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64
BIBLIOTHÈQUE
DE L'ÉCOLE
DES HAUTES ÉTUDES
PUBLIËe sous LU AUSPICES
DU MINISTÈttE DE L'INSTRUCTION PCBLIQUK
SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES
QÏÏATEE-TISOT-DIX-irEnTIÈKE FASCICnLE
BUDBS, COWTK DR P\RI9 BT ROI DB FRANCE (BS2-898)
PAR RDOUARD PATRR
DOCTEUR EN PHri.O30[>HlB, ÉLÈVE DIPLÔMÏl DB L*teOLB DBS K\UTSS ÂTUDBS
PARIS
EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, HUE DE Richelieu , G7
1893
rkô^Ol:;'
• • ••
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••• •
• • • •
EUDES
COMTE DE PARIS ET ROI DE FRANCE
(882-898)
ANNALES DE L'HISTOIRE DE FRANCE
A L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE
EUDES
COMTE DE PARIS ET ROI DE FRANCE
EDOUARD FAVRE
.li^--
ÉLiVB D1PL6hÉ DR l'ËCOLB D
PARIS
EMILE BOUlLLO^f, ÉDITEUR
67, BUE DE F
1893
.»
A MESSIEURS
GABRIEL MONOD
ET
A. GIRY
HOMMAGE AFFEGTUEVX ET UECONNAISSAST
i
Sur l'avis de M. G. Monod, directeur d'études, et de
MM. Ch. Bémont et A. Giry, commissaires responsables, le
présent mémoire a valu à M. Edouard Pavre le titre d'Élève
diplômé de la section d'histoire et de philologie de V École
pratique des Haules Études,
Paris, le 21 novembre 1892.
Le Directeur d'études,
G. MONOD.
Les Commissaires respoyisahles ,
Ch. Bémont, A. Giry.
Le Président de la Section,
G. Paris.
INTRODUCTION
Le règne que je me propose d'étudier n'est qu'an épisode
de la décadence carolingienne. Eudes débute dans la car-
rière par un fait d'armes qui est comme l'apogée de ce
qu'on a appelé la " période militaire ou héroïque »' de
l'histoire des lïoberliens; mats bientôt le sentiment de
l'impuissance à vaincre les diflicultés intérieures semble
affaiblir son énergie première et alourdir le sceptre dans sa
main découragée.
Durant ces dix années (888-898), rien n'a été créé au
point de vue des institutions; la décadence de l'Empire, lo
développement du système féodal se poursuivent quel que
soit le souverain. La royauté d'Eudes est absolument caro-
lingienne; rien ne la distingue de celles de Garloman ou de
Charles III. Au point de vue dynastique, elle a une tout autre
importance : le ptreslige et l'inviolabilité de la royauté des
Pépin et des Cliarlemagne sont mortellement atteints.
L'Empire d'Occident a été démembré; un homme nouveau
est monté sur le trône qui sera celui de France; il a créé
ainsi un précédent. On a dit^ : « Les maisons souveraines
ne comptent qu'un seul parvenu, leur fondateur »; l'impor-
INTRODL'CTION.
I.es sources auxquelles j'ai eu recours sont trop connues
pour qu'il soit nécessaire de les étudier au long. Je me
bornerai à dire quelques mots des principales.
I
« Au moyen âge', il faut pour provoquer les œuvres his-
toriques l'influence de quelque événement extraordinaire
du de quelque personnage éminenl. Aussi voit-on constam-
ment des lacunes, des intermittences dans la littérature
historique. Elle subit tous les contre-coups de la vie poli-
tique; quand celle-ci devient languissante ou trop agitée,
en proie à des luttes à la fois violentes et mesquines, on ne
trouve plus personne pour la raconter. » Si cette alterna-
tive ne se présente que trop souvent durant Tépoqué dont
fai entrepris l'étude, d'autre part le siège de Paris est
bien un de ces événements qu'on peut qualifier d'extraor-
dinaires; aussi a-t-il donné naissance au poème d'Abbon,
moine de Saint-Germain des Prés, qui prit part au siège* et
composa sur ce sujet un poème en trois livres. Le S'' livre
n'a été ajouté que pour atteindre au nombre de la Trinité'
et n'a aucune valeur historique. Le premier livre et le
second jusqu'au vers 451 sont consacrés au siège de Paris;
le récit qu'ils contiennent est d'une grande exactitude, il
est constamment confirmé par les Annales de Saint-Vaasl;
ces deux textes concordent d'une manière frappante, quoi-
qu'ils soient très difl'érents de style, l'un étant l'œuvre d'un
annaliste concis, l'autre celle d'un faiseur de vers imbu d'un
1. G. MONOD, Études sur rhisloirc de Hugues Capet, dans la Revue histo-
Hque, t. XXVIII (1885), p. 212.
2. Pertz, dans sa préface, reconnaît Abbon dans ce prêire (1. II, v.
300-302) qui louait la croix au-dessus des flammes; cette hypothèse est
hasardée.
3. ÉpUrc dcdicatoire, éd. Tarannu, p. 02-63.
ISTIlODUCTION.
classiciemc dégéDéré el dont l'emphase prend un nouvel
essor au souvenir des souffrances iju'îl a endurées
même.
Le poème d'Abbon a poursujel le siège elnon pas Eudes
qui, jusqu'à la mort de Gozlin et même après son avène-
meiil, tient une très petite place dans la narration. Tout le
livre I el les 4SI premiers vers du livre n ont élé com-
posés après le siège el au moment de l'avènement d'Eudes.
Si l'on tient compte de l'exactitude très grande des déLails,
de la modération avec laquelle Abbon s'exprime sur le
honteux traité conclu par l'empereur devant Paris, on serait
tenté de croire que cette première partie du poème a été
composée presque en entier, sous le règne de l'empereur
Charles III aussitôt après le siège. Il est vrai qu'Eudes y
est qualidé presque dès le début de roi futur', mais cette
épilhète ne peut-elle pas avoir été ajoutée par Abbon alors
qu'il mettait la dernière main à son œuvre? En tout cas,
le livre I et les premiers vers du livre II ont été composés
au plus lard au débul de l'année 888.
Le siège fini et Eudes roi, le récit d'Abbon change tout
à fait de nature, il devient vague el lu chronologie s'em-
brouille. La première partie du poème se termine au vers
451 avec l'avènement d'Eudes (888). Puis (vers 432-453),
Abbon mentionne la première campagne d'Eudes contre
les Aiiuitains, qui eut lieu en 889; ensuite (vers 453-464),
il revient à l'année 888, parle du siège de Meaux par les
Normands et accable Eudes de son ironie; aux vers 467 et
INTHODUCTIUN. VU
suivants, il parle de hi paix faite par Emics avec les Nor-
mands devant Paris eu 889. Après avoir énuméré ainsi des
actions peu glorieuses de son héros, il en revient à ses
exploits', et raconte Monlfaucon^ puis la campagne en
Aquitaine de 893. Enfin, il dit quelques mots de la lutte
entre Eudes et Charles le Simple, mais son héros ne faisant
plus d'actions d'éclat, i! renonce à le chanter. Abbon
a composé luute cette partie de son poème après 80S' et
avant la mort d'Eudes'. Il accable Eudes de reproches
(1. Il, vers j88 et suiv.j, comme un souverain dont il n'a
plus à redouter la colère parce que le sceptre va lui
échapper. Dans cette seconde partie du livre II, Abbon ne
parle ni des rapports d'Eudes et d'Arnulf, ni de l'oppo-
silîon de Foulques, ni de l'exécution de Waucher; il a hâte
de terminer un poème qu'il regrette d'avoir repris. Il nous
semble que son premier plan élait de le terminer au vers
451 '. Peut-être a-t-il trouvé que son second livre serait
trop court en comparaison du premier, et cette considération
l'a décidé à le continuer. Un poète qui a fait son troisième
livre pour arriver au chiffre de ta Trinité est bien capable
d'avoir allongé son second livre, aux fins de satisfaire à un
besoin de symétrie.
Pour l'ensemble du règne d'Eudes, la source principale
sont ]e& Annales de .Sami- ra«8/, composées dans le couvent
de Saint-Vaasi près d'Arras, par un auteur inconnu. Ces
1, a ExpedinmuE abti'mc dignos Odoai Lriumphos, t
2. Il parle de l'alliance de Zwenllbold el de Ctiarles le Simple qui fui
conclue en 893 (I. H. v. 580).
3.L. U,v. Qia.
4. € Sic uiio tePoum congaudel ovamliie regiium ».
VIII INTRODUCTION.
annales onlloule rexaclilude d'annales officielles du royaume
franc de l'Ouest, sans que Tauleur, absolument indépendant
de la cour, soit astreint à de certains ménagemenls; à plu-
sieurs reprises, il s'exprime librement sur la conduite des
détenteurs du pouvoir. Elles sont, pour le règne d'Eudes,
un guide absolument sûr : ainsi, en 886, elles mentionnent
le passage par Quierzy, de Charles III venant au secours
de Paris, et ce fait est confirmé par un diplôme. La lutte
contre les Normands y lient naturellement la plus grande
place; le récit qu'elles donnent du siège de Paris est d'une
précision remarquable et peut servir de fil conducteur au
travers du récit toufTu d'Abbon. L'annaliste commet ce-
pendant une erreur en 889'; il emploie son expression
favorite très vague « circa autumni tempora » en parlant
du retour des Normands à Paris, événement qu'il faut
dater de juin ou de juillet.
Outre le poème d'Abbon et les Aniiales de Saint-l^aasty
le royaume franc de l'Ouest fournit une troisième source
d'un genre encore tout autre, Vllisloire de l'église de Reims
de Flodoard. Né à Epernay, élevé à Reims, dans l'école
rétablie par l'archevêque Foulques, Flodoard acquit dans
cette ville une grande influence ; il prit part à tous les
événements qui troublèrent l'archevêché dans la première
moitié du x° siècle et mourut en 906. Après avoir écrit
une Chronviue^ il se mit à composer, en 948, son Histoire
de iéglise de lieiyns ; il avait sous la main les archives de
i. La faute de chronologie reprochée par Duiumlcr {De Amulfo rege^
p. 17G) tiux Annales de. Sahu-Vaast à Tannée 8'Jl a clé corrij^'éc par riibbé
Dchalsncs qui a adopté la version du ms. O.
INTRODUCTION. IX
rarchevôché. Pour l'époque d'Eudes en particulier, FI07
doard ne donne que des analyses ou des fragments de la
correspondance de Tarchevôque Foulques. On comprend
quelle valeur ont ces régestes; malheureusement, ils sonJL
parfois trop courts et ne fournissent pas tous les rensei-
gnements que contenaient, probablement, les lettres ori-
ginales. De plus, ces extraits, ces régestes ne sont pas
datés; il est possible de combler cette lacune pour beau-
coup d^entre eux, mais non pas pour tous.
Flodoard avait encore composé sur les papes, à la suite
d'un voyage à Rome (936-939), un poème qui n'est pas
entièrement dépourvu de valeur historique.
Telles sont les principales sources que nous offre le
royaume franc de l'Ouest. Il serait trop long d'énumérer
toutes les petites annales ou chroniques locales où j'ai pu
puiser parfois un renseignement. Citons cependant le Car-
tulaire de Saint-Berlin, de Folquin, et les sources histo-
riques de provenance sénonaise c[ui viennent d'ôtre étudiées
par M. Lot*. Il faudrait enfin parler de deux auteurs dont
les œuvres ont fait couler beaucoup d'encre, Richer et
Dudon de Saint-Quentin; j'ai cherché dans un appendice*
à justifier les emprunts faits au premier; ce que j'ai pris
au second est peu de chose et je n'ai adopté le dire d un
auteur si contesté que vu son extrême vraisemblance.
Heureusement des écrivains étrangers viennent com-
pléter ou confirmer le témoignage des auteurs du royaume
franc de TOuest. Il faut signaler au premier rang parmi
1. Les derniers Carolwgiens, p. 338 et suiv.
2. Voyez ci-après, p. 230-233.
X INTIIODUCTUjN,
eux le lorrain HéyiDon de Prum qui enlreprit d'écrJR
entre les années 900 à 908 une Chronique unwers^;^
lui-même mourul en 915. Il ^tail donc contemporain d'Eudes i
el il donne sur ce règne quelques précieux renseignements;: ,
malheureusement, si les faits qu'il raconte sont exacts —
cependant il confond les deux Ebles — sa chronologie esl
peu digue de conliance el. à plusieurs reprises, nous avons
dû la corriger.
Le royaume franc de l'Est fournit les Annales dites de-]
Fulda, dont la IV° parlic (^82-887) a été écrite à Mayence*
par un ecclésiastique contemporain des événements qu'il à
raconte ; celte partie des annales n'est plus officielle, aussi '
s'exprime-l-olle librement sur l'empereur Charles III. En
887, cet annaliste cède la place à un autre, bavarois d'ori- '
gine, qui écrit la V" partie des Annales et qu'on penl
supposer avoir vécu dans les abords immédiats de la cour, .
à la manière dont il déplore la chute de Charles III, tout
eu ne disant rien qui puisse blesser Arnulf. Cette V* partie
Fournil des renseignements précieux sur les rapports d'Ar- .
luiir et d'Eudes.
Enfin nous avons consulté les sources anglo-saxonnes,
comme la Chronique anglo-saxonne et la Vie d'Alfred par
Asser, pour quelques faits relatifs aux Normands. Ce
dernier semble bien informé sur les incursions des Hommes '
du Nord dans le royaume franc de l'Ouest.
Ce rapide aperçu sur les sources de l'histoire de
1. Hbthfbld, Ueber den Uftprung des zwi
der sogenannlen Fittditchen Annalen unm Jah
tn, drillen unti tittrim IWU^
r »SS-S87, Uulle a. S., 1686, J
INTROlUjnTION,
I
royaume durant los dernières années du ix' siècle prouve
suffisamment ta pauvreté lilléraire do ce temps. Heureux
sont ceux i\m étudient une époque plus favorisée el qui
trouvent, dans des œuvres contemporaines d'une réelle va-
leur, des détails qui leur permellcul de suivre pas à pas
leur héros! Je leur ai souvent porté envie. Néanmoins je
m'estimerai encore Tavorisé, si cette étude peut contribuer
à faire mieux connaître une époque qui est « intéressante
« entre toutes, puisque c'est alors que la France s'est faite,
■i qu'elle a commencé à prendre quelque obscure conscience
« de son existence nationale, que se sont développés mys-
« térieusement les germes des institutions qui allaient
'. devenir le régime féodal', » et qu'enfin une dynastie est
montée sur le triîue qui, pendant près de mille ans, a tenu
sous son sceptre un des plus imporlanls royaumes de
l'Occident.
Quelques mots encore sur mon travail même : il a été
entrepris en 1879 sur le conseil de M. Gabriel Monod;
grâce à ses encouragements, j'ai pu le poursuivre à travers
bien des obstacles et des retards indépendants de ma
volonté. Durant l'hiver 1887 à 1888, M. A. Giry conce-
vait le projet d'un ensemble d'études relatives à l'époque
carolingienne; quoique je n'aie jamais eu le privilège de
travailler sous son habile direction, ijuoiqu'on eût été en
droit de ne plus croire à l'achèvement de mon travail, par
un sentiment de délicatesse dont je ne saurais être assez
reconnaissant, le règne d'Eudes m'était réservé et lorsque,
INTRODUCTION,
l'an dernier, j'apportai mon manuscrit au savant maàlre
de couférences, il lui assigna, après l'avoir examiné, sa
place dans le grand travail qu'il avait en vue.
Son projet comporte deux séries de publications' : l'und
consistera en un catalogui; critique des actes des souverains^
l'autre formera en quelque sorte les annales de l'iiistoiredd
France sous la dynastie carolingienne. Mon histoire d'EudesJ
plus complète et plus détaillée que celles de MM. Mouria
et de Kalckstcin, prendra place, à son rang, parmi lei
Annales, Elle était primitivement accompagnée de l'ét
des diplômes de ce souverain, complément indispensable à
toute étude critique d'un règne. Sur te conseil de M. Giry (
pour me conformer à son plan, j'ai supprime celle i
diplomatique; elle paraîtra dans l'autre série, avec le cata
logue critique des actes d'Eudes, complétée par les i
gnemenls fournis par MU. A. Giry. L.-II. Labande, Perdj
uand Lot et d'autres collaboraleurs, provenant du dépooi^
lemenl général qu'ils ont entrepris des fonds d'arcliives «
des collections de manuscrits de la France.
J'ai reporté dans les notes (p. 72, 77, 78, 123, 129,
ceux des résultats de cette étude diplomatique qu'il i
semblait absolument nécessaire d'indiquer pour jnstifiej
l'itinéraire que j'ai adopté pour Eudes ou la manière c
j'ai daté certains diplûmes.
Cet exposé des ditfêrenles phases par lesquelles a pass^
mou travail était nécessaire pour expliquer l'absence, donj
on aurait pu à bon droit s'étonner, d'une étude diplomatique
INTRODUCTION. XIII
Il fera comprendre aussi, et ce n'en est pas là la moindre
importance, quelle reconnaissance je dois à MM. Gabriel
Monod et A. Giry. L'hommage qu'ils me permettent de
leur faire de mon travail n'est qu'une bien faible preuve
de ma profonde gratitude pour les affectueux encouragements
et l'infatigable obligeance que j'ai trouvés auprès d'eux.
Éd. F.
Pregny près Genève, octobre 1893.
BIBLIOGRAPHIE
SOCJR.OJES
A. SOURCES NARRATIVES»
Abbon, Le siège de Paris par les Noi^mands en 885 et 886, poème
avec la traduction en regard, accompagné de notes explicatives
et historiques, par N.-R. Taranne. Paris, 1834, in-8.
Adhémar de Chabannes, Chronicon, dans les Ilislor. de Fr., t. VIII,
p. 232-236.
Adon, Chronicon, dans les Hislœ\ de Fr., t. VII, p. t>'i-56 ; Conli-
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Adrevald, voy. Miracles de Saint Benoît.
Aimoin, voy. Miracles de Saint Benoît,
Aimoin, Miracula Sancti Germani episcopi Parisiensis, dans les
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rum, sœc. III, pars II, p. 104-122.
André de Bergame, Chronicon, dans les llistor, de Fr., t. VU,
p. 204-207.
Anglo-saxon Chronicle, dans les Monumenla historica Britannica,
t. I (1848, in-foL), p. 291-466.
Annales S, Benigni DivionensiSf éd. G. Waitz, dans les Mon.
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Annales Bertiniani, éd. G. Dehaisnes, Paris 1871, in-8 (Société de
riiistoire de France); — éd. Pertz, dans les Mon. Germ., SS., t.I,
p. 419-515.
Annales Besuenses, dans les Mon, Germ,, SS., t. II, p. 247-2^0.
t. Cette bibliographie n'est pas destinée à faire connaître toutes les
éditions de telle chronique ou de telles annales, mais seulement les
éditions que j'ai consultées et celles d'après lesquelles les citations sont
faites. Ainsi ppur Abbon, j'ai employé l'édition de Taranne, aussi ne
mentlonnai-je pas les éditions de Pertz, de dom Bouquet, etc.
XVI
IBL10GRA.PII1E.
Aaoales Blandiaienses, éd. Buth&unn, dans les Mon. Germ,, S
U V, p. 20-34.
Annales Sanctœ Columbse Senooensis, éd. Pkrtz, dans lea Bton.
Gei-m.. SS.. l. I, p, 102-109.
Annales Sancti Dionysii Remenses, éd. G. Waitz, dans les Mon.
Gei-m., SS„ t. Xm, p. 8-2-8i.
Annales EInonenses majores, dans les Mon, Germ., SS., t. V,
p. 11-17.
Annales EInonenses minores, dans les Mon. Germ., SS., t. Y,
p. n-20.
Annales Fuldenses, éd. Pbrtz, dans les Mon. Germ., SS., t. I,
p. 136-415.
Annales necrologict Fuldenses, éd. G. Waitz, dans les Mon- Germ.,
SS., i. XIII, p. leu-iiï!.
Annales Sancti Germani minores, dans les Mon. Germ., SS., l. IV,
p. 3-4.
Annales Sancti Germani Parisiensis, dans les Mon. Germ., SS.,
l. III, p. 1136-168.
Annales Hildesbeimeases, dans les Mon. Germ., SS., t. ni| .
p. 18-72.
Annales Lemovicenses, dans les Mon. Germ., SS., l. II, p. 2S1-'
Annales Vedastini, éd. C. Dehaisnes, Paris, 1S71, în-8 [Sociéléde
l'hisLoire de France). — Compte rendu de celle édition et de celle
des Annales de Saint Berlin, par G. Monod, dans la Hevue cri-
lique d'histoire el do liUéralure, S" année (1874), 2° seul., p. 163-
170. — Éd. Pkbtz, dans les JWon. G&-m.. SS., l. U, p. 196-209.
Auer, Annaies rerum geslarum Aetfredi magni, dans les Mùnumenta
historica brilannica, 1. 1 (1848, in-fol.), p. 467-498.
Brève cbronicon S. Martini Taronensis, dans les llislor. da Fr.,
t. VIU, p. 316-317.
Carmen de pontiticibus romanis, voy. Flodo.vhd.
Cbronicon Aquitanicum, dans les Hislar. de Fr., t. VII, p. 223-224.
Cbronicon Besuense, dans les Hîstor. deFr., t. IX, p. 19-20.
Cbronicon Cameracense et Alrebatense, dans les Uislor. de Fr.,
t. VIII, p. 278-284 ; — éd. Bkthmann sous le titi'e de Gesta episco-
porum Camei-acensium, da.n3 lésion. Gei-m,, SS.,t. VII, p. 3^E)2Ij.
Cbronicon S. Columbœ Senonensis, dans les Uislor. de Fr , t. IX,
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Wittich (K.), Die Enlstehung des Herzogthums Lolhringen. Gdtlingue,
1862, in-8.
Wùstenfeld (Th.), Ueber die Herzoge von Spolelo aus dem Hause der
Guidonen, dans les Forschungen zur deutschen Geschichle, t. III
(1863), p. 383432.
EUDES
COxMTE DE PARIS ET ROI DE FRANCE
882-898
CHAPITRE PREMIER
ROBERT LE FORT, HUGUES L'ABBÉ.
EUDES AVANT LE SIÈGE DE PARIS
Robert, dit le Fort, apparaît dans l'histoire, d'une manière
certaine, le 3 avril 852; il est, à cette date, recior^ de Mar-
moutier et il obtient de Charles le Chauve la confirmation des
biens et des privilèges de cette riche abbaye, dans laquelle il
avait succédé au comte Vivien mort, Tannée précédente, en
combattant les Bretons. Dans le diplôme où cette faveur est con-
signée, il est qualifié dHillustris vir, épithète qui désigne géné-
ralement un comte. En novembre 853, il est revêtu des fonctions
de missus dominicus pour le Maine, TAnjou, la Touraine, le
Corbonnois et le pays de Séez*. La décadence de Tinstitution
des missi à cette époque permet de supposer que Robert était
bénéficiaire d'un des comtés compris dans son missaticum; il
avait probablement succédé à Vivien dans le comté de Tours
comme dans l'abbaye de Marmoutier.
1. Diplôme de Charles le Chauve pour Marmoutier du 3 avril 852,
Hxstor. de Fr,, t. VIII, p. 520 : « per deprecationem illustris viri Rot-
€ berti rectoris monasterii S. Martini, (luod Majus Monasterium dicitur. »
2. Capitulaire de Servais, Ilistor, de Fr., t. VII, p. 610. — Waitz,
Deutsche Verfassui^gsgeschichte, t. III (1883), p. 441 et 461. — Kalckstbin,
Robert der Tapfere, p. 123 et siiiv. — NOORDBN, Hinkniar, p. 132 et suiv.
— Bourgeois. Le capitulaire de Kiersy, p. 243. — Baybt, Compte rendu de
l'ouvrage de M. Bourgeois, dans la Revue historique, t. XXXII, p. 183.
FAVRB. Eudes, 1'
2 ROBERT LE FOIIT, HUGL'US l'aRBÉ, EUDES. [852-859n
L'origine de Robert eal eutoupée de ténèbres'; ses débuts
daus la carrière sont îguorés; la première lueur qui l'éclairé
montre un personnage qui tient déjà sa place dans l'Empii
possesseur d'importants bénéfices, revêtu des fouctions
comte et de missiis. Il est à. la fois riclie par les revenus de st
bénéfices et puissant par l'autorité royale qu'il représente.
En 83<i, Charles lo Chauve revêt sou fils Louis le Bègue,
encore eofaut, de la dignité ducale dans le Maine et le crée roi.
Ce nouveau souverain et son entourage excitent bientôt le
mécontentement des grands laïques de Neusirie'. Ceux-ci, en
838, s'allient au duc de Bretagne, Salomou, ennemi de Charles
le Chauve, chassent de Neustrie Louis le Bègue et le forceat
à repasser la Seine. À ce signal, la révolte éclate de toutes
parts; Louis lo Germanique, appelé par les mécontents, envahit
le royaume de son frère, et Charles le Chauve trahi par les
siens à Brienne prend la fuite devant lui [12 novembre 858).
Louis le Germanique se croit désormais le maître daus le
royaume franc de l'Ouest; il récompense largement ses par-
tisans au uonibre desquels Robert le Fort tient une place]
importante^ Mais sa puissance s'évanouit bien vite et au dé-
but de l'année 859 il devait repasser le Rhiu *. La situation de
ses partisans dans le royaume de l'Ouest, celle de Robert le
Port eu particulier, était dès lors précaire; durant les négo-
ciations qui s'engagèrent entre les deux frères, Louis le Ger-
manique ne les oubiia pas; il voulait qu'ils conservassent
tous les bénéOces qu'ils possédaient avant leur rébellion. Or,
CLarles le Chauve les avait déclarés privés de ces béaéSoes,
il exigeait qu'ils se rendissent à merci et qu'ils fussent mis
jugement ; il faisait de celte mesure une condition absolue de ti
réconciliation. On ne put s'entendre. Robert, toujours allié di
SalomoD de Bretagne, persista dans sa rébellion et trouvi
un allié daus Pépin II, petit-fils de Louis le Pieux et fila di
Pépin I, roi d'Aquitaîue, chassé de nouveau de cette coDtri
uts
lire B
I
4
1. Voj., ci-après, l'AppenJiue ti' I.
2. Dans ce travail, nous appelons Neustrie le pays eoUe Seine i
Loire el Francia la partie du royaume de l'Ouest au nord de la Seln^,
nous coutormauL eu cela à l'opinion de M. Auguste Lougaon, L'Ile t
ffouM, p. 2-5.
3. Ann. Berlin., anu. 6S9- — Les actes du synode de Savonniëroi
nomment Robert le premier parmi les grands révoltés. Duuulbb,
teMchu de» oitfrankitelten Heiclu, t. 1, p. 4S2.
i. Ann. Fuld., ann. aSS. — .^nn. ân-on-, ann. 659.
I
8t;0-R01l
; DE noBËRT LE FORT.
par Charles le Chauve' ; mais sa situation n'eu était guère
améliorée.
EaGn, en gfil), grâce ;i la mt^diation de Lothaire, la paix' fut
sigaée k Coblentz entre Charles, ot Louis le liermaniqne.
Charles déclara pardonner aux partisans de son frère et leur
reconnaître tous les alleux et les bénéfices qu'ils possMaieut,
i l'esception de ceux qu'ils pouvaient tenir de Ini et dont il se
réservait la libre disposition. A ces conditions, les sujets infi-
dèles de Charles le Chauve firent leur paix avec leur souve-
rain; seul, Robert persista dans ea rébellion. Ce n'est pas
assurément qu'il tînt à son alliance avec les Bretons; sa con-
duite ultérieure permet de croire qu'elle devail lui être à
charge. Si donc il ne profita pas du traité de Coblentz, c'est
que ce traité ne lui était pas avantageux, c'est que sa position
et ses intérêts différaient de ceux de la plupart des autres
rebelles. Pour ceux-ci en effet , la plus grande partie de leurs
alleux et de leurs bénéfices, antérieurs assurément dans leur
famille au règne de Charles le Chauve, leur étaient rendus
sans conditions; leur position ue sc trouvait donc pas sensi-
blement modifiée; après une conduite aussi coupable ils ue
pouvaient pas espérer un plus faible chatiineiit. Pour expliquer
la conduite de Robert , il faut supposer que les propriétés
héréditaires de sa famille u'èlaient que peu de cho.se , que son
pouvoir et le plus clair de ses biens provenaient d'alleux et de
bénéfices qu'il tenait de Charles le Chauve et qui rentraient,
de ce fait, dans la catégorie des biens dont ce souverain se
réservait la libre disposition. En se soumettant dans ces
conditions, Robert aurait livré son avoir et ia position qu'il
s'était créée à la merci d'un souverain sur la clémence duquel
il n'avait aucune raison de compter; aussi demeura-t-il in-
soumis.
Ce refus de participer à l'amnislie de Coblentz semble donc
prouver que Robert est un homme nouveau, qu'il ne descend
pas d'une famille dès longtemps puissante, comme on a cher-
ché à le démontrer, que les propriétés allodiales de sa famille
sont peu de chose, qu'il tient ses bénéfices et sa posilion de
Charles le Chauve ; bref, ce refus paraît trahir le parvenu et
dévoiler le fils du Saxon.
L'année Stil devait ameuer un revirement : en juillet,
1. Ann, Berlin., Qim. 850.
2. HUlor. de Fr-, t. Vil, p. 644_el suiv.
ilOBKilT LE i
Charles UuL conseil uvec les griiods de suu royaume au sujet
de Robert', une entrevue eut lieu eatre le souverain et le
sujet rebelle et la rt^coiiciliation fut op rée, Robert recouvri
ses alleux et ses béuéfices , entre autres la Touraine el le tu<
□astèrc de Marmoutier ; peu après (aurtt oii septembre), Charti
lui conOa le commaudcuicnt oo chef de tout le pays entre
Seine et Loire et ût de lui un marquis dont la misâioa était de
résister aux Rretoos. Il ne faut pas vouloir préciser les attri
butions accordées alors à Robert'; elles étaient assurémeoi
très vagues, même daus l'esprit des coulemporains ; il ne faul
parler ni de duché, ni de duc, litre que Robert ne port&j
jaiuais. Ces termes donneraient lieu à une confusion déjà Iro]
ffipandue entre « les honneurs ou dignités conlïrés par
rois Carolingiens et les qualifications portées à l'époque t'éodali
par les détenteurs de grands fiefs'. » La raison d'être de
nouveau pouvoir était la défense de la Neustrie contre les
Bretons. Ce pouvoir, restreint à la Neustrie et qui ne pouvait
ôtrc exercé ni au delà de la Seine ni au delà de la Loire,
coQsistail en un commandement militaire suprême et assurait
à Robert, auprès du souverain, la place d'un conseiller dont la
voix, pour les affaires de Neustrie, prévaudnût sur toute
autre'. Ce pouvoir donné à Robert contient en germe la gran
deur de sa race. Charles le Chauve lui accorda encore, proba-
blement à la même époque, les comtés d'Anjou et de Blois".
Robert est désormais le plus ferme soiitieu de Charles le
Chauve ; d'abord, il combat Satomon de Bretat^ne auquel était
venu se joindre, entre autres mécontents, Louis, fils de Charles
le Chauve. Pour lutter contre eux, Robert achète, au prix de
600U livres d'argent , l'alliance des Normands qui avaient des-
1. RBGiNON,C/it'ûTi., ann. Sdl :aCarolua placUtim habuit lu Compendlo^ J
« ibiquecumopllmatumcoiicilioRodbertocomUiducaiiim iittcr Llgerlmf
« et Sequanam adversum iiriltoncs commetidavit. - — Ann. BerHtt.^
iinii. 8GI.
2. KalCKSTBIN, Robert dei- Tapfcre, p. 152.
3. A. DB BaRTHBLBUY, Les origines de la Maison de France, ji, 133.
4. .4iin. Berlin., ann. 869 : « Ipsios Rodberli coaaiilo. »
5. LYpoq'ie Ji laquelle Charles le Chauve accorda ces deux comtés hA
RoberL est Incertaine : eu 862, Louis le Bègue voulant, avec l'aide deA^
Brelous, attaquer Robert, ravage l'Anjou (.4iiii. Bertiu
■ ■n 86'>, les mômes annales nomment Robert " coraes Aarlega venais. »—^J
En 863. Robert paraît comme comte de Blois dans on acte A'éàoiOfgiM
avec Actard, evéque de Names, de biens sis dans le comté de B"
(KalckStrI-n, Bobert der Tapfere, p. 133, 152.)
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I
[8S2-86S] liOBERT I.E KORT M.\«(JUIS. 5
cendu la Seine; cette somme donne une haute idée des ri-
chesses dont il pouvait disposer. En 862, il inili^e deux dé-
faites à Louis qui, à la tète d'une troupi? bretonne, venait
de piller l'Anjou et les régions environnantes ; la même année,
Louis se réconcilie avec son père et, en 863, la paix est signée
entre Charles et Salomon. Dès lors, c'est contre les Normands
que Robert défendra la Neustiie ; ainsi , en 864 , il détruit une
bande de Normands sur les bords de la Loire, mais il est at-
taqué, après sa victoire, par une autre bande plus nombreuse,
et , blessé , il est obligé de se retirer devant elle. En R6S , nou-
velle victoire et massacre de 500 Normands dont Robert envoie
les armes et les étendards à Charies', La même année, celui-
ci, sans rendrfi à son fils Louis le titre de roi, lui donne le
comté d'Anjou, le monastère de Marmoutier et quelques autres
domaines ; évidemment , j! ne disposait pas des bénélîces de
Robert sans son consentement ; il le dédommagea en lui don-
nant le comté d'Auxerreetcelui de Nevers-'. Si l'on joint à ces
deux comtés celui d'Autuu que Robert avait reçu l'année pré-
cédente (864) et en possession duquel il ne put, il est vrai,
jamais entrer, on voit que son champ d'activité se déplaçait à
l'est. Charles le Chauve jugeait en efl'et la présence de Robert
nécessaire eu Bourgogne pour mettre tin aux désordres des
grands et aux ravages des Normands dans cette contrée.
Robert est envoyé par le roi dans la région où une main-forte,
où une épée fidèle sont particulièrement utiles , que ce soit en
Neuslrie ou en Bourgogne; cependant, le souverain lui donne
dans celte région môme {les bénéfices, pour justifier son inter-
vention ou pour lui fournir les moyens matériels d'intervenir
efficacement.
Mais le moment n'était pas propice pour éloigner Robert,
sa présence en Neustrie et sur la Loire était redevenue néces-
saire; les Bretons avaient fait défection, les Normands se li-
vraient à de nouveaux et jilus audacieux ravages sur la Loire
cl sur la Seine. Aussi, selon l'avis de Robert l^li-nl(^me^ ici
apparaît son autorité dans les conseils du roi, Charles le
Chauve, après avoir donné à son fils Louis le comté d'Autun ,
lui enlève l'Anjou et probablement Marmoutier et les rend à
Robert auquel il donne encore l'abbaye de Saint-Martin de
. Ann. Berlin., ann. SGi et SSii.
:. Ibid., ann. 883, — Kalckstein . op. di. , p. 97.
'. .In». Btilin., ann. 866 : « Ipelus Itoilbcrll ci>nBiItO. "
ROBEHT LE FORT, HUGUES L'ABUÉ, EUDE!
Tours'. La mesure était sage : la marche brelonae et lea pays
de la Loire étaient transformés eu désert, il leur fallait un
défenseur. La Hotte normande transportait des liandes qui
ravageaient le Maine , l'Aujoii , le Poitou , la Touraiue. Robei
et Ramuulfe comte de Poitou s'élancent à la rencontre d'uni
de CCS bandes ijui avait atlaqué Le Mans et l'atleigaent ai
nord d'Angers, à Brîssarthe. On sait le reste : après une pre-
mière victoire , ces deux chefs assiègent les Normands dans'
une église, ceux-ci font une sortie, surprennent les Francs
Robert est tué et Ramnulfe blessé meurt trois jours après
(automne 866).
Robert laissa un grand souvenir; la gloire qu'il transmit à
ses descendants fit oublier qu'il pouvait bien être un parvenu
et permit à son fils de fonder la Maison de France. Une seule
voix esl discordante parmi les regrets et les louanges qui furent
donnés à Roberl, c'est celle de l'archevêque de Reims, Hincmar,
qui considéra la mort de Robert comme le châtiment que Dieu
lui envoyait pour avoir détenu, quoique laïque, l'abbaye de
Saint-Martin de Tours'. Curieux rapprochement! le fils de
Robert, Eudes, qui détiendra cette même abbaye, ne pourra
pas non plus se concilier Foulques, l'arclievêque de Reims,
qui lui fera une constante opposition ; un des premiers actes
de Charles le Simple, lorsqu'il aura été élevé au trône par
Foulques, sera de donner à celui-ci cette abbaye,
Robertiaissait deux fils en bas âge: Eudes et Robert. Ce n'est
pas à ces enfants que pouvait être confié le pouvoir dont î|;
jouissait dans le pays entre Seine et Loire. Charles le Chauvft'
lui trouva un successeur dans la personne de Hugues l'Abbé'
1. Nous savons que Chartes lo Chauve donaa à son fils Louis leoomri
d'Autun qui appartenait à Robert (,4nn. Berlin., ann. 886). Il agissait a
le consentement de ce dernier. Robertdul donc recevoir quelque b
flce en échange; il est naturel de supposer qu'il reçut l'Anjou et pro
blemenl Marmoutler dont il avait été dépossédé en faveur de Louis a
8Ki (ititi., ann. SUS). Roberl reçut, à la même époipie, l'abbaye de S
MarltQ de Tours [ibid., ann. 6É6). A sa mort, cette abbaye ainsi que li
comtés d'Anjou et de Touraine furent donnes à son succès
donc permis de supposer avec M. de Kaickatein (op. cit.,
Robert détenait ces bénéfices depuis l'échange fait, en 866, avec Loui^
Dis de Charles le Chauve.
2. Ann. Bertin., ann. 866- — Duuai-BB. op. cit., L II, p. 150.
3- RÈQisoN, Chron., aon. S67 : « Non mullo post inleriecto temporeJ
4 Hugo abba iu locum Ruotberti substituius est... siquidem Odo et Ruoù
« berius Qhi Ruulberti adhuc parvulieraut, quando pater extinctuseï ~
< et idcirco non est lllis duuatus commissus. »
ys
m
1
[853-866J HUGUES l'abbé. 7
Hugues, dit l'Abbé, appartenait à la puissante famille des
Welfes;il occupait déjà, de ce fait et par ses alliances, tine
position élevL-e ; il était cousin de Charles le Chauve, cousin
des trois fils de Louis le Germanique . entre autres de Charles
III , cousin des trois fila de Lothaire 1 ; sou père était comte
de Paris et d'Auxerre. Lui-même embrassa la carrière ecclé-
siastique, mais ne revêtit jamais l'habit monacal et dans les
ordres n'arriva qu'au sous-diaconat. En S5Z, il était abbé de
Saint-Germain d'Anxerre ; la même année , il était nommé
missus' dans l'Aunerrois , le Nivernais et l'Avalonnais. Sa fa-
mille était en rivalité conslanle, d'une par! avec celle du puis-
santoomle Adalbard, d'autrepartavecRobertleFort. Lorsqu'en
858, Louis le Germanique, appelé par Robert le Fort et d'autres
mécontents, pénètre dans le royaume de l'Ouest, les Welfes,
Huguesl'Abbéet son frère Conrad, offrent un asile en Bourgogne
à Charles le Chauve qui, avec leur aide, chasse l'envahisseur
[janvier 859), Charles leur témoigne sa reconnaissauce par des
faveurs accordées au couvent de Saint-Germain d'Auxerre et en
donnant à Hugues le monastère de Saint-Bertin qui appartenait
à Adalhard, sujet rebelle. Eu 861, les révoltés sont amnistiés,
Âdalhard rentre en jjrâce , Robert le Fort arrive au faite de sa
puissance, la défaveur atteint Hugues qui perd ses abbayes de
Saint-Germain d'Auxerre et de Saint-Bertin ; il se retire alors
à la cour de Lothaire H qui, au printemps 864, le nomme arche>
vêque de Cologne. Heureusement pour cette ville, son triste
épiscopat ne fut pas de longue durée; il prit fin en 865'. En
866, nouveau revirement : Adalhard tombe en disgrâce, Hugues
rentre dans le royaume franc de l'Ouest ; peu après, Robert le
Fort succombe à Brissarlhe.
Dès lors, les Welfes n'eurent plus de rivaux à la cour; leurs
propriétés héréditaires en Bourgogne leur furent rendues.
Hugues r.Abbé non seulement recouvra sou abbuye de Saint-
Germain d'Auxerre, mais re(;ut une grande partie des béné-
ûces devenus vacants par la mort de Robert le Fort'; c'est
ainsi que Charles le Chauve lui donna les abbayes de Saint-
I. Capitulaire de Servais, Hittor. tir Vr., t. VU, \i. GI7.
-. DÛMMLBB, Ccschichie des oïlfrànidschen Reicht, l. Il, p. 77.
Z. Arm. Ba-tin., ann. 866 : « llugoni clerko comltatum Turonenseni el
( cointUttum AnclegaTCQScm cum abbatia SancU Marlini et cum alUs
4 etiaiii abbatils lional eumque m Neustrlam loco Dolbertl dirigU. o —
KttfiSSTBIN', Abt Hugo. , p. 5(1.
8 HUBERT LB FUItT, HUGUES l'IUUË. EUDES. [(
Martin de Tours, de Mannuutiet' etd'aiilres encore' ; U
souverain lui conQa aussi le comW de Tours, le comté d'i
jou dont on sait l'importance comme boulevard contre !
Bretoaa, les Normands et même les Aquitains, el enfla il 1
mit en Neuàtrie en lieu et place de Robert, lui donnant c
même commandement mililuiie suprême sur celle région i
cette môme autorité dans ses conseils pourles alFaires du paya
entre Seine et Loire. Hugues l'Abbé possédait encore comme
bien de famille l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens et il de-
vint bénéficiaire, à une époque indéterminée, des abbayes d
Saiut-Vaast et de Saint-Aignau d'Orléans'.
Hugues est désormais, par la position qui lui est faib
comme par ses aptitudes et ses verlus', le principal persounai
de ia NcuHlrie. Ce n'est plus contre les Bretons avec lesqaei
la paix a été conclue l'1<"' août 867) que cette région a besoiJl
d'un défenseur, mais contre les Normands. Hugues les bal
sur ia Loire en automne K69 ' ; eu 87t , il dirige une nouvelle
attaque contre un certain nombre d'entre eux établis sur uni
lie de la Loire, mais il est battu et n'échappe qu'à graud'peined
à cette époque , il est occupé à forlilier la ville de Tours. Elif
875, taudis que Charles le Chauve se fait couronner empereui
en Italie, el que Louis le Germanique envahit le royaume dd
son frère, Hugues reste fidèle à Charles; il continue la lutld
contre les Normands et. au retour de Charles, il amène,
synode de Ponlhion (876), les prisonniers qu'il a faits pou]
qu'ils reçoivent le baptême.
Ainsi, a Jusqu'en 877, Hugues l'Abbé n'a d'autre souci qoi
1. Bourgeois, Hugues l'Abbé, p. 101. — Hugues reçut encore les atataj*
lie Gormery, de Villeloiu. Reç«l-il l'Auxerroisî Quoique ce ffll unf9_
propriélô patrimoniale, nous De pouvons l'afOrmer. Sous Louis le Bègue,
c'est un Uirbold qui est comte d'Auxerre. — Kalckstein, ibid.
2. BOUBOBOIS. op- cit., p. 103-107. — KlLCltSTBtN , op. cU. , p. 73. —
IlugueB est abbe de Saint-Vaast depuis â7l environ el de Sainl-Algnan^
depuis B70. Un diplôme de Charles III, [Bohmbr-MChlbachbb, D" '"
prouveque Hugues avait été abtjé de Saint-Aignan.— Il n'y a aueul
raison pour admetire avec M. de Kalclcsteiii (op. cit., p. 5S) que les bdnd
flces qui avaient été laisaésaux Uls de Robert le Fort eu 866 et qui let
furent enlevés en S6S furent donnes à Hugues elque c'est ainsi qu'il fi
investi des comtés de Nevers et de BLois. — liouROBOis. op, cil., p. in.
'J. RbaiNoN, Ghrùn., ann. 867 : a vir slrenuus, humilis, justus, padi
■ cuE,eI omui morum honestate fundatus. u — Hbric, Miracula S. C
nwni, 1. II, c. 1. dans les Acm Sanciorum, Boll.. Juillet, t. VU, p. 274.
A. Ann. Berlin., ann, 883. — BoVKnBOis, op. ct(. . p. Iffll.
r7-884)
iJUGUES LABBË fiUCCEDl
.UBERT LE FORT.
celui de résister aux Normands ' ; n il est le chef des < Trans-
séquanieiis 1, iionveao pouvoir que la rtiyauté carolingienne a
dû constituer eu quelque mpsiipc, et en tout cas accepter, pour
arrêter les invasions des Normands sur la Seine et sue la
Loire ; Hugues eat le défenseur des populations de l'Ouest et
le repri^sentantde leurs intérêts'. Aussi refuse-l-il de porter
secours à Charles le Chauve en Italie, iiirès cette courte ré-
volte etaprèslamort de l'empereur, lingues réoccupe sa place
à la cour. Sa carrière , sous le règne de Louis le Bègue , prend
un développement tout nouveau : il lutte contre les Normands
non seulement en Neustrie, sur la Loire, mais encore sur
l'Escaut^; il sera le conseiller du roi non seulement pour les
affaires de Neustrie mais encore pour les intérêts plus gé-
néraux de la royauté et du royaume. Depuis ce moment . il
règle, au nom de Louis le Bègue, les difficultés intérieures; il
préside aux négociations entre ce roi d'une part, le pape
Jean VIII et Bosoq de l'autre, il les dirige ; « il est à la Fois,
de fait, margrave de Neustrie et premier ministre ', •> Louis le
Bègue meurt en 879; la légitimité de ses fils est contestée,
une coalition se forme qui apiielle Louis de Germanie au trône
du royaume franc de l'Ouest ; l'envahisseur est arrêté en Bour-
gogne , assurément grâce au pouvoir de Hugues l'Abbé qui
réussit à faire couronner, à Ferrières, Louis III et Carloman,
ses neveus, ses protégés, et ainsi à leur assurer le pouvoir.
Dès 879, par la défection de Boson, Hugues est devenu « le
champion de la légitimité, de l'unité carolingienne'. " Il réussit,
ce qui ne suppose pas une petite inilueucc, à établir la con-
corde entre les rois de cette famille. Grâce à lui, à la mort de
Louis de Germanie, les rois francs de l'Ouest ne disputent pas
la Lorraine à Charles III; grâce à lui encore, à la mort de
Louis lU . Charles lll laisse Carloman recneillir en paix l'héri-
tage de son frère. La faveur dont il jouit sous Carloman est in-
contestable; le roi l'appelle son prolecteur et le plus grand
défenseur du royaume". A la mort de ce souverain, Hugues re-
connaît Charles III; sa position reste la même, il est le pre-
1. BoiFBtiBOlS, op. cit., p. lOi.
2. Jbid., p. 100.
3. KALCKSTBtN, op. cit.. p. KH.t.
i. BOUROBOIS, op. cil., p. 111.
G. Ibid., \i. 114.
6. Dlpldmc du roi Cartoman, du 11 aoùliisa. Itistor., de l-;-.. t. IX. p. 431 :
a lutore nostro et regni nostri nmxitno defensori'. i
10
ROBEilT LE FORT, HUGUES l'aBBÉ, ECDES.
mier miDistre pour les afTaires politiques comme pour les
affaires de l'Église'. Il est, durant toute la deruière période de
sa vie, « un personnage au-dessus des autres seigneurs*. »
Son rôle est alors d'autant plus important que le souveraîo de
l'Ouest, l'empereur, qui ne réside pas dans le royaume, n'a,
qu'une souveraineté nominale. Hugues l'âbbé exerce alors
comme une vice-royauté. Les affaires intérieures du royaume
ne détournent pa» son attention des Normands; dans cette
lutte, c'est sur lui que repose tout l'espoir des Francs' de
l'Ouest. En 885, à l'approche des Normands, tous les regarda
se portent sur lui, mais la maladie le retient â Orléans et,
pendant te siège de Paris, la mort vient mettre un terme à sa
prodigieuse activité (12 mai 886)*.
Ce rapide coup d'œil jeté sur la carrière de Hugues sufBt
pour convaincre qu'il a singulièrement élargi les limites du
pouvoir qui lui a été transmis à la mort de Robert le Fort.
Celui-ci commandait aux pays entre Seine et Loire; il était
marquis d'Anjou et de Touraine; la mission pour laquelle il
avait reçu ce pouvoir était de résister aux Bretons. Lorsque le
roi jugeait la présence de Robert nécessaire ailleurs, eu Bour-
gogne par exemple, après lui avoir ôté ses bénéfices sur la
Loire, il lui en donnait de nouveaux dans la région où il vou-
lait le voir agir. Robert mort. Hugues reçoit ses bénéfices entre
Seine et Loire; il est marquis dans cette région" pour la dé-
fendre contre les Normands. Cependant, son pouvoir, limité
d'abord à ses bénéfices et à la Neustrie qui lui est conSée,
prend bientût une extension singulière sans que son ingérence
dans les affaires d'autres parties du royaume de l'Ouest soit']
motivée par de nouveaux bénéfices accordés dans ces régions
mêmes. Taudis que l'ennemi breton que Robert le Fort avait
pour mission de combattre ne menaçait qu'une très faible
partie du royaume, tandis que le fiéau était localisé, les Nor-
mands, contre lesquels Hugues doit lutter, menacent l'EmpirC'
entier. Aussi, tout en protégeiiut conire eux la Neustrie, tout
en restant le cheC par excellence des i Transséquaniens», il
I
1. Ann. S. Coluiiilix Sinon., aiin
1 palatio opUnciis.»
■2. BoitiiOBOlS, up. cil,, p. Ilî«.
:t. .Itin. fuM., 1*. IV, ann. 886.
i. Kalckstbin, op. cit., p. 127. — UrjUHtiBOis, o/i
lut enterré & Suiul-Ueriiiain d'Âuxcrru.
3. Ann. Berlin., aun. 878,
qui monarcbiam clericatus la I
POUVOIR DE HUGUES l'ABBÉ.
11
est amené, par la grandeur même du mal qu'il doit combattre,
à étendre à tout le royaume ce pouvoir militaire suprême, pri-
mitivement restreint. De chef des Tranaséquaniena il devient
le plus graad défenseur du royaume. De même, et le phéno-
mène est ici plus frappant encore, ses attributions de conseiller
pour les affaires de Neustrie deviennent celles d'un premier
ministre du royaume de l'Ouest. En un mot, il est devenu
l'homme nécessaire par l'appui qu'il prêle au roi tant par ses
armes que par ses avis; il est le secours et le conseil du
royaume'. Bref, il a transformé le « ducatiim intra Ligerim et
K Sequanam ad versus Brittones'» de Robert le Fort eu un pou-
voir qu'un annaliste appelle a ducalus regni'« soil le rectorat
du royaume de l'Ouest. Tout est de son ressort, ses compé-
teucea sont aussi variées et étendues que celles du roi lui-
même; il est le premier du royaume après le souverain.
Hugues l'Âbbé t a désormais pris la place que les ducs
capétiens occuperont après lui au x° siècle, et il l'occupe
comme eux'. » C'est donc lui qui, à proprement parler, a
fondé ce pouvoir indéterminé, dont le déleateur ne porte en-
core avec lui aucun titre, mais qui s'appellera plus tard le « dux
Franco rum ».
Après lui, à qui ce pouvoir sera-l-il transmis? car il ne peut
disparaître, il est devenu une institution. Les b'ranca du
royaume de l'Ouest sont habitués à voir, à côté du souverain,
UD personnage aussi puissant que lui et plus accessible. Ce
personnage sera surtout indispensable lorsque le chef du
royaume de l'Ouest sera l'empereur Charles III, toujours
absent et dont l'incapacité et la lâcheté sont notoires.
Le successeurde Hugues l'Abbé sera Eudes, fils de Robert le
1. (Hugo, Dobilisaimus abbas. slrenue rempublicaiu gubernans, cuin
armia, lum consiliis suis. '{MiracaU S. Benedicti, aucl. Adblbrio, éd. de
CortaîQ, p. 87). — ( Noslri regoi cousilium et jiivameQ » c'est ainsi que
Charles le Simple appellera le duc Robert dans un diplôme du U mars
918 eu faveur de Saint-Germain des Prés (Hisioc. de Fr., t. IX, p. 536).
2. RèaiNON, Chfon., ann. 861.
D. Ann. S. Columb.v Senon.. anu. S82 : € docatum etiam regni poat
«rcgcmuoliilileradmîniBlrabat.oLn comparaison des passages de Hégi-
non et de ces annales foît loucber du doigt la dilTéronce des deut pou-
voirs. — Cette expreasioii * ducalus regni, » à laquelle M. Bourgeois ne
semble pas attacher asseï d'importance, ne doit pas se traduire par
duché ai s'entendre, cela va sans dire, d'une circonscription territo-
riale.
i. BouBOBOts, op. cit., p. m.
12
HOBEnr LU FOUI',
; [. AflllE. EUDtS.
Forl, qui, an siège de Pan9, nous Talions voir, acquerra tous
les droits aii tilre de « regni maiimiid defeD3or>. Bieutûl lui-
même est élevé an trûne, mais ce pouvoir persiste, il le confie .
à sou frère Robert qui revêt le titre de «diix Francorum»
sait quelle a été la destiuée de ce titre que les descendaots de i
Robert le Fort, un siècle plus tard, devaient échanger contre I
la couronne royale.
Extrêmes et slugnlières conséquences de la carrière de I
Hugues l'Abbé! Rival de Robert le Fort et cliampioa de lai
légitimité carolingienne, il n'a hérité du pouvoir de Robert que ]
pour le transmettre aux descendants de celui-ci, agrandi et j
ampliQé de telle sorte qu'ils ont pu s'eu servir coirtme d'un appui i
pour gravir les degrés du trône carolingien et y établir leur i
dynastie.
L'enfance et la jeunesse des deux fils de Robert le Fort rca— 1
tent entourées d'une obscurité profonde et qui semble impéné-
trable. Quel curieux début que celui de cette famille! L'aïeul 1
du premier roi est inconnu; ia carrière du père n'est connue J
que pendant quatorze années, après lesquelles la race dispa-.
ralt de nouveau, pendant seize ans, sans qu'il soit poBSibln»
d'en trouver une trace cerlaine,
Robert le Fort avait laissé en mourant deux fils tout jeunes' :
l'aîné était Eudes, dont on peut fixer la naissance à l'année 860 J
environ, le second était Robert. Nous ignorons qui prit soin J
d'eux^ Â la mort de leur père, Charles le Chauve avait disposas
de la plupart des bénéfices de celui-ci, en faveur de Huguei
l'Abbé; mais il leur en avait laissé quelques-uns qu'il leupfl
enleva deux ans' après. Que pouvait-il leur rester désormais fi
Les deux seuls bénéfices possédés par Robert le Fort, etJ
dont nous ne connaissions pas les possesseurs après lui, sont ]
Blois et Nevers. Ses fils avaient des biens dans le premier
de ces comtés et peut-être aussi à Nevers. mais rien ne
1. KÉoiNON, C/iron., aDU.Sli7;«Oi)oet l<uolberlusIlluRuotberli,adl
• parvuli eranl, quanda poter cxliDClus esl et Idcirco non eat Ulls
« dui^alus comiDîssus. •
2. M. BourBOOis (te cafriiulaire de Kiersy, p. 105) arOriUC qu'AcfredJj
évêque de Nantus, tut le proicctenr des deux flia de RolierL: aur quu
texte s'appule-i-il'?
3. Ann. Beitin., ami. SSS : « Ablaiîs deniquc a Rotberti Slio bis qiigQ
«posi mortem patris de bonoribuB ipsius ei coQcesserat et pcr alioi
«dlvlsis.t Est-ce par erreur qu'il n'est parité que d'un llls
il trop jeune?
BIENS DES nOBEnTlENS. 13
permet d'afïirmer qu'ils possédèreiiL ces bénéfices intégrale-
ment'.
On ne peut guère espérer retrouver beaucoup de leurs pro-
priétés allodiales. La fortune de Robert, nous l'avons dit.
proveuait non pas tant d'aUeux que de bénéfices obtenus soua
le règne de Charles le Cliaure, 11 est peu probable que le patri-
moine de ses tils ait augmcuté peudant leur minorité. Eudes
acquit, peut-être par sou mariage, quelques nouveaux biens.
Voici du reste ce qu'on peut savoir de ses propriétés et de
celles de sou frère; il est bon de remarquer, avant d'en faire
l'énumération, que l'avèuemeut d'Eudes au trûne s'explique
sans qu'il soit nécessaire de lui supposer de très grands biens
altodiaux.
Robert le Fort possédait, outre quelques biens dans le comté
d'Autun', des domaines dans le Blésois à Sainl-Lubiu eu Ver-
gonnais'; Eudes son fils possède, daas le Blésoi» également,
Saint-Lubin de Snévres et Saint-Deois-sur-Loire'; dans le
Poitou, mais sur les contins de ta Touraine qui est entièrement
neustrienue'^, Nueil-sous-Fayc et l''aye-la-Vireuse''; eufia,
près de Chartres, le village de Jouy'. Robert, le frère d'Eudes,
possédait une localité dite NantolUtni" en Touraine; Hugues
le Grand, son fils, reçut, par héritage, Intrré" près Orléans,
1. M. rli! Kalckâtein (op. cil., p. lj;jj Qilmct [|uc t'.e'i deux comtés, d'abord
laissés & Eudes, turent donnas h Hugues l'Abbé en 868. Pour Blois, Il
n'y a aucune preuve qu'il appartint ni à Eudes ni à Hugues l'Abhii.
Pour Nevers, en 878, Jean VIII prie Hugues d'intervenir entre la famille
de l'évSqiieile Nevers et un nommé Robert. Hugues iiUervicnt-il comme
comte? Ce Roberl, qui n probablement des bien^ dans le comté de
Nevers, est-il le (lia de Robert Je Fort? — Japfè- Wattenbach , Fegesta
ponI)/'.,n° 3163. — MlONB, Patrologie laiiiv. l. CXXVI, col. SU. — BODR-
QEOTS, Hvgnet l'Abbé, p. 102.
2. Kalcestein, op. cil,, p. m.
3. Mabillb, Jntroduelion tiux cAromifUei des camlet d'Anjou, pièces justl-
Hcalives, n» I, p. LXïxix-xci. — Kalckstbin. op. cit.. p. IBS. — Bah-
THBLBMY. op. cit., p. 120. — Mabille, PancarU noire, p. 9fi,
/i. MaBILLE, Pancarte noire, p. 101. — BAHTHeLEUY, op. cil., p. 1-20.
5. LO.SONO.V, Alla* hitlorique de la France, texte, p. 85 et 87.
6. llitlor. de Fr., t. IX, p. 46t. - BabthèLBMI-, op. cit., p. 129-130.
7. UUIor. de Ft., t. IX, p. iW. — BabthÉLBUV, ibid.
8. Hiêlor. dt Fr., l. IX, p. 720. — B\nTHÈLBur, op. cil., p. 130.
«. Iliilor. de Fr., l. IX, p. 723. — Bahthblbuv, op. eil.. p. 131. On ne
peul pas conclure, comme le fait M. de Barthélémy, oji. ai., p. 130, n. 2,
du diplAme d'Eudes eu faveur de Saint-Aignan d'Orléans (HUlor de Fr.,
l. IX, p. Wii'463), que Robert possédait une lie diins la Loire,
14 nOBERT LE FORT, HUOCES L'ABBÉ, EUDES.
^
avec les uumbreux bieas qui en dépendaient, et Martigny'
eu Toiiraine. On ignore si Robert avait hérité ces biens de sou
père ou de sou frère; ce qui nous importe, c'est de savoir
qu'ils LHiûeot dans la famille de Robert le Fort ; la liste qu'eu
a dressée M. de Barthélémy, et que nous n'avons pas e» le
bonheur île pouvoir allonger', prouve que tous oes biens
étaient dans le Blésoîs, dans rOrléanais, dans la Touraine.|.
en un mot, en Neustrie; c'est dans cette région que le pouvoirl
deâ Robertiens a pris naissance, c'est là que sont leurs biens
patrimouiaui. Eudes est uu NeusLrien^ durant les quinze
ans qui ont suivi la mort de sdu pi're, il n'a, semblc-t-il, guère
fait parler de lui. Après ces années d'oubli, peu importe s'il
est petit-ûU d'un étrangeri il est propriétaire en Neuslrie e
(ils de Robert dont l'iiéroïque carrière a fait un Neustrien.
Eudes avait encore d'autres biens que ses biens patrimo-'^J
niaux ; il possédait, par exemple, Tillenaj*, dont Robert ]
l'ort s'était emparé au détriineut du chapitre do Saint-Nazainrf
d'Âutun , que Charles le Chauve avait restitué à l'église d'Âii^fl
tun, en 860% et dont Eudes s'empara de nouveau après &79.V
Une fois sur le trône, il restitua ce bien qu'il reconnut mai
acquis".
1. Mabille. l'ancaru noire, p. 1(K. — HUtoi: dt Fr., t. IX, p. 719-?20. —
BAHTuliLiiUY, op. cit., p. 130.— Mabille fait erreur en traduisant < Martl-
ï nlacum 1 par «MorlgDan".
2. On pourrait croire qu'Eudes possédait encore l'alleu de Vonles en
Touraine; cependanL dea diplômes ullérieura semblent y contredire el
ne permellenl d'y voirqu'uii béneflce qui aurait fait rélouràlacouroun©
el doul Eudes aurait dispose comme roi {Hiiior. de Fr., t. IX, p. ^fi2.) —
MiBILLR, Pancarte noire, p. S't et 72.
3. Noua partageons à cet égard l'opinion de M. G. Moûod {Revue cri-
tique, 1873, '2" sem., p. 100) et son in lerp relation du «quamvis is Neus-
t trtcusessel» d'Abbon.
4. Gant. d'Auitonne.arr. de Dijon. — Robert le Fortélait, de l'aveu de
son nis, uu des usurpateurs de TUlenay : " Praecedentlbus nosirae pro-
«ils parentibuB injuste usurpata» dit Eudes dans un diplôme pour
l'egllsB d'Aulun, Hiilor. de Fr., l. IX, p. 4ÏÏ8.
3. Chabmassb, Cartulaire de l'igtite d'Aulun, p. 24, n* xv.
6. Eu 8TU, Tillenay était eucore la propriété de l'église d'Autun. Cuab-
UASSB, op. cit., p. 27, n* ivu. — Babth&lbut, op. ci/., p, 120. — Malgré
le restitution d'Eudes, une terre dépendant de Tlllenay eu était dé-
tournée par un nommé Cadilou et n'iitailrestitaeo qu'en soi, CUabmassb.
op. cil., p. '3b, n° XXII. En 918, Tlllenay, qui avait été de nouveavi enlevé
à l'église d'Atitun, lui niait resiilue par Manassës de Vergy, < pro abso-
4 lullone domni Odoais gloriosi régis el nobillsslmi fratris illius domni
• Rotliherti lUuslris marchîonis, g Cuahuassb, op. cit., p. 3G. u* xxiii.
1882-883]
EUDES CUMTE HB PAUlâ.
lo
C'est probablement à la fin de l'annt^e 882 ou au commence-
ment de 88J' qu'Eudes succéda dau^ le comté de Paris à Con-
rad, HoWelfe, cousin de Hugues l'Abbé. Cette dignité devait
avoir une iniliieuce décisive sur su carrière et sur les desliuées
de sa maison. Auparavant, il n'était qu'un IVeustrien plus ou
moins puissant; comme comte de Parla, il prend pied en
t Francia, » il ne sera plus un étranger pour les Francs du Nord
lorsqu'il leur faudra chercher un roi; c'est à Paris qu'il s'illus-
trera; enfin, cette ville, dont rim[)ortance stratégique et com-
merciale s'aflirme toujours davantage, restera désormais le
centre du pouvoir des Robertiens; tous ils seront comtes de
Paris.
C'est également à cette époque qu'Eudes dut se marier avec
une nommée Théoderade', qu'on a supposée devoir appartenir
à la famille des Audran, comtes de Troyes, et qui lui apporta
le bien de Lachy dans le pays de Queudes, dans le comté de
Meaux. 11 eut peut-être un fils nommé Gui^ dont les destinées
sont absolument inconnues et qui ne reparaîtra plus dans ce
récit.
Le premier acte d'Eudes que nous connaissions est une
restitution, faite par lui en sa qualité de comte de Paris, à
l'église de Notre-Dame de Paris, des biens qui lui avaient été
enlevés par ses prédécesseurs dans ce comté'. Dans cet acte,
dont la date est peut-être antérieure au siège de Paris par
les Normands, quoiqu'il ne faille pas voir dans les termes du
préambule l'aanoucc de ce prochain malheur. Eudes appa-
raît eu compagnie de sou frère Robert, qualitié de comte,
et d'uu comte Altuiar, probablement seigneur dans l'Artois
et abbé de Saint-Médard de âoissous°. Eudes entretint durant
1. Ealckstbim, Abl Hugo, p. 100; GeicMchU des franiôiiachen Kà'niÇ'
thum», p. 2S. — DOUMLBB, QeicMekte du osl/Vâ>iJnicA«n Heicht, l. 111, p. 133
U. 1.
2. DiplOme d'Eudes pour Saini-Vaasl, Hùlor. de !■>., l, IX, p. «S2 :
« carlBsima conjux uostra Ttieoderada. » Voj., ci-aprèâ, l'Appoudlce w 1.
3. 11 Ugurc comme témoin à une donation faite, le 26 août 903, par te
duo de Bretagne Alain à l'abbaye de Redon, db CoubsOn, Cartulaire de
Bedon, p. 377.
4. R. DB Lasteïrib, Carltilairt ginirat de Paris, t. 1, p. 70-71, n* 32. —
M. de KalckslelQ {Abt Hugo, p. Sa) suppose que c'est Eudes, le futur roi,
qui signe comme vicomte avec Hugues l'Abbe un diplilme pour Salnt-
Uilies d'Arles; rien n'est ruoina certaiu.
5. L'abbé Poquet {l'èterinage à l'ancienne abbaye de Sainl-Médard-lès-
Soiiton*, 2* éd., Paris et Soissons, mi9, iu-tt, p. 3U) fait d'AUmar, uu
16 ROBERT LE FORT, HUGUES l'aBBÉ, EUDES. [882-8851
tout son règne les meilleurs rapports avec cette abbaye'.
Si nous ajoutons à cela qu'Eudes était beau ^, de haute sta-
ture, fort, actif, qu'il excellait à tirer de Tare et à lancer le
javelot', enfin qu'il était brave, ce que la suite du récit démon-
trera, et même honnête*, nous aurons dit tout ce qu'on peut
savoir de lui à la veille du siège de Paris.
comte de Noyon ; nous n'avoDs pas pu en trouver la raison. — Flodoard-
{Hist., 1. IV, c. 10, p. 574-575) le mentionne comme abbé deSaint-Médard.
1. Diplôme d'Eudes pour le monastère de Saint-Médard de Soissons
(Histor, de Fr,, t. IX, p. 460). -— Chron. S, Medardi Suessionensis, ann. 898,
dans les Histor, deFr., t. IX, p. 56.
2. RéoiNON, Chron,, ann. 888 : «virum strenuum, cui prae ceteris for-
< mae pu}chritudo et proceritas corporis, et virium sapientiaequo ma-
« gnitudo inerat. »
3. Abbon, 1. 1, V. 247.
4. Adon, Continua/. II, dans les Mon. Germ., SS., t. II, p. 326 : « Odo-
« nem, non eiusdem generis regem, mira tamen probitate pollentem.»
CHAPITRE II
LE SIEGE DE PARIS CAR LES NOiUIANDS
(H8Ô-S87]
En 884, le roi Cadoman avait acheté la paix de la grande
armée uormande' établie à Amiens; les Normands s'étaient
alop3 divisés et, taadis que les nus prenaient leurs quartiers
d'hiver à Loiivain, d'autres passaient en Angleterre. Le 12 dé-
cembre Garloman mourait. Les Normands se considc^rèreut
alors comme d'autant moins liés par le traité d'Amiens* que le
successeur de Garloman, l'empereur Charles III, rompitlapaix
en dirigeant Inconsidérément contre eux, ii Lonvain, une eipé-
dition composée en grande partie de Francs du royaume de
l'Ouest : « Pourquoi êles-vous venus à nous? » dirent les Nor-
mands aux Francs Occidentaux hunlensemeut repoussés; a cela
« n'était pas nécessaire; nous savons bien qui vous êtes. Vous
n voulez que nous vetniirnioiis choz vous, c'est ce que nous
n ferous\ » et, le 25 juillet 885*, iU entraient à Rouen, Leur
troupe était grossie de leurs compagnons revenus d'Angleterre
après une campagne malheuieuse'. Du reste, ils ne se présen-
tèrent pas tous ensemble devant cette ville ; les premiers y arri-
vèrent par terre" lîuivis d'une armée franque, évidemment celle
qui avait été les attaquer à Louvala et devant laquelle ils
t. Sur l'histoire aolériKure de la granile armée normande, voj,, ci-
après, l'Appaudice n° 11.
2. HÊGISON, C/ti-on., ann. 88i.
3. Ann. yedait., ann. SSU.
4. Ibid. — RtoiNON, Cftron., aon. 887. — Ann. Blandinieniii, auu, 88i3,
dans 188 Mon. Germ., SS., t. V, p. 24 : -^ ilelala sunt corpora sanctorum
< Waudreglsili, Ansberti, Vultrauni ad urbem Car luiuuam la tuoiias-
« teriuin saricli Carauiji marlirls. » — Trantlatio corporum SS. amfettoi-um
Chritti in CarnaUnam urbem, duns les Mon. Gern.. SS., l. XV, p. iOU. —
Les peliques <Ie saint Waudrilk furuni emportées duvaiii lus Nor-
mands.
5. PiULI, Kànig Aelfred, p. LU-LVl. — DQm\ii.Br. n^. cit.. t. IU, p. -23}.
6. Ann. yedaât., ann. Sèti.
FAVRl. Eiuitâ. S'
\s
Î.E SIÈGE DE l
AR LES NORMANDS.
â'étaieut dispersés selon leur habitude, les uas s'embarqaaDt!
sur l'Escaut, les autres se dinVeant par terre vers le sud. Ceiir-
d oe Toulaut pas donoer bataille sans le soulieu de la (loUâ,
dernier refuge en cas de défaite, passèrent la Seine sur leS'
euibarcations qu'ils Irouvëreut, et mirent ainsi le Ueuve entre
eux el l'ennemi; une fois sur la rive gauche, leur première
uccupation fut de se furtiûer. Puis ils attendirent leurs valsai
seaux qui ne tardèrent pas à arriver. Celle réunion sur la Seioâ,
inférieure de Normands venus de Louvaiu par terre, de l'Escaut
par mei', d'Angleterre cl peut-être encore de Duisbourg*, où
une bande avait été défaite par le comte Henri en 884, équi-
vaut à une nouvelle concentration de la grande armée nor-
mande, momentané ment dispersée après le traité d'Amiens,
Après l'arrivée de leur flotte. Us quittèrent Rouen', suivirent'
U rive gauche de la Seine, et vinrent s'établir à un kilométra
environ à l'ouest de Poul-de-l' Arche, dans la localité dite
Les Damps. Ils furent arrêtés là par les fortîlications quff^
Charles le Chauve avait fait élever à Pîlres pour barrer la
Seine, el par une armée frauque, composée de Neuatriens et de
Bourguignons, qui s'était réunie à la nouvelle de la prise de
Rouen, qui arrivait par la rive ^jaiiche de la Seine et qui s'ar-
rêta au confluent de l'Eure, sur la rive droite de cette rivière.
Les Normands s'étaient fortement retranchés. Des pourparlers
s'engagèrent entre les deux armées, mais demeurèrent sans
résultat. Un jour, à l'aube, une bande de Francs, sous le com-
maudeuient de Ragnold', duc du Maine, peut-être chef de
l'armée franque, en tout cas personnage important, traversa
l'Eure et vint entendre la messe à Saint-Germain'. De là, ils
chevauchèrent jusqu'au camp normand. L'entrée en était spa-
cieuse; les Normands avaient tiré leurs vaisseaux sur la rive
et semblaient endormis; ils étaient couchés à terre et couverts
1
1. DUDON.l. II. L-, M.
2. RiioiNON, Citron., aiiu, 884. — DuMMLBB, op. ci(., t. 111, p. 223.
3. Nous adoptons, pour ce qui euil, l'iLineraire des NuriuanOs donné
par Diidou i\. Il, c. t2 et suiT., p. i53 et suiv.); il concorde avec le récll
(lus Ann. Vrdatt.. en le complétant; pourquoi ue pas y ajouter foîf
\. Ann, Vtdntt; ftnu. 8.S3 ; «RngnoHura, duccm Cinomanniniira.» —
Nons ne savons rien d'autre sur ce RagnoM. Diidou le qualiHe sans
raison do ■ prlncep» loUus Franciaei; une Identinculion tentéu par
M. de Euickstein n'apprend rion de plu*.
S, !,oi;alitd à un klloiûêlre au nord de I.mivlers et à neuf kilomèlres-K
des Diimpa.
> NORMANDS RKUOMTEXÏ LA. SEINE.
de leurs boucliers. Un uoiniiié Rolaud, porte-enseigne de
Kagnold, s'élaoce le preniiei' daas le cami»; les Normands, dont
le soDiinei! n'étail que simult!, se lèvent ausàilût el massacrent
tous ceux qu'ils peuveut atteindre, les autres preniieul la fuite.
Ratfuuld périt dans celte escarmouche", el l'armée frauque se
retira sans avoir rien fait d'utile et eu proie â un grand décou-
ragement.
Enhardis par ce facile succès, les Normands détruisent leurs
retranchements, quittent PoDl-de-l'Arche et remontent la
Seine; sur ce fleuve même, aucune place ne les arrêtera
plus' avant Paris que l'évéque (jozlin fait fortifier eu toute
hilite. On travaille aussi sur lOise. Pour ne pas laisser cette
route ouverte aux envahisseurs, ou construit un camp retran-
ché àPontoise, sur leMoutBi-lieu'. Le commandement en est
couii'- à un nommé Àiitran, peut-être de Beanvais*. Les Nor-
mïuds, après s'èlre emparés de ileuJan, se porleul contre Pou-
toise; la rivière n'étail, paraît-il. pas gardée; ils s'établissent
dans nie des Pothuis, bloquent le camp retranché, le séparent
du cours d'eau et en preuneut les détenseiiis par la soif.
Ceux-ci capitulent et obtiennent d'avoir la vie sauve à condi-
tion de donner des otages el de n'emporter avec eux que leurs
chevaux et leurs armes. Aulran et les siens se retirent à
Beauvais. Les Normands brûlent le camp ennemi après y avoir
fait du butin, puis, pleins de counige et d'eutrain', ils mar-
chent sur Paris où les Normands de la Loire vienneut peut-être
les rejoindre* et grossir encore leurs rangs pressés, et redou-
tables.
Les renseignements sur la conQguralion de Paris au ix" siècle
sont peu nombreux et peu clairs; toutefois, il est cer-
tain qu'à cette époque l'île de la Cité^ en formait la partie
1. Le «cum paucis» des.^nii. T>dus(. prouve bien que ce ne (ul qu'une
escarmouehe. — D'uprès eus mi^iaes annales, c'est dans celte rencontre
el non après la prise de Msaus, comme le cilt Dudon, que pârilRatiuold.
S. Ann. Vedati. : t nullu resisleote ».
3. PBiGNÀ-DBLACOtlRr, Les Noitnans dans le Koyoïmais, p. 8 el sulv.
i. Puisqu'il ae retire, n|irès le siège, b. Beauvais. Kalckstbin, Geicfticftie
dti fi-antôiiscken Kônigtiiiims, p. 42, — Voj,, ci-après, l'Appendice n* I.
S. Ànn. ytdast. : ■ vaille elali ».
e. Abbon, I- 1, V. 3W. — Peul-ètre les Normands avalent-ils, déjà en
882, abandonne la Loire pour venir se joindre aux Normands deCoudéî
STBBNSTHUp, Normanjierne, t. II, p. 2Gy,
7. La Gilé se lermiuafl alors vers la rue du llarlaj-, d'après Taranoo
dans son éd. d'Abbon, p. 25i.
20
LE WlËttE r>F. PARIS PAR LES NORMANDS
principale. C'est là quf se trouvait la ville propiemeul dUe',
le refuge en cas de danger. Elle élait euloiirée d'un mur ro-
maîu ou gallo-romaio, vraisemblablement créneli', ûanqué de
tours * et séparé du lleuve par une grève dont la largeur variait
suivant la hauteur des eaux el qui servait de chemin de ronde.
La Cité renfermait à cette époque, outre des i^glises de moindre
importance comme Saint-Germain le Vieux", Saint-Martial alors
appelé Saint-^loi ' etc.. ., un palais dont on a retrouvi? les restes
dans la cour de la Sainte-Chapelle % et la cathédrale de Notre-
Dame au vocable de laquelle était encore parfois, à cette
époque, ajouté le ûom de Saint-Étienne martyr ; elle occupait
la plus grande partie de la place actuelle du parvis el était
orientée comme elle le fut plus tard ; au point de vue de l'ar-
chitecture et de la décDralion. elle n'avait rien de particuliè-
rement remarquable'. A. peu de distance, au sud, contre
l'enceinte gallo-romaine, s'élevait le palais de l'évêque dont
l'une des parties essentielles était la grande salle, Vaula, i signe
représentatif du pouvoir épiacopal'. »
A l"est de la Cité, se trouvait l'île Notre-Dame qui avait été
restituée en 867 à l'église cathédrale de l'aris et qu'on peut
supposer déserte*. Au nord et au sud , sur les deux rives de la
Seine, s'étendaient les faubourgs. Celui de la rive droite, le plus
important, était habité par de nombreux industriels et com-
1. • Insula te gaudei, » Abbon, 1. I, v. 1S.
2. BoNNABDOT . DitstrlalioM archéologiqua lur
Paris, Paris, 1S^2, iQ-4 , p. T-D. — Bupporl sur les anliquilés gallo-i^
découverles à Paris dans la fouiltes de l'iglUe de Sainl-Landri de la Cité,
en juin t8$9, dans les Mimoira de la Société des antiquaifei de France,
t. IX (1832), p. 14 et suiv.
3. Jaillot, Becha-ehtf criliqun, hiitoriqiits et topographiquee sur la vilU
de Paris, l. I, Quartier de la Cité. p. 7fi. — J. QuiOHEBiT, Les trois Saint-
GtiTnain de Paris, p. 10S et Siilï. dans les Ménioires de la Société de* Anti-
quaires de France, l. XXVIll (186S), p. 156-180.
4. Lbbsdp, Histoire de la ville el de tout le diociu de Parit, nouv. éd.
par Ilippolyle cocenais, 1. 111, p. 37ii.
5. Jaillot, op. cit.. Quartier de la Cilé, p. 4. — Lbnoie, Statistique
monumenlair de Paris, pi. tX el ExpUcalion des plaiicbos, p. 12. —
HOFBiUKH, Caris à travers Us âgn, Paris, 1()73-1877, 2 vol. in-tol., l. I,
p. U-IS.
6. MOHTBT, Étude historique et archiotogique sur la cathédrale et le pa-
Itis ipiseopal de Pai-is , du vi* au xu« siHle. Paris, 1888, m-S, p. 4-3.
7. VloLLBT-LB-DUC, Dictionnaire raisonné de l'archiftctiire française du
il'nu ^\i'titcle, t. Vil, p. 14.
8. LBBBUP-COCHBEtS, t. II, p. 5ST.
[885] CONFIGURATION DE PARTS. -2!
mercants ; il y existait déjà des abbayes et des églises consi-
dérables, telles que Saint-Gerv^is, Saict-Merri. Saint-Germain
le Rond depuis l'A-Uxerrois , Saint-Laurent, la basilique de
Saint-Martin des Champs, etc.. ; on a dit que celte partie de
Paris a devait être digne d'un rempart' »; mais ce rempart, dont
OQ n'a retrouvé aucune trace, n'existait pas a la (in du iï° siècle*.
« Un beau quartier s'était formé sur le côté méridional de la
Seine pendant la période heureuse de la domination romaine',
11 fut délriiit ati milieu du ni' siècle de notre ère » mais il y en
avait encore de nombreux vestiges au ix" siècle, entre autres
les ruines de « tous les édifices publics érigés pour la distrac-
tion des Parisiens i, des arènes, du théâtre, de l'amphithéâtre,
du cirque, du palais des Thermes, A cûté de ces restes plus ou
moins importants, on ne voyait guère « sur la rive gauche',
que d'immenses clos en culture, et çà et là quelques églises ou
chapelles, » Saint-Marcel à l'est, Sainte-Geneviève, Saint-Sé-
verin et Saint-Julien près du Petit Pont, enfin à l'ouest la
grande et célèbre abbaye de Saint-Germain des Prés; il n'y
avait, sur cette rive, aucun rempart qui put opposer une résis-
tance sérieuse, a Bien dilîérent du Taubourg septentrional déjà
Qorissaot, le faubourg méridional en était encore à la période
rurale; les terres, les vignes, les prairies qui s'y trouvaient
étaient divisées en clos ayant eux-mêmes leurs murailles ou
clôtures... ; U's rares maisons qu'on pouvait rencontrer dans
ces régions devaient se borner à celles qui étaient sans doute
situées le long de la voie principale, voie romaine de Lutetia
à Genabum, ou groupées dans les environs de l'abbaye Sainte-
Geneviève et aux pauvres habitations semées çà et là et ser-
vant à abriter les cultivateurs des clos". »
Pour les Normands, dont la Hotte était le principal moyen
1. Bonn'aRdot, op. cit., p. 14.
2. Bertv. De PeneeinU du faubourg septentrional du Paris aniiriture à
celle de Philippe-Auguste et de la potsibilité d'en retrouuer dm fragmenta,
dans la lievue ^ireliéologique. 11* année, 1854-185y, p. S13 et suiv. Cel au-
teur admet aa pQU plus de deux siècles entre l'érectioa de l'enceinte
primitive el celle de Philippe-Auguste.
3. QulCHBHAT, Les vestiges romaine de la rive gauche de la Setne à Paris,
dans ses Mélanges d'archéologie et d'hitloirr, t. I, Paris, 18SS, p. i60-4H7.
4. BONNiEDOT, op. cit., p. 23.
5. BfiRTv Cl TlSSBSAND, Tojiographle Inslofique du ïtcux Farit, Bégion
tieeidentale de l'Université, Paris, 1887. gr. In-l, p. 23-24. — Âimoia,
dans ses Miracula S. Germani, dit en parinnt desfaubour^s:* muadanao
a defpnslonis deslitulos, > Histor. de Fi-,, t. VU , p. 3'iP.
22 LE SIÈGE OIC PAmS PAR LES NORMANDS. [845-88SJ^
de transport, Paris était im poiat stratégique important ; par
la Seine et la Marne, il donuait accès dans toute une contrée
bonne à piller, e ni re autres dans la Bourgogne'. Aux yem ■
des contemporains, Paris, par sa résistance aux hommes dira
Nord, sauvait le royaume"; s'il succombait le ruyaiime fraac4
était perdu '. De plus, cette ville très populeuse était une proie '
désirable à cause diîs richesses qu'y avait accumulées le com-
merce' : n Quiconque envie les trésors des Francs porte les
regards sur )i elle, dit Abbou^ ; «Lutèce, noble capitale des
Parisiens, s'écrie un liagiographc du is" siècle', tu respleo-
dissais autrefois de gloire et d'opulence , tu brillais par la feiN-J
lilité de ton sol et la douce quiétude de tes habitants ; on atim
t'aurait pas nommée à tort la richesse des rois et le marchéf
des peuples l Maintenant, ajoute-t-il douloureusement, tu n'esT
plus une noble ville, mais plutôt tin amas de cendres coQ-J
sumées. »
Paris avait été, en effet, visité à plusieurs reprises par le^l
Normands ; ils y étaient arrivés, ponr la première fois, le
28 mars 845', sous la conduite du célèbre Ragnar Lot>drog;
ils trouvèrent les faubourgs déserts; durant plusieurs jours,
ils pillèrent et brûlèrent, puis ils repartirent chargés de leur
butin et des sept mille livres d'argent que Clinrles le Chauve J
leur avait données [Kiur acheter leur retraite. Ils n'avaient 1
rencontré aucune résistance ; les habitants des deux rives, leaj
religieux avec les saintes reliques s'étaient enfiiis on réfugïésfl
à l'abri des murs de la Cité, dans laquelle il n'y a pas de raisona
1- Foulques, archevêque de Reims, appelle Paris « onpuL cl introUuni'l
« refrnorum Neustriœ Hlque Burgundlse, » FLODOiBD, ilist., 1. IV, c
p. 563.
2. Abbon, I. I, V. 52.
3. Lettre de Foulques à Charies III, Flodoakd, ibid.
i. dUrbem quondam populosnm... opinatissimam PariBius civltatam,»]
AlMOIN, Miracii!a S. Gei-mani dans MiBiLLON, Aela Sanclomm, G
t. U, p. 106, lO'J. a Pnriaioram civilas, lU sedes regia... constipata po-'9
■ pulis, referta commerciis ac variis conmeatlbus, unda Qurninls cir
a cumferenle. » Uilduin, Vita s. Dianytii Areopagilm, cité par BooamTil
Beehercht* êur la télibrilé de la ville de Paris avant les ravagti det Xor
mandi, dans les Mémoirei de l'Académie dee inscriplians et des beUu-leUre»,M
l. XV, p. 667.
a. Abbon, I. I, v. 14.
ij. Adrbvald, Uiracula S. Benedicti, éd. de Certain, |i. 72-73.
7. DÛHULBa, Quehichie des oslfrankisehen Rcichet, t. 1 , p. 282. — Ex n
raetilistaneti Germani m Noi-mannorum advcnlu /aefû.dans ies Mon.Qtmi^
SS„ l. XV, p. iO el auiv.
[856-8851 LES NonMANDS a paris al: is" siècle. 23
de croire que les Normands pénétrèrent'. lU reviennent le
26 décembre 8S6 *, saccagent les faubourgs et en brûlent toutes
les églises sauf Saint-Étienoe des Grès. Saint-Denis, Saint-
Germain des Prés qui se rachètent au poids de l'argent; la
Cité sert encore de refuge, c'est sou rôle à chaque apijarition
des hommes du Nord. En 8(51 , nouvelles irruptions'; elles
sont fréquentes celte année-là, car les Normands sont établis
sur la Seine dans nie d'Oissel; ils arrivent une fois entre autres
à cheval. Les Parisiens suivent toujours la même tactique,
ils abandonnent les deux rives aux dévastateurs pour se ré-
fugier dans la Cité, ou pour fuir plus loin, comme certains
commerçants qui remontèrent la Seine sur des embarca-
tions et qui furent capturés*. A la fin de l'année 8B1, une
bande, sous le commandement de Weland, s'établit à Melun,
pour y passer l'hiver. En 865. deux cents Normands remon-
tent la Seine jusqu'à Paris pour se fournir de viu, sans
succès du reste ; d'autres, au commencement de l'année 866.
pillent Saint-Denis et s'établissent de nouveau à Melun'.
Paris, au dire de l'un d'eux, n'était plus protégé par la vaillance
des vivants; un vieillard mort, un nommé Germain, était son
seul défenseur'*; de nombreux profanateurs du sanctuaire du
saint évèque furent en effet punis de leur audace.
Si, de 845 à 866, les incursions des Normands furent fré-
quentes à Paris, de 866 à 885 elles cessèrent ; ils ne réapparu-
rent plus eo amont de cette ville et leurs embarcations ne sil-
lonnèrent qu'une fois les eaux de la Seine'. Les régions voi-
sines de ce fleuve durent cette tranquillité temporaire aux
mesures prises par Charles le Chauve. Gelui-ci avait jugé, avec
raison, qu'un des meilleurs moyens pour arrêter les Normands
était de leur fermer l'accès des cours d'eau par des ponts for-
l.MoHTET. op. cil., p. iG. — LBBBUF-CocHams, ofi. «(., t. II, p. al:
4 il est presque certain aujourd'hui que les Normnuds n'ont jamais
pénétra dans rintérleur de la Cité. >•
2. Dt'MMLHH, op. cil,, l. I. p, 423-121, — Ami. Ilerlin., anii. 857,
H. DiJUULKll, op. cit.. l. Il, p, 2B.
4. ^nn. Berlin., aim. 861.
3. DijuULBH, op. cit., t. II. p. 143-1/|.'i,
((. Ibid., l. I, p. 282. — AIMOIN, MiracttUi S. Gennani, dans les HUtoi:
dt Fr., l. VU. p. 350.
7. En 97t1, les Normands reviennent en elTel dans la Seine, mais ils
restent en aval de Paris. DOuulbb. op. cil., 1. 111, p. 38, — Stbbksisup.
yo)-ma'ineme, t. Il, p- I8'i.
24 LE SltÙE DE PARIS PAR LES NORMANDS. [862-870]
tiCés : eu 862, il avait, en établissant iin pool à Trilbardou
sur la Marne, coiijitf la retraite à une bande de Normands à
laquelle il avait imposé ses conditions; la iiiêtue anaé*?, il avait
fait bâtir sur la Seine, à Pitres, un pont fortifié qui avait été
tout de suite abandonné ou détruit ' ; en août 868 , il le fit re-
mettre en état et y joignit un fort'. Enfin, à uue éiioque indéter-
minée^, il fit élever le Grand Pont de Paris; il était nécessaire
comme voie de communication, il en flt un moyen de défense.
Ce peut se trouvait sur l'emplacement occupé maintenant par
le Pont au Gbange', il aboutissait â la voie carolingienne me-
1. DijMMLBn, op. cil., t. 11, p. 39, 143-
2. Ibid., p. 279-280. — Voy, bup Pitres [as Ann. Berlin., ann. 862, 866,
869, 874, el Adok, C/fonieon, dans les lliKtoi: de Fr.. l. VII, p. S5.
3- Le dipldme de Charles le chauve (It. dg Lastbïrib, Cartul. gén. de
Paru, 1. 1. p. 62, n» 4S) par lequel il fait don â Énêe, évoque de Paris ,
du poul déjà construit est daté : • priiîle idus julil, indiolione III, anno
«XXIldomni Karoli gloriosissImii'Liuis»; l'indlction el Tan de règne ne
concordant p.is , on peut, suivant que l'on ajoute loi à l'une ou à l'autre,
dater le diplôme de 861 ou île 870. Taudis que Bonaray {Mimoirrt de VA-
cadimie des liacription* et BtUet-Letti'ft, t. XVII, p. 2*)) et Baluie(rapi(ul.,
t. Il, p- U9I) datent c« diplârae de $70, U. de Las le j rie, d'accord en cela
avec dom Bouquel (t. VIII. p. 569) avec Bréquigny {Tabk det dipl, t. 1,
p. 237) avec Bœlimer (/îfpefin, p. IS7) lQdalede86l;il dltqoe «selon toute
apparence, l'erreur porte sur l'iDdiction, qui devait ëtro IX et non pas
lU»; tl invoque pour le cbaix de la date de S61 d'excellentes raisons,
mais il convient " qu'il serait téméraire d'accorder ô ce diplôme une
coQÛauce absolue. » Très probablement ce diplôme, dont nous n'avons
qu'une copie du xii* siècle, a été altéré: La date a eié modlllée et il est
malnleuant Impossible de déterminer l'époque précise h laquelle fui
terminé le Grand Pont de Paris. Il nous paraît cependant dlfQcile d'ad-
mettre que ce pont qui barrait la Suine [ùt construit en juillet 881. car.
à la date du diplôme, le poni est achevé" postexplctionem ejusdem pon-
«lis»; OP. c'est à la Du de cette année 861 queWeland remonte la Seine
et va prendre ses quartiers d'hiver en amonl de Paris à Melun; puis,
en SSî, il redescend avec sa Ilotte Jusqu'il Jumièges; de nouveau, en BSftt i
les Normands s'établissent k Mclun u per alveum Sequanae ascenden- J
ï tes. ■ Ces faits no peuvent se concltlep avec dos travaux de defensaai
considérables que le pont de Charles le Chauve. Encore en 868, oe rol'a
insiste dans un diplôme sur l'état déplorable auquel les païens avalent J
réduit l'église de Paris iHUtoi: de Fr., t. VUl, p. 610). A partir de 8n,«
rien ne s'oppose h la présence du Grand Pont qui expliquerait au 0'
traire la tranquillité dont Jouirent Paris et ses environs.
i. Voy. sur ce pont : A. Bbhtv, Recherohes tue l'origine el la titutUion l^û
(Irand l'ont de Paria, du pont aux Ckangeun, du poni nux Meimiers el d^l
celui de Charte» le Chauve, dans la tlevue arehéotagiiiue , xiv année (tSSttJ^B
|i. 193 et suiv.; — Th. VaCQDER, Lettre *ur U décoitrcrte d'une partie <Ar |
Grand Pont de l'arU bdti par C/iarlei le Chauve , ibid., p. S02 et sulv.
LE GRAND ET LE PETIT PONT.
25
□ast à Saint-Denis : « Son point de départ, sur la rive droite,
copreâpoodait à l'alignement actuel des maisons du quai. »
D'après les restes qui en ont été retrouvés, on a pu conclure
qu'il « se composait d'arches à plein cintre, portées sur des
piles... c'est directement sur leur extrados qu'était établie la
voie composée de cailloux et de pierrailles. » La partie cen-
trale du pont n'était formée, probablement, que duu tablier
plat et mobile, en bois, reposant ég;alemenl sur des piles en
maçonnerie*. » Le choix apporté dans les matériaux ainsi que
leur mise en œuvre témoignent d'un soin qu'on ne se serait
guère attendu à trouver dans un ouvrage élevé avec une cer-
taine précipitation et à une épjque où, à ce qu'on suppose,
les travaux d'art étaient négligés et les grandes entreprises dif-
ficiles. i> Ce pont, comme le prouvent sou étroitesae (il n'avait
que 6" 20 de large)' et l'extrême solidité de sa construction,
était essentiellement un ouvrage de défense'. Il était muni,
sur toute sa longueur, d'abris, probablement de tourelles'
destinées à protéger les défenseurs, et. à ses deux extrémités,
d'une tour, d'un castelliim destiné à recevoir une gardée Le
castelitim de la rive droite était, de plus, entouré de fossés et de
tranchées" traversés par une chaussée qui donnait accès au
pont. Les subatpuctions de ce premier châtelet ont été retrou-
vées; elles étaient formées d'un « blocage mêlé de fragments
de tuiles et de briques, paremeuté en petit appareil allongé
grossièrement piqué''. »
La Cité communiquait avec la rive gauche par le Petit Pont';
à défaut de documents, il faut admettre qu'il occupait l'em-
1. M. Vacquer ne croit pas « qu'on parvienne jiuuniB à âtabUr le pour
ou le contre de celte opinlou. ^ Cepeadaiit, puisque les Normands vou-
lurent incendier le pont, il faut bien qu'une partie au moins Tilt, en bois.
Abbon, l.I, V. 416-418.
2. VaCQUBR, op. cit., p. 5K>.
3. Behtv, op. cit., p. 208-20S.
/i. A.BDON. i. I, V. 236 ; nous adoptons la version « spéculas ponlls >.
a. ABBOn.I. I, V.IS-l9. — ADOX.C/tronicon. dans les //i«(or,(/8 Fr.. t. VII,
p.S!i; ce dernier passage, que XI. Berly, op. cil., p. 209, applique au pont de
Paris, se rapporte plutôt ù celui de l'itres ; ilu reste, les deux ponts,
bitls â peu près ù la même époque et duns le même dessein, offraient
de grandes anaioffies.
(1. Abbon, I. I, v. 303-304.
7. VaCQUBB, op. eil., p. SOT.
y. « Mingr pons. » Celle dénomiualion dus Aim. i'eUasl. prouve bien
que les deux ponts étaieut parfaitement distincts.
■26
LE SIÈGE DE PAIUS PAK LES NORMANDS.
[Bi
placement du Petit Pont actuel ou qu'il était peut-être un peul
plus ba3 ' ; c'est dire qu'il u'élait nullement la prolougation dnl
Grand Pocl*; il était, très probablement, eu bois comme toil^
les ponts de Paris avant celui de Charles le Chauve; des touM
défeadaieut ses deux extrémités^.
Eu 885, le Grand et le Petit Pont étaient les deux seuIeftJ
voies de communication stables entre la Cité et les deux rives ;
tout autre pont avait élé détruit par le temps ou rompu par la
main des hommes à l'approche des Normands. Le pont cons-
truit par Charles le Chauve détourne, il est vrai, de faibles
bandes normandes du projet de remonter la Seine, mais il est
eu même temps un danger pour la ville. Tant qu'il n'existait
pas, les Parisiens se reliraient dans la Cité à l'arrivée deaij
Normands ; ceux-ci pillaient les rives et passaient. Supposousfl
maintenant qu'au lieu do bandes isolées une armée d'hommeva
du Nord survienne qui se sente assez forte, après avoir fraochi'f
Pîtres, pour tenter de remonter au delà de Paris, les habitants!
de la ville ne pourront pas se borner à se réfugierdaos la Cité;-:
ils devront défendre le passage, il en résullera un siège. C'est4
ce qui arriva en 885 ; l'importance de l'armée normande d'une 1
part, le pont et les ouvrages de défense de l'autre, ont donnéj
lieu au siège mémorable dont nous allons retracer les princi->
paux épisodes.
On connaît déjà, de nom du moins, car c'est maintenant quel
son rOle devient historique, Eudes, qui s'enferma dans Paris I
pour le défendre. L'évéque de la ville rivalisa avec lui de bra- 1
voure et d'ardeur. 11 se nommait Gozlin, il appartenait â une!
puissante famille; son père était RoricoD, comte du Maine', il!
était demi-frère du chancelier Louis, abbé de Saint-Denis; ilm
avait plusieurs frères, dont l'un, Gozfried, lutta contre lesf
Normands aux côtés de Robert le Fort et de Hugues l'Abbé, etl
dont un autre périt en combattant les mêmes ennemis; enfîn,f
il était parent d'Ébroïo, abbé de Glanfeuil , évèque de Poitiers*
dès 839 ' et archichapelaiu de Charles le Chauve. Ce noble pa-^
1- Il faul admelire avec Bonamy, op. cit., p. 294, qu'il était un pou ptiu
tias, si l'ou prend Abbon, liv. I, v. S09, au pied de la letlre : voy. éd. T»-^
ranne, p. 2i)7.
2. Bbhtv. op. cil., p. 202, 200-207.
2. Abbon, 1. 1, v. 18-19.
'.. Voy., sur la famille de Rcricon, Kalckstsin, floben dtr Tapfen
p. 136Qt suiv.
5. EbroÏQ regui l'abbaye de GlaoTeuil sur la demande de RoricoQ, fl
[820-845J
27
rentage ne fut pas sans avoir une heureuse iafluence sur sa
carrière. Les membres de sa [umille s'étaient fait remarquer
par les postes importants qu'ils occupaieut à la cour, par leur
bravoure contre les Normands, mais. maUieureusement aussi,
par des iufîdélités répétées envers le souveraiQ établi'. Ces
trois traits de famille se retrouvent dans la vie de Goziin :
après avoir occupé une liante position à la cour, lui aussi fut
infidèle à son roi; mais il racheta sa félonie par une ardeur,
qu'il déploya jusqu'à la mort, dans la lutte contre les envahis-
seurs barbares. Il naquit vers 820'; consacré dès son enfance
à la vie religieuse', il entra dans le monastère de Glaafeuii ou
Saint-Maur-suP-Loire, que son père venait de rétablir en face
d'Angers et dont Gozbert, frère de Roricon. puis Ébroïn
furent abbés*. Bientôt, il quitta Glanfenil pour Reims, centre
plus favorable à son développement. Ce fut probablement pen-
dant les temps troublés que traversa cet archevêché, depuis
la première déposition d'Ebbon jusqu'à l'élection d'Hincmar
(83S-845), que Goziin reçut son éducation religieuse et son ins-
truction peu commune; ce fut alors qu'il reçut la lonsure' et
qu'il parcourut la série des ordres ecciésiasliques jusqu'au
sous-diaconat °. La protection de l'église de Reims ne lui Qt dé-
sormais plus défaut. En 84S, il revint à Angers où Ëbroïn, son
833 ou dans les années 834 à 830, BSuubr-MC'HLbacubr, ii° Sd7. — Il fut
évoque de Poitiers île 839 au 13 avril 838, dale de sa mort. Gallia Chrii-
tiana.t. Il, col. 1IS8,
1. Aun. ficti'n., aQn.863: < qui ab eo uupbr aicul eL sœpe defeceraot.»
2. M. de Kalckslein (op. oi"(.. p. 138) fait n.iîlre Gozlio vers 830; mais
Goziin (ut ordonné diacre en M5; or, il fallait, pour être diacre, avoir au
moins vingt-cinq ans. — Le mfime auteur suppose l'existence de deux
Goziin, l'un qui aurait été abbé de Glanfeuil, l'autre qui aurait été
évèqiie de Paris. Ce dédoublement n'est motivé ijoe par une erreur
d'Eudes. l'auteur de ia Trantlatio S. Mnwi (MabillON, Acta eanctorum,
sœc. IV. pars ir, p. 174), qui fait de Gozliu, un (Ils de Gozbert. Il est plus
simple de croire aune erreur d'Eudes ou d'interpréter ce passage comme
Mabillon [Ann. Benedici., l. 11, p. 663), en faisant de Goziin un flls spi-
rituel de Gozbert.
3. Charte de Roricon : i ... ad uionasterium Glauna... ubî... gcrmauus
« nosier Gauzliertus... una cum aliis mutjactiis regularem vltatndudt, el
« filium nostrum Gauzlinum Deo obtulimus,»//ûior. de^'i-., t. VI, p. 311-
312 n-, et Maschboay, Arehii^a d'Anjou, t. I, p. 378, W M.
\. Mabillon, Ann. Benedict.. t. n, p. 556-357-
3. Flodoard, JlUt., 1. III, c. 2i, p. 336. Puisqu'il n'avait pas rcfu la
tonsure à Glanfeuil, Il n'y avait pas fait un long séjour.
C. Flodoa'ri», ibid.
'. SIÈGE DE PARIS PAR LES NORMANDS.
t84!t
pareot, l'ordonna diacre ' ; il fat ordonné prêtre à Poitiers, pu
î'évêque de cette ville, et la [iiéme année encore, il fui appeU
à remplir les fonctions d'a!)bé à Olanfciiil '. Puis Ébroïn l'ai
à la conr, où, comme archichapelaiD, il jouissait d'au grand or^
dit, et en 847, il obtint de Charles le Chauve l'assuraDce i
GozlÎQ lui succéderait dans tous ses droits sur Glanfeuil'. &
lin peut, dès ce tuoiuent, être considéré comme l'abbé, sinoi
titulaire du moins effectif, de ce monastère'. Son érudition e
son docte parler lui gagnèrent la faveur du souverain '
duquel sa position fut bien vite assurée. L'année de la mort
d'Ébroïn, en 858, il tomba au pouvoir des Normands, avec son
demi-frère Louis, abi>é de Saint-Denis*; pendant sa captivité,
qui dut être d'une certaine durée, car ia ran<;oD a payer étaiU
énorme, il apprit à connaître les adversaires avec lesquels i
devait lutter si vaillamment. Enfin, la somme nécessaire fud
trouvée et, taudis que l'abbaye de Saint-Denis s'imposait uif
lourd sacrifice pour délivrer son abbé, ce fut l'église de Reimq
qui racheta Gozlin^ Eu 859, GozUd, vraisemblablement gr&i
â la protection de son frère , le chancelier Louis , entra oomn]
notaire* dans la chancellerie royale. Cette fonction, répai
1. Trarulalio S. Mauri, p. 17S. l^udes, l'auteur de cette Tratvtlatio, 0^^
Flodoard, souL d'accord sur l'ordination de Gozilu comme diacrt
2. Tramlatio S. Mauri. — Mablllon \Arm. Beatitiei., t. II, p. 6Ki et 674}J
pense, qu'en 84[>, Gozttn ne fut nommé iiue » proabbas ».
3. Dii<l. du 1'. juillet 847, BôHMBr, n" lalH; Ihsiùr. de Fr., l. VIK
p. 400-491.
4. On ne sait pas à (iuellu epoquu Goziin di:vint positivement abM &
Glaufeuil ; le dernier acte d'Ébroïn eu faveur de ce monaelère date ( _
850, BOhmbr, D'I&iS; IIUtor.de Fr.. l. VIII, p.iil4.-En8:a,GûZlinÛeilï|
comme abbé au synode de Boneuil, Mabilloh, Ann. Benediel., t. Ill^
p. 47, ii6S-6ti9.
5. Tramlatio S. Mauri, p. 17i.
G. DÙMUl-BH, op. cit., t. I. p. i24.
7. FÎ.ODOÂBD, Hisl.. 1. m, c. 24, p. 53tJ.
». Goziin paraît pour ia première lois comme notaire, le 31 aoAt 6
(BûuuBP, no iau2), il paraît encore comme tel le 19 novembre et le 6 d
cembre S60 (Uuhmbb, n«' 1Gâ7 et 1689). C'est par erreur que quelqiu
actes des années 8SS, SS7 et 863 portent < ad vicem Gozleni » {Bittor. t
Fr., t. VIII, p. 342, S50, 587;- DCmmlbb, op.ci/., t. IJI, p. llo n,). — Goaltt
figure dans plusieurs actes de l'année BUl avec le Litre de s regiae digi
« talis cancellarius ad vicem lHudovIci» {Hittor.deFr.,l. Vlll, p. Sfla.S
Tardif, Monuments historiquet, n° 183). — Il est difflcile do déterminer II
valeur de ce nouveau titre ; Waitz, Deutsche ferfatsiingigcichichle , t. '1
(1873), p. 277;— MÛHLBACHBR, Oie Urkundeii Karts Ul, p. '18-19;— SlCKBlj
Btitruge iur Diplomalib. VU, p. 20, n. 2; — lilNCUAB, De ordinr palatiii
[8S9-878] (iOZLiN. -2'.'
(fil reste eutre de nombreux persounages, avaiL pria une
imporlaDce particulière depuis que la coutume s'était établie
que le cliancelier, un des premiers dignitaires de la cour, se fît
remplacer dans l'exercice de ses fonctions par un notaire
choisi parmi les plus aptes et les plus dignes de confiance'.
Enfin, à la mort du chancelier (9 janvier 867)^, GozlÎD fut
appelé à prendre sa place* ; on peut croire qu'il joignit à cette
dignité celle d'archictiapelain*, qu'Êbroin avait revêtue jus-
qu'à sa mort. Il était, désormais, un (les principaux person-
nages de la cour de Charles le Chauve; ce fut lui, par exemple,
que ce souverain char^jea, en 871, de la mission délicate de
porter à son fils Carlouian les conditions de sa grâce'.
Gozlin ne fit pas moins bien son chemin dans l'Église; il joi-
gnit à l'abbaye de Glanfeuil celle de Jumièges, dont il était abbé
dès 862", et celle de Saint-Amand, qu'il reçut en 870' ; en 872,
il était abbé de Saint-Germaiu des Prés'; enfin, en 878, il sera
abbé de Saint-Denis '. C'est également à la protection de l'église
p. AS n. — Quoi qu'il en soit, Goïlin a, le 15 mura 864, repria le lUre de
noldire, Hislo,: de Fr.. t. VIll. p. 3'JO.
1. Voy., sur l'orgaDtsalion ris la cliaucellBrle carolingienitc : Waitz,
op. cit., l. m (1883), p. oll et suiv.; — MOhlbaCHEii, op. cil., p. 16; —
SiCKKL, op. cit., vu, p. ta eL suiv.
2. Ann. Berlin., aon. 867.
a. Les diplômes de Charles le Chauve, à partir de l:i mort de Louis,
sont souscrits « ad vicemGaiizliDi.n Un diplôme du 1 12 juillet 877 {Uûlor.
de Fr., l. VIlI, p. 007-688} porte : - ad vicem Goileni archicancellarii. i
En juin 876, au sjnode de Ponthion. Gozlin a le titre d'sabba et archi-
cuncellarius », Hittoi: de Fr., t. VU, p. Q9I.
i. IIiNCUAn, De ordine palaiii, p. 42 n. et AJ Q. Ceci, du re^te, n'est
qu'une supposition; Il parait en effet dimclle que Ooziin, n'étant en-
core que simtile Dolairc, ait succéda ik Ëbroïa comme archl chapelain ;
il y a donc eu vacance temporaire de cette charge, ou Louis, abbé de
Saint-Denis, l'a exercée en même temps que colle de chancelier et Goz-
lin lui aura succédé dans l'une et dans l'autre.
5. .4nn, Berlin., ann. 871.
6. Diplôme de Charles le Chanve, tlisior. de Fr., t. VIII, p. 5:i.
7. Charles le Cbaiive, ayant privé son fils Carlomau de ses abbayes
(^nn. Berlin., ann. S70), donna Saiul-Amand à Gozlin, comme le prouvent
deux diplômes de 871 et de 872. Hhlor. de Fr., t. VIII, p. 632 et 634 ; —
FOLQUru, Cftarfularitim SUhieme, p. 131.
8. ^nn. S. Gtrmani Parii., ann, 872. — Diplôme de Charles le Cbauve,
Hitlor. de Fr., t. VIII, p. 639.
9. A. la mort de Louis, abbé de Saint-Denis, Charles le Chauve avait
Kardé cette abbaye pour lui : ce fut Louis le Bègue prol>ablement qui la
donna à Gozlin. Ann. Bertiv., ann. 867 et 878.
I-AR LES SORMAXDS, [8"7-87«J
de Reims' qu'il dut la possesâioQ de ces uombreux béoéfices
qui, joints au rang qu'il occupait à ta coui', semblaieut lui as-
surer uue [tositioB hors de toute atteinte.
Charles le Chauve, après avoir douoé le capitulaire de
Quiersy*, dans lequel il ilésiguail Gozlin comme membre du
conseil de son fils, partait en 877 pour ntalie. Il en fut rappelé
brusquemeut par une redoutable conspiratiou' qui avait éclaté
dans sou royaume durant son absence; il revenait en toute
hite, lorsqu'il mourut (6 octobre 877). Louis le Bègue, sou lils,
lui succéda ; en face de cette révolte, qu'il avait peut-être en-
couragée et qui était dirigée contre le pouvoir dont il devenait
subitement le dépositaire, it se (it des partisans comme il put,
en distribuant à chacun selon ses désirs des abbayes ou des
biens^; mais, par cette tactique, il ne fit que s'aliéner ceux
des grands du royaume que son père lui avait imposés comme
conseillers et sans le consentement desquels il avait agi ; Goz-
lin se rangea parmi les mécontents*^. Louis le Bègue, voyant
la révolte gagner de proche en proche, eut recours aux con-
seils d'Hincmar ; il mil un frein au.\ exigences de ses par-
tisans' et traita avec l'aristocratie rebelle. Il promit aux grands
de leur conserver leurs biens et leurs dignités et leur en assura
d'autres'. La révolte était réprimée, il put se faire couronner
(8 décembre 877). Gozlin reçut de lui l'abbaye de Saint-Denis
et demeura chef de la chancellerie *; néanmoins, sa fidélité
était ébranlée. De nombreux membres de sa famille étaient
en révolte : sou neveu Bernard 11", marquis de Golhie, un des
principaux chefs de la conspiration contre Charles le Chauve,
1. Flodoard, Hùi., 1. m, c. W, p. B36 :«RemensIs ecelesia...plurimo-
« rum moDasierionim per concesEionem regum abbatem conslituerit. *
2. DC'UMLHR, op. cit., t. III, p. i'5 11.
3. BOUBQBOIS, Le capituiaire de Kiirsy, p- 80 et suiv.: Hugues l'Abbf,
p. 105 et suiv.; — DCmulbr, ibid.
4. Ann. Berlin., ann. 877.
3. Une lettre d'Hincmar à Louis le B^gue le prouve ; a mlltîtB ad Uii-
4 gonam et Gozlenum abbates...^, Hincmar, Opéra, l. I, col. 987.
e. Ibid.. col. ^m.
7, Ann. Berlin., ann. 373. — BOURGEOIS, Hugufs l'Abbi, p. 108. — DOuM-
LHR, op. Cil., t. m, p. 07'fJti.
8. Les diplOnies de Louis le Bègue sont souscrits «advicem Gau^ |
« lenl. »
0. Voy., sur celte parenté, Kalckstein, Hoberi der Tapfeie, p. 139. EU» i
est confirmée par uue lettre d'Hincmar (Flodoard, Hist.. 1. 1|I, c. SA,
p. S3ti) : 4 Gozlino, pro Bernardo nepote ipsius, »
[878-870] REVOLTE DE GÛZLIN. 31
n'avait pas fait sa soumisaion; au commencemeût de 878, deux
fils de son frère Gozfried', comte du Maine, et ud autre de ses
neveux, ÉraenoD, frère de Bernard, s'insurgèrent. Hincmar
pressentant que Gozlin était ébranlé, lui écrivit* pour le sup-
plier de demeurer dans le droit cliemin et d'employer tous ses
efforts pour y ramener Bernard et y maintenir Gozfried. Celui-
ci fit acte de soumission avec ses deux Jils. mais non pas Ême-
noQ qui fut excommunié au synode de Troyes (se|itembre 87!Sj.
Peu après, Bernard de Gothie fut, lui aussi, frappé de la même
peine par l' Église et privé de ses bénéfices par Louis le Bègue'.
Enfin, une cabale fut ourdie pour exploiter contre Gozlin l'in-
fidélité des siens; à ce même synode de Troyes. le principal
accusateur de Bernard, Frotaire, archevêque de Bourges, avec
.\dalgairp, évêqno d'Autun, clierchèrent, de connivence avec le
pape Jean VIII et les conseillers du roi, à lui enlever l'abbaye
de Saint-Deuis'. Le coup manqua, mais Gozlin eu garda dans
le cœur une rancune dont les effets ue devaient pas tarder ù.
se faire sentir'.
Louis le Bègue s'apprêtait à marcher contre Bernard de Go-
thie, lorsqu'il mourut (10 avril 879); il laissait deux enfants
encore jciiuea et dont la légitimité pouvait être contestée.
Gozlin se souvint alors de l'accueil qu'il avait reçu, en 876, de
l'autre côté du Rhin*, alors que, fait prisonnier à la bataille
d'Anderonch, il avait été emmené en Germanie. Les bonnes re-
lations établies dès lors entre lui d'une part, le chef du royaume
franc de l'Est, Louis III dit le Jeune, sa femme Liudgard et les
grands de l'autre, le décidèrent à se venger d'une cour où il
avait subi des affronLs. Il entraîna dans son parti Conrad,
comte de Paris, et convoqua, près de Greil, une assemblée de
1. Ann. Berlin., ann. 879. — KalCkstkin. Abc Hugo, p. 83 cl auÎT.
2. Flodoabd, iViid.rvoy., surladaledecetteleUre, SCBnfiRS, //JnArmar.
p. .I^J-SSe, u. 1S8. — O'aprèâ la ri'dtiilatia 5. Baudetii,d3.n!Hcs Hittor.de Fr.,
l. IX, p. Itl, Gozlin et Bernard se seraient rencontrés dans le diocèse
d'Auxorre ou de Lyou, en 878, iivant le 14 avril. — Kâlckstbin, AU
Hugo, p. 8t).
3. DÛMULBH, op. cit., t. m, p. 86-H7. — HlNCMÀB, Opern, t. II, col. 799-
600, — Hitloi: de Fr., t. !X, p, 303.
i. Ann. Bertin., ftiui. S7K,
t. Ibid,, aau. ^Ti -. <•. Gauzlenus... metnor injurlarum ne insiiliarum sua-
« miu, «lua; a suis aemulis lenipore praeuedcnti suslinucrat. > — Lettre
d'IIiiiciiiar h Qozlin, I-'loooaru, ibid.; sur la àale ilc celle lettre, voy.
SCHnâas, op. cil., p. St!2, Rcgeste, u° 432.
G. Ann. Bfrtin., ann. 879.
32
'le siëc.ï: de paris p.vn les normands.
[ft79-(
mécontents, auxquels il persuada d'Eipi)eler au IrOne Louis T
de Germanie. L'assemblée, après avoir envoyé à ce souveraid
une députalioR pour l'engager à venir à Metz', se porta elle-
même, sous les ordres de Gozlin et de Conrad, jusqu'à VerduBJ
par Senlis et les bords de l'Aisne, dtWastant tout sur son pu
sage. Louis III, de son côté, arriva à Metz ; à la requête àei
insurgés, il s'avança jusqu'à Verdun , en exerçant de tels ra-
vages qu'il faisait regretter les Normands. Il reçut dans cetUj
ville les envoyés du parti des (ils de Louis le Bègue, qui ob-
tiurent sa retraite en lui oITrant la Lorraine occideotala^
Louis m chassa honteusement de sa présence Gozlin, Coars
et leurs nomplices et revînt à Francfort où l'attendait sa femmj
Ljudgarù; celle-ci Ini reprocha amèrement de s'être contenta
d'une cession de territoire, lorsqu'il pouvait s'emparer di^
royaume de l'Ouest tout entier. C'est auprès d'elle que se i
fugièrent Gozlin et Conrad, malgré les remontrances et lei
appels pressants de l'archevêque de Reims'; ils se plaignireold
à elle de la manière dont son époux les avait trompés, et i
obtinrent que Louis III leur donnât des otages et envoyât i
leurs partisans des messagers pour leur faire reprendre couJ
rage. Puis ils rentrèrent dans le royaume de l'Ouest, y exeroèfl
rent de nouveaux ravages et annoncèrent à leurs partisaou
que le roi de Germanie reviendrait à eux, avec de graadei
forces, dans un avenir peu éloigné. , i
En elTet, au début de l'année 880', Louis III, accompa^U
cette fois de sa femme, pénétra d'Aix-la-Chapelle jusqri'i
Douzy sur le Chiers; Gozlin, Conrad et leur troupe, dont led
rangs étaient déjà bien éclatrcis, le rejoignirent et g'avaD'J
cèrent avec lui jusqu'à Riberaont sur l'Oise. Mais l'armai
franque du royaume de l'Onest occupait, sous les ordres t
Hugues l'Âbbé et du roi Louis. Salnt-Ouentin et la ligne d(^
l'Oise. Le roi de Germanie, voyant que ses partisans lui avaient
promis plus qu'ils ne pouvaient tenir, se retira après avoif
conclu la paix ffévrier 880). Une de ses conditions était la gr&at
de ses partisans* ; elle fut accordée, sans arrière-pensée sembl»
l-il, à Gozlin, car Louis III, roi franc de TOiiest, lui confii
1. Voj.. sur ce qui bu
U III, p. llli el suiv.
2. FloDOABII, ibid.
3. Ann.Ba-Un., anu. 8
i. Ann. Kedasf-, ann.f
[880-SK5J Gf)'/(,iN KvRijuK i>f: r^nis, eiîi.ks. SA
aiissitôl la mission difficile d'aller, avec les tioiniiics qu'il avili
encore autour de lui, protéger contre les Nonnanda lu fron-
Uêrc nord du royaume. Goziia pouvait espérer qu'uue cain-
pagoe hpureuse ferait oublier sa défection; il siibit un échec'
sur l'Escaut, et, au tnnirt d'octobre, licencia son arnii^c. En 881,
l'abbaye de Saint-Gormaln des Prés fut donnée, assurément de
sou plein gré, à son neveu Ebles*; durani sa révolte, il avait
pordii sa dignité d'archicliapelaiu', mais, en 883, il « reprit eu
main la direction de la chancellerie» du roi Carlomau*. Enlîti,
eu 8M, il succéda à Ingclwin' sur le siège épiscopal de Paris.
Ilincmar, le vénérable archevêque de Reims, qui, quatre an»
auparavant, rendait grlce au ciel du rcpenlir de Gozliu'et
priait Dieu de consolider ce qu'il avait opéré dans le cœur de
son élève, étiiit désormais exaucé; il devait l'Ôtre, à un plus
haut degré encore, par la conduite de Gozlin durant son épis-
copat. Ainsi, le 29 août 884, ce dernier ne peut assister à la
déposition drs reliques de saint Merri', occupé qu'il élait « des
intérêts variés du royaume». En 885, dès que les Normands
ont paru dans la 8ciue et pris Rouen, il travaille k IbrtiQer
Paris', Son ardeur pour la défense du royaume élait si con-
nue qu'un annalisle, étranger, l'égalant à Hugues l'Abbé, les
nomme les deux chefs sur lesquels reposail, dans la lutte
contre les Normands", toute l'espérance des habitants de l;i
Gaule.
Aux côtés du comte Eudes et de l'évêque Gozlin se Irouvait
Eblea'", le neveu de ce dernier. C'était un homme d'nn grand
1. Ann. Vcdail.. ami. 8B0,
2. Ann. S. Gefmani Paru., ami. 8S1.
3. BouitOBOiS. flugtics VAbbi, p. 1;!0.
A. DiplûiQO du 21 août 883, dans les HUlor. de Fr-. l. IX, p. Ml. -
IlmCMAH. De ordine palalii, p. m D-
5. Ann. Vtd'itl.. Bun. 884. — Gozlin fui notnm^ âvèque avant le 29 aoâl
834, voy. la Trandnlio S. Mrdrriti, dans les BiKoi: de Fr.. L IX, p. tll.
Pcut-ftro tut-il en coiapéUlion avec Anskerick, qui iui sucrc-dn;
DOUHI.Iin, op. Bit., t, III, p. 273 a. 1.
6. t'U)I>OABD, ibid.
7. Traiulatio S. Mederici,
<&. Awn. Vidait., aun. 8BG.
_ 9. Ann. Fuid., 1'. IV, ann. 880 : « Hugo et Gozilin , abbatcs et iluccs
> prapcIpiiiGallItieraglonts, In quibusomnisspes Gnlloruiu contra N'irrl-
t mantios posiui ernt- *
1 10. Abbon, 1. t, V. 68 : • potitillcisque ncpos Eliolus fortlssiiDUs abbas ».
L'origino de celte |.)areniô n'est pas conuuc. M. de Kalckstein (Robert iitr
ifapfiire, p. IW] a, d'après Hdginon (Chren,, ann. aiiî), confondu deux Ebles
34
I,E SIRGE de paris PAU LES NOItMAND^. (881-885]
mérite et d'une vaste ÏDstruction, apte à toute chose, sauf
nialheureuscmcDt à la cli^ricature, car il était cupide el de
moeurs relAchpes'. Nou3 ne saTons rien de sa jeunesse; il
apparaît datis î'hisloire, en 881, comme successeur de (îozlin,
dans l'abbaye de Saint-Germain des Prés"; à l'arrÎTéc des
Normands, il se retira dans la Cité avec les moiues de sou
abbaye; durant tout le siège de Paris, il se montrera d'une
grande bravoure'.
Eudes, ûozlin, Ebles, il fallait connaître ce vaillant triumviral
avant d'entreprendre le récit qui va suivre.
el a rail un seul peisomiage du neveu de Goilio et du frère do Rara*
□ulfe II; mais il a dd, pour expliquer celle double pareille, rallachcr
l'évfique de Paris k ta famille des cumles de PoUeu. Or, Gozlin nppar-
tienl à la famille de Roricun, comle du Malue; pour molivcr l'apparltian
dau!! cette famille des deux noms loul !i fait Douveaux de Raionuife cl
d'Ebles, il a fallu avoir recours h. une alliance supposée d'uoe femme
inconnue de la famille de Rorlcon avec Bamnulfe I de l'oilou. Nou»
préférons substituer à tout ce déptoiemenl d'Ingéniosité le dédouble-
ment du personnage d'Ebles, suivant en cela Mabltle {Le natjaumt S'A-
qmlainc, p. IS, dans l'Histoire du Languedoc, od. Privât, t. II, p. 282J «l <Ji8tlD-
gaer un Ebles, abbé de Saint-Hilaire de Poitiers, frère de Raïuuulfc IF
de Poitou el de Gozbert, qui se révolta contre Eudes et aiourulenË82,el
un autre Ebles, neveu de Gozlin fparenté d'origine lucomiue), abbé de
Saint-DenlH et de Sainl-Gerraaln, défenHeur de Paris avec Eudes, chaa*
ceiier apréti l'avèuemcnt de celui-ci; il signa sod dernier diplâuie le
15 juillet 891 , el mourut le 2 octobre {Neerol. S. Germani Prit., daiis
BooiLLAHT, Histoire de l'abbaye royale de Sainl-Germain dei Prêt. p. cxii)-
Jusqu'ici on a admis, croyant à l'idenlilé des deux Eblea, rjuc c'étnit le
2 octobre 832, car il (iillait foire coïncider celle mort avec l'expédilion
d'Eudes en Aquitaine, mais ces deux événements ne sont pas nécc»'
saircment liés; Ebles le cbaneelter est mort le 2 octobre sai. l.iîs événc-
meuts d'Aquitaine fournissent un argument prnpro à rocltre Dn & la
confusion des deux Ebles. En eU^t, ou S'J2, Eudes s'achemine vers l'Aqui-
taine pour soumeltre Ebles et Gozbert; le 13Juln, il Olail à Tours, c'cst-V
dire sur les confins de l'Aquilaino; or, les Annale» de Satnt-Vaiut nous
assurent qu'Ebles prit la fuUeet périt dès qu'il connut l'approcUo d'Eudes:
* ulii [Odoj flnes alllglt Aquit<tniae, Ebulus, ejus advcntum pracsciens.
< in fugam versus, intcrfectus esL » D'après ce témoignage, l'approche
du roi et la mort du sujet rebelle sunl, pour ainsi dire, simultanétis, et
on ne peul pas admettre que, puisque Eudes élail déjà à Tour» le
13 juin. EiJles n'ait péri que le 2 octobre. Cctlo dale, qui est celle d« U
m it do l'abbé de Salnt-ûermain des Prés, n'csl pas celle do la morKlu
l'abbé de Sainl-llilaire de Poliiers.
\. Abbom, l. II. v. 43G-43S.
2. Ann. S. Germant Paris., anii. Ij8t.
3. « Forlissimus abba, mavortius ab1>a, ■ sont les epithéles que liil
donne Abbon, i. I, v. (1"; 1. Il, v. 43fi.
[885j ARRIVÉE DES NORMANDS DEVANT PARIS. 35
Les Normands arrivèreal devant Paris le 24 novembre 885',
au nombre de 40,000, montés snr 700 vaisseaux', sans compter
les embarcations plu3 légères qui ne servaient pas au trans-
port des guerriers; c'est la plus grande armée normaade dont
il soit parlé au ix' siècle'; la flotte couvrait la Seine jusqu'à
deux lieues et demie au dessous de Paris, au dire du poète*. Ils
trouvèrent la Cité sur ses gardes; les habitants des faubourgs
s'y étaient réfugiés ou avaient fui ; les églises des deux rives,
celles du moins qui existaient encore, comme Saint-Merri',
Saint-Germain TAuxerrois, Saint-Germain des Prés, etc.,
étaient vides. Les reliques des saints avaient aussi trouvé, à
celte époque ou déjà précédemment, un refuge dans la Cité :
ainsi, le corps de sainte Geneviève", le corps de saint Germain
qui fut déposé k Saiut-Gerraain le Vieux', les ossements de
saÎDt Marcel, de saint Séverin solitaire*, qui furent confiés
à la cathédrale, etc...
Le 23 novembre, rfiegfried, un des principaux chefs nor-
mands, se rend vers Gozliu; il est introduit en présence de
l'évêque dans la grande salle du palds épiscopal. Peut-être
n'était-ce pas la première fois que ces deux adversaires se ren-
contraient? car, le Normand devait déjà avoir, dans l'armée qui
battit l'évêque sur l'Escaut, eu 880, la position émiuente qu'il
occupe au siège de Paris'. II demande le passage, il assure que
1. La daie est donnée par Abbou, I. I, y. 168-171. Nous n'inlerprétOQS
pas ces vers cooituc Taranne; si les deux combats Ûnlreol trois jours
avani que Dovembre fît place à décembre, ils eurent lieu le 2& et le
27 novembre.
2. Abbon, I. 1, V. 113; — voy. ud paàsage inlercalo dans les .4nii. Ber-
tin. k l'aaaéo S82; — Rëoino.n, Chron., anit. Sââ : « erant eulm, ui (erunt,
<XXX el eo ampllusaitversfu-iorummillia. »— Ces chllTres donnent une
moyenne de ciuquanto-sept hommes par vaisseau; on verra ci-aprés,
à rAppcndluc a' 11, la conUrmaliou archéologique du dire d'ALbon.
3. Voy. le tableau dresse par M, Sleenslrup, Normanneme , l. I, p.2U-
217.
4. Abbon, 1. I, V. 32.
5. Salnt-Merri eiistait encore lors du siège, comme le prouve lu Tron*-
iatiû S. Mcdcriei; Lbbbi;i--Cochbris, op. eil., t- II. p. 193-194.
6. Lbbeup-COChbhis, op. cit., l. II, p. 374.— AflBON. 1. Il, V. 247.
7. QUlCHBnxT, Len trois Saint-Ga-main de Paris, p. 166. — AbboN, 1. 1,
V. 305-306, 467.
8. Lbbbuf-Cochbhis, op. cit., l. II, p. 4-5; t. I, p. 392.
9. Vo}-., sur l'organisa Lion de l'armée noroiande, l'Appendice u° II;
SiegCried exerçtiit une' sorte de commaudemenl suprême temporaire, ce
qui explique les vers d'Abbon, 1. 1, v. 33 et 430.
3'i LE SIËGE liE PARIS PAIl LES NORMANDS. [885)
ni lui ui les si.-iiâ ne touclieroul à la ville, et il prie l'évfique,
par pitié pour ses ouailles , de ne pas refuser' : « Nous nous
« eirorceroDs, lui dit-il eolin, de vous conserver vos bénéfices.
« k toi et à Ëudeâ. d Ce langage est tristetnent caractéristique de
l'époque ; le Normand qui l'a tenu . ou le poète qui l'a iuveQté,
savait bien que, pour l>eaucoup de cuDlemporaiog, il eût été
persuasif. De la chose publique, de l'empereur, pas uu mot.
Mais Gozlin rappelle à Siegfried quels sont ses devoirs de
sujet lidèle. Le barbare se relire alors, menaçant la ville d'une
attaque pour le lendemaÎQ et d'tin siège avec toutes ses hor-
reurs.
Il tint parole, et. le 26 novembre, de grand matin, les Nor-
mands s'élangaient de leurs barques » l'assaut de la tour qui
fermait l'entrée du Grand Pont, sur la rive droite de la Seine.
Cette tour', Gozlin n'avait pas eu le temps de la faire terminer;
sur la base en pierre, qui était achevée et entourée d'un fossé,
s'élevait un premier étage, probablement en pierre' aussi,
percé de quelques ouvertures. Les Normands peusent s'ou
emparer promptement et saus peine; ils la couvrent d'une
pluie de ilèches et de projectiles lancés par leurs fronde.*. .\u
premier rang des défenseurs, ou remarque Eudes, son frère
Robert, un comte Renier*, Ebles, le Irès courageux abbé»
enfin l'évêque Gozlin ; celui-ci est légèrement atteint par nm
trait qui blesse mortellement un jeune guerrier à ses cOtéfl.
On lutte toute la journée, enfin la nuit vient et le combat cesse;!
plusieurs Francs ont péri, mais le nombre des ennemis blesséffl^
ou morts est plus grand. Les Normands se retirent dans leuraj
embarcations.
Pour les assiégés, la nuit n'est pas le repos : sous la dipe<
tion d'Eudes et de Gozlin, ils réparent la tour ; surtout, ils traj
vaillent à l'achever et l'élèvent, durant la nuit, d'une moitié enj
t. Abdon, 1. I, V. Wol suiv.
2. Abbon,1.I,ï-78;— -^tin- ^edast. : « Docduni perfecle Armata.»
piirlaile ooncordaocc des lémoignages (i'Abbon et de ces auaalea taérit^
d'Ôire rappelée Ici ; [c'est leur combinaison qui forme le corps du p
du siège.
3. La base était eu pierro « muruni», Abjion, I, 1, v. UU.— Stbbkstrui
Noriitaitnerne , t. 1, p- 331 cl suiv.; l'âpltliële de «ligneii* appliquée Sfll
second clage (Abbon, 1. 1. v. 63) semble indiquer que le premier était d
pierre.
4. On ne peut faire sur ce Renier que des bypolhÈses non foil
E»LCK9TUtK, Gachiehte da framôtitchen Konigthvm», p. 32, n. 3,
37
sus' eo conslmisaol, eo manière de second étage, sur la par-
tie en pierre d^'jâ assez haute et forte . puisqu'elle avait sou-
teoii un assaut d'un jour, une sorte de Lourd. Cet ouvrage,
quelque pritnilif qu'il fiU, pouvait, (xjmmc les hourds plus per-
fectionnés des époques postérieures, a recevoir les défenseurs;
il surplombait le pied de la maçonnerie et donnait un llanque-
ment plus étendu, une saillie très favorable à la défense. La
nécessité pour les défenseurs de commander le pied des rem-
parts, d'enûler les fossés et de se mettre à l'abri des projectiles
lancés parles assiégeants dut faire adopter les liourds dès l'épo-
que gallo-romaine'. Les assaillants, au moyen des machines de
jet, cherchaient à les briser avec des pierres ou a. les incen-
dier avec des projectiles enilammés, ce à quoi ils parvenaient
facilement, si les murailles n'élaient pas d'une très grande élé-
vation ou si les hourds n'élaient pas garnis de peaux f^aîche8^
Les hourds n'étaient pas généralement posés à demeure, mais
seulement en temps de guerre; ils se posaient facilement et
promptement', nllesl probable que la charpente de cet ouvrage
était déjà prête dans la ville \ sinon, quelque simple qu'elle
fût, elle n'aurait pu être placée eu une nuit.
Le 27 novembre, au jour, les Normands reviennent à l'assaut
et le combat dure ardent toute la journée ; la tour est criblée
de traits et couverte de projectiles". Dans l'intérieur de la Cité
les trompettes résonnent, donnent des signaux d'alarme; la
tour semble ébranlée par l'effort qu'elle supporte, mais elle
tient bon. L'attaque devait porter principalement sur la porte,
à laquelle on ne pouvait accéder que par la chaussée coupant
le fossé''. Parmi les Francs, Eudes et Ebles se distinguent tou-
1. Du PuESSis, Nouvelles anudltt de Parit. p. 3IS2, coTreciioii de la
p, 243. — Abbon, 1. 1, V. 81 et auiv.
a. VlOLLET-LE-DuC, Dictionnaire raisonné de l'arckitectw-e française du
XI' au ivi» sifcte, t. VI, p, 123.
3. VloLLBT-LB-Duc. Dp. cH., t. I, p. 333.
A. ViOLLET-LB-Dac, op. cit., l. VI, p. 128; L.I. p. 362.
U. Du l'LBSSis, op. cil., p. 243-244, n. 83. — Ccst Ueii -i un 'hourdage
que s'appliquent les vers 82 et 83 du livre I d'Abbou, et surtout ces
mots : « drcumductis tabulatis. ^
i. 11 faut prendre «balistae» (Aubon. 1. 1.v.S7j, dans le sens de projec-
tiles, cl ce terme mcme dans soti sctis le plus gêuOral.
7. Cette conUguraiion ressort du récild'Abbon : la tour était, eu elTel.
entourée d'un fossé et cependant avant d'avoir tenté de le combler
(Abbon, I. l, v. 303-303) les Normands, comme le prouve tout le récit,
approchaient déjà le pied do la tour.
LB SIËGE I
; PARIS PAR LES NORMANDS.
m
jour3 : le premier soutient les courages par ses paroles et par
son ardeur; non seulement il dirige la défense, mais il y
concourt de ses propres mains ; par les trous de hourd, il verse
de l'huile bouillante, de la poix, de la cire fondue et brûlante.
Les aggressenrs qui en sont atteints meurent ou se précipitent
dans le fleuve pour éteindre le feu qui les dévore. Ebles manie
l'aro d'un bras vigoureux et d'une main singulièrement habile;
d'après Abbon, il aurait transpercé sept hommes d'un seul
trait; celte exagération manifeste prouve la légendaire habileté
de l'archer. Les Francs ne manquent pas de lancer à l'ennemi
des railleries' au milieu du tumulte; cependant la fatigue est
grande pour eux, car la tour ne pouvait pas contenir plus de
deux cents défenseurs tandis que les assiégeants étaient tou-
jours en plus grand nombre et pouvaient envoyer constam-
ment des troupes fraîches. Une fois, par exemple, ce sont leurs
cavaliers qui, revenant de butiner, arrivent au pied de la tour,
dispos et repus ; leur attaque n'est pas brillante, beaucoup sont
blessés et regagnent leurs vaisseaux avant d'avoir pu jeter une
seule pierre à l'ennemi. Aussi leurs femmes les accueillent-
elles avec des sarcasmes; elles leur font honte de leur fuite,
elles leur reprochent leur retour si prompt, elles désespèrent.-
de la victoire'.
Cependant la tour faiblit , il se fait une brèche , c'est proba^
blement la porte qui cède'. Eudes, Ebles et tant d'autres, revëlid
de leurs casques à aigrettes, se trouvent face à face avec loi
Normands qui n'osent entrer. A ce moment, il tombe du bat
de la tour, sur les rangs pressés des assaillants, une éuorm
poue* qui en écrase six. L'ennemi renonce alors à la f
ouverte, il a recours à la ruse, it veut enfumer ses adversairet
et brûler la porteetlehourdage. Il dispose, àcetefTet.des amasl
de bois contre la porte' et il y met le feu. La tour est bientôt
environnée d'une fuméeépaisseet, pendant une heure, elle dis-
paraît aux regards; enfin, le vent change et chasse la fumée
contre les Normands eux-mêmes. A ce moment, nouvel épisode^
1. A.BBON, I. I, V. 105-106 elHO.
2. Ibid., V. 121 et suiv-
3. Une tour avec une porte au bas ressemble assez à un four p
jusUQer la comparaison d'Abbon, aux vers 133-13^.
4. Tout ce qui pouvait être jeté sur les assaillanis était réqiiisilioni
dans la Cité.
5. tForibus ï (Abbon, 1. 1, v. 144) itoit se traduire par la porte el n
par, les portes, comme le ^l Taranne.
[883-886] CAMP DE SAINT-GEBMALN l'AUXEBROIS, 39
Deux guerriers, deux porfe-easeignes arrivent de la. ville et
montent sur la tour, ea brandissant iin iHendard jaune safran
orné de larges découpures'; leur adresse à lancer le javelot
sème le désordre parmi les Danois qui, aveuglés par la fumée,
se retirent assez pour que les Francs puissent, à grands flots
d'eau', éteindre les commpncements d'incendie. Enfiu, la nuit
vient et met fin au combat ; les assiégcanis retournent à leurs
vaisseaux, ils ont perdu trois cents des leurs; les Francs n'ont
perdu que peu d'hommes durant cette rude journée. La nuit
se passe à réparer la tour.
Après deux jours de combat, les Normands comprirent que
Paris était à l'abri d'un coup de main et ils s'apprêtèrent i
commencer un véritable siégea sans cependant établir un
blocus complet de la ville, dont l'accès semble rester libre au
sud, jusqu'aux premiers mois de l'année 886. Fidèles à leur
coutume de castramétatioti. ils construisirent autour de Saint-
Germain l'Auxerrois un camp retranché clos de palis et dé-
fendu par des ouvrages de terre et de pierres mêlées. Puis ils
commencèrent à fabriquer des machines de siège. Tandis que
les uns s'ingéniaient ainsi, les autres allaient fourrager et
parcouraient la campagne. Ils dévastèrent d'abord les envi-
rons immédiats de Paris et en rapportèrent un riche et facile
butin'; pour contenir tout le bétail pris, ils transformèrent le
sanctuaire de Saint- Germain l'Auxerrois en étables et en abat-
toirs'; bientôt cependant, les troupeaux durent être sortis de
1. Les vers 153-too du livre I d'Abboa out été interprélës très dllT6-
remmeat par Du Plessis, Taranno, Kalcksleln, Dummler, etc.. Nous
nous conformona à l'inLerpré talion île ce dernier {op. cit., i. III, p. 282.
n. 2) si ce n'est que nous mainlonons « aurîbus s et que noua le tra-
duisons par découpures d'après une note ms. trouvée dans un exem-
plaire de Du Plessls; l'auLeur de cette note trouve dans ce drapeau jaune
le prototype de l'auriDammc. Ne pourrait-on pas interpréter auriQamme,
par étendard à oreilles, soit étendard découpé? L'or ne tenait en elTet
qu'une petite place dans l'oriflamme qui était rouge et dont la hampe
seulement était dorée.
2. U u'esl pas question de ploie comme le croit M. de Kalcltsteln,
Gtschiclite des fransôiUclien Kôniglhvim, p. 33. Abbou emploie la même
figure de la lutte entre Neptune et Vuicain II. I, v, S47) dans un cas où
il est évidemment question d'eau versée.
3. Les Ann. t'edatl. indiquenl très nettement les deux phases de l'at-
taquo, d'abord la tentative de coup de main, p\iis le slôge en règle qui
y succède,
4. Abbon. 1. 1, V. 201-202.
5. Ibid,, V. fi33 et sulï.
; nohmanrs. [^S-88SJ
cette êplise devenue un foyer pestilentiel par l'a^lomération
des bètes malades ou mortes.
L'année 886 s'ouvrait sous de tristes auspices! a La France,
a abaadouui^e des maîtres et des serviteurs, s'afilige ; elle est e
« pleurs, oUe n'a pas de chef. Personuc ne se présente qui réf
« sîste; hélas! ils fuient tous'! o Ces paroles de reproche d'u
cooteœ|)orain semblent atteindre tout d'abord l'empereur
Charles III. Triste souverain, ïi la tête détraquée et au corps
peu robuste! Sa carrière ne fut qu'une lousfue série d'avorté-
ments. Porté par les circonstancns, il dut à l'extinction det
diverses branches L-arolingienncs de pouvoir recueillir i
seul le formidable héritage de Gharlemagae. Simple roi d'Alé-1
manie en 876, le voilà en 879 roi d'Italie, et, en 880, il est cou-
ronné empereur à Rome, le même jour que sou bisaïeul. Il est
la victime d'« une de ces malices de spectre » que le passé a
parfois pour les vivants'. La couronne impériale reçue des
mains du pape exerce sur son trop faible cerveau uno étrange
fascination. Il ne verra plus dans ses États que l'Italie; il n'en-
tendra pas les appels de ses sujets pour se rendre toujours etj
sans tarder à ceux du souverain pontife. En 879, il part poari^
l'Italie , il y retourne en 880, puis en 881 ; cette fuis , il y reslft^
un an et n'en revient qu'en 882 pour être salué comme roi par
toute la Germanie que la mort de son frère lais.se entre ses
mains. Mais, dans quel étal? Les Normands ont brûlé Aix-la-
Chapelle, Cologne, Trêves. Il faut que Charles III fasse acte de,
souverain; il rénoit une immense armée, cnfrrme les NoPj
mands dans leurs propres retranchements à Elsloo, sur 1
Meuse; il va les écrasera Non! effrayé par un orage, il traite
avec eux et achète leur retraite (juillet 882). La déception fut
amère pour ses sujets. Cependant si son prestige personnel
reçut en cette occasion une alteiotc mortelle, le prestige de
l'empereur persistait encore.
Charles III, après avoir fait, en 883 et en 884, deux nouvelles
expéditions en Italie, en est rappelé par les Francs Occidea
taux qui, n'ayant d'autre carolingien à qui conGer lacouroai^'
qu'un enfant de six ans, le veulent pour régner sur eux.
arrive jusque dans les environs de Toul (juin 885) , se fait r
connaître par quelques grands de son nouveau royaume, pit
1. ÂBBON, 1. 1, V. isi^m, 200.
2. E. LaviSSB. Vit oénéraU de l'hisloirt polUitjuc
in-\2, p, 3a-'i0,
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après leur avoir donné ainsi qu'aux Lorrains l'ordre de mar-
cher contre les Normands de Lonvain, il passe le Rliin, C'est
tont ce qu'il fait pour le rnyaunie franc de l'Ouest qui avait
si particulièrement à souffrir des incursions normandes. A
Fraùcforl, où il séjourne (septembre), loin de s'occuper du
bien de l'Empire, il cherche à assurer sa succession à un
b&lard à lui, Bernard', qui n'avait encore jamais manié une
épée, taudis qu'il tient, à dessein, reli'gué en Carinlhie,
Arnulf, le bâtard de son frère Garloœan, dont la bravoure
éprouvée lui portait ombraiçe. Puis il se rend - à Worma
(1"' octobre)' où il trouve des l'rvèques et des comtes du
royaume de l'Ouest, avec lesquels il tient conseil*. Gris de dé-
tresse d'une part, vagues promesses df. l'autre, lel dut être
l'entretien. On comprend ce que dirent les évèques et les
comtes en lisant une Icllre' adressée à la môme époque, à
l'empereur, par Foulques, archevêque de Reims, daus laquelle il
lui assure qu'avec l'aide de Dieu ce royaume a été protégé tant
qu'il était sous la domination de son oncle, son homonyme, et
de ses lils". Maintenant ceux-ci ont fini leur carrière tcrrealre
et,' dit-il, depuis que les trrnuds du royaume se sont coniiés à
sa protection impériale, de toutes parts de nombreux mal-
heurs les accablent. Il lui rappelle que Paris, la tète et la clé
des royaumes de Neustrie et de Bourgogne, est assiégé par les
barbares et qu'il sera bientôt pris s'il u'est secouru [il ne dit
pas par l'empereur, mais] par la clémence divine. Si Paria
est pris, tout le royaume sera perdu, et ils devront le sup-
porter. Mais, ni ce langai^'o sévère, ni les supplications ne
purent émouvoir Charles qui , sans avoir pris de mesures dé-
fensives, parlait de nouveau pour l'Italie, au début de l'année
886. S'il n'avait obtenu du souverain poutife, pour les évo-
ques dont le diocèse était dévasté par les Normands, l'autorisa-
tion d'occuper un autre siège épiscopal vacant", on eût pu
croire qu'il ignorait les souffrances que ces barbares intllgeaient
à ses sujets.
1. DiiMMLBK, op. cil., i. III, p. sîi;i-2i6.
2. BoHMSIt-MGHLBACHliB, n° t<)71.
a. Ann. Fulrf., P. IV., ann. 88!J : » ibique num episcopis cl comiltbus
« Galliarum habita oollocutioae. »
i. FlodOard, Hùi.. I. IV, c. s, p. ail3.
5, G'esl-à-dire Charlee io Chauve et ses 'Icqï Ills Louis le Bègue el
r.arloiuau.
<!■ DuUULBB, op. cil., t. m, p. 248.
42 LE SIÈGE DE PARIS PAR LES NORMANDS. [8ï
Cependant Paris tenait toujours. Les Normands installés
dans leur camp de Saint-Germain l'Auserrois fabriquaient des
engins pour prendre la tour. Ils construisirent d'abord une im-
mense macbine qui excita la terreurdes assiégés' et qui n'était
autre qu'un triple bélier. On sait que le bélier ou le mouloa,
déjà en usage chez les Grecs, les Romains et les Bysaotias,
«consistait en une longue poutre armée d'une tète de fer à
SOD extrémité antérieure, suspendue eu équilibre horizon-
talement; en imprimant un mouvement de va-et-vient à cette
pièce de bois, on frappait les parements des murs que l'on
parvenait à faire crouler. Les hommes étaient abrités sous un
toit recouvert de peaux fraîches, de fumier ou de gazou» tant ,
pour amortir le choc des projectiles que pour éviter l'efTet deaJ
matières enflammées lancées par les assiégés. L'engin tout!
entier était pos-' sur des rouleaux ou sur des roues aBo deï
l'approcher des murs, Le bélier s'attaquait aux portes et lea^l
avait bientôt brisées*. » Les Normands avaient réuni par desT
poulresdeohêue trois béliers sous un toit commun; lamachinei
pouvait se mouvoir sur seize roues, elle devait contenir soixantd^i
guerriers*. Déjà deux des béliers étaient terminés et le troisième I
allait l'être, lorsqu'un trait lancé de la tour frappa d'un seul 1
coup et tua les deux constructeurs. Après leur mort, cette I
énorme machine semble avoir été abandonnée*; les Normands.]
y renoncèrent et employèrent leur activité à d'autres prépa-
ratifs. Ils fabriquèrent des chats, « galeries de bois recouvertes,
de cuirs frais, se mouvant sur des rouleaux"» et qui permet-^
talent aux travailleurs d'avancer à couvert jusqu'aux fosséa.!
qu'ils comblaient, puis jusqu'au pied de la muraille qu'ilsC
cherchaient à saper. Ils construisirent aussi des mantelets*.
1. AflBON. 1. I, V. W5 etsuiv.
2. ViOLLBT-LE-Duc. op. cit., l. V, p. 260, art. Eo^ÎD.
3. L'interpréiaiioa de Taranne (p. 102) nous semble la meilleure. Rt* fl
cher, Hi*t., 1. II, c. 10, ae parie pas d'une machine semblable, comme la ■
dit M. Dûmmler (op. cil., t. lli p. 2(W, a. 1), mais simplement d'un]
«chai".
4. Peul-être les deux constructeurs n'étaienl-ils pas normands? peut-f
être étaient-ce deux chrétiens transfuges, deus Grecs? Viollbt-lk-Duc^V
iM<(..p. 220.
5. VIOLLBT-LK-DUC, ibid., p. 263.
6- Abljon contond lus chats eticsmantelets; les vers2^cl$uiv. :ttea-l
« l.oria lesta silvis coesisque juveucis » ne peuvent s'appliquer qu'à deïT
ctiatâ, fermés de tous cdtés, où de nombreux Normands passent ta Dult^
et dans tesquels ils percent des ouvertures pour tirer.
ATTAQUES DE L\ TOUR ET UU PONT.
43
« claies posées en demi-cercles et montées sur trois roues, ou
encore panneaux assE'mblés à angle droit , également sur trois
roues'.» Peut-être ces mantelets (;laient-ils aussi recouverts
de peaux de bètes ; ils pouvaient abriter trois on quatre guer-
riers. Les Normands l'abriqnèrent encore des catapultes. Ils
aiguisaient, forgeaient des flèches, réparaient leurs boucliers
et raccomniodatenl leurs vieilles armes. Ils travaillèrent sans
relâche, même la nuit, durant deux mois.
EnQn, le 31 janvier', ils s'élancent à un assaut général; ilg
sont divisés en trois troupes et tandis que Tune, la plus nom-
breuse, s'avance, armée d'arcs el de traits, contre la tour et
couvre la plaine de ses épécs, les deux autres attaqueni le
pont sur leurs vaisseaux peints, la Seine disparaît soits leurs
boncliers. Une grande agitatiou règne dans la Cité ; les balles
de plomb lancées par les frondes normandes y pleuvent ; les
trompettes retentissent, les cloches sonnent l'alarme. Les cata-
pultes ennemies criblent de projectiles la tour et les tourelles'
du pont. Les vaisseaux normands, construits pour le transport
et non pour le combat, se prêlent mal assurément à l'attaque
du pont qui résiste, mais avec peine, car il a plus à souffrir que
la tour. Autour de celle-ci grouille une armée de fantassins
abrités par une vaste tortue de boucliers peints, au-dessus de
laquelle aucune tête n'émerge. On combat de tous côtés. Ceux
des assaillants qui ne peuvent arriver jusqu'aux ouvrages en-
nerni* manœuvrent à distance. D'abord, les Francs semblent
faiblir, mais ce n'est que passager, ils reprenneut courage et
bientôt, ce sont les Normands qui faiblissent et commencent à
emmener sur leurs vaisseaux leurs morts et leurs blessés ; le
soir venu, lis retirent les chats et les mantelets, â l'abri des-
quels ils passent la nuit, les uns dormant, les autres occupés
à percer dans les chats des meurtrières, par lesquelles ils lan-
cent des traits aux guerriers qui gardent la tour'. Parmi les
\. VIOLLBT-LB-DUC, i6W.. p. 268.
2. La date est donnée par Âbbon, 1. I. v. 433 et stiiv. Les ^nn. Vedatt.,
ann. 8SQ, ne parlent pas des trois jours d'assaut du 3t janvier au 2 février,
mais elles y font allusion dans deux phrases dont le début est épique :
«Nemo lameo mortaliam enumerare poteat "
3. Abbon, 1. I, v. 236. Nous prérérons la leçon » spéculas pontîa.» Un
pourrait admettre qu'Abbon a mis poTUa pour pontem, comme au vers
35H c'ct» pour arx; spéculas dans ce cas pourrait s'entendre dca tojjrs de
la vUle ; mais tpeculai poniis est préférable au point de vue du sens et
au point de vue grammatical.
i. ABBON, 1. I. V. 300.
44
LE SIÈGE DE PARIS PAR LES NOBMASDS.
Francs, les plus vaillaots avaient ét^ Gozlin, guéri de sa blea^
sure, son neveu Eblcs, Eudes [emarquL- pour sa grande adresse
à lancer le javeiol, puis le comte Robert sou frère, et les comte
Renier, Érilang et Utton'.
Le i"' février, nouvel assaut, et, taudis que la tortue dei
boucliers s'agite au pied de la tour, d'autres assiégeants s'ep!
forcent de combler les fossés dans le but de faire avançai
contre elle les chats, les mantelels-el les béliers; pour cela, il^
y jettent de la terre, des branchages, de la paille, de l'herbe, ■
des arbrisseaux, des ceps de vigne, des taureaux, des bœufs,
des veaux et enfin les cadavres des prisonniers massacrés sous
les yeux des Parisiens. C'est à ces travaux, qui annoncent en- ,
core une attaque pour le lendemain, qu'ils passent la jouméeïj
durant la nuit, ils laissent autour de la tour une garde nom<^
breuse. Puis le 2 février au matin, ils font avancer I rois bélierail
probablement cens qui avaient été préparés pour être réuniu
sous un toit commun: ils eu placent un qui doit battre la tour di
cûté de l'est, un du côté du nord, un du côté de l'ouest. Lesj
Francs se munissent alors de lourdes poutres dont l'extrémité
antérieure est armée d'une dent de fer pour percer et brisa
plus facilement les machines ennemies', car eux aussi, duraatl
les deux mois qui viennent de s'écouler, n'ont pas perdu 1
temps. Ils ont préparé des machines de jet, peut-être, commod
leditAbbon, des mangonneaux, assurémcul d'une constructiOBj
primitive, ou bien des Irébuchets on bien encore une pierrièreVj
Quoi qu'il en soit, les Parisiens écrasent les mantelets, les gale-
ries, les boucliers et ceux qu'ils abritoul. Ils tuent et se dé^l
fendent si bien que l'enuemi ne peut ni combler les fossés ni!
faire approcher ses béliers.
Les Normands essayent alors d'un autre stratagème : Ut]
chargent de bois et de feuillage trois grandes barques, pui
les balant à la cordelle et les laissant descendre le courant,
les amènent tout embrasées coutre le pont, pensant détruire
la partie en bois du tablier et s'emparer sans peine de la t
1. ADiiON. i. 1, V. 243-215. — Voir sur cel Utton la supposiUOD d
Lebeur, Lbbbof-Cochebis, op. cit., t. II, p. 194-195.
2. « Les assiégeants cbercbalenl fi briser le bélier au moyen depoutf
qu'on laissait tomber sur sa tëtc au moment où il frappait la muraill*^
VlOI,LBT-LB-Duc, op. cit., t. V, p. 260.
3. La description d'Abbon (I. I, v. 363) est trop brève pour çoatt
rien conclure. Voy., sur ces enjiins, Violi.bt-lb-Ddc, op. cit., t. V, p. 4
cl 8uiv.
RAVAGES DES NORMANDS
désormais isolée. Déjà, ils croient le succès assuré et poussent
des cris de victoire ; les Parisiens craignent de voir leurs plus
braves défeuseurs séparés de la Cité et massacrés; taudis que,
dans celte poignante angoisse, ils invoquent saiut Germain, les
brûlots s'arrêtent contre les piles en pierre qui dépassaient le
tablier et qui formaient probablement comme un éperon. Ils
descendent alors, en toute liftle, VL-rs ces foyers qu'ils couvrent
d'eau et ils s'emparent des barques comme d'un trophée; le
pont est sauvé. La nuit survient et les Normands , après toute
une journée perdue en vains elTorts, se bornenl à monter la
garde au pied de la tour.
Le 3 février', de grand matin, ils levèrent le siège sans cesser
pour cela le blocus; ils remportèrent dans leur camp leurs
engins, abandonnant deux béliers aux Francs qui s'emparè-
rent avec joie de ce nouveau trophée.
Siegfried' alors retira ses troupes, momentanément du
moins. Une partie des Normands, sous sa conduite semble-l-il,
montés sur leurs chevaux « plus rapides que l'oiseau », se di-
rigèrent vers les contrées orientales de la France qu'ils n'a-
vaient pas encore dévastées^, notamment du côté de Reims,
tandis que les autres demeuraient autour de Paris; Foulques,
l'archevêque de Reims, mandait â l'empereur* que de Paris i
Reims aucun lieu n'était à l'abri des païens, qu'aucune habi-
tation n'était en sécurité. Aussi avait-il fortifié la ville; il
reçut, à l'abri de ses murs, les prêtres et les moines qui fuyaient
avec les saintes reliques".
1. ÂBSON, I. 1, v. 423.
2. Ibid., V. ■130.
3. Ibid., V. 439-WO : « Repelona partes orienlis, [| l''rancia qiias iiondum
a populatas Irlslis alebal. ■ Francia s'applique à la contrée au nord de
la Seine, voy. cl-deasus, p. 2.
4. Foulques écrit il celte époque uue lettre à l'empereur et une antre
au pape Etienne ; «signiQcatque, se ad ipsum papam videndum prope-
- « rasse.nlsi pagauorum vallareturubsidione, liosquedeno Lantum millia-
« rio a sua civitale abesse, clvitatem quoque P.irlsiorum ab ipsis lunc
« obslderl,o Flouoabd, llisi.. 1, IV, c, 1, p. 563; c. 5, p. !Hi3; — Gous-
set, Aetet de la promrtce ecdisiaitiijue de Ilàriis, t. I, p. !J20. 11 faut claler
ces deux lettres, non de décembre ou de janvier Ë8G, comme le Fait
H. DUujmtei'. op. cil., l. III, p. 2t>3, n. 1 , mais de février 8Sti.
5. Les moines de Saint-Denis se réfugièrent k Reims aveu le corps du
martyr, Flodoabd, op. cit., 1. IV, c. 8, p. 573; — Dumvlbr, op. ai., t. III,
p. 264. — Mabillos, Ann. Benidicl., l. III, p. 2ÎS6. — ^'in. S. Dionj/*ii Be-
tiienses dans les Mon. Germ.. SS., l. XUl, p. 82. — Voy. sur les reliques de
saint Ruiln et de sain t Vulèi'e martyrs, Flodo ahu, op. cit., I. IV, c- Si, p. S98.
4â
LE SIËGE DE PA[ll£ PAR LES NOHUANDS.
Lg5 Nurmuuds reâlé:i autour iJe Paris ue licmcurèreut pas I
iaactîfs; les uus envahirent la demeure d'un cerlaiu comte Ro- |
bert, il fut surpris seul et massacré après avoir veudu chère-
meoL sa vie; son neveu Aleauine accourut et ne put que le 1
venger. Eudes, du haut des remparts, où le peuple l'entourait,
CD vit' d'autres péni^trer dans l'abbaye déserte de Saint-Ger-
main des Prés; les Francs, qui oe pouvaient pas attaquer le '
gros de l'armée normande, se jetaient sur les bandes isolées
qui passaient la Seine poui' piller cette abbaye autrefois si
riche. La vaillante garnison de la tour du Petit Pont faisait
merveille ; elle accomplit de si nombreux exploits que les Nor-
mands, voyaul en elle des vengeurs que le saint s'èlait suscités
dans sa colère, n'osaient plus s'aventurer sur la rive gauche*.
Tout à coup, le 6 révrier\ dans la nuit, la Seine, qui avaiti
déjà subi une forte crue et inondé ses rives, emporte le PetitJ
Pont; la tour du sud et une poignée de braves se trouveotl
isolés, coupés de la Cité. A cette nouvelle, Gozlin leur envoifc
un renfort d'hommes actifs et vaillants ' pour rétablir le poati
au matin. Mais avant qu'ils aient rien pu faire, les Normands, T
toujours bien renseignés, partent de leur camp de Saint-Ger-;
main l'Auxerrois, chargent leurs radeaux d'armes, de boucliers, *
et traversent la Seine en grand nombre ; ils investissent la tour
de telle sorle qu'aucun secours ne puisse lui venir de la ville
et ils en commencent l'attaque. Le prélude est uue grôle de
traits et de pierres. Du haut des murailles de la Cité, tiozlio,
entouré de la foule des habilants, assiste k ce combat. Tousils sa J
désolent de ne pouvoir porter secours à leurs frères; ils recom- 1
mandent à Dieu ces douze braves; car ils ne sont que douze';
1. Abbon.I. t. V. 4S9.
2. Abbon, 1, I, V. 579-584, m-'iW, H4l-S'i3.
3. Ann. l'nJfwl., ann. 8S6.
4. Jbid.
3. Abbon, I. 1, v. 52S el auiv. dil leurs noms ; ou peul les lU'e gr&véa J
AUï une plaque de marbre qu'on a placée en 16894 l'entrée de la rue âul
Petit PonL, près du quai. L'inscription est ainsi conçue : « A la tête da^l
Petit Pool s'ëlCTall la tour de bois que défendirent contre les Normanda,f
pendant le siège de 836. les douze héros parisiens :
Eruenfroio
IIsavË
Hbrland
OVACBE
IlRRVl
Hardbr
AnM&UD
G UT
s BU IL
ÂIUlBD
JOBBRT
GOSSOUIN
de r Europe et
Il fiirlkulier de
ClUITK nu PETIT PONT.
47
leur nombre est de beancoiip dépassé par celui des enne-
mis qu'ils tuèrent. Les Normands, lassés par leur résistancn
acharnée, ont recoui"» à uû slraiagéine : ils poussent contre
la |torte un cliar, plein de foiu et de matières sèches, auquel
ils mettent le feu. La tour, qui est en bois, disparaît an milieu
des tourbillons de fiiméo. Los défenseurs francs délienl leurs
faucons, dans la crainte qu'ils ne périssent, et les laissent
prendre leur volée; puis ils cherchent à éteindre ce bûcher,
mais ils n'ont rieu pour puiser dans le lleuvc, car ils ne s'altcn-
daient pas â une pareille attaque; ils n'out qu'un misérable vase
qui échappe bientôt de leurs mains. Les flammes atleignenl le
sommet de la tour; <• elle succombe au l'eu et non aux armes' »
dit le poète, par manière de consolation; ses défenseurs sont
forcés de l'abandonner et ils se retirent sur ce qui reste du
pont écroulé. Là, une nouvelle lutte s'engage : les traits, les
pierres recommencent à voler, et cela dure ainsi jusqu'au dé-
clin du jour. Enflu, les Normands, las de combattre, ont recours
■i la ruse : « Rendez-vous, crient-ils aux douze héros, sur
Il notre foi vous n'avez rien à craindre ; -i les Francs, vaincus
par le feu , accablés par la fatigue et les blessures, se rendent,
pensant se racheter par une riche rançon. Mais les Normands,
exaspérés par leur longue résistance, les massacrent de diffé-
rentes manières, jettent leurs corps dans le llenve, puis, c'est
le dernier acte du drame, ils abattent ce qui restait de la
tour '.
Après ce tragique épisode, le siège continua comme aupa-
ravant'; cependant beaucoup d'assiégeants s'éloignaient de
Paris momentanément au moins, et entrcpreuaienl, pour
tromper les longueurs du siège et pour butiner, des expéditions
de pillage comme celle qui avait été faite du côté de Kcims.
Les environs immédiats de Paris étant saccagés, les Normands
allèrent plus loin; ils passèrent la Seine et s'acheminèrent du
côté de la Loire, en ravageant le pays qui se trouve entre ces
deux neuves. Peu après le IG février (88(jj', ils attaquèrent
1. AUBON, 1. J, T. 550.
'1. Pour l'ôpisode ûv la prise de la tour du Petit f'onl l'analogie du ré-
Cll li'AblJonet flos An». Vedast. esl complète.
3. Ann. Vtdaii., aoii. 880 : ' non CBSsanl oppugnace civitaiem. t
'i. C'est à ce moment que, d'aprôa Abhoa (I, I, v. SU8-ii60), nous plaçons
les attaquas des Norinands contru Clhartres, l.u Mans [ibid. v. (m et
suiv.) ul contre Ëvi'oux (Dudon, 1. li , c- m, p. 107), La date eat fournie
par In Tmnilatin S. WandyegUiii {Mtin. Uerm., SS., t. XV, |). WJ); elle
^8 LE SIÈGE DE P.vmfi P\R LES NORMANDS. (8Sfil
Chartres; cette vitk avail relevé ses remparts galln-mmnins'
derrière lesquels vinrent se réfugier les moines de Sainl-Chcron
transportant avec eux les reliques de saint Wandrille et de
saint Ansbert; deus gnerriers du comte t'ildou* mminn^s Oo-
defroi et Eudi^s, diH'endireut viciorieuaement la ville; les Nor-
mands y perdirent beaucoup des leurs. Devant Le Mans, qui
avait été fortifié eu 869' par les aoins de Charles le Chauve,
ils subirent un nouvel échec; en revanche, ils prirent et
pillèrent Évreux' et les environs.
lia avaient, paraît-il, quille Paris en très grand nombre, car
Ebles crut que les assiégeants étaient tous partis', et, dans celte
espérance, qui semble naïve, il sortit presque seul de la tour.
à pied, portant un javelot qu'il lança dans un ouvrage avanci' ;
puis, se voyant soutenu par quelques compagnons qui l'avaient
suivi, il courut jusqu'au camp ennemi, en frappa les clôtures
et tenta d'en brûler les palissades. Les Normands qui, peul-
Stre en guise de ruse, avaient simulé un départ général, résis-
tèrent facilement à cette escapade et repoussèrent cette poignée
de téméraires ; ils étaient encore en assez grand nombre pour
continuer le siège.
Navré du désastre du Petit Pont, l'évêque Gozliu envoya
un message au comte Erkenger de Boulogne qui jouissait,
paraît-il, d'un grand crédit', le priant de se rendre en toute
hâte au delà du Rhin pour supplier, non l'empereur qui était en
est erronée dans les Hùior. de Fr.. i, IX, p iOe. Les reslos de sninl,
WandrUle, emportés par les moines de ce m on n stère qui fuyaient di--
vanl lus Norraau'lB, avnicnl éld déposûâ au monastère do Sainl-CUerijn
près CliarlrpB, le 21 novembre 8S5; le 10 février 8813 ■■ mclu Gonliliiim
> suadente «, Us furent tranaporléâ dans In ville.
1. Mabii.ls, Ut invationt normimdtrs, p. 18G.
2. U. de Kakkstein {Abi Hugo, p. X26) fait deui siipposilions contradic-
toires relatives k col Uddoo; d'après l'une, il sérail Eudes lu futur m),
d'après l'auinj Hugues l'AbW; l'une et l'antre sont sans fonileiueut.
3. Ann. Berlin., ann. 86'J.
A, DtJOON, 1. II. c. 1G, p. 1B7-IM. — DOmmlbb. Zur CiHtik Durf.w. dans les
Fortchtingen inr deuUchen GitcMchle, t. VI, p. 36i).
5. Abbon, t. 1, V, 602, Il est probable que l'armèo assk'geanie avail
beaucoup diminut' pendant co long siège.
6. Anti. ftilatl.. aiin. 88(1 : «génère et polenlia non parnm ugrcguis. ■•
M. de Kalc.kstelji {GucMehte des fruniônUchen Kôniijlhu m. p. 3^) sup|KiS(3
cet Erkenger était comte de Boulogne ; voy. fila S. lier-
tiilfi dans les UiHor. de Fr., t. IX. p. 133. Les deux seules fois que nous
Voyons plus Kird ce comte c'est on COjnpagnIe de grands du nord de lu
France et des environs de Boulogne, .4iiti. yadatt.. ann. «ij et 896,
[8Sfil ^H
I
[866-883]
LE COMTE IIENiil.
4y
Italie', mais lo comte Henri, de lui venir en aide à lui et au
peuple chrétien son troupeau". Quel es! donc cet Uemi au(|uel
lili-keiiger transmit l'iii'pcl di^scapéré île l'évèque?
Fils d'uQ comte des euvirous de Fulda très ricbe et très
considéré sous Louis le Pieux' nommé Poppou, comte lui-
même, il remplit, eu 8G6, à la cour de Louis III de Germanie
(second (ils de Louis le Germanique), d'importantes fonctions
militaires*; lejeuue roi le chargea, la même année, de la mission
dèlîcale d'aller inviter Hastislav. le duc de Moravie, à envahir la
Bavière pour faciliter sa révolte contre son père". Hi^iri com-
manda les troupes que Louis III de Germanie envoya st? joindre
aux troupes de Louis et de Carloman contre Hugues de (..orraiue
et ensuite contre Boson; il s'empara de MAcon, mais il ne
semble pas avoir pris grande part au siège de Vienne. Sous
Charles III, son rôle dans le royaume de l'Est devint encore plus
important; il reçut do ce souverain, depuis l'année 88;f au
moins, une sorte de coniuiaudemeut eu chef contre les Nor-
mands'. Il fut, dès lors, l'adversaire constant de ces enva-
hisseurs : en juillet 882, à Ëlsloo, il commandait aveu Arnuif
l'avaut-garde qni devait surprendre les Normands^; la même
année, il était encore envoyé contre les Normands qui dévas-
taient la Prise et il s'acquittait heureusement de celte mission'.
A la fin de 883, il attaqua les Normands qui re[iioulaieul le
Rhin et défit une de leurs bandes près de Prum", tandis que lu
, BùHMisn-MOi
1. Cltarles ni resta à Pavic au moias jusqii'e
BAcnsB, n° ie72 d.
2. Ann. Vtdast., ann. 886. — Duraut le siège, tant rjuo Goilin csi
vivaut, c'esl lui, ei non Eudes, qui joue le pri^mier râle ausït bien Uaiis
le rëcil des Ann. Yedasl. que dans celui d'Abbon ; Henri vient au secours
de Gazlin (Abbon, 1. II, v. 4).
3. DûMUtBH, Csic/itc/tlE da oHfrankischm Hnoht, l. 111, p, l<>S-16'J.
4. ( Princeps milltiae. > Da.ldamDS. Dat Ueevweitn untcr dm tpàteren
KarolinDem, Breslau. 1879, lu-8, p. 59.
5. Di)MULBR, op. cil., t. H, p. 1S3.
6. Voy.. sur ce commandement, Waitz, BtUrtege mr frànkwthfn Ge-
Mhiehle, dans les Fûrscliunge» sur deulschcn GeichithU. t. 111, p. 15U, el
DeuUche Verfaasungigescliichte, t. V (187^), p. 48. — L'upilaphe île Henri
COnDrme ce commandement suprême, DOmulbr, op. cil., t. III. p. 206
n. 6- Cela explique pourquoi c'esl à lui quy Qoïlin s'adresse.
7. DfiMMLBH, op. cit., l. m, p. 200-201.
8. Ibid.. p. 206. — Ann- Fuld., V. IV, ann. 6S't : « Ibi prusiit-ro, prout
■ polull, diapositls rébus,.. »; la resCriclion est signtlloalivf, elle indique
le découragement, le senllnient do l'irapossiliilitû d'un remède radical.
d. DCuuLBB, op. cil., t. III, p. 223.
^iïRS. £u<I«. *'
50
I.E SIÈGE tlK PARIS l'AR LES NOnM^NUS.
lii'os lie lûurs troupes s'établit à Diiisbourg. Au coramenoe-J
ment de S84. les Normands de Dnisbourg voulurent envahir la. 1
Saxe; mais Henri rtail loiijo-irs là qui engagea avec eux un
Icriible combat dont il sorïil vainqueur', puis il veilla sur le
camp ennemi, et, dans une série de petits combats, détruisit
chaque troupe qui eu sortait; à l'arrivéo d'une armée réunie
sur l'ordre de l'empereur, les Normands prirent la fuite, Henri
les poursuivit snr la rive gauche du Rhin et en tna une ceu-
Inine sans l'-prouver de perles sensibles. Au début do 885.
Henri défit une troupe de Normands dans les environs de
Liège, en massacra un grand nombre et cerna le reale sans
pouvoir s'en rendre maître'. La même année, Godfriod, le chef
normand auquel l'empereur avait cédé la t>ise pour s'y établir,
.•i'apprétait à se révolter de connivence avec Hugues de Lor-
raine, il appela les Normands sur le Rhin. L'empereur no
savait que faire contre Godl'ried qui était dans une contrùo
inabordable ; Henri était là pour résoudre le problème : U alla
en Frise, pour négocier, disait-il, avec Godfried, et le fit assas-
siner', prévenant ainsi un établissement déftuîlif des Normands
à rembonchuro du Rhin. Restait le complice de Godfriod,
Hugues de Lorraine ; sur le conseil de Henri, l'empereur l'at-
tira traîtreuiâcment à Gondreville et lui fit crever les yeux*.
Avant tout fidèle à son souverain, d'abord à. Louis 111.
même contre son père Louis le Germanique, puis à Charles III,
tous les moyens lui sont bons pour le servir; dans un temps
de si grandes calamités, les scrupules ne sont pas à leur place.
Ikiunnc énergique, homme d'action qui ne craint pas de payer
de aa personne, il occupe le poste le plus dangereux et par
conséquent le plus honorable du royaume, il est le grand chef
contre les Normands, leur ennemi juré et infatigable, le mau-
vais génie qu'ils trouvent partout. Il dépasse de plusieurs
coudées le souverain qu'il protège, aussi les annales et les
chroniques ne lui ménagent- elles pas lesépithëtcsde puissant,
de courageux, d'habile'; il est une des gmndes ligures de sou
temps,
C'esl à lui, comme au chef de toute opération contre les
1. DCUMLBn, ap. cil
2. Ibid., p. 233.
3. Ibid.. jl. 238 et SI
4. Ibid.. p. 3*0-2*1. ■
5. AnsoN, 1. II. V. 3,
t. m. 11. 222-22S.
) LE COMTE HENftl A PARIS. 51
Normands, que GozUq fit appel; c'était, il est vrai, un Franc
de l'Est, mais lo royaume de l'Ouest rentrait aussi dans sa
sphère d'action', surtout depuis la maladie, bientôt suivie de
mort, de Hugues l'Abb'', auquel il succède. Henri était en
Saxe': il en partit avec une armée à la fiD de février'; mais
les pluies, les inondations, le froid le retardèrent et lui firent
perdre grand nombre de chevaux; enfiu il arriva devant
Paris, probablement en mars'. Quoique supérieurs en nombre,
les Normands" ne voulurent pas livrer bataille; bien pourvus
de tout, ils restèrent derrière leurs retranchements; ceux
qui en aoitaient étaient harcelés par le comte. Une nuit,
Henri surprend le camp des Normands, en massacre un grand
nombre et y fait un abondant butin , surtout eu chevaux et en
bœufs'; mais il n'était probablement pas eu force pour s'y
maintenir; le premier moment de surprise passé, et après
avoir forcé les lignes normandes, il arrive avec ses soldais, har-
celés par les traits ennemis et écrasés par le nombre, jusqu'à
la tour à l'abri de laquelle il peut tenir tête à l'adversaire qui
se retire. Henri a pu ravitailler Paria', mais rien n'autorise à
croire que le manque de vivres s'y fît fortement sentir; il a
1. Ann. Futd., P. V., aun. 886 : «qui in iil tcmpus NlusLriam teault-i
— KaLCKSTEin. Abt llngo, p. 127. — Waitz. Bettrxge ïiir frdnkiiclien Ge-
êehiehle dans les Fonchvngen lur deuUc/ien Geechiclilc, L. 111 , p. ISS.
2. Abbon, 1. Il, V. 3 : « Saxoula ».
3. Les Ann. Fuld. soot exactes, si l'on admel qu'elles doniienl la date
du dâpart, de Saxe, rie l'armée; ce devait 6tre en eflet à la lin de février,
puisque Cozliu n'écrit à Erkenger qu'après te 6 (ùvritr; pour Iei Qji de
l'expédition, ces annales indiquent la date du retour de l'armée en
Saxe,* teiapus rogationls». soit la première semuiue de mal, ce qui est
bien exact, puisque lors de la mort rie Gozlin, le 1(1 avril, lleiiri avait
déjà quitté Paris, selon les témoiijnages d'Abbon et des Ann. yedasl.
4. Ann. Fuld., P. IV, ann. 8&G : adlebus (luadragesimae » i — Hboinon,
CAron., anjj. 88S : vernali lempore»- Durant les jours de Quadragésime ,
Boit entre le 13 février et le 27 mars.
5. Réginon estime leur nojubi-e ii 3n,0(Xi.
6. Ann, Fidd, , P. IV, ann. 8BG : « equis et bubus plurimis sublatis ».
Ces annales ne semblent pas admettre que Henri ait pénélro daos le
camp normand. L'abondance de Itétail qui encombrait ce camp est meii-
■ lionnée à plusieurs reprises. Abbon appelle les Normands des bouchers
(1. II, V. S, vof. aussi 1. I, V. 626 et sulr.).
7. Le ravitaillement de Paris, mentionné d'une manière tout h fait ac-
cessoire par Abbon (t. 11, v. S), passé sous silence par les autres chroni-
queurs, est sauB grande importance; plu» tard lorsque les Normands
occuperont la rive gauche, alors les vivres coiuruenceronl t manquer
lAnn. Vediul.).
reiuplaué lua chevaux qu'il avait perdue, imi», vers la liu de
mars ou le commencement d'avril, il rentre dans le royaume
de l'Est. Tels furent les seuls résultats de ce coup de main*,
résultats bien minimes si l'ou tient compte de la distauce
franchie et des difficultés de la route surmontées par ce cou-
lingcut de secours ainsi que de la valeur de celui qui le com-
mandait.
Après le départ du comte Henri, les Normands, probablement
a cause de la mortalité qui sévissait parmi les troupeaux accu-
mulés dans leur camp, abandonnèrent la rive droite de la
Seine, pour aller s'établir sur les terres de Saint-Germain des
Prés'; ils se retranchèrent autour de l'abbaje.
Rudes et Goziin n'espéraient pins de secours du dehors ; ils
entamèrent alors avec Siegfried des négociations durant le
cours desquelles Eudes, étant allé conférer avec ce chef loin de
la tour, faillit être pris dans un guet-apens et n'échappa que
gr&ce à son agilité et à sa bravoure'. Enfin, les négociations
aboutirent; Siegfried se fit acheter son départ pour soixante
1. Celle expùdilioii est traitée sovèreraeni par les Aim. t'edasl.
prûrecll»; — par les Ann. Fuld. : « inani laboron; — par Réginoa,
(Vii-on., ann. 897 : < minime praevaluit •>; — par Abbon lui-même qi '
trouve que Henri tun trop peu d'ennemis.
■2. C'est bien l'armâe normande entière qui change de campement
va s'établir sur la rive gauche. On ne peut pas, comme le font MM. SI
strup (op. cit.. t. 11, p. 22S) et Dîimmler (op. cit., l. 111, p. 266), InfArer
récit d'Abbon que les Normands de Siegfried s'établirent seuls sur la H'
gauche- En piret, dans ce récit [I, II, v. 32 et 33, iS et sulv.
auiv,), c'est à Tensembie des Normands que Siegfried s'adresse; il «0<
traîne l'armée eiiliêre sur la rive gaucho; de là. 11 veut l'emmei
de Paris, (^est bien cette armée entière qui lui résiste et qut
instigation, tente contre Paris un suprême elTort, auquel SiegMed et
siens (u Inde suisr, 1. Il, v. 61) assistent en t^pectaieurs impusibl
Abbon difTéreiicie nettement l'armée, de la bande de Siegfried, btxu
peu nombreuse parait-il, puisque son départ ne lui esl paye que âO
ïfoa d'argent, Du reste, la suite du récit prouve que la rive droite de
Seine ne tut plus occupée d'une manière constante; le blocus de P«i
n'a donc jamais été complet. Eudes, eu elTet, sort sans coup fârlr; loi
qu'il veut l'entrer, ies Normands traversent la Seine pour s'opposer
sa rentrée par Montmartre et le Grand Pont (Abbon, 1. Il, v. 201-202
Ann. V(dasi. : « Nortmanni ejus redituui prae^ctentes, occurrerunt ei
« auto poriam turris»); des troupeaus francs puissent sur le rivage de
Saint-Denis (ABBON, !■ U,v. 17S). L'armée normande est doue établie But
la rive gauche; les Normands traversent la Seine pour venir piller
lialailler sur la rive droite.
3. Abbos, I. II. V. 23 et soiv.
[886] DÉPART DE SlEGFniED, UOHT DE GÛZLIN. j3
livres d'argent'; une fois payé, il chercha (peut-être était-ce
une condition du traité) à entraîner ses compaLpiotes loin de
Paris; mais ils n'avaient riea reçu, ils refusèrent. Siegfried, pour
leur prouver la vanité de leurs efforts, les poussa k donner
unassaut; il ne croyait pas à la victoire, aussi resta-t-il, avec
ses compagBons, spectateur immobile. Les Normands s'élan-
cèrent à l'attaque; ils entrèrent dans les îles en amont de la
Cité, ils pénétrèrent au pied des murs de celle-ci; mais les
Francs firent une sortie victorieuse et les repoussèrent de la
grève dans la Seine, où beaucoup trouvèrent la mort. Les
Normands, malgré celte défaite dans laquelle deux de leurs rois
avaient péri, ne suivirent pas l'avis de Siegfried, Celui-ci, après
les avoir nargués, s'adressa à ses compagnons : « Voici venir
M le temps, leur dit-il. où nous serons heureux d'avoir quitté ces
o lieux, " Craignait-il l'arrivée des troupes impériales? avait-il
été averti par des espions que la ville de Bayeux serait de
bonne et facile prise'? Peul-ëlre, Eu tout cas, il préférait, à la
monotonie d'un siège, les courses lointaines et vagabondes aux-
quelles semblait l'inviter le retour du printemps'. Il s'embar-
qua, descendit la Seine et flt voile sur Bayeux*.
A peine les Parisiens avaient-ils obtenu ce bien mince succès,
qu'un véritable malheur les atteignait; leur vaillant évêque,
qui non seulement les avait soutenus de ses paroles, de ses
prières et des ressources de son esprit, mais qui avait toujours
I. Abhon, 1. n, V. il el suiv.
i. GulLLAUUB DB JUMIÈGBS. (lans les lliitoi: lie f'r., t. VIII, p, 23S.
3. DuDOM, 1. II, c. 16, p. 137 : • Morantc diu RoUone In Parislus obsi-
« dione, deQciebal pracda longinquia rcgîonlbus rapta».
4. D'après A b bon (1. II, v. i\-M, 66, ' Sequanam lîiiuit »^, SiegMed
sortit do la Seine el alla surmcr; d'après Du don (1. II. c. là, p. IS^I. U y
eut doux sièges de Bayeux, tous deux pendant le siè^'e de Parla, tandis
que Guillaume de Jumiègas (Hisior. de Fr. t. VIH, p. 25S-2M) n'en men-
tionne qu'un. Nous n'admettrons aussi qu'un siège de Bayeux, du nioina
pendant le siège de Paris. Après la chule de Bayeux, Siegfried aurait
repris en Mie le chemin de Paris; sut ce point le témoiguagu de Guil-
laume du Jumlëges (" Rollo concile Lutellam regredituri) esl coiillrnié
par celui des Ann. Fuld.; les faits prouvent que l'expédiliuii de Siegfried
aété rapide, puîsqu'avaat le 22 novembre 386 il est b. Soissons. Enfin, nous
avons la preuve i[ue des troupes normandes étaient venues de Bayeux à
Paris, car Abbon parle d'une femme aveugle venue du Bessin avec les
barbares fl. II, v. 355 : * Bessiuo hue adlens inler saevos comitatu *). U
semble que de tous ces faits on peut conclure que Siegfried on quittant
Paris se porta sur Bayeux, d'où il revint en liAte pour soutenir ses
compatriotes «uutre l'empereur Charles III tri novembre SBi.
S4
LE SIÈGE DE f
> l'Ali LES NORMANDS-
f«
pay^ de na personne, Gozlin, était atteint d'une grave maladie
et moupait le 16 aviil'. il n'avait pas soixante-six ans. Son
corps fut déposé dans la Cilé. Cette nouvelle se répandit aus-
sitôt dans Ifi camp ik'S Nonnauds t|ui, avant qu'elle fill connue
des Parisiens, la leur crièrent du dehors. Le peuple fut accablé,
il pleurait en Gozlin aussi bien l'èvèque que le héros'. Eudes
chercha par ses paroles à relever les courages ; c'est Uu main-
tenant qui prend la première place, c'est sur lui que chacud
compte. A jieinc uu mois après Gozlin . le 12 mai 886, Huguef
r.\bbé mourait à Orléans sans avoir pu secourir Paris. Qid
remplacera ces deux lutteurs, si ce n'est Eudes'?
La l'été du bienheureux sainl Germain, évêque de Part
[28 mai], se passa sans amener aucune amélioration pour 1a|
assiégés. Les Normands, il est vrai, contraints, dit Âhbon,
les miracles du sainl, rétablirent le culte dans l'église deSaiat^
Germain des Prés et respectèrent désormais le sanctuaire*. I
n'en continuaient pas moins le siège; ils s'enhardirent mém
et se livrèrent dans les environs, dont ils firent leur domaloi
propre, à la chasse et à divers plaisirs'. Dans la ville', les vivw
diminuaient, car les environs étaienl dévastés; les maladie^
sévissaient, engendrées par les privations, par la trop grandq
agglomération de ceux qui étaient réfugiés dans la Cité et p
l'abondance des blessés et des morts qu'y faisaient afiluer dol
1. Vo)-., sur In dalG de la mort de GozUd, Dûmulbr, op. cit., t. UIS
p. 267. n. 2, — A.. LONONON, Notice sur U plus ancim obittiaire de Saim
Germain des Prêt, dans les Notices et DocumenU publia pour la Soeiiti i
VHUtoirt de France, Paris, 1891, in-8, p. 29.
1. « Dulcis amor, dulcis pastor, dulcissimus héros
« Acllbus insigols iuris aposlolici
< Nam sexto maias abiil decimoqne kalenJas
■I A.lrla reg'nantis visere clara dei.>
Fragmcni de Tépllaphe de Gozlin publiée pour la pramiëre fois i
M- A, GaudbxzI, ta iiita e i miracoli di San Germano vcscovo di Pari(
deicritli in versi da un anonimo iutio scoreio del secolo IX e ptAblieali p
la prima voUa coW epitafflo del vescovo GoMno, Qologna. 1336, In-B i
24 p., p. 24.
3. A partir de ce moment, le ton des Ann. Vedan. change en parlai
d'Eudes, Jusqu'à la mort de Gozlin, le comto avait tenu une petite plat
dans CCS annales, maintenant c'est pour eWes 1' a iUustris cornes.»
4. Abbon, l. Il, V. lOS et suiv.
5. ^nn. Fuld.. P. IV, ann. 886 r o Nordmanni andatfores offectl, et i
il sua munilione egressi, oiunique reglone potili, vennllonos et vario|
* lodos, nullo prohibenle, exercebanl ■■.
6. -4nn. l'edasl., ann. 886.
EUDES SORT DE PARIS.
bS
combats journaliers*; les Parisiens ne savaient plus uù en-
terrer.
Voyant l'accablemenL du peuple^ à qui la mort de Hugues
l'Abbé ôtait le dernier espoir de secours, Eudes décida, puisque
l'appel de Gozlin avait eu ai peu d'effet, d'aller lui-même en per-
soLue vers les grands du royaume, vers les seigneurs des en-
virons', d'implorer leur aide et de les prier de faire savoir à
l'empereur que Paris allait succomber s'il n'était secouru.
Dans ce dessein, il sortit eu cachelti' de la Cité, probablement
dans la seconde moitié du mois de mai*.
Durant son absence, Ebles, le vaillant abbé, commanda en
chef à Paris et, sous sa direcliou, la défense ne perdit rien de
son activité : chaque jour c'était nouvelle ruse et nouvelle
escarmouche. Il veillait au ravitaillemeut, soit en défendantles
troupeaux francs qui paissaient sur la rive droite et que les
Normands tentaient de venir enlever en traversant la Seine,
soit en attaquant a plusieurs reprises et nuitamment les
troupeaux des ennemi» et en en massacrant les gardiens.
Un jour, trois cents Normands pénétrèrent, à l'aide d'embarca-
tions, au pied des murailles do la Cité et attaquèrent l'en-
ceinte depuis la grève", mais ils furent repoussés.
Paris se désolait de l'absence de son chef"; enûn, un matio,
Eudes apparaît sur les hauteurs de Montmartre, entouré de
trois conlingenta dont les casques et les boucliers reflètent les
rayons du soleil levant. Les Normands veulent lui barrer l'en-
trée de la tour, ils passent la Seine et se retranchent sur les
rives. Mais Eudes lance son cheval au milieu des barbares;
I. ASBON, 1. II, V. tS-'i et auiv. — Ann. Vedast., aun. 88fi.
a. Ann. Vtdast., ann. 886. ~ M- ViçmrgeoS&iHuawtVAbbi, p. li!(!) exagère,
semble-t-il, l'espoir que tes Parisiens fondaienl sur Hugues 1'A.bbé.
3. Le lémoiguage des Ann. Vcdatt. tie peroiel pas d'admellre, comate
semble l'indiquer Âbbon \\. U, v. 163), qu'Eudes se soit rendu en personne
auprès de l'empereur; piiis'|u'il élaîL sorti en cachette, sou absence ne
pouvait (5ire longue; or l'empereur était loin, il arrivait d'Italie et n'était
le 9 juin tju'd Sasbacb, aux envicons de Brisach, sur le Rhin (BOHMsa-
UûHLBiCHGB, U" 1673; — DuMMLBR, ofi. Cit., l. III, p. 240). La traduction
de M. Milhlbacher (Ji* 1672 g-) «a principibus regni. >> p>ar «von deo
deutscben Grossen, » me parait hasardtie.
4. D'après les Aim. Veda»i. et Abboi), la sortie d'Eudes est ultérieure à
la mort de Hugues l'Abbé.
5. Depuis qu'ils sont campés sur la riregaucbe, les Normands n'atta-
quent plus la tour de la rive droite, m^ils bien l'enceinte même de
la Cité.
6. Ann. Cednft. :«ci¥ilatemde ejusabseutianimisrepetUmaerertlem.»
k.
56
1,L SIÈGE DU l'AKlS l-AR LES NOHMA^DS.
frappant à droite, frappaut à gauche, il arrive jusqu'à Ebles qoj
lui ouvre la porte ; il est rendu sain et sauf aux habitants [
tagés entre l'admiration et la Joie de le retrouver. L'ennemi s
dédommage en ponrauivaut, pendant plus de dcus lieues, l'es-
corte qui, après avoir amené Eudes, se relirait commandée par J
le comte Aleaume; celui-ci, las d'être harcelé, commande del
faire face arrière, attaque les Normands, les force à prendre!
la fuite, puis les poursuit à son tour, l'épée dans les reins, JU8«^
qu'au bord de la Seine ei s'en revient fier de son succès '.
L'appel désespéré d'Eudes dut parvenir aux oreilles de l'em-
pereur, qui, ;ivec une lenteur que !a pluie et les inondations ]
ne suffisent pas à excuser, revenait d'Italie par la Bourgognaj
et se trouvait au commeuceiuent de juin sur la rive droite]
du Rhiu à Sasbach (un peu au uord de Brisach]*. Du reste,]
Chartes 111 , dans ces conjonctures si pressantes comme dansi
tous les événements qui suivront, ne se départira pas de cette -1
coupable lenteur. Ce n'est qu'au mois de juillet qu'il tint con- ■
aeil à Metz ; la délibération dut porter sur l'appel d'Eudes ; il J
fut décidé qu'on marcherait contre les Normands'. Le 30 juillet, A
l'empereur était cependant encore à Metz \ le 16 et le 17 août, \
il était à Attiguy, le 22, à Servais près de Laon, puis il arriva J
à Quierzy'. Là il s'arrêta avec sa grande armée formée de con- f
tiogents des deux royaumes" de l'Est et de l'Ouest et il envoya ]
le comte Henri pour reconoaître le terrain et les posîtionaJ
ennemies.
Les Normands, apprenant l'approche de l'armée, creuaèreat 1
tout à l'entour de leur premier camp, sur la rive droite, deaJ
fosses larges d'na pied, profondes de trois, etles couvrirent dam
branchages et de paille, se réservant entre elles les paas^eel
Ë
1. Abbon doune seul l'épisode de l'escorte, 1. U, v. 20S et suiv.— Ce.comi^
Aleaume élail neveu d'un Robert dit Purie-Carquoia possessionnô,
d'après Abbon (1. I, v. 439 et suiv.}, dans les environs immëdiQis de
Paris, à l'est. Nous pouvons supposer, sans en èlre certain, qu'Aleauma'i
avait aussi des béuéQces dans ceLLe région; c'est dans les envlrôaiiS
de Paris qu'Eudes aura pris une plus forte escorte pour rentrer dansl
la ville.
2. BâaUBR-MOHLBACHBK, U» 1073. — Ami. Fald,, p. IV, ai
- Charles III était encore à Pavie après le 27 mars,
3. Ann. Fuld., P. IV, aun. 886.
i. BÔHUBH-MtJULSACtlBa, n* 1671.
3. Ibid., w 167S-tti78. — Leâ Ann. Kecfojii. meiiiionnent eg^ilement 1{
séjour de Charles UI â Quier^y.
fi. RÊoiNON. Chron., anu. 687 : v cum exercitibus utrtusque regni. *
MORT DU CO
nécessaires; (iiieiquea Normands se cachèrent dans les dé-
pressions du terraiD'.
Le 28 août, Heuri arrive et approche imprudemment, suivi
d'unepeliteescorte.poni-examinerde quel côté l'armée pourrait
attaquer le camp ennemi et où elle pourrait camper elle-même.
Les Normands sortent de leurs cachettes, leharcèlentde leurs
cris et de leurs traits; Henri veut sVMancer sur eux, mais il
tombe dans une fosse avec son cheval ; les Normands se préci-
pitent sur lui, son escorte prend la fuite et, avant qu'il ait pu
se relever, il est tué à terre. Tandis que l'ennemi lui arrache
ses armes et se partage ses dépouilles, une troupe franque sur-
vient, conduite par un comte Renier' qui, non sans être
blessé, enlève le corps inanimé. La perte était grande pour les
Francs ; l'eaipereur en l'apprenant témoigna une vive douleur.
Le comte Henri fut transporté â Soissons par ses guerriers qui
se retiraient sur le gros de l'armée ; il fut déposé dans la basi-
lique de Saint-Médard ; sou épilaphe' nous est parvenue; le
style en est obscur et surchai^é mais fait comprendre la valeur
de ce a Henri le Grand, de cet éminent rejeton des Francs.
« qui commanda eu Iriarque aux Saxons, aux Francs et aux
a Frisons... qui, par ses conseils et peut-être plus encore par
a SCS armes, fit prospérer la chose publique, alors qu'elle va-
« cillait... qui, comme chef, a diminué le nombre des ennemis.
H les a fait disparaître. »
Après ce succès d'avant-garde, les Normands tentent sur la
ville un suprême effort, car l'approche de l'armée impériale ne
leur laisse pas l'espoir de continuer le siège. Profitant de ce
que les eaux étaient particulièrement basses*, un jour, à midi,
1. Réginon {ibid.) donne Loua les détails de celte embuscade; voy.
aussi tes Ann. Vedasl., ann. 88(j, et les Ann. FuU., P. IV, ann. 886.
AbtMH ue donne aucun détail, Ln date do la mort rie Henri est donnée
par le nécrologe de Fuliia, [Annales neerotogid Fuldenses, dans les Won.
Germ., SS., l. SIII, p. 183), le mois est indiqué par soii épitaplie, voj.
DiiuuLSB, op. ci(., l. III, p. 269. — Régiaon comiuel uno erreur lorsqu'il
dit que Henri fut lu6«aBpicienteunivcrBoexercitu,»cnr]'arméeIraaque
n'était pas présente et l'armée normande éliiît sur l'autre rive.
2. On a fait beaucoup de suppositions sur ce Renier iiue les Ann.
Vedatl. seules nomment. Abbon (1. I, v. 07 et 2-15) nomme un Ragenarius
parmi les plus vaillants défenseurs de Paris, c'est probablement le
même. Faut-il rideotifler avec Renier I au Long-Col, comte de Uai-
uautî DQuuLEa, op. cit., t. III, p. 269, n. 2; — KjilckSTBIn, GeteMehte
des fi-ans3tischen Kimiglhums, p. 32, 0. 3 et p. 41, n- 1.
3. Cette épitaphe est reproduite par DiiEumler, u/i. dt,, i. ril, p. no, n.
i- Abbon [1. II, V. 22e et suiv.) mentionne seul cet assaut.
58
: SIÈGE DE PARIS PAR LES NORMANDS.
1888)
ils s'élancent à l'assaut sur tous les points de la ville à la fois;
OD combat sur tout le pourtour des remparts : l'air est obscurci
de javelots, de flèches, de pierres, de balles de plomb qui volent
en tous sens ; les cloches des églises sonnent l'alarme. SaJole
Geneviève, dont la ch&sse est portée à la pointe orientale de
l'île, saint Germain, dont les reliques sont amenées sur le rem-
part et dont le nom est sur toutes les lèvres, souliennent par i
leur présence les défenseurs de la Cité, Peu â peu, les NoP- T
mands abandonnent les remparts et le pont pour concentrer 1
tout leur elTort sur la tour à laquelle ils donnent l'assaut;
étant trop nombreux, tous ne peuvent combattre à la fois et |
im grand nombre reste spectateur. Vers le soir, après avoir déjà J
remporté dans leurs embarcations beaucoup de morts et de bles-l
ses, ils ont recours au stratagème connu ; ils allumeut un grand'ï
feu devant la porte de la tour. Les Francs, après avoir jeté dftl
l'eau en abondance sur les bûchers des Normands, se décident à
faire une sortie ; un seul prêtre reste sur la tour, tenant dirigé
contre les flammes un fragment du bois de la vraie croix ; les I
barbares sont mis en fuite. Les Parisiens, victorieux et pleins
d'allégresse, remportent dans son sanctuaire' le corps de saint '
Germain en adressant à leur ancien évéque leurs actions de
grâces. Après le siège, Ebles fit faire à saiut Germain une chAsse
que les fidèles recounaissanls, parmi lesquels Eudes, couvrirent
de dons'; et lorsque les moines purent transférer à Saint-
1. Abbon, I. II, V. 310 : • quem revehunt ad basiiicain SLeptianl quoijue
■ testia >. Abbon désigne, par eu vocable, la cathëilralo qui, au ix^ siècle.
Qgurail sous les deux vocables de Notre-Dame et de Sain t-Ë lie one
(UOKTar, Étude historique et arehcùlogiqve eut la cathédrale et le iialais
épiicopal de Pari», p. 4-5). — D'après l'Histoire de Franco d'Almoia de
Fleury [1. V, ch. 41) citée par J. Qulcherat(t<ïii'oi>Sain(-Girrmo»n, p.l66)
le corps de saint Germain, lors de l'arrivée des Normands, tut trans- J
porté par les moines de Saint-Vincenl (soit Sainl'Germain des Prés) I
dans la Cité et fut déposé durant le siège à Saint-Germain le Vieux, i
comme celte église appnrtenail à la cathédrale donl elle était tiëa '
proche et que le nom deSalul-Germain Dgiire encore au ix' siècle dans •
le vocable de la cathédrale à cAlé des noms de la Vierge et de saint
Etienne (MoaTBT. op. «il., p. <'i) la contradiction entre Abbon et Aîmtiii
est plus apparente que réoUe.
'J. u Ilunc in honore tuo loculum
t Ebolus abba plus Qeri, donlsque replevil.
<t Hic eiiatn, Ilenrlce pater, tua dona refulgenl;
- Odo cornes veraal, multi quoque Christicolal. >
MabiLLON, Ann. Benedict., l. 111, p. 26S. — Aela sanetorum BoU„ Ual^l
l. VI, p. Sffi^M.
[886]
L EMPEREUR CHARLES III
59
Germain des Prés le corps du saiut, ils laissèrent ua de ses bras
à l'église de Saint-Germaîa le Vieux où ils avaicot trouvé un
rtifuge '.
Chartes III ne se hâtait pas et de Qnierzy, où il était en-
core le 4 septembre', il envoya à Paria, pour reconnaître l'em-
placement où il pourrait camper, un détachement de six cents
hommes commandés par deux frères Thierry et Audran*;
après avoir rempli sa mission, ciîttc troupe se retirait, mais
obligée, par les Normands qui la harcelaient, à un vigoureux
retour offensif . elle les bouscula, les rejeta au delà des hau-
teurs de Montmartre jusque dau^ la Seine, après en avoir mas-
sacré un grand nombre.
Enfin, après avoir tenu conseil, l'empereur avec sa nom-
breuse armée s'ébranla et marcha sur Paria. Il dut y arriver
dans la seconde moitié du mois de septembre*. Il délogea, sans
grande résistance semble-t-il, de leur camp de la rive droite
les Normands qui, après le dernier assaut, y élaient restés
en plus ou moins grand nombre et qui repassèreul le Oeuve
pour rallier leur camp principal. Charles III dressa ses tentée
au pied des hauteurs de Montmartre, en face de la tour du
Grand Pont. Ayant libre accès dans la Cité, il y envoya quel-
que renfort pour relever ceux qui montaient la garde depuis
une dizaine de mois, puis il Gt passer le fleuve à son armée et
l'établit sur la rive gauche en face du camp des Normands qui
soit par habileté, soit par crainte, semblent n'avoir opposé
aucune résistance. L'empereur, du reste, ne combattra pas et
dans sa main cette armée est devenue inutile, parce que, dit
i'annalisle, le comte Henri est morl'. Ce simple mot prouve
la grandeur de la perle. Les Normands entamèrent des négo-
ciations et les tratnèri?nt à dessein en longueur.
Pendant ces délais qui devaient lui être fatals, Charles III
1. -Mabillon, ibid. — Aela »
2. BaHUER-MÛHLBAGHBB, H" 1678-
a, M. de Kalckstein IGeichichte des framôsischcn K^)nigl^Hml. p. 472)
suppose que ces deux guerriers liiainnt beaux-rrèresd'Eudea. L'hypotlièse,
qui n'a rien d'iavraisÊmblable, est trop peu fondée, l'eul-élre Audran
est-il cet Aulran qui, en 893, défendit Poutoise cl se retira sur Beau-
vaiflî Voy., ci-desnus. p. 10.
i. Après la mort du comte Ileurî (28 août), Charles 111 avait envoyé une
forte reconnaissance il Paris ; il était encore h Quierzy, le 4 septembre.
5. Ann. Vedatt., ann. 886 : " sed, quia dus periil. ipse limperalorl nil
> utile gessit. "
60 LE SIÈGE DE PARIS PAR LES NORM.VNDS. [886]
nomma comme successeur à Gozlin dans l'évôché de Paris
Auskerick', personnage d'origine uoble, apparenlô aux Caro-
lingiens ou du moins au dernier rejeton légitime, Charles
le Simple; il iHait frère de Teutbert, comte de Meaux, et
avait été précédemment déjà appelé au siège épiscopal de Paris;
mais Gozlin avait été nommé k sa place. Anskerick avait été iia
des premiers grands du royaume IVauc de l'Ouest qui s'était
rendu vers Charles 111 pourle reconnaître comme roi'; ce sou-
verain ne l'oublia pas. L'empereur concéda divers diplômes'
aux églises de Tours*, de Girone, de Laugres, aux couvents de
Saint-Germain d'Auierre, de Saiut-Maur des l'ossés, â l'abbaye
de Saint-Germain des Prés' qui l'avait certes bien mérité, à un
nommé Germoud*; enfln, il confirma, sur la demande du comte
Eudes, un contrat de précaire entre les religieux de Saint-Aiguan
d'Orléans d'une part, l'archevêque de Tours et l'évêque d'Or-
léans d'autre part'. Ces actes permettent de constater la pré-
sence, dans l'entourage de Charles III, pendant son séjour à
Paris, de beaucoup de grands du royaume franc de l'Ouest,
comme Emmenus, évèque de Nevers, qui semble être venu
avec l'armée elle-même', Geilou, évêque de Laugres, qui fui
avec Anskerick, un des premiers à se porter au devant de
Charles III en 88S, Théotaire, évêque de Girone, Adalard, ar-
chevêque de Tours, sans parler ni du comte de Paris lui-même,
1. Abbon, !. II, vers 333-338. — Ann. Vedail., ann. 88e. — RéoiNO»,
Cliron., ann. 887. — Abbou. 1. II, V. 450-4S7, appelle Anskerick - nobî-
« lis». — DuMMLER, op. ci(., t. lll,p. 273.— KalCkstein, op. ail., p. 'M.—
Flodoabd, Carnten de ponti/icibiu romanii, dans MiNSh t. XVIII, col. 110.
2. DuuULBB. op. cit., l. 111, p. 234.
3. BdHMBH-UOHLBACHEa, !!•■ 1679-1686.
4. Sur ce diplôme, voj. Longnon, Ètttdes tur Itt Pagi de la GauU,
» partie, p. 16.
5. Le diplôme de Charles 111 pour cette abbue ne noua est pas par-
venu, mais Cbarlcs le Simple ^ fait allusion prœceptum.... Enroli
• nepolis avi nostri qui Pari-'ius, rabie paganoruiu sievieute, devenit»,
HUlor. de Fr., l. IX, p. i9fl
9. Sur la vîUa dont il est question dans ce diplôme, A'ùfds d'après
Bûhmer-Miihlbacher. w lb79, ou ludeis d'après Mabîlle. ranearle noire,
p. 79, 11» IXIU, voy. Mbblbt, DicUonnaîre topographique rfu département
d'Bure-et-Loire. Paris, 1801, in-1, p. 99 : Juifs (Les), h. c" de PrasvUle,
aujourd'hui détruit.
7. Uislor. de Fr., l. IX, p. 351-3S2.
8. Piplôma de Charles III pour l'église de Nevei^a, Hi»ior. de Fr., t. IX,
|i. 3i58, — MÛHLBiCHBH. Die Urkundm KitrU ///.p.' 171. — QÛBMBR-MÛBL-
UACHBB, 11" 1'J8S.
TRAITÉ AVEC I.Ef
Ûl
ui de beaucoup de moines veuuâ |iour ioleroéder en faveur de
leurs monastères.
Mais reinpereiir avail k veiller à d'aulres inlérêls qu'à ceux
de rÉglisc. Il fallait, puisque Ilugues l'Abbé était mort, trouver
uo défenseur pour le royaume de l'Ouest et lui faire une posi-
tion équivalente à celle de son prédécesseur. Ce défenseur,
l'empereur l'avait auprè.s de lui, c'était Eudes; le siège l'avait
révélé. Mais avant d'étudier !a position à laquelle il fut appelé,
voyons quel fut l'épilogue du siège de Paris.
Les armées sont toujours eu présence, le temps se perd sans
combattre, la aaisou s'avance, l'hiver approche. Tout à coup,
on apprend au camp impérial que Siegfried arrive, eu toute
hâte et avec de grandes forces, au secours des Normands de
Paris. A cette nouvelle , l'empereur, eu proie à la plus grande
frayeur, veut fuir ; les négociations n'ont que trop duré pour
lui, il veut traiter à tout prix, et, les premiers jours de no-
vembre, il traite ea vaincu i. Il livre la Bourgogne aux Nor-
mands qui pourront la piller pendant l'hiver ; pour leur retour
au mois de mars, il leur promet sept cents livres d'argent
comme rançon de Paris et comme prix de leur retraite déÔni-
tive.
Les Parisieus virent les résultats de leur héroïsme singu-
lièrement amoindris par la lâcheté de leur souverain. Leur
résistance, an lieu de sauver sinon le royaume entier^ du
moins toute uue partie dans laquelle tes Normands n'avaient
pas encore pénétré^, ne profltait qu'à la Gilé qui, après un an
de siège, restait seule encore inexpugnable. On s'étonnera de
voir Charles III permettre aux Normands de pénétrer aussi
avant dans le royaume de l'Ouest. Était-ce une condition qui
lui fut imposée? On pourrait plnlût croire que la Bourgogne
\. Abbon seul [1. H. v. 34t) <l0Due la date de ce traité; c'est aussi lui
qui en metitiouneavenle plusitedétai]slesconditions{v. 339-341). Quant
au motirqui a détermina l'empereur â négocier, ce sont les Ann. Fald.
(P. IV, anu- B8fi) qui l'iadiquent; il devait y en avoir un autre que l'ap-
proctie de la mauvaise saison alléguiie par les Ann. yedaat. Le retour
précipité de Siegfried de Buyouit ii Paris est mentionné par Dudon. —
Le traité avec les NormnndB a bien dû être conclu sous l'iiupressiou de
l'arrivée de Siegfried, puisqu'il lui conclu eu novembre et que remfiereur
qui éiait encore t Paris le 6 novembre était déjà le 1S à Juville au sud-
est de Metz, après s'être enfui en toute hâte de Soissons où Siegfried
arrivait sur ses pas.
2. Voy. la lettre de Foulques citée ci-desâus, p. M .
.X Abbon, 1. 11, v. 3W-3W.
62
LE SIÈGE DE PARIP TAR I-ES NORMAKDS.
avait reTiiSL' ;i remperriir ou [itut-élic au coiiile Jlenrî son 1
contingent pour secniirir Paris', En tout cas, des griofs grave»!
existaient ii cette i''|)oqiie à Paris contre la Bourgogne, infime J
contre les parties de cetle région comprises dans le royaumsl
de l'Ouest^ Aussi ce lut le trait<- dans son ensemble, t'occasioa I
mauquée d'i^craser les Normands, le retour prévn et forcé de 1
cet ennemi à Paris, qui souleva une indiguation profonde* el I
□OD pas plus parlieiilièremenl la clause de l'abandon de lai
Bourgogne; car, ii cette époquf de dissolution, l'interdit local 1
primait tout sentiment qui aurait pu avoir quelque vague aaa- I
logie avec ce que nous appelons le patriotisme.
L'empereur, peu après le li novembre', repartit prL'cipilai
ment pour la Ucrmanic; il ^'arrêta à Soiâsous; la, sentant Ia<l
fidélité de ses sujets ébranlée, il leur distribuait des bénéfices*, J
quand les llaniuics qui rougissaient l'iiorizon lui apprirosll
l'approche de Siegfried et de sa bande. U se hâta de reprendrai
sa route ou plutâl sa fuite; le 12 novembre, il était â Juvllle',
au sud-est de Metz; de là, il se dirigea vers l'Alsace, où il |
tomba gravement malade,
i. Cette hjpotlièse de Weiick (Die Erliebuog Aniu'fs und drr Zerfall \
du Karoiingiichm Iteichs, p. 12, ii. lii csl lj;i?ce sur lo léiuoigiiage d
Réginon, Chrun., ann. 867 el sur celui d'Abbon, 1, II, v. S-M : - ]rigmo-
« Bmgvnàiahello ". —M. Dûmmler iDe Amutfo Franeorum «pe, p. S6) s
pose que Charles lll voulait lancer les Normands contre Boï^od ; mais 11
eût élé le premier et le seul â aoulMr de cette vengeance ; le trajet i
travers son propre royaume était trop long et les Normands, devanlt*-
venir en mars à Paris, ne reui^sent pas entrepris. Du reste, M. DUmuiler,
(Gtie/iic/ile de» oëifrànkûchen HHcht , t. 111, p, 317, n, h) renonce & sa pre-
mière hypothèse,
2. Al>l)on a deux reprises exprime son mépris pour la Bourgogus I
(1. Il, V. 344 et 472). Au printemps 887, Paris livre de nouveau le passage 1
aux Normands pourvu qu'ils se dirigent sur Sens. En 688. ce sont des f
Bourutilgnons qui font opposition k Eudes et Ëlisenl Gui.
3. Ann, Vedatt. — BkoinON, Chrort., ann. 887.
4. BÛHUBa-MiiHLBACBB», a° 1886. — Les Ann. Fuld., V. IV, et le» Ann, \
Vedtul. témoignent de la b&le nvec laquelle Charles 111 quitta Paris.
Quant au diplôme de cet empereur, daté de Paris du 18 décembre 8
(BÛhubh-Mublbachbr, n" inm), il laut admettre que la donnée en esl I
exacte, mais que le diium ae rapporte au moment de la fabrication du f
diplAme, tandis que l'ucium indique le lieu où le privilège avait étà pt6* â
cédemment accorde (Uûhlb*ghbh, Dû Urkunden Karlt III, p. 59 et 1711. T
li. Ann. Vedait., anu. 883. « Terram • est employé ici comme dans l'es- )
pression « terra patris Odoni coneessai des mêmes annales dans lest
général de bénéllcea.
6. BfilMBa-MC-ULBACBBR, u° 1G87. — Voy.,surritiuërairc de Charles III, J
ibii., □•• 1687 ctsuiv.; — DOmulbb, op. cit., t. III, p. 274,
[HWi-îiH7j FUITE DE l'KMI'RREUU DEVANT SIEGFRIKI
«3
I
Siegfried, après s'être emparé de Bayeiix, avail su le danger
que couraient ses coni|»atrioteB autour de Paris; aussi était-il
arrivé on toute Lâle par la Si'ine avec, dos renforts; il ne se
cousidérait assurément comme lié par aucun traité à Charles III.
Apprenant que l'armée impériale avait quitté Paris pour se di-
riger sur Soissoos, il s'était mis à sa poursuite, faisant route à la
fois par terre cl par eau, comme c'était la coutume normande.
De la Seine, il remonta TOise' eu exerçant de grands ravages;
il arriva à Soissoiis, d'où l'empereur venait de déloger, et in-
cendia l'église de Saint-Médard' dans laquelle étaient déposés
les restes du comte Henri. 11 semble n'avoir pas poussé beau-
coup plus loin sa poursuite; il demeura dans les alentours de
Soisaons, brûlant les monastères, les bourgades, les résidences
royales et massacrant ou faisant prisonniers les habitants, Au
printemps 887, il rentra dans la Seine, ee livrant à ses pillages
acooutuuiés; vc-rs l'automne, il lit voile pour la Frise où il périt.
Ainsi finit ce redoutable Normand : vainqueur à Elsloo, il avait
conçu pour les armées franques un profond mépris; les traités
ne le liaient pas, il y trouvait toujours quelque échappatoire
ou bien les violait ouvertement. Avec cela, une intrépidité qui
ne se démentait pas et un besoin constant d'agir qui l'éloignait
de Paria, parce que le siège durait, mais qui l'y ramenait en
temps opportun et avec les forces nécessaires pour le dénoue-
ment. Bref, Siefgried peut être considéré comme le type du
chef viking.
Les Normands, que Charles III avait laissés à Paris, ne tar-
deront pas à vouloir gagner Ift Bourgogne qui leur avait été
livrée. Il leur fallait pour cela remonter la Seine, barrée au
nord de la Cité par le Grand Pont et au sud par les ruines du
Petit PouL. Les Parisiens, qui n'étaient pas obligés par le traité
à leur livrer le passage des ponts pour lequel ils avaient lutté un
au, le leur refusèrent, cl ils durent tirer leurs vaisseaux à terre
elles transporter sur une longueur de plus de deux mille pas'.
1. 4tin. Vcdast., ann. 836.
2. Charles III chercha rimiiée suiraote a dédommager les moines de
Siiinl-Méd,irii do désastre qu'ils venaient de sul)ir el à les mettre a
l'iibrl du retoiir offensif des Normands, en leur donnant comme refuge
In villu royale de Donchérj sur la Moiise(BenMBB-MvBLB\CHBa, n»i707;
— nutor. de Fr., l. IX, p. 3âl ; — DCUULBB, op. cit., t. 111, p. 274). EudcB
fera allusion dans un diplôme en faveur de ce même monastère {Hislor.
de Fr., l. IX, |>. .W-'iOI) au désastre qu'il subit eu 886.
3. RâoiNON, Chron., ann. BB» : t civîbu& autem oiuni ins tuutia prohiben-
«tîbus ascensum QumiufSA. — ConlraiFemeiit à M. Duuunler, op. eii..
IJ-'l Lie S11^,CE Dt; I-AIIIS l'.\B LKH NOIlMANDa. [88(î-887]
Après ce dîflicilc trajet, ils remirent leurs embarcations à flot
et, a|ii'è.«. avoir oavigué quelque tennw encore sur la Sciiit". ik.
entrèreul dans rVonuc. la l'omoutèreul, iiillèrenl ol dt^trtiisî-
rent le mouastère dp 8uîut-l(eini'. dont l'abbé Suavo cl Ica
moines s'ùlaiont enfuis à Sens avec les reliques. Puis ils arri-
vèrent avec toutes leurs Topces, leurs bagages et leurs embarca-
tions, devaut celte ville et y mirent le siège le 30 novembre 88G'.
Voyant que la ville leur opposait une résistaace sérieuse. Us
construisirent de nouveau des niacbines, mais leure efforts res-
tèrent vains ; la ville résista. Durant le siège, le 1" février 887*.
L, lll.p. 272 u. l,el ail" via Bine impcdimetilonllribula» lies ^nn. l'eita*!..
je poQSB que celle résistance peut n'Être pas conlraire i la Icltru liii
trailé, el d'uillours, le Tût-elle, elle s'expliquemit par le mécouletiU-uent
des Parisien». Il faut croire à un acte d'hostililé de ces derniers; on tie
peut pns admettre avec T;iraaue (p. 272) que les Normands * out dû faire
passer leurs bar<iues sur le rivage, seulement pour le court espace qu'oc-
cupaleul la tour el ses fossés. i — Réginon rapporte ce fait â l'aupée 388,
mais il doit èlre placé eu novembre S86, car c'est après un siège iuutile
de Paris que les Normands veulenl remonter la Seiue, pour entrer dans
l'Yonne el pénétrer » absque olislaculo » jusqu'aux frontières de la Bour-
gogne el jusqu'à Sens. Tout ce récit de Réginon ne peut s'appliquer
qu'à l'année SS6; du reste ce chroniqueur commet souvent des erreurs
de chronologie. Quant au fait lui-même, quoique ni les Ann. Vedait. ni
Abbon n'en parient, je ne vois pas qu'il y ail lieu de le nier comme le
font MM, DUmmler, oji. cit., t. III, p. 272 n, 2, et de Kalckslein, op. cil..
p. 43 n. 2. Râginon est bien renseigné et son récit remis usa date est
exact jusque dans ses détails -. • sub omni celeriiate navigantes Senonls
a applicueruot » se justifie puisque les Normands mirent le siège devant
Sens le 30 novembre; «classem cum omnibus copiis » correspond nu
<cum OLnni excrcilu el supellectili • dessin. Vtdati,; enlln Réginoa dit
que les Normands mirent leurs vaisseaux à sec et les tirèrent sur un
espace de plus de deux mille pas, oc, du Pont des Arts ù. l'extrémité est
do llle Sainl-Ixiuls, il y a environ 2,000 mètres en ligne droite.
1. Chronicon S. Pctri Viiii Senoneniii, dans les Hittot.de Fr., t. IX, p. 33.
— Saiut-tiemi de Sens avait élé reconstruit eu 83S el transféré à mille
pas de la vilie. i la villa de Valliliat, sur la Vedenne.
2. Ann. S. Columbse Senon., ann. 880; — Chronicon S, Pelri Vivi Seno-
neruis, daiiB les llûcor. de Fr., t. IS, p. 33. Evrard était arcbevdquQ de
Sens depuis le 28 avril 882.
3. Les Ann. yedait., ann. 886, n'admettent prts un siège de Sons de
longue durée. Les Ann, S. Columbx Stnon. ne disent rien de positif, cepen-
dant elles semblent établir une certaine relation entre la mort d'Evrard
et les Normands ; « jam dcfuncto l^vrardon; elles déterminent exacte-
ment la période durant laquelle Sens eut toul à redouter des Normands,
de décembre 886 à mai 887. soit six mois, el c'est justement ce que dit
Kégiuon, dont la chronologie est fausse, mais qui, &ur les faits, sur les
détails du siège, sur le successeur d'Evrard, parail très bien renseigué,
tandis nue le lémuiguagc des Ann. Ccdiuc, trahit une Ignorance absolue.
I
[887] RETOUR DES NORMANDS A PARIS. 65
révoque Evrard mourut. Comme à Paris, des bandes plus ou
moins uombreuseadeNormandsciuittaieut la ville assiégée pour
faire dang les envirous des excursions de pillage'; c'est ainsi
qu'ils ravagèrent le bassin de l'Yonne, le pays entre la Saône et
la Loire; ils brûlèrent le monastère de Saint-Germain d'Auxerre*
où était enterré Hugues l'Abbé, comme s'ils poursuivaient,
encore après leur mort, leurs ennemis les plus redoutables.
C'est ainsi qu'ils avaient déjà brûlé Angers après la mort de
Robert le Fort et Saint-Médard de Soissons qui renfermait la
sépulture du comte Henri, Ils s'emparèrent également du mo-
nastère de FJavigoy, tuèrent plusieurs moines et y séjour-
nèrent quatorze jours, du II au 2b janvier'. Bien d'autres
localités encore de la Bourgogne eurent à soulïrir de leurs ra-
vages durant cet liiver qui fut particulièrement rigoureux'.
Au mois de mai', ils revinrent à Paris pour réclamer la
somme promise par l'empereur; ils descendirent la Seine
jusqu'en aval de la Cité sans rencontrer, paraît-il, de résis-
tance" et ils reprirent leur ancien campement autour de Saint-
Germain de,s Prés', respectant comme auparavant le sanctuaire
et entretenant même certaines relations amicales avec la po-
pulation. L'évêque Anskeriek se rendit auprès de Charles 111,
qui séjournait à Kirchen", en Alémanie, et rapporta la somme
Noua préférons au récit vague de ces dernières celui de Réginon, parce
quil s'accorde avec celui des sources locales. Le Chronieim S. Peiri t'ivi
Senonejuis et la Vita S. Romani abb. Autissiodùrentis (dans les HUlor. de
Fr., l. IX, p. 133) admettenl aussi uu siège de longue durée.
(. HËotNON, Chron., anu. 888, — Ann. S. Benigni Divionemit, ami. 887,
dans les Mon. Gcrm., SS., t. V, p. W.
2. Ànn. fedasf., ann. 887. — Ann. Lemovicenses, ann. $87, dans les Mon.
Germ., SS., t. II, p. 251.
3. ChronUon JlugonU. I, daos les Mon. Germ., SS., t. VIII, p. 350.
4. Ann. Fvld., P. IV, ann. 887.
5. Ann. S. Columbr Senon., ann. 8S6.
6. Il 03l naturel que les Parisiens ne se soient pas opposés cette fois-ci
au passage des Normands, puisqu'ils étalent censés, après la remise de la
somme promise, retourner dans leur patrie. Un passage d'Abbon (1. Il,
T. 413) semble exclure l'idée de résistance. Il eût été mSme extraordinaire
que les Francs leur remissent la somme s'ils étaient demeurés en amont
de Paris. Réginon {Chron., ann. 83^) commet une erreur lorsqu'il dit :
■ et cum mis [Nordmanuis] deseensus Ouminis a civlbus omiiiuo intii-
« beretur...» Les Normands n'eussent pas campé b, Saint-Germain des
Prés si leur flitte était resiée en amont de la Cité.
7. Abbon, 1. II, V. 347 et suiw.
8. BâUUBH-MCmLBACHBR , n" 1703-1707. — DrMMLKR, op. cit., l, III,
p. 277, n. 2.
FiVRF.. Buiiu, i
{»6 LE SIÈGE riE PAIUS PAR LES SOKMANDS.
(]ai fut payée. Le départ des Normands ne devait désormais
plus tarder. Mais le traité avec eux était chose fragile ; au lieu
départir, ils tentent, un jour, de franchir par surprise sur leurs
vaisseaux les ponts' de Paris et de remonter de nouveau la
Seine. Il était midi; on vient avertir Ânskerick et Ebles pendant
Ieurrepaa;ilscourent aux remparts ety placentdesdéfenseurs.
Ebles lui-même prend un arc, il ajuste lechefdela premiènJ
embarcation, ijuMl aperçoit à travers une étroite ouverture mé-l
□âgée dans le navire, et !e transperce d'une flèche. Les Nor^ 1
manda, effrayés par la mort de celui qui servait de pilote à
toute la flotte et par le naufrage de sa barque, s'arrêtent au
pied de la grande tour ri veulent traiter. Mais ce sont eux,
cette fois, qui traitent en vaincus; ils livrent des otages et de-J
mandent humblement le passage, qui leur est accordé à condi-l
tioQ toutefois de rester sur la Seine, de n'y pas faire un lonsl
Si-jour et de revenir promptement; ils jurent de ne pas entrwtï
dans la Marne. Ce traité s'explique par les circouslances : leal
Piirisiens ne pouvaient plus espérer de secours de l'empereur,]
et Eudes était probablement absent'. Plutôt que de subir uil
nouveau siège dans ces conditions, plutôt que de risquer à
ramener devant Paris Siegfried, qui venait de rentrer dans li
Seine, ils préfèrent, suivant l'exemple qui leur a été donné et'l
s'abandonnant à leur antipathie, sacrifier encore une fois la j
Bourgogne. Mais il en est autrement pour les pays qu'arrose U j
Marne : la livrer aux barbares, c'est leur ouvrir toute la partiçj
orientale de la " Prancia » ; puis le frère d'Anskerick, Teulbert^
est comte de Meaux^ le comte Eudes a des propriétés dans li
Meldois'; il faut que le bassin de la Marne soit respecté!
Les Normands remontèrent donc la Seine. Cette fois, librepas-l
sage leur l'ut donné sous les ponts' et même plusieurs d'entre'!
1. Quelque pont mobile el provisoire avait été probablement rélabU. I
2. Dans lous ces éTênemenls, Eudes n'est pas mentionne, il âtail pro- J
linblement à la cour de Cliarles 111. Est-ce trop osé de voir une allusion 1
b. son absence dans le «quia nullua eis resislerel' des Ann, yeda«i.,-\
onn. B87Î
3. Abbon, 1. 11, V. 45e-«7.
Ji. Mabillb, Pancarte noire, p. 'J3, il* Lvm.
S. C'est la seule fois que les Normands passèrent, en remoataot IftJ
Seine, sous les ponts de Paris; aussi ce passage, comme un fait UDique,f
e«l l'objeld'uue mention spéciale dans les chroniques et lesannalea; Afr-f
anM, 1. II. V. 423; — Assbh. Ann. !■«■."« gestarum Aelfredi, ann. 88" "
leï Uonwnmla hialorica britannica, p. 490; — Angto-iaxou chroniote. aotuf
887, t'ÈW., p. 361 ; — ETHBLWBRDI, Chron., 1. IV, ibid,, p. 317.
[887] HftSULTATS DU SIÈQE DE PARIS. 67
eux entrèrent dans laCité et se mêlèrent à la population. D'abord
fidèles au traité, ils 3e dirigèrent du côtéde Sens, mais lorsque
toutes leurs barques eurent traversé Paris, ils massacrèrent
vingt chrétiens; puis, changeant de direction, ils entrèrent
dans la Marne qu'ils remontèrent jusqu'à Chessy', localité sur
la rive gauche de cette rivière, près de Lagny [automne 887);
après s'y être retranchi's, ils y prirent leurs quartiers d'hiver.
La nouvelle de la rupture du traité provoqua à Paris des repré-
sailles : Ebles lit rechercher dans la ville et massacrer tous les
Normands qui s'y trouvaient; Anskerick réussit cependant à
faire échapper ceux qu'il hébergeait et qui étaient probable-
ment des otages'.
Ainsi se termina le siège de Paria, Le résultat apparent et
immédiat en fut de sauver la Cité, mais la Cité seule, puisque
les pays auxquels Paris donnait accès furent livrés cl que nous
y avons laissé les Normands campés et constituant un danger
continuel pourlaiiFraacias entière. Cependant, pour un obser-
vateur plus attentif, il est facile de démêler et de suivre lea
conséquences Infiniment plus grandes qu'il eut. Les Francs
1. Ann. yeda^i., ann. 887; — Abbon, 1. II, v. /t29 et sulv.; — Anglo-
taaon ehronidr: — AssBR. — On peul iilentifler Caiiacum on Caiiei avec
Chez; l'Abbaye au ^ud 'le CbAteau-Thierry ou Chessy près Lagnj en
aval lie Meaux. Nous u'hiirii tons pas à l'identifier a vei: celle dernière loca-
lité, nous conturmanl eu cela à ropiaioti de Lebeut {IVolice raiionnée
da Annaleê f^idattines, p. 719), à celle de CarroCi'ûioirt dtMeatai et du pay*
' ifeWois. Meaui,18firi,in-8, p.53-3a), et ft celle de l'abbé Dehaisnes{.4nn. Vf-
diuf., p. 329, n. b.).— Le.s Normands restèrent au dessous de Meaui; ce fut
aeulemenl l'année sulvanle, en 888, qu'ils assiégèrent cette ville; cette
opinion esl conforme au récit des Ann. Vcdast., ann. 887 : « quia uuUus
( erat qui eis resisleret, iterum per Sequanam Malemam QuTium in-
" gressi, Gaziaco altii castra ponuut. »
2. Abboh, 1. Il, V. 432 el suiv. — Le nombre de 300 Normands trouvés
dans la ville uième, massacrés en représailles, est exagéré,car, outre les
. otages, le nombre des Normacds admis dans la Cité ne dul pas être très
considérable. — Aux vers 42S et suiv., Abbon propose au lecteur une
énigme dont voici, je pense, la solution : lea Normands en quittanl leur
camp de Sainl-Germain y laissèrent des leurs, soit pour le garder, soit
comme otages; ils espèrent les y retrouver à leur retour, car ils les
ont instamment recommaudéa aux Parisiens; mais lorsque la nouvelle
du massacre des vingl chrétiens se répand, ces Normands laissés en
arrière peuvent être comparés •> & une vie sans aliments, & une mort en-
tourée de lieux rangs de défenses, il des charbons non recouverts», c'est-
à-dire qu'ils sont voués, en justes représailles, k une mort certaine. La
, place même de l'énigme, de suite après la mention du massacre des
etirétiens. est en faveur de cette interprétation.
68
LE SIÈGE UE I
; PAH LES NORMANDS. {879-9tl|
ont pris conscience de leur force, l'exemple de la résistand
eat donné, le moyen de résister est trouvé. Les Normaadil
speclre insaisissable et fuyant, avaient rencontré leur maître S
ils avaient été déjà battus, il est vrai, à Saucourl (881), mais h
rencontre av^it été fortuite et la défaite partielle. Cette fois, Iftïl
lutte avait duré plus d'une année, le bruit en avait été entendu
dans tout l'Empire. Quoiqu'elle n'eût rien ménagé ni en hommes
ni en elforls, la grande armée dans son ensemble, la grande
armée qui dejuiis 879 désolait le royaume de l'Ouest, n'avait i
pas pu vaincre; la nouvelle de sou insuccès ne sera pasmoin» J
retentissante. Décidément les hommes du Nord ne sont pasl
invincibles, le courage revient à chacun. Après le siège de '
Paris, il y eut encore des incursions normandes, elles ne pri-
rent pas lîn tout à coup; néanmoins le danger est conjuré, le
royaume franc de l'Ouest ne sera pas conquis par la grande
armée; l'invasion des hommes du Nord est sur son déclin, etj
vingt ans plus tard, en 911, le traité, conclu par Rollon après |
une défaite, y mettra lin.
Ce siège a de plus révélé l'importance de Paris : le royaume J
de l'Ouest a trouvé son centre, sa citadelle, sa capitale. Lel
comte de cette ville l'a courageusement défendue ; c'est grâcftJ
à sa bravoure qu'elle a résisté si longtemps, aussi les regarda^
se dirigent vers lui et se détournent du pauvre empereur qui,]
par deux fois, â Elsloo et à Paris, au lieu d'écraser les barbares,!
a livré ses sujets, iprès l'avorlement d'EIsloo, son prestige,]
comme chef du royaume franc de l'Est, a reçu nne atteinte dont J
il ne pouvait se relever; néanmoins il était encore l'erapereup.r
c'esl encore à lui que les Francs Occidentaux se donnent.J
Mais, après Paris, il était perdu dans l'esprit de tous; des deuxl
côtés du Rhin, dans tout l'Empire, ses sujets éprouvaient tufl
même sentiment que son armée après Elsloo, ils déploraient 1
d'avoir à leur tète un pareil prince qui favorisait l'eunenij et ]
les privait ainsi d'uue victoire certaine'.
Devant Paris, l'empire de Cbarlemagne s'est brisé, mais aesJ
morceaux reprendront vie et deviendront des royaumes; cap,f
ce n'est plus un seul empereur qu'il faut aux populations dé-
solées; chaque pays veut maintenant son défenseur, et celui
qui fera preuve d'un bras fort et d'un cœur vaillant, celuî-Iâ
sera son roi.
1. ,4nii. Futd., p. IV, ann, 882 : « undc exercilus vaille conlrislatus.do-
« lebikt super se laleui venisse principecQ, qui hosllbus favit et eis vic-
< toilam de hostibus aubtraxit; uîmiumque contusi redieruut in sua.*
CHAPITRE III
CHUTE DE L'EHPIRK CAHOIJNGIEN
AVÈNEMENT D'EUDES
Durant son séjour à Paris, et avant de conclure le pitoyable
traité qui devait mettre fin au siè^çe de cette ville, Charles III
restitua à Eudes certains des bénéfices de Robert le Fort dont
ît avait été privé lors de la mort de son père' et dont quelques-
uns, donnés à Hugues l'Abbé, étaient devenus vacants par la
mort de celui-ci. C'est ainsi qu'en septembre ou octobre 886'
Eudes devint bénéficiaire des abbayes de Saint-Martin de
Tours, de Gormery, de Vitleloin, de Marmoutier, du comté de
Tours et de celui d'Anjou*. Cette énumération est-elle com-
plète? Robert le Fort avait d'autres bénéfices qui avaient été
retirés à ses Qls*; n'en est-il pas qui furent restitués à Eudes?
ainsi Blois ne serait-il pas du nombre? Une certaine commu-
nauté de destinées de ce comté avec ceux d'Anjou et de
Touraine pourrait le faire penser'.
1. ^nti. Vedaxt., ann. 888 : « lerca piilris aul Botliberli Odoui comiti
■ coucessa. »
2. Le 22 août 686, Charles 111 conllrme les biens el privilèges de Sainl-
Martin de Tours qui à ce mmuent-là no semble pm avoir d'abbé :
4 grcx bu m il If m us adiit serenitatem rulmlnis noslri. » BâBUBR-UOuL-
BaCHBR. n» 1677. — Histor. de Fi:, t. IX, p. 34S.
3. Saint-UartiD do Tours et ses dépendances ainsi que ces deux
comtes avaient été enlevés aux fils de Robert le Port II la mort de
celui-ci et donnés à Hugues : on ne peut donc pas douter qu'Us furent
reudus k Eudes, — Ann. Berlin., anii. 8S6.
4. Ann. Berlin., ann. mH.
H. Ces trois comtés furent possédés simultanément par Robert le Fort.
KalcxSTBcn, Robert dei- Tipfere, p. IJi-lS5. — BOURGEOIS, Hugues l'Abbé,
p, i01-1fr2. — Durant le règne d'Eudes, ils furent admiulalrés par des
vicomtes : Foulques le Houx pour l'Anjou, Attoa pour la Touraine, et
Guamegaud pour Blois. Quel élaU le comte de Bloia? en 8<fô, Guarne-
gaud, vicomte de Blois, parle de Robert, le frère d'Eudes, en disant :
* senioris nostri domini Rothberti. > M&bii.lb, Pancarte noire, p. lOt,
n° i^viu. Voy., ci-après. Pièces justiflcaiives n<> VI.— Si Robert était
70
CHUTE DE l'pMPIBE. AVËNEUENT D EUDES.
Il y a plus encore : Charles III, après avoir couclu le traita
avec les Normands, quitte le royaume franc de l'Ouest; a-l-U I
laissé sans d(''fenseur ses sujets occidentaux habitués â
trouver, à côté ou à la place du souverain même, des oreilles
plus attentives à leurs plainles et un bras plus vaillant pour
leur défense? assurément non. On sait quelle place Hugues
l'Abbé occupait dans le royaumo franc de l'Ouest; durant sa
dernière maladie, durant le siège de Paris, le comte Henri
semble l'avoir remplacé et avoir exercé son pouvoir, au
moins dans ce qu'il avait de militaire'. Mais Hugues mort,
à qui l'empereur pouvait-il confier son pouvoir, le « ducatus
regni », si ce n'est à Eudes'1' C'est lui qui sera désormais le
plus grand lutteur contre les Normands, le défenseur attitré du
royaume franc de l'Ouest, le conseil et l'aide du souverain'. Ce
pouvoir que nous avons vu se développer avec Robert le Fort
et Hugues l'Abbé et qui servira à Etides, comme à sa maison,
de marchepied pour arriver au trône, a revêtu désormais sa
forme définitive. Il s'étend, puisqu'il est d'origine ueustrienne,
sur la Neustrie, dans laquelle Robert le Fort a vaillamment com-
battu, et dans laquelle il a eu, ainsi qu'Eudes après lui, la plupart
de ses alleux et de ses bénéfices. Mais il s'étend aussi sur la
« Francia n dans laquelle Eudes a pris pied, d'abord par son
mariage*, puis surtout par la dignité, qui se perpétuera dans sa
maison, de comte de Paris. Cette ville, dont Eudes a révélé l'im-
portance stratégique, deviendra le centre du pouvoir du « duc
comte ils Blols, on peut supposer quece comtù était resté dans la famille
de Robert le Kart depuis sa mort, ou, ce qui est plus vraisemblable.
(|uc Charles III le douna h. Eudes avec l'Anjou et la Touraine et que
celui-c) lors de sonavcaement douua ces trais comtés à Robert.
1 . Ann. Fuld., p. V, aun. 88a : « marchensis Francorum qui In id tempus
a Niustriam tenolt. " — Voj. l'épitapLe de Henri, OîSmmlbr, op. cit.,
t. m, p. no. — Waitz. Ueber dit angehliche Mark in Oslfranhen. dans les
Forsehungen lui- denischen Geschichle, t. I!l, p. 154 et sulv.
2. BâoiNON.CAron., ann. 687: ■ diicntus quem tenuerat [Hugo] et slre-
< nue rexerat, Odoni, flllo Bodberli.abiinperatore traditur.» —L'expres-
sion « ducaïuà regni » se retrouve dans les *lnti. S. Coliimbx jienon.
Cette concordance entre R<igmon et ces annales semble bien prouver
que lu dénomination de ce pouvoir n'est pas rortuile.
3. « Nos tri regni conslliiim et Juvaruen «diplôme de Charles le Simple
du 14 mars 918, « regni noalri maximo defenaore » diplôme de Carlo-
mau du 11 août 883 iHitlor.de Fr., t. IX, p. 536,431).
i. Voy. i'A.ppendice n* I. — 11 est vraisemblable que U femme d' Rudes
possédait des biens dans le comtti de Meaus.
EU[)ES MARQUIS ET ABBÉ.
71
des Fraucs. » Sous ce pouvoir, la«N(;Hslria» ellao Prancia»se
confoodroaL bientôt, par opposition à la Boiirgogae et à l'Aqui-
taine, sons UQ même nom, celui de a Fraacia », dont les histo-
riens ont fait un duclii5 dn France sur lequel ils ont échafaud'^
beaucoup de théories erronées. Ainsi, Eudes reçoit un pouvoir
qui dépasse celui de son père pour égaler d'emblée, si ce d'cfI
surpasser, celui de Hugues l'Abbé. .Ses compétences sont asst z
mal déGnies pour que, grâce à l'absence du souverain, elles
puitisent dévenir sans limites. Robert le Fort et Hugues l'Abbé
avaient été investis du marquisat de Neustrie. Hugues avait
étendu ce marquisat à tout le royaume et l'avait transformé en
n ducatus regni ». C'est ce pouvoir qu'Eudes reçut; y eut-il une
invesliliire formelle? il est impossible de le savoir'; c'est un
chaînon qui nous manque; odle lacune ne permet |ias de
suivre d'une manière ininterrompue, depuis le marquisat entre
Seine et Loire jusqu'à la dignité de «dnx Francoruran, la genèse
d'un pouvoir qui a l'ait la grandeur des Cap. tiens. D'aillGiire.
((uel que fût le nom de la dignité conférée à Eudes, les circons-
tances et son habileté à en profiter devaient sous peu le porter
plus haut encore.
Quelques diplômes ont été conservés qui témoignent de
l'activité d'Eudes en Neustrie comme marquis et comme abbé
de .Saint-Martin de Tours, A peine est-il revètude ce nouveau
pouvoir, et encore pendant le séjour de Charles Ht à Paris, le
27 octobre 88t), il intercède auprès de l'empereur pour obtenir
la confirmation d'un contrat de précaire passé entre Hugues
l'Abbé et les chanoines de Sainl-Aignan d'une part, l'arche-
vêque de Tours Adalald et celui d'Angers Rainon son frère
d'autre part'. C'est aussi comme marquis que, deux jours
1. Réginon (Cftron., ann. 887) semble bien l'aHIrmer; dans leadiplOmes
impériaux, Eudes, comme Hui;ues l'Abbé, conserve son simple tilre de
comte.
2. Hislor. de F>:, l. XI. p. 331. — BôHMBR-Muhlbichbb. n»16a0. —
M. Mttblbacher conclut de cet acte qu'Eudes étall alors abbé de Salnl-
Algnan: rien ne conllrme celle supposition. Eudes, dans l'acte, ne porte
que le Litre de comte ; < rjuaniani quidam Melis noster Odo come.s
a innotuil celsitudini dlgniiatis noBtrtei>: il agit ici en vertu de la
position spéciale qu'il occupe auprès du souverain. Sou frère Bobert
eel abbé de Salnt-Algnan en 8'J3; Ruccéda-t-il directement Sx Hugues
l'Abbé dans celte abbaye ï — Voy., sur Rainon évêque d'Angers, ne n
Orléans et frère d'Adalald archevêque de Tours, Gatlia chi-ûiionn.
t. XIV, col. 554. — Dom Bouquet et Bôh me r-Miibl bâcher (n' Ift80)quali-
Qeat à ton Bainon d'évêque d'Orléans.
72 CHDTE DE l'empire. avEnemest d'eudes. [886-887]
après, le '29 oclobre, il intercède à Paris auprès de Charles III
et obtieat la donation aux ahanoiues de l'égli»e Saint-Maurice
de Tours du domaine de Pernay '.
Comme abbé, Eudes ne semble pas avoir L^té toujours très
respectueux des droits de propriété de Saint-Martin de Tours.
A l'instar de son père, il peut âlre accusé d'avoir, au milieu des
désordres occasionnés par les Normands ou cédant à la cupi-
dité d'hommes pervers, laissé " par négligence > (le terme est
adouci) détourner de nombreux biens de la mense des cha-
noines'. C'est bien Eudes, par exemple, qui disposa en faveur
d'un fidèle et sans l'assentiment du chapitre, de la Celle de
Saint-Clément'. Cependant, son premier acte d'abbé, à noua
connu, fut la restitution solennelle*, en avril 887', au chapitre
1. Hiuor. de Fr., t. IX, p. 35!J : « cmiceiiimiis cliam sfiept' dîclis can-
« noiiicis Saiicli Mnuridl, deprccanle Odotic comité, in nostra elemosjna
« ac sua, villam Paterni. >
2. Voy,, sur les plaintes dos chanoines, le diplâme d'Eudes, du2 juin 896
(data à tort du 2 janvier}, dans Madillb, La invasiom normandet, p. 136 et
Buiv. mquas quidcm villas... ex mullo tempore... canonici habebant, sed
«obnegliKenliam abbatum, cupiditalemque malommliominumiiccnoD
«ol incursum paganoniin maiinia ex parle... slbi dlcunt e x trac tas, »
Voy. auEsi les plaintes du chapitre, diins Mabilub, Pancarte noirf, p. 1 2S,
a* cxt. — Eudes ne peut accuser les abbés que de négligence puisque
lui-même el son pèro sont du nombre.— Le domaine de Dousaay {if>id..
p. 94, D" LV) resliluô plus lard par Eudes roi, el celui de Monnaie [ibid..
p. 105, D* Lxxvi), furent enlevés au chapitre â une époque îudélermiDée.
Eudes a, dans plusieurs cas, droit aux prières que les chanoines s'enga-
gent a faire en retour de la reslitulion de leurs biens.
3. Mabili.b, Pancar le noire, p. 73, n°xxin.— M*BUJ.B,£f* inumions noi—
mandfs, p. 440-W5.
i. Cet acte a été public par Mabitle, Les invations normandei, p. 't3i . —
Celle resllLution a été conlirmée par l'empereur Chartes 111 [Hittor. de
Fr., l. IX, p. 359) et par un concile {ibid., p. 313).
S. Lesdeux premiers «êtes dans lesquels Eudes intervient comme Hbbé
du Saint-Martin sont datés l'un d'avril, l'autre de mai « anno VT in
«Italia et (a Francia IV el InGallia II régnante... imperatore Karolo ■
ce qui donnerait l'année S8S: cependant le début du règne en France
de l'empereur Charles lit est noUanl dans les acies entre le tS janvier
el le 20 mai [MiJHl.BACHBH, J'ie Wrfcrmden Karh UI , p, 34-59), de sorte
que 1 in Gallia II " pourrait, pour ces deux actes, signifler 887; la date
du règne » in Gallin n est bien celle qu'un franc de l'Ouest avait le plus
de chance de savoir exaclemenl. De plus, l'acle d'avril porte encore
« aclum Turonis monaslerlo, anno 1 Odone abbate •; or Eudes n'a été
abbé & Tours que depuis septembre ou oclobre 8^6; eu avril de la
même année Hugues l'Abbé l'était encore. Enfin, Eudes ne pouvait pas
Ëlre à Tours en avril B86 puisqu'il était enfermé dans Paris. Donc, ces
[8S7]
i MARQl'lS ET .1
73
de Saint-Mari in de Tours, de certains biens en Italie qui
avaient été donaés nutrefois par Gharlemagne à (îette abbaye
et qui lui avaient été enlevés depuis, vraisemblablement par
Robert le Forl'. Eudes efTpcttic celle restitution par sou gant, sur
le sépulcre de saint Martin; il exprime le désir que trois per-
sonnes aïeul part aux bénédictions divines qui seront le salaire
de cet acte pieux : l'empereur Charles pour lequel il voudrait
non seulement la vie future facilement gagnée, mais encore
une vie présente plus glorieuse ; il est bien difficile de ne pas
voir dans ces mots un reproche du défenseur de Paris au
monarque qui s'est montré si lâche devant cette ville I Eudes
implore ensuite sur lui-même la miséricorde divine; les cha-
noines devront le mentionner continuellement dans leurs
oraisons et chanter pour lui, sa vie durant comme après sa
mort, sept psaumes de ceux que l'Église réserve spécialement
il la pénitence. Enfin, Hobert, son père, devra avoir sa part du
pieux bénéfice, ce qui est naturel ai c'est lui qui a dépouillé
l'abbaye à son profit.
Eudes accomplit cet acte entouré de nombreux ecclésias-
tiques ressortissant de l'abbaye de Saiut-Martin et de plu-
sieurs grands personnages' : Adalald, archevêque de Tours;
le comte Adémar^ fiis d'Êmenon comte dr* Poitou puis d'Au-
goulême, parent d'Eudes et compétiteur de RamnuUe II pour
le comté de Poitou; Gnaruegaud, peut-être déjà vicomte de
Blois', en tous cas fidèle d'Eudes, auquel celui-ci, uiiefois roi,
deux actes qui portent mie date d'année iileutique doivent être tous
deux de SâT. — C'est aussi l'avis de M. de Kalckstciii, Alu Itugo, p. 127.
1. C'est rbypothése de M. de BarthÈieray, op. cil., p. 128, — Quant & la
mention de la mère d'Eudes, elle ne se trouve que dans lediplôme impé-
rial. Le chancelier de Charles II! aura remplacé par cette iinntlon, dans
l'acte de confirmation, la phr-as'» qu'il jugeait peu respectueuse dans
laquelle Eudes implorait pour l'empereur une vie présente plus glo-
2. 4 Nobiliuœ bominiim raanibus roborandum decrevimuB, »
3. Abbon, I. II, v. SST-iiM. — Nous rcnooutrerons à plusieurs reprises
Adémar dans la suite du rûcit.
4. Guarnegaud est souvent mentionné dans la Panciric noire. Il
j Qgure comme vicomte de Blois dès M90. Mabillk, Pitncarie noire,
p. 180, n" xcv. Voy., ci-après. Pièces juslincatlves, n° IV.— Est-ce Eudes
qui le fit vicomte? Il ne parait pas comme vicomte dans cet acte de 887;
il est vrai qu'Alton qui était vicomte de Tours ne porte pas Ron litre
dans cet acte. Qui âuit comte de Blois en SSl^ on l'ignore, mais oa
peut être tenté du supposer que c'était Eudes.
7^
ICMPIBK. AVÈNEMENT I
fit éprouver sa générosité'; Àttoa, vicomte de Tours
place d'Eudes qui était comte; Pouliiues le Roux, très jeûna'
encore à cetlP époque et qu'on trouve cou statu meut dansl'ea-
touragc des tils de Robert le Fort. C'est grâce à eux qu"il|
acquit sa puissance en Aujou d'où il ne semble pas KVoircU
originaire; il y fut d'abord vicomte, très probablement rem-
plaçant Eudes, puis comte; oii reconnaît en lui le premier
comte héréditaire d'Anjou'; en tout cas, comme Alton et (iuar-
negaud, homme nouveau, créature et partisan lidèle d'Eudes
Autour d'eux, nous voyons encore comme témoin de l'acte
un Gualtarius' qu'on pourrait être tenté d'ideutiticr avec ud
riche propriétaire du même nom en Touraine et eu Poitou qui,
en 900 et eu 904. fit des donations à Sainl-Marlio de Tours.
Eafiu, à propos d'un a Germunnus », on peutrappeler que li
roi Louis, le vainqueur de Saucourt, le fils de Louis le Bègue,
était mort, à Tours, des suites d'un accident survenu en pour-
suivant à cheval la Ullc d'un nommé Oermond'. Mais il eat
temps de s'arrêter; vouloir identifier chaque nom ce serait
s'égarer. Ce qui importe, et ce que cet acte montre clairement,
c'est qu'Eudes, en 887, à une épof|ue très rapprochée de
de son avènement, a dans son entourage des grands de l'Anjon,
de la Touraine, du Blésois, qui semblent des hommes nouveau:
et qui lui sont tout dévoués. Eudes agit nou seulemenj
comme uu grand bénéficiaire en Neustrie, tel que l'était: soi
père, mais encore entouré de puissants Transséquaaiens
semble leur chef à l'instar de Hugues l'Abbé*.
1. Noas coanaissons, par de simples mentions, il est vrai, deuxj
(liplAmes par lesquels Eudes donne à Guarnegaud des terres dan» t
Blésois. Mabillk, Pancarte noire, p. 101, w LXVUl; — Dou NoBL H
Ilialoire du Poyal Monastère de Sainl-Lomer de Btois. putjl. pnr A. DUprt
Blols, I8G9, in-8, p. 388-370.
2. Alton ue porte pas de titre dans cet acte, quoiqu'il fût vicomte dfti
87a. MABILI.lt, op. cit.. p. 119, II" eu.
3. Vo.v-,aur Foulques le Boint, Mabillb, Introduction aim chroniguet i
comtes d'Anjou, p. Lix-Lxui. — MahilLe estime qu'à l'époque de laquelle
date cet acte (il le date à tort de 886) Foulques était déjà vicomte, quoiqulî
n'eu porte pas le titre dans l'acte.
i. Mabillb, Pancarte noire, p. 182, n" OVi et CX.
3. Ann. Vedatt., ann. 882; — Ann. Berlin., anii. 882. — Un nommé G
raond est à Paris auprès de Charles ni, et par consequeiii auprès d'E
te Z4 octobre 886. et se fait conQrmer des biens qui lui ont été C6dé« p
Charles le Cbnuve dan* le paya chartrain: Mabillb, Pancarte
n- xxïu; — llUlor. de Fr.. t IX. p. 351.
6. Vo;., ci-desaus, p. S-10.
r-
I
[887]
, LA COim DE L E
7o
Eq mai 887', le chapitre de Saint-MarLin de Tours fait un
échappe avec Frotaire, évoque de Bourgea et abbé de Saint-
Julien de Brîoiide; l'acte l'ait méat iou du consenteiuent d'Eudes
qui ne semble pas avoir été présent. Ost en mai (887) en eiret
qu'Anskerick se rendit auprès de Cliarles III pour toucher la
rançon de Paris qui devait être payée aux Normands". On peut
supposer qu'Eudes aussi se rendit à cette époque vers l'empe-
reur; il ne (igurc pas, en elfet, dans la iulte que Paris eut à
soutenir avec les Normands après le paiement de la rançon, et.
d'autre part, on sait avec certitude qu'il était, le lU et le 17 juin
887, auprès de l'empereur qui, sur sa demande, lui accordait
deux diplômes : l'un, par lequel il conQrmaît à Saiot-Marlin de
Tours les biens qu'Eudes venait de lui restituer en Italie ;
l'autre, par lequel il conQrmait l'aiTranchi-ssemeut d'un nommé
Lcuthard, accordé par Hugues l'Abbé'.
Eudes était donc dans les meilleurs rapports avec Charles III ;
mais son séjour à la cour dut lui inspirer des réflexions qui
ne furent pas sans inilueuce sur son avenir. Après le siège de
Paris et sa retraite précipitée de Soissons, l'empereur' était
tombé malade en Alsace ; de là, après avoir passé à Rotlweil
sur le Neckar et à Bodman sur le lac de Constance, où il se lit
faire nue incision dans le crâne pour apporter quelque adoucis-
sement aux douleurs de tête dont il souffrait, il arriva à Wai-
blingen où il tint une diète après Pâques. C'est là que Béren-
ger, le puissant duc de Frioul, vint se présentera lui. D'une
noble et puissante famille franque°, allié aux Carolingiens par
sa mère Gisèle, la plus jeune fille de Louis le Pieux, Bérenger
venait faire amende honorable pour avoir violé la paix publique
I- Dans l'acte d'échange {Gatlia çhriitinna, i. II, InBlr., col. E ; texte plus
complot -Aaiis les Armoiitt de Huluie, t. 76, Toi. U8) la cougrégation de
Safiit-Marlln agil < per couMIhini Odoiila abbaiis • tan^lis i[ue la congrC-
galion lia Suint-Julien agît « con^^etilienle et cooperaute... arclilepis-
* copO.<- et iirEeclarissiiiin abbate > ; aussi Frotnire sigiic-l-il l'ncte, tan-
dis que lo iJoyen et le trésorier du Saiiit-Mnrlin apposent leur nom i. la
place de l'abbé-
2. Vfty., Ri-dessuB, p, 61.
3. BSHMBR-MiJHLeACHBIl.n'" nWet nm. - llittar. de Pr.. l, IX.p. 3H'Jel
360- — Mabillu, VancarK: -.loire, p. lif. n» xxxi; p. 101, il" LIVll. — \.n
restilutioTi faite par Eu'Ies fut encore conllrmée par uo concîlt', Mabfllk,
011. cit., p. 120, n° GIV.
4. DÛMMLBB, Oachichle dtt oatfrankiachcn HeicAs, t. III, p. 27i et Riiiv.
8..DiiUMLBR, op. cit., L. IH, p, l.'i, - Dt'MMC.BH , Otsli IlereTignrii , p. |7
7fi
IIE LEHPllln. .VVËNEMSNT 1
et s'êtrf! vengé, l'année précédente, de Liutward,rarcLichapelain
et le favori de l'empereur ; il ne veuait du reste sliumilier que
pour pouvoir mettre sa vengeance plus sûrement à exécution.
Puia l'empereur se rendit à Kirchheim, un peu au nord de Bâle;
il y était à la fin de mai. C'est là qu'Eudes le rencontra. Il fist
intéressant de trouver à la cour, pour ainsi dire simultané-
ment, Eudes et B(5renger, ces deux personnages, peut-être pa-
rents', qui, moins d'un an après, devaient tous deux régner
dans l'Empire démembré. Et justement, à cette époque, un pas
décisif venait d'être fait vers la dissolution de l'Empire : Irmea-
garde, la veuve de Bosou, le fondateur du royaume de Provence,
avait amené à la cour son fils Louis; Charles III avait reconnu
à ce dernier ses droits sur le royaume paternel, tout en maiu-
teuant sur lui sa suzeraineté et eu faisant de lui son fidèle'.
Une voie nouvelle était ouverte ! Eudes et Bérenger purent alors
comprendre comment il était possible de se tailler dans TEmpire
un royaume, sans paraître porter sur l'unité carolingienne une
main sacrilège; ils comprirent qu'en contractant un engage-
ment de fidélité, acte purement formel et qui n'engageait &
rien, il était possible d'acquérir, sans être usurpateur, une |
royauté effective. Aussi, lors du démembrement de 888, de J
tous les rois qui surgiront, ils seront les seuls, avec Louis!
de Provence, qui reconnaîtront la suprématie d'ArnuIf, le suc-
cesseur de Charles lil.
Enfin, l'empereur dut perdre à leurs yeux tout prestige, s'il 1
en avait encore, lorsqu'ils le virent, jouet des intrigues de cour, .
expulser son favori et se séparer de sa femme Richarde. Da I
reste, quelques mois après, sa chute se consommait; non!
seulement son corps mais son esprit était atteint. Le II ao-J
verabre, on apprend à la cour, qui était alors à Tribur, qu'Ap- I
nulf, neveu de l'empereur, bâtard de son frère Carloman, s'est]
insurgé et qu'il a usurpé le trône; Charles III, abandonné da 1
tous, en est réduit à aller demander au nouveau roi de lui I
accorder quelques biens en Souabe pour qu'il puisse y Gaip 1
ses jours en paix; eu novembre, il avait cessé de régner et, le*f
13 janvier 888, il avait cessé de vivre. Le 27 novembre 887, I
Arnulf signait un diplâme comme roi^
Après sou séjour en Alémanie (juin 887), Eudes disparaît, ou |
I. DCmmlbr, Geita Berengarii, p. 18,
1. DC-UMLBB, Gesehicble des oslfrànkitchen Reicki, t. lil, p. 277.
3. BÛHMBR-Mi'lHLBAGUBR, H" 1718. — DL'MMLBfl, op. cil.. l. m, [>.
[887] KUDES ABBÉ RE MARMOCTIIOR. 77
plus exactement ses faits et gestes, durant les mois qui suivent,
échappeut aux investigations de l'historien; ce cas ue sera que
trop fréquent dans le cours de cette étude. EûUu, plus d'un
mois après la déposition de rempereiir, durant les derniers
jours de l'aimée, il réapparaît à Tours, agissant comme comte
et abbé de Saint-Martin et de Marmoutier'. En elVet, durant son
séjour dans cette ville' les moines de Marmoutier vinrent, à
l'improvîste , se jeter à ses pieds, le suppliant de secourir leur
misère, disant que le lieu où ils avaient reçu la tonsure et l'or-
dination pour servir le .Seigneur était réduil à rien, que les
domaines qui leur avaient été donnés, pour qu'ils en tirent leur
subsistance, leur avaient été injustement soustraits ; nilelieu,
ni le temps n'étaient, il est vrai, propices pour y remédier;
mais ils craignaient qu'un nouveau malheur ue vint fondre sur
la parcelle qu'ils possédaient encore; aussi demandaient-ils la
libre jouissance de ce qui leur restait de leur domaine et im-
ploraient-ils le secours d'Eudes au sujet des maisons, des
terrains et des jardins qu'ils possédaient, tant dans le monastère
que dans la ville. L'abbaye de Marmoutier avait été en effet
détruite par les Normands en 850'el ses propriétés avaient été
l'objet des déprédations des grands. Aussi Eudes, qui, pas plus
que son père peut-être, n'était eserapt de toul reproche à cet
égard, surpris et effrayé de voir tous ces moines prosternés
devant lui', touché par leurs prières et leurs larmes, accéda-
1. Cet acte ae trouve dans Martène, Histoire [ms-l de Aformouliw, II*
partie, l. 1, p. 26, Bibl. cal., fonda laliu, n" 1237e-12e«0 ; il en a ele pu-
blié UD Tragmeot parMabille, Lti invaiiom tu>rinandes,p. 17G, n. S- — Cet
acie esl si ogu lié renient daté, sans actum ul nom de lieu : « data in
• niense decembrio, anno quo œorluiis fuit Karolus iraperator ; • on ne
peut pas Oater cet acte de décembre 888 puisqu'alors Eudes était roi ; il
(anl doue admellre que ce dernier accorda aux moines la confirmation
qu'ils ilemandaicDl, après le 2S décembre 837 et avant le i" leuvier S88 ;
car, comme l'année commençait alors en France à Noël, les sept derniers
jours de décembre 837 tombaient daus l'année de la mort de Charles 111,
soit 8â8. Il faut admettre encore que si la conQrmalion fut accordée par
Eudes durant les sept derniers jours de 837, l'acte n'en fut dressé
qu'après le 13 janvier 888, date de la mort de Cliarles III, cequl a permis
au clerc chargé par Eudes de l'eipêdilion de l'acte de dâsîgner l'année
par ci:t ijvânement.
2. • Ego bumilis miles Cbristi, Odo, par largltloucm domni Karoli
1 imperatoiis comea..., cum sisterem infra muros Turonic» clvitatis-.. »
3. Mabillb, Lfs invasiom normandei, p. 17S.
't. - Subito veniens grex preefati monaatcri), Icrrorem mllit magnum
i, prosiraveruiit se unanimes solo anle pedes meos. ■
78
CHUTE DE L'EMT'iniî. AVËNEMEST d'RUDES.
t-il, avec le cousenlemenl de l'archevêque de Tours, à 1
demande, promettant d'accorder davantage si ses jours t^taieal
prolongés. Eudes ('■tait eulouré alors de nombreux fidèles',
nombre desquels ligure, comme signataire de l'acte, son frèit
le comte Robert.
Doue, dans les derniers jonrs de l'anm^e 887, rien i
changé eu principe dans la position d'Eudes ; il n'était pas i*oi;j
Charles III, déposé depuis un mois au delà du Rhin, ponvaiVj
Être encore considéré comme le souverain du royaume
l'Ouest; tout au moins sa place n'était pas prise et elle ne le
fut pas jusqu'à sa mort' et même encore plus d'un mois après.
Sa succession dans le royaume franc de l'Ouest pouvait
paraître toute réglée par avance; c'est dans ce royaume, ,j
en elfet, que vivait le dernier et le seul Carolingien légitime».
Charles dit le Simple, enfant posthume de Louis le Bègue etl
d'Adélaïde'. Malheureusement il n'avait que huit ans' et, del
l'avis des contemporains, il était trop jeune pour régner et pourl
protéger ses snjets contre les Normands dont on pouvait!
craindre une invasion plus terrible que les précédentes*. Il fal-
1. a Una ciun coniBiisu lldelium omnium nosirorum. •
2. L'élude diplomatique confirme ce Tait : les diplômes du ii dâ-
ceinbre 8S^ et du 30 décembre 8S9 [890 anc. si.j qui nous sont parvenus
en ori«i[iaui (Quantin, Cai-tuluirs de d'orme, t. I, p. 124, 11» LXm ; IIÙDBT,
DocuinenU pour l'tiUioirc de Sainl-Hilaire de Poiti-rrs, p. 12, n» IX; llisior,
de Fr., l. IX, p. 449 et 430] porlenl tous deux l'an 2 de règne ; en revanche,
dans un diplôme du 3» Janvier SM, l'an de règne a changé, il fst le
troisième {HUloii-e du Languedoc, éd. Privât, t. V, col. 81, n' XI)- Malheu-
reusement l'original de ce dernier diplôme (Blbl. Nat., ms. lat., n'
loi. 71, n* xxt) est Itès maltraité justement k l'endroit où se trouve
indique l'an de régne; cependant au siècle dernier, alors que le diplôme
pouvait ëLre dans un meilleur état de conservation, (tom Bouquet
sans hésilaliou semble-t-il ; *Anno III régnante ». L'an de règne change
donc entre le 30 décembre et le 3i)janvier; entre ces deux jours, la seule
date qui marque est celle du 13 juuvler 888, soit celle de la mort de
l'empereur Charles lit ; c'est à cet ôvôoeinenl qu'après coup les chance-
liers auront (ail remonter le début du règne d'Eudes.
a. La légitlmilé de celte union avait été contestée par l'Eglise, Kalcx-
STBIN, Ouciiiehle dei franiùtischen Koniglliums, p. 470; — Abl Hugo, p. 88:
- DOUMLBR, op. cit.. l, m, p. 85.
4. Il était né le 17 septembre 879. — Ses ennemis contestèrent quIL]
fat le flls de Louis le Bègue (Flodoard, Hitt., 1. IV, c. 5, p. S64).
S- foulques donne la raison de l'élévation d'Eudea aux dépens de la
lâglliraitû carolingienne : « quando Karolus imperntor deccsslt, et idem
■ Arnulfus regimeu huius regnl suscipore noluit, hic Karolus adhuc ad-
« modum corpore simiil ul scieniia parvulus exlstebai, nec regul guber-
I
T^v^^pvn
iG L OUEST.
79
lait aux Francs Occideutaux, non pas seulement une télé sur
laquelle ils passent placer la couronne, non paa un roi qui ne
le fût que de nom, mais un chef vaillant, uu rude et intpt^pide
jouteur. Or la famille, dont les droits au trône avaient été si
solennellement consacrés par le pape Etienne II lorsqu'il
oignit Pépin, ne pouvait plus fournir qu'un enfant. Quelque
profondes quir fussent les racines qu'avait poussées dans les
esprits le principe de la légilimité, les hommes de cette épo-
que durent y déroger; ils durent avoir recours, si ce n'est à une
élection formelle, du moins au principe électif et faire un choix
absolument en dehors de la famille qui leur fournissait des
souverains depuis pins d'un siècle. Il n'y avait pour eux dans
cel ahandoD de la légitimité ni nue affaire de principe ni une
longue préméditation. Les circonstances le voulaient ainsi ;
c'élait une nécessité à laquelle ils durent se soumettre. iJomme
le dit UQ historien du x* siècle : * Les Francs délibérèrent au
« sujet d'un autre roi, non point comme auraient pu le faire
a des sujets félons ou rebelles, mais bien poussés par un désir
n commun decombattre l'ennemi qui les menaçait'. « Puisqu'il
leur fallait im chef contre tes Normands, Eudes était tout dé-
signé aux sulfrages; l'empereur Charles III lui avait créé i
position à part qui Ini avait permis, non seulement d'étendre
son influence, mais encore de rester eu vue et de ne pas être
oublié durant les deux années qui suivirent le siège de Paris.
Aussi est-ce au héros de cette mémorable résistance, devenu
en quelque sorte le héros national, que le sceptre allait être
offert. A la tin du ix° siècle, dans l'Empire franc, la principale
qualité d'un prétendant, comme le premier devoir d'un roi,
était d'offrir au peuple terrifié une protection contre les Nor-
mands. Les Francs de l'Ouest voulaient uu roi pour eux' et
< nitculU Moneiia «rat, el instanle immanissimaNonlmaauorumperBe-
u cuUoae, periculosuui eraL tiiQc eum elîgere » [KlodOabd, op. cit., l. IV,
c. 5, p. 563).
I. LUCUAIHB, llittaire da inttitaliont monarchique», t. 1, p. 57 : < La pé-
riode qui s'étend de la deposilion île l'empereur Cliarles le Gros & l'avè-
nement (le BugUËB Capel avait été, par exoelleocâ, l'époque de la pré-
pondérance dëtiidée du principe électif. >
ï. RiCBBR, Jlislor., 1. 1, c. 4 ; a et quia Karolus vlx ndhiic tricnnis [Il
« avait huit ans| eral, de rege creaudo délibérant ; non ut desertoreï,
< sed ut in adversarlus ludl|juanle3. - Celte dUtînctioa est absolument
Juste.
3. lllncmar duna une lettre au pape Adrien {Opéra, t. II, col. tSt) met
dans la boucbe de certains Francs ce langage ù l'égard du pape : » non
80
. AVËNKMENT d'eUDES.
pour eux seuls, no rai du terroir, qui, au lieu d'aller se faire
reconnaître empereur en Ilalie, comme Charles 111 l'avail fait,
n'aurait pas de plus grand intérêt que de les défendre, parce
qu'en les di^feudanl, eux, leurs familles et leurs biens, il se dé-
fendrait Uii-mème, il défendrait sa propre famille et ses pro-
pres biens. Les Francs de l'Ouest trouvèrent en Eudes ce lut-
teur éprouvé, 11 était le plus grand di'feuseur du royaume, le
premier après le souverain, le seul capable de rt'goer'; il était
devenu l'homme nécessaire. Il n'avait aucune attache, il est
vrai, avec les Carolingiens; qu'importe 1 puisque celte famille _
ne pouvait pas fournir un sauveur, il fallait le chercher autrej
part.
Toutefois son avènement fut retardé nou seulement par les 1
scrupules de plusieurs et par leur respect invétéré de l'unité ■
etde la légitimité carolingiennes, mais encore et surtout par une J
compétition au trône.
Dne scission se fit en efTet enirc les Francs Oc-cidentaux :
quelques-uns, peu nombreux du reste, voulurent élever aai
trOne Gui de Spolèle'.
Gui était issu d'une famille austrasiennedes bords de la Uo-f
selle qui, sans avoir de parenté avec les Carolingiens',
leur cédait guère en ancienneté. Son bisaïeul Gui avait élèl
comte dans la marche bretonne; son grand-père Lambert était 1
comte de Nantes, mais, à la suite de troubles, il avait perdal
son comté et avait dû se retirer en Italie où il mourut en 836..f
Son père. Gui, homme entreprenant, actif et peu scrupuleux^l
€ prœcipial nobis habore reBem, qui aos in sic longinquia partibus
t adjuvare non posait contra aubltaneos et Fréquentes pagniiorum impe-
• lu9.>— RéoiNON, Chron., anii. 888 : « unomquodque [regaum] de suis
« vlsceribus regem sibi creare diaponit. » — Eri pariant de la fuite de
Charles Itl deSoissona, les Anu. Kcifatt. dlaent : « rcdiit in lerram suam»;
les Francs de l'Ouest ne considéraient pas cet empereur comme un
souverain leur appartenant.
1. (Solus idoneuB >, comme Ré|ri non {Chron., anti. S80) le dild'ArDulf.^
— IlAaTTDNG, Die Thronfolge im dcuUc/itn Heielit, dans les Fonçhvngen *i
dfuUchtn Gttehiehu, t. XVUI (lS7â) p. 135. — MAimBNBRHCBBR, OetakiehtJ^
dm- ilciitschen KônigtiuahUn, Leipzig, tïtSlt, In-S, p. 27 et 30.
2. Voy., sur Gui de Spoléle : Waitz, Ueber dat Herkommen de» J
gra[en Wido oon SpoleJo, dans les Fortehungen sur deulschen OtMchMite,
t. JIl, p. 149 et auiv.; — WOstbnpbld, Ueher die Iln-soge eon Spoltto^
ibid., l. ill, p. 3a3et suiv.; t. IK, p. il', et suiv. — Dummlhh, CMcAtefttoj
dts oitfrdnkiichen lieicltt, passim.
3. Wbnck, Oie Erhebung Arjwtfs, p. 91!.
[879-8
GOI DE SPOLÈTE.
81
acquit le duché de Spolètc. qui passa à sa mort à son fila aîné
Lambert, tandis que son autre fils, Gui, eut probablement le
comté de Gamerino. Chargé par l'empereur de proti'ger le pape,
Lambert fut toujours l'ennemi le plus redoutable de celui-ci et
ne servit que son ambition personnelle; il mourut eu 879,
laissant un ûls qui ne tarda pas à le suivre dans la tombe (882).
Gui II, frère de Lambert, restait seul héritier du duché de Spolète
et du comté de Gamerino que Gharlemagne avait séparés jadis
craignant de rendre trop puissante la maiu qui les réunirait.
Gui continua d'abord la politique hostile à la papauté; le
pape se plaignit à l'empereur Charles III; Gui, accusé d'avoir
reçu de l'argent de la cour de Uysance pour se révolter, fut
arrêté,
On allait lui intenter un procès de haute trahison, lorsqu'il
s'échappa et s'allia aux Sarrasins. Charles m lui retira ses
bénéfices et chargea Bérenger, duc de Frioul, d'exécuter la
sentence et de le soumettre; Bérenger échoua (883). En 885,
l'empereur pardonna h. Gui, qui recouvra ses deux duchés.
Dès lors, il est l'allié du pape qui l'appelle son fils; il s'empare
momentanément de Capoue et de Bénévent, remporte deux
victoires sur les Sarrasins; bref, il est devenu, après avoir
touché du doigt l'incapacité de l'empereur, le prince le plus
puissant de l'Italie centrale.
A la mort de Gharles III, il semble qu'il n'ait qu'à saisir la
couronne. Mais non! il l'abandonne à sou rival Bérenger.
Le souvenir de sou origine est encore vivant chez lui; le ra-
meau italien avait toujours entretenu des relalions avec la
partie très nombreuse de la famille qui était restée dans le
royaume franc de l'Ouest'. Lui-même a des rapports per-
sonnels avec ses parents d'au delà des Alpes. Ceux-ci s'opposent
â l'avèaement d'Eudes; ils veulent un souverain qui soit de
leur famille ; ils forment un parti et appellent Gui qui , dévoré
de l'envie de régner', se laisse tenter et abandonne la proie
pour l'ombre.
Le plus puissant, assurément, parmi les parents de Gui
comme parmi les adversaires d'Eudes, était l'archevêque de
1. DJJMUI.mt, op. cil., l. 1, p. 213, — BOOHGBOIS, Le capilulaire de Kieny,
p. 9S.
■2. Ercubkpbrt, lliitoria LangohardofHm , dans ks Mon. Germ., SS..
l. m, p. 263 : « cupidilale regnandi devictus. »
»2
r.iitiTE DE l'empire. AVENL-Mt:;
f873-
Reîms, Foulques', Il était oé en «Francia**, c'est-à-dire au
uopd de la SeiDe et c'est dans celte région que se déroule toute
sa carrière. Il était de famille noble, ce doul il était Oer, non
sans raison semble-t-il. Dès sa tendre enfance, il avait été éleré
dans la discipline canonique, k Saint-Berlin probablement.
S'élant fait remarquer à l'école de ce monastère par ses aptitudes
inteliecluelles, Charles le Chauve le prît dans sa suite et le mitl
au nombre de ses familiers; c'est là qu'il se forma aux aO'airi
Eu 87S, Foulques accompagna Charles le Chauve jusqu'j
Rome'; en 877, quand ce souverain prépara sa nouvelle ex-
pédition eu Italie, il désigna Foulques et Guzlin pour être au
nombre de ceux auxquels son Qls Louis le Bègue devait avoir
recours pour former son entourage et son conseil*. Poulqui
est déjà uu personnage en vue, il est déjà abbé'. L'anD<
suivante, il succède à Hilduin comme abbé de Saint-Berlia'
il se met à fortilier le monastère; mais, les Normaudd
eut le 28 juillet 878, avant quo les travaux soient ter-
minés, et se livrent à leurs ravages habituels'. Après leur dé-
part. Foulques reprit les travaux. Il ne séjournait du reste pat
A Saint-Berliu mais bien à la ci>ur*. Le 21 décembre 882, U
ex-
î au
voir
1. Cette parenté ne peut être expliquée, mais elle n'est pas douteuM
IKJMULBH, Gesla Berengarii, p. 16-17; — FlodOaRD, HUl., I. IV, c. I,
p. ii5^336 : " pro Widoae quoque alllnt suo. » Foulques était parent de
r.jmporeur Lambert le llls de ijui II (Flodoard, op. cit., 1. IV, c. 3,
p. 361). — Foulques et l'empereur Lambert avaient un parent commun
nommé Baiiipon qui vivait en 893 (FLODOAao, op. cit., I. IV, c. 5, p- SW);
<:e nom se retrouve dans la famille de Foulques qui avait un frère
nomme Rampon (Flodoâbd, op. cit.. 1. IV, c. 1, p. SS5), mort avant S84.
2. Voy., sur l'origine de Foulques et ses débuts, son épltaphe, Fld-
itOAHD, op. cit., 1. IV, c. 10, p. 573; et c, 5, p. S64;c. 1, p. 553;c. i,p. 36!.
— GaUia cliriiliana, t. IX, col. 4S; t. UI, col.^Sl.
3. FLODOABD, op. cit., 1. IV, C. ), p. 558.
4. Hûtor. lit Fr., l. VII, p, 702. — DOuULBIt, Getehiehle det ottf'rânla-
ic/icn Reichi. t. UI, p. 45, Q. 2-
5. Le Chartularxum Sii/iie>i« (éd. Guérnrd, p. 12U), appelle Foulques, au
moment de sa nomination à Saint-Burtin, « canonlcus » et le capitu-
l.ïire de Quierïj antérieur d'une année (677) le nomme parmi des abbés.
0. D'après le GaHia ehrUtiana (t. IX, col. 45), Foulques serait devenu
abbe deaaiQt-Bertinen877; c'est une erreur, car d'après le Cliartularinm
snhienae, p. 12(1, il succëdii à IlUdiiln : < V Idus febniarii, doniinica L
" quadrageslma • or, le 9 février tombe sur le premier dimaucbfl
quadragésime en «78 et non en 877. — Les Ann. Btandinienset (dans 11
Mon. Oerm., SS., t. V, p. 24) fout dater l'abbatiat de Foulques de S78.
7. Chartularium Silhiense, p. 12G; — Ann. Blanilinifnifi, ann. 87S.
8. C/iron. SitMen4e, dans les Hislor. de Fr., t. IX, p. 71. — FlODOABI),
«il., L .IV, c. 4, p. 562 : « sicque In aula palatii perse verans... »
"^
fl
FOULQUES ARCHEVEQUE DE REIM3.
83
grand Hincmar s'éteignait et Foulques était appelé à lui suc-
céder sur le siège arcliiépisoopal de Reims. Il semble que son
élection ait soulevé quelque opposition parmi les sufTraganta
du diocèse'; néanmoins, il fut consacré le 7 mars 883'. Il en-
voya au pape Marin I sa profession de foi et recul de lui le
« pallium. »
Foulques était désormais au premier rang parmi les grands
du royaume ; c'était, dit un annaliste, a un homme admirable
en toutes choses*», 11 sentait lui-même tout le poids de cette
nouvelle charge et combien était lourde à recueillir la succes-
sion d'Hincmar : « Élevé comme je l'ai été, écrivait-il au pape,
n après une vie telle que celle que j'ai menée avant mon élé-
■ vatioQ à l'épiscopat. c'est pour moi plutôt une charge qu'un
u honneur; ce n'est pas uu moyen de m'élever, mais un escla-
« vage d'humilité*.» Un exemple prouvera qu'il se faisait
également une haute idée des devoirs qui lui incombaient
dans le domaine de la morale : Richilde', la veuve de Charles
le Chauve, menait une vie de désordre ; il lui écrit une longue
lettre' pour l'exhorter k chauger de vie, à songer à son Ame,
à s'approcher de Dieu, à s'efforcer d'atteindre à la simplicité
et à l'innoeeuce de la colombe, afln que, lorsqu'elle quittera
son corps mortel, elle mérite de s'entendre adresser par le
Christ ces paroles : a L'hiver est passé, il est loin ; viens, ma
« colombe, dans mon repos, à la droite de mon Père... Si
« vous écoutez notre conseil, ajoute-t-il, noua serons à votre
« égard tel que noua devons être, en toute (idélilé et revê-
te rence dans luul ce qui vous est dû, et Dieu vous sera pro-
« pice comme nous l'en prions. Sinon, nous voulons que
a vous sachiez que nous n'encourrons pas pour vous la colère
1, Gallia ehristiana, t. IX, col. UË. — DOU Mablot, Melropotis Rememis
hiatoria, t. I, p. 501 et suiv.
2, D'après son épitaphe (Flodoahd, op. cil,. 1. IV, c. 10, p. W5), Foulques
occupa le siège de Reims 17 ans 3 mois el 10 jours el comme il fui
assassiné, d'après la même épitaphe, le 17 juin 900, cela donne pour le dé-
but de son épiscopat le 7 mors eâ3. — Les ^nn. Vcdtui. datent l'assassinat
du 1S au lieu du 17 juin.
3, Am. Vedatl., ana. 882.
i. FlodoabI], op. eil., 1. IV, c. i, p, 562.
5. Charles le Chauve, à la mort de sa rcmme Irminlrurie (octobre 869).
avait pris comme concubine Richilde, sœur du comte Bosoa; 11 l'épousa
en S70 et mourut en 877. DOMULaa. Gttchichu dn osifrànkitclien Hticht,
t. II, p, 2a5-2B«.
6. Plodoard, op. cit.. i. IV, C. 5, p. B66-M7.
84
CHUTE DE l'kmpiuf;, AVRNEME!
[mi-m
K de Dieu, mais que, selon notre ministère, nous agirons i
<i votre rgard comme nous l'ordonne l'autorité canonique...
■ Que le Dieu tout-puissant, se rendant à nos prières, étende
a sa main dti haut du ciel et vous tire du bourbier profond de
« ce siècle. B
Foulques trouva son archevêché dans un étal pitoyable, en
proie à la discorde et aux ravages des païens'. Son prédéces-
seur, Hincmar, avait dû, devant les Normands, fuir de Reims,
car cette ville était ouverte depuis que l'évÊque Bbbon avait
détruit une partie de l'enceinte fortiSée, lorsqu'il bâtît la basi-rJ
lique de Notre-Dame'. Foulques se mit sur-le-champ àroeuvrefl
il releva les remparts, construisit dans les environs des châteaut^
forts tels qu'AumoQt et Éperiiay'. Sous son pontiticat, Reims
devint un asile pour les prêtres et les moines fuyant avec
les reliques devant les Normands; les moines de Saint-Denis,
entre autres, y trouvèrent un asile pendant le siège de Paris'.
Nous avons entendu Foulques, pendant ce même siège, adresser
à l'empereur Charles 111 un appel pressant qui ressemblait
fort à une réprimande'. La lutte contre les Normands ne lui
lit pas négliger l'administration de son diocèse ; sa correspon-
dance renferme plusieurs lettres relatives aux biens de l'ar-
chevêché qu'il augmenta en obtenant, tant des souverains
que d'autres personnes, des donations qui sont une nouvelle
preuve du crédit dont il jouissait'.
Très uuble et bien apparenté, très instruit, très capable, en
même temps ecclésiastique et homme de cour, rompu aux af-
faires, occupant le siège archiépiscopal le plus important de
France, tel était l'adversaire irréconciliable qu'Eudes reucontn j
sur son chemin. On peut supposer que cette antipathie a
la même origine que celle d'Hincmar pour Robert le Fort'll
1. Flodoahd, op. cil.. 1. IV, c. 4, p. 562 : * qualiter haDc ecclesiaat p
1 ganorum Infestatlane laborantem repereriL, et uL pro pace IpaiuB K
<t posse deEudaverlt. >
1. Flomaed, op. «■(., 1. I, c. 21, p. 438, el I. III, c. 30, p. 554 : ■
» Remarum tuoc temporis non habebal In ambitu sul murum >;-
" tas baec absque muro Lune habitabatur. >
3. Flodoabd, op. cit., I. IV, c. 8, p. 573, el c. 10, p. 375.
4. ma., 1. IV, C. 8, p. 573.
3. Voy. plus haut, p. 41 .
6. FlodoaRD, op. cit.. 1. IV, c. 1, p. 553, 5u7-538, 558; c. 2, p. D59, StOi\
C. S. p. S73 ; c. 10, p. 575.
7. Voy. plus haut, p. 8.
89
Eudes, comme son père, détenait, quoique laïque, des abbayes
et ne fui pas toujours, comme comte et abbé, respectueux des
droits de l'Église.
Foulques choisit d'aboi-d Gui pour l'opposer à Eudes ; ce
choix lui l'ut dicté par sou intérêt personnel et son ambition,
parce que fîui était son parent. Ce sentiment de parenté ne
s'était pas affaibli et depuis que Gui avait fait sa paix avec le
souverain pontife, les meilleurs rapports existaient entre l'ar-
chevêque de Reims et celui qu'Etienne V appelait son fils'.
On comprend quelle position l'archevêque espérait occuper et
on peut croire qu'il fut d'abord le principal personnage et le
chef du parti qui voulait élire le duc de Spolète'. Ce parti
était assurément très peu nombreux; il s'était recruté surtout
dans la Bourgogne qui persistait dans son rôle d'opposition à
l'égard de la "Francia» et de la Neuatrie; Anschaire, comte
d'Ouche près de Dijon, et son frère Gui, un comte MiloQ et un
nommé Othe', très probablement Rampon, parent commua
de Foulques et du duc, en faisaient partie,
Gui, appelé par ses parents, qui le (rompaient ou qui ae fai-
saient eux-mêmes d'étranges illusions sur le nombre de leurs
partisans * et sur leurs chances de succès, quitte l'Italie, et, dit
un chroniqueur italien, il part pour régner en Gaule; il dispa-
raît, on n'entend plus parler de lui. Ceci se passait à la fin de
1. Foulques écrit à Etienne V en 888: opro Wldone (luoque, afflue suo,
* quQOi idem papa in fllium adoptaveral, meruorat, tam se quam ceteros
* caosanguineos suos, quibus id uotlQcaverat, debiLam exhlbituros
4 eidem papae reverentiam • (Flodo&bd, op. cit.. 1. IV, c. t, p. 05Ii-556).—
Ëtieune V répoud : « ineniorlaui quoque Wldonis duels KraLisaime se
* suscepisse, quem unici loco flUi se tenere fateiar » (ibid., p. 556). —
Foulques répond encore : u praerali quoque Widonis satagil commen-
« dare favorem j> {ibid.}.
2. Ajm. Vedasl., ann. 88S : « aliqui Widonem qui partibus Fulchonis
« arcbieplECopi favebant... in regno statuereconlendebant. »
3. Ces quelques noms sont ceux des Francs qui accoiu patiner en l plus
lard Gui en Italie pour le soulenir dans sa lutte contre Bérenger,
DfiuULBR, Gesta Bertngarii, p. 22 et Buiv. — BOUHOBOIS, Le capitulaire
dt Kitrtfi, p. 94-96. — Le tait que le parti de Uui n'existait qu'en Bour-
gogne est conOrmé par les i4nn. Yedist.. ann. &8â : * pauoi vero es Bur-
< gundia Widonem... regoiti sibi creaverunt.» — Voy., sur An&chalre
comte d'Ouche et Gui, Bourqboib, op. cit.. p. Ifi6-i07.
4. Erchbmpbrt , Hiitoria Langobardoi-um , daus le.* ilon. 'lerni., SS..
t. III, p. 203 : > coguoacens autem Guiito Carlum auguslum seminuceui
a iacerc, cupidilate reguandl deviclus deceptuaquo a coulrlbuUbua
« Buis abiil Galliam regnaturus :>... u ManeC invisus et inaudilus. >
86 CHUTE DE l'empire. avEnbment d'eudes. [875-88^
l'anaée 8S7 et durant les deux premiers mois de l'aonée 888.
Gui franchit les Alpes, traverse la Bourgogne, el arriveà
Langres avec ceux qui l'avaient suivi d'Italie'; il y trouva
quelques partisans, parmi lesquels Tévéque de la ville, Geilou,
qui le sacra roi'.
GeiloQ, fils d'un comte du même nom ', semble avoir élé un
homme actif et entreprenant. Il n'embrassa que tard la car-
rière ecclésiastique et en parcourut rapidemeat les divers de-
grés. Il entra d'abord dans le couvent de Noirmoutier, dont
au bout de quelques années, il devint abbé*. Mais les Nor-
mands forcèrent la communauté à quitter cette île el Charles
le Chauve lui flt don de Tourniis, en 875*. Abbé de Tournus
Geilon déploya la plus grande activité pour augmenter les ri-
chesses de son monastère et pour gagner la faveur des grands,
dont il fréquentait les assemblées'; il savait tirer parti des
circonstances et être bien avec chacun. Le 18 août 879 ou 880
révoque de Langres, Isaac, mourait et Geilou lui succédait ; i!
ne fut très probablement pas élu canooiquement à ce siège
mais il fut imposé par l'archevêque de Lyon, Aurélien', au
clergé et au peuple de Langres, qui en voulaient un autre.
Geilon, une fois évêque, n'est pas moins attentif à s'assurer la
1. Ami. yedait., aaa. ââS : « ctita his qui ^e sequi deliberaveranl. *
2. Ibid. ~ Les Ann. Futd. (P. V, aiiii. 888) assignent comme royaume
k Gui la Gaule Belgique, dont le cheMieu était préoisémenl Reims.
3. CAron. Falmnii, monachi Ti-enorchientù, dans Mahillon, Aela Banclorum,
aaec. IV, pars I, p. 560, el saec. V, p. 22-2i. — Gallxa chrittiana, t. IVi
col. &36. — Un comte Geilon est uientioané d;ing un acte de 8G8, T^iiDtp,
MonumenU hitloriqufs, p. 130 et 131, n"' 202 et 203. — l''LODOAaD, op. cil.,
1. IV, C. 1, p. 557.
i. Geilon éCail déjà abbé de Noirmoutier en S70 (diplôme do CMrlea le
Chauve, dans loa lliilor. de Fr., L. VIll, p. H30) ; d'après la chronique de
Falco, moine de Tournus, il tut nommé abbé peu d'auuées après être
entré dans les ordres; on peut supposer qu'il entra dans les ordrei
entre U60 el 870.
5. BOhmkh. n«1786.
6. Comme abbé de Tournas, il obliul des faveurs de Louis le Bègoe
en 878 (BâHMEB, u" 1845 el 1646), de Bosoa en 879 (BâHUBR, n' 1U3], du
piipe Jean VlII (JAPPÉ-WATTaMBACe, Begeitta ponlif., n" 3033 el 3136).
7. Isaac, d'après les Ann. liauentti {Mon. Germ., SS.. l, II, p. 248), moii-
L ni en S79. d'après les Ann. S. Btnigni Divionensit {ibid., l. V, p. 39), en
8S0. — D'après Faleo, (ieilonrulclucanoniqueuieut; mais nous préférons
h. ce léinoignage celui de Floduard {op. cil., 1. IV, c. 1, p. 3S7), qui c
uno leltre du pape Ëlienne V. — Mabillos, Acia sanetorum, saae. If),^
p. 22-23.
COURONNEMENT DE GUI A. LANGRES.
S?
faveur des grands et des rois '. Il est, par exemple , parmi les
premiers qui se readcnt auprès de l'empereur Ghiirlcs II!'
lorsque celui-ci vleol se faire reconnaître roi jcir les Francs
de l'Ouest; aussi la bienveillance de ce souverain si< maul-
fesla-l-elle à plusieurs reprises à son égard, Il cherche par
tous les moyens à assurer la prospérité de son évèché; ainsi il
relève, sans aucun secours laïque, les murs de la ville de
Langres ' pour la proléger contre les Normands.
Comme Gciîon a été le premier à reconnaître Charles 111, il
sera aussi le premier à recuanaitre Gui, mieux encore, il le
couronnera roi. Mais, quelle qu'ait été sou inQucnce, cet acte,
loin de lui concilier plus sûrement les faveurs du nouveau
souverain, ne devait que compromettre sans retour la cause
de ce dernier. Comment Gui commit-il celte faute? Pourquoi
se fit-il couronner par un évêqtie qui n'avait aucun droit de le
faire et qui, n'étant pas bien vu dans son diocèse, ne pouvait
pas lui amener de nombreux partisans? Une seule explication
est possible : Foulques avait déjà abandonné la cause de sou
parent'; dès l'arrivée de Gui il avait drt la juger désespérée, vu
l'ioHme minorité de ses partisans. Il avait pu se convaincre
que celle royauté n'avait aucune raison d'élre el que les Francs
de rOueel ne voulaient pas d'un prince qui n'était pour eux
qu'un étranger. Gui, espéraut qu'un couronnement lui rallie-
rait quelques partisans, se fil couronner, à défaut de Foulques,
t. Diplôme de Carloman ilu 18 juillet 8SI , Anas les Hisloi: de fr.,
t. IX, p. 423.
2. DCuuLBH, Gachidhle des fSlfrànkiacktn Reichi, l. III, p. 234,— Di-
plômes de Charles m pour Geilon, dans Bôhmbb-MChlbaChbr, o" 1833,
lûtW. 1067, I6â4. 1693-W95, ITOU.
3. Diplôme de Charles ill, ilans les Hiilor. de Fr., l, IX, p. 346. —
DOmklhh, op. cit., t. m, p. 279.
i. Les ^nn. re<iiw.(anii. 988) ne permellenl pas de don torque Foulques
soulinl d'abord la candidalure dû Gui au trône. Si Foulriues avait per-
sisté dans le parti de Gui, celui-ci n'aiirail pas îI vite abandonné lu
partie, ou, 3'ill'eat lait, Foulques aurait été Irrité contre lui. Si Gui s'étafl
fait couronoer à Langres, alors que Foulques tenait encore son parti et
contre la volonté de l'archevêque, cetul-ci aurait été également irrilâ
contre iui. SI, au contraire. Foulques a abandonné le parti de Gui dés
■on arrivée dans le rojaiime (ranc de l'Ouest, c'est Gui qui aura lieu
d'être Irrité contre Foulques; c'est ce dernier cas qui se présente. I-es
rapports de Gui et do Foulques, qui étaient amicaux en 886, sont dé-
sormais troublés; c'est Gui qui a rompu, k ce que nous apprend une
lettre de Foulques, écrite, en 893, sur le ton de quelqu'un qui veut
rentrer en grâce (Flodoahd, op. cit.. 1. IV, c. H, p. seOf.
par Geiion. Mais cet acte devait irrévooableinenL rainer skJ
cause, eareDdaatdéfiDttiye la rupture avec Foulques; l'arche-£
vêque prétendait, en efTet. avoir seul le droit de couronncp lai
souverain'; un passe-droit lui a été fait par un évéque, ave*
lequel, déjà auparavant, il n'entretenait peut-être pas des rap^l
ports très amicaux'. Désormais, Foulques ignore la candida-r
ture de Gui ; plus tard . il ne semblera pas admettre qu'il ait]
jamais pu la soutenir'.
Peu après son couronnement, Gui apprit l'élévation d'Etides 1
(29 février 888). A celte nouvelle, voyant que le trône n'était
plus vacant, qu'il aurait à lutter, pour s'en emparer, contre
un héros national, jugeant l'extrême faiblesse de son parti, il
résolut de regagner l'Italie avec ses partisans, au nombre
desquels prirent place quelques Francs du royaume de l'Ouest
et de la Bourgogne*. Dans la lutte qu'il engagea alors avec
Bérenger, et dont il sortit victorieux, il reçut encore parfois J
des auxiliaires' du royaume qui lui avait échappé, Il ne reprilîr
jamais ses projets ambitieux sur la France*.
Après la mort de Charles III et l'avortement, de jour enjout J
plus manifeste, de l'entreprise de Gui de Spolète. Eudes, qu&l
nous avons laissé à Tours durant la dernière semaine da|
l'année 887, fut proclamé roi par la majorité des Francs dej
1. Dans UD pacage d'une lettre au pape, (Flodoabd, op. eil., I, IV,J
e. 1, p. 537) Foulques, qui, comme Hincmar, prétendait être « prlm
« inter primates i (Flodoaiid, op. cit., I. III, o. 10, p. 483; — Hinciub. DiM
ordine palatii, p. S, n. 3), Fait une allusion iudirecte au couroanemeiitl|
de Gui par Geilou.
2. Après la mort de Geiion, c'est Foulques qui esl chargii par le pape '
d'iDlroniser TBiJtbald,I'évéque selon le cœur des habitants de Langres,
auquel fait opposition Aurélion de Lyon qui acait imposd Geiion, ren-
dant ainsi vaine loule élecllon canonique.
3. Foulques, daus une longue lettre à Arnulf (Flodoahd, op. cil., l. IV,
c. 5, p. S63 et suiv.], dans laquelle il expose la conduite qu'il a tenue â
celle époque, ne dil pas un mol delà candidature de Gui; 11 assure qu'à
la mort de l'empereur Charles 111 11 avait voulu se soumeltre & AmuU.
Cependant, dans la même leltre, il se jus tille de l'accusation de n'agir qu'ai
faveur de Gui, en éievaul Charles le Simple au trône-, on peut oroin
que ses ennemis oxploîlaieni contre lui une faute passée.
4. Voy. plus haut, p. 9S. ~ Sur l'invraisemblance du récit de Liud
prand, voy. Dïndukbr ot MOllhh, Liudpivnd von Cremona, p. 12MS(. J
li. DilMMLRR. op. cit.. l. III, p. 363, 367, 360; p. 315, n. 2. — DiMDl
cl MOllbr, op. cit., p. 193.
^. Foulques (Flodoakd, op. cit.. 1. IV, c. S, p. S64} réfute une calomoii^
cependant, de son propre aveu, les ennemis d'Eudes pensèrent u:
tant à Gui en 893, mais la chose en i-esia là.
[888] COURONNEMENT D EUDES. 89
Neustrie, de France et de Bourgogne'. IJu chanl, cooiposi^ au
momcDl de sob avèaement, prouve, eu venant confirinor le
térnoigoage d'Abbon.qiie celte él^vatiou l'ut accueillie avec joie
dans la plus grande partie du royaume franc de l'Ouest. Le
poêle incouuu exprime un vœu qu'il sait devoir être une réalité
lorsqu'il dit : « Que la Gaule fasse entendre sou amen, que la
Bui'gondie, les étendues du royaume de Bigorre', la Gascogne,
la Teutonie clianteiit amen. ^ Ce mot de Tentonie est uoe al-
lusion à la reconnaissance d'Eudes par Arnulf ou du moins à
une entente entre les deux souverains considérée comme né-
cessaire par l'auteur.
Eudes, entouré de ses partisans, fut couronné le jeudi 29 fé-
vrier 888', à Compiègne, très probablement', dans la belle
1. Abbon (I. II, V. 4'1-z et Buiv.) ne parle pns des Ac[uitains.
2. LONQKON, Allas hittorique, texle, p. 152.
3. L'auteur de cet hjmue est prûbablement un Gascuo; il pouvait
connaître les ilispiosilions, Tavorables à Eudes, des provinces tout à fait
méridionales, telles que la marclie d'Espagne et ia Sepliœanie, qui re-
connurent de suite Eudes, et il redoutait peut-^tre l'opposition de l'A-
quitaine qui suivit en effet une politique équivoque. N'est-ce donc pas
intenlionnelk-rouni que, coniinc Abbon, il la passe bous silence? Cet
hymne trouvé à Moissac, couvent sur les confins do l'Aquitaine et de
la Gascogne, a été publié par M. E. Miïhlbacher, avec la musique qui
l'accompagne, dans les MUlheilungen dti Insliluu fur ceUerrriahitehe
Qetohiehtifbrichung, t. VIIl, Innsbruck, 1837, in-S, p. eOI-cnt. Nous l'avons
reproluit ci-après. Pièces juslillcalivea, n" I.
i. Cette date a été discutée : M. Mourin (Leê comtes de Parit, p. 60) pré-
fère le 12 janvier; Poinsig non, dans sou édition de Richcr (p. IS), admet le
18 février au plus tard. — Mais le 29 février est adopté pur MM. Diimmler
{Geschiehle det ealfrànkisehen [leichi, t. 111, p. 316). de Ealcksteiu (ûï-
ichiehte des fmniôgiaehen Kiinigthums, p. 49), DKndllker fit MUIler [op. cit.,
p. 133). — Richer dit que le couroonement eutlleu ; « 6SS... Hart., qainta
« teria »: les Amt. S. Oermani minorei, dans les ifoii. Oei-m., SS., t. IV, p. 3,
complètent cette donnée : u Odo rex II kal. mart. > Or, l'année S88 étant
bissextile, cela donne le 29 révrier qui se trouve précisément être uu
jeudi; une telle coïncidence équivaut â une certitude. — Les ^nn. Vtrtatl.
rapprochent du couronnement d'Eudes un Tait qui se passa te 17 mars
en disant : « intérim dum h»c aguntur. ■ D'après Abbon, Eudes Tut cou-
ronné après la mort de Charles III. Enfin les annales et les auteurs sui-
vants placent le couronnement d'Eudes en SB8 : .4n'i. Fuldenseï, P. V,
ann. 688, Ann. S. Germant Parigiemis . Blandinienses , Lemavicenses (dans
les Mon. Germ.. SS.. t. I, p. 403; l, 111. p. 167; t. V, p. 24; t. II. p. !fâ1),
RboiNON. AssBR, le rharixilarium Siihirnse, etc., — Les Carolingiens se
font couronner lu dimanche. Eudes rompt la tradition.
3. Dans Rlcber on Ut : a in basilica sancli... » le mot suivant manque;
il faut substituer : oCornelli»; l'abbaye de Saint Corneille était une
abbaye royale dans le palais (Duumlbr, op. cit., t. III. p. ''il), et, d'après
90 CHUTE DE L KMPIBE. AVENEMENT p'EtIDES. [887-888J'l
église que Charles le Chauve avait bâtie dans la résideace
royale, voulaut en faire, pour son royaume, ce que la chapelle
de la Vierge à àix-la-Chapelle était pour l'empire de Charle-
magne. Cette église avait été fondée sous le vocable de U
Vierge, puis avait pris le Dom de Saint-Corneille lorsque les
reliques de ce saiut et de saint Cyprien y avaient été traug-
porlées d'Aix-la-CbapelleV C'est à Compiègne que Louis le
Bègue avait été couronné puis enseveli'. Eudes reçut les in-
signes de la royauté des mains de Gautier, archevêque de
Sens'. Cet ecclésiastique était de boune famille et d'un savoir
peu ordinaire. Neveu de l'évêque d'Orléans, Gautier, person-
nage influent en Neustrie, ce fut peut-être grâce à la protec-
tion de son oncle qu'il arriva, encore jeune, au siège archiépis-
copal de Sens. Il succéda, le 2 avril 887, à l'archevêque Evrard
qui était mort durant le siège de cette ville par les Normands.
11 paraîtrait que, comparé à son prédécesseur, la comparaison
ne tournait pas à son avantage.
L'archevêque de Reims prétendait au privilège exclusif de
sacrer le roi; ce privilège avait été hautement proclamé par
Hincmar'. Comme Foulques faisait à Eudes une opposilioo'
irréconciliable, il fut remplacé par rarchevêque de Sens"
duquel relevait l'évêclié de Paris et une grande partie de la
Neustrie. Dans ce fait, qui pourrait paraître purement acci-
dentel, on voit se manifester, entre les deux archevêchés de
Reims et de Sens, cette divergence de politique et cette rivalité
les Ann. Vedait., Eudes lui couronné « Coinpendio palalio». Eudes fll à
Saint-Corneille de Compiègne, probablement en souvenir de cet é
ment, une donation qui est uienlionaéo dans un diplôme de Charles le
Simple, voy. ci-après, p. 83.
1. DOUULBB, op. cil., t. III, p. 41.
2.lbid., t. 111, p. 68 et 113.
, 3. Vur-, sur cet archevêque : ''hron. S. Pelfi Vioi Senon.. daua lestJùlnr
de Fr.. t. IX, p. 33 ; — Vila S. Romani abb. Autiitiod., ibid.,
RÈGINON, Chron., ann. SâB; — -Inn, Vtdait., auQ. M?; — Ann. H. CoJumU
Senon.. dans les Mon. Germ., SS., l. 1, p. 101 ; — L. DrliSLB, Mimoirt >i
d'aneieru taeramenlairei, dans les Mimoirrs dt l'Académie des /n«oripfioii||
tt Bellf-UHres. t. XXXIl, p. lU-US-
4. Hincmar, De ordine pahlii. p. 8, n. 3. — BonHOBOlS, Le capituSairt Â
KUrsy, p. \i6. — SghrOrs, Hintmor, p, 308-307.
5. Ce n'est pus la première fois que l'n relie vèque de Sens proeédait ti
un couronnement : Weiiilori avait couronné Charles le Chaave ei
en septembre 879. Anaégise avait sacré les deux llls de Louis le B^uej
Uincmar étant empêche par la muladie.
4
N
n
[688] « PROMissio » o'eudes. 91
doDt Itiisloire du \x* siècle fournit des preuvea à mainteB
reprises'.
La cérémoQÏe du courooneineut est une série d'actes reli-
gieux, réghis par l'Église et accomplis par des ecclésiastiques;
elle a un caractère purement ecclésiastique; l'élément laïque
n'y paraît pour ainsi dire pas^ à défaut de détails, on peut
supposer que le couronnement d'Eudes fut analogue à celui
des Carolingiens qui l'avaient précédé sur le trône, entre
autres à celui de Louis le Bègue'. Après que le roi. sur la de-
mande des évoques, a pris des engagements {pr'omissio). il est
oint, couronné, le sceptre lui est remis, puis il reçoit la béné-
diction. Le teste de la * promissio » d'Eudes noua a été con-
servé': H Je promets, dit-i! aux évêques, et j'accorde à chacun
« de vous ainsi qu'aux églises à vous commise», que je couser-
a verai tout privilège canonique, toute loi et toute justice qui
« leur sont dues; je vous protégerai contre les déprédateurs et
n les oppresseurs de vos églises et je défendrai leurs biens selon
« la mesure des forces que Dieu me donnera, » Eudes s'engage
à conserver en intégrité et immunité aux évèques les droits et
les biens qui ont été cédés à leurs églises par des rois, par des
empereurs ou par quelque Gdèle de Dieu et qu'ils possèdent
en toute justice, et à les augmenter, comme c'est le devoir de
chacun, selon que Dieu lui en donnera les forces et que les
événements le lui permettront, et comme ses prédécesseurs
l'ont fait. Les évêques devront, en retour, lui être de bon aide
et de bon conseil comme leurs prédécesseurs l'ont été pour ses
1. Cette rivalité atteint son plus baut degré lors de la irahlBon de
Wénilon (8tse-858) dont Hincmar mine absolumenl l'inDuencc, et lors
de l'instilulion par le pape, en faveur d'Ançégise de Sens, d'uD vicariat
apostolique, institution qu'il incmar. par son crédit, ëtouflïi à son ori-
gine. BouHGBOis, op. cil., p. 113 et sulv. — SchrObs, op. cil., p. 358-372.
2. Wiirz, Die Formeln dcr datUchen Kânigs-wnd der rBmUchen Kaitcr-
Krônung vom 10. bis tum 1S. Jahrhunderl, diins les Abhandlangen der kSnigl.
Oeielttehaft der WUteiuoliaflen su Gotlingen. in-i, t. XVUI, 1873, HlBt.-
phil. Classe, p. 3.
3. Waitz, DeuUcAe Cerfauungsgeichiehle, t. 111 {1883), p. 236-239. On ll'n
de documents complets sur la cérémonie du couronnement que pour
Louis le Bègue [HiiCor. de Fr., t. IX, p. 300: -In». Bénin., aim. 8771.
Waitz ue doute pas que ces rorjuules ne fassent déjà employées précé-
demment. — Le couPODQemcnl de Charles le Gbauve à Metz, comme roi
de Lorrainr? |869), est une cérémonie spéciale qui ne peut être comparée
aux couronnements ordinaires.
4. nUtor. de Fr., t. IX, p. 314.
92
CHUTE DE L EMPIRE.
[«77-*
devanciers. «Je remettrai, dit-il enfin, toute chose dépravée à
« mauvaise inteution, dans son état primiLir et ineilleur, la clé-
« mence divine aidant, avec votre conseil et votre aide et avea .
« celui de do9 autres lidèles. > m
La coutume d'un serment prêté par le roi, lors de son cou-|
ronaemeut, s'établit durant les luttes entre les fils de Louis le 1
Pieux; c'est probablement Charles le Chauve qui prit le pre-
mier un de ces eugagements'. Dès lors, Louis le Bègue pro-
nonça en 877. lorsqu'il fut couronné à Compiègne', un serment ^
infiniment plus court, mais qui a avec celui d'Eudes de grandeai.
analogies et même des phrases communes. Les 61s de Louis
Bègue, lors de leur couronnement à Ferrières (S79), prirent ua J
engagement dont te texte ne nous est pas parvenu'; en re- f
vanche, nous avons celui du serment de Carloman* (tJ82) plua.l
long que celui de Louis le Bègue, mais également très ana-
logue à celui d'Eudes. Tous ces serments ont ceci de commua 1
qu'ils sont prêtés au clergé et qu'il y est uniquement questioa J
des iotérêls et de la ppoteclion des droits de celui-ci.
La "promis-sio» d'Eudes sedistinguedecelledesesprédéces- |
seurspar son étendue, parromission des assemblées de Quierzy 1
et de Ferrières, par une phrase spéciale mentionnant les dé- |
prédateurs et les oppresseurs des églises', enfin par une m
tion, tout à fait accessoire et accidentelle il est vrai, des sujets ]
du roi qui ne font pas partie du cierge'. Le fait vaut la peine J
d'être relevé, car, un siècle apfès, Hugues Capel, lors de son 1
couronnement, prononcera une n pi'omiasio » revenue à la |
concision primitive et presque identique à celle de Carloman,
dans la dernière phrase de laquelle, toutefois, il parle aussi du J
peuple qui lui est confié; celte phrase sera répétée par Phi-
lippe I'.
Cette mention de l'élément Mque dans le serment du roi |
1. Waitz, Deulscli', Cerfasiungsgfschichte. l. III (1883), p. 289.
2. HUlor. de Fr., L IX. p. 300. — Ann. Hertin., ann. 877. — Louis la|
Bègue y mentionne le premier article du eapitulaire de Quierzy.
3. DtiMMLBB, op. cit., t. m, p. 121.
4. Hûtor. 4t F*-., l. IX, p. 308; Il y est fait mention du capitulaln de J
Quierzy et du sermenL de Ferrières.
5. « EL contra depnedalores et oppressores ccclesiarum ve^trarum Al I
« roFum ad eus pertineutium. o
6. « Returmabo cum vestro et aliorum nostror4im Qdelium coasilîo el |
c auxlllo. *
7. HUlor. de Fr., t, XI, P- 6S8 et 32 : < populoque nobis credito. » -
LUCBAtRB, llUloi'-e drs initiluHotw memaeehiqMt, t. I, p, 68.
I
[
[888] '< PROMI3.SI0 " d'eldes. 93
est due à la troisième race. Elle apparaît avec le premier souve-
rain de cette dynastie. Celui-ci n'a pas pour lui l'hérédité; il ne
lui suffît pas comme à un Carolingien de se faire sacrer par le
clergé pour régoer; il est l'élu d'un peuple, il a besoin de
l'appui de tous les grands, aussi bien des laïques que des ecclé-
siastiques, c'est ce qu'Eudes semble vouloir affirmer.
Son sermeul contient égalemeut un passage qui n'esl pas
dans celui de Carloman et dont une partie est une citation
textuelle d'un fragment du synode de Beauvais reproduit par
Hincmar dans un monitoire à Charles le Chauve'; quant à
l'autre partie, la comparaison des textes permet de supposer
avec quelque vraisemblance qu'elle est tirée du serment prêté
à Perrières par les fila de Louis le Bègue et dont le texte ne
nous est pas parvenu'. Quoi qu'il eu soit, la « promissio «
d'Eudes, c'est-à-dire son premier acte de souverain, est ana-
logue, en tous points, à celle de ses prédécesseurs carolingiens;
c'est une première preuve, entre beaucoup d'autres, que la
" monarchie fut, sous la direction d"Eudes.., exactement ce
qu'elle était quand elle appartenait aux descendants de Gbar-
lemagne'. »
A la suite et assurément en souvenir de son couronnement
& Compiègne, Eudes donna à l'église de Saint-Corneille la
terre de Moutmacq dans le Noyoanais, ancieune villa royale
des Mérovingiens*.
t. Ce fragment, qui ne se trouve que dans la <• promissio * d'Eudes,
s'élend des mois : < el Jus eccleslastieum et legem » jusqu'à ■ obaerva-
« verunl vesirls pnedeceasoribus » lncluBi?emeQt. — Voy. le texte du
sjnode de Beauvais, dans les JWoii. Ott-m., I^ges, t. 1, p. 38(i. Le texte
contenu dons la lettre d'Uincmar est le suivant (Uincuas, Opéra, t. I,
col. 1066) : « et jus ecclesiasticum et legem canoniuam nobis |aux
a évëques présents] ll<t conservelis siuut anlecessores vestr!, qui hoc
« bene et ratiouabillter obaei'vaverunl, juxla quod sciri potcrit, et Deus
■ vobls poâse dederlt, nosLris pnedecessoribus couservayerunt. i
2. Carloman dit dans son serment de 6Sî : > dereiisionem... exblbebu...
o quemadmodiim conlinetur 1d scripto quod iu Fcrrariarum monasterto
« coraui altare S. Peirl perdoiiavi. In hoc ul vos... » Dans la promesse
d'Eudes, il y a bien u derenslonem... exlubebo, > m«is il n'est pas ques-
tion de Furriëri?s; il promet aux 6vËques et aux églises sa protection,
mais, il dit tout au long commeut il comprend cette protection, il
expliqua le « quemadmodum »; au lieu de renvoyer a l'acte de For-
riëres. Il cite tout au long un passage de cet acte.
3. LUCHAtRB, Op. cil., t. 1, p. 2fi.
•'>. Mention dans un diplôme de Cbarles le Simple, Ilidar. de fr.. l. IX,
p. B33. — LONONON . Atiiu hUtoviqw, texte, p. IWS.
CHUTE DE l'empire. AVENEMENT d'ëUDES. [879-888]
Eudes n'était qu'un de ces nombreux roitelels', comme les
appelle irrévérencieusemeul nn aunaliste, qui prirent nais-
sance dans l'empire carolingirn au moment de la déposition
de Charles III et de l'avènemenl d'Arnulf : en Italie, c'était
Bérenger. duc de Frioul, qui régna jusqu'à ce que Gui de Spo-
lète lui eût enlevé la couronne; eu Provence, c'était toujours
Louis, fils de l'usurpateur Boson, déjà légitimé par Charles UI;
dans la Bourgogne transjurane, Rodolphe venait de se Taii
couronner à Saint-Maurice en Valais. An milieu de ce déraei
brement, Eudes conservait à son royaume les limites di
royaume franc de l'Ouest tel qu'il était en n79, après
sion de la Lorraine par les fils de Louis le Bègue à Louis ii
Germanie ; cette cession avait été confirmée par le traité da]
Ribemont' en 880. Au nord, l'Kscaut faisait la limite de soSi
royaume jusqu'au Cambrésis que la frontière contouruatt le'
laissant en dehors; puis, passant au sud du Haioaut et du
pagus Loinmcisis', elle atteignait la Meuse. De là, se dirigeant
au sud-sud-ouest et laissant bien à l'est Verduo, Toul et Bar,
elle passait à l'est du pays de Langres qu'elle longeait et attei-
gnait ainsi la Saâne qu'elle quittait pour contourner à l'est iM
pays de Chalon et de Mâcon' où elle est très incertaine. Se di-
rigeant ensuite vers l'ouest, elle rejoignait les Gévennes qu'elle
suivait pour atteindre directement au sud la Méditerranée'
Septimanie, la marche d'Espague, la Gascogne comme toul le
reste de l'Aquitaine, faisaient, en principe, partie du royaume
d'Kudea. Seule, la Bretagne, sons ses princes nationaux,
échappa à Eudes comme à ses prédécesseurs ; il ne fit du reste,
semble-t-il, aucun effort pour y faire reconnaître sa suzerai-.
neté.
Quels furent les grands du royaume de l'Ouest qui favori'
1. Ann. FiiU., P. V, aun. 888 : » inuU.i reguli in Europa et regno Ka- |
« roli... eicrevere ».
2. DeilULSR, op. cil., t. lU, p. 132-134.
3. LONGNON, op. cit., p. 133.
i. Voy,, sur la rrouLlére du royaume de Provence, OCmmlbb, op.
t. III, p. 126-127.— Les diocèses rie Viviers et d'Uiés devaient fUrvJ
partie du royaume de Provence sous le règne de Louis comme s
celui de Boson ; cependant, on connaît une donation faîte & l'église d
Vlviera et datée de la B"* année du règne d'Endea. ffiiWire du Lan
M. Privai, l. III, p. K-iG, et t. V, col. 87. — Lononon, op. ei
— BOUBQBOIS, Le eapUulaire de Kicmy. p. 89-90.
5. Lononon, op. cit.. p. 80 cl carie Vi. — Sprunkb-Msskb, Hand-Atlat, ]
cartes n"- 30 et !>l.
[879-888] PARTISANS d'eude3. 95
sôrent.dès le début, la candidature d'Eudes et qui le nommèrent
roi? C'est à peine s'il est jiossible d'en nommer cinq ou six. Dans
le clergé, on connaît déjà Gautier, archevêque de Sens ; on peut
nommer aussi Gautier, évêque d'Orléans, oucle du précédent,
liomme énergique qui avait joué un rOle sous les règnes an-
térieurs' ; élevé à l'abbaye de Saint-Martin de Tours, c'est-à-
dire au centre même du pouvoir de la dynastie naissante, il
entretenait eu 886 de bons rapports avec Eudes'; il avait réé-
diEé lea murailles de sa ville i>piscopale. Ou peut mentionner
aussi, parmi tes partisans d'Eudes, Adalald, archevêque de
Tours^ et, très probablement aussi, son frère Rainon, évèque
d'Angers. Les événements qui précèdent permettent de suppo-
ser qu'Anakerick, évoque de Paria, était du parti du comte et
du défenseur de celte ville. Parmi ses partisans laïques, on
peut ranger Altmar', abbé laïque de Sainl-MédarddeSoissous;
l'abbé Ebies, auquel Eudes conQa de suite les importantes
fonctions de chancelier; uu Thierry, entin les membres de la
famille d'Eudes, au premier rang desquels Robert. Il faut reve-
nir aur ces deux derniers noms,
U est impossible de détinir avec certitude qui était ce comte
Thierry. Ce n'est pas le comte Thierry d'Autun, camérier sous
Louis le Bègue, qui joua un rôle important durant le règne de
celui-ci, et qui mourut très probablement en 879 et en tout
cas avant 883'. C'est vraisemblablement son lils, comte d'un
1. .MùiKula S. Maximini, dans les Hittor. de Fr,, t. VU, p. 373.
2. Fragment d'an cOucile, dans les HUtor, 4e f>., l. IX, p. 313.
3. Mabillb, Paneai'U noire, p. 107. n" LXXZI.
i. Voj,, ci-desaus, p. Ifl.
U. D'après les ,4iiii, Berlin, (ann, 87S), Thierry, après !a mort de Louis
le Bègue (avril 879), aurait cédé son comté d'Aulun contre des abbayes
& BosQu; d'après un diplûme du 8 novembre 879, il sérail mort la m?me
année (Bourgeois, U eapiiulfiire de Kieriy, p. 90. n. i ; — BouBOBOia,
//u0U«i l'Abbé, p. 112, n. 2; — Ma.bili.B, Le royaume d'Aquilaine, p. 14 et
38.— D'après ce dernier {ibid., p. 14), ce Thierry aurait eu un llls du
même nom qui vivait en 885 et que nous reconnaissons comme le par-
tisan d'Eudes (DùMULBR, op. cit., l. III, p. 234. n. 1). L'objection que
tût M. de Kalckstein (Geichichle dti franiùsitchen Kûniglhums, p. 48, n. 1}
n'a pas de portée puisque le parti da Gui de Spolète était, d'après les
Ann. Vtdasi., très peu nombreux même en Bourgogne et que, du reste,
U n'est nullement certain que ce Thierry tùt comte en Bourgogne.—
Nous ne connaissoua aucun documeut qui permette d'identiûer ce
TUerry avec un comte Thierry, abbé laïque de Morienval sous le règne
de Carloman (Hiiior, de Fr., t. IX, p, 547), ni avec un Thierry qui mourut
avant 89S laissant son lUs, partisan d'Eudes, maître de Salnt-Quentln (>tnn.
96
CIIUTË DE l'empire. AVÈNEMENT D EUDEi
[885-89Ï
comté incertain, qui avail été envoytS en 883, à l'emperet
Charles III, pour lui offrir le royaiiine franc de l'Ouest.
Enfin, le plus iuiporLant des partisans d'Eudes était sou frèri
Robert : son enfance, sa jeunesse, sont entourées de ténèbre!
profondes. On sait, sans avoir du reste aucun détail, qu'ils
distingua pendant le siège de Paris'. Il était depuis une épo(
indéterminée, peut-être depuis la mort de Hugues l'Abbé, abW
de Saint-Aiguan d'Orléans'. Peu avant son élévation au irOnœ
alors probablement qu'elle était certaine, Eudes lui céda l
comté de Paris', son abbaye de Saint-Martin de Tours* et pro
bablemenl aussi les autres bénéiices de son père doi^
Charles III l'avait investi, c'est-â-dire l'Anjou, la Touraiae fl
Blois', Il est certain qu'Eudes, d'une part, voulait mettre cel
bénélices en main sûre et que, d'autre part, dans l'intérêt drf
sa maison, prévoyant peut-être que son frère lui succèderaïM
il désirait lui faire une haute position, semblable à celle qu'il
occupait lui-même avant son avènement. Pour compléter
l'analogie, depuis 893, alors que la guerre civile éclate et que
la royauté d'Eudes est menacée, Robert porte le titre de t mai
chio;» peut-être le portait-il déjà auparavant, mais nous i
Vedatt., ann. B95), ni avec un Thierry, frère d'Audrau, qui se distfngtil
dans l'armée impériale lors du alëge de Paris (Abbdn, 1. I
voy-, ci-dessus, p. 30), M. Ua Kaldcsteln (op. cil., p, 48), tail de cea tnrfd
personnages un seul, nous ne pouvons pas partager son opinion.
1. Voj., ol-defi3u8, p. 36.
2. Hùlor. deFr., t. IX, p. 40!>. — Hugues l'Aljbé était abbé de Sal
Aigoan (Kalckstbin, Abt Hugo. p. 73). On pourrait supposer qu'Eud^d
câda à Robert cette abba;o en tuëjuc temps que celte de Salnl-Uartin
3. Ann. S. Oeitnanî Paris., anii. 898 : «Odo rex unguilur fratre éjaû
a Hotberto eilstente comité Parlsiensi. >
4. Robert était abbé de Saint-Martin avant le^^n juin 888, d'apr*
M. de KalckBtein {Ofschkhte dtt fvaniiiiiictien Konigihums, p. HO, n. 2) qo! *
cite ce passage du Brève Ckron. S. Martini Turon.. dans les HUlor. de Fr.,
t. VIII, p, 3liWi7 : < nnno... 903. pridie Kal. Julii (30juin} feslo S, 1
« (29 juin) régnante Caroio Qllo Lodovici Balbi, post obllum Odonls
« régis in anno VI, el Roberti Abbatis anno XV, iterum succensaestB
« silica S. Martini... » — Les chartes de la Pancarte noire (n"î
p. ITSstsuiv.) ne donaeni aucune indication précise; on peut seald
ment eu conclure que Robert était abbâ avant 890.
5. Sous le règne d'Eudes, on ne connaît pour L'Anjou, la Touralne ||
Blois que des vicomtes ivoj. ci-dessus, p. li). Guamegaud, vioo
de Blois en «93, dit de Robert : < eiimii seoioris nostri domini Botb
ce qui prouve bien qu'à cette époque, du moins, Robert était comt* 4
Blois. — U.tBILLB, Pancarl'- 'lûirf, p. 101, n" I.XVHI. — Voy.. Cl-aplC
Pièces justificatives, w Vi.
[877]
DEVOIRS DU ROI.
97
avons pas de preuves. Oa sait la sigiiification toujours plus
éteodue qu'a prise ce titre depuis Roberl le Fort ; Eudes a bien
soin de ue pas laisser perdre celte dignité qui a fait sa gran-
deur; dans un diplôme, d'une date inconnue, il sanctionne
l'extension du pouvoir dn « marchio » en appelant son frère
i dux Francorum' «. Le marquisat de Robei'l le Fort, créé
pour combattre en Neustrie les Bretons el les Normands, entre
dans la dernière période de sa transformation ; cette dignité
servira à Robert, duraut le règne de son frère, à combattre,
dans tont te royaume et principalement en « Francia», les en-
nemis de sa maison.
Les engagements pris par Eudes, lors de son couronnement,
ne concernent que les devoirs du roi k l'égard de l'Église.
Veut-ou se faire une idée plus complète, veut-on avoir une
vue d'ensemble des devoirs du chef du royaume franc de l'Ouest
à cette époque, écoulons Hincmar les résumer dans une lettre
qu'il adresse à Louis le Bègue' au moment de son avènement
(877). La situation du royaume n'avait pas dès lors changé à
ce point que ce résumé ne soit plus conforme aux circons-
tances présentes : Il faut réunir les grands, dit Hincmar, et,
avec l'aide et le concours de vos Ëdèles, traiter les questions
suivantes : 1° les ressources du roi, de sa maison, de la cour,
ce qu'on pourrait appeler la liste civile; 2" la mise en pratique
des articles de Quierzy relatifs à la protection des droits et des
biens de l'Église et du clergé el la diminution des charges
qui leur incombent; 3" la sécurité des grands du royaume
et les égards qui leur sont dus, la sécurité de tous les nobles el
de leurs biens ; 4" le moyen de mettre un aux rapines et aux dé-
prédations qui désolent le royaume. II faut, continue Hincmar,
« que ce malheureux peuple qui, déjà depuis plusieurs années,
n est aftligé par des déprédations diverses et continuelles et
1, Dans un dipldme du 28 mai S93 {Histor. de Fr., t. IX., p. 461J, Eudes
nomme Robert « illustris cornes et marchio >; d&nû un autre, non
dRté iHûlO': de Ff., t. IX, p. 492), Il lui donne le litre île < ilux Pmnco-
•■ rum. » r.'osi le seul diplôme qui menliaime ce tilruquise relrouvi;, en
revanche, chez iBBaiiiiolistes et les chroniqueurs- Voy., ci-après, Appen-
dice, u" lU. — Il n'y a pas pour ce pouvoir, (pii a pris naissance peu ù
peu, qui est lual déQni, et dont l'absence de limites (ait la force, un
nom ofQuiel et connu de tous; plus tard c'e^it » dux Francorum » qui
prévaudra.
2. tliNCMAH, Opéra, l. 1, coI. 9S3-B9U, c. vm. — Nooedbn, Hinkmar,
p. 3C1-Ï32. — ScHHCiKS, Hinkmar, p. 417-418,
98
CHUTE DE L'rMPIRE, AVÈNEMENT d'EUDES.
1877)1
a par les impôts prélevés pour acheter le départ des Normaoda,
« il Faut qu'il obtienDe quelque améliorât io a à soa Hal; il faut
M que la justice, qui est comme morte chez nous, reprenne vie,
« afin que Dieu nous rende courage contre les païens; car, de-
o puis plusieurs années, on ne se défend pas dans ce royaume,
« mais ou a payé, on s'est racheté; aussi, non seulement lea
«hommes sont appauvris, mais les églises, aulrefois riches,
«sont ruinées,» o" Il faut que le roi s'efforce de maintenir
entre les fidèles la concorde, dont il a été question naguêres à
Quierzy, et n qu'il se montre tel à leur égard qu'ils puissent et
« osent lui donner un vrai conseil, car, beaucoup de choses
« uliles ont périclité dans le royaume, parce que des con-
n seillers qui savaient ce qui est bon et utile n'ont pas osé le
« dire ou n'en ont pas eu l'occasion. » En résumé, il faut que
tous les fidèles puissent donner, librement et sans crainte,
leur avis'. C'est à cela que fait allusion la dernière phrase de
la " promissio n d'Eudes'.
6° « Vous devez trouver moyen, dit enfin Hincmar à Louis
« le Bègue, d'avoir la paix avec vos cousins, les fils de votre
B oncle, et de vous prêter un mutuel secours, ce qui est, selon
H la volonté de Dieu, pour votre honneur, celui de l'Église et le
« plus grand bien de vos fidèles, i Appliquée à Eudes, cette
recommandation équivaut à un conseil de paix avec les sou-
verains, ses voisins ; ii Faut la concorde pour pouvoir lutter
contre lea Normands.
En résumé, chacun exigeait du roi, à la fin du ix* siècle,
justice, protection et concorde : protection pour le clei^é,
protection des grands laïques et de leurs biens, car, dit Hinc-
mar, l'insécurité de la propriété d'une part, la cupidité impunie
de l'autre, sont la racine de tous les maux auxquels le royaume
est en proie ; protection par les armes du pauvre peuple conlre
les Normands ; justice pour tous ; enfin la concorde dans l'in-
térieur même du royaume, l'union entre les grands dans les
conseils du roi, la paix avec les royaumes voisins.
Cette lettre, ainsi dégagée de ce qu'elle renferme de trop
spécial à la personne à laquelle elle est adressée, a, comme
on l'a très bien dit, t un caractère pour ainsi dire officiel ; elle
renferme tout un programme de gouvernement'.» Nul mieux
1. BOUROBOIS, Le capitulaire de Kitrty, p. 234.
1. t Cum veslro et tiUorum Dostroniin fldeliuju cousilio et auiilio. -
3. BoURGBOis, op. cit., p. 206.
«
[878-886] LE PARTI DE l'opposition, 99
qu'HÎDCDiar, « le gardien de la tradition carolingienne, le
guide éclairé des derniers princes de cette maison, « ne pouvait
exposer ce qu'on attendait au ix* siècle de la royauté, qu'elle
fût aux mains de Louis le Bègue ou d'Endes. " Ces règles de
gouvernement nous paraîtraient aujourd'hui bien sommaires
et peu pratiques. Mais, alors, elles avaient vraiment une valeur
réelle et une portée politique. Pour les hommes du ix« siècle,
la concorde et la justice étaient si peu «des devoirs vagues et
des fins plus ou moins idéales», c'étaient des devoirs si positifs
du souverain qu'on a pu, de nos jours, en faire, par une géné-
ralisation peut-être un peu hardie, « les éléments essentiels d'un
régime politique, que les princes devaient chercher à réaliser
par la législation' «et qu'on a appelé le régime de la concorde".
Eudes régnait, mais il avait encore de nombreux ennemis
qui ne reconnaissaient pas sa royauté. Son premier soin fut
de se les concilier soit par des faveurs soit par des menaces.
Mais il ne réussit pas auprès de tous et plusieurs, après lui
avoir engagé leur foi, firent défection et se réunirent pour
appeler au trône du royaume franc de l'Ouest, Arnulf, le
nouveau roi de (Jermanie.
Foulques, farchevêque de Reims, était à la tête de ce parti
avec Rodolphe, abbé de Saint-Bertin et de Saint- Vaast, et Bau-
doin II dit le Chauve, comte de Flandre'. Ce dernier était (ils
de Baudoin I et de Judith fille de Charles le Chauve ; il tenait
donc de très près au.v Carolingiens par les femmes, ce qui
explique son opposition. Eu 878, il avait succédé à son père
dans le comté de Flandre, Il était parent de Rodolphe'. L'ori-
gine de celui-ci est inconnue; celte parenté permet de croire
qu'il était noble; en 877, il avait été nommé abbé de Saint-
Vaast par Charles le Chauve; il fortifia ce monastère vers
l'année 886; il avait succédé à Foulques, en 883, comme abbé de
1. BOUBOBOIS, op. cit., p. 210.
2. (Test M. Bourgeois, dans sa remarquable élude, qui a trouvé ce aom,
qu'Ulncmar seaible avoir en vue lorsqu'U 'iil. {Opéra, L. I, co!. 988);
€ concordlani.,. dequaDuperinCarlsiacopatervesterfCli'irLes le Chauve]
< mentioDom faabu.it.*
3. Une inlerprétatiou stricte du texle des ,4»»ii. Vedast. {ann. 888) pourrait
faire croire que Foulque.^, Rodolphe et Baudoin ont d'abord reconnu
Eudes puis ont fait dé fec lion ensuite, cequin'acertainemeat pas été le
cas. — Voy., sur Baudoin, Le Glay. HUtoire det comus de Flandre, t. I,
p. M et suiv.
4. M. de KalCksloiD [Abt Hugo, p. 9S) fait di^ Rodolphe, d'aprëa la
Tranttatio S. Vedculi, un flls d'Adaltiard.
luo
iiUTE DE L EMPIHE. AVENEMENT D E
Saint-Bertin, lorsque celui-ci fut appelé à Reims; ce n'étaitpas
UD homme saos iatluence. Parent de Baudoin, bénéficiaire de
deux abbayes dépendaat de l'archevêqne de Reims, il n'y a
rien d'étonnant aie voir entrer dans le parti de ces deux^randlJ
personnages. . m
Foulques engagea encore dans son parti trois de ses suffra^-l
gants : Honorât, qui avait été élevé au siège épiscopal de
Beauvais en 883, grAce à l'appui que lui avait donné l'arche-
vêque'; Hélilon,évèqupde Noyou depuis 880 et qui semble tout
dévoué à Foulques; enfin Dodilon, évêque de Cambrai depuis le
17 mars 88f<'. Foulques s'était donné beaucoup de peine pour
l'élévationde ce dernier, car il n'était soutenu par aucun parti';
son diocèse, du reste, était entièrement dans le royaume franc
de l'Est quoique sa métropole fût Reims.
Tels étaient les principaux chefs de l'opposition' à Eudes
dans le nord de son royaume et, parmi eux. Foulques était,
sans contredit, le plus actif et semble avoir été l'iasligaleur de
toutes les démarches. Nous avons cru voir une des raisons do
l'hostilité de cpI archevêque contre Eudes dans le fait que ce-
lui-ci, peu respectueux des droits de l'Église, détenait, quoique
laïque, de riches et puissantes abbayes telles que Saint-Marlia
de Tours'. Dans les motifs qui le poussèrent à offrir le royaui
franc de l'Ouest à Arnulf, il ne f;iut pas faire une trop grandi
place à son attachement à la légitimité carolingienne ; en eSem
lorsqu'il avait appelé Gui, cet attachement n'avait joué auciil
rôle, il avait agi par pure ambition personnelle. Ue mobile «
aussi un de ceux qui le fout agir plus tard. Uincmar ne pensai
1. Ann. Veiiati.. aon. MIJ, — t'LODOiRD. o/!. cil., I. IV. c.
foulques ilaus une IcUre lui rappelle * quali aCTectii, uL ad eundei
«honorera perveiiiret, decertaverit»; en effat, Honorai avait déjà eie tiu
au siège de Beauvais por le clergé de cette ville en gSl, mais lIlDcmar.
au sjuodc du Flsmes, l'avait déclaré incapable et avait tait nomiucr un
Rolgaire qui mourut ea S& (Dûuulbb, op. cit., t. 111, p. ISI).
2. CUronieon Caineraeenet et Atrebiileme aoit Gtsia epieeoporum Can
centium {lliilor. de /■>., t. VIU, p. 276 et Mon. Germ., SS., t. Vil,
donnent le jour de l'élévation de Dodilon, mais, pour l'année, U
adopter cclls qu'indiquent les Ann. VedasI.
3. Flodgaru, op. cil.. I. IV, c. U, p. 56B.
4. Les noms des ëvi^ques sont donnés par les actes du synods il
Mayence (juin âsâ), Mansi, t. XVIll, p. 6t. — DDmulbk, op- eti., t. I^
p. 307.
5. Foulques se Qt donner cette alibaye [lar Ctiarles le simple dèsqull
eut eievc celui-ci uu trône.
[870-888] POLITIQUE DE FOiji/juts. loi
pas définir !a conduite de son successeur lorsqu'il disait : « Sou-
n vent, lors d'un changement de règne, la discorde prend naîs-
« sance entre les grands du royaume, parce que quelques-uns,
B sans l'avis des autres, veulent pouvoir revendiquer pour eux
seuls l'honneur d'avoir mis sur le trOne le nouveau souve-
« rain'.n Mais ilyavail encore pour Foulques, dans l'élévation
d'Arnulf. une question d'intérêt,
Depuis le traité de Verdun, l'évêché de Cambrai et des par-
celles même du diocèse de Reims faisaient partie de la Lorraine
et se trouvaient ainsi dans un autre royaume que la métropole*.
Cet état de choses était une source d'ennuis continuels pour
les archevêques^; aussi, ce fut dès lors une de leurs préoccu-
pations constantes de réunir an tronc ce rameau séparé par
[es partages carolingiens. C'est dans ce but.qu'IIincmarpoussa
si vivement Charles leChauve â l'envahissement de la Lorraine
en 870* ; par le traité de Mersen qui termina cette campagne, la
Lorraine fut partagée et Cambrai fit désormais partie du
royaume franc de l'Ouest. Reims, du même coup, perdait sa
position dangereuse d'avant-poste sur ta. frontière, et enfin,
tous ses évêchés une fois réunis, ce siège archiépiscopal s'as-
surait, par le grand nombre de ses sutTragants, une position tout
à fait hors de pair. Mais, en 879, Louis de (îermanie envahissait
le royaume franc de l'Ouest, et les grands de ce royaume ache-
taient sa retraite eu lui cédant toute la partie de la Lorraine
que Charles le Chauve avait reçue par le traité de Merseu. Cette
cession fut confirmée par le traité de Ribemout en 880'. De
nouveau, Cambrai était dans un autre royaume que Reims; le
fruit des efforts d'Hincmar rtatt perdu. Après la mort des fils
de Louis le Bègue, Charles lll régnant sur les royaumes francs
de l'Est et de l'Ouest, Cambrai était de nouveau réuni à la métro-
pole; aussi l'élection d'un nouvel évèque, Dodilon, en fui sin-
gulièrement facilitée'. Maintenant Foulques voyait que cette
réunion si désirée allait de nouveau prendre tin, car, si Eudes
et Aroulf régnaient tous deux et en boune harmonie l'un avec
1. HINCU^B. Opéra, t. I, col, 984-935,
2. SghbOrs, op. cit.. p. 223,
3. ScUHÔRS, '»p. cit., p, 22ft-229.— FLODOiaD. op. cit., 1. III, c. 12, p. 4ti8
el suiv,
4. NOORDHN, flinkmar, p, 2H0. — SCHRÔBS, op. cit., p, 312. — UouROBOtS,
Lt tupiiuiairr de Kier»y, p. 118,
5. DuuMLBii, op-eU., LUI, p. IIS, 132 et suiv. — SCHRûBS.op. etf.,p. t29.
(J. iJallia chrisKana. l. III, COl. U. - FlaùO^tiD.op. cil.,1- IV, c.O, p. 568.
102
CHUTE DB l'empire. AVÈNEMENT D EUDES.
CM*.
l'autre, les frontières de leurs royaumes devaient rester tellea
qu'elles avaient été tixées par le traité de Ribemout. Foulques
avait compris que celte nouvelle dislocation ne pouvait être
évitée que d'uue seule manière : il fallait qu'ArnuIf, à l'instar
de Charles III, son prédécesseur, régnât sur les deux royaumes
fraucs; ainsi seraient réunis, sous le même seeptre que Reiois,
non seulement Cambrai, mais encore les nombreux biens' que
l'arclievèché possédait dans le royaume franc de l'Est et qui
étaient l'objet de fréquentes déprédations et nue source inta-
rissable de soucis pour l'arciievêque. Telles sont les raisons
qui engagèrent Foulques à offrir à Arnuif le royaume franc de
l'Ouest. Si, dans une lettre* à ce souverain, il indique d'autres
motifs, c'est que les premiersluiétaient trop personnels et peu
faits pour influer, en quoi que ce soit, sur le souverain d'Outre-
Rhin.
Il est temps de faire connaissance avec Arnuif", car il va
désormais entrer en relation avec le royaume d'Eudes, et sa
carrière, sous certains rapports, n'est pas sans analogie avec
celle de ce dernier. La femme légitime du roi de Bavière Car-
loman ne lui avait pas donné d'enfants; il avaiteu Arnulfd'une
femme très noble, nommée Liudswind. Fila illégitime de Carlo-
man, petit-lils de Louis le Germanique, arrière-petit-flls de Louis
le Pieux, Arnuif était beau et fort comme sou père; l'histoire
prouve qu'il était courageux et entreprenant. Né entre S4S et
850, il fut investi, vers 870, comme l'avait été son père, des
marches de Carinthic et de Pannonie, Durant la longue ma-
ladie de Carloman, ce fut lui qui administra le royaume de
Bavière; il pouvait espérer lui succéder, mais son oncle
Louis lU, dit le Jeune, s'immisça dans les affaires de Bavière
et se fit reconnaître par son frère Carloman comme son succes-
seur (879). Louis III mourut lui-même en 8S"2 et Charles III
recueillit son héritage ;Arnuir, son neveu, lui prêta serment de
fidélité, mais il fut tenu dans les provinces éloignées, dont il
avait déjà l'admiuistration, par son oncle qui, au lieu de lui faire
1, SchhObs, 0/). cit., p. 00, 223, '229, 304, 463, et regeste de cet ouvrage
n"K}, S2, I3t, 152, etc. — Lettre de Foulques relative à des biens de
l'dglisedttReimssituéâ dans le diocèse de Cologne, dans FlodoàSo, op. cit.,
1. IV, 0. 6, p. S67-5G8.
2, FlODOAhD, op. eil., 1. IV, c. S, p. 563-Sei.
3, Voy-, sur Amul(:DCM«LER, op. cit., passim; — DiJMyLBti. Dr
Francorwrn rtge.
[882-887] ARNULF ROI FRANC DE L'EST. 103
la pari plus large, au Heu d'employer sa bravoure contre les
Normands, comme le lui suggérait le moine de Saiiit-Gall', se
déflait de lui parce qu'il deviûait dans Arnulf un redoutable
rival pour sou bitard Beraani dont il voulait faire son successeur.
Arnulf, à la tète des Bavarois, prit cependant part à la déplo-
rable expédition d'ElsIoo (8S'2). Uu premier essai fait par lui
pour étendre son in tluencc (884-885) fut réprimé par Charles III,
Son mécontentement était connu, mais il alleDdail sou heure.
En juin 887, i'archichanoelier Liutward qui, par une cabale
des grands, avait été chassé de la cour, se réfugia auprès de
lui pour travaillera la chute de ["empereur. Euûn, Arnulf lève
le drapeau de la révolte; Charles III est déposé, il reconnaît,
comme roi et comme son successeur, Arnulf qui n'est plus
désormais uu usurpateur, mais bieu le successeur légitime et
incontesté du souverain qui a abdiqué en sa faveur'. Arnulf
est, en effet, le seul Carolingien qui puisse régner; il faut
à l'Empire im chef énergique et brave; personne ne songe
à lui opposer le dernier Carolingien légitime qui n'est qu'un
enfant, ou bien les bâ.tard3 de l'empereur Charles III.
Arnulf est bâtard, il est vrai; mais sa mère est très noble,
circonstance qui n'a peut-être pas été sans importance. De
plus, déjà du vivant de Charles III, lorsque ce souverain avait
voulu régler sa succession, bien des voix avaient souhaité de
voir monter Aruuif sur le trûne, «afin que le Qambeau laissé
par le grand Louis le Germanique ne s'éteignit pas dans la
maison du maître'.» La bravoure d'ArnuIf et le fait qu'il est le
seul Carolingien' capable, sans concurrent sérieux, font que sa
bâtardise qui, en d'autres circonstances, eût été un obstacle
1. WbnCK, DieErhebung Amutfs, p. 22-
2. DÛMMLBR (Grschiehte des otlfrânhiitlien ficicht, l. III. p. 302) cite ce
passage des Ann. HUdesheimcnseï : «Franc! rcliquemuL citiii bt elegerunL
t Arnulfum in regemet Karolussubicit se Arnulfo. • — Convtniits Valen-
tinm, diiQs les Hùtor. d« Fr.. t. IX, p. 318. — Wbngk, op. cit., p. 30 et
suiv." Waitz, Deultche VtrfMtimgigeKhichle, t. V (1874), p. 23 et suiv,
3. DÙUULBR, op. eif., l. III, p. 241. — Wbncr, ap. cit., p. 22.
k. G. l'HiLii^PS, Btilnege :ur Gesctiichte DeuUchlands vom Jahre gST
bû 93S, ilaas les AbhandlungtH der IIL CIomm der Akademie der IViMen-
ÊChaften, Vienne, Bd. III. Ablh. ii. — liiUTTUNa, Oie Th-onfolgt im
deuUohtn Reiehe, dons les ForioliunijeM lur deuUehtti Gtschielite, t. XVUI
(1878), p. 134 el suiv. — itADRBNUJUîCHBR, Geschichie der UeuUalieti KOnigs-
vMhl&n, p. '2b et suiv. — En Sâil, .\rnulf obtient des grands qu'ils re-
counaissenl sea deux b&lariU cojntue ses successeurs s''!! ne lui naît
pas d'hériliers tégiliiues iDuuulbb, op. cil., i. [II. p. 331-331J.
; L EMPlllE. AVENEMENT
[887-888]
ïDBunnontable à sou élévation, semble avoir été oubliée des
contemporains'.
Après son avènement [milieu de novembre 887j, Arnulf par-
courut son royaume, fier de sa nouvelle dignité, récompensant^
largement les services rendus ou gagnant, par des faveurs, itT
nouveaux partisans. A Ralisbonne. il fêta Noël par une réuJ
nion solennelle des envoyés des divers peuples qui lui étaienH
soumis. Il demeura dans cette ville, le séjour préféré de Boaf
père, jusqu'au milieu de février 888, puis il parcourut la B*"
vière, la Carinthie, el revint, pour les fêtes de Pâques, à Ra-j
tisbonne, heureux semble-t-il de visiter en roi les lieux c
s'était écoulée sa jeunesse. Mais ce n'était pas là la coDduitel
d'un souverain qui pouvait prétendre à l'empire d'OccideoLj
Après' avoir perdu quelques mois précieux à cette chevaucliéal
triomphale à travers son royaume, Araulf comprit enfin quel
l'empire de Charles III lui échappait par lambeaux et qu'i||
n'était que temps d'y remédier. Aussi revint-il par Spire, où m
passait à la tin de mai, à Francfort, pour y tenir, dans la se-J
conde moitié de juin, l'assemblée annuelle du prlntempsV
Durant ce hajet, il reuconira, à Worms', Foulques qui t
i. Les Ann. Vedast. parlent it'Amuir comme Sis de Carlomaa c
neveu de Charles III sans faire aucune mention de son lUôgi limité, d
mémelea ^4^1. Fuld., Réginon, Asser,elc...— Foulques ècril à A.ntultqii|
lui el Charlea le Simple, eux seuls, «de tota reg.ili slirperemanserinl»;
il lui parle comme à un de ceux « quibus ei génère bonor regius debe-
< baturn (Flodoabd, op. cit., I, IV, c. a, p. 364). Il lui dit. en parlant de
Charles le Simple ; " quem solum post ipsum [Arnulfuml de regia
* ipaiuB habebant progenie» (itid., p. 363). — Voy., sur la bâtardise d'Ar-
nulf, WasCK, op. cit., p, 3i el suiï.
2. Amuir esl à Spire le 2<i mai (BouubB'Muhlbachbr, n» 1741) el à
Franctorl dès le 8 juin {ibid., w 1743). - Anu. Fuld., p. V, Son. 888:
■I his auditis, rex. [Arnulfus] Pranciam peciic, habitoque ad FraDConofurt
« generali convenlo,..» — Voy., sur le ffwieradsoom'eiKiu, Waitz, OeuJ»cAc
Verfaâiungsgachichte, t. III (1883), p. 3W.
3. La date du vojage de Foulques est lixéc par le synode de Uayence
auqoei il asEjMa en juin 668 (Dûmulbr. op. cit., t. III, p. 306 ot sniv.). —
Les Ann. Vedasl. disent que la victoire do Montfaucon fut remportée par
Eudes le 24 juin, pendant les négociations de Foulques avec Amult. —
Ce n'est pas à Francfort, mais !x Worms, que Foulques se présenta &
Arnulf, 11 le dit lui-môme : «expelierai ArnuKura regem apud War-
. mnLiam, ut ipse Willeberto presuli... preclperet» (Fi.odoabd, op. ài.,
1. IV, !■. 6. p. 567); or Willebert, archevêque de Cologne, étant mon ie
11 septembre 6S9, il est clair que Foulques fait allusion à sa première {
entrevue avec Arnulf; il est probable que, di? là, il s
fort pour y faire prévaloir ses vues.
sion a sa premiL-re ^k
1 se rendit a Pmnfr-^^|
f888] FOULQUES APPELLE ABNOLP. 105
rend&it auprès de lui avec deux de aes cvêques suffragants,
HoQOrat de Beauvais et Hétilon de Noyon. et peut-être encore
Dodilon de Cambrai'. Foulques suivit-il Arnuirà Francfort, ou
s'arrôta-t-il à Mayence pour y assister au synode général du
clergé allemaudf peu importe. Il est certain qu'il représenta â
Arnuif, et c'était là le but de sou voyage, que le royaume
qu'Eudes venait d'usurper lui appartenait de droit, qu'Eudes
était étranger à la race royale, que le seul Carolingien encore
vivant était un enfant, jeime de corps et d'esprit, incapable
par cela même de tenir les rênes du gouvernement; que le
royaume franc de l'Ouest était menacé d'une terrible invasion
normande; en conséquence, il pressa Ârnulf de venir et de
mettre la main sur un royauine qui lui était dû*.
It semble avoir un instant persuadé ÂrnulT qui, avec les
grands assemblés à Francfort dans ta seconde moitié de juin,
prit une décision hostile à Eudes : on devait partir pour
Worms'; île là on menacerait Eudes; s'il consentait à tran-
siger, on lui poserait des conditions; sinon, on l'attaquerait, en
passant par Beims qui donnerait accès dans le royaume de
1. Ces ecclësiastirpieâ, DoililoD, tlouoral, HéUlon et Jean archevêque
de Rouen, signent an sjnode de Majence un acte de Llutbert, arche-
vêque de celte ville. DrjwMLBH, op. cit., t, 111, p. 320. — Mabillon, Aim.
Bentdict., l. ILI, p. 688-600. -- Il esl à remarquer que Foutciiies ne signe
pas; peul-élre n'assisLa-t-il pas au synode.
2. Les arguments que Foulques dul faire prévaloir t\ Arnuif sont
contenus dans sa lettre à ce même souverain (FLonoanD, op. cil., 1. IV,
e. 5, p. BOS-aeil et dans les Ann. Vtdast., aon, 888 : * coniulerunt ae ad k>
■ milfum regem, ui veuiret in Franclam et regnum sibi deiiiluiu rectpe-
« rel.» Foulques offrit bien à Arnuif lo royaume de l'Ouest tout entier :
f idem Arnulfus reglmen bulus regni ^uficiperù noluit,> dit-il dans une
lettre [Flodoabd, ihid.).
3. Le texte des Ann. Fuld. (P. V, ann. 888) révèle les disposiliona hoB-
tiles à Budes de l'assemblée de Francfort : Arnuif > habitoque ad Fran-
•1 conofurt geueralï conventu, dlspoâult adventare Wormatiam. Quod
« vero Odo comperiens... r.onteslans se malle snum regnum gratia cum
■ régis paciflec habere...» — C'est déjà à Worms que s'était réunie l'armée
de Louis le Germanique pour envahir le royaume de Charles le Chauve
en 898 (DfruuLRB. op. cit., t. I, p. ^>30). — La iégislatiou caroliagienne ne
Ilxail pas le nombre de jours qui devait s'écouler entre la convocation
'le l'armée et son départ [Baldamus , Dos Hieiioeten unifr den spàlerm
Knr^mgêrn, p. 1JB-S7). — Eu tout cas, Arnuif, dans I tissemhlée tenue â
Francfort dans la seconde moitié de juin (BtinuBti-UOHLBACHBii, p. 664)
n'avait pris que des dispositions immédiatement modifiées par la vic-
toire d'Eudes (24 juin). - Arnuif est encore ù Francfort le 3 juillet (BCa-
MBB-MiiHLBAGHBn, D" 1750-1751).
!0I
CHUTE DE l/EMPlRE. AVÈNEMENT d'eUDES.
[8*
l'Ouest. Tel était le projet qu'Eudes déjoua presque auss
se conciliant la plupart de ses ennemis par une victoire
Normands dout le résullat elfectif fut de beaucoup dépî
par le retentissement qu'elle eut et l'effet moral qu'elle
duîsit.
Après son avènement, Eudes n'avait pas perdu de tei
comme Àrniilf, bien au contraire; iisehAtait' de se taire recoi
naître par le plus grand numbre de partisans possible. Il 11
fallait une armée, car il ignorait les intentions dn roi franc
l'Est et surtout les Normands étaient toujours là, qui rava-
geaient son royaume. Eu automne 887, ils avaient pris leur cam-
pement à Cbessy*, sur la rive gauche de la Marne; aussitôt que
la dépoaitiou de Charles III leur fut couuue, ils considérèreati
comme à la mort de Carlomau, tout traité comme anuuli
surtout ils pensèrent que du trouble occasionné par ce chai
gemenL de règne résulterait pour eux une impunité complète
Aussi quittent-ils bientôt Chessy, et, jugeant plus prudent de
s'éloigner de Paris, le centre d'action d"Eudes, ils se portent
sur Troyes qu'ils brûlent, ils pénètrent en Bourgogne, ra-
vagent le monastère de Bèze, au nord de Dijon, et menacent
Reims; celte ville et le monastère de Saint-Remi, qui est en
dehors de son enceinte, échappent, assure un annaliste, gr&ce
à un brouillard qui les entoura pendant trois jours; enlin ils
étendent leurs ravages jusqu'à Toul et à Verdun*. Ce fut ai)
nord-ouest de celte dernière ville, à Uoutfaucon, dans 1'
gonne, localité qui faisait partie du royaume d'ArnulC
ue g
1. Ann. Vtdasl., ami. SêS
« nabal. »
2. Voy. ci-deaaus, p. ti7.
3. Ann. Fu'rf.. P. IV, ann.
« seuslone et ImperaUiri
1 Odo vero rex Francos... sibi s
: 1 Nordmanni, audita Francorum
i coruQi abiectioDc, plurîma loca. quae prius
( minime teiigeranl. vasUivcrunt- >
i. Ann. Btiiirnset, dans les Won. ûf cm., SS., l. H, p. i'il. — Chron. Betuense,
dans les HUlor. de Fr., l. I.X, p. ie-20. — Stbenstrdp, Aormannertie, l. Il,
p. 237. — « Norliuanni vero oianiu locii UEi|ue Mosam maro soIJto
■ parlem Burgoiidiae (ievaeLant » {Ann. Vedasi., hoa. 087, d'après d'aul
ms., âSS); ce passage a trait à ce que les Normands firent durant la
mière moitié de l'année 8SS. — Réginon place ces faits en 889 au 11
de 8B8. — .Intl. Futd., P. IV, ann. S87.
5. L'abbaye de Montfaucon faisait partie du «paiîus Oulcomeosti.
(LoNONOK, Atlas kittoriqut, texte, p. t20j. Ce < pagiis > éLait ëctiu à Cl
le Chauve au partage de Mersen i,Amt. Berlin., ann. 870), mais, depuis
traité de EUbcmoDt, il ratsail de nouveau partie du royaume franc de rr
quoiqu'il fût un des snpt pngl du <iiocëse de Heims (Lonohon, Èlvde
lit pagi de U Gaule, 2> paille, p. àO.)
'■ l'Ar^^J
Duir*^H
m diaJ^H
VICTOIRE DE MfJMTFAUCON,
107
qu'Eudes les reucontra. D'après les témoignages contempo-
rains, la rencûiitre fut inopinée'. On ne s'explique la présence
d'Eudes avec une armée d.ins le royaume de l'Est, entre Reims
et Worms, qu'eu supposant qu'il voulait parer anx éventualités
que pouvaient faire naître la démarche de Foulques auprès
d'Aruulf et l'hostililé possible de ce dernier.
C'était le 24 juin : Eudes chevauchait à la têlo d'un millier
de cavaliers', lorsqu'un cbassf'ur accourt et lui annonce l'ap-
proche de plusieurs milliers de Normands, les uns à cheval,
les autres à pied. Il avait l'infériorité du nombre, n'importe 1
Il prend ses armes, suspend son bouclier à sou cou, tire son
glaive et, entouré de Irois jeunes guerriers spécialement voués
à son service*, il s'élance avec sa troupe au combat. Il mas-
sacre les cavaliers ou les met en fuite; mais il ne laisse pas les
siens se débander, car on lui a annoncé des fantassins ;
1 Restez toujours en rangs serrés, leur dit-il, moi-même je
« vais monter sur celle éminence; à mon premier signal qu'aucun
« de vous ne reste imi arrière. •> Il demande son cor et monte sur
la colline; de là, il voit s'avancer lentement des fantassins aux
armes retentissantes; il lire alors de son cor un bou si puis-
sant que seule une bouche royale pouvait en produire un pa-
reil. Sa troupe, qui était restée à couvert et avait mis pied à
lerre après sa première victoire, se remet en selle et charge
les fantassins. Eudes, au fort de la mêlée, reçoit un coup de
hache qui abat son casque sur ses épaules; mais il transperce
aussitôt de son épée son audacieux agresseur. Eniin, les Nor-
mands prennent la fuite. Ce double combat ne semble pas
avoir été de longue durée' et il prouve que les Normands
étaient faciles a vaincre en rase camjiagne comme sur la mer,
et que leur habileté dans l'art de la forlitication de campagne
leur donnait seule nue supériorité inconlestable.
Eudes poursuivit et repoussa loin de ses frontières un
1. Ann. Vedast., aiin. fi*i : « inopiiiata vicloria. •> — Abbon, 1. U.
V. 501-502 » inopiua prœlia. » — Ces ileux sources, iiul seules parlent
de cette vicloire, indlquenL le jour; les Ann. Vedast. rlnnnent eiicori;
l'année; elles menlionuenl celte vicloire 1res brlâVL-menl, mais le peu
qu'elles disenl conflruie, comjDu pour le sièRede Paris, le nicild"AlJbon;
celui-ci, dsDs le livre II, ne suit pas ud ordre cbroRO logique.
2. I^ service à cheval âtail l'ordiuaire, à cette époque, surtout daua
l'eutourage du roi (Baidauds, op. nit., p. 62],
3. Waiti, Deuttehe Verrauungsgetctikhlf, t. IV (leSy), p. 275.
i. A'tn. Vcdatt., aun. E88 : «commissoque pnelio moi vicloi' cililil. »
108
CHUTE DE L EMPIRE. AVPNEMENT EUDES.
enaemt qui devait, malheureusement, bien vite après cette
surprise, se réorgaaiser et revenir. Si cette victoire, non pas
aurune simple baude de pillards, mais bien sur une véritable
armée' normande n'eut pas de résultats durables, elle rapporta
à Eudes, dit l'annaliste, une gloire peu ordinaire' et elle eut,
pour son pouvoir naissant, les conséquences Ips plus heu-
reuses.
En effet, dès que le brillant combat de Monlfaucon fut I
connu, Arnulf, qui jusqu'alors avait prêté l'oreille aux propo- J
sitioDS des ennemis d'Eudes et était resté A l'égard ds: celui-ci J
dans une expectative menaçante, change de politique ; ilj
renvoie Foulques sans lui donner ni un conseil, ni un mot dea
consolation'; il ne veut pas régner sur le l'oyaume franc deM
l'Ouest. L'exemple des rois de l'Est, qui l'ont tenti- avant liii|t
est là pour l'avertir de ne pas risquer dans cette aventure s^
trop récente royauté. Et puis, cette éclosion générale de che&l
nationaux l'a fait réfléchir; il a compris que les popnlalionsf
de l'Empire veulent, chacune pour elles, un chef toujouraJ
présent et prêt à courir au danger et non un monarque virtuel 1
qui les abandonnera pour guerroyer dans d'autres contrées.
Mais, il ne tâche pas complètement la partie et, s'il renonce k J
une royauté effective sur tous les morceaux disloqués dnJ
et de 9.000 Fui' I
.. Vedasl. d'après
(. ÂBBON (1. II, T. A92-493) parle de 10.000 cavaliers
tassias; il exagère peut-être, mais il conQrme les Am
lesquelles Eudes avaiL k faire à un i exercitus- *
2. Ann. Vedasl., aau. S88. ■ qute Victoria non modicam illl gloriam con-
< tulit. > — Celte victoire est intercalée dans ces annales entre tes ofr-
ffocliLlLons de foulques avec Amulf et le changement de politiquti de
dernier à l'égard d'Eudes; on peut en conclure qu'elle ne Tut pas sani^
influence sur ce revirement.
3. FLOnOiKD, op. cit., 1. IV, c. S. p. 5«3 : « sed ipse rei eum [Pulco>j
< nem] sine ullo consillo vel consolatione dimiserit, o — M. Dikuiml
{op. cit., t. m, p. 321) admet avec BBli mer- Milhl bâcher (p. 666-667) qi
Foulques aurait ôté à Worms au moment de l'entrevue d'Amult
d'Eudes. Dès qu'ArnuIf a changé de dispositions à l'égard d'Eudes,
c'est-à-dire depuis la victoire de Moniraucon (21 juin), il ;i dû congédier
Foulques et depuis ce moment jusqu'à l'entrevue de Worms (fin juillet
ou commencement d'août) 11 s'écoule un temps asseK long: il y a des
négociiitions entre les deux souverains (u dnm inissi inter illos discurm~.
< rent > Ann, Vtdati., ann. HSS). Foulques devait tâcher de convniiu
Arault avant l'ass.'Oitilée de Francrort; c'osL avant celle assemblée
qu'îM'attelgnitîi Worms; en juillet, sa cause était perdue, il n'avait plua'
rien à faire à Worms quand Eudes s'y présenta, car celui-ci n'y vint que
poiir[,iir« Uiiacle formel, tout avait été réglé d'avancp.
m- ..
""S
co>^^|
8S. Il
ENTREVUE DE WOBMH.
109
l'Empire, il veut faire prévaloir sur eux sa suprématie, sa
8uzerainet<^.
Pour atLeindre ce but, à l'égard du royaume franc de l'Ouest,
il couToiiiie Eudes à un plaid. Celui-ci, iiprès avoir tenu
conseil avec les siens, considéraut son propre intérêt et celui
du royaume, décide de s'y rendre sans plus ditFérer et de mettre
ainsi en pratique ce qu'Hiucmar considérait comme le devoir
d'un bou roi, la paix, avec les souverains ses voisins. Il choisit
les principaux des siens pour l'accompagner et il se fit pré-
céder par le comte Thierry et par d'autres de ses partisans
qui devaient annoncer à Arnulf qu'il était disposé à se rendre
auprès de lui et User le lieu et le jour. Eudes ne se fût
pas aventuré à cette entrevue sans avoir la certitude qu'elle
aboutirait à un accord. Aussi est-il vraisemblable qu'au cours
des négociations préliminaires qui duréreut près d'un mois
(juillet 888j', la nature des rapports qui s'établiraient entre les
deux souverains fut également discutée et tranchée.
Durant ces préliminaires. Baudoin, comte de I*'landre,
ébranlé par l'échec de Foulques' auprès d'Aroulf et par la
victoire de Montraucon, renonçait à l'opposition qu'il avait
faite jusqu'alors. 11 alla à Eudes et jura de lui être désormais
lidële; le roi le reçut avec bienveiliaoce cl t'orl honorable-
ment, l'exhorta à persister dans l'engagement qu'il preuait
et lui ordonna de l'escorter â l'entrevue à lai]uelle il allait se
rendre. Le coup était grave pour le parti que Baudoin aban-
donnait; le pouvoir d'Eudes s'en trouvait siogulièremeut accru
dans le nord, dans la » Francia ».
Au jour dit, c'était très probablement au commencement
d'août (tJSS)', Eudes, sûr de l'appui des siens, arriva â Worms.
Le lieu était bien choisi : en effet, un parent d'Eudes était
1. vl on. V'<ii/<i«(.;«<luuimiàsiiuterlUoafliscurrere(jl.»~Arnuir est encore
à Francfort le3 jiiiUeltBSHiiiBEt-MiJumACHBH, ii> I7S0); c'est assurément
dans celte ville qu'il aiipreud la viclaire de Monlfaucim (24 julu); il est
à Tribur le 1" août, probablement en roule pi>ur Worms oii l'entrevue
eut lieu à une date tiue nous ignorons.
2. îlien n'autorise à^upposer, comme le liill M. Di\mmier {op. cit., t. Ul,
p. 32t), que BauUoin se rendil auprès d'Arnulf avec Foulques. Celui-ci,
dans sa lettre à Arnulf [FLODOinD, op. eil., 1. IV, c. S, p. S63-S&4}. pouvait
passer sous silence ses sulfraganls ; il n'aurait pas passé sous silence le
comte de Flandre.
3. Arnulf est li Fraucforl le 3 juillel, 4 Tciljur lu h- iioûl et & Ger-
nesheim le -îi aoiit (BOhueb-MOulbachbh, ii" iTJ}, t7S1, t7S'/, 1753).
ilO ciiuTi: DE l'empire, avènement d'eudes.
comte dans le pays de Worms, sur la rive gauche du Rhin, U
8e nomiuait Uéglagaud'. Mt-^gÎDgaud était, déjà en 868, un pcr-
aonuage de marque dati3 le royaume de Louis le Germanique ;
en 876, il avait été chargé par ce roi d'une mission auprès de d
Charles le Ohaiive; dès janvier 888, il était aussi comte dansl
le Meiofeld; il avait reconou de suite Arnulf qui lui avait!
donné, en retour, la riche abbaye de Saiut-Maximin, à TrèvesJ
En se rencoutrant dans le pays dont il était un des plus puis-^
sants comtes, les souverains qui avaient Mégingaud, l'un poui
parent, l'autre pour sujet Qdèle, se renaissaient sur un terrain
en quelque sorte neutre ^
Aruulf reçut Eudes avec tous les égards qui lui étaient du8^
et le félicita tout d'abord" de la brillante victoire qu'il venait
de remporter ; il fut assurément question des Normands, peut-
être aussi de frontières; Arnulf pria Eudes d'user de clémence
envers ceux de ses sujets qui étaient venus lui olfrir le royaume
irauc de TOuesl. Mais la plus grosse question que tranchait
l'entrevue était celle de la position respective des deux souve-
rains.
Et d'abord, quelles pouvaient être les prétentions d'Arnuiffl
Ainsi qu'on l'a vu, Arnulf, quoique bâtard, est considéré parf
les contemporains comme le seul Carolingien capable de ré-*-
gner, comme le successeur incontesté de l'empereur Charlealll j
qui l'a reconnu. Il succède à ce dernier dans tous ses droits, il J
veut recueillir la succession daus son intégrité'. L'Empire ca-
rolingien est nn et doit rester un; mais, en môme temps qu'Ar- 1
nulf, d'autres souverains surgissent, de nouveaux royaumes sel
1. Voy., sur MéglnBaud, Dûmmler, op. cit., l. lU, p. 358- — RàoiNONf
Chron., anii. SQ2 : » Megingaiidus comes nepos Oilonia régla ». — U. dt |
Kalcksteln le croit lUs d'une sœur aînée d'Eudes {lioberi der Tapfere,
p. IIG) ; dans sa Gcsehiehie des franzosiselicn KBnigIhumi (p. 466) Il admet-
trait plutôt deux MègiQgau'I, dont l'un serait le Hls, l'autre, qui n'ap-
paraît qu'en 8ti8, le pcliL-IllR d'une sœur aînée d'Eudes. M. de Barlbé-
lemj' {Le* oiHgines de la Maiton de France, p. 126-127} croit Mégingaud fils
d'une sœur aiuée de Robert lu Fort. Bref, l'origine de la parenté d'Eudes
et de Mégingaud est inconnue.
2. Dans son ëpitapbe (Pièiiea juslillcaiives, n' Vil), Mégingaud eat qua- J
Ufié de € regibus carua muitls".
3. ^tiii. Vediui., anii. 888 : « graïauter ibi recipilur ». Celle espresi
semble indiquer l'importance qu'ÂmuU atiacbait à la victoire de U
faucon.
/(. Ann. Vedoii., ann. 888 : «regnum sibi debitum >. — Wbngk, Die Brhif^
bung Arnulf!. p. 30. — ASSBR, Annala rc-um geslarum Aelfreiti, ann. 687(1
p. m.
[817-887] PUETENTiONS d'arsulf. 111
formeat; poiii' sauver l'unité de l'Empire, il prétendra à une
snprfimalie sur eux tous. Dtjà Louis le Pieux, dans le partage
qu'il fit entre ses tils, eo 817', avait accordé à l'un d'eus une
suprématie sur ses frères; cette suprémalie Fut abruyée aii
traité de Verdun, Avec elle, o l'unité réelle de l'Empire dispa-
raissait, mais l'Église ne se découragea pas'»; elle prit en
main la cause de l'unité. Le pape voulut que l'unité de l'Ëglise
servît de base à l'unité politique de l'Empire; il réussit à rem-
placiTle dicton "Uû Empereur et un Empire» par celui-ci «une
Égliseetun Empereur'", C'est, désormais, l'Église qui soutient
le principe de l'unité; ce u'est plus qu'à Rome et par le pape
que l'empereur peut être créé. Bien vite, l'Église réclame, pour
l'empereur qu'elle crée, une suprématie et ainsi le principe
d'unité renaît des mains de l'Église '. Cette suprématie devieul
un dogme et l'unité de l'Empire ne fait de doute dans l'esprit
de personne : « Comme l'Église est une, l'Empire aussi doit
êtreiiu u.ditHincmar, et l'archevêque ne considère le royaume
frano de l'Ouest que comme une fraction de l'Empire'. Sous
Charles III. l'unité matérielle aurait pu être réalisée, comme
sous Charleuia^oe ou sous Louis le Pieux , si un démembre-
ment n'avait été tenté victorieusement par Boson, le fondateur
du royaume île Provence; il ne fut considéré que comme un
usurpateur'; à sa mort [II janvier 887), sa veuve reconnut la
1. Di'uiiio imperii de 817, daofl les Hiilor. de Fr., t. VI, p. 405 : * senior
« Trater, sicut ei major potestas ». celle suprémalie osl encore reconnue
par Gliarles h son frère aîné Lolhaire, en 810 : «promllleiia... Ildelem se
* fore lUi el sobjecium fore velle. !La ai prlmogeDlto fratri ease oporle-
■ ret» (NiTHiSD, Iliitor., [. II, c. 2).— En 841, Lolhaire raaiolient eu-
oore sa aupriiinalie.
2. BArBT, Compte rendu du travail de M. Bourgeois, te cap<tul<tire de
Kieriy, daus laReuue hitlùrique, l. SXXII (1886). p. 183.
3. ScHRdHS, op. cit.. p. SO.
4. Ctiarles le Chauve, couronné en 875 par le pape, prétend d une so-
prématie sur loiit l'Oocldeni : ■« se Imperalorem et augusLum omtiLuiu
« regum eis mure cxistentium appellare prEecepit ■ iWaitz, Deuttche
Va-fasiungsgegchiclile, t. V, (1874), p. 86).— Jean Vlll écrit à Louis III dit
le Jeutae ; c si... romitmim sumpseritis imperium omnia vobia régna
■ subjecla eilateni» (Waitz, ihid.). — M, Bayet lariicU ci[é) fait dispa-
raître Irop vite le principe d'unité pour le remplacer par une autorité
morale et religieuse; tant qu'il y a suzeraineté ou prélention à la suze-
raineté d'uu prince sur tous les aulrea, on peut din.- que le principe
d'unité existe encore.
5. SCHRÔRS, 071, cit., p. 383.
fl. Ann. FaUi.. P. V. ;inn. 890 : • tjronuus s. — DCmmlbb, op. cil., t. II.
p. 332. a. 2.
CHCTE DE l'empire. AVÈNEMENT d'eUDES.
suzeraineté de Charles III, qui Ût, ea retour, de Louis fils
BosoQ, son Gdèle, et lui reconnut le droit de succéder à si
père V Quoique cette royauté di? Louis ne dût devenir effective'
que trois ans après, néanmoins, l'unité réelle venait d'être
condamnée irrévocablement par l'empereur lui-même, tandis
que le principe de l'unité était encore sauf, grice à la suzerai-
neté dûment reconnue de Charles III sur le royaume de Pro-
vence'. Arrivant au trOne au moment où le démembrement de
l'Empire est général, Arnulf fera un dernier et suprême effort
pour sauver le principe de l'unité. S'autorisant du précédei
créé par Charles fil, il prétendra, comme successeur de celi
ci, avoir, sur tous les souverains qui ont éclos dans l'Empire,
même droit de suzeraineté'. Ainsi, il le maintiendra sur
royaume de Provence, tout en rendant effective la royauté de
Louis*; c'est ainsi encore qu'il fera reconnaître sa suprématie
par Bércnger' en 888, et qu'il combattra constamment Gui
Spolète, qui, après avoir défait Bérenger, s'est emparé
royaume d'Italie " et de la dignité impériale ; il estime en el
avoir tous les droits à l'un et à l'autre, et s'il ne se fait pas 001
ioo^H
îve^H
ire n
dis
■ai-
ro-
.de
fort ,
'S
1. Ann. FiM., f. V, an». 887 : «lionoriûee ad hominem slbl
<i adoptiTum llliuiD etiam, tiiiuDzU. * — Conuentut Vateniinus, dans les
Histor. de Fi:, l, IX, p. 3tS : « cui prcBstaatissiinus Earoluâ ImperaU
« jara reglam conceaseral digniLatem. »
i. }bid. .' 1 post glorioslsslmi Caroli obiliim aliquandlu sine Bege
« priadpe exislena Iregnutn Praviucice] >. Après la mort de Chartes
le rojauiue fut considéré ooinme sans souverain.
3. ASSBK, Annales rerum geilarum Aelfredi, ann. 8â7, p. 491 : «
» tamen prlnclpalis sedes regui ad Earnulf juste et raerito provenll-"*
a Cœteri quoque (lualuor reges fldelilalem et obedienliam Eamulfo,
• alcut dignum eral, promiserunL; iiullua enim illorum quatuor reguiu
> heercditarlus ilUuïi regai eral in patema parte, nisi Eamuirsolusi sed
■ imperlum pênes Earnulf rcmansll. «
■\. DOuuLBH, D^i. cil., l. 111, p. 332 el stiiv,
5. DANDLiKBit el MtiLLBR, Lhid}i>-nnd von Cremona, p. 13!j-140.
auteurs fonl un irèâ juste rapprochemenl entre les rapports de Bérea-
ger avec Arnulf el ceux d'Eudes avec ce même souverain. On peut/"
compléter en faisant remarquer que les Gesta Bcrengarii ne parlent
d'un traité do paix entre Bérenger et Arnulf, de même que les Ai
Vedaii. résument l'entrevue de Worms par ces mois : < lacli amicl. »
DiJMULER, op. cit., l. 111, p. 324-323-
6. Après le couronnement de Gui à Pavie comme roi d'Italie (SS9), le
pape 1 regem [Arnulfumj obnixe iuierpellatjai, ut urbe Roma domam
«c sancti Pelri viaitaret, el llalicum reynum... ad suum opua reslrii
« dignarclur teaerc. Sedrei... quaiuvis uon libenspostulatadenega^
(Ann. l^'iiid., P. V, aiiLi. 890). — DOuuXBn, op. cil., t. III, p. 307-368.
1
toa-j
[888-895] RAPPORTS d'eddes et d'arndlf. 113
ronner roi d'Italie en 894, c'est par égard pour Bérenger' son
fidèle; après la mort de Gui de Spolèle, il se fera couronner
empereur. Toujours selon ce même principe, il conservera
des diapositionB hostiles à l'égard de Rodolphe, roi de la Bour-
gogne transjurane, jusqu'à ce que celui-ci reconnaisse sa su-
prématie °.
Telles sont \ea prétentions d'Ârnulf, il les maintiendra éga-
lement à l'égard d'Eudes et plus lard à l'égard de Charles le
Simple. 11 n'y a pas à douter qu'Eudes les reconnut. Le récit
des Aimales Védastines est vague; cepeodaut, il montre que
c'est Arnulf qui mande Eudes; que celui-ci, après avoir hésité,
se rend à l'injonction d'Ârnulf qui le reçoit bien', puis le con-
gédie ; déjà ce récit implique une supériorité d'Arnulf. Les
Annales de Fulda^ accentuent davantage : d'après elles.
Eudes, en 888, ne voulant pas regimber contre la fidélité
due à Arnuir, vient humblement à lui ; plus tard, eu 895, ces
mêmes annales, qui sont les annales officielles du royaume
franc de l'Est, parlent d'Eudes remplissant ses devoirs de
fidèle et venant à Arnulf avec des dons. On pourrait soup-
çonner ces annales de partialité, si d'aulres auteurs n'em-
ployaient des termes analogues" pour qualifier les rapports
d'Eudes et d'Arnulf. Enfin Foulques, dont le témoignage a
une valeur incontestable, appelle Eudes 1' " homo » d'Arnulf*.
1. DIJMULBR, op. cit., l. III, p. 379.
2. Ibid., p. 323^24,
3. Ann. Ved<ut., ann. 888 : • Odo... lionoriQce ab AmuIFo rege suscep-
lus>; même eipresaion que pour BaudoïD : ( [Odo] auscepit eum cum
« honore. »
4. Ann. Futd., P. V, ann, 888 : « Odo conteslans se malle suum regauin
■ graLla cum régis pactflce haberequam ullii iaclancia contra eius Ode-
« litEkteui superbire, ïeaiensque humililer ad regem ». — Ann.
FiM.. P. V. ann. 8W : « Odo rex Galliae ad adelilaleni régis [Arnulfl] cum
« muneribua veniena. » — Irmengarde, la mère de Louis de Provence,
vientà ArnuK, en8â9, aussiavec(leadons(D0MMLER, op. ci/., t. lll,p. 332],
B. RÈQiNON, Chron., ann. 883. — AssKR, voy. plus haut, p. 112, ii= 3.
ti. Foulquea écrit à ArnuK (Flodoaud, op. cit., 1. IV, c. 5, p- 563) ;
« cum Dec la eo [ArnuKoj albi spes alla remansissct, coactua ait eius
* [AmulQ] hominls, vldelicel Odonis, dominatum suscipere. > — «Eius
« hominis > ne peut pas signiOer «cet homme», quoique M. Dilnunler
(op. cil., 1. 111, p. 32) admette cette possibilité. < Cius » et « eo » qui sont
dans la même phrase doivent se rapportera la même personne; de plus,
on ne peut appliquer < clus bomînis » fi Eudes dont il n'a pas encore été
question ilans la lettre. EoUn , 11 n'est pas admissible que Foulquea
vûutiXt, en écrivant k Arnuir, employer un terme méprisant & l'égard
d'Eudes dont Aniult lient le parti.
rAVW, Suit: S
114
HUTE DE l'empire. AVÈNEMENT D EUDES.
— M Homo » (lésigoe celui qui a accompii la i commeadatio ' »,
n'est-à-dire celui qui a mis. en aigne de soumission, ses mains
Jointes dans celles de son seigneur, lui a prêté le serment
Je fidélité et s'est ainsi déclaré son tt vassus », son fidèle,
son vassal. Eudes, a» dire de Foulques, a accompli à l'égard
d'ArnuIf la « commendatio », il a reconnu sa suzeraineté, et
irnuif, en retour, a reconnu sa royauté.
Quelques années auparavant, Louis de Provence s'était éga-
lement fait r 1 homo ■) de Charles 111 qui, la conséquence-
semble forcée, avait reconnu ses droits à la royauté'. Lapresqui
contemporanéité des faits et la similitude des termes permet^
tenl d'identifier les cas d'Eudes et de Louis de Provence.
Les événements ultérieurs fournissent une autre preuve d«
la suprématie d'ArnuIf sur le royaume franc de l'Ouest :
893, Foulques élève au trône Charles le Simple et il écrit à kfi
ou!f que, si celui-ci le lui avait permis, il aurait voulu faire i
ce nouveau roi son lldèle, afin que le roi aussi bien que soi
royaume lui fussent soumise Ce projet de Foulques échoua^
parce qu'Arnulf tenait le parti d'Eudes contre Charles le
Simple; plus tard, un revirement eut lieu, Ârnulfpritle parti
de ce dernier, lui reconnut ses pleins droits sur le royaume
franc de l'Ouest ; Charles, en retour, lui fit une promesse qui
ne peut pas être autre chose qu'un serment de lidélité*. Si
donc Charles, le Carolingien légitime, a reconnu la suzeraineté
I.Waitz, Dealtche VerfaitungigeteMehle. t. IV (18â3), p. 2AS, 273.
ROTB, Oeschichte dei Bcnefieialweaeiu, p. 380-382. — Roth, FeudaHlàt
Unttrihanenuerband, p. 208-209. —-4nn. Berlin., ana. 831 : t Beapoglus,
1 lia manibua..., suscipitur.»
2. Voy., plus huut, p. 7ti.
3. Flodo.ïKD, op. cit., 1. IV, c. 5, p. 383 : t hoc more hune regem fC
n à-dire Charles le Simple] factumipslu^ Meiitatiet coDsiliocommitteK
« ToluerJDt ut ipsms adiulorlo el consilio uUretur in omnibus, et élus
n subderetur tam rex quam universum regnum preceptis el ordiuallo-
■ nibus. Prelerea quod audlerat huic régi suggestum, quia contra flrle-
< liiatemipsiug...egeril.,.>'-Vaï., surlesensile >fl'lelilas>, Boubgbois,
Lt eapiiulaire de Kierty, p. 2-24 et suiv. — Ici " tldelitas » a les deux sens
il'vadjuiorîum * et d'aobedlentlan. '
A. Foulques éorlt : « promisslonem quoque, quam rex suus Karoli
< eidem Arnuiro, qui regnum sibicontradideraL, promlsisaet • (Flodo&I
i>p. cit., 1. IV, c. 5, p. Sei). — Ann. Vedoîl., anii. 834 : « Amulfus béai
1 fiuum eïcepit consobrlnum, elque regnum paternum concesail
C'est l'équlvaleut de la reconnaissance par Charles 111 de la FOjautA
Louis de Provence : < regiam concesserat dignilaiem. » Voy. plus ha'
p. 112, a. 1.
I. —
tlRd Il
M
SUZERAINETÉ :
ii:i
d'Arnulf. à plus Forte raisoa, Eudes, le paryemi, a-t-ii dû
la reconnaître.
Faut-il dire qu'Kudes a été le vassal d'Arnulf? Non, ce serait
risquer de faire naître des idées fausses. Le vassal royal était
astreint à un service dont il ne peut être question dans des re-
lations de souveraiu à souverain'. Ce serait encore risquer de
donner quelque apparence de réalité à la tradition qui, d'après
les idées de la féodalité, veut qu'Eudes ait reçu son royaume
en fief d'Arnulf; or, au ix" siècle, la féodalité n'était encore
qu'en germe ; il n'était pas encore question de fief, et la vassa-
lité n'impliquait pas nécessairement la tenure d'un bénéfice*.
Du reste Eudes, lors de l'entrevue de Worms, possédait déjà
son royaume en toute légitimité, car Arnulf ne pouvait pas
prétendre imposer un souverain au royaume franc de l'Ouest,
pourvu que ce souverain lui jurit fidélité'. Vouloir identifier
la position respective d'Eudes et d'Arnulf à celle d'hommes
privés, pour, en fin de cause, pénétrer dans des détails auxquels
les contemporains n'ont pas pensé, ce serait faire d'inutiles
elTorts qui n'aboutiraient qu'à une incertitude complète ou à
l'erreur.
En résumé, Arnulf a mis en pratique, à l'égard d'Eudes, un
principe de suzeraineté inventé par l'Église pour sauver le
dogme de l'unité de l'Empire et qui avait été appliqué,
pour la première fois, par l'empereur Charles 111 à Louis de
Provence. Les obligations réciproques imposées par ce aé-
niorat d'Arnulf, « séniorat moral », le mot a été dit*, sont
vagues et indéterminées', à part une seule, l'obligation de re-
1. Eudes, comme Swatopluk, se ratlacticrait plutOl al de loin 'i une
classe de grand» béneQciulres qui prèlalent personDËllemeiit au souve-
rain le serment de (idâlité,pratiqualenllatcommendatioB sans pour cola
être astreints au service de vassal auprès du roi. Rote, Feudalitai und
UnUrthanenverband, p. 209-210; ~ OeicMclile des Beneficialtvesetn. p. 3IW,
2. Waitï, op. cil., t. IV (1-^83), p. 246-247. 236. 273 et suÎT-
3. Voy., sur la liberté d'ôleclioa du chef du royaume Irani; de l'Ouesl.
une lettre de Foulques à Arnulf, daus Flodoard, op. cit.. 1. IV, c. S,
p. S63.
4. BOUROBOIS, op. cit., p. 21't.
b. Deux passages qui pourraleut aider à dâterminer ces obligations
sont malheureusement très vagues : Aruutf s'engage i^ ^tre pour Louis
de Provence : < Tautor regnl auctorque in omaibuR » {Conveni. VaUntintu,
dans les Hitior.de Fr., t. IX, p. 315}; les termes par lesquels Foulques dé-
signe les rapports qu'il voulait ûtabllr entre Charles le Simple et Arnulf
ae sont pas plus clairs (FLOnOjinD, ibid.).
M6
: DE i.'emfire. avënsmknt n'F.unEs.
[88
lations pacifiques et amicales'. Celle-là seule a frappé l'anna-
liste de Saiot-Vaast, parce qu'avant toute autre elle importe
aux populations franques. C'est ici le point de contact entre le
système de l'unité et ce qu'on a voulu appeler le régime de la
concorde, l'un amène à l'autre et il est difficile d'en préciser
les limites'. Avec Arnulf, le principe de l'unité réapparaît en- .
core une fois, il en est la dernière incarnation. ■
L'entrevue de Worms a donc eu deux résultats principaux ;l
d'une part, les deux souverains ont affirmé leur position respec-^
tive dans l'Empire , Arnulf a fait prévaloir sa suzeraineté et la
royauté d'Eudes a été légitimée par iui; il n'est plus un usur-
pateur; d'autre part, la pais est assurée entre les deux
royaumes de l'Ouest et de l'Est. « Toute chose arrangée lieu-
reusement et selon le gré de chacun >■, on se sépara.
Eudes revenait plus fort dans son royaume ; sa royauté élait
définitivement établie; chacun désormais devait te reconnaître
comme son souverain légitime, puisqu'il était roi du consenle-
ment d'Arnulf. Il était grand temps qu'il revint défendre ses
sujets contre les Normands*. Ceux-ci, après avoir exercé leurà
ravages jusqu'en Bourgogne, jusqu'à Reims, Toul et Verduaf
et après avoir subi l'échec de Monlfaucon, profitèrent de l'ab^
aence d'Eudes (juillet-août 888) pour se rapprocher de Paris.
Sur leur chemin, ils suivaient probablement la Marne,
trouvèrent Ueaux et l'assiégèrent'. La ville proprement dite,
1. Lorsque Swatopluk, duc de Moravie, ae reconnaît le Sdèle i
Ctiarks III (â84), raniiallsle de Fulda dit : « Zuenlitialdua aux, C
« cipiliua suis, homo, sicul mos est, per manus imperatoris erUcitur,
« conteslaluB )lli Qdelilatem iuramento, et usque dum Karolus vixissel,
< nuaquam ioregaum fiuumtaostiliexcrcilu essel veDturu3>(jlnn. FuUt.,
P.V, aoii. 884). Il j a la « commendalio • ellrailô de paix; le cas estai
logue à celui d'Eudes.
2. Bà;bt, art. cit., dans la Revue kiitof-îquc, l. XXXII, p. 182.
3. HÛGiNON. Citron., attn. 888 : «cum consenaa Aroulfl. »
h. tbid. : i contra assiduas depraedationes Nord m an no ru m Indefeas
< propugnator. >
S. Le récU de ce siège se irouve dans les ^nn. Vedatt. el daus Abbolj
1. II, V. 454-4âSi ces deux témoignages contordeat parfaitement.
D'après les An». Vedaêt., le siège de Meaux a eu lieu pendant l'absence""
d'Eudes (< ialerim »), après Monlfaucon ; la clifonologle d'Abbon. dans
cette partie de sou poème, n'est pas sûre. Les Normands ne vinrent sl<
taquer Mcaui de leur campement de Chess;, au commencement de 886,
parce qa'iîs voulaient probablement s'éloigner d'Eudes el de Paris. -
Voy., sur Meaux, A. CabRO, Hiiloire de Meaux el du p<i[(( Ueldoit, t'
et Paris, lâ6&, ia-8, p. 93-S7.
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SIÈGE OE MEAliX PAR LES NORMAND)
117
eatourée par la rivière, n'avait pas d'enceiate. La population
se réfugia avec l'évêque Ségemond dans la citadelle et en
entreprit la défense sous la conduite du vaillant comte
Teutbert, frère de l'évêque de Paris Anskerick. Les Normands
construisirent des machines, Grent des chaussées pour at-
teindre le pied des murs. Teutbert résiste nuit et jour, comme
un héros; à la télé de ses t'uerriers, il fait de nombreuses
et meurtrières sorties; malheureusement, dans un de ces
combats, il périt avec la |>lupart des siens, C'est à l'évêque
qu'incombe désormais la lourde tâche de la défense; ce n'était
pas un Goziiu ! Frappé de terreur, il fait murer les portée^;
la population accablée, affamée, affligée par tant de morts,
voyant qu'aucun secours ne lui arrive, capitule; elle livre
la ville à condition d'avoir la vie sauve, elle donne des
otages. On ouvre les portes et elle sort bous la conduite d'un
certain nombre de guides ; elle passe la Marne, mais, à peine
s'en était-elle éloignée, que les Normands s'élancent à sa
poursuite et l'ont prisonniers l'évêque et tons les habitants*;
puis ils reviennent, brûlent la ville, renversent des remparts
retendue qui leur plaît et demeurent là jusqu'à la fin d'oc-
tobre'.
L'absence d'Eudes s'était fait cruellement sentir*; Paris main-
tenant était menacé. Aussi, pour le protéger contre ua nouveau
siège, à son retour (août-septembre 888], il réunit une armée
et campa dans les environs de la ville*. Ce ne fut pas une pré-
caution inutile, car, à ia lin d'octobre, les Normands péné-
trèrent par la Marne dans la Seine ; trouvant Paris bien gardé,
ils remontèrent ce fleuve, divisés, suivant leur coutume, en deux
détachements, l'armée de terre et la flotte; puis, ils longèreul
1. M. SleenaLrup {IVormanneme, l. Il, p. î3iS) croit qu'il n'y eut pas
ruittura de iraUé de ta part des Normands, mais malentendu entre eus
elles habilantB de Ueaux; le récit des Ann. Vediul. est eu faveur de
cette hjiiothése. — Peul-êtro les asstéjfés n'avalent-ils irailâ t[ij'aïec une
partie des Normands? comme nous l'avons vu faire par lea Parisiens
en 866.
2. Gela justifle le dire d'Asaer {Ann. rerum gatarum Âclfredi, ann. 887.
p, 490) qui afOrme que les Normands rustèrent & * Cazlel " une année
' entiâre; leur séjour, il est vrai, n'; tut pas continu.
3. Abboii relève avec amertume l'absence d'Eudes ii Meaux (I. II,
T. 4M) : « uunquam sibl Principe subvenioule > ; — (v. 466] « regl bine
« lellx micat omen Odoni >.
4. Ann. fedoii., ans. 888.
118
CHCTE DE L EMPIRE. AVÈNEMENT D EUDES.
m
la rivière du Loiag*, sur les bords de laquelle ils établirc
leurs quartiers d'hiver.
Le daager était momeatanémeut détourné de Paris. Ce 1
probablement pendant son séjour dans cette ville qu'Eudes, se '
souveoanl des miracles opérés par saint Germaiu durant \e
siège, donna à Saint-Germain le Vieux un vase d'or décoré de
pierres précieuses, où devait être déposé un bras du saint que
les moines de Saint-Germain des Prés avaient laissé à l'église
de Saint-Germain le Viens, en témoignage de reconn^s-
sance pour l'hospitalité qu'ils y avaient trouvée*.
Dès que les Normands se furenl éloignés. Eudes se rendit à
Reims au devant des envoyés d'Aroulf. Celui-ci, en lui en-
voyant cette ambassade, voulait aflirmer publiquement que
c'était avec son consentement de suzerain qu'Eudes régnait
et que la paix était assurée entre eux ; il voulait aussi opérer
la réconciliation entre Eudes et le parti de l'opposition dont
Foulques était le chef et Reims le centre, et assurer à ceux qui
rentraient en grâce la bienveillance du monarque, condition
qui semble lui avoir tenu fort à cœur'. Eudes reçut dans une
assemblée solennelle, dans un plaid tenu dans l'église dédiéeà
la Vierge, le 13 novembre, ces ambassadeurs qui lui appor-
taient des dons* peut-être une couronne' qu'il ceignit au mi-
lieu de tout un peuple qui l'acclama roi. Telles sont les pro-
1. D'après l'Anglo-Saxon clironkle (anu, 887, dans les Mon. htfl. bril,,
p. 361), les Normands se seraieol ëlabll? sur rYoniic ; le léinoii^uagu
des .'Inn. Vedait. me semble plus digne de foi.
'2. A.1U0IN1 coNTiNUiTOB, ann. 882. Passage iulercalc, à la dalc fausse
■ie 882, dans les Ann. BfMin., ann. 882 (Mon. Germ.. SS., l. I, p. 314; -
é:.l. Dehalsoes, p. 289; — Hiitor. de Fr., t. VIII, p. 36, n. e), — Mibillon,
Ann. Benediti., l. III, p. 26S. — M. de Ealckstein, oii. cit., p. 4'i-4*i confond
1(1 châsse donnée par Eudes encore comle et ce < vasculum > dooDé par
lui lorsqu'il est roi * adeptus culmen regium. >
3. Ce pardon est mentionné deux fois dans ies Ann. Vedatl. (ann. 8SS);
il est vrai qu'un de ceus auxquels il proUta ûlalt Rodolphe, abbé de
Sainl-Vaast.
'i. Dans la DivUio imperii de 317, II est apécUié que les rois doivent
apporter des dons à l'empereur et que celui-ci doit leur en rendre de
plus grands, puisque sa puissance est plus grande (HUlor. dt Fr., i. VI,
p. '•(K).
U. Les .^Ini). Kednif.qiii, seules, parlent de cette ambassaJt-, ne rapporicnl
on pariant de la couronne qu'un ouï-dire « ut ferunt »; à propos de la
mort de l'empereur Charles III, elles disent aussi « fertur a suis stran-
" gulatus»; ce dernier ouï-dire est faui et n'est pas fait pour donner
confiance dans le premier.
AMBASSADE D ARNULF .'
119
portions auxquelles il faut réduire cet incident dont on a beau-
coup exagéré la portée. On a voulu voir là un second cou-
ronnement d'Eudes auquel Foulques aurait procédé avec une
oourouue d'or envoyée par Àrnuif à cet effet'. Mais pourquoi
le premier couroaaement d'Eudes n'auraît-il pas été valable?
Pourquoi Arnulf aurait-il voulu nu second couronnement
pour Eudea alors qu'il ne l'a exigé pour aucun des autres mo-
narques qui, ultérieurement, reconnurent sa suzeraineté? Il
envoya, il est vrai, comme suzerain, des ambassadeurs an
couronnement de Louis de Provence, mais ce roi n'avait
jamais encore été couronné. Gomment Foulques, s'il avaii
vraiment couronné Eudes, n'y ferait-it aucune allusion dans
une lettre à Àruulf où il résume loua les faits relatifs à l'éta-
blissement d'.: la royauté à cette époque?
L'incident de la couronne, qu'elle ait été envoyée ou non,
qu'il y en eût une ou non parmi les dons, n'a aucune impor-
tance ; l'ambas^^ade atteignit son but. Foulques, bon gré mal
gré, reconnut Eudes : il fut forcé, dit-il, de faire sa soumis-
sion*. Eudes lui pardonna ainsi que tous ceux qui avaient,
jusqu'à ce jour, méprisé son autorité ; il reçut d'eus le serment
de fidélité et les exhorta à ne pas l'enfreindre désormais. Il
donna une preuve immédiate de son pardon en allant célébrer
les fêtes de Noël à Baiiit-Vaast, l'une des abbayes de ce
Rodolphe qui avait été, avec Foulques et Bauduio, parmi ses
plus ardents adversaires.
1. DÛtIULBB, op. cit., t. 111,
M. Mourin (Let comtes de Paru
le récit tradi lionne).
2. FLODOiBD, op. cit., 1. IV, c. 5, p. 563 : * toaclua
u naium suBCiperc, »
— KALcasTsiN, op. cit., p. Til, —
corrige déjà sur plus d'un puiat
CHAPITRE IV
ÉVÉNEMENTS D'AQUITAINE — LUTTE CONTRE LES NORMANDS
Eudes fêla Noël et commença l'atiiiée au moDastère da^
Saiot-Vaast d'Arras. Il avail sagement mis à profit l'année qui
veiiait de se terminer : il s'était assuré l'amitié d'un puissaal
voisin, il avait remporté un succès retentissant sur les Nor-
mands, enQn il s'était concilié de redoutables adversaires. Sa
royauté n'était plus contestée ni au nord de la Seine dans la
« Francia », ni entre la Seine et la Loire dans la Neuslrie. Seule
l'Aquitaine, c'est-à-dire le pays qui s'étend entre la Loire et
les Pyrénées, ne s'était pas encore prononcée; du moins, Eudes
n'avait rien fait pour y affirmer sa royauté. Aussi, est-ce de ce,
côté qu'il allait tourner soa attention et ses efforts.
L'invasion franque n'avait jamais été toute puissante au sud'
de la Loire ' ; après la retraite des Wisigoths, l'ancienne popu-
lation romaine avait repris le dessus. Les efforts de Charlemagne,
pour donner à ce pays une organisation qui put prévenir les
révoltes continuelles de ses habitants et permettre aux iustitu*.
lions germaniques de s'y implanter d'une manière définitive,
n'avaient pas réussi. Ou a vu, avec raison, dans la lutte dea
éléments divers qui formaient la population de cette région,
une des causes dea revirements constants que subirent ses.-
destinées. En moins de vingt ans, de 848 à 867, l'Aquitaine
avait changé une dizaine de fois de souverain. Le peuple aqui-
tain' était mobile, inconstant, rusé, impatient du joug et
belliqueux. Cepeudant, à la fin du ix° siècle, il semblait se las-,
ser de ces luttes intestines; il y avait perdu nombre de chel
4
i
n
1. ROTH, Gaehichic des BeneficialiDesenu, p. 62. — Nookdbn, Hinkati
p. 136. — Mabillr, Le royaume d'Aquitaine, p. V7.
2. Voy., sur les Aquilaius, les Miracula S. Henedicli, 1. 1, c. 33 et !
p, 13 et 81. — Abbon, 1. h, V, 432. — IIincmah, Vila S. liemigii, dans S
Opéra, l. I, col. 1176. — ANDRÉ DB Bbrgamb, Chi-on., daus le» HiAtor. t
Fr., l. VII, p. 204,
[839-878] RAMNULFE II COMTE DE POITOU. 121
dont la vaillance lui eût été secourable cootre les Normands
auxquels la guerre civile avait ouvert le pays. En 867, Louis
le Bègue avait été fait roi d'Aquitalue par son père Charles le
Chauve; en 877, il succédait à celui-ci et réunissait l' Aquitaine
au royaume de l'Ouest; elle en fut de nouveau séparée, mais
morne ntanémeut, sous Louis et Garloman. Elle se composait
alors de l'Aquitaine proprement dite qui comprenait la ré-
gion entre la Loire et tes Pyrénées, moins les comtés qui
empiètent sur la rive gauche de la Loire ' tels que Tours, Bloie
et Orléans; elle comprenait encore ta Gascogue à l'ouest, la
Septimanie ou Gothie à l'est et enfin, au sud de celle-ci, au-
delà des Pyrénées, la marche d'Espagne, c'est-à-dire les comtés
de Barcelone, d'Ampuriaa, d'Ausone, de Girone, d'Urgel et de
Besalu. A l'époque de l'avènement d'Eudes', Guillaume le
Pieux était marquis de Gothie et comte d'Auvergne; Wifred
dit le Velu, était comte de Barcelone et marquis de la marche
d'Espagne; la plus grande partie de l'Aquitaine proprement
dite était soumise â Ramnulfe II, comte de Poitou.
. Ramnulfe II était petit-fils du comte Gérard mort à Fonte-
noy parmi les partisans de Charles le Chauve; son père était
Ramnulfe I, comte de Poitou depuis 839, abbé laïque de Saint-
Hilaire de Poitiers depuis 862, mort en 867 à Brissarthe, avec
Robert le Fort. Ramnulfe 1 avait laissé trois ûls à nous
connus : Gozbert, Ebles qui fut abbé de Saint-IIilaire de Poi-
tiers et Ramuulfe II, l'aîné, qui succéda à son père dans le
comté de Poitou ou qui, s'il en fut privé momentanément, le
recouvra avant 878. 11 acquit un grand pouvoir eu Aquitaine:
les titres vagues de comte ou de duc d'Aquitaine' qui lui sont
donnés iudiquent une influence prépondérante dans tout le
pays plutôt qu'un pouvoir délini et limité a de certaines
circooscrjjjtions. L'adhésion de Ramnulfe II â la nouvelle
royauté était d'autant plus importante pour Eudes qu'outre le
crédit dont il jouissait, il avait en son pouvoir, on ne sait
comment, le dernier rejeton légitime de la race carolingienne,
Charles dit le Simple; il pouvait, d'un moment à l'autre, s'en
1. LONONON, Atlas hitlorique, lexle, p, S7.
2. Vo;., pour ce qui suit : Uabillb, Le royaume d'Aquilitinf, pnsaim, el.
en particulier, pour Ramnulte II, p. i^ et sulv.
3. Ann. Vfdail.. ann. 839 : « clux ruailmœ partis Atiuilantte ». — Dans im
acli; cité par Mabu,lb {Pancitrle noire, p. IIG, n* xcvtt), Rammilfe est
qualifié de : ■ Aquitaniœ cames ».
122 itVÉNEMEWTS d'aOUITAINE. LES NORMAl
faire une arme redoiilable. Voulut-il se faire roi lui-même dans"
le midi''? S'il ea eut uu iustaut l'idée, il renonça bieo vile à la
mettre à exécution.
La première expédition d'Eudes eu Aquitaine, au commence
meut de l'année 880, fut tonte paciflque. Il partit de Saioâ
Vaast après Noël aveu une poignée de Francs; Ramnulfe I
semble n'avoir pas essayé uue résistance qui eût pu lui ètnj
fatale; il avait, en elfet, uu ennemi qui cherchait à lui enlevai
le Poitou, en la personne d'Adémar, dont le père Ëmen<n
comte d'Angoulème, mort en 866, avait été autrefois comte d
Poitou'. .\démap s'était Irouvé orphelin dès son enfance
arrivé à l'âge d'homme. 11 revendiquait ce comté pour lui s
nom de sou père; il avait épousé Sanche, ûlle de Guillaume I
comte de Périgord et nièce d'Alduin comte d'Angoulème; il
était parent d'Eudes avec lequel i! entretenait des rapports
amicaux. Ramuulfe II comprit, et ce fut probablement l'u
des motifs de sa soumission, qu'il était de bonne politique d
se concilier le pouvoir royal, alors qu'il avait déjà à redoute
un adversaire trop bien en cour.
1. Ann. Fuld., P. V, ann. 888 : « Ranolfus se regem baberi slatuit^
L^auteur de ces annales s'esl laisse aller à généraliser. Ni Abbon, ni h
Ann. Vfdati., ne parlent de celle royauté. Ces deruiëres Uml allusion nus
parlisans <1e Ramuulfe « cum sibi ravenlibufi ■, ce qui pourrnit taire
croire qu'il avait une pensée de derrière la tête; tout le resie du rèelt de
ces annales n'implique qu'une eipè(Ulion purement paciQque d'Eudes ^
Aquitaine : a cum paucis Francis Aquîlaniam perrexit. » AblMD (!• 1
V. 330 et Bulv.) contoud cetle espédillou avec celle de 892. — Les dabi
de deux actes privés, l'uu du 10 octobre 890 (Mabillb. Pancarte noM
p. 68, u° xvn), l'autre du i novembre 897 (Dblochb, Cariulaire dt (*>!
baye de Beautieu, p. 30-3!, n° zni] semblent Indiquer qu'Eudes fut A
connu, dès son avénemest. à Poitiers et à Limoges; ce n'est, il est T
pas une preuve, mais mie présomption que lea faits doivent coufinnd
2. IL n'y a aucune impossibllilé à ce qu'Ëmenon qui perdit le com
de Poitou en SU et Smenon comte d'Angoulème qui mourut en f
{Ch'fm. Àquitan,, dans les Hûtor. dt Fr,. t. VII, p. 223) soient le luSms pi
sonnage. père d'Adémar; UablUe [Le royauvte d'Aquitaine, p. 1S et BUifi
admet celte Identité contrai reiueut à M. de Kalclislein (Robert •
Tapfere, p. I1B et suiv.). — L'origine de ta parenté d'Adémar avec Gudc
est inconnue; c'est peul-étre ce qu'Abbon veut dire il. II, v. Hli) \
« nesclo qnis ■ ; mais elle est incontestable (Abbon, 1. II, v. S37-S31~^
ij\\]. — Nous avons déjà vu cet Adémar dans l'entourage d'Eudes eu
887 (voy., ci-dessus, p. 73); nous l'y reverrons encore, lorsqu'il reviendra
a Paris, en 889. à la tête d'Aquitains, pour détendre cette ville (voy., d-
après. p. 123}. Les bons rapports d'Adéuiar avec Eudes sont a
Adtaéinar de Uhabaunes : < rege Odone magno bouore in P&latlo 1
u lus > (Hislor. dt Fr.. t. VllI, p. 233).
[889] EUDES A ORLÉANS. 123
A l'approche du roi, il vint à sa rencontre et, comme dit un
annaliste, it lui prêta le aermeot qu'il devait lui prêter, expres-
sion vague qui désigne un serment de fidélité. Puis, il adjura
Eudes de ne prendre aucun ombrage de l'enfaol qu'il avait eu
son pouvoir'. On ignore !e lieu de l'entrevue'.
Il ne paraît pas qu'Eudes se suit avancé beaucoup au sud
de la Loire ; Ramnulfe était venu au devant de lui et il D*avait
pas le loisir de parcourir le pays et de recueillir l'hommage
des grands; le péril normand le rappelait dans le nord'. Il dut
repartir en toute hâte, après s'être fait reconnaître seulement
par une partie des Aquitains'; de ce nombre était, il est vrai,
le puissant comte de Poitou. Cette rapide expédition n'avait
donc pas été sans résultat.
Les Normands, campés sur les bords du Loing, allaient, à
l'approche du printemps, quitter leurs quartiers. Eudes se
borna très probablement à surveiller leurs mouvements et à
les écarler de Paris. Le danger momentanément conjuré, il
revint vers le sud, à Orléans, Le séjour qu'il lit dans cette
ville, ou près de cette ville, au monastère de Saint-Hesmin .
du 13 au '24 juin' avait pour but d'assurer et de compléter les
I. « Simul et de ipso parvulo, ne quiil mali de eo sueplcaretur. ■ Ce pas-
sage des Ann. Vedasi. prouve qu'Eudes pouvait bien concevoir queli|ue
ombrage de cet enfant carolingien.
'2. Noue u'n'lmettons p^s avec M. île Kalckstein (Gefehichte den fi-ansô-
titehen Kônigihums. p. S9) la iiiëiliation d'Eblea, piiisitue nous ne croyons
pas que le frère lïe Rainnulfe tùl^le même personnage que le chancelier
d'Eudea (voy. ci-dessus p. 33, n. 10).
3. Ann Vedmt., ann. 88U : « feHtinavit pTOpter Nortmannoa redire in
«Pranciam.»
4. Ibid. : ï Aquitanos ex parte receptos, >
5. Durant son séjour à Saint-Mosmin près Orléenseï à Orléans même, •
Eudes H Blgiié sept diplômes fHùtor. ite Fr., i. IX, p. iH-ii^) qui tous
portent une date incomplète ou fautive : l'indictioii est fausse dans
trois d'entre eux. dans trois autres, dont deux originaux, elle est juste;
elle manque enOn dans un autre urigiiial; l'année de l'incarnation est
fausse dans quatre diplômes dont deux uriginau^s, juste dans deux
autres dont un nous est parvenu dans une copie du un" siècle, elle
manque dans un original. Au milieu de celle confusion, que le tableau
d-joiul rend plus sensible, un seul élément, l'an de règne, reste cons-
tamment le même. Les diplârnes pour l'église de Vich, 24 juin, et pour
Montolieii. tJ juin, partent tous deux HUS, Indiclion VI; il faut donc
choisir entre ces deux données concordantes d'après lesquelles ces
7 diplômes siiratent de 888 d'iinn pari, et l'an de règne qui ne varie
dans aucun diplôme et d"aprèa lequel ces 7 diplôuae.s seraient de îlB'J
d'autre part. Une copie de ta Qn du xiii< siècle du diplOme en faveur
12/1
Evénements i
[S
résultats obtenus eu Aquitaine durant la rapide incursion qu'a
y avait faite au commencement de l'année. 11 est, à celtl
époque, entouré de grands personnages venus de toutes la
parties de l'Aquitaine : Garulfe, abbé de Beaulieu, et Thiertj
abbé de Solignac, tous deux du diocèse de Limoges, c'est-à-di
de l'Aquitaine proprement dite, obtiennent des privilèges poal_
leurs monastères: Ugoberl, abbé de Montolieti (diocèse de
Gaicassonue], l'évêque Ermemire et le comte Suniaire d'Urgel,
Saborellus, abbé de Foolclair [diocèse de Girone}, Théodard,
archevêque de Narbonne, intercédant pour Gudemar, évèque
d'Ausone, prouvent par leur présence auprès du roi que son
autorité u'cst contestée ni dans la marche d'Espagne aï dans
la Septimanie,
Ces régions venaient d'èlre troublées par une querelL
à laquelle Eudes mit fin et dont, pour cela même, il faut din
ici quelques mots*.
A la (in de l'année 885 ou au commencement de 886. le bruï
s'était TL'pandu de la mort de l'évÊque d'Urgel, IngoberU
aussitôt, avec l'appui du comte de celte ville, Suniaire* (ils d
Wifred le Velu, comte de Barcelone et de la marche d'Eaj
deSaiat'Polj'carpe (Paris, Bibl. Nal., Ms. latin, n* 11832. toi. I-l bit) inilitq
il est vrai, en faveur de l'année SB9, or. elle présente la coacordai
rnOÏÏKAUCÏ
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Juin
-
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ries irols éléments, l'année de l'incarnrtlioD SS9 (888, d'après doiD Boa^
quel), rindktion vu el l'an de règne 2; dans le diplArae orlgUial en
faveur de Bicbodon, l'indictiou concorde ôgaleinent avec l'an 2 du règne.
Malgré cela, le choix serait encore embarrassant, si des faits histo-
riques positifs ne venaient pas à notre aide : le 24 juin 88S, Eudes co[ii-_
battait & Montfaucon et n'était p^'s fi Orléans; l'année de riacamation
et rindicllon sont donc fausses dans les diplômes pour Vich el poifl
Moutotieu; il faut croire à l'an de règne et dater ces diplAmes de Si
1. Iliiloire du Languedoc, éd. Privai, t. 111, p. 32 et suiv. ; t. IV, p. 10 M
2. Voj., sur Suniaire, Mabille, Le royaume iPAquiiaiTis, p. 26.
f88EÎ-889] TROUBLES IIANS L'AHCHEVfiCHÉ DE NARBONNE. 125
pagae, un certahi Selva s'empare du titre d'évèque d'Urgel et
ae fait sacrer par deux évêques de Gasgogne. Après cette é\é-
vatioD irrégulière, Selva apprenanlqu'Ingobert n'est pas mort,
le chasse d'Urgel, avec l'aide de Siiniaire, el non seulement il
se met à sa place, mais encore érige son évêché en siège
métropolitain de la marche d'Espagne, détachant ainsi celte
contrée de l'archevêciiô de Narbonne, dont elle dépendait jus-
qu'alors. Ses prétentions ne furent pas reconnues dans toute
l'étendue de l'archevêché qu'il voulait usurper, mais seulement
par les évoques d'Ausone et de Barcelone. Le siège épiscopalde
Girone étant devenu vacant par la mort du titulaire Théotaire
(survenue après le I" novembre 88(1], le clergé et le peuple élu-
rent, selon les lois canoniques, Servns-Deî qui fut sacré évoque
par Théodard, l'archevêque métropolitain de Narbonne. Selva
opposa à Servus-Dei un évêque de son chois nommé Hermen-
mire ou Ermemire. Théodard convoqua à Port, localité située
entre Nîmes et Magueloune, tous les évêques de son archevê-
ché; dans ce concile, qui eutlieule 17 novembre887', l'évôquc
d'Ânsone, Godemar, s'humilia el demanda son pardon, puis il
fut envoyé au comte Suniaire; celui-ci l'ayant bien reçu, un
second concile fut réuni peu après à Urgel dans lequel Erme-
mire et Selva furent dépouillés de leurs ornements épîscopaux
et déposés. Frodoin, évèque de Barcelone, s'humilia et obtint
son pardon, Théodard mit ainsi Iju au schisme qui menaçait
sou archevêché. Cependant, malgré le règlement canonique de
la querelle, une opposition plus ou moins latente devait exister
encore entre les deux partis : l'un, celui qui voulait l'aire de la
marche d'Espagne (déjà séparée politiquement de la Septimanie
depuis 867) nu archevêché indépendant de celui de Narbonne,
semble s'être appuyé sur Eudes et l'avoir reconnu dès son avè-
nement comme roi dans la marche d'Espagne'; tandis que l'autre
parti, celui de l'archevêque de Narbonne, ne l'acceptait pas
comme roi. Servus-Dei, l'évèque canonique de Girone. consi-
dérait le IS décembre 888 et encore le !•'' mars 889 le royaume
comme privé de chef^ et il est probable qu'Eudes ne fut pas
1. Labbb et CosSAAt, Conciles, l. IX. col. 39S.
2. La preuve esl faite par deux actes du 20 avril SâB el du âS Juin B90
(BaftQOmNr, t. I, p. 3iO el 345; — Histoire du Languedoc, éil. Privât, t. II,
p. 24).
3. La cliarle de Servus-Dei ilu 13 décembre 888 esl datée : «Gliristo re-
• gnaute, dono ejusdem regem expectanle > ; celle du ]•' mars 8â9 : t aoDO
" Il quu luorluus est Kurolua iiuperator, reguaiile dumiiiu noslro J. Cbr.,
I2rt
ÉVÉNEMENTS d'aQUITAINE. LES NORMANDS.
reconnu dans les évêchés de Nîmes et de Béziers avant Iq
h avril 889*.
Eq tout cas, le séjour d'Eudes à Orléans mit fin à cette diverJ
gence, car, d'une part, il accorda une faveuc au comte Suniairfl
et à révèqiie déposé Ermemire, d'autre part, H eniretint Id
meilleurs rapports avec Tliéodard, archevêque de Narbonac;]
qui intercéda auprès de lui pour l'évêque réconcilié d'Ausone,;
Eudes était donc reconnu dans toute l'étendue, et non pluftil
dans une partie seulement, de rarchevèché de Narbonue.
C'est à Orléans, très probablement à cette époque, qu'Eudef
lit rentrer le monastère de Saint -Martin, dont son frère Ruber^
était atibé, dans ses droits sur la [erre de Doussai' au nord
de Poitiers. Ce domaine avait été soustrait aux chanoines tXÀ
quoique Charles le Chauve en eût ordonné la restitution eu 8i^
("23 avril)*, un nommé Magenarius s'en était emparé Trauduletlj
sèment et son fils Osbertus l'avait gardé. Grâce à Eudes,
monastère recouvra ses droits, et, avec le consentement d
l'abbé, les chanoines cédèrent en précaire, à Hamnulfe II, i
domaine et ceux qui en dépendaient, ainsi qu'un aJleu sur la*
Charente que le puissant comte aquitain avait déjà donné
àSaiut-Martin. Il n'y aurait pas lieu d'insister sur cet acte, i
ne prouvait, jusqu'à l'évidence, qu'il n'existait entre Eudes e
Itamnulfe que des rapports pacifiques. Sinon, comment a<Ë
mettre celle restitution par Eudes à Saint-Martin d"uu bia
qui devait être immédiatement cédé, avec le consentement d<
Robert, à Ramnulfe'î
C'est donc en deux rapides chevauchées vers l'Aquitaine,
et sans y avoir, semble-t-il, pénétré bien avant, qu'Eudes s'ai
»(BllKQUIGNy, t. f, p.
1 tiobis aulem eipecUale rege ah ipso largili
el 343).
I. D'après des actes de Nirnes el de il6ïii;rs, Eudes aurall aie t
dans ce9 évËuhùs entre le i avril el le 15 juillel Wè. — G&HMBa-DDRAKD,
Curiulaii* de ^.-D. de !<inieâ, p. 11, n" Vii: la pièce y est datée a lori de
(J»6. - HUloire du Languedoc, éd. Privai, t. V. col. 1)2, Preuvf
■2. Canl. de rEncloîlce, arr. de Châlelierault. Vioune. — Buslt, Uûl
des comlu de Poitou, p. 209-211 : « villam... Doclacum...
< 04onis régis Imperiu Aureliani.'» civitail iiobU restîluta
€S«oriim procerum. u — Mabillb, Pancarte noire, p.llB.n" xcvil. — CelCj
reslilulion eut lieu en 889, puisqu'Eudes ou îlot pas à Orléans e.
et ()ue Ramiiiiltc mourut en g'Jn.
:t. MABI1.LB, Pancarte noire, p. 139, 173-179, n"- Cl, 90, 91, 92.
i. Il est impossible d'admettre aver Mabille {Le royaume d'AqmlAin
p. 13| que RamnuKe 11 ne reconnut jamais l'autorité royale d'Eudea.
.le,
'a»-^J
I LES NORMANDS A PARIS. 127
3ura des liispositiODsdece peuple ïpr9atile'. Durantaon séjour
âOrléaas, le i& juiu.i! donna à uu nommé Ricbodonla terre de
Jouy, sur l'Eure, qui lui apparlenail en propre*, puis il repartit
rapidement pour aller défendre Paris coiilre les Normands.
Des bords du Loîug, où ils avaient hiverné, les hommes du
Nord, tenus en respect au commencement de l'année par Eudes
Fpvenu précipitamment une première fois d'Aquitaine, s'é-
taient portés plutôt vers l'est et le sud-est et avaient exercé
leurs ravages sur les confins de la Neustrie et de l'Aquitaine
et sur la Bourgogne' ; ils avaient, entre autres, brûlé les fau-
bourgs d'Auxcrre. Puis, ils se réunirent, alin de descendre la
Seine et d'attaquer Paris qui les arrêtait. Eudes accourut en
hâte ; le 2^ juin, il était encore à Orléans, au commencement
de juillet., il était à Paris* avec une armée nombreuse dans
laquelle figurent les Francs a qui portent toujours le front
haut, des Bourguignons toujours prêts à fuir et des Aquitains
adroits et diserts. » Les Parisiens, endurcis par les travaux de
défense et de réédiiication qu'il avait fallu faire après le pre-
mier siège, aguerris par les gardes et les combats continuels
des dernières années, résistent vaillamment. Parmi eux, se
distingue un des fidèles du comte Robert, nommé Scladémar,
1. Dans un acte proveriaDt d'ÂUTcrgae, Emles est qualiflë de roi des
Aquilaliis; Cirtulaire de Briûwie, piibl. pur Donîol, p. 285, u» 27S ; u an-
« no 1 reguanle Odotie rege Fraiicoruiu seu A.quilaDorum.»
2. Diplôme du 16 juia 689, dans les Hislor. de Fr., l. IX. p. 446.
3. Ann. KeJoif., ann. 889 : « Dani vero more suo Burgundiaiu, Neus-
* Iriam aique parteai AqiUtauia;, nullo resislenle, igtie et ferro dovaa-
* tanl.» — Ann. Lemoeicemea, ann. 8j)9. — Auïerre avait déjà été visité
par les Normands en 887 (ifcid., ann. 887).
4. Le 10 juillet, Eudes signait, à Paris, un dipldme pour le monastère de
Vézelay (Bandim, Calalogus codicum Uiinorum bibtiotheea Mtdictx Lauren-
tiaiue, t. I, Florence, 177-1, in-foi., col. 138). — ^nn. f'edast.. ann. 889- —
AbBON, l. It, V, 467 et suiv. ~ RboiNON, Vliron., ann. t)90- — Le râcit du
siêBe par Regiiioii, dcut la date est fausse et qui débute par une erreur
«Nordraanui a Ualronn OutIo exeunies», doit être rapporta à Tan-
née 889 ; Keginon dit eu tCCet n tertio castra looanl» ; or. ks Normands
oal déjà campe vers t'aris peudanl le grand siôge (885-886) et lorsqu'ils
sont venus uhercher la rançon de celte ville (887), de sorte qu'en 889
c'esi bleu la irulsiâine Tols. — Le récit d'Abbon se rapporte bien au
siège de SSi), car, en 888, il n'y a pas nu de combats autour de Paris et
Eudes n'aurait pas eu d'Aquitains duas son armée. — Abbon, dans cette
parUe de son poème, tie suit plus l'ordre chronologique; il ëniunère,
d'abord, les laiis indignes d'Ëiides, prise de Meaux. siège de Paris de
aS9, puis au vers 491 II passe aux actions d'éclat, Uocitfaucou, campagnes
en Aquitaine, etc.
qui tua deux Normands ; c'est lui qui avait tué le premier bar-
bare lop9 du grand sièije; i! élait redouté, mais, cette foi3, il
périt le premier parmi les assiégés.
Âdémar, le riva! de Ramoulfe II, surviut à la tête d'une
troupe peu Dombreuse, formée probablement d'Aquitains; il
réussit, eu trompant ceux auxquels il commandait, à les en-
traîner à un combat qui fut glorieus. L'ésêque A.Qskerick,
eutin. à la tête de trois cents fantassins, se distingua par sa
vaillance; sa troupe fit no grand massacre d'ennemis et un
grand butin. Mais à quoi bon ces quelques succès f Ce nouveau
siège de Paris ne devait pas durer'. Daos la première quinzaine
de juillet, Eudes entra en négociations avec les Normands et
acheta leur départ.
Cette paix a tout lieu de surprendre ; les raisons qui la dic-
tèrent, la somme payée et qui ne fut vraisemblablement pas
très forte, sont autant de points obscurs. Peut-être les Noi
mands, voyant la résistance bien décidée de Paris, ne voi
lurent-ils pas recommencer un siège et se moutrèrent-ii
disposés à Iraiter à des conditions très modérées ■* Eudes dut'
s'y décider plus facilement, quand il sut que les Normands
voulaient descendre la Seine pour envabir la Bretagne; il espé-
rait les voir sortir ainsi définitivement du royaume el mettre a
exécution le trailé conclu par l'empereur Charles 111. Il stipula
assurément que les Normands ne traverseraient pas Paris ; ils
durent, en elïet, tirer de nouveau leurs navires sur terre ferme
et les traîner, à grand' peine, jusqu'en aval de la Cité ; de là.
divisés en deux détachements, les uns sur leurs embarcations
et les autres par voie de terre, ils allèrent mettre le siège de-
vant Saint-LÔ, dans le territoire de Coulances.
Durant son séjour à Paris, qui se prolongea probablement
après le départ des Normands, ISudes, entouré de ses lidèlea,
signa plusieurs diplômes en faveur des monastères de Vézell
(10 juillet)' auquel i! confirma le privilège d'immunité qi
étendit au château bâti contre les Normands, de Saint-G<
uiain d'Auxerre [11 juillet)' dont l'abbé « son très cher el ti
1. Abbon, |. Il, V. ^73 : « aeBsîo lit non longa aatis.» — Ce tait eatci
UriUH pur uu dlplàme d'Eudes du 11 JuiLlet dans lequel il parle de j
déterisi; de Paris au passe : < Parisfus ubi... ia regni convenerain dal
. sioiiem» (HUtor. de /■>., t. IX. p, 447).
2. Voj. ci-dessus, p. 127, n. 4.
'A. HUtor. de Fr., t. IX, p. 4'i7-418. — QUANTIN, Cartulaira gAiérat |
VYonnt, t. I, p. 122, n' Lxil.
m
[SSy-Sauj EL'DKs rnAiTi': weu i.i« nubmands, I'W
aimé " Aaskerick, l'évéqiie de Paris, semble avoir plus à se
plaiadre des seigueurs fmncs qui ne respecteut pas ses pn-
vilôgea que des euvaliisseurs étraagers. cufiu, en Taveur de
l'abbaye de Tournus' (IG juiUcI) auquel il coHlirni.^ également
la pP0priét(5 d'un cMteaii construit pour résister aux Normands.
A partir de celte date, Eudes i^chappe k toute invcsii^aliou
jusqu'au 14 décembre, époque à laquelle il se trouve à Laon.
C'est dans celte vllto qu'Argrin, évoque de Langres. successeur
de Geilon, se présenta à lui et oblitil, fort de l'appui qu'il
trouva en la [lersonne d'Auakerick, évèiiue de Paris, la conlir-
matioii des privilèges et des biens de son évéché'.
Désormais, l'étendue du royaume d'Eudes eal lixée dans ces
régions orientales; il esl reconnu dans l'évêclié de Laugres,
dans celui de Ghalon-aur-Saùne ', dans celui de Maçon*, aussi
bien que dans le midi.
En Jetant uu regard sur l'année qui allait linir, Eudes dut se
réjouir ; sa royauté était établie dans ces régions dumidi et de
l'est qui, trop éloignées du centre de son pouvoir, semblaient
devoir facilement s'en détacher. Il possédait le royaume franc
de l'Ouest, tel que l'avait eu Carloman, après la mort de son
frère Louis.
Seize jours après avoir élî' a Lau», Eudes était ii Cbarlres'. g'JO
1 . HUlor. de Fr., l. IX, p. 44». — Lbx. /'ociinieiKi originauj: unUnewi A l'an
milU des Archive» de Satitie-cl- Loire, daas les Atémoira lie la SùeUlê d'hitloirc
a d'archiologiit de Chalon-iiur-SaSne , t. VII, pari. IV (liUMJ), p. M), n° x.
2. Uittor. de Fi:, t. IX, p. 44U : 4 datum XIX kalcudas januarli, indlc*
■ tionc Vil, aniio iucarnalionis domlnlca- DCCCLXXXIX, anno 1! rc-
gnaDte ilomino Oiione... »
3. Le monastère do Tournas so irouvc dans co iliotése.
4. Milcon avait âLé recoQ(|Uis sur Boeoo par les Francs Occiileiitaux en
880, — Eudes, clans un diplôme du 22 juin 800 (HmIoc de Fr.. l. IX, p. «W),
dlBposi: do biens situer dans les i^vËchés ilt: Nevers, de Clialou et de
MAcoii-, on pcul donc adoicltrc iju'll lut recuitnii diuis r6v6chc de MAcon
des Sâ'J. — LONGNON, Allai hittoriiiue, texte, p. 7i.
5. Ce diptômc esl daté ■ actum Karnolls III Kal. junuar., anno incar-
u naciottis Domni DCCCXC, iudîctione VIII, anno socundo Odouis gloriu-
« Sisslmi re-gis... ■ RÙDBT, DociimenU pour Fhitloire de VrQliie de Saint-Uilaire
de Poititfâ.p. \i,ii' m; — Uistor. de f 'r., l. IX, p. 450. — On peut conduru,
ea rapprucbanl In date de ce diplâmu de œlle du diplomu qu'Eudes a
'donna k Laon le 14 dâceuibre ivvy-, cî-dessus. u. !) que l'anniic de l'In-
carnation ainsi que l'indiction cluiagetiienL uutrc le 14 et Is 30 dé-
cembre, soit à Noél. L'an de règne seul est reste le mônie, car il ne
obangealt qu'en jauvier(vDy., cL-dessus, p. 78, u. 2). Il faut donc admettre
TAVM. £uJei. u
130
ÉVÉNEMENTS D'aQUITAINE. LES NORMANDS.
(311 décembre 88'.*) et onze jours apri^s son passage dans
ville, il était à Orléans', Ce départ précipité vers le
semble molivé par la prévision d'événements graves eo I
tnine*. Hainniilfe H étiilt peut-être mourant, peut-être mëine
morl';Eude9 pouvait craindre, pour celte raison ou pourloule
autre, quelques troubles dans ce pays remuant; il voulait Être
près du Ihéâtre des événements pour parer t uuc défectii
Ramnulfe II n'avait qu'tm Qts, lîbles, eucore enfant* & cel
époque et dont la légitimité n'était pas certaine; il avait ai
deux frères, Ebles, abbé de Saint-Hilaire de Poitiers, et Goz-
bert'. L'héritier étant trop jeune, il fallait s'assurer des oncles.
L'un d'eux, Kblea, vint à Chartres au devant du roi' et celui-ci
contirnia à l'abbaye de Saiut-Hilaire une donatiou qu'Ëbles lui
avait faite. Eudes pouvait avOir des appréhensions, mais il ne
rencontra pas d'hostilité. A. Orléans, le 10 janvier 890', il ac-
ouïe
etr^n
>el|H
>us^H|
que le (lipldme donné par Eudes à Cbartrcs est du 30 décembre 869
inouï. âl.)i ainsi, tous les élémenla cUronologlquea de cette date con-
cordent, l'ind letton, qui était la VU" le i^ décembre, est bien la Vlll- le
30 du même mois, l'an do l'incamaLion, qui éiail 889 avant Noël, est
890 après celle TËle; Tan de ràgne est le second durant tout dé-
cembre dffà- De plus, il ust irËH naturel qu'Eudes ae rendant de Laon &
Orléans, où U est le 10 Janvier 890, et dans les environs de Tours, où il
est le 30 janvier, passe, le 30 décembre 880, par Chartres; tandis qu'il
est inadmissible que ce roi tût dans cette dernière ville le 30 dé-
cembre 800, puisqu'il cette époque il était encore en observation sur
l'Oise, cherchant à protéger le royaume contre les Normands.
1. Diplôme du 10 janvier 890, dans les HUlor. de Fr., t. IX, p. 4UMU.
2. U. de Kalcksteiii {GeichieMe dea framusitchen Konigthumt, p. 6i) sup-
pose qu'Eudes s'était rendu à Chartres pour parer à un retour éventuel
des Normands, ce qui n'est pas vraisemblable, d'après l'ilinèraire que
is adoptons.
3. RamnulTe II [
Fr., l. IX, p. 8) i
it en 830 {Chron. S. Maxenlii, dans tes HMor.
■ le 10 octobre (MaBILLR, PuncarU fi
h. a Ebolus juvenili adhuc lelate lioreus, > charte du 10 octobre 81
dans Mabille, ibid. -- Sur l'ill agi limité d'Ebles, voy. Aduèuui i>B C
BfkNNBS, dans les llûlor. de Fr., t. VIII, p. 232.
'S. Makillb, Le royaume d'Aquilaine, p. 18, ^3.
0. Diplâine du 30 décembre 889, dans les llittor. de Fr. , I. 1
— RftnBT. op, cil., p. 12, n* lï. — Voy. sur Ebles, ci-dessus, p. 33, r
— SI Ebles, abbé do Salnl-Hiliilre, avait été le môme personnage q
le chancelier, U n'uurall ]>as eu besoin de Taire appujer sa requMsvi
prés liu souverain par doux autres grands do la cour : • jitncUa m
" jiroccrlbus nostris. »
■J. llùtor. de Fr., t. IX, p. 'i40. — Vûy-, sur l'alTranchissemeDt par J
denier, t cérémonie qui se passait anie regtm, » Fouhnibb, Etni mit ^
[8fl0] EUDES A ORLEANS ET A TOURS. 131
corde à l'évêque d'Angers raffranchissemcnt d'un esclave par
le denier; le 30 janvier', il est à \nvUlu Lernegia ;iu sud-ouest
de Tours; il se rapproche loujours davanla<^e de Poitiers. Mal-
heureusement, oa ne peut faire que des conjectures sur le but
de 8011 séjour daus ces parages. Le '22 mars', il est à Tours; là,
de concert avec son frère Robert, et en compagnie des vicomtes
Guarnegaud de Blois, Ardrad de Tonrs, Foulques le Koux et de
beaucoup de uobles qui l'enlouraient, il règk' une petite difC-
' culte survenue dans l'adminislratiou des biens de Saîul-Martin ;
depuis ce moment, il disparaît jusqu'au 21 mai. A celte date, il
estnonloindeCompiègue, à la résidence royale, très fréquentée
par les Carolingiens, de Verberie, et il y signe, sur la demande
de sa femme Tliéoderade et de l'abbé Rodolphe, eu faveur de
Saint-Vaast, un diplôme' dans lequel il confirme à celte ab-
baye ses privilèges et ses biens; il mentionne les travaux de
forliCcation qui y ont été faits contre les Normands sous le
règne de Charles le Chauve et que nous verrons plus tard
servir non contre les Normands, mais conire Eudes lui-même.
C'était là, sans parler des inconvénients qu'un cliiteau présen-
tait pour la vie monacale \ un des dangers de ces fortilications
et les souverains en firent l'eipérience à plusieurs reprises.
Le mois suivant, le '22 juin, Eudes est de nouveau sur les
bords de la Loire, à Mehnn-sur- Loire', et le 2G juin à Orléans
oii il signe uu diplâme en faveur de l'évèché de Narbonne'. Il
est impossible de savoir si ces retours constants d'Eudes vers
le midi furent causés par la mort de llamnuire II survenue
(orme* e( ki cffrU de l'affranchisseinmi dans U droit galla-fi-anc, l'arU, 1885,
in-8 [U0° fascicule île la tliblialh'-gue de l'École des liantes- Èludu),
[1. 41 et suiv,
1. Dlplflina en faveur de l'abbaye de la Grasse, danslea Hislor. deFr.,
t. IX, p. 4ftl. — llittoiredii Langueduc, , l. V, col. «1, Prouves, n*xl. — M. do
Kalclcslein (OMcAidile det framotitchen Kônigt/iums, p. GG, n- l)dateàlorl
cQ dlplditie de SUt et place à tort Umegia près de Senlia.
2. « Prœacntlam domnl Odonis aereulssîml régis Turoais tuuc resl-
deatls. » Cet acte (eitr. dans Mauillb, Pancarte noire, p. liW, n» xcv)
porte la date : s XI Kal, aprilis, lu civilate Turonis, anno 111 régnante
pacin» roge. » — Pièces juatiDcalives, n» IV.
3. Hisfor. di Fr.. l. iX, p. «i.
k. < Sub occasionu cnslelll nolumus uomen monasturll deperlre... >
5. DlpIAme en faveur de Lorn, daps les llitlor, d« Fr.. t. IX, p. 4M. —
Lbx, op. cit., p. a02, n- XI. — Par cet acte, EudOB ruslltue à une fciniuc
noble (les biens dans le Nivernais, lu Chalonnais et le Mftconnais.
6. llitloire du Languedoc, l. V. cul. 85, Preuves, u« xili. — //i»(or. de Fr.,
t. IX, p, 4M. *
132 KVÉNEMEMS d'AiJDITAINE. LES NORMANDS.
liatis le cuiiraril de l'année, avant le 1(1 octobre'. Toul d'abord
les rapports paciliques t^nlre l'Aquitaiiie et Eudes ne furent pas
troublés par cet livénenifint : Ebles, le nouvertu comtr; de Poitou,^
continua les traditions paternelles et entretint les nieiileiiiH
rapports* avec le niouastèrc de Saint-Martin de Tours doi^|
Robert était abbé et par conséquent avec Eudes. ■
Durant laseconde moitié de l'année 8!)0,ccsont les Normands
qui absorbent Tactivilé de ce dernier. Nous les avons laissés
pénétrant en Bretagne. Ce royaume avait atteint pendant i^_
périodecai'olin^'ienne «soncomplel développement territorial •{
s'annexant les comtés neiistriens de Rennes cl do Nantes, joH
gnant à ce dernier la partie occidentale de l'Anjou jusqu'A ï
Uaycnne, enfin englobant les diocèses d'Âvrauches et i
Goutances'. La guerre civile entre deux compétiteurs au Irôm
Alain et Jndicaël, déchirait le paya et devait en ouvrir l'acold
au.t Normands. Ceux-ci s'emparèrent de Haiut-Li) et étendirt
leurs ravages au sud-ouest jusqu'au Blavet*. Entin Âlaiu i
Judicael comprirent qu'il fallait s'unircontre l'ennemi commui^
malheureusement, Judicacl, sans attendre son nouvel allid^
attaqua seul les Normands, les battit, mais périt dans la poutl
suite. Alan réunit alors tous les Bretons et iulli^^ea une terribl
défaite aux eovaliisseurs qui furent forcés de battre eu retraite : ^ A
les uns se rembarquent, remontent la Seine et gagnent Cou-
flans', à l'emboucliure de l'Oise ; puis avant le 1" novembre*,
ils décident d'entrer dans l'Oise et d'aller établir à Noyon leura
quartiers d'hiver. Les autres, fantassins et cavaliers, se refor-
ment en armée, car ce n'est pas une simple bande, pour rejoindre
la flotte sous les murs de cette ville. Eudes accourt pour lem ~
I. Voy-, oi-tlcssus, p. 130, u. 3.
■2. Charte d'Ebles du 10 oclobre 890, Mabillb, Pancart
n' xvti. C'csi bien ainsi qu'il faul dater celle charte, car rimliction IX ci
mençanl ca septembre se trouve juste, l'an de règne il'Eudes est b
troisième, fiuanl H l'année de l'iDcarnaliou, comme elle varie t
les copies on ne peut y ajouter foi ; du reste, ai t'ucto «tait de âOI, il fl
prouverait que mieux les bonnes relations entre Eudes et Eblca.
3. LOXOMUH, Alioi hUlO'-iiuf, lexle, p. 8U.
'•. ItàuiN0.<4, Chron., ann, 890. — Ann. Vedatt.. aou. SB-J-S». -
STRUP, WTiTiannepwc, l. U, p. 273.
ti, Mii-acuUt S. Bcrtini, dans les HUIor. tte Fr., t. IX, p, H8 : >
« cxercitua ab omnibus dicebalur ; aano udveutus sui lu reeDUm à
* decinio..., udunatua in loco qui,.. Coniluentia vocalur. i
G. .4iin. Vedast., ann. 600 : « Imminento vero [eslivllate umuium sancj
« toruni- »
133
barrer le chemin, il lea alteiat aux enviroos de Gnerbigiiy',
non loin de Noyon , mais les Normands uc se luisscot pas sur-
prendre ; ils nieltenl entre eux et Eudes un cours d'eau aux
rives inan^cab'euses, à l'abri duquel ils continuent leur route.
Eudes ne pouvant, à cause du terrain, leur porter aucun dom-
mage, prend le parti, après avoir réuni de nouvelles forces, de
rester sur les bords de l'Oise, en aval de Noyon, et de garder
la route par laquelle la grande armée, de nouveau réunie, pou-
vait euvabir le reste du royaume; le 21 novembre, il était ainsi
en observation à Senlis'.
Les Normands choisirent, pour établir leur camp retranché,
un emplacement déjà naturellement i'ort, au sud de Noyon,
dans la commune de GLiry, peut-être dans l'ile dite des Mori-
cans; ils ne s'emparèrent pas de la ville méme^ semble-t-il.
mais Noyon resta durant six mois leur quartier général.
L'année qui va s'ouvrir sera, pour ainsi ijîre, la seule
qu'Eudes pourra -consacrer uniquement b. la lutte contre les
Normands. Dès »9'2, la rébellion se montrera parmi ses sujets
et paralysera ses efforts.
Taudis qu'une partie des Normands restait à Noyou, pour !^
garder la Hotte et peut-être investir la ville, d'autres entre-
prenaient de lointaines excursions. Ils ravagèrent la partie du
royaume d'Aruulf située sur la rive gauche de la Meuse , puis,
se dirigeant vers l'ouesl, ils traversèrent le Brabaut et passèrent
l'Escaut iwur revenir à Noyon, par la rive gauche de ce fleuve
et à. travers des contrées d'un accès difticile. Eudes épiait
leur retour dans sou royaume: il s'était avancé plus au uord
et il les attaqua h dix kilomètres à l'ouest de Valcnciennes, à
Wallevs ', ou plutôt il voulut les cerner ; mais son plan fut dé-
1- Psi QNB- Del A COURT. Ln Noi-mam dam le No<jonnaie, p. M et suiv.
a. Comme le prouve mi dipIOmc en Taveur ilu raonaslèrc de Jonccla.
dans lus llUlor. ds Fr.. t. IX, p. 'i35,
3. Les jtitn. Vtiitut. nu parleni pas d'un sié|;e: lus Mtracul» 5. Brrtmi
p&rleiil d'un siège i|iti uuniil Ëcbuué. M. l'e igné- Del acoiirt est Lrop at-
ilnuatif.
4. Arr, et canl. de Valenoiennea. — [.es vint». VeUatt. (anu. 891) dtsonl :
« super Gultbciaai. • L'abbé Lebeut, dans sn Koliee raûonnie sur ms An-
nalea (p. 723). ipterprâto co nom par la Tère ou Deudre, uniucnt du la rive
Oroite de l'Escaut, ce qui ne pcul so concilier nvoc ['Ilincraire suivi
par les Normands d'après le» .4nn. yedaêi. L'abbâ Deliaisncs, dan'^ son
iMltlon de ces Annales (p. 340). propose de traduire ce nom iiar Wallers
ot iy voir uno localité sHuûo dntis l'arrondisscmenl d'Avosnes, h 19 ki-
134
ÉVÉNEMENTS r'aC'UITAINE. LES NORMANDS.
[891
jouii. Les Normands, comme lorsqu'ils voulaient éviter
lutte dans des conditions dr'savaulageuses, se disperftèreat
travers les forêts et, laissaul leur butin aux malus de l'enaei
ils rentrèrent, par petites bandes, à leur oamp de Noyou. Âa
comme uceuienl d'avril', ils abandounèreut ces quartiers d'hi-
ver, oiï les vivres commeiif^^aienl peut-être à manquer, et 8C_
décidèrent à jjaguer le Lord de la mer'; ils pouvaient le faii
parla Somme, si l'Uise et la Seine étaient toujours gardé)
par Eudes. Une bande de cinq cent cinquante des plus inl
pides se détacha du corps principal pour aller surprendre le
monastère de Saint-Bcrtiu ; ils y arrivèrent dans la seconde
moilié d'avril', mais ils furent repoussés après avoir attaqué
deux fois, à une semaine d'intervalle, et ils subireiil de grandi
perles. La llolte normande passa tout l'été sur le bord de
mer; l'armée de terre poussa jusqu'à la Meuse, qu'elle Iravei
non loin de Liège'; elle piUa les environs d'Aix-la- '
iomëtrcs à l'est du celte ville, daus le canton de Trélon. A. déiftnt i
mieux, nous admeltoas la tra'Iueliou de M. Detiaisues, mais nous pnÉ
ferons un autre Wallera. situé sur les ruisseaux d'Uavelujet d'IIasDa)
ce i.|UL pourrait expliquer « super >, a 10 kilomètres h l'ouesl de Valog
t'.ieiiues (L. CULLIun, douaire lopoyapkiqut de raminiiùaemcnl de VatM
cienncs, Valencleiines. 18ûa, in-8. art, Wallers), Il est très probable qo6 1)
Normands ont passé par C6 village en suivant la rive gaucbe de l'E
t. Il faut lire dans les Ann. Vedatl.. ann. 8l)t : • circa autom i
1 luiupora, s couLmo l'abbé Deliaisnes. et uoii « circa autem autau
« tcnipora, » comme Perlz (Jlfon. Go-m., SS., l. II. p- 205). La oorreeUl
avait déjù été proposée par M. Dùnimler (Ce Amulfo, p. 176).— Le» Ni^
mande arrivèrent k Noyon au commencement de novembre, ils en p
tirent dans la seconde moitié d'avril, puisqu'à cette époque Ils &t|i
quèrcnt Sajat-Bertin; ils y passèrent donc cinq à six mois, et l'aule
lies Miraeula S, Brrlini ne se trompe guère, quand il dit :
^ liemispbœrium nibil ibi preevalontes consummarent. ■
2. Ann. Vedast., ann. 891. — Miracuta S. Dertini, daus los Hiilar.dtB
t. IX. p- 118.
3. Voy., sur cet épisode, Folqoin, Chartutarium Sitlàmue, I. U, clxI
p. 133; les Miracula S. Bertini et le Clironiean Sithitnse, dans les Hùl
de Ff., t. IX, p. 72. — Les dates de Folquiu (2ii avril et 2 mai) el ,j|
l'auteur des iliracula (18 et 23 avril) ne concordent |ias.
'i, MM. Dummler iOesdiichte <ie» rjafi'iiHkiselien Hciclit, l. 111, p- 3
n. 3) et Mùblbachcr-liebmer (p. C80) mettent en doute l'e»
d'Arnulf qui aurait repoussé les Normands depuis la Meuse Jusque ip
d'Arras Les Ann. Yedast. seules en parlent, et leur térooignags, i
point, est invraisemblable et en contradiction avec des sounea I
coup mieux renseignées sur le royaume franc do l'Est. Le récit fUt H
Réginon (Ctron.. ann. BSI) de la di^Iiboration des Francs avant U 1
taille sur la Gueule, prouve que les Normands avaient laissô lour II
au bord de la mer.
Ihi-
:l8C m
ilée^H
ilr«^H
e le I
[882-892]
It\3TINGS A AUCtEUVES.
135
pelle et remporta une saaglaale vicloire sur une armée de
Francs Orientaux qui voulaient lui couper la retraite (25 juin
831). Ea automne, la llotte et l'armée se dîrigeaieul sur Lou-
vaiu pour y prendre leur3 quartiers d'iiiver, lorsque l'armée
fut attaquée et taillée on [jièces sur la Dyle, par Aruulf {l^no-
vcmbre). Les Normauds survivants rejoignirent la tlolte à
Louvain. Au mois de février du l'anuéc suivante (8S)2), ils rava-
gèrent la rive gauche du Ithin jusqu'à Bonn ; de là, par l'ruiu
et les Ardennes', ils rentrèrent dans le royaume franc de
l'Ouest, ravagèrent impunément la contrée eutre Reims et
Cambrai' et se portèrent contre Saint-Dertin et Saiot-Omer^.
Mais le royaume était désolé par la famine i en automne, ils
s'embarquèrent avec leurs chevaux et leurs bagages à Bou-
logne, sur la (lotte qui arrivait de Louvain, pour aller de l'autre
côté du détroit', tenter la fortune dans un royaume moins
épuisé et qui pût leur procurer une existence plus facile.
Ea même temps que les Normands qui avaient écliappé à
Eudes à Guerbiguy prenaient leurs quartiers d'hiver ùNoyou,
vers la Gn de l'année 890. une partie d'entre eux ou peut-être
une autre bande s'établissait k Argœuves, à sept kilomètres
en aval d'Amiens, sur la rive droite de la Somme'. Elle était
commandée par un chef normand bien connu , cet Ilastings
dont Louis, le vainqueur de Saucourt, avait acheté le départ
en 88'2. Hastings voulait d'Argœuvcs diriger ses incursiouB
vers le nord, puisque d'autres Normands occupaient l'Oise et
que l'accès de. la Seine était fermé par Eudes. Mais, dans
1. RbGINON, Chron., aun. 8^2.
2. DodiloD, âvËque <le Cambrai, écrit & Foulques, eu 892, qu'il ne poul
pas venir h Belms parce que les Normands lui barrent le cbemiu (Fi/>-
DOADD. op. cit., t. 11. p. 472).
3. Faut-Il, d'après lesJn». Blandmientct {aan. eS2, dausiesJIfon. Gcrm.,
SS., t. V, p. 24) admettre de uoiiveau la préscoce desNurmaudsâSaÎDt-
Bertin en 892, ou bien croire t une erreur de chronologie et corriger
892 par 881 î
4. Ann. Vediut., ann. «92. — Anglo-Saxon Chrowele, dans les Mon. hist,
Dnl., p. 363. — RàaiNON, Chron., ann. 802. — DOmulbb, Zur Crilik Dudoi,
p. 3&i. — La lamine est aTÛrmée encore par le Chron. S. Maxentii, dans
les llUtor. de Fr., t. IX, p. 8. — RtCQBa, Hûtor., 1. I, c. 5.
IS. Voy., sur remplace ment du camp normoud, PBiONÙ-DBt.ACOURT, op.
cit., p. M- — Lbqbof, op. cit.. p.72J. — Voy., sur Uastiugs, 0(tuulbii, Ge-
Khiehtt Uei oatfriinkisctiai lieichi, t. 111, p. 20S, — D'après les Ann. Vedatt.
(ann. a9I], cetto bande d'IIastings, beaucoup moins uoinbreuse que la
■ multltudon campée a Koyou, semlilc être momeutanémout dtitacbde
(le la grande armée.
gênant. ^^B
ISB HVfiNPIMENTS n'AOUTTAINE. LES NORMANDS. [81
celle région môme, il devait rencontrer uq ennemi gênant,
c'fitait l'-inuii'ii .iilvprs.iire d'Iîiiiles, Rodolphe, abbé de SaJnt-
Vaasl, qui avait forlili('r son monastère, cl qui. entouré des
siens, épiait lea nioiivomeula des Normands. Hastiugs, par ua
stratagème, n'aissît h faire la paix avec lui et obtint d'aller i
il lui plairait. Puis, un beau jour, c'était le 27 décembre 890,
se présetila devant le monastère, espérant le prendre par sui
priite ; il échoua, car Rodolphe était sur ses gardes ; mais il
courir la nouvelle qu'il était soutenu par les Normands de;
Noyon, et il réussit à se retirer sans avoir été attaqué. Rodolpbe,'.
eu effet, avait craint de tomber dans une embuscade et de suo-'
combcr sous le nombre, aussi avait-il retenu ses guerrier^l
derrière les palissades- Lorsqu'il connut la vérité, i] éproovj
un grand regret et fit payer cette ruse à la troupe d'Uastingfl,,
en la harcelant de telle sorte qu'elle n'osa plus désormais
porter contre le monastère. Vers la fin de l'année 891, le» Noi
mands d'Hastings quitlèreut leur camp d'Argceuves pouf'
prendre leurs quartiers d'hiver à Amiens'.
C'est là qu'Eudes se dispos? à les attaquer. Durant toute lî
première moitié de l'année 891, il avait monté la garde dans li
nord de sou royaume'; il était encore le 16 juiu 891 à Vor-
berie' avec son frère Robert et le comte Richard d'Âutun ; puis,
après s'être rendu en juillet sur les bords de la Loire, pour un
synode, il était reveuu dans le nord. Il réuuit ses forces,
mais, uon moins vaillant qu'Arnulf. il fut moins favorisé que lui,
«il n'y fit rien d'heureux», dit simplement Tannaliste. Puis,
de là, comme il passait par le Vermandois', sans avoir pris les
mesures de sûreté nécessaires, il fut surpris par les Normands,
miscn déroute et obligé de prendre lafuite. Depuis lors, Hastings
disparut du royaume de .l'Ouest ; on peut supposer qu'il re-
joignit «la grande armée" et s'embarqua avec elle, l'année
suivante (892), pour l'Angleterre,
Ainsi linit dans le royaume franc de l'Ouest cette campagne
de ■ la grande armée " normaude qui avait duré douze ans et
dont l'épisode capital fut le siège de Paris,
Durant toute l'année 891, Eudes avait été occupé des Nor-
1. .Inii. rc'fotf., aiia.89l.
i!. Ibiii.. an». 890.
3. DiiJlûtuo d'Eudes [njur Sain le -Colombo lio Sons, «juantim, CarluUiii
géwnl dr ITonn«, l. I, p. I2ri, il- lxv; - llùtor .le Fr . l. iX, p. «17,
't?Ann. Vediut.,!ixin.m.
[891-8WÎ] SYNODE l)K MEHrN-SUR-LOinE. 137
maods; deux actes ccpeadanl nous Ip, nioolrcut vaquant à
l'administration de sou royaume. Le 15 juillet, ilclait àMehun-
aur-Loire'. assisliinl à une assemblée du clergi^ convoquée
sur sou ordre. Ce synode avait peut-être été réuni sur ta de-
mande de l'arclievôque Gautier de Sens, car cet archevêché y
est représeulé par un nombre considérable de prélats et la
seule décision prise, à nous connue, est en faveur du monas-
tère de Saint-l'ierre-le-Vif de Sens'. L'archevêque de Sens
avec ses sufTragaiits d'Orléans, de Chartres, de Nevers et
d'Auxerre, l'archevêque de Tours, l'archevêque de Bourges
cl ses sutTragants d'Aibi et de Glcrmoiit, l'archevêque de
Narbonne et son sulfragant de Uésiers. enfiu les évêques de
Giroiic et d'AuLuu prenaient jiart à ce synode', auquel le
clergé de Reims n'était représenté en aucune l'agon. Le fait est
pcut-âtre accidentel, mais on peut y voir aussi un effet
de la rivalité constante entre Sens et Reims, et un symptôme
de l'opposition dans laquelle Foulques, l'archevêque de Reims,
persiste à l'égard d'Eudes, malgré une prétendue réconci-
liation.
A la Du de l'année 891 ou au commencement de 892, Eudes
intervint en faveur de l'évêque de Nimea' ; il chassait selon la
coutume royale dans la forêt de Cuise, et s'était arrêté avec
les évËques, les comtes et les fidèles qui formaient sa suite
1. Le synode de Mehun eut lieu en 831; le mois n'est pas Indiquô dans
l'acte qui en reste (I.arIs« et Coss*rt, Concilût, l. IX, p. -132 ; — Chi-nn.
S. Pétri Fioi Stnon., "ians D'ACHBRY. Spicîtegium, l- II. p. 472). Cepen-
dant GOinme Eudea accorde ii Survus-Dci, évcqut' de Oirone, qui asxis-
taltau sj^node, un prlvllètto le tS juillet fi Me li un -sur-Loire {Hitior. de
Fr., t. IX. ]>- 458), on peut conclure de ce lait que le synode eut lluu aux
environs de cette date.
2. Odoranni monaeiti S. Peiri Viei Senon. Chi-onicon, dans les Uittor. de
Fr., t. VIII, p. 237. — Quantin, CartuUire générai de t'y<wne. t, I, p, 127,
n* Liiv.
3. Pour cinq des seize arcbevftiues ou évffquos nommes dans l'acte,
le diocAao n'est jas spécifié, ce sont : Herfridat epùvipia. et Utrfredut
tpitcojnu; l'un est Ilcrirrid. ôvèqnc d'Auxerre; l'aolro probablement
Egfroi, évièquc de Poitiers; un Ayiliuar, 1res probablement évfque de
Clermortt, un Guarinus Corauctmit epùtoptu que, malgré toutes les cor-
rectioDs proposées, il est difllcile d'idonilller. et caltn un Adaldu$,
humilit archifiraetul , qui e^t peul-ëlre iiu âtniiiKer,
4. llBRMBR-DuRAND, CarMaire de Nime*. p. HJ, n" v. — Le plaid con-
voqua à Nimes fiar Haiiuond un Jeudi du mois d'avril, la 3> année du
règne d'Budes, eut lieu un avril 692, puisciu'Eudus fut reconnu â Nîmes
et a BOzlors entre avril et juillet 889.
138 ÉVÉNEMENTS D' AQUITAINE. LES NORMANDS. [891-892]
dans un lieu nommé « Audi ta ^ », lorsque Gilbert, évêque de
Nîmes, vint demander que justice lui fût faite contre un
nommé Genesius qui, durant son absence, s'était emparé d'un
domaine appartenant à son église. Raimond', comte de Nîmes,
qui se trouvait alors auprès du roi, fut chargé par ce dernier
de l'enquête et de la procédure qui eurent lieu à son retour
dans cette ville. Genesius fut convaincu d'impostiu^e et l'é-
vêque fut réintégré dans ses droits.
Triste année pour Eudes que Tannée 891 ! Les Normands lui
échappent à Wallers, comme l'année précédente à Guerbigny ;
après avoir vainement essayé de leur nuire à Amiens, il prend
la fuite devant eux dans le Vermandois. Le prestige dont il
jouissait et qui est si nécessaire aux parvenus, ne recevra-t-il
pas une atteinte fatale et l'archevêque de Reims , dont Thosti-
lité est latente, ne va-t-il pas relever la tête?
1. « Audita » est identifié avec le Champ des Ouis par Lambert de Dai-
ly hier {Compiègne historique et monumental, t. I, p. 105).
2. D'après Mabille {Le royaume d' Aquitaine j p. 5i), il n'y aurait plus eu
à Nimes, depuis Louis le Déboimaire, que des vicomtes.
CHAPITBE V
UBLKS DAN-S LE NOllD Kï EN AQUITAINE
COL'KONNEMKNÏ DE CHARLES LE SIMPLE
LUTTE ENTitE EUDES ET CHAULES
nodolplie. abbé de Saint-Dertin el de Saint- VaasI, après une 892
maladie qui durait depuis NofH, mounil le 5 janvier 892'. Deux
abbayes importantes devenaieiil vacantes, les convoitises s'al-
lumèrent. Batidoia, comie de Flandre, de Boulogne et de
Tliérouanne, se rendit vers Eudes pour lui demander ijuc
Saint-Berlin lui fût cédé. .V cette nouvelle, les moines envoient
au roi l'iiu d'entre eux, un nommé Urimbald, liorame très
honorable qui avait pris l'habit lorsque Hugues était abbé, et
qui devait faire tous ses efforls pour déjouer ce projet. Sur aa
route, Orimbald rencontre Baudoin qui revenait déjà et qui lui
demande où il va. Sur ia réponse de Grimbald qu'il se rend
auprès du roi, Baudoin lui dit que le roi lui donnera l'abbaye
3i cela ne paraît pas contraire à la volonté des moîues et il de-
mande instamment à Grimbald de ne pas s'opjioser à lui dans
cette affaire. On se sépare sur ces mots; Grimbald continue sou
chemin et arrive vers le roi qui, au début de l'année 892, était
probablement dans les environs de Gompiégne. 11 trouve à la
cour Foulques, ancien abbé de Saint-Bertiu lui-même, et dans
l'archevêché duquel se trouvaient les deux abbayes vacantes.
Orimbald lui expose que les moines de Saint-Bertiu quitteront
tous l'abbaye plutût que de se soumettre à uu laïque et il
l'adjure, au nom de Dieu, d'intercéder auprès du roi pourqu'it
ne fasse pas ce qui n'avait été fait par aucun de ses prédéces-
seurs. Grimbald ne pouvait pas mieux s'adresser. Foulquea le
mena au roi, transmit sa requête en l'appuyauL de sa propre
autorité. Bref, \es moines furent autorisés à élire eux-mêmes
. Ann. Vidait., UU
.XVII, 11, 133, — An^
. S02. — FOLQUm. CiMrlularium Silkimse, I II,
Hlnontntei majoret, liaus Ica Mon. (Irrm., SS., t. V,
l^iO
TROUBLES DANS LE NORD.
leur abbé; Foulques fui choisi et le roi confirma ce choix.!
Telle Tul la cause de la haine de Baudoin contre Foulques;!
mais la colère du comte se porta ri'aijord sur Eudes. Du reste, ,
depuis son retour d'auprùs de. ce souverain, il nourrissait des]
projets de rébellion.
Trois jours après la mort de Rodolphe, les chAtolaias (castel-
tant) de l'abbaye de Saiot-Vaast', égalemeut sans abbé, en-
voyèrent le comte Egfroi pour annoncer la mort de Rodolphe
au roi et savoir quelles étaient ses iulentions. Puis, duraut
l'absence d'Egfroi, ne tenant aucun compte de sa mission ni
des promesses (nous ne savons lesquelles) qui lui avaient été
faites, et suivauL le conseil d'un certain Ëvrebert, homme
très rusé, ils appelèrent le comte Baudoin, revenu mécontent
' de la cour, et le mireut en possession de leur monastère et I
d'Arras. Toujours sous l'inspiration de ce même Évrebert,
Baudoin iit savoir à Eudes qu'il n'entendait tenir les abbayes
de son cousin que de sou bon gré. Le roi répondit en invitant
Baudoin à ne pas mettre à tout cela une si grande hilile* et h se
rendre auprès de lui. l'assurant de son accueil bienveillant.
Baudoin ne vint pas; il envoya messagers surniessagers', mois 1
en vain. Se voir refuser deux abbayes était une épreuve trop i
forte pour sa fidélité de date récente; dès lors, il entra ouverte-
ment eu rébellion. 11 laissa à Àrras son frère Rodolphe* pour
garder le bien pris, et lui-même, avant le 12 mars, alla en Flandre
où il déploya une grande activité", assurément pour lever dca
troupes, ac préparer à la résistance et se ménager des alliances, i
Le rusé Évrebert lui ménagea celle d'un cousin d'Eudes nommé j
5
1. Ann. Vedatl.. iiiin, 392. — Ann. Elnimen^es minorfs, aoB.
lea Mon. Ufrm.. SS-, t. V, p. la.
2. Ann. Viidaft. : u OOo vero res rcspondil, ut sinerel. iUuui prliis e
( poiestaUviim ito siio, qaoïi Duusilli conccsslt •>; la phrase est obscuffi: 1
« llliuii ■■ ne peut ae rapporter qu'à « coiisobrini « de ta phrase préc^ I
deiito. Nous voyons \h une gorte du plaisanterie : « Lnlssez comparaîtra J
« Rodolphe ilevaiit Dieu avuut de ilisposrr de ses abbayoïiB, mirait répondu I
Eudes, aatrumcnt dit : * No soyeK pas si pressô! * Lcbuuf («p. eit.^ <
p. T2D) traduit mais n'explique pas colle phrase.
3. La Tcrsioii de Pertz est préïêniblo à celle de M- Dehaisiios ; O'eal Bau- ,
iloin et non le roi qui envoie di3s messagers.
'%. C'est liaudolnqui laisse Rodolphe t Arras et \\w\ Eudes conmiel»!
dit U- de Kalckstciu (âecc/iic/Ue dr» fransîisUchtn Kànigthutiu, p. I7S). — f
Voy.. sur Rodolphe, Lk Glay, tlisluire det eamtes de Flandre, t. I, p, ^^,
S. Foulques dans une lettre {t'LODOARU, op.i:U.. 1. IV, c. 0, p. 36D}ltlsc«9
entendre qu'il est impossible d'allciadro Raudolti.
HÉVOLTE DK n\U0OIN DE Fl.ANDHG,
141
Waiicher' auquel ce roi avait doDoé la place forte de LaoD el
qui arbore le drapeau de la révolte. Le 17 avril, Sainl-Vaast,
les églises et la place forte, fiircut dévorés par les ilamines;
aussildt, Baudoin se mit i\ reparer les déteiises du monastère;
il déployait cd tout cela une graade ardeur, car il lui fallait
se préparer .\ une double lutte ; ce n'élait pas seulement le
roi qu'il avait i redouter, mais encore l'^gliac.
Foulques réunit ses évêques sulTragauts, Didon de Laon,
HétiloudeNoyoQ.r-liculfde&oissona. Hériland de Thérouanne',
pour délibérer sui* ce qu'il y a à faire en présence des mé-
faits de Baudoin ; puis il écrit au comto une lettre qu'avaient
précédée des avcrtissemcnls et qui constitue tout un réquisi-
toire'. Baudoin a fouetté un prêtre, il s'est emparé d'un bien
que le roi avait donné à l'église de Noyoti, il a pris un couvent
de moines, autrement dit SaInt-VaasL : autant de preuves que
Baudoin n'était pas en odeur de sainteté et que si les Normands
étaient les ennemis les plus redoutables de l'Église, ils n'étaient
pas cependant les seuls qui fussent tentés par ses richesses.
Foulques reproche enfin à Baudoin de s'èlre révolté contre le
roi, manquant ainsi à la iidélilé qui lui élait due et à son ser-
ment; curieux reproche dans la bouche de l'archevêque
de Reims et qu'un avenir rapproché rendra plus étrange
encore I
Foulques termine sa lettre par une menace d'excommuni-
cation. II écrit eu même temps, de concert avec les évoques
suifragauls nommés plus haut, à Dodilon*. évoque de Cambrai,
empêché par les Normands d'assister au synode et dans le
diocèse duquel se trouvait Saint-Vaasl ; il lui fait part de la
lettre écrite au-comte de Flandre et lui indique la marche à
suivre à l'égaiHi de ce dernier : d'abord, il faut user de ména-
gements el commencer par des avertissements et des exhor-
tations. Puis la lettre écrite dans le synode devra lui être en-
voyée et lue; mais, comme il est très difficile à atteindre et
qu'il se rend inabordable, cette lettre sera lue à l'endroit où
Baudoin a porté atteinte à la religioa et, dans la suite, â moins
1. Voy., sur lu parenté de Waucber el d'Eudes, l' Appendice ii> I, et sur
répisode do Wauctaer, les Ann. Vediut. (ann, S92) et RàGiNON [Chron.,
anu. 902).
2. Flouo^HD, vp. cit.. 1 IV, u, 0, \\. SU'J Ut G. 7, p. KT2.
3. Ibid.. p. ÛT2.
4. Aid., c. lî. p. SGU.
142 TROUBLES DA^S LE >"OBD.
qu'il ne vienne ii résipiscence, personne ne devra se joindre à
hii de crainte d'être frappé d'anathème. Les ordres sont donc
bien envoyés d'aller jusqu'à l'exconinumi cation, A défaut de
Dodilou, qui n'enlrelenail plus avec Foulques que des rapports
bostiles'. llétilon, évêque de Noyon.doitse rendre âArras afin
dé les mettre k exécution', car c'est la prise de possession de
Saint-Vaast qui est le principal chef d'accusation. Telles^
furent les premières mesures prises par le clergé ; il n'y fi
pas donné suite. Durant le ci lurs de l'année 892, lesévéncmenl
avaient marché ; vers la (in de cette niéme année, la fidélité de
Foulques était chancelante et ai, comme prince de l'Ëglise, il
devait poursuivre l'cicommunication de Baudoin, il lui fallait,
dans un but politique, ménager le comte de Flandre, aussi
use-t-ii de délais. Un nouveau synode est réuni à Reims en-
core en 8!)2; les résolutions prises par le premier synode
n'avaient pas été exécutées. Il y est décidé de frapper fiandûia'.
d'anathème, « mais -, ajoute Foulques dans la lettre qu'il éci
à Baudoin', et c'est ici l'bomme politique qui parle, « comi
« vous semblez utile ii l'Église et au bien public du royaunidj
" les eiTcts de l'animadvcrsion de l'Église seront suspendus, li
a temps de la réflexion et du repentir vous sera laissé.» Le
de l'archevêque a bien changé ; il ne parle plus de révoIU]
contre le roi. de félonie : Baudoin, malgré tous ses manque<
meuts envers l'Église et sur le point d'être analhcmatisé. peu|
cependant encore être utile à cette dernière. On peut attribui
le ton radouci de cette seconde lettre de Foulques aux projel
hostiles à Eudes que nourrissait l'archevêque. Dans les évea-
tualités qu'il prévoyait, Foulques espérait trouver dans
comte sans respect pour l'Église et félon à son roi, un appi
pour l'Église, soit un allié et un soutieu de la chose publiqat
c'est-à-dire un puissant auxiliaire pour la nouvelle royaiil
qu'il complotait'. Après tant d'atermoiements, Baudoin fut-il
excommunié ? L'excommunication avait tellement perdu de
1. Flodoaru. nji. eil., p, '.'M.
2. Iliiil. : « cum tldulibus régis » sigriiQc : avec l'antiùo qui uatuuralj
Eiiiles el qui feignit d'abord de marcher sur A.rraa; voy. ci-apréa.
3. Flodoabii, op. eil.. 1. IV. c. 7, p. 372. — Noua ne pouvons pni
avec M. lie Kalckslein {op. eil., p. 74, n. 2) une allusion aux ilûlals eanc
nii[ues dans cette pbrasp : * quoniam [elj ecclcsiacelpuliUols regniulilC
« lallbus videbRlur acnomodua, censura suspendilur ■■
': Mauillo.N. Ann. IScnedicl, t. III, p. 267.
nn
M
85)2] RÉVOLTE ET MORT DE WAUCHER DE LAON. Ii3
force et de son prestige' qii'oQ ne peut délenniuer par l'his-
loirc subséquente de Baudoin s'il en Tut vraiment Trappe ; en
tonl cas, nous le verrons plus lard prendre parti pour Charles;
les espérances de Foulques furent ainsi ri^aliséea.
Tandis que l'ÈgUse se mettait en mesure de sévir contré le
comte de Flandre, le roi, de son côté, qui. au commeucemeut de
l'année 892, était probablement dans Ui ••Francia», réunissait
une armée pour le soumettre et emijêcher rinsurrection de s'é-
tendre. Il voulait attaquer le comte au centre de sa puissance
et atteindre du premier coup la Flandre. Dans ce dessein, pour
Iromper son ennemi et le surprendre, il feint de marcher sur
Arras. Ilattaque d'abord Laon et s'en empare de suite'. Wau-
cher tombe en son pouvoir; au bout de quelques jours, il est
traduit devant un tribunal formé de tous les grands qui en-
touraient Eudes k ce moment^ il est accusé du crime de
lèse-majesté et il est jugé digne de la mort, parce qu'il a tiré
l'épée contre le roi son mattre. Eudes conlirma la sentence.
Waucher eut la tête tranchée, et, pour ajouter encore à la
peine, l'évêque de Laon, Didon, probablement sur l'injonction
d'Eudes avec lequel il entretenait des rapports amicaux,
refusa la pénitence à l'article de la mort, soit la confession
et le viatique de la sainte communion', au condamné qui
demeura privé de sépulture; il était défendu de prier pour lui.
C'étaient là de singulières aggravations k la peine de mort.
Un fragment d'une chanson de tfeste fera comprendre combien
ce ch&liment, infligé par Eudes à l'un de ses parents, dut pa-
raître révoltant aux contemporains : < Richard, le fils d'Almon.
est au pied du gibet, il a déjà la corde au cou, et l'empereur
exige qu'on pende ce jeune baron comme un malfaiteur de bas
étage. Certes, Richard n'a pas peur et il le fait bien voir; mais
en cette suprême angoisse, il ne cesse de répéter : « Je veux
> être confès • et il ne se console que quand l'évéqne Daniel a
1. WiTTlCH, Dit Enlttthung de» fleriogihumi Lothringen, p. 81 — Les
Ann Vedast. (aDD. CI92), ossureciL que Baudoin fut oxcoiutnuDié.
î. Lo riicit (les Ann, Ccifnit. et celui de Réginon concorileu t.
3. Voy-, sur cette jurldictiuii du tribunal rojal : Waitï, Henlfche ^er-
foêtungtgneliiclile, t. IV (188S), p. VJ3. — Locuairb, Uistaiie des inulidi-
lions monarehi'futt, t. 1, p. 301-
4. Foulques écrit à Didon (Flodcard, op. cit., 1. IV, c. U, p. 970) : « de
< quo (Walcbero) nudierat. quod in articuto mortlR puenitentiao) per
« eoDtessiunem et sacrao comoiuDioiiis vl.ilicum ab ipsu [Diilonej expe-
« tierat, ncc impetrore valucrat. »
Wi
TROUBLES dan;
ealeadii sa coufessiou'. • Ne scmblc-t-il pas eolendre le mal^
heureux Wauclier adresser à l'évèqiic Didon la môme prièrd
« Je veux être coufès ». Mais il u'est pas exaucé ; la haclie fai'
tomber sa tête et ses restes sont jetés dans quelque endroit
banal. Foulques, par lequel nous avons ces détails', écrit aiis^
sitôt à Didon, l'un de ses sutlra^anls, et lui témoigne toute a
iudignatiou au sujet de la conduite qu'il a tenue dans cette
occasion; ilse demande, avec horreur, quels sontles motifs qui
ont pu le déterminer à agir ainsi. Foulques, quels que soient
ses sentiments intimes, a raison de bl&nier Didon, car, d'après
les canons de rt^grlise, tout mourant doit être admis à la péni-
tence'; il l'exhorte donc à user de clémence, à opérer par lui-
même la réconciliation de l'àme de Waucher, à faire dire des
prières pour lui et enfin à faire porter sa dépouille mortelle au
cimetière des fidèles. Celte lettre de Foulques, bientôt suivie
d'une seconde, témoigne de l'indignation que dut ressentir plus
d'un grand du roj-aume. Dans le cosur de plusieurs, ce senti-
ment fut d'autant plus vif que la fidélité y était moins assurée.
Eudes, en punissant de mort un parent et un sujet rebelle, n'a-
vait fait qu'user d'un droit parfaitement reconnu'; il avait jugé
qu'il fallait faire un exemple'. Mais par les aggravations qu'il
avait apportées à cette peine et les représailles exercées sur li
cadavre du condamné, il avait outrepassé son droit et cnfreiol
ce sage précepte d'IIincmar qu'un roi doit punir non y
se venger mais pour bien gouverner et défendre l'État". Eudti
1. LÉON GADTiaa, La cheaalerir, Paris, 1884, gr. in-8, Ji. 43-*4.
2. Floooard, op. cit., l- IV, c. S, p. S70.
3. Concile (te Ntciic, Canoa XIII. dans 1Ièfbi.é, llûtoirt iltiConcila,t
p. 407 : • Ou doit continuer ft observer II régnrddesinourauts l'aDcleni
«règle lie l'ËglUe qui Ucfeud de priver du dernier et nâccssaire viaUqnj
■ celui qui est près de la mort. *
i. HlNCUAtt. De rtgit peraona et regio minUteriù, dans ses Optra, t. |
col- BS2 et suiv. : a quoil rex, propler mluisterium rcgiutn cCiani née qtti
■ buscumqucpropinquiiatia nccessiludinibus, contra Deuin,sanotamqilll
■ eccieslao). atquo rcnipublicatu porversc agentibus, alTeclu caroall pab
* cere debeal. »
9. IIiNCUAR, Op. cit. col. 849 « quia eniin sancli viri... ad incutienduBJ
' viTuntibus lueiura, eliam Jure reos mortu puuierunt k. — Voy,,
traite d'IIincmar, ScheChs, op. cil., p. 3âS el suiv.
C, lljNCUAa, op. cit., col. ïi39 d'après saint Augustin ; « nos CttriBliant
■ rvges iileo Feliecs diclmus, ... si eamdom vindictaiu pto neeeu
« regendsc tuendœque relpublicœ, non pro saluiandis iulmici
€ odlis exuerunt. »
|89'2] nETBAITE D'EODES. son IttIPAkT PtlOR L' AQUITAINE.
un
alla trop loin et ne prévît' pas toutes les conséqiiences qu'au-
rait pour lui ce manque de clémence.
Après la prise de Laon*, il feignit de marcher sur Ârras, Bau-
doin s'y dirigea aussi, mais lorsqu'il pénétra le dessein du roi,
il pril au plus court, devança Eudes et occupa Bruges'. Eudes,
voyant son coup de main manqué, se relira. Est-ce une infé-
riorité numérique, est-ce la famiue*qiiidésolait le pays qui l'em-
pêcha d'avancer? Bref, il n'entama pas la lutte avec le comte de
Flandre, qui put désormais persister dans sa révolte et affermir
son indépendance dans le pays compris entre la Somme, l'Escaut
et l'Océan. Son exemple et la trop grande sévérité du châtiment
de Wancher étaient faits pour provoquer d'autres rébellions,
A son retour de Flandre, Eudes tint probablement un plaid
à Verberie"; Foulques y assistait avec trois de ses sulfraganls,
Didon, évËque de Laon, Honorât de Beauvais et Riculf de Rois-
sons; Gautier, archevêque de Sens, l'archevêque de Rouen et
d'autres encore étaient présents. Les hommes qui composaient
cette assemblée étaient animés, à l'égard d'Eudes, des senti-
ments les plus divers'; ils éprouvaient cependant, comme tous
les habitants delà « Francia », la même lassitude de l'état de
guerre continuel dans lequel ils se trouvaient depuis plusieurs
années. Eudes, depuis son avènement, avait surtout séjourné
au nord de la Seine; aussi la a Francia» était-elle épuisée et
en proie à la famine', résultat des pillages des Normands et de
l'entretien de l'armée durant son long séjour sur l'Oise. Main-
tenant, elle n'avait plus besoin de défenseurs, les Normands
1. Ann. Vettast.. ami. 892 : « ae<l non sibî prEevidil. »
5. La prise de Laon ne peut pas uvoir eu licti en juillet, comme le dit
U. de Kalcksiein, puisqu'Eudes était le 13 juin b Tours (voj. ci-après,
p. 147); Ift date d'avril est approximative.
3.«In Bruoelaïa. ►Nous adoptons celte variante du texte de 1*313116 06-
• halBDcs.
4. La fnmine est mentionnée par les Ann. Vedait.
5- LTiypolhÈse de M. de Kaickstein (op. cit., p. 78), qui piace à Verberie la
réunion dons laquelle on persuada h Eude." de se parler dans le midi,
est justiaâe.
6. Honorât de IJoauTais (Flodoard, oy. cit., 1. IV, c. 6, p. 570-S71) et
IHdon seul partisans d'Eudes. — Go ne sont pas seuleniont les ennemis
d'Eudes mais aussi ses partisans qui l'engagent â partir. Aim. fedasi. :
< socIhUs aibi aliis >.
' 7. Le témoignage de Biehor, « quitius [Lus Normands! repulsis, faraes
* valida subsGcuta est *, est coullrmé par les Ann. Vedatl. Hicbor indique
Uen par su» récit qu'Eudes quittait le nord parce que l'entretien de son
armée y était devenu trop difUcile.
I Hiulca.
W
t4li trouhles en aijUITAISE. [89û-8â4H
étaient hors du royaume; il fallait, pour que le pays pût se
refaire, que le roi et sa uiaisou altasseut si^jouraer et passer
riiiver ailleurs.
Eudes se laissa d'autant plus facilemeut persuader de quitter
le nord de sou royaume quela révolte venait dYclaterenAqui'
taiae, dans la maison des comtes de Poitiers, foineatée par les
frères de Raïunulfe II, Ebles et Gozbert. Certes, le labeur est
rude pourlui; il n'a pas encore pu soumettre ses sujets dans
nord et il lui faut courir au midi.
li-
Les événements d'Aquitaine sont très obscurs : il paraît
cependant certain que ce ne fut qu'après la mort de Ram-
nulfe 11 (donc après le 10 octobre 890) que la révolte éclata.
Rammilfe II n'avait laissé qu'un sent lils, ti-ès jeune, Ebles;
auccéda-t-il à son père seulement dans ses alleux ? Il ne
semble pas lui avoir succédé dans ses bénéfices, il ne portej
pas le titre de comte'. Peut-être ses oncles Ebles et Gozbeitfl
prétendaient- ils exercer ce pouvoir durant sa jeunesse, sassj
l'asseulirnent d'Eudes? C'est bien probablement à cause deafl
bénétices de Ramnulfe II que la discorde éclata. La parente
et les bons rapports d'Eudes avec Âdémar, le prétendant a
comté de Poitou, étaient propres à réveiller toutes les snscep-
tibilltés et les craintes de la Tamille de Ramnulfe 11'. Ou peuti
1. Dans iino charte du 10 octobre 890 (Uabillb, Pancarte noire, p. 69, *
n<> XVII), Et)les ne parle qao de ses alleux et ne porte aucun titre.
2. Voy. ADnàUAA og Chabannbs. dans les Hislor. de Fr., t. VIII, p.
232-233, et le Ghronicon S. jUoawKii, dans MiHCHBOir ei Maiiii.lb, CHiv-
niquet de* Églises d'Anjou, p. 371-372. — M. de Kalcksiein, sur i'inlerpré- ■
tittioD erronée d'uno charte dont l'analyse est inexacte dans UuiLtnl
[Pancarte mrire, p. T.!, n° XX 11), OFOit pouvoir identifier Ebles, Ic flh rlnfltlHI B
nutfell.avec un Ebles auquel Eudes fait une donation en H!J3 et qni estJl
mort en 000; Il nie que ce soit Eblos, le Ills de Bamuuire U, qui se soit em-
paré du comtôdu Poitou en 902. Mais cet Eftoliaauquel Eudes doune Vonle»,
en Touraine, en S'J3, et t la veuve duquel Robert, ou 900, donne ce même
alleu on précaire, ne parte nullement le titre de comte 'lan& co deraîet
acte, comme le dit Mabille; l'acte dit : « prœdicta uxor eius [EboU] > et
MnbiUc donne dans son extrait :« Emma, veuve du comte Ebol us.»
Cet Ebles qui est l'objet des faveurs d'Eudes, qui est mort avant le
14 septembre 900 cl qui laisse une veuve du nom d'Emma, est im Ebles
quelconque, tandis que, comme l'admet ailleurs Mabilk- [Le rof/aume
a'Aiiiiitaine, p. lâ-19). Ebles, le Hls de Ramunlfe II, fst bien le futur
comlu de l'oltou; 11 cul trois femmes dont aucune du nom d'Emjna; U
fut conOti, durant son enfance, fi Guillaume d'Auvergne. KÀLCKSiBtM, opij
cit., p. ilG. — Nous n'admcllons pus l'empoisonnement de ftanmolfell
par Eudes.
[893]
RÉVOLTE DANS LE COMTÉ DE POITOU.
1«
I
I
t
supposer qu'à cette époque Robert s'empara de nouveau de la
terre de Doussaî', en Poitou, qui, eu 889, avait été cédée en
précaire à Ramnutfell et à Eliles par le chapitre de Saint-Martin
de Tours. Bref, dans la première moitié de l'auuée 892, la révolte
avait éclaté dans le comté de Poitou*. Eudes, k son retour de
Flandre, s'achemina vers le midi, et, le t:î juin 892, il passait
à Tours', avec son frère Robert, Mais, à peine arrivait-il sur les
conGns de l'Aquitaine qu'Ebles prît la fuite; tout en fuyant, il
tenta un coup de main sur un château et fut tué d'un coup de
pierre*. Son frère Gozbert soutint l'attaque d'Eudes, fut assiégé
et périt on ne sait ni où ni comment. La résistance n'avait pas
été de longue durée ; Ebles, le lils de Ramnulfe II, n'étant
qu'un enfant, le comté de Poitou se trouvait vacant.
Eudes prît Poitiers et voulut eu donner la garde non pas k
Adémar, mais à son frère Robert, assurément pour augmenter
la puissance de sa famille. Mais Adémar, qui avait accompagné
Eudes, n'entendait pas échouer au port : de nuit, avec la troupe
J. En 889, la terra de Dousmi, rendue par Eudes au chapUre de Saint-
Martin, avait été cédëe en précaire fi Itamnuire II de Poitou pour toute
la durée de s;i vie et de celle de son fils Ebles. Ce coutrat avait ûté con-
firmé par ce dernier en 890 (Uabellb, Pancarte noire, p. 08, n" xvu).
Or, en 8'J7, Rolicrt possédait de nouveau Doussai puisqu'il le rendait so-
lennellement auxchauoines (Mabillb, a^, cil.,p.d4, n^Lv). Ou peut sup-
poser que ce fut au moment de la mort de Ramnulfe 1! et des troubles
qui la auivtrynl que Robert s'empara de Doussai.
2. Abbon, 1. II, V. 530 et auiv. — Bhgimon, Chron., ann. «92. — Ann.
ytdait., ann. 892.
3. Eudes ne dut partir pour l'Aquitaine qu'après que les Normands
se furent rëembarqutis ; d'après les Ann. Veciatt., Us ne se seraient réem-
barqués que « temjiore autumol;» d'autre part, nous savons qu'Eude»
était A Tours le 13 Juin 892. On peut supposer une erreur de ces an-
nales, car dËjù en 889 elles disent : t circa autumni tempera * alors qu'il
s'agit du mois de juin. — L'acte qui permet de constater la présence
d'Eudes k Tours le 13 juin 892 relate une alTaire priviie qui est portée
d'abord devant le comte du Mans • die ociavo bal. Mai, fctia II, » puis &
Tours, aux Ides de juin, devant le comte Robert et le roi Eudes «qui
< lune praeaens aderat in Ipsa civilale Turonus t (Pièces justilicatiTes,
a* V). Or le 24 avril ne tombe sur le second jour de la semaine, Boll le
lundi, qu'eu 802. Mabille, (Pancarle noirt, p. ITU) date à tort cet acte
de 891. — D'après le récit d'Âbl>on, Eudes commence bien sa cam-
pagne par le Poitou, L'itinéraire adopté par M. de KalcksteiD qui place
le séjour d'Eudes à Cosne-aur-Loire, au début de l'eipédition d'Aqui-
taine, nous semble inexact.
4. Réginon mentionne & tort la mort d'Ebles en 893. — Noua ne sa-
vons pas quelle est la source qui nomme le cbAteau de Uililac eu Poi-
tou.
148
TROOBLES EN AQUITAINE.
qu'il covunandait, il surprit les troupes d'Eudes, les battit, i
massacra une p;irtieet s'empara de Poitiers, qu'il j^arda d
sonnais avec In comté. Curieux (épisode qui jette un Iriate ji
sur le pouvoir rpyal à cette ("'poque 1
Eudes, sur la conduite duquel nous ne savons rieu après cet
audacieux coup de maiu, se rendit à Limoges' dont le comte
Eudes, également comte de Toulouse, ne semble pas avoir eu |
son égard de sentiments hostiles. De la, il alla à \ngoulênit|
puis àPérigucux, dont les comtes Âlduin cl Guillaume t-taJeiM
frères. Adémar avait épousé la lille de ce dernier et était soi
tenu par son beau-père et son oncle. Eudes n'engagea pas fi
lutte avec Adémar afin, peut-être, de ne pas s 'aliéner ces deill
comtes. Dans celle phase pacifique de sa tournée en Aquitaiiu
■ il régla avec justice les différends des nobles entre eux (j
s'occupa beaucoup avec les grands des intérêts communs 3
tous*.» Mais, bientôt, il rencontra un nouvel adversaire : Ram-
Qulfe II, à sa mort, avait coutîi^ sou Gis Ëbleg h saint Géraud.
Ce personnage était né sur les limites de l'Aquitaine, de parents
très nobles, très riches; on ignore si sou père était revfila
de quelque dignité comtale'; peut-être était-il comte d'Au-
rilltié. Quoi qvi'il en soit, Géraud était un homme très influent,
mais aussi très indépendant ; il ne céda ni à Guillaume d'Au-
vergne qui voulait lui faire abandonner le parti d'Kiides, ni^
Adémar qui prétendait faire de lui son vassal* et avec lequel
il entra en hostilité. Ne se sentant pas assez fort pour proté{
le jeune Ebles, probablement contre Adémar, il le con6a à a
puissant voisin, le comte d'Auvergne, qui était lui-mem
parent éloigné d'Ebles.
Guillaume le Pieux', comte d'Auvergne ou de GIcrmoBl
avait succédé à son père en 88b ou en 886 dans les comtés d^A'rt
vergue et de Velay et dans le marquisat de Gothic. A la tàdl
de Kamnulfe II, il était le prince le plus puissant de rAqui4
taine, comme l'indique le litre vague et sans prérogatives dd*
terminées qui lui est donné de < duc d'Aquitaine', u II tenait lîj
1 . R; UB LastbïBIB, É'ijule sw les comtes et les vicomKs de Limogu, p. fl
- Ablioii (1. II, T. 3i8) oanfiMue l'iliniiraire iudiqué par Blcber (tfMo^J
I. 1, c. 121. Noua iidoptons iloiic l'illnéraire île Iticher dans son enlUr.
2. BrCHBB, Uistm:, I. I, c. 12.
3. IIB Lj^STBfBIB, Dp. cit.. p. 21.
4. Vila S. Geraldi, ilans les Acia Sanctorum BoU.. Octobre, l. VI. p. Sfl
et 9UlV.
5. Ha.DILL'B. te roijaume d'Aijttitaine, p. 22 et 46.
Q, Adubmau dk CMAUikNNBS et Chron. S. Mawentii.
I
[892! COMPLOT CONTRE EUDES. 149
parti et défendait les droits de soq parent Ebles ; aussi ne vou-
lut-il pas reconoaîtfe Eudes qui avait spolié son protégii.
Eudes marcha contre Ini ; il arriva eu vue de la puissante
ariùée de son adversaire, mais un cours d'eau les séparait et
on'n'en vint pas aux mains. Eudes se borna à déclarer Guil-
lainne dépouillé do tous ses bénélices ; il les duana à Ilugues,
coihle de Berry', Une lutte sanglante s'engagea, probablement
après le départ d'Eudes, entre Guillaume et Hugues ; ce der-
niel'y perdit la vie.
Hudea, après avoir traversé l'Auvergne, le Nivernais et le
Befry, arrivait à Cosae-sur-Loire. le 30 septembre 892. A partir
de cette date, et pendant longtemps, nous ne savons plus
riefe de lui, I! est certain qu'il passa les premiers mois de l'an-
aéftSSS en Aquitaine ou sur les confins de ce pays, peut-âlre
dans le Berry*, dont le comte Uniques lui était dévoué, pour
soulager le nurd de sou royaume de l'entretien de sa cour et
de son armée.
Les ennemis d'Eudes, et à leur tète Foulques, après avoir
contribué de tout leur iH)uvoir au départ du roi, profitèrent de
son absence pour mettre i exécution un complot dès long-
temps prémédité'. Mais auparavant il leur fallait recruter le
parti, ce qui ne fut pas difGcile; une opposition sourde
semble avoir toujours existé dans le nord, en « Francia^ «; le
premier symptôme en fut la révolle victorieuse de Baudoin.
Eudes était uu roi neustrien'; lors de son élévation au trône,
en 888, alors que l'auréole du siège de Paris le désignait à tous
1, UuiUaume ne possédait pas le comté de Berry j Hugues en uLait
bâoAflciaJro déjà avant la disgrflce de Guillaume, Abbon (I, II, v. SS2-
553^te dit très clairement.
2.-H1CU8E, ntslor.. 1, I, c. 12 : ■ Ibique i>er alliuot tumpora eest: mo-
« raturum proponeret. »
3. (Test C13 [[uo semble tnctiquer Foulques lorsqu'il dit : 4 Antequam
I de re huiuacemodi alkiuid idem archieplsuopua agore cooaretur »
(FlOdoahd, op. cit., I. IV, c. 3, p. S63).
A. Attn. Vedatt., ann, W2 : t Fmaoi, ijui duduin Odunî rogî iiifesli fue-
« mut.» — Foulques était l'iiae de cette opposilioa; C'est â lui que
s'adresseat les uiécou tenta (Flodo.ird, ibid., p. 5(ïï-Bfl4).— H\ei>vT{Ui»ior.,
1. I, c. 12) coiupreud aussi ce mouvement' aomiae ima 'opposition de la
4 FMlDCia t â la Neustrie : ■ plurimum persuadebal N<:uBlrioruiii ati-
« sOttia-t
3. Abbon. I. Il, v. M7 : ^ Francin iitlatur qnamvls is iOdci| Noustricus
4 esset.»
ISO
TROUBLES DANS LE NORD.
comme un sauveur, ses adversaires s'étaient réconciliés ou
soumis à coutre-cœur'. Mainteuaut que le danger normand
élait moiuentanément écarté, les Francs du nord se souvien-
nent qu'il est un neuslrien, qu'il n'a pas r<?ussi à les protéger
contre les Normands, qu'il a été vaincu. Pour eux, la raison
d'être de sa royauté est le danger normand, sa justiScation est
la victoire. D'antre part, le seul héritier légitime du troue a
pris des années, il a treize ans, àgc auquel, si uu roi ne peut
pas user seul de son autorité, a il peut, disait Foulques, se
(I ranger à l'avis de ceux qui lui donuenl de bous conseils*. •>
devine aisément qui, dans la pensée de Foulques, devail étn
le conseiller; la conduite antérieure de l'archevêque, comme]
il a déjà été dit, permet de croire que l'ambitiou était un des!
principaux mobiles de sa conduite. Eudes lui adonné l'abbayf
de Saint-Bertin, il a donné à l'archevêché de Reims le moai
tèrc d'Avena y ', n'importe, il n'a pas pu se le concilier. L'affaire
de l'évêché de Langres*, dans laquelle le protégé du roi a
chassé du siège épiscupal par un parent de l'archevêque,
prouve que leurs rapports sont toujours tendus. Foulques est
et demeure le cl»ef de l'opposition ; c'est à lui que viennent les
mécontents. Ainsi, déjà avant le départ d'Eudes, Auskerick,
l'évoque de Paris, s'était plaint à lui des ordres qu'il recevait
du roi et lui demandait aide et secours'. Quels élaicnt ces
ordres? L'abbé Ebles, le chancelier, était mort le 2 octobre 891';
eut
se n
itro^H
des^H
lire ^^^
1. Ainsi Foulques (lit : « CoacLus sil Odouis doininatum BnsoH
a père... culus et invltus acteuus dominium suslinuerit » (Flodoaibj
ibid., p. SC3. »
■2. Flodoa&d, ibid.
3. Flodoabd, op. cit., 1. IV, c. 47, p. 596; c. 2, p. !
s riuiii vel abbatiaui lAvennacum] dounua Folco presut ab OdoQ« i
« coucedi Ecclusiae Rsinensi per paglnaoi prsceplionis ipBius i
■ oblinuit, el pro couDrmiLado eo huic Ecclesia», a Formoso papa p
« legium apostolicae scdis impetravil.» — Jappë-'Wattbnbach ,
pond/., n» 31502. — Le pape Forraose qui confirme cette donation n
acplembreSSl nui avril 896. Or, à cello doriiièro date. Foulques n'éta
pas rùcoudlié avec Eudes, la dunaliou d'Avenaj par c« dernier E
pu avoir Hé ta.Ho qu'avant la rupture entre l'arebevéque et le roi, i
entre septembre SSI et le dâpart d'Eudes pour rAipiîiaîne en Juin g
/.. Voy. ci-après, p. 133-15/..
5. FLODOiiD, op. cit., I. IV, c. S, p. 563-^64.
il. BouiLLAttT, Hittûire de l'abbaye de Saint-Germain des l'rit, p. CX1X4
" VI. tiou. Ocl. Depositio domni Eboli abhalis uustrie c
Ebles asi doue mcirt le l'y octobre ; or, couime il est encore menUODI
comme chancelier le tS juiUcl VU [llittor. rit Fr , t. IX. p- 4S6) et q
LES PARTISANS »E CHARLES LE SIMPLE.
131
il était détecteur des riches abbayes de SaiDl-Germaio, de
Saiot-Deois, de Jumiè^es. A sa mort, Eadcs voulut peut-être
gai'der Tiine de ses abbayes pour lui; il oe semble pas lui
avoir sommé de successeur k Saint-Dcuis'; il se réserva
probablement cette abbaye'; de là, des coolestations avec Ans-
kerick. Il sentit que ses bons rapports avec ce dernier en
étaient ébranlés, et, pour affermir la lidélité de l'évêque ou lui
donner quelque compensation, il le nomma son cbancelier",
en remplacement d'Ebles.Anskcrick, en dépitde cette nouvelle
dignité, ue semble pas avoir joué un très beau rûle ; en effet,
aa position de chancelier, qu'il conserva au moins jusqu'au
30 septembre 892, lui assurait une place importante dans les
conseils du roi, et, tout en remplissant ces foactioiis, il travail-
lait contre son maître, eu faveur de Charles le Simple, sou
parent '.
Deux comtes faisaient éi^alemeut partie du complot dès son
est remptaci! le 30 septembre hU2 {ibid., p. iSv), il [aut aUmsUre qu'il est
mort le 6 octobre 891- Il était abbe de Sainl-Qermain, et, d'après le ué-
crologe cité ci-dessus, on peut admettre qu'il le resta jusqu'à sa luorl,
malgré la liientioli des Ann. S. Geitnani Parit., dans les J/on. Germ., SS-,
l. III, p. 1S7 : «S90; Hucboldus abba.i> Ebtes était abbé de Saint-Denis
(HÈoiNON, C\ron.,ai>a. 8ff2); enfin, il était abbê do Jumiôgos,
t. On ne counail pas d'abbé du Saint-Denis entre la luurKI'Ëblus et Hu-
bert qui reçut ce bénùnce de Charles le Simple eu 003 ; les dipldiues de
894 et de 898 ue mentiouncnt pas d'abbé {HUtor. de Fr., t. IX, p. H63, iGSt
u- a.)- Eudes se lit enterrer à Saint-Denis.
2. HâoiNOK, CAron., aon. S93. — Doœ Bouquet suppose qu'Eudes
garda Salol-Denis jusqu'à sa mort (Hiitor. de Fr.. t. IX, p. iGB ii. a.).
3. Le seul diplâmc d'Eudes où Anskerkk Rgure comme cliaucclier est
du 30 septembre 892 (d'Arbois du Jub&invillb. Deux dipUmet oartwin-
glmi, p. 19S); c'est après cette date que se décida la détection de l'évf^que;
auparavant il n'était que mécontent.
4. Anskerick, au dire de Foulques, était un des premiers lauteurs du
complot; il avait fait des ouvertures fi Foulques avant que celui-ci ait
rien entrepris (Flodoabd, op. cit.. 1. IV, c. S, p. wa-BW), donc avant le
départ d'Eudes. Ou peut croire qu'Anskertck a Joué un double rôle jus-
qu'au couixmnomeut de Charlps lo Simple: mais, il immit dilllcUe d'ad-
mettre qu'après cet événement, Bhides lui ait conllâ une importante
mission, comme le croit U. do Kalckstein {Gesekiehle des framàsisehen
Kôniyiliums, p. y9), d'autant plus quQ celte mission est très douteuse ot
qu'on ue peut Tinférerdea termes de Flodoard (op. cit.. 1. IV. c. 3, p. 5ti3).
11 est plus simple de supposer que Foulques fait allusion à desdiDlcul-
léB qui auraient surgi entre Anskerick et lui. — La parenté d'Anskerick
61 de Charles le Simple est attestée par le Cavncn de pomificibut romanU.
dans Mansi, l, XVIII, col MO,
ft
.
152
TROUHLKS DANS LE NORD.
[89Z|
origine, l'uu, le cumte Ëgfroi' que aous avons tu députa
par le monastère de SaiiU-Vaaet pour aanoDcer k Eudes Iq
mort de Rodolpiic; l'aulre, Hériberl, comte da Vermuutloia'^
jiarcul 1res éloigué de Charles, fila de Pt^pin, et petil-tlU de c
Bernard, neveu de Louis le Pieux auquel oelui-ci fit crevei
les yeux.
Foulques, Anskerick, les comtes Egfroi el Iléribcrt,
furent les promoteurs du complot^ dans la délibération qui eal|
lieu entre eux au sujet du préteudaut à upposor à Eudes, deiu
candidatures furent posées*, celle de Gui, qui, après l'expé-^
rieuce de 888 n*avait aucune chance de succès et fut aussitôt]
abandonnée, et celle de Charles, lits de Louis le Bùgue; cette
dernière réunit tous les suffrages.
Charles dit le Simple, était né le 17 septembre 879'; il allait^
donc atteindre sa majorité\ il avait grande envie de régner «
faisait ce qu'il pouvait pour reconquérir le trûuc pateroel dond
il déplorait la perte auprès des siens. Sa mère Adélaïde étaita
très bien apparentée et conserva, durant toute sa vie, un grandi
ascendant sur lui'. Charles était, en H8y, protégé par Ram-
uulfe II, on ignore ce qu'il devint à la mort du comte de Poitou.
Peut-être fut-il coulié i Foulques qui l'éteva'. Ses premiers
partisans réussirent à provoquer en sa faveur un mouvement i
presque général dans la v Fraucia »'. Ils curâJèrcnt sous loi
drapeau de la léyiliiuité carolingienne le comte l'épin', frèrel
d'IIéribert de Vermandois et parent comme lui de Charles, etfl
bien d'autres seigneurs, tels que Baudoin comte de FlandreJ^
1. Voy. ci-dessus, p. i'.O, — Flodoahd, l. IV, c. S. p. S(U-»i4.
2- KaLCKSTBIN, op. cit.. ij, BO, n, 2; p, 162, II- I. — BÈOINON,
ann. 892. — d'Arbois du Jubaikvillb, Histoire des dact et de* ûonte» di]
Champagne, l. 1, p. 39.
3. Flodoabs, ibid.
4. DOUMLBH, op. cit., t. III, p. 121-122.
5. RiCHBB (HîHor.. 1. I, c. 12) ne se Irompc iguo de quelques d
L'^e de la majoritû sertiLle avoir élé quinze aiia pour les princei. -
LuctI»iilB, Étude tur Ut actes de Louis VU, p. 29. — W*HNKUiNia et StBIK.
Friniîofisclie St^atsuiid Hcchugeschiclite, t. II, p. iBS-l'JO. — l6okGadTibiJ
La Chevalerie, \i. 240. — Lot. Les deniieri Carulinyit'ii, p. 3. — Komtose dlH
il Fuulquesqu'lla âlevûaulrâae CUarleasDcoro eTihmt.viulhuupuenuaÉf
(Flodoahd, op. ait.. I. IV, e. 2, p, 360).
e. Kalckstbin, op. cit., p. 470. — DËUULBB, op. cil,, 1. III, p. 38
7. Ricuan, HîMter.. 1. I, c. 16,
». RâoiNON, Chron., aun. S92 : « Trancuruiu priucipus ui permaiima '
o parte ab «o deUciunl. »
'i. a&omoH. ibid. — Kalckstbin, "p. cit.. p. w), ii. 2.
t-892] LES ÉVËCtlËS DK LANOHES ET DE CHALONS.
153
I
Reoier de Hainant, Aiitraa, personnage important de Beau-
vais', etc., qui prirent le parti de Charles dès le début, ou
seulement plus tard. Foulques voulait que tous ses suffragaols
reconnussent également Charles : il trouva un partisan zélé
auprès d'Hérilaud.évèque de Thérouanne*, dont l'évêché avait
été ravagé par les Normands, qui s'était réfugié à Reims et qui
n'accordait pas grands regrets à ses ouailles dont il ne parlait
pas la langue et qu'il représentait comme des barbares'; il
assistera au couronnement de Cliarles. En revanche, l'arche-
vêque de Reims semble avoir rencontré de l'oppositioii au-
près de quelques autres. Peut-être est-ce à cette occasion qu'il
se plaint au pape que certains de ses évêques ne lui obéissent
pas*? ainsi Didon de Laou° et Honorât de Beauvais' persistent
dans leur fidélité à Eudes.
Foulques usa cependant de tous les moyen» pour avoir le
plus grand nombre possible de partisans dans les rangs de l'é-
piscupat : à Laugres, par exemple, après la mort de Gcilon
(2Sjuin kSH)' un nommé Argrin avait occupé le siège épîscopal,
fort de l'appui de son métmpolitain Aurélien de Lyon et du roi
Eudes", taudis que Foulques s'opposait à lui parce qu'il voulait
mettre sur ce siège un Teutbald, ajiparenté, comme Anskerick,
au dernier Carolingien* et sur lequel il pouvait compter. Ici
encore s'affirme la sourde hostilité qui existait entre Eudes et
Foulques malgré une réconciliation apparente, Argrin, après un
1. Flodoahd, op. cil., 1. iV, c. 6. p. 571- — Voy., ol-dessus. p. 19.
2- RiGBBR, Histm-., 1. 1, c. 12.
3. FlODOard, op, eil., I. IV, c. 3, p. 561.
4. Ibid., c. 2, p. 360.
a. Nous croyons avec M. de Kalcksteia [op. cit., p. 81, u. l),que Bictier
tait erreur quand 11 dit que Didon assista au couronnemenl de Cliarles
le Simple; on verra, par la suite du rûcU, que Didon tint conEtammenl
le parti d'Eudes.
C. FLODOARD, op. cil., 1, IV. c. 0, p. 570-S7(.
7. Geilon eal mort le " iV. cal. julli » d'uprès un nécroluge de Sainl-Bé-
nliiOC (Galtia ehristiaiia. t. IV, col. Sai); d'après le Chrùn. Bauetue, il eBl
mon avaul quo lo moiiBstère de Bêzo îiil pUlé par lus Normands, ce qui
eut Heu en SSH {Atm. Besuenna, dans les Mnn, Oertn., SS., t. II, p. 247).
8. FLODOARD, op. cit., l. IV, C. 1, p. »57. — DipWmo accorde en 889 à l'é-
glise do Langres, par Eudes, a la demaudo d'Argrin, dans les Hiêtor.
de Fr., l. IX, p. W9.
9. Foulques licrivaot à Teulliald lut parle < de tegia quoque et ipeius
«Teutbaldi consanguinitate - (Flodoaho, op. eii-, I. IV, c. 7. p. B71):
U'iaut y voir la preuve d'une parenté de Toulbald avec Charles le Simple
et nou avec Foulques,
Ki
TROUDLES DANS LE NOBD.
[890-893)1
P
épiscopat de deux aus et trois mois, fut chassé de LaDgrrcs par 1
TeiilbaM à la fiu de l"anQ(!'e 890 ou au coramencemenl de 891'; ]
c'était une défaite pour Hudes. Le siège de Langres, malgré J
une rivalité qui se prolongea quelque temps, était désormais 1
occupé parun adversaire qui ne devait pas tarder à se dévoiler :
en 893, Foulques écrira à Teutbald, comme à un parlisaa 1
dévoué, pour lui demander des renseignements sur les événe- 1
uieuts d'Aquitaine et les agissements de Richard* de Bourgogne. T
DesfailsanaloguessopaRsèrentàCbâlons-sur-Marue. L*éTêqua 1
de cette ville mourut en 893'; aussitôt un prêtre nommé Ber- J
thaii'c fut élu évêquc par le clergé et par le peuple, avec le4
consentement d'Eudes; mais Foulques i-efusa de le sacrer ctj
nomma visiteur de l'évêclié Hériland, de Thérouanno, afial
qu'il tirât de ce siège sa subsistance jusqu'à co que, comaHl
il l'espérait, il en fût délluitivement nommé évéque. Foulques *
tit tous ses efforts pour obtenir du pape le transfert d'Uériland
à Ch&lons et la nomination d'un nouvel évèquc â Thérouanne.
Loi'squ'il vit que ses elfortâ étaient inutiles, il ordonna comme
évêquQ uu certain Mauciou qui ne Jouissait pas, paraît-il, d'an!
bon i-euom; puis, loi-stiue Berthairu voulut se rendre & RoEne,|
il le Gl arrêter, l'an-aclia à son église, et l'envoya en exil durann
un mois. L'ordination de Mauciou souleva de i^érïeuses obJM
tions, elle fut blâmée ouvertemcut par plusieui-s du ses ooév4
ques, et malgré les reproches adressés par le pape à Foulques
elle fut définitive et ce siège fut désormais aux mains d'unt
créature de l'archevêque.
Ces affaires de Lan^res et de Chfilons prouvent que Foulquei
contribua plus que tout autre à propager dans le scindorËglisa
les conséquences de la guerre civile. K Chàlona, c'était End<
qui soutenait les droits de l'Église contre Foulques qui fufl
vertement bl&mé par le pape et mandé à Rome. Depuis long-
temps, l'archevêque devait se rendre dans cette ville ; la cour
pontiILcate était irritée par ses atermoiements continuels qui
se prolongèrent sous Adrien 111, sous Etienne V, sous Forraose,
1, Voy-, sur Argrtii ; M*UiLLOK, Ann. Bencdicl., l. VU, p. 22-23 el loi
leUres des papes Jeun IX et Benoil IV, itans les Hùu-r. lU Fr., t. )X,
p. 208, 2W et 21t. Ces lellres sanl lavurableg à Argrin et fiuvisngent
l'incident sous un jour tout autre i^u'Ëtienne VfPLODOAnD, of. o'i-, I. IV,
c. I. p. 3S7).
2, I-'lodOARD, op. eil., 1, IV, c. 7, p. 571.
3, Flodoabd. op. "■(., I. IV, c. 3, p. 5fi2; o. 6. p. SIO et 371- — OaOia
nKrUtiana, t. IX, Co). 8611. — Madillon, Ann. Bentdicl., t. III, p. 28^289.
COURONNEMENT DE CHARLES 1,E SIMPLE.
155
et sous Etienne VI'. Celui-ci le meoaça d'une sentence cano-
nique; néanmoins jamais Foulques ne se rendit à Rome.
Une première réunion plénîèie des ennemis d'Eudes eut lieu
à Reims'; il y fut décidé de s'assembler de nouveau dans cette
ville le jour de la Puriûcalton de la Vierge, soit le 2 février 893,
et de proclamer alors les décisions qui venaient d'être prises,
c'est-à-dire la révolte contre Eudes et l'avènement de Charles.
Les conjurés firent venir ce dernier, mais ponr une raison quel-
conque, peut-être voulaient-ils simplement que le couronne-
ment eût lieu un dimaQcho^ ils précipitèrent les événements,
et le 28 janvier 893*, Ghaidos fut couronné roi, assurément par
Foulques, daps la basilique de Saint-Remi, an milieu de nom-
breux partisans'.
Le royaume franc de l'Ouest présentait au commencement I
do l'année 893 un curieux et triste spectacle. Tout à fait au
nord, la Flandre ne reconnaisait que Baudoin; en « Francia »
un mouvement presque général " avait mis sur le Irûne un en-
I.FlOdoaRD, op. cii.,l. IV, c. 1, p. 655. îiïl6,WW; c. 2, p, S5'J; c. 3, p. 560.
5C1 ; c. 4. p. Sfi2.
2. Ann. fedait., ann, 893.
3. Cbarles lo Chauve, Loiiis le Bègue. Carlouiau. Raoul, Louis d'Outrc-
Uer, Lothalre, Louis V, Hugues Capet, Henri I» oui été couronnés un
dimanclte- Seul Eudes r^il exception. — La date du couronnement n'a
pas ôtô cbaogâe. comtno le dit U. de Kalcksteln (op. cit., p. 80), par
crainte du retour d'Eudes.
4. Los Ann. Vcdast. indiquent comme date du couronnement le 2 fé-
vrier; la chancellerie de Charles donne raison a Ricber (HMor., I. 1,
c 12). Ce souverain, dans plusieurs de ses diplômes, dit : « dicm quo-
t que noslrœ unctionis V. kal. felir. sollcmnitale sancla! Agnelia > (His~
tor. dtFr.. t. IX, p. 531, 336. tWS, t»2), — DijMULBB, op. tit.. t. Ul. p. 3S3,
5. Dans la série des rois de France. Charles le Simple CRl Charles m ;
nous avons vu le mSme rang donné à l'empereur Cbarles, dit comtnunô-
cieuC mais à tort Cliarles le Gros, mais il n>st pas compté comme roi de
France; Cbarles le Chauve est Charles II, et Cliarlemagnc Charles 1<'.
6- Cbnrles le Simple est le candidat ilo la e Francis » par opposition à
la Neustrie : i Frauci qui in Francia remanserant. . . > Ann. Vcdatt., ann.
693. — HICUBH, UistoT., I. I, c. 12 : «ci [Karoloj ergo omnes Belgicœ
«principes et aliquot Celticai summopere Divehant. » >... Ex Ceilica
«quidem, pauoissimi ejus partes sequebanlur, ei Belglca vero, ol
< omnes addictt sunt. » Ricber explique ce qu'il entend par Celtique :
< Oalli» Celtii^te parlom, quai Sequan^e Ligerique Duviis iulerjaeet,
« quae et Neustria nuncupatur,> 1. I, c. \; voy. aussi 1. I, c. i; donc
d'après Rieher c'est l>ieu le nord qui est favorable à Cbarles et la
Neustrie qui soulieuL Eudes.— Abbon (1. Il, v. 571) parle des egermanica
1 régna > sur lesquels Charles veut régner , cette eiprossiou indique
sans aucun doute le nord, la u Francia »,
1S6
COURONNEMENT DE CHARLES LR StUPLË.
fant, sevtl rejeton de la légilimité caroliiigicDDe. En'revauclie, 1
Ncustric teuait toujours pour l'élu de 888' qui lui-mémo
courait l'Âquttaiuo, clicrchanl à soumettre; les uns oL à
raîp les autres daus leur fldéliti^;. Eudes avait cependant
serve quelques partisans dans la « Prancia» même; sans il
de IMdOD, évéque de Laon, et d'Honorat, de Beauvaig, il ei
tuniit, déjà avant son avènement, de Itons rap^Kirta avec
comte Altmai', qui roi^ut, k une époque indéterminée, très p
bablemeut d'Eudes lui-même, l'abbaye de Sainl-tUédard
SoiseoDS. Cette abbaye resta toujours fidèle à Eudes qui l'aval!
dotée de TortiScatioDS contre les Normands et qui
pleine guerre civile, lui confirma ses privilèges; la chronique
de ce monastère prouve qu'on y avait conservé un cxcellenC;
souvenir do ce souverain '. Plus au sud-est, daus la région
Richer dit toute dévouée â Charles, Eudes avait conservé
meut des partisans, Francon, évêque de Nevers^ et Adalg!
évèque d'Aulun, qu'Eudes nomma chancelier en romplacetnenl
d'Anskcrick. Enfin, Eudes fut puissamment aidé par sou
Robert, dont la dignité de u marchlou, de o dux Francorum
prit toute son importance au milieu de ces troubles iniatcr-
rompus.
A peine Charles était-il couronné, que Foulques se fit doDoert
par lui l'abbaye de Saint-Martin de l'ours' qui était pour aiat
dire héréditaire dans lu famille de Robert le Fort et qui étail
le centre de sa puissance. Puis, il rechercha pour le roi t^'
venait de créer, de puissantes alliances. Il acquit facilemeul
celle du pape.
Le siège pontifical était occupé ])ar un homme très tâi
doilé, très ambitieux, et dont la destinée avait subi d'étrauj
revjrementïj'. D'abord évèque de Porto, Formose s'était
tingué, sous Nicolas I", comme missionnaire en Bulgarie [867]
à son retour, il avait joui de la conGance du pape Adrien^
I9d, en
>nique ■
:ellenC^^rf
égale-^H
IgairtJ^H
rum «, ^^H
1- On peut menliouQur panai les partisans ueustrieus d'Eudea, E
reoRer, comte d(i Mans.tiui, en tlV2, est l'ami gL Iq tld61o de Robert, Cl
du roi. Vof., ci-aprÔB, l'ièooa jusliH«illTes, n° V.
2. Hittor. dt Fi„ t. IX, p. 400. — CUron. &. M<:ilnrdi S\Kiuiioiu«tU, dutlt
lt!5<//ûfar. de Fr., t. IX, p- 56. — L'abbé POQUBT , PrieU hiUorùjHt et a
chécloffiqttf tur Vie-*ur-Aim«, Paris, 1854, inlj, p. ».
3. Diplôme pour Fraucon, évoqua de Nevers, dans lus Uitlor. de Ff.3
l. IX, p. 4b3.
4. Flodoab». op. cit., 1. IV, c. 3. p. !i65.
5. DUuuLiiR, Ue4chiehte da oUfninktsehen Reklw, pas&lui.
[8fi7-l
l.E PAPE FORMOSE.
157
(868-872); il avail été chargé par co ponlife d'une iniporlante
mission dans le royaume franc do l'Ouest (869). AuK débiila ilu
pontilical de Jean VIll (87'i-882), il occupait la môme brillante
position et, en 875. il était envoyé â Charles lo Chauve pour
l'engager à venir ceindre à Rome la couronne imprTiale- For-
mose, s'étant mis à la tête du paiti de l'opposition, fut jugé,
excommunié et dépouillé de son évêcbé (876). Il se réfugia
alors dans le royaume franc de l'Ouest, auprèi^ do Hugues
l'Abbé qui, comme lui, était contraire à la politique italienne
de Charles le Chauve ; en 878, il profita du séjour du pape en
Gaule pour se présenter devant lui et obtenir l'autorisation do
rentrer comme laïque dans le gîron de l'Église, il s'engagea en
retour, par serment, à ne pas revenir à Rome et à ne rien tenter
pour recouvrer son évêché. Formoso demeura dans le royaume
franc de l'Ouesl jusqu'à ce que le successeur de Jean VUI,
Marin, lui rendît son évfiché et l'autorisfll à rentrer à Rome
(883 ou 8S4). Formose regagna bientôt toute sou influence et,
en 891. il rovôtit luî-mûme la tiare ponlilicalc. Le loug séjour
qu'il avait fait, durant sa disgrâce, cliez les Francs Occidentaux
explique l'intérêt qu'il portait aux affaires de ce royaume.
Charles lui écrivit' pour se recommander aux prières de
VÉglise, pour lui demander sa bénédiction, l'envoi de pain
bénit et le prier do lui ménager l'alliance de Gui do Spolète.
Formose lui répondit une lettre' dans laquelle il lui donnait
des. avis salutaires et des directions claires et succinctes sur la
manière dont il devait se conduire dans son royaume et lui en-
voya en gage d'alTection le pain bénit demandé. Foulques
écrivit également au pape pour obtenir conseil et appui au
sujet des crimes d'Eudes et de la manière d'y mettre un frein*.
Foulques, à cette époque, aurait dû être à Rome pour assister
à un concile convoqué pour le 1" mai-s 893 et auquel il avait
été spécialement mandé par lo pape'i mais ce n'était pas le
moment pour lui d'abandonner le royaume de l'Ouest. Il
rechercha aussi l'alliance do son parent Gui de Spolète qui
' avait atteint le fatle de la puissance et avait ceint les deux cou-
ronnes de roi d'Italie et d'empereur. Apréa sa fâcheuse équipée
\
1. Flodoard, op. eii., 1. IV, c, 5, p. otiu. — Charles avait écrit au pape
^Taul la rupLure de c<ilui-ci avec Gui qui eut lieu en élé 893.
2. Ibid.. c. 3, p. S60.
■ i. i6id.. c. 2, p. sas.
158 LL'TTE ENTRE EU11E3 ET CHAHLES LE SIMPLE. [S9i\\
de 88S, Gui semble avoir rompu tout rapport avec Foulques;
aussi celui-ci cherche-l-il à rétablir la relation ; il s'avoue
élonné et troublé de ce qui?, depuis ai longtemps, Gui ne lui a
rien fait savoir de ce qui le concornc et de sa pi-ospérîtéV II le
prie de prendre le parti du roi Charles, de lui montrer ti lui,
Foulques, des sentiments tels qu'on en doit avoir à IVgard
d'un parent et de lui faire savoir, au plus vite, quelles soot
intentions à son égard. Il demande qu'une lettre de Gui on
UQ messager vieune assurer Charles de ses dispositions ami-
cales. Gomme s'il voulait donner à Gui une preuve de la sincé-
rité de son alïection et un gage de réconciliation, il l'avertit
qu'ArnuIf ne veut pas i-cster en paix avec lui * ; l'avis pouvait
avoir une grande importance pour Gui.
On comprend qu'Annilf, le rival de Gui, auquel il voulait
arracher la couronne impériale, ait conçu quelque om-
brage à la reprise des relations entre Foulques et Son puissant
parent : l'archevêque ne voudrait-il pas, cédant à son ambition
personnelle, reprendre le projet de 888, au détriment de Charles?
Pourquoi celle alliance avec l'ennemi contre lequel il s'apprête
à marcher? Pourquoi Foulques n'a-t-ii pas élevé plus tôt
Charles à la royauté? Pourquoi ne l'a-t-il pas consulté, lui
Arnulf, qui a reconnu la royauté d'Eudes et a fait de ce roi
son fidèle'? Telles étaient les questions que pouvait se poser
Arnulf, aussi fut-il d'abord hostile à Charles le Simple et
céda-t-il pas à la sommation que lui adressa Fonnose d'avoir k
secourir son parent*.
L'euchevétrement des alliances obtenues par Foulques pour
Charles est singulier; le pape Formose, qui lient le parti de
Charles, esl allié avec Arnulf, qui est hostile à ce dernier,
contre Gui, qui semble lui être favorable.
1. FlOBOabd. op. cit., 1. IV, C. s, p. 565. — 'Wbnck, />i> Erhebung
Arwdft, p. 05,
'1. Cet avis donné par Foulques â. Gui permet de dater la lettre de la
seconde moitié de l'aimée Sâ3, — Eu elTet, Arnulf ne reçut la députalion
du pape a Batlsbonne qu'en sopteuibre ou octobre.
3. La lettre de Foulquea à Arnulf (Flodoard. op. cit., t, iv, c. S,
p. sas-sot) Tait connaître plusieurs grlcrs de ce dernier,
4. Flodoxbd, op. cf(., I. IV, c. 3, p. S(!0. - Celte lettre du pape &
Arnultest deS93, puisqu'Arnuit était en Italie dès janvier 894 ; elle data
prot)ablenient du début de la lulle entre Eudes cl Charles; elle est
antérieure h. la députalion que Formose envoya à Arnulf poui
de venir en Italie, ou bien elle fui portée par cette députatlon mèioe,
comme le suppose M. Diliamler, De Amuifo regt, p. 109.
t
Il ~
I
10-8113]
COALITION CONTRE EUDES.
159
Après Pâques ' (8 avril 893), Foulcpies et le comte Iléribert
réunirent les forces dont îIh disposaient, prirent avec eux leur
roi et s'apprêtèrent à raarclier contre Eudes; ils devaient trou-
ver dans le midi de puissants auxiliaires : Guillatime d'Au-
vergne, A.démar de Poitou, que nous avons déjà vus en liosli-
lité avec Eudes et auxquels se joignit, on ne sait pour quel
motif, Richard, comLc d'Autun et duc de Bourgogne.
Richard avait succédé, en 880', dans le comté d'AutuD, à
son frère Boaon, roi de Provence. Lors de la campagne contre
son frère des rois francs de l'Ouest, Louis IIl et Carloman, et
du comte Henri, commandant les forces de l'Est, il ne prend
pas parti, sa conduite est douteuse; il semble favorable à la
royauté de Boaon, sans toutefois vouloir être englobé dans le
nouveau royaume. En 882, lorsque Vienne, assiégée par Car-
loman, succombe, il emmène à Aulun îrmengarde, la femme de
Boson; c'est là que nalL Louis l'Aveugle. Eu 890, lorsque ce-
lui-ci est couronné roi de Provence, Richard, qui porte pour
la première fois le titre de duc, est désigné comme son plus
puissant appui ', comme son tuteur. Durant le siège de Paris, il
est demeuré impassible; eu 891, il entretient , comme abbé de
Sainle-Colombe de yens, les meilleurs rapports avec Eudes*.
En 893, il se Joint aux ennemis de ce dernier, mais il déploiera
peu d'activité dans cette lutte, au cours de laquelle on pourra
se demander s'il lient vraiment le parti de Charles. En ré-
sumé, Richard veut se créer une position indépendante, aussi
bien vis-à-vis du royaume de Provence que du royaume franc
de l'Ouest; il ne se compromet avec personne et profite des
troubles pour augmenter son pouvoir eu Bourgogne.
Entre celte recrudescence d'hostilités au midi et le soulève-
ment du nord, la position d'Eudes devenait très critique. Il
reçut la nouvelle du couronnement de Charles plus lût que ses
ennemis ne l'eussent voulu, très probablement en février, et,
pourtant, il ne revint pas tout de suite, mais il demeura encore
eu Aquitaine, se bornant à mander à ceux qui tenaient encore
1. ,4nn. ytdatl., ann. 833.
s. BoUBQBOtS, Le eapitulaire de Kier$y, ji. •M, a. 'i.
3. Convtnttèi ralenliniu, dans les llUlar. dt Fr„ t. IX., p. 1115.
4. Diplôme d'Eudes du 16 juin 8U1 accordé aux raoiikcs <lc Sainte-Co-
lombe de Seu3, sur la demande de Robert et avec l'assentiment de Ri-
chard comte et abbé, dans les HistoT. de Fr., t. IX. p. W, QDANTIN,
Carliiiaire girUrat de l'Voane, t. I, p. 28, a' LXV.
160
LUTTE ENTIIE EI]DES RT CHAHLES I
[8â
pour lui en " Francia a de persévérer dans leur coutttanceS
Henreusemenl., la Neustiic lui rtistail fidèle et rûodaît âifïid
une action commune de ses adversaires du noi-d et du midi. 1
s'efTopça d'agir sur les rebelles isolément et tandis qu'il marcliij
contre les ennemis les plus proches, Guillaume. Adémar et H'
chard, il envoya aux insuigés qui entouraient Charles un V
sage les sommant de se soumettre et de se souvenir du sermcd
de fidélité qu'ils lui avaient prêté. Bref, il seini)le qu'on n'a
Tint pas aux mains; les coalisés du midi se séparèrent i
Charles, qui était venu au-devant d'eux, retourna en > Francia J
Que s'élait-il passé ?
Eudes, qu'on pourrait s'étonner de voir prolonger son séjoi
en Aquitaine, alors que la défection a éclate dans le nord, s'e^
forçait, en faisant à ses adversaires des promesses ou d'adroitq
concessions, de rompre la coalition redoutable qui a'éta
formée dans le midi et qui le tenait entre deux feux. En 8
il séjourna à Poitiers*, et c'est de celte époque qu'on peut datd
9a réconciliation avec Adémar^ le comte de Poitou. Il scoiU
g'fitre également assuré la neutralité de Guillaume d'Auvergnafl
1. .i4nn. l'edail., QDli, 803.
2. Chron. S. MaxenlU, dans les Siitor. de Fr., l. iX, p. 8.
3. Du diplôme publié par M. Rùdet [DoewrunU pour l'hittoirr
de Saint'Hilaire de Poilteri, p. Ifi, n" m) aous apprend que, s
mande de Robert et d'AdÛmar a fidèles nostri ac ainrehlones dllMIll
Eudes donne Saint-Hilalrede Poitiers â Egfroi, évéque de celte ville, j
réconciliation est donc faite, mais le diplôme n'est pas daté; «
«notariusad vicemGualterli» qui figure dans ce diplôme est connu i
la cbancetlerie dès le 2 mai H'i'i, le 15 octobre 893 c'est encore Adalgs
d'Autun qui est chaocelier. Eudes dut disposer assez v[le de TimpOT^
tante abbaye de Saint-HUaire ; on peut donc dater ce dipldme des pre-
miers mois de raniiée BS4. — Le 28 mal SD3, Eudes dispose en faveur de
Cormery de biens situés dans le Poitou.
4. L'abbesse Ava donne à son Irâre, le comte Guillaume, son domaine
de Cluny, dans le Maçonnais <> meose novembri sub die kalenda-
• rum V. idus iiovembrium, anno I. certanlîbus duobus regibus de règne
« Odone sclllcet et Karolo. " CAari«i de l'abbaye de fhmfi. l. I, p. 61. —
Le 27 décembre â06, une cbarle de donation à Saint-Julien de Brioude
est dalée < aono 9 regnaule Odone rege Fruncorum et Aquitauorum. >
(Carlulaiit de BriûiKle, p. 263, U° 2S4 ; — Bhubl, Eitat sur la chronologie
du ciirtiiiaire de Brioude, dans la Kibiiolliè^ue de PÊcole des charlei,
t. XX VII. p. 467). L'Auvergne serait donc ralÛéeàEudes &cette ôpoqoa.
— Il ; eut, durant la lutte entre Eudes et Charles, en maint endroit, de
rbôsUatioB sur le souverain qui devait être reconnu; ainsi à Nîmes, où
Eudes était reconnu aïant l'iilévalion de Charles, une charte du la no-
rcmbM a03 est datée < die vcueris 16 kal. cloccmbris, In anno primo re-
« gnante Karolo rege»(GBRMHR-DuuAND,CarfiiIai>(! de Mme*, p. 13, n'TlJ.
I
[893] RETOUR d'kudes en « FRAKCEA 0. 161
à la puissance linquel cette compétition ati trône ne pouvait
qu'être favorable; puis il maroLa contre Hicliard, duc de Bour-
gogne ; le 28 mai 833", il élHJt il Cbalon-sur-SaOnc, avec son
frère Robert, mais là encore il ne semble pas avoir engagé la
lutte; il empêcha Richard de marcher à la rencontre de Charles
et obtint sa neutralité. Nous verrons pins tard Charles se réfu-
gier eu Bourgogne et Eudes signer, en 897, nu diplôme à la do-
mando de Richapcl, qu'il appelle *ilUecliis nobis cornes' ». Ce
désintéressement de la lutte était tout eu faveur de la puissance
dn duo de Bourgogne. Sa double qualité de régent du royaume
de Provence et de sujet d'Eudes lui permit de garder une posi-
tion mal définie; elle eut pour conséquence une incertitude
constante dans la frontière entre le royaume franc de l'Ouest
et celui de Provence"; Richard, comme comte d'Autiin, recon-
naissait la suzeraineté de sou neveu stir certaines parties de
son comté qui, en principe, appartenait au royaume franc de
l'Ouest.
Après avoir ainsi démembré la coalition et privé Charles du
concours des alliés à la rencontre desquels il se portait, Eudes,
certain de ne pas être pris entre deux armées ennemies, se
porta brusquement en n Francia' », contre Chartes, qui, pris au
dépourvu, s'enfuit et se réfugia dans le noini, assurément chez
UQ des grands qui tenaient son parti. Eudes marcha sur Reims;
il rencontra sur sa route la place forte d'iipernay', rebâtie i)ar
Foulques, qu'il détruisit, puis il mit le siège devant la ville
archiépiscopale'. Il distribua les biens de l'arobevôché qui,
1. Diplôme d'Eudes pour l'abb;ijre de Cormery, dans les HUlor. dt Fr.,
t. IX. p. 461. — RÉtiiNON, CliTon., ann. 8<JJ.
2. Miaie dft Archives départemenlales, Paris, 1978, gr. iu-8, avecpl-, p. 24,
n° 11. — G&HNISB, Ckariet bowguignormet inidiitt des ix'. S* d xi* (l'^dfei,
dans les Uêmoiret pi-ésenté$ par diiierâ lavanti à l'Aeudimie dts intenptiont
et belUi-U-Urft, 2» série, l. H. p. 134-lïS,
3. F- va Ginoems-La-SaRra, Méinoires pour servir à i'hisloire dts
rotjaumes de Proaenct et de Bourgogne-Jurane. dans VArchiii [ùr (cAiveJ-
sn•isc^e Getehiehte, t. VIH, p. 19 : i Les bornes de ces deux souverainelâs
l'ivales Tureui longtemps disputées, ei restëreul iodëclses pendant près
d'an siècle. •
4. tiÉatNON, Chron.. aiin. 8'J3 : < Odo, composltis rébus in Aquitaoia,
< in Franciam ceTerlilur et cuiu Rnodbcrto fralre Carlum fugut, detec-
< toresqUQ persoquiLur B. — Ann. Vedati,, auD. 894 : « Odo rex Franclam
« subito TSulonsD.
5. FLODOard, op. eU., 1, IV, c. S, p. 373.
0. Si l'on rapproclie une Ictiru de Foulques (FLODOAno, op. cil., I. IV,
c, 3, p. StHKMl) du recll des Ann. VeiiaU, (ann. 8lj4), il faut admettre deu:c
16.!
LUTTE E>TfiE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE.
comme cenlre de l'opposition, avait, plus que toute autre région,
à EOLilTrir.di; la guerre civile. Arnulf, sur les dispositions duquel
les injonctions de Formose n'avaient pas influé, avait pria t
vertement parti pour Eudes, et, profitant d'une touroée qu'î^
faisait en Lorraine (février 893), il enleva à l'église de Reims d
biens qu'il lui avait enlevés autrefois puis rendus. Comm
Foulques ne voulait pas reconnaître la légitimité de cette der»
nièrc usurpation, Âruulf pritencored'autres bleus quin'avaieal
jamais fait l'objet d'aucune contestation'. Foulques écrivit an '
pape pour se plaindre de tout ce qu'il souffrait pour la cause de
la légitimité'.
Au mois de septembre. Charles arriva à l'improviste avec une j
forte armée et contraignit Eudes à lever le siège de Reims. On
négocia, et, dans uu plaid, les doux adversaires conclurent uon
trêve qui devait durer Jusqu'à Piques {31 mars) 894*; puis ■
Eudes, tout en restant dans le nord, se retira plus à l'ouest ; le
15 octobre, il était k Saint-Denis' en compagnie de son frère
Robert; il séjourna peut-être aussi à Compiègne' pour cbasser.
Charles se retira à Reims avec Foulques*.
Les alfaii-es du royaume, dit ce dernier, ne peuvent être ré-
glées que par la guerre ; lui-même a toujours différé les hosU- ^
lités, non que son parti fût inférieur en nombre ou plus faiblflo
ou qu'il doutât de son bon droit, mais il craint, et c'est là 11
raison de cette trêve, que le royaume, dont les forces a'éput'^
salent dans cette lutte, ne devienne une proie facile pour lei
Normands'.
Le pape Formose avait fait tous ses efforts pour amener unsi
suspension, au moins momentanée, des hostilités dans le
royaume de l'Ouest : il avait écrit à Eudes* pour l'inviter à
sortir de l'illégalité, à no plus harceler le roi Charles et son
sièges de Reims, Pud eu 893, avant la trSve, et l'autre, après la l
en 894. Foulques a écrit cotte lettre entre les deux siâges de P
1. Flodoard. ibid.
2. Flodoasd. op. tii., 1. IV, c. 3, p. G60; c. G, p. SôS.
3. Ann. Vedast., ann. 693. — Flodoahd. op. al., I, IV, C. 3. p. 561.
k. Diplôme d'Eudes en faveur d'uu de ses Mêles nommé Ebles, dai
les hùlor. de Fr., t. IS, p. 462.
5. Diplôme en faveur de Saint-Médard de Soissone. daté de
plègne, sans uiention de jour, 893, an de règne i>, ladlction XI, t~
Hûtar. de F-:, l. IX, p. 460.
6. Ann. t^edoif., ann. 893.
7. Flodoabo, op. cit., 1. iV, c 3, p. tiei.
8. Ibid., e. 2, p. B60.
[893]
LETTItË HE FOULQUES i
1(3
\
parti, et enfin à oonclnre une trêve qui permît à Foulques de
se rendre à Rome; il avait encore écrit' aus archevêques et
aux évêques des Gaules pour les engager à se réunir, à se
rendre auprès d'Eudes et à sommer ce souverain de ne plus
tolérer les actes illicites et l'usurpation des biens d'autrui,
mais de publier une trfîve pendant laquelle Foulques se rendrait
à Rome, et dont eux-mêmes profiteraient pour travailler à
rétablir la paix et ta concorde ; on ne sait pas si cette démarche
eut lieu, mais c'est peut-être bien grâce à l'inlluence du clergé
que la trêve fut conclue.
Foulques, durant celte période de calme, n'alla pas à Rome,
comme le pape l'exigeait de lui, mais il chercha à améliorer la
situation politique de sou souverain. Il importait avant tout de
lui concilier Arnulf, aussi va-t-il faire tous ses efforts pour at-
teindre ce but. Il prie d'abord le pape d'ordonner au roi d'outre
Rhin, au nom de l'autorili^ apostolique, de ne pas inquiéter le
royaume de Charles, mais plutôt de le secourir comme uu
parent doit le faire à l'égard de son parent'. Puis, î! envoie à
Arnulf, pour négocier, Autran de Beauvais, porteur d'une
lettre' qui est une habile justification de sa conduile et un
éloquent plaidoyer en faveur de Charles.
Foulques expose d'abord les causes de l'élévation de ce der-
nier; il rappelle à Arnulf qu'il lui a inutilement otTcrt le trône
du royaume franc de l'Ouest et qu'il a dû reconnaître la su-
prématie de son fidèle, d'Eudes, qui est étranger à la race
royale, qui a tj'rannlquemeut usé du pouvoir*, et dont il a
subi, à contre-cœur, la domination jusqu'à ce jour. Quar.t au
reproche qu'Arnulf lui adresse, de n'avoir pas de suite élu
Charles à la place d'Eudes, il explique qu'à la mort de l'empe-
reur Charles III, Charles était infiniment trop jeune, qu'il n'était
nullement apte à gouverner, et qu'il eût été dangereux de le
choisir comme roi à la veille d'une terrible attaque des Nor-
mands. Mais, dès que Foulques et ses partisans l'ont vu arriver
à un âge où il pouvait donner son assentiment à ceux qui le
conseillaient sagement, ils l'ont élevé, aiiu qu'il pourvût aux
1. Flodoabd, op. cit., I. IV, G. 3. p. 360.
2. Ibid.
3. ibid., c. 3, p. 303-364. Foulques parle dans celle lellre du lîis d'ArnulI
qui naquit en septembre ou octobre 893 |D(iHUBB'MOHLB\CHBn, w l&'il)
a). Celte lettre eat donc des derniers mois de 893 {ibid., n* IMii f.).
i. On pourrait aussi traduire : = qui a usé du pouvoir comme un usur-
pateur.!
164 LUTTE ENTRE EL'DES ET CHARLES I,E SIMPL
besoins du royaume. Leur intCDlion était, eu établissant coite
royauté, qu'elle fiit proQlablc non seulement au royaume de
l'Ouest, mais encore i» Arnuif liii-méme. Us ont, il est vrai,
pris sur eux de lo faire sans consuller Arnuif; mais Foulques
assure qu'en cela ils n'ont fait que suivre la coutume des
Francs qui, à la mort du roi, en ont toujours pris un autre ■
dans la famille royale ou parmi ceux qui avaient droit à la suc-
cession, sans tenir compte d'un roi quelconque plus grand oill
plus puissant et sans ilemaudor son avis. — L'excuse sérail '
bonne si le roi était mort, mais ce n'est pas le cas ; Eudes est
vivant, et quoique Foulques le considère comme détrOué, il
est le Qdèle d'Arnulf qui, à ce titre, peut bien prétendre à èlre .
consulté. — Du resle. Foulques ajoute très habilement qu'il,
aurait voulu que Cliarles, ainsi élevé au trône, devînt le tidèlaj
d'Arnulf, qu'il prit de lui aide et conseil eu loules choses, et J
qu'ainsi le roi et tout le royaume fussent soumis à ses instruc-
tions et à ses ordres.
De même, quatorze ans aupai-avaul, Hincmar avait voulu
mettre les deux fils de Louis le Bègue, qui étaient égalemeati|
trop jeunes et eutourésde dangers, sous la tutelle de Charles IIPM
Foulques comprenait qu'il fallait qu'Aruulf, qui aurait pu éti
jaloux de ce Carolingien de race plus pui-e que la sienne, lùÛ
assuré de sa suprématie sur Charles et que, sinon, jamais l
n'abandonnerait Eudes qui s'était reconnu son lidèle. Aoss^jfl
l'archevêque revient-il à plusieurs reprises sur le désir qu'il ad
ne rien faire qui déplaise à Arnuif et sur la suprématie que c
gouvei'ain exercera constamment sur le royaume do Charles^
Cette suprématie telle que Foulques dit la vouloir (peut-fitr^
force-t-il un peu la noie) n'est pas théorique comme celld
qu'Eudes avait reconnue à Arnuif, mais c'est une iugéreooi
1. lliNCMAR, OjKra. l. I, col. fiSQ et suîv. — Hiilor. île Fr., t. IX, p. S
— DuiiiiiLBB, op. cit., l. 111, p. ^3. — Si celle évenlualilé a'ëlait réalisa
Foulques aurait été le « bajulus • et aurait fail prévaloirson influence
2. < Uoc more hune regem factum ipslus [Arnulfi) adelltati et oot»lll
■ commiltere voluerlnt, ut ipsius adlutorio ulerelur lu omnibus,
« eius aubderelur tam rex quaoi universuin regiium preceptis el ord
^ nalioiitbus. > — u Propler... ArnulD cavendam coatrarietatem—
« credeutâs quod Arnulfus haa de propinquo suo griitura baboret, 1^
• sique et regno presidium lurrel. — « Hatic aciot ipslus [FulcoalsJ a
« devotionem vel intenliotiera erga ipsiua [Arnulfl] fldelilatem,
• Karolusad ipsius fArnulQiconsilium in onmlbus quEB acturus estn
« pieiat, et Ipsius pieiate lutua coiisislal. »
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REPRISE BËS HOSTILITES.
165
perpétuelle de ce dernier dans les atlaires du royaiinie de
l'Ouest.
Foulques ajoute encore que bien loin d'agir dans son intérêt
personnel, comme on l'avait dit à Anuilf, il a'élait décidé avec
ses complices à élever Charles, uniquement pour des raisons de
légitimité, d'iutérât public et surLoul pour éviter de blesser
Arnulf. Foulques savait fort bien, en ellet, que l'élection de
Gui au trône franc de l'Ouest aurait été mal vue par ArnuU'.
aussi se défend-il très fort et avec raison du projet que lui
prêtent des calomniateurs, d'introduire le Spolétain dans le
royaume et d'en chasser Charles. Foulques s'élève encore contre
la rumeur qui était parvenue à Arnulf, et d'après laquelle
Charles le Simple ne serait pas le fils de Louis et par conséquent
pas un Carolingien.
Puis, Foulques aborde des idées d'un tout autre ordre : oiCon-
n sidérez, dit-il au roi franc de l'Est, que vous et le jeune
■i Charles, votre parent, vous êtes restés seuls de la race
■ royale ; pesez dans votre esprit ce qui pourrait arriver si la
(< mort vous atteignait â un moment où il y a tant de rois de
« race étrangère et encore plus d'usurpateurs du nom royal,
n Qui, après votre mort, aidera voire Gis à monter sur un
« trône qui lui ewt dû par dmit d'hérédité, si Charles venait à
ri succomber? d
Enfin, l'archevêque termine eu suppliant Arnulf de ne pas
prêter l'oreille à des conseils criminels, mais d'avoir pitié des
Francs de TOuesl, de secourir la race royale qui s'éteint, de
soutenir la digoîté de sa auccesaiou et de faire en sorte que ceux
qui régnent ou désirent régner, sans être do race royale, ne pré-
valent pas contre ceux auxquels la royauté est due par droit
de naissaaoe, et il l'adjure de ue se laisser détourner par per-
sonne de porter secours au royaume de l'Ouest et à Charles.
Les efforts de Foulques ne furent pas inutiles.
La trêve une fois expirée (31 mars), Eudes rassembla une 894
armée pour marcher contre Heims où se trouvaient Charles el
ses partisans. Dans le nombre, il y en avait beaucoup qui
venaient de faire défection à Eudes. Reims avait été fortifié,
des gardes avaient été disposées. Néanmoins Charles n'osa pas
résister; il demanda à traiter; mais ce n'était qu'une feinte, et,
après avoir livré des olages à Robert, le frère d'Eudes, qui très
probablement commandait l'armée, les partisans de Charles
IHli
LUTTE ENTRE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE.
sortireut miilamment de la ville avec leur roi et se réfugièrent
auprès d'Arntilf sur le secours duquel ils comptaient'.
Eo effet, UQ revirement coiriplct s'était etTectué dans les dis-
posîtious de ce souverain; la lettre de Foulques et les assu-
rances qu'elle contenait, relatives à la suprématie d'Arnulf et à
son influence constante sur le royaume de l'Ouest, n'y furent
peut-être pas étrangères. De plus, Arnulf, qui avait déjà en-
trepris, sur 1.1 demande du pape, une campagne contre Gui,
se laissa peut-être gagner, pour les affaires du royaume de
l'Ouest, à la politique papale; une bonne entente avec le
souverain pontife lui était trop nécessaire en Italie pour qu'il
risqu&t de la compromettre en ne reconnaissant pas Charles
en faveur duquel Formose avait à plusieurs reprises intercédé i
auprès de lui.
Enfin, Eudes avait perdu dans le royaume d'Arnulf un puis-1
sant soutien : le 'J8 août 892, Mégingaud', comte du Worrasfeliij
et du Meinfeld. abbé de Saiut-Maximin de Trêves, qui avait!
probablement servi d'intermédiaire lors de la première entre- ]
vue d'Arnulf et d'Iiudes et qui, comme parent de ce dernier, lui
avait prodigué ses bonsofGces, avait péri victime des troubles
qui régnaient en Lorraine. Cet bomme, le plus influent peut-
être de cette région, pouvait, comme parent d'Eudes et ùdëlaj
partisan d'Arnulf, faire beaucoup pour maintenir entre cm
deux souverains les rapports qu'il avait contribué â établir.J
Les conséquences de sa mort se firent sentir pour Eudes dèaj
894 et s'aggravèrent encore dans les années qui suivirent, cap'l
Zwentibûld n'aurait pas pu jouer contre Eudes le rôle qii^
nous lui verrons tenir, si Mégingaud avait vécu.
Aruuir, au retour de sa campagne peu heureuse en Italiel
(janvier à avril 8il4), se trouvait eu mai t-t en juin à Worms'T
où il réunit une assemblée générale des grands du royaume;
c'est là que se présentèrent à lui Charles et ses partisans. Ils
n'cusseut pas fente une semblable démarche s'ils n'avaient
pas été assurés d'un bon accueil; ils ne se trompaient pas.
Charles apportait selon la coutume des dons à Arnulf. Puis U'I
1. Ann. VedasL, aiin. 894-
2. Vcry., sur Megiugaud, ci-dessus, p. 11(1. — DfixuLBR, Gachichte d
oiifi-an liUeh fn Beichs. i. 111, p. 338. — Pièces justiflcalives, n« VU
a. BÔHUUlt-UiJULBACHBH, 11" 1MB t. el SUiv. — DiJMULBR, op. ci<., 1. 1
p, 3S2 el suiv. - BfiGiNON, Chran., ann, 893. - .-liin. Fuld.. P. V, ani
Ahh. Blandiiiietiaes. dans les Uon. Germ., SS-, l. V, p. 24.
[894]
ABNULF PREND LE PARTI DE CHAI
167
lui fit une promesse'; nous u'eii connaissoos pas les termes,
mai3 il est certain qu'elle contenait un serment de fidélité. On
est tenté de croire qu'elle contenait ilavantage; Foulques dans
sa lettre parle d'une dépendance de Charles plus complète
que celle qu'implique la fidélité. Charles dut Taire de plus
grandes concessions qu'Eiîdes à Arnulf pour que celui-ci !e
reconnût. Au reste, il est naturel que la dépendance de Charles
k l'égard d'Arnult'fût plus t^rande que celle d'Eudes; Charles,
en effet, avait reçu sa royauté des mains d'Arnnlf, tandis
qu'Eudes s'était élevé lui-même à la loj'aulé et n'avait réglé
qu'après ses rapports avec Arnulf qui s'était trouvé en face du
fait accompli.
Bref, Arnulf admit la légitimité des prétentions de Charles
sur le royaume paternel et lui concdda ce royaume*. Celte ex-
pression qui est celle des contemporains pourrait étonner. On
comprenait qu'Eudes, un parvenu absolument étranger à la
race carolingienne, reconnût ta suprématie d'Amnlf; mais pour-
quoi Charles, le seul et dernier Carolingien légitime, reconnaît-
il la suprématie d'un bâlardf Cela ne peut s'expliquer que par
les circonstances, par le pouvoir toujours mieux alTermi d'Âr-
nulf, dont la bâtardise est absolument oubliée, et par l'extrême
faiblesse de Charles. Pour accorder sa protection à son cousin,
Arnulf exige de luiuuoabBolue soumission; il a beau jeu d'élever
ses prétentions, car il lui est indispensable.
Arnulf trahit donc Eudes, il manque g. son premier devoir de
seigneur à son égard, cehii de le défendre'. Évidemment, aux
yeux des conlemporains, Eudes ne pouvait être qu'un parvenu ;
il était bon de l'avoir pour lutter contre les Normands et pour
1. FLODOiBD, Op. cit., 1. IV, 0. y, p. 564-S8Ji ; « promEssiotiem quoqua,
« quam rex siius Karolus eidem Arnulfo, qui regnum sibi coDLrailirlcraE
• promisisset, manere incoUTulsam, tam ia ip40 rege quani in subdlUs
« sibi. » Celle promesse no peut pas avoir Irait à. une cession de terri-
toire, ce n'est que l'aunée Boivanle que ies partisaos rte Clinries font &
Zwentibold une oOïe sembiabie.
2. Ann. Vedasl., ann. 804 : " Arnulfus... ei [Karolo] regnum patemura
« conceaait." — RÉGiNOfi, CAron., ann. 893: <■ regniimquoquod usurpave-
« rat ex eius manu pepcepit. « — Les Ann. Fuld. ne parlent que du
bon accueil fait par Arnulf à Charles ei ne mentionnent pas la cession
qu'il lui fll du royaume de l'Ouesl. Ignorent-elles ce revirement do
courte durée d'Arnulf ou bien l'annaliste da cour le passe-l-ili dessein
souB silence?
3. Le seigneur doit la " defensio « à son n<lélc [Roth, Feudatitàt und
Untcrthanenvtrband, p. 219),
LUTTE ENTRE EUDES ET CItABLES LE SIMPLE,
faire l'intérim jusqu'à ce que Charles pût mouler sur le trône.
Mais, maintenant que le royaume de l'Ouest peut avoir un sou-
verain légitime, en faveur duquel militent des i-aisons de fa-
mille, des raisons dynastiques et des raisous d'auibition person-
nelle, pourquoi ne jias abandonner Eudes? il a fait son temps.
Aroulf ne se borna pas â bien recevoir Charles et à recon-
naître ses droits, il donna ordiv aus évêqnes et anx comtes d»'
la région de la Meuse de lui porter secours, de le ramener dans'
son royaume et de le rétablir sur le trûiie'. C'est peut-être de
cette époque que date ralliauce de Charles avec Renier comte
de Hainaul et de la Hesbaye. Avec ces auxiliaires, Charles
marcha contre son adversaire; le 26 septembre 894, il était
entré dans le royaume de l'Ouest et se ti-ouvait à la rt^sideuco
royale d'Altigny en compagnie de sa mère Adélaïde et de Fonl-i
ques'etavecrévêqiie de Liège, Fraucon, qui était évidemment
un des auxiliaires envoyés par Arnulf.
Eudes était sur ses gardes; pendant le siège de Reims ou peu'
après, il avait séjourné à Saint-Denis' [2 mai). Loraqu'il apprit
qu'il allait être de nouveau attaqué, il alla se posler sur
bords de l'Aisne', pour y attendre l'ennemi, l'arrêter à son ei
Irée dans le royaume et l'empêcher de venir prendre ses quai
tiers & Reims.
Lorsque l'armée auxiliaire du royaume de l'Est approcha ■
l'ennemi, elle se débanda; les grands, envoyés par Arnulf, ne
souciaient pas de combattre Eudes pour lequel plusieurs d'enti
eux avaient de l'amitié. Voyant leur adversaire tout prêt à UD»j
courageuse résistance, ils abandonnèrent la partie et chacui
revint chez soi sans avoir secouru, en quoi que ce fût, Gharh
qui, bien que reconnu par Arnulf, se trouva dans le méi
embarras qu'auparavant. Il prit le parti de se retirer auprès de'
Richard, duc de Bourgogne; celui-ci ne semble pas avoir
donné l'hospitalité à Charles et à ses partisans, mais avoir bien
plutôt toléré leur présence; « ils séjournaient eu Bourgogne, dit
l'annaliste, où ils pouvaient'. »
1. ,4nii, Vedust., ann. 6'.14. — RÉtiCXON, Chron., anu. 8B3.
2. Diplâuio eu faveur do Francon, évëque do Liëge, pour lui TesUluo;
dea biens en Porcien, dans les Hisior. de Fr., t. IX, p. -168- Ce ■
« l'orlianus, Porleusi? ou Portueiisia » esl daus le diocèse de Reims iLoH^
ONON, Allas hUton'qur, lexLe, p. 119).
3. Dipldme d'Eudes eu faveur de Saint-Denis, daus les llûior. dt Fr^W
i. IX., p. tes.
Cl. Ann. Vedasl., aim. 89''. — RÈGlNO.s, Chran., ann. 633
B. ,4'iii. Vedoit., ann. 894.
i
1894]
FUITE DE CHARLES EN BOURGOGNE.
169
Eudes, qui restait maître de la « Francia », le poursuivit, espé-
rant, par UQ combat décisif, mettre fin à cette guerre intestine;
or mais Dieu dans sa bonté, dit l'annaliste, ne permit pas que le
débat prît fin dans le sang»*; Charles échappa; Eudes revint
dans la « Francia» et resta à Paris pour surveiller celte région
sur la fidélité de laquelle il ne pouvait compter*.
1. Ann. Vedast., ann. 894.
2. RÉGiNON, Chron., ann. 893.
CHAPITRE VI
LUTTE ENTRE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE (S«ile.)
MORT D'EUDES. — CONCLUSION
î En Bourgogtte, les partis étaieut plus nombreux qu'en « Fran-
cia » ; outre les deux compétiteura au trône, il y avait encore
Richard, comte d'Âutuu, qui, sans être hostile à Chartes, pour-
suivait avant tout ses propres iutérëts et ceux de sou neveu,
Louis de Provence. Là, comme ailleurs, la guerre civile avait>
jeté ses braudons dans l'Église. Dès qu'un siège épiscopai deve-
nait vacant, cbaque parti voulait y asseoir un des siens; c'est ce:
qui s'était passé à Chàloos-sur-Marne où l'évèque nommé par
Foulques l'avait emporté; c'est ce qui s'était passé à Laogrea;
cependant Teutbald, qui était le candidat de Foulques à ce
siège épiscopai et qui avait été nomme après une longue lutte,
venait d'avoir les yeux crevés par un comte Mauaasès' et un
nommé Rampon, parent de Foulques, tous deux affidés de Ri-
chard ; lia reprocliaieut à Teutbald d'avoir dénoncé <i Rome el
fait condamner comme illégale la nomination à Aulua d'un
évèque qui leur était agréable'. Ce siège était en effet devenn
vacant, en 894, par la mort de l'évoque Adalgaire*, qui avait
succédé à Anskerick comme chancelier, puis qui, après avoir
été gagné au parti de Charles par la donation de l'abbaye de
Flavigny' (893) était mort peu après, peut-être empoisonné. De
même pour Troyes : Gautier, l'archevêque de Sens, duquel dé-
pendait cet évèché, y avait nommé un étranger, qui probable-
ment était comme lui du parti d'Eudes ; aussitôt Richard, abbé
1. Seigneur de Vcrgy. d'après Diichesnk, Hisloii-e généalogique de la
maUon de ferfly, p. 33 et suiv.
2. Voy., sur les afliiirea da Langres : Aun. Vedasi., una. 694; — Oallia
ehrMiana, l. IV, col. ÎS38 et siiiv-;— Mabillon, Acla Sanctorum, sœc, V,
p. 22-23.
3. llUtor. de Fi:. l. IS, p. 8i> : Adalgalre est encore chancelier d'Eudes
le IS octobre SXi; 11 ne l'est phis le 2 mal 89-S.
'i- HUOUBS DB Flaviony, Chron.. 1. I, dans les Mon. Germ., SS., l. VIU,
p, 333. — JIabilLON, ^iin. Bentdict., t. lit, p. 2B0.
i
ÉTAT DE LA BOURGOGNE.
171
de Raiote-Colombe de Sens, et Manassès s'emparèrent par tra-
hison de Sens (8 juin 893)', prononcèrent la déchéance de l'ar-
chevêque et le firent prisonnier; ils furent ainsi que Rampon
anathématisés par le pape; Foulques semble avoir eu quelque
indulgence pour ces violateurs des droits de l'Église; il voulait
les ménager, car, si leurs propres intérêts leur étaient plus chers
que ceux de Charles, du moins ils étaient hostiles à Eudes. 11
absout franchement Rampon, son parent, de l'attentat contre
Gautier de Sens, auquel, dit-il, il n'était pas présent'; mais il
intercéda en vain pour ses complices auprès du pape qui
maintint sa sentence et chargea t'oulques de la publier.
Eudes avait encore des partisans dans cette contrée si pro-
fondément troubiée, ainsi l'évêque de Nevers, Francon*, les mo-
nastères de Saint-Martin d'Autun* et de Flavigny. Charles fit-il
cause commune avec Richard? c'est possible, car Richard et ses
complices ne furent frappés d'excommunication qu'à la fia de
juin", 11 est certain que durant les premiers mois de l'année 895
Charles et ses partisans exercèrent en Bourgogne et sur les
frontières du royaume franc de l'Ouest de grands ravages aux
dépens de ceux qui tenaient pour Eudes et comme représailles,
car ce roi leur avait enlevé tous les biens qu'ils possédaient en
o Francia' « pour en disposer à son gré. Des deux parts on
s'entretuail ; les rapines étaient innombrables, les pillages con-
tinuels'. Cette époque laissa aux générations subséquentes le
Bouvenir très net i d'un temps où, à l'occasion des discordes
1. Voy-, sur les événements de Sens ; Flodoard, Hisl., 1. IV, c. 3,
p. 56t ; — ^nn. S. Coluntbx Senon., ann. 893; — DûUMLBH, op. cit., t. III,
p. iOG. — D'après L. Delisle. la prise de Sens aurait plulût eu lieu le
9 juin [Mémoiret sur d'anciens lacramenlairtt. dans les Mémoiret de VAca-
dimic dei JrucTiptiùnt cl Belles- Lettra, t. XXXII, p.lU-nS):<V. idusjuaU
« Proditio civilatia Senonuiu palmta a Dernariio >.
2. Flodoard. op. cit.. 1, IV, c. 3, p. B61. — La parenté de Foulques avec
Rampon esl attcslée par une lettre de l'arclievéque (Flodoahd, op. ait.,
1- IV, c. 3, p. S6fî).
3. DlplAme d'Eudes conflrmanl, à la prière de Fruncou êvêque de Ne-
vers, un contrat de précaire fait par ce dernier au nom de sou église
avec Roccon Adèle du roi, dans les Hittor. de Fr., t. IX, p. 463.
i. Brèq'jigny. t. I, p. 3ao : «Cbarta Ira le mi Ui Us initœ, > entre Gré-
goire, abbû de Saiut-Marlin d'Aulun, el Gerfred, nbbé de Flavigny (en
Auxois, diocèse d'Autun), - anoo verbi incarnutionis S!l^, eodemque
* sereuissiml Odonis régis 1 et VII ».
£>. BûHiilB&-MCULBACHBR. ti° 1(137 a.
6. RitaiNON, Chron., ann. 803. — Ann. l'edast., ann. 895,
7. RÊcmON, Chron., ann, 89^.
i7i LUTTE ESTBE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE.
qui liéchiraieut le royaume, on se livrait impunément à la ra^
pioc et aux dp[)i'ëdations ; le juste et l'injuste étaient i
fondus: il n'y avait plus de cpaiute de Dieu ou des lois hu-'
maines ; la violeuce et la force régnaient seules ' ».
Les clameurs des partisans de Charles ainsi dépouillés, ex-
pulsés et réduits à une vie de brigandage, arrivèrent jusqu'aux
oreilles d'Arnulf qui. après avoir passé le commencement de
l'année en Bavière, se rapprocbait du Rhin'. Il dépécha des
envoyés en «Francian pour sommer Eudes cl Charles d
présenter devant lui; IL les manda à sa barre, dans le buld
mettre fin aux calamités qu'engendrait leur discorde. — Aui
cuu acte ne peut mieux que celui-ci prouver la suprématiêl
que s'arrogeait Arnulf snr les autres souverains; il prétendait
à celte prééminence que le partage de 817 accordait k l'empe-
reur. Quoiqu'il up fût pas revêtu de la dignité impériale, il
agissait comme s'il l'était, parce qu'il estimait être le seul quj
y eût droit et qu'il était décidé à faire prévaloir ce droit.
Durant son séjour en Bavière, il avait découvert un complot
ourdi contre lui par l'un des principaux personnages de celtd
contrée; au lieu de sévir comme Eudes contre Waucher, ÎB
avait simplement privé le coupable de ses béuélicea. En mi^, ,
il avait réuni àTribur une assemblée générale des grands du
royaume, en uiôme temps qu'un synode réunissait le clergé, el
il en était résulté entre lui et les princes de l'Ëglise une union
intime^ Ces deux événements d'inégale importance, qui avaient
singulièreiuonl affermi son pouvoir, forment un frappant con-
traste avec ce qui se passait dans le royaume franc de l'Ouest,
Les partisans de Charles engagèrent leur roi à ne pas t
rendre à l'invitation d'Arnulf; ils lui envoyèrent simplcmeij
une députatiou et Foulques écrivit au roi de l'Est une lettrô*L
dans laquelle il proteste de sa fidélité, de son dévouement et
de son désir de se rendre auprès de lui tant pour suivre son
ordre que pour l'assurer que la promesse que Charles lui avait
faite, lorsqu'il avait reçu de lui son royaume, demeurait intact^
dans le cœur du roi lui-niêuie et dans celui de ses sujetsa^
Foulques annonce en terminant que Charles se dispose à abs
des
e se.^^
m
dait '
pe-
ploS
r.iH
sat.^H
du '
1. FLODOiRD, op. Cit.. I. IV, c. Si, p. SM-^BP,
2. UOBUBR-UCHLBACBBR, n" IM3:i eL suiv. — Lc 5 luai,
Tribur. le 25 mui, 11 est à Worms.
3. Dl'MULBB, op. cit.. t. 111. p. ï.13-401.
'i. Aon. VeJosl.. Qun 803. — FLOliOillD, op. cil.. 1. IV, c. 5, p. 5ili-fka.
est,
tet I
soa
vait I
I
EUDES SE RKND AUPRÈS D ABNULF-
173
taqiier par les armes le roi Eiiili^s son ciiiiemi, qui lui tend mille
embûches.
Pourquoi loa partisans de Charles rempêchèreot-iU de se
rendre à l'appel d'Arnulf? Craignaieut-iU qiidque guet-apcna
ou quelque rencontre fortuite qui eût fait tomber leur préten-
dant au< mains d'Eudes ? Êtaient-ils fruissés da secours déri-
soire qu'Aroulf leur avait accordé l'aanée précédente? Trou-
vaient-ils la démarche humiliaule el n'étaieat-ils -pAà disposés
à reconnaître la suprématie du souverain de \%nt, ainsi que
Foulques s'y était entfagé? Quel que fût leur motif, ils commi-
rent une grande faute, car, dans l'ariangement que voulait faire
Arnuif, l'absent devait néGe!S3aircmeQt avoir tort. De plus,
Charles, en manquant au premier appel d'Arnulf, montrait
combien ne dernier pouvait peu compter sur son obéissance et
sur sa tidélilé et rendait vaines toutes les proteslatiuna de
Foulques.
Eudes, au contraire, choisit une escorte d'hommes vaillant.?,
car la route n'était pas sans dangers, et se rendit auprès
d'Arnulf qui, après le synode de Tribur, était venu à Worma
pour y tenir, dans la seconde moitié du mois de mai, un grand
plaid royal, l'assemblée du printemps. Ce fut à Worms qu'Eudes
arriva; il apportait de grands dons à Arnuif; il renouvela àce
souverain ses assurances de lidélité et se concilia de nouveau
son bon vouloir, sans doute en reconnaissant sa suzeraineté.
Après un court séjour à Worms, Eudes re|iartit, ayant gagné
non seulement la faveur d'Arnulf, mais encore <i ayant obtenu
tout ce pourquoi il était venu », et avec une grande joie au
cœur. Évidemment, l'entrevue avait tourné à son avantage;
Charles le Simple avait été jugé, pour ainsi dire, par contu-
mace; Arnuif avait été indisposé contre lui par sa désobéi&-
saoce et par les désordres de Dourgogne.
Durant son séjour à Worms. Eudes assista au couronnement
de Zwentibold' comme roi de Lorraine. Il faut faire couuaia-
1, Ann. Vtdatt., ann. 893. — Ann. l'util., P. V, aiiii, S9j. — HÉtilSON,
CAron., ann. 895. — M- Diimruiifr {op. cit., l. Ili, p. 47â) rael bu iiouibro
de ces dons un superbe évaiiKâliairt: (ail p^r l'ordre de Charles-lc-Ctiauvo
en 870, cl qui apparlenall k SaîDl-Denis; c'est il'auiaut plus vrai-
semblable que nous avons supposé qu'Eudes avait nila la main sur celle
abbaje. Ce manuscrll e.st exposa h la Uib!iolhèi]ue de Municti (Cime-
liensaal): il porte au caLalneue le n> nom.
2, Voy., sur la Lorraine el Zweniiljold : DûuuLBit, op. cil., passlm ; —
K. WiTTiGH, Dît EaUtfhung dtt J/enogthuats Lothringen.
174 LUTTE ENTRE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE, [870-f
aaoce avec ce persoaaage appelé à jouer un rôle dans le
royaume fraac de l'Ouest.
La Lotharingie ou Lniraiiie n'avait d'autre raison d'être
qne des iottVèts dynastiques. Territoire étroit, enfermé enl
deux royaumes de nature très disliucle, l'un roman, l'autrei
Kermanique, n'ayant ni Tronlières naturelles, ni unité de na-,
tioaalité, de caraclèie ou de langue, il devait, par au positii
môme, osciller entre deux voisina qui le convoitaient égale-
ment et être en proie à des troubles constants, GetleinsécuriU
avait laissé libre cours à toutes les mauvaises passions, et ua
chroniqueur contemporain' semble ne pas faire de différence
entre les brigandages de la noblesse du pays et les incursiona
des Normands. L'empereur Charles III n'avait .apporté aucun
remède à ce déplorable état de choses : les évôchés et les mo-
nastères étaient réduits en cendres, le clergé était tombé très
bas, les grands laïques pillaient et se livraient à toutes sortes
d*abiig. La Lorraine, qui, depuis 880, appartenait toute entière
au royaume de l'Iîst, reconnut Arnulf. Celui-ci réunit le ole:^é
lorrain à Metz, en 888, et sut se le concilier ainsi que les grands
laïques; en 891, il battit les Normands en Lorraine, et, en 895,
il Ot daus ce pays une tournée pacifique pour continuer son
œuvre d'orgauisalion. Mais ce n'était pas dans l'ouest de S(H|
royaume qu'était le centre de gravité de sa puissance; au;
eul-il l'idée de faire un boulevard de celte région si peu sùrej
il fallait le confier à des mains fortes; il pensa pour cela à soâ^
fils illégitime Zwcntibold.
Celui-ci était né |>robablemont en 870; en 889, Arnulf, préo&-
cupé déjà de régler la succession au trône, proposa aux
grands, puisqu'il n'avait pas d'enfants légitimes, de reconnallre
pour ses successeurs ses deux bâtards Zwentibold et Batolf;
les glands ne s'eugagèrent â acquiescer au désir d'ÂrnuIf que
dans le cas où celui-ci n'aurait pas d'enfant de sa femme légi-
time; celle-ci, en 893, donna le jour à Louis. Zwenlibold n'avait
donc plus aucun droit à la succession; son père, qui l'aimait
particulièrement, songea à le pourvoir ailleurs. Déjà, après le
meurlre de Mégingaud[892), Arnulf lui avait donné une partie
des bénéfices de ce dernier ; en 894, il parle ouvertement de lui
donner la Lorraine en royaume; en 895, il triomphe de l'oppo-
sition qu'avait rencontrée ce projet; dans l'assemblée de Worms,
il couronne sou iils roi de Lorraine et en fait un roi tout à fait,
1. EéoiNON, Chron., ann. 883,
S».
ion ^^_
lasl^l
re^H
loa'^H
[893-893] ZWENTIBOLD ROI DE I.ORUAIME. 1/3
iodépendant. Ce royaume comprenait toutes les parties de
l'ancien royaume de Lothaire II qui apparleoaieDt encore an
royaume de l'Est, aoil la Frise, l'Alsace cl le Brisgau ainsi que
la partie de la Bonrgo^op qui n'i^lait pas comprise dans lea
royaumes de Bosou ou de Rodolphe. Tenir eu bride le peuple
changeant, rnsé, mobile et guerroyant des Lorrains, occuper les
avant-postes dn royaume franc de l'Est, n'était pas une tâche
facile et ou peut s'élonoep de la voir confiée par ArnulT à un
jeune homme d'un caractère impétueux et qui n'avait pas encore
donné de preuves d'une vraie capacité, car les deux seules cam-
pagnes qu'il eOl faites, eu 893, en Italie, conire Gui, et en 894
contre Bodolphe de Boui'gogne, avaient été moins que glo-
rieuses. Le 30 mai 89b, il signait son premier diplOme royal'.
Après le couronnement du roi de Lorraine, qu'il ne sut pas
se concilier, paraît-il, Eudes, heureux de la réussite de son
voyage, s'empressa de regagner son royaume. Il avaîlbien fait
de prendre une escorte d'hommes vaillants : sur le chemin du
retour, il rencontre Foulques, assurément bien accompagné
aussi, qui se rendait auprès d'ArnuIf pour obi^ir à l'ordre qu'il
avait reçu de lui' et plaider la cause de sou souverain,
de la part duquel il apportait également des présents. Eudes
et les siens se jelteut sur leurs adversaires en poussant de
grands cris, l'archevêque échappe avec peine par la fuite et le
comte AdaUiog, qui l'escortait, reçoit une blessure mortelle' ;
les bagages sont pillés. Charles avait peut-être agi prudem-
ment en ne s'esposant pas à pareille rencontre. Foulques con-
tinua- t-il son voj'age? c'est peu probable; en tout cas. Arnulf
semble avoir rendu sou verdict et ue plus vouloir s'immiscer
dans les affaires du royaume de l'Ouest; c'est avec son lils
Zwentibold que les deux, compétiteurs auront désormais af-
faire.
Dana son nouveau royaume, Zwentibold avait l'autorité abso-
lue d'uu roi. Son premier acte fut d'engager les hostilités avec
le fidèle et l'allié de son père. Les partisans de Charles étaient
venus à lui et, pour obtenir aou alliance, lui avaient cédé une
parcelle du royaume', probablement une partie du comté de
1. Bormbb-MOhlbachër, n- 1904. — DCmulbr, op. àl., t. III, p. 408.
'1. Flodoabd, op. cit., I. IV, c. 5, p. S64 : ad ipsius jussionem. >
3. Ann. Vedatt., ann. SUH- — Hêoinon, C/iron., aon, 893 : " praedlcluB
( cornes in Trigorio ia villa quœ dicilur Belthomus sepelUur. s Beilheim
oa Beltem est dans le Trecbirgau sur la rivci gauche du Rblo.
4. Arm. Vedoit., ann. 899.
I7(i
LUTTE ENTHE EURES ET CHARLES LE SIMPLK.
Laoa et le Porcien', cession du reste virtuelle, puisqu'eus-
mômes étaient entièrement <l('possédi?s. Zwentlbotd, à celle
condition, s'engagea à secourir son cousin; mais il nVpousa.
la (;ause de celui-ci qiie parce qu'il y voyait son intérêt
nue ODcasiou d'agraudir i^od royaume'. Il réunit utic graudi
armée et marcha sur Laun qu'il assiégea; c'iStait la ville pri
mise, il servait en premier lieu son ainbiliou, Cliarles vint
joindre à lui; longtemps ils conibattireut devant Laonelfireaj
degraada elTorts pour s'en emparer. Cependant Eudes lie ve-
nait pas secourir cette ville; on aurait de la peine à s'expliquer
cette inaclioa, si un annaliste n'en donnait la raison, qui n'est,
dn reste, rien moins que politique : «apprenant l'alliance de,
a Charles et de Zwenlibold, Eudes feignit de l'iguorer, pan
" que les siens étaient fatigués, il passa la Seine et se retira dam
1 sa lidèle Ncustrie'. » Celte lassitude dans l'entourage du n
est compréhensible, après plus d'ua an de guerre civile inia<
terrompue; elle était aggravt'e par le désintéressement d'
nuif des affaires lie l'Ouest et par la perspective d'un nouvi
ennemi à combattre sur la frontière de l'Est. C'est là le premier
sympLOme d'un découragement qui se manifestera très claire-
ment à la prochaine irruption des Normands. Peut-être Eudes
choisit-il Tours pour y séjourner ; en tout cas, il y est le 14 jui
Ict*; â celle époque, il accède à une demande de révèqi
Rainon d'.Vngers qui lui fut constamment tidèlc.
Le siège de LaoQ ' continuait, mais bientôt la dissension
mit dans le camp des assiégeants; les partisans de Charl<
lie
I
i. Le " pagus Porlianus » ou « Porcciisis », soil le l'urden, t^ii^t aTfl|
iQ ' pagus " du l.aon, un angle mitrani dans la Lorraine.
2. BâuiNON, Chro-i., atui. SUj : ■ ZueiKllboLI, collcclo înimcnBo exerdtd
« cuplensaupliflcara terminos rugnl suî, quasi Cnrolo ad versus Odooeôl
g auxiUuoi laiurus, Lugdunuui Clavatiim veaU. >
3. Ann. VtdatL, ann. U9S. — OOmulbh («p. cil., l. III, p. 4tOj prapc
du corriger i Sequanajn • en a LigurJui IransliL*; il est vrai que RégiaOI
Tait séjourner Eudes en Aqulraiuc; muis nous croyons plulAt les Am. '
Vtdau.; il liH plus vraisemblable qu'Eudi<3 allie se reposer d>ins une
conlréô dont la Udalile lui est assurûe; nous avoua la preuve de sa pré-
sence a Tours k 14 juIlLel &j.
4. Diplôme d'Eudes en faveur de l'église de Saiol-Uaurice d'A
dans les Hittor. de Fr., t. IX, p. 4W. — Eudes avait déjà accord« i
faveur h Rainon d'Angers le 10 janvi.2r »90, voy. ci-dessus, p. 130-19
!J. On ue peut llier exactement ni I'«poque ui la durée du i
Laoïi; il eut, lieu eulro juin et septembre- ZweiUibold fut courouné P
de Lorraine, en mai; le 1S août il est â Trosly, eu octobre il est ri
dans son royaume. BÔHMER-MtHLB.iCHBa, n" 1907-
I
[893] siËGB ne L\ON. 177
s'aperçurent biea vite que l'ambition et le désir de conquérir
étaient les seuls mobiles de Zwentibold et que leur cause pour-
rait bien lui être indifférente. Ce germe de défiance ne fit que
se développer et peu à peu Charles et Zwentibold se trouvèrent
à la tête de deux campa pUitôl ennemis qu'alliés. Un événement
imprévu viut encore augmenter la tension d'un semblable élat
de choses ; Baudoin, comte de Flaudre, son frère Raoul', pro-
bablement comte de Cambrai, et le comte Renier au Long Col
passèrent dans le camp de Zwentibold'; celui-ci les avait assu-
rément pratiqués, car il cherchait tous les moyens pour satis-
faire ses vues ambitieuses et il espérait peut-être arrondir son
royaume du côté de la Flandre,
Baudoin, après avoir résisté à Eudes, puis l'avoir reconnu,
s'être ensuite révolté contre lui, puis avoir pria le parti
de Charles, abandonnait celui-ci pour s'allier à un souverain
étranger. La trahison, la félonie étaient noioires; en entrete-
nant les compétitions de toutes ces ambitions déchaînées, il
pensait établir son autonomie mieux qu'il n'aurait pu le l'aire
&OUS un règne moins troublé.
1. Chron. SilhUnie de Jean il'Yprea, dana les UUtor. de Fr., l. IX, p. 73 :
« Roduirus etiam cornes paici CaoïeracerisU, Irater Baldulni eoiuills... >
Voici CG que MM- Meyer ei Longnon disent sur ce Raoul dans Enoul de
Cambrai, cha'uou de geste. Parla, IM2, ln-8 [PublicuUon de la Société det
ancien* Uxte» /ranfaii), p, xTiii-xii : " Le prem'cr éditeur de Raoul de
< Cambrai s'est, on lo voit, oomplèteraenl irompô en considérant le hé-
a ros de son poème comme le Dis d'un comte Raoul ciui fui tuâ en tl9ti,
« par Herbert 1", comte de Verraaiidois, et dont il Tait un comte do
« Cambrai sur la foi de Jean d'Ypros, chroniqueur du iiv* siècle. Mais,
« outre qu'il nVsl point assuré que ce Raoul, frère cadet de Baudoin II,
• comte de Flaudre, ait été comte de Cambrai... » Puis, eu note : « il
« n'est pas inutile de remarquer, car le fait n'a peut-être pas encore été
■ signalé, que Jean d'Ypres a emprunté à la chronique d'André de Mar-
« cbiennes, mort en IIU4, le titre qu'il donne au Raoul mort en 806. > La
phrase d'&ndrê {Hiiloris franca-merOBingitx tynopsii, Anilita Silvio regio
Mareianensis eamobii magno priore eonieripla, édition Beaucbamp [Douai,
1633], p. 748), sauf la quHliflcalion donnée i Raoul, a été « tirco presque
4 textuellement des Annales Vcdaiiini, [et] a été reproduite par Jacques
<i de Guise [Annalo Hannonix, I. XIV, c. 14) •>. — Quoique Cambrai [!t
alors partie du royaume de Lorraine, nous considérerons Raoul comme
comte de Cambrai, pluiôt que de supposer, avec MM. Uoyer ot Longnoti,
qull t&t. comte d'Arras ou d'Amiens. EuUOI, c'est un llermcnfroî qui
est comte d'Amiena,
2. Ann. Vedait., auu. SVS : * somel nd Zwondebalcbum contulcront, >
M. Dûmmler {op. cit., t. iil, p. 410) traduit : «leisteteu samtlich Zwentl-
« bald den Lebnseid und gleut^en zu ibm Uber >; ou ue peut pas voir
dans le texte latin un serment de ras^allté.
rATH. Buda. li
178 LUTTE ËNTliE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE. [8^
Du naompnt que la zizanie se mettait entre les alliés,
rien d'élonoaut à ce que Raoul de Cambrai prît parti poi
Zweatibold; Cambrai, eu effet, appartenait à la Loixaine. Raoi
avait (M(5 mêlé aux affaires du royaume de l'Ouest par sa pi
rente avec Baudoin, peiit-êlre parce qu'il était abbé de Saial
Pierre au Mont Blandin' et entiu parce qu'il venait de s'emparef"'
nuitamment et par trahison de Péroune el de Saint-Quentin.
Renier dit au Long-Col' était d'une famille très noble et très
puissante des bords de la Meuse; il était très probablement
parent des Carolingiens. Son père avait, semble-t-il, enlevé la
fille de l'empereur Lothaire, l'avait emmenée en Aquitaine
pour l'épouser contre le gré de ce souverain, puis il avait Tait
sa soumission et avait reçu un comté vers la Meuse. Le centre
de la puissance de Renier son fils était sur la rive gauche de
ce Ueuve dont il possédait l'embouchure ainsi que la Hesbaye
et peut-être le Hainaut. Appelé de bonne heure à lutter avec
les Normands, il fut nu rude jouteur et prit contre eux une
sorte de commandement eu chef analogue à celui du comte
Henri. 11 leur livra de nombreux combats, soit avec Radebod,
comte de Frise, soit avec Francon, évêque de Liège. Il était
un vrai Lorrain, courageux, entreprenant, mais aussi rusé.
sans conscience, faisant des alliances qu'il rompait au gré de
ses intérêts. Peut-être fut-il de ceux qui soutinrent Charles
sur l'ordre d'.\rnulf en 894. Le roi de Lorraine était mainlenant
son souverain légitime; en toute autre occasion, il eût été natu-
rel qu'il passât dans le camp de Zweutibold dont il devint le
plus intime ami et le plus fidèle conseiller
En présence des machinations qui se tramaieut parmi lei
assiégeants de Laon, cette défection de Renier et de Raoul
la trahison de Baudoin étaient bien faites pour donner un corpi
aux bruits inquiétants qui avaient cours : ou allait jusqu'à dire
]iarmi les Francs Occidenlaux que les Lorrains complotaient
de faire périr Charles. Celui-ci sentait de nouveau le terrain
fuir sous ses pieds; trois de ses plus puissants auxiliaires
venaient de lui échapper et il ne savait où trouver du secours.
Foulques avait dépêché, dans la première moitié de l'année
895, des lettres pressantes aux alliés, il est vrai trop lointains,,
qu'il avait su conquérir eu 893 : Gui de Spolète étant mort ea-^
1. Ann. Dlaïuiinienses.
2. WlTTlGH, op. cit., p.
3. ■WiTTlca, op. cit., p.
le
i
re I
t
1
PHEMIÈRES NEGOCIATIONS.
lïi
894, il écrivît à son fils Lamberl' qui lui avail succédé comme
empereur en dépit d'Arnulf; peu lui importe de s'adresser à
l'ennemi de ce souverain duquel il n'a plus rien à attendre : il
exhorte Lambert, auquel il envoie un des siens, à se conduire
comme un fils à l'égard du pape et il le prie d'intercéder à
Rome pour Rampon, leur parent commun. Il ne demande pas
directement à Lambert son alliance, mais il la fera demander
par le pape. Il écrit, en effel, à ce dernier' et le remercie d'abord
des dispositions amicales et paciûques qu'il lui a témoignées à
l'égard de Lambert; sur ce point, Formose lui pépoad et lui
assure que la concorde est parfaite. Néanmoins, h la môme
époque (juillet 695), le pape envoyait à Arnuif une députalion'
pour l'appeler à Rome; or, c'était justement ce que Foulques
voulait éviter, car il désirait que son parent Lambert conservât
la couronne impériale et il savait qu'il était trop jeuue pour
résister victorieusement à une attaque d'Arnulf. En second lieu,
il prie le pape de ménager à Cbarles l'alliance de Lambert;
enfin, il lui demande d'écrire à Rudes et aux grands du royaume
au sujet de la paix, afin que Charles puisse monter sur le trône
qui lui appartient par droit héréditaire ; et, ajoute-t-il, «quoique
« Charles ne puisse pas maintenant ré^ruer sur tout le royaume,
« qu'on lui en accorde cependant quelque partie digne de son
< rang, en faisant d'un commun accord un juste partage, a
Le pape ne semble pas avoir répondu à cette seconde partie
de la lettre de l'archevêque qui est de beaucoup la plus inté-
ressante, car elle prouve que les partisans de Charles, à bout
de ressources, mirent en avant l'idée d'un partage à l'amiable
du royaume entre les deux compétiteurs, partage temporaire
du reste, car, selon eux, Charles régnera plus tard sur le
royaume paternel. Des négociations furent entamées sur cette
base. De Laon, Charles et ses partisans envoyèrent une dépu-
tation à Eudes pour lui demander de leur céder une partie du
royaume et de leur accorder la paix; mais, daus leur extrême
détresse, ils ne font, semblc-t-il, aucune condition, ils deman-
dent une partie quelconque du royaume, celle qu'il plaira k
Eudes de leur accorder*.
1. Plodoard, op. eil., \. IV, c. i, p. 566. — Ces lettres de Foulques à
Lambert et au pape el la réponse de celLii~cl doivenl ÔLrs antérieures à
juillel893,époqueùlaquelleArnuir recul de Foruiose un appel pressant.
2. FlODOAHD, op, cit., 1. IV, c. 3, p. DOl.
3. Ibid. — DOmulbb, op. cit., t. ni, p. i\i.
4. Ann. i^edaii., anu. B9B.
181)
TE ENTRE EltDES ET CHARLES LE SIMPLE.
Eudes, qui, par lassitude de la guerre, avait renoDcé à com-l
battre, ne pouvait pas espërcr de propositions plus avanUl^
geiises : son eaDomi s'avouait vaincu, saus qu'il lui eûl lui
même porté le dernier coup. Aussi se moulra-t-il disposifl
à négocier; il rassembla de noiiveati une armée et reprît lA
route de la « Francia ».
Zwentibold, à ce nioment, avait déjà levé le siège de Laon;
après bien des jours d'une lulte très vive, il avait dû renoncer
à s'emparer de cette ville et il avait accordé à l'évéque Didon,
dont on se rappelle la conduite envers Waucher, une suspen-
sion d'hostilités. A la faveur de cette trêve, il pénétra plus
avant dans le royaume de l'Ouest et le lïi août ilétaîLàTrosly, ■
près de Noyon'; puis, voyant que les grands de l'entourage d«|
Charles ne leuaienl plus k son égard ta même conduite que na-v
guère, ayant eu vent des négociations entamées entre les deux '
compétiteurs, apprenant enlin le retour d'Eudes avec son
armée, il prit peur et se retira avec les siens dans son royaume'.
Cette retraite, qui ne laissa pas que d'être précipitée, mit |
iiu à une campagne infructueuse. Charles resta probablemeatl
dans les environs de Laon ou de Reims, t Atli^^uy ou dan
quelque autre localité de ces parages.
Eudes arriva d'abord h Corbie, à l'est d'Amiens, Pas plu^
que d'autres, ce monastère n'avait été à l'abri du Irouble géné-
ral dans lequel la guerre civile avait plongé le royaume. Le)
moines avaient sévi contre leur abbé Fraucon; ils l'avaiead
déposé, enfermé hors du couvent dans un endroit très vil eq
l'avaient déclaré indigne de la sépulture; Foulques leur avai
écrit pour les lancer vertement*. On ignore la cause de cetM
rébellion; l'abbé entraîné par son frère Hermenfroi, comtl
d'Amiens, aurait-il pris parti pour Charles' duraut la guerrt
civile et se serait-il mis ainsi eu désaccord avec sa commt>
nautéï
1. « Llbentissimua aonuil. *
2. AiiH. yed.iai., ano. SOS. — BÉciNON, Chron., ann. 81B.
HCHLBACMBn, II* laiW. — llimo'-. de Fr., t. IX, p. 375.
3. l.e 2j octobre 8'Jij, Zwenlibold était à Trèveiî. Bûhmbb-MOhlba.CBKk, ^
u" JOm. — Abbon, 1, U. V. S77-582.
A. FlodOàHD, op. cit., 1. IV, c. 7, p. 572-373. — Mabu-LON, Ann. Beneditl,^
t. 111, p, Ï77.
i>. Franco!) obtient de Charles le Simple, grûce à l'imercossion dllef
meulroi tuuite d'Amiens, un ttlplÔQn; eu laveur de Corbie, le 10 n
Tombre 'M (BOumbb. n" 1918), et non 9il2 comme le dit d'Achory, Spi
kgium,\.. VI, p. 411.
[895] SÉJOCR h'eUDES a SAINT-VAAST. 181
De Corbie, Eudes se dirigea sur Arras où il assiégea le mo-
nastère de Saiot-Vaast que Baudoin avait fortiOé eL sur les
murs duquel il avait piaulé l'ctcudard qui avait été le premier
sigûal de l'insurrection générale de la » Prancia >. Mais Eudes
est las de la guerre; il pread pitié des assiégés et uc veut pas
s'emparer du monastère par la violence. D'autre part, la garui-
soo, vojaut qu'elle n'est pas de force à résister, implore un ar-
mistice, livre des otages au roi et envoie demander à Baudoin
ce qu'elle doit faire. Comme Irr messager lardait, le roi ordonna
qu'on lui ouvctt les portes; il pénétra dans le monastère ou
pliilOt dana le château fort et de là s'achemina vers le sanc-
tuaire de Saiut-Vaast. Arrivé au chœur et jusque devant le
sépulcre du saint, il se prosterna, se mit à prier avec une
grande dévotion et versa d'abondantes larmes; puis il entendit
la messe tout en rendant gricea à Dieu'. Lassitude de la guerre
civile, bonheur d'avoir reconquis la plus grande partie de son
royaume et d'avoir pu pénétrer si avant dans celle « Francia»
qui lui était hostile, tels étaient les senlimenls qui remplis-
saient le cœur d'Eudes. Quelle entrée pour un roi vainqueur
dans un fort rebelle! Il y entre pour prier, s'humilier et rendre
grâces à Dieu. L'épisode mérite d'être noté; il fait entrevoir un
cœur sous la rude écorce des hommes de celte époque qui, trop
souvent, nous semblent raidcs et d'une seule pièce; ce sontdes
êtres auxquels notre seule raison croit, mais rien de ce qui les a
émus ne nous toucherait, si quelque détail, surpris au cours
des événements, ne venait nous révéler un cœur et une ime
comme les nûtres dans ces fantômes du passé!
Tandis qu'Eudes séjournait à Saint-Vaa3t,ili'ei;ut une nou-
velle députation de Charles composée des deux comtes, Héri-
bert de Vermandois et Egfroi, les deux plus anciens partisans
du Carolingien, et d'un nommé Erkenger', comte de Boulogne.
Us venaient pour traiter la question du partage et savoir ce
qu'on était disposé â céder à leur souverain. Mais Eudes dif-
fère sa réponse; à ce moment, les envoyés de Baudoin arrivent;
il» traitent avec le marquis Robert, comme le comte de
Flandre le leur avait commandé ; à quelles conditions? nous
l'ignorons. Mais, après la défection dont il s'est rendu coupable
à Laon à l'égard de Charles, il est évident qu'il fait la paix avec
Eudes; il traite plus ou moins d'égal à égal. Celui-ci, on re-
1. Ann. Vedast., aiiD. m<.
2. An dtvirifier Us datet, 3* é<l, 3 vol. in-fg|., I733-17H7, t. Il, p. 761.
18-2
r.UTTE ENTEIE EUDES I
[ARLES LE SIUPLC.
tour, le reconoatt abbé de SaÎDl-Vaast et ordonne aux sienaJ
de sortir du château et d'en rendre les clés aux homiiies ds'
Baudoin, qui eu reprennent aussitôt possession. Eudes agit
bien dilTéremment qu'en 892 et qu'en 893, il poursuit mainte-
nant une œuvre de pacification et de réorganisation.
D'Arras, il s'apprêtait h marcliep sur Saint-Quentin et sur
Péronne. Gomme il a été dit plus haut, il avait dépouillé les
partisans de Charles de tous leurs biens eu « Fraucia»; il
avait donc pris ces deux places' à Héribert de Vermandois,
pour les donner à l'un de ses partisans, fils d'un Tbierry; mûl
CCS deux places venaient d'être enlevées à celui-ci, nuitai
ment et par trahison, par Raoul, comte de Cambrai, frère dâ'
Baudoin. Eudes allail marcher contre lui lorsque des négocia-
teurs intervinrent ; il renonça à cette nouvelle lutte et accorda
aux partisans de Charles une trêve qui devait diu'er jusqu'après
Pâques [4 avril) de l'année 896, aflu de pouvoir passer l'hiver
sans guerroyer, Eudes avait tout intérêt à traîner les choses en
longueur, et les conditions de paix qu'il olTrira l'année sui-
vante à Charles donneront la raison pour laquelle il renonça à
marcher contre Raoul de Cambrai.
B Eudes passa l'hiver de 89b à 896 dans la o Francia •>, peut
être à Compiègne; Charles séjourna sur l'extrême frontière
orientale', son parti diminuait constamment, les territoires
ou les places fortes dont il pouvait disposer étaient réduits à
la seule ville de Reims; non seulement ses alliés les plus
proches, Baudoin, Raoul de Cambrai, étaient devenus ses en-
uemis, mais encore c'était en vain que Foulques cherchall
à lui concilier l'appui du pape; le 22 février 896, Foriiii
4
1. Les 'itin. Vedatl. lie parlent, à l'année 893 que de Salal-QuentM
mais 6 l'année 896 elles monlronl bien Raoul icaîlre des lieux places.
y avait un Tetricus, alibe laïque do Salnt-Quenlin en 880; ei
12 des calendes de mal, oc Teiiicus, comle ei abbé, commenta k forli-
Uer Sainl-Qucnlin (Gu(/i,i chritiiana, t. IX, co!. 1043}. L'idenimcalioii
que propose l'abbé Detaaisncs i^^iin. Vtdatt., p. 352 n- a) de ce Tetrlcns
avec Tbéodoricus au llls duquel Raoul auleva Sainl-QuentiD n'a rf ~
d'invraisemblable.
2. Ann. Vtdasi., ann. 996 : * Karolus vero rei supra Uosellam.»
M. de KakksLein (op. cil., p. 'J9 n. 1) propose la correciioii • supr» 1
« sam 1, ce qui serait plus vraisemblable. Evidemment Charles, après U
éveiieiueuls de Laon, ne se relira pas eu Lorraine; l'anualUle vculdl||
qu'il sé|ourna sur la llniiLo orienlnie du rojaume.
NÉGOCIATIONS.
183
conronnait empereur Arniilfqui avait reconnu Eudes et rom-
pait oiiverteioent avec Lambert, le parent de l'archevêque.
Les partisans de Charles, dans leur détresse, se livraient à des
pillages qui ne devaient pas leur concilier de nouvelles sym-
pathies.
Après Pâques (4 avril) Eudes réunit les siens dans un plaid
et leur soumit les conditions qu'il voulait faire à Charles. C'est
à ce moment, en mai, que Foulques écrivit à Etienne VI, lo
successeur de Formose. la nouvelle, qu'il croyait certaine et
qui était malheureusement prématurée, de la paix '.
Eudes, en tratnaut le» choses en longueur, avait détaché de
la cause de Charles tous ceux qu'il était possible de gagner;
maiotonanl, son dessein était de céder h Charles la partie du
royaume à laquelle avaient droit ceux qui étaient encore obsli-
1. C'est aux négocialionB de 89G et non à la paix détlnillïo de W7 qu'il
faut rapporter le passage de la lettre de Foulques « ubi si({iilDcal OJo-
« nera et Karolum reges in pacis tandem concordia, se sludento, co-
• n«i03 {Flodoabd, op. cit., I. IV, c. 4, p, 562). La lettre suivante de
Foulques au pape prouverait Aéib. que In paix n'était |>a3 déflnitivement
conclue. De plus, la réponse qu'Ëliunne VI Tait i Foulques doit Sire de
juiQ-juillot896(JiFPÈ-WATTBNBAGH, n''0«itipoii(i/'.,p. 4311), puisqu'il an-
nonce un sjiiode qui aura lieu en seplemlire de la IS* Indiction, soit en
septembre â36, riudiction commeui;.ant à Rome lel" aeptemljre. Le ral-
BOQoementde Mabllle [Hiiloire du Languedoc, êl. Privât, l. IV, p, l'i-14,
note tv), est donc juste, loulerois, U ne doit pas s'appliquer ù la paix
dâflnilive de 897, mais aux uégociulions qui Turent rompues en 896,
aussitdl après que Foulques eut écrit sa première lettre & Etienne.
I.a chronologie doit ôxre établie ainsi :
Fin d'avril ou mai, élévation d'£tienne VI IJapi'ô-W.itteshach, op. eii.,
p. 439).
Mal première lettre de Foulques ù Ëtîeone VI dans la-
quelle il lui annonce la paix (Flodoahd, op. cil.,
I. IV, c. 4, p. 862). — Les négociations sont rompuos.
Eudes attaque Raoul de Cambrai.
2 juin Eudes est à Orléans.
Juin Lettre d'Etienne VI li Foulques lui annougant qu'un
synode aura lieu en septembre et lui enjoignant d'y
venir (Flodoard, ibid.).
Juiu-JuUlel Lettre de Foulques ft Etienne VI. Le roj'aume est
en proie à de grands troubles. Foulques s'est soumis
& Eudes; Il s'excuse de no pouvoir se rendre auprès
du pape (FLODOABn, op. cit., L IV, c. 4, p. 5fi2-3Sî;.
Juillet Lettre d'Etienne VI dispensant Foulques de venir et
lui enjoi^cnant d'envoyer à sa place au synode de
Raveone Honorât de Bcnuvnis et Rodolphe de Lnoa
(FLODOiRD, op. cit.. 1. IV, c. 6, p. 571).
184
LUTTE ENTHE EUDES ET CIIABt.ES LE SIMPLE.
Qément fidèles auGarolingieu*, c'est-à-dire une longue et étroit^
bande qui se serait étendue du diocèse de Reims au comté dm
Boulogne et aurait compris, outre ces deux territoires, Laon,.,
où venait d'être nomnaé en reoiplacemeut de Didoii un évêque
partisan de Charles', le Vertnandoîs liont le comte k^giUnie
était Iléribert, toujours fidèle au Carolingien, et TArtois dont
le comte était probahlemenlcet Egfroi'qui avait constamment
agi de concert avec Héribert en faveur de Charles, Ce traité
était une conception très habile ; Eudes obtenait ainsi la paix
en ne diminuant son royaume que de territoires qui lui étaient
encore hostiles et qui auraient toujours été un élément d'insé-
curité et une cause de troubles; ii les cédait à Charles et cons-
tituait à celui-ci un royaume qui devait servir au sien propre
de boulevard, qui le protégerait au nord et à l'est contre Bau-
doin, contre Raoul de Cambrai et contre Zwentibold. Euliu en
accordant à Charles les territoires qui avaient appartenu k ses
1. » OJo... volena partem rcnui quam ejua Udelea lenuerant Earolo
<■ cDuceilere. > Le Leilenuus semble très heureusement élabli par l'abbé
Dehaisnea, p. 3t)2. Ce plus-que-parfaîL « leuucraiit * s'explique par le tni
qu'Eudes avait privé tous les partisans île Cliarlea de leurs bCneflcea
en « Frauda ».
2. Didoii de Laoa mourut selon le Oattia clii-iiliana (t. IX,
«XIX cal. januar. ■>; or, eu 893, il avait soutenu le siège contre Z^rcutl
bold, 11 mourut probablement le U décembre do cette même anni
Comme nous l'avons vu dans bien des évèebés et dt-s abbayes, l'élecUoa
de son Bucceâseur proTuqua des troubles ot Foulques écrivit à ce sujet
une lettre à Eudes IFlodoard, op. cil., 1. IV, c. 5, p. 5D5) qui ne peut
éire que de la proralère moitié de raiimie sas, car le ton do celle lettre
ne permet pas d'admettre que Foulques l'aiL écrite après sa réconcilia-
tion avec Eudes qui eut lieu environ au milieu de d9S. Très probable-
ment, d'après cetti3 lettre, Eudes atflll contraire à l'élection de Rodolphe.
Celui-ci fut olu évèque de Laon dans les premiers mois de 896, puj&qw)
lo )>ape exige de Foulques qu'il se fusse remplacer par lui
qui aura lieu à Ravcnne en septembre Ë9G (voy. ci-dessus, p. 183, n.
D'iiprès une autre lettre de Foulques à Rodolphe, on voit que la noml
nation du nouvel évf^que de Laon litait tout à fait agréable à l'ardu
vfciue; Rodolphe Jouit plus tard d'une grande considération à la
de Cbarlea le Simple.
3. Egfroi itlcfridus) fait, avec Iléribert, partie du complot contre Eudi
dès son origine (FLonoABb, op. cit., 1. IV, c. ;j, p. 593-!l64); les cbâtelnini
de Saint-Vaast envolent un comte Egfroi à Eudes après la mort
dolphc en 892 ; Il semble naturel que ce soit le comte d'Arras
suppose M. de Kalckstein (op. cit., p. 73 et 77 n. 2). EoRn un « Unkli
ou Heinfridus >, que nous supposons être le même Egfroi, vient avec
ribi'rt et Krkenger de Boulogne en 693 auprès d'Eudes pour axer
part du rojaumc à laisser à Charles ; voy. ci-dessus, p. 181.
iwV|
ijet D
[896] RUPTURE DES NÉGOCIATIONS. 18S
partisans actuels, avant qu'il les en dépouillai, il rendait en
principe Saint-Quonlin et Péronne, soit \-- Vermaudois à Héri-
bert. et c'était àObarles qu'iocombait di-sormais la tâche de le
reconquérir sur Raoul de Cambrai, leur ennemi commun. On
comprend maintenant pourquoi Eudes avait renoncé à la fin de
l'année 895 à marcher sur Raoul'.
La combinaison était en effet fort iiigéoieuBe ; elle échoua
malheureusement devant le mécontentement de Raoul qui ,
n'étant nullement disposé â se désister, pour favoriser la cause
d'un roi qu'il avait trahi l'annt^c précédente, des deux places
qu'il avait conquises dans le Vermandoi?, dispersa le plaid par
la force et mit fin à toute négociation.
Tout espoir semblait perdu d'arriver à un arrangement. Eudes
dont les desseins paciûqucs étalent déjoués se décida alors à
assli';ger Saint-Quentin et l'éronne, il s'en empara, eu chassa
les troupefi de Raoul, puis rendit le Vermandois à Héribert.
Mais Raoul ne se tint pas pour battu; il attaqua de nouveau
Saint-Quentin et périt dans la lutle le 28 juin', sans avoir pu
vaincre la résistance de la place.
L'année se passa eu inutiles tentatives d'accommodement'.
Néanmoins les intérêts d'Eudes continuaient à prospérer. Héri-
bert de Vermandois et Erkenger de Boulogne, déçus dans leur
espoir de recouvrer leurs bénéflces et leurs biens à la faveur
du traité proposé et ayant tout perdu, passèrent à Eudes.
Charles se voyait peu à peu abandonné de tous ; ses partisans
□'étaient pins qu'en nombre minime, loraqu'une dernière défec-
tion vint mettre le comble à son isolement. Eu juin ou juillet,
Foulques fut entouré etpris par les Gdèles d'Eudes*; contre son
gré. il dut se rendre auprès du roi et lui donner satisfaction sur
tous les points sur lesquels Eudes l'exigea de lui ; il dut évidem-
ment [ircndre rengagenieut de renoncer à toute hostilité.
Charles, auquel l'arclievêque restait néanmoins lidèle, privé
de sou plus sur auxiliaire, traqué pour ainsi dire, voyant peu
t. Le leïte inAmo des Ann. ValasC. (ajiQ. 895) semble étiiblir une cer-
taine connexion entre le délai apparia par Eudes & l'expédition contre
RhouI et les uogociatîons de piilx uvec Cbarles.
2. Ann. Vedasl., ann. Hïi. — Ann. B'andinierufs, ann. 896.
3. .41111. VedaiL, ann. 890 : « per varia piacila tolus hic anniis pertraa-
( Biit. B
4. Ann. Vadast., ann. 8U6. — Eudes n'eiitfea pas de Foulques de re-
noncer À la Qdélité à Charles, comme le prouve une lettre de l'archevêque
cilâe plus bas, p. ISS.
186 LUTTE ENTRE EUDES ET CHARLES LE SIMPLK.
à peu toutes les places où il pouvait se réfugier se fermer
devant lui, n'avait i>lii3 qu'un parti à prendre : il passa la fron-
tière lorraine. Le 2b juillet, il était avec sa mère Adélaïde à
Gondreville*. Zweutibold, son liûte, lui accorda très probable-
ment quelques secours et tenta à plusieurs reprises d'entrer
avec lui en f Francia n; mais ces incursions furent toujours
malheureuses*.
Le diocèse de Reims avait particulièrement à souffrir de cette 1
reprise d'hostilités à cause de son voisinage avec la Lorraine.
Aussi Foulques <'crit-il à la fin de juiu ou au cummencemeot J
de juillet à Etienne VP qu'il ue peut se rendre à Rome, qu'il I
est en buLte à des oppressions de tout genre et qu'il est retenu J
par des troubles divers ; puis, après une longue apologie de sa 1
propre conduite, il ajoute que si le royaume retrouve quelque 1
repos et s'il en obtient la permission d'Eudes, il se rendra \
auprès de Sa Sainteté, si toutefois les routes sont libres, car, à
l'heure où il écrit, elles sont barrées par Zwentibold qui accable
l'égliKe de Reims et en partage les biens aux siens. On se
rappelle, en eiïel, que l'église de Reims avait des propriétés ta .
Lorraine. Zwentibold ne put jamais pénétrer bien avaut daus I
le royaume de l'Ouest, car il fut constamment repoussé par les
troupes d'Eudes plutôt que par ce souverain lui-même *qui,
pour une raison qui nous échappe, s'était rendu dès la lin de
mai en Ncuslrie. Était-ce lassitude, maladie, raison poliliquef
bref, le 2 juin', à Orléans, il conûrmail les privilèges du mo-
nastère de Saint-Martin de Tours, sur la demande de son frère J
Robert. Cet acte prouve qu'une des conditions imposées par 1
Eudes à Foulques, était sa renonciation à l'abbaye de Saint-
Martiu qu'il s'était fait donner par Charles, aussitôt après soa I
élévation au trône.
Le séjour d'Eudes se prolongeait dans le midi; aussi le poëta'
qui a chanté ses exploita, Abbou, est profondément indigoi*
1, Ann. Vtdasl., Oûn. 806. — DCmmLBB, op. cit., l. III, p. 434 n. I. -
Jouitutl de la Sociiié d'archéologie de Lorraine, i&S'S, p. 161. — Ce diplôme
en Cavcur du prieuré de Saloiie permet de fixer approxImatiTemenl la
date du revirement forcé de Foulques.
2. Abbon, 1. II, V. 577-S8i. — Ce passage est conllrinô par la Qn de la Â
leilre de Foulques à Etienne VI <Flodoabd, op. cit., 1. IV, c. 4, p. C«3). f
3, Flodgabd, op. cit., 1, IV, c. 4, p. aG2-5U3.
4. Abbon (1. Il, v. SBt-582) alUrme que jamais Eudes et Zwentibold no |
se irouvèreiil en présence l'un de l'autre.
a. MiBtLLB, Le» irtaïuiom iwrmanrfes, p. 435 et sulv.
[896-897] RETOUB des SORMANDS ex 'I FltASClA ». 187
cODtcG lui et déclare qu'il ne connaît pins d'actions d'Eudes
dignes d'être chantées. Le roi quittait en effet les régions du
nord', presque eutièrement reconquises, au moment où un
nouveau fléau les menaçait.
Depuis près de quatre ans, la grande armée normande ra-
vageait l'Angleterre et luttait contre le vaillant roi Alfred, Eu
été 896', elle se divisa en trois corps dont l'un, le plus pauvre,
le plus à court de butin, se procura des vaisseaux, repassa le
détroit et soua la conduite d'un nommé Huncdens*, pénétra
dans la Seine sur cinq barques; ces Normands étaient donc
au nombre de trois cents environ*. Ils commencèrent sur-le-
eliamp à ravager le cours inférieur de ta Seiue ; ils devaient
être d'autant plus redoutables qu'ils étaient plus pauvres.
Eudes ne tint aucun compte de l'appel de ses sujets et demeura
dans un inexplicable éloiguement. Le nombre des Normands
au};menlait toujours, enQn peu de jours avant Noèl, ils se sen-
tirent assez forts pour pénétrer dans l'Oise et pour établir leurs
quartiers d'hiver près de Compièguc, dans la villa royale de
Choisy au Bac', près du confinent de l'Aisne et de l'Oise.
L'année suivante, les Normands pénétrèrent jusqu'à la 897
Meuse'; Charles enl alors l'idée de s'allier â ces barbares et
de se servir d'eux pour mouttir sur le trône. Mais Foulques,
apprenant ce projet, écrivit ausailOl au roi pour lui témoigner
toute son indigualiou de le voir céder ainsi à de mauvais con-
seils^ : « Lequel de vus sujets, lui dit-il, qui vous est fidèle
1. Abbon, I. II, V, a«3 ût suiv. — Ann. fedail., ann. «W.
2. Anylo'iii.von chvonieU , anii. 897. -" Voy., sur la clirimologie de
celle chronique, Stbbnstrup, Normanntnu, l. 11, p. 74 n. 1. — Stbbn-
STBUl', op. cil., t. II, p. Si. — Paui.I, Konig Aelfred, p. 271. — NouB ne
pouvons admettre le ralsounemeut de M. Steenstrup {op. cit., t. 11.
p. 232 n. 3) qui (Ixo l'arrivée do HuncdeiiB au 17 novembre ; d'après les
^nn. Vedtmt., 11 semble èiro arriva beaucoup plus tOl; ullos le meiilion-
neut avani la mort de Raoul de Cambrai. Du reste, les Normands arri-
vèrent successivement, par petits délacliemenls, durant l'ôtii el l'au-
tomne.
3. M. Steenstrup fait de cet Hnncdeus. dont le nom serait une corrup-
tion du nom de llulc, un compagnon de Rollon qui aurait pris part à la
conquête delà Normandie (iVormamiertie, 1. 1, p. U6, 157-139; t. II, p. 282).
4. Voy,, ci-aprêa, sur le nombre d'hommes portés par une embarca-
tion normande, l'Appendice u* H.
Q. .4nn. Vedasl., ann. 8%.
fl. Ann. Vedail,, aoo. 807.
7. FLODOabb, op. eil.i 1. IV, c. 5. p. IJti&-S66.
188 LUTTE ENTRE EUDES ET CHARLES LE SIMPLE. [ï
» comme il doit l'ôtre, ne serait pas terriflé de vous voir re-
'( chercher l'amitié des ennemi» de Dieu et coochire une
a alliance diUestable avec les païens, pour la niiue et la des-
n tniclion du nom chrélienî 11 n'y a, en ellet. ajoule-t-il.
» aucune difTérence entre celui qui s'aille aux païens et celui
" qui, après avoir renié Dieu, adore les idoles... Et c'est lorsque
« vous devriez mellre un terme à tous les maux passés, re-
« noncer aux rapines et aux pillages exercés sur les pauvres
« et faire pénitence pour toutes ces choses, c'est alors que,
ne craignant pas de provoi|iier une colère de Dieu pluft-
s grande encore, vous vous joignez à ceux qui iguorent Diei}|
a et qui ne se confient qu'en leur fcTOcité. Grojez-moi, jamaii
H eu agissant ainsi, vous i.e parviendrez au trône, car le Dieu
u que voua irritez vous perdra rapidement. Jusqu'ici j'avaisj
n meilleur espoir de vous; maintenant, je vois que vou»]
« périrez avec tous vos complices, si vraiment vous vouleci
" agir ainsi et suivre de pareils desseins. En vérité, ceux qui';
« vous donnent nu tel conseil ne sont pas des fidèles mais bien,,
" des infidèles en toutes choses ; si vous les écoulez, vous.|
« perdrez en même temps votre royaume terrestre et le
« royaume céleste. Je vous supplie, au nom de Dieu, d'abaa-
a donner ce projet, de ne pas vous précipiter, de votre plein
« gré, dans une mort éternelle, et de ne pas causer cette dou-
« leur à moi et à tous ceux qui vous sont fidèles selon Dieu.
o II aurait mieux valu que vous ne fussiez pas né plutôt que
o de vouloir régner sous le patronage du diable et aider ceux
« que vous devriez combattre par tous les moyens. Sachez en
eiret que, si vous faites cela, si vous acquiescez â de sein-
<• blables conseils, jamais vous ne m'aurez comme fidèle, et de-
n plus je détournerai de vous être fidèles tous ceux que je'
" pourrai et, avec mes coévêques, vous excommuniant vous el
n les vôtres, je vous frapperai d'un anathènie éternel. C'est
« parce que je vous reste fidèle que, tout en gi-missant, je vous
n écris ces choses, etparceque je désire que vous soyez honoré
Il selon Dieu et selon le siècle et que vous montiez sur le trône
n qui vous est dû, non par le secours de Satan mais par celui
« du Christ. Le règne que Dieu donne a de solides fondemeoU;
1 mais celui qui est acquis par l'injustice et la rapine est ca>
duc, il s'écroule rapidement, il n'est pas durable."
L'archevêque ne ménage pas les termes ; les sacrifices qu'il
a faits, les soulTrauces qu'il a endurées pour la cause de tJbarles
dont, malgré les concessions qu'il a dû faire a Eudes, il est
4
SOUVELUES NÉGOCIATIONS.
189
fidèle, lui donnent le di'oit de tenir ce langage, de
lème.
Ce pi _, . d'alliance normande ne l'ut pas mis à exécution ;
et, tout ce qu'il en resta, fut le baptême du chef normand Himc-
deiia, célébré à Pâques (27 mars 897). Charles lui servit de
parrain. A leur retour, les Normands rencontrèrent iiuc armée
franqne qui ne semble avoir été commandée ni par Eudes ni
par Roberl'; la rencontre n'eut du reste aucun résultat immé-
diat et les Normands regagnèrent leur station de Clioisy et
leurs navires. Mais, craignant d'être cernés, car l'armée qu'ils
avaient vue était très nombreuse, ils levèrent le camp, ren-
trèrent dans la Seine et y passèrent tout l'été, exerçant leurs
pillages sans rencontrer aucune résistance. Où Eudes séjour-
nait-il? nous l'ignorons. Depuis le 2 juin 896 jusqu'au 21 oc-
tobre 897 nous perdons absolument sa trace. Était-il malade?
peut-être; cela seul expliquerait son incompréhensible inac-
tion.
Après Pâques (27 mars), les partisans de Charles voyant leur
petit nombre et considérant qu'ils n'avaient plus aucun lieu
sûr où ils pussent se réfugier, envoyèrent de nouveau une dé-
])utation t Eudes pour lui rappeler que leur seigneur était fils
de celui qui avait été son soigneur, et pour le prier de lui
céder la partie du royaume de son père, à cause de laquelle il
l'avait expulsé. Autrement dit et plus clairement : Charles et
ses partisans voulaient renouer les négociations rompues en
896'; Raoul de Cambrai étant mort, la négociation peut être
reprise; de plus, Charles a perdu beaucoup de terrain; traiter
aux mêmes conditions qu'un an auparavant, il ne peut pas
espérer mieux.
Eudes, après avoir pris conseil des siens, répondit qu'il était
disposé à prendre pitié de Charles si on lui en donnait l'occa-
sion, c'est-à-dire si les partisans de ce dernier ne se montraient
1. Le 27 mars 897, Robert était à Tours nvec le vicomte Ardrad, coaiiue
le prouve un acte dont la dule nous semble no peimettre aucun doute :
«C kalendaa aprilUln die saocUasimo l'aacbie.> Mabillb, Pancnrie noire,
p. 9i, a* Lï; — Les invacioiu Horn'indeâ. p. liJS. — Paris, Blbl. liai., coll.
dom Uousseau, t. I, n" 12(1. l. Hl, n' 8578.
2. Aan. f^edast. : i partom ob quam el ex paterno régna oxpulisset con-
« cederet.» Ce passage iMon. Grrm., SS., t. II, p. 2ns) fait allusion aux
Dégociationa de S96, car c'est alor.''. pour la preiniëre (ois, qu'apparaît
l'Idée d'uu partage. Auparavant. Charles prelendail au ruyaume entier;
ce n'est qu'en aae qu'il est a expulsé pour uds partie. »
190
LIiTTE ENTRE EUDES ET CHAULES LE SIMPLE.
pas trop exigeauls. Celle restriction semble prouver qu'il n'en-
tendait pas rétablir tout simplement le traité de 896. Après
quelques allées et venues des nt-gociateurs, Charles vint eo]
personne auprès d'Eudes qui le reçut avec bienveillance eta
lui donua la parcelle du royaume qui lui sembla conveuabIe»ifl
tout en lui prometlaul de lui en donner davantage. Puis, apréftl
avoir récoucilié Ilériberl avec Charles, il renvoya celui-clfl
dans son territoire.
L'humiliation profonde de Charles ressort des termes mêmes. 1
des Annales de Sainl-Vaast. Nous ne savons rien de plus daf
traité de 897; il semble cependant que les clauses peuvent, '
avec quelque vraisemblance, en être démêlées des circonstances 1
dans lesquelles il fut conclu.
11 ne fut nullement aussi favorable à Charles qu'aurait été J
celui de 8%; d'après ce dernier, un royaume aurait été cons-
titué en faveur de Charles; mais depuis lors, Eudes s'est faiti
reconnaître dans presque toutes les parties qui lui élaienil
encore rebelles de ee royaume projeté, soit à Reims, dans l6'l
Vermandois, dans le comté de Boulogne; Laon est, dans lef
territoire qui devait être cédé à Charles eu 896, la seule villei
qui a à sa tête un évêqiie favorable au Carolingien; cet évéqnej
Rodolphe, n'a fait, semble-t-il, aucune démarche de réconci'4
liation avec Eudes; aussi est-ce Laon, qui en 897 est donna J
à Charles.
Eudes, avant de renvoyer ce dernier dans le lieu qu'il loi a<l
assigné, le réconcilie avec Iléribert de Vermandois' et avecj
Ilériberl seul; ce lieu devait donc être proche du Vermandois;;
Charles, après en avoir pris possession, devait s'y trouver entrttJ
le Vermandois et un ou plusieurs autres territoires qui ne lui!
seraient pas hostiles, car s'il avait dû avoir d'autres voisinsl
ennemis, Eudes aurait fait encore d'autres récoiicilialions. Or,
il n'y a guère que le territoire de Laon qui se trouve dans ces
conditions, limité-qu'il est d'un côté par le Vermandois et la
Lorraine, de l'autre par Reiras, dont l'archevêque était resté J
fidèle à Charles. Si celui-ci eût reçu un territoire au nord-ouest, I
du Vermandois, il se fût trouvé dans le voisinage immédiat de I
Baudoin comte de Flandre, sur lequel il était impossible àei
compter, et près du comte de Boulogne qui venait de passer &1
1. ^nn. yedail.. anii, 897 : « et remiait eum [Earolum] ad locum saum,..]
< paciQcato llorlberlo cum eo-»— « Locum suum » semble déjà ladiqoer V
que Ctiarles n'a pas reçu im lerriloire Irèa étendu.
CESSION DE TERRITOIRE FAITE l
lyi
Eudes, et il eût été tout aussi important de réconci-
lier Charles avec ces deux puissants comtes qu'avec H<^ri-
bert.
Déjà en 893, Charles avait voulu s'emparer de Laon, avec
l'aide de Zwcntiboîd. Cette ville était fortifiée et il fallait que
Charles disposât d'une plane forte contre les Normands ou
contre tout autre ennemi. D'autre part, Eudes ne risque pas en
cédant Laon, de créer dans le nord de sou royaume un foyer
d'où la guerre civile pourra s'étendre sur les contrées environ-
nantes, puisque cette ville est entourée par Héribert de Ver-
mandois et l'archevêque de Reims avec lesquels Kudes a con-
clu la paix et par les comtés de Cambrai et de Haiaaut qui dé-
pendent du royaume de Lorraine et qui ont, eux aussi, aban-
donné.le parli de Charles.
Il y a à cette cession de Laon une raison politique excellente :
Eudes se crée ainsi un bo,ulevard contre Zwentibold; car il est
probable que le roi de Lorraine ménagera son ancien allié.
Enfin, on peut supposer qa'Héribert de Vermandois désirait
s'emparer de Laou'. Eudes, qui pouvait craindre une trop
grande extension de la puissance de ce comte, mettait un frein
à son ambition en cédant cette villi: à Charles avec lequel il
devait désormais entretenir de bons rapports. Laon sera plus
tard le boulevard carolingieu dans la lutte de cette famille
contre celle de Robert le Fort'.
Au lieu de recevoir un petit royaume, comme c'eûl été le cas
en 896, Charles ne reçoit Laon que comme un lieu de refuge
[locus refngil); c'est à cela qu'en une année ont été réduites
les prétentions de ses partisans, c'est cela seul qui leur est ac-
cordé. Eudes avait , durant le cours de la dernière année , re-
conquis son royaume. Il ne veut pas le démembrer. 11 promet
à Charles, il est vrai, de lui faire de plus amples concessions;
mais il faut entendre par là l'engagement pris par Eudes de
l
1. I-e premier comle de Laon que nous connaissions après Waucber
est un Roger partisan de Charles le Simple à la balalUe de Sotssons
(FLOnOARD, Chron., ann. 923, dans les Hittor. île Fr.. l. VIII, p. 170),
A la mon de Roger (02C) tlùriberL II Elis d'iléribert I donl il est Ici
cpjeElion désire s'emparer de Laon pour son llla Eudes, mais lo roi
Raoul, qui craignait que sa puissance n'en fût Lrop augmentée, donne
le comte de Laou à Roger fils du comte du mËme nom (FlodûâBS,
Chron., ann. 927, ibid.. p. 1s4; llist.. 1. IV. o. 2, p. U7U).
2. Laon est la « capitalii de la France carolingienne au s« siècle*,
« urbs regia • (Lot, Lei derniers Carolingkni, p. 181).
192 LUTTE ENTRE EUDES ET CHAULES LE SIMPLE. [897]
désigner Charles comme son successeur, à sa mort, dont il
presseot peut-être l'approche.
Charles pourra, après la mort d'Eudes, dater soo règne de 8!I3,
néanmoins, depuis 897, le nom de roi n'est plus pour lui qu'un
vain nom; ses droits royaux sont suspendus', il n'en a plus
aucun; il n'est pas associé à la royauté d'Eudes, mais îU'a
reconnu roi et il s'est constitué sou tidèle'.
Puis, grâce à Robert qui, dans cette occasion, se montre le
digne successeur de Hugues l'Abbé, Baudoin même' se
rendit auprès d'Eudes qui le reçut honurablemeut et il donna
satisfaction au roi sur tous les points sur lesquels celui-ci
l'exigea, L'annaliste emploie de nouveau, en relatant ce fait,
ces termes vagues sous lesquels, déjà précédemmenl, nous
avons cru deviner l'bommage et le serment de fidélité.
La pacification est maintenant complète; seuls, les Nor-
mands portaient encore le trouble dans le royaume el c'est ici
un triste épilogue à la vie du défenseur de Paris. CouHaats
dans leur nombre qui avait beaucoup augmenté, les hommes
du Nord étendent leurs ravages au loin sur tout le bassin de
la Seine, au dessous de Paris; ils portent le fer et le feu daus
les contrées qui leur avaient échappé lors de leur arrivée.
Mais Eudes et les siens sont toujours plus tas de combalti'e ;
il semble qu'une fois la concorde rétablie dans lu royaume,
ils eussent pu facilement les écraser; sont-ils effrayés par le
Dombre toujours croissant des ennemis? Bref, le roi leur
envoie des négociateurs, il veut racheter son royaume. On
réunit un plaid et, comme si lii " Francia n se considérait main-
tenant comme le royaume proprement dit, comme si l'antago-
nisme entre la « Francia o, d'une part, et la Neustrie et l'Aqui-
taine, d'autre part, subsistait toujours, les Normands vout,
après ce plaid, hiverner sur la Loire, probablement eu laissant
1. C'est bien ce qu'imliquent les diplômes de Charles, aprèR la oiorl
d'Eudes : ■ anno V regnanle gloriosissitno rege Karolo, redinlegrunle 1 •
(Hilior. de Fr., l. IS, p, 470).
2. « Karolus veult ad eum [Odonem] quem ille beuigne suscepil... er
* remisU eum a<.l locum suum. > Les Ann. Vedait. emploieiil des lermes
toul à Tall analogues dans des cas où lus rapports de Qdèle à suzemin
sont hors de doute, ainsi, en 838 et en 897, eu parlitnl de Baulola, et
en 688 en parlant de l'enirevue d'Eudes et d'Arnulf.
3. Ann. Vidant., ann. 897 : « Balduliius etlam >. Cet • etiom » semble
Indiquer que le retour de Baudoin h la fldelltâ est le courounemont do
l'œuvre de paciacatinn.
] MORT D'EUDES. I'J3
leur flotte 8nr la Seioe. Curieuse manière pour Eudes de ra-
cheter son royaume que d'eu libérer uue partie aux dépens de
l'Aquitaine et surtout aux dt^peos de la Neustrie qui lui a étii
constammpnt fidèle'. Cette condition fut-elle iœposcSc par les
Francs du Nncd et Eudes dut-il y accéder pour ne pas mettre
li, IV'preuve leur n^ceute fidélité ? Quel qu'en ait été le motif,
cette mesure ue rappelle que trop l'abaudou de la Bourgogne
fait aux Normands par l'empereur Charles lH après le siège de
Paris.
Eudes, lorsqu'il signait ce triste traité, était dans le nord, en
a Francia » ; le 27 octobre, il signait ft Nanleuil-le-llaudoin,
an nord de Mcaux, sur la demande de Richard, comte d'Autun
n ilUislris dilectnsque nobis cornes « uu diplôme' renfermant
une donation pour un certain Gislebert, fidèle d'Eudes, qu'on
pourrait ideutilier avec le fils de Manassès I de Vergy et qui
épousa une fille de Richard.
Le séjour d'Eudes dans le nord se prolongea encore ; tandis
qu'il était à La Fère, sur l'Oise, non loin de Laon, il tomba
malade ; durant plusieurs jours, la maladie alla en empirant;
alors, sentant que c'était sa fin, il mit à exécution la promesse
qu'il avait faite très probablement loi-s de la paix avec Charles
et il demanda à tous de reconnaître celui-ci comme roi et de
lui être fidèles ; c'était une sorte de « dcsignatio «.
Le 1" janvier 898, il mourut, son corps fut transporté à
Saint-benîs% dont il était très probablement abbé; il y fut
inhumé avec tous les honneurs royaux, aux côtés de Louis III
et de Carloman.
1. Arm. Veiiaâl., ann, 898 : " Nortmonnl vero verno temporc redlcre aJ
« naves, vastata AquUaiiifB parle alqueNeustria. însuper plurimis over-
< sis castris, interfecUsque liabitQloribus. >
2. Gabnibk, Charles bourguignonnes inédite*, dans les iUmoirei prêsenl^t
par rtiittrt laonnlt à i'Aixtdimie de* lii*eriptiont rt BtlUs-Lftlres, 2° aiirie,
t. II, p. 134. — Mtttét dt* Archive* dipartententatet, p. 24-25 et pi. IX.
3. Voy., sur la dale el le lieu d'iabumatiun d'Eudes, DCmulbh, Getehiehte
de* ùtlfrànkUcken Iteielis, t. III. p. 43G. — LOnqnok, Notice aur k plus an-
eifn obituairf de l'obbai/e d« Saiiit-Gcrmain dvt Pris, dans les Notices el
DoeumenU publié* pow la Saciéli de t'Jiistoire de France, p. 23. -* Ann.
Vedasi., niin. ms. — Reginon [Chron., ann. 808) Indique le 3 janvier
comme date de la mon d'Eudes, mais sa chronologie n'est piis toujours
digne de conDnnce. — Au». S. Colnmbx Senon-, nnn. i(98. — Ann. S.
Oei-mani Paris., atiii. 8dâ. — L, Dbl[SLB, NoHce sur plunieurs manuseril*
de la Bibtiûlhèque d'Orlcan* (dans les Notices et exiraili de* maniueritt de
Bibliothègue Nationale, t. X.\.XI, 1" partie, p. 337 Ol sulv.) : Note
Sffwnente*, p. 424 : > Kal. Januaril). Obltus Odonis régis iiostrl ».
rxm*. Eudet. 13
Ainsi Qnit le règoe d'Eudes.
Ce souverain semble avoir constamment cherché à réaliser
l'idéul que rêvaient tous ceux qui vivaient à cette époque
troublée, soit la protection contre les Normands et la paix du
royaume; à côté de ces deux buts il en entrevoyait un troi-
sième au bout de la carrière, la grandeur de sa maison. Jusqu'à
quel point réalisa-t-i! ces trois desseins?
Il avait, il est vrai, avant d'être roi, arrêté la grande invasion
normande et sauvé de la conquête le royaume franc de l'Oiiesti
les espérances qu'avait fait'uallre sa bravoure furcat déçues à
plusieurs reprises après son avènement; néanmoins, iJ avjtit
continué la lutte et s'il ne fut pas toujours vainqueur, il lut
toujours redouté par les hommes du Nord.
Hélablii- l'ordre et la concorde était une tâche non moins
difiicile et pour laquelle la bravoure ne suriîsait pas : pour s'en
acquitter, il flt de grands efforts, A peine sur le IrOne, au moment
de la dislocation de l'Empire, il reconnaissait à Arnulf des
droits contestables, mais qu'il eùi été téméraire de contester,
et il assurait ainsi à sa royauté et t son royaume le bon vouloir
du plus puissant de ses voisins. Les heureux effets d'une si
sage politique furent perdus, en partie du moins, par la faute
d'Arniilf qui manqua à sa parole, puis qui, en donnant la Lor-
raine à Zwcntibold, établit sur la frontière du royaume de
l'Ouest nu souverain brouillon et belliqueux qui y porta le
trouble en se joignant aux ennemis d'Eudes.
A l'intérieur, à peine ce dernier eut-il cru se concilier ses
adversaires qu'ils relevèrent la tête; pour la plupart des grands,
si ce n'est [lour tous, Eudes n'était qu'un parvenu et la cause
carolingienne représentée par Charles le Simple n'était pour
eux qu'un prétexte, sous le couvert duquel ils poursuivaient
leurs propres intérêts, soit rairi'aoehisseinent le plus complet
possible du pouvoir royal. Eudes crut pouvoir attaquer en face
la f-'odalilé naissante, il voulut faire un exemple, puis il com-
pril que le mort de Wauclier avait grossi le nombre de ses
eijneinis; aussitôt il prit le parli de temporiser, de négocier;
c'est ainsi qu'en Aquitaine il détourna de la lutte Adémar de
CONCLUSION.
ISS
Poitiers, Richard de Bourgogne, Guillaume d'Auvergne ; chaque
année il se conciliait quelque nouveau seigneur; il cherchait à
localiser de plus en plus la guerre civile fomentée par Foul-
ques; il traquait le petit parti d'irrécouciliables dont l'arche-
vêque litait le chef et Charles le Simple le centre, tout en ne
refusant pas de traiter avec eus; à deux reprises il se prêta à
des négociations.
Son règne finit dans le découragement et la limite est dif-
ficile i tracer entre les actes qu'on peut attribuer à une sage
temporisation et ceux qui ne sont que le résultat d'une extrême
lassitude. Le traité qu'il conclut avec les Normands en 897 ne
peut être le symptôme que de ce dernier sentiment, quelque
pénible qu'il soit à constater dans le cœur du dt-feascur de Paris.
S'il renonça à protéger sou royaume contre uu ennemi dont
les constantes attaques tassaient sa bravoure, il réussit, après
des années cruellement troublées, à établir momeDlauément
une paix relative dans le royaume. Est-ce pour maintenir la
concorde, est-ce dans l'espérance d'éteindre la guerre civile et
pour éviter toute compétition au trûne que sur son lit de mort
il semble avoir sacriBé la grandeur de sa maison? Nous n'osons
pas l'affirmer. Est-ce par politique qu'il n'a pas voulu rompre
avec le prestige carolingien et donner à son frère un titre con-
testé sans un pouvoir suffisant? Les quelques paroles par
lesquelles Eudes désigne Charles le Simple comme son succes-
seur, et qui sont comme un trop court testament politique, ne
sont-elles pas inspirées par un profond découragement?
Néanmoins il a fait la grandeur de sa maison. Nous pouvons
l'affirmer lout en ignorant jusqu'à quel point il s'en est rendu
compte. Grlce à la position qu'il avait faite à Robert, celui-ci
restait auprès du roi, comme a duc des Francs » et comme
frère d'un roi dont le souvenir demeurait dans le peuple celui
d'un héros, dans une position hors de pair qui lui permettait
d'attendre les événements, et, selon toute vraisemblance, de
ménager à sa descendance un avenir glorieux.
Certes, Eudes est une des plus grandes figures de la déca-
dence carolingienne. Quoiqu'il ait dû guerroyer sans trêve, il
suivit constamment une politique d'apaisement et il aboutit à
deux fins qui semblent contraires : d'une part, il conserva et
transmit le sceptre à l'héritier légitime, dès que les mains de
ce dernier purent le porter, d'autre part, il consacra la gran-
deur de sa maison.
* -ï
APPENDICES
r.; ^v
l. .
h \
V-
a-
p.
APPENDICE PREMIER
LA KAMILLK D'EUUKS
L"étmle de rori^ioe de Robert le Furt ne rentre [las ikîccs-
sairement dans le cadre de ce travail. Toutefois, sans refaire
l'esposé d'un problème auquel il faut désespérer de trouver ja-
mais une solution certaine', nous résumerons les arguments
principaux qui militent pour l'origine saxonne.
Il y a deux témoignages positifs elindi': pendants l'un de l'autre
en faveur de cette origine ; il n'y en a pas en faveur de toute
autre hypothèse'; l'un est celui d'Aimoin, qui écrivit au com-
mencement du XI» siècle dans le monastère de FIcury, près
d'Orléans, une suite aux Mi7-acies de saint Benoit et qui parle
de Robert, comte d'Anjou « Saxonioi generis vir= ». Aimoin
vivait dans une contrée où ta reuommée de Robert ne devait
pas avoir été oubliée ; il n'y a, d'autre part, aucune raison de
supposer qu'il 00001.11 l'oeuvre du second auteur qui fournit un
témoignage précis, de Richer* qui écrivait à la fin du x» siècle
1. .VIONOD, dans la Remie Cii'Iifue, aanéo tST3,2<3eiii., p. 97 : ■ la ques-
tion est à peu près insoluble », — LoCHaibb, HiHairc do instiSuliùra 'no-
narehiqites, t. I, p. 1 ;< l'origine de la maison capélleune esl un de ces
« problèmes historiques queia science cherchera longleiiips encore 6 élu-
« eider, sans pouvoir jamais aboutir à une solution décisive >.
2. Le vers d'Abbon « quanivifi la jOdo) Neustricus esael » ne peut
infirmer en quoi que ce soit le téniioignage de Richer; Eudes qui a des
alleui et des bénâfices en Neustrie, dont le père s'est signalé comme le
détenaeur de ta Neustrie, ue peut pas être qualiDé autrement que île
Ncustriea. Eudes, qui surgit en Neustrie, vingt ans après la mort do
son père, après vingt ans de silence sur sa famille, ne peut être pour
AbboQ qu'un Neustrien* le poète ne va pas chercher plus loin; le tèmol-
gnnge d'Abbon peut parfaitement se concilier avec Torigiae sas^onne.
3. Miracula lancti Bcnedicii, 1. II, e. r, p. 93 : « obslilll primo eoruni
« [Nortmannorum] sfcvis conatibus Itobertus, Andegavensts cornes,
« Saxonici generis vir, cui per id locorum a rege snmma rerum delegata
■ fuerat, adnilentibus sibi prœemlnenlisBimis Npustriœ viris, Rainuifo
« atquQ Lamberlo ï.
4. ( llic [Odo] patrem habuii ex equestri ordiae Rotbertum; arum
« vero patcrnumj Witicbinum advenam germanum. Creatusque rex...
« (eo quod milites mediocri inlerduiu subdi oontem puèrent]... ■ Cette
dernière phrase est eHacée dans le ms. [fian, Germ., SS., t. III, p. 570.)
"iUU ArPKNDlCe PREMIER.
et qui dit que le père d'Endes élaît Robert et sou aïeul paternel
Witichin, un (.^ranger germain ; piiiâ il ajoute qu'Kudcs étatll
(l'une cxtractioD peu relevée et que les vassaux n'aimuead
pas lui obéir. Ou verra, dans l'appeudice n" IV, quelle impur-a
tauce a le téuioigaage de Richer; aussi u'hésilona-nouspas, nutm
la foi de ce chroniqueur, à adopter la tradition de rorigioi
saxonne ; quelque ingénieuses que soient toutes lesliypottiëseaJ
par lesquelles on a voulu remplacer le témoignage de Riclierj
nous estimons que le témoignage de ce chroniqueur, appuy<"
par celui d'Aîmoio, est toujours debout; rien, dans l'iiistoirvl
ultérieure de la famille, ne s'y oppose, beaucoup défaits aaj
contraire s'expliquent mieux si l'on admet la basse extraction i
de Robert le Fort'.
Il semble que le Germain duquel devait sortir une si illustre
race était arrivé en France dans des circonstances peu heu-
reuses pour lui*. Peut-ûlre ce Witichin était-il au nombre des,
lO.UOO Saxons.que Charlemagne déporta pour les établir dansi
diverses parties de la Gaule et de la Germanie* Peut-être
était-il parmi les otages que Charlemagne emmena de Saxe dès^
794 ? En 802, il distribua des bénéfices royaux' à quelques-unri
de ces Saxons; Witichin était-il au nombre des privilégiéaf]
En tout cas ce fut bien probablement par l'acquisition daj
bénéGces et par quelque alliance avec une puissante famillH
de Neustrie, avec quelque comte de Tours onde ISlois' qu'il
1. Voyez, entre autres, ci-dessus, p. 3.
2. C'esl ce quo seiubleat iodiquer soil li; mot d'« adveî)a»,eiiiployi)pi
RicUoc, soil l'expression 4 ex (lerjiia,Dia proFug'Um » cm[il07ée |
Ekkbuard, Chran., dans les Mon. Germ., SS., t. VJ, p. 173.
3. EiNHABD, Viia karoli, c. vu, dans les Mon. Ocrm., SS., t. 11, p. 447 i
<i decem milla homlnuni ex bis qui utrasqau ripas Alliis Oumiiiis im
«lebant, cum iixoribus et parvulis sublalos traastulit, et tiuc ntqtU
« iUuc per Galliam et Germaniain mulliinoda divîsioao dîslrlbuil.
Capitutare miatorum Aquisgratienie , mars S02, cap. 10, dans les Uoh
Gei'm., Ltges, t. 1, p. 97, t. Il, p. 16. — Waitz, Dtulsche yrrfattMtigêg
trhichte, l. III (le83), p. 140-UI. - Ann. Lawîwntei minore*, aun. .
dans les .Won. Oerm., SS., t. I, p. 120 : « populiim Saxonum per GaUiiu
u dispersit. ■> — Ann, LauHtKnseM majoret. ann. S0^< dans les Jlfon. <
SS., t. I, p. 191- — ROth, Beneficialwesen, p. 71 n. 110-117.
4. Mabille. dans son Introduelion uiu: chroniquet dtt eomles d\
p. Liv n. 3, fait de Boberl le Fort lo pellt-Dls de Hugues de Tuun,
cunséiiuenl le neveu de Lothaire I et le cousin de Louis II d'IUJIe. -
M. de Barthélémy, dans son mémoire sur les Originel de la Uafton d
France, fait de Robert te (lis de Guillaume de Blois et le cousin de C
le Cbanve. Qea deux hypothèses sunt cuadamnces par Foulques q
Lft FAMILLK d'BUDER. "201
jeta les premières bases de la puissance de sa inaisoa ; la bra-
voure de son EU Robert coasolida l'éditice naissant.
Robert le Fort, selon l'hypothèse très plausible de M. de Kal-
ckstein, avait épousé la sœur d'un Aleaume', probablement
comte de Laou', et eu tout cas grand seigneur béut^tlciaire
dans celte région. C'est â cet Aleaume qu'appartenait la lerre
de Ghaourse dont Charles le Chauve dispose le 29 août 867 eu
faveur de Saint-Denis; eu 877, ce môme Aleaume est désigné
dans le capitulaire de Quierzy comme l'uu des conseillers de
Louis le Bègue, il remplit les foiiclious de veneur' et au retour
d'Italie de Charles le Chauve il devra pouvoir dire au souverain
combien son fils a tué de sangliers et de bfites fauves' dans
chaque forôt commise à sa surveillance. Il avait pour tils ce
Waucher que nous savons être le cousin d'Eudes' et qui se
révolta contre lui en 892.
La parenté d'Eudes avec Adémar de Poitou est attestée par
Abbon'. Adémar ayant un frère du nom d'Âleaume' M. de
qualiQo Eudes 'le « ab silrpe regia... alicnus >> (FL0i>O4.aD, op. cif., I. IV,
c. 5, p. 563).
1. Robert der Tapftre. p. Hi; ^Oeichichk tia franiOtite/Kn Kimigthumt,
p. 4G6.
2. t Villam nomiDeCaduesam, super fluvium Saerae, iu comitatti Luu-
« douensi sitam, cum ecctesiis duabus, quas A<liiIelLuus cornes usque
« uiodg pcr uosLrum bcneÛclum teiiuit «. (TardiI', Monuments hùlariiiuee,
p. 129, n» 190.) — Ce iliplôme de Charles le Ciinuve du 29 uoûl effJ permet
de croire qu'Aleaume ôtuU comte de Laon. M. de anFlbéleiuy {Origints
de la ilaiton de France, p. 126 ti. 2) ue trouve pas la raieou sufOsante.
3. llUtor. de Pi-., l. VII, p. 704.
k. HinGMaB, De ordine palatii, p, 62-64.
5. Ann, Vfiatt., ann. 892 :« Walcliorus ejus oonsobrinus. » — RèoiMOK,
Chron., auD. 892 : « Waltgarius comes, nepos Odonls régis, fllius sd-
« UceC avuncuti eLua Adalhelmi «. — Dans le poème d'Abbou (1. I, v. 452,
1. II, v, 209-214), il eal queslîoud'uo Aleaume i uepos i d'un couiLe Robert
(ïoj. ci-dessus, p. 46); ou a voulu voir dans ce dernier le frère d'Eudes
et faire de cet Aleaume un ■ uepos » d'Eudes, un frère de Waucher et
un nis d'Aleaume le possesseur de Chaourae (UARTHÈLauv, Originfi,
p. 121); Kalcksleia commet celle erreur daus son mémoire intitula Robert
da-Tapfere, p. 114 et 116, mrtla 11 la corrige dans sa GeiehirMe de» franziki-
iehtn Kd'iigthujnt, p. 460 n. 2). II n'est pas possible, d'après lo rûclt d'Ab-
bou, d'identifier cccomle Robert dit l'orte-Carquois avec le frère d'Eadee;
il n'y a donc plus de raison pour faire de col Aleaume le frère do Waucher
et le tlls d'Aleaume possesseur de Chaourse, si ce n'est ta conformité
des noms qui n'est pas uu mottt sufflsaut,
6. Abbo«. 1. 11, V. 537-!>38, Ml.
7. OdoK DB GlUNY, VUn S. Ceraldi, c. 3, S 40, dans lùs Acla Sanclorum
BoU.. Octobre, t- VI, p. 312.
202 APPENDICE PREMIER.
Ealckstem' a supposé que cette pareuté d'Eudes provenait de
celle qui l'uai&sait à Aleaume de Laoa; la seule conformité des
Qoms est une bien faible preuve.
La famille d'Aiidran de Troycs avait-elle des liens de parenté
avec celle d'Aleaume de Laon'?Il n'y a aucune raison de le
supposeri Aiidrau II avait, il est vrai, des bieus dans le Laoït-
oois; il y a aussi uae cerlaiue analogie de noms, mais ce ne
sont pas là des bases assez solides pour uuc Lypollicse.
Eudes avait pour femme Théoderade* que nous croyons ûUe
d'A.udran II, comte de Troyes.
Les comtes de Troyes se succédèrent ainsi* :
Audran I, mort avant fe 2îi avril 854'. Il eut pour successeur
Eudes', qui vivait probablement encore en èfi6 et qui était
mort avant le mois de juin 871 '. Audran II lui succéda, qu'on
peut supposer 5lre fils d'Audran I. C'est Audran II qui paraît
en qualité de comte dans un diplOme de Charles le Chauve
pour Saint-Denis le 10 avril 868"; le 8 juin 871 il semble agir
comme comte de Maçon'. C'est assurément comme comle de
Troyes qu'à la même époque 11 demande à Charles le Chauve
la coniirination des privilèges de Moutier-]a-GeIlc'°, monastère
aux portes de la ville de Troyes; il est un grand personnage
dans le royaume franc de l'Ouest; il est parent d'Adélaïde", la
1. Geichichte ilet framàsisehen KOniglhurru, p. 466. — M. de Barthâlem?
(Origin«i, p. 126) ne tente aucune expUcalion.
2. Comme le suppose M. de Eaickstdn, op. cil., p. 472.
3. Dans un diplâme eu faveur de Saint- Vaast, Eudes dit : « Carissima
« uoDJux nostra Theoiierada » {Hislor. de Fr., t. IX, p. 452); dans un dl-
plâme en faveur lin l'église de Vieil U se sert de cette expression ; « t>ro
* aalule uoslra etcoujugla ac prolis n (tiid., p. 447),
4. Nous adoptons pour ce qui suit les hypothèses de M. de Kalcli-
stein, op. cit., p. 470-472, en les modiUnDt toulcrols sur plusieurs poinU.
5. M. de Kalckstein date de 8S4 lo diplôme de Charles le Chauve,
duquel on peut tirer «Ite conclusiou (op. cit., p. 471). M. d'Arboia de Ju-
biilnvllle qui a eu roriginal sous les yeux le date do BS4 dans sou HU-
loirc de* dues et contes de Champagne, t. I, p. i'iO.
S. Diplôme de Charles le Chauve pour Monliéramey, dans les llittor.
de Fr., t. VUI, p. SOI : « Odo vîr illusler oomea... innotuit quoliter teni-
«poris prœde cessons sui Aledramni quoudani fldelis comiti* nostri tx
«comitatu Trimaainoit. — Kalckstbjn, Àbl llugit, p. 64,
7. llUlor. de Fi:, t. VIII, p. (m.
8. TARDn', -ironuifMrni» hUlon'jitfi, p. 130, U' 2(12.
'J. Ilislor. de Fr., l. VIII, p. G3C.
10, /fcid., t. VIII, p. 642. — KALCltSTHlN, Abt Httgû, p. 80 a. 3.
11. KA1.GKSTB1N, GtscMthIe des fi-antôsUcken Kûniglhums. p. 47t.
p
LA FAMILLE n'EUDES.
203
seconde femme de Louis le Bègiie. Le 1" janvier 879, ce roi lui
donne les terres de Rebais etd'Autrèpe, et Audran les cède pou
après au mouastère de Saiul-DenisV
Nous croyons que Théoderade, femme d'Eudes, était la fille
d' Audran 11 parce qu'en 937 Hugues le Graod, fils de Robert
le frère d'Eudes, donue à Saint-Martin de Tours son allen de
Lacliy, au paya de Queudes, daus le comté de Meaux; il dit
dans cet acte tenir, par héritage, cet alleu du comte Audran,
lequel l'avait obtenu de la munificence de Gharlemagne', Cet
Audran doit être Audran I et Lachy, après avoir passé d'Audran I
à Audran II, sera arrivé dans la famille des Robertiens par Théo-
derade, fille d'Audran II et femme d'Eudes*,
Les faits donnent encore de la vraisemblance à cette hypo-
thèse : dans le traité de Paris, conclu en 887 avec les Normands,
après le paiement de la rançon qui leur était due par le traité
de 886 et après que la Bourgogne vient de leur être livrée eu
proie, il est spécifié par les Francs que les Normands ne doi-
vent pas remonter la Marne, tout le Meldois doit être épargné;
cette clause peut s'expfiquer par le fait que le frère d'Anske-
rick, Tévêque de Paris, était comte de Meaux; elle se comprend
mieux encore si Eudes, le défenseur de Paris, dont chacun
pouvait pressentir l'avènement au trône, avait des propriétés
dans le Meldoia.
Eu 88S, un Autran défend Pontoise puis se retire à Beau-
vais'; pendant le siège de Paris, ua Audran et son frère Thierry,
tous deux à l'avant-garde de l'armée impériale, se distinguent
par leur bravoure'. M. de Kalckstein, conduit par l'analogie des
noms, identifie le défenseur de Pontoise avec Audran et fait de
ce personnage et de Thierry les fils d'Audran II de Troyes et
les frères de Théoderade, niaia il n'y a aucune preuve.
Enfin ce Thierry sur lequel nous n'avons pas d'autres détails
1. Tardif, Monuments Atiluri^ua, p- 130, n' 213- — //i»li>r. de Fr., l, IX,
p. 414. — KfABILLON, Ann. Benedict., l. Ill, p. 220. — DOUDI.BT, Hiiloire de
l'ablxtye de S. Denyt, p. 783.
2. MaDillr, PoneufK noire, p. 95, u« Lviii,
3. Cette ingéaleuB« hypolhèsc est de U. de Kalcksteln, op. cif., p. 467.
4. Voy. ci'dcssu5, p. lit. Ou a Fait de cet Atilran un comle du Vexta
parce qu'il se relira & Bcaiivais^ il y avait peut-âtre de grands biens, il
y semble établi, mais rien ne prouve qu'il y Tût comte. Bien des aunùcs
aprâs, uous Fetrouvona, dans le dlocëse de Beauvals uu Aulrau qui
semble nn pcrsoDuage de quoique importance mais qui u'cst pas comto :
• doquodnm Aledrnmno» Flouoahd, op. cit., 1. IV. c. 6, p. H7i.
5. Voj-, ci-dessus, p. S9. — Adbok, 1. Il, v. 3ïS.
ft
'204 A.Pl>EM>lt:Ë l'KEMIEK.
est-il le mémo qu'un Thierry partlean d'Eudes qui est envoyé I
par ce roi à Armilf pour préparer leur première eulrevue'î U I
est irnporT.iil>lp de rien afOrmer,
On a cru qu'Eudes avait i^lé comlti de Troyes, puis, qu'en de-
vcoaul comte de Paris, il avait laisBii le comté de Troyes à son
frère Robert'. Cette supposition ne uous parait pas plus solide
que tant d'autres.
Eu 877, il est vrai, Charles le Chauve cUai^e un comte
Eudes de donner à son frère Robert la terre de Cliaource* dans
le pays de Tonnerre. Soul-ce les (ils de Roberl le Fort Joui
il est question? M. de Kalckstein a cru |ioiivoir identifier cet
Endes, que nous voyons apparaître dans le cuiuté de Ton-
nerre, avec le neveu d'Aleauine, soit avec le futur roi Eudes'.
Charles le Chauve doune en 8(j7 à Sainl-Deiiia, une terre
nommée Cbaourse qui avait ajiparleuu au comte Aleaume; eu
877, un comte Eudes donne un Chaource à son frère Robert;
M. de Kalckstein en a conclu qu'Eudes teuait Chaource de sou
« avuDculusB Aleaume, mais il n'a pas observé qu'Eudfîiî remet
à son frère Robert une villa Cbaouroe qui est dans le district .
de Touuerre' taudis que le Cliauurse qui a appartenu à Âleaume |
et que Charles le Chauve donne à Saiut-Denis est daus le |
district de Laon",
Eudes n'a doue jamais possédé ni donné à son frère Robert i
de propriétés dans le pays de Laou; en revanche, est-ce bleu le j
futur roi que nous voyons apparaître daus le comté de Ton-
nerre"? Peut-être, mais eu quelle qualité? il porte le titre de 1
comte. Est-il comte de Tonnerre? c'est peu probable ; est-il comte I
de Troyes? il n'y a aucuue raison de le supposer. Chaource e
meationoé comme étant ditns le pays de Touoerre qui ue dé- 1
I. Voy. ci-dossuB, p. 109.
2- M. il'Arbols de JubaiuvlUe a cru qu'Eudes, le llls de Rolierl le Fort,
avait eic comte de Troyea de 854 il 678, el Robert de 87S ft 923. M. de
KaIcksLeiu faU une bjpolLèae plus plausible, il (idoiel qu'Eudea a cW
vicomli! lie Troyes depuis 677, el Roberl couito ilo Troyea depuis SSi.
Néauniuliis nous n'adrnellons ni I'udo ni l'autre conjecture.
3. d'Arbois du Jubmnvillb, op. cil., t. I, p, 448.
4. M. de Kiilcksteia {Gachichte da frantotischcn KÛniythuma, p. 472 et
p. 'i68 n. I) |i;irle on effet de Chaource dans ces termes : « das aiu i9 Aug,
« efll (erreur pour 807) von Odo vou dcsseu avunculus AdaleUn besessciie
• Chaource liu liaii von I^on. » — c'est Ri^giuon ipit appelle Aleauino
r » avunculiiB > d'Eudes.
d'Arbois db Judainvillb. op. qU., l. I, p. 446,
TaBDIP. Mimumenti AûlariyuM, p. 1^9, a" 199.
LA. FAMILLE d'bUDBS- 205
pendait pas du comté de Troyes*. De pliia, le comte de Troyes
Aiidran II, vivait ea 877 puisque uous avons vu plus haut qu'il
vivait encore en 879 et iieiit-être même plus tard si on peut,
d'après M. d'Arbois de Jiibatn ville, assimiler le nom d'Adelerin
avec celui d'Aiidran'; dans ce cas, nous poiirriona identifier cet
Adelerin mentionn<^ en 890 ou 891 comme comte et abbé de
Saint-Loup, avec Audran 11 ou peut-êlre son iîls, en tout cas
uncomledeTrayes; il n'estdonc pas possible d'inlercalerdans
la série des comtes de Troyes Eudes et sou frère Robert.
Ou a voulu reconnaître le fils de Robert le Fort dans un
vicomte nommé Eudes qui ligure au synode de Troyes* le
18 août 878; il n'y a aucune raison de croire que ce personnage,
qui ne peut pas être le même qui agit en 877 dans le pays de
Tonnerre, soit iils de Robert le Fort et vicomte de Troyes.
Du reste, la dignité de comte de Troyes possédée par Robert
frère d'Eudes, durant le règne de celui-ci, repose sur un seul
texte, qui n'est qu'au extrait, fait par les auteurs du Galtia
chrisiinna, d'un acte dout l'original n'a pu être retrouvé, et qui
menlionne un Roberl comte de Troyes*. L'auteur de l'extrait
n'a-t-i! pas ajouté cette qualification? S'agit-il bien du fils de
Robert le Fort? Les mômes questions insolubles se posent à
propos d'un autre extrait contenu dans le même recueil, et qui
mentionne un Robert, seigneur de Chaource'.
Il n'y a pas de raeilleurca raisous pour faire de Robert, frère
d'Eudes, un comte de Sens durant le règne de ce roi. Il paraît,
1. d'Akhois db JuBAiNvit-LB, Op. Cil., t. I, p. Bit cl 72. — cliaoïirce esl
menlioiiDe le -21 décembre BtU comme dépeadanl de Richard duc de
Bourgogne; ibid., 1. 1. p. /i!«.
2. d'AIIDOIS db JUDAINVILLB, Op. Cit., t. I, p. C8 Cl p. 449, II" XVI, —
Cet auteur ne croit pas qu'Adeîerin fût comte; cepeinlanl le docimieul
ofl il 9'agtl du traustcrl de l'abbaye de Saiiil-I.oup dans l'inlérleur de
la ville de Tmyes porte : « cum conseasu Uodonis XKXIX, episcopi et
Adeiclini iiluslris comilis et abbails S. Lupi ■>. — Hitloi'. de h't:, t. XIV,
p. 491.
3. Kalckstbin, Abt thigo, p. 53, n. 3. — Acte du pnpu Jean VIII en fa-
veur 'le Siûut-Gilles d'Arles, ilans les Uistur. de /■>., t. IX, p. !(î7-170 :
< Oddo vicecoinea Qrmat. » — jAFPB-WiTTBNitiCH, Itfguta ponlif.,
n" ai79.
4.<Kuic [Bodoni eplscopu Ti'kassino] Carlomannus anni> rcgni
« quarto Cbriati 88'2 ad procès Roberll comllia Trecensis dédit de suis
* tionorlbuB qui erant O comitatu Trlcassiuo » Galiia ehristiana, t. XII,
col. 493. — B'ABBOIS de JIIBAINVILLB. Op. Cit., t. I, p. 07-08.
s. € Ail re ma renais cœnolJii facuitalcs auctœ fuerunt ann. 8'J8 libera-
< lilate RobcrlL Cadusiœ loparcliCQ' GaUia chrittiana, t. XII, col. m.
206 APPENDICE PREMIER.
il est vrai, dans un diplôme d'Eudes\ comme intercesseur
pour Sainte -Colombe de Sens; mais Hugues TAbbé était abbé
de ce monastère sans être comte de Sens ; après lui. cette ab-
baye peut avoir été transmise à Robert, sans qu'il soit néces-
saire de supposer qu'il ait revêtu cette dignité.
Les faits mêmes sont contraires à l'hypothèse qu'Eudes fût
comte de Troyes et que Robert lui succéda dès 882. En effet,
si Robert avait reçu de lui cette dignité, et avait été comte de
Sens, on n'aurait pas lancé les Normands sur la Bourgogne,
c'est-à-dire sur Troyes et Sens, après le siège de Paris.
Dans le langage du ix® siècle, Troyes est en Bourgogne. Si
Eudes était venu de Troyes, Abbon ne l'aurait pas qualiflé de
« Neustricus », mais bien de Bourguignon. Abbon n'aurait pas
médit de la Bourgogne comme il le fait. EnSn, si comme nous
l'admettons, Eudes a épousé une fille ou une parente d'Au-
dran II comte de Troyes, comme celui-ci et la Bourgogne en
général n'ont pas secouru Paris, ces vers d'Abbon*, qui étaient
restés inintelligibles, seraient expliqués : «0 Bourgogne pa-
« resseuse aux combats, la Neustrie, en préparant le lit nup-
c tial aux jeunes filles de tes nobles, pouvait te donner de
« sages conseils.»
1. Histor. de Fr,, t. IX, p. 457.
2. L. II. V. 3'.3-346.
APPENDICE II
LES NORMANDS
Les Normauds tLeonent une asaez grande place dans l'his-
toire du règne d'Eudes pour qu'il soit nécessaire de résumer
ici quelques-uns des résultais des recherches que leur oui
consacrées les historiens du Nord'. Le degré de culture, beau-
coup plus élevé qu'on ne le suppose généralement, auquel ils
étaient parvenus, la force de leur organisation militaire, leur
courage personnel, rehaussent l'éclat des victoires et expli-
quent les faiblesses et les défaîtes d'Eudes qui les a combattus
sans relâche durant sa trop courte carrière.
Le Nord était divisé en une foule de petits royaumes ; la
confîguraliou du pays favorisait ce morcellement. Le roi, dans
chacun de ces petits états, n'avait pas yraud pouvoir; entouré
de propriétaires qui possédaient des domaines très étendus,
où ils étaient pour ainsi dire rois eus-mômes', le souverain
1. LCB priDcipaux ouvrages consultas pour cel appendice sont :
J. J. A. WonSiAB, Den Janttkt Efoliriiig a/' En'jUmd 03 Norrmtndiel, Co-
ponhague, 1863, in-S".
Du mCme, De Dansket KnUur i Vikingeli'ten. Copmibaguo, 187a, in-8',
a.vcc tlg.; traduit par l'atibâ UoaiLLoy, dans ies Mimoires de ta Socifté
rayait <Iet Antiquaires Un Nord, année 1878-1870.
Du même, Nordûke Oldtager i dtl Itfmgelige Muieiim i KjObenhaon, Co-
penliague, 1SS3, In-a», avec pl-
Johanoes C. U. R. StBbsstbup, Normanncme, Copenh.igue. 1870-1882,
4 vol. in-S". — TOiUO l : tndleilning i Nonnannerlidin.^SlÙ; traduction fran-
çaise très nbrégâi! par M. B. db DaAnnBp&iRB, intitulée : Kludet prilimi'
niiiroi pour itrvir ù l'hUtoire des Normand» et rfe leurs invasiont. Parle,
1881, m-8». — Tome II : Vikingetogene tnod Veil i dcl îC" Aarhundrede.
Copenhague, 1878.
Karl TON Amisa, Die Ànfànge des normannischai Ri^ehti, dans i'Uislûri-
teht Zeilsehrifi lie Sybel. Neue Folge. t. III, p. 24I-2GB.
Gustav Storm. Kiilitke Uidriig til Vikingelidma Historié (I, Pagnar Lod-
brokog (iange-Itolv]^ Clllistîaniil, 1873, in-S».
C. F. KlURV, The VilUngt in WaM-n Chrislendom a. d. 780 to a. U. SS8,
Londres, IBOI, in-80,
N- NlCOLiirSBN, The Viking-SMp discoverrd at Oaksiad in Noittia]/, CJiris-
tiania, 18S2, ln-4<', avec pi.
2. WOttS^AB, Den damke Erobring, p. 22 ut Buîv.
208 APPENDICE II.
n'était guère que le premier parmi ses pairs; il décrétait la
guerre et conduisait ses snjets au combat, maia il De pouvait
rien sans leur assentiment. Cultiver le sol était regardé comme
un métier vil, bon pour les esclaves; la carrière des armes
était la seule honoratilc. " It semblait indigne d'un liommc libre
de se procurer par la sueur ce qu'il pouvait acquérir par le
saug. B Aussi la terre étaït-elte loîa de pouvoir nourrir la po-
pulation qu'elle portait. La belle saison venue, les rois, les 1
propriétaires et leurs compagnons entreprenaient, contre ;
quelque royaume voisin, le plus souvent par mer, une expédi-
tion dans le but d'acquérir de la gloire, de l'aire du butin et de
se procurer le nécessaire ; puis ils revenaient et vivaient, du-
rant riiiver, eux et leur maison, de ce qu'ils avaient rapporté.
Certains chefs même partaient pour des expéditions sans retour,
vivant, sur leurs embarcations, de guerres et d'aventures.
Dans les pays Scandinaves, les chefs de famille avaient sou-
vent à côté de leur épouse légitime plusieurs maîtresses ou
concubines. Cet état de choses qui, chez un peuple déjà vieux i
et qui a sa place toute faite au soleil, est une cause de déca-
dence, devait dans des paya habités par une race jeune,
remuante et guerrière, amener uu rapide accroissement de \
population. Les enfants illégitimes n'avaient pas droit à l'hérî- i
tage paternel et formaient une classe mécontente à laquelle la. |
carrière des armes était seule ouverte. Comme le dit uo histo- I
rien danois : si l'on considère quelles grandes masses d'hommes J
lea pays du Nord ont, en un tempo très court, déversé sur 1
d'immenses étendues de pays, ou a l'impression que » nos an-
cêtres du Nord ont fait, à cette époque, pour la multiplication I
du peuple autant qu'il est donné à l'homme de pouvoir faire; 1
alors est apparue, comme jamais, la faculté de la race humaine I
de remplir la terre'.» La disproportion entre le nombre toujours a
croissant des habitants et les moyens d'existence fournis pari
une terre peu ou mal cultivée, ne tarda pas à devenir flagrante;;
11 y avait excès de population; le remède était l'émigration I
qui, chez les peuples du Nord, ne pouvait se faire que par mer I
ot à main armée.
A cette cause premièred'émigrations'enjoignirentd'autres:
la croyance aux anciens dieux devait bientôt être attaquée*; 1
ainsi, dés 6W, Willibrord avait prêché le christianisme cD |
1 . Stbbsstkup. Normatin^me. l. I, p. i3I ol 23i
2. WonSAAK, oj'. cit., p. iih-JtK
[.B3 NORMANDS.
2119
Danemark et, an ix' siècle, le vaillaot Ausgaire avait repris
cette œuvre avec uoe singalièrc énergie. A cûté de révolution
religieuse s'opérait une transformation politique ; peu à peu
des chefrt, tics cunijuérants pins piiissauls que d'autres s'em-
parèrent de plusioura petits royaumes pour en former un pins
grand à leur profit et commencèrent ainsi l'œuvre d'uoilica-
tlon qui aboutit à la Tondation des grands royaumes du Nord.
Le morcellement en une infinité de petits royaumes ayaut pris
On, il ne pouvait pins être question d'expéditions guerrières
de voisinft contre voisins; chaque grand royaume avait à sa
tète quelque chef puissant capable de repousser l'envaliisseur
et le pillîtrd, et de lui inlliger parfois une punition exem-
plaire. Cependant, des rois vaincus ne vonturent pas se sou-
mettre à leurs vainqueurs, les lialiitauts des petits royaumes,
les grands propriétaires ne voulaient pas subir les impositions
qn'nn roi unique et plus puissant ne dut pas tarder à exiger.
Aussi nombre d'hommes mécontents, hostiles au nouvel état
de choses, furent-ils portés à quitter leur pays pour aller
chercher leur existence dans de lointaines expéditions; peut-
être nourrissaient-ils l'espoir de fonder sur une rive étrangère
quelque Haï guerrier. Ce sont ces hommes, ces émigrants guer-
riers qu'on a appelés « Vikings «, ce qui signitie chommcs des
golfes (des ansea)ii. Mais où se dirigèrent-ils? Les Suédois
semblent s'être portés à l'est, vers les pays de la Baltique ; les
Norvégiens firent voile vers les îles de l'Atlantique et ga-
gnèrent l'Êciisse et l'Irlande. Ce furent les habitants du Dane-
mark, appelés tantôt du nom, commun aux hommes du Nord,
de a Normanni ji, tantôt de leur nom propre de«Dani». qui
composèrent, en très grande majorité, les armées de Nor-
mands qui se portèrent sur l'Angleterre et sur le royaume
franc'.
t. 11 taul 3C garrtcr il'inierpriSter dans un sens trop rig'oureiis et de
prenrlre au pict <le la loltre celle rcpnrlition géographique ries expé-
ditions des hommes du Nord; néanmoins, quoiqu'elle puisse avoir
subi des esceplious plus ou moins importantes, elle a âté admise
comme règle gânûrale par M- Worsaae {Den itamlm BroliriiiQ, p. 3t\ et
suiv.); olle a été tout panicu!iéi'oiii''nl mise en ëvidciico par M. Slcco-
Strup, dans son premier volume des Normanncrne (p. W-67, Éludes préli-
minairrt, p. 33-49); dans non seRond volume (p. 078-379), cet aoleur
répond aux objcctioDs TormulKCS par M. Sionn, dans son KHHike Bidrag.
M. Keary [The Vikingt in Wcsivm Cliriniendom, p. 170 17;i) partage 1.1 ma-
nière de voir de M. Sieojistrup et admet que les Danois longeant les
eOtoa se dirigèrent par la Frise sur la France et rAngleterre, tandis
rAVni. Eudit. It
210 APPENDICE II.
En l'an 800. une iusiirrection avait dclaté dans la Saxe qud
Charlemagne venait de couquârir ; les révoltés chcrclièrect dll
secours en Danemark, où s'était réfugié leur chef Widiikimir
Le roi de Danemark, Godfricd, les soutint, déclara la. euerri
aux Krancs et les Vikings se portèreiil sur les côtes de la Fris^
et de l'Empire franc pour les ravager. Dès lors, l'issue '
trouvée pour l'excès de iiopulalioo, une carrière est onvertd
dans laquelle le j^oût des hommes du Nord pour les armes e
les expéditions lointaines pourra se donner un libre cours
Ces guerres augmentaient les moyens de subsistance dej
Vikiugs et leur ouvraient une voie; or, c'est un fait coimu' qud
toute augmentation des moyens de subsistance et toute émï^
gratiou ou guerre qui n'entraînent pas la diminution de <
moyens, pravoquent immédiatement dans un pays une augs
mentation de population. Aussi, plus le courant qui eutralnaj
les peuples du Nord à l'étranger fut fort, pins la populatiod
s'accrut et plus cet accroissement devenait intense, plus l'ém
gralion augmentait; il y a là un phénomène réûexe qui, i
produisant dans une population déjà très dense, expliqua cellil
augmentation graduelle et constaule dans le nombre des Va
kings qui sont sortis du Danemark durant le is' siècle.
Ce pays, ému par le voisinage d'un roi chrétien au.ssi puisJ
saut que Charlemagne, craignait pour sa religion et pour s
indépendance. Au début, c'est pour défendre leurs dietiz e
leur liljerlé que les Vikings partenl. Durant les trente ou t
rante premières années, ils ne font que des expéditions (
peu d'impoitanCQ, iisguerroyeut sans plan commun'; ils n'o
pris pied nulle part et ne font aucun établissement durablefl
ils pillent la Frise; eu «20, treize vaisseaux de Vikings psi-aisseid^
sur les eûtes de Flandre, puis à l'embouchure de la Seine*,
sont repousses par les gnrde-s établies sur les côtes ; ils Tod
jusqu'en Aquitaine oVi ils brûlent une bourgade. Quel pauvn
début, et comme le lléau va promptement augmenter en ift
tensitél Ce ne sont là que combats d'avanl-gardes. Ces escad
mouclies ont cependant leur importance; les Normands tm
que lor. Norvégiens se portèrent sur les iles Shelland el de là, d'Bi.
pnrt sur l'Éci>3Sc, les îles envi ronnan les el Hrlande, d'autre part surUj
îles Far-Oer el l'Islande.
1. Stobm, Ki'ilâke Bidrag, p. "iG-'n.
■Z. WORS&AB, op. cil., p. a.
'i. E1HUJ.RD, Ànnaki, aUD. 820, duus les Mon. Ucf'm.. SS., l. I, p. 3Û7. 1
LES NORMANDS.
211
prenoent à connaître les eûtes, le royaume franc, ses richesses,
ses défenseurs, leur maQÎére de combattre et la manière de les
combattre. Bientôt ils s'enhardissent et une nouvelle phase va
s'ouvrir pour eux*.
Les flottes danoises augmentent, leurs cxpédilions devieo-
ucnl plus audacieuses, chacun ne combat et ne pille plus pour
son compte, on se réunit et c'est cent vingt vaisseaux qui, en
845, remontent la Seine et vont piller Paris qu'ils trouvent
sans défense. Si c'est eu Danemark qu'il faut chercher la cause
première de cette émigration, c'est à l'étal déplorable de l'Em-
pire caroliugien qu'il faut eu attribuer la réussite. Les Danois
connaissent les faiblesses et les dissensions de l'Empire et
savent admirablement en proflter. C'est à l'époque où les rois
carolingiens n'étaient occupés que de leurs querelles et allaient
se livrer la bataille fratricide de Fontenoy en Puisaye, que les
Normands entrent pour la première fois dans la Seine'. La
guerre civile leur ouvrit aussi la Loire en 843, et dès lors ils ne
quittèrent plus Noirmoutier; ce fut très probablement encore
la guerre civile qui leur ouvrit ta Garonne', Mais dans cette
seconde phase', dont on peut fixer les limites de 830 à 860, les
Normands ne se contentent plus de guerroyer isolément contre
les Francs sans autre but que de leur nuire et de faire du
butin; les Hottes se réunissent dans un dessein commun, celui
de fonder des établissements plus durables. La guerre natio-
nale contre un voisin trop puissant a fait place à. une émigra-
tion voulue et systématique.
Chaque année, la force des Vikings augmente : ils n'avaient
encore occupé d'une manière durable que des places données
par les empereurs. Depuis 840, ils commencent à s'établir en
France, par la force, sur des îles, à l'embouchure des lleuvea
les plus importants. Us s'y retranchent et non seulement ils
hivernent là, mais encore ils y passent plusieurs années. C'est
ainsi qu'ils s'établissent dans l'île d'Oissel sur la Seine, dans
l'île de Noirmoutier sur la Loire; ils pillent de nouveau Paria
trois fois en cinq ans (8S6-861), puis encore en 605,
Cependant, jusque vers 860, les Normands ne font guère de
conquêtes et ne s'établissent que sur les cOtcs et sur les iles;
1. WOBSAAE, op. cil., p. 47-4S.
2. StbbnStkUP. Normannei-ne, t. II, p. 4a.
3. Ibid., t. II. p. 5n-Sl.
4. ibitl., l. I, p. 2iî2-2e6.
212
ils parcourent l'intérieur des terres pour ainsi dire sans B'ai
réler, sans s'y installer. Dés 860, le caraclère des invasion)
normandes change encore une l'ois, et l'on pourrait dalcr
cplte année environ le di-but d'une trnisiêmp pf'rjodc. la pé-
riode des grandes conquôles, la |it^riode proprement dite de 1:
grande puissance danoise. Le (lot toujours grossissant des Da-
nois 30 porte sur l'Angleterre où ils entreprennent une guei
de conquête dans le dessein incontestable de s'emparer di
royaume anglo-saxon. Pendant les douze années que dm
cette guerre (866-878), le royaume franc de l'Ouest jouit d'm
calme relatif. La plus grande partie des Vikings était en lull
avec le roi Alfred pour lui ravir son royaume; cette campagi
les aguerrit; il pénètrent dans l'inlérieur des terres, ils savei
s'y camper, s'y établir; ce ne sont plus des pillards, ce sool
vraiment des conquéraots'. Mais, après bien des allernatlveSi
le vaillant roi Alfred réussit à se rendre de nouveau i
son royaume; il met un terme aux envahissements des liommi
du Nord et leur impose un traité par lequel il partageail
l'Angleterre avec eux (878), Dès lors, ceux des Danois qi '
n'avaient de goût que pour la vie d'aventures et les combat
ceux qui, arrivés tout fraîchement, ne trouvèrent plus en Angli
terre de conquêtes à faire, portèrent leurs yeux sur le royai
franc de l'Ouest, que beaucoup connaissaient déjà, dont dei
enfants occupaient le trOnc, qu'ils savaient en proie aux dis-
sensions, et dont ils projetèrent de s'emparer*. Une armée formi-
dable de Vikings ae réunit à Fulham dans le dessein de passer
le détroit; cette armée est la «grande armée» par exceUencc^
mais avant de la suivre sur le continent, il est bon de se readrcij
compte du degré de civilisation qu'avaient atteint ceux q[Ui 1t
composaient.
n Les Vikings qui inspiraient aux nations chrétiennes de l'Eu-
rope occidentale une si grande terreur, n'élaient pas, comme
on le suppose, de misérables pirates, à demi nus on couverts
de peaux de botes, portés par de fragiles canots, mais au con-
traire des hommes énergiques, bien pourvus, souvent même
>r
1. « Les véritablea conqutiraiits sout ceux qui savent (aire des loia
> Leur puissance est stable; los autres sont des torrents qui p&ssan
VoLTAluB, Euai sur U» Mmurs. chap. xxv.
2. Ann. Berlin., ann. 882 : * regniim slbi subîcere. <■
a. SrBBNSTRUP, Noi'ma/inerne, l. II, p. 187. — Miraeula S. BerHni [dl
lus iJistar. du Fr., t. [X, p. U8] : « ab illa classe plurimaiiue pro su)
« meroailalo moenns exercitus ab omnibus aicebatur. *
213
roagnifiquement vêtus et montant de grands navires de guerre
bien t5(|uipé8... Les courses dea Vikings , auxquelles des
hommes libres seuls pouvaient prendre pari, dtaicut anssi ho-
norables que les antres expéditions militaires, ot comme celles-
ci, elles étaient régies par certaines lois qu'aucun homme
d'boonenr ne devait enfreindre. Elles avaient, entre autres
buts, celui de combattre en faveur du vieux paganisme contre
le christianisme qui menaçait son existence; aussi i^taienl-
ellea ordinairement dirigées par des hommes de grande famille
ou des chefs qui ne recherchaient pas seulement le butin,
mais encore l'honneur et même, le cas échéant, de nouvelles
demeures dans les pays étrangers. Ils voulaient ainsi se dé-
dommager de la perte de souveraineté et de puissance que
leur faisaient subir de plus en plus le pouvoir grandissant des
monarques et l'introducliou du chrislianisme dans leur an-
tique patrie' ».
On a retrouvé dans des sépultures de Vikings de fines étofTes
de soie brochées d'or, des parures d'or et d'argent, des bijoux
richement ornés de dragons et de serpents formant ces gracieux
entrelacs qui caractérisent le style septentrional. Ou possède,
de cette époque, des fibules cnpeltiformes d'argent niellé
plaqué d'or, des colliers, des bracelets et d'autres bijoux dont
l'usage n'était pas exclusivement réservé aux femmes, mais
que les guerriers portaient et qui étaient distribués par les chefs
comme récompenses ou marques honorifiques. Les peuples du
■ Nord fabriquaient de très belles armes, des Lâches ornées d'iu-
. crustatious d'or et d'argent, des êpées à garde d'argent ou
incrustées de métaux précieux, des lances, des boucliers dont
l'umbo était artistement travaillé et ricbcmeut orné, des cas-
ques, des cottes de mailles. Les chevaux portaient des selles.
des liarnacheuients superbes, des attelles plaquées d'or, incrus-
tées d'argent et de nielle de fabrication locale. ' L'aisance,
le luxe, pour ne pas dire la somptuosité, se manifestent sous
, de nombreuses et diverses formes aussi bien dans la vie do-
mestique que dans la vie militaire des Danois'. « L'archéologie
en fournit de nombreuses preuves; elle donne uue haute idée
de la civilisation de ces derniers. On pourrait cependant éti'e
surpris de la force et de l'habileté de leurs armées ; quelques
. WOKSAAK, De Danikei Kullur, p, 17-18; trad. MoBiLLOT, |
. WUBSAAB, Ue Danike» KuUur, p. 30 ; Irad. Mob1U.Ot, y. 1
214 APPENDICE II.
mots sur leur organisation militaire, sur leur tactique, sur
leurs flottes dissiperont CPt étonncnient.
I^a flotte nV'tait pour les Normands qn'uu moyeu de trans-
port; ellese composait, d'après Abbon', de grands vaisseaux ou
barques {lanffsltib) servant au transport des guerriers et d'em-
barcations plus légères. En 1880, un de ces grands vaisseaux a
élà (li^couverl à Gokslad, près de Sandefiord, â l'entrée du
golfe de Christiania, dans une partie de la Norvège qui au
IX" siècle i^tait soumise au Danemark et qui a envoyé des
hommes eu France, à Angers entre autres. Il semble dater de
l'an 900 envirou et peut être considéré comme le type do l'em-
barcalion normande à celte époque; aussi n'est-il pas sans in-
térêt d'entrer dans quelques détails à son sujet.
Il a 23'" 80 de la proue à la poupe, 5'" iû de large au milieu,
I'" 20 de profoudeur du haut du plat-bord à la quille ; il pouvait
contenir 60 à 70 hommes*. 11 n'a qu'un mit pouvant se lever
et se baisser et supportant une voile carrée munie de ris et
d'écoutes. Dans les eûtes du navire sont percés des trous pour
recevoir les rames ; il y a 16 trous de chaque côté qui peuvent
se fermer, lorsqu'on ne rame pas, par de petits disques de
chêne, ornés et mobiles autour d'un pivot. Les rames ont
toutes de 5™ 5b à 5'° 83, chaque rameur est assis et ne manie
qu'une rame. Le gouvernail est fixé à l'arrière et â droite du
bateau; il a la forme d'une large rame, munie d'un manche
dans lequel est percée une ouverture carrée destinée à rece-
voir la barre qui elle-même est peinte et ornée. Le bord exté-
rieur du vaisseau est garni de 32 boucliers ronds, de O™ 94 de
diamètre, les nus jaunes, les autres noirs, posés ^ recouvre-
ment les uns sur les autres et dépassant légèrement le plat>
1. Abdon, 1. 1, V. 27 et suiv.
2. Voy,, sur cette évaluation, NiCOLiLTSBN,op. cil., p. 63; StbbnstrdPi
Études yréliminairet, p. 21 1 et sulv. — Suc l'étonnante con&rmaUon, pu
la découverte de Gokatad, de l'êvaluallon d'Abtion relative au nombro
des Normands devant Paris, voy. la flsoiif UUtoriqut, l. XV (IS81), ?■ MS-
Abbon dit dans son poème (1. 11, v. 220-221) :
« Rëx Sinric, geminis ratlbus apretî!', penelravit
« Cum BDciis ternam qulnquagenis <•.
* Cent ciijquaute hommes dans deux barijues, cela falL Justement
la hummes par barque. Au vers tlS du 1. 1, il évalue à 40.000 le nombre
des Normands, et au vers 2S du 1. I le nombre des barques à 700, ce qui
donne S? hommes par barque. Ces évaluations dolveiil nous insplivr
Cûunaocc, et qui siiil si la barque île Saiideûord n'est pas une dec«|]es
qu'Abbon a vues sillonnant la Seine •?
LES NORMANDS.
■215
bord. La proue porte une figure du dragon uu qucliiue autre
emblème empriiiilé à la mythologie acandinavi?. L'îatérieui' du
navire est planchéié dans sa totalité. Il renfermail les restes lie
trois canots de chfinp. munis d'un gouvernail, de rames cl do
tolets ou chevilles de bois tixées sur le plat-bord pour tenir la
rame ; ces tolets sont 1res ornés ; du reste, ces canots sont re-
marquables par le soin apporté à leur construction et à leur
ornementation. Parmi les objets trouvas dans l'intérieur du na-
vire, quelques-uns permettent de pénétrer dans le détail de la
vie à bord,
Les Normands charmaient les loisirs des longues heures de
naïigalion par le jeu de dames; ou a retrouvé un damier; les
pions étaient percés de Irons qui permettaient de les fixer et
de jouer malgré le mouvement du navire. Abordaient-ila, l'an-
cre est jetée, une planche munie de barres transversales ser^
vant de marches est déjà prête; elle est fixée par l'une de ses
extrémités au navire; ou la jette à terre et elle sert de passe-
relle. Les nus se munissent de leurs armes, entre antres de
leurs boucliers, assemblage plus ou moins grand' de planches
milices, peintes et fixées ensemble au-dessus par un umbo et
au-dessous par une traverse de fer ù. laquelle, sous l'umbo, est
fixée la poignée; la périphérie du bouclier est, il est vrai, bordée
de métal ; néanmoins l'umbo est la seule partie du bouclier qui
offre une résistance efficace aux coups. D'antres Normands ti-
rent du navire des pelles, des bêches pour pouvoir rapidement
élever quelque fortification, quelque abri, ou construire un
foyer pour apprêter le repas ; la marmite de cuivre, la crémail-
lière, la planche à découper, les plats en bois, les gobelets sont
apportés à terre.
A l'approche de la nuit l'équipage dresse sur le navire une
tente supportée par une perche de faite que soutiennent à
chaque exlriimité doux longues pii.^ces de cliSne assemblées eu
chevron, peintes et munies de têtes d'animaux sculptées qui
sont destinées à la fois à déuorcr l'entrée de la tente et à con-
jurer les mauvais sorts. C'est sous cet abri que l'équipage
viendra se reposer des fatigues de la journée ; des lits y sont
dressés pour les chefs. La nuit, l'obscurité y est profonde et
n'est troublée que par la lueur vacillante d'un cLande-lier qu'al-
lume un chefou quelque homme obligé de circuler au milieu de
cet amas d'agrès, et des grands corps blonds des guerriers eu-
1. Ceux trouvés it Qokatad ont om de diaiuËlre.
2Hi
APPENDICE 11.
dormis. Seuls, les gardes veillunl : l'un d'ciix est [losté ver» lad
passerelle. Los liummes du Nord donueul paisiblcmeut,
l'eutréedelaleule est protégée contre les mauvais sorts; d'aîl-^
leurs, l'éqnipaj^f est parfaitement organisé et soumis à unej
discipline sévère, a>issi ne craigneut-ils pas de suj'prise. C*e
eus, au contraire, qui excellent à surpri-ndre. Les.liabilantaf
des eûtes croyaient parfois que les vaisseaux normands !
gisaaieut des Ilots, tant leur arrivée était promiite.
Les Normands établiseaienl, là où ils cumplaieut faire tio]
séjour de quelque durée, des chantiers et dc3 arsenaux où ilii
pouvaieiit réparer et remettre en état leurs vaisseaux ou t
construire de nouveaux'.
L'organisation de l'armée' reposait sur» l'union spontauésj
de plusieurs chefs de pouvoir égal », parmi lesquels un seuil
pouvait être choisi pour la commander eu chef; ainsi, au siège J
de Paris, uous avons vu Siegfried exercer au début comme un
commandement suprême qui prit Qn quand les rois uormauda
furent en désaccord, Siegfried voulant partir et les autres
rester'. Chacun de ces chefs avait une troupe jilus ou moins J
nombreuse, leur association devait former une armée compo-1
sée d'éléments très divers, de princes, d'émigrés, do gianda I
propriétaires, de biUards, etc. Au-dessous de celui qui exer-i
çail le commandement suprême, au-dessous des cominandaDtâl
eu chef des baudea appelés « dux » ou m rex « venait le ceatU"!
rion chef d'une subdivision; au-dessous de celui-ci, lu porte-!
enseigue occupe dans la hiérarchie militaire une place d'hoa-l
ueur; puis vieuneril les simples soldats, parmi lesquels oal
distingue les champions, les paysans et euliu les serfs.
Une soumission absolue régnait â l'égard du commandaul e
chef; celui-ci cousultait toujours les autres chefs et une par-l
faite entente devait régner entre eux tous, La paix est difficil&l
à conclure avec une armée organisée de la sorte', car îi faut|
traiter non seulement avec le chef suprême mais ave(
chaque chef en particulier, sinon le chef avec lequel il u'j i
pas eu entente se considère comme libre et non engagé.
jp, Éludes prélîminaira, p. 2i'i, — Ann. yedatl., ann.SSl.-
An». Bei-lin., auQ. âUG. — Ea 84S, les Nomiuails trouvant dans fOglin d
Saiiit'ûarmiiin des Près de belles poutros tentant de les coupor « q
« crunl abiognn! et Ldclrco bnbiles navigio ' iHûlar. dcFr.,{, Vil, p. !
'1. Sthunsthup, b'Iudet préliminairiii. p. liU et suiv.
a, ABiiON,!. I, »>. 3Bet 430,
't. SrBBNSTBi;i>, Ètaden pK-iHaimaire», |). 146,
LES NOUMANI
•217
L'année normande est régie par des lois sévères, le partage
du butin est stiictemeiil réglé afiu que tout se passe avec
loyauté'; le premier qui prend la fuite dans la bataille est exclu
du droit commun, Il est mis hors la lui; si uu Danois exerce
uae rapine au détriment d'un autre Danois, il doit non seulement
réparer sa faute par la restitution de l'objet ou de sa valeur,
mais encore il doit subir une peine pour avoir attenté à la
paix de la communauté; celui qui n'obéit pas à l'appel aux
- armes est puni d'exil; dans l'ordrede bataille, le porLc-euseigne
marche toujours en tête, celui qui marchera au combat en
avant de lui aura de l'avuncemenl; enîiu le meurtre d'un Danois
par un étranger ne peut être expié que par la mort de deux
étrangers.
Ces quelques articles donnent une idée des mesures qui
étaient prises pour maintenir l'ordre et la concorde dans
l'armée, pour stimuler le courage et pour protéger la vie des
euvabisscura en pays conquis. Ces règlements qui étaiont la
cause organique de la force des Normands ne permetlenl pas
de se représeuter leurs armées comme des bandes désordon-
nées.
des hommes du Nord excitaient l'admiration des Francs par
leur force el leur beauté'; ils élaient armés d'arcs, de llèches,
de Ixiucliers, de frondes, de haches et de glaives grands et
lourds qu'ils maniaient d'une fa^ou si redoutable qu'un chro-
niqueur a pu dire qu'au combat ils semblaient plutût abattre
des bestiaux que combattre des hommes'.
Leur tactique eu paya ennemi ne varie guère : quand ils
Bont très nombreux, ils avancent dans l'intérieur des terres
divisés eu deux corps ; l'un, formé de fantassins et de cavaliers
se Pend au lieu lixé d'avance, par terre; la Uutte s'y rend par
eau*; c'est divisés aiusi qu'ils gagnent leurs quartiers d'hiver
dont ils changent en général chaque automne. Durant les mois
les plus rigoureux, ils viveiil.eux et leurs familles, de leur butin
et de réquisitions; car dès que les expéditions des Vikiugssont
eulréeâdans la phase dans laquelle le but est la conquête et
1- Si'BBNS'i'Bui', op. cit., p. t43, I7:i el suiv.
2. DIHtULBR, Geïcftie'tle lU» Oilfrankischm liticlu, l. I. p, 19'., l. III, p. 222,
3. ItfiiiiriuN, Citron., ami. M32.
4. De Oand ils vont hlvernur ù Elsluo par lerre ol par mur (^>in. Ce-
liMt.. aiiu. ^1). ~ ^nn. Vedtul.. aiin, itS3, Sda, âSC : • terra el a(|uu itui-
« [acieDs. f Ka S8â, eu i»Q el un âlU pour aller âl ruveuir du Brclagiie ù
NoyoQ, ils procèiloui de mC'iuu.
218 APPENDICE II.
l'établisacment durable, les femmes ont pris part aux expédi'^
lions et accompagné leur maris', ce qui doûue uq loul autr^
caractère à l'armée normande et permet de la comparer à uaœ
troupe d'émigrauts'. Au premier prititemps, ils se remettent eir
campagne et, suivant leurs desseins et l'importance de leur en-j
trcprise, ils emmènent famille, vaisseaux et bagages, ou bien il
les laissent, sous la garde d'une garnison, dans le camp re-J
tranché où ils ont hiveroé.
Les Normands, eu effet, ont toujours un camp retranché; ilgj
l'établissent dès qu'ils mettent pied à terre, dès qu'ils s'arrôtcnfl
en quelque endroit; ils évitent ainsi toute surprise en pays!
ennemi, c'est un rapport qu'ils ont avec les Romains, c'est uniw^
grande force; ils escelleul daua l'art de la castramétalîon*. lej
fortitioatious de leurs camps sont plus ou moins bien établie^
suivant la longueur du séjour qu'ils veulent y faire et suivaull
la conGguration du terrain dont ils savent admirablement tirera
parti. Quand ils quittent définitivement leur camp ils le dé-T
truisent'.
Pour entrer en campagne, ils se prouurent des chcvaux-l
qu'ils montent ou dont ils usent pour le transport des bagages;]^
ils les prennent dans la contrée avoisiuaule, car il esl rai
qu'ils en amènent avec eux. Puis, cavaliers et faatasstoi
partent, divisés eu plusieurs troupes ou ne formant qu'tin seul
1. En 6tâ 873, les Normands s'établis.icnt à Angers u cum muUerlbus d
«parvulls » (RÉGiNON, Chron., ann. 873). — Des Normands ou
leurs femmes devaol Paris [àbbun, 1. 1, v. 121 eL suiv.].
2. STBH.vsTBnP, yormanntrnt, t. I, p. 1170-274.
3. ViOLUBT-LB-DuC, Dictionnaire de l'arehitceture /hinjaite, art. SltelJ
t. VllI, p. 3G9 et 370 r « Il u'esi pas douteux que ces peuples Scandinaves
traites de barbares par les chroiUqueurs occidentaux, étaient, au pobt
de vue mlIitaU'e, beaucoup plus avances ci u'nn ne l'était dons loa Gaul
Us savaient se rortiHer, se garder, approvisionner et munir leurs campd
d'hiver... r-
4. Les exemples de retranchements construits par les Normands pooi
raient être multipliés à l'inOni; la Turtiflcalion de campagne est dan]
leurs liablludes. Moinok, Cliron., ann. 8S4 : « munitionem lu eod«ii^
« loco [Dulsbourg] more solilo construuuL. oVoy. d'autres exemples
par M. Stcenslrup, Normanneme, t. I, p. 3B3; Études prr.Uminairu, p
— Miraeula S. Denrdicti, 1. 1, c. xxxiu, p. 71-72 : • interea siationem p»
■ vium suarum, ac si asilum omnium latrunculorum, in insuta quadt
■ cœuobio S- FlorenlH eubposllu componenLes, mapalia quo<iue Ûisti
■> œdillcaverunt burgi, quo capllvorom gregos calcnis adstrictos i
« vareiLt, Ipsique pro tcmpore uorpura a labore rcUcerent, ËipediUi
« Illico sorvilura. '
LES NORMANDS. 219
corps, siiivaul leur nombre. Les Vikings semblent avoir pré-
féré le combat à pied'. La rapidité de leur marche, leur ha-
bileté k se cacher, à espionner, leur permettent d'altaiiuer
presque loujoiirs à l'improviste. Ils pillent les monastères, les
villes ; si quelque enceinte forliûée leur résiste, ils l'assièyenl
et ils usent de force ou de ruse pour s'en emparer. L'art des
sièges ne leur est pas inconnu', ils l'ont prouvé à niiiintes
reprises. Non seiilemeot ils pillent, mais souvent ils dévastent
à tel point que, selon l'expression d'un chroniqueur, « il ne
restait pas uu chien qui put alxjyer contre eux' »; ils mas-
sacrent aussi, car, souvent, iî leur est impossible de faire des
prisonniers; ils en gardent parfois' pour les vendre comme
esclaves, ou encore, s'ils s'emparent de quelque Franc de haut
rang, ils lui laissent la vie sauve dans l'espoir d'en obtenir une
forte rançon'.
Les Normands ne sont vaincus que lorsqu'ils sont surpris
hors de leurs retranchements; alors, le plus souvent, ils
se dispersent et regagnent leur camp isolément et sans que
leur adversaire puisse les atteindre'. Us sont célèbres par
leurs ruses; l'énuméralion en serait trop longue; ils y
excellent' comme dans l'art de profiter du terrain ou dans la
fortification de campagne. S'ils sont assiégés dans leur camp,
ils font une résistance opiuiAtre; enfin, lorsqu'ils sont traqué:
ils corrompent l'entourage du souverain qui les cerne et ils se
rachètent ; ils promettent de ne plus revenir et, si toutefois
ils se retirent momentanément d'une partie du royaume, c'est
1. STBaKSTRUP, typ. iil.. t. I, p. 3aS-3H9; — Éiudft préb
p. 2)6-217.
2. VtoLLHT-LB-Duc, ibid.— LCB Normauds font lics macliiDCà de siège
devant Paria, devant Ueaux, devant Saint- Berlin en 891- — Stbbnsthup,
Nornannemf, t. Il, p, 276 et siiiv.
3. GUILLAUUB DU JUMIBGBS. 1- IV, C. 16. — StBRNSTBUP, Normanntme,
t. I, p. lOS.
4. Voy. ci-desflU9, p. 218 a. 4, — Ann. l'edatl.. ann. 882.
3. Mirueula S. Gm-inani, dan* les llùlor. de Fr., t. VII, p. 3al : • qua-
• lenuB aliquos nobilium i^ralia pticunim uapere possent. * — 1
Louis, abbé <!» Saint-Denis, pris en STitf, les Normands reçurent une
rançon do 636 livres d'or el 3,250 livres d'argent (DîImmleh, Getehiekte
dft 0ilfninkUe/i"i Ueichs, t. I, p. 'tïil.
ù. Nous en avons:-va (tes exemples dans leur lutte avec Eudes, à
Guerbigny en 890. eL.iiWaUers en SOI.
7. Ann. Fuld., P. IV, ann. B*i : • Nordrnauni ad consuetam callidl-
■ tatem
220
pour eo envahir uue aulre. Lorsqu'ils sonl pris isolément, c
une aulre ruse ; ils se d(5clart;ul prêts à recevoir le baptême,]
puis ils retournent auprès des leurs et reprennent leur pre-
mier genre de vie'.
Dès que Charlemagne avait reconnu qu'un danger veuaall
du nord menaçait son Empire, il avait établi des gardes suri
les cotes ; elles avaient été maintenues queltiue temps par son 1
fils Louis le Pieux, mais les troubles avaient éclaté et le fléau [
s'était déchaiué. C'était inévitable; il fallait attaquer les 1
Normands sur leurs vaisseaux', car leur flotte n'était paa J
équipée pour le combat. Le roi Alfred l'avait compris ; il créa ■
une ilotte et vainquit les hommes du Nord en les conibattaul ]
sur l'eau, mais les rois francs ne voulurent ou ne purent pas 1
avoir recours à ce moyen. Les capitulaires de CharlcnaagDef
sur ce sujet restèrent sans elTet ; eu S'SS, Louis le Pieux donnai
des ordres pour la coustrnolioD de navires'; en 858, Charles le I
Gliauve prépara une flotte pour attaquer l'île d'Oisscl'; maisj
ce ne turent, paraît-il, que des essais sans lendemain. En 862. J
Robert le Fort bat les Normands en les attaquant par eau sur J
la Loire; les cas où des vaisseaux eussent été nécessaires aux!
France soûl innombrables, mais, ils n'usèrent presque jamais J
de ce moyen. En revanche, ils construisirent des ponts fortifiés 1
sur la Marue [802), sur la Seine (8t;2 et 874), sur l'Oise (865); les 1
villes, les monastères réparèrent eu toute hâte leurs remparts J
gallu-romaius, ou construisirent de nouvelles fortifications.
Les grands aussi élevèrent des fortifications', mais il acl
faut pas s'en exagérer l'importance ; elles ne pouvaient 1
arrêter les Normands : « une grande maison de bois carrée », J
perchée sur uue motte naturelle on artilioielle, tel est le don-
jun de ces ch&teaux primitifs ; la motte est entourée d'uni
fossé, au-delfi de ce fossé une cerlainc étendue de terrain dans I
laquelle se trouvent les dépendances et qui, elle-même, est!
entourée d'une forte palissade, au-delà de laquelle se troaref
i. Ann. Ueriin., ann. ffJti.
■1. Voj., sur la iiécessîlë d'une IloUe, DiiMMLifK, op. cit., l. I. p. |M;'1
- Waitï. DeuUeht Verfatiwigigeichichic. l. IV (l«(i3), p. 630 l-1 s
'i. DOUMLBB, op. cit., t. I, p. lUfj.
'.. Ihid., p. 425.
S. Mintcula S, Berlini, dans Mahillon, Aci<t tanetofum, sa^c. lU, para 1,J
p. 132 : < uastolla ibï recens fucta n. — Bboinon, Chron., anu. {
* quoddam caBtrum ia quodam praemineuU moiiu.' uoviler conU
« tum. >
LES NOBMANOH.
•221
de QOHvean un fossé ; une sorte d'escalier ou d'échelle donne
accès à la porte du donjon qui est l'abri par excellence, le
poinlleplus fort, c'est là qu'habite le seigtieiip, c'est là qu'il
est en si^cnrilé •• illi certiv quies c'. Par lo fait des dissensions
qui diîcliirent l'Empire et qui donncul à oiiaquiî soigneur une
plus grande intliSpendancc, ces cliAteaux, puisqu'il faut les
appeler ainsi, se multiplient avec ou sans l'autorisation du
souverain; T-harles le Chauve a bien ordonné, en RG-i, la dea-
truclion de toutes ces fortifications élevt^es contre son g^é^
mais il n'a pas élé obéi. Beaucoup de ces châteaux ne sont
pas assez forts pour protéger la contrc^e environnante, mais
ils favorisent la guerre entre seigneurs et le pillage'. C'est ù
ce fléau nouveau que le roi Garloman fait alluaiou dans un
dernier avertissement adressé à ces sujets : « Il n'est pas
étonnant, dit-il, que les païens et les nations étrangères nous
dominent et nous enlèvent nos biens temporels quand chacun
de nous enlève à son prochain ses moyens d'existence. Com-
ment pourrions-nous marcher tranquilles contre les ennemis
de l'Église et contre les uûtres, quand la dépouille du pauvre
est enfermée dans notre demeure'. »
Les divisions intestines qui déchiraient l'Empire Iranc, le
désintéressement de la chose publique chez la plupart, et la
prédominance de l'iiitérôt personnel, rendirent infructueux
tous les essais de résistance; ainsi : en 8S1, Louis 111, à l'ap-
proche des Normands, fortifia t materia Hguea » la place
d'fitrnn, près Cambrai', qui, grùce à sa position, aurait pu pro-
téger ie pays ; mais il ne trouva personne qui voulitt se charger
de la défense de cette place, de sorte que ces travaux ser-
virent aux Normands et non aux Francs. La lutte de cet
Empire divisé contre un ennemi toujours un est impossible. On
voit des grands s'allier aux Normands et les prendre comme
1. Dh Cauuont, Abécédaire ou Rudiment d'Arehiotogie, ArchUeclure
fieile ou tnitUaire, 3* éd., Caeo, ts<;9, iQ-S°, p. 402 el suiv. — L. Gxutibb,
La Chevalerie, p. 4G2 et suiv.
2. Sdictum PUtense. ann. 864. dans les HUlor. de Fr., t. Vil, p. 667,
3. Synodui Caritiacensii , ann. 8G7. dans les llislor. de Fr., l. VII,
p. G2S ; ï rapinte ut dopopulaLioues. iiutc parlim occasion» superinrueu-
■ lliim p.igauurum, imrtlm mobiliuie quorumdam Hdcliuru nostroriini
« lu regno nostro, per eos eLiam qui l^ccleaiam Dei defciidure et taerl,
< et regni soliditatem ac quletem debimruDl providere, grassaolur. *
4. Convetiiiu l'cmcmis. mm. S84, .laiis les llittcr. de Fr., l. IS,
p. 309-310.
8. Ann. IteHin., uiiu. 881
222 APPENDICE II.
auxiliaires, soit dans leurs luttes intestiaes, soit dans leurs
combats contre d'autres bandes venant du nord : en S-i:i, le
comte Lambert se sert d'une Hotte normande de sùixaute-scRJ
voilca pour s'emparer de Nantes'; en^S», le duc breton Erispt
s'allie à un chef normand pour combattre lesNonnands élabd
dans la Loire'; en 8G0, Charles le Change veut s'allier ai|
Normands de la Somme contre ceux de la Seine; enftfil.il b
à exécution ce projet*. Eu SiiS, Baudoin, comte de FlaDdj
enlève Judith, fille de Charles le Chauve; Nicolas I" écrit 1
ce dernier qui ne veut pas pardonner : « Nous craignons qUB
" Baudoin, poussé par votre colore et votre indîgnatio
«joigne aux Normands impies et ennemis de l'Ëglise^»; col
craintes n'étaient pas sans fondement. En 897, Charles I
Simple projeta de recourir au secours des Normands contr
Eudes'. Mais ces alliances de Francs avec les Normands, qu^
que fût le but dans leqnet elles étaient conclues, n'étaient ja-
mais qu'un leurre pour ceux-là et nn prijtexte à nouveaux pil-
lages et rançonnements pour les hommes du Nord.
L'exemple venu de haut est suivi : nombre de chrétiens, mé-
contents ou coupables, passent dans les ran^s des Normands
dont ils deviennent de prt^cieux auxiliaires ; en 861), c'est un
prêtre transfoge qui est pris et mis à mort par les Francs'.
D'autres Francs, aliandonnant le comté qu'ils habitent et leurs
biens qui sont devenus la proie des Normands, se portent sur
les comtés voisins pour y vivre de pillages'. Il faut lire les
oapitulaires pour se rendre compte du désordre effroyable qui
régnait dans l'Empire carolingien durant les quarante der-
nières années du ix" siècle. En 886 , Foulques, archevêque 4
Reims, s'écrie' : « Entre Paris et Reims aucun lieu n'est sût ai
a ce n'est l'habitation des chrétiens pervers, complices del
a barbares. Le nombre est grand de ceux qui ont abandoonl
K la religion chrétienne pour s'associer aux païens et se u
« tre sous leur protection. »
En vain l'Ëglise cherche t mettre fin à cet état de chosesa
t. OiJUMLBli. Geschichle des oitfrSnkiachen Deiehi, l. I, p. 19MD0.
2. Ibi<i., p. 423.
3. Ibid.. p. 4H9-460; l. U. p. 28 et suiv.
/,. IlittûT. de Fr., t. Vil, p. 338.
a. Voy. ci-deasuB, p. 1b7.
0. Ann. Bertin., ann. 8(19. — BouROBOi ^ llugun l'Abbi, p. 103,
7. Ediciuin l'ielensf, a.nii. SHi, dans les fiûJor. de Fr., l, VJl, p. S
8. FLODOAaD, Uiil., 1, IV, c- 3, p. StW.
LES NORMANDS.
■223
en vain elle menace de ses foudres quiconque s'alliera aux
païens; en vain elle prodigua nés encourage meata h l'armée
franque' ; en vain elle jnomel l'absolulioa pliiuière à quiconque
meurt en comballanl tes Normauds*.
Il n'y a pas d'unité dans îa résistance, l'exemple delalicheté
vient de trop haut. Presque aucun lifu, aucun monastère ne
demeure intact; tous prennent la fuite; il est rare celui qui
dit : «Tenez ! tenez bon l résistez, luttez pour la patrie, pour
<t vos enfants et pour la nation. Ainsi tous sont en proie à la
« torpeur, ans divisions intestines, ou rachètenl en payant
■ des tributs ce qu'ils devraient défendre par les armes, et le
• royaume des chrétiens est trahi*. » Sous Charles le Chauve
et ses successeurs, le champ de bataille s'est trop souvent
transformé en une place de marché sur laquelle le plus faible
a dû se racheter lui-même; parfois, mais rarement, les Nor-
mands ont traité ut payé leur retraite; le plus souvent, ce août
les Francs qui, outre les ravages qu'ils ont à supporter
résultant de l'invasion païenne ou de la guerre civile, doivent
encore payer des sommes énormes afin que les Normands
s'allient à eux contre d'autres envahisseurs, ou se retirent ou
se portent seulement sur quelque antre partie du royaume.
En 845, Charles le Chauve achète la retraite dos Normands
pour 7.0U0 livres d'arpent ; on 852, après avoir fait do grands
préparatifs contre les Normands de la Seine , il traite avec eux
et achète la paix; en 853, il remporte un avantage sur une
bande, mais, en 858, il rachète au poids de l'or plusieurs per-
sonnages de marque faits prisonniers et il échoue contre les
Normauds établis dans l'île d'Oîssel. En 8ti0, il obtient des Nor-
mands de la Somme qu'ils viennent combattre ceux dolaSeiue,
mais il ne peut réunir les 3,000 livres d'argent qu'il leur avait
promises pour leur concours; en 8t!l, il lour remet la somme
de b,000 livres d'argent, plus du bétail et du grain, mais les
Normauds de l'Ile d'Oissel lui payent 6,000 livres d'or et d'argent
pour obtenir leur retraite ; en 8(J2, il force un chef viking, We-
land, à traiter, mais en 8fi6 il paie de nouveau 4,0UÛ livres d'ar-
, J.ipp6-Wattbnbach, Hegetta pmilif., a' 2Wi. — 1., t.
"■, |), H-I2.
t, Ln Clieva-
2, Lettre <lc Jean Viu aux âv^ques francs du royaume île Louis le
Bègue, dans Mionb, l'atrologie tatint, t. CXXVI, «ol. 8113. — JAPPB-WAr-
tbnBach, Itegeila ponlif., w 3193.
3. Translatio 8. FIliberii, dans MaBILLOK, Acln mncliiriim . sa'c. IV,
pars 1, p. S56- — DQUULBB. op. vit., t. I, p, 423.
2M
ArpEsmcR 11.
gent aux Normands pour qu'ils sft retirent. En 873, avec i'aiâ
des Bretons, il tient les Normands assiégés dans Angers, cl t
lieu de les écraser, il se laisse aclietcr pai' eux. En 877, il f
5,000 livres d'argent aux Normands de la Seiiio pour leur r
traite et il at^hête aussi celle des Normands de la I,ntrc. I
royamiifi francde l'Ouest est iibsolnmont rt boni do re
C'était HUP un Empire dans ct-t étal, sur le royaume franc de
rOucat épuisé de la sorte, ipi'allait fondre l'armée oortiiaade
la plus formidable et la mieux ort^anisée que le contîneut eût
jamais vue, la « grande armée " que nous avons laissée réiiDie
à Futliam, sur la Tamise, dans la première moitié de l'année
879', et qui avait la conquête comme but. Un des principauj
chefs en était Siegfried.
Les Normands passèrent le détroit, s'emparèrent de Thfl
rouanne, sans rencontrer de résistance, puis ils remonlèrciH
l'Escaut et établirent leurs quartiers d'Iiiver k Gand ; de là, ils
ravagèrent entre autres Tournai (K80). Louis de Oi^rmanie les
combattit à Thiméon. Maigre les elforlsdc l'abbé Goziin, qiû su-
bit sur l'Escaut, une défaite qui répandit la terreur dans la cou-
tpée environnante, au mois de novembre, ils s'installent pour
l'hiver k Courtrai (880), sous la comlnilc de Siegfried. DB-^
pillent Saint-Vaast d'Ârras, Cambrai et tout le pays jnsqa'i;
la Somme. Puis. lo 2 février 881, \U prennent leur routf
par Tliérouanne. ravagent Saiol-Riquicr, gagnent Ami»
et Corbie ; le 22 février, ils dévastent de nouveau
et le 22 mars Saint-Omer, puis ils reviennent ù Courtrai ctu
gés de butin. Au mois île juillet, ils passent la tiominfi i
menacent Beauvais. Louis III. roi franc de l'Ouest, remporfl
sur eux la brillante victoire de Siiucourt. Désormais, Us
gnirent Louis, qui mal lieu reusem ont ne devait pas surrt
longtemps à sa victoire, et ils se retirèrent dans le royaui
franc do l'Est à Gand. puis, après avoir fait les réparatious q6;
cessaires à leur flotte, ils gagnèrent par terre et par mer \i
Meuse qu'ils remontent jusqu'à EIsloo, où ils se retraaoli(^
1. C'est, de 379 que les contcniporaiiis dalcnl la grande invasion ao^
mande, comme Je pfouïe un pnssnge fies Mii-ticidn S. BeHini {lltstar.
Fr., t. IX, p. IIB), coucordant avec un passage do Floiloufl. [Ifût., l, ÏK
c. 1 , p. 55BJ. Les iUraeula dosigneat l'année SWJ comme la doutUme g
l'arrivée des Normands daae le roj-aiime ; Foulques, âcrÎTanl t
dit qu'il y a huil ans passés que ce Uéau a fondu sur le royaaafc|
correction proposée par dom liouquet est inuUIe [HUtor. ds Fr., L IT
p. 136).
LES NORMANDS.
225
I renl. L'empereur Charles III réunit contre eux une armée telle
j qu'on n'en avait point vu depuis le commeucemenl du siècle ;
I la honte n'en fut que plus grande (juillet 882). L'empereur
I conclut un traité avec l'ennemi qui venait de massacrer une
[ troupe des siens pendant rarniistlce, et, tandis qu'il concédait
\ k l'un des chefs, Godfried, devenu chrétien, des liefa en Frise,
' il achetait de Siegfried et de Wurm la promesse de ne plus
. envahir le royaume de l'Est. Ces deux derniers chefs vinrent
dans le royaume de l'Onest, à Condé' (octobre 882]. Louis, le
vainqueur de Saucourl, était mort; son frère Carloman, pour
arrêter leurs déprédations, s'établit sur la Somme à Barleux; les
Normands l'évitent, traversent plus à l'est la Thiérache et l'Oise,
prennent Laon, arrivent le long de l'Oise à Noyon, puis à Sois-
sons et se disposent à aller jusqu'à Reims ; Carloman les pour-
suit et les atteint près de celte dernière ville, où il les bat (882).
Après cette défaite, la plus grande partie des Normands se re-
tirent à Avaux sur l'Aisne', où les hommes peu nombreux de
Carloman ne veulent pas aller les attaquer. Carloman se retire
à Compiègne, et les Normands à Condé où ils s'établissent jus-
qu'au printemps de 883; Hugues l'Abbé et Carloman les har-
cèlent; la belle saison revenue, les Normands quittent Coudé,
gagnent les côtes et durant l'été ravagent la Flandre.
En automne, Carloman, prévoyant leur retour, se poste avec
son armée au village de Miannay dans le pays do Vimeu, eu
face de Laviers. A la fin d'octobre, les cavaliers et les fantassins
normands arrivent par terre avec tout leur bagage ii. Laviers,
la Somme les séparait encore des Francs qui, aussitôt que
la flotte entre dans ce fleuve, prennent la fuite et ne s'ar-
rêtent qu'au-delà de l'Oise. Les Normands établirent leurs
quartiers d'hiver à Amiens et portèrent leurs ravages dans le
bassin de l'Oise jusqu'à la Seine. Les grands du royaume franc
réunis à Compiègne (février 884) décident alors de leur acheter
leur départ; après de longues négociations, le traité est conclu;
les Normands exigent douze mille livres d'argent pesées à leur
poids et accordent «ne trôve (février à octobre) pour laisser
réunir la somme. Uais, comme ils ne sont pas disposés à perdre
dans l'inaction toute la belle saison, ils passent sur la rive
droite de l'Escaut et portent leurs ravages dans le royaume
franc de l'Est. Enlîn te tribut normand est réuni à grand'peine
1. Vuy. pour tovil ce qui suit les Ann. Vedasl, et les Ann. Berlin.
'i. LONONON, Èiudtt nir Itt l'agi de la Gaule, 2~' partie, p. 7(f.
226 APPENDICE II.
et, à la fin d'octobre, les Francs de l'Ouest sont de nouveau
sous les armes pour résister aux Normands, dans le cas où ils
ne voudraient pas observer le traité ; ils s'y conforment cepen-
dant, brûlent leur camp et quittent Amiens. Carloman et les
siens passent l'Oise et les suivent lentement et à distance.
Arrivés à Boulogne, les Normands, après avoir tenu conseil,
se séparent; les uns passent en Angleterre et les autres vont
à Louvain, où ils prennent leurs quartiers d'hiver; de là, ils
peuvent, suivant les circonstances, se jeter facilement sur le
royaume de l'Ouest ou sur celui de l'Est.
Les destinées de la grande armée normande depuis le traité
d'Amiens sont connues*.
L'étude de la civilisation des Normands nous était nécessaire
pour comprendre une époque dans l'histoire de laquelle ces
envahisseurs ont joué un rôle prépondérant. Après l'avoir
faite, nous l'avons résumée ici dans l'espérance d'éclairer de
quelque rayon nouveau des temps profondément obscurs et
troublés.
1. Voy. ci-dessuSt p. 17.
APPENDICE II
LE DUC DES FRANCS
Dans le chapitre consacré à Robert le Fort et à Hugues
rA.bb(5 on a pu voir la genèse du pouvoir du « dux Fiaocorum ■■ ;
ce litre, ni Robert le Fort, ni Hugues l'Abbà, ni Eudes ne l'ont
jamais porté ; mais si. à celte époque, il n'y avait pas encore
de titi'e, il y avait déjà UQ pouvoir très réel appelé « ducalus
regoi n', 3oil la gérence du royaume, sorte de gouvernement
militaire à la place d'un souverain trop jeune, absent ou in-
capable. Ce terme de t ducatua » suivi de « regni » ne peut
pas se traduire par duché, mot qui implique une circonscrip-
t. On n'a pas attaché assez d'iiuportauce à co terme, employé par les
Annalef de Sainle-Colombe de Sent; ce monastère dépendait de Hugues
l'Abbû, on devait donc j être bien renseigné sur ee qui le concernait;
ces annales disent de lui : < qui monarchiam clerlcatus Iji palalio opti-
« nens, ducatum etiam regni post rcgem ntibiliter administrabai > [Mon.
Germ,, SS., t. I, p. 10^). Voici uu tableau des principales dénominations
de ce pouvoir et des titres que portèrent ceux qui l'exercèrent dès son
origine :
RODBItT LB FofiT :
« Ducatus inter Ligcrlm et Sequanam adversus Briltoaes > (Rëocnon ,
Ckron., ann. SCI).
« Marcbio in Andegavo Tuerat » (Ann. Bénin-, ann. 865).
Huouas L'ABué :
« Suadente llugone abbale et marktone • {Ann. Dertîn., ann, 878).
«iTulornoaterac regni noslri maximiis (icrensonldiplômedcCarloiiian
pOurrégliaed'Orléansdull aoilt883. Histor. de Fr.. t. IX, p. 431).
ï Ducatum regni post regem administrabat* {Ann. S. Colimba: Scnott.,
EUDUB :
« Ducatum quem lenuerat [Hugo]... Odoni,.. traditur » (R&nmoN,
Chron., ann. 887),
ROBBRT, PBÈIIB D'EODBS:
€ Illuslris comes et marchio » (diplôme d'Eudes, du 28 mai 893, Uûlor.
de Fr., t, IX, p. 461),
• Dux Fraucorum» (diplôme d'EudeR, date Inconnue, ibid., p, 432).
» Coliicae Galliae dux, Celticae dux » (Ricubb, llUtor., 1. i, r. 2S;
l. I. c, H).
« Coinltuin piilenlisslmo» (charte de Guarnegaud du 29 juillet 89ii;
TOy- Pièces jnsliflcatives, c VI).
c Venerabilis marchio, nostrl... regni ei consiLium et jnvamen * (di-
ns
tiou territoriale positive ; « ducatua regai ■• désigne ua pouvoir
siip lout le royaume franc de l'Ouest; c'est ce iiouvoir que l
comte Henri' cul quelque temps pendant le siège de Pari
idors qur> Hugues idaîl muUde et avant que l'empereur le coi
fi;\t à Eudes.
Cependant, au commencement du x* siècle, ce pouvoir n'
plus si gémirai; l'Aquitaine maintient sou autonomie, la Bour-
gogae devient un duclié sons Richard et le a ducatus regoi »
est limité aux régions sur lesquelles ce pouvoir s'était toujours
exercé de préférence à tout autre, à la « Francia » et à la
" Neustria ». Sous le règne d'Eudea, ces deux régions sont
encore distinctes, mais, bien vite, elles tendent h se confondre
Eudes, neustrien, est en même temps comte de Paris, c'est-
dire comte et comte très puissant dans la « Francia »; peu
peu, grâce à lui, grlce à Robert qui est aussi ueustrieD
comte de Paris, griVcc à la puissance également grande
leur maison eu oFrancia » et en Neustrie, la ré^on du royai
franc de l'Ouest qui n'est ni Aquitaine ni Bourgogne se con-'
fondra sous un même nom, celui do « Francia >, et celui de
a Neustria » disparaîtra. Dès 892, alors que des troubles
éclatent de toutes parts dans le royaume, Eudes, qui a besoin
d'être secondé, renouvelle la dignité de Hugues l'Abbé, le o du-
catus regni, » en faveur de Robert son frère qui prend cette fois
le titre de or dux Francorum'», c'est-à-dire chef des habitants de
la u Francia s dans son acception la plus étendue; c'est ooi
tel que nous le voyons en 893 revenir brusquemeul avec Eui
plûiae de Ctiarles le Simple du M mars DIS, pour Salut-Geruuin delj
Très, llUtor. de /■>., l. IX, p. S3(j).
1 Trlm!irchlo»(cliaricdG Robert pour MarmouLler du 13 novembre 91^
dans M.1BU.LB, l.ea iHuasions normandes, p. 432).
< Princeps, demarcbus, murctaio Fraui;orum * ikiuoin cl tluacB
DB FLKURr, llhlor. de Ft., l. VIII, p. 322, t. XI, p. 274).
HUGUBS LE Grand :
€ Ke^Dl Tiostri uarchio » (dîplâme de Raoul pour Uarmoulier i
7 ociobre 927. Ilùlor. de F>:, t. IX, p. 571).
* Ducalua FrilndiU»lKLODO\RD, Cflfûii„aim. «43, Histor. de Fp., t. Vlt^
p. 137).
« Diiit KriuiPoriini » (Flodoird, Ch'-on., ann, »U, ibid.; AmOtM I
IlUGims DR PX.BURY, lJUlor.ikFy.,l. VlEl, p. 323,1. X.p. 21B. t. XJ,p.X
« Uiuidum GiiltJnrum ducem • (RicaBM, Uittof., 1. U, c. 39
« Friinconiiu dux • (Dudos. 1. II, c. 101).
1. .Itin. FiUd., V. V, iiiin. HSii : a occlso Ucinrico marclieusl Franconi|4
• qui in i<l U'iupus Niiidlriixm tenuil. n
2. Di|)lômi.' d'Eudes, duiia les lliUoi: de Pr.. t. IX, p. mi-
22!)
dcChalQneii « Fraucia'», en 894 comiimruler l'armiSe royale au
siège de Reims et négocier à la place du roi avcQ Baudoin de
I-'Iaudrc en 895 et eu 897*. Gu qui prouve bien que l'auloritiî
du I dus Francorum » ue s'exerçait eu principe que sur la
c Francia » et la Neustiùe confondues sous le nom générique
de o Fi'ancia », c'eat que lorsque ce duc doit agir eu Aquitaine
ou eu Bourgogne, le fait est toujours l'objet d'une mention spé-
ciale [aiusi en 1*43 et en 934'), Il est évident, depuis le travail
de M, de Barthélémy', que le duché de France n'était pas une
division territoriale qui est devenue l'Ile de France; il est
d'autre part incontestable qu'il a existé une dignité, colle de
« dux Francorum 1. En résumé, s'il ne faut pas parler de duché
de France, il y a eu un i duc des Francs u dont l'autorité
s'exerce particulièrement sur la région où cette dignité a pris
naissance, soitaurlaNenstrieet la b Francia» réunies; parfois
cependant elle s'exerce aussi sur la Bourgogne et l'Aquitaine.
Ce serait perpétuer à plaisir une erreur qui n'a que trop duré
que d'employer le nom de duché de France'; ce malheureux
terme est né de la combinaison de i ducatus regni » et de
« dux Francorum a ; il faut traduire ce dernier terme littérale-
ment par « duc des Francs. »
1. RfEOWOH, Chron., ann. 893.
2. Voy. ci-dessus, p. 163,181, 132.
3. FLOuOaRD. Chron., aiin. W3 et m, (Hiêtor. de Fr., l. Vlll, p, 107
et 209).
'i. BARTHàLHMY, Lei origines de la maUcm lU France, p. 132 el suiv. —
G. UûNOD, Heuue çriligue, 1873, 2' sem., p. 97 el SUlT. — Lochaibb, llii-
loire dci itutiMiona monarchiques, p. 13. — LOT, Let dernier» Carod'n-
tfimï, p. 173 n. 4. — Pfistbh, Éluda tur le rtgne de Itobert le Pieius,
p. 131-140. — KiLCKSTBiN, Geiehiehle des framiitiKhen Kùnigthums, p. 242
n. 1.
S. Le icrmeile < ducaLua Fraticiae • n'est employé ii propos de Elagues
le Grand qu'une fois tout à fait accideutelleaienl, par Flodoard;il devniit
ae traduire par rectoral pour éviter le mol ducbiï qui n'a pas en fran-
çais un scna actir comme en latin mais désigne seuicmeul une circons-
cription territoriale.
APPENDICE IT
VALEUa DU TEMOIGNAGE DE RICHB^
POUR L'UISTOIRK D'EUDES
Oa s;iil ijiie les récils de Richer ont une valeur historjqttll
très discutée ; jugée daus boq ensemble, son oeuvre ne doit ù
utilisée qu'avec une extrême prudence. Noua ne referons pas id
le récit de sa vie et descirconstaiicei^danslcsqueileâilécriviu
cette étude a été faite à plusieurs reprises et dernièrement e
core. Rappelons seulement c que personne n'était mieux plaii^
que Riclier pour écrire l'hialoire de son temps. Il vivait {
Reims, c'est-à-dire dans le centre politique et intelleclliel U
plus important de l'époque..., il se trouvait en rapports con^
tanls avec Gerbert et l'archevêque Adalbéron, les deux pei
soiinages les plus remuants et les plus influents de ce tempfj
qui... connaissaient dans leurs moindres détails les événo;
ments qui avaient amené et accompagné le changement i
dynasiie; enlin il avail pu voir à diverses reprises à Reim
Lothaire, Louis Y, Hugues Capet, et avait pu entendre de li
bouche de son père le récit des guerres auxquelles celui-<
avait été mêlé'. »
Considérons seulement ce que Richer dit d'Eudes, c'e
dire les chapitres v-sni du livre I de ses Histoires^. 11 y a det
parties à distinguer : les chapitres vi à xi sont de la légendi
t. G. MOHOD, Éluda <ur VMttotre de Htigutss Capel, dans la iteoue AfH
rique, t. XXVIII (ISSB), p. 250 et siiiv. — Le juKeiuenl de M. Loi (Qj
dfmierM Carolingieiit, p. ïvn) eal peul-Ctre «a peu absolu torequ'I) d"
qu'autârieiiremeiit ix 07>4, l'ouvrage de Ricbor ■ se Liorne a parapfan
les Annales de Flodoard d'une manière peu exacte. > En revanche, i
lui accunlons que « pour la Bu du ix« el la première moitié ilu s' siée] j
Kiclier est nue source incertaine >.
2. Mon. Germ.. SS-, t. Ili, V- 5711 ut aulv.
DE LA VALEUK DU TËUOIGN.
231
ReateDt les chapitres v, xu et xiii, doot la trame est parfaile-
meot exacte; dans ces chapitres mêmes on peut relever cer-
taines inexactitudes de chiffres telles qu'il s'en trouve dans
toutes les annales on histoires du moyen âge, certaines omis-
sions et des fautes de perspective telles que peut en commettre
un chroniqueur qui écrit un siècle après les événements qu'il
raconte. Néanmoins, les faits sont exacts et quelques appré-
ciations sont d'une justesse frappante.
Ainsi pour le chapitre v qui a été ai discuté :
1" La date du couronnement d'Eudes, malheureusement frag-
mentaire, est exacte puisqu'elle est confirmée el complétée par
les Annales S. Qe7')nani minores (voy. ci-dessus, p. 89).
2' « Ct'eatusque rex. strcnue atque titUiter omnia gessil, prae-
« ter qtiod in militari tumtUtu, rarant componenAl Ittes potes-
« latem liabuit, » appréciation très Juste du règne d'Eudes,
3" Le nombre des victoires d'Eudes sur les Normands indiqué
par Richer est impossible à contrôler et sujet à caution, mais
la lîn de la phrase : « algue hoc fere per qvinquennlum a est
exacte, puisque Eudes monta sur le trAne au commencement
de 888 et que les Normands se réembarquèrent en au tomme 892.
4" n Qulbvs repulsls, famés valida subsccuta est. » celte fa-
mine lors du départ des NormaHds en 892 est conllrmée par
les Ann. VedasL, ann. 892.
5" a Cum IHenniu lerra inctdta remanserit, » les Normands
étaient revenus en effet de Bretagne en 890 et, durant les an-
nées 891 et 8!I2, leurs ravages avaient empêché toute culture
dans le nord du royaume où séjournait l'armée d'Eudes, sur-
croît de bouches à nourrir dans la région épuisée.
6' n Ipse [Odo] cum exercilu in Aquitaniae partes sece-
adens...t Eudes en 892 quitte le nord de son royaume parce
que l'entretien de son armée y est devenu trop difficile; ce té-
moignage est parfaitement d'accord avec celui des Ann. Ve-
dasL. ann. 892.
Ce chapitre v, qui contient la fameuse allégHlion sur l'ori-
gine saxonne de Robert le Fort, est parfaitement digne de foi,
comme le prouve un examen minutieux. Pourquoi refuser de
croire à la phrase : " Hic [Odo] palrem habuit ex equesiri or-
« illne Rolberlum avum vero patermmi, Wltichinum advenam
• Gormamim » puisque tout historien impartial est obligé d'ad-
mettre les autres assertions du même chapitre?
Déjàle chapitre précédent (iv) ae termine par une apprécia-
tion très juste des causes qui amenèrent l'avènement d'Eudes ;
-232
après une erreur sur l'àgc de Charles, Richer dit que ce àa
nier étant trop jeune, les grands délibérèrent sur le choix d'n
roi a non ul deserlores, sed ul in adversarios [les Noroiaiidi
t Indignaiiles, >• c'est, en d'antres termes, ce que dit FoulqDO^
dans sa lettre à Arnulf (Flodoard, Hisl., 1. IV, c. 5, p. 563)1
1 Karohis adfiitc admodum corjiore simul et scientia parvuta^
t exislebat nec regni gubemaculis idoneiis ei'at, et insiai
K immanissima Nordmannorum persecutione , pertcuto
« erat (une eum etigere*.
Après lin grand épisode fantaisiste qui tient les chapitres V
XI, Richer redevient historique au chapitre xn.
I' L'itinéraire qu'il indique pour l'expédition d'Eudes <
Aquitaine est confirmé, au début du moins, par Âbbon (1.
V. 548); tous deux font passer, le roi par Limoges.
'i" Richer, comme les Aunales de Saint-Vaast, montre qud
les adversaires d'Eudes profllenl de son absence pour élev^
Charles le Simple. Richer dit : « Idqiie plurimum peisuadebei
Neiislriorum absentia ». et les Annales de Saint-Vaast (
« Franci, t lU passent compleri qiuie vnlebanl.suaservnt rei
I id relicta Francia... peteret Aquitaniam. d
3" L'erreur de Richer sur l'âge de Charles au motneut de soj
avènement (28 janvier 893) est vénielle: «jam eniin quîntli
nis, or Charles était né le 17 septembre 879.
A' Richer, dans ce chapitre xn comme dans le chapitre xvi
fait de Foulques l'agent le plus actif de l'élévation de Charle
il est eu cela d'accord avec une lettre du pape Formose (FiXJ
uoAitn, Ilisf., 1. IV. c. 2, p, 560), et il affirme que Charles fil
élevé par Foulques [c. xvi), ce qui est très vraisemblable,
ti" La date du couronnement de Charles le Simple n'est donn^
exaclenieut que par Richer; son témoignage concorde avec I
date adoptée par la chaucelleile carolingienne [voy. ci-dessol
p. IbbJ. Les Awiales VedastUies, qui sont pour cette é[ioque 1
source de reusetguemeuta la plus sûre, se trompent Bur {
point et c'est Richer qui les corrige!
(j" Comme nous l'avous déjà dit, Richer a raison lorsqu'il al
sure que Charles avait peu de partisans dans la Celtique, i
beaucoup dans la Belgique.
Puis Richer précipite la Un de son récit pour arriver à ti
mort d'Eudes.
7" Eudes meurt, d'après lui, dans la dixième année de i
rèt;ae, ce qui est absuiumetit exact, car la dixième anDée ^
DE LA VALEUR DU TÉMOIGNAGE DE RICIIER. 233
règQe d'Eudes se termine le 27 février 898, et qu'il est mort le
!«'' janvier 898.
Il semble difficile d'admettre que Richer n'ait pas eu sous la
main quelques notes contemporaines, quelques documents; et
il faut reconnaître que son récit, inégal il est vrai, renferme
certaines parties excellentes.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
- Chant eQ l'honneur du roi Eudes.
Ce cbanl, déjà signalé par Bethmann (Pertz, Aridtiv. l. XH, ji. 401l|
et publie par Morelol, dans F. Danjou, Itevue de la Musique, t. IV,
1848, p. 85, Tienl d'être publié de nouveau avec un courl f-ommen-
taire par M. E. Milhlbacher, dans les Milllieilungen des Inalituls fOr
œslerroicliisckis Geschichtsforschung, lome VIII, Inusbruck, 1887, iii-8,
p. 601-604. Il se trouve dans un manuscrit du x" Hiècle, couteuant
une collection d'hymnes, qui provient du couvent de Moisaac, en
Aquitaine et qui est maintenant au Collège des Jésuites <i Vienne.
L'imporlance hialorlque do ce chant n'est ma Iheurou sèment pas
aussi grande qu'on pourrait le désirer; en revanche, il nous e^t
parvenu avec la musique; c'est un exemple unique d'un chanl
laïque de cette époque dont la mélodie nous ait été conservée ; aussi
le reproduise us- no us ici, d'après U. Mûhibacher, & litre de curiosité.
re- ga- le ccplruni
re-seiJ-do lem-po-re.
Te crus divina muoiat,
te vîplns aima protcgal,
te ueunia sacrum prutegat
et ad superna dirîgat.
Vivcnilo vivas ni Enobc,
pacilicus ul Sadoc,
sis benediclus ut Jacob,
sauclissiinus ut luit Job,
Sis Deo diguus ut Abi'l.
sis lidelis ut Sauuu;],
sic hidiccs ut David
et ci'cdas ut Natauaol.
Sis cluquens uL Abraaui
bcucdiclus ut IJulaani,
robustus ut (îeroboam,
cdilict'S ut lualain.
l'iEORS JUSTIFICATIVE!
Sis sapieus ut yalmnon,
forLissimus siciit tiamson,
piilclicrriiiuis ut Absalou
et cïutus siciil Gedeou.
VI Alexuoder inaximus
pugiiatur Bis aptissimus,
tibiqiie sit coulrarios
ceu fugiecs PoDipe^ius.
Moaarcha sis ut Julius,
Sed Deo di^^aus melius,
ul Davit rex mitiâsimus
et Judas Victor optimus.
Qui Riea laudant carmiDa,!
pigmenta bibant dulcida,
(luibusque sunl coDlraria.l
spumosa delup ciceva.
10
Ameu resullet Gallia.
amen canteat Burgundia,
Bigorni rcgni spacia,
Dasconia et Teutonica.
■ 889, 10 juillet. — Paris.
Lu roi Eudes confirme ù l'abbaye de Vésetay cl ù ses itépeniianeuA
ainsi qu'au cltiUeau qui y a été construit contre tes Narmiinda, Upri^m
vilèi/e {Timmunilé qui lui a été accorde par Charles le Chauve cl j
le pape Jean VHJ.
Copie du xi" siècle, Carlulairo manuscrit de Vézelay, à FIombu
Bibliothèque Laurenlienne, Cod. Laur. Plul. XIV, n" 21, pag. LIS j
Publié en partie par ll;>ndini, Catalogua codicum lalitiorum frtMJo^
Ihecœ Medicex Laurej\liaitœ, Tomua I (Florence, 1774, îu-fol,) col. 13E
In ûoraine sanctae et individuae Trinîtatis. Odo cIcmeDtiaJ
Dei rex. Si servoruni Dei iustis postulaliouibus aurem uostraM
serenitatia accomodamus, easque ad effectum pie pcticîonid
opère ferendo perduuimns , hoc nobis profuturum tore adl
eternae remuuerationis praeniiuni facilius optiueudiim et adJ
praeseutem vituui liberîua Iransigcndam nullo modo dubitanius. f
Quu circa noverit omuium sauctae Dei ecclcsiae ûdelium nos-/
iPoiULique tam praeseuliuiu quamque futuroruui ioduslrla,
quoDiain Ëudu veoerabilis abbas Virzelliaceusts mouaeteriij
PIËCËS JUSTlFir.ATIVRa.
237
adieaâcelsiLudiaetn nostranidepraecatiisest uLideED ccDobiiim
ciitn omnibiisappendiliissuia siibimmimitatisaostractuiciooe
et regali defensione acciperetniis. Eo videlicct modo ni ea
qnae iii praecepto praedecessoiis nostri dive recordationîs
Karolî iiDperatoris atigiisti' et in privilegio doiiùni ac patrie
nostri quondam Tiili.iiinis iiniversalispaiiaccoiitiuenliu"' îiiviu-
lata et înconvulsapertnaaoaQt. Castellum qiioqiieqiiodproplcp
perseculioliem pagauoruni inibi constriictum eat, siib codera
îmmunitatia tenore reciperemiia et sempcr raanere îubâi-eiuus
absque alicuiiia Jnqiiietiidinis contradictione. Qiiod cenobiiim
situm est iu pago Avalensi super fluvinin dictnm Ooram, et est
couslnictuiH iu honore Dei et Salvatona noatri Ihesu Chriati
einsdemque genïtricisseiiiperque Virginia Mariae. beatorumqnc
aposloloniin l'etri et Pauli prîncipum. Ctiius pie peticioiii
dillgenter annuirauâ et libenter asseusum praebeuma ac prae-
fatiim cenobium suprafatuni quo(pic castellum cum omol
iategritate sua seu ca quac a fidetibus divioa gratia ordinaotc
olim ibl fuerlnt oblata sub nostra immunltate SGU tuicioae
recipiendam decrevimus. — Precipientes ergo iubeinns ut
nuUus cornes seu vicecoines aut aliquis ex saeculadbns iudi-
cibusvcl cxinissis QostrisdiscurreDtibua iu praefato coeaobio
vel praelitulato castello cnin omaibiis villis ad ipsiim lociim
perlinentibus potestative tnaasiuues accipîat nul paratas seu
freda aut cespitaticum aul poatatîcum aut rotaticuni vel
iafereodas ab eo exigerc praesuniat. Sed liceat servis Dei in
eodem sepe dicto ceuobio degenlibiis secure ac quiète vivere,
et pro nobis reguique uostri statu uec uoa pro pâtre ac génitrice
nostra seu pro dileclo coniiige nostra absque alicuins inquie-
taotia molestia domiui misericordiam esorare. Siu aulem, quod
minime futurum credimiis, aliquis hominum qualibet aeculari
praeditus potcstate coutra hoc uostrae allitudluis et immuai-
tatispraeceptum veuire aut illud temcrare seu iu aliqiio violare
praesumpserit.sexcentorum soiidorum multacoaclusexsolvat,
medietatem scilicet Qsco nostro, alteram vero ecclesiae oui
litem iûlulerit. Et hoc iiostrae celsitiidiuis inviolabilc pactum
firmum et stabile futuria maucal temporibiis, precamur siic-
cessores uostroa ut sicut sua quae legilime statueriut tiniia a
). Charles 1q chauve avait accorde un diplôme à Vôielay en 863.
BOuuBa, n- 17^6. — Hùlor. lie F<:, t. VUI, p. I>0S-
% Jean VIII confirma loa |irlvîlégeadeVéKola,v on 878, Jappr-Watthm-
BACB, ftrgain runtif., n' 31B9.
■238
i JUSTIFItlAin
subsequeotibiis leoere et case volucrint ita et haec qiiae a aoïna
modocorroburaDtiirllrmaet inconvulsapcrpetualitepcustodire
studeant. Ut aiilem lioc uoâtrac auctoritatis praeceptum la Dei
uomine pleoiorom lirmitaLis obtiueat vigurem, maou nostra
illud ârmaviiuua et anuli aoslri iopressioue subter sigillari
iiissiiQus. _
Signiitii Odonis glo(mo«o^j'am»ifi)riosis3imi régis.
Diroanaiis aotarius ad vicem Ëblonis recognovit.
Datum VI. id. iiilij, iiidictione VI., anno iacarnationis ciomtj
nicae DCCCLXXXVIII., anuolK remuante domino Odone glorio
sissimo rege. Àctuni Parisius civitate. la Dei Dumioe feÛcilerJ
Amen*.
m.
- Sans date.
Le roi Eudet accorde l'immuniU à la meiise ùpiscopaio cl a
lies clianoincs de Laon.
Original scellé, Paris, Bibliolhùque nationale, CollecUon de P'iea
liie, t. 283, n» 1.
Copies de dom Grenier, d'aprâs l'original . CoUeclion MormuJ
l. III, fol. 38 elColleclion de Picardie, t. 110, fol. 4.
Los lettres entre crocliots sont efTacëes niaiuteuant, mais doio]
Grenier les avait lues sans hësilalion.
{Chr.] lu NoumE sanctae et individuae Trinitatis. Om
CLËMENTiA Dei bex. Si petitionibos servoriim Dei assensuhI
[•RAEUEMU3 ET EORUM UTILITATIBUS NECESSAHIA PnOVlDEMCS, HCH-1
REMùUE I *praedecessorum nostrorum imperatomm ac regum
sequentes, ut ea quae illis divino amore iustigati coufcrlmus
deincepâ rata permaneant nostris conûrmamus ediclis, boc
nobis procul dubio ad aetemam bcatitudiaem capessendam et
totiusregnia Deouobis | 'collatitutelamprofuturum crediiniis
et retributorem Dominum esinde in posterum habere coolidi-
mus. Igilur notum sit omnibus fidelibus sanctae Dei eccicsiae
et nostris, pr(;sentibiis scilicet atque futuris, quia Dido, veoe-
1. Les données tlironologiqiiea ne concordeiil pas, l'aimée SSijooIuddl
bien avec l'indiclion VI mnia non avL-c l'an de régne, nous donaoRS tl
préfèreuce & ce dernier; nous savons, en effet, par deux autres diplAlS
en Faveur de Saint- Oermain d'Auxerre et de Tournus qu'en juillet 6f
Eudes était à Paris, et il parait difflcile qu'en juillet 883, quelquûB n
après le couronnemeni d'Eudes, le notaire se soil trompé sur r«n i
ri'gne.
PIÈCES JUSTIFICATIVES. IV.
'm
rabilis epîacopiis gancUe Liigduueiisis ecclesiae, ad nostram
I* regiae digniUlis accedeiiB clementiam, humiliter expeliil, ul
per pri^ccplum nostrac aiiclorilatis ei et siiccessoribus eju3 nec-
nonetrratribusaibiaDeo commissis concedcntea Gmaremuset
flrmare ' ain dcinceps nullus Regiiin niilla I "Hcginamm
DiiUaqiie praepotens persoiia siiccessorura nostrornin mansio-
nes domus ipsius ac siicccssoniui ejus necuou et claustnim
rraLrum inLi'are vel inaiisiones accipere sine licencia ipaius
su[onim]que iillatenus pracsumal. Ciijiis peLitioiii | 'assensutn
praebentea, pro reinuncratione caelestis palriae, hoc praecep-
tum regalis celsitudiuis oostrae tam ei quam suis fratribus flerî
praecepimus, per quod deleganles saucimus et corroborantes
lirmamus ul mansiones et domiis | ' praescripti episcopi ac
claustnim auornmfrati'umgubmiinilioneac defensioae regalis
dignitatis et auctorilatis oostrae nostrorumque successorum,
ita prout ille deprecatus est inrefragabiliter et inviolabiliter |
'omnimodis maneant. ut Dec nos nec aliquis saccessoriim
Dostrorum neque aliqua jiidiciaria potestas ibidem usquam
vel utiquam jam amplius in aeteroiim mansionem accipere vel
maoere sine cooseasu ipsius suorumque ( 'pertemptet. Et ut
haec auctoritas quam ob Dei amorem el animae nostrae remc-
dium statuimus atque roboravimus fîrmiorem obtineat vigorem
el deinceps inconvul ' [inajiius nostrae couscriplione [
'"eam subterûrmavimus et de anulo nostro sigillari jussinius.
SiGNUM OnoNis {7nojioffram'nie) gloriosissimi iiegis.
ThROANNUS NOTAEIUS ad VIGBM EB1.0MS BECOONOVIT ET SUUS-
CBIPSIT. {Huche. Le sceau recouvrixit dan» subscripail fes lettres cripai.
U a tnaiheureusenwnt Uitparu tnaûi nous en trouvoris la dtst'-riiilian
luivante dnns La coUectxon Moreau : i sceau ovale, plaqué fait d'une
espèce de pûle; il est presque rompu entièrement, mais la tète du Roy
est intacte ; il ressemble parfaitement an sceau du roi Eudes qiie ihm
Mabillon a fait Qi-aver à tn pa-jc f05 de sa Diplomatique ; il est placé
dans le centre tCune espèce d'encadrement que le Nouveau Iraité de
diplomatique (l. V. p. 608 pi. 73) appelle liache. y>
Gauzain, doyen el prévôt de Suévres, el d'autres moines de Saint-
Martin s'étnnl rendus n Suévres, enlèvent à un nommé Hicberl les
1. Les leltros rumjilacdes par <\ei
2. LeltreB etTacéea sur t'orii^ianl.
i soul effacées sur l'oriKinal.
240 PIECES JUSTIFICATIVES. IV,
qaa&e Tnenses qu'il lenail en précaire de» motnes de Saint- Star lin, i
dont il mésxtsaic. Ricberl se rend auprès du roi Eudes, alors à T'omvJ
pour réclamer; le roi, après avoii- enlervlu les vioina, mainlienl lent
Copie d'apr. Torig. «iaiis les AriHoires de Baliizc, I. 7iî, fol, S
(aDC.| yS (iioav.). — Cet acte eal analysé dans AIaiiiu-E, Pai
noire, p. \&i, <a- 9B.
Notitiaqualiteretquemadmodiimgrex beat! Martiui, Dotnnu)
scilicet Gauzzuîiitis decanus, sive villa PseiidofureDsis praep<
situa atque sacerdos Beruo quoque levita et archiclavis, oei
□OD Odalricus ipâiiis coeiiobii scholarum magistcr simiUqi
reiiqui praelibali gregis seuiorea, in jamdiclam vcnerimt Pbci
dororum villaiu cupientes ialbi peraecessarias res fralrai
iaquîrere et atidientias ejiisdem potestatis aequanimiter te-
nere. Quod duin agerent, aute ipsoruin praescatiam quid;
liomtoes ipsiuâ veneruni potestatis réclamantes se fortiter de
qiiodam vasallo Domine Ricborto, qui fiierat quondam mili
cujusdamTuronorum archiepiscopi uomine Adalaldi cuî eti;
idem episcopits qnandam terram quam de fralribus in viti
post mortem scilicet Gibaldi, sub ceiisii qiiamvîs raale negiccto
teuiierat qiiadam ipsius benivoleutia, afQuitatc scilicet pro-
piuquîtatis, laxavit, id est 1111. mansos, dicentes slquidem ipsi
coloni quod jam nominattis Ricberliis eoa nimîa crudeliLal
afÛigebat cotidie et ipsam praenomiaatam terram quam
deserviebant, injuste et siuti iilia ceusus redditione retineb:
iDsupcr etiam addentes quod nisi ad proprios usus SancI
Uartiai fratrum tam se quara suam hereditatem i-cvocarei
citissime ad douinum Rotbertum rerum Santi Martini abbatei
oonfugereiil, seque e\ tali afllictioue lacrimabiliter reclamaï
rent. Qui talem aiidientes clamorem, nimiâ exiade Iristt
cfTecti quia jam multis vicibu3 ipsos homiues tali de cai
audierant rcclamautes, praeacriptos UII. terrae maosOs
crastioo revocaverunt cum omnibus eorum appenditiis, hou
nibus videlicet utriusque sexus. vîiieis. terris cullis et aliqi
iucultiâ, lioc est in villa Trembleîo mausos 11., in villa ModuUl
mausiiiii 1., ioter Chelaucum et Viilarem perticas I1I.*atqi
iater villam Pennas et Toraiias quartas H. Quam rem praedii
tus audiens Ricbertus, uescieas quid Inde agere posset,
senliam domoi Odonls sei'enissimi régis, Turonis tuno
deulis, seu etiam Rolberli ejusdeni geimaiii, el rerum,
de
PIf.CKS Jt;sTlFll:ATlVES. IV.
ai
(tisimus, beali Maitiuï abbalis, Ciiett;roruin vironim iiobilium
quftjitocîuâ adirc, indicnns eis qnalîtci' iiraefati sancU Martini
canonîtri easdeni rcsqiiaesibi Adakldus senior snns siib censu
dimiscrat, ipvocari jussRi'anl. Detnique jusau re^jis et ipaius
nutb(-rti nbbalîs vocati simt Oatiitziiinits decatiUH, ac Bcriio
aedituus, aliï Pliam ijnauniliires. (jua de causa iuleiTogati
respondenml quod poslqnain ^aeiiefalns Adalaldiis ipsas s.iiicti
Martini pps praeuominaio Ricbcrto laxavcral, iiiillam ccnsus
reddittODein exiude liabei-e poltierat sed potins ipsius tnrrne
heredeà cruddi at tenu are rat exncliooe. Addebaut eliaiii ipaum
Ricberlura niillam récépissé ub Adalaldo auclorilatem per
qiiairi legaliter ipsara Saiicli Marlini tcrram possidere valeret.
Qnod atidientos rex scilicet Odo el abba Bolbertus seii caeleri
I>cruobiles ia citciiîtii résidentes coDle^lim adjudicavcmnt
ipsiiin Ricberliim rea Sancti Martini aut siiic aiictorilalfi aut
absqiic aliqua suaiuni rcniin condonalioiin inpoi^teniinliabere
non poissc. Qiio rc(^all jiidicio el commuai et assensn ipse con-
vicliis vasalbis in rPConipcnsaLîtine liiijiis rei scilicet ut ipsos
un. tercae Sancti Martini maiisos 011111 omnibus eorum appen-
ditiis lantum in vita siii jnrc doiiiinii possidc^iat. très aiudoii
sni jurîs ia pago Blcseusi silos Saoclo Marliuo et fralribus
Iradidît, id est Moluuu cnin doinibus inlcr qnas pulcuacuiisislit,
terril cullis sivc iuciillis iil)i poi4stnl.sfmîuari jtixlaaf^stlniatio-
nem niodii annonaoCt.. Deditqiio jpsc Uicberttis Sancti Marlini
dotiiiuio in alio locu aludclhtin altenim lu ipso pagi> siliiiii, id
e3l m. arpeonos de vinca in villa ItcBsiana. Obtnlil cliam idem
saepcfalus Hicbertiis sancto conlessori Christi Marlîno et l>a-
tribus li^rtiiiii) alodiiin. id est qiiicqtiid in vitia Canavarias
tcnerc videbaliir, terrain vidclicet cnm vinea cl &llva co scili-
cet Qi'diu.iLioDis icuorc, .stciil praedlctiiin est , qnaniliii ipiie
Ricblîrtiis adviïeppt umbarum poleslatum pitssessor existeret;
post ciijiis digres3uni,qiiia, lit jam diximiis tant ipsc qtiam siii
praedeccssores cciisiim lill. uiaiisornni praediclorum li^rrae
Sancti Martini injuste retimieraut sine uUiiis per^onae sibi
vel parcntis succegaione, res Sancti Martini, ac proprii 8Ui
Juris Alodi supra uominatî in domiuiiiin et ditlonem revoca-
rentnr Sancli Martini fratruin, Unde ncccsse fuit ut exinde a
Tratribiis procariam acLÙpcret, His praoseutibiis el videnlibua
acluin riiil.
t Signuni sanclac cntoii:; domni Hutberti rernni sancti Mar-
tini abbatis. Sîgnuni Gnarncgaiidi vicecoiiiitis. S. Burchanli
comilig. S. l'^ilconib. S. Ai-draJi vicccomitiii. ri. i-'iiK-liradi.
■•.i'2 nEcES JCsTiriuATiVEs, v.
8. Guallarti. S. Bbuti vicarli. S. Beniuiui. â. Ueriui. rï. Osbi
S. Giialciierii. S. Frodouis. S Amalrici. â. Rutramni. S. Guaj
cliifti. S. nadonis. S. Ertaldi. S. Guandalborti. S. Eboli Calvj.
Diita est autein liacc iiotitia XI, kal. aprilis, ia civilate Ti^
[■oiii^, amiii m. Odoinî regnaote iiaciOco ppge'.
E^o Âi'cliaQaldus gregis beali Marlini levîta, ad vicem Od^
rici caiicellarii et scholae pNnii. acripaiet subscripsj.
- a9-2, 13 juin, — Tours.
Erfredus, prévôt, et Adalfi\arus, avoué de Saint-Marlxti, viennent a
Mans, le lundi Sf avril, te plaindre au coriU» Berenger de e« q
Polericus, son vassal, délient injuslemenl des biens de Saint- Marti>%%
l'atei-ieus n'ayant pas voulu ubéir aux ordres de Berenger, ils I
rendent à Tours, le i5 jiii", auprès du comte Hoberl, dont Pal
étail égaletnent vassal, pour lui adresser leur plainte en prm
roi Eudes qui était alors à Tours. Babert juge en leur fav
(Fragmeois.)
Copie dana les Armoires de Baluze, l, 76, fol. 160 (anc), l&V (nouv.jj
Cet acte esl analysé dans Mabille, Pancarte Noire, p. ITS, n' M «
publié dans le GalHa chrisliana, l. XIV, laslr. n' 37.
Kotilia qualiler venit Erfredns praeposîUis cum Adalmu
advocato saucli Martmi in civitate CiDomaiioia, die octavo k
Mai, feria II'. aule Beringeriuin comiteio et reclamarerunt 8
quid vasailus ipsiiis Fatericus nomine res fratrum quas Guitld
propler advocapiam olim tenueral malo urdine relinebat. TuiU
BerÎDgeritis cornes respondit qnod non esset siiiis solummodâ
vasalliis, quanivis ex snu beneficio aliquid haberet sed potiui
vaaallus IHotberli, amici sni, qtiia plus ab ipso beneOciun
tenebal. Ilucautem, quod ad ipsuin perttnebat propteramoren
saocli Martiui statutii reddidît dicens : Si de meo beoeticiti
voluerit gaudere amplius ex terra saocti MartiDÎ nil retinebiU
1. Nous datons cet acto du 22 mars 890, prenant l'an de ré^ne iadlqu^
au pied de la letire; daos plusieurs acles faits à Tours U usl faux, i
on ne peut pas admettre qu'Eudes n'ait pns été reconnu de auiu
Tours; pour cel acte, nous croyons l'an de règne Jusie, car la préaeuai
d'Eudes à Tours, en mars â90, concorde très bien avec son Itinântln
tandis qu'il ne pouvait pas y être en âdi. Voy. ci-dessus, p. 131.
a. C'esl-ft-dlre le lundi 24 avril 8a2.
PIÈCE? JUSTIKIGATIVËS. Vi.
Ui
Et sic discesseruut. Ule vero noluit îpsas res dimittere, sed
coei>it iniuas inferre. Tune venienles ErFredus et Atialmanis
Tiirouiis, idiis jiiiiii, in praesentia dumDi Rotberlî comitis et
abbalis, disfriml. ei quia canoDici sancli Martini volebaul se
reclamare coram rege Odone, ijui lune praesens udprat in ijisa
civilate Tiironns, de auo vaaallo Paterico, qui res l'ratrum in-
juste tcuebat. « Non erit, iutjuit, opus vobis coratn rege rccla-
matiouem facere, quia ego sum eonim abbn, et ego debeo de
aliiâ ju^litiam facere, quanto magis injusiiliatn ab aliis factam
cousentire dcbeam. Sed nuuc Adalmare, dio milii per illud
sacrameiitum qiiod mihi jurasli quot scuta in meo servitio plua
ilti exhibope vidisti. Non amplius, inquil. quara tria, Ergo
proptep tria scuta auferam sanclo MartÏDO et fratribus res suas
et detrimentum animae meae facîani ? Qiiiâ, inqnit, babet gua-
dium. Tune Erfpedns extraxît cullellum ex vagioa qiiam secnm
habebat el dédit illi. Ipsc autcm Iptendit cullelUim Adalmaru
advocaEi) et disit ei : Tu debes enm recipere, quia advocalus
eorum es; et si necess^ fnerit, tu pugoabis pro eia, Et sic ista
rectamatio linem fecit .
Âclum ta praesentia nobiîium viroriim istornm qui subtiis
firmaverunt.
Signum sanctae cnicis domni Rotberli abbalis, qui hauc
notitian:! propria manu ûrmaTit et suis Qdelibus lirmare juaait.
Signum Attonis -vicecuniitis.
Il y a plusieurs autres souscriptions inutiles quant à
présent '
Ego Malmbertus logatus scripsi el subiscripsi, iu uivjtalo
Tiirouus anuo IIII. régnante domuo Odone rege, idua junii'.
Vi. — 8î)3, 29 Juillet, -
G^m'negawl et sa femme Hélène ilonneiit au vionaslére de Saint-
Marlin de ï'oui's, jiour y élre consacré à l'usage des chanoines, un alleu
qu'iU tienn^iil ilu roi Eudes griice « l'intervention de llobcrit leur sci-
1. Note lie Baluzc.
2. Le 13 juin 'le la 'i' année du règne d'Eudes sei
faut d'après la date Indiquée au diibul corriger i* i
à lort cet acte de 891.
■jiiciii; fi-ùrc'lu roi, cl (/ui«i si* •tun^ ii vijuerie (IcSuùvrt
quelques aulits bien» prés lie celle ville. — (Fragmeals.)
Copie dans les Armoires de Baluse, l. 76, fol. 149 (and. 15~2(qoum
~ ExLrail dans Mabille, l'ancarie noire, p. tOl, a* lwiii el p. ivT
A. Q. Multipliciler miiUiiilcx omnipolenlis tnisericordia I
|K-r|>lunniiiin voliiit houorare geous huntanum... Idcirco e
QLiai'np^uiidiis simiitqiie uxor uiea Ileleaa donainiis. i
mus, donatmnqiie in iierpeluum esse volumns eidcm t
Icnti Dco et i>iissiino coutessori ejus Marliuo, in iisus caiH
coi'Uin ibi L>eo servjeutiiiiu aloduoi juris nusti'i proprium que]
per piaeccptUQ) a ^luriusissimo et piiâsiino rege doininj
OdouQ per deppecaliouem inlervenlu eximii seoioris i
domiiii licitberli coniituin poteotissiuio et ejiisdem di
i-egis gtTiuanu obtîmiinins et quieto ordine possJdeiinis, i
in page Blesinse, in vlcaria SadobriDse, id est ecclestas diia{
uaain eariiin sitam iii ipsa villa Sadobria, constnictam et dedj
catam lu tioiiore sancli Leobini cum omnibus rébus ad eandei^
pcrtiuentibiiï; et alleram sitam in eudem paji^, in vilta qi
dii:itiir Voginaiitiis. constnictam in honore sancti Diouysii, i
Donamus insuper mausos VU reddeutes silos in jam dici
pago, iuteP villam scilicet Paxtum et villam Villagoais, etc..
Data est uiitem hujiis devotionis et helemosinae aiicturit^
un, kal. augnsli, in Castro Uliso, in mallo publico qiiod lenitl
piaesci'iptiis linjus cessionis auctof Guaruegaudus el i
in eodem muUo a doiuuo Bernone sacerdote el at'cliîolav<
aiiuo duminicae inearnatiuiiis DCCCXCV., el domQt Oilosj
rcgis jam in Vld'", anno.
Egu Krehanaldiis gregis beali Martini levita et ejltsdei
ai'diisignaLurîs Âhilrici ac seolae priinicerii scctiiidic
ad vicem Aiireliani presbyteii et ex pago douiinicî kancella^
rogalus dictando sci'lpsi.
- Ëpitaphe de Uégingaud.
Nous avons retrouvé a la Bibliothèque nalionale, dans la coUcB
Uon DiicliDsno (vol. tj6. fol. 21), la transcription de l'èpliaplie dd
comte Mégiugaud. Aprôs avoir parlé de ce personnage, Uucliesid
ajoute ; « i>jus Epitapliium. quod, uisi me mulla falluni, Moguncili
PIÈCES JU6TIF1CAT1V1':S. VII. 245
« iQ Aedis D. Albani parielinisac ruderihus iavouissemoconjicio,
« eleganli characterc, fragmenlo lurris insertum, priusquam pc-
c reat injuria teroporum hic subserere plaçait.»
Postquam primus homo Paradisi gaiidia liquit
Uliiis omue geYius mors inimica tulit
Niilius euim Regum, nuUus mediocris in orbe
Aspera ab hac liber condilione fuit.
Hanc legein sequitur tumulo qui clauditur isto,
Noininc Megingoz, fonte sacrante pio
Qui domino sanctisque Dei servivit honesLe
Donec in hoc saeclo vivere euin licuit.
Regibus hic carus multis et moribus aptus
Omnibus et placidus pro bonitate sua
Extitit et postquam meritis maturus et annis
lllius hinc animam qui dédit ipse tnliL
Quaeso igitur fratri, titulum qui legeris istum,
Die, requiem aeternam douet ei Dominus !
Obsecro per Dominum nuUus hic ossibus istum
Ante diem magnum evacuet tumulum.
SiJ9i
'. H, ligne 17, capéliens, lise: : roberLiena,
P. 13, ligne 18, Vergonnais, litei : Vergùnoia.
V. 13, ligne 19, Vireuse, liées : Vineuse.
V. 28, note 4, Boneuil, liseï : Bonneuil.
P- 30, ligne 5, Quiersy, lise; : Quîerzy.
P. 60, ligne 22, Adalard, lue: .■ Adalald.
1'. fiîj, ligni; 1, l'évi^que, lises : l'arr^hev^qiie.
P, 65, ligne 22, Kirchen, lise: : Kirrlitieim.
P. "1, ligne 28, celui d'Angers, Uset : l'uv^-que d'Angers.
P. '8, ligne 2, évoque, lises : archevêque.
P. 80, ligne 26, 836, lises : 831.
P. 84, ligue 9, l'évoque. Uses : ^archevl^que.
P. 101, lignes 16 e1 2S et p. 106, noie 5, Uersen, lises : Meei
P. 109, noie 3, Gerneslieim, lise: : Gernsheiin.
P. 116, note 5, Les Normands ne vinreni, lises : Les Normands n
vinrent pas.
P, 127, ligne 3 de la note 4, ajouluz : Voy., ci-après, Piûces jusliflf
cativef, n" II, p. 236.
P. 131, ligne 23 et p. 137, passiin, Meliun, iists : Meung.
F. 132, ligne 21, Alan, lise: : Alain.
P. 140, ligne 23 el noie 4. Hodolphe, lise: : Raoul,
P. 159. note 4, p. 28, lises : p. 128.
P. 200, note 4 : Hugues comle de Tours avait eu une tille Irmei
garde, qui épousa en 821 Lolhairu I (Dùmmler, Cesahiehte de» a
friinkischen Rcichs, l. I, p. 24 n. 4), par conséqueul si le pAred
Robert le Forl avait été fila de Hugues de Tours, il eût été beai
frère de Lotbaire I et Itolierl le Forl aurait été nereu de i
dernier. — Guillaume comte de Blois élall frère d'Eudes coml|
d'Orléans; ce dernier avait une fille Irminlrude qui. en E
épousa Charles le Chauve (DituiiLER, op. cit., 1. 1, p, 187 n.
Si donc Robert le Fort avail élè le fils de Guillaume de Blois, 1
aurait éliS neveu d'Eudes d'Orléans el cousin de Charles le Chauve
w^^^mtemi
TABLE ANALYTIQUE
Acfred, èvéque de Nacles, 1S n. 2.
Actard, évoque de Nantes, 4 n. K.
Adalald, arclieT(^qiie de Tours. Se trouve auprès) de Utiarles 111 h
Paris, &}. — Passe un contrat, 71. — Signe un ai-ie d'Eudes
abbé, 73. — Consent à un acte d'Eudes en faveur de Slarmou-
lier, 78. — Partisan d'Eudes, 9S,
Adaldna. 137 n. 3.
Adalgaire. évoque d'AuLun. Ourdit une cabale contre Gozlîn, 31. —
CLancelier d'Eudes, 1&6, 160 n. 3, 170 n. 4. — Sa mort, 170.
Adalhard. couile. Sa rivalité avec les Wtifes. 7. — Péru (?) de Ro-
dolphe, 99 D. 4.
Adalmants, avoué de Saint-Martin, 242.
Adalong, comte. Péril dans une rencontre avec Eudes, 175.
Adélaïde, femme de l.nuls le Bùgue. Mère de Charles le Simple. inS.
— Est avec Charles à AUigny, 168; à Gondreville, 186. — Sa pa-
renté avec .\udran II, eonile de TroyoB, 203.
Adelerin, comte el abbé de Saint-Loup, 20o.
Adémar, comte de Poilou. Signe un acte d'Eudes ahW, 73. — Sa ri-
valité avec Ramnulfe II comie de Poilou. 122. — Prend part à la
dèfi-nsc de Paris conire les Normands, 128. — S'empare de Poi-
tiers, 146-148. — Sa parenié avec les comtes de Périgueux, 148.
— Kst en hoHiiliiéavecsaînlG0raud,i6irf. — Est bosUle à Eudes,
159, 160, — Sa réconciliation avec Eude», ICO, 19î. — Intercède
pour l'évéque de Poiliers, 160 u, 3. ~ Sa parenié avec Eudes.
201-202.
Adrien II. pape. 79 n. 3, 156-iST.
Adrien III, pape. 154.
Agilraar, évéque de Clermonl (?), 137 n. 3.
Aimard. défenseur du Pclil Pont de Paris, 46 n. îi.
Aix-la-Chapelle, ville. Louis 111 en part pour envahir le royaume
de l'Ouest, 32. — Brûlée par les Normands, 40, — Charlemagne
y bUtit la chapelle de la Vierge, 00. — Les Normands pillent les
environs, 131.
248 TABLE ANALYTlgUE.
Alain, comîc de Vannes, duc de Brelague. Fait une donation à Tab-
l)aye do Redon, 15 n. 3. — Défait les Normands, 132.
Albi, ùvêclié, 137. /
Alduin. comte dWugouiôme, 122, 148.
Aleanme, comte. Neveu d*un comte Hobirt, 46, 201 n. 5. — Com-
mande rescorle d'Eudes, oG.
Aleaume, comte de Laon, frère de la femme de Robert le Fort, 201,
204. — N'est pas i)arcnL d'Audran de Troyes, 202.
Aleaume, frère dWdèmar de Poitou, 201.
Alfred, roi anglo-saxon. liUtte contre les Normands, 187, 212, 220.
Altmar, comte, abbé de Suiut-Médard de Soissons, lu. — Partisan
dM^udes, Oo, loO.
Amiens, ville. Prise par les Normands, 17, 136, 138, 22'*, *i2^3. — Un
traité v est conclu avec les Normands, 226.
Ampurias (Comté d'). Fait partie de la marcbe d'Espagne, 121.
Andernacbj ville. Une bataille y a lieu, 31.
AngerSf ville. Gozlin y séjourne, 27. — Brûlée par les Normands, 6o.
— Los Normands s'y établissent, 218 n. 1, 224.
Angoulôme, ville. Eudes y .séjourne, 148.
Anjou, comté, 1. -- Donné fi Robert le Fort, 4. — Pillé par Louis le
Bi^gne, î). — Donné à Louis le Bègue, puis à Robert le Fort,
5, n. 1, 10. — Ravagé par les Normands, 6. — Donné à Hugues
TAbbé, G n. 1, 8. — Donné à Eudes, 01». — Robert y succède-
à Eudes (V), 96. — Une partie du comté est annexée à la Bre-
tagne, 132.
Ansbert, saint. Ses reliques, 48.
Anschaire, comte d'Ouche. Partisan de Gui de Spolèle, 85.
Anségise. archevêque de Sens, 00 n. 1, 01 n. 1.
Ansgaire, prêche le christianisme dans le Nord, 209.
Anskerick, évè(iue de Paris. En compélition avec Gozlin pour cet
évéché, 33 n. .j. — Ksi nommé évoque de Paris, 60. — Sa pa-
renté, ihid., WA n. 4, lo3. — Reconnaît l'empereur Charles III,
roi de l'Ouesl, 60. — Va chercher la rançon de Paris, Orj, 75.—
Résiste aux Normands puis traite avec eux, 66-()7. — Protège
des Normands restés dans Paris, 67. — Partisan d'Eudes, 05. —
Prend part à la défense de Paris contre les Normands, 128. — Est
abbé de Saint-Germain d'Auxerre, 128-129. — Appuie auprès
d'Eudts une requête d'Argrin, évèque de Langres, 129. — Chan-
celier d'Eudes, 151, 156.— Abandonne le parti d'Eudes, loO-tol,
152. ■— Adalgaire lui succède connue chancelier, 170.
Aquitaine. Fait pnriiodii royaume d'ividos, O'i. — L'Aquitaine au
IV' siè'tle, 120-121. — Esi livrée aux Normiuids, 192-193.
Ardrad, vk-onile lie Tours. Est avec Kiides à Tours, 131. — V.&l avec
Robert à Tours, 189 n, I.
Argœuves, village. Les Normands s'y clablbscnl, 133. 136.
Argrin, evèquo de Langrea. obtient d'Ëudea un diplôme, 129.—
Succède à lieiloti, Iîi3-liW.
Aniand, dôfcnseur du Petit Pont de Paris, iC> ii. '■>.
ArnnU, roi franc de l'Est. Son origine, ses débuts, 102-104. — Esl
relégué eu (Jarinlhie, II. — liooiuiaiide l'avaut-gardu à EIsloo,
ilt. — Soi» avônement, "li, IVj, — Sa suprématie esl recouniie par
Louis de Provcuce, Eudes cl Bérenger, 76.— i-:at appelé au trône
du royaume franc de l'Ouest, 90, lOO, 102, 104-106, 107. — Kecon-
noil U royauté d'Kudes, 8!*, 108-110. — Fait prévaloir sur Eudes
des droits de suzeraineté, 110-116. — Envoie une ambassade
à Eudes, 118-tin. — Combat les Normands, IM a. 4. i:t5. -
Entre en bosltlité avec Gui de Spolëte, 158, — Est Uoetile
à Cliarlca le Simple, ibij.. 162. — S'empare de biens appartenant
à l'église de Reims, ibid. — l-'oulques lui écrit, 88 n. 3, lti;i-105.
— Prend ie parti de Charles le Simple, ltîO-108. 178. — Appelle
Eudes cl Charles dcviiDl lui, 172, ~ Kéunil une assembléo et un
synode à Tribur, xbi'i. ~ Heçoit Eudes à Worms, 173.- Érige
lu Lorraine eu royaume pourZucDLibold, 171-175, 194.— Mande
I^'oulques auprès de lui, 175, — Est eu hoslililé avec Lamborl,
179. ~ Est couronné empereur, 18.H.
Arras, ville. Les Normands sont repoussés jusque près de celte
ville. 13i n. 4. — Baudoin s'en empare, 140, 142. — Eudes feint
de marcher sur cetie ville, 143, 1^5. — Eudes y séjourne, 161,
182. — Dévastée par les Normands, 224.
Artois, comté, Fait partie du terriloirecédéà Charles le Simple, 181.
Atligay, résidence royale. Charles III y séjoutnc, 86. — Charles le
Simple y séjourne. 108. 180.
Atton, vicomti.' de Tours, 09 n. îi. — Signe un acte d'Eudi-s ablif, 73
n. k, 74.
Audita, localité, l.'W.
Andran I et Audran II, comtes de Troyeâ, lii, 202-203, W.i.
Andran, frère de Thierry, Commande TavanUgardi- de l'armio de
CharlL-sIM, îiil, 20J.
^umonl, château forl, K4.
Anrelien, archevêque du Lyon. Son rôle dans l'clection de iéuV]ue
lie Laugres, tj(l, 88 U, 2, i:>3.
Ausoae. Voy. Vieil.
Aaaone irJmnté d']. Piiil parlie de la marche d'Espagne, 121.
Aulran, de Bciinvais- D^'fenFeur do Puuloîsf, lU, lA" n. 3, 2ij3. —
250 TABLE ANALYTIQDE.
Prend le parli de Charles le Simple, 153, — Porteur d'uae leltii
de Foulques à AmulT, 163.
Aulrèpe, domaine, 203.
Autan (Comté d'). Donné à Hoberl le Fort, puis à Loiiiâ le Bâgu«J
î>, 6 n. I — Biens qu'y possède DoberL le Fort, 13.
Aatun, éTécliè. 137. — Troubles pour la succession de l'éTâqm
Adalgaire, 170.
Aaxerre (Comté d'|. Donné à Robert le Fort, R, — Hugues l'AbU
y eslmistuB, 7.— Donné (?) h Hugues l'Abbé, 8 n. 1. — Girbold
comte, ibid.
Auxerre. àvf'ché, 137.
Aaxerre, ville. Attaquée par les Noruiands, 127.
Auxerrois. Voy, Aaxerre (Comté d'|.
Aya, ii'ligieuse. Donne Cluny au comte Guillaume, 160 d. 4.
AvRlon (Comté d'|. Hugues r.^.bbé y est missua, 7.
Avalonnais, comté. Voy. Avalon (Comté d').
Avaux, village. Les Normands s'y retirent, 223.
Avenay, abbaye, Donnée à l'archevêché de Heims, 160.
Arrancbes, évécbé. Fait partie do la Crelague, 13â.
Bar, ville. N'est pas comprise dans le royaume d'Eudes, 94.
Barcelone (Comté de). Fiiit partie de la marche d'Espagne, 1£1.
Barcelone, cvi'clié, 123.
Barleux, village. Carloman y attend les Normands, 225.
Baudoin l", Enliive Jurtilb, fille de Charles le Cliauve. 222-
Bandotn II le Cbauvo, ciiinie de Flandre, 99. — Fait oppositian I
Kuiies, ibid. — So rallie i Eud.'s. 109. — Su révolte contre Knàei
et s'empare de Saini-Vaaat, 13 i-Ul. 181. — Est menacé de Tez-J
communication, 141-U3. — Occupe Bruges. 145. — Buste insoiy
mis, ibid.. 14!», 155. — Piind le parti de Charles le Simple, IK'
— S'allie à Zwonlibold, 177, 178. — Fait la paix avec Eaitt
181-182, 192.
Bayeux, ville. Siegfried l'assiège cl s'eu empare, 53, G3.
Beaulieu, abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur. ]'23 n. &.
Beauvais, ville. Autrao s'y relire, 19, 59 n. 3, 203. — Un synode jrfl
u livii. 9.1. — Menacée par les Normands. 224.
Bélien (Monl), à Ponioise, 19.
BeUbeim, village, 17b n. 3.
Bénéveat, ville. Gui de Rpoléles'en empare, 81
TABLE ANALYTIQUE. 251
Benoit IT, pape, VU n. 1.
Bérengei, duc de Frioul et roi. Son séjour à la cour de Chark-s III.
73-76, — Édioue dans sa lutle contre Gui de Spolèle, 8t. — Gui
de Spolèie lui abandonne l'Ualîe, ihid. — Gui reprend I& lulle
contre lui, Si a. 3, 88, — Bôgne eu Ilalie, 94. — Heconoali la
suprématie d'Arnulf, 112-113.
Bérenger, comte du Mans, Ia6 n, 1, 212.
Bernard II, marquis de Gothio. Se ri^volle conire Charles le Cliauve
el contre Louis le B6guc, 30, 'M.
Bernard, bitard do l'empereur Charles III, 41, 103.
Berry, comie. Eudes y séjourne (?|, 149.
Berthaire. Nommé évéque de Châlons-aur-M.ariie, UJ4,
Besa/o (ComLii de). 121.
Bèze, abbaye. Bavagée par les Normands, 100.
Béziers, ûvfcbé, 137. Eudi's y est reconnu roi, 126. 137 n. 4.
Bigarre, province, 89,
Blésois, comté. Voy. Blois [Cooil.^ del.
Biais (Comté de). Donné à Robert le Fort, 4. — Hugues l'Abbé n'uu
est pas investi. 8 n. 2, i;i n. 1. — liênpRce des fils de Koberl lo
Fort (7), 12-13. OU. — Alluiis possédés par Robert le Fort et Eudea
dans ce comté, 13-14. — Itoberl y succède à Eudes comme
comte (?). 96, — Ne fait pas parlic de l'Aquituine, 121.
Bodman, localité. Charles III y passe, 7!).
Bonn, ville. Les Normands étendent leurs ravages jusqu'à celle
ville, 135.
Bonneuil, village. Un symide y a Heu, 28 n. 'i.
BoBon, roi de Provence. Ses négociaiîonsavec Louis le Bi^g^ue. 9. —
Lulty conire les rois francs du l'Est elde J'unOot, 49. —L'empe-
reur Oi.irles III veut diriger les Normands contre lui [?), 62 n. 1.
— Accorde un diplôme à Tournus, 86 u. G. ~ Fait un échaugu
avec Thierry, couiIk d'Aulun. Go n. 5. — Fonde le royaume de
Provence. 111. — Les Francs OcciJentau.^ lui enlèvent Mâcou,
129 n. 4. — Son frtre Richard lui succède dans lo comté d'Au-
lun, 159.
Soalogae (Comlé de). Cédé par Eudes à Cliarles le Simple, 18i.
Boulogne, ville. Les Normands s'y embarqucnl, 133, 226.
Bourges, ari-bevi''ché, 137.
Bourgogne. Robert le Fort y esl envoyé, !i. lU -— Louis de Germa-
nie y esl arrêté, 9. — Est livrée aux Normands, 61-62, 63,60, 193.
— Iloslililé entre la Bourgogne el les autres parties du royaume
do l'Ouest, 62, 83. •HKi. — Ravagée par les Normands, 6B. — I,e
2:i2
TADLli A.NALYTl'jL
[.arli (le lîiii de SpotÈte y est peu nombreux, 88, 9S n. 9.
Normands y pOnèlrunl, W, liO.
Bretagne. Ne fait paâ partie du royaume d'Eudes, di. — Etal do Q
Bretagne au ix* siècle, 1^2.
Brienne, ville. Charles le Chauve y est tralii, 2.
Brillac, flidteau. 1^7 a. 4.
Brissartbe, bourg. Uncomlial y aliiucnlre les XorniantlB, 6, ". 121
Bruges, ville. Baudoin l'occupe, l'io.
Cadilon, l'i n. U.
Cambrai, évécho. Ne Tail pas partie du royaume d'Ivudes, lOl-tQl
Cambrai, ville. Les euvirons sonl ravagés par les NormiUids , 13
— Lc3 Normands la pillent, 2M.
Cambrésis, région. Ne fait pas partie du royaume d'Iiludes, ïtt.
Capoue, ville. Gui de Spolèle s'en empare, 81,
Carloman, roi franc de ^^l^cst. Couronné un dimauche, IS5 n. ;
Fait un serment lors de son couronnemenl, 92-93. — Son rêp
fl. — Achète la paix des Normands, 17. — Sa chancellerie (
dirigée par (iostiu, 33. — Lutte contre IIugue°ï do l.omiDO i
HoHon, 49, i;J9. — Etendue de sou royaume, 129. —
Vieaue, 11)9. — Bl<\me les pillages et les guerres intestines, !
— Lutie contre les Normands. îîG-'iSti, — Inhumé à SiUDl-U«iilj|
193.
Carloman, roi de Bavière, 102.
Carloman, lils de Charles de Chauve, 29,
Châlons-sut-Marne, évi^ché. Troubles lors de la nomiuattOD d'il
èvéque, lîii, 170.
Cbalon-sur-Saûne, évi^ché. Eudes y est reconnu roi. 129.
Cbalon-sur-SaOne, ville. Fait partie du royaume d'Kudes. 91. ■
Eudes y séjourne, 161.
Cbaoarce, domaine, 204, SOîi.
Cbaourse, domaine, -201, 204.
Charlemagne, empereur. Donne à Saint-Martiude Tours de&bie
en Italie. 73. — Sépare le duclié de Si)Olôle du comté de C
rino, 81. — fios efforts pour l'organisation do l'Aquitaine, 1^
— Déporte des Saxons, 200. — Donne Lachy k Audran I,
Conquiert la Sa.xe, 210. — Klablit des gardes sur les eûtes, S
Charles II le Chauve, roi et empereur. Ses couronucmcnls, 8, 90 n
01 n. 3, 92. 15i) n. .1, — Cr^e Louis le Bègue loi eu NeusUla.J
— Est ballu à Drionnc, ilii'l. — Fait la paix avec I.umU le t
TA,HLK ANALYTIOUK. i-t'.i
Bianuiuu, a. — Se réconcilie avec Hobcrl le Forl, *. — Lui eontie
le paya eiiliL- Sfinc cl Loire, ibid. — Fail la paix avec l^nlsi le
BÈjue el Salomnn, 5. — Donne ïi Louis le Bf!g;iie cl à Robert le
Fort divers bénéfices. ifciV. — Se rériigie en Boiir^opue, 7. ~
UonnedesbénôficeaJilliiKiiPa l'Abhé, 7-B, i2, — SdSfiiversLraili^s
avec les Normands. 22, 222, 223-224. — Élève des fortificalions
contre les Normands, i8, 23-21). 26, 48. — AsBureà&ozIiD lalibiiye
de Olanfeuil, 28. — Charge Goïliu d'une mhsion. 29. — Prend
Foulques i sa cour, 82. — TCpouse Kichilde, 83 n. îi. — Bâlit une
église 'i Compiùgne, 9ll. — Fail nu serment li rs de son co»-
rouncmenl, 92. — Mnniloiro nue lui adresse Hiucmar, 93. ~
Nouirae Rodo]pbeabbf>deSainl-Vaasl,99. — EnvabillaLorru-lne,
un. — Ksi allaqué par Louis leGiTmaniniie, (05 n- '.i — l.ù pngii»
Dutromensia lui (iclioit, 1(J6 n. B, — Mégingaud esl chargé
d'une mission auprès de loi, 110. — Prétend, comme empereur,
à une suprémaiie sur loul roccideol, 111 n. h. — Donne l'Atiul-
taine à Louis le Bègue, 121. — Est appelé â Home, t!j7. — Pail
faire un livangélialre, 173 u. 1. — prépare une llolie. 220. - Or-
donne la deslrnclion des rorliflcationa èlevêea contre son gré,
221. — Sou expédilion en Ilalie ei sa mort, 30. — Dîplômoà
divers donnes par lui, 1, 14, 86. 126, 2fll, 2(12, 204, 236.
Charles III, roi et empereur. Sa vie jusqu'au siëgu do Paris, ^lO-'il.
— Succède à Louis III de Germanie, 102. — Sa luldle projelée
sur les fils de Louis le Bùgue. 164. — Vit en paix avec Lonis lll
et Carloman, 9. — Eal rer.onnu chef du royaume franc de l'Oiiesl,
9. 11.60. 87, Sf'i, 101. — AtlaquelesNormand-iaLouvain.i KIsloo,
17,68,22.'}. —Donne au comte Henri un commandemi-nl contre lea
Normands, 43-50. — Séjourne ou Italie, VJn. I. — Fail assassiner
Qodfried et aveugler Hugues de Lorraine, 50. — Hevionl d'Halle.
!i6. — Mttrclie sur Paris, 53 n. 4, 56, 'id. — Son scjnnr ji Paris, son
irAité avec les Normands. B9-80, 61. 62 n. 4. 68, 71-72. 74 n. B,
198. 193— Fuit de Paris, 61 n. 1,62, m.— Séjourne ,'iKJrchlieim.
Co.7ô. — Eudes à sa cour, 66 n. 2, 75-76. — Donne à Eudes desbë-
néllces, 69-70, 96. — Confirme les privilèges de Saint-Martin de
Tours. 69 n. 2, 73 n. I, 73. — Méconnaît Louis loi do l'rovonce. 76,
94, 112. 114, H!i. — Salulle avec Guide Spolèle, 81. — Foulques
lui écrit, 84. — Démembrement de son empire, 94. - Ses rapporta
avec Arnulf, 102-103. — Arnuif lui succède, 110. — A réalisé
l'unité de l'empire, lll. — Sa déposition, sa mort, 76, 78, 103,
118 n. Ii, 163. — Sa succession dans le royaume franc de l'Ouest,
78-8U,
Charles III le Simple, lOi de France. Son enfance, ll>2. — F^t au pou-
voir de Ramuulfe H, 121, 152. — Parent d'Auskerlck, 60. — Trop
jeune pour succéder û l'empereur Charles III, 78. — Dernier Ca-
rolingien légilime, 104 n. 1. — Pr^lentions d'ArnuIf ft son ég-ard.
iU
ANALYTlyUr,
113. — Baudoin de Flandre prend son parti. 143. — Cncoplotl
pour relever au irOnc, 19U-1B3. — Son couronm^incnl, 88 a. 3, J
15j, lia. — Uoune Sainl-MarliuiioToure à Foulnufs. U, iOO n.B.]
— Kcril au papo l'ijrmoso, 167. — ArnuK lui esl liostlle, 1S8. -
Marche, sur fcludes. lî>9. — Se j^tire en n Fraucîa », ifiO. — Coïh-I
clul une Irève avec liutles, 102. — Séjourne à Keims, ibid. — ■■
Plaidoyer de Foulques en sa faveur. 16a-l6fS. — Se réfugie a
près d'Arnulf, 166-166. - Oblienl l'allianre d'Arnulf. lU. ifiÔ-K
— Marche contre Eudes el se relira en Bourgogne, tOl, 168-100. I
— Exerce de grands ravages, 171. — Mandé par Araulf, 172. -
Ne se rend pas auprès d'Arnulf, 172-173, 17B. — S'allie 4 Zwen-
Ubold el assiège l.aon, 17S-178. — Demande à Endea de conclui
la paix, 179, 18(), 181. — Séjourne prés de laon uu de Keiins, 1
180. — Accorde un diplôme à Gorbie. 180 n. ti, — Oblienl d'EudecI
une irëve, 182. — Perd ses alliés, 182-183. — Eudes lui fait sc»l
coudilioQs de paix, 183-18S. — Se réfugie en Lorraine, 18S-18B. 1
— Projelle une alliance avec les Normands, 187-189, 222. — Par- 1
rain de Huncdeus. 189. — Knvoic une dépulatiou i Kude.s p.>url
lui demander la paix, ibid. — Eudes lui cède l.aoD, IKO-lOi. -
Eudes le désigne comme son successeur, 192, 193, IKi. — SaM
diplômes pour Sai ni- Lient tain des Prés, Saint-Corneille de Coui'-j
piégne, 11 n. 1, UU n. !>, 89 n. 5, 93 n. ^. — Donne Saiut-Denîst
Kobert, lEil n. I.
Cbarives, évôché, 137.
Chartres, ville. Est assiégée par les Normands, 47-48. -
séjourne, 129, 130.
Cbessy, village. Les Norra
67, 1U6, 116 n, 8.
Cbéxy l'Abbaye, villiige. t
Cboisy au Bac, village. Li
d'hiver, 187, 189.
Clermont, évéché, 137.
Clany, domaine. Donné au comie Ijuillaume, 160 n. 4.
Coblents, ville. Charles le Chauve el Louis le Germanique y con-
cluent la paix, 3.
Cologne, ville, lîrùlée par les Normands, 40.
Compiègne, ville. Louis le Bègue y est couronné, 90. 92, -
y tsl couronné. 89, 93. — Eudes y séjourne, 139, 162, 182. -
loman y séjourne, 2^.
Condé, ville. Les Normands s'y élablissent, 22B,
Confiant, village. Les Normands y séjournent, 132.
Conrad, comte de Paris, 15.— Se révolte avec Gûzlio, .11-32.
Conrad, frère de Hngucs l'Abbé, 7.
- Eudes y
,nds y prennent leurs quarliers d'hiver.
i Normands y i>rennent leurs quartiers
- Eudes
TABLE ANALYTIQUE. "iSS
Corbie, abbaye. Trouble qui y règne, 180. - lludes y séjùm-aa, 180-
181. — Les Noimauda y passful, 224.
CorbonnoîB, pagiig, i.
Cormery, abbaye. Donnée à Hugues l'Abbé, 8 n, I. — Donnée à
iiuiics, &>. — DiplAïue d'P^udcs en sa fiiveur, 160 ii, 3,_Uil n. I.
Corneills, saint. Ses reliques, 90.
Cosne-sur-Loire, ville. Eudes y séjourne, 147 u. 3, 149.
Courtrai, ville. Les Normands s'y établiesent, 224,
Caulaaces, cv^^ché. Fait pariie de la Brctague, 132.
Creil, ville. Une assemblée de rebelles y a lieu, 32,
Cuise, forâl. Eudes y chasse, 131,
Cyprien, saiiil. Ses reliques, ÏK).
Damps (Les),localilé. Les Normands s'y arrôlent, 18,
Danemark, pays. P.ilrie des Normands, 2011-210, 211.
Didon. évèquo de Laoa, 141.— Sa conduilo envers Waucher do
Laon, 143-144. — Assiste à un plaid royal à Verberie, l'iG. —
Heste iîdèle à Eudes, IS3, lEfl, — Oblient de Zwenlibold une
Irôve, 180. — Sa mon, 184 n. 2.
Dodilon, évi^qua de Cambrai. Sou iJlecllon, lOl. — Est opposé à
Eudes, 100, — Assiste au synode de Mayence, Iffii. — Écrit à
Foulques, 1^ n. 2. — Doit sévir contre Baudoin de Flandre,
141-142.
Doncbéry, villa royale. Donnée à SaiuVMédard doSoisaons, 63 u.S,
Ooussay, domaine. Kestiluë à Sainl-Maclin de Tours, 72 n. 2, 120. ~
Hoberl o'eu empare, 147.
Douzy, résidence royale. Louis lit de Germauie y arrive, 32.
Duisboarg, ville. Les Normands y soui battus, 18, bO.
Dulcomensis pague, 106 n, S,
Dyle, rivière. Les Normands sont baltuà sur ses bords, 13U,
Ebbon, archevèiiue de Heims, 27. ~ Détruit une partiu îles reraparla
de Reims, 84,
Eblfli, abbè de Saint-Germain des Prés, 33-34. — Défend la lour du
Grand Pont du Paris, 30-38, 44, — Attaque le camp normand de
Saint-Germain l'Auxerrois, 48. — Commande à Paris en l'absence
d'Eudes. KJ. — Reçoit Eudes, 56. — Fait faire une cbAsse â Saint-
Germain, ^. — Protège Paris contre une surprise des Normands,
ano
AUTlytE.
OiS. — FaiL masBacrcr des Normands r«slù* <l«ii» Piiris, tû. —
Tanisau d'Eudes, 93. — Sa morl, lEilVlSI,
Eblag, abbé de Saint-IIiloirc de Poiliers, frère de namnulfo H. (21.
— N'est pas le nii^uie qu'EbIcs, abbô de Siiinl-Heniiain des Pré»,
33 n. 10. - Vient à Ûharlrea au-devant d'Eudes. 130. — Se rt-
volle conlie Hades, f'ifi-t47. ~ t^a morl, 147.
EblBB, fils de iiamiiiilfo H, comle de Poitou, 130. — Sa position i U
uiort de son père. 132, Hfi, 147, IW.
Ebles. Eudes lui douue un alleu. 14fi o. 2, tl3'2 n. 4.
Ebroïn. évoque <ie Poitiers, 2fi, 27, 28, 2fl.
Egfroi, cDinle. envoyé par tea moines de yainl-Vaasl 4 Eude^. IR
— Complote contre Euduii, 152. — D<!putë par Ctiarieâ aupris
d'Eudes pour négocier la pais, 181. — Probablt:wentci>mle<rAr-
tois, 184.
Egfroi, évéque de Poitiers. AsyiEtef?) au synode de Ueiing-surLoire,
137 n, 3. — Diplôme d'Eudes en sa faveup, ICO n. 3.
EIsloo, village. Les Normands y sont cernùs, 40, 40, irft, 1(0, 217
n. 4, 221-SSi. — SiegMed y est vainqueur, M-
Ëmenon, comte do Poilou puis d'Angoul^nie, 73, 122.
Émenon, frère de Qcriiard 11 de Qotbie. £e révolte coalrc Uxiti \e
Kèyue, 31,
Emma, veuve d'Ebles, 146 n. 2.
Emmenns, é vaque de Ne vers, 00.
£née, évéïfue de P.iris. Cliarles le Cliaiive lui fait don du Craml Vàj^
de l'aria, 24 n. 3.
Éperuay, ville. Foulques y bàlit un cbilteau lort, H4. — Ead«S |
détruit, 101.
Erfredns, pièvôt, 242.
Ërilang, comte. Défend la tour
Ëritpoë, duc de Bretagne. 222.
Erkenger, comte de Bnulogrie. Est cbargëd'appelûr des secours [H
dùlendre Paria, 'i8, jil n. 3. — Député par Cbarlesauprisd'
pour négorier la pais, 181. — Se soumet a Eudes, ISB.
Ermemire ou Hermenmire, évi'que de (lirone. 124-126,
Ermenfroid, di^fcuseur du Petit Pont de Paris, ifi n. Si.
Espagne jMarcbc d'). Fait partie du royaume d'Eudes, 94. -
partie de l'Aquitaine. 121. — Tculalive pour la séparer <l
clievôché de Narbonne, 123.
Stianne II, pape. Oint Pépin, 79.
ÊUennaV. pape. H!;. — Lettre de lui. 8fi n. 7. i;i4 n. i. —
Fuulquesa Rouiu. loi.
Il Grand Poul à Paris, 44.
TABLE ANALYTllJUE.
2ii7
Ktieime VI, pape. SuccMe i. Formoae, 183. — Sa correspondaDce avec
Foulques, 1B5. 183 n. 1, 186.
^Irun, village. ForllBé par LouU III. 221.
Eudes, coinle de Paris el roi de France. — FilB de Robert le Forl. (î.
— Son enfance, 12. — Ses b/méflces 12-13. — Ses alleux, 13. —
S'empare dé Tilleoay. 14. — Donne Vonlea oo Léuéûce, 14 n, 2. —
KsL comlc «le Paris, IK, 228. — Se marie, la. — Fail une resLi-
tuiion ft Nolre-Uaaie Je Paris, ibid. — Sigue uu dîplftme pour
SaiQl-GilIes d'Arlcsi ('<). 15 n. i. — Son porlrail, 16. — S'enferme
dans Paris, 26. — Ui-fentl la lour du Grand PouL, 36-38, M. —
Entouré par les Parisiuns, 46. — négocie avec Siegfried, 52. —
Prend le rûle principal au siège de Paris, 5'i. — Sort de Paris
pour aller chercher du secours, BB. — Rentre â Paris, SÔ-S6. —
Appelle l'empereur, 56, — Fait des dons à la cb&sse de ^aint-
Germain, tS8. — Se trouve auprès de l'empereur Charles III à
Paria, 60. — Reçoit des béDéSces et succède à lluguea l'Abbè,
11-12, 61, &y}l, 227 a. 1, — EsL abseul de Paris, sûjourue & la
cour de l'empereur, 66, 7B-76. — A des propriétés dans le Mel-
dois, 66, 203. ~ Ses actes comme marquis cl comme abbô de
Saint-Martin du Tours et de Marmoulier, 71-75, 77-78. — Est (î)
comte de Biois, 73 n. 4. — Ses Litres comme prélemlaiit au
Irûne, 79-80. — Fouliiuea lui fail opposition, 8'i-83, — Sa com-
pétilioii avec Gui de Spolèle, 80-88. — Proclamé roi, 88-89. ~
Cbaut eu son houneur, 89, âSS-iSB. — Son c.ourounemenl, 89-93.
-;- Fait une donation à Saint-Corneille de Gompiègne, 93. —
ÈleiiduH de son royaume, 94, 129. ~ Ses partisans, 94-95. —
Cède aes bénéfice» à sou frère Robert, 90. — Ses devoirs comme
roi, 97-99. — Ses ennemia. 99-102. — Arnulf pi-ojelle de l'aiiaquor,
105-t06. — Remporte la victoire de Montfaucon, 106-108. —
Se rend aupiàa d'Aruulf et reconnaît sa suzeraineté. 108-U6,
164. — Séjourne a Paris, U7-118. — Tient un plaid à Reims,
H8-119. — Séjourne à Saiol-Vaasl, 119, 120. — Sa première
expédition en Aquitaine, 122-123. — Ëcarlâ tes Nonuaiids do
Paris, 123, — Séjourne â Orléans, 123-127. — Ses rapports avec
Ramtiulfe II de Poitou, \%- — Défend Paris contre les Nor-
maada et traite avec tus, 127-128. — Séjourne â Paris, 128-129.
— Accordu un diplôme a l'abbaye de Vézelay, 128, 236-238. - Sé-
journe à Laon, A Chartres, à Urléans, â Tours, à Verborie,
& Meung-Bur- Loire, 129-131, 240. — Ses rapporls avec Ebles
comte de Poitou, 132, — Les Normands Lui échappent à Guer-
higiiy, 132-133. — Reste eu observation sur l'Oioe, 13^-134. —
Lutte avec Haalinga, 135-130, — Assiste au synode de Muuug-
8ur-Loire, 137. — Inlervirnl en faveur de Gilbert, êvêque de
Nhues, 131-138. — Baudoin de Flandre se cévoUe contre lui,
139-141. — Réprime la révolte de "Waucber de Laon, 143-145, 1T2.
258
TAULE ANALïTIOl'K.
— SoD expédition coDlre Baudoin échoue, Ifô. — Tienl un pU
à Verberie, ibid. — Son expédition en Aquitaine, 33 n. tO, M
149. — Séjourne à Tours. 145 n. 2, l'(7, 242-243, — Séjounie à
Goaue-sur-Loire, 149. — Complot contre lui, i49-lo5. — Son i6le
dans leBéleclionsëpiscopalcs de Langres et de CbMonB-sur-Maruv,
1&3-1&4. — Ses partisans en Neuslrie, 156. — Coalition contre Ini,
1B9. — Ses rapports avec Richard comte d'Autun, ibid. —S
journe en Atniilaine, 159-160. — Dissout la coaUtion, 160-161. ■
Séjourne à Poiliera, à Chalon-aur-Saâne, 160, 161. -
Deims, ibùt. — Conclut une trt^ve avec Charles, 162. — S^oi
à Sainl-DeDis, ibid. — Chasse Charlcsde Reims, 165. — i
abandonne sou parti, 167-168. — Séjourne A SoÎDt-Deais, 108. •
Met en fuite l'armée de Charles, 168-169. — Séjourne à Parii
169. — Dépouille les partisans de Charles de leurs biens, I7|JJ
184 n. 1. — Se rend auprès d'ArnuIf et se le concilie, 172-173. -
Son retour de Wornis, 175. — Se retire en Neuslrie, séjoumBfl
Tours, 176.— Charles lui envoie une dépulation pour demandl
la paix, 1"9. 181. — Son retour en « Francia », 180-181. — Sa paE
avec Baudoin de Flandre, 181-182. — Accorde uue trêve ACharld
le Simple, 182. — Séjourne en « Fraocia », ibid. — Conditions d
pais qu'il impose à Charles. 183-18S. — Attaque Raoul de dtà
brai, 183 n. 1, 18ti, — Séjourne à Orléans, 183 n. 1. — Est contrai^
à l'élection de Rodolphe au siège épiscopal de Laun, 184 n.i
— La plupart des partisans de Charles su soumelteul A lui , Iflj
— Repousse les incursions de Zweolibold, 186. — Se retire Ol
Neuslrie, 186-187. — Conclut la pai.t .ivec Charles le Sînipl«J_
189-192. — Biiudoin se rend auprès de lui, 192. — Achète la paix
aux Normands et leur llvie la Loire, 192-193. — Sùjourue à Nan-
teuil-le-IIaudoiu, 193. — Sa mort, ibid. — Est enlerpû il Satot-
Denis, iOtd., ISl n. 1. — Résultats de son rogne, 194-19S. ■
famille. 39 n. .3, 110 n. 1, 199-206. — N'est pas comte de Troy«
204-206. — Accorde un diplôme à l'évèché ^e Laou ,2;
Donne un alleu à Guaraegaud vicomte de BJois, 213.
Endes, comte de Limoges et do Toulouse, 148.
Eudes, comte de Troyea, 202.
Eudes, vicomte. Assiste au synode de Troyes, 2Ûa,
Eudes, fils d'IIéribert.Il de Veimandols, 191 n. i.
Endes, défenseur de Chartres, 48.
Evrard, archevêque de Sens, 64 n. 2 et 3, 65, 90,
Êvrebart. 140,
Évreux, ville. Prise par les Normands, 47 n. 4, 48.
Taye-ia- Vineuse, alleu d'Eudes, 13.
TA8LE ANALÏTlijUR. 2!i!i
Fête (La|, ville. Eudes y meurE, 193.
Ferrières, abbaye. Louis IIJ et (Jarloioati v aonl coiiroiiui!:s, 9
92-93.
Fismes, ville. Uii aynode y a lieu, 100 n. 1 .
Flavigny, abbaye. Les Normands y séjourneni. G!j, — Douuée k
Adalgaire évoque d'Aiitun, 170. — Tieni. It parlî d'Eudes, 171.
Fontclair, abbaye, 123 n. £>
Fonteaoy en Paisaye, villagu, 12i. 211.
Pormose, pape. Sa vie, 15f>-157, — Cnnfirmo la donation d'Avenay à
l'archevOcbé de Fteims, 130 o. 3. — Mande Fouliiiiea à Rome, IM.
— Prend le parti de Charles le Simple, loT-lîiS. — Enjoint ;'»
Arnuirde prendre le parlî de Charles le Simple. 159, 102, 106. —
j-es elïorLs pour amener une iréve entre Eudes et Gliarles le
Simple. 10*2-163. — Foulques lui écrit, 179. — Ses rapports avec
Umbert, iliid., 182-183.
Foulques, archevôque de Reims, Sa vie, 82-84, — ftcril ii l'empe-
reur Cbaries III, 41, 4b, 84. — Écrit au pape Êlicnue, 4!i d,4. —
Oppose Gui de Spolùte à Eudes, 8S. — Abandonoe le parti do
Gui, 81-88. — Ses prÉtenlions au droit de couronnemenl. 88. —
.\ppel!e Arnulf au trône du royaume franc de TOuesl, '.);'. 102,
lOi-lOb, 107. — Rodolphe lui succède à Saiut-Bertin, 99-100. -
Molifs de l'opposition de Foulques k Eudes, 6, 84-83, 100-102. —
Foulques est congédié par Arnulf. 108, 109, — Son tfmOignage
en faveur de la suprématie d'Arnulf, 113-114. — Sa première
réconeiliatiou avec Eudes, 118-1)9,137, — Dodîlon lui écrit, 1 30 n. 2,
— Reçoit l'abliaye de Saiiit-Berlin, 139-140, 130. — SèvH contre
Baudoin de Flandre, 141-133. — Blâme Didou évoque île l.aou,
144. — Assiste à un plaid royal à Verberie, t4Ei. — Complote
contre Eudes, 149-150, 151 n,4, 1S2, —Élève Charles le Simple (î),
132. — Hechercbe des partisans pour Charles le Simple, 1S3-
154. — Son rôle dans its (Slections des évoques de Langres et de
CbAlons-3ur-Marnc, 133-15^. — Couronne Charles le Simple, 114,
135. — Reçoit l'abbaye de Saint-Martin de Tours G, 100 n. »,
136. — fiechercba l'alUance de Gui de SpolÈle. 187-158. —
Marche contre Eudes, 1S9. — Écrit au pape pour se plaindre
d'Arnu!!', 162. — S^'jourue à Reims avec Charles le Simple, ibiil.
— Ses efforta pour amener Arnulf à prendre le parti de Charles,
158 o. 3, IC3-160, 166, 167. — Est avec Charlos le Simple à Alti-
gny, 168. — Cbarg^ par le pape d'excommunier Ukhavd comte
d'AiitUu, Manassès et Hampon, 171. ^ Écrit ii Arnulf, 172-173. —
Se rend auprès d'.\.rnulf, 173. -Ses lettres à Lambert otau pape.
178-179. — Blime la conduite des moines de Corbie, 180, — Ne
peut concilier à Charles l'appui du pape, 182-183. — Annonce i
Etienne VI la nouvelle prématurée de la pais, 183. — Sa corres>
2b(( TABLE ANALYTIQUE.
poadaoce avec ËUcoDe Vt, 183 n. 1. 18G. — Écrit t Eudes. 18Cfl
n. 2. — Écrit h Rodolphe évoque de Laon, ibid. — Se soiimel k j
Eudes, 183 n. 1, 185.— Écrit à Charles le Simple. 187-188.— J
DL'ploL'e le passage des cbrétiens dans les rangs des Normands,-
Fonlques le Roux, vicomte puis comte d'Anjou, 69 n. b. — Signe u
acte d'iiudes abbô, 74. — Est avec Eudes à Tours, 131.
Francfort, ville. Louis III de Germanie y séjourne, 32, —
reur Charles III y séjourue, 41. — Arnulf y séjourne, 104-101
108 n, 3, 109 n. 1 et 3.
Francia, contrée. SigoiGcalion de ce nom, 2 q. 2. — Eudes ;
prend pied, lo. — I,e ducnlut regni s'y exerce, 70 71. 228-229, ■
Foulques y est né, 82. — Le pouvoir d'Eudes y est ace
La royauté d'Eudes y esl établie, 120. — Est épuisée, 145-I46il
— Fait opposition à Eudes, 149, 152, IKi, 181. — Eudes y arriv»,!
161. —Eudes s'en rend maître, 169. -~ Antagonisme entre bJ
u Frauciai et la Neuslrie, 192-193.
Francon, évéque de Liège. Est avec Charles le Simple à Attigny^J
1(38. — Lulle contre les Normands, 178.
FrancoD, évéque de Nevers. Partisan d'Eudes, l&tî. 171.
Fiancon, abbé de Corble, 180.
Frodoin, évéque de Barcelone, 125.
Frotaire, archevêque de Bourges. Ourdit une cabale contre Goslin^
31. — Fait un échange avec Sainl-Murlin de Tours, 73.
Fulham, village. La grande armée normande s'y réunit, iVl, !
Galtheram (Supra). Voy. WaUers.
Gaad, ville. Les Normands y prennent leurs quartiers d'hiver, 21Î1
n. 4, 221.
Camlle, abbé de Beaulicu, 124.
Gascogne. Fait partie du royaume d'Eudes, 89, 94. — Fait partie d#J
l'Aquilaino, 121.
Gantier, archevêque de Sens. Couronne Eudes, 90. -
d'Eudes, 95. — Sa participation au synode de Meung-6ur-Lolrt
1:17. — Assiste i un plaid royal à Verberie, 145. — Est fait pri-^
sounier par Hichard comte d'Autun, 170-171.
Gantier, évoque d'Orléans. Oncle du précédent, 90. — ParUsaill
d'Eudes, 93-
Ganznin, doyen ei prévôt de -Suévres, 239-240.
Geilon, comte, 86 n. 3.
TABLE ANALYTIQUE. 261
Geilon, évt'((uc de Langres. Reconnaît Charles III, 60. -- Se trouve
auprès de Charles III à Paris, ibid. — Sa vie, 86-87. — Il cou-
ronne Gui de Spolète, 87-88. — Argrin lui succède, 129, 15:J. —
Sa mort, 153.
Genesins, 138.
Geneviève, sainte. Ses reliques, 35, 58.
Gérard, comte, 121.
Géraud, saint, comte d'Aurillac (?), 148.
Gerfred, abbé de Flavigny, 171 n. 4.
Germain, saint. Protège Paris, 23. — Ses reliques sont transportées à
Saint-Germain le Vieux, 35, 58 n. 1. — Invoqué par les défenseurs
de Paris, 45. — Sa fête, 54. — Ses miracles, ibid, — Ses reliques
sont portées sur les remparts de Paris, 58. — Ebles lui fait faire
une châsse, ibid. — Son corps est rapporté à Saint-Germain des
Prés, 58-59. — Un de ses bras est laissé à Saint-Germain le Vieux,
59, 118.
Germond. Obtient un diplôme de Charles III, 60, 74 n. 5.
Gennond, 74.
Germmmns, 74.
Gernsbeim, ville. Arnulf y séjourne, 109 n. 3.
Gilbert, évéque de Nîmes, 138.
Girbold, comte d'Auxerre, 8 n. 1.
Girone (Comté de). Fait partie de la marche d'Espagne, 121.
Girone, évéché. Diplôme de Charles III en sa faveur, 60. — Troubles
dans révôché, 125. — L'évoque assiste au synode de Meung-sur-
Loire, 137.
Gisèle, fille de Louis le Pieux, mère de Bérenger de Frioul, 75.
Gislebert, fidèle d'Eudes, 193.
Glanfeuil ou Saint-Maur-sur-Loire, abbaye, 27. — Gozlin y rem-
plit les fonctions d'abbé, 28, 29.
Godefroi, défenseur de Chartres, 48.
Godemar. évoque d'Ausone, 124, 125.
Godfried, roi de Danemark, 210.
Godiried, chef normand, 50, 225.
Gokstad, localité, 214.
Gondrevillef ville. Hugues de Lorraine y est aveuglé, 50. — Charles
le Simple y séjourne, 186.
Gosscoin, défenseur du Petit Pont de Paris, 46 n. 5.
Goihie. Voy. Septimanie.
Gozbert, frère de Roricon, 27.
262 TABLE ANALYTIQUE.
Gozbert, frère de Ramaulfe II, 33 n. 10, 121, 130. — Se révolte
contre Eudes, 146-147. — Sa mort, 147.
Gozfried, comte du Maine, frère deGozlin, 26. —Ses fils se révoltent
contre Louis le Bègue, 31.
Gozlin, évèque de Paris. Sa famille, 26-27. — Sa vie jusqu'à Tépis-
copat, 27-33, 82, 224. — Nommé évoque de Paris, 33. — Fortifie
Paris, 19, 33, 36. — Son entrevue avec Siegfried, 35-36. — Défend
la tour du Grand Pont, 36, 44. — Envoie du secours aux défen-
seurs du Petit Pont, 46. — Appelle le comte Henri à la défense
de Paris, 48-49, 51, 55. — Son rôle prédominant au début
du siège de Paris, 49 n. 2. — Négocie avec Siegfried, 52. — Sa
mort, 54. — Son épitaphe, 54 n. 2. — Anskerick lui succède, 60.
Grasse {La), abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 131 n. 1.
Grégoire, abbé de Saint-Martin d'Autun, 171 n. 4.
Grimbald, moine de Saint-Bertiu, 139.
Gualtarius, 74.
Guarinus, Coroacensis cpiscopus, 137 n. 3.
Guarnegaud, vicomte de Blois, 69 u. 5, 96 n. 5. — Signe un acte
d'Eudes abbé, 73-74. — Est avec Eudes à Tours, 131. — Fait une
donation à Saint-Martin de Tours, 243-244.
GuerbignYf village. Les Normands y écbappent à Eudes, 133, 135,
138, 219 n. 6.
Gueule^ rivière. Les Francs attaquent les Normands sur ses bords,
134 u. 4.
Gui I, duc de Spolète, 80-81.
Gui II de Spoléte, roi d'Italie et empereur. Sa famille, 80-81.— Sa
vie, 81. — p]st appelé au trône du royaume franc de l'Ouest, 81,
85-88, 1(X). — Élu roi par les Bourguignons, 62 n. 2. — Ses rap-
ports avec Foulques, 87 n. 4. — Il abandonne la France pour
ITtalie, 88. — Règne en Italie, 94. — Est en lutte avec Arnulf,
112-113, 166. — Sa nouvelle candidature au trône franc de rOuesl,
152, 165. — Son alliance est rccberchée par Cbarles le Simple et
par Foulques, 157-158.— Zweutibold fait une expédition contre
lui, 175.— Sa mort, 178.
Gui, comte, 80.
Gui, (ils d'Eudes, 15.
Gui, frère d'Anscbairo comte d'Oucbe, 85.
Guillaume, comte de Blois, 200 n. 1,246.
Guillaume, comte de Périgord, 122, 148.
Guillaume le Pieux, marquis de Gotbie et comte d'Auvergne, 121. —
Kblcs, comte de Poitou, lui est conlié, 146 n. 2, 148, 149. — Est
hostile à Eudes, 149, 159, 160. — Sa lutte avec Hugues de Berry,
149. — Sa neuiralilé, 160,
160 n. 4.
Gny. défenseur du Petit Pout de Paris, 46 n. ti.
.ULE ANALYTIQUE, 263
160, 19B, — Reçoit le domaine de Gluny,
I
Hainaut, comU^. N'est pas compris daua le royaume d'Eudes, 04.
Hardre, défenseur du Petit Poul de Paris, 'tô u. H.
Hastinga, chef normand, 13:j-13G.
Hélène, femme de Guarnegaud, 243.
Henri I, roi de France. Couronné un dimanclie, IC5 u. 3.
Henri, comto. Bal les Normands à Duisbourg, 18. — Appelé au
secours de Paris, 49, 51.— San rôle sous Louis III do Germanie
et sous Charles Ut, 49-!iO, 189. — Il remplace Hugues l'Abbé, 51,
70. — Il arrive à Paris, puis se relire, bl-52. — Reconnaît le ter-
rain autour de Paris et est tué par les Normands, &G-S7, 59. —
La Bourgogne lui refuse (î) son contingent, 62. — Il est enterré
à ëainl-Médard de Boissons, 67, 63, 65. — Sou pouvoir dans le
royaume franc de l'Ouest, 228.
Hériliert I, comte de Vermandois, 184. — Complote contre Eudes,
152. — Marche contre laudes, lEi9. — Tue Raoul comte de Cam-
brai, l"7 n. 1. — Députa par Charles auprès d'Eudes pour
négocier la pais, 181, — Dépouillé par Kudes de Sainl-Quenliu
et de Péronne, 182. — Eudes lui rend le Vermandois, 18S, — Se
soumet à Eudes, 18u. — lîucIeB le réconcilie avec Charles le
Simple. iaO-191.
Héribart II, comte de Vermandois, tils du précédent, 191 n. 1.
Hêrifrid, évoque d'Auxcrrc. Aaaislo au synode de Me uug-sur- Loire,
137 n. 3.
Hèrilanâ, évi^quc de Thérouanne. Délibère avec Foulques conlre
Baudoin do Flandre, 141, — Pr-'od le parti de Cliarlos le Simple,
153. — Nommé visiteur de l'évt-ché do Cbalons-8U^Marne, lîil.
Herland, défenseur du Petit Pont de Paria, 46 n, H,
Hermenfroi, comte d'Amiens, 177 n. 1, 18U.
Henaenmire. Voy. Ermemire.
Hervé, défenseur du Petit Poul de Paris, 4G u. 5,
Hervi, défenseur du Pelit Poul de Puris, 40 n. 6.
Bétiion, évi^que de Noyon. Fait de l'opposition k Eudes, 100.—
j\.ssialc au synode de Mayence, 105, -- Délibère avec Foulques
contre Baudoin de Flandre, 1^11-142.
Hilduin, abbé de Sainl-Derlin. Foulques lui succède, tt2.
Hincmar, archevêque do Roiuis. Soa jugement sur Robert le Fort,
0, 84. — Conseiller de Louis le Bêguc, 30. — Sus lettres & Gozlin,
■2C4
TABLE ANALYTIOUE.
30 n, 9, 31. H2, 33. — LeUre écrite par lui au pape AdrlCO,'
n. 3. — Fuil devanl les Normands, 8i. — Ses priilonlions au dw
de couronneraeiil. 88 n. 1, 90. — Sa rivalité avec rarchcvô<ii
Sens, yi n. !. — tîou inoniloiie à Charles le CUauve, 93.— Les
devoirs du roi réeuméa par lui, 97-99. 109. — Ses paroles rel»-
Lives a. im changement de règce, 100-îOl. — Fait nommer Bot-
gaire évr^e de Beauvais, 100 n. 1. — Pousse Charles le Cbaun
à envahir la Lorraine. 101. — Partisan de l'unité de l'EmpJr^
111.— Son opinion sur la façon dont un roi doit punir. 144.-
Veut mettre les fils de Louis le Bègue sous la tutelle de Ter
reur Charlee III, 161, — Sa morl, 83.
Honorât, évoque de Beauvais. Fait de l'opposition à Eudes, 100. -
.assiste au synode de Mayence, 10b. — Assiste à UQ ptaid royi
û. Verberie, l'w. — Reste Qdèle à Eudes, 153, 156. — Doit î
lendre au synode de Ravenne. 183 n. 1.
Hugues Capet, roi de France. Son couronnement, 9î, ISS a. 3.
Hugues, comte de Berry. Sa lutte avec Guillaume d'Auveriînc et s
mort, 149.
Hugues, comte de Tours, 200 n. 4, 246.
Hugues da Lorraine, lils de I.othaîre H, 49, 50.
Hugues l'Abbé. Succède à Robert le Fort, 6, 7. — Son rôle en Netu
trie, 8, — Ses bénélices. 8 n. 2, 12, 13 n, 1, 90. — Son opposLliM
à Charles le Chauve, 157. — Son rôle sous Louis le Bègue, soui
Louis m et Carloman et sous l'empereur Charles lU, 9-10. -
mort, 10. R'i, 55. — Sa sépulture, 63. — Sou pouvoir, 10-11. 1^
74, S7 n. 1. — Eudes lui succùde, 11. 61, tîll. 70.71. — Signe B
diplAmc pour Saint-Gilles (?], 15 n. 4. — Combat lea Normandi
26, 33. — Résiste à Louis III de Germanie, 32, — Le comte He
lui succède, 6l.— Contrat de précaire passé par lui, 71."
AlVrauchit Leulhard, 73. — Abbé de Saint-Manin de Tours, A
S.ii ni- Berlin, do Sainte-Colombe de Son.-:, 72 n- Vj, 139, 206.
Hugues le Grand, lils de Robert. Reçoit par héritage les alleu
d'Ingré et de Marligny, 13-14. — Possède l'alleu de Lacby, '.
— Son pouvoir. Ï28 n., 229 n. 6,
flnlc, compagnon de Rollon, 187 u. 'i.
HuncdeuG, chef normand, 187, 189.
Ile de France, région, 229.
Ingelwin, évi^que de Paris, 33.
Ingobert. évoque d'Drget, 124-125.
Ingré, village. Alleu de Hugues le tiraud, 13,
TABLE ANALYTIQUE. 265
Irmengarde, femme de Bosoq, amène soq fils Louis à la cour de
Tempereur Charles III, 76. — Se rend auprès d'Arnulf, 113 ii. 4.
— Emmenée à Autun par Richard. 159.
Irmintrnde, femme de Charles le Chauve, 83 n. U, 2^i6.
Isaac, évêque de Langres, 86.
ludeis villa, 60 n. 6.
Jean VIII, pape, 157. — Se:5 rapports avec Louis le Bègue, 9; —
avec Hugues l'Ahbé, 13 n. 1. -— S'associe aux ennemis de Gozlin,
31. — Accorde des faveurs àTournus,86 n. 6. — Écrit aux évoques
francs, 223 n. 2. — Confirme les privilèges do Vèzelay, 236.
Jean IX, pape, 154 n. 1.
Jean, archevêque de Rouen. Assiste au synode de Mayence, lOo n. 1.
Jobert, défenseur du Petit Pont de Paris, 46 n. 5.
JoncelSf abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 133 n. 2.
JouYf village. Alleu d'Eudes, 13. — Donné à Ricbodon, 127.
Judicaêl, comte de Rennes, 132.
Judith, fille de Charles le Chauve, femme de Baudoin I, 222.
JumiègeSf abbaye. Les Normands y arrivent, 24 n. 3. — Gozlin eu
est abbé, 29.
Juville, ville. L'empereur Charles III y passe, 62.
Kircbbeinïf village. L'empereur Charles III y séjourne, 65, 76.
Lacby, domaine, 15, 203.
Lambert, empereur. Est parent de Foulques, 82 n. 1. — Foulques
lui écrit, 179. — Est en hoslililc avec Arnulf, 183.
Lambert, duc de Spolète, 81.
Lambert, comte de Nantes, 80.
Lambert, comte de Nantes, fils du précédent, 222.
LangreSf évéché. Diplôme de Charles III en sa faveur, 60. — Eudes
y est reconnu roi, 129. — • Succession de l'évcque Geilon, 150,
153-154, 170.
LangreSf ville. Gui de Spolète s'y fait couronner, 86-87. — Est com-
prise dans le royaume d'Eudes, 94.
Laon {Comté de). Une partie du comté est cédée à Zwentibold,
175-176. — Audran II de Troyes y possède des biens, 202.
LaoD, évéché. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 238-239.
Laon, ville. Eudes y séjourne, 129. — Eudes la donne à Waucher,
26fi
TACLE ANALYTIQUE.
l'it. — Eudes s'en empare, 143, 145. — Âseiégée par Zwenlibold
el Charles le Simple, 176-180. —Cédée par KudcB à Charles U
Simple, 184. IflO-Ifll, — CapiUle de la Franco caroliogEetiDCj
191. — l,es Normands s'en umparenl, 223,
Laonnois. Voy. Laoa (Comlë de).
Laviers, village. Les Normands y arrlvenl, 225,
Lernegia villa. Eudes y séjourne, 131.
LenUtard, 73,
Uège, ville. Défaite des Normands près de celle ville, 5
Normauds Iraversenl la Meuse près de celle ville, ISl,
Limoges, ville. Eudos y est reconuu roi, 122 n. 1, — Eudes y »
juurne, l'iS.
LJadgard, Temme de Louis III de Ueimauic, 31, 32.
Lindsirind, mère d'ArnuIf, 102.
Liutbert, archevêque de Mayence, 1015 n. 1.
Lintward, arc bi chapelain de l'empereur Charles lU, 7G, 1U3.
Loing, liviére. Les Normands établissent leurs quarlJers il'bivee4
sur ses bords, 118. 123, 127.
Lommensis poQua. N'esl pas compris dans le royaume d'Eudes, 91.1
Lorraine. Charles le Chauve l'envahit, 101. — L'église de Rein
a des biens, ihid., 162. — Erigée en royaume, 174-1"».
Lotbaiie, roi el empereur. S'euliemet enlre Louis le Germanique et I
Charles le Chauve. 3. — Sa suprématie sur ses frères, 111 n. l.|
Lothaire It, roi de Lorraine. Nomme Hugues l'A.hhé archevêque di
Cologno, 7.
Lothaire, roi de France. Couronné un dimanche, 1S5 n. 3.
Lonis le Pieux, empereur. Partage l'Empire entre ses Gis,
Ml'shi-cs qu'il prend contre les Normands. 220.
Lonis le Bègue, roi. Roi en Neuslrie, 2. — S'allie à Salomon do B
lagiie. 4. — Ravage l'Anjou, 4 n. 5, — Est bailu par l
le Fort, !i. — Reçoit divers bénéfices, 5, 6 n. 1. — Il rûgne
Donne Sainl-Deuis à Goziiu (?), 29 n. 9. — Succède à Charles 1<
Chauve, 30. — Lulte coalro les grands révoltés, 30-31.
Foulques fait partie de son entourage, 82. — Ses diplômes p
Tournus, 86 n. 6. — Couronné et enseveli à Compiègne, i
Son couronnement, 91-92, 155 n. 3. — Lettre quo lui i '
Ilincmar, 97-99. — Roi d'Aquitaine, 121. — Fait une donatloDJJ
Audrau II de Troyes, 203. — Sa mort, 31.
Louis III , roi franc de l'Ouest , 111s de Louis le Bègue, 9. — R6si6l;j|
à l'invasion de Louis III de Germanit', 32. — Envoie Gostii
combattre les Normands, 32-33. — Lutte contre Hugues de l
raine ol Bosoo. 49, 1B9. — Achète le départ de Uaslings, 13S. -
TABLE ANALYTIQUE. 267
Fortifie Étrun, 221. — Remporte la victoire de Saucourt, 224. —
Sa mort, 74, 225. — Inhumé à Saint-Denis, 193.
Lonis IV d'Ontre-Mer, roi de France. Couronnéiin dimanche, 155 n. 3.
Louis V, roi de France. Couronné un dimanche, 155 n. 3.
Louis le Germanique, roi. Envahit le royaume franc de TOuest, 2, 7,
8, 105 n. 3. — Fait la paix avec Charles le Chauve, 3. — Charge
Mégingaud d'une mission, 110.
Louis III le Jeune, roi franc de TEst. Envahit le royaume de TOuest,
9, 32, 101. — Ses rapports avec Gozlin, 31. — Conclut le traité
de Ribemont, 32. — Charge le comte Henri d'importantes
fonctions, 49, 50. — S'empare de la Lorraine, 94. — Succède à
Carloman en Bavière, 102. — Combat les Normands, 224.
Louis l'Enfant, roi, fils d'Arnulf, 174.
Louis TÂyeugle, roi de Provence. Sa naissance, 159. — Reconnu
roi par Charles III, 76, 94, 112, 114, 115. — Arnulf envoie une
ambassade à son couronnement, 119. — Richard comte d'Autun
veille à ses intérêts, 170.
Louis, abbé de Saint-Denis, chancelier. Demi-frère de Gozlin, 26. -—
Tombe au pouvoir des Normands, 28, 219 n. 5. — Fait entrer
Gozlin dans la chancellerie royale, 28. — - Archichapelain (?) de
Charles le Chauve, 29 n. 4.
LouvaWf ville. Les Normands s'y établissent, 17, 18, 41, 135, 226.
MâcoD, ôvéché. Eudes y est reconnu roi, 129.
MâcoDf ville. Le comte Henri s'en empare, 49. — Est comprise dans
le royaume d'Eudes, 94.
Magenarius, 126.
Mainef comté, 1. — Donné à Louis le Bègue, 2. — Ravagé par les
Normands, G.
Manassès, seigneur de Vergy. Restitue Tillenay, 14 n. 6. — Grève
les yeux à Teutbald évoque de Langres, 170. — S'empare de
Sens, 171. — Son fils Gislebert, 193.
Mancion, évoque de Châlons-sur-Marne, 154.
Mans (Le), ville, 242. -- Attaquée par les Normands, 6, 47 n. 4, 48.
Marcel, saint. Ses reliques, 35.
Marin I, pape. Envoie le pallium à Foulques, 83. — Rend à For-
mose son évèché, 157.
Marmoutier, abbaye. Ses « recLov » Vivien et Robert le Fort, 1. —
Rendue à Robert le Fort, 4. — Donnée à Louis le Bogue, puis à
Robert le Fort, 5, 6 n. 1. — Donnée à Hugues l'Abbé, 8. —
Donnée à Eudes, 69. — Eudes lui confirme ses biens, 77-78.
■i6S
ABI.K ANALYTKJUt:.
MarlSgay, domaiiie. Allou d'Hugues le Grand, 14.
Mayence, ville. Un synoiie y a lieu, 10^ d, 3. 106.
JlfeaujirlUomLôdel.Théodarade.v possôdeundomaine, 1», TOn. 4,2
Meaux, ville. Lob Nocmaiida séjoumeDl près du celle ville pui^
l'assiègent, 67 n. 1, U6-117, 219 n. 2,
Meersen, localité. Un traité y eel sigoê, 101, 106 n. S.
Mégingand, comte du Wormsfeld et du Meiafeld, 110. — Sa niorti
166. 174. — Son épitaphe, 244-245.
Meldois. Voy. Meaux (Comlé de).
Ueiua, ville. Lns Normands s'y èlubtisseol, 2:1, 24 n. 3.
Herri, saint. Ses reliques. 33.
Metz, ville, Louis III y eal appela par les révollé», 32. — Cbarlesll
y séjourne, 36. — Ctiaries le Cliauve y esl couronné, 91 i
Arnulf y réunit le clergé lorrain. 174.
Meutan, ville. Les Normands s'en emparent, 19.
Meungsur-Loire, ville. Eudes y séjourne. 131. — Un synode y afl
lieu, 137.
Miannay, village. Carloman y attend les Normands, 22o.
Hilon, comte. Partisan de Gui de Spolète, 85.
Moissac, abbaye, 89 n. 3, 235.
Monnaie, domaine. Hestitué à Sainl-Marlio de Tours, 72 n. 2.
MoBlfaucon, abbaye. Eudes y remporle une vicioire sur les Nar-^|
manda, 104 n. 3, 106-108, 109, 110 n. 3, 116, 123 n. 5,
Monliéramey, abbaje. OiplAme de Charles le Chauve eu sa laveur;]
202 n. 6.
Moalmacq, domaine, ancienne villa royale, 93.
Montmartre, village, Eudea revient h Paris par Montmartre. B
a. 2, î)3. — Les Normands soûl rejelés au-delà de MoDlioartre,fl
59. — Charles III campe au pied de Montmartre, t6t((.
MODtolieu, abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 123 n. S.
Moricans (Ile des), pris Noyon. Los Normands s'y retranctiont, 133
Moutier-Ia-Celle, abbaye. Diplôme de Charles lo Chauve en i
veur, 2(12.
Ifaates, comlé. Fait partie de la Brelagae, 132. — Le comte Lku-^
beil s'en empare, 222.
Naateuil-Ie-Saudoin, ville. Eudes y séjourne, 193.
tfantolium, domaine, 13.
Tfarbonne, archevêché. Diplôme d'Eudes en sa faveur, tSl. -
L'archevêque assiste au synode de Ueuug-sur-Loirc, 137.
i ANALYTIQUE.
2fi!)
Neustrie, contrée. SigaLUcalioa de ce nom, 2 n. 2. — Louis le
Bègue y règne, 2. — Pouvoir qu'y exerce Robert le Fort, 4, 5. —
Hugues l'Abbé y succùde à Robert le Forl, 8, 9, lu, 11. — Le pou-
voir des RoberUens y pread naissance, 14, — Le dttcatus regni s'y
exerce, 70-71. S^S-S^Q. — La royauté d'Eudes y est établie, 120.
— Reste fidèle £l Eudes, l5o n. 8, 1B6, 160. — .^ntagoniame entre
elle et la -. Fraucia b, 192-193.
iVevers {Comté de). Donné à Hoherl le Fort, 5. — IIugueB l'Abbé y
est missus, mais non comte, 7, 8 n. 2, 13 n. 1. — Donné en béné-
fice {?) aux fils de Robert le Fort, 12-13.
Nevers, évôché. Eudes dispose do biens qui y sont situés, 129
n. 4. — L'évoque assiste au synode de Meung-sur-Loire, 137,
Hicolas I. pape, 166. 22S.
NideiB, vUla. Voy. ludeia.
Ntmea, êvOcbé. Eudes y est reconnu, 126.
Nîmes, ville. Eudes y est reconnu, 137 n. 4. — Date d'une charte
qui y est rédigée, 160 u. 4.
Nivernais. Voy. Nevers [Comté de).
Noirmoutier, abbaye, 86. — Lea Normands s'y établissent, 211.
Normands ou Tîkings, S'allient A Kobert le Fort, 4-5. — LutlentavdC
Robert !e Fort, B. — Havagent la Bourgogne, la Neustrie, ibid.
— Remportent la victoire de Brissartbe, 6. — Hugues l'Abbé
les combat, 8, 10,— Sont établis à Amions, 17. — Se dirigent de
Louvain sur Paris. 17-19. — Les Normands de la Loire. 19. —
Importance de Paris pour eux, 21-22. — Leurs incursions suc-
cessives à Paria, 22-23, — Fortifications élevées contre eux, 23-
24. — S'emparent de Oozlin et de Louis abbé de Saint-Denis, 28.
— Battent Gozlin sur l'Escaut, 33. — Arrivent devant Paris. 3Ei.
— Assiègent Paris, 36-62. — Dévastent les environs immédiats
do Paris, 39. 47. — Cernés a Elsioo. 40. — Les Normands a Lou-
vain, 41. — Porlent leurs ravaijes du cAté de Reims, puis sur
Chartres, l-e Mans. Évreux, 45, 47-48. — Le comte Henri les
combat, 19-50. — Tirent leurs vaisseaux sur terre, 63. — As-
siègent Sens, 64. — Ravagent la Bourgogne, 65. — Reriennenl
4 Paris, ibiii. — Traversent Paris et campent à Gheasy, 66-67.
106. — Ravagent Saint-Bertin, 82. — Menacent Reims, 84. —
Chassent les moines de Koirmoulier, 86. — Impôts pour acheter
leur départ, 98. — Ravagi^ni la Bourgogne, 106. — Sont vaincus
&Montfaucon, 106-108. — Assiègent Meaux, 116-117. —Campent
sur le Loing, 117-118, 123, 127. — L".\quitaiue leur est ouverte,
121. ^ Assiègent Paris puis se puitenl sur la Bretagne. l'27-l28,
132. — S'établissent à Noyou, 132-133. — Leurs ravages dans lea
royaumes francs durant les années 891 et 892 et leur dépari, 133-
136, 145-146, — Dôvasltnt l'évéctiÈ de Thérouanue, 153. — Arniiir
■m
SALYTr'jrE.
lea bal en Lorraine, ITi — Heniontenl la Seine el l'Oise el pé-
nètrent jusqu'à la Meuse. 187-189, — [tavageul la Seine au
dessous lie Paris, t92. — lîudcâ leur acbâte la paix, 19^-193. 10K.
— Vonl hiverner sur la Loire, 192. — Causes do leur émigra-
lîon, 207-2I0. — Différeolcs phases ti dislingucr dans leurs i^xpè-
dilions, 210-212. — Leur civilisalion. 212-213. - Leurs llotiea,
2U-216. — Orgauisalion de leurs armées, 216-217. — Leur lac-
Lique, 217-220. — Impuiasauce des Fraucsdo l'Ouest & Ieurr6-
sisler. 220-224,
Notre-Dame de Paris, église cathédrale, 20. — Eudes lui ri'sliluo
des biens, l'6. — Heliquea qui y sonl déposées, 35.
Notre-Dame [lie], a Paris, 20.
Noyon, évôché. Baudouin de Flandre s'empare d'une de ses pro-
priétés, 141.
Noyon, ville. Les Normands s'en emparent, 132-134, 135, 136, 817
n. 4, 225.
iVueii- sous-Faj'e, domaine, 13.
Oissel, lie. Les Normands y sont établis. 23. 211, 2-20. 22:1.
Orléanais. Voy. Orléans jComlê d'j.
OrWans (Comté d'). Alleux possédés dans ce t^omlé par lesRob«r-J
liens, 13-14. — Ne fait pas partie de l'AquiUine, 121.
Orléans, tvéché. Diplôme de l'ompenur Charles III en sa fdvcur.BI
— L'évfiquo prend part au synode de Meung-sur-I<oire, 137.
Orléans, ville. Hugues l'Abbé y meurt, Bl. — Eudes y séJOUfflfl
123-127, 130, 131, 183 n. i, IBIJ.
Otbeitas, 120.
Othe, partisan do Gui de Spoléte, SB,
Oracre, défenseur du Petit Ponl de Paris, 4(î n. 5.
Paris (Comté de). Eudes y succède .'i Conrad, 13. — Les Roberllei
comtes de l'aris. ibiil. — Robert y succède à Eudes, 9tJ.
Paris, évt^ché. 90.
Paris, ville. Forliliée par Goziiii, 11), 33. — Configuralion de I
au IX" Biûclf, 19-21. — Importance de P.iris, 21-22, il, 70, — U
cursiona des Normands à Paris, 22-23, SU. — I
Puni cl le Petit Pont, 24-20. — Lea Normands y arriveat, 3S. ■■
Siège de la ville par les Normands, 3G-G3, 130, 219 n.
Normands la quiltenl, 03. — Retour dea Normands & Paris, 4
— Conséquences du slèye de celte ville, Ij7-fi8. — Charles lU j
TAliUE ANALYTlijnE.
271
séjourne, 59-61, 71-72. — La rançon de la ville est payée aux
Normands, 7a. — Les Normands s'en éloignenl, 106. — Les Nor-
mands s'en rapprochent, 11C-H7. — Eudes y séjourne, 117-118,
128-129,236. — Eudes en écarte les Normands, 123. — Les Nor-
mands l'assiégeai, 127-128.
Patericns, 2^r2.
Parie, ville. L'empereur Charles III y séjouroc, 49 u. 1.
Pépin le Brel, 79.
Pépin I!, roi d'Aquitaine, 2-3,
Pépin, comle. Prend le parti de Charles le Simple, 152.
Pàrigaeux, ville, Eudes y séjourne, 118.
Pernay, domaine, 72.
Pêronne, ville. Raoul de Cambrai s'en empare, 178, 182, — Eudes
s'en empare, 18o.
Philippe I, roi de France. Son couronnemcnl, 92.
Philippe-Angnste, roi de France, Consiruil une enceinte fortifiée à
Paris, 21 n. 2.
Pitres, village, Charles le Chauve y élève des (oriificalions, 18, 24,
25 n. 5, 26.
Poitiers (Comté de). Ravagé par les Normands, 6. — Alleux possè-
des dans ce conilé par Eudes, 13,
Poitiers, ville. GozUn y est ordonné prêtre, 28. — Eudes y est
reconnu roi, 122 n. 1. — Eudes s'en approche, VM. — Eudes s'en
empare, 147. — Adémar s'en empare, t'i8, — Eudes y séjourne, 160.
Poitou. Voy. Poitiers (Comté de).
Font-de-V Arche, ville. Les Normands s'établissent dans les envi-
rons puis la quittent, 18, 19.
Ponthion, village. Un synode y a lieu, 8, 20 n. 3,
Pantoise, ville, Un camp retranché y est construit contre les Nor-
mands, 19, b9 n. 3, 203,
Poppon, comte, 49.
Porcien, pagus, 168 n, 2, 176.
Port, localité. Un synode y a lieu, 125.
Potbuis (Ile des], à Pontolse, 19.
Provence, royaume. Sa fronliOre, 94 a. 4.
Prum, ville. Le comte Henri bat les Normands près de celte ville,
49, — Les Normands y passent, 135.
Quierxy, résidence royale. Charles le Chauve y donne un capitu-
laire, 30. 82 n. 5, 92, 97,98,201. -Charles III y séjourne, 56, 89.
27-2
TABLE ANALYTIQUE.
Badebod. comte de Frise. 178.
Ragnar Lobdrog, chef Dormand, 22.
Ragnold, diic du Haine, 18-19.
Raimond, comte de Nime». 137 d. 4, 138.
Rainon, évoque d'Angers, 71. — Partisan rt'Kiides, SKj.
d'Eudes accordé sur' sa demande, 176,
Ramnolfe 1, comlc de Poilou, abbé de Saini-llil.iirc do roiiii;rs.6,J
1-21.
Ramnulle II. comte de Poilou. flU de Ramnulfe I. Frùre d'Ebles. 3
n. 10, 121. — Compétiteur d'Adémar, pour le comté de Poitou, '
— Maître de la plus grande partie de l'Aquitaine. 121. -— A
smi pouvoir Charles le Simpli', 121, 152. — Heconnalt Eu(I*s r
122-123. — Les cbanoines de SainL-Marliu lui cèdent Doussai,,]
126, 147. — Entretient des rapports paciiiques avec Eude?. ibiit.
— Sa mort, 130, 131, 146. — Confie son lils Ebles à aaiol Gèraad, j
148.
Rampon, parent de l'empereur Lambert et de Foulques, 82 n.1, âS. 1
— Crève les yeux à Teutbald, 17Û. — Est anaibémalisâ, 171. — ■
L'empereur Lambert doit intercéder pour lui, 179.
Rampon, Mre de Foulques, 62 d. 1.
Raonl, roi de France. Couronné un dimanche, 155 u. 3. — Doiin« J
Laon à Roger, 191 n, 1.
Raoul, comte de Cambrai [?). Garde Arras pour son frère Baudoia.l
140. — S'aliie à Zwentibold. 177, 178. — S'empare de Péronoe cl|
do Sainl-Quontin, 178, 182. — Eudes l'aliaquo, 183 n. 1, 185. -
Rompt les négociations entre Eudes et Charles lir Simple, iSB. -
Périt dans la lutte avec Hériberl de VermaUdoi?, ibid.
Ratisbonne, ville. .Aruull'y séjourne, lOi, 1j8 u. 2.
Ratislav, duc de Moravie, 49.
RatoU, bâtard d'Aruulf, 174.
Ravenne, ville. Un synode y a lieu, 183 n. 1, 184 u. 2.
ftebais, domaine, 203.
Redon, abbaye. Alain lui (ail une donation, 15 n. 3.
Reims, archevêché. Ses rapports avec Gozlin, 27, 28.29,-30. -
ques y succède à liincmar, 83. — Ses intérêts relalivement I
Icvéché de Cambrai, l'i1-102. ~ Le monastère d'Avcnay lui e
'ioiiué, 150. — Dépouillé par Arnulf de biens lui ^Lpparieiu
102.
-IMtm
Reims, diocèse. Cédé par Eudes à. Charles le Simple,
par Zwentibold, 180.
Reims, ville. Menacée par les Normands, 45. 47, IDti, llO, S
Los moines de Saint- Denis s'y rérugîenl, 45 n. 5. — Forllâée p
I
»
NAU'TIOUK.
•IT-t
Foulques, M, — Doit donner accès à Arnuir dans lo royaume
de l'Ouest, lûG. — Un plaid y est lenu par Eudes, 118. — Les
environs de la ville sont ravagée par les Normands, 13ii. — Un
synode y est réuni, 142. — Hériland év/^que de Ttiiirouanne s'y
réfugie, 133. — Charles le Simple y esL couronné, 1!>S, — Eudes
l'assiège, 161-102. — Charles le Simple y séjourne, 162. — Eudes
l'atlaque de nouveau, 165. — Seule ville qui reste à Cliarles le
Simple, 182.
Renier I au Long-Col, comte de Haiuaut. Sa vie, l'8. — A-l-it pris
partà la défense de Paris? 51 n. 2. — Prend le parli de Oliarles
le .Simple, 133, 168. — S'allie â Zweulibold, 177, 178.
Ranier, comle. Défend la tour du Hrand Pont de Paris, 3ti, ^4. —
Arrache aux Normands le corps du comte Henri, ï)7.
Bennes, comté. Fait partie de la Bretagne, 132.
Ribemont, ville. Louis III de Germanie y conclut la paix avec les
fils de Louis le Bègue, 32, 94, 101, lUi, 106 n. 5.
. Ricbert, 239-240.
Ricbodon. Diplôme d'Eudes en su faveur, 123 n. S, 127.
Ricliard, comte d'Aulun. EslavecEudesàVerberie, 136. — Foulques
cherche à se renseigner sur ses actions, liH. — Hostile à Eudes,
159. 160. — Sa politique, ibiii., 170. — Abbé de Sainlc-tiîlombe
dû Sens, 1S9. — Sa neutralité, 161, 195. ~ Charles le Simple se
relire auprès de lui, 168. 171. — S'empare de Sens. 170-171. —
Est excommunié, 171. — Obltenl d'Eudes un diplôme, 193,
Richarde, femme de Tempereur Charles lU, 76.
Ricber, historien. De la valeur de son témoignage sur le règne
d'Eudes, 230-233.
Rlchilde, femme de Charles le Chauve. Foulques lui écrit, 83-81.
RicuU, évéque de Soissons. Délibère avec Foulques contre Baudoin
de Flandre, 141. — Assiste h un plaid royal à Verberie, 145.
Robert la Fort, comle. Est reelor de Marmouiier, mwstw dominicus et
comte de Tours, 1. — Son origine, 2. 190-201, 246. — Partisan de
Louis le (termanique,2,7. — Se révoltecontre Charles le Chauve,
3. — Se soumet et reçoit des bêuéSces, 4, o, n. 1, 12. —Sou pou-
voir en NeusLrie, 4, 6, 10, 70, 71, 97. 227 n. 1. — .Sa mort. H, fiS,
121. — Sa famille, 110 n. 1,201.— Sa rivalité avec les Welfes, 7.
— Hugues l'Abbé lui succède, 6, 7-8. — Ses alleux, 13. — S'em-
pare de Tillenay, 14. — Combat les Normands, 26, 220. — Ses bé-
néfices sont rendus à Eudes, 69, — S'empare des biens appar-
tenant à Sainl-Marlin de Toura{ï), 73. — Antipathie d'Hincmar
pour lui, 6, 8-4.
Robert, (ils de Robert le Fori, duc des Francs. Sou enfance, 0, 12.
— Srm pouvoir, 11 n. I, 12, ÏW-97, 227 n. 1, 228-*i9. ~ Ses bé-
•27 i
TABLE ANALYTIQUE.
néfices, 12-13, 69 d. a, tW. — Ses alleux. 13. — Figure c
camlG dans un acle, 15. — Défend la lour du Grand Pont c
l'aris, 3C, 44, —Séjourne à Toursavec Eudes, 78, IH. — Parlisa
d'Eudes, «u-9G. — Ksi abbé de Sainl-MarUn de Tours.
132. — Esl avec Eudes à Tours et à Verburie, 131. 136. — Doon)
ua atleu t-n précaire à Euima veuve d'Ebies, 146 n.
S'empare de la lerre de Uoussay, 147. — Eudes veul lui doune^
Poiliers, ibid. — Reçoit l'abbaye de Saiol-Denis. IBl n,
— Souliont Eudes. 156. — A pour Mêle Bfrenger comte dâ
Mans, 1^ n. l,242-2'i3. — Itilercëde pourSaiote-ColombodeSeaT
el pour l'évéque de Poiliers, 18911.4, lCOn.3. — Est avec Ead«»li
CtialOQ-gur-SaAue et k Saint-Denis, 161, 162. — Reçoit des oUg<
de Ohades le Simple, 165. — Traiie avec Baudoin de Flandre, 181
— IuLerc.ède aupris d'Eudes pour Sainl-Marlin de Tours, 186. -
Séjourne à Tours, 189 n. 1. — Ménage une entrevue «ntre Eud«d
el Baudoin de Flandre, 192. — Conséquences du r^gne d'Kudé^
pour lui, 193. — N'esl pas comle de Troyes, 204-ÎOtî. — N'est p^
comle de ?en8, 208-206. — Intercède auprès d'Eudes pourOuai
negaud, 243-244.
Robert, dit Porte-Carquois, comte. Tué par les Normands, 46. -
seasionné à l'est de Paris, S6 u. 1. — N'est pas le frère d'Eudea
Roccon, 171 n. 3.
Rodolphe I, roi de Bourgogne Iransjurauo. 94, 113, — Zwenlibold
fait une expédition contre lui, 175.
Rodolphe, évèque de Laon. Doit se rendre au synode de Itaveon^
1H3 11, 1, 184 u. 2, — Succède k Didon, 184 n. 2. — Res
a Charlea le .'?im]ile, 190.
Rodolphe, abbé de Sainl-Berlîn el de Saint-Vaast. Fait oppt
tion à Eudes, 99-100. — Sa réconciliation avec Eudes, 118 □
119. — Intercède auprès d'Eudes pour Sainl-Vaasl, 131. — S
lutte avec Hasliogs, 136. — Sa mort, 139, 140.
Rodolphe, IVère de Baudoin de Flandre. Voy. Raoul.
Roger I el Roger II, comtes do Laun, 19t n. 1.
Roland, 19.
Rollon, duc de Normandie, 68.
Rome, ville. Cbarles III y est couronné empereur, 40.
Roiicon, couile du Itlaine, 26, 27 n. 3, 33 n. 10-
Rotgaire, évèque de Beauvais, 100 n. 1.
RoUweii, ville, Charles Ili y passe, 7!i.
Rouen, archevêché. L'archevi^que assiste h un plaid royal k Vti
bcrie, 143.
Rouen, ville. Les Normands &'en emparent, 17, 18, 33.
TAULE AMALYTIOliE. :i7â
RafiD, sailli. Ses reliques, Vi a. S.
SaborelluB, abbé de Foniclair, l^'i.
Saint-Aignan d'Orléans, abbaye. Donnée ù Hugues TAlitié, H. —
Diplôme d'Eudes eu sa faveur, 13 n. 9, — Diplûuie de l'empereur
Cbarles ITI en sa faveur, 00. — Coulral passé par celte abbaye,
71. — Robèrl en est abbé, 96.
Saint-Amand, abbaye. Gozliii en est abbé, 29.
Saittt-Bertin, abbaye. Doucée puis enlevée à Hugues l'Abbé, 7, —
Foulques y est élevé, 82. — Havagéo par les Normands, ibîd. —
Donnée à Rodolphe, 'JJ-IOO. — Attaquée par les Normands, \3i,
135, 219 n. 2. — Donnée à Foulques, 139-KiO, iSO.
Saiat-Cbéron, abbaye, 48.
Saint-Clément (Celle de), hospice, 7'2.
Saiat-Corneille, église, à Compiégne. Eudes y est couronué, 89-
90,93.
Saint'Deois, abbaye. Pillée par les Normands, 23. — Paye aux Nor-
mands la rançon de son abbé, 28. — Ooziin en est abbé, 29,
3U. — CharlesleChauve se réserve celte abbaye, 29 n. 9. —Cabale
pour l'enlever à Gozlin, 31. — Les moines se réfiigienl à Reims.
45 n. 5, 84, — Eudes se la réserve, lîil. — Donnée à Boberl, 181
n. 1. — Eudes y séjourne, 1G2, 168. — Possède uu évaugéliaire,
173 n. 1. — Eudes y est inhumé, 131 n. 1. 193. -- Diplômes de
Charles le Chauve et de Louis le Bègue en sa faveur, ■J'.'l. 202,
203, 2M.
Saint-Denis-sur-Loire, alleu d'Eudes, 13.
Saiote-Cbapelle, à Paris, 20.
Sainte-Colombe de Sens, abbaye. Possession de Hugues l'Abbé, 9.
— Diplôme d'Eudes en sa faveur, 136 n. 3, lïifl n. k, 20C.
Saint-Éloi, église, k Paris, 20.
Saint- Etienne. Voy. Notre-Dame de Paris.
Sainte-Geneviève, abbaye, à Paris, 21
Saint-Germain, localité, IS.
Saint-Germain d'Auxerre, abbaye. Possession de Hugues l'Abbé,
7. — Faveui-3 qui lui sont accordées par Charles li- Chauve, ibid.
— Hugues l'Abbé y est enterré, 10 n, 4. — Diplôme de Charlea III
en sa faveur, 60. — Brûlée par les Normands, 63. — Diplôme
d'Eudes en sa laveur, 128-129.
Saint-Germain des Prés, abbaye, à Paris, 21. — Goziin en est
abbé. 29. — Est donnée à Ebles, 33-34. — Abandonnée à l'arrivée
des Normands, 33. — Envahie par les Normands, 'lû. — Lts
Normands y élablisseul leur camp, '62, tfâ. 67 n. 2. — Le sanc-
tuaire est respecté par les Normands, 54. ~ Les moines en
emportent le corps du sainl , CJ8 n, 1. — Les moines y rapportent
2ilî TABLE \NAI,YTiyi:E.
le iMTps du sainl el donnent un braa à Sainl-Gcrmain le Vieux'.
hH-m. 118. — Di)>târues de UUarleâ le Simplv el de l'empeKiir
Cliarles III eu sa faveur, 11 n. I, tKI.
Saint-Germain l'Auxerrois ou le Bond, abbaye. & Paris. 3t. —
Abiindouuée â l'arrivée des Normands, 3j. — Les Nonuaadsy
OtabliSâcnl leur caïup, 33, 42, 4i>.
Saint-Germain le Vieux, église, à Paris, 30. — Les reliques de saint
Gccmaia y sont tranaporlées, ?5, 58 n. 1. — L"n bra& du Eaiiil y
est laissé. 59, 118, — Don d'Eudes à celte église, U8.
Saint-Gervais, église, à Paris, 21.
Saint-Gilles, .'<bb»ye. DIplAme en sa Taveur, 15 d. 'i.
Saint-Bilaire de Poitiers, abbaye. Ebles en est abbé. 33 n. IIP. —
DiplAuie d'Eudes en sa laveur, 130. ~ Donnée à Egfroi, êv6qu«
de Poitiers, 160 u. 3.
Sainl-Julien, ùglise, à Paris, 21.
Saint-Julien de Brioude. abbaye. Échange avec Sainl-MarCîu de
Tours, Ti> n. I. — Date d'une charte en sa faveur, 160 n. 4.
Saint-Laurent, abbaye, ù Paris, 21.
8aint-L0, villp. Prise par les Normands, 128, 132.
Saint-Lubin de Suëvres, domaine, 13.
Sainl-Lubia en Vergonois, domaine, 13.
Saint-Marcel, église, à Paris, 21.
Saint-Martial. Voy. Saint-Éloi.
Saint-Martin d'Autun, abbaye. Tient le parti d'Eudes, 171.
Saint-Martin des Champs, abbaye, .i Paris, 21.
Sainl-Martin de Tours, abbaye. Donnée à Robert le Fort, Fi, 6.
n. 1. — Donnée à Hugues l'Abbé, 7-8. — Donnée A Eudes, 68,
100. — Kudes, abbé, 72-75. — Reçoit des biens de Gualtarius, 74.
— LLarles III lui conûrine les biens restitués par Eudes, 75, —
Gautier, évéque d'Orléans, y est élevé, 95. — Robert y succède
h. Eudes comme abbé, 96. — Doussay lui est restitué, i^. ~ (Jëde
Uoussay en précaire à Ramnulfe II, 126, 147. — Eudes et RoUert
s'oi:cupenl de l'administration de ses biens, 131. — Ses rapports
avet Ebles comte de Poitou, 132. — Donnée à Foulques, 156, 186.
— Diplôme d'Eudes en sa faveur, 180. — lluguts le Urand lui
fait une donation, 203. — Les moines enlèvent quatre meuses i
Ricberl, 239-2-iO. — Les moines sévissent contre Palericus,
2-12-243. — Guaruegaud lui fait une donation, 243-2^4.
Saint-Maur des Fossés, abbaye. Diplôme de Cbarles 111 en sa fa-
veur, (Kl
Sainl- M aur-sur- Loire. Voy. GlanteuH.
TABLE ANAt-YTlQU^. 277
Sainl-ataurice, ègllse.à Angers. Diplôme «l'Eudes en sa faveur, 176
Saint-Maurice, église à Tours, 72,
Saint-Maurice, abbayo, en Valais. Rodolphe I y esl couronmi, 94-
Saint-Maximin de Trêves, abbaye. Donnée à Méglngaud, 110.
Sainl-Médard de Soissons, abbaye. Le comle Altmar abbé. l!i,
loG. — Saa rapporta avec fludes, l!i-i6. — I^ corule Henri y est
enseveli, 57. — Brûlée par Siegfried, 03, 6ti. — Dîplôice d'Iiudes
ea aa faveur. IG n. 1, 162 n. 5.
Saial-Merri, église, à Pari», 21. — Abandonnée à l'arrivée des Nor-
mands, 3-'>.
Saial-Mesmin, abbaye, près Orléans. Eudes y fifjourno, 12a.
Sainl-Nazaîre, église et chapitre, à .\uliiii. Possède Tillenay, 14.
Saint-Omer, ville. Attaquée par les Normands, ISo. tîi.
Saint-Pierre au Mont Blandin, abbaye, 178.
Saint -Pierre- Je- Vif de Sens, abbaye. Décision prise en sa faveur
par le synode de Meung-sur-Loire, 137.
Saiat-Polycarpe, abbaye, Dîpldme d'Eudes ea sa faveur, 123 n. ii.
Saint-Quentin, ville, ttccupée par l'armée dcsPrancsde l'Ouesi, J2.
— Aux mains d'un partisan d'Eudes, Ho n. 5. — Uîoul de Cam-
brai s'en empare, 178, 182. — liudes s'en empare, 188.
Saint-Remi de Reims, abbaye. Échappe aux Normands, lUIi. —
Charles le Simple y est couronné, IIH.
Saial-Rewi de Sen.s, abbaye. Détruite par les Normands, U'i.
Saint-Riquier, abhaye. Ravagée par les Normands, 224.
Sainc-Sëverin, abbaye, à Paris, 21.
Saiat-Vaast, abbayo. Fwnnée à Hugues l'Abbé, 8.— Donnée a Ho-
dolphe, 'J9. — Eudes y séjourde. 119, 120. I22. — Diplôme
d'Eudes en sa faveur, 15 u. 2, 131, 202 n. 3, — Baudoin s'en
ejupare, UO-141, 142.— Eudes s'en empare, 181. — Esl rendue
à Baudoin, 182.— Les Normands la pillent, 22'i,
Saint- Vincent. Voy. Saint-Germain des Prés.
Salomon, duc de Bretagne. Se révolte contre Charles le Chauve, 2.
— Est combattu par Robert le Fort, 4. ~ Fait la paix avec
Charles le Chauve, 5.
SaJone, prieuré. Diplôme de Charles le Simple en sa faveur, 186.
Saache, femme d'Adémar, comte de Poitou, 122.
Sasbacb, village. L'empereur Charles III y séjouroe, S6 n. 3, 56.
Saucourt, bameau. Les Normands y sont vaincus, 68, 224.
Savonniéres, village. Un synode y a lieu. 2 n. 3.
Soladèmar, 127.
278 TABLE ANALYTIQUE.
Séez (Pagus de), 1.
Ségemond, évèque de Meaux, 117.
Selva, évèque d'Urgel, 125.
SenliSf ville. GozHq et Conrad y passent, 32. — Eudes y séjourne,
133.
Sens (Comté de), 205-206.
Sens, ville. Les Normands sont dirigés sur cette ville, 62 n. 2. —
Assiégée par les Normands, 64. — Richard, comte d'Autun, s'en
empare, 171.
Septimanie ou Gothie, Fait partie du royaume d'Eudes, 94. — Fait
partie de l'Aquitaine, 121.
ServaiSf village. Charles III y séjourne, 56.
Servus-Dei, évoque de Girone, 125. — Assiste au synode de Meung-
sur- Loire, 137 n. 1.
Seuil, défenseur du Petit Pont de Paris, 46 n. 5.
Séverin solitaire. Ses reliques, 35.
Siegfried, chef normand, 224-225. — Arrive devant Paris, 35-36. —
Retire ses troupes du siège de Paris, 45, 216. — Négocie et quitte
Paris, mm, — Revient à Paris et à Soissons, 61, 62, 63, 66. —
Il meurt, 63.
Soissons, ville. Siegfried y arrive, 53 n. 4, 62, 63. — Le corps du
comte Henri y est transporté, 57. — - L'empereur Charles III
s'y arrête, 62. — Une bataille y est livrée entre Charles le
Simple et Robert, 191 n. 1. — Les Normands y arrivent, 225.
SolignaCf abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 123 n. 5.
Spire, ville. Arnulf y passe, 104.
Suavo, abbé de Saiut-Remi de Sens, 64.
Suèvres, ville, 239, 244.
Soniaire, comte d'Urgel, 124-126.
Swatopluk, duc de Moravie, 115 n. 1.
Tetricus, abbé de Saint-Quentin, 182 n. 1.
Teutbald, évèque de Langrcs, 88 n. 2, 153-154. — A les yeux crevés,
170.
Teutbert, comte de Meaux. Frère d'Anskerick, 60,66,203.-11 péril
en défendant Meaux, 117.
Teutonie, 80.
Théodard, archevêque de Narbonne, 124, 126.
Théoderade, fenimo d'Eudes. Sa famille, 15, 202-203. — Ses biens,
70 n. 'i. — Inlorcèdo aupn^s d'Eudes, 131.
TABLE ASALYTIQOE.
Théotaire, évèque de Girone, 12lj.
reur Charles III à Paris, 60.
Se tra
3 auprès de l
mpe-
Tbérouanae, ville. Les Normands s'en emi'arent, 'i2'i.
Thermes [Palais desl, à Paris, 21.
Thierry, corale d'Aulun, 95.
Thierry, coinlo, Bis de Thierry Romte dWulun (?). Partisan d'Eudes,
9S-96. — EsL ch.irgéde négociations entre Eudes el AraulT, 109,
204.
Thierry, comte, abbé de Morienval, 9o D. S.
Thierry, abb6 de Soligoac, 12'),
Thierry, frère d'Audran. Commande l'avant-garde de l'armée impé-
riale, 59, 95 n. E>. 203.
Thierry, 9ii n. ti, 18-2.
Tbiméon, village. Un combat y a lieu contre les Normauda, îi't.
Tillenay, domaine, 14,
Tonnerre ii.lomléde). 204,
Toul, ville. L'empereur Charles III séjourne prèi de la ville, 40. —
N'est pas comprise dans la royaume d'Eudes, 94. — Les Normands
la ravagent, 106, 116.
Toaraine. Voy. Tours (Uomté de).
Tournai, ville. Les Normands la ravagent, 221
Tournus, abbaye. Est donnée aux moines de Noirmoutier, 86. —
Lieilou eu est abbé. ibid. — DL|ilôino d'Eudes en sa faveur, 129.
Tours, avclievèché. Diplôme de Charles III en sa faveur, (iO. —
L'archevCquo assiste au synode de Moung-aur- Loire, 137.
Toars (Comlê do). Appartient à Vivien puis à Robert le Fort, 1. —
Est rendu à Robert le Fort, 4, 6 n. l, 10, — Ravagé par les Nor-
mands, 6. — Donné h Hugues l'Abbé, 6 n. 1, 8. — Allou pos-
sédé par les Roberliena dans ce comté, 13-14. — Donné aKudes,
m. — Robert y succède à Eudes (î), 96. — Ne tait pas partie de
l'Aquitaine, 121,
Tours, ville. Fortifiée par Hugues l'Abbé, 8. — Louis III y meurt,
74. — Eudes y séjourne, 3'i n.. 12, 77-78, 131, 145 n. 2, 147, 176,
■MO, -m.
Transséqaaniens. Hugues l'Abbé puis Ktidcs sont leurs chefs, 9, 10,
II. 74.
Trêves, ville. Brûlée par les Normands, 40.
Tribur localité. L'empereur Charles III y séjourne, 76. 109 u. 1 et ;{.
— Arnuir y convoque une assemblée et un synode, 172, 173.
Trilbardûu, localité, 24.
Trosly, village. Zwenlibold y arrive, 176 n. \i, 180.
280 TABLE ANALYTIQUE.
Troyes (Comté de), 204-205.
TroyeSf évéclié. Nomination d'un évoque, 170.
Troyes, ville. Un synode y a lieu, 31, 2(fô. — Elle est brûlée par
les Normands, 106. — Fait partie de la Bourgogne, 206.
Uddon, comte, 48.
Ugobert, abbé do Montolieu, 124.
Urgel (Comté d'). Fait partie de la marche d'Espagne, 12t
Urgel, ville et évécbé, 125.
Utton. Défend la tour du Grand Pont de Paris, 44.
Uzès, évécbé, 94 n. 4.
Valére, saint. Ses reliques, 45 n. 5.
Vallilias villa, 64 n. 1,
VerberiOt résidence royale. Eudes y séjourne, 131, 136. — Eudes y
tient un plaid, 145.
VerduDf ville. Louis III de Germanie y traite avec les fils de Louis
le Bègue, 32. — N'est* pas comprise dans le royaume d'Eudes,
94. — Un traité y est signé entre les fils de Louis le Pieux, 101,
111. — Les Normands la ravagent, 106, 116.
VermandoiSt comté. Eudes y est défait par les Normands, 136. —
Fait partie du territoire cédé à Charles le Simple, 184. — Eudes
le rend à Hériberl, 185.
Vézelay, abbaye. Diplôme d'Eudes en sa faveur, 127 n. 4, 128, 236-
238.
Vicb oxiAusonCf évèché, 125. — Diplôme d'Eudes en sa faveur, 123
n. 5, 202 n. 3.
Vienne^ ville. Est assiégée, 49, 159.
Vikings. Origine de ce nom, 209. Voy. Normands.
Villeloin, abbaye. Donnée à Hugues TAbbé, 8 n. 1. — Donnée à
Eudes, 69.
Vivien, comte. Abbé de Marmoutier et comte de Tours, 1.
Viviers, évôché, 94 n. 4.
Ventes, domaine, 14 n. 2, 146 n. 2.
Waiblingen, villo. Charles III y tient une diète, 75.
TABLE ANALYTIQUE. 281
Wallers, village. Les Normands y sont atlaqués par Eudes, 133,
138, 219 n. 6.
Wandrille, saint. Ses reliques, 48.
Wancher, comte de Laon. Fils d'Aleaume, 201. — Se révolte contre
Eudes, 141. — Est mis à mort, 143-145, 172, 180, 194.
Weland, chef normand, 23, 24 n. 3, 223.
Wénilon, archevêque de Sens, 90 n. 5, 91 n. 1.
Widnkind, chef saxon, 210.
Wifred le Velu, marquis de la marche d'Espagne et comte do Barce-
lone, 121, 124.
Willebert, archevêque de Cologne, 104 n. 3.
WiUibrord, prêche le christianisme en Danemark, 208.
Witichin, père de Robert le Fort, 200.
Worms, ville. Charles III y tient conseil, 41. — Arnulf y rencontre
Foulques, 104, 108 n. 3. — Arnulf projette d'y réunir une ar-
mée contre Eudes, 105. — Une entrevue y a lieu entre Eudes et
Arnulf, 109-110, 115, 116. — Charles le Simple y vient se pré-
senter à Arnulf, 166. — Arnulf y lient un plaid, 172 n. 2, 173, 174.
Worm chef normand, 225.
Zwentibold, roi de Lorraine, 173-175. — Hostile à Eudes, 166, 194. --
S'allie à Charles et assiège Laon, 175-178, 184 n. 2, 191. — Lève
le siège et se retire, 180. — Charles le Simple se réfugie auprès
de lui, 186. — Envahit le royaume franc de l'Ouest, ibid.
'J
■^
i
TABLE DES MATIÈRES
PAfitlt
Introduction m
Biblio^aphie v . . . xv
Chapitre premier.
Robert le Fort, Hugues T Abbé, Eudes avant le siôge de Paris. i
Chapitre II.
(885-887)
Le siège de Paris par les Normands 17
Chapitre IIL
(887-888)
Cbute de TËmpire carolingien, avènement d*Eudes 69
Chapitre IV.
(889-891)
Événements d^ Aquitaine. Lutte contre les Normands .... 120
Chapitre V.
(892-894)
Troubles dans le Nord et en Aquitaine. Couronnement de
Cbarles le Simple. Lutte entre Eudes et Charles 139
Chapitre VI.
(895-898)
Lutte entre Eudes et Charles le Simple (SuUe). Mort d'Eudes.
Conclusion 170
284 TABLE DES MATIÊBES.
APPENDICES
PMCS
I. La famille d^Eudes 199
It. Los Normands . . ...... . • • • ........ 207
in. Le duc des Francs 227
rv. De la valeur du témoignage de Richer pour rhi£>loiic
d'Eudes '. 230
PIÈGES J USTIFIC ATIVES
I. Ghanl en Thonneur du roi Eudes 235
II. Diplôme d'Eudes en faveur de* Vézelay ........... 238
III. Diplôme d'Eudes en faveur de l'évèché de Laoïi. .... 238
IV. Charte de Roberr, abbé de Saint-Martin de Tours ... 239
V. Charte du môme. : 242
VI. Charte de Guarnegaud (fragments) 243
VII. Épitaphe de Mégingaud 244
Additions et corrections 246
Table analytique . . \ . . . . * 247
Imp. a. Le Roy. — Fr. Simon, S'. — Rbnnbs (U4-93).
■ I
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3 k\as 011 lie sm
STANFORD UNIVERSITY LIBRARIES
CECIl H. GREEN IIBRARY
STANFORD, CALIFORNIA 94305-6004
[415) 723-1493
Ail faooks may be recolled oMer 7 doys
DATE DUE
DOC J'