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Full text of "Essai sur les propriétés médicales des plantes, comparées avec leurs formes extérieures et leur classification naturelle"

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Columbia  Collège  Library 


Madison  Av.  and  49th  St.  New  York. 

lies! de  the  main  topicthis  book  also  treats  of 


Suhject  No. 

5 


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University  of  Ottawa 


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ESSAI 

SUR  LES  PHOPRILTÉS  MÉDICALES 

DES    PLANTES. 


ESSAI 

SUR  LES  PROPRIÉTÉS  MÉDICALES 

DES    PLANTES, 

COMPARÉES   AVEC  LEURS  PORMES  EXTERIEURES  ET  LEUH 
CLASSIFICATION   NATURELLE  j 

ParM.  Aug:  Ptr:  DE   CANDOLLE, 

Professeur  de  Botanique  aux  Facultés  de  Médecine  et  des 
Sciences  del'Acaclén)ie  de  INIoatpellier ,  professeur-honoraire 
à  l'Académie  de  Genève  ,  Correspondant  de  l'Institut ,  des 
Académies  Royales  des  Sciences  de  Munich  ,  Turin  ,  etc. 

SECONDE  Édition,  REVUE   et  augmentée. 


A    PARIS, 

Chez  CROCHARD,  Libraire,  rue  de  l'Ecole  de 
Médecine,  N.°  3. 


8i6, 


x 


^ 


AUX 


BOTANISTES  FONDATEURS 


D  E 


LA  THÉORIE  DES  RAPPORTS  NATURELS , 

J.  ET  G.  BAUHIN,  TOURNEFORT  ,  MAGNOL  , 
RAY,MORISON, 

Qui  l'ont  pressentie  ; 

BERNARD  DE  JUSSIEU, 

Qui  l'a  prouvée  ; 

A  D  A  N  S  G  N, 

Qui  l'a  développée  ; 

ANTOINE-LAURENT  DEJUSSIEU, 
Qui  l'a  soumise  à  des  lois  fixes  ; 

DESFONTAINES, 

Qui  l'a  liée  avec  l'anatomie  végétale  j 

RI  CHARD, 
Qui  l'a  éclairée  par  l'analyse  des  fruits  j 

ROB.    BROWN, 

Qui    l'a  étendue  par  l'examen  des  Plantes  de    la 
Nouvelle-Hollande. 


o  o  !^  '**;  Q 


g.tVB.Sai»MamM'.y~g^-JW6!.^B..^,iBtiBUfelJ 


PREFACE. 


JLiA  première  édition  de  cet  ouvrage  a 
paru  en  1804.  Je  la  donnai  comme  Thèse 
inaugurale  pour  o btenirle  grade  de  docteur 
en  médecine  à  la  Faculté  de  Paris.  Depuis 
cette  époque,  j'ai  eu  fréquemment  occasion 
d'apprendre  de  nouveaux  fliits  sur  les  pro- 
priétés des  Plantes  qui  ne  sont  pas  géné- 
ralement usitées  ,  et  j'ai  vu  que  ces  faits 
tendaient  presque  tous  à  diminuer  le  nom- 
bre des  exceptions  que  j'avais  moi-même 
signalées  comme  contraires  à  la  Théo- 
rie que  j'avais  embrassée;  les  change- 
mens  que  la  classification  naturelle  des 
végétaux  a  subis  depuis  dix  ans  ,  ont  en- 
core eu  pour  résultat  de  faire  disparaître 
nn  grand  nombre  d'anomalies  ;  ces  véri- 
fications de  la  doctrine  que  j'ai  cherché  à 
établir,  jointes  à  l'approbation  que  les 
jug^s  les  plus  éclairés  sur  ces  matières  ont 
bien  voulu  donner  à  mon  travail  ^  m'ont 


viij 

engagé  à  en  publier  une  seconde  édition. 
J'y  ai  suivi  la  même  marche  que  dans  la 
première  ,  mais  j'y  ai  intércallé  un  assez 
grand  nombre  de  faits  nouvellement  ob- 
servés 5  en  ayant  soin  de  citer  avec  plus 
d'exactitude  encore  ceux  qui  sont  contrai- 
res à  la  loi  de  l'analogie  j  que  ceux  qui 
lui  sont  conformes.  Quant  à   l'ordre  et  à 
la  circonscription  des  familles,  j'ai  suivi, 
à  de  légères  exceptions  près ,  le  tableau 
que  j'en  ai  présenté  dans  ma  Théorie  Elé- 
mentaire de  la  Botanique  (i)  ;  tableau  qui 
est    lui-même  l'expression    des    opinions 
admises  aujourd'hui  par  la  plupart  des 
classificateurs. 

Je  désirerais  beaucoup  que  cet  ouvrage, 
tombant  entre  les  mains  de  quelque  chi« 
iiiîste  habile  ,  pût  l'engager  à  diriger  une 
série  d'expériences  vers  ce  point  particulier 
de  la  science  ,  d'analyser  quelques  plantes 
de  toutes  les  familles ,  et  de  rechercher  si 


(i)  Un  vol.  1/2-8.^  Paris,  i8i3.  Chez  Deterville , 
libraire. 


IX 

les  matériaux  immédiats  des  végétaux  se 
retrouvent  avec  quelque  exactitude  dans 
les  sucs  ou  les  organes  analogues  des  es- 
pèces ou  des  genres  du  même  ordre  naturel. 
La  chimie  végétale  a  fait  sans  doute  de 
grands  progrès  dans  ces  dernières  années  j 
mais  je  ne  crains  point  d^être  désavoué 
par  ceux  mêmes  auxquels  ces  progrès  sont 
dus,  en  disant  que  celte  branche  de  la 
science  est  encore  loin  do  sa  perfection. 
L'étude  des  matériaux  immédiats  A^s 
plantes,  sur  laquelle  repose  toute  la  con- 
naissance de  leur  nature  intime  ,  de  Fart 
de  préparer  les  végétaux  pournos  besoins  , 
et  de  la  possibilité  de  les  reinpîacer  les 
uns  par  les  autres  ,  cette  étude  ,  dis-je  , 
offre  encore  une  foule  de  lacunes  :  on 
ne  pourra  croire  qu'on  connaît ,  sinon  la 
totalité  ,  au  moins  la  grande  majorité  de 
ces  matériaux,  que  lorsqu'on  aura  analysé 
avec  quelque  soin  les  divers  organes  des 
végétaux,  et  qu'on  aura  choisi  des  exem- 
ples dans  toutes  les  familles  des  plantes. 
J'estimerai   li'avoir   pas  été"  entièrement 


X 

inutile ,  si  Je  puis  engager  quelque  chi- 
miste à  entreprendre  un  travail  si  im- 
portant ,  et  qui  promet  tant  de  résultats 
curieux. 

Comme  nous  ne  possédons  encore  ni 
matière  médicale  j  ni  même  d'ouvrage  de 
botanique  pure  où  les  espèces  soient  ran- 
gées en  familles  naturelles,  j'ai  cru  devoir 
terminer  cet  Essai  par  une  Table  alpha- 
bétique très-détaiilée  où  toutes  les  plantes 
médicales  sont  renvoyées  à  leurs  familles  , 
soit  par  les  noms  systématiques  ,  soit  par 
leurs  noms  pharmaceutiques,  soit  même 
parleurs  noms  vulgaires;  au  moyen  de  cette 
Table  ,  il  sera  facile  de  rapporter  à  leurs 
grouppes  naturels  tous  les  médicamens  , 
et  de  distribuer  ainsi  d'une  manière  con- 
forme à  l'état  actuel  de  la  science  ,  les 
notes  et  les  collections  de  matière  médi- 
cale. 

Je  terminerai  en  faisant  observer  à  mes 
lecteurs  que  mon  but  n'est  point  ,  dans 
cet  ouvrage ,  de  donner  un  Traité  de  bo- 
tanique médicale  ,  mais  d'indiquer  seule- 


ocj 

ment  ,  par  des  exemples  plus  ou  moins 
nombreux,  jusqu'à  quel  point  on  peut 
établir  des  règles  générales  sur  les  pro- 
priétés des  plantes.  Il  y  a  donc  sans  doute 
un  iirand  nombre  de  faits  connus  des 
Pliarmacologistcs  dont  je  ne  fais  pas  men- 
tion ,  dans  la  crainte  que  la  multitude 
même  des  détails  ne  délourne  les  esprits 
du  but  que  je  me  suis  proposé.  Quand 
j'ai  cité  quelques  exemples  bien  pronon- 
cés de  telle  ou  telle  propriété  dans  telle 
famille,  il  m'a  paru  inutile  de  donner 
l'énumération  nominative  de  toutes  les 
espèces  où  cette  même  propriété  s'est  ren- 
contrée. Je  ne  me  suis  écarté  de  cette  règle 
que  dans  la  famille  des  Champignons  , 
où  j'ai  cru  devoir  insérer  quelques  détails 
plus  circonstanciés  relativement  à  la  dis- 
tinction des  espèces  vénéneuses  ou  ali- 
mentaires. 

Puisse  cette  nouvelle  esquisse  de  la 
Botanique  médicale  ,  engager  les  voya- 
geurs à  ne  pas  négliger  Fétude  des  pro- 
priétés des  végétaux  exotiques  5  les  méde- 


xij 

cins  à  suivre  cîes  principes  réguliers  dans 
le  clioix  des  succédanés  ,  et  les  élèves  à 
estimer  toujours  davantage  cette  méthode 
naturelle  ,  qui ,  appliquée  successivement 
à  tous  les  objets  ,  tend  à  faire  sentir  leurs 
véritables  rapports  ,  et  à  faire  concourir  à 
un  seul  but  les  diverses  branches  de  l'é- 
tude de  la  nature. 

Montpellier  )  i.*"^  août  18 1 5. 


f'^i^»*»'^ 


ESSAI 


SUR  LES  PROPRIETES  MEDICALES  DES  PLANTES  J 
COilPARÉES  AVEC  LEURS  FORMES  EXTÉRIEURES 
ET  LEUR  CLASSIFICATION  NATURELLE. 


INTRODUCTION. 

VJn  a  dit  depuis  long-temps  qu'une  science  est 
l'art  de  deviner  ou  de  prédire  :  cette  assertion, 
qui  peut  paraître  absurde  au  premier  coup- 
d'œil ,  et  qui  l'était  peut-être  dans  le  sens  où. 
elle  a  été  avancée  autrefois,  devient  rigoureu- 
sement vraie ,  si  l'on  entend  par-là  que  la  preuve 
la  moins  équivoque  des  progrès  d'une  science  , 
est  qu'elle  puisse  déterminer  d'avance  le  résul- 
tat d'expériences  qui  n'ont  pas  encore  été  faites; 
ainsi ,  le  calcul  d'une  éclipse ,  le  plan  d'une 
machine  et  le  prognostic  d'une  maladie,  sont 
autant  de  prédictions  qui  montrent  que  l'Astro- 
nomie ,  la  Mécanique ,  la  Médecine ,  sont  de 
véritables  sciences. 

Cette  faculté  de  détermi^ier  l'inconnu  par  le 

i 


(2) 

connu  ,  semble  l'apanage  des  études  ,    où  l'on 
procède  toujours  par  les  relations  d'efïet  et  de 
cause,  et  c'est  chez  elles   qu'elle  s'est  d'abord 
développée  :  on  s'est  aperçu  plus  tard  que  cette 
même  faculté  peut  exister  dans  les  sciences  qui , 
comme   l'histoire    naturelle  ,   semblent   n'être 
qu'une  réunion   de  faits  isolés  3  ainsi,  en  étu- 
diant l'organisation  ,  on  a  reconnu  d'abord  que 
certains  organes  existent  ou  manquent  toujours 
simultanément ,   tellement  que  la  présence  de 
l'un  d'eux  est  un  indice  assez  certain  de  l'exis- 
tence des  autres  5  on  a  reconnii  ensuite  qu'il  est 
des  organes  qui  exercent  sur  le  reste  de  la  struc- 
ture une  puissance  telle  ,  que  de  la  disposition 
d'une  seule  partie  ,  on  peut  déduire  la  l'orme  de 
plusieurs  autres  parties  de  l'individu  5  ces  deux 
principes  ont  fondé  la  théorie  des  rapports  na- 
turels, et   de  ce  moment  seul  l'histoire   natu- 
relle a  été  élevée  au  rang  d'une  science.  Sous 
ce  point  de  vue,  il  faut  convenir  que  l'étude 
de  la  matière  médicale  ,  quoique  la  plus  immé- 
diatement utile  parmi   les   connaissances  hu- 
maines ,  est  l'une  des  plus  éloignées  de  la  per- 
fection ;  en  efiét ,  cette  perfection  n'aura   lieu 
que   lorsqu'on  pourra  résoudre  ce  problême  : 
étant  donné  un  être  naturel  quelconque ,  dé- 
terminer  à  priori  l'elïét  que  ciiacune   de  ses 
parties  aura  sur  le  corps  humain ,  lorsqu'elle 


(3) 

*era  appliquée  dans  des  circonstances  donnéesi- 
Les  premiers  essais  ont  été  pendant  longtemps 
des  expériences  faites  au  hasard,  et  la  science 
ne  consistait  que  dans  le  recueil   de  ces  faits 
détachés.  Ce  n'est  véritablement  que  dans  les 
derniers  siècles  qu'on  a  cherché  à  lier  par  cer- 
tains principes  ,  les  faits  nombreux  que  l'expé- 
rience avait   constatés    ou  que  les   traditions 
avaient  transmis.  Ces  principes ,    ou  pour   re- 
venir à  ma  première  idée ,  ces  moyens  de  déter- 
miner  d'avance    l'action   d'un    médicament  y 
peuvent  se  classer  sous  trois  chefs  généraux  5 
les  qualités  sensibles ,  la  composition  chimique 
et  V analogie  naturelle.  Sans  vouloir  ici  coin- 
parer  ces  trois  moyens  qui,  sul^ordonnés  à  l'expé- 
rience ,  peuvent  conduire  à  la  vérité^    Je  m'at- 
tacherai seulement  à  développer  ce  qu'on  peut 
attendre    du  dernier  ;  Je  ne  ferai  même  cette 
recherciie  que  relativement  au  règne  végétal  , 
parce  que  les  expériences  médicales  ont  été  plus 
multipliées  sur  les  végétaux  que  sur  les  deux: 
autres  règnes  ,.et  que  la  solution  de  cette  ques- 
tion ,  relativement  à  l'un  des  deux  rôiines  oro-a- 
nisés,  conduira  facilement  à  un  résultat  ana-; 
logue  pour  l'autre  règne. 

La  plupart  des  auteurs  anciens  paraissaient 
croire  que  les  plantes  qui  se  ressemblent  par» 
leur  forme  extérieure;  se  ressemblent  aussi  par 


(4) 

leurs  propriétés  :  on  peut  du  moins  le  présu- 
mer, d'après  l'ordre  dans  lequel  ils  distribuent 
le  plus  souvent  leurs  niédicamens,  et  d'après 
les  comparaisons  qu'ils  ont  coutume  d'éta- 
blir entr'eux  j  le  premier  natiiraliste  médecin 
qui  ait  énoncé  clairement  cette  opinion  est 
Camerarius  ,  auteur  d'une  dissertation  de  Con- 
ven'wnûâ  P/antarum  infructijicatione  et  viri- 
bus  (Tubing.  1699)  ;  depuis  lors  ,  cette  opinion 
est  devenue  un  sujet  de  controverse  habituelle 
parmi  les  médecins  et  les  botanistes  5  les  uns , 
tels  que  Isenflamm  (1)  ,  Wilcke  (2)  ,  Gmelin  (3) 
et  plusieurs  autres  ,  se  sont  décidés  pour  l'affir- 
mative 5  Murray  y  a  donné  une  assez  grande 
importance ,  puisqu'il  a  disposé  les  médicamens 
dont  il  lait  l'histoire,  d'après  les  ordres  naturels 
et  qu'il  insiste  souvent  sur  les  rapports  de  leurs 
propriétés  :  mais  aucun  n'a  énoncé  une  opinion 
aussi  formelle  à  cet  égard  ,  que  Linné ,  dans  sa 
dissertation  sur  les  propriétés  des  plantes  (4)  ,. 


{\)  Methodus plantarum  medicinœ  clinicœ  adminicu" 
tum.  Diss.  Erlang. ,  i  764. 

(2)  De    usu   sjrstematis  sexualis  in   medicinâ.  Diss. 
Grypliys'walde ,  1764' 

(3)  Botanica   et  chemia  ad  medicam  applicatce.    Tu» 
bing.  ,   1735.  Journ.  Pliys.  1  ;  p.  48. 

(4)  Amœn.  Acad.  ,  5.  p.   148. 


(5) 

OU  if  établit  que  les  plantes  du  même  genre  orit 
la  même  ]n'0])riété,  que  celles  dû  même  ordre 
naturel  ont  des  propriétés  voisines ,  et  que  celles 
de  la  même  classe  ont  aussi  quelques  rapports 
dans  leurs   vertus.    M.    de  Jussieu  adopte  la 
même  opinion  ,  et  suit  une  gradation  analogue 
dans  un  mémoire  (i)  sur  le  sujet  qui  nous  oc- 
cupe ,  où  il  applique  à  cette  belle  et  grande 
question ,   les  principes  de  sa  classification  na- 
turelle 5   enfin,  depuis  la  première  édition  de 
l'ouvrage  que  je  reproduis  aujourd'hui  devant 
le  jmijlic  j   M.   Cassel  en  a  publié  un   sur  le; 
même  sujet  (2) ,  dans  lequel  il  embrasse  la  même 
opinion  et  où  il  cherche  même  à  montrer  les 
rapports  de  propriétés  qu'il  trouve   entre  des 
familles   analogues  et  entre  les  organes  iden- 
tiques de  familles  diverses.  M.   Barton ,  dans 
ses  essais  sur  la  botanique  médicale  des  Etats- 
Unis  d'Amérique  (3) ,  (ouvrage  d'où  j'ai  tiré  plu- 
sieurs faits  curieux  propres  à  confirmer  l'analo- 
gie des  propriétés  des  plantes  avec  leurs  formes  ) 

(1)  Mém.  de  la  Soc.  de  Méd. ,  1786  ,  p.  i8«. 

(2)  Vcrsuchùher  die  naturllchen  familien  der pflanzen 
mit  sûchsicht  auf  hive  heilkraft  y  von  F.  P.  Cassât. 
Kœln.  y    1810. 

,  (3)  Collections  for  an  Essaj  to-wards  a  materia  medica 
of  the  united  States.  By  Benj\  Sniith  Barton.  Philadel- 
phia  ,  7.fasc.  8.°  1801  et  1804. 


(«) 

cite  perpëtuellemcnt  les  rapports  des  plantes ,  de 
manière  à  prouver  que  ce  genre  de  raisonnement 
l'a  souvent  guidé  dans  ses  recherclies  médicales. 

D'un  autre  côté,  nous  trouvons  Vogel  (i), 
Plaz  (2) ,  et  sur-tout  Gleditscîi  (3)  ,  qui  s'élèvent 
contre  la  possil^iiité  de  juger  des  vertus  des 
plantes  ,  d'après  leurs  formes  extérieures  et 
leurs  caractères  botaniques  j  Cullen  (4)  même 
paraît  y  attacher  peu  d'importance ,  quoiqu'il 
reconnaisse  la  vérité  de  cette  analogie  dans  un 
grand  nomljre  de  cas ,  et  qu'il  y  revienne  plu- 
sieurs fois  dans  le  cours  de  sa  matière  médicale. 

Au  milieu  de  cette  amlîiguité  parmi  les  au- 
torités les  plus  respectaliles  ,  j'ai  cherché  à  fixer 
ma  propre  opinion  sur  ce  sujet  important  ^  et 
si  Je  me  hasarde  à  publier  ici  mes  réflexions  , 
c'est  qu'il  m'a  semblé  qu'on  n'avait  pas  encore 
fait  usage,  dans  cette  discussion,  de  tous  les 
moyens  que  nous  donnent  les  progrès  récens 
de  l'Histoire  naturelle ,  de  la  Chimie  et  de  la 


(1)  Mat,  Med.  ,  p.  12. 

(2)  De  plantarum  lùriutihiis  ex  ipsarum  caractçre 
hotanico  luinquam  cognoscendis.  3  Dissert.  Leips.  ^ 
,1762  et  1763. 

(3)  De  Methodo  botnnicâ  dubio  et  fallaci  virtutum  in 
plantis  indice.  Diss.  Francof,  ^  174^' 

(4)  Mat,  Med.  1  ,  p.  i35. 


(7) 

Médecine  elle-même  ;  car  toute  la  matière  mé- 
dicale se  complique  cl'argumens  et  de  faits 
déduits  de  ces  trois  sciences  ,  et  c'est  peut-être 
à  cette  cause  qu'on  doit  attribuer  le  peu  de 
progrès  qu'elle  a  faits  jusqu'à  présent. 

La  question  que  nous  tentons  de  discuter  ici , 
n'est  pas  seulement  de  pure  théorie,  comme  on 
pourrait  le  croire  au  premier  coup-d'œil  ^  elle 
intéresse  de  près  le  bien  de  l'humanité  et .  le 
perfectionnement  des  sciences  naturelles  et 
médicales.  Elle  tend  à  rattacher  à  un  même 
tronc  toutes  ces  branches  séparées  de  l'arbre  de 
la  science  j  et  dans  l'état  actuel  des  conriais- 
sanccs  humaines,  dans  une  époque  où  des  faits 
nombreux  sont  inscrits  sur  les  registres  de 
chaque  science  ,  est-il  sans  intérêt  et  sans  utilité 
de  collationner  les  registres  de  trois  doctrines, 
et  d'en  tirer  les  résultats  généraux  auxquels  on 
est  arrivé  par  trois  voies  dilTérentes?  La  matière 
médicale  est  ce  registre  immense  où  la  Méde- 
cine ,  la  Chimie  et  l'Histoire  Naturelle ,  dé- 
posent leurs  découvertes  ',  si  j'ai  osé  en  tracer 
un  chapitre,  je  ne  me  suis  pas  dissimulé  les 
difficultés  de  cette  entreprise  ;  je  n'ai  point  pré- 
tendu donner  une  théorie  nouvelle  dans  au- 
cune des  sciences  mères  qui  coinjiosent  la  nia- 
tière  médicale ,  mais  seulement  comparer  leurs 
résultats.  Je  m'estimerai  heureux  si  mon  travail 


(8) 

peut  faciliter  les  applications  d'une  tliéorie 
indiquée  par  d'autres,  mais  que  je  crois  sus- 
ceptible d'une  plus  grande  extension  et  sur- 
tout d'une  plus  grande  précision. 

Si  les  principes  et  la  connaissance  exacte  des 
familles  naturelles  dataient  d'une  époque  plus 
reculée,  nous  pourrions  sans  doute  indiquer 
déjà  plusieurs  découvertes  dues  à  cette  théorie  : 
quelques  exemples  récens  peuvent  du  moins 
nous  les  l'aire  prévoir. 

C'est  entièrement  sur  la  loi  de  l'analogie 
entre  les  propriétés  et  les  formes  extérieures, 
que  reposent  les  travaux  intéressans  des  mé- 
decins qui  ont  cherché  à  substituer  les  médi- 
camens  indigènes  aux  médicamens  exotiques»  ■ 
Connaîtrions  -  nous  bien  les  propriétés  émé- 
tiques  de  nos  Violettes ,  sans  ri2>écacuahna  ; 
les  vertus  purgatives  de  nos  Liserons  et  de  nos 
Rumex ,  sans  la  Scammonée  et  la  Rhul>arbe  ? 
Aurait-on  tenté  dans  plusieurs  pays,  de  se 
nourrir  avec  la  racine  cuisante  de  l'Arum, 
si  nous  eussions  méconnu  les  propriétés  utiles 
de  la  colocase  ?  ou  de  faire  du  pain  avec  le 
gland  commun ,  si  nos  pères  n'avaient  pas 
connu  le  gland  doux  f 

Mais  étendons  nos  regards  au-delà  de  notre 
Europe  ;  et  dans  ce  moment  où  de  nouveaux 
centres  de  civilisation   se  forment  de  toutes  ■ 


(9) 

parts,  où  les  deux  Amériques ,  le  Bengale ,  la 
Nouvelle-Hollande,   oHrent   des  colonies    eu- 
ropéennes devenues  maintenant  indigènes  de 
ces  pays  lointains,  tentons  de  prévoir  combien 
les  médecins  et  les  naturalistes  de  ces  régions , 
pourront  être  plus  promptement  et  plus  sûre- 
ment utiles  à  l'humanité  ,  en  se  guidant  dans 
leurs   recherches  sur  les  lois  de  l'analogie.  Ils 
ont  quitté  FEurope,  enrichis  de  nos  connais- 
sances sur  les  propriétés  de  certains  végétaux. 
Arrivés  sur  une  terre  nouvelle,  qu'au  lieu  de 
faire  des  essais  au  hasard ,  ils  se  guident  par 
l'analogie;  que  les  habitans  des  Indes  cherchent 
dans  leurs  Rubiacées  un  nouveau  Quinquina , 
une  nouvelle  Garance  (i)  ,  un  nouvel  Ipéca- 
cuanha ,  et  ils  cesseront  de  recourir  à  l'Améri- 
que et  à  l'Europe.  C''est  ahisi  que  les  Américains 
deviendront  chaque  jour  plus  indépendans  de 
l'ancien   monde ,    en    employant    aux   mêmes 
usages  que  nous  des  végétaux  analogues  :  leurs 
Chênes  leur  fournissent  le  tan  ;  leurs  Pins  ont' 
de  la  térébenthine  comme  ceux  de  l'Europe. 
S'il   est  un  pays   où  la  théorie  de  l'analogie , 
entre  les  formes  et  les  propriétés,  peut  devenir 
éminemment  utile  ,    c'est  l'Amérique   septen- 


(i)  M     Anb.   du   Petit -Thouars   l'a   trouvée    dans  lé 
Danaïs  de  Commerson. 


(10) 

trionale ,  qui ,  située  à  la  même  latitude  que 
l'Europe,  est  peuplée  de  végétaux  analogues. 

Mais  nous  -  mêmes  pouvons  tirer  une 
grande  utilité  de  la  recherche  de  médicamens 
et  d'alimens  analogues  parmi  des  végétaux 
étrangers.  Demandons-le  à  ces  voyageurs  c[ui , 
loin  de  leur  patrie,  épuisés  par  de  longues  na- 
vigations, retrouvent  sur  une  côte  étrangère 
et  inconnue ,  des  végétaux  qui  ressemblent  à 
ceux  de  leur  pays  :  c'est  ainsi  que  Fors  ter  , 
retrouvant  une  crucifère  ,  (  Lepidiurn  olera- 
ceum  )  dans  les  îles  de  la  Mer  du  Sud  ,  s'en  est 
servi  avec  succès  comme  anti-scor])utique  \  c'est 
ainsi  que  Labillardière^  en  reconnaissant  une 
nouvelle  espèce  de  Cerfeuil  dans  son  voyage 
autour  du  monde ,  procura  à  tous  ses  com- 
pagnons de  voyage  une  nourriture  saine  et 
agréable.  Ces  applications  ,  qui  deviendront 
tous  les  jours  plus  firéquentes  ,  si  la  loi  de  l'a- 
nalogie est  admise ,  tendront  tous  les  jours 
aussi  à  en  prouver  l'utilité. 

Il  en  est  d'autres  d'un  emnloi  moins  immé- 
diat ,  mais  que  nous  ne  négligerons  pas  d'in- 
diquer. Ainsi ,  en  admettant  cette  théorie ,  on 
pourra  mettre  plus  d'ordre  et  plus  de  méthode 
dans  la  description  et  dans  la  démonstration 
des  médicamens  ;  on  pourra  présumer  à  priori 
la  place  d'un  médicament  dont  on  ignore  la. 


(") 

véritable  origine  :  ainsi  on  placera  avec  beati- 
coup  de  probahilité  la  gomme  ammoniaque  (i) 
et  le  Sagapenum  ,  parmi  les  produits  des  Oin- 
bellifêres  ,  le  beurre  de  Galam  parmi  ceux  des 
Laurinées ,  etc.  j  on  pourra  enlin,  de  la  con- 
naissance des  ])ropriotés  des  plantes ,  déduire 
des  conséquences  relatives  à  leur  classification  ; 
j'aurai  occasion  de  citer  l'exemple  du  Me- 
nyanthes ,  dont  les  propriétés  fébrifuges  in- 
diquaient la  place  parmi  les  Gentianées;  de 
même  la  racine  vénéneuse  de  la  Métboiiique , 
ne  prouve-t-elle  pas  la  vérité  de  son  rajiproclie- 
ment  avec  les  Colcliicacées?  L'extrême  diffé- 
rence médicinale  des  Valérianes  et  des  Dip- 
sacées  ne  confirme-t-elle  pas  leur  séparation? 
On  voit  donc  que  cette  théorie ,  qui  rap- 
proche les  connaissances  médicales  et  bota- 
niques ,  tend  à  perfectionner  les  unes  par  les 
autres  ,  à  rapprocher  ces  deux  études  autrefois 
tellement  unies ,  qu'elles  semijlaient  presque 
inséparables.  Cherchons  donc  à  nous  faire  une 
idée  précise  du  degré  de  confiance  qu'elle 
mérite. 


(i)  J'écrivais  cette  phrase  en  iSo4)  et  trois  ans  après 
M.  Wildenow  a  prouvé  cpie  la  gomme  ammoniaque  était 
produite  en  effet  par  une  ombelUfère  qu'il  a  noiuinée 
fferaclçum  gummiferuni. 


C 12  ) 

Pour  mettre  quelque  ordre  dans  les  obser- 
vations que  je  soumets  ici  au  jugement  des 
naturalistes  et  des  médecins,  je  commencerai 
par  développer  les  preuves  générales  de  l'ana- 
logie qui  existe  entre  les  formes  et  les  propriétés 
des  plantes  ,  et  les  règles  d'après  lesquelles  doit 
se  faire  la  comparaison  exacte  des  furmes  et 
des  propriétés  des  végétaux  :  ensuite  ,  dans  ma 
seconde  partie ,  j'appliquerai  ces  règles  à  chaque 
famille  en  particulier. 


(i3) 


PREMIERE    PARTIE. 

PRINCIPES  ET  RÈGLES  DE  LA  COMPARAISON 
ENTRE  LES  FORMES  ET  LES  PROPRI^T^S 
DES  VÉGÉTAUX. 


CHAPITRE    PREMIER. 

Preuves  générales  qu'il  existe  une  analo- 
gie  entre  les  propriétés  et  les  formes  exté- 
rieures des  plantes, 

J_-(ES  preuves  générales  que  les  propriétés  mé- 
dicales des  plantes ,  sont  en  rapport  avec  leurs 
formes  extérieures  ,  se  déduisent  de  la  théorie , 
de  l'observation  et  de  l'expérience. 

S.  I.^"^ 
Preuves  déduites  de  la  Théorie. 

Si   nous   cherchons   d'abord ,  par  la  seule 
théorie ,  d'où  dérivent  les  propriétés  des  diverses 


(14) 

SuiDStaiices  employées  dans  l'art  de  guérir,  tioliâ 
arriverons,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas ^ 
à  en  trouver  la  véritable  source  dans  la  com^ 
position  chimique.  Lorsqu'il  s'agit  de  médica-^ 
mens  dont  la  nature  est  Ijien  connue ,  parce 
qu'elle  est  peu  compliquée  ,  tels  que  les  sels  ,  les 
acides,  l'influence  de  leur  composition  ne  peut 
être  révoquée  en  doute ,  puisque  le  moindre 
changement  dans  cette  composition  intervertit 
la  marche  de  leurs  effets.  Cette  même  loi  se 
retrouve  dans  des  médicamens  plus  compliqués  $ 
tels  que  ceux  dont  l'origine  est  due  aux  corps 
organisés  5  nous  voyons  toutes  les  matières  or- 
ganiques se  réduire  en  dernière  analyse ,  en  un 
certain  nombre  de  matériaux  dont  la  compo^ 
sition  chimique  est  peu  ou  point  variable ,  et 
qui,  lorsqu'ils  sont  ramenés  a  leur  état  de 
pureté ,  conservent  sensiblement  les  mêmes 
vertus;  ainsi  la  fécule  est  toujours  nutritive  ; 
la  gomme  ou  le  mucilage,  toujours  adoucissant 
et  relâchant  ;  l'huile  fixe ,  toujours  lubréfiante  j 
l'huile  volatile,  stimulante  et  aromatique  ,  etc. 
Or,  il  est  évident  que  ces  divers  élémens  mé- 
langés dans  diverses  proportions ,  doivent  for- 
mer des  composés  doués  de  nouvelles  propriétés 
probablement  intermédiaires  entre  celles  des 
composans;  nous  concevons  de  plus  que  si, 
dans  un  grand  nombre  de  cas ,  nous  ne  pou- 


(  1^ 

Tons  expliquer  aussi  clairement  l'effet  des  mé- 
dicainens  composés,  cette  impossibilité  tient 
beaucoup  moins  à  la  nature  des  choses  qu'à 
notre  propre  ignorance  j  mais,  indépendamment 
de  son  action  chimique,  toute  substance  placée 
en  contact  avec  le  corps  humain ,  agit  par  un 
simple  effet  mécanique  ,  tel  que  son  poids ,  sa 
masse  ,  les  aspérités  ou  le  poli  de  sa  superficie , 
sa  faculté  d'absorber  ou  d'exhaler  l'humidité  , 
de  conduire  ou  de  retenir  le  calorique  ,  etc.  5 
quelquefois  aussi  cette  seconde  source  de  l'ac- 
tion des  substances  étrangères  est  la  seule  qui 
ait  lieu,  et  c'est  ce  qui  arrive  particulièrement 
dans  les  médicamens  appliqués  à  l'extérieur. 
Nous  voyons  donc  que  tout  l'effet  des  médica- 
mens sur  le  corps  humain ,  doit  être  rapporté , 
ou  à  sa  structure  physique  ou  sur-tout  à  sa 
composition  chimique. 

Mais  cette  structure  physique^  cette  compo- 
sition chimique  d'un  médicament ,  ne  dépen- 
dent-elles pas  immédiatement  de  l'organisation 
du  végétal  qui  le  produit ,  et  en  particulier  de 
la  structure  de  cette  classe  d'organes  qui  a 
rapport  à  la  nutrition  r  C'est  un  phénomène 
continuellement  présent  à  notre  examen  ,  que 
de  voir  diverses  plantes  nées  dans  un  sol  par- 
faitement semblable ,  produire  des  matières  très- 
différentes  ,  taudis  que  des  végétaux  analogues, 


(  i6  ) 

nés  clans  des  sols  differens ,  y  forment  des  pro-» 
duits  semblables.  Sans  vouloir  nier  l'influence 
du  sol  sur  la  végétation ,  on  ne  peut  discon- 
venir que  la  structure  des  organes  nutritifs  ne 
soit  la  véritable  cause  de  la  nature  des  produits  , 
lorsqu'on  voit  que  si ,  dans  le  même  sol ,  sous 
un  vase  fermé  qui  renferme  une  quantité  d'air 
suffisante ,  on  sème  deux  graines ,  l'une  de 
Millepertuis  et  l'autre  d'Ortie  ,  au  bout  de 
quelques  jours  la  première  développera  deux 
feuilles  criblées  de  petites  glandes  remplies 
d'iiuile  essentielle  ,  tandis  que  la  seconde  por- 
tera de  petits  tubercules  pleins  d'une  liqueur 
caustique.  Peut-on  révoquer  en  doute  l'in- 
fluence de  la  structure  des  organes  nutritifs  , 
lorsqu'on  voit  les  diverses  parties  d'un  végétal 
ou  d'un  animal  renfermer  des  sucs  diversement 
élaborés ,  doués  de  propriétés  particulières  , 
et  cependant  tous  tirés  primitivement  de  la 
même  sève  ou  du  même  chyle  ?  Cette  influence 
-est  tellement  manifeste  par  la  diversité  des 
produits ,  que  même  dans  les  cas  où  nous  n'ap- 
percevons  aucune  différence  dans  les  organes, 
nous  regardons  cependant  comme  prouvé  qu'il 
en  existe,  loi'sque  nous  en  voyons  dans  les 
-résultats. 

Mais,  me  dira-t-on,  puisque  cette  structure 
des  organes  de  la  nutritipn  qui  détermine  la 


t  «7) 

nature  des  produits  d'un  être  organisé ,  c*est 
donc  uniqiiement  dans  ces  organes  nutritifs 
qu'on  doit  chercher  les  principes  d'une  classifi- 
cation naturelle  j  on  a  suivi  cette  marche  dans 
la  zoologie ,  elle  a  conduit  à  une  classification 
qui  paraît  conforme  à  la  nature  ;  mais  dans  le 
règne  végétal ,  on  a  pris  les  organes  de  la  repro- 
duction pour  bases  de  la  classification,  et  con- 
séquemment  la  nature  des  produits  végétau:S 
n'a  aucun  rapport  nécessaire  avec  leur  classi- 
fication. 

Cette  objection  est  trop  importante  ,  elle 
tient  de  trop  près  aux  principes  de  la  vraie  bo- 
tanique, elle  reviendrait  trop  souvent  dans  le 
cours  de  ce  travail ,  pour  que  je  ne  me  hâte  pas 
d'y  répondre  aussi  complètement  que  mes 
moyens  me  le  permettront.  Il  est  hors  de  mon 
sujet  de  démontrer  ici ,  comme  je  crois  qu'il  est 
facile  de  le  faire  ,  que  la  différence  qui  se 
trouve  dans  la  marche  de  la  zoologie  et  de  la 
botanique ,  n'est  point  arbitraire ,  mais  tient 
à  la  nature  essentielle  des  animaux  et  des  vé- 
gétaux :  on  a  dû ,  dans  chaque  règne  ,  classer  les 
êtres  d'après  la  fonction  dont  les  organes  of- 
fraient le  plus  de  variétés  d'espèce  à  espèce,  et 
le  plus  de  constance  d'individu  à  individu  ;  car 
toute  fonction,  pourvu  qu'on  la  connaisse  en- 
tièrement ,   peut  conduire  à  une  classificatiou 

2. 


(  i8  ) 

naturelle.  Cette  proposition  ,  qui  pourrait 
paraître  hasardée,  deviendra,  je  pense,  au 
moins  très-prol)able  à  celui  qui  réfléchira  que 
dans  un  corps  organisé  ,  aucune  fonction  n'est 
isolée  3  mais  que  chacune  d'elles  est  modifiée  par 
l'autre  :  à  celui  sur-tout  qui  aura  vu  que  dans 
tous  les  corps  organisés ,  nous  trouvons  certains 
organes  dont  l'existence  et  la  forme  sont  inti- 
mementliées ,  quoique  nous  ne  puissions  encore 
apercevoir  entre  eux  aucune  relation  (i). 

L'étude  des  rapports  naturels  n'est  autre 
chose  que  l'observation  de  la  constance  plus 
ou  moins  grande  de  ces  réunions  d'organes  : 
d'après  ce  principe  ,  le  naturaliste  place  à  côté 
les  uns  des  a^^tres  tous  les  êtres  qui  ont  le  plus 
grand  nombre  d'organes  communs  ou  sem- 
blables ,  et  sépare  ceux  qui  n'en  possèdent  en 
commun  qu'un  petit  nombre  ;  d'où  résulte  que , 
tandis  que  la  perfection  d'un  système  artificiel 
est  de  ne  compliquer  le  caractère  des  classes 
que  du  plus  petit  nombre  d'idées  possible  ,  une 
méthode  naturelle  ^  au  contraire ,  est  d'autant 
plus  parfaite ,  que  les  caractères  des  classes 
peuvent  exprimer  un  plus  grand  nombre  d'idées. 

Mais  approchons-nous  davantage  de  la  ques- 


(i)    ï'^oyez  le  développement   rie   ces  principes  dans  la 
S'heorie  élémentaire  de  la  Botanique ,  page  78. 


(  '9  ) 
tîon.     S'il    est   démontré   qu'vme  famille    na- 
turelle  renferme   les  plantes   qui   ont   le  plus 
grand  nombre  de  rajiports  dans  les  organes  de 
la  reproduction  ,  l'analogie  la  mieux  fondée  ne 
porte-t-elle  pas  à  croire  qu'elles  en  auront  aussi 
dans  ceux  de  la  nutrition  ?  Nous  voyons  déjà 
que ,  dans  le  règne  animal ,  quoique  les  classes 
soient  établies  d'après  les  organes  de  la  nutri- 
tion ,  en  prenant  ce  terme  dans  le  sens  le  plus 
général,  elles  correspondent  cependant  d'une 
manière  assez  étendue  avec  les  organes  de  la 
génération  :  de  même  nous  voyons  que  dans  les 
plantes  ,  les  caractères  les  plus  importans  de  la 
reproduction  ,  tels ,  par  exemple,  que  la  division 
des  végétaux,  selon  quela  graine  estacotylédone, 
monocotylédoAe  ou  dicotylédone  ,  se  trouvent 
maintenant  d'accord  avec   la  division  tirée  de 
l'existence  et  de  la  disposition  des  vaisseaux. 

Si  nous  ne  pouvons  pas  encore  annoncer 
avec  certitude  de  tels  ra]q)rocliemcns  généraux 
entre  les  caractères  secondaires  de  la  fructifi- 
cation et  ceux  de  la  nutrition  ,  nous  en  voyons 
cependant  des  exemples  assez  nombreux  ,  ]^our 
être  autorisés  à  penser  que  ces  rajjports  existent 
réellement.  Ainsi,  lorsque  sur  plusieurs  milliers 
d'individus ,  nous  observons ,  sans  en  savoir  la 
cause ,  que  toutes  les  fois  qu'une  plaiite  a  six 
étamines  ;  dont  denx  opposées  plus  courtes  qu@ 

2... 


(20) 

les  autres,  elle  a  quatre  pétales  disposés  en 
croix  ,  nous  admettons  comme  certaine  la  con- 
cordance de  ces  deux  faits  ;  si ,  sur  le  même 
nombre  d'individus,  nous  trouvons  que  les 
feuilles  sont  alternes ,  nous  admettons  cette 
seconde  réunion  de  caractères,  quoique  tirée 
d'organes  plus  éloignés  ,  avec  autant  de  facilité 
que  la  première  ,  puisque  nous  ignorons  la 
cause  de  l'une  et  de  l'autre.  Il  serait  facile  de 
multiplier  à  l'infini  des  exemples  semblables  j 
mais  il  me  paraît  que  les  considérations  que  je 
viens  de  présenter ,  tendent  à  prouver  que  la 
structure  des  organes  de  la  reproduction  des 
végétaux,  peut  être  un  indice  assez  certain  de 
la  structure  des  organes  de  leur  nutrition  5  mais 
s'il  est  vrai,  comme  je  l'ai  avancé  plus  haut, 
que  la  structure  des  organes  de  la  nutrition 
détermine  la  nature  des  produits  du  végétal , 
et  conséquemment  ses  propriétés  ,  il  faudra 
convenir  que  les  propriétés  des  plantes,  sont 
d'accord  avec  leur  classification  en  familles  na- 
turelles. Tel  est  du  moins  le  résultat  général  de 
la  théorie  dont  nous  étudierons  ensuite  les  mo- 
dilications. 


(21) 

S.    II. 

"Preuves  déduites  de  l' observation. 

Abandonnons  cependant  la  théorie ,  ce  guide 
dangereux ,  qui ,  lors  même  qu'il  tient  la  bonne 
route ,  dépasse  souvent  le  point  où  la  vérité  se 
trouve  réellement ,  et  recherchons  si  la  simple 
observation  des  phénomènes  ne  nous  donnerait 
pas,  indépendamment  de  toute  expérience  , 
quelqu'indice  sur  les  propriétés  des  plantes  qui 
se  ressemblent  parla  forme  extérieure.  Ici  l'ins- 
tinct des  animaux  va  nous  servir  de  guide. 
Parmi  les  herbivores  on  peut  distinguer  deux 
classes  :  ceux  qui  se  nourrissent  indifféremment 
de  tous  les  végétaux,  et  ceux  qui  sont  destinés  à 
ne  se  nourrir  que  d'une  seule  plante. 

Parmi  les  premiers,  nous  observerons,  non  les 
végétaux  qu'ils  recherchent ,  ce  qui  serait  trop 
long ,  mais  ceux  qu'ils  rejettent  j  et  nous  pour- 
rons remarquer  qu'àl'exception desplantes  qui, 
par  leurs  épines  ou  leur  dureté ,  se  soustraient 
à  la  voracité  des  animaux  ,  ceux-ci  rejettent  ou 
recherchent  également  toutes  les  espèces  d'un 
genre  ou  d'une  famille  ;  ainsi  les  bœufs  laissent 
intactes  toutes  les  Labiées  ,  toutes  les  Véro- 
niques ;  les  chevaux  presque  toutes  les  Cruci- 
fères j  les  bœufs,  les  chevaux^  les  moutons,  les 


(22) 

codions  ,  les  clièvres  ,  ne  mangent  presqu'au- 
cune  solanée,  tandis  cjue  ces  animaux  dévorent 
avidement  les  graminées  ,  les  légumineuses ,  les 
composées  (i). 

Les  animaux  naturellement  bornés    à    une 
seule  nourriture,  étendent  souvent  leurs  dégâts 
sur  des  espèces  du  même  genre  ou  de  la  même 
famille;   les  insectes  pourraient  fournir  mille 
exemples  de  ce  genre  d'instinct ,  ainsi  le  Curcu- 
lio  Sci'opliularlœ  L.^le  Cyiiîps   Rosœ  L.  ,  la. 
Tsylla  Juacorurn  X.  ^  le  Cuïculio  Rumicis  L. , 
le  Cynips  Salicis j  etc.   attaquent  plusieurs  es- 
pèces des  genres  dont  ils  portent  le  nom ,  et  quel- 
ques-uns vivent  indifféremment  sur  toutes .  Ainsi 
l'insecte  précieux  qui  nous  fournit   la  soie,  est 
nourri  dans    divers   pays  avec  les  feuilles    du 
mûrier  blanc  ,  du  mûrier  noir ,   du  mûrier  des 
Indes,  du  mûrier  de  Tartarie  ,  du  mûrier  rouge. 
Allons  plus  loin ,  et  nous  trouverons  quelques 
insectes  dont  l'instinct  dépasse   les   limites  du 
genre  ;  ainsi ,  tout  le  monde  a  remarqué  que 
dans  les  bosquets ,  les  cantharides  attaquent  d'a- 
bord les  frênes ,  puis  se  jettent  sur  les  lilas  et 
les  troènes    et  jusque  sur  les    oliviers  ,    seuls 
genres    de    la    même   famille  qui  soient  géné- 


pi) Linné.  Pan  Succus. 


(    23    ) 

faleincnt  cultivés  (i)  ;  le  sphinx  du  troène  vit 
sur  le  troène,  le  frêne  ,  les  lilasj  le  papillon  du 
chou  sur  le  chou ,  la  rave ,  la  giroflée  ;  la  che- 
nille du  Vapilio  doplidice  vit  sur  toutes  les 
plantes  voisines  du  chou  et  sur  le  réséda ,  l'un 
des  genres  les  plus  voisins  des  crucifères  que 
nous  ayons  dans  ce  climat  j  la  larve  ,  nommée 
par  Réaumur  teigne  à  falbala ,  m'a  offert  un 
exemple  frappant  de  cette  espèce  d'instinct  \  on 
ne  la  trouve  Jamais  dans  la  nature  que  sur  l'as- 
tragale à  feuille  de  réglisse  j  lorsque  Je  mettais 
ces  larves  paître  sur  une  touffe  d'herbes  où 
elles  ne  trouvaient  pas  de  cet  astragale ,  elles  se 
jetaient  sur  les  autres  légumineuses ,  et  ne  man- 
geaient de  plantes  d'une  autre  famille,  que 
lorsqu'elles  ne  pouvaient  trouver  aucune  légu- 
raineuse  à  dévorer.  Dans  tous  ces  exemples, 
qu'il  eût  été  facile  de  multiplier,  la  nature  ne 
semhle-t-elle  pas  nous  dire  elle-même,  que  les 
sucs  des  espèces  congénères  Jouissent  des  pro- 
priétés analogues? 

Les   mêmes   phénomènes  que   les    animaux 
viennent  de  présenter ,  nous  les  retrouverons 


(])  Elles  n'attaquent  au  contraire  jamais  les  jasmins^ 
qu'on  avait  mal-à-propos  réunis  à  la  famille  des  Oleinées, 
et  qui  forment  aujourd'kui  uhô  faaiille  particuUure. 


(M) 

en  suivant  l'iiistoire  des  végétaux  parasites; 
nous  pourrons  encore  ici ,  parmi  les  véritables 
parasites ,   distinguer  ceux  qui  vivent  indiffé- 
remment sur  un  grand  nombre    de  plantes  , 
comme  le  gui  blanc ,  qui  croît  sur  presque  tous 
les  arbres ,  et  ceux  que  la  nature  a  déterminés 
pour  vivre  sur  une  seule  espèce ,  un  seul  genre 
ou  une  seule  famille;  tel  est ,  par  exemple  ,  le 
Loranthus  Europœus ,   qu'on  trouve  dans  le 
nord  de  l'Ilalie  sur  plusieurs  espèces  de  chênes  à 
feuilles  caduques  ;   mais  ,   dans  cette  dernière 
classe  ,  l'exemple  le  plus  frappant  sera  tiré  des 
champignons  parasites,    et  sous    ce  nom,    je 
n'entends  pas  ces  champignons  qui  vivent  sur 
les   troncs  morts    ou   sur   l'écorce   des   arbres 
vivans ,  puisqu'ils    ne  tirent  rien  de  l'intérieur 
de  la  plante ,  et  se  nourrissent   seulement  de 
l'humidité  superficielle  ;  mais   je   désigne   ces 
Uredo ,  ces  JEcidiunif  ces  Pue  ci  nia  qui  nais- 
sent sous  l'épiderme  ,  se  nourrissent  du  suc  de  la 
plante,  et  sont  presque   tous  strictement  fixés 
à  une  seule  espèce.  Ces  petits  végétaux  à  peine 
visibles  à  l'œil  et  comparables  aux  poux  et  aux 
ricins  des  animaux  ,  semblent  aussi  bien  que  les 
insectes  ,  connaître  la  classification  naturelle  , 
et  au  défaut  de  leur  nourriture ,  trouvent  un 
aliment   analogue  dans  les  espèces  voisines  > 


(  ts5  ) 

Ainsi  les  Puccinies  des  Rosiers  (i),  des  Ronces 
(2),  des  Circées  (3),  des  Menthes  (4),  des  Rai- 
ponces {5)j  des  Trèfles  (6)  les  Uredo  des  Rosiers 
(7) ,  des  Ronces  (8) ,  les  AEcidium  du  Pin  (9)  , 
des  Violettes  (  1  o) ,  des  Prenanthes  (  1 1  ),  du  Tussi- 
lage (12) ,  etc. ,  vivent  indifféremment  sur  diffé- 
rentes espèces  des  genres  dont  ils  portent  le 
nom  5  bien  plus,  les  trois  espèces  (1 3)  confondues 
sous  le  nom  de  Tremelle  des  Genévriers ,  et 
qui,  sons  le  nom  de  Gymnosporangium ,  cons- 
tituent  aujourd'hui  un  genre  particulier ,  vivent 
toutes  les  trois  sur  diverses  espèces  de  Gené- 
vriers, et  ont  même  attaqué  les  Genévriers  étran- 
gers naturalisés   dans  nos  jardins.  Allons  plus 


(1)  Puccinia  Rosae.  FI.  Fr.  Puce,  mucronata.  Pers, 

(2)  P.  Rubi.  Hedw.fiL 

(3)  P.  Circeae.  Pers. 

(4)  P.  Menthae.  Pers. 

(5)  P.  Phyteumarum.  FI.  Fr. 

(6)  P.  Tiifolii.  Hedw.Jîl. 

(7)  Uredo  Rosse.  Pers. 

(8)  Uredo  Rubi.  FI.  F. 

(9)  AEcidium  Pini.   Pers. 

(10)  ^cidium  Violarum.  FI.  Fr, 
{\\)  AEcidium  Prenantliis.  Pers. 
(12)  AEcidium  Tussilaginis.  Pers. 

(i3)  Gymnosporangium  conicum.  Hedw.fil,-m.Q,  fui^ 
cum.  FI,  Fr.  —  Q.  clavariœforme.  FL  Fr. 


(  26  ) 

loin ,  et  nous  trouverons  quelques  espèces  para- 
sites sur  des  familles  entières  5  ainsi  la  spliérie 
des  Graminées  (1),  l'Uredo  des  Bleds  (2,) ,  et 
i'Uredo  linéaire  (3)  ,  attaquent  toutes  les  espèces 
de  Graminées  de  nos  prés  et  de  nos  moissons  5 
i'Uredo  Mycophjla,  Pers.,  se  trouve  sur  plu- 
sieurs de  nos  grands  champignons  ;  l'AEcidiuni 
des  Borraginées  (4)  ,  I'Uredo  (5) ,  rifficidium  des 
Chicoracées  (6) ,  I'Uredo  des  Renonculacées  (7), 
etc.  ,  croissent  sur  presque  toutes  les  espèces 
indigènes  de  ces  familles. 

Par  un  si  grand  nombre  d'exemples ,  la  na- 
tura  ne  semble-t-elle  pas ,  je  le  répète ,  nous 
indiquer  elle-même  que  les  sucs  sécrétées  par  des 
plantes  de  même  genre  et  de  même  famille  , 
sont  doués  des  mêmes  propriétés  alimentaires? 

Qu'on  me  permette  d'indiquer  ici  en  passant, 
une  petite  réflexion-pratique  relativement  à  la 
naturalisation  des  arbres  étrangers  ;  on  a  dit 
que  l'un  des  avantages  de  cette  introduction  des 
végétaux  exotiques,  était  de  les  soustraire  ^ux 

(1)  Sphaeria  Graminuni.  Pers. 

(2)  Uredo  Segeturc.  Pers. 
(3;  Uredo  linearis.  Pers. 

(4)  AEcidium  asperifolii.  Pers. 

(5)  Uredo  Cichoraceaium.  FI.  Fr. 

■     (6)  AEcidium  Cichoracearura.  FI.  Fr. 

(.7)  Uredo  RaiiunciilaceaiTim.  FL  F.  Suppl. 


(=7) 

ravages  des  insectes  de  leur  pays ,  et  de  placer 
dans  nos  plantations  des  arbres  que  nos  insectes 
sont   forcés   de  respecter  j  cette  considération 
n'est  vraie,   que  lorsqu'il    s'agit  d'arbres   (jui 
appartiennent  à  des   familles  ou  à  des  genres 
très  -  difFérens   de    ceux  qu-'on    rencontre   en 
Europe  î  ainsi  les  Frênes ,  les  Chênes ,  les  Gené- 
vriers étrangers  sont  attaqués  par  les  parasites  de 
leurs  congénères  européens  ,  tandis  que  le  Ster- 
cuLia ,  le  Gincko ,  Y Azedarach,  Y Aristotelia  ,  le 
Kohlreutera  j\q,  Tulipier ,  \e  Diospyj^os  et  en 
général  les  arbres  très-dilïérens  de  ceux  d'Eu- 
rope, sont   très-rarement  attaqués  ;  à   égalité 
dans  l'emploi  et  la  facilité   de  la  culture ,  ces 
arbres  méritent  donc  la  préférence. 

S.     III. 
Preuves  déduites  de  l'expérience. 

L'observation  des  phénomènes  naturels  a 
confirmé  les  résultats  de  la  théorie  j  mais  l'ob- 
servation elle-même ,  qui  ne  conclut  les  géné- 
ralités que  par  analogie ,  a  besoin  d'être  sou- 
mise au  jugement  de  l'expérience  qui  ,  dans  les 
sciences  physiques ,  décide  en  dernier  ressort , 
comme  l'usage  dans  les  langues.  Ce  recours  à 
l'expérience  est  d'autant  plus  nécessaire  dans 
ce  cas  qu'en  observant  les  mœurs  des  anjmaujc, 


(28) 

nous  trouYons  d'autant  plus  d'exceptions ,  que 
les  animaux  sont  plus  voisins  de  l'homme. 

Si  j'ouvre  l'histoire  de  la  matière  médicale, 
j'observe  qu'un  grand  nombre  de  médicamens , 
même  les  plus  actifs ,  qui  ,  dans  l'enfance  de  la 
science,  avaient  été  regardés  comme  les  pro- 
duits d'une  seule  plante  ,  se  sont  trouvés,  lors- 
que leur  histoire  a  été  mieux  suivie  ,  appartenir 
à  plusieurs  espèces  voisines  j  ainsi  le  quinquina 
est  tiré  de  toutes  les  espèces  de  vrais  Cinchona , 
la  rhubarbe  de  presque  tous  les  Fdieum ,  l'opium 
de  plusieurs  Pavots,  le  semen-contrà  de  plu- 
sieurs Absynthes ,  la  térébenthine  de  la  plupart 
des  Pins  5  ainsi  l'histoire  mieux  connue  de  la 
gomme  adragant,  nous  montre  qu'on  la  tire 
de  plusieurs  Astragales  épineux  :  il  en  est  de 
même  de  la  gomme  arabique  qui  découle  de 
plusieurs  Acacias  3  ainsi ,  les  racines  de  plusieurs 
Violettes ,  essayées  dans  des  lieux  divers ,  se 
sont  trouvées  émétiques ,  et  je  crois  avoir  rendu 
probable  ,  que  la  propriété  vermifuge  de  l'flel- 
mintochorton  est  commune  à  plusieurs  Céra- 
miums.. Plusieurs  espèces  du  même  genre  pro- 
duisent donc  des  médicamens  tellement  sem- 
blables ,  qu'avant  de  connaître  leur  histoire  on 
les  avait  réunis  sous  un  même  nom. 

Il  en  est  d'autres  qui ,  mieux  connues  parce 
qu'elles  sont  indigènes,  ont  été  toujours regar- 


dées  comme  douées  des  mêmes  vertus  ;  ainsi 
toutes  les  Mauves  sont  émoUientes  ,  les  Co- 
chléaria  anti-scorbutiques  ,  les  Gentianes  fébri- 
fuges ,  les  Aconits  et  les  Hellébores  caustiques 
et  dangereux,  les  Euphorbes  acres  et  purga- 
tives ,  etc. 

Allons  plus  loin ,  et  nous  verrons  que  lors- 
qu'une propriété  bien  marquée  a  été  reconnue 
dans  un  genre  ,  nous  la  retrouvons  à  un  degré 
plus  ou  moins  prononcé  dans  d'autres  plantes 
de  la  même  famille  j  ainsi  le  Finkneya^  voisin 
du  quinquina ,  est ,  selon  le  témoignage  de 
Michaux,  employé  comme  fébrifuge;  plusieurs 
rumex  participent  aux  propriétés  purgatives  de 
la  rhubarbe;  plusieurs  matricaires  ,  achillées  et 
tanaisies  à  celle  de  l'absyuthe ,  etc. 

L'analogie  est  quelquefois  si  prononcée  que 
la  famille  entière  participe  aux  mêmes  vertus  ; 
toutes  les  Graminées  ont  des  graines  farineuses 
et  nutritives ,  et  des  tiges  pleines  d'une  sève 
plus  ou  moins  sucrée  ;  les  Labiées  sont  stoma- 
chiques et  cordiales;  les  Ombellifères  ont  des 
semences  toniques  et  stimulantes  ;  celles  des 
Euphorbiacées  sont  acres  et  purgatives  ;  le  suc 
des  Conifères  est  résineux  ;  l'écorce  des  Amen- 
tacées  est  astringente  et  fébrifuge,  etc. 

On  peut  même  soupçonner  quelques  res- 
semblances dans  les  propriétés  de  certaines  f^- 


(3o) 

milles  qui  se  ressemblent  par  Torganisatioii  j 
c'est  ce  qu'on  peut  déduire  des  rapports  qui 
existent  entre  les  Gentianées  et  les  Apocinées  , 
les  Personées  et  les  Solanées ,  lesRliodoracées  et 
les  Ericinées  ,  les  Myrtinées  ,  les  Salicaires  et 
les  Rosacées,  etc. 

Ajoutons  à  tous  ces  exemples   que  la  lecture 
comparative  des  récits  des  voyageurs,  prouve 
que  les   plantes  du  même  genre  ou  de  même 
famille,  ont  été  employées  aux  mêmes  usages 
par  des  peuples  fort  éloignés  qui  ne  s'étaient 
point  communiqués  entr'eux  j  ainsi  les  racines 
du  Dracœna  tei^minalis  sont  employées ,  par  les 
Indiens,  aux  mêmes  usages  que  celles  du  Smi- 
lax  salsaparilla  dans  l'Amérique  méridionale; 
ainsi  l'écorce  du  Rhizophora  gymnorhiza  sert  à 
teindre  en  noir  dans  les  Indes ,  et  les  habitans 
du  Chili  emploient  au  même  usage  le  Lonicera 
corymbosa  ;  ainsi  lŒugenia  malacceiisis  ,  aux 
Indes  ,  et  plusieurs  Myrtes  au  Pérou,  sont  em- 
ployés contre  la  dyssenterie  ;  les   liserons  des 
quatre  parties  du  monde ,  sont  la  plupart  em- 
ployés comme  purgatifs  par  différens  peuples. 
J'aurai  occasion  ,  dans  la  seconde  partie  de  cet 
ouvrage  de  revenir  sur  tous  ces  exemples  d'uni- 
formité de  vertus  ;  mais  nous  ne  devons  poiat 
dissimuler  qu'au  milieu  de  ce  grand  nombre  de 
faits ,  qui  tendent  à  confirmer  U  théorie,  il  se 


(3.  ) 

présente  plusieurs  exceptions  frappantes:  la 
dangereuse  Ciguë  est  à  côté  de  l'utile  Carotte  , 
la  douce  Patate  touche  l'acre  Jalap,  l'amère  Co- 
loquinte trompe  l'œil  par  sa  ressemblance  avec 
le  Melon ,  la  Pomme-de-terre  se  trouve  classée 
au  milieu  des  poisons  ,  l'Ivraie  parmi  les  Cé- 
réales ,  et  l'arbre  le  plus  voisin  du  Cerisier  four- 
nit l'un  des  poisons  les  plus  actifs  du  règn« 
végétal. 

Peut-on  raisonnablement  tirer  quelque  con- 
clusion décisive  ,  lorqu'on  trouve  dans  les  vé- 
gétaux des  exemples  si  contradictoires ,  des 
anomalies  si  étranges  ?  Avant  de  chercher  à  les 
résoudre ,  commençons  par  établir  avec  exac- 
titude les  règles  d'après  lesquelles  doit  se  faire 
la  comparaison  des  propriétés  des  plantes  ave<a 
leurs  formes  extérieures. 


(32) 


CHAPITRE    IL 

Règles  de  la  comparaison  entre  les  proprié- 
tés et  les  formes  extérieures. 

Jr  ARMt  Jes  règles  que  l'on  doit  observer  dans  la 
solution  de  la  question  qui  nous  occupe  ,  il  eu 
est  qui  sont  plus  particulièrement  relatives  à  la 
botanique,  d'autres  à  la  chimie,  et  d'autres  à 
la  médecine  :  je  vais  les  indiquer  succinctement , 
et  les  développer  par  quelques  exemples. 

S.  I.«' 
Examen  de  la  classification. 

Entre  ces  moyens  d'arriver  à  la  vérité ,  le 
plus  indispensable  est  de  chercher  à  nous  faire 
une  idée  précise  de  la  classification  naturelle. 

Lorsqu'on  a  eu  étudié  les  espèces  ,  on  a 
grouppé  en  genres  celles  qui  offraient  un  cer- 
tain nombre  de  caractères  communs  ou  sem- 
blables j  on  a  fait  ensuite  le  même  travail  sur 
les  genres ,  et  on  les  a  grouppés  en  familles 
d'après  des  principes  analogues.  Lorsque  les 
auteurs  de  ce  vaste  travail  ont  voulu  faire 
passer  leurs  résultats  dans  l'esprit  des  autres 


(33) 

hommes,  ils  ont  été  obUgcs,  pour  la  rédaction 
de  leur  ouYr:!p,c,  de  ranger  \e^  es|^cccs  dans  les 
genres,  et  les  genres  dans  les  làmilles , d'après 
une  série  co.itinue  :  de  cette  méthode ,  peut-être 
nécessaire  pour  l'étude,  il  est  résulté  que  plu- 
sieurs naturalistes  célèbres  ont  cru  que  les  êtres 
naturels  formaient  réellement  une  chaîne  ousérie 
continue ,  dans  laquelle  les  genres  et  les  f'ajnilk  s 
formaient  seulement  des  points  de  repos  ;  on 
s'ebt  même  confirmé  dans  cette  idée ,  en  croyar.t 
reconnaître  une  sembLdjle  série  dans  le  rèiine 
aDiinal.  Mais  la  nature  ne  marche  point comn.e 
nos  livres,  chaque  être  se  trouve  réiîilement 
placé  entre  un  certain  nombre  d'autres  êtres 
avec  lescpiels  il  a  plus  ou  moins  de  rapport  j  et 
Je  seul  moyen  de  nous  faire  une  idée  de  cette 
dis])osition ,  est  de  nous  représenter  les  êtres 
naturels  placés,  non  en  série,  mais  sur  une 
carte  géographique.  Cette  idée  ,  indiquée  par 
Linné  ,  développée  par  l'Héritier  et  Petit- 
Thouars  ,  incomplètement  exécutée  par  Gisèke 
et  par  Batsch  ,  n'est  en  ce  moment ,  [X)ur  nous , 
qu'une  métaphore  propre  à  jeter  du  jour  sur  la 
question  qui  nous  occupe  5  imagmons  cette 
carte  exécutée  :  les  espèces  sont  les  bourgs ,  les 
genres  répondent  aux  provinces,  les  familles 
sont  les  empires  ,  les  classes  sont  analogues  aux 
parties  du  monde ,  et  les  plantes  encore  isoîéei 


(34) 

sont  représentées  par  ^es  îles  éloignées  de  tout 
continent.  Si ,  dis-je  ,  cette  carte  exécutée  com- 
plètement ])araissait  devant  nous,  la  première 
chose  qui  frapperait  nos  regards,  comme  dans 
une  vraie  carte  géographique  ,  serait  que  dans 
certains  empires  ou  certaines  provinces ,  les 
bourgs  sont  très-rapprochés  les  uns  des  autres, 
tandis  que  dans  d'autres  nous  les  verrions  très- 
éloignés .  Cet  éloignement  tient,  comme  dans 
ia  géographie ,  à  deux  causes  :  ou  bien  à  ce  que 
les  êtres  intermédiaires  sont  encore  inconnus , 
ou  bien  à  ce  que  la  nature  a  réellement  laissé 
dans  l'ordre  des  êtres  ,  çà  et  là  ,  des  espaces 
vides  ,  tout  comme  elle  a  laissé  ,  sur  le  globe  , 
des  marais  et  des  déserts  inhabitables.  Voilà 
donc  une  première  cause  d'inexactitude  ,  la 
distance  inégale  des  êtres  dans  divers  genres 
ou  dans  diverses  familles  naturelles  :  on  ne 
doit  pas  plus  s'étonner  que  les  Graminées  ,  les 
Labiées  ,  les  Crucifères  et  lesMalvacées  ,  se  rap- 
prochent beaucoup  par  leurs  propriétés  ,  tandis 
que  les-Caprifoliacées  ,  les  Rutacées,  les  Urticées 
et  quelques  autres  familles,  offrent  des  ano- 
malies ,  qu'on  est  surpris  ,  dans  l'ordre  social , 
de  voir  les  pays  très-peuplés  et  tràs-civilisés 
offrir  des  mœurs  uniformes  ,  tandis  que  les 
réîZjions  presque  désertes  ou  coupées  par  des 
fleuves  et  des  chaînes  de  montagnes  ,  offrent 
de  grandes  différences. 


(35) 

1.^  Quelquefois  ,  dans  l'ordre  politique  ,  on 
réunit  un  bourg  isole  ou  une  petite  île  à  la 
province  la  plus  voisine  :  ainsi  dans  l'ordre  na- 
turel, pour  éviter  la  multiplicité  des  divisions  , 
on  accole  à  un  genre  ou  à  une  famille ,  une 
espèce  qui  en  dilïère  par  l'organisation  5  c'est 
ce  qui  est  arrivé ,  quand  on  a  réuni  la  Ficaire 
aux  Renoncules  ,  la  Mâche  aux  Valérianes,  ou 
bien  les  Valérianes  elles-mêmes  aux  Dipsacécs  ^ 
les  Fumeterres  aux Papaveracées  ,  etc.  Dans  ces 
cas ,  si  les  propriétés  différent ,  c'est  que  l'or- 
ganisation diffère  aussi,  et  l'exception  con.- 
firme  la  règle. 

3.0  II  arrive  souvent  que  telle  plante  qui 
s'éloigne,  par  ses  propriétés,  de  la  famille  ou 
du  genre  dans  lequel  on  l'a  placée ,  se  trouve 
appartenir  réellement  à  une  famille  différente, 
lorsque  son  organisation  est  mieux  connue; 
ainsi  le  Ményantlies ,  réuni  d'abord  avec  les 
Primulacées  ,  étonnait  par  ses  propriétés  fébri- 
fuges ',  Ventenat  a  prouvé  ,  par  l'organisa- 
tion du  fruit ,  qu'il  appartient  à  la  famille  des 
Gentianées  ,  011  l'on  retrouve  la  même  vertu. 
Ainsi,  je  crois  avoir  fait  disparaître  quelques- 
unes  de  ces  anomalies^  en  prouvant  que  le 
Qitassia  n'est  pas  de  la  même  famille  que  les 
Magnoliers  ;  que  les  Strichnos  doivent  être  sépa- 
rés des  Apocinées ,  les  Valérianes  des  Dipsacées, 

3.. 


(35) 

les  Lins  des  Cariopliyllées ,  les  Globulaires  des 
Pritnulacées  ,  etc.  etc.  Des  observations  ana- 
logues ,  dues  au  perfectionnement  de  la  science  , 
tentlront  probablement  dans  la  suite  à  dimi- 
nuer le  nombre  des  exceptions  connues  ;  et  l'on 
peut  déjà  remarcpj.er  dans  plusieurs  cas ,  que 
les  plintes  qui  s'éloignent  du  groupe  par  les 
propriétés  ,  s'en  éloignent  aussi  par  la  structure  -, 
tel  est  le  Crescentia  parmiles  Solanées ,  le  Pœo- 
ida  parmi  les  B.enon enlacées,  le  PhA/tolacca 
parmi  les  Chenopodées  ,  le  Poivrier  parmi  les 
Urticées,  etc.  etc. 

S.     I  I. 

Comr)  avals  on  des  or<ranes. 

J.  o 

L'examen  de  la  classification  vient  déjà  de 
faire  disparaître  quelques-unes  des  excepti(!>i]s 
qui  semblaient  contraires  aux  résultats  que  la 
théorie  nous  a  indiqués  j  essayons  maintenai^t 
lie  déterminer  comment  on  doit  comparer  \q% 
propriétés  des  différentes  plantes  les  unes  avec 
les  autres , 

Il  me  semble  nécessaire  de  distinguer  ici  les 
propriétés  générales,  c'est-à-dire,  communes  à 
toutes  les  parties  de  la  plante  et  les  propriétés 
spéciales  ,  c'est-à-dire ,  particulières  à  l'un  de 
SOS  sucs  ou  à  l'nn  de  ses  organes. 


(3/) 

Quant  aux  premières ,  on  ne  doit  y  donner  ^ 
Selon  moi ,  qn'ime  médiocre  attention  ',  ces  pro- 
priétés générales  sont  évidemment  un  résultat 
du  mélange  de  tontes  les  propriétés  spéciales  , 
et  dépendent  uniquement  de  la  proportion  di- 
verse des  parties  de  la  plante  ;  proportion  ex- 
trêmement variable  et  de  peu  d'importance  à 
observer  sous  le  point  de  vue  qui  nous  occupe. 
Si  les  sucs  exprimés  de  certains  végétaux  ont 
des  propriétés  constantes  ,  c'est  c[u'ils  sont 
composés  de  certains  sucs  particuliers,  dont  la 
pro]K>rLion  est  à-peu-près  lîxe  dans  la  ]:)lanie  ; 
et  sous  ce  point  de  vue,  ils  rentrent  dans  la 
classe  des  propriétés  spéciales. 

Celles-ci  me  paraissent  seules  dignes  de  fixer 
notre  attention  d.ms  la  comparaison  que  nous 
clîerclîons  à  établir  :  il  est  évident  qu'on  doit 
mettre  en  parallèle  chaque  organe  d'une  plante 
avec  l'organe  correspondantd'une  autre  plante  y 
et  sous  ce  point  de  vue,  plus  on  descendra 
dans  les  détails ,  plus  on  approchera  de  l'exac- 
litude.  Ainsi ,  combien  ne  voyons-nous  pas  de 
plantes  qui  jouissent  de  propriétés  fort  diffé- 
rentes dans  leurs  diverses  parties  ?  M.  de 
.fussieu  nous  olfre  un  exemple  irappant  de 
l'utilité  de  cette  ^exactitude,  en  nous  montranî; 
(jue  clans  les  graines  des  Euphorbes  et  de  pbi- 
siours  aiurp'i  plantes  jle  périsperme  esc  doux  et 


(38) 

sain  ,  tandis  que  l'embryon  est  acre  et  forte- 
ment pnrgadf.  D'après  le  principe  que  Je  viens 
dNénoncer  et  que  son  évidence  dispense  de 
prouver  ,  nous  ne  comparerons  point  les  tuber- 
cules de  la  Pomme-de-terre  avec  les  baies  des 
autres  Solanums  ,  les  racines  des  Carottes  avec 
les  feuilles  des  Ciguës  ,  et  nous  verrons  déjà 
s'eflàcer  quelques-uns  des  traits  qui  semblaient 
les  plus  prononcés  contre  l'analogie  ;  nous  les 
verrons  diminuer  encore  ,  si  nous  suivons  les 
conséquences  de  cette  comparaison  d'organes. 

i.o  IJ  est  évident  que  si  quelques  plantes 
d'une  famille  possèdent  un  organe  particulier 
qui  soit  nid  ou  très-peu  développé  dans  les 
autres  plantes  de  l'ordre ,  nous  ne  devons  pas 
nous  étonner  si  les  propriétés  particulières  à 
cet  organe  ne  se  trouvent  pas  dans  les  autres 
plantes  de  la  famille  :  ainsi ,  si  la  pulpe  des 
Vanilles  jouit  de  propriétés  aromatiques  ,  qui 
ne  se  retrouvent  point  dans  la  famille  des  Or- 
chidées ,  n'en  trouvons  -  nous  pas  la  cause , 
en  remarquant  que  la  pulpe  qui  entoure 
leurs  graines ,  manfjue  entièrement  dans  les 
autres  genres  de  la  famille  ?  N'en  est-il  pas 
de  même  pour  la  pulpe  douce  et  laxative  de 
la  Casse  et  du  Tamarin  ,  qui  manque  dans  la 
plupart  des  Légumineuses?  Allons  plus  loin,  et 
nous  trouverons  certains  organes ,  pour  ainsi 


(39) 

dire  accidentels,  qui  jouissent  des  mêmes  pro- 
priétés toutes  les  fois  qu'ils  se  développent , 
quelles  que  soient  d'ailleurs  les  propriétés  (îcla 
famille 3  ainsi,  les  tubercules  qui  naisseiU  sur 
les  libre  de  certaines  racines  ,  et  qu'il  faut  bien 
distinguer  des  tumeurs  dues  au  simple  ren- 
flement de  la  souche  radicale ,  sont  tons  des 
espèces  de  réservoirs  pleins  d'une  fécule  douce 
et  nourrissante  ,  comme  on  le  voit  dans  la 
Pomme-de-terre,  le  Topinambour ,  la  Patate, 
la  Filipendule ,  etc. 

2..^  Si ,  au  contraire  ,  les  propriétés  dont 
nous  faisons  le  plus  fréquen  t  usa^î^e  ,  aj^par- 
tiennent  à  quelqu'organe  éminemment  essen- 
tiel à  la  famille,  nous  trouverons  aussi  que 
ces  propriétés  offriront  peu  de  variations.  Ainsi 
le  périsperme  farineux  des  Graminées  ,  est  par- 
tout nutritif  et  d'une  saveur  agréable  ',  les 
graines  des  Ombellifères  qui  offrent  tontes  de 
petits  vaisseaux  remplis  d'huile  essentielle ,  sont 
toutes  stimulantes  et  aromatiques,  etc. 

3.0  Si  les  mêmes  propriétés  paraissent  se  re- 
trouver dans  des  plantes  voisines  ,  mais  dans 
des  organes  differens  ,  on  peut  ,  ce  me  seml>le  , 
trouver  la  cause  de  cette  anomalie  ,  en  étudiant 
avec  plus  de  soin  les  rapj)orts  de  ces  organes. 
Ce  sujet  ,  qui  tient  à  l'anal  omie  végétale  , 
exigerait  des  développemens  assez  longs  et  peut- 


(4o) 

être  des  connaissances  que  la  botani(|iie  n'a 
point  encore  acquises  5  je  me  contenterai  de 
citer  quelques  exemples  qui  pourront  en  faire 
sentir  l'utilité.  Lorsqu'on  examine  la  série  des 
plantes  monocotylëdones  ,  on  est  surpris  de 
voir  les  bulbes  des  Liliacées  ,  fournir  de  la 
f'écnle  à  peu-près  comme  le  tronc  des  Palmiers  , 
tandis  que  quelques  autres  racines  bulbeuses 
ont  une  propriété  purgative  ,  analogue  à  celle 
du  suc  que  l'Aloës  renferme  dans  sa  tijze  et  dans 
ses  feuilles.  Cette  resseml)lance  entre  les  tiges 
et  les  bulbes ,  qui  peut  paraître  une  exception 
à  la  règle  que  j'ai  tenté  d'établir,  en  est  au 
contraire  à  mes  veux  une  confirmation  ;  l'ana- 
tomie  végétale  prouve ,  ce  me  semble,  que  la 
bulbe  ne  doit  pas  être  assimilée  aux  racines 
mais  aux  tiges  :  je  m'explique. 

Dans  toutes  les  bulbes ,  on  distingue  trois 
parties  :  les  radicules  qui  en  sortent  en  des- 
sous ,  et  qui  sont  les  vraies  racines  5  les  écailles 
ou  tuniques  qui  l'entoureiit  en  dessus ,  et  qui 
sont  des  feuilles  avortées  ;  un  |)îateau  ordinaire- 
îîient  piane  et  orbiculaire  ,  qui,  selon  nioi,  est 
la  tige  de  la  plante.  Je  fonde  cette  opinion  ^ 
1."  sur  ce  que  ce  plateau  porte,  comme  nous 
venons  de  le  voir,  les  feuilles  d'un  côté ,  et  les 
racines  de  l'autre ,  ainsi  que  toutes  le^  véri-r 
tivbles  tiges  j  2.'*  sur  ce  qn'ii  s'alonge  quelque-^ 


(  4-1  ) 

fols  par  la  culture ,  dans  les  individiis  d'une 
même  espèce ,  de  niaiiière  à  prendre  l'apparence 
d'une  tige  j  3.°  sur  ce  que  des  espèces  évidem- 
ment congénères,  telles  que  certains  Aulx , 
certains  Antherics  offrent ,  les  unes  un  plateau  , 
d'autres  une  souche  plus  ou  moins  alongée  ; 
4.°  sur  ce  que  parmi  les  Liliacées  ,  nous  ne 
voyons  de  bidbes  que  parmi  les  plantes  sans  tige 
et  réciproquement;  5."  sur  ce  que  certaines 
Graminées  présentent  accidentellement  la  for- 
mation d'une  bulbe  due  à  la  même  cause , 
c'est-à-dire,  au  rabougrlssement  de  la  partie 
inférieure  de  la  tige ,  qui  se  trouve  alors  re- 
couverte par  la  gaine  des  feuilles;  6.°  sur  ce 
que  si  les  bulbes  n'étaient  pas  des  tiges  rabou- 
gries ,  on  les  verroit  tendre,  non  à  monter, 
mais  à  descendre  comme  les  véritables  racines. 
Je  vais  plus  loin  :  et  je  crois  que  par  des 
argumens  absolument  semblables ,  on  petit 
prouver  que  dans  toutes  les  dicotylédones  ,  il 
n'existe  point  de  plante  véritablement  dépour- 
vue de  tige  {acanlis  )  ,  mais  que  là  tige  existe 
rabougrie  au  collet  de  la  racine ,  et  que  par 
conséquent  ce  qu'on  nomme  hampe  ,  doit  être 
assimilé  aux  pédoncules  et  non  aux  tiges  ;. 
alors  on  concevra  comment  dans  la  même 
famille  et  dans  le  môme  genre ,  il  se  trouvé  des 
plantes  dites  cautescentes  et  acaules;  on  çoH" 


(40 

ceyra  en  particulier  ,  pour-*  me  rapprocher  de 
mon  sujet,  comment  tous  les  Plantains,  toutes 
les  Chicoracées  ,  un  grand  nombre  de  Légu- 
mineuses ,  ont  les  mêmes  propriétés,  quoique 
distinctes  en  apparence  par  un  caractère  aussi 
singulier  que  l'existence  ou  l'absence  d'une 
partie  aussi  importante  que  la  tige. 

S.     III. 

Examen  des  circonstances  oh  se  trouvent  les 
Végétaux  au  moment  oh  on  les  emploie. 

Nous  avons  jusqu'ici  examiné  les  restrictions 
que  la  structure  même  des  végétaux  apporte  à 
la  loi  de  l'analogie  entre  les  formes  et  les  pro- 
priétés j  il  nous  reste  maintenant  à  déterminer 
l'influence  qu'exercent  sur  cette  loi  les  circons- 
tances où  se  trouvent  les  végétaux  à  l'époque 
où  l'on  a  coutume  de  les  employer. 

Parmi  tes  circonstances  accidentelles,  la  plus 
importante  à  examiner  est  celle  qui  tient  à  la 
nature  du  terrain  dans  lequel  la  plante  a  végété. 
Quoique  la  manière  dont  le  sol  influe  sur  les 
végétaux  soit  encore  mal  connue  ^  on  ne 
peut  cependant  méconnaître  son  importance. 
M.  Théodore  de  Saussure  vient  de  nous  mon- 
trer que  cette  influence  s'étend  plus  loin  qu'on 
ne  le  croyait,  en  remarquant  que  les  mêmes 


(  43  ) 

plantes  ,  nées  dans  des  terrains  granitiques  ou 
calcaires ,  offrent  des  différences  notables  dans 
leur  composition   cliiniique  et  dans  lenrs  pro- 
priétés nutritives.  L'attention  des  physiologistes 
est  éveillée  depuis  trop  peu   de  temps  sur  cet 
objet ,  pour  que  nous  puissions  en  tirer  encore 
des  conséquences  directes  ;  mais  nous  connais- 
sons davantage  l'inflLience  du  sol  sous  d'autres 
rapports  :  ainsi,  dans  certaines  familles  nous 
voyons  les  propriétés  des  mêmes  plantes  varier 
beaucoup  ,  selon  qu'elles  ont  cru  dans  un  lieu 
sec  ou  dans  un  sol  humide  j  Vlleracleum  sphon- 
dylium,  plante  commune  dans  nos  prairies,  et 
que  les  difïercns  bestiaux  mangent  d'ordinaire 
sans  inconvénient ,   devient  quekjuefois  véné- 
neuse ,   lorsqu'elle   croît  dans  un  lieu  trop  hu- 
mide ,  ou  que   l'année  est   trop  abondante  en 
pluie.  Nous  voyons  de  même  le  Céleri  acre, 
nauséabonde  et  vénéneux ,  lorsqu'on  le  reciieille 
dans  les  marais  où  il  croît  naturellement  ,   de- 
venir doux  et  propre  à  notre  nourriture  ,  lors- 
qu'il  est  cultivé   dans   un   terrain    sec.   Si   la 
même  espèce  d'Orabellilêrc  nous  offre  des  ano- 
malies semblables,  devons-nous  être  surpris  de 
voir  les  autres  plantes  de  cette   famille  ,   ac- 
quérir en  général  une  propriété  plus  ou  moins 
vénéneuse  ,  lorsqu'elles  croissent  dans  les  lieux 
aquatiques ,  comme  on  le  voit  par  les  Phel-- 


(44) 

land'liim  aquatrcum  ,  Cicutavîrosa  ,  OEthusa 
cynapium  ,  OE/iant/ie  crocata  y  etc.  ;  tandis 
qu'au  contraire  celles  qui  croissent  dans  les 
lieux  secs  et  exposés  au  soleil  ,  sont  toutes 
pins  ou  moins  douces,  aromatiques  et  stimu- 
lantes :  telles  sont  :  AnQ-elica  arckaideir'ica  , 
CoriaridrujTi sat'i V uin y  Arietlium ftÈnlculiiJïi ,  etc. 
D'après  la  même  observation  ,  doit-on  s'étonner 
si  les  Ombellifêres  vénéneuses  sont  toutes  ori- 
ginaires des  pays  froids  ou  tempérés ,  tandis  que 
celles  qui  croissent  dans  des  pays  chauds  ,  sont 
toutes  aromatiques  et  utilement  employées 
comme  stimulantes  ? 

Cette  même  influence  de  l'humidité  plus  ou 
moins  grande  du  sol ,  se  fait  sentir  dans  plu- 
sieurs autres  cas,  et  c'est  à  cette  cause  qu'est 
due  en  partie  la  supériorité  des  plantes  cueil- 
lies sur  les  montagnes  d'avec  les  mêmes  espèces 
récoltées  dans  les  plaines.  Cette  difïérence  est 
due  encore  à  une  seconde  cause  qui  modifie 
puissamro.ent les  produits  des  végétaux;  je  veux 
parler  ici  de  la  plus  ou  moins'grandc  quantité 
de  lumière  dont  ils  sont  frappés. 

Le  soleil  influe  sur  les  propriétés  des  plantes  , 
par  sa  chaleur,  qui  en  dégage  l'humidité  sur- 
abondante ,  et  par  sa  lumière  ,  qui  favorise  la' 
combiilaison  du  carbone  ;  la  réunion  de  ceâ 
«ieuxeiïets  tend  toujours  à  exalter  les  propriétés 


(45) 
des  plantes ,  d'où  résulteflit  deux  faits  en  appa- 
rence contraires  :  si  les  plantes  d'une  famille  sont 
douées  de  propriétés  qui  exigent  la  combinaison 
parfaite  des  matières  élémentaires,  telles  que 
les  Ombellifères,  on  les  trouve  d'autant  plus 
utiles  ,  qu'elles  croissent  plus  exposées  au  soleil  : 
si ,  au  contraire ,  les  sucs  d'une  autre  famille 
tendent  à  former  des  composés  amers  ou  nui- 
sibles par  leur  âcreté  ,  on  empêche  ces  sucs 
d'atteindre  à  leur  perfection,  soit  en  employant 
les  plantes  dans  leur  preuiière  jeunesse ,  comme 
on  le  fait  pour  la  famille  des  Asparagées  et  des 
Chicoracées,  soit  en  prolongeant^  pour  ainsi 
4ire,  cette  jeunesse,  par  la  privation  de  la 
lumière  ou  l'étiolement  ;  c'est  ce  qiii  arrive 
pour  plusieurs  Chicoracées  et  Cynarocéphales. 

Je  saisis  cette  occasion  de  faire  remarquer 
comment ,  dans  certains  cas  ,  la  théorie  des 
familles  naturelles  vient  au  secours  de  la  phy- 
sique végétale ,  pour  expliquer  certaines  anoma- 
lies apparentes  produites  par  un  même  agent. 

Indépendamment  de  l'influence  du  sol  et  de 
la  lumière,  on  peut  encore  observer  que  l'âge 
même  de  la  plante  influe  sur  ses  propriétés 
aussi  bien  que  l'époque  à  laquelle  on  en  fait  la 
récolte  :  ainsi  te  Colchique  est  beaucoup  plus 
dangereux  au  printemps  qu'à  l'automne  j  ainsi 
les  firuits  jouissent  de  propriétés  bieiidifférejites , 


(46) 

selon  que  leur  maturité  est  plus  ou  moins  avan- 
cée. Ces  sources  d'erreurs  sont  si  frappantes , 
qu'il  suffit  de  les  énoncer  ici. 

§.     I  V. 

Composition  chimique. 

Nous  venons  de  parcourir  les  différentes  cir- 
constances que  la  structure  même  des  végétaux 
nous  présente  ,  pour  expliquer  les  anomalies 
contraires  à  la  théorie.  Considérons  un  instant, 
sous  le  même  point  de  vue ,  la  nature  chimicpe 
des  plantes  :  de  même  que  parmi  les  caractères 
botaniques ,  il  en  est  de  constans ,  et  d'autres 
plus  ou  moins  accidentels  ;  de  même  aussi 
parmi  les  substances  que  la  chimie  découvre 
dans  le  règne  végétal ,  il  en  est  qui,  comme  la 
fécule  ,  la  résine  ,  le  camphre  ,  etc. ,  s'y  pré- 
sentent d'une  manière  fixe  et  constante  ,  et 
d'autres  qui  offrent  habituellement  des  varia- 
tions dans  les  proportions  de  leurs  élémens ,  et 
conséquemment  dans  leurs  propriétés  5  dans 
cette  dernière  classe  ,  je  citerai  particulièrement 
les  gommes-résines ,  qu'on  regarde  avec  assez 
de  vraisemblance  comme  des  combinaisons  na- 
turelles de  gommes  et  de  résines.  D'après  cette 
idée  ,  on  peut  comprendre  facilement  que  si  la 
gomme  d'un  côté,  et  la  résine  de  l'autre,  ont 


(47) 
des  propriétés  difFéreiites  ,  comme  l'expérience 
le  prouve  ,  le^  gommes-résines  devront  avoir 
des  propriétés  très-diverses  y  selon  les  propor- 
tions de  ces  deux  élémens  ;  et  l'observation  nous 
montre  ,  en  eflét ,  que  plusieurs  des  familles 
dans  lesquelles  nous  avons  remarqué  les  ano- 
malies les  plus  frappantes ,  abondent  en  sucs 
gommo-résineux  j  telles  sont,  par  exemples  ,  les 
familles  des  Om  bel  lif ères  et  des  Liserons  ;  on 
pourrait  encore  citer ,  comme  un  exemple  de 
mélange  de  principes  divers ,  et  conséquem- 
ment  de  propriétés  différentes  ,  ceux  des  maté- 
riaux immédiats  des  végétaux  ,  auxquels  on  a 
donné  les  noms  d'extractif,  de  matière  colo- 
rante, de  sève ,  etc. 

Indépendamment  des  combinaisons  intimes 
de  certains  principes ,  telles  que  celles  dont 
nous  venons  de  citer  des  exemples ,  on  observe 
souvent  encore  de  simples  mélanges  formés  par 
la  réunion  des  principes  diiïerens  bien  connus 
des  chimistes.  Ainsi  ,  plusieurs  de  nos  racines 
usuelles  sont  composées  de  deux  principes  très- 
distincts  ,  une  fécule  douce  et  nourrissante ,  et 
une  matière  extractive  plus  ou  moins  acre  et 
stimulante  j  les  pro|)ortions  diverses  de  ces  deux 
principes  font  naître  entre  des  plantes  très* 
semblables,  des  anomalies  assez  singulières; 
ainsi  dams  le  gewe  Arum  ,  nous  trouvons  des 


(48)       - 
racines  nourrissantes  5  telles  que  les  ^.  esculcjt- 
tum^X  Colocasia  ,  et  des  racines  acres  et  corro- 
sives,  telles  que  V^.  maculatuin  ;  on  pourrait 
citer  de  même  le  Manioc ,  la  Bryone  ,  qui  offrent    " 
^es  mélanges  semblables. 

On  peut  encore  trouver  la  solution  de  quel- 
ques anomalies  ,  dans  un  autre  genre  de  con- 
sidérations chimiques  :  on  sait  que  parmi  les 
matériaux  immédiats  des  végétaux  ,    il  en  est 
qui  ne  sont  que  divers  états  particuliers  d'une 
même  substance  j   ainsi  le   corps  muqueux  se 
eliange  en  sucre  ,  le  sucre   semble  fournir  les 
élémens  de  la  fécule  ,  l'huile  fixe  se  transforma 
en  cire ,  etl'huile  volatile  en  résine ,  peut-être  par 
l'addition  de  l'oxigène,  etc.  Ces  diverses  trans- 
formations dont  nous  sommes  encore  loin  de 
connaître  toute  l'étendue  ,  peuvent,  dans  plu- 
sieurs cas ,  nous  servir  de  moyens  pour  conce- 
voir comment  des  plantes  de  la  même  famille 
naturelle  ,  peuvent  nous  offrir  des  substances 
assez  différentes  en  apparence  :   ainsi  certaines 
Conifères,  au  lieu  de  résine  entièrement  formée, 
nous  présentent  de  l'huile  volatile  ,  c'est-à-dire , 
de    la  résine  incomplètement  oxigénée  j  ainsi 
le  Caoutchouc ,  qui  est  produit ,   comme   on 
sait ,  par  le  suc  de  THevea  ,  plante  de  la  famille 
des  Euphorbes ,  paraît  se  retrouver  dans  le  suc 
des  autres  Euphorbiacées ,  mais  dan3  un  état 


(  49  ) 
incomplet  et  non  développé  :  on  sait ,  en  efïet , 
que  le  suc  du  Ricin  et  celui  de  plusieurs  Eu- 
phorbes ,  étant  desséché  à  l'air ,  acquiert  une 
couleur  brune  ,   et  conserve  pendant  quelque 
temps  une  élasticité  assez  remarquable.  Nous 
trouvons  donc  dans  les  connaissances  chimiques 
actuelles,  trois  moyens  d'expliquer  les  anoma- 
lies qu'on  observe  dans  les  familles  naturelles  , 
savoir  :   la  combinaison   intime  de  divers  élé- 
mens  ,  le  mélange   de    différens   principes    et 
l'état  plus  ou  moins  complet  de  chacun  d'eux. 
A  ces  considérations  nous  pourrions  ajouter 
encore ,  que   plus   l'analyse  végétale    fait    de 
progrès,  plus  elle  fait  disparaître  des  anomalies 
en  apparence  contraires  à  la  théorie  j  ainsi  elle 
montre  que  des  qualités  qui  paraissaient  sem- 
blables ,  sont  produites  dans  diverses  familles 
par  des   principes  réellement  différens  ;   ainsi 
quoique  la  saveur  amère  dénote  en  général  des 
propriétés  analogues  dans  les  végétaux  qui  en, 
sont  doués,  cette  proposition  n'est  rigoureuse 
que  lorsqu'il  s'agit  de   végétaux  de   la   même 
famille  j  ainsi  le  principe  amer  et  vénéneux  des 
Strichnées  ,  le  principe   amer  et  vénéneux   des 
Menispermées ,  le  principe  amer  et  salubre  des 
Gentianées  5  le  principe  amer  et  animalisé  des 
Armoises  ,    le  principe   amer  et   résineux  des 
Magnoliacées  ,  le  principe  amer  et  éminemment 

4 


(5o) 

soluble  à  l'eau  des  Siniaroubées,  le  principe 
amer  de  l'Aiigustura  qui  donne  avec  le  1er  un 
précipité  jaune,  celui  du  Cliamadrys  qui  pré- 
cipite le  fer  en  vert ,  eniin  celui  du  Quinquina 
qui  précipite  la  noix  de  galle ,  et  se  dissout 
également  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  ^  tous  ces 
divers  amers  ,  dis-je  ,  sont  des  matières  diffé- 
rentes et  ne  peuvent  pas  être  rigoureusement 
comparés  j  nous  arriverions  un  même  résultat 
si  nous  comparions  de  la  môme  manière  les 
astringens  ,  dus  tantôt  à  l'acide  gallique  comme 
dans  la  Ratanliia ,  tantôt  au  tannin  comme 
dans  les  Acacias  ,  tantôt  à  la  réunion  de  ces 
deux  matières,  etc. 

Ces  considérations  importantes  nous  don- 
nent encore  une  réponse  à  l'une  des  objec- 
tions les  plus  piquantes  qui  aient  été  faites  (i) 
contre  l'analogie  des  formes  et  des  proprié- 
tés ,  savoir^  que  les  mêmes  propriétés  se  re-" 
trouvent  dans  dès  familles  très  -  différentes. 
Cette  assertion  est  rigoureusement  vraie,  lors- 
qu'il s'agit  de  propriétés  déterminées  sur 
des  matériaux  cliimiques  parfaitement  purs  et 
identiques  dans  tous  les  végétaux  j  ainsi  les 
légères  nuances  qu'on  observe  entre  les  proprié- 
tés des  fécules  ,  des  huiles  fixes ,  des  gommes  , 

(0  Par  M.  HalIé. 


(5i  ) 

des  matières  ligneuses  etc.  ,  sont  peu  impor-- 
tantes;  mais  dès  qu'il  s'agit  de  principes  moins 
rigoureusement  semblables  et  moins  çénérale- 
ment  répandus  dans  les  végétaux,  la  distinction 
des  familles  reprend  toute  son  importance: 
ainsi ,  comme  nous  venons  de  le  voir ,  les  amers, 
les  astringens  ,  ne  sont  semblaljles  entr'enxque 
dans  la  même  i'amille  ;  tous  les  médecins  savent 
très-bien  que  l'action  des  narcotiques ,  tirés  de 
familles  diverses  ,  est  bien  loin  d'être  la  même: 
ainsi  on  trouve  des  narcotiques  dans  les  Papa- 
veracées,  les  Chicoracées,  les  Borraginées  ,  les 
Drupacées,  les  Solanées ,  lesNymphœacées  etc. , 
mais  ils  sont  tous  dilïérens  les  uns  des  autres  , 
et  ne  sont  pas  plus  confondus  dans  la  pratique 
du  médecin  ,  que  dans  la  classification  du 
botaniste  j  l'application  de  la  théorie  des  rap- 
ports naturels  à  la  matière  médicale  ,  peut 
"mê^e  être  utile,  connue  moyen  de  classer  avec 
assez  d'exactitude  ,  dans  ])lusieurs  cas  ,  les  va- 
riétés qui  se  présentent  dans  une  même  série 
de  médicamens  :  ainsi  pour  ne  pas  sortir  de 
l'exemple  que  je  viens  de  citer,  il  me  send^le 
qu'une  classification  des  narcotiques ,  fondée 
sur  les  fiunilles  des  plantes  ,  serait  au  moins 
aussi  exacte  que  toutes  celles  qu'on  trouve  dans 
la  plupart  des  matières  médicales. 


4- 


(52) 

s.  V. 

Cojnparaisoji  du  mode  d'extraction    et  de 
préparation . 

Ces  considérations  et  plusieurs  autres  qui 
sont  du  ressort  immédiat  de  la  chimie ,  nous 
expliquent  comment  des  différences  ,  en  appa- 
rence légères  ,  dans  le  mode  d'extraction  et  de 
préparation  des  médicamens  ,  influent  puis- 
samment sur  leur  nature  ,  et  conséquemment 
sur  les  propriétés  apparentes  des  plantes  dont 
on  les  extrait.  Mais  il  est  évident  qu'il  ne  peut 
exister  de  comparaison  exacte  entre  les  pro- 
duits des  végétaux  ,  que  dans  le  cas  où  l'extrac- 
tion et  la  préparation  de  ces  produits  a  été 
suffisamment  semblable  pour  ne  point  altérer 
ou  pour  altérer  également  leur  natiu'e.  Pour- 
rait-on ,  par  exemple  ,  tirer  la  moindre  con- 
clusion relativement  aux  propriétés  réelles  des 
plantes ,  de  la  nature  que  leurs  sucs  auraient 
acquise  après  avoir  suIdI  une  des  trois  espèces 
de  fermentation  ?  Cette  manipulation  compli- 
quée rapproche  les  produits  des  végétaux  hé- 
térogènes tels  que  le  Palmier ,  les  Vignes  ,  les 
Groseillers  ,  les  Pommiers,  etc.  3  tandis  qu'elle 
peut  varier  à  l'infini  les  produits  d'une  même 
espèce  ,  comme  le  prouve  l'exemple  des  sucs 


(53) 

divers  ,  tels  qne  le  vin  ,  le  vinaigre ,  l'eau-de- 
vie  ,  l'alkool  ,  etc.  ,  tous  tirés  des  mêmes 
raisins. 

Plusieurs  des  propriétés  de  certains  végé- 
taux,  et  ([ni  uons  paraissent  en  opposition 
avec  la  loi  de  l'analogie  botanic[ue  ,  tiennent  à 
ce  qu'on  applifpie  à  ces  plantes  des  procédés 
particuliers  :  ainsi  ayant  qu'on  eût  tenté  d'ex- 
traire l'eau  distillée  de  plusieurs  espèces  de 
Rosacées,  pouvait-on  regarder  comme  isolée 
dans  la  natnre  ,  la  propriété  vénéneuse  de  Teau 
distillée  du  I^aurier  cerise  ?  Nous  voyons  déjà 
qu'une  manipulation  uniforme  a  su  retrouver, 
dans  des  plantes  analogues  ,  des  propriétés 
îTemblables  qu'on  était  loin  d'y  soupçonner: 
ainsi  Bernard  de  Jussieu  ,  guidé  par  l'analogie, 
a  retrouvé  l'aromate  du  Café  dans  les  semences 
du  Gratteron  ,  préparées  comme  celles  dn 
Caféier.  Ainsi  jKirmi  les  Lichens  crustacés  , 
l'extrême  diversité  des  couleurs  qu'on  en  a 
extraites  ,  tient  beaucoup  moins  à  la  différence 
des  matières  colorantes  ,  qu'aux  changemens 
dans  la  manipulation. 

la  diversité  do  préparation  est  une  cause 
d'erreurs  trop  évidente  ,  pour  que  je  m'arrête 
pliis  long-temps  à  la  développer ,  et  après  avoir 
ainsi  suivi ,  pour  ainsi  dire ,  la  formation  du 
médicament .  je  vais  chercher  à  mettre  quelque 


(  54  ) 

précision  dans  la  comparaison  des   propriétés 
mêmes  des  drogues  employées  par  la  médecine. 

§.     V  I. 

Exclusion  des  propriétés  mécaniques  ou  acci- 
dente Iles. 

11  convient  d'aljord  d'observer  que  parmi  les 
usages  auxquels  nous  avons  employé  les  végé- 
taux, il  en  est  quelques-uns  qui  sont  absolu- 
ment indépendans  de  la  nature  de  ce  végétal , 
"et  sur  lesquels  la  loi  de  l'analogie  ne  peut,  par 
tonséquent ,  avoir  qu'une  influence  très-légère 
etsouvent  a!)SOiùmentnulle.  Ainsi,  par  exemple, 
lorsque  le  menuisier  emploie  la  Prèle  pour 
^olir  ses  ouvrages  ,  ou  que  le  bonnetier  se  sert 
du  Chardon  à  foulon  ])Our  tirer  le  poil  de  ses 
tissus ,  il  est  bien  évident  qu'ils  emploient  à 
leur  usaee  des  circonstances  absolument  acci- 
dentelles  dans  l'économie  du  végétal ,  et  qui 
peuvent  facilement  ne  pas  se  trouver  dans  l'es- 
pèce voisine  ;  ainsi  ,  lorsque  le  chien  ,  poussé 
par  son  instinct ,  mange  du  Chiendent  pour  se 
faire  vomir  ,  on  ne  doit  pas  compter  pour  cela 
le  Chiendent  parmi  les  émé tiques  ,  puisque  , 
selon  toute  ajiparence  ,  il  ne  produit  cet  effet 
sur  le  chien  ,  que  parce  que  cet  animal  muni 
seulement  de    dénis  tranchantes  ,  ne  peut  le 


(55) 

broyer  ,  et  qu'en  l'avalant ,  à  demi-mâclié ,  il 
produit  sur  l'œsophage  la  même  irritation  que 
caiise  chez  l'homme  les  l)arljes  d'une  plume 
enloncée  dans  la  gorge.  Cet  exemple  peut  nous 
faire  concevoir  comment  parmi  les  remèdes 
employés  même  à  l'intérieur  ,  il  peut  s^en 
trouver  qui  agissent  par  des  circonstances  pure- 
ment accidentelles. 

Quant  à  ceux  qui  produisent  leur  efiét  par 
des  causes  mécaniques ,  on  peut ,  au  milieu 
d'un  grand  nombre  d'exceptions ,  reconnaître 
une  certaine  influence  de  l'organisation  j  ainsi , 
par  exemple,  nous  avons  thé  des  usages  assez 
nombreux,  soit  dans  l'économie  domestique, 
soit  dans  la  médecine  ,  de  certaines  plantes 
que  leur  consistance  à-la- fois  molle ,  tenace  et 
poreuse ,  rend  propres  à  brûler  avec  facilité  , 
lenteur  et  continuité ,  et  cette  consistance  se 
retrouve  dans  plusieurs  espèces  voisines  ;  ainsi 
la  plupart  des  grands  Champignons  peuvent 
dans  un  âge  avancé ,  servir  à  la  fabrication  de 
l'amadou ,  et  de  l'agaric  des  chirurgiens.  Ainsi 
les  fibres  des  tiges  et  des  feuilles  d'un  grand 
nombre  de  Composées  ,  sont  employées  dans 
divers  pays  à  fabriquer  l'espèce  d'amadou  qu'on 
emploie  pour  le  moxa:  tels  sont  le  Scotymus  et 
VEchijiops  en  Espagne  y  l' Ariémisia  vuJ<^aris 
en  Chine , le  Centaureasibiricaen Tartarie , etc. 


(66) 

Mais  ces  détails  minutieux  ne  méritent  pas  de 
nous  arrêter  davantage  ,  et  il  sufïit  d'avoir  ob- 
servé que  les  propriétés  mécaniques  ou  acci- 
dentelles doivent  être  ,  dans  la  plupart  des  cas, 
exclues  de  l'examen  qui  nous  occupe. 

S.     V  I  I. 

Comparaison  du  mode   d'action   des    médi- 
camens. 

Quoique  la  science  médicale  repose  presque 
en  entier  sur  la  physiologie ,  on  a  été  obligé 
de  classer  les  médicamens  avant  d'avoir  une 
idée  précise  de  leur  action ,  et  ce  vice  de  clas- 
sification n'est  pas  absolument  aboli  j  il  est  ré- 
sulté de  cette  précipitation  nécessaire  ,  que 
les  médicamens  ont  été  rangés  ,  non  d'après 
leur  vertu,  c'est-à-dire,  leur  action  réelle  sur 
la  fibre  animale  ,  mais  d'après  les  effets  qui  ont 
lieu  lorsqu'on  a  appliqués  certains  remèdes  à 
certains  organes  et  dans  certaines  circonstances 
déterminées.  Dans  les  premiers  temps,  tous  les 
remèdes  étaient  presque  regardés  comme  des 
spécifiques  5  bientôt  les  découvertes  de  la  physio- 
logie et  la  marche  philosophique  introduite 
dans  la  médecine  ,  ont  tendu  à  généraliser  l'eilet 
des  médicamens  ;  si  maintenant  nous  comp- 
tons encore  des  spécifiques  parmi  nos  drogues 


(5/) 
usuelles  y  si  l'action  des  médicamens  appliqués 
à  l'extérieur  du  corps  semble  ramener  à  cette 
théorie ,  il  faut  convenir  d'un  côté  que  le 
nombre  des  spécifiques  a  beaucoup  diminué  ; 
et  de  l'autre  que  la  marche  générale  de  la 
science  semble  tendre  à  le  diminuer  encore. 

Il  serait  hors  de  mon  sujet  d'entrer  dans 
aucun  détail  sur  cette  question  délicate  :  je 
remarquerai  seulement  que  de  la  classification 
admise  parmi  les  médicamens  ,  résultent  deux 
causes  d'erreurs  relativement  à  la  question  de 
l'analogie  botanique  appliquée  à  la  médecine. 

1.^  On  a  souvent  désigné  sous  deux  noms 
divers  ,  et  rangé  dans  des  classes  différentes  , 
des  médicamens  dont  l'action  sur  la  fibre  ani- 
male est  réellement  semblable;  cette  erreur 
peut  tenir  à  deux  causes. 

Quelquefois  elle  est  produite  parce  que 
certains  médicamens  ont  été  pendant  long-temps 
appliqués  à  un  seul  organe  :  ainsi  des  matières 
évidemment  stimulantes  se  retrouvent  parmi  les 
purgatifs,  les  émétiques,  les  diurétiques,  les 
diaphorétiques  ,  les  emménagogues  ,  etc.  :  bien 
plus  ,  les  mêmes  médicamens  produisent  des 
effets  entièrement  difForens  en  apparence,  lors- 
qu'on les  applique  à  dif  rérens  organes  :  ainsi  le 
Tabac  est  sternutatoire,  scialagogue ,  émétique 
ou  purgatif,  selon  qu'il  est  employé  à  stimuler 


(  58  ) 
le  nez ,  la  Ijouclie  ,  l'œsophage  ou  Icr  canal  in- 
testinal. Ainsi,  selon  les  circonstances  où  elle 
est  appliquée ,  la  Scille  devient  purgative  ou 
émétiqué ,  diurétique  ou  einménagogue.  D'a- 
près ces  exemples  où  nous  voyons  le  inênie  vé- 
gétal produira  des  effets  dilFérens  ,  selon  l'or- 
gane auquel  on  l'applique  ,  ou  l'état  ])at;liolo- 
gique  de  l'individu ,  doit-on  s'étonner  si  l'on, 
trouve  quelcpie  lois  des  plaii  tes  qui  se  ressem- 
blent par  l'organisation  ^  et  qui  semblent  jouir 
de  propriétés  très-diiFérentes  ?  C'est  alors  à  la 
saine  physiologie  à  comparer  ces  propriétés  , 
non  d'après  leurs  effets  ordinaires ,  mais  en 
elles-mêmes.  Ainsi  quand  nous  voyons  la  Scille 
quelquefois  émétiqué  et  quelquefois  emmé- 
nagogue,  quand  nous  savons  d'ailleurs  que 
dans  ces  deux  classes  de  remèdes ,  la  plupart 
agissent  comme  stimulans ,  ne  pouvons-nous 
pas  concevoir  comment,  sans  rompre  l'ana- 
logie naturelle,  l'Asarum  est  émétiqué  ,  tandis 
que  les  Aristoloches  ,  dont  il  est  voisin ,  sont 
emménagogues  ?  Ainsi  cette  même  Scille  ne 
peut-elle  pas  ,  par  ces  propriétés  diverses ,  nous 
expliquer  les  anomalies  apparentes  de  la  fa- 
mille des  Liliacées?  Ne  semiîle-t  elle  pas  parti- 
ciper d'un  côté  aux  propriétés  purgatives  de 
l'Aloès  ,  et  de  l'autre  aux  vertus  diurétiques  de 
î'Ail  :  et  pouvons-nous    n©  pas  voir,  dans  ces 


(5?) 

médicamens  ,  de  simples  modifications  de  pro- 
priétés stimulantes  ?  Voilà  donc  un  nouveau 
moyen  pour  l'explication  des  anomalies  :  l'ap- 
plication diverse  d'une  même  vertu. 

Une  seconde  cause  d'erreurs  non  moins  im- 
portante à  étudier,  c'est  l'extrême  diversité  des 
effets   d'un    médicament    donné  à   diiFércntes 
doses.  Ainsi,  sans   admettre   les    exagérations 
auxquelles  Brown  a  été  entraîné  par  la  simpli- 
cité séduisante  de  son  système ,    on  ne  peut 
nier  qu'un  bain  froid  connnence  par  fortifier, 
et   finit  par   affaiblir  s'il  est  long-temps  pro- 
longé :   ainsi  tout  le  monde  sait  que  le  vin  en 
petites  doses  est  stimulant  et  tonique,  que  pris 
en  plus  grande  abondance  ,  il  devient  narco- 
tique et   sédatif.    On   retrouve   des   diversités 
analogues  ,  quoiqu'à  ce  qu'il  paraît  en  sens  in- 
verse ,   dans  l'opium  et  dans  plusieurs  autres 
narcotiques.  Si  la  même  substance  produit  des 
effets  si  divers ,  selon  la  dose  à  laquelle  on  l'eni- 
})loie ,  ne  devons  nous  pas  nous   attendre  que 
des   médicamens  tirés  de   plantes   analogues , 
produiront  des  effets  différens ,   selon  la  plus 
ou  moins  grande  concentration  de  leurs  prin- 
cipes.  Si   les   poisons  végétaux   n'agissent   la 
plupart  sur  le  corps  humain  qu'en  qualité  de 
narcoticides  très-puissans ,   et  si  nous  voyonis 
plusieurs  narcotiques,  pris  à.failjle  dose ,  agir 


(  6o  ) 
comme  stimnlans,  pourrons-nous  être  étonnés 
de  trouver  dans  les  'ftiêmes  familles  des  poisons 
et  des  remèdes  ,  des  narcotiques  et  des  stimu- 
lans  ?  Si  nous  réfléchissons  que  dans  le  choix 
de  nos  alimens  ,  indépendamment  de  la  qua- 
lité nutritive,  nous  recherchons  aussi  un  léger 
stimulant  ,  au  point  que  lorsqu'il  manque 
nous  l'ajoutons  artificiellement  ,  serons-nous 
surpris  de  voir  ,  dans  l'ordre  naturel ,  plusieurs 
des  végétaux  qui  font  notre  nourriture  ,  placés 
à  côté  de  végétaux  dangereux  ? 

Cette  influence  de  la  diversité  des  doses 
tend  encore  à  rapprocher  les  vertus  de  certains 
inédicamens.  Ainsi  on  sait  que  la  Rhubarbe 
purge  comme  stimulant,  et  agita  faible  dose 
comme  tonique.  Les  Rumex  de  nos  climats , 
pris  à  la  dose  de  la  Rhubarbe  ,  n'agissent  que 
comme  toniques  5  de  même ,  parmi  les  Liserons , 
nous  trouvons  le  Jatap  purgatif  drastique  , 
tandis  que  le  Méchoacan  est  simplement  to- 
nique ,  etc. 

2..^  Nous  venons  d'observer  comment^  soit 
par  la  diversité  de  ces  cas  morbifiques,  soit  pa.r 
la  diversité  des  doses  ,  des  médicamens  réelle- 
ment analogues  par  leurs  vertus ,  produisent 
des  effets  différens  ;  il  nous  reste  à  examiner 
maintenant  une  dernière  source  d'erreurs;  c'est 
(jaiedes  médi<:amens  réellement  différens  pro- 


(61  ) 

diiîsent  des  effets  sera])lables.  Il  n'est  presque 
aucune  classe  de  médicamens  où  l'on  ne  puisse 
retrouver  des  exemples  de  ce  phénomène.  Ainsi, 
quoique    l'augmentation    des    urines  par  les 
diurétiques  semble  un  effet  très-simple ,  elle  se 
produit   cependant   par    trois   moyens    difFé- 
rens ,    ou   par  la  simple   augmentation   de  la 
masse  du  liquide  dans  le  corps  humain ,  ou  par^ 
ce  que  les  reins  sont  spécialement  excités ,  ou 
parce   que  le  système  entier  est  stimulé.  Les 
fruits  aqueux,  la  Digitale  et  la  Scille  paraissent 
nous  offrir  des  exemples  de  ces  trois  classes  de 
diurétiques.  En  parcourant  les  diaphorétiques , 
on  trouverait   de  même  que   les  uns  ne  font 
qu'augmenter  la  quantité  du  liquide  à  évaporer , 
que  d'autres  donnent  plus  d'activité  à  la  cir- 
culation ,  que  quelques-uns  stimulent  les  vais- 
seaux, que  d'autres  élèvent  la  température  du 
corps  5  qu'il  en  est  dont  le  seul  usage  est  de 
désobstruer  mécaniquement  l'orifice  des  pores  , 
et   que  le  plus  grand  nombre  agit  par  la  com- 
binaison de  plusieurs  des  moyens  précédens. 
Observons  encore  l'effet  général  des  purgatifs  : 
nous   en   verrons  plusieurs    qui    agissent    en 
stimulant   le  canal   intestinal  ,   d'autres    dont 
l'action  paraît  être  au  contraire  de  le  relâcher 
ou  de  le  lubréfier  ,  et  quelques-uns  qui ,  comme 
la  Manne ,  semblent  purger  par  simple  indiges- 
tion; etc. 


Si  nous  trouvons  des  causes  diverses  pour 
produire  des  effets  si  constans ,  si  avérés  et  si 
simples  que  ceux  que  nous  venons  d'énumérer  j 
que  seroit-ce  si  nous  passions  à  des  effets  plus 
compliqués  et  moins  connus  ?  Que  serait-ce  si 
nous  admettions  encore  des  alexipliarmaques  , 
des  atténuans  ,  des  inspissans ,  des  vidnéraires , 
et  tant  d'autres  propriétés  peu  connues ,  peu 
évidentes  ,  et  dont  les  effets  peuvent  être  pro- 
duits par  tant  de  causes  diverses  ?  Mais  s'il  est 
Lien  démontré  que  le  même  effet  peut  être  pro- 
duit par  des  causes  très-différentes  ,  ne  devons- 
nous  pas  ,  dans  la  discussion  qui  nous  occupe  , 
faire  peu  d'attention  aux  effets ,  et  beaucoup 
au  mode  d'action  de  chaque  médicament  (i)  ? 
Cette  observation  tend  encore  à  détruire  l'une 
des  plus  puissantes  objections  qu'on  ait  faites 
contre  l'analogie  des  formes  et  des  propriétés; 
savoir,  que  des  plantes,  d'ordres  fortdifïerens, 
produisent  des  effets  en  apparence  semblables. 
Il  me  paraît  que  jusqu'à  ce  que  le  mode  d'ac- 
tion de  chaque  drogue  soit  exactement  connu , 
cette    objection    est   de  peu  de    force.  Ainsi  , 


(i)  Depuis  la  première  édition  de  cet  opuscule  ,  cette 
vérité  ,  déjà  sentie  par  les  grands  médecins  ,  a  été  déve- 
loppée et  confirmée  d'une  manière  très-lumineuse  dans  les 
Principes  de  Pharmacologie  de  M.  Barbier,  Paris  ,  1806. 


(  63) 
quand  même  nous  voyons  des  Rubiacées,  des 
Violettes  ,  des  Apocinées  ,  etc. ,  servir  indis- 
tinctement d'éuiédque  ,  pouvons-nous  assurer 
que  leur  manière  d'agii'  sur  la  fibre  soit  sem- 
blable ,  et  jusqu'alors  pouvons-nous  tirer  quel- 
que conclusion  certaine  contre  la  théorie  que 
j'ai  développée  plus  haut  ? 

Ici  se  termine  la  première  partie  de  cet  ou- 
vrage. Nous  venons  de  tracer  les  principales 
règles  que  l'état  actuel  de  la  Botanique,  de  la 
Chimie  et  de  la  Médecine,  nous  présente  pour 
comparer  avec  exactitude  les  propriétés  des 
plantes  j  et  chacune  d'elles,  au  lieu  d'aug- 
menter le  nombre  des  exceptions,  a  fourni  au 
contraire  la  solution  de  plusieurs  anomalies  : 
si  je  ne  me  fais  point  illusion,  c'est  en  général 
une  marque  assez  sùrc  de  la  vérité  d'une  théorie, 
que  de  la  voir  se  confirmer  davantage ,  quand 
on  y  porte  une  exactitude  plus  scrupuleuse. 

Je  vais  maintenant  faire  l'application  des 
principes  et  des  règles  que  j'ai  posés  ,  non  en 
me  restreignant  aux  familles  conformes  à  la 
théorie  que  je  viens  d'exposer  ,  mais  en  énu- 
mérant  successivement  ce  qu'on  sait  sur  les 
propriétés  générales  de  chaque  famille  naturelle. 


(64) 


IV    PARTIE. 

APPLICATIOIf    DES     PRINCIPES    PRECEDEES     A 
^  l'examen     des     PROPRIETES     GENERALES 
DJS  CHAQUE  FAMILLE  DE  VEGETAUX. 


PREMIERE  CLASSE. 
DICOTYLÉDONES   ou  EXOGÈNES. 

Xja  classe  des  Dicotylédones  contient  un  trop 
grand  nombre  de  familles,  pour  qu'il  soit 
possible  de  donner  aucune  généralité  sur  leur 
composition  et  leurs  propriétés;  toutes  les  ma- 
tières qu'on  peut  regarder  comme  élémentaires 
dans  le  règne  végétal ,  ont  été  trouvées  dans 
les  Dicotylédones,  excepté  peut-être  le  glutineux. 
C'est  sur-tout  parmi  ces  plantes  que  se  -trouvent 
les  produits  les  plus  élaborés  par  la  végétation , 
et  qui  jouissent  des  propriétés  les  plus  exaltées , 
tels  que  les  kwiles  fixes  et  volatiles ,  les  acides , 
le  camplnre ,  les  résines ,  les  gommes-résines  ^ 
etc.  C'est  dans  l'écorce ,  organe  propre  aux 
Dicotylédones ,  que  se  trouve  ordinairement  le 
tannin ,  principe  astringent  qui  fait  presque  la 
base  de  tous  les  fébrifuges  ,  et  les  huiles  vola- 


(65) 

tiles  qui  donnent  naissance  à  nos  aromates  ; 
c'est  dans  la  graine  des  Dicotylédones  que  se 
trouve  l'huile  fixe  ,  matière  si  importante  dans 
les  arts  et  la  médecine  3  enfin ,  c'est  véritable- 
ment dans  cette  classe  que  le  principe  ligneux 
parvient  à  toute  sa  perfection. 

1.     R  E  N  O  N  C  U  L  A  C  É  E  S. 

Ranunculaceœ.  Juss.  Gen.  23i. 

La  famille  des  Renonculacées  ,  considéré© 
dans  son  ensemble,  nous  offre  assez  d'unifor- 
mité j  mais  si  nous  descendons  dans  les  détails  y 
nous  y  rencontrerons  çà  et  là  quelques  anoma- 
lies dont  l'état  actuel  de  nos  connaissances 
chimiques  ne  donne  pas  la  solution. 

Toutes  ces  plantes  sont ,  en  général ,  acres  et 
caustiques,  et  dans  quelques  unes  ce  principe 
délétère  est  si  énergique  ,  qu'elles  sont  réelle- 
ment vénéneuses.  Ce  principe  caustique  paraît 
d'une  nature  très-singulière  j  il  est  tellement 
volatil  que ,  dans  la  plupart  des  cas ,  la  dessi- 
cation  à  l'air ,  l'infusion  dans  l'eau  ,  la  cuisson, 
suffisent  pour  le  détruire j  il  n'est  ni  acide, 
ni  alcalin  5  on  l'augmente  par  les  acides  ,  le 
miel ,  le  sucre  ,  le  vin,  l'alcool,  etc.  ,  et  il  n'est 
réellement  détruit  que  par  l'eau.  Ces  singuliers 
caractères    chimiques   se    retrouvent  ,    seloa 

5 


(a) 

Krapi'eii ,  dans  nn  très-grand  nombre  de  Ke- 
ïioncules  ,  telles  que  le  li.  bulbosus ,  R.  scele^ 
ratus j  R.  acrls ,  R.  arvensls  ,  R.  tjiora ,  R.. 
ilhyricus  y  R,  alpestris  ,  R.  Jlanunula  ^  etc. 
Ce  principe  extractif  paraît  exister  encore  dans 
tous  les  Hellébores ,  les  Clématites,  les  Aconits, 
les  Anémones ,  dont  le  suc  des  feuilles  et  des 
tiges  parg.ît  doué  d'une  causticité  analogue. 
Presque  toutes  les  espèces  de  cette  famille  sont 
citées  comme  vénéneuses  pour  les  bestiaux  ;  les 
observateurscitentsous  ce  rapport,  enEuropeles 
Renoncules  ,  les  Hellébores  ,  les  Clématites ,, 
les  Thalictrums  ,  etc.  ,  et  je  retrouve  la  même 
observation  faite  dans  l'Amérique  Méridionale  > 
sur  les  Anémone  trïlobata  et  triternata.  L'eau, 
distillée  des  Ranunculus Jlanimula  et  linf^ua^ 
donne  un  excellent  émétique  5  les  feuilles  de 
la  plupart  des  espèces  de  la  famille ,  appliquées, 
sur  la  peau ,  y  agissent  comme  rubéfians ,  cori  o- 
dans  ou  vésicatoires  :  ainsi  les  Islandais  font 
des  vésicatoires  avec  le  R.  acris  ;  on  a  employé 
les  feuilles  des  R.  acris,  bulbosus  et  sceleratus 
en  pâte  et  en  cataplasme  sur  le  carpe  pour  in- 
terrompre les  accès  rebelles  de  fièvres  inter- 
mittentes :  celles  des  Clematis  recta  et  fiam- 
Tnula,  servent  aux  mendians  pour  exciter  des 
ulcères  artificiels,  et  ont  été  employées  pour 
déterger  certaines  maladies  cutanées  ou  ronger. 


(67) 
des  exostoses  j   celles  du    Kno'wltonîa  vesica- 
toria  servent  de  vésicatoire  dans  l'Afikjne  aus- 
trale î  celles  de  V Anémone  nemorosa  sont  em- 
ployées comme  vésicatoire  dans  la  goutte  et  le 
rhumatisme.  M.   Barton  observe  que  les  Re- 
noncules, et  sur-tout  le  Ranùnculus  bulbosus  , 
employées  comme  vesicatoires  ,  produisent  une 
excitation  moins   vive    peut-être  ,    mais    plus 
durable  que  celle  des  Cantbarides.  Plusieurs  de 
ces  mêmes  plantes  sont  employées  à  l'intérieur 
tantôt    comme     des   stimulans    acres ,    tantôt 
comme  des  sudorifiques  puissans  ,  comme  par 
exemple   le  Ranùnculus   glacialls  ,    employé 
sous  ce  rapport  par  les  habitans  des  Alpes  du 
Dauphiné  ,  ou  comme  diurétiques  par  exemple 
les     Aconitum  napelLus    et    cammarum  ,    du. 
comme  rongeans  par  exemple  Clematis  recta. 
Mais  quelques  autres  plantes  présentent  des 
caractères  dilïérens  j  ainsi  l'Hépatique  ,  l'AcLœa 
racemosa\i)e\.  le  Deîphinium  consolida,  sont 
regardées  comme    astringentes  :  je  crois  cepen- 
dant y  retrouver  ,  à  une  foible  dose ,  le  prin- 
cipe caustique  ,  puisque  ces  plantes  sont  em- 
ployées comme     cosmétiques  ,    c'est  -  à  -  dire  , 
comme  de  très-légers  caustiques.  Enfin  ce  prin- 

(i)  La  décoction  de  sa  racine  est  ,  d'après  M.  Barton  , 
employée  comme  gargarisme  astringent  aux  Etats-Unis 
d'Amérique, 

5.. 


(68) 

cipe  ,  s'il  existe ,  est  tellement  faible  dans  cer- 
taines Renoncules ,  qu'on  peut  les  manger  sans 
inconvénient  ;  telles  sont  les  R.  auricomus  , 
lanug'mosus  fjicaria ,  qui  peut-être  perdent  leur 
faible  causticité  par  la  cuisson  j  telles  sont  les 
jeunes  pousses  du  Clematis  vitalba ,  fjui ,  cuites 
dans  l'eau,  servent  d'aliment  aux  paysans  dé 
la  Toscane  et  de  l'Etat  de  Gênes  ;  telle  est 
encore  la  Renoncule  aquatique  ,  qui  ,  dans 
certains  villages  d'Angleterre  et  d'Alsace  , 
sert ,  après  sa  dessication  ,  à  nourrir  les  l>es- 
tiaux  j  ici  le  principe  caustique  peut  s'éva- 
nouir ,  soit  par  la  station  de  la  plante  au 
milieu  de  l'eau  ,  soit  par  sa  dessication. 

Nous  retrouvons  ce  même  principe  caus- 
tique, mais  mélangé  le  plus  souvent  avec  un. 
principe  aromatique  ,  dans  la  graine  de  la  plu- 
part des  Renonculacées ,  ce  qui  rend  les  unes 
acres  et  stimulantes  comme  dans  les  Nigelles 
dont  les  graines  servent  de  condiment  popu- 
laire ,  en  Europe  (  Nlgella  sauva  ) ,  et  aux 
Indes  y  d'autres  caustiques  et  vermifuges  comme 
dans  le  Delpkinium.  staphysagria  ;  quelques- 
unes  simplement  toniques^  comme  peut-être 
V  Aquilegia. 

Mais  c'est  sur-tout  par  leurs  racines  que  les 
R.enonculacées  intéressent  l'art  de  guérir.  Ces 
rjicines  sont  presque  toutes  douées  ;  à  lui  degré 


(69) 

plus  ou  moins  prononcé ,  d'une  âcreté  et  d'une 
amertume  quiles  rendent  très-énergiques ,  et ,  par 
conséquent ,  susceptibles  d'être  très-dangereuses 
ou  très-utiles  ;   cette  âcreté  se  retrouve  dans 
celles   dont  l'herbe  est   innocente,   telles  que 
la  Ficaire,  le  Thalictrum.  Elle  est  poussée  à  un 
haut  degré  d'énergie  dans  les  Aconitum  napel- 
lus ,   A.   cammarum ,  et  même   A.    anthora , 
dans   le  Tfialictrum  flavum^  et   sur-tout  dans 
plusieurs  Hellébores  ;   toutes  ces  racines  ,   em- 
ployées à  l'intérieur ,   sont  tantôt  purgatives  , 
tantôt  vomitives ,  quelquefois  toniques  ,    ordi- 
nairement acres    et    stimulantes ,  quelquefois 
emménagogues  ,  comme  Pallas  l'assure  des  ra- 
cines des  Adonis  vivaces  ,  (  Adonis  vernalis  et 
apennina  ).   On  connaît  le  fi^équent  usage  que 
les   anciens   faisaient  de    leur   Hellébore  noir 
comme  purgatif  drastique  ,  et  on  sait  mainte- 
nant que  l'espèce  qu'ils  employaient  était  V  H  el- 
le bonis  orientalis  ,  Lam.  ,  découvert  par  Tour- 
nefort  dans  FArcliipel  et  l'Orient  j  ces  mêmes 
propriétés  ont  été  retrouvées  dans  V Helleborus 
niger,  L. ,  regardé  long-temps  comme  celui  des 
anciens  j  et  on  emploie ,  à  sa  place  ,   dans  les 
pharmacies  ,  les  racines  àeV Helleborus viridis , 
et  de  V Adonis  vernalis  ,  de  V Adonis  apennina , 
du  Trollius  europœus  ,  de  VActœa  spicata,  de 
V Aconitum   napellus  ;   ces    substitutions   fré- 


quentes ,  long-temps  inaperçues  par  les  prati- 
ciens, prouvent,  mieux  que  tous  les  raisonne- 
mens,  l'extrême  analogie  de  toutes  ces  racines. 
Celle  de  la  Pivoine  est  acre  et  amère  comme  les 
précédentes  j  elle  s'en  éloigne  un  peu  par  son. 
odeur  et  par  ses  propriétés  antispasmodiques, 
qui ,  d'ailleurs  sont  très-mal  constatées  j  on 
retrouve  ces  mêmes  qualités  dans  les  Ci  mie  i- 
fuga^  qui,  plus  encore  que  le  Pœonia ,  offre 
quelques  différences  botaniques  avec  l'en- 
semble de  la  famille.  La  racine  dn  Zantho- 
rhiza  apiifolia  est  extrêmement  amère  3  cette 
amertume  est  très-adliésive  et  dure  encore  dans 
la  bouclie  après  qu'on  s'est  lavé  avec  de  l'eau 
chaude  j  elle  est  combinée  avec  une  acrimonie 
particulière  qui  rappelle  les  propriétés  générales 
des  Renonculacées  j  cçtte  racine  teint  la  salive 
en  jaune ,  et  si  on  peut  parvenir  à  fixer  cette 
couleur,  elle  serait  une  acquisition  importante  ; 
cette  propriété  qui  semble  isolée ,  se  retrouve 
dans  V Hydrastis  canadensis  apelé  Yellow- 
Jlooi  par  les  Anglo-Américains  :  sa  racine  est 
amère  »  plus  piquante  que  celle  du  Zanthorliiza , 
et  la  couleur  jaune  qu'elle  fournit  serait  une 
des  plus  brillantes  si  l'on  parvenait  à  la  fixer. 
Je  crois,  d'après  ces  exemples,  pouvoir  comptei" 
les  Renonculacées  parmi  les  familles  conformes 
à  la  théorie  j  mais  j'engagerai  les  chimistes  f\ 


(71  ) 
diriger  leur  attention  sur  cette   singulière  fa- 
mille,  pour   déterminer,  s'il    est   possible,  la 
nature  de  son  principe  caustique. 

2.    DILLENIACÉES. 
Dilleniacece.  DC.  Ann.  Mus.  ly^p.  4oO'Théor.  p.  2 1 3. 

La  liimille  des  Dilleniacées  ,  encore  peu 
connue  des  botanistes,  ne  l'est  point  des  méde- 
cins européens  5  on  peut  noter  seulement  d'a- 
près les  voyas^ours  ,  que  par  l'iu fusion  ou  la  dé- 
coction des  feuilles  et  de  l'écorce  de  là  plupart 
de  ces  arbustes,  on  obtient  une  liqueur  as- 
tringente qu'on  emploie  dans  l'Inde  en  "lavage 
et  en  gargarisme  ;  le  genre  Dlllenia  ,  réduit  à 
ses  vraies  limites ,  se  distingue  parce  que  ses 
ovaires  se  soudent  ensemble  de  manière  à  former 
une  baie  composée  divisée  en  plusieurs  loges  j  la 
chair  de  cette  baie  est  remarquable  dans  toutes 
les  espèces  par  son  acidité  j  on  se  sert  au  Malabar 
du  suc  des  Z).  speciosa  et  ell'iptica  pour  pré- 
parer ,  comme  avec  nos  citrons ,  des  boissons 
et  des  ragoûts  acides  j  les  habitans  des  Célèbes 
se  servent  de  ces  boissons  acidulés  dans  leurs 
fièvres  comme  nous  employons  la  limonade. 

Presque  toutes  les  espèces  de  la  tribu  deR 
Delimacées  ont  les  feuilles  très-rudes  au  tou- 
cher, et  sont  chacune,  dans  leurs  paysrespec- 


(   72  ) 

tifs ,  employées  comme  nous  faisons  de  la  prêle 
à  polir  les  ouvrages  de  menuiserie. 

3.    M  AGNOLIACÉES. 

'Magnoliaceœ ,  DG.  théor.  21 3.—  TuUpiferœ ,  Veut.' 
Magnoliarum  sectio  prima  y  Juss. 

Quoique  la  famille  des  Magnoliacées  soit 
composée  d'un  petit  nombre  d'espèces,  elle  mé- 
rite l'attention  des  médecins  par  l'intensité  de 
ses  qualités  sensibles. 

L'écorce  de  toutes  les  Magnoliacées  pré- 
sente en  général  une  saveur  amère ,  nullement 
astringente  ,  et  combinée  avec  un  principe  acre 
et  aromatique  :  ce  principe  aromatique  est  sur- 
tout très-remarquable  dans  l'écorce  des  espèces 
du  genre  Drymis  ,  lequel  en  a  tiré  son  nom  (1)5 
telles  sont  le  Drymis  'winteri,  célèbre  sous  le 
nom  d'écorce  de  TVinter,  mais  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  le  Winterana  canella  qui 
appartient  à  la  famille  des  Meliacées ,  le  Drymis 
granatensis  de  Santafé  ,  le  Drymis  magno- 
liœfolia  qu'on  nomme  "Caiielo  au  Chili ,  et 
deux  autres  espèces  mal  connues ,  indigènes 
du  Mexique  et  du  Brésil  5  toutes  ces  écorces 
sont  légèrement  amères ,  très-acres  ,  piquantes  , 

(i)  Drymîs  signifie  en  grec  saveur  acre. 


(73) 

aromatiques ,  et  sont  employées  avec  succès 
comme  stiinulans  toniques  et  stomachiques 
dans  les  dyspepsies  et  même  dans  quelques 
fièvres  j  ces  mêmes  qualités  physiques  et  ce 
ïnême  emploi  médical  se  trouvent  dans  l'écorce 
à.e  Melambo ,  nouvellement  introduite  dans  la 
médecine  européenne ,  et  qui  me  paraît  évi- 
demment provenir  d'un  Drymis  ou  d'un  genre 
très-voisin  (i).  Cette  écorce  ne  contient  ni 
tannin  ni  acide  gallique ,  mais  un  principe  vo- 
latil ,  aromatique  ,  et  une  grande  quantité 
(  presque  ^  de  son  poids  )  d'une  matière  amère 
et  résineuse.  L'aromate  de  l'écorce  des  Drymis 
se  retrouve ,  quoique  moins  exalté ,  dans  l'é- 
corce des  Illicium  ,  dans  celle  des  Magnolia 
glauca ,  grandîjlora   et   auriculata  (2),   plus 


(1)  Voyez  l'Histoire  et  l'Analyse  du  Melambo,  publiée 
par  M.  Cadet.  Joum.  Pharm. ,  i8i5,  p.  20. 

(2)  Je  parle  prinjcipalement  ici  des  Magnolia  d'Ame-, 
rique,  et  ilest  très-remarquable  combien  nous  connaissons 
mal  encore  les  Magnoliacées  de  l'Asie  :  le  fruit  d'aucune 
des  espèces  de  Magnolia  ou  de  Lyriodendron  asiatiques  n'a 
pas  encore  été  décrit , et  il  me  paraît  extrêmement  probable 
qu'il  n'est  pas  semblable  à  celui  des  espèces  américaines  j  il 
serait,  en  effet,  bien  extraordinaire  qu'aucun  des  voyageurs 
qui  ont  été  en  Asie  n'eiit  fait  mention  de  cette  singularité 
si  connue  dans  les  Magnolia  d^Amérique,  d'avoir  les  graines 
pendantes,  hors  des  capsules,  à  un  long  filament,  et  de 


■  (  74  ) 
fbible  encore  dans  celle  du  Lyriodendron  tuli- 
pifera  :  dans  ces  deux  derniers  genres  le  prin- 
cipe amer  domine  dans  la  saveur  des  écorces  ; 
celles-ci  sont  généralement  employées  en  Amé- 
rique comme  toniques  et  fébrifuges  ;  plusieurs 
d'entr'elles ,  telles  que  le  Magnolia  glauca  et 
sur-tout  le  Tulipier ,  sont  usitées  aux  États- 
Unis  à  la  place  de  Quinquina.  L'analyse  de 
l'écorce  de  Tulipier  publiée  par  M.Tromsdorf, 
démontre ,  de  même  que  dans  le  Melambo  , 
l'absence  totale  du  tannin  et  de  l'acide  gallique 
et  une  assez  grande  quantité  (  \  de  son  poids  ) 
de  principe  amer  qu'on  dit  seulement  être  de 
nature  extrac tive  et  non  résineuse. 

Le  principe  aromatique  des  écorces  deMagno- 
liacées  se  retrouve  dans  plusieurs  de  leurs  fruits  , 
c'est  sur-tout  dans  le  péricarpe  des  lUiciums  que 
cet  aromate  est  remarquable  ;  ces  ar]3ustes  sont 

leur  silence  ,  on  peut  soupçonner  que  ce  caractère  manque 
dans  les  Magnolia  d'Asie  ,  déjà  un  peu  différens  de  ceux 
d'Amérique  par  la  fleuraison  ;  les  Lyriodendron  d'Asie 
semblant  être  aussi  trop  dilféreas  de  celui  d'Amérique 
par  leur  jwrt ,  pour  ne  pas  présenter  des  différences  dans 
le  fruit.  J'ose  danc  engager  les  Botanistes  qui  se  trouve- 
raient avoir  l'occasion  d'observer,  soit  dans  les  collections, 
soit  dans  les  jardins,  soit  dans  le  pays  même  ,  les  fruits 
des  Magniolacées  asiatiques ,  à  en  donner  au  public  une 
descri^itàon  carpologique  détaillée^ 


(75) 
connus  sons  le  nom  de  Badianes  on  (k'Anis  étoile. 
L'espèce  qui  croît  à  la  Chine  (  lUiciur/i  anisa- 
/7//72  )  porte  des  fruits  étoiles  dont  l'odeur  est 
suave  ,  piquante  ,  aromatique  ,  et  la  saveur  un 
peu  acre  ;  les  (Jiinois  s'en  servent  pour  brûler 
dans  leurs  temples ,  et  les  Européens  l'emploient 
j)our  aromatiser  certaines  liqueurs  ,  telles  par 
exemple  que  l'Anisette  de  Bordeaux  ,  d'où  l'on 
peut  présumer  que  le  principe  aromatique 
de  l'Anis  étoile  est  de  nature  résineuse  ;  les 
cônes  du  Maiinolia  acuminata  servent  de 
même  en  Virginie  à  ikire  une  teinture  spiri- 
tueuse  qui  y  est  employée  avec  quelques 
succès  contre  les  maladies  rhumatismales. 
Les  graines  de  la  plupart  des  Magnolia  sont 
plutôt  remarquables  par  leur  amertume;  cette 
propriété  est  connue  dans  les  espèces  Améri- 
caines,  et  la  graine  du  Magnolia  precia  ou 
yiilan  coiniue  à  la  Chine  sous  le  nom  de 
Tsin-y  ,  y  est  employée  comme  amère  et  fébri- 
fuge. 

Enfin  l'odeur  des  fleurs  de  plusieurs  espèces 
de  cfe  genre  a  une  action  prononcée  sur  le 
système  nerveux  ;  celles  du  Magnolia  tripelala 
causent  souvent  des  nausées  ou  des  maux 
de  tête  ,  et  M.  Barton  raconte  que  l'odeur  des 
fleurs  du  Man-noUa  oiauca  est  tellement  sti- 
mulante ,  qu'on  l'a  vue  accroître  le  paroxisme 


(76) 
d'une  fièvre  et  la  douleur  d'une  attaque  dé 
goutte  iinflarnmatoire.  Je  dois  même  citer  à 
cette  occasion  la  suavité  des  parfums  produits 
dans  l'Inde  par  les  fleurs  des  Cliampacs  (  Mi- 
chela  ) ,  au  Japon  par  celles  du  Yulan  (  Ma- 
gnolia precia  Corr.  M,  Yulan ,  Desf.  )  ^  et  à 
Cayenne  par  celle  du  Ma^na  odorata  ,  Aubl. 

4.     ANNONACÉES. 

Anonœ.  Juss.  ,  Gen.  aSS. 

Cette  famille  est  très-naturelle;  aussi  trouve - 
t-on  une  grande  analogie  de  propriétés  entre 
les  espèces  qui  la  composent  :  presque  toutes 
les  parties  de  celles-ci  ont  une  saveur  et  une 
odeur  forte ,  acre ,  piquante  ou  aromatique  j 
les  racines ,  les  écorces  et  les  feuilles  ,  sur  les- 
quelles nous  avons  quelques  données  précises  , 
jouissent  toutes  de  ces  propriétés  ;  selon  qu'elles 
sont  plus  ou  moins  intenses ,  plus  ou  moins 
pures  ,  la  saveur  et  Fodeur  sont  agréables  ou 
désagréables  ;  l'écorce  de  VUvaria  tripetaloidea 
laisse  découler ,  lorsqu'elle  est  entamée ,  un  suc 
visqueux  qui ,  en  se  désèchant ,  se  condense  en 
une  gomme  odorante;  les  fleurs  de  l'Uvaria 
odorata 3  du  Cananga  v'ngata  et  de  quelques 
autres  espèces  ont  une  odeur  agréable  ,  quoique 
forte  et  pénétrante  ;  les  fruits  participent  beau- 


(77) 
coup  aux  propriétés  générales  de  ces  plantes; 
ceux  des  genres  Cananfra^  Us/ aria  et  Xylopla  dont 
le  péricarpe  est  sec  ,  ont   une  saveur  piquante 
et  aromatique  cjui  les  a  fait  souvent  rechercher 
comme  condimcns  ;  tels  sont  notamment  ceux 
de  ru  varia  aromatica  qui  paraissent  avoir  été 
autrefois  répandus  dans  le  commerce  sous   le 
nom  de  Poivre  d' Ethiopie  ,  et  qui  sont  encore 
connus  sous  ce  nom  en  Guyane  et  en  Afrique  ; 
les   iruits  des  genres  As imina  ,   Porcelia  (i)  , 
Annona  sont  charnus;  un  mucilage  sucré  s'y 
trouve  combiné    avec  le   principe   aromatique 
et  quelquefois  avec  un  acide  ;  la  saveur  de  la  plu- 
part de  ces  fruits  n'est  agréable  que  pour  les 
naturels   du  pays  et  celle  même  des  Annones 
les  plus  généralement  cultivées    ne   plaît  aux 
Européens    que    lorsqu'ils    en  ont  fait   usage 
quelque  temps  ;  il  paraît  que  dans  tous  la  par- 
tie externe   du    péricarpe    est  rejetée ,  soit  à 
cause  de  sa  saveur  et   de  son  odeur  ,    soit  à 
cause  de  sa   consistance  j  Duhamel    rapporte 
que  la  chair  du  fruit  de  VAsimina  triloba  est 

(j)  Le  genre  Asimina  d'Adansoii  et  le  Porcelia  de  la 
Flore  du  Pérou  paraissent  devoir  être ,  d'après  M.  Dunal  ,• 
conservés  comme  genres  distincts  ;  les  Asimina  ont  les 
graines  disposées  dans  chaque  baie  partielle  sur  un  seul  rang , 
tandis  que  les  Porcelia  ont  leurs  graines  disposées  sur  deux 
rangs.  Le  port  de  tés  genres  est  d'ailleurs  un  peu  différent^ 


agréable  et  saine,  mais  que  sa  peau  ou  sa  par- 
tie externe  ,  qui  s'enlève  facilement ,  laisse 
aux  doigts  l'impression  d'un  acide  si  vif  ,  que 
si  on  les  porte  aux  yeux  par  inadvertance,  il 
s'en  suit  une  inflammation  accompagnée  d'une 
démangeaison  insupportable  j  Michaux  qui  a 
vu  cet  arbre  dans  son  pays  natal ,  ne  cite  ce- 
pendant pas  cette  particularité  de  son  fruit ,  ce 
qui  la  rend  douteuse. 

5.     MENISPERMÉES. 

Menisperma.  Juss. ,  Gen.  284. 

Les  propriétés  des  plantes  de  cette  famille 
sont  encore  peu  connues  ,  et  leur  liistoire  bo- 
tanique elle-même  n'est  pas  encore  exempte  de 
difficultés  j  les  racines  du  Cissampelos  pareira 
(1)  de  Linné ,  et  de  V Abuta  amara  ,  d'Aublet , 
fournissent  l'une  et  l'autre  le  médicament 
amer ,    diurétique  et    apéritif  connu   sous   le 


(i)  Le  Cissampelos  pareira  de  Flndëparaît  une  espèce 
différente  de  celui  d'Amérique  5  il  eu  diffère  par  ses  ra- 
meaux pubescens ,  ses  feuilles  plus  grandes  très-rarement 
omhiliquées ,  ses  grappes  mâles  naissant  plusieurs  ensem- 
ble ,  longues  d'un  pouce  et  dichotomes  ,  ses  grappes  fe- 
melles garnies  de  bractées  larges  et  rapprochées  j  etc.  Je 
le  nom,me  Cissampelos  pareiroïdcs. 


{■7<)  ) 
nom  (le  Pareira  brava  ;  une  espèce  de  Ménis- 
periuée ,  long- temps  mal  connue  des  botanistes, 
le  Menispermurn  palmatujTi  de  Lamarck  (i), 
produit  la  racine  cL&  Colombo  remarquable  par 
lUntensitë  de  son  amertume ,  et  utile  à  ce 
titre  dans  la  dyspepsie ,  la  diarrhée ,  la  dysenterie 
et  même  pour  laver  les  ulcères  ;  la  composition 
cliimique  de  cette  racine,  examinée  par  M. 
Planche ,  est  assez  remarquable  :  elle  présente 
un  tiers  de  son  poids  de  tissu  ligneux ,  un 
second  tiers  d'amidon  et  le  dernier  tiers  com- 
posé ])rincipalement  d'une  matière  animale 
très-abondante ,  et  d'une  matière  jaune,  amère  , 
indécomposable  pîir  les  sels  métalliques.  Il  se- 
rait intéressant  de  faire  maintenant  une  ana- 
lyse comparée  des   racines  de   Pareira   et    de 


(ij  Cette  plante  a  été  découverte  par  Coramerson  qui  l'a, 
il  est  vrai,  observée  à  Plle-de-France,  mais  cultivée  et  ve- 
nant de  la  Côte  d'Afrique  ou  de  l'Inde  5  il  dit  qu'elle  a  été 
apportée  sous  les  noms  de  Calomba  ou  Colomb ra  ,  qui ,  l'un 
e;t  l'aiLtre  s'écartent  très -peu  de  Colombo.  Depuis  lors  , 
M»  Fortin  a  trouvé  à  la  Côte  de  Mozambique  la  jjlante  qui 
fournit  le  Colombo ,  appelé  Kalurnb  par  les  Africains. 
M.  Andrew  Berry  en  a  décrit  et  figuré  l'individu  mâle  dans 
les  Asiatic  Kcsearches ,  vol.  X,  p.  385  ,  t.  V,  et  il  est 
évident  que  cette  plante  est  la  même  que  celle  de  l'herbier 
de  Commerson  j  de  sorte  que  l'origine  du  Columbo  peut 
être  aujourd'hui  regardée  comme  certaine. 


•  (8o) 
Caapebaj  cette  dernière  produite  par  le  Cis-^ 
sampeLos  caapeba ,  paraît  s'écarter  des  autres 
par  sa  nature  plus  niucilagineuse.  Le  principe 
amer  des  .Ménispermées  se  retrouve  encore 
dans  une  espèce  nouvelle  à^  A  buta  qui  porte 
à  Cayenne  le  nom  de  Liane  amère ,  et  que 
M.  Richard  nomme  Abuta  candicans  \  dans  le 
Menispermum  cordifolium  employé  dans  l'Inde 
contre  l'ictère  et  comme  tonique  et  fébrifuge  ; 
dans  le  F  unis  Je  lie  us  de  Rumpli ,  estimé  à 
Calcutta  à  l'égal  du  Quinquina. 

Les  baies  du  Menispermum,  lacunosum^  Lam. 
dans  les  Indes ,  et  celles  àaMenispermum  coccu- 
lus  dans  l'Orient,  sont  l'une  et  l'autre  employées 
comme  amorces  pour  attirer  et  pour  enivrer  ou 
empoisonner  les  poissons  et  les  oiseaux. Cet  usage 
est  malheureusement  aussi  introduit  en  Europe  ; 
il  résulte  d'une  série  d'expériences ,  récemment 
faites  par  M.  Goupil ,  que  la  coque  du  Levant  est 
un  véritable  poison  irritant  pourles  poissons, 
pour  divers  quadrupèdes  et  probablement  pour 
l'homme;  quecettequalitése  commiiniquemême 
à  la  chair  des  poissons  empoisonnés  par  ce  procédé 
et  notamment  à  celle  des  barbeaux  j  que  le  péri- 
carpe de  la  coque  n'a  qu'une  propriété  émé- 
tique ,  mais  que  c'est  dans  la  graine  que  réside, 
le  principe  vénéneux.  Observons  cependant 
(^u'on  mange  impujiémeîit  en  Egypte  les  baies 


(8i) 

du  Menispermum  edule  ,ljQ.ïn.  ,  mais  elles  sont 
acres  et  l'on  en  tire  par  la  fermentation  une 
liqueur  très-énivrante. 

La  graine  du  MenispermuTîi  cocculus  ,  isoléo 
de  son  péricarpe  et  soumise  à  l'analyse  par 
M.  Boullay ,  lui  a  présenté ,  entr'autres  produits  y 
environ  moitié  de  son  poids  d'une  huile  fixe , 
concrète  ou  de  consistance  analogue  à  la  cire  ; 
une  substance  végéto-animale  ,  aibumineuse  y 
une  matière  colorante  particulière  et  sur-tout 
un  principe  amer  ,  cristallisable  ,  de  nature  vé- 
néneuse et  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Plcro- 
toxine  ;  il  sera  curieux  de  rechercher  si  cette 
matière  particulière  se  retrouvera  dans  les 
graines  des  autres  Menispermées. 

6.     C  H  L  E  N  A  C  É  E  S. 

Chlenaceœ.  Petit-Th.  gen. ,  t,  9-12. 

Les  propriétés  des  plantes  qui  composent  ce 
petit  grouppe,  découvert  par  M.  du  Petit- 
Thouars  ,  sont  peu  ou  point  connues  3  les  fruits 
d -1  Sarcolœna  onX.  une  chair  pu] peuse  dont  la 
saveur  approche  de  celle  des  Nèfles ,  mais 
leur  cavité  interne  est  tapissée  de  poils  roides 
qui  causent  comme  ceux  des  Pois  à  gratter  et 
probablement  par  un  siuijjle  effet  mécanique  , 
des  démangeaisons  insuportables  j  le  tégument 


(    82   ) 

des  Schizolana  est  tapissé  d'une  espèce  de 
gluten  visqueux ,  tenace  et  colorant  ,  mais 
dont  la  nature  n'est  pas  connue  exactement. 

7.     M  A  L  V  A  C  É  E  S. 

jSlalvaceœ.  Juss.,  Gen.  271. 

Les  Malvacées  nous  présentent  une  série  uni- 
ibrniG,  soit  par  leurs  caractères  botaniques ,  soit 
par  leurs  propriétés  médicales.  Tout  le  monde 
sait  que  ces  plantes  sont  émollientes  ,  adoucis- 
santes ,   composées  d'un  mucilage  abondant  et 
nutritif:  on  connaît  trop  l'usage  de  nos  Mauves, 
de  nos  Guimauves,  pour  qu'il  soit  nécessaire 
de  nous  y  arrêter.  Si  nous  jetons  les  veux  sur 
les  Malvacées  étrangères,  nous  les  verrons  par- 
t  jut  servir  aux  mêmes  usages.  Tel  est  le  Baobab 
{^AdciTLSonia  )  employé  comme  émoliient  :  V Hi- 
biscus csculentus ,   dont  le  suc  mucilagineux 
entre  dans   les  alimens  des  Indiens  5   le  Sida 
cordîfolia y  qui,  mêlé  avec  le  Riz  ,  sert  à  adou- 
cir les  flux-de-sang  j  le  Sida  rhomboidea,  qui, 
comme  le  précédent ,  sert  de  Guimauve  dans 
les  Indes ,  etc.  Au  milieu  de  cette  uniformité, 
je  vois  cependant  les  Hibiscus  sabdaiifa  ,  H, 
siiratensis ,   et  [H.   cannabinus  ,    qui  forment 
1111  légère  exception  par  leur  saveur  acidulé. 
L'écorce  intérieure  de  la  plupart-  des  malva- 


(83) 

cées  offre  des  fibres  assez  fortes  et  flexibles  pour 
être  employées  aux  mêmes  usages  que  celles  du 
Chanvre  :  on  sait  que  Cavanilles  est  parvenu  à 
fabriquer  de  bonnes  cordes  avec  les  fibres  du 
Malva  crispa.  On  emploie  an  même  usage 
V Hibiscus  clipeatus  à  Sa.int-Domingue  ,  l'ZT. 
mutnbilis  à  Cayenne  ,  X H.  ûLiaceus  et  Y  H. 
cannabinus  dans  les  Indes. 

Les  pétales  de  plusieurs  Malvacées  se  distin- 
guent des  autres  parties  de  la  plante  par  leur 
astringence  ;  cette  propriété  a  déjà  été  remar- 
quée dans  les  fleurs  (M  Alcea,  et  c'est  à  elle  peut- 
être  qu'il  faut  attribuer  l'emploi  des  pétales  de 
V Hibiscus  rosa  sinensis  y  dont  les  Chinois  se 
servent  pour  noircir  leurs  sourcils  et  le  cuir  de 
leurs  souliers.  Les  fleurs  d'une  espèce  de  Pen." 
tapetes  encore  mal  connue ,  et  que  les  Indiens 
nomment  JMuchucurida ,  donnent  un  suc  mu- 
cilagineux  et  réfrigérant ,  qui  est  employé  dans 
les  gonorrhées. 

La  graine  des  Malvacées  est  en  général  douce 
et  émolliente  j  mais  on  trouve  cependant  des 
anomalies  dans  cet  organe  :  ainsi  celle  de  l'ZT/- 
biscus  abelmoschus  exhale  une  odeur  de  muscj 
celle  de  Theobroma  ,  connue  sous  le  nom  de 
Cacao ,  fournit  une  espèce  de  cire  butyreuse  , 
onctueuse  ,  un  peu  amère ,  qui  fait  la  base  du 
Chocolat. 


(84) 
Les  graines  sont  entourées ,  dans  plusieurs 
£ienres  de  malvacées  ,  de  filaniens  laineux  ou 
soyeux ,  dont  l'industrie  de  l'homme  a  tiré  des 
usages  multipliés.  Ces  fllamens  sont  sur- tout 
connus  dans  le  Coton  et  le  Bombax.  Dans  le 
premier  de  ces  genres,   les  filamens  sont  plus 
crépus  ,  et  sur- tout  garnis  de  petites  dentelures 
visibles   au  microscope.  Cette  circonstance  de 
leur  organisation  les  à  rendus  faciles  à  filer  ,  à 
tisser,  et    explique   comment  leurs  tissus  irri- 
tent et  égratignent  imperceptiblement  les  peaux 
délicates ,  les  pustules ,  les  blessures  5  dans  le 
Bombax ,  au  contraire ,  les  filarnens  ne  sont  pas 
dentelés  j  aussi  ne  peuvent-ils  se  filer  et  se  tis- 
ser qti'avec  beaucoup  de  difficulté/C'est  par  la 
même  raison  que  les  soies  des  Apocinées  ne 
peuvent  pas  se  filer  sans  mélange  de  Coton. 
Nous  retrouvons  parmi  les  poils  végétaux  ,   la 
même  observation  faite  sur  les  poils  des   ani- 
maux j  savoir ,  que  ceux  qui ,  vus  au  micros- 
cope ,  paraissent  dentelés ,  sont  seuls  suscep- 
tibles d'être  feutrés. 

Au  reste ,  la  nature  chimique  du  Coton  mé- 
rite peut-être  d'être  citée  ici  :  ces  filamens  con- 
tfiennent  une  matière  fibreuse ,  insipide  ,  très- 
combustible  ,  insoluble  dans  l'eau  ,  l'akool  et 
l'éther  ,  et  q^ii  diffère  essentiellement  de  la  ma- 
tière ligneuse  ,  en  ce  que ,  traitée  par  l'acide 


(  85  ) 

nitrique,  elle  donne,  non  pas  du  charbon,  mais 
de  l'acide  oxalique.  M.  Thompson  la  nomme 
Coton  ;  mais  pour  éviter  toute  amphiiDologie , 
j'ai  proposé  ailleurs  de  lui  donner  le  nom  do 
Goss/pine.  (  Toj-  Théor.  Elém.  ,  pag.  4i7-) 

8.     STERCULIACKES. 

Sterculiaeeœ.Yent. ,  Malm.  91.  DC.  Theor.  21  j. 

Les  propriétés  des  Sterculiacées  sont  encore 
mal  connues  j  l'écorce  de  l'une  d'elles  (  Clom- 
■panus  /7ii/zor  Rumpli  ) ,  est  employée  aux  Mo- 
luques  comme  emménagogue  5  la  graijic  de 
toutes  les  espèces  est  assez  grosse  et  remplie  par 
un  périsperme  huileux  j  on  en  extrait  dans 
l'Inde  une  huile  bonne  à  brûler  \  ce  périsperme 
a  une  saveur  assez  analogue  à  celle  de  nos  Noi- 
settes ,  comme  je  l'ai  éprouvé  sur  la  graine  du 
Sterculia platanifolia  j  et  comme  les  voyageurs 
l'assurent,  de  plusieurs  autres;  la  douceur  de 
ce  périsperme  paraît  mélangée  d'un  principe 
légèrement  acre  :  Rumph  observe  que  ces  graines 
mangées  en  trop  grand  quantité,  doilnent  quel- 
quefois mal  à  la  tête  3  la  plus  célèbre  de  toutes 
est  celle  du  Sterculia  acuminata ,  très-bien  dé- 
crite par  M.  Palissot  de  Beauvois ,  et  connue 
en  Ai'rique  sous  le  nom  de  Kola  ;  les  nègres  en 
ibnt  cas  non  pas  tant  par  sa  saveur  qui  laisse 


(8(5) 

dans  la  bouche  un  peu  d'âcreté ,  mais  parce 
que  l'eau  ,  même  saumâtre ,  acquiert  une  sa- 
veur agréable  lorsqu'on  la  boit  après  avoir 
mangé  du  Kola.  Le  périsperme  de  la  plupart 
des  Hermanniées  est  trop  petit  pour  qu'on  en 
ait  tiré  quelqu'usage. 

9.     T  I  L  I  A  C  É  E  S. 

Tiliaceœ.  Juss.,  gen.  p.  289 

Les  Tiliacées,  très  -  voisines  des  Malvacées 
par  leur  structure ,  ont  aussi  quelques  rapports 
avec  elles  par  leurs  propriétés.  En  général  elles 
renferment  un  mucilage  doux  et  sain.  On  mange 
comme  légume  ,  en  Egypte  ,  le  Chorchorus  oli- 
torius  y  les  baies  des  Grewia ,  du  Flacurtla 
l'amontchi  (1)  et  de  VApeïba  emarginata  3  ser- 
vent aussi  d'alimens  dans  divers  pays. 

Les  fibres  corticales  du  Corchorus  capsularîs 
fournissent  dans  l'Inde  une  filasse  cjui  sert  à 
faire  des  cordes  et  des  filets  pour  la  pêche.  L'é- 
corce  du  Tilleul  peut  servir  à  faire  des  cordages 
comme  celles  de  plusieurs  Malvacées  ',  sa  graine, 
préparée  comme  celle  du  Theobroma  ,  a  pro- 


(    I  )  M   Richard  pense  que  le  Flacurtla  et  la  Riimea 
«ont  le  type  d'une  nouvelle  famille. 


(  ■v  ) 

duit  une  pâte  qui  avait  quelques  rapports  avec 
le  Chocolat. 

Le  Bixa  orellana  ,  qu*oii  place  à  la  suite  des 
Tiliacées  ,  est  très-remarquable  par  la  pulpe  cc- 
lorée  qui  entoure  ses  graines,  et  que  l'on  con- 
naît sous  le  nom  de  Rocou.  Cette  pulpe ,  prise 
à  l'intérieur,  est  légèrement  purgative  et  en 
même  temps  stomachique  ;  appliquée  à  l'exté- 
rieur, elle  tue  les  petits  insectes  qui  se  logent 
sous  la  peau.  Les  propriétés  de  cette  pulpe  sont 
isolées  ,  comme  l'organe  lui-même  dans  la  Ik- 
miile. 

lo.     ELÉOCARPÉES. 

J^œocarpece.  Juss. ,  Ann.  Mus.  1 1 ,  p.  233.  DC.  Théor; 

214. 

Cette  famille  ,  toute  composée  d'arbres  exo- 
tiques, est  très-mal  connue  quant  à  ses  formes, 
et  moins  encore  quant  à  ses  propriétés  j  les  fruits 
des  GanUres  (  Elœocarpus  )  sont  mangeables  , 
mais  très-peu  usités. 

^     11.     M  ARGR  A  VIACÉES. 

MarQgraviaceœ.  Jiiss. ,  Ann.  Mus.  17,  p.  377.  DC. 
Théor.  214. 

Les  propriétés  de  cette  famille  ,  récemment 
établie  j  sont  encore  inconnues. 


(  88  ) 

12.     OCHNACÉES. 

Pchnaceœ.  DC.  Ann.  du  Mus.  17,  p.  410.  — Magno- 
îarum gen.  Juss. 

Les  plantes  de  cette  famille  sont  toutes  dé- 
pourvues de  propriétés  un  peu  prononcées  ; 
leur  suc  est  aqueux  5  leur  écorce  n'a  pas  une 
amertume  bien  remarquable.  Les  voyageurs 
citent  seulement  le  IValkera  serrata  y  pour  la 
saveur  amère  de  sa  racine  et  de  son  feuillage  j 
on  l'emploie  au  Malabar  en  décoction  dans  l'eau 
et  dans  le  lait  comme  tonique,  stomachique  et 
anti-émétique. 

i3.     SIMAROUBÉES. 

iS/'/wû/w^eo?.  DC.  Ann.  Mus.   17,  p.  422.  —  Magno- 
liarum  gen.  Juss. 

Le  Quassia  et  le  Simarouba  sont  les  deux 
seuls  genres  qui  composent  cette  famille  très- 
analogue  à  la  précédente  et  encore  peu  connuej 
les  écorces  de  ces  deux  arbres ,  sont  comme  on 
sait,  très  -  employées  en  médecine  comme  les 
amers  les  plus  purs  et  les  plus  intenses  que  nous 
possédions  3  ces  écorces  sont  comptées  à  ce  titre 
au  nombre  des  meilleurs  stomachiques  j  toutes 
les  espèces  de  cette  famille ,  peu  nombreuses  il 


(89) 

est  vrai ,  jouissent  des  mêmes  propriétés  ;  le 
principe  amer  des  écorces  de  cette  famille  pré- 
sente des  phénomènes  chimiques  qui  lui  sont 
particuliers  j  ce  principe  est  parfaitement  so- 
luble  dans  l'eau  ;  son  infusion  ne  subit  aucun 
changement  par  son  mélange,  soit  ayec  les  sels 
ferrugineux  ,  soit  avec  l'infusion  de  noix  d(î 
Galle;  elle  précipite  les  nitrates  d'argent  et  de 
plomb  abondamment  en  blanc  (i). 

14.     RUTACÉES. 

Rutaceœ.  Juss.,  gen.  ,  p.  296. 

En  attendant  que  la  classification  des  genres 
réunis  aujourd'hui  sous  la  dénomination  de 
Rutacées  soit  établie  d'une  manière  rigoureuse, 
je  continuerai  ici  à  les  réunir  sous  une  dénomi- 
nation commune  ;  je  ne  prétends  pas  nier  ce- 
pendant que  les  divers  grouppes  de  cette  famille 
ne  puissent  et  ne  doivent  être  avec  avantage 
considérés  comme  autant  de  familles  distinctes  ; 
les  caractères  Ijolaniques  réclament  cette  divi- 
sion ,  et  la  différence  des  propriétés  de  chacun 
d'eux  paraît  la  confirmer  :  on  peut  distinguer 
ici  quatre  tribus  bien  distinctes ,  les  Zygophyl- 
lées ,  les  Rutacées ,  les  Diosmées  et  les  Zan- 
thoxylées. 

(  1  )  Voyez  TLomson  ,  Syst.  Cliim.  ,    éJit.    3. 


(  9<5  ) 

Les  Zygopliyllées  comprennent  des  plantes," 
les  unes  herbacées ,  les  autres  ligneuses  ;  les 
premières  sont  le  pius  souvent  annuelles  ,  et 
ont  pour  la  plupart  des  propriétés  peu  exaltées , 
telles  que  les  Fagonla ,  les  Tribulus  et  une 
grande  partie  des  Zi^gophyllum  ;  le  Z.  Tabago 
est  cependant  quelquefois  employé  comme  an- 
tl'ielmin tique  :  les  ZygophylJées  ligneuses  sont 
remarquables  par  l'extrême  dureté  de  leur  bois  j 
cette  dureté  qui  est  connue  dans  le  Gayac ,  se 
retrouve  au  récit  des  voyageurs  dans  le  Zygo- 
phyllum  arboreum  :  toutes  les  espèces  de  Gayac 
sont  remarquables  par  leurs  propriétés  exci- 
tantes :  le  bois  et  l'écorce  des  Ga/yacum  offici- 
nale et  sanctum  ,  sont  d'une  saveur  un  peu 
acre  et  araère ,  et  s'emploient  principalement 
comme  sudorifiques  ,  diaphorétiques  ou  alté- 
rans  :  ils  renferment  une  matière  particulière, 
qui  est  le  plus  souvent  désignée  sous  le  nom  de 
résine  ou  de  gomme-résine  ;  mais  qui  dilïère 
des  résines,  parce  que  ,  tiaitée  par  l'acide  nitri- 
que ,  elle  donne  de  l'acide  oxalique  et  non  du 
tannin.  Cette  matière  ,  qui  jusqu'ici  n'a  pas  été 
retrouvée  kors  de  ce  grouppe  ,  porte  le  nom  de 
Gayacinc. 

Les  Rutacées  proprement  dites  ,  qu'on  doit 
réduire  au  eenre  Puita  et  Vesanum  .  sont  en 
général  remarquables  par  leur  saveur  amère  et 


(90 

un  peu  acre ,  leur  odeur  nauséabonde  et  leurs 
propriétés  excitantes  ;  elles  paraissent  agir  prin- 
cipalement sur  le  système  nerveux î  la  plupart, 
sur-tout  celles  où  l'odeur  est  la  plus  prononcée, 
ont  été  vantées  comme  emménagogues  :  telles 
sont  les  Ruta  graveolens  et  angustifolia ,  et  le 
Veganum  harmala;  on  les  a  aussi  indiquées  soit 
comme  anthelraintiques ,  soit  comme  sudori- 
fiques. 

Les  Diosraées ,  que  je  réduirais  volontiers  au 
genre  Diosrna  de  Linné ,  qu'on  peut  diviser  en. 
plusieurs  genres  ,  ainsi  que  Wendland  et  Wil- 
derson  l'ont  proposé,  les  Diosmées ,  dis -je, 
sont  remarquables  au  milieu  do  toutes  les  Ru- 
tacées  ,  parce  que  l'huile  volatile  renfermée 
dans  les  vésicules  de  leurs  feuilles  et  de  leur 
écorce  est  d'une  odeur  agréable  j  la  saveur  en 
est  cependant  acre  :  plusieurs  d'entr'elles  ont 
été  vantées  comme  anti-spasraodiques. 

Enfin  ,  les  Zanthoxylées  ,  où  l'on  pourrait 
réunir  les  genres  Correa ,  D'/plolœna ,  !Zicria  , 
P fiebaUum  ,  Dlctamnus  ,  Emplevruni  ,  Jam- 
bolifera  ,  Calodendron  ^  Evodia  ,  Mellcopa  , 
ZantJwxylori  y  F  a  gara  ,  Oclnoxylon.  ,q\.  peut- 
être  Cusparia,  Ticorea  ,  Gal'ipea ,  Moniiieiia^ 
les  Zanthoxylées,  dis-je  ,  paraissent  toutes 
douées  de  propriétés  acres,  stimulantes  ou  Io- 
niques 3  les  Fagara  sont  la  plupart  connus  sous 


(92) 

Je  nom  de  Poivriers  ,  ce  qui  fait  allusion  à  la  sa- 
veur aromatique  et  piquante  de  leur  écorce  ,  de 
leurs  feuilles  et  de  leurs  fruits  ;  les  feuilles  de 
presque  tous  les  genres  de  celte  tribu  sont  gar- 
nies de  vésicules  transparentes ,  pleines  d'une 
huile  essentielle  aromatique  y  plus  oii  moins 
èliaudeet  stimulante.  Les  Zanthox^don  clava, 
ïIerculisQX.fraxineiim  passent  en  Amérique  pour 
de  puissans  sudoriliques  et  diapliorétiques  \  ils 
sont  sur-tout  remarquables  d'après  M.  Barton, 
parce  qu'ils  excitent  violemment  la  salivation  , 
non-seulement  lorsqu'ils  sont  appliqués  aux  gen- 
cives ,  mais  ce  qui  leur  est  tout  particulier  lors- 
qu'ils sont  pris  à  l'intérieur  j  on  s'est  servi  avec 
quelque  succès  de  cet  excitant  soit  contre  le  rhu- 
matisme ,  soit  sur-tout  dans  les  paralysies  de  la 
langue  et  des  muscles  de  la  bouche  ,  moyen  qui 
mérite  une  attention  particulière  de  la  part  des 
praticiens  expérimentateurs ,  et  qui  n'a  point 
encore  à  ma  connaissance ,  été  tenté  en  Europe , 
malgré  le  poids  que  mérite  le  témoignage  de 
M.  Barton.  Le  Zanthoocylon  caribœum  est  re- 
gardé aux  Antilles  comme  vvilnéraire  détersif  et 
fébrii'uge. 

Si  ie  Cusparia  (i)  appartient  réellement  aux 

(i)  M.  de  Hiimbolt  a  découvert  l'arbre  qui  porte  l'écorce 
^'Aiigustura  ,  et  lui  a.  donné  le  nom  de  Cusparia  f eh rifiiga , 


(93) 
auxêîaiitlioxylées  (i),  il  se  rapprocherait  un  peu 
par  ses  propriétés  fébrifuges  de  celles  du  Zan« 
thoxylon  dont  je  viens  de  faire  mention^  on  sai 
que  son  écorce  célèbre  sous  le  nom  de  Cortex 
angusturae  ,  est  amère ,  astringente  ,  tonique  y 
stomachique  ,  anti  -^dysentérique  et  fébrifuge. 
Dirais-je    encore  ici  que  les  fruits  du  Ptelea 
sont  remarquables  par  leur  saveur   amère  et 
aromatique  qui  les  a  fait  essayer  avec  quelque 
succès  pour  remplacer  le  floublon  dans  la  fa- 
brication de  la  bierre  j  mais  la  place  du  Ptéléa, 
dans  l'ordre  naturel ,  n'est    pas   encore    bien 
déterminée. 

i5r   C  A  R  I  O  P  H  Y  L  L  É  E  S. 
Gariophj'lleœ.  Juss. 

La  nombreuse  famille  desCariophyllées  pres- 

»  .  — — — — —  ■ 

d'après  le  nom  de  Cusparé  qu'il  porte  dans  son  lieu  natal  : 
il  l'a  désigné  ainsi  dans  sa  Géographie  des  plantes.  Quel- 
ques années  après,  Wildenow  l'a  décrit  sous  le  nom  de 
Bonplandia  trifoliata  ,  quoique  le  nom  de  Bonplandia 
ait  été  donné  par  Cavanilles  à  un  tout  autre  genre. 

(  I  )  M.  Wildenow  rapporte  ce  genre  aux  Simaroubées, 
M.  Richard  aux  Meliacées  ,  M.  Rob.  Brown  à  ses  Dios- 
mées  ou  à  nos  Zanthoxylées  ;  peut-être  les  genres  Cnspa^ 
ria  y  Ticorea,  Galipea  et  Monnieria  devraient-ils  être 
considérés  ici  comme  uije  cinquième  tribu  des  Rutaçé«s. 


(94) 

que  toute  indigène  de  l'Europe ,  n*ofïre  aucune 
propriété  remarquable  j  toutes  les  plantes  qui 
la  composent  sont  insipides ,  quelques-unes  doi- 
vent cependant  être  notées  ici  à  cause  de  leurs 
propriétés  savonneuses  :  telle  est  la  Saponaria 
efficinalis^leWes  sont  la-Gypsophila  ostruthiurriy 
XuLychnls  dioïca  j  et  L,  calcedonica  ,  qui  sont 
çà  et  là  substituées  à  la  Saponaire  j  celle-ci  a 
été  vantée  dans  les  maladies  siphylitiques.  \J A- 
renaria  pepicïdes  y  soumise  à  la  fermentation  , 
forme  une  espèce  de  composé  dont  les  Islandais 
se  nourrissent.  La  décoction  de  la  racine  de  6*/- 
lene  virgmica  est ,  dit-on  ,  employée  comme 
anthelmintique  dans  l'Amérique  septentrionale, 

1(5.     L  I  N  É  E  S. 

Lineœ.  DC.  Théor.  élém.  ,214. 

A  la  suite  des  Cariophyllées ,  nous  trouvons 
le  petit  grouppe  des  Lins ,  qui  nous  intéressent , 
soit  par  l'usage  immense  des  fibres  de  leur  écorce, 
soit  par  leur  graine  demi-mucilagineuse  et  de- 
mi-huileuse,  adoucissante,  résolutive  et  émol- 
lieute ,  soit  enfin  parce  que  les  feuilles  du  Li^ 
niim  catharticum  sont  douées  de  propriétés  pur- 
gatives. Ces  divers  usages  provenant  d'organes 
divers  ,  n'annoncent  rien  de  contraire  à  la  théo- 
rie ,  et  la  plupart  sont  c^iïiiîiuues  à  plusieurs 


(95) 

espèces.  La  nature  du  mucilage  de  la  graine  de 
Lin  a  été  étudiée  par  M.  Vauquelin  ;  cet  lia- 
bile  Chimiste  pense  qu'il  est  composé  d'une 
substance  gommeuse ,  mêlée  avec  une  substance 
animale,  de  l'acide  acétique  libre,  des  acétates 
de  potasse  et  de  chaux,  du  sulfate  et  du  muriate 
de  potasse  ,  des  phosphates  de  potasse  et  de 
chaux  et  de  la  silice  :  il  attribue  à  l'acétate  et 
au  muriate  de  potasse  les  propriétés  diurétiques 
de  cette  graine.  Le  Linum  selaginoïdes  ^a.sse  eux 
Pérou  pour  amer  et  apéritif,  ce  qui  se  rap- 
porte aux  propriétés  de  notre  Linum  cathar- 
tlcurn. 

17.   CISTINÉES. 

Cistineœ.  DC.  Théor.  214.  —  Cistece,  FI.  Fr.  — 
Cisti.  Juss. 

Les  Cistes  ne  peuvent  intéresser  la  médecine 
que  par  la  production  du  ladanum ,  résine  qui 
exhale  une  odeur  agréable  lorsqu'on  la  brûle , 
qui  est  légèrement  stomachique  et  tonique  , 
mais  maintenant  presque  hors  d'usage  :  on  la 
retire  principalement  du  Cistus  creticus  j  mais 
les  C,  laurlfolhis y  Lam.  ,  C.  cyprins ,  Lam., 
C.  ladanifer ,  Lam. ,  C.  ledon  ,  Lam. ,  en  don- 
nent aussi  une  quantité  plus  ou  moins  sensible, 
et  toutes  les  autres  en  oifriraient  sans  doute 


(9«) 

quelques  indices ,  si  on  les  observait  sous  ce 
point  de  vue. 

18.    VIOLACÉES. 

Kiolœ.  Juss. ,  Vent.  —  Violacées.  DC.  Théor. 

Les  principales  propriétés  des  Violacées  ré- 
sident dans  leurs  racines,  qui  paraissent  toutes 
douées  de  vertus  émétiques  à  un  degré  plus  ou 
moins  prononcé  :  tels  sont ,  parmi  les  espèces 
dont  la  fleur  n'est  point  renversée  et  qui  cons- 
tituent le  genre  Pombalia  de  Vandeili  ,  ou  lo- 
nidium  de  Ventenat  ,  les  Viola  parvijlora , 
V.  ipecacuanha ,  et  V.  itonhou  ,  Aubl. ,  dont 
j'ai  eu  occasion  de  parler  en  détail  dans  mon 
Mémoire  sur  les  diverses  espèces  d'Ipécacuanha: 
tels  sont  encore ,  parmi  les  véritables  Violettes, 
les  V,  odorata ,  V,  canina ,  et  même  le  V, 
tricolor 3  dont  les  propriétés  ,  quoique  faibles, 
ne  peilvent  être  révoquées  en  doute.  Cette  der- 
nière espèce  se  distingue  encore  par  l'utilité  de 
ses  feuilles  et  de  sa  tige  dans  les  maladies  cu- 
tanées :  propriété  qui  a  cependant  besoin  d'être 
démontrée  par  de  xiouy elles  expériences. 


(97) 

19-     P  AS  SIFL  ORÉES. 

Passi/Iorece.  Jnss.j  Ann.  Mus.  6,  p.  loa.DC.  tîiéor.  214. 

Aucune  espèce  de  la  famille  des  Passiflorées 
n'est  employée  en  médecine  j  leurs  tiges  etleurs 
feuilles  ne  paraissent  douées  d'aucune  propriété 
notable  ;  leur  fruit  est  charnu  ou  pulpeux , 
cette  pulpe  est  gélatineuse ,  douce  et  bonne  à 
manger  dans  presque  toutes  les  espèces  :  on  con- 
naît sous  ce  rapport  en  Amérique  les  fruits  des 
Passîflora  coccînea  _,  maliforniis  ,  et  sur-tout 
du  P.  quadrangularîs » 

20.     CA  ME  L  LIÉES. 

Camelliece.  DC.  Théor.  214-  —  Theacece.  Mirb.  , 
Bull.  Philom. 

Les  Camelllées  n'ont  de  rapports  botaniques 
un  peu  prononcés  qu'avec  les  Orangers ,  mais 
en  diffèrent  à  beaucoup  d'égards  ;  cette  famille 
ne  se  compose  que  de  deux  genres  ,  le  Tlié 
et  le  Camellia  ;  l'infusion  des  feuilles  de  toutes 
les  espèces  de  Thé  est ,  comme  on  sait ,  as- 
tringente,  assez  agréable  au  goiit,  et  remar- 
quable par  l'action  stimulante  qu'elle  paraît 
exercer  sur  les  nerfs.  Les  feuilles  des  Camsl" 
lia  japonica  et  sesanqua  sont  souvent  em- 
ployées en  Chine  et  au  Japon  à  la  place  de  celles 

7 


du  véritable  Thé ,  et  toutes  les  espèces  du  genre 
Thea  sont  presqu'indiiféreniment  employées  les 
unes  à  la  place  des  autres  par  les  habitans  de 
la  Chine  ,  du  Japon  et  de  la  Cochinchine  (i). 
Observons  que  ni  les  feuilles  des  Thés ,  ni  celles 
(des  Camellia  n'ont  de  parfum ,  et  que  celui-ci 
leur  est  communiqué  par  la  stratification  qu'on 
en  fait  avec  les  fleurs  de  V  Olea  fraorans  et  du 
Camellia  sesanqua.  Les  propriétés  du  Thé  pa- 
raissent en  opposition  avec  l'infusion  des  feuilles 
d'Oranger  qu'on  emploie  souvent  comme  anti- 
spasmodiques et  calmantes  j  ces  deux  effets  con- 
traires du  Thé  et  de  l'Oranger  seraient- ils  dus 
simplement  à  la  différence  d'intensité  de  l'ac- 
tion narcotique  de  ces  deux  plantes  ?  L'Opium 
offire  des  diversités  plus  grandes  encore  ,  et  c'est 
sous  ce  rapport  que  CuUen  a  placé  le  Thé  parmi 
les  narcotiques  ^  on  s'habitue  en  effet  à  son 
action  comme  à  celle  de  tous  les  vrais  narco- 
tiques ;  si  l'idée  de  Cullen  est  vraie ,  la  diffé- 
rence apparente  de  l'action  entre  les  feuilles  du 
Thé  et  de  l'Oranger  rentrerait  dans  les  lois  gé- 
nérales.  La  graine  des  Camelliées  paraît  ren- 


ii 


(l)  On  peut  consulter  avec  utilité^  relativement  à  l'his- 
toire clu  Thé,  un  mémoire  inséré  dans  le  Journ.  Pharm,  ,        f 
février  i8i5 ,  où  M.  Virey  rapproche  et  analyse  à-peu-près 
tous  les  faits  connus  sur  le  Thé. 


(  99) 
fènner  une  certaine  quantité  d'huile  :  celles  dn 
Camellia  sesanqua  fournissent  au  Japon  une 
huile  bonne  à  manger  j  celles  du  Thea  oleosa 
donnent  aux  Cochincliinois  une  grande  quan- 
tité d'une  huile  limpide,  jaunâtre  et  qui  sert  soit 
pour  l'usage  de  la  cuisine ,  soit  sur- tout  pour 
l'éclairage. 

21.     HESPERIDÉES. 

Aarantia.  Correa. ,  Ann.  Mus.  ù ,  p.  376.  —  Hesperi- 
deœ.  DC.  Théor.  214.  —  Aurantiorum  gen.  Z\ii^» 
■—  Hesperidearum  gen.  Vent. 

A  l'époque  de  la  première  édition  de  cet  Ou- 
Trage ,  la  famille  des  Hespéridées  était  encore  si 
mal  circonscrite  ,  qu'elle  renfermait  des  plantes 
hétérogènes  par  leurs  propriétés  aussi  bien  que 
par  leurs  formes  j  aujourd'hui  que  M.  Correa 
Ta  réduite  dans  ses  -vraies  limites ,  toutes  les 
espèces  qui  la  composent  offrent  une  grande 
uniformité  de  structure  et  de  propriétés  ;  ces 
arbres  ont  tous  le  bois  remarquable  par  son  tissu 
compact  et  serré  ;  les  feuilles  et  les  écorces  sont 
munies  d'un  grand  nombre  de  petits  réservoirs 
vésjculaires  pleins  d'ime  huile  volatile  aroma- 
tique amère  et  excitante,  qui  donne  à  ces  or- 
ganes  des  pro]>riétés   tonicjues  et  stimulantes 
assez  prononcées  )  l'écorce  du  fruit  participe  à 

7- 


(   100    ) 

ces  propriétés  :  la  pnlpe  de  la  baie  est  toujours 
plus  ou  moins  acide  comme  nous  le  voyons  dans 
les  diverses  espèces  de  Citrons  et  dans  le  Limo- 
nia  acidissima  ;  cette  acidité  se  retrouve  quoi- 
qu'à  un  moindre  degré  dans  les  Oranges  ,  les 
Pampelmousses  5  ces  propriétés  acidulés  ou  un 
peu  amères  rendent  ces  fruits  rafraîchissans  et 
utiles  contre  la  fièvre  et  le  scorbut.  Dans  les 
pays  où  les  Hespéridées  sont  communes  ,  on 
substitue  plusieurs  espèces  différentes  les  unes 
aux  autres. 

:i2.     M  ELI  A  CE  ES. 
Meliœ.  Juss. ,  gen.  263. 

Les  propriétés  des  Méliacées  sont  mal  con- 
nues ,  et  le  peu  que  nous  en  connaissons  n'an- 
nonce pas  une  grande  uniformité  ;  l'écorce  du 
Canella  alba  ,  Mur.  ,  est  aromatique  ,  un 
peu  acre  ,  et  sert  d'assaisonnemens  dans  les 
Antilles  5  celle  du  Cedrela  est  odorante  et  ré- 
sineuse j  celle  du  Cedrela  tuna  est  employée 
dans  l'Inde  comme  fébrifuge  j  celle  du  Swie- 
teîiia  mahogoni  est  encore  astringente  ,  et  passe 
pour  fébrifuge  ;  cette  propreté  fébrifuge  se  re- 
trouve à  un  degré  très -prononcé  dans  le  tSVi<?- 
teniafebnfuga ,  connu  dans  l'Inde  sous  le  nom 
de  Sojrnida  i  sa  saveur   offre  une  amertume 


(  ici  ) 
^lauséeuse  et  désagréable  qui  le  rapproche  des 
autres  Méliacéesrl'écorce  du  Guarea  trichiloides 
.est  3  d'après  le  témoignage  d'Aublet,  purgative 
et  émétique.  Le  fruit  pulpeux  du  Me  lia  aze- 
/a'b/'ûc/iJ  passe  pour  vénéneux,  et  a  été  employé  à 
titre  d'antlielmintique,  aussi  bien  que  la  partie 
interne  de  l'écorce  5  on  l'emploie  en  substance  ou 
en  décoction  \  ce  médicament  agit  principale- 
ment contre  les  lombrics.  Michaux  assnre  qu'en 
Perse  on  se  sert  contre  la  teigne,  de  la  pulpe  qui 
entoure  le  noyau  j  on  en  retire  de  l'huile  au  Ja- 
pon :  sous  ces  divers  points  de  vue,  cet  arbre 
,qui  vient  très -facilement  dans  le  Midi  de  la 
France  ,  et  (jui  y  croît  dans  les  plus  mauvais 
terrains  ,  mérite  de  fixer  l'attenlion  des  obser- 
vateurs. Des  propriétés  analogues- ont  été  ob- 
servées dans  l'Inde  quant  au  Melia  semper 
viî^eiis.  On  attribue  Aq^  propriétés  anti-spasmo- 
diques  à  l'huile  extraite  du  fi'uit  du  Melia 
azedaraclita. 

■2^.   S  A  R  M  E  N  T  A  C  É  E  S. 

Vites.  Juss.  —  S  arment  ace  ce.  Vent. 

Les  fruits  des  Sarmentacées  sont  des  baies 
charnues  et  succulentes  5  la  baie  de  la  Vigne 
cultivée  se  distingue  des  autres  par  l'abondance 
et   la  douceur  du   snc  qu'elle    fournit  \    mais 


(    102  ) 

avant  de  regarder  ce  fait  comme  une  excep- 
tion à  la  règle  générale ,  il  faudrait  déter- 
miner la  part  que  la  culture  a  dans  la  produc- 
tion et  l'améliorarion  du  raisin.  Si  la  Vigne 
sauvage  ,  qui  se  trouve  dans  le  Midi  de  la 
JFrance  ,  et  qu'on  y  nomme  Lambrouche  ,  La- 
brusque  ou  Labrot  y  est  la  véritable  souche 
de  la  Vigne  cultivée  ,  il  faudra  convenir  que 
c'est  prescju'eiitièrement  aux  travaux  assidus 
de  l'homme  que  cette  espèce  doit  sa  supério- 
rité sur  les  autres  Sarmentacées  j  les  jeunes 
pousses  de  la  plupart  de  ces  plantes  ont  une 
saveur  acidulé ,  saveur  qui  se  retrouve  dans 
plusieurs  genres  de  la  famille  suivante. 

24.     G  E  R  A  N  I  É  E  S. 
txeraiiiece.  FI.  Fr.  —  Gerania.  Juss. ,  gen.  268. 

C'est  sur-tout  dans  les  fausses  Geraniées  que 
se  retrouve  cette  saveur  acidulé  :  ainsi  les 
nombreuses  espèces  du  genre  Oxalis contiennent 
toutes  une  quantité  plus  ou  moins  considé- 
rable d'oxalate  acidulé  de  potasse  ,  qui  leur 
donne  une  saveur  acide  agréable  et  des  pro- 
priétés rafraîchissantes  et  très-légèrement  laxa- 
tives.  UOxalls  acetosclla  en  Europe,  VO, 
compressa  au  cap  de  Bonne-Es|>érance  ,  Y O, 
frutescens  à  la  Martinique  ,  et  l' O.  tubarosa 


(  'o3  ) 
au  Chili ,  sont  sur-tout  remarquables  par  la 
quantité  de  sel  d'oseille  qu'elles  renieraient  ; 
V Oxalis dodecandra ,  et  une  autreespèce encore 
mal  connue  ,  sont  employées  au  Pérou  j  elles 
en  ont  été  rapportées  par  Leubaz  sous  le  noiti 
de  VinaigrilLa  qui  indique  leur  saveur  \  il  oîd- 
serve  qu'elles  sont  aussi  astringentes  et  em- 
ployées dans  les  cracliemens  de  sang  5  cette  pro' 
priété  rapproche  les  Oxalis  des  Géraniums  dont 
nous  parlerons  tout-à-l'heure. 

Les  Capucines  et  les  Balsamines  ,  rapprochées 
par  M.  de  Jussieu  des  Oxalis  ,  mais  qui,  de 
l'aveu  même  de  ce  naturaliste ,  en  sont  encore 
fort  éloignées  ,  ont  été  regardées  comme  diuré- 
tiques. Les  premières  sont  sur-tout  remar- 
quables par  l'extrême  rapport  de  leur  saveur  et 
leurs  propriétés  avec  le  Cresson  et  tontes  les 
Crucifères.  Aussi  la  chenille  du  papillon  du 
chou  ne  vit  que  sur  les  Crucifères  et  sur  la 
Capucine. 

Passons  maintenant  aux  véritables  Géranîées 
dont  on  a  plus  étudié  les  formes  et  la  culture 
que  les  propriétés;  quelques-unes  sont  aci- 
dulés ,  et  ce  sont  en  général  celles  dont  la  feuille 
ou  l'écorce  est  succulente  ;  plusieurs  exhalent 
une  odeur  résineuse  ,  quelquefois  agréable  , 
quelquefois  si  forte  ,  qu'elle  est  nauséabonde. 
Le  principe  résineux  est  si  ^'Vbondant  dans  le 


(  io4) 

Géranium  spinosum.  ,  que  sa  tige  brdic  comme 
un  flambeau  en  exhalant  une  odeur  agréaljle. 
La  propriété  la  plus  générale  parmi  les    Géra- 
nium ,  du  moins  parmi  ceux  d'Europe  qui  com- 
posent   le   vrai   genre    Géranium ,    est   d'être 
astringens  5   cette  astringence  se  laisse  rcco]i- 
naître  cliimiquement  en  ce  que  leur  suc  teint 
en  noir  le  sulfate  de  fer  ;  elle  est  sur-tout  re- 
marquable dans    les    G.    robertianuni    et   G. 
sanguineum ,    qui  Fun  et  l'autre  passent  pour 
■vulnéraires  dans  les  G.  nioschatum  ,  pratense  , 
etc.,   dans   lesquels  elle  est  unie  à  un  léger 
principe  aromatique  ,    et  qui  ont  été  indiqués 
comme  utiles  pour  arrêter  les  flux  séreux  et 
sanguins  soit  dans  l'iiomme  ,  soit  dans  les  bes- 
tiaux j  comme  aussi  pour  chasser  le  calcul ,  pro- 
priété attribuée  à  tous  les  astringens  légers  et 
aromatiques  qui  agissent  ici  comme  diurétiques  j 
la  propriété  astringente   des  Géraniums  se  re- 
trouve aussi  dans  le  G.  maculatum   qui  croît 
abondamment  près  de  Philadelphie  et  tlont  la 
racine,  bouillie  dans   du   lait ,  sert  conire  le 
choiera  des    enfans  j  M.  Bar  ton  pense   qu'on 
pourrait  l'employer  contre  le  néphrétis  et  les 
diarrhées  anciennes  à  la  place  de  gomme  kina. 


(  io5) 

2.5.   G  U  T  T  I  F  È  R  E  s. 

Guttiferœ.  Juss. ,  gen.  255. 

Les   Guttifêres    seraient    sans    doute  Vl'une 
grande  importance   pour  la  médecine  et  pour 
les    arts  ,    si    elles    n'étaient    pas    exclusive- 
ment réservées    aux    climats    brûlans   voisins 
de   l'équateur  j    elles  contiennent  toutes  ,  ainsi 
que  leur  nom  l'indique ,  un  suc  gommo-rési- 
neux ,  ordinairement   jaune ,  acre  ou  amer  ,  et 
employé   rarement    à    l'intérieur  ;    la    gomme 
gute    qui    provient  du    Garclnia  cambooia  y 
et  aussi ,  selon  Hermann  ,  du  Gare/' nia  morellay 
est,   comme  on  sait,  un  purgatif  qui  excita 
souvent    des   douleurs    dans  l'estomac  et  des 
vomissemens  pénibles ,  et  qu'on  emploie  dans 
l'hydropisie  et  comme  anthelmintique  ;  le  suc 
des   autres    Guttifêres    paraît    analogue    à    la 
gomme  gutte  5  on  se  sert  dans  les  Antilles   du 
suc  du  JSIammea  pour  tuer  les  chiques,  petits 
insectes  qui  s'introduisent  sous  les  ongles  des 
doigts  des  pieds  ;  c'est  peut-être  autant  pour 
leur  qualité  vermifuge  que  pour  leur  nature 
résineuse  qu'on  emploie  en  guise  de  goudron  le 
suc  du  JMoronobea  à  Cayenne ,  du  Clusia  alha,  et 
du  C.  rose  a  aux  Antilles ,  etc. 

L'écorce  de  quelques   espèces ,   et  sur-tout 


(  '°6  ) 

celie  de  leur  fruit,  paraît  asft-îngente  et  un 
peu  vermifuge  5  c'est  ce  que  les  voyageurs  ob- 
servent relativement  à  plusieurs  Garcinia  ,  la 
pulpe  des  G,  niangostana^  G.  cambogla  et  G. 
celebicay  du  Manimea  americana  ,  est  un  peu 
acidulé,  très- agréable  au  goût,  et  ordonnée 
comme  rafraîchissante.  Dans  le  Grias ,  on 
cueille  les  fruits  avant  leur  matm'ité  complète  ; 
on  les  coniit  à  l'huile  ou  au  sel ,  et  ils  servent 
ainsi  d'alimens  à  l'homme. 

26.   H  Y  P  E  R  I  C  I  N  É  E  S. 

Hypericinece.  Juss. ,  Ann.  Mus.  2.0 ,  p.  459.  — 
Hyperica.  Juss. ,  gen.  zSj, 

Les  Hyper icinées  touchent  de  près  aux  Gutti- 
feres  par  leur  suc  gommo-résineux ,  jaune  , 
visqueux,  un  peu  amer,  souvent  purgatif  où 
anthelmin tique ,  et  tellement  analogue  à  la 
gomme  gutte  ,  qu'il  a  reçu  le  nom  de  gomme 
gutte  d'Amérique ,  dans  V Hypepicuni  bacci- 
JejTim. ,  L.  .  //.  cayeiinense  ,  L.  ,  et  H.  sessi- 
lîfolium^  Au!)l.  La  plupart  des  Hypéricinées 
ont  une  saveur  amère ,  un  peu  astringente  qui 
les  a  fait  quelquefois  employer  comme  fébri- 
fuges ;  Plusieurs  exhalent  une  odeur  résineuse 
due  à  une  huile  volatile  renfermée  dans  des 
glandes  pellucides  \  l'infusion  des  Millepertuis 


(  107  ) 
rougit  riuiile   et  l'esprit    de   vin  ;  les  vertus 
anti-spasmodiques  et  vulnéraires  attribuées  à 
quelques  espèces ,   ne  sont  pas  bien  prouvées. 

27.     HYPPOCRATICÉES. 
Hippocraticece.  Juss.  ,  Ann.  Mus.  i8  ,  p.  483. 

Cette  famille  est  encore  mal  connue  des 
botanistes,  et  les  propriétés  du  petit  nombre 
de  plantes  qui  la  composent  sont  tout-à-iàit 
inconnues. 

28.     MALPIGHIACÉES. 
Malpighiacece.  Juss.,  Ann.  Mus.  18,  p.  475. 

Les  Malpighiacécs  sont  toutes  exotiques 
et  peu  connues  quant  à  leurs  propriétés  ; 
le  bois  de  plusieurs  espèces  de  Malpighia  et 
de  V Erythroxylon  offre  une  belle  couleur 
rouge  et  pourrait  peut-être  servir  dans  l'art  de 
la  teinture  j  l'écorce  du  Malpighia  moureila 
d'Aublet  ,  est  employée  à  Cayenne  comme 
fébrifuge  j  le  liruit  charnu  de  plusieurs  espèces 
de  ce  genre  est  bon  à  manger. 

29.    A  C  E  R  I  N  É  E  S. 
Acerinece.  Juss.,  Ann.  Mus.  18 ,  p.  477* 
Cette   famille   en    comprend  véritablement 


(  '°8) 
deux  très-distinctes  par  leur  structure,  et 
qu'on  réunit  ensemble  à  cause  du  petit  nombre 
d'espèces,  que  nous  connaissons  dans  chacune 
d'elles  j  ces  deux  familles  sont  les  Maronnierset 
les  Erables. 

Le  grouppe  des  Erables  se  distingue  par  la 
sève  douce  et  sucrée  que  contiennent  presque 
tous  les  arbres  de  ce  genre  ;  VAcer  saccharl- 
num  et  VA.  rubrum ,  ont  une  sève  si  sucrée 
qu'on  en  extrait  du  sucre  dans  PAmérique 
septentrionale  j  cette  même  saveur  se  r>etrouve 
dans  nos  Acer  pseudo-platanus  y  campestris 
et  plataiioïdes  ;  ce  dernier  suinte  une  espèce  de 
sucre  concret. 

Les  Maronniers  sont  remarqua liles  par  leur 
fruit  amer,  qui  a  été  quelquefois  employé 
comme  stemutatoire  ,  qui  contient  une  assez 
grande  dose  de  potasse  pour  servir  de  savon  j 
ou  de  cosmétique  ,  et  une  quantité  considérable 
de  fécvile  qui  le  rend  nourrissant  pour  plusieurs 
animaux  et  propre  à  faijriqiier  l'amidon.  Cet 
arbre  intéresse  sur-tout  la  médecine  par  son 
écorce  astringente  ,  amère ,  fébrifuge  et  qui 
peut  dans  quelques  cas  suppléer  le  quin(piiiia. 


(   lop  ) 

3o.    SAPINDACÉES. 

JSapindi.  Juss. ,  gen.  246.  —  Sapindaceœ.  Juss.,  Ami.- 
Mus.  1 8 ,  p.  476. 

Cette  famille  exotique  est  trop  peu  connue 
pour  que  nous  possédions  encore  aucune  gé- 
néralité sur  les  propriétés  des  plantes  qui  la 
composent  ',  on  sait  que  Técorce  du  fruit  du 
Sapindus  saponaria ,  L. ,  est  savonneuse,  et  a 
été  employée  dans  la  chlorose;  la  pulpe  qui 
entoure  le  fruit  des  Euphoria  ,  des  Melicocca 
est  douce  ,  agréable  au  goût  et  extrêmement 
estimée  dans  les  Indes.  L'amande  de  toutes  les 
espèces  de  Vekea  ,  d'Aublet ,  du  Saouari glabra 
du  même  auteur,  du  BerthoLletia  (i)  et  du  Cu- 
panîa  de  Plumier  ,  est  bonne  à  manger ,  et 
donne ,  par  expression ,  une  huile  analogue 
à  celle  d'amandes  douces.  Nous  voyons  par 
ces  exemples  que  les  espèces  des  mêmes  genres 
ou  de  genres  très-voisins  sont  employées  aux: 
mêmes  usages. 

(1)  MM.  de  HumbolJt  et  Bonpland  ont  désigné  sous 
ce  nom ,  clier  à  tous  les  amis  des  sciences  ,  l'arbre  qui  porte 
la  Châtaigne  du  Brésil ,  fruit  dont  les  graines  sont  très- 
grosses  ,  et  pleines  d'huile  douce  et  comestible.  La  Ber- 
tholletia  ,  le  Pekea  et  le  Saouari  ,  paraissent  former  une 
famille  particulière. 


(  ilo  ) 

3i.     DROSERACÉES. 

Droseraceœ.  DC.  Théor.  214. — Capparidearum genl 
Juss. 

Les  feuilles  fraîches  des  Drosera  et  no- 
tamment du  Z).  rotundifolla ,  ont  une  sa- 
veur légèrement  acide  et  sur-tout  acre  et  un 
peu  corrodante  5  elles  font  cailler  le  lait  j  on 
assure  qu'elles  nuisent  aux  bestiaux  qui  les 
mangent  ;  leur  emploi  en  médecine ,  après 
avoir  été  beaucoup  préconisé ,  est  tombé  en 
désuétude. 

32.  R  E  s  É  D  A  C  É  E  s. 

JResedaceœ.  DC.  Théor.  214.  —  Capparidearum  gen, 
Juss. 

Les  Résédas  ne  sont  point  employés  en  mé- 
decine ;  la  propriété  qu'a  la  Gaude  (  Reseda 
luteola  )  de  fournir  une  couleur  jaune  pour  la 
teinture ,  paraît  se  retrouver ,  quoiqu'à  un 
moindre  degré  ,  dans  les  autres  espèces. 

33.  CAPPARIDÉES. 

Capparides.  Juss. ,  gen.  242. 

Les  Capparidées  participent  aux  propriétés 
des  Cruciières ,  dont  elles  se  rapprochent  par 


(  111  ) 

la  structure  ;  ainsi  les  Cûpres  sont  sliaiulantes  y 
et  regardées  comme  anti-scorbutiques  et  apé- 
ritives.  L'écorce  de  la  racine  du  Câprier  passe 
pour  diurétique  comme  plusieurs  Crucifères  j 
.de  même  plusieurs  espèces  de  Cleome ,  ont  une 
saveur  acre  que  plusieurs  voyageurs  ont  com-p 
parée  à  celle  de  la  moutarde  :  la  racine  du 
Cleome  dodecandra  s'emploie  comme  vermi- 
fuge dans  les  États-Unis  d'Amérique.  Le  Cleo- 
me icosandî^a  ,  appliqué  sur  la  peau  ,  y  pror 
duitde  l'inllammation,  et  est  employé  à  la  Co- 
chincliine  ,  soit  comme  sinapisme  ,  soit  dans 
l'économie  domestique  comme  assaisonnement. 

34.     CRUCIFÈRE  S. 
Cruciferœ.  Juss.,  gen.  aSy. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  àcs  sciences 
naturelles  ,  savent  combien  les  Crucifères  pré- 
sentent d'uniformités  dans  leurs  caractères 
botaniques,  chimiques  et  médicaux:  et  sous 
ce  point  de  vue  ,  il  est  peut-être  superflu  d'en- 
trer dans  aucun  détail  à  leur  égard. 

Toutes  les  Crucifères  renferment  un  prin- 
cipe volatil  fort  acre  ,  long- temps  attribué  à 
l'alkali  volatil ,  qui  était  regardé  par  plusieurs 
chimistes  comme  tout  formé  dans  ces  plantes. 
Il  est  vrai  de  dire  que  dans  leur  putréfaction  , 


(  1^2  ) 

elles  en  dégagent  une  assez  grande  quantité  > 
et  que  par  la  distillation  on  en  obtient  sou- 
vent une  certaine  dose  ;  mais  leur  eau  distillée  ^ 
ni  leur  suc  récemment  extrait  ne  donnent  le 
moindre  indice  d'alkalescence  :  on  pense  donc 
que  l'ammoniaque  n'existe  point  toute  formée 
dans  les  Crucifères ,  et  qu'elle  se  développe 
dans  certaines  circonstances ,  à  cause  de  la 
grande  quantité  d'azote  que  ces  plantes  ren- 
ferment. C'est  probablement  à  cet  azote  qu'il 
faut  rapporter  l'odeur  animale  des  Crucifères 
corrompues  et  leur  facilité  même  à  se  putréfier  5 
c'est  peut-être  le  besoin  qu'elles  ont  de  ce  prin- 
cipe ,  qui  fait  que  le  plus  grand  nombre  des 
Crucifères  vit  naturellement  auprès  des  habi- 
tations des  hommes  ou  des  animaux. 

Quant  au  principe  acre  de  ces  végétaux  ,  il 
tient  à  une  certaine  quantité  d'huile  volatile 
qui  s'en  extrait  par  divers  procédés  chimiques  y 
qui  offre  l'odeur  et  la  saveuf  des  Crucifères  , 
et  qui  passe  en  petite  quantité  dissoute  ou 
mélangée  dans  l'eau  distilée.  Ce  principe  rend 
les  Crucifères  éminemment  stimulantes  :  s'il  est 
concentré  ,  comme  on  le  voit  dans  les  graines 
des  moutardes  (1),    par  exemple,  et  dans  les 

(  1  )  Ca  ne  s(mt  pas  seulement  les  Moutardes  d*Europô 
qui  ofTrent  les  propriétés  tj^u'on  leur  connaît.  On    se  sct^ 


racines  du  Cochlearia  armoracia,  ou  quel- 
quefois dans  riierbe  même ,  comme  dans  1g 
Lepidium  laùfolium ,  alors  le  suc  de  ces  par- 
ties ,  appliqué  sur  la  peau  ,  y  excite  d'abord  de 
la  rougeur,  puis  une  forte  inflammation  et 
enfin  une  exsudation  de  matière  :  ce  genre  da 
remède  est  connu  sous  le  nom  de  sinapisme. 

Si  cette  matière  acre  et  stimulante  est  admi- 
nistrée à  l'intérieur ,  elle  agit  sur  le  système 
nerveux  ,  et  ensuite  sur  le  système  sanguin  , 
et  excite  par-là,  tantôt  la  transpiration,  la 
plus  souvent  la  sécrétion  des  urines  \  donnée  à 
dose  plus  forte  ,  mais  plus  prolongée,  elle  joae 
alors  le  rôle  d'anti-scorbn tique  j  et  c'est  sous 
ce  point  de  vue  que  les  Crucifères  sont  le  plus 
souvent  et  le  plus  utilement  administrées.  On 
sait  que  l'emploi  habituel  de  ces  végétaux  pré- 
vient le  scorbut ,  probablement  en  soutenant  le 
ton  du  système  ,  et  que  ces  mêmes  plantes 
guérissent  souvent  le  scorbut  déjà  développé, 
soit  en  rétablissant  le  ton ,  soit  en  agissant 
comme  diaphorétiques  et  diurétiques. 

Que  cette  matière  acre  se  trouve  en  dose 
très-faible ,  alors  ces  plantes  pourront  nous 
servir    pour  aromatiser  les    mets ,    comme  le 


aux  mêmes  usages  ,    dans  l'Inde  ,    des  Sinap.'S  dîchotom'tt 
«t  ramosa  de  Roxburgh. 

8 


(  "4) 

cresson  j  qu'enfin  elle  se  trouve  réunie  avec 
une  dose  considérable  de  mucilage  ou  de 
matière  sucrée  ,  et  ce  inélan ge  formera  une 
substance  éminemment  nutritive ,  comme  dans 
le  Chou,  la  Rave,  le  Navet,  etc.  Mais  il  ne 
faut  pas  croire  que  ces  plantes  potagères  soient 
dépourvues  de  propriétés  anti-scorbutinues  5 
une  légère  fermentation  acide  qui  consume  , 
pour  ainsi  dire  ,  la  matière  sucrée ,  dégage  le 
principe  acre ,  et  replace  ces  végétaux  au  rang 
des  anti-scorbutiques  5  le  Sauer-Kraut  en  est 
un  exemple  frappant. 

Lorsque  les  plantes  de  la  famille  des  Cruci- 
fères présentent  une  saveur  trop  intense  pour 
être  agréable  ,  on  emploie  diverses  précautions 
pour  obtenir  des  parties  plus  ou  moins  étiolées 
ou  avortées  ,  et  qui ,  par  leur  étiolement  ou 
ienr  avoi  tement ,  sont  devenues  plus  aqueuses 
et  plus  fades  :  ainsi  on  emploie  comme  aliment 
les  racines  ou  la  partie  inférieure  des  tiges  de 
plusieurs  espèces  dont  le  féuiUagé  est  négligé  ; 
telles  sont  les  Raves ,  les  Navets ,  les  Choux- 
raves  ,  etc.  Ainsi ,  dans  les  Crucifères  dont  les 
feuilles  se  recouvrent  les  unes  les  autres , 
comme  les  Choux-pommés ,  on  choisit  de  pré- 
férence les  feuilles  centrales  étiolées  et  adou- 
cies par  l'absence  de  la  lumière  :  ainsi  on  par- 
vient, par  divers  procédés  de  culture,  à  faire 


(  '>5  ) 

avorter  les  flenrs  en  tout  ou  en  partie ,  et  à 
rendre  ainsi  les  jeunes  pousses  et  les  pédoncules 
beaucoup  plus  charrus ,  et,  par  conséquent, 
plus  aqueux  et  plus  fades  ,  comme  on  le  voit 
dans  les  Brocolis  et  les  Choux-fleurs  ;  quelque- 
fois on  étiole  artificiellement  les  tiges  au  moment 
où  elles  sortent  de  terre  :  c'est  par  cette  culture 
que  les  Anglais  sont  parvenus  a  faire  un  légume 
agréable  du  Cj^ambe  maritima  (i)  ^  si  célèbre 
jadis  chez  les  Romains  comme  un  aliment  gros- 
sier réservé  pour  la  nourriture  du  pauvre. 

Les  graines  de  toutes  les  Crucifères  con- 
tiennent une  huile  fixe  qui,  dans  plusieurs  ,  est 
assez  abondante  pour  qu'on  l'en  extraie  avec 
avantage  ,  comme  le  prouvent  les  exemples  bien 
connus  du  Colsa ,  de  la  Cameline  ,  des  Navettes, 

(i)  Ce  légume  qui  a  la  forme  des  Asperges  et  la  saveur 
clés  Choux-fleurs  ,  est  connu  en  Angleterre  sous  le  nom 
de  Sea-Keel}  il  a  le  mcrite  de  paraître  à  la  fin  de  l'hiver 
ayant  la  plupart  des  Légumes  printanniers.  Dans  les  pays 
maritimes  où  il  croît  naturellement ,  il  suffit  d'avoir  des 
vases  cylindriques  percés  par  le  fond  ,  dont  on  recouvre 
les  jeunes  pousses  de  Crambé  au  moment  de  leur  nais- 
sance}  ce  Crambé  vient  facilement  dans  les  jardins  ,  où  , 
traité  par  ce  procédé  fort  simple ,  il  donne  un  léoume 
agréable  et  dont  la  culture  doit  être  recommandée  dans 
les  provinces  maritimes  de  la  France  où  la  plante  sauvage 
49fit  fot  commune. 

8.. 


de  la  Julienne  ,  etc.  ,  etc.  Lorsque  l'huile  fixe 
est  mélangée  avec  assez  d'huile  volatile  acre , 
les  graines  deviennent ,  comme  je  l'ai  déjà 
dit,  stimulantes,  acres,  diurétiques  ou  quel- 
quefois anthelmintiques. 

35.    P  A  P  A  V  E  R  A  C  É  E  S. 

Papaveracece.  Juss. ,  gen.  235^ 

Le  nom  seul  dte  Papavéracées  rappelle  l'idée 
du  plus  puissant  des  narcotiques ,  et  notre 
attention  se  porte  naturellement  à  rechercher 
si  cette  propriété  est  l'apanage  de  la  famille 
entière.  Tout  le  monde  sait  que  la  propriété 
narcotique  du  Pavot  réside  dans  un  suc  propre 
laiteux ,  qu'on  extrait  de  son  ])édoncule  et  de 
sa  capsule  avant  sa  maturité  complète  ;  on: 
sait  encore  que  cette  propriété  se  retrouve  , 
qiioiqu'à  un  degré  beaucoup  plus  faible  ,  dans 
les  pétales  du  Pavot  5  personne  n'ignore  enfin 
qu'indépendamment  du  Pavot  somnifère  ,  on 
tire  les  mêmes  usages  du  Coquelicot  et  de 
toutes  les  espèces  congénères  :  ajoutons  que 
les  fleurs  de  V Arrremoiie  mexîcana   sont  aussi 

il? 

employées  comme  somnifères  en   Amérique , 
et  que  des  expériences  récentes  indiquent  aussi 
une   propriété  narcotique  dans   les  fruits   du  - 
Santriiinaria  canadensis* 


(  »7) 

L'opium  ,  c'est-à-dire  le  suc  propre  du  Pavot 
somnifère ,  est  laiteux ,  fort  amer  ,  et  d'une 
âcreté  telle ,  lorsqu'il  est  fi-ais  ,  que  ses  exha- 
laisons excitent  des  éternuniens  ',  son  odeur 
est  fétide ,  et  il  excite  souvent  la  sueur  avant 
d'agir  sur  les  nerfs  :  toutes  ces  mêmes  pro- 
priétés se  retrouA^ent  dans  le  suc  des  Chélidoines, 
qui  en  diffère  cependant  par  sa  couleur  jaiiîie  , 
par  sa  plus  grande  âcreté ,  et  parce  qu'il  n'est 
point  narcotique.  Cette  même  couleur,  d''un 
jaune  rouge  ,  se  retrouve  dans  le  slic  des 
Bocconia  et  du  Sansuinaria  canadensh  , 
celle-ci  aune  racine  anthelmintique  ,  émétique 
et  purgative  qu'on  emploie  assez  f'réquemmen  t 
aux  Etats-Unis.  Cette  propriété  purgative  du 
Sanguinaria  se  retrouve  dans  celle  du  Jefferso- 
nia  et  du  Podophyllum  que  je  rapporte  à  la 
famille  des  Papaveracées  plutôt  qu'à  celle  des 
Renonculacées  (i). 

(i)  Personne  ne  nie  que  le  Jeffersonia  soit  réellenient 
une  Papavéracée  5  mais  le  Podophyllum  qui  lui  ressemble 
si  exactement  ,  peut-il  en  être  séparé?  Je  ne  le  pense  pas , 
et  voici  mes  motifs  :  le  Podophyllum  a  nn  ovaire  unique  , 
muni  intérjeuroment  d'un  placenta  latéral  qui  porte  plu- 
sieurs graines  ;  ceux  qui  le  considèrent  comme  une  Renon- 
culacée ,  disent  qu'il  y  a  primitivement  deux  ovaires  ,  et 
que  ,  comme  dans  V Actœa  ,  l'un  d'eux  avorte  constam- 
ment ,   d'où  résulte  un  ovaire  uaique  ,  à  placenta  latéral^ 


(  ii8) 
Quant  aux  Fume  terres ,  qui  se  disîinguentdes 
Pavots  par  tant  de  caractères  botaniques  ,  on 
sera  peu  surpris  de  les  voir  différer  par  leurs 
propriétés  j  leur  suc  est  inodore  ,  un  peu  amer, 
nullement  laiteux  et  agit  comme  diaphorétique 
et  apéritif. 


en  le  con^^idéiant  coniuie  une  Papavéracée  ,  on  peut  dire 
qu'il  y  il  essentiellement  un  ovaire  unique,  lequel  portait, 
cojuuie  c^ans  les  Cliélidoines  et  le  Jeffersonia  ,  deux  pla- 
centas latéraux,  que  l'un  d'eux  a  avorté  comme  cela  arrive 
dans  les  Fumeterres  ,  et  ^u'il  en  est  résulté  un  ovaire  à 
placenta  latéral  et  solitaire.  Ces  deux  hypothèses  sont  éga- 
lement admissibles,  et  la  vérité  de  l'une  d'elles  sera  vé- 
rifiée si  l'un  trouve  une  fois  le  Podophyllum  avec  deux 
ovaires  ou  avec  deux  placentas  j  en  attendant ,  je  penche 
pour  la  dernière  opinion  par  les  motifs  suivans  :  i  .**  on 
observe  quelquefois  dans  le  fruit  du  Podophyllum  ,  une 
suture  proéminente  opposée  au  placenta  ,  et  qui  semble 
être  le  rudiment  du  placenta  avorté.  Voyez  la  fjgure  de 
Trew  (  Ehret. ,  t.  29)-  2.**  \es  ^Taines  à\x  Podophyllum 
pâroissent  avoir  le  périsperme  charnu  et  un  peu  huileux  , 
comme  les  Papaveracées  ,  et  non  corné  ,  comme  les  Ra- 
nonculacées  ;  3.**  le  port  du  Podophyllum  est  beaucoup 
plus  semblable  au  Jeffersonia  et  au  Sanguinaria  qu'à  au- 
cune Renonculacée.  Au  reste  ,  quant  à  l'objet  de  cet 
ouvrage,  la  question  est  de  peu  d'importance^  car  il  y  a 
des  racines  purgatives  dans  les  Renonculacées  et  dans  les 
Papaveracées.  Le  Podophyllum  se  place  assez  bien  entre 
les  Papaveracées  et  les  genres  herbacés  des  Berberidées. 


(  "9  ) 

La  graine  de  toutes  les  Papavéracéôs  est  de 
nature  oléagineuse  ,  comme  on  le  \oit  dans  le 
Pavot  d'Orient,  duquel  on  tire  l'huile  si  im- 
proprement nommée  huile  d'Œillct.  Cette  huile 
est  très-saine  ;  les  graines  elles-mêmes  et  la  pâte 
qui  reste  après  l'expression ,  servent  d'aliment 
habituel  dans  plusieuis  pays,  et  ne  participent 
nullement  aux  propriétés  narcotiques  de  la 
plante.  On  assure  que  la  graine  d'Argémone 
sert  de  purgatif  aux  Mexicains.  Si  le  fait  est 
,vrai^  il  forme  une  légère  exception  à  runilbr- 
mité  qu'y^ffrcnt  les  graines  des  Papavéracées. 

36.     N  Y  M  P  H  É  A  C  É  E  S. 

Nymphœaceœ.  Salisb. ,  Ann.  bot.  2  ,  p.  6q. 

Les  propriétés  sédatives  et  anti-aphrodisiaques 
d^s  fleurs  et  des  racines  des  Nympha?a  ont  eu , 
dès  la  plus  haute  antiquité,  quelque  réputation  ; 
quoiqu'elles  ne  soient  pas  bien  démontrées  ,  il 
est  à  remarquer  que  la  même  opinion  s'est  éta- 
blie dans  divers  pays  sur  diverses  espèces  de 
Nénuphar  5  ce  qui  est  plus  certain  ,  c'est  que 
leur  racine  est  un  peu  araère  et  astringente,  et 
a  été  sous  ce  rapport  conseillée  dans  la  dysen- 
terie j  cette  racine  renferme  une  assez  grande 
quantité  de  fécule,  et  celle  du  i\.  lutea  est  quel- 
quefois employée  en  Suède  dans  les  années  de 


(    120    ) 

disette  ,  pour  mélanger  dans  le  pain  avec  l'e- 
corce  interne  du  Puius  sylvestris. 

37.    B  E  R  B  E  R  I  D  É  E  S. 

Bcrbcridcs.  Juss. ,  gen.  286. 

Tout  le  monde  sait  que  les  baies  des  Epines- 
Vinettes  sont  acides  et  astringentes  ,  qu'on  em- 
ploie leur  suc  comme  rafraîchissant ,  et  qu'a- 
douci avec  du  sucre ,  il  devient  agréable  au 
eoùt  ;  l'acide  que  ces  baies  renferment  est  de 
l'acide  malique  ',  les  autres  genres  de  cette  fa- 
mille ont  des  capsules  ,  et  ne  peuvent  offrir  les 
mêmes  propriétés.  Le  suc  de  la  tige  et  l'écorce 
des  Épines  -Vinettes  est  extrêmement  a^strin- 
gent  et  employé  sous  ce  rapport  par  les  teintu- 
riers. J'ignore  si  cette  propriété  se  retrouve 
dans  d'autres  genres  de  la  famille;  au  reste, 
quelques-uns  de  ces  genres  ont  des  rapports  bo- 
taniques peu  intimes. 

38.    FRANGULACÉES. 

Frangulaceœ.  FL  Fr.  —  Rhamni.  Juss. ,  gen.  Z'jG. 

La  famille  des  Frangulacées  offre  plus  de  vé- 
gétaux importans  que  les  dernières  que  nous 
venons  de  passer  en  revue ,  et  contient  de  même 
un  grand  nombre  de  plantes  dont  on  ignore  les 


(  '^'  ) 

propriétés  :  ce  qu'elle  peut  afi'rir  de  plus  eu* 
rieux ,  c'est  le  rapport  qui  existe  dans  les  pro- 
priétés   de   la  haie   et   de  l'écorce  intérieure. 
Ainsi  ,  dans  la  plupart  des  espèces  qui  compo- 
sent le  genre  Nerprun ,  tels  que  les  Rhamnvs 
catharticus  y  R.  frangala  ,  i?.  scixatUis^  etc.  | 
dans  \ Evoiiyjnus  europaeus ,  et  les  autres  es- 
pèces de  ce  genre,  la  baie  est  assez  fortement 
purgative  ,  et  devient  quelquefois  vomitive  à 
plus  forte  dose  j  le  Liber  est  aussi  purgatif,  et 
devient  plus  facilement  encore  vomitif.  On  réu- 
nissait autrefois  au  genre  des  Nerpruns  celui 
des  Jujubiers  {Zizyphus  )  ,  qui  en  diffère  non- 
seulement  par  des  caractères  saillans  dans  le 
port  et  la  fructification  ,  mais  encore  parce  que 
tous  ses  fruits  sont  mucilagineux  ,  bons  à  man- 
ger et  nullement  purgatifs  :  quelques-uns  ,  tels 
^  que  le  Zizyphus  Lotus  j  font  la  nourriture  ha- 
bituelle de  certains  peuples   Ijarbares.  Ici  nou5 
voyons    des  propriétés  faire  ,  il  est  vrai ,  une 
exception  dans  la  famille,  mais  se  rattacher  aux 
caractères  génériques  \  ajoutons  cependant,  pour 
diminuer  cette  anomalie  ,    que   les  fruits  des 
Nerpruns  sont  avidement  mangés  par  les  oi- 
seaux, ainsi  que  ceux  du  Schœfferia  fruîescens 
aux  Antilles  ;  les  baies  de  presque  tons  don- 
nent ,  par  diverses  préparations  chimiques,  des 
couleurs  vertes  ou  jaunes;  tels  sont  les  II  ha  fit- 


(    122    ) 

nus  catharticus  ,  R.  infectorlus ,  K.  frangula  , 
etc.  Les  feuilles  de  quelques  Frangu lacées  don- 
nent une  infusion  légèrement  a:nère  et  styp- 
tique ,  employée  à  la  place  du  ïhe  par  divers 
peuples  j  tel  est  le  Rhamnus  teezans  ,  que  les 
pauvres  Chinois  substituent  au  Tl>é  j  le  Ceano- 
thus  amer'icanus  qu'on  désigne  quelquefois 
sous  le  nom  de  Tlié  de  la  nouvelle  Jersey  j  le 
Fiinos  glaber,  qui  partage  avec  le  suivant  le 
nom  de  Thé  des  Apalaches  ;  et  sur-tout  le  Cas- 
slna  perngna ,  qui  est  le  véritable  Thé  des 
Apalaches ,  et  qui  se  rapprophe  particulièrement 
du  Thé  ,  parce  qu'il  produit  une  légère  sorte 
d'ivresse  ,  ce  qui  dénote  une  action  sur  les 
nerfs. 

L'écorce  du  Ceaiiothus  cacrulea,  joli  arljuste 
nouvellement mtroduit  dans  nos  jardins,  passe 
au  Mexique  pour  un  bon  fébrifuge  :  propriété 
qui  mérite  d'autant  plus  d'être  examinée  ,  que 
ce  végétal  pourrait  \'ivre  en  pleme  terre  dans 
nos  climats  :  j'en  dirai  autant  de  l'écorce  du 
Priiios  verVc'iluituSi  qui  est  astringente,  amère, 
tonique  et  fébrifuge  ;  on  la  substitue  au  quin- 
vjuina  dans  les  Étals-Unis  d'Améri<:|ue  :  elle  lui 
est  peu  inférieure,  sur -tout  à  titre  de  roborant, 
et  souvent  préférable  d'après  le  témoignage  de 
Barton.  Cet  arbuste  vient  très -bien  en  pleine 
terre  dans  nos  jardins. 


(    123    ) 

La  décoction  des  jeiuies  rameaux  du  Celas- 
trus  maytenus  sert  au  Chili  en  lavage  contre 
les  enflures  produites  par  l'omble  vénéneuse 
d'un   arbre  nommé  Lithi. 

35>.    PITTOSPORÉES. 

Pittosporece.  Brown. ,  gen.  rem.,  p.  lo. 

Les  Pittosporéessont  connues  depuis  très-peu 
de  temps ,  et  leurs  propriétés  n'ont  pas  encore 
été  assez  observées  pour  que  j'ose  les  mention- 
ner ici  'y  l'odeur  forte  qu'exhale  l'écorce  du 
Pittosporurn  tobira  et  la  matière  résineuse 
qu'elle  renferme  ,  l'espèce  de  glu  résineuse  qui 
entoure  les  graines  de  toutes  les  espèces  de  ce 
genre  ,  sont  autant  d'indices  que  ces  arbustes 
pourront  un  jour  faire  parlie  de  la  matière  mé- 
dicale. Si  le  Billardiera  appartient  réellement 
à  cette  famille ,  il  s'y  distingue,  parce  que  la 
chair  de  son  fruit  est  bonne  à  manger. 

4o.     S  A  M  Y  D  É  E  S. 

Sarnjdeœ,  Vent.,  Mem.  inst. 

Les  propriétés  sont  encore  inconnues  j  l'écorce 
et  les  feuilles  paraissent  un  peu  astringentes. 


(  1^4  ) 

4i-     JUGLANDÉES. 
Juglandece.  DC. ,  Théor.  a  1 5. 

L'uniformité  des  propriétés  de  tous  les  Noyers 
est  trop  conniie  pour  que  je  fasse  autre  chose 
que  la  mentionner  ;  dans  tous  ,  l'amande  a  une 
saveur  analogue  et  donne  par  expression  une 
huile  grasse,  salubre  et  remarquable,  dans  cette 
sorte  de  produits  végétaux,  par  sa  propriété  sic- 
cative j  l'enveloppe  du  fruit  et  l'écorce  intérieure 
ont  une  vertu  astringente  et  une  odeur  fétide 
très-prononcée  ;  quand  le  principe  astringent 
domine,  on  les  emploie  comme  styptiques  et 
roborans  j  quand  le  principe  fétide  est  plus  pro- 
noncé ,  on  s'en  sert  comme  anthelmintiques  et 
comme  cathartiques  ;  c^est  ce  qui  a  lieu  parti- 
culièrement pour  le  Juglans  cinerea.  Le  Noyer 
ordinaire  (  J.  régla  )  a  une  saveur  assez  sucrée , 
et  M.  Banon  dit  être  parvenu  à  en  extraire,  par 
quintal ,  environ  deux  livres  et  demie  de  sucre 
cristallisable  par  des  procédés  analogues  à  ceux 
qu'on  emploie  pour  les  Érables. 

42.     TÉRÉBINTHACÉES. 
Terebinthaceœ.  Juss.  ,gen.  368. 
La  famille  des  Térëbinthacées  offre  en  gêné- 


(  1^5  ) 
rai  assez  d'imifoniiité  ;  mais  presque  tous  les 
arbres  qui  la  composent  étant  exotiques  ,  nous 
ne  connaissons  bien  ni  la  nature  chimique  des 
sucs  qu'on  en  extrait ,  ni  leurs  caractères  bota- 
niques ,  ni  conséquemment  les  véritables  limites 
entre  les  sections  de  cette  famille  ;  et  même 
entre  les  Térébinthacées ,  les  Zanthoxylées  ,  les 
Légumineuses  et  les  Amentacées.  Commençons 
d'abord  j  selon  les  principes  établis  plus  haut, 
par  distinguer  les  organes  de  ces  plantes. 

La  graine  de  toutes  les  Térébinthacées  paraît 
être  de  nature  oléagineuse  :  tout  le  monde  con- 
naît cette  propriété  dans  le  Pistachier  ;  elle  se 
retrouve  dans  le  Canarium  contriiune  y  et  pro- 
bablement dans  Y Anacardium  et  le  MaTi<r}Jera, 
Il  faut  même  remarquer  que  dans  toutes  ces 
plantes  ,  la  pellicule  qui  recouvre  l'amande  est 
amère.  La  nature  huileuse  de  la  graine  se  re- 
trouve dans  les  Noyers  ,  les  Amentacées  et  dans 
plusieurs  Léguminetrses  ,  telles  que  l'Arachide 
et  la  Noix  de  Ben  {Guilandina  moringa  ). 

Autour  des  noyaux  se  trouve  une  pulpe  or- 
dijiairement  aqueuse  ,  douce  et  plus  ou  moins 
acide  :  cette  acidité  est  très-remarquable  dans 
les  Averrhoa  acidissima  et  bilimbl ,  qui  sont 
pour  cette  raison  employés  aux  Indes  à  faire 
des  boissons  rafraîchissantes  pour  les  fiévreux  j 
elle  se  retrouve  à  un  moindre  dee,ré  dans  VA^ 


(  »2«) 

verrJioa  carambola  ^  L.  3  le  Vlstacia  atlantlca, 
Desf.  'j  le  Spondias  monbiii ,  le  Spondias  miro- 
halanus ,   \e  Spondias  citherea  ,  \e  Manglfera 
indica ,  qui  servent  d'alimens  dans  divers  pays  5 
dans  le  Schiaus  molle  ,  qu'on  emploie  comme 
vinaigre  ,  et  dans  le  Kkus  coriaria ,  qui  en  a 
reçu  le  nom  de  Vinaigrier.  Dans  quelques  genres, 
au  contraire ,  la  pulpe  du  fruit  peu  développée , 
offre  un  principe  astringent  j  dans  tous^  la  par- 
tie extérieure  du  fruit  ou  son  écorce ,  participe 
aux  propriétés  générales  de  l'écorce  de  l'arbre , 
c'est-à~dire  qu'elle  renferme  dans  des  vésicules 
des  sucs  résineux  ou  de  l'huile  volatile  plus  ou 
moins  acre  et  caustique  j  lorsque  la  pulpe  est 
très-abondante  ,  ce  mélange  d'huile  volatile  les 
rend  simplement  aromatiques  j  lorsque  la  pulpe 
est  en  moindre  proportion  ,  alors  l'écorce  de- 
vient prédominente. 

On  a  attribué  aux  fruits  de  deux  arbres 
de  cette  famille,  le  Cassuvium  occidentale  , 
Lam. ,  et  VAnacardium  orientale^  Lam. ,  la 
singulière  propriété  d'exciter  l'action  du  cer- 
veau ,  de  manière  à  développer  l'esprit  et  la 
mémoire  (  1  )•  Sans  doute  cette  assertion  a 
besoin  d'être  vérifiée  et  analysée  j  mais  il  est 

(i)    Voyez  le  Mémoire  de  M.  Virey ,  inséré  BuUetia 
Pharm.  »8i4,  p.  271. 


(  1^7  ) 
digne  de  remarque ,  quant  au  but  qui  nous 
occupe  ,  que  toute  extraordinaire  qu'elle  est , 
elle  a  été  laite  sur  deux  végétaux  de  la  même 
ikmille. 

Le  tronc  même  de  toutes  les  Térébinthacées 
renferme  ou  transsude  des  sucs  résineux ,  odo- 
rans,  qui,  selon  leur  degré  de  force,  Jouissent 
de  propriétés  très-diverses  ,  et  dont  plusieurs 
ont  reçu  le  nom  général  de  baume  ;  tel  est  le 
baume  de  Tolu ,  produit  au  Pérou  par  le  To- 
lu/fera  ;  le  baume   de  la  Mecque,  qui  suinte 
des  uémy ris  gileadensis  ^  et  ^.  opobalsamum  ^ 
le  baume  Acouchi  produit  par  VIcica  acuchini  , 
d' Aublet  j  la  résine  élémi ,  qui  provient ,  selon 
les  uns,  de  VAmyris  elemifera  ;  selon  d'autres, 
de  VIcica  heptaph^lla ,  Aubl. ,  et  peut-être  de 
tous  les  deux  ;  le  mastic,  produit  en  Arabie  par 
le  Pistacia  atlantica ,  Desf. ,  et  dans  l'Archipel 
par  le   Pistacia  lentiscus  ;  la  térébenthine  de 
Scio  ,  qui    suinte  du  Pistacia  therebinthus  : 
toutes  ces  matières  résineuses  se  rapprochent 
beaucoup  par  leur  odeur ,  leurs  propriétés  sti- 
mulantes, toniques  et  anti-septiques.  Indépen- 
damment de  ces  matières  que  le  commerce  nous 
transmet ,  il  en  est  d'autres  utilisées  dans  leur 
pays  natal  pour  les  mêmes  objets  auxquels  nous 
employons  celles  que  je  viens  de  citer  j  ainsi ,  la 
résine  concrète  qui  suinte  du  Schinus  molle  , 


(  1^8  ) 
L. ,  sert  au  Péruviens  à  corroborer  les  gencives  ,' 
comme  le  mastic  aux  Orientaux.  Le  suc  du  Bu/'" 
sera  gummifera  est  employé  en  Amérique  com- 
me vulnéraire  extérieur ,  aussi  bien  que  nos 
baumes  de  l'Orient.  Le  bois  et  le  suc  de  tous  les 
Xcîca,  du  Canarium  ,  de  VAmyris  balsamjfera 
(i)  ,  sont  employés  dans  différens  pays  en  guise 
d'encens  pour  brûler  dans  les  temples  et  pour 
parfumer  les  appartemens.  Le  suc  de  VAnvyr'is 
gujanensis  ,  de  plusieurs  espèces  de  Rhus  ,  est 
employé  dans  la  fabrication  des  vernis  et  peut 
servir  de  goudron  j  \ Amyris  ambrosiaca  pro- 
duit à  Cayenne  une  résine  suave  qu'on  nomme 
ïésine  de  Coumia  ,  et  qu'on  emploie  soit  comme 
encens  à  cause  de  son  parfum  ^  soit  contre  les 
diarrhées  chroniques  :  enfin  ,  le  Bosswellia  ser- 
rata  de  Roxburgh ,  qui  appartient  à  cette  fa- 
mille ,  produit  dans  l'Inde  le  véritable  encens  , 
sous  le  nom  duquel  on  répand  dans  le  com- 
merce un  grand  nombre  d'autres  matières  ré- 
sineuses ou  térébinthinacées. 

Telles  sont  les  propriétés  générales  de  la  fà-* 
mille  des  térébinthacées ,  qui  jusqu'ici  mérite 
à  juste  titre  le  nom  de  balsamiers  ,  qui  lui  a  été 
donné  par  Lamarck  j  mais  à  côté  de  cette  uni- 
formité se  trouvent  des  exceptions  singulières  : 

(i)  Bois  de  Rliodes  de  la  Jamaupe. 


(  1^9  ) 
Cet  àrorhè  volatile  qtii,  dans  la  plupart  des  cas> 
est  si  agréable  ,  qu'on  l'a  comparé  à  l'encens  , 
prend  un  autre  caractère  dans  le  Comocladia 
de  n  ta  ta  et  VAÎlantus,  dont  l'ombre  passe  en 
certains  pays  pour  yénéneuse ,  où  dû  moins 
pour  mal-saine;  dans  \q^  Rhus  toxicodendron, 
radicans  ,  vernix  et  typhinum  ,  dont  le  simple 
contact  cause  souvent  des  pustules  et  des  érysi- 
pèles  j  et  détermine  un  genre  particulier  de  vë- 
sication  j  dans  V Auiyrls  toxifera ,  dont  le  suc 
passe  pour  vénéneux.  Bien  plus^  nous  trouvons 
dans  plusieurs  térébinthacées  des  traces  pronon- 
cées d'un  principe  astringent  qui  manque  dans 
la  plupart  j  ainsi  l'écorce  de  Brasilia strum  sert 
à  teindre  en  brun  ;  le  suc  des  Comocladia  ilici' 
Jblia  et  C.  dentata  y  teint  la  peau  en  noir  pres- 
que indélébile  j  l'écorce  du  Brucea  est  employée 
Comnie  astringente  dans  les  dysenteries  ;  celle 
du  Rhus  glabrum  comfiie  fébrifuge  et  comme 
ttiordant  pour  les  couleurs  rouges  ,  et  celle  du 
Rhus  coriaria  est  utile  aux  corroyeurs  pour 
préparer  la  peau  des  animaux.  Ija  présence  de 
ce  principe  astringent  confirme  ,  comme  oit 
■voit  j  le  rapjx)rt  Ijotanique  entre  les  Térébin^ 
thacées  et  les  AmeritacéeSi 

Je  ne  cite  point  ici  l'action  vive  et  stimulante 
des  poils  qui  couvrent  les  capsules  des  Cnestis , 
§t  qui  leur  ont  fait  donner  le  nom  de  Grattiefs^ 

9 


(   i3o  ) 
cette  propriété  est  évidemment  une  action  pu- 
rement mécanique ,  analogue  à  celle  des  pois  à 
gratter  (  Mucuna  )  ,  ou  à  l'irritation  produite      J 
par  les  petits  poils  fragiles  des  Raquettes  j  en       ' 
outre  la  place  du   Cnestis  dans  l'ordre  naturel 
n'est  pas  encore  bien  déterminée. 

43.  TREMANDRÉES. 
Tremandrece.  Brow^n. ,  gen.  rein. ,  p.  xz. 

Propriétés  nulles  ou  inconnues. 

44.  P  O  L  Y  G  A  L  É  E  S. 

Foljgalcce.  Juss. ,  Ann.  Mus.  14  ,  p.  386. 

Il  n'y  a  encore  qu'un  petit  nombre  de  Poly- 
gala  dont  les  propriétés  aient  été  explorées  j  leurs  \ 
feuilles  ont  en  général  une  saveur  un  peu  amère 
et  astringente  qui  les  a  fait  employer  comme 
stomachiques  5  leur  racine  participe  à  cette 
amertume  et  à  cette  astringence  5  mais  on  y 
trouve  de  plus  une  saveur  un  peu  acre  et  rési- 
neuse ,  bien  sensible  sur-tout  dans  le  P.  senega  ^ 
qui  est  employé  en  Amérique  contre  les  mor- 
sures des  serpens,  et  qui  agit  comme  sudori- 
fique  ,  ou  diurétique  ,  ou  sialagogue  ,  ou  ca- 
thartique,  ou  un  peu  émétique,  selon  la  ma- 
nière et  la  circonstance  où  il  est  admiiiistré.  Le 


(  ".  ) 

Toh'o^ala  sanguinea  peut  ,  d'après  Barton  , 
remplacer  le  Seiiéga;  et  Kiernander  dit  que  le 
Poh'frala  vulg-aris  d'Europe  a  des  vertus  tout- 
à-fait  analogues.  La  racine  du  jSIonnina polys- 
tachia  ,  connue  dans  l'Américpie  Espagnole 
sous  le  nom  de  Yalhoï ,  a  les  plus  grands  rap- 
ports avec  les  propriétés  du  P.  senega  y  et  est 
particulièrement  employée  contre  la  dysenterie  : 
les  propriétés  toniques  et  sur-tout  astringentes 
du  Krameria  Iriandra  ,  que  les  Espagnols  d'A- 
mérique connaissent  sous  le  nom  de  Rataiihlay 
s'éloignent  très-peu  des  précédentes,  si  ce  n'est 
en  ce  que  le  principe  astringent  y  est  plus  pro- 
noncé. La  racine  de  Ratanhia  contient  ,  d'a- 
près M.  Cadet  ,  de  l'acide  gallique  ,  mais  point 
de  tannin  ni  de  résine. 

45.     LÉGUMINEUSES. 

Leguininosœ .  Juss. ,  gen.  345. 

La  famille  des  Légumineuses,  quoique  établie 
d'après  des  caractères  de  première  importance  , 
offre  cependant  un  si  grand  nombre  d'espèces 
et  des  anomalies  botaniques  si  singulières ,  que 
nous  pouvons  prévoir  d'avance  que  ses  pro- 
priétés nous  offriront  peu  d'uniformité.  Nous 
nous  attendrons  encore  à  de  plus  nombreuses 
exceptions ,  si  nous  rQfléchissons  que  le  pria-. 

9.. 


(  1^'^  ) 

cipe  chimique  qui  se  retrouve  le  plus  abondaiiir 
ment  dans  tous  les  organes  des  Légumineuses  y 
et  auquel  on  doit  rapporter  leurs  principales 
propriétés  ,  est  l'extractif  5  nous  ayons  déjà  en 
effet  remarqué  que  ce  principe,  soit  par  sa  pro- 
pre nature ,  soit  par  sa  faculté  fondamentale 
d'être  uni  à  différentes  matières,  soit  peut-être 
parce  que  ,  loin  d'être  'un  ])rincipe  unique  ,  il 
n'est  qu'un  mélange  de  diverses  matières  5  nous 
avons  ,  dis  -  je  ,  déjà  remarqué  que  l'extractif 
produit  beaucoup  moins  d'uniformité  dans  les 
résultats  ,  que  tout  autre  clément  des  végé- 
taux. 

C'est  sans  doute  à  la  présence  de  l'extractif, 
en  dose  plus  considérable  ,  que  plusieurs  Légu* 
mineuses  doivent  leurs  propriétés  purgatives, 
propriétés  communes  à  plusieurs  extraits  ,  et 
que  plusieurs  chimistes  attribuent  à  l'acétite 
de  potasse  qu'on  y  trouve  presque  toujours 
uni.  Ainsi  les  feuilles  et  les  pousses  foliacées 
du  Cassia  senna  ,  Lin.  (1)  ,  du  Cassia  lanceo- 
Lata  ,  Forsk.  (2)  ,  du  Cassia  emarghiata  des 
Antilles  ,  du  Cassia  marylandica  employé  aux 
Etats-Unis ,  du  Colutea  arborescens  j  du  spar^ 
tiiuTL  purgans  ,  et  peut-vJtre  aussi  du  Co rouilla 

(1)  Séné  d'Italie. 

(2)  Séné  d' Alexandrie. 


(  i33  ) 

emerus  f  purgent  toutes  d'une  manière  assez 
active  ,  et  en  excitant  souvent  des  vents  et  des 
douleurs  d'entraiJies.  Le  suc  du  Coronilld  vcr'ia 
excite  le  vomissement  et  peut  même  tleveiiir 
vénéneux  lorsqu'on  le  prend  à  trop  haute 
dose. 

C'est  probablement  par  un  principe  diff eu- 
rent que  la  pulpe  renfermée  dans  les  gousses 
de  plusieurs  Légumineuses  agit  sur  le  corps, 
Irumain  j  elle  purge  doucement  sans  exciier 
la  moindre  douleur ,  et  doit  être  regardée 
comme  laxative  plutôt  que  purgative.  Tel  est 
le  caractère  de  la  pulpe  sucrée  qui  existe  dans 
le  Cassia  fistida  ,  Lin.  ,  dans  le  Tainarindus 
indica i  Lin.  ,  dans  le  Ceratonia  silîqua ,  Lin. , 
et  probablement  dans  les  Mimosa  inga  et 
M.  fau^ifolia  qu'on  mange  en  petite  dose  dans 
les  Antilles  ,  mais  qui ,  pris  en  plus  grande 
abondance  ,  aurait  le  même  efïet  que  nos  Ca- 
roubes. Il  est  quelques  fruits  de  Légumineuses, 
tels  que  les  Sophora  et  les  Gleditsia  à  gousses 
renflées,  dans  lesquelles  on  trouve  un  suc  qui 
entoure ,  il  est  vrai ,  les  graines  comme  le  pré- 
cédent, mais  qui  en  diffère  tout-à-lait  par 
sa  saveur  très  -  astringente  et  un  peu  nauséa- 
bonde î  la  nature  et  les  propriétés  de  ce  suc 
mériteraient  d'être  examinées  par  les  chimistes 
et  donneraient  sans  doute  des  lumières  siu-  la 


(  i34) 
nature  des  Légumineuses  :  je  suis  porté  à  croire 
que  le  suc  astringent  des  Sophora  est  une  sécré- 
tion du  péricarpe  ,  tandis  que  le  suc  douceâtre 
et  purgatif  de  la  Casse  serait  une  sécrétion  de  la 
partie  externe  de  la  graine  3  mais  cette  hypo- 
thèse a  besoin  d'être  vérifiée  j  ce  qui  m'y  con- 
duit est  la  saveur  ordinaire  des  gousses  :  daus 
les  Caroubes  ,  par  exemple ,  la  gousse  est 
astringente  et  la  pulpe  douce  et  laxative.  Mais 
revenons  aux  propriétés  qu'on  peut  attribuer 
à  l'extractii". 

C'est  sans  doute  à  quelqu'une  de  ces  modifi- 
cations ,  mais  qui  se  relrouve  dans  plusieurs 
plantes  de  cette  famille  ,  qu'est  due  la  singulière 
propriété  par  laquelle  les  Piscidia  et  plusieurs 
Galega  sont  employées  en  Amérique  ,  pour 
endormir  les  poissons  qu'on  prend  par  ce  moyen 
comme  avec  la  coque  du  Levant.  La  décoction 
de  la  racine  du  Galega  virgînïaiia  passe  en 
Amérique  pour  un  puissant  vermifuge.  Dois-je 
encore  rapprocher  de  ces  faits  l'action  rubé- 
fiante que  les  feuilles  fraîches  de  plusieurs 
Légumineuses  ,  appliquées  en  cataplasme  , 
exercent  sur  la  peau  ,  comme  on  le  voit  par 
l'exemple  de  l' Orriithopus  scorpioides  en  Eu- 
rope ,  de  V Hyperanthera  moruiga  dans  FInde  ? 

C'est ,  ce  me  semble  y  au  mélange  plus  ou 
moins  considérable  de  Textractif  avec  la  fécule 


(  i35  ) 
qui  compose  la  semence  ,  qu'on  peut  attribuer 
les  propriétés  diverses  des  graines  de  Légumi- 
neuses. Est-il  en  petite  dose?  La  graine  pourra 
servir   alors  d'aliment  à  l'homme  et  aux  ani- 
maux, comme  on  le  voit  dans  les  Haricots  ,  les 
Pois,  les  Lentilles,  les  Pois-Cliiclies,  les  Fèves  , 
le  Cajan ,  le  Lablab  ,  le  Haricot  de  la  Chine ,  etc. 
Qu'il  y  soit  en  dose  plus    considérable  ,    il   les 
rendra  purgatives  ou  vomitives ,  comme   dans 
les  Cytisus  laburnum  ,   YAnagyrls  fœtlda  ,  et 
même  dans  plusieurs  CoronlUes  ,  etc.   Il   est  en 
effet  remarrpiable  sous  ce  point  de  vue  que  les 
caractères    botaniques    soient    rigoureusement 
d'accord   avec    les  propriétés  des  graines   des 
Légumineuses  :    on    peut    diviser   celles-ci  en 
deux  sections  ,  savoir  :  i.°  celles  dont  les  coty- 
lédons sont  épais,  remplis  de  fécule  ,  dépourvus 
de  pores  corticaux  et  qui  dans  la  germination 
ne  changent  point  d'état  et  nourrissent  la  jeune 
plante  au  moyen  de  ce  magasin  d'aliment  pré- 
paré   d'avance.  2..^   Celles  dont  les  cotylédons 
sont   minces ,     très-peu  f'éculens ,     munis    de 
pores  corticaux ,  susceptibles  de  se  changer  en 
feuilles  à  l'époque  de  la  germination  et  d'éla- 
borer la  nourriture  de  la  jeune  plante.  Toutes 
les  graines  de   la    première    section   sont    em- 
ployées  comme    aliment    dans   divers   pays  ; 
aucune  de  celles  de  la  seconde  ne  l'est  nulle 


part  î  le  Cajan  classé  longrtemps  parmi  le§ 
Cytises  liiisait  une  exception  apparente  à  cette 
règle  générale  j  l'observation  l'a  fait  diisparaître, 
Guidé  en  effet  ])ar  la  connaissance  de  ses  pro-r 
priétés  ,  j'ai  observé  pins  attentivement  se§ 
formes  et  j'ai  prouvé  ,  dans  les  notes  qui  accom- 
pagnent  le  catalogue  du  jardin  de  Montpellier, 
que  les  Cajaus  forment  un  genre  particulier 
beaucoup  plus  voisin  des  Haricots  que  de^ 
Cytises  ,  et  ap]:)arLieiuient  à  la  premièi'e  des 
sections  que  je  viens  d'indiquer.  Les  graineg 
des  Légumineuses  présentent  encore  beaucoup 
d'autres  anomalies  plus  difiiciles  à  réduire  à 
quelques  lois  fixes,  ainsi  on  en  trouve  qui 
contiennent  une  assez  grande  quantité  d'huile 
fixe  j  telles  sont  la  graine  de  VArachis  hypogœa , 
introduite  en  ces  derniers  temps  dans  l'agri- 
culture européenne  ,  et  celle  du  Guilandina 
pioriiga  qui  produit  l'huile  de  ben  ;  il  en  est 
fiont  la  saveur  et  l'odeur  sont  un  peu  acres  : 
telle  est  la  graine  du  Coumarouna  odoi'a 
d'Aublet,  qui,  sous  le  nom  de  fève  Tonga  ou 
Tonoo  ,  sert  à  aromatiser  le  Tabac  j  il  en  est 
qui ,  comme  le  Pois-Chiche ,  présentent  une 
paveur  un  peu  amère  et  des  propriétés  exci-r 
tantes  qui  le  font  employer  contre  la  jaunissa, 
Il  en  est  comme  celles  des  Andira  dont  l'ainer- 
tume  est  assez  forte  pour  qu'on  les  emploie  à 


jj'ava  et  au  Brésil  comme  toniques ,  alexltères  et 
f^ennifuges. 

Serait-ce  enlin    à   une  modification  de  l'ex-» 
tractif  qu'on  pourrait   attril^uer  les  propriétés 
apéritives  et  diuréti([ues  que  l'on  observe  dans 
J'iierbe  et  la  racine  de  plusieurs  Légumineuses» 
felles  que  les  Genêts ,  les  Fèves  ,  l'Ononis ,  les 
Gu'ilanduia    nug-a     et    niorïno-a  .     VAnt/ivUls 
çretica ,  etc.  ?  Il  est  au  contraire  d'autres  racines 
qui  ,  étant  munies  de  tubercules  ,  c'est-à-dire 
de  réservoirs  de  fécule  ,  offrent  à  l'homme  un 
^liment  sain ,  comme  on   le  voit  dans  le   La- 
th^'ru9  tuberosus  c\vlq  l'on  mange  en  Hollande, 
le  DoUchos  tuberosus  et  le  D.  bulbosus  ,  dont 
les   Indiens   font  usage  comme     aliment.   Les 
racines  de  la  Réglisse   ont  une  saveur  sucrée 
et  mucilagineuse  ,  qui  est  bien  connue  de  tout 
Je  monde  ,  et  qui,  unie  à  un  principe  acre  et 
■jin  peu  excitant ,  la  fait  employer  comme  bé- 
cHque  et  pectorale  j  l'analyse  de  cette  racine  , 
publiée  par  M.  Ro biquet ,  prouve  qu'indépen- 
damment de  son  squelette  ligneux  ,  on  y  trouve 
(le  la  fécule  amylacée  comme  dans  les  racines 
|.ubéreuses  que  nous  venons  de    citer  j   on  y 
voit  que  la  saveur  acre  des  décoctions  de  Ré- 
glisse, tient  au  peu  d'huile  résineuse  qu'elle  ren- 
ferme etque  sa  matière  sucrée  n'a  rien  d'analogue 
g,vep  le  sucre  ordinaire,  puisqu'elle  est  insoluble 


(  i38) 

dans  Teau  froide  ,  soluble  dans  l'eau  chaude  et 
dans  l'alcool,  qu'elle  n'est  point  susceptible  de 
ienuentatlon  et  ne  donne  ,  par  Tacide  nitrique  , 
aucun  des  produits  du  sucre.  Je  dois  ajouter 
ici ,  relativement  au  but  particulier  de  cet 
ouvrage  ,  que  là  saveur  sucrée  et  les  propriétés 
du  Réglisse  ne  sont  pas  particulières  à  ce  genre  : 
ainsi  on  les  retrouve  dans  les  racines  du  Trifo-  \ 
lin  m  «^//2«/ra^  vulgairement  connu  sous  le  nom 
de  Réglisse  de  montagne  ',  dans  celles  de  V  Abrus 
precatorlus ,  qui  servent  dans  l'Hindoustan 
à  préparer  une  boisson  pectorale  nommée 
Vetti j  etc. 

Les  écorces  de  quelques  arbres  de  la  famille 
des  Légumineuses  ,  sont  remarquables  par  leur 
amertume  et  employées  comme  fébrifuges  j  les 
diverses  espèces  de  Geoffrœa  présentent  cette 
propriété  araère  et  fébrifuge  avec  une  inten- 
sité remarquable  :  on  se  sert  dans  l'Inde  ,  sous 
le  même  rapport ,  de  l'écorce  de  VJEschino- 
mena  grandîjlora ,  et  de  celle  du  Cœsalpiiiia 
bonducella.  Plusieurs  écorces  de  Légumineuses 
sont  aussi  remarquables  par  leur  qualité  as- 
tringente due  à  la  quantité  de  tannin  qu'elles 
renferment  j  c'est  ce  qu'on  observe  dans  V Aca- 
cia catec/iii  qui  donne  le  cacliou,  dans  V Aca- 
cia arabica  qui  sert  à  tanner  les  cuirs ,  etc. 

On  sait  que  presque  toutes  les  matières  colo- 


(  i39) 
rantes  sont  dues  à  l'extractif  j  et  s'il  est  vrai 
que  ce  principe  est  aljondamraent  répandu  dans 
les  Légumineuses  ,  nous  devons  y  trouver  un 
grand  nombre  de  couleurs  employées  par 
nos  teinturiers  :  c'est  en  effet  à  cette  famille 
qu'appartiennent  la  plupart  des  coiîleurs 
bleues,  connues  sous  le  nom  d'Indigo  (i)  ,  et 
retirées  de  toutes  les  espèces  à'Indigofera  et 
de  quelques  Galega  ;  les  couleurs  rouges 
qu'on  extrait  de  toutes  les  espèces  de  Cœsal- 
p'uiia  y  A' Hœniatox^loTL  (2).  Pourrions-nous 
rapprocher  de  cette  classe  les  sucs  rouges  qu'on 
retire  des  Vterocarpus  draco  et  Santa linus{^o)^ 


(1)  Il  est  aujourd'hui  bien  connu  que  l'Indigo  est  wn 
des  matériaux  immédiats  des  -végétaux  ,  et  peut  par  con- 
séquent se  retrouver  identique  ayec  lui-même  dans  des 
végétaux  d'ailleurs  très-dlfférens.  Ainsi  on  en  extrait  parmi 
les  Légumineuses  de  divers  Indigofcra  et  Galega,  parmi 
les  Crucifères  de  VIsutis ,  parmi  les  Apocinées  du  Mars- 
denia  f  etc. ,  etc. ,  etc. 

(2)  Le  principe  colorant  du  bois  de  Campèche  réside 
dans  une  matière  particulière  découverte  par  M.  Che- 
vreuil ,  qui  lui  a  donné  le  nom  à''Hématine. 

(3)  Le  principe  colorant  du  Santal  rouge  est,  d'après 
M.  Pelletier,  analogue  aux  résines  par  plusieurs  proprié- 
tés; mais  il  en  difï'ère  par  plusieurs  caractères,  tels  que 
d'être  presque  insoluble  dans  l'eau  j  très-soluble  dans 
l'alcool  j  l'éther,  l'acide  acélique  ,  les  solutions  alcalines; 


(  140  ) 
sous  le  nom  de  Santal  et  de  Sang-Dragon  ;  de 
VErythryna  monosperma  ,  sous  le  nom  de 
gomme-lacque  j  et  du  Dalbergîa  monetaria  ? 
Ces  sucs  paraissent  très-différens  entr'eux  ;  mais 
leur  histoire  et  leur  analyse  sont  encore  trop 
incertaines  pour  donner  aucune  importance 
à  ces  rapprocliemens  ou  à  ces  difiérences . 

Nous  trouverons  plus  d'anomalies  encore  si 
nous  observons  la  na  lare  des  sucs  exotiques  que 
nous  employons  à  divers  usages  ,  et  que  nous 
regardons  comme  produits  par  des  Légumi- 
ïieuses  ;  tel  est  ,  par  exemple  ,  le  baume  de 
Copaliu  j  qui  provient  du  Copdîfera  ,  mais  la 
place  de  ce  genre  dans  l'ordre  naturel  est  en- 
core décisive  j  tel  est  le  baume  du  Pérou ,  pro- 
duit, selon  Mutis  ,  par  un  Myroxilon  ;  tel  est 
le  Cachou  5  qu'on  a  reconnu  être  du  tannin 
presque  pur ,  et  qu'on  regarde  comme  le  pro- 
duit du  Mimosa  catechu  (1)5  telle  est  encore  la 

presque  insoluble  daus  les  huiles  fixes  et  volatiles  }  de 
donner  par  l'action  de  l'acide  nitrique  les  produits  des 
résines,  plus  de  l'acide  oxalique;  de  former  de  vraies 
combinaisons  avec  les  oxides  métalliques  |  et  d'agir  , 
quand  il  est  dissout ,  dans  l'acide  acétique  comme  une 
substance  astringente  sur  les  matières  animales. 

(1)  Les  Butca  froTidosa  et  5'//)e7Z»a  exsudent  par  leur 
ccorce  un  s-jc  rouge  très-astringent  ,  et  encore  peu  ou 
point  connu  des  I;,nropéens, 


(  Ml  ) 

résine  animé ,  qu'on   pense  être  produite  par 
VHymenaea  courbaril ;  telle  est  enfin  la  gomme 
qu'exsudent  les  écorces  et  les  racines  de  plu- 
sieurs Légumineuses,  par  exem])le  ,  \es  Acacia, 
senegalensis ,  A.  nilotica ,   A.   arabica,  etc., 
qui  produisent  la  gomme  arabique  ;  les  Astra- 
galus  creticus  ,  A .  ^ummifer  j  A .  verus  ,  etc., 
qui  suintent  la   gomme   adragant  ;   VHed^sa- 
ruTTL  alhogi ,  qui  produit  une  espèce  de  manne. 
J'avoue  qu'au  milieu  de  tant  de  faits  con- 
tradictoires ,  et  dont  plusieurs  sont  connus  in- 
complètement ,   je  ne  saurais  saisir  le  lien  qui 
peut  les  unir  ;  et  Je  regarde  la  famille  des  légu- 
mineuses, considérée  dans  son  ensemble,comme 
contraire  à  la  théorie  quoiqu'elle  s'en  rapproche 
dans  plusieurs  cas  5  il  est  même  juste  de  remar- 
quer qu'elle  s'en  rapproche  dans  les  points  dont 
l'histoire  est  Ijien  connue,  et  qu'elle  paraît  s'en 
éloigner  davantage  dans  ceux  dont  l'histoire  est 
est  obscure  et  incertaine. 

46.     R  O  S  A  C  É  E  S. 

RosacecB.  Juss.,  gen.  334» 

Ce  même  principe  astringent  que  nous  ve- 
nons de  remarquer  dans  la  famille  précédente, 
nous  l'observerons  avec  plus  de  développement 
dansles  Rosacées  que  nous  connaissons  mieux, 


(i4a) 

parce  qu'elles  sont  à  proportion  plus  nombreuses 
dans  nos  climats.  Ce  principe  est  généralement 
répandu  dans  les  divers  organes  de  ces  plantes  5 
quelques-unes  ont  été ,  par  cette  raison ,  conseil- 
lées comme  iébrii'uges  5  plusieurs  sont  encore 
employées  dans  divers  pays  pour  arrêter  les  hé- 
morragies ,  les  diarrhées  et  les  dysenteries. 
C'est  sur-tout  dans  l'écorce  de  la  racine  que  ce 
principe  se  fait  sentir ,  comme  on  le  voit  dans 
la  racine  de  la  Tormentille  ,  qui  sert  pour  le 
tannage  dans  l'île  de  Féroè'j  du  cerisier  Capol- 
lin  du  Mexique ,  dont  la  racine  en  décoction 
sert  contre  les  dysenteries  ;  du  Cerasus  vlrgi- 
niana,  dont  l'écorce  sert  de  fébrifuge  aux  Etats-- 
Unis 5  de  \a.Pote/itilla  reptans ,  qui  a  été  van- 
tée comme  fébrifuge 5  de  la  P.  anserina ,  qui, 
dit-on  ,  a  été  employée  autrefois  par  les  tan- 
neurs ;  de  \'Sl  Spireajilipendula y  où  il  est  affaibli 
par  la  fécule  qui  se  trouve  dans  les  tubercules  j 
du  Geum  urbanum  (1) ,  et  du  Q.  rivale ,  qui, 
en  Europe  et  en  Amérique  ,  ont  été  mis  en  pa- 
rallèle avec  le  quinquina  ,  etc.  Cette  même 
propriété  astringente  se  retrouve  à  un  degré 
plus   faible   dans  l'écorce ,  et  par  conséquent 


(1)  La  racine  du  Geum  urbanum  contient  environ 
^  de  son  poids  de  tannin ,  d'après  l'analyse  de  M."^*  Mé» 
landri  et  Moretti. 


(  i45  ) 

dans  les  feuilles  de  plusieurs  plantes  analogues , 
tels  que  le  Fraisier  ,  le  Rosier ,  la  Tonne n tille, 
les  Spirées,  les  Piiiiprenelles  ,  les  Pruniers  ,  les 
Alcliemilles  ,  et  probablement  toutes  les  Rosa- 
cées j  c'est  à  cause  de  ce  principe  que  les  feuilles 
du  Dryas  octopetala  sont  employées  dans  le 
Nord  de  l'Europe  pour  faire  une  espèce  de  Thé. 
On  a  de  même  employé  comme  succédanées  du 
Thé  les  feuilles  du  Kubus  arcticus  en  Norvège  , 
et  celles  du  Frunus  spiiiosa  ,  du  Cerasus 
as'iiiTTL  ,  du  B-Osa  rubiginosa  en  Europe. 

Les  calices  participent  toujours  aux  propriétés 
des  feuilles  \  et  comme  dans  cette  famille  le  ca- 
lice fait  souvent  coi*ps  avec  l'ovaire  ,  on  con- 
çoit que  nous  pourrons  retrouver  ce  même 
principe  astringent  dans  les  fruits  des  Rosacées 
à  ovaire  adhérent  :  c'est  en  effet  ce  qu'on  ob- 
serve dans  tous  avant  la  maturité  5  et  dans  quel- 
ques-uns ,  telles  que  la  Nèfle,  la  Sorbe,  la  Poire , 
la  Pomme  sauvage,  cette  saveur  astringente 
existe  encore  à  la  maturité  parfaite  (i)j  elle  est 
au  contraire  presque  nulle  ,  et  se  trouve  ordi- 
nairement remplacée  par  un  mélange  d'acide  et 
de  matière  sucrée  dans  les  Rosacées  à  ovaire 

(1)  Voyez  ci-apres  quelques  observations  sur  l'altéra- 
tion particulière  des  fruits  charnus  et  à  ovaire  adhérent  au 
calice,  consignée»  dans  l'article  76,  famille  des  Ébéna- 
céas. 


(  m  ) 

libre  ,  telles  que  les  Fraisiers ,  les  Frarnboisiéfs  ^ 
les  Ronces  ^  les  Cerisiers  ,  etc. 

L'écorcè  de  la  racine  de  la  Spirœa  tr'ifoViatd 
èe  rapproche  de  ses  congénères  par  son  astrin- 
gence ,  mais  elle  offre  une  singulière  anomalie  ^ 
parce  qu'elle  est  émétique  :  on  l'emploie  aux 
Etats-Unis  sous  le  nom  d'Ipécacuanlia  \  elle  se 
donne  à  la  dose  de  trente  grains  ,  et  a ,  comme 
ripécacnanha ,  une  action  tonique  jointe  à 
l'action  émétique.  Il  paraît  qu'il  existe  aux 
États-Unis  une  autre  Spirée  émétique  5  peut- 
être  retrouvera-t-on  cette  propriété  dans  celles 
des  autres  pays  5  le  grouppe  des  Spirées  diffères 
beaucoup  des  autres  Rosacées  ,  et  il  n'est  pas 
extraordinaire  qu'il  présente  quelques  proprié- 
tés particulières.  On  assure  que  l'écorcè  dU 
Ludia  heterophylla  est  un  bon  émétique  pro- 
pre à  suppléer  l'Ipécacuanlia. 

Il  existe  ,  dans  quelques  Rosacées  ,  tin  prin- 
cipe destructeur  de  l'irritabilité  animale  5  c'est 
celui  que  l'eau  distillée  du  Laurier-cerise  nous 
présente  dans  son  plus  grand  état  de  pureté  ^ 
s'il  est  permis  d'employer  ce  terme  ,  relative- 
ment à  un  poison  dangereux  j  ce  principe  pa- 
raît être  de  l'acide  prussique ,  naturellement 
formé  dans  ces  végétaux^  Voyons  si  cette  pro* 
priété  est  réellement  isolée  dans  la  nature  ^ 
comme  elle  semble  l'être  au  premier  coup-d'œil  | 


(    >45) 

remarquons  cl*abord  que  la  pulpe  qui  éntôur© 
le  noyau  du  Laurier-cerise  est  douce, mangée  avi- 
dement par  les  oiseaux,  et  aussi  saine  que  celle  dé 
la  Cerise  ordinaire  5  le  principe  délétère  n'existe 
que  dans  le  noyau  et  les  feuilles  5  l'eau  distil- 
lée de  ces  organes  ,  prise  à  très-petite  dose,  agit 
tantôt  comme  un  violent  purgatif,  tantôt  com- 
bine émétique  :  à  plus  forte  dose  ,  elle  détruit 
l'irritabilité  sans  exciter  aucune  inflammation  ; 
les  mêmes  phénomènes  se  retrouvent ,  quoiqu'à 
un  degré  plus  faible  ,  dans  les  amandes  amères  ^ 
qui  sont ,  comme  on  sait ,  la  souche  naturelle 
des  amandes  cultivées  5  nous  retrouvons  cette 
même  amertume  dans  l'amande  et  les  feuilles 
des  pêchers,  et  leur  eau  distillée  produit  des 
effets  dangereux  sur  l'économie  animale  ;   les 
amandes  douces  elles-mêmes  sont  encore  de 
légers  narcotiques  j  je  pense  que  tout  le  grouppe 
des  Drupacées  participe  plus  ou  moins  aux  pro- 
priétés délétères  des  feuilles  et  du  noyau  du 
Laurier- cerise  j  ainsi  les  feuilles  et  les  drupes 
•du  Prunus  virginia/ia  sont  connues  aux  Etats- 
Unis  comme  vénéneuses  pour  plusieurs  animaux. 
Si  l'on  s'étonne  de  voir  une  section  de  la  famille 
des  Rosacées  jouir  de  propriétés  si  différentes  , 
je  ferai  remarquer  que  ces  propriétés  résident 
spécialement  dans  le  noyau  ,  qui  fait  le  carac- 
•  tère  distille tif  de  cette  section  ;  et  dans  les 


(  H6  ) 

feuilles  qui  offrent  aussi  des  différences  tran- 
chées dans  l'organisation.  Ces  mêmes  drupacées 
se  distinguent  encore  par  un  autre  caractère 
cliimique  qui  les  rapproche  des  Légumineuses  j 
c'est  l'exsudation  d'une  matière  gommeuse  très- 
analogue  à  la  Gomme  arabique ,  et  connue 
sous  le  nom  de  Gummi  nostras. 

47.    S  A  Lie  AIRE  S. 

Salicariœ.  Juss. ,  gen.  33o. 

Leurs  propriétés  sont  mal  connues  et  parais- 
sent très-voisines  de  celles  de  la  famille  précé- 
dente j  la  Salicaire  est  utile  comme  astringent 
contre  les  diarrhées  invétérées  j  Y Apanxaloa 
d'Hernandez ,  qui  est  une  espèce  de  Ljthrum, 
est  employé  au  Mexique  comme  astringent  et 
vulnéraire;  les  Lawsoiiia ,  dont  les  Arabes  se 
servent  pour  colorer  leur  peau ,  sont  aussi  re- 
gardées comme  astringentes  :  mais  tme  espèce 
de  Ginorla  que  MM.  Sessé  et  Moçlno  ont  ob- 
servée au  Mexique ,  est  très  -  remaquable  par 
l'énergie  de  propriétés,  quiparaissent  contraires 
aux  précédentes  ;  son  suc  exprimé  et  pris  à  la 
dose  de  quatre  onces ,  excite  violemment  les 
sueurs  ,  les  urines  et  les  selles  ;  les  Mexicains 
qui  donnent  à  cette  plante  le  nom  de  Hartchi- 
nol  y  disent  qu'elle  guérit  les  maladies  véné- 


(  »47  ) 
Tiennes  avec  une  grande  rapidité  ;   observons 
cependant  que  plusieurs  matières  astringentes 
sont  déjà  connues  comme  diurétiques. 

48.     M  E  L  A  S  T  O  M  É  E  S. 

Mêlas tomce.  Juss. ,  gen.  3a8. 

La  famille  des  Mélastomées  a  quelques  rap- 
ports avec  la  suivante  par  ses  caractères  bota- 
niques ;  mais  elle  en  diffère  sur-tout  par  l'ab- 
sence presque  totale  de  l'huile  essentielle  j  ses 
feuilles  paraissent  douées  d'un  principe  astrin- 
gent j  il   a  été  formellement  observé  dans  le 
Melastoma  inalabathrica  ,  L.  C'est  probable- 
ment au  même  principe  qu'est  due  la  couleur 
noire  que  forment  les  M.  long} fo Lia  et  parvi- 
Jlora  d'Aublet  ^  serait-ce  enfin   à  une  légère 
astringence  qu'on  doit  attribuer  l'usage  des  ha- 
bitans  de  la  Guianne ,  qui  lavent  les  blessures 
avec  le  suc  des  Melastoma  succosa  et  M.  ala- 
ta  d'Aublet  ?  Le  fruit  de  toutes  les  Mélastomes 
est  une  baie  succulente  et  bonne  à  manger  dans 
le  plus  grand  nombre ,  telles  que  les  M.  suc- 
cosa, Aubl. ,  M.  arbore scens  y  Aubl,  ,  M.Jla- 
vescens  ,  Aubl. ,  M.  crispata  ,  L. ,  M\  mala- 
batlirlca  y  L. ,  M.  elegaris ,  Aubl.  ,  M,  a^yres- 
tis  y  Aubl. ,  M,  macrophyllaj  Lam.  j  dans  quel- 
ques-unes, et  entr'autres  dans  le  Tococa  gu^or 

IQ  ' 


(  i48) 

nensis ,  Aubl . ,  le  suc  de  la  baie  est  assez  noir 
pour  être  employé  comme  de  l'encre  j  c'est  de 
cette  propriété  qu'est  tiré  le  nom  de  Melaslome 
(Bouche  noii'e  )  ,  qui  indique  que  le  suc  de 
leurs  fruits  teint  en  noir  la  bouche  de  ceux  qui 
les  mangent. 

49.     M  Y  R  T  I  N  É  E  S. 
Myrti.  Juss. ,  gen.  322. 

Les  Myrtes  ont  été  célébrés  par  les  poètes 
non-seulement  à  cause  de  l'élégance  de  leurs 
formes ,  mais  encore  pour  la  suavité  de  leur 
odeur  ;  cette  odeur  qui  annonce  la  présence 
d'une  huile  volatile ,  rend  ces  arbustes  précieux 
dans  l'économie  domestique  et  médicale. 

On  peut  distinguer  dans  les  Myrtinées , 
deux  classes  de  propriétés  5  celles  qui  tiennent 
à  leur  huile  volatile ,  et  celles  qui  dépendent 
d'un  principe  astringent  j  l'une  et  l'autre 
résident  dans  l'écorce  depuis  la  racine  Jusqu'au 
fruit ,  et  elles  sont  conséqueraraent  le  plus 
souvent  réunies  ensemble ,  mais  à  diverses 
proportions. 

L'huile  volatile  se  trouve  dans  de  petites 
vésicules  qui  existent  dans  toute  la  partie  corti- 
cale ,  et  qu'on  aperçoit  dans  les  feuilles  par 
leur   transparence  5  lorsqu'on   l'extrait  pure 


(  ^9) 

comme  on  le  fait  pour  riiiiile  de  Cayepiit, 
extraite  du  Melaleuca  cajeputi  ,  et  peut-être 
aussi  du  Melaleuca  leucadendron  et  de  quel- 
ques espèces  voisines  5  pour  l'huile  de  gérofle 
qu'on  retire  des  calices  du  Géroflier  avant 
l'épanouissement  des  fleurs  j  pour  l'huile  de 
myrte  qu'on  extrait  de  sa  baie  ,  mais  qui  est 
peu  employée,  etc.  5  lors  ,  dis-je  ,  qu'on  obtient 
pure  l'huile  volatile  des  Myrtinécs  ,  on  la 
trouve  très-aromatique  ,  un  peu  acre,  presque 
caustique ,  et  à  un  moindre  degré  de  force 
tonique  et  stimulante  pour  la  fibre  musculaire 
et  même  anti-spasmodique  j  c'est  à  laprésejïce , 
en  quantité  plus  ou  moins  considérable  ,  de 
cette  huile  volatile  que  diverses  Myrtinées 
doivent  leur  odeur  et  leur  saveur,  tels  sont , 
par  exemple ,  les  clous  de  Gérofles  qui ,  d'après 
l'analyse  de  M.  Tromsdorf  en  contiennent  -^ 
de  leur  poids  et  qui  deviennent  presqu'in- 
sipides  lorsqu'on  les  en  a  dépouillés. 

Le  principe  astringent  existe  sur-tout  dans 
l'écorce  de  la  racine  et  des  fruits  avant  leur  ma- 
turité 5  mais  on  le  retrouve  dans  l'écorce  de  la 
plante  entière.  Tout  le  monde  l'a  senti  dans 
l'écorce  de  la  Grenade j  nous  le  retrouvons 
dans  le  Mjrtus  ugni  et  le  M^rtus  luma  de 
Molina  ,  dont  les  racines  donnent  une  décoction 
employée  au  Pérou  contre   la  dysenterie  j  dans 


(  i5o) 
VEugenla  maîlaccensis  ,  L.  ,  dont  Fécorce 
ofire  le  même  secours  aux  Indiens  j  dans  la 
résine  extraite,  à  la  Nouvelle-Hollande,  de 
V Eucalyptus  resinifera  et  qui  a  été  souvent 
confondue  avec  plusieurs  autres  produits  as- 
tringens  sous  le  nom  très-impropre  de  gomme 
kino.  Nous  le  retrouvons  sur-tout  dans  les 
fruits  de  toutes  les  Myrtinées,  qui  sont  astrin- 
gens  et  acerbes  avant  leur  maturité.  Lorsque 
le  parenchyme  de  ces  fruits  prend  de  l'accrois- 
sement et  que  la  matière  sucrée  s'y  développe, 
alors  le  léger  principe  astringent  et  le  léger 
arôme  qui  s'y  trouvent  réunis  ,  les  rendent 
agréables  au  goût  5  ainsi  les  fruits  du  Grenadier  , 
«lu  Jambosier  ,  de  V Eugeniajambolana ,  Lara.  , 
des  Psydiuni  pyiiferum  et  P.  pomiferum , 
tirent  leur  principal  mérite  de  la  légère  astrin- 
gence  mêlée  au  mucilage  de  leurs  fruits ,  tandis 
que  le  Myrtus  ugni  ;  le  Myrtus  pimenta  y 
et  probablement  VAlanglum  decapetalum  , 
doivent  leur  réputation  à  l'aromate  de  leurs 
baies. 

Les  feuilles  de  plusieurs  plantes  de  cette 
famille  sont  employées  en  guise  de  Thé  ,  et  ici 
on  a  autant  recherché  l'aromate  que  l'a^trin- 
gencej  tels  sont  le  Myrtus  ugni,  le  Leptosper- 
mum  scoparium  ,  etc. 

La  seule  anomalie  que  présente  la  famille 


(  i5i  ) 

des  Myrtes ,  est  la  propriété  de  purgatif  liydra- 
gogue,  attribuée  par  les  Malais  aux  Alangiuin 
decapetaluni  et  A.  hexapeta[u7îi  de  Lamarckj 
encore  ces  racines  olïirent-elles  le  même  aromate 
que  les  autres  Myrtinées  j  mais  probablement 
elles  sont  dépourvues  du  principe  astringent. 

60.     COMBRETACÉES. 

Co?nbr  etacece,  Brown. ,  prod.  1  ,  p.  35i. 

Les  propriétés  médicales  aussi  bien  cpie  les 
limites  botanifpics  de  cette  famille  sont  encore 
peu  connues  ,  mais  tout  annonce  qu'elle 
pourra  un  jour  intéresser  l'art  de  guérir. 
L'écorce  de  plusieurs  de  ces  plantes  paraît 
jouir  d'une  propriété  astringente ,  comme  on 
le  remarque  dans  le  Bucida  buceras  qui  est 
connu  aux  Antilles  sous  le  nom  de  Chêne 
français  et  y  sert  à  tanner  les  cuirs  j  le  suc 
propre  des  Terminaiia  fournit  une  matière 
qui  paraît  résineuse  et  susceptible  de  former 
des  vernis ,  comme  par  exemple  le  T.  vernix 
qui  fournit  le  fameux  vernis  de  la  Chine  ;  ce 
suc  est  caustique  et  ses  exalaisons  sont  dan- 
gereuses j  le  suc  du  T.  benzoln  paraît  fournir 
le  véritable  benjoin  ;  l'amande  de  plusieurs 
espèces  de  Terminaiia  sert  dans  les  Moluques 
soit  comme  fruit  mangeable  ;  soit  pour  fournir 


(  i52  ) 

tine  huile  fixe  remarquable  par  la  propriété 
qu'elle  a  de  ne  point  se  rancir.  Ces  faits  encore 
isolés  et  la  plupart  niai  connus  annoncent  que 
cette  famille  jouit  de  propriétés  exaltées  qui 
mériteront  d'être  étudiées  en  détail. 

5i.     LOASÉES. 

Loaseœ.  Juss. ,  Ann.  Mus.  5,  p.  21. 

Propriétés  inconnues. 

52.     ON  AGRAIRE  s. 

Onagrariœ.  Juss.,  Ann.  Mus.  3,  p.  3x5. 

Les  propriétés  des  Onagraires  sont  nulles  ou 
mal  connues  5  le  Santalum  album  ,  qui  se 
distinguait  dans  cette  famille  par  son  aromate  , 
en  a  été  exclu  par  les  botanistes  et  forme  le 
type  d'une  famille  voisine  des  Lauriers.  Le 
Trapa  jiatans  est  remarquable  par  la  grandeur 
de  sa  graine  qui  sert  d'aliment  à  riiomme.  On 
emploie  ,  dit-on  ,  la  racine  de  V JEnothera 
biennis  comme  salade ,  et  les  feuilles  de  la 
Jussiœa  peruviana  comme  cataplasme  émoi- 
lient. 


(  i53  ) 
53.    FICOIDES. 

Ficoïdeœ.Zuss,. ,  gen.  3i5. 

Les    Ficoïdes    ont  en   général    des    feuilles 
cliarnues  et  aqueuses  à  l'intérieur  ;  quelques- 
unes  servent  d'aliment  à  l'homme,  par  exemple 
le  Sesuvium  portulacastrum  dans  les  Antilles  y 
îe  Mesenibryanthemium  edulesax  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  dans  la  Nouvelle-Hollande  (i)  , 
et   la    Tetragonia    expansa    à   la    Nouvelle- 
Zélande   :   mais    ces  plantes  nous    intéressent 
gur-tout  par  la   quantité   de   madères  salines 
toutes  formées  qu'elles  contiennent ,  et  qui  en 
suintent  quelquefois    naturellement  :  ainsi  la 
plupart  d'entr'elles  ,  lorsqu'elles  croissent  sur 
les  bords  de  la  mer,  servent  à  la  fabrication 
de  la  soude  j    elles  contiennent   d'autres   ma- 
tières salines  lorsqu'elles   croissent  loin   de  la 
mer  :  ainsi  le  Reaumuria  vermiculata ,  cultivé 
au  Jardin  des  Plantes  de  Paris  ,  exsude  par  ses 
pores   corticaux    un  mélange   de   muriate   de 
soude  et   sur-tout   de   nitrate  de  potasse  (2). 


(1)  La  plante  de  la  Nouvelle-Hollande  est  une  variété 
très-notable  de  celle  du  Cap  et  peut-être  une  espèce  dis- 
tincte. 

(1)  Fojez  Bull.  Philom.j  n.**  8q. 


{  '54  ) 

serait-ce  à  cette  quantité  de  sel  contenu  clans 
les  Ficoïdes  ,  qu'il  faut  attribuer  l'emploi  du 
IMesembr^/anthemum  nodijloritm  pour  les  pré- 
parations du  maroquin  ?  Au  reste ,  voyez  les 
observations  sur  la  formation  de  la  soude, 
à  l'article  des  Cliénopodées  ,  n.*'  loo. 

S^.     PORTULACÉES. 

Portulacece.  Juss. ,  ^en.  '5iz. 

Le  Pourpier  est ,  comme  on  sait ,  un  légume 
légèrement  rafraîchissant  ;  son  suc  est  un  peu 
acre  avant  d'être  cuit.  Le  Claytonia  perfoliatay 
Wild.,  ou  C.  cubensis,  Humb.  et  Bonpl.  ,  a 
une  saveur  très-analogue  au  Pourpier  or- 
dinaire 5  il  forme  un  légume  agréable ,  soit 
cuit  et  accommodé  comme  le  Pourpier  ,  soit  cru 
et  en  salade  (i).  Les  propriétés  des  autres 
plantes  de  cette  famille  sont  peu  ou  point 
connues  ;  elles  sont ,  en  général ,  insipides  et 
inodores. 

cultivés  pour  l'usage  de  la  cuisine,  au  moins  dans  le 
Midi  3e  la  France  ;  elle  y  prospère  très-bien  dans  les 
lieux  ombragés ,  s'y  resème  chaque  année  d'elle-mênie  , 
et  a  l'avantage  de  donner  ses  feuilles  au  premier  prin- 
temps et  avant  l'apparition  de  presque  tous  les  autres  lé- 
gumes j  celui-ci  est  d'ailleurs  très-délicat. 

(i)  Cette  plante  mériterait  de  faire  partie  des  végétaux. 


(i55) 

55.     PARONYCHIÉES. 

Paronychiece.  St.-Hil.  et  Juss.,  Ann.  Mus. 

Propriétés  foibles  et  peu  connues.  Les 
Heriiiaiia  et  quelques  Paroivychla  sont  wn 
peu  astringentes ,  et  des  traces  de  cette  propriété 
semblent  se  retrouver  dans  le  Sclerantkus  et 
les  genres  voisins. 

S6.     TAMARIS  CI  NÉE  S. 
Tamariscineœ .  Desv. 

Les  propriétés  des  Tamarix  ne  sont  un  peu 
connues  que  dans  les  deux  espèces  communes 
en  Europe  j  leur  écorce  est  un  peu  amère, 
astringente  et  probablement  tonique  :  le  Ta- 
marix de  Narbonne  (  T.  gallica')  et  probable- 
ment aussi  le  T.  af  ricana  y  qui  croît  mêlé 
aveclui  sur  les  côtes  méridionales  de  la  France, 
sont  remarquables  par  la  quantité  de  sulfate  de 
soude  que  leurs  cendres  renferment  et  que  quel- 
ques pharmaciens  du  Languedoc  ont  souvent 
extrait  avec  profit. 


(  ^^6) 

57.     NOP  ALÉES. 
IÇopaleee.   Juss.  îned.  —  Cactormn  gen.  Juss.  ^  gen. 

Tous  les  Cierges  ont  entr'eux  de  grands 
rapports  malgré  l'extrême  diversité  de  leurs 
formes  extérieures  ;  leur  parenchyme  est  épais  l 
peu  ou  point  sapide  5  leurs  fruits  sont  cliarnus, 
aqueux ,  peu  savoureux  ,  les  uns  tellement 
petits  et  insipides  qu'on  les  néglige  entière- 
ment, les  autres  servent  de  ralraîchissemens 
dans  les  pays  chauds  à  cause  de  la  grande 
quantité  d'eau  qu'ils  renferment.  L'usage  du 
fruit  du  Cactus  opuntia  olïre  cette  particula- 
rité ,  que  les  urines  de  ceux  qui  en  mangent 
prennent  une  couleur  rouge  qu'on  attribue 
au  premier  instant  à  un  mélange  de  sang  , 
mais  qui  n'e.st  qu'une  simple  coloration  inno- 
cente de  l'urine.  Le  suc  du  C.  mammillaris 
est  remarquable  par  sa  teinte  un  peu  laiteuse  ; 
mais  contre  la  propriété  ordinaire  des  sucs 
laiteux  ,  celui-ci  est  doux  et  insipide. 

b^,     GROSEILLERS. 

Grossulariœ.  FI.  Fr. ,  vol.  IV,  p.  4^5. —  CacLornm 
gen.  Juss.;  gen. 

Cette  famille  est  en  apparence  fort  difïérente 


i 


(  15;) 

de  la  précédente  par  le  port  et  la  plupart  des 
caractères  j  mais  le  Cactus  pereskia  ,  nommé 
vulgairement  Groseiller  d'Amérique ,  établit 
leur  véritable  liaison.  Tous  les  Groseillers  ont 
une  baie  très-aqueuse ,  fade  et  douceâtre  dans 
la  plupart  des  espèces  et  notamment  dans  le 
Groseiller  des  Alpes  ,  aigrelette  dans  le  Groseil- 
ler rouge  ,  aromatique  dans  le  Groseiller  noir 
qui  porte  sur  ses  feuilles  et  sur  ses  baies  des 
glandes  odoriférantes  ^  les  fruits  des  Cierges  et 
des  Groseillers  sont  employés  comme  tempé- 
rans  et  rafraîcliissans  :  ceux  du  Cassis  sont 
stimulans  et  toniques.  Cette  différence  de 
propriétés  tient  à  la  présence  d'un  organe  qui 
lui  est  particulier. 

b^.     CRASSULACÉES.* 

Crassulacece.  DC. ,  FI.  Fr.  4 ,  p.  382.  —  Semper 
vii^œ.  Juss. 

Les  Crassulacées  ont ,  ainsi  que  leur  nom  l'in- 
dique ,  des  feuilles  épaisses ,  succulentes  ;  elles 
sont  presque  toutes  employées  à  l'extérieur 
comme  réfrigérantes  et  abstergentes  ;  elles  sont 
aussi  légèrernent  astringentes  :  dans  quelques- 
unes  ,  telles  que  le  Sedum  acre ,  Lin . ,  il  se 
développe  un  principe  tellement  acre,  que  le 
suc  de  cette  plante  pris  à  l'intérieur,  excite  des 


(  i58  ) 
déjections  par  le  haut  et  par  le  bas  ,  et  a  même 
été  employé  contre  le  scorbut  :  le  même  prin- 
cipe acre  me  semble  se  retrouver ,  quoiqu'à  un 
très-faible  degré,  dans  les  Crassulacées  qui  pa- 
raissent presqu'insipides  j  ainsi  les  feuilles  du 
Sedum  telepldum ,  mangées  comme  légume  , 
laissent  à'I'entrée  de  l'œsopliage  une  petite  irri- 
tation désagréable.  M.  Vauqueliii  a  trouvé  du 
malate  de  chaux  dans  le  suc  de  la  Joubarbe  et 
de  plusieurs  sédums.  La  racine  odorante  du 
JXJiodiola  rosea ,  Lin.  ,  mérite  d'être  remar- 
quée comme  une  légère  exception. 

60.     SAXIFRAGÉES. 
Saxijrageœ.  Juss.,  gen.  3o8. 

On  ^'emploie  plus  depuis  long  -  temps  les 
Saxifrages  comme  lithontriptiquesj  Pline  y  rap- 
porte l'étymologie  de  leur  nom  ,  qui  me  semble 
dériver  bien  plus  clairement  de  la  manière  dont 
ces  plantes  vivent  dans  les  fentes  des  rochers. 
Il  faut  cependant  observer  que  ces  plantes  pa- 
raissent toutes  un  peu  astringentes-,  et  ([.le  les 
boissons  astringentes  sont  employées  utilement  ' 
pour  exciter  l'action  des  reins  et  chasser  les 
calculs  5  \ Heucliera  americana  est  connue  aux 
Etats-Unis  sous  le  nom  ai  Aîwii-Koot  et  sa  ra- 
cine qui  est  très- astringente;  fait  la  base  d'une 


(i59) 

poudre  employée  avec  quelque  succès  dans  et 
pays  contre  les  aiïections  cancéreuses. 

61.     CUNONIACÉES. 

Cunoniaceœ.  Brown. ,  gen.rem. 

Propriétés  à-peu-près  inconnues  ',  une  espèce 
de  IVeinmannia  qui  croît  au  Pérou ,  y  sert  au 
tannage  des  cuirs ,  et  on  mêle  souvent  en 
fraude  son  écorce  avec  le  Quinquina,  hesf^ein- 
mannia  de  l'Inde  ,  qu'on  y  connaît  sous  le  nom 
de  Tan-rouge  ,  paraissent  avoir  les  mêmes  pro- 
priétés. 

62.     OMBELLIFÈRES. 
UmhelUferœ,  Juss. ,  Gen.  218. 

De  toutes  les  familles  de  plantes  dont  nous 
traçons  ici  rapidement  les  caractères  médicaux, 
il  n'en  est  aucune  qui  mérite  une  attention  plus 
scrupuleuse  que  celles  des  Ombelliières ,  soit  à 
cause  de  son  importance  dans  la  diététique  et 
la  thérapeutique  ,  soit  à  cause  des  anomalies 
qu'elle  présente  j  ici  il  sera  nécessaire  de  re- 
courir avec  soin  à  la  distinction  exacte  des  dif- 
férens  organes ,  et  même  à  celles  des  diiïerens 
sucs. 

Toutes  les  anomalies  apparentes  de  la  fâ,- 


mille  des  Ombellifères  me  semble  s'expliquer  j; 
en  admettant  que  leur  extractif  est  narcotique, 
et  leurs  principes  résineux  plus  ou  moins  sti- 
mulans  et  aromatiques  ;  ou ,  en  d'autres  termes, 
que  leur  sève  à  moitié  élaborée  est  narcotique  , 
tandis  qu'au  contraire  elle  devient  aromatique 
ou  stimulante  lorsqu'elle  est  transformée  en 
véritable  suc  propre.  Suivons  les  conséquences 
de  cette  hypothèse  ,  en  l'appliquant  à  chaque 
organe  en  particulier ,  et  atix  phénomènes  gé- 
néraux que  présentent  les  Ombellifères. 

La  Physiologie  végétale  nous  apprend  que 
l'humidité  du  sol  pénètre  dans  la  plante  par 
l'extrémité  des  radicules ,  qu'elle  s'élève  dans 
le  corps  de  la  racine  ,  puis  monte  dans  le  tronc 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  plante  j  là,  par  des 
chemins  encore  inconnus  ,  après  avoir  été  éla- 
borée ,  elle  se  change  en  suc  propre ,  et  redes- 
cend le  long  de  l'écorce  jusque  dans  la  racine. 
Celle-ci  est  donc  composée  d'une  grande  quan- 
tité de  sève  non  encore  élaborée  ,  et  d'une  cer- 
taine quantité  de  suc  propre  qui  redescend  de 
l'écorce  j  par  conséquent ,  d'après  notre  hypo- 
thèse ,  la  racine  des  Ombellifères  doit  être  un 
mucilage  aqueux  plus  ou  moins  fade  et  plus 
ou  moins  aromatisé  par  le  suc  propre  5  elle  doit 
n'être  nullement  dangereuse  puiscju'elle  con- 
tient peu  ou  point  d'extractif ,  et  être  par  cou- 


(  '6i  ) 
séquent  propre  à  la  nature  de  l'homme.  Ce  sont 
là  en  efïet  les  propriétés  générales   des  racines 
de  Carottes  ,  de  Panais  ,  d'Angéliques  ,  de  Pa- 
nicauts ,  de  Lasers  ,  de  Berles  ,  etc. ,  etc. ,  où 
nous  ne  voyons  de  différences  qu'une  plus  on 
moins  grande  quantité  de  principes  sucrés  aro- 
matiques ;   les  racines   même  des  Ombelliières 
vénéneuses  sont  (Quelquefois  salubres  ,  comme 
on  le  voit  par  l'exemple  curieux  de  V AEnantlie 
pimpinello'ides ,  dont  les  tubercules  radicaux 
servent  d'aliment ,  à  Angers  ,  sous  le  nom  de 
Jouanettes y  et  à  Sauuiar  sous  celui  de  Méc lions. 
Plusieurs  racines  d'Ombeiliières  présentent  une 
quantité  notable  de  matière  sucrée  ;  ainsi  on  en 
trouve,  d'après  M.  Drapier,  14  pour  100  dans 
les  racines  de  Carottes  desséchées  ,    12  ^  dans 
celles  de  Panais  ,  rf  dans  celles  de  Chervi.  Dans 
l'herbe  ,  au  contraire,  nous  trouvons  une  quan- 
tité notable  d'extractif  mélange  dans  la  sève  , 
et  qu'on  extrait  par  l'infusion  ou  la  décoction 
dans  l'eau  j  à  l'extérieur,  c'est-à-dire  dans  l'é- 
corce,  une  quantité  variable  de  suc  propre  ,  plus 
ou  moins  aromatique  ,  plus  ou  moins  résineux  J 
conséquemment  dans  l'état  naturel  des  choses  , 
l'extrait  des  herbes  d'Ombelliferes  doit  être  nar- 
cotique ,  comme  on  le  voit  dans  le  Conium  jua- 
culatum,  le  C'icuta  virosa,  V  jlEÛiusa  cjuapiurrif 
€tc. ,  tandis  qu'au  contraire  les  sucs  propres  ex- 
il 


(  J6^  ) 

traits  de récorce,  soit  par  une  incision  ,  soit  par 
des  préparations  pharmaceutiques ,  seront  to- 
niques ,  stimulans  ou  aromatiques  ,  comme  on 
le  voit  pour  le  Galbanum ,  VOpopanax  ,\à. 
Ijivêclie  ,  V  Assa  fœiîda  y  etc.  De  plus,  si  Ton 
emploie  à-la-fois l'écorce  et  le  tronc  ,  c'est-à-dire 
la  sève  et  le  suc  propre  réunis  ,  les  propriétés  de 
Ce  mélange  varieront  selon  les  proportions  de 
l'un  et  de  l'autre  principes. 

Enfin ,  si  nous  employons  les  graines,  comme 
nous  n'y  trouvons  point  de  sève  ,  du  moins  à 
leur  maturité,  maisune  quantité  notable  d'huile 
volatile  logée  dans  leur  tunique  extérieure  , 
nous  devons  nous  attendre  à  ce  qu'aucune  ne 
sera  dangereuse  ,  et  que  toutes  seront  aroma- 
tiques ,  stimulantes  et  toniques  j  et ,  en  efïet , 
ces  propriétés  sont  communes  aux:  graines  de 
toutes  les  Ombellilères  dans  tous  les  pays. 

Allons  plus  loin  ,  et  nous  verrons  que  l'hy- 
pothèse que  j'ai  présentée  plus  haut  ,  explique 
jusqu'aux  variations  que  le  sol  ,  l'âge,  la  cul- 
ture ,  apportent  dans  les  propriétés  des  Onil>el- 
lifères.  Ainsi  nous  savons,  en  général,  que  les 
plantes  aquatiques  contiennent,  à  (.roportion 
gardée  ,  une  quantité  plus  considérable  de  sève 
que  de  suc  propre,  plus  de  mucilage  et  d'extrac- 
tlf'que  d'huile  et  de  résine  :  ainsi  nous  ne  se- 
rons point  surpris  de  voir  les  Ombellilères  d'au- 


(  ,63  ) 

tant  plus  narcotiques ,  qu'elles  croissent  plus 
dans  l'eau  ;  d'autant  plus  chaudes  et  aromati- 
ques ,  qu'elles  naissent  dans  un  lieu  plus  sec  5 
de  même  nous  concevrons  comment  celles  qui 
sont  étiolées  contiendront  une  sève  à  peine 
élaborée  ,  et  pourront  être  ainsi  assimilées  aux 
racines  j  tandis  qu'au  contraire  celles  qui  seront 
exposées  à  une  lumière  vive  contiendront  plus 
de  suc  propre. 

D'après  ces   considérations  ,   je  crois  que  la 
famille  des  Ombellilères  rentre  dans  les  lois  de 
l'analogie  ,  telles  du  moins  que  je  les  conçois  : 
c'est-à-dire,  que  chaque  suc,  que  chaque  or- 
gane conservent  la  même  nature  et  les  mêmes 
propriétés  dans  chaque  famille.  Ajoutons  que 
Torgane  qui  fournit  le  vrai  caractère  Ijotanique 
de  la  famille  ,  c'est-à-dire  ,  la  graine  ,  est  celui 
où  la  chimie  et  la  médecine  trouvent  le  moins 
d'anomalies. 

63.     ARALIACÉES. 
Aralioe.  Juss.  ,  gen.  21^. 

Les  Araliacées  ne  sont  presque  qu'une  section 
des  Ombellifères  ,  et  ont  les  mêmes  propriétés, 
à  l'exception  de  celles  qui  tiennent  aux  graines , 
parce  que  c'est  en  effet  dans  cet  organe  que 
résident  les  différences  botaniques  de  ces  deux 
familles. 

II.. 


(  i64  ) 

Leur  écorce  suinte  une  gomme-résine  aro- 
matique ,  comme  on  le  voit  sur -tout  dans 
V Aralia  unibellifera,  La  racine  de  la  plupart 
des  Araliacées  paraît  douce ,  légèrement  toni- 
que ,  et  a  le  goût  de  celle  du  Panais  dans  les 
A.  racemosa  et  A.  iiudicaulis.  Le  Ginseng , 
qui  appartient  à  cette  famille,  s'en  distingue 
par  ses  propriétés  toniques,  restaurantes  et 
aphrodisiaques  ,  mais  il  paraît  qu'elles  ont  été 
fort  exagérées  j  et  supposé  même  que  les  récits 
Chinois  fussent  véridiques  ,  il  faudrait  déter- 
miner encore  l'influence  du  mode  de  prépara- 
tion et  du  sol  sur  cette  racine ,  avant  de  la  re- 
garder comme  une  exception. 

64.     C  A  P  R  I  F  O  L  I  A  C  É  E  S. 

Caprifolia.Znss. ,  Ann.  Mus.  12,  p.  292. 

La  famille  des  Capriloliacées  est  composée  de 
plusieurs  grouppes  tellement  prononcés  ,  qu'on 
pourrait  ,  sans  diffiulté ,  les  regarder  comme 
autant  de  familles  distinctes ,  mais  cependant 
réunies  par  certaines  alliances.  Nous  ne  devons 
donc  pas  nous  étonner  si  nous  trouvons  dans 
cette  famille  des  anomalies  assez  nombreuses  de 
genre  à  genre ,  et  nous  pouvons  regarder  que 
l'analogie  est  siifHsamment  conservée  ,  si  les 
espèces  d'un  même  genre   offrent  des  vertus 


(  i65  ) 

semblables.  Depuis  peu  de  temps  on  a^  divisé 
cette  famille  en  deux  autres  qui  ont  fait  dispa- 
raître la  plupart  des  anomalies  qu'on  y  obser- 
vait. On  peut  dire,  en  général,  que  les  Capri- 
foliacées  ont  l'écorce  astringente  :  celle  du  Lo- 
nicera  copymbosa  est  employée  à  teindre  en 
noir  par  les  ha bi tans  du  Cliili  j  celles  du  Lin- 
naea  et  de  plusieurs  Cornouillers ,  donnent 
aussi  des  indices  d'un  principe  astringent. 
L'écorce  du  Cornus  Jlorida  est  en  particulier 
remarquable  par  sa  propriété  astringente ,  et 
est ,  à  ce  titre  ,  employée  aux  Etats-Unis  ,  soit 
contre  les  fièvres  intermittentes  ,  soit  même 
contre  certaines  épizooties  des  chevaux ,  qui 
paraissent  tenir  de  la  nature  des  fièvres  mali- 
gnes. L'infusion  des  fleurs  y  est  aussi  employée 
avec  quelque  succès  dans  les  coliques  venteu- 
ses. L'écorce  du  Cornus  seiicea ,  y  est  encore 
substituée  au  quinquina  ,  et  lui  est  peu  infé- 
rieure en  activité  ,  d'après  le  témoignage  de 
Bar  ton. 

Les  sureaux  se  reconnaissent  à  leur  odeur 
fétide  ,  à  leurs  fleurs  odorantes  et  sudoiifiques  , 
à  leurs  feuilles  et  à  leur  liber  qui  agissent 
comme  émétiqucs  ou  comme  purgatifs  drasti- 
ques ,  propriété  qu'on  retrouve  dans  leurs  grai- 
nes aussi  bien  que  dans  celles  du  Lierre  et  du 
Chèvrefeuille.  Les  Cornouillers  portent  un  fruit 


(  i6<î  ) 

remarquable  par  la  réunion  d'un  principe  as- 
tringent et  styptic[ue  ,  avec  une  huile  fine  assez 
abondante  pour  en  être  extraite  sans  trop  de 
perte. 

Le    Lierre  ,  que    les    botanistes    regardent 
comme  intermédiaire  entre   les    Caprifoliacées 
et  les  Araliacees  ,    touche  aux  premières   par 
les  qualités   délétères    de  son    fi-uit ,  et   nous 
annonce  le  voisinage  des  secondes  ,  par  le  suc 
gommo-résineux  et  aromatique  (i)  qui  découle 
de  son  écorce.    Le  Triosteum perfoliatum ,  qui 
tient  le  milieu  entre  les   Caprifoliacées  et  les 
Kubiacées  ,  est  aussi  intermédiaire  par  ses  pro- 
priétés :  sa  racine  est  purgative  comme  celle  de 
rièble  ',  mais  ,  à  plus  forte  dose ,   elle  devient 
émétique  comme  celle  de  l'Ipécacuanhaj  on  dit 
même   que    dans    quelques  circonstances   elle 
agit  comme  diiirétique. 

6b,     LORANTHÉES. 
Loranthece.  Rich.  et  Juss. ,  Ann.  Mus.  la  ;  p.  292. 

Cette  famille  ,  nouvellement  détachée  des 
Caprifoliacées  ,    s'en    rapproche    à    plusieurs 

(1)  D'après  M.  Pelletier,  le  suc  du  lierre  contient 
0,7  de  gomme,  o,33  de  résine,  0,69  de  lignine  et  uu 
atome  d'acide  malicpe. 


(  167  ) 
égards  ;  l'écorce  de  presque  tous  les  arbres  et 
arbustes  qui  la  composent  est  astringente.  Celle 
du  Rhizophoja  gymnorhiza  j  Lin. ,  sert  dans 
les  Indes  pour  la  teinture  en  noir  j  les  médecins 
ont  souvent  parlé  de  la  propriété  astringente  du 
Guy  de  Chêne  ,  qui  peut-être  n'est  que  le  Lo- 
rantlius  (i).  On  peut ,  au  reste  ,  distinguer 
dans  cette  iamille  deux  grouppes  parfaitement 
distincts. 

Dans  les  Loranthées  proprement  dites ,  les 
baies  renferment  une  matière  glutineuse  qui 
qui  n'est  soIuIjIc  ni  à  l'eau  ,  ni  à  l'alcool ,  et  qui 
est  analogue  à  la  Glu  ou  à  quelques  égards  au 
Caoutchouc  5  ces  baies  sont  insipides  et  ne  ser- 


(i)  J'ai  paicouni  toute  la  Fiance  et  la  plupart  des  pays 
A'oisins  :  j'ai  vu  le  Guy  (Visciim  album  )  ,  croître  sur  tou- 
tes sortes  d'arbres  ,  même  sur  des  Sapins.  Je  ne  l'ai  jamais 
vu  sur  aucune  espèce  de  Cliêne.  J'ai  ,  au  contraire  ^  trouvé 
aux  environs  de  Parjne  ,  le  Loranthus  croissant  sponta- 
nément sur  toutes  les  espèces  de  Chènesindîgènes,etil  res- 
semble tellement  au  Guy  ,  qu'il  en  a  reçu  le  nom  vulgaire  , 
et  qu'on  peut  facilement  s'y  méprendre.  Si  le  Guy  avait 
existé  sur  le  Cliène  du  temps  des  Druides  ,  on  le  trouve- 
rait encore.  Mais  si  le  Guy  des  Druïdes  était  le  Loran- 
thus ,  on  concevrait  qu'il  a  pu  être  détruit  dans  les  provin- 
ces où  le  culte  Druidique  était  en  vigueur,  et  qu'il  n'existe 
plus  que  dans  celle  où  on  n'en  a  pas  détruit  la  race  }  on 
concevrait  sa  rareté  toujours  croissante  ,  etc. 


(  i68  ) 

rent  poiilt  d'aliment  à  l'homme.  Dans  les  Rlii- 
zophorées  ou  Palétuviers,  dont  MM.  de  Lamarck 
et  Ptob.  Brown  ont  fait  une  famille  distincte  y 
on  remarque  que  le  bois  et  l'écorce  exhalent 
sonvent  une  odeur  un  peu  analogue  à  celle  du 
soufre  :  leurs  fruits  se  mangent  dans  divers 
pays  ,  mais  les  Européens  les  trouvent  en 
général  de  mauvais  goût  et  de  digestion  dif- 
ficile. 

66.     R  U  B  I  A  C  É  E  S. 

JXubiacece.  Juss. ,  gen.  196.  DC  Ann.  Mus.  9  ,  p.  216. 

La  Garance  ,  le  Quinquina  ,  l'Ipécacuanha  , 
le  Café,  plantes  de  première  utilité  pour  l'hom- 
me ,  appartiennent  à  la  famille  des  Rubiacées  , 
et  fixent  d'abord  notre  attention  sur  les  prin- 
cipales propriétés  de  trois  organes  très-divers  , 
la  racine  ,  l'écorce  et  la  graine.  Voyons  si  les 
propriétés  qui  distinguent  ces  plantes  précieuses 
sont  isolées  dans  la  nature. 

Quant  aux  racines  ,  nous  voyons  toutes  les 
espèces  de  Garances  munies  de  racines  rouges 
et  susceptibles  de  donner  cette  même  couleur , 
soit  à  l'eau  dans  laquelle  on  les  fait  macérer , 
soit  aux  étoffes  sur  lesquelles  on  fixe  la  couleur 
par  des  mordans.  Cette  même  propriété  se  re- 
trouve dans  la  plupa,rt  des  Rubiacées  indigènes 


(  »69) 

qui  appartiennent  à  la  même  section  que  la 
Garance  j  telles  sont  les  Asperula  arvcnsis  ,  A, 
tinctoria  ,  les  Gallium  /nolhigo ,  G.  sylvati- 
cum  ,  G,  aparine  ,  G.  verum  ;  les  Indiens  de 
Masulipatan  se  servent  de  la  racine  de  l' Olden- 
landia  uinbellata  pour  teindre  le  coton  en  cou- 
leur nankin  j  ceux  du  Malabar  emploient  pour 
teindre  leurs  calicots  une  espèce  de  Garance 
qu'ils  nomment  Manjitk  ;  et  parmi  les  Rubia- 
cées  qui ,  par  leurs  feuilles  non  verticillées  y 
leur  fruit  polysperme  et  leur  tige  ligneuse ,  s'é- 
loignent de  celles  de  nos  climats  ,  nous  en  trou- 
vons encore  plusieurs  qui  participent  à  la  même 
propriété  ;  ainsi ,  les  racines  du  Morinda  uni- 
bellata  aux  Moluques  ,  et  du  Morinda  citrifo- 
lia  dans  l'Inde ,  servent  à  la  teinture  en  rouge  et 
en  brun  j  V Hydrophylax  maritîma  j  le  Patabea 
coccinea  ,  dont  les  voyageurs  ont  remarqué  la 
teinte  rouge  ,  pourraient  sans  doute  offrir  la 
même  utilité  ;  M.  du  Petit-Thouars  vient  de  la 
trouver  dans  le  Danaïs  de  Commerson. 

Les  éminentes  propriétés  du  Quinquina  ne 
se  trouvent  pas  abondamment  répandues  parmi 
les  écorces  des  Rubiacées  j  on  sait  cependant 
que  toutes  les  espèces  du  vrai  genre  Cincho- 
na  (i)  participent ,    avec  de  légères  modifica- 

-m  ■  ■!      —  I  ■  I     I    ■   ■  I      ,  I        ■       ■!■    M     .1  ,     ,.      _»MI         I  II  .1  I 

(t)  Voyez  pour  l'énumcration  méthodique  de^  espèces 


(  î7^  ) 
lions ,  à  ses  propriétés  toniques ,  astringentes  et 
fébrifuges.  On  sait ,  d'après  le  témoignage  de 
Michaux,  que  le  Finkrieia ,  genre  voisin  du 
Cinchona ,  est  aussi  employé  comme  fébrifuge 
dans  le  Sud  de  l'Amérique  septentrionale.  Les 
auteurs  de  la  Flore  du  Pérou  nous  apprennent 
qu'on  mêle  avec  les  vrais  Quinquinas ,  l'écorce 
du  M-acrocneniUTTi  corynbosum  qui  s'en  rap- 
proche par  l'apparence  extérieure  et  par  la  sa- 
veur amère  j  mais  cette  saveur  a  quelque  chose 
de  visqueux ,  et  sa  couleur  est  blanche  à  l'in- 
térieur, caractères  qui  servent  à  reconnaître  la 
fraude.  On  retrouve  l'amertume  du  Quinquina 
dans  le  Guettarda  coccinea  ,  et  sur-tout  dans 
le  Port/andla  grandijlora.  Ses  propriétés  astrin- 
gentes ont  été  remarquées  dans  l'écorce  et  les 
racines  de  VAntlrr/iea ,  dont  les  habitans  de 
rile-de-Bourbon  se  servent  pour  arrêter  les  hé- 
morragies ;  dans  le  Morinda  royoc  ,  qui  sert  à 
faire  de  l'encre  ,  et  enfin  jusque  dans  les  Gal- 
lium ,  les  Asperula  et  les  Rubia  ,  quoique  ces 
plantes  herbacées  soient  assez  éloignées  du  Cin- 
chona  dans  la  famille  des  Rubiacées.  Ces  pro- 
priétés astringentes  se  retrouvent  sur-tout  et  à 


^e  Cîncliona  et  des  genres  voisins  ,  le  mémoire  inséré  par 
M.  Virey,  dans  le  Bulletin  de  Pharmacie  j  novemb.  i8ia, 
p.  481. 


(>7«) 

un  deeré  très-intense  dans  le  suc  ou  les  sucs  irn- 
proprement  connus  sous  le  nom  de  Gomme 
kino ,  et  qui  sont  produits  par  le  Nauclea 
gambeer ,  de  Hunter  ,  ou  l' Uncaria  gambeer  , 
de  Roxburgh  ,  si  tant  est  que  ces  deux  plantes 
soient  dilïérentes. 

Les  analyses  très-multipliées  que  divers  Chi- 
mistes du  premier  ordre  ont  faites  des  Quin- 
quinas ,  nous  ont  fait  connaître  assez  bien  leur 
composition  ,  et  les  propriétés   des  matériaux 
dont    ils    sont   formés  :   nous  savons  mainte- 
nant (2  )  qu'outre  le  squelette  ligneux  ,  les  Quin- 
quinas renferment  un  principe  muqvieux ,  insi- 
pide et  une  certaine  quantité  de  tannin ,   ma- 
tières qui  se  retrouvent  dans  un  grand  nombre 
d'autres  plantes  ;  mais  ils  renferment  en  outre 
trois  principes  qiii  leur  sont  particuliers  :  1 .°  Va- 
cide  cinc /ionique )Ohser^é  d'abord  par  M.  Grin- 
dal ,  puis  étudié  avec  soin  par  M.  Vauquelin  ; 
cet  acide  s'y  trouve  en  combinaison  avec  la 
chaux  :  il  est  très-remarquable  par  l'intensité  de 
son  acide ,  sa  cristallisation  particulière  et  la 
solubilité  des  sels  qu'il  forme  avec  les  alkalis  , 
les  terres  et  les  oxides  des  métaux  blancs  ,  2..^ 

(1)  Voj-ez  l'analyse  des  Quinquinas  par  M.  Vauquelin  , 
Ann.  Chim.  ,  août  j  806  ,  p.  1  i3  ;  et  celle  de  M.  Reuss.  , 
Journ.  Pharjn.  j  noyeuib.  l8j5  j  p.  4^8. 


(  17^  ) 
le  principe  amer  du  Quinquina  ou  ,  comme  le 
nomme  M.  Reuss,  Vamer  clnchonique  ne  res- 
semble à  la  matière  amère  des  autres  plantes 
que  par  sa  saveur  ,  mais  il  s'en  distingue  par  sa 
solubilité  dans  l'eau  et  dans  l'alcool ,  par  la 
couleur  verte  qu'il  donne  aux  sels  ferrugineux , 
et  par  le  précipité  qu'il  dépose  avec  la  noix  de 
Galle 5  3.*^  la  matière  colorante  du  Quinquina, 
ou  ce  que  M.  Reuss  nomme   le  rouge  clncho- 
nique se  caractérise  par  sou  insipidité ,  sa  cou- 
leur rouge  ,  sa  grande  solubi  lité  dans  l'alcool , 
son  peu  de  solubilité  dans  l'eau ,  son  altérabi- 
lité par  l'oxigène  ,  son  affinité  avec  le  principe 
amer  du  Quinquina  et  les  précipités  qu'il  forme 
avec  les  sels  métalliques  :  c'est  dans  l'amer  et 
le  rouge  cinclionique ,  et  sur-tout  dans  la  réu- 
nion de  ces  deux  principes  qui  forme  ce  qu'on 
nomme  improprement  résine  de  Quinquina  que 
résident  essentiellement  les  propriétés  actives 
et  spéciales  de  ce  médicament  j  on  conçoit  main 
tenant  pourquoi  les  tentatives  faites  pour  le 
remplacer   avec   des    végétaux    appartenant   à 
d'autres  familles  ont  eu  si  peu  de  succès  ;  ce 
serait  maintenant  un  beau  et  utile  sujet  de  re- 
cberches  chimiques ,  que  d'analyser  les   écorces 
d'un  grand  nombre  de  Rubiacées  pour  savoir 
si  on  ne  pourrait  point  retrouver  chez  quel- 
ques espèces  faciles  à  cultiver  les  principes  par- ' 


(  >73  ) 
ticullers  à  quelques  genres  de  cette  famille; 
Déjà  on  a  trouvé  dans  le  Café  un  principe  qui, 
comme  l'amer  du  Quinquina  ,  précipite  très- 
abondamment  le  sulfate  de  fer  vert  et  rouge 
en  vert  foncé,  et  se  dissout  également  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool ,  mais  qui  ne  précipite 
pas  la  Noix  de  Galle  ;  observons  que  ce  n'est 
pas  dans  les  fruits ,  mais  dans  les  écorces.de  Ru- 
biacées  qu'on  doit  rechercher  les  principes  ana- 
logues à  ceux  des  Quinquinas. 

On  sait  que  quelquefois  le   Quinquina  pi- 
ton (i)  excite  le  vomissement  \  on  sait  encore 
:jue  ripécacuanha  jouit  de  propriétés   astrin- 
gentes j  cette  double  ressemblance  ne  tend-elle 
pas  à  rapprocher  les  vertus  des  Quinquinas  et 
es  Ipécacuanlias.  Mais  les  propriétés  émétiques 
e  ces  derniers   se   retrouvent  dans  plusieurs 
liantes  de  la  même  famille  \  ainsi ,  on  sait  que 
e  Psychotria  emeûca  ,  au   Pérou  ,  et  le  Cal- 
^icocca  ipecacuanha  au  Brésil ,  fournissent  l'un 


(i)  C.  JLorihunda  ,  Sw.  —  C.  jnontaiia  ,  Bad.  —  Ces 
spèces,  long-temps  confondues  avec  les  -vrais  Cinchona  , 
n  ont  été  ,  avec  raison  ,  séparées  par  MM.  Humboldt  et 
Jonpland  ,  qui  en  ont  fait  un  genre  particulier  sous  le  nom 
^ Exostemma  ,  à  cause  de  ses  étamines  saillantes.  Il  est 

marquable  que  tous  les  vrais  Cinchona  sont  éminem- 
lent  fébrifuges  ,  et  les  Exostemma  souvent  émétiques. 


_   (  '74  ) 
et  l'autre  les  racines  que  le  commerce  nons 

transmet  j  il  paraît  encore  ,  d'après  le  témoi*  l 
gnage  de  Dandrada ,  que  le  Psjcotria  herba 
cea  jouit  des  mêmes  propriétés. 

Quant  aux  graines  de  Rubiacées ,  on  peut 
soupçonner  qu'elles  participent  plus  ou  moins  i 
aux  propriétés  du  Cale  qui  sont  trop  connues 
pour  que  je  les  rappelle  ici.  Cette  opinion  est 
fondée  sur  ce  que  les  propriétés  de  la  graine  du 
Cafeyer  résident  dans  le  périsperme  corné  qui 
en  fait  la  majeure  partie,  et  qui  se  retrouve  de 
même  dans  les  graines  de  la  plupart  des  Rubia- 
cées 5  sur  ce  que  la  saveur  et  l'arôme  du  Café 
ne  se  développent  bien  que  par  la  torréfaction, 
qu'on  n'a  encore  tentée  que  sur  un  petit  nom-i 
bre  de  graines  3  sur  ce  qu'enfin  les  semences  drt! 
Gratteron  (  Galium  aparliie  )   ont ,  cogime  je 
l'ai  dit  plus  haut,  offert  une  saveur  analogue; 
celles  du  Vsychotrîa  herbacea  torréfiées  sont 
employées  par  les  nègres  de  la  Jamaïque  en 
guise  de  Café  ,  et  puisqu'on  retrouve  quelque 
analogie  entre  deux  plantes  qui  sont  placées 
aux  deux  extrémités  de  la  famille ,  il  est  bien 
probable  que  les  intermédiaires  suivent  la  même 
loi.  Mais  on  ne  doit  point  chercher  à  l'étendre 
aux  Rubiacées  à  périsperme  charnu  ,  telles  que 
les  genres  voisins   du   C'nichoiia  et  du  Guet- 
tarda  ;  axr  la  saveur  du  Café  résidant  dans  le 


(  175  ) 
périsperme ,  il  est  conforme  aux  principes  que 
nous  avons  admis ,  que  la  nature  du  périsperme 
étant  changée ,  entraîne  un  changement  dans 
les  propriétés  de  cet  organe. 

Cj.     OPER  CUL  AIRES. 

Operculariœ.  Juss. ,  Aan.  Mus.  4  ^  p.  418. 

Le  petit  grouppe  des  Operculaires  est  inter- 
médiaire entre  les  Rubiacées  et  les  Valérianées  ; 
ses  propriétés  sont  encore  inconnues  :  M.  de 
Jussieu  a  observé  que  les  oiseaux  dévorent  avi- 
dement les  jeunes  pousses  des  Operculaires 
comme  celles  des  Mâches  5  il  se  sert  de  cette 
observation  pour  con^rmer  le  rapport  que  ces 
plantes  ont  avec  les  Valérianées  plutôt  qu'avec 
les  Rubiacées.  Je  cite  cette  observation  parce 
que  le  soin  qu'un  botaniste  d'un  ordre  aussi 
élevé  a  mis  à  le  relater,  prouve  qu'on  peut, 
dans  plusieurs  cas  ,  tirer  des  conséquences  de 
l'étude  des  propriétés  pour  celle  même  de  la 
classification. 

68.     VALÉRIANÉES. 

Valerianecp.  DC.  FI.  Fr.  4  ,  p.  416.  Juss.  Ann. ,  Mus. 
10  ,  p.  3o8. — D ipsacearuni gen.  Juss. ,  gen. ,  p.  igS. 

-'    Les  Valérianées  se  séparent  des  Dipsacées  non- 


(  »7fi  ) 

seulement  parce  que  leurs  fleurs  sont  distinctes^; 
que  leur  port  est  fort  difFérent ,  mais  encore 
parce  que  leur  ovaire  est  constamment  adhérent 
ail  calice ,  que  ce  calice  est  simple  et  non  pas 
double  ,   que  leur  fruit  contient  souvent  plus 
d'une  graine  ,  et  que  cette  graine  est   toujours 
dépourvue  de  périsperme.  Elles  s'en  distinguent 
par  des  propriétés  médicales  bien  prononcées  ; 
les  racines  des  V»  offic'malis  ^  V.  phu  ,  V.  cel- 
tica  y  et  probablement  de  toutes  les  Valérianées 
vivaces,  sont  amères ,  toniques,  aromatiques, 
anti  -  spasmodiques   et  vermifuges  j    on  les   a 
même  conseillées  quelquefois  comme  fébrifuges  j 
leur  saveur  aromatique  paraît  tenir  à  une  petite 
quantité  d'huile  volatile  que  l'analyse  y  a  re- 
connue ,  leur  saveur  acre  à  de  la  résine ,  et  leur 
arrière  goût  sucré  à  un  extrait  mucilagineux. 
L'odeur  des  racines  des  Valérianées  vivaces  nous 
paraît  en  général  fort  désagréable  j  cependant, 
les  Orientaux  font  ramasser  avec  soin  sur  les 
montagnes  d'Autriche  les  racines  du  ValerianO. 
celtica,  ou  Nard  celtique  des  anciens ,  dont  ils 
se  servent  pour  aromatiser  leurs  bains ,  et.  les 
Indiens  estiment  beaucoup  le  parfum  de  la  f^a- 
leriana  jatamansi  qui  étaient  déjà  célèbre  du 
temps  des  anciens  sous  le  nom  de  Nard  indi- 
que, et  qu'on  emploie  dans  l'Inde  contre  l'hys- 
térie et  l'épiiepsie  ,  précisément  comme  nous 


i 


(  ^17  ) 
faisons  de  notre  Valériane.  Leurs  feuilles  n'ont 
qu'une  légère  amertume  j  aussi  nous  servent- 
elles  d'aliment  dans  leur  jeunesse ,  comme  les 
Mâches  cultivées  dans  nos  potagers ,  et  la  Va- 
lériane rouge  qu'on  mange  en  Sicile. 

6^.     DIPSACÉES. 

Dipsaceanim gen.  Juss.  gen.  194^  excl. ,  §.  3. 

Les  Dipsacées  proprement  dites  sont  de  peu 
d'utilité  et  paraissent  légèrement  amères  et  to- 
niques j  quelques  Scabieuses  ont  été  employées 
comme  diaphorétiquee  et  comme  anti-siphyliti- 
quesj  mais  elles  sont  maintenant  presque  hors 
d'usage ,  sur-tout  sous  le  dernier  rapport. 

70.     COMPOSÉES. 

Compositœ.  Adans.,  fam.  2,  p.  io3.  DC.  FI.  Fr.  4, 
p.  I. 

Les  Composées  forment  l'une  des  familles  les 
plus  nombreuses  du  règne  végétal  j  considérées 
dans  leur  ensemble  ,  elles  offrent  deux  proprié- 
tés communes  à  presque  toutes  les  espèces , 
savoir  ,  l'amertume  des  tiges  et  la  nature 
huileuse  des  graines  ;  mais  pour  étudie i'  ces 
faits  avec   plus    d'utilité,   ij  convient  de  pas- 

12 


(  1/8  ) 

ser  successivement  en  revue  les  trois  principales 
tribus^  je  ne  dis  rien  de  celle  des  Labiatiflores, 
vu  que  ces  plantes  étant  toutes  exotiques  et  à 
peine  décrites  par  les  Ijotânistes  ,  nous  sont 
tout-à-fait  inconnues  quant  à  leurs  propriétés. 

§.  I.  Corimhifères.  Jiiss. 

Dans  les  Corimbifères ,   nous  trouvons  cette 
amertume  que  j'ai  dit  tout-à-i'lieure  commune 
à  toutes  les  Composées ,  mais  elle  y  prend  un 
caractère  particulier  j   elle  s'y  trouve  combinée 
à  un   principe   résineux  qui  en  exalte  d^ordi- 
naire   les  propriétés.   Les  anomalies,  en  appa- 
rence »f   nombreuses    de     cette    i'amiile ,   s'ex-~ 
pliquent ,  les  unes  par  la    proportion  diverse 
de  résine  mêlée  à  leur  mucilage  ,  les   autres 
par   l'état    plus   ou    moins    complet    de   cette 
résine.    Citons  rapidement  quelques  exemples 
de  ces  deux  causes  de  variations.  Que  la  résine 
se  trouve  en  faible  quantité  et  mélangée  à  un 
mucilage  amer  ou   astringent  :  alors  nous   re- 
trouvons les  propriétés  toniques  ,  stomachiques 
et  fébrifuges  des  Cynarocépliales  ,  comme  dans 
le  Tussilago  farfai^a  ,  la   Camomille  ,  Tlnule  , 
la  Verge  d'or  ,   la  JMatricarla  parthcnium  ,  le 
Stevia  febr'ifuga   du  Mexique  ,    \' Eupatorium 
perfuliatum  employé  comme  tonique  et  fébri- 


(  179  ) 

fuge  aux  Etats-Unis ,  etc.  ',  que  cette  quantité 
de  résine  augmente  ,  et  nous  trouverons  une 
augmentation  dans  les  propriétés  stimulantes 
de  ces  plantes.  Les  unes  serviront  d'anthel- 
inintiques,  comme  les  Armoises ,  les  Tanaisies  , 
les  Santolines  j  d'autres  joueront  le  rôle  d'em- 
ménagogues  ,  comme  les  Matricaires ,  les 
Acliillières  et  ces  mêmes  Armoises.  Qnel([ues- 
unes  seront  sudoriiiques ,  comme  les  Eiipa- 
toriurn  ,  les  Achille  a ,  les  Artemisia  ,  les  Ca- 
lendula  ;  d'autres  diurétiques  ,  comme  les  Lia" 
tris  :  quelques-unes  à  volonté  sudori{ic[ues  ou 
diurétiqties ,  comme  VEritreron  pkiladelphi- 
cum  ;  on  en  trouvera  de  sternutatoires  ,  connue 
la  Ptarmica,  Y  Arnica  ,  et  d'autres  qui  ,  appli- 
quées sur  les  gencives  exciteront  fortement  la 
salivation ,  comme  les  Spilanthus ,  le  Siges- 
hecka  orientalis ,  V Anthémis  pyrethrum  ,  le 
Coreopsis  bidens  ^  le  Bidens  tripartita  ;  qua 
ce  même  principe  résineux ,  au  lieu  d'être 
complètement  solidifié,  reste  à  l'état  d'iiuile 
volatile  :  alors  nous  aurons  des  plantes  qui, 
à-la -fois  amères  et  aromatiques  ,  deviendront 
toniques  et  anti-spasmodiques ,  comme  les 
Acliillières  ,  les  Camomilles  ,  les  Armoises  ,  les 
Tanaisies ,  les  Eupatoires ,  etc.  Toutes  les 
plantes  qui  sont  amères  ,  toniques  ,  excitantes, 
ou  violemment  sudorifiques ,  ont  été  célébrées 

Î3.. 


(  i3o  ) 
clans  divers  pays   pour  leur   utilité   contre  les 
morsures   des   serpens  -,  un  grand  nombre   de 
Corimbifères  présentent  toutes   ces  propriétés 
réunies  et  sont  citées  au  nombre  des  meilleurs 
aiexitéres   :  Je  neii  citerai  que  deux  exemples 
très-ceièbros ,     cet     Eupatoriuni     du    Brésil, 
connu  sous  le  nom  de  Ayapana  ,  et  le  fameux 
Guaco  ou  Huaco  du  Pérou ,   qui  paraît  être 
YEupaLoriuin  saiureiaefolium  de  Lamarck.  Peut  - 
on,  dans, toutes  ces  propriétés  diverses,  dont 
plusieurs  sont  réunies  dans  les  mêmes  plantes  , 
ne  pas   reconnaître   les  modifications  du  prin- 
cipe  résineux   uni  à  un  principe  extractif'plus 
ou  moins  amer  ?  Ce  mélange  se  retrouve  dans 
toutes    les    parties  des   Corimbifères  usuelles  , 
et  n'est  sans  doute   que  plus  affaibli  dans  les 
espèces  inusitées  où  il  semble  manquer  entière- 
ment. Qu'il  me  soit  permis  de  citer  ici  un  fait 
qui,  quoique     peu   important    en  lui-même, 
tend  à   montrer  jusque  dans  quels  détails  ou 
]>eut ,  en  certains  cas  ,  retrouver  cette  analogie 
de  propriétés  dans  des  plantes  analogu.es  :   tout 
le  monde  connaît  la  saveur  agréable  que  l'Es- 
tracron  (  Artemisia  dracunculus^  communique 
au.  vinaigre  j  mais  on  ne  sait  pas  aussi  généra- 
lement que  dans    les    Alpes   on   fabriqué   du 
vinaigre  tout -à -fait  semblable  à  celui  d'Es- 
tragon avec  les  différens  Genipi,  qui  sont  les 


(  'RO 

'AcldlIccL  nana ,  Artemisla  glacîalis ,  Art. 
rupcstns  et  Art.  spicata  ,  toutes  plantes  ana- 
logues qu'on  emploie  mdiiïërerament  l'une 
pour  l'autre. 

Les  propriétés  amèrcs  ,  aromatiques  et  un 
peu  astringentes  des  Coriiiihilères  font  que 
plusieurs  d'entr'elles  ont  été  proposées  comme 
succedannées  du  Thé  :  telles  sont  certaines 
espèces  àAchillea,  de  Bcills  ,  à' Artemisla  et 
notamment  VAriemisia  abrotaiium. 

D'après  M.  Braconnot ,  l'Armoise  doit  son 
amertume  à  une  matière  animalisée  extrême- 
ment amère  qui  forme  les  -^  de  son  poids  ; 
cette  plante  renferme  en  outre  de  l'huile  vola- 
tile et  un  acide  qu'il  croit  nouveau  et  qui  s'y 
trouve  combiné  avec  la  potasse  :  il  sera  utile 
de  voir ,  par  des  analyses  comparées ,  si  ces 
matériaux  se  retrouvent  dans  d'autres  Corimbi- 
ières. 

Les  graines  des  Corimbifères  sont  toutes 
plus  ou  moins  huileuses  ,  et  plusieurs ,  parmi 
les  Armoises  et  les  Tanaisies,  sont  regardées 
comme  anthelmintiques  j  mais  la  diiiiculté 
qu'on  trouve  souvent  à  les  dégager  de  leur 
enveloppe  commune  ,  fait  qu'on  les  emploie 
ordinairement  mélangées  avec  les  folioles  de 
l'involucre,  les  réceptacles  et  les  sommités  des 
plantes  qui  contiennent  de  l'huile  volatile  ,  en 


(  i82  ) 
«orte  qu'il  est  difficile  de  déterminer  exacte- 
ment les  propriétés  de  l'huile  fixe  contenue 
dans  les  graines.  Cette  huile  est  même  en  cer- 
tains cas  tellement  abondante  ,  qu'on  l'extrait 
avec  profit  àuMadla  sativa ,  nommé  Madi  au 
Chili  j  et  du  Verbesina  saliva  qui,  dans  l'Inde, 
est  connue  sous  le  nom  de  Huts'ella  :  nous 
pourrions  aussi  tirer  parti  de  celle  de  VUe- 
lianthus.  Le  genre  Helia/ithus  nous  présente 
une  légère  anomalie  par  la  nature  douce, 
nutritive  et  mucilagineuse  des  tubercules  que 
porte  la  racine  de  V He Lianthus  îuberosus. 
Mais  je  renvoie  ,  pour  la  solution  de  cette 
difficulté,  aux  observations  que  j'ai  faites  sur 
ce  sujet  dans  la  première  partie  de  cette  disser" 
tation. 

§.  II.  Cinar acéphales, Z\x%%. 

Les  Cinarocéphales  forment  un  grouppe  plus 
distinct  par  le  port  que  par  les  caractères  ,  et 
lié  de  très-près  avec  la  tribu  précédente  et 
avec  la  suivante.  Elies  possèdent  en  général , 
dans  leur  tige  et  dans  leurs  feuilles  ,  une  amer- 
tume souvent  très'-forte  ,  et  qui  paraît  tenir  à 
un  principe  extractif  uni  avec  la  gomme  qui , 
dans  quelques-unes ,  telles  que  les  Atractilis , 
est  en  grande  abondance.  Cette  amertume  les 
a  fait  employer    quelquefois    comme   stoma- 


(i83) 

chiques,  tel  est  le  Cliardon  béni 5  ailleurs 
comme  légèrement  febril'uges  ,  tels  sont  le 
Chardon-Marie,  la  Chausse- trape,  le  Bluet , 
l'Artichaut  ;  quelquefois  enfin  ce  principe 
tonique  à  un  phis  faible  degré  ,  agit  comme 
sudorifique  ou  diajdiorétique  ;  on  le  voit  dans 
le  Chardon  béni,  la  Bardane  ,  etc. 

Ici ,  comme  dans  les  familles  précédentes , 
nous  employons  à  notre  nourriture  cette  amer- 
tume, avant  qu'elle  soit  Ijien  développée,  et 
lorsqu'elle  est  encore  délayée  pour  ainsi  dire 
dans  un  mucilage  insipide.  C'est  ainsi  ([u'on 
mange  en  divers  pays  les  jeunes  feuilles  des 
-Chardons-Mariés ,  des  Carthames ,  des  Chausse- 
trapes  j  et  c'est  probal^lement  par  la  même 
raison  que  les  réceptacles  de  plusieurs  Cinaro- 
céphales  se  trouvent  bons  à  manger  avant 
l'épanouissement  des  fleurs  ,  comme  nous  le 
voyons  tous  les  jours  dans  l'Artichaut  5  et 
comme  on  le  retrouve  dans  l'Onopordon,  les 
Carlincs  (1)  ,  le  Carduus  eriophorus  et  proba- 
blement dans  toutes  les  Cinarocéphales  peu  li- 
gneuses. 


(1)  Le  réceptacle  du  Carlina  acantliifolia  ,  qui  est  très- 
gros  et  très-charnu,  est  d'un  usage  habituel  dans  les 
Pyrénées  ,  les  Cevennes  et  les  Alpes  méridionales ,  où 
cette  belle  espèce  est  assez  commune. 


(  i84) 

On  se  sert  en  Espagne  de  la  fleur  de  VEchi- 
nops  strigosiis  pour  en  préparer  une  espèce 
d'amadou.  Les  corolles  de  l'Artichaut ,  du 
Cardon  ,  et  de  la  plupart  des  Chardons  ,  ont  la 
propriété  particulière  de  faire  cailler  le  lait ,  et 
sont  sous  ce  rapport ,  employées  en  guise  de 
présure  ,  dans  diverses  provinces  de  France. 

Les  graines  de  toutes  les  plantes  de  cette 
tribu  sont  huileuses  et  d'une  saveur  légèrement 
amère  :  leurs  propriétés  ,  éprouvées  dans  un 
petit  nombre ,  offrent  quelques  diîTérences  ; 
les  unes  sont  purgatives  comme  dans  le  Car- 
thame ,  d'autres  diaphorétiques  comme  dans 
le  Chardon  béni  5  quelques-unes  réunissent 
ces  vertus  comme  celles  de  Bardane  qui  passent 
pour  diurétiques,  diaphorétiques  et  un  peu 
purgatives. 

§.  III.  Lahiati/lores.  DC.  et  Lag. 

Proprités  inconnues. 

§.  YV -  Chicoracées.Znss. 

Les  Chicoracées  sont  un  peu  plus  douces 
que  les  Campanulacées  ,  mais  leur  ressejnljlent 
absolument  par  les  caractères  médicaux  et 
chimiques.  Cette  ressemblance  pourra  être  re- 
gardée gomme  une  exception  à  la  loi  de  Tana- 


(  i85  ) 

logie  par  les  botanistes  systématiques  j  mais 
ceux  qui  marchent  dans  la  science  ,  guidés  par 
les  lumières  de  l'anatomie  et  des  rapports  natu- 
rels ,  ne  voient  dans  ces  plantes  que  des 
grouppes  très-rapprocliés.  Les  Campanulacécs 
leur  offrent  des  fleurs  aggrégées  dans  le  Jasioiie  , 
des  corolles  fendues  longitudinalement  dans  le 
Goodenia ,  des  anthères  réunies  dans  le  I-.0- 
belia  et  le  Jasione.  Que  ces  trois  caractères  se 
trouvent  un  jour  réunis  sur  la  même  plante  , 
et  il  n'existera  d'autre  dilïérence  entre  ces 
familles ,  sinon  que  dans  la  première  le  fruit 
sera  polysperme ,  et  dans  la  seconde  monos- 
perme. Le  Brunonia,  décrit  récemment  par 
M.  Smith,  semble  tenir  tout-à-f'ait  le  milieu 
entre  les  Chicoracées   et  les  Campanulacées. 

Le  suc  des  Chicoracées  est  ordinairement 
laiteux,  amer,  un  peu  astringent  et  narco- 
tique. Ces  propriétés  se  trouvent  dans  presque 
toutes  les  espèces  sauvages ,  à  un  degré  plus 
ou  moins  prononcé  ;  on  les  remarque  sur-tout 
réunies  dans  les  Lactuca  sylvestrls  et  vlrosa  (1)  j 


(i)  L'emploi  de  l'extrait  de  Lactuca  virosa  à  la  place 
de  l'Opium,  devient  chaque  jour  plus  général,  et  mérite 
d'être  recommandé  aux  praticiens j  cet  extrait  remplace 
bien  l'Opium  comme  narcotique  ,  et  ne  cause  presque  ja- 


(  i86) 
mais  le  principe  astringent  domine  presque  seul 
dans  les  Cliicoracées  non-laiteuses  ,  telles  que 
la  Piloselle  5  l'amertume  dans  les  Cliicoracées 
laiteuses,  telles  que  la  Dent-de-Lion,  la  Clii^ 
Corée  î  et  si  les  Lactuca  syîvestiis  et  virosa  3  L. , 
ont  des  propriétés  délétères ,  elles  les  doi- 
vent probablement  au  mélange  de  ces  deux 
principes  :  on  peut  en  effet  rendre  le  suc  de 
la  Laitue  vénéneuse  aussi  anodin  que  celui 
de  la  Laitue  cultivée,  en  le  traitant  avec  l'al- 
bumine des  œufs  ^  c'est-à-dire,  en  lui  enlevant 
son  tannin. 

Mais  nous  avons  déjà  vu  souvent  qu'un 
faible  degré  d'astringence  ou  d'amertume  , 
mélangé  avec  le  mucilage  ,  forme  un  composé 
qui  ,  sans  être  dangereux  ,  est  agréable  à  notre 
palais  ,  et  qui  quelquefois  mêiTie  a  d'utiles 
propriétés  médicales.  Nos  efforts  se  sont  donq 
dirio^és  vers  ce  but ,  et  nous  avons  saisi  les 
moyens  d'utiliser  les  Cliicoracées ,  avant  que 
leur  suc  ])ropre  fût  entièrement  formé  :  ainsi, 
presque  toutes  servent  d'alimens  dans  leur 
jeunesse ,  c'esL-à-dire  ,  à  l'époque  où  le  muci- 
lage est  le  plus  abondant  5  telles  sont  les  jeunes 
pousses  de  Tragopogon  ^  les  jeunes  feuilles  de 

mais   les   accideus   déterminés  ,  dans   certains  individus  , 
car  l'usage  de  l'Opium  pris  msme  à  petite  dose. 


Taraxacum ,  de  Laitron ,  de  Laitue  ,  etc.  : 
ailleurs  nous  cherchons  à  prolonger  cette  jeu- 
nesse par  la  privation  de  la  lumière  ,  et  nous 
étiolons  ,  pour  les  rendre  propres  à  notre  nour- 
riture ,  les  Laitues ,  les  Chicorées  ,  etc.  Enliii 
nous  nous  servons,  dans  le  nieine  but,  des 
parties  de  la  plante  qui  sont  naturellemeiit 
étiolées,  telle  que  la  racine  j  c'est  ainsi  que 
nous  tirons  un  usage  précieux  des  racines  des 
Salsifis  ,  des  Scorsonères , ,  de  la  Cliicorée  ,  de 
la  Dent-de-Lion ,  du  Piciis  echio'ules ,  etc. 
C'est  ainsi  qu'on  mange  dans  le  Midi  de  la 
France  ,  les  racines  et  les  feuilles  naissantes  du 
Scolymus  hispanlcus  ,  qui  y  est  connu  sous  le 
nom  de  Cardouîlles.  Seroit-ce  enfin  à  cette 
même  privation  de  la  lumière  que  les  graines 
de  toutes  les  Chicoracées  devraient  leurs  qua- 
lités froides  anodines,  comme  on  le  voit  dans 
les  Chicoracées  ,  les  Laitues,  etc.  ? 

71.     C  A  M  P  A  N  U  L  A  C  É  E  S. 

Campanulacece.  Juss. ,  Ann.  Mus.  5,  p.  426,  i8,  p.  li 

Les  Campanulacées  renferment  en  général  un 
suc  propre  laiteux  comme  dans  les  Cliicora- 
cées  ,  mais  plus  doux,  moins  amer  et  tendant 
plutôt  à  l'âcreté  lorsqu'il  n'est  pas  ins'pidej 
les  racin*«i  et  les   jeunes  poussa'"  de  plusieur'; 


(>88) 
Campanules  ,  telles  que  les  C  rapunculus  , 
trachelium 3  celles  du  Thyteuma  spicata  ,  etc.  y 
servent  d'alimens  en  Europe  j  les  Uabitans  des 
Canaries  emploient  au  même  usage  le  Canaruia 
campanula,  et  je  ne  doute  point  qu'on  ne  pût 
employer  de  même  plusieurs  autres  espèces  de 
cette  famille. 

72.     L  O  B  E  L  I  A  C  É  E  S. 

Lobeliacece.  Juss. ,  Ann.  Mus.  18,  p.  1. 

Les  Lobeliacées  comprennent  trois  grouppes 
assez  distincts ,  savoir,  les  Lobeliacées  propre- 
ment dites ,  les  Goudenoviées  et  les  Stylidées  ; 
mais  ces  grouppes  doivent  plutôt  être  considé- 
rés comme  des  sections  de  la  famille  des  Cam- 
panulacées  que  comme  des  ordres  réellement 
distincts.  On  ne  connaît  presque  rien  sur  les 
])ropriétésj:les  Goudenoviées  et  des  Stylidées; 
ce  qu'on  connaît  des  Lobelia  annonce  quel- 
ques rapports  avec  les  Campanulacées  (aux- 
quelles M.  Rob.  Brown  les  réunit  )  ,  mais  une 
âbreté  beaucoup  plus  grande  :  plusieurs  d'entre 
elles  ont  un.  efïet,  délétère  sur  l'économie  ani- 
male :  telles  sont  les  Lobelia  urens  ,  L.  cirsi- 
folia  ,  L.  loTig/flora  ,  et  sur-tout  le  L.  tapa , 
dont  le  suc  appliqué  à  l'extérieur,  agit  comme 
caustique ,  et  pris  à  l'intérieur  excite  des  vo- 


(  i89) 
missemens ,  des  douleurs  d'entrailles  et  souvent 
la  mort. 

Ce  suc  paraît  d'une  nature  plus  douce  dans 
la  racine  du  Lobe  lia  sypJdlitica ,  qui,  pris  à 
dose  légère ,  agit  comme  diaphorétique  et  à  dose 
plus  forte  comme  diurétique  ou  purgatif,  enfin 
à  plus  grande  encore  comme  émétique  j  c'est 
probablement  à  la  réunion  des  deux  premiers 
moyens  qu'est  duc  son  utilité  contre  les  mala- 
dies sypliilitir|uesj  des  expériences  faites  depuis 
lors  en  Europe ,  ont  retrouvé  la  même  propriété 
parmi  les  Phyteuma ,  qui  appartiennent  aux 
vraies  Campanulacées.  L'infusion  du  Lobelia 
injluta  est  employée  aux  États-Unis  dans  la 
leucorrhée  \  la  racine  du  Lobe/ia  cardinalls  sert 
de  vermifuge  aux  sauvages  de  l'Amérique  sep-  _ 
tentrionale. 

73.     CUCURBITACÉES. 
Cuciirbitaceœ.  Juss. ,  gen.  SgS. 

La  famille  des  Cucurbitacées  paraît  s'éloigner 
de  la  loi  de  l'uniformité  par  l'anomalie  la  plus 
bizarre  5  les  fk-uits  de  ces  plantes  sont  en  général 
formés  d'une  chair  pulpeuse,  aqueuse,  douce 
ou  légèrement  acidulé  ,  toujours  rafraîchis- 
sante et  ordinairement  agréable  au  goût  j  c'est 
,  ce  qu'on  voit  dans  la  plupart  des  Courges  ,  des 


C  ipô  ) 

Concombres ,  des  Momordiques  et  même  dans 
les  Papayers  ,  qui ,  sous  d'autres  rapports ,  s'é- 
loigi'eiit  des  Cucurbitacées  j  mais  au  contraire 
la  Coloquinte  ,  VEIaterium  et  le  Trichosanthes 
amara  se  distinguent  par  leur  fruit  amer,  qui , 
pris  à  l'intérieur ,  agit  comme  un  violent  pur- 
gatif drastique  ,  ou  comme  émétique  ;  obser- 
vons cependant  que  le  Cucurbita  lagenaria 
a  la  pul])e  anière  et  purgative  dans  son  état 
5îaturel,  et  que  les  Egyptiens  la  mangent  cepen- 
dant après  l'avoir  fait  cuire.  Ajoutons  que  le 
Ck)iicombre  ,  la  Citrouille  ,  le  Melon  sont  laxa- 
tifs à  forte  dose  \  remarquons  que  les  proprié- 
tés purgatives  des  Coloquintes  tiennent  à  un 
principe  résineux  j  on  adoucit  beaucoup  sa  vio- 
lence en  mélangeant  ce  suc  avec  de  la  gomme  ; 
de  sorte  qu'on  peut  présumer  que  la  diversité 
de  ces  fruits  tient  à  une  proportion  diverse  de 
résine  et  de  mucilage  aqueux  5  j'ai  ouï  dire  à 
un  lion^tine  de  poids  que  l'on  était  parvenu  à 
rendre  le  suc  des  Citrouilles  purgatif  en  le  pri- 
vant de  son  mucilage  5  mais  je  n'ai  pu  retrou- 
ver de  détails  sur  cet  objet  :  il  ne  serait  pas 
improbable  que  les  sucs  qu'on  extrait  du  fi'uit 
de  ces  plantes  eussent  réellement  une  origine 
difïérente  5  que  les  uns  ,  par  exemple  ,  fussent 
formés  par  le  sarcocarpe  et  d'autres  par  l'en- 
docarpe. 


(  191  ) 
Les  graines  des  Cucnrbitacées  ne  partîcipeitt 
point  aux  qualités  de  la  pulpe  qui  les  entoure  ; 
elles  sont  douces  ,  calmantes  ,  de  nature  hui- 
leuse ,  et  susceptibles  de  prendre  facilement  la 
forme  d'une  émulsion  :  les  quatre  grandes  Se- 
mences iroides  appartiennent  à  cette  famille. 
Les  feuilles  des  Cucurbitacées  ont  en  G;énéral 
une  saveur  amère  qui  se  retrouve  dans  les  ra- 
cines ,  et  qui  leur  donne  sans  doute  la  propriété 
de    purgatif    liydragogue    observée    dans    les 
Bryones  :  ces  mêmes  racines  de  Bryones  ren- 
ferment une  fécule   saine   et  assez   abondante 
qui ,  séparée  du  principe  amer,  peut  servir  de 
nourriture  à  l'homme  j  on  assure  même  qu'il 
suffit  pour  cela  de  faire  cuire  à  l'eau  la  racine 
de  la  Bryone  d'Abyssinie.  La  [)lupart  des  ra- 
cines vivaces  de  Cucurbitacées  sont  remplies 
d'un  suc  amer  et  drastique  ,  comme  on  le  volt 
par  Texemple  de  toutes  les  espèces  de  Bryonia 
et  à\\  Momordica  elaterium  (i)j  parmi  les  pro- 
duits médecinaux  rapportés  du  Pérou  par  Leu- 
baz  ,    on   remarque    une   racine    de    Cucurbi- 
tacée  d'une  saveur  très-amère,  et  qu'il  dit  utile 


(i)  C'est  à  tort 'qu'on  cite  dans  tous  les  livres  cette  pbnte 
comme  annuelle  ;  elle  est  dtcidément  vivace  dan$  son  sol 
natal  ,  et  a  mcmeune  très-forte  racine. 


•     (  '90 

contre  les  douleurs  qui  suivent  les  maladies 
vénériennes  invétérées  j  les  racines  de  Cucurbi- 
tacées  annuelles  sont  presqu'insipides.  Je  dois 
'  ajouter  au  reste  que  la  famille  des  Cucurbi- 
tacées  n'a  que  des  rapports  éloignés  avec  les 
familles  dont  elle  est  ici  rapprochée  ,  d'après 
l'opinion  de  Bernard  de  Jussieu  ,  et  dont  elle 
paraît  en  effet  s'éloigner  moins  que  de  toutes 
les  autres. 

74.     GESSNERIÉES. 
Gessnerieœ.  Rich.  et  Juss. ,  Ann.  Mus.  5,  p.  428. 

Propriétés  inconnues. 

rjS,     VACCINIÉES. 

Vacciniece.  DG.  Théor.  216. 

Les  Vacciniées  qui  diffèrent  fort  peu  des 
Ericinées  par  leurs  caractères  botaniques ,  s'en 
rapprochent  tout-à-fait  aussi  par  leurs  proprié- 
tés ;  leur  écorce  et  leurs  feuilles  sont  astrin- 
gentes ,  un  peu  toniques  et  stimulantes  :  les 
fruits  sont  charnus  ,  sains  et  mangeables  j  leur 
saveur  est  douceâtre  ,  comme  on  le  voit ,  dans 
le  Vaccïniiuii  myrtiUus  ,  qui  est  fort  commun 
dans  une  grande  partie  de  l'Europe,  et  qui  se 
mange  tantôt  cru ,  tantôt  en  forme  de  confi- 


(193) 

ture  ou  de  tourte;  quelquefois  le  suc  des  baieâ 
de  Vaccinium  est  un  peu  acidulé ,  rafraîchis- 
sant et  agréable  au  goût  j  telles  sont ,  par  exem- 
ple ,  le  V^accinium  oxycoccos ,  qu'on  mange 
dans  le  Nord  de  l'Europe  après  l'avoir  iiiit  cuire 
avec  du  sucre  j  telles  sont  encore  celles  du 
V  accinium  macrocarpum ,  qui  sert  au  même 
usage  dans  la  Canada ,  et  dont  sir  Joseph  Banks 
a  introduit  la  culture  en  Angleterre.  Les  An- 
glais désignent  sous  le  nom  de  Cran-Berry  , 
non-seulement  le  Vaccinium  oxycoccos ,  qui 
le  portait  primitivement ,  mais  encore  ce  Vac- 
cinium macrocarpum  dont  on  apporte  les  fi:uits 
du  Canada  en  Angleterre  pour  l'usage  de  la 
cuisine.  On  reconnaît  toujours  dans  la  plupart 
des  Airelles ,  un  arrière-goût  un  peu  styptique 
qui  tient  au  calice  ,  lequel  est  adhérent  au 
péricarpe  comme  dans  les  Myrtinées. 

^6,     E  R  I  C  I  N  É  E  S. 

Ericinece.'Desv.  y  Joum.  Bot.  i8i3,p.28 — Rhodo' 
dendra  et  Ericv.  Juss. 

Cette  famille ,  qui  diffère  à  peine  de  la  pré- 
cédente par  sa  structure  ,  s*en  rapproche  aussi 
par  des  propriétés  semblables  j  les  feuilles ,  et 
«ur-tout  les  écorce*  des  Ericitiées  ,  sont  astrin- 

i3 


(  «94  ) 

gen tes  comme,  par  exemple ,  V Azalea proeum- 

6e>ns ,  les  Mhododejidrvrt  Jerrm^ncum  et  ckry- 
santhunt  »  le  Ledum  p€iiustre  ,  et  quelques 
autres  plantes  qui  appartiennent  à  la  tribu  des 
Khodoracots ;  telles  sont  encore  paruii  les  £ri- 
cinées  proprement  dites  ,  les  Fy rôles  ,  VAftdrv- 
meda  potijhititf  VArbutus  uva  ursi:  il  y  a  plus , 
les  anciens  avaient  donné  aux  Bruyères  le  notu 
à^Erica  ,  qui  signifie  briser,  |]âi"ue  qu'ils  attri- 
buaient à  la  Biuyère  la  vertu  de  dissoudre  le 
calcul  j  la  mt*Mue  projxrieté  a  été ,  dans  les  tem^ns 
modernes  ,  attribuée  à  YLva-ursè  ^  et  m^^me  , 
quoique  probaUement  à  tort  (i) ,  au  fljù- 
îdea  ;  on  a  depuis  apprécié  à  leur  juste  valeur 
les  prétendus  Lithontrtptiques  ,  mais  on  no 
peut  nier  que  Ws/u-uj^i  n'ait  été  utile  dans 
plusieurs  cas  ,  non  j»our  dissoudre,  luais  p«.>ur 
expuJser  le  gravier  et  sur-tout  les  calculs  rei- 
naux  :  cet  elïét  est  attribué  par  plusieurs  pra- 

le  sulfate  de  fer  ,  et  cette  plante  ccmtieat  par  cyjttsiî^Uvu;: 
Uu  tajuùa  et  <îe  Tacide  gallû|ue.  L'ùitussioa  du  Vêtis  idijea 
ne  précipite  ni  la  gélatine  ui  le  sulfate  de  1er  ,  d^aprè«  le^ 
observations  de  M,  Braccoxuoit ,  et  «e  retttVrine  par  consé- 
quent ni  tiutuiu  «i  atide  gaUi*{ue  »  au  un-'Ius  en  tjuautité 
ijiotahle%  Le  VUis  idij^a  ^  substitué  par  erreur  o«  par  B-aud« 
à  VXIva-ttrsi  f  parait  avoir  causé  It-s  coutradietiu-.- s  ■>  ■■:%- 
decins  sur  l'emploi  de  ce  dernier  médlcameut. 


(195) 

ticiens  aux  astringens  qui  agissent  ici  comme 
diurétiques,  toniciucs  et  stimulans.  La  discus- 
sion de  cette  question  est  hors  de  mon  sujet } 
il  me  suffît  d'observer  que  la  même  propriété 
a  été  observée  dans  plusieurs  |)lanles  voisines  , 
etnotannnentdans  le  V^rola  umbclLaLi  (i).  L'in- 
fusion des  feuilles  de  V L'va-urs'i.  est  aussi  em- 
ployée avec  succès,  à  titre  d'astringent,  dans  les 
gonorrliées  anciennes.  Les  feuilles  aslriugentea 
des  arbustes  de  cette  famille  ont  été  souvent 
proposées  comme  succédanées  du  Tlié  ,  telles 
sont  celles  du  GauUlieria  procunibens  ,  du 
Vaccinium  oxycoccos  y<X\xli/iudodandrori  clirv" 
santuTTi ,  etc. 

Les  baies  de  toutes  les  Ericinées  à  fruit  char- 
nu ,  servent  d'alimens  dans  difïérens  pays  :  on 
leur  attribue  une  saveur  agréable  j  ainsi ,  on  se 
nourrit  à  Saint-Domingue  du  Brossaea  cocci- 
/z<?<2y  en  Laponie  ,  de   VArbutus  alpl/ia  ;  àann 


(i)  Le  Pyrola  umbellata  est  appela  par  les  Canadiens 
Herbe  à  pisser.  Son  usage  a  été  îiitroduî!;  dans  la  mf'dccine 
anglaise.  On  l'emploie  sous  forme  d'extrait,  en  pilules,  à 
la  dose  de  cinq  scrupules  par  jour  5  on  donne  aussi  l'extrait 
dissous  dans  l'eau  boi.illante.  Le  docteur  Somervill®  cite 
plusieurs  cas  remarquaMes  de  l'utilité  de  re  médicumexit 
dans  les  hydropisics.  (Aun.  Méd.  4»  j  p.  Sao.) 

i3.. 


(  196) 

l'Orient,  àesArbiitus  andrachnc  et  inîegrifoUa; 
aux  terres Magellaniqu es,  àeVArbutus  mucro- 
nata ;  clans  la  Nouvelle-Hollande,  de  plusieurs 
Styphelia  ,  et  notamment  de  celui  auquel  M.  de 
la   Biilardière  a    donné  le  nom  de  Styphelia 
Richei ,  parce  que  ses  fruits  ont  été  leseul  ali- 
ment qui  ait  soutenu  le  naturaliste  Piicîie  égaré 
dans  un  désert  j  en  Europe  ,  des  Arbutus  uva- 
ursi  et  unedo.  Ce  dernier ,  pris  en  trop  graiide 
dose ,  devient,  dit-on,  narcotique.  Cette  même 
propriété  semble  se   retrouver  dans  quelques 
autres  espèces  de  la  même  famille  ;  mais  cepen- 
dant, il  faut  l'avouer,  d'une  manière  un  peu  * 
ol^scure  :  on  assure  que  le   Ledum   excite  des 
maux  de  tête  ,  et  qu'employé  dans  la  fabrica- 
tion de  la  bierre  ,  comme  on  le  fait  quelquefois 
en  fraude  ,  il  rend  cette  boisson  narcotique  ;  on 
a  souvent  attribué  la  même  propriété  à  divers 
îlosages,  et  sur-tout  au  Rhododendron  chrysan- 
îliuni  ;  dirai-je  enfin  que  les  fleurs  de  VAzalea 
pontica  exsudent  un  nectar  qui ,  pompé  par  les 
abeilles ,  rend  leur  miel  vénéneux  ?  Xénopbon 
rapporte  que  plusieurs  soldats  ayant  mangé  de 
ce  miel  près  de  Trébisonde ,  en  éprouvèrent  des 
effets   pernicieux.  On  retrouve  des  indices  de 
ces  qualités  délétères  dans  plusieurs  espèces  de 
la  tribu  des  Rhodoracées  ;  ainsi ,  le  Rhododen- 
dron maximum  passe  pour  vénéneux  aux  États- 


(  ^91  ) 
Unis  ,  comme  le  Rhododendron  maximum  en 
Asie  \  le  Kalmia  latifolia  pris  en  infusion  ,  est 
aussi  vénéneux  ;  la  décoction  Ôl  Aîidromeda  ma- 
rîana  et  de  Gaultheria  procumbens  agit  comme 
narcotique.  On  emploie  dans  l' Amérique  septen- 
trionale l'inlusion  <ivL  Rhododendron  majcimum 
contre  les  rhumatismes  chroniques  ,  et  en  Asie 
celle  du  Rhododendron  pontîcum  contre  la 
goutte  et  les  rhumatismes. 

La  poudre  brune  qui  adhère  aux  pétioles  des 
feuilles  de  j)resque  toutes  les  espèces  de  Kalmia  , 
dAndromeda  et  de  Rhododendron  ,  ainsi  que 
celle  qui  entoure  leurs  graines ,  est  populaire- 
ment employée  aux  États-Unis  comme  ster- 
nutatoire. 

rj^.    AQUIFOLIACÉES. 
Aquifoliaceœ.  DG.  Tliéor.  217. 

Les  baies  du  Houx  commun  sont  assez  acres , 
et  ingérées  dans  l'estomac  agissent  comme  pur- 
gatif ou  comme  émé tique  j  cette  dernière  action 
est  plus  prononcée  dans  VIlex  vomitoria ,  ([ui 
est  aussi  un  des  plus  forts  diurétiques  que  l'on 
connaisse  j  le  liber  ou  l'écorce  interne  du 
Houx  sert  en  Europe  à  la  fabrication  de  la 
glu ,  matière  très-particulière  et  qui  a  pris 
place  au  nombre  des  matériaux  immédiats  des 


(  >9«) 

végétaux^  il  est  très-probable  que  les  espèces 
étrangères  présenteraient ,  si  on  les  soumettait 
aux  mêmes  opérations  ,  cette  matière  si  rare 
d'ailleurs  dans  le  règne  végétal  -,  l'extrême 
analogie  du  tissu  de  leur  bois  et  de  leur  écorce 
semble  l'indiquer. 

78.     M  Y  R  S  I  N  É  E  S. 

Myrsinece.  Brown.,  prod.  552.  —  ArdUiaceœ.  Juss., 
Ano.  i5,  p.  35o. 

Propriétés  inconnues. 

79.     SA  POTÉES. 

Sapotœ.  Juss. ,  gen.  i5i. 

Ces  arbres  ,~tous  exotiques ,  sont  encore  peu 
connus ,  sur-tout  relativement  à  leurs  pro- 
priétés î  il  paraît  que  leur  plus  grande  utilité 
consiste  dans  leur  fruit  dont  on  mange  la  pulpe  ; 
ainsi  celle  du  Mimusops  elengi  ,  L. ,  de  Vlnz- 
bricarla  malabarica  3  Lam.  ,  du  SideroxyloTi 
spinosuni,  L.  ,  du  Chrysophyllum  cainito ,  L.  , 
du  C.  janiaicense  Jacq. ,  C,  oliviforme  ,  Lam.  , 
C.  macoucou  j  Aubl.  ,  de  VAchras  connu  à 
Guatimala  sous  le  nom  de  Néflier  ,  etc.  , 
servent  d'aliment  à  l'homme  dans  les  pays  où 
ces  arbres  croissent  naturellement ,  et  les  voya- 


(  "^^9  ) 
genrs  attribuent  à  presque    tous  une   saveur 
douce  et  un  peu  acidulé. 

Les  graines  de  toutes  les  Sapotées  sont  hui- 
leuses 5  celles  de  VAchras  sapota  sont  regardées 
comme  apéritives  et  diurétiques.  L'huile  que 
ces  graines  renferment  est  peu  fluide  et  paraît 
de  nature  à  se  concréter  facilement  de  manière 
à  prendre  la  consistance  du  beurre  :  les  grai- 
nes du  Bassia  butyracea  (i)  sont  employées 
sous  ce  rapport  à  la  côte  de  Coromandel  j  peut- 
être  l'arbre  de  beurre,  observé  par  Mongo- 
Park  au  Bambarra ,  appartient-il  aussi  à  la  fa- 
mille des  Sapotées ,  assez  répandue  sous  les 
tropiques. 

Lesécorces  de  quatre  espèces  d'Achras  sont , 
au  rapport  de  Erown ,  assez  astringentes  et 
fébrifuges  pour  être  substituées  au  quinquina. 
Le  suc  de  toutes  les  Sapotées  est  laiteux  j  ce 
lait  paraît  être  d'une  nature  plus  douce  que 
celle  des  autres  familles  à  suc  laiteux ^  il  paraît 

(i)  Cet  arbre  est  connu  dans  l'Inde  sous  les  noms  de 
Mava  f  ATaJiva  ou  Madhuca ,  ses  graines  sont  si  nom- 
breuses et  si  liuileuses  qu'un  arbre  rapporte  jusqu'à  trois 
quintaux  d'huile  5  celle-ci  sert  habituellement  à  l'usage  de 
la  cuisine.  Les  Fleurs  sèches  du  Mahva  se  mêlent  aussi 
dans  les  allmens  des  Indiens  ,  et  les  naturels  de  Châtra 
savent  même  en  extraire  une  sorte  d'eau- de-vie.  (  Asiat. 
Res.  ij  p.  3oo  et  309.  ) 


(    2.O0    ) 

même  que  c'est  à  la  famille  des  Sapotées  qu'ap- 
partient le  fameux  Ai^bre  de  la  Vache ,  célèbre 
dans  l'Amérique  méridionale  ,  et  dont ,  au  rap- 
port de  M.  de  Humholdt ,  on  extrait  le  lait 
pour  servir  à  la  nourriture  des  hommes. 

80.     EBENACÉES. 

Ebenaceœ.  Vent.  ,  Juss. ,  Ann.  Mus.  5,  p.  /^ij. — 
Gujacancr.  Juss.  ,gen.  i55. 

Cette  famille  ne  nous  offre  que  deux  organes 
qui  aient  quelqu'intérêt  par  leur  emploi  :  les 
fruits  et  les  bois.  Quant  aux  premiers ,  on 
mange  les  baies  de  plusieurs  Ebénacées  dans 
divers  pays ,  par  exemple  ,  Diospiros  virgïniana 
en  Amérique  septentrionale ,  D.  sapotanigra 
au  Mexique,  Z).  kaki  au  Japon  ,  T).  decandra 
en  Cochinchine  ,  D.  chloroxjlon ,  Eoxb. ,  à  la 
côte  de  Coromandel.  Ces  fi:uits  sont  tous  re- 
marquables par  la  saveur  très-acerbe  qu'ils  ont 
avant  leur  maturité  ,  et  ne  peuvent  servir  que 
lorsque  ,  comme  les  Nèfles ,  ils  ont  été  adoucis 
par  cette  espèce  de  décomposition  particulière 
que  certains  fruits  acquièrent  à  leur  maturité 
et  qui  leur  a  fait  donner ,  par  le  vvdgaire  ,  le 
nom  de  Blets  ou  B lèches ,  nom  qu'il  faut 
bien  admettre  puisqu'il  n'y  en  a  pas  d'autres (i)j 

(i)  Il  est  assez  curieux  que  cet  état  particulier  des  fruits 


(    201    ) 

les  fruits  cliarntJS  paraissent  présenter  des  pra- 
priétés  analogues  ,  lors  même  qu'à  cause  de 
leur  petitesse  ,  on  néglige  d'en  faire  usage.  L'é- 
corce  des  Ebénacées  présente  des  indices  de 
ce  même  principe  astringent  et  tonique  j  ceL'e 
du  Diospyros  virginiana  est  utilement  em- 
ployée aux  Etats-Unis  contre  les  fièvres  inter- 
mittentes. Le  bois  des  Ebénacées  est  très-re- 
marquable par  son  extrême  dureté  qui  a  fait 
donner  à  plusieurs  le  nom  di  Jrbre- de-Fer ,  et 
par  la  couleur  noire  qu'il  acquiert  souvent  en 
vieillissant  et  qui  est  très-connue  dans  l'Ebène, 
Le  grouppe  des  Simplocos ,  aujourd'hui  réuni 
aux  Ebénacées,  mais  qui  sera  sûrement  un 
jour  considéré  comme  une  famille  distincte  , 
s'en  écarte  aussi  par  ses  propriétés  :  les  feuilles 
des  arbustes  de  ce  grouppe  sont  généralement 
astringentes  comme  on  le  voit  dans  VAlstonia 

blets  ne  se  retrouve  que  dans  ceux  chez  lesquels  la  sa- 
veur acerbe  a  été  très-prononcée  :  ainsi,  parmi  les  fruits 
susceptibles  de  devenir  blets ,  se  trouvent  les  fruits  des 
Diospyros  ,  les  Nèfles ,  les  Sorbes  ,  les  Poires  ;  il  semble 
que, cet  état  soit  du  à  une  modification  du  principe  acerbe. 
II  est  encore  digne  de  remarque  que  le  principe  acerbe  ne 
se  trouve  bien  développé  que  dans  les  fruits  composés  do 
l'ovaire  et  du  calice  soudés  ensemble  :  de  sorte  qu'on  ne 

rencontre   de  fruits  bkts  que  dans  les  familles  à  ovaiee 

adhéicnt. 


(    202   ) 

l'un  des  succédanés  du  thé  :  les  feuilles  de  cet 
Alstonia  teignent  la  salive  en  verd  jaunâtre  ; 
le  Hopea  tinctoria  sert  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale pour  la  teinture  en  jaune  ;  ces 
végétaux  sont  au  reste  encore  très-peu  connus, 
sur-tout  quant  à  leurs  propriétés. 

Quant  aux  Aliboufiers  (  Styrax  )  ,  ils  inté- 
ressent davantage  la  médecine  ,  pviisqu'ils  nous 
fournissent  le  benjoin  qu'on  retire  du  Styrax 
benjoin  de  Dryander,  et  le  Storax  qui  est  pro- 
duit dans  le  Levant  par  le  Styrax  officinale . 
Ces  deux  baumes  ,  qui  sont  composés  de  résiné 
et  d'acide  bensoïque  (i)  ,  répandent  une  odeur 
suave ,  et  sont  employés  dans  les  maladies  du 
poumon;  ces  propriétés  fort  différentes  de 
celles  des  Ébénacées ,  semblaient  faire  dans 
cette  famille  une  exception  bien  prononcée  ; 
mais  on  a  reconnu ,  depuis  la  première  édition 
de  cet  ouvrage  ,  que  les  Styrax^  ne  différaient 
pas  moins  des  Ebénacées  par  leurs  formes  les 
plus  essentielles  que  par  leurs  propriétés  ,  et  le 
seul  doute  qui  existe  encore  à  leur  égard  ,  est  de 
savoir  s'ils  doivent  former  une  famille  particu- 


(i)  Le  benjoin  renferme  en  outre,  d'après  l'analyse  de 
Bucholz,  un  principe  aromatique  particulier  soluble  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool. 


{    203   ) 

lière  avec  les  Simplocos,  comme  le  pense  M.  Ri- 
chard ,  ou  être  rejetés  parmi  les  Meliacées , 
comme  le  veut  M.  de  Jussieu. 

81.   TERNSTROMIÉES. 

Ternstromice.  Mirb. 

Les  propriétés  de  cette  famille  sont  encore 
inconnues,  et  ses  limites  botanitjues  nesontpas 
encore  bien  déterminées  j  je  dirai  seulement  que 
loin  d'appartenir  aux  Hesperidees,  les-  genres 
qui  la  composent  ont  de  grands  rapports  avec 
les  Ebénacées  et  les  Simplocées  ;  qu'outre  les 
genres  Ternstromla  et  Fresiera  qu'on  y  rap- 
portait, on  doit  y  joindre  le  PaLiva  de  la 
Flore  du  Pérou  ,  le  Saurauja  de  Wildenow^  j 
et  le  Scapha  de  Noronha  ,  ([ui  probablement 
ne  diffère  pas  du  précédent.  Dans  un  de  ces 
arbres  de  Java,  Noronha  remarque  que  le  fruit 
est  acidulé  ,  d'une  saveur  un  peu  analogue  aux 
Tomates  et  qu'il  sert  d'aliment  aux  Javanais 
sous  le  nom  de  Ko  le  ho. 


,     .  (M)  ^iv-^ 

82.     O  L  E  I  N  É  E  s. 
Oleinece^  Hoffm.  et  Linck. ,  Flor.  Port. 

Les  Oleiiiées ,  considérées  botaniquenient , 
offrent  entr'elles  assez  de  différences  pour  que 
divers  auteurs  les  aient  séparées  en  deux  fa- 
milles ,  et  même  après  cette  division  ,  certains 
genre,  tel  que  le  Frêne,  s'éloignent  encore 
du  grouppe  dans  lequel  on  les  place  ,  et  se 
rapprochent  par  divers  caractères  des  Érables 
avec  lesquels  la  saveur  sucrée  de  leur  sève 
semble  leur  donner  quelque  analogie  chimique  : 
mais  un  examen  plus  aprofondi  des  organes 
de  leur  fructification ,  a  engagé  les  botanistes 
à  laisser  réunis  en  un  seul  grouppe  les  genres 
à  fruit  sec  et  à  fruit  charnu. 

Les  différences  botaniques  existent  dans  le 
péricarpe  qui  nous  présente  aussi  des  usages 
fort  divers  j  ainsi  l'Olivier  porte  ,  comme  tout 
le  monde  sait,  une  drupe  dont  la  chair  est 
huileuse,  et  cette  utile  propriété  existe  dans 
toutes  les  espèces  de  ce  genre  5  il  est  à  présu- 
mer que  les  fruits  de  Pliillyrea ,  qui  ressem- 
blent si  parfaitement  aux  Olives  ,  renferment 
aussi  une  certaine  quantité  d'huile  fixe.  Re- 
marquons   que    c'est   ordinairement   dans    la 


(    205    ) 

graine  que  l'huile  se  rencontre  et  que  la  famille 
des  Oleinées  semble  être  la  seule  ou  l'huile  fixe 
soit  logée  dans  le  péricarpe. 

Les  fleurs  des  Oleinées  offrent  peu  de  diffé- 
rences botaniques  ,  et  nous  retrouvons  dans 
plusieurs  d'entr'elles  une  odeur  agréable  ;  on 
s«  sert  des  fleurs  de  VOleaJragrans  pour  aro- 
matiser le  Thé. 

L'écorce  et  même  les  feuilles  de  la  plupart 
des  Oleinées  ,  sont  amères  et  astringentes  ;  la 
propriété  astringente  de  l'Olivier  est  connue 
depuis  long-temps  ;  dans  ces  dernières  années 
on  a  même  proposé  de  le  substituer  au  quin- 
quina (i)  j  mais  l'écorce  du  Frêne  réunit  ces 
qualités  à  un  degré  tel ,  qu'elle  a  long- temps  été 
employée  comme  fébrifuge  avec  succès. 

Le  genre  des  Frênes  ,  qui  s'éloigne  des  autres 
Oleinées  par  le  port  et  même  par  la  fructifica- 
tion ,  s*en  éloigne  encore  par  la  nature  de  son 
suc  :  on  sait  que  les  exsudations  de  l'écorce 
des    Frênes    produisent    le   purgatif  doux   et 

(i  )  Les  propriétés  des  feuilles  d'Olivier  paraissent  tenif  > 
d'après  l'analyse  de  M.  Ferrât,  ou  à  une  matière  rési- 
neuse qui  fait  à-peu-près  la  onzième  partie  de  leur  poids ^ 
ou  à  un  extractif  en  partie  oxigénable  qui  en  fait  plus 
de  j  j  il  paraît  que  la  teinture  alcoolique  serait  la  meil- 
leure forme  «ous  laquelle  on  pourrait  les  utiliser. 


(   2.06  ) 

utile  connu  sous  le  nom  de  Manne  ;  on  la  re- 
tire sur-tout  du  FraxLTtus  rotuiidifolia  ,  Lam., 
mais  dans  le  Midi  elle  se  retrouve,  quoique  en 
moindre  quantité,  dans  les  Fraxinus  ornus ,  L.  , 
F.  excehior ,  Lam.  ,  et  F.  pai^ifolia ,  Lam. 
Cette  sinouiière  substance  mérite  l'attention 
des  chimistes  j  peut-être  l'analyse  comparée 
des  Mannes  de  Frêne  ,  d'Alhagi ,  de  Mélèze ,  de 
Prunier  ,  de  Chêne  ,  de  Saule  ,  nous  donnerait- 
elle  rexplicatioii  de  la  présence  d'une  matière 
semblable  dans  des  végétaux  si  divers. 

La  famille  des  Oleinées  ,  même  débarrassée 
des  Jasmins  qu'on  y  avait  réunis ,  semble  encore 
composée  de  véi^étaux  peu  analogues  entr'eux; 
il  est  cepen.iiiiit  assez  remarquable  que  les 
arbres  preiment  tous  de  greffe  les  uns  sur  les 
autres  ,  ce  qui  annonce  l'analogie  de  leurs  sucs 
et  de  leurs  fibres  j  ainsi  les  Lilas  se  greffent  avec 
les  Frênes  ,  les  (  diionanthus  ,  le  Fontanesia ,  et 
je  suis  même  parvenu  à  faire  vivre  deux  ans  le  | 
Lilas  de  Perse  greffé  sur  le  Phyllirea  latijolia  / 
FOlivier  se  greffe  avec  le  PltylLirea  et  je  suis 
parvenu  à  le  greffer  sur  le  Frêne  lui-même  ^  on  '% 
ne  réussit  point  au  contraire  à  greffer  les  Jas- 
mins sur  les  Oleinées  ,  ce  qui  confirme  la  sépa- 
ration de  ces  deux  familles.  \ 


(  207  ) 

83.    J  AS  MINÉE  S. 

Jasminece.  Brown. ,  prod.  S20.  —  Jasminearum  gen  : 
Juss. 

Les  Jasminées  proprement  dites ,  long-temp§ 
réunies  avec  les  Oleinées ,  n'en  diffèrent  pas 
beaucoup  quant  à  leurs  propriétés  :  leurs 
feuilles  sont  légèrement  amères  ,  notamment 
dans  le  Mogorium  unduLatum  :  leurs  fleurs 
sont  très-remarquables  par  leur  odeur  5  celle-ci 
tient  à  une  huile  aromatique  qu'on  en  peut 
extraire  et  qui  peut  se  fixer  sous  forme  de  par- 
i'um  \  ainsi  les  Jasminum  officinale  et  gran- 
diflorum  donnent  la  vraie  huile  essentielle  de 
Jasmin  î  \q  Mogorium  sambac  fournit  une  huile 
tellement  semblable  à  la  précédente  ,  qu'elle  en 
a  souvent  porté  le  nom  j  le  parfum  du  Nyc- 
tanthes  arbor  tristis ,  du  Mogorium  undula- 
tum ,  etc. ,  a  frappé  les  voyageurs ,  et  celui  des 
Jasmins  est  connu  de  tout  le  monde. 

84.     P  E  D  A  L  I  N  É  E  S. 
Pedalineœ.  Brown.,  prod.  5i(). 
Propriétés  inconnues. 


85.  STRYCHNÉES. 

Strychnece.   DC. ,    Théor.   2x7. 

La  famille  des  Stryclmées  est  mal  connue 
quant  à  ses  caractères  botaniques,  et  à  la  cii'- 
conscription  des  genres  qui  doivent  la  compo- 
ser ;  ses  propriétés  sur  l'économie  animale  n'ont 
encore  été  étudiées  que  sur  un  petit  nombre 
d'espèces  5  mais  elles  sont  si  exaltées  ,  qu'elles 
méritent  une  attention  particulière.  Toutes  les 
parties  de  la  plupart  des  Stryclmées  sont  douées 
d'une  amertume  remarquable ,  et  présentent 
aussi  un  principe  acre  et  délétère  dont  la  na- 
ture paraît  toute  particulière  ;  le  principe  amer 
est  remarquable  principalement  dans  la  Noix 
vomique ,  la  Fève  de  St. -Ignace,  souvent  em- 
ployées à  titre  d'amers  dans  la  médecine  euro- 
péenne ,  et  même  dans  le  Titan-cotte  dont  on 
fie  sert  dans  l'Inde  pour  purifier  l'eau  à  laquelle 
elle  donne  un  saveur  légèrement  amère  j  etc. 
Il  se  retrouve  dans  le  bois ,  l'écorce  ,  le^  feuilles 
et  même  dans  la  pulpe  du  fruit  avant  sa  matu- 
rité parfaite  ',  cette  pulpe  mûre  devient  man- 
geable ,  sur-tout  lorsqu'elle  est  acide  comme 
dans  le  SLricknos  nux  vomica  ;  mais  elle  laisse 
dans  la  bouche  une  saveur  astringente  qui  in- 
dique le  danger  d'eji.  iàire  trop  d'usage. 


(    209    ) 

L'analyse  de  la  Noix  vomique  ,  publiée  par 
M.  Braconnot ,  annonce  une  composition  chi- 
mique assez  singulière  j   on  trouve  dans  cette 
graine,  entr^'autres  produits,  une  matière  cornée 
végétale  fort  abondante  et  d'une  nature  parti- 
culière ,  une  matière  animalisée  peu  sapide ,  une 
matière  animalisée  extraordinairement  anière  , 
et  une  huile  verte  butyriforme  3  il  est  probable 
que  c'est  à  la  matière  amère  que  cette  graine 
doit    ses  principales  propriétés  ,  et  q^^e  cette 
matière  se  retrouvera  à  dose  plus  ou  moins  con- 
sidérable dans  les  autres  Strychnées.  L'analyse 
publiée  par  M.  Desportes,  quoiqu'un  peu  diffé- 
rente de  celle  de  M.  Braconnot ,  fait  aussi  men- 
tion de  cette  matière  amère  d'une  nature  par- 
ticulière. On  assure  que  l'Arack  distillé   avec 
des  fruits  de  Strychnos  ,  devient  vénéneux 

Le  principe  acre  et  délétère  des  Strychnées 
se  reconnaît  non-seulement  par  les  effets  per- 
nicieux de  toutes  leurs  parties  prise?  par  l'œso- 
phage en  quantité  trop  considéraljle  ;  mais  il 
agit  avec  plus  d'énergie  et  de  rapidité  encore, 
lorsqu'on  l'introduit  dans  la  circulation  soit 
par  une  inoculation,  soit  enlemettant  en  con- 
tact avec  quelque  surface  absorbante  j  il  résulte 
des  expériences  très-curieuses  faites  à  cet  égard 
d'abord  par  M.  Desportes  et  sur-tout  ensuite 
par  MM.  Delile  et  Magendie ,  que  le  sac  de 

14 


(    210    ) 

toutes  les  Stryclmées  anières  une  fois  absorbé 
détermine  un  véritable  tétanos ,  et  que  cet  elïet 
extraordinaire  a  lieu  d'autant  plus  vite  ,  que  le 
suc  absorbé  a  pu  arriver  plus  tôt  à  la  moelle  épi^- 
nière.  Ce  singulier  mode  d'action  a  eu  lieu  éga- 
lement avec  le  suc  du  fameux  Jjpas-  Tieuté 
observé  à  Javapar  M.  Léchenault,  avec  la  Noix 
vomique  (i)  -et  avec  la  Fève  de  St.- Ignace 
(2).  Les  Strychnosdans  lesquels  la  saveur  amère 

(i)  On  a  dit  que  la  Noix  vomique,  qui  est  un  poison 
terrible  pour  la  plupart  des  animaux ,  même  ingérée  dans 
l'estomac  ,  ne  l'était  pas  pour  les  ruminans  j  MM.  Du- 
fresne  et  Dunal  ont  bien  voulu  à  ma  demande  répéter  cette 
expérience  sur  un  mouton  :  ils  ont  commencé  par  lui  don- 
ner Une  faible  dose  de  noix  vomique  mêlée  avec  ses  ali- 
mens  ,  et  bien  loin  d'en  souffrir ,  l'animal  semblait  n'en 
avoir  acquis  que  plus  de  force  et  d'appétit.  Ils  ont  aug- 
menté graduellement  la  dose  au  point  de  lui  en  faire  prendre 
jusqu'à  5  gros  à-la-fois  :  l'animal  a  succombé ,  et  sa  mort 
a  offert  les  symptômes  de  tétanos  propres  aux  empoison- 
nemens  produits  par  les  Strychnées. 

(2)  On  emploie  souvent  pour  fève  de  S. -Ignace  des  mé- 
dicamens  entièrement  différeiis.  M.  Dunal  a  observé  qu'il 
n'est  pas  rare  de  trouver  dans  le  commerce  V  Anacardium 
officinale  (  Gœrtn.  )  ,  vendu  à  la  place  de  la  vraie  fève  de 
S. -Ignace.  M.  Mocino  m'ayanl  communiqué  le  dessin  dft 
l'arbre  qui  produit  au  Mexique  une  graine  fort  semblable 
à  ta  fève  de  S. -Ignace  ,  et  «^u'on  y  vend  sous  le  même 
«aêflienoin,  j'ai  reconuu  que  ce  n'était  point  un  Stych- 


(    211    ) 

Xi'est  pas  prononcée  ,  n'ulfrent  aucun  indice  de 
cette  singulière  et  dangereuse  propriété  ;  ainsi 
le  Titan  Cotte  et  la  Ponnne  de  Vontac  parais- 
sent  tout- à- fait   innocens  j    les    expériences 
laites  avec  les  Strychnos  contribuent  à  prouver 
(  pour  me  servir  des  expressions  de  M.  Delile) 
«  que  les  plantes  d'un  même  genre ,  pourvues 
5>  des  mêmes  sucs ,  ont  aussi  les  mêmes   pro- 
3>  priétés  ,  et  que  plusieurs  espèces  du  même 
>î  genre  étant  privées  de  certains  sucs  ,  ne  pos- 
»  sédeiit  plus  l'ensemble  des  mêmes  propriétés.  -» 
Au  reste  ,  de  la  connaissance  acquise  il  y  a  peu 
de  temps  ,  de  la  manière  d'agir  de  la  Noix  vû- 
mi(|ue  ,  on  sait  qu'on  a  déduit  une  conséquence 
pratique  très-remarqual^le^  c'est  de  l'employer 
dans  les  cas  de  paraplégie  pour  exciter  Taction 
de  la  moelle  épinière  et  des  nerfs  qui  sont  sous 
sa  dépendance.  Le  succès  de  cette  méthode  est 
un  exemple  remarquable  de  Fheureux  emj)loi 
qu'on  peut  faire  en   médecine ,   de   l'analogie 
fondée  sur  les  connaissances  exactes  de  l'His- 
toire  naturelle    et   de   la   Physiologie   expéj'i- 
mentale. 


nos,  mais  un  nouveau  genre  de  la  famille  des  ]^ubi«cécsj 
aurjiiel  nous  avons  donné  le  r.ora  de  Phaloé. 


H' 


(  212   ) 

86.     A  P  O  C  I  N  É  E  S. 
Apocineœ,  Juss. ,  gen.  i43. 

Nous  trouvons  dans  les  Apocinées  des  pro- 
priétés nombreuses  ,  et  qui  pourraient  nous 
paraître  très-diverses  ,  si  elles  n'étaient  souvent 
téuilies  dans  les  mêmes  espèces  :  cette  famille 
Se  rapproche  ,  par  ses  vertus  et  par  ses  usages , 
des  Convolvulacées  ,  des  Gentianées  et  des  Ru- 
biacees  ,  dont  elle  se  rapproche  par  les  formes 
extérieures. 

On  peut  dire  en  général  des  Apocinées  qu'elles 
Sont  acres,  stimulantes  et  un  peu  astringentes. 
On  conçoit  que  ces  propriétés  ,  lorsqu'elles  sont 
faibles  ,  peuvent  devenir  utiles  j  tandis  que 
poussées  à  l'excès  ,  elles  doivent  Former  des 
poisons  dangereux  5  dans  plusieurs  cas  ,  ces 
plantes  agissent  sur  les  nerfs  d^une  manière 
qu'on  a  mal-à-propos  assimilée  à  l'action  des 
plantes  narcotiques ,  mais  qui  serait  mieux  dé- 
signée sous  le  nom  de  stupéfiante  ,  puisqu'elles 
arrêtent  l'action  motrice  des  nerfs  sans  causer 
le  sommeil. 

Si  nous  descendons  dans  les  détails ,  nous 
trouverons  qu'en  général  leurs  racines  sont  vi- 
vement acres  et  stimulantes  5  de  sorte  que  plu- 
sieurs d'entr 'elles  sont  employées  comme  émé- 


(2l3) 

tiques  ;  c'est  ainsi  que  les  racines  du  Gynànchum 
vomitorium  f  Lam.  ,  Je  V  Asclepias  procera  , 
Forsk.  ,  iXw  Cynanc/ium  tomentosum  ,  Lam., 
du  Periploca  emetica  ,  Retz ,  de  V Asclepias 
curassavica^  Lara.  ,  sont  employces  dans  di- 
vers pays  à  la  place  de  l'ipécacuanha  ,  comme 
j'ai  eu  occasion  de  le  développer  en  détail  dans 
mon  Mémoire  sur  les  diverses  espèces  d'ipéca- 
cuanha ,  imprimé  par  extrait  parmi  ceux  de  la 
Société  médicale  d'émulation  (vol.  i ,  p.  2,3ti). 
Les  émétiques  agissent  souvent  comme  diapho- 
rétiques  ou  sudorifi([ues  5  ainsi  l'infusion  de  la 
racine  de  VAsclepias  decumbens  a  la  singulière 
propriété  d'exciter  la  perspiration  générale  ,  en 
augmentant  très-peu  la  chaleur  du  corps  5  c'est 
sous  ce  point  de  vue  qu'on  l'emploie  en  Vir- 
ginie contre  la  pleurésie  avec  un  succès  assez, 
constant.  La  racine  de  V  Opfii oxyton ,  au  lieu 
d'agir  comme  émétique ,  est  purgative  :  cette 
racine  est  fort  amère  ;  elle  passe  parmi  les  In- 
diens pour  tonique  ,  fébrifuge,  et  pour  l'anti- 
dote des  morsures  -de  serpens. 

La  propriété  purgative  de  cette  Apoeinée  se 
retrouve  dans  les  racines  de  VAschpias  de- 
cumbens j  vantée  en  Virginie  contre  la  dysen- 
terie ;  dans  celles  de  VAsclepias  tiiberosa  ;  dans 
l'écorce  du  Cerbera  manghas,  Lam.  j  les  autres 
écorces   d'Apocinées ,  ou  du  moins  plusieurs 


(  ^i4  ) 

d'entr'elies,  sont  employées  comme  astringentes 
et  fébrifuges  :  telle  est  sur-tout  celle  du  Nerium 
antidyseiiterlcum j  et  de  VEchites  antldysen- 
terica  y  employés  l'un  et  l'autre  dans  l'Inde 
contre  la  dysenterie  :  les  feuilles  dj  Pervenche 
sont  assez  astringentes  pour  avoir  été  employées 
à  tanner  les  cuirs  ;  on  les  emploie  aussi  pour 
arrêter  certaines  hémorragies.  Les  feuilles  du. 
Laurier-rose  (  Nerium  aleander  )  renferment 
une  quantité  notable  d'acide  gallique  qui  paraît 
y  être  à  l'état  libre. 

Le  suc  des  Apocinées  est  laiteux ^  acre,  plus 
ou  moins  caustique  et  amer  ',  Tâcreté  de  quel- 
ques espèces  est  assez  considérable  pour  les 
faire  placer  au  rang  des  poisons  ;  tel  est  V  Ycotli 
du  Mexique  qui  appartient  au  genre  Cerhera, 
Il  est  très-probable  qu'on  peut  tirer  du  Caout- 
chouc du  suc  de  la  plupart  des  Apocinées , 
comme  le  font  présumer  quelcpies  essais  incom- 
plets faits  sur  VAscLepias  cyriaca  (i)  ,  et  sur- 
tout Texemple  du  Vahea  de  Madagascar  et  de 
V Urceo/a  etastica  de  Roxburg.  Mais  ,  par  une 
exception  bisaiTe ,  nous  trouvons  ici  V  Asdepias 
lactifera  ,  dont  le  lait  est ,  dit-on  ,  très-doux  et 
si  abondant ,  que  lesLidiens  l'emploient  comme 

(i)  Pfl.   John    y    trouve   sur    lOO   parties    i3j5o    d'une 
substance  élastic|iie. 


(  2i5  ) 
aliment  ;  avouons  cependant  que  l'histoire  de 
cette  plante  est  encore  mal  connue  ;  peut-être 
ce  lait  est-il  employé  seulement  dans  la  jeunesse 
de  la  plante  ,  et  alors  l'activité  du  suc  des  Apo- 
cinées  est  peu  ou  point  développée  j  ainsi  les 
jeunes  pousses  de  plusieurs  plantes  de  cette 
famille  servent  d'aliment  à  l'homme  dans  di- 
vers pays  :  je  citerai  pour  exemples  Pergularla 
edulis  ,  Wild.  ,  Peiiploca  escutenta  ,  Apo^ 
cyjium  indicum  ,  Asclepias  asthniatica  ^  L.  , 
(  qui  est  la  même  plante  que  le  Cynanthuftt 
vomitorium y  Lam.) ,  Asclepias  aph^Lla ,  Lani.  , 
Asclepias  stipitacea ,  Forsk  ,  etc. 

Les  fruits  des  vraies  Apocinées  sont  peu  em- 
ployés ,  mais  on  se  sert  utilement  des  fruits 
des  Apocinées  munies  de  baies  ,  telles  que 
les  Cerbera  ,  qui  paraissent  agir  comme  vo-. 
mitjfs. 

Malgré  les  légères  Anomalies  que  notis  avons 
observées,  la  famille  des  Apocinées  paraît  of- 
frir une  uniformité  de  principes  et  de  vertus 
proportionnée  à  celle  de  ses  caractères  exté- 
rieurs. 


(  ^1^  ) 

8/.     G  E  N  T  I  A  N  E  E  S. 

GentianecB.  Juss. ,  gen.  141. 

Il  est  peu  de  familles  où  l'analogie  des  formes 
et  des  propriétés  se  fasse  sentir  avec  plus  de 
-force  que  dans  celle  des  Gentianées  j  toutes  ces 
plantes  ont  une  saveur  amère  ,  (jui  réside  dans 
leur  herbe  et  sur-tout  dans  leur  racine  j  elles 
sont  conséquemment  employées  comme  toni- 
ques ,  stomachiques  et-  fébrifuges.  Ces  utiles 
propriétés  sont  sur-tout  connues  dans  la  racine 
de  la  Gentiana  lutea,  employée  en  France  et 
en  Angleterre ,  de  la  G.  ruhra  ,  qu'on  lui  subs- 
titue en  Allemagne ,  et  de  la  G.  purpurea, 
qui  tient  sa  place  en  Norvège  :  on  les  retrouve 
dans  le  G ,  centaurîuni ,  dont  on  a  tort ,  selon 
l'observation  judicieuse  de  Cullen  ,  de  prescrire 
ies  sommités  fleuries  ,  puisque  les  fleurs  sont 
insipides,  et  que  l'analogie  porte  à  attribuer  plus 
d'efficacité  aux  racines.  Si  nous  parcourons  ra- 
pidement les  genres  qui  composent  cette  famille, 
nous  trouverons  parmi  les  plantes  indigènes  le 
G.ainaj^ellay  G.campestris,  G.  cruciatafCklo- 
raperfoliata.  ,  Men^'anthes trlfoLiata ,  Vlllarsia 
nymohoïdesy  qui  jouissent  d'une  saveur  amère  et 
qui  ont  été  employées  comme  toniques  ou  fébri- 
fuges :  parmi  les  plantes  exotiques,  nous  trou- 


(    217   ) 

xonsleVîIIars'ia  ovata,  V'ent. ,  dontramertume 
a  été  remarquée  par  les  voyageurs  j  le  Gen- 
tiana peruviana  employé  par  les  Péruviens  sous 
I  le  nom  de  Caclien;  la  Ckironîa  auiruUnis ,  con- 
nue populairement  aux  Ltats-Unis  sous  le  nom 
I  de  L  entoiy,  et  employée  comme  a  mère  toni(|ue 
et  fébrifuge  ;  la  Frasera  ^alierl  employée  sous 
le  uiêuje  point  de  vue  quoique  un  peu  inférieure 
à  la  précédente  ;  la  Gendana  que  les  Indiens 
nomment  Clilrayit  i,  et  que,  d'après  leur  exem- 
ple ,  les  Anglais  commencent  à  employer  comme 
fébrifuge  et  stomachique  j  les  Coutoubea  alba 
et^«7p«/'6'â;^  auxquels  les  habitans  de  la  Guyane 
attribuent  les  mêmes  vertus  j  V  Ophiorhiza,  dont 
la  racine  passe  pour  utile  contre  la  morsure 
des  serpens,  comme  on  le  dit  d'un  grand  nom- 
bre de  plantes  toniques  ;  le  Spigella  aiitheLmia 
qui  jouit  aussi  bien  que  V  Ophiorhiza  des  pro- 
priétés vermifuges  5  le  Spigella  majylàndica 
dont  la  racine  est  employée  aux  Etats-Unis  en 
poudre  ou  en  infusion  aqueuse  comme  antliel- 
niintique ,  ou  en  ini'usion  vineuse  comme  fébri- 
tiige  j  enfin  ,  le  F  o  ta  lia  amara  d' Au  blet ,  qui, 
placé  par  sa  forme  entre  les  Gentianées  et  les 
Apocinées  ,  est  amer  comme  les  premières  , 
acre  et  propre  à  servir  d'émétique  comme  les 
secondes. 
La  racine  des  Gentianes ,  malgré  son  amer- 


(2l8) 

tume ,  renferme  une  certaine  quantité  de  ma- 
tière sucrée  ,  et  est  susceptible  de  fournir  de 
l'eau-de-vie ,  lorsqu'après  l'avoir  fait  macérer 
dans  l'eau ,  on  la  soumet  à  la  distillation  :  cette 
propriété  est  connue  populairement  dans  quel- 
ques parties  de  la  Suisse  ,  où  l'on  exploite,  sous 
ce  point  de  vue  ,  la  Gentiane  jaune. 

88.     BIGNONIACÉES. 

Bignoniœ.  Juss. ,  gen.  iSy. 

Leurs  propriétés  sont  presque  inconnues  ,  et 
leurs  caractères  botaniques  encore  mal  fixés.  Le 
bois  de  plusieurs  Bignoniacées  est  réputé  inat- 
taquable par  les  vers  ^  par  exemple  ,  B.  longis- 
sîma ,  Jacq.  ,  B.  peritaphylia ,  L.  ,  etc.  Les* 
feuilles  de  la  B.  indica  sont  réputées  éniol- 
lientes  ,  ainsi  que  celles  des  Sésames  :  les  graines 
des  Sésames  donnent  une  huile  fixe  et  inodore 
qui  manque  dans  les  vraies  Bignoniacées  5  mais 
ce  genre  qui  avait  d'abord  été  associé  aux  Big- 
iiones ,  mérite  d'en  être  séparé ,  et  M.  de  Jus- 
sieu  le  considère  maintenant  comme  le  type 
d'une  nouvelle  famille. 


(  219  ) 

89.     POLÉMONIDÉES. 

Polemonia.  luss.  j  gen.  i36. 
Propriétés  nulles  ou  peu  connues. 

90.     CONVOLVULACÉES. 
Convnlvuli.  Juss.,  gen.   iZi. 

Murray  ol^serve  que  le  genre  des  Liserons  est 
éminemment  favorable  à  ceux  qui  croient  à  la 
possibilité  de  juger  les  vertus  des  plantes  d'après 
leurs  affinités  botaniques }  et  en  effet ,  les  ra- 
cines de  presque  toutes  les  espèces  de  ce  genre 
sont  remplies  d'un  suc  laiteux  plus  ou  moins 
acre,  et  qui  est  éminemment  purgatif  j  nous 
employons  déjà  à  cet  usage  le  suc  de  plusieurs 
espèces  de  Liserons  ;  par  exemple  ,  la  Scammo- 
née ,  qui,  d'après  Sibthorp  ,  est  produite  dans 
le  Levant  par  le  Convolvulus  scammonia  ,  et 
une  autre  espèce  du  même  genre  (1)  ;  le  Jalap, 


(i)  D'après  l'analyse  publiée  par  MM.  Bouillon-La- 
grunge  et  Vogel,  la  Scammonée  d'Alep  contient  0,60  de  ré- 
sine, et  o,o3  de  gomme  ;  celle  de  Smyrne  0,2c  de  résine^ 
et  0,08  de  gomme.  Il  est  probable  que  ces  médicamens 
proviennent  de  deux  espèces  difléi  entes.  Leuz'  effet  sur  1q 
corps  offrp  au  reste  peu  de  différences. 


(    220    ) 

que  donne  le  C.  jalapa  ;  le  Turbith ,  tiré  du 
C.  turpethuni  ;  le  Méchoacan ,  extrait  du  C\ 
jnechoacnna.  Mais ,  outre  ces  espèces  usuelles  , 
il  est  nécessaire  d'ajouter  qu.e  l'on  emploie  au 
même  usage  les  Convolvulus  sepiitm  ,  C.  ar- 
vensis  et  C.  soldanella ,  en  Europe  ;  le  C.  pari' 
duratus y  aux  Etats-Unis;  le  C  macrorhizos , 
à  Saint-Domingue  ;  le  C.  macrocarpus  ,  à  la 
Martinique;  le  C.  marlùmus ,  dans  les  Indes 
et  dans  le  Brésil  (i)  ;  et  même  la  saveur  amère 
qui  caractérise  tous  ces  purgatifs ,  se  retrouve 
dans  plusieurs  espèces  du  même  genre  et  dans 
les  genres  vo«sins,  tels  que  YHydrolea  ,  etc. 

Cette  faculté  purgative  des  Liserons  est  due  à 
îa  résine  qui  est  contenue  dans  leur  suc ,  mais 
comme  la  proportion  de  résine  varie  beaucoup 
d'espèce  à  espèce,  et  quelquefois  même  d'indi- 
vidu à  individu  ,  il  en  résulte  que  la  dose  de  ces 
racines  est  variable,  et  que  souvent,  pour 
éviter  ces  anomalies ,  on  emploie  leur  résine 
isolée  ;  de  cette  proportion  variable  de  résine 
résultent  quelques  anomalies  dans  la  famille; 
si  la  partie  résineuse  se  trouve  mêlée  avec  peu 
de  mucilage,  et,  au  contraire,  répandue  dans 
une  suoslance  dure  et  ligneuse  ,  il  en  résulte 

{\)  L'espèce  qui    sert  de  purgatif  aux  Brésiliens  j    est 
peut-être  le  Convolviilu$  brasiliensis  ^  Lin. 


i 


(  221  ) 

un  médicament  acre  et  qu'on  ne  peut  employer 
utilement  qu'à  l'extérieur  j   c'est  ainsi  que  la 
racine  des  Liserons   ligneux  sert  de  sternuta-    - 
toire,  comme  on  le  voit  par  l'exemple  du  bois 
de  Rhodes  fourni  aux  Canaries  par  les  Convoi' 
vulus  Jloridus  et  C.  scoparius ,  et  par  celui  de 
Vlpomœa  quamoclit ,  dont  la  racine  peu  cliar- 
I  nue  sert  de  sternutatoire  aux  Indiens.  Si  ,  au 
I  contraire  ,  cette  résine  se  trouve  en  très-petite 
I  quantité  dans  une  racine  charnue  et  très-muci- 
lagineuse  ,  alors  elle  ne  sert  plus  que  d'aromate  , 
et  cette   racine  peut   être  un   aliment  sain  et 
agréai jje  3   c'est   ce   qui  arrive  aux  racines  du 
Corno/vutus  edulis  ,  dont  les  Japonais  se  nour- 
rissent; et  du  Convolvulus  batatas  que  mangent 
es  Américains. 

Je  ne  parle  point  de  la  Cuscute  ,  qui  s'é- 
oigne  beaucoup  des  Liserons  par  ses  caractères 
botaniques,  à  laquelle  on  a  attribué  des  pro- 
priétés i'ort  diverses  et  dont  la  nature  est  peut- 
être  influencée  par  celle  des  plantes  dont  elle 
tire  sa  subsistance. 

91.     BORRAGINÉES. 

Borraginece.  Juss. ,  gen.  isS. 

Les  Borraginées  sont ,  en   général ,  mucila- 
gineusès ,  douces ,  émolUentes  3  leur  mucilage 


(   222   ) 

est  quelquefois  plus  abondant  dans  la  racine, 
comme  dans  le  Symphytum ,  le  Cynoglossum  , 
qui  est  légèrement  narcotique.  Quelquefois  ce 
même  mucilage  est  plus  abondant  dans  les 
feuilles  ,  comme  dans  les  Pulmonaires  et  les 
Bourraches,  qui  servent  d'aliraens  dans  plu- 
sieurs pays  5  et  que  la  pharmacie  emploie  • 
comme  émoUiens  et  légers  caïmans. 

Le  suc  de  plusieurs  Borraginées  paraît  con- 
tenir du  nitre  tout  formé  ;  on  l'a  découvert 
dans  celui  de  Bourrache ,  et  on  en  soupçonne  : 
l'existence  dans  les  Anchusa  et  quelques  autres 
Borraginées ,  parce  qu'elles  décrépitent  légère-  ' 
ment  au  feu. 

L'écorce  de  la  racine  de  plusieurs  Borraginées 
est  d'un  brun  rougeâtre  ,  et  dans  quelques-unes 
cetteécorcedonneune  couleur  rouge ,  lorsqu'on 
la  met  en  infusion  dans  l'eau  ou  l'esprit-de- 
vin  ,  mais  sur-tout  dans  l'huile  ou  la  graisse  ; 
c'est  ainsi  qu'on  confond  sous  le  nom  d'Orca- 
n'e.XXe^X Anchusa tînctoriao^vl  paraît  originaire 
d'Orient ,  le  Lithospej-mum.  tinctoriurn  ^  L. , 
-sauvage  aux  environs  de  Montpellier  et  en 
Hongrie  ;  on  lui  substitue  l' Onosnia  echioïdes, 
quiales  mêmes  propriétés.  L'Orcanette  d'Orient 
paraît  être  la  racine  de  VEchium  riibrum  y  les 
Américains  emploient  aux  mêmes  usages  V An- 
chusa vlnrinica  et  le  Juithospermum  tinctoriurn 


(    223    ) 

'de  la  Flore  du  Pérou.  Ces  racines    colorantes 
sont  à  Fintérieur  fades,  mucilagineuses ,  comme 
celles  de  toutes   les  Borraginées.    La  matière 
colorante  du  hhhospermum  tinctorium  ,  et  pro- 
bablement de  toutes  les  autres  Borraginées ,  est 
d'un  rouge  brun  j    lorsqu'elle  est  obtenue   en 
niasse ,  elle  a  du  rapport  avec  les  résines  ,  mais 
elle  en  diffère  principalement  :  i.^  en  ce  que, 
traitée  par  l'acide  nitrique ,    elle  fournit    de 
i  l'acide  oxalique  et  une  petite  quantité  de  ma- 
tière amère  j  2,°   que  les   alkalis  se  combinent 
avec  elle  avec  énergie  et  changent  sa  couleur 
rouge  en  un  beau  bleu  j  3.°  que  l'eau  distilée  la 
précipite  de    sa    dissolution    concentrée  dans 
l'alcool.  Il  semble  donc  d'après  ces  faits  ,    dus 
aux  expériences  de  M.  Pelletier ,  que  cette  ma- 
tière,  particulière  jusqu'ici    à   la  famille   des 
Borraginées ,  pourra  être  ajoutée  au  nombre 
des  matériaux  immédiats  des  végétaux. 

Le  grouppe  des  Sebesteniers  ,  dont  Ventenat 
avait  formé  une  famille  particulière ,  paraît 
différer  un  peu  du  reste  de  la  famille  j  les  pro- 
priétés des  végétaux  qui  en  font  partie  sont 
cependant  trop  mal  connues  pour  rien  affirmer 
à  leur  égard  \  ils  diffèrent  des  vraies  Borragi- 
nées par  leurs  fruits  charnus  j  la  chair  de  ces 
fruits  est  mucilagineuse ,  adoucissante  :  les 
Sebestes  produites  par  les  Cordia  myxa  et 
sebestena  en  sont  des  exemples. 


(  ^H  ) 

"  92.     SOLANÉES. 

Soîanece.  Juss.,  gen.  12^. 

La  famille  des  Solanées  semble  réunir  à-la- 
fbis  ,  et  des  preuves  nombreuses  de  la  ressem- 
blance qu'ont  les  propriétés  des  plantes  ana- 
logues ,  et  en  même  temps  des  exceptions  dont 
nous  ne  pouvons  trouver  aucune  solution.  Il 
paraît  cependant  que  ces  exceptions  dispa- 
raîtront au  moins  en  grande  partie  lorsqu'on 
aura  étudié  d'une  manière  plus  exacte  les  pro-  ^ 
priétés  de  ces  plantes  d'organe  à  organe  ,  et 
dans  chaque  genre  en  particulier. 

On  regarde  les  Solanées  considérées  en  gé- 
néral, comme  des  narcotiques,  et  en  effet  l'ac- 
tion narcotique  se  retrouve  avec  plus  ou  moins 
d'intensité  dans  plusieurs  organes  et  dans  la 
plupart  des  espèces  ;  mais  on  a  souvent  exa- 
géré leurs  propriétés  vénéneuses  :  une  seule 
espèce  dont  l'action  est  vraiment  très-intense 
et  très-délétère ,  paraît  avoir  été  la  cause  de 
l'opinion  reçue  sur  les  propriétés  de  la  famille  : 
c'est  VAiropa  belladonna  ,  désignée  successive- 
ment sous  les  noms  de  Solarium  maniacum, 
S.  furiosum  ,S.  Lc^tkale.  Ilpara.it  résulter  des 
expériences  et  de  l'analyse  de  la  Belladonne , 
faite  par  M.  Vauquelin  ,  que  le  principe  délé- 


\ 


^1 


(    225    ) 

tère  de  cette  plante  est  une  matière  amêre  et 
nauséabonde,  soluble  dans  l'esprit  de  vin  ,  for- 
mant avec  le  tannin  une  combinaison  insoluble 
et  fournissant  de  Faminoniaque  par  sa  décom- 
position au  feu.  Il  serait  curieux  de  vérifier, 
par  des  analyses  comparatives,  jusqu'à  quel 
point  ce  principe  se  retrouve  dans  les  autres 
Solanées. 

Si  nous  examinons  successivement  ce  qu'on 
sait  des  propriétés  de  chacun  des  organes  de 
ces  plantes  ,  nous  y  trouverons  plus  d'analogie 
qu'il  ne  le  paraît  au  premier  coup-d'œil  5  ainsi 
les  vraies  racines  de  diverses  espèces  ont  une 
action  narcotique  plus  ou  moins  prononcée  , 
telles  sont  les  racines  de  Belladonne  ,  de  Man- 
dragore, de  Jusquiame ,  etc.  Les  tubercules 
souterrains  qui  se  développent  dans  les  Sola- 
num  tubeî'osuïTL  et  montanum  (1)^  et  qui,  au 
moins  dans  la  Pomme  -  de  -  terre  ,  naissent 
plutôt  sur  des  organes  analogues  aux  tiges  que 
sur  de  vraies  racines,  ces  tubercules,  dis-je, 
composés  essentiellement  de  fécule  ,  ont  offert 
aux  Américains  et  ensuite  aux  Européens  l'un 

(»)  M.  ^  alenzuela  vient  de  découvrir  en  Amériuue 
une  troisième  espèce  de  Solanum  à  racine  tubéreuse  ,  qui 
diffère  de  la  Pomme-de-terre  par  ses  fruits  oblorgs  ,  et 
qu'on  a  proposé  de  nommer  5".  valenzutlœ. 

i5 


(   326  ) 

des  alimens  les  plus  sains  et  les  plus  utiles  qu'ils 
possèdent.  Ce  fait  rentre  dans  l'observation 
générale  laite  plus  haut  sur  les  propriétés  des 
exostoses  farineux  j  toutes  les  objections  faites 
contre  l'usage  des  Pommes-de-terre  sont  au- 
jourd'hui presque  oubliées ,  et  lors  même 
qu'on  parviendrait,  ce  qui  n'a  pas  encore  été 
fait ,  à  en  extraire  quelque  peu  d'extractif  nar- 
cotique ,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  tous 
nos  alimens  renferment  une  petite  dose  d'un 
principe  excitant  qui ,  s'il  y  était  en  plus 
grande  quantité ,  pourrait  être  nuisible ,  mais 
qui  y  est  nécessaire  pour  leur  servir  de  condi- 
ment naturel. 

Les  feuilles  de  la  plupart  des  Solanées  pa- 
raissent jouir  d'une  propriété  excitante  et  nar- 
cotique ,  mais  à  des  degrés  d'intensité  très- 
divers  dans  les  diverses  espèces  j  c'est  ce  que 
nous  offrent  les  feuilles  et  les  parties  herbacées 
des  Atropa  ,  des  Tabacs  ,  des  Jusquiames  ,  des 
Phy salis,  des  Datura  ,  des  Solarium ,  etc.  L'in- 
tensité d'action  nous  offre  tous  les  degrés  in- 
termédiaires entre  celles  de  \ Atropa  bella- 
donna ,  qui  excite  des  vertiges^  des  convulsions, 
des  vomissemens ,  jusqu'à  celles  de  certains 
Solanums  de  la  section  des  Maurelles ,  qui 
servent  d'alimens  comme  légumes.  On  employé  \ 
au  États-Unis  le  suc  du  Datura.  stramanium  ,    : 


(  ^^7  ) 
à  la  dose   de   2.0  à  3o  grains ,   dans  les  cas 
d'épilcpsie  ou  de  manie  sans  lièvre. 

On  sait  que  le  suc  de  V  A  trop  a  heUadonna  ^ 
administré  soit  à  l'intérieur ,  soit  en  frictions , 
jouit  de  la  singulière  propriété  de  produire  la 
dilatation  et  la  fixité  des  pupilles  :  M,  Dunal  a 
reconnu  que  les  sucs  de  plusieurs  Solanums 
de  la  section  des  Maurelles,  jouissaient  de  la 
même  propriété  ,  mais  à  un  degré  beaucoup 
plus  faible. 

Les   fruits    des   Solanées   présentent  ,    dans 
l'état   actuel  de    la  science,  plus   d'anomalies 
que  toutes  les   autres  parties  ^  ainsi  les  fruits 
de    la    Belladonne  ,   du   StramoniuiJi ,    de    la 
Jusquiarae  ,  de  quelques  Cestrums ,  de  quel- 
ques P hy salis  ,  ont  des  propriétés  narcotiques  5 
le  fi-uit    du   P/i^salis    alkekengi  est    employé 
principalement   dans   la  médecine  vétérinaire 
comme    diurétique  ,    quoique    les   enfans    le 
mangent   cependant  impunément    :    plusieurs 
autres    fruits    de    Physalis     ont    une    saveur 
agréable  et  ne  paraissent  produire  aucun  effet 
nuisible.   Peut-être  que  lorsque  on  aura  exa- 
miné d'une  manière  plus  exacte  l'action  parti- 
culière  de  chacune  des  parties  de   ces  fruits, 
on  verra  disparaître  la  plupart  des  anomalies 
qui   nous    étonnent    aujourd'hui  j  c'est  ce  qui 
est  déjà  arrivé  pour  le  genre   Solarium.  Parmi 

i5.. 


(    228    ) 

les  fruits  de  ce  genre  qui  ont  été  employés  ,  les 
uns  ont  une  saveur  douce  et  sucrée  ,  et ,  à 
cause  de  cette  saveur ,  sont  mangés  cruds  dans 
diverses  contrées  ;  d'autres  ,  cuits  et  assaisonnés 
de  diverses  manières  ,  servent  d'alimens  chez 
divers  peuples  ;  M.  Dunal  a  prouvé,  dans  son 
histoire  des  Solanums  ,  qu'il  est  certaines  espèces 
qui  constituent  un  grouppe  particulier  dans  le 
genre  et  qui  ont  un  sarcocarpe  ou  une  chair 
douce  et  salul^re ,  tandis  que  la  pulpe  (i)  qui 
entoure  les  graines  est  acre  et  délétère. 

Les  propriétés  des  Solanées  examinées  dans 
chaque  genre  offrent  une  grande  analogie  ; 
ainsi  toutes  les  espèces  des  genres  Nicotiana  , 
Hyosciantus ,  Datura  ,  etc .  ,  ont  de  tels  rap- 
ports d'ac  tion  ,  que  la  plupart  sont  employées 
presqu'indifléremment  les  unes  pour  les  autres  j 


(i)  On  sait  que  les  Botanistes  désignent  par  le  nom  de 
chair  ou  de  sarcocarpe  ,  la  partie  charnue  ou  pulpeuse  du 
péricarpe  ,  et  par  celui  de  pulpe ,  des  matières  dont  la  na- 
ture est  fort  diverse  ^  ainsi  je  ne  suis  pas  éloigné  de  croire 
que  dans  diverses  plantes  on  désigne  sous  ce  nom  ,  ou  l'or- 
gane auquel  j'ai  donné  le  nom  de  sarcoderme  (  Théor.  El. 
p.  395  •  ,  ou  une  exsudation  de  la  surface  externe  de  la 
graine ,  ou  une  exsudation  du  cordon  ombilical,  ou  enfin 
une  matière  produite  par  la  paroi  interne  du  péricarpe ,  ou 
par  le  placenta. 


(  ^ap  ) 

les  fruits  de  tous  les  Capsicum  ont  une  saveur 
acre  et  piquante  ;  ceux  de  tous  les  Lycopersi- 
cum  ont  une  saveur  un  peu  aigrelette  et  ana- 
logue à  celle  de  la  Tomate  \  il  est  très-vrai- 
semblable, je  le  répète,  que  lorsqu'on  aura 
mieux  examiné  les  Solanées  de  genre  à  genre  et 
d'organe  à  organe ,  cette  famille  ne  présentera 
presque  plus  d'anomalies. 

93.    P  E  R  S  O  N  É  E  S. 

PersonatcB,  Brown.,  prod.  433.  —  Scrophularias  et 
Pediculares.  Ju&s. ,  gen.  1 1 8  et  99. 

Quoique  la  famille  des  Personées  soit  admise 
par  la  plupart  des  botanistes ,  il  s'en  faut  bien 
qu'elle  soit  une  des  plus  naturelles.  Ses  pro- 
priétés offrent  aussi  des  diversités  et  des  ano- 
malies qu'il  est  difficile  de  soumettre  à  des  lois 
générales. 

Ces  plantes  présentent  presque  toutes  une 
odeur  faible  y  mais  nauséabonde ,  une  saveur 
un  peu  amère  et  des  propriétés  plus  ou  moins 
'  acres  et  suspectes  ;  mais  cette  odeur  est  suave 
et  aromatique  dans  VAmbulia,  Lara,  j  cette  sa- 
veur est  rafi-aîchissante  dans  le  Mimulus  lu- 
teus ,  qui  sert  de  légume  aux  Péruviens,  et 
l'âcreté  de  leurs  sucs  semble  disparaître  dans 
quelques  Aiithifrinum ,  qui  ont  été  réputés 


(  23o  ) 

émolliens.  Presque  toutes  les  espèces  de  la  tri- 
bu des  Rhinantacées  sont  remarquables  par 
la  propriété  astringente  et  un  peu  tonique  de 
leur  écorce  et  de  leur  feuillage  ;  mais  cette  tri- 
bu est  elle-même  bien  caractérisée  par  ses  ca- 
ractères botaniques.  Ces  plantes  présentent  une 
particularité  qui  indique  l'analogie  de  leur 
nature  chimique  ;  c'est  qu'elles  tendent  toutes 
à  noircir  par  la  dessication. 

Observons  cependant  que  plusieurs  plantes 
de  cette  famille  paraissent  produire  des  effets 
analogues  sur  le  corps  humain  ^  ainsi  les  feuilles 
et  les  racines  des  Scrophulaires  (  S.  aquaticay  et 
peut-être  S.  jiodosa') ,  des  Gratioles  (i)  ,  (  Gra- 
tiola  officinalis  ,  et  G.  peruviana^y  de  la  Cal- 
céolaire,  agissent  comme  purgatifs,  et  à  plus  forte 
dose  comme  vomitifs  j  ces  propriétés  sont  por- 
tées à  un  haut  degré  ,  et  jointes  à  une  âcreté 
et  à  une  virulence  remarquable  dans  plusieurs 


(i)  L'analyse  de  la  Gratiole  officinale  donnée  par 
M.  Vauquelin  ,  paraît  indiquer  assez  clairement  que  sa 
propriété  purgative  réside  dans  une  matière  analogue  aux 
résines ,  mais  qui  en  diffère  en  ce  qu'elle  est  soluble^ 
sur-tout  à  chaud,  dans  une  grande  quantité  d'eau  ;  cette 
substance  a  une  saveur  très-amère  et  se  dissout  plus  faci-; 
lement  encore  dans  l'alcool  que  dans  l'eau.  On  y  trouv» 
aussi  un  peu  d'un  sel  de  potasse  qui  paraît  un  malate. 


(  ^3i  ) 
Digitales,  et  sur-tout  dans  la  digitale  pourprée. 
Les  feuilles  de  cette  plante  réduites  en  poudre 
ou  en  extrait ,  produisent  sur  le  corps  humain 
des  effets  très-divers  et  qu'il  est  difficile  d'ex- 
pliquer 'f  elles  excitent  des  vomisseniens  ,  des 
déjections,  des  vertiges  j  elles  augmentent  la 
sécrétion  de  la  salive  et  de  l'urine ,  et  diminuent 
la  fréquence  des  battemens  du  pouls  ;  à  trop 
forte  dose  ,  elles  causent  souvent  la  mort  ;  à 
dose  plus  failjle  ,  elles  sont  utiles  contre  les 
scrophules  (  comme  on  l'a  dit  des  scrophulaires  ) 
contre  l'iiydropisie,  l'asthme  ,  la  phthisie  ,  etc. 
et  ses  congénères  méritent  toute  l'attention  des 
médecins  et  des  chimistes:  nous  manquons  de 
bonnes  analyses  de  toutes  les  Personées,et  cette 
cause  augmente  sans  doute  à  nos  yeux  leurs 
anomalies  médicales. 

94.     LABIÉES. 

Labiatce.   Juss.  ,  gen.  110. 

Les  Labiées  constituent  la  famille  la  plus 
naturelle  peut-être  de  tout  le  règne  végétal  j  la 
ressemblance  de  leurs  formes  est  telle  qu'au- 
cun naturaUste  n'a  tenté  de  les  désunir  ,  et  qu'à 
peine  on  peut  les  séparer  en  grouppes  secon- 
daires ou  en  genres.  Les  propriétés  de  ces  plantes 
offrent  une  ressemblance  tout  aussi  frappante  , 


(  232  ) 
et  nulle  part  l'accord   des  propriétés  avec  les 
formes  n'est  mis  aussi  complètement  à  décou- 
vert par  la  nature. 

Toutes  les  Laljiées  sont  remarquables  par 
leurs  vertus  toniques  ,  cordiales  et  stomachi- 
ques 5  onpeut  distinguer  dans  toutes  ces  plantes, 
selon  l'observ^ation  de  M.  de  Jussieu,  deux  prin- 
cipes, l'un  amer,  l'autre  aromatique,  mélangés 
à  proportions  différentes  dans  toutes  ces  es- 
pèces ;  leur  amertume ,  qui  se  conserve  dans  les 
infusions  et  les  décoctions  de  ces  plantes ,  pa- 
raît résider  dans  un  principe  gommo-résineux 
qui  se  trouve  plus  ou  moins  abondamment  dans 
chacune  d'elles  j  les  espèces  où  il  abonde ,  telles 
que  le  Scordium  (  Tenerlum  scordium)  ,  la  Ger- 
mandrée  (  T.  chamadris  )  ,  l'Ivette  (  T.  Cha" 
map'itys  )  ,  etc.  ,  sont  particulièrement  em- 
ployées comme  stomachiques,  et  même  quel- 
quefois comme  fébrifuges  j  celles ,  au  contraire, 
qui  abondent  en  huile  essentielle ,  et  qui  sont 
conséquemment  plus  aromatiques ,  sont  em- 
ployées cormne  stiraulans,  échauffans  et  exci- 
tans  ;  les  mélanges  divers  de  ces  deux  principes 
et  l'état  particulier  de  chacun  d'eux  ont  fait 
choisir  plusieurs  Labiées  pour  un  grand  nombre 
d'usages  médicaux  et  diététiques  j  les  unes  ser- 
vent d'aromates  dans  nos  mets  ;  telles  sont  la 
Marjolaine, la  Sarriette,  le  Basilic, etc.  D'autres 


(  233  ) 

fournissent  par  l'infusion  des  boissons  légère- 
ment toniques  ,  et  qu'on  prend  en  guise  de 
Thé  ;  telle  est  la  Sauge  ,  la  Mélisse  ,  le  Draco- 
céphale,  le  Gléchome  ,  etc.  Plusieurs  Labiées 
réduites  en  poudre  sont  employées  comme  ster- 
nutatoires  et  réputées  céphaliques  ;  par  exem- 
ple ,  le  Marum ,  la  Marjolaine  ,  la  Lavande  ; 
quelques-unes,  comme  le  Thyrji  ,  le  Serpo- 
let, etc. ,  sont  employées  comme  parfums ,  d'au- 
tres fournissent  les  eaux  spiritueuses  dont  nous 
faisons  le  plus  fréquent  usage  j  telles  que  l'eau  de 
Mélisse  ,  l'eau  de  Lavande,  l'eau  de  Menthe  et 
l'eau  de  Romarin ,  nommée  improprement  l'eau 
de  la  Reine  de  Hongrie. 

Toutes  peuvent  fournir  une  quantité  plus 
ou  moins  considérable  d'huile  volatile  ,  ©t  ce 
produites!  sur- tout  remarquable  dans  les  Thyms, 
les  Origans,  les  Lavandes  j  la  chimie  vient  d'a- 
jouter un  nouveau  fait  à  tous  ceux  que  l'on 
connaissait  sur  l'uniformité  des  vertus  des  La- 
biées ;  on  avait  déjà  remarqué  que  plusieurs 
d'entr'elles  exhalent  une  odeur  de  Camplure  ,  et 
quelques  cristaux  de  cette  substance  avaient 
déjà  été  trouvés  par  Gaubius  dans  l'huile  de 
Thym  ,  par  Kunkel  dans  celle  de  Romarin  ,  par 
Kruge  dans  celle  de  Marjolaine  ,  par  Cartheu- 
ser  dans  celle  de  Serpolet ,  etc.  M.  Proust  a 
prouvé  depuis  que  le  Camphre  existe  de  môme 


C  ^34  ) 

et  en  quantité  tellement  abondante ,  qu'on  peut 
l'extraire  avec  avantage  dans  les  huiles  de  Sauge 
et  de  Lavande  ,  et  probablement  dans  toutes 
les  huiles  volatiles  des  Labiées. 

ç5.     M  Y  O  P  O  R  I  N  É  E  S. 
Mjoporinœ.  Brown  ,  prod.  5i4' 

Propriétés  inconnues. 

^6.    P  Y  R  É  N  A  C  É  E  S. 

Pyrenacece.  Vent. ,  Juss. ,  Ann.  Mus.  7  >  p.  63.  — 
Vilices.  Juss. ,  gen.  106. 

Les  nombreux  arbrisseaux  de  cette  famille 
sont  presque  tous  exotiques  ,  peu  connus  et 
mutiles  en  médecine  j  on  peut  soupçonner 
qu'ils  sont  légèrement  amers  et  astringens  5  la 
Verveine  et  VAgnus  castus  autrefois  employés, 
sont  maintenant  hors  d'usage.  Le  Vitex  agnus 
castus  et  le  Vitex  trifolia  sont  l'une  et  l'autre 
cités  comme  réfrigérans  et  anti  -  erotiques  ; 
mais  ces  propriétés  ont  besoin  d'être  rectifiées 
et  analysées. 


(  235  ) 

^j.     ACANTHACEES. 

^ca«^/î<.  Juss. ,  gen.  io3. 

Les  propriétés  de  cette  famille  sont  nulles  ou 
peu  importantes.  On  peut  soupçonner  que  ces 
plantes  sont  émollientes  j  du  moins  la  Brancur- 
sine  (  Acanthus  mollis ^  L.  )  ,  est  employée 
comme  telle  à  cause  de  son  mucilage ,  et  la 
Justitia  bijlora  est  employée  en  Egypte  sous 
forme  de  cataplasme.  Les  voyageurs  parlent  de 
la  Justicia  ecbolium  comme  d'un  diurétique  y 
et  de  la  J.  pectoralis  comme  d'un  vulnéraire. 
Les  sommités  de  la  Justitia  paniculata  entrent 
dans  la  teinture  alcoolique ,  stomachique  et 
fébrifiige  que  les  Anglais  emploient  dans  l'Inde 
sous  le  nom  de  Drogue  arrière. 

98.     LENTIBULAIRES. 

Lentibularice,  Rich.  in  Flor.  Par.  i ,  p.  26.  Brovrn., 
prod.  429. 

Propriétés  nulles,  ou  inconnues. 

99.     P  R  I  M  U  L  A  C  É  E  S. 

L/ysimachiœ.    Juss. ,  gen.  gS.  —  Primulaceœ.  Vent. 
Les  Primulacées  n'ont  que  des  propriétés  fai- 


{2.36  ) 

blés  et  peu  prononcées  j  elles  paraissent  être 
légèrement  astringentes  et  amères  :  la  racine 
du  Cyclamen  se  distingue  par  sou  âcreté  5  la 
Primevère  ,  par  le  léger  arôme  de  sa  fleur  5  le 
Mouron  est  maintenant  hors  d'usage  après  avoir 
eu  la  réputation  de  guérir  la  rage ,  la  folie ,  l'é- 
pilepsie,  et  presque  toutes  les  maladies  incu- 
rables :  la  Cortusa  mathioll  a  ^^été  aussi  vantée 
dans  les  maladies  nerveuses. 

100.     GLOBULAIRES. 

GlohularicB.  Lam.  et  DG.,  FI.  Fr.  3 ,  p.  427.  —  Lysi- 
machiaruni  gen,  Juss. 

Dans  le  grouppe  des  Globulaires  ,  voisin  des 
Protées ,  des  Primulacées  et  des  Dipsacées ,  mais 
qu'on  ne  peut  réunir  avec  aucune  de  ces  trois 
familles  ,  on  trouve  en  général  des  plantes  dont 
la  tige  et  les  feuilles  ont  une  amertume  remar- 
quable ,  et  purgent  assez  fortement  en  donnant 
du  ton  à  l'estomac  et  aux  intestins.  Ces  pro- 
priétés sont  assez  prononcées  dans  le  Globula- 
lia  alypum  (1),  employé  par  les  Provençaux; 

■  wm^mmmmm  i  ii  i  i  i    i         » 

(  I  )  Alypi  folia  ,  ofF.  —  Voyez  Garidel ,  Histoire  des 
plantes  des  environs  d'Aix,  1,  p.  210.  Voyez  aussi  un 
Ménioire  de  M.  Deslongchamps ,  inséré  par  extrait  dans 
le  Bulletin  de  Pharmacie ,  où  l'on  trouve  une  discussion 


(237) 

on  les  retrouve  dans  le  G.  nudicauUs  y  Lin.  i 
et  l'amertume  des  autres  espèces  de  Globulaires, 
peut  faire  présumer  l'analogie  de  leurs  vertus. 

loi.     PLUMBAGINÉES. 
Plumbagineœ.  Juss.,  gen.  92.  * 

Les  deux  genres  qui  composent  la  petite  fa- 
mille des  Plumbaginées  sont  distingués  par  des 
caractères  botaniques  très-prononcés  ,  et  par 
des  propriétés  médicales  assez  différentes  ,  mais 
qui  paraissent  constantes  dans  chaque  genre. 
La  racine  des  Statice  ,  et  sur-tout  des  Limo- 
nlum ,  est  astringente  et  tonique. 

Dans  les  Tlumbago  ,  la  racine  et  la  plante 
presqu 'entière  est  acre  ,  caustique  et  employée 
à  l'extérieur  pour  corroder  les  ulcères  ,  et 
même  dit -on,  pour  guérir  la  gale:  ces  pro- 
priétés sont  communes  au  PL  europaea  ,  au 
PI.  scandens ,  appelé  Herbe  au  diable  par  les 
habitans  de  Saint-Domingue  ,  aux  P/z^/7z^/2oï> 
zeylauica  et  rosea^  employés  comme  vésicar 
toires  dans  l'Inde. 

intéressante  sur  l'emploi  de  la  Globulaire  et  sur  l'utilité 
de  la  substituer  au  Séné  {Bull,  Pharm.f  1809,  p.  559.) 


(  ^38  ) 


102.     PL  ANTAGINÉES. 
Plantagineœ.  Juss. ,  gen.  8g, 

Les  feuilles ,  l 'herbe  et  la  racine  des  Plantains 
sont  un  peu  amères  et  astringentes  ,  et  ont 
me  me  été  quelquefois  conseillées  comme  fébri- 
fuges ;  leur  graine  est  mucilagineuse ,  un  peu 
acre.  Au  reste  ,  sous  ces  deux  points  de  vue  , 
les  diverses  espèces  de  Plantains  ont  été  substi- 
tuées les  unes  aux  autres ,  et  d'ailleurs  ces  médi- 
camens  sont  peu-à-peu  exclus  des  pharmacies. 
Les  graines  de  tous  les  Plantains  sont  em- 
ployées dans  les  arts  à  cause  de  la  grande  quan- 
tité de  mucilage  qu'elles  renferment  j  on  re- 
cueille en  grand  dans  le  Midi  de  la  France,, 
celles  du  P.  arenaria  qui  se  vend  sous  le  nom 
de  graines  de  Psjllium  (i). 


(i)  Le  Plantago  arenaria  ,  sauvage  sur  tous  les  bords 
de  la  INIéditerranée  et  inusité  en  France  ,  se  recueillef  9 
avec  soin  ,  et  fournit  un  objet  d'exportation  beaucoup 
plus  considérable  qu'on  ne  pourrait  le  croire.  Les  négo- 
cians  de  Nismes  et  de  ÎNIontpellier  en.  envoient  dans  le 
nord  de  l'Europe  :  cette  graine  sert  à  laver  les  mousse- 
lines et  peut-être,  vu  l'énorme  quantité  Cjui  s'en  con- 
somme ,  à  d'autres  usages  industriels  qui  ne  sont  pas  biea 
connus. 


(  ^39  ) 

io3.     NYCTAGINÉES. 

Nyctagineœ.  Juss. ,  gen.  90. 

Depuis  qu'il  est  bien  démontré  (2)  que  le 
Jalap  n'appartient  point  aux  Nyctaginées ,  cette 
famille  a  cessé  d'intéresser  les  médecins.  Il  faut 
cependant  remarquer  que  les  racines  des  Belles- 
de-Nuit  jouissent  de  propriétés  purgatives. 
Bergius  a  éprouvé  que  celle  de  la  Nyctago 
dichotoma  purge  assez  bien  et  à -peu -près 
comme  le  Jalap  j  il  n'a  pas  eu  de  succès  en 
employant  les  N.  jalapœ  et  N.  longijiora , 
parce  qu'il  les  avait  employées  à  trop  Faible 
dose;  Chamberlaine ,  qui  a  donné  le  JS.jaîapœ 
à  la  dose  de  4°  grains ,  l'a  vu  agir  comme 
purgatif";  cette  propriété  paraît  tenir  à  la  ré- 
sine que  cette  racine  contient.  Crell  a  employé 
avec  succès ,  comme  purgatif ,  la  résine  de  l'a 
N.  longiflora  à  la  dose  de  20  grains  j  cette 
même  propriété  purgative  semble  se  retrouver 
dans  la  Boërrhavia  tuberosa ,  Lam.,si  l'on 
peut  en  juger  par  le  nom  lV Herba  purgativa  , 
qui  lui  est  donné  par  Feuillée  ;  cependant  ou 


(2)    Voyez  le   Mémoire   de   M.   Desfontaines  dans  le 
-  Annales  du  Muséum  d'Histoire  naturelle. 


(24°) 

assure  que  les  Américains  mangent  la   racine 
de  cette  plante. 

La  graine  de  toutes  les  Nyctaginées  offre 
un  périsperme  farineux  qui ,  par  la  grosseur 
à  laquelle  il  atteint  dans  les  Belles-de-Nuit , 
pourrait  peut-être  devenir  de  quelque  utilité. 

104.     AMARANTHACÉES. 

Amaranthacœ.  Juss. ,  gen.  87. 

Les  Araaranthacées  sont  de  peu  d'utilité ,  et 
ne  paraissent  posséder  aucune  vertu  bien  pro- 
noncée ;  la  plupart  de  celles ,  du  moins  qui 
sont  grandes  et  herbacées  comme  les  ama- 
rantlies  ,  peuvent  se  manger  en  légumes.  Ainsi 
on  se  nourrit  en  Gascogne  de  VAmaranthus 
blitum,  dans  l'Inde ,  de  VAm.  oleraceus  ,  Lin.  , 
de  V Am.  farinacus )  Roxb. ,  et  de  plusieurs  au- 
tres. ISAch^rantes  obtusifolïay\jà.\n..,  passe  pour 
diurétique  dans  les  Indes  j  mais  cette  propriété 
n'est  rien  moins  que  constatée. 

io5.     CHENOPODÉES. 

Chenopodeœ.  Fi.  Fr.  3  ,  p.  38o.  —  Atriplices.  Juss. 
gen.  83. 

La  famille  des  Clienopodées  présente  quel- 
ques diversités   dans   les  tribus  dont  elle  est 


(  ^4i  ) 

composée  ;  les  deux  premières  ,  qui  de  l'aveu 
même  de  l'illustre  auteur  des  ordres  naturels  y 
ne    sont   que  faiblement   liés   aux   suivantes , 
en   diffèrent  aussi  par  leurs  propriétés  :  c'est 
dans  ces  sections  que  nous  trouvons  le  Campho- 
rosma ,  dont  l'odeur  rappelle  celle  du  Camphre  5 
le  Petiveiia  ,  qui  exhale  une  forte  odeur  d'ail  ; 
le  PItytolacca  ,  dont  la  racine  ,  les  feuilles  et  la 
baie  elle-même  purgent  avec  violence ,  et  appli- 
quées à  l'extérieur ,  paraissent  corroder  les  ul- 
cères. Cette  plante  ,   naturalisée  dans  plusieurs 
provinces ,  a  été  trop  négligée  par  les  médecins 
Européens  5  les  Anglo-Américains  en  ont  da- 
vantage exploré  les  propriétés  :  ses  baies  in- 
fusées dans  l'eau- de-vie ,  sont ,  aux  États-Unis  , 
un  remède   populaire  contre  les  rhumatismes 
chroniques^    et    sont    Sïdjstituées    au  Gayac  ; 
Barton  assure  qu'elles  semblent  même  préféra  blés 
dans  les  rhumatismes  qui  succèdent  aux  ma- 
ladies vénériennes  ;  le  suc  de  ses  baies ,  épaissi 
à  la  consistance  d'extrait ,  a  été  employé  contre 
les  scrophules  et  les  ulcères  cancéreux  ;  on  ap- 
plique de  même  sur  ces  ulcères  les  feuilles  de  la 
plante  :   les  jeunes  pousses  perdent  toute  leur 
âcreté  par  la  cuisson  à  l'eau  ;  on  les  mange  aux 
États-Unis   et    elles  sont,  dit-on,   préférables 
aux  asperges  les  plus  fines. 

Quant  à  la  troisième  et  à  la   quatrième  sec- 


iC* 


(    M2    ) 

tion  des  Cliénopodées ,  qui  forment  réelle- 
ment  un  grouppe  naturel,  nous  y  trouverons 
peu  d'anomalies  j  à  l'exception  des  leuiiies 
de  quelques  Ansérines  ,  qui  renferment  des 
huiles  essentielles  ,  et  qui  jouissent  par  -  là  de 
propriétés  toniques  et  anti  -  spasmodiques. 
LCIvenopodium  ambrosioïdes ,  C.  botrys ,  C. 
vulvaria?  )  Nous  trouverons  ,  en  général  , 
que  les  feuilles  des  Chénopodée^s  sont  êmol- 
Irentes  et  propres  à  la  nourriture  de  l'Iiôiftine  ; 
^e'est  dans  cotte  famille  que  se  ti'ouvent  les 
Bètes  ,  les  Epinards  ,  les  Arroches  ,  qu'oïi  cul- 
tive dans  tous  nos  potagers  5  le  ClhenopciSium 
qiiinoà,  )  qui ,  selon  Dombéy  ,  fait  là  riour- 
;'ituré  des  habitans  du  Chili;  les  Baselles  {B. 
rubra  et  cord'ifolïa  )  ,  qui  servent  d'aliment 
aux  Indiens;  les  Salicornes,  les  Anabâsfe  et 
les  Soudes ,  qui  se  mangent  en  compotëè  ou 
en  salades  dans  tous  les  pays  maritïE^C;.^. 

Mais  arrêtons  nous  un  moTOf^dt  S*tr  ©et te 
production  de  là  soude  ,  qui  intérês^  ai  vît^c- 
ment  la  chimie  ,  la  médecine  et  les  ar*v<T;  die 
est  due  particulièreiacnt  aux  Ch^n0|!)(3i€lëëè  ; 
aiasi  ,  la  plupart  des  Su  Isola  (1),    des  Sali- 


(1)  Salsola  sativa  ,  à  Alicant».  S.  soda  ,  kahitt  tragiis  , 
sur  les  cOitôs  de  France. 


(  243) 
tomes  (2) ,  des  Aiiabasis  (3) ,  quelques  Âtri^ 
plex  (3) ,  quelques  Chéno  podi  luns  mur  i  iime&^4)  * 
et  probablement  aussi  les  Anrederu ,  les  Ctf* 
roxiluni  et  les  Acn'ida,  serrent  oïl  peuvent 
servir  à  la  fabrication  de  la  soude  :  nulle  part 
Tanaloi^ie  naturelle  ne  semble  plus  piiissaïue  j 
mais  cette  même  faculté  de  àonWÊSA  de  Jîst  sonde 
se  retrouve  dans  plusieurs  Ficoùles ,  telies  que 
Mesembryanthenium  crjsta/liaum.  auss  Cana- 
ries ,  M*  copticurn  et  nodifloriun  en  Barijarie  , 
ulizooh.  hispanicuin  en  Espagne ,  Keauniurid 
vermîculata  en  Barbarie  ,  dans  le  Plantngo 
squarrosa  en  Egypte  ,  le  Suriana  rftaHtintd 
à  Cayenne  ,  le  Bat'is  mariti/na  aàx  AntrlJé*,  etc. 
Quels  sont  donc  les  organes  eomm  ins  à  tant 
de  plantes  si  diverses  ?  Remarquons  d'abord 
que  cette  production  de  là  soude  déy^end  uni- 
quein^Tlt  de  la  proximité  de  là  m:^r  d*<M$  ellea 
la  tireftt;  et  que  les  mêmes  plantas  éftltivéeâ 
loin  des  côtés  ,  produisent  d'ârtitres  selsi  :  ainsi, 
pour  ïïe  point  sortir  de  la   fàthillfr  d^  Chéïio- 

— — ■       éf 

(1)  Salicornia  herbacea  et  fruticosa,  en  France,  o. 
ardhicd,  ert  Egypte. 

(à)  Attahasii  aphylîa ,  dans  l'OriéM. 

(3)  A  tri  plex  fnaritima  y  A.  lialyniuS^ 

(3)  Chenopodium  maritiinum ^  C-  fttcthoivmf  C.  sst^' 
gerum ,  elc. 


podées ,  on  trouve  du  nitrate  de  potasse  tout 
formé  dans' plusieurs  Chenopodium^  et  je  suis 
tente  de  croire  que  les  petits  grains  qui  re- 
couvrent les  feuilles  de  plusieurs  Arroches  sont 
aussi  de  nature  saline.  Remarquons  encore 
que  toutes  les  plantes  qui,  cultivées  au  bord 
de  la  mer  ,  donnent  de  la  soude ,  sont  d'autant 
plus  estimées  que  leur  consistance  est  plus 
molle ,  plus  succulente  et  plus  aqueuse  \  mais 
cette  consistance  tient  à  ce  que  leur  tissu  cellu- 
laire est  formé  de  membranes  plus  faciles  à 
distendre ,  et  de  cellules  plus  grandes  :  de  cette 
même  structure  du  tissu  cellulaire  résulte  qu'à 
volume  égal ,  la  matière  charbonneuse  est  dans 
ces  plantes  en  quantité  beaucoup  moindre  que 
dans  les  autres  ,  et  que  les  sels ,  dissous  dans 
l'eau  aspirée  par  les  racines ,  trouvent  plus 
d'espace  dans  les  cellules  pour  y  être  déposés 
sans  obstruer  les  pores.  Ces  deux  faits,  dus  à  la 
structure  du  tissu  cellulaire  ,  expliquent  à 
m.es  yeux  comment  il  se  fait  que ,  malgré  la 
quantité  de  soude  que  contiennent  toutes  les 
plantes  maritimes ,  on  se  soit  accordé  dans 
toutes  les  panies  du  monde  à  choisir  pour  l'ex- 
ploitation celles  dont  la  consistance  est  plus 
molle  :  comment  la  présence  de  la  soude, 
quoiqu'accidentelle  ,  se  trouve  cependant  con- 
forme dans  plusieurs  cas  avec  les  classifications 


(  245  ) 

naturelles  ;  comment  enfin  les  plantes  qui 
fournissent  de  la  soude  ont  de  grands  rapports 
avec  celles  que  divers  peuples  ont  choisies  pour 
leurs  alimens. 

Avant  de  quitter  les  Chénopodées  ,  j'obser- 
verai que  leur  graine  paraît  douée  de  propriétés 
un  peu  délétères  et  stimulantes  :  ainsi  celles 
du  Chenopod'ium  anthelminticunt  sert  de  ver- 
mifuge en  Amérique;  celle  àeVAiriplea:  hor- 
tensis  excite  le  vomissement  ou  un  dévoiement 
souvent  douloureux.  Le  Chtnopodiuw.  qu'inoa 
est  une  exception  à  cette  observation  si  sa 
graine  sert  réellement  de  nourriture  ,  comme 
on  peut  le  croire  en  voyant  que  Dombey 
compare  cet  aliment  au  Riz. 

La  racine  des  différentes  espèces  de  Bètes 
(  Beta  vulgaris  et  B.  cicla  )  contient,  comme 
on  sait ,  une  grande  quantité  de  sucre.  La 
cliimie  fournirait-elle  quelque  moyen  pour  expli- 
quer le  rapprochement  du  sucre  et  du  sel 
dans  diverses  espèces  de  Fucus  et  d'Ulva  d'un 
côté  ,  et  dans  les  Bètes  et  les  Salsola  de  l'autre* 
Je  me  contente  d'indiquer  ici  le  fait. 


(  M6  ) 

io6.     POLYGONE  ES. 

J^ùlfgonece.  Juss. ,  gen.  8a. 

P^ns  les  Polygonées,  nous  trouverons  trois 
eI^so5  tle  propriétés  diverses,  selon  les  parues 
à&^  plantes  (\XLQ  nous  examiperor^s  >  et  nous  I 
verrons  ai^p^i  (ians  cette  famille  wxie  liauvelle 
prepve  de  la  néoç^siié  de  distinguer  le;^  prgiine§^ 
pour  établir  ii^ie  comparai  on  exacte. 

X*e^r^ae^  de§  Pojygonées  s'of'f'rejit  d'g-bord 
%  notr^  eK,awqeg ,  et  ici  nous  trouvons ,  pour 
ainsi  dire  ç€Mp.^e  chef  de  file  j  la  racine  de 
Jlhubarbe  \  qn  ^urjaît  ces  utiles  propriété? 
coiume  purgatif  et;  çpmjne  tonique  j  pji  sait 
cominen  de  disi^atisôipns  se  sont  éleyé§^,  parmi 
les  l^ot^u justes  pouj*  détermifier  la  véritable 
Rhubarbe ,  et  qu'elles  on^  abouti  à  prouver 
que  quoH[ue  le  Rhcum  paîm^tn^  j  Ir».  7  prO'- 
duise  celle  qui  est  la  plus  U6i|;ée  »  on  en  tirç 
aussi  des  I^lieuiri  cojnpactum  ^  undulatuiT}.  et 
hybridum.  Mais  l'analogie  des  propriétés  s'é- 
tend plus  loin  encore  j  les  racines  de  Rheum 
rhupondicum  et  des  Rumex  sont  aussi  purga- 
tives, quoiqu'à  un  nioiiulre  degré  jetlaracine  du 
Riieuni  r'ibes  est  aussi  regardée  couune  laxative 
par  les  Persans ,  d'après  le  témoignage  de 
Brun.   Quant  aux  propriétés   toniques    de   la 


(  M7  ) 
Jlliubarbe  ,  nous  les  retrouvons  dans  presque 
tovis  les  Rumex  ,  et  plusieurs  Polygouum.  On 
sait  que  l'on  peut  distinguer  trois  principes 
eliiiniques  dans  la  Rhubarbe,  une  matière, 
résineuse ,  une  matière  gommeuse ,  et  un  prin- 
cipe astringent  qui  tend  à  noircir  le  sulfate  de 
fer,  principe  aucjuel  tiennent  proliabiement ses 
propriétés  toniques  j  nous  le  retrouvona  de 
jnènie  dans  le  Kkeuiti  rhaponticuni{y\  j  daits  les 
racines  de  tous  les  Rumex ,  même  ceux  dont 
les  feuilles  sont  acides  j  dans  les  racines  du  P.  bis-» 
torta  y  du  P.  avlcuLare ,  et  peut-être  de  plu- 
sieurs autres  espèces  de  ce  genre ,  dans  l'écorce 
des  Coccoloba  dont  une  espèce  (  le  Cocealoha 
/zv//^r<2)  produit  un  suc  si  iorteuient  astringent 
qu'il  a  souvent  étu  confondu  avec  la  gomme 
Kino.  La  partie  gommeuse  qui  est ,  comme  on 
sait,  plus  abondante  c[Uo  la  résine  dams  la 
Riiubariie,  se  retrouve  presque  seule  dans  la 
racine  du  Rheuniribes  y  et  dans  celle  du  Calll" 


(i)  On  lit  dans  la  plupart  des  livres  de  Botanique  et 
de  IMatière  médicale,  que  le  Rheum  rhaponticum  est  ori- 
ginaire du  Mont-d'Or  j  je  me  suis  assuré  que  l'on  ne 
tioiive  en  Auvergne  que  le  Rumex  alpinus ,  dont  on  re- 
cuç-iile  la  racine  pour  la  vendre  sous  le  nom  de  Rhapoji-^ 
fin}  le  vrai  Rheum  rhaponticum  se  trouve  sauvage  au 
mont  Caucase. 


goîium  pterococcus  de  Pallas.  Mais  il  y  a  plus  y 
cette  gomme  ,  dans  la  Rliubarbe  ,  est  toujours 
jointe  à  une  matière  colorante  orangée ,  de 
sorte  qu'elle  teint  l'eau  ou  la  salive  en  rouge 
orangé.  Cette  même  propriété  existe  dans  les 
racines  de  tous  les  Rheum ,  de  tous  les  Rumex  , 
et  même  du  Cal! igonum  pterococcus  ,  quoique 
plus  faiblement.  Enfin  la  partie  résineuse  se 
retrouve  indiquée  par  la  chimie  dans  le  Rheum 
raponticum  ,  le  Rumex  aîpînus  y  c'est-à-dire 
dans  les  Polygonées  purgatives. 

Les  jeunes  pousses,  les  pétioles,  et  même  les 
feuilles  peu  âgées  de  toutes  les  Polygonées 
fournissent  à  l'homme  un  aliment  sain  et  agréai 
ble  j  ainsi ,  on  mange  le  Rumex  alpinus  dans 
le  Dauphiné  j  toutes  les  espèces  de  ce  genre 
qui  croissent  en  Islande ,  y  servent  à  la  nour- 
riture des  hommes  ^  le  ii.  acutus  ne  se  mange 
que  lorsqu'il  est  jeune  :  le  Rheum  rhaponticum 
et  le  Rheum  widulatum  servent  d'aliment  en 
Sibérie  ,  sans  que  leurs  parties  supérieures  par- 
ticipent aux  propriétés  purgatives  de  leurs  ra- 
cines. Mais  ici  nous  trouvons  une  légère  ano- 
malie j  dans  la  plupart  des  Polygonées  ,  la  sa- 
veur des  tiges  et  des  feuilles  est  un  peu  austère, 
nullement  acide.  Dans  une  partie  des  Rumex  , 
et  dans  quelques  Polygonums  au  contraire  elle 
est  acide ,  rafraîcliissan^te  ,  cette  anomalie  di- 


(=^49) 

mlnuera  de  force 5  si  nous  observons ,  l.**  que 
tous  les  auteurs  ont  attribué  au  suc  du  Rheum 
ribes  ces  deux  qualités  diverses  ,  l'astringence 
et  l'acidité  j  2.°  que  tous  les  Rumex  acides  ,  au- 
trefois nommés  Oseilles  ,  se  distinguent  par  un 
caractère  botanique  prononcé  (  l'absence  de 
tubercules  sur  les  ségmens  extérieurs  du  péri- 
gone ,  et  les  feuilles  munies  d'oreillettes  ) ,  et 
doivent  de  nouveau  former  un  geiire  particu- 
lier. Le  Poljgonum  hydropiper  a  une  saveur 
acre  et  piquante  ,  qui  fait  exception  dans  cette 
famille.  Observons  cependant  que  son  suc  rou- 
git le  papier  IdIcu  ,  et  semble  par-là  se  rappro- 
cher des  Oseilles. 

Enfin  ,  les  graines  de  toutes  les  Polygonées 
contiennent  un  périsperme  farineux  propre  à  la 
nourriture  de  l'homme  :  nous  n'employons  à 
cet  usage  que  les  Polygonumjagopyrii/Ji  et  tar- 
tarlcum  ;  mais  c'est  uniquement  à  la  grosseur 
de  leur  graine  et  non  à  la  différence  de  leur 
nature  ,  qu'il  faut  attribuer  cette  préférence. 
Les  petits  oiseaux  se  nourrissent  de  celles  du 
Folygonum  convolvulus  ;  on  sait  que  les  graines 
du  Polygonum  aviculare  sont  fortement  émé- 
tiques ,  souvent  purgatives  ^  elles  exhalent  lors- 
qu'elles sont  réduites  en  poudre  une  odeur  nau- 
séabonde j  ce  fait  est  dans  l'état  actuel  de  la 
çcience  une  exception  bien  marquée  aux  pro* 


(  aSo  ) 
prit' tés  ordînalres  de  la  iamille  :  il  faudrait  ob' 
server  si  cette  propriété  émétique  ne  résiderait 
point  ou  dans  l'embryon,  ou  dans  le  spermo^ 
derme  de  cette  graine ,  et  si  une  semblable  vérti* 
ne  se  rencontrerait  pas  dans  les  organes  ana-r 
logues  des  autres  espèces  de  Polygonées.   Les 
Coccoloba  semblent  former  une  exception  par 
leur  fruit  aqueux  et  succulent 5  il  faut  observer 
que  ce  n'est  pas  proprement  le  fruit  qui  a  cette 
qualité  ,  mais  que  c'est  le  calice  qui  persiste ,  se 
renfle  et  prend  l'apparence  d'une  baie,  Ainsi , 
si  le  Raisinier  s'éloigne   par-là  des  propriétés 
des  Polygonées  ,  c'est  qu'il  s'en  éloigne  ftussi 
par  la  forme. 

107.     L  AURI  NÉE  S, 
Lauri.  Juss.  ,  gen.  80  ,  excl.  geri.  âffîri. 

La  faBiille  des  Laurinées  ,  quoique  p@i,i  nom- 
breuse en  genres,  contient  un  gra.n4  aM^îJ^i'e 
d'espèces?  et  mérite  de  nous  arrêter  pfi  iipo-r 
nient  par  l'importance  des  médic^me»3  qu'elle 
fournit. 

Tout  le  mpade  sait ,  d'une  manièf  e  géiiérale , 
que  tous  les  ^çj^xes  qui  composerit  cette  i^,niiUç 
èotiX  plu$  ôu  ï^oins  aromatiques  da»s  Jm%r^  cliK 
ferentes  parties;  et  sur  cet  aperçu?  oift  a  tléj?. 
çii4  cette  famille  comme  tendant  à  prouver  far 


(    25l    ) 

nalogie  des  propriétés  et  des  formes.  Cette  ana- 
logie sera  mieux  prouvée,  si  nous  entrons  ici 
dans  quel(pies  détails, si  nous  montrons  qu'au- 
cune des  propriétés  de  ces  plantes  n'est  isolée; 
et  que  les  mêmes  organes  jouissent  de  vertus 
analogues. 

L'écorce  des  Laurinées  est  comme  dans  le 
plus  grand  nombre  des  Dicotylédones ,  Ja  par- 
tie la  plus  active  ,  et  les  feuilles  ,  participent 
ici ,  comme  d'ordinaire ,  aux  propriétés  de  l'é- 
corce  :  on  sait  qne  celle-ci  est  éminemment 
arpniaçûpie  ,  chaude  et  stomachique  dans  le 

^Canneli^r  (i).  Ces  mêmes  qualités  se  retrouvent 
dau^  1§  ^,  çei^sia ,  Lin.  (2);  le  h.  mt»Jaba- 
thium ,  Lara,  (3);  le  L,  ciz-lilaban  ,  Lin.  (4)) 
qui n'es^  peut-être  qu'une  variété  du  précédent  j 
daiig  les  feuilles  du  Laurns  panifolia  y  Lam.  j 
dans  l'écorce  du  Lau/ier  çncore  mal  conn\i ,  qui 

.  ppi)dwit  I4  i$ye  de  Pichurim  ;  dang  Iê  Laurus 
^A^^/iï/V5^,lkppeléboisCanelle  à  l'iLe-de-France  ; 
dans  1@  L.  qifipso^,  Lsm. ,  qui  porte  au  Pérou 
Iç  \\o^i  4Wb?e  d§  Ganelle  ;  dans  1g  Laurus  ben- 
/Wff  j  1^*  j  oè  9aii  odç^f  approche  «n  peu  du 


I  itmj»   iii» 


(i)  Laurus  ciTtfumomum  ,  Lin. 

(2)  Casa  m.  Hgn-aa ,  fl|F. 

(3)  MalabalruiTL ,  off. 


(    252    ) 

Benjoin ,  et  qui  était  employé  comme  épice  aux 
Etats-Unis  pendant  la  guerre  d'Amérique  j  dans 
notre  L.  nobilis ,  originaire  d'Europe  j  et  enfin  y 
dans  l'écorce  même  du  Lauras  sassafras  ^  L. , 
qui  est  beaucoup  plus  aromatique  que  le  bois, 
quoique  celui-ci  soit  le  plus  usité.  Cette  même 
propriété  aromatique  se  retrouve  dans  les  fleurs 
de  quelques  Laurinées  ,  et  ceci  n'est  point  con- 
traire à  la  distinction  des  organes ,  puisque  ces 
fleurs ,  munies  d'un  périgone  simple ,  partici- 
pent à  la  nature  des  feuilles.  Elles  se  retrouvent 
sur-tout  dans  les  fruits ,  comme  on  le  voit  dans 
le  Canellier  et  le  Litsé ,  dont  les  baies  sont  un 
peu  aromatiques,  dans  les  iêves  de  Pichurim, 
dans  le  Laurus  glauca ,  Thumb. ,  dans  le  Lit" 
sea  sebijera^  de  Jussieu,  qui  ofïrent  une  exsu- 
dation de  suif  analogue  au  Virola  \  dans  VAjo- 
vea  j  d'Aublet ,  etc.^  etc.  ^ 

Les  exemples  que  Je  viens  de  citer  tendent  à 
nous  indiquer  deux  sortes  d^liuiles,  l'une  vo- 
latile ,  l'autre  fixe ,  dans  les  Laurinées  :  il  en 
est  de  mêifie  de  la  partie  pulpeuse  de  leur  fruit, 
comme  on  le  voit  dans  les  baies  du  Laurier 
d'Europe.  L'huile  fixe  concrétée  sous  la  consis- 
tance de  beurre ,  paraît  seule  composer  le  fruit 
du  L.  persea ,  si  vanté  par  les  habitans  des 
Antilles. 

Nous  retrouvons  le  même  mélange  de  deux 


(  253  ) 

principes  différens  dans  leur  écorce.  Elle  con*- 
tient  dans  plusieurs  Laurinées ,  outre  l'huile 
volatile  dont  j'ai  parlé  plus  haut ,  une  liqueur 
rouge  ou  violette  qui  se  présente  sous  la  forme 
d'une  émulsion  ,  et  qui  jouit  ordinairement  de 
propriétés  assez  acres  j  ces  deux  principes  sont 
réunis  dans  le  L.  parvlfolia,  Lam.  :  le  second 
seul  a  frappé  l'attention  des  voyageurs  dans  le 
Laurus  g/obosa  ,  Lam.  ;  et  c'est  probablement 
dans  cette  cathégorie  qu'il  faut  ranger  le  Lau- 
rus fœtens  y  Ait. ,  et  le  Laurus  caustica. 

Outre  les  nombreux  produits  que  je  viens 
d'énumérer ,  les  Laurinées  nous  fournissent  le 
Camphre ,  médicament  précieux  par  son  action 
résolvante,  topique  et  anti-spasmodiqùe.  Il  est 
sur-tout  produit  par  deux  espèces  de  Lauriers , 
dont  l'une  est  le  Laurus  camphora,  L. ,  et  l'au- 
tre ,  indiquée  par  Houttuyn,  est  encore  mal 
connue.  On  le  retrouve  dans  les  racines  du 
Laurus  cinnamomum  ,  et  sur-tout  d'une  va- 
riété ou  espèce  connue  sous  le  nom  de  Capuru 
carundu  y  qui  signifie  Canelle  camphrée.  On 
assure  que  le  Litsea  chinensis  y  Lam.  ,  a  des 
.  baies  qui  exhalent  une  odeur  de  Camphre.  Cette 
présence  du  Carapîire  dans  les  plantes  qui  abon- 
dent en  huile  volatile  ,  se  trouve  d'accord  avec 
les  observations  faites  depuis  sur  les  huiles  de 
Labiées  )  et  probablement  toutes  les  huiles  vo- 


I 


(  ^H  ) 

latiies  de  Laurinées  en  contiennent  de  même  les 
élémens. 

Avant  de  terminer  cet  article  ,  j'ajouterai  , 
1.**  que  si  plusieiu's  espèces  de  Lauriers  parais- 
sent se  rapprocher  davantage  par  leurs  pro- 
priétés ,  des  Myristicées  que  du  Canellier ,  on 
ne  doit  attacher  aucune  importance  à  cette  dil^ 
férence  ,  jusqu'à  ce  que  les  espèces  qui  com- 
posent ces  genres  respectifs  soient  mieux  con- 
nues des  botanistes  ;  2,.°  que  les  huiles  volatiles 
extraites  de  la  famille  des  Laurinées  et  de  celle 
des  Myristicées  semblent ,  par  leur  viscosité  , 
leur  pesanteur  et  leur  analogie  avec  la  cire  , 
composer  un  petit  ordre  particulier  entre  les 
matériaux  immédiats  des  végétaux. 

loS.     MYRISTICÉES. 

Myristicées.  Brown. ,  prod.  Sgg.     , 

Les  propriétés  ,  comme  les  formes  des  Myris- 
ticées^  ont  du  l'apport  avec  celles  des  Laurinées; 
on  remarque  dans  toutes  les  espèces  de  Musca- 
diers que  le  suc  qui  suinte  par  l'incision  de 
leur  éeorce  est  acre ,  visqueux,  assez  abondant, 
de  couleur  rongeûtre ,  et  qu'il  taclie  le  lings 
d'une  manière  assez  duraljle  j  leurs  feuilles 
froissées  exhalent  une  légère  odeur  de  muscade; 
le  brou  de  leur  fruit  est  d'une  saveur  acre  et 


■t-<ï. 


(  255  ) 

•caustique ,  et  ne  peut  servir  d'aliment  qu'après 
avoir  subi  une  élaboration  propre  à  l'adoucir  j 
l'Arille ,   qu'on  connaît  généralement  sous  le 
nom  de  Macis ,  présente  une  consistance  un 
peu  cliarnue  ,    et   donne  ti   l'analyse   un  peu 
d'huile  volatile  très-odorante ,  et  une  propor- 
tion beaucoup  plus   considérable  d'une  huile 
fixe  grasse  et   onctueuse  5  le   spermoderme  ou 
l'enveloppe  de  la  graine  présente  ce  même  mé- 
lange de  deux  huiles  ,  mais  l'huile  volatile  y  est 
dans  une  proportion    plus   grande  ;  le  péris- 
perme  qui  occupe  la  plus  grande  partie  de  l'a* 
mande  est  d'une  consistance  analogue  avi  suif , 
et  reljierme  une  très -grande  quantité  d'iimle 
grasse  j  dans  le  Virola  sebifera  cet  organe  four- 
nit uti  véritable  suif'  qu'on  en  extrait  par  l'iiti- 
mersion  dans  l'eau  chaude  :  le  périsperme  des 
Myristicées  renferme  aussi  une  petite  quantité 
d*huiie  volatile  ,  phénomène  fort  rare  dans  le 
règne  végétal  j  car  les  huiles  volatiles  sont  pres- 
que toujours  l'apanage  des  écorcos  et  des  par- 
ties extérieures  des  fruits  et  des  graines.  Toutes 
les  espèces  de  Myristicées  connues  jusqu'à  pré- 
sent présentent  toutes  les  mêmes  obsarvati^as , 
et  ne  diffèrent  du  Muscadier  arcwnatique  qli® 
^ar  la.  quantité  et  la  ëuavité  de  leuy  huile  volâ- 
tîîe  ;  ainsi ,  ce  grouppe  est  un  de  ceirx  où  l'a- 
.,  halogie  des  formes  et  des  propriétés  est  la  mieux 
prononcée. 


(  2.56  ) 

iop.     PROTÉACÉES. 
Frotece.  Juss. ,  gen.  78. 
Leurs  propriétés  sont  peu  ou  point  connues ^ 

110.     THYMELÉES. 
Thjmelece.  Juss. ,  gen.  76. 

Toutes  lesThymelées  dont  les  propriétés  sont 
connues ,  offrent  une  grande  ressemblance  en- 
tr'elles  :  leur  écorce  est  singulièrement  caus- 
tique ,  comme  on  le  remarque  dans  les  Dapàne 
mezereum  ,  Laureola  ,  Giiidium  ,  Tarton- 
raira  ,  et  à  un  degré  plus  faible  dans  les  Daphne 
Cneorum,  Altaica ,  etc.  Cette  écorce  appliquée 
à  l'extérieur  produit  l'effet  d'un  vésicatoire  ; 
étant  mâchée  ,  elle  cause  dans  la  bouche  et  la 
gorge  une  chaleur  douloureuse  j  prise  à  l'exté- 
rieur, elle  sert  de  purgatif  drastique  ,  et  excite 
des  tranchées  douloureuses  :  sa  décoction  a  eu 
quelques  succès  dans  les  maladies  vénériennes. 
On  emploie  quelquefois  la  racine  de  ces  diverses 
Thymelées,  mais  c'est  uniquement  à  cause  de 
l'écorce  qui  se  trouve  en  abondance  5  la  partie 
ligneuse  est  insipide  et  inutile.  L'activité  de 
l'écorce  deDaphné  paraît  tenir  essentiellement. 


d'après  l'analyse  de  M.  Vauquelin ,  à  un  prin- 
cipe acre ,  soluble  dans  l'eau ,  peu  volatil ,  ana- 
loaue  aux  racines  ou  aux  huiles  soluhles  dans 
l'eau;  peut-être  aussi  qu'une  partie  de  l'activité 
des  Daphnés    tient  à  une  résine  verte  qui  fait 
partie  de  leur  écorce ,  et  en  général ,  comme 
l'observe  M.  Vauquelin  ,  c'est  presque  toujours 
dans  des  matières  résineuses  ou  huileuses  ,  qu'il 
faut  chercher  la   source  des  propriétés   acres 
ou  caustiques ,  qu'on  observe  dans  les  végétaux. 
La  graine  de  ces  mêmes  plantes  (i)   offre  des 
vertus  analogues  à  celles  de  l'écorce ,  mais  qui 
paraissent  moins  dangereuses.  Cette  graine  est 
un  poison  pour  plusieurs  animaux ,  excepté  , 
dit-on ,  pour  les  oiseaux  qui  la  mangent  avi- 
dement. L'écorce  des  Thymelées  offre   encore 
quelques  usages  communs  à  plusieurs  espèces. 
Ainsi,  les  fibres  du  liber  de  plusieurs  Daphnés  , 
de  quelt^ues  Passeriries ,  du  Dirca  et  du  Lagetta, 
offrent  un  réseau  qui ,  selon  son  degré  de  force, 
est  employé  à  faire  des  cordes ,  des  fils  ou  des 
tissus  semblables  à  de  la  dentelle.  Le  Daphne 
gnidium  et  le  Passerlna  ûnctoria  servent ,  dans 
le  Midi  de  l'Europe ,  à  teindre  la  laine  en  une 
couleur  jaune ,  qu'on  change  ensuite  en  vert 
par  l'addition  de  V Isatis. 

(i)  Cocco  Gnidii  semina,  off. 

^7 


(  :.58  ) 

111.     SANTALACÉES. 

Santalacece.  Brown. ,  prod.  35o. 

Le  bois  du  Santalum  album  présente,  comme 
on  sait ,  une  odeur  douce  et  aromatique ,  et 
une  saveur  légèrement  amère  ,  qui  paraissent 
tenir  à  un  principe  volatil  et  résineux  :  il  est 
employé  comme  parfum  ;  on  s'en  sert  en  mé- 
decine à  titre  de  titre  de  stimulant  et  de  sudo- 
rifique.  On  coimaît  encore  trop  mal  les  autres 
espèces  de  cette  famille  pour  savoir  s'il  en  est 
qui  participent  aux  mêmes  propriétés  j  ie§ 
Tàesium.  sont  inodores ,  un  peu  astringens. 

112.     ELÉAGNÉES. 
Mlceagneœ.  Brown. ,  prod.  35o. 

Cette  famille  ,  réduite  par  M.  Brown  aux 
seuls  genres  Elœagnus  et  Hippophaë ,  ne  paraît 
ofïrir  aucune  propriété  bien  remarquable  :  leur 
écorce  est  astringente  j  les  baies  des  Hippophaë 
sont  très-légèrement  acidulés  et  employées  sous 
forme  de  sauce  dans  les  alimens  en  Suède ,  et 
selon  M.  Smith ,  dans  le  Midi  de  la  France, 


(^59) 

ii3.     ARISTOLOCHES. 

Atistolochice.  Juss.,  gen.  ya. 

Les  racines  des  plantes  qui  composent  la  fa- 
mille des  Aristoloches ,  sont  toutes  amères  et 
douées  de  vertus  toniques  et  stimulantes  ;  mais 
leur  application  diverse  ,  et  le  degré  de  leur 
force  qui  paraît  assez  différent ,  exigent ,  ce  me 
semble ,  des  expériences  nouvelles  et  précises. 

Les  espèces  du  genre  Aristoloche  ont  été  au- 
trefois vantées  comme   emménagogues ,    ainsi 
que  leur  nom  l'indique ,  et  plusieurs  d'entre 
elles  sont  encore  employées  en  Amérique  contre 
la  morsure  des  Serpens.  Parmi  les  premières  je 
citerai  les  A>  rotunda  ,  longa  ,  clematitis  ,  en 
Europe  j  V Arlstolochia  ïndica,  aux  Indes  orien- 
tales j  parmi  les  secondes,  les  ^.  aiiguicida  et 
serpentarla,  en  Amérique  j  MA.  ser/ipervlvens , 
en  Arabie  :  presque  toutes  ces  plantes  ont  été 
ordonnées  avec  quelques  succès  comme  fébri- 
fuges, principalement  après  la  diathèse  inflam- 
matoire et  dans  les  fièvres  malignes  avec  char- 
bons ;   elles  ont  quelquefois  agi  comme  purga- 
tifs j  ces  dernières  propriétés  se  retrouvent  dans 
VAsarum  europœum  ;  mais  ici  nous  trouvons 
de  plus  une  vertu  émétique,  assez  prononcée 
quand  la  racine  est  fraîche ,  mais  qui  se  détruit 


(  26o  ) 

soit  par  la  dessication  ,  soit  par  la  macération 
dans  le  vinaigre.  Le  suc  de  l'Hypociste  {C^tinus 
hyfocistis ,  L.  )  ,  était  aussi  autrefois  donné 
coxnine  tonique ,  et  sur-tout  comme  ast:ringent  ; 
ce  siic  contient  en  elïét  de  l'acide  galiique  ,  et 
ii'ofïre  la  singulière  propriété  de  précipiter  la 
géladne,  quoiqu'il  ne  contifînne  point  de  tan- 
nin (i)  ;  mais  le  ^y/i/zzz5  fait-il  bien  réellement 
partie  de  la  famille  des  Aristoloches  ? 

114.     EUPHORBIACÉES. 

Euphorhiœ.  Juss. ,  gen.  384. 

Les  Eupliorbiacées  ne  sont  presque  con- 
nues que  par  leurs  effets  délétères  sur  l'économie 
animale.  Toutes  ces  plantes  renferment  un  suc 
propre  laiteux ,  ordinairement  très-abondant , 
acre  ,  caustique  lorsqu'on  l'emploie  à  l'exté-. 
rieur,  et  qui  agit  comme  violent  purgatif  ou 
comme  émétique  lorsqu'on  l'emploie  à  l'inté- 
rieur j  ce  suc  paraît  être  de  nature  gommo- 
résineuse ,  et  ses  propriétés  cicres  et  purgatives 
résident  sur-tout  dans  la  partie  résineuse  ; 
celle-ci  paraît  être  souvent  incomplètement 
oxigénée  ,  et  alors  elle  se  rapproche  des  huiles 

(2)    Voyez  l'analyse  de  INI.  Pelletier,  Bull,  de  Pharin, , 
i8i3,  p.  290. 


(26l    ) 

essentielles  par  sa  volatilité  et  quelquefois  par 
son  aroine.  C'est  ainsi  qu'on  peut  concevoir 
comme  rit ,  dans  une  famille  entièrement  véné- 
neuse ,  se  trouvent  plusieurs  plantes ,  telles 
que  les  Crototi  aromaticum ,  L. ,  C.  halsaini" 
Jerurn  j  L. ,  et  C.  niveum  dont  le  suc  est  aro- 
matique et  employé  coimne  vulnéraire  àTexté- 
rieur  \  ces  exemples  tendent  à  expliquer  •  com-r 
ment  l'écorce  de  Cascarille  qui  ,cpmme^on  sait , 
est  amère  ,  aramatique,  stomachique  et  lehri^ 
fuge  ,  peut  apparlenir  à  cette  famille,  comme 
on  le  pense  en  général  sans  en  avoir  de  preuves 
directes.  Les,  bois  d'Agolloche  etd'Aloës  sont  en- 
core regardés  par  plusieurs  naturalistes  couime 
provenant  de  certaines  espèces  d'iiuphorbiacées  j 
la  volatilité  du  principe  acre  et  caustique  des 
Eupliorbiacées  se  fait  connaître  d'une  manière 
bien  cruelle  dans  ,  V Hippomane  biglandulosa  , 
dont  l'ombre  et  l'attouchement  seul  sont  véné- 
neux 5  dans  XEuphorbia  tirucalli  et  Y Excœcarla 
dont  les  émanations  attaquent  les  yeux  ;  dans 
la  racine  du  Jatropha  manihot  qui  est  forte- 
ment vénéneuse  tant  qu^elle  n'est  pas  soumise 
à  l'action  du  feu  j  et  qui ,  débarrassée  de  son 
principe  acre  et  résineux ,  laisse  une  fécule 
mucilagineuse  connue  sous  les  noms  de  manioc 
et  de  cassave  j  le  suc  des  Euphorbes  est  telle- 
ment caustique   qu'il  suffit   de   se   frotter  la 


(   2.62.  ) 

peau  avec  celui  de  V Hîppomaite  ,   de  VEu- 
phorbia  canariensis ,  E.  tirucalll  _,  et  E.   offi- 
cinarum  ,  de  VAdelia  venenata  y  Forsk  j  pour 
exciter  des  pustules  et  iiiie  inflammation  dou- 
loureuse 3    celui   de    l'Eupliorbe    officinal    est 
appliqué  sur  les  os  cassés  ou  liracturés  pour 
faciliter  la  séparation   des  parties  mortes  j  on 
se  sert  à  Java  de  V Euphorbia  tirucalti  ,  pour 
le  même  objet  :  pris  à  l'intérieur  ,  il   est  forte- 
ment stimulant  et   tonique  ;   il  agit  selon  les 
doses  comme  purgatif    dans  \ Euphorbia  ,  E. 
portulacoïdes ,  E.  officinaruni ,  etc.  j  comme 
émétique    dans    le  suc  de   Y  E.   officinarum  , 
comme    diurétique   dans   le   Phyllanthus  uri- 
naria  ,  ou  enfin  comme  sudorifique  dans   lés 
Euphorbia  tlrucalli ,  E.  tribuloïdes  et  E.   ca- 
nescens.  Les  racines  de  la  plupart  des  Euphorbes 
vivaces  sont  remarquables  par  leur  propriétés 
émétiques  ;    V Euphorbia   ipecacuanha  a  sou- 
vent été  employé  à  la  place  du  véritable  Ipeca- 
cuanha,  et   M.  Loiseleur  a   montré   que  les 
E.  gerardiana  y  E.  cypaiissias  ,  et  E.  sylvatïca 
jouissent  de  la  même  vertu  5  observons  cepen- 
dant que  ces  racines  peuvent  bien  être  com- 
parées à  ripécacuanha  quant   à  la    propriété   ! 
d'exciter   le   vomissement ,    mais   qu'elles   pa- 
raissent  absolument  dénuées  de   cette    action 
tonique   que   l'ipécacuanha   exerce    sur    l'ap- 
pareil digestif. 


(2.63) 

Le  suc  des  Euphorbes  intéresse  encore  la 
chimie  et  la  chirurgie  en  ce  qu'il  paraît  ren- 
fermer les  éléaiens  du  Caoutchouc.  Cette  ma- 
tière extraordinaire  se  retire  de  ÏHevea  guya" 
nensis ,  Aubl.  ;  on  en  retrouve  des  traces  dans 
le  Ricin ,  dans  quelques  Eu])horbes  ,  dans  le 
CastiUoa  eLastica  de  Cavanilles ,  le  Co/nmi" 
phora  madagascartensls ,  VExcœcaria  agal- 
locha ,  V Hippoînane  jnancenilla  ,  la  Hura 
crépit  ans  ,  les  Jatropha  ,  les  Alabea ,  les  0//z- 
phaLea  ,  le  Plukenetia  et  dans  le  Sapium  aucu- 
parium  ,  dont  le  suc  est  tellement  visqueuxqu'il 
sert  comme  de  glu  pour  prendre  les  perroquets. 
On  retire  eniin  ,  par  diverses  préparations  chi- 
miques ,  du  suc  du  Croton  t'ijicforïiun  ,  la  cou- 
leur bleue  connue  sous  le  iioln  de  Tournesol* 
Uombey  retrcmve  la  même  propriété  dans  Je 
Crotum  tricuspidatum  du  Chili ,  et  peut-être 
que  des  préparations  chimiques  analogues  dé- 
yelopperaient  cette  couleur  dans  toutes  les 
Euphorbiacées. 

La  graine  des  Euphorbes  participe  aux  ]iro- 
priétés  actives  du  suc  de  ces  plantes  j  mais  ici 
M.  de  Jussieu  nous  offre  luie  observation  pi- 
quante,  savoir  :  que  rend)ryon  des  Euphor- 
biacées est  violemment  purgatif  ou  émétique, 
tandis  que  leur  périsperme  est  rempli  d'une 
huile  douce  ,  saine  et  agréable  au  goût^  ainsi ^ 


(  2^4  ) 

on  mange  en  Amérique  le  périsperme  de  VOm^ 
jpàalea  et  de  y  Hevea ,  après  l'avoir  dépouillé 
de  l'embryon  (1)5  ainsi ,  l'embryon  seul  du  Ja- 
tropha  curcas ,  da  Jatropha  multijida  ,  de 
VEuphorbla  lathyris ,  du  Croton  tiglium  ,  est 
un  purgatif"  drastique  ou  émétique  des  plus 
violens  ,  jjropriété  qui  se  retrouve  dans  la 
graine  de  presque  toutes  les  Euphorbes  et  de 
V  Auda du  Brésil ,  décrit  ],ar  Pison  5  ainsi ,  Fhuile 
de  Ricin  est  un  purgatif*  douA  lorsqu'on  la  fait 
avec  le  périsperme  seul,  et  devient  drastique 
lorsqu'on  y  laisse  l'embryon  :  fait  que  M. 
Deyeux  vient  de  vérifier  par  des  expériences 
très-exactes.  (  omme  l'iiuile  de  l'embryon  sort 
avec  difficulté ,  il  se  trouve  qu'en  pressant 
peu  la  graine  ou  en  retirant  l'huile  par  l'in- 
fusion de  l'eau  bouillante  on  obtient  l'huile 
du  périsperme  qui  est  douce.  Plusieurs  graines 
d'Euphorbiacées  produisent  de  l'huile  qu'on  en 
retire  par  expression  ,  et  qu'on  emploie  pour 
la  lampe  ;  telle  est  en  particulier  le  Driandra 
oleifcra.  On  a  même  proposé  de  cultiver  en 
grand  VEupfiorbia  lathjris  afin  d'employer  son 
huile  pour  la  lampe ,  et  vu  la  grande  quantité 
que  cette  plante  en  peut  fournir  (  environ  trois 

(i     C'est  sans  doute  après  avoir  ôté  l'embryon  qu'on 
mange  la  graine  du  Croton  moluccanum^ 


{  265  ) 
onces  par  pied)  ce  prv:>cédé  mériterait  l'atten- 
tion des  cidtivatenr.s  s'il  n'était  pas  dangereux 
de  répandre  dans  le  public  une  Imile  qni 
serait  toujours  vénéneuse  parcfîqu'il  serait  im- 
possible qu'on  prit  soin  d'ôter  l'embryon  des 
i^i aines  avant  de  les  sonmetire  à  l'action  de  la 
presse.  Au  reste  M.  Soliaiani  pense  ,  que  par 
des  lotions  réitérées  dans  une  eau  légèrement 
imprégnée  d'acide  suifurique  on  pourrait  dé-, 
Lara-ser  l'huile  de  Eijin  de  tout  son  extractif 
et  la  rendre  susceptible  de  servir  aux  usai^es 
alimentaires  ;  ce  |:>rocédé  aurai >^  sans  doute  nn 
eli'et  analogue  sur  les  liuiles  des  autres  Eu- 
pliorbiacées. 

ii5.     MONIMIÉES. 

3Ionimie(B.  3u  s.,  Ann.  Mus.  14,  p.  i33. 

Les  limites  botaniques  de  cette  famille  sont 
encore  mal  déterminées  ;  les  espèces  (jui  la 
composent  sont  peu  nombreuses  ,  rares  dans 
la  nature  _,  éparses  dans  dans  des  pays  très-di- 
yers  et  par  conséquent  mal  connues  quant  à 
leurs  [)ro;)rietés  ;  celles-ci  paraissent  offrir  beau- 
coup d'uniformité  ;  toutes  les  parties  corticales 
et  foliacées  exhalent  une  odeur  aroinati(|ue 
que  les  voyageiirs  ont  souvent  coiuparees  à 
celles  des  Lauriers  ou  des  Myrtes.  Cette  odeur 


{266  ) 

est  très  remarquable  dans  le  haurelia ,  Jnss.,;' 
onPavonia  ,  FI.  per. ,  danslejBo/û?i?<7^  Juss.  ,ou 
Ruizia  FI.  per.,  dans  V Atherosperma  ,  Labill.  , 
dans  le  Cîtrosma ,  FI.  per.,  etc.  Elle  se  trouve 
dans  quelques  espèces  de  Calycanthus^  quoique 
ce  genre  ne  tienne  à  cette  famille  que  par  des 
rapports  peu  intimes. 

116.     URTICÉES. 

Vrticce.  Juss. ,  gen.  400. 

Les  Urticées  se  divisent  naturellement  en 
plusieurs  grouppes  tellement  distincts ,  que  pro- 
bablement on  les  considérera  un  jour  comme 
autant  de  familles  séparées ,  quoique  voisines 
sous  certains  rapports  j  les  chefs  de  file  de  ces 
familles  seront  les  Poivriers  ,  les  Figuiers  et  les 
Orties  proprement  dites.  Nous  devons  donc 
nous  attendre  àtrouver  des  difFérences  notables 
dans  les  propriétés  de  ces  plantes  si  diverses  par 
l'organisation  ;  mais  nous  verrons  du  moins  les 
propriétés  de  ces  végétaux  assez  exactement 
circonscrites  d'après  les  caractères  génériques 

La  tribu  des  Figuiers  ou  des  Artocarpées  (1) 

(1)  Ce  nom  qui  vient  de  celui  de  V Artocarpus  in'jicjue 
à-la-fois  le  genre  le  plus  important  de  la  tribu  el  le  ca- 
ractère d'avoir  le  fruit  charnu. 


I 


(  2^7  ) 
ofîre  en  général  des  végétaux  remplis  d'un  suc 
propre  laiteux ,  très-abondant  dans  les  Figuiers  ^ 
peu  abondant  dans  les  Mûriers  et  les  autres 
genres  de  la  tribu  :  ce  suc ,  comme  la  plupart 
de  ceux  qui  ont  la  consistance  laiteuse,  ren- 
ferme une  certaine  quantité  de  Caoutchouc  ; 
ainsi  on  en  retire  en  divers  pays  de  \ Ambora, 
du  Cecropia,  de  l'Arbre-à-pain  ,  du  Bagassa  , 
des  Ficus  toxicaria  ,  anthelmititlca  y  reli" 
giosay  etc.,  et  même  de  notre  Ficus  carica 
quoiqu'en  petite  quantité  ;  le  suc  des  Artocar- 
pées  est  acre,  caustique  et  fortement  stimulant 
dans  quelques  espèces  j  quelquefois  absolu- 
ment vénéneux  comme  on  le  voit  dans  plusieurs 
Figuiers  ,  tels  qne  le  Ficus  toxicaria  et  sur- tout 
dans  VAntiaris  toxicaria  de  Lechenault ,  {Tpo 
toxicaria  ,  Fers.)  qui  fournit  à  Java  le  poison 
connu  sous  le  nom  dC  Upas-antiar.  La  racine 
des  plantes  de  cette^section  a  une  écorce  douée 
de  propriétés  acres  et  actives  \  elle  est  amère , 
acre  et  purgative  dans  le  Mûrier  noir  ,  souvent 
émétique  dans  le  Dorstenia  brasiliensis  connu 
dans  l'Amérique  méridionale  sous  le  nom  do 
Caapia ;  amère,  aromatique,  chaude,  stimu- 
lante dans  le  Contrayerva  ,  qu'on  emploie  en 
Amérif|ue  soit  comme  alexitère  pour  prévenir 
l'elïet  dos  morsures  venimeuses  ,  soit  comme 
emméuagogue  ,   soit  même    à   moindre    dose 


(  268) 

pour  ibrtifier  la  poitrine.  On  emploie  sous  le 
nom  de  Contrayerva  ,  non-seulement  le  Dors- 
tenia  contrayerva  ,  mais  les  Dorstenia  drakena 
et  Houstoni ,  et  même  le  TDorsteniabrasiliensis. 
Par  une  bizarrerie  singulière^  ces  Artocarpées  , 
munies  d'un  suc  acre  et  presque  vénéneux, 
portent  des  fruits  remarquables  par  leur  dou- 
ceur et  leur  salul^rité  ,  et  l'on  peut  même  re- 
marquer que  ces  fruits  ,  avant  leur  maturité  , 
sont  pleins  de  lait  acre  et  par  conséquent  délé- 
tère ,  qu'à  leur  maturité  ce  lait  disparaît  et 
est  remplacé  par  une  chair  douce  et  comestible; 
dans  la  plupart  des  Artocarpées  c'est  le  récep- 
tacle même  des  fleurs  ou  si  l'on  veut  leur  pé- 
doncule qui  devient  charnu  et  susceptible  de 
servir  de  nourriture  :  c'est  ce  qu'on  voit  dans  le 
Figuier ,  ailleurs  ce  sont  les  enveloppes  mêmes 
des  fleurs  qui  deviennent  succulentes  ,  se  sou- 
dent entr'eiles  et  avec  le  pédicule  ,  et  forment 
une  espèce  de  fruit  aggrégé ,  comme  on  le  voit 
dans  l'arbre  à  pain  et  le  Mûrier. 

Cette  structure  nous  conduit  au  grouppe  (i) 


(î)  Ce  grouppe,  dont  j'avais  proposé  la  formation  ,  soit 
dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage ,  soit  dans  la 
Théorie  Elémentaire  ,  vient  d'être  décrit  comme  une  fa- 
mille distincte  ,  sous  le  nom  de  Piferacées  ,  par  M.'^'  de 
Humboldt,  Bonpland  et  Kunth.  {Nov.  gen.,  i ,  p-  4^') 


(  ^69  ) 

nombreux   et  mal  connu  des  Poivriers,  dont 
la  baie  est,  comme  on  sait ,  piquante,  aroma- 
tique ,  chaude  et  stimulante  ;   propriétés   qui 
se  trouvent ,  non-seulement  dans  le  Poivre  or- 
dinaire (i),    mais  dans  le  Piper  cubeba ,  le 
P.  longum ,  etc  ;  dans  plusieurs  espèces  ,  telles 
que  les  P,  carpunya  et  P.  heterophyllum  du 
Pérou  3  dans  presque  toutes  les  Peperomîa  ,  les 
feuilles  elles-mêmes  participent  à  ces  proprié- 
tés stimulantes    et    stomacliic[ues.    Le    Piper 
an'isatum j  récemment  décrit  par  MM.  Hum- 
boldt  ,  Bonpland  et  Kunth ,  et  que  les  Espa- 
gnols  d'Amérique    connaissent   sous  le   nom 
à-'Anicillo  ,  exhale  par  ses  feuilles  et  ses  fruits 
une  odeur  d'Anis  ,  et  la  décoction  de  ses  baies 
sert  à  laver  les  ulcères.  Le  Bétel ,  cette  pré* 
paration  si  acre  et  si  excitante  ,  par  laquelle 
les  Malais  cherchent    à   soutenir  leurs  forces 
digestives  contre  l'action  débilitante  de  la  cha» 
leur  humide  de  leur  climat ,  le  Bétel ,  dis-je  , 
a  reçu  son  nom  du  Piper  bétel ,  qui  en  fait  la 
base  :  on  le  remplace  à  Amboine  par  le  Piper 
siriboa  ;  à  Otahiti  et  dans   les  autres  îles  de 
l'Océan  pacifique ,  on  emploie  le  suc  du  Piper 
inebrians  pour  faire  des  boissons  enivrantes  j 
et  nous  allons  voir  tout-à-l'heure  cette  même 


(i)  Piper  aromaticum ,  Lam.  — P.  jiigrum ,  Lin. 


(  270  ) 

propriété  narcotique  dans  quelques  véritables 
Urticées. 

Parmi  les  Orties  proprement  dites,  nous  ne 
trouverons  aucun  fruit  mangeable ,  parce  qu'ils 
ne  sont  nullement  charnus  :  leurs  graines  sont 
un  peu  oléagineuses  ;  leur  herbe  est  le  plus 
souvent  amère ,  comme  on  le  voit  à  un  haut 
degré  dans  le  Houblon ,  et  comme  on  le  re- 
trouve dans  le  Datisca ,  et  même  dans  le 
Chanvre  5  dans  ce  dernier  genre  la  décoction 
de  la  plante  fournit  un  suc  éminemment  nar- 
cotique ,  et  qui  dans  l'Orient  fait  la  base  d'une 
préparation  enivrante  connue  sous  le  nom  de 
Hasch'issh.  Toutes  ces  plantes, lorsqu'elles  sont 
inodores ,  servent  d'aliment  à  l'homme  et  aux 
animaux  dans  leur  jeunesse  ,  comme  on  le  voit 
wdans  le  Houblon  et  dans  l'Ortie. 

Le  seul  trait  de  ressemblance  entre  les  divers  1 
genres  des  Urticées  ,  est  la  texture  de  l'écorce 
qui  permet  d'en  fabriquer  du  fil  et  du  papier  ; 
ainsi ,  on  se  sert  dans  divers  pays  ,  à  la  place 
de  notre   chanvre  ,  du   Cannabis  indlca ,  du 
Houblon ,  de  l'Ortie  ,  de  l'Arbre  à  pain  :  on  fait , 
du  papier ,   non-seulement  avec  le  Mûrier  à 
papier ,  mais  encore  avec  notre  Ortie ,  avec    { 
ïios  Mûriers.  Le  bois  de  presque  tous  les  Mû-    \ 
riers  donne  une  couleur  jaunie. 


(  ^7^  ) 

117.     AMENTACÉES. 
Amentacece.  Juss. ,  g€n.  407. 

Les  Amentacées  plus  rapprochées  entre  elles 
jiar  leur  organisatioa  que  ne  le  sont  les  Urti- 
cées,  nous  offriront  aussi  plus  de  propriétés 
communes  ;  la  première  qui  se  présente  à  notre 
examen ,  parce  qu'elle  est  la  plus  générale , 
c>*est  la  nature  de  leur  écorcej  elle  contient 
ijans  tous  ces  arbres  un  principe  astringent  qui 
les  fait  servir ,  tantôt  à  teindre  en  noir ,  comme 
dans  l'aune  et  la  galle  du  Chêne  ,  tantôt  à 
tonner  les  peaux  ,  comme  dans  le  Chêne  , 
tantôt  enfin  à  combattre  la  fièvre ,  comme  01a 
'a  tenté  ,  non  sans  quelque  succès  ,  avec  les 
écorces  du  Coudrier,  du  Bouleau,  de  l'Anne  , 
iu  Hêtre  ,  du  Chêne,  du  Liège  (1)  ,  de  presque 


(i)  M.  Virey  pense  que  le  médicament  nouvellemimt 
QtroJuit  eu  Europe  sous  le  nom  à''Alcornoque ,  provie  ut 
e  l'écoice  des  jeunes  branches  àe  Liège.  D'un  autre  côté  j 
A.  Poude^x  assiwe  que  l'Alcornoque  est  produit  en  Ame  - 
i^pie  par  un  arbre  d'un  genre  nouveau  qui  appartient  à  la; 
aille  des  Guttifères  :  il  me  paraît  probable  qu'on  coa- 
d  sous  ce  nom  des  écorces  réellement  différentes ,  et 
lue  les  deux  partis  pourraient  bien  avoir  raison  chacun 
If  leur  c6té. 


(  27a  ) 

tous  les  Saulps  ,  et  mrmc  au^i  États-Unis  ,  avec 
l'écorce  du  PopuLus  ireinuLoïles  qui  y  est 
connue  romine  fébrifuge  tonique  et  stoma- 
chique; ceite  propriété  astringente  se  rr-trouve 
même  dans  les  fruille.'^  du  Salix  Iw.i bacea, 
qui  infusées  daus  l'eau  servent  en  Islande  à 
tanner  les  peaux;  dans  le  "Comptonia  <.sple- 
nifolia  ^  qu'on  emploie  aux  Ltats-Unis  contre 
la  diarrhée  ;  dans  le  Quercus  Falcata  ,  qui  y 
est  employé  extérieurement  contre  la  gangrène; 
dans  le  Myrica  cerifero  ,  dont  la  racine  fournit 
une  infusion  très  -  astringente  employée  en 
Amérique ,  soit  dans  les  hémorragies  de  l'uté- 
rus ,  soit  dans  les  liydropisies  qui  succèdent 
aux  fièvres  d'accès  ;  dans  quelques  genres  ce- 
pendant l'écorce  suinte  une  matière  balsa- 
mique ou  goîumo  -  résineuse  ,  qui  semble  se 
rapprocher  de  la  nature  des  sucs  des  Thérëbin- 
thacees  dont  les  Auientacées  sont  très-voisines: 
telle  est  l'espèce  de  Styrax  qu'on  retire  des 
JLiîquidanibar  Siyî\:ciflua  et  Zy.  orïentalis ,  et 
la  matière  visqueuse  qui  recouvre  les  bourgeons 
des  Peiq)]iers ,  et  qu'on  a  cru  long-temps  iden- 
tique avec  le  Tacamahaca ,  gomme-resine  fé- 
tide et  anti-spaimodique  produite  probable- 
ment parle  Fa  gara  octandra . 

Les  fruits  de  toutes  les  Amentacées  contien- 
nent une  quantité  plus  ou  moins  considérable 


C273  ) 

de  fécule  ,  et  peuvent  ainsi  servir  à  la  nourri- 
ture de  l'homme  j  on  le  voit  sur-tout  dans  le 
Châtaignier,  le  Chêne  ballote,  le  Chêne  à  feuilles 
rondes  j  le  Chêne  de  Virginie,  le  liège,  etc.  5  et 
comme  on   le   trouverait  de    même   dans   les 
graines  des  Saules  ,  des  Peupliers ,  des  Ormes  , 
si  leur  petitesse  avait  permis  de  les  employer  ; 
dans  la  plupart  des  cas  ,  cette  farine  est  mé- 
langée avec  une  matière  extractive  ,   amère  et 
astringente  comme  leur  écorce  5  au  contraire  , 
dans  les  Hêtres ,  les  Coudriers ,  elle  est  mélan- 
gée avec  une  quantité  plus  ou  moins  considé- 
rable d'huile  fixe ,  qu'on  peut  extraire  par  la 
simple  pression ,  et  qui  sert  à  la  nourriture  de 
l'homme  ;  dans  le  Myrica  cette  huile  suinte 
au-dehors  de  la  graine  ,  et  s'y  concrète  sous  la 
forme  de  cire  végétale. 

118.     CONIFÈRES. 

Conîferce.  Juss.,  gen.  411» 

Les  Conifères  sont  tellement  remarquables 
par  l'analogie  de  leurs  sucs  ,  qu'il  sera  inutile 
d'entrer  à  ce  sujet  dans  de  grands  détails.  Tout 
le  monde  sait  que  ces  arbres  contiennent  dans 
leur  bois  (i"*,  et  sur-tout  dans  leur  écorce,  un 

(t)  La  quantité  de  résine  qui  se  trouve  dans  les  bois  des 

18 


(  ^74  ) 
suc  résineux ,  liquide ,  qui  se  concrète  lorsqu'il 
est  exposé  à  l'air  et  qui  répand  une  odeur  parti- 
culière assez  semblable  dans  toutes  les  espèces 
à  celle  qu'exhale  la  térébenthine  ;  on  sa.it  que 
ces  résines  aromatiques  appliquées  au  corps 
humain  sont  stimulantes  et  diurétiques  j  ces 
propriétés  se  retrouvent  avec  de  légères  modi- 
fications dans  les  sucs  du  Pinus  sihestris  , 
du  P.  halepensïs ,  et  sur-tout  du  P.  mari-^ 
tima,  où  il  porte  les  noms  de  térébenthine , 
de  poix,  de  goudron ,  etc.  ,  suivant  les  prépa- 
rations qu'il  a  subies  ;  du  Mélèze ,  où  il  se 
nomme  térébenthine  de  Venise  ;  des  Ahies 
pectifiata  et  excelsa  ,  d'où  découlent  lesdiver-^ 
ses  tjérébenthines  j  du  Thuya  quadrïvalvis , 
Desl". ,  d'où  suinte  le  sandaraque  j  du  Juniper 
rus  lycia  ,  d'où  l'on  tire  une  matière  analogue 
à  l'oliban  :  de  \ Altuigia  excelsa  (i)  ou  Rusa- 
mala ,  d'où  découle   une  matière  balsamique 


conifères  ,  fait  que  la  plupart  résistent  aux  effets  du  temps, 
de  l'humidité  et  des  insectes,  beaucoup  plus  que  leur  dureté 
ne  pourrait  le  faire  penser  ;  la  durée  des  bois  de  Cèdre  , 
de  INlélèze,  d'If  ,  de  Cyprès  ,  etc.  ,  est  connue  de  tout  le 
inonde. 

(i)  Voyez  les  Annales  de  Botanique,  de  MM.  Kœnig 
et  Simps  ,  vol.  1806  ,  p.  326,  Ce  genre  est  peut-être  le 
Ri  âme  que  le  le  Dammara» 


^         (275) 

qu'on  croit  être  le  Storax  liquide  :  remar- 
quons que  dans  les  Genévriers  nous  trouvons 
moins  de  résine  entièrement  formée  et  plus 
d'huile  volatile  ,  c'est-à-dire  de  résine  incom- 
plètement oxigénée.  j  cette  circonstance  les 
rend  plus  odorans  ,  et  aussi  plus  violens  sti-^ 
miilans  ,  comme  le,  prouve  l'exemple  de  la 
Sabine.  Ces  propriétés  stimulantes  se  retrou- 
vent à  un  moindre  degré  dans  le  bois ,  les 
feuilles  et  les  baies  de  plusieurs  Genévriers  , 
des  Cyprès  ,  des  Thuya  ,  des  Sapins  et  des 
Pins ,  qui  ,  dans  plusieurs  pays  ,  sont  employés 
comme  toniques  en  infusion  dans  la  bierre. 

Les  graines  des  Conifères  renferment  une 
huile  fixe  très-facile  à  rancir  :  circonstance  qui 
explique  comment ,  dans  la  plupart  des  espèces, 
ces  graines  sont  acres  et  amères ,  tandis  que 
dans  quelques-unes ,  telles  que  les  Pinus  pinea 
et  cembra  ,  on  peut  les  manger  ,  pourvu 
qu'elles  ne  soient  pas  cueillies  depuis  long- 
temps ,  et  qu'elles  soient  bien  garanties  du 
contact  de  l'air  chaud.  On  se  sert  au  Japon  de 
l'huile  extraite  des  graines  du  Gincko. 

Lorsque  ces  graines  sont  enveloppées  dans 
une  baie  ,  celle-ci  participe  aux  propriétés  géné- 
rales de  l'écorce  ,  et  devient  aromatique  dans 
les  Genévriers  ,  fétide  et  délétère  dans  l'Il ,  fàd# 
dans  VEphedra,  etc. 

18.. 


(  ^7Ô  ) 

II.  MONOCOTYLÉDONES,  ou  ENDOGÈNES. 

La  série  des  Monocotylédones  composés  d'un 
nombre  de  familles  moins  grand  que  la  classe 
des  Dycotylédones  ,  nous  offrira  aussi  plus  d'u- 
niformité. Quoiqu'elle  renferme  des  familles 
très-diverses  par  leurs  formes,  on  peut  cepen- 
dant y  reconnaître  plusieurs  caractères  com- 
muns dans  l'organisation.  La  chimie  observe 
de  même  que ,  dans  le  plus  grand  nombre  des 
Monocotylédones  ,  les  racines  et  les  tiges  con- 
tiennent une  quantité  de  mucilage  assez  consi- 
dérable ,  que  ces  mêmes  organes ,  et  sur-tout 
les  graines  ,  donneiit  une  grande  quantité  de 
fécule  j  que  leur  épidémie  et  les  nœuds  qui  se 
trouvent  à  l'intérieur  sont  presque  entièrement 
formés  dans  la  plupart  par  des  dépôts  de  terre 
siliceuse  ;  à  ces  caractères  cliimiques  ,  on  peut 
encore  ajouter  que  ,  selon  l'observation  de 
M.  Fourcroy,  les  fruits  d'aucune  Monocotylé- 
done  ne  contiennent  d'huile  fixe  ;  qu'on  ne 
trouve  de  sucs  propres  laiteux  dans  aucune  des 
plantes  de  cette  classe  j  que  les  acides  végétaux 
y  sont  très- rares  j  que  le  Caoutchouc ,  le  Suber, 
et  peut-être  le  camphre  ,  le  tannin ,  n'y  ont 
pas  été  découverts  jusqu'à  présent.  De  même 
bi  nous  tentions  de  nous  former  une  idée  de 


(  V7  ) 
le^irs  propriétés  générales  ,  nons  remarquerions 
que  la  plupart  des  Monocotylédon  es  peuvent 
être  employées,  soit  comme  matières  nutritives  , 
soit  comme  substances  douces  et  résolvantes. 
Mais  il  convient ,  sous  ce  point  de  vue  ,  d'ob- 
server chaque  famille  en  particulier. 

119.    CYCADÉES. 
Cjcadece.  Pers.  ,  ench.  2 ,  p.  63o.  Brown. ,  prod.  346.' 

Le  tronc  ou  la  souche  des  Cycas  et  des  Za." 
mia  présente  une  assez  grande  quantité  de  fé- 
cule ,  mélangée  avec  un  principe  extractii  dont 
l'odeur  etUa  saveur  sont  un  peu  nauséabondes  ; 
la  cuisson  ou  l'infusion  paraissent  détruire  ou 
modifier  ce  principe  extractif ,  de  manière  à 
ce  que  la  fécule  puisse  servir  à  la  nourriture  de 
l'homme  ;  quoique  le  véritable  Sagou  ne  pro- 
vienne pas ,  comme  on  l'avait  dit ,  d'une  espèce 
de  Cycas  ,  il  paraît  que  les  sauvages  de  divers 
pays  en  retirent  une  farine  analogue  au  Sagou . 

120.     HYDROCHARIDHES. 

Hjdrocharidum  gen.  Juss.,  gen.  67.  —  Hydrocha" 
rideœ.  Piich. 

Cette  famille,  peu  nombreuse  et  encore  peu 
étudiée^  n'offre  pas  de  propriétés  connues. 


(  ^7^  ) 

121.     ALISMACÉES. 
Alismaceœ.  DG.  FI.  Fr.  3,p.  i8t. 

Leurs  propriétés  sont  nulles  ou  inconnues. 

122.     PANDANÉES. 

Pandanecc.  Brown. ,  piod.  340. 

Cette  famille  ,  composée  jusqu'ici  du  seul 
genre  Pandanus ,  ii'ofïiô  pas  d'utilité  médicale  ; 
les  graines  des  Vaquols  sont  mangeables ,  et 
renferment  une  assez  grande  quantité  de  fé- 
cule :  les  fibres  de  leur  tige  et  leiirs  feuilles  ser- 
vent à  faire  des  cordages  et  des  nattes. 

123.     AROIDES. 

Aroideœ.   Juss. ,    gen.    23. 

Les  Aroïdes  sont  particulièrement  utiles  par 
leurs  racines  épaisses ,  charnues ,  et  qui  con- 
tiennent toutes  une  fécule  douce  et  nourris- 
sante ,  mélangée  ave  •  un  principe  stimulant , 
acre,  extrêmement  fugace  ,  volatil  et  très- re- 
marquable dans  le  Pied-de-veau  (i).  C'est  pour 
écarter  ce  principe  dangereux  qu'on  fait  torré- 

(i)  Arum  maculatum  f  Lin. 


(  '^19  ) 
fier  ou  laA'er  plusieurs  fois  la  racine  avant  de 
l'employer  j  par  ce  procédé  on  se  nourrit  dans 
diverses  régions  avec  la  racine  des  Ariun  mu- 
cronatum  ,  Lam.  ,  Colocasia  ,  Lin. ,  Esculen- 
twn  ,  Lin.  ,  Viola  ce  um.  ,  Hort.  Par.  ,  Ar'isa- 
rum  ,  Lin.  ,  etc.  On  emploie  de  même  le  Caîla 
palustrls  f  en  Suède  5  et  des  préparations  ana- 
logues appliquées  depuis  à  VArum  vulgaire  , 
ont  converti  en  aliment  cette  racine  acre  et 
piquante.  On  voit  donc  ici  un  exemple  assez 
frappant  de  l'utilité  des  analogies  naturelles.  Le 
principe  acre  des  Aroïdes  pourrait  devenir  utile 
à  la  médecine  si  son  extrême  fugacité  permet- 
tait de  l'isoler  et  de  le  coercer  ;  les  Indiens  de 
Démérari  se  servent  des  feuilles  fraîches  de  Dra- 
contium partusum  contre  l'hydropisie  générale: 
ils  en  couvrent  le  corps  entier,  et  excitent  par-là 
une  espèce  de  vésication  légère  et  universelle  ; 
comme  cette  Aroïde  n'a  point  une  âcreté  plus 
remarquable  que  beaucoup  d'autres  ,  il  n'est 
pas  douteux  qu'on  pourrait  employer  de  même 
comme  rubéfians  les  feuilles  fi-aîclies  de  presque 
toutes  les  plantes  de  cette  famille.  La  racine  d^ 
VArum  tripkyl/iiTfi  cuite  dans  du  lait,  lui  com- 
munique une  légère  âcreté  qui  le  rend  utile  dans 
les  cas  de  consomption  :  l'emploi  long- temps 
prolongé  de  ce  médicament ,  guérit  quelcjueibig 
•ette  maladie.  Les  poils  écuilleux  qui  entourent 


C  280  ) 

la  base  du  Zostera  mannajdéta.ch.és  de  cette  base 
et  entremêlés  ou  feutrés  les  uns  dans  les  autres 
par  l'action  des  vagues  ,  forment  les  pelottes  ou 
égagrophiies  marines  qui ,  torréfiées  et  réduites 
en  poudre ,  ont  été  employées  contre  diverses 
maladies  du  système  limphatique  à-peu-près 
comme  l'éponge  ;  mais  ces  poils  ,  organes  parti- 
culiers au  Zostera,  manquent  dans  le  reste  de 
la  famille  ;  leur  nature  paraît  absolument  fi- 
breuse ,  et  il  est  probable  que  l'action  de  ce 
médicament  ti^nt  essentiellement  aux  matières 
marines  dont  les  pelottes  sont  imprégnées,  et 
au  mode  de  préparation .  Au  reste ,  les  Zosterées 
forment  un  sxov  nr<e  bien  distinct  dans  la  famille 
des  Aroïdes  .  et  leurs  feuilles  ne  participent 
nullement  à  l'âcreté  du  ces  plantes. 

124.     ORCHIDÉES. 

Orchidece.  Juss, ,  gen.  64. 

Cette  famille  très-naturelle ,  et  qu'aucun  clas- 
sificateur  n'a  tenté  de  désunir,  offre  une  telle 
uniformité  dans  les  propriétés  de  ses  racines , 
qu'elles  sont  toutes  indifféremment  employées 
les  unes  pour  les  autres  ;  on  sait  que  ces  racines 
tubéreuses  ou  palmées  ,  toujours  blanches  et 
charnues ,  renferment  une  fécule  mucilagineuse 
très-nutrifeive ,  adoucissante ,  restaurante ,  et  à 


(28i  ) 

laquelle  on  a  souvent  attribué  des  vertus  aphro- 
disiaques ',  cette  matière ,  qui  nous  est  venue 
d'abord  de  l'Orient ,  est  connue  sous  les  noms 
de  Salep  ou  Salap  ^  qui  signifie  Orcliis  en  Tur- 
quie 3  soit  dans  l'Orient ,  soit  en  Europe  ,  on 
emploie  indistinctement  toutes  les  espèces  d'Or- 
chidées à  la  fabrication  du  Salep. 

La  Vanille  appartient ,  comme  on  sait  ,  à  la 
même  famille  ;  la  substance  aromatique  et  ré- 
putée aphrodisiaque ,  qui  est  employée  sous  le 
nom  de  Vanille  ,  est  la  pulpe  charnue  du  fruit  ; 
pulpe  qui  n'existe  que  dans  le  genre  de  la  Va- 
nille j  en  sorte  qu'on  ne  peut  s'étonner  de  ce 
que  le  fruit  des  autres  Orchidées  n'est  pas  aro- 
matique j  si ,  comme  l'a  pensé  Linnœus  ,  les 
propriétés  de  la  Vanille  tiennent  à  la  graine  et 
non  à  la  pulpe  ,  il  faudrait  observer  sous  ce 
rapport  les  graines  des  autres  Orchidées. 

125.     DRYMYRHIZÉES, 

Drym-yrliizce.  Vent. —  Cannœ.  Juss. ,  gen.  62. 

Le  nom  même  de  cette  famille ,  qui  signifie 
racine  aromatique ,  indique  les  propriétés  sin- 
gulières des  plantes  qui  la  composent  5  les  ra- 
cines de  presque  toutes  les  espèces  de  Dry- 
myrhizées  sont  fortement  aromatiques ,  souvent 
un  peu  acres  ou  un  peu  amères ,  et  employées 


(    282   ) 

Gonséquemment  en  médecine  comme  stimu- 
lantes, chaudes,  stomachiques,  et  dans  l'éco- 
nomie  domestique,  soit  comme  assaisonnement, 
soit  comme  parfums.  Ces  racines  contiennent 
toutes  une  quantité  plus  ou  moins  considérable 
d'huile  volatile  qu'on  peut  en  extraire  par  la  dis- 
tillation, et  ce  caractère  chimique  est  d'autant 
plus  singulier ,  que ,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
la  présence  de  l'huile  volatile  est  assez  rare  dans 
les  Monocotylédones  ;  mais  pour  faire  concevoir 
à  ([uel  point  les  propriétés  sont  ici  d'accord  avec 
les  iormes  ,  il  convient  d'entrer  dans  quelques 
détails,  autant  du  moins  que  l'obscurité  bota- 
nique de  cette  famille  et  les  bornes  de  cette 
dissertation  me  le  permettront. 

Linné  et  Adanson  avaient  réuni  cette  famille 
avec  la  précédente  ,  dont  elle  diffère  par  les 
propriétés.  Jussieu,  en  les  séparant  d'après  leurs 
caractères  botaniques  mieux  étudiés  ,  a  donné 
un  nouvel  exemple  de  l'assertion  que  j'ai  avan- 
cée plus  haut  5  savoir ,  que  la  marche  progres- 
sive de  la  science  tend  à  faire  concorder  tou- 
jours davantage  les  propriétés  avec  les  formes. 

Les  propriétés  aromatiques  des  Drymyrhizées 
sont  bien  connues  dans  le  Gingembre ,  le  Ga- 
laoga,  le  Costus,  le  Curcuma  et  la  Zédoaire  j 
mais  elles  se  retrouvent  dans  un  nombre  de 
plantes  très-considérable  ;  telles  sont  Kœmp- , 


(  =^83) 
ferta  rotunda ,  L.  ,  À.  longa ^  Jacq.  y  K.  ga-' 
langa.  Gis.,  C  os  tus  arabicus  ^  L. ,  C  spica- 
tus  ,  Gis. ,  C.  glabratus ,  Jacq.  ,  Cure u ma  ro- 
tunda, L. ,  C.  longa^'L, ,  Aiaran.ta galanga, L.  , 
^Ibiria  chinensis  ,Gis.  ,  Stissi^ra  curcui/ia , Gis.  , 
JDietrichia  minora  Gis.,  Z).  majar.  Gis.  ,  Em- 
dliasubpersonata,  Gis.,  Jniomufn  zt^ngu)èr,\j. , 
Ji,  zerumbet  j  L.  ',  on  les  retrouve  même  ,  quoi- 
qu'à  un  degré  plus  faible,  dans  le  Maranta 
arundicacea  ;  L.  le  Tlialia  et  le  But^kia  de 
Giseke.  Indépendamment  de  ces  espèces  sur  les- 
quelles les  botanistes  ont  déjà  quelques  notions, 
on  en  retrouve  plusieurs  autres  indiquées  com- 
jne  aromatiques  dans  les  ouvrages  de  Kœnig, 
de  Rumph ,  de  Rlieed  ;  tels  sonti,  par  exemple  , 
le  Ilaran-Kaha ,  de  Herman  ,  dont  la  racine 
sent  le  Camphre  ,  et  passe  chez  les  Indiens  pour 
une  panacée  dans  les  maladies  désespérées.  Le 
Lainpujum  m^ajus  et  minus ,  de  Ilumph  ,  dont 
Ja  racine  très-aromatique  est  employée  à  Am- 
boine  comme  assaisonnement ,  et  vantée  à  Ma- 
-dagascar  comme  utile  contre  les  l)lessures  et  les 
.morsures  dangereuses  ,  propriété  que  les  divers 
peuples  sauvages  attribuent  aux  Drymyrhizées 
qui  croissent  dans  leur  pays  ;  tels  encore  le 
Lampujum  Silvestre  amarum  ,  distinct  des 
précédens  par  sa  saveur  plus  amère  j  le  Car- 
damomum  minus  ,  de  Ilumph,  qui  ressemble 


{  i84  ) 

par  sa  forme  au  Gingembre,  et  dont  la  racine 
a  la  saveur  de  nos  Cardamomes  :  le  Bana-Jeum, 
estimé  des  Malais  comme  stomachique ,  et  qui 
peutserviràla  teinture  comme  le  Curcuma,  etc.  ; 
en  un  mot ,  toutes  les  racines  des  Drymyrhizées 
offrent  des  propriétés  analogues  d'une  manière 
plus  ou  moins  prononcée  ,  et  le  genre  dans  le- 
quel cette  propriété  est  la  plus  faible ,  est  celui 
des  Balisiers ,  le  seul  que  nous  ayons  souvent 
occasion  de  voir. 

Si  nous  faisons  abstraction  de  l'huile  volatile 
qui  aromatise  les  racines  des  JJrymyrhizées  et 
détermine  leurs  principales  propriétés  ,  nous 
verrons  qu'elles  se  rapprochent  d'ailleurs  des 
Orchidées  et  des  Liliacées  par  la  quantité  de 
fécule  qu'elles  reniérment  ;  cette  fécule  n'a 
guères  été  employée  que  dans  les  genres  où 
l'aromate  est  faible  ,  et  où  la  racine  est  asse25 
grosse  pour  qu'il  vaille  la  peine  de  l'en  extraire  : 
telle  est  notauiment  celle  du  Miiranta  indicay 
connu  à  la  Jamaïque  sous  le  nom  à'Indian. 
arrom-root ,  et  dont  on  tire  une  espèce  de  fé- 
cule analogue  au  Sagou  et  au  Salep ,  et  très- 
estimée  des  médecins  Anglais.  M.  Planche  a 
obtenu  de  la  racine  de  Gingembre  une  quantité 
considérable  d'amidon  aussi  blanc  que  celui  da 
fi'oment.  On  retire  en  Amérique  du  Mafanta 
arundhiacea ,  et  dans  l'Inde  du  Curcuina  3<?- 


(  285  ) 

doajia  une  fécule  qui  y  est  employée  avec 
succès  contre  les  diarrhées  et  les  dysenteries. 

Indépendeminent  des  qualités  aromatiques 
de  ces  racines  ,  plusieurs  d'entr'elles  contien- 
nent une  matière  colorante  ,  ordinairement 
jaune,  bien  connue  dans  le  Curcuma  (i),  et 
qu'en  retrouve  dans  plusieurs  autres  d''après  le 
récit  des  voyageurs  :  il  est  même  à  remarquer 
que  la  plupart  des  espèces  où  cette  couleur  a 
été  retrouvée  ,  ont  été  souvent  nommées  Cur- 
cuma par  les  voyageurs ,  de  même  qu'ils  ont 
nommé  Gingembres  les  Drymyrhizées^  dont  la 
racine  est  plus  stimulante  et  plus  poivrée  ; 
Galanga  celles  qui  sont  plus  amères  :  il  est  ré- 
sulté de  ces  rapports  mêmes  dans  les  propriétés  , 
une  confusion  de  nomenclature  presque  impos- 
sible à  débrouiller. 

Les  mêmes  propriétés  aromatiques  se  retrou- 
vent dans  les  capsules  d'un  grand  nombre  ô.'A- 
momum  ^  que  nous  avons  confondues  d'abord 
sous  le  nom  de  Cardamomum  ,  mais  qui  sont 
réellement  différentes  d'après  les  voyageurs  ;  on 
les  retrouve  aussi  avec  quelques  différences  dans 


(i)  La  matière  colorante  jaune  du  Cucurma  et  proba- 
blement des  Drymyrhizées ,  paraît  être  d'une  nature  toute 
particulière.  Voyez  le  Mémoire  de  IVI."^'  Yogel  et  Pelle- 
tier dans  le  Journ.  de  Pharm. ,  i8i5,  p.  293. 


(  286  ) 

V Amomum  granum  paradisi  ,  et  sur- tout  dans 
X Alpinia  ,  décrit  par  Rolander  j  cette  dernière 
plante  nous  offre  encore  un  rapprochement  avec 
le  Balisier  :  dans  ces  deux  genres,  les  graines 
sont  entourées  d'une  pulpe  colorante  pourj^re  , 
dont  la  teinte  est  vive ,  mais  peu  durable}  nous 
trouvons  de  même  une  matière  colorante  bleue 
autour  des  graines  du  Kavenala ,  genre  de  la 
famille  des  Musacéesj  ces  couleurs  encore  mal 
connues  ,  méritent  l'attention  des  chimistes  et 
des  voyageurs. 

126.     MQSACÉES. 

Scitamineœ.  Vent.  —  Musœ.  Juss. ,  gen.  61; 

Les  Musacées  ne  nous  intéressent  que  par  le 
fruit  du  Bananier  qui  fournit ,  comme  on  sait, 
un  aliment  sain  et  agréable.  Ce  fruit  charnu  et 
succulent  diffère  de  celui  des-  autres  Musacées , 
mais  ne  peut  leur  être  comparé  avec  certitude, 
vu  que  les  graines  des  Biuianes,  et  jusqu'aux 
Joges  de  ce  fruit ,  son  t  avortées  ,  et  que  peut- 
être  le  développement  de  cette  baie  est  luie 
monstruosité  produite  et  perpétuée  par  la  cul- 
ture. 


(  ^87  ) 

127-     I  RIDÉ  ES. 

Jrideœ.  Juss. ,  gen.  5j. 

Les  propriétés  médicales  des  iridées  sont  peu 
prononcées  ou  peu  connues  5  on  peut  observer 
seulement  que  les  racines  de  quelques  Iris  ,  tels 
que  V Iris^orentina,!. germanicaje:ùiii\enX. une 
odeur  de  violette,  agissent  comme  de  légers  sti- 
mulans,  et  peuvent  à  ce  titre  ou  servir  de  pois 
à  cautère ,  ou  exciter  la  salivation  ou  la  sécré- 
tion du  mucus  nasal ,  ou  servir  de  purgatifs  , 
suivant  la  manière  dont  on  les  emploie.  Les 
mêmes  vertus  se  retrouvent  dans  Vlris  pseu- 
dacorus ,  qui  est  inodore  j  il  paraît  que  XIris 
tuberosaesl  aussi  purgatif,  quoiqu'on  ait  élevé 
des  doutes  sur  les  propriétés  de  cette  plante, 
h' Iris  versicolor  et  Vlris  verna  sont  l'une  et 
l'autre  employés  comme  cathartiques  dans  l'A- 
mérique septentrionale.  Les  racines  des  Iris 
paraissent  composées  (1)  de  gomme,  d'un  ex- 
trait brun  ,  un  peu  astringent ,  très-abondant 
çn  particulier  dans  Vlris  pseudacorus,  de  fécule 
amylacée ,  d'une  huile  grasse  ,  acre  et  amère , 
de  fibre  végétale,  et  d'une  huile  volatile  qui, 


(0    Voyez   Analyse   de   M.  Vogel  ^  Joiirn,    Pharm.  ^ 
aovemb.  i8i5,  p.  48*. 


(  288  ) 

par  la  distillation  ,  se  solidifie  en  paillettes 
blanches  ,  et  qui  paraît  particulière  aux  racines 
des  espèces  odorantes. 

Quant  aux  stigmates  du  Crocus,  ils  se  distin- 
guent de  tous  les  autres  par  leur  arôme  parti- 
culier,  et  paraissent  former  une  exception  pro- 
noncée. Sans  prétendre  ici  l'expliquer,  j'ob- 
serverai seulement  que  toutes  les  propriétés 
attribuées  au  Safran  paraissent  des  conséquen- 
ces ou  des  modifications  de  l'action  qu'il  exerce 
sur  les  nerfs  3  il  agit  sur  eux  d'une  manière 
presque  entièrement  semblable  à  l'action  des 
pétales  et  d^s  fleurs ,  auxquelles  il  ressemble 
par  son  odeur  j  cette  ressemblance  de  nature 
entre  les  pétales  et  les  stigmates  (1)  se  trouve 
d'accord  avec  l'anatomie  végétale ,  qui  retrouve 
les  mêmes  organes  dans  ces  deux  parties  5  on 
sait  qiie  les  stigmates  se  changent  souvent  en 
pétales  dans  les  fleurs  doubles  5  et  j'ai  vu  même 
des  Anémones ,  dont  tous  les  stigmates  étaient 
changés  en  pétales  ,  quoique  les  étamines 
fussent  restées  fertiles  ;  cette  analogie  de  la  co- 
rolle et  des  stigmates  n'est  nulle  part  plus 
évident  que  dans  la  famille  des  Iridées  ,  dont 
plusieurs  genres  ont  les  stigmates  pétaloïdes; 


(2)   Voyez  Mémoire  sur  les  Fleurs  doubles  dans  le  troi' 
sièrae  vglume  des  IVIémoires  de  la  Société  d'Arcueil. 


(  ^89  ) 
et  il  est  peu  étonnant  que  ce.  soit  dans  cette 
même  famille  où  nous  trouvions  les  stigmates 
doués  des  propriétés  de  la  corolle.  Au  reste,  la 
matière  colorante  des  stigmates  des  Safrans  est 
une  matière  sui  gène  ris  ,  que  MM.  Bouillon- 
Lagrange  et  Vogel  proposent  de  nommer  Po- 
lychroïte,  et  qui  est  remarquable,  parce  qu'elle 
est  totalement  détruite  par  l'action  des  rayons 
solaires  ;  qu'en  très-petite  quantité  elle  colore 
une  grande  masse  d'eau  ^  qu'elle  donne  des 
nuances  bleues  et  vertes  lorsqu'elle  est  traitée 
par  les  acides  sulf'urique  et  nitrique,  et  par 
le  sulfate  de  fer. 

128.     HŒMODORACÉES. 

Hcemodoracece.  Brown.,  prod.  2.  DC.  Théor. 

La  famille  des  Hœmodoracées ,  récemment 
établie  par  M.  Brown,  est  composée  d'espèces 
trop  peu  nombreuses ,  et  originaires  de  pays 
trop  éloignés  ,  pour  que  leurs  propriétés  soient 
connues  j  on  peut  déjà  remarquer  comme  in- 
dice de  l'analogie  de  leurs  propriétés  cette  belle 
couleur  qui  distingue,  les  racines  de  presque 
toutes  les  espèces  connues  ,  et  notamment  des 
Hœmodorum  )  àes  Wachendorfia  ^  de  VHéri- 
tiera;  cette  dernière  est  employée  en  Amérique 
pour  la  teinture  5  et  les  autres  plantes  de  cette 

19 


(  spo  ) 

famille   mériteront    d'être    étudiées    sous    ce 
rapport. 

129.     AMARYLLIDÉES. 

jimarjlUdece.  Brown.,   prod.  296.  —  Narcissorwn 
gen.  Juss. 

Les  Amaryllidées  ressemblent  tellement  aux 
vraies  Liliacées ,  et  sur-tout  à  la  section  des 
Asphodélées  ,  qu'on  ne  s'étonnera  point  de 
trouver  de  grands  rapports  entre  leurs  proprié- 
tés; la  bulbe  de  toutes  les  plantes  de  cette  fa- 
mille renferme  une  petite  quantité  de  fécule 
qu'on  peut  en  extraire  par  l'analyse ,  et  une 
grande  quantité  d'un  extractifgommo-résineux, 
acre  ,  stimulant ,  et  qui  paraît  analogue  à  celui 
de  la  Scille;  ainsi  les  habitans  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance  emploient  V Hœnvinthus  coccineus 
aux  mêmes  usages  que  nous  faisons  de  notre 
Oignon  de  Scille  :  les  Hottentots  se  servent , 
dit-on,  de  la  bulbe  vénéneuse  de  V Amarillis 
disùcha  pour  empoisonner  leurs  flèches  ;  le 
Narcissus  poeticus  était ,  d'après  le  témoignage 
de  Camerarius  ,  employé  comme  émétique  par 
les  anciens  médecins  :  M.  Loiseleur  a  prouvé 
que  cette  propriété  appartient  aux  bull^es  des 
A .  tazetta ,  odorus  et  Pseudo  -  Narcissus  ;  il 
erA  jîrobable  qu'elle  existe  aussi  dâiis  les  autres 


(  ^91  ) 
espèces  de  la  famille.  Les  fleurs  même  du 
Narcissus  pseudb-Narcissus  ,  sont  douées  de 
propriétés  éraétiques  assez  prononcées  selon 
les  uns  ,  équivoques  selon  d'autres ,  elles  ont 
aussi  été  proposées  comme  fébrifuges. 

i3o.     HÉMÉROCALLIDÉES. 
Hemerocallidece.  Brown. ,  prod.  295. 

Propriétés  nulles  ou  inconnues. 

i3i.     DIOSCORÉES. 
Dioscoreœi  Brown. ,  prod.  294. 

Les  Dioscorées  ou  Ignames  ont  souvent  les 
racines  tubéreuses  j  ces  tubercules  sont  char- 
nus ,  mucilagineux  ,  d'une  saveur  un  peu  su- 
crée^ et  forment  un  des  alimens  les  plus  im- 
portans  des  habitans  des  régions  équatoriales  ; 
celles  dont  la  racine  n'est  pas  renflée  n'offrent 
aucun  usage  notable.  Si  le  Tamus  communis 
appartient  réellement  à  cette  famille  (  ce  que  je 
suis  peu  porté  à  admettre  )  ,  il  y  forme  une 
exception  à  cause  des  propriétés  purgatives  hy- 
dragogues  de  sa  racine. 


19, 


(  ^92  ) 

i32.     SMILACÉES. 

Smilaceœ.  Urown. ,  prod.   294" 

Tout  le  monde  sait  que  la  Salsepareille  et  li 
Squine  appartiennent  l'une  et  l'autre  au  genre 
Smiiax  :  ces  racines  sont  connues  par  leur  na- 
ture mucilagineuse  un  peu  amère  ,  et  par  leur 
emploi  comme  diaphorétiques  et  diurétiques} 
mais  ces  utiles  propriétés  ne  sont  pas  bornées 
à  ces  deux  espèces  3  on  leur  substitue  fréquem- 
ment et  sans  grand  inconvénient  le  Sm.  aspera 
dans  le  midi  de  l'Europe  j  et  on  ne  peut  douter , 
d'après  les  récits  des  voyageurs  ,  que  plusieurs 
espèces  diverses  ne  soient  recueillies  sous  le 
nom  de  Salsepareille  (1)  j  les  racines  du  Smiiax 
China,  qui  sont  fort  épaisses,  servent  d'ali- 
ment dans  le  sud  de  l'Amérique  Septentrionale; 
on  en  obtient ,  par  la  macération  dans  l'eau  , 
une  poudre  rougeâtre  ,  qui ,  mêlée  avec  i'eau 
bouillante  ,  forme  une  gelée  qu'on  mange  as- 
saisonnée avec  du  miel  ou  du  sucre. 


(i)  Le  Smiiax  salsaparilla  vient  très-bien  en  pleine 
terre  dans  le  climat  de  Montpellier ,  et  mériterait  d'être 
cr.itivé  en  grand  pour  l'usage  des  pharmacies  eii  Langue- 
<lac  I  en  Provence  et  en  Pioussillon. 


(^93) 

i33.     LILIACÉES. 

Liliacece.    DC,  Theor.  219. 

La  famille  des  Liliacées  ^  telle  que  Je  l'ai  in- 
diquée principalement  d'après  M.  Brown , 
présente  plusieurs  grouppes  bien  prononcés, 
et  qu'on  peut  presque  indifféremment  considé- 
rer comme  autant  de  familles  distinctes. 

Le  grouppe  des  Asparagées  qui  ressemble 
plus  que  tout  autre  aux  Smilacées  ,  a  aussi 
avec  elle  quelques  rapports  de  propriétés  ;  le 
JJracœna  terininalis  ofïi-e  ,  comme  les  Smilax  , 
une  vertu  diaphorétique  ;  la  racine  du  Me- 
deola  virginica  est  un  diurétique  assez  actif 
employé  aux  Etats-Unis  dans  les  cas  d'iiydro- 
pisie.  Les  Asperges  elles-mêmes  sont  considé- 
rées comme  diurétiques  j  les  jeunes  pousses  de 
toutes  les  Asparagées  (  qui  anatomiquement 
répondent  aux  sommités  des  Choux  palmistes  ) 
servent  à  la  nourriture  des  hommes  ;  cet  usage 
est  fort  connu  dans  l'Asperge  ctdtivée  j  il  se 
retrouve  dans  toutes  les  espèces  de  ce  grouppe 
même  celles  qui ,  comme  V Asparagus  acuil'-' 
Jbllus  ,  sont  ligneuses  à  leur  développement 
parfait  ;  on  le  retrouve  dans  certains  Muguets 
et  dans  quelques  Ruscus  ;  l'odeur  fétide  que 
l'Asperge   cultivée  donne  à   l'urine  ,    lui   est 


(294) 
communiquée  de  même  par  toutes  les  espèces  de 
ce  genre.  Le  suc  Je  Sang-Dragon  est,  comme  on 
sait ,  assez  sty])tif[ue  ,  mais  son  origine  est  cou- 
verte de  trop  d'obscurité  pour  qu'il  soit  possible 
de  le  considérer  comme  faisant  exception  aux 
lois  générales  de  cette  famille. 

Les  Trilliacées    ont   en    général  les  racines 
Yiolemment  émétiques  et  leurs  baies  fades   et 
un  peu  nauséabondes  sont  au  moins  suspectes. 
Nous  trouverons   moins  de  régularité  dans 
le    grouppe  des   Asphodélées  ;    ici   les  bulbes 
contiennent    deux    principes    très  -  distincts  , 
qu'on  peut  en  extraire  séparément  par  divers 
procédés  chimiques  ,  savoir  :  d'un  côté  la  fécule 
qu'on  tire  ,  comme  on  sait ,  de  presque  toutes 
les  bulbes  ,  et  un  suc  amer  gommo-résineux  , 
qui ,  dans   plusieurs  cas  où  il  paraît  plus  con- 
centré ,   jouit  de  propriétés    stimulantes    très- 
prononcées  ,  mais  diversement  modifiées  dans 
différentes    espèces.    Il    semble    que   certaines 
Liliacées  s'approchent  des   propriétés  des  Col- 
chicacées  ,  tandis   que   celles  oii  la  fécule  do- 
mine se  rapprochent  des  Orchidées. 

Parmi  les   premières,  je  citerai  sur-tout   la 
Scille  maritime  (i)  ,  les  Aloës  et  les  Aulx;  mais 

(i)  Il  résulte  Je  l'analyse  de  la  Scille  par   M.  Vogel  , 
qu'il  existe  dans  celle  bulbe  deux  principes  distincts  at 


(  295  ) 
il  faut  remarquer  cependant  que  l'amertume 
du  suc  de  la  plupart  de  ces  esj>èces  se  rétro  ave  y 
quoiqu'à  un  moindre  degré  ,  dans  les  racines 
des  Lis  ,  des  Asphodèles  et  de  plusieurs  autres 
plantes  inusitées  ;  je  remarquerai  encore  que  , 
quoique  la  Scille  ,  les  Aulx  et  les  Aloës  soient 
employées  à  des  usages  fort  divers,  ces  drogues 
agissent  toutes  comme  stimulans ,  soit  locaux 
soit  généraux  j  j'ai  déjà  eu  occasion  d'observer 
que  la  Scille  est  tantôt  diurétique  comme  l'Ail, 
quelquefois  purgative  comme  l'Aloës ,  ailleurs 
anthelmintique  comme  l'Aloës  et  les  Aulx. 
Ajoutons  que  ces  trois  remèdes  sont  égale- 
meilt  dangereux  pour  les  tempéramens  délicats  , 
et  lorsqu'ils  sont  pris  à  trop  forte  dose  ;  oljser- 
vons  enfin  ,  relativement  aux  Aulx  et  aux  Aloës, 
que  s'ils  font  une  exception  dans  les  propriétés 
de  la  famille  ,  il  faut  convenir  du  moins  que 
toutes  les  espèces  de  ces  deux  genres  ont  des 


actifs,  savoir  :  un  principe  acre  volatil  qui  se  décompose 
à  la  température  de  l'e;iu  bouillante,  et  un  principe  amer 
TÏsqueux ,  soluble  dans  l'alcool  et  le  vinaigre,  qui  a  reçu 
le  nom  de  Scillitine  ,  et  qui  paraît  être  la  priucipale  cause 
de  l'action  de  la  Scille  sur  l'économie  animale.  Il  sera 
curieux  de  rechercher  par  la  voie  de  l'analyse  si  ces  prin- 
cipes se  trouvent  dans  les  Liliacées,  dont  l'action  a  du 
rapport  avec  celle  de  la  Scille, 


(  ^96) 

vertus  tellement  semblables  qu'on  les  substitué 
fréquemment  l'une  à  l'autre  ,  et  que  chacun  de 
ces  genres  se  distingue  de   tout  le  reste  de  la 
famille  par  un  caractère  très-prononcé ,  tel  que 
l'insertion   immédiate   des   étamines   dans   les 
Aloës  et  la  disposition  des  fleurs  en  ombelle 
dans  les  Aulx.  Les  propriétés  excitantes  et  l'o- 
deur alliacée  sont  communes  à  toutes  les  espèces 
d'Ail  sans   exception  ,   et  la   plupart   peuvent 
être  substituées  les  unes  aux  autres,  soit  comme 
condimens  ,    soit    comme    diurétiques  ,    soit 
comme  aphrodisiaques  :  leur  célébrité  est  fort 
ancienne ,  car  le  Moly  d'Homère  est  bien  cer- 
tainement une  espèce  de  ce  genre  5  et  peut-être , 
comme  le  pense  M.  Virey  ,  VAlllum  nigrum  de 
Linné  (1).  Serait-il  inutile  d'ajouter  que  quel- 
ques-unes des  propriétés  qui  semblent  les  plus 
particulières  à  ces  plantes  ,  se  retrouvent  dans 
d'autres  espèces  de  la  même  famille  ?  Ainsi  les 
habitans  des  Pyrénées  emploient  comme  pur- 
gatif le  bulbe  du  Scilla  lîlio'hyacinthus  ,  ceux 
des  Landes  se  servent  comme  purgatif  de  la 
racine  de   V Authericum    bicolor ,   Desf.  ,    qiii 
s'approchent  ainsi  de  TAloës   et  de  la  Scîlle  5 
ceux  du  royaume  de  Valence  en  Espagne ,  re- 

(1)   Voyez  Bull.  Pharm.,  l8i4>  p.  ^ço. 


(  297  ) 
tirent  de  VJgave  americana  un  extrait  tout 
à  fait  semblable  à  celui  des  véritables  Aloës. 

Les  Bromeliées  forment  un  grouppe  encore 
composé  d^espèces  assez  hétérogènes  5  le  fruit 
de  l'Ananas  qui ,  par  sa  consistance  charnue  et 
sa  structure,  fait  une  exception  très -marquée 
dans  la  famille  des  Liliacées  s'en  écarte  aussi 
par  son  parfum  aromatique,  par  sa  saveur, 
et  le  principe  astringent  qu'il  paraît  renfermer  ; 
une  espèce  à! Agave  sauvage  ,  au  Mexique  ,  pré- 
sente une  assez  grande  quantité  de  sève  sucrée 
pour  qu'on  soit  dans  l'usage  de  l'extraire  ;  on 
la  fait  fermenter  et  on  en  retire  une  espèce  de 
vin  qu'on  y  nomme  Pulque  ;  nous  avons  déjà 
remarqué  que  la  fermentation  ,  en  dénaturant 
les  principes  des  végétaux  ,  assimile  le  produit 
des  êtres  les  plus  disparats. 

Enfin  le  grouppe  des  Tulipacées  ne  présente 
aucune  utilité  bien  prononcée  ;  les  bulbes  des 
Lis  ont  été  quelquefois  employés  comme  cata- 
plasmes à  cause  de  la  grande  quantité  de  muci- 
lage qu'elles  renferment. 


(  298  ) 
i34.     COLCHICACÉES. 

Cohhicacece.  FI.  Fr.  3,  p.  192.  —  JSIerenderœ. 
Mirb.  —  Melanthctcece.  Brown,  —  Juncoium  eC 
jLilîoruni  gen.  i\is,%. 

Cette  famille  se  distingue  parce  que  les  trois 
valves  de  son  fruit  ne  portent  pas  de  cloison  sur 
la  face  interne  ,  et  par  les  propriétés  yénéneuses 
qu'on  retrouve  dans  toutes  les  parties  de  ces 
plantes.  La  violence  de  ce  poison  est  sur- tout 
connue  dans  les  racines  des  Colchiques  et  des 
Vératres  ,  et  se  retrouvent ,  au  récit  des  voya- 
geurs, dans  la  racine  de  la  Superbe  du  Malabar 
(^Methonica  superba,  Desf.  )jelle  est  plus, 
grande  dans  le  Colchique  à  Tépoque  du  prin- 
temps où  la  plante  est  en  feuilles ,  qu'à  l'au- 
tomne où  elle  est  en  fleur ,  et  cette  observation 
de  Maranta  explique  les  contradictions  des 
auteurs ,  relativement  à  la  racine  du  Colchique. 
II  paraît ,  d'après  MM.  Mélandri  et  Moretti , 
que  le  principe  sucré  qu'on  y  observe  en  au- 
tomne se  transforme  en  matière  acre.  La  racine 
du  Vératre  paraît  être  l'Hellébore  blanc  des 
anciens  ,  drogue  active  et  puissante  qui ,  comme 
tous  les  poisons ,  devient  utile  lorsqu'elle  est 
administrée  à  propos  et  en  petite  dosej  ces 
deux  racines  agissent  tantôt  comme  purgatifs 


(  ^99  ) 

drastiques ,  quelquefois  comme  violens  émé- 
tiques  j  d'autrefois  comme  caustiques  et  stiuiu- 
lans  locaux.  La  racine  de  \ Helonias  diuïca  se 
rapproche  de  ces  dernières  propriétés  par  l'ac- 
tion anthelmin tique  de  son  infusion  aqueuse  ; 
mais  elle  est  singulière  en  ce  que  son  infusion 
spiritueuse  est  amère  et  tonique  :  on  l'emploio 
sous  ces  deux  points  de  vue  aux  Etats-Unis 
d'Amérique.  Au  reste  il  faut  observer  qu'outre 
leur  principe  acre ,  toutes  les  racines  de  Colclii- 
cacées  renferment  une  quantité  notable  de 
fécule  très-saine  lorsqu'elle  est  amenée  à  l'état 
de  pureté.  Les  feuilles  des  Colchiques  et  des 
Vératres ,  quoi([ue  moins  dangereuses  que  les 
racines ,  causent  souvent  aux  animaux  qui  les 
mangent  des  vomissemens  et  des  déjections 
douloureuses  5  leurs  fleurs  passent  aussi  pour 
vénéneuses  sur-tout  dans  le  Colchique  j  enfin 
leurs  graines  participent  aux  mêmes  propriétés  ; 
on  les  emploie  à  l'intérieur  à  faible  dose 
comme  anthelmin  tiques  ,  à  l'extérieur  comme 
sternutatoires  et  comme  vermifuges  ;  cette  der- 
nière propriété  se  retrouve  éminemment  dans 
la  Cébadille  qu'on  peut  affirmativement  placer 
parmi  les  Vératres ,  d'après  l'inspection  du 
fruit ,  quoique  la  plante  soit  encore  mal  connue. 
Il  paraît  évident,  d'après  ces  observations, 
que  la  dangereuse  famille  des  Colchicacées  con- 
firme plein çment  la  loi  de  l'analogie. 


(  3oo  ) 

i35.     COMMELINÉES. 

Commelince,  Mirb. ,  hist.  4  ?  P*  ^  3g.  —  Juncomm  gen. 
Juss. 

Leurs  propriétés  sont  inconnues. 

i36.     PALMIERS. 

Palmœ.  Juss. ,  gen.  Sy. 

De  tous  les  végétaux  exotiques ,  les  Palmiers 
sont  ceux  qui  par  leur  utilité  et  la  singularité 
de  leurs  formes  ,  méritent  le  plus  notre  examen  j 
mais  d'un  autre  côté,  il  n'est  aucune  famille 
sur  laquelle  les  botanistes  possèdent  des  no- 
tions moins  exactes ,  et  dont  les  propriétés  , 
connues  pour  la  plupart  par  le  seul  récit  des 
voyageurs  ,  aient  été  soumises  à  moins  d'expé- 
riences précises  5  aussi  dans  cet  article  plus 
que  dans  tout  autre ,  je  m'abstiendrai  d'entrer 
dans  les  détails. 

Cette  famille  semble  fournir  une  application 
assez  frappante  de  la  règle  établie  dans  la  pre- 
mière partie  de  cette  dissertation  :  savoir  ,  que 
dans  chaque  grouppe  les  propriétés  d'un  organe 
offrent  une  uniformité  proportionnelle  à  la 
constance  de  l'organe  lui-même  ;  ainsi  ,  dans 
les  Palmiers,    les  (inits   présentent  de   nom- 


(3oi) 

breiises  variétés  :  on  y  trouve  des  baies,  des 
drupes ,  des  noix ,  des  espèces  de  cônes  écail- 
leux.  Cette  variation  dans  les  formes  en  in- 
dique une  dans  les  propriétés  j  aussi  la  pulpe 
qui  entoure  les  graines  est-elle  huileuse  dans 
VElaïs  ,  acidulé  dans  le  Calamus  zalaca  ,  styp- 
tique  et  astringente  dans  le  Cala/nus  rotang, 
caustique  dans  le  Car^ota  iwens ,  douce  et 
nourrissante  dans  le  Dattier ,  VAreca  ,  YElate. 
Au  reste ,  nous  connaissons  avec  exactitude 
un  si  petit  nombre  de  Palmiers  ,  que  s'il  existe 
des  intermédiaires  ou  des  rapprochera ens  entre 
ces  divers  f iruits ,  ils  nous  sont  encore  inconnus  ; 
d'ailleurs^  il  est  possible  que  nous  comparions 
ici  des  organes  réellement  différens. 

Dans  tous  les  Palmiers,  la  graine  qui  est 
assez  grosse  est  presque  entièrement  remplie 
par  le  périsperme  :  celui-ci  se  présente  d'abord 
sous  la  forme  d'une  émulsion  laiteuse  ,  douce 
et  nutritive  j  c'est  cette  matière  si  célèbre  dans 
le  Cocotier  sous  le  nom  de  lait  et  qui  se  re- 
trouve dans  les  jeunes  graines  de  plusieurs 
autres  Palmiers  )  lorsque  le  périsperme  com- 
mence à  se  concréter ,  il  offre  iine  consistance 
et  une  saveur  assez  analogues  à  nos  noisettes  5 
mais  cet  état  dure  peu  ,  et  le  périsperme ,  darts 
tous  les  Palmiers  ,  finit  par  acquérir  une  con- 
sistance dure ,  cornée  ,  qui  le  rend  inutile  à  k 
nourriture  des  hommes. 


(3oO 

SI  des  fruits  nous  passons  aux  tiges  ,  nous 
y  trouverons  une  uniformité  de  propriétés  qui 
coïncide  avec  la  constance  de  leurs  formes  ; 
ainsi  dans  tous  les  Palmiers  ,  le  tronc ,  lors- 
qu'il est  âgé  ,  présente  une  fécule  douce  et 
nourrissante  qu'on  connaît  sous  le  nom  de 
sagou  ;  cette  fécule  se  retire  ordinairement  du 
Sagoutier  ,  mais  tous  les  Palmiers  (  excepté 
peut-être  VAreca  catechu  )  en  fournisse'nt  une 
quantité  plus  ou  moins  notable  ;  ainsi  on  extrait 
leSagou,  soitdxiSagusJarmîfera ,  soilàuCycasS 
î^voluta  ,  soit  du  PhcBJiix  farinifera  ;  de  même 
si  l'on  extrait  la  sève  des  Palmiers ,  comme  on 
le  pratique  dans  la  plupart  des  pays  chauds  , 
on  obtient  une  liqueur  limpide  ,  sucrée ,  suscep- 
tible de  se  changer  en  vin  et  même  en  alcool 
par  la  fermentation  ,  et  de  former  par  diverses 
préparations ,  soit  une  liqueur  acidulé ,  soit 
une  espèce  de  miel  sucré  j  dans  ces  propriétés 
de  la  sève  des  Palmiers  ,  ne  trouvons-nous  pas 
ici  un  indice  chimique  de  l'analogie  botanique 
qui  existe  entre  les  Palmiers  et  les  Gramiuées  ? 
Enfin  la  sommité  de  tous  les  Palmiers  présente 
une  substance  herbacée ,  mucilagineuse ,  douce 
et  nourrissante  j  cette  sommité  ,  connue  sous  le 
nom  de  Chou  palmiste ,  sert  d'aliment  à  l'es- 
pèce humaine  dans  tous  les  pays  où  croissent 
|es  Palmiers  j  les  seules  espèces  qu'on  n'emploie 


(  3o3  ) 

pas  à  cet  usage,  sont  celles  dont  on  préfère 
obtenir  le  fruit,  parce  qu'on  sait  que  d'après 
le  mode  de  végétation  des  Monocotylédones, 
on  ne  peut  espérer  de  conserver  long-temps  un 
Palmier  dont  la  sommité  est  tronquée.  MM.  de 
Homboldt  et  Bonpland  ont  découvert  dans  les 
montagnes  de  Quindiu  un  Palmier  fort  remar- 
quable qui  suinte  de  la  cire ,  et  que  par  cette 
raison  ils  ont  nommé  Cerox^lon  :  cette  pro- 
priété extraordinaire  se  retrouve  dans  un  Pal- 
mier du  Brésil  que  les  naturels  du  pays  nomment 
Carnauba, 

137.     J  O  N  C  É  E  S. 
Juncorum.  gen.  Jiiss. 

Les  Joncées  sont  en  général  insipides ,  ino- 
dores et  inusitées  en  médecine.  Si  V Acoriis 
appartient  réellement  à  cette  famille  ,  il  y  forme 
une  exception  par  ses  propriétés  aromatiques. 

i3B.     TYPHACÉES. 
Typhce,  Juss.  ,  gen.  a5« 

Aucunes  propriétés  connues.  Je  ne  parle  pas 
ici  de  l'emploi  qu'on  fait  de  l'aigrette  des  Typha 
dans  les  cas  d'engelures  excoriées  ,  parce  qu'il 
est  probable  que  ces  soies  agissent  mécanique* 


(  3o4  ) 

ment  lorsqu'elles  excitent  un  suintement  lym- 
phatique. 

Le  pollen  des  Typlia  remplace  la  poudre  de 
Lycopode  dans  plusieurs  pharmacies  ,  et  lui 
ressemble  en  ef  Fet  par  sa  ténuité  et  par  sa  nature 
inflammable  ;  il  est  probable  que  la  facilité  d'en 
recueillir  une  grande  quantité  à-la-fbis  a  seule 
déterminé  cette  substitution  ,  et  que  tout  autre 
pollen  remplirait  le  même  office. 

139.     CYPERACÉES. 

Cjperacece.  DC. ,  FI.  Fr.  3 ,  p.  99.  —  Cyperoidece. 
Juss.,  gen.  26. 

Dans  la  famille  des  Cyperacées ,  ainsi  que  dans 
la  plupart  des  Monocotylédones ,  les  racines 
seules  méritent  notre  attention  ;  dans  le  genre 
des  Carex,  nous  voyons  la  racine  des  Carex 
arenaria  ,  disticha  ,  hirta ,  et  probablement 
de  toutes  les  espèces  où  elle  est  suffisamment 
.développée ,  jouir  de  propriétés  diapliorétiques, 
démulcentes  et  résolutives,  qui  l'ont  fait  appeler 
avec  quelque  raison  la  Salsepareille  d*  Allema- 
gne. Dans  le  genre  des  Soucliets,  la  racine  prend 
un  caractère  un  peu  différent  ;  mais  elle  offre 
toujours  une  quantité  de  mucilage  qui  la  rend 
ïiourrissante  et  agréable  au  goût.  Ce  mucilage 
■^  trouve  ioint  dans  le  Cyperus  longus ,  avec 


(  :-5o5  ) 

un  principe  amer  qui  lui  donne  une  propriété 
tonitjue  et  stùmachique:  ce  principe  se  développe 
davantage  dans  le  C^periis  rotundus y  ce  qui 
donne  à  ses  tubercules  une  saveur  désagréable. 
Quant  au  Cyperus  esculentus ,  on  peut  en  tirer 
une  émulsion  douce,  laiteuse  et  rafraîchissante, 
propriété  qui  paraît  s'éloigner  un  peu  des  au- 
tres espèces  de  ce  genre ,  mais  qui  rentre  dans 
les  observations  faites  plus  haut  sur  les  vrais 
tubercules  comparés  aux  simples  renflemens 
des  racines  j  on  sait  en  effet  que  les  tubercules 
du  C.  rotundus  sont  des  renflemens  de  la  racine, 
tandis  que  ceux  du  C,  esculentus  sont  de  vraies 
tumeurs  qui  servent  comme  de  réservoirs  de 
mucilage  et  de  fécule.  Malgré  ces  légères  diffé- 
rences ,  dues  sans  doute  à  des  mélanges  iné- 
gaux des  mêmes  principes,  on  peut,  ce  me 
semble  ,  regarder  la  famille  des  Cypéracées 
comme  conforme  à  la  théorie.  Les  feuilles  de 
toutes  les  Cypéracées  sont  d'une  consistance  un 
peu  sèche ,  et  ne  renferment  que  très-peu  de 
matière  nutritive  ,  de  sorte  que  la  plupart  sont 
négligées  par  les  herbivores. 


:ao 


•      (  3o6  ) 

i4o.     GRAMINÉES. 
Gramineœ.  Juss. ,  gen.  28. 

Les  Graminées  constituent  la  famille  la  plus 
naturelle  ,  la  plus  nombreuse  en  espèces,  et  la 
plus  répandue  sur  la  surface  du  globe  que  nous 
trouvions  dans  le  règne  végétal ,  en  sorte  que 
sous  ces  divers  rapports  ,  elle  mérite  un  exa- 
men particulier.  Nous  observerons  d'abord 
qu'elle  ressemble  beaucoup ,  par  ses  propriétés  , 
à  la  famille  des  Cypéracées ,  dont  elle  se  rap- 
proche par  ses  formes  ;  nous  ajouterons  encore, 
avant  d'examiner  les  diverses  parties  de  ces 
plantes  ,  qu'aucun  Gramen  n'offre  de  propriétés 
vraiment  vénéneuses ,  et  que  presc[ue  tous  au 
contraire  présentent  ,  dans  leurs  diverses  par- 
ties ,  des  propriétés  salubres  et  nutritives. 

Ces  propriétés  sont  sur-tout  remarquables 
dans  leurs  graines ,  qui  toutes  renferment  une 
substance  farineuse  mélangée  dans  plusieurs 
avec  une  quantité  plus  ou  moins  sensible  de 
matière  glutineuse  j  tout  le  monde  sait  à  com- 
bien d'usages  divers  et  importans  nous  em- 
ployons les  semences  des  Fromens ,  des  Seigles  , 
des  Orges ,  des  Avoines  ,  des  Maïs ,  des  Sorgho  , 
du  Riz  ,  etc. ,  et  en  général  de  toutes  les  grandes 
Graminéesj  mais  ce  qu'il  importe  d'observer 


(  3o7  ) 
sous  le  point  de  vue  qui  nous  occupe  ,  c'est , 
i.o  que  si  nous  n'employons  pas  les  graines  des 
autres  Graminées  ,  c'est  uniquement  à  cause 
de  leur  petitesse ,  et  non  à  cause  de  la  diffé- 
rence de  leur  nature  ;  en  effet ,  dans  les  temps 
de  disette ,  et  dans  les  pays  peu  cultivés  ,  oii 
s'est  servi  avec  avantage  des  graines  de  Fes^ 
tuca  Jluitans  ,  de  Zizania  aquatica ,  Avena. 
Jutua  ,  Panicum  sanguinate  y  Avena  elatlor , 
Bromus  secalinus ,  Elymus  arenarius  ;  2..^  que 
les  usages  particuliers  auxquels  nous  employons 
certaines  semences  de  Graminées ,  ne  leur  sont 
point  exclusifs ,  mais  peuvent  se  tirer  de  toutes 
les  autres  avec  de  légères  modifications  5  ainsi  , 
on  fait  de  la  bierre  non-seulement  avec  l'Orge  , 
mais  aussi  avec  le  Froment  ;  on  fabrique  de 
l'eau-de-vie  non-seulement  avec  les  semences 
de  nos  Céréales ,  mais  encore  avec  celles  du 
Riz 5  3.°quôsi  nous  employons  de  préférence, 
et  presque  exclusivement ,  les  graines  des  Pro- 
meus ,  des  Orges  et  des  Seigles  ,  ce  choix  même 
tend  à  confirmer  la  loi  de  l'analogie  5  car  ces 
genres  forment  une  petite  section  dans  la  fa- 
mille des  Graminées.  Ici  se  présente  une  objec- 
tion d'autant  plus  singulière,  qu'elle  semble 
entièrement  isolée  ;  c'est  l'Ivraie  dont  la  graine 
paraît  narcotique,  enivrante,  et  a  même  été 
regardée  comme  vénéneuse  3  observons  cepen- 

20,. 


(  3o8  ) 

dant  que  ces  qualités  délétères  paraissent  avoir 
été  exagérées  ,  car  elles  ne  se  conservent  que 
peu  ou  point  dans  le  pain  et  la  bierre  préparée 
avec  de  l'Ivraie  :  et  clans  les  temps  de  disette 
on  a  vu  plusieurs  individus  s'en  nourrir  ;  mais 
quand  elles  seraient  vraies  ,  ce  ne  serait  pas  à 
mes  yeux  une  objection  bien  puissante  ',  car 
enfin  l'Ivraie  offre  naturellement  les  propriétés 
qu'on  trouve  dans  le  Froment  lorsqu'il  a  été 
trop  exposé  à  l'iiumidité  ;  c'est  peut-être  à  cette 
dernière  cause  qu'est  dû  Je  préjugé  populaire, 
que  dans  les  années  humides  le  Froment  se 
change  en  Ivraie.  Les  propriétés  excitantes  de 
l'Avoine  semblent  encore  faire  une  exception  à 
l'uniformité  des  graines  de  Graminées  5  mais  il 
faut  observer  que  ces  propriétés  ne  résident 
point  dans  le  périsperme  qui  est  la  partie  em- 
ployée pour  faire  la  farine ,  mais  dans  l'enve- 
loppe du  grain  ;  elles  tiennent  à  une  petite 
quantité  d'un  principe  aromatique  ,  analogue 
à  la  Vanille ,  niché  dans  l'enveloppe  de  la 
graine,  et  qu'on  peut  en  extraire  à  l'aide  de 
l'eau  et  ensuite  de  Talcool  :  ce  principe  observé 
par  M.  Journet  rend  raison  des  usages  dié- 
tétiques de  l'Avoine  munie  de  son  écorce,  et  de 
la  fadeur  de  sa  farine.  Nous  voyons  donc  que 
les  graines  de  4  o^  5oo  Graminées  connues 
offrent  à  peine  une  exception  dans  les  proprié- 


(  3^9  ) 
tes.  Les  effets  délétères  de  l'ergot  du  Seigle  ne 
font  point  exception  à  cette  règle  ,  soit  cju'on 
le  considère  comme  un  état  maladif  du  grain, 
soit  que  plutôt  comme  je  crois  Tavoir  prouvé, 
on  le  regarde  comme  un  Champignon  parasite 
dévelop])é  à  la  place  du  grain. 

Si  des  graines  nous  passons  aux  tiges  ,  nous 
les  verrons  offrir  une  semblable  uniformité; 
toutes  renferment ,  sur-tout  avant  leur  florai- 
son ,  un  mucilage  doux  et  sucré ,  mais  yjlus  ou 
moins  abondant  dans  les  diverses  espèces.  Si  la 
Canne  semble  faire  une  exception  par  l'extrême 
quantité  de  sucre  qu'elle  renferme  ,  il  faut  re- 
marquer ,  i.o  qu'elle  reste  naturellement  dans 
l'époque  la  plus  favorable  à  la  j^roduction  du 
sucre,  puisqu'elle  ne  porte  jamais  de  graines j 
2.°  qu'elle  est  l'une  des  plus  grandes  Graminées 
connues  :  le  Maïs ,  qui  tient  le  premier  rang 
parmi  les  Gramens  de  nos  climats^  offre  aussi 
une  quantité  de  sucre  assez  considérable;  et 
l'on  sait  que  diverses  es])èces  de  Sorgho  ,  et 
notamment  celle  qui  a  reçu  le  nom  Ôl  Holcus 
saccharatus 3  contiennent  une  quantité  de  ma- 
tière sucrée  assez  notable,  pour  qu'on  ait  tenté, 
avec  quelque  succès ,  de  l'en  extraire  ,  princi- 
palement en  Italie.  La  nature  mucilagineuse 
des  tiges  des  Graminées  expliqué  comment  elles 
servent  d'allraens  au  plus  grarid   nombre  des 


(  3io  ) 
animaux  herbivores  ;  les  Graminées  dures  et 
piquantes  sont  les  seules  que  les  bestiaux  né- 
gligent :  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remar- 
quer ici  que  l'abondance  des  Graminées  sur 
tous  les  points  du  globe  ,  et  l'identité  absolue 
de  leur  nature  ,  est  la  cause  qui  a  rendu  pos- 
sibles le  transport  jet  la  naturalisation  des  ani- 
maux herbivores  d'un  bout  du  monde  à  l'autre. 

Les  racines  rampantes  des  Graminées ,  qui 
doivent  être  proljablement  considérées  comme 
des  ti^es  souterraines ,  sont  en  général  mucila- 
ginsuses ,  douces ,  résolvantes  j  nous  employons 
celles  qui  ,  par  leur  grandeur ,  offrent  le  plus 
d'utilité  ,  telles  que  le  Tj'iticum  repens  et  le 
Panicum  dactyloii.  Mais  nous  pourrions  sans 
doute  nous  servir  de  toutes  avec  le  même  avan- 
tage, en  les  employant  seulement  à  doses  dif- 
férentes. 

Les  tiges  de  Y Andropogon  schœnanthus  ,  les 
feuilles  de  V Andropogon  citratum,  les  racines 
de  y Andropogoji  nardus,  et  de  V Anthoxanthuin 
odoratum  ,  exhalent  une  odeur  aromatique , 
et  jouissent  de  quelques  propriétés  toniques  et 
cordiales,  qui  font  seules  exception  à  l'unifor- 
mité que  présente  la  famille  des  Graminées. 


(3ii) 

141.     EQUISÉT  ACÉES. 

Eçuisetaceœ.  FI.  Fr.  2  ,  p.  58o.  —  Pehata.  Hoff.  — 
Filicum  gen.  Juss. 

Toutes  les  espèces  de  cette  famille  ont  été 
employées  indifféremment  les  unes  pour  les 
autres  :  elles  jouissent  d'une  saveur  astrin- 
gente ,  et  semblent  agir  comme  stimulans  ;  une 
espèce  à.' Equisetum  ,  connue  à  la  Chine  sous 
le  nom  de  Mouk-se  ,  y  est  employée  en  décoc- 
tions astringentes  j  on  a  indiqué  les  Prêles 
comme  diurétiques  et  emmenagogues ,  mais 
elles  sont  maintenant  presque  hors  d'usage  ', 
toutes  les  espèces  sont  données  indifféremment 
par  les  Irlandais  pour  fourrage  au  bétail  et  aux 
chevaux  de  selle.  Plusieurs  espèces  de  divers 
pays  ont  la  tige  assez  rude  pour  être  employées 
à  polir  les  ouvrages  de  menuiseries. 

142.     MARSILÉACÉES. 

Marsileaceœ.  Brown. ,  prod.  166. — Rliizospermce, 
Roth.  —  Pilulariœ.  Mirb.  —  Filicum  gen.  Juss. 

Les  propriétés  de  ces  plantes  sont  nulles  ou 
inconnues. 


(3l2) 

143.     LYCOPODINÉES. 

Ljcopodineœ.  FI.  Fr.  2  ,  p.  67 1.  — Ljcopodiacece. 
Michaux.  —  Muscoiumgeti.  Juss. 

Cette  famille  est  encore  peu  connue  quant  à 
ses  propriétés  ;  nous  olDserverous  seulement  que 
la  décoction  de  l'herbe  du  Lycopodium  clava- 
turn  i^i)  ,  et  s^ir-tout  du  Lycopodinmselago  (2)  , 
excitent  le  vomissement;  on  sait  aussi  que  la 
poussière  qui  se  trouve  dans  les  petites  coques 
de  ces  plantes  ,  et  qui  est  regardée  par  les  uns 
comme  la  graine ,  par  les  autres  comme  le  pol- 
len ,  est  d'une  nature  très-inflammable  ;  et  l'a- 
nalyse de  cette  poudre  ,  donnée  par  M.  Pelle- 
tier ,  prouve  qu'elle  contient  delà  cire,  du 
sucre ,  une  matière  extractive  ,  de  l'alumine 
probablement  combinée  avec  l'acide suHurique, 
du  fer  et  les  élémens  ordinaires  des  végétaux  ; 
ce'rte  analyse  semble  donner  quelque  nouvelle 
probabilité  à  l'opinion  des  botanistes,  qui  re- 
gardent la  poussière  de  Lycopode  comme  ana- 
logue au  pollen  ;  cette  opinion  est  encore  con- 
firmée, par  l'usage  où  l'on  est  dans  quelques 
provinces  ,    et   notamment    aux    environs   de 

(i)   Lycopodlnm  ,  off. 

(2.)  JMiiscus  erectus  ,  off. 


(  3i3  )    • 

Narbonne ,  de  recueillir  le  pollen  des  Tiplia 
pour  s'en  servir  en  guise  de  Lycopode. 

M.  Vastring  a  publié  un  mémoire  sur  l'em- 
ploi des  Lycopodes  dans  la  teinture  :  il  y  assure, 
entre  autres  faits  intéressans,  que  les  étoffes  de 
laine  qu'on  fait  bouillir  avec  les  Lycopodes  ,  et 
sur-tout  avec  le  L.  clavatum  ^  y  acquièrent  la 
propriété  de  se  colorer  en  bleu,  lorsqu'on  les 
fait  passer  ensuite  dans  un  bain  de  bois  de 
Brésil . 

144.     FOUGÈRES. 
Filices.  Smith. ,  diss.  —  Filicumgcn.  Jiiss.  14. 

Avant  de  parler  des  propriétés  des  Fougères, 
je  remarquerai,  avec  M.  Mirl)el,  que  la  Souche 
ram])ante  et  souterraine,  à  laquelle  les  bota- 
nistes ont  donné  le  nom  de  racine,  est  une  vé- 
ritable tige  droite  et  ferme  dans  les  Fougères 
en  arbre  ,  grimpante  dans  les  Ugena  ,  rampante 
à  la  surface  du  sol  dans  le  Pohpodlu??i  vir^i- 
nicvm,  enfin  rampante  sous  le  terrain  dans  les 
Fougères  de  nos  climats  j  que  la  partie  qui  s'é- 
lève hors  de  terre,  et  qu'on  a  coutume  d'aj)pe- 
ler  herbe  ,  est  une  véritable  feuille. 

Les  feuilles  d'un  grand  nombre  d'espèce  sont 
employées  indistinctement  dans  nos  pharma- 
:ies  sous  le  nom  de  CajûUaires  j  elles  passent 


(3.4) 
toutes  pour  bécliiques  et  adoucissantes  ;  elles 
contiennent  un  mucilage  assez  épais,  mélangé 
d'un  léger  principe  astringent ,  et  d'un  arôme 
faible ,  mais  agréable  j  cette  odeur  est  plus  pro- 
noncée dans  les  Adianthum  pedatum.  et  Capil- 
lus  veiieris;  aussi  ces  espèces  sont-elles  préfé- 
rées par  les  pliarnuiciens  j  mais  on-  se  sert  à  leur 
défaut  de  V  Asplenium  adianthum  -  nigrum  , 
A.  trie  ho  mânes  y  A.  ruta-muraria ,  A .  ceterach^ 
A'  scolopendrium  _,  Poly podium  vulgaire  ,  P. 
rhœticum  y  et  probablement  de  toutes  les  es- 
pèces indigènes  qui  tombent  sous  la  main  des 
herboristes  ;  Thunberg  nous  apprend  même 
qu'au  Cap  de  Bonne -Espérance  on  emploie 
pour  le  même  usage  V Adianthum  œthiopicum. 
Le  principe  astringent  et  aromatique  qu'on  ob- 
serve à  faible  dose  dans  toutes  les  feuilles  de 
Fougères ,  est  au  contraire  plus  développé  dans 
celles  du  Voly podium  calaguala  ,  employé  au 
Pérou  comme  astringent  diaphorétique  ,  et  qui 
commence  à  s'introduire  dans  la  médecine  eu- 
ropéenne. 

Les  propriétés  des  souches  souterraines  de 
nos  Fougères  diffèrent  assez  sensiblement   de 
celles  de  leurs  feuilles ,  et  nous  offrent  une  a 
plication  utile  de  la  règle  établie  plus  haut  su 
la  distinction  des  organes  :   ces  souches  sonl| 
tontes  remarquables  par   leur  saveur  amère  ; 


(  3.5  ) 

cette  saveur  se  retrouve  même  dans  le  Poly- 
pode  vulgaire  ,  où  elle  est  connue  masquée  par 
une  assez  grande  quantité  de  mucilage ,  mais 
où  elle  reparaît ,  soit  par  la  mastication ,  soit 
par  une  cuisson  prolongée  :  toutes  les  souches 
des  grandes  Fougères  de  nos  climats  sont  em- 
ployées avec  succès  comme  anthelmintiques , 
et  particulièrement  usitées  pour  l'expulsion  du 
Tœnia  ;  le  Polypodium  Jîlix  mas  ,  et  le  Tter'is 
aquilina ,  sont  celles  dont  on  se  sert  le  plus 
habituellement  j  mais  je  ne  doute  pas  qu'on  ne 
puisse  employer  de  même  ,  et  qu'on  n'ait  déjà 
employé  presque  toutes  nos  Fougères;  on  les 
a    aussi    données    comme    emménagogues    et 
comme  purgatils  ;  dans  tous  ces  cas ,  leur  action 
paraît  être  celle  d'un  stimulant  plus  ou  moins 
actif;  c'est  sans  doute  sous  ce  même  rapport 
que  l'extrait  de  V Osmunda  regalis  a  été  donné 
avec  succès  par  le  docteur  Aubert  à  la  dose  de 
trois   gros    chaque    matin    aux   enf'ans    rachi- 
tiques. 

D'après  les  détails  ,  dans  lesquels  .je  viens 
d'entrer,  je  place  sans  hésiter  la  famille  des 
Fougères  au  nombre  de  celles  qui  confirment 
la  théorie. 


(  3i6  ) 

ni.  ACOTYLÉDONES ,    ou  CELLULAIRES. 

Les  Acotylédones  sont  grouppées  par  les  bo- 
tanistes, plutôt  d'après  des  caractères  négatifs, 
que  d'après  des  marques  véritablement  distinc- 
tives  ;  elles  offrent  des  différences  très-considé- 
rables ,  soit  dans  leurs  formes ,  soit  dans  leur 
manière  de  vivre,  soit  dans  les  lieux  qu'elles 
Jiabitent.  On  ne  doit  point  s'étonner  si  dans  Té- 
nu mération  de  leurs  propriétés  nous  remar- 
quons peu  d'uniformité  :  leurs  irrégularités 
s'augmentent  encore  à  nos  yeux ,  parce  qu'il 
est  impossible  de  faire  usage  dans  cette  classe,  de 
la  règle  établie  plus  haut  sur  la  distinction  des 
organes  ;  et  cette  impossibilité  tient  à  leur  peti- 
tesse ,  à  l'homogénéité  de  leurs  parties ,  et  sur- 
tout à  notre  ignorance. 

145.     MOUSSES. 

Musci.Juss.f^en.  10.  —  JMuscifrondosi.  Hedw. 

Parmi  les  Mousses  on  a  vanté  autrefois  les 
propriétés  narcotiques  des  Hypnesj  on  a  assuré 
que  la  décoction  de  Polytric  (1)  et  de  Funai- 

(1;  AdiantLum  majus^  off.  Polytliricum  commu:ie , 
Lin. 


(3i7) 

re  (i),  appliquée  sur  le  crâne,  empêchait  la 
chute  des  cheveux  ;  on  les  a  indiquées  quelque- 
fois comme  sudorifiques,  quelquefois  comme 
emménagogues  ,  ailleurs  comme  astringentes  et 
propres  à  arrêter  les  menstrues  trop  abondantes. 
Ces  vertus,  dont  quelques-unes  sont  contra- 
dictoires ,  sont  certainement  très-faibles  ou  en- 
tièrement illusoires  j  d'après  la  saveur  presque 
uniforme  de  toutes  les  Mousses ,  on  peut  y 
soupçonner  un  léger  principe  astringent  5  mais 
le  parti  le  plus  sûr  est  de  les  regarder  comme 
inutiles  ,  ou  du  moins  inconnues  en  médecine. 

146.     HÉPATIQUES. 

Hepaticœ.  Juss. ,  gen.  7. 

Quoique  les  prétendues  vertus  hépatiques  de 
la  Marchantie-Protée  (2)  aient  donné  à  cette 
famille  le  nom  qu'elle  porte ,  ces  propriétés  sont 
trop  faibles  et  trop  controversées ,  les  autres 
espèces  sont  trop  peu  connues  pour  c[ue  nous 
y  donnions  ici  aucune  attention  5  je  dirai  seu- 
lement que  d'après  la  saveur  et  la  consistance, 

(i)  Adianthuin  minus  f  off.  Funaiia  hygrometica  ^ 
Hedw. 

(2)  Marchantia  polymorpha ,  Lin.  Hepatica  terres- 
tris ,  oJff. 


(  3x8  ) 

il  me  paraît  probable  que  les  grandes  espèces 
d'Hépatiques  se  rapprochent  par  les  propriétés 
des  espèces  de  Lichens  foliacés. 

147.     LICHENS. 

Lichenes.  FI.  Fr.  3  ,  p.  Sai .  —  Algarum  gen,  Juss. 

Les  Lichens  nous  présentent  deux  classes  de 
propriétés  :    i.**  les  propriétés  tinctoriales  qui 
se  développent  par  divers  agens ,  et  sur-tout 
par  la  macération  dans  l'urine ,  propriétés  qui 
sont  communes  à  toutes  les  espèces ,  mais  sur- 
tout à  celles  dont  la  consistance  approche  da- 
vanta'ge  d'une  croûte  calcaire  ;  2.°  les  propriétés 
médicinales   qui  sont  plus  sensibles   dans  les 
Lichens  dont  la  consistance  est   plus  molle  , 
soit  parce  qu'ils  contiennent  plus  de  mucilage, 
soit  parce  que  les  expériences  n'ont  encore  été 
tentées  que  sur  les  espèces  assez  grandes  potir 
en  espérer  quelque  utilité.  Parmi  ces  dernières 
on  remarque  que  toutes  ont  une  saveur  plus  ou 
moins  amère  ;  qu'elles  paraissent  composées  de 
mucilage  (1) ,  d'une  petite  quantité  de  résine  , 
sur-tout  d'une  matière  de  nature  animale  ana- 


(i)  Le  Lichen  d'Islande  renferme,  dit-on,  une  assez 
grande  quantité  de  gomme  pour  qu'on  ait  tenté  de  l'ex- 
traire pour  la  subsLituer  ù  la  plupart  des  emplois  de  ia 


(  3i9  ) 
logue  à  la  gélatine  ;  c[iie  la  plupart  sont  adou* 
cissantes ,  utilement  euiployécs  sous  forme  de 
décoction  dans  les  maladies  de  poumon  ,  et 
susceptibles  de  servira  la  nouniture  de  l'homme, 
lorsque  par  des  lavages  ou  des  cuissons  répé- 
tées on  les  a  dépouillées  de  leur  amertume;  telles 
sont  les  propriétés  générales  de  la  Cladonia 
rangiferuia ,  de  tous  les  Scypliopliores ,  de  la 
Physcia  isLandia,  de  la  Lobaria  pidnionana , 
de  la  Roccella  tinctoria  ,  dont  on  se  sert  pour 
faire  des  bouillons  à  l'Ile-de-France ,  et  proba- 
blement de  plusieurs  autres  espèces  si  voisines 
des  précédentes,  que  l'œil  exercé  du  botaniste 
peut  à  peine  les  distinguer,  et  qui  ont  sans 
doute  été  confondues  avec  elles  dans  les  pré- 
parations pharmaceutiques  :  la  propriété  pur- 
gative de  la  Peltigera  aphtosa ,  et  l'utilité  de 
la  Peltigera  canina  contre  la  rage ,  sont  en- 
core trop  peu  avérées  pour  mériter  quelque 
attention  dans  ce  résumé  j  et  ces  mêmes  es- 
pèces se  rapprochent  des  précédentes  par  leurs 
propriétés  ,  d'après  le  témoignage  de  quelques 
médecins.    II   me  semble    que   la   famille   des 


gomme  du  Séuégal.  Mais  cependant  M.  Berzelius  en  a 
trouvé  à  peine  un  demi-cenlième,  tandis  qu'il  y  a  décou- 
vert -^  d'une  substance  coagulable,  analogue  à  la  géla- 
tine. 


(    320    ) 

Lichens  ,  quoique  encore  trop  peu  étudiée  , 
ofïre  assez  de  propriétés  communes  pour  pou- 
voir être  inscrite  parmi  celles  qui  appuient  la 
tliéoiie. 

148.     HYPOXYLONS. 

Hjpoxila.  FI.  Fr.  2. ,  p.  280. 

Propriétés  nulles  ou  inconnues. 

149.     CHAMPIGNONS. 

Fungi.Fl.  Fr.  2 ,  p,  65.  —  Fungorum  gen,  Juss.  Fers. 

Le  grouppe  des  Champignons  est  un  de  ceux 
qui>  présentent  le  plus  grand  nombre  d'anoma- 
lies, et  qui  paraissent  le  plus  contraires  à  la  loi 
de  l'analogie  j  nous  y  trouvons  des  espèces  for- 
tement vénéneuses ,  d'autres  qui  servent  à 
notre  nourriture  ,  quelques-unes  qui  jouissent 
de  propriétés  toutes  particulières  et  en  appa- 
rence isolées  ;  la  difficulté  de  distinguer  les 
Champignons  salubres  et  vénéneux  est  connue 
de  tout  le  monde  j 'mais  quoique  la  classifica- 
tion des  plantes  fongueuses  soit  encore  loin  de 
sa  perfection ,  on  peut  déjà  remarquer  qu'il  y 
a  plus  de  rapport  qu'on  ne  pourrait  le  croire 
entre  les  propriétés  des  Champignons  et  ce  que 
nous  connaissons  de  leurs  formes. 


(321) 

La  famille  des  Champignons  renferme  une 
soixantaine  de  genres ,  mais  on  ne  compte  d'es- 
pèces comestibles  que  dans  les  genres  Helvelle  , 
Clavaire  ,  Hydne  ,  Bolet  ,  Mërule  ,  Agaric  , 
Morille  et  TrulFe  ;  tous  les  autres  sont  inusi- 
tés  ,  soit  parce  qu'on  y  a  reconnu  des  qualités 
vénéneuses ,  soit  parce  que  leurs  espèces  sont 
ou  trop  petites ,  ou  trop  fugaces  ,  ou  trop  co- 
riaces ,  pour  qu'on  ait  eu  l'idée  de  les  essayer. 
Nous  allons  entrer  dans  quelques  détails  sur  les 
genres  dans  lesquels  se  trouvent  des  espèces 
comestibles. 

Toutes  les  espèces  des  genres  Morille  et  Truffe 
sont  également  saines  ^  et  on  reconnaît  dans 
toutes  une  saveur  et  une  propriété  tout-à-fait 
analogues  à  celles  de  la  Morille  et  de  la  Truffe 
commune. 

-  Les  Morilles  {^Morchellœ^  avaient  été  long- 
temps confondues  dans  le  même  genre  que  les: 
Phallus;  M.  Persoon,  auquel  l'étude  des  Cham- 
pignons doit  ses  plus  grands  progrès ,  a  montré 
qu'elles  en  diffèrent  par  des  caractères  impor- 
tans ,  tels  que  l'absence  de  la  vol  va  commune 
qui  enveloppe  les  jeunes  Phallus ,  et  l'absence 
de  cette  espèce  de  liquide  gluant  et  fétide  qui 
recouvre  leur  chapeau  5  à  peine  ces  deux 
g;rouppes  appartiennent  ils  à  la  même  section.' 
En  séparant  les  Morilles  des  Phallus ,  la  classi- 

21 


(    322    ) 

fîcatioii  s'est  trouvée  d'accord  avec  l'Iiistoire  de 
leurs  propriétés  y  car  les  Phallus  sont  vénéneux 
et  fétides ,  tandis  que  les  vraies  Morilles  sont 
toutes  salubres  et  exhalent  une  odeur  aeréable. 
On  lait  un  usage  fréquent  du  Morcfiella  escu- 
lenta  dans  une  grande  partie  de  l'Europe  sous 
les  noms  de  Morille ,  Morchelea  ,  Spugniole  , 
Spongignole  ou  Pungola  _;  on  vend  sur  le  mar- 
ché de  Florence  le  Morchella  gîgas  confondu 
avec  le/»/,  esculenta ,  et  si  les  autres  espèces 
n'ont  sous  ce  rapport  aucune  célébrité  ,  c'est 
certainement  à  cause  de  leur  rareté ,  car  toutes 
leurs  qualités  physiques  sont  les  mêmes. 

Les  TrulFes  étaient  comme  les  Morilles  con- 
fondues dans  un  genre  de  Cliampignons  véné- 
neux, celui  des  Lycoperdons  :  elles  en  difïerent 
parce  que  l'intérieur  de  leur  péridium  est  en- 
tièrement charnu  au  lieu  d'être  plein  de  pous- 
sière :  tous  les  Lycoperdons  et  tous  les  genres 
qui  en  ont  été  démembrés  y  mais  qui  leur  res- 
semblent parla  poussière  abondante  qu'ils  ren- 
ferment ,  sont  vénéneux  :  les  espèces  du  véri- 
table genre  Truffe  (  Tuber')  sont  au  contraire 
toutes  salubres  et  agréables  au  goût.  A  peine  de 
légères  nuances  de  saveur  peuvent-elles  distin- 
guer ces  espèces  :  la  plus  célèbre  de  toutes  est 
celle  qui  porte  le  nom  exclusif  de  Truffe  noire 
(  Tuber  cïbarium  i  Pers. ,    Tuber  gulosorum  ^ 


('  oaS  )  ^ 

Bull.)  ;  elle  se  cKstingue  à  ce  que  sa  superficie 
est  couverte  d'émiiiences  dures  et  coinme  pris- 
matiques ,  et  à  ce  qu'à  sa  maturité  elle  est  noire 
en  dehors  et  en  dedans  ;  on  sait  qu'elle  est  assez 
commune    dans    la   moitié   méridionale  de  la 
France  :  on  peut  lui  subtituer  et  le  Tuber  mos- 
chatum  et  le  Tuber  album,  découverts  l'un  et 
l'autre  ,  par  M.  de  Saint^Araans ,  aux  environs 
d'Agen  :  et  deux  variétés  ou  espèces  particu- 
lières que  les  Piémontais  connaissent  sous  les 
noms  de   Bianchetli  et  de  Rossetti ,   et  que 
Pico  a  décrites  sous  les  noms  de  Tuber  albidum 
et  de  Tuber  rufum.  On  trouve  encore  dans  une 
grande  partie  de  la  France  une  Truffé  noire  en 
dehors  et  blanche  en  dedans  qui  peut-être  n'est 
que  la  Truffe  noire  cueillie  avant  sa  maturité; 
cependant  plusieurs  collecteurs  de  Truffé  affir- 
ment qu'elle  ne  de  vien  t  jamais  noire  à  l'intérieur  j 
quoiqu'elle  soit  moins  odorante  que  la  Truffe 
noire  ,  on  la  recueille  cependant  pour  la  substi- 
tuer en  fraude  à  son  usage  j  mais  l'espèce  la  plus 
remarquable  après  la  Truffe  noire,  est  l'a  Truffe 
de  Piémont  (  Tuber griseum') ,  qui  est  dépaur- 
vue  d'éminences  prismatiques  et  d'un  gris  pâfe , 
et  un  peu  roux  soit  en  dedans  ,  soit  en  dehors. 
Elle  est  assez  commune  dans  les  collines  dti 
Piémont ,  et  se  distingue  à  son  odeur  qui  ap- 
proche un  peu  d<î  celle  de  l'ail  ?  mais  qui  est 

21,. 


(  024   ) 

cependant  agréable  ,  même  pour  ceux  qui  crai- 
gnent l'ail  :  la  Trufïe  noire  et  la  Trufïe  grise 
sont  l'une  et  l'autre  employées  aux  mêmes 
usages  y  mais  avec  cette  seule  différence  que  la 
Truffe  noire  est  plus  spécialement  destinée  à 
servir  de  condiment  aux  matières  animales  ,  et 
la  Truffe  grise  aux  matières  végétales. 

Les  autres  genres  de  Cliampigmons  comes- 
tibles présentent  moins  d'uniformité  que  les 
précédens. 

-  Parmi  lès  Helvelles ,  lesHydnes ,  les  Mérules  et 
les  Clavaires ,  on  ne  connaît  aucune  espèce  vé- 
néneuse ,  mais  on  ne  mange,  que  celles  qui  sont 
charnues  ,  et  on  abandonne  les  espèces  gélati- 
neuses ou  coriaces. 

Parmi  les  Helvelles ,  il  en  est  fort  peu  de 
comestibles:  on  en  mange  en  Allemagne  une 
espèce  que  Perso  on  a  nommée  Helvella  escu- 
lenta  /  Allioni  dit  qu'on  mange  en  Piémont 
V Hehella  fnitra  ,  et  j'ai  vu  employer  aux  en- 
virons d' Aigues-mortes ,  sous  le  nom  d' Oreil- 
lette j  une  espèce  d'Helvelle  très  -  analogue  à 
V Helvella  mitra ,  mais  que  je  crois  être  une 
espèce  distincte.  Par  leur  saveur  et  leur  emploi 
les  Helvelles  sont  analogues  aux  M^^rilles ,  dont 
elles  se  rapprochent  par  leurs  caractères  bota- 
niques. L  i. 

Les  Clavaires  dont  la  consistance  est  charnue  > 


(  325  ) 

paraissent  toutes  saines  et  comestibles  }  les  es- 
pèces rameuses  ,  qui  formaient  le  genre  Rarna- 
ria  de  Holmskiold ,  sont  les  seules  qui  soient 
assez  grandes  et  assez  communes  pour  être  gé- 
néralement usitées,  et  même  on  n'a  guères 
coutume  d'employer  que  celles  qui  croissent 
sur  la  terre. et  dont  les  dimensions  sont  assez 
considérables  pour  valoir  la  peine  de  les  recueil- 
lir ;  telles  sont  les  Clavaria  coralloïdes  et  cine- 
rea^  qui  ont  la  forme  d'un  petit  arbre  de  corail 
ramifié  et  plus  ou  moins  dressé.  La  première  qui 
est  la  plus  commune,  se  distingue  à  sa  couleur 
jaune  ou  blanche  j  elle  est  connue  dans  les  pro- 
vinces de  France  sous  les  noms  de  Barbe  de 
bouc  ,Bouquinbarde  ,  G  an  te  Unes  ^  GaUinoles, 
Tnpettes  ,  Cfievellncs  ,  Pied-de-coq  ,  Poule  , 
glousse ,  Barbes ,  JSlainoites  ,  Menottes  ,  Barbe 
.  de  chèvre  ,  EspigneUes  ,  Pattes  d'Alléor , 
Diables ,  Balais,  etc.  La  seconde  espèce,  qui 
est  moins  commune,  porte  tous  les  mêmes 
noms,  en  y  ajoutant  l'épitliè te  dégrise;  ces 
Clavaires  sont  au  nombre  des  Champignons  les 
moins  dangereux,  en  ce  qu'elles  ne  ressemblent, 
même  de  loin,  qu'à  des  espèces  salubres  ;  mais 
il  faut  avouer  que  leur  chair  est  un  peu  filan- 
dreuse et  leur  arôme  peu  prononcé. 

Parmi  les  Hydnes  on  trouve  la  section  des 
Hérissons  (  Hericium  3  Pers.)  qui  n'ont  pas  de 


(  326  ) 

chapeau  distinct  :  ils  sont  composés  d'un  tronc 
charnu  qui  naît  latéralement  et  duquel  pendent 
des  pointes  ou  filets  prolongés  5  on  dirait  voir 
une  Clavaire  coralloïde  à  gros  tronc  et  à  rameaux 
pendans,  au  lieu  d'être  dressés  :  les  Hérissons 
ont  la  consistance  et  les  propriétés  de  ces  cla-» 
vaires  dont  ils  se  rapprochent  par  la  foniiê  f 
comme  ils  sont  assez  rares ,  ils  sont  peu  em- 
ployés :  V Hydnum  erinaceiiin  qui  croît  sur  les 
chênes  âgés ,  sert  d'aliment  dans  les  environs 
des  Vosges  :  V Hydnum  coi^aîloïdes  se  mangô 
en  Piémont  et  en  Toscane  ;   V Hydnum  caput 
medusœ  se  mange  en  Italie  sous   le  nom  de 
Fungo  istrice  ;  il  paraît  même  qu'on  y  confond 
sous  ce  nom  trois  espèces  de  Champignons  sa- 
lubres  j  il  faut  observer  en  passant  que  M.  Pau- 
let  a  transporté  ce  nom  de  Tête  de  Méduse  à 
une  espèce  vénéneuse  très -différente  de  celles-  • 
ci.  Paxmi  les  autres  sections  du  genre  Hydnum ^ 
je  ne  trouve  guères  d'espèce  usuelle  que  V Hyd- 
num repandum  qiii  sert  d'aliment  dans  quel- 
ques  provinces   sous  les   noms    de   Eurchon , 
Chevrette  ,  CAevrodne  ,  Rlgnoche  ;  et  en  Tos- 
cane ,  sous  ceux  de  Steccherrino  ou  Dentino- 
dorato  :  on  mange  encore  en  Toscane ,  sous  le 
nom  de  Steccherrino  ou  Dentino-b'ianco ,    \\\\ 
Hydne  très- semblable  au  précédent  ,  mais  plus 
gros  et  tout  blanc  ;  on  emploie  aussi  V Hydnum 


(  327  ) 

aurhcalpium  qu'on  dit  être  une  des  meilleures 
espèces  j  il  paraît  que  c'est  celui  qui  porte  dans 
le  département  du  Gers  Içnom  de  Brouquichons; 
en  général  il  faut  se  méfier  de  tous  les  Hydnes  de 
couleur  foncée  qui  sont  plus  ou  moins  suspects, 
et  cette  règle  est  applicable  à  presque  tous  les 
Mérules  ,  les  Bolets  et  les  Agarics. 

Le  genre  des  Mérules  {Merulius),  qui  se 
reconnaît  aux  veines  ou  plis  anastomosés  ([u'ori 
observe  à  la  face  inférieure  du  chapeau  ,  est 
tout  composé  d'espèces  qui  paraissent  dé[)Our- 
vues  de  qualités  acres  et  vénéneuses  ;  mais 
comme  la  plupart  sont  coriaces  ou  membra- 
neuses ,  on  ne  les  emploie  pas  comme  alimens; 
une  seule  mérite  d'être  citée  sous  ce  point  de 
vue  3  c'est  le  Merulius  caTitliarellus ^  qu'on  con- 
naît vulgairement  sous  les  noms  de  Chanterelle, 
Girille  ,  Esc  au  y  Girolle,  Virolle  ,  Gérille , 
G  Iran  de  t  ,  G  In  ovule  ,  Esc  ravi  lie  ,  Cassirie  , 
Chevrille,  Chevrette,  Jeaunelet,  etc.  C'est  une 
espèce  peu  délicate ,  mais  qu'on  ne  peut  confon. 
dre  avec  aucune  qui  çoit  dangereuse. 

Toutes  les  anomalies  réelles  sont  donc  rédui- 
tes aux  Champignons  à  chapeaux  bien  distincts  j 
savoir,  les  Bolets  et  les  Agarics.  Mais  ici  encore 
les  rapports  déduits  de  la  structure  peuvent 
diminuer  beaucoup  les  irré?;idarités  apparentes 
de  ces  végétaux. 


(  3:z8  ) 

On  peut  distinguer  dans  ces  plantes  troifr 
parties  assez  distinctes ,  le  pédicule  ,  la  chair 
du  chapeau  ,  et  riiymenium  ou  la  partie  de  ce 
chapeau  qui  porte  les  graines  et  qui  forme  des 
feuillets  dans  les  agarics.  L'observation  prouve 
que  riiymenium  est  la  partie  dont  on  doit  le 
plus  se  défier  ;  ainsi  tou  tes  les  fois  qu'on  peut 
l'enlever  ,  comme  cela  a  lieu  dans  les  Bolets  de 
la  section  des  Suillus ,  on  diminue  beaucoup 
l'âcreté  j  et  cette  pratique  est  populaire  dans 
tous  les  pays  où  on  en  fait  usage  j  c'est  ce  que 
les  cuisiniers  appellent  ôter  le  foin  du  Champi- 
gnon. Lorsque  l'hymenium  n'est  pas  séparable 
de  la  chair  du  chapeau  ,  on  recherche  de  pré- 
férence comme  comestibles  toutes  les  espèces 
qui  ont  la  chair  fort  épaisse  proportionnelle- 
ment à  l'hymenium.  Cette  circonstance  est 
sur-tout  rigoureusement  nécessaire  dans  les 
espèces  où  ie  pédicule  manque ,  parmi  lesquelles 
on  n'emploie  que  celles  dont  les  chapeaux  sont 
très-charnus. 

Les  Bolets  ,  c'est-à-dire,  les  Champignons 
dont  le  chapeau  est  revêtu  de  tubes  ou  de  pores 
à  la  surface  inférieure ,  ont  en  général  le  pédon- 
cule et  la  chair  du  chapeaii  mangeables,  ex- 
cepté, 1.*^  dans  les  espèces  coriaces  ,  subéreuses 
et  ligneuses  5  2.*^  dans  celles  où  le  pédicule  est 
muni  d'un  collier ,  S.*'  dans  celles  dont  la  saveur 


(3^9.) 
est  poivrée ,  et  4-'^  dans  celles  dont  la  couleur 
devient  bleue  ou  verte  lorsqu'on  les  coupe.  Ce 
dernier  caractère   commun  à  toute  la  famille 
dénote  toujours  un  Champignon  suspect. 

Quanta  ceux  qui  ne  rentrent  pas  dans  les  mo- 
tifs d'exclusion  que  je  viens  d'énoncer,  on  doit 
y  distinguer  trois  grouppes  :  i.*^  les  Folypores 
ou  Bolets  proprement  dits  ,  dont  les  tubes  sont 
adhérens  entre  eux  et  avec  le  chapeau  52.^  les 
Suillus  ,  où  les  tubes  sont  séparables  du  cha- 
peau mais  adhérens  entreeux  j3.o  les  Fistulines, 
où  les  tubes  sont  libres  et  non  adhérens  entre 
eux. 

Parmi  les  Polypores  ,  ceux  qui  sont  absolu- 
ment dépourvus  de  pédoncule  ,  ou  qui  ont  un 
pédoncule  latéral ,  sont  vénéneux  ou  du  moins 
suspects,  àl'exceptionpeut-êtrededeuxespèces, 
savoir  :  le  Boletus  juglandis  qu'on  mange  en 
quelques  provinces  sous  les  noms  de  Miellin, 
Langou ,  Oreille  d' Orme  (  car ,  malgré  son  nom 
botanique  ,  il  se  trouve  sur  différens  arbres  ) ,  et 
le  Boletus  froiidosiLs  qu'on  mange  en  Piémont 
sous  les  noms  &'  Orciori  et  de  Barbesin  ;  mais 
quant  au  premier  ,  il  faut  observer  que  son 
odeur  est  très-dangereuse  dans  les  lieux  renfer- 
més ,  comme  Bulliard  l'a  éprouvé  sur  lui-même  j 
et  quant  au  second  ,  on  a  remarqué  qu'il  faut 
le  faire  cuire  long-temps  pour  qu'il  ne  soit  pas 


(  33o  ) 

malfaisant  :  de  sorte  que  ces  deux  exemples  eux- 
mêmes  confirment  ce  que  j'ai  dit  plus  haut  des 
Polypores  à  pédicule  latéral  j  c'est  au  grouppe 
des  Polypores  à  pédicule  central  qu'appartient 
le  fameux  champignon  comestible  (  Bohtus  tu- 
beraster  )  qui  est  produit  par  la  pierre  à  cham- 
pignon ou  Tietrafungaia  des  Napolitains.  C'est 
au  même  grouppe  qu'appartiennent  deux  Bolôts 
à  très-petits  pores  ,  peu  connus  des  botanistes  , 
quoiqu'ils  servent  d'aliznens  en  Toscane  et  qu'ils 
aient  été  figurés  dans  Micheli  j  l'un  est  le  Sco- 
petino  figuré  pi.  lo,  fig.  '5;  l'autre  est  le  Fiingo- 
corvo  ou  Carbonaio  (pi.  lo,  fig.  2,.  )  A  l'excep- 
tion de  ces  espèces ,  tous  les  autres  Polypores  (de 
France  au  moins  )  ,  offrent  plus  ou  moins  de 
dangers  ,  et  ne  doivent  être  employés  qu'avec 
précaution. 

Les  Suillus ,  qu'on  appelle  en  italien  Vorciiii 
ou  Champignons  de  porcs  ,  présentent  plus  d'u- 
tilité qu'un  nom  si  abject  n'en  semble  indiquer. 
On  doit  sévèrement  proscrire  de  l'usage  alimen- 
taire ceux  dont  le  pédicule  est  grêl'e  ou  le  cha- 
peau mince  ,  ceux  qui  ne  croissent  pas  sur  la 
terre  ,  et  sur-tout  ceux  qui  changent  de  cou- 
leur lorsqu'on  les  coupe.  (1)  On  désigne  vulgai- 

(1)  La  seule  exception  que  je  connaisse  à  cette  règle  , 
est  le  Beletus  Fré  qui  se  mange  en  Piémont,  encore 
M.  Bellarnî  qui  rapporle  ce  fait,  observe-t-il  que  son  usage 
est  susnect. 


(330 

rement  les  Suillus  mangeables  (  c'est-à-cllre  qui 
ne  sont  pas  atteints  par  les  exceptions  précé- 
dentes )   sous  les  noms  de  Ceps  ,  Giroles  ,  Po^ 
tirons  ,   ou  en  italien  CepateLli,  On  doit  avoir 
soin  seulement  de  ne  pas  les  manger  lorsqu'ils 
sont  trop  vieux ,  et  d'en  faire  enlever  le  foin. 
Scopoli  et  Batsch  considèrent  tous   les   Ceps 
comme  une  seule  espèce;  Micheli  en  compte  au 
contraire  seize  espèces  :  Bulliard  n'en  a  consi* 
déré  que  cinq  comme  essentiellement  distinctes  ^ 
savoir  :  i .°  le  B  oie  tus  edulis  qui  est  très-commun 
en  France  ;  on  le  connaît  sous  les  noms  de  Ceps  ^ 
Cèpe  y    Gyrole  ,  Gy roule  ,  Britguet ,  Issalou  y 
Mourses  ,    Bolé  porchin  ,     Cèpe  franc    tête 
rousse ,  etc.  2.<*  Le  Boletus  œreus  qui  est  moini 
commun  que  le  précédent ,  qui  porte  les  noms 
vulgaires    de    Cèpe   noir ,   Champignon  noir  > 
Cèpe  franc  tête  noire  ,  et  auquel  on  doit  pro- 
bablement rapporter  comme  variété  le  CravelLa 
du  Piémont  et  celui  qui  est  connu  dans  les  lan- 
des de  Gascogne  sous  les  noms  de  tS^a//  ou  Cep, 
3.0  Le  Boletus  chrysenteron  qui  est  sain  danâ  sa 
jeunesse,  mais  qui ,  à  un  âge  avancé ,  change  uri 
peu  de  couleur  et  paraît  dangereiix;  le  Fréou. 
Franc  du  Piémont  en  paraît  une  variété.  ^/'  Les 
Boletus scaber  et  aurantiacus  ,  confondus  dans 
la  plupart  des  provinces  de  France  sous  les  noms 
de  Boussile  ou  de  Gjrole  rouge  ,  et  en  Toscane 


(  332  ) 

sous  celui  de  Leccino.C est  encore  à  ce  grouppe 
qu'appartiennent  les  Champignons  mal  connus 
des  Botanistes  ,  et  que  les  Toscans ,  habitués  à 
faire  usage  de  ce  genre  d'aliment,  désignent 
.sous  les  noms  de  Finuzzo  buono  ,  Pinuzzo 
marzuolo  3  Albarello  ,  Arbatrello  ,  Torcinello  , 
Pinaccio  pelosiccio . 

Parmi  les  Fistulines  ou  Bolets  à  tubes  libres  , 
on  ne  compte  qu'une  espèce ,  le  Boletus  hepa- 
ticus  ,  qui  est  comestible  et  facile  à  reconnaître 
à  sa  forme  de  langue ,  à  son  épaisseur  et  à  sa 
consistance  charnue  j  elle  vient  sur  les  vieilles 
souches ,  à  fleur  de  terre ,  et  est  du  très- petit 
nomlire  des  espèces  comestibles  qui  croissent 
sur  les  arbres.  On  la  connaît  en  France  sous  les 
noms  de  Foie-de-bœuf\  Langue-de-bœuf ^  G  lue 
de  Chêne  ;  en  Toscane  sous  celui  de  Linmia 
de  Castacrno  :  en  Piémont  sous  celui  de  Lannhe 
et  dans  les  vieux  livres  de  matière  médicale  sous 
celui  à' Hjpodrls . 

Quant  aux  Agarics  ou  Champignons  feuille- 
tés en  dessous  ,  si  nous  parcourons  les  sec- 
tions de  ce  genre  établies  avec  tant  d'habi- 
ieté  par  M.  Persoon  ,  nous  trouverons  encore 
que  celte  classification  a  quelques  rapports 
avec  les  propriétés  :  ainsi  ,  malgré  quel- 
ques exceptions  légères  et  mal  prouvées  ,  on 
doit  regarder  comme   suspectes  et  exclure  du 


(  333  ) 

nombre  des  alimens ,  i.*'  les  Pleuropes  ou 
espèces  à  pédicule  nul  ou  latéral  j  2..^  les  Ro- 
tules et  les  Russules  dont  les  feuillets  sont  tous 
égaux;  3.<*  les  Lactaires  ou  ceux  qui  ont  un 
suc  propre  laiteux;  4-°  ^^^  Coprins  ou  ceux 
dont  les  feuillets  dégénèrent  en  une  pulpe 
aqueuse  et  noire;  5.^  les  Micènes  ou  espèces 
à  pédicule  nu  et  creux  et  à  chapeau  sans 
chair  ;  enfin  6.*'  les  Cortinaires  ou  celles  dont 
le  collier  est  filamenteux  ou  mince  comme  une 
toile  d'araignée. 

Les  exceptions  qu'on  pourrait  citer  à  l'exclu- 
sion que  je  viens  de  prononcer  contre  ces  sec- 
tionssont  trop  peu  nombreuses  et  trop  doutciises 
pour  compenser  le  nombre  considérable  des  es- 
pèces décidément  vénéneuses.  On  ne  connaît  au- 
cune exception  dans  les  qualités  suspectes  des 
Rotules,  des  Russules,  des  Coprins,  des  Micènes 
et  des  Omphalies. 

Parmi  les  Pleuropes ,  j 'ai  bien  vu  les  pauvres 
liabitans  de  Montpellier  manger  sous  le  nom 
de  Pivoulade  de  Saule  le  petit  Agaric  que  j'ai 
décrit;  sous  le  nom  à!  Agaricus  translucens;  mais 
il  est  fade  et  presque  aqueux.  On  mange  aussi  en 
^Italie  quelques  espèces  de  cette  section  désignées 
sous  les  noms  de  Gelone,  Cai'dena ,  CeiTena  et 
Ragagno  ;  mais  leurs  descriptions  sont  trop  in- 
complètes pour  oser  en  parler  avec  précision. 

On  trouve  plus  de  difficultés  dans  l'histoire 


(334) 

des  Lactaires  ou  A  garics  à  suc  laiteux  j  la  plu- 
part sont  vénéneux ,  et  quoique  quelques-uns 
servent  d'alimens ,   je  crois  que ,  vu  l'extrême 
difficulté  de  les  distinguer ,  il  est  plus  prudent 
de  s'en  méfier  j  parmi  ceux  dont  le  lait  est  co- 
loré, il  en  est  un  remarquable  par  la  couleur 
rouge  et  permanente  de  son  suc  propre ,  c'est 
V  Agaric  us  deliclosus  que  tous  les  auteurs  ci- 
tent avec  éloges  j  on  le  dit  originaire  de  France , 
mais  cette  assertion  est  bien  douteuse  :  il  faut 
prendre  garde  de  le  confondre  avec  V Àgarïcus 
necator  et  \  Agaric  us  tkeioîralus  ,  dont  le  suc 
est  un  peu  plus  jaune  ,  et  qui  change  de  cou- 
leur dès  qu'il  est  exposé  à  l'air  :  entre  les  Lac- 
taires à  suc  blanc ,  on  n'éprouve  pas  de  moin- 
dres difficultés  pour  y  distinger  le  peu  d'espèces 
innocentes  qui  s'y  trouvent  ;  V  Agarïcus  subdul- 
ciisert,  dit-on,  d'aliment  dans  quelques  can- 
tons :  on  assure  que  V Agaricus  piperotus  perd 
sa  saveur  par  la  cuisson ,  et  se  mange  en  Alsace  ; 
mais  ces  espèces  sont  trop  voisines  de  Champi- 
gnons vénéneux  et  trop  difficiles  à  reconnaître 
avec  certitude  pour  qu'il  ne  soit  pas  plus  pru- 
dent de  les  abandonner. 

Parmi  les  Cortinaires  on  trouve  un  grand 
nombre  d'espèces  suspectes  j  plusieurs  ont  une 
saveur  amère  très-marquée  :  les  seules  qui  pa- 
raissent innocentes  ^  sont ,  i.<*  V Agarïcus  ara^ 


(  335  ) 

neosus  j,  qu'au  rapport  de  Micheli  on  mange  en 
Toscane  sous  les  noms  de  Fungo  vedovo  et  de 
Grumato  paonazzo  ;  2.°  \  Agaric  us  violaceo^ 
cinereus  d'Allioni,  qui  peut-être  ne  difïêre  pas 
du  précédent  et  qu'on  mange  en  Piémont;  3.° 
VAgaricus  que  j'ai  appelé  Cortinellus ,  que  les 
pauvres  liabitans  de  Montpellier  mangent  con- 
fbiTjdu  avec  plusieurs  autres  sous  le  nom  de 
Pivoulade  de  Saule  ,  mfâ.is  qui  est  d'une  qua- 
lité tellement  médiocre  ,  qu'on  pourrait  facile- 
ment les  exclure  des  espèces  alimentaires. 

Il  paraît  au  contraire  certain  que  toutes  les 
espèces  sont  salubres  dans  les  sections  :  i.^  des 
Pratelles  ou  espèces  à  chapean  charnu  et  à 
feuillets  qui  noircissent  et  se  dessèchent  sans  se 
fondre  en  eau  noire  à  leur  maturité  \  2.^  des 
Gymnopes  ou  espèces  à  pédicule  et  à  chapeau 
charnu  et  à  feuillets  qui  ne  noircissent  pas  ; 
3.°  des  Lépiotes  ou  espèces  dont  le  pédicule 
est  muni  d'un  collier  inobile  ou  fixé,  et  dont 
les  feuillets  ne  se  fondent  pas  en  eau  noire  ; 
mais  il  convient  de  prouver  ces  assertions  par 
des  exemples  assez  nombreux  pour  entraîner 
une  sorte  de  conviction. 

On  ne  cite  parmi  les  Pratelles  aucune  espèce  yé- 
néiieuse  dans  aucun  pays ,  et  par-tout  on  fait  un 
emploi  haliituel  des  espèces  de  ce  grouppe  dont 
le  pédoncule  est  muni  d'un  anneau  complet  on 


(  33d  ) 

incomplet ,  et  dont  les  feuillets  sont  d'abord 
roses ,  puis  rouges  ,  bruns  ,  et  enfin  noirs  ;  ces 
Pratelles  varient  quant  à  leur  grandeur,  quant  à 
la  couleur  blanche  ,  fauve  ou  jaunâtre  de  leur 
chapeau  ,  quant  aux  dimensions  de  leur  col- 
lier, etc.  Mais  elles  sont  si  reconnaissables  aux 
deux  caractères  indiqués  plus  haut ,  qu'elles  sont 
devenues  usuelles  dans  toute  l'Europe  :  on  les 
désigne  dans  plusieurs  pays  sous  le  nom  exclu- 
sif de  Champignons  ;  on  les  nomme  aussi  Pa- 
turons, Potirons,  Envinassas  j  Cabalas,  Cham- 
pignons des  prés  ,  Champignons  de  fumier  ,  et 
sur- tout  Champignons  de  couche.  N'y  a-t-il 
qu'une  espèce  de  Pratelle  à  collier ,  comme  je 
l'ai  admis  d'après  Linné  et  Bulliard  {Agari- 
cus  eduUs.  FI.  Fr. ,  n.°  4^^)^  Y  en  a-t-il  deux, 
comme  le  veut  Persoon ,  cinq  comme  le  pense 
Paulet ,  dix  comme  le  dit  Micheli  ?  Peu  nous 
importe  quant  à  la  question  actuelle  5  toutes  . 
sont^salubres  et  ne  peuvent  se  confondre  avec 
aucune  espèce  vénéneuse. 

Le  grouppe  des  Gymnopes ,  qui  est  le  plus 
nombreux  du  genre  Agaric  ,  est  aussi  celui  qui 
présente  la  plus  grande  uniformité  dans  ses  pro- 
priétés :  sur  environ  deux  cents  espèces  dont  il 
se  compose ,  il  n'en  est  pas  une  seule  qui  ait 
été  citée  comme  vénéneuse.  La  chair  de  la  plu- 
part des  Gymnopes  exliale  une  odeur  de  farine 


(337) 
fraîchement  moulue,  qui  est  assez  remarquable  j 
c'est   à  ce  grouppe  qu'appartiennent  presque  . 
tous  les  Champignons  dont  renq3loi  est  le  plus 
général  j  tels  sont ,  i  .^  V^gajicus  albellus ,  qui 
est  connu  dans  presque  toute  la  France  sous  les 
noms   de   Mousseron  ,   Mousseron   blanc    ou 
Champignon  muscat,  à  cause  de  l'odeur  mus- 
quée qu'il  conserve  lorsqu'il  est  sec;  2.°  VAga- 
ricus  eburneus  ,  qu'on  mange  en  Italie  sous  le 
nom   de  Mugnaio  -,  3.^  V Agarlcus  erlcetorum  , 
qui   sert  d'aliment   en  Italie  sous  le    nom  de 
Jozzolby  4'^  V Agarlcus  virgineus ,   qui  dans 
quelques  provinces  du  centre  de  la  France  porte 
les  noms  ^q  Mousseron  ou  ^q  petite  Oreillette; 
5.°  Y Agaricus  auricula,  qui  se  mange  aux  en- 
virons d'Orléans,  sous  les  noms  d' OA'^/7/é'//e  ou 
à! Escoubarde  ;  6."  V Agarlcus  erlngi.i.  Champi- 
gnon singulier  qui  croît  sur  les  racines  du  Pa- 
nicaut, et  qui  se  trouve  dans  plusieurs  provinces 
de  France ,  où  il  est  connu  sous  divers  noms  , 
Ringoule  ou  Gingoule  dans  le  nord;  Oi^eille 
de  Chardon  dans  le  Nivernois;  Brimules  en 
Languedoc  ;   Baligoule  et  BouU goule  en  Pro- 
vence; Cicciolo   en  Toscane,  etc.;  7.»  VA(ya- 
riçus  nivalis y  que   Micheli  a  figuré,   PI.   74, 
Fig.  9  ,  et  que  les  Toscans  emploient  sous  les 
noms  de  Fungo  marzuolo  ou  Fungo  dormiente  ; 
\j.'^  V  Jgaricus  socialis  j  qui  se  vend  au  marché 

22 


(  338  ) 

de  Montpellier,  sous  les  noms  de  Frigoule  ou 
*de  Plvoulade  d'Eause  ;  (^.^  V Agaricus  Uiciiiusy 
qu'on  mange  à  Montpellier  sous  le  même  nom 
de  Plvoulade  d'Eouse ,  et  en  Toscane  sous  celui 
de  FamuT-Ra  di  crambe  secche  :  \q.^  V An-aricus 
tortilis  y  qu'on  nomme  vulgairement  faux 
Mousseron ,  Mousseron  d^ automne  ,  Mousse- 
ron godaille  ,  Mousseron  de  Dieppe  ou  d' Or- 
léans ;  11.°  V Agaricus  palomet  y  qu'on  mange 
habituellement  dans  le  Béarn  et  dans  les  Lan- 
dfes  ,  sous  les  noms  de  Palomet ,  Palombettes 
on  Blavet;  12.0  V Agaricus  virens  y  de  Scopoli, 
qu'on  mange  en  Toscane  sous  le  nom  de 
Verdone  y  et  qui  peut-être  ne  diifère  pas  du 
Palometj  c'est  encore  à  cette  même  section 
des  Gymnopes  que  paraissent  appartenir  .  les 
Champignons  suivans, qu'on  mange  en  Toscane, 
mais  sur  lesquels  nous  manquons  de  documens 
détaillés  ;  savoir,  i.»  le  Fungo  blancone ;  2.°  le 
Biglolone  hianco ;  3.^  le  Fungo  geloso ;  4-°  1© 
Capellone  biaaco  ,•  5.°  le  Bigiolone  ;  6.°  le  77- 
rignozzo ;  7.°  le  Soderello  degli  uccelari;  8.°  le 
Fungo  color  d Isabell a yO^Q  Scopoli  a  décrit  sous 
le  nom  ^Agaricus  laccatus  ;  9.°  le  Prugnolù 
ou  Agaricus  prunulus  de  Scopoli 'y  lo.*'  le  Gru- 
îTiato  de  Valombrosaj  11. '^  le  QAcatreppolo  àe 
Montesenario  ;  12.*^  le  Capolfoncino  ;  iS**  lé 
Carniola  iardiva;  i^r*^  le  Biglons  ou.  Bigio^^ 


(  339  ) 
JoTie ;  iS.^  les  diverses  espèces  confondues  en 
Toscane  sous  le  nom  de  BigioUno  ;  16."  le  Ber- 
Ungezzlno  de  Prati ,  que  M.  Paulet  croit  être 
le  même  que  celui  qu'on  emploie  en  Piovence 
et  dans  le  Comlat  sous  le  nom  de  Moussei^on 
d'armes f  l'j.^  le    Gruinato  alberino  ^   qui  est 
peut-être  la    vraie  Pivoulade  des  Languedo- 
ciens; 18.*^  le  CiiTiballo  ;  19.°  le  Prugnolo  color 
d'IsabelLa;  20.*^  le  Fungo  Greco  de  Livournej 
si.*^  le  Bigerella  de  Scandici  5  2.1.^  le  Fut^o 
appassionato,  queScopoli  a  désigné  sous  le  nom 
à^Agaricus  tristis  ;  2.3.*'  les  diverses  espèces  do 
Kossolade  Miclieli,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  les  Russula  de  Persoon;  24.0  les  Cliampi- 
gnons  connus  à  Montbeillard  sous  les  noms  de 
Bisettes  et  de   Colombcttes ,  etc.  Cette  longue 
énumération  des  Gymnopes ,  employés  comme 
comestibles,  prouve  d'un  côté  combien  nous 
sommes  en  arrière  sur  la  description  raisonnée 
des  espèces  de  cet  ordre ,  mais  de  l'autre  elle 
confirme  l'opinion  présentée  plus   haut  sur  la. 
salubrité  générale  de  tous  les  Gymnopes. 

Les  Lépiotes  se  distinguent  en  deux  group- 
pes  5  savoir,  ceux  dont  le  collier  est  mobile,  et 
ceux  où  il  est  fixe  ;  l'un  et  l'autre  ne  renfer- 
ment que  des  espèces  salubres.  Panai  celles  à 
collier  libre  ,  on  distln2,ue  sur-tout  VAoaiicns 
proeemsj  qui  5erl  d'aliment  dans  presque  toute 

22.. 


(  34o  ) 
la  France  et  l'Italie,  et  qui  est  connu  sous  les 
noms  de  Colemal/e  ,  Coulemelle ,  Couanialle  , 
Fussée ,  Q^uamelle ,  Coche ,  Cocherel ,  Coulsé y 
P^ej^tet  j  Cluseau  ,  Eclusiau  y  Potiron  ,  Court- 
motte  y  Coulniote  y  Pippio  y  Mort  de  froid  y  Es- 
carpoule ,  Penchinado  ,  Cucamele  ,  BubboJa 
mao<r}ore ,  Bubbola  mozzaiia ,  Mazza  di  tain- 
buro  y  Scaroges  ,  Canella  ,  Escomel  y  Copelon  , 
Foumelie ,  Nez  de  chat,  etc.  Je  suis  loin  d'af- 
firmer que  tous  ces  Cliampignous  employés 
dans  diverses  provinces  soient  rigoureusement 
les  mêmes  5  mais  s'il  y  en  a  ,  comme  je  le  pense , 
plusieurs  espèces ,  elles  sont  toutes  saines  et 
alimentaires.  Parmi  les  Lépiotes ,  dont  le  collier 
est  fixé  autour  du  pédicule,  nous  ne  trouvons 
encore  que  des  espèces  comestibles  :  tels  sont 
les  deux  CJiampignons ,  confondus  avec  tant 
d'autres  à  Montpellier  ,  sous  le  nom  de  Pivou- 
lade y  et  que  j'ai  décrits  sous  ceux  (ïu-inari- 
cus  cylindraceus  et  ai  A  g.  attenuatus.  Telles 
sont  les  quarante-quatre  espèces  de  Champi- 
gnons comestibles  de  Toscane  indiqués  par 
Micheli  (1)   de  la  page    170   à    177  ,    et  aux 


(1)  M.  Targioni-Toretti  possède  une  histoire  et  des  fi- 
gures inédites  des  Champignons  comestibles  de  Toscane  , 
faites  par  Micheli  }  il  serait  bien  à  désirer  qu'il  publiât 
ce  manuscrit  précieux  de  l'habile  Botaniste  qui  a  foiulâ 
l'étude  de  la  cryptogainie. 


(340 

pages  107  et  1985  plusieurs  d'entre  elles  parais- 
sant d'un  emploi  très-habituel  d'après  leurs 
noms  vulgaires. 

Jusqu'ici  le  genre  des  Agarics  présente  ,' 
comme  on  voit,  un  grand  rapport  entre  sa* 
classification  botanique  et  hygiénique,  mais 
la  section  des  Amanites  ou  des  Agarics  munis 
de  volva  rompt  cette  régularité  3  ici  nous  trou- 
vons réunies  les  espèces  les  plus  salu!)res,  telles 
que  rOronge  et  la  Coucoumelle  ,  et  les  poisons 
les  plus  dangereux,  tels  que  Vjlg.yrîcus  hiil- 
bosus  y  VA.  muscarius ,  etc.  Toutes  les  précau- 
tions des  collecteurs  de  Champignons  doivent 
être  essentiellement  dirigées  sur  ce  grouppe 
dangereux  des  Amanites.  ' 

Je  vais  indiquer  l'état  de  nos  connaissances  à 
leur  égard  aussi  exactement  et  aussi  brièvement 
que  le  permettent  et  l'état  de  la  science  et  l'im- 
portance de  la  distinction  des  espèces  de  ce 
gi'ouppe. 

Les  Amanites  à  volva  incomplète  et  à  pédi- 
cule sans  collier ,  passent  toutes  pour  suspectes 
ou  vénéneuses  en  Italie  où  on  les  connaît  sous 
le  nom  de  Tîgnosa  cattiva  ;  on  xiei\  connaît 
encore  aucune  espèce  en  France.  Les  Amanites 
à  volva  incomplète  et  à  pédicule  muni  d'un 
collier  ,  sont  en  général  des  poisons  dangereux. 
C'est  à  cette  division  qu'appartiennent  YJga- 


(Ml) 

ficus  asper  i  VAgarlcus  Bauhini  et  sur- tout 
VJgaricus  muscarius  qui ,  par  sa  ressemblance 
avec  l'Oronge  (i)  ,  cause  presque  tous  les  era- 
poisonnernens  dus  aux  Champignons.  A  côté 
de  ces  poisons  redoutables  ,  se  trouvent  deux 
espèces  qu'on  jnange  en  Toscane  sous  les  noms 
de  T/g.iosa  bianca  et  de  Bubhola  hianca  ,  et 
V Agaricua  solitarius  qu'on  mange  dans  quel- 
ques provinces  de  France  ,  et  qui  passe  dans 
d'autres  pour  un  poison.  Remarquons  ici  ,  en 
conlîrmatlon  de  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  que 
dans  cette  division  ,  les  espèces  sont  d'autant 
plus  vénéneuses  ,  qu'elles  sont  plus  colorées,  et 
d'autant  plus  innocentes  qu'elles  approchent 
plus  d'être  blanches  :  ajoutons  sur-tout  qu'il 
est  prudent  de  considérer  comme  vénéneuses 
toutes  les  Amanites  à  volva  incomplète. 

Parmi  celles  à  volva  complète  et  à  pédicule 
sans  collier ,  nous  distinguerons  celles  dont  le 
chapeau  n'est  point  strié  sur  les  bords ,  et  celles 
où  il  est  marqué  en  dessus  ,  vers  sa  circonfé- 
rence ,  de  stries  sensibles  ,  disposées  dans  la  di- 
rection des  feuillets.  Dans  les  premières  ,  les 

(i)  U Agaricus  muscarius  a  la  volva  incomplète  et  le 
chapeau  rouge  recouvert  par  des  pellicules  blanches  qui 
sont  les  débris  de  la  volva;  l'Oronge  a  la  volva  complète 
et  ne  porte  aucun  débris  ni  aucune  pellicule  sur  son 
chapeau. 


(  343  ) 
Toscans  (  que  je  cite  souvent  à  cause  du  fré- 
quent usage  qu'ils  font  des  Champignons  )  ,  les 
Toscans  comptent  quelques  espèces  saiul3Ees  , 
telles  que  leur  Lappajola  et  VJgaricus  incar- 
natus  ;  mais  ces  exceptions  sont  légères  et  dou- 
teuses, et  on  doit  les  considérer  comme  sus- 
pectes. Quant  à  ceux  dont  le  chapeau  est  strié 
sur  les  bords  ,  on  mange  en  Toscane  ceux  qui 
sont  blancs  ou  gris,  et  on  néglige  tous  les  au- 
tres :  la  seule  espèce  de  ce  grouppe  dont  on 
lasse  usage  en  France  est  V  Agaricus  voginatus  : 
on  en  distingue  deux  variétés  qui  sont  peut-être 
des  espèces  ,  savoir,  i.'^  celle  à  chapeau  d'un 
jaune  orangé  ,  qui  se  mange  à  Montpellier  sous 
les  noms  de  Coucoùmelle  jaune  ou  Coucou- 
melle  orangée ,  ou  simplement  Iranja ,  nom 
qu'elle  partage  avec  l'oronge  j  2.  «  celle  à  chapeau 
gris  qu'on  mange  à  Montpellier  sous  les  noms 
de  Grisette  ou  de  Coucoùmelle  <rnse. 

Les  Amanites  à  volva  complète  et  à  pédicule 
muni  d'un  collier  ,  ont  de  même  le  chapeau 
tantôt  lisse  ,  tantôt  strié  sur  les  bords  5  parmi 
les  premières  ,  les  Toscans  comptent  bien  quel- 
ques espèces  comestibles  ,  telles  que  leur  Farl- 
naccio  ,  qui  est  tout  blanc  et  dont  les  feuillets 
sont  dentelés  j  mais  en  général  on  doit  se  défier 
fortement  de  ce  grouppe  où  se  trouvent  les 
agaricus  buibosus  et  vernus^  qui  sont  des  poi- 


(  344  ) 

sons  très-actifs.  Mais  les  espèces  à  chapeau  strié 
sur  les  bords ,  sont  au  contraire  les  plus  délicats 
et  les  plus  sains  de  tous  les  Champignons  con- 
nus ;  on  les  désigne  généralement  sous  le  nom 
d'Oroneres ,   et   en   Italie    sous    ceux   de    Coc- 
coli  ou  Uovoll  ;  il  y  a  trois  espèces  d'Oronges , 
savoir,  i.°  celle  à  chapeau  rouge  et  à  chapeau 
jaune  (  Agaricus  aurantiacus)  ,  qui  est  la  plus 
fréquentée    et  qui   porte  ou  le  nom   exclusif 
à.'Oro7ige  y  ou  ceux  de  Dorade,  è* Endroguez  , 
de  Jaune-d' œiif  ,  à! Aulonj at  j  de  Cadran,  d'Ou- 
megal ,  etc.  ;  2.°  celle  à  chapeau  et  à  feuillets 
jaunes  (^Agaricus  cœsai^us ,  Schœf.  ) ,  qui  croît 
en  Italie ,  où  on  la  nomme  Fungo  reaie  ;  3.** 
celle  à  chapeau  et  feuillets  blancs  (  Agaricus 
ovoideus  )  ,  qui  est  assez  commune  dans  le  Midi 
de  la  France,  et  qui  porte  les  noms  d'Oronge 
blanche  ,  de  Cfiampignon  blanc ,  de  Coucou- 
me  lie  blanche  y  de  Coucoumelle  fuie ,  etc.  5  soit 
qu'on  prenne  ces  Oronges  pour  des  espèces  ou 
pour  des  variétés  ,  elles  se  distinguent  toujours 
et  à  leur  chapeau  charnu  très-convexe  dépourvu 
de  pellicules  écailleuses  ,   et  dont  les  bords  un 
peu   striés  se  roulent  un  peu  en  dessous  ,  et  à 
leur  pédicule  épais  muni  d'un  large  collier  ,  et 
à  leur  volva  complète  ,  et  qui ,  à  la  naissance 
de  la  plante  ,  l'enveloppe  comme  un  œuf. 
Relativement  au  but  g^énéral    qui  nous  oc- 


(  345  ) 
cnpe  ,  il  est  évident ,  d'après  les  détails  dans 
lesquels  je  viens  d'entrer  ,  que  quoique  la  fa- 
mille des  Champignons ,  considérée  dans  son 
ensemble ,  ofïre  de  grandes  diversités  dans  ses 
propriétés ,  ces  diversités  offrent  un  rapport 
assez  marqué  avec  la  division  des  genres  ou 
des  sections  ,  excepté  dans  les  Amanites. 

Mais  ce  qu'il  importe  encore  d'observer,  c'est 
que  tous  les  Champignons  contiennent  en  quan- 
tité plus  ou  moins  considérable  une  matière  par- 
ticulière qui ,  lorsqu'elle  est  paire  ,  est  suscep- 
tible de  servir  d'aliment ,  et  qui  fait  la  base  de 
leur  substance  j  cette  matière  ,  découverte  par 
M.  Braconnot ,  a  reçu  le  nom  de  Fongîrie  ; 
ce  sont  les  matières  avec  lesquelles  elle  est 
mêlée  ou  combinée  qui  déterminent  les  qua- 
lités diverses  des  Champignons  et  l'exemple  de 
plusieurs  pays  prouve  qu'on  pourra  très-proba- 
blement ,  par  diverses  préparations ,  am^ener 
toutes  les  espèces  de  cette  famille  à  servir  indif- 
féremment de  nourriture  à  l'homme.  Remar- 
quons encore  avec  M.  de  Humboldt  que  tous  les 
Champignons  peuvent  aussi ,  par  des  prépara- 
tions fort  simples ,  être  transformés  en  adipocire 
comme  les  matières  animales. 

L'analogie  qu'on  remarque  entre  les  Cham- 
pignons ,  quant  à  certaines  propriétés  en  appa- 
rence isolées ,  mérite  encore  d'être  mentionnée 


(34^) 

ici  ;  ainsi  ce  n'est  pas  seulement  avec  le  Boletus 
iguiarius  qu'on  fabrique  de  l'amadou  et  de 
l'agaric  chirurgical  j  mais  on  tire  ces  matières 
principalement  du  B.  ungulatus  et  on  emploie 
au  même  usage  économique  la  plupart  des  gros- 
ses espèces  de  Bolets  vivaces  et  même  certains 
Agarics  et  les  vieux  Lycoperdons.  Je  possède 
une  sorte  d'Agaric  chirurgical  recueillie  par 
Leubaz  dans,  les  prairies  de  Monte-video  ,  et 
qui  y  fiert  à  arrêter  les  hémorrhagies  j  il  pro- 
vient évidemment  de  quelqu'espèce  inconnue 
de  Lycoperdon. 

Les  propriétés  drastiques  du  Bo fétus  laricis 
ou  de  l'Agaric  des  médecins,  paraissent  tenii' 
à  la  grande  quantité  (77-)  de  matière  résineuse 
que  ce  Champignon  renferme.  Seraient- elles  en 
rapport  avec  la  manière  d'agir  des  Champignons 
vénéneux?  Du  moins  nous  les  trouvons  à  un 
degré  assez  actif  dans  le  Champignon  le  plus 
vénéneux  de  nos  clhnats ,  tel  que  VJgaricus 
muscarius. 

i5o.     ALGUES. 

Algœ.  DC  ,  FI.  Fr.  3 ,  p.  1.  —  Algarum  gcn.  Juss. 

Sous  le  nom  d'Algues  ^  je  désigne  ici ,  comme 
je  l'ai  déjà  fait  dans  la  Flore  Française ,  les 
Algues  aquatiques  seulement.  Parmi  ces  plantes 


(347) 
J'aperçois  qu'il  n'en  est  aucune  qui  soit  véné- 
neuse ou  même  suspecte  ,  que  toutes  jouissent 
de  propriétés  hygroscopiques  très-remarqual^les, 
et  offrent  de  grands  rapports  dans  leur  végéta- 
tion et  leur  composition   chimique.  Celles  qui 
appartiennent  au  genre  des  Ulves ,  se  font  re- 
marquer   parce  qu'elles    servent    d'alimens  à 
l'homme  dans  divers  pays  :  telles  sont  les  Ulva 
lactuca  j  U.  umbilicaLis  ,  U.  palmata,  U.  edu^ 
lis,    U.    ciliata ,    U.    saccharina ,    etc.     Les 
Algues  d'eau  douces  ,  qui  par  leur  texture  ont 
du  rapport  avec  les  Ulves  augmenteraient  sans 
doute  cette  liste  ,  si  leur  petitesse  avait  permis 
de   les    utiliser.   Plusieurs    Ulves   et    quelques 
Fucus    jouissent    d'une    propriété    singulière  ; 
c'est  d'exsuder  de  petites  molécules  d'une  ma- 
tière sucrée ,  lorsqu'on  les  fait  dessécher  après 
les  avoir  lavées  à  l'eau  douce.   Le  genre  des 
Ceramium  se  distingue  en  général  par  les  pro- 
priétés   plus    ou   moins    anthelmintiques    des 
espèces  qui  le  composent ,  propriétés  qui  se  re- 
trouvent aussi  dans  quelques  Fucus  tels  que  le 
F.  helniinthocortoîi.   Avant  de  regarder  cette 
propriété  comme  une  anomalie  dans  cette   fa- 
mille ,  il  faudrait  déterminer  si  toutes  les  Algues 
marines  n'en  sont  pas  plus  ou  moins  douées  , 
ou  si  elle  ne   tient  jx)int  à  la  nature  des  sédi- 
mens  marins  qui  les  imbibent.  J'ai  démontré , 


(  348  ) 

dans  un  mémoire  sur  la  motisse  de  Corse  ,  que 

ce  médicament  n'est  pas  jamais  pur  dans  les' 
pharmacies  :  on  n'y  trouve  presque  jamais 
qu'une  petite  portion  ,  et  une  portion  très- 
variable  de  son  poids, de  Nvai Fucus  helmlntho- 
corton  ;  le  reste  est  occupé  par  des  Corallines , 
des  Sertulaires  ,  des  Ceramiurns ,  au  nombre 
de  près  de  vingt  espèces.  Je  crois  q^ue  la 
famille  des  AJgues  peut  être  comptée  parmi 
celles  qui  tendent  y  quoique  avec  quelque 
doute  ,  à  confirmer  la  théorie. 

i5i.    GENRES    NON-CLASSÉS. 
Gênera  incence  sedis.  Juss.  gen.  418. 

Parmi  les  genres  non-classés  dans  les  familles 
naturelles  ,  on  en  peut  distinguer  de  deux 
sortes  j  les  uns  ne  sont  pas  classés  uniquement 
parce  que  leur  structure  n'est  pas  suffisamment 
connue  des  botanistes  :  presque  tous  ceux-ci' 
sont  des  genres  peu  nombreux  en  espèces  et 
dont  les  propriétés  sont  inconnues  ,  les  autres 
ne  sont  pas  classés  parce  que  leur  structure 
bien  connue  les  éloigne  de  toutes  les  familles 
admises  aujourd'hui ,  et  qu'on  n'a  pas  encore 
osé  établir  de  nouvelles  familles  pour  un  seul 
genre  3  chacun  de  ceux-ci  peut  donc  être  réel- 


(349) 

lement  considéré  comme  le  type  d'une  nouvelle 
famille ,  et  l'analogie  des  propriétés  avec  les 
formes  devra  s'observer  entre  les  espèces  de  ces 
genres;  c'est  sous  ce  rapport  seulement ,  que 
nous  allons  passer  rapidement  en  revue  ceux 
des  genres  non-classés  qui  présentent  quelques 
propriétés  assez  bien  déterminées  pour  que 
leur  examen  puisse  concourir  à  la  solution  du 
problème  qui  nous  occupe. 

Les  Penœa  sont  des  arbustes  de  l'Ethiopie 
qui  semblent  avoir  quelqu'afïinité  avec  les 
Àcantliacées  ou  les  Myrsinées  :  les  P.  sarco- 
colla  ,  Mucronata  ,  et  peut-être  quelques  autres 
espèces,  fournissent  la  Sarcocolle,  suc  inodore, 
amer,  acre,  d'une  saveur  nauséeuse  et  dont 
l'action  est  stimulante  et  cathartique.  Ce  suc 
contient  une  matière  particulière  (  Sarcocolline  ) 
incristallisable ,  soluljle  dans  l'eau ,  l'alcool  et 
l'acide  nitrique  ,  et  formant  avec  ce  dernier 
de  l'acide  oxalique.  Il  est  remarquable  que  la 
Sarcocolline  n'ait  encore  été  trouvée  que  dans 
les  sucs  qui  proviennent  des  Penœa. 

U AristoteUa  maqui  du  Chili ,  qui  paraît 
avoir  quelques  rapports  avec  les  Homaliums 
et  par  conséquent  avec  les  Rosacées ,  porte  nn 
fruit  légèrement  charnu,  un  peu  acide  et  dont 
on  se  sert  en  Amérique  pour  faire  une  boisson 
acidulé  et  rafraîchissante ,  ses  feuilles  et  son 


(  35o  ) 

écorce  sont  astringentes  :  son  écorce  renferme 
beaucoup  d'acide  gallique  et  noircit  rapidement 
le  fer  des  haches  employées  à  le  couper,  comme 
j'ai  eu  occasion  de  l'observer  au  Jardin  de 
Montpellier  où  il  est  parvenu ,  en  plein  air , 
jusqu'à  la  hauteur  de  douze  à  quinze  pieds. 

Les  Bégonia  ont  des  racines  douées  de  pro- 
priétés astringentes  et  un  peu  amères  j  nous 
avons  appris,  par  M.  Leubaz,  qu'on  emploie 
avec  succès  au  Pérou  les  racines  de  deux  espèces 
(  Graridiflora  et  Tomentosa  y  de  l'Herbier  de 
Dombey)  contre  les  flux  de  sang  et  sur-tout 
dans  les  maladies  de  poitrine  où  l'on  sait  que 
les  astringens  sont  souvent  utiles.  Il  dit  qu'on 
s'en  sert  encore  contre  le  scorbut  et  certaines 
fièvres. 

Le  Coriaria  myrtifolia  ,  arbuste  qui  a  quel- 
ques rapports  avec  les  Frangulacées ,  est  connu 
à  cause  de  l'emploi  de  ses  feuilles  et  de  ses 
jeunes  branches  dans  la  teinture  en  noir  ;  elles 
ont  une  propriété  astringente  :  les  fruits  char- 
nus de  cet  arbuste  sont  vénéneux  lorsqu'on  en 
mange  un  certain  nombre;  M.  Gouan  en  a 
déjà  fait  l'observation  dans  sa  matière  médicale , 
et  ce  fait  m'a  été  confirmé  par  M.  Roux,  mé- 
decin de  l'armée  française  ^  qi^-i^  à  l'époque  de 
la  guerre  de  Catalogne  ,  a  vu  plusieurs  soldats 
empoisonnés  par  les  baies  de  cet  arbuste  5  ce  elleâ 


(  35i  ) 

3>  ont  occasionné  ,  m^écrit  ce  médecin ,  les 
w  accidens  du  narcotisme  sur  une  quinzaine  dé 
»  soldats  qui  en  ont  mangé  j  trois  en  sont 
»  morts.  ?> 


(  35:J  ) 


III.'    PARTIE. 

VUES  RAPIDES  SUR  LES  PROPRIETES  GENERALES  DES        , 
ORGANES  DIVERS  DES   PLANTES. 


XJE  but  spécial  de  cet  ouvrage  a  été  de  consi- 
dérer les  propriétés  des  végétaux ,  en  les  com- 
parant avec  leur  classification  naturelle  j  dans 
cette  recherche  ,  nous  avons  été  conduits  à  la 
nécessité  de  la  distinction  exacte  des  organes 
des  Plantes  ,  et  nous  avons  remarqué  que  dans 
presque  toutes  les  familles.,  les  organes  analo- 
gues jouissent  de  vertus  analogues  :  ce  résultat 
nous  amène  à  rechercher  s'il  y  aurait  quelque 
ressemblance  de  propriétés  entre  les  organes 
analogues  des  Plantes  qui  appartiennent  à  des 
familles  différentes. 

Si  nous  consultons  le  raisonnement  à  cet 
égard ,  nous  trouvons  que  la  plupart  des  pro- 
priétés des  Plantes  tiennent  aux  matériaux  im- 
médiats dont  elles  sont  composées.  Ces  maté- 
riaux sont  le  plus  souvent  distribués  par  l'acte 
même  de  la  végétation  dans  les  mêmes  parties, 


(  353  ) 
et  par  conséquent  il  est  certains  organes  qui  ^ 
quoique  considérés  dans  des  lamiiles  très-diver- 
ses ,  se  ressemblent  par  leurs  pro^^riétés.  Ce 
point  de  vue ,  de  simple  curiosité  ,  ne  mérite 
guère  d'être  traité  en  détail ,  et  nous  contente- 
rons d'en  citer  rapidement  quelques  exemples. 
Les  racines  considérées  en  général  présentent 
de  grandes  diversités  j  mais  l'observation  ana» 
tomique  les  ramène ,  sinon  à  l'uniformité  ab- 
solue, au  moins  à  quelques  principes.  Ainsi  on 
confond  sous  le  nom  de  racines  ,  un  grand 
nombre  de  parties  qui  sont  de  véritables  tiges  , 
telles  que  les  plateaux  et  les  feuilles  des  bulbes  , 
les  souches  souterraines  des  Fougères  ,  des 
Marsiléacées  ,  des  Iridées  ,  etc.  5  quelquefois 
même  les  branches  inférieures  de  certaines 
Plantes ,  comme  celles  du  Solanum  tuberosum  , 
du  Viccia  et  du  Lathyrus  amphicarpos  ,  etc. 
Si  nous  nous  en  tenons  aux  véritables  racines  , 
nous  y  trouvons  encore  de  grandes  diversités  , 
celles-ci  tiennent  en  partie  à  ce  que  la  racine  des 
Dicotylédones  est  composée  de  deux  organes  \ 
le  corps  ligneux  par  où  monte  la  sève  non-éla~ 
borée  ,  et  le  corps  cortical  nourri  par  les  sucs 
descendans  :  ces  deux  portions  de  la  racine 
ont  souvent  très-peu  d'analogie  ,  et  en  général 
le  corps  ligneux  est  fade  ,  aqueux  ,  inodore  , 
et  sans  propriétés  bien  prononcées  ,  tandis  que 

a3 


(  354  ) 
le  corps  cortical  jouit  de  propriétés  actives  dé- 
terminées par  le  suc  propre  dont  il  est  nourri. 
Au  contraire,  dans  les Monocotylédones ,  il  n'y 
a  presqu'aucune  difFérence  entre  les  propriétés 
du  centre  et  de  la  circonférence  des  racines,  vu 
que  ces  organes  y  sont  à-peu-près  identiques 
dans  toute  leur  épaisseur. 

J'ai  déjà  eu  occasion  de  remarquer  que  les 
exostoses  latéraux  des  racines  dans  toutes  les 
familles  ,  semblent  être  des  réservoirs  de  fécule 
et  de  mucilage  j  de  sorte  qu'ils  sont  nourrissans 
et  salubres  lors  même  qu'ils  appartiennent  à 
des  familles  suspectes.  Quant  aux  renfleraens 
du  corps  même  de  la  racine ,  leurs  propriétés 
varient  selon  les  familles  j  presque  toujours  oa 
y  trouve  une  quantité  assez  considérable  de 
fécule  et  de  mucilage  ,  de  sorte  que  ces  organes 
sont  en  général  alimentaires.  Lorsqu'il  s'agit 
de  familles  dont  le  suc  propre  est  innocent ,  les 
racines  sont  toujours  mangeables.  Quand  il  est 
question  de  familles  où  le  suc  propre  est  acre  > 
les  racines  peuvent  devenir  mangeables ,  ou 
lorsque  le  suc  propre  y  parvient  en  petite  quan- 
tité ,  ou  lorsque ,  par  une  préparation  quel- 
conque,  on  peut  l'en  extraire  et  conserver  la 
fécule  et  le  mucilage.  C'est  ainsi  que  les  racines 
charnues  des  Aroïdes  et  des  Euphorbiacées  ser- 
vent d'alimeiis ,  quoique  provenans  de  Plantes 
vénéneuses. 


(  355  ) 

Nous  pourrions  répéter  relativement  aux  tiges 
des  Dicotylédones  et  des  Monocotylédones  tout 
ce  que  nous  venons  de  dire  des  racines  j  les 
tiges  cachées  sou&  terre  participer)  t  le  ]j1us  sou- 
vent aux  propriétés  générales  et  au  mode  de 
végétation  des  racines  ;  les  exostoses  charnus  et 
latéraux  des  tiges  sont ,  comme  ceux  des  racines, 
pleins  de  fécule  et  de  mucilage,  et  susceptll)les 
de  servir  d'aliment ,  même  dans  les  lamilles 
suspectes  ;  le  corps  ligneux  des  Dicotylédones 
est  en  général  insipide ,  ce  qui  tient  et  à  ce 
que  la  matière  ligneuse  dont  il  est  formé  est 
insoluble  à  l'eau  ,  et  à  ce  qu'il  contient  une 
grande  quantité  de  liquide  aqueux  ,  non  encore 
élaboré;  le  corps  cortical,  principalement  nourri 
par  les  sucs  descendans  déjà  élaborés ,  et  gonflé 
de  très-peu  d'eau  ,  présente  au  contraire  des 
propriétés  en  général  exaltées  :  il  est  remarquable 
que  dans  presque  toutes  les  familles  de  Dicoty- 
lédones ,  l'écorce  renferme  une  grande  quantité 
ou  de  tannin  ,  ou  d'acide  gallique,  ou  de  ces 
deux  principes  à-la-f'ois  j  delà  viennent  les  pro* 
priétés  astringentes  que  nous  avons  remar- 
quées dans  les  écorces  de  presque  toutes  lea 
familles  de  Dicotylédones;  l'absence  de  l'écorca 
dans  les  Monocotylédones  et  la  disséminatloa 
des  sucs  descendans  dans  la  totalité  de  leur  trunc, 
fiont  que  leur  corps  ligneux  présente  souvent  d«8 

23.. 


(  356  ) 
propriétés  prononcées ,  et  il  est  à  remarquer 
qu'on  ne  trouve  dans  cette  classe  qu'un  très- 
petit  nombre  de  Plantes  véritablement  astrin- 


gentes. 


Les  parties  foliacées  sont  celles  qui  élaborent 
les  sucs  propres ,  et  ce  sont  celles  par  consé- 
quent où  l'on  trouve  le  plus  de  diversités  d'une 
famille  à  l^autre  :  on  peut  seulement  noter  ici 
que  toutes  les  feuilles  privées  de  l'action  de  la 
lumière  ,  et  par  conséquent  de  l'élaboration  des 
sucs ,  arrivent  à  un  état  uniforme  j  toutes  de- 
yiennent  étiolées,  c'est-à-dire  blanches  ,  aqueu- 
ses, dépourvues  de  saveur  et  de  propriétés  dis;: 
tinctives  :  dans  cet  état ,  elles  se  ressemblent 
toutes ,  quelles  que  soient  leurs  différences  à 
l'état  naturel. 

Les  pétales  des  plantes  présentent  une  uni- 
formité d'action  remarquable  en  ceci  ,  que  les 
les  mêmes  phénomènes  ont  lieu  dans  toutes  les 
familles  indifféremment ,  et  paroissent  liées  à 
l'organe  et  non  au  grouppe^  ainsi  les  pétales  ino- 
dores sont ,  à  de  très-légères  exceptions  près  , 
inertes  et  inutiles  j  les  pétales  odorans  ,  et  il  y 
en  a  dans  presque  toutes  les  familles  ,  exhalent 
nn  parfum  qui ,  quelle  que  soit  sa  nature  diverse , 
a  une  action  particulière  sur  les  nerfs  ,  et  déter- 
mine des  spasmes  ou  des  étourdissemens  :  tout 
le  monde  connaît  les  effets  dangereux  de  l'odeur 


(  357  ) 
des  Jonquilles  ,  des  Tubéreuses ,  et  sur- tout  des 
Violettes  ,  soit  que  celles-ci  soient  réellement 
plus  actives ,  soit  qu'elles  inspirent  moins  de 
déiiance  :  il  est  presque  certain  que  toutes  les 
autres  fleurs  odorantes  réunies  en  quantité  suf- 
fisante produiraient  les  mêmes  accidens.  L'o- 
deur des  fleurs  et  son  action  sur  les  nerfs  offre 
donc  ceci  de  singulier  ,  que  quoiqu'elle  offre 
une  uniformité  parfaite  d'action,  elle  n'est  nul- 
lement lice  avec  la  classification  naturelle  et  la 
pariie  de  l'anatomie  végétale  qui  semble  la  plus 
importante.  Dans  les  familles  et  les  genres  les 
plus  naturels ,  on  trouve  des  espèces  inodores 
et  des  espèces  odorantes  qui  souvent  diffèrent 
à  peine  par  leur  structure  ;  c'est  un  problème 
piquant,  mais  peut-être  insolu!)le  aujourd'iiui, 
que  de  recherchera  quelle  circonstance  de  l'or- 
ganisation tient  cette  différence  des  Plantes 
d'ailleurs  les  plus  semblables. 

La  saveur  sucrée  et  la  consistance  visqueuse 
des  sucs  excrétés  par  les  nectaires  des  fleurs, 
offire  encore  un  exemple  remarquable  de  nia- 
tières  à-peu-près  semblables  entr'elles  quoique 
provenant  de  familles  fort  différentes  j  dans  les 
mêmes  familles,  dans  les  mêmes  genres,  on 
trouve  des  fleurs  qui  suintent  ou  ne  suintent 
pas  de  nectars  ;  mais  dans  des  familles  très-di- 
verses ,  dans  des  plantes  qui  d'ailleurs  n'offrent 


(  358  ) 

aucune  analogie  ,  on  trouve  des  nectars  dont 
la  saveur  et  la  consistance  sont  presque  sembla- 
bles :  phénomène  remarquable  ,  et  qui  aljeau- 
coup  d'analogie  avec  celui  que  présentent  les 
lémanations  odorantes. 

Le  pollen  des  Fleurs  offre  une  uniformité 
plus  remarquable  encore  dans  sa  nature  :  tout 
le  monde  savait  que  certains  pollens  ,  tels  que 
(Celui  du  Châtaignier  et  de  l'Lpine-vinette  ex- 
ilaient une  odeur  analogue  à  celle  de  la  matière 
Spermatique  des  animaux.  M.  Desfontaines  a 
étendu  cette  observation  populaire  ;  et  il  a  re- 
connu par  l'expérience  que  tous  les  ])ollens  de 
toutes  les  fleurs  ,  réunis  en  quantité  suffisante, 
exhalent  cette  même  odeur  spermatique  j  M. 
Fourcroy  ,  guidé  par  cette  observation  ,  a  ana- 
lysé les  pollens  en  les  comparant  avec  les  ma- 
tières spermatiques ,  et  a  trouvé  une  assez  grande 
analogie  entre  les  principes  constituans.  Indé- 
pendamment de  leur  odeur ,  tous  les  pollens  se 
ressemblent  par  leur  nature  inflammable  qui  est 
due  y  soit  à  la  matière  cireuse  de  leur  enveloppe, 
soit  à  la  matière  analogue  aux  huiles  volatiles 
qui  se  trouve  dans  leur  coque.  On  sait  que  les 
pluies  de  soufre  ,  si  célèbres  dans  les  temps  d'i- 
gnorance ,  sont  produites  par  le  pollen  des  fo- 
rêts de  Pins  ,  poussé  par  le  vent  sur  un  point 
déterminé.  La  substitution  du  pollen  des  Typha 


(359  ) 

à  la  poudre  des  Lycopodes  démontre  sa  nature 
inflammable ,  et  il  est  certain  que  tous  les  autres 
pollens  pourraient  être  substitués  au  même 
emploi  ,  si  l'on  pouvait  les  recueillir  avec  la 
même  facilité. 

Les  péricarpes  comparés  entre  eux  offrent  de 
très-grandes  différences  d'une  famille  à  l'autre, 
et  une  asssez  grande  uniformité  dans  la  même 
famille  :  le^  propriétés  de  cet  organe  sont  donc , 
comme  sa  structure  .  assez  intimement  liées 
avec  la  classification  naturelle.  Je  dois  rappeler 
ici  une  observation  dont  j'ai  fait  mention  plus 
haut  :  c'est  que  les  fruits  provenans  d'ovaires 
soudés  avec  le  calice  participent  souvent  aux 
propriétés  générales  de  l'écorce  j  ils  sont  souvent 
acerbes  ,  et  seuls  susceptibles  de  devenir  blets. 
(  Ployez  ipas^e  ii3  et  200.  ) 

Les  graines  sont  à-peu- près  dans  le  même  cas 
que  les  péricarpes  :  c'est-à-dire  qu'elles  offrent 
beaucoup  d'uniformité  dans  les  espèces  des 
mêmes  familles  ,  et  assez  de  différences  d'uno 
famille  à  l'autre  :  les  graines  des  Dicotylédones 
sont  les  organes  qui  renferment  presque  toutes 
les  huiles  grasses  qu'on  extrait  dii  règne  végétal  5 
la  seule  famille  des  Oleinées  fait  exception  à 
cette  règle  ,  et  renferme  de  l'huile  ,  non-seu- 
lement dans  sa  graine  ,  mais  encore  dans  son 
péricarpe. 


(  36o  ) 

L'histoire  des  Périspermes  présente  à  cet  égard 
quelques  particularités  dignes  d'ntteiition  5  le 
périsperriie  est ,  comme  011  sait ,  une  es|îèce  de 
résidu  ou  de  dépôt  sans  organisation  déterminée, 
renfermée  dans  la  graine  avec  l'embryon.    Sa 
présence ,  sa  nature  même  ont  un  rapport  assez 
intime  avec  la  classification  natirelle.  On  distin- 
gue des  périspermes  de  cinq  natures  différentes  , 
savoir  :  les  périspermes  huileux,  charnus ,  fari- 
neux ,  ligneux  et  cornes;  c;hacune  de  ce  sciasses 
offre  des  propriétés  qui  lui  sont  propres ,  quelle 
que  soit  d'ailleurs  la  famille  à  laquelle  il  appar- 
tient. Les  périspermes  huileux  ,   tels  que  ceux 
des  Euphorbiacées  ,  des  Papavéracées  ,  renfer- 
ment de  l'huile  grasse  qui  ,  Lorsqu'elle  est  expri- 
mée et  à  l'état  de  pureté ,  présente  des  propriétés 
trè:.-constaiites.  Les  périspermes  charnus  sont 
arssi  très-identiques  entre  eux ,  remplis  en  gé- 
néra] d'une  assez  grande  quantité  de  mucilage 
et  su.^ceptibles  de  servir  d'aliment  lorsque  leur 
graine  io  permet.  Les  périspermes  farineux  ren- 
ferment une  très-grande  quantité  de  fécule  ,  et 
celle-ci  est  toujours  saine  et  nourrissante  ;  ausssi 
les  graines  des  Graminées,  des  Polygonées  sont- 
elles  employées  aux  mêmes  usages  malgré  l'ex- 
trême aiversité  de  ces  deux  familles;  il  est  pro- 
bable ._j^u'cii  pourrait  utiliser  de  même  les  péri- 
spermes farineux  des  Nyctaginées  ,  des  Chéno- 


(  36i  ) 

podées  ,  etc.  Les  périspermes  ligneux  ^o--'-  re- 
marquables  par  leur  nature  analogue  à  jc  .  'T' 
bois  ;  ils  sont  parconséquent  insolul.ic 
et  insipides  à  leur  état  de  maturité  ;  r;  • 
uns  ,  ainsi  que  certains  périspermes  ce  . 
présentent  dans  leur  jeunesse  à  l'état  d'.i>  •  c- 
niulsion  douce  et  salubre.  Cette  émulsion  porte 
le  nom  de  lait  dans  les  Palmiers  ,  et  pourrait 
sans  doute  servir  à  la  nourriture  de  l'homme 
dans  toutes  les  familles  où  le  volume  de  la  graine 
est  assez  considérable.  Les  périspermes  réelle- 
ment cornés  diiïèrent  peu  des  précédens  5  quel- 
ques-uns sont  remarquables  par  l'arôme  parti- 
cnli3r  qu'ils  exhalent  lorsqu'on  les  torréfie  :  tel 
est  l'arôme  du  Café  qui  se  retrouve  dans  toutes 
les  Rubiacées  à  périsperme  corné.  Le  même  arô- 
me se  fait  encore  remarquer  lorsqu'on  torréfie 
des  graines  à  périsperme  corné  de  familles  fort 
différentes  ,  telles  que  celles  des  Asparagées  et 
notamment  du  liuscus  aculeatus  connu  sous 
le  nom  de  Petit-Houx  (1) ,  celles  des  Iridées  et 


(1)  Parmi  les  (diverses  substances  que  pendant  la  tlierté 
des  denrées  coloniales  on  avait  proposé  de  substituer  au 
café  ,  les  graines  de  Ruscus  sont  les  seules  qui  eussent 
avec  lui  une  A-raie  analogie  :  leur  arôme  pendant  leur  tor- 
réfaction est  si  exactement  celui  du  café  ,  que  j'ai  vu  bien 
des  personnes  s'y  méprendre.  Il  est  vrai  que  le    café  fait 


(  362  ) 

îîotammentde  Vlris pseudacorus  3  etc.  On  voit 
par  ces  exemples  que  les  périspermes  de  nature 
analogue  se  ressemblent  entre  eux  quoique  pro- 
venant de  familles  fort  différentes. 

Les  Cotylédons  des  Plantes  considérées  en 
général  peuvent ,  comme  j'ai  déjà  eu  occasion 
de  l'indiquer  en  parlant  des  Légumineuses  ,  se 
présenter  sous  deux  formes  j  tantôt  ils  sont 
très-épais  et  rem])lis  de  fécule ,  tantôt  ils  sont 
minces  et  foliacés  :  dans  le  premier  cas,  ils  ren- 
ferment la  nourriture  de  la  jeune  plante  touto 
préparée  ,  et  n'ont  point  de  stomates  j  dans  le 
second,  ils  sont  munis  de  stomates  et  élabo- 
rent la  nourriture  qui  doit  nourrir  la  plantule. 
Tous  les  Cotylédons  épais  ou  pleins  de  fécule 
peuvent  servir  à  la  nourriture  de  l'homme  ,  soit 
à  leur  état  naturel ,  comme  on  le  voit  dans  \es, 
J-iégumineuses  ,  les  Amentacées  ,  la  Châtaigne-. 

avec  ces  graines  est  beaucoup  trop  fade  ,  parce  que  I4 
matière  amère  y  manque  totalement  :  je  ne  doute  point 
qu'en  l'ajoutant  artificiellement ,  on  ne  pût  faire  de  cette 
liqueur  une  boisson  agréable.  Les  racines  de  Chicorée  et 
de  Carotte ,  les  graines  de  Pois-chiche ,  et  en  général  tous 
Jes  autres  succédanés  proposés  pour  le  café ,  ne  lui  res- 
semblent que  par  l'amertume  et  le  goût  d'empyf 
reume  :  les  Périspermes  cornés  offrent  seuls  l'arôme  du 
café.  La  chimie  trouverait-pUe  cnt''eux  quelques  rapports 
de  composition  ? 


(  363  ) 

d'eau  ,  soit  avec  de  rrès-légères  préparations  qui 
ont  pour  but  d'en  extraire  quelque  principe 
particulier,  coininedans  le  Marron -d'Inde,  etc. 
Au  contraire  ,  les  Cotylédons  minces  et  munis 
de  stomates  présentent  déjà  les  propriétés  géné- 
rales et  souvent  très-exaltées  qu'auront  les 
Plantes  qui  en  proviendront  :  ainsi  les  Cotylé- 
dons des  Malvacées  sont  déjà  mucilagineux  ; 
ceux  des  Euphorhiacées  extra ordiixairement 
acres ,  etc. 

Si  nous  réfléchissons  sur  ce  petit  nombre  de 
faits  que  je  viens  d'énumérer  relativement  aux 
propriétés  générales  des  organes  des  Plantes  , 
nous  voyons  clairement  qu'il  est  certains  orga- 
nes identiques  avec  eux-mêmes  dans  toutes  les 
familles,  et  d'autres  qui  n'ofirent  d'uniformité 
que  dans  la  même  famille.  Les  premiers  sont 
liés  à  des  circonstances  qui  ne  peuvent  être 
d'aucun  emploi  dans  la  classification  natu- 
relle ;  les  seconds  ,  au  contraire  ,  rentrent 
dans  les  considérations  les  plus  essentielles  de 
cette  classification. 


(  364  ) 


CONCLUSIONS. 

Après  avoir  présenté  le  tableau  succinct  des 
propriétés  générales  de  chaque  famille  ,  autant 
du  moins  que  l'état  actuel  de  la  science  a  pu 
nous  le  permettre ,  il  convient  de  récapituler 
tous  ces  laits  de  manière  à  en  déduire  des  con- 
séquences générales  relatives  à  l'accord  des 
formes  et  des  propriétés.  Dans  ce  but  je  présen- 
terai ici  synoptiquement  le  résultat  de  notre 
examen  j  j'exprimerai  par  zéro  les  familles 
dont  les  propriétés  sont  nulles  ou  inconnues  j 
par  le  signe  —  celles  qui  sont  contraires  à  la 
théorie;  par  le  signe  -\-  celles  où  Jes  propriétés 
s'accordent  avec  les  formes  ;  dans  chacune  de 
ces  séries  j'indiquerai  par  le  nombre  i,  les 
familles  où  nous  connaissons  les  propriétés  d'uii 
trop  petit  nombre  d'individus  pour  pouvoir 
tirer  des  conséquences  générales;  parlenombre  2 
celles  qui  offrent  des  exceptions  de  genre  à 
genre  ou  de  section  à  section;  par  le  nombre  3 
celles  qui  approchent  de  l'uniformité  et  ne 
présentent  que  de  légères  exceptions  ;  par  le 
nombre  4  celles  qui  sont  entièrement  pour  ou 
contre  la  théorie. 


(  365  ) 

Tjbleau  approximatif  de  la  concordance  qui 
existe  entre  les  formes  et  les  propriétés  des 
Végétaux. 

1.  Renonculacées -4-3 

2.  Dilleniacées +  i 

3.  Magnoliacées -f-  3 

4-  Annonacées ■+■4 

5.  Menispermées -H  i 

6.  Chlenacées o 

7.  Malvacées -^  l^ 

8.  Sterculiacées *-i-  3 

9.  Tiliacées +1 

10.  Elseocarpées o 

11.  Marcgraviacées o 

12.  Ochnacées o 

i3.  Simaroubées -h  4 

14.  Rutacées 4-2 

i5.  Cariophyllées -+-3 

16.  Linées -t-  4 

17.  Cistinées -4-3 

18.  Violacées. -+-4 

19.  Passiflorées -+-1 

20.  Camelliées.     . -4-4 

21.  Hesperidées H~  4 

22.  Meliacées .  _4-.  1 

23.  Sarmentacées.     .    .     .     .     .     .  -f-  1 


(  36^  ) 

24.  Geraniées 7    t     7     '-f-  a 

25.  Guttifères.     . «4-3 

26.  Hipéricinées -{-  3 

27.  Hippocraticées.      .      .     .      ^     .  o 

28.  Malpigliiacées o 

29.  Acérinées. -+-2 

30.  Sapirida<^ées i     »  o 

3i.  Droseracées "4-1 

32.  Résedacées -H  l 

33.  Capparidées.      .     .....  -t-  1 

34.  Crucifères -H  4 

35.  Papavéracées, H-  4 

36.  Nympliseacées.      .      .     '.      .      .4-1 
3j.  Berbéridées o 

38.  Frangulacées -H     -2 

39.  Pittosporées o 

4©.  Saraydées .  o 

4i-  Juglandées -h  4 

42.  Terébinthacées -ha 

43.  Tremandrées.     ......  o 

44»  Polygalées -4-3 

45.  Légumineuses.      .....  —  2 

46.  Rosacées -4-4 

47.  Salicaires O 

48.  Meiastomées *f-  3 

49.  Myrtinées -+-4 

50.  Goinbretacées.     ......  o 

5i.  Loaeées «     .     .     •  o 


(367) 

Sa..  Onagraires o 

53.  Ficdïdes H-  2 

54.  Portulacées -4-2 

55.  Paronychiées -4-  1 

56.  Tamariscinées H-  o 

67.  Nopalées -4-4' 

58.  Groseiilers -4-3 

59.  Crassulacées.      .      .     .     .     .     .  -4-4 

60.  Saxifragées.   .......  o 

61.  Cunoniacées o 

62.  Ombelliferes.      ......  -4-  3 

63.  Araliacées -4-  1 

6\.  Caprif'oliacées .  -4-  2 

65.  Loranthées -4-  2 

66.  Rubiacées -t-  3 

67.  Operculaires •+■  1 

68.  Valérianées -^2. 

69.  Dipsacées .  -4-  4 

70.  Composées -4-2 

71.  Campanulacées H-  4 

72.  Lobeliacées.      .      .      ....  -4-  2 

73.  Cucurbitacées -4-3 

74.  Gessneriées o 

75.  Vacciniées -4-  1 

y6.  Ericinées.      .     .      .....  -h-  3 

77.  Aquiibliacées.     .     .      .     .     .     .  •+-  1 

78.  Myrsinées o 

79.  Sapotées -4-- 3 


8o. 
81. 
82. 
83. 
84. 
85. 
86. 
87. 
88. 
89. 
90. 
91. 
92. 

90. 
94. 

95. 

96. 

97- 
98. 

99. 

100. 
101. 
102. 
io3. 
104. 
io5. 
106, 
107. 


(  368  ) 

Ebénacées 7     .  -+- 

Ternstromiées 

Oleinées .  -4- 

Jasminées -+■ 

Pedalinées 

Striclmées.    ..,....-+• 

Apocinées.    . H- 

Gentianées -+- 

Bignoniacées 

Polémonidées 

Convolvulacées.      .      .     .     .     .  -+- 

Borraginées -4- 

Solanées H- 

Personées -f" 

Labiées -+• 

Myoporinées.     ...... 

Pyrenacées.   .      .■    .      .     .     .     .  -+- 

A-canthacées -t- 

Lentibul  aires 

Priinulacées H- 

Globulaires -H 

Plumbaglnées -h 

Plantagiiiées -H 

Nyctaginées + 

Amaranthacées -+- 

Chénopodées -+- 

Polygonées -H 

Laurinées -H 


3 

o 
3 

4 

o 
3 
3 

4 

o 
o 
3 
3 
3 
2, 

4 

o 

1 
1 
o 

1 

3 


(  369) 

io8.  Myristicées.      ,      .      .....  ~H  4 

109.  Protéacées o 

110.  Thymelées .4-4 

111.  Santalacées p 

112.  Elœagnées 9 

ii3.  Aristoloches -H  ^ 

3 14.  Euphorbiacées.      .      .      .     ,      .  4-4 

11.'^.  Monimiées.      .      .      .      ,     .     .  H-  3 

116.  Urticées -+-  ^ 

117.  Amçiitg.cées .  -H  $ 

118.  Conifères.. -i-  4 

119.  Cycadées H-  1 

120.  Hydrocliaridées 9 

121.  Alismaçées q 

122.  Pandanées.    .......  9 

123.  Aroïdes .4-4 

124.  Orchidées -i-  4 

125.  Drymyrhizées -4-4 

126.  Musacées 4-1 

T27.  Iridées pi 

128.  Haemodoracées.      .      .      .     ,.     ,  -^  3 

129.  Amaryllidées -1-3 

i3o.  Hémérocallidées.     .      .     .     ,     .  o 

i3i.  Dioscorées i      .  -4_  3 

i32.  Smilacées.      .......-+-  4 

i33.  Liliacées -^2 

134.  Colchicacées ~*~  4 

i35.  CoinmeUnées o 


(  370  ) 

ïo6    Palmiers -f-  2 

137.  Joncees o 

i38.  Tipliacées o 

iSp.  Cyperacées -H  3 

i4o.  Graminées.     .......  -4-  4 

141 .  Equisétâcées -4-4 

142.  Marsiiéacées o 

143.  Lycopodinées.    .       .     .          .      .  -4-   i 

i44-   Fougères H-  4 

145.  Mousses o 

146.  Hépatiques .  o 

147.  Lichens -4-  3 

14B.  Hypoxylons o 

149.  Champignons.       .       .       ...-+-  2 

i5o.  Algues.     .     .•■ -f-  3 

Il  résulte  du  tableau  précédent  que ,  sur  1 5o 
familles  connues  des  botanistes  ,  il  en  existe 

40  dont  les  propriétés  sont  nulles  ou  incon- 
nues. 

22  où  l'on  peut  soupçonner  la  loi  de  l'ana- 
logie ,  quoiqu'on  y  connaisse  les  propriétés  d'un 
trop  petit  nombre  d'individus. 

2b  on  l'on  reconnaît  la  loi  de  l'analogie  res- 
tre'nte  à  certains  ordres  ou  à  certains  genres , 
dont  plusieurs  s'éloignent  du  reste  de  la  famille 
par  des  caractères  iinportans. 

35  où  la  loi  de  l'aiialogie  est  évidente  y  mais 
Oiïre  encore  quelques  exceptions. 


(  371  ) 

oi  où  la  loi  est  entièrement  conservée. 

3  dans  lesquelles  elle  est  violée  5  mais  où 
l'on  en  retrouve  encore  des  traces  non-équi- 
Yoques^  ou,  en  d'autres  termes,  que  la  loi 
de  l'analogie  entre  les  formes  et  les  propriétés 
est  plus  ou  moins  vraie  dans  109  familles  et  à 
peine  fausse  dans  3. 

Je  crois  donc  pouvoir  tirer  de  cette  disserta- 
tion les  conclusions  suivantes  : 

1.*^  Les  mêmes  parties  ou  les  sucs  correspon- 
dans  des  plantes  du  même  genre  jouissent  de 
propriétés  médicales  semblables. 

•L.^  Les  mêmes  parties  ou  les  sucs  correspon- 
dans  des  plantes  de  la  même  iamille  naturelle 
jouissent  de  propriétés  analogues. 

3.0  Les  exceptions  qui  paraissent  opposées  à 
ces  deux  lois  tiennent  à  l'une  des  causes  sui- 
vantes : 
a.  A  la  distance  diverse,  mais  réelle  ,  quoique 

non  consignée  dans  les  livres  de  botanique, 

entre   les   espèces    d'un  genre  et  les  genres 

d'une  famille. 
5.  A  une    fausse   comparaison  entre  les   or- 
ganes des  plantes  analogues. 
c.  A  l'état  accidentel  et  non  ])ermanent  où  se 

trouvent  certains  végétaux  à  l'époque  où  l'on 

a  coutume  de  les  employer. 

^4" 


(372) 

d.  A  des  mélanges  inégaux  de  divers  principes 
chimiques  réellement  communs  à  toutes  les 
plantes  analogues. 

e.  A  des  différences  dans  le  mode  d'extraction 
ou  de  préparation,  qui  modifient  la  nature 
des  médicamens. 

yi   A  ce   qu'on  met  trop   d'importance   à   des 
.  propriétés  purement  accidentelles. 
g.    A  ce  qu'on   ne  compare    pas   d'une    ma- 
nière exacte  le  mode  d'action  des  divers  mé- 
dicamens. 
h.  A  ce    qu'on   n'examine   pas    comparative- 
ment le  mode  d'application  des  médicamens 
sur  le  corps  humain. 

4.°  L'analogie  (fondée  sur  une  probabilité 
de  109  contre  3)  porte  à  croire  que  les  familles 
dont  les  exceptions  sont  insolubles  dans  l'état 
actuel  de  la  science ,  rentreront  dans  les  lois 
précédentes  quand  la  médecine^  la  chimie  et 
la  botanique  auront  fait  des  progrès  sufïisans. 
Cette  dernière  proposition  a  déjà  été  vérifiée 
depuis  dix'ans  ;  en  effet ,  à  l'époque  de  la  pre-, 
mière  édition  de  cet  ouvrage,  la  loi  de  l'analo-^ 
gie  n'était  fondée  que  sur  une  comparaison 
de  85  contre  7  ,  et  elle  l'est  aujourd'hui  sur  le 
rapport  de  109  à  3,  qui  est  triple  du  précédent. 

FIN. 


TABLE 

DES    MATIÈRES. 


J-LpiTR.E    DEDICATOIRE.  1} 

Préface.  vij 

Introduction.  X 

I.'^  Partie.  Principes  et  Règles  de  la  comparaison  en- 
tre les  formes  et  les  propriétés  des  végétaux.  ï3 
CiiAP.  I.^*^  Preuves  générales  qu'il  existe  une  analogie 
entre  les  proj)iiétés  et  les  formes  extérieures  des 
plantes.                                                                      Jhid. 
§.  I.*^'  Preuves  déduites  de  la  Théoiie.                         Ib. 
§.  II.  Preuves  déduites  de  l'Observatiofi.                      2.\ 
§.  III.  Preuves  déduites  de  l'Expérience.                     27 
CiiAP.  II.  Règles  de  la  comparaison  entre  les  propriétés 
et  les  formes  extérieures.                                             Sa 
§.  I.*^'  Examen  de  la  classification.                           Ihid^ 
§.  II.  Compaiaison  des  organes.                                     36 
§.  III.  Examen  des  circonstances  où  se  trouvent  les 
végétaux  au  moment  où  on  les  emploie.                  42 
§.  IV.  Composition  chimique.                                        /|6 
§.  V.  Comparaison  du  mode  d'extraction  et  de  prépa- 
paration.                                                                         5» 
§.  VI.  Exclusion  des  propriétés  mécaniques  ou  acci- 
dentelles. 54 


(  37-4  ) 
§.  VII    Comparaison  du  mode  d'action  des  médica-  *"ll 

mens.  ,  56 

11.^  Partie.  Application  des  principes  précédens  à 
l'examen  des  propriétés  générales  de  chaque  famille 
de  végétaux.  G4- 

I.  Dicotylédones  ou  Exogènes,  IbliL 

II   MoDOCOtylédones  ou  Endogènes.  276 

III.  Acotylédones  ou  Cellulaires,  3i6 

lii.^  Partie.  Vues  rapides  sur  les  propriétés  générales 

35a 


des  organes  des  Plantes. 
Conclusions, 


364 


TABLE  ALPHABETIQUE 

DES    FAMILLES. 


-/i-CANTHACÉES. 

Acérinées. 

Algues. 

Alismacées. 

Amaranthacées. 

Amaryllidées. 

Amentacées. 

Annonacées. 

Apocinées. 

Aquifoliacées, 

Aialiacées. 

Aristoloches.. 

Aroïdes. 

Berbéridées. 

Bignoniacées. 

Borraginées. 

Camellitîes. 

Canipaiiulacées. 

Capparidées. 

Caprifoliacées. 

Cariophyllées. 

Champignons. 

Chénopodées. 

Chlénacées. 


29 
i5o 

121 

104 
129 
112 

4 
86 

77 
63 

ii3 

123 

88 

91 

20 

7^ 
33 

64 

i5 

Mo 

io5 
6 


Chichoracées. 

Cynarocéphaies. 

Cistinées. 

Colchicaeées. 

Combiétacées. 

Comjiosées. 

Conifères. 

Comnielinées. 

Convolvulacées, 

Coryiîibifères. 

Crassiilacées. 

CTUoifères. 

Ciicurbitacée3. 

Curirniacées^ 

Cycadées. 

Cypéracées. 

Dilléniacées. 

Dioscorées» 

Dipsacées. 

DiObCrdcées. 

Drymyrhizées» 

Ebenacées. 
Elce^.gnées. 
Eioeocarpées. 


70.  §.  4 
70.§.a 

'7 
i54 

5o 

70 

118 

ï55 

70.  §.  r 

^9 
34 

73 
6r 

ï^9 
159 

z 

i5r 

^^9 
3i 

80 
10 


Equisetacées. 

Ericinéés. 

Euphoibiacées. 

Ficoïdes. 

Fougères. 

Frangulacées. 

Gentianées. 

Geraniées. 

Gessnériées. 

Globulahes. 

Graminées. 

Groseillers. 

Guttifères. 

Kœmodoracéès. 

Héinérocallidées. 

Hépatiques. 

Hes;>é\iJées. 

Hi}  pocraticées. 

Hydrocharklées. 

Hypericinées. 

Hypoxylons. 

3«snurées. 
J   ncée-s. 
Jugla  ridées. 
Iridées. 

Laî'ées. 
ï_„.iiriii(V§. 
Lpi^iiîU'neuses, 
LenlibulaUes. 


(375) 

141  Lichens. 

yG  Liiiacéei. 

114  LiiiC:;s. 
Loasées. 

^^  Lobeliacées. 

'44  Loianthées. 

^"  Lycopodinées. 

?7    Magnoliacées. 

24  iVlaipighiacéès. 
74    Miilv.cées. 

1 00    Marcgraviacées. 
140    Marsileacées. 
58    Me' ist ornées, 

25  Meliacées.     • 
Menisi)ermées. 

120  Monim  ées. 

i3o  Mousses. 

14G  Mus^cées. 

21  Myoporinécs. 

27  My)i<»L!cées. 

120  Myisiuées. 

26  Myttinées. 
148 

Nopalées. 

S3    Nyctaginées. 

1^7    Nymphœacées. 

i<27    Ochaacees. 

Oleinées. 
94    Ombellifères. 
107    Onagraires. 
45    Operculaires. 
q8    Orchidées. 


147 
128 

16 

5i 

73 

65 
143 

3 

28 

7 
ïf 

14^ 

4Ô 

é3 

145 
126 

95 

108 

7§ 

49 
57 
oà 
12 

8a 
6a 
5i 

67 

îs4 


(3/7) 


Palmiers. 

Pandùnées. 

Papavéracées. 

Paronychiées. 

Passiflorées. 

Pedaliiiées, 

Peisonées. 

Pitti  ispoiées, 

Flat:tagiiiGes, 

Plirr.bagînées. 

Pc  le  moi  i  idées. 

Polyg.ilées. 

Poly£;onées. 

Portulacées. 

Priniulacées, 

Protéacées. 

Pyrénacées. 

Renonculacées. 

Resédacées. 

Rosacées. 

Rubiacées. 

Rutacées. 

Saiicaires. 


i36 

Samydées. 

123 

Santalarées. 

35 

Sapindacées. 

55 

Sapotées. 

ï9 

Sarmeutacées. 

84 

Sax'fr  âgées. 

93 

•Simarouuées. 

39 

SmiLcces. 

102 

Soignées. 

lOI 

Sterculiacées, 

89 

Sirichnées. 

44 

Térébinthacées 

106 

Tamariscinées. 

54 

Thymeiées. 

99 

Ternstromiées. 

109 

Tiliacées. 

96 

Tremandrées. 

Typhacées. 

^^    Urticées. 

46 

gg   Vacciniees. 

/    Valérianées. 

Verbenacées. 

47   Violacées. 


40 

II I 

3o 

79 

23 

60 

i3 

x32 

92 

.  8 

85 

42 

56 

no 

81 

9 

45 
i38 

n6 

75 
68 

9r 

18 


TABLE 

DES  NOMS  BOTANIQUES  ,  VULGAIRES  ET  PHAR- 
MACEUTIQUES DES  PLANTES  CITEES  DANS 
CET  OUVRAGE, 

i\r.  B.  Les  noms  Botaniques  sont  en  italiques  ,  les  noms 
Vulgaires  et  Pharmaceutiques  en  romain.  I,es  Numéros 
renvoient  non  à  la  page  ,  mais  à  la  Famille. 


Abies. 

N."  18 

Adonis. 

Abrus, 

45 

AEnanthe. 

Abuta. 

5 

AF.no  thera. 

Acacia. 

45 

AEschinomène 

Acanihus. 

97 

AEthusa. 

Acer. 

29 

Agaricus. 

Achillea. 

70 

Agave. 

Achias. 

79 

Agnus  castus. 

Achyranthes. 

104 

Agalloche. 

Actijda. 

io5 

Ail. 

Aconitum. 

I 

Airelle. 

Acorus. 

.37 

Ajorea. 

Actœa. 

I 

Ajuga. 

A  dan  Sonia. 

7 

Alibousier. 

Adelia. 

114 

Alum-root. 

Adianthuni. 

144 

Alangium. 

Adiantlium  majus. 

145 

Albina. 

Adiautbuin  minus. 

Jb. 

Alcea- 

l 
6as 

52 

AS 
6z 

149 

i35 

114 

i55 

75 

167 

94 
80 
60 

49 


Alch  emilîa 

Aloës. 

Allium, 

jilpinia. 

Alypum. 

Alhingia. 

Alcornoque. 

Alnus. 

Amagnita. 

u4mara7ithus. 

Amaryllis. 

Amhora. 

Amomum. 

Amjgdalus. 

Ainjris. 

Anémone. 

Auis  étoile. 

Anchopogon. 

Anthoxanthum. 

Antliericum. 

Ananas. 

Anagallis. 

Anthirriniim. 

Anicillo. 

Anahalis. 

Anredera. 

AncJiusa. 

Antisthea. 

Antiaris. 

Anthémis. 

Angeiica. 

Anthjllis. 

Anagyris. 


(  38o  ) 

46   Anacardium. 
i33    Aathora. 
Ib.    Aiinona. 
laS  Antherîcuvi. 
100    Anserine. 
118   Apocynimi. 
117  Apanxaloa. 

Ib.   Apeiha, 
149   Aquilegia. 
104  Aralia. 
129    Aristolochia, 
116   Arachis. 
12.^  Arbre  de  beurre. 

46  Arbre  à  pain. 

43  Arbre  de  la  vache. 

1   Arbre  de  fer. 
Ib .    Arbousier. 
140    Arhuius. 

Ib.    Arenaria. 
i33   Arnica. 
Ib.  Argéoione. 

99  Arlichaiid. 

95   Arthemisia. 
1  ]  6   Aristolea. 
io5   Areca. 

Ib.    Arum. 

90  Ai  iocarpus. 

66  Arrocbe. 
1 1 6  Arubla. 

70   Assa-fœtida. 

62  Asarum. 

45  Asclepias. 

îb.  Asperula. 


4* 

I 

^4 
i33 

io5 
86 

47 

9 

•    1 

63 
ii3 

45 

79 
116 

79 
80 

76 
Ib. 


1^ 
70 
55 
70 
70 
i5i 
i5G 

123 

ij6 

io5 

86 

G2 

I J  J 

86 


(  381  ) 

^strogalus. 

45 

Barbes. 

149 

Asplenium. 

144 

Ballote. 

117 

y^sparagus. 

i53 

Barbes. 

149 

Asperge. 

Ib. 

Barbe-de-bouc. 

Ib. 

Asphodelus. 

Ib. 

Barbesin. 

Ib. 

ji  si  mina. 

4 

Baume  de  Tolu. 

42 

Atriplex, 

io5 

Baume  de  la  Mecque. 

Ib. 

Atropa. 

92 

Baume  du  Pérou. 

45 

Atractylis. 

70 

Baume  de  Copaliu. 

Ib. 

Avena. 

140 

Bégonia. 

j5i 

Averrhoa. 

42 

Bétel. 

116 

Auda. 

114 

Belladonne. 

9» 

Aulne. 

iij 

Bellis. 

70 

Audit  a. 

4^ 

Eeta. 

io5 

Augstschwame. 

149  Benjoin. 

5o 

Ayapana. 

70 

Belle-de-nuit. 

io3 

Aza/ca. 

76 

Berberis. 

37 

Berlingozzino. 

149 

Badiane. 

3 

Bertholletia. 

3o 

Balais. 

149   Bignonia. 

88 

Balsamine. 

^4 

Bigione. 

149 

Jiassia. 

79 

Bigiolone. 

Ib, 

Basella. 

io5 

Bombax. 

7 

Bogassa, 

i.i6 

Bromclia. 

i53 

Balisier. 

laS 

Boswellia. 

43 

B a  tu  ta. 

117 

Blavet. 

'49 

Bùsilic. 

94 

Bluet. 

70 

Bardane. 

70 

Eoèrrhavia. 

io5 

Baligoule. 

M9 

Bois  de  Rhodes. 

S9 

Barbe-de-cliè\Te. 

JZ'. 

Bois  d'Alcës. 

114 

Baobab. 

7 

Boîetus. 

149 

Bananier. 

126 

Boîdea. 

ii5 

Baagleum. 

125 

Bouquin-barde. 

149 

honpiandia. 

BoGConia, 

Bouligoule. 

Bourrache. 

Bouleau. 

Bianchetti. 

Bideiis. 

Billarderia» 

Bizettes. 

Bis  sus. 

Bixa. 

Brancursine. 

Bra;  iliastrum. 

Brigoules. 

Brossœa. 

Bromus. 

Brouquichons. 

Bruguet. 

Brucœa. 

Bruyère. 

Brjonia, 

Buakia. 

Bucida. 

Barsera. 

Buisson. 

Butea. 

Caapia. 

Cabalar. 

Cachen. 

Cacao. 

Cactus^ 

Caltha, 


Calaguala. 

Calanius. 

Calomba. 

Café. 

Camomille. 

Cannelier. 

Cannabis. 

Canna. 

Carex. 


(  382  ) 

14  Caljcanthus. 
35   Callicocca. 
149   Calceoiaria. 
go 

117 

149 
70 

39 

149 
Ib. 

9 

/2  Caryota. 

Cassave. 

Cascarille. 

Castanea. 

Cajanus. 

Capuru-Carundu. 
/8  Capsicum. 
„g   Calligonum. 
rf^  Carotte. 
1^5  Capillaire. 
5o  Cameline. 
/2    Campanula. 
xAc\   Calodendron. 

Cameltia. 

Canella  alba.'  • 

Carnauba. 

Cassine. 

Calcatreppolo. 

Cardena. 

Capparis. 

Capucine. 


149 
76 

140 

149 
Ib. 


45 

116 

149 
87 

7 

57 


ïi5 

66 

93 

144 

i36 

5 

66 

70 

107 

i]6 

ia5 

iSg 

i36 

114 

Ib. 

117 

45 

1Q7 

92 

io6 
63 

144 
34 

71 
14 
20 

i36 
149 

/^. 

33 
24 


(  383  ) 


Canarium. 

Cardamomum. 

Cassia. 

Camphorosma. 

Carduus. 

Carrena. 

Castilloa. 

Caroxylum. 

Cassia-Lignea. 

Calendula. 

Cassuviujn. 

Carthamus. 

Cajeput. 

Cassine. 

CœsaJpinia. 

Carlina. 

Capollin. 

Cananga. 

Capelloncino. 

Carbonaio. 

Capelan. 

Carniola. 

Ceanthus. 

Cébadille. 

Centaurea. 

Ce  drus. 

Cestrum» 

Cèdre  la. 

Ceps. 

Cèdre. 

CeroxjloTi. 

Ceramium. 

Celastrus. 


4a  Cecropia: 

ii6 

laS    Ceratonia. 

45 

45    Cerasus. 

46 

io5    Cerbera. 

86 

ijo  Chanvre. 

116 

149  Champac. 

3 

114  Centory. 

87 

io5  Chausse-Trappe.' 

70 

107    Cliironia. 

H 

fjo  Châtaignier. 

117 

42  Chêne. 

Ib: 

ijo   Chenopodiurn. 

io5 

49  Chirayta. 

87 

38  Chou-Palmiste. 

i36 

45  Chardon. 

70 

rjo   Châtaigne  du  Brésil. 

5o 

46  Champignons  de  porc. 

149 

4  Chevrette. 

Jb: 

149  Chervi. 

C2 

Ib.    Chelidonium. 

35 

Ib.    Clilora. 

87 

Ib.  Chicorée. 

70 

38  Chêne  français. 

5o 

i34  Chou. 

34 

70  Chevrotine. 

149 

118    Chrysophjllum. 

79 

92  Cherimoya. 

4 

22  Chevelines. 

^49 

149    Chionanthus. 

82 

118  Chevrille. 

149 

i36  Cicciolo. 

Ib. 

i5o   Cïcuta. 

6a 

38    Cimicifu^a. 

î 

(384) 

Cistua. 

17 

Comocladià. 

4» 

Ciguë. 

62 

Copàifera. 

45 

Cînchona. 

66 

Cojivolvulus. 

89 

Cinnamomum. 

107 

Costus. 

125 

Citrus. 

31 

Corylus. 

117 

Cissus. 

a5 

Contrayerva. 

116 

Cissampelos. 

5 

ComTniphora. 

114 

Citrosma. 

ii5 

Coitlnarla. 

ï49 

Citrouille. 

73 

Convallarla. 

i33 

C lad  oui  a. 

ï47 

Coprlnus. 

149 

Clavarid. 

149 

Comptonla. 

117 

Clematis. 

1 

Conlum. 

63 

Claytonia, 

54 

Coreopsls. 

70 

C  le  orne. 

S3 

Concombre. 

73 

Clompanus. 

8 

Cortex  angusturse. 

M 

Cluseau^ 

Mo 

Cuiutea. 

45 

Clusia. 

25 

Col'H. 

7 

Cocos. 

i36  Couls6. 

149 

Cocco-Gnic]ium. 

1 10 

CoL'inelle. 

Ih, 

Coccoloha. 

106 

Coloinbette. 

149 

Cochleaiia. 

34 

Coquelicot. 

35 

Cocotier. 

i36 

Goi  nus. 

64 

Colombo. 

5 

Coronllîa. 

45 

Coriaria. 

i5i 

Coulemelle. 

M9 

Cuspai  la. 

14 

Correa. 

M 

Colouibra. 

5 

Coudrier. 

117 

Colchicuvî. 

i54 

Coumarouna, 

45 

Coche  rel. 

149 

Cordla. 

90 

Coloquinte, 

73 

Coatouhea, 

87 

Colsa. 

34 

Corchorus. 

9 

Cortusa. 

99 

Courtmotte. 

149 

Coiifen'a, 

i5o 

Coque  du  Levant. 

5 

Coffea. 

66 

Coumier. 

42 

(  385  ) 

Coucoumelle. 

i4g  Dattier; 

i36 

Cnesiis. 

42    Daucus. 

6a 

Cramhe. 

54   Delima. 

a 

Cran-Berry. 

y 5    De'pkîniuTn. 

I! 

Crocus. 

127   Dent-de-Lion. 

70 

Croion. 

114    i '« .  îino. 

i49 

Cucumis. 

y3    Diables. 

/z». 

Cucurbita. 

11.    Dictaninus. 

14 

Cupnnia. 

3o  Dutiichia, 

1P.5 

Cuiiarina, 

yi    Di^italis. 

93 

Cuscute. 

8g   Dioscorea. 

l3l; 

Cupressus. 

118  Dillenia. 

2 

Curcuma. 

11S  Diosma. 

î4 

Cusparé. 

14  Diospjros. 

8a 

Culilawan. 

107    Dirca. 

1 10 

Curcas. 

114  DolicJios. 

45 

Cjcas. 

i36  Dorstenia. 

nG 

Crcas. 

118   Dracontium. 

123 

Cj  clamen. 

99    Dracocephalum. 

94 

Cytisus, 

45    Draccena. 

i35 

Calla. 

laS   Driandria. 

114 

Cjtinus^ 

1 1 5  Drogue-amère. 

97 

Cjperus. 

iSg  Drostia. 

3  ri 

Cynanchum. 

86  Dry  as. 

4G 

Cyj)rès. 

118  Dr \  nus. 

3 

Cjnoglossuin. 

90  Diplolœna. 

^4 

Dalbergia. 

45   Echium. 

90 

Darnmara. 

118   Echites. 

86 

Danàis. 

66   Echinops. 

70 

Datuia. 

92   Ecluseau. 

349 

Datisca. 

ii6  Ecorce  de  Wlnter. 

3 

Dapline, 

1 1 0  Ecorce  deVaoj-Svy ieten .  2,a 

3^5 

(  386  .) 

Mlàis. 

i56  Eixosteihcu 

66 

Elœagîius. 

112 

Elœocarpus. 

lo  Faha. 

45 

Elaie. 

i36  Fagus. 

liv 

Elaterium. 

73   Fagara. 

'4 

ELjmus. 

140  F  agoni  a. 

Ib. 

E.j7ipîessum. 

14  Festuca. 

140 

JEncens. 

42  Fève  de  Pichuiim. 

107 

Envlnasses. 

149  Fève  de  Saint-Ignace 

85 

Ephedra. 

1 18  Fève  Tongù. 

45 

Epine-Vinette. 

Sy  Ficaria. 

I 

Equisecum. 

141   Ficus. 

aiG 

Eiable. 

29  Figuier. 

/^. 

Erica.             . 

7^  Flacurtia. 

9 

Eriger  on. 

7*^  Flammula. 

i 

Erytlioxylon. 

^8   Foie-de-Bœuf. 

149 

Erjngiutn. 

€2  Frasera. 

87 

Escargoule. 

ï49  Fraxinus. 

82 

Escau. 

1^.   Frêne. 

Ib. 

Estragon. 

70    Fr estera. 

81. 

Escoubaide. 

149  Fragaria. 

46 

Espignette.   . 

Ib.  Frigoule. 

^40 

Escraville. 

Ih.   Fungo  istrice. 

ii'. 

Escumel. 

Jb.   Fusée. 

U. 

Evodia. 

14  froment. 

140 

Ei'onjmus. 

38  Funis  falleus. 

5 

Eurchon. 

149  Fungo-Cervo. 

149 

Euphoria. 

5o  Funaria. 

145 

Eugenia. 

49  Fucus. 

^49 

Eucalyptus. 

ib. 

Eupatorlwn. 

70   (jayac. 

14 

Euphorbia. 

114   Gnliuin. 

66 

Exccbcarîa. 

Ib.   Ga!!ia.)leà. 

149 

Galica* 

Galanga. 

Gantelines. 

Gambeer. 

Galatti. 

Gaiiltheria. 

Galbanum. 

Garance. 

Garcinia, 

Galipea. 

Ganitre. 

Galitole. 

Gallinaccio. 

Gelone. 

Germandrée. 

Gérofle. 

Genipi. 

Genévrier. 

Gentiana. 

Gentiane. 

Genista. 

Géranium, 

Gincko. 

Gingembre. 

Ginseng. 

Ginoria. 

Gingoule. 

Girandot. 

Giioles. 

Girille. 

GlecIwYiKu 

GLohularia. 

Gleditschiu» 


(387) 

45  Glue-de-Chêne.  14^ 

ia5    Glycyrhiza.  Ih, 

149  Gomme-Kino.  G6 

66  Gomme  ammoniaque.  63 
149  Gomme-Laque.  4$ 

76   Gomme  adragant.  îh. 

62   Gomme  arabique.  Ib. 

Çi^  Gomme-gutte.  û5 

25  Gomme  gutte  d'Amérique. 


14 

10   Gossrpium. 
149   Godaille. 
Ih.  Gumminatras. 
Ib.    Gourn. 
94  Gnidium. 
49    Gratiola. 
70   Gratteron. 
118   Grattier. 
67    Grewia. 
Ib.   G  ri  as. 
45   Grisette. 
24  Grumato. 
ii8   Guaco. 
laS   Guarea. 
63    Guilandina, 
47    GuayacuTn. 
149   Guec tarda. 
Ib.  Guy. 
Ib.   Gjpsophila. 
Ib.   Gyroule. 

94 

100  Hœmanthus. 
45  JSrcemodorumi 


26 

7 

i4d 

46 

46 
110 

95 

6S 
42 

9 

25 

149 
70 

23 

45 

^4 

^6 

6S 

i5 

149 

129 


(  388  ) 

Hanclîinol. 

47  Hjarastis. 

I 

Haran-Kaha. 

12,5 

Hyosciamus. 

92 

Haschissh. 

n6 

HydmuTn, 

149 

Hedera. 

64 

Hypociste. 

ii3 

Helleborus. 

I 

Hypophaé. 

112 

Hcvea, 

ii4 

Hjdrolea. 

89 

Helonius. 

i34 

Hydrophilax. 

66 

Heivella. 

149 

Hymenœa. 

45 

Hedysarurn. 

4.5 

Hyperanthera. 

45 

Herbe  purgative. 

io3 

Hypocastauum. 

29 

Herbe -au-Diable. 

101 

Hypericum. 

26 

Heritiera. 

128 

Hypodris. 

349 

Hepatica  terrestris. 

146 

Helminthocorton. 

i5o 

Icica. 

42 

Hêtre. 

117 

If. 

118 

Hepatica. 

I 

Ignatia. 

85 

Ilelianthus. 

70 

Igname, 

0 

i3r 

Herbe  à  pisser. 

76 

Jilicium. 

rr 

0 

Heracleiim. 

62 

Ilex. 

17 

Herniaria. 

55 

Iinhricaria. 

79 

Heuchera. 

60 

Inula 

70 

Hematoxjlon. 

45 

Indian  arrom-root. 

12.5 

Hibiscus. 

7 

Indigo  fer  a. 

45 

Hippomane. 

114 

Ipécacuanha. 

66 

Holcus. 

140 

Ipécacuanha. 

46 

Hordeum. 

140 

Ipomœa. 

89 

Houblon. 

116 

Ipo. 

116 

Houx. 

77 

Iris. 

127 

Hopea. 

80 

Issalou. 

149 

H  ara. 

114 

Ivette. 

94 

Huts'ella. 

70 

Huaco. 

70 

Jamholifera, 

^4 

Huile  d'oeillet. 

35  Jalap. 

89 

(  389  ) 


Jatropha. 

114 

Laurier-rose. 

86 

Jasminum. 

83 

Lagetta. 

110 

Jeaunelet. 

i4y 

Laurus. 

107 

Je  ffer  Sonia. 

35 

Laurelia. 

ii5 

Jouannette. 

62 

Lampujum. 

125 

Juiiiperus. 

n8 

Larix. 

ii8 

Jusquiame. 

92 

Lactarius. 

149 

Justicia. 

97 

Lambrouche. 

û3 

Jussieua, 

5a 

Langoii. 

149 

JujiiLiier. 

38 

Laver. 

i5o 

Juglans. 

41 

Ledum. 

76 

Leccino. 

1-1 9 

Lenfifhe. 

Id. 

Kaliimb. 
Kali. 

5 
106 

0 
Lingiia  di  Castagno. 

Id. 

Kœmpferios 

Kino. 

Kola. 

125 

66 
8 

Lepidius. 
Lathyrus. 
Lausonia. 

34 
45 

47 

Koleho. 

81 

Laurier-cerise. 
L.avandula. 

46 
94 

Knowtohia. 

I 

\j  f 

Kiameria. 

44 

J^epiota. 

149 

Kaki. 

80 

Liège. 

117 

Lima  ni  a. 

2,1 

Kulmia. 

76 

Liriodendi'on. 

3 

Ly  Lhospermujn.. 

90 

Labrusque. 

23 

Liseron. 

% 

Labrot. 

Ib. 

Lilas. 

82 

Lactuca. 

70 

Liquidambar, 

117 

Ladanum. 

^7 

Litre. 

T07 

Laiigue-de-Bœuf. 

149 

Litrea. 

Ib. 

Laitue. 

70 

Linnœa. 

64 

Laitron. 

Ib. 

Lierre. 

Ib. 

Lonicera. 

64  Ligusticum. 

63 

Laïamansi. 

68 

Leptospermum. 

49 

(%o> 


Tiliain. 

i33 

M  air  a. 

7 

Limonium. 

TOI 

Marjolaine. 

94 

JLiniivi. 

i6 

il:fa//ia. 

3 

Liane-amère. 

5 

Marchantia. 

146 

Lichen  d'Islande. 

147 

Marum. 

94 

Lolîuin. 

140 

Mctqui. 

i5i 

Jpohelia. 

7a 

M^urelle. 

92 

Jjoranthus. 

65 

Méchoacan. 

S9 

Lobaria. 

147 

Melia. 

23 

Jjudia, 

46  Mechon. 

62 

I.jcoperdon. 

149 

Melostoma. 

48 

Ijjthrum. 

47 

Mesamhrjanthemum, 

.  53 

Lychnis. 

i5 

Menyanthes. 

87 

Lycopodium, 

143 

Matîicaria. 

70 

Lycopersicum. 

92 

Medeola. 

i33 

MoLimbo. 

3 

Melicocca. 

3» 

Mahea. 

114 

Manjith. 

66 

Macrocnemon* 

66 

Marionier. 

29 

Madiiuca. 

79 

Mammea. 

s5 

Magnolia. 

M'.'lon. 

75 

Ma  cria. 

Mi^Ussa. 

94 

TAahra. 

79 

Melicope. 

14 

j*iialalouca.- 

49 

Meiiispermum. 

5 

Maiabatbrum. 

Ï07 

IvTethonica. 

104 

jkfdh. 

).4'> 

MenoUes. 

ï49 

Macibot. 

Il  A 

Miinulus. 

93 

Makère. 

ni 

Miellin. 

349 

Miiranta. 

ia5 

Mimosa. 

45 

Man^ifera. 

^3 

Micholia. 

3 

Ma.ncenit}ier. 

1,4 

Miiie-Pertuis. 

âQ 

Mrtinotres. 

149 

Mimusop.s. 

79 

^IvJpigliia^ 

ii8 

Mogorium. 

8^ 

(  %1   ) 

Momordîca. 

75 

Napel. 

X 

Mo-}  ni  lia. 

44 

Nard-Indique.- 

G8 

M.^ly. 

i35 

Nainlea. 

66 

Monniera. 

14 

Navet. 

34 

Morille. 

119 

Nénuphar. 

36 

AI  oronohea. 

2.S 

Néflier  de  GuatimaU. 

79 

Mouron. 

99 

Nerpron. 

38 

Morchella. 

149 

JSferiwJi. 

86 

M  or  us. 

i]6 

Nigella. 

I 

Mousse  fie  Corse. 

j5o 

Noix  de  Ben. 

45 

Moutarde. 

34 

Noix  vomifjue. 

85 

Mousse. 

149 

Noyer. 

4i 

Morcholen. 

7^. 

Nostock. 

i5o 

Moursas. 

Jb. 

Nissoles. 

M9 

Mouk-se. 

141 

Nicoiiana. 

93 

Mousseron. 

149  Nyclanthcs. 

83 

Morinda. 

63 

Nfiiipha^a. 

36 

Muscadics. 

108 

JSycrago. 

io3 

Musa. 

12S 

Muguet. 

i53 

Mugnaio. 

^19 

Ochroxyloji. 

14 

Muclia-Cunda. 

7 

Ocymum. 

94 

jMtiyten. 

38 

Oldenlandia. 

66 

M)  roxylon. 

45 

Olivier. 

82 

Myrthns, 

49 

Omphalea. 

114 

Mnscus-ErecMis. 

143 

On  oui  s. 

45 

Mùriei'. 

116 

Onosvia. 

9^5 

'^lycena. 

î49 

Onopordon. 

70 

Mrrica. 

117 

Opium. 

55 

ISlrristica. 

108 

Opopanax. 

63 

Opercularia. 

67 

■■Jaid-Cekinue. 

G8 

Ophioxylon. 

86 

Narcissus. 

I?q 

Ophiorhiza. 

8- 

Oreille-de-Chardon. 

Oreille-d'Orme» 

Oréi^ine. 

Oreillette. 

Orclon. 

OrcJiîs. 

Osmunda. 

Origanwn, 

Orge. 

Oriza. 

Orsedle. 

Oronge. 

Orme. 

Orcaiiette. 

Oraithopus. 

Orange, 

Ortie. 

Oseille. 

Oxalis. 


Palétuvier. 

Palava. 

Palombettes. 

Palomet. 

Pampelmousse. 

Papayer. 

Piixiais. 

Panicujii. 

Passi/lora. 

JPastinaca. 

Passei'ina. 

Pattes-d'Aliéor. 


(392) 

149  Pataboa. 

Ib.  Patate. 

Jb.   Paturons. 

Ib.  Pareirà-Brava. 

149   Pcironychia. 

124   PitVOt. 

144  Pavonia. 

94  Pandanus. 
140  Pceonia. 
Ib.   Peganum. 
147  Pentapetes. 
149  Penœa.  ' 
117   Peperonica. 

9^   Periplora. 

4^   Periploca. 

21   Persea. 
Il"  Peivenche. 
106  Pergularia. 

24  Petîveria. 
Peitigera. 
Peuplier. 

65    Vekea. 

81    Phy  salis. 

149  Phœnix. 

Ib.  Phrscia. 

z  i    Phyllanthus. 

55   Phjtolacca. 

62  Phyllirea. 
140  Phyteuma. 

19  Pliaseolus. 

63  Pheballum. 
110  Picris. 
149  Pichuj'im. 


G6 

89 
149 
5'  . 

55  . 

35 
116 

123 
1 

7 
i5i 

116 

86 

Ib. 

107 
86 

Ib. 
io5  1 

147 

117 

3o 

92 
i56 

147 

114 

io5 

82 

71 
45 

14 

70 

107 


(  393  ) 

Tînlineya. 

66 

Potirons.' 

149 

Pippio. 

149 

Potentilla. 

46 

Pietra  fungaia.' 

II. 

Potalia. 

87 

Pied-de-Cuq. 

149 

Poule. 

149 

Pied-de-Vean. 

120 

P.iurpier. 

54 

Pignon-d'Inde. 

114 

Primula. 

99 

Pinus. 

118 

Prèle. 

141 

Pinuzzo. 

149 

Pratella. 

149 

Piscidia. 

45 

Prinos. 

38 

Pistacia. 

42 

Piugnolo. 

149 

Piper. 

116 

Prataiolo. 

Ih. 

Pùtospoj'um. 

3c)  Psychotria. 

66 

Pivoiilade. 

149 

Psydium. 

49 

Plan  ta  go. 

102 

Psyllium. 

103 

Pleuropus. 

149 

Pteris. 

144 

Pluîîibago. 

lOl 

Pterocarpus. 

45 

Plukeiietia, 

114 

Ptelea. 

14 

Podoplijllum. 

35 

Pulmonaire. 

90 

Poljgala. 

44 

Pungola. 

149 

Polygonum. 

106 

Pulque. 

i33 

Polytrichum. 

145  Pyrèthre. 

70 

Polj  podium. 

^^41 

Pyrola. 

76 

Poivrier. 

14 

Pomme-Canelle. 

4  Quinquina-Piton. 

66 

Pomme  de  Vontac. 

85 

Quinquina. 

Ih. 

Pomme-de-Terre. 

92 

Çuassia. 

i3 

Pombalia. 

18 

Quamelle. 

149 

Ponchinado. 

149   Quixos. 

107 

Poivre  d'Ethiopie. 

4  Quinoa. 

io5 

Populus. 

117 

Quercus. 

117 

Poivrier, 

116 

Porcelia. 

4 

Piagagno. 

^49 

Portlandia. 

m 

Raisinier. 

106 

- 

(394) 

Ramarîa; 

149 

Rubîa: 

66 

Ranunculus. 

1 

Rûbling. 

149 

Ratanhia. 

44 

Rubus. 

46 

Rave. 

34 

Ruine  a. 

9 

Ravenala. 

126 

Russula. 

149 

Heauviuria. 

53 

Ruscus. 

i53 

Redoul. 

i5i 

Ruta. 

14 

Réglisse. 

45 

Renouée. 

106 

Sang-Dragon. 

i33 

Résine  animée. 

45 

Sanguinaria. 

35 

Réséda. 

32 

Saiep. 

i:?4 

Retti. 

45  Safran. 

127 

Rhamnus. 

58 

Sagoutier. 

i56 

Rheum. 

106 

Sagus. 

Ib. 

Rhododendron. 

76 

SaLicornia. 

io5 

Rhus. 

42 

Salsola. 

Ib. 

Rhodiola. 

59 

Salix. 

117- 

Rhyzopliora. 

65 

Sang-Dragon. 

45 

Rhubarbe. 

106 

S  an  fa  lu  m. 

1 1 1 

Ricinus. 

1 1 4  Saouari. 

3o 

Ricin. 

Ih. 

Sapin. 

iiB 

Rignoche. 

'49  Sapium. 

114 

Ringoule. 

Ib. 

Sapojiaiia. 

i^) 

Riz. 

140 

Salsepareille. 

102 

Roccella. 

147  Salsepareille  (l'A 

leinigne. 

Rosa. 

46 

ï59 

Rocou. 

9 

Sah'ia. 

04 

Romr.rin. 

94 

Sambucus. 

64 

Rossetli. 

149 

San  1  oïl  lia. 

7''-* 

Rossola. 

Ih. 

Santal  rouge. 

45 

Rotling. 

Ib. 

Sauge. 

94 

Rotula. 

Ib. 

Saule. 

i'7 

Roussille. 

Ib. 

Sarrazin. 

106 

Saxifiagal 

Saurauja. 

Salureia. 

Salsafras. 

Sarcolœna. 

Sarriette. 

Scahiosa. 

6cj  u/iu/;/iorus. 

Scordium. 

Schwame. 

Scie?  anthus, 

Scrophularia, 

Scilla. 

Scainmonée. 

S  cap  ha. 

Schaefferia. 

Schizolœna. 

Schinus. 

Scopetino. 

Scorzonera. 

Serpolet. 

Secale. 

Seigle. 

Sebestenief. 

Sea-Keel. 

Sedum. 

Séné. 

Sénégri. 

Sésanqua. 

Sesuvium. 

Sésame. 

Sexh. 

Sida. 


(395) 

60  Sigeshecîiîa'. 

8i  Sideroxjlon. 

94  Silène. 

107  Sinapis. 

6  Siinarouba. 

94  S  ire  a. 

69  Sirnplocos. 
147  Siriboa. 

94  Sinilax. 

149  Soderello. 

55  Souchet. 

93  So/anum. 
i33  Solidago. 

89  Sophora. 
81    Sorgho. 
38  Soude. 

6  Soymida. 

43  Spardum. 
149  Spigelia. 

70  Spilanthus. 

94  Spondias. 
140  Spongignole. 
Ib.  Spondias. 

90  Spirœa. 

54  Spngniolo. 
59  Stadcœ. 

45  Stranionium , 

44  Stisseia. 
3.0  Squine. 

55  Styrax. 

8  ')  Strichnos. 
1/19  Styphelia. 
7  Stevia, 


70 

79 
i5 

34 

i3 

5o 
n6 

l33 

149 
i39 

70 

45 
140 
io5 

23 
45 

87 

70 

42 

149 
42 
4a 

149 
101 

9^ 

125 
l32 

80 

85 
76 


(  396  ) 

Storax  liquide. 

n8 

Thuya: 

118 

Steccherino. 

149 

Thymus. 

94 

Storax. 

80 

Ticorea. 

14 

Sterculia. 

8 

Tirignozzo. 

14^ 

Superbe  du  Malabar. 

i34 

Tirucalli. 

114 

Sureau. 

64 

Titan-Cotte. 

8S 

Supindus. 

Zo 

Tococa. 

48 

Suilliis. 

149 

Toluifera. 

43 

SjmplntUT7i. 

90 

Tomate. 

9^' 

Swietenia. 

2.2. 

Tonka. 

45 

Tormentilla. 

46 

Tabac. 

93 

Tournesol. 

114 

Tacaniahaca. 

117 

Tozzolo. 

149 

Tamarindus. 

45   Tragopogon, 

70 

Tamarix. 

56 

Trapa. 

53 

Tamus. 

121 

Trihulus. 

14 

Tanacetum. 

70 

Tiillium. 

i33 

Tanrouge. 

61 

Trifolium. 

45 

Taraxacum. 

70 

Triticum. 

140 

Taxus. 

118 

TroUius. 

I 

Terminalia. 

5o 

Tricosanthes, 

73 

Ternstrornia. 

81 

Triosteum. 

64 

Teucrium. 

94 

Tripettes. 

149 

Tetragonia. 

53 

Truffe. 

149 

Tère  de  Méduse. 

149 

Tuber. 

Ib. 

Thalictîum. 

1 

Tulipier. 

3 

Thalia. 

laS 

Tupa. 

73 

Thea. 

20 

Turpith. 

89 

Thé  des  Apalaches. 

38 

Tussilago. 

70 

TJiesium. 

m 

Tjpha. 

i38 

Thé  de  la  Nouvelle-Jassa. 

38 

Ugeua. 

143 

Theohroma. 

7 

Ulmus. 

117 

UWa. 

Uncaria. 

Upas-Tiente. 

Upas-Antiar. 

Urceola. 

tJrtica. 

TJ^'aria. 

Uya-Ursi. 

J^accinium, 

Yaquois. 

Vahea. 

V aicriana. 

Yaniiie. 

Varec. 

"Vasseloup. 

yeratrum. 

J^erbesma. 

Verdoiie. 

Verire-d'Or. 

Vernis  de  la  Chine. 

Vinaigrille. 

Viola. 

Villa  rsia. 

Vinca. 

Viro  la. 

Vinaigrier. 

Vii'ole. 


(397  ) 
i5o  Vitex: 

66  Viiis, 

^^  Vitis  idasa. 
^'6  Vî<irum. 

^^   Vonfac. 
ii6 

^  Xylopia. 
76      ^ 

75  YaUoë. 
122  Ycotti. 

^Q  Yellow-Root. 

68  Yulan. 
134  Yvraie. 
i5o 

i4()  Zamia. 
i34  Zanthorhiza. 

70  Za/ithoxylon» 
149   Ziaria. 

70   Ziznnia. 

5o    Ziziphus. 

24   Zodoaire. 

18   Zosteta. 

87   ZygophyUum. 

86 

108    TVachendorsia, 

42    TT'alhera. 

1 49  t^Veinniannia. 


96 

76 

65 
85 


44 
86 

1' 

3 

140 

1 

14 
Ib. 

140 

33 

125 

123 

14 

128 

1.3 
61 


FIN       DES      TABLES. 


DE  L'IMPRIMERIE  DE  MIGNERET, 

RUE    DU    DRAGON;    T.    S.    G.,  N.°    2.0. 


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