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531- ^. ^ ^-^ Û 4
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ESSAI
SUR LES PHOPRILTÉS MÉDICALES
DES PLANTES.
ESSAI
SUR LES PROPRIÉTÉS MÉDICALES
DES PLANTES,
COMPARÉES AVEC LEURS PORMES EXTERIEURES ET LEUH
CLASSIFICATION NATURELLE j
ParM. Aug: Ptr: DE CANDOLLE,
Professeur de Botanique aux Facultés de Médecine et des
Sciences del'Acaclén)ie de INIoatpellier , professeur-honoraire
à l'Académie de Genève , Correspondant de l'Institut , des
Académies Royales des Sciences de Munich , Turin , etc.
SECONDE Édition, REVUE et augmentée.
A PARIS,
Chez CROCHARD, Libraire, rue de l'Ecole de
Médecine, N.° 3.
8i6,
x
^
AUX
BOTANISTES FONDATEURS
D E
LA THÉORIE DES RAPPORTS NATURELS ,
J. ET G. BAUHIN, TOURNEFORT , MAGNOL ,
RAY,MORISON,
Qui l'ont pressentie ;
BERNARD DE JUSSIEU,
Qui l'a prouvée ;
A D A N S G N,
Qui l'a développée ;
ANTOINE-LAURENT DEJUSSIEU,
Qui l'a soumise à des lois fixes ;
DESFONTAINES,
Qui l'a liée avec l'anatomie végétale j
RI CHARD,
Qui l'a éclairée par l'analyse des fruits j
ROB. BROWN,
Qui l'a étendue par l'examen des Plantes de la
Nouvelle-Hollande.
o o !^ '**; Q
g.tVB.Sai»MamM'.y~g^-JW6!.^B..^,iBtiBUfelJ
PREFACE.
JLiA première édition de cet ouvrage a
paru en 1804. Je la donnai comme Thèse
inaugurale pour o btenirle grade de docteur
en médecine à la Faculté de Paris. Depuis
cette époque, j'ai eu fréquemment occasion
d'apprendre de nouveaux fliits sur les pro-
priétés des Plantes qui ne sont pas géné-
ralement usitées , et j'ai vu que ces faits
tendaient presque tous à diminuer le nom-
bre des exceptions que j'avais moi-même
signalées comme contraires à la Théo-
rie que j'avais embrassée; les change-
mens que la classification naturelle des
végétaux a subis depuis dix ans , ont en-
core eu pour résultat de faire disparaître
nn grand nombre d'anomalies ; ces véri-
fications de la doctrine que j'ai cherché à
établir, jointes à l'approbation que les
jug^s les plus éclairés sur ces matières ont
bien voulu donner à mon travail ^ m'ont
viij
engagé à en publier une seconde édition.
J'y ai suivi la même marche que dans la
première , mais j'y ai intércallé un assez
grand nombre de faits nouvellement ob-
servés 5 en ayant soin de citer avec plus
d'exactitude encore ceux qui sont contrai-
res à la loi de l'analogie j que ceux qui
lui sont conformes. Quant à l'ordre et à
la circonscription des familles, j'ai suivi,
à de légères exceptions près , le tableau
que j'en ai présenté dans ma Théorie Elé-
mentaire de la Botanique (i) ; tableau qui
est lui-même l'expression des opinions
admises aujourd'hui par la plupart des
classificateurs.
Je désirerais beaucoup que cet ouvrage,
tombant entre les mains de quelque chi«
iiiîste habile , pût l'engager à diriger une
série d'expériences vers ce point particulier
de la science , d'analyser quelques plantes
de toutes les familles , et de rechercher si
(i) Un vol. 1/2-8.^ Paris, i8i3. Chez Deterville ,
libraire.
IX
les matériaux immédiats des végétaux se
retrouvent avec quelque exactitude dans
les sucs ou les organes analogues des es-
pèces ou des genres du même ordre naturel.
La chimie végétale a fait sans doute de
grands progrès dans ces dernières années j
mais je ne crains point d^être désavoué
par ceux mêmes auxquels ces progrès sont
dus, en disant que celte branche de la
science est encore loin do sa perfection.
L'étude des matériaux immédiats A^s
plantes, sur laquelle repose toute la con-
naissance de leur nature intime , de Fart
de préparer les végétaux pournos besoins ,
et de la possibilité de les reinpîacer les
uns par les autres , cette étude , dis-je ,
offre encore une foule de lacunes : on
ne pourra croire qu'on connaît , sinon la
totalité , au moins la grande majorité de
ces matériaux, que lorsqu'on aura analysé
avec quelque soin les divers organes des
végétaux, et qu'on aura choisi des exem-
ples dans toutes les familles des plantes.
J'estimerai li'avoir pas été" entièrement
X
inutile , si Je puis engager quelque chi-
miste à entreprendre un travail si im-
portant , et qui promet tant de résultats
curieux.
Comme nous ne possédons encore ni
matière médicale j ni même d'ouvrage de
botanique pure où les espèces soient ran-
gées en familles naturelles, j'ai cru devoir
terminer cet Essai par une Table alpha-
bétique très-détaiilée où toutes les plantes
médicales sont renvoyées à leurs familles ,
soit par les noms systématiques , soit par
leurs noms pharmaceutiques, soit même
parleurs noms vulgaires; au moyen de cette
Table , il sera facile de rapporter à leurs
grouppes naturels tous les médicamens ,
et de distribuer ainsi d'une manière con-
forme à l'état actuel de la science , les
notes et les collections de matière médi-
cale.
Je terminerai en faisant observer à mes
lecteurs que mon but n'est point , dans
cet ouvrage , de donner un Traité de bo-
tanique médicale , mais d'indiquer seule-
ocj
ment , par des exemples plus ou moins
nombreux, jusqu'à quel point on peut
établir des règles générales sur les pro-
priétés des plantes. Il y a donc sans doute
un iirand nombre de faits connus des
Pliarmacologistcs dont je ne fais pas men-
tion , dans la crainte que la multitude
même des détails ne délourne les esprits
du but que je me suis proposé. Quand
j'ai cité quelques exemples bien pronon-
cés de telle ou telle propriété dans telle
famille, il m'a paru inutile de donner
l'énumération nominative de toutes les
espèces où cette même propriété s'est ren-
contrée. Je ne me suis écarté de cette règle
que dans la famille des Champignons ,
où j'ai cru devoir insérer quelques détails
plus circonstanciés relativement à la dis-
tinction des espèces vénéneuses ou ali-
mentaires.
Puisse cette nouvelle esquisse de la
Botanique médicale , engager les voya-
geurs à ne pas négliger Fétude des pro-
priétés des végétaux exotiques 5 les méde-
xij
cins à suivre cîes principes réguliers dans
le clioix des succédanés , et les élèves à
estimer toujours davantage cette méthode
naturelle , qui , appliquée successivement
à tous les objets , tend à faire sentir leurs
véritables rapports , et à faire concourir à
un seul but les diverses branches de l'é-
tude de la nature.
Montpellier ) i.*"^ août 18 1 5.
f'^i^»*»'^
ESSAI
SUR LES PROPRIETES MEDICALES DES PLANTES J
COilPARÉES AVEC LEURS FORMES EXTÉRIEURES
ET LEUR CLASSIFICATION NATURELLE.
INTRODUCTION.
VJn a dit depuis long-temps qu'une science est
l'art de deviner ou de prédire : cette assertion,
qui peut paraître absurde au premier coup-
d'œil , et qui l'était peut-être dans le sens où.
elle a été avancée autrefois, devient rigoureu-
sement vraie , si l'on entend par-là que la preuve
la moins équivoque des progrès d'une science ,
est qu'elle puisse déterminer d'avance le résul-
tat d'expériences qui n'ont pas encore été faites;
ainsi , le calcul d'une éclipse , le plan d'une
machine et le prognostic d'une maladie, sont
autant de prédictions qui montrent que l'Astro-
nomie , la Mécanique , la Médecine , sont de
véritables sciences.
Cette faculté de détermi^ier l'inconnu par le
i
(2)
connu , semble l'apanage des études , où l'on
procède toujours par les relations d'efïet et de
cause, et c'est chez elles qu'elle s'est d'abord
développée : on s'est aperçu plus tard que cette
même faculté peut exister dans les sciences qui ,
comme l'histoire naturelle , semblent n'être
qu'une réunion de faits isolés 3 ainsi, en étu-
diant l'organisation , on a reconnu d'abord que
certains organes existent ou manquent toujours
simultanément , tellement que la présence de
l'un d'eux est un indice assez certain de l'exis-
tence des autres 5 on a reconnii ensuite qu'il est
des organes qui exercent sur le reste de la struc-
ture une puissance telle , que de la disposition
d'une seule partie , on peut déduire la l'orme de
plusieurs autres parties de l'individu 5 ces deux
principes ont fondé la théorie des rapports na-
turels, et de ce moment seul l'histoire natu-
relle a été élevée au rang d'une science. Sous
ce point de vue, il faut convenir que l'étude
de la matière médicale , quoique la plus immé-
diatement utile parmi les connaissances hu-
maines , est l'une des plus éloignées de la per-
fection ; en efiét , cette perfection n'aura lieu
que lorsqu'on pourra résoudre ce problême :
étant donné un être naturel quelconque , dé-
terminer à priori l'elïét que ciiacune de ses
parties aura sur le corps humain , lorsqu'elle
(3)
*era appliquée dans des circonstances donnéesi-
Les premiers essais ont été pendant longtemps
des expériences faites au hasard, et la science
ne consistait que dans le recueil de ces faits
détachés. Ce n'est véritablement que dans les
derniers siècles qu'on a cherché à lier par cer-
tains principes , les faits nombreux que l'expé-
rience avait constatés ou que les traditions
avaient transmis. Ces principes , ou pour re-
venir à ma première idée , ces moyens de déter-
miner d'avance l'action d'un médicament y
peuvent se classer sous trois chefs généraux 5
les qualités sensibles , la composition chimique
et V analogie naturelle. Sans vouloir ici coin-
parer ces trois moyens qui, sul^ordonnés à l'expé-
rience , peuvent conduire à la vérité^ Je m'at-
tacherai seulement à développer ce qu'on peut
attendre du dernier ; Je ne ferai même cette
recherciie que relativement au règne végétal ,
parce que les expériences médicales ont été plus
multipliées sur les végétaux que sur les deux:
autres règnes ,.et que la solution de cette ques-
tion , relativement à l'un des deux rôiines oro-a-
nisés, conduira facilement à un résultat ana-;
logue pour l'autre règne.
La plupart des auteurs anciens paraissaient
croire que les plantes qui se ressemblent par»
leur forme extérieure; se ressemblent aussi par
(4)
leurs propriétés : on peut du moins le présu-
mer, d'après l'ordre dans lequel ils distribuent
le plus souvent leurs niédicamens, et d'après
les comparaisons qu'ils ont coutume d'éta-
blir entr'eux j le premier natiiraliste médecin
qui ait énoncé clairement cette opinion est
Camerarius , auteur d'une dissertation de Con-
ven'wnûâ P/antarum infructijicatione et viri-
bus (Tubing. 1699) ; depuis lors , cette opinion
est devenue un sujet de controverse habituelle
parmi les médecins et les botanistes 5 les uns ,
tels que Isenflamm (1) , Wilcke (2) , Gmelin (3)
et plusieurs autres , se sont décidés pour l'affir-
mative 5 Murray y a donné une assez grande
importance , puisqu'il a disposé les médicamens
dont il lait l'histoire, d'après les ordres naturels
et qu'il insiste souvent sur les rapports de leurs
propriétés : mais aucun n'a énoncé une opinion
aussi formelle à cet égard , que Linné , dans sa
dissertation sur les propriétés des plantes (4) ,.
{\) Methodus plantarum medicinœ clinicœ adminicu"
tum. Diss. Erlang. , i 764.
(2) De usu sjrstematis sexualis in medicinâ. Diss.
Grypliys'walde , 1764'
(3) Botanica et chemia ad medicam applicatce. Tu»
bing. , 1735. Journ. Pliys. 1 ; p. 48.
(4) Amœn. Acad. , 5. p. 148.
(5)
OU if établit que les plantes du même genre orit
la même ]n'0])riété, que celles dû même ordre
naturel ont des propriétés voisines , et que celles
de la même classe ont aussi quelques rapports
dans leurs vertus. M. de Jussieu adopte la
même opinion , et suit une gradation analogue
dans un mémoire (i) sur le sujet qui nous oc-
cupe , où il applique à cette belle et grande
question , les principes de sa classification na-
turelle 5 enfin, depuis la première édition de
l'ouvrage que je reproduis aujourd'hui devant
le jmijlic j M. Cassel en a publié un sur le;
même sujet (2) , dans lequel il embrasse la même
opinion et où il cherche même à montrer les
rapports de propriétés qu'il trouve entre des
familles analogues et entre les organes iden-
tiques de familles diverses. M. Barton , dans
ses essais sur la botanique médicale des Etats-
Unis d'Amérique (3) , (ouvrage d'où j'ai tiré plu-
sieurs faits curieux propres à confirmer l'analo-
gie des propriétés des plantes avec leurs formes )
(1) Mém. de la Soc. de Méd. , 1786 , p. i8«.
(2) Vcrsuchùher die naturllchen familien der pflanzen
mit sûchsicht auf hive heilkraft y von F. P. Cassât.
Kœln. y 1810.
, (3) Collections for an Essaj to-wards a materia medica
of the united States. By Benj\ Sniith Barton. Philadel-
phia , 7.fasc. 8.° 1801 et 1804.
(«)
cite perpëtuellemcnt les rapports des plantes , de
manière à prouver que ce genre de raisonnement
l'a souvent guidé dans ses recherclies médicales.
D'un autre côté, nous trouvons Vogel (i),
Plaz (2) , et sur-tout Gleditscîi (3) , qui s'élèvent
contre la possil^iiité de juger des vertus des
plantes , d'après leurs formes extérieures et
leurs caractères botaniques j Cullen (4) même
paraît y attacher peu d'importance , quoiqu'il
reconnaisse la vérité de cette analogie dans un
grand nomljre de cas , et qu'il y revienne plu-
sieurs fois dans le cours de sa matière médicale.
Au milieu de cette amlîiguité parmi les au-
torités les plus respectaliles , j'ai cherché à fixer
ma propre opinion sur ce sujet important ^ et
si Je me hasarde à publier ici mes réflexions ,
c'est qu'il m'a semblé qu'on n'avait pas encore
fait usage, dans cette discussion, de tous les
moyens que nous donnent les progrès récens
de l'Histoire naturelle , de la Chimie et de la
(1) Mat, Med. , p. 12.
(2) De plantarum lùriutihiis ex ipsarum caractçre
hotanico luinquam cognoscendis. 3 Dissert. Leips. ^
,1762 et 1763.
(3) De Methodo botnnicâ dubio et fallaci virtutum in
plantis indice. Diss. Francof, ^ 174^'
(4) Mat, Med. 1 , p. i35.
(7)
Médecine elle-même ; car toute la matière mé-
dicale se complique cl'argumens et de faits
déduits de ces trois sciences , et c'est peut-être
à cette cause qu'on doit attribuer le peu de
progrès qu'elle a faits jusqu'à présent.
La question que nous tentons de discuter ici ,
n'est pas seulement de pure théorie, comme on
pourrait le croire au premier coup-d'œil ^ elle
intéresse de près le bien de l'humanité et . le
perfectionnement des sciences naturelles et
médicales. Elle tend à rattacher à un même
tronc toutes ces branches séparées de l'arbre de
la science j et dans l'état actuel des conriais-
sanccs humaines, dans une époque où des faits
nombreux sont inscrits sur les registres de
chaque science , est-il sans intérêt et sans utilité
de collationner les registres de trois doctrines,
et d'en tirer les résultats généraux auxquels on
est arrivé par trois voies dilTérentes? La matière
médicale est ce registre immense où la Méde-
cine , la Chimie et l'Histoire Naturelle , dé-
posent leurs découvertes ', si j'ai osé en tracer
un chapitre, je ne me suis pas dissimulé les
difficultés de cette entreprise ; je n'ai point pré-
tendu donner une théorie nouvelle dans au-
cune des sciences mères qui coinjiosent la nia-
tière médicale , mais seulement comparer leurs
résultats. Je m'estimerai heureux si mon travail
(8)
peut faciliter les applications d'une tliéorie
indiquée par d'autres, mais que je crois sus-
ceptible d'une plus grande extension et sur-
tout d'une plus grande précision.
Si les principes et la connaissance exacte des
familles naturelles dataient d'une époque plus
reculée, nous pourrions sans doute indiquer
déjà plusieurs découvertes dues à cette théorie :
quelques exemples récens peuvent du moins
nous les l'aire prévoir.
C'est entièrement sur la loi de l'analogie
entre les propriétés et les formes extérieures,
que reposent les travaux intéressans des mé-
decins qui ont cherché à substituer les médi-
camens indigènes aux médicamens exotiques» ■
Connaîtrions - nous bien les propriétés émé-
tiques de nos Violettes , sans ri2>écacuahna ;
les vertus purgatives de nos Liserons et de nos
Rumex , sans la Scammonée et la Rhul>arbe ?
Aurait-on tenté dans plusieurs pays, de se
nourrir avec la racine cuisante de l'Arum,
si nous eussions méconnu les propriétés utiles
de la colocase ? ou de faire du pain avec le
gland commun , si nos pères n'avaient pas
connu le gland doux f
Mais étendons nos regards au-delà de notre
Europe ; et dans ce moment où de nouveaux
centres de civilisation se forment de toutes ■
(9)
parts, où les deux Amériques , le Bengale , la
Nouvelle-Hollande, oHrent des colonies eu-
ropéennes devenues maintenant indigènes de
ces pays lointains, tentons de prévoir combien
les médecins et les naturalistes de ces régions ,
pourront être plus promptement et plus sûre-
ment utiles à l'humanité , en se guidant dans
leurs recherches sur les lois de l'analogie. Ils
ont quitté FEurope, enrichis de nos connais-
sances sur les propriétés de certains végétaux.
Arrivés sur une terre nouvelle, qu'au lieu de
faire des essais au hasard , ils se guident par
l'analogie; que les habitans des Indes cherchent
dans leurs Rubiacées un nouveau Quinquina ,
une nouvelle Garance (i) , un nouvel Ipéca-
cuanha , et ils cesseront de recourir à l'Améri-
que et à l'Europe. C''est ahisi que les Américains
deviendront chaque jour plus indépendans de
l'ancien monde , en employant aux mêmes
usages que nous des végétaux analogues : leurs
Chênes leur fournissent le tan ; leurs Pins ont'
de la térébenthine comme ceux de l'Europe.
S'il est un pays où la théorie de l'analogie ,
entre les formes et les propriétés, peut devenir
éminemment utile , c'est l'Amérique septen-
(i) M Anb. du Petit -Thouars l'a trouvée dans lé
Danaïs de Commerson.
(10)
trionale , qui , située à la même latitude que
l'Europe, est peuplée de végétaux analogues.
Mais nous - mêmes pouvons tirer une
grande utilité de la recherche de médicamens
et d'alimens analogues parmi des végétaux
étrangers. Demandons-le à ces voyageurs c[ui ,
loin de leur patrie, épuisés par de longues na-
vigations, retrouvent sur une côte étrangère
et inconnue , des végétaux qui ressemblent à
ceux de leur pays : c'est ainsi que Fors ter ,
retrouvant une crucifère , ( Lepidiurn olera-
ceum ) dans les îles de la Mer du Sud , s'en est
servi avec succès comme anti-scor])utique \ c'est
ainsi que Labillardière^ en reconnaissant une
nouvelle espèce de Cerfeuil dans son voyage
autour du monde , procura à tous ses com-
pagnons de voyage une nourriture saine et
agréable. Ces applications , qui deviendront
tous les jours plus firéquentes , si la loi de l'a-
nalogie est admise , tendront tous les jours
aussi à en prouver l'utilité.
Il en est d'autres d'un emnloi moins immé-
diat , mais que nous ne négligerons pas d'in-
diquer. Ainsi , en admettant cette théorie , on
pourra mettre plus d'ordre et plus de méthode
dans la description et dans la démonstration
des médicamens ; on pourra présumer à priori
la place d'un médicament dont on ignore la.
(")
véritable origine : ainsi on placera avec beati-
coup de probahilité la gomme ammoniaque (i)
et le Sagapenum , parmi les produits des Oin-
bellifêres , le beurre de Galam parmi ceux des
Laurinées , etc. j on pourra enlin, de la con-
naissance des ])ropriotés des plantes , déduire
des conséquences relatives à leur classification ;
j'aurai occasion de citer l'exemple du Me-
nyanthes , dont les propriétés fébrifuges in-
diquaient la place parmi les Gentianées; de
même la racine vénéneuse de la Métboiiique ,
ne prouve-t-elle pas la vérité de son rajiproclie-
ment avec les Colcliicacées? L'extrême diffé-
rence médicinale des Valérianes et des Dip-
sacées ne confirme-t-elle pas leur séparation?
On voit donc que cette théorie , qui rap-
proche les connaissances médicales et bota-
niques , tend à perfectionner les unes par les
autres , à rapprocher ces deux études autrefois
tellement unies , qu'elles semijlaient presque
inséparables. Cherchons donc à nous faire une
idée précise du degré de confiance qu'elle
mérite.
(i) J'écrivais cette phrase en iSo4) et trois ans après
M. Wildenow a prouvé cpie la gomme ammoniaque était
produite en effet par une ombelUfère qu'il a noiuinée
fferaclçum gummiferuni.
C 12 )
Pour mettre quelque ordre dans les obser-
vations que je soumets ici au jugement des
naturalistes et des médecins, je commencerai
par développer les preuves générales de l'ana-
logie qui existe entre les formes et les propriétés
des plantes , et les règles d'après lesquelles doit
se faire la comparaison exacte des furmes et
des propriétés des végétaux : ensuite , dans ma
seconde partie , j'appliquerai ces règles à chaque
famille en particulier.
(i3)
PREMIERE PARTIE.
PRINCIPES ET RÈGLES DE LA COMPARAISON
ENTRE LES FORMES ET LES PROPRI^T^S
DES VÉGÉTAUX.
CHAPITRE PREMIER.
Preuves générales qu'il existe une analo-
gie entre les propriétés et les formes exté-
rieures des plantes,
J_-(ES preuves générales que les propriétés mé-
dicales des plantes , sont en rapport avec leurs
formes extérieures , se déduisent de la théorie ,
de l'observation et de l'expérience.
S. I.^"^
Preuves déduites de la Théorie.
Si nous cherchons d'abord , par la seule
théorie , d'où dérivent les propriétés des diverses
(14)
SuiDStaiices employées dans l'art de guérir, tioliâ
arriverons, dans le plus grand nombre des cas ^
à en trouver la véritable source dans la com^
position chimique. Lorsqu'il s'agit de médica-^
mens dont la nature est Ijien connue , parce
qu'elle est peu compliquée , tels que les sels , les
acides, l'influence de leur composition ne peut
être révoquée en doute , puisque le moindre
changement dans cette composition intervertit
la marche de leurs effets. Cette même loi se
retrouve dans des médicamens plus compliqués $
tels que ceux dont l'origine est due aux corps
organisés 5 nous voyons toutes les matières or-
ganiques se réduire en dernière analyse , en un
certain nombre de matériaux dont la compo^
sition chimique est peu ou point variable , et
qui, lorsqu'ils sont ramenés a leur état de
pureté , conservent sensiblement les mêmes
vertus; ainsi la fécule est toujours nutritive ;
la gomme ou le mucilage, toujours adoucissant
et relâchant ; l'huile fixe , toujours lubréfiante j
l'huile volatile, stimulante et aromatique , etc.
Or, il est évident que ces divers élémens mé-
langés dans diverses proportions , doivent for-
mer des composés doués de nouvelles propriétés
probablement intermédiaires entre celles des
composans; nous concevons de plus que si,
dans un grand nombre de cas , nous ne pou-
( 1^
Tons expliquer aussi clairement l'effet des mé-
dicainens composés, cette impossibilité tient
beaucoup moins à la nature des choses qu'à
notre propre ignorance j mais, indépendamment
de son action chimique, toute substance placée
en contact avec le corps humain , agit par un
simple effet mécanique , tel que son poids , sa
masse , les aspérités ou le poli de sa superficie ,
sa faculté d'absorber ou d'exhaler l'humidité ,
de conduire ou de retenir le calorique , etc. 5
quelquefois aussi cette seconde source de l'ac-
tion des substances étrangères est la seule qui
ait lieu, et c'est ce qui arrive particulièrement
dans les médicamens appliqués à l'extérieur.
Nous voyons donc que tout l'effet des médica-
mens sur le corps humain , doit être rapporté ,
ou à sa structure physique ou sur-tout à sa
composition chimique.
Mais cette structure physique^ cette compo-
sition chimique d'un médicament , ne dépen-
dent-elles pas immédiatement de l'organisation
du végétal qui le produit , et en particulier de
la structure de cette classe d'organes qui a
rapport à la nutrition r C'est un phénomène
continuellement présent à notre examen , que
de voir diverses plantes nées dans un sol par-
faitement semblable , produire des matières très-
différentes , taudis que des végétaux analogues,
( i6 )
nés clans des sols differens , y forment des pro-»
duits semblables. Sans vouloir nier l'influence
du sol sur la végétation , on ne peut discon-
venir que la structure des organes nutritifs ne
soit la véritable cause de la nature des produits ,
lorsqu'on voit que si , dans le même sol , sous
un vase fermé qui renferme une quantité d'air
suffisante , on sème deux graines , l'une de
Millepertuis et l'autre d'Ortie , au bout de
quelques jours la première développera deux
feuilles criblées de petites glandes remplies
d'iiuile essentielle , tandis que la seconde por-
tera de petits tubercules pleins d'une liqueur
caustique. Peut-on révoquer en doute l'in-
fluence de la structure des organes nutritifs ,
lorsqu'on voit les diverses parties d'un végétal
ou d'un animal renfermer des sucs diversement
élaborés , doués de propriétés particulières ,
et cependant tous tirés primitivement de la
même sève ou du même chyle ? Cette influence
-est tellement manifeste par la diversité des
produits , que même dans les cas où nous n'ap-
percevons aucune différence dans les organes,
nous regardons cependant comme prouvé qu'il
en existe, loi'sque nous en voyons dans les
-résultats.
Mais, me dira-t-on, puisque cette structure
des organes de la nutritipn qui détermine la
t «7)
nature des produits d'un être organisé , c*est
donc uniqiiement dans ces organes nutritifs
qu'on doit chercher les principes d'une classifi-
cation naturelle j on a suivi cette marche dans
la zoologie , elle a conduit à une classification
qui paraît conforme à la nature ; mais dans le
règne végétal , on a pris les organes de la repro-
duction pour bases de la classification, et con-
séquemment la nature des produits végétau:S
n'a aucun rapport nécessaire avec leur classi-
fication.
Cette objection est trop importante , elle
tient de trop près aux principes de la vraie bo-
tanique, elle reviendrait trop souvent dans le
cours de ce travail , pour que je ne me hâte pas
d'y répondre aussi complètement que mes
moyens me le permettront. Il est hors de mon
sujet de démontrer ici , comme je crois qu'il est
facile de le faire , que la différence qui se
trouve dans la marche de la zoologie et de la
botanique , n'est point arbitraire , mais tient
à la nature essentielle des animaux et des vé-
gétaux : on a dû , dans chaque règne , classer les
êtres d'après la fonction dont les organes of-
fraient le plus de variétés d'espèce à espèce, et
le plus de constance d'individu à individu ; car
toute fonction, pourvu qu'on la connaisse en-
tièrement , peut conduire à une classificatiou
2.
( i8 )
naturelle. Cette proposition , qui pourrait
paraître hasardée, deviendra, je pense, au
moins très-prol)able à celui qui réfléchira que
dans un corps organisé , aucune fonction n'est
isolée 3 mais que chacune d'elles est modifiée par
l'autre : à celui sur-tout qui aura vu que dans
tous les corps organisés , nous trouvons certains
organes dont l'existence et la forme sont inti-
mementliées , quoique nous ne puissions encore
apercevoir entre eux aucune relation (i).
L'étude des rapports naturels n'est autre
chose que l'observation de la constance plus
ou moins grande de ces réunions d'organes :
d'après ce principe , le naturaliste place à côté
les uns des a^^tres tous les êtres qui ont le plus
grand nombre d'organes communs ou sem-
blables , et sépare ceux qui n'en possèdent en
commun qu'un petit nombre ; d'où résulte que ,
tandis que la perfection d'un système artificiel
est de ne compliquer le caractère des classes
que du plus petit nombre d'idées possible , une
méthode naturelle ^ au contraire , est d'autant
plus parfaite , que les caractères des classes
peuvent exprimer un plus grand nombre d'idées.
Mais approchons-nous davantage de la ques-
(i) ï'^oyez le développement rie ces principes dans la
S'heorie élémentaire de la Botanique , page 78.
( '9 )
tîon. S'il est démontré qu'vme famille na-
turelle renferme les plantes qui ont le plus
grand nombre de rajiports dans les organes de
la reproduction , l'analogie la mieux fondée ne
porte-t-elle pas à croire qu'elles en auront aussi
dans ceux de la nutrition ? Nous voyons déjà
que , dans le règne animal , quoique les classes
soient établies d'après les organes de la nutri-
tion , en prenant ce terme dans le sens le plus
général, elles correspondent cependant d'une
manière assez étendue avec les organes de la
génération : de même nous voyons que dans les
plantes , les caractères les plus importans de la
reproduction , tels , par exemple, que la division
des végétaux, selon quela graine estacotylédone,
monocotylédoAe ou dicotylédone , se trouvent
maintenant d'accord avec la division tirée de
l'existence et de la disposition des vaisseaux.
Si nous ne pouvons pas encore annoncer
avec certitude de tels ra]q)rocliemcns généraux
entre les caractères secondaires de la fructifi-
cation et ceux de la nutrition , nous en voyons
cependant des exemples assez nombreux , ]^our
être autorisés à penser que ces rajjports existent
réellement. Ainsi, lorsque sur plusieurs milliers
d'individus , nous observons , sans en savoir la
cause , que toutes les fois qu'une plaiite a six
étamines ; dont denx opposées plus courtes qu@
2...
(20)
les autres, elle a quatre pétales disposés en
croix , nous admettons comme certaine la con-
cordance de ces deux faits ; si , sur le même
nombre d'individus, nous trouvons que les
feuilles sont alternes , nous admettons cette
seconde réunion de caractères, quoique tirée
d'organes plus éloignés , avec autant de facilité
que la première , puisque nous ignorons la
cause de l'une et de l'autre. Il serait facile de
multiplier à l'infini des exemples semblables j
mais il me paraît que les considérations que je
viens de présenter , tendent à prouver que la
structure des organes de la reproduction des
végétaux, peut être un indice assez certain de
la structure des organes de leur nutrition 5 mais
s'il est vrai, comme je l'ai avancé plus haut,
que la structure des organes de la nutrition
détermine la nature des produits du végétal ,
et conséquemment ses propriétés , il faudra
convenir que les propriétés des plantes, sont
d'accord avec leur classification en familles na-
turelles. Tel est du moins le résultat général de
la théorie dont nous étudierons ensuite les mo-
dilications.
(21)
S. II.
"Preuves déduites de l' observation.
Abandonnons cependant la théorie , ce guide
dangereux , qui , lors même qu'il tient la bonne
route , dépasse souvent le point où la vérité se
trouve réellement , et recherchons si la simple
observation des phénomènes ne nous donnerait
pas, indépendamment de toute expérience ,
quelqu'indice sur les propriétés des plantes qui
se ressemblent parla forme extérieure. Ici l'ins-
tinct des animaux va nous servir de guide.
Parmi les herbivores on peut distinguer deux
classes : ceux qui se nourrissent indifféremment
de tous les végétaux, et ceux qui sont destinés à
ne se nourrir que d'une seule plante.
Parmi les premiers, nous observerons, non les
végétaux qu'ils recherchent , ce qui serait trop
long , mais ceux qu'ils rejettent j et nous pour-
rons remarquer qu'àl'exception desplantes qui,
par leurs épines ou leur dureté , se soustraient
à la voracité des animaux , ceux-ci rejettent ou
recherchent également toutes les espèces d'un
genre ou d'une famille ; ainsi les bœufs laissent
intactes toutes les Labiées , toutes les Véro-
niques ; les chevaux presque toutes les Cruci-
fères j les bœufs, les chevaux^ les moutons, les
(22)
codions , les clièvres , ne mangent presqu'au-
cune solanée, tandis cjue ces animaux dévorent
avidement les graminées , les légumineuses , les
composées (i).
Les animaux naturellement bornés à une
seule nourriture, étendent souvent leurs dégâts
sur des espèces du même genre ou de la même
famille; les insectes pourraient fournir mille
exemples de ce genre d'instinct , ainsi le Curcu-
lio Sci'opliularlœ L.^le Cyiiîps Rosœ L. , la.
Tsylla Juacorurn X. ^ le Cuïculio Rumicis L. ,
le Cynips Salicis j etc. attaquent plusieurs es-
pèces des genres dont ils portent le nom , et quel-
ques-uns vivent indifféremment sur toutes . Ainsi
l'insecte précieux qui nous fournit la soie, est
nourri dans divers pays avec les feuilles du
mûrier blanc , du mûrier noir , du mûrier des
Indes, du mûrier de Tartarie , du mûrier rouge.
Allons plus loin , et nous trouverons quelques
insectes dont l'instinct dépasse les limites du
genre ; ainsi , tout le monde a remarqué que
dans les bosquets , les cantharides attaquent d'a-
bord les frênes , puis se jettent sur les lilas et
les troènes et jusque sur les oliviers , seuls
genres de la même famille qui soient géné-
pi) Linné. Pan Succus.
( 23 )
faleincnt cultivés (i) ; le sphinx du troène vit
sur le troène, le frêne , les lilasj le papillon du
chou sur le chou , la rave , la giroflée ; la che-
nille du Vapilio doplidice vit sur toutes les
plantes voisines du chou et sur le réséda , l'un
des genres les plus voisins des crucifères que
nous ayons dans ce climat j la larve , nommée
par Réaumur teigne à falbala , m'a offert un
exemple frappant de cette espèce d'instinct \ on
ne la trouve Jamais dans la nature que sur l'as-
tragale à feuille de réglisse j lorsque Je mettais
ces larves paître sur une touffe d'herbes où
elles ne trouvaient pas de cet astragale , elles se
jetaient sur les autres légumineuses , et ne man-
geaient de plantes d'une autre famille, que
lorsqu'elles ne pouvaient trouver aucune légu-
raineuse à dévorer. Dans tous ces exemples,
qu'il eût été facile de multiplier, la nature ne
semhle-t-elle pas nous dire elle-même, que les
sucs des espèces congénères Jouissent des pro-
priétés analogues?
Les mêmes phénomènes que les animaux
viennent de présenter , nous les retrouverons
(]) Elles n'attaquent au contraire jamais les jasmins^
qu'on avait mal-à-propos réunis à la famille des Oleinées,
et qui forment aujourd'kui uhô faaiille particuUure.
(M)
en suivant l'iiistoire des végétaux parasites;
nous pourrons encore ici , parmi les véritables
parasites , distinguer ceux qui vivent indiffé-
remment sur un grand nombre de plantes ,
comme le gui blanc , qui croît sur presque tous
les arbres , et ceux que la nature a déterminés
pour vivre sur une seule espèce , un seul genre
ou une seule famille; tel est , par exemple , le
Loranthus Europœus , qu'on trouve dans le
nord de l'Ilalie sur plusieurs espèces de chênes à
feuilles caduques ; mais , dans cette dernière
classe , l'exemple le plus frappant sera tiré des
champignons parasites, et sous ce nom, je
n'entends pas ces champignons qui vivent sur
les troncs morts ou sur l'écorce des arbres
vivans , puisqu'ils ne tirent rien de l'intérieur
de la plante , et se nourrissent seulement de
l'humidité superficielle ; mais je désigne ces
Uredo , ces JEcidiunif ces Pue ci nia qui nais-
sent sous l'épiderme , se nourrissent du suc de la
plante, et sont presque tous strictement fixés
à une seule espèce. Ces petits végétaux à peine
visibles à l'œil et comparables aux poux et aux
ricins des animaux , semblent aussi bien que les
insectes , connaître la classification naturelle ,
et au défaut de leur nourriture , trouvent un
aliment analogue dans les espèces voisines >
( ts5 )
Ainsi les Puccinies des Rosiers (i), des Ronces
(2), des Circées (3), des Menthes (4), des Rai-
ponces {5)j des Trèfles (6) les Uredo des Rosiers
(7) , des Ronces (8) , les AEcidium du Pin (9) ,
des Violettes ( 1 o) , des Prenanthes ( 1 1 ), du Tussi-
lage (12) , etc. , vivent indifféremment sur diffé-
rentes espèces des genres dont ils portent le
nom 5 bien plus, les trois espèces (1 3) confondues
sous le nom de Tremelle des Genévriers , et
qui, sons le nom de Gymnosporangium , cons-
tituent aujourd'hui un genre particulier , vivent
toutes les trois sur diverses espèces de Gené-
vriers, et ont même attaqué les Genévriers étran-
gers naturalisés dans nos jardins. Allons plus
(1) Puccinia Rosae. FI. Fr. Puce, mucronata. Pers,
(2) P. Rubi. Hedw.fiL
(3) P. Circeae. Pers.
(4) P. Menthae. Pers.
(5) P. Phyteumarum. FI. Fr.
(6) P. Tiifolii. Hedw.Jîl.
(7) Uredo Rosse. Pers.
(8) Uredo Rubi. FI. F.
(9) AEcidium Pini. Pers.
(10) ^cidium Violarum. FI. Fr,
{\\) AEcidium Prenantliis. Pers.
(12) AEcidium Tussilaginis. Pers.
(i3) Gymnosporangium conicum. Hedw.fil,-m.Q, fui^
cum. FI, Fr. — Q. clavariœforme. FL Fr.
( 26 )
loin , et nous trouverons quelques espèces para-
sites sur des familles entières 5 ainsi la spliérie
des Graminées (1), l'Uredo des Bleds (2,) , et
i'Uredo linéaire (3) , attaquent toutes les espèces
de Graminées de nos prés et de nos moissons 5
i'Uredo Mycophjla, Pers., se trouve sur plu-
sieurs de nos grands champignons ; l'AEcidiuni
des Borraginées (4) , I'Uredo (5) , rifficidium des
Chicoracées (6) , I'Uredo des Renonculacées (7),
etc. , croissent sur presque toutes les espèces
indigènes de ces familles.
Par un si grand nombre d'exemples , la na-
tura ne semble-t-elle pas , je le répète , nous
indiquer elle-même que les sucs sécrétées par des
plantes de même genre et de même famille ,
sont doués des mêmes propriétés alimentaires?
Qu'on me permette d'indiquer ici en passant,
une petite réflexion-pratique relativement à la
naturalisation des arbres étrangers ; on a dit
que l'un des avantages de cette introduction des
végétaux exotiques, était de les soustraire ^ux
(1) Sphaeria Graminuni. Pers.
(2) Uredo Segeturc. Pers.
(3; Uredo linearis. Pers.
(4) AEcidium asperifolii. Pers.
(5) Uredo Cichoraceaium. FI. Fr.
■ (6) AEcidium Cichoracearura. FI. Fr.
(.7) Uredo RaiiunciilaceaiTim. FL F. Suppl.
(=7)
ravages des insectes de leur pays , et de placer
dans nos plantations des arbres que nos insectes
sont forcés de respecter j cette considération
n'est vraie, que lorsqu'il s'agit d'arbres (jui
appartiennent à des familles ou à des genres
très - difFérens de ceux qu-'on rencontre en
Europe î ainsi les Frênes , les Chênes , les Gené-
vriers étrangers sont attaqués par les parasites de
leurs congénères européens , tandis que le Ster-
cuLia , le Gincko , Y Azedarach, Y Aristotelia , le
Kohlreutera j\q, Tulipier , \e Diospyj^os et en
général les arbres très-dilïérens de ceux d'Eu-
rope, sont très-rarement attaqués ; à égalité
dans l'emploi et la facilité de la culture , ces
arbres méritent donc la préférence.
S. III.
Preuves déduites de l'expérience.
L'observation des phénomènes naturels a
confirmé les résultats de la théorie j mais l'ob-
servation elle-même , qui ne conclut les géné-
ralités que par analogie , a besoin d'être sou-
mise au jugement de l'expérience qui , dans les
sciences physiques , décide en dernier ressort ,
comme l'usage dans les langues. Ce recours à
l'expérience est d'autant plus nécessaire dans
ce cas qu'en observant les mœurs des anjmaujc,
(28)
nous trouYons d'autant plus d'exceptions , que
les animaux sont plus voisins de l'homme.
Si j'ouvre l'histoire de la matière médicale,
j'observe qu'un grand nombre de médicamens ,
même les plus actifs , qui , dans l'enfance de la
science, avaient été regardés comme les pro-
duits d'une seule plante , se sont trouvés, lors-
que leur histoire a été mieux suivie , appartenir
à plusieurs espèces voisines j ainsi le quinquina
est tiré de toutes les espèces de vrais Cinchona ,
la rhubarbe de presque tous les Fdieum , l'opium
de plusieurs Pavots, le semen-contrà de plu-
sieurs Absynthes , la térébenthine de la plupart
des Pins 5 ainsi l'histoire mieux connue de la
gomme adragant, nous montre qu'on la tire
de plusieurs Astragales épineux : il en est de
même de la gomme arabique qui découle de
plusieurs Acacias 3 ainsi , les racines de plusieurs
Violettes , essayées dans des lieux divers , se
sont trouvées émétiques , et je crois avoir rendu
probable , que la propriété vermifuge de l'flel-
mintochorton est commune à plusieurs Céra-
miums.. Plusieurs espèces du même genre pro-
duisent donc des médicamens tellement sem-
blables , qu'avant de connaître leur histoire on
les avait réunis sous un même nom.
Il en est d'autres qui , mieux connues parce
qu'elles sont indigènes, ont été toujours regar-
dées comme douées des mêmes vertus ; ainsi
toutes les Mauves sont émoUientes , les Co-
chléaria anti-scorbutiques , les Gentianes fébri-
fuges , les Aconits et les Hellébores caustiques
et dangereux, les Euphorbes acres et purga-
tives , etc.
Allons plus loin , et nous verrons que lors-
qu'une propriété bien marquée a été reconnue
dans un genre , nous la retrouvons à un degré
plus ou moins prononcé dans d'autres plantes
de la même famille j ainsi le Finkneya^ voisin
du quinquina , est , selon le témoignage de
Michaux, employé comme fébrifuge; plusieurs
rumex participent aux propriétés purgatives de
la rhubarbe; plusieurs matricaires , achillées et
tanaisies à celle de l'absyuthe , etc.
L'analogie est quelquefois si prononcée que
la famille entière participe aux mêmes vertus ;
toutes les Graminées ont des graines farineuses
et nutritives , et des tiges pleines d'une sève
plus ou moins sucrée ; les Labiées sont stoma-
chiques et cordiales; les Ombellifères ont des
semences toniques et stimulantes ; celles des
Euphorbiacées sont acres et purgatives ; le suc
des Conifères est résineux ; l'écorce des Amen-
tacées est astringente et fébrifuge, etc.
On peut même soupçonner quelques res-
semblances dans les propriétés de certaines f^-
(3o)
milles qui se ressemblent par Torganisatioii j
c'est ce qu'on peut déduire des rapports qui
existent entre les Gentianées et les Apocinées ,
les Personées et les Solanées , lesRliodoracées et
les Ericinées , les Myrtinées , les Salicaires et
les Rosacées, etc.
Ajoutons à tous ces exemples que la lecture
comparative des récits des voyageurs, prouve
que les plantes du même genre ou de même
famille, ont été employées aux mêmes usages
par des peuples fort éloignés qui ne s'étaient
point communiqués entr'eux j ainsi les racines
du Dracœna tei^minalis sont employées , par les
Indiens, aux mêmes usages que celles du Smi-
lax salsaparilla dans l'Amérique méridionale;
ainsi l'écorce du Rhizophora gymnorhiza sert à
teindre en noir dans les Indes , et les habitans
du Chili emploient au même usage le Lonicera
corymbosa ; ainsi lŒugenia malacceiisis , aux
Indes , et plusieurs Myrtes au Pérou, sont em-
ployés contre la dyssenterie ; les liserons des
quatre parties du monde , sont la plupart em-
ployés comme purgatifs par différens peuples.
J'aurai occasion , dans la seconde partie de cet
ouvrage de revenir sur tous ces exemples d'uni-
formité de vertus ; mais nous ne devons poiat
dissimuler qu'au milieu de ce grand nombre de
faits , qui tendent à confirmer U théorie, il se
(3. )
présente plusieurs exceptions frappantes: la
dangereuse Ciguë est à côté de l'utile Carotte ,
la douce Patate touche l'acre Jalap, l'amère Co-
loquinte trompe l'œil par sa ressemblance avec
le Melon , la Pomme-de-terre se trouve classée
au milieu des poisons , l'Ivraie parmi les Cé-
réales , et l'arbre le plus voisin du Cerisier four-
nit l'un des poisons les plus actifs du règn«
végétal.
Peut-on raisonnablement tirer quelque con-
clusion décisive , lorqu'on trouve dans les vé-
gétaux des exemples si contradictoires , des
anomalies si étranges ? Avant de chercher à les
résoudre , commençons par établir avec exac-
titude les règles d'après lesquelles doit se faire
la comparaison des propriétés des plantes ave<a
leurs formes extérieures.
(32)
CHAPITRE IL
Règles de la comparaison entre les proprié-
tés et les formes extérieures.
Jr ARMt Jes règles que l'on doit observer dans la
solution de la question qui nous occupe , il eu
est qui sont plus particulièrement relatives à la
botanique, d'autres à la chimie, et d'autres à
la médecine : je vais les indiquer succinctement ,
et les développer par quelques exemples.
S. I.«'
Examen de la classification.
Entre ces moyens d'arriver à la vérité , le
plus indispensable est de chercher à nous faire
une idée précise de la classification naturelle.
Lorsqu'on a eu étudié les espèces , on a
grouppé en genres celles qui offraient un cer-
tain nombre de caractères communs ou sem-
blables j on a fait ensuite le même travail sur
les genres , et on les a grouppés en familles
d'après des principes analogues. Lorsque les
auteurs de ce vaste travail ont voulu faire
passer leurs résultats dans l'esprit des autres
(33)
hommes, ils ont été obUgcs, pour la rédaction
de leur ouYr:!p,c, de ranger \e^ es|^cccs dans les
genres, et les genres dans les làmilles , d'après
une série co.itinue : de cette méthode , peut-être
nécessaire pour l'étude, il est résulté que plu-
sieurs naturalistes célèbres ont cru que les êtres
naturels formaient réellement une chaîne ousérie
continue , dans laquelle les genres et les f'ajnilk s
formaient seulement des points de repos ; on
s'ebt même confirmé dans cette idée , en croyar.t
reconnaître une sembLdjle série dans le rèiine
aDiinal. Mais la nature ne marche point comn.e
nos livres, chaque être se trouve réiîilement
placé entre un certain nombre d'autres êtres
avec lescpiels il a plus ou moins de rapport j et
Je seul moyen de nous faire une idée de cette
dis])osition , est de nous représenter les êtres
naturels placés, non en série, mais sur une
carte géographique. Cette idée , indiquée par
Linné , développée par l'Héritier et Petit-
Thouars , incomplètement exécutée par Gisèke
et par Batsch , n'est en ce moment , [X)ur nous ,
qu'une métaphore propre à jeter du jour sur la
question qui nous occupe 5 imagmons cette
carte exécutée : les espèces sont les bourgs , les
genres répondent aux provinces, les familles
sont les empires , les classes sont analogues aux
parties du monde , et les plantes encore isoîéei
(34)
sont représentées par ^es îles éloignées de tout
continent. Si , dis-je , cette carte exécutée com-
plètement ])araissait devant nous, la première
chose qui frapperait nos regards, comme dans
une vraie carte géographique , serait que dans
certains empires ou certaines provinces , les
bourgs sont très-rapprochés les uns des autres,
tandis que dans d'autres nous les verrions très-
éloignés . Cet éloignement tient, comme dans
ia géographie , à deux causes : ou bien à ce que
les êtres intermédiaires sont encore inconnus ,
ou bien à ce que la nature a réellement laissé
dans l'ordre des êtres , çà et là , des espaces
vides , tout comme elle a laissé , sur le globe ,
des marais et des déserts inhabitables. Voilà
donc une première cause d'inexactitude , la
distance inégale des êtres dans divers genres
ou dans diverses familles naturelles : on ne
doit pas plus s'étonner que les Graminées , les
Labiées , les Crucifères et lesMalvacées , se rap-
prochent beaucoup par leurs propriétés , tandis
que les-Caprifoliacées , les Rutacées, les Urticées
et quelques autres familles, offrent des ano-
malies , qu'on est surpris , dans l'ordre social ,
de voir les pays très-peuplés et tràs-civilisés
offrir des mœurs uniformes , tandis que les
réîZjions presque désertes ou coupées par des
fleuves et des chaînes de montagnes , offrent
de grandes différences.
(35)
1.^ Quelquefois , dans l'ordre politique , on
réunit un bourg isole ou une petite île à la
province la plus voisine : ainsi dans l'ordre na-
turel, pour éviter la multiplicité des divisions ,
on accole à un genre ou à une famille , une
espèce qui en dilïère par l'organisation 5 c'est
ce qui est arrivé , quand on a réuni la Ficaire
aux Renoncules , la Mâche aux Valérianes, ou
bien les Valérianes elles-mêmes aux Dipsacécs ^
les Fumeterres aux Papaveracées , etc. Dans ces
cas , si les propriétés différent , c'est que l'or-
ganisation diffère aussi, et l'exception con.-
firme la règle.
3.0 II arrive souvent que telle plante qui
s'éloigne, par ses propriétés, de la famille ou
du genre dans lequel on l'a placée , se trouve
appartenir réellement à une famille différente,
lorsque son organisation est mieux connue;
ainsi le Ményantlies , réuni d'abord avec les
Primulacées , étonnait par ses propriétés fébri-
fuges ', Ventenat a prouvé , par l'organisa-
tion du fruit , qu'il appartient à la famille des
Gentianées , 011 l'on retrouve la même vertu.
Ainsi, je crois avoir fait disparaître quelques-
unes de ces anomalies^ en prouvant que le
Qitassia n'est pas de la même famille que les
Magnoliers ; que les Strichnos doivent être sépa-
rés des Apocinées , les Valérianes des Dipsacées,
3..
(35)
les Lins des Cariopliyllées , les Globulaires des
Pritnulacées , etc. etc. Des observations ana-
logues , dues au perfectionnement de la science ,
tentlront probablement dans la suite à dimi-
nuer le nombre des exceptions connues ; et l'on
peut déjà remarcpj.er dans plusieurs cas , que
les plintes qui s'éloignent du groupe par les
propriétés , s'en éloignent aussi par la structure -,
tel est le Crescentia parmiles Solanées , le Pœo-
ida parmi les B.enon enlacées, le PhA/tolacca
parmi les Chenopodées , le Poivrier parmi les
Urticées, etc. etc.
S. I I.
Comr) avals on des or<ranes.
J. o
L'examen de la classification vient déjà de
faire disparaître quelques-unes des excepti(!>i]s
qui semblaient contraires aux résultats que la
théorie nous a indiqués j essayons maintenai^t
lie déterminer comment on doit comparer \q%
propriétés des différentes plantes les unes avec
les autres ,
Il me semble nécessaire de distinguer ici les
propriétés générales, c'est-à-dire, communes à
toutes les parties de la plante et les propriétés
spéciales , c'est-à-dire , particulières à l'un de
SOS sucs ou à l'nn de ses organes.
(3/)
Quant aux premières , on ne doit y donner ^
Selon moi , qn'ime médiocre attention ', ces pro-
priétés générales sont évidemment un résultat
du mélange de tontes les propriétés spéciales ,
et dépendent uniquement de la proportion di-
verse des parties de la plante ; proportion ex-
trêmement variable et de peu d'importance à
observer sous le point de vue qui nous occupe.
Si les sucs exprimés de certains végétaux ont
des propriétés constantes , c'est c[u'ils sont
composés de certains sucs particuliers, dont la
pro]K>rLion est à-peu-près lîxe dans la ]:)lanie ;
et sous ce point de vue, ils rentrent dans la
classe des propriétés spéciales.
Celles-ci me paraissent seules dignes de fixer
notre attention d.ms la comparaison que nous
clîerclîons à établir : il est évident qu'on doit
mettre en parallèle chaque organe d'une plante
avec l'organe correspondantd'une autre plante y
et sous ce point de vue, plus on descendra
dans les détails , plus on approchera de l'exac-
litude. Ainsi , combien ne voyons-nous pas de
plantes qui jouissent de propriétés fort diffé-
rentes dans leurs diverses parties ? M. de
.fussieu nous olfre un exemple irappant de
l'utilité de cette ^exactitude, en nous montranî;
(jue clans les graines des Euphorbes et de pbi-
siours aiurp'i plantes jle périsperme esc doux et
(38)
sain , tandis que l'embryon est acre et forte-
ment pnrgadf. D'après le principe que Je viens
dNénoncer et que son évidence dispense de
prouver , nous ne comparerons point les tuber-
cules de la Pomme-de-terre avec les baies des
autres Solanums , les racines des Carottes avec
les feuilles des Ciguës , et nous verrons déjà
s'eflàcer quelques-uns des traits qui semblaient
les plus prononcés contre l'analogie ; nous les
verrons diminuer encore , si nous suivons les
conséquences de cette comparaison d'organes.
i.o IJ est évident que si quelques plantes
d'une famille possèdent un organe particulier
qui soit nid ou très-peu développé dans les
autres plantes de l'ordre , nous ne devons pas
nous étonner si les propriétés particulières à
cet organe ne se trouvent pas dans les autres
plantes de la famille : ainsi , si la pulpe des
Vanilles jouit de propriétés aromatiques , qui
ne se retrouvent point dans la famille des Or-
chidées , n'en trouvons - nous pas la cause ,
en remarquant que la pulpe qui entoure
leurs graines , manfjue entièrement dans les
autres genres de la famille ? N'en est-il pas
de même pour la pulpe douce et laxative de
la Casse et du Tamarin , qui manque dans la
plupart des Légumineuses? Allons plus loin, et
nous trouverons certains organes , pour ainsi
(39)
dire accidentels, qui jouissent des mêmes pro-
priétés toutes les fois qu'ils se développent ,
quelles que soient d'ailleurs les propriétés (îcla
famille 3 ainsi, les tubercules qui naisseiU sur
les libre de certaines racines , et qu'il faut bien
distinguer des tumeurs dues au simple ren-
flement de la souche radicale , sont tons des
espèces de réservoirs pleins d'une fécule douce
et nourrissante , comme on le voit dans la
Pomme-de-terre, le Topinambour , la Patate,
la Filipendule , etc.
2..^ Si , au contraire , les propriétés dont
nous faisons le plus fréquen t usa^î^e , aj^par-
tiennent à quelqu'organe éminemment essen-
tiel à la famille, nous trouverons aussi que
ces propriétés offriront peu de variations. Ainsi
le périsperme farineux des Graminées , est par-
tout nutritif et d'une saveur agréable ', les
graines des Ombellifères qui offrent tontes de
petits vaisseaux remplis d'huile essentielle , sont
toutes stimulantes et aromatiques, etc.
3.0 Si les mêmes propriétés paraissent se re-
trouver dans des plantes voisines , mais dans
des organes differens , on peut , ce me seml>le ,
trouver la cause de cette anomalie , en étudiant
avec plus de soin les rapj)orts de ces organes.
Ce sujet , qui tient à l'anal omie végétale ,
exigerait des développemens assez longs et peut-
(4o)
être des connaissances que la botani(|iie n'a
point encore acquises 5 je me contenterai de
citer quelques exemples qui pourront en faire
sentir l'utilité. Lorsqu'on examine la série des
plantes monocotylëdones , on est surpris de
voir les bulbes des Liliacées , fournir de la
f'écnle à peu-près comme le tronc des Palmiers ,
tandis que quelques autres racines bulbeuses
ont une propriété purgative , analogue à celle
du suc que l'Aloës renferme dans sa tijze et dans
ses feuilles. Cette resseml)lance entre les tiges
et les bulbes , qui peut paraître une exception
à la règle que j'ai tenté d'établir, en est au
contraire à mes veux une confirmation ; l'ana-
tomie végétale prouve , ce me semble, que la
bulbe ne doit pas être assimilée aux racines
mais aux tiges : je m'explique.
Dans toutes les bulbes , on distingue trois
parties : les radicules qui en sortent en des-
sous , et qui sont les vraies racines 5 les écailles
ou tuniques qui l'entoureiit en dessus , et qui
sont des feuilles avortées ; un |)îateau ordinaire-
îîient piane et orbiculaire , qui, selon nioi, est
la tige de la plante. Je fonde cette opinion ^
1." sur ce que ce plateau porte, comme nous
venons de le voir, les feuilles d'un côté , et les
racines de l'autre , ainsi que toutes le^ véri-r
tivbles tiges j 2.'* sur ce qn'ii s'alonge quelque-^
( 4-1 )
fols par la culture , dans les individiis d'une
même espèce , de niaiiière à prendre l'apparence
d'une tige j 3.° sur ce que des espèces évidem-
ment congénères, telles que certains Aulx ,
certains Antherics offrent , les unes un plateau ,
d'autres une souche plus ou moins alongée ;
4.° sur ce que parmi les Liliacées , nous ne
voyons de bidbes que parmi les plantes sans tige
et réciproquement; 5." sur ce que certaines
Graminées présentent accidentellement la for-
mation d'une bulbe due à la même cause ,
c'est-à-dire, au rabougrlssement de la partie
inférieure de la tige , qui se trouve alors re-
couverte par la gaine des feuilles; 6.° sur ce
que si les bulbes n'étaient pas des tiges rabou-
gries , on les verroit tendre, non à monter,
mais à descendre comme les véritables racines.
Je vais plus loin : et je crois que par des
argumens absolument semblables , on petit
prouver que dans toutes les dicotylédones , il
n'existe point de plante véritablement dépour-
vue de tige {acanlis ) , mais que là tige existe
rabougrie au collet de la racine , et que par
conséquent ce qu'on nomme hampe , doit être
assimilé aux pédoncules et non aux tiges ;.
alors on concevra comment dans la même
famille et dans le môme genre , il se trouvé des
plantes dites cautescentes et acaules; on çoH"
(40
ceyra en particulier , pour-* me rapprocher de
mon sujet, comment tous les Plantains, toutes
les Chicoracées , un grand nombre de Légu-
mineuses , ont les mêmes propriétés, quoique
distinctes en apparence par un caractère aussi
singulier que l'existence ou l'absence d'une
partie aussi importante que la tige.
S. III.
Examen des circonstances oh se trouvent les
Végétaux au moment oh on les emploie.
Nous avons jusqu'ici examiné les restrictions
que la structure même des végétaux apporte à
la loi de l'analogie entre les formes et les pro-
priétés j il nous reste maintenant à déterminer
l'influence qu'exercent sur cette loi les circons-
tances où se trouvent les végétaux à l'époque
où l'on a coutume de les employer.
Parmi tes circonstances accidentelles, la plus
importante à examiner est celle qui tient à la
nature du terrain dans lequel la plante a végété.
Quoique la manière dont le sol influe sur les
végétaux soit encore mal connue ^ on ne
peut cependant méconnaître son importance.
M. Théodore de Saussure vient de nous mon-
trer que cette influence s'étend plus loin qu'on
ne le croyait, en remarquant que les mêmes
( 43 )
plantes , nées dans des terrains granitiques ou
calcaires , offrent des différences notables dans
leur composition cliiniique et dans lenrs pro-
priétés nutritives. L'attention des physiologistes
est éveillée depuis trop peu de temps sur cet
objet , pour que nous puissions en tirer encore
des conséquences directes ; mais nous connais-
sons davantage l'inflLience du sol sous d'autres
rapports : ainsi, dans certaines familles nous
voyons les propriétés des mêmes plantes varier
beaucoup , selon qu'elles ont cru dans un lieu
sec ou dans un sol humide j Vlleracleum sphon-
dylium, plante commune dans nos prairies, et
que les difïercns bestiaux mangent d'ordinaire
sans inconvénient , devient quekjuefois véné-
neuse , lorsqu'elle croît dans un lieu trop hu-
mide , ou que l'année est trop abondante en
pluie. Nous voyons de même le Céleri acre,
nauséabonde et vénéneux , lorsqu'on le reciieille
dans les marais où il croît naturellement , de-
venir doux et propre à notre nourriture , lors-
qu'il est cultivé dans un terrain sec. Si la
même espèce d'Orabellilêrc nous offre des ano-
malies semblables, devons-nous être surpris de
voir les autres plantes de cette famille , ac-
quérir en général une propriété plus ou moins
vénéneuse , lorsqu'elles croissent dans les lieux
aquatiques , comme on le voit par les Phel--
(44)
land'liim aquatrcum , Cicutavîrosa , OEthusa
cynapium , OE/iant/ie crocata y etc. ; tandis
qu'au contraire celles qui croissent dans les
lieux secs et exposés au soleil , sont toutes
pins ou moins douces, aromatiques et stimu-
lantes : telles sont : AnQ-elica arckaideir'ica ,
CoriaridrujTi sat'i V uin y Arietlium ftÈnlculiiJïi , etc.
D'après la même observation , doit-on s'étonner
si les Ombellifêres vénéneuses sont toutes ori-
ginaires des pays froids ou tempérés , tandis que
celles qui croissent dans des pays chauds , sont
toutes aromatiques et utilement employées
comme stimulantes ?
Cette même influence de l'humidité plus ou
moins grande du sol , se fait sentir dans plu-
sieurs autres cas, et c'est à cette cause qu'est
due en partie la supériorité des plantes cueil-
lies sur les montagnes d'avec les mêmes espèces
récoltées dans les plaines. Cette difïérence est
due encore à une seconde cause qui modifie
puissamro.ent les produits des végétaux; je veux
parler ici de la plus ou moins'grandc quantité
de lumière dont ils sont frappés.
Le soleil influe sur les propriétés des plantes ,
par sa chaleur, qui en dégage l'humidité sur-
abondante , et par sa lumière , qui favorise la'
combiilaison du carbone ; la réunion de ceâ
«ieuxeiïets tend toujours à exalter les propriétés
(45)
des plantes , d'où résulteflit deux faits en appa-
rence contraires : si les plantes d'une famille sont
douées de propriétés qui exigent la combinaison
parfaite des matières élémentaires, telles que
les Ombellifères, on les trouve d'autant plus
utiles , qu'elles croissent plus exposées au soleil :
si , au contraire , les sucs d'une autre famille
tendent à former des composés amers ou nui-
sibles par leur âcreté , on empêche ces sucs
d'atteindre à leur perfection, soit en employant
les plantes dans leur preuiière jeunesse , comme
on le fait pour la famille des Asparagées et des
Chicoracées, soit en prolongeant^ pour ainsi
4ire, cette jeunesse, par la privation de la
lumière ou l'étiolement ; c'est ce qiii arrive
pour plusieurs Chicoracées et Cynarocéphales.
Je saisis cette occasion de faire remarquer
comment , dans certains cas , la théorie des
familles naturelles vient au secours de la phy-
sique végétale , pour expliquer certaines anoma-
lies apparentes produites par un même agent.
Indépendamment de l'influence du sol et de
la lumière, on peut encore observer que l'âge
même de la plante influe sur ses propriétés
aussi bien que l'époque à laquelle on en fait la
récolte : ainsi te Colchique est beaucoup plus
dangereux au printemps qu'à l'automne j ainsi
les firuits jouissent de propriétés bieiidifférejites ,
(46)
selon que leur maturité est plus ou moins avan-
cée. Ces sources d'erreurs sont si frappantes ,
qu'il suffit de les énoncer ici.
§. I V.
Composition chimique.
Nous venons de parcourir les différentes cir-
constances que la structure même des végétaux
nous présente , pour expliquer les anomalies
contraires à la théorie. Considérons un instant,
sous le même point de vue , la nature chimicpe
des plantes : de même que parmi les caractères
botaniques , il en est de constans , et d'autres
plus ou moins accidentels ; de même aussi
parmi les substances que la chimie découvre
dans le règne végétal , il en est qui, comme la
fécule , la résine , le camphre , etc. , s'y pré-
sentent d'une manière fixe et constante , et
d'autres qui offrent habituellement des varia-
tions dans les proportions de leurs élémens , et
conséquemment dans leurs propriétés 5 dans
cette dernière classe , je citerai particulièrement
les gommes-résines , qu'on regarde avec assez
de vraisemblance comme des combinaisons na-
turelles de gommes et de résines. D'après cette
idée , on peut comprendre facilement que si la
gomme d'un côté, et la résine de l'autre, ont
(47)
des propriétés difFéreiites , comme l'expérience
le prouve , le^ gommes-résines devront avoir
des propriétés très-diverses y selon les propor-
tions de ces deux élémens ; et l'observation nous
montre , en eflét , que plusieurs des familles
dans lesquelles nous avons remarqué les ano-
malies les plus frappantes , abondent en sucs
gommo-résineux j telles sont, par exemples , les
familles des Om bel lif ères et des Liserons ; on
pourrait encore citer , comme un exemple de
mélange de principes divers , et conséquem-
ment de propriétés différentes , ceux des maté-
riaux immédiats des végétaux , auxquels on a
donné les noms d'extractif, de matière colo-
rante, de sève , etc.
Indépendamment des combinaisons intimes
de certains principes , telles que celles dont
nous venons de citer des exemples , on observe
souvent encore de simples mélanges formés par
la réunion des principes diiïerens bien connus
des chimistes. Ainsi , plusieurs de nos racines
usuelles sont composées de deux principes très-
distincts , une fécule douce et nourrissante , et
une matière extractive plus ou moins acre et
stimulante j les pro|)ortions diverses de ces deux
principes font naître entre des plantes très*
semblables, des anomalies assez singulières;
ainsi dams le gewe Arum , nous trouvons des
(48) -
racines nourrissantes 5 telles que les ^. esculcjt-
tum^X Colocasia , et des racines acres et corro-
sives, telles que V^. maculatuin ; on pourrait
citer de même le Manioc , la Bryone , qui offrent "
^es mélanges semblables.
On peut encore trouver la solution de quel-
ques anomalies , dans un autre genre de con-
sidérations chimiques : on sait que parmi les
matériaux immédiats des végétaux , il en est
qui ne sont que divers états particuliers d'une
même substance j ainsi le corps muqueux se
eliange en sucre , le sucre semble fournir les
élémens de la fécule , l'huile fixe se transforma
en cire , etl'huile volatile en résine , peut-être par
l'addition de l'oxigène, etc. Ces diverses trans-
formations dont nous sommes encore loin de
connaître toute l'étendue , peuvent, dans plu-
sieurs cas , nous servir de moyens pour conce-
voir comment des plantes de la même famille
naturelle , peuvent nous offrir des substances
assez différentes en apparence : ainsi certaines
Conifères, au lieu de résine entièrement formée,
nous présentent de l'huile volatile , c'est-à-dire ,
de la résine incomplètement oxigénée j ainsi
le Caoutchouc , qui est produit , comme on
sait , par le suc de THevea , plante de la famille
des Euphorbes , paraît se retrouver dans le suc
des autres Euphorbiacées , mais dan3 un état
( 49 )
incomplet et non développé : on sait , en efïet ,
que le suc du Ricin et celui de plusieurs Eu-
phorbes , étant desséché à l'air , acquiert une
couleur brune , et conserve pendant quelque
temps une élasticité assez remarquable. Nous
trouvons donc dans les connaissances chimiques
actuelles, trois moyens d'expliquer les anoma-
lies qu'on observe dans les familles naturelles ,
savoir : la combinaison intime de divers élé-
mens , le mélange de différens principes et
l'état plus ou moins complet de chacun d'eux.
A ces considérations nous pourrions ajouter
encore , que plus l'analyse végétale fait de
progrès, plus elle fait disparaître des anomalies
en apparence contraires à la théorie j ainsi elle
montre que des qualités qui paraissaient sem-
blables , sont produites dans diverses familles
par des principes réellement différens ; ainsi
quoique la saveur amère dénote en général des
propriétés analogues dans les végétaux qui en,
sont doués, cette proposition n'est rigoureuse
que lorsqu'il s'agit de végétaux de la même
famille j ainsi le principe amer et vénéneux des
Strichnées , le principe amer et vénéneux des
Menispermées , le principe amer et salubre des
Gentianées 5 le principe amer et animalisé des
Armoises , le principe amer et résineux des
Magnoliacées , le principe amer et éminemment
4
(5o)
soluble à l'eau des Siniaroubées, le principe
amer de l'Aiigustura qui donne avec le 1er un
précipité jaune, celui du Cliamadrys qui pré-
cipite le fer en vert , eniin celui du Quinquina
qui précipite la noix de galle , et se dissout
également dans l'eau et dans l'alcool ^ tous ces
divers amers , dis-je , sont des matières diffé-
rentes et ne peuvent pas être rigoureusement
comparés j nous arriverions un même résultat
si nous comparions de la môme manière les
astringens , dus tantôt à l'acide gallique comme
dans la Ratanliia , tantôt au tannin comme
dans les Acacias , tantôt à la réunion de ces
deux matières, etc.
Ces considérations importantes nous don-
nent encore une réponse à l'une des objec-
tions les plus piquantes qui aient été faites (i)
contre l'analogie des formes et des proprié-
tés , savoir^ que les mêmes propriétés se re-"
trouvent dans dès familles très - différentes.
Cette assertion est rigoureusement vraie, lors-
qu'il s'agit de propriétés déterminées sur
des matériaux cliimiques parfaitement purs et
identiques dans tous les végétaux j ainsi les
légères nuances qu'on observe entre les proprié-
tés des fécules , des huiles fixes , des gommes ,
(0 Par M. HalIé.
(5i )
des matières ligneuses etc. , sont peu impor--
tantes; mais dès qu'il s'agit de principes moins
rigoureusement semblables et moins çénérale-
ment répandus dans les végétaux, la distinction
des familles reprend toute son importance:
ainsi , comme nous venons de le voir , les amers,
les astringens , ne sont semblaljles entr'enxque
dans la même i'amille ; tous les médecins savent
très-bien que l'action des narcotiques , tirés de
familles diverses , est bien loin d'être la même:
ainsi on trouve des narcotiques dans les Papa-
veracées, les Chicoracées, les Borraginées , les
Drupacées, les Solanées , lesNymphœacées etc. ,
mais ils sont tous dilïérens les uns des autres ,
et ne sont pas plus confondus dans la pratique
du médecin , que dans la classification du
botaniste j l'application de la théorie des rap-
ports naturels à la matière médicale , peut
"mê^e être utile, connue moyen de classer avec
assez d'exactitude , dans ])lusieurs cas , les va-
riétés qui se présentent dans une même série
de médicamens : ainsi pour ne pas sortir de
l'exemple que je viens de citer, il me send^le
qu'une classification des narcotiques , fondée
sur les fiunilles des plantes , serait au moins
aussi exacte que toutes celles qu'on trouve dans
la plupart des matières médicales.
4-
(52)
s. V.
Cojnparaisoji du mode d'extraction et de
préparation .
Ces considérations et plusieurs autres qui
sont du ressort immédiat de la chimie , nous
expliquent comment des différences , en appa-
rence légères , dans le mode d'extraction et de
préparation des médicamens , influent puis-
samment sur leur nature , et conséquemment
sur les propriétés apparentes des plantes dont
on les extrait. Mais il est évident qu'il ne peut
exister de comparaison exacte entre les pro-
duits des végétaux , que dans le cas où l'extrac-
tion et la préparation de ces produits a été
suffisamment semblable pour ne point altérer
ou pour altérer également leur natiu'e. Pour-
rait-on , par exemple , tirer la moindre con-
clusion relativement aux propriétés réelles des
plantes , de la nature que leurs sucs auraient
acquise après avoir suIdI une des trois espèces
de fermentation ? Cette manipulation compli-
quée rapproche les produits des végétaux hé-
térogènes tels que le Palmier , les Vignes , les
Groseillers , les Pommiers, etc. 3 tandis qu'elle
peut varier à l'infini les produits d'une même
espèce , comme le prouve l'exemple des sucs
(53)
divers , tels qne le vin , le vinaigre , l'eau-de-
vie , l'alkool , etc. , tous tirés des mêmes
raisins.
Plusieurs des propriétés de certains végé-
taux, et ([ni uons paraissent en opposition
avec la loi de l'analogie botanic[ue , tiennent à
ce qu'on applifpie à ces plantes des procédés
particuliers : ainsi ayant qu'on eût tenté d'ex-
traire l'eau distillée de plusieurs espèces de
Rosacées, pouvait-on regarder comme isolée
dans la natnre , la propriété vénéneuse de Teau
distillée du I^aurier cerise ? Nous voyons déjà
qu'une manipulation uniforme a su retrouver,
dans des plantes analogues , des propriétés
îTemblables qu'on était loin d'y soupçonner:
ainsi Bernard de Jussieu , guidé par l'analogie,
a retrouvé l'aromate du Café dans les semences
du Gratteron , préparées comme celles dn
Caféier. Ainsi jKirmi les Lichens crustacés ,
l'extrême diversité des couleurs qu'on en a
extraites , tient beaucoup moins à la différence
des matières colorantes , qu'aux changemens
dans la manipulation.
la diversité do préparation est une cause
d'erreurs trop évidente , pour que je m'arrête
pliis long-temps à la développer , et après avoir
ainsi suivi , pour ainsi dire , la formation du
médicament . je vais chercher à mettre quelque
( 54 )
précision dans la comparaison des propriétés
mêmes des drogues employées par la médecine.
§. V I.
Exclusion des propriétés mécaniques ou acci-
dente Iles.
11 convient d'aljord d'observer que parmi les
usages auxquels nous avons employé les végé-
taux, il en est quelques-uns qui sont absolu-
ment indépendans de la nature de ce végétal ,
"et sur lesquels la loi de l'analogie ne peut, par
tonséquent , avoir qu'une influence très-légère
etsouvent a!)SOiùmentnulle. Ainsi, par exemple,
lorsque le menuisier emploie la Prèle pour
^olir ses ouvrages , ou que le bonnetier se sert
du Chardon à foulon ])Our tirer le poil de ses
tissus , il est bien évident qu'ils emploient à
leur usaee des circonstances absolument acci-
dentelles dans l'économie du végétal , et qui
peuvent facilement ne pas se trouver dans l'es-
pèce voisine ; ainsi , lorsque le chien , poussé
par son instinct , mange du Chiendent pour se
faire vomir , on ne doit pas compter pour cela
le Chiendent parmi les émé tiques , puisque ,
selon toute ajiparence , il ne produit cet effet
sur le chien , que parce que cet animal muni
seulement de dénis tranchantes , ne peut le
(55)
broyer , et qu'en l'avalant , à demi-mâclié , il
produit sur l'œsophage la même irritation que
caiise chez l'homme les l)arljes d'une plume
enloncée dans la gorge. Cet exemple peut nous
faire concevoir comment parmi les remèdes
employés même à l'intérieur , il peut s^en
trouver qui agissent par des circonstances pure-
ment accidentelles.
Quant à ceux qui produisent leur efiét par
des causes mécaniques , on peut , au milieu
d'un grand nombre d'exceptions , reconnaître
une certaine influence de l'organisation j ainsi ,
par exemple, nous avons thé des usages assez
nombreux, soit dans l'économie domestique,
soit dans la médecine , de certaines plantes
que leur consistance à-la- fois molle , tenace et
poreuse , rend propres à brûler avec facilité ,
lenteur et continuité , et cette consistance se
retrouve dans plusieurs espèces voisines ; ainsi
la plupart des grands Champignons peuvent
dans un âge avancé , servir à la fabrication de
l'amadou , et de l'agaric des chirurgiens. Ainsi
les fibres des tiges et des feuilles d'un grand
nombre de Composées , sont employées dans
divers pays à fabriquer l'espèce d'amadou qu'on
emploie pour le moxa: tels sont le Scotymus et
VEchijiops en Espagne y l' Ariémisia vuJ<^aris
en Chine , le Centaureasibiricaen Tartarie , etc.
(66)
Mais ces détails minutieux ne méritent pas de
nous arrêter davantage , et il sufïit d'avoir ob-
servé que les propriétés mécaniques ou acci-
dentelles doivent être , dans la plupart des cas,
exclues de l'examen qui nous occupe.
S. V I I.
Comparaison du mode d'action des médi-
camens.
Quoique la science médicale repose presque
en entier sur la physiologie , on a été obligé
de classer les médicamens avant d'avoir une
idée précise de leur action , et ce vice de clas-
sification n'est pas absolument aboli j il est ré-
sulté de cette précipitation nécessaire , que
les médicamens ont été rangés , non d'après
leur vertu, c'est-à-dire, leur action réelle sur
la fibre animale , mais d'après les effets qui ont
lieu lorsqu'on a appliqués certains remèdes à
certains organes et dans certaines circonstances
déterminées. Dans les premiers temps, tous les
remèdes étaient presque regardés comme des
spécifiques 5 bientôt les découvertes de la physio-
logie et la marche philosophique introduite
dans la médecine , ont tendu à généraliser l'eilet
des médicamens ; si maintenant nous comp-
tons encore des spécifiques parmi nos drogues
(5/)
usuelles y si l'action des médicamens appliqués
à l'extérieur du corps semble ramener à cette
théorie , il faut convenir d'un côté que le
nombre des spécifiques a beaucoup diminué ;
et de l'autre que la marche générale de la
science semble tendre à le diminuer encore.
Il serait hors de mon sujet d'entrer dans
aucun détail sur cette question délicate : je
remarquerai seulement que de la classification
admise parmi les médicamens , résultent deux
causes d'erreurs relativement à la question de
l'analogie botanique appliquée à la médecine.
1.^ On a souvent désigné sous deux noms
divers , et rangé dans des classes différentes ,
des médicamens dont l'action sur la fibre ani-
male est réellement semblable; cette erreur
peut tenir à deux causes.
Quelquefois elle est produite parce que
certains médicamens ont été pendant long-temps
appliqués à un seul organe : ainsi des matières
évidemment stimulantes se retrouvent parmi les
purgatifs, les émétiques, les diurétiques, les
diaphorétiques , les emménagogues , etc. : bien
plus , les mêmes médicamens produisent des
effets entièrement difForens en apparence, lors-
qu'on les applique à dif rérens organes : ainsi le
Tabac est sternutatoire, scialagogue , émétique
ou purgatif, selon qu'il est employé à stimuler
( 58 )
le nez , la Ijouclie , l'œsophage ou Icr canal in-
testinal. Ainsi, selon les circonstances où elle
est appliquée , la Scille devient purgative ou
émétiqué , diurétique ou einménagogue. D'a-
près ces exemples où nous voyons le inênie vé-
gétal produira des effets dilFérens , selon l'or-
gane auquel on l'applique , ou l'état ])at;liolo-
gique de l'individu , doit-on s'étonner si l'on,
trouve quelcpie lois des plaii tes qui se ressem-
blent par l'organisation ^ et qui semblent jouir
de propriétés très-diiFérentes ? C'est alors à la
saine physiologie à comparer ces propriétés ,
non d'après leurs effets ordinaires , mais en
elles-mêmes. Ainsi quand nous voyons la Scille
quelquefois émétiqué et quelquefois emmé-
nagogue, quand nous savons d'ailleurs que
dans ces deux classes de remèdes , la plupart
agissent comme stimulans , ne pouvons-nous
pas concevoir comment, sans rompre l'ana-
logie naturelle, l'Asarum est émétiqué , tandis
que les Aristoloches , dont il est voisin , sont
emménagogues ? Ainsi cette même Scille ne
peut-elle pas , par ces propriétés diverses , nous
expliquer les anomalies apparentes de la fa-
mille des Liliacées? Ne semiîle-t elle pas parti-
ciper d'un côté aux propriétés purgatives de
l'Aloès , et de l'autre aux vertus diurétiques de
î'Ail : et pouvons-nous n© pas voir, dans ces
(5?)
médicamens , de simples modifications de pro-
priétés stimulantes ? Voilà donc un nouveau
moyen pour l'explication des anomalies : l'ap-
plication diverse d'une même vertu.
Une seconde cause d'erreurs non moins im-
portante à étudier, c'est l'extrême diversité des
effets d'un médicament donné à diiFércntes
doses. Ainsi, sans admettre les exagérations
auxquelles Brown a été entraîné par la simpli-
cité séduisante de son système , on ne peut
nier qu'un bain froid connnence par fortifier,
et finit par affaiblir s'il est long-temps pro-
longé : ainsi tout le monde sait que le vin en
petites doses est stimulant et tonique, que pris
en plus grande abondance , il devient narco-
tique et sédatif. On retrouve des diversités
analogues , quoiqu'à ce qu'il paraît en sens in-
verse , dans l'opium et dans plusieurs autres
narcotiques. Si la même substance produit des
effets si divers , selon la dose à laquelle on l'eni-
})loie , ne devons nous pas nous attendre que
des médicamens tirés de plantes analogues ,
produiront des effets différens , selon la plus
ou moins grande concentration de leurs prin-
cipes. Si les poisons végétaux n'agissent la
plupart sur le corps humain qu'en qualité de
narcoticides très-puissans , et si nous voyonis
plusieurs narcotiques, pris à.failjle dose , agir
( 6o )
comme stimnlans, pourrons-nous être étonnés
de trouver dans les 'ftiêmes familles des poisons
et des remèdes , des narcotiques et des stimu-
lans ? Si nous réfléchissons que dans le choix
de nos alimens , indépendamment de la qua-
lité nutritive, nous recherchons aussi un léger
stimulant , au point que lorsqu'il manque
nous l'ajoutons artificiellement , serons-nous
surpris de voir , dans l'ordre naturel , plusieurs
des végétaux qui font notre nourriture , placés
à côté de végétaux dangereux ?
Cette influence de la diversité des doses
tend encore à rapprocher les vertus de certains
inédicamens. Ainsi on sait que la Rhubarbe
purge comme stimulant, et agita faible dose
comme tonique. Les Rumex de nos climats ,
pris à la dose de la Rhubarbe , n'agissent que
comme toniques 5 de même , parmi les Liserons ,
nous trouvons le Jatap purgatif drastique ,
tandis que le Méchoacan est simplement to-
nique , etc.
2..^ Nous venons d'observer comment^ soit
par la diversité de ces cas morbifiques, soit pa.r
la diversité des doses , des médicamens réelle-
ment analogues par leurs vertus , produisent
des effets différens ; il nous reste à examiner
maintenant une dernière source d'erreurs; c'est
(jaiedes médi<:amens réellement différens pro-
(61 )
diiîsent des effets sera])lables. Il n'est presque
aucune classe de médicamens où l'on ne puisse
retrouver des exemples de ce phénomène. Ainsi,
quoique l'augmentation des urines par les
diurétiques semble un effet très-simple , elle se
produit cependant par trois moyens difFé-
rens , ou par la simple augmentation de la
masse du liquide dans le corps humain , ou par^
ce que les reins sont spécialement excités , ou
parce que le système entier est stimulé. Les
fruits aqueux, la Digitale et la Scille paraissent
nous offrir des exemples de ces trois classes de
diurétiques. En parcourant les diaphorétiques ,
on trouverait de même que les uns ne font
qu'augmenter la quantité du liquide à évaporer ,
que d'autres donnent plus d'activité à la cir-
culation , que quelques-uns stimulent les vais-
seaux, que d'autres élèvent la température du
corps 5 qu'il en est dont le seul usage est de
désobstruer mécaniquement l'orifice des pores ,
et que le plus grand nombre agit par la com-
binaison de plusieurs des moyens précédens.
Observons encore l'effet général des purgatifs :
nous en verrons plusieurs qui agissent en
stimulant le canal intestinal , d'autres dont
l'action paraît être au contraire de le relâcher
ou de le lubréfier , et quelques-uns qui , comme
la Manne , semblent purger par simple indiges-
tion; etc.
Si nous trouvons des causes diverses pour
produire des effets si constans , si avérés et si
simples que ceux que nous venons d'énumérer j
que seroit-ce si nous passions à des effets plus
compliqués et moins connus ? Que serait-ce si
nous admettions encore des alexipliarmaques ,
des atténuans , des inspissans , des vidnéraires ,
et tant d'autres propriétés peu connues , peu
évidentes , et dont les effets peuvent être pro-
duits par tant de causes diverses ? Mais s'il est
Lien démontré que le même effet peut être pro-
duit par des causes très-différentes , ne devons-
nous pas , dans la discussion qui nous occupe ,
faire peu d'attention aux effets , et beaucoup
au mode d'action de chaque médicament (i) ?
Cette observation tend encore à détruire l'une
des plus puissantes objections qu'on ait faites
contre l'analogie des formes et des propriétés;
savoir, que des plantes, d'ordres fortdifïerens,
produisent des effets en apparence semblables.
Il me paraît que jusqu'à ce que le mode d'ac-
tion de chaque drogue soit exactement connu ,
cette objection est de peu de force. Ainsi ,
(i) Depuis la première édition de cet opuscule , cette
vérité , déjà sentie par les grands médecins , a été déve-
loppée et confirmée d'une manière très-lumineuse dans les
Principes de Pharmacologie de M. Barbier, Paris , 1806.
( 63)
quand même nous voyons des Rubiacées, des
Violettes , des Apocinées , etc. , servir indis-
tinctement d'éuiédque , pouvons-nous assurer
que leur manière d'agii' sur la fibre soit sem-
blable , et jusqu'alors pouvons-nous tirer quel-
que conclusion certaine contre la théorie que
j'ai développée plus haut ?
Ici se termine la première partie de cet ou-
vrage. Nous venons de tracer les principales
règles que l'état actuel de la Botanique, de la
Chimie et de la Médecine, nous présente pour
comparer avec exactitude les propriétés des
plantes j et chacune d'elles, au lieu d'aug-
menter le nombre des exceptions, a fourni au
contraire la solution de plusieurs anomalies :
si je ne me fais point illusion, c'est en général
une marque assez sùrc de la vérité d'une théorie,
que de la voir se confirmer davantage , quand
on y porte une exactitude plus scrupuleuse.
Je vais maintenant faire l'application des
principes et des règles que j'ai posés , non en
me restreignant aux familles conformes à la
théorie que je viens d'exposer , mais en énu-
mérant successivement ce qu'on sait sur les
propriétés générales de chaque famille naturelle.
(64)
IV PARTIE.
APPLICATIOIf DES PRINCIPES PRECEDEES A
^ l'examen des PROPRIETES GENERALES
DJS CHAQUE FAMILLE DE VEGETAUX.
PREMIERE CLASSE.
DICOTYLÉDONES ou EXOGÈNES.
Xja classe des Dicotylédones contient un trop
grand nombre de familles, pour qu'il soit
possible de donner aucune généralité sur leur
composition et leurs propriétés; toutes les ma-
tières qu'on peut regarder comme élémentaires
dans le règne végétal , ont été trouvées dans
les Dicotylédones, excepté peut-être le glutineux.
C'est sur-tout parmi ces plantes que se -trouvent
les produits les plus élaborés par la végétation ,
et qui jouissent des propriétés les plus exaltées ,
tels que les kwiles fixes et volatiles , les acides ,
le camplnre , les résines , les gommes-résines ^
etc. C'est dans l'écorce , organe propre aux
Dicotylédones , que se trouve ordinairement le
tannin , principe astringent qui fait presque la
base de tous les fébrifuges , et les huiles vola-
(65)
tiles qui donnent naissance à nos aromates ;
c'est dans la graine des Dicotylédones que se
trouve l'huile fixe , matière si importante dans
les arts et la médecine 3 enfin , c'est véritable-
ment dans cette classe que le principe ligneux
parvient à toute sa perfection.
1. R E N O N C U L A C É E S.
Ranunculaceœ. Juss. Gen. 23i.
La famille des Renonculacées , considéré©
dans son ensemble, nous offre assez d'unifor-
mité j mais si nous descendons dans les détails y
nous y rencontrerons çà et là quelques anoma-
lies dont l'état actuel de nos connaissances
chimiques ne donne pas la solution.
Toutes ces plantes sont , en général , acres et
caustiques, et dans quelques unes ce principe
délétère est si énergique , qu'elles sont réelle-
ment vénéneuses. Ce principe caustique paraît
d'une nature très-singulière j il est tellement
volatil que , dans la plupart des cas , la dessi-
cation à l'air , l'infusion dans l'eau , la cuisson,
suffisent pour le détruire j il n'est ni acide,
ni alcalin 5 on l'augmente par les acides , le
miel , le sucre , le vin, l'alcool, etc. , et il n'est
réellement détruit que par l'eau. Ces singuliers
caractères chimiques se retrouvent , seloa
5
(a)
Krapi'eii , dans nn très-grand nombre de Ke-
ïioncules , telles que le li. bulbosus , R. scele^
ratus j R. acrls , R. arvensls , R. tjiora , R..
ilhyricus y R, alpestris , R. Jlanunula ^ etc.
Ce principe extractif paraît exister encore dans
tous les Hellébores , les Clématites, les Aconits,
les Anémones , dont le suc des feuilles et des
tiges parg.ît doué d'une causticité analogue.
Presque toutes les espèces de cette famille sont
citées comme vénéneuses pour les bestiaux ; les
observateurscitentsous ce rapport, enEuropeles
Renoncules , les Hellébores , les Clématites ,,
les Thalictrums , etc. , et je retrouve la même
observation faite dans l'Amérique Méridionale >
sur les Anémone trïlobata et triternata. L'eau,
distillée des Ranunculus Jlanimula et linf^ua^
donne un excellent émétique 5 les feuilles de
la plupart des espèces de la famille , appliquées,
sur la peau , y agissent comme rubéfians , cori o-
dans ou vésicatoires : ainsi les Islandais font
des vésicatoires avec le R. acris ; on a employé
les feuilles des R. acris, bulbosus et sceleratus
en pâte et en cataplasme sur le carpe pour in-
terrompre les accès rebelles de fièvres inter-
mittentes : celles des Clematis recta et fiam-
Tnula, servent aux mendians pour exciter des
ulcères artificiels, et ont été employées pour
déterger certaines maladies cutanées ou ronger.
(67)
des exostoses j celles du Kno'wltonîa vesica-
toria servent de vésicatoire dans l'Afikjne aus-
trale î celles de V Anémone nemorosa sont em-
ployées comme vésicatoire dans la goutte et le
rhumatisme. M. Barton observe que les Re-
noncules, et sur-tout le Ranùnculus bulbosus ,
employées comme vesicatoires , produisent une
excitation moins vive peut-être , mais plus
durable que celle des Cantbarides. Plusieurs de
ces mêmes plantes sont employées à l'intérieur
tantôt comme des stimulans acres , tantôt
comme des sudorifiques puissans , comme par
exemple le Ranùnculus glacialls , employé
sous ce rapport par les habitans des Alpes du
Dauphiné , ou comme diurétiques par exemple
les Aconitum napelLus et cammarum , du.
comme rongeans par exemple Clematis recta.
Mais quelques autres plantes présentent des
caractères dilïérens j ainsi l'Hépatique , l'AcLœa
racemosa\i)e\. le Deîphinium consolida, sont
regardées comme astringentes : je crois cepen-
dant y retrouver , à une foible dose , le prin-
cipe caustique , puisque ces plantes sont em-
ployées comme cosmétiques , c'est - à - dire ,
comme de très-légers caustiques. Enfin ce prin-
(i) La décoction de sa racine est , d'après M. Barton ,
employée comme gargarisme astringent aux Etats-Unis
d'Amérique,
5..
(68)
cipe , s'il existe , est tellement faible dans cer-
taines Renoncules , qu'on peut les manger sans
inconvénient ; telles sont les R. auricomus ,
lanug'mosus fjicaria , qui peut-être perdent leur
faible causticité par la cuisson j telles sont les
jeunes pousses du Clematis vitalba , fjui , cuites
dans l'eau, servent d'aliment aux paysans dé
la Toscane et de l'Etat de Gênes ; telle est
encore la Renoncule aquatique , qui , dans
certains villages d'Angleterre et d'Alsace ,
sert , après sa dessication , à nourrir les l>es-
tiaux j ici le principe caustique peut s'éva-
nouir , soit par la station de la plante au
milieu de l'eau , soit par sa dessication.
Nous retrouvons ce même principe caus-
tique, mais mélangé le plus souvent avec un.
principe aromatique , dans la graine de la plu-
part des Renonculacées , ce qui rend les unes
acres et stimulantes comme dans les Nigelles
dont les graines servent de condiment popu-
laire , en Europe ( Nlgella sauva ) , et aux
Indes y d'autres caustiques et vermifuges comme
dans le Delpkinium. staphysagria ; quelques-
unes simplement toniques^ comme peut-être
V Aquilegia.
Mais c'est sur-tout par leurs racines que les
R.enonculacées intéressent l'art de guérir. Ces
rjicines sont presque toutes douées ; à lui degré
(69)
plus ou moins prononcé , d'une âcreté et d'une
amertume quiles rendent très-énergiques , et , par
conséquent , susceptibles d'être très-dangereuses
ou très-utiles ; cette âcreté se retrouve dans
celles dont l'herbe est innocente, telles que
la Ficaire, le Thalictrum. Elle est poussée à un
haut degré d'énergie dans les Aconitum napel-
lus , A. cammarum , et même A. anthora ,
dans le Tfialictrum flavum^ et sur-tout dans
plusieurs Hellébores ; toutes ces racines , em-
ployées à l'intérieur , sont tantôt purgatives ,
tantôt vomitives , quelquefois toniques , ordi-
nairement acres et stimulantes , quelquefois
emménagogues , comme Pallas l'assure des ra-
cines des Adonis vivaces , ( Adonis vernalis et
apennina ). On connaît le fi^équent usage que
les anciens faisaient de leur Hellébore noir
comme purgatif drastique , et on sait mainte-
nant que l'espèce qu'ils employaient était V H el-
le bonis orientalis , Lam. , découvert par Tour-
nefort dans FArcliipel et l'Orient j ces mêmes
propriétés ont été retrouvées dans V Helleborus
niger, L. , regardé long-temps comme celui des
anciens j et on emploie , à sa place , dans les
pharmacies , les racines àeV Helleborus viridis ,
et de V Adonis vernalis , de V Adonis apennina ,
du Trollius europœus , de VActœa spicata, de
V Aconitum napellus ; ces substitutions fré-
quentes , long-temps inaperçues par les prati-
ciens, prouvent, mieux que tous les raisonne-
mens, l'extrême analogie de toutes ces racines.
Celle de la Pivoine est acre et amère comme les
précédentes j elle s'en éloigne un peu par son.
odeur et par ses propriétés antispasmodiques,
qui , d'ailleurs sont très-mal constatées j on
retrouve ces mêmes qualités dans les Ci mie i-
fuga^ qui, plus encore que le Pœonia , offre
quelques différences botaniques avec l'en-
semble de la famille. La racine dn Zantho-
rhiza apiifolia est extrêmement amère 3 cette
amertume est très-adliésive et dure encore dans
la bouclie après qu'on s'est lavé avec de l'eau
chaude j elle est combinée avec une acrimonie
particulière qui rappelle les propriétés générales
des Renonculacées j cçtte racine teint la salive
en jaune , et si on peut parvenir à fixer cette
couleur, elle serait une acquisition importante ;
cette propriété qui semble isolée , se retrouve
dans V Hydrastis canadensis apelé Yellow-
Jlooi par les Anglo-Américains : sa racine est
amère » plus piquante que celle du Zanthorliiza ,
et la couleur jaune qu'elle fournit serait une
des plus brillantes si l'on parvenait à la fixer.
Je crois, d'après ces exemples, pouvoir comptei"
les Renonculacées parmi les familles conformes
à la théorie j mais j'engagerai les chimistes f\
(71 )
diriger leur attention sur cette singulière fa-
mille, pour déterminer, s'il est possible, la
nature de son principe caustique.
2. DILLENIACÉES.
Dilleniacece. DC. Ann. Mus. ly^p. 4oO'Théor. p. 2 1 3.
La liimille des Dilleniacées , encore peu
connue des botanistes, ne l'est point des méde-
cins européens 5 on peut noter seulement d'a-
près les voyas^ours , que par l'iu fusion ou la dé-
coction des feuilles et de l'écorce de là plupart
de ces arbustes, on obtient une liqueur as-
tringente qu'on emploie dans l'Inde en "lavage
et en gargarisme ; le genre Dlllenia , réduit à
ses vraies limites , se distingue parce que ses
ovaires se soudent ensemble de manière à former
une baie composée divisée en plusieurs loges j la
chair de cette baie est remarquable dans toutes
les espèces par son acidité j on se sert au Malabar
du suc des Z). speciosa et ell'iptica pour pré-
parer , comme avec nos citrons , des boissons
et des ragoûts acides j les habitans des Célèbes
se servent de ces boissons acidulés dans leurs
fièvres comme nous employons la limonade.
Presque toutes les espèces de la tribu deR
Delimacées ont les feuilles très-rudes au tou-
cher, et sont chacune, dans leurs paysrespec-
( 72 )
tifs , employées comme nous faisons de la prêle
à polir les ouvrages de menuiserie.
3. M AGNOLIACÉES.
'Magnoliaceœ , DG. théor. 21 3.— TuUpiferœ , Veut.'
Magnoliarum sectio prima y Juss.
Quoique la famille des Magnoliacées soit
composée d'un petit nombre d'espèces, elle mé-
rite l'attention des médecins par l'intensité de
ses qualités sensibles.
L'écorce de toutes les Magnoliacées pré-
sente en général une saveur amère , nullement
astringente , et combinée avec un principe acre
et aromatique : ce principe aromatique est sur-
tout très-remarquable dans l'écorce des espèces
du genre Drymis , lequel en a tiré son nom (1)5
telles sont le Drymis 'winteri, célèbre sous le
nom d'écorce de TVinter, mais qu'il ne faut
pas confondre avec le Winterana canella qui
appartient à la famille des Meliacées , le Drymis
granatensis de Santafé , le Drymis magno-
liœfolia qu'on nomme "Caiielo au Chili , et
deux autres espèces mal connues , indigènes
du Mexique et du Brésil 5 toutes ces écorces
sont légèrement amères , très-acres , piquantes ,
(i) Drymîs signifie en grec saveur acre.
(73)
aromatiques , et sont employées avec succès
comme stiinulans toniques et stomachiques
dans les dyspepsies et même dans quelques
fièvres j ces mêmes qualités physiques et ce
ïnême emploi médical se trouvent dans l'écorce
à.e Melambo , nouvellement introduite dans la
médecine européenne , et qui me paraît évi-
demment provenir d'un Drymis ou d'un genre
très-voisin (i). Cette écorce ne contient ni
tannin ni acide gallique , mais un principe vo-
latil , aromatique , et une grande quantité
( presque ^ de son poids ) d'une matière amère
et résineuse. L'aromate de l'écorce des Drymis
se retrouve , quoique moins exalté , dans l'é-
corce des Illicium , dans celle des Magnolia
glauca , grandîjlora et auriculata (2), plus
(1) Voyez l'Histoire et l'Analyse du Melambo, publiée
par M. Cadet. Joum. Pharm. , i8i5, p. 20.
(2) Je parle prinjcipalement ici des Magnolia d'Ame-,
rique, et ilest très-remarquable combien nous connaissons
mal encore les Magnoliacées de l'Asie : le fruit d'aucune
des espèces de Magnolia ou de Lyriodendron asiatiques n'a
pas encore été décrit , et il me paraît extrêmement probable
qu'il n'est pas semblable à celui des espèces américaines j il
serait, en effet, bien extraordinaire qu'aucun des voyageurs
qui ont été en Asie n'eiit fait mention de cette singularité
si connue dans les Magnolia d^Amérique, d'avoir les graines
pendantes, hors des capsules, à un long filament, et de
■ ( 74 )
fbible encore dans celle du Lyriodendron tuli-
pifera : dans ces deux derniers genres le prin-
cipe amer domine dans la saveur des écorces ;
celles-ci sont généralement employées en Amé-
rique comme toniques et fébrifuges ; plusieurs
d'entr'elles , telles que le Magnolia glauca et
sur-tout le Tulipier , sont usitées aux États-
Unis à la place de Quinquina. L'analyse de
l'écorce de Tulipier publiée par M.Tromsdorf,
démontre , de même que dans le Melambo ,
l'absence totale du tannin et de l'acide gallique
et une assez grande quantité ( \ de son poids )
de principe amer qu'on dit seulement être de
nature extrac tive et non résineuse.
Le principe aromatique des écorces deMagno-
liacées se retrouve dans plusieurs de leurs fruits ,
c'est sur-tout dans le péricarpe des lUiciums que
cet aromate est remarquable ; ces ar]3ustes sont
leur silence , on peut soupçonner que ce caractère manque
dans les Magnolia d'Asie , déjà un peu différens de ceux
d'Amérique par la fleuraison ; les Lyriodendron d'Asie
semblant être aussi trop dilféreas de celui d'Amérique
par leur jwrt , pour ne pas présenter des différences dans
le fruit. J'ose danc engager les Botanistes qui se trouve-
raient avoir l'occasion d'observer, soit dans les collections,
soit dans les jardins, soit dans le pays même , les fruits
des Magniolacées asiatiques , à en donner au public une
descri^itàon carpologique détaillée^
(75)
connus sons le nom de Badianes on (k'Anis étoile.
L'espèce qui croît à la Chine ( lUiciur/i anisa-
/7//72 ) porte des fruits étoiles dont l'odeur est
suave , piquante , aromatique , et la saveur un
peu acre ; les (Jiinois s'en servent pour brûler
dans leurs temples , et les Européens l'emploient
j)our aromatiser certaines liqueurs , telles par
exemple que l'Anisette de Bordeaux , d'où l'on
peut présumer que le principe aromatique
de l'Anis étoile est de nature résineuse ; les
cônes du Maiinolia acuminata servent de
même en Virginie à ikire une teinture spiri-
tueuse qui y est employée avec quelques
succès contre les maladies rhumatismales.
Les graines de la plupart des Magnolia sont
plutôt remarquables par leur amertume; cette
propriété est connue dans les espèces Améri-
caines, et la graine du Magnolia precia ou
yiilan coiniue à la Chine sous le nom de
Tsin-y , y est employée comme amère et fébri-
fuge.
Enfin l'odeur des fleurs de plusieurs espèces
de cfe genre a une action prononcée sur le
système nerveux ; celles du Magnolia tripelala
causent souvent des nausées ou des maux
de tête , et M. Barton raconte que l'odeur des
fleurs du Man-noUa oiauca est tellement sti-
mulante , qu'on l'a vue accroître le paroxisme
(76)
d'une fièvre et la douleur d'une attaque dé
goutte iinflarnmatoire. Je dois même citer à
cette occasion la suavité des parfums produits
dans l'Inde par les fleurs des Cliampacs ( Mi-
chela ) , au Japon par celles du Yulan ( Ma-
gnolia precia Corr. M, Yulan , Desf. ) ^ et à
Cayenne par celle du Ma^na odorata , Aubl.
4. ANNONACÉES.
Anonœ. Juss. , Gen. aSS.
Cette famille est très-naturelle; aussi trouve -
t-on une grande analogie de propriétés entre
les espèces qui la composent : presque toutes
les parties de celles-ci ont une saveur et une
odeur forte , acre , piquante ou aromatique j
les racines , les écorces et les feuilles , sur les-
quelles nous avons quelques données précises ,
jouissent toutes de ces propriétés ; selon qu'elles
sont plus ou moins intenses , plus ou moins
pures , la saveur et Fodeur sont agréables ou
désagréables ; l'écorce de VUvaria tripetaloidea
laisse découler , lorsqu'elle est entamée , un suc
visqueux qui , en se désèchant , se condense en
une gomme odorante; les fleurs de l'Uvaria
odorata 3 du Cananga v'ngata et de quelques
autres espèces ont une odeur agréable , quoique
forte et pénétrante ; les fruits participent beau-
(77)
coup aux propriétés générales de ces plantes;
ceux des genres Cananfra^ Us/ aria et Xylopla dont
le péricarpe est sec , ont une saveur piquante
et aromatique cjui les a fait souvent rechercher
comme condimcns ; tels sont notamment ceux
de ru varia aromatica qui paraissent avoir été
autrefois répandus dans le commerce sous le
nom de Poivre d' Ethiopie , et qui sont encore
connus sous ce nom en Guyane et en Afrique ;
les iruits des genres As imina , Porcelia (i) ,
Annona sont charnus; un mucilage sucré s'y
trouve combiné avec le principe aromatique
et quelquefois avec un acide ; la saveur de la plu-
part de ces fruits n'est agréable que pour les
naturels du pays et celle même des Annones
les plus généralement cultivées ne plaît aux
Européens que lorsqu'ils en ont fait usage
quelque temps ; il paraît que dans tous la par-
tie externe du péricarpe est rejetée , soit à
cause de sa saveur et de son odeur , soit à
cause de sa consistance j Duhamel rapporte
que la chair du fruit de VAsimina triloba est
(j) Le genre Asimina d'Adansoii et le Porcelia de la
Flore du Pérou paraissent devoir être , d'après M. Dunal ,•
conservés comme genres distincts ; les Asimina ont les
graines disposées dans chaque baie partielle sur un seul rang ,
tandis que les Porcelia ont leurs graines disposées sur deux
rangs. Le port de tés genres est d'ailleurs un peu différent^
agréable et saine, mais que sa peau ou sa par-
tie externe , qui s'enlève facilement , laisse
aux doigts l'impression d'un acide si vif , que
si on les porte aux yeux par inadvertance, il
s'en suit une inflammation accompagnée d'une
démangeaison insupportable j Michaux qui a
vu cet arbre dans son pays natal , ne cite ce-
pendant pas cette particularité de son fruit , ce
qui la rend douteuse.
5. MENISPERMÉES.
Menisperma. Juss. , Gen. 284.
Les propriétés des plantes de cette famille
sont encore peu connues , et leur liistoire bo-
tanique elle-même n'est pas encore exempte de
difficultés j les racines du Cissampelos pareira
(1) de Linné , et de V Abuta amara , d'Aublet ,
fournissent l'une et l'autre le médicament
amer , diurétique et apéritif connu sous le
(i) Le Cissampelos pareira de Flndëparaît une espèce
différente de celui d'Amérique 5 il eu diffère par ses ra-
meaux pubescens , ses feuilles plus grandes très-rarement
omhiliquées , ses grappes mâles naissant plusieurs ensem-
ble , longues d'un pouce et dichotomes , ses grappes fe-
melles garnies de bractées larges et rapprochées j etc. Je
le nom,me Cissampelos pareiroïdcs.
{■7<) )
nom (le Pareira brava ; une espèce de Ménis-
periuée , long- temps mal connue des botanistes,
le Menispermurn palmatujTi de Lamarck (i),
produit la racine cL& Colombo remarquable par
lUntensitë de son amertume , et utile à ce
titre dans la dyspepsie , la diarrhée , la dysenterie
et même pour laver les ulcères ; la composition
cliimique de cette racine, examinée par M.
Planche , est assez remarquable : elle présente
un tiers de son poids de tissu ligneux , un
second tiers d'amidon et le dernier tiers com-
posé ])rincipalement d'une matière animale
très-abondante , et d'une matière jaune, amère ,
indécomposable pîir les sels métalliques. Il se-
rait intéressant de faire maintenant une ana-
lyse comparée des racines de Pareira et de
(ij Cette plante a été découverte par Coramerson qui l'a,
il est vrai, observée à Plle-de-France, mais cultivée et ve-
nant de la Côte d'Afrique ou de l'Inde 5 il dit qu'elle a été
apportée sous les noms de Calomba ou Colomb ra , qui , l'un
e;t l'aiLtre s'écartent très -peu de Colombo. Depuis lors ,
M» Fortin a trouvé à la Côte de Mozambique la jjlante qui
fournit le Colombo , appelé Kalurnb par les Africains.
M. Andrew Berry en a décrit et figuré l'individu mâle dans
les Asiatic Kcsearches , vol. X, p. 385 , t. V, et il est
évident que cette plante est la même que celle de l'herbier
de Commerson j de sorte que l'origine du Columbo peut
être aujourd'hui regardée comme certaine.
• (8o)
Caapebaj cette dernière produite par le Cis-^
sampeLos caapeba , paraît s'écarter des autres
par sa nature plus niucilagineuse. Le principe
amer des .Ménispermées se retrouve encore
dans une espèce nouvelle à^ A buta qui porte
à Cayenne le nom de Liane amère , et que
M. Richard nomme Abuta candicans \ dans le
Menispermum cordifolium employé dans l'Inde
contre l'ictère et comme tonique et fébrifuge ;
dans le F unis Je lie us de Rumpli , estimé à
Calcutta à l'égal du Quinquina.
Les baies du Menispermum, lacunosum^ Lam.
dans les Indes , et celles àaMenispermum coccu-
lus dans l'Orient, sont l'une et l'autre employées
comme amorces pour attirer et pour enivrer ou
empoisonner les poissons et les oiseaux. Cet usage
est malheureusement aussi introduit en Europe ;
il résulte d'une série d'expériences , récemment
faites par M. Goupil , que la coque du Levant est
un véritable poison irritant pourles poissons,
pour divers quadrupèdes et probablement pour
l'homme; quecettequalitése commiiniquemême
à la chair des poissons empoisonnés par ce procédé
et notamment à celle des barbeaux j que le péri-
carpe de la coque n'a qu'une propriété émé-
tique , mais que c'est dans la graine que réside,
le principe vénéneux. Observons cependant
(^u'on mange impujiémeîit en Egypte les baies
(8i)
du Menispermum edule ,ljQ.ïn. , mais elles sont
acres et l'on en tire par la fermentation une
liqueur très-énivrante.
La graine du MenispermuTîi cocculus , isoléo
de son péricarpe et soumise à l'analyse par
M. Boullay , lui a présenté , entr'autres produits y
environ moitié de son poids d'une huile fixe ,
concrète ou de consistance analogue à la cire ;
une substance végéto-animale , aibumineuse y
une matière colorante particulière et sur-tout
un principe amer , cristallisable , de nature vé-
néneuse et auquel il a donné le nom de Plcro-
toxine ; il sera curieux de rechercher si cette
matière particulière se retrouvera dans les
graines des autres Menispermées.
6. C H L E N A C É E S.
Chlenaceœ. Petit-Th. gen. , t, 9-12.
Les propriétés des plantes qui composent ce
petit grouppe, découvert par M. du Petit-
Thouars , sont peu ou point connues 3 les fruits
d -1 Sarcolœna onX. une chair pu] peuse dont la
saveur approche de celle des Nèfles , mais
leur cavité interne est tapissée de poils roides
qui causent comme ceux des Pois à gratter et
probablement par un siuijjle effet mécanique ,
des démangeaisons insuportables j le tégument
( 82 )
des Schizolana est tapissé d'une espèce de
gluten visqueux , tenace et colorant , mais
dont la nature n'est pas connue exactement.
7. M A L V A C É E S.
jSlalvaceœ. Juss., Gen. 271.
Les Malvacées nous présentent une série uni-
ibrniG, soit par leurs caractères botaniques , soit
par leurs propriétés médicales. Tout le monde
sait que ces plantes sont émollientes , adoucis-
santes , composées d'un mucilage abondant et
nutritif: on connaît trop l'usage de nos Mauves,
de nos Guimauves, pour qu'il soit nécessaire
de nous y arrêter. Si nous jetons les veux sur
les Malvacées étrangères, nous les verrons par-
t jut servir aux mêmes usages. Tel est le Baobab
{^AdciTLSonia ) employé comme émoliient : V Hi-
biscus csculentus , dont le suc mucilagineux
entre dans les alimens des Indiens 5 le Sida
cordîfolia y qui, mêlé avec le Riz , sert à adou-
cir les flux-de-sang j le Sida rhomboidea, qui,
comme le précédent , sert de Guimauve dans
les Indes , etc. Au milieu de cette uniformité,
je vois cependant les Hibiscus sabdaiifa , H,
siiratensis , et [H. cannabinus , qui forment
1111 légère exception par leur saveur acidulé.
L'écorce intérieure de la plupart- des malva-
(83)
cées offre des fibres assez fortes et flexibles pour
être employées aux mêmes usages que celles du
Chanvre : on sait que Cavanilles est parvenu à
fabriquer de bonnes cordes avec les fibres du
Malva crispa. On emploie an même usage
V Hibiscus clipeatus à Sa.int-Domingue , l'ZT.
mutnbilis à Cayenne , X H. ûLiaceus et Y H.
cannabinus dans les Indes.
Les pétales de plusieurs Malvacées se distin-
guent des autres parties de la plante par leur
astringence ; cette propriété a déjà été remar-
quée dans les fleurs (M Alcea, et c'est à elle peut-
être qu'il faut attribuer l'emploi des pétales de
V Hibiscus rosa sinensis y dont les Chinois se
servent pour noircir leurs sourcils et le cuir de
leurs souliers. Les fleurs d'une espèce de Pen."
tapetes encore mal connue , et que les Indiens
nomment JMuchucurida , donnent un suc mu-
cilagineux et réfrigérant , qui est employé dans
les gonorrhées.
La graine des Malvacées est en général douce
et émolliente j mais on trouve cependant des
anomalies dans cet organe : ainsi celle de l'ZT/-
biscus abelmoschus exhale une odeur de muscj
celle de Theobroma , connue sous le nom de
Cacao , fournit une espèce de cire butyreuse ,
onctueuse , un peu amère , qui fait la base du
Chocolat.
(84)
Les graines sont entourées , dans plusieurs
£ienres de malvacées , de filaniens laineux ou
soyeux , dont l'industrie de l'homme a tiré des
usages multipliés. Ces fllamens sont sur- tout
connus dans le Coton et le Bombax. Dans le
premier de ces genres, les filamens sont plus
crépus , et sur- tout garnis de petites dentelures
visibles au microscope. Cette circonstance de
leur organisation les à rendus faciles à filer , à
tisser, et explique comment leurs tissus irri-
tent et égratignent imperceptiblement les peaux
délicates , les pustules , les blessures 5 dans le
Bombax , au contraire , les filarnens ne sont pas
dentelés j aussi ne peuvent-ils se filer et se tis-
ser qti'avec beaucoup de difficulté/C'est par la
même raison que les soies des Apocinées ne
peuvent pas se filer sans mélange de Coton.
Nous retrouvons parmi les poils végétaux , la
même observation faite sur les poils des ani-
maux j savoir , que ceux qui , vus au micros-
cope , paraissent dentelés , sont seuls suscep-
tibles d'être feutrés.
Au reste , la nature chimique du Coton mé-
rite peut-être d'être citée ici : ces filamens con-
tfiennent une matière fibreuse , insipide , très-
combustible , insoluble dans l'eau , l'akool et
l'éther , et q^ii diffère essentiellement de la ma-
tière ligneuse , en ce que , traitée par l'acide
( 85 )
nitrique, elle donne, non pas du charbon, mais
de l'acide oxalique. M. Thompson la nomme
Coton ; mais pour éviter toute amphiiDologie ,
j'ai proposé ailleurs de lui donner le nom do
Goss/pine. ( Toj- Théor. Elém. , pag. 4i7-)
8. STERCULIACKES.
Sterculiaeeœ.Yent. , Malm. 91. DC. Theor. 21 j.
Les propriétés des Sterculiacées sont encore
mal connues j l'écorce de l'une d'elles ( Clom-
■panus /7ii/zor Rumpli ) , est employée aux Mo-
luques comme emménagogue 5 la graijic de
toutes les espèces est assez grosse et remplie par
un périsperme huileux j on en extrait dans
l'Inde une huile bonne à brûler \ ce périsperme
a une saveur assez analogue à celle de nos Noi-
settes , comme je l'ai éprouvé sur la graine du
Sterculia platanifolia j et comme les voyageurs
l'assurent, de plusieurs autres; la douceur de
ce périsperme paraît mélangée d'un principe
légèrement acre : Rumph observe que ces graines
mangées en trop grand quantité, doilnent quel-
quefois mal à la tête 3 la plus célèbre de toutes
est celle du Sterculia acuminata , très-bien dé-
crite par M. Palissot de Beauvois , et connue
en Ai'rique sous le nom de Kola ; les nègres en
ibnt cas non pas tant par sa saveur qui laisse
(8(5)
dans la bouche un peu d'âcreté , mais parce
que l'eau , même saumâtre , acquiert une sa-
veur agréable lorsqu'on la boit après avoir
mangé du Kola. Le périsperme de la plupart
des Hermanniées est trop petit pour qu'on en
ait tiré quelqu'usage.
9. T I L I A C É E S.
Tiliaceœ. Juss., gen. p. 289
Les Tiliacées, très - voisines des Malvacées
par leur structure , ont aussi quelques rapports
avec elles par leurs propriétés. En général elles
renferment un mucilage doux et sain. On mange
comme légume , en Egypte , le Chorchorus oli-
torius y les baies des Grewia , du Flacurtla
l'amontchi (1) et de VApeïba emarginata 3 ser-
vent aussi d'alimens dans divers pays.
Les fibres corticales du Corchorus capsularîs
fournissent dans l'Inde une filasse cjui sert à
faire des cordes et des filets pour la pêche. L'é-
corce du Tilleul peut servir à faire des cordages
comme celles de plusieurs Malvacées ', sa graine,
préparée comme celle du Theobroma , a pro-
( I ) M Richard pense que le Flacurtla et la Riimea
«ont le type d'une nouvelle famille.
( ■v )
duit une pâte qui avait quelques rapports avec
le Chocolat.
Le Bixa orellana , qu*oii place à la suite des
Tiliacées , est très-remarquable par la pulpe cc-
lorée qui entoure ses graines, et que l'on con-
naît sous le nom de Rocou. Cette pulpe , prise
à l'intérieur, est légèrement purgative et en
même temps stomachique ; appliquée à l'exté-
rieur, elle tue les petits insectes qui se logent
sous la peau. Les propriétés de cette pulpe sont
isolées , comme l'organe lui-même dans la Ik-
miile.
lo. ELÉOCARPÉES.
J^œocarpece. Juss. , Ann. Mus. 1 1 , p. 233. DC. Théor;
214.
Cette famille , toute composée d'arbres exo-
tiques, est très-mal connue quant à ses formes,
et moins encore quant à ses propriétés j les fruits
des GanUres ( Elœocarpus ) sont mangeables ,
mais très-peu usités.
^ 11. M ARGR A VIACÉES.
MarQgraviaceœ. Jiiss. , Ann. Mus. 17, p. 377. DC.
Théor. 214.
Les propriétés de cette famille , récemment
établie j sont encore inconnues.
( 88 )
12. OCHNACÉES.
Pchnaceœ. DC. Ann. du Mus. 17, p. 410. — Magno-
îarum gen. Juss.
Les plantes de cette famille sont toutes dé-
pourvues de propriétés un peu prononcées ;
leur suc est aqueux 5 leur écorce n'a pas une
amertume bien remarquable. Les voyageurs
citent seulement le IValkera serrata y pour la
saveur amère de sa racine et de son feuillage j
on l'emploie au Malabar en décoction dans l'eau
et dans le lait comme tonique, stomachique et
anti-émétique.
i3. SIMAROUBÉES.
iS/'/wû/w^eo?. DC. Ann. Mus. 17, p. 422. — Magno-
liarum gen. Juss.
Le Quassia et le Simarouba sont les deux
seuls genres qui composent cette famille très-
analogue à la précédente et encore peu connuej
les écorces de ces deux arbres , sont comme on
sait, très - employées en médecine comme les
amers les plus purs et les plus intenses que nous
possédions 3 ces écorces sont comptées à ce titre
au nombre des meilleurs stomachiques j toutes
les espèces de cette famille , peu nombreuses il
(89)
est vrai , jouissent des mêmes propriétés ; le
principe amer des écorces de cette famille pré-
sente des phénomènes chimiques qui lui sont
particuliers j ce principe est parfaitement so-
luble dans l'eau ; son infusion ne subit aucun
changement par son mélange, soit ayec les sels
ferrugineux , soit avec l'infusion de noix d(î
Galle; elle précipite les nitrates d'argent et de
plomb abondamment en blanc (i).
14. RUTACÉES.
Rutaceœ. Juss., gen. , p. 296.
En attendant que la classification des genres
réunis aujourd'hui sous la dénomination de
Rutacées soit établie d'une manière rigoureuse,
je continuerai ici à les réunir sous une dénomi-
nation commune ; je ne prétends pas nier ce-
pendant que les divers grouppes de cette famille
ne puissent et ne doivent être avec avantage
considérés comme autant de familles distinctes ;
les caractères Ijolaniques réclament cette divi-
sion , et la différence des propriétés de chacun
d'eux paraît la confirmer : on peut distinguer
ici quatre tribus bien distinctes , les Zygophyl-
lées , les Rutacées , les Diosmées et les Zan-
thoxylées.
( 1 ) Voyez TLomson , Syst. Cliim. , éJit. 3.
( 9<5 )
Les Zygopliyllées comprennent des plantes,"
les unes herbacées , les autres ligneuses ; les
premières sont le pius souvent annuelles , et
ont pour la plupart des propriétés peu exaltées ,
telles que les Fagonla , les Tribulus et une
grande partie des Zi^gophyllum ; le Z. Tabago
est cependant quelquefois employé comme an-
tl'ielmin tique : les ZygophylJées ligneuses sont
remarquables par l'extrême dureté de leur bois j
cette dureté qui est connue dans le Gayac , se
retrouve au récit des voyageurs dans le Zygo-
phyllum arboreum : toutes les espèces de Gayac
sont remarquables par leurs propriétés exci-
tantes : le bois et l'écorce des Ga/yacum offici-
nale et sanctum , sont d'une saveur un peu
acre et araère , et s'emploient principalement
comme sudorifiques , diaphorétiques ou alté-
rans : ils renferment une matière particulière,
qui est le plus souvent désignée sous le nom de
résine ou de gomme-résine ; mais qui dilïère
des résines, parce que , tiaitée par l'acide nitri-
que , elle donne de l'acide oxalique et non du
tannin. Cette matière , qui jusqu'ici n'a pas été
retrouvée kors de ce grouppe , porte le nom de
Gayacinc.
Les Rutacées proprement dites , qu'on doit
réduire au eenre Puita et Vesanum . sont en
général remarquables par leur saveur amère et
(90
un peu acre , leur odeur nauséabonde et leurs
propriétés excitantes ; elles paraissent agir prin-
cipalement sur le système nerveux î la plupart,
sur-tout celles où l'odeur est la plus prononcée,
ont été vantées comme emménagogues : telles
sont les Ruta graveolens et angustifolia , et le
Veganum harmala; on les a aussi indiquées soit
comme anthelraintiques , soit comme sudori-
fiques.
Les Diosraées , que je réduirais volontiers au
genre Diosrna de Linné , qu'on peut diviser en.
plusieurs genres , ainsi que Wendland et Wil-
derson l'ont proposé, les Diosmées , dis -je,
sont remarquables au milieu do toutes les Ru-
tacées , parce que l'huile volatile renfermée
dans les vésicules de leurs feuilles et de leur
écorce est d'une odeur agréable j la saveur en
est cependant acre : plusieurs d'entr'elles ont
été vantées comme anti-spasraodiques.
Enfin , les Zanthoxylées , où l'on pourrait
réunir les genres Correa , D'/plolœna , !Zicria ,
P fiebaUum , Dlctamnus , Emplevruni , Jam-
bolifera , Calodendron ^ Evodia , Mellcopa ,
ZantJwxylori y F a gara , Oclnoxylon. ,q\. peut-
être Cusparia, Ticorea , Gal'ipea , Moniiieiia^
les Zanthoxylées, dis-je , paraissent toutes
douées de propriétés acres, stimulantes ou Io-
niques 3 les Fagara sont la plupart connus sous
(92)
Je nom de Poivriers , ce qui fait allusion à la sa-
veur aromatique et piquante de leur écorce , de
leurs feuilles et de leurs fruits ; les feuilles de
presque tous les genres de celte tribu sont gar-
nies de vésicules transparentes , pleines d'une
huile essentielle aromatique y plus oii moins
èliaudeet stimulante. Les Zanthox^don clava,
ïIerculisQX.fraxineiim passent en Amérique pour
de puissans sudoriliques et diapliorétiques \ ils
sont sur-tout remarquables d'après M. Barton,
parce qu'ils excitent violemment la salivation ,
non-seulement lorsqu'ils sont appliqués aux gen-
cives , mais ce qui leur est tout particulier lors-
qu'ils sont pris à l'intérieur j on s'est servi avec
quelque succès de cet excitant soit contre le rhu-
matisme , soit sur-tout dans les paralysies de la
langue et des muscles de la bouche , moyen qui
mérite une attention particulière de la part des
praticiens expérimentateurs , et qui n'a point
encore à ma connaissance , été tenté en Europe ,
malgré le poids que mérite le témoignage de
M. Barton. Le Zanthoocylon caribœum est re-
gardé aux Antilles comme vvilnéraire détersif et
fébrii'uge.
Si ie Cusparia (i) appartient réellement aux
(i) M. de Hiimbolt a découvert l'arbre qui porte l'écorce
^'Aiigustura , et lui a. donné le nom de Cusparia f eh rifiiga ,
(93)
auxêîaiitlioxylées (i), il se rapprocherait un peu
par ses propriétés fébrifuges de celles du Zan«
thoxylon dont je viens de faire mention^ on sai
que son écorce célèbre sous le nom de Cortex
angusturae , est amère , astringente , tonique y
stomachique , anti -^dysentérique et fébrifuge.
Dirais-je encore ici que les fruits du Ptelea
sont remarquables par leur saveur amère et
aromatique qui les a fait essayer avec quelque
succès pour remplacer le floublon dans la fa-
brication de la bierre j mais la place du Ptéléa,
dans l'ordre naturel , n'est pas encore bien
déterminée.
i5r C A R I O P H Y L L É E S.
Gariophj'lleœ. Juss.
La nombreuse famille desCariophyllées pres-
» . — — — — — ■
d'après le nom de Cusparé qu'il porte dans son lieu natal :
il l'a désigné ainsi dans sa Géographie des plantes. Quel-
ques années après, Wildenow l'a décrit sous le nom de
Bonplandia trifoliata , quoique le nom de Bonplandia
ait été donné par Cavanilles à un tout autre genre.
( I ) M. Wildenow rapporte ce genre aux Simaroubées,
M. Richard aux Meliacées , M. Rob. Brown à ses Dios-
mées ou à nos Zanthoxylées ; peut-être les genres Cnspa^
ria y Ticorea, Galipea et Monnieria devraient-ils être
considérés ici comme uije cinquième tribu des Rutaçé«s.
(94)
que toute indigène de l'Europe , n*ofïre aucune
propriété remarquable j toutes les plantes qui
la composent sont insipides , quelques-unes doi-
vent cependant être notées ici à cause de leurs
propriétés savonneuses : telle est la Saponaria
efficinalis^leWes sont la-Gypsophila ostruthiurriy
XuLychnls dioïca j et L, calcedonica , qui sont
çà et là substituées à la Saponaire j celle-ci a
été vantée dans les maladies siphylitiques. \J A-
renaria pepicïdes y soumise à la fermentation ,
forme une espèce de composé dont les Islandais
se nourrissent. La décoction de la racine de 6*/-
lene virgmica est , dit-on , employée comme
anthelmintique dans l'Amérique septentrionale,
1(5. L I N É E S.
Lineœ. DC. Théor. élém. ,214.
A la suite des Cariophyllées , nous trouvons
le petit grouppe des Lins , qui nous intéressent ,
soit par l'usage immense des fibres de leur écorce,
soit par leur graine demi-mucilagineuse et de-
mi-huileuse, adoucissante, résolutive et émol-
lieute , soit enfin parce que les feuilles du Li^
niim catharticum sont douées de propriétés pur-
gatives. Ces divers usages provenant d'organes
divers , n'annoncent rien de contraire à la théo-
rie , et la plupart sont c^iïiiîiuues à plusieurs
(95)
espèces. La nature du mucilage de la graine de
Lin a été étudiée par M. Vauquelin ; cet lia-
bile Chimiste pense qu'il est composé d'une
substance gommeuse , mêlée avec une substance
animale, de l'acide acétique libre, des acétates
de potasse et de chaux, du sulfate et du muriate
de potasse , des phosphates de potasse et de
chaux et de la silice : il attribue à l'acétate et
au muriate de potasse les propriétés diurétiques
de cette graine. Le Linum selaginoïdes ^a.sse eux
Pérou pour amer et apéritif, ce qui se rap-
porte aux propriétés de notre Linum cathar-
tlcurn.
17. CISTINÉES.
Cistineœ. DC. Théor. 214. — Cistece, FI. Fr. —
Cisti. Juss.
Les Cistes ne peuvent intéresser la médecine
que par la production du ladanum , résine qui
exhale une odeur agréable lorsqu'on la brûle ,
qui est légèrement stomachique et tonique ,
mais maintenant presque hors d'usage : on la
retire principalement du Cistus creticus j mais
les C, laurlfolhis y Lam. , C. cyprins , Lam.,
C. ladanifer , Lam. , C. ledon , Lam. , en don-
nent aussi une quantité plus ou moins sensible,
et toutes les autres en oifriraient sans doute
(9«)
quelques indices , si on les observait sous ce
point de vue.
18. VIOLACÉES.
Kiolœ. Juss. , Vent. — Violacées. DC. Théor.
Les principales propriétés des Violacées ré-
sident dans leurs racines, qui paraissent toutes
douées de vertus émétiques à un degré plus ou
moins prononcé : tels sont , parmi les espèces
dont la fleur n'est point renversée et qui cons-
tituent le genre Pombalia de Vandeili , ou lo-
nidium de Ventenat , les Viola parvijlora ,
V. ipecacuanha , et V. itonhou , Aubl. , dont
j'ai eu occasion de parler en détail dans mon
Mémoire sur les diverses espèces d'Ipécacuanha:
tels sont encore , parmi les véritables Violettes,
les V, odorata , V, canina , et même le V,
tricolor 3 dont les propriétés , quoique faibles,
ne peilvent être révoquées en doute. Cette der-
nière espèce se distingue encore par l'utilité de
ses feuilles et de sa tige dans les maladies cu-
tanées : propriété qui a cependant besoin d'être
démontrée par de xiouy elles expériences.
(97)
19- P AS SIFL ORÉES.
Passi/Iorece. Jnss.j Ann. Mus. 6, p. loa.DC. tîiéor. 214.
Aucune espèce de la famille des Passiflorées
n'est employée en médecine j leurs tiges etleurs
feuilles ne paraissent douées d'aucune propriété
notable ; leur fruit est charnu ou pulpeux ,
cette pulpe est gélatineuse , douce et bonne à
manger dans presque toutes les espèces : on con-
naît sous ce rapport en Amérique les fruits des
Passîflora coccînea _, maliforniis , et sur-tout
du P. quadrangularîs »
20. CA ME L LIÉES.
Camelliece. DC. Théor. 214- — Theacece. Mirb. ,
Bull. Philom.
Les Camelllées n'ont de rapports botaniques
un peu prononcés qu'avec les Orangers , mais
en diffèrent à beaucoup d'égards ; cette famille
ne se compose que de deux genres , le Tlié
et le Camellia ; l'infusion des feuilles de toutes
les espèces de Thé est , comme on sait , as-
tringente, assez agréable au goiit, et remar-
quable par l'action stimulante qu'elle paraît
exercer sur les nerfs. Les feuilles des Camsl"
lia japonica et sesanqua sont souvent em-
ployées en Chine et au Japon à la place de celles
7
du véritable Thé , et toutes les espèces du genre
Thea sont presqu'indiiféreniment employées les
unes à la place des autres par les habitans de
la Chine , du Japon et de la Cochinchine (i).
Observons que ni les feuilles des Thés , ni celles
(des Camellia n'ont de parfum , et que celui-ci
leur est communiqué par la stratification qu'on
en fait avec les fleurs de V Olea fraorans et du
Camellia sesanqua. Les propriétés du Thé pa-
raissent en opposition avec l'infusion des feuilles
d'Oranger qu'on emploie souvent comme anti-
spasmodiques et calmantes j ces deux effets con-
traires du Thé et de l'Oranger seraient- ils dus
simplement à la différence d'intensité de l'ac-
tion narcotique de ces deux plantes ? L'Opium
offire des diversités plus grandes encore , et c'est
sous ce rapport que CuUen a placé le Thé parmi
les narcotiques ^ on s'habitue en effet à son
action comme à celle de tous les vrais narco-
tiques ; si l'idée de Cullen est vraie , la diffé-
rence apparente de l'action entre les feuilles du
Thé et de l'Oranger rentrerait dans les lois gé-
nérales. La graine des Camelliées paraît ren-
ii
(l) On peut consulter avec utilité^ relativement à l'his-
toire clu Thé, un mémoire inséré dans le Journ. Pharm, , f
février i8i5 , où M. Virey rapproche et analyse à-peu-près
tous les faits connus sur le Thé.
( 99)
fènner une certaine quantité d'huile : celles dn
Camellia sesanqua fournissent au Japon une
huile bonne à manger j celles du Thea oleosa
donnent aux Cochincliinois une grande quan-
tité d'une huile limpide, jaunâtre et qui sert soit
pour l'usage de la cuisine , soit sur- tout pour
l'éclairage.
21. HESPERIDÉES.
Aarantia. Correa. , Ann. Mus. ù , p. 376. — Hesperi-
deœ. DC. Théor. 214. — Aurantiorum gen. Z\ii^»
■— Hesperidearum gen. Vent.
A l'époque de la première édition de cet Ou-
Trage , la famille des Hespéridées était encore si
mal circonscrite , qu'elle renfermait des plantes
hétérogènes par leurs propriétés aussi bien que
par leurs formes j aujourd'hui que M. Correa
Ta réduite dans ses -vraies limites , toutes les
espèces qui la composent offrent une grande
uniformité de structure et de propriétés ; ces
arbres ont tous le bois remarquable par son tissu
compact et serré ; les feuilles et les écorces sont
munies d'un grand nombre de petits réservoirs
vésjculaires pleins d'ime huile volatile aroma-
tique amère et excitante, qui donne à ces or-
ganes des pro]>riétés tonicjues et stimulantes
assez prononcées ) l'écorce du fruit participe à
7-
( 100 )
ces propriétés : la pnlpe de la baie est toujours
plus ou moins acide comme nous le voyons dans
les diverses espèces de Citrons et dans le Limo-
nia acidissima ; cette acidité se retrouve quoi-
qu'à un moindre degré dans les Oranges , les
Pampelmousses 5 ces propriétés acidulés ou un
peu amères rendent ces fruits rafraîchissans et
utiles contre la fièvre et le scorbut. Dans les
pays où les Hespéridées sont communes , on
substitue plusieurs espèces différentes les unes
aux autres.
:i2. M ELI A CE ES.
Meliœ. Juss. , gen. 263.
Les propriétés des Méliacées sont mal con-
nues , et le peu que nous en connaissons n'an-
nonce pas une grande uniformité ; l'écorce du
Canella alba , Mur. , est aromatique , un
peu acre , et sert d'assaisonnemens dans les
Antilles 5 celle du Cedrela est odorante et ré-
sineuse j celle du Cedrela tuna est employée
dans l'Inde comme fébrifuge j celle du Swie-
teîiia mahogoni est encore astringente , et passe
pour fébrifuge ; cette propreté fébrifuge se re-
trouve à un degré très -prononcé dans le tSVi<?-
teniafebnfuga , connu dans l'Inde sous le nom
de Sojrnida i sa saveur offre une amertume
( ici )
^lauséeuse et désagréable qui le rapproche des
autres Méliacéesrl'écorce du Guarea trichiloides
.est 3 d'après le témoignage d'Aublet, purgative
et émétique. Le fruit pulpeux du Me lia aze-
/a'b/'ûc/iJ passe pour vénéneux, et a été employé à
titre d'antlielmintique, aussi bien que la partie
interne de l'écorce 5 on l'emploie en substance ou
en décoction \ ce médicament agit principale-
ment contre les lombrics. Michaux assnre qu'en
Perse on se sert contre la teigne, de la pulpe qui
entoure le noyau j on en retire de l'huile au Ja-
pon : sous ces divers points de vue, cet arbre
,qui vient très -facilement dans le Midi de la
France , et (jui y croît dans les plus mauvais
terrains , mérite de fixer l'attenlion des obser-
vateurs. Des propriétés analogues- ont été ob-
servées dans l'Inde quant au Melia semper
viî^eiis. On attribue Aq^ propriétés anti-spasmo-
diques à l'huile extraite du fi'uit du Melia
azedaraclita.
■2^. S A R M E N T A C É E S.
Vites. Juss. — S arment ace ce. Vent.
Les fruits des Sarmentacées sont des baies
charnues et succulentes 5 la baie de la Vigne
cultivée se distingue des autres par l'abondance
et la douceur du snc qu'elle fournit \ mais
( 102 )
avant de regarder ce fait comme une excep-
tion à la règle générale , il faudrait déter-
miner la part que la culture a dans la produc-
tion et l'améliorarion du raisin. Si la Vigne
sauvage , qui se trouve dans le Midi de la
JFrance , et qu'on y nomme Lambrouche , La-
brusque ou Labrot y est la véritable souche
de la Vigne cultivée , il faudra convenir que
c'est prescju'eiitièrement aux travaux assidus
de l'homme que cette espèce doit sa supério-
rité sur les autres Sarmentacées j les jeunes
pousses de la plupart de ces plantes ont une
saveur acidulé , saveur qui se retrouve dans
plusieurs genres de la famille suivante.
24. G E R A N I É E S.
txeraiiiece. FI. Fr. — Gerania. Juss. , gen. 268.
C'est sur-tout dans les fausses Geraniées que
se retrouve cette saveur acidulé : ainsi les
nombreuses espèces du genre Oxalis contiennent
toutes une quantité plus ou moins considé-
rable d'oxalate acidulé de potasse , qui leur
donne une saveur acide agréable et des pro-
priétés rafraîchissantes et très-légèrement laxa-
tives. UOxalls acetosclla en Europe, VO,
compressa au cap de Bonne-Es|>érance , Y O,
frutescens à la Martinique , et l' O. tubarosa
( 'o3 )
au Chili , sont sur-tout remarquables par la
quantité de sel d'oseille qu'elles renieraient ;
V Oxalis dodecandra , et une autreespèce encore
mal connue , sont employées au Pérou j elles
en ont été rapportées par Leubaz sous le noiti
de VinaigrilLa qui indique leur saveur \ il oîd-
serve qu'elles sont aussi astringentes et em-
ployées dans les cracliemens de sang 5 cette pro'
priété rapproche les Oxalis des Géraniums dont
nous parlerons tout-à-l'heure.
Les Capucines et les Balsamines , rapprochées
par M. de Jussieu des Oxalis , mais qui, de
l'aveu même de ce naturaliste , en sont encore
fort éloignées , ont été regardées comme diuré-
tiques. Les premières sont sur-tout remar-
quables par l'extrême rapport de leur saveur et
leurs propriétés avec le Cresson et tontes les
Crucifères. Aussi la chenille du papillon du
chou ne vit que sur les Crucifères et sur la
Capucine.
Passons maintenant aux véritables Géranîées
dont on a plus étudié les formes et la culture
que les propriétés; quelques-unes sont aci-
dulés , et ce sont en général celles dont la feuille
ou l'écorce est succulente ; plusieurs exhalent
une odeur résineuse , quelquefois agréable ,
quelquefois si forte , qu'elle est nauséabonde.
Le principe résineux est si ^'Vbondant dans le
( io4)
Géranium spinosum. , que sa tige brdic comme
un flambeau en exhalant une odeur agréaljle.
La propriété la plus générale parmi les Géra-
nium , du moins parmi ceux d'Europe qui com-
posent le vrai genre Géranium , est d'être
astringens 5 cette astringence se laisse rcco]i-
naître cliimiquement en ce que leur suc teint
en noir le sulfate de fer ; elle est sur-tout re-
marquable dans les G. robertianuni et G.
sanguineum , qui Fun et l'autre passent pour
■vulnéraires dans les G. nioschatum , pratense ,
etc., dans lesquels elle est unie à un léger
principe aromatique , et qui ont été indiqués
comme utiles pour arrêter les flux séreux et
sanguins soit dans l'iiomme , soit dans les bes-
tiaux j comme aussi pour chasser le calcul , pro-
priété attribuée à tous les astringens légers et
aromatiques qui agissent ici comme diurétiques j
la propriété astringente des Géraniums se re-
trouve aussi dans le G. maculatum qui croît
abondamment près de Philadelphie et tlont la
racine, bouillie dans du lait , sert conire le
choiera des enfans j M. Bar ton pense qu'on
pourrait l'employer contre le néphrétis et les
diarrhées anciennes à la place de gomme kina.
( io5)
2.5. G U T T I F È R E s.
Guttiferœ. Juss. , gen. 255.
Les Guttifêres seraient sans doute Vl'une
grande importance pour la médecine et pour
les arts , si elles n'étaient pas exclusive-
ment réservées aux climats brûlans voisins
de l'équateur j elles contiennent toutes , ainsi
que leur nom l'indique , un suc gommo-rési-
neux , ordinairement jaune , acre ou amer , et
employé rarement à l'intérieur ; la gomme
gute qui provient du Garclnia cambooia y
et aussi , selon Hermann , du Gare/' nia morellay
est, comme on sait, un purgatif qui excita
souvent des douleurs dans l'estomac et des
vomissemens pénibles , et qu'on emploie dans
l'hydropisie et comme anthelmintique ; le suc
des autres Guttifêres paraît analogue à la
gomme gutte 5 on se sert dans les Antilles du
suc du JSIammea pour tuer les chiques, petits
insectes qui s'introduisent sous les ongles des
doigts des pieds ; c'est peut-être autant pour
leur qualité vermifuge que pour leur nature
résineuse qu'on emploie en guise de goudron le
suc du JMoronobea à Cayenne , du Clusia alha, et
du C. rose a aux Antilles , etc.
L'écorce de quelques espèces , et sur-tout
( '°6 )
celie de leur fruit, paraît asft-îngente et un
peu vermifuge 5 c'est ce que les voyageurs ob-
servent relativement à plusieurs Garcinia , la
pulpe des G, niangostana^ G. cambogla et G.
celebicay du Manimea americana , est un peu
acidulé, très- agréable au goût, et ordonnée
comme rafraîchissante. Dans le Grias , on
cueille les fruits avant leur matm'ité complète ;
on les coniit à l'huile ou au sel , et ils servent
ainsi d'alimens à l'homme.
26. H Y P E R I C I N É E S.
Hypericinece. Juss. , Ann. Mus. 2.0 , p. 459. —
Hyperica. Juss. , gen. zSj,
Les Hyper icinées touchent de près aux Gutti-
feres par leur suc gommo-résineux , jaune ,
visqueux, un peu amer, souvent purgatif où
anthelmin tique , et tellement analogue à la
gomme gutte , qu'il a reçu le nom de gomme
gutte d'Amérique , dans V Hypepicuni bacci-
JejTim. , L. . //. cayeiinense , L. , et H. sessi-
lîfolium^ Au!)l. La plupart des Hypéricinées
ont une saveur amère , un peu astringente qui
les a fait quelquefois employer comme fébri-
fuges ; Plusieurs exhalent une odeur résineuse
due à une huile volatile renfermée dans des
glandes pellucides \ l'infusion des Millepertuis
( 107 )
rougit riuiile et l'esprit de vin ; les vertus
anti-spasmodiques et vulnéraires attribuées à
quelques espèces , ne sont pas bien prouvées.
27. HYPPOCRATICÉES.
Hippocraticece. Juss. , Ann. Mus. i8 , p. 483.
Cette famille est encore mal connue des
botanistes, et les propriétés du petit nombre
de plantes qui la composent sont tout-à-iàit
inconnues.
28. MALPIGHIACÉES.
Malpighiacece. Juss., Ann. Mus. 18, p. 475.
Les Malpighiacécs sont toutes exotiques
et peu connues quant à leurs propriétés ;
le bois de plusieurs espèces de Malpighia et
de V Erythroxylon offre une belle couleur
rouge et pourrait peut-être servir dans l'art de
la teinture j l'écorce du Malpighia moureila
d'Aublet , est employée à Cayenne comme
fébrifuge j le liruit charnu de plusieurs espèces
de ce genre est bon à manger.
29. A C E R I N É E S.
Acerinece. Juss., Ann. Mus. 18 , p. 477*
Cette famille en comprend véritablement
( '°8)
deux très-distinctes par leur structure, et
qu'on réunit ensemble à cause du petit nombre
d'espèces, que nous connaissons dans chacune
d'elles j ces deux familles sont les Maronnierset
les Erables.
Le grouppe des Erables se distingue par la
sève douce et sucrée que contiennent presque
tous les arbres de ce genre ; VAcer saccharl-
num et VA. rubrum , ont une sève si sucrée
qu'on en extrait du sucre dans PAmérique
septentrionale j cette même saveur se r>etrouve
dans nos Acer pseudo-platanus y campestris
et plataiioïdes ; ce dernier suinte une espèce de
sucre concret.
Les Maronniers sont remarqua liles par leur
fruit amer, qui a été quelquefois employé
comme stemutatoire , qui contient une assez
grande dose de potasse pour servir de savon j
ou de cosmétique , et une quantité considérable
de fécvile qui le rend nourrissant pour plusieurs
animaux et propre à faijriqiier l'amidon. Cet
arbre intéresse sur-tout la médecine par son
écorce astringente , amère , fébrifuge et qui
peut dans quelques cas suppléer le quin(piiiia.
( lop )
3o. SAPINDACÉES.
JSapindi. Juss. , gen. 246. — Sapindaceœ. Juss., Ami.-
Mus. 1 8 , p. 476.
Cette famille exotique est trop peu connue
pour que nous possédions encore aucune gé-
néralité sur les propriétés des plantes qui la
composent ', on sait que Técorce du fruit du
Sapindus saponaria , L. , est savonneuse, et a
été employée dans la chlorose; la pulpe qui
entoure le fruit des Euphoria , des Melicocca
est douce , agréable au goût et extrêmement
estimée dans les Indes. L'amande de toutes les
espèces de Vekea , d'Aublet , du Saouari glabra
du même auteur, du BerthoLletia (i) et du Cu-
panîa de Plumier , est bonne à manger , et
donne , par expression , une huile analogue
à celle d'amandes douces. Nous voyons par
ces exemples que les espèces des mêmes genres
ou de genres très-voisins sont employées aux:
mêmes usages.
(1) MM. de HumbolJt et Bonpland ont désigné sous
ce nom , clier à tous les amis des sciences , l'arbre qui porte
la Châtaigne du Brésil , fruit dont les graines sont très-
grosses , et pleines d'huile douce et comestible. La Ber-
tholletia , le Pekea et le Saouari , paraissent former une
famille particulière.
( ilo )
3i. DROSERACÉES.
Droseraceœ. DC. Théor. 214. — Capparidearum genl
Juss.
Les feuilles fraîches des Drosera et no-
tamment du Z). rotundifolla , ont une sa-
veur légèrement acide et sur-tout acre et un
peu corrodante 5 elles font cailler le lait j on
assure qu'elles nuisent aux bestiaux qui les
mangent ; leur emploi en médecine , après
avoir été beaucoup préconisé , est tombé en
désuétude.
32. R E s É D A C É E s.
JResedaceœ. DC. Théor. 214. — Capparidearum gen,
Juss.
Les Résédas ne sont point employés en mé-
decine ; la propriété qu'a la Gaude ( Reseda
luteola ) de fournir une couleur jaune pour la
teinture , paraît se retrouver , quoiqu'à un
moindre degré , dans les autres espèces.
33. CAPPARIDÉES.
Capparides. Juss. , gen. 242.
Les Capparidées participent aux propriétés
des Cruciières , dont elles se rapprochent par
( 111 )
la structure ; ainsi les Cûpres sont sliaiulantes y
et regardées comme anti-scorbutiques et apé-
ritives. L'écorce de la racine du Câprier passe
pour diurétique comme plusieurs Crucifères j
.de même plusieurs espèces de Cleome , ont une
saveur acre que plusieurs voyageurs ont com-p
parée à celle de la moutarde : la racine du
Cleome dodecandra s'emploie comme vermi-
fuge dans les États-Unis d'Amérique. Le Cleo-
me icosandî^a , appliqué sur la peau , y pror
duitde l'inllammation, et est employé à la Co-
chincliine , soit comme sinapisme , soit dans
l'économie domestique comme assaisonnement.
34. CRUCIFÈRE S.
Cruciferœ. Juss., gen. aSy.
Tous ceux qui se sont occupés àcs sciences
naturelles , savent combien les Crucifères pré-
sentent d'uniformités dans leurs caractères
botaniques, chimiques et médicaux: et sous
ce point de vue , il est peut-être superflu d'en-
trer dans aucun détail à leur égard.
Toutes les Crucifères renferment un prin-
cipe volatil fort acre , long- temps attribué à
l'alkali volatil , qui était regardé par plusieurs
chimistes comme tout formé dans ces plantes.
Il est vrai de dire que dans leur putréfaction ,
( 1^2 )
elles en dégagent une assez grande quantité >
et que par la distillation on en obtient sou-
vent une certaine dose ; mais leur eau distillée ^
ni leur suc récemment extrait ne donnent le
moindre indice d'alkalescence : on pense donc
que l'ammoniaque n'existe point toute formée
dans les Crucifères , et qu'elle se développe
dans certaines circonstances , à cause de la
grande quantité d'azote que ces plantes ren-
ferment. C'est probablement à cet azote qu'il
faut rapporter l'odeur animale des Crucifères
corrompues et leur facilité même à se putréfier 5
c'est peut-être le besoin qu'elles ont de ce prin-
cipe , qui fait que le plus grand nombre des
Crucifères vit naturellement auprès des habi-
tations des hommes ou des animaux.
Quant au principe acre de ces végétaux , il
tient à une certaine quantité d'huile volatile
qui s'en extrait par divers procédés chimiques y
qui offre l'odeur et la saveuf des Crucifères ,
et qui passe en petite quantité dissoute ou
mélangée dans l'eau distilée. Ce principe rend
les Crucifères éminemment stimulantes : s'il est
concentré , comme on le voit dans les graines
des moutardes (1), par exemple, et dans les
( 1 ) Ca ne s(mt pas seulement les Moutardes d*Europô
qui ofTrent les propriétés tj^u'on leur connaît. On se sct^
racines du Cochlearia armoracia, ou quel-
quefois dans riierbe même , comme dans 1g
Lepidium laùfolium , alors le suc de ces par-
ties , appliqué sur la peau , y excite d'abord de
la rougeur, puis une forte inflammation et
enfin une exsudation de matière : ce genre da
remède est connu sous le nom de sinapisme.
Si cette matière acre et stimulante est admi-
nistrée à l'intérieur , elle agit sur le système
nerveux , et ensuite sur le système sanguin ,
et excite par-là, tantôt la transpiration, la
plus souvent la sécrétion des urines \ donnée à
dose plus forte , mais plus prolongée, elle joae
alors le rôle d'anti-scorbn tique j et c'est sous
ce point de vue que les Crucifères sont le plus
souvent et le plus utilement administrées. On
sait que l'emploi habituel de ces végétaux pré-
vient le scorbut , probablement en soutenant le
ton du système , et que ces mêmes plantes
guérissent souvent le scorbut déjà développé,
soit en rétablissant le ton , soit en agissant
comme diaphorétiques et diurétiques.
Que cette matière acre se trouve en dose
très-faible , alors ces plantes pourront nous
servir pour aromatiser les mets , comme le
aux mêmes usages , dans l'Inde , des Sinap.'S dîchotom'tt
«t ramosa de Roxburgh.
8
( "4)
cresson j qu'enfin elle se trouve réunie avec
une dose considérable de mucilage ou de
matière sucrée , et ce inélan ge formera une
substance éminemment nutritive , comme dans
le Chou, la Rave, le Navet, etc. Mais il ne
faut pas croire que ces plantes potagères soient
dépourvues de propriétés anti-scorbutinues 5
une légère fermentation acide qui consume ,
pour ainsi dire , la matière sucrée , dégage le
principe acre , et replace ces végétaux au rang
des anti-scorbutiques 5 le Sauer-Kraut en est
un exemple frappant.
Lorsque les plantes de la famille des Cruci-
fères présentent une saveur trop intense pour
être agréable , on emploie diverses précautions
pour obtenir des parties plus ou moins étiolées
ou avortées , et qui , par leur étiolement ou
ienr avoi tement , sont devenues plus aqueuses
et plus fades : ainsi on emploie comme aliment
les racines ou la partie inférieure des tiges de
plusieurs espèces dont le féuiUagé est négligé ;
telles sont les Raves , les Navets , les Choux-
raves , etc. Ainsi , dans les Crucifères dont les
feuilles se recouvrent les unes les autres ,
comme les Choux-pommés , on choisit de pré-
férence les feuilles centrales étiolées et adou-
cies par l'absence de la lumière : ainsi on par-
vient, par divers procédés de culture, à faire
( '>5 )
avorter les flenrs en tout ou en partie , et à
rendre ainsi les jeunes pousses et les pédoncules
beaucoup plus charrus , et, par conséquent,
plus aqueux et plus fades , comme on le voit
dans les Brocolis et les Choux-fleurs ; quelque-
fois on étiole artificiellement les tiges au moment
où elles sortent de terre : c'est par cette culture
que les Anglais sont parvenus a faire un légume
agréable du Cj^ambe maritima (i) ^ si célèbre
jadis chez les Romains comme un aliment gros-
sier réservé pour la nourriture du pauvre.
Les graines de toutes les Crucifères con-
tiennent une huile fixe qui, dans plusieurs , est
assez abondante pour qu'on l'en extraie avec
avantage , comme le prouvent les exemples bien
connus du Colsa , de la Cameline , des Navettes,
(i) Ce légume qui a la forme des Asperges et la saveur
clés Choux-fleurs , est connu en Angleterre sous le nom
de Sea-Keel} il a le mcrite de paraître à la fin de l'hiver
ayant la plupart des Légumes printanniers. Dans les pays
maritimes où il croît naturellement , il suffit d'avoir des
vases cylindriques percés par le fond , dont on recouvre
les jeunes pousses de Crambé au moment de leur nais-
sance} ce Crambé vient facilement dans les jardins , où ,
traité par ce procédé fort simple , il donne un léoume
agréable et dont la culture doit être recommandée dans
les provinces maritimes de la France où la plante sauvage
49fit fot commune.
8..
de la Julienne , etc. , etc. Lorsque l'huile fixe
est mélangée avec assez d'huile volatile acre ,
les graines deviennent , comme je l'ai déjà
dit, stimulantes, acres, diurétiques ou quel-
quefois anthelmintiques.
35. P A P A V E R A C É E S.
Papaveracece. Juss. , gen. 235^
Le nom seul dte Papavéracées rappelle l'idée
du plus puissant des narcotiques , et notre
attention se porte naturellement à rechercher
si cette propriété est l'apanage de la famille
entière. Tout le monde sait que la propriété
narcotique du Pavot réside dans un suc propre
laiteux , qu'on extrait de son ])édoncule et de
sa capsule avant sa maturité complète ; on:
sait encore que cette propriété se retrouve ,
qiioiqu'à un degré beaucoup plus faible , dans
les pétales du Pavot 5 personne n'ignore enfin
qu'indépendamment du Pavot somnifère , on
tire les mêmes usages du Coquelicot et de
toutes les espèces congénères : ajoutons que
les fleurs de V Arrremoiie mexîcana sont aussi
il?
employées comme somnifères en Amérique ,
et que des expériences récentes indiquent aussi
une propriété narcotique dans les fruits du -
Santriiinaria canadensis*
( »7)
L'opium , c'est-à-dire le suc propre du Pavot
somnifère , est laiteux , fort amer , et d'une
âcreté telle , lorsqu'il est fi-ais , que ses exha-
laisons excitent des éternuniens ', son odeur
est fétide , et il excite souvent la sueur avant
d'agir sur les nerfs : toutes ces mêmes pro-
priétés se retrouA^ent dans le suc des Chélidoines,
qui en diffère cependant par sa couleur jaiiîie ,
par sa plus grande âcreté , et parce qu'il n'est
point narcotique. Cette même couleur, d''un
jaune rouge , se retrouve dans le slic des
Bocconia et du Sansuinaria canadensh ,
celle-ci aune racine anthelmintique , émétique
et purgative qu'on emploie assez f'réquemmen t
aux Etats-Unis. Cette propriété purgative du
Sanguinaria se retrouve dans celle du Jefferso-
nia et du Podophyllum que je rapporte à la
famille des Papaveracées plutôt qu'à celle des
Renonculacées (i).
(i) Personne ne nie que le Jeffersonia soit réellenient
une Papavéracée 5 mais le Podophyllum qui lui ressemble
si exactement , peut-il en être séparé? Je ne le pense pas ,
et voici mes motifs : le Podophyllum a nn ovaire unique ,
muni intérjeuroment d'un placenta latéral qui porte plu-
sieurs graines ; ceux qui le considèrent comme une Renon-
culacée , disent qu'il y a primitivement deux ovaires , et
que , comme dans V Actœa , l'un d'eux avorte constam-
ment , d'où résulte un ovaire uaique , à placenta latéral^
( ii8)
Quant aux Fume terres , qui se disîinguentdes
Pavots par tant de caractères botaniques , on
sera peu surpris de les voir différer par leurs
propriétés j leur suc est inodore , un peu amer,
nullement laiteux et agit comme diaphorétique
et apéritif.
en le con^^idéiant coniuie une Papavéracée , on peut dire
qu'il y il essentiellement un ovaire unique, lequel portait,
cojuuie c^ans les Cliélidoines et le Jeffersonia , deux pla-
centas latéraux, que l'un d'eux a avorté comme cela arrive
dans les Fumeterres , et ^u'il en est résulté un ovaire à
placenta latéral et solitaire. Ces deux hypothèses sont éga-
lement admissibles, et la vérité de l'une d'elles sera vé-
rifiée si l'un trouve une fois le Podophyllum avec deux
ovaires ou avec deux placentas j en attendant , je penche
pour la dernière opinion par les motifs suivans : i .** on
observe quelquefois dans le fruit du Podophyllum , une
suture proéminente opposée au placenta , et qui semble
être le rudiment du placenta avorté. Voyez la fjgure de
Trew ( Ehret. , t. 29)- 2.** \es ^Taines à\x Podophyllum
pâroissent avoir le périsperme charnu et un peu huileux ,
comme les Papaveracées , et non corné , comme les Ra-
nonculacées ; 3.** le port du Podophyllum est beaucoup
plus semblable au Jeffersonia et au Sanguinaria qu'à au-
cune Renonculacée. Au reste , quant à l'objet de cet
ouvrage, la question est de peu d'importance^ car il y a
des racines purgatives dans les Renonculacées et dans les
Papaveracées. Le Podophyllum se place assez bien entre
les Papaveracées et les genres herbacés des Berberidées.
( "9 )
La graine de toutes les Papavéracéôs est de
nature oléagineuse , comme on le \oit dans le
Pavot d'Orient, duquel on tire l'huile si im-
proprement nommée huile d'Œillct. Cette huile
est très-saine ; les graines elles-mêmes et la pâte
qui reste après l'expression , servent d'aliment
habituel dans plusieuis pays, et ne participent
nullement aux propriétés narcotiques de la
plante. On assure que la graine d'Argémone
sert de purgatif aux Mexicains. Si le fait est
,vrai^ il forme une légère exception à runilbr-
mité qu'y^ffrcnt les graines des Papavéracées.
36. N Y M P H É A C É E S.
Nymphœaceœ. Salisb. , Ann. bot. 2 , p. 6q.
Les propriétés sédatives et anti-aphrodisiaques
d^s fleurs et des racines des Nympha?a ont eu ,
dès la plus haute antiquité, quelque réputation ;
quoiqu'elles ne soient pas bien démontrées , il
est à remarquer que la même opinion s'est éta-
blie dans divers pays sur diverses espèces de
Nénuphar 5 ce qui est plus certain , c'est que
leur racine est un peu araère et astringente, et
a été sous ce rapport conseillée dans la dysen-
terie j cette racine renferme une assez grande
quantité de fécule, et celle du i\. lutea est quel-
quefois employée en Suède dans les années de
( 120 )
disette , pour mélanger dans le pain avec l'e-
corce interne du Puius sylvestris.
37. B E R B E R I D É E S.
Bcrbcridcs. Juss. , gen. 286.
Tout le monde sait que les baies des Epines-
Vinettes sont acides et astringentes , qu'on em-
ploie leur suc comme rafraîchissant , et qu'a-
douci avec du sucre , il devient agréable au
eoùt ; l'acide que ces baies renferment est de
l'acide malique ', les autres genres de cette fa-
mille ont des capsules , et ne peuvent offrir les
mêmes propriétés. Le suc de la tige et l'écorce
des Épines -Vinettes est extrêmement a^strin-
gent et employé sous ce rapport par les teintu-
riers. J'ignore si cette propriété se retrouve
dans d'autres genres de la famille; au reste,
quelques-uns de ces genres ont des rapports bo-
taniques peu intimes.
38. FRANGULACÉES.
Frangulaceœ. FL Fr. — Rhamni. Juss. , gen. Z'jG.
La famille des Frangulacées offre plus de vé-
gétaux importans que les dernières que nous
venons de passer en revue , et contient de même
un grand nombre de plantes dont on ignore les
( '^' )
propriétés : ce qu'elle peut afi'rir de plus eu*
rieux , c'est le rapport qui existe dans les pro-
priétés de la haie et de l'écorce intérieure.
Ainsi , dans la plupart des espèces qui compo-
sent le genre Nerprun , tels que les Rhamnvs
catharticus y R. frangala , i?. scixatUis^ etc. |
dans \ Evoiiyjnus europaeus , et les autres es-
pèces de ce genre, la baie est assez fortement
purgative , et devient quelquefois vomitive à
plus forte dose j le Liber est aussi purgatif, et
devient plus facilement encore vomitif. On réu-
nissait autrefois au genre des Nerpruns celui
des Jujubiers {Zizyphus ) , qui en diffère non-
seulement par des caractères saillans dans le
port et la fructification , mais encore parce que
tous ses fruits sont mucilagineux , bons à man-
ger et nullement purgatifs : quelques-uns , tels
^ que le Zizyphus Lotus j font la nourriture ha-
bituelle de certains peuples Ijarbares. Ici nou5
voyons des propriétés faire , il est vrai , une
exception dans la famille, mais se rattacher aux
caractères génériques \ ajoutons cependant, pour
diminuer cette anomalie , que les fruits des
Nerpruns sont avidement mangés par les oi-
seaux, ainsi que ceux du Schœfferia fruîescens
aux Antilles ; les baies de presque tons don-
nent , par diverses préparations chimiques, des
couleurs vertes ou jaunes; tels sont les II ha fit-
( 122 )
nus catharticus , R. infectorlus , K. frangula ,
etc. Les feuilles de quelques Frangu lacées don-
nent une infusion légèrement a:nère et styp-
tique , employée à la place du ïhe par divers
peuples j tel est le Rhamnus teezans , que les
pauvres Chinois substituent au Tl>é j le Ceano-
thus amer'icanus qu'on désigne quelquefois
sous le nom de Tlié de la nouvelle Jersey j le
Fiinos glaber, qui partage avec le suivant le
nom de Thé des Apalaches ; et sur-tout le Cas-
slna perngna , qui est le véritable Thé des
Apalaches , et qui se rapprophe particulièrement
du Thé , parce qu'il produit une légère sorte
d'ivresse , ce qui dénote une action sur les
nerfs.
L'écorce du Ceaiiothus cacrulea, joli arljuste
nouvellement mtroduit dans nos jardins, passe
au Mexique pour un bon fébrifuge : propriété
qui mérite d'autant plus d'être examinée , que
ce végétal pourrait \'ivre en pleme terre dans
nos climats : j'en dirai autant de l'écorce du
Priiios verVc'iluituSi qui est astringente, amère,
tonique et fébrifuge ; on la substitue au quin-
vjuina dans les Étals-Unis d'Améri<:|ue : elle lui
est peu inférieure, sur -tout à titre de roborant,
et souvent préférable d'après le témoignage de
Barton. Cet arbuste vient très -bien en pleine
terre dans nos jardins.
( 123 )
La décoction des jeiuies rameaux du Celas-
trus maytenus sert au Chili en lavage contre
les enflures produites par l'omble vénéneuse
d'un arbre nommé Lithi.
35>. PITTOSPORÉES.
Pittosporece. Brown. , gen. rem., p. lo.
Les Pittosporéessont connues depuis très-peu
de temps , et leurs propriétés n'ont pas encore
été assez observées pour que j'ose les mention-
ner ici 'y l'odeur forte qu'exhale l'écorce du
Pittosporurn tobira et la matière résineuse
qu'elle renferme , l'espèce de glu résineuse qui
entoure les graines de toutes les espèces de ce
genre , sont autant d'indices que ces arbustes
pourront un jour faire parlie de la matière mé-
dicale. Si le Billardiera appartient réellement
à cette famille , il s'y distingue, parce que la
chair de son fruit est bonne à manger.
4o. S A M Y D É E S.
Sarnjdeœ, Vent., Mem. inst.
Les propriétés sont encore inconnues j l'écorce
et les feuilles paraissent un peu astringentes.
( 1^4 )
4i- JUGLANDÉES.
Juglandece. DC. , Théor. a 1 5.
L'uniformité des propriétés de tous les Noyers
est trop conniie pour que je fasse autre chose
que la mentionner ; dans tous , l'amande a une
saveur analogue et donne par expression une
huile grasse, salubre et remarquable, dans cette
sorte de produits végétaux, par sa propriété sic-
cative j l'enveloppe du fruit et l'écorce intérieure
ont une vertu astringente et une odeur fétide
très-prononcée ; quand le principe astringent
domine, on les emploie comme styptiques et
roborans j quand le principe fétide est plus pro-
noncé , on s'en sert comme anthelmintiques et
comme cathartiques ; c^est ce qui a lieu parti-
culièrement pour le Juglans cinerea. Le Noyer
ordinaire ( J. régla ) a une saveur assez sucrée ,
et M. Banon dit être parvenu à en extraire, par
quintal , environ deux livres et demie de sucre
cristallisable par des procédés analogues à ceux
qu'on emploie pour les Érables.
42. TÉRÉBINTHACÉES.
Terebinthaceœ. Juss. ,gen. 368.
La famille des Térëbinthacées offre en gêné-
( 1^5 )
rai assez d'imifoniiité ; mais presque tous les
arbres qui la composent étant exotiques , nous
ne connaissons bien ni la nature chimique des
sucs qu'on en extrait , ni leurs caractères bota-
niques , ni conséquemment les véritables limites
entre les sections de cette famille ; et même
entre les Térébinthacées , les Zanthoxylées , les
Légumineuses et les Amentacées. Commençons
d'abord j selon les principes établis plus haut,
par distinguer les organes de ces plantes.
La graine de toutes les Térébinthacées paraît
être de nature oléagineuse : tout le monde con-
naît cette propriété dans le Pistachier ; elle se
retrouve dans le Canarium contriiune y et pro-
bablement dans Y Anacardium et le MaTi<r}Jera,
Il faut même remarquer que dans toutes ces
plantes , la pellicule qui recouvre l'amande est
amère. La nature huileuse de la graine se re-
trouve dans les Noyers , les Amentacées et dans
plusieurs Léguminetrses , telles que l'Arachide
et la Noix de Ben {Guilandina moringa ).
Autour des noyaux se trouve une pulpe or-
dijiairement aqueuse , douce et plus ou moins
acide : cette acidité est très-remarquable dans
les Averrhoa acidissima et bilimbl , qui sont
pour cette raison employés aux Indes à faire
des boissons rafraîchissantes pour les fiévreux j
elle se retrouve à un moindre dee,ré dans VA^
( »2«)
verrJioa carambola ^ L. 3 le Vlstacia atlantlca,
Desf. 'j le Spondias monbiii , le Spondias miro-
halanus , \e Spondias citherea , \e Manglfera
indica , qui servent d'alimens dans divers pays 5
dans le Schiaus molle , qu'on emploie comme
vinaigre , et dans le Kkus coriaria , qui en a
reçu le nom de Vinaigrier. Dans quelques genres,
au contraire , la pulpe du fruit peu développée ,
offre un principe astringent j dans tous^ la par-
tie extérieure du fruit ou son écorce , participe
aux propriétés générales de l'écorce de l'arbre ,
c'est-à~dire qu'elle renferme dans des vésicules
des sucs résineux ou de l'huile volatile plus ou
moins acre et caustique j lorsque la pulpe est
très-abondante , ce mélange d'huile volatile les
rend simplement aromatiques j lorsque la pulpe
est en moindre proportion , alors l'écorce de-
vient prédominente.
On a attribué aux fruits de deux arbres
de cette famille, le Cassuvium occidentale ,
Lam. , et VAnacardium orientale^ Lam. , la
singulière propriété d'exciter l'action du cer-
veau , de manière à développer l'esprit et la
mémoire ( 1 )• Sans doute cette assertion a
besoin d'être vérifiée et analysée j mais il est
(i) Voyez le Mémoire de M. Virey , inséré BuUetia
Pharm. »8i4, p. 271.
( 1^7 )
digne de remarque , quant au but qui nous
occupe , que toute extraordinaire qu'elle est ,
elle a été laite sur deux végétaux de la même
ikmille.
Le tronc même de toutes les Térébinthacées
renferme ou transsude des sucs résineux , odo-
rans, qui, selon leur degré de force, Jouissent
de propriétés très-diverses , et dont plusieurs
ont reçu le nom général de baume ; tel est le
baume de Tolu , produit au Pérou par le To-
lu/fera ; le baume de la Mecque, qui suinte
des uémy ris gileadensis ^ et ^. opobalsamum ^
le baume Acouchi produit par VIcica acuchini ,
d' Aublet j la résine élémi , qui provient , selon
les uns, de VAmyris elemifera ; selon d'autres,
de VIcica heptaph^lla , Aubl. , et peut-être de
tous les deux ; le mastic, produit en Arabie par
le Pistacia atlantica , Desf. , et dans l'Archipel
par le Pistacia lentiscus ; la térébenthine de
Scio , qui suinte du Pistacia therebinthus :
toutes ces matières résineuses se rapprochent
beaucoup par leur odeur , leurs propriétés sti-
mulantes, toniques et anti-septiques. Indépen-
damment de ces matières que le commerce nous
transmet , il en est d'autres utilisées dans leur
pays natal pour les mêmes objets auxquels nous
employons celles que je viens de citer j ainsi , la
résine concrète qui suinte du Schinus molle ,
( 1^8 )
L. , sert au Péruviens à corroborer les gencives ,'
comme le mastic aux Orientaux. Le suc du Bu/'"
sera gummifera est employé en Amérique com-
me vulnéraire extérieur , aussi bien que nos
baumes de l'Orient. Le bois et le suc de tous les
Xcîca, du Canarium , de VAmyris balsamjfera
(i) , sont employés dans différens pays en guise
d'encens pour brûler dans les temples et pour
parfumer les appartemens. Le suc de VAnvyr'is
gujanensis , de plusieurs espèces de Rhus , est
employé dans la fabrication des vernis et peut
servir de goudron j \ Amyris ambrosiaca pro-
duit à Cayenne une résine suave qu'on nomme
ïésine de Coumia , et qu'on emploie soit comme
encens à cause de son parfum ^ soit contre les
diarrhées chroniques : enfin , le Bosswellia ser-
rata de Roxburgh , qui appartient à cette fa-
mille , produit dans l'Inde le véritable encens ,
sous le nom duquel on répand dans le com-
merce un grand nombre d'autres matières ré-
sineuses ou térébinthinacées.
Telles sont les propriétés générales de la fà-*
mille des térébinthacées , qui jusqu'ici mérite
à juste titre le nom de balsamiers , qui lui a été
donné par Lamarck j mais à côté de cette uni-
formité se trouvent des exceptions singulières :
(i) Bois de Rliodes de la Jamaupe.
( 1^9 )
Cet àrorhè volatile qtii, dans la plupart des cas>
est si agréable , qu'on l'a comparé à l'encens ,
prend un autre caractère dans le Comocladia
de n ta ta et VAÎlantus, dont l'ombre passe en
certains pays pour yénéneuse , où dû moins
pour mal-saine; dans \q^ Rhus toxicodendron,
radicans , vernix et typhinum , dont le simple
contact cause souvent des pustules et des érysi-
pèles j et détermine un genre particulier de vë-
sication j dans V Auiyrls toxifera , dont le suc
passe pour vénéneux. Bien plus^ nous trouvons
dans plusieurs térébinthacées des traces pronon-
cées d'un principe astringent qui manque dans
la plupart j ainsi l'écorce de Brasilia strum sert
à teindre en brun ; le suc des Comocladia ilici'
Jblia et C. dentata y teint la peau en noir pres-
que indélébile j l'écorce du Brucea est employée
Comnie astringente dans les dysenteries ; celle
du Rhus glabrum comfiie fébrifuge et comme
ttiordant pour les couleurs rouges , et celle du
Rhus coriaria est utile aux corroyeurs pour
préparer la peau des animaux. Ija présence de
ce principe astringent confirme , comme oit
■voit j le rapjx)rt Ijotanique entre les Térébin^
thacées et les AmeritacéeSi
Je ne cite point ici l'action vive et stimulante
des poils qui couvrent les capsules des Cnestis ,
§t qui leur ont fait donner le nom de Grattiefs^
9
( i3o )
cette propriété est évidemment une action pu-
rement mécanique , analogue à celle des pois à
gratter ( Mucuna ) , ou à l'irritation produite J
par les petits poils fragiles des Raquettes j en '
outre la place du Cnestis dans l'ordre naturel
n'est pas encore bien déterminée.
43. TREMANDRÉES.
Tremandrece. Brow^n. , gen. rein. , p. xz.
Propriétés nulles ou inconnues.
44. P O L Y G A L É E S.
Foljgalcce. Juss. , Ann. Mus. 14 , p. 386.
Il n'y a encore qu'un petit nombre de Poly-
gala dont les propriétés aient été explorées j leurs \
feuilles ont en général une saveur un peu amère
et astringente qui les a fait employer comme
stomachiques 5 leur racine participe à cette
amertume et à cette astringence 5 mais on y
trouve de plus une saveur un peu acre et rési-
neuse , bien sensible sur-tout dans le P. senega ^
qui est employé en Amérique contre les mor-
sures des serpens, et qui agit comme sudori-
fique , ou diurétique , ou sialagogue , ou ca-
thartique, ou un peu émétique, selon la ma-
nière et la circonstance où il est admiiiistré. Le
( ". )
Toh'o^ala sanguinea peut , d'après Barton ,
remplacer le Seiiéga; et Kiernander dit que le
Poh'frala vulg-aris d'Europe a des vertus tout-
à-fait analogues. La racine du jSIonnina polys-
tachia , connue dans l'Américpie Espagnole
sous le nom de Yalhoï , a les plus grands rap-
ports avec les propriétés du P. senega y et est
particulièrement employée contre la dysenterie :
les propriétés toniques et sur-tout astringentes
du Krameria Iriandra , que les Espagnols d'A-
mérique connaissent sous le nom de Rataiihlay
s'éloignent très-peu des précédentes, si ce n'est
en ce que le principe astringent y est plus pro-
noncé. La racine de Ratanhia contient , d'a-
près M. Cadet , de l'acide gallique , mais point
de tannin ni de résine.
45. LÉGUMINEUSES.
Leguininosœ . Juss. , gen. 345.
La famille des Légumineuses, quoique établie
d'après des caractères de première importance ,
offre cependant un si grand nombre d'espèces
et des anomalies botaniques si singulières , que
nous pouvons prévoir d'avance que ses pro-
priétés nous offriront peu d'uniformité. Nous
nous attendrons encore à de plus nombreuses
exceptions , si nous rQfléchissons que le pria-.
9..
( 1^'^ )
cipe chimique qui se retrouve le plus abondaiiir
ment dans tous les organes des Légumineuses y
et auquel on doit rapporter leurs principales
propriétés , est l'extractif 5 nous ayons déjà en
effet remarqué que ce principe, soit par sa pro-
pre nature , soit par sa faculté fondamentale
d'être uni à différentes matières, soit peut-être
parce que , loin d'être 'un ])rincipe unique , il
n'est qu'un mélange de diverses matières 5 nous
avons , dis - je , déjà remarqué que l'extractif
produit beaucoup moins d'uniformité dans les
résultats , que tout autre clément des végé-
taux.
C'est sans doute à la présence de l'extractif,
en dose plus considérable , que plusieurs Légu*
mineuses doivent leurs propriétés purgatives,
propriétés communes à plusieurs extraits , et
que plusieurs chimistes attribuent à l'acétite
de potasse qu'on y trouve presque toujours
uni. Ainsi les feuilles et les pousses foliacées
du Cassia senna , Lin. (1) , du Cassia lanceo-
Lata , Forsk. (2) , du Cassia emarghiata des
Antilles , du Cassia marylandica employé aux
Etats-Unis , du Colutea arborescens j du spar^
tiiuTL purgans , et peut-vJtre aussi du Co rouilla
(1) Séné d'Italie.
(2) Séné d' Alexandrie.
( i33 )
emerus f purgent toutes d'une manière assez
active , et en excitant souvent des vents et des
douleurs d'entraiJies. Le suc du Coronilld vcr'ia
excite le vomissement et peut même tleveiiir
vénéneux lorsqu'on le prend à trop haute
dose.
C'est probablement par un principe diff eu-
rent que la pulpe renfermée dans les gousses
de plusieurs Légumineuses agit sur le corps,
Irumain j elle purge doucement sans exciier
la moindre douleur , et doit être regardée
comme laxative plutôt que purgative. Tel est
le caractère de la pulpe sucrée qui existe dans
le Cassia fistida , Lin. , dans le Tainarindus
indica i Lin. , dans le Ceratonia silîqua , Lin. ,
et probablement dans les Mimosa inga et
M. fau^ifolia qu'on mange en petite dose dans
les Antilles , mais qui , pris en plus grande
abondance , aurait le même efïet que nos Ca-
roubes. Il est quelques fruits de Légumineuses,
tels que les Sophora et les Gleditsia à gousses
renflées, dans lesquelles on trouve un suc qui
entoure , il est vrai , les graines comme le pré-
cédent, mais qui en diffère tout-à-lait par
sa saveur très - astringente et un peu nauséa-
bonde î la nature et les propriétés de ce suc
mériteraient d'être examinées par les chimistes
et donneraient sans doute des lumières siu- la
( i34)
nature des Légumineuses : je suis porté à croire
que le suc astringent des Sophora est une sécré-
tion du péricarpe , tandis que le suc douceâtre
et purgatif de la Casse serait une sécrétion de la
partie externe de la graine 3 mais cette hypo-
thèse a besoin d'être vérifiée j ce qui m'y con-
duit est la saveur ordinaire des gousses : daus
les Caroubes , par exemple , la gousse est
astringente et la pulpe douce et laxative. Mais
revenons aux propriétés qu'on peut attribuer
à l'extractii".
C'est sans doute à quelqu'une de ces modifi-
cations , mais qui se relrouve dans plusieurs
plantes de cette famille , qu'est due la singulière
propriété par laquelle les Piscidia et plusieurs
Galega sont employées en Amérique , pour
endormir les poissons qu'on prend par ce moyen
comme avec la coque du Levant. La décoction
de la racine du Galega virgînïaiia passe en
Amérique pour un puissant vermifuge. Dois-je
encore rapprocher de ces faits l'action rubé-
fiante que les feuilles fraîches de plusieurs
Légumineuses , appliquées en cataplasme ,
exercent sur la peau , comme on le voit par
l'exemple de l' Orriithopus scorpioides en Eu-
rope , de V Hyperanthera moruiga dans FInde ?
C'est , ce me semble y au mélange plus ou
moins considérable de Textractif avec la fécule
( i35 )
qui compose la semence , qu'on peut attribuer
les propriétés diverses des graines de Légumi-
neuses. Est-il en petite dose? La graine pourra
servir alors d'aliment à l'homme et aux ani-
maux, comme on le voit dans les Haricots , les
Pois, les Lentilles, les Pois-Cliiclies, les Fèves ,
le Cajan , le Lablab , le Haricot de la Chine , etc.
Qu'il y soit en dose plus considérable , il les
rendra purgatives ou vomitives , comme dans
les Cytisus laburnum , YAnagyrls fœtlda , et
même dans plusieurs CoronlUes , etc. Il est en
effet remarrpiable sous ce point de vue que les
caractères botaniques soient rigoureusement
d'accord avec les propriétés des graines des
Légumineuses : on peut diviser celles-ci en
deux sections , savoir : i.° celles dont les coty-
lédons sont épais, remplis de fécule , dépourvus
de pores corticaux et qui dans la germination
ne changent point d'état et nourrissent la jeune
plante au moyen de ce magasin d'aliment pré-
paré d'avance. 2..^ Celles dont les cotylédons
sont minces , très-peu f'éculens , munis de
pores corticaux , susceptibles de se changer en
feuilles à l'époque de la germination et d'éla-
borer la nourriture de la jeune plante. Toutes
les graines de la première section sont em-
ployées comme aliment dans divers pays ;
aucune de celles de la seconde ne l'est nulle
part î le Cajan classé longrtemps parmi le§
Cytises liiisait une exception apparente à cette
règle générale j l'observation l'a fait diisparaître,
Guidé en effet ])ar la connaissance de ses pro-r
priétés , j'ai observé pins attentivement se§
formes et j'ai prouvé , dans les notes qui accom-
pagnent le catalogue du jardin de Montpellier,
que les Cajaus forment un genre particulier
beaucoup plus voisin des Haricots que de^
Cytises , et ap]:)arLieiuient à la premièi'e des
sections que je viens d'indiquer. Les graineg
des Légumineuses présentent encore beaucoup
d'autres anomalies plus difiiciles à réduire à
quelques lois fixes, ainsi on en trouve qui
contiennent une assez grande quantité d'huile
fixe j telles sont la graine de VArachis hypogœa ,
introduite en ces derniers temps dans l'agri-
culture européenne , et celle du Guilandina
pioriiga qui produit l'huile de ben ; il en est
fiont la saveur et l'odeur sont un peu acres :
telle est la graine du Coumarouna odoi'a
d'Aublet, qui, sous le nom de fève Tonga ou
Tonoo , sert à aromatiser le Tabac j il en est
qui , comme le Pois-Chiche , présentent une
paveur un peu amère et des propriétés exci-r
tantes qui le font employer contre la jaunissa,
Il en est comme celles des Andira dont l'ainer-
tume est assez forte pour qu'on les emploie à
jj'ava et au Brésil comme toniques , alexltères et
f^ennifuges.
Serait-ce enlin à une modification de l'ex-»
tractif qu'on pourrait attril^uer les propriétés
apéritives et diuréti([ues que l'on observe dans
J'iierbe et la racine de plusieurs Légumineuses»
felles que les Genêts , les Fèves , l'Ononis , les
Gu'ilanduia nug-a et niorïno-a . VAnt/ivUls
çretica , etc. ? Il est au contraire d'autres racines
qui , étant munies de tubercules , c'est-à-dire
de réservoirs de fécule , offrent à l'homme un
^liment sain , comme on le voit dans le La-
th^'ru9 tuberosus c\vlq l'on mange en Hollande,
le DoUchos tuberosus et le D. bulbosus , dont
les Indiens font usage comme aliment. Les
racines de la Réglisse ont une saveur sucrée
et mucilagineuse , qui est bien connue de tout
Je monde , et qui, unie à un principe acre et
■jin peu excitant , la fait employer comme bé-
cHque et pectorale j l'analyse de cette racine ,
publiée par M. Ro biquet , prouve qu'indépen-
damment de son squelette ligneux , on y trouve
(le la fécule amylacée comme dans les racines
|.ubéreuses que nous venons de citer j on y
voit que la saveur acre des décoctions de Ré-
glisse, tient au peu d'huile résineuse qu'elle ren-
ferme etque sa matière sucrée n'a rien d'analogue
g,vep le sucre ordinaire, puisqu'elle est insoluble
( i38)
dans Teau froide , soluble dans l'eau chaude et
dans l'alcool, qu'elle n'est point susceptible de
ienuentatlon et ne donne , par Tacide nitrique ,
aucun des produits du sucre. Je dois ajouter
ici , relativement au but particulier de cet
ouvrage , que là saveur sucrée et les propriétés
du Réglisse ne sont pas particulières à ce genre :
ainsi on les retrouve dans les racines du Trifo- \
lin m «^//2«/ra^ vulgairement connu sous le nom
de Réglisse de montagne ', dans celles de V Abrus
precatorlus , qui servent dans l'Hindoustan
à préparer une boisson pectorale nommée
Vetti j etc.
Les écorces de quelques arbres de la famille
des Légumineuses , sont remarquables par leur
amertume et employées comme fébrifuges j les
diverses espèces de Geoffrœa présentent cette
propriété araère et fébrifuge avec une inten-
sité remarquable : on se sert dans l'Inde , sous
le même rapport , de l'écorce de VJEschino-
mena grandîjlora , et de celle du Cœsalpiiiia
bonducella. Plusieurs écorces de Légumineuses
sont aussi remarquables par leur qualité as-
tringente due à la quantité de tannin qu'elles
renferment j c'est ce qu'on observe dans V Aca-
cia catec/iii qui donne le cacliou, dans V Aca-
cia arabica qui sert à tanner les cuirs , etc.
On sait que presque toutes les matières colo-
( i39)
rantes sont dues à l'extractif j et s'il est vrai
que ce principe est aljondamraent répandu dans
les Légumineuses , nous devons y trouver un
grand nombre de couleurs employées par
nos teinturiers : c'est en effet à cette famille
qu'appartiennent la plupart des coiîleurs
bleues, connues sous le nom d'Indigo (i) , et
retirées de toutes les espèces à'Indigofera et
de quelques Galega ; les couleurs rouges
qu'on extrait de toutes les espèces de Cœsal-
p'uiia y A' Hœniatox^loTL (2). Pourrions-nous
rapprocher de cette classe les sucs rouges qu'on
retire des Vterocarpus draco et Santa linus{^o)^
(1) Il est aujourd'hui bien connu que l'Indigo est wn
des matériaux immédiats des -végétaux , et peut par con-
séquent se retrouver identique ayec lui-même dans des
végétaux d'ailleurs très-dlfférens. Ainsi on en extrait parmi
les Légumineuses de divers Indigofcra et Galega, parmi
les Crucifères de VIsutis , parmi les Apocinées du Mars-
denia f etc. , etc. , etc.
(2) Le principe colorant du bois de Campèche réside
dans une matière particulière découverte par M. Che-
vreuil , qui lui a donné le nom à''Hématine.
(3) Le principe colorant du Santal rouge est, d'après
M. Pelletier, analogue aux résines par plusieurs proprié-
tés; mais il en difï'ère par plusieurs caractères, tels que
d'être presque insoluble dans l'eau j très-soluble dans
l'alcool j l'éther, l'acide acélique , les solutions alcalines;
( 140 )
sous le nom de Santal et de Sang-Dragon ; de
VErythryna monosperma , sous le nom de
gomme-lacque j et du Dalbergîa monetaria ?
Ces sucs paraissent très-différens entr'eux ; mais
leur histoire et leur analyse sont encore trop
incertaines pour donner aucune importance
à ces rapprocliemens ou à ces difiérences .
Nous trouverons plus d'anomalies encore si
nous observons la na lare des sucs exotiques que
nous employons à divers usages , et que nous
regardons comme produits par des Légumi-
ïieuses ; tel est , par exemple , le baume de
Copaliu j qui provient du Copdîfera , mais la
place de ce genre dans l'ordre naturel est en-
core décisive j tel est le baume du Pérou , pro-
duit, selon Mutis , par un Myroxilon ; tel est
le Cachou 5 qu'on a reconnu être du tannin
presque pur , et qu'on regarde comme le pro-
duit du Mimosa catechu (1)5 telle est encore la
presque insoluble daus les huiles fixes et volatiles } de
donner par l'action de l'acide nitrique les produits des
résines, plus de l'acide oxalique; de former de vraies
combinaisons avec les oxides métalliques | et d'agir ,
quand il est dissout , dans l'acide acétique comme une
substance astringente sur les matières animales.
(1) Les Butca froTidosa et 5'//)e7Z»a exsudent par leur
ccorce un s-jc rouge très-astringent , et encore peu ou
point connu des I;,nropéens,
( Ml )
résine animé , qu'on pense être produite par
VHymenaea courbaril ; telle est enfin la gomme
qu'exsudent les écorces et les racines de plu-
sieurs Légumineuses, par exem])le , \es Acacia,
senegalensis , A. nilotica , A. arabica, etc.,
qui produisent la gomme arabique ; les Astra-
galus creticus , A . ^ummifer j A . verus , etc.,
qui suintent la gomme adragant ; VHed^sa-
ruTTL alhogi , qui produit une espèce de manne.
J'avoue qu'au milieu de tant de faits con-
tradictoires , et dont plusieurs sont connus in-
complètement , je ne saurais saisir le lien qui
peut les unir ; et Je regarde la famille des légu-
mineuses, considérée dans son ensemble,comme
contraire à la théorie quoiqu'elle s'en rapproche
dans plusieurs cas 5 il est même juste de remar-
quer qu'elle s'en rapproche dans les points dont
l'histoire est Ijien connue, et qu'elle paraît s'en
éloigner davantage dans ceux dont l'histoire est
est obscure et incertaine.
46. R O S A C É E S.
RosacecB. Juss., gen. 334»
Ce même principe astringent que nous ve-
nons de remarquer dans la famille précédente,
nous l'observerons avec plus de développement
dansles Rosacées que nous connaissons mieux,
(i4a)
parce qu'elles sont à proportion plus nombreuses
dans nos climats. Ce principe est généralement
répandu dans les divers organes de ces plantes 5
quelques-unes ont été , par cette raison , conseil-
lées comme iébrii'uges 5 plusieurs sont encore
employées dans divers pays pour arrêter les hé-
morragies , les diarrhées et les dysenteries.
C'est sur-tout dans l'écorce de la racine que ce
principe se fait sentir , comme on le voit dans
la racine de la Tormentille , qui sert pour le
tannage dans l'île de Féroè'j du cerisier Capol-
lin du Mexique , dont la racine en décoction
sert contre les dysenteries ; du Cerasus vlrgi-
niana, dont l'écorce sert de fébrifuge aux Etats--
Unis 5 de \a.Pote/itilla reptans , qui a été van-
tée comme fébrifuge 5 de la P. anserina , qui,
dit-on , a été employée autrefois par les tan-
neurs ; de \'Sl Spireajilipendula y où il est affaibli
par la fécule qui se trouve dans les tubercules j
du Geum urbanum (1) , et du Q. rivale , qui,
en Europe et en Amérique , ont été mis en pa-
rallèle avec le quinquina , etc. Cette même
propriété astringente se retrouve à un degré
plus faible dans l'écorce , et par conséquent
(1) La racine du Geum urbanum contient environ
^ de son poids de tannin , d'après l'analyse de M."^* Mé»
landri et Moretti.
( i45 )
dans les feuilles de plusieurs plantes analogues ,
tels que le Fraisier , le Rosier , la Tonne n tille,
les Spirées, les Piiiiprenelles , les Pruniers , les
Alcliemilles , et probablement toutes les Rosa-
cées j c'est à cause de ce principe que les feuilles
du Dryas octopetala sont employées dans le
Nord de l'Europe pour faire une espèce de Thé.
On a de même employé comme succédanées du
Thé les feuilles du Kubus arcticus en Norvège ,
et celles du Frunus spiiiosa , du Cerasus
as'iiiTTL , du B-Osa rubiginosa en Europe.
Les calices participent toujours aux propriétés
des feuilles \ et comme dans cette famille le ca-
lice fait souvent coi*ps avec l'ovaire , on con-
çoit que nous pourrons retrouver ce même
principe astringent dans les fruits des Rosacées
à ovaire adhérent : c'est en effet ce qu'on ob-
serve dans tous avant la maturité 5 et dans quel-
ques-uns , telles que la Nèfle, la Sorbe, la Poire ,
la Pomme sauvage, cette saveur astringente
existe encore à la maturité parfaite (i)j elle est
au contraire presque nulle , et se trouve ordi-
nairement remplacée par un mélange d'acide et
de matière sucrée dans les Rosacées à ovaire
(1) Voyez ci-apres quelques observations sur l'altéra-
tion particulière des fruits charnus et à ovaire adhérent au
calice, consignée» dans l'article 76, famille des Ébéna-
céas.
( m )
libre , telles que les Fraisiers , les Frarnboisiéfs ^
les Ronces ^ les Cerisiers , etc.
L'écorcè de la racine de la Spirœa tr'ifoViatd
èe rapproche de ses congénères par son astrin-
gence , mais elle offre une singulière anomalie ^
parce qu'elle est émétique : on l'emploie aux
Etats-Unis sous le nom d'Ipécacuanlia \ elle se
donne à la dose de trente grains , et a , comme
ripécacnanha , une action tonique jointe à
l'action émétique. Il paraît qu'il existe aux
États-Unis une autre Spirée émétique 5 peut-
être retrouvera-t-on cette propriété dans celles
des autres pays 5 le grouppe des Spirées diffères
beaucoup des autres Rosacées , et il n'est pas
extraordinaire qu'il présente quelques proprié-
tés particulières. On assure que l'écorcè dU
Ludia heterophylla est un bon émétique pro-
pre à suppléer l'Ipécacuanlia.
Il existe , dans quelques Rosacées , tin prin-
cipe destructeur de l'irritabilité animale 5 c'est
celui que l'eau distillée du Laurier-cerise nous
présente dans son plus grand état de pureté ^
s'il est permis d'employer ce terme , relative-
ment à un poison dangereux j ce principe pa-
raît être de l'acide prussique , naturellement
formé dans ces végétaux^ Voyons si cette pro*
priété est réellement isolée dans la nature ^
comme elle semble l'être au premier coup-d'œil |
( >45)
remarquons cl*abord que la pulpe qui éntôur©
le noyau du Laurier-cerise est douce, mangée avi-
dement par les oiseaux, et aussi saine que celle dé
la Cerise ordinaire 5 le principe délétère n'existe
que dans le noyau et les feuilles 5 l'eau distil-
lée de ces organes , prise à très-petite dose, agit
tantôt comme un violent purgatif, tantôt com-
bine émétique : à plus forte dose , elle détruit
l'irritabilité sans exciter aucune inflammation ;
les mêmes phénomènes se retrouvent , quoiqu'à
un degré plus faible , dans les amandes amères ^
qui sont , comme on sait , la souche naturelle
des amandes cultivées 5 nous retrouvons cette
même amertume dans l'amande et les feuilles
des pêchers, et leur eau distillée produit des
effets dangereux sur l'économie animale ; les
amandes douces elles-mêmes sont encore de
légers narcotiques j je pense que tout le grouppe
des Drupacées participe plus ou moins aux pro-
priétés délétères des feuilles et du noyau du
Laurier- cerise j ainsi les feuilles et les drupes
•du Prunus virginia/ia sont connues aux Etats-
Unis comme vénéneuses pour plusieurs animaux.
Si l'on s'étonne de voir une section de la famille
des Rosacées jouir de propriétés si différentes ,
je ferai remarquer que ces propriétés résident
spécialement dans le noyau , qui fait le carac-
• tère distille tif de cette section ; et dans les
( H6 )
feuilles qui offrent aussi des différences tran-
chées dans l'organisation. Ces mêmes drupacées
se distinguent encore par un autre caractère
cliimique qui les rapproche des Légumineuses j
c'est l'exsudation d'une matière gommeuse très-
analogue à la Gomme arabique , et connue
sous le nom de Gummi nostras.
47. S A Lie AIRE S.
Salicariœ. Juss. , gen. 33o.
Leurs propriétés sont mal connues et parais-
sent très-voisines de celles de la famille précé-
dente j la Salicaire est utile comme astringent
contre les diarrhées invétérées j Y Apanxaloa
d'Hernandez , qui est une espèce de Ljthrum,
est employé au Mexique comme astringent et
vulnéraire; les Lawsoiiia , dont les Arabes se
servent pour colorer leur peau , sont aussi re-
gardées comme astringentes : mais tme espèce
de Ginorla que MM. Sessé et Moçlno ont ob-
servée au Mexique , est très - remaquable par
l'énergie de propriétés, quiparaissent contraires
aux précédentes ; son suc exprimé et pris à la
dose de quatre onces , excite violemment les
sueurs , les urines et les selles ; les Mexicains
qui donnent à cette plante le nom de Hartchi-
nol y disent qu'elle guérit les maladies véné-
( »47 )
Tiennes avec une grande rapidité ; observons
cependant que plusieurs matières astringentes
sont déjà connues comme diurétiques.
48. M E L A S T O M É E S.
Mêlas tomce. Juss. , gen. 3a8.
La famille des Mélastomées a quelques rap-
ports avec la suivante par ses caractères bota-
niques ; mais elle en diffère sur-tout par l'ab-
sence presque totale de l'huile essentielle j ses
feuilles paraissent douées d'un principe astrin-
gent j il a été formellement observé dans le
Melastoma inalabathrica , L. C'est probable-
ment au même principe qu'est due la couleur
noire que forment les M. long} fo Lia et parvi-
Jlora d'Aublet ^ serait-ce enfin à une légère
astringence qu'on doit attribuer l'usage des ha-
bitans de la Guianne , qui lavent les blessures
avec le suc des Melastoma succosa et M. ala-
ta d'Aublet ? Le fruit de toutes les Mélastomes
est une baie succulente et bonne à manger dans
le plus grand nombre , telles que les M. suc-
cosa, Aubl. , M. arbore scens y Aubl, , M.Jla-
vescens , Aubl. , M. crispata , L. , M\ mala-
batlirlca y L. , M. elegaris , Aubl. , M, a^yres-
tis y Aubl. , M, macrophyllaj Lam. j dans quel-
ques-unes, et entr'autres dans le Tococa gu^or
IQ '
( i48)
nensis , Aubl . , le suc de la baie est assez noir
pour être employé comme de l'encre j c'est de
cette propriété qu'est tiré le nom de Melaslome
(Bouche noii'e ) , qui indique que le suc de
leurs fruits teint en noir la bouche de ceux qui
les mangent.
49. M Y R T I N É E S.
Myrti. Juss. , gen. 322.
Les Myrtes ont été célébrés par les poètes
non-seulement à cause de l'élégance de leurs
formes , mais encore pour la suavité de leur
odeur ; cette odeur qui annonce la présence
d'une huile volatile , rend ces arbustes précieux
dans l'économie domestique et médicale.
On peut distinguer dans les Myrtinées ,
deux classes de propriétés 5 celles qui tiennent
à leur huile volatile , et celles qui dépendent
d'un principe astringent j l'une et l'autre
résident dans l'écorce depuis la racine Jusqu'au
fruit , et elles sont conséqueraraent le plus
souvent réunies ensemble , mais à diverses
proportions.
L'huile volatile se trouve dans de petites
vésicules qui existent dans toute la partie corti-
cale , et qu'on aperçoit dans les feuilles par
leur transparence 5 lorsqu'on l'extrait pure
( ^9)
comme on le fait pour riiiiile de Cayepiit,
extraite du Melaleuca cajeputi , et peut-être
aussi du Melaleuca leucadendron et de quel-
ques espèces voisines 5 pour l'huile de gérofle
qu'on retire des calices du Géroflier avant
l'épanouissement des fleurs j pour l'huile de
myrte qu'on extrait de sa baie , mais qui est
peu employée, etc. 5 lors , dis-je , qu'on obtient
pure l'huile volatile des Myrtinécs , on la
trouve très-aromatique , un peu acre, presque
caustique , et à un moindre degré de force
tonique et stimulante pour la fibre musculaire
et même anti-spasmodique j c'est à laprésejïce ,
en quantité plus ou moins considérable , de
cette huile volatile que diverses Myrtinées
doivent leur odeur et leur saveur, tels sont ,
par exemple , les clous de Gérofles qui , d'après
l'analyse de M. Tromsdorf en contiennent -^
de leur poids et qui deviennent presqu'in-
sipides lorsqu'on les en a dépouillés.
Le principe astringent existe sur-tout dans
l'écorce de la racine et des fruits avant leur ma-
turité 5 mais on le retrouve dans l'écorce de la
plante entière. Tout le monde l'a senti dans
l'écorce de la Grenade j nous le retrouvons
dans le Mjrtus ugni et le M^rtus luma de
Molina , dont les racines donnent une décoction
employée au Pérou contre la dysenterie j dans
( i5o)
VEugenla maîlaccensis , L. , dont Fécorce
ofire le même secours aux Indiens j dans la
résine extraite, à la Nouvelle-Hollande, de
V Eucalyptus resinifera et qui a été souvent
confondue avec plusieurs autres produits as-
tringens sous le nom très-impropre de gomme
kino. Nous le retrouvons sur-tout dans les
fruits de toutes les Myrtinées, qui sont astrin-
gens et acerbes avant leur maturité. Lorsque
le parenchyme de ces fruits prend de l'accrois-
sement et que la matière sucrée s'y développe,
alors le léger principe astringent et le léger
arôme qui s'y trouvent réunis , les rendent
agréables au goût 5 ainsi les fruits du Grenadier ,
«lu Jambosier , de V Eugeniajambolana , Lara. ,
des Psydiuni pyiiferum et P. pomiferum ,
tirent leur principal mérite de la légère astrin-
gence mêlée au mucilage de leurs fruits , tandis
que le Myrtus ugni ; le Myrtus pimenta y
et probablement VAlanglum decapetalum ,
doivent leur réputation à l'aromate de leurs
baies.
Les feuilles de plusieurs plantes de cette
famille sont employées en guise de Thé , et ici
on a autant recherché l'aromate que l'a^trin-
gencej tels sont le Myrtus ugni, le Leptosper-
mum scoparium , etc.
La seule anomalie que présente la famille
( i5i )
des Myrtes , est la propriété de purgatif liydra-
gogue, attribuée par les Malais aux Alangiuin
decapetaluni et A. hexapeta[u7îi de Lamarckj
encore ces racines olïirent-elles le même aromate
que les autres Myrtinées j mais probablement
elles sont dépourvues du principe astringent.
60. COMBRETACÉES.
Co?nbr etacece, Brown. , prod. 1 , p. 35i.
Les propriétés médicales aussi bien cpie les
limites botanifpics de cette famille sont encore
peu connues , mais tout annonce qu'elle
pourra un jour intéresser l'art de guérir.
L'écorce de plusieurs de ces plantes paraît
jouir d'une propriété astringente , comme on
le remarque dans le Bucida buceras qui est
connu aux Antilles sous le nom de Chêne
français et y sert à tanner les cuirs j le suc
propre des Terminaiia fournit une matière
qui paraît résineuse et susceptible de former
des vernis , comme par exemple le T. vernix
qui fournit le fameux vernis de la Chine ; ce
suc est caustique et ses exalaisons sont dan-
gereuses j le suc du T. benzoln paraît fournir
le véritable benjoin ; l'amande de plusieurs
espèces de Terminaiia sert dans les Moluques
soit comme fruit mangeable ; soit pour fournir
( i52 )
tine huile fixe remarquable par la propriété
qu'elle a de ne point se rancir. Ces faits encore
isolés et la plupart niai connus annoncent que
cette famille jouit de propriétés exaltées qui
mériteront d'être étudiées en détail.
5i. LOASÉES.
Loaseœ. Juss. , Ann. Mus. 5, p. 21.
Propriétés inconnues.
52. ON AGRAIRE s.
Onagrariœ. Juss., Ann. Mus. 3, p. 3x5.
Les propriétés des Onagraires sont nulles ou
mal connues 5 le Santalum album , qui se
distinguait dans cette famille par son aromate ,
en a été exclu par les botanistes et forme le
type d'une famille voisine des Lauriers. Le
Trapa jiatans est remarquable par la grandeur
de sa graine qui sert d'aliment à riiomme. On
emploie , dit-on , la racine de V JEnothera
biennis comme salade , et les feuilles de la
Jussiœa peruviana comme cataplasme émoi-
lient.
( i53 )
53. FICOIDES.
Ficoïdeœ.Zuss,. , gen. 3i5.
Les Ficoïdes ont en général des feuilles
cliarnues et aqueuses à l'intérieur ; quelques-
unes servent d'aliment à l'homme, par exemple
le Sesuvium portulacastrum dans les Antilles y
îe Mesenibryanthemium edulesax cap de Bonne-
Espérance et dans la Nouvelle-Hollande (i) ,
et la Tetragonia expansa à la Nouvelle-
Zélande : mais ces plantes nous intéressent
gur-tout par la quantité de madères salines
toutes formées qu'elles contiennent , et qui en
suintent quelquefois naturellement : ainsi la
plupart d'entr'elles , lorsqu'elles croissent sur
les bords de la mer, servent à la fabrication
de la soude j elles contiennent d'autres ma-
tières salines lorsqu'elles croissent loin de la
mer : ainsi le Reaumuria vermiculata , cultivé
au Jardin des Plantes de Paris , exsude par ses
pores corticaux un mélange de muriate de
soude et sur-tout de nitrate de potasse (2).
(1) La plante de la Nouvelle-Hollande est une variété
très-notable de celle du Cap et peut-être une espèce dis-
tincte.
(1) Fojez Bull. Philom.j n.** 8q.
{ '54 )
serait-ce à cette quantité de sel contenu clans
les Ficoïdes , qu'il faut attribuer l'emploi du
IMesembr^/anthemum nodijloritm pour les pré-
parations du maroquin ? Au reste , voyez les
observations sur la formation de la soude,
à l'article des Cliénopodées , n.*' loo.
S^. PORTULACÉES.
Portulacece. Juss. , ^en. '5iz.
Le Pourpier est , comme on sait , un légume
légèrement rafraîchissant ; son suc est un peu
acre avant d'être cuit. Le Claytonia perfoliatay
Wild., ou C. cubensis, Humb. et Bonpl. , a
une saveur très-analogue au Pourpier or-
dinaire 5 il forme un légume agréable , soit
cuit et accommodé comme le Pourpier , soit cru
et en salade (i). Les propriétés des autres
plantes de cette famille sont peu ou point
connues ; elles sont , en général , insipides et
inodores.
cultivés pour l'usage de la cuisine, au moins dans le
Midi 3e la France ; elle y prospère très-bien dans les
lieux ombragés , s'y resème chaque année d'elle-mênie ,
et a l'avantage de donner ses feuilles au premier prin-
temps et avant l'apparition de presque tous les autres lé-
gumes j celui-ci est d'ailleurs très-délicat.
(i) Cette plante mériterait de faire partie des végétaux.
(i55)
55. PARONYCHIÉES.
Paronychiece. St.-Hil. et Juss., Ann. Mus.
Propriétés foibles et peu connues. Les
Heriiiaiia et quelques Paroivychla sont wn
peu astringentes , et des traces de cette propriété
semblent se retrouver dans le Sclerantkus et
les genres voisins.
S6. TAMARIS CI NÉE S.
Tamariscineœ . Desv.
Les propriétés des Tamarix ne sont un peu
connues que dans les deux espèces communes
en Europe j leur écorce est un peu amère,
astringente et probablement tonique : le Ta-
marix de Narbonne ( T. gallica') et probable-
ment aussi le T. af ricana y qui croît mêlé
aveclui sur les côtes méridionales de la France,
sont remarquables par la quantité de sulfate de
soude que leurs cendres renferment et que quel-
ques pharmaciens du Languedoc ont souvent
extrait avec profit.
( ^^6)
57. NOP ALÉES.
IÇopaleee. Juss. îned. — Cactormn gen. Juss. ^ gen.
Tous les Cierges ont entr'eux de grands
rapports malgré l'extrême diversité de leurs
formes extérieures ; leur parenchyme est épais l
peu ou point sapide 5 leurs fruits sont cliarnus,
aqueux , peu savoureux , les uns tellement
petits et insipides qu'on les néglige entière-
ment, les autres servent de ralraîchissemens
dans les pays chauds à cause de la grande
quantité d'eau qu'ils renferment. L'usage du
fruit du Cactus opuntia olïre cette particula-
rité , que les urines de ceux qui en mangent
prennent une couleur rouge qu'on attribue
au premier instant à un mélange de sang ,
mais qui n'e.st qu'une simple coloration inno-
cente de l'urine. Le suc du C. mammillaris
est remarquable par sa teinte un peu laiteuse ;
mais contre la propriété ordinaire des sucs
laiteux , celui-ci est doux et insipide.
b^, GROSEILLERS.
Grossulariœ. FI. Fr. , vol. IV, p. 4^5. — CacLornm
gen. Juss.; gen.
Cette famille est en apparence fort difïérente
i
( 15;)
de la précédente par le port et la plupart des
caractères j mais le Cactus pereskia , nommé
vulgairement Groseiller d'Amérique , établit
leur véritable liaison. Tous les Groseillers ont
une baie très-aqueuse , fade et douceâtre dans
la plupart des espèces et notamment dans le
Groseiller des Alpes , aigrelette dans le Groseil-
ler rouge , aromatique dans le Groseiller noir
qui porte sur ses feuilles et sur ses baies des
glandes odoriférantes ^ les fruits des Cierges et
des Groseillers sont employés comme tempé-
rans et rafraîcliissans : ceux du Cassis sont
stimulans et toniques. Cette différence de
propriétés tient à la présence d'un organe qui
lui est particulier.
b^. CRASSULACÉES.*
Crassulacece. DC. , FI. Fr. 4 , p. 382. — Semper
vii^œ. Juss.
Les Crassulacées ont , ainsi que leur nom l'in-
dique , des feuilles épaisses , succulentes ; elles
sont presque toutes employées à l'extérieur
comme réfrigérantes et abstergentes ; elles sont
aussi légèrernent astringentes : dans quelques-
unes , telles que le Sedum acre , Lin . , il se
développe un principe tellement acre, que le
suc de cette plante pris à l'intérieur, excite des
( i58 )
déjections par le haut et par le bas , et a même
été employé contre le scorbut : le même prin-
cipe acre me semble se retrouver , quoiqu'à un
très-faible degré, dans les Crassulacées qui pa-
raissent presqu'insipides j ainsi les feuilles du
Sedum telepldum , mangées comme légume ,
laissent à'I'entrée de l'œsopliage une petite irri-
tation désagréable. M. Vauqueliii a trouvé du
malate de chaux dans le suc de la Joubarbe et
de plusieurs sédums. La racine odorante du
JXJiodiola rosea , Lin. , mérite d'être remar-
quée comme une légère exception.
60. SAXIFRAGÉES.
Saxijrageœ. Juss., gen. 3o8.
On ^'emploie plus depuis long - temps les
Saxifrages comme lithontriptiquesj Pline y rap-
porte l'étymologie de leur nom , qui me semble
dériver bien plus clairement de la manière dont
ces plantes vivent dans les fentes des rochers.
Il faut cependant observer que ces plantes pa-
raissent toutes un peu astringentes-, et ([.le les
boissons astringentes sont employées utilement '
pour exciter l'action des reins et chasser les
calculs 5 \ Heucliera americana est connue aux
Etats-Unis sous le nom ai Aîwii-Koot et sa ra-
cine qui est très- astringente; fait la base d'une
(i59)
poudre employée avec quelque succès dans et
pays contre les aiïections cancéreuses.
61. CUNONIACÉES.
Cunoniaceœ. Brown. , gen.rem.
Propriétés à-peu-près inconnues ', une espèce
de IVeinmannia qui croît au Pérou , y sert au
tannage des cuirs , et on mêle souvent en
fraude son écorce avec le Quinquina, hesf^ein-
mannia de l'Inde , qu'on y connaît sous le nom
de Tan-rouge , paraissent avoir les mêmes pro-
priétés.
62. OMBELLIFÈRES.
UmhelUferœ, Juss. , Gen. 218.
De toutes les familles de plantes dont nous
traçons ici rapidement les caractères médicaux,
il n'en est aucune qui mérite une attention plus
scrupuleuse que celles des Ombelliières , soit à
cause de son importance dans la diététique et
la thérapeutique , soit à cause des anomalies
qu'elle présente j ici il sera nécessaire de re-
courir avec soin à la distinction exacte des dif-
férens organes , et même à celles des diiïerens
sucs.
Toutes les anomalies apparentes de la fâ,-
mille des Ombellifères me semble s'expliquer j;
en admettant que leur extractif est narcotique,
et leurs principes résineux plus ou moins sti-
mulans et aromatiques ; ou , en d'autres termes,
que leur sève à moitié élaborée est narcotique ,
tandis qu'au contraire elle devient aromatique
ou stimulante lorsqu'elle est transformée en
véritable suc propre. Suivons les conséquences
de cette hypothèse , en l'appliquant à chaque
organe en particulier , et atix phénomènes gé-
néraux que présentent les Ombellifères.
La Physiologie végétale nous apprend que
l'humidité du sol pénètre dans la plante par
l'extrémité des radicules , qu'elle s'élève dans
le corps de la racine , puis monte dans le tronc
jusqu'à l'extrémité de la plante j là, par des
chemins encore inconnus , après avoir été éla-
borée , elle se change en suc propre , et redes-
cend le long de l'écorce jusque dans la racine.
Celle-ci est donc composée d'une grande quan-
tité de sève non encore élaborée , et d'une cer-
taine quantité de suc propre qui redescend de
l'écorce j par conséquent , d'après notre hypo-
thèse , la racine des Ombellifères doit être un
mucilage aqueux plus ou moins fade et plus
ou moins aromatisé par le suc propre 5 elle doit
n'être nullement dangereuse puiscju'elle con-
tient peu ou point d'extractif , et être par cou-
( '6i )
séquent propre à la nature de l'homme. Ce sont
là en efïet les propriétés générales des racines
de Carottes , de Panais , d'Angéliques , de Pa-
nicauts , de Lasers , de Berles , etc. , etc. , où
nous ne voyons de différences qu'une plus on
moins grande quantité de principes sucrés aro-
matiques ; les racines même des Ombelliières
vénéneuses sont (Quelquefois salubres , comme
on le voit par l'exemple curieux de V AEnantlie
pimpinello'ides , dont les tubercules radicaux
servent d'aliment , à Angers , sous le nom de
Jouanettes y et à Sauuiar sous celui de Méc lions.
Plusieurs racines d'Ombeiliières présentent une
quantité notable de matière sucrée ; ainsi on en
trouve, d'après M. Drapier, 14 pour 100 dans
les racines de Carottes desséchées , 12 ^ dans
celles de Panais , rf dans celles de Chervi. Dans
l'herbe , au contraire, nous trouvons une quan-
tité notable d'extractif mélange dans la sève ,
et qu'on extrait par l'infusion ou la décoction
dans l'eau j à l'extérieur, c'est-à-dire dans l'é-
corce, une quantité variable de suc propre , plus
ou moins aromatique , plus ou moins résineux J
conséquemment dans l'état naturel des choses ,
l'extrait des herbes d'Ombelliferes doit être nar-
cotique , comme on le voit dans le Conium jua-
culatum, le C'icuta virosa, V jlEÛiusa cjuapiurrif
€tc. , tandis qu'au contraire les sucs propres ex-
il
( J6^ )
traits de récorce, soit par une incision , soit par
des préparations pharmaceutiques , seront to-
niques , stimulans ou aromatiques , comme on
le voit pour le Galbanum , VOpopanax ,\à.
Ijivêclie , V Assa fœiîda y etc. De plus, si Ton
emploie à-la-fois l'écorce et le tronc , c'est-à-dire
la sève et le suc propre réunis , les propriétés de
Ce mélange varieront selon les proportions de
l'un et de l'autre principes.
Enfin , si nous employons les graines, comme
nous n'y trouvons point de sève , du moins à
leur maturité, maisune quantité notable d'huile
volatile logée dans leur tunique extérieure ,
nous devons nous attendre à ce qu'aucune ne
sera dangereuse , et que toutes seront aroma-
tiques , stimulantes et toniques j et , en efïet ,
ces propriétés sont communes aux: graines de
toutes les Ombellilères dans tous les pays.
Allons plus loin , et nous verrons que l'hy-
pothèse que j'ai présentée plus haut , explique
jusqu'aux variations que le sol , l'âge, la cul-
ture , apportent dans les propriétés des Onil>el-
lifères. Ainsi nous savons, en général, que les
plantes aquatiques contiennent, à (.roportion
gardée , une quantité plus considérable de sève
que de suc propre, plus de mucilage et d'extrac-
tlf'que d'huile et de résine : ainsi nous ne se-
rons point surpris de voir les Ombellilères d'au-
( ,63 )
tant plus narcotiques , qu'elles croissent plus
dans l'eau ; d'autant plus chaudes et aromati-
ques , qu'elles naissent dans un lieu plus sec 5
de même nous concevrons comment celles qui
sont étiolées contiendront une sève à peine
élaborée , et pourront être ainsi assimilées aux
racines j tandis qu'au contraire celles qui seront
exposées à une lumière vive contiendront plus
de suc propre.
D'après ces considérations , je crois que la
famille des Ombellilères rentre dans les lois de
l'analogie , telles du moins que je les conçois :
c'est-à-dire, que chaque suc, que chaque or-
gane conservent la même nature et les mêmes
propriétés dans chaque famille. Ajoutons que
Torgane qui fournit le vrai caractère Ijotanique
de la famille , c'est-à-dire , la graine , est celui
où la chimie et la médecine trouvent le moins
d'anomalies.
63. ARALIACÉES.
Aralioe. Juss. , gen. 21^.
Les Araliacées ne sont presque qu'une section
des Ombellifères , et ont les mêmes propriétés,
à l'exception de celles qui tiennent aux graines ,
parce que c'est en effet dans cet organe que
résident les différences botaniques de ces deux
familles.
II..
( i64 )
Leur écorce suinte une gomme-résine aro-
matique , comme on le voit sur -tout dans
V Aralia unibellifera, La racine de la plupart
des Araliacées paraît douce , légèrement toni-
que , et a le goût de celle du Panais dans les
A. racemosa et A. iiudicaulis. Le Ginseng ,
qui appartient à cette famille, s'en distingue
par ses propriétés toniques, restaurantes et
aphrodisiaques , mais il paraît qu'elles ont été
fort exagérées j et supposé même que les récits
Chinois fussent véridiques , il faudrait déter-
miner encore l'influence du mode de prépara-
tion et du sol sur cette racine , avant de la re-
garder comme une exception.
64. C A P R I F O L I A C É E S.
Caprifolia.Znss. , Ann. Mus. 12, p. 292.
La famille des Capriloliacées est composée de
plusieurs grouppes tellement prononcés , qu'on
pourrait , sans diffiulté , les regarder comme
autant de familles distinctes , mais cependant
réunies par certaines alliances. Nous ne devons
donc pas nous étonner si nous trouvons dans
cette famille des anomalies assez nombreuses de
genre à genre , et nous pouvons regarder que
l'analogie est siifHsamment conservée , si les
espèces d'un même genre offrent des vertus
( i65 )
semblables. Depuis peu de temps on a^ divisé
cette famille en deux autres qui ont fait dispa-
raître la plupart des anomalies qu'on y obser-
vait. On peut dire, en général, que les Capri-
foliacées ont l'écorce astringente : celle du Lo-
nicera copymbosa est employée à teindre en
noir par les ha bi tans du Cliili j celles du Lin-
naea et de plusieurs Cornouillers , donnent
aussi des indices d'un principe astringent.
L'écorce du Cornus Jlorida est en particulier
remarquable par sa propriété astringente , et
est , à ce titre , employée aux Etats-Unis , soit
contre les fièvres intermittentes , soit même
contre certaines épizooties des chevaux , qui
paraissent tenir de la nature des fièvres mali-
gnes. L'infusion des fleurs y est aussi employée
avec quelque succès dans les coliques venteu-
ses. L'écorce du Cornus seiicea , y est encore
substituée au quinquina , et lui est peu infé-
rieure en activité , d'après le témoignage de
Bar ton.
Les sureaux se reconnaissent à leur odeur
fétide , à leurs fleurs odorantes et sudoiifiques ,
à leurs feuilles et à leur liber qui agissent
comme émétiqucs ou comme purgatifs drasti-
ques , propriété qu'on retrouve dans leurs grai-
nes aussi bien que dans celles du Lierre et du
Chèvrefeuille. Les Cornouillers portent un fruit
( i6<î )
remarquable par la réunion d'un principe as-
tringent et styptic[ue , avec une huile fine assez
abondante pour en être extraite sans trop de
perte.
Le Lierre , que les botanistes regardent
comme intermédiaire entre les Caprifoliacées
et les Araliacees , touche aux premières par
les qualités délétères de son fi-uit , et nous
annonce le voisinage des secondes , par le suc
gommo-résineux et aromatique (i) qui découle
de son écorce. Le Triosteum perfoliatum , qui
tient le milieu entre les Caprifoliacées et les
Kubiacées , est aussi intermédiaire par ses pro-
priétés : sa racine est purgative comme celle de
rièble ', mais , à plus forte dose , elle devient
émétique comme celle de l'Ipécacuanhaj on dit
même que dans quelques circonstances elle
agit comme diiirétique.
6b, LORANTHÉES.
Loranthece. Rich. et Juss. , Ann. Mus. la ; p. 292.
Cette famille , nouvellement détachée des
Caprifoliacées , s'en rapproche à plusieurs
(1) D'après M. Pelletier, le suc du lierre contient
0,7 de gomme, o,33 de résine, 0,69 de lignine et uu
atome d'acide malicpe.
( 167 )
égards ; l'écorce de presque tous les arbres et
arbustes qui la composent est astringente. Celle
du Rhizophoja gymnorhiza j Lin. , sert dans
les Indes pour la teinture en noir j les médecins
ont souvent parlé de la propriété astringente du
Guy de Chêne , qui peut-être n'est que le Lo-
rantlius (i). On peut , au reste , distinguer
dans cette iamille deux grouppes parfaitement
distincts.
Dans les Loranthées proprement dites , les
baies renferment une matière glutineuse qui
qui n'est soIuIjIc ni à l'eau , ni à l'alcool , et qui
est analogue à la Glu ou à quelques égards au
Caoutchouc 5 ces baies sont insipides et ne ser-
(i) J'ai paicouni toute la Fiance et la plupart des pays
A'oisins : j'ai vu le Guy (Visciim album ) , croître sur tou-
tes sortes d'arbres , même sur des Sapins. Je ne l'ai jamais
vu sur aucune espèce de Cliêne. J'ai , au contraire ^ trouvé
aux environs de Parjne , le Loranthus croissant sponta-
nément sur toutes les espèces de Chènesindîgènes,etil res-
semble tellement au Guy , qu'il en a reçu le nom vulgaire ,
et qu'on peut facilement s'y méprendre. Si le Guy avait
existé sur le Cliène du temps des Druides , on le trouve-
rait encore. Mais si le Guy des Druïdes était le Loran-
thus , on concevrait qu'il a pu être détruit dans les provin-
ces où le culte Druidique était en vigueur, et qu'il n'existe
plus que dans celle où on n'en a pas détruit la race } on
concevrait sa rareté toujours croissante , etc.
( i68 )
rent poiilt d'aliment à l'homme. Dans les Rlii-
zophorées ou Palétuviers, dont MM. de Lamarck
et Ptob. Brown ont fait une famille distincte y
on remarque que le bois et l'écorce exhalent
sonvent une odeur un peu analogue à celle du
soufre : leurs fruits se mangent dans divers
pays , mais les Européens les trouvent en
général de mauvais goût et de digestion dif-
ficile.
66. R U B I A C É E S.
JXubiacece. Juss. , gen. 196. DC Ann. Mus. 9 , p. 216.
La Garance , le Quinquina , l'Ipécacuanha ,
le Café, plantes de première utilité pour l'hom-
me , appartiennent à la famille des Rubiacées ,
et fixent d'abord notre attention sur les prin-
cipales propriétés de trois organes très-divers ,
la racine , l'écorce et la graine. Voyons si les
propriétés qui distinguent ces plantes précieuses
sont isolées dans la nature.
Quant aux racines , nous voyons toutes les
espèces de Garances munies de racines rouges
et susceptibles de donner cette même couleur ,
soit à l'eau dans laquelle on les fait macérer ,
soit aux étoffes sur lesquelles on fixe la couleur
par des mordans. Cette même propriété se re-
trouve dans la plupa,rt des Rubiacées indigènes
( »69)
qui appartiennent à la même section que la
Garance j telles sont les Asperula arvcnsis , A,
tinctoria , les Gallium /nolhigo , G. sylvati-
cum , G, aparine , G. verum ; les Indiens de
Masulipatan se servent de la racine de l' Olden-
landia uinbellata pour teindre le coton en cou-
leur nankin j ceux du Malabar emploient pour
teindre leurs calicots une espèce de Garance
qu'ils nomment Manjitk ; et parmi les Rubia-
cées qui , par leurs feuilles non verticillées y
leur fruit polysperme et leur tige ligneuse , s'é-
loignent de celles de nos climats , nous en trou-
vons encore plusieurs qui participent à la même
propriété ; ainsi , les racines du Morinda uni-
bellata aux Moluques , et du Morinda citrifo-
lia dans l'Inde , servent à la teinture en rouge et
en brun j V Hydrophylax maritîma j le Patabea
coccinea , dont les voyageurs ont remarqué la
teinte rouge , pourraient sans doute offrir la
même utilité ; M. du Petit-Thouars vient de la
trouver dans le Danaïs de Commerson.
Les éminentes propriétés du Quinquina ne
se trouvent pas abondamment répandues parmi
les écorces des Rubiacées j on sait cependant
que toutes les espèces du vrai genre Cincho-
na (i) participent , avec de légères modifica-
-m ■ ■! — I ■ I I ■ ■ I , I ■ ■!■ M .1 , ,. _»MI I II .1 I
(t) Voyez pour l'énumcration méthodique de^ espèces
( î7^ )
lions , à ses propriétés toniques , astringentes et
fébrifuges. On sait , d'après le témoignage de
Michaux, que le Finkrieia , genre voisin du
Cinchona , est aussi employé comme fébrifuge
dans le Sud de l'Amérique septentrionale. Les
auteurs de la Flore du Pérou nous apprennent
qu'on mêle avec les vrais Quinquinas , l'écorce
du M-acrocneniUTTi corynbosum qui s'en rap-
proche par l'apparence extérieure et par la sa-
veur amère j mais cette saveur a quelque chose
de visqueux , et sa couleur est blanche à l'in-
térieur, caractères qui servent à reconnaître la
fraude. On retrouve l'amertume du Quinquina
dans le Guettarda coccinea , et sur-tout dans
le Port/andla grandijlora. Ses propriétés astrin-
gentes ont été remarquées dans l'écorce et les
racines de VAntlrr/iea , dont les habitans de
rile-de-Bourbon se servent pour arrêter les hé-
morragies ; dans le Morinda royoc , qui sert à
faire de l'encre , et enfin jusque dans les Gal-
lium , les Asperula et les Rubia , quoique ces
plantes herbacées soient assez éloignées du Cin-
chona dans la famille des Rubiacées. Ces pro-
priétés astringentes se retrouvent sur-tout et à
^e Cîncliona et des genres voisins , le mémoire inséré par
M. Virey, dans le Bulletin de Pharmacie j novemb. i8ia,
p. 481.
(>7«)
un deeré très-intense dans le suc ou les sucs irn-
proprement connus sous le nom de Gomme
kino , et qui sont produits par le Nauclea
gambeer , de Hunter , ou l' Uncaria gambeer ,
de Roxburgh , si tant est que ces deux plantes
soient dilïérentes.
Les analyses très-multipliées que divers Chi-
mistes du premier ordre ont faites des Quin-
quinas , nous ont fait connaître assez bien leur
composition , et les propriétés des matériaux
dont ils sont formés : nous savons mainte-
nant (2 ) qu'outre le squelette ligneux , les Quin-
quinas renferment un principe muqvieux , insi-
pide et une certaine quantité de tannin , ma-
tières qui se retrouvent dans un grand nombre
d'autres plantes ; mais ils renferment en outre
trois principes qiii leur sont particuliers : 1 .° Va-
cide cinc /ionique )Ohser^é d'abord par M. Grin-
dal , puis étudié avec soin par M. Vauquelin ;
cet acide s'y trouve en combinaison avec la
chaux : il est très-remarquable par l'intensité de
son acide , sa cristallisation particulière et la
solubilité des sels qu'il forme avec les alkalis ,
les terres et les oxides des métaux blancs , 2..^
(1) Voj-ez l'analyse des Quinquinas par M. Vauquelin ,
Ann. Chim. , août j 806 , p. 1 i3 ; et celle de M. Reuss. ,
Journ. Pharjn. j noyeuib. l8j5 j p. 4^8.
( 17^ )
le principe amer du Quinquina ou , comme le
nomme M. Reuss, Vamer clnchonique ne res-
semble à la matière amère des autres plantes
que par sa saveur , mais il s'en distingue par sa
solubilité dans l'eau et dans l'alcool , par la
couleur verte qu'il donne aux sels ferrugineux ,
et par le précipité qu'il dépose avec la noix de
Galle 5 3.*^ la matière colorante du Quinquina,
ou ce que M. Reuss nomme le rouge clncho-
nique se caractérise par sou insipidité , sa cou-
leur rouge , sa grande solubi lité dans l'alcool ,
son peu de solubilité dans l'eau , son altérabi-
lité par l'oxigène , son affinité avec le principe
amer du Quinquina et les précipités qu'il forme
avec les sels métalliques : c'est dans l'amer et
le rouge cinclionique , et sur-tout dans la réu-
nion de ces deux principes qui forme ce qu'on
nomme improprement résine de Quinquina que
résident essentiellement les propriétés actives
et spéciales de ce médicament j on conçoit main
tenant pourquoi les tentatives faites pour le
remplacer avec des végétaux appartenant à
d'autres familles ont eu si peu de succès ; ce
serait maintenant un beau et utile sujet de re-
cberches chimiques , que d'analyser les écorces
d'un grand nombre de Rubiacées pour savoir
si on ne pourrait point retrouver chez quel-
ques espèces faciles à cultiver les principes par- '
( >73 )
ticullers à quelques genres de cette famille;
Déjà on a trouvé dans le Café un principe qui,
comme l'amer du Quinquina , précipite très-
abondamment le sulfate de fer vert et rouge
en vert foncé, et se dissout également dans
l'eau et dans l'alcool , mais qui ne précipite
pas la Noix de Galle ; observons que ce n'est
pas dans les fruits , mais dans les écorces.de Ru-
biacées qu'on doit rechercher les principes ana-
logues à ceux des Quinquinas.
On sait que quelquefois le Quinquina pi-
ton (i) excite le vomissement \ on sait encore
:jue ripécacuanha jouit de propriétés astrin-
gentes j cette double ressemblance ne tend-elle
pas à rapprocher les vertus des Quinquinas et
es Ipécacuanlias. Mais les propriétés émétiques
e ces derniers se retrouvent dans plusieurs
liantes de la même famille \ ainsi , on sait que
e Psychotria emeûca , au Pérou , et le Cal-
^icocca ipecacuanha au Brésil , fournissent l'un
(i) C. JLorihunda , Sw. — C. jnontaiia , Bad. — Ces
spèces, long-temps confondues avec les -vrais Cinchona ,
n ont été , avec raison , séparées par MM. Humboldt et
Jonpland , qui en ont fait un genre particulier sous le nom
^ Exostemma , à cause de ses étamines saillantes. Il est
marquable que tous les vrais Cinchona sont éminem-
lent fébrifuges , et les Exostemma souvent émétiques.
_ ( '74 )
et l'autre les racines que le commerce nons
transmet j il paraît encore , d'après le témoi* l
gnage de Dandrada , que le Psjcotria herba
cea jouit des mêmes propriétés.
Quant aux graines de Rubiacées , on peut
soupçonner qu'elles participent plus ou moins i
aux propriétés du Cale qui sont trop connues
pour que je les rappelle ici. Cette opinion est
fondée sur ce que les propriétés de la graine du
Cafeyer résident dans le périsperme corné qui
en fait la majeure partie, et qui se retrouve de
même dans les graines de la plupart des Rubia-
cées 5 sur ce que la saveur et l'arôme du Café
ne se développent bien que par la torréfaction,
qu'on n'a encore tentée que sur un petit nom-i
bre de graines 3 sur ce qu'enfin les semences drt!
Gratteron ( Galium aparliie ) ont , cogime je
l'ai dit plus haut, offert une saveur analogue;
celles du Vsychotrîa herbacea torréfiées sont
employées par les nègres de la Jamaïque en
guise de Café , et puisqu'on retrouve quelque
analogie entre deux plantes qui sont placées
aux deux extrémités de la famille , il est bien
probable que les intermédiaires suivent la même
loi. Mais on ne doit point chercher à l'étendre
aux Rubiacées à périsperme charnu , telles que
les genres voisins du C'nichoiia et du Guet-
tarda ; axr la saveur du Café résidant dans le
( 175 )
périsperme , il est conforme aux principes que
nous avons admis , que la nature du périsperme
étant changée , entraîne un changement dans
les propriétés de cet organe.
Cj. OPER CUL AIRES.
Operculariœ. Juss. , Aan. Mus. 4 ^ p. 418.
Le petit grouppe des Operculaires est inter-
médiaire entre les Rubiacées et les Valérianées ;
ses propriétés sont encore inconnues : M. de
Jussieu a observé que les oiseaux dévorent avi-
dement les jeunes pousses des Operculaires
comme celles des Mâches 5 il se sert de cette
observation pour con^rmer le rapport que ces
plantes ont avec les Valérianées plutôt qu'avec
les Rubiacées. Je cite cette observation parce
que le soin qu'un botaniste d'un ordre aussi
élevé a mis à le relater, prouve qu'on peut,
dans plusieurs cas , tirer des conséquences de
l'étude des propriétés pour celle même de la
classification.
68. VALÉRIANÉES.
Valerianecp. DC. FI. Fr. 4 , p. 416. Juss. Ann. , Mus.
10 , p. 3o8. — D ipsacearuni gen. Juss. , gen. , p. igS.
-' Les Valérianées se séparent des Dipsacées non-
( »7fi )
seulement parce que leurs fleurs sont distinctes^;
que leur port est fort difFérent , mais encore
parce que leur ovaire est constamment adhérent
ail calice , que ce calice est simple et non pas
double , que leur fruit contient souvent plus
d'une graine , et que cette graine est toujours
dépourvue de périsperme. Elles s'en distinguent
par des propriétés médicales bien prononcées ;
les racines des V» offic'malis ^ V. phu , V. cel-
tica y et probablement de toutes les Valérianées
vivaces, sont amères , toniques, aromatiques,
anti - spasmodiques et vermifuges j on les a
même conseillées quelquefois comme fébrifuges j
leur saveur aromatique paraît tenir à une petite
quantité d'huile volatile que l'analyse y a re-
connue , leur saveur acre à de la résine , et leur
arrière goût sucré à un extrait mucilagineux.
L'odeur des racines des Valérianées vivaces nous
paraît en général fort désagréable j cependant,
les Orientaux font ramasser avec soin sur les
montagnes d'Autriche les racines du ValerianO.
celtica, ou Nard celtique des anciens , dont ils
se servent pour aromatiser leurs bains , et. les
Indiens estiment beaucoup le parfum de la f^a-
leriana jatamansi qui étaient déjà célèbre du
temps des anciens sous le nom de Nard indi-
que, et qu'on emploie dans l'Inde contre l'hys-
térie et l'épiiepsie , précisément comme nous
i
( ^17 )
faisons de notre Valériane. Leurs feuilles n'ont
qu'une légère amertume j aussi nous servent-
elles d'aliment dans leur jeunesse , comme les
Mâches cultivées dans nos potagers , et la Va-
lériane rouge qu'on mange en Sicile.
6^. DIPSACÉES.
Dipsaceanim gen. Juss. gen. 194^ excl. , §. 3.
Les Dipsacées proprement dites sont de peu
d'utilité et paraissent légèrement amères et to-
niques j quelques Scabieuses ont été employées
comme diaphorétiquee et comme anti-siphyliti-
quesj mais elles sont maintenant presque hors
d'usage , sur-tout sous le dernier rapport.
70. COMPOSÉES.
Compositœ. Adans., fam. 2, p. io3. DC. FI. Fr. 4,
p. I.
Les Composées forment l'une des familles les
plus nombreuses du règne végétal j considérées
dans leur ensemble , elles offrent deux proprié-
tés communes à presque toutes les espèces ,
savoir , l'amertume des tiges et la nature
huileuse des graines ; mais pour étudie i' ces
faits avec plus d'utilité, ij convient de pas-
12
( 1/8 )
ser successivement en revue les trois principales
tribus^ je ne dis rien de celle des Labiatiflores,
vu que ces plantes étant toutes exotiques et à
peine décrites par les Ijotânistes , nous sont
tout-à-fait inconnues quant à leurs propriétés.
§. I. Corimhifères. Jiiss.
Dans les Corimbifères , nous trouvons cette
amertume que j'ai dit tout-à-i'lieure commune
à toutes les Composées , mais elle y prend un
caractère particulier j elle s'y trouve combinée
à un principe résineux qui en exalte d^ordi-
naire les propriétés. Les anomalies, en appa-
rence »f nombreuses de cette i'amiile , s'ex-~
pliquent , les unes par la proportion diverse
de résine mêlée à leur mucilage , les autres
par l'état plus ou moins complet de cette
résine. Citons rapidement quelques exemples
de ces deux causes de variations. Que la résine
se trouve en faible quantité et mélangée à un
mucilage amer ou astringent : alors nous re-
trouvons les propriétés toniques , stomachiques
et fébrifuges des Cynarocépliales , comme dans
le Tussilago farfai^a , la Camomille , Tlnule ,
la Verge d'or , la JMatricarla parthcnium , le
Stevia febr'ifuga du Mexique , \' Eupatorium
perfuliatum employé comme tonique et fébri-
( 179 )
fuge aux Etats-Unis , etc. ', que cette quantité
de résine augmente , et nous trouverons une
augmentation dans les propriétés stimulantes
de ces plantes. Les unes serviront d'anthel-
inintiques, comme les Armoises , les Tanaisies ,
les Santolines j d'autres joueront le rôle d'em-
ménagogues , comme les Matricaires , les
Acliillières et ces mêmes Armoises. Qnel([ues-
unes seront sudoriiiques , comme les Eiipa-
toriurn , les Achille a , les Artemisia , les Ca-
lendula ; d'autres diurétiques , comme les Lia"
tris : quelques-unes à volonté sudori{ic[ues ou
diurétiqties , comme VEritreron pkiladelphi-
cum ; on en trouvera de sternutatoires , connue
la Ptarmica, Y Arnica , et d'autres qui , appli-
quées sur les gencives exciteront fortement la
salivation , comme les Spilanthus , le Siges-
hecka orientalis , V Anthémis pyrethrum , le
Coreopsis bidens ^ le Bidens tripartita ; qua
ce même principe résineux , au lieu d'être
complètement solidifié, reste à l'état d'iiuile
volatile : alors nous aurons des plantes qui,
à-la -fois amères et aromatiques , deviendront
toniques et anti-spasmodiques , comme les
Acliillières , les Camomilles , les Armoises , les
Tanaisies , les Eupatoires , etc. Toutes les
plantes qui sont amères , toniques , excitantes,
ou violemment sudorifiques , ont été célébrées
Î3..
( i3o )
clans divers pays pour leur utilité contre les
morsures des serpens -, un grand nombre de
Corimbifères présentent toutes ces propriétés
réunies et sont citées au nombre des meilleurs
aiexitéres : Je neii citerai que deux exemples
très-ceièbros , cet Eupatoriuni du Brésil,
connu sous le nom de Ayapana , et le fameux
Guaco ou Huaco du Pérou , qui paraît être
YEupaLoriuin saiureiaefolium de Lamarck. Peut -
on, dans, toutes ces propriétés diverses, dont
plusieurs sont réunies dans les mêmes plantes ,
ne pas reconnaître les modifications du prin-
cipe résineux uni à un principe extractif'plus
ou moins amer ? Ce mélange se retrouve dans
toutes les parties des Corimbifères usuelles ,
et n'est sans doute que plus affaibli dans les
espèces inusitées où il semble manquer entière-
ment. Qu'il me soit permis de citer ici un fait
qui, quoique peu important en lui-même,
tend à montrer jusque dans quels détails ou
]>eut , en certains cas , retrouver cette analogie
de propriétés dans des plantes analogu.es : tout
le monde connaît la saveur agréable que l'Es-
tracron ( Artemisia dracunculus^ communique
au. vinaigre j mais on ne sait pas aussi généra-
lement que dans les Alpes on fabriqué du
vinaigre tout -à -fait semblable à celui d'Es-
tragon avec les différens Genipi, qui sont les
( 'RO
'AcldlIccL nana , Artemisla glacîalis , Art.
rupcstns et Art. spicata , toutes plantes ana-
logues qu'on emploie mdiiïërerament l'une
pour l'autre.
Les propriétés amèrcs , aromatiques et un
peu astringentes des Coriiiihilères font que
plusieurs d'entr'elles ont été proposées comme
succedannées du Thé : telles sont certaines
espèces àAchillea, de Bcills , à' Artemisla et
notamment VAriemisia abrotaiium.
D'après M. Braconnot , l'Armoise doit son
amertume à une matière animalisée extrême-
ment amère qui forme les -^ de son poids ;
cette plante renferme en outre de l'huile vola-
tile et un acide qu'il croit nouveau et qui s'y
trouve combiné avec la potasse : il sera utile
de voir , par des analyses comparées , si ces
matériaux se retrouvent dans d'autres Corimbi-
ières.
Les graines des Corimbifères sont toutes
plus ou moins huileuses , et plusieurs , parmi
les Armoises et les Tanaisies, sont regardées
comme anthelmintiques j mais la diiiiculté
qu'on trouve souvent à les dégager de leur
enveloppe commune , fait qu'on les emploie
ordinairement mélangées avec les folioles de
l'involucre, les réceptacles et les sommités des
plantes qui contiennent de l'huile volatile , en
( i82 )
«orte qu'il est difficile de déterminer exacte-
ment les propriétés de l'huile fixe contenue
dans les graines. Cette huile est même en cer-
tains cas tellement abondante , qu'on l'extrait
avec profit àuMadla sativa , nommé Madi au
Chili j et du Verbesina saliva qui, dans l'Inde,
est connue sous le nom de Huts'ella : nous
pourrions aussi tirer parti de celle de VUe-
lianthus. Le genre Helia/ithus nous présente
une légère anomalie par la nature douce,
nutritive et mucilagineuse des tubercules que
porte la racine de V He Lianthus îuberosus.
Mais je renvoie , pour la solution de cette
difficulté, aux observations que j'ai faites sur
ce sujet dans la première partie de cette disser"
tation.
§. II. Cinar acéphales, Z\x%%.
Les Cinarocéphales forment un grouppe plus
distinct par le port que par les caractères , et
lié de très-près avec la tribu précédente et
avec la suivante. Elies possèdent en général ,
dans leur tige et dans leurs feuilles , une amer-
tume souvent très'-forte , et qui paraît tenir à
un principe extractif uni avec la gomme qui ,
dans quelques-unes , telles que les Atractilis ,
est en grande abondance. Cette amertume les
a fait employer quelquefois comme stoma-
(i83)
chiques, tel est le Cliardon béni 5 ailleurs
comme légèrement febril'uges , tels sont le
Chardon-Marie, la Chausse- trape, le Bluet ,
l'Artichaut ; quelquefois enfin ce principe
tonique à un phis faible degré , agit comme
sudorifique ou diajdiorétique ; on le voit dans
le Chardon béni, la Bardane , etc.
Ici , comme dans les familles précédentes ,
nous employons à notre nourriture cette amer-
tume, avant qu'elle soit Ijien développée, et
lorsqu'elle est encore délayée pour ainsi dire
dans un mucilage insipide. C'est ainsi ([u'on
mange en divers pays les jeunes feuilles des
-Chardons-Mariés , des Carthames , des Chausse-
trapes j et c'est probal^lement par la même
raison que les réceptacles de plusieurs Cinaro-
céphales se trouvent bons à manger avant
l'épanouissement des fleurs , comme nous le
voyons tous les jours dans l'Artichaut 5 et
comme on le retrouve dans l'Onopordon, les
Carlincs (1) , le Carduus eriophorus et proba-
blement dans toutes les Cinarocéphales peu li-
gneuses.
(1) Le réceptacle du Carlina acantliifolia , qui est très-
gros et très-charnu, est d'un usage habituel dans les
Pyrénées , les Cevennes et les Alpes méridionales , où
cette belle espèce est assez commune.
( i84)
On se sert en Espagne de la fleur de VEchi-
nops strigosiis pour en préparer une espèce
d'amadou. Les corolles de l'Artichaut , du
Cardon , et de la plupart des Chardons , ont la
propriété particulière de faire cailler le lait , et
sont sous ce rapport , employées en guise de
présure , dans diverses provinces de France.
Les graines de toutes les plantes de cette
tribu sont huileuses et d'une saveur légèrement
amère : leurs propriétés , éprouvées dans un
petit nombre , offrent quelques diîTérences ;
les unes sont purgatives comme dans le Car-
thame , d'autres diaphorétiques comme dans
le Chardon béni 5 quelques-unes réunissent
ces vertus comme celles de Bardane qui passent
pour diurétiques, diaphorétiques et un peu
purgatives.
§. III. Lahiati/lores. DC. et Lag.
Proprités inconnues.
§. YV - Chicoracées.Znss.
Les Chicoracées sont un peu plus douces
que les Campanulacées , mais leur ressejnljlent
absolument par les caractères médicaux et
chimiques. Cette ressemblance pourra être re-
gardée gomme une exception à la loi de Tana-
( i85 )
logie par les botanistes systématiques j mais
ceux qui marchent dans la science , guidés par
les lumières de l'anatomie et des rapports natu-
rels , ne voient dans ces plantes que des
grouppes très-rapprocliés. Les Campanulacécs
leur offrent des fleurs aggrégées dans le Jasioiie ,
des corolles fendues longitudinalement dans le
Goodenia , des anthères réunies dans le I-.0-
belia et le Jasione. Que ces trois caractères se
trouvent un jour réunis sur la même plante ,
et il n'existera d'autre dilïérence entre ces
familles , sinon que dans la première le fruit
sera polysperme , et dans la seconde monos-
perme. Le Brunonia, décrit récemment par
M. Smith, semble tenir tout-à-f'ait le milieu
entre les Chicoracées et les Campanulacées.
Le suc des Chicoracées est ordinairement
laiteux, amer, un peu astringent et narco-
tique. Ces propriétés se trouvent dans presque
toutes les espèces sauvages , à un degré plus
ou moins prononcé ; on les remarque sur-tout
réunies dans les Lactuca sylvestrls et vlrosa (1) j
(i) L'emploi de l'extrait de Lactuca virosa à la place
de l'Opium, devient chaque jour plus général, et mérite
d'être recommandé aux praticiens j cet extrait remplace
bien l'Opium comme narcotique , et ne cause presque ja-
( i86)
mais le principe astringent domine presque seul
dans les Cliicoracées non-laiteuses , telles que
la Piloselle 5 l'amertume dans les Cliicoracées
laiteuses, telles que la Dent-de-Lion, la Clii^
Corée î et si les Lactuca syîvestiis et virosa 3 L. ,
ont des propriétés délétères , elles les doi-
vent probablement au mélange de ces deux
principes : on peut en effet rendre le suc de
la Laitue vénéneuse aussi anodin que celui
de la Laitue cultivée, en le traitant avec l'al-
bumine des œufs ^ c'est-à-dire, en lui enlevant
son tannin.
Mais nous avons déjà vu souvent qu'un
faible degré d'astringence ou d'amertume ,
mélangé avec le mucilage , forme un composé
qui , sans être dangereux , est agréable à notre
palais , et qui quelquefois mêiTie a d'utiles
propriétés médicales. Nos efforts se sont donq
dirio^és vers ce but , et nous avons saisi les
moyens d'utiliser les Cliicoracées , avant que
leur suc ])ropre fût entièrement formé : ainsi,
presque toutes servent d'alimens dans leur
jeunesse , c'esL-à-dire , à l'époque où le muci-
lage est le plus abondant 5 telles sont les jeunes
pousses de Tragopogon ^ les jeunes feuilles de
mais les accideus déterminés , dans certains individus ,
car l'usage de l'Opium pris msme à petite dose.
Taraxacum , de Laitron , de Laitue , etc. :
ailleurs nous cherchons à prolonger cette jeu-
nesse par la privation de la lumière , et nous
étiolons , pour les rendre propres à notre nour-
riture , les Laitues , les Chicorées , etc. Enliii
nous nous servons, dans le nieine but, des
parties de la plante qui sont naturellemeiit
étiolées, telle que la racine j c'est ainsi que
nous tirons un usage précieux des racines des
Salsifis , des Scorsonères , , de la Cliicorée , de
la Dent-de-Lion , du Piciis echio'ules , etc.
C'est ainsi qu'on mange dans le Midi de la
France , les racines et les feuilles naissantes du
Scolymus hispanlcus , qui y est connu sous le
nom de Cardouîlles. Seroit-ce enfin à cette
même privation de la lumière que les graines
de toutes les Chicoracées devraient leurs qua-
lités froides anodines, comme on le voit dans
les Chicoracées , les Laitues, etc. ?
71. C A M P A N U L A C É E S.
Campanulacece. Juss. , Ann. Mus. 5, p. 426, i8, p. li
Les Campanulacées renferment en général un
suc propre laiteux comme dans les Cliicora-
cées , mais plus doux, moins amer et tendant
plutôt à l'âcreté lorsqu'il n'est pas ins'pidej
les racin*«i et les jeunes poussa'" de plusieur';
(>88)
Campanules , telles que les C rapunculus ,
trachelium 3 celles du Thyteuma spicata , etc. y
servent d'alimens en Europe j les Uabitans des
Canaries emploient au même usage le Canaruia
campanula, et je ne doute point qu'on ne pût
employer de même plusieurs autres espèces de
cette famille.
72. L O B E L I A C É E S.
Lobeliacece. Juss. , Ann. Mus. 18, p. 1.
Les Lobeliacées comprennent trois grouppes
assez distincts , savoir, les Lobeliacées propre-
ment dites , les Goudenoviées et les Stylidées ;
mais ces grouppes doivent plutôt être considé-
rés comme des sections de la famille des Cam-
panulacées que comme des ordres réellement
distincts. On ne connaît presque rien sur les
])ropriétésj:les Goudenoviées et des Stylidées;
ce qu'on connaît des Lobelia annonce quel-
ques rapports avec les Campanulacées (aux-
quelles M. Rob. Brown les réunit ) , mais une
âbreté beaucoup plus grande : plusieurs d'entre
elles ont un. efïet, délétère sur l'économie ani-
male : telles sont les Lobelia urens , L. cirsi-
folia , L. loTig/flora , et sur-tout le L. tapa ,
dont le suc appliqué à l'extérieur, agit comme
caustique , et pris à l'intérieur excite des vo-
( i89)
missemens , des douleurs d'entrailles et souvent
la mort.
Ce suc paraît d'une nature plus douce dans
la racine du Lobe lia sypJdlitica , qui, pris à
dose légère , agit comme diaphorétique et à dose
plus forte comme diurétique ou purgatif, enfin
à plus grande encore comme émétique j c'est
probablement à la réunion des deux premiers
moyens qu'est duc son utilité contre les mala-
dies sypliilitir|uesj des expériences faites depuis
lors en Europe , ont retrouvé la même propriété
parmi les Phyteuma , qui appartiennent aux
vraies Campanulacées. L'infusion du Lobelia
injluta est employée aux États-Unis dans la
leucorrhée \ la racine du Lobe/ia cardinalls sert
de vermifuge aux sauvages de l'Amérique sep- _
tentrionale.
73. CUCURBITACÉES.
Cuciirbitaceœ. Juss. , gen. SgS.
La famille des Cucurbitacées paraît s'éloigner
de la loi de l'uniformité par l'anomalie la plus
bizarre 5 les fk-uits de ces plantes sont en général
formés d'une chair pulpeuse, aqueuse, douce
ou légèrement acidulé , toujours rafraîchis-
sante et ordinairement agréable au goût j c'est
, ce qu'on voit dans la plupart des Courges , des
C ipô )
Concombres , des Momordiques et même dans
les Papayers , qui , sous d'autres rapports , s'é-
loigi'eiit des Cucurbitacées j mais au contraire
la Coloquinte , VEIaterium et le Trichosanthes
amara se distinguent par leur fruit amer, qui ,
pris à l'intérieur , agit comme un violent pur-
gatif drastique , ou comme émétique ; obser-
vons cependant que le Cucurbita lagenaria
a la pul])e anière et purgative dans son état
5îaturel, et que les Egyptiens la mangent cepen-
dant après l'avoir fait cuire. Ajoutons que le
Ck)iicombre , la Citrouille , le Melon sont laxa-
tifs à forte dose \ remarquons que les proprié-
tés purgatives des Coloquintes tiennent à un
principe résineux j on adoucit beaucoup sa vio-
lence en mélangeant ce suc avec de la gomme ;
de sorte qu'on peut présumer que la diversité
de ces fruits tient à une proportion diverse de
résine et de mucilage aqueux 5 j'ai ouï dire à
un lion^tine de poids que l'on était parvenu à
rendre le suc des Citrouilles purgatif en le pri-
vant de son mucilage 5 mais je n'ai pu retrou-
ver de détails sur cet objet : il ne serait pas
improbable que les sucs qu'on extrait du fi'uit
de ces plantes eussent réellement une origine
difïérente 5 que les uns , par exemple , fussent
formés par le sarcocarpe et d'autres par l'en-
docarpe.
( 191 )
Les graines des Cucnrbitacées ne partîcipeitt
point aux qualités de la pulpe qui les entoure ;
elles sont douces , calmantes , de nature hui-
leuse , et susceptibles de prendre facilement la
forme d'une émulsion : les quatre grandes Se-
mences iroides appartiennent à cette famille.
Les feuilles des Cucurbitacées ont en G;énéral
une saveur amère qui se retrouve dans les ra-
cines , et qui leur donne sans doute la propriété
de purgatif liydragogue observée dans les
Bryones : ces mêmes racines de Bryones ren-
ferment une fécule saine et assez abondante
qui , séparée du principe amer, peut servir de
nourriture à l'homme j on assure même qu'il
suffit pour cela de faire cuire à l'eau la racine
de la Bryone d'Abyssinie. La [)lupart des ra-
cines vivaces de Cucurbitacées sont remplies
d'un suc amer et drastique , comme on le volt
par Texemple de toutes les espèces de Bryonia
et à\\ Momordica elaterium (i)j parmi les pro-
duits médecinaux rapportés du Pérou par Leu-
baz , on remarque une racine de Cucurbi-
tacée d'une saveur très-amère, et qu'il dit utile
(i) C'est à tort 'qu'on cite dans tous les livres cette pbnte
comme annuelle ; elle est dtcidément vivace dan$ son sol
natal , et a mcmeune très-forte racine.
• ( '90
contre les douleurs qui suivent les maladies
vénériennes invétérées j les racines de Cucurbi-
tacées annuelles sont presqu'insipides. Je dois
' ajouter au reste que la famille des Cucurbi-
tacées n'a que des rapports éloignés avec les
familles dont elle est ici rapprochée , d'après
l'opinion de Bernard de Jussieu , et dont elle
paraît en effet s'éloigner moins que de toutes
les autres.
74. GESSNERIÉES.
Gessnerieœ. Rich. et Juss. , Ann. Mus. 5, p. 428.
Propriétés inconnues.
rjS, VACCINIÉES.
Vacciniece. DG. Théor. 216.
Les Vacciniées qui diffèrent fort peu des
Ericinées par leurs caractères botaniques , s'en
rapprochent tout-à-fait aussi par leurs proprié-
tés ; leur écorce et leurs feuilles sont astrin-
gentes , un peu toniques et stimulantes : les
fruits sont charnus , sains et mangeables j leur
saveur est douceâtre , comme on le voit , dans
le Vaccïniiuii myrtiUus , qui est fort commun
dans une grande partie de l'Europe, et qui se
mange tantôt cru , tantôt en forme de confi-
(193)
ture ou de tourte; quelquefois le suc des baieâ
de Vaccinium est un peu acidulé , rafraîchis-
sant et agréable au goût j telles sont , par exem-
ple , le V^accinium oxycoccos , qu'on mange
dans le Nord de l'Europe après l'avoir iiiit cuire
avec du sucre j telles sont encore celles du
V accinium macrocarpum , qui sert au même
usage dans la Canada , et dont sir Joseph Banks
a introduit la culture en Angleterre. Les An-
glais désignent sous le nom de Cran-Berry ,
non-seulement le Vaccinium oxycoccos , qui
le portait primitivement , mais encore ce Vac-
cinium macrocarpum dont on apporte les fi:uits
du Canada en Angleterre pour l'usage de la
cuisine. On reconnaît toujours dans la plupart
des Airelles , un arrière-goût un peu styptique
qui tient au calice , lequel est adhérent au
péricarpe comme dans les Myrtinées.
^6, E R I C I N É E S.
Ericinece.'Desv. y Joum. Bot. i8i3,p.28 — Rhodo'
dendra et Ericv. Juss.
Cette famille , qui diffère à peine de la pré-
cédente par sa structure , s*en rapproche aussi
par des propriétés semblables j les feuilles , et
«ur-tout les écorce* des Ericitiées , sont astrin-
i3
( «94 )
gen tes comme, par exemple , V Azalea proeum-
6e>ns , les Mhododejidrvrt Jerrm^ncum et ckry-
santhunt » le Ledum p€iiustre , et quelques
autres plantes qui appartiennent à la tribu des
Khodoracots ; telles sont encore paruii les £ri-
cinées proprement dites , les Fy rôles , VAftdrv-
meda potijhititf VArbutus uva ursi: il y a plus ,
les anciens avaient donné aux Bruyères le notu
à^Erica , qui signifie briser, |]âi"ue qu'ils attri-
buaient à la Biuyère la vertu de dissoudre le
calcul j la mt*Mue projxrieté a été , dans les tem^ns
modernes , attribuée à YLva-ursè ^ et m^^me ,
quoique probaUement à tort (i) , au fljù-
îdea ; on a depuis apprécié à leur juste valeur
les prétendus Lithontrtptiques , mais on no
peut nier que Ws/u-uj^i n'ait été utile dans
plusieurs cas , non j»our dissoudre, luais p«.>ur
expuJser le gravier et sur-tout les calculs rei-
naux : cet elïét est attribué par plusieurs pra-
le sulfate de fer , et cette plante ccmtieat par cyjttsiî^Uvu;:
Uu tajuùa et <îe Tacide gallû|ue. L'ùitussioa du Vêtis idijea
ne précipite ni la gélatine ui le sulfate de 1er , d^aprè« le^
observations de M, Braccoxuoit , et «e retttVrine par consé-
quent ni tiutuiu «i atide gaUi*{ue » au un-'Ius en tjuautité
ijiotahle% Le VUis idij^a ^ substitué par erreur o« par B-aud«
à VXIva-ttrsi f parait avoir causé It-s coutradietiu-.- s ■> ■■:%-
decins sur l'emploi de ce dernier médlcameut.
(195)
ticiens aux astringens qui agissent ici comme
diurétiques, toniciucs et stimulans. La discus-
sion de cette question est hors de mon sujet }
il me suffît d'observer que la même propriété
a été observée dans plusieurs |)lanles voisines ,
etnotannnentdans le V^rola umbclLaLi (i). L'in-
fusion des feuilles de V L'va-urs'i. est aussi em-
ployée avec succès, à titre d'astringent, dans les
gonorrliées anciennes. Les feuilles aslriugentea
des arbustes de cette famille ont été souvent
proposées comme succédanées du Tlié , telles
sont celles du GauUlieria procunibens , du
Vaccinium oxycoccos y<X\xli/iudodandrori clirv"
santuTTi , etc.
Les baies de toutes les Ericinées à fruit char-
nu , servent d'alimens dans difïérens pays : on
leur attribue une saveur agréable j ainsi , on se
nourrit à Saint-Domingue du Brossaea cocci-
/z<?<2y en Laponie , de VArbutus alpl/ia ; àann
(i) Le Pyrola umbellata est appela par les Canadiens
Herbe à pisser. Son usage a été îiitroduî!; dans la mf'dccine
anglaise. On l'emploie sous forme d'extrait, en pilules, à
la dose de cinq scrupules par jour 5 on donne aussi l'extrait
dissous dans l'eau boi.illante. Le docteur Somervill® cite
plusieurs cas remarquaMes de l'utilité de re médicumexit
dans les hydropisics. (Aun. Méd. 4» j p. Sao.)
i3..
( 196)
l'Orient, àesArbiitus andrachnc et inîegrifoUa;
aux terres Magellaniqu es, àeVArbutus mucro-
nata ; clans la Nouvelle-Hollande, de plusieurs
Styphelia , et notamment de celui auquel M. de
la Biilardière a donné le nom de Styphelia
Richei , parce que ses fruits ont été leseul ali-
ment qui ait soutenu le naturaliste Piicîie égaré
dans un désert j en Europe , des Arbutus uva-
ursi et unedo. Ce dernier , pris en trop graiide
dose , devient, dit-on, narcotique. Cette même
propriété semble se retrouver dans quelques
autres espèces de la même famille ; mais cepen-
dant, il faut l'avouer, d'une manière un peu *
ol^scure : on assure que le Ledum excite des
maux de tête , et qu'employé dans la fabrica-
tion de la bierre , comme on le fait quelquefois
en fraude , il rend cette boisson narcotique ; on
a souvent attribué la même propriété à divers
îlosages, et sur-tout au Rhododendron chrysan-
îliuni ; dirai-je enfin que les fleurs de VAzalea
pontica exsudent un nectar qui , pompé par les
abeilles , rend leur miel vénéneux ? Xénopbon
rapporte que plusieurs soldats ayant mangé de
ce miel près de Trébisonde , en éprouvèrent des
effets pernicieux. On retrouve des indices de
ces qualités délétères dans plusieurs espèces de
la tribu des Rhodoracées ; ainsi , le Rhododen-
dron maximum passe pour vénéneux aux États-
( ^91 )
Unis , comme le Rhododendron maximum en
Asie \ le Kalmia latifolia pris en infusion , est
aussi vénéneux ; la décoction Ôl Aîidromeda ma-
rîana et de Gaultheria procumbens agit comme
narcotique. On emploie dans l' Amérique septen-
trionale l'inlusion <ivL Rhododendron majcimum
contre les rhumatismes chroniques , et en Asie
celle du Rhododendron pontîcum contre la
goutte et les rhumatismes.
La poudre brune qui adhère aux pétioles des
feuilles de j)resque toutes les espèces de Kalmia ,
dAndromeda et de Rhododendron , ainsi que
celle qui entoure leurs graines , est populaire-
ment employée aux États-Unis comme ster-
nutatoire.
rj^. AQUIFOLIACÉES.
Aquifoliaceœ. DG. Tliéor. 217.
Les baies du Houx commun sont assez acres ,
et ingérées dans l'estomac agissent comme pur-
gatif ou comme émé tique j cette dernière action
est plus prononcée dans VIlex vomitoria , ([ui
est aussi un des plus forts diurétiques que l'on
connaisse j le liber ou l'écorce interne du
Houx sert en Europe à la fabrication de la
glu , matière très-particulière et qui a pris
place au nombre des matériaux immédiats des
( >9«)
végétaux^ il est très-probable que les espèces
étrangères présenteraient , si on les soumettait
aux mêmes opérations , cette matière si rare
d'ailleurs dans le règne végétal -, l'extrême
analogie du tissu de leur bois et de leur écorce
semble l'indiquer.
78. M Y R S I N É E S.
Myrsinece. Brown., prod. 552. — ArdUiaceœ. Juss.,
Ano. i5, p. 35o.
Propriétés inconnues.
79. SA POTÉES.
Sapotœ. Juss. , gen. i5i.
Ces arbres ,~tous exotiques , sont encore peu
connus , sur-tout relativement à leurs pro-
priétés î il paraît que leur plus grande utilité
consiste dans leur fruit dont on mange la pulpe ;
ainsi celle du Mimusops elengi , L. , de Vlnz-
bricarla malabarica 3 Lam. , du SideroxyloTi
spinosuni, L. , du Chrysophyllum cainito , L. ,
du C. janiaicense Jacq. , C, oliviforme , Lam. ,
C. macoucou j Aubl. , de VAchras connu à
Guatimala sous le nom de Néflier , etc. ,
servent d'aliment à l'homme dans les pays où
ces arbres croissent naturellement , et les voya-
( "^^9 )
genrs attribuent à presque tous une saveur
douce et un peu acidulé.
Les graines de toutes les Sapotées sont hui-
leuses 5 celles de VAchras sapota sont regardées
comme apéritives et diurétiques. L'huile que
ces graines renferment est peu fluide et paraît
de nature à se concréter facilement de manière
à prendre la consistance du beurre : les grai-
nes du Bassia butyracea (i) sont employées
sous ce rapport à la côte de Coromandel j peut-
être l'arbre de beurre, observé par Mongo-
Park au Bambarra , appartient-il aussi à la fa-
mille des Sapotées , assez répandue sous les
tropiques.
Lesécorces de quatre espèces d'Achras sont ,
au rapport de Erown , assez astringentes et
fébrifuges pour être substituées au quinquina.
Le suc de toutes les Sapotées est laiteux j ce
lait paraît être d'une nature plus douce que
celle des autres familles à suc laiteux ^ il paraît
(i) Cet arbre est connu dans l'Inde sous les noms de
Mava f ATaJiva ou Madhuca , ses graines sont si nom-
breuses et si liuileuses qu'un arbre rapporte jusqu'à trois
quintaux d'huile 5 celle-ci sert habituellement à l'usage de
la cuisine. Les Fleurs sèches du Mahva se mêlent aussi
dans les allmens des Indiens , et les naturels de Châtra
savent même en extraire une sorte d'eau- de-vie. ( Asiat.
Res. ij p. 3oo et 309. )
( 2.O0 )
même que c'est à la famille des Sapotées qu'ap-
partient le fameux Ai^bre de la Vache , célèbre
dans l'Amérique méridionale , et dont , au rap-
port de M. de Humholdt , on extrait le lait
pour servir à la nourriture des hommes.
80. EBENACÉES.
Ebenaceœ. Vent. , Juss. , Ann. Mus. 5, p. /^ij. —
Gujacancr. Juss. ,gen. i55.
Cette famille ne nous offre que deux organes
qui aient quelqu'intérêt par leur emploi : les
fruits et les bois. Quant aux premiers , on
mange les baies de plusieurs Ebénacées dans
divers pays , par exemple , Diospiros virgïniana
en Amérique septentrionale , D. sapotanigra
au Mexique, Z). kaki au Japon , T). decandra
en Cochinchine , D. chloroxjlon , Eoxb. , à la
côte de Coromandel. Ces fi:uits sont tous re-
marquables par la saveur très-acerbe qu'ils ont
avant leur maturité , et ne peuvent servir que
lorsque , comme les Nèfles , ils ont été adoucis
par cette espèce de décomposition particulière
que certains fruits acquièrent à leur maturité
et qui leur a fait donner , par le vvdgaire , le
nom de Blets ou B lèches , nom qu'il faut
bien admettre puisqu'il n'y en a pas d'autres (i)j
(i) Il est assez curieux que cet état particulier des fruits
( 201 )
les fruits cliarntJS paraissent présenter des pra-
priétés analogues , lors même qu'à cause de
leur petitesse , on néglige d'en faire usage. L'é-
corce des Ebénacées présente des indices de
ce même principe astringent et tonique j ceL'e
du Diospyros virginiana est utilement em-
ployée aux Etats-Unis contre les fièvres inter-
mittentes. Le bois des Ebénacées est très-re-
marquable par son extrême dureté qui a fait
donner à plusieurs le nom di Jrbre- de-Fer , et
par la couleur noire qu'il acquiert souvent en
vieillissant et qui est très-connue dans l'Ebène,
Le grouppe des Simplocos , aujourd'hui réuni
aux Ebénacées, mais qui sera sûrement un
jour considéré comme une famille distincte ,
s'en écarte aussi par ses propriétés : les feuilles
des arbustes de ce grouppe sont généralement
astringentes comme on le voit dans VAlstonia
blets ne se retrouve que dans ceux chez lesquels la sa-
veur acerbe a été très-prononcée : ainsi, parmi les fruits
susceptibles de devenir blets , se trouvent les fruits des
Diospyros , les Nèfles , les Sorbes , les Poires ; il semble
que, cet état soit du à une modification du principe acerbe.
II est encore digne de remarque que le principe acerbe ne
se trouve bien développé que dans les fruits composés do
l'ovaire et du calice soudés ensemble : de sorte qu'on ne
rencontre de fruits bkts que dans les familles à ovaiee
adhéicnt.
( 202 )
l'un des succédanés du thé : les feuilles de cet
Alstonia teignent la salive en verd jaunâtre ;
le Hopea tinctoria sert dans l'Amérique sep-
tentrionale pour la teinture en jaune ; ces
végétaux sont au reste encore très-peu connus,
sur-tout quant à leurs propriétés.
Quant aux Aliboufiers ( Styrax ) , ils inté-
ressent davantage la médecine , pviisqu'ils nous
fournissent le benjoin qu'on retire du Styrax
benjoin de Dryander, et le Storax qui est pro-
duit dans le Levant par le Styrax officinale .
Ces deux baumes , qui sont composés de résiné
et d'acide bensoïque (i) , répandent une odeur
suave , et sont employés dans les maladies du
poumon; ces propriétés fort différentes de
celles des Ébénacées , semblaient faire dans
cette famille une exception bien prononcée ;
mais on a reconnu , depuis la première édition
de cet ouvrage , que les Styrax^ ne différaient
pas moins des Ebénacées par leurs formes les
plus essentielles que par leurs propriétés , et le
seul doute qui existe encore à leur égard , est de
savoir s'ils doivent former une famille particu-
(i) Le benjoin renferme en outre, d'après l'analyse de
Bucholz, un principe aromatique particulier soluble dans
l'eau et dans l'alcool.
{ 203 )
lière avec les Simplocos, comme le pense M. Ri-
chard , ou être rejetés parmi les Meliacées ,
comme le veut M. de Jussieu.
81. TERNSTROMIÉES.
Ternstromice. Mirb.
Les propriétés de cette famille sont encore
inconnues, et ses limites botanitjues nesontpas
encore bien déterminées j je dirai seulement que
loin d'appartenir aux Hesperidees, les- genres
qui la composent ont de grands rapports avec
les Ebénacées et les Simplocées ; qu'outre les
genres Ternstromla et Fresiera qu'on y rap-
portait, on doit y joindre le PaLiva de la
Flore du Pérou , le Saurauja de Wildenow^ j
et le Scapha de Noronha , ([ui probablement
ne diffère pas du précédent. Dans un de ces
arbres de Java, Noronha remarque que le fruit
est acidulé , d'une saveur un peu analogue aux
Tomates et qu'il sert d'aliment aux Javanais
sous le nom de Ko le ho.
, . (M) ^iv-^
82. O L E I N É E s.
Oleinece^ Hoffm. et Linck. , Flor. Port.
Les Oleiiiées , considérées botaniquenient ,
offrent entr'elles assez de différences pour que
divers auteurs les aient séparées en deux fa-
milles , et même après cette division , certains
genre, tel que le Frêne, s'éloignent encore
du grouppe dans lequel on les place , et se
rapprochent par divers caractères des Érables
avec lesquels la saveur sucrée de leur sève
semble leur donner quelque analogie chimique :
mais un examen plus aprofondi des organes
de leur fructification , a engagé les botanistes
à laisser réunis en un seul grouppe les genres
à fruit sec et à fruit charnu.
Les différences botaniques existent dans le
péricarpe qui nous présente aussi des usages
fort divers j ainsi l'Olivier porte , comme tout
le monde sait, une drupe dont la chair est
huileuse, et cette utile propriété existe dans
toutes les espèces de ce genre 5 il est à présu-
mer que les fruits de Pliillyrea , qui ressem-
blent si parfaitement aux Olives , renferment
aussi une certaine quantité d'huile fixe. Re-
marquons que c'est ordinairement dans la
( 205 )
graine que l'huile se rencontre et que la famille
des Oleinées semble être la seule ou l'huile fixe
soit logée dans le péricarpe.
Les fleurs des Oleinées offrent peu de diffé-
rences botaniques , et nous retrouvons dans
plusieurs d'entr'elles une odeur agréable ; on
s« sert des fleurs de VOleaJragrans pour aro-
matiser le Thé.
L'écorce et même les feuilles de la plupart
des Oleinées , sont amères et astringentes ; la
propriété astringente de l'Olivier est connue
depuis long-temps ; dans ces dernières années
on a même proposé de le substituer au quin-
quina (i) j mais l'écorce du Frêne réunit ces
qualités à un degré tel , qu'elle a long- temps été
employée comme fébrifuge avec succès.
Le genre des Frênes , qui s'éloigne des autres
Oleinées par le port et même par la fructifica-
tion , s*en éloigne encore par la nature de son
suc : on sait que les exsudations de l'écorce
des Frênes produisent le purgatif doux et
(i ) Les propriétés des feuilles d'Olivier paraissent tenif >
d'après l'analyse de M. Ferrât, ou à une matière rési-
neuse qui fait à-peu-près la onzième partie de leur poids ^
ou à un extractif en partie oxigénable qui en fait plus
de j j il paraît que la teinture alcoolique serait la meil-
leure forme «ous laquelle on pourrait les utiliser.
( 2.06 )
utile connu sous le nom de Manne ; on la re-
tire sur-tout du FraxLTtus rotuiidifolia , Lam.,
mais dans le Midi elle se retrouve, quoique en
moindre quantité, dans les Fraxinus ornus , L. ,
F. excehior , Lam. , et F. pai^ifolia , Lam.
Cette sinouiière substance mérite l'attention
des chimistes j peut-être l'analyse comparée
des Mannes de Frêne , d'Alhagi , de Mélèze , de
Prunier , de Chêne , de Saule , nous donnerait-
elle rexplicatioii de la présence d'une matière
semblable dans des végétaux si divers.
La famille des Oleinées , même débarrassée
des Jasmins qu'on y avait réunis , semble encore
composée de véi^étaux peu analogues entr'eux;
il est cepen.iiiiit assez remarquable que les
arbres preiment tous de greffe les uns sur les
autres , ce qui annonce l'analogie de leurs sucs
et de leurs fibres j ainsi les Lilas se greffent avec
les Frênes , les ( diionanthus , le Fontanesia , et
je suis même parvenu à faire vivre deux ans le |
Lilas de Perse greffé sur le Phyllirea latijolia /
FOlivier se greffe avec le PltylLirea et je suis
parvenu à le greffer sur le Frêne lui-même ^ on '%
ne réussit point au contraire à greffer les Jas-
mins sur les Oleinées , ce qui confirme la sépa-
ration de ces deux familles. \
( 207 )
83. J AS MINÉE S.
Jasminece. Brown. , prod. S20. — Jasminearum gen :
Juss.
Les Jasminées proprement dites , long-temp§
réunies avec les Oleinées , n'en diffèrent pas
beaucoup quant à leurs propriétés : leurs
feuilles sont légèrement amères , notamment
dans le Mogorium unduLatum : leurs fleurs
sont très-remarquables par leur odeur 5 celle-ci
tient à une huile aromatique qu'on en peut
extraire et qui peut se fixer sous forme de par-
i'um \ ainsi les Jasminum officinale et gran-
diflorum donnent la vraie huile essentielle de
Jasmin î \q Mogorium sambac fournit une huile
tellement semblable à la précédente , qu'elle en
a souvent porté le nom j le parfum du Nyc-
tanthes arbor tristis , du Mogorium undula-
tum , etc. , a frappé les voyageurs , et celui des
Jasmins est connu de tout le monde.
84. P E D A L I N É E S.
Pedalineœ. Brown., prod. 5i().
Propriétés inconnues.
85. STRYCHNÉES.
Strychnece. DC. , Théor. 2x7.
La famille des Stryclmées est mal connue
quant à ses caractères botaniques, et à la cii'-
conscription des genres qui doivent la compo-
ser ; ses propriétés sur l'économie animale n'ont
encore été étudiées que sur un petit nombre
d'espèces 5 mais elles sont si exaltées , qu'elles
méritent une attention particulière. Toutes les
parties de la plupart des Stryclmées sont douées
d'une amertume remarquable , et présentent
aussi un principe acre et délétère dont la na-
ture paraît toute particulière ; le principe amer
est remarquable principalement dans la Noix
vomique , la Fève de St. -Ignace, souvent em-
ployées à titre d'amers dans la médecine euro-
péenne , et même dans le Titan-cotte dont on
fie sert dans l'Inde pour purifier l'eau à laquelle
elle donne un saveur légèrement amère j etc.
Il se retrouve dans le bois , l'écorce , le^ feuilles
et même dans la pulpe du fruit avant sa matu-
rité parfaite ', cette pulpe mûre devient man-
geable , sur-tout lorsqu'elle est acide comme
dans le SLricknos nux vomica ; mais elle laisse
dans la bouche une saveur astringente qui in-
dique le danger d'eji. iàire trop d'usage.
( 209 )
L'analyse de la Noix vomique , publiée par
M. Braconnot , annonce une composition chi-
mique assez singulière j on trouve dans cette
graine, entr^'autres produits, une matière cornée
végétale fort abondante et d'une nature parti-
culière , une matière animalisée peu sapide , une
matière animalisée extraordinairement anière ,
et une huile verte butyriforme 3 il est probable
que c'est à la matière amère que cette graine
doit ses principales propriétés , et q^^e cette
matière se retrouvera à dose plus ou moins con-
sidérable dans les autres Strychnées. L'analyse
publiée par M. Desportes, quoiqu'un peu diffé-
rente de celle de M. Braconnot , fait aussi men-
tion de cette matière amère d'une nature par-
ticulière. On assure que l'Arack distillé avec
des fruits de Strychnos , devient vénéneux
Le principe acre et délétère des Strychnées
se reconnaît non-seulement par les effets per-
nicieux de toutes leurs parties prise? par l'œso-
phage en quantité trop considéraljle ; mais il
agit avec plus d'énergie et de rapidité encore,
lorsqu'on l'introduit dans la circulation soit
par une inoculation, soit enlemettant en con-
tact avec quelque surface absorbante j il résulte
des expériences très-curieuses faites à cet égard
d'abord par M. Desportes et sur-tout ensuite
par MM. Delile et Magendie , que le sac de
14
( 210 )
toutes les Stryclmées anières une fois absorbé
détermine un véritable tétanos , et que cet elïet
extraordinaire a lieu d'autant plus vite , que le
suc absorbé a pu arriver plus tôt à la moelle épi^-
nière. Ce singulier mode d'action a eu lieu éga-
lement avec le suc du fameux Jjpas- Tieuté
observé à Javapar M. Léchenault, avec la Noix
vomique (i) -et avec la Fève de St.- Ignace
(2). Les Strychnosdans lesquels la saveur amère
(i) On a dit que la Noix vomique, qui est un poison
terrible pour la plupart des animaux , même ingérée dans
l'estomac , ne l'était pas pour les ruminans j MM. Du-
fresne et Dunal ont bien voulu à ma demande répéter cette
expérience sur un mouton : ils ont commencé par lui don-
ner Une faible dose de noix vomique mêlée avec ses ali-
mens , et bien loin d'en souffrir , l'animal semblait n'en
avoir acquis que plus de force et d'appétit. Ils ont aug-
menté graduellement la dose au point de lui en faire prendre
jusqu'à 5 gros à-la-fois : l'animal a succombé , et sa mort
a offert les symptômes de tétanos propres aux empoison-
nemens produits par les Strychnées.
(2) On emploie souvent pour fève de S. -Ignace des mé-
dicamens entièrement différeiis. M. Dunal a observé qu'il
n'est pas rare de trouver dans le commerce V Anacardium
officinale ( Gœrtn. ) , vendu à la place de la vraie fève de
S. -Ignace. M. Mocino m'ayanl communiqué le dessin dft
l'arbre qui produit au Mexique une graine fort semblable
à ta fève de S. -Ignace , et «^u'on y vend sous le même
«aêflienoin, j'ai reconuu que ce n'était point un Stych-
( 211 )
Xi'est pas prononcée , n'ulfrent aucun indice de
cette singulière et dangereuse propriété ; ainsi
le Titan Cotte et la Ponnne de Vontac parais-
sent tout- à- fait innocens j les expériences
laites avec les Strychnos contribuent à prouver
( pour me servir des expressions de M. Delile)
« que les plantes d'un même genre , pourvues
5> des mêmes sucs , ont aussi les mêmes pro-
3> priétés , et que plusieurs espèces du même
>î genre étant privées de certains sucs , ne pos-
» sédeiit plus l'ensemble des mêmes propriétés. -»
Au reste , de la connaissance acquise il y a peu
de temps , de la manière d'agir de la Noix vû-
mi(|ue , on sait qu'on a déduit une conséquence
pratique très-remarqual^le^ c'est de l'employer
dans les cas de paraplégie pour exciter Taction
de la moelle épinière et des nerfs qui sont sous
sa dépendance. Le succès de cette méthode est
un exemple remarquable de Fheureux emj)loi
qu'on peut faire en médecine , de l'analogie
fondée sur les connaissances exactes de l'His-
toire naturelle et de la Physiologie expéj'i-
mentale.
nos, mais un nouveau genre de la famille des ]^ubi«cécsj
aurjiiel nous avons donné le r.ora de Phaloé.
H'
( 212 )
86. A P O C I N É E S.
Apocineœ, Juss. , gen. i43.
Nous trouvons dans les Apocinées des pro-
priétés nombreuses , et qui pourraient nous
paraître très-diverses , si elles n'étaient souvent
téuilies dans les mêmes espèces : cette famille
Se rapproche , par ses vertus et par ses usages ,
des Convolvulacées , des Gentianées et des Ru-
biacees , dont elle se rapproche par les formes
extérieures.
On peut dire en général des Apocinées qu'elles
Sont acres, stimulantes et un peu astringentes.
On conçoit que ces propriétés , lorsqu'elles sont
faibles , peuvent devenir utiles j tandis que
poussées à l'excès , elles doivent Former des
poisons dangereux 5 dans plusieurs cas , ces
plantes agissent sur les nerfs d^une manière
qu'on a mal-à-propos assimilée à l'action des
plantes narcotiques , mais qui serait mieux dé-
signée sous le nom de stupéfiante , puisqu'elles
arrêtent l'action motrice des nerfs sans causer
le sommeil.
Si nous descendons dans les détails , nous
trouverons qu'en général leurs racines sont vi-
vement acres et stimulantes 5 de sorte que plu-
sieurs d'entr 'elles sont employées comme émé-
(2l3)
tiques ; c'est ainsi que les racines du Gynànchum
vomitorium f Lam. , Je V Asclepias procera ,
Forsk. , iXw Cynanc/ium tomentosum , Lam.,
du Periploca emetica , Retz , de V Asclepias
curassavica^ Lara. , sont employces dans di-
vers pays à la place de l'ipécacuanha , comme
j'ai eu occasion de le développer en détail dans
mon Mémoire sur les diverses espèces d'ipéca-
cuanha , imprimé par extrait parmi ceux de la
Société médicale d'émulation (vol. i , p. 2,3ti).
Les émétiques agissent souvent comme diapho-
rétiques ou sudorifi([ues 5 ainsi l'infusion de la
racine de VAsclepias decumbens a la singulière
propriété d'exciter la perspiration générale , en
augmentant très-peu la chaleur du corps 5 c'est
sous ce point de vue qu'on l'emploie en Vir-
ginie contre la pleurésie avec un succès assez,
constant. La racine de V Opfii oxyton , au lieu
d'agir comme émétique , est purgative : cette
racine est fort amère ; elle passe parmi les In-
diens pour tonique , fébrifuge, et pour l'anti-
dote des morsures -de serpens.
La propriété purgative de cette Apoeinée se
retrouve dans les racines de VAschpias de-
cumbens j vantée en Virginie contre la dysen-
terie ; dans celles de VAsclepias tiiberosa ; dans
l'écorce du Cerbera manghas, Lam. j les autres
écorces d'Apocinées , ou du moins plusieurs
( ^i4 )
d'entr'elies, sont employées comme astringentes
et fébrifuges : telle est sur-tout celle du Nerium
antidyseiiterlcum j et de VEchites antldysen-
terica y employés l'un et l'autre dans l'Inde
contre la dysenterie : les feuilles dj Pervenche
sont assez astringentes pour avoir été employées
à tanner les cuirs ; on les emploie aussi pour
arrêter certaines hémorragies. Les feuilles du.
Laurier-rose ( Nerium aleander ) renferment
une quantité notable d'acide gallique qui paraît
y être à l'état libre.
Le suc des Apocinées est laiteux ^ acre, plus
ou moins caustique et amer ', Tâcreté de quel-
ques espèces est assez considérable pour les
faire placer au rang des poisons ; tel est V Ycotli
du Mexique qui appartient au genre Cerhera,
Il est très-probable qu'on peut tirer du Caout-
chouc du suc de la plupart des Apocinées ,
comme le font présumer quelcpies essais incom-
plets faits sur VAscLepias cyriaca (i) , et sur-
tout Texemple du Vahea de Madagascar et de
V Urceo/a etastica de Roxburg. Mais , par une
exception bisaiTe , nous trouvons ici V Asdepias
lactifera , dont le lait est , dit-on , très-doux et
si abondant , que lesLidiens l'emploient comme
(i) Pfl. John y trouve sur lOO parties i3j5o d'une
substance élastic|iie.
( 2i5 )
aliment ; avouons cependant que l'histoire de
cette plante est encore mal connue ; peut-être
ce lait est-il employé seulement dans la jeunesse
de la plante , et alors l'activité du suc des Apo-
cinées est peu ou point développée j ainsi les
jeunes pousses de plusieurs plantes de cette
famille servent d'aliment à l'homme dans di-
vers pays : je citerai pour exemples Pergularla
edulis , Wild. , Peiiploca escutenta , Apo^
cyjium indicum , Asclepias asthniatica ^ L. ,
( qui est la même plante que le Cynanthuftt
vomitorium y Lam.) , Asclepias aph^Lla , Lani. ,
Asclepias stipitacea , Forsk , etc.
Les fruits des vraies Apocinées sont peu em-
ployés , mais on se sert utilement des fruits
des Apocinées munies de baies , telles que
les Cerbera , qui paraissent agir comme vo-.
mitjfs.
Malgré les légères Anomalies que notis avons
observées, la famille des Apocinées paraît of-
frir une uniformité de principes et de vertus
proportionnée à celle de ses caractères exté-
rieurs.
( ^1^ )
8/. G E N T I A N E E S.
GentianecB. Juss. , gen. 141.
Il est peu de familles où l'analogie des formes
et des propriétés se fasse sentir avec plus de
-force que dans celle des Gentianées j toutes ces
plantes ont une saveur amère , (jui réside dans
leur herbe et sur-tout dans leur racine j elles
sont conséquemment employées comme toni-
ques , stomachiques et- fébrifuges. Ces utiles
propriétés sont sur-tout connues dans la racine
de la Gentiana lutea, employée en France et
en Angleterre , de la G. ruhra , qu'on lui subs-
titue en Allemagne , et de la G. purpurea,
qui tient sa place en Norvège : on les retrouve
dans le G , centaurîuni , dont on a tort , selon
l'observation judicieuse de Cullen , de prescrire
ies sommités fleuries , puisque les fleurs sont
insipides, et que l'analogie porte à attribuer plus
d'efficacité aux racines. Si nous parcourons ra-
pidement les genres qui composent cette famille,
nous trouverons parmi les plantes indigènes le
G.ainaj^ellay G.campestris, G. cruciatafCklo-
raperfoliata. , Men^'anthes trlfoLiata , Vlllarsia
nymohoïdesy qui jouissent d'une saveur amère et
qui ont été employées comme toniques ou fébri-
fuges : parmi les plantes exotiques, nous trou-
( 217 )
xonsleVîIIars'ia ovata, V'ent. , dontramertume
a été remarquée par les voyageurs j le Gen-
tiana peruviana employé par les Péruviens sous
I le nom de Caclien; la Ckironîa auiruUnis , con-
nue populairement aux Ltats-Unis sous le nom
I de L entoiy, et employée comme a mère toni(|ue
et fébrifuge ; la Frasera ^alierl employée sous
le uiêuje point de vue quoique un peu inférieure
à la précédente ; la Gendana que les Indiens
nomment Clilrayit i, et que, d'après leur exem-
ple , les Anglais commencent à employer comme
fébrifuge et stomachique j les Coutoubea alba
et^«7p«/'6'â;^ auxquels les habitans de la Guyane
attribuent les mêmes vertus j V Ophiorhiza, dont
la racine passe pour utile contre la morsure
des serpens, comme on le dit d'un grand nom-
bre de plantes toniques ; le Spigella aiitheLmia
qui jouit aussi bien que V Ophiorhiza des pro-
priétés vermifuges 5 le Spigella majylàndica
dont la racine est employée aux Etats-Unis en
poudre ou en infusion aqueuse comme antliel-
niintique , ou en ini'usion vineuse comme fébri-
tiige j enfin , le F o ta lia amara d' Au blet , qui,
placé par sa forme entre les Gentianées et les
Apocinées , est amer comme les premières ,
acre et propre à servir d'émétique comme les
secondes.
La racine des Gentianes , malgré son amer-
(2l8)
tume , renferme une certaine quantité de ma-
tière sucrée , et est susceptible de fournir de
l'eau-de-vie , lorsqu'après l'avoir fait macérer
dans l'eau , on la soumet à la distillation : cette
propriété est connue populairement dans quel-
ques parties de la Suisse , où l'on exploite, sous
ce point de vue , la Gentiane jaune.
88. BIGNONIACÉES.
Bignoniœ. Juss. , gen. iSy.
Leurs propriétés sont presque inconnues , et
leurs caractères botaniques encore mal fixés. Le
bois de plusieurs Bignoniacées est réputé inat-
taquable par les vers ^ par exemple , B. longis-
sîma , Jacq. , B. peritaphylia , L. , etc. Les*
feuilles de la B. indica sont réputées éniol-
lientes , ainsi que celles des Sésames : les graines
des Sésames donnent une huile fixe et inodore
qui manque dans les vraies Bignoniacées 5 mais
ce genre qui avait d'abord été associé aux Big-
iiones , mérite d'en être séparé , et M. de Jus-
sieu le considère maintenant comme le type
d'une nouvelle famille.
( 219 )
89. POLÉMONIDÉES.
Polemonia. luss. j gen. i36.
Propriétés nulles ou peu connues.
90. CONVOLVULACÉES.
Convnlvuli. Juss., gen. iZi.
Murray ol^serve que le genre des Liserons est
éminemment favorable à ceux qui croient à la
possibilité de juger les vertus des plantes d'après
leurs affinités botaniques } et en effet , les ra-
cines de presque toutes les espèces de ce genre
sont remplies d'un suc laiteux plus ou moins
acre, et qui est éminemment purgatif j nous
employons déjà à cet usage le suc de plusieurs
espèces de Liserons ; par exemple , la Scammo-
née , qui, d'après Sibthorp , est produite dans
le Levant par le Convolvulus scammonia , et
une autre espèce du même genre (1) ; le Jalap,
(i) D'après l'analyse publiée par MM. Bouillon-La-
grunge et Vogel, la Scammonée d'Alep contient 0,60 de ré-
sine, et o,o3 de gomme ; celle de Smyrne 0,2c de résine^
et 0,08 de gomme. Il est probable que ces médicamens
proviennent de deux espèces difléi entes. Leuz' effet sur 1q
corps offrp au reste peu de différences.
( 220 )
que donne le C. jalapa ; le Turbith , tiré du
C. turpethuni ; le Méchoacan , extrait du C\
jnechoacnna. Mais , outre ces espèces usuelles ,
il est nécessaire d'ajouter qu.e l'on emploie au
même usage les Convolvulus sepiitm , C. ar-
vensis et C. soldanella , en Europe ; le C. pari'
duratus y aux Etats-Unis; le C macrorhizos ,
à Saint-Domingue ; le C. macrocarpus , à la
Martinique; le C. marlùmus , dans les Indes
et dans le Brésil (i) ; et même la saveur amère
qui caractérise tous ces purgatifs , se retrouve
dans plusieurs espèces du même genre et dans
les genres vo«sins, tels que YHydrolea , etc.
Cette faculté purgative des Liserons est due à
îa résine qui est contenue dans leur suc , mais
comme la proportion de résine varie beaucoup
d'espèce à espèce, et quelquefois même d'indi-
vidu à individu , il en résulte que la dose de ces
racines est variable, et que souvent, pour
éviter ces anomalies , on emploie leur résine
isolée ; de cette proportion variable de résine
résultent quelques anomalies dans la famille;
si la partie résineuse se trouve mêlée avec peu
de mucilage, et, au contraire, répandue dans
une suoslance dure et ligneuse , il en résulte
{\) L'espèce qui sert de purgatif aux Brésiliens j est
peut-être le Convolviilu$ brasiliensis ^ Lin.
i
( 221 )
un médicament acre et qu'on ne peut employer
utilement qu'à l'extérieur j c'est ainsi que la
racine des Liserons ligneux sert de sternuta- -
toire, comme on le voit par l'exemple du bois
de Rhodes fourni aux Canaries par les Convoi'
vulus Jloridus et C. scoparius , et par celui de
Vlpomœa quamoclit , dont la racine peu cliar-
I nue sert de sternutatoire aux Indiens. Si , au
I contraire , cette résine se trouve en très-petite
I quantité dans une racine charnue et très-muci-
lagineuse , alors elle ne sert plus que d'aromate ,
et cette racine peut être un aliment sain et
agréai jje 3 c'est ce qui arrive aux racines du
Corno/vutus edulis , dont les Japonais se nour-
rissent; et du Convolvulus batatas que mangent
es Américains.
Je ne parle point de la Cuscute , qui s'é-
oigne beaucoup des Liserons par ses caractères
botaniques, à laquelle on a attribué des pro-
priétés i'ort diverses et dont la nature est peut-
être influencée par celle des plantes dont elle
tire sa subsistance.
91. BORRAGINÉES.
Borraginece. Juss. , gen. isS.
Les Borraginées sont , en général , mucila-
gineusès , douces , émolUentes 3 leur mucilage
( 222 )
est quelquefois plus abondant dans la racine,
comme dans le Symphytum , le Cynoglossum ,
qui est légèrement narcotique. Quelquefois ce
même mucilage est plus abondant dans les
feuilles , comme dans les Pulmonaires et les
Bourraches, qui servent d'aliraens dans plu-
sieurs pays 5 et que la pharmacie emploie •
comme émoUiens et légers caïmans.
Le suc de plusieurs Borraginées paraît con-
tenir du nitre tout formé ; on l'a découvert
dans celui de Bourrache , et on en soupçonne :
l'existence dans les Anchusa et quelques autres
Borraginées , parce qu'elles décrépitent légère- '
ment au feu.
L'écorce de la racine de plusieurs Borraginées
est d'un brun rougeâtre , et dans quelques-unes
cetteécorcedonneune couleur rouge , lorsqu'on
la met en infusion dans l'eau ou l'esprit-de-
vin , mais sur-tout dans l'huile ou la graisse ;
c'est ainsi qu'on confond sous le nom d'Orca-
n'e.XXe^X Anchusa tînctoriao^vl paraît originaire
d'Orient , le Lithospej-mum. tinctoriurn ^ L. ,
-sauvage aux environs de Montpellier et en
Hongrie ; on lui substitue l' Onosnia echioïdes,
quiales mêmes propriétés. L'Orcanette d'Orient
paraît être la racine de VEchium riibrum y les
Américains emploient aux mêmes usages V An-
chusa vlnrinica et le Juithospermum tinctoriurn
( 223 )
'de la Flore du Pérou. Ces racines colorantes
sont à Fintérieur fades, mucilagineuses , comme
celles de toutes les Borraginées. La matière
colorante du hhhospermum tinctorium , et pro-
bablement de toutes les autres Borraginées , est
d'un rouge brun j lorsqu'elle est obtenue en
niasse , elle a du rapport avec les résines , mais
elle en diffère principalement : i.^ en ce que,
traitée par l'acide nitrique , elle fournit de
i l'acide oxalique et une petite quantité de ma-
tière amère j 2,° que les alkalis se combinent
avec elle avec énergie et changent sa couleur
rouge en un beau bleu j 3.° que l'eau distilée la
précipite de sa dissolution concentrée dans
l'alcool. Il semble donc d'après ces faits , dus
aux expériences de M. Pelletier , que cette ma-
tière, particulière jusqu'ici à la famille des
Borraginées , pourra être ajoutée au nombre
des matériaux immédiats des végétaux.
Le grouppe des Sebesteniers , dont Ventenat
avait formé une famille particulière , paraît
différer un peu du reste de la famille j les pro-
priétés des végétaux qui en font partie sont
cependant trop mal connues pour rien affirmer
à leur égard \ ils diffèrent des vraies Borragi-
nées par leurs fruits charnus j la chair de ces
fruits est mucilagineuse , adoucissante : les
Sebestes produites par les Cordia myxa et
sebestena en sont des exemples.
( ^H )
" 92. SOLANÉES.
Soîanece. Juss., gen. 12^.
La famille des Solanées semble réunir à-la-
fbis , et des preuves nombreuses de la ressem-
blance qu'ont les propriétés des plantes ana-
logues , et en même temps des exceptions dont
nous ne pouvons trouver aucune solution. Il
paraît cependant que ces exceptions dispa-
raîtront au moins en grande partie lorsqu'on
aura étudié d'une manière plus exacte les pro- ^
priétés de ces plantes d'organe à organe , et
dans chaque genre en particulier.
On regarde les Solanées considérées en gé-
néral, comme des narcotiques, et en effet l'ac-
tion narcotique se retrouve avec plus ou moins
d'intensité dans plusieurs organes et dans la
plupart des espèces ; mais on a souvent exa-
géré leurs propriétés vénéneuses : une seule
espèce dont l'action est vraiment très-intense
et très-délétère , paraît avoir été la cause de
l'opinion reçue sur les propriétés de la famille :
c'est VAiropa belladonna , désignée successive-
ment sous les noms de Solarium maniacum,
S. furiosum ,S. Lc^tkale. Ilpara.it résulter des
expériences et de l'analyse de la Belladonne ,
faite par M. Vauquelin , que le principe délé-
\
^1
( 225 )
tère de cette plante est une matière amêre et
nauséabonde, soluble dans l'esprit de vin , for-
mant avec le tannin une combinaison insoluble
et fournissant de Faminoniaque par sa décom-
position au feu. Il serait curieux de vérifier,
par des analyses comparatives, jusqu'à quel
point ce principe se retrouve dans les autres
Solanées.
Si nous examinons successivement ce qu'on
sait des propriétés de chacun des organes de
ces plantes , nous y trouverons plus d'analogie
qu'il ne le paraît au premier coup-d'œil 5 ainsi
les vraies racines de diverses espèces ont une
action narcotique plus ou moins prononcée ,
telles sont les racines de Belladonne , de Man-
dragore, de Jusquiame , etc. Les tubercules
souterrains qui se développent dans les Sola-
num tubeî'osuïTL et montanum (1)^ et qui, au
moins dans la Pomme - de - terre , naissent
plutôt sur des organes analogues aux tiges que
sur de vraies racines, ces tubercules, dis-je,
composés essentiellement de fécule , ont offert
aux Américains et ensuite aux Européens l'un
(») M. ^ alenzuela vient de découvrir en Amériuue
une troisième espèce de Solanum à racine tubéreuse , qui
diffère de la Pomme-de-terre par ses fruits oblorgs , et
qu'on a proposé de nommer 5". valenzutlœ.
i5
( 326 )
des alimens les plus sains et les plus utiles qu'ils
possèdent. Ce fait rentre dans l'observation
générale laite plus haut sur les propriétés des
exostoses farineux j toutes les objections faites
contre l'usage des Pommes-de-terre sont au-
jourd'hui presque oubliées , et lors même
qu'on parviendrait, ce qui n'a pas encore été
fait , à en extraire quelque peu d'extractif nar-
cotique , il ne faut pas perdre de vue que tous
nos alimens renferment une petite dose d'un
principe excitant qui , s'il y était en plus
grande quantité , pourrait être nuisible , mais
qui y est nécessaire pour leur servir de condi-
ment naturel.
Les feuilles de la plupart des Solanées pa-
raissent jouir d'une propriété excitante et nar-
cotique , mais à des degrés d'intensité très-
divers dans les diverses espèces j c'est ce que
nous offrent les feuilles et les parties herbacées
des Atropa , des Tabacs , des Jusquiames , des
Phy salis, des Datura , des Solarium , etc. L'in-
tensité d'action nous offre tous les degrés in-
termédiaires entre celles de \ Atropa bella-
donna , qui excite des vertiges^ des convulsions,
des vomissemens , jusqu'à celles de certains
Solanums de la section des Maurelles , qui
servent d'alimens comme légumes. On employé \
au États-Unis le suc du Datura. stramanium , :
( ^^7 )
à la dose de 2.0 à 3o grains , dans les cas
d'épilcpsie ou de manie sans lièvre.
On sait que le suc de V A trop a heUadonna ^
administré soit à l'intérieur , soit en frictions ,
jouit de la singulière propriété de produire la
dilatation et la fixité des pupilles : M, Dunal a
reconnu que les sucs de plusieurs Solanums
de la section des Maurelles, jouissaient de la
même propriété , mais à un degré beaucoup
plus faible.
Les fruits des Solanées présentent , dans
l'état actuel de la science, plus d'anomalies
que toutes les autres parties ^ ainsi les fruits
de la Belladonne , du StramoniuiJi , de la
Jusquiarae , de quelques Cestrums , de quel-
ques P hy salis , ont des propriétés narcotiques 5
le fi-uit du P/i^salis alkekengi est employé
principalement dans la médecine vétérinaire
comme diurétique , quoique les enfans le
mangent cependant impunément : plusieurs
autres fruits de Physalis ont une saveur
agréable et ne paraissent produire aucun effet
nuisible. Peut-être que lorsque on aura exa-
miné d'une manière plus exacte l'action parti-
culière de chacune des parties de ces fruits,
on verra disparaître la plupart des anomalies
qui nous étonnent aujourd'hui j c'est ce qui
est déjà arrivé pour le genre Solarium. Parmi
i5..
( 228 )
les fruits de ce genre qui ont été employés , les
uns ont une saveur douce et sucrée , et , à
cause de cette saveur , sont mangés cruds dans
diverses contrées ; d'autres , cuits et assaisonnés
de diverses manières , servent d'alimens chez
divers peuples ; M. Dunal a prouvé, dans son
histoire des Solanums , qu'il est certaines espèces
qui constituent un grouppe particulier dans le
genre et qui ont un sarcocarpe ou une chair
douce et salul^re , tandis que la pulpe (i) qui
entoure les graines est acre et délétère.
Les propriétés des Solanées examinées dans
chaque genre offrent une grande analogie ;
ainsi toutes les espèces des genres Nicotiana ,
Hyosciantus , Datura , etc . , ont de tels rap-
ports d'ac tion , que la plupart sont employées
presqu'indifléremment les unes pour les autres j
(i) On sait que les Botanistes désignent par le nom de
chair ou de sarcocarpe , la partie charnue ou pulpeuse du
péricarpe , et par celui de pulpe , des matières dont la na-
ture est fort diverse ^ ainsi je ne suis pas éloigné de croire
que dans diverses plantes on désigne sous ce nom , ou l'or-
gane auquel j'ai donné le nom de sarcoderme ( Théor. El.
p. 395 • , ou une exsudation de la surface externe de la
graine , ou une exsudation du cordon ombilical, ou enfin
une matière produite par la paroi interne du péricarpe , ou
par le placenta.
( ^ap )
les fruits de tous les Capsicum ont une saveur
acre et piquante ; ceux de tous les Lycopersi-
cum ont une saveur un peu aigrelette et ana-
logue à celle de la Tomate \ il est très-vrai-
semblable, je le répète, que lorsqu'on aura
mieux examiné les Solanées de genre à genre et
d'organe à organe , cette famille ne présentera
presque plus d'anomalies.
93. P E R S O N É E S.
PersonatcB, Brown., prod. 433. — Scrophularias et
Pediculares. Ju&s. , gen. 1 1 8 et 99.
Quoique la famille des Personées soit admise
par la plupart des botanistes , il s'en faut bien
qu'elle soit une des plus naturelles. Ses pro-
priétés offrent aussi des diversités et des ano-
malies qu'il est difficile de soumettre à des lois
générales.
Ces plantes présentent presque toutes une
odeur faible y mais nauséabonde , une saveur
un peu amère et des propriétés plus ou moins
' acres et suspectes ; mais cette odeur est suave
et aromatique dans VAmbulia, Lara, j cette sa-
veur est rafi-aîchissante dans le Mimulus lu-
teus , qui sert de légume aux Péruviens, et
l'âcreté de leurs sucs semble disparaître dans
quelques Aiithifrinum , qui ont été réputés
( 23o )
émolliens. Presque toutes les espèces de la tri-
bu des Rhinantacées sont remarquables par
la propriété astringente et un peu tonique de
leur écorce et de leur feuillage ; mais cette tri-
bu est elle-même bien caractérisée par ses ca-
ractères botaniques. Ces plantes présentent une
particularité qui indique l'analogie de leur
nature chimique ; c'est qu'elles tendent toutes
à noircir par la dessication.
Observons cependant que plusieurs plantes
de cette famille paraissent produire des effets
analogues sur le corps humain ^ ainsi les feuilles
et les racines des Scrophulaires ( S. aquaticay et
peut-être S. jiodosa') , des Gratioles (i) , ( Gra-
tiola officinalis , et G. peruviana^y de la Cal-
céolaire, agissent comme purgatifs, et à plus forte
dose comme vomitifs j ces propriétés sont por-
tées à un haut degré , et jointes à une âcreté
et à une virulence remarquable dans plusieurs
(i) L'analyse de la Gratiole officinale donnée par
M. Vauquelin , paraît indiquer assez clairement que sa
propriété purgative réside dans une matière analogue aux
résines , mais qui en diffère en ce qu'elle est soluble^
sur-tout à chaud, dans une grande quantité d'eau ; cette
substance a une saveur très-amère et se dissout plus faci-;
lement encore dans l'alcool que dans l'eau. On y trouv»
aussi un peu d'un sel de potasse qui paraît un malate.
( ^3i )
Digitales, et sur-tout dans la digitale pourprée.
Les feuilles de cette plante réduites en poudre
ou en extrait , produisent sur le corps humain
des effets très-divers et qu'il est difficile d'ex-
pliquer 'f elles excitent des vomisseniens , des
déjections, des vertiges j elles augmentent la
sécrétion de la salive et de l'urine , et diminuent
la fréquence des battemens du pouls ; à trop
forte dose , elles causent souvent la mort ; à
dose plus failjle , elles sont utiles contre les
scrophules ( comme on l'a dit des scrophulaires )
contre l'iiydropisie, l'asthme , la phthisie , etc.
et ses congénères méritent toute l'attention des
médecins et des chimistes: nous manquons de
bonnes analyses de toutes les Personées,et cette
cause augmente sans doute à nos yeux leurs
anomalies médicales.
94. LABIÉES.
Labiatce. Juss. , gen. 110.
Les Labiées constituent la famille la plus
naturelle peut-être de tout le règne végétal j la
ressemblance de leurs formes est telle qu'au-
cun naturaUste n'a tenté de les désunir , et qu'à
peine on peut les séparer en grouppes secon-
daires ou en genres. Les propriétés de ces plantes
offrent une ressemblance tout aussi frappante ,
( 232 )
et nulle part l'accord des propriétés avec les
formes n'est mis aussi complètement à décou-
vert par la nature.
Toutes les Laljiées sont remarquables par
leurs vertus toniques , cordiales et stomachi-
ques 5 onpeut distinguer dans toutes ces plantes,
selon l'observ^ation de M. de Jussieu, deux prin-
cipes, l'un amer, l'autre aromatique, mélangés
à proportions différentes dans toutes ces es-
pèces ; leur amertume , qui se conserve dans les
infusions et les décoctions de ces plantes , pa-
raît résider dans un principe gommo-résineux
qui se trouve plus ou moins abondamment dans
chacune d'elles j les espèces où il abonde , telles
que le Scordium ( Tenerlum scordium) , la Ger-
mandrée ( T. chamadris ) , l'Ivette ( T. Cha"
map'itys ) , etc. , sont particulièrement em-
ployées comme stomachiques, et même quel-
quefois comme fébrifuges j celles , au contraire,
qui abondent en huile essentielle , et qui sont
conséquemment plus aromatiques , sont em-
ployées cormne stiraulans, échauffans et exci-
tans ; les mélanges divers de ces deux principes
et l'état particulier de chacun d'eux ont fait
choisir plusieurs Labiées pour un grand nombre
d'usages médicaux et diététiques j les unes ser-
vent d'aromates dans nos mets ; telles sont la
Marjolaine, la Sarriette, le Basilic, etc. D'autres
( 233 )
fournissent par l'infusion des boissons légère-
ment toniques , et qu'on prend en guise de
Thé ; telle est la Sauge , la Mélisse , le Draco-
céphale, le Gléchome , etc. Plusieurs Labiées
réduites en poudre sont employées comme ster-
nutatoires et réputées céphaliques ; par exem-
ple , le Marum , la Marjolaine , la Lavande ;
quelques-unes, comme le Thyrji , le Serpo-
let, etc. , sont employées comme parfums , d'au-
tres fournissent les eaux spiritueuses dont nous
faisons le plus fréquent usage j telles que l'eau de
Mélisse , l'eau de Lavande, l'eau de Menthe et
l'eau de Romarin , nommée improprement l'eau
de la Reine de Hongrie.
Toutes peuvent fournir une quantité plus
ou moins considérable d'huile volatile , ©t ce
produites! sur- tout remarquable dans les Thyms,
les Origans, les Lavandes j la chimie vient d'a-
jouter un nouveau fait à tous ceux que l'on
connaissait sur l'uniformité des vertus des La-
biées ; on avait déjà remarqué que plusieurs
d'entr'elles exhalent une odeur de Camplure , et
quelques cristaux de cette substance avaient
déjà été trouvés par Gaubius dans l'huile de
Thym , par Kunkel dans celle de Romarin , par
Kruge dans celle de Marjolaine , par Cartheu-
ser dans celle de Serpolet , etc. M. Proust a
prouvé depuis que le Camphre existe de môme
C ^34 )
et en quantité tellement abondante , qu'on peut
l'extraire avec avantage dans les huiles de Sauge
et de Lavande , et probablement dans toutes
les huiles volatiles des Labiées.
ç5. M Y O P O R I N É E S.
Mjoporinœ. Brown , prod. 5i4'
Propriétés inconnues.
^6. P Y R É N A C É E S.
Pyrenacece. Vent. , Juss. , Ann. Mus. 7 > p. 63. —
Vilices. Juss. , gen. 106.
Les nombreux arbrisseaux de cette famille
sont presque tous exotiques , peu connus et
mutiles en médecine j on peut soupçonner
qu'ils sont légèrement amers et astringens 5 la
Verveine et VAgnus castus autrefois employés,
sont maintenant hors d'usage. Le Vitex agnus
castus et le Vitex trifolia sont l'une et l'autre
cités comme réfrigérans et anti - erotiques ;
mais ces propriétés ont besoin d'être rectifiées
et analysées.
( 235 )
^j. ACANTHACEES.
^ca«^/î<. Juss. , gen. io3.
Les propriétés de cette famille sont nulles ou
peu importantes. On peut soupçonner que ces
plantes sont émollientes j du moins la Brancur-
sine ( Acanthus mollis ^ L. ) , est employée
comme telle à cause de son mucilage , et la
Justitia bijlora est employée en Egypte sous
forme de cataplasme. Les voyageurs parlent de
la Justicia ecbolium comme d'un diurétique y
et de la J. pectoralis comme d'un vulnéraire.
Les sommités de la Justitia paniculata entrent
dans la teinture alcoolique , stomachique et
fébrifiige que les Anglais emploient dans l'Inde
sous le nom de Drogue arrière.
98. LENTIBULAIRES.
Lentibularice, Rich. in Flor. Par. i , p. 26. Brovrn.,
prod. 429.
Propriétés nulles, ou inconnues.
99. P R I M U L A C É E S.
L/ysimachiœ. Juss. , gen. gS. — Primulaceœ. Vent.
Les Primulacées n'ont que des propriétés fai-
{2.36 )
blés et peu prononcées j elles paraissent être
légèrement astringentes et amères : la racine
du Cyclamen se distingue par sou âcreté 5 la
Primevère , par le léger arôme de sa fleur 5 le
Mouron est maintenant hors d'usage après avoir
eu la réputation de guérir la rage , la folie , l'é-
pilepsie, et presque toutes les maladies incu-
rables : la Cortusa mathioll a ^^été aussi vantée
dans les maladies nerveuses.
100. GLOBULAIRES.
GlohularicB. Lam. et DG., FI. Fr. 3 , p. 427. — Lysi-
machiaruni gen, Juss.
Dans le grouppe des Globulaires , voisin des
Protées , des Primulacées et des Dipsacées , mais
qu'on ne peut réunir avec aucune de ces trois
familles , on trouve en général des plantes dont
la tige et les feuilles ont une amertume remar-
quable , et purgent assez fortement en donnant
du ton à l'estomac et aux intestins. Ces pro-
priétés sont assez prononcées dans le Globula-
lia alypum (1), employé par les Provençaux;
■ wm^mmmmm i ii i i i i »
( I ) Alypi folia , ofF. — Voyez Garidel , Histoire des
plantes des environs d'Aix, 1, p. 210. Voyez aussi un
Ménioire de M. Deslongchamps , inséré par extrait dans
le Bulletin de Pharmacie , où l'on trouve une discussion
(237)
on les retrouve dans le G. nudicauUs y Lin. i
et l'amertume des autres espèces de Globulaires,
peut faire présumer l'analogie de leurs vertus.
loi. PLUMBAGINÉES.
Plumbagineœ. Juss., gen. 92. *
Les deux genres qui composent la petite fa-
mille des Plumbaginées sont distingués par des
caractères botaniques très-prononcés , et par
des propriétés médicales assez différentes , mais
qui paraissent constantes dans chaque genre.
La racine des Statice , et sur-tout des Limo-
nlum , est astringente et tonique.
Dans les Tlumbago , la racine et la plante
presqu 'entière est acre , caustique et employée
à l'extérieur pour corroder les ulcères , et
même dit -on, pour guérir la gale: ces pro-
priétés sont communes au PL europaea , au
PI. scandens , appelé Herbe au diable par les
habitans de Saint-Domingue , aux P/z^/7z^/2oï>
zeylauica et rosea^ employés comme vésicar
toires dans l'Inde.
intéressante sur l'emploi de la Globulaire et sur l'utilité
de la substituer au Séné {Bull, Pharm.f 1809, p. 559.)
( ^38 )
102. PL ANTAGINÉES.
Plantagineœ. Juss. , gen. 8g,
Les feuilles , l 'herbe et la racine des Plantains
sont un peu amères et astringentes , et ont
me me été quelquefois conseillées comme fébri-
fuges ; leur graine est mucilagineuse , un peu
acre. Au reste , sous ces deux points de vue ,
les diverses espèces de Plantains ont été substi-
tuées les unes aux autres , et d'ailleurs ces médi-
camens sont peu-à-peu exclus des pharmacies.
Les graines de tous les Plantains sont em-
ployées dans les arts à cause de la grande quan-
tité de mucilage qu'elles renferment j on re-
cueille en grand dans le Midi de la France,,
celles du P. arenaria qui se vend sous le nom
de graines de Psjllium (i).
(i) Le Plantago arenaria , sauvage sur tous les bords
de la INIéditerranée et inusité en France , se recueillef 9
avec soin , et fournit un objet d'exportation beaucoup
plus considérable qu'on ne pourrait le croire. Les négo-
cians de Nismes et de ÎNIontpellier en. envoient dans le
nord de l'Europe : cette graine sert à laver les mousse-
lines et peut-être, vu l'énorme quantité Cjui s'en con-
somme , à d'autres usages industriels qui ne sont pas biea
connus.
( ^39 )
io3. NYCTAGINÉES.
Nyctagineœ. Juss. , gen. 90.
Depuis qu'il est bien démontré (2) que le
Jalap n'appartient point aux Nyctaginées , cette
famille a cessé d'intéresser les médecins. Il faut
cependant remarquer que les racines des Belles-
de-Nuit jouissent de propriétés purgatives.
Bergius a éprouvé que celle de la Nyctago
dichotoma purge assez bien et à -peu -près
comme le Jalap j il n'a pas eu de succès en
employant les N. jalapœ et N. longijiora ,
parce qu'il les avait employées à trop Faible
dose; Chamberlaine , qui a donné le JS.jaîapœ
à la dose de 4° grains , l'a vu agir comme
purgatif"; cette propriété paraît tenir à la ré-
sine que cette racine contient. Crell a employé
avec succès , comme purgatif , la résine de l'a
N. longiflora à la dose de 20 grains j cette
même propriété purgative semble se retrouver
dans la Boërrhavia tuberosa , Lam.,si l'on
peut en juger par le nom lV Herba purgativa ,
qui lui est donné par Feuillée ; cependant ou
(2) Voyez le Mémoire de M. Desfontaines dans le
- Annales du Muséum d'Histoire naturelle.
(24°)
assure que les Américains mangent la racine
de cette plante.
La graine de toutes les Nyctaginées offre
un périsperme farineux qui , par la grosseur
à laquelle il atteint dans les Belles-de-Nuit ,
pourrait peut-être devenir de quelque utilité.
104. AMARANTHACÉES.
Amaranthacœ. Juss. , gen. 87.
Les Araaranthacées sont de peu d'utilité , et
ne paraissent posséder aucune vertu bien pro-
noncée ; la plupart de celles , du moins qui
sont grandes et herbacées comme les ama-
rantlies , peuvent se manger en légumes. Ainsi
on se nourrit en Gascogne de VAmaranthus
blitum, dans l'Inde , de VAm. oleraceus , Lin. ,
de V Am. farinacus ) Roxb. , et de plusieurs au-
tres. ISAch^rantes obtusifolïay\jà.\n.., passe pour
diurétique dans les Indes j mais cette propriété
n'est rien moins que constatée.
io5. CHENOPODÉES.
Chenopodeœ. Fi. Fr. 3 , p. 38o. — Atriplices. Juss.
gen. 83.
La famille des Clienopodées présente quel-
ques diversités dans les tribus dont elle est
( ^4i )
composée ; les deux premières , qui de l'aveu
même de l'illustre auteur des ordres naturels y
ne sont que faiblement liés aux suivantes ,
en diffèrent aussi par leurs propriétés : c'est
dans ces sections que nous trouvons le Campho-
rosma , dont l'odeur rappelle celle du Camphre 5
le Petiveiia , qui exhale une forte odeur d'ail ;
le PItytolacca , dont la racine , les feuilles et la
baie elle-même purgent avec violence , et appli-
quées à l'extérieur , paraissent corroder les ul-
cères. Cette plante , naturalisée dans plusieurs
provinces , a été trop négligée par les médecins
Européens 5 les Anglo-Américains en ont da-
vantage exploré les propriétés : ses baies in-
fusées dans l'eau- de-vie , sont , aux États-Unis ,
un remède populaire contre les rhumatismes
chroniques^ et sont Sïdjstituées au Gayac ;
Barton assure qu'elles semblent même préféra blés
dans les rhumatismes qui succèdent aux ma-
ladies vénériennes ; le suc de ses baies , épaissi
à la consistance d'extrait , a été employé contre
les scrophules et les ulcères cancéreux ; on ap-
plique de même sur ces ulcères les feuilles de la
plante : les jeunes pousses perdent toute leur
âcreté par la cuisson à l'eau ; on les mange aux
États-Unis et elles sont, dit-on, préférables
aux asperges les plus fines.
Quant à la troisième et à la quatrième sec-
iC*
( M2 )
tion des Cliénopodées , qui forment réelle-
ment un grouppe naturel, nous y trouverons
peu d'anomalies j à l'exception des leuiiies
de quelques Ansérines , qui renferment des
huiles essentielles , et qui jouissent par - là de
propriétés toniques et anti - spasmodiques.
LCIvenopodium ambrosioïdes , C. botrys , C.
vulvaria? ) Nous trouverons , en général ,
que les feuilles des Chénopodée^s sont êmol-
Irentes et propres à la nourriture de l'Iiôiftine ;
^e'est dans cotte famille que se ti'ouvent les
Bètes , les Epinards , les Arroches , qu'oïi cul-
tive dans tous nos potagers 5 le ClhenopciSium
qiiinoà, ) qui , selon Dombéy , fait là riour-
;'ituré des habitans du Chili; les Baselles {B.
rubra et cord'ifolïa ) , qui servent d'aliment
aux Indiens; les Salicornes, les Anabâsfe et
les Soudes , qui se mangent en compotëè ou
en salades dans tous les pays maritïE^C;.^.
Mais arrêtons nous un moTOf^dt S*tr ©et te
production de là soude , qui intérês^ ai vît^c-
ment la chimie , la médecine et les ar*v<T; die
est due particulièreiacnt aux Ch^n0|!)(3i€lëëè ;
aiasi , la plupart des Su Isola (1), des Sali-
(1) Salsola sativa , à Alicant». S. soda , kahitt tragiis ,
sur les cOitôs de France.
( 243)
tomes (2) , des Aiiabasis (3) , quelques Âtri^
plex (3) , quelques Chéno podi luns mur i iime&^4) *
et probablement aussi les Anrederu , les Ctf*
roxiluni et les Acn'ida, serrent oïl peuvent
servir à la fabrication de la soude : nulle part
Tanaloi^ie naturelle ne semble plus piiissaïue j
mais cette même faculté de àonWÊSA de Jîst sonde
se retrouve dans plusieurs Ficoùles , telies que
Mesembryanthenium crjsta/liaum. auss Cana-
ries , M* copticurn et nodifloriun en Barijarie ,
ulizooh. hispanicuin en Espagne , Keauniurid
vermîculata en Barbarie , dans le Plantngo
squarrosa en Egypte , le Suriana rftaHtintd
à Cayenne , le Bat'is mariti/na aàx AntrlJé*, etc.
Quels sont donc les organes eomm ins à tant
de plantes si diverses ? Remarquons d'abord
que cette production de là soude déy^end uni-
quein^Tlt de la proximité de là m:^r d*<M$ ellea
la tireftt; et que les mêmes plantas éftltivéeâ
loin des côtés , produisent d'ârtitres selsi : ainsi,
pour ïïe point sortir de la fàthillfr d^ Chéïio-
— — ■ éf
(1) Salicornia herbacea et fruticosa, en France, o.
ardhicd, ert Egypte.
(à) Attahasii aphylîa , dans l'OriéM.
(3) A tri plex fnaritima y A. lialyniuS^
(3) Chenopodium maritiinum ^ C- fttcthoivmf C. sst^'
gerum , elc.
podées , on trouve du nitrate de potasse tout
formé dans' plusieurs Chenopodium^ et je suis
tente de croire que les petits grains qui re-
couvrent les feuilles de plusieurs Arroches sont
aussi de nature saline. Remarquons encore
que toutes les plantes qui, cultivées au bord
de la mer , donnent de la soude , sont d'autant
plus estimées que leur consistance est plus
molle , plus succulente et plus aqueuse \ mais
cette consistance tient à ce que leur tissu cellu-
laire est formé de membranes plus faciles à
distendre , et de cellules plus grandes : de cette
même structure du tissu cellulaire résulte qu'à
volume égal , la matière charbonneuse est dans
ces plantes en quantité beaucoup moindre que
dans les autres , et que les sels , dissous dans
l'eau aspirée par les racines , trouvent plus
d'espace dans les cellules pour y être déposés
sans obstruer les pores. Ces deux faits, dus à la
structure du tissu cellulaire , expliquent à
m.es yeux comment il se fait que , malgré la
quantité de soude que contiennent toutes les
plantes maritimes , on se soit accordé dans
toutes les panies du monde à choisir pour l'ex-
ploitation celles dont la consistance est plus
molle : comment la présence de la soude,
quoiqu'accidentelle , se trouve cependant con-
forme dans plusieurs cas avec les classifications
( 245 )
naturelles ; comment enfin les plantes qui
fournissent de la soude ont de grands rapports
avec celles que divers peuples ont choisies pour
leurs alimens.
Avant de quitter les Chénopodées , j'obser-
verai que leur graine paraît douée de propriétés
un peu délétères et stimulantes : ainsi celles
du Chenopod'ium anthelminticunt sert de ver-
mifuge en Amérique; celle àeVAiriplea: hor-
tensis excite le vomissement ou un dévoiement
souvent douloureux. Le Chtnopodiuw. qu'inoa
est une exception à cette observation si sa
graine sert réellement de nourriture , comme
on peut le croire en voyant que Dombey
compare cet aliment au Riz.
La racine des différentes espèces de Bètes
( Beta vulgaris et B. cicla ) contient, comme
on sait , une grande quantité de sucre. La
cliimie fournirait-elle quelque moyen pour expli-
quer le rapprochement du sucre et du sel
dans diverses espèces de Fucus et d'Ulva d'un
côté , et dans les Bètes et les Salsola de l'autre*
Je me contente d'indiquer ici le fait.
( M6 )
io6. POLYGONE ES.
J^ùlfgonece. Juss. , gen. 8a.
P^ns les Polygonées, nous trouverons trois
eI^so5 tle propriétés diverses, selon les parues
à&^ plantes (\XLQ nous examiperor^s > et nous I
verrons ai^p^i (ians cette famille wxie liauvelle
prepve de la néoç^siié de distinguer le;^ prgiine§^
pour établir ii^ie comparai on exacte.
X*e^r^ae^ de§ Pojygonées s'of'f'rejit d'g-bord
% notr^ eK,awqeg , et ici nous trouvons , pour
ainsi dire ç€Mp.^e chef de file j la racine de
Jlhubarbe \ qn ^urjaît ces utiles propriété?
coiume purgatif et; çpmjne tonique j pji sait
cominen de disi^atisôipns se sont éleyé§^, parmi
les l^ot^u justes pouj* détermifier la véritable
Rhubarbe , et qu'elles on^ abouti à prouver
que quoH[ue le Rhcum paîm^tn^ j Ir». 7 prO'-
duise celle qui est la plus U6i|;ée » on en tirç
aussi des I^lieuiri cojnpactum ^ undulatuiT}. et
hybridum. Mais l'analogie des propriétés s'é-
tend plus loin encore j les racines de Rheum
rhupondicum et des Rumex sont aussi purga-
tives, quoiqu'à un nioiiulre degré jetlaracine du
Riieuni r'ibes est aussi regardée couune laxative
par les Persans , d'après le témoignage de
Brun. Quant aux propriétés toniques de la
( M7 )
Jlliubarbe , nous les retrouvons dans presque
tovis les Rumex , et plusieurs Polygouum. On
sait que l'on peut distinguer trois principes
eliiiniques dans la Rhubarbe, une matière,
résineuse , une matière gommeuse , et un prin-
cipe astringent qui tend à noircir le sulfate de
fer, principe aucjuel tiennent proliabiement ses
propriétés toniques j nous le retrouvona de
jnènie dans le Kkeuiti rhaponticuni{y\ j daits les
racines de tous les Rumex , même ceux dont
les feuilles sont acides j dans les racines du P. bis-»
torta y du P. avlcuLare , et peut-être de plu-
sieurs autres espèces de ce genre , dans l'écorce
des Coccoloba dont une espèce ( le Cocealoha
/zv//^r<2) produit un suc si iorteuient astringent
qu'il a souvent étu confondu avec la gomme
Kino. La partie gommeuse qui est , comme on
sait, plus abondante c[Uo la résine dams la
Riiubariie, se retrouve presque seule dans la
racine du Rheuniribes y et dans celle du Calll"
(i) On lit dans la plupart des livres de Botanique et
de IMatière médicale, que le Rheum rhaponticum est ori-
ginaire du Mont-d'Or j je me suis assuré que l'on ne
tioiive en Auvergne que le Rumex alpinus , dont on re-
cuç-iile la racine pour la vendre sous le nom de Rhapoji-^
fin} le vrai Rheum rhaponticum se trouve sauvage au
mont Caucase.
goîium pterococcus de Pallas. Mais il y a plus y
cette gomme , dans la Rliubarbe , est toujours
jointe à une matière colorante orangée , de
sorte qu'elle teint l'eau ou la salive en rouge
orangé. Cette même propriété existe dans les
racines de tous les Rheum , de tous les Rumex ,
et même du Cal! igonum pterococcus , quoique
plus faiblement. Enfin la partie résineuse se
retrouve indiquée par la chimie dans le Rheum
raponticum , le Rumex aîpînus y c'est-à-dire
dans les Polygonées purgatives.
Les jeunes pousses, les pétioles, et même les
feuilles peu âgées de toutes les Polygonées
fournissent à l'homme un aliment sain et agréai
ble j ainsi , on mange le Rumex alpinus dans
le Dauphiné j toutes les espèces de ce genre
qui croissent en Islande , y servent à la nour-
riture des hommes ^ le ii. acutus ne se mange
que lorsqu'il est jeune : le Rheum rhaponticum
et le Rheum widulatum servent d'aliment en
Sibérie , sans que leurs parties supérieures par-
ticipent aux propriétés purgatives de leurs ra-
cines. Mais ici nous trouvons une légère ano-
malie j dans la plupart des Polygonées , la sa-
veur des tiges et des feuilles est un peu austère,
nullement acide. Dans une partie des Rumex ,
et dans quelques Polygonums au contraire elle
est acide , rafraîcliissan^te , cette anomalie di-
(=^49)
mlnuera de force 5 si nous observons , l.** que
tous les auteurs ont attribué au suc du Rheum
ribes ces deux qualités diverses , l'astringence
et l'acidité j 2.° que tous les Rumex acides , au-
trefois nommés Oseilles , se distinguent par un
caractère botanique prononcé ( l'absence de
tubercules sur les ségmens extérieurs du péri-
gone , et les feuilles munies d'oreillettes ) , et
doivent de nouveau former un geiire particu-
lier. Le Poljgonum hydropiper a une saveur
acre et piquante , qui fait exception dans cette
famille. Observons cependant que son suc rou-
git le papier IdIcu , et semble par-là se rappro-
cher des Oseilles.
Enfin , les graines de toutes les Polygonées
contiennent un périsperme farineux propre à la
nourriture de l'homme : nous n'employons à
cet usage que les Polygonumjagopyrii/Ji et tar-
tarlcum ; mais c'est uniquement à la grosseur
de leur graine et non à la différence de leur
nature , qu'il faut attribuer cette préférence.
Les petits oiseaux se nourrissent de celles du
Folygonum convolvulus ; on sait que les graines
du Polygonum aviculare sont fortement émé-
tiques , souvent purgatives ^ elles exhalent lors-
qu'elles sont réduites en poudre une odeur nau-
séabonde j ce fait est dans l'état actuel de la
çcience une exception bien marquée aux pro*
( aSo )
prit' tés ordînalres de la iamille : il faudrait ob'
server si cette propriété émétique ne résiderait
point ou dans l'embryon, ou dans le spermo^
derme de cette graine , et si une semblable vérti*
ne se rencontrerait pas dans les organes ana-r
logues des autres espèces de Polygonées. Les
Coccoloba semblent former une exception par
leur fruit aqueux et succulent 5 il faut observer
que ce n'est pas proprement le fruit qui a cette
qualité , mais que c'est le calice qui persiste , se
renfle et prend l'apparence d'une baie, Ainsi ,
si le Raisinier s'éloigne par-là des propriétés
des Polygonées , c'est qu'il s'en éloigne ftussi
par la forme.
107. L AURI NÉE S,
Lauri. Juss. , gen. 80 , excl. geri. âffîri.
La faBiille des Laurinées , quoique p@i,i nom-
breuse en genres, contient un gra.n4 aM^îJ^i'e
d'espèces? et mérite de nous arrêter pfi iipo-r
nient par l'importance des médic^me»3 qu'elle
fournit.
Tout le mpade sait , d'une manièf e géiiérale ,
que tous les ^çj^xes qui composerit cette i^,niiUç
èotiX plu$ ôu ï^oins aromatiques da»s Jm%r^ cliK
ferentes parties; et sur cet aperçu? oift a tléj?.
çii4 cette famille comme tendant à prouver far
( 25l )
nalogie des propriétés et des formes. Cette ana-
logie sera mieux prouvée, si nous entrons ici
dans quel(pies détails, si nous montrons qu'au-
cune des propriétés de ces plantes n'est isolée;
et que les mêmes organes jouissent de vertus
analogues.
L'écorce des Laurinées est comme dans le
plus grand nombre des Dicotylédones , Ja par-
tie la plus active , et les feuilles , participent
ici , comme d'ordinaire , aux propriétés de l'é-
corce : on sait qne celle-ci est éminemment
arpniaçûpie , chaude et stomachique dans le
^Canneli^r (i). Ces mêmes qualités se retrouvent
dau^ 1§ ^, çei^sia , Lin. (2); le h. mt»Jaba-
thium , Lara, (3); le L, ciz-lilaban , Lin. (4))
qui n'es^ peut-être qu'une variété du précédent j
daiig les feuilles du Laurns panifolia y Lam. j
dans l'écorce du Lau/ier çncore mal conn\i , qui
. ppi)dwit I4 i$ye de Pichurim ; dang Iê Laurus
^A^^/iï/V5^,lkppeléboisCanelle à l'iLe-de-France ;
dans 1@ L. qifipso^, Lsm. , qui porte au Pérou
Iç \\o^i 4Wb?e d§ Ganelle ; dans 1g Laurus ben-
/Wff j 1^* j oè 9aii odç^f approche «n peu du
I itmj» iii»
(i) Laurus ciTtfumomum , Lin.
(2) Casa m. Hgn-aa , fl|F.
(3) MalabalruiTL , off.
( 252 )
Benjoin , et qui était employé comme épice aux
Etats-Unis pendant la guerre d'Amérique j dans
notre L. nobilis , originaire d'Europe j et enfin y
dans l'écorce même du Lauras sassafras ^ L. ,
qui est beaucoup plus aromatique que le bois,
quoique celui-ci soit le plus usité. Cette même
propriété aromatique se retrouve dans les fleurs
de quelques Laurinées , et ceci n'est point con-
traire à la distinction des organes , puisque ces
fleurs , munies d'un périgone simple , partici-
pent à la nature des feuilles. Elles se retrouvent
sur-tout dans les fruits , comme on le voit dans
le Canellier et le Litsé , dont les baies sont un
peu aromatiques, dans les iêves de Pichurim,
dans le Laurus glauca , Thumb. , dans le Lit"
sea sebijera^ de Jussieu, qui ofïrent une exsu-
dation de suif analogue au Virola \ dans VAjo-
vea j d'Aublet , etc.^ etc. ^
Les exemples que Je viens de citer tendent à
nous indiquer deux sortes d^liuiles, l'une vo-
latile , l'autre fixe , dans les Laurinées : il en
est de mêifie de la partie pulpeuse de leur fruit,
comme on le voit dans les baies du Laurier
d'Europe. L'huile fixe concrétée sous la consis-
tance de beurre , paraît seule composer le fruit
du L. persea , si vanté par les habitans des
Antilles.
Nous retrouvons le même mélange de deux
( 253 )
principes différens dans leur écorce. Elle con*-
tient dans plusieurs Laurinées , outre l'huile
volatile dont j'ai parlé plus haut , une liqueur
rouge ou violette qui se présente sous la forme
d'une émulsion , et qui jouit ordinairement de
propriétés assez acres j ces deux principes sont
réunis dans le L. parvlfolia, Lam. : le second
seul a frappé l'attention des voyageurs dans le
Laurus g/obosa , Lam. ; et c'est probablement
dans cette cathégorie qu'il faut ranger le Lau-
rus fœtens y Ait. , et le Laurus caustica.
Outre les nombreux produits que je viens
d'énumérer , les Laurinées nous fournissent le
Camphre , médicament précieux par son action
résolvante, topique et anti-spasmodiqùe. Il est
sur-tout produit par deux espèces de Lauriers ,
dont l'une est le Laurus camphora, L. , et l'au-
tre , indiquée par Houttuyn, est encore mal
connue. On le retrouve dans les racines du
Laurus cinnamomum , et sur-tout d'une va-
riété ou espèce connue sous le nom de Capuru
carundu y qui signifie Canelle camphrée. On
assure que le Litsea chinensis y Lam. , a des
. baies qui exhalent une odeur de Camphre. Cette
présence du Carapîire dans les plantes qui abon-
dent en huile volatile , se trouve d'accord avec
les observations faites depuis sur les huiles de
Labiées ) et probablement toutes les huiles vo-
I
( ^H )
latiies de Laurinées en contiennent de même les
élémens.
Avant de terminer cet article , j'ajouterai ,
1.** que si plusieiu's espèces de Lauriers parais-
sent se rapprocher davantage par leurs pro-
priétés , des Myristicées que du Canellier , on
ne doit attacher aucune importance à cette dil^
férence , jusqu'à ce que les espèces qui com-
posent ces genres respectifs soient mieux con-
nues des botanistes ; 2,.° que les huiles volatiles
extraites de la famille des Laurinées et de celle
des Myristicées semblent , par leur viscosité ,
leur pesanteur et leur analogie avec la cire ,
composer un petit ordre particulier entre les
matériaux immédiats des végétaux.
loS. MYRISTICÉES.
Myristicées. Brown. , prod. Sgg. ,
Les propriétés , comme les formes des Myris-
ticées^ ont du l'apport avec celles des Laurinées;
on remarque dans toutes les espèces de Musca-
diers que le suc qui suinte par l'incision de
leur éeorce est acre , visqueux, assez abondant,
de couleur rongeûtre , et qu'il taclie le lings
d'une manière assez duraljle j leurs feuilles
froissées exhalent une légère odeur de muscade;
le brou de leur fruit est d'une saveur acre et
■t-<ï.
( 255 )
•caustique , et ne peut servir d'aliment qu'après
avoir subi une élaboration propre à l'adoucir j
l'Arille , qu'on connaît généralement sous le
nom de Macis , présente une consistance un
peu cliarnue , et donne ti l'analyse un peu
d'huile volatile très-odorante , et une propor-
tion beaucoup plus considérable d'une huile
fixe grasse et onctueuse 5 le spermoderme ou
l'enveloppe de la graine présente ce même mé-
lange de deux huiles , mais l'huile volatile y est
dans une proportion plus grande ; le péris-
perme qui occupe la plus grande partie de l'a*
mande est d'une consistance analogue avi suif ,
et reljierme une très -grande quantité d'iimle
grasse j dans le Virola sebifera cet organe four-
nit uti véritable suif' qu'on en extrait par l'iiti-
mersion dans l'eau chaude : le périsperme des
Myristicées renferme aussi une petite quantité
d*huiie volatile , phénomène fort rare dans le
règne végétal j car les huiles volatiles sont pres-
que toujours l'apanage des écorcos et des par-
ties extérieures des fruits et des graines. Toutes
les espèces de Myristicées connues jusqu'à pré-
sent présentent toutes les mêmes obsarvati^as ,
et ne diffèrent du Muscadier arcwnatique qli®
^ar la. quantité et la ëuavité de leuy huile volâ-
tîîe ; ainsi , ce grouppe est un de ceirx où l'a-
., halogie des formes et des propriétés est la mieux
prononcée.
( 2.56 )
iop. PROTÉACÉES.
Frotece. Juss. , gen. 78.
Leurs propriétés sont peu ou point connues ^
110. THYMELÉES.
Thjmelece. Juss. , gen. 76.
Toutes lesThymelées dont les propriétés sont
connues , offrent une grande ressemblance en-
tr'elles : leur écorce est singulièrement caus-
tique , comme on le remarque dans les Dapàne
mezereum , Laureola , Giiidium , Tarton-
raira , et à un degré plus faible dans les Daphne
Cneorum, Altaica , etc. Cette écorce appliquée
à l'extérieur produit l'effet d'un vésicatoire ;
étant mâchée , elle cause dans la bouche et la
gorge une chaleur douloureuse j prise à l'exté-
rieur, elle sert de purgatif drastique , et excite
des tranchées douloureuses : sa décoction a eu
quelques succès dans les maladies vénériennes.
On emploie quelquefois la racine de ces diverses
Thymelées, mais c'est uniquement à cause de
l'écorce qui se trouve en abondance 5 la partie
ligneuse est insipide et inutile. L'activité de
l'écorce deDaphné paraît tenir essentiellement.
d'après l'analyse de M. Vauquelin , à un prin-
cipe acre , soluble dans l'eau , peu volatil , ana-
loaue aux racines ou aux huiles soluhles dans
l'eau; peut-être aussi qu'une partie de l'activité
des Daphnés tient à une résine verte qui fait
partie de leur écorce , et en général , comme
l'observe M. Vauquelin , c'est presque toujours
dans des matières résineuses ou huileuses , qu'il
faut chercher la source des propriétés acres
ou caustiques , qu'on observe dans les végétaux.
La graine de ces mêmes plantes (i) offre des
vertus analogues à celles de l'écorce , mais qui
paraissent moins dangereuses. Cette graine est
un poison pour plusieurs animaux , excepté ,
dit-on , pour les oiseaux qui la mangent avi-
dement. L'écorce des Thymelées offre encore
quelques usages communs à plusieurs espèces.
Ainsi, les fibres du liber de plusieurs Daphnés ,
de quelt^ues Passeriries , du Dirca et du Lagetta,
offrent un réseau qui , selon son degré de force,
est employé à faire des cordes , des fils ou des
tissus semblables à de la dentelle. Le Daphne
gnidium et le Passerlna ûnctoria servent , dans
le Midi de l'Europe , à teindre la laine en une
couleur jaune , qu'on change ensuite en vert
par l'addition de V Isatis.
(i) Cocco Gnidii semina, off.
^7
( :.58 )
111. SANTALACÉES.
Santalacece. Brown. , prod. 35o.
Le bois du Santalum album présente, comme
on sait , une odeur douce et aromatique , et
une saveur légèrement amère , qui paraissent
tenir à un principe volatil et résineux : il est
employé comme parfum ; on s'en sert en mé-
decine à titre de titre de stimulant et de sudo-
rifique. On coimaît encore trop mal les autres
espèces de cette famille pour savoir s'il en est
qui participent aux mêmes propriétés j ie§
Tàesium. sont inodores , un peu astringens.
112. ELÉAGNÉES.
Mlceagneœ. Brown. , prod. 35o.
Cette famille , réduite par M. Brown aux
seuls genres Elœagnus et Hippophaë , ne paraît
ofïrir aucune propriété bien remarquable : leur
écorce est astringente j les baies des Hippophaë
sont très-légèrement acidulés et employées sous
forme de sauce dans les alimens en Suède , et
selon M. Smith , dans le Midi de la France,
(^59)
ii3. ARISTOLOCHES.
Atistolochice. Juss., gen. ya.
Les racines des plantes qui composent la fa-
mille des Aristoloches , sont toutes amères et
douées de vertus toniques et stimulantes ; mais
leur application diverse , et le degré de leur
force qui paraît assez différent , exigent , ce me
semble , des expériences nouvelles et précises.
Les espèces du genre Aristoloche ont été au-
trefois vantées comme emménagogues , ainsi
que leur nom l'indique , et plusieurs d'entre
elles sont encore employées en Amérique contre
la morsure des Serpens. Parmi les premières je
citerai les A> rotunda , longa , clematitis , en
Europe j V Arlstolochia ïndica, aux Indes orien-
tales j parmi les secondes, les ^. aiiguicida et
serpentarla, en Amérique j MA. ser/ipervlvens ,
en Arabie : presque toutes ces plantes ont été
ordonnées avec quelques succès comme fébri-
fuges, principalement après la diathèse inflam-
matoire et dans les fièvres malignes avec char-
bons ; elles ont quelquefois agi comme purga-
tifs j ces dernières propriétés se retrouvent dans
VAsarum europœum ; mais ici nous trouvons
de plus une vertu émétique, assez prononcée
quand la racine est fraîche , mais qui se détruit
( 26o )
soit par la dessication , soit par la macération
dans le vinaigre. Le suc de l'Hypociste {C^tinus
hyfocistis , L. ) , était aussi autrefois donné
coxnine tonique , et sur-tout comme ast:ringent ;
ce siic contient en elïét de l'acide galiique , et
ii'ofïre la singulière propriété de précipiter la
géladne, quoiqu'il ne contifînne point de tan-
nin (i) ; mais le ^y/i/zzz5 fait-il bien réellement
partie de la famille des Aristoloches ?
114. EUPHORBIACÉES.
Euphorhiœ. Juss. , gen. 384.
Les Eupliorbiacées ne sont presque con-
nues que par leurs effets délétères sur l'économie
animale. Toutes ces plantes renferment un suc
propre laiteux , ordinairement très-abondant ,
acre , caustique lorsqu'on l'emploie à l'exté-.
rieur, et qui agit comme violent purgatif ou
comme émétique lorsqu'on l'emploie à l'inté-
rieur j ce suc paraît être de nature gommo-
résineuse , et ses propriétés cicres et purgatives
résident sur-tout dans la partie résineuse ;
celle-ci paraît être souvent incomplètement
oxigénée , et alors elle se rapproche des huiles
(2) Voyez l'analyse de INI. Pelletier, Bull, de Pharin, ,
i8i3, p. 290.
(26l )
essentielles par sa volatilité et quelquefois par
son aroine. C'est ainsi qu'on peut concevoir
comme rit , dans une famille entièrement véné-
neuse , se trouvent plusieurs plantes , telles
que les Crototi aromaticum , L. , C. halsaini"
Jerurn j L. , et C. niveum dont le suc est aro-
matique et employé coimne vulnéraire àTexté-
rieur \ ces exemples tendent à expliquer • com-r
ment l'écorce de Cascarille qui ,cpmme^on sait ,
est amère , aramatique, stomachique et lehri^
fuge , peut apparlenir à cette famille, comme
on le pense en général sans en avoir de preuves
directes. Les, bois d'Agolloche etd'Aloës sont en-
core regardés par plusieurs naturalistes couime
provenant de certaines espèces d'iiuphorbiacées j
la volatilité du principe acre et caustique des
Eupliorbiacées se fait connaître d'une manière
bien cruelle dans , V Hippomane biglandulosa ,
dont l'ombre et l'attouchement seul sont véné-
neux 5 dans XEuphorbia tirucalli et Y Excœcarla
dont les émanations attaquent les yeux ; dans
la racine du Jatropha manihot qui est forte-
ment vénéneuse tant qu^elle n'est pas soumise
à l'action du feu j et qui , débarrassée de son
principe acre et résineux , laisse une fécule
mucilagineuse connue sous les noms de manioc
et de cassave j le suc des Euphorbes est telle-
ment caustique qu'il suffit de se frotter la
( 2.62. )
peau avec celui de V Hîppomaite , de VEu-
phorbia canariensis , E. tirucalll _, et E. offi-
cinarum , de VAdelia venenata y Forsk j pour
exciter des pustules et iiiie inflammation dou-
loureuse 3 celui de l'Eupliorbe officinal est
appliqué sur les os cassés ou liracturés pour
faciliter la séparation des parties mortes j on
se sert à Java de V Euphorbia tirucalti , pour
le même objet : pris à l'intérieur , il est forte-
ment stimulant et tonique ; il agit selon les
doses comme purgatif dans \ Euphorbia , E.
portulacoïdes , E. officinaruni , etc. j comme
émétique dans le suc de Y E. officinarum ,
comme diurétique dans le Phyllanthus uri-
naria , ou enfin comme sudorifique dans lés
Euphorbia tlrucalli , E. tribuloïdes et E. ca-
nescens. Les racines de la plupart des Euphorbes
vivaces sont remarquables par leur propriétés
émétiques ; V Euphorbia ipecacuanha a sou-
vent été employé à la place du véritable Ipeca-
cuanha, et M. Loiseleur a montré que les
E. gerardiana y E. cypaiissias , et E. sylvatïca
jouissent de la même vertu 5 observons cepen-
dant que ces racines peuvent bien être com-
parées à ripécacuanha quant à la propriété !
d'exciter le vomissement , mais qu'elles pa-
raissent absolument dénuées de cette action
tonique que l'ipécacuanha exerce sur l'ap-
pareil digestif.
(2.63)
Le suc des Euphorbes intéresse encore la
chimie et la chirurgie en ce qu'il paraît ren-
fermer les éléaiens du Caoutchouc. Cette ma-
tière extraordinaire se retire de ÏHevea guya"
nensis , Aubl. ; on en retrouve des traces dans
le Ricin , dans quelques Eu])horbes , dans le
CastiUoa eLastica de Cavanilles , le Co/nmi"
phora madagascartensls , VExcœcaria agal-
locha , V Hippoînane jnancenilla , la Hura
crépit ans , les Jatropha , les Alabea , les 0//z-
phaLea , le Plukenetia et dans le Sapium aucu-
parium , dont le suc est tellement visqueuxqu'il
sert comme de glu pour prendre les perroquets.
On retire eniin , par diverses préparations chi-
miques , du suc du Croton t'ijicforïiun , la cou-
leur bleue connue sous le iioln de Tournesol*
Uombey retrcmve la même propriété dans Je
Crotum tricuspidatum du Chili , et peut-être
que des préparations chimiques analogues dé-
yelopperaient cette couleur dans toutes les
Euphorbiacées.
La graine des Euphorbes participe aux ]iro-
priétés actives du suc de ces plantes j mais ici
M. de Jussieu nous offre luie observation pi-
quante, savoir : que rend)ryon des Euphor-
biacées est violemment purgatif ou émétique,
tandis que leur périsperme est rempli d'une
huile douce , saine et agréable au goût^ ainsi ^
( 2^4 )
on mange en Amérique le périsperme de VOm^
jpàalea et de y Hevea , après l'avoir dépouillé
de l'embryon (1)5 ainsi , l'embryon seul du Ja-
tropha curcas , da Jatropha multijida , de
VEuphorbla lathyris , du Croton tiglium , est
un purgatif" drastique ou émétique des plus
violens , jjropriété qui se retrouve dans la
graine de presque toutes les Euphorbes et de
V Auda du Brésil , décrit ],ar Pison 5 ainsi , Fhuile
de Ricin est un purgatif* douA lorsqu'on la fait
avec le périsperme seul, et devient drastique
lorsqu'on y laisse l'embryon : fait que M.
Deyeux vient de vérifier par des expériences
très-exactes. ( omme l'iiuile de l'embryon sort
avec difficulté , il se trouve qu'en pressant
peu la graine ou en retirant l'huile par l'in-
fusion de l'eau bouillante on obtient l'huile
du périsperme qui est douce. Plusieurs graines
d'Euphorbiacées produisent de l'huile qu'on en
retire par expression , et qu'on emploie pour
la lampe ; telle est en particulier le Driandra
oleifcra. On a même proposé de cultiver en
grand VEupfiorbia lathjris afin d'employer son
huile pour la lampe , et vu la grande quantité
que cette plante en peut fournir ( environ trois
(i C'est sans doute après avoir ôté l'embryon qu'on
mange la graine du Croton moluccanum^
{ 265 )
onces par pied) ce prv:>cédé mériterait l'atten-
tion des cidtivatenr.s s'il n'était pas dangereux
de répandre dans le public une Imile qni
serait toujours vénéneuse parcfîqu'il serait im-
possible qu'on prit soin d'ôter l'embryon des
i^i aines avant de les sonmetire à l'action de la
presse. Au reste M. Soliaiani pense , que par
des lotions réitérées dans une eau légèrement
imprégnée d'acide suifurique on pourrait dé-,
Lara-ser l'huile de Eijin de tout son extractif
et la rendre susceptible de servir aux usai^es
alimentaires ; ce |:>rocédé aurai >^ sans doute nn
eli'et analogue sur les liuiles des autres Eu-
pliorbiacées.
ii5. MONIMIÉES.
3Ionimie(B. 3u s., Ann. Mus. 14, p. i33.
Les limites botaniques de cette famille sont
encore mal déterminées ; les espèces (jui la
composent sont peu nombreuses , rares dans
la nature _, éparses dans dans des pays très-di-
yers et par conséquent mal connues quant à
leurs [)ro;)rietés ; celles-ci paraissent offrir beau-
coup d'uniformité ; toutes les parties corticales
et foliacées exhalent une odeur aroinati(|ue
que les voyageiirs ont souvent coiuparees à
celles des Lauriers ou des Myrtes. Cette odeur
{266 )
est très remarquable dans le haurelia , Jnss.,;'
onPavonia , FI. per. , danslejBo/û?i?<7^ Juss. ,ou
Ruizia FI. per., dans V Atherosperma , Labill. ,
dans le Cîtrosma , FI. per., etc. Elle se trouve
dans quelques espèces de Calycanthus^ quoique
ce genre ne tienne à cette famille que par des
rapports peu intimes.
116. URTICÉES.
Vrticce. Juss. , gen. 400.
Les Urticées se divisent naturellement en
plusieurs grouppes tellement distincts , que pro-
bablement on les considérera un jour comme
autant de familles séparées , quoique voisines
sous certains rapports j les chefs de file de ces
familles seront les Poivriers , les Figuiers et les
Orties proprement dites. Nous devons donc
nous attendre àtrouver des difFérences notables
dans les propriétés de ces plantes si diverses par
l'organisation ; mais nous verrons du moins les
propriétés de ces végétaux assez exactement
circonscrites d'après les caractères génériques
La tribu des Figuiers ou des Artocarpées (1)
(1) Ce nom qui vient de celui de V Artocarpus in'jicjue
à-la-fois le genre le plus important de la tribu el le ca-
ractère d'avoir le fruit charnu.
I
( 2^7 )
ofîre en général des végétaux remplis d'un suc
propre laiteux , très-abondant dans les Figuiers ^
peu abondant dans les Mûriers et les autres
genres de la tribu : ce suc , comme la plupart
de ceux qui ont la consistance laiteuse, ren-
ferme une certaine quantité de Caoutchouc ;
ainsi on en retire en divers pays de \ Ambora,
du Cecropia, de l'Arbre-à-pain , du Bagassa ,
des Ficus toxicaria , anthelmititlca y reli"
giosay etc., et même de notre Ficus carica
quoiqu'en petite quantité ; le suc des Artocar-
pées est acre, caustique et fortement stimulant
dans quelques espèces j quelquefois absolu-
ment vénéneux comme on le voit dans plusieurs
Figuiers , tels qne le Ficus toxicaria et sur- tout
dans VAntiaris toxicaria de Lechenault , {Tpo
toxicaria , Fers.) qui fournit à Java le poison
connu sous le nom dC Upas-antiar. La racine
des plantes de cette^section a une écorce douée
de propriétés acres et actives \ elle est amère ,
acre et purgative dans le Mûrier noir , souvent
émétique dans le Dorstenia brasiliensis connu
dans l'Amérique méridionale sous le nom do
Caapia ; amère, aromatique, chaude, stimu-
lante dans le Contrayerva , qu'on emploie en
Amérif|ue soit comme alexitère pour prévenir
l'elïet dos morsures venimeuses , soit comme
emméuagogue , soit même à moindre dose
( 268)
pour ibrtifier la poitrine. On emploie sous le
nom de Contrayerva , non-seulement le Dors-
tenia contrayerva , mais les Dorstenia drakena
et Houstoni , et même le TDorsteniabrasiliensis.
Par une bizarrerie singulière^ ces Artocarpées ,
munies d'un suc acre et presque vénéneux,
portent des fruits remarquables par leur dou-
ceur et leur salul^rité , et l'on peut même re-
marquer que ces fruits , avant leur maturité ,
sont pleins de lait acre et par conséquent délé-
tère , qu'à leur maturité ce lait disparaît et
est remplacé par une chair douce et comestible;
dans la plupart des Artocarpées c'est le récep-
tacle même des fleurs ou si l'on veut leur pé-
doncule qui devient charnu et susceptible de
servir de nourriture : c'est ce qu'on voit dans le
Figuier , ailleurs ce sont les enveloppes mêmes
des fleurs qui deviennent succulentes , se sou-
dent entr'eiles et avec le pédicule , et forment
une espèce de fruit aggrégé , comme on le voit
dans l'arbre à pain et le Mûrier.
Cette structure nous conduit au grouppe (i)
(î) Ce grouppe, dont j'avais proposé la formation , soit
dans la première édition de cet ouvrage , soit dans la
Théorie Elémentaire , vient d'être décrit comme une fa-
mille distincte , sous le nom de Piferacées , par M.'^' de
Humboldt, Bonpland et Kunth. {Nov. gen., i , p- 4^')
( ^69 )
nombreux et mal connu des Poivriers, dont
la baie est, comme on sait , piquante, aroma-
tique , chaude et stimulante ; propriétés qui
se trouvent , non-seulement dans le Poivre or-
dinaire (i), mais dans le Piper cubeba , le
P. longum , etc ; dans plusieurs espèces , telles
que les P, carpunya et P. heterophyllum du
Pérou 3 dans presque toutes les Peperomîa , les
feuilles elles-mêmes participent à ces proprié-
tés stimulantes et stomacliic[ues. Le Piper
an'isatum j récemment décrit par MM. Hum-
boldt , Bonpland et Kunth , et que les Espa-
gnols d'Amérique connaissent sous le nom
à-'Anicillo , exhale par ses feuilles et ses fruits
une odeur d'Anis , et la décoction de ses baies
sert à laver les ulcères. Le Bétel , cette pré*
paration si acre et si excitante , par laquelle
les Malais cherchent à soutenir leurs forces
digestives contre l'action débilitante de la cha»
leur humide de leur climat , le Bétel , dis-je ,
a reçu son nom du Piper bétel , qui en fait la
base : on le remplace à Amboine par le Piper
siriboa ; à Otahiti et dans les autres îles de
l'Océan pacifique , on emploie le suc du Piper
inebrians pour faire des boissons enivrantes j
et nous allons voir tout-à-l'heure cette même
(i) Piper aromaticum , Lam. — P. jiigrum , Lin.
( 270 )
propriété narcotique dans quelques véritables
Urticées.
Parmi les Orties proprement dites, nous ne
trouverons aucun fruit mangeable , parce qu'ils
ne sont nullement charnus : leurs graines sont
un peu oléagineuses ; leur herbe est le plus
souvent amère , comme on le voit à un haut
degré dans le Houblon , et comme on le re-
trouve dans le Datisca , et même dans le
Chanvre 5 dans ce dernier genre la décoction
de la plante fournit un suc éminemment nar-
cotique , et qui dans l'Orient fait la base d'une
préparation enivrante connue sous le nom de
Hasch'issh. Toutes ces plantes, lorsqu'elles sont
inodores , servent d'aliment à l'homme et aux
animaux dans leur jeunesse , comme on le voit
wdans le Houblon et dans l'Ortie.
Le seul trait de ressemblance entre les divers 1
genres des Urticées , est la texture de l'écorce
qui permet d'en fabriquer du fil et du papier ;
ainsi , on se sert dans divers pays , à la place
de notre chanvre , du Cannabis indlca , du
Houblon , de l'Ortie , de l'Arbre à pain : on fait ,
du papier , non-seulement avec le Mûrier à
papier , mais encore avec notre Ortie , avec {
ïios Mûriers. Le bois de presque tous les Mû- \
riers donne une couleur jaunie.
( ^7^ )
117. AMENTACÉES.
Amentacece. Juss. , g€n. 407.
Les Amentacées plus rapprochées entre elles
jiar leur organisatioa que ne le sont les Urti-
cées, nous offriront aussi plus de propriétés
communes ; la première qui se présente à notre
examen , parce qu'elle est la plus générale ,
c>*est la nature de leur écorcej elle contient
ijans tous ces arbres un principe astringent qui
les fait servir , tantôt à teindre en noir , comme
dans l'aune et la galle du Chêne , tantôt à
tonner les peaux , comme dans le Chêne ,
tantôt enfin à combattre la fièvre , comme 01a
'a tenté , non sans quelque succès , avec les
écorces du Coudrier, du Bouleau, de l'Anne ,
iu Hêtre , du Chêne, du Liège (1) , de presque
(i) M. Virey pense que le médicament nouvellemimt
QtroJuit eu Europe sous le nom à''Alcornoque , provie ut
e l'écoice des jeunes branches àe Liège. D'un autre côté j
A. Poude^x assiwe que l'Alcornoque est produit en Ame -
i^pie par un arbre d'un genre nouveau qui appartient à la;
aille des Guttifères : il me paraît probable qu'on coa-
d sous ce nom des écorces réellement différentes , et
lue les deux partis pourraient bien avoir raison chacun
If leur c6té.
( 27a )
tous les Saulps , et mrmc au^i États-Unis , avec
l'écorce du PopuLus ireinuLoïles qui y est
connue romine fébrifuge tonique et stoma-
chique; ceite propriété astringente se rr-trouve
même dans les fruille.'^ du Salix Iw.i bacea,
qui infusées daus l'eau servent en Islande à
tanner les peaux; dans le "Comptonia <.sple-
nifolia ^ qu'on emploie aux Ltats-Unis contre
la diarrhée ; dans le Quercus Falcata , qui y
est employé extérieurement contre la gangrène;
dans le Myrica cerifero , dont la racine fournit
une infusion très - astringente employée en
Amérique , soit dans les hémorragies de l'uté-
rus , soit dans les liydropisies qui succèdent
aux fièvres d'accès ; dans quelques genres ce-
pendant l'écorce suinte une matière balsa-
mique ou goîumo - résineuse , qui semble se
rapprocher de la nature des sucs des Thérëbin-
thacees dont les Auientacées sont très-voisines:
telle est l'espèce de Styrax qu'on retire des
JLiîquidanibar Siyî\:ciflua et Zy. orïentalis , et
la matière visqueuse qui recouvre les bourgeons
des Peiq)]iers , et qu'on a cru long-temps iden-
tique avec le Tacamahaca , gomme-resine fé-
tide et anti-spaimodique produite probable-
ment parle Fa gara octandra .
Les fruits de toutes les Amentacées contien-
nent une quantité plus ou moins considérable
C273 )
de fécule , et peuvent ainsi servir à la nourri-
ture de l'homme j on le voit sur-tout dans le
Châtaignier, le Chêne ballote, le Chêne à feuilles
rondes j le Chêne de Virginie, le liège, etc. 5 et
comme on le trouverait de même dans les
graines des Saules , des Peupliers , des Ormes ,
si leur petitesse avait permis de les employer ;
dans la plupart des cas , cette farine est mé-
langée avec une matière extractive , amère et
astringente comme leur écorce 5 au contraire ,
dans les Hêtres , les Coudriers , elle est mélan-
gée avec une quantité plus ou moins considé-
rable d'huile fixe , qu'on peut extraire par la
simple pression , et qui sert à la nourriture de
l'homme ; dans le Myrica cette huile suinte
au-dehors de la graine , et s'y concrète sous la
forme de cire végétale.
118. CONIFÈRES.
Conîferce. Juss., gen. 411»
Les Conifères sont tellement remarquables
par l'analogie de leurs sucs , qu'il sera inutile
d'entrer à ce sujet dans de grands détails. Tout
le monde sait que ces arbres contiennent dans
leur bois (i"*, et sur-tout dans leur écorce, un
(t) La quantité de résine qui se trouve dans les bois des
18
( ^74 )
suc résineux , liquide , qui se concrète lorsqu'il
est exposé à l'air et qui répand une odeur parti-
culière assez semblable dans toutes les espèces
à celle qu'exhale la térébenthine ; on sa.it que
ces résines aromatiques appliquées au corps
humain sont stimulantes et diurétiques j ces
propriétés se retrouvent avec de légères modi-
fications dans les sucs du Pinus sihestris ,
du P. halepensïs , et sur-tout du P. mari-^
tima, où il porte les noms de térébenthine ,
de poix, de goudron , etc. , suivant les prépa-
rations qu'il a subies ; du Mélèze , où il se
nomme térébenthine de Venise ; des Ahies
pectifiata et excelsa , d'où découlent lesdiver-^
ses tjérébenthines j du Thuya quadrïvalvis ,
Desl". , d'où suinte le sandaraque j du Juniper
rus lycia , d'où l'on tire une matière analogue
à l'oliban : de \ Altuigia excelsa (i) ou Rusa-
mala , d'où découle une matière balsamique
conifères , fait que la plupart résistent aux effets du temps,
de l'humidité et des insectes, beaucoup plus que leur dureté
ne pourrait le faire penser ; la durée des bois de Cèdre ,
de INlélèze, d'If , de Cyprès , etc. , est connue de tout le
inonde.
(i) Voyez les Annales de Botanique, de MM. Kœnig
et Simps , vol. 1806 , p. 326, Ce genre est peut-être le
Ri âme que le le Dammara»
^ (275)
qu'on croit être le Storax liquide : remar-
quons que dans les Genévriers nous trouvons
moins de résine entièrement formée et plus
d'huile volatile , c'est-à-dire de résine incom-
plètement oxigénée. j cette circonstance les
rend plus odorans , et aussi plus violens sti-^
miilans , comme le, prouve l'exemple de la
Sabine. Ces propriétés stimulantes se retrou-
vent à un moindre degré dans le bois , les
feuilles et les baies de plusieurs Genévriers ,
des Cyprès , des Thuya , des Sapins et des
Pins , qui , dans plusieurs pays , sont employés
comme toniques en infusion dans la bierre.
Les graines des Conifères renferment une
huile fixe très-facile à rancir : circonstance qui
explique comment , dans la plupart des espèces,
ces graines sont acres et amères , tandis que
dans quelques-unes , telles que les Pinus pinea
et cembra , on peut les manger , pourvu
qu'elles ne soient pas cueillies depuis long-
temps , et qu'elles soient bien garanties du
contact de l'air chaud. On se sert au Japon de
l'huile extraite des graines du Gincko.
Lorsque ces graines sont enveloppées dans
une baie , celle-ci participe aux propriétés géné-
rales de l'écorce , et devient aromatique dans
les Genévriers , fétide et délétère dans l'Il , fàd#
dans VEphedra, etc.
18..
( ^7Ô )
II. MONOCOTYLÉDONES, ou ENDOGÈNES.
La série des Monocotylédones composés d'un
nombre de familles moins grand que la classe
des Dycotylédones , nous offrira aussi plus d'u-
niformité. Quoiqu'elle renferme des familles
très-diverses par leurs formes, on peut cepen-
dant y reconnaître plusieurs caractères com-
muns dans l'organisation. La chimie observe
de même que , dans le plus grand nombre des
Monocotylédones , les racines et les tiges con-
tiennent une quantité de mucilage assez consi-
dérable , que ces mêmes organes , et sur-tout
les graines , donneiit une grande quantité de
fécule j que leur épidémie et les nœuds qui se
trouvent à l'intérieur sont presque entièrement
formés dans la plupart par des dépôts de terre
siliceuse ; à ces caractères cliimiques , on peut
encore ajouter que , selon l'observation de
M. Fourcroy, les fruits d'aucune Monocotylé-
done ne contiennent d'huile fixe ; qu'on ne
trouve de sucs propres laiteux dans aucune des
plantes de cette classe j que les acides végétaux
y sont très- rares j que le Caoutchouc , le Suber,
et peut-être le camphre , le tannin , n'y ont
pas été découverts jusqu'à présent. De même
bi nous tentions de nous former une idée de
( V7 )
le^irs propriétés générales , nons remarquerions
que la plupart des Monocotylédon es peuvent
être employées, soit comme matières nutritives ,
soit comme substances douces et résolvantes.
Mais il convient , sous ce point de vue , d'ob-
server chaque famille en particulier.
119. CYCADÉES.
Cjcadece. Pers. , ench. 2 , p. 63o. Brown. , prod. 346.'
Le tronc ou la souche des Cycas et des Za."
mia présente une assez grande quantité de fé-
cule , mélangée avec un principe extractii dont
l'odeur etUa saveur sont un peu nauséabondes ;
la cuisson ou l'infusion paraissent détruire ou
modifier ce principe extractif , de manière à
ce que la fécule puisse servir à la nourriture de
l'homme ; quoique le véritable Sagou ne pro-
vienne pas , comme on l'avait dit , d'une espèce
de Cycas , il paraît que les sauvages de divers
pays en retirent une farine analogue au Sagou .
120. HYDROCHARIDHES.
Hjdrocharidum gen. Juss., gen. 67. — Hydrocha"
rideœ. Piich.
Cette famille, peu nombreuse et encore peu
étudiée^ n'offre pas de propriétés connues.
( ^7^ )
121. ALISMACÉES.
Alismaceœ. DG. FI. Fr. 3,p. i8t.
Leurs propriétés sont nulles ou inconnues.
122. PANDANÉES.
Pandanecc. Brown. , piod. 340.
Cette famille , composée jusqu'ici du seul
genre Pandanus , ii'ofïiô pas d'utilité médicale ;
les graines des Vaquols sont mangeables , et
renferment une assez grande quantité de fé-
cule : les fibres de leur tige et leiirs feuilles ser-
vent à faire des cordages et des nattes.
123. AROIDES.
Aroideœ. Juss. , gen. 23.
Les Aroïdes sont particulièrement utiles par
leurs racines épaisses , charnues , et qui con-
tiennent toutes une fécule douce et nourris-
sante , mélangée ave • un principe stimulant ,
acre, extrêmement fugace , volatil et très- re-
marquable dans le Pied-de-veau (i). C'est pour
écarter ce principe dangereux qu'on fait torré-
(i) Arum maculatum f Lin.
( '^19 )
fier ou laA'er plusieurs fois la racine avant de
l'employer j par ce procédé on se nourrit dans
diverses régions avec la racine des Ariun mu-
cronatum , Lam. , Colocasia , Lin. , Esculen-
twn , Lin. , Viola ce um. , Hort. Par. , Ar'isa-
rum , Lin. , etc. On emploie de même le Caîla
palustrls f en Suède 5 et des préparations ana-
logues appliquées depuis à VArum vulgaire ,
ont converti en aliment cette racine acre et
piquante. On voit donc ici un exemple assez
frappant de l'utilité des analogies naturelles. Le
principe acre des Aroïdes pourrait devenir utile
à la médecine si son extrême fugacité permet-
tait de l'isoler et de le coercer ; les Indiens de
Démérari se servent des feuilles fraîches de Dra-
contium partusum contre l'hydropisie générale:
ils en couvrent le corps entier, et excitent par-là
une espèce de vésication légère et universelle ;
comme cette Aroïde n'a point une âcreté plus
remarquable que beaucoup d'autres , il n'est
pas douteux qu'on pourrait employer de même
comme rubéfians les feuilles fi-aîclies de presque
toutes les plantes de cette famille. La racine d^
VArum tripkyl/iiTfi cuite dans du lait, lui com-
munique une légère âcreté qui le rend utile dans
les cas de consomption : l'emploi long- temps
prolongé de ce médicament , guérit quelcjueibig
•ette maladie. Les poils écuilleux qui entourent
C 280 )
la base du Zostera mannajdéta.ch.és de cette base
et entremêlés ou feutrés les uns dans les autres
par l'action des vagues , forment les pelottes ou
égagrophiies marines qui , torréfiées et réduites
en poudre , ont été employées contre diverses
maladies du système limphatique à-peu-près
comme l'éponge ; mais ces poils , organes parti-
culiers au Zostera, manquent dans le reste de
la famille ; leur nature paraît absolument fi-
breuse , et il est probable que l'action de ce
médicament ti^nt essentiellement aux matières
marines dont les pelottes sont imprégnées, et
au mode de préparation . Au reste , les Zosterées
forment un sxov nr<e bien distinct dans la famille
des Aroïdes . et leurs feuilles ne participent
nullement à l'âcreté du ces plantes.
124. ORCHIDÉES.
Orchidece. Juss, , gen. 64.
Cette famille très-naturelle , et qu'aucun clas-
sificateur n'a tenté de désunir, offre une telle
uniformité dans les propriétés de ses racines ,
qu'elles sont toutes indifféremment employées
les unes pour les autres ; on sait que ces racines
tubéreuses ou palmées , toujours blanches et
charnues , renferment une fécule mucilagineuse
très-nutrifeive , adoucissante , restaurante , et à
(28i )
laquelle on a souvent attribué des vertus aphro-
disiaques ', cette matière , qui nous est venue
d'abord de l'Orient , est connue sous les noms
de Salep ou Salap ^ qui signifie Orcliis en Tur-
quie 3 soit dans l'Orient , soit en Europe , on
emploie indistinctement toutes les espèces d'Or-
chidées à la fabrication du Salep.
La Vanille appartient , comme on sait , à la
même famille ; la substance aromatique et ré-
putée aphrodisiaque , qui est employée sous le
nom de Vanille , est la pulpe charnue du fruit ;
pulpe qui n'existe que dans le genre de la Va-
nille j en sorte qu'on ne peut s'étonner de ce
que le fruit des autres Orchidées n'est pas aro-
matique j si , comme l'a pensé Linnœus , les
propriétés de la Vanille tiennent à la graine et
non à la pulpe , il faudrait observer sous ce
rapport les graines des autres Orchidées.
125. DRYMYRHIZÉES,
Drym-yrliizce. Vent. — Cannœ. Juss. , gen. 62.
Le nom même de cette famille , qui signifie
racine aromatique , indique les propriétés sin-
gulières des plantes qui la composent 5 les ra-
cines de presque toutes les espèces de Dry-
myrhizées sont fortement aromatiques , souvent
un peu acres ou un peu amères , et employées
( 282 )
Gonséquemment en médecine comme stimu-
lantes, chaudes, stomachiques, et dans l'éco-
nomie domestique, soit comme assaisonnement,
soit comme parfums. Ces racines contiennent
toutes une quantité plus ou moins considérable
d'huile volatile qu'on peut en extraire par la dis-
tillation, et ce caractère chimique est d'autant
plus singulier , que , comme je l'ai dit plus haut,
la présence de l'huile volatile est assez rare dans
les Monocotylédones ; mais pour faire concevoir
à ([uel point les propriétés sont ici d'accord avec
les iormes , il convient d'entrer dans quelques
détails, autant du moins que l'obscurité bota-
nique de cette famille et les bornes de cette
dissertation me le permettront.
Linné et Adanson avaient réuni cette famille
avec la précédente , dont elle diffère par les
propriétés. Jussieu, en les séparant d'après leurs
caractères botaniques mieux étudiés , a donné
un nouvel exemple de l'assertion que j'ai avan-
cée plus haut 5 savoir , que la marche progres-
sive de la science tend à faire concorder tou-
jours davantage les propriétés avec les formes.
Les propriétés aromatiques des Drymyrhizées
sont bien connues dans le Gingembre , le Ga-
laoga, le Costus, le Curcuma et la Zédoaire j
mais elles se retrouvent dans un nombre de
plantes très-considérable ; telles sont Kœmp- ,
( =^83)
ferta rotunda , L. , À. longa ^ Jacq. y K. ga-'
langa. Gis., C os tus arabicus ^ L. , C spica-
tus , Gis. , C. glabratus , Jacq. , Cure u ma ro-
tunda, L. , C. longa^'L, , Aiaran.ta galanga, L. ,
^Ibiria chinensis ,Gis. , Stissi^ra curcui/ia , Gis. ,
JDietrichia minora Gis., Z). majar. Gis. , Em-
dliasubpersonata, Gis., Jniomufn zt^ngu)èr,\j. ,
Ji, zerumbet j L. ', on les retrouve même , quoi-
qu'à un degré plus faible, dans le Maranta
arundicacea ; L. le Tlialia et le But^kia de
Giseke. Indépendamment de ces espèces sur les-
quelles les botanistes ont déjà quelques notions,
on en retrouve plusieurs autres indiquées com-
jne aromatiques dans les ouvrages de Kœnig,
de Rumph , de Rlieed ; tels sonti, par exemple ,
le Ilaran-Kaha , de Herman , dont la racine
sent le Camphre , et passe chez les Indiens pour
une panacée dans les maladies désespérées. Le
Lainpujum m^ajus et minus , de Ilumph , dont
Ja racine très-aromatique est employée à Am-
boine comme assaisonnement , et vantée à Ma-
-dagascar comme utile contre les l)lessures et les
.morsures dangereuses , propriété que les divers
peuples sauvages attribuent aux Drymyrhizées
qui croissent dans leur pays ; tels encore le
Lampujum Silvestre amarum , distinct des
précédens par sa saveur plus amère j le Car-
damomum minus , de Ilumph, qui ressemble
{ i84 )
par sa forme au Gingembre, et dont la racine
a la saveur de nos Cardamomes : le Bana-Jeum,
estimé des Malais comme stomachique , et qui
peutserviràla teinture comme le Curcuma, etc. ;
en un mot , toutes les racines des Drymyrhizées
offrent des propriétés analogues d'une manière
plus ou moins prononcée , et le genre dans le-
quel cette propriété est la plus faible , est celui
des Balisiers , le seul que nous ayons souvent
occasion de voir.
Si nous faisons abstraction de l'huile volatile
qui aromatise les racines des JJrymyrhizées et
détermine leurs principales propriétés , nous
verrons qu'elles se rapprochent d'ailleurs des
Orchidées et des Liliacées par la quantité de
fécule qu'elles reniérment ; cette fécule n'a
guères été employée que dans les genres où
l'aromate est faible , et où la racine est asse25
grosse pour qu'il vaille la peine de l'en extraire :
telle est notauiment celle du Miiranta indicay
connu à la Jamaïque sous le nom à'Indian.
arrom-root , et dont on tire une espèce de fé-
cule analogue au Sagou et au Salep , et très-
estimée des médecins Anglais. M. Planche a
obtenu de la racine de Gingembre une quantité
considérable d'amidon aussi blanc que celui da
fi'oment. On retire en Amérique du Mafanta
arundhiacea , et dans l'Inde du Curcuina 3<?-
( 285 )
doajia une fécule qui y est employée avec
succès contre les diarrhées et les dysenteries.
Indépendeminent des qualités aromatiques
de ces racines , plusieurs d'entr'elles contien-
nent une matière colorante , ordinairement
jaune, bien connue dans le Curcuma (i), et
qu'en retrouve dans plusieurs autres d''après le
récit des voyageurs : il est même à remarquer
que la plupart des espèces où cette couleur a
été retrouvée , ont été souvent nommées Cur-
cuma par les voyageurs , de même qu'ils ont
nommé Gingembres les Drymyrhizées^ dont la
racine est plus stimulante et plus poivrée ;
Galanga celles qui sont plus amères : il est ré-
sulté de ces rapports mêmes dans les propriétés ,
une confusion de nomenclature presque impos-
sible à débrouiller.
Les mêmes propriétés aromatiques se retrou-
vent dans les capsules d'un grand nombre ô.'A-
momum ^ que nous avons confondues d'abord
sous le nom de Cardamomum , mais qui sont
réellement différentes d'après les voyageurs ; on
les retrouve aussi avec quelques différences dans
(i) La matière colorante jaune du Cucurma et proba-
blement des Drymyrhizées , paraît être d'une nature toute
particulière. Voyez le Mémoire de IVI."^' Yogel et Pelle-
tier dans le Journ. de Pharm. , i8i5, p. 293.
( 286 )
V Amomum granum paradisi , et sur- tout dans
X Alpinia , décrit par Rolander j cette dernière
plante nous offre encore un rapprochement avec
le Balisier : dans ces deux genres, les graines
sont entourées d'une pulpe colorante pourj^re ,
dont la teinte est vive , mais peu durable} nous
trouvons de même une matière colorante bleue
autour des graines du Kavenala , genre de la
famille des Musacéesj ces couleurs encore mal
connues , méritent l'attention des chimistes et
des voyageurs.
126. MQSACÉES.
Scitamineœ. Vent. — Musœ. Juss. , gen. 61;
Les Musacées ne nous intéressent que par le
fruit du Bananier qui fournit , comme on sait,
un aliment sain et agréable. Ce fruit charnu et
succulent diffère de celui des- autres Musacées ,
mais ne peut leur être comparé avec certitude,
vu que les graines des Biuianes, et jusqu'aux
Joges de ce fruit , son t avortées , et que peut-
être le développement de cette baie est luie
monstruosité produite et perpétuée par la cul-
ture.
( ^87 )
127- I RIDÉ ES.
Jrideœ. Juss. , gen. 5j.
Les propriétés médicales des iridées sont peu
prononcées ou peu connues 5 on peut observer
seulement que les racines de quelques Iris , tels
que V Iris^orentina,!. germanicaje:ùiii\enX. une
odeur de violette, agissent comme de légers sti-
mulans, et peuvent à ce titre ou servir de pois
à cautère , ou exciter la salivation ou la sécré-
tion du mucus nasal , ou servir de purgatifs ,
suivant la manière dont on les emploie. Les
mêmes vertus se retrouvent dans Vlris pseu-
dacorus , qui est inodore j il paraît que XIris
tuberosaesl aussi purgatif, quoiqu'on ait élevé
des doutes sur les propriétés de cette plante,
h' Iris versicolor et Vlris verna sont l'une et
l'autre employés comme cathartiques dans l'A-
mérique septentrionale. Les racines des Iris
paraissent composées (1) de gomme, d'un ex-
trait brun , un peu astringent , très-abondant
çn particulier dans Vlris pseudacorus, de fécule
amylacée , d'une huile grasse , acre et amère ,
de fibre végétale, et d'une huile volatile qui,
(0 Voyez Analyse de M. Vogel ^ Joiirn, Pharm. ^
aovemb. i8i5, p. 48*.
( 288 )
par la distillation , se solidifie en paillettes
blanches , et qui paraît particulière aux racines
des espèces odorantes.
Quant aux stigmates du Crocus, ils se distin-
guent de tous les autres par leur arôme parti-
culier, et paraissent former une exception pro-
noncée. Sans prétendre ici l'expliquer, j'ob-
serverai seulement que toutes les propriétés
attribuées au Safran paraissent des conséquen-
ces ou des modifications de l'action qu'il exerce
sur les nerfs 3 il agit sur eux d'une manière
presque entièrement semblable à l'action des
pétales et d^s fleurs , auxquelles il ressemble
par son odeur j cette ressemblance de nature
entre les pétales et les stigmates (1) se trouve
d'accord avec l'anatomie végétale , qui retrouve
les mêmes organes dans ces deux parties 5 on
sait qiie les stigmates se changent souvent en
pétales dans les fleurs doubles 5 et j'ai vu même
des Anémones , dont tous les stigmates étaient
changés en pétales , quoique les étamines
fussent restées fertiles ; cette analogie de la co-
rolle et des stigmates n'est nulle part plus
évident que dans la famille des Iridées , dont
plusieurs genres ont les stigmates pétaloïdes;
(2) Voyez Mémoire sur les Fleurs doubles dans le troi'
sièrae vglume des IVIémoires de la Société d'Arcueil.
( ^89 )
et il est peu étonnant que ce. soit dans cette
même famille où nous trouvions les stigmates
doués des propriétés de la corolle. Au reste, la
matière colorante des stigmates des Safrans est
une matière sui gène ris , que MM. Bouillon-
Lagrange et Vogel proposent de nommer Po-
lychroïte, et qui est remarquable, parce qu'elle
est totalement détruite par l'action des rayons
solaires ; qu'en très-petite quantité elle colore
une grande masse d'eau ^ qu'elle donne des
nuances bleues et vertes lorsqu'elle est traitée
par les acides sulf'urique et nitrique, et par
le sulfate de fer.
128. HŒMODORACÉES.
Hcemodoracece. Brown., prod. 2. DC. Théor.
La famille des Hœmodoracées , récemment
établie par M. Brown, est composée d'espèces
trop peu nombreuses , et originaires de pays
trop éloignés , pour que leurs propriétés soient
connues j on peut déjà remarquer comme in-
dice de l'analogie de leurs propriétés cette belle
couleur qui distingue, les racines de presque
toutes les espèces connues , et notamment des
Hœmodorum ) àes Wachendorfia ^ de VHéri-
tiera; cette dernière est employée en Amérique
pour la teinture 5 et les autres plantes de cette
19
( spo )
famille mériteront d'être étudiées sous ce
rapport.
129. AMARYLLIDÉES.
jimarjlUdece. Brown., prod. 296. — Narcissorwn
gen. Juss.
Les Amaryllidées ressemblent tellement aux
vraies Liliacées , et sur-tout à la section des
Asphodélées , qu'on ne s'étonnera point de
trouver de grands rapports entre leurs proprié-
tés; la bulbe de toutes les plantes de cette fa-
mille renferme une petite quantité de fécule
qu'on peut en extraire par l'analyse , et une
grande quantité d'un extractifgommo-résineux,
acre , stimulant , et qui paraît analogue à celui
de la Scille; ainsi les habitans du Cap de Bonne-
Espérance emploient V Hœnvinthus coccineus
aux mêmes usages que nous faisons de notre
Oignon de Scille : les Hottentots se servent ,
dit-on, de la bulbe vénéneuse de V Amarillis
disùcha pour empoisonner leurs flèches ; le
Narcissus poeticus était , d'après le témoignage
de Camerarius , employé comme émétique par
les anciens médecins : M. Loiseleur a prouvé
que cette propriété appartient aux bull^es des
A . tazetta , odorus et Pseudo - Narcissus ; il
erA jîrobable qu'elle existe aussi dâiis les autres
( ^91 )
espèces de la famille. Les fleurs même du
Narcissus pseudb-Narcissus , sont douées de
propriétés éraétiques assez prononcées selon
les uns , équivoques selon d'autres , elles ont
aussi été proposées comme fébrifuges.
i3o. HÉMÉROCALLIDÉES.
Hemerocallidece. Brown. , prod. 295.
Propriétés nulles ou inconnues.
i3i. DIOSCORÉES.
Dioscoreœi Brown. , prod. 294.
Les Dioscorées ou Ignames ont souvent les
racines tubéreuses j ces tubercules sont char-
nus , mucilagineux , d'une saveur un peu su-
crée^ et forment un des alimens les plus im-
portans des habitans des régions équatoriales ;
celles dont la racine n'est pas renflée n'offrent
aucun usage notable. Si le Tamus communis
appartient réellement à cette famille ( ce que je
suis peu porté à admettre ) , il y forme une
exception à cause des propriétés purgatives hy-
dragogues de sa racine.
19,
( ^92 )
i32. SMILACÉES.
Smilaceœ. Urown. , prod. 294"
Tout le monde sait que la Salsepareille et li
Squine appartiennent l'une et l'autre au genre
Smiiax : ces racines sont connues par leur na-
ture mucilagineuse un peu amère , et par leur
emploi comme diaphorétiques et diurétiques}
mais ces utiles propriétés ne sont pas bornées
à ces deux espèces 3 on leur substitue fréquem-
ment et sans grand inconvénient le Sm. aspera
dans le midi de l'Europe j et on ne peut douter ,
d'après les récits des voyageurs , que plusieurs
espèces diverses ne soient recueillies sous le
nom de Salsepareille (1) j les racines du Smiiax
China, qui sont fort épaisses, servent d'ali-
ment dans le sud de l'Amérique Septentrionale;
on en obtient , par la macération dans l'eau ,
une poudre rougeâtre , qui , mêlée avec i'eau
bouillante , forme une gelée qu'on mange as-
saisonnée avec du miel ou du sucre.
(i) Le Smiiax salsaparilla vient très-bien en pleine
terre dans le climat de Montpellier , et mériterait d'être
cr.itivé en grand pour l'usage des pharmacies eii Langue-
<lac I en Provence et en Pioussillon.
(^93)
i33. LILIACÉES.
Liliacece. DC, Theor. 219.
La famille des Liliacées ^ telle que Je l'ai in-
diquée principalement d'après M. Brown ,
présente plusieurs grouppes bien prononcés,
et qu'on peut presque indifféremment considé-
rer comme autant de familles distinctes.
Le grouppe des Asparagées qui ressemble
plus que tout autre aux Smilacées , a aussi
avec elle quelques rapports de propriétés ; le
JJracœna terininalis ofïi-e , comme les Smilax ,
une vertu diaphorétique ; la racine du Me-
deola virginica est un diurétique assez actif
employé aux Etats-Unis dans les cas d'iiydro-
pisie. Les Asperges elles-mêmes sont considé-
rées comme diurétiques j les jeunes pousses de
toutes les Asparagées ( qui anatomiquement
répondent aux sommités des Choux palmistes )
servent à la nourriture des hommes ; cet usage
est fort connu dans l'Asperge ctdtivée j il se
retrouve dans toutes les espèces de ce grouppe
même celles qui , comme V Asparagus acuil'-'
Jbllus , sont ligneuses à leur développement
parfait ; on le retrouve dans certains Muguets
et dans quelques Ruscus ; l'odeur fétide que
l'Asperge cultivée donne à l'urine , lui est
(294)
communiquée de même par toutes les espèces de
ce genre. Le suc Je Sang-Dragon est, comme on
sait , assez sty])tif[ue , mais son origine est cou-
verte de trop d'obscurité pour qu'il soit possible
de le considérer comme faisant exception aux
lois générales de cette famille.
Les Trilliacées ont en général les racines
Yiolemment émétiques et leurs baies fades et
un peu nauséabondes sont au moins suspectes.
Nous trouverons moins de régularité dans
le grouppe des Asphodélées ; ici les bulbes
contiennent deux principes très - distincts ,
qu'on peut en extraire séparément par divers
procédés chimiques , savoir : d'un côté la fécule
qu'on tire , comme on sait , de presque toutes
les bulbes , et un suc amer gommo-résineux ,
qui , dans plusieurs cas où il paraît plus con-
centré , jouit de propriétés stimulantes très-
prononcées , mais diversement modifiées dans
différentes espèces. Il semble que certaines
Liliacées s'approchent des propriétés des Col-
chicacées , tandis que celles oii la fécule do-
mine se rapprochent des Orchidées.
Parmi les premières, je citerai sur-tout la
Scille maritime (i) , les Aloës et les Aulx; mais
(i) Il résulte Je l'analyse de la Scille par M. Vogel ,
qu'il existe dans celle bulbe deux principes distincts at
( 295 )
il faut remarquer cependant que l'amertume
du suc de la plupart de ces esj>èces se rétro ave y
quoiqu'à un moindre degré , dans les racines
des Lis , des Asphodèles et de plusieurs autres
plantes inusitées ; je remarquerai encore que ,
quoique la Scille , les Aulx et les Aloës soient
employées à des usages fort divers, ces drogues
agissent toutes comme stimulans , soit locaux
soit généraux j j'ai déjà eu occasion d'observer
que la Scille est tantôt diurétique comme l'Ail,
quelquefois purgative comme l'Aloës , ailleurs
anthelmintique comme l'Aloës et les Aulx.
Ajoutons que ces trois remèdes sont égale-
meilt dangereux pour les tempéramens délicats ,
et lorsqu'ils sont pris à trop forte dose ; oljser-
vons enfin , relativement aux Aulx et aux Aloës,
que s'ils font une exception dans les propriétés
de la famille , il faut convenir du moins que
toutes les espèces de ces deux genres ont des
actifs, savoir : un principe acre volatil qui se décompose
à la température de l'e;iu bouillante, et un principe amer
TÏsqueux , soluble dans l'alcool et le vinaigre, qui a reçu
le nom de Scillitine , et qui paraît être la priucipale cause
de l'action de la Scille sur l'économie animale. Il sera
curieux de rechercher par la voie de l'analyse si ces prin-
cipes se trouvent dans les Liliacées, dont l'action a du
rapport avec celle de la Scille,
( ^96)
vertus tellement semblables qu'on les substitué
fréquemment l'une à l'autre , et que chacun de
ces genres se distingue de tout le reste de la
famille par un caractère très-prononcé , tel que
l'insertion immédiate des étamines dans les
Aloës et la disposition des fleurs en ombelle
dans les Aulx. Les propriétés excitantes et l'o-
deur alliacée sont communes à toutes les espèces
d'Ail sans exception , et la plupart peuvent
être substituées les unes aux autres, soit comme
condimens , soit comme diurétiques , soit
comme aphrodisiaques : leur célébrité est fort
ancienne , car le Moly d'Homère est bien cer-
tainement une espèce de ce genre 5 et peut-être ,
comme le pense M. Virey , VAlllum nigrum de
Linné (1). Serait-il inutile d'ajouter que quel-
ques-unes des propriétés qui semblent les plus
particulières à ces plantes , se retrouvent dans
d'autres espèces de la même famille ? Ainsi les
habitans des Pyrénées emploient comme pur-
gatif le bulbe du Scilla lîlio'hyacinthus , ceux
des Landes se servent comme purgatif de la
racine de V Authericum bicolor , Desf. , qiii
s'approchent ainsi de TAloës et de la Scîlle 5
ceux du royaume de Valence en Espagne , re-
(1) Voyez Bull. Pharm., l8i4> p. ^ço.
( 297 )
tirent de VJgave americana un extrait tout
à fait semblable à celui des véritables Aloës.
Les Bromeliées forment un grouppe encore
composé d^espèces assez hétérogènes 5 le fruit
de l'Ananas qui , par sa consistance charnue et
sa structure, fait une exception très -marquée
dans la famille des Liliacées s'en écarte aussi
par son parfum aromatique, par sa saveur,
et le principe astringent qu'il paraît renfermer ;
une espèce à! Agave sauvage , au Mexique , pré-
sente une assez grande quantité de sève sucrée
pour qu'on soit dans l'usage de l'extraire ; on
la fait fermenter et on en retire une espèce de
vin qu'on y nomme Pulque ; nous avons déjà
remarqué que la fermentation , en dénaturant
les principes des végétaux , assimile le produit
des êtres les plus disparats.
Enfin le grouppe des Tulipacées ne présente
aucune utilité bien prononcée ; les bulbes des
Lis ont été quelquefois employés comme cata-
plasmes à cause de la grande quantité de muci-
lage qu'elles renferment.
( 298 )
i34. COLCHICACÉES.
Cohhicacece. FI. Fr. 3, p. 192. — JSIerenderœ.
Mirb. — Melanthctcece. Brown, — Juncoium eC
jLilîoruni gen. i\is,%.
Cette famille se distingue parce que les trois
valves de son fruit ne portent pas de cloison sur
la face interne , et par les propriétés yénéneuses
qu'on retrouve dans toutes les parties de ces
plantes. La violence de ce poison est sur- tout
connue dans les racines des Colchiques et des
Vératres , et se retrouvent , au récit des voya-
geurs, dans la racine de la Superbe du Malabar
(^Methonica superba, Desf. )jelle est plus,
grande dans le Colchique à Tépoque du prin-
temps où la plante est en feuilles , qu'à l'au-
tomne où elle est en fleur , et cette observation
de Maranta explique les contradictions des
auteurs , relativement à la racine du Colchique.
II paraît , d'après MM. Mélandri et Moretti ,
que le principe sucré qu'on y observe en au-
tomne se transforme en matière acre. La racine
du Vératre paraît être l'Hellébore blanc des
anciens , drogue active et puissante qui , comme
tous les poisons , devient utile lorsqu'elle est
administrée à propos et en petite dosej ces
deux racines agissent tantôt comme purgatifs
( ^99 )
drastiques , quelquefois comme violens émé-
tiques j d'autrefois comme caustiques et stiuiu-
lans locaux. La racine de \ Helonias diuïca se
rapproche de ces dernières propriétés par l'ac-
tion anthelmin tique de son infusion aqueuse ;
mais elle est singulière en ce que son infusion
spiritueuse est amère et tonique : on l'emploio
sous ces deux points de vue aux Etats-Unis
d'Amérique. Au reste il faut observer qu'outre
leur principe acre , toutes les racines de Colclii-
cacées renferment une quantité notable de
fécule très-saine lorsqu'elle est amenée à l'état
de pureté. Les feuilles des Colchiques et des
Vératres , quoi([ue moins dangereuses que les
racines , causent souvent aux animaux qui les
mangent des vomissemens et des déjections
douloureuses 5 leurs fleurs passent aussi pour
vénéneuses sur-tout dans le Colchique j enfin
leurs graines participent aux mêmes propriétés ;
on les emploie à l'intérieur à faible dose
comme anthelmin tiques , à l'extérieur comme
sternutatoires et comme vermifuges ; cette der-
nière propriété se retrouve éminemment dans
la Cébadille qu'on peut affirmativement placer
parmi les Vératres , d'après l'inspection du
fruit , quoique la plante soit encore mal connue.
Il paraît évident, d'après ces observations,
que la dangereuse famille des Colchicacées con-
firme plein çment la loi de l'analogie.
( 3oo )
i35. COMMELINÉES.
Commelince, Mirb. , hist. 4 ? P* ^ 3g. — Juncomm gen.
Juss.
Leurs propriétés sont inconnues.
i36. PALMIERS.
Palmœ. Juss. , gen. Sy.
De tous les végétaux exotiques , les Palmiers
sont ceux qui par leur utilité et la singularité
de leurs formes , méritent le plus notre examen j
mais d'un autre côté, il n'est aucune famille
sur laquelle les botanistes possèdent des no-
tions moins exactes , et dont les propriétés ,
connues pour la plupart par le seul récit des
voyageurs , aient été soumises à moins d'expé-
riences précises 5 aussi dans cet article plus
que dans tout autre , je m'abstiendrai d'entrer
dans les détails.
Cette famille semble fournir une application
assez frappante de la règle établie dans la pre-
mière partie de cette dissertation : savoir , que
dans chaque grouppe les propriétés d'un organe
offrent une uniformité proportionnelle à la
constance de l'organe lui-même ; ainsi , dans
les Palmiers, les (inits présentent de nom-
(3oi)
breiises variétés : on y trouve des baies, des
drupes , des noix , des espèces de cônes écail-
leux. Cette variation dans les formes en in-
dique une dans les propriétés j aussi la pulpe
qui entoure les graines est-elle huileuse dans
VElaïs , acidulé dans le Calamus zalaca , styp-
tique et astringente dans le Cala/nus rotang,
caustique dans le Car^ota iwens , douce et
nourrissante dans le Dattier , VAreca , YElate.
Au reste , nous connaissons avec exactitude
un si petit nombre de Palmiers , que s'il existe
des intermédiaires ou des rapprochera ens entre
ces divers f iruits , ils nous sont encore inconnus ;
d'ailleurs^ il est possible que nous comparions
ici des organes réellement différens.
Dans tous les Palmiers, la graine qui est
assez grosse est presque entièrement remplie
par le périsperme : celui-ci se présente d'abord
sous la forme d'une émulsion laiteuse , douce
et nutritive j c'est cette matière si célèbre dans
le Cocotier sous le nom de lait et qui se re-
trouve dans les jeunes graines de plusieurs
autres Palmiers ) lorsque le périsperme com-
mence à se concréter , il offre iine consistance
et une saveur assez analogues à nos noisettes 5
mais cet état dure peu , et le périsperme , darts
tous les Palmiers , finit par acquérir une con-
sistance dure , cornée , qui le rend inutile à k
nourriture des hommes.
(3oO
SI des fruits nous passons aux tiges , nous
y trouverons une uniformité de propriétés qui
coïncide avec la constance de leurs formes ;
ainsi dans tous les Palmiers , le tronc , lors-
qu'il est âgé , présente une fécule douce et
nourrissante qu'on connaît sous le nom de
sagou ; cette fécule se retire ordinairement du
Sagoutier , mais tous les Palmiers ( excepté
peut-être VAreca catechu ) en fournisse'nt une
quantité plus ou moins notable ; ainsi on extrait
leSagou, soitdxiSagusJarmîfera , soilàuCycasS
î^voluta , soit du PhcBJiix farinifera ; de même
si l'on extrait la sève des Palmiers , comme on
le pratique dans la plupart des pays chauds ,
on obtient une liqueur limpide , sucrée , suscep-
tible de se changer en vin et même en alcool
par la fermentation , et de former par diverses
préparations , soit une liqueur acidulé , soit
une espèce de miel sucré j dans ces propriétés
de la sève des Palmiers , ne trouvons-nous pas
ici un indice chimique de l'analogie botanique
qui existe entre les Palmiers et les Gramiuées ?
Enfin la sommité de tous les Palmiers présente
une substance herbacée , mucilagineuse , douce
et nourrissante j cette sommité , connue sous le
nom de Chou palmiste , sert d'aliment à l'es-
pèce humaine dans tous les pays où croissent
|es Palmiers j les seules espèces qu'on n'emploie
( 3o3 )
pas à cet usage, sont celles dont on préfère
obtenir le fruit, parce qu'on sait que d'après
le mode de végétation des Monocotylédones,
on ne peut espérer de conserver long-temps un
Palmier dont la sommité est tronquée. MM. de
Homboldt et Bonpland ont découvert dans les
montagnes de Quindiu un Palmier fort remar-
quable qui suinte de la cire , et que par cette
raison ils ont nommé Cerox^lon : cette pro-
priété extraordinaire se retrouve dans un Pal-
mier du Brésil que les naturels du pays nomment
Carnauba,
137. J O N C É E S.
Juncorum. gen. Jiiss.
Les Joncées sont en général insipides , ino-
dores et inusitées en médecine. Si V Acoriis
appartient réellement à cette famille , il y forme
une exception par ses propriétés aromatiques.
i3B. TYPHACÉES.
Typhce, Juss. , gen. a5«
Aucunes propriétés connues. Je ne parle pas
ici de l'emploi qu'on fait de l'aigrette des Typha
dans les cas d'engelures excoriées , parce qu'il
est probable que ces soies agissent mécanique*
( 3o4 )
ment lorsqu'elles excitent un suintement lym-
phatique.
Le pollen des Typlia remplace la poudre de
Lycopode dans plusieurs pharmacies , et lui
ressemble en ef Fet par sa ténuité et par sa nature
inflammable ; il est probable que la facilité d'en
recueillir une grande quantité à-la-fbis a seule
déterminé cette substitution , et que tout autre
pollen remplirait le même office.
139. CYPERACÉES.
Cjperacece. DC. , FI. Fr. 3 , p. 99. — Cyperoidece.
Juss., gen. 26.
Dans la famille des Cyperacées , ainsi que dans
la plupart des Monocotylédones , les racines
seules méritent notre attention ; dans le genre
des Carex, nous voyons la racine des Carex
arenaria , disticha , hirta , et probablement
de toutes les espèces où elle est suffisamment
.développée , jouir de propriétés diapliorétiques,
démulcentes et résolutives, qui l'ont fait appeler
avec quelque raison la Salsepareille d* Allema-
gne. Dans le genre des Soucliets, la racine prend
un caractère un peu différent ; mais elle offre
toujours une quantité de mucilage qui la rend
ïiourrissante et agréable au goût. Ce mucilage
■^ trouve ioint dans le Cyperus longus , avec
( :-5o5 )
un principe amer qui lui donne une propriété
tonitjue et stùmachique: ce principe se développe
davantage dans le C^periis rotundus y ce qui
donne à ses tubercules une saveur désagréable.
Quant au Cyperus esculentus , on peut en tirer
une émulsion douce, laiteuse et rafraîchissante,
propriété qui paraît s'éloigner un peu des au-
tres espèces de ce genre , mais qui rentre dans
les observations faites plus haut sur les vrais
tubercules comparés aux simples renflemens
des racines j on sait en effet que les tubercules
du C. rotundus sont des renflemens de la racine,
tandis que ceux du C, esculentus sont de vraies
tumeurs qui servent comme de réservoirs de
mucilage et de fécule. Malgré ces légères diffé-
rences , dues sans doute à des mélanges iné-
gaux des mêmes principes, on peut, ce me
semble , regarder la famille des Cypéracées
comme conforme à la théorie. Les feuilles de
toutes les Cypéracées sont d'une consistance un
peu sèche , et ne renferment que très-peu de
matière nutritive , de sorte que la plupart sont
négligées par les herbivores.
:ao
• ( 3o6 )
i4o. GRAMINÉES.
Gramineœ. Juss. , gen. 28.
Les Graminées constituent la famille la plus
naturelle , la plus nombreuse en espèces, et la
plus répandue sur la surface du globe que nous
trouvions dans le règne végétal , en sorte que
sous ces divers rapports , elle mérite un exa-
men particulier. Nous observerons d'abord
qu'elle ressemble beaucoup , par ses propriétés ,
à la famille des Cypéracées , dont elle se rap-
proche par ses formes ; nous ajouterons encore,
avant d'examiner les diverses parties de ces
plantes , qu'aucun Gramen n'offre de propriétés
vraiment vénéneuses , et que presc[ue tous au
contraire présentent , dans leurs diverses par-
ties , des propriétés salubres et nutritives.
Ces propriétés sont sur-tout remarquables
dans leurs graines , qui toutes renferment une
substance farineuse mélangée dans plusieurs
avec une quantité plus ou moins sensible de
matière glutineuse j tout le monde sait à com-
bien d'usages divers et importans nous em-
ployons les semences des Fromens , des Seigles ,
des Orges , des Avoines , des Maïs , des Sorgho ,
du Riz , etc. , et en général de toutes les grandes
Graminéesj mais ce qu'il importe d'observer
( 3o7 )
sous le point de vue qui nous occupe , c'est ,
i.o que si nous n'employons pas les graines des
autres Graminées , c'est uniquement à cause
de leur petitesse , et non à cause de la diffé-
rence de leur nature ; en effet , dans les temps
de disette , et dans les pays peu cultivés , oii
s'est servi avec avantage des graines de Fes^
tuca Jluitans , de Zizania aquatica , Avena.
Jutua , Panicum sanguinate y Avena elatlor ,
Bromus secalinus , Elymus arenarius ; 2..^ que
les usages particuliers auxquels nous employons
certaines semences de Graminées , ne leur sont
point exclusifs , mais peuvent se tirer de toutes
les autres avec de légères modifications 5 ainsi ,
on fait de la bierre non-seulement avec l'Orge ,
mais aussi avec le Froment ; on fabrique de
l'eau-de-vie non-seulement avec les semences
de nos Céréales , mais encore avec celles du
Riz 5 3.°quôsi nous employons de préférence,
et presque exclusivement , les graines des Pro-
meus , des Orges et des Seigles , ce choix même
tend à confirmer la loi de l'analogie 5 car ces
genres forment une petite section dans la fa-
mille des Graminées. Ici se présente une objec-
tion d'autant plus singulière, qu'elle semble
entièrement isolée ; c'est l'Ivraie dont la graine
paraît narcotique, enivrante, et a même été
regardée comme vénéneuse 3 observons cepen-
20,.
( 3o8 )
dant que ces qualités délétères paraissent avoir
été exagérées , car elles ne se conservent que
peu ou point dans le pain et la bierre préparée
avec de l'Ivraie : et clans les temps de disette
on a vu plusieurs individus s'en nourrir ; mais
quand elles seraient vraies , ce ne serait pas à
mes yeux une objection bien puissante ', car
enfin l'Ivraie offre naturellement les propriétés
qu'on trouve dans le Froment lorsqu'il a été
trop exposé à l'iiumidité ; c'est peut-être à cette
dernière cause qu'est dû Je préjugé populaire,
que dans les années humides le Froment se
change en Ivraie. Les propriétés excitantes de
l'Avoine semblent encore faire une exception à
l'uniformité des graines de Graminées 5 mais il
faut observer que ces propriétés ne résident
point dans le périsperme qui est la partie em-
ployée pour faire la farine , mais dans l'enve-
loppe du grain ; elles tiennent à une petite
quantité d'un principe aromatique , analogue
à la Vanille , niché dans l'enveloppe de la
graine, et qu'on peut en extraire à l'aide de
l'eau et ensuite de Talcool : ce principe observé
par M. Journet rend raison des usages dié-
tétiques de l'Avoine munie de son écorce, et de
la fadeur de sa farine. Nous voyons donc que
les graines de 4 o^ 5oo Graminées connues
offrent à peine une exception dans les proprié-
( 3^9 )
tes. Les effets délétères de l'ergot du Seigle ne
font point exception à cette règle , soit cju'on
le considère comme un état maladif du grain,
soit que plutôt comme je crois Tavoir prouvé,
on le regarde comme un Champignon parasite
dévelop])é à la place du grain.
Si des graines nous passons aux tiges , nous
les verrons offrir une semblable uniformité;
toutes renferment , sur-tout avant leur florai-
son , un mucilage doux et sucré , mais yjlus ou
moins abondant dans les diverses espèces. Si la
Canne semble faire une exception par l'extrême
quantité de sucre qu'elle renferme , il faut re-
marquer , i.o qu'elle reste naturellement dans
l'époque la plus favorable à la j^roduction du
sucre, puisqu'elle ne porte jamais de graines j
2.° qu'elle est l'une des plus grandes Graminées
connues : le Maïs , qui tient le premier rang
parmi les Gramens de nos climats^ offre aussi
une quantité de sucre assez considérable; et
l'on sait que diverses es])èces de Sorgho , et
notamment celle qui a reçu le nom Ôl Holcus
saccharatus 3 contiennent une quantité de ma-
tière sucrée assez notable, pour qu'on ait tenté,
avec quelque succès , de l'en extraire , princi-
palement en Italie. La nature mucilagineuse
des tiges des Graminées expliqué comment elles
servent d'allraens au plus grarid nombre des
( 3io )
animaux herbivores ; les Graminées dures et
piquantes sont les seules que les bestiaux né-
gligent : il n'est peut-être pas inutile de remar-
quer ici que l'abondance des Graminées sur
tous les points du globe , et l'identité absolue
de leur nature , est la cause qui a rendu pos-
sibles le transport jet la naturalisation des ani-
maux herbivores d'un bout du monde à l'autre.
Les racines rampantes des Graminées , qui
doivent être proljablement considérées comme
des ti^es souterraines , sont en général mucila-
ginsuses , douces , résolvantes j nous employons
celles qui , par leur grandeur , offrent le plus
d'utilité , telles que le Tj'iticum repens et le
Panicum dactyloii. Mais nous pourrions sans
doute nous servir de toutes avec le même avan-
tage, en les employant seulement à doses dif-
férentes.
Les tiges de Y Andropogon schœnanthus , les
feuilles de V Andropogon citratum, les racines
de y Andropogoji nardus, et de V Anthoxanthuin
odoratum , exhalent une odeur aromatique ,
et jouissent de quelques propriétés toniques et
cordiales, qui font seules exception à l'unifor-
mité que présente la famille des Graminées.
(3ii)
141. EQUISÉT ACÉES.
Eçuisetaceœ. FI. Fr. 2 , p. 58o. — Pehata. Hoff. —
Filicum gen. Juss.
Toutes les espèces de cette famille ont été
employées indifféremment les unes pour les
autres : elles jouissent d'une saveur astrin-
gente , et semblent agir comme stimulans ; une
espèce à.' Equisetum , connue à la Chine sous
le nom de Mouk-se , y est employée en décoc-
tions astringentes j on a indiqué les Prêles
comme diurétiques et emmenagogues , mais
elles sont maintenant presque hors d'usage ',
toutes les espèces sont données indifféremment
par les Irlandais pour fourrage au bétail et aux
chevaux de selle. Plusieurs espèces de divers
pays ont la tige assez rude pour être employées
à polir les ouvrages de menuiseries.
142. MARSILÉACÉES.
Marsileaceœ. Brown. , prod. 166. — Rliizospermce,
Roth. — Pilulariœ. Mirb. — Filicum gen. Juss.
Les propriétés de ces plantes sont nulles ou
inconnues.
(3l2)
143. LYCOPODINÉES.
Ljcopodineœ. FI. Fr. 2 , p. 67 1. — Ljcopodiacece.
Michaux. — Muscoiumgeti. Juss.
Cette famille est encore peu connue quant à
ses propriétés ; nous olDserverous seulement que
la décoction de l'herbe du Lycopodium clava-
turn i^i) , et s^ir-tout du Lycopodinmselago (2) ,
excitent le vomissement; on sait aussi que la
poussière qui se trouve dans les petites coques
de ces plantes , et qui est regardée par les uns
comme la graine , par les autres comme le pol-
len , est d'une nature très-inflammable ; et l'a-
nalyse de cette poudre , donnée par M. Pelle-
tier , prouve qu'elle contient delà cire, du
sucre , une matière extractive , de l'alumine
probablement combinée avec l'acide suHurique,
du fer et les élémens ordinaires des végétaux ;
ce'rte analyse semble donner quelque nouvelle
probabilité à l'opinion des botanistes, qui re-
gardent la poussière de Lycopode comme ana-
logue au pollen ; cette opinion est encore con-
firmée, par l'usage où l'on est dans quelques
provinces , et notamment aux environs de
(i) Lycopodlnm , off.
(2.) JMiiscus erectus , off.
( 3i3 ) •
Narbonne , de recueillir le pollen des Tiplia
pour s'en servir en guise de Lycopode.
M. Vastring a publié un mémoire sur l'em-
ploi des Lycopodes dans la teinture : il y assure,
entre autres faits intéressans, que les étoffes de
laine qu'on fait bouillir avec les Lycopodes , et
sur-tout avec le L. clavatum ^ y acquièrent la
propriété de se colorer en bleu, lorsqu'on les
fait passer ensuite dans un bain de bois de
Brésil .
144. FOUGÈRES.
Filices. Smith. , diss. — Filicumgcn. Jiiss. 14.
Avant de parler des propriétés des Fougères,
je remarquerai, avec M. Mirl)el, que la Souche
ram])ante et souterraine, à laquelle les bota-
nistes ont donné le nom de racine, est une vé-
ritable tige droite et ferme dans les Fougères
en arbre , grimpante dans les Ugena , rampante
à la surface du sol dans le Pohpodlu??i vir^i-
nicvm, enfin rampante sous le terrain dans les
Fougères de nos climats j que la partie qui s'é-
lève hors de terre, et qu'on a coutume d'aj)pe-
ler herbe , est une véritable feuille.
Les feuilles d'un grand nombre d'espèce sont
employées indistinctement dans nos pharma-
:ies sous le nom de CajûUaires j elles passent
(3.4)
toutes pour bécliiques et adoucissantes ; elles
contiennent un mucilage assez épais, mélangé
d'un léger principe astringent , et d'un arôme
faible , mais agréable j cette odeur est plus pro-
noncée dans les Adianthum pedatum. et Capil-
lus veiieris; aussi ces espèces sont-elles préfé-
rées par les pliarnuiciens j mais on- se sert à leur
défaut de V Asplenium adianthum - nigrum ,
A. trie ho mânes y A. ruta-muraria , A . ceterach^
A' scolopendrium _, Poly podium vulgaire , P.
rhœticum y et probablement de toutes les es-
pèces indigènes qui tombent sous la main des
herboristes ; Thunberg nous apprend même
qu'au Cap de Bonne -Espérance on emploie
pour le même usage V Adianthum œthiopicum.
Le principe astringent et aromatique qu'on ob-
serve à faible dose dans toutes les feuilles de
Fougères , est au contraire plus développé dans
celles du Voly podium calaguala , employé au
Pérou comme astringent diaphorétique , et qui
commence à s'introduire dans la médecine eu-
ropéenne.
Les propriétés des souches souterraines de
nos Fougères diffèrent assez sensiblement de
celles de leurs feuilles , et nous offrent une a
plication utile de la règle établie plus haut su
la distinction des organes : ces souches sonl|
tontes remarquables par leur saveur amère ;
( 3.5 )
cette saveur se retrouve même dans le Poly-
pode vulgaire , où elle est connue masquée par
une assez grande quantité de mucilage , mais
où elle reparaît , soit par la mastication , soit
par une cuisson prolongée : toutes les souches
des grandes Fougères de nos climats sont em-
ployées avec succès comme anthelmintiques ,
et particulièrement usitées pour l'expulsion du
Tœnia ; le Polypodium Jîlix mas , et le Tter'is
aquilina , sont celles dont on se sert le plus
habituellement j mais je ne doute pas qu'on ne
puisse employer de même , et qu'on n'ait déjà
employé presque toutes nos Fougères; on les
a aussi données comme emménagogues et
comme purgatils ; dans tous ces cas , leur action
paraît être celle d'un stimulant plus ou moins
actif; c'est sans doute sous ce même rapport
que l'extrait de V Osmunda regalis a été donné
avec succès par le docteur Aubert à la dose de
trois gros chaque matin aux enf'ans rachi-
tiques.
D'après les détails , dans lesquels .je viens
d'entrer, je place sans hésiter la famille des
Fougères au nombre de celles qui confirment
la théorie.
( 3i6 )
ni. ACOTYLÉDONES , ou CELLULAIRES.
Les Acotylédones sont grouppées par les bo-
tanistes, plutôt d'après des caractères négatifs,
que d'après des marques véritablement distinc-
tives ; elles offrent des différences très-considé-
rables , soit dans leurs formes , soit dans leur
manière de vivre, soit dans les lieux qu'elles
Jiabitent. On ne doit point s'étonner si dans Té-
nu mération de leurs propriétés nous remar-
quons peu d'uniformité : leurs irrégularités
s'augmentent encore à nos yeux , parce qu'il
est impossible de faire usage dans cette classe, de
la règle établie plus haut sur la distinction des
organes ; et cette impossibilité tient à leur peti-
tesse , à l'homogénéité de leurs parties , et sur-
tout à notre ignorance.
145. MOUSSES.
Musci.Juss.f^en. 10. — JMuscifrondosi. Hedw.
Parmi les Mousses on a vanté autrefois les
propriétés narcotiques des Hypnesj on a assuré
que la décoction de Polytric (1) et de Funai-
(1; AdiantLum majus^ off. Polytliricum commu:ie ,
Lin.
(3i7)
re (i), appliquée sur le crâne, empêchait la
chute des cheveux ; on les a indiquées quelque-
fois comme sudorifiques, quelquefois comme
emménagogues , ailleurs comme astringentes et
propres à arrêter les menstrues trop abondantes.
Ces vertus, dont quelques-unes sont contra-
dictoires , sont certainement très-faibles ou en-
tièrement illusoires j d'après la saveur presque
uniforme de toutes les Mousses , on peut y
soupçonner un léger principe astringent 5 mais
le parti le plus sûr est de les regarder comme
inutiles , ou du moins inconnues en médecine.
146. HÉPATIQUES.
Hepaticœ. Juss. , gen. 7.
Quoique les prétendues vertus hépatiques de
la Marchantie-Protée (2) aient donné à cette
famille le nom qu'elle porte , ces propriétés sont
trop faibles et trop controversées , les autres
espèces sont trop peu connues pour c[ue nous
y donnions ici aucune attention 5 je dirai seu-
lement que d'après la saveur et la consistance,
(i) Adianthuin minus f off. Funaiia hygrometica ^
Hedw.
(2) Marchantia polymorpha , Lin. Hepatica terres-
tris , oJff.
( 3x8 )
il me paraît probable que les grandes espèces
d'Hépatiques se rapprochent par les propriétés
des espèces de Lichens foliacés.
147. LICHENS.
Lichenes. FI. Fr. 3 , p. Sai . — Algarum gen, Juss.
Les Lichens nous présentent deux classes de
propriétés : i.** les propriétés tinctoriales qui
se développent par divers agens , et sur-tout
par la macération dans l'urine , propriétés qui
sont communes à toutes les espèces , mais sur-
tout à celles dont la consistance approche da-
vanta'ge d'une croûte calcaire ; 2.° les propriétés
médicinales qui sont plus sensibles dans les
Lichens dont la consistance est plus molle ,
soit parce qu'ils contiennent plus de mucilage,
soit parce que les expériences n'ont encore été
tentées que sur les espèces assez grandes potir
en espérer quelque utilité. Parmi ces dernières
on remarque que toutes ont une saveur plus ou
moins amère ; qu'elles paraissent composées de
mucilage (1) , d'une petite quantité de résine ,
sur-tout d'une matière de nature animale ana-
(i) Le Lichen d'Islande renferme, dit-on, une assez
grande quantité de gomme pour qu'on ait tenté de l'ex-
traire pour la subsLituer ù la plupart des emplois de ia
( 3i9 )
logue à la gélatine ; c[iie la plupart sont adou*
cissantes , utilement euiployécs sous forme de
décoction dans les maladies de poumon , et
susceptibles de servira la nouniture de l'homme,
lorsque par des lavages ou des cuissons répé-
tées on les a dépouillées de leur amertume; telles
sont les propriétés générales de la Cladonia
rangiferuia , de tous les Scypliopliores , de la
Physcia isLandia, de la Lobaria pidnionana ,
de la Roccella tinctoria , dont on se sert pour
faire des bouillons à l'Ile-de-France , et proba-
blement de plusieurs autres espèces si voisines
des précédentes, que l'œil exercé du botaniste
peut à peine les distinguer, et qui ont sans
doute été confondues avec elles dans les pré-
parations pharmaceutiques : la propriété pur-
gative de la Peltigera aphtosa , et l'utilité de
la Peltigera canina contre la rage , sont en-
core trop peu avérées pour mériter quelque
attention dans ce résumé j et ces mêmes es-
pèces se rapprochent des précédentes par leurs
propriétés , d'après le témoignage de quelques
médecins. II me semble que la famille des
gomme du Séuégal. Mais cependant M. Berzelius en a
trouvé à peine un demi-cenlième, tandis qu'il y a décou-
vert -^ d'une substance coagulable, analogue à la géla-
tine.
( 320 )
Lichens , quoique encore trop peu étudiée ,
ofïre assez de propriétés communes pour pou-
voir être inscrite parmi celles qui appuient la
tliéoiie.
148. HYPOXYLONS.
Hjpoxila. FI. Fr. 2. , p. 280.
Propriétés nulles ou inconnues.
149. CHAMPIGNONS.
Fungi.Fl. Fr. 2 , p, 65. — Fungorum gen, Juss. Fers.
Le grouppe des Champignons est un de ceux
qui> présentent le plus grand nombre d'anoma-
lies, et qui paraissent le plus contraires à la loi
de l'analogie j nous y trouvons des espèces for-
tement vénéneuses , d'autres qui servent à
notre nourriture , quelques-unes qui jouissent
de propriétés toutes particulières et en appa-
rence isolées ; la difficulté de distinguer les
Champignons salubres et vénéneux est connue
de tout le monde j 'mais quoique la classifica-
tion des plantes fongueuses soit encore loin de
sa perfection , on peut déjà remarquer qu'il y
a plus de rapport qu'on ne pourrait le croire
entre les propriétés des Champignons et ce que
nous connaissons de leurs formes.
(321)
La famille des Champignons renferme une
soixantaine de genres , mais on ne compte d'es-
pèces comestibles que dans les genres Helvelle ,
Clavaire , Hydne , Bolet , Mërule , Agaric ,
Morille et TrulFe ; tous les autres sont inusi-
tés , soit parce qu'on y a reconnu des qualités
vénéneuses , soit parce que leurs espèces sont
ou trop petites , ou trop fugaces , ou trop co-
riaces , pour qu'on ait eu l'idée de les essayer.
Nous allons entrer dans quelques détails sur les
genres dans lesquels se trouvent des espèces
comestibles.
Toutes les espèces des genres Morille et Truffe
sont également saines ^ et on reconnaît dans
toutes une saveur et une propriété tout-à-fait
analogues à celles de la Morille et de la Truffe
commune.
- Les Morilles {^Morchellœ^ avaient été long-
temps confondues dans le même genre que les:
Phallus; M. Persoon, auquel l'étude des Cham-
pignons doit ses plus grands progrès , a montré
qu'elles en diffèrent par des caractères impor-
tans , tels que l'absence de la vol va commune
qui enveloppe les jeunes Phallus , et l'absence
de cette espèce de liquide gluant et fétide qui
recouvre leur chapeau 5 à peine ces deux
g;rouppes appartiennent ils à la même section.'
En séparant les Morilles des Phallus , la classi-
21
( 322 )
fîcatioii s'est trouvée d'accord avec l'Iiistoire de
leurs propriétés y car les Phallus sont vénéneux
et fétides , tandis que les vraies Morilles sont
toutes salubres et exhalent une odeur aeréable.
On lait un usage fréquent du Morcfiella escu-
lenta dans une grande partie de l'Europe sous
les noms de Morille , Morchelea , Spugniole ,
Spongignole ou Pungola _; on vend sur le mar-
ché de Florence le Morchella gîgas confondu
avec le/»/, esculenta , et si les autres espèces
n'ont sous ce rapport aucune célébrité , c'est
certainement à cause de leur rareté , car toutes
leurs qualités physiques sont les mêmes.
Les TrulFes étaient comme les Morilles con-
fondues dans un genre de Cliampignons véné-
neux, celui des Lycoperdons : elles en difïerent
parce que l'intérieur de leur péridium est en-
tièrement charnu au lieu d'être plein de pous-
sière : tous les Lycoperdons et tous les genres
qui en ont été démembrés y mais qui leur res-
semblent parla poussière abondante qu'ils ren-
ferment , sont vénéneux : les espèces du véri-
table genre Truffe ( Tuber') sont au contraire
toutes salubres et agréables au goût. A peine de
légères nuances de saveur peuvent-elles distin-
guer ces espèces : la plus célèbre de toutes est
celle qui porte le nom exclusif de Truffe noire
( Tuber cïbarium i Pers. , Tuber gulosorum ^
(' oaS ) ^
Bull.) ; elle se cKstingue à ce que sa superficie
est couverte d'émiiiences dures et coinme pris-
matiques , et à ce qu'à sa maturité elle est noire
en dehors et en dedans ; on sait qu'elle est assez
commune dans la moitié méridionale de la
France : on peut lui subtituer et le Tuber mos-
chatum et le Tuber album, découverts l'un et
l'autre , par M. de Saint^Araans , aux environs
d'Agen : et deux variétés ou espèces particu-
lières que les Piémontais connaissent sous les
noms de Bianchetli et de Rossetti , et que
Pico a décrites sous les noms de Tuber albidum
et de Tuber rufum. On trouve encore dans une
grande partie de la France une Truffé noire en
dehors et blanche en dedans qui peut-être n'est
que la Truffe noire cueillie avant sa maturité;
cependant plusieurs collecteurs de Truffé affir-
ment qu'elle ne de vien t jamais noire à l'intérieur j
quoiqu'elle soit moins odorante que la Truffe
noire , on la recueille cependant pour la substi-
tuer en fraude à son usage j mais l'espèce la plus
remarquable après la Truffe noire, est l'a Truffe
de Piémont ( Tuber griseum') , qui est dépaur-
vue d'éminences prismatiques et d'un gris pâfe ,
et un peu roux soit en dedans , soit en dehors.
Elle est assez commune dans les collines dti
Piémont , et se distingue à son odeur qui ap-
proche un peu d<î celle de l'ail ? mais qui est
21,.
( 024 )
cependant agréable , même pour ceux qui crai-
gnent l'ail : la Trufïe noire et la Trufïe grise
sont l'une et l'autre employées aux mêmes
usages y mais avec cette seule différence que la
Truffe noire est plus spécialement destinée à
servir de condiment aux matières animales , et
la Truffe grise aux matières végétales.
Les autres genres de Cliampigmons comes-
tibles présentent moins d'uniformité que les
précédens.
- Parmi lès Helvelles , lesHydnes , les Mérules et
les Clavaires , on ne connaît aucune espèce vé-
néneuse , mais on ne mange, que celles qui sont
charnues , et on abandonne les espèces gélati-
neuses ou coriaces.
Parmi les Helvelles , il en est fort peu de
comestibles: on en mange en Allemagne une
espèce que Perso on a nommée Helvella escu-
lenta / Allioni dit qu'on mange en Piémont
V Hehella fnitra , et j'ai vu employer aux en-
virons d' Aigues-mortes , sous le nom d' Oreil-
lette j une espèce d'Helvelle très - analogue à
V Helvella mitra , mais que je crois être une
espèce distincte. Par leur saveur et leur emploi
les Helvelles sont analogues aux M^^rilles , dont
elles se rapprochent par leurs caractères bota-
niques. L i.
Les Clavaires dont la consistance est charnue >
( 325 )
paraissent toutes saines et comestibles } les es-
pèces rameuses , qui formaient le genre Rarna-
ria de Holmskiold , sont les seules qui soient
assez grandes et assez communes pour être gé-
néralement usitées, et même on n'a guères
coutume d'employer que celles qui croissent
sur la terre. et dont les dimensions sont assez
considérables pour valoir la peine de les recueil-
lir ; telles sont les Clavaria coralloïdes et cine-
rea^ qui ont la forme d'un petit arbre de corail
ramifié et plus ou moins dressé. La première qui
est la plus commune, se distingue à sa couleur
jaune ou blanche j elle est connue dans les pro-
vinces de France sous les noms de Barbe de
bouc ,Bouquinbarde , G an te Unes ^ GaUinoles,
Tnpettes , Cfievellncs , Pied-de-coq , Poule ,
glousse , Barbes , JSlainoites , Menottes , Barbe
. de chèvre , EspigneUes , Pattes d'Alléor ,
Diables , Balais, etc. La seconde espèce, qui
est moins commune, porte tous les mêmes
noms, en y ajoutant l'épitliè te dégrise; ces
Clavaires sont au nombre des Champignons les
moins dangereux, en ce qu'elles ne ressemblent,
même de loin, qu'à des espèces salubres ; mais
il faut avouer que leur chair est un peu filan-
dreuse et leur arôme peu prononcé.
Parmi les Hydnes on trouve la section des
Hérissons ( Hericium 3 Pers.) qui n'ont pas de
( 326 )
chapeau distinct : ils sont composés d'un tronc
charnu qui naît latéralement et duquel pendent
des pointes ou filets prolongés 5 on dirait voir
une Clavaire coralloïde à gros tronc et à rameaux
pendans, au lieu d'être dressés : les Hérissons
ont la consistance et les propriétés de ces cla-»
vaires dont ils se rapprochent par la foniiê f
comme ils sont assez rares , ils sont peu em-
ployés : V Hydnum erinaceiiin qui croît sur les
chênes âgés , sert d'aliment dans les environs
des Vosges : V Hydnum coi^aîloïdes se mangô
en Piémont et en Toscane ; V Hydnum caput
medusœ se mange en Italie sous le nom de
Fungo istrice ; il paraît même qu'on y confond
sous ce nom trois espèces de Champignons sa-
lubres j il faut observer en passant que M. Pau-
let a transporté ce nom de Tête de Méduse à
une espèce vénéneuse très -différente de celles- •
ci. Paxmi les autres sections du genre Hydnum ^
je ne trouve guères d'espèce usuelle que V Hyd-
num repandum qiii sert d'aliment dans quel-
ques provinces sous les noms de Eurchon ,
Chevrette , CAevrodne , Rlgnoche ; et en Tos-
cane , sous ceux de Steccherrino ou Dentino-
dorato : on mange encore en Toscane , sous le
nom de Steccherrino ou Dentino-b'ianco , \\\\
Hydne très- semblable au précédent , mais plus
gros et tout blanc ; on emploie aussi V Hydnum
( 327 )
aurhcalpium qu'on dit être une des meilleures
espèces j il paraît que c'est celui qui porte dans
le département du Gers Içnom de Brouquichons;
en général il faut se méfier de tous les Hydnes de
couleur foncée qui sont plus ou moins suspects,
et cette règle est applicable à presque tous les
Mérules , les Bolets et les Agarics.
Le genre des Mérules {Merulius), qui se
reconnaît aux veines ou plis anastomosés ([u'ori
observe à la face inférieure du chapeau , est
tout composé d'espèces qui paraissent dé[)Our-
vues de qualités acres et vénéneuses ; mais
comme la plupart sont coriaces ou membra-
neuses , on ne les emploie pas comme alimens;
une seule mérite d'être citée sous ce point de
vue 3 c'est le Merulius caTitliarellus ^ qu'on con-
naît vulgairement sous les noms de Chanterelle,
Girille , Esc au y Girolle, Virolle , Gérille ,
G Iran de t , G In ovule , Esc ravi lie , Cassirie ,
Chevrille, Chevrette, Jeaunelet, etc. C'est une
espèce peu délicate , mais qu'on ne peut confon.
dre avec aucune qui çoit dangereuse.
Toutes les anomalies réelles sont donc rédui-
tes aux Champignons à chapeaux bien distincts j
savoir, les Bolets et les Agarics. Mais ici encore
les rapports déduits de la structure peuvent
diminuer beaucoup les irré?;idarités apparentes
de ces végétaux.
( 3:z8 )
On peut distinguer dans ces plantes troifr
parties assez distinctes , le pédicule , la chair
du chapeau , et riiymenium ou la partie de ce
chapeau qui porte les graines et qui forme des
feuillets dans les agarics. L'observation prouve
que riiymenium est la partie dont on doit le
plus se défier ; ainsi tou tes les fois qu'on peut
l'enlever , comme cela a lieu dans les Bolets de
la section des Suillus , on diminue beaucoup
l'âcreté j et cette pratique est populaire dans
tous les pays où on en fait usage j c'est ce que
les cuisiniers appellent ôter le foin du Champi-
gnon. Lorsque l'hymenium n'est pas séparable
de la chair du chapeau , on recherche de pré-
férence comme comestibles toutes les espèces
qui ont la chair fort épaisse proportionnelle-
ment à l'hymenium. Cette circonstance est
sur-tout rigoureusement nécessaire dans les
espèces où ie pédicule manque , parmi lesquelles
on n'emploie que celles dont les chapeaux sont
très-charnus.
Les Bolets , c'est-à-dire, les Champignons
dont le chapeau est revêtu de tubes ou de pores
à la surface inférieure , ont en général le pédon-
cule et la chair du chapeaii mangeables, ex-
cepté, 1.*^ dans les espèces coriaces , subéreuses
et ligneuses 5 2.*^ dans celles où le pédicule est
muni d'un collier , S.*' dans celles dont la saveur
(3^9.)
est poivrée , et 4-'^ dans celles dont la couleur
devient bleue ou verte lorsqu'on les coupe. Ce
dernier caractère commun à toute la famille
dénote toujours un Champignon suspect.
Quanta ceux qui ne rentrent pas dans les mo-
tifs d'exclusion que je viens d'énoncer, on doit
y distinguer trois grouppes : i.*^ les Folypores
ou Bolets proprement dits , dont les tubes sont
adhérens entre eux et avec le chapeau 52.^ les
Suillus , où les tubes sont séparables du cha-
peau mais adhérens entreeux j3.o les Fistulines,
où les tubes sont libres et non adhérens entre
eux.
Parmi les Polypores , ceux qui sont absolu-
ment dépourvus de pédoncule , ou qui ont un
pédoncule latéral , sont vénéneux ou du moins
suspects, àl'exceptionpeut-êtrededeuxespèces,
savoir : le Boletus juglandis qu'on mange en
quelques provinces sous les noms de Miellin,
Langou , Oreille d' Orme ( car , malgré son nom
botanique , il se trouve sur différens arbres ) , et
le Boletus froiidosiLs qu'on mange en Piémont
sous les noms &' Orciori et de Barbesin ; mais
quant au premier , il faut observer que son
odeur est très-dangereuse dans les lieux renfer-
més , comme Bulliard l'a éprouvé sur lui-même j
et quant au second , on a remarqué qu'il faut
le faire cuire long-temps pour qu'il ne soit pas
( 33o )
malfaisant : de sorte que ces deux exemples eux-
mêmes confirment ce que j'ai dit plus haut des
Polypores à pédicule latéral j c'est au grouppe
des Polypores à pédicule central qu'appartient
le fameux champignon comestible ( Bohtus tu-
beraster ) qui est produit par la pierre à cham-
pignon ou Tietrafungaia des Napolitains. C'est
au même grouppe qu'appartiennent deux Bolôts
à très-petits pores , peu connus des botanistes ,
quoiqu'ils servent d'aliznens en Toscane et qu'ils
aient été figurés dans Micheli j l'un est le Sco-
petino figuré pi. lo, fig. '5; l'autre est le Fiingo-
corvo ou Carbonaio (pi. lo, fig. 2,. ) A l'excep-
tion de ces espèces , tous les autres Polypores (de
France au moins ) , offrent plus ou moins de
dangers , et ne doivent être employés qu'avec
précaution.
Les Suillus , qu'on appelle en italien Vorciiii
ou Champignons de porcs , présentent plus d'u-
tilité qu'un nom si abject n'en semble indiquer.
On doit sévèrement proscrire de l'usage alimen-
taire ceux dont le pédicule est grêl'e ou le cha-
peau mince , ceux qui ne croissent pas sur la
terre , et sur-tout ceux qui changent de cou-
leur lorsqu'on les coupe. (1) On désigne vulgai-
(1) La seule exception que je connaisse à cette règle ,
est le Beletus Fré qui se mange en Piémont, encore
M. Bellarnî qui rapporle ce fait, observe-t-il que son usage
est susnect.
(330
rement les Suillus mangeables ( c'est-à-cllre qui
ne sont pas atteints par les exceptions précé-
dentes ) sous les noms de Ceps , Giroles , Po^
tirons , ou en italien CepateLli, On doit avoir
soin seulement de ne pas les manger lorsqu'ils
sont trop vieux , et d'en faire enlever le foin.
Scopoli et Batsch considèrent tous les Ceps
comme une seule espèce; Micheli en compte au
contraire seize espèces : Bulliard n'en a consi*
déré que cinq comme essentiellement distinctes ^
savoir : i .° le B oie tus edulis qui est très-commun
en France ; on le connaît sous les noms de Ceps ^
Cèpe y Gyrole , Gy roule , Britguet , Issalou y
Mourses , Bolé porchin , Cèpe franc tête
rousse , etc. 2.<* Le Boletus œreus qui est moini
commun que le précédent , qui porte les noms
vulgaires de Cèpe noir , Champignon noir >
Cèpe franc tête noire , et auquel on doit pro-
bablement rapporter comme variété le CravelLa
du Piémont et celui qui est connu dans les lan-
des de Gascogne sous les noms de tS^a// ou Cep,
3.0 Le Boletus chrysenteron qui est sain danâ sa
jeunesse, mais qui , à un âge avancé , change uri
peu de couleur et paraît dangereiix; le Fréou.
Franc du Piémont en paraît une variété. ^/' Les
Boletus scaber et aurantiacus , confondus dans
la plupart des provinces de France sous les noms
de Boussile ou de Gjrole rouge , et en Toscane
( 332 )
sous celui de Leccino.C est encore à ce grouppe
qu'appartiennent les Champignons mal connus
des Botanistes , et que les Toscans , habitués à
faire usage de ce genre d'aliment, désignent
.sous les noms de Finuzzo buono , Pinuzzo
marzuolo 3 Albarello , Arbatrello , Torcinello ,
Pinaccio pelosiccio .
Parmi les Fistulines ou Bolets à tubes libres ,
on ne compte qu'une espèce , le Boletus hepa-
ticus , qui est comestible et facile à reconnaître
à sa forme de langue , à son épaisseur et à sa
consistance charnue j elle vient sur les vieilles
souches , à fleur de terre , et est du très- petit
nomlire des espèces comestibles qui croissent
sur les arbres. On la connaît en France sous les
noms de Foie-de-bœuf\ Langue-de-bœuf ^ G lue
de Chêne ; en Toscane sous celui de Linmia
de Castacrno : en Piémont sous celui de Lannhe
et dans les vieux livres de matière médicale sous
celui à' Hjpodrls .
Quant aux Agarics ou Champignons feuille-
tés en dessous , si nous parcourons les sec-
tions de ce genre établies avec tant d'habi-
ieté par M. Persoon , nous trouverons encore
que celte classification a quelques rapports
avec les propriétés : ainsi , malgré quel-
ques exceptions légères et mal prouvées , on
doit regarder comme suspectes et exclure du
( 333 )
nombre des alimens , i.*' les Pleuropes ou
espèces à pédicule nul ou latéral j 2..^ les Ro-
tules et les Russules dont les feuillets sont tous
égaux; 3.<* les Lactaires ou ceux qui ont un
suc propre laiteux; 4-° ^^^ Coprins ou ceux
dont les feuillets dégénèrent en une pulpe
aqueuse et noire; 5.^ les Micènes ou espèces
à pédicule nu et creux et à chapeau sans
chair ; enfin 6.*' les Cortinaires ou celles dont
le collier est filamenteux ou mince comme une
toile d'araignée.
Les exceptions qu'on pourrait citer à l'exclu-
sion que je viens de prononcer contre ces sec-
tionssont trop peu nombreuses et trop doutciises
pour compenser le nombre considérable des es-
pèces décidément vénéneuses. On ne connaît au-
cune exception dans les qualités suspectes des
Rotules, des Russules, des Coprins, des Micènes
et des Omphalies.
Parmi les Pleuropes , j 'ai bien vu les pauvres
liabitans de Montpellier manger sous le nom
de Pivoulade de Saule le petit Agaric que j'ai
décrit; sous le nom à! Agaricus translucens; mais
il est fade et presque aqueux. On mange aussi en
^Italie quelques espèces de cette section désignées
sous les noms de Gelone, Cai'dena , CeiTena et
Ragagno ; mais leurs descriptions sont trop in-
complètes pour oser en parler avec précision.
On trouve plus de difficultés dans l'histoire
(334)
des Lactaires ou A garics à suc laiteux j la plu-
part sont vénéneux , et quoique quelques-uns
servent d'alimens , je crois que , vu l'extrême
difficulté de les distinguer , il est plus prudent
de s'en méfier j parmi ceux dont le lait est co-
loré, il en est un remarquable par la couleur
rouge et permanente de son suc propre , c'est
V Agaric us deliclosus que tous les auteurs ci-
tent avec éloges j on le dit originaire de France ,
mais cette assertion est bien douteuse : il faut
prendre garde de le confondre avec V Àgarïcus
necator et \ Agaric us tkeioîralus , dont le suc
est un peu plus jaune , et qui change de cou-
leur dès qu'il est exposé à l'air : entre les Lac-
taires à suc blanc , on n'éprouve pas de moin-
dres difficultés pour y distinger le peu d'espèces
innocentes qui s'y trouvent ; V Agarïcus subdul-
ciisert, dit-on, d'aliment dans quelques can-
tons : on assure que V Agaricus piperotus perd
sa saveur par la cuisson , et se mange en Alsace ;
mais ces espèces sont trop voisines de Champi-
gnons vénéneux et trop difficiles à reconnaître
avec certitude pour qu'il ne soit pas plus pru-
dent de les abandonner.
Parmi les Cortinaires on trouve un grand
nombre d'espèces suspectes j plusieurs ont une
saveur amère très-marquée : les seules qui pa-
raissent innocentes ^ sont , i.<* V Agarïcus ara^
( 335 )
neosus j, qu'au rapport de Micheli on mange en
Toscane sous les noms de Fungo vedovo et de
Grumato paonazzo ; 2.° \ Agaric us violaceo^
cinereus d'Allioni, qui peut-être ne difïêre pas
du précédent et qu'on mange en Piémont; 3.°
VAgaricus que j'ai appelé Cortinellus , que les
pauvres liabitans de Montpellier mangent con-
fbiTjdu avec plusieurs autres sous le nom de
Pivoulade de Saule , mfâ.is qui est d'une qua-
lité tellement médiocre , qu'on pourrait facile-
ment les exclure des espèces alimentaires.
Il paraît au contraire certain que toutes les
espèces sont salubres dans les sections : i.^ des
Pratelles ou espèces à chapean charnu et à
feuillets qui noircissent et se dessèchent sans se
fondre en eau noire à leur maturité \ 2.^ des
Gymnopes ou espèces à pédicule et à chapeau
charnu et à feuillets qui ne noircissent pas ;
3.° des Lépiotes ou espèces dont le pédicule
est muni d'un collier inobile ou fixé, et dont
les feuillets ne se fondent pas en eau noire ;
mais il convient de prouver ces assertions par
des exemples assez nombreux pour entraîner
une sorte de conviction.
On ne cite parmi les Pratelles aucune espèce yé-
néiieuse dans aucun pays , et par-tout on fait un
emploi haliituel des espèces de ce grouppe dont
le pédoncule est muni d'un anneau complet on
( 33d )
incomplet , et dont les feuillets sont d'abord
roses , puis rouges , bruns , et enfin noirs ; ces
Pratelles varient quant à leur grandeur, quant à
la couleur blanche , fauve ou jaunâtre de leur
chapeau , quant aux dimensions de leur col-
lier, etc. Mais elles sont si reconnaissables aux
deux caractères indiqués plus haut , qu'elles sont
devenues usuelles dans toute l'Europe : on les
désigne dans plusieurs pays sous le nom exclu-
sif de Champignons ; on les nomme aussi Pa-
turons, Potirons, Envinassas j Cabalas, Cham-
pignons des prés , Champignons de fumier , et
sur- tout Champignons de couche. N'y a-t-il
qu'une espèce de Pratelle à collier , comme je
l'ai admis d'après Linné et Bulliard {Agari-
cus eduUs. FI. Fr. , n.° 4^^)^ Y en a-t-il deux,
comme le veut Persoon , cinq comme le pense
Paulet , dix comme le dit Micheli ? Peu nous
importe quant à la question actuelle 5 toutes .
sont^salubres et ne peuvent se confondre avec
aucune espèce vénéneuse.
Le grouppe des Gymnopes , qui est le plus
nombreux du genre Agaric , est aussi celui qui
présente la plus grande uniformité dans ses pro-
priétés : sur environ deux cents espèces dont il
se compose , il n'en est pas une seule qui ait
été citée comme vénéneuse. La chair de la plu-
part des Gymnopes exliale une odeur de farine
(337)
fraîchement moulue, qui est assez remarquable j
c'est à ce grouppe qu'appartiennent presque .
tous les Champignons dont renq3loi est le plus
général j tels sont , i .^ V^gajicus albellus , qui
est connu dans presque toute la France sous les
noms de Mousseron , Mousseron blanc ou
Champignon muscat, à cause de l'odeur mus-
quée qu'il conserve lorsqu'il est sec; 2.° VAga-
ricus eburneus , qu'on mange en Italie sous le
nom de Mugnaio -, 3.^ V Agarlcus erlcetorum ,
qui sert d'aliment en Italie sous le nom de
Jozzolby 4'^ V Agarlcus virgineus , qui dans
quelques provinces du centre de la France porte
les noms ^q Mousseron ou ^q petite Oreillette;
5.° Y Agaricus auricula, qui se mange aux en-
virons d'Orléans, sous les noms d' OA'^/7/é'//e ou
à! Escoubarde ; 6." V Agarlcus erlngi.i. Champi-
gnon singulier qui croît sur les racines du Pa-
nicaut, et qui se trouve dans plusieurs provinces
de France , où il est connu sous divers noms ,
Ringoule ou Gingoule dans le nord; Oi^eille
de Chardon dans le Nivernois; Brimules en
Languedoc ; Baligoule et BouU goule en Pro-
vence; Cicciolo en Toscane, etc.; 7.» VA(ya-
riçus nivalis y que Micheli a figuré, PI. 74,
Fig. 9 , et que les Toscans emploient sous les
noms de Fungo marzuolo ou Fungo dormiente ;
\j.'^ V Jgaricus socialis j qui se vend au marché
22
( 338 )
de Montpellier, sous les noms de Frigoule ou
*de Plvoulade d'Eause ; (^.^ V Agaricus Uiciiiusy
qu'on mange à Montpellier sous le même nom
de Plvoulade d'Eouse , et en Toscane sous celui
de FamuT-Ra di crambe secche : \q.^ V An-aricus
tortilis y qu'on nomme vulgairement faux
Mousseron , Mousseron d^ automne , Mousse-
ron godaille , Mousseron de Dieppe ou d' Or-
léans ; 11.° V Agaricus palomet y qu'on mange
habituellement dans le Béarn et dans les Lan-
dfes , sous les noms de Palomet , Palombettes
on Blavet; 12.0 V Agaricus virens y de Scopoli,
qu'on mange en Toscane sous le nom de
Verdone y et qui peut-être ne diifère pas du
Palometj c'est encore à cette même section
des Gymnopes que paraissent appartenir . les
Champignons suivans, qu'on mange en Toscane,
mais sur lesquels nous manquons de documens
détaillés ; savoir, i.» le Fungo blancone ; 2.° le
Biglolone hianco ; 3.^ le Fungo geloso ; 4-° 1©
Capellone biaaco ,• 5.° le Bigiolone ; 6.° le 77-
rignozzo ; 7.° le Soderello degli uccelari; 8.° le
Fungo color d Isabell a yO^Q Scopoli a décrit sous
le nom ^Agaricus laccatus ; 9.° le Prugnolù
ou Agaricus prunulus de Scopoli 'y lo.*' le Gru-
îTiato de Valombrosaj 11. '^ le QAcatreppolo àe
Montesenario ; 12.*^ le Capolfoncino ; iS** lé
Carniola iardiva; i^r*^ le Biglons ou. Bigio^^
( 339 )
JoTie ; iS.^ les diverses espèces confondues en
Toscane sous le nom de BigioUno ; 16." le Ber-
Ungezzlno de Prati , que M. Paulet croit être
le même que celui qu'on emploie en Piovence
et dans le Comlat sous le nom de Moussei^on
d'armes f l'j.^ le Gruinato alberino ^ qui est
peut-être la vraie Pivoulade des Languedo-
ciens; 18.*^ le CiiTiballo ; 19.° le Prugnolo color
d'IsabelLa; 20.*^ le Fungo Greco de Livournej
si.*^ le Bigerella de Scandici 5 2.1.^ le Fut^o
appassionato, queScopoli a désigné sous le nom
à^Agaricus tristis ; 2.3.*' les diverses espèces do
Kossolade Miclieli, qu'il ne faut pas confondre
avec les Russula de Persoon; 24.0 les Cliampi-
gnons connus à Montbeillard sous les noms de
Bisettes et de Colombcttes , etc. Cette longue
énumération des Gymnopes , employés comme
comestibles, prouve d'un côté combien nous
sommes en arrière sur la description raisonnée
des espèces de cet ordre , mais de l'autre elle
confirme l'opinion présentée plus haut sur la.
salubrité générale de tous les Gymnopes.
Les Lépiotes se distinguent en deux group-
pes 5 savoir, ceux dont le collier est mobile, et
ceux où il est fixe ; l'un et l'autre ne renfer-
ment que des espèces salubres. Panai celles à
collier libre , on distln2,ue sur-tout VAoaiicns
proeemsj qui 5erl d'aliment dans presque toute
22..
( 34o )
la France et l'Italie, et qui est connu sous les
noms de Colemal/e , Coulemelle , Couanialle ,
Fussée , Q^uamelle , Coche , Cocherel , Coulsé y
P^ej^tet j Cluseau , Eclusiau y Potiron , Court-
motte y Coulniote y Pippio y Mort de froid y Es-
carpoule , Penchinado , Cucamele , BubboJa
mao<r}ore , Bubbola mozzaiia , Mazza di tain-
buro y Scaroges , Canella , Escomel y Copelon ,
Foumelie , Nez de chat, etc. Je suis loin d'af-
firmer que tous ces Cliampignous employés
dans diverses provinces soient rigoureusement
les mêmes 5 mais s'il y en a , comme je le pense ,
plusieurs espèces , elles sont toutes saines et
alimentaires. Parmi les Lépiotes , dont le collier
est fixé autour du pédicule, nous ne trouvons
encore que des espèces comestibles : tels sont
les deux CJiampignons , confondus avec tant
d'autres à Montpellier , sous le nom de Pivou-
lade y et que j'ai décrits sous ceux (ïu-inari-
cus cylindraceus et ai A g. attenuatus. Telles
sont les quarante-quatre espèces de Champi-
gnons comestibles de Toscane indiqués par
Micheli (1) de la page 170 à 177 , et aux
(1) M. Targioni-Toretti possède une histoire et des fi-
gures inédites des Champignons comestibles de Toscane ,
faites par Micheli } il serait bien à désirer qu'il publiât
ce manuscrit précieux de l'habile Botaniste qui a foiulâ
l'étude de la cryptogainie.
(340
pages 107 et 1985 plusieurs d'entre elles parais-
sant d'un emploi très-habituel d'après leurs
noms vulgaires.
Jusqu'ici le genre des Agarics présente ,'
comme on voit, un grand rapport entre sa*
classification botanique et hygiénique, mais
la section des Amanites ou des Agarics munis
de volva rompt cette régularité 3 ici nous trou-
vons réunies les espèces les plus salu!)res, telles
que rOronge et la Coucoumelle , et les poisons
les plus dangereux, tels que Vjlg.yrîcus hiil-
bosus y VA. muscarius , etc. Toutes les précau-
tions des collecteurs de Champignons doivent
être essentiellement dirigées sur ce grouppe
dangereux des Amanites. '
Je vais indiquer l'état de nos connaissances à
leur égard aussi exactement et aussi brièvement
que le permettent et l'état de la science et l'im-
portance de la distinction des espèces de ce
gi'ouppe.
Les Amanites à volva incomplète et à pédi-
cule sans collier , passent toutes pour suspectes
ou vénéneuses en Italie où on les connaît sous
le nom de Tîgnosa cattiva ; on xiei\ connaît
encore aucune espèce en France. Les Amanites
à volva incomplète et à pédicule muni d'un
collier , sont en général des poisons dangereux.
C'est à cette division qu'appartiennent YJga-
(Ml)
ficus asper i VAgarlcus Bauhini et sur- tout
VJgaricus muscarius qui , par sa ressemblance
avec l'Oronge (i) , cause presque tous les era-
poisonnernens dus aux Champignons. A côté
de ces poisons redoutables , se trouvent deux
espèces qu'on jnange en Toscane sous les noms
de T/g.iosa bianca et de Bubhola hianca , et
V Agaricua solitarius qu'on mange dans quel-
ques provinces de France , et qui passe dans
d'autres pour un poison. Remarquons ici , en
conlîrmatlon de ce que j'ai dit plus haut, que
dans cette division , les espèces sont d'autant
plus vénéneuses , qu'elles sont plus colorées, et
d'autant plus innocentes qu'elles approchent
plus d'être blanches : ajoutons sur-tout qu'il
est prudent de considérer comme vénéneuses
toutes les Amanites à volva incomplète.
Parmi celles à volva complète et à pédicule
sans collier , nous distinguerons celles dont le
chapeau n'est point strié sur les bords , et celles
où il est marqué en dessus , vers sa circonfé-
rence , de stries sensibles , disposées dans la di-
rection des feuillets. Dans les premières , les
(i) U Agaricus muscarius a la volva incomplète et le
chapeau rouge recouvert par des pellicules blanches qui
sont les débris de la volva; l'Oronge a la volva complète
et ne porte aucun débris ni aucune pellicule sur son
chapeau.
( 343 )
Toscans ( que je cite souvent à cause du fré-
quent usage qu'ils font des Champignons ) , les
Toscans comptent quelques espèces saiul3Ees ,
telles que leur Lappajola et VJgaricus incar-
natus ; mais ces exceptions sont légères et dou-
teuses, et on doit les considérer comme sus-
pectes. Quant à ceux dont le chapeau est strié
sur les bords , on mange en Toscane ceux qui
sont blancs ou gris, et on néglige tous les au-
tres : la seule espèce de ce grouppe dont on
lasse usage en France est V Agaricus voginatus :
on en distingue deux variétés qui sont peut-être
des espèces , savoir, i.'^ celle à chapeau d'un
jaune orangé , qui se mange à Montpellier sous
les noms de Coucoùmelle jaune ou Coucou-
melle orangée , ou simplement Iranja , nom
qu'elle partage avec l'oronge j 2. « celle à chapeau
gris qu'on mange à Montpellier sous les noms
de Grisette ou de Coucoùmelle <rnse.
Les Amanites à volva complète et à pédicule
muni d'un collier , ont de même le chapeau
tantôt lisse , tantôt strié sur les bords 5 parmi
les premières , les Toscans comptent bien quel-
ques espèces comestibles , telles que leur Farl-
naccio , qui est tout blanc et dont les feuillets
sont dentelés j mais en général on doit se défier
fortement de ce grouppe où se trouvent les
agaricus buibosus et vernus^ qui sont des poi-
( 344 )
sons très-actifs. Mais les espèces à chapeau strié
sur les bords , sont au contraire les plus délicats
et les plus sains de tous les Champignons con-
nus ; on les désigne généralement sous le nom
d'Oroneres , et en Italie sous ceux de Coc-
coli ou Uovoll ; il y a trois espèces d'Oronges ,
savoir, i.° celle à chapeau rouge et à chapeau
jaune ( Agaricus aurantiacus) , qui est la plus
fréquentée et qui porte ou le nom exclusif
à.'Oro7ige y ou ceux de Dorade, è* Endroguez ,
de Jaune-d' œiif , à! Aulonj at j de Cadran, d'Ou-
megal , etc. ; 2.° celle à chapeau et à feuillets
jaunes (^Agaricus cœsai^us , Schœf. ) , qui croît
en Italie , où on la nomme Fungo reaie ; 3.**
celle à chapeau et feuillets blancs ( Agaricus
ovoideus ) , qui est assez commune dans le Midi
de la France, et qui porte les noms d'Oronge
blanche , de Cfiampignon blanc , de Coucou-
me lie blanche y de Coucoumelle fuie , etc. 5 soit
qu'on prenne ces Oronges pour des espèces ou
pour des variétés , elles se distinguent toujours
et à leur chapeau charnu très-convexe dépourvu
de pellicules écailleuses , et dont les bords un
peu striés se roulent un peu en dessous , et à
leur pédicule épais muni d'un large collier , et
à leur volva complète , et qui , à la naissance
de la plante , l'enveloppe comme un œuf.
Relativement au but g^énéral qui nous oc-
( 345 )
cnpe , il est évident , d'après les détails dans
lesquels je viens d'entrer , que quoique la fa-
mille des Champignons , considérée dans son
ensemble , ofïre de grandes diversités dans ses
propriétés , ces diversités offrent un rapport
assez marqué avec la division des genres ou
des sections , excepté dans les Amanites.
Mais ce qu'il importe encore d'observer, c'est
que tous les Champignons contiennent en quan-
tité plus ou moins considérable une matière par-
ticulière qui , lorsqu'elle est paire , est suscep-
tible de servir d'aliment , et qui fait la base de
leur substance j cette matière , découverte par
M. Braconnot , a reçu le nom de Fongîrie ;
ce sont les matières avec lesquelles elle est
mêlée ou combinée qui déterminent les qua-
lités diverses des Champignons et l'exemple de
plusieurs pays prouve qu'on pourra très-proba-
blement , par diverses préparations , am^ener
toutes les espèces de cette famille à servir indif-
féremment de nourriture à l'homme. Remar-
quons encore avec M. de Humboldt que tous les
Champignons peuvent aussi , par des prépara-
tions fort simples , être transformés en adipocire
comme les matières animales.
L'analogie qu'on remarque entre les Cham-
pignons , quant à certaines propriétés en appa-
rence isolées , mérite encore d'être mentionnée
(34^)
ici ; ainsi ce n'est pas seulement avec le Boletus
iguiarius qu'on fabrique de l'amadou et de
l'agaric chirurgical j mais on tire ces matières
principalement du B. ungulatus et on emploie
au même usage économique la plupart des gros-
ses espèces de Bolets vivaces et même certains
Agarics et les vieux Lycoperdons. Je possède
une sorte d'Agaric chirurgical recueillie par
Leubaz dans, les prairies de Monte-video , et
qui y fiert à arrêter les hémorrhagies j il pro-
vient évidemment de quelqu'espèce inconnue
de Lycoperdon.
Les propriétés drastiques du Bo fétus laricis
ou de l'Agaric des médecins, paraissent tenii'
à la grande quantité (77-) de matière résineuse
que ce Champignon renferme. Seraient- elles en
rapport avec la manière d'agir des Champignons
vénéneux? Du moins nous les trouvons à un
degré assez actif dans le Champignon le plus
vénéneux de nos clhnats , tel que VJgaricus
muscarius.
i5o. ALGUES.
Algœ. DC , FI. Fr. 3 , p. 1. — Algarum gcn. Juss.
Sous le nom d'Algues ^ je désigne ici , comme
je l'ai déjà fait dans la Flore Française , les
Algues aquatiques seulement. Parmi ces plantes
(347)
J'aperçois qu'il n'en est aucune qui soit véné-
neuse ou même suspecte , que toutes jouissent
de propriétés hygroscopiques très-remarqual^les,
et offrent de grands rapports dans leur végéta-
tion et leur composition chimique. Celles qui
appartiennent au genre des Ulves , se font re-
marquer parce qu'elles servent d'alimens à
l'homme dans divers pays : telles sont les Ulva
lactuca j U. umbilicaLis , U. palmata, U. edu^
lis, U. ciliata , U. saccharina , etc. Les
Algues d'eau douces , qui par leur texture ont
du rapport avec les Ulves augmenteraient sans
doute cette liste , si leur petitesse avait permis
de les utiliser. Plusieurs Ulves et quelques
Fucus jouissent d'une propriété singulière ;
c'est d'exsuder de petites molécules d'une ma-
tière sucrée , lorsqu'on les fait dessécher après
les avoir lavées à l'eau douce. Le genre des
Ceramium se distingue en général par les pro-
priétés plus ou moins anthelmintiques des
espèces qui le composent , propriétés qui se re-
trouvent aussi dans quelques Fucus tels que le
F. helniinthocortoîi. Avant de regarder cette
propriété comme une anomalie dans cette fa-
mille , il faudrait déterminer si toutes les Algues
marines n'en sont pas plus ou moins douées ,
ou si elle ne tient jx)int à la nature des sédi-
mens marins qui les imbibent. J'ai démontré ,
( 348 )
dans un mémoire sur la motisse de Corse , que
ce médicament n'est pas jamais pur dans les'
pharmacies : on n'y trouve presque jamais
qu'une petite portion , et une portion très-
variable de son poids, de Nvai Fucus helmlntho-
corton ; le reste est occupé par des Corallines ,
des Sertulaires , des Ceramiurns , au nombre
de près de vingt espèces. Je crois q^ue la
famille des AJgues peut être comptée parmi
celles qui tendent y quoique avec quelque
doute , à confirmer la théorie.
i5i. GENRES NON-CLASSÉS.
Gênera incence sedis. Juss. gen. 418.
Parmi les genres non-classés dans les familles
naturelles , on en peut distinguer de deux
sortes j les uns ne sont pas classés uniquement
parce que leur structure n'est pas suffisamment
connue des botanistes : presque tous ceux-ci'
sont des genres peu nombreux en espèces et
dont les propriétés sont inconnues , les autres
ne sont pas classés parce que leur structure
bien connue les éloigne de toutes les familles
admises aujourd'hui , et qu'on n'a pas encore
osé établir de nouvelles familles pour un seul
genre 3 chacun de ceux-ci peut donc être réel-
(349)
lement considéré comme le type d'une nouvelle
famille , et l'analogie des propriétés avec les
formes devra s'observer entre les espèces de ces
genres; c'est sous ce rapport seulement , que
nous allons passer rapidement en revue ceux
des genres non-classés qui présentent quelques
propriétés assez bien déterminées pour que
leur examen puisse concourir à la solution du
problème qui nous occupe.
Les Penœa sont des arbustes de l'Ethiopie
qui semblent avoir quelqu'afïinité avec les
Àcantliacées ou les Myrsinées : les P. sarco-
colla , Mucronata , et peut-être quelques autres
espèces, fournissent la Sarcocolle, suc inodore,
amer, acre, d'une saveur nauséeuse et dont
l'action est stimulante et cathartique. Ce suc
contient une matière particulière ( Sarcocolline )
incristallisable , soluljle dans l'eau , l'alcool et
l'acide nitrique , et formant avec ce dernier
de l'acide oxalique. Il est remarquable que la
Sarcocolline n'ait encore été trouvée que dans
les sucs qui proviennent des Penœa.
U AristoteUa maqui du Chili , qui paraît
avoir quelques rapports avec les Homaliums
et par conséquent avec les Rosacées , porte nn
fruit légèrement charnu, un peu acide et dont
on se sert en Amérique pour faire une boisson
acidulé et rafraîchissante , ses feuilles et son
( 35o )
écorce sont astringentes : son écorce renferme
beaucoup d'acide gallique et noircit rapidement
le fer des haches employées à le couper, comme
j'ai eu occasion de l'observer au Jardin de
Montpellier où il est parvenu , en plein air ,
jusqu'à la hauteur de douze à quinze pieds.
Les Bégonia ont des racines douées de pro-
priétés astringentes et un peu amères j nous
avons appris, par M. Leubaz, qu'on emploie
avec succès au Pérou les racines de deux espèces
( Graridiflora et Tomentosa y de l'Herbier de
Dombey) contre les flux de sang et sur-tout
dans les maladies de poitrine où l'on sait que
les astringens sont souvent utiles. Il dit qu'on
s'en sert encore contre le scorbut et certaines
fièvres.
Le Coriaria myrtifolia , arbuste qui a quel-
ques rapports avec les Frangulacées , est connu
à cause de l'emploi de ses feuilles et de ses
jeunes branches dans la teinture en noir ; elles
ont une propriété astringente : les fruits char-
nus de cet arbuste sont vénéneux lorsqu'on en
mange un certain nombre; M. Gouan en a
déjà fait l'observation dans sa matière médicale ,
et ce fait m'a été confirmé par M. Roux, mé-
decin de l'armée française ^ qi^-i^ à l'époque de
la guerre de Catalogne , a vu plusieurs soldats
empoisonnés par les baies de cet arbuste 5 ce elleâ
( 35i )
3> ont occasionné , m^écrit ce médecin , les
w accidens du narcotisme sur une quinzaine dé
» soldats qui en ont mangé j trois en sont
» morts. ?>
( 35:J )
III.' PARTIE.
VUES RAPIDES SUR LES PROPRIETES GENERALES DES ,
ORGANES DIVERS DES PLANTES.
XJE but spécial de cet ouvrage a été de consi-
dérer les propriétés des végétaux , en les com-
parant avec leur classification naturelle j dans
cette recherche , nous avons été conduits à la
nécessité de la distinction exacte des organes
des Plantes , et nous avons remarqué que dans
presque toutes les familles., les organes analo-
gues jouissent de vertus analogues : ce résultat
nous amène à rechercher s'il y aurait quelque
ressemblance de propriétés entre les organes
analogues des Plantes qui appartiennent à des
familles différentes.
Si nous consultons le raisonnement à cet
égard , nous trouvons que la plupart des pro-
priétés des Plantes tiennent aux matériaux im-
médiats dont elles sont composées. Ces maté-
riaux sont le plus souvent distribués par l'acte
même de la végétation dans les mêmes parties,
( 353 )
et par conséquent il est certains organes qui ^
quoique considérés dans des lamiiles très-diver-
ses , se ressemblent par leurs pro^^riétés. Ce
point de vue , de simple curiosité , ne mérite
guère d'être traité en détail , et nous contente-
rons d'en citer rapidement quelques exemples.
Les racines considérées en général présentent
de grandes diversités j mais l'observation ana»
tomique les ramène , sinon à l'uniformité ab-
solue, au moins à quelques principes. Ainsi on
confond sous le nom de racines , un grand
nombre de parties qui sont de véritables tiges ,
telles que les plateaux et les feuilles des bulbes ,
les souches souterraines des Fougères , des
Marsiléacées , des Iridées , etc. 5 quelquefois
même les branches inférieures de certaines
Plantes , comme celles du Solanum tuberosum ,
du Viccia et du Lathyrus amphicarpos , etc.
Si nous nous en tenons aux véritables racines ,
nous y trouvons encore de grandes diversités ,
celles-ci tiennent en partie à ce que la racine des
Dicotylédones est composée de deux organes \
le corps ligneux par où monte la sève non-éla~
borée , et le corps cortical nourri par les sucs
descendans : ces deux portions de la racine
ont souvent très-peu d'analogie , et en général
le corps ligneux est fade , aqueux , inodore ,
et sans propriétés bien prononcées , tandis que
a3
( 354 )
le corps cortical jouit de propriétés actives dé-
terminées par le suc propre dont il est nourri.
Au contraire, dans les Monocotylédones , il n'y
a presqu'aucune difFérence entre les propriétés
du centre et de la circonférence des racines, vu
que ces organes y sont à-peu-près identiques
dans toute leur épaisseur.
J'ai déjà eu occasion de remarquer que les
exostoses latéraux des racines dans toutes les
familles , semblent être des réservoirs de fécule
et de mucilage j de sorte qu'ils sont nourrissans
et salubres lors même qu'ils appartiennent à
des familles suspectes. Quant aux renfleraens
du corps même de la racine , leurs propriétés
varient selon les familles j presque toujours oa
y trouve une quantité assez considérable de
fécule et de mucilage , de sorte que ces organes
sont en général alimentaires. Lorsqu'il s'agit
de familles dont le suc propre est innocent , les
racines sont toujours mangeables. Quand il est
question de familles où le suc propre est acre >
les racines peuvent devenir mangeables , ou
lorsque le suc propre y parvient en petite quan-
tité , ou lorsque , par une préparation quel-
conque, on peut l'en extraire et conserver la
fécule et le mucilage. C'est ainsi que les racines
charnues des Aroïdes et des Euphorbiacées ser-
vent d'alimeiis , quoique provenans de Plantes
vénéneuses.
( 355 )
Nous pourrions répéter relativement aux tiges
des Dicotylédones et des Monocotylédones tout
ce que nous venons de dire des racines j les
tiges cachées sou& terre participer) t le ]j1us sou-
vent aux propriétés générales et au mode de
végétation des racines ; les exostoses charnus et
latéraux des tiges sont , comme ceux des racines,
pleins de fécule et de mucilage, et susceptll)les
de servir d'aliment , même dans les lamilles
suspectes ; le corps ligneux des Dicotylédones
est en général insipide , ce qui tient et à ce
que la matière ligneuse dont il est formé est
insoluble à l'eau , et à ce qu'il contient une
grande quantité de liquide aqueux , non encore
élaboré; le corps cortical, principalement nourri
par les sucs descendans déjà élaborés , et gonflé
de très-peu d'eau , présente au contraire des
propriétés en général exaltées : il est remarquable
que dans presque toutes les familles de Dicoty-
lédones , l'écorce renferme une grande quantité
ou de tannin , ou d'acide gallique, ou de ces
deux principes à-la-f'ois j delà viennent les pro*
priétés astringentes que nous avons remar-
quées dans les écorces de presque toutes lea
familles de Dicotylédones; l'absence de l'écorca
dans les Monocotylédones et la disséminatloa
des sucs descendans dans la totalité de leur trunc,
fiont que leur corps ligneux présente souvent d«8
23..
( 356 )
propriétés prononcées , et il est à remarquer
qu'on ne trouve dans cette classe qu'un très-
petit nombre de Plantes véritablement astrin-
gentes.
Les parties foliacées sont celles qui élaborent
les sucs propres , et ce sont celles par consé-
quent où l'on trouve le plus de diversités d'une
famille à l^autre : on peut seulement noter ici
que toutes les feuilles privées de l'action de la
lumière , et par conséquent de l'élaboration des
sucs , arrivent à un état uniforme j toutes de-
yiennent étiolées, c'est-à-dire blanches , aqueu-
ses, dépourvues de saveur et de propriétés dis;:
tinctives : dans cet état , elles se ressemblent
toutes , quelles que soient leurs différences à
l'état naturel.
Les pétales des plantes présentent une uni-
formité d'action remarquable en ceci , que les
les mêmes phénomènes ont lieu dans toutes les
familles indifféremment , et paroissent liées à
l'organe et non au grouppe^ ainsi les pétales ino-
dores sont , à de très-légères exceptions près ,
inertes et inutiles j les pétales odorans , et il y
en a dans presque toutes les familles , exhalent
nn parfum qui , quelle que soit sa nature diverse ,
a une action particulière sur les nerfs , et déter-
mine des spasmes ou des étourdissemens : tout
le monde connaît les effets dangereux de l'odeur
( 357 )
des Jonquilles , des Tubéreuses , et sur- tout des
Violettes , soit que celles-ci soient réellement
plus actives , soit qu'elles inspirent moins de
déiiance : il est presque certain que toutes les
autres fleurs odorantes réunies en quantité suf-
fisante produiraient les mêmes accidens. L'o-
deur des fleurs et son action sur les nerfs offre
donc ceci de singulier , que quoiqu'elle offre
une uniformité parfaite d'action, elle n'est nul-
lement lice avec la classification naturelle et la
pariie de l'anatomie végétale qui semble la plus
importante. Dans les familles et les genres les
plus naturels , on trouve des espèces inodores
et des espèces odorantes qui souvent diffèrent
à peine par leur structure ; c'est un problème
piquant, mais peut-être insolu!)le aujourd'iiui,
que de recherchera quelle circonstance de l'or-
ganisation tient cette différence des Plantes
d'ailleurs les plus semblables.
La saveur sucrée et la consistance visqueuse
des sucs excrétés par les nectaires des fleurs,
offire encore un exemple remarquable de nia-
tières à-peu-près semblables entr'elles quoique
provenant de familles fort différentes j dans les
mêmes familles, dans les mêmes genres, on
trouve des fleurs qui suintent ou ne suintent
pas de nectars ; mais dans des familles très-di-
verses , dans des plantes qui d'ailleurs n'offrent
( 358 )
aucune analogie , on trouve des nectars dont
la saveur et la consistance sont presque sembla-
bles : phénomène remarquable , et qui aljeau-
coup d'analogie avec celui que présentent les
lémanations odorantes.
Le pollen des Fleurs offre une uniformité
plus remarquable encore dans sa nature : tout
le monde savait que certains pollens , tels que
(Celui du Châtaignier et de l'Lpine-vinette ex-
ilaient une odeur analogue à celle de la matière
Spermatique des animaux. M. Desfontaines a
étendu cette observation populaire ; et il a re-
connu par l'expérience que tous les ])ollens de
toutes les fleurs , réunis en quantité suffisante,
exhalent cette même odeur spermatique j M.
Fourcroy , guidé par cette observation , a ana-
lysé les pollens en les comparant avec les ma-
tières spermatiques , et a trouvé une assez grande
analogie entre les principes constituans. Indé-
pendamment de leur odeur , tous les pollens se
ressemblent par leur nature inflammable qui est
due y soit à la matière cireuse de leur enveloppe,
soit à la matière analogue aux huiles volatiles
qui se trouve dans leur coque. On sait que les
pluies de soufre , si célèbres dans les temps d'i-
gnorance , sont produites par le pollen des fo-
rêts de Pins , poussé par le vent sur un point
déterminé. La substitution du pollen des Typha
(359 )
à la poudre des Lycopodes démontre sa nature
inflammable , et il est certain que tous les autres
pollens pourraient être substitués au même
emploi , si l'on pouvait les recueillir avec la
même facilité.
Les péricarpes comparés entre eux offrent de
très-grandes différences d'une famille à l'autre,
et une asssez grande uniformité dans la même
famille : le^ propriétés de cet organe sont donc ,
comme sa structure . assez intimement liées
avec la classification naturelle. Je dois rappeler
ici une observation dont j'ai fait mention plus
haut : c'est que les fruits provenans d'ovaires
soudés avec le calice participent souvent aux
propriétés générales de l'écorce j ils sont souvent
acerbes , et seuls susceptibles de devenir blets.
( Ployez ipas^e ii3 et 200. )
Les graines sont à-peu- près dans le même cas
que les péricarpes : c'est-à-dire qu'elles offrent
beaucoup d'uniformité dans les espèces des
mêmes familles , et assez de différences d'uno
famille à l'autre : les graines des Dicotylédones
sont les organes qui renferment presque toutes
les huiles grasses qu'on extrait dii règne végétal 5
la seule famille des Oleinées fait exception à
cette règle , et renferme de l'huile , non-seu-
lement dans sa graine , mais encore dans son
péricarpe.
( 36o )
L'histoire des Périspermes présente à cet égard
quelques particularités dignes d'ntteiition 5 le
périsperriie est , comme 011 sait , une es|îèce de
résidu ou de dépôt sans organisation déterminée,
renfermée dans la graine avec l'embryon. Sa
présence , sa nature même ont un rapport assez
intime avec la classification natirelle. On distin-
gue des périspermes de cinq natures différentes ,
savoir : les périspermes huileux, charnus , fari-
neux , ligneux et cornes; c;hacune de ce sciasses
offre des propriétés qui lui sont propres , quelle
que soit d'ailleurs la famille à laquelle il appar-
tient. Les périspermes huileux , tels que ceux
des Euphorbiacées , des Papavéracées , renfer-
ment de l'huile grasse qui , Lorsqu'elle est expri-
mée et à l'état de pureté , présente des propriétés
trè:.-constaiites. Les périspermes charnus sont
arssi très-identiques entre eux , remplis en gé-
néra] d'une assez grande quantité de mucilage
et su.^ceptibles de servir d'aliment lorsque leur
graine io permet. Les périspermes farineux ren-
ferment une très-grande quantité de fécule , et
celle-ci est toujours saine et nourrissante ; ausssi
les graines des Graminées, des Polygonées sont-
elles employées aux mêmes usages malgré l'ex-
trême aiversité de ces deux familles; il est pro-
bable ._j^u'cii pourrait utiliser de même les péri-
spermes farineux des Nyctaginées , des Chéno-
( 36i )
podées , etc. Les périspermes ligneux ^o--'- re-
marquables par leur nature analogue à jc . 'T'
bois ; ils sont parconséquent insolul.ic
et insipides à leur état de maturité ; r; •
uns , ainsi que certains périspermes ce .
présentent dans leur jeunesse à l'état d'.i> • c-
niulsion douce et salubre. Cette émulsion porte
le nom de lait dans les Palmiers , et pourrait
sans doute servir à la nourriture de l'homme
dans toutes les familles où le volume de la graine
est assez considérable. Les périspermes réelle-
ment cornés diiïèrent peu des précédens 5 quel-
ques-uns sont remarquables par l'arôme parti-
cnli3r qu'ils exhalent lorsqu'on les torréfie : tel
est l'arôme du Café qui se retrouve dans toutes
les Rubiacées à périsperme corné. Le même arô-
me se fait encore remarquer lorsqu'on torréfie
des graines à périsperme corné de familles fort
différentes , telles que celles des Asparagées et
notamment du liuscus aculeatus connu sous
le nom de Petit-Houx (1) , celles des Iridées et
(1) Parmi les (diverses substances que pendant la tlierté
des denrées coloniales on avait proposé de substituer au
café , les graines de Ruscus sont les seules qui eussent
avec lui une A-raie analogie : leur arôme pendant leur tor-
réfaction est si exactement celui du café , que j'ai vu bien
des personnes s'y méprendre. Il est vrai que le café fait
( 362 )
îîotammentde Vlris pseudacorus 3 etc. On voit
par ces exemples que les périspermes de nature
analogue se ressemblent entre eux quoique pro-
venant de familles fort différentes.
Les Cotylédons des Plantes considérées en
général peuvent , comme j'ai déjà eu occasion
de l'indiquer en parlant des Légumineuses , se
présenter sous deux formes j tantôt ils sont
très-épais et rem])lis de fécule , tantôt ils sont
minces et foliacés : dans le premier cas, ils ren-
ferment la nourriture de la jeune plante touto
préparée , et n'ont point de stomates j dans le
second, ils sont munis de stomates et élabo-
rent la nourriture qui doit nourrir la plantule.
Tous les Cotylédons épais ou pleins de fécule
peuvent servir à la nourriture de l'homme , soit
à leur état naturel , comme on le voit dans \es,
J-iégumineuses , les Amentacées , la Châtaigne-.
avec ces graines est beaucoup trop fade , parce que I4
matière amère y manque totalement : je ne doute point
qu'en l'ajoutant artificiellement , on ne pût faire de cette
liqueur une boisson agréable. Les racines de Chicorée et
de Carotte , les graines de Pois-chiche , et en général tous
Jes autres succédanés proposés pour le café , ne lui res-
semblent que par l'amertume et le goût d'empyf
reume : les Périspermes cornés offrent seuls l'arôme du
café. La chimie trouverait-pUe cnt''eux quelques rapports
de composition ?
( 363 )
d'eau , soit avec de rrès-légères préparations qui
ont pour but d'en extraire quelque principe
particulier, coininedans le Marron -d'Inde, etc.
Au contraire , les Cotylédons minces et munis
de stomates présentent déjà les propriétés géné-
rales et souvent très-exaltées qu'auront les
Plantes qui en proviendront : ainsi les Cotylé-
dons des Malvacées sont déjà mucilagineux ;
ceux des Euphorhiacées extra ordiixairement
acres , etc.
Si nous réfléchissons sur ce petit nombre de
faits que je viens d'énumérer relativement aux
propriétés générales des organes des Plantes ,
nous voyons clairement qu'il est certains orga-
nes identiques avec eux-mêmes dans toutes les
familles, et d'autres qui n'ofirent d'uniformité
que dans la même famille. Les premiers sont
liés à des circonstances qui ne peuvent être
d'aucun emploi dans la classification natu-
relle ; les seconds , au contraire , rentrent
dans les considérations les plus essentielles de
cette classification.
( 364 )
CONCLUSIONS.
Après avoir présenté le tableau succinct des
propriétés générales de chaque famille , autant
du moins que l'état actuel de la science a pu
nous le permettre , il convient de récapituler
tous ces laits de manière à en déduire des con-
séquences générales relatives à l'accord des
formes et des propriétés. Dans ce but je présen-
terai ici synoptiquement le résultat de notre
examen j j'exprimerai par zéro les familles
dont les propriétés sont nulles ou inconnues j
par le signe — celles qui sont contraires à la
théorie; par le signe -\- celles où Jes propriétés
s'accordent avec les formes ; dans chacune de
ces séries j'indiquerai par le nombre i, les
familles où nous connaissons les propriétés d'uii
trop petit nombre d'individus pour pouvoir
tirer des conséquences générales; parlenombre 2
celles qui offrent des exceptions de genre à
genre ou de section à section; par le nombre 3
celles qui approchent de l'uniformité et ne
présentent que de légères exceptions ; par le
nombre 4 celles qui sont entièrement pour ou
contre la théorie.
( 365 )
Tjbleau approximatif de la concordance qui
existe entre les formes et les propriétés des
Végétaux.
1. Renonculacées -4-3
2. Dilleniacées + i
3. Magnoliacées -f- 3
4- Annonacées ■+■4
5. Menispermées -H i
6. Chlenacées o
7. Malvacées -^ l^
8. Sterculiacées *-i- 3
9. Tiliacées +1
10. Elseocarpées o
11. Marcgraviacées o
12. Ochnacées o
i3. Simaroubées -h 4
14. Rutacées 4-2
i5. Cariophyllées -+-3
16. Linées -t- 4
17. Cistinées -4-3
18. Violacées. -+-4
19. Passiflorées -+-1
20. Camelliées. . -4-4
21. Hesperidées H~ 4
22. Meliacées . _4-. 1
23. Sarmentacées. . . . . . . -f- 1
( 36^ )
24. Geraniées 7 t 7 '-f- a
25. Guttifères. . «4-3
26. Hipéricinées -{- 3
27. Hippocraticées. . . . ^ . o
28. Malpigliiacées o
29. Acérinées. -+-2
30. Sapirida<^ées i » o
3i. Droseracées "4-1
32. Résedacées -H l
33. Capparidées. . ..... -t- 1
34. Crucifères -H 4
35. Papavéracées, H- 4
36. Nympliseacées. . . '. . .4-1
3j. Berbéridées o
38. Frangulacées -H -2
39. Pittosporées o
4©. Saraydées . o
4i- Juglandées -h 4
42. Terébinthacées -ha
43. Tremandrées. ...... o
44» Polygalées -4-3
45. Légumineuses. ..... — 2
46. Rosacées -4-4
47. Salicaires O
48. Meiastomées *f- 3
49. Myrtinées -+-4
50. Goinbretacées. ...... o
5i. Loaeées « . . • o
(367)
Sa.. Onagraires o
53. Ficdïdes H- 2
54. Portulacées -4-2
55. Paronychiées -4- 1
56. Tamariscinées H- o
67. Nopalées -4-4'
58. Groseiilers -4-3
59. Crassulacées. . . . . . . -4-4
60. Saxifragées. ....... o
61. Cunoniacées o
62. Ombelliferes. ...... -4- 3
63. Araliacées -4- 1
6\. Caprif'oliacées . -4- 2
65. Loranthées -4- 2
66. Rubiacées -t- 3
67. Operculaires •+■ 1
68. Valérianées -^2.
69. Dipsacées . -4- 4
70. Composées -4-2
71. Campanulacées H- 4
72. Lobeliacées. . . .... -4- 2
73. Cucurbitacées -4-3
74. Gessneriées o
75. Vacciniées -4- 1
y6. Ericinées. . . ..... -h- 3
77. Aquiibliacées. . . . . . . •+- 1
78. Myrsinées o
79. Sapotées -4-- 3
8o.
81.
82.
83.
84.
85.
86.
87.
88.
89.
90.
91.
92.
90.
94.
95.
96.
97-
98.
99.
100.
101.
102.
io3.
104.
io5.
106,
107.
( 368 )
Ebénacées 7 . -+-
Ternstromiées
Oleinées . -4-
Jasminées -+■
Pedalinées
Striclmées. ..,....-+•
Apocinées. . H-
Gentianées -+-
Bignoniacées
Polémonidées
Convolvulacées. . . . . . -+-
Borraginées -4-
Solanées H-
Personées -f"
Labiées -+•
Myoporinées. ......
Pyrenacées. . .■ . . . . . -+-
A-canthacées -t-
Lentibul aires
Priinulacées H-
Globulaires -H
Plumbaglnées -h
Plantagiiiées -H
Nyctaginées +
Amaranthacées -+-
Chénopodées -+-
Polygonées -H
Laurinées -H
3
o
3
4
o
3
3
4
o
o
3
3
3
2,
4
o
1
1
o
1
3
( 369)
io8. Myristicées. , . ..... ~H 4
109. Protéacées o
110. Thymelées .4-4
111. Santalacées p
112. Elœagnées 9
ii3. Aristoloches -H ^
3 14. Euphorbiacées. . . . , . 4-4
11.'^. Monimiées. . . . , . . H- 3
116. Urticées -+- ^
117. Amçiitg.cées . -H $
118. Conifères.. -i- 4
119. Cycadées H- 1
120. Hydrocliaridées 9
121. Alismaçées q
122. Pandanées. ....... 9
123. Aroïdes .4-4
124. Orchidées -i- 4
125. Drymyrhizées -4-4
126. Musacées 4-1
T27. Iridées pi
128. Haemodoracées. . . . ,. , -^ 3
129. Amaryllidées -1-3
i3o. Hémérocallidées. . . . , . o
i3i. Dioscorées i . -4_ 3
i32. Smilacées. .......-+- 4
i33. Liliacées -^2
134. Colchicacées ~*~ 4
i35. CoinmeUnées o
( 370 )
ïo6 Palmiers -f- 2
137. Joncees o
i38. Tipliacées o
iSp. Cyperacées -H 3
i4o. Graminées. ....... -4- 4
141 . Equisétâcées -4-4
142. Marsiiéacées o
143. Lycopodinées. . . . . . -4- i
i44- Fougères H- 4
145. Mousses o
146. Hépatiques . o
147. Lichens -4- 3
14B. Hypoxylons o
149. Champignons. . . ...-+- 2
i5o. Algues. . .•■ -f- 3
Il résulte du tableau précédent que , sur 1 5o
familles connues des botanistes , il en existe
40 dont les propriétés sont nulles ou incon-
nues.
22 où l'on peut soupçonner la loi de l'ana-
logie , quoiqu'on y connaisse les propriétés d'un
trop petit nombre d'individus.
2b on l'on reconnaît la loi de l'analogie res-
tre'nte à certains ordres ou à certains genres ,
dont plusieurs s'éloignent du reste de la famille
par des caractères iinportans.
35 où la loi de l'aiialogie est évidente y mais
Oiïre encore quelques exceptions.
( 371 )
oi où la loi est entièrement conservée.
3 dans lesquelles elle est violée 5 mais où
l'on en retrouve encore des traces non-équi-
Yoques^ ou, en d'autres termes, que la loi
de l'analogie entre les formes et les propriétés
est plus ou moins vraie dans 109 familles et à
peine fausse dans 3.
Je crois donc pouvoir tirer de cette disserta-
tion les conclusions suivantes :
1.*^ Les mêmes parties ou les sucs correspon-
dans des plantes du même genre jouissent de
propriétés médicales semblables.
•L.^ Les mêmes parties ou les sucs correspon-
dans des plantes de la même iamille naturelle
jouissent de propriétés analogues.
3.0 Les exceptions qui paraissent opposées à
ces deux lois tiennent à l'une des causes sui-
vantes :
a. A la distance diverse, mais réelle , quoique
non consignée dans les livres de botanique,
entre les espèces d'un genre et les genres
d'une famille.
5. A une fausse comparaison entre les or-
ganes des plantes analogues.
c. A l'état accidentel et non ])ermanent où se
trouvent certains végétaux à l'époque où l'on
a coutume de les employer.
^4"
(372)
d. A des mélanges inégaux de divers principes
chimiques réellement communs à toutes les
plantes analogues.
e. A des différences dans le mode d'extraction
ou de préparation, qui modifient la nature
des médicamens.
yi A ce qu'on met trop d'importance à des
. propriétés purement accidentelles.
g. A ce qu'on ne compare pas d'une ma-
nière exacte le mode d'action des divers mé-
dicamens.
h. A ce qu'on n'examine pas comparative-
ment le mode d'application des médicamens
sur le corps humain.
4.° L'analogie (fondée sur une probabilité
de 109 contre 3) porte à croire que les familles
dont les exceptions sont insolubles dans l'état
actuel de la science , rentreront dans les lois
précédentes quand la médecine^ la chimie et
la botanique auront fait des progrès sufïisans.
Cette dernière proposition a déjà été vérifiée
depuis dix'ans ; en effet , à l'époque de la pre-,
mière édition de cet ouvrage, la loi de l'analo-^
gie n'était fondée que sur une comparaison
de 85 contre 7 , et elle l'est aujourd'hui sur le
rapport de 109 à 3, qui est triple du précédent.
FIN.
TABLE
DES MATIÈRES.
J-LpiTR.E DEDICATOIRE. 1}
Préface. vij
Introduction. X
I.'^ Partie. Principes et Règles de la comparaison en-
tre les formes et les propriétés des végétaux. ï3
CiiAP. I.^*^ Preuves générales qu'il existe une analogie
entre les proj)iiétés et les formes extérieures des
plantes. Jhid.
§. I.*^' Preuves déduites de la Théoiie. Ib.
§. II. Preuves déduites de l'Observatiofi. 2.\
§. III. Preuves déduites de l'Expérience. 27
CiiAP. II. Règles de la comparaison entre les propriétés
et les formes extérieures. Sa
§. I.*^' Examen de la classification. Ihid^
§. II. Compaiaison des organes. 36
§. III. Examen des circonstances où se trouvent les
végétaux au moment où on les emploie. 42
§. IV. Composition chimique. /|6
§. V. Comparaison du mode d'extraction et de prépa-
paration. 5»
§. VI. Exclusion des propriétés mécaniques ou acci-
dentelles. 54
( 37-4 )
§. VII Comparaison du mode d'action des médica- *"ll
mens. , 56
11.^ Partie. Application des principes précédens à
l'examen des propriétés générales de chaque famille
de végétaux. G4-
I. Dicotylédones ou Exogènes, IbliL
II MoDOCOtylédones ou Endogènes. 276
III. Acotylédones ou Cellulaires, 3i6
lii.^ Partie. Vues rapides sur les propriétés générales
35a
des organes des Plantes.
Conclusions,
364
TABLE ALPHABETIQUE
DES FAMILLES.
-/i-CANTHACÉES.
Acérinées.
Algues.
Alismacées.
Amaranthacées.
Amaryllidées.
Amentacées.
Annonacées.
Apocinées.
Aquifoliacées,
Aialiacées.
Aristoloches..
Aroïdes.
Berbéridées.
Bignoniacées.
Borraginées.
Camellitîes.
Canipaiiulacées.
Capparidées.
Caprifoliacées.
Cariophyllées.
Champignons.
Chénopodées.
Chlénacées.
29
i5o
121
104
129
112
4
86
77
63
ii3
123
88
91
20
7^
33
64
i5
Mo
io5
6
Chichoracées.
Cynarocéphaies.
Cistinées.
Colchicaeées.
Combiétacées.
Comjiosées.
Conifères.
Comnielinées.
Convolvulacées,
Coryiîibifères.
Crassiilacées.
CTUoifères.
Ciicurbitacée3.
Curirniacées^
Cycadées.
Cypéracées.
Dilléniacées.
Dioscorées»
Dipsacées.
DiObCrdcées.
Drymyrhizées»
Ebenacées.
Elce^.gnées.
Eioeocarpées.
70. §. 4
70.§.a
'7
i54
5o
70
118
ï55
70. §. r
^9
34
73
6r
ï^9
159
z
i5r
^^9
3i
80
10
Equisetacées.
Ericinéés.
Euphoibiacées.
Ficoïdes.
Fougères.
Frangulacées.
Gentianées.
Geraniées.
Gessnériées.
Globulahes.
Graminées.
Groseillers.
Guttifères.
Kœmodoracéès.
Héinérocallidées.
Hépatiques.
Hes;>é\iJées.
Hi} pocraticées.
Hydrocharklées.
Hypericinées.
Hypoxylons.
3«snurées.
J ncée-s.
Jugla ridées.
Iridées.
Laî'ées.
ï_„.iiriii(V§.
Lpi^iiîU'neuses,
LenlibulaUes.
(375)
141 Lichens.
yG Liiiacéei.
114 LiiiC:;s.
Loasées.
^^ Lobeliacées.
'44 Loianthées.
^" Lycopodinées.
?7 Magnoliacées.
24 iVlaipighiacéès.
74 Miilv.cées.
1 00 Marcgraviacées.
140 Marsileacées.
58 Me' ist ornées,
25 Meliacées. •
Menisi)ermées.
120 Monim ées.
i3o Mousses.
14G Mus^cées.
21 Myoporinécs.
27 My)i<»L!cées.
120 Myisiuées.
26 Myttinées.
148
Nopalées.
S3 Nyctaginées.
1^7 Nymphœacées.
i<27 Ochaacees.
Oleinées.
94 Ombellifères.
107 Onagraires.
45 Operculaires.
q8 Orchidées.
147
128
16
5i
73
65
143
3
28
7
ïf
14^
4Ô
é3
145
126
95
108
7§
49
57
oà
12
8a
6a
5i
67
îs4
(3/7)
Palmiers.
Pandùnées.
Papavéracées.
Paronychiées.
Passiflorées.
Pedaliiiées,
Peisonées.
Pitti ispoiées,
Flat:tagiiiGes,
Plirr.bagînées.
Pc le moi i idées.
Polyg.ilées.
Poly£;onées.
Portulacées.
Priniulacées,
Protéacées.
Pyrénacées.
Renonculacées.
Resédacées.
Rosacées.
Rubiacées.
Rutacées.
Saiicaires.
i36
Samydées.
123
Santalarées.
35
Sapindacées.
55
Sapotées.
ï9
Sarmeutacées.
84
Sax'fr âgées.
93
•Simarouuées.
39
SmiLcces.
102
Soignées.
lOI
Sterculiacées,
89
Sirichnées.
44
Térébinthacées
106
Tamariscinées.
54
Thymeiées.
99
Ternstromiées.
109
Tiliacées.
96
Tremandrées.
Typhacées.
^^ Urticées.
46
gg Vacciniees.
/ Valérianées.
Verbenacées.
47 Violacées.
40
II I
3o
79
23
60
i3
x32
92
. 8
85
42
56
no
81
9
45
i38
n6
75
68
9r
18
TABLE
DES NOMS BOTANIQUES , VULGAIRES ET PHAR-
MACEUTIQUES DES PLANTES CITEES DANS
CET OUVRAGE,
i\r. B. Les noms Botaniques sont en italiques , les noms
Vulgaires et Pharmaceutiques en romain. I,es Numéros
renvoient non à la page , mais à la Famille.
Abies.
N." 18
Adonis.
Abrus,
45
AEnanthe.
Abuta.
5
AF.no thera.
Acacia.
45
AEschinomène
Acanihus.
97
AEthusa.
Acer.
29
Agaricus.
Achillea.
70
Agave.
Achias.
79
Agnus castus.
Achyranthes.
104
Agalloche.
Actijda.
io5
Ail.
Aconitum.
I
Airelle.
Acorus.
.37
Ajorea.
Actœa.
I
Ajuga.
A dan Sonia.
7
Alibousier.
Adelia.
114
Alum-root.
Adianthuni.
144
Alangium.
Adiantlium majus.
145
Albina.
Adiautbuin minus.
Jb.
Alcea-
l
6as
52
AS
6z
149
i35
114
i55
75
167
94
80
60
49
Alch emilîa
Aloës.
Allium,
jilpinia.
Alypum.
Alhingia.
Alcornoque.
Alnus.
Amagnita.
u4mara7ithus.
Amaryllis.
Amhora.
Amomum.
Amjgdalus.
Ainjris.
Anémone.
Auis étoile.
Anchopogon.
Anthoxanthum.
Antliericum.
Ananas.
Anagallis.
Anthirriniim.
Anicillo.
Anahalis.
Anredera.
AncJiusa.
Antisthea.
Antiaris.
Anthémis.
Angeiica.
Anthjllis.
Anagyris.
( 38o )
46 Anacardium.
i33 Aathora.
Ib. Aiinona.
laS Antherîcuvi.
100 Anserine.
118 Apocynimi.
117 Apanxaloa.
Ib. Apeiha,
149 Aquilegia.
104 Aralia.
129 Aristolochia,
116 Arachis.
12.^ Arbre de beurre.
46 Arbre à pain.
43 Arbre de la vache.
1 Arbre de fer.
Ib . Arbousier.
140 Arhuius.
Ib. Arenaria.
i33 Arnica.
Ib. Argéoione.
99 Arlichaiid.
95 Arthemisia.
1 ] 6 Aristolea.
io5 Areca.
Ib. Arum.
90 Ai iocarpus.
66 Arrocbe.
1 1 6 Arubla.
70 Assa-fœtida.
62 Asarum.
45 Asclepias.
îb. Asperula.
4*
I
^4
i33
io5
86
47
9
• 1
63
ii3
45
79
116
79
80
76
Ib.
1^
70
55
70
70
i5i
i5G
123
ij6
io5
86
G2
I J J
86
( 381 )
^strogalus.
45
Barbes.
149
Asplenium.
144
Ballote.
117
y^sparagus.
i53
Barbes.
149
Asperge.
Ib.
Barbe-de-bouc.
Ib.
Asphodelus.
Ib.
Barbesin.
Ib.
ji si mina.
4
Baume de Tolu.
42
Atriplex,
io5
Baume de la Mecque.
Ib.
Atropa.
92
Baume du Pérou.
45
Atractylis.
70
Baume de Copaliu.
Ib.
Avena.
140
Bégonia.
j5i
Averrhoa.
42
Bétel.
116
Auda.
114
Belladonne.
9»
Aulne.
iij
Bellis.
70
Audit a.
4^
Eeta.
io5
Augstschwame.
149 Benjoin.
5o
Ayapana.
70
Belle-de-nuit.
io3
Aza/ca.
76
Berberis.
37
Berlingozzino.
149
Badiane.
3
Bertholletia.
3o
Balais.
149 Bignonia.
88
Balsamine.
^4
Bigione.
149
Jiassia.
79
Bigiolone.
Ib,
Basella.
io5
Bombax.
7
Bogassa,
i.i6
Bromclia.
i53
Balisier.
laS
Boswellia.
43
B a tu ta.
117
Blavet.
'49
Bùsilic.
94
Bluet.
70
Bardane.
70
Eoèrrhavia.
io5
Baligoule.
M9
Bois de Rhodes.
S9
Barbe-de-cliè\Te.
JZ'.
Bois d'Alcës.
114
Baobab.
7
Boîetus.
149
Bananier.
126
Boîdea.
ii5
Baagleum.
125
Bouquin-barde.
149
honpiandia.
BoGConia,
Bouligoule.
Bourrache.
Bouleau.
Bianchetti.
Bideiis.
Billarderia»
Bizettes.
Bis sus.
Bixa.
Brancursine.
Bra; iliastrum.
Brigoules.
Brossœa.
Bromus.
Brouquichons.
Bruguet.
Brucœa.
Bruyère.
Brjonia,
Buakia.
Bucida.
Barsera.
Buisson.
Butea.
Caapia.
Cabalar.
Cachen.
Cacao.
Cactus^
Caltha,
Calaguala.
Calanius.
Calomba.
Café.
Camomille.
Cannelier.
Cannabis.
Canna.
Carex.
( 382 )
14 Caljcanthus.
35 Callicocca.
149 Calceoiaria.
go
117
149
70
39
149
Ib.
9
/2 Caryota.
Cassave.
Cascarille.
Castanea.
Cajanus.
Capuru-Carundu.
/8 Capsicum.
„g Calligonum.
rf^ Carotte.
1^5 Capillaire.
5o Cameline.
/2 Campanula.
xAc\ Calodendron.
Cameltia.
Canella alba.' •
Carnauba.
Cassine.
Calcatreppolo.
Cardena.
Capparis.
Capucine.
149
76
140
149
Ib.
45
116
149
87
7
57
ïi5
66
93
144
i36
5
66
70
107
i]6
ia5
iSg
i36
114
Ib.
117
45
1Q7
92
io6
63
144
34
71
14
20
i36
149
/^.
33
24
( 383 )
Canarium.
Cardamomum.
Cassia.
Camphorosma.
Carduus.
Carrena.
Castilloa.
Caroxylum.
Cassia-Lignea.
Calendula.
Cassuviujn.
Carthamus.
Cajeput.
Cassine.
CœsaJpinia.
Carlina.
Capollin.
Cananga.
Capelloncino.
Carbonaio.
Capelan.
Carniola.
Ceanthus.
Cébadille.
Centaurea.
Ce drus.
Cestrum»
Cèdre la.
Ceps.
Cèdre.
CeroxjloTi.
Ceramium.
Celastrus.
4a Cecropia:
ii6
laS Ceratonia.
45
45 Cerasus.
46
io5 Cerbera.
86
ijo Chanvre.
116
149 Champac.
3
114 Centory.
87
io5 Chausse-Trappe.'
70
107 Cliironia.
H
fjo Châtaignier.
117
42 Chêne.
Ib:
ijo Chenopodiurn.
io5
49 Chirayta.
87
38 Chou-Palmiste.
i36
45 Chardon.
70
rjo Châtaigne du Brésil.
5o
46 Champignons de porc.
149
4 Chevrette.
Jb:
149 Chervi.
C2
Ib. Chelidonium.
35
Ib. Clilora.
87
Ib. Chicorée.
70
38 Chêne français.
5o
i34 Chou.
34
70 Chevrotine.
149
118 Chrysophjllum.
79
92 Cherimoya.
4
22 Chevelines.
^49
149 Chionanthus.
82
118 Chevrille.
149
i36 Cicciolo.
Ib.
i5o Cïcuta.
6a
38 Cimicifu^a.
î
(384)
Cistua.
17
Comocladià.
4»
Ciguë.
62
Copàifera.
45
Cînchona.
66
Cojivolvulus.
89
Cinnamomum.
107
Costus.
125
Citrus.
31
Corylus.
117
Cissus.
a5
Contrayerva.
116
Cissampelos.
5
ComTniphora.
114
Citrosma.
ii5
Coitlnarla.
ï49
Citrouille.
73
Convallarla.
i33
C lad oui a.
ï47
Coprlnus.
149
Clavarid.
149
Comptonla.
117
Clematis.
1
Conlum.
63
Claytonia,
54
Coreopsls.
70
C le orne.
S3
Concombre.
73
Clompanus.
8
Cortex angusturse.
M
Cluseau^
Mo
Cuiutea.
45
Clusia.
25
Col'H.
7
Cocos.
i36 Couls6.
149
Cocco-Gnic]ium.
1 10
CoL'inelle.
Ih,
Coccoloha.
106
Coloinbette.
149
Cochleaiia.
34
Coquelicot.
35
Cocotier.
i36
Goi nus.
64
Colombo.
5
Coronllîa.
45
Coriaria.
i5i
Coulemelle.
M9
Cuspai la.
14
Correa.
M
Colouibra.
5
Coudrier.
117
Colchicuvî.
i54
Coumarouna,
45
Coche rel.
149
Cordla.
90
Coloquinte,
73
Coatouhea,
87
Colsa.
34
Corchorus.
9
Cortusa.
99
Courtmotte.
149
Coiifen'a,
i5o
Coque du Levant.
5
Coffea.
66
Coumier.
42
( 385 )
Coucoumelle.
i4g Dattier;
i36
Cnesiis.
42 Daucus.
6a
Cramhe.
54 Delima.
a
Cran-Berry.
y 5 De'pkîniuTn.
I!
Crocus.
127 Dent-de-Lion.
70
Croion.
114 i '« . îino.
i49
Cucumis.
y3 Diables.
/z».
Cucurbita.
11. Dictaninus.
14
Cupnnia.
3o Dutiichia,
1P.5
Cuiiarina,
yi Di^italis.
93
Cuscute.
8g Dioscorea.
l3l;
Cupressus.
118 Dillenia.
2
Curcuma.
11S Diosma.
î4
Cusparé.
14 Diospjros.
8a
Culilawan.
107 Dirca.
1 10
Curcas.
114 DolicJios.
45
Cjcas.
i36 Dorstenia.
nG
Crcas.
118 Dracontium.
123
Cj clamen.
99 Dracocephalum.
94
Cytisus,
45 Draccena.
i35
Calla.
laS Driandria.
114
Cjtinus^
1 1 5 Drogue-amère.
97
Cjperus.
iSg Drostia.
3 ri
Cynanchum.
86 Dry as.
4G
Cyj)rès.
118 Dr \ nus.
3
Cjnoglossuin.
90 Diplolœna.
^4
Dalbergia.
45 Echium.
90
Darnmara.
118 Echites.
86
Danàis.
66 Echinops.
70
Datuia.
92 Ecluseau.
349
Datisca.
ii6 Ecorce de Wlnter.
3
Dapline,
1 1 0 Ecorce deVaoj-Svy ieten . 2,a
3^5
( 386 .)
Mlàis.
i56 Eixosteihcu
66
Elœagîius.
112
Elœocarpus.
lo Faha.
45
Elaie.
i36 Fagus.
liv
Elaterium.
73 Fagara.
'4
ELjmus.
140 F agoni a.
Ib.
E.j7ipîessum.
14 Festuca.
140
JEncens.
42 Fève de Pichuiim.
107
Envlnasses.
149 Fève de Saint-Ignace
85
Ephedra.
1 18 Fève Tongù.
45
Epine-Vinette.
Sy Ficaria.
I
Equisecum.
141 Ficus.
aiG
Eiable.
29 Figuier.
/^.
Erica. .
7^ Flacurtia.
9
Eriger on.
7*^ Flammula.
i
Erytlioxylon.
^8 Foie-de-Bœuf.
149
Erjngiutn.
€2 Frasera.
87
Escargoule.
ï49 Fraxinus.
82
Escau.
1^. Frêne.
Ib.
Estragon.
70 Fr estera.
81.
Escoubaide.
149 Fragaria.
46
Espignette. .
Ib. Frigoule.
^40
Escraville.
Ih. Fungo istrice.
ii'.
Escumel.
Jb. Fusée.
U.
Evodia.
14 froment.
140
Ei'onjmus.
38 Funis falleus.
5
Eurchon.
149 Fungo-Cervo.
149
Euphoria.
5o Funaria.
145
Eugenia.
49 Fucus.
^49
Eucalyptus.
ib.
Eupatorlwn.
70 (jayac.
14
Euphorbia.
114 Gnliuin.
66
Exccbcarîa.
Ib. Ga!!ia.)leà.
149
Galica*
Galanga.
Gantelines.
Gambeer.
Galatti.
Gaiiltheria.
Galbanum.
Garance.
Garcinia,
Galipea.
Ganitre.
Galitole.
Gallinaccio.
Gelone.
Germandrée.
Gérofle.
Genipi.
Genévrier.
Gentiana.
Gentiane.
Genista.
Géranium,
Gincko.
Gingembre.
Ginseng.
Ginoria.
Gingoule.
Girandot.
Giioles.
Girille.
GlecIwYiKu
GLohularia.
Gleditschiu»
(387)
45 Glue-de-Chêne. 14^
ia5 Glycyrhiza. Ih,
149 Gomme-Kino. G6
66 Gomme ammoniaque. 63
149 Gomme-Laque. 4$
76 Gomme adragant. îh.
62 Gomme arabique. Ib.
Çi^ Gomme-gutte. û5
25 Gomme gutte d'Amérique.
14
10 Gossrpium.
149 Godaille.
Ih. Gumminatras.
Ib. Gourn.
94 Gnidium.
49 Gratiola.
70 Gratteron.
118 Grattier.
67 Grewia.
Ib. G ri as.
45 Grisette.
24 Grumato.
ii8 Guaco.
laS Guarea.
63 Guilandina,
47 GuayacuTn.
149 Guec tarda.
Ib. Guy.
Ib. Gjpsophila.
Ib. Gyroule.
94
100 Hœmanthus.
45 JSrcemodorumi
26
7
i4d
46
46
110
95
6S
42
9
25
149
70
23
45
^4
^6
6S
i5
149
129
( 388 )
Hanclîinol.
47 Hjarastis.
I
Haran-Kaha.
12,5
Hyosciamus.
92
Haschissh.
n6
HydmuTn,
149
Hedera.
64
Hypociste.
ii3
Helleborus.
I
Hypophaé.
112
Hcvea,
ii4
Hjdrolea.
89
Helonius.
i34
Hydrophilax.
66
Heivella.
149
Hymenœa.
45
Hedysarurn.
4.5
Hyperanthera.
45
Herbe purgative.
io3
Hypocastauum.
29
Herbe -au-Diable.
101
Hypericum.
26
Heritiera.
128
Hypodris.
349
Hepatica terrestris.
146
Helminthocorton.
i5o
Icica.
42
Hêtre.
117
If.
118
Hepatica.
I
Ignatia.
85
Ilelianthus.
70
Igname,
0
i3r
Herbe à pisser.
76
Jilicium.
rr
0
Heracleiim.
62
Ilex.
17
Herniaria.
55
Iinhricaria.
79
Heuchera.
60
Inula
70
Hematoxjlon.
45
Indian arrom-root.
12.5
Hibiscus.
7
Indigo fer a.
45
Hippomane.
114
Ipécacuanha.
66
Holcus.
140
Ipécacuanha.
46
Hordeum.
140
Ipomœa.
89
Houblon.
116
Ipo.
116
Houx.
77
Iris.
127
Hopea.
80
Issalou.
149
H ara.
114
Ivette.
94
Huts'ella.
70
Huaco.
70
Jamholifera,
^4
Huile d'oeillet.
35 Jalap.
89
( 389 )
Jatropha.
114
Laurier-rose.
86
Jasminum.
83
Lagetta.
110
Jeaunelet.
i4y
Laurus.
107
Je ffer Sonia.
35
Laurelia.
ii5
Jouannette.
62
Lampujum.
125
Juiiiperus.
n8
Larix.
ii8
Jusquiame.
92
Lactarius.
149
Justicia.
97
Lambrouche.
û3
Jussieua,
5a
Langoii.
149
JujiiLiier.
38
Laver.
i5o
Juglans.
41
Ledum.
76
Leccino.
1-1 9
Lenfifhe.
Id.
Kaliimb.
Kali.
5
106
0
Lingiia di Castagno.
Id.
Kœmpferios
Kino.
Kola.
125
66
8
Lepidius.
Lathyrus.
Lausonia.
34
45
47
Koleho.
81
Laurier-cerise.
L.avandula.
46
94
Knowtohia.
I
\j f
Kiameria.
44
J^epiota.
149
Kaki.
80
Liège.
117
Lima ni a.
2,1
Kulmia.
76
Liriodendi'on.
3
Ly Lhospermujn..
90
Labrusque.
23
Liseron.
%
Labrot.
Ib.
Lilas.
82
Lactuca.
70
Liquidambar,
117
Ladanum.
^7
Litre.
T07
Laiigue-de-Bœuf.
149
Litrea.
Ib.
Laitue.
70
Linnœa.
64
Laitron.
Ib.
Lierre.
Ib.
Lonicera.
64 Ligusticum.
63
Laïamansi.
68
Leptospermum.
49
(%o>
Tiliain.
i33
M air a.
7
Limonium.
TOI
Marjolaine.
94
JLiniivi.
i6
il:fa//ia.
3
Liane-amère.
5
Marchantia.
146
Lichen d'Islande.
147
Marum.
94
Lolîuin.
140
Mctqui.
i5i
Jpohelia.
7a
M^urelle.
92
Jjoranthus.
65
Méchoacan.
S9
Lobaria.
147
Melia.
23
Jjudia,
46 Mechon.
62
I.jcoperdon.
149
Melostoma.
48
Ijjthrum.
47
Mesamhrjanthemum,
. 53
Lychnis.
i5
Menyanthes.
87
Lycopodium,
143
Matîicaria.
70
Lycopersicum.
92
Medeola.
i33
MoLimbo.
3
Melicocca.
3»
Mahea.
114
Manjith.
66
Macrocnemon*
66
Marionier.
29
Madiiuca.
79
Mammea.
s5
Magnolia.
M'.'lon.
75
Ma cria.
Mi^Ussa.
94
TAahra.
79
Melicope.
14
j*iialalouca.-
49
Meiiispermum.
5
Maiabatbrum.
Ï07
IvTethonica.
104
jkfdh.
).4'>
MenoUes.
ï49
Macibot.
Il A
Miinulus.
93
Makère.
ni
Miellin.
349
Miiranta.
ia5
Mimosa.
45
Man^ifera.
^3
Micholia.
3
Ma.ncenit}ier.
1,4
Miiie-Pertuis.
âQ
Mrtinotres.
149
Mimusop.s.
79
^IvJpigliia^
ii8
Mogorium.
8^
( %1 )
Momordîca.
75
Napel.
X
Mo-} ni lia.
44
Nard-Indique.-
G8
M.^ly.
i35
Nainlea.
66
Monniera.
14
Navet.
34
Morille.
119
Nénuphar.
36
AI oronohea.
2.S
Néflier de GuatimaU.
79
Mouron.
99
Nerpron.
38
Morchella.
149
JSferiwJi.
86
M or us.
i]6
Nigella.
I
Mousse fie Corse.
j5o
Noix de Ben.
45
Moutarde.
34
Noix vomifjue.
85
Mousse.
149
Noyer.
4i
Morcholen.
7^.
Nostock.
i5o
Moursas.
Jb.
Nissoles.
M9
Mouk-se.
141
Nicoiiana.
93
Mousseron.
149 Nyclanthcs.
83
Morinda.
63
Nfiiipha^a.
36
Muscadics.
108
JSycrago.
io3
Musa.
12S
Muguet.
i53
Mugnaio.
^19
Ochroxyloji.
14
Muclia-Cunda.
7
Ocymum.
94
jMtiyten.
38
Oldenlandia.
66
M) roxylon.
45
Olivier.
82
Myrthns,
49
Omphalea.
114
Mnscus-ErecMis.
143
On oui s.
45
Mùriei'.
116
Onosvia.
9^5
'^lycena.
î49
Onopordon.
70
Mrrica.
117
Opium.
55
ISlrristica.
108
Opopanax.
63
Opercularia.
67
■■Jaid-Cekinue.
G8
Ophioxylon.
86
Narcissus.
I?q
Ophiorhiza.
8-
Oreille-de-Chardon.
Oreille-d'Orme»
Oréi^ine.
Oreillette.
Orclon.
OrcJiîs.
Osmunda.
Origanwn,
Orge.
Oriza.
Orsedle.
Oronge.
Orme.
Orcaiiette.
Oraithopus.
Orange,
Ortie.
Oseille.
Oxalis.
Palétuvier.
Palava.
Palombettes.
Palomet.
Pampelmousse.
Papayer.
Piixiais.
Panicujii.
Passi/lora.
JPastinaca.
Passei'ina.
Pattes-d'Aliéor.
(392)
149 Pataboa.
Ib. Patate.
Jb. Paturons.
Ib. Pareirà-Brava.
149 Pcironychia.
124 PitVOt.
144 Pavonia.
94 Pandanus.
140 Pceonia.
Ib. Peganum.
147 Pentapetes.
149 Penœa. '
117 Peperonica.
9^ Periplora.
4^ Periploca.
21 Persea.
Il" Peivenche.
106 Pergularia.
24 Petîveria.
Peitigera.
Peuplier.
65 Vekea.
81 Phy salis.
149 Phœnix.
Ib. Phrscia.
z i Phyllanthus.
55 Phjtolacca.
62 Phyllirea.
140 Phyteuma.
19 Pliaseolus.
63 Pheballum.
110 Picris.
149 Pichuj'im.
G6
89
149
5' .
55 .
35
116
123
1
7
i5i
116
86
Ib.
107
86
Ib.
io5 1
147
117
3o
92
i56
147
114
io5
82
71
45
14
70
107
( 393 )
Tînlineya.
66
Potirons.'
149
Pippio.
149
Potentilla.
46
Pietra fungaia.'
II.
Potalia.
87
Pied-de-Cuq.
149
Poule.
149
Pied-de-Vean.
120
P.iurpier.
54
Pignon-d'Inde.
114
Primula.
99
Pinus.
118
Prèle.
141
Pinuzzo.
149
Pratella.
149
Piscidia.
45
Prinos.
38
Pistacia.
42
Piugnolo.
149
Piper.
116
Prataiolo.
Ih.
Pùtospoj'um.
3c) Psychotria.
66
Pivoiilade.
149
Psydium.
49
Plan ta go.
102
Psyllium.
103
Pleuropus.
149
Pteris.
144
Pluîîibago.
lOl
Pterocarpus.
45
Plukeiietia,
114
Ptelea.
14
Podoplijllum.
35
Pulmonaire.
90
Poljgala.
44
Pungola.
149
Polygonum.
106
Pulque.
i33
Polytrichum.
145 Pyrèthre.
70
Polj podium.
^^41
Pyrola.
76
Poivrier.
14
Pomme-Canelle.
4 Quinquina-Piton.
66
Pomme de Vontac.
85
Quinquina.
Ih.
Pomme-de-Terre.
92
Çuassia.
i3
Pombalia.
18
Quamelle.
149
Ponchinado.
149 Quixos.
107
Poivre d'Ethiopie.
4 Quinoa.
io5
Populus.
117
Quercus.
117
Poivrier,
116
Porcelia.
4
Piagagno.
^49
Portlandia.
m
Raisinier.
106
-
(394)
Ramarîa;
149
Rubîa:
66
Ranunculus.
1
Rûbling.
149
Ratanhia.
44
Rubus.
46
Rave.
34
Ruine a.
9
Ravenala.
126
Russula.
149
Heauviuria.
53
Ruscus.
i53
Redoul.
i5i
Ruta.
14
Réglisse.
45
Renouée.
106
Sang-Dragon.
i33
Résine animée.
45
Sanguinaria.
35
Réséda.
32
Saiep.
i:?4
Retti.
45 Safran.
127
Rhamnus.
58
Sagoutier.
i56
Rheum.
106
Sagus.
Ib.
Rhododendron.
76
SaLicornia.
io5
Rhus.
42
Salsola.
Ib.
Rhodiola.
59
Salix.
117-
Rhyzopliora.
65
Sang-Dragon.
45
Rhubarbe.
106
S an fa lu m.
1 1 1
Ricinus.
1 1 4 Saouari.
3o
Ricin.
Ih.
Sapin.
iiB
Rignoche.
'49 Sapium.
114
Ringoule.
Ib.
Sapojiaiia.
i^)
Riz.
140
Salsepareille.
102
Roccella.
147 Salsepareille (l'A
leinigne.
Rosa.
46
ï59
Rocou.
9
Sah'ia.
04
Romr.rin.
94
Sambucus.
64
Rossetli.
149
San 1 oïl lia.
7''-*
Rossola.
Ih.
Santal rouge.
45
Rotling.
Ib.
Sauge.
94
Rotula.
Ib.
Saule.
i'7
Roussille.
Ib.
Sarrazin.
106
Saxifiagal
Saurauja.
Salureia.
Salsafras.
Sarcolœna.
Sarriette.
Scahiosa.
6cj u/iu/;/iorus.
Scordium.
Schwame.
Scie? anthus,
Scrophularia,
Scilla.
Scainmonée.
S cap ha.
Schaefferia.
Schizolœna.
Schinus.
Scopetino.
Scorzonera.
Serpolet.
Secale.
Seigle.
Sebestenief.
Sea-Keel.
Sedum.
Séné.
Sénégri.
Sésanqua.
Sesuvium.
Sésame.
Sexh.
Sida.
(395)
60 Sigeshecîiîa'.
8i Sideroxjlon.
94 Silène.
107 Sinapis.
6 Siinarouba.
94 S ire a.
69 Sirnplocos.
147 Siriboa.
94 Sinilax.
149 Soderello.
55 Souchet.
93 So/anum.
i33 Solidago.
89 Sophora.
81 Sorgho.
38 Soude.
6 Soymida.
43 Spardum.
149 Spigelia.
70 Spilanthus.
94 Spondias.
140 Spongignole.
Ib. Spondias.
90 Spirœa.
54 Spngniolo.
59 Stadcœ.
45 Stranionium ,
44 Stisseia.
3.0 Squine.
55 Styrax.
8 ') Strichnos.
1/19 Styphelia.
7 Stevia,
70
79
i5
34
i3
5o
n6
l33
149
i39
70
45
140
io5
23
45
87
70
42
149
42
4a
149
101
9^
125
l32
80
85
76
( 396 )
Storax liquide.
n8
Thuya:
118
Steccherino.
149
Thymus.
94
Storax.
80
Ticorea.
14
Sterculia.
8
Tirignozzo.
14^
Superbe du Malabar.
i34
Tirucalli.
114
Sureau.
64
Titan-Cotte.
8S
Supindus.
Zo
Tococa.
48
Suilliis.
149
Toluifera.
43
SjmplntUT7i.
90
Tomate.
9^'
Swietenia.
2.2.
Tonka.
45
Tormentilla.
46
Tabac.
93
Tournesol.
114
Tacaniahaca.
117
Tozzolo.
149
Tamarindus.
45 Tragopogon,
70
Tamarix.
56
Trapa.
53
Tamus.
121
Trihulus.
14
Tanacetum.
70
Tiillium.
i33
Tanrouge.
61
Trifolium.
45
Taraxacum.
70
Triticum.
140
Taxus.
118
TroUius.
I
Terminalia.
5o
Tricosanthes,
73
Ternstrornia.
81
Triosteum.
64
Teucrium.
94
Tripettes.
149
Tetragonia.
53
Truffe.
149
Tère de Méduse.
149
Tuber.
Ib.
Thalictîum.
1
Tulipier.
3
Thalia.
laS
Tupa.
73
Thea.
20
Turpith.
89
Thé des Apalaches.
38
Tussilago.
70
TJiesium.
m
Tjpha.
i38
Thé de la Nouvelle-Jassa.
38
Ugeua.
143
Theohroma.
7
Ulmus.
117
UWa.
Uncaria.
Upas-Tiente.
Upas-Antiar.
Urceola.
tJrtica.
TJ^'aria.
Uya-Ursi.
J^accinium,
Yaquois.
Vahea.
V aicriana.
Yaniiie.
Varec.
"Vasseloup.
yeratrum.
J^erbesma.
Verdoiie.
Verire-d'Or.
Vernis de la Chine.
Vinaigrille.
Viola.
Villa rsia.
Vinca.
Viro la.
Vinaigrier.
Vii'ole.
(397 )
i5o Vitex:
66 Viiis,
^^ Vitis idasa.
^'6 Vî<irum.
^^ Vonfac.
ii6
^ Xylopia.
76 ^
75 YaUoë.
122 Ycotti.
^Q Yellow-Root.
68 Yulan.
134 Yvraie.
i5o
i4() Zamia.
i34 Zanthorhiza.
70 Za/ithoxylon»
149 Ziaria.
70 Ziznnia.
5o Ziziphus.
24 Zodoaire.
18 Zosteta.
87 ZygophyUum.
86
108 TVachendorsia,
42 TT'alhera.
1 49 t^Veinniannia.
96
76
65
85
44
86
1'
3
140
1
14
Ib.
140
33
125
123
14
128
1.3
61
FIN DES TABLES.
DE L'IMPRIMERIE DE MIGNERET,
RUE DU DRAGON; T. S. G., N.° 2.0.
1
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