre dans Briinn, capitale delà Moravie* 
Quartier* général de Napoléon à PorUtz. L'em- 
pereur d'Autriche se retire à Olmulz. 

ao Not^embre ( 29 brumaire). L'empereur 
•Dlreà Briinn. Le prince Moral met en déroute 
un corps russe. L'empereur François <}uilte Ol- 
mitto. 

2B Novembre ( 7 frimaire ). — Ij'empereur 
de JVossie s'établit à Viscbau y et l'armée russe 
prend position derrière cette ville. Napoléon 
charge le général Savajry d'aller complimenter 
Alexandre. £n même temps il donne l'ordre 
d'une retraite pour tromper Fennemj. Alexandre 
envoie à Napoléon le prince d'Olgoroucki qui 
traverse le camp , et qui juge , à la contenance 
die, notre armée, qu'elle serai battue.* 

1" Décembre (10 frimaire). -^ Les Russes 
^manœuvrent pour tourner l'armée française. 

2 'Décembra ( 11 frimaire). '^Célèbre ba- , 
taille d^uslerlitz ( ^o;^e«-^/î tes j:ésuliaes dans 
le trenire - troisième bulletin de la grande 
arn^ée. ) Elle mit deux empereurs à la discrétion 
de Napoléon. 

S Décembre (12 frimaire). — Le maréchal 
Augereau fait mettre bas les annes a un corps 
d'armée autrichien dans le Voramberg. Sur la 
territoire vénitien , le prince de Rohan est fait 
prisonnier avec un corps dé six cents hommes , 
par le général Saint-4^yr. 

4 Décembre \(i5 frimaire). — Entrevue des 
empereurs Napoléon et François. Capitu)alion« 



36o TABLE 

Elle est apportée à Tempereur de Russîepr le 
général Savary. 

6 Décembre ( i Sfrimaire). — Arniîslîce con- 
clu à. Austerlilz. L'empereur Alexandre prend 
la route de Pétersbourg. 

7 Décembre ( \ù frimaire). — Décret en fa- 
veur des veuves et des enfans des militaires de 
tout grade ^ morts à cette bataille. Les plénipo- 
tentiaires pour la paix se réunissent à Presbour^. 

aS Décembre (4 nii^ose). — Traité de paix 
signé à Presbourg, entre l'empereur des Fran- 
çais et celui d'Autriche. {Foyrez les clauses de 
ce traité dans le texte , chapitre viii. ) 

• 

i8o6 (an xiv). 

• 

i""^ Janvier (ii nii^ase). — Le pont d'Aus- 

terlitz est ouvert aux gens de pied. Maximilien- 

Joseph est proclamé roi de Bavière en présence 

de l'empereur Napoléon et de l'impératrice. 

i3 , i4 Janvier (aS , ^4 nivôse): — Le roi 
de Bavière donne sa fille en mariage au prince - 
Eugène ; l'empereur et Timpératrice assistent à 
cette solennité. — Le même jour ^ la conlmu- 
ntcatipn en est faite au sénat par larcbichance- 
lier qui informe en même temps le sénat, que 
sa majesté a adopté pour son fîls Je prince Eu- 
gène, et l'appelle à lui succéder comme roi 
d'Italie. ^ 

22 Janvier {2 pluviôse). — Mort du minisire 
M. Pitt , à jamais célèbre par ses haines et ses 
projets sinistres contre la France. 

26 Janvier (^& pluviôse) — Retour de l'em- 
pereur à Paris ; il reçoit les complimens des dif- 
férens corps de l'état. 

3 Février (14 pluviôse). — * Le cap de 



CHRONOLOGIQUE. S6l 

Bonne - Espérance est pris par une escadre 
anglaise. 

8 Février (19 plui^iose). — Enlrée des 
troupes françaises dans le royaume de Naples ; 
reddition de plusieurs places. Le i5^ le prince 
Joseph est reçu à Naples. — Le même jour ^ le 
roi de Prusse accepte le Hanovre , en échange 
des provinces qu'il a cédées à la France. 

20 Février (1" ventôse). — L'église de 
Sainte-Geneviève est rendue au culle ; elle con- 
serve néanmoins la deslinalion qu'elle a reçue 
de l'assemblée cpnslituanle. 

:iS Février (^^ ventôse). — Institution d'une 
chaire de belles-lettres à l'école polytechnique. 
M. Andrieux est nommé professeur. 

2 Mars (11 ventôse). — L'empereur fait 
l'ouverture du corps législatif. 

4 Mars ( 1 3 ventôse). — Adoption par l'em- 

Fereur de la princesse Stéphanie , nièce de 
impératrice ,et mariage de celte princesse avec. 
le prince héréditaire*de Bade. 

13 Mars (21 ventôse). — Dispositions pour 
le rétablissement ou l'ouverture de canaux et de 
grandes routes. 

1 3 Mars (22 ventôse). — On apprend que le 
vaisseau le Marengo et la frégate la Belle-Poule^ 
si long-temps funestes au commerce des Anglais 
dans l'Inde^ sous les ordres du contre-amiral 
Linois, ont été pris par l'escadre de l'amiral Wa- 
rens à la hauteur du cap Vert. — .Le même jour ^ 
l'empereur crée le prince Mur^t , grand-duc de 
Clèves et de Berg. "" 

26 Mars (5 germinal). — Négociations de 
paix entamées par MM. Fox et Talleyrand. 

io Mars (g germinal). — Statiit en forme 



36a TABLE 

de loi qui fixe i'élat des princes et princesses de 
la famille impériale. — Le même Jour, les états 
de Venise sont réunis au royaume d'Italie. Il y 
érige , ainsi que dans les états de Parme , de 
grands fiefs et de grands duchés ; il dispose du 
royaume de Naples et de Sicile en faveur de son 
frère Joseph , et du duché de Guastallâ en faTeur 
de la princesse Pauline et de son mari le prince 
Borghèze y de la principauté de Neufchàtel en 
faveur du maréchal Berthier. 

33 j^i^ril (2 floréal). — Loi qui proroge à 
vingt-cinq ans le privilège de quinze années, 
accordé à la banque de France. 

2 Mai {12 floréal). — Décret qui ordonne 
la construction de quinze nouvelles fontaines 
à Paris.' 

-^o Mai {20 floréal). — Loi qui institue 
l'université impériale. 

5 Juin ( i& prairial). — Une ambassade de» 
états de Hollande demande à l'empereur- le 
prince Louis-Napoléon pdur roi ; Tempereur 
adhéré au vœu des états. — Le même /our^ 
M. de Talleyrand est élevé à ta dignité de prince 
de Bénévent , et M. le maréchal Bernadotte à la 
principaâté de Ponte-Corvo. 

II Juin (22 prairial). — Organisation du 
conseil d'état ; ses attributions ( f^o^ea le bulletin 
des lois, n^ 98). 

16 Juin ( 27 prairial) — Institution à recelé 
d'Alfort d'une chaire d'économie rurale. 

2^ Juin (5 messidor). — Suppression des 
maisons de jeu dans.tout l'empire. 

4 Juillet ( 1 5 messidor). — Loi qui organise 
les haras dans tous les départemens , et nomm^ 
ies chefs de ees établissemens. . 



GHRONOLOGIQUK. 565 

17 Juillet ( 28 messidor). — Un Irailë solen- 
nel établit la confédération du Rhin. Cet acte 
change Fétat politique de l'Europe y et tend à 
une pacification plus durable. 
^ 20 Juillet ( i" thermidor). — Traité de paix 
entre la France et la Russie. L'influence de TAn- 
gleterre empêche qu'il soit ratifié par cette der- 
nière puissance. 

q6 Juillet ( 7 thermidor ). — En vertu du dé- 
cret du 5o mai, des députés de la religion juive 
se réunissent à Paris. 

5 j^oilt ( 17 thermidor). — Lord Lauderlale 
remplace^ à Paris , M. Fox. Le 6, rempereur 
d'Autriche renonce au titre d'empereur d'Alle- 
magne. 

lo jioût ( 22 thermidor). — L'ambassadeur 
de France reçoit y à Constantinople , l'accueil le 
plus distingué. La Prusse projette une copfedé- 
i^ation dans le nord pour balancer l'influence de 
celle du Rhin. 

lÉ^Joût ( 26 thermidor). — Mort deM. Fox, 
nn des plus célèbres défenseurs de laliberté bri- 
tannique. Uétoit né le I S janvier 1749* Parvenu 
an ministère, il donna tous ses soins à terminer 
Féternelle lutte qui divisé la France et l'Angle-* 
terre. 

20 Septembre ( Z'^^jour complém.) — L'em- 
pereur réclame , contre la Prusse , des princes 
fiés par la confédération du Rhin ; le contingent 
auquel chacun s'est obligé , dansl^e cas de guerre. 

25 Septembre. — L'empereur part de Sainl- 
Cloud et va se mettre à la tète des armées ; c'est la 
quatrième coalition. Le 28, il arrive à Mayence. 

5o Septembre. — L'amiral russe Siniavin re- 
tarde la remise des boocfaes du Cattaro , informé 



M 



364 TABLE 

de la rupture de la paix entre la France et Ta^ 
Prusse. 

3 Octobre. — La guerre contre la Prusse est. 
annoncée au sénat. Déjii les armées française et 
prussienne sont en présence. Le dépari de la. 
réserve y formée de conscrits^ est ordonné.. 

7 Octobre. — Pamphlet du roi de Prusse. 
( Ployez le preihier bulletin de la grande ar^ 
mée. ) Le centre de l'armée ouvre la campagne 
sous les ordres du grand-duc de Berg.^ du prince, 
de Ponte-Corvo, et du maréchal Davoqst. 

8 Octobre. — L'empereur part de Bamberg ; 
le 9,, combat de Scbleitz^ et enlèvement des. 
magasins de lennemi à Hoff; le lo^ combat de: 
Saalfeld livré par le maréchal Lannes. Le prince.- 
Ferdinand de Prusse y est tué. ( 2? bulletin.) 

1 2 Octobre. — Singulière position des armées». 
Celle de l'empereur borde la Saaie, tournant le 
dos à l'Elbe , et celle du roi.de Prusse a derrière, 
elle le Rhin. 

i3 Octobre. — Les armées sont en présence.. 
L'empereur écrit au roi de Prusse pour prévenir. 
l'effusion du sang et la perte assurée de la ba- 
taille. 

14 Octobre. — Fameuse bataille d!Iéna. L'ar- 
mée prussienne essuie une déroute complète y 
ou plutôt elle est anéantie, tant en hommes que 
sous le rapport du matériel. ( 5*^ bulletin. ) 

Belle conduite de l'empereur à l'égard des 
Saxons faits prisonniers à léna. Le 16, capitulation. 
d'Erfurt. Le général Clarke en est nommé gou- 
verneur. Le roi de Prusse demande un armîs-- 
tice, il est refusé. Le 17, combat de Halle*. 
( 11^ bulletin.) 

ï8 Octobre. — Le maréchal Dayoust prend. 



CHRONOLOGIQUE, 565 

possession de Léipsick^ L'empereur visite le 
champ de Rosbach y fait enlever et porter a Pa- 
ris la colonne élevée par Frédéric ii, pour con- 
sacrer la mémoire de son triomphe. 

21 Octobre. — Après une série de succès, 
Magdebourg est intercepté à Vennemi , et le 
quartier général est à Dessaw. Le duc de Bruns- 
v^ick met ses états sous la protection de l'em- 
pereur. 

24 Octobre. — Le maréchal Lannes entre 
dans Postdam , demeure ordinaire du roi dé 
Prusse. L'«mpereur y établit le 25 son quar- 
tier-général ; le 25, capitulation de Spandau. 
Le corps d*armée du maréchal Da vous t entre à 
Berlin; le 26, celui du maréchal Augereau. Le 
corps du maréchal Ney bloque Magdebourg ; 
celui du maréchal Soult poursuit l'ennemi sur 
Stettin. (P^oj-ez le 17® et i8« bulletin, ) Le 25 , 
l'empereur a visité le tombeau de Frédéric ii« 
Jusqu'au 27 le grand duc de Berg obtient chaque 
jour de grands avantages par les mouvemêns 
rapides de sa cavalerie. 

27 Octobre — L'empereur fait son entrée à 
Berlin. Acte mémorable de Tempereur envers 
la femme du prince d'Haztfeld y gouverneur dç 
cette capitale. 

28 Octobre. — Victoire complette sur le prince 
de Hohenlohe par le grandyduc de Berg. Le 2g, 
le roi de Prusse passe la Vistule. Sleltin capitule. 
Le 1*' novembre^ Custrin se rend au maréchal 
Davoust. 

6etj Novembre. — Bataille de Lubeck. Après 
des faits d'armes inouis , onze généraux , à la 
tète desquels sont Blucher et le prince de Bruiis- 
wick-Ocls, cinq cents dix-huit officiers , quatre 



566 TABLE 

raille chevaux , plus de vingt raille hommes > 
soixante drapeaux restent à la disposition de Fera' 
pereur. La bataille de Lubeck et la capitulation de 
Magdebourg terminent la carapagne de Prusse , 
et cependant la guerre n'est pas finie. 

10 Noç^embre. — Les troupes russe; paroissent 
àPrag. Elles entrent \e 12 k Varsovie. Suspeo'* 
sion aarines entre Terapereur et le roi de Prusse, 
Elle est sans effet. 

19 Novembre. — L'empereur reçoit à Berlin 
line dëputation du. sénat. Occupation d'Haynr 
bourg. Obligation imposée à toutes les villen 
occupées par les Français de déclarer les mar^ 
chandises et propriétés anglaises. Le 20 j capi* 
tulation d'Haraeln. Le ^5 , celle de Niembourg. 

25 Novembre. — Décret impérial qui déclare 
toutes les lies britanniques eh état de blocas. 
— Le même jour , l'empereur quitte Berlin et 
se rend à Posen. Le 26, combat de Lowien où 
le général russe Benigseu est battu, he 289 le 

Sénéral Michaud prend possession du Mecllefn- 
ourg, au nom de Tempereur. ^^i^ bulletin.) 
Le grand-duc de Berg entre à V*sovie. 

1" e^ 2 Décembre. — Proclamations des enn 
pereurs Napoléon el Alexandre à leurs soldats. 
Décret qui ordonne qu'un monument soit élevé 
aux armées , sur remplacement qu occupoit Té-- 
glise de la Madeleine. Les Turcs occupent la 
Yalachie. Capitulation de Glogàû; celte place 
est reraplie ae provisions de bouche > d'armei 
et/de munitions. 

4 Décembre. — Une levée de quatre^-viogt 
raiÛe conscrits est ordonnée par un séoatus^ 
consulte. 

1 1 Décembre. — Traité de paix et d'alliance 



\ 

CHRONOLOGIQUE. Z&f 

enlre l'empereur Napoléon et lelecleur de Saxey 
qui accède à la confédération du Rhin et prend 
le titre de roi de Saxe. Son coniîngent^ en cas 
de guerre , est de vingt nulle faoxÀnes. 

i5 Décembre. — Plusieurs pinces d'AUe- 
magoe accèdent à la confédération du Rhin. 
En Silésie, le siège de Breslaw donne lieu à 
rîoceodie des fauboui^s. Grands ouvrages établis 
iur la Vistule et la Narevir. 

1$ Décembre. — L'empereur part de Pofen , 
#1 le 19 il entre dans Varsovie. 

20 Décembre. — .11 visite les travaux de Prag^ 
Les divisions de l'armée ont passé la Vistule. Le 
25 ^ quinze mille Russes sont mis en déroute à 
Gcamovo. Le 24 9 le général KamensLoi est 
kattH à Nasielsk* 

, j6 Décembre. — - Trois grands combats sont 
uvrés et gagnés par les généraux français* (f^oye» 
le 47* bulletin). 

29 Décembre. — La légation russe quitte 
Constantinople. Le 5o , laPorte déclare la guerre 
à la Russie. 

1807. 

5 Janvier. — Capitulation de Breslavr. L'w- 
mée russe se dirige sur Grodno. 

6 Janvier. — Le roi de Prusse se retire à 
Memel; il ne lui reste' plus qu'environ trente 
mille hommes. Jusqu'au 9 février y tous les 
jours sont marqués par des avantages en tout 
genre sur Tennerai. 

9 Février. — Bataille d'Eylau gagnée par 
l'empereur Napoléon sur l'arimée russe , forte 
de quatre-vingt mille hommes : sept mille Russes 
restent sur le champ de bataille ^ quinze mille 



368 TABLE 

sont faits prisonniers , seize mille blessés sont 
portes à Kœnigsberg ; dix-huit drapeaux^ qua- 
rante-cinq pièces de canon tombent au pouvoir 
des Français , dont la perte est évaluée à environ 
huit mille hommes. 

9 Février. > — Première séance de l'institut , 
au palais des sciences et arts. 

1 6 Février. — Envoi à Paris des drapeaux pris 
à£)'lau. Les canons qui en proviennent seront 
fondus par ordre de l'empereur pour en faire 
la statue du général d'Hautpoult ^ tué dans cette 
bataille. 

5 Mars. — Le pont d'Austerlitz est ouvert au 
passage des voitures. 

6 Mars. — Décret qui met en état de siège 
les ports de Brest et d Anvers ^ le premier est 
sous les ordres du général sénateur Abôvilte, 
le second est commandé par le sénateur Férino. 

7 Ai^riL — . Sénatus-consulte qui appelle la 
conscription de i8o8. Lé 9, deux vaisseaux de 
74 , le Charlemagne et le Commerce de Lyon , 
sont lancés à la mer dans le port d'Anvers. 

25 Avril. — L'empereur établit son quartier- 
général à Finkenslein. Règlement concernant 
les théâtres de Paris; ils sont divisés en grands 
théâtres et en théâtres secondaires. — Le même 
jour, dispositions de l'empereur de Russie et du 
roi de Prusse pour secourir Dantzick. Napoléon 
connoit leur projet, et fait marcher sur Marien- 
bourg le maréchal Laanes, avec la réserve de 
l'armée. 

30 Mai. — Dantzick se rend au maréchal Le- 
fèvre , après cinquante -un jours de tranchée 
ouverte. {Pour les articles de la capitulation , 
vojez le 77' bulletin.) ' 



CHRONOLOGIQVK. S69 

1* Juin. — L'empereur visite Dantzîck. Jus- 
qu'au i4 Juin des combats sont livrés presque 
chaque jour^ dont l'avantage reste aux Français. 
( Voyez le 78* bulletin. ) 

14 Juin. — Bataille de Friedland , gagnée 
par l'empereur Napoléon sur l'armée russe qui 
perdit plus de soixante mille hommes tués ^ 
blessés et prisonniers; elle décida de la cam^ 
pagne. C'est avec raison qu'elle est mise au rang 
des batailles de Marengo , d'Austerlilz , d'Iéna. 
La déroute est complète. Pour assurer la retrait^ 
de ses débris , l'armée russe coupe to&s les ponts 
derrière elle. 

16 Juin. — La bataille de Friedland ouvre au 
maréchal Soult la porte de Kœnigsberg. 

jj Juin. — L'empereur établit son quartier- 
général à Tilsitt. 

21 Juin^. — Armistice conclu entre les deux 
empereurs. L'un et Vautre désirent la paix. 

^5 Juin. — Leur entrevue sur le Niémen ; 
Alexandre ^ Napoléon et le roi de Prusse, passent 
deux heures dans un pavillon. La moitié de la 
ville est déclarée neutre pour la facilité des com- 
munications. 

8 Juillet. — Traité de paix entre les deux em- 
pereurs. Par cet acte, le roi de Prusse recouvre 
t||utes ses provinces , excepté celles de Pologne, 
spécifiées dans le traité , qui seront possédées ea 
toute souveraineté par le roi de Saxe. {Pour con-^ 
noître toutes les clauses de ce traité , lisez le 
Moniteur , n. 206. ) 

9 Juillet. — Traité de paix conclu entre l'em- 
pereur Napoléon et le roi de Prusse', basé sur les 
clauses du précédent. Le même jour , Alexandre 
part pour ses états, et Napoléon pourKœnigsberg. 

3- ;i4 



SyO TABLE ' 

^ 1 3 Juillet. Les boshlilés recomrnanjeent entre 
la France et la Suède. 

28 Juillet. — Retour de Tenapereur à Paris. 
Le i^'aoùt il approuve Le statut constitutionnel 
du duché de Varsovie. 

6 Août. -*- Parait le premier volume des Mé- 
moires de la savante société de chimie et de 
physique. 

6 au 19 Août» — Les hostilités coutire le Da- 
Xiemark et le bombardement de Copenhague par 
la flotte anglaise. ( Lisez-^en les horribles oe- 
tails dans les rf 1 3o et iSg^fci Moniteur. ) 

19 Août. — Un sénatus- consulte détermine 
la nouvelle organisation du corps législatif, plus 
conforme aux vues despotiques de IVapoléon. 

\j^% Français s emparent de Stralsurul. 

22 Août. — Acte de mariage entre Jérôme- 
Napoléon Bonaparte et la princesse^ fille du roi 
de Wurtemberg. 

7 Septembre. '^ Capitulation de Copenhague. 
Indignation de toutes les puissances contre l'An- 
gleterre. 

20 Septembre* — On observe à Marseille une 
superbe comète. 

28 Septembre. — Décret impérial qui institue 
et organise une cour des comptes. t 

12 Octobre. — Sénatus-consulte portant qiA 
les provisions ne seront expédiées aux juges 
qu'après cinq ans d exercice.* (Le but de cette 
restriction est sensible. ) 

14 Octobre. — Exposition au musée des ob- 
jets d'art conquis par les armées. 

26 Octobre. — L'empereur de Russie rompt 
toute communication politique et commerciale 
ayec l'Angleterre^ et promet de venger le Dane* 



CHRONOI.OCIQUE. 571 

mark , s'ii.n'obtieot pas une jtiste satisfaction» 

29 Octobre. — Un décret impérial admet gra- 
tuitement dans les lycées neuf cents nouveaux 
élèves 9 61s de militaires et de fonctionnaires pu* 
blics. 

ôNoi^embre. — • ï>e comte Toktoi , ambassa- 
deur de Russie , présente ses lettres de créance 
à Tempereur, 

8 Novembre. — L'ambassadeur de Perse arrive 
à Paris. Il est porteur de magmfiques présens 
pour Tempereur. Les plus i^marquables sont 
les sabres de Tamerian et de Tfaamas * Kouly- 
Kan. 

10 Novembre. — Dispositions relatives aux 
halles , marchés et rues de Paris. 

ï6 Novembre. — L'empereur va visiter ses 
^tats dltalie. Le 21 , son entrée à Milan. 

25 Novembre. — Entrée triomphale , à Paris y 
des corps de la garde impériale. 

26 Novembre. — L'empereur arrive à Venise. 
Le même fOur y une armée arrive à Âbrantès j, 
dans le Portugal. Le 28 , le prince régent de 
Portugal s embarque pour ses états du Brésil. Le 
So , occupation de Lisbonne par les Français. 

i*^ Septembre. -^he roi de Prusse interdit 
toute communication politique ou commerciale 
4(ntre ses états et l'Angleterre. 

4 Décembre. — Arrivée de l'ambassadeur d« 
France , le général Gardanne , à la cour de 
Perse. Il est reçu avec des distinctions inusitées. 

1 7 Décembre. — L'empereur déclare déna*^ 
tionalisé tout bâtiment qui se soumettra aux dis- 
positions de l'ordonnance rendue par le roi 
d'Angleterre. ( Ployez le Moniteur , n. 25g. ) 

26 Décembre. -^ Le ministre de l'iatériear 

34. 



§7^ TABLÏ 

pose la première pierre d'aa grenier d'aboa*^ 
dance à Paris. 

1808. 

t" Janvier, — Retour de rempereur dans sa 
capitale. 

1 6 Janvier. -^ Statuts définitifs de la banque 
de France. 

27 Janvier. — Le port de Flessingue et ses 
dépendances réunis à Tempire français. 

n Février. — Sénalus - consulte qui érige en 

fraude dignité impériale le gouvernement des 
épartemens situés au-delà des Alpes. Le prince 
Borghèse , gouverneur général. 

5 Février. — Une somme de i So^ooo francs 
est portée sur le budjet du ministre «les cultes , 
pour les dépenses annuelles des hospices. 

6 Février. — Rapport à Tempereur , par la 
classe des sciences jphysiques et mathématiques ^ 
sur le progrès de ces sciences , depuis 1 789. 

19 Février. — Autre rapport de Ja classe 
d'histoire et de littérature ancienne , sur les pro- 
grès des sciences 9 des lettres et des arts^ de- 
puis 1789. 

22 Février. — Invasion de la Finlande par 
une armée russe. — Le même jour ^ la classe de 
la langue et de la littérature française est pré- 
sentée à Tempereur , en son conseil. Rapport de 
Chénier sur le progrès des lettres dans le dix- 
huitième siècle , etc. Le 5 mars 9 la quatrième 
classe de Tlnstitut est également présentée à 
l'empereur, en son conseil. (Moniteur^ n^..&j.) 

II Mars. — Sénatus-consulte surun décretim- 
périal qui institue des titres héréditaires, {frayez 



CHiRONO LaOIQUE;* SyS^ 

tes âêtailsde cet acte, qui fut jugé ultràmo^ 
narchfique ,' dans le 74' ti"^ du Moniteur. ) 

lôMârrf. -^Crealioa de juges auditeurs auprès 
des cours d'appel. 

i'j Mars. — Université impëriale-etacadémié 
dans chaque ville où siège une cour d appel . M; 
Fontane y grand-maitre de Funiversiié impériale* 

l'j et ib Mars. — Grande révolution en Es-? 
pagne. Le peuple menace les jours du prince 
de la, Paix ; le roi le dépouille de toutes ses dir- 
gnités;Le i^,le roi Charles iv abdique en faveur 
de son fils, le'prince des Asturies (Ferdinand vii). 

1-8 jé^ril. -^. L'empereur arrive à Bayoqne | 
îl s'établit au château deMàrrac. Le 20 , le prince 
des Asturies et dom Carlos , son frère , se rendent 
auprès de l'empereur. Le 28, le roi, la reine 
d'Espagne et le prince de la Paix arrivent à 
Bayonne, où l'empereur leur fait une visite. 

25 Avril. — ^ Le grand -r duc de Berg entre 
dans Madrid à la tête d'une armée française. 

Z Mai. -^ Insurrection à Madrid. La junt« 
suprême du gouvernement espagnol se réunit à 
Madrid; elle est présidée par le grand-duc de 
Berg. Le 6 , soumission du prince des Asturies . 
envers le roi son père. 

8 Mm. — Cession par lé roi >Charlés iv à son 
allié et ami Napoléon , de tous ses droits sur les 
Espagnes ; adhésion des enfans du roi à cet 
acte, qui est officiellement annoncé au conseil 
suprême deCastille et k celui de l^Inquisition. 
Le i5, la junte demande pour roi Joseph Napo- 
léon, frère de l'empereur. Les i5 et 22 , la ville 
de Madrid manifeste le même vœu. Le roi et la 
reine d'Espagne se retirent en France ; Com- 
]^ègne est désigné pour leur séjour ; les princes. 



574 T A B L R 

sont envoyés au château de Valeneai , départe-» 
meut d'Indre-et-Loire. Ainsi &e termina cette 
acène tragi-comique , la plus inconcevable par la 
hardiesse et la bassesse des acteurs. 

24^^'^ -^ Sénatns-consulte qui réunit à l'em- 
pire français les duchés de Parme et de Plaisance 
et le duché de Toscane. {Voye%len^ i56 du 
Moniteur.) 

25 Mai. -— Junte générale convoquée 9 
Bayonne pour le 1 5 juin. 

Juin. — L'empereur proclame son frère 
Joseph Napolélon roi des Espagnes'et des Indes ^ 
et lui garantit l'intégrité de ses états. I^e 7 > le 
nouveau roi reçoit les hommages des grands 
d'Espagne, des conseils^ etc. Le iS^ ouverture 
à Bayonne de la junte espagnole. . 

i S Juin. — Les coniédiens de l'impératrice ^ 
ayant M. Picard pour directeur ^ s'établissent au 
théâtre de l'Odéon. 

5 Juillet. — Décrets relatifs à Hnslitution des 
majorais. (Ce mois est rempli en grande partie 
par les travaux de la junte espagnole réunie à 
Bayonne.) 

7 Juillet. — L'acte constitutionnel est rédigé 
par la junte. Le roi prête serment a la nation^ 
représentée par le président. ( frayez le teœte de 
eet acte dans le 198* n^ du Moniteur.) 

1 5 Juillet. — Le bureau des longitudes de 
Paris publie ses observations sur la continuatioa 
de sa méridienne en Espagne ^ jusqu'aux ile& 
Baléares. 

Le même jour. — Constitution de l'Espagne 
rédigée sous, les yeux de l'empereur Napoléon* 

i5 Juillet. — Le grand-duc de Berg procla- 
mé roi de Naples et de Sicile. 



CHRONOLOrÔlQUE. SyS 

^ Juillet. -^ L ambufisadeur de Perse y As^ 
Jker^ban , est arrivé à Paris avec une suite nom-» 
breuse. 

22 Juillet, — ' L'empereur part de Marrac. 

5^ Juillet. -^ Décret qui adjoiat on très-grand 
nombre d'officiers de tout grade et de soldats 
légionnaires aux collèges de département et d'ar-» 
roodissement. 

Les journaux du mois d'août rendent princi*^ 

Faleœent compte du voyage de l'empereur et de 
impératrice dans les départemens méri dionanx; 

9 Août. — Décrets impériaux qui ordonrnent 
des établissemens publics dans tousrles départe- 
ment que l'empereur a visités^ à son retour de 
Bayonne. 

12 Août. — L'histoire de CburcfaiU Malbo* 
î'ougk, traduite de l'anglais ^. et annoncée aa 
public comme imprimée pai? Tordre de Fentpe- 
reurt (Sans trop de malveillance on put croire 
que cette attention (woit pour but d'abaisser 
ZrOuriVxiv et les grands capitaines de son règne). 

I S Août. -^ Par diantre» décrets du hkms de 
juillet l'empereur ordonne Fouverture d'une 
route de Paris à Madrid , et de grands travaux 
publics dans plusieurs départemens. 

1 5 Août. — Retour de l'empereur à St-Glocrd. 

21 Août. — L'em|>ereu* reçoit M. fe comte 
Tolstoi y ambassadeur de Russie. Exposition aux 
huileries des présens envoyés par l'empereur 
Alexandre à l'empereur Napoléon. 

27 Août. — Jugement de plusieurs sa vatiôsar 
le poème de J. DeKUe : Les trois règnes de la 
nature, (f^oyez le Moniteur, n^ 240 ei sui^ 
irons.) 

i" Septembre. — Décrets par lesquels l'en*- 



576 TABLE 

perenr ordonne âes ëtablissemens publics en 
tout genre dans les départemens qui ont été le 
théâtre des guerres civiles. 

6,7 Septembre. — Communication au sénat 
du rapport du ministre des relations extérieures, 
M. Chanipagni^ à sa majesté lempereur , et des 
traités qui mettent à sa disposition la couronne 
d'Espagne. ( Monument historique très-remar" 
quable. ) 

* 8 Septembre. — Traité qui termine tous les 
différends entre le gouvernement français et celui 
de Prusse. 

10 Septembre. — Sénatus- consulte qui or- 
donne laievéede quatre-vingt mille conscrits: 
elle a pour objet la soumission des Espagnols* 
{^Guerre atroce ; exemple unique daris fhis" 
toire des peuples civilisés. ) 

12 Septembre. — Compte rendu par la so- 
ciété d'industrie nationale sur ses progrès en 
inventions et perfectionnemens. 

Séance du sénat dans laquelle le ministre des 
relations extérieures établit les motifs des me-- 
sures prises par l'empereur jrélativement à l'Es- 
pagne. {Il faut lire toutes les pièces pour se 
faire une juste idée de la politique de NapO" 
léon et de V abnégation du ministre^) 

i3 Septembre. — Décret qui convoque le 
cor^s législatif pour le ^5 octobre prochain. 

17 Septembre. — Décret d'organisation de 
Tuniversilé impériale. Le grand-maitrc prêtera 
serment entre les mains de l'empereur. 

ai Septembre. — La municipalité et le-préfet 
de Paris reçoivent à la barrière le premier corps 
de la grande armée ^ commandé par le maréchal 
[Victor. ^ 



CHRONOLOGÏQUE. 3/7 

aS Septembre. — Décret impérial relatif au 
calte grec , professé dans la Dalniatie. 

28 Septembre — Les divers corps d^ la grande 
armée arrivent successivement à Paris. 

6 Octobre. — Les empereurs Napoléon et 
Alexandre sont à £rfui\. Suspension d'armes 
entre l'Angleterre et la France , relativement au 
Portugal ; et par suite y évacuation de ce royaume 
par les armées françaises. 

22 Octobre. — L'empereur et l'impératrice 
visitent le musée Napoléon ; tous les artistes sont 
présens. 

23 Octobre. — Nouveau cérémonial pour 
l'ouverture du corps législatif; elle est faite par 
l'empereur , le 26 suivant. Le 27 , M. Fontanes 
est nommé^ par l'empereur y président du corps 
législatif. 

2 Novembre. — Exposé sur la situation de 
l'empire , par M. Cretet , ministre de l'intérieur, 
,dans la séance du corps législatif. 

7 Novembre. — Le conseiller-d'état , M. Treil- 
bard ^ présente à la séance du jour le premier 
volume du code d'instruction criminelle. 

16 Novembre. — Pi%mier bulletin de l'armée 
d'Espagne. ( Monitew^y n. 32 1.) 

18 Novembre. — Deuxième bulletin de l'ar- 
mée d'Espagne. {Moniteur ^ n. 324. )• Victoire 
de Çurgos. 

' 20 Novembre. — Troisième bulletin de l'ar- 
mée d'Espagne. ( Moniteur y /z, 327.) 

24 Novembre. — Cinquième bulletin de l'ar- 
mée d'Espagne. 

26 Novembre. — Budjet converti en loi pour 
l'année 1809. Sixième bulletin de l'armée d'Es- 
pagne. ( Moniteur j n. 35 1. ) 



27 Novembre^ —* Septième balletia dé Tannée 
d'Espagne. 

29 Novembre. — ^ Préseotatton , aa corps lé- 
gislatif , du second livre du code sur riustrac- 
tion criminelle. Huitième buUetia de larmée 
d'Espagne. {Moniteur, n. 554). 

4 Décembre. — Dixième bulletin de la grande 
armée. 

5 Décembre. — Onzième bulletin de ta grande 
armée. {Moniteur ^ n. 540- ) 

7 Décembre. — Promotions dans la légion- 
d'honneur. 

9 Décembre. — On célèbre, pw dé& fêtes, 
Farrivée des eaux de l'Ourcq à Paris par le canal 
nouvellement construit. 

• I o Décembre et séances suivantes. — Le code 
d'instruction criminelle est converti en loi. 

1 2 Décembre. — Treizième butletio de l'ar- 
mée d'Espagne. 

Le Moniteur fait désavouer par l'empereur ces 
mots de la répotise de l'impératrice à une députa- 
tion du corps législatif: (c Que le premier sentiment 
de l'empereur avoit été pour le corps légi^alifqm 
représente la nation. » Qnel trait de lumière ! 

16 Décembre. — Seiziènïe buUetio de l'arma 
d'Espagne. ( Moniteur, n, 552.) 

22 Décembre. —Décret qui ordonne que le Te 
Deum sera chanté dans toutes les églises deVen»- 
ptre. 17* bulletin de V armée d'Espagne. 

25 Décembre. — Dix-huitième boUètin de l'ar- 
mée d'Espagne. {Moniteur j n. 56o.) DiQerens 
décrets,, dont un abolit tout reste cle servage daofe 
les duchés de Clèves et de Berg. 

26 Décembre. Dix-neuvièwie baJletîn de l'ar- 
mée d'Espagne. 



V 



CHROffOtOGIQUE. ^79 

# 

29 Décembre. Vibglièœe bulletin de Tarmée 
d'Espagne. 

1809. 

1 *• Janvier. -*- Dëcrel impérial qui fix6u la 
clôture du corps législatif au 5i du présent 
mois. 

^Janvier. -^ Décret qui crée un dépôt dé 
meodicité pour le département de la Seine. 

8 Jan,vier. — Résultat de Tenquète sur la ba- 
taille de Trafalgar. 

^5 Janvier, r L'empereur, de retour à Par 
ris de son voyage en Espagne, reçoit le sénat et 
successivement toutes les autorités. 

Nota. Les ouvrages de sciences et d'arts, et 
lesbuUelios de Tarmée dlSspagne occupent pres^- 
que tous les Moniteurs de ce mois. 

' i" Février. — Décret qui nomme M. le car- 
dinal Fesch , archevêque de Paris. 

^ Févr^iér. — Suite des bulletins de l'armée 
d^Espagne. 

7 Février. — L'empereur reçoit l'Institut an 
château des Tuileries. 

17 Février. — Décrets, en matière adminis- 
trative, datés du camp impérial dé Madrid. 

Nota. L'inaction de la diplomatie et le repos 
dtt canon, qui ne ^nt interrompus que sur le 
point de la péninsule espagnole, ont laissé la 
place presque entière dans les journaux aux ou- 
vrages de science j-de littérature et d'arts. 

a Mars. -^ Bulletin de l'armée d'Espagne ; re- 
lation sur le tix>p fameux siège de Sarragosse. 

4 Mars. — Message au sénat; présentation de 
candidats pour deux places vacantes. 

5 Mars. '^ Décret et sénatus<consulte portant 



38a TABLE 

création d*un gouvernement général pour les dé-^ 
parteniens situés au*delà des Alpes. 

6 et jours suii^ans. — Le Moniteur rapporte,, 
d'après les papiers anglais , les débats du parle- 
aient sur le procès du duc d*Yorck. 

II Mars. — Décret et sénatus-consuke qui 
transporte , sur la tête de Napoléon-Louis , ne- 
veu de Tempereur, leduchédeBergetdeClèves. 

Autre qui confère à la sœur de Tempereur,. 
Ëlisa j le gouvernement de la Toscane. 

22 Mars. — Plusieurs décrets pour rétablis- 
sement de dépôts de mendicité. 

24 Mars. — Décret relatif aux sœurs hospita- 
lières. 

26 Mars. — Nomination de quatre sénateurs 
pour les départemens de FArno , du Taro^ de la- 
Méditerranée , derOmbrone. 

27 Mars. — L'empereur reçoit plusieurs dé- 
putations de collèges électoraux. 

Nota. Les débats du parlement d'Angleterre 
remplissent presque toutes les pagea da Moni*- 
teur pendant ce mois.. 

2 jis^ril. — Décret impérial qui institue dès 
maisons d'éducation pour les filles des membres 
de la légion d'honneur. 

7 Avril. — Situation déplorable de la ville de 
Cadix. Décret relatif aux Français qui auront 
porté les armes contre leur patrie. 

8 Avril. — Décret de ce jour qui établit une 
école militaire à Saint-Germain. 

10 Avril. — Décret d'organisation adminis- 
trative pour la ci-devant Toscane. 

14 Avril. — L'empereur part pour Stras- 
bourg; il y arrive le 1 7 avec l'impératrice. 

lô Avril. — Lettre de l'arctàduc Gliacle& 



XÎHRON-O LOGIQUE.* 58l 

^ni général français : déclaration de gaerrre. 

1 9. Avril. ^^— Marche des troupes aulricbienaes 
[Moniteur de ce jour. ) 

n^ Avril. — Rapport du minstre des relations 
extérieures et pièces officielles concernant FAu- 
triche. 

28 Avril. — Bataille de Ratisbonne gagnée 
le ^25 sur le prince Charles. 

3 Mai. — Premier et deuxième bulletins de 
la grande armée y qui annoncent le combat de 
Pfofienhoffen ; batailles de Tann , d' Abensberg; , 
combat et prise de Landshut, bataille d'Eckmiilb^ 
combat «t prise de Ratisbonne. 

8 Mai. — Te Deum dans la métropole à l'oc- 
casion des victoires remportées à Ratisbonne.. 

g Mai. — Bulletin daté du quartier-général 
de Braunau. Marche et dispositions de l'armée. 

i5 Mai. — Sixième bulletin : situation de 
Tannée* 

19 Mai. — Proclamation de l'empereur à 
son armée. 

m Mai. — Entrée des Français à Vienne. 
Proclamations et autres pièces relatives à cet 
événement. 

23 Mai. — Huitième bulletin : décrets de 
T-empereur. ( Moniteur de ce jour J) 

27 Mai. — Neuvième bulletin : pièces im- 
portantes. 

3i Mai. — Dixième et onzième bulletins; 
bataille d'Esling , combat dXTrfor. 

1* Juin. -^ Nouvelles d'Italie. Les Antri- 
i^eos y font battus dans plusieurs combats par 
* •^— • (Douziènic boUetia de la grande 

— ProdamatiOD de rempereor à Far^ 




384 TABLE 

i" Oatobre. — Décret qui çrëe un ordre des 
Trois-Toîsons. (Ce projet supposoit des eVe- 
nemens qui n'ont pas eu lieu. ) 

4 Octobre. — Message de Tempereur au sé- 
nat , ayant pour objet d'ériger eu faveur du 
prince de Neufchàtei le château de Chambord^ 
en principauté 9 sous le titre de principauté de 
"Wagram. 

6 Octobre. — Lettre du ministre des rela- 
tions extérieures au ministre plénipotentiaire des 
Etats Unis , sur les principes qui règlent le 
gouvernement français à Tégard des puissances 
neutres. 

XI Octobre. — Rapport du ministre de la 
marine , et pièces y relatives sur la perte des 
vaisseaux : la Faille de Varsovie, l Aquilon y 
le Tonnerre y le Calcutta , la frégate /'/n- 
dienne. Décret de l'empereur qyi convoque 
un conseil de guerre. 

19 Octobre. — Décret impérial et sénatus- 
consulte qui mettent à la disposition du gouver- 
nement trente -six mille conscrits pris Sur les 
classes antérieures. 

ai Octobre. — On apprend à Paris que la 
paix a été signée le 14 de ce mois entre les em- 
pereurs de France et d'Autriche. 

23 , 24 Octobre. — Décrets impériaux datés 
du quartier-impérial de Schoënbrunn. 

29 Octobre. — Texte dû traité de paix entre 
la France et l'Autriche. ( Vojez le Moniteur de 
ce Jour. ) 

Zo Octobre. — Publication solennelle à Paris 
du traité de paix. 

1^"^. Noveirihre. — Députatidn du sénat de 
Milan reçue à Fontaiqebleau. Décret quL fixe 



CHROKÔLOGIQUS. S85 

rôwverltrre clu corps législatif pour f àâtiée 1 809 
au I** dëeettibre prochain. 

10 ^^BigtTttbte. -^ Décret impérial qui coa- 
firme l'institut et \t^ régïeineiis des sOeurs hos« 
pits^èi^. ^ 

i^Nù^èffibrè. — Contocation, par décret da 
^é 9 descolMgesâè'ctofatix. 

i5 Novembre» — On annonce l'arrivée du 
roî de- Sàxé à Paris. 

17 Novembre. ^^ Le sénat èl tôùtiEîS les auto* 
tités cdti^tîtuées sont àdjtnis à cômpllctienter 
l'éftipéretit stir la paît glotîetise qu'il vient de 
conclure. H reçoit ^ussi une déput^ttion deïlomô 
ètdéKorèùce. 

ità JVài^emhre. — Vvnè dépûtatSôïl du Synode 
ÇiCéede Dafenatîe fut^résenftée hier à l'empereur^ 

22ji>^3 Nov&fibre. — Nouvelles d'JEspagne. 

. \^^. Décembre. — Arrivée du roi' de Naplesà 

fiaris. Pr<Jgfamme de te fête qui aura lieu à Paris 

à l'ôcdâsrod de la paix. Arrivée du rôi de Hol-* 

lande et de Wurtemberg à Paris. 

.8 Décembre. — Reddition de Flessingue , et 
tfÀ:fët dfe Femperèur. 

* itir Décembre. -^ Le prîtlcé vice-roi dltalié 
arrive a Paris. 

i5 Décembre. — Décr'êts présentés an torps 
législatif, et relatifs à son orgatiisallon. 

.r4 Décembre. — Elxposé de la situation dé 
l'empire au i" dëcettibrè 1809, et lu datas la 
séance du corps législatif. 

t6 Décembre. — Norrtibation des sénatcçurs 
Delaville , Pastoret et Villeraanzi anno\lcée au 
"cofps législatif. 

1 7 Décembre. — Décrets et sénatus-consulteà 
relatifs à la dissolution du mariage de Tempéi^ur 
3. 25 



386 TASLK 

avec rimpéra'rine Joséphine ; tout est remar^ 
quable dans cette séance : le fonds et la forme. 

20 Décembre. — On apprend la capitulation 
de la ville et des forts de Gironne. * 

21 Décembre. — Obsèques du célèbre Four- 
croy . Sa mort laisse dans la république des lettres 
et des sciences une place qu'il sera difficile d« 
remplir. 

23 Décembre. — On annonce l'arrivée à Paris 
du roi et de la reine de Bavière. « 

29 Décembre. — Décret impérial qui établit 
les capacités et conditions des aspirans au coi* 
lége des auditeurs. 

3 1 Décembre. — Adresse du sénat du rojaume 
dltalie à sa majesté l'empereur. Décret impérial 

S[ui proroges, pour l'an 1809 l'exercice de leurs 
onctions aux députés de la cinquième série du 
corps lé^slatif. 

Pendant ce mois 9 le corps législatif a rendu 
plusieurs lois toutes relatives à des intérêts locaux. 

i8io. 

!i et 5 Janvier. — Les princes et toutes les 
autorités complimentent l'empereur à roccasion 
de la paix. Deputalion de la Toscane. 

5 Janvier. — Pièces relatives à l'affaire d'Es- 

!)agne ( vaine et tardive justification de l'attentat 
e plus inoui). 

, 6 Janvier. — Texte d'un projet de loi sur les 
finances. 

10 Janvier. — Traité de paix signé le 6 entre 
la France et la Suède. 

1 3 Janvier. — Loi survies droits des marchau' 
dises à leurs exportation et importation. 
. . i/^ Janvier. — La nullité du mariage de Na- 



CHRONOLOGIQUE. 58^ 

noléon avec Joséphine est recoxmue par Toificia- 
lilé de Paris. ( Rien déplus officieux ) 

i6 Janvier. — Budjet et projet de loi , con- 
verti en loi , pour Tan idtp. 

ao Janvier. — Le corps législatif est informé, 
par le ministre secrétaire-d'elat , que la clôture 
ae sa session est fixée au 22^. 
, 5i Janvier. — Le Moniteur de ce jour contient 
le discours d'ouverture du parlement d'Angle- 
terre par le régent , avec des note^ remarquables. 

a Février. — Décret et sénatus-consulte qui 
fixe la dotation de la couronne. s 

3 Février. — Session du corps législatif pour 
181 o ; M. de Montesquiou , président. 

5 Février. — Suite des pièces relatives à TEs^ 
pagne. Traité avec le roi et son fils, le prince des 
Asturies. 

8 Février. — Décrets impériaux ; celui sur là 
direction de la librairie et de rimprimerie, daté 
du 5 février 9 fixera l'atteation des amis de la 
liberté de la presse.' Code des délits et des peines 
présenté au corps législatif. _. , 

10 Février. — Programme des honneurs fu- 
nèbres décernes au duc de Montebello. 

14 Février. — Rapport du ministre de la ma- 
riile. La mort du brave général Ferrand entraine 
la reddition ide la partie espagnole de Saint-Do- 
mingue. 

18 Février. — Sénatus-consulte qui réunit 
Rome et l'état romain à l'empire^ 

19 Février. ; — Le code des 4élits et des peine^s 
est converti en loi. 

i5 Février. — Etat des pertes que les Anglais 
ont faites dans leur expédition contre l'ile à% 
Walcheren. 

25. 



5S8 T'ÀBL'ï 

34 Féi^rier. ~ Texte du Iràîté dé paîi avet 
\a Suéde. (Moniteur de ce Jour). 

28 Février. -^ Méssa j^ àti îénaft , àiltiOdéant 
la demVinde , par Teitipeiieiir y de là npfâiTi de Ma^ 
Tie- Louise. L'entier code dés délits et dès|:reînes 
C8t converti en loi. 

1*" Mars. — L'em^reur déclare, p^t sott dé- 
cret du 28 février, loi générale lie Terap^é, la 
déclaration faite par le dergé de Ffan'ce , ï68â^ 
6ur la puissance ecclésiasti^e. 

2 Mars, i^ Qtiestîons propoSéfes à utl côitseil 
d'évêques aue refttiperèrur a rétfnîs à Pstis. ( Ces 
vétilles politises Manquent de dignité "et de 
bonne foi ) 

4 Matjs. — Message an sénlf!. Cféâtîdn du 
graft^-ducbé de FHmtftrrt «n faVétit* dti .^ilitè 
primat. 

Décret împiérîà sut- rîrlslïtirtiïïn des «âjbrtts. 

5 Murs. ^ Adrésfse de t^éttifchSimfettt pât 1è 
^ftàt, au messa|(* de l'etnféifétir'^suiî ïk tobctû- 
*siott de sèh rtiamgè. . 

10 Mars. — Décret «jp les ^rffetfrii Vl lêS pf î*- 
ianïliëfs d'état. liMh de la loi sûr reï^Wjfrrâtion 
pour cause d'dtîlilé pilblit|tife. ' 

t$ e^ 20 Jlf^A^. ^ tWpÔcheTelégi-aptfiqi» an- 
riôhçam cpre le mariage de MuMë-LôUise à été 
itfélébré à Vietrtfè Ib li; ptètfés lt^elàllve.4 à cfêt 
événement. 

28 ilfwry; ^ Péei^ Tfttfpellal fidrtatot dîfers 
actes de bienftli^Hcé; Tetfipmti»* Vfeitt |^^ Â 
marquer T^^qiie de fedti tna^riagë. 

3i Mars. — Proçraipnie et dîSpôrftïbiiS, î*e- 
IWîves à la célébration dii tnâria^g[e de ^eftrpe- 
•rcur et de Marrte-^Ijiôuise. 

Nota. Les Moniteurs de ce mois (MatS) Taji- 



V 

eH'ROi!irOLOt»IQUir. 380-, 

Eirteot toutes les pièces commuoiqqées au par--^ 
ment d'Angleterre sur Te^^padilûxa de TEscauté. 
!«' ef 2 ^i^FÎL Trr Progr^moai» d'qne grande 
léte ^ F^ris fi rpcc^on du m^rî^ge de lemper^^ 
reur; mariage civil : emploi de tous les arls, de 
tûi^ }es lalçns pour siguftler ce grand j^ur (Mo-^ 
niteifr^ nPf 9? et suivqns. ) 

4 J^vril. TTf L'en^pereMr ?t rimpéralrice re- 
çoivent ^çér^t fr9PÇaii«> If^ d^putation du sénal 
Ufrfien; discours, ;^r^6sçSj hymnes ^ etc. Nou-^ 
Telles d'Espagne. 

8 Ayril. -1-, JLies joqruaux £pnk grand bruit, 
d'un ouvrage intitule Us Martyrs^ $u^0t renou* 
Y^é , non des Grecs ^ m^s d§$ âgçs barbares et. 
des peuples ignoi^nç.. 

^o Avril. -^ Détails wp ^ £^s c<HisaorMs à 
tavéneipent du ni^i^ç de N^oMoo et de Ma-» 
ri«-JU^is^ {Moniteur^ n^ 100). 

U AvHU TT^. Fre^eqtaUoa du budjet pour 
1^1 1 ^^ cojpps Içgiçiftlif.. 

14 Àyrii. Tt- L^ Moniteur fait connoitre^ 
d'après les papiers anglais^ les suites tumuliuetises. 
dç r^rreslatiou de sir Buf^dett. 

19 Avril. — Plusieurs projets de loi. ont été 
pTi^seqtés ;l\i corps législatif> 

21. Avril. — ' Le corps législatif convertit en. 
Ici le projet concernant le budjel de 1 81 1 et celui, 
aur radfuinistr^lion de la justice par les cours 
impériales, d'assises , etc., etc, 

'29 Avril, -r^ Décret impérial qui fixe au 3i 
avrii }a clôture du corps légistlatif . Ctite séance 
est remarquable par le discours du conseil -d'état, 
Benaud de SaintJean d'Angely. C'est un amas^ 
de brillantes déceptions , but propre à amxiser . 
\fi& Ç9tfi;s^ suctQutlecab^iet de Vieunew 



3o Avril. — Décrets impériaux pour la coûti- 
Tiuation des travaux publics. 

Nota. Le Moniteur donne , en détail , dans 
les numéros de ce mois y les suites de l'affaire de 
^ir Burdett. 

i«» e^ 2 Mai. — Les travaux des ponts et des 
balles se continuent avec la plus grande activités 

5 Mai. — Décrets et sénatus-consultcs relatifs 
à une réunion de territoire à l'empire français. 

6 et 7 Mai. — Nouvelles d'Espagne; opéra- 
tions devant Cadix. 

8 Mai Décrets relatifs à la ville d'Anvers, 

travaux de navigation intérieure. 

9 Mai. — ^ Autres décrets ; ils sont datés d'An- 
vers, où sont l'empereur et l'irfipératrice. 

— II Mai. — Texte de la loi sur les mines ^ 
décrétée le ai avril (Monitet^ry n9 i5i. ) 

12 Mai. — Décrets d'administration extérieure. 

19 Mai. — Décret dé formation du départe- 
ment des Bouches-de-l'Ëscaut. Autre décret re- 
lalif à la liberté des cultes dans le département 
du Haut-Rhin. 

2 5 Mai. — Décrets pour les travaux des routes 
à terminer ou à ouvrir. 

3o e/ 5 1 Mai. — r Suite des opérations de l'ar- 
mée devant Cadix. 

Nota. Les Moniteurs de ce mois continuent 
de rapporter les débats du parlement sur l'affaire 
de sir Burdett. 

4 Juin. — Le duc d'Otran te, ministre de la po- 
lice générale , est nommé gouverneur de Rome. 

7 Juin. — Décret et sénatus* consulte qui dé- 
termine le nombre des députés des départemens 
des Bouches-de-rEscaut et des Deux-Nèlhes. 

9 et 10 Juih. — Programme de la fête qui sera 



«HROiroLëciQuc. 5gi 

donnée le loparla ville de Paris. L'empereur 
et rimpératrice l'ont honoré de leur présence. 

1 5 Juin. — Ordre du jour du général Van- 
darome qui dénonce le général Sarrazrn comme 
traître à sa patrie. 

22 Juin. — Rapports intéressans sur les opé* 
ralionà de larmée française en Espagne. 

^4 Juin. — Grande fête au Champ-de-Mars , 
donnée par la garde impériale , à l'occasion dix 
mariage de l'empereur. 

37 •/£////.— Création d'un conseil de commerce 
et de manufactures, près le ministre de Finr 
teneur. 

28 Juin. — Décret qui ordonne la construc- 
tion d'un port devant Bordeaux* 

3 Juillet. — Fête du prince de Schwarzenberg. 
AflFreux événement par lequel elle a été troublée. 

4 Juillet. — Rapport à l'empereur, par he 
ministre de la guerre^ concernant le général 
Sarrazin. 

Décret qui accorde des récompenses aux per- 
sonnes qui découvriront des plantes indigènes 
propres a remplacer l'indigo. 

1 1 Juillet. — Décret portant la fôrmatioa et 
l'organisation des cours impériales. 

20 Juillet. — Création de six maisons d'édu- 
cation , dites Orphelines , pour des filles de mî*- 
litaires morts au champ d'honneur. 

27 et 29 Juillet. — Rapports du maréchal 
Masséna sur la guerre d'Espagne. 

Nota. Les Moniteurs de ce mois et du précé- 
dent contienment les rapports du jury formé 
pour la distribution des prix décennaux. On 
sait que cette libérale institutiou est restée sans 
effet. 



59» TJiB.n,^ 

5 Août. — Etat des militaires mutilés ijtir ooà 
reçu des dotations eu vertu du décret impéri#l^ 
du i5 août 1809. 

7 Août. — Rapport sur la gperre d'Espi^e 
par le maréchal prince d'Esling. 

ge^ 10 Août. — Le sénat conservateur oômme, 
sur les listes des candidats préseatée# pw kfi 
collèges électoraux 9 les o^iembres du corps lé- 
£|islatif pour Tannée 1 8 1 o. ^ 

i5 Août. — Fête de l'empereur, célébrée à 
Paris et dans tout l'empire. -^ Le mém^ jour j 
députations dn royaume de HoUapde! et siutres 
étals réunis à Tempire. 

18 Août. — Instruction sur U« £abricatioa du 
sucre de raisin y par MM* Chaptal 9 VauqueUa f 
Proust, Bertbollet , Parmenlier.-^Le même jour, 
d;écret impérial par lequel la vente des remèdes 
çecrets est interdite aux inventeurs^ ,. 

19 Août. — Décret impérial qui crée u» coar 
seil de marine. Autre décret pour rorgaaisatioa 
des tribunauir de première instwce* 

20 Août. «^ Décret impénal qui règl^le service 
des ponts et chaussées au * delà des AÎpes. Autre 
décret qui détermine le nombre dj9s )0urnaux. 

3o Août. — !- Sa majesté riaipératrise y protecH 
trice de la société maternelle % a reicu lé$ dames 
qqi composent cette pieuse société. 

I «f Septembre. -^ Rapport sur le pastel, comme 
objet d'industrie natio4pal£ , et SMr les procédés à 
suivre pour en extraire le bleu de Tiodigo. 

10 Septembre. — N ou villes d'Espagne, (/^^ej!? 
ie Moniteur du 10, w* a55^) 

i5 Septembre. — Décret relatif à la réduction 
en francs des monnoie^ éyal^ées pi^écédefiupaeat 
en livres tournois. 



CHRONOLOGIQUE. SyS. 

ij Septembre, -^Yorvç^liQïi d'u^e cotmpagtne 
d'assurance coatre les iuceadies. 

37 Septembre, — Notice sur 1^ vi^ et les pn*r! 
vraies 4e M. Luçe dç Lancival ^ mprt danç le 
mois précédent. — te mén^ jour , fo^m^tîo^ 
d'écoles spéciales de marioe dans le$ ports de 
Brest et de Toulon.. 

5o Septembre. — Entrée des arasées françaises 
h Coïmore ( Portugal). 

i/^et \5 Octobre. — Les princes de la confé-» 
défaiion du Rhin se conforment au système 4u 
bk)cus continental^ et ordonnent la mise en vi- 
gueur du nouveau tarif sur les denrées coloniales^ 
(Paris, Moniteur du 26. ) 

18 Octobre. — Décret qui ordonne rétablisse- 
ment des cours prévôtales des douanes. — Le 
même Jour y décret contenant règlement général 

E>tH* lorganisation des départemens de la Hôl- 
nde. 

22 Octobre. — Nouvelles d'Espagne. Succès 
4es Français dans TEstramadure , TAndalousie^ 
Grenade, la Manche ^ la Catalogne y les Asturies 
#1 la Vieille-Castille. 

1 8 Novembre. — Réunion du Valais à l'empire 
français , sous le nom du département du Sim^ 
pion. — Le même jour, nouvelles d'Espagne;^ 
morly devant Cadix, du général de division Sénar- 
mont, commandant en chef lartillerie de l'armée. 

i^^ Décembre. -^ Analyse des dépêches qui 
ont eu lieu entre la France et les Etats-Unis , 1% 
France et l'Angleterre. (Moniteur y n. 555.) 

2 Décembre. — Anniversaire du couronne^ 
ment de l'empereur. 

G Décembre. — Etablissen^ent de quiaae nou- 
T^e3 fontaines à P^ris. 



5g4 TABLE 

/j Dépembre. — Compte rendu à son excel- 
lence le ministre de Tintérieur ^ par la commis* 
sion de la vaccine. 

9 Décembre. — La restauration de l'arc-dc*- 
triompbe de la Porte St.-Denis est terminée. 

10 Décembre. -^ Nomination , par décret im- 
périal y de la cour impeViale de Paris. 

1 1 Décembre. — Décret qui établit une mai- 
son centrale de détention à Limoges ; autre dé- 
cret pour l'établissement d'un dépôt de mendi- 
cité dans le département de la Charente ; un 
troisième est relatif à la fabrication et à la vente 
des draps de Carcassonne. 

i4 Décembre. — Message de l'empereur au 
sénat , relatif aux motifs qui nécessitant la réu- 
nion de la Hollande à l'empire français. 

i5 Décembre. — Pièces et correspondance 
entre le ministère français et lord Lauderlale , 
sur la négociation de la paix. 

i6 Décembre. — Message de l'empereur qui 
motive la levée de quarante mille conscrits pour 
la marine , et de douze mille pour les armées A% 
terre : suivent les sénatus-çonsultes. 

1 7 Décembre. — Dépêches du général De- 
caen , gouverneur de l'île de France. 

1 S Décembre. — Adresse du sénat à l'empe- 
reur^ en réponse au message du i4* 

Le même jour. — Décret impérial qui établit 
une commission de gouvernement pour les dé- 
partemens de l'Enis - Supérieur, des Bouches-du- 
Weser et des Bouches-de-l'Elbe. 

19 Décembre, — Décret qui donne le litre de 
censeurs impériaux à ceux nommés par le décret 
du 5 février dernier, et qui fixe leur traiiemeBt. 



CHRONOLOGIQUE. ' 5g5 

Autres décrets tendant à restreindre la liberté de 
la presse. 

Le même jour. — Décret qui étend dans tout 
l'empire le bienfaisant établissement de la so- 
ciété maternelle. 

^5 Décembre. — Révocation des décrets de 
Berlin et de Milan concernant les neutres. Cette 
révocation est faite en faveur des Etals-Unis. 

26 Décembre. — Décret impérial sur l'admi- 
nistration générale de l'empire. 

1811. 

i*' Janvier — Décret concernant les débiteurs 
des^'rentes constituées en argent^ des rentes fon- 
cières et autres redevances, dans les déparle- 
mens de Rome et du Trasimène. Autre décret 
concernant les grades'de docteurs en droit et en 
médecine des ci-devant universités de Pise et de 
Sienne. 

Le même jour. — Décret de règlement sur la 
compétence et le mode de procéder dans les af- 
faires relatives aux contributions dans les dépar- 
temens de la Hollande. 

Le même jour. — Décret concernant l'impri- 
merie et la* librairie dans les départemens de la 
Hollande. 

2 Janvier. — Diverses adresses de chambres 
consultatives de commerce. Décret relatif aur 
rentes viagères sur l'état , dont la préjouissance 
est dévolue au trésor public comme subrogé ^ux 
droits d'un émigré. 

Le même jour. — Décret qui crée un dépôt 

de mendicité pour le département de la Haute- 

*liOire. Ce dépôt sera placé dans les bàlimens et 

dépendances de monastères ^ qui seront mis en 



39^ TABHî 

état de recevoir deux ceiil^ iKiçadi9i;is d^ Tua ^^ 
Fautre sexe. 

. 5 Jajwier. — Décret angnieutsuit de six cent 
liqille francs les dotations du sénat ^ à rai^jn de 
la nomination des sénateurs pour 1/?$ dépsirie* 
xneas de TEscaut et dç$ Alpes. 

4 Janvier. — Décret coucer^ot Ig nominj^t-^ 
tlon des présidens de$ collèges çlectora^x de plu? 
sieurs departeraens, 

7 Janvier. — Adrç$5ç d'^lié^ion du çbç^re 
métropolitain de Paris aux quatre propositions 
de 1682. 

Décret qui çouip^t à la, ré^ie des droitsréunis^ 
l'exploitation des ta|)acs. 

8 Janvier. — Pécrets pour la uonûn^tioa de 
plusieurs conseillers à la çbqr ipopériaU de Pip^i/i^ 
et organisation du tribunal de preouèi^ instance 
du département de la Seine.. 

Le même jour. — Décret concernant Içs CQSr 
tumeç des cours el tribvin^ux, deç d^putations 
admises devant rempçreqr^et'deR costumas d<; 
cour. 

1 5 Janvier. — Décret co^cerQa^t Fîippôl ^ 
CGpsoipniation qni doit se payer ça Holldode à 
riniporlation^ tant des ajAtrç3 départemços diç 
l'empire que de l'étranger. 

he mêmiejour, — ^ Décrets 3<¥' l'adaiinislretion, 
l'eatretien et la possession à^^pQlder$ ^ ç^ Hxd-? 
lande. 

Z/<? même jour. — Décret qui ordoj^ue q^W 
toutes les créances existantes sur le$ couvent et 
corporations religieuses supprii^éçs a(Srpat li* 
qqidées par les préfets. 

1/^ Janvier. Pécret relal^ifà li'çui^iW^trAMQi^ 
^péçioJie dç.5 tabacs. 




ICHRONÔLOCIQUE. S97 

\5 Janvier. -^ DécVet relatif à la reprise des 
poursuites des anciennes saisies réelles, et du 
délai accwdé pour faire pî-ocëder à T^djudi- 
Catiôn défiâilive dès biens saisis. 

18 Jativièt. — Divers rapports sur les diffe- 
i^nleS âritléèîB en Espagne. Prise de 'Tortose par 
l'armée d'Aragon , sous les ordres du marécoal 
Sachet. 

2f0 Surti^iet". — Décret relatif à Tinstitution du 
fonds des veuves en Hollande , et à celle delà 
ïnarine d'Àiïislërdafh, ainsi qu'à l'école d'Encr- 
ktÉysefi. 

Le même jour. -^ Décret cpncernant les en- 
fâfiïs dont rééducation fest contée a la charité pu- 
blique. 

23 Janvier. — Décret fêlatif à rétablissemen); 
.d'unis taxe pour rénlf*etîeu de la route du Mont- 
Céûis. 

Le même jout. — Décret qui crée un dépôt 
de ttft'èndidre dans le déparlement d'Indre-el^ 
Loire. 

^7 Jùhvi^r. — Nouvelles d'Espagne, t^risé du 
fort de Marbello par le général l^ébastiam ( âr- 
Wée du Midi). Opérations devant Cadix. Succès 
partiels obtenue par lès autres arniées. 

Le mêtnejour. — Décret impérial concernant 
le Wcouvfethétït de l'arriéré des dotations des 
^tiatrièfitie , tînquîèttté et sixième classes» 

îsS Jàrivïët. — Décret impérial qui^ordôntiè 
que îè bref dû plipè , donné à Savonne le 3o 
IffôVetttbré I Ô I o , et adressé àû vicaire capitulàîre 
et aU chapitre de réglisê inélrôpôlitaine de Flo- 
rence, coniiïiençânt par ces mots : dilectejili 
l^Ututéth y et finissant par ceux -6Î : dictionem 
pèffmmtnteiH irfipëniniuS , sôit rejeté cohiraè 



\ 




SgS TABLE 

contraire aux lois de Tempire et à la discipline 
ecclésiastique. 

3o Janvier. — Décret qui ordonne que le 
garde - meuble de la couronne n'acbelera ni 
n'emploira désormais aucune toile ou objets 
quelconques où le coton entrerait pour matière 
première. 

Le même jour. — Décret concernant les im- 
positions pour confection de travaux de ponts et 
chaussées. 

Le même jour. -- Autre décret qui porte à 
trois, outre le premier président, le nombre 
des présidens de la cour de cassation. 

3 Février. — Décrets qui ordonnent une an- 
née de prime d'un franc par kilogramme de 
coton recueilli dans les départemens du Tibre 
et du Trasimène ; sur le même objet , concer- 
nant les départemens du Golo et du Liamone , 
qui met un droit de soixante francs par quintal 
métrique sur les cotons du royaume de Naples , 
à leur entrée en France. 

Le mém^jour. — Décret fixant les dépenses 
des cours impériales. 

4 Février. — Décret concernant la mise en 
activité de quatre-vingt mille conscrits sur la le- 
vée de cent vingt mille hommes , dont l'appel 
est autorisé par le sénatus-consulte du 1 5 dé- 
cembre i8io. Autres décrets concernant un 
appel de deux mille trois cent soixante -cinq 
conscrits sur la classe de i8io , dans les dépar- 
temens de la Méditerranée et de Lombrone , et 
un appel de mille conscrits sur la même classe, 
dans les départemens de Rome et duTrasimrène. 

Le même jour. — Autre décret ordonnant 
]Én appel de six cents conscrits sur la classe de 






*♦ 



CHRONOLOGIQUE. S99 

1808 dans les départemens des Bouches-du-Rfain 
«t des Bouche.9-de-r£scaut , et dans larrondis* 
9ement deBreda réuni au déparlement des Deux- 
'Nettes. 

Le même jour. — Décret qui ordonne un 
appel de trois mille conscrits dans les départe- 
mens de la Hollande^ sur la classe de 1808. 

Le même jour. — Décret qui établit à Plai- 
sance une commission centrale sous le nom à% 
oiagistrat du Pô. 

7 Féi^rier. — Décret concernant les brevets à 
délivrer aux imprimeurs. 

10 i^eVrier.— Décret relatif à la naturalisation 
des Juifs de Livourne. 

11 Février. — Rapport sur la situation de 
l'armée en Portugal ^ à Tépoque du 20 jan- 
vier 1811. 

Le même jour. — Adresse de l'évêque de No- 
varre au vice-roji d'Italie ^ par laquelle il dopne 
son adhésion et reconnolt les principes posés 
dans l'adresse présentée le 6 janvier 181 1 par 
le chapitre métropolitain de Paris. Même adresse 
dé larchevêque d'Udine. 

. 12 Féi^rier. — Décret concernant l'organisa- 
lion des tribunaux de première instance de plu- 
sieurs arrondissemens de la Hollande., 

Le même jour. — Décret qui crée un dépôt 
dé mendicité dans le département de Haute-* 
Garonne. 

21 Février. — Décrets du sénat concernant 
)es conscrits des arroudissemens marilimcs. 
. 22 Février, -r- M* de ( JjÀlcaubriaiid , élu 
membre de l'instilot a la plaça vacante par la 
mort de M. Cbeoier* 



4oO TÂBLI! 

Le même jour. — Décrel coticctuânt Fêla* 
Missement des maisons des orphelines. 

a4 Février ^^ Message de Temperetif au sénat 
pour faire connollre les ooniinalions de MM. ^ 
Alexandre Biionacorsi , Coionnad'Ardki \ Jo- 
acpb Spada , aux places de sénateurs. 

Le mémejour-^^ Décrel du sénat cjtti tiofl^iAlfe 
les députés que doivent fournir tes dépaMemens 
de Rome et du Trasimene. A«tre «décret «fui 
nomme le sieur de Golin , de Mutsitèr ^ dépité 
pour le département de rYsscrt*Supéfietiri 

Nota. Dans ce mois on remarque beaucoup 
d'adresses des chapitres italieq^^ et plusieurs 
adresses des collèges électoraux desdépanei^ijejoâ^ 

i^" Mars. — Avantages -remportés par Tar- 
tnée de Catalogne sur les Espagnols. 

ÏDécrét impérial ordonnant <![t]elespaieraeQS.deç 
arrérages de la dette hollandaise dus aux fiabilaus 
de Ta Ljélàtidey du Brâbàrit, jusqu'au i'' juillet 
i8og , seront payéô intégralement sur le produit 
provenant des contributions arriérées de i$pQ et 
années antérieures , qui a été. tersé au tresoï 
{)ttl/lic. î^e ^rrplûs appartiendra à la caisse dn 
syndicat de Hollande. 

i)écr« iitipérial ayant potirtrut de faî^e tra- 
TfiiHer les prisontriefs de guette aa5s: poMt^' et 
chaussées. ^ ■' ' 

5 Mars. •— Décret impérial télàlif atlx cottir 
nWmes qwt ont des recevettt*s dé dehiet^ hittîlici- 
paux , autres que les percepteurs dçs cOtrlfîTjil- 
lîfins dîreçtef<. Ces rècenré* seront: tefius darts les 
treize knois lïe la pobHtâftïOfci dà**ptése?nï tie s6 
faire Côhttohrt k notre tnimstîy dû trésôi?^èt de 
faslîfier qu'ils ont fempli ItW c*tttionriètnent, 
pour être par lui confirmés , -èf H y a Keti, 'dans 



rexerclce de leurs fonctions ou ^re pourvu à 
leur remplacement. 

5 j^âri.::--*I)écret impérial orcbonanC la traus-* 
lation des hypothèques des maisons urbaines des 
hospices de Paris sur leurs biens ruraux. 

Le même jour. — Règlement concernant le 
logement et les honneurs dus aux présidens des 
cours d'assises. . . « 

^ ^ar^. -— Décret impérial concernant les em- 
plois dans les administrations civiles auxquels 
peuveilt être appelés les militaires, admis à la re-* 
trsdte ) ou réformés par suite d'infirmités ou de^ 
blessures. 

i5 Mars. — Décret împériar<^ncerâant les 
mesures relatives à Tamélioration des races dC' 
bétiesà laine. * • . jt:- .? 

i6 Mars.- — Prix remporté par M. Victoria 
Fi^e^ déjà couronne iinq fois par l'académie ; ' 
le sujet du prix étoit : les EmSellissemens de 
Paris. :^ 

apitfariî..— Naissance, du roi de Romerà 9 
heures :20 minutes du matin. 

:ài^'Mars. — Décret impérial créantdeux tiou« 
velles places d'officiers de Tempire ; Tune sous le 
titre |i'inspet:teur-général des côtes de la Ligurie, 
et l'autre sous celui d^iospecteur-général ; des 
côtes de la mer du Nord ; M. le vice-amiral de 
Winter est ^ômmé à cette dernière ptâce. 

25 M<irs, — Décret impérial qui établit tlPois!) 
écoles pratiques de marine. 

28 Mars. — Décrjet impérial concernant la 
dotation des invalides. :' 

5o Mars. — Prise d- assaut du fort Pardallerag: 
Bataille de la GéboA. Capitulation de la place 
de Badajoz. 

3é a6 



^à TABLK 

i^fJ^riL -^ Détails sur le Biég^ de Badàjo«. 

5 -^m/. — Organisation dé la cour impériale 
de La- Haye ; et' antres décrets pour l'organisa-, 
tion d'autres cours impériales. 

7 JçtU. --^ Compte des travaux^ de lia Société 
dé l'industrie naltonak/aDST^ 10 et ï9iié 

è AvtH. -«- Décret d'organisation et d(d clas-^' 
sification des auditeurs. 

9 AWil. — ^ Hehition des avaàti^s ôlkenus 
par l'armée de Portugal. ' ' 

io Avril. •«- Décrets iftipériaux pOiftabt éta^ 
l^emeût d'un dépôt de meudidte dalM lé dé^. 
partement de Maine-et-Loire. 

ft d 'AiTii. ^ Le 'prtdoe d'Hatzféld éon^pli- 
mènt« l'empereuV sur la Àaissatfêe du roi dé 
Rome^» de la part du roi de Prusse/ Séàiide pû*^ 
Uicpùsàe là classe dritlîératurè française : frn v 
Utlepclèrae de M; Victorin^'Fabrt èttcl^ eitibdf^ 
Itssemem de Paris^ auquel le prèttiiér prix eit 
adjugé. 

<; i5 Af^l. — Décret qui apfiHque^àbjr déjpér- 
temens de la Hollande ^ les: décrets dés 5 féTriel^ 
et 5 août sttr t'in^rîmerié^ la Kbràirie et les 
journaux» 

1 8 Avril; -^ Installalioiy dés^ fiaieultéls dé TàciEH 
demie de Paris par le gt'âad^màitré de ftiiiiver- 
^îé impériale. 

22 Avril. — La naissance du roi dé Rô^ié est 
célébrée à Naples et à Milan. Décret ikipérial 
relatif . aux départemeftôàs^ la Corse; ils anrooi 
tfoià députés âii corp^ législatif. - A. :. 

27 Avril. — Décrets d'organisâtibâ: dé èoùrs^ 
impérial'eSv .: . : " .... , 

2S Avril. ««- Fonàf^tion du déparleûieut de là 
Lippe. 



c 



CHRONOLOGIQUE. 4oS 

i«f Mai. — Nouvelle oâicielle de Tarmée 
d'Espagne. Figaières reprise par les Espagnols. 
Affaires partielles et succès au midi ^ au centre ^ 
au nord de l'Espagne y dans T Aragon et le Por- 
tugal. 

lo Ma/, f— Commerce de la France avec le 
Levant y par les provinces illyriennes. 

la Mai. — Décret du i5 avril i8i i , concer» 
nant Torganisation de llllyrie. 

i3 Mai. — Décret du 6. Règlement relatif ii 
Fassiette des redevances fixes et proportionnelles 
sur les mines. 

i4'^^^'* '— Population des départemens des 
bouches de l'Elbe , du Weser et de rEms-Su*» 
périeur, i^ii8,964- 

i&Mai. — Du 25 avril. Lettre de sa majesté 
aux évêques de Tempire , qui les appelle à Paris ^ 
pour la tenue d'un concile national , dans le but 
principal de pourvoir au remplacement des évê- 
ques y notamment d'Allemagne ^ et de main-* 
léoir les principes et les libertés de l'église gdl« 
licane. 

19 Mai. ->- Emprunt de la^ooo^ooo defranoi 
pour le roi de Saxe y ouvert à Paris ^ par MM. Péf 
regaux , Lafite et compagoîe y avec i autorisalioa 
de sa majesté. 

!2i Mai. — Noovelles des armées dXspagos 
et de Portugal. 

22 es 25 Mai. — Nomioatioa dies oiembrai 
des cours impériale de Bordeaux , Caeu ^ Bt^ 
sançoa et Poitiers. 

!«' Juin.^¥o€ÙËc^ùoa§ d'Alme'ida rmùéêê* 
Décret du 25 dudit mois f prdonoaat qu 110 eaoil 
de Gaeo à la mer Mit lereucé^ 

6 Juin^ Décrets qui cr^eot Ui$ ç<mr$ imr 

76^ 



i 



4o6 TABLÉ 

Décret qui organise les cours de Turin ^ Mets et 
Pau, 

23 Juillet. — Rapports du duc de Dalmatie^ 
générai en chef de l'armée du Midi. 

126 Juillet* — Décret contenant règlement 
pour la société de la charité maternelle. Décret 
impérial qui clôt les séances du corps législatif. 
Discours de clôture. 

tà'j Juillet. — Une députation présente les 
ho^nniages du corps législatif au roi de Rome. 

29 Juillet. — Décret concernant les mesures 
relatives au prélèvement à faire pourThôtel des 
.Invalides sur les octrois et revenus des com- 
munes. Décret qui ordonne le prélèvement d'un 
million , sous le titre de fonds spécial des embel- 
lissemens de Rome. 

5 e^ 6 Août — Nouvelles officielles de Tarmée 
d*Espagne. 

i5 Août. — Pièces falsiGées^ extraites du 
Courrier Anglais. {Moniteur.) 

i5 Août. — Fêle de Saint Napoléon. 

19 Août. — Députations du département de 
la Lippe et des iles Ioniennes. 

aS Août. — Sa majesté l'empereur reçoit à 
laint-Cloud les danîes formant le comité central 
Iç la charité maternelle. 

38 Août. — Nouvelles officielles de Tarraée 
d^Ëspagne. Décret impérial portant règlement 
sur l'entreprise des cpnvois funèbres. 

^Septembre. -^ Décrets : l'un qui proroge 
l^àmiii^tie en faveur des Français qui e^t porté 
les armes contre lepr patrie ; un àuire €iir Fétat 
dès Français en pays étranger ; un ' trmsièmésur 
l^^tat des Belges. . . \ ' 

7 Septembre. ---'Obsèques dii ëéifftt^uip^JBoa--» 



l^^ovUle ^ pli^ , renommé ocumne savant navU 
gateur que par ses autres titres. . . 

1 3 Septembre. *— Rapport du ministre de Uin- 
térîeur sur la fabricalion du sucre , et décret 
4'eDCQura£[enient. 

5 Octobre. — Divers décrets, dadmiûi&lratioa 
intérieure. . 

4 Octobre. -— Décret aur la composition et 
l'orgaGisatioa du corps d^a sapeiirs-pompiers4 

5 Octobre..^ TT- Rapport à rempereur sur I9 
gestion de l'octroi d' Anvers. 

y Qct&brej. -^ Leurs majesté» impériales sont 
amyéifts à Anvets. 

. ,.%S Octobre* -r^ Déerel-sur les feuilles pério« 
diques , journaux , annonrâa^ iqui pourroB4) cw^ 
cq^r dans les départenfioas y«L désignation des 
filles où ces papiers pubktçs pourrànl être im-> 
primés. 

14 Octobre, r^ L'empereur- et rimpecatrice à 
Amsterdam. Décrets impérianix.' 

18 Octobre. ^^ Décret sup-l'adimnistratian de 
kt^ustice dans les. provinces ilLyriennes. . - « ^ 

25 Octobre. — Nouvelles officielles des ar^ 
mées françaises en Ë&pa^ne. 

26 Octobre. — Décrets rendus à bord du Char*' 
leMa§ne.\ 

1 er Nos>ejnbre. — » Décret impérial concernant 
les circonscriptions desdépaptemens, des arron- 
disaemens, des cantons et deS; communes de Ità 
Hollande. 

Décret impérial concernant les GODtribu4)ioiM 
de l'empire dans les départemens de Zuîderzée^ 
des Bouches-d6*?la-^Meuls&9 des BoochesMle- 
l'YsseL elc^.j 

2 ÎHovembre. — Décret impériaL concerniuit 




4o8 ' TABElf 

la classification de^ routes et des {>ëages qui s*y 
perçoivent. 

Décret impérial créant dans les départemens 
de la Hollande deux académies impériale» 

Décret impérial élevant la ville de La Haye 
au rang des bonnes villes ^ dont les maires ont 
droit d'assister au couronnement. 

7 Novembre. — Décret impérial concernant 
les mesures relatives aux Français oui se réfu- 
gient en France après avoir commis un crime 
sur le territoire d'une puissance étrangère. 

Décret impérial. Attributions respectives du 
conseil du sceau des titres et de Hutendant-gé- 
néral du domaine extraordinaire relativement 
aux majorats et dotations» 

x5 Nof^embre. — Rapport du marécbal Su- 
chet à son altesse le prince de Neufchàtel et de 
Wagram ^ concernant la prise de Sagonte. 
.17 Novembre^ -^Décret impérial concernant 
le régime de l'université» 

' aS Novembre* — ^ Décret impérial ordonnant 
qu'il soit créé un dépôt de menoiolié dans le dé- 
partement du Léman» 

Autre décret portant même étaUissement pour 
le département de l'Allier. — 

24 Novembre. — Rapport du ministre de la 
marine à sa majesté l'empereur» 

3o Novembre. — ^ Décret impérial relatif aax 
bains et sources minérales d'Aix-la-Chapelle. 

7 Décembre. -^ Décret réglant le tarif pour 
les monnoies étrangères dans les départemens 
réunis. • 

Le même jour. — Par décret du 20 novembre^ 
sa majesté crée un dépôt de mendicité pour le 
département de l'Ombroné* 



y... 



CHRONOLOOIQUE. 4^9 

11 Décembre. — Nouvelles de l'armée d'Es- 

1>agne. Rapport du maréchal Sucbet annonçant 
a prise des faubourgs de Valence , et Tenlièrè 
défaite de quelques insurgés qui avoient surprix 
la ville de.Balaguères. 

Le même jour. — Nouvelles de l'armée dé 
Catalogne* Prise de Mataro par le général Mau- 
rice Mathieu. 

Le mêm^ jour. — Rapport du duc de Dal- 
matie au prince de Wagram , major-général ^ 
annonçant la dispersion deç troupes du général 
des insurgés y Caslanos. 

Le même jour. — Lettre du duc de Dalmatië 
au major -général concernant le rapport du 
comte d'Erlon 9 commandant le cinquième corps 
contre le général Girard. 

Le même jour. — Rapport du général Dor- 
senne y commandant en chef Tarmée du Nord 
en Espagne , à son altesse le prince de Wagram y 
major-général y qui annonce la pçrte du général 
Regnaud^ qui s'est laissé prendre en sortant im- 
prudemment de 1a ville de Ciudad-Rodrigo. 

Le même jour. — Succès du général Bonet sup 
les insurgés. Occupation d'Oviédo^ du camp de 
Gralio , etc. 

Le même jour. — Décret impérial ordonnant 
l'exemption .du droit d'aubaine à Tégard des su- 
jets de sa majesté le roi 'de Prusse; même or- 
nance de sa majesté le roi de Prusse y eu faveur 
des Français. 

12 Décembre. — Tableau des individus réfor- 
més du service d'Angleterre ek jetés sur les cotes 
du continent. . ; > 
• i5 Decçm^r^e;;-:-. Société d'encpuragemçnt 
pour l'industrie nationale... «liapport .sur le prix 




4lO TABLS 

proposé pour la construction d'une machine }k 
pétrir le pain. 

1 6. Décembre. — Décret concernant les bâti- 
mens et clôtures dans les environs des places de 
guerre. 

1 7 Décembre. — Décret portant abolition de 
la féodalité des Boi|chesde-l Elbe y des Bouches- 
du-Wéser et de TEms-Supérieur. 

Décret impérial pour règlement de police des 

Êolders dans les départemens de TEscaut y des 
ouches -de -l'Escaut 4 de la LyS, des Deux- 
Nèlhes y des Boucfaes-du-Rhin et de la Roër. 

21 Décembre. -— Décret impérial et sénatus- 
consulte qui mettent à la disposition du ministre 
de la guerre cent vingt mille hommes de la cons- 
cription de 1 8 1 2, pour le recrutement de l'armée. 

Le même Jour. — Décret impérial pour règle- 
ment d'administration et d'entretien des routes. 

^5 Décembre. — Nouvelles de l'armée d'Es- 
pagne. Rapport du général Girard sur l'affaire 
d'Aragon 

29 Décembre. — Société d'industrie nationale. 
Programme des prix proposés par la société 
dans sa séance du 4 septembre 181 1 ^ pour être 
décernés en 1 8 1 2 , i8i3, i8i4j i8i5. 

3i Décembre. — Par décret du 19 décembre 
181 1 , sa majesté crée deux dépôts de mendicité 
pour le département de Rome. 

1812. 

2 Janvier. — Décret impérial portant organi- 
sation et service des états-majors des places. 

8 Janvier. — Rapports suHa culture du sucre; 
ses résultats présumables^ ^ 



< • » ' 



17 Jamrier. — Deor^ ùnnàriil > tU b felW iw il 
d'écoles pour la fabncttion aa «Iicr9% 

19 Janvier. — Decrel iinpérin) qui «fi^iqu^ 
la junspradence de lempire au gvaud«duvM d<i 
Berg. 

22 Jani^ier. — Décrets et M{ualu«*coniiuU^ (|ui 
instituent Tordre de la réunion « 

2^ Janvier. — Nouvelles oiliciellen d'GMfUigim. 
Décret qui établit un ministère de (HUunim'OD. t^k'. 

Nota. On trouve dans les Mouilourii ilo ihi 
mois rétat des individus étrangers t|ui ont Murvi 
en Angleterre et qui ont ëté rejotés sur U% c^Iom. 

2 Février. — Décret iropcSrial relAtifiiux hou- 
pices civils de Turin. 

8 Février. — - Décret relatif aux dépurlonioii» 
{iouvellement réunis. 

1 1 Février. — Nouvelles offîcielles dus tkvméiiik 
françaises en £spagne« 

14 Février. Décret impérial sur rbakillittixitU 
des troupes à cbevaL 

i5 Février. — Autre 1 portant r%Urm#fi( sur 
Fadministration des octrois de t>icrtiMiMm;^# 

19 Février. — Décret coticeriMirit Yuniy^rim^ 
lité des poids et mesareS/ 

25 Février. — Adresse 4a iséiuit d«i r^yâumë 
d'Italie à sa miette Vem^^mr ai fin, 

26 Pépier. -^ Décret t^Anûl k l# ^Uië ^U 
Bambactf^. 

i*' Marf. — Décret réstùf Mwt 4^èf^Uimm 
de la H(41aiMf^. 

HolËbftikde. 
2i^ Ji4iÊn. ^^ huibrmùim ^é^' ^^^^4^^ éft h 

^ MéÊTt. ^^ hétmâmfém4.'iff^4Ém <^^ 



À 



4l^ TABLK 

lice entre le pont d'Iéna et celui de la Concorde ^ 
^ur la rive gauche de la Seine ^ destiné à rece- 
voir les archives de l'empire . 
' Distribution de secours dans tous les dépar* 
temens. 

3i Mars. — Adresse des collèges électoraux. 
( Elles occupent la plus grar^de partie des Mo^ 
niteurs de ce mois* ) 

5 Avril, rr- Décret impérial et sénatus - con- 
sulte portant nomination de plusieurs députés au 
corps législatif pour* des départemens réunis. 

6 Avril. — Nombreuses adresses des collèges 
électoraux. . 

24 ^^ ^5 Avril. — Décret impérial concer- 
nant la cour impériale extraordinaire de Gènes. 
Autre ^ relatif aux dépenses du ministère de la 
marine. 

5 Mai. — Par décret impérial et par ordon- 
nance du prince primat^ abolition respective du 
droit d'aubaine. 

5 Mai. — Décret relatif à la circulation des 
grains et farinés^ etc. 

8 Mai. — Déclaration du gouvernement bri- 
tannique concernant les droits maritimes ^ avec 
des notes en réponse. - 

9 Mai. — L'empereur part de Paris popr aller 
inspecter la grande armée réunie sur la Vis- 
tule. L'impératrice l'accompagne jusqu'àDresde. 

1 2 Mai. *— Autre décret sur la circulation des 
grains. 

24 Mai. — On apprend l'arrivée de l'empe- 
i;eur et de l'impératrice à Dresde. 

12 Juin. — On apprend que l'empereur est 
îffTivé le 2 à Thorn. Décrets datés de Dresde. 

27 Juin. — Le roi d'Espagne y Gfaarles iv /qui 



' '^ ''àMjradDearacsa fmiiBr» a "' — '' ' 



9 _ 

le àéâF dTuUket Aome dam k cKbM cit plat 
gpmWahle à oelm J'Espsgne. D se wernà, 
séqnenoe, dsDsb rifwtair da moBàt Atéûat 
5oJuùu — On Mpprcaà ooe les Etite-U 
de repKsuUcs eoTers les aa^îi ie i» 



• '- 1^ 



( Le rmois de juin 1812 est renuangnidJe par 
le noTobre et le mérite des oiupraçes de lixzé^ 
rature^ de sciences et désrts dont les jiMMiuiaix: 
ont rendu compte.) 

aJuiiIet. — nwieaKàecrtltsàakéBAt1kesdt. 

S Juillet. — AulRs décrets ditrf de Kœûi^ 



4 Juillet. — OHnimwiicaaki 
naty ea icrto d'un étcttL impérial , de devc 
Irait» tTaObiioe offiensÎTe ti défensiwe, Fvr 
calre Fe mp e ieu r des Françûs el celui d" AMti- 
die , ranire entre la France et k Prusse. 

5 Juillet* — FInâeors décrets en nulièredad- 




iéf de Gunti—rn, 

t'jJuiliet* — On éprend qnH s*esl ienn ^ à 
y arsofie , nae dicte génêrak de k IVikgiie ^ à 
de k^odfe nn acte de conriedératMn a 



• m 



19 Juillet. — Retoor de si nuîeslè Fimpr 



i« Aeût. — L'enmercor iXapolèon WMift 
ITifflT nage dcr pwpic de k LillMaHe^ nrooàà 
^TUDa ser dénotaiioos. 

PpçgBls i nip g rijBi datés de WSan. 

itetZ Août. — Antres décwJMwi Fji&Mmk- 

j» a mtencnre. 

des piewiirei fwm» «k 



4l6 TABLE 

à la fois un miracle et un triomphe. Pauvre 
humanité ! ) 

i8i5. 

!i et 5 Janvier. — Décrets d'administration in- 
tërieure. ( Les réglemens utiles occupent le 
temps que l'empereur ne consacre pas à la 
guerre.) 

7 Janvier. — Proclamation-du gouvernement 
de la Pologne^ qui appelle aux armes Cous les 
Polonais. ■S?' 

8 Janvier. — Nomination des membres du 
corps législatif pour les départemens qui sont 
appelés pour Tan i8i3, - 

9 Janvier. — Adresses de plusieurs cobortes 
à l'empereur. . 

11 Janvier. — Décret portant règlement pour 
l'exploitation des mines. 

1 2 Janvier. — SénatiiS-consulle qui met trois 
cent mille hommes 'a la disposition du gouver- 
nement. 

i4 Janvier.,*^ XàvessQ du corps municipal de 
Paris à sa ^majesté l'empereur. Expression d'a- 
mour et 'j^entier dévoûment. 

i8 Junvierk -^ Adresses des cohortes à l'em- 
perer^r. 

•' ^aO Janvier. — Décret relatif à la construction 
e/£ réparation des roules. 

^5 Janvier. — Décret relatif aux dîmes qui se 
paient dans les. pays réunis. 

Nota. Les Moniteurs de ce mois et du mois 
suivant se font remarquer par^ les témoignages 
unanimes et empressés de dévoûment , de la 
part des cohc^tcs nouvellement organisées > de, 



i^-j:. 




CHROHOLOGIQVltr 41? 

tontes les bonnes villes et de toas les pays soumis, 
à la domination de l'empeii^ur. 

6 Février. — Sénalus- consulte qui établit la. 
r^ence de l'empire , daqs les cas prévus par les 
constitulioDS ; discours , rapports , . décrets rela- 
tifs à cet objet. 

9 Février. — Rapports du ministre de la ma- 
rine sur les constructions navales. 

10 Février. — Décret d'organisation de non- 
veaux polders^ dans le département de la Roër. 

i5 Février. — Hier l'empereur a fait , en per- 
sonne y l'ouvertilre de la session législative. 
i8 Février. — Première séance du corps lé- 

tislatif. Présentation d'une liste de cinq candi- 
ats pour la présidence. 

. 31 Février. — M. de Mon tesquiou est nommé 
président. Ërection en principauté du château de 
Rivoli, en faveur du maréoial Ney , duc d'El- 
cbingen. 

2j Février. — Exposé de la situation de l'em- 
pire, présenté au corps législatif par lè ministre 
de l'intérieur. 

4 Mars. — Adresse du sénat d'Italie à l'em-, 
pereur et roi. 

7 Mars. — Décret sur les rachats des droits 
seigneuriaux , dans les dépairtemens de Rome et 
deTrazimène. 

1 1 Mars. — Nouvelles des armées de Portugal 
et d'Espagne. 

iS Mars. — Compte rendu par le ministre, 
sar l'administration des finances, pour l'an i8ii. 

id Mars. — Situation des armées dans le nord 
de l'Europe^ au lo mars. 

2 L Mars. — Décret réglementaire sur les pour* 
dres et salpêtres. 




4î6 '" TABLE 

22 Mars. — Décrète sur 4îffépei]fles brandies 
d administration intëdeure. Projets convertis -en 
lois. 

s4 Mars. — L'empepenr reçoit une âépula^ 
tioti du -coTfs légîsialif . 

Si Mars. — Décret relatif aux conseillers et 
juges «udUeurs. 

Nota. L'Europe a retenti du procès enrire le 
prince régent et la princesse de <ïaHes. Oà lira , 
avec inflérêt ^ dans le Moniteur de ce mois y ies 
débats qui ont eu lieu dans 4e parlemeiH -ei les 
pièces qui y sont relatives. 

1 ^^jtçru. — Décret impérial portant règlement 
sur l'exploitation des marnîères y (rfatrières , «te.* 

2 Avril. — Situation des armées^ françaises 
dans le nord. 'ConamunicaticMi au sénat du dé- 
cret par lequel l'empereur confère à S. M. l'im- 
pérairioe le titre de régente^ Députation du sér- 
nat à l'empereur. Communication au sénat de 
toute la correspondance re^lative à laf^russe; dé- 
fection dé cette puissance , qw joint ses armes à 
celles de l'empereur de Russie.. ( Voyez le Mo-- 
mêeurdu a5 et 2^ de cemois. ) 

5 Avril. — Décret, impérial d'organisation' de 
la garde nationale. 

7 Avril. — Décret de nomination aux {4aces 
vacantes dans le sénat. 

9 A'vrM. — Lettre de la princesse d^ Galles 
au prince régent son père : grandes discussions 
à ce sujet dans le paiement d'Angkterre. Dé- 
cret explicatif des stipulations portées ^u con- 
cordat «signé à Fontainebleau'. 

10 Avril. — Décret portant création d'un 
corps de ^darmerie pour la garde de Paris. 

Le même jour. — Les sciences^^ font une perte 



\ 



w 



CHROi!ïOi;OCIQUS. ^IQ 

jxtépPir^hle j^r la moU du âédateur Lagrange. 

1 5 j^^riè. — Dépari de Tempereur .pour 
Mayence. Situation des armées françaises dans le 
nord de rAIIemagoe. ^ . 

20 Ai^riL — rubliicatipn d'un décret impé- 
rial sur la taxe des frais de justice. 

22 Avril. -^ Situadon des aroiées françaises 
dans le nord au 1 5 avril. 

t!?^ Avril. — L empereur etoît encore à Mayenoe 
le 18. 

26 Avril. — Rïippcirt du duc d'Albufera au 
ministre de la guerre , sur Tarmae d'Aragon. 

!28 Avril. -— Disposiiions militaii^es ordonnées 
par Tempereur pendant son séjour à Mayence. 

So Avril. -^ Décret qui ordonne rinstaUalion 
des maires el adjoints des municipalités de Pa-- 
ris y renouvelés par 4écre<t du :25 mars. 

i^^ Mai. — Les muses» françaises ont à pleurer 
le poète Deliile. 

3 Mai. -*- Nouvelles- de la .grande armée \ 4a 
situation. Capitulation de Tbprn. 

4 ^^^- T— Nouvelles de la grande armée et 
4e l'armée d'Aragon. {Moniteur , n^. laS.) 

8 Mai. — Situation de l'armée au i«^ et au 2 
mai. L'empereur inforn)e rimpéralrice de la 
grande victoire qu'il vient de remporter sur Its 
armées russe et prussienne ; ij écrit du champ 
de bataille de JLutzeo. ( Qui ne déploré pas le 
sort des nations guise vantent d'être /es plus 
civilisées , lorsqu'on pense que cent cinquanJLe 
mille coups de canon ont .été tirés dans cette 
journée; et c est V empereur qui nous l'apprend)! 

10 M'ai. -^ Des nouvelles de la grande armée 
font connoitre sa âitualipu et les dispositions qii^ 
l'empereur a faites. '• * 

37, 



ibcifts-^ 



,J^20 TABLE 

Décrets impériaux du cjuarder-génërâl d'Erfurt; 

1 1 Mai. — Lettre de Fempereur h madame la 
maréchale d'klrie , par laquelle il Tinforme de 
la mort glorieuse de son mari. 

12 3iai. — Nouvelles de la grande armée'; 
ses positions. 

. 17 Mai. — L'impératrice régente ordonne 
qu'il soit cHanté un teDeum en actions de grâces 
pour la victoire remportée par l'empereur à 
Lutzen. 

1 8 Mai. — Proclamation «de l'empereur à son 
armée , après la bataille de Lutzen • 

20 Mai. — Nouvelles sur la situation de l'ar- 
Xnée et sur la capitulation de Spandau. 

33 Mai. — Situation de l'armée, le 16 au soir. 

34 Mai. — L'empereur a son quarlier-géné- 
ral à Dresde. Il propose aux princes coalisés un 
cc^ngrès à Prague pournine pacification générale. 

^37 Mai. — Nouvelles qui informent sa ma- 
jesté l'impératrice que larmée a remporté le 21 
|ine victoire; elles. sont datées d'Ochkirchen. 

ZoMai. — Sa majesté l'ipripératrice reçoit 
les rapports les plus détaillés sur la fameuse ba- 
taille de Bautzen. 

5ï Mai. — Lettre de l'impératrice aux évêqucs 
et ministres des cultes portant ordre de chanter 
un teDeum pou? célébrer la victoire de Bautzen. 

i^ Juin. — Décret impérial rendu à Dresde, 

3ui règle l'entretien et la police des chaussées 
u Rhône. 

4 Juin. — Situation de l'armée au 39 et au 
Si mai. ' 

I o ^n I Juin. — Situation de la grande armée. 
Armistice. (Moniteur^ n^iGi.) Conditions d; 
l'ahAistice. 



CHRONOLOGIQUE. 4^% 

t)écret rendu sur le champ de bataille de 
Wurlchen , pour Férection d'ua moDument sur 
le Mont-Cénîs, elc. 

i4 Juin. — Situation de Tarmëe au 7 du cou- 
rant. Hier 1 3 , l'impératrice a assisté au te Deum 
qui a été chaqté dans Téglise de Notre-Dame , à 
l'occasion de la victoire remportée par Farinée 
française à Wùrtchen. ♦ 

16 Juin. — Situation de la grande armée au 
10 juin. 

18 Juin. — Décrets impériaux du quartier- 
général de Buntzlau. 

20 Juin. — Situation de l'armée au 14 juin.* 

2 1 Juin. — Nouvelles de l'armée d'Espagne. - 
(Moniteur y n^ 172.) ' '■ , ■ 

25 et 26 Juin. — Décrets impériaux datés de' 
Dresde. 

27 7Î///1.—- Situation de la griande armée au. 
^i juin. 

3o Juin. — Situation de l'armée au 24 juin. 

2 Juillet. — Nouvelles de la grande armée -ç- 
la situation de ses différens corps. Rapport du 
général Rapp sur le siège de Dantzick. 

3 Juillet. — Continuation des rapports de ce^ 
commandant. ' 

4 Juillet. — Décrets impériaux datés de DresdéV 
V 5 Juillet. — Ouverture des conférences sur 
la paix entre M. le comte de Metteruich et le diA6 : 
de Bassano, à Dresde. 

7 Juillet. — Décrets impériaux sur divers ob- 
jets d'administration intérieure, datés du qaar- 
tier-général de Dresde. Autres décrets rendus 
par Timpératrice , au nom de l'eitipereur. 

i5 Juillet. — Décrets impériaux datés dcR 
Dresde. - 



4aa • TXBi,v 

ao Juillet. -^ Rapport à ss ihajesté Fimp^ra- 
Irîce régente irur la sttuatîon et les bienfaâte de 
la société màteraelle. 

2^ et nB Juillet. -^ Décrets impériaux datés 
da quartier-général , sur divers objets d'admiais^ 
ti^atîon intérieure é (Moniteur ^ n^ ao6^) 

• i" Août. — Décrets impériaux stir Tadimnâs-' 
Iration intérieure , datés de Dresde. 

5 Août. — No«WeèEcs de Tarmée d'Espagne. 
Le duc de Dalmatie est nommé lieutenanrvlh-gé-*' 
uéràl de lemperenr; 

7 Août. — Programme pour la fête de Kaam-* 
xersaire de la naissance de Fempereur. Ce jour- 
1|^9 le «ministre poser» k première pierre de trois 
grands établissemens publics: le marché 8t-€£er- 
naain, celui des Carines^ eelui des Blaocs^Man- 
teaux. 

^ & ^ailftf.-^Décretflimpérîaûxdatés^aquartier' 
général de Dresde. 

9 Août. — L'iitiperatrice reine et régente 
revient de Mayeoice'à Sd.-Cloud. 

: 1 3[ Août. — r N'OuveHes èB rarmécid'Es^a^e. 
( Moniteur, /r. 226. ) - 

1 5 Août* — - L'anniversaire de 1» naissance de 
Fempereur est célébrée avec la pompe d'usage.^ 
L'inscription suivante a été gravée strr là p^- 
mière pierre de Fédifice du marché St.-Germaln : 

Sous lé règne de Mapoléon-le^Grand, ew^ 
pereur des Français , roi. d'Italie, protecteur 
de la confédération du Hhin, médiateur de la 
confédération suisse y le i^ Août i&ii y Jour 
heureuw de sa naissance , fut fondé le marcha 
Saint-Germainl 

. :i5Août.. — Décrets impériaux datés de Drede^ 
sur des objets d'administration intérieure.. 



\ 




CHROHOLOXIQUE. ,4^ 

Zo Août. ~- ilftpport da géoéral Ilsf^i^ sur la 
lituadon de Danlzick. 

3 Septembre, — Sénattis-consullequloxâooxie 
Ja levée de treate mille bonmes sur 1«» eoos- 
criptions antérieures, dans, les deparlemeosi mé- 
ridionaux. 

5 Septembre. — Retour de Timpératrice de 
aou VQ^^e de Cherboarg. Nouvettes de l^^ande 
armée. L'empereur est entré dans Drcsd« ; les 
hauteurs des eavkoos de cette capitale sont ocr 
cupees par les arraéoa eaoemxes. (^Moniteur j 
n". a5o. ^ 

8 Septembre. — • Sénatus-consuhe qui annuité 
la déclaration qu'un jury a faîte en faveur de 
ouatre accusés^ traduits devant ]a cour d'assise 
de ËruxeUes. {Cet acte du sénat fut regardé 
comme mltentatoire à l'iudépeadance de l'ùts^ 
titmioa. du jury. ) 

9 Septembre. — Décrets rendus au nom de 
l'emper^ur.ypar sa majesté VimpératnceD^enle. 
Le n f autres décrets datés de Dresde^ su^ di- 
vers oh^ts d'admidiâlration. intérieure.. 

ïLSeptembre — Nouvelles derempereur et 
de lu-mée, datées da S , et anaongant divers 
avantages sur l'ennemi. 

19 Septembre. — Il a été chaalé» d«n& les 
églises des diOereas cultes» un te Deum pour 
célébrer les victoires remportées par l'empereur. 

%o Septembre. — Nauvetles de. l'armée jus- 
qu'au i5 octobre. (P^oyes le Stoniteur^n°. 363.) 

aS et 34 Septembre. — Adresses d» félijcita- 
, tien à l'impératrice régente. 

aS Septembre. — Nouvelles de l'armée en 
date du i3. 

3o S^tembre. — IIsQcet» impériAUx ^ndus 




424 TÂBtt 

au nom derempereurparrimpëratrice régente." 
Les travaux publics sont conduits avec une 
grande activité. 

i*' Octobre. — Lettre de Fenopereur , datée 
de Dresde ^ au ministre de la justice y relative à la 
déclaration du jury de Braxelles^ du 24 )nillet. 
Discotnrs du consetl-d'état , et rapport du séna- 
teur Cnasset. Nouvelles de Tarrnée d^Aragon. 

n Octobre. — Détails sur la situation respec* 
live de la grande armée et de Tannée ennemie. 
Arrivée de l'empereur à Dresde. 

4 Octobre. — Plusieurs décrets sur des objets 
d'administration intérieure^ du quartier-impérial 
de Dresde. 

5 Octobre. — Communication au sénat , par 
le prince arcbicbancelier, de toutes le^ pièces re« 
latives à la rupture de l'alliance avec l'Autriche. 

6 Octobre. — Situation de l'armée; divers 
avantages qu'elle a obtenus sur l'ennemi. 

7 Octobre. — Séance solennelle du sénat. 
L'impératrice régente y prononce un discours 
tendant à justifier la guerre de la France contre 
fEqrope coalisée. A Ta suite de cette séance , un 
sénatus-consulte ordonne la levée de 280^000 
conscrits. 

1 4 Octobre. — Décret de l'empereur et séna- 
tus-consulte qui déclarent guerre sans fin à la 
3uède , jusqu'à ce qu'elle ait restitué à la France 
la Guaaeloupe qu'elle n'a pu ni du recevoir du 
gouvernement britannique. 

5o Octobre. — Nouvelles sur la situation de 
l'armée jusqu'au 24 octobre. 

{Durant te cours de ce mois, les adminiS'- 
trations départementales et m.unicipales ont 
porté, au pied du trône de r impératrice ré" 



CHRONOLOGIQUE. \^2S 

gente , des adr'esses de félicitation et de dé^ 
vouement ). 

5 Novembre. — Situation 3e la grande armée 
au 3i octobre. 

8 Novembre. — Situation de Farmëe au 5 no- 
vembre. ( Moniteur^ nP 3 1 3. ) 

lo Novembre. — Situation de Farmée au 7 
novembre. 

I j Novembre. — Lettre de l'empereur à Fim- 
pératrice régente y en lui envoyant onze dra*- 
peaux pris sur Fennemi. — Conseil-d'état tenu à 
Saint-Cloud^ et présidé par S. M. l'impératrice 
régente. 

14 Novembre. — Réception solennelle du sé- 
nat par l'impératrice à Saint-Cloud. 

1 5 Novembre. . — Le ministre de la guerre 
présente à l'impératrice les drapeaux susmen- 
tionnés. 

\S Novembre. — Décrets impériaux du quar- 
tier' impérial de Mayence. - 

19 Novembre. — Décret impérial sur l'admi- 
nistration des biens du clergé. 

20 Novembre. — Conseil^d'état , présidé par 
l'impératrice régente ^ qui crée deux armées de 
cent mille hommes chacune^ formées l'une à 
Cordeaux y Fautre à Turin. \ 

24 Novembre. — Rapport du maréchal Gou- 
vion Sainf-Cyr sur son engagement do 1 7 no- 
vembre avec Farmée russe. Convention du 1 1 no- 
vembre en vertu de laquelle ce maréchal rentre 
en France avec ses troupes* 

i^"^ Décembre. — Décret qui fixe Fouverture 
du corps législatif au 19 décembre. 
'^ 2 Décembre. — Fête dans tout Fempir^ pour 
l'anniversaire du couronnement. 



4^8 TABLX 

3 Février. — L'empereur a pris Saint-D'izièr^ 
et s'est placé sur les derrières de rennemi. 

4 Février» — Décrets reodus par rimpëralrîce 
régente. 

6 et j Février. — Situation des armées au 5 
février. Combat de Brienne. L'empereur est à 
Troyes. Nombreuses adresses des gardes d'hon- 
neur et des gardes nationales. 

Q Février. — Organisation de la garde natiO' 
nale sédentaire de Paris. 

12 Février. — L'empereur attaque un corps 
russe à Cbamp-Aubert ^ et fait ^prisonnier le 
général Ousouwieff avec tout son état -major. 
Bataille de Montmirail gagnée par Tempereur 
sur le général Blucher. , 

1 5 Février. — Nouveaux avantages obtenus 
par divers corps de l'armée. 

r8 Février. — Six mille prisonniers passent 
par Paris, arrivant par la barrière de Charenton. 

ai et 25 Février. — Marches de l'empereur, 
et situation des armées. 

2^ Février. — L'empereur, après de brillantes 
affaires de cavalerie, est entré à Troyes. 

2j Février. — Le ministre de la guerre pré- 
«sente à Timpératrice les drapeani^ pris sur les en* 
nemis. Décrets portant destitution de préfets. 
Plusieurs villes de la Champagne et des environs 
de Paris envoient des députations à la munîor- 
palité de Paris ; ^lles sont ruinées > pillées et pri- 
vées de toute espèce de subsistances. 

1*"^ Mars. — Situation des armées. Le quarti^- 
général à Troyes. 

4 Mars. — Rapport sur tous les événement 
militaires dans le département jle l'Aube et à 
Troyes depuis l'invasioq de. Fennçmî« * 



CHROKO LOGIQUE. 4^9 

« 

6 Mars. -^ Lettres des villes où sont passées 
les troupes ennemies, au corps municipal de Pa- 
ris. ( Tableau effrayant. ) 

7 Mars. — Le commandant de Soissons est 
accusé de trahison. Décrets qui ordonnent des 
représailles, etc. 

19 Mars. — Bataille de Craone, gagnée par 
Fempereur. 

\2et \l\Mars. — Situation des armées au 9 
6t au 1 3 mars. 

i5 Mars. — Belle affaire de Reims où lé 
corps d'armée de M. de Saint-Priest a été com- 
plètement battu. 

19 Mars. — Attaque sur Compiégne. Les en- 
nemis sont repoussés. 

:2i Mars. — Situation de Tarmée au 20 mars. 
Belle conduite des habitans de Chàlons- sur- 
Marne. V 

29 Mars. — Les Russes sont battus à St.-Di- 
zier. Horreurs commises à St.-Sébastien par les 
troupes anglaises. 

1 «' Avril. — Les armées alliées occupent Pa- 
ris. Déclaration des souverains. Des mesures 
sont prises pour la tranquillité de Paris. 

2 Avril. — Séance extraordinaire du sénat , 
présidé par le prince de Bénévent. Gouverne- 
ment provisoire, composé du prince Talleyrand, 
des sénateurs Beurnon ville , Jaucourt , d'Alberg, 
M. de Montesquiou , le général Dessoles , com- 
mandant en chef la garde nationale de Paris. 

3 Avril. — Le sénat décrète la déchéance de 
Napoléon Bonaparte. Adresse du gouvernement 
provisoire à l'armée. 

4 Avril. — Nomination du ministère provi- 
soire. Décret, du sénat qui délivre le peuple fraa* 



430 TÀJBJLS 

jçais du serment de fidélité «euvers Napoléon. 

5 Avril. -^ Actes du gauverneoieDt. Aboli* 
lion de )a conscription militaire. Adresse ao 
jpeuple français. Adhésion du corps législatif aux 
xésolutions prises par le sénat. 

6 AvriL — Le pape et les princes d'Espagne 
jont rendus à la liberté. ' ■ ^ 

7 Aigrit. — Projet de constitution présenté av 
sénat. Adhésion de plusieurs ^éuétaux aux actes 
du gouvernement provisoire. Texte d.e la cons^ 
,titution; elfe appelle au trône Louis - Stanislas 
Xavier. . 

9 , lo e^ 1 1 Af^ril. — Plusieurs actes du gou- 
vernement provisoire. L'adhésion dos gàiéraux 
et des autorités devient générale. 

i^ Avrils — Acte d'abdication.de Tempereur 
Napoléon. Programme du céréaiooial pour h 
réception de Louis-Stanislas Xavier ^ appelé M 
j(r<one des F'Tançais. Entrée de Monsieur ^ itkxt 
xlu Toiy dans la capitale du royaume. 

i3 Avril. — Exposé de cet événeJS^E^.et de 
ses circonstances. 

1 5 Avril. — Actes du gouvernement provi*- 
soîre. 

i6 Avril. — Entrée de l'empereur d'Autriche 
à Paris- 

17 Avril. — Actes nombreux d'adhésiouii 
Monsieur^ frère duroi^ nomme un conseil d'état 
j)covisoire et prend les rênes du gouvernement. 

^5 Avril. --«Convention entre Monsieur^ itl&cf 
,du roi y et les bautes puissances alliées. 

7i5 Avril. — On apprend <)(ie le roi <est arrivé 
a BouJo^^ne. 

I^ rcd Lovûs xviH , par sa déclaration datée 
de St.-Ou€;n^ accepte iles artidç^ if<(^^i;i4s^ 



CHRONOLOGIQUE. ^^I 

de la GonsUtution au sénat. Soa «otrée sôleaaelle 
dans la capitale ^ le 3 «lai y présage ila £n des dis- 
<K>rdes cWsleâ^ le bonlieiur de la F nance et Ja paiac 
de l'Europe. 

Noua. L'âuleur de f histoire de Napoieida 
Bonaparte s'élant «nterdit ^'intercalier la res^ 
tauratioo entre l'époque de la déchéance et celle 
de â'ioirasioQ , ila table chronologique sera ter- 
minée par les événemens relaitâfs à celle dernière 
et Ifunesie «ntpeprise. 

i8i5. 

a6 I^éi^ier. — La garde de Napoléon reçoit . 
Tordre de se tenir prête à quitter l'ile d'Elbe. 
Lfe •même jour, à quatre heures du soir, onze 
cenls* quarante hommes et Im^nème «ont em- 
barqués. 11 avoit laissé pour gouverneur de Tile 
le général Lapi. 

t" Mars. — Entrée de la flottille dans le golfe 
Juan, à trois heures. C'est ik que Napoléon rédige 
deuK adresses , l'Aine à Tarmée , l'autre au peuple 
français. Débarquement, à cinq heures, le même 
jour. 

2 Mars. — L'avant -garde , l'empereur à la 
tète , ^e met «n marche à une heure du matin et 
arrive à Cannes , de Cannes à X^rasse. 

5 Mars. ,— 11 est à Barème , le 4 ^ Oigne. 

S Mars. — Le général Cambrones'em pape de 
la forteresse de Sistéron. L'empe?eur se présente 
en personne à *une avant-garde -de huit cents 
hommes qui s'oppose à isonjpassage. « Me voilà ; 
s'il esi parmi vous ^n soldat -qui veuille tuer son 
empereur , Il le peut, w F^we l^entpereur fut la 
réponse de cette troupe électrisée. ^ 

7 e( ^ Mans. «*- H couche à Bourgoin. Là , 



452 TABL£ 

éclatent les plaintes d'une multitude immense ^ 
contre les nobles et les prêtres. L'empereur calme 
cette effervescence menaçante. Celte des troupes 
convenoit mieux a ses desseins. Il commence à 
recueillir dans Grenoble y ensuite à Lyon y les 
fruits de sa proclamation à larmëe. ( Toutes les 
pièces citées sont dans le Moniteur. ) Il y a 
. moins d'abandon et de conviction intérieure 
dans la proclamation aux Français. Il semble 
qu'il se réservoit de modifier les droits et les 
principes qu'il reconnoissoit dans cette espèce de 
charte improvisée. 

lo Mars. — La nouvelle du débarquement sur 
la plage de Cannes étoit parvenue à Paris : le 6 
jusqu'au 20 , différentes mesures soit militaires^ 
soit législatives y sont prises ; le courage du roi ne 
se démentit pas un seul instant; il ne céda qu'à 
la nécessité. 

Monsieur y frère du roi y et le maréchal duc 
de Tarepte trouvent la garnison de Lyon dis- 
posée à la révolte. Us sont forcés de revenir 
auprès du roi. 

Napoléon fait son enti^e à Lyon où une armée 
est réunie. 

j I Mars. — Il rend des décrets administratifs; 
et dans le même temps le gouvernement y tronapé 
par de fausses nouvelles^ semble attendre l'ex^ 
pulsion hors de France ou la prise de l'usurpa- 
teur. • 

1 3 Mars. — Divers décrets y connus sous le 
titre de décrets de Lyon. {On peut les regarder 
comme la restauration du gouvernement impi^ 
rial. ) ( Voyez le Moniteur à ta dette. ) 

i5 Mars. — Napoléon arrive à Autun , 
d'Aulun à AvalojQ. 11 rassure les Bourguignons 



CHRONOLOGIQUE. 453' 

que d'imprudens écrits alàrmoient sur les pro-^ 
priétés ditea nationales/ 

i6 — Mars. -^ Le roi a voit tenu une séance 
royale; les princes, lès deux chambres, les 
ministres, les gébéraux y avoient fait éclater 
leur zèle; le roi, la plus haute sagesse; tous, le 
plus chaud patriotisme. Mais Napbléon àvançoit 
en grossissant soh parti. 

17 Mars. Il couche àAuxerre où il ordonne 
la réunion , à Fossart , de tous les corps qui se 
sont remis sous ses drapeaux; G'isst là aussi que 
se fait la jonction du marébhal Nejr et de son 
armée avec Napoléon. 

1 8 Mars: — Séance mémorable de la clyahibi'è 
des députés. Propositions deloiiï très-sages^' maik 
tardives. ^ 

19 Mars. — Le roi ordonne la clôture des 
chambres ^ tandis* que Napoléon arrive sans obs-* 
tacle k Fontainebleau , après bien des niesures 
de défense inutilement prises' par lé gouverne- 
ment royal. 

20 Mars: -^ L'empiereur arrive le matin à 
Fontainebleau; le soir, à 9 heures, il énti^ë au 
palais des Tuileries. ". .. 

Le départ du roi et le retoot» dé N^pôléôB 
produisent dans le même jour, 20, un singulier 
contraste d'opinions. Des groupe^ crient vive h 
roi', à côté ^'autres groupés qui crient vive 
l'empereur: 

21 Mars. — Revue des troupes. Harangue de 
l'empereur. Il flatte égaleihérit le peuplé et lé 
soldat. Il nommé les ministres. ( P^ojez le Mo-^ 
niteur de ce jovir.) 

2 1 Mars et jours suivans. — L*èmpçreur re- 
çoit les diverse^, autorités. Toutes , et surtout le 
3. 28 



454 ;, TABLE 

conseil d^etat , tieDneni uq langage d'indépea-' 
dance et de liberté qu'il n'eût pas souffert avant 
sa disgrâce et qu'il autorise par sqs propre dis- 
cours. Il y a bien loin de ces pairoles ce La na- 
Uon c'est moi », à çellesci « les rois sont faits pour 
les peuples. » 

1"' Avril. — .Décrets par lesquels Napoléon 
annuUe les ordonnances du roi ^ relatives aux 
théâtres , au conservatoire , à l'hôtel des Inva- 
lides 9 etc. 9 etc. 

2 Avril. — Abolition de là traite des Noirs. 
Plusieurs décrets sur.des objets d'administration. 
L'institut eci corps adresse un discours de félici- 
tation à l'empereur 9 par l'organe de son prési- 
dent, M. Ëtienpç.. 

3 Avril. — Promotions dans l'armée. 

^ Avril. -^ Lettire du mini^rj&..de la police 
générale à tous les préifets de Fempire. Déclara- 
tion du congrès àfi Vienne. Relation du retour 
de Napoléon en France. 

5 Avril. — Brest, Nantes,Cherbourg,Lille,etc.> 
célèbrent avec enthousiasme la rentrée de l'em- 
pereurà Paris. (Moniteur.) . ,.; . 

8 Avril. — Décret portant une nouvelle or- 
ga^i^fition de la police générale de Tempire. 
Autre décret concernant la garde nationale. 

7 Avril. — ^^ Conduite du général Clausel à Bor- 
deaux. Décret d'amnistie daté de; L^yon, 1 2 mars. 

9 Avril. — Décret impérial daté du 25 mars , 
relatif à la^ famille des.Bourbops.. Correspon- 
4ai>cei5 interceptées. (Moniteur.) 

!ij Avril. -— Les lieutenans-rgénéraux Ber- 
trand , Drouot , d'Erlon , Belliard , Gérard , sont 
élevés.à la dignité de maréchaux de l'empire. 
Décret qni.rapg^lle les anciens préfet^.. 



w^^ 



CHRONOLOGIQUE. 4^5 

12 -(^m/.— Décret qui ordonne que tout fonc- 
tionnaire militaire et dvil renouvellera le ser- 
ment de fidélité à rempereùr. {Ici commencent 
les fausses nouvelles et annonces èUF^ le& dis-^ 
positious des puissances, y 

1 3 ? 'Ai^rih — • Correspondances * interceptées. 
( Voyez le Moniteur , proclamation du rot 
Louis XFIII.) - 

lé^ AyriL -— Tableau par départeméris / des 
gardes nationales qui doivent protéger les fron- 
tières. Oa apprend que ^ le 9 , le lord Wellington 
sW rendu à Gand auprès de Louis xyni. 

i5 -rfï/w^/itfr-- Rapport du ministre des rëlârtions-' 
extérieures à l'empereur sur les dispositions hosp 
tilesdes puissances, sur la rupture des commu^ 
nications entre elles et l'empire français. 

16 Avril. — * Rapport du ministre dé la poKce' 
sénéraleà l'empereur .9 sur la situation intérieure 
le la France, et circulaire du-même à messieurs* 

les préfets. Pièces trouvées aux Tuileries après^ 
Le^épart. de M. de Blacas. (ilfomV^fi//'.) 

17 AvriL'^ Le canon des Invalide^ annonce 
la pacification dans les* départemens insurgés. 
Correspondance du. Midi (Moniteur du 16.) 
Mouvemens de troupes sur les frontières. 

18 Avril. — Nouvelles du Midi. Lettres in «- 
terceptées. {Moniteur. ) 

ig Avril* — Le maréchal Grouchy anfionce 
que le drapeau tricolore ^flotte sur les établisse- 
mens publics de Marseille. Lettres interceptées^;. 
Marche des troupes coalisées vers le Rhin . 

21 Avril. — Le roi de Naples , que les sou-' 
verains alliés cessent de reconnoitre,- défend sa 
couronne à la tête de ses armées. Il déclare l'in-* 
dépendance de ritalie; 

a8. 



{Ce quiljr a de plus remarquable dans les 
journaujc , ee sont les fausses nouvelles , . 
source d'illusions funestes ; la fiatterie y la 
trahison , la haine secrète contre l'empereur 
les accréditent à VenvJ. ) 

:xJ^AuriL'^k.c\j^ addiiionoel aux constitutions 
de Tempire du :2i. < 

. :xS Avril. Décret impérial du 2a, portant con» 
yocatioa à Paris des collèges électoraux /sous le 
titre d assemblée du Cbamp-de*Mai. 
. 127 Avril. — Toutes les correspondances do 
dehors et derintérieur annoncent la guerre la plus 
sanglante^ et c'est pour et contre ue^eul homme 
que s'aJllume cet iacendie« Plectuntur Achi^i. 

28 Avril. — Décret du an sur Torganisation 
des corps francs : aujourd'hui* commencent les 
débats publics sur lacté constitutionnel. 

2g Avril. — Déclaration .remarquable de haine 
^t de vengeance du roi d'Haïty ( Henri ) , contre 
la France- 

So^^^r^V.— Mouvemens de troupes ennemies. 
L'empereur a reçu pendant tout ce mois désdçpu- 
tatious dés départemens et des principales villes. 

i^f Mai. — Traité conclu entre les souverains 
alliés ; observations sur les articles de ce traité. 
(Vojezl Indépendant ^n9i.) 

2 Mai. — Le public cal inondé d'écrits sur 
l'acte additionuel; l'article isur la pairie hérédi- 
taire est le i^us contrarié.^Décret du 5o avril sur 
Ig. renouvellement des autorités municipales. 

4 et 5 Mai. *^ Divers décrets sur dès objets 
d'r^dministration intérieure. . -- . . V 

6 Mai. -r- Détails sur l'invasion de la Toscane 
par le roi de Naplès. 

7 Mai. — Le collège électoral du département 



CHRONOLOGIQUE. 4^7 

de la Sehie, pour la formation de la chambre des 
représentans y tient sa première séance. Lettre 
da ministre dm la guerre aux préfets, etc. , 

8 Mai. — Le collège électoral de la Seine a 
terminé ses opérations. 

9 Mai. -— Lucien Bonaparte arrive à Paris. 
{(M peut déjà remarquer que Vacte adition-^ 
nel a prodigieusement affaibli le parti de Bo^ 
naparte et fortifié celui dès constitutionnels i ) 

1 1 Mai. — Représentations énergiques et res- 
pectueuses sur l'acte additionnel, etc. ( Voyez 
V Indépendant y n^ ii.) Rapport du ministre de 
la police générale sur la vraie situation de la 
France, du 7 mai. 

12 Mai. — Déclaration de Louis xviii , datée 
de Gand le 7 mai< Les fausses nouvelles se mul- 
tiplient et s'accréditent. 

1 5 Mai. — Mouvement des troupes. Lettres 
de divers généraux au ministre de la guerre.* 
( Koyez l'Indépendant , /z** 1 5 . ) 

i5- Mai. ^— Présentation des confédérés de 
Paris à l'empereur. 

16 Mai. -*- Les journaux annoncent les opé- 
rations des collèges électoraux. 

18 Mai. — Extrait d'une lettre écrite de 
Londres ; elle est relative à la conduite de lord 
Castleréagh ; elle explique bien des difficultés , 
et résout bien des doutes. ( V^oyez le Moniteur 
ou V Indépendant . ) 

19 Mai. — Les fédérations s'organisent sur 
plusieurs points , et l'esprit public s'affoiblit dans 
la même proportion. 

^oMai. — A la date du i5et du 16, lés jour- 
naux anglais dissertent beaucoup sur le long sé- 
jour de Napoléon à Paris. 



458 tablv 

Projet de conslilution pour rAIlemagne , par 
M. Humboll. {Journal de Francfort , voyez 
V Indépendant , 72*> 20.) • 

24 Mai. — Rapport littéral de deux confë-* 
renées entre lord Wellington cl M, de Ville- 
neuve à Grenade en Guyenne , les 7 et 8 avril 
1814. {Les youmaux étrangers se jouent déplus 
en plus de notre présomptueuse crédulité. C'est 
au point que les Français doutent de la guerre.) 

28 Mai. '- — Pacte fédératif des Parisiens. 

2g et 5 1 Mai. — Toutes les correspondances 
étrangères et de Tintérieur présentent une marche 
hostile de la part des princes y et des mesures de 
défense dans les départemens frontières et à Paris. 

ï^^ Juin. — •CoùfédératioQ dans divers parties - 
de la France. Dépouillement des votes pour 
l'acte constitutionnel par les députations des 
collèges électoraux , recensés chez le prince 
archichanceliér. 

Solennité du champ de mai. Discours du pré* 
sident des collèges. Réponse ^.e l'empereur. 

2 et 5 Juin. — Confédération. On apprend 
l'entière défaite du roi de Naples, 

4 Juin — Formation de la chambre des re- 
présentans. Résultats connus à Paris de la con- 
férence tenue le 12 mai par les puissances coa- 
lisées. M. Lanjuinais est élu président de ta 
chambre des représentans. 

5 Juin. — Le président de la chambre des 
pairs donne communication à la 4:hambre^ des 
représentans du décret de l'qmpereùr nommant 
les pairs de France. {F'ojéz le Journal officiel^ 

8 7/i//2.-i- Ouverture solennelle de la session 
législative, par Tempereur. ... .: 

1 1 Juin. — Accession dç la §t;iisse au systèine 



CHRONOLOGIQUE. 4^9 

de confédération des puissances contre Napoléon. 

12 Juin. — - Troubles dans les déparlemens de 
rOuest. L'empereur reçoit les adresses des deux 
chambres. Dans sa réponse , il annonce son dé- 
part pour Farmée , dans la nuit suivante. 

1 3 Juin. — Départ de l'empereur. 
i/^Juin. — Rapport aux deux chambres sur la 

situation de l'empire par le ministre de l'intérieur. 

i8 «/^//z.-— Rapport à sa majesté sur la situa- 
tion de Tempire y par le ministre de la police. 

19 Juin. — Nouvelles des armées entrées dans 
la Belgique. 

,J20 Juin. — i On apprend que l'armée a gagné 
la bataille de Fleurus. 

22 Juin. •— Que les alliés ont gagné celle da 
Mont Saint-Jean. Le ministre annonce aux deux 
chambres le retour de l'empereur. Conseil des 
ministres. 

23 Juin. — Séance des pairs. Le maréchal Ney 
y donne de nombreux détails sur la bataille de 
Waterloo. 

Séance des représentans ; on y lit l'acte d'ab- 
dication de Napoléon en faveur de son fils. Dé- 
putation des chambres à l'empereur. 

24 Juin. — Autres détails sur la bataille du i8, 
par le général Drouot , pair de France , qui con- 
trarient en tout point ceux du maréchal Ney. 

Nomination d'une commission provisoire de 
gouvernement. Les membres qui la composent 
sont : le duc d'Otranté , le comte Carnot , le gé- 
néral Grenier^ etc. M. le maréchal Masséna est 
nommé gouverneur de Paris. 

25 Juin Nomination 'de cinq plénipoten- 
tiaires pour aller 9 près des puissances^ traiter 
de la paix. 



44^ TABLE 

ProclamalioQ du gouvernemeat provisoire aax 
Français. 

27 Juin. — M. Otto 9 chargé de négociations 
avec r Angielerre y part pour Londres. 

^ Juin. — Tous les bulletins des années sont 
alarmans. Les ennemis sont entrés sur le terri^ 
toire de la France. Lettre très -différemment 
commentée dans le public et dans les chambres y 
du duc d Otrante au lord Wellington. 

3o Juin. — Différentes mesures proposées et 
arrêtées dans les deux chambres en éiveur de 
Tenipereur. 

Les jours suivans y Napoléon se rend à bord 
de la frégate qui lui est destinée y se proposant 
de passer aux Etats-Unis ; cerné devant File de 
Ré par des vaisseaux anglais y il se décide à se 
livrer au gouvernement britannique ^ qui l'en- 
voie à Sainte-Hélène. 



Wfi— —Kli» 



TABLE DES MATIERES. 

VANT-rtlOPOS. I 

Chap. I. Goup-d'œil rapide sur le caractère du géne'ral 
Bonaparte et sur la situation de la France aprcs les 
guerres ' d'Italie ^ expédition d'Egypte^ motif de cette 
colonisation civile et militaire^ retour du général Bo- 
naparte ; conjectures à ce sujet. 4 

Chap. II. Journée du 18 brumaire^ ses circonstances; ses 
résultats. Constitution consulaire. Le général Bona- 
parte , premier consul. Opinion sur ce gouvernement 
et sur les hommeé influens de cette époque. 22 

Chap. III. Vues secrètes du consul; son ambition^ sa po- 
litique astucieuse; ses moyens de corruption. Pacifi- 
cation de la Vendée. Mesures d'indulgence en faveur 
des émigrés. Lyon particulièrement protégé par le 
consul. ; 3i 

Chap. IV. Son administration intérieure. Instruction pu- 
blique. Fourcroy. Codes civil et criminel. Progrès de 
l'admiration et de la flatterie. Consulat à vie. Con- 
cordat. • 4^^ 

Chap. V. Expédition de St.-Domingue. Préparatifs contre 
l'Angleterre. Camp de Boulogne. Considérations géné- 
rales sur le gouvernement consulaire. 67 

Chap. VI. Progrès de la puissance de Napoléon , et cons- 
titution impériale. Naissance et progrès du despotisme 
militaire. Tribunaux spéciaux. Procès et jugement du 
général Moreau ; autres attentats. Sous quel point de 
vue ooMoit juger la conduite du sénat et au corps 
législatif. 86 

Chap. VII. Politique de Napoléon envers la cour de Rome : 
son sacre. Observations sur le rôle que le pape joua a 
Paris. Activité dans les ports inspectés par l'empereur. 
Alarmes en Angleterre. Son voyage en Italie. Il met 
sur sa tête la couronne des Lombards. i ox 

Chap. VIII. Guerre contre l'Autriche. Belle et glorieuse 
campagne, couronnée par le traité de Presbourg. Gou- 
vernement militaire; ses effets politiques et moraux* 
Développement du plan de Napoléon. Conseil d'état. 
Conféd éra tion d u Rnin . 118 

Chap. IX. Guerre contre la Prusse. Traité de Tilsjtt. 
Nouvelle organisation du corps législatif. Suppression 
du tribunal. Politique modérée ae Napoléon à cette