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I
'I
I «
1
■I
I •
HISTOIRE
DE LA GÉOGRAPHIE
DU NOUVEAU CONTINENT.
IV.
A. PfflAN DE LA FOREST,
IHPniMEVn DE LA COUA DE CASSATION^
Rue des Noyers, n. 37.
. r-
J. ■
EXAMEN CRITIQUE
DE l'hISTOISE
DE LA GÉOGRAPHIE
DU NOUVEAU CONTINENT
ET DES FKOGBÉS DE l'aSTKONOUIE NAUTIQUE
AUX QUINZIÈME ET SEIZIÈME SIECLES.
FAK
ALEXANDRE de HUMBOLDT.
TOME QUATRI*«nî.
PARIS,
LIBRAIRIE DE GIDE,
RDE SUIIT-XABG, a3.
EXAMEN CRITIQUE
DE
rHISTOIBE DE LA GÉOGRAPHIE
DU NOUVEAU œNTINENT
ET DES PROGRÈS DE L^ASTRONOMIE NAUTIQUE
DANS I.BS XV* ET XTl* 8liCI.ES.
SECTION DEUXIÈME.
PE QVILQUZS FAITS EBLATIFS A GaRISTOFOX COIiOXB
ST A AWÊniO VSS9UCA,
Nous avons suiyi Ck>loinb depuis le lieu de
sa naissance et sa première jeunesse jusqu'à
cette triste époque de sa vie où, abandonné
par la fortune , il ne le Ait point encore par la
fiorce de son caractère et la puissance de son
<
6 lECTtON DEUIUEMB.
génie. J^ai recherché dans ses actions et dans
le peu qui nous reste de ses écrits, tout ce
qui peut conduire à un jugement impartial ; je
me suis plu à peindre cette grande figure his-
torique sous ses véritables traits comme un
homme du quinzième siècle représentant les
vieilles mœurs de la ligurie et de FEspagne ,
non diaprés les opinions et les sentimens quV
£dt naître la civilisation des temps modernes.
Colomb avait conçu en même temps que le
Florentin Paul Toscanelli le projet hardi d'ar-
river à rinde par la voie de l'ouest et de s'a-
venturer dans la Mer Ténébreuse des géogra-
phes arabes ; il avait exécuté en marin habile
et instruit ce qui jusque là n'avait été qu'une
stérile spéculation de cabinet. C'est ainsi qu'il
devint l'instrument imprévu, presque invo-
lontaire, de la découvnte d'un Nouveau Conti-
nent. Il reconnut progressivement, comme
nous Fexposerons dans la Troisième Section
de cet ouvrage , la connexité ou la liaison mu-
tuelle dei terres qui d'aboixl n'avaient paru
que des îles éparses dans l'immensité de l'O
céan, ou voisines de la côte orientale de l'Asie;
mais l'amiral mourut fermement persmdé que
s'il «tait touché à un continent à Cuba (au cap
6£CTI0N DEUXIÈME.
Alpha et Oméga^^ cap du commencement et
de la fin) , à la côte de Paria et à celle de Ve-
ragua, ce continent faisait partie du grand
empire du Khataiy c'^est-à-dire de Tempire
Mongol de la Chine septentrionale. Il suffit
pour le moment de citer une seule phrase * de
la lettre de G>lomb écrite en juillet 1 5o4 ^ à la
fin de sa quatrième et dernière expédition •
« J^anÎTaile i3 mai dans la province de Mago',
qui est limitrophe de celle de Catayo. De Ci-
guare dans la t^re de Y eragua il n^ a que dix
journées de chemin à la rivière du Gange. »
Colomb mourut dix-huit mois après cette qua-
* Voyes Texplication de cette dénomination ingé-
nieufe, tom. III^ p. 192^ note 1.
*Nat. t. I|p. 3o4.
* Erreur de copiste pour Mango^ comme Colomb dit
dans la même lettre^ Nay. t. I, p. 3o6y et dans la pièce
officielle du serment de Cuba, t. Il, p. i44* Marco Polo
distingue Mangi (Mandji), la Chine méridionale au sud
de la rivière Jaune ou Hoang-ho, du Khatai (Catayo),
ou Chine septentrionale (livre II, chap. 35). Le Mangi
que Toscanelli nomme Mango comme Colomb , est ^
•don le voyageur vénitien , « la province laplus magni-
fique et la plus riche du monde oriental. » (Livre II ,
ch. 55| édit. de Marsden , note 934* )
8 SECTION DEUXIEME.
Irième expédition, et jusque là aucune nou-
velle découverte nVvait pu changer son opi-
nion. Il n'y eut de i5o4 à i5o8 , où Pinzon et
Solis' partirent pour longer les côtes orien-
tales jusqu'^au parallèle de 4^° sud , aucune
expédition de quelque importance ; car celle
que Vespuce et Juan de la Cosa préparè-
rent en février 1607 n^'eut pas lieu, par des
motifs politiques. Les idées de cosmographie
systématique dont Famiral était imbu depuis
sa jeunesse , et qu'ail avait principalement pui-
sées dans les Pères de TÉgUse et les ouvrages
du cardinal d'Ailly , Tempêchaient d'ailleurs
de mesurer toute la grandeur de sa décou-
verte et d'en reconnaître le véritable carac-
tère. Nous possédons de la main de don Fer-
nando Colomb , la copie d'une lettre du père *,
adressée au pape Alexandre VI , dans laquelle
il est dit : <( Je découvris et pris possession
(gané) de quatorze cents îles ' et trois cent
• Voyez tom. I, p. 3i8.
• Archives du duc de Veragua. (Nav. t. II , Doc.
CXLV,p. 280.)
^ Dans la hoja suel/a qui existe de la maiu de Tamiral
et qui a été écrite à la fin de Tannée i5oo , lorsqu*il ar-
riva à Cadiz , chai*gé de fers^ ces i4oo îles augmenté*
SECTION DEUXIEME. 9
trente-trois lieues de la terre ferme â^Asie. d
Cette lettre est écrite quatre ans avant le décès
de Famiral. Telle a été la grandeur de la dé-
couverte , que celui à qui elle est due nV pu
la comprendre et nV deviné qu'aune faible
partie de cette gloire immortelle dont la pos-
térité a environné son nom.
J'ai développé plus haut combien les pros-
pérités de Colomb ont été de peu de durée.
Sa longue carrière offre à peine six ou sept
années de contentement et de bonheur. Il a
vécu assez long-temps parmi les hommes pour
éprouver amèrement ce que la supériorité a
d^importun , combien il est difficile d'illustrer
sa vie sans la troubler et en compromettre le
repos. Les terres qu'il avait découvertes « par
la volonté divine et de miraculeuses inspira-
rent encore de trois cents. Cest une vague évaluation
de Tarchipel du Jardin du Roi et de la Reine, au sud de
Cuba 9 évaluation qu*on pourrait croire tenir à un sou-
venir des 1378 iles (Maldives T) que Ptolémée (lib. V1I|
cap. 4) place près de Taprobane y et que dans sa pre-
mière navigation, le i4 novembre 1492 (Nav. t. I|
p. 58) Tamiral crut déjà voir vis-à-vis de la côte sep-
tentrionale de Cuba enfin del Oriente* Behaim les porte
avec Marco Polo à 13700.
10 SECTION DEUXIEME.
tions , » étaient devenues la proie de ses enne^
mis. Ces Nowelles Indes qu'il nomme sa pro-
priété {cosa que era sujra * , un bien qui était à
lui), cette partie du continent d'Asie qui se
présente à son imagination comme une con-
quête plus grande que « PEurope et TAfirique *
réunies, » étaient inabordables pour celui qui
<t les avait refusées à la France , à l'Angleterre
et au Portugal. » Le vieillard voyait le mé-
compte de ses vœux les plus purs. Les Indiens
* Testament du i g mai 1 5o6.
' Lorsque G>lomby dès le mois de novembre iSoOy
par conséquent long-temps avant d'avoir >isité la cote de
Véragua, se vante «que alli (en las Indias) ha puesto so
el Senorio de sus Reyes mas tierra que non es Africa y
Europa, allendela Espanola que boja masque toda Es-
pana » (Nav. t. II, p. a54)> on doit le croire porté à
cette expression singulièrement hyperbolique par la
conjecture de la connexité du cap Paria avec le cap Al-
pha y Oméga de Cuba. Au moment d'arriver comme
prisonnier en Espagne, il ne pouvait certainement
pas avoir connaissance de Tissue des deux gi*andes expé-
ditions de Vicente Yanez Pinson et de Diego de Lepe,
dont Tun avait atteint le Brésil avant Cabrai , par les
8® 19' de latitude australe, et l'autre l'embouchure de
la rivière des Amazones.
SBCTION DBUXtàMB. il
qu^ regardait « comme la richesse de llnde ^ , »
disparaissaient par Texcès du travail quW lem*
imposait et par la déraison des institutions
colonialeSé Les lettres que Tamiral adresse
à sa Êonille et à ses amis depuis Tannée 1 5o3 ,
ne respirent que la douleur. On sent en les
lisant tout ce qu^ y a de touchant dans la
tristesse dW grand homme et qui plus est,
d^un homme vertueux. Cependant , malgré ses
aoufirances jAysiques , le repos paraissait in-
supportable k Ck>lomb. Au milieu des tribula-
tions qui contristaient sùa cœur, il formait de
nouveaux projets, et il les formait sans croire
à leur exécution. Cest une des grandes mi-
aères de la vie d^arriver à cet âge où il reste
* Cette belle expression dont la justesse est encore
Btntiede nos jours par tous ceux qui ont habité long-
temps le Mexique^ Quito, le Pérou et Bolivia, se tron^
dans la défense des droits et privilèges de Christophe
Colomb présentée à la cour par ses avocats et retixmvée
à Gènes (^Cod. CoL^Amer, p. a8o). Je crob que la dé-
fense sans date est postérieure à Tannée 1497 > p^rce
qu'il y est question du voyage à Burgoe de Farchi-
duchesse Marguerite, fiUede Tempereur Maximiiien I ,
lors des noces de cette princesse avec i*in&nt don Juan ,
fils unique de Ferdinand le Catholique.
12 SECTION DEUXIEiME.
encore des désirs lorsque les illusions qui sou-
tiennent Tespérance sont depuis long-temps
évanouies.
G)lomb sentit ses forces dé&illir sans appré-
hender d^être si près du terme de ses souf-
frances. Nous avons vu que peu de semaines
avant sa mort il parle encore dans la lettre à
Farchiduc Philippe et à la reine Jeanne de
Castille a des services sans égaux ( servicio que
no se haya visto su igual).i^'A peut leur
rendre , malgré la goutte qui le tourmente
sans pitié , et le dénûment extrême dans lequel
il a été placé ' , contrairement à toute équité
et raison. » Cette lettre est, selon mes recher-
ches, des premiers joints du mois de mai i5o6.
Il envoya son frère Barthélemi pour la porter
à la Corogne, où les souverains avaient dé-
barqué peu avant le 7 mai, si Ton ose se fier
aux dates des lettres de Pierre Martyr An-
ghiera ^. Le 19, Famiral déposa son testament
entre les mains de VEscrwano de Camara de
Sus Mtezasy et le 20 il momait, probablement
» a Estos revesados tiempos e oiras angustias , en que
yo he sido puesto contra tan ta (toda?) razon ^ me han
llevado a gran extremo. »
• Lib. XIX, p. 3o4.
;
SECTION DEUXIEME. l3
entouré de ses deux fils, car dans la lettre à
Tarchiduc Philippe , il dit devoir garder Diego
avec lui. Il avait ordonné que les fers dont
BovadiUa Favait chargé et qu^il conservait
comme des reUques et comme le prix des ser^
Tices qu^il avait rendue à FEspagne , <( dissent
placés dans sa tombe. » Je les vis , dit Ferdi-
nand G)lomb, toujours dans son cabinet de
travail, losvisiempre en su reirete jr quiso {el
obturante) que Juesen enterrados con el\n
J^aî visité à la Havane le tombeau de Ouïs-
tophe Colomb, à Mexico celui de Fernand
Cortez. Par une coïncidence bizarre d^événe-
mens , on a pu assister, à la fin du dernier
siècle et à des époques très rapprochées , à la
translation des cendres de Fim et de Fautre
de ces grands hommes. A Mexico, le duc de
Monte-Leone a consacré à son aïeul G)r tez un
moniunent érigé dans une nouvelle chapelle
de ITiôpital de los Naturales*. A la Havane,
c'^est la cathédrale, édifice somptueux, qui
possède depuis 1796 les restes de Colomb. Il
^ yida deîAlm. cap. %&j et Manuscrit de Las Casas^
Hist. de Ind.y lib. I , cap. 180.
* Essai politique (^^ec, édit.)? t. II, p. 60.
i4 SECTION DEUXIBMB.
y a eu en moins de trois siècles quatre transla-
tions de ces vénérables restes.
Comme Colomb mourut à Valadolid, le
ao mai 1 5o6 , son corps y fut enterré dans le
couvent de Saint-François. En i5i3, il fut
transféré à la Chartreuse de las Cue^as ' à Se-
ville, et de là, en i536, conjointement avec
le corps de son fils don Diego * , à la Capilla
«
> Dans la chapelle de Santa Ana appelle auBsi del
Santo Cristo. Plus tard la même Chartreuse vetfol les
restes du second amiral don Diego, et du frère de Chris-
tophe Colomb, Tadelantado Barthélemi. Ferdinand ,
rhistoriographe de l'amiral , fut aussi enterré à SéviUe ,
mais dans la cathédrale et non dans la Cortuja de las
Cuevas.
* Il paraît que la famille de Colomb a été dans Ter^^
reuren faisant demander en 1796 à \9l Real Audieneia
de Santo Domingo les cendres de Christophe et de Baiw
thélemi Colomb. La relation officielle de ce qui s*est
passé dans la translation des restes de Chiislophe Co-
lomb, publiée par M. Navarrete (t. II, Doc. CLXXVII,
p. 366), ne parle pas du corps de don Diego, mais
« de la exliiunacion de las cenizas del adelantado don
Bartolomé que tambien se debia solicitar. » Il est ce-
pendant établi par le témoignage de Farchiviste du
Cabildo deSéville, « qu*en i536 les corps de Christo-
phe et de Diego furent envoyés à Haïti , « qtiedando en
SECTION DEUXIÈME. l5
mayor de la cathédrale de Santo Domingo,
dans 111e d^Haïti. Lorsque selon le traité de
paix de Baie de lygS, la partie espagnole de
cette île fut cédée à la France , le duc de Ve-
ragua, héritier des biens de Christophe Co-
lomb , voulut que les cendres du héros repo-
sassent dans une terre soumise à FEspagne;
il envoya à cet effet deux commissaires ,
MM. Oyarzabal et de Lacanda, à Santo Do-
mingo pour traiter avec les autorités qui al-
laient quitter le pays. Ces commissaires trou-
vèrent un puissant appui dans les sentimens
patriotiques de Famiral don Gabriel de Aris-
dzabal , dont Fescadre était réunie sur ces
cotes. Le ^o décembre 1795, la translation
des cendres eut lieu avec la plus grande
pompe. On ouvint', dit un rapport officiel,
el monasterio de las Cuevas el cadaver de don Bartolo-
mé, • (Nav. t. I, p. CXLIX.) J'ai trouvé cette même
erreur très répandue pendant les deux séjours que j'ai
faits à la Havane.
> Je dis à regret avoir vu à Mexico , dans le cabi-
net du capitaine D*** une côte du coips de Femand
Gortez que, lora d'une ouverture semblable, pendant
la translation des ossemens à la nouvelle chapelle danft
rhôpital de los Naturalesy on avait soustraite « par un
±6 SECTION DEUXIEME.
une voûte de trois pieds de largeur, qui se
trouvait dans la cathédrale de Santo Domingo,
dans le choeur du côté de TEvangile , au mur
principal et près du marche-pied du maître-
autel'. On y découvrit quelques planches de
plomb, restes dW cercueil, mêlées à des
fragmens d^ossemens {pedazos de huesos de
canillas y otras varias partes de algun de^
Jimto). Le vaisseau San Lorenzo porta ces
restes à la Havane, où le 19 janvier 1796 il y
eut une autre pompe ftmèbre dans le port,
au môle de la Cahalleriay à la Plaza des Armas ,
près de Tobélisque où la première messe a été
célébrée lors de la fondation de la ville, et
dans la cathédrale. Sur le territoire des Etats-
Unis dont la découverte maritime est due à
Sébastien Cabot , à Corteral , Ponce de Léon ,
Aillon et Verrazano, il y a plus de vingt en-
droits (]ui portent le nom de Columbus , Co-
lumbia et Columbiana. Bolivai', après avoir
fondé Tindépendance de TAmérique du sud,
excès de vcnéralion pour le conquistador et le législa-
teur de la Nouvelle Espagne. »
» « Se abriô una boveda que estaba sobre el pi'esbite-
rio al lado del Evangelio , pared prîncipal y peana del
Altar Mayor. »
SECTION DEUXIEME. I7
a relevé Péclat de ses yictoires en attachant le
grand nom de Christophe Colomb à mie répu-
blique dont la sur&ce excède six fois celle de
l^Espagne ; mais ces marques bien tardives de
la reconnaissance pubhque rappellent un genre
dliommage prodigué trop souvent à des noms
qui commandent peu le respect de la postérité.
Qu'ion traverse le Nouveau Continent , depuis
Buénos-Ayres jusqu^à Monterey, depuis Vile
de la Trinité jusqu^à Panama , et nulle part on
ne rencontrera un monument national de
quelque importance élevé à Christophe Co-
lomb. Cette ingratitude est partagée par VEs-^
pagne et Fltahe ^
^ Des regrets de ce genre sont déjà vivement exprimés
dans la première décade d'Antonio de Herrera (iib. VI 9
cap. 16) y qui a paru en i6oi . Le portrait que le pre<-
mier historiographe de Tlnde trace de Chrîstc^he Co-
lomb mérite, pour la noblesse du langage, Tattention
de tous ceux qui savent apprécier dans Tidiome castillan
ce qui le caractérise le plus , la grave simplicité des
formes. Le morceau dont je parle commence par les
mots : Fué varon de grande anîmo , esforçadoy dé altos
pensamienlos. Era grave ton moderacwriy grûriojo y
alegrej con los csiranos affable , con los de su casa suaPe
e placenlero ; reprcsentava presentia y aspecio de véné-
rable persona, de gra n d es (ado y auloridad
IV. 2
i8 SECTION DEUXIEME.
J^ai demandé souvent pendant mon séjour
à la Havane à Tamiral Aristizabal si^ en ouvrant
k voûte qui renfermait les restes de Colomb,
<m n'avait point trouvé les fers ( grillos ) qu'il
avait ordonné, selon le témoignage du fils, de
placer dans sa tombe. L'amiral Aristizabal et
d'autres personnes qui avaient suivi l'exhuma-
tiim avec le plus vif intérêt, m'ont assuré que
rien n'a été vu qui annonçât la présence de fer
Dxidé. Les a-t-on ôtés à la translation de Val-
kdolîd à SéviUe, ou de Séville à la ville de
Sànto Domingo ? Peut-être n'a-t-on pas obéi à
xm ordre v^bal dont l'exécution pouvait bles^
er la susceptibilité d'une cour qui prétendait
avcHT été étrangère aux violence exercées par
Bovadilla ^ et qui exigeait des témoignages
dWection de ceux même qu'elle opprimait
secrètement. Dans les difFérens testamens de
Colomb il est bien question de la construction
d'une chapelle dans la Vega de la Conception
d^'Haïti, destinée à faire dire journellement des
messes « pour le repos de son ame , de ses pa-
rens et de sa femme; >» mais le lieu de son en-
terrement n'est pas désigné. Ferdinand Co-
lomb ne comiaît pas la translation des restes
de son père à Haïti , ce qui sert encore à
SECTION DEUXIEME. ig
prouTer que son histoii^e fut terminée avant
1536.
Les trois grandes figures auxquelles on s^ar-
rête avec vm vif intérêt dans Fhistoire du Nou-
veau Monde , avant la gloire de Washington et
de Franklin , sont Christophe Colomb , Cortes
et Raleigh. Hommes du quinzième et du set-
aôènie siècle, appartenant par leur origine à
trois nations difiërentes , ils offrent chacun
une physionomie particuhère : Colomb dans la
carrière des découvertes , par Faudace du na^
vigateur; Cprtez comme conquérant et pro**
fond politique ^ Raleigh , par Finfiuence im-
maise quHl a exercée stu* les destinées du
gaure bimiain, par la colonisation de la Vii^
ginie. Tous cmt éprouvé de grandes adversités
à la fin de leur carrière. Cortez, après avoir
erré lon^Kemps dans la Mer du Sud , s^est vu
euposé comme Colomb , près d^une cour dis^
simulée et ingrate, à un injurieux oubli. Plus
maUieureux qu^eux et né cinq ans après la
mort du conquà'ant du Mexique , Raleigh se
|Hrésente sous Finfiuence à\me civihsation et
dWe dépravation de mœurs plus modernes.
Des victoires maritimes qui jmt illustré »m
siècle, des découvertes géographiques, Fêta*-
\
aO SECTION DEUXIEME.
blissement de colonies dont la latitude favorise
ces mêmes cultures auxquelles s^adonne la
métropole, tels sont les titres de gloire de
sir Walter Raleigh. Mêlé aux intrigues san-
guinaires de deux règnes , ami des lettres et du
géomètre Harriot , nous voyons cet homme
extraordinaire partager son temps, dans la pri-
son du Tower, entre Fétude de V Histoire du
monde qu^il retrace , et les opérations chimi-
ques d^un laboratoire Ml y a loin de ces comr
positions théologiques de Christophe Colomb
que renferme le Livre des prophéties aux
compositions poétiques et aux grandes vues
d^homme d^état de Raleigh. Si ce n'^est Feffet
des progrès du temps , c^est du moins celui de
la différence des temps, des moeurs et des opi-
nions depuis i5oi Jusque 1618 , où le fonda-
teur de la mémorable colonie de Roanoke fut
décapité à Fâge de 66 ans. Christophe Colomb ,
Cortez et Raleigh ont éprouvé « que le génie
ne règne que sur Favenir et que sa puissance
est tardive, » Ils ont, pendant quelque temps,
excité au plus haut degré Fadmiration de leurs
* « He spend ail the day in distillations. • Voyez les
lettres de sir William Wades dans Life of Raleigh by
Patrick j i833, p. 3 12.
SBCrriON DEUXIÈME. 21
ccHitemporains ; mais la biaiveillance publique
a abandonné leur vieillesse : on ne s^est sou-
Tenu d'yeux que pour les a£Siger dans leur iso-
lement. Le siècle qui les a tus naître n^a pas
compris ce que leur action successive a pro-
duit et préparé de changemens dans Pétat des
peuples de Foccident. L^influence que ces
peuples exercent sur tous les points du globe
où leiu* présence se fait sentir simultanément ,
la prépondérance irniverselle qui en est la
suite, ne datent que de la découverte de FAmé-
rique et du voyage de Gama. Les événemens
qui appartiennent à un petit groupe de six an--
nées ( 1492-149^) ont déterminé pour ainsi
dire le partage du pouvoir sur la terre. Dès-
lors le pouvoir de Fintelligence , géographi-
quement limité, restreint dans des bornes
étroites, a pu prendre un libre essor; il a
trouvé im moyen rapide d^étendre, d'^entre-
tenir, de perpétuer son action. Les migrations
des peuples , les expéditions guerrières dans
Intérieur d^un continent, les communications
par caravanes siu* des routes invariablement
suivies depuis des siècles , n^ont produit que
des effets partiels et généralement moins du-
rables. Les expéditions les plus lointaines ont
ftg 8BCTI0M PEUXIBMB.
été dévustatrices , et Fimpulsida a été donnée
par ceux quî nVvaient rien à lyouter aux tré^
$ws de Fintelligence déjà accumulés. Au con-
traire , les érénemens de la fin du quincitoie
siècle, qui ne sont séparés que par un inter^
Talle de six ans , ont été longuement j»*éparés
dans le mo jen^ge , qui à son tour avait été
iïcondé par les idées des siècles antérieurs ,
excité par les dogmes et les rêveries de la géo-
graphie systànatique des Hélices. Cest sevt^
lement depuis l^époque que nous venons de
signaler que Funité homérique de Tocéan s^est
iùi sentir dans son heureuse influence sur la
civilisation du genra humain. L'^élément mo^
hik qui baigne toutes les c6tes en est devenu
le lien moral et politique , et les peuples de
FoGcident, dont Fintdiligence active a créé ce
lien et qui ont compris son importance, se
aont élevés k une universalité d^action qui dé-
termine la prépondi^'ance du pouvoir sur le
globe.
La gloire populaire de Christophe Colomb
s^est conservée dans tout son éclat jusqu^à la fin
de sa troisième expédition, cetle à la ten^ ferme
de Pana. La quatrième expédition , dans la-
qudle Tamiral a déployé le plus Ténergiede son
SBGTIOlf PEVXIBIIB. 2^
caractère et lliahileté dW marin , ne pouTail
produire un grand eôet* Quoiqu'elle répandit
les premières notions certaines d'une mer à
roccident de Veragua , elle manqua son hojL
principal, la découverte d'un passage direct^
dusecrei du détroU. Deux années plus tôt, Ro*
drigo de Bastîdas \ après avoir poussé aurdelà
du Ciibo de la Fêla et découvert les cotes da
Ste.-Martbe, le RioSinu et le golfe de Darien^
avait déjà été dans Tisthme de Panama jusqu'au
IHierto de Escribanos et à Nombre de Dios.
L^iaiportance des découvertes qui se succé-*
dakat rapîdnaent depuis i497t 1^ "^oj^ifgè da
Gama à Gificut, dont les suites se faisaient
sentir bien plus rapidement dans le commerce
du aKmcfe que la tardive accumulation des
Biétaux précieux da l'Amérique, les travaux
de Cabrai et de S(^, la découverte de la lier
du Sud par BiJboa, sept ans après la mort da
Colomb^ détournèrent l'intérêt public et firent
oublier poiu* long-temps celui qui avait donné
l'impulsion à ces merveilleuses entreprises.
Pierre Martyr d'Anghiera, comme le prouve
la date de plusieurs de ses lettres , se trouvait
à Valladobd du lo février au 26 avril, dans la
« Parti de Cadix en octobre i5oo.
34 SECTION DEUXIÈME.
même endroit qu^habitait alors G>lomb, son
ami, déjà atteint dWe maladie mortelle, et il
ne £dt mention ni de cette maladie , ni de la
mort du grand homme, dont la nouvelle a dû
Tatteindre à Astorga ou à la G>rogne ' . Le nau-
frage de Philippe d^Autriche , son arrivée à la
Corogne et les querelles entre le gendre et le
beau-père paraissent avoir seuls attiré Fintérét
d'^Anghiera. De même Fracanzio da Montai-
boddo ne connaît pas jusqu^en i507 le qua-
trième voyage de Famiral , commencé en 1 502,
et bien moins encore son décès. Fracanzio
vivait cependant à Vicence , et des communi-
cations entre TEspagne et FltaUe n^étaient
malheureusement que trop firéquentes , la Lom*
bardie ayant subi le joug des Français , comme
les Deux-Siciles celui des Espagnols. Je trouve
dans la traduction latine dont Madrignano a
signé la préfiice du i*' juin i588, <c qae/uS"
qu'à ce jour Qiristophe Colomb et son frère*,
* Epist. 296-306.
* Tttner. Portug, cap. CVllI : Inque regum regia
splendidissinia usque in diem prœsentem non inhonori
degunt. De même je trouve dans l'ouvrage de Rucha«
mer( Unhekanthe Landte^ cap. 108), dont Timpression
a été terminée le 20 septembre i5o8 : fondais Christoffel
SECTION DEUXIEME. 25
après avoir été délivrés de leurs fers , vivent
en honneur à la cour d^pagne. d Ce dé-
daigneux oubli du grand homme ne fit que
s'^accroître dans toute la première moitié du
seizième siècle, lorsque la renommée factice
de Vespuce , les exploits de G>rtez ' et les sen-
guinaires conquêtes de Pizarro abs(H*bèrent
tout Intérêt de PEurope commerçante, sur-
tout lorsque Faccumulation de Fargent qui a
suivi la découverte des mines du Potosi (i545)
et de Zacatecas (i548), fit tripler le prix du
Dawher mit sampthe seynem bruder kumen waren gtn
Codes ^ vnd di grossmàchtigste kûnge diiz vemamen ,
schaffïhensiesie ledUg zu lassen^ vndhtessen sie williglich
imdfreye zu hoff gan* Daselbst sein sie noch auf den
gegemoertigen tag.
' Je pense que Gdomb doit avoir vu G>rte£ à Sanio
: DomÎDgo lorsque le premier , de retour du quatrième
voyage ) j séjourna depuis le i3 août jusqu'au la sep-
tembre i5o4. Gortec, âgé alors de 19 ans, était arrivé
' dans rUe le jour de Pftques de la même année. Parent
du gouverneur Nioolas de Ovando , logé dans la maison
du secrétaire du gouverneur (Herrsea, Dec. I, lib. VI 9
cap. la), il a dû se faire remarquer par Tamiral, et
d'autant plus que le noble courage qu'il avait déployé
dans une dangereuse navigation , avait déjà attiré l'at-
tention publique sur lui.
Ué ' et changer subitement toutes les valeurs
nominales. Les conquistadores dW continent
si riche w^ métaux précieux efiacèrent peu à
peu le SQuyenîr de celui qui leur avait tracé la
route. Lie héros qu^à son retour du premiar
voyage, en 149^9 Anghiera nommait* encore
« un ^^rtain G)lomb de Ligurie, » fut insulté
quarante ans iqNrès sa mort, lorsque Timpor*-
tance de sa découverte brillait de tout son
éclat, dans le célèbre ouvrage de Juan Barros
mr PAsie. Le grand historien portugais , lai»^
sant un libre cours à la haine nationale et au
chagrin de voir passer tant de trésors entre
^ Essai poUtifUêj t. 111 y p. 4^4 ^ 44^* J€tcù6 on ike
prtemus méials , t. Il, p. 79 et 87.
«Voyez t. II, p. 293. Tacite, Tacite lui-même,
«ofttr» cents ans après sa mort ^ est ausai nommé, mais
par un roi des Ostrogoths, CarrteUus quidam. Je ftb
allusion à la réponse que Théodoric donne aux ambas-
sadeurs des ^tiens qui lui avaient porté de l'ambie
de Prusse. Le roi veut les endoctriner sur Torigine de
Tambre, qui, selon sa physique^ est un sudaiUe meUjr
fam #« «r^i« iiff^fw. Il dit dans sa lettre : «Hoc^^ms-
dam ComeUo scribcnte, Icgitui- in interionbus insulis
Ooeani. » Cest Tindication du passage connu de Tacite,
Germanitty cap. 45, mèU à des notions tirées de Pline,
XXXVI1,3.
I
les mains des Espagnols, le d^>eiût oraome un
homme ^ « fisUiador egiorio$ù em mosirar suas
hahiîidadês^ mais fantastîco et de ima^nar-
coes cam sua Ilha Cipangù. )> Lltalie seule
semblait veiller sur la gloire de Christophe
Colomb : la belle prose latine du cardiuii
Bembo et de sublimes stances de la Jérusalem
délivrée en font foi. Bembo a consacré pres-
que un livre entier de son Histoire de Venise
à Colomb et à ime découverte qu^l appelle a la
plus grande des choses que dans aucun âge les
hommes soient parvenus à exécuter. i> Le
Tasse célèbre Colomb par la bouûbe de la
faiidica Donna f condoUiera di Ubaldo.
<i Hercule, malgré sa vaillance et sa grande
ame , déjà vainqueur des monstres d^Afirique
et de llbérie
* « Homme fallacieux , se glorifiant de sa capa-
dté y fantastique , poursiiivi par le rêve de son ile
Qpango. » Da Âsm de Joâo de Barros e de Diogo de
Couio. lisboa, 1778, Dec. I, lib. III, cap. 11; t. I,
p. a5o. 11 est assez remarquable que BaiTos , dont les
premièi*es décades , d'après les recherches de M* Correa
de Serra , fui*ent publiées en i552 , ne parle, dans au-
cune pai^e de son bel ouvrage , de G>lomb comme d'uû
homme de quelque importance.
28 SECTION DEUXIÈME.
Non oso di tentar l'alto Oceano :
Segno le mete , e 'n troppo brevi chiostii
L'ardir ristrinse dell* ingegDo umano.
Ces liens qui enchaînaient la volonté derhomme
et Farrétaient dans ses courses aventureuses ,
on les verra brisés par le nautonier ligurien : »
Tempo verra y che fian d'Ërcole i segni
Favola vile ai naviganti industri :
£ i mar riposti , or senza nome e i regni
IgnoU , ancor tra voi saranno illustri.
— Un uom délia lÀguria avrà ardimento
AU' incognito corso esporsiin prima ;
Ne' 1 minaccevol fremito del vento.
Ne' 1 inospito mar, ne il duU>io clima....
— Faran che' 1 generoso entro a i divieti
D'Abiia angusti l'alta mente acqueti.
Tu spiegherai, Colombo , à un nuovo polo
Lontanesi le fortunate antenne \
Ch' appena seguirà con gli occhi il volo
La Fama , ch' ha mille occhi e mille penne.
Tasso, XV y a5, 3o-32.
La dernière lettre que nous possédons parmi
celles que Tamiral adi^essa à son fils don Diego,
fait oôiitioa d'Améric Vespuce comme dW
SECTION DEUXIEME. 2^
homme de confiance chargé des intérêts de la
£uniUe G^lomb. Une autre lettre qui la pré-
cède de vingt jours et qui est datée deSéyille,
du 5 février i5o5 , est plus expressive encore.
Uamiral parle ^Amerigo Vespuchy (c^est
ainsi quHl écrit le nom en e^gnol) avec un
ton d^intérèt et de bonté peu conforme à la
réserve et à la gravité habituelles de son ca-
ractère. ^ Mon cher fils ! Diego Mendez ' est
parti d^ici lundi trois de ce mois. Depuis son
départ j^ai parlé à Amerigo Vespuchy qui va à
la cour (à la ciudad de Toro)^ où il est aj^lé
pour être consulté sur des objets relatifs à la
navigation. Il a toujours eu le désir de m^ètre
agréable [el siempre tui^o deseo de me hacer
placer) : c^est tout-à-fait un homme de bien ;
la fortune lui a été contraire, comme à beau-
coup d^autres. Ses travaux ne lui ont pas porté
profit comme il avait droit de s^y attendre. Il
va là (à la cour) pour moi et dans le vif désir
de faire , si Poccasion se présente (.si a sus
manos esta) , quelque chose qui m^avienne à
bien {que redonde a mi bien). Je ne sais d^ici
lui spécifier en quoi il peut nous être utile ,
' Voyez BUT ce serviteur fidèle de Qiristophe Colomb
la note F, t. IT, p. 35 d.
30 SBCnON DEUXIÈME.
puisque je ne sais ce que Ton lui veut là4Mis ;
mais il est bien résolu de faire &Ï ma fayeur
tout ce qu^il est possible de Êdre. Tu Terras
de ton côté en quoi tu peux l'employer , car il
parlera et mettra tout en oeuvre ; je veux que
ce soit secrètement) afin que Ton ne soup-
çonne rien. Quant à moi, je lui ai dit tout ce
que je pouvais lui dire sur nos intérêts, n Ces
paroles bienveillantes ftu^nt tracées au mo-
nunt où Vespuce , en quittant Lisbonne , ve«-
kiait de terminer ses deux derniers voyages
EUX côtes du Brésil, à une époque où, pour
le moins Tavant-d^nier , qu'ail appelle le troi^
sième, et dans lequel il &it mention de deux
naires ^cfngtê enfrepris diaprés les ordres
du roi de Castille^ était publié depuis long**-
temps, je ne dis pas par lui, mais pour le
moins sous son nom. Ce même homme de bien
(nmcko homhre de bien ' ) que Colomb avait
coimu depuis 149^ comme fcmdé de pouvoirs
de la riche maison de commerce Berardi , avec
lequel il avait souvent traité d'affaires et que
pr(4)ablement il n'avait perdu de vue qu'^après
I Carias n*» i3. (Nav. 1. 1 , p. 35i . )
SfiCTIO?! DEUXISHE. 3i
rexpédition d^Hojeda \ pendant les quatre ans
que Vespuce avait navigué avec les Poiv
tugaîs, comment ce même homme peut^il
être regardé presque généralement aufour^
d*faui comme Pennemi de la gloire de Go*
lomb, cmnme un vil imposteur qui , par des
eiqpéditions fictives , s^est arrogé la découverte
du continent , et a inscrit le premier le nom
6.** Amérique (terre A^Amerigo) sur les caites
marines qu^il traçait comme pilo^ mayor de
la Casa de Cùnttaiaeion de Séville? Ce n^est
^e depuis sept ans que nous possédons d^
matériaux précieux sur le séjour de Vespuce
en Espagne et ses fréquens rapports avec la
cour et avec Qnîstophe Ck>lcmib. Nous con^
naissons les pièces du procès entre le fisc et
les héritiers de Tamiral relatives à la première
découverte de k côte de Pa ria ^ de même que
le témoignage prêté par Sébastien Cabot en
Ikveur de la détermination de latitude du cap
Saint-Augustin attribuée à Vespuce. Ces maté-
riaux historiques, qui avaient échappé à la sa-
gacité d'^Herrera , sont dus aux sohdes et labo-
rieuses recherches de Munoz et de Navarrete.
* En juin i5oo.
)
32 SECTION DEUXIEME.
Ce sont des dociimens officiels tii*és des ar-
chives de Se ville et de Simancas. Grâce aux
chroniqueurs, on connaît tous les détails de
la vie et des voyages d^Aboulabat, du fameux
éléphant que le calife Haroun al Raschyd en-
voya à Charlemagne; mais on ignorait, jus-
qu^à la publication de Touvrage de Muiioz ,
Fépoque de la mort de Vespuce , que Guilio
Negri de Ferrare , Robertson et Canovai phf
cent en i5o8 ; Bandini et Tiraboschi en i5i6,
dans les îles des Acores. Cette mort eut lieu '
à Séville le 22 février i5i 2. Les deux hommes
respectables à qui nous devons tant de nou-
veaux documens sur Amélie Vespuce, don
Juan Bautista Muûoz et don Martin Femandez
de Navarrete , ont cru voir dans ces docu-
mens de nouvelles preuves de la fraude du
Florentin. Je serais datant plus enclin à dé-
férer à leur autorité que le premier de ces
savans, qui m^honorait de son amitié , m^a sou-
' Voyez les Documens n*** lo et n. (Nav. t. 111,
p. 3o2-3o5.) Munoz avait déjà publié le résultat de ses
ti'avaux en i 793 dans la Hist. dcl Nuevo Mundo y Prologo,
p. X, mais sans insérer les documens mêmes. Compai'ez
aussi Negri , Istoria degli Scritlori Fioreniini, Fen'ara ,
1722, p. 3f.
S£GTION DEUXlîblE. 33
vent parlé à Madrid, lors de mon départ pour
r Amérique méridionale , de son intime per-
suasion d^une falsification intentionnelle des
dates dans les voyages de Vespuce. Une étude
consciencieuse de tout ce que nous possédons
jusqu^à ce jour, loin de me donner cette même
assurance , m^a ùài sentir au contraire la né-
cessité d^une grande réserve dans une afiàire
aussi compliquée. J^ai été assez heureux pour
découvrir très récenunent le nom et les rap*
ports littéraires du personnage mystérieux qui
le premier (^i iSoj) a proposé le nom ^Amé-^
tique pour désigner le Nouveau Continent, et
qui se cachait lui-même sous le nom grècisé
^Hylacomyhis. L^ouvrage extrêmement rare
de cet auteur : Cosmographiœ IrUroductio
cum quibusdam Geometriœ ac Asironomiœ
principiis^ avait fixé long-temps avant Cano-
vai, Cancellieri et Navarrete, Tattention de
Marco Foscarini dans son grand Traité de la
littérature vénitienne j imprimé à Padoue en
1752 ; mais les causes qui ont motivé la prédi-
lection d^Hy lacomylus pour Vespuce , comme
son influence sur les éditions de la Géographie
de Ptolémée et Faccroissement rapide de la
IV. 3
34 SECTION DEUXIEME»
célébrité du voyageur florentin , sont restées
entièrement inaperçues. Il résulte de mes re-
cherches que, pour le moins , le nom d^Âmé-
rique a été inventé et répandu à Finsu de ce
voyageurl
En tâchant de porter dans cette discussion
Tasprit d^analyse dont la philologie hellénique
office de brillans modèles, en pesant minutieu*
«0ment toutes les données numériques et lea
oireoBStances qui se rattachent aux rapports
da Vespuce avec Christophe Colomb et ses hé^
litiers, avec Pierre Martyr d'^Anghiem et Ho*
jeda, avec la maison régnante de Lorraine et
les Mvmâ cosmographes allemands qui , favor
lises par cette maison , travaillaient aux édi^
tiona de la' Géographie de Ptolémée , on finit
par se convaincre dHm fait positif, c^est que
les difficultés dans lesquelles on tombe en adU
mettant comme une fiction coupable de Ves^
puce le premier voyage à la côte de Venezuela
0t au cap Paria, sont plus inextricables encore
que celles qui se présentent dès quW regarde
Vaspuee comme entièrement innocent. 11 existe
dans rhistoire de la httérature plusieurs épo^
fves également remarquables par Pinterét que
SECTION DEUXIÈME. 35
Fou ayait de forger des livres sous le nom
d^omniies célèbres. • Cet intérêt naissait tou-*
jours d^un besoin du moment , de Pesprit du
temps qui dominait siu* les opinions. Les mo
ti& quWait trouvés la fraude dans le gouit
pour les livres rares chez les Ptolémées et les
rois de Pergame ^ dans le désir de donner une
vie nouvelle aux mythes des ][»*emiers âges
pendant la lutt* savante et prolongée du poly*
thâsme con^ la religion du Christ^ renais^
saient dans le quinzième et vers la fin du sei-
feième nède, lorsque Annius de Viterbe croyait
iressusdter B^ose, et que Félan donné aus
découvertes maritimes et au commerce des
nations rivales encomrageait la publication de
petits 'extraits ou de volumineuses compila^
lions de voyages. Dans la question qui nous
occupe et qui a exercé la sagacité de plusieurs
savans qui ignoraient des &its récemment a?^
rés, il y a quatre modes de solution possibles
et entièrement distincts. Améric Vespuce A^t-il
découvert le continent de FAmérique avant le
1* août 149^9 époque à laquelle Christophe
GJomb Fa vu un peu au sud du promontoire
de Paria ? Cette découverte est-elle une fiction
dTAméric créée dans le dessein de miîre a la
36 SECTION DEUXIÈME.
gloire de Colomb ? Des compilateurs de voya-
ges ont-ils commis cette fraude à son insu , ou
enfin n^est-elle qu^apparente , effet d^mle ré-
daction confuse et de dates mal indiquées ? Les
quatre modes de tolution que je viens de si-
gnaler doivent être simultanément présens à
la mémoire de ceux qui ont la patience d^exa-
miner le détail des faits et de prêter leur atten-
tion au simple exposé de^^ données que je
présente à la fin de cette Section. Il s^agit
d^examiner de quel côté est la probabilité mo-
rale : lorsque les fûts ne sont pas entièrement
concluans, il Êiut- avoir le courage dWouer
qu^on ne sait pas et qu^il y a là un mystère
que peut-être un jour de nouvelles recherches
littéraires ou historiques feront disparaître. La
réserve devient surtout un devoir dans une
question dont la solution peut flétrir le carac-
tère dW homme qui sans doute a eu « plus
de renommée que de gloire , )> que Ton doit
placer loin de Christophe Colomb, après Sébas-
tien Cabot, Magellan, Vicente Yanez Pinzon
et Pedro Alvarez Cabrai , mais dont la consi-
dération que lui accordaient tous les naviga-
teurs instruits de son temps, semble. avoir été
très méritée. C^est un travail dangereux et in-
*
SECTION DXUXiiEMB. 3/
grat à la fois de tracer lliistoire des premières
découTertes : la tache est dWtant plus ardue
que la gloire nationale y semble compromise*,
et que les accusations portent moins encore
sur le talent que sur la moralité des adver-
saires. J^en appelle à cette lutte de priorité
renouvelée de nos jours , sur la découverte de
\unalyse transcendante , de cet auti^ monde
nouveau dû au génie de Newton et de Leib-
nitz. La philosophie assigne sans doute à ces
nobles révélations de Pintelligence humaine,
2Axii fluxions et au calcul diffèrentiely un rang
supérieur à celui que peuvent occuper des dé-
couvertes géographiques finiits du hasard ou
dWe persévérante intrépidité; mais lorsque
ces dernières embrassent im continent entier
ou qu^elles fixent la prépondéi*ance des peu-
ples occidentaux dans toutes les parties du
monde maritime , alors , par leur étendue et
par leurs effets , elles méritent les labeurs
d^une scrupuleuse investigation.
On a dit avec raison qu'ion a pu regarder
conune assurée la découverte de toute PAmé-
rique dès que Colomb eut débarqué à Guana-
hani, le vendredi 12 octobre i49î^« La décou-
verte d\m petit Uot environné dWe plage de
39 SBCriON DBUXI^B.
sable' derok nécessairement conduire à la con^
naissance de tout le contour et de la forme du
Nouveau Continent. Cette connaissance a été à
peu près terminée dans Fe^ce de 42 ans, en ne
remontant sur les côtes occidentales que jus-
qu^à la Vieille Californie vues, non dans Texpé*
dition de Diego Hurtado de Mendoza , mais
dans celle que Hemando de Grixalva fit en
i534 ^ux frais particuliers de Cortez *. C^est
^ JEn parlant plus haut da la véritable position de
Gua n ahanî , J'ai oublié de citer un fait que Barros,
renneml acharné de G)lomb9 a probablement tiré de
la Historîa natural y gcneral de las Indias d*Oviedo
(Ramusio, t. III, libroXVII, p. i4d r). «Les premières
terres que vit Famiral , dit Oïdedo , furent appelées les
liés Blanches ^ à cause du reflet du sable \ il les nomma
aussi Iles des Princesses , et débarqua à une d'ellei^y
que les indigènes appelaient Guanahani, « Barros dit
ifOiSLUxIslas Brancas dos Lucafos, Celom le pez nome
as Princezas por serem as primeras que se t^iram: {Da
Asia'^Dec. I, lib. III, cap. XI; 1. 1, p. 25i.) D'après
la vraie position des solstices et des équinoxes dans
Tannée solaire , la découverte de 1* Amérique devait être
célébrée le 22 octobre.
• Essai politique , t. II, p. 258. Les extrémités dtt
continent vers le nord et vers le sud n'ont été décou«
SSCTIÔlf DElîXlfilfi. S9
jMwque dix mis de moins quHl nVn a Êdlu de*
puis les voyages de Cook jusqu^à celui du
captlaiue King pour déterminer le contout* du
petit continent de la Nouvelle Hollande '•
LVotitité qui régnait parmi les nations com«-
meroantes depuis les dernières vingt années
du quimdème siècle , augmentait la chance de
ces découvertes quW pourrait appeler imo*'
lùniairês^ parce qu^elles notaient dues qu^à
des déviations causées par la force des coui^ans
et I^împétuosité des vents. J^ai déjà fidt obser-
vertes que bien tard : car même en reconnaissant la
vérité des conjectures de Fleurieu {Vi^yage de Mar-^
chandy t. III, p. i 78) sur les traraut de Franeis Drake,
cm ne peut jBdre remonter la découverte de la partie ùC^
ddentale de rarchipel appelé Terre de Feu (7fa# E^
saieihides de Drakè) et celle du cap Hom de Schouten^
qu'à l'année 1 67 8 .
! Détermination plus détaillée sans doute, et d*iui
pays qui inqûndt plus d'mtérét aux Européâoi. Je me
•tds arrêté à l'époque où les décma^ertes ont été canit'^
nueê / car sans compter les vojages des Portugais
antérieurs k 104^ et consignés dans ï Hydrographie de
Rots 9 il y a depuis la navigation bien avérée du vaié«
seau hollandais Duffhen au golfe de Carpentarié juS"
qu'au temps de Coc^ , un intervalle de i65 ans.
40 SECTION DEtJXIBME.
ver ailleurs que Fatterrage inopiné de Cabrai '
sur les côtes du Brésil prouve clairement que,
sans la tentative courageuse de Colomb, celle
d^une navigation directe vers Touest, les pro-
grès que firent les Portugais sur les côtes occi-
dentales d^id&ique en cherchant la route de
rinde autour du cap découvert par Diaz,
auraient nécessair^n^it amené la découverte
de TAmérique au sud de Téquateur. Telle est
la compUcation du mouvement des eaux dans
ces fleures pélagiques qui parcourent la
grande vallée de PAtlantique , que lorsqu^on
voulait longer un des bords de cette vallée on
devait être emporté insensiblement vers le
bord opposé. Diaprés les considérations qui
précèdent, la véritable gloire de Colomb, je
le répète avec M. Washington Irving • , est
* Voyez tom. I , p. Sij. .
* Voyez un excellent article de ce littérateur sur
Améric Vespuce, dans le supplément n^ IX de sa Vie
de Christophe Colomb Çl. IV, p. 190). Déjà Voltaire
avait porté un jugement semblable, guidé par cette
justesse et cette admirable pénétration d'esprit qu'à
tort on lui refuse souvent dans les recherches histo-
riques : « Quand même il serait vrai , dit-il, que Ves-
SJBCrriON DEUXIEME. 4^
peu compromise dans la question sur la prio-
rité de la découverte du cap Paria. L^Amé-
rique est à celui qui en a vu le premier la plus
petite portion de terre ; mais dans lliistoire
de la géographie du quinzième siècle, qui est
Tobjet de cet ouvrage, il ne s^agit pas seule-
ment de la gloire et du degré de mérite des
navigateurs, il s^agit d^éclaircir les faits et de
peser le degré de certitude qu^on doit leur
attribuer après un mûr examen.
ilméric Vespuce, de quinze ans plus jeune
que Quîstophe Colomb ^ , appartenait à une
famille considérable et très aisée de Peretola ,
près de Florence. Né à Florence même, il
étadt troisième fils d^Anastase Vespucci , no-
taire public, noiajo de* Signori. Un de ses
ancêtres, enrichi par le commerce, Simone di
puce eût fait la découverte de la partie conduentale^ la
gloire n'eu serait pas à lui ; elle appartient incontesta-
blement à celui qui eut le génie et le courage d^entre-
prendre le premier voyage, à G)lombo. La gloire,
comme dit Newton dans sa dispute avec Leibnitz^ n'est
due qu'à l'inventeur. » (^OEut^res complètes ^ 4 785^
t. XIX, p. 428.)
' En supposant la nabsance de G)lomb eu i436 ,
d'après Bemaldez , le Ctwa de los Palacios.
49 MOTION Dsinaim;
Piero Ve^oci, aTidt fondé peu avant 4383 ^
dans une des maitons des Vespuce, un hôpital
sous le nom de S(tnia Maria delP undlià. Cet
b6pital avait passé , au commencement du dix-
septième siècle , sous la direction des frères
èe 8t««»Jean de Dieu. Comme on suppose avec
beaucoup de probabilité qu'Amène y est né ,
tes religieux ont fidt gravw, en 1719 , au-des-
sus de la porte , Pinscription suivante : Ame^
rîco Vespuccioy Patricio Florentino^ ob repeR"-
TAM Americam^ sui et patruB nominis illustra^
tori^ ampUfictUon orbis terrarum : in hoc olim
F'espuccta domo a tanto virohàhùata^ etc.
On ne peut être surpris quWe inscription ^
qui a été placée aux firais des anciens do^
nataires et dans les murs qu'ils ont élevés ,
tranche un peu lestement la grande question
de la découverte du Nouveau Continent. La
phrase ob repertam Américain ne laisse pas
même lesîlesLucayesetles Antilles à Colomb*
Des érudits qui semblaient tenir moins à la
priorité des découvertes qu'à une latinité clas-
sique , ont blâmé ^ l'expression amplificaton
orbis terrarum. Ils y ont vu « un pouvoir créa-
^ Cangsluehi^ NoUtie siorkhep p. 4^.
ncnoH mmaoÊM» 43
•
teur. » SHl ne s^agissait pas de k défiaoae des
religieux deSt.-Jean de Dieu, jWnois recourt
à Tautorité de Voltaire qui loue CSiristcqihe
Colomb a d^aToir doublé les œuvres de la
création. ^
L^cmele d^Améric , le savant Giorgio Antonio
Vespuoci, religieux de la congrégation de
St.-Marc, ami du Platonicien Marsile Fidn
de Florence, donna des soins assidus à Pédu-
cation du futur voyageur, Bandini, auteur
d W magnifique éloge d^Améric , loue les pro-
grès précoces que fit le jeune homme dans la
latinité et les belles-lettres. J^entre dans ce
détail de circonstances si peu importantes en
dle»-mâmes, parce que le nom de Tcmole,
qui se trouve dans une lettre d^Améric, est re**
gardé comme une preuve que cette lettre
n'est point adressée au roi René d'Anjou , et
parce que Ton nie qu'Améric ait pu rédiger 8e$
voyages en latin. Une autre lettre du jeune
homme écrite en 1476 et pubUée par Ban-
dini ^ , n'offre pas une preuve bien convain<-
cante de la précocité de son savoir \ II avait
» rUa di Amer. p. XXVII.
• TlEABOSCHI , t. VI , P. I , p. 187.
44 SECTION BEUXIEBIE.
•
déjà 25 ans accomplis, et encore il avoue d^ê-
tre forcé de consulter les rudimens de la gram-
maire latine : il craint même de composer
quelques lignes en latin pendant Fabsence de
son oncle Giorgio Antonio ^ Lé seul des con-
temporains de Christophe Colomb qui ait vécu
assez long-*temps pour se croire en droit de
* Améric écrit avec une naïve simplicité à son père
(yiro ser Anastagio de Vespuccis , patri suo honorùndo) :
« Absente patruo nondum audeo latinas ad vos litteras
dare, vemacula vero H) gua nonnihil erubesco. Fui
praeterea in exscribendis regulis y ac latinis y ut ita lo-
quar, occupa tus , ut in reditu vobis ostendere valeam
libellum in quo ilia oolliguntur. In Trivio Mugelli die
XVIII oct. i476> * Améric était né le 9 mars i45i.
Giulio Negri ^ dans V Histoire des hommes de lettres flo^
r€;^/w^ distingue (p. 297) Giorgio Antonio Vespucci,
Fami de Ficino et le précepteur du Gonfalonier To-
maso Soderini , d'un savant professeur de Pise, Gior-
gio Vespucci , ami et défenseur de Tenthousiaste Fra
Girolamo Savonarola , chef du parti démocratique des
Plagnoni de Florence. Comme Bandini , dans la yie
d* Améric Fespuce, ne parle (p. XX) que du premier
qu'il désigne aussi comme attaché à Fra Girolamo, il
me reste le soupçon de l'identité de ces deux hommes,
tous deux dominicains et hellénistes.
SECTION DEUXIEME. ^5
m
dire du mal d^Améric Vespuce, don Bartho-
lomè de Las Casas ' , le nomme , malgré sa
Ymne^latino y éloquente. L^évéque a pris sans
doute une traduction latine de Giocondo pour
le texte original , et s^est laissé séduire par le
mouvement du style et les fréquentes citations
des grands noms de Virgile, de Pline et de
Mécène, du Dante ^et de Pétrarque, que ren-
ferment les écrits d^Améric.
Une lettre de son frère Girolamo , que le
commerce paraît avoir attiré dans le Levant ,
prouve qu'ail résida à Florence jusqu^en i490;
car cette lettre est du 24 juillet 1489. Des en*-
treprises mercantiles le conduisirent en Espa-
gne , qu^il avait même déjà envie de quitter*,
au commencement de i493. Ce projet ne fut
pas exécuté , et des documens découverts par
Munoz nous montrent Améric employé comme
commis {Jactor) dans la puissante maison de
commerce du Florentin Juanoto Berardi éta-
bli ' à Séville depuis i486. Comme cette mai-
* Hist, gen. de Indias, Mss. lib. I , cap. i4û.
^ Lettre de Donato NlcoUni y compagnon d'Améric ;
dans Ba5dini , p. XXXVI.
i Nav. t. III , p. 3i5.
46 SECTION DEUXIEMB.
son jouissait de la confiance de la cour et fai-
sait les avances pour rarmement de la seconde
expédition de Colomb , on peut croire que
Vespuce a connu Pamiralpour le moins depuis
cette époque. Il n^est cependant pas probable^
comme le supposent le géographe Sébastien
Munster ^ et Pabbé Canovai , qu^il Tait accom-
pagné dans son premier ou dans son seccmd
voyage. Juanoto Berardî étant décédé en dé*
cemfare 1 49^i pendant que O^lomb était absent
d^Bspagne et&isaitle second voyage, Veqcnict
fat placé à la tête de la comptabilité de cette
maison K Le premier document des archives
* C^m»gr. unii^. p. iio8| et CAifOYAi, p. 96; Ir*
TUG, t. IV) p. iSq. J'oppose deux dates à Fasserdon de
Canovai. Colomb est revenu du premier voyage le
i5 mars i493 ; du second voyage , le 1 1 juin 149^* Or^
la lettre deNicolini, écrite en Espagne le 3o janvier
1493, est signée en même temps par Améiîc Vespuce |
et Munoz a trouvé dans les archives de la Casa de Ccrt»
tratacion un doc^ument d'après lequel le ti'ésorier Pinelo
a payé à jimerigOj à Séville, lOyOoo maravedis le la
iaovier t49â* L^ pièces alléguées prouvent donc
Vaîibi poui' les deux voyages de Colomb.
* Vespuche (dit ime pièce officielle) se énewgd de
BICTION DEUXISm. 4?
espagnoles daos lequel il soit désigné par son
nom y est ^ selon M. Navarrete , du 12 janvier
1496-
Avant d^entrer dans la discussion des quatre
Toyages attribués à Vespuce et coramencés ,
Mlonles^bâfàrenteslettresimprimées^en i497t
i499i ^^^^ eiea i5o3, jem^arrêtepoiH*pré*
«enter quelques réflexions nouvelles sur la fi-
liation étymdogique de ce nom è^Amerigo^
devenu ai c^nre par la bizarre application
géograpbique qui en a été faite en i5o7. La
pi^éfôrenoe ^nnée dans cette aj^oation au
fvénom ou nom de baptême sur le nom de
ftisillef a eu sans doute sa source dans le scm
da dermer peu agréable a Tor^e, sous^ la
fbnne de Vespuceia^ comme dans Fusage si
cmrniwn en Italie et en Espagne de désigner
des personnes marquantes parle prénom seul»
Les livres de conoqf^tes dans les archives de S^
viBe portent souvent : « Doit avmr (Aa deha-^
Aer) jâmerigo. » Ce nom très rare, peut-être
entièrement inusité en Espagne , pouvait même
être pris par le peuple pour un nom de fionille.
Umer la tuemta cou hs maesiros dei/Uiejr suelêêSj €le«
(Nav. t.II,p. 317.)
^8 SECTION DEUXIEME.
Étant très sonore, il offrait Pavantage d^étre
toujours correctement écrit dans lesdocumens.
Je ne trouve qu^une seule fois dans le procès du
fisc contre les héritiers de Colomb, que Hojeda,
sous lequel Vespuce avait fait le voyage de
Paria, en 1499) ^^ nomme Morigo. Muftoz ^ ob-
serve que le plus souvent le voyageur floren-
tin signe AmerrigOn Nous verrons bientôt que
c^^st presque une preuve d^érudition que de
doubler la lettre r. Il était plus aisé aux Espa-
gnols dMtérer Porthographe dunomde&mille
de Vespuce. On rencontre le plus souvent
Amerigo p^espuche'j mais une cédule royale
du. il avril i5o5 porte ^men^ deEspuchey
vecino de la cibdad de SeviUaf la lettre de
naturalisation donnée i3 jours plus tard porte
Vezpuche (Nav, t. III, p. 292); dans les
patentes de Piloio May or ^ on lit Vispuche et
Despuchi (III, 298 et 299). Ck>lomb écrit
dans ses lettres assez correctement Vespuchy.
On voit pai' ces variantes et par cette difficulté
' ProhgOy p. X. On trouve aussi écrit en Italie ,
au lieu d'Amerigo : Damerigho de Rossi (Bandini,
p. XXXIX), tlAmerigo Corsini (Givuo Nc^ai , Isior.
degli Scritt. Fior. p. SSj).
1
SECTION DEUXiSME. 49
de saisir le nom tle famille , que si Tami de
Ck>lo«ib ri^avait pas eu le nom d'Amerigo^
nom Imrmonieux et peu commun àla fois ; que
s'^il avait été baptisé, comme plusieurs de ses
ancêtres ^ , Michel , Romulus ou Biaise (Biagio)
Vespucci, le-satrant cosmographe de St.-Dié ,
Hylacomylus , n^aurait pas pen$é à chercher
dans ces prénoms la dénomination d^une nou-
velle partie du monde. Il en cherchait, di-
sait-il, qui pût figurer dignement à côté
des noms mythiques de TEurope et de TAsie.
Les contemporains de Vespuce ont traduit
Amerigo en latin , non par Amalricus , comme
ils auraient dû le Êdre, mais par Aïbericus.
On en a la preuve dans une édition latine du
Toyage de i5oi imprimée à Paris par Jehan
{Johann?) Lambert^ et par Vltinerarium Por^
tugallensium j cap CXIV, pubUé ^i i5o8. Ce
nom di^Alhericns rappelait beaucoup dliommes
- Voyez la table généalogique des Vespucd à la fin
xle l'ouvrage <le Bandini. Cette table remonte jusqu'au
commencement du 1 4® siècle. J'y trouve que le seul
jj;rand-pèi*e de notre Vespuce a porté le nom d' Ame-
rigo. Il n'est guère surpi-enant que ce nom ait obtenu
plus de faveur dans la ligne descendante.
, IV. 4
50 SECTION DEUXIEME*
célèbres ilu moyeu-âge qui Pont porté, même
la secte des philosophes ^/^ricoi)», nommés
diaprés Albéric de Rheims, élève d^Anselme de
Laon. Il a été adopté dans la ti*aduction alle-
mande que Rucham^ a faite dans la même an-
née du Mondo No^o di Montaboddo (Vicenza ,
iSoj), Telle est la confusion que fait naître la
traduction des noms propres, que de nos jours
encore le savant Meusel s^est plaint de ce que
les voyages de Vespuce ont été primitivement
attribués « à un certain Âlbéricus >> {Bibl.
hisl. t. III , pars I, p. 221), et que Kuchamer
prend naïvement Fillustre maison des Medici
pour une famille de médecins étabhe à Flo-
rence \ Gomara, dans son Histoire de Vinde
(Çaragoza, i55i), réunit le nom itaUen au
nom latin. Le passage dans lequel il est ques-
tion du voyageur florentin est d^autant plus
remarquable, qu^il renferme une allusion à Té-
« Voyet Uniekanihe Landie (Buch. V). • Copia eine»
aendibriefes so Albeiicus Vesputius gesandt hat Lau-
i*encio Pétri ai*t£le zu Florentia.» C'est la lettre qu'on
croit adressée à Lorenzo di Piei'cfi'ancesco de' Medici ,
personnage que le traductnir -désigne comme un cer-
tain Laurent Pierre, médecin dans la ville de Florence.
8BCTI0N I>£UXIE1I£« '5i
^tion de la Géographie de Ptolémée publiée
par Servet en i535. « Il y en a, dit Gomara ,
^qui se plaisent à noircir {tadiar) la réputation
d^Jlmerico ou Alherico Vespucio , comme on
peut leyoir dans quelquesPtolémées'deLyon. )»
Le traducteur français de la célèbre collection
de voyages de Vicence {Manda Nova^ ^507),
Madmrin du Redouer ^ a confondu Eméric * et
AGberico; Le titre derson ouvrage, qui a pin-
ceurs éditions '. dont une est de idi6« porte
^ « Tolomeos de Léon deFrancia. » Gomiea, fol. ^, tu
Les éditions de Servet sont de i535 et i54i • Elles sont,
comme nous le verrons bientôt, aussi contraires à la
^gloiredeVespuce que Tédition de Ptolémée publiée à
Strasbourg ea i5ii était exagérée dans les louanges.
* Parfois le s^mmt Giorg' Antonio Vespuoci désignait
aussi son neveu par le nom d'Ëmenc. On trouve dans
une de ses lettres (probablement de 1476) : « Emericus
hœe scribeRS hoc nùcie apud nos est* y> (Baxpiiii,
p. XXVIIL)
^^Câmvs, Mém. sur les coUections de voyages des
De Bry et de Thévenot^ 180a, p. 346. Comparez aussi
les observations curieuses que M. Biddle a Êdtes sur
un passage de cette ti^aduction ancienne relative à la
première apparition des vagabonds bohémiens en Eu-
rope eu i4i6y et de leur ressemblance avec les indi-
52 SECTION DEUXIÈHB.
Le Nouveau Monde et navigatwnsfaictes par
Eméric de Vespuce. Pierre Martyr d^Anghiera
el Hy lacomylus conservent en latin, Tun dans
ses Décades Océaniques^ Fautre dans les
Quatuor îiavigatwnes , le véritable nom d^A-
merigo, en le traduisant par Americus. On
peut croire que le cosmographe Hylacomylus,
natif de FAllemagne méridionale , ne se dou-
tait pas (comme Ta judicieusement remarqué un
littérateur profondément versé dans Fétude
des langues, M. vo/i der Hagen) qu'yen inven-
tant le nom d'Amérique pom* distinguer le
Nouveau Continent, il lui donnait un nom d^o-
rigine germanique. Je pense qu'ail sera utile
de consigner ici un extrait très concis de Fintë-
ressant mémoire ' que le savant professeur de
Funiversité de Berlin a .publié récemment à
ma prière.
gènes américains amenés par le capitaine Gaspard Ca
/ro^/ (G)i'tereal). Memoir of Sclasdan Cabot ^ i"83i ,
p. 34o-a44*
* Amerika, ein ursprûnglich Deutscher Name (1* Amé-
rique , un nom originairement germanique). Letire de
M, von dcrJïagen à M. Alexandre de Humholdt, dans
le Neuem lahrbuch <icr Berliner GeselUchaft fur deutsche
Sprache. Heft I (i835), p. 1 3-17.
I
8fiCriON BBUXlàlfE. v 53
« Le nom italien Amerigo est d'origine tout
aussi germanique que le sont Federigo et Arrigot
il se trouve dans le haut-allemand ancien, sous la
forme A^Amalrich ou d^Amelrichf ce qui est dans
le gothiqua Am^larfiikSf comme Fritbareiks du
calendrier ecclésiastique des Goths* Les formes
variées données à Amalrich sont (d'après Neug ART^
Cod. dipL Alemann. des années 740 ^ 9^^) '
jimalricf Amalrffif AmUrich^ Amidricfi. Les
incursions. et 1<^ conquêtes des. peuples du Nord,
celles des Goths et d^ Loogol^s^rds. surtout^ out
répandu le nom d'Amalrîc}i^ duquel dérive Amc"
rigOj dans la patrie des langues romanes. Un grand
nombre d^bommes illustres ont porté ce nom. Il
suffît de citer ici Amalricusj roi des Golhs occi-
dentaux, fils d'Alaric , Amalricua, archevêque de
Narbonne, et Almaricusy comte de Montfort, fils
de ce Simon de Montfort qui sévit si cruellement
contre les Albigeois. Les Français de ce temps ont
traduit Amalric par ^maury^ ^ comme ils ont
' Par un second retranchement de letU*es , Amaury
est devenu Maury. Le nom d^Aùnery n*est pas de même
origine. 11 tient à Aimo, Haimo (enfans d*Haimon),
ou, par une double alte'rationy à Helmerich et Helmric/t,
noms dont les documens alémanniques de Neugart of-
frent de nombreux exemples. {Note de M, de Hagen,-)
54 SECTION DEUXIÈME.
substitue Baudouin à Baldewiny Gondebaud i
GMndAaldy ammaux à animais.
« Lorsqu'en italien Yespuoe emplote le double r
en signant Amerrigo^ c'est par asaimilaiion de deux
•onsonnes raj^odiées; c'est Amerrigo pour AjneU
rigOf ou AmelncQ {nwsi d'un ëréque de Came en
865). Ainsi on dit en italien vorrei pour vcluerim^
Corrode et Arrigo'jpwn les noms allemands Konrad
et Heinrich. Il y a plus : dans la chronique italienne
de Pise qui finit en i4o6 {Tarlmi^ Script. liaL t.I,
p. 4^4)9 1^ ^ Amalrich (Âmaury) de Jérusalem ,
frère de Baldewin (Baudoin), au secours duquel
étaient venus lesPisansen 11699 signait lui-même
AnierigOy exactement comme fit Vespuce le Flo-
rentin.
« n ne faut pas confondre AKericus et Emericua
avec Amalricua ou Amerigo^ quoique Vespuce,
ou pour le moins une grande partie de ses contem-
porains aient employé comme synonyme d'Amerigo
le premier de ces noms. Ils ont même cm par er-
reur que ^mer^^ était une transformation ita-~
henné du mot Albericus y nom qui leur rappe-
lait AlbOf Albanua, Albius, et paraissait pour cela
d'une latinité moins contestable. M. de Humboldt
•a déjà fait observer ailleurs que Christophe Cb-
l0mbo y après avoir espagnolisé son nom italien en^
1
SECriOIf DEUXIEME. 55
Golùn^ se plaîsaU à le rendre en latin par Colonua,
ce quiy selon la biographie écrite par le fils, ëtait le
nom dû procnraAeur du Pont par lequel Mitliri-
clate fot coudait à Rome* D'ailleurs ^mairie n'est
pas plus nu nom de saint qae Âlbéric* Ce dernier
se présente dans le dialecte aUemannîque, d'après
l'alile recueil de Nengart, sons les formes diverses
iVjilbaric, AUdrih et Alberich, italianisé en Al^
berigo. Cest dans la sphère poétique le nain
^/AerïcA deTépopée des Niebelungâriy c'est YEt^
herich du Helderibueh. En français, Albcric est
identique avec Aubeiy, d'où Avberofij dans le
Huon de Barde€iux^fX\Q PeUlAuber que Isaye
le Triste appelle fils de Jules César et de la fée Glo-
riandr. D'ailleurs Albericus est d'origine germani-
que, tout comme Amalricua : on y trouTe la ra-
cine A^ > {àB})^ montagne et rivière. Mberich
signifie qui est riclie (reieh) en Albert, Alpes*
C'est Tcxpression du pouvoir, .de la seigneurie ter-
ritoriale, des ricos lionibres.
« Emericua, également confondu par erreur avec
Amerigo (par exemple dans la traduction française
' GsAFF, AlthochdeuéscherSpraehschtaz^ t. I, p. 242 :
Alba^ Elbe, etf, rivière ; puis dans un sens mythique,
les Etfefty esprits de la terre, de Teau et de Tair, ti*!»
pygmées Erdei Wasstr-Elfen, Licht-J/fen, etc.
56 SECTIOIf DEUXIEHE.
du MondoNoiK) par Mathurin du Redouer, i5i6)^
est un nom de saint* Il tient i Empenric (dan9
les dialectes scandmates^ lormunrelr) , (Ai| en j
ajoutant l'aspiration ^i Hermanrich ^> tandia que
AmaJrich dont Amerigo est Takëration moderne
italienne, nous conduit historiquement vers la ce*
lèbre dynastie ostrogothique àesjinuda^ qui donna
au peuple entier des Goths le nom XAmelungen^
Tai déjà signalé plu» haut les wiaUons d'Araal-
rich qui sont» Am^y Am-il et Am-id-rich. La
racine om, très répandue dans l'islandais et dan9
toute la Scandinayie, se retrouve dans ama^ acca*
hier, amiy peine, charge, amblj labeur, travail qui
fatigme 3.. La racine sanscrite o/ri réunit les sîgnifi-^
' Hermanriehf aussi petite Armin (Hèrmtn, Irmin),
trouvent leur explication dans Hermcum [Heer-Mann) ;
la véritable racine est' ar-m ou ir^m^ la terre qui se
trouve dans airtha, êrtha, hertha, jord (Erde, Ipa ,
terra.^ La ville d^Emmerich , dans le duché de Clèves ,
n'est pas américaine : car elle n'a pas de filiation, avec
Amerigo. Déjà dans le septième siède, elle portait le
nom ^Enibrica, qui rappelle le nom héroïque d'J/n-
breck^ neveu du roi puissant Ermenrich (Jârmunrikr) ,
célébré dans le poème Reineke Voss,
(Note de M. de Hagen,)
• Une autre étymologte très ingénieuse diAmala (de»
a et ma/, sans tache) a été donnée par M. de Schleget
fiBGTION DEUXIÈME. 5/
cations ire, colerej œgroUun esse^ sonian eàere. Il-
eo rÀulte que jùncdo, Amalung et Amalrioh'
indiqneût celm qui endure des labeurs j exprcs^on
cpiy par une réunion de circoDsIances fortoiles,
^Caractérise bien le navigatew: auquel on a youlu
attribuer la découverte d'un Nouveau -.Continent. »
Comme dans les éclaircissemens qui précè-
dent, il est question d'aune racine, sanscrite ^
je n'^aurai pas besoin d^excuse si j^appuie ce
raisonnement étymologique de la grande au-
torité de M. Bopp, le célèbre auteur de la
Grammaire comparative, a Dans le nom dijâl-
mairichf dit-il, la. seconde partie se réduit
avec assez de certitude à Fancienne langue de
rinde* La forme gothique est reikjis^ qu'on
écrit aussi reikisj et qui signifie riche ^ puissant.
L'idée de la richesse est liée à celle du pou-
voir; car reiks est le dénominateur, le chef.
Ulfîlàs remploie en traduisant ap^yy^. Aussi imr-
perium [otpy^) est le substantif de reikîy das
Itewh de Fallemand d'aujourd'hui. Ce mot
dans la Bihliothèqut indienne ^ t. I^ p. ^33. M. de Hà-
gen oppose l'absence d'un a privatif dans le gothique,
et d'autres raisons que je dois supprimer ici.
58 SSCTIOR DEUXIEKE.
nous porte sur le sol indien, ear scm théne^
c^est-4-dire le mol, eti îakaatkt abstracticm de la
désinence des oas, est reikja^ dont le datif
pluriel est reikjOrm, entièrement andbgue^par
une mutation des lettres usitée dians le sans-
crit et le gothique , à rddschja, jMt^prement
rdgjra (en prononçant le ^comme en italien
devant ^ et i*). Quant à la prenri^e partie du
nom d^Amaîrwhy dont dérive Amerigo^ j^ai-
merais presque ne pas dépasser le dcMmaine des
langues germaniques pom" remonter vers le
sanscrit. La racine am ne me pM^t indiquée
par les grammairiens in£ens que pour y ré-
duire systématiquement des substantifs d'un
usage assez rare ; amata^ m^die, souffrance ;
amatif temps; amanij chemin, n Le nom de
TAmérique ayant pénétré chez tous les peu-
ples civilisés de la terre, il n^est pas sans im-
portance de suivre , pour ainsi dire , jusquW
dernier terme , dans les divers embranche-
mens de la grande Ênnille des langues indo-
ffemumiques ( à laquelle appartiennent aussi le
persan, le grec et le latin), la filiation du pré-
nom de Vespuce. Il n'y a que les habitans du
Céleste Empire qui ne paraissent pas avoii-,
dans leur langue, un nom général pour dési-
il
SECnON 1>EUXISMB. 5»
gner le Nouveau Contment. La ComipgrmfAie
chinoise^ dont nous devons la publication à
M. Klaproth, ne désigne FAmérique , dans son
style figuré^ que conmie « &ce postérieure de
la terre» t» Cependant au|oardlioi les Poils
rt>i^«#*,^aprtettToircotoyécepajs,aiTi¥ent en
foule à Canton, et les dftrfés efainoises semblent
Touknr abréger à ees &zr&ire^lanaTigMioiide
rinde en lew montrant IHstfame de Panama
percé sar àeoJL points par des détroits oeé&Qi-
ques*
Noos BTons rappelé pltB haut que les docu*
nra:is conservés dans les arcinves dTBspagne,
sans faire mention des deux premiers voyages
d^Amérique Vespuce en i497 ^^ ^499^ offrent
souvent son nom, mais altàré de £verses ma-
nières, d'abord de Tannée 1496 à celle de
i499, ^^ P^^ ^^ ^^^^ ^ i5i2. Pendant Tinter-
valle des cinq années qui ont précédé celle de
' HaïKouëwen Kian hu, dans la Notice (tune map-
monde chinoise, i833.
* La Êonille nombreuse et commerçante de ces Bar-
»
hares du nord-ouest ou Poib rouges {Houng^mao)
comprend outre les Hollandais ^ les habitans de TAn-
gleterre (lag^ki-ff)^ de la France (Fau-lang-si), de la
Suéde, du Danemarck et de la Russie , c'est-à-dire du
^ays des lo szu (L. c. p. 35, 37, 49 et 80).
60 SECTION DEUXliN'E.
i5o5, Ve^ucea été soit à lidionne, soît em-
barqué sur des vaisseaux portugais. Il est
cependant fort étrange que malgré les re-
chttTcfaes les plus suivies Êdtes par M. le vi-
comte de Santarem \ alors Jlx^hmsta mat or
du royaume de Portugal, et depuis ministi^e
des affaires étrangères', on n^ait pas découvert
une seule fois le nom de Vespuce dans les do-
cumens portugais de la Jbrre do Tombo.
Cette omission est d^autant plus remarquable
que le roi Emanuel, par les ordres duquel
Vespuce assure avoir fidt les deux expéditions
de i5oi et i5o3, donnait un soin très parti-
•
^' Voyez là savante dissertation de M. de Santarem j
uiaérée dans le troisième volume de Touvrage de Na-
varrete (^Documentas u? XV). Jç possède des additions
manuscrites à cette dissertation que Tauteur a bien
voulu me communiquer pendant mon séjour à Paris en
i835, et dont j'ai profité dans cette Deuxième Section.
Cette absence de tout document portugais qui. fesse
mention de Vespuce, contraste singulièrement avec
Tasserdon febuleuse de Giulio Negri « sur la re-
connaissance du roi de Portugal qui fit suspendre en
perpétua memoria del nostro Amerigo nella Catedrale
Basilica di Lisbona, corne immortale tro/eo , gli avanzi
ghriosi délia conquistatrice sua nave. • (^ Istoria degli
scritt. Fior. p. 3i.)
8BCTI0N • DEUXI£M£ . 6.1
culier à tout ce qui pouTait contribuer à con-
server la mémoire des événemens de ton
règne. « Comment expliquer, » dit le vicomte
de Santarem dans sa lettre datée du 25 juillet
â826, « que ce roi, qui se rendait souvent en
personne aux archives du royaume pour y
Êûre enregistrer des docomens tirés de la In-
bliothèque du roi Alphonse V, aurait oublié
Ae recueillir les livres et journaux^ de rouie
que Vespuce prétend lui avoir remis ? Conf-
inent concevoir que le célèbre archiviste Da*
-mian de Goes % qui s^occupait tant de rela-
' Dané la lettre de Vespuce qui ti*aite du troisiémp
•¥oya^ (de mai i5oi à septembre i5oa) et que Bandinî
croit adressée à Lorenzo de Pierfrancesco de Mediciy il
est dit vers la fin : « V. S. mi perdonerà, se io non le ho
mandati 1 memoriali fatti di giorno in giorno di questa
ultima navigazione^ siccome io aveva promesso; n* è
«lato ca|ç^one il sercnissimo Re (di Portogallo )« che atk'
cora iiene appresso di sua Maestà i miel llbretti. » Bait-
DUfl, p. 120.
* La collection complète àes opuscules du Portugais
Damian de Goes y Tami de Bembo^ se trouve à la suite
de Tédition des Décades de Pierre Martyr publiée à Co-
logne en 1674 9 p* 449-6^^* L«8 lamentaiiont sur Tétat
desLàfons (^Dcploratio Lappiana geniis) et la défense
des auberges de lEspagne contre le géographe Sébas-
6^ 5BCTIQN DEUXIÈME.
tioDS de TDjages et de découT^rtes maritiiiiesY
^[ui en cosumuniquait sans cesse à Ramusio et
ifm avait Toyagé lui-méflie par taute Fltalie ,
n^eut pas eu connaissance d^expédidons fiâtes
k une époque dont il n^était séparé que par un
intenralie de quarante-cinq ans ? n Ces oi^gec-
tàxms sont sans doute d\ui grand poids; mais
des preuves négatives^ le manque de docu-
Btens dans des matières qui d^abord n'^ont pas
paru d^une importance majeure , ne permet-
tent pas de trancher définitivement la question
de savoir si Vespuce a navigué sur des bâ-
dmens portugais. Il avoue lui-même^ dans la
relation emphatique de son troisième voyage,
que le roi Emanuel, « très r^oui de son ar-
rivée , lui Êdsait de vives instances pour partir
avec un convoi ' de trois navires destinés à la
tien MUnster (p. 5sa et 647) ^ sont jointes au Traité
curieux De jEtkiopum moribus^ et aux lettres de Da-
y\ày roi d^Abyssinie, à Emanuel 9 roi de Portugal , tra-
duites par Téréque deNocéra, Paolo Gl0iTi(Paul Jove).
' On lit dans Ramusio (t. I , p. is8) et dans Ban-
dini (p. 47) - « U lEle mi pregà que fossi in compagnia
di ti*e sue navi ; » dans Fédition d'Hylacomylus : « Ut
«ina cum tribus ejus conservantiae navibus proficisci
vellem , • ce que M. Navarrete rend par « que fuera en
t
SECTIOH OEUXIBIIB. 63
.JécouTer te de nouv^es terres« » Il nVtaitdonc
pas, dès le cosimwceineQt du voyage, le chef
de rexpéditicm , mais sâmplenieQt un homme
dont les connaisfwuces nautiques pouvment
devenir utiles , connaifisances qui , comme
nous le verrons plus tard, Voat fiât aj^récier
inconlestablement ^i Espagne dès Tannée
i5o5« Je puis d^aiUeurs prouver par un pas-
sage de Pierre Martyr, lié intimement avec le
neveu d'^Amâic , que Poncle était protégé et
^oldé par le gouvernement portugais* jimeri-
eus F^espucius FlorenUnus auspicus el stipen-
dia Portugalensium ultra lineam œquinoo-
iialem adnai^igwii. La deuxième décade',
qui renferme ce passage remarquable , a été
rédigée * deux ans après la mort d^Amérîc, au
mois de décembre i5i4« Une autre {«reuve
plus importante encore se trouve dans les té-
un ooDvoj.» Ces expressions n^iadiquent pas le corn-
mandement d'un navire* Ce n'est que lorsqu'on se
trouva en grand danger et qu'après avoir tenu conseU
« che fil deliberato che si seguisse quella navigaziooe,
che mi paresse bené ^ e tuUo fu rimesso in me il mand9
della flotta. » (Bandini, p. 53. )
' Dec. II, Ub. 10 9 p. 199.
a Voyez la fin du deuxième livre, p, 204.
64 SECTION DEUXIEME.
mcngnages officiels de Sébastien Cabot, de
Jean Vespuce, neveu d^Améric, et d'autres
pilotes célèbres , relatifs à la yéritable position
de la Ugne de démarcaiiwi ; témoignages que
MuAos a trouvés dans les archives de la Casa
de CorUratadon de Séville. Nuâo Garcia
«xpose (en i5i5) que « quant à l'incertitude
qu'on a sur la latitude du Cap St.-Augustin ,
Amerigo lui a dit plusieurs fois qu'on pouvait
placer ce cap par les 8"*, tel qu'il avait coutume
de le Êdre sur les cartes qu'il traçait dans sa
maison ; que lui , Garcia , suivait ce conseil , et
que si Andzés de Morales doute de cette posi-
tion et qu'il objecte que Amerigo allait alors
décowrirpour lé roi de Portugal [fue a des-
cubrir por el Rejr de Portugal)^ on ne peut
admettr^qu'Amerigo ait agi par malice, puisque
déjà il était en Castille '• » D'ailleurs, par un
concoiu*s de circonstances difficiles à expli-
quer, bien d'autres événemens qui par leur
nouveauté avaient également jeté un vif éclat
dans l'Europe entière, n'ont pas laissé de traces
dans les archives. Il n'existe , par exemple, à
Barcelone*, aucun document qui fesse men-
• Nàv. t. III, p. 3ao.
f L. c. p. 3i5.
8BCnON DEUXIBMB. 65
tkm m de Tentrée triom(4iale de Christophe
Colomb dans cette ville ( entrée dans laquelle
il était accompagné, comme dit Herrera, « de
sept Indiens et de beaucoup de perroquets >» ),
ni de la réception solennelle que lui firent les
Monarques CathdliqueB verg la nûraYril 1493,
dans une salle magnifiqumnentofnée. Cep^i-
dant Oiiedo parle de cette entrée et de cette
réception comme témoin oculaire, étant alors^
à rage de quinze ans , page de Hn&nt don
Juan. U rapporte que le roi Ferdinand était
encore tamt pklt et défiguré de la blessure au
cfA ^piehnaTaitportée, quatre mois plus tôt, im
assassin plus imbécile que fimatique*. L^ab-
* nem tSartjTf qui aooompagnait les monaïques à
BtTceloiie, prouve clairement que cette tentative n'était
pas Teffel de la vengeance des Maures et des jui6 , si
cruellement traités alors; il ne regarde l'assassinat du
roi que comme un fait isolé | sans conspiration ^ sans
complices. U écrit au comte de Tendilla ( Episi. CXXV^
p. 69, de vulnere Régis nostriy. « Ferdinandum plénum
triumphisy homo inglorius ^ ignotus, egens^ solo duc-
tus furore, Regem quem nunquam vUicrai^ impetîit. Is
natus ruri à Barchinona mlllia passuum novem , no-
mine Cagnamarcs y ubi adventasse Regem sensit y clam
se contullt in urbcm Bardiinonam. Intra divîe Mari»
sacellum 1 in Regiae veterls vestibido , ad dextram in-
rv- 5
66 sfioriON DEuxiiiffi.
s^ice des documens' dans les forchivM ne
troeuntibus erecto^ exiturum Regem, qui jura ibidi-
cebat, deambulans expectat. Efficitur obvius exeunti,
transii^e Regem aKquantisper sinit descendentem a pii ■■
mo inai*more» scalse gradu ad secundom , ex alto, vi-
hiato dicto citius ense, a tergo percutit m €<dluiii.
Aureus lorquia, perpetuum Regîs gestamaii ^ necaput
amputaretureo ictUy tutatus est, ktumque sustmuit«
Lethale tamen vubius intulit, nec bene fidunt mediciy
evasurusne sit Rex, nec ne. » Le danger mortel dura
onze jours ; le douzième, le roi se montra au peuple « ex
atrîi fenestra. » AngMera est allé voir l'assassin Cagna-
nuare$ (Canamares) , et il décrit cette entrevue d'une
mamère trèd piquante : « Percustor tribus iUioo vulne-
xibaa Qon£)68ua y imperio Regia y ut quo consilio egerity
intelligi possit, servatur. Capitur, invinculaconjicitui*,
per lictores praetoresque cogitur causam fateri. Nihil
praeter furorem ediscunt afluisse. Vidi ego hominem in
vinculis atque allocutus siun. Sexagenario senior visus
est, cano capite, acuto productoque mento, statui*a
gracili et alta, oculis porcinis, nigris, tenuibus, obduc-
tis , genis effossis (après six mois de prison) , sermone
rarissimo, Satumo plénum esse aperte cognoscitur. Se
fore Regem ^jactat , si Regem peremisset : ut facti pœni-
teret, extorquerî ab eo nunquam potuit. Ignosci ejecto
illi Rex imperavit ; sed patria id jura minime sunt pas-
sa... Exstructa igitur ex more quadriga, per vicos et
compita , frustatim ( strangulatus tamen prius , ne de-
speraret') duc tus , secatur. » (Epist. CXXXI , p. 73.)
' Parmi les omissions de choses existantes , je citerai
SECTION Deuxième. 67
prouTe pas que Colomb nWt pas été à Jkro^
loue après être revenu à Palos, le i5 mare
Comiâe les détails des quatre to jageft d^A«
méric Vespuce, i l^BXcq)tk)ii d\in seol^ mkai
qu^il fit àTCc Hojedâ (en i499)i n^^oiit con^
nus que diaprés ses prqprtBS récits et non dW
près le témoignage spécid de ses cont^npo^
rains, la paiMie bibliographique ou littéraire
des publications et les voies par lesqu^es nous
les avons reçues , sont tout ausiî ikoportantes
comme un exemple frappant Tusage dii thé en Chine et
la grande mwraine dont les Yoyâges de Marco Polo ne
fetttpasAdiitioa.Lathé, 7V&aÂ(dV>ùlenomdeTeiMifa^
Cadiai) étett oepeachiBt d^àe<Muia> auneuvîtott aidcle»
des yQja^urs arabes dont Renaudot a donné des ex*
traits kicomplets. La direction de la route de Marco
Polo et Tétat ddlabré de la muraille dans la province de
Cliensi (Polo, éd. de Marsden,p. 23o-a34, n**446)
sont des circonstances qui n'expliquent p* ^iffisam-
ment poarqttoi h voyageur qui a été pendant trois atié
ince-gouverneur du Yan^^-cheti-^fu et qui parle de tant
de choses quli n*a pas vues^ n'ait pas Sût nUention d'uaa
construction si gigantesque. Il me paraît plus simple
d'admettre qull a oubUé dans sa prison, à Gènes, de dic-
ter à Rustighello ce qull satait sur l'usage du Tchah
et sur la gitinde muraille.
68 8BGTI0N DBUXlàlCE.
que Pexamen de leur yraisemblance historique.
Il &ut se rappder d^abord Fétat des ccnnnah-
nications de ces temps. Dans Fépoque mémo-
raUe depuis la première expédition de Colomb
jus^^à la mort de Vespuce , les nouTelles des
grandes découTwtes maritimes furent consi-
gnées primitiTement soit dans la correspon-
dance des maisons de banque de Venise, de
Gènes et de Pise, soit dans les dépèches des
diplomates italiens accrédités auprès des cours
de Portugal et d'Espagne; plus tard eUes pa-
rurent dans des lettres imprimées ou livrets
composés dW petit nombre de pages, et dont
la connaissance n'aiurait pu parvenir jusqu'à
nous, si oes petits écrits n'avaient pas été ré-
pétés dans des r^cu^i^ plus volumineux. Quelr-
que éclatant que fiit Fefiet que produisirent les
premières navigations de Christophe Colomb
vers l'ouest , les terres des Nouvelles Indes
occidentales intéressaient plus encore les
savans cosmographes et les philosophes amis
de Pomponius Laetus que les républiques com-
merçantes de l'Italie. Ces petits états , engagés
dans les affaires de l'Egypte et de la Perse ,
avaient les yeux fixés sur un danger beaucoup
plus imminent , celui des progrès que fidsaient
SBCnoN DEVXlilfB. 69
les P(»tugais sur les cotes d^Afirique. Cest
surtout depuis le Toyage de Yasco de Gama
que les correspondances que je vi^is de signa*
1er furent le f^us actîres. Je citerai parmi les
personnes ardenunent occupées à épier les ré-
sultats des nouvdOies expéditions : Lor^izo
Gretico, jadis professeur à Padoue et enroyé
par la Signoria de Venise poiur séjomner à
Tâflhonne; Piero PasquaUgo , andiassadeur de
la république auprès du roi Emanuel; Vî-
cenzo Quirini, qui voyageait en Belgique, en
Angleterre et en Espagne pour connaître Fê-
tât des découverte maritimes, et qiii,n^tf ans
a^H^ le voyage autour du cap de B(Huie-£s-
pérance, émit encore dans ses Relaziomle fol
eq>oir que le commerce des épiceries de Cali-
eut reviendrait peu à peu sur la route du Golfe
Persique et de la Mer Rouge à Alexandrie ^
Angelo Trivi^ano, secrétaire de Dominique
Pisani , ambassadeur de Venise en Espagne ,
nuisant xm peu indiscrètement, à ce ou^il pa-
ndt, dans le manuscrit de la première Décade
océanique de Pierre Martyr d^Anghiera ; enfin
Girolamo Priuli, chef d^une puissante mai-
son de banque à Valise et à Alexandrie, qui a
composé douze volumes de Dîarj\ dans les-
70 syMTiOït aEi^xiJiifs;
quels UnaiaiCjpiu* par jour I de iiQêk i5i9^'
Umt ee que la oorre^pcmdanod la plus étwdua
{iQUVait lui apprendre Mr la «érîe dea déCou-*
vertes 9 le prix variable des mai^ckqadiaes et
lea objets les [dus importana de réconomiepcK
litiqtie \ Des oopies de tant de letu^ et de
iseuvelles de bout«e cireulaaent, plus oumoias
altérées^ dans les différais ports de la Médif
terranée* Mua les cartes des découvertes géo-f
^apUques étaient rares (le gouvemeaient
portugais ' ayant défendu sous peine de mort
Texportation de toute carte marine qui iuf*
dîquerait la route de Caliout), plus on était
avide de s^en procurer* Nous possédons en««
' roscè^nniydcllaLitteratura Venezianay 1. 1, p. 179,
4^3, \i^ y 4^7> 429. La discussion sur les moyens em-
ployés par les répuhtiques italiennes et le sultan d'E-
gypte poar retenir le coiiiin«roe ^os épioeries do Tlnde
dans raacieqne»rQi|tâ <)u Levant» oomme sur la lonieur
avec laquelle la' nôuvalla voie ga(;ua puv Tancie^nQ
(p. 44i''444) j est du plus haut intérêt.
•D'aprto lei lettres cJ'^geloTrivjgianoc|e i$p3* Au9§i
dans le journal d^Odoardo ()i Barbosa , qui avait suivi
Magellan , le gouvernement fit raturer tout ce qui avait
rapport aux Moluques et au commerce des éplces. (Ra-
Bivsio, t. I,p. s87j4*)
ms^^ lii^ leUi« â'i;^^ TnTifpwûon date di
^1 ûoÇ^ Aâoi I dans lacpielle il sèTanta k d'être
d^v^mila^/Wftfi^a/itideCoIoiiib, cpnest sang
«pgpiCet 4am «redit, mais qui hii £dt frire par
(iw pîlqÉ9« df^FiJo8 a con^Muo fronde j um
«Mgni^iB ouste tiotir Domiiiico Mali^^ero ,
TAtntQwt 1m MeipWikp terres des Indes, autant
91 W en A TU juscpi^îd. » Tels ont été Fétat et
U ^oîe dee cnBiiniimoati0ns Httéraires relatif
yen aux éféBQOMps les plus graves dans IW
pace de quîase ou vingt ans antérieurs à la
moBi de Vespuee. C^étaient des lettres ou dé
petiies uqêm manuscrites, ra{HdCTient multi-
ple par d^ oopies, qudquefois imprimées *^
'Moa£txiy Lettera rarissima di Christoph. Colombo^
p. 44.
■ Le goût de ces petits écrits éti^it tellement répandu
dalis les preimères années du seizième siècle , que les
tralltfideeoBaiogr&pkîeet d'astoonomic n'avaient sou-
vent que 10 ou tfiinîVeti. Tèb scmt^ par exemple,
Çhbus Mumlii iUchratiê sm d^cr^o mmtdi mpud
Joann. Ùrmiger, Argeni. iSog} Sacratissîma Astrona^
miœ Ptoîeméi Liber dwersarum rerum, Venet. apud
Pelrum Liechtenstein Coiom 1609 (de l'Astrologie sous
le feux nom de Ptolémee) ; la Tabia nayigatoria de
Gbristophe Colomb, etc. , etc.
y% ocnon nwnmhmé
le plus Muvent sans indicatkm ék h soorcd
d^oii dles étidmt tirées. Rien n^anncMiCi^ si
les auteurs de ces lettres ou de ces descripticms
de voyages avaient écrit dans le dessem
de se voir inqmmés, ou s% avaient trouvé
exact ce qu^on fiôsait circider sous leur nam^
U est à présumer que des liomnes eni^igé^
dans Pexécution de grandes entreprise ae s#
soudaient pas beaucoup de ce genre de piiMî^
cations : ils dataient mteie ignorer ce que Pbn
fiiisait paraître dans des pays vijpsîns. On M|
voyagent pcrint alors pour décrire ses voya^
ges y et une certaine vanité d^àudition que iW
ol>sa:^e dans les litres de Veqpuce .^ qui
contraste singulièrement avec la noble simn
plicité de Christophe Q>lomb ^ donne presque
au premier une teinte et un caractère de style
moderne.
De même que les relations du premier et
du quatrième voyage de Coksob^ les seules
qui aient été imprimées peadant sa vie, ne
£3nnaient que des publications ^ de peu de
pages , de même aussi quelques^ms.des voya--
^Tellessontla lettre au trésorier Sanchez du liinsrt
1493, que CozGO a traduite en latia 80U8 le titre De
mcnm nwxiha. 73
i
^ ges de VesfHice nkmi d^abord paru ipia sépst^
réaMnl par pietits cdners. Pour aipftédw
I mioQX le degréd^itéi^t altadié a des expédi*
-ùoms cpiW a coutuoie de déôgner par Pc»^
. dbre dans bqml ellee ont eu Heu y je rappelle^
3» brièveniait que la /iremâiv (1497)^^ 1<^
pltts imporUoite ^ la plus contesiée comÉOè
antérinire mi voyage dé Ck>loiid> à la Teire
Famé; qpiekjvamiifo (1499) est iiicontesta*
h l cnicat le Tojage fiât sous les ordres du ca"*-
pitame Finzon; que la tromhne (iSoi)
était dirigée vers la côte du Brésil ^ de^
pnoa le cap SUrAugustin pisqu^à une latitude
wrfriilîrmnlfi qui eM énduée de âd^; que k
f«a4râiii^(i5o3)fiit signalée -par un naufirage
ImêÊtUi Jàdhg sapra Gimgem j et la lettre aux monar-
qqw CipagDoU datéede la JamaSque le 4 Juillet i5o3y
et oonnue eo Italie sooa le ncmi de Lettera rarùsima*
Vojes tome 11^ p. 33o. Il exbte de la lettre au tr^o-
xier Sanckee ime traduotioii allemaDde eUrèmemêpt
nreporlMU le titre de « Livre pbisant à lire • : Ejrm
âekÊmJMich tgsêm 90h edkk^n ùuseindie do ih kun^m
Pfimifiuidtn synd iurch den Kûnig ma Hisftmlmy^wiâ
mgi iwi grof^em ww%derluhen Dingên dm in d€m$€lktn
synd. Geiruki sa Strasbwgvon meisler Barilomess KSÛs^
&r, MCCCCXCVIL
94 9W»mf QEvxiteei
^ lemêW êmcBl^ pr^ de VQe Fenuaidf
j^C^Pt^ y naufrigQ qui «i^ipéclm lea auttiM aa*
vires de çontimieyr k route autour du cap èm
BMH^nËqiérajQCe à Mêkha (Blalacea)) etlcft
^ attérv ^ la baie de Tous les SoiiUs ^ an Bré^
filU Léa deux premiers voyages dans lesquds
fM reconnut le cap Paria itaîeut 6îto ^ selte
Tassertèon de Vetpuce^ par ordra du ret d^Ea^
pagne \ les deux luitres par ordre du rai ^
Portugal* Lé troisième voyage a été imprinfeé
|e plus^ souvent et a paru \d premier* On en 4
une édition latine dans un eaUer de wl feoil-^
letef de Timpiîmiari^ de Johann Lamberf
étaUip s( Paris» Elle est sans indication dW*
née ; mais le troisiènie voyage nH^ssit éci
terminé qu'en septembre i5o2, on ne peut
admettre quelHuJ^res^om de ce cabier aoît
de i5oi. Le Mumhu N»u$ imprimé en wç
SiHîothêcick histêr, 1. 1 , Para I , p. aê5 ^ na oonaatt pas
aelte édîtion de Lambert, mais bien le Mundus Nmmê'
apud Magittr* Joh. Oumar (Aug. Vind. i5o4)} Aie
9XA6\ijiiàr Jmèfw y Augshurgs Backdntkksrgeschickt» imm
i46S bù i6oQyt.Ujp. iSj etparPiiOBa, Annaks i)r^
poffraphici, t. VI, p. i33.
iBqpr^oaÂoo 4^ Qiémfi troUième voyage conwp
k lÎYi^ intitula* ^iwrkm F^4jmtim 4§ OM
(t III1.P1J187) ptrie d'une tmdtictiQa allomâivilo d9
De tit>Uiènie vojagf mprimée eu i$o6 à Leipaiigpiar W
t€u:heU«rMarUH Lfu^Mf^gk (d'aprèf rUi^^DeiMkit O^
Uihen er/und^n 4^pd dwck d$n kvmgh von Porê^guk
Leîpûk, i$o6). La note que cette tniduodon offi-e à la
fin qoauneDce par Iqq mots ; ft Çpue lettre ^ tradttiW d»
i'it^iiea eo iatm » Teat aujourd'hui en aUemand par u#
Itams^Qfipu aait bien le latin et TaUentand 9 fit qui Mil
aussi que beanooup de choses meryeUlèwseft sg trouwwrt
clenosjourft.» ËUe we aemble p s Buwtt ' que la letta
dont il s'agit y imprinéeparllar/i/t XoadSMitF)^^ caC
identique avec la jtraduction allemande que Ruchamer k
insérée dans sa collection des Unbekmmihê kuutu, iéo8L
GuBparea I0 ohap. CXXIV, dans lequel cependant U cet
dît que la traduction a été faite de \ espagnol en iiaiimtëL
de ritalien en allemand. Je ne serais p$s entr^ dftns C0
détail bl MiograpItiquft si la oiraonstanoe d^un «^ tei^t^
ûriginaifement espagnol « {^hyspanxàr sprache) n# mê^
litait pas quelque attention dans un voyage ftit 9ur dos
vaisseaux portugais. D'un autre coté ^Vlunerttrium Pcft-
tugallense y x 5o8 9 calqué comme Ruchamer sur la C^/-
^6 OBCTION DEUXIÈME.
ùfùàn^ica per Regêm PoriugaUiœ pridem
inçenia^ Argentinœ per Mathùmi Hûpfuffj
i5o5, en est une troisième. Nous ignorons si
les relations des deux expéditions fiâtes aux
Uction de Vicence^ porte , pag. 76 : «fidus interpres
opus e Lusitano italicum fêcit. » D'après Tingénieuse
observation d'un voyageur qui a Mt d'excellentes études
de la bibliographie espagnole du i6* sîède, toutes ces
laraductions italiennes et allemandes ne sont pas ftites
directement sur des textes espagnok et portugais y mais
sur de plus anciennes traductions latines. M. Roulin
observe <{ue les traducteurs se sont vantés de posséder
oe qu'ils n'ont pas eu. La traduction italioine porte
tpQKïT ttoUiême if&fcige, terzo di. Or un traducteur ita-
lien y en travaillant sur des textes espagnols ou portu-
gais y aurait trftduityoruai^a (mot appartenant à la fins
à Feqpagnol et au pcurtugais ) par giomata. C'est l'igno-
rant traducteur latin qui aura rendu yor/io^ par dies*
Ultmgrarium Portugallensium a (cap. CXXII) « ctir
liber dictus sit dies tertius. « Ruchamer, dans les {/n-
è&%kaiake landtey a « drytte toge, » Je trouve même dans
l'édition d'Hylacomylus que M< Navarrete a râmpiimée
{t. III y p. a3i) fuo/iior diœtasj pour quatre voyages
{jomadas). Cette édition fiât aussi du mot bahia(baie)
une abbaye, abbaiia. On&itdire à Vespuce (Nav. t. III,
.p. ^7, et G&TN. éd. Bas. iSSa, p. i83): Omnium
Sanctorum Abbatia , Bahia de todos los Santos du Bré-
sil. Je i^eviendi'ai plus tard sur cette abbajc.
SBCnON DEUXI«i£« 77
I feais de l^E^agne.ont paru séparément. Il
n^existe de rdations doubles et .assez dîâS^
rentes en longueur et en forme que des se-
conde et troisième expéditions, non de la pre-
mière. 11 est même probable que celle-ci n^a pas
été imprimée avant la publication des quatre
Toyages réunis.
Les petits écrits de Vespuce n^auraient eu
qu^une existence éphémère et un très petit
nombre de lecteurs, si bientôt ils niaient été
réimprimés et complétés dans des Collections
de voyages modernes^ dont Theureuse idée
appartient à ces villes de Lombardie, dans les*
quelles la découverte de Fimprimerie et son
importati(»i par des ouvriers allemands, avaient
produit un prodigieux mouvement littéraire.
Il &ut distinguer quatre de ces collections ,
dont Influence dans les dix premières années
du seizième siècle a été si grande sur les pro-
ffhs de la géographie maritime. Uouvrage de
ce genre le plus ancien et le plus rare est le
UbreUo de tutta le ruwigazione de Re de
Spagna de le Isole e terreni novamerUe
trovati , stampato in Venezia 1 5o4 ^-4")
dd Aïberiino VerceUese di Lisona. Il a
été vu par Foscarini, Zurla et Tabbé Mo-
^8 SEGTIOi«î DEUXIÈME,
relli*. Ecrit en dialecte Ténitien^ il ne ren-
ferme que les trois premiers voyages de Co-
lomb, ceux de Piétro Alonzo // Negro et
de ViceriTdanes (Vicente Yaftez) Pinson^ Le
seia:^taire de Tambassade vénitienne en Es-
pagne, Angelo Trivigiano, que nous avons
déjà signalé comme Thomme qui montrait
le plus d'ardeur à répandre rapidement la
nouvelle des découvertes géographiques en
Italie , a exercé de Finfluence sur la petitid
* FoSCABtNl , t. ly p. 433. ZURIA, t. 11^ p. I08. Mo-
RELLI 9 Lcttcra rar. p. 43. Alonzo le Noir (Jl Ne^o") du
Libretto nVst autre , comme je l'ai déjà fait remarquer
plus haut (t. lîï, p. 391), que AlonzoNiôo, fameux jAlole
natif de Moguer^ qui avait accompagné G)lomb dani
les pranier et troisième voyages (Nav. t. III , p. i a ) ^ et
qui fut k compagnon de Texpédition deCristc4)aiGucrra
(de mai i499 à avril i5oo), par laquelle TËspagne re-
çut à la fois une prodigieuse quantité de perles des
cotes de Paiia et de Ciunana. On aura lu Nigro pour
Nigno , en confondant le r et le n. C'est donc de ce Zi*
hrettd de i5o4 que Teri'eur a passé dans Vltin&rarium
Portu^ifcnrium y dans Ruchamer^ qui fait (cap, CIX)
de ce voyageui* un parent (t'erwww/^/) de Colomb y et
dans Gtynœus (éd. Par. i532, p. id3). Ramusio^ tou-
jours plus exact que ses devanciers, a écrit ti'ès con*ec-
tement (l. Fil, p. ii) Pietro Alonzo chiamak) Nigno.
SECTION DEUXIÈME. 79
coBectîon vénitienne d'AIbertino Vercellese^
comme sur la grande de Vicence, qui est
plus génâ:^enient connue. La première , le
L,ibreito^ forme le quatrième Hvre de celle-cî,
dont le titre est : Mondo novo e paesi nuo^
çamenie retrovaii da Aïberico Vespuzio Fio-
rentinOj f^icenza 1607, en six livres. Le véri-
table compilateur {raccoglitoré) de ce curieux
et important Recueil de Vicence n^est, comme
on Ta cru long-temps , ni Montalboddo Pra-
canzano de Vicence, ni Fracanzio da Montal-
boddo , c^est-à-dire natif de Monte-Alboddo ^
dans la Marche d^Ancône, professeur de belles
lettres à Vicence^ ; mais ( selon Fingénieuse
* TnusoscBiy t. VII , P. \j p. »i3. Moimxi, p. 4^/
Gmime le titre de la Raccoîia de Vicence ne porte que
par abrémtion le nom de Fracan, ^ on a voulu Tattri^
buer à un membre de la (amUle illustre de Vicence des
Fracanzani ; mais aucun des Fracanzani ne s'est appelé
en même temps Montalboddo. (Foscarini, 1. 1, p. 43^0
Le nom de Fracan, da Montalboddo (Camus, p. 34^^
écrit moins correctement , d'après lo traducteur latin
Madrignani , Montaboldo ) indique simplement l'éditeur
qui a dédié Fouvrage à Giammaria Angiolello Vicen^
tino , connu par ses voyjiges en Perse. Uauteiu*, ou plu-
tôt le rédacteur de la Raccolta Vicentina de 1607, Aies*
80 SECnOif DBUXIKME,
c^)fteryation du comte Baldelli) idessandro
Zorzi j habile cosmographe et dessinateur de
cartes à Venise. Le Monde Nova n^était pas^
comme le Ubretio d^Albertino Verceliese, res»
treiiit aux seules découvertes d^Amérique. U
réunit les voyages de Gama, de Cadamosto et
de Piétro di Sintra, que Zurla croit aussi avoir
été écrits par Cadamosto, à ceux de Q>lomb et
•aDdro21om(BALDEixi| liMilione, 1. 1, p. XXXII) ,
est cité comme voyageur archéologue en Grèce par
FosGAEiRi) t. ly p. 3i5. On lit dans un exemplaire du
Mondo Nc¥o que possède k lûbliothèque Magliaheehi ,
que Barthélemi Colomb, qui a été à Rome en i5o5| a
donné une relation de la première navigation de son
frère , accompagnée d'une aa^e des premières découn^ertu^
à un chanoine de Saint Jean de Latranyetquececha>
noine en a fiiit cadeau plus tard, k Veniseï k Aies-*
sendro Zorzi , suo amico e compilaiore délia raceolia.
Voilà donc de nouveau dans cette « Informasioiie di
BajL*tolommeo Colombo délia navigation di Fonente e
Garbin nel MondoNuovO|» l'indication d*une carte im-
portante qui semble perdue , mais qu'une bonne for-
tune poun*a un jour faire découvrir en Italie. Nous
avons déj4 signalé une autre carte que Las Casas (lib. I,
cap. la) possédait encore en iSSg en Espagne , et qui
avait guidé Christophe Colcmib dans sa navigation à
Guanahaniy Tannée 149^*
cTjUoëric Vespiioe. Cétait donc comme le pre-
mier t3rpe bu modèle des grandes collections
de Grynaeus et de Ramusio. Le Recumi de
Vicence commence même par ces mots :
Vrinci]»ail 13>ixi délia prima na^igaâette pei<
rOceano aUe terre de' Negri deUa Basse £^
pîa per comandamento deff Ilhastr. Signore'
Infiinte Don HurichZf fral$Uo diDon Downêt
(le roi Edouard de Portugal) '; Zonsi aTait donc
dès i5o7 le prorjet de réunir tous les dooa-
mens relatif aux dicourartes modernes.
Si nous voy<ms dès le commencement du
smième siècle s'accroître si rapidement la re-
nommée populaire d'Améric Y espuce ^ si noutf
la voyons balancer celle de Christophe Co-^
lomb| nous devons attribuer ce résultat extra*
ordinaire d'abord à la circonstance de trouver
son ncmiy et pas cdui de Ckdomb, placé sur
t Le cardinal Zurla a prouTé (t. Il , p. ii5) que les
déûouvertes rëgiiHèrement progressivet flûtes par or^
de riafimt don Henri , duc de VUeo i n'ont commencé
qu'en 1429. Il semble douter même que les Portugais
aient passé le cap Non dès i4i9> aiais llnfintat, comme
nous l'avons fkit observer plusieurs fois y a cru déeou«
vnr bien des côtes et des îles qui avaient été vues pai-
tieUement avant lui.
IV. 6
8ft SBCmON 9£UXIÈMB.
le titré à^aa liyre qui a eu de la céléfcrité «de
nombreuses traductioDS, puis à riiifiueiiee
qu^ont exercée certaines éditions de la Géo-
graphie de Ptolémée. La seule rektion du
Iroîsiàne Toyage de Yespuce^ relatioii dan A
lamelle lenatigateur se vantait d^étre panrMU
jlisqu^à 50"" de latitude australei et dVvoîr pai«*
^ouru «c k quatritoid partie de kdroofnféreneil
dm^obe» <kiis le sens du méridien^ fiitMérée
d«is le Mondo No90 (cap. ii4-iîï4)* Cette
relation était fcite peur pM{uer sous d^auttM
rapports la curiosité du public. Elle ofi^oit des
figures de €(mstellations australes, La desorijH
lûm dW aro^Mi-KMl lunaire*^ un tableau ani-^
* Je ne puis attoutieiaisnt «^ooatiuttf e dans Ift des-*
cription dogmatiqu^iaait cmbrouUlée de Veipuce y la
phénomène plus commun d'un halo. L'expi-ession «an-
imnsU p»ce fra Dk) , * i^raoWrifla d'aUleum «uffistm-
i^ebt riris. Le raMOftesnent bUarre sûr les cauMs di4
^i^Bomène est tiré en grande partie d'un petit oUTrage
de physique de Tévêque de Cambrai , Kerre d'Affly,
Uèt répandu dans le moyen-âge, portant pour titre
Tractatuê irevis tiigna tMù çtmrubilis EfHScopi FhH
CmmermcgnsUM iù qum in prima , seeunda aiquê tem'a
regionibus aëris fiunt , diligenter comsctiU et emendatoi
sttTim 0Ei5Xfi»c. 83
mé dw mœurs des sauvages brésiKens^ et de
plus rhistCHre d^une tempête qui con grandis-
^ùno romore e strepito del cielo , ayait duiié,
nainrateur, quarante jours sans in-^
40rraption«
Trois traductions de la Raccolia de Vicence
in Lipezensi studio (i4 finiilletd ii»-8^ Sans pagination et
an» année d*iiq>reiBioo ; nudâ comme Peti-us de AMaco
ti*cit pat encore noaimé oardkial , écriu avant i4i<).
Dans ce commentaire des Mété^rohgiquês d'Ariatote te
tixmve la solutioa dHine question de philosophie natU'^
nlie que Péréqne, un des plue savana thëoiogtena de
aontenfie, seprapoèe à lin-méme. Je tradub ie paé-
•age en entier : « On demande pourquoi ran>enHBÎel n'a
^unaîa para avant le déluge ^ quoiqu'il y eût alore aussi
des nuages et des amas de vapeurs aqueuses et que le
soleil fttt dans le même état qu'aujourd^hui? 11 fkut ré-
pondre que Dieu seul peut en savoir la cttuse, à moins
qv^oB B^admette qu'avant l'inondation les nuages n'eus-
sent jamais été placés en opposition directe avec le so*
leil y d'où résulte l'Iris , et que Dieu ait voulu se réserw
ver le phénomène pour donner, à une époque fixe, le
signe d'alliance et de paix. » (foi. 19, à,)
* Il en existe une réimpression de 1619 (^stnmpato in
MOano a impensa de Je. Jatoho etfraielii da iJgnano:
H diligenU cura ti indastria dm Jo&nne-Àngth Scinzen"
zeler). Cette réimpression est plus commune que le
84 SECTION DEUXinffi.
de i5o7 Ont paru &uccessiveiiient ^ deux en
1 5o8 en latin et en allemand , et une troisième
en i5i6 en franoiis. La jK^mi^^ de ces tra-
ductions est yitinerarium Portuffollensmm*
ex UUsbona in IncUam nec non in ûcdden^
JlfoiMfoiVovodeVicence) 1607, dont Camua n*a jamais
pu voir un seul exemplaire à Paris*
. ' Je dtele tidred'après Fosearini (t. lyp. 434)r qui a va
<IuaU« exemplaires : celui que J'ai le plus étudié et <fui
appartient à la bibliothèque rojalede Berliny a pour titre
le fragment d'une mappemonde (du méridien de Gdicut
à celui des lies Fortunées) grossièrement gravée en bois;
Au haut de la gravure cm lit simplement : //mfr. PorU
é LudU 10 Indimm ei inde in 0€cid. etdêmum ad aquilo^
imm I ce qui est tout conforme à la description de ce
livre rare donnée par Camus j p. 342. Ce que FoscaiiB&
nomme le grand titre ne se trouve qu'en tète de la dédi-
cace. Lenglet du Fresnoy dit par erreur que Vliùêer^H
rium est traduit du portugais et imprimé à Bergame
en 1 5o8. La rédaction de la traduction latine de Madri*
gano a'd'ailleurs été &ite avec une extr^e n^^ligence.
De la division en six livres il n'y a d'indiqué danjs le
texte que le deuxième et le trôbième aux chap. 4^ et 71 1
non le quatrième etle cinquième. Le chapitre 1 14 traite
d'Améric Vespuce^ et sans la table des matières^ le nom
du navigateui* dont on doiuie le voyage resterait in-
oHinu.
SECTION DEUXIÈME. 85
iem et sepientrionem exvernacuio sermone in
taimum iraducium interprète Archangelo
Madrigano^ Meddoîanensey Manacho Care^
vaUenn^ MDVUI. La division en livres et en
chapitres est identique avec le Recueil italien
de Vicence (i5o7); mais dans la préface* du
moine Madrignano , il n^est jamais question
du titre de PouTrage original qui a été arbitrai-
ranent changé dans la traduction btine de Mi-
lan, en Itinéraire des Portugais^ changement
d^autant plus étrange qu^un tiers de Pouvrage
est OHisâcré aux découvertes de G)lomb, de
« Un passage de cette pré&ce qui &it allusion à un
point très délicat de la géographie mathématique des
Arabes ^ à la coupole d'Arjm ^ que Madrignano nomme
unAiUeus ioiius muniiy a été extrêmement négligé jus-
qulci. Je traiterai de ce sujet dans un autre endroit
pour prouver que c'est encore de VIma§fo MunJi de
Pierre d'Aillj (cap. XY) que Colomb a tiré la connais-
sance d'Arjrm comme point du milieu ciiti^e le cap
Saint-Vincent du Portugal et Cangara ou les Seras
(Cattigara ou la Sérique). Voyes tom. III, p. 63. L'ë-
véque de Cambrai parle « de deux Tilles de Sjène dont
f une est placée sous le tropique du Cancer et Tautre
sous Téqnateur : celle-ci est cMias Arytn (ancienao-
meat connue) j entre les parUes £. et 0. , N. et S. •
8ft SBCTION DEUXlàlIB.
Ptnzon^ d^Alonao le Noir et de Vespuce. LHn*
tà:*ét toujours croissant pour la navigation à
Calicot a fiât sans doute supprimer le titre die
Monde Noifo. Le traducteur n^a d^âoges que
pour les Portugais, et son j^Uer Orhis n^est
que la partie de FAfiique équinoxiale Toe par
Cadamosto. Ce ne sont que la découverte de
la Mer du Sud par Balboa , et la conquête du
Mexique qui, quinze et dix-neuf ans après
Gama , ont attiré de nouveau Pattention de
FEurope sur le monde trouvé par Christophe
Colomb. Vitmerarium PorùigtUlensiitm a été.
réimprimé à Baie et à Paris en 1 532 , et une
seconde fois à Baie en i547.
La traduction allemande du Recueil de Vi-
cence (iSoj) a paru la même année que la
traduction latine, en i5o8. Le rédacteur est
un médecin de Nuremberg, Jobst Buchamer
qui, comme nous Favons déj^ rappelé, mrd
méconnaissables les noms des personnages les
plus célèbres en les germanisant'. Colomb est
. ' La table des matières a heureusement conservé les
noms de Tédidon italienne. Cet abus d'altérer les noms
prc^res était si général alors, qu'aussi dans' le Nùvuf Or»
bis de GrynœusXPar. 1 53^ , p. i64) on a de la peine k
OùUjffii Dawber vûn Jenua} iJmrao Nifto,
<3bi* S€hfmriMf Améric , jilbêrio ; Vieento
(Yaftez) PiiuDon, Fkeniz bjmtaef horeoxo (di
recoiiiifti(rediUM£K4b('M?ii/ MMumui Patriim ou Zid!i»
wiff Fwionumaus Boloniensiiy le voTageur du t^evaiit
Jjodouico Barthcma om Barthe* (HavusiO} t. I|p. 147*)
L'ouvrage de Ruchamer, d'un style extrêmement naïf ^
est plus correct et beaucoup mieux rédigé que \IUnerh~
rtum Portugallensium, Comme Camus regrette de n'a*
voir pu se procurer à Paris cette traduction de Rueha-
msr^ Je ferai remanjuar, d'après l'exemplaire que f al
êone ks yeux (à k biUiothèque royale de Berlin)» ipie
l'indication des livres est très embrouillée datis la table
des chapitres. Lie 3® livre y est coofondu avee le %^\ le 4'
livi*eestnomméle3®. Les six livres oonmiencent} comme
dans le Recueil de Vicence, par les chapitres i , 4^,7^1
84 9 ii^ei ia5. Le titre est inscrit dans un ruban qui
entoure tm globe : Vhietanrhe landte und ein netoe
wetdêe in kmrtt'verffong^r t€jriherfiindeH(VsLjs inconnus
et tu noHWtaa iwHide trouvé dtpuie peu.) Cest doiic
presque le titre de l'^j^ngtb^ de Vioence, ffwlenvmt les
paes novamente retrovati ont été placés avant le Mondo
Novo^ et il n'est pas dit que les nouvelles régions sont dé-
coAveHes par Yespuce. La traduction allemande, qui est
sens pagination 9 se teradoe par les mots: AUo hatem
9ndie dièses Bâehlein wdehes musê wettkher sprach in
die dewtsekengdmmkt umt gemoekt ht worden^ durck
den wirdigen und kochgelarihen herrèn Johsêen Jlncha^
88 $ECTl<m DEUXlittlE.
Pierfranceaco) de^ Medici, LdMrmitz .fuixt f
Gaspar de G^ntereal, Caspar Cortherat^ ^c.
Une pré&ce très^uccincte ne donne aocun
renseignement sur Torigmal et sur Tannée ou
le lieu de sa publication : il y est dit cepen-
dant qu'en italien le livre porte le titre de Nou-
veau Monde (djre newe weldi)^ renseignement
qui manque même dans Vltinerarium PorU^
gallensium. Les chapitres 84-90, 91-101 ^ et
io5-io8 ofi&*ent les trois premières expédi-
tions de Colomb, qu'on assm^ <c vivre en tout
honneur à la i^our d'Espagne, » quoique Fori-
ginal itali^i ait paru près d'un an, la traduc-
tion de Ruchamer plus de seize mois , après le
décès du grand homme. Il n'y a pas de trace
du quatrième voyage de Colomb, si important
par la grande étendue de cotes du continent
qui fiirent visitées, comme par les premières
notions acquises sur l'existence d'une autre
mer à l'ouest. Quant à Vespuce, il n'est tou*»
mer dcr freyen iunsie und artzûWMien Doctoren , und
durch mieh Georgen Stùchss0H m Nûrcintergk gcdrwcku
vnJ vohndle nach Chri^ti unsers heben herren geiuri
MCCCCCVIII. Jure am Mitmoth sancH Mothei des hei*
lifen ajM>4dofs akeadte*
«9
jours donné que la rektion de son tnÀàèsm
Toyage, de ceki qui parle d^un hamen&ù lit-
torâl dana lliéiiiîqphère austral^ et dobt k ce*
Uhrké ae peipéCiiait d^aulant m»a que la
relatkm^ quatrième et dernier Toyage de
CdionA dc meui ait pour aitisi dite cachée daaa
la Letiera rarùsima^ datée de la Janaîque
(du 7 judlet i5o3), et conâgnée dans un ca-
faôer de ipielques feuilleta imprimé' à Venise
en i5o5.
n me resterait à parier dHme troisième tne
duction du Recueil de Vicence (i5o7}, de la
tradacfkm française de Mathurin DiiBedouer^
sans indication d^année. J^en ai déjà fidt men--
tion plus hmt en discutant les divers traves-
tissemens quV sd^is le nom d^Améric* U ne
finit pas ouUier qpie cette tmduetion a eu pour
lemoma trois éditions au erauBeneeiiieBt du
> Cesila lettre envoyée par Diego Mendes et traduite
en itdiea par Constanflo Ba jnera deBrescia. Les lettrée
de Colomb et d'Amène Vespucoi imprimées séparément
en petits cabiersy appartiemient comme on sait aux plus
grandes raretés de la ^rpographie y et œ n'est que k
râmpression de k L^Hera rarûêima (Bassano, iSio)
par Tabbé MoreUi y qui Ta £iit connaître parmi nous.
90 unuBÊ
■iigiftine siècle, et quto I»pom d» Vêifwice ^.
rtàfisaat ds nouveau sur le titoe* conune Abbm
Poriglnâl vîoentiii, Touvrage franetu doit
av(nr «bx wcé une infUieuced^autioit plus grandu
surropisiion{nd>lique,que la langue fraiioaiae^
d^ très répandue dans la Lonibardi# * et dana
le Levant à la suite des eroisades', le Ait en^*^
core davantage en Italie par les guerri^ dç
Louis XIL D^aUleors rien, absol«n^nt rien
n^annonce dans le Recueil italien de Vicenoo
et dans les traductions qui en ont paru 1^1 latin ,
m aUemand et en français, qu'Amëric ait en
de leur puUieatîon« Ces Hecùeils
V 1 . H I K r
> Le ûtre , imprimé en lignes dtemalivement nouges
et noûres^ porte z Semvyt le Nauptau Monde et naingtt»
fions ifitkêtpar Emeriô de fespÊum FiÊrentm, dêspajré
gneuzy translaté de ytalien en langue /rançojrse, par
Mathurin Du Redouer licencié es loix : imprimé nouvel-
lememiâParis. On a d'aatuetédKdoM sorties des presses
ëe Gilîot du Pré^ probsbleaient de 46169 de Mkan
Janoty de PkUippe ie Noir, ^.
' • Voyes les Judicieuses observalions du oomie Bal*
delb {IlMUione, U I, p. XI) sur k pn^Mibilité ^am
Man» Polo a dicté-sou Toyage^nen en dialecte v^uftieD,
mais eu ftsancsîs.
SBCTUm DEUXIEME. 9»
étaieiit basés^ sur le Libretio de iuUa la na^i^
gaxlonê de Me de Spagna imprimé à V^iise
en t5o4 9 à une époque où Yespuce était en^
gagé dans son quatrième voyage (de nud i5o3
à juin i5o4)y ^ ^ trouYfdt ^itre Fernando
Norofta et les cotes du Brésil. Si la Flpr^ntîn.
avait pu coopérer aux coUectkms de Toyagea^
de i5o4 et 1607 ou ofirir des matériaux à des
amis de Venise et de Vîcence, il ne se serait
pas contenté de la publication du troisiènle
Toyage (de mai i5oi à septembre i5o2)^ il
leur aurait fourni la relation du premier ^ sui"
lequel on fonde la priorité de la découverte
du nouveau continent* Dans cette hypothèse f
la communication du manuscrit du preoder.
voyage (commencé en mai i497) paraîtrait
d^autant plus naturelle , que Yespuce, dims le^
seul morceau qui se trouve insàré dans le
Mondo Novo , dit clairement dVprès le texte
de Bandini, a no senza cagione ho chiamato
quest** opéra Gîornata terza^ perciocchè prima
io avea composti due altri libri di questa na-
vigazione , }a quale di comandamento del Re
' On imitait ju8qii*nu titre en substituant /7a«/e'à ter-
reni not^amente tropafi*
ga SBGTION DEUXIBME.
di CastigHa feci v^rso potienie. » Ce n^est pas
Vespuce, c^est le diplomate ingdk> Trivigiano
qui a fourni^ en grande partie les matéiiaux
• FoscAAnii, p. 177, 427 et 433. Je donnerai ici* les
preuves àe ce« communications. Dans la lettre que je
viens de eit^ dans le texte 9 Trivigiano , le secrétaire de
Tambassade v^tienoe en Espagne y éciût à Domenioo
BlEalipierOi Propveditore tPArmata dans le si^ de Pise ^
ami de Lorenzo Gretico , et comme lui auteur d'annales
et de journaux (Jiarj) historiques : « J'ai copié le traité
(traiiato) de la navigation de G)lomb y qu'un homme
habile a composé et qui est assez verbeux. A cause de
sa longueur y je ne puis vous l'envoyer que peu à peu.
Vous ne recevez pour le moment que le premier livrcj
que J'ai traduit en italien (Jn 9olgarè) pour que vous le
lines plus fiuûlment. L'auteur de ce livre est la per-
sonne que ks monarques (d'Espagne) envoient au Sol-^
tUtno (au sultan de Babylcme ou d'Egypte. Voyez
tom. Uyp. 181). Il ira li-bas (à Venise), et comme il a le
désir de présenter son ouvrage au prince , celui-ci sans
doute le fera imprimai et vous en aurez une copie en-
tière.» On a dû s'étonner avec raison (Morelli, p. 45)
que Foscarini n'ait pas reconnu Pieri'e Mailyr d'An-
ghiera dans ce ("a^tf/i/uo/iio qui décrit les navigations de
G>lomb, et qui va comme ambassatore al Soîdano en
passant par Venise. Pierre Mai*tyr^ au commencement
de sa Legatio Babylonicay se nomme destmatus orator
SECTTOIf DEUXIÈME. gS
(lu MoTido Novo de Féditioii de Vioenee, pour
la partie de ce recueil qui a rapport aux dé*
couTftrles américaines. Or, Tri'ngiano, dans
IcanHlef répnmaudef qu'il adreifeduu les OcévùqoMt
Dec, II, lib. ; et 8, au céUbre voyageur d'Afiiqiw, qull
appelle un etrtatn Cadaauulo de Venife et qu'il accuMi
de lui avùr-volé le* premià
ccmmuiiiquées àdca uubau
clairement qu'il coniiMid Cai
que le Recueil daiu lequel I
Mondo JV«tw de Viceace. J
gouvcnieiiient espagnol a d^
le* Nouvellea ludes de* é
Caiiillana, Pierre Martyr a]
fui admiralua Aloùium qui
tiita, icripLoreiD rei-um Por
JnnU acripiiaie de rebua Gaatellania, Féemut, Vidi~
mur, Ifùntu, qus neque fècit UQquain, neque Venetn
quiaquam vidit. £z tribus mat Decadia primis libeDia,
Kiipitata ea eicerpsit et mSuratus est, exiatimam
outra Quuquain proditura in pidiUcuaa. Pattiit atfortt
apud ormlorem aliquêm Veiutam m «m tiètUot ùteiditte^
Celebrca noiaque viri ab illastriaaimo aeoatu iUô misât
•unt ad Reges hos Catholicoa, qùibna ego ^s» iiàt
otitndtbain liiau. UUunque ùt, bonus vir AloiMui
CadamoatuB, alieni laboria fructom aibi atuduitvendt-
care. De Fortugallemium inventis quKquidœi admi-
^ SSCTfOn DEaXCBMB.
une lettM k Domenico Mal^iero, se Tonte n de
la femiliarité (pratica) et de k grande amidé
qui «xistaient entre Cbristc^e O^ombet lui.»
randa lunt, an vùa, utiait, a/molaveril, an ai intérim
f
Ger tM^ il n^nB^ pu élë enoliB « fiOTonstr de«
firMidfts «oimuflea Au détnment et oalid dont
il Toulait célébrer les exploits en tradiâsait à^
la (Jâinte d'Ânghiera du Libreiio iaiprimé à Venise
en i5o4> mai» du Mondo Noi^ de Vicence. Comme le
jLibretto ne reniêiinait que des découvertes américaines,^
il tie pouvait i^bir le nom de Cadnmostô y tandis qiiê
flM^liarlyf, tojf atit 4(Uê fe lUeciéU d« VkMimcttn^
■Mhce par les mois s • JSétefuh /# 4ilvm <fo G^^
p^ùsio... 9 Si cru^ avec Tin^idvertance qu'on lui reproche
souvent, que le Recueil entier était, comflie les cin-
quante premiers chapitreS| une relation &ite par le
"^lûf^ipsiêÉ v^àideB. hm 8f|^ premieip Hvr^nd» U.pr^
«ière Déoade d'Ao^bicBrii i3fî(ra<«pt d^ biiede.GcH
loiBb juaqu'su moment 9Ù il aiTÎve chai^gé de fers à
94viUe : c'est jusque-U aussij^ jusqu'à la fin du troisième
Xoyage^ que le conduit le Mondo Novo de Vicence. Si
Cadamosto n'était pas nommé au lieu de Trivigiano, on
pourrait croire que les plaintes étaient dirigées côptre
iine publication furtive de la première Décade même.
11 y a en efîet quelque soupçon, selon Morelli et Zurla
(t. Il, p, io8), 4e l'existence d'une édidon de i8oO, Là
première édition de la première Décade, faite par ordre
d'Anghiera, est de SévlDé, iSii, chez Jacob Corum^
berger, Allemand, probablement de cette fbmâle âè
Cromberger qui, dans une imprimerie établie à Melloo,
imprima dès i544 1& Doettina ChrUiiawt p(fr M Pattre
Fray Pedro de Cordoça, le premier livre qui ait paru
9<! BBCTI
b bats, et Blême sans le cansenCeniënt de Fau-
teur, la première Décade du Uvre De Rthis
Par un concours fortuit de circonstances,
Tannée i5o7 a été marquée par deux publica-
tions qui ont le plus contribué à donner de
la célâ>rité au nom de Vespuce et à le répandre
àla{cMsonItalie,en France et en Allemagne.
A k manu époque o^ paru le &meui /teeiw4
dt F'iewa» et une premiers collection des
quatre expéditi<ms que Vcm attribue au navH'
SECTION DEUXIEME. 97
gateur florentin. L^expression de Monde
Nouveau {Mondus No^us)^ déjà liée en i5o4v
par le libraire Jean Ottmar, au nom d^^Âméric
Vespuce dans Tédition du troisième voyage,
fut répétée, et dans un rapprochem^it tout
semblable, en 1607, dans le Recueil yicentin.
Le titre Mondo Novo epaesi nuoçamenie re-
irovati da Aïberico Vespuzio FiorentinOy
que Fracanzo da Monte Albodo, ou plutôt
Alessandro Zorzi, a donné à son livre répandu
par de nombreuses traductions, était propre
sans doute à préparer et à établir progresdve-
ment cette croyance populaire qui attribuait
à Vespuce la partie la plus importaate des dé-
couvertes de FAmérique. La soiu^ce de cette
première illustration n^était pas Florence,
la patrie du voyageiu- : c^était la Lombardie ,
où ont paru les premières collections de voya-
ges. Dans la même année i5o7, tandis que
Vespuce est perpétuellement en course entre
Ségovie , Séville et Palos , soit pour bâter avec
Juan de la Cosa et Vicente Yanez Pinzon les
apprêts d^une nouvelle expédition , soit pour
vaincre à la cour les obstacles que faisait naître
Finimitié mutuelle de deux souverains , Fer-
dinand le Catholique et Philippe I, im homme
IV.
gS SBcnoN deuxibihe.
que Ton a regardé coHime très obscur, et dont
le véritable nom n^a été découvert que tout
récemment, un libraire de la petite ville de
Saint-Dié, en Lorraine , fait la première pu-
blication de tous les voyages d^Améric Ves-
puce. Les circonstances que je rappelle ici ne
me paraissent guère justifier le soupçon que
Ton ait attendu la mort de Colomb, arrivée le
20 mai 1 5o6, pour faire paraître presque si-
multanément à Vicence et en Lorraine la iloev
colta du Mondo Noçfo et les Quatuor Nai^h-
ffationes. La Raccolta^ je le répète, porte en
elle* la preuve incontestable que lors de sa i^
daction on ignorait et Fexistence dW qua-
trième voyage de Colomb et la nouvelle de son
décès. Si avant la mort de Famiral on avait eu
intérêt de cacher Texistence de ce probléma-
tique premier voyage de Vespuce, le troisième
n^aurait pas déjà paru en 1 5o4, 'voyage appelé
dies tertius^ et dans lequel il est question de
deux expéditions antérieures fiâtes diaprés les
ordres du <( roi de CastiUe. » Nous savons par
la dernière lettre de Colomb qui est parvenue
jUvSqvi^à nous, que quatorze mois avant sa mort,
' Cap. cvin.
S1CTI09 BSUX1£ME. 99
fin de fiî^er i5o5^ Vespuce et CokMùb étaient
'encore bésde Tamitié laplus étroite* Si Vespuce
nVvak Touhi manifester ses prétentions fonr-
dées sur un {premier voyage de 1497 , qu^aprés
le décès de son protecteur et ami , il nVurait
pas £dt paraître ayant cette époque le voyage
de i5oi coraaDoe troisième.
La Lorraine , qui a fourni la première imr-
pression des Quatre Navigations réimies du
voyageur florentin, était admirablement située
pour £dre connaître son nom à la fois en Bel-
gique, en France et dans le midi de FAUe-
magne. LWvrage imprimé dans les Vosges pa«
rut en 1607 sous le titre bizarre de : Cosmo-^
graphiœ Introductio cum quibusdam GeO"
metricB ac Astronomiœ principiis ad eam
rem necessariis. Insuper Quatuor Amerid
Vespucii navigatione$\ L^auteur ne s^est pas
' Edition \Tk-Sl*^ s^i^s indication de pages , 7 compris
le dire et la dédicace à Tempereur Maximilien y de
53 feuillets. On trouve encore ajoutées au titre les lignes
suivantes : IJniversalis Cosmographia descriptio tam in
solido quant piano y eis etiam insert îs quœ Phtohmao
ignota a nuperîs reperta sunt, Distichon : Cum Deus
astra regat, et terrœ climata Cœsar, Nec tellus, nec eis
sydera majus habent.
100 SECTION DEUXIÈME.
nommé dans cette première édition , datée ex
ScuictiDeodatioppido' ; son nom ne se trouve
quedansPéditionde iSog^publiéeàStrasbomrg. \
Il signe la dédicace Martinus Ilacomylus. Ce
livre extrén^ement rare, dont Tiraboschi, Ro- ,
bertson et Mun jz nWt pas connu Texistence,
mV occupé beaucoup dans ces dernières an<
nées. U ofire le double intérêt dWe première
' La date de Féditioii se trouve dans la dédicace faite
au nom du Gymnasium Vosagense y et au dernier
feuillet qui ofire, dans un encadrement| les lettres ini-
tiales suivantes : *G* L*, 'N'L* et *M-r, placées sous
une croix. Autourde Tencadrement on lit : Finitum Vil
hal. Maijj Anno supra sessiquimillesirtium VU; Urbs^
Deodate, tuo clarescens nomi'ne^ prœsul, Qua Vogesi
montis suntjuga pressit opus; Pressa et eadem Chris to
monùnenta favente , Tempore çenturo cœterQ muUa
premet. Les lettres enlacées M et I, indiquent sans doute
le nom deMardnus Hylacomylus, car diaprés Fédidon de
Strasbourg (iôoq), et d'après une lettre adressée à Phi-
lésius et insérée dans la Margarita philosophica noi^a de
Reisch (édition de Strasbourg, i5o8), Fauteur signait
parfois un peu incoiTCctement Ilacomylus en retran-
chant Fiuitiale H. Aussi l'édition de la Géographie de
Ptolémée, publiée à Strasbourg en iSaa, dont je par-
lerai plus bas, nomme dans un passage important Meir^
tinus llacomylas pîedefunctus.
I
y
SECTION DEUXIEME. 101
publication de toutes les navigations de VesT-
puce et du premier Toeu qui ait été émis de
donner au-' Nouveau Monde le nom d'-^mrf-
rique. Comme tout ce qui a rapport à cette
dénomination sera traité dans la Troisième
Section^ je réserverai pour cette partie de
mon ouvrage l'ensemble des preuves litté-
raires qui justifient mes assertions. Il ne sV-
git ici que d'expliquer les motifs que ce per-
sonnage inconnu, qui a grécisé son vàitable
nom et encore d'une manière imparfaite , a
pu avoir pour s'occuper de préférence de Ves-
puce ; il ne s'agit que de rappeler succincte-
mentcombien son autorité et son enthousiasme
pour le pilote florentin ont dû exercer une
influence puissante siu* l'opinion publique , à
cause des rapports intimes de la Lorraine et
de l'Alsace avec Baie , Fribourg et toutes les
provinces allemandes dans lesquelles l'art ty-
pographique était exercé alors avec une acti-
vité toujours croissante. Dans des écrits anté-
rieurs à l'année i522, c'est-à-dire antérieurs
à la conquête du Mexique, le nom d'Hylaco-
mylus ne se trouve que trois fois. Il paraît d'a-
bord dans la Margarita philosophica (édit.
de Strasbourg , i5o8, chez Jean Grieninger),
laa sBciioii uEuxiiMs.
espèce d^enc jclopédie qui pendant long-temps
a été réimprimée tous les deux ou trois ans ^
puis dans la seconde édition de la Cosmogra-
phiœ Introduction publiée en iSog; enfi»
(comme mon sayant ami M» Walckenaer Vit
remarqué récemment) dans une note que Lau^
rentius Phrisius a intercallée dans la Géogra-
phie de Ptolémée, édition de Strasbourg^
i522. Bandini, dans sa Vie de Vespuce, et
Foscarini, dans son excellent Traité de la Lit-
térature vénitienne, ont déjà fait mention, en
1745 et 1752, de la Cosmographiœ Introduty
thy sans connaître le nom grécisé de Tau^
leur' • Le passage dans lequel Hylacomylus
propose de désigner le Nouveau Monde par
le nom d^Améric Vespuce ( Americi terra s^el
Americct) se trouve également cité en 1798
dans rÉloge de Vespuce par Fabbé Canovai ^
mais Fauteur a cru Fouvrage anonyme de Fan-^
née i535, ayant ignoré qu^il avait sous les yeux
une troisième édition vénitienne de Fouvrage
^ Antérieurement à Bandini, en «738 ^ je trouve le
nom Ilacomih dans tme table de matières ajoutée à la
BUlîoteea funttiea du Ckronistê don Antonio de Léon
PiOfll»
l
SECTION DEUXIBME. io3
pubbé pour la première fois en LKirrame.
Comme Ton sarait depuis longtemps q[ue
dès Tamiée i5ia (dans la lettre de Vadianus &
Rodolphe Agricola) le nom du cotitineiit d^A-
mërique était assez répandu, le témoignage
d^une Cosmographie de i535 ne pouvait in-
spirer aucun intérêt. C^est M» Washington ]î>
ving dont la Vie de Colomb est rédigée avec
une profonde connaissance des ùàV^y qui le
premier, en 1828, a rendu à ce témoignage
Importance quM mérite. Il a fidt Ycnr qu^U
r^nonte à i5o7, presque à Faimée de la mort
de Colomb. M. Navarrete a ^ premier donné,
dans le troisième volume d)» son intéressante
Coleccion de Viages^ Tanaljse de la seconde
édition de FouTrage d^H jlacomylus (celle de
Strasbourg de iSog), et signalé, diaprés cette
édition , le nom de Fauteur quHl paraît croire
Hongrois, puisquHl prend le heu de Fimpres-
^n, oppidum diifi Deodati^ pour k ville de
Taia ou Dotis en Hongrie.
La méprise du savant directeur du Û^pdt
hydrographique de Madrid , à laquelle Fam-
biguité de la dénomination latine a pu &cile*
ment donner lieu, ne devient importante
queutant que Fimpression et les rapports per^
ip4 SECTION DEUXIBHE.
sonnek d^Hjlacomjlus expUquent ie vif inté-
rêt que celuirci a montré pour la gloire de
Vespuce, Je rappellerai d^abord que c^est le
Theatrum Orbis terrorum dXh:télius dont la
jn^emière édition a paru en 1670 , qui m^a mis
à même d^éclaircir ces rapports. OrtéUus iàit
dans iine table très concise. Fénumération des
matériaux dont il s^est seryi. Après avoir nomr
mé Mcurtinus Yîacomilus FriburgensU comme
auteur d^une carte d^Europe, etMartin Waldr
seemuLler comme auteur dWe mappemonde
appelée na(^2]^a/ona ou moriha, il émet la con-
jecture de Tidentité de ces deux géographes.
La Cosmographie de iSoj que Camus n^a ja-
mais vue, et que la bibliothèque royale de Paris
ne possède pas^, fut reconnue par M. Knorr,
aujourd'hui professeur de physique à Gisan ,
parmi les nombreux petits traités cosmogra-
phiques du seizième siècle que possède la bi-
bUothèque royale de Berlin. Déjà Foscarioi
avait très bien désigné dans sa Litteratura Ve-
neziana , d'après un exemplaire de la biblio-
' Le seul exemplaire que je connaisse à Paris se
trouve dans la possession du savant éditeur des An^
nales des Voyages <f M. Eyriès.
3BCT10N BE6XIÈB1E. lo5
thèque du Vatican, le liea de 1» pubticàtion :
è S. Deùdaio apud LotharingkB yosdgwn.
Ce Keun^est autre que la petite YiHe de Ssdiit-
Dîé (Diey), sur les bords de la Meiu-the, dans
le département des Vosges, marquée sous le
nom de Sanctus Deodatus dans la ciotede
Lorraine , qite renferme pour la pr^nièrè fiiis
Tédition de Ptolémée de Strasboiurg, i5i3, et
qui porte le titre de Lotharingia^ vasium
Rêgnum. Pbilésius, Téditeur de Ptolémée,
Fami intime dHy lacomy lus , était comme lui
protégé par les ducs de Lorraine. Des recber-*
ches long^temps infructueuses faites à BAa
prière dans les arcfaiyes de Tanciènne imiyer-
sité de Fribourg, ont enfin Êdt découvrir
Tannée dans laquelle Hjlacomylus a com^
menée ses études académiques. M. Sdbreiber,.
professeur et conservateur de la bibliothèque
de Fribourg, a trouvé la matricule de notre
cosmograpke dans la liste des étudians reçus
chaque année pour faire leurs études dans
cette célèbre académie. Martinus fValtze^
mûller de Frihurgo Constantiensù d^œcesis^
a été inscrit comme étudiant sous le rectorat
de G>nrad KnoU de Griiningen, le 7 dé-*
cembre i490. Le prénom Martin, qui est assez
i06 SBCTIOn DEUXIEME.
rare dans le quinzième siède^ le nom de In
fanûlie dont les petites variaiites de IV>rth<v
graphe allemande(l et z pour d et j)n^otit lien
dHnusité, Pindication de la patrie et la cir-
constance quHl estprouTé par d^autfea docu-
mens de 1491 que la fiumlle de WaldseemM-
1er résidait à Fribourg, dans le Brisgau , ren-
dent certain que cette matricule, sur laquelle je
reviendrai dans un autre endroit, appartient
à Hylacomylus* Le nom de Waldseemikller
ne se trouTe pas dans la liste des professeurs
de rUniTersité, dont la fondation remonte a
Tannée 14^7; mais il me parait assez probaMe
qu^il professait la géographie au gymnase de
Saint-Dié* La dédicace de son ouvrage fait
au nom de cette école, quHl appelle Gjrmna-'
sium Vosagense^ paraît conduire à cette sup*
position. Ce qui est indubitable, car la même
dédicace Texprime clairement , c^est que Hy-
lacomylus avait établi peu avant 1607 {nuper)
une librairie (librariam officinam) à Saint-*
Dié , dans les Vosges {apud Lotharingiœ Fo-
sagum in oppido cui voeabulwn êsi Setneta
Deodaio)^ et qu'il y était laborieusement oc*-
cupé à la fois et de Fexamen critique d'un
manuscrit grec de la Géographie de Ptolé-*
SfiCTIOlf DBUXIBIIB. IO7
mée ^ et de réditkxi des Quatre NaTÎgations de
Vespuce.
Pour conceroir la liaison de ces occupin
tiens et leurs rapports avec raocroissement
de la renommée du navigateur florentin, il
&ut se raj^ler que la Lorraine , pendant le
règne de René II, petit-fils de René I d^Anjou,
surnommé le Bon , était le centre de travaux
géograjdùques très importans. René II portait
les titres de nn de Jérusalem et de Sicile, duc
de Lorraine et cœnto de Provence; mais il
n^était en possession que de la Lorraine, dont
lliéritage lui était venu par sa mère Yolande ,
épouse du comte Frédéric (Ferri II) de Vau^*
demont\ Pendant les trenteKÔnq années de
son règne, surtout depuis que la chute de
Charles le Téméraire donnait de la tranquil-
lité à son pays, il protégeait les savans et en*
courageait les éludes géographiques ; vivant à
FqKKpie des grandes découvertes maritimieSY
il trouvait sans cesse de quoi nourrir son ac*^
tive curiosité* Vespuce était en correspond
* Mme effhctum est ut nobis Ptholomœi libros pott
exemptât gmeum recognoscentibus.»,
* Art de vérifitt kêdaùeSj 1618, 1. Xllly p. 4i<^-
i08 SECTiaM DEUXIEME.
dance arec lui, et nous voyons par la G}siiio^
graphie d^Hylacomylus même, qii^il dédkdt au
roi Hené (fienato Jherusalem et SiciUœ regij
duci LotharingicB ac Barii) le récit de ses
quatre na^gations. Cest à la munificence du
duc de Lorraine que Ton doit une des plus
câébres éditions de la Géographie de Ptolé-
mée, celle de Strasbourg de i5i3. Il existait
alors une liaison intime entre la géographie
ancienne et la géographie moderne. De même
que de nos jours , peut-être au détriment de
la science , on a long-temps ajouté les décou-
vertes nouvelles dliistoire naturelle au Syste-
maltatarœ de Linné, on ajoutait depuis i486
aux éditions de Ptolémée des cartes modernes
de rSurope, et depuis i5o8, des cartes de
FAmérique. Cétait pour les arts nouveaux de
Timprimme et de la gravure un moyen com-
mode de satisÊiire à la fois le goût des érudits
et celui des curieux ou des gens du monde ;
cMtait un motif de multiptier les éditions de la
Géographie de Ptolémée, dont seulement de
1475 à i552, il a paru une vingtaine, quel-
quefois plusieurs dans la même année. On
ajoutait à Fouvrage de Ptolémée de petits trair
tés de cosmograj^e , et tout ce que les an-^
■■■■ Il ■■■■-■■--» ^
I
SEcnoM BBirxiEiiK» 109
ciens avaient ignoré était compris sous le titre
Tague de Reines es^a Ptolemœum. Ce ^e
j^ai dit des secours que le duc de Lorraine a
généreusement fouliûs aux éditeurs du géo-
graj^ d^Alexandrie y se trempe clairement
énoneé dans Fédition de i5i3, imprimée à
Strasbourg chez Jean Schott. U y est dit que
le travail a été commencé y il y asix anSy dans
les montagnes des Vosges; qu^après avoir été
presque enseveli dans Toubli , depuis la mort
du duc René (i5o8), il a enfin été ressuscité et
publié connue un témoignage de la libéralité'
I « €haita autem marina quam H jdrographiam vo-
cant, per Âdmiralem qtiondam seren. Portugaliœ régis
Ferdinandi (?) caeteros denique lustratores veriêsiinis
peregrinationibus luatrata : ministerio Renati dum
pusitj nunc pie mortui Ducis iiiustr. Lotharingiœ y libe^
ralius prœlographaiioni tradita est, cum certis tabulis a
fronte hujus chartœ specificatis . Cnjus item Ducis illus^
iriss. honori eediâ extensa ad finem Dominii sui tabula
studiosissime pressa. Nam ejus terra latebris, Fosagi
dioo rupihusj nobile hoc opiiB inceptum, licet quo-
rumdam desidia ferme sopitiuxi; a sexennali sopore per
nos tandem exeitatum est. » {Cfaud. Ptol, supplem^
i5t3.) Il est question dans ce passage d'une Tabula
Terrœ Novœ de lat. 35*» sud à 45** nord, et d'une mappe.
monde ( Orbis (y pus unii»ersalis juxta hydrographorum
de ce prmcef qui a fait graver à fies frais h
mappemonde offrant «ne partie du Nouveau
Continent y et dWtres cartes modernes qui
ornent Fédition de i5i3. Parmi ces dernières
se trouve, conmie je Fai déjà indiqué, pour la
première fois, une carte de Lorraine. La tr«H
duction latine est entièrement différente de
cette que fit Jacobus ingelus pour Fédition
de Vicence de i^yS ; elle est plus littérale* et
probablemmit due presque en entier au sar-
rBnt Pkilésius ^ qui, après avoir terminé ses
études de mathànatiquesàParis*, devint pro-
iradiiwnem)f Tune et l'autre sans Dom d'Amérique.
S'il faUait d'autres preuves que les tra'vaux prépara-
toires de l'édition de i5i3 sont antérieurs à l'année de
la publication y je poiurais citer encore l'expression
opm sexennaîi pêne socordta neglectum que je trouve
dans la dédicace de Jacques Ësder et Georges Uebeliui
théologiens strasbourgeois, à l'empereur Maximilieui
et dans la lettre du célèbre Gianfrancesco Pico, comte
de la Mirandola, placée en tête de l'ouvi^age, et datée de
l'année i5o8. Cest le neveu du philosophe mystique
Giovanni Pico, celui qui^ après une vie sans cesse
agitée, fut assassiné par son parent Galeotto en i533,
* Raidel Commentath critico^literaria de Ciaudii
Piûh Geogr. 1737, p. 56.
» Marg. phU, (Argent. lôoS) in fine Geometri». Il
SBCnON DBUXItMB. lit
Casseur de cosmographie à Baie. On doit croire
cependant, d'^après le passage de la dédicace
cîtie plus haut , qu^Hylacomylus , Uen ayant
i5o7, a^ait aussi traTaiUé sur le texte grec
dePtcdémée. Philésius, dcmt le véritable nom
est Rîngmann^ était natif des Vosges , dont
il a célébré les beautés pittc»*esques dans son
poème Fosaguâ *• La plus étroite amitié liait
est dit que PhiléaiuB avait étudié à Paiig sous Jâcobui
Faber Stapulen^is (d'Ëtaples, près deMontreuil, dé*
partementdu Pas-de-Calais). Ce Faber, ami de Luther,
auteur d'un traité de physique imprimé à Strasbourg
en i5i49 6t de lAbri IV de Musica ^ imprimés à
Paris, i55i, mourut à Fâge de loi ans.
' Les noms grecs et latins que les savans de ce temps
avaient l'habitude d'adopter n'étaient pas toujours la
traduction de leur nom de famille. Cest ainsi que Ro-
dolphe Agricola le dialecUcien, né à Groningue en
1434» s'appelait Hausmann \ tandis que l'ami de Luther,
Jean Agricola d'Eisleben, s'appelait Schneider.
* Kœniffii BUfL p. 63i. Selon Degen (^Litteratur der
Deutschen Uebersetzungender Romer, t. I, p. 25), Ma-
thieu Philésius Ringmann était aussi traducteur de
Jules César. Sa traduction , imprimée en t5o8, a eu
quatre éditions. Il a fait deux voyages en Itatie, sans
doute pour examiner des manuscrit^ de la (véographle
de Ptolémée que possédait Pic de la Mirandole. En
lis SECTION DBUXIlàME.
nnlésius, Hjlacomjlus et le père Grégoire
Reisch , prieur d^une chartreuse près de £ri-
bourg , dans le Bris^u, et auteur de la Mar-
garita philosophica. Cest dans cette Ency-
clopédie, qui a exercé une si grande influence
d^abord pour répandre des connaîsseoices
utiles , plus tard pour en arrêter les progrès ,
qu^Hylacomylus a fidt paraître, en i5o9,deux
petits traités dWchitecture et de perspective.
Une lettre adressée à Philésius et placée en
tête de ces traités, est digne d^attention, parce
qu^elle confirme ce que je viens dVxposer sur
les rapports d'Hylacomylus avec la Lorraine.
L^auteiu* se plaint « de ce que dWtres se sont
attribué ^ sa Cosmographie , qui est extrême-
passant pai* Venise, il communiquait à Giglio Gregorio
Giraldi (Ziraldus) des doutes sur les indications nu-
mériques de Ptoléméef source de tant d'erreurs dans
les positions géographiques (Plol. de t5i3). La Gram"
matica figurata de Philésius est imprimée à Saint-Dié
en i5o9y chez Gaultier, non dans Timprimerie de Hyla-
comylus.
} Ce passage se lit dans la MargarUa philosophica,
édition de Strasbourg, i5i3, intercallé entre le 6" et le
7* livre (la pagination manque). Il ne se trouve pas
dans l'édition de Bâie de la même année, ni dans au-
4
SfiCTION DBCrXiÈME. il3
tuent répandue. » Il raconte que « pour se
distraire, il a Fhabitude^ pendant les jours du
camaTal , de voyager dcr France ou plutôt de
Lorraine en Allemagne ; qu^alors il s^est re^
posé dans une maison où Pidée lui est venue
au milieu du bnrit joyeux des convives , de
coordonner les principes de la scénographie
et de la perspective. » Les rapports quWait
Hylacomyliis avec le duc René% protecteur
cune des nombreuses éditions subséquentes que j'ai pu
examiner dans les différentes bibliothèques d'Alle-
ma^e. « Cum hb diebus Bachanalibus solatii causa,
qui mihi mos est, in Germaniam venissem e Gallia, seu
potius ex Vogesi oppido (cui nomen Sancto Deodato)
ubi, ut nosti, meo potîssimum ductu et labore (licet
plmque alii &lso sibi passim ascribant) Cosmogra-
phiam non sine gloria et laude per orbem disseminatam
auper (c'était en i5o7) composmmus, depinximus et
impressimus, collc^ in angulo pauUsper semotus,
dum alii tumultuarent, quaedam de Scenographia....»
On TCHt par les plaiutes que renferment ces lignes au
sujet de la première édition de la G>8mographie, com-
bien Hjlacomylus avait de motifs pour se nommer dans
la seconde édition de iSog, imprimée à Strasboui'g chez
le même Gruninger qui a publié une Margarita phib"
4ophîcade i5o8.
' « Renatus II, Siciliae rex, dit la dédicace d'Hyia-
IV. 8
Il4 SECTION DEUXIÈME.
d^ Vespuce, et avec son fils et successeur le
duc Antoine , se manifestent aussi dans la dé-
dicace qu^il fit à ce demiM*, d W petit ouTrage
très rare composé coxgointement avec Ring*
mann sous le titre de Instructio manuductich
nem prestans in cartam itinerariam Martini
Hilacomili cum luculentiori ipsius Europœ
enarraiione a Ringmanno Pkilesio Vosigena
conscripia {ArgentorcUiexoffic. Jocmnis Gru-
ningeri^ i5ii). La dédicace de cet ouTrage
très rare que nous possédons à Berlin , est
encore datée de Saint-Dié. La Cosmographie
d^Hylacomylus que Fauteur dit déjà très ré-
pandue en i5o8, a eu quatre éditions (iSoj,
i5o9, i535, 1^54 )> et la circonstance d^avoir
été réimprimée deux fois à Venise (chez Fran-
çois Bidonis), [MTOUve Finfluence qu^elle a eue,
soit pour fidre C(mnaître les quatre voyages
deVespuce, soit pour propager Fusagedunom
dî^jimérique.
Hylacomy lus n^est pas nommé dans le Pto-
comyluB, opuflculis geographids mirum in modum
delectatus ftiit : neque obliti suxnua quo hilari vultu
generalem orbis descripUonem et alia laboris nostri mo-
niimenta, sibi oblata, a nobis suscepit. v
SECTION DEUXIEME. Ii5
lémée de i5i3, quoique cette édiîtion soit en
grande partie due à la munificence du duc
René ^ et qu^il me paraisse assez probable que
la carte de' Lorraine et celles qui offrent une
partie du Nouveau Monde aient été tracées de
la main du cosmographe« Gomment le duc ne
se seraitnil pas servi à^wt savant qui vivait
dans ses états et qui dans le Cosmograpkiœ
IntroducUo' décrit les cartes qu^il a construi-
tes, en rappelant que dans les modernes il
s^esl servi à la fois et de Ptolémée et des ob-
servations des marins, et que , « dans la qua^
' « Orbis terranim regiones praecipuas dominorum
insignils notare studulmus. In quartam terres pai*tein
per incljtos Casdli» et Lusitaniae reges repertam
eonimdetn ipsoruminsigiiia posuimos. » ( Cosm, 1607,
fol. i5. ) Le raisonnement de Fauteur (fol. ao) sur le
droit que l'on a de dévier des types donnés par Pto-
lémée, se trouye presque littéralement répété, ce qui est
asses ranarquable, à la fin de la dédicace de l'édition de
Ptolémée de i5i3. Aussi l'ouvrage publié conjointe-
ment avec Philésius soiis le titre de Instructio manuduc-
tionem prestans^ etc., Ëdt-il connaître le grand nombre
de cartes des différens pays d'Europe dessinées par
Hflacomylus avant i5ii (Mtlii, Memorab* Bibl. acçd,
Jeneiislsy p. aSg ; FaErria, An decta litteranay p. 449*)
Ii6 SECTION DRUXIÈME.
trième partie du monde , il a orné les côte^
des armes de <]astille et de Portugal? » Ce qui
laisse moins de doute encore , c^est que lés
cartes que nous possédons dans Pédition de
Ptolémée de 1622 ^ publiée par Laurent Phrî-
sius à Strasbourg, chez IHmprimeur même
d^Hylacomylus, Jean Grieninger\ ont toutes
été tracées de la main du géographe de Saint-
Dié^ qui les a réduites dans un cadre plus petit
que celui des cartes de Paonne in-^faUo de
Pédition de i5i3. Voici un passage curieux
que ceux qui ont écrit sur la Géographie de
Ptolémée ont entièrement négligé. 11 se trouve
conune jeté par hasard dans une note que
Phrisius a ajoutée à la fin du second chapitre
du huitième livre* : « Et ne nobis décor alte-
rius elationem inferre videatur, has tabulas e
^ Cette* famille d^imprimeurs célèbres signe GiiS^
ranger dans la Margarita philosophicaj éd. de i5o49
i5o8 et i5i5; Grierdnger dans les Ptolémées de i5i3
et i5aa ) Grûniger dans le Globus Mundij iSoQ.
• Le paragraphe qui m*a été indiqué par M. Walcke-
naer u^est que de douze lignes et est insciit : Pau-
cula ad lectorem ante tabularum expositionem Lau-
rentiiPhiîsii. •
^fiCTIOM DBUXIEMB. iij
HLOvo a Martino Ilacomjrlo pie defkncto con*
structas et in minorum quam prius unquam
fiiere fermam redactas esse notificamus. Hmc
igitur et non nobis j si bonae sunt , pacem et
custodiam in cœlesti lerarchia, cum eo qui
ipsam machinam mundi tôt nûris interstitiis
disjunxit exopta. Caetera vero quœ« sequuntur
nos perfecisse scias. » Le savant Laurent
Phrisius^ , probablement de &mille hollandaise,
mais né à G>bnar, était alors au service du
duc de Lorraine et résidait à MetZt« Il ne pou-
vait sVtribuer un travail que très près de lui,
dans les Vosges et en Alsace , tout le monde
savait appartenir à Hylacomylus, déjà mort
avant i522. Cest donc aussi cet admiirateur
de Yespuce qui a inscrit pour la première fois,
dans Fédition de Ptolémée de i522, le nom
America sur ime mappemonde ( Orbù typus
unxQer^aU^ iuxta hjrdrographorwn tradition
nem)j n^appemonde qui sous le même titre se
trouvait déjà dans Fédition de i5i3. Il ne &ut
pas oublier que les divers travaux coordonnés
dans ces éditions, sont nécessairement de
beaucoup antérieurs à Fépoque de leur publi-
' Le même nom vaiie en Phriese , Phry-ese, et Fries»
Ii8 SfiCTION DEUXliHE.
cation} et que Tédition de i5i3 était à peu
près rédigée dès iSoy. Or, c^est seulement
dans le cours de cette dernière année qu^Hy-
lacomylus a osé proposer le nom $ Amérique
pour désigner le Monde Noweau. L^ôpinion
populaire se forme et s^étend progressivement.
U résulte des faits réunis 'dans la Ttoisième
Section^ que Intervalle de i520 à iSaa est
celui où le nom d^Amérique conmience pre*-
mièrement à se mcmtrer sur des carte&gravées
dans TAllemagne occidentale et méridionale ,
par conséquent dans des pays sur lesquels
Vespuce , mort huit ans plus tôt , ne pou-
vait exercer aucun genre d^fluence person-
nelle.
Le Ptolémée de iSsta, rédigé par un savant
qui résidait à Metz, orné de cartes de la main
du géographe de Saint-Dié , peut être consi-
déré comme im ouvrage dû à la Lorraine avec
le même droit que le Ptolémée de i5i3. L^é-
diteur des quatre lettres de Vespuce, Hyla-
comylus, confondait le navigateur florentin
avec le navigateur génois, comme de nos jours
beaucoup de personnes qui s^téressent aux
découvertes dW passage au nord-ouest con-
fondent les noms illustres de Parry et de Ross.
SECTION DBUXIBIU. II9
Ve$puce dont tant d^Trages câébraient la
glcHre depuis la pubKcation de son troisième
voyage orné des images des constellations aus-
trales, ren:qf>orta pour long-temps sur Gdomb.
Cette même édition de Ptolémée de i52a,
la première qui offre le nqm d^ibnérique sio:
une de ses cartes^ renferme la preuve la plus
convaincante d^une victoire due non à ïvor-
tiîgue et à la maUgnité, mais à un concpurs
naturel de circonstances que je viens d^expo--
ser rapidement. Pas im mot de Colomb dans
la préface de Thomas Aucupariys , mais un
éloge exagéré de Veqpuce : « Non inferiori
commendatione digni sunt qui post Ptolo-
meumincredibiHingenii indagine ad novaster-
rarum et iusularum lustrationes pervenerunt.
Quorum omnium imprimisetnon vulgari cde-
brandus est honore Americus ille Y esputius ,
Americœ terrée, quam hodie Americam, No-
vum Mundum vel Quartam Mundi partem vo*-
cant j aliarumque novarum adjacentium vioi-
narumque insularum egregius et nobilissimus
ins^entory visitator et primus hospes. » Avec
cet éloge &stueux contrastent de la manière
la plus extraordinaire d^autres parties du texte
et des cartes. A la mappemonde qui présente
ilK) SECTION DEUXIEMB.
le nomdeprimus iwentorethospesy est jointi^^
une carte répétée de Fédition de i5i3, sur la<-
quelle (m lit en gros caractères, au milieuderA-
mérique méridionale, ces mots : « Hœc terra
cum adjacentibus insulis m^enta est per Co^
lumbum Jtmuem^m ex mandato Régis GisteU
k&. )> La description dé la même c&rie {Tabula
ierrœ Nowsb) se borne cependant à ime rela-
tion succincte du prenner Toyage de Colcnnb
dans lequel les îles seules tinrent découvertes.
Cette même inconséquence se présente aussi
dans la belle édition romaine de 1 5o8 publiée
une année après le Monda Noço de Y icence ,
et la Cosmographie d^Hylacomylus. Il est
vrai que les noms de Vespuce et S! Amérique
ne s Y trouvent -pa&, mais -dans le petit traité
de Géographie du moine Célestin Marcus
Beneventanus , qui est annexé au Ptolémée
de 1 5o8 , les découvertes de Colomb et des
Espagnols ne viennent qu^à la suite des dé-
couvwtes des Portugais '..Dans la mêmeédi-
^ « Nova Orbis descriptio ac nova Oceani navigatio
qua lisbona ad Incficum pervenitur pelagus^ Blarco
Beneventano monacho Caelestino aedita : cap. i4* 1^
tellure qua tum Lusitani, tum Golambus observaveise
8BGTI0I« DEUXIEME. iflf
tkm ^ on lit sur une carte de Jean Rujrsch^ la
ppemière earte gravée sur cuivre du Nouveau
Continent, que des navigateurs portugais sont
parvenus jusqu^à 5o^ de latitude australe , et
n'ont pas encore trouvé Pextrëmité méridio-
nsde du Mundia Np^us * . Ce chifire de 5o^ fait
allusion , comme nous le verrons bientôt , au
troisième voyage de Vespuce (mai i5oi — -
septembre i5o2). Il prouve même que la
source dans laqudle Ruyseh a puisé est la
relation imprimée d^ord séparément et puis
dans le Monda Nwo deYicence (cap. CXVI),
et qu'il n'apas eu ea vue la relation du même
troisième voyage dans les Quatuor Na^ga^
tiones de la Cosmographie d'Hylacomylus.
Les deux relations diffèrent dans l'indication
quem Mundtun appellant Novum ob vastam quanti-
tateniy vel terram Sanctae Crudt. »
* « NautœLusitani partem banc terrae hujus (JSanctœ
Crucis 9ei Mundi Novi) obBerranuit et usque ad ele-
Tationem pob antarctici 5o graduum pervenerunt^ non-
dum tamen ad ejus finem austrinum. » Une autre
inacriptioii placée à Textrémité nonk)ue8t de F Amérique
méridionale attribue cependant la dénomination du
Mundus Nùinu aux « navigateurs espagnols. » Voyez
la PI. 39 de mon Atlas géographique.
122 SECTIOIf DEUXIEME.
de la limite austraia ou du terme de la navi-
gation. De même que les nombreuses éditions
et les traductions de la RaccoUa de Vicence
de iâo7, ont fondé la célâ>rité du troisième
voyage de Vespuce dans lequel il se vante
d^avoir parcouru les 90a de la lunghezzameri-
dionale del globo^ les quatre éditions et les
différentes traductions du livre entier ( Qua^
tuor runfigationes) publié par Hylacomylus,
ont singuU^ement contribué à augmenter le
renom du voyageur floraitin* Simon Grjnœus
a inséré le récit des quatre voyages dans VOr-"
bisNoi^uSj dont la première édition imprimée
deux ((Às^ dans la même année^ i53a à Paris
et à Baie , a été suivie par d^autres éditions
de 1537 et i555. Grynœus, Sébastien Muns-
* Uédition de Bâle de 584 fm^y a pai*u en
mars i532, « apud Joanoan Hervagium. » L'édition
de Paris de 607 pages et d'un lormat in-fi>l. d'un
septième plus iprand^ est du mois de novembre iSSa,
« apud Antonium Augerellum (Augereau), impensis
Jo€umis Parvi ei Galeoùi a Praio (Jean Pedt et Galiot
Pupré). • Cette dernière édition renferme une carte
d'Orontius Finaeus (i53i)dans laquelle le Mexique
fait partie du Man$i^ qui est une pnmnce de la
Chine.
SECTION DEUXIEME. ia3
t^, Ramuisio et FraoastcH* étaient tous, comme
AngUera, contemporains^ de Colcnnb et de
Vespuce. Il résulte de là que les opinions de
ces hommes illustres, si vivement intéressés
aux immenses progrès que faisait là géogra-
phie de leur temps, sont dWe haute ihipoiv
tance dans la question qui nous occupe. G>m-
me la plupart d^entre eux sont parvenus à un
âge très avancé et que leur activité httéraire
a été pour ainsi dire continue , Finfluence de
leurs opinions en e&t devenue plus puissante
et plus durable. Le No^us Orbù de Gry-
nasus, que Fcm pourrait regarder comme le
prototype de la Raccolta de Ramusio publiée
dix-4iuit ans plus tard , offre encore une par-
tie des imperftctions du Mando Novo de Vi-^
cence et de VItmerarium Poriugallensium.
Il y manque toujours le quatrième voyage de
G)lomb *, et ce navigateur est encore dépeint
* A la mort de Vespuce , qui a suivi celle de Co-
lomb de six ans seulement j Grynaeus était âgé de
19 ansy Sébasden Munster de 23, Ramusio de 27, Fra-
castor de 99 ans.
^ H manque encore danô la Cosmographie AtlAiïaBXet,
p. 1 107, et cette omission est importante, parce que c'est
ill4 SECTION DEUXIEME.
a comme un homme vivant en tout honneur à
la cour d^Espagne. » Grynseus, mort de la peste
à Baie en i54i « a probablement connu dand
cette célèbre université Philésius et son ami
Hylacomjlus. II a copié Touvrage de ce der-
nier, et a placé à la tête du Nwus Orbis un
petit traité de Sâ>astîen Munster qui, dans le
chapitre des divisions de la terre , ofice le pas-
sage* souvent cité : « In Oceano occidentali
fere novus Orbis nostris temporihus ab Albe*
rico y esputio et Christophcxt) G>luinbo inven-
tus est qui non abs re quarta orbis pars nun--
cupari potest , ut jam terra non sit tripartita,
sed quadripartita; cum hœ Indianœ insulœ
sua magnitudine Europam excédant , prœser^
tim ea quam ab America , primo ùnfentore^
Americam voéant. » Vespuce est nommé avant
dans le quatrième voyage que Colomb découvrit une
si grande partie du continent. La G)smographie latine
(édit. de Bâle i55o)a été précédée par une rédaction
allemande très rare de i544- (Compares aussi Napioicb,
Del primo scopritorey p. 8-i4 et i-a4.) Mlinstcr vint
avec son ami Grynaeus à Bâle en i5a9. Il exbte de lui
un admirable portrait au^Musée de Berlin de la maia
de Christophe Amberger (Abth. Il, Classe i^ n"* 67).
.' Geth. éd. Par. iSSa, p. III.
î
SECTION DEUXIÈME, i^S
Qblamb, parce qfu^on regarde comme fruit de
son troisième voyage (i5oi-i5o2) un relève^
in^it de cotes dWe étendue de plus de6o^ en
latitude* Diaprés Toinnion de ce temps , Paria
est une île s^iarée de la grande île découverte
par Vespuce. «Quid dicam, dit Munster dans
la Cosmographie^ de magnis istis insulis Ame-
rica^ Paria j Cuba^ Hispaniola, lucatana? »
La question de savoir lequel des deux naviga*-
teurs avait découvert le continent ne pouvait
se prés^iter alors. Dans les cartes d^Chxmtius
Finœus et de Munster, qui placent la Cattigara
de Ptolémée sur la cote du Pérou , le nom d^A-
mérique n^appartient qu^à la seule partie méii-
dionale du Nouveau Monde. Cest là qu^on lit :
« Insula Atlantica quam vocant Brasilii et Ame-
ricam» »
Pierre Martyr d^Anghiera, dont la longue
carrière embrasse la découverte de O>rvo, une
des îles Açores, les voyages de Cadamosto^de
Diaz et de Gama , les exploits de Colomb , de
Cortez et de Magellan , était initié par sa posi-
tion politique et littéraire, à tous les intérêts
des grands navigateurs du quinzième et du sei-
' Ed. iSSo^p. 33,34.
i96 SBCTION DEUXI^HB.
zième aède. lia été à la fois V&aai de Colomb,'
des deux Vespuoe, oncle et neveu, et de Sé-
bastien Cabot ' auquel est due la découverte
du continent de FAmérique. Les Océaniques
d^Anghi^ra et sa correspondance ne présentent
pas la moindre trace d^un soupçon d^arrogance
ou de prétention ambitieuse de la part de Y es-
puce. G^jpendant inghiera, membre du tri-
bunal des Indes, était constamment en Es*
pagne (à Burgos, à Valladolid ou àMedina del
Campo) au courant de tout ce qui se passait
relativement aux Nouvelles Indes , pendant les
années i5o8et i5i3, lorsque le procès du fisc
contre les héritiers de Famiral fiit suivi avec
le plus d^acbamement. Il nonmte souve^it*
1 « Familiarem habeo domi Cabottum ipeum et
contubemalem interdum. * Océan, Dec. III ^ lib. VI y
p. 26S.
« Par exemple Epist. DXXXII. Dans les Décades
Océaniques y Hojeda est toujours nommé Fogeda
(Dec. II, lib. I, p. ia3). On peut être siupris de Tou-
que les Décades ne font pas du tout mention de Fexpé-
ditîon de Hojeda et de Vespuce en i499> ^ que le qua-
trième voyage de Colomb n'y est indiqué d'abord qu'en
peu de lignes (Dec. I, lib. X, p. «19; Dec. II, lib. I,
p. lit), et puis , comme pour réparer un oubli , dans
I
SBCriON DEUXIEHfi. 127
dans la aoiâiiie année i5i3 Alonzo de Hqjeda
et Juan de la Cosa qui araient été les compa-
gnons d'^Améric Vespuce dans le voyage £dt à
kl côte de Paria en 1499 > et cependant ces
noms ne rappellent ni à Anghiera^ ni à Fer->
nand Colomb, qui était si jaloux de la gloire
de son père et qui n^a terminé son ouvrage
qu^en 1533 ou i535, aucun reproche, aucune
expresâon de malveillance contre Vespuce.
Ajoutons à cda que Pauteur des Océaniques
ne se montre pas très endurant envers ceux
le quatrième livre de la troisième décade (p* 238-
249). La grande richesse de perles rapportées par Pe-
dro Alonzo NifiO) parait avoir fait oublier l'expédition
presque contemporaine de Hojeda (Dec. I, Ub. V11I|
p. 187). La gloire de G)lomb est tellement obscurcie
depuis son retour de la troisième expédition par les
entreprises de Vasoo de Gama^ Vicente Yanez Pinzon,
Diego de Lepe^ Gaspar de Cortereal et Alvarez Cabrai,
qu'Angfaiera ne parle du décès de Colomb qu*accciden-
tellement et six ou sept ans après qu*il eut lieu. « Co-
lono jam vita functo régi cura ingens exorta est, ut
terrae illas novae a Quisdanis habitandx, in religionis
DOStraB augmentmn occupan^ntur. » (Dec. II, lib. I,
p. 1 2 1 .) J*ai reconnu que le dixième livre de la première
Décade a été terminé en 1 5 10, le dixième livre de la se-
conde Décade en i5i4-
iHB SBCTIOIf DBUXiilfE.
qui osent s^attribuer ce qui ne leur est pas dû;
Il s^krite contre Çadamosto qu^il confond avec
Angelo Trivigiano, l(»*squ^il Faccuse dWoir
copié fintivement ses manuscrits. « Admiratus
fui j Aloysium quemdam Cadamostum Y ene-
tum ita perfricata fronte scripsisse de rébus
Castellams %Fecimus^ F^idimus^ FumtuSy quse
neque fecit unquam, nequeVenetus quisquam
vidit. » Voila prédsânent le genre de repro-
ches que depuis le dix-huitikne siècle on a
adressé sans cesse à Améric Veqiuce. En agi-
tant la question de savoir si la côte de Paria
est, comme G>lomb Ta constamment supposé,
une partie de FAsie orientale, Anghiera se rap-
pelle la configuration de Ckiba et se montre
très sévère 'envers ceux qui osent argumenter
contre Famiral. <( Il existe, dit-il, des navir-
gateurs qui s^éloignant de Topinion de Ck)lomb,
affirment que Cuba est une île et osent pré-
• Dec.II,lib.Vll,p.i78.
• « Beragua primo reperta a Golono. Defraudare
virum et admittere icalus mihi yiderer înexpiabile^ si
labores toleratoe^ si curas ejus perpessas^ si denique
discrimiDaquaesubiyity silentio pi*»terirem. » (Dec. III,
lib.IV, p. i38.)
"il
1
8BCTI01« DEUXIÈME. 1^9
tendre en avoir ûàt le tour : qui se cir$uisse
Cubam audeant ' dkere : an kœc ita sinij un
inuidia tanti inventi ^ occasianes quœrant in
hune ¥irumy non dijudicof tempus loquetur
m quo {férus judex in^dgilat. » Si Anghiera
avait su que Vespuce disputait à Colotob Phon-
neiu* d^avœr découvert la côte de Paria avant
lui , pourquoi nVurait-il pas proféré desplaintes
à cette occasion? Bien loin de blâmer le navi-
gateur florentin , il n^en parle quVvec éloge et
offre de plus le témoignage d^im fait si sou-
vent contesté de nos jours , je veux dire du
voyage d^Aménc à lliémisphère austral, <( sous
> Gomme la certitude officielle, c'est-à-dire la cir-
cumna^igatioD de File de Cuba par Sébastien d'O-
campo ( Herheha^ Dec. I, lib. VI, cap. 1) ne date que
de Tannée i5o8y on doit croire que le passage d'An-
ghiera cité dans le texte ( Dec. I, lib. Vil, p. 78 ), est
écrit avant cette époque. La grande impfi*tance qu'An-
ghiera attache à la première découverte de Paria, se
manifeste aussi dans le neuvième livre de la première
Décade (p. 99) : « Id littus univei*sum Pariae est,
quam Colonum ipsum kujus lanti inventi auctorem ,
reperisse diximus. » Mais cette côte de Paiûa « Indi-
oum esse continentem nautœ credunt. » ( Dec. I ,
lib. Xjp. ii4)
IV. 9
l32 SECtION DEUXIEME.
deux autres écrivains que Ton a toujoui*s pla-^
ces parmi les détracteurs de Colomb , et qui
n^auraient pas manqué de faire valoir les pré-
tentions de Vespuce, s^ils avaient appris que
celui-ci insistait sur la priorité des découver-
tes. Oviedo et Gomara ont répandu la tahle de
ce pilote Alonzo Sanchez , mort dans la maison
de Colomb, dont ce dernier devait avoir reçu
habeo convivamquum sit juyenis ingenio pollens et qui
percurrens eas oras diiigenter annotaverit quaBcunque
oblata sunt. • Dec. III, lib. V^ p. a58. Jean Vespuee
fut nommé, par la cédule royale du a a mai iSia, ainsi
peu de mois après la mort de son oncle, non Piloto
major (cet emploi fut donné à Juan Diaz de Solis)y
mais pilote du roi, chargé exclusivement de tracer les
cartes du Nouveau Monde. £n i5i4 il se trouvait dans
IVxpédition du Darien avec Pedrarias Davila : on ne
peut donc admettre que le neveu d'Améric soit le
« Joannes Vesputius^ civis Florentinns^ quem Pontifex
misit cum Butiigario nuncio ut de matrimonio ( Ju-*
liani, pontificis fratris)cum aliqua Re^ propinqua
tractet. » C*est cependant de ce dernier que parle
Anghiera d^ns une lettre adressée au fils du comte
r
de Tendilla , et datée de Burgos de janvier i5i4
(£pbt. DXXXV, p. 294)- 11 l'appelle «civem quem-
dam^ » une personne qu'il ne connaît pas. (G)mpa-
rez Kahre, Pàbstcj 1. 111, p. 234-)
SECnOlf DEUXIEME. i33
lajNrenûère notion d^ terres situées vers Pouest ^
Oriedoest traité par le fils de Panural comme un
des ennemis de sa £unille , quoiqu W ouvrage
puUié à la fin dWe Icmgue et honorable car-
rière (Oviedo est mort âgé de 79 ans) semble
prouver le contraire*. Lliistorien des Indes de
rOcddent aurait eu mainte occasion de Aomr*
mer Vespuce en parlant des expéditions à la
côte de Paria^ et au golfe des Perles, surtout
lorsqu^il discute avec sagacité dans IWant-
propos du Uvre XVI la question de savoir si
Us terres noui^ellement découvertes ne sont
pas entièrement séparées de PAsie, si , <( n^é-
tant ni plus anciennes , ni plus neuves que
* Voyez tom. I, p. aoS.
* « Vuestra SagradaBfagestad (l'empereur Charles V)
deve (mrar 7 gratificar 7 conservar la succession de
Cohmy de su casa y sostenerla, y aumentarla j esti-
maria como joya propria de Sus reynos. » El lièro XX
de iasegunda parte de ki General historia de ku Indias,
Vdladolid) iSSj. (La dédicace est de 1 546. ) Dans une
autre dédicace rapportée par Ramusio, t. UI, p. 87, dj
Oriedo ajoute « qu'il ne regarde pas comme bon Cas-
tillan quiconque révoquerait en doute les services et la
^oire immcNTtelle de Christophe Colomb. » (Comparez
aussi la F'ida del Almirante^ cap. 8 et 9. )
dr34 sscnoif DEOxminr.
rSurope 6t TAfrique^» «Uçs méritent le nom.
d W Monde Nouveau que leur donneiB^iera*.
U Êiut croire qu^il jî^j avait pas Je moindre
soupçon à cette époque en Espace que Ve»-
puce prétendait avoir, vu la cote de Paria avant
Colomb : car ce soijq>çon serait sans doute par-
venu à la connaissance d^Oviedo qui publiait
une partie de ses ouvrages quatorze ans après
la mort du navigateur florentin et qui consul*-
tait .^core ce vieux pilote Hemaii Ferez Ma-
teo dont Colomb avait été accompagné dans,
sa troisième- expédition ' . La baine de Gomar»
contre Colomb n^était pas une baine pevscm-
nellej elle était Fefiet de ce patriotisme exa-
géré et peu philosophique , dont ITiistoire des
découvertes et des inventions des temps les
plus modernes offre de nombreux exemples..
Gomara n^aimait pas plus le navigateur génois
• Ràhusio, éd. de Venise, 1606, t. IÏI,p. i65. La pre-
mière édition d'Oviedo est de Tolède, 1626, la seeonde
est celle de Salamanque, i547- On voit que le tiV)isième
livre tel que le doniie Ramusio, L III, p. 60, est posté-
rieur à i535, puisqu'il contient le célèbre passage de la
destruction de tous les indigènes d'Haïti correspondant
à Fépoque que je viens de signaler.
SBCriON DfiUXIBIlB. l3Ô
que le navigatair -floreotiii. Eloiçoé par âon
âge et, sa peÂtion de ces intérêts personnels
qui lîaioit Angiûera, Andrès Bemaldez et
Onedo aux hommes du règne de Ferdinand
le Cathdique, Gomara adopte dëja une partie
des prgugés que, depuis le milieu dusdei^me
siècle, les fioissès dates du Reoueâ des Çua^
tuor Nmngaiwne* avaient fiât nahre contre
Vespuce. Il exprime un soupçon qui connn^i-
qàt à se répandre, mais il le repousse par des
âoges dont Texpression était générale dans les
temps antérieurs. Le oap Saint-Augustin que
Victnte YaAez Pinson avait découvert en jan-
vier i5oo , et auquel il avait donné le nom de
Caho de Sonia; Maria de la Consolacion^
jouissait idors dWe grande célébrité à cause
de la proximité de la Ugne de démarcation
papille , et par sa position la plus orientale
dans le cc«itour de la péninsule de FAmérique
du sud. Pendant la dispute sur les limites des
possessions espagnoles et portugaises , le gise-
ment du Cap Saint-Augustin par rapport aux
îles du Cap Vert, avait été vérifié'en i5i5 par
les témoignages de Sâ>astiai Cabot et de Jean
Vespuce, fondés sur les opérations d^Améric
f36 SECTieil DEUXIÈME.
son onde. U parak que ces témoignages, dont
je parlerai plus tard, étaient connus à Lopez
de Gomara , auteur de V Histoire des Indes ,
compilation &ite avec autant de soin que d^é-
rudition. Le nom du cap Saint-Augustin lui
rappelait à la fois les noms de Vicente Yaftez
Pinzon et d^Améric Vespuce. Après avoir non>-
mé les Pinzon grandissimos descubridores ^ il
cite d^abord Vespuce avec un peu d^amertume,
« comme un homme qui prétend aussi avoir
fiât des découvertes dans Plnde pour la cou-
ronne de Castille ; >» puis il ajoute : a Vespuce
rapporte qu^il est allé au même cap Pan i5oi
et qu^il lui a donné le nom de cap Saint-Augus-
tin , lorsquVvec trois caraueiles fournies par
le nÀ E^nanuel de Portugal , il fut envoyé de
ce coté pour chercha* un détroit par lequel on
pourrait parvenir aux Mohiques; il rapporte
aussi qu^alors il navigua le k>ng de la cote
(orientale du Nouveau Monde) jusqu^à 4o^ de
latitude aurdelà de Féquateur. » Cette asser-
tion dWe latitude si méridionale donne occa-
sion à Gomara de nommer <c parmi ceux .qui
entachent {tackan) les navigations à^^lbe^
rique^ » Fauteur de certaines éditions ly(H>-
r
'
SfiCTIÔM DEUXIÈME. iSj
naises^ de Ptolémée. Pour indiquer cependant
qu^ ne partage pas tout-à*Êdt ce genre de
* J'ai d^ obeeiré plus haut que Gomara fait allu-
siçD aux éditicms de Servet de* i535 et iSii* Dans la
première on trouve : « Iterum Colonus reversus Gm-
tinentem et alias quam plurimas insulas adinvenit qui-
bus nune Hispani felicissime dominantur. Toto itaque
quod ajunt aberrant cœlo qui hune continentem Amé-
ricain nuncupari contenâunt^ cum Americus muiio
posi Columhum eaihdem ten^Bun adieiit, nec cum Hispor
nis Msf sed caiA Portugallensibus ta suas mercés com^
mutanlf eo se cootulit. » Cette note sérère et en pi^tie
très injustei n'a pas enpècbé l'éditeur d'ajouter à son
édition la carte de i5aa qui offre en grands caractères
le ncMn d^ Amérique. Presque toutes les éditions de la
Géographie de Ptolémée sont remplies de contradic-
tions semblables, parce que plusieurs savans y ont tra-
vaillé sinmitanément. Vespuce a navigué pour tEs-
pagne; car d'après le témoignage le plus foimel du pi-
lote Andrès de Moi*ales et du cajntaine Alonxo de Ho-
jedai il a été avec ce dernier, au mois de juillet i499i
au golfe de Paria. Il a abordé ces côtes , toujours
muUo post Columbum , près de onxe mois plus tard.
D'ailleurs il reste un peu douteux si Alonzo Nino
et Chiistoval Guerra , partis d'Espagne quelques
jours avant Hojeda et Vespuce, et faisant route di-
recte de la Barra de Saltes à Paria, n'y sont pas arrivés
avant Hojeda. (Nav. t. IIÎ, p. 33i.) Le témoin Ni-
l38 SECTION DfiUXlàMB.
doutes, il finit par ces mots : u Moi je sais que
Vespuce a navigué beaucoup, i» Il ne &M pas
oublier que Gomara écrit très tard , en i55i ,
lorsque Fouvragè d^Hylacomylus avait déjà
répandu les &usses dates de la première ex-
pédition de Ve^uce , et qu^à Finsu de ce na-
vigateur, le géographe de Lorraine , Vadianus^
Appien et les éditeurs du Ptoléméë de iSaa
avaient d^a rendu très fréquent sur les cartes
le nom de FAmériqûe continentale. Il &ut
croire de plus que si Gomara n^éût pas ignoré
le fidt que Vespuce et Cosa ont été de Texpé-
dition d^Alonzo de Hojeda (fait qui cependant
avait été officiellement constaté en i5i3 dans
leprocès du fisc contre leshéritiers deColomb),
il n^aurait pas montré de Fincertitude sur lés
navigations du voy^ geur florentin dans les in-
térêts de VEspagnef il n^aurait pas dit <c Ves-
pucio que tambien sehace descc^ridor de Yi»-
dias par Castilia. » Les mêmes circonstances
qui irritaient Gomara contre Améric Vespuce,
ont agi dWe manière plus forte encore sur
oolaa Ferez dit cependant le contraire dans le procès
du fiscal) et Las Casas confirme ce dernier (ânoignage.
(L. c. p. la et 54<.)
nCTIOIf DBDXIElUB. t39
révèque Barlolomé de Las Casas, qui pendant
le cours d\ine caitière longue et agitée , n^a
termkié le |]Éanii8Ciit de sa vdiummeuse Bi&^
torià gênerai de las Inéias qu^en iSSg , à Page
de 95 ans. CodWBe il a séjourné à Saint-Do*
mingue de iSoa à i5iO, et qu^il a eu entre ses
mtSa^ la lettre que-¥Vaneisco Roldah écrivit à
G)l(noBb sur Tarm^ de Hoj eda au port de ¥a-
quimb^ il coimait avec préoisi(Hi l^poque de
cette arrivée (5 stptéinht« '^499) j ^t-sans adr
mettre la probtJ>iIité que, par ime erreur for-
tuite ^ la date du d^>art de Vespuce pour son
premier voyage «it été altérée, il accuse , en
comparant les années , la véracité du voyageur
florentin. Je reviendrai dans un autre endroit
sur Tapperence de ces anadbronismes : fl suffit
ici de rappeler que Las QM^s luirmâdtie en
commet un assee grave krrsqu^il donne Vespuce
pour compagnon à Hpjeda , dans la seconae
expédition que fit cdui^i de iSoa à i56d, de
concert avec Juan de Vergara'".
^rès avoir examiné les tâpoioignages des
écrivains qui résidaient en Espagne, ceux de
^ Voyez les citidions des manuscrits de Las Casaa
dansNAT. t. III, p. 7, 3i8et33a.
i40 SBCTION DEUXIÈME.
Pierre Martyr d\4iigfaiera , d^O viedo , de Go-^
Qiara et de Las Casas, il reste à rendre compte
des progrès ou pour mieux dire des variations
de Popinion publique dans Pétranger, surtout
en^emagne et en Italie, depuis lapubKca-
tio;i de la G)smograpliie d^Hjlacomylus et
des Quatuor Naçigationes. L^ordre chronolo-
gique sera d^autant pkis préfiàrable dans ce
genre de discussion , que les jugemens litté-
raires ont moins d^inqK>rtance à mesure qu^ils
s^éloignent du commencement du seizième
siècle et que c^est plutôt la foi dans des au-
torités antérieures que la comparaison des fidts
qui les déta^mine, •
Déjà en 1 5o7, donc une année avant la belle
édition romain^ d^ Ptolémée qui offre le pre-
mier plamsphèi^, pyec indication du Monde
Noui^eau , les dedtfUvwtes de Vespuce avaient
..^^quis tant de célébrité en Allemagne, qu^on
^ les c'onsigùait à Strasbourg ce sur des globes et
des cartes imprimées, n Le savant abbé de
Trittenheim^ (sur la Moselle, dansFévéchéde
' Le bénédictin Trithemius (fib de Jean de Hei-
denberg), né &ï i^S^j est mort non en i5i6 comme on
l'indique généralement^ mais le 16 décembre i5i8| d'a-
près la Vie publiée par Jean Duraclusius.
8BCTION DEUXIÈME. l4*
Trêves) était contemporain de Cdomb et de
Vespuce. Il dit iiaïvement dans une lettre*
datée de'Wùrzbourg (du 13 août i5o7)<iqu^
est troppaîivre, comme abbé du cduyenttle
Saint-Jacques de Wurzbourg, pour acheter
une belle mappemonde (puicherrijne depio'
tam^ sans doute manuscrite) qu^on veut lui
Tendre à Worms pour 4o florins; que jamais
on ne lui persuadera qu'une mappemonde peut
Taloir autant et qu'il a préféré iâire un achat
plus modeste. » Comparavi autem.miki ante
paucos dies pro œre modico tphœram orbia
puickram in quantitate parva nuper jàrgen-
' Cette letti«, adressée aumathëmaticien-M^iUielmm
s(cu>«)in DynnBtîen, »
;hlij4bi , Nol. di Crùio-
t, f^in^fi d'jémeri^o Vti-
Le iSio. La dateD'eetus
mée de i5o8. Lep fettrcf'
aniuB soDt au nombreaé
Ïo5-i5io. En les exami-
nant avec soin , je n'y aï rien trouvé de relatif aux dé-
couvertes uautiqMcs, à rexception de le lettre de tSo;
dtée dans le texte. Elle se trouve dans Jahannu Tri-
ikemii Secuitdœ Partit Chnnica insigaiaduo (Fi-ancof.
.601), p. 553.
l4a ^KCTIOIf DEtXlàniB.
dnœ impfesstmiy simul et in magna disposir
tione glohum ierrœ in piano Bxpansum cum
msuUs et regiombus noviter ah Jtmerico ^es-
puUo Hispano im^entis in mari occideniaU de
versus meridiem^ ctd pàrallelum ferm^ deci-
mum. La latitude est peut-^tre boréale en al-
lusion à celle de la cfôte de ]Paria, car s^il était
question dWe latitude australe, Trithemius
aurmt, sur la foi de la troisième lettre de Ves-
puce, parlé de 52"^. Les mots nJlmericus His-
panus » prouvent de nouveau combien on
confondait alors , dans la chronologie des dé-
couvertes, les dates, les nations et les hommes.
En i5og parut à Strasbourg un petit traité
géographique sous le titre de Globus , Mundi
declaraliOf sù^edescriptio mundi et totiusorbis
ierrarum. Cest dans cette brochure très rare
aujourd'hui que j'ai trouvé employée pour la
j|4|pmière fois la dénomination ai Amérique
p]2«r désigner le Nouveau Monde , d'après le
conseil donné par Hylacomylus en lôoj.
L'auteur anonyme, que Panzer a cru par er-
reur être Henricus Loritus Glareanus , ne
nomme le navigateur florentin que sur le titre
de l'ouvrage et sans faire aucune mention de
Colomb : De quarta orbis terrarum parte nu-
SECTION DEUXIÈME. l43
per ah Amerw> reperta. Le Globms Mut^\
et ce Eût 'est digne de remaiHiue, pai^ut dans
cette iBièDie imprimerie de Jean Graniger
{Addpho Mukcho castigatare) qui a pubKé
et aussi en i5og, la seconde édition de la
Cosmographie d^Hylacomylus.
Un éloge donné par un des plus grands
Iionunes de son siècle, Séllastien Cabot, est
trop précieux pour être passé sous silaice.
Uéréque Fonseca ayant été dbargé, inuné-
diatement après la mort de Vespuce, de rédi-
ger des tables de positicms (padrorws) , Cabot
fîit appelé en Espagne par Fint^rvention de
lord Willoughby {Milort de f7àWd'Herrera),
auquel s^adressait le roi Ferdinand ^ Il arriva
en septembre iSiâ, et trois ans après, lors-
que les Portugais avaient Capturé des aventu-
riers espagnols débarqués au cap Saint-Augus-
tm, le roi Ferdinand ordonna* qu^une réunion
de pilotes devait décider si la prétention des
Portugais sur le cap était fondée , et si Ton
pouvait se fier à la carte marine d^Andrès de
»
* HsaRSBAyDec. I, lib. IX^cap^ iS, 1. 1^ p. 2149 ^^
B1DDLB9 Mem. of Seh^ Cahot y p. 99.
* Herrera, Dec. II, lib. 1, cap. 13, 1. 1, p. ;k64.
l44 SECTION DEUXIEME.
Mordbs qui jouisssdt alors d^une grande célé^
brité. Sébastien Gibot , membre de cette junta
d^ piloios y donne le gisement du cap relative-
ment à File de Santiago du cap Vert dVprès
Pobservaticm d^Améric , et ajoute «c qu^il croit
la position très sûre , puisque Améric lui-même
a pris hautmu* près du cap Saint-Augustin et
que c^est un homme bien expert' dans la dé^
termination des latitudes. >»
Le commentaire que Vadianus (Joacquin de
Watt) a syouté à son édition de Pomponius
Mêla, a de Fimportance, comme on le Veira
dans la Troisième Section , parce que le nom
de Vespuce y est partout substitué au nom de
Colomb. L^édition de 16122 commence par une
lettre écrite de Vienne en i5i2, nEpistola,
Vadiani ah eo pêne adolescente ad Rudolf
phum A gricolam juniorem scripta. » Il est
question dans cette lettre de X America a Ve^
puccio reperta^ des antœciens et du prolon-
gement des terres au sud de Féquateur , quœ
' « Amerigo , que baya gloria , era hombre bien
experto en las altui'as. » Munoz a trouvé ces témoi-
gnages de Cabot et de Jean Vespuce dans les archives
de Séville. (Nay. t. III, p. 3i9.)
SECTION DEUXIEME. l4^
onmiadeprehendùF'espuècius insignismathe-
maticus^. Au commentaire de Vadîanus est
cloutée une carte d^Appien rédigée en i520,
la première de celles sur lesquelles on trouve
le nom ^u coi^tinent Si Amérique^ et ^, à
côté S!AmeriSti proi^incia^ offi^ les mots sui-
yans : Anno i497 ^^^ terra cum cuifaeenti--
bus ùisuUs ùwenia esiper Cohimbum Januen-
sem ex mandata régis Castellœ. Cette note
est en contradiction directe avec le nom ins-
crit dans la partie méridionale du NouTeau
G>ntinent» De plus , Tannée de la prétendue
découy^:*te de Vespuce (i497) ^^ Ëiussement
attribuée au troisième voyage de Colomb, à
Fexpédition de Paria*
En 1 520 , Alberto Pi ghi Campense , dans son
livre sur la célébration de Pâques ^ fait au na-
vigateur florentin seul, Fhonneur de la dé-
couverte du Nouveau Monde, w Terra etiam
nova Hispaniarum Régis auspiciis a Vesputto
nuper inventa, quam ob sui magnitudinem
Mundum novum appellant, ultra aequatorem
plus 35 gradibus , f^esputii obsen^atione pro-
1 Mêla cum commentario f^adiant (Basilex , i5a2) 9
p. 11.
IV. 10
i46 SECTION DEUXIÈME.
tendî cogi^ est, einec^kan finie invenius. n
Presque à la mén^e époque le géographe Glar^
reanus dont le Trai nom était Henri Loritus,
considérait pour le moins G)loiid) et Ve^uce
à la fois coQiBie cbefr des expé4itions par les-
quelles les régions «extra Ptolèm«um » ont
été découvertes'. *
Bamusio» que son ami Fracœtor appelle
toujours Rhamnusîo, était né sept ans avant la
découverte de FAmérique. Il s^était mis en
rapport avec tous les hommes qui pouvaient
puiser aux sources mêmes, tant en Espagne
qu^en Portugal , les notions les plus précises
sm* les grandes découvertes de son temps. Or,
Ramusio ne parle toujours* qu^avec la plus
I Henrici Glareanl, poeiae Laureati de Geographia
Liber unus (Basil. 1627 ), cap. 409 p. 35.
1 Ramusio (éd. de Venise de i6i3), t. I, p. ii4 et
119. Giambattista Ramusio ou Rannusio, secrétaire de
la Signoria de Venise, était neveu de ce médecin célèbre
Girolamo Ramusio qui, pour se foitifîer dans les langues
orientales, était ailé à Damas. (Tiràbosghi, t. VI, P. 1I|
p. 109.) Après avoir voyagé en Suisse et en France,
Giambattista entretint une correspondance active avec
Oviedo, alora dans Tile Saint-Domingue, avec Sébas-
tien Cabot, André Navagero, ambassadeur de Venise
^ECtlON DEUXIEME. l47
haute estime « di quel singolar inteleito ed
€ccellehte Fioreniino di belUssimo ingegnoy
il Signor Amerigo J^espuccio. » L^auteur ne
publie y il est Trai , dans le premier volume de
sa Raccolta que les troisième et quatrième
Toyages* de Vespuce, mais il ajoute expressé-
en Espagne et conâdent de Pierre Martyr d'Anghiei^a,
avec Baldassare da Caatiglione, nonce du pape en Es*-
pagne, avec Fracaator et le cardinal Bembo. Depuis
i5a3 jusqu'à sa mort, en iSSj, il travailla sans relâche
à cette collection de voyages fidte avec un choix judi-
cieux. (FoscAaiifiy Deiia Litterat. Ven. p. 43&-44t • )
Il avait paru luie édition anonyme du premier volume
en i55o (ZuaLA^,t«II, p. iio);mai8 quant à la pi*e-
mière édition de l'ouvrage qui porte le nom de Ra-
musio, le premier volume n'a été publié qu'en 1554^ le
second (après le troisième, et deux ans après la mort
de Fauteur) en i559, et le troisième en i556. (Tira-
BOSOfll, t. VII, P. I, p. ai5;GAM17S, p. 7.)
* Les deux d'après Hylacomylus. Ramusio ajoute le
double de la relation du troisième voyage que renfer-
mait déjà le M%ndo Nttovo de Vicence (i5o7), et
qu'assez incorrectement il appelle Sommario di due
navigaziofd di Amerigo Vespucci, On pourrait au pre-
mier abord être surpris de trouver les deux dernières
expéditions de Vespuce dans une collection de voyages
vers l'Orient \ mais Ramusio a voulu réunir dans son
l48 SBCTION DEUXIÈME.
ment qu^il réserve les deux pruniers voyages
faits par ordre du gouvernement espagnol^
pour le volume qui renferme les expéditions
aux Indes occidentales* & cette promeése n^a
pas été remplie dans le troisième volume , on
ne pourra pas , je crois , en conclure que Ra-
musio ^ait voulu les supprimer comme des
voyages supposés Ou malicieusement altérés.
Il est bien plus raisonnable de supposer avec
Foscarini que les deux premiers voyages de
Vespuce , de même que la première relation
de Cortez (la seconde a |^aru dans le troisième
volume) se trouvaient parmi les matériaux
réservés pour le quatrième volume et détruits
dans le malheureux incendie de la librairie de
Thomas Giunti à Venise ' . Nous possédons
premier volume toutes les navigations portugaises.
D'ailleurs Vespuce a touché dans la troisième expédition
« les cotes d'Ethiopie et Sierra Leona ; » et la quatrième
dans laquelle on reconnut fortuitement la baie de Tous
les Saints , était originairement un voyage « à Calecut
et à Melcha » (ou Malacca).
* Ramusio môme indique à la fin d'un discours sur
la découverte du Pérou (t. 111 ^ p. 3io), que ce qua-
trième volume devait offrir la continuation des navi-
gations américaines.
SECTION DEUXIÈME. l49
une lettre adressée à Fracastor ^ et écrite à
une époque «c où vivaient encore en Espagne
et en Italie des personnes qui sYtaient trou-
vées à la cour des monarques Catholiques
lorsque Colomb entreprit la première expédi-
tion de i49^* » Or, la fin de cette lettre est
destinée à yenger « le grand homme qui a fait
la chose la plus merveilleuse qu^on ait jamais
tentée , le Signor Christofbro , il quale ha
Jàtto nascer al mondo un altro mondo^ »
de ces vils soupçons que Penvie a Êdt naître
contre lui. Ramusio traite rudement ceux qui
répandent la fable d^un pilote mort dans la
maison de Colomb , et dont on voudrait faire
le véritable auteur de la découverte du Nou-
veau Monde. Les notions précieuses quHl doit
à Oviedo ne Fempéchent pas de s^exprimer
avec une entière franchise sur une calomnie
dont le maHn historien de Tlnde ne pouvait se
justifier entièrement. Or Ramusio, excellent
critique et généralement soigneux dans la re-
cherche de la date des découvertes, n^aurait
pas cité cinq fois avec de grands éloges le
Signor Amerigo Fioreniino ^ il n^aurait pas
' RAii.t.III,p.VI-VlII.
tSo SECTION DEUXIfiHK.
promis de pub&er tous les quatre voyages ewt-
trepris aux frais de FEspagne et du Portugal ^
si jusqu^en i556, c^est-à-dire quarante-<]uatre
ans après la mort de Vespuce , il avait jamais
entendu dire que celui-d avait eu Tintention
de nuire aux intérêts de Pamiral. Je crois en-
trevoir d^ailleurs pourquoi Ramusio, dans le
cas même qu^il n^eùt pas considéré la date du
départ de Vespuce pour le premier voyage
(20 mai i497) comme une erreur t3rpograpbi-
que, a pu en être peu frappé. L^extrait de
V Histoire des Indes de Gonzalo Femandez
d'^Oviedo remplit plus que le tiers du troisième
volume de la Raccolta. Oviedo est un écrivain
qui, poui: les époques des grandes découver*-
tes, devait inspirer de la confiance à Fracaslor
et à Ramusio, puisque son grand âge Favait
mis dans la position de tout voir, s^étant d^a
trouvé au siège de Gdrenade et ayant passé
trente-quatre ans en Amérique. Or cet écrivain
est constamment dans Terreur lorsqu^il parle
du troisième voyage de Colomb et de la dé-
couverte des perles de Cubagua. Il place trois
fois 1 ces découvi^rM^ dans Tannée 14969 au
^ Rahusio, t. III, p. 77, i64 et i65.
SECTION DBUXIBIIB. l5l
lîeude 14989 une seule £>is il dit que le départ
de Colomb pour le voyage de Paria a a été au
mois de mars 1496 ^ quoique quelques-^ms
prétendent qu^il eut lieu en i497* ^ U ^t vrai
que dans le petit extrait ' des Océaniqueê
d^Anghi^Ta que présente le même ▼•liune , la
date précise du 3o mai 1498 se trouve une
fois indiquée : mais les trois citations d'^Oviedd
qui occupait k fdace importante^'^toriograr
plœ (cronista gênerai de Indias)^ pouvaient
avoir fiât plus d^impression sor ré8[nît de
Ramusio que le chiffire unique de Pierre Mar^
tyr d^Anghiera.
Après Ramusio, il me reste à nommer le
satirique voyageur milanais Girolamo Benzoni,
qui a séjourné dans Tlnde depuis i54i jus-
qu^en i556. Quoique déjà asses âoigné de
Tépoque des prmnières et grandes découvertes,
il n^en est pas moins ardent à défendre la gloire
de CSiristophe Golond>. A la fin du cinquième
chapitre il parle des adversaires de Famiral et
' Extrait de 36 pages (t. 111 , p. 10 ), quand
celui d*Oviedo en occupe i5o. Ramusio , de sept ans
plus jeune qu*Oviedo> est mort da&s la n^éme année
que lui.
f52 SfiCTfOff DEUXIÈME.
du soupçon que plusieurs des dëcouTeffe»
qu^on lui attribue , ne lui aj^Murtiennent pas
exclusÎTemeaC. CTest là qu^il aurait pu nommer
Vespuce. Son silence semble prouver que lui
aussi no le regardait pas comme envieux du
grand homme dont les travaux ont rendu ac-
cessible a une moitié du globe ignorée de
Tautre. » Bensoni, loin d^attaquer Vespuce^
finit par raconter ' Thistoire insipide et si
* U D*e9t paa Jmt9«Paocii8er Théodore de Bry • d'a-
voir fiH*gé ce conte. » (Nav. 1. 1; p. CXLI.) U n'a que le
mérite d'avoir rendu la scène plus dramatique en la
transportant à la table du cardinal Mendoza. Traduc-
teur de Benzoni, il a trouvé ce récit dans YHistoria del
Mondo Nuovoy Venet. i565, lib. I, cap. 5. • Signor
Chrîstofano Colombo dando una battuta su la tavola
ferma l'uovo, stridando eosi un poco della jpunta. »
Malheureusement U n'y a rien de vrai dans une anec*
dote dont aucun écrivain espagnol ne Eût mention et
qu'il &ut placer à côté de la pantoufle d'Empédocle,
de certains insectes de Phérécyde mourant^ et de la
pomme de Newton. Théodore de Bry se plaisait sin-
gulièrement à augmenter les images dont il ornait ses
publications. Il convient lui-même d'avoir donné un
plan de la ville de Séville ex ingenioy le graveur n'ayant
pas le véritable plan à la main. Son banquet du Grand
Cardinal avec la scène de l'œuf et son « véritable poi:*
SËCTiÙH DEUXISMlt. i53
souvent répétée de Tœuf (fu^on tH:*opo6ft de
fidre tenir debout. Voltaire ' a eu raison d^a-
yancer que «r ce conte est rapporté du Brt^
« nellesco, qui construisit la coupole de
« Sainte-Marie del Fiore à Florence. » Il ajou-
te « que la plupart des bons mots sont des
« redites. »
Je Tiens de parooiuir la première moitié du
seizième ^ècle -pour recueillir les jugemens et
constater pour ainsi dire Fétat de Topinion
publique relativement aux connaissances et au
caractère d'Améric Vespuce. Nous avt>ns vu
comment cette opinion a grandi rapid^nent
par Tintérèt fixé sur le troisième voyage <f qui
embrassait la quatrième partie du globe , n par
trait de Chrifltopbe Coloinb, » sont axtaA îmaguiûres
que 80B plan de Séville.
' Essai sur les mceursj chap. i44- C'est dans une
dispute sur la hardiesse de consUniction du dôme de
Florence, que Brunellescp , qui était à la fois architecte,
sculptetu*, peintre, orfèvre et horloger, doit avoir placé
l'œuf debout, sans doute en faisant allusion à la voûte
prodigieuse qui a servi de modèle à Saint-Pierre de
Rome. L'anecdote est potu* le moins d'un demi-diècle
plus ancienne que la découverte de l'Amérique.
l54 SECTION DEVXIBAIE.
■
un nom géographique inventé accidentelle-
ment loin de TËspagne et inscrit sur lescarteSi
par le manque de publications sur les voyages
de Colomb aux côtes de Paria et à Veragua,
enfin par la prodigieuse aetÎTité avec laquelle
la (V^efise multipliait en Allemagne, ea Suisse
et en Italie les QucUuor Nas^igadones , en les
réimprimant s<Ht ea enti^:, soit par eixiraits,
en plusieurs langues à la foi». Je vais aborder
maintenant la question ardue de3 datesde diar
que expédition de Vespuce. Ce sont les deux
premi^i^es qui doivent surtout fixer Fattention.
Je me flatte de pouvoir prouver qu^elles ne
sont pas, comme on Fa admis jusquHci, un
seul voyage diversement travesti, mais que ce
sont deux voyages différant essentiellement
Fun de Fautre. Je ferai voir que le prmnîer
n^est pas supposé, mais identique avec Fex-
pédition d^Alonzo de Hojeda , et que le second
est probablement Fexpédition de Vicente Ya-
ûez Pinzon. Telle est la conviction que f ai
puisée dans de longues et minutieuses recber-
ches. Je vais présenter les &its de manière
qu^il soit &cile d'^en vënfier Fexactîtude , en
exposant avec candeur les doutes qui naissent
SECTION DEUXIÈME. l55
des ndnbreuses ^erreurs numériques ou va-
lianies lectiones que renferment les différens
textes des lettres de Vespuce*
Pour répandf*e quelqiie clarté sur Texamen
crilique des doeumens , il faut rappeler qu^ils
sont au nombrede sept, saycw : i) les quatre
voyagea tels que les a ofièrts pour la prenûène
fois en latin la Cosmographiœ Introducdo
de Waldseemuller * ou HylaComy lus , imjHfi-
mée l'an i5o7 à Saint-Dié en Lorraine; a) les
doubles du second et du troisième s^oy(ige
qui difiër^it par leur forme et par leur pro-
lixité des rdbiti<ms de ces mêmes voyages de
Vespuee contenues dans Fédition d^Hylaco-
mylss; 3) la lettre que Vespuee a adressée à
Lorenzo di Herâ-ancesco de^ Medici , pendant
le cours du, troisième voyage (du Gip Vert),
relative aux découverte^ortugaises dans les
Indes orientales. Je ne cite pas un huitième
document qui a rapport au voyage de Vasco
de Gama et que Bandini a publié diaprés une
> CcMnme Toriginal que f ai sous tes yeux n'a pas de
pagination, je citerai la réimpression faite diaprés la se-
conde édition ( de Strasbourg, x 609), dans Touvrage de
M. NavaiTPlc. *
l56 SECTION DEUXIÈME.
copie trouvée dans le Codice Riccardiano
sous le Titre de Fragment dWe lettre de Ves-
puce au Magnifico Lorenzo di Pierfrancesco
de' Medici '• Ce fragment avait déjà été impri-
mé en 1 55o dans le premier volume de Ramu-
sio comme Relation d^un Gentit huomo Fia^
rentùw qui se trouvait à Lisbonne lors du re-
tour de la £(ôtte de Gama *. Or , ce retojur avait
Ueu le 10 juiUet i4999 ^t nous savons avec
certitude que Vespuce n^est allé diEspagne
en Portugal que vers la fin de Tannée i5oo.
Canovai , dans Touvrage qui a paru après sa
mort ^, a supprimé ce huitième document
parmi les écrits de Vespuce. De nouvelles
recherches du't;omte Baldelli ont fait voir que
le Gentil' huomo florentin sVppelait Girolamo
Semigi, et que la lettre se trouve en extrait
> Bandini, p. 87-99.
* Rahusio, t. I (éd. de i6i3), p. 119. La pièce
donnée par Ramusio est d'un quart plus longue que
celle de Bandini. Cette dernière se termine par Tindi-
€atioa des moussons. Tout le morceau qui commence
« Ha^ndo scrittofin quiy » manque dans le manuscrit
Riccardi.
5 Viaggi et Àmerigo Vespucciy ift(|7, p. i3.
SECTION DEUXIÈME. ±5'^
dans le manuscrit n. 1910 de la collection
Riccardienne.
Les Quatuor na^igationes imprimées en
LfOrraine sont traduites , comme Hy lacoiny-
lus le dit expressément : De Qulgari gaîlico
in latinum. (Test ainsi que s^exprime Pauteur
(fol. 22 , a) dans le titre d^une pièce de vers
(Decastichon) en llionneur de Vespuce ; mais
dans la Cosmographie même i en traitant des
cinq zones (cap. 5, fol. Q^ b)^ il est dit :
<c Sunt qui exustam torridamque zonam nunc
habitaiit multi , ut qui Chersonesum auream
incolunt , ut Taprobanenses , iEthiopes , et
maxima pars terrae semper incognitœ , nuper
ab Americo Vesputio repertœ. Qua de re
ipsius quatuor subjungentur navigationes es
ùnlico sermone in gaUicum et ex galUco in
latinum i^ersœ. i> Nous ignorons si Téditeur a
travaillé sur un manuscrit ou sur un ouvrage
imprimé en français , dont Texistence est en-
core inconnue. Vespuce ne s^est certainement
pas donné la 'peine d^envoyer au duc de Lor-
raine en français des lettres écrites primitive-
ment , ce qui est très probable , en espagnol
ou en portugais. Le nom de la baie de Tous-
les-Saints au Brésil , que je trouve transformé
X
i58 SECTION DEUXIÈME.
dans le texte latin d'Hylacomylus • en Om-
nium Sanctorum Abbaiia , me fidt croire que
le texte primitif n^a pas été italien , puisquHl
est plus facile de convertir par ignorance le
mot également espagnol et portugais hahta en
abbaye que le mot italien baja , à moins que
le traducteur latin n^ait tout simplement lu par
mégarde abbaye pbur baie. Il est d^ailleurs
assez remarquable que cette Abbatia Om^
mum Sanctorum ait aussi passé dans la Géo-
graphie de Ptolémée de i5i3. On la trouve
par les 17** de latitude australe sur la « Ta-
bula Terrœ Novœ. » (Voy. mon Atlas, pi. 3y.)
Quant au texte italien qu^ont publié Bandini
en 1745 et Canovai en 1817, il est copié d^une
brochure de 1 6 feuillets sans indication d^an-
née, qui a été la propriété de Baccio Valoii*,
un des premiers bibliothécaires de la biblio-
• Nav. t. III, p. aS;.
* Après Valori, cette édition italienne que Ton dit
du commencement du seizième siècle, et qui mériterait
bien une notice bibliographique plus étendue ^ s'est
trouvée la propriété du docteur Biscioni, également
conservateur de la Laurensiana ; plus tard encore elle
a passé entre les mains de M. Gino Capponi de Flo-
r«ice. ( Bahdiivi, p. LV. Canovai, Viaggi, p. 3.)
SECTION DEUXIÈME. l5g
thè^ueLaureniieime de Florence. Or de lu^n-
lumises locutions entièrement opposées au
gàaie de la langue italienne prou'vent indu-
bit{J>leinent que le texte de Valori, qui est
aussi celui de Bandini , est traduit de Te»»
pagnoL On j trouve scanso (discanso) pour
riposo , iormenta pour tempesta , a me-*
nudo pour /requentamenie ^ surgidero pour
porto ou seno di mare. Malgré la grande ana-
logie qui existe eaoïtre Fe^gnol et le por-*
tugais , la ibrme de ces mots, choisis en par-
tie dans les deux voyages iaits par ordre
du roi de Portugal , indique une source espa-
gnole. Cette ccmclusion frappe d^autant plus
que Vespuce paraît avoir rédigé les quatre
voyages à Lisbonne sur les instances du Flo-
rentin Benvenuto S et que plus généralement
on a cru que les deux premiers voyages avaient
été rédigés en e^gnol ^ les deux derniers en
* Le texte d'Hylacom jlus dit simplement : « Movit
me ad scribendum praesentium lator Benevenutus qui
dum me Lôsbonae reperiret, precatus est... » Nav.
t. Uly p. 19a. L'édition de Valori est également claire,
elle a « il quale trovandosi qui in questa citià dlUshona
mi prego » On y trouve aussi ( BANnirrt, p. 61)
la Badia di tutti i Santij traduction de Bahia.
SECTION DEUXIEME.
sscrias TfEtxtàMÈ. ^ ièi
âixdûoms ktinè, aUemande et française qu^ont
Êdtes de cette Collection Madrignano , Ruch-^
amer et Mathurin du Rodouer. Le Monda
iVéPo de Vicence et les traductions que nous
venons de nommer ne font pas mention du
nom du traducteur; mais Jocundus interpres
se trouve nommé dans Tédition latine dUugs-
boiu*g de i5o4 7 examiné par mon savant ami
M. Roulin\ C'est probablement une mémo
personne avec Giuliano Bartholomeo de! Gio-
condo établi à Lisbonne , que Vespuce men-
tionne dans la troisième lettre de Tédition
d'Hylacomylus|' comme ayant été envoyé à
Cadix par le roi Emanuel pour Fattirer au ser^
vice du Portugal. Les amis des arts aimeront
à se rappeler que Bartolomeo del Giocondo
était contemporain de ce Francesco del Gio-
condo dont la femme Mona Lisa est représen->
' Giocondo e»t également nommé dan» d'autres édi-
tions latuies dont il manque encore une désigtiation
exacte. Voyez Bard. p. LI, et Nav. t. IIÏ, p. 186.
• Cette édition indique les deux prénoms à la fois
tandis que dans la Codice F'alori il y a d'abord Bar-
tolomeo del Giocondo, et puis • il detio Giuliano, »
(comparez Nay. t. III, p. 263, et Banoini, p. 47), ce
qui n'a pas de sens.
IV. Il
i63 SiCTIOff DEUXIBMB.
iée dans Tadmiit^le tableau' de Léonard de
Vinci.
* Il règne dans le double de la relation du troi-
sième voyage, c^est-à-dire dans la seconde let-*
tre à Pierfirancesco de^ Medici, la mémeincer-
tilu4e relativement à la langue dans laquelle a
été écrit le texte primitif que celle dont nous
avons fidt mention plus haut , en parlant des
Quatuor Navigationes. Ruchamer et Madri-
gnano disent uniformément dans le chapi-
tre XIV àes Unbekanihe Landteei de Yltine^
^ Tableaux du Musée royal du Louvre^ i835 ^ p. ig^j
n® 109a. Le portrait de cette dame, qull ne faut
pas confondre avec Mona (JMadonrui) Lùaj nommée
dans une lettre de Girolamo Vespucci, qui fut adressée
en 1489 à son frère Amerigo (Band. p. XXXII), a été
peint d*aprèt Vasari entre les années tSoo et i5o6.
[ « L'ouvrage de Gamurini sur les femilles nobles de
Florence ne nous apprend rien de particulier relatif
vement à Bartolomeo et Francesco del Giooondo, qui
probablement étaient parens. Nous savons seulement
que Fi'ancesco peint par Domenico PuUgo , élève
d* Andréa del Sarlo, est auteur d^une Istoria Fiorentina
del i494-t^35y dédiée à Ludovico Capponi, livre dont
je manuscrit est conservé dans la Riccardiana. » Nofe
de M» H^aagerij directeur du Musée do Berlin. I
sont &ites sur un texte italien qui était tine tra-
duction defespagnoL Auchap. CXXIV Ruch-
amer répète la même chose\ tandis que Ma-
drignano dit : aFidos interpres presens opuse
Ltmémait^cum tedu w Oettedernière phrase
difiere entiàr«2ient dan» lUilîiîrm l»*;«^â
» « Aua» hjw^im* eprache i^ dise» finifte biiclileiB
ta^die wljache «prache gewwidelt, uadi^îi letee aura
lier weljBchco in die dew^hea gpbracht. .*
• M. Roulin a lait voir par les pronières lignes de»
<tifféren8 paragraphes que Tédition du Mumiu$ Nouus
de i5o4, et VlUmrarium Portugallensiumj n'offrent pas
la même traduction. Cap. CXIV : « Supeiioribus
diebua satis ample tîbi ecripsi... . Madrigano a : . Su-
pcrioribtts diebtts abunde reddidi... . Cap. CXV :
• Prospero cmisu... • au lieu de : « Fœlicibus igitnr ut
ajuntavibu8....Cap.CXVl : « Consiliumcepimus...»
au lieu de : « Convenit igitur inter nos... . Enfin
cap. CXXIV : . Em ùalka in latinam linguam Jo-
cundus interpres... • Madngnano ne nomme pas Gio-
-coudo, et dit « ^ Lusitano. • M. Roulin est d'autant
plus porté à croire à l'existence d'une ti-aduction ita-
lienne du troisième voyage, antérieui-e à i5o4, qu'à la
fhrase w Ex italica in latinam linguam Jocundus
interpres hanc epistolam vertit. • Giocondo ajoute que
«'estsurtoutdans un butreligieux qu'on désire répandre
i64 SECriOIC DBUXlàME.
bliée à Augsbourg en 1 5ô4, tandis que le texte
itfdien cpie donne Bandini et dans lequel on ne
reconnaît aucune locution espagnole , est cal-
qué sur une traduction latine. L^expression
absurde qu^offre le Mondo Now de Vicence
( i5o7 ) * V^^^ ^^^ ^ intitulato terxo di^ a
passé dans les traductions de cette collection
qui rendent (cap. CXXII) le troisième voyage
par dxes tertius et der drjtte toge. On a déjà
rappelé plus haut que c^est sans doute une
fiiusse interprétation du mot espagnolyb/Tzodla
(voyage), par le mot latin dies^ qui a pu don-
ner Keu à cette locution étrange\
ie6 relations de ces grandes découvertes, « ut latini
omnes intelligant, quam multa miranda in dies repe^
riantur et eomm compn'matur audacia qui cehtm et met^
jestatem scrutari et plus quant Uceat sapert volunt ^
quando a tanto tempore qa0 mundus cosspïij ignota sit
vasdtas terne et quae contineantur in ea. » Ce reproche
répétéi mais avec des tournures de phrases très diflé^
rentes 9 dans les traductions de Madrignano et de Ruch^-
amer^ avait déjà attiré l'attention de Bandini ( P^ùaj
p. LI et LUI). Le blfime d'incrédulité philosophique ^
d'hérésie ne s'adresse certainement pas à l'Espagne ou
au Portugal, mais à l'Italie et à l'Allemagne.
* Dans la latinité classique, dies exprime tout au
SECTION DEUXIBBffi. l65
Le double de la relation du second voyage
de Vespoce ou la première lettre à Pierfran-
cesco de^ Medici , n^existe qu^en italitq. Cest
un document précieux que Bandini a publié
le premier diaprés deux manuscrits de la Bi-
bliothèque Biccardi\
La question si souvent agitée sur le nom et
la qualité des personnes auxquelles les diffé-
rentes^ lettres ont été adressées , n^ de IHnté-
rét quWtant qu^elle touche aux moyens emr-
ployés pour répandre la connaissance des dé^
couvertes de Vespuce. Il paraît indubitable
que le livre des Quatuor NavigcUiones , ou
pour le moins la lettre d'^envoi qui les pré-
plus la distance évaluée en journées de voyage.
Liv. XXXVllly 59. Hylacomyius n'emploie jamais dies
dans le sens dejornaday mais il se sert du mot diœta. Je
trouve dans le premier voyage « libellum quem Quatuor
diatas sive Quatuor navigationes appello. » (Nav.
t. 111) p. 217 et a3i.)Dans la basse latinité dieta ou
diata signifiait en effet quodvis iter. ( Voyez le Dict. de
Du Gange.) Dietare est voyager. Cest donc à tort que
le passage des quatuor diœtœ de Vespuce a été traduit
en espagnol par cuatro diarios (quatre journaux ou
itinéraires).
' Band. p. XLIX. Cawovai, f^iaggh^- 3.
t€6 SECTION DEUXlilIB.
eède dans Fédition de Lorraine a été adressée
à la fois à Pierg Soderini , gon&lonier de Flo-^
r^ice depuis i5oajusqu^eni5iâ, etàReDélI^
roi de Jérusalem et duc de Lomiiie» Hyla^
comyluÀ ne connaît que ce dernier nom, et
les expressions : IncUtissime R$x ei TuaMc^
jestas 9 imprimées sans aucune abrériation, ne
laissent aucune incertitude à ce Sujet. DW
autre coté le ton de Êonîliarité qui règne dans
la lettre d'envoi semble prouver que primitif
vem^it elle était adressée à Soderini seul. Ves-^
puce rappelle à la personne à laquelle il écrit,
une ancienne liaison d^amitié; il lui dit qu^ils
ont fait ensemble leurs études de grammaire
sous la direction de Poncle d^Amerigo , le sa-
vant Giorgio Antonio, religieux du couvent
de Saint-Marc a Florence. Or cette circon-
stance, diaprés un témoignage de Giuliano
Ricci*, se rapporte exactement à Féducation
de Soderini que Machiavel , par haine politi-
que, traite d'imbécille, « moins digne de Pen-
fer que du limbo dé* bambini. » La lettre
d^envoi nomme de plus , diaprés le document
de Baccio Valori , ce Benvenuto di Domenica
• Bamd. p. XXV.
^
siCTioif dbuxiIma 167
Benvenuto ' auqud fuvent confiées les quatre
naTigatkms, nostro Fiorentino. Les mêmes
lettres paraîtraient dont avoir été enrojées
smuiltanâment à plusieurs grands personna-
^*i et, ce que je trouve assez étrange, sans
que Tont ait pris la peine d^ faire des change-
mens. Il j a plus encore. Ces Nwigationei
qiû nœis sont parvenues à travers taxn de tra-
ductions et dans les formes les plus incorrec-
tes, avaient, avant d^arriver au gon&lonier
Piero Sodenni et au dncde Lorraiiie, déjà été
adressées, du moins en partie, au roi Ferdi-
nand d^Ëspagne. Vespuce s^excuse vis-à-vis
du duc par ces mots' : « Existimabor forte
prœsumptuosus , id mihi muneris vindieaiïs ut
res non delectabili sed barbaro stylo ad Fer^
dinandum CastiUœ Regem nominatmt scrip-^
UiSj ad te qubque mutant. 1» Diaprés cet ifi^
' L. c. p. 3 et 62.
" Colomb aussi écrivit de temps en temps au pape
pour lui donner des nouvelles de ses découvertes, et
les deux relations abrégées du premier voyage que
nous possédons de sa main, adressées au ministre des
finances, Luis de Santangel et à Raiàel Sanchez, sont
presque identiques.
3 Texte d'Hylacomylus. (Nav. t. 111, p, 191.) '
i68 SBCrnON DEUXIÈMB»
dîce, on pourrait crcùre que les troisième et
quatrième relations du même texte fiirent
adressées au roi de Portugal, mais tout récrit
se termine Micore par une recommandation
du Florentin Benvenuto qui à Lisbonne même
s^est chargé de Fenyoi ^ • Il règne dans toute
cette rédaction un rague désespérant. Les au-
tres lettres de Yespuce , c^est-àrdire les dour
blés des relations du second et du troisième
voyage , comme la lettre écrite au Cap Vert
et récemment trouvée par le comte Baldelli ' ,
sont adressées à Lorenzo di Pierfirancesco de^
Medici. Quant au troisième voyage, le plus
anciennradraLt publié de tous, il porte, dans
Bamusio' , le nom de Soderini; mais Fédition
de lean Lambert ^ et la traduction allemande
de Rucbamer (iSog), Fadressent déjà à Pier-
firancesco , que Rucbamer qualifie de médecin
à Florence. Quel est ce membre de Tillustre
» Texte de Baccio Vaiorî. (Band. p. 6a.NAV. t. 1II>
*
p. 290.) Pourquoi aurait-ou confié à Benyenuto uqiq
lettre adressée au roi de Portugal?
* // MUioney t. I, p. LUI.
» T. I,p. i3o.
^ Ca.mu&^ p. 1219 et i32.
SltCTlON DEtXISME* l6g
fmniUe des Médkns avec lequel Vespuce a pu
avoir des râppcHts? Laurent , Xtpère des Mw^
sesj mourut Pamiée de la découverte de TA-
mérique parG>loiBb; Lorenzo di Piero qu^
Léon X nomma duc d^Urbîn en i5i7 , nWait
que douze ans l<»:*sque Vespuce finit sa qui^
tri^ne et dernière expédition. Bandini ^ dési-
gne Lorenzo di Pierfi['ancesco de^ Medici , né
en i463. Il était ambasiadeur en France sous
Charles VIII , et célèbre par une grande éru-
dition. Malhenreusement on place sa mort au
commencement de i5o3, et la relation du
troisième voyage que Ton croit lui être adres-
sée , est écrite après la quatrième expédition 'y
en i5o4* Il ne reste donc qu^à supposer que
Vespuce, lors de son arrivée à Lisbonne,
igniM^ait encore le décès de Pierfirancesco , son
ami et son protecteur.
Les sept documens qui sont venus jusqu^à
nous, ou pour mieux dire qui seuls ont été
reconnus et publiés jusquHci , prouvent que le
navigateur florentin avait composé d^autres
» P. un et LIV.
* La preuve en est dans les mots « Perayentura vi
a^ugnero la ^uar/a Gioiiiata. >» Band. p. 121.
170 3ECri01f DBUXliME.
écrits dont la perte est à regretter. Ce que nous
possédons sims le titre des Quatuor NaçigaF-
tûmes , recueillies par le saTant cosmograpke
de Saint-Dié ^ ne parait être que Pextraît d\tQ
livre plus TolumineuK que Vespuce désigne par
le même titre. Il dit clairement en deux en^-
droits que ce UTre qui renferme le détail de
^es obserrations, était i£^aécrit^ mais non
encore publié, lorsque BmTehulo lui en de-
manda un extrait pour lé gonfidonier Soderi-
ni \ L^extrait a été terminé, selon le texte de
* « Et quoniam in meb hùce bis genûnis navî-
gationibus f tam varia diversaque perspexi , idcirco
libellum quempiam quem Quatuor diatas siife quatuor
naçigationes appello , conscribere paravi conscripsiqucy
in quo majoi^em rerum a me vistrum partem diatiocle
satis juxta ingenioli mei tenuitat^n oodlegi, yenimtamen
non adhuc publiectvL In illo vero quoniam omnia parti-
cuîariter magis ac singillatim tangentur^ idcirco unwer^
salia hic solummodo prosequensj ad na'ngationem nos-
tram priorem perficiendam | a qua paulisper digressus
fueram, jam redeo. • Nat. t. III, p. 217. Pub encore
une fois (p. a3o) : « In hac gente eorumque terra
quammultos eorum ritus vidi cognovique, in quibus
hîo dhitius immorari non cupio, cum postea nosse
queat V. M. qualiter in quavis navigationum haram
SBCTIOlf BBUXIBMB. iji
Yalori^ « le 4 septainbre 1584, » ce qui reut
dire sans doute i5o4* Cette date et plusieurs
autres manquent dans Tédition de Lorraine.
Les deux lettres à Médicis ^ triant Tune du
second, Fautre du troisième voyage^ sont
écrites ayant la relation abrégée adressée à
Soderini et au duc René. La première porte
la date du ±8 juillet i5oo, date qui est en
contradiction directe arec celle du 8 septem^
bre qu^Hylacomyluft donne pour la fin du
second voyage. La seconde lettre à Médias
est yraisendidablement écrite à la fin -de iSos.'
Elle parie de ce journal de navigation {mémo*
rialefatto di giorno in giorno) que Vespuce a
déposé entre Iqs mains du roi de Portugal :
elle parle ausd dW grand ouvrage de O)smo^
mearum magu admiranda annotaluqiie digniora roni-
cripserim f ae in libeUam unum stih fêographico colU^
gerimy quem lihellum Quatuor diatas intihtlapiet in quo
singula minutim notavi ) sed kactenus a me non emûi'y
ob id quod illum adhuc revisere coliationareque mihi
necesse est. » Enfin dans le quatrième voyage on trouve
de nouveau et toigours selon le texte d'Hyiacomjlua
(p. aS9) : « Ubi interdum plurima perspeximus^ quas'
nunc subticescens libtllo meo Quatuor navigationun^
reserve. •
±y2 8BCT10N DEUXIÈME.
graphie quHl espère teminer dans sa vieillesse
et qui doit offiir la descriptioii du ciel austral.
Il voudrait, dit-il avec orgueil, le rendre plus
par£dt, ciffin ohela/utura etd ahbia ricor^
danza dilui. Pai déjà, dans un autre endroit,
fixé Fattaition du lecteur sur le témoignage
que le pilote Juan Vespudo, neveu d^Amârigo,
rendit en novembre i5i5, et selon lequel ce*
lui-d possédait « les journaux de deux voya-
ges de Fonde,' indiquant jour par jour les
rumbs et les distance parcourues, i» Amérigo
traçait les nouvelles découvertes sur les map-
pemondes in figura pijona et sur des globes.
Il a fait mention de ^e& divers travaux graphi-
ques dans la première lettre adressée à Médi-
Cihi il en a offert au roi Ferdinand, et son
compatriote Francesco Lotti {nostro Fiorenr-
tino) en aurait porté à Médicis , si Fauteur du
corpo sferico (globe terrestre présentant les
principaux résultats des nouvelles navigations)
n^eût redouté <( la critique et les corrections
arbitraires des géographes de Séville ' . »
■ La fin de la lettre de Vespuce à Mëdids relative à
la seconde navigation^ n'est pas très claire. « Les gens
qui dans cette ville entendent quelque chose en Cos-
SBCflON DBUXlàME4 i'^3
Ces données suflisent pour fidre Voir qoe le
petit nodiln*e d^écrits ^uc le hasard nous a C(ni-
servés difière essentielltfnent de 'ceux que le
navigateur préparait pour la postérité. Nous
ne possédons que des notes et des extraits
destinés à amuser de grands personnages qui
ne s^intéressaîent qa^k la peinture d^ mœurs^
à Faspect du paysage et au récit parfois exagé-
ré de quelques ayentures dramatiques. On con-'
çoit plus aisément Fomission des détails nauti-
ques et géographiques ou celle de la nomen-
clature des Ueux , que le silence absolu gardé
sur les noms des cheÊ qu^accompagnait Ve^
puce \ L^horreur des dénominations barbares
r
mographie^ déîveiit attendre sou retour avant de
vouloir, le. corriger : alors il pourra se défendre. » Il
s'agit donc de &îre terminer une sphère que devait por-
ter Lotti : il s'agit aussi de la crainte de soumettre dès-
lors à des juges malveiUans un premier tracé des oôtes«
* Dans Fensemble des i ao pages que remplissent les
diverses lettres de Vespuce, les seules personnes qu'il
nomme en outre de celles auxquelles les lettres se
trouvent adressées^ sont, parmi les contemporains :
Tamiral Christophe G>lomb , un certain Guaspare de
l'expédition de Cabrai, Antonio Vespucci, firère d'A-
mérigo, et six autres Florentins employés probable-
174 SBCnoN DEuxijpn.
que manifestent trop souT^it les anciens se
raioontre aussi chez ihgbiera. Il demande
sans cesse excuse au pape de blefiser ses oreilles
par tant de sons discordans. Yespuce trouve
tout ce quHl a écrit jusqu^n i5o4 << de si
mauvais goût » {di kmto wudsapore^ porte le
texte Valori), c(U^ né peut se résoudre à céder
À peux qui Pei^ag^it a puMier ses écritç.
L^oodssion des noms propres des per^nnes
auxquelles il se tnourait associé, a paru sus-
pecte : il est cependant difficile d^en deviner le
but intentionneL On a dit qu^en s^enveloj^f^ant
dans un silence mystérieux il devenait plus
&cile à Veqpuce de déguiser la vérité ou de se
livrer à son goût pour Texagération et une
Vaniteuse enflure de style : mais les lettres de
Vespuoe étaient des lettres fionilières. U pré^
parait sans doute des ouvrages, mais jusqu^ici
on n^a pas trouvé d^indice qu^il ait écrit dans
*
ment dans le commerce avec le Portugal, Benvenuto
tli Domenico Benvenuti, Francesco Lotti, Gherardo et
Simone Verdi, Giuliano di Bartholomeo del Giocondo,
«t ce Francesco Albizzi, « presque aussi grand que les
Caribes^'Cannibales, mais plus mal fait qu'eux. » Je n'ai
trouvé en tout que 9 noms pix>pres dont 7 entièrement
étrangers aux expéditions espagnoles ou poitugaises.
SBCTION DBinCIBMB. 1^5
rmtentîoii de se Toir imprimé pandant ;Ba Tie
wii en Italie soit en Allemagne. S^il aurait eosur
senti par exemple à fidre imprimer la rdatioa
de la seoon4c expédition telle qu^dle se troure
parmi les Quatuor Naçigationes de Fédition
de Baccio Valori, amrait-il osé dire puUique»
ment, sans déplaire au roi Ferdinand, « que
la reioe Isabelle lui avait dénobé i3o perles,
f^t qu'il avait cadié les auti«s pour les sauver
et les garder pour lui? » Cestfaîen là, je pense,
un trait de lettres ^milières adressées à Sode«
rini. Rien ne prouve aussi que Ye^uce ait
puUîé la ration de son troisième voyage en
i5o4, ches Ottmar ou, en iSoj, dans le
MandoNow de Vicence \ On aurait tout
A Dims 1a lettre adressée à Mëdids sur le troisième
voyage, le traducteur latin s'est servi par mëgarde
dans Vltinerarium PortugaUensium y cap. laa , de
Fexpression edere pour conscrihere ou componere ,
rédiger. (Vojez aussi Gath. éd. i532 , p. ii3.) II fait
dire à Vespuce : « Hoc opus nuncupavi DUm tertium
quandoquidem prius edidi libros duos ejus navigaiionis
quam ex prasc^to regb (Castiliae) perfeci. » L'édition
italienne de Bandini(p. 120) a très bien «perciocjie
prima io avea eompasti due altri libri. » Ruchamer, en
i5o9, dans sa traductiéRti allemande 9 se sert dans ce
17$
SBCTIOn DBUXIEMB.
%publté4.
SBCTION l>EtJXlÈBAB. \']^
À âeux puissances rivales au service desquelles
il sYtait placé tour à tour? Depuis que Ton
s^était aperçu du grand âargissement du Nou-
vetfu Monde vers Test entre les S"" et les i o"* de
latitude australe, les débats sur les limites
^s découvertes et sur la longitude qu^on
devait assigner à la ligne de démarcation ,
avaient été tranq)orté8 sur le territoire amé^
rioân; mais il ne pouvait y av(nr aucun danger
à nommer Hogeda que Vespuce avait accom--
pagné à la cote de Paria. Anghiera dont les
l^remières Décades ont été publiées du vivant
du roi Ferdinand le Catholique, n'hésite pas à
donna:* les détails historiques les plus minU"^
tieux sur les découvertes et sur les hommes ;
néanmoins en sa quaUté de membre du Conseil
des Indes et dliomme de cour, on n^oserait
Taccuser d^imprudence. Il y a plus encore. A
peine un mois après le retour de Pedro Alvarez
Cabrai de Cahcut à Lisbonne, le roi Ema*
nuel de Portugal cbnununiqua aux monarques
espagnols (le 29 juillet i5oi), dans une longue
lettre conservée jadis dans les archives de
Saragosse, la relation circonstanciée de tout le
voyage de Cabrai et de la découverte de cette
nouvelle terre de Santa Ckiiz (le Brésil) « que
IV. 12
lyS SJEfCTIOlf DEUXlàHX.
Dieu a placée dans un «ndn>it si cam^enabît
pour &ciliter la navigation des grandes Indes
en fournissant de Feau et du bois de construc**
tion. » (Nav. t. III, p. g5). Le silence rdbitir-
vement aux noms propres ^t i^ je le répète ^
d^autant plus étrange que Ve^uce suit ce
même système d'^omission là aussi où aucun
intérêt qudconqqe ne sendile avcm* pu le gui-
der. £n rencontrant au Cap Vert les vaisseaux
de GJurdit à leur retour des gmides Indes, il
donne une excellaite et très véridique relation
de toutes les aventures de Cabrai, sans jamais
nommer ce chef de Pexpédition^ tandis quW
signor Guaspar^ embarqué sur la flotte de
rinde, nous ne savons en quelle qualité, est
nommé plusieurs fois.
Il se^;ait peu exact de dire que Vespuce en
ne Êdsant pas mention des ci^taines avec les-
quels il naviguait, pouvait plus fiidlement
Êdre croire que kd-méme était chargé du
comipandem^it. En Usant ses lettres avec
quelque attention, on reconnaît que jamais il
ne se dit le dief dWe expédition. Je vais
citer ses projHres paroles. Dans le jn^^nier
Toyage : <( Etant venu dans ces pays pour
des afiaires mercantiles (mercandi causa) et
ar3raiit éprouvé peiulaiit quatre vas Ineû des
diangemens de fortune, je [^ la pésohition
d'^abandoimer les affaires {negotia dimiitere )
et d^^iù:^reiidre quelque chose de plus di**-
^■e déloge (léuidaèiltàres res) et de plus
^stable^ Je me disposai donc à voir différentes
parties du monde et à en admirer fesmerreil"-
les« Comme le roi Ferdinand de CastSIe ar-
maît , à oetteépoque, quatre navires pour des
idéoouvertes vers Fouest, Son Altesse me choi-
«il pour être dans la société de ceux qui tle^
Taient feire ces découvertes {me adtaUa in^es^
Ûgandainipsam. sùciete^m êlegtt.)n Le texte
•de Baccio Yalori dit plus clairement et avec
plus de modestie encore : « Fui eleiioper San
jàliezza^ che iofiissi in essA fiotta per aiutare
u ditoeprm^ m. Ce récit est entièrement con-
foroM k ce que nous savons de plus àûk*pàr
d^autres documens sur la vie de Vespucé.
jKous avons vu plus haut que selon des tettrea
deiSrolamo Vespuci et de Donatô Niccolini,
Amérigo était encore à Florence en 1490,
mais que trois ans plus tard U avait des moti&
^^étre fort mécontent de son séjour en Espa-
gne. Faciorj c^est^-ànËre commis, de la puis-
sante mmson florentine de Juanoto Bérardi à
iSo SECtlOR DEUXIEME.
SéTiUe, Amérigo paraît d^abord , dés i495^f
après la mort du chef ^ à la tête de cettemai"*
son de commerce. L^intérèt que Bérardi avak
dans Farmement des yaisseaux de Colomb
pouvait Êdre naître dans Pesprit de Vespuce
le désir de voir les pays nouvellement dé^
couverts et de chercher fcnrtune dans le Golfe
des Perles sur la côte de Pana. Il n^ a, dans
le simple récit que nous venous dé dier^
rien qui annonce un manque de candeur eC
de*véracité« Le troisième voyage est le pre-
mier que le navigateur entreprit par or^
dre du roi de Portugal. Il raconte, dans 'la
relation de ce voyage , comment le roi £ma-
nuel Pavait invité à se rendre à Lisbonne ; ce^
pendant , dit-^il ^ ce n^était pas pour (^teoir *
un commandement ^ c^était « ut und cum tri^
bus navibus quœ ad eseundum et ad noçor-
rum terrarum inquisitionemprœparatœ erantj
prqficùci vellemf et iia quia regum preces
prcécepia sunt^ ad ejus (Ëmanuelis) çotum
consensi. » Le texte italien de Valori porte :
« Cbefussi in compa^gnia di tre sue navî* » Il
n^y a donc là encore que Passertion dWoir
pris quelque part au voyage. Lorsque dans
cette même troisième expédition , Vespuce el
SBCTION DBUXIBME. i8i
tout réquipagedédsentâe yenger^des yidigè-
nes ^pn awâent cominis des'meurtres sur deux
<jirétieii8, le commandant* de la petite escadre
(nm^mm pr^tor , sdén 4e texte d^Hylacomy-
lus, il nottro ccpùaho maggiore^ selon le
texte de Valori) s^ oj^se par une lâche pru-
dence. « lia grenem injuriant p<issi cum mor
iei^oh cmmo e$ gmmdi cpprobno nofitro ,
efficimte hoc mmumprœiore nostn, impun
niiis HUê {îndigems) abscessimus. » Ce n^est^
que dans une - occasion très graye et après
a¥dr tenu conseil, qu^on délibéra sur le com-
mandement suprême , et qu^on le con£k*a
(peut-être momentanànent ) à .Amérigo. In
qua peregrinatione (tertia) post decem menr-
ses^ eognùo quod mineraUa nuUa reperiehar-
mus^ convenimus unà^^ ui abinde surgentes
tdioper mare i^agaremur. Que inito internas
consilio mox edictwn fuit ac in omnem cœ^
* M. Southej, dont V Histoire du Brésil (i, I, p. 16)
est rédigée avec un esprit de critique très remarquable,
a déjà insisté sur cette circonstance, pour prouver qu'on
a accusé à tort Vespuce de s'être vanté du commande-
ment suprême.
» Nav. t. III, p. 275.
f9^ SBCTiow BBuxiiau;
tum nostnan {^uigatum 9 ut qmdquid inta^
nofigationB propçipiendum censerem, idipmn^
integriterfieret. Propter quùd mdixi memr
dwique uSique ut de Ugnis et aqMg^ pa/rwmt
munUionem. » ILft-doXiMe d^ la troî^ème re-
lation, la ]^Ure àMédi$^, nefait plis mentioii
d^cet iocideiit $ il n^y eat qixslîoii que de IV
gnwa|ioe 0t des eiBobarras des piletea déPex-^
péd^tion et des ^lhs&B!waàém& astronomiques,
par lesquelles Vespuce se yàatej&stueufleinetit
de leur avoir inspiré à la fiùa le respect et la>
Gonfiance. <( L^igocHraBce de ceux qui gouTer^
naît un navire idonge les voyages oulre> m^
sure. Il u^y avait* apris cette tempête aucun de
nos pilotes qui ait su, à cipipiante li^^pràs^,.
où nous BOUS trouvioBâb Nous alKona, errans^
{^{igahtmdC), sans aavok* oà, si par IWro»*
labe et le quart de cercle {quadranie cMro^
logica)^ î» n^anrais pourvu à mon. salut et k>
celui de mes compagnons*. A cette* occasion-
jVcquis assez de gloire ( mi aquistai non pic--
eiala gloria)^ de manière que depuis cette
époque je Cus honoré par eux de cette estime
dont jouissent les savans aupi^ès des gens de^
bien« De même j^enseignai aux pilotes Tusage
de la carte marine et je les forçai d'^avouer
8KTI01I DEUXIEIIE» i83
que les pilotes ordinaires , ignorans en Cos-
woffncpbiej ne saTsient rien en les comparant
avec moi' » Cest Viutrononw de f expédition
qui parie ainsi, tout bouffi du secret qu^ crmt
posséder de déterminer k longitude <c par les
conjonctions' de la hme et des planètes , » mé-
thode de Icmgitude* qui, dit Vespitice dans une
^ « E fisci ù ohe ccpfetomero y che 1 DooUtri
ordinal) ^gnoranti délia GMmografia y a mi a compara^
ztcne non avessero saputo nîente. » (BAimuiiy p. io5.)
* Colomb, Vespuce, Pigafetta et Andréa de San
Majrtin ont sans doute essayé d'employer les méthodes
lunaires et les conjonctions des planètes pendant le
cours de leurs voyages : ils avaient même une extrême
confiance dans les résultats de ce genre d'observations
dé loDfpliide) mais Pétat des instrumens qu'ik em-
ployaient avec un enthousiasme si louable j^vait
rendre leurs observatums très dangereuses pour la sA^
reté de la navigation. Sur mer il vaut souvent mieux ne
pas di>server du tout que d'observer mal. Je reviendrai
dans la Quatrième Section de cet ouvrage sur les calculs
de lon^tude tentés au quinzième siècle et au commen-
cement du seizième. Vespuce dit avec esprit que l'avan-
tage deœs méthodes lunaires tient au « corsû piu leggier
délia luna. » (Texte Riccardi de la première lettre à
Médicisy dans Cahovai, f^i^ggh P* ^' )
f 84 SECTION DBUXiÈHr.
autre lettre adressée à Médicis lors de son pes-^
sage au Cap Vert* , <( lui a fidt perdre molti
sonnij et qui , à force de Êitigues ^ abrégera-
de dix ans le cours de sa vie. n Ces accès de
jactance et dW certain orgueil astronomique
se retrourent. presque au même degré chez-
Colomb. Ce n^est pas dans une lettre femilière
comme ceUe du navigateur florentin , mais
dans un riqpport fidt aux Monarques Catholi-
ques sur le quatrième yoyage que Famirat
compare les prédictions fondées sur les cal-
culs de rastronomie nautique à des irisions,
prophétiques. Comme Vespuce , Christophe
Colomb accuse Fignorance des pilotes pra-r
ticiens. « Us se trompent , dit-^il , de plus de
quatre cents lieues. Qu^ils me répondent où
est située cette côte de Véragua à laquelle je
les ai conduits ? Je prétends qu^ils ne savent
donner d^autre information que celle d^avoir
été dans un pays riche en or. Ils ne sauraient
trouver la route pour y retourner ; ils au-
raient à découvrir le pays de nouveau. Il
n^existe quW moyen précis et certain, c^est
^SAU>ELU} IlMilionCy 1. 1, p. UV.
SECTION DBUXliMF» i85
le calcul de Pastrologie. CeM qui le possède
peut avoir de Tassurance : a uUion prôfsHca
se (issemeja estp^ . »
Dans le quatrième et dernier Tojrage de
Vespuce, riK^^norité de sa position est encore
plus firanchement indiquée. U se plaint di^ la
Yanité présomptueuse du commandant de Pes^-
cadre (namckmunusrtostervel prof^iusy ca^
piUmo maggioré) ; il parle des ordres que lui
donnait ce chef. Une sexde phrase du texte
italien de Baccio Valori qui ne se trouve pas
dans le texte latin de Saint-Dié, semblerait
annoncer que Vespuce était capitaine dW des
six vaisseau?^' employés dans la quatrième ex-
pédition. Cette orconstance) prouve d^une
grande confiance dans les connaissances nau*
tiques de Vespuce , ne poiurait nous surpren-
dre y puisque nous savons par des documens
officiels qu^une année plus tard la cour d^Ss-
^ Nay. t. ly.p. 3oi6«
* « U capitano ma^;iox!e voUe aadare a rioonoscere h
Serra liona, terra d'Etiopia australe, senza tener né-
cessita alcuna, se non per Êirsi vedere che era capitano
4i sei naviy contre alla volontà di tutti noi altri capi-
tani. » Bandini, 58^
i86 SECTIOll DIUXISME.
pagne voulut le mettre à la téta d^une ncnivelle
expéditkm^ OCHi^ointement arec un des plua
grands navigateurs de cette époque, YiceDte
Yanez Pinzon ^ Il résulte de œtte analyse des
di£férens écrits d^Améric Ve^uee fue nuller
part il ne s^esi vanté d^avoir commandé en
chef dans la pveipière, I9 troisième et la qua-
trième de ses navigataess^^ qu^ se sert des
' Cédule du roiPhil^pe I, du a3 août tSoÇ. ( Nav.
t. ni^p. a94et 3ao.)
* Une seule fois^ en parlant dans la lettre à Médicis^
qui traite du second voyage, d^une nouvelle expéditiou
préparée par le roid^Espagne (expédition dans laquelle
Vespuoe ne putse jcûndre à cause de son départ inat-
tendu pour le Portugal ), cèlui-ci se sert de la phrase
suivante : Qui niamumo tre naviU pêrûhê ntiovamênêB
çadia a discoprire Banbuh, p. 84* Cest aussi cette
relation du second voyage qui^ d'après le texte de
Riccardi (non d'après ceux de St-Dié et de Valori),
parle seule d'une commission spéciale donn^ à Ves-
puce perandare a discoprir. (Bahd. p. 65.) Biais pour-
quoi cette « commissi^m de Son Aliesse » devrait-elle
être nésessairement exclusive et personnelle? Le troi-
sième voyage dans lecpiel Vespuce avoue le plus claire-
ment qu'il était sous les ordres d'un capitano maggiorcy
prouve déjà qu'il ne &ut pas mettre trc^ d'importance
à ces foimes variables de style dans lesquellesyc trotsça^
f
expressions : « Nous abbrdâmes, nous dtécou*
Tiimes, » conune peut s^en serrir toute per-
sonne qui fait partie dW équipage, et que par
conséquent rien n^annoncé qu^ ait voulu s^at-
tribuer à lui seiid dans les voyages que je viens
de nommer, la ^oire des découvertes. Ilpeut
rester quelque incertitude sur le second voyage,
à cause de la phrase : c Pér eommùsione deW"
AUezsut di que^to RédiSpagnandpcartKcon
due caravelle f, » mais vaa. xiÀ texte nous ofl&^
ces parole, opm w sont peutr-étre que la tra-
duction de : ex mandato Régis CastiUcBy par-
rôles qui se trouvent aussi dans fes Quatuor
Navigùtiones^ et qui indiquent sknptement
que deux de ces expéditions étai^it &ites aux
frais du gouvernement eqmgnoL D^ailleurs,
selon les idéesmémes du navigateur florentin^
la gloire de ses découvertes ne pouvait, comme
|q le prouverai plus bas, être fondée que sur
MtplMépovr nous troupâmer. C'est dans' ce même tro»-
•îème iroyage que nous liacmS) a Foccasion de randènne
controrerse sur TexisteDoe d'habitans dans la zone tor-
ride et au-delà de Téquateur : « Olira Pequinoziaie ù>
ho tropoto paesi pià pierd di aiiiatori che giammai
«krovi 10 abbia ritrovato, »
i88 8£GTlt)N bEUXIEME.
leur étendue : Vespuce \ jusqu^à Pépoque de
sa morf, était fennemeut persuadé dWoir
abordé aux côtes d^Asie.
IVÛchel Servet , Tictime de la tourmente re-
ligieuse et de Fintolérance prolestante de Ge-
nève, accuse Vespiice dans un passage de Té-
dition de Ptolémée ( i535 ) que nous ayons eu
occasion de citer pliis haut , de nVvoir même
été CTobar^é ai^ec les Pcurtugais que comme
marchand f ut suas merces commutaret. Ce
blâme ^t d^autantplus graye, que Servet était
Espagnol de nation « né à Villanueva dans PA-
ragon , trois ans seulement avant la mort de
Vespuce, compagnon de Hqjeda. Je nomme
ici Alonco de Hojeda , parce que dans le té«
moignage qu^il rendit publiquement dans le
procès contre les héritiers de Colomb , il dé-
clara que dans Pexpédition entreprise à la côte
de Paria <c pour &ire des découvertes après
Pondrai^ » il amena avec lui <c Juan de la
Cosa y pilote j Morigo f^espuche et cP autres
pilotes ' M . C^est la traduction httérale de cette
' Il est important de rapporter ici les propres paroles
de Hqje^ : • Dice que en este viage que este dicho
testigo hiz6) trujo consigo à Juan de la Cosa , pUoto ,
f
SfiCTION DEUXIÈME. l8^
déclaration importante. La plpce que ce té-
moignage assigne à Vespuce, n^indique pas nu
mardiand embarqi^é comme par ha^ai^d- Il
reste même incertain si les mots <cet autres
pilotes iK qui sont précédés par le nom de Yes^
puce ne qualifient pas ce dernier ^e pilote
aussi. Une telle conclusion ne laissjei^ rien à
désirer: le célèbre Juan de la Co'^ / le même
dont je publie la carte d^Amériqiie de i5oo,
n^était pas déjà désigné spécialement comme
pilote s car diaprés les règles d^e interpré-
tation très sévère^ le mot autres peut se
rapporter à une similitude d^état avec le seul
Juan de la G>sa.^. Je pense que, yespuçe lui-^
•
é Morigo Vespuche é otros pilotof : que fiié despachado
e0te tesdgo para çl dicho viage (à Paria) por mandadô
del dicho D. Juan de Fonseca , Obispo de Palencta y por
nuandado de SS. ÂA. » (Nay. t. III , p. 544*}
' Ceat rinterprétadon qu'adopte M. Navarrete, puis^
qullditque^ malgré le témoignage de Hojeda^ on ignore
en quelle qualité Vespuge fut embarqué. Herrera
(Dec. lylib.IVycap. i), ennemi du navigateur florentin ,
cherche cependant à adoucir Iç trait satirique de Michel
Senret. « Hojeda, dit Herrerai était accompagné en 1 49B
de Juan de la Gosa, homme d*une grande intrépidité 9
conmiepilote, et de Vespuce cœnme négociant (m^rcoc^r)
igO SBCTIOK DEUXiÈltB.
même nous a indic[ué avec sincériié dam quel
but on lui permit de prendre part au voyage.
Cétait pour* aider à découvrir ^per aiutare a
dùcoprire. En signalant ici Vespuce comme
Y astronome dé P expédition , je me fende sur
Tanalogie dW fidt que Ton n^a pas apprécié
avec Fattenûon qu'ail mérite et qui caractérise
pour ainsi dire les progrès de k culture sciaiti*
fique à lafia du quinzième siècle* La reine Isa-
bdle partageait probablement la haute qpinion
que Qiristophe Gidomb avait (j^osenda jn^esque
dire à tort) de ses propres connaissances en
astrcmomie nautique : cependant au moment
de son départ pour la seoMide expédition , la
reine Pengage * <c à amener avec lui un bon czj-
et savant {sebio) en affidre* de oûemop^phie et d^ ma*
rine. » Tiraboachi(lib I, cap. 6^ § ai) dépeint Vespuce
comme un passager intéressé pécuniairement dans Far*
mement de Texpédition, mais jouissant d'une haute
considération à cause de ses connaissances nautiques.
' Canam#iiia^«(lettre)desmonarqueBà Christophe
Qd<Httb en date du 5 septembre 149^^ trouvée dans les
archives du duc de Véragua : « Y nos^parece que séria
bien que Ue?asedis con vos un buen esttvlogo y nos
parescia que séria bueno para esto Fray Antonio de
Biarchena porque es buen estrologOf y siempre nos
SECTION DEUxiixE. igi
trùwmtej à fidre choix par exen^le du moine
irHjaxàsCfm Antonio de Blarchena , qcd possède
les connaissances requises et qui paniit être
dW e^rit acoemmodant et plein de défé-
r^otoe pour les volontés de Tamiral. » Cette
iisgoaction prouve qa^on étût hafaitiié alors à
voir un astronome ou cosmograj^ dans une
expédition de découTertes à eôté des pibtes
pratieieDS, sans doute parce que Fusage de
Tastrdabeet du quart de cerde (cuadrante)^
comme lescakuls diaprés les tables deRégio-
montamuS) étaient encore dW uaage très
récent dans la marine. Poorqum le choix de
Hi^eda ne serait-il pas tombé sur Ve^uceque
riUustre Cabot appelle « ua homme bien ex«
pert dans Fart de prendre des hauteurs (pour
fixer la latitude), » et dont Pierre Martyr
paredoquese confonnaba oon Tuestro parecer : por eso
si a vos parece sea este sino sea otro cual , que quîsier&-
des. . . » (Nav. t. II , p. i 1 .) La reine veut que Tastro^
nome soit complaisant et facile k vivre pour que la paix
puisse régner à bord du vaisseau de Colomb. Sur la
question de savoir si l'astronome Marchena est identi^
que avecFraj Juan Pères, Tamiet protecteurde l'amiral,
et gardien du couvent de la Rabida, voyes Nav. t. III,
p. 6o3, et MujioE, Ub. IV, § a4.
192 SSCTIOn DBUXiiHB.
d''Anghiera , Tami de tous les grands malins
de son temps, vante les connaissances astro-
nomiques et Vart polaire}
Les relations des TOyages de Vespuce , sur-
tout les lettres adressées à MédiciSf n^offîvnt
en grande partie que des tableaux de mœurs
et des récits d^aventures. Il fout par consé^
quent, pour les soumettre à une critique his^
toiique} en extraire le peu de faits, de noms
propres et de chiâ&es qu*on y trouve confusé-
ment disper^. Cette analyse seule peut con'
duire à reconnaître quelles sont les expéditions
espagnoles ou portugaises auxquelles Vespuce
a été associé. Les époques du départ et de
Parrivée, le nonjbre des vaisseaux, la direc-
tion de la navigation f la physionomie du pays
visité et ses productions , les aventures et les
chances du voyage, voilà les caractères pro-
sites les plus mémorables , caracténse presque
SECTION DEUXIEME. IqS
mt même degré plusieursdesrelations fi*agmeii«
teires qui ont été publiées dans les premières
années du seizième siècle. Vainement on cher-
cherait dans le troisième Toyage de Colomb ,
décrit diaprés le journal^ même de ce navi-
gateur et inséré dans Vltinerarium Portugal-
iensium , au récit de la découverte de la terre
fermià , les noms de Vlie de la Trinité , de la
Tierra de Gracia^ de la Soca del DrcLgoriy et
du fameux Gol/e des Perles. Aucime latitude
n^est indiquée dans ce voyage de Colomb,
dans ceux de Per Alonzo Nino {Niger selon
Madri^ano) et de Vicente Yanez Pinzon
{Bjrntze selon Ruchamer). L^impor tante dé-
couverte du Cap Saint-Augustin par Pinzon
est passée sous silence et à peine devine-t-on
dans le premier Recueil de i5o7 que le voyage
a été vers ITiémisphère austral et sur les côtes
du Brésil. Le promontoire de Paria y est
constamment nommé Payra ; on fait arriver
Alonzo Nino dont Pexpédition était terminée
au mois d^avril i5oo, à (!!auchieto, sur les
cotes de Caracas , le premier novembre de la
\ On Eût parler l'amiral lui-même. Itin, Portug.
cap. CV ; GaifN. ]^. 98.
IV. i5
194 SRCTION DEUXIEME.
même amiée^ Pour juger avec équité le$
Quatuor Nwigationes de Vespuce, extrait
d W lÎTre qui n^a jamais paru , il &ut coonai^
tre intimement Fétat des autres publications
de cette époque.
Je fsÀs suirre ici les analyses partielles de
chaque expédition en séparant les fiûts de
toute interprétation conjecturale. Le texte
que j^ai suivi est celui d^Hjlacomylus , selon
Féditibn de Saint-Dié. Les variantes lectiones
sont tirées des textes italiens de Baccio Va^
lori et de Riccardi ^. J^ai négligé les variantes
de Francesco Giunti, le commentateur de
Sacro Bosco , parce que ce géomètre n^est que
de la fin du seizième siècle. Les extraits de
Hojeda et de Vicente Yanez Pinzon , ont été
placés en regard du premier et du second
voyage d'Améric Vespuce , afin que le lecteur
puisse apprécier le degré de probabilité de
' Itin. cap. CX; Gryîi. p. io3.
t Je me sers dans le texte par abréviation des initiales
H, V et R, pour indiquer les textes de St.-Dié, de Valori
et de Riccardi. Pour mettre le lecteur en état de vérifier
les Êiits y je cite la réimpression d'Hylacomylus dans le
grand ouvrage de M. Navarrete, t. III, p. 491 — 190.
SBCTIOn 0£UXIBBfE<
195
leur identité respectÎTe. J^ai conservé d^ailr
leurs la succession des événemens telle qu^elle
e$t présentée dans les relations mêmes,
I. LE PREMIER VOYAGE DE VESPUCE COMPARE
AU VOYAGE DE HOJEDA.
PeEMIER yOTAGE D^AMiftlC
Vespucs.
i) — Départ de Cadix
le 20 mai 1497 (VaI. 10
mai 1497)* Quatre nayires
expédiés par ordre spécial
du roi Ferdinand. qNay.
m, 196.)
2) — « Des Iles de la
Gran Canaria* » aux côtes
* Celte expression Isole de la
Oran Canaria n'indique aocn*
ncment chei Vespaee l'Ile de
Canarîe qae les Espagnols ont
Vhabitude aussi de nommer )a
Gran Canaria : elle dësiane le
f;roupe entier. Vespuce dit fse-
on le texte de Saint-Dië): /n-
sula Fortunatatt nune vero Ca-
naria Magna insuiœ dlcta{ll 1,
PbEXIBE YOTAGE d'AlORIO
dbHojbda.
1) ^ Départ de P^ de
S*" Maria près de Cadix,
selon Itt manuscrits de Las
Casas ^ jie 20 mai i499- Qua-
tre i^Tires expédiés par
ordre 'spécial des monar-
ques (lll, 544) et 8OUS les
auspices du ministre des
Indes * Tévéque Fonseca.
a) — De la Gomera, une
des Iles Canaries , aux côtes
* Gomara{cap. ai^ le nomme
Présidente ae las Indias* On
sait par le procès du fisc contM
les héritiers de Christophe Co*
lorob que Hojeda^tait accompa*
Sné dans cette cipédition par
uan de ta Cosa, Aro^ric Ves*
puce et Bartoloroë Roldan. Ce
dernier avait de ja été comme pi «-
Iota avec Colomb en i4q8 sur
les c^es de Paria. (Ms. da Las
Casas selon Washingtoic la-
ViNG, liv. XII, chap. 6.)
SECTION DEUXIEMfi.
^
^^
196
du Nouveau Monde, vingt-
sept ( V. 37 ) Jours de navi-
gation. « Nous vîmes, après
avoir gouverné O. ^ S. O.
(III, 199), une cote qui
nous parut de la terre fer-
me, le pôle boréal étant éle-
vé de 16®. » Mab Canovai
(p. 3o et 327) soupçonne ,
à cause du rumb c(e vent
indiqué par Vespuce, qu*il
iaut Xm 6« N.
3^ — L'expédition suit
la (Érection de la cote qui.
est aussi celle dans laquelle
souffle le vent (III, aoi).
Description prolixe des
mœiu:s des indigènes (III,
ao3-ai8). Gomme au com-
menoementdu voyage on ne
ti'ouve « rien de nien pro-
fitable » et de faibles traces
d'or, on arrive, après bien
des détours, en suivant les
sinuosités de la côte, à un
endroit habité dont la con-
struction rappelle Venise
(III, 219), a una popolazio-
ne fonaata sopra Vacqua
corne yenezia. Combat dans
lequel cinq Espagnols sont
blessés. On navigue 80
lieues plus loin et on ren-
contre une race d'hommes
de mœurs plus douces qui
se noiurissent de la fànne
de poissons.
du Nouveau Honde^ vingt-*
quatre jours de navigation*
On atterre sur les cotes de!
Surinam à peiji près par
les 3® de laUtude boréale
(III, 5), selon letémoignace
de Hojeda recueilli dans le
procès (III, 544)> 3O0 lieueà
(au sud-est) du proâion-
toire de Pana.
3) — L'expédition suit la
direction de la côte du sud-
estau nord-ouest. Ellle trou-
ve la mer entièrement douce
5ar l'effet de la proximité
e deux rivières dont l'une
(l'Essequivo) coule du sud
au nord, l'autre (l'Oréno-
que) de l'ouest à l'est. La
côte est composée de ter-
rains très bas et maréca-
geux. Le courant porte du
S. £. au N. O. lie de la
Trinité. Golfe de Paria
(III, 543). La proue à
fouest, on arrive a l'île de
la Marguerite et au Gap
Godera , alors Gabo Isleos.
SSCTTIOM DEUXIEME.
*97
41^ — locui^sioD dans rin-
térieur des terres pendant
laquelle les Espagnols sont
accueillis « de la manière la
plus honorable. • (III,
2a7.)Tout ce pays s'appelle
Piiria (V. ùsriab) et se
trouve situé « dao^ la zone
torride directement sub pa'
rallelo oui Cancri tropicum
deseribity unde polus hori"
xêntis ejusdem se vigentihi-
bus gradibus eleP€Uy erreur
de déplacement vers le nord
contrastant avec l'erreur
de Christophe G)kmib qui
assigne à la continuation
de cette même cote versTest
(I, a58) à la Boca de la
Sim>e une latitude de 5.^,
au heu de lo® 5'. On a dé-
jà Eût 870 lieues pendant
treize mob. Les navires
sont réparés dans le plus
beau port du Monde^ où
l'on reste pendant trente-
sept jours : puis l'on navi-
gue pendant sept jours i la
raveur des vents est et nord-
est. On trouve un grand
nombre d'îles parmi les-
quelles on atterre à l'Ile
d'//«(lll, 287), habitée par
un peuple extrèmemen t bel-
liqueux.
5) — Combat à Iti. Les
Espagnols ont n/i mort et
vingMeux blessés. Ils font
4)-^ Incursion dans l'in-
térieur des terres pendant
laquelle les indigènes ren-
dent aux Espagnols « des
honneurs extraordinaires »
III, 7). Puerto Flechado
Chicmrivichi), où il y eut
un (voyez 5)
\
5) — G>mbat sanglant.
Les Espagnols ont un mort
et vingt blessés (III, 7).
XXV (selon le texte de Va-
loii CCXXC) prâoimiers
• "• 18(111, a4o).
SECTION DEUXIEME.
Pour guérir les blessés , Ho-^
jeda entre dans un port près
de la Vêla de Coro oii l'on
reste pendant vingt jours
(m, a34). D'après Herréra,
pendant trente^sept jours.
(Le même htstonoeraphe
signale commme refuge le
beau poi*t de Mocmma
ou Maracapana, quelques
lieues ÀTouestde Cumana.)
D'après le témoignage du
Çilote^'Andrès de Morales,
lejeda reconnaît la Isla de
Gisantes (III, 544)? qui,
selon la position qu il dési-
[ne, est l'Ile de Curaçao
III, 7 et 34) et le Cabo'de
>an Roman. Plus tard on
entre dans un golfe au mi-
lieu duquel s'élève un ha-
meau dont les maisons sont
construites sur pilotis com-
me à f^<?/i/>tf («pueblo sc^re
el agua en un golfo que
llamaron Golfo de Vene-
zia»).0viedo(Iib.III,c.8)
dit que Hojeda est parvenu
vers l'ouest jusqu'à la pro-
vince de Cinta, 8 lieues à
l'est des montagnes de Santa
Marta. Depuis trois mois il
a j&it plus de 6oo lieues.
Départ pour l'Ile d'Haïti ,
le 3o août 1 499- Api^ès avoir
visité*, selon Herrera (Dec.
I, lib. IV, cap. a), parmi
les Iles Garibes, la Domini-
que et la Guadeloupe, Ho-
jeda débarque dans le poi*t
8BCT10N DEUXIEME.
199
S
de Yaauimo à Haïti ie 5
septembre i499 (HIj 9).
Diu'ée de Texpédition de-
puis le départ d^Ëspagne
jusqu'à Tarrivëe à Haïti,
trois mois seize jours (d'a-
près Herrera cinq mois).
6) — Retour en Espagne
avec deux cent vingt-deux
captifs. Arrivée à Cadix le
i5 octd^re i499 (d'après
Valori le 18 octobre <49^)-
Vespucçdit invariablement
selon l'édition de St.-Dié
Illy 196) et selon le texte
e Valori (Band. p. 6)
que toute son expédition a
duré dix-huit mois (III,
196) ; mais les dates du
texte de St-Dié donneraient
trente-un, celles du texte
de Baccio Valori seise mois .
De phis , le départ pour le
second vojage (en mai 1 489
d'après l'édidon de St.-Dié ,
en mai 1499 d'après les
textes deRiccardi et de Va-
lori) est en contradiction
directe avec le retom* du
Sremier voyage, d'après Té-
ition de St.-Dié; tandis
aue le retour, selon le texte
de Valori, ne contredit que
la date du départ pour le
second voyage d'après Hy-
lacoraylus, quoiqu'on lise
dans la Cosmographiœ In-
troductio i^cfi au lieu de
6) — Soupçon d'enlève-
ment d'esclaves (III, 167).
Las Casas affirme que Ho-
jeda en avait déjà un erand
nombre avec lui lors de son
entréeàYaquimo(lII,332).
Herréra les nomme des cap-
tifs enlevés à Portcurico
(Dec. I, lib. IX, cap. 4)»
De vives altercations avec
Francisco Roldan et Clui-
stophe Colomb retiennent
Hojeda long-temps à Haïti.
Comme ces altercations ne
cessent qu'en février i 5oo,
Hojeda n'arrive À Cadix
qu'à la mi-juin de la même
année. Durée de toute l'ex-
pédition , treize mois.
200
SECTION DEUXIBHT.
1489. Le père Charievoix
donne au prenvier voyage
de Vespuce une durée de
Tingt-<unq mois ( Band.
p. LaV), tandis qu'Herréra
réduit cette dur^ k cin^
iiïoi8(Dec. I, lib. IV, caç.a).
Ces variantes méritent
l>eauooup d'attention.
7) — - Vespuce ne parle
pas df peries dans cette re-
lation du premier voyage.
Il dit seulement qu'on ven-
dit à Cadix les deux cent
vingt-deux Indiens.
7) — Hojeda Vichtysat
quequelques (algunas) per-
tes dans le golfe de Paria et
se montre peu content des
firuits de l'expédition.
II. LE SECOND VOYAGE DE VESPUCE COMPARE
AU VOYAGE DE VINCÈNTE YANEZ PINZON.
Secohd voyage D'AlliHIC
Vespuce.
1) — Départ de Cadix un
jour du mois de mai 14B9
(Tal. le 16 mai 1499; Kic.
le 1 8 mai i 499)* Deux cara-
velles selon la lettre à Mé-
dias ^ (Band. p. 65 ), trois
Premier voyage de Vigentb
YaNEE PlNZON.
i) — Départde Palos (du
Rio de Saltes, d'après le
témoignage du pilote Juan
de Umbria ou Ungria, cou-
sin de Martin Alonso Pin-
Eon, Nav. t. m, 547 et 559),
' Dtns cet aperça du second voyage de Vespuce , )e cite la
lettre à Pierre Francesco de* Medici d*après Tëdition de Bandini
p. 50*69.
n
9ECTI(N« DEUXIEME.
201
d*âprè8 la lettre à Sodeiini,
teite de Valori (Ba^d.
p. 37). Le texte d'Hylaco-
mylus ne feit paa* du tout
mention du nombre des
navires.
a) — L'expédition tou-
che d'abord aux lies Cana-
ries (à la Gomera selon le
texte de Riccardi) et puis à
l'Ile Fuego appartenant au
groupe des Aes du Cap
Vert.
au commencement de dé-
cembre i499 (III) <8).
\J Itinerarium Portugalkn^
swm, cap. 112, indique le
1 8 noveinbre 1 499^ Gomara
le i3 novembre. Quatre
navires dont deux comman-
dés par Arias Ferez Pinzon
et Dieco Femandez Colme-
neroy fun et l'autre neveux
de Vicente Yanez Pinzon
(AiTGBisiLA, Dec. I) lib. IXy
p. ioi;Nav. IllySaetSSo).
beux navires seuls de l'ex-
pédition sont retournés en
Espaffne (Soutbjsy, Hist, of
Brazii,lf 7); les deux autres
ont fait naufrage sur les
bas-IbndsdeBabueca (Nâv.
III, ai y et plus haut, Exam,
crû. tom. III, p. 219).
2) — L'expédition touche
d'abord aux Iles Canaries
puis le i3 janvier 1600,
selon le témoignage du ca-
pitaine Colmenero (III , 55 1 )
a rile Fuego, du groupe
des Iles du Cap Vert ; mais
selon le témoignage de Pe-
dro Ramirez (III, 55o) aux
Iles de S. Antonio, petit
archipel situé au N. N. O.
de nie Fuegoetcomprenant
les ilôts de San Antonio ,
S. Nicolas, Santa Lucia et
San Vicente.
202
SECTION DEUXIEME.
3) — Travew^ de 5oo
lieues (Val. de 800 lieues)
en dix-Beuf jours (R. en
a4j V. en 44 jours) pour
aborder te, 37 juin, par les
5** de lat. australe (R. par
^•i>V.par8«delat.au8t.),
à une nouvelle teiTe que
« nous regardions comme
terre ferme et gui se trou-
vait placée en lace de celle
dont il a été question dans,
le premier voyage^. » HLe
texte de Valon eut simple-
ment que la nouvelle terre
est contiguê à celle quia été
vue antérieurement, conti-
nua à la di sopra si fa men-
ziona,) On trouve des ter-
rains bas, inondés, couverts
d'une épaisse végétation.
On navigue 4o lieues phis
loin en suivant la côte vers
le sud-est, et on trouve une
mer d'eau douce. Les ton-
neaux sont remplis d*eau
potable à i5 lieues de la
côte. (Vue du cap que Pto-
lémée appelle Cap Cattiga-
ra, de sorte que « d'après
les degrés de latitude et de
longitude, nous devions
nous trouver peu éloignés
du Sinus Magnus, » Band. |
3) — Traversée de S^o
lieues du N. E. au S. O.
pour aborder, le ao janvier
1 5oo, i une nouvelle terre
par les 8® delatitudeoui/m-
Je, apf es avoii* coupé Féqua-
teur pour la première fois
sous pavillon espagnol
(Hbrrera, Dec. I, lib. IV,
cap. 6) du côté de l'Amé-
rique. L'atterrage de Pin-
zon se fait au Cap St.~Au*
gustin^ appelé alors Cabo
de Santa Maria de la Gon-
solacion (aussi Rostro Her-
moso). Le commandant seul
débarque avec les éicribanos
(III, 548) pour fai^e une de
ces risibles cérémonies de
prbes de possession aux-
quelles on n'a pas encore
renoncé au dix-neuvième
siècle, (h* Itinetarium Por^
tugallenstwny dans la courte
description de l'exp^tion
de Vicente Yanez Finzon ,
ne fait aucune mention sous
un nom quelconque du Cap
St.-Augustin, pas plut que
la lettre de Vespuce à Sode-
rini.) Plus loin, vei's le sud,
on renconti'e des tribus
d'indigènes nomades et
d'une taille extraordinaire.
■ a Terram quamilam novam tandem tenuiraus, quam quidem
firmam exîsUre ceiuniimus. conlra illam de qaa facta in superio-
ribas mentîo est. » (Nav. Ill , a43.) Dans la lettre à Me'dicii il
n*est pas du tout question de la terre ferme vue dans un voyage
antérieur.
SECTION DEUXlàMB.
203
5
66.) La lettre k Soderini
^III; a44) ^^ ^t pas men^
tion de la vue du Gap Cat-
tigara d'Asie^ mais celle que
Vespuce adressa à Médicis,
lorft de sa relâche au Cap
Vert, le 4 juin i5oii au
oommencement de son troU
sième voyage, énonce clai-
rement que « la terre à la-
quelle Pedro Alvarez Cabrai
toucha accidentellement (le
aa février iSoo), lorsquil
voulut doubler le Cap
de Bonne-Espérance, est
identique avec la terre que
Vespuce découvrit dans le
voyage pour le roi de Ca-
stiile . » Or Cabrai avait
atterré sur les côtes du Bré-
sil par les lo® de latitude
australe, (lll, 4^0
4) — Courant extrême-
4)— L'expédition n'avan*
■ « Qaesti trcdeci navigli ( delU flotta del Re dî Portogallo)
posono m una terra, dove trovarono gente bianca ti ignada dei/a
medesima terra ehe io discopersi per h Re di Castetla , salvo
chfl è piii a levante. >• Baldblli , // Milione^ t* I« p> LIY. La
kUre de Vespace du 4 i^în i5oi est tîrëe da maDoscrit de Pîer
VogUentî, aaî est le n^ 1910 delà bibliothèque Riccardîcnne.
Comme des deaz voyages que Vespuce à faits pour l'Espagne y le
second seul a ^t^ an sud de IVquateur , il ne reste aucun iloute
3ae les mots io discopersi font allusion à la seconde expédition
11 navigateur florentin. Si Cabrai a atterri par les lo» et
Vespuce par les 5o— 8» de latitude australe y l'expression pih a
en différence de méridiens. Vespuce se trompe aussi lorsqu'il
place le départ de Cabrai de Lisbonne au mois d'avril 1499* >!
levait lieu le 9 mars iSoo.
2o4
SBCTION DEUXIEME.
ment fort, sembkble à ceux
du phare de Messine et du
détroit de Gibraltar (Baiid.
p. 68), du S. E. au N. O,
Ce courant entrave la navi-
gation (III, a45) et force
de tourner la proue au
N. O. On n*avait donc été
Sii*au nord du parallèle de
ahia, car plus loin, vers le
sud, le courant porte au
S. O. Selon la lettre à Mé-
dias (Bahd. p. 83), le ter-
me le plus austral de cette
navigation de Vespuce n'au-
rait été ^ue 6^ I sud, mais '
un témoignage de Sébastien
Cabot (Nav. m, 3i9)
prouve qu'on était parvenu
fDur le moins jusqu'au Cap
.-Augustin. En côtoyant
toujours vers le N. 0. on
arrive à une baie au milieu
de laquelle est placée une
Ue. Combat avec les Can-
ce pas plus loin ver» le
S. £• ; elle mei la proue au
N, O. et coupe de nouveau
l'équateur. Combat avec les
naturels. Dix Espagnols
blessés. On reconnaît l'em-
bouchure de la rivièt^ des
Amazones, et on trouve une
mer d'eau douce à une gran-
de distance des cotes. On
passe entre l'Ile Joanes de
Mara jo et le continent , en
entrantdans l'Amazone. En
remontant dans la rivière
on enlève trente-«ix esclaves
de la province de Marina-
tambal (III, ao\ Ultine^
rarmm Portugallensium dit ^
Regibni nomen est CAco-
ma marina tambala (cap.
CXIII). Ce mot chuuna
(s'appelle) ajouté par mé-
Srise, prouve que la tra-
ucdon a été faite de l'ita-
lien en latin . Les navires de
* Les deax voyase» At Vespace dont parle Sébistîen Cabot
comme ftjaot tenri à faire connaître la latitude précise du Cap
Saint- Augustin ëvalnée alori à 8o S., ne peuvent avoir éii «me
le second et le troisième ; puisque dans le procès du fisc contre les
héritiers de Colomb, Nuno Garcia et An drès de Morales affirment
que la dernière des déterminations de la latitude du Cap Saint-
Augustin fut faite (Nav. III, 3ao) lorsque Vexpure nayigaa
« pour le roi de Portugal. » Or, des quatre expéditions de Vespuce,
il n*j a eu de faites aux frais du Portugal que les deux dernières.
Dans la quatrième. Vespucc n*a abordé aux c6tes d* Amérique
qu'au sud de la Babia de Todos los Santos(xa*' 58^ S.). Dans la
première il n*a pas été an sud de l'équaleur x il ne reste donc,
pour avoir déterminé la position du Cap S«iinl-Augu>tin (situé,
d*après Tamiral Roussin, par les ^ ixo* S.), que le second voyage
pour TEspagneVi le premier pour le Portugal, qui est le Irobième
des Quatuor Noçigattones»
SKCnON DEUXIEME.
^o5
bibales Çlly ^7). Quatre-
TiDgts heues plus loin au
N. O.yl'expéditioD relâche
dans un port où elle reste
dix-sept jours, commerçant
avec une peuplade de
mceurs douces et riche en
perles qui lui viennent d'un
CijB situé vers l'ouest. Plus
in encore on entre dans
w
un autre port pour réparer
et cai&ter un des navires
'mi fidsait de Teau. (Texte
de BaçcioValori.) Enfin on
reconnaît une grande île
très basse à 90 lieues mari-
nes dedistance du continent
(probablement llle de Joa-
uesdeMarayO) située dans
l'embouchure de l'Amazo-
ne) : cependant de la pointe
continentale de Tigioca au
Cap Maeoari de la grande
lie, il ny a pas ao, mais
seulement 13 lieues. (Nav.
m y 18 et 25a.) Il pleut
très peu dans cette contrée.
(111, a55.)
5) — Vespuce raconte
« que dans le cours de sa
navigation il a coupé deux
fois réquateur (III, 269) et
montrée \digentegrossotana
que les oninres tombaient
au sud et au nord.» (Band.
p. 69.) Il se vante aavoir
raitbeaucoupd'observations
astronontiques sur les étoi-
Pinson se trouventen grand
danger par les effets des
mouvemens terribles de la
marée qu'on appelle Poro^
roca (La G>icda]iiiis, yof.
F. aoi) à l'embouchure de
Amazone et la ^onv ou le
Mascarei sur la Gironde*
5^ — Piiizon, pendant sa
navigation au sud de Fé-
rteur, est très occupé
constellations du ciel
austral. (ANeaiERA, OceafC,
Dec. I, lib. IXy p. 96.)
Après avoir échappé aux
dangers du mascaret, il
onnmence à i*evoir l'étinle
polaire*
^o6
8ECTI0N DEUXIEMn.
les du ciel austral. Vaine
recherche d'une étoile po-
laire antarctique. Deacrip-^
tion de quatre étoiles (delà
Croix du sud) comparées
rr Vespuce (Bahd. p. 70)
la forme rhcMnhoïdale
d'une amande (mandoria\
et auxquelles il applique le
célèbre passage au Dante :
10 mi volsi a man désira e
posi mente Alt altro polo.
(Voyez tcwn. III , p. i3a.)
La lettre à Médicb rapporte
une observation de la con-
i' onction de Mars et de la
une, du 23 août i499* ^^*
culée d'après les Ephémé-
lîdes de Régiomontanus ,
cette observation donne,
selon Vespuce, au point de
la cdte où se trovait l'expé-
dition, « une longitude de
82** ^ ou de 1,366 | lieues
de 16° f au degré, non
comme porte le texte Ric-
cardien dans un autre en-
droit (Bahd. p. 83), de
84** à l'occident de Cadix. »
11 est difinie de remarque
conjoncUon du a «5
août i499 n'est pas du tout
mentionnée dans la lettre
adressée simultanément à
Sodeiini et au roi René,
selon l'édition deSaintrOié.
Comme cette édition place
le retour du premier voyage
au 1 5 octobre i499» l'obser-
vation paraStraitappartenii*
S
SBCTIOff DEUXIKNB.
aoy
lion au second y mais au
premier voyage. Si le résul-
tat du calcul méritait quel-
que attention, on ferait
à>8erver qu'ime longitude
si occidentale (8a** ^^ se
rapporte bien plus mal en-
core aux côtes du Brésil et
de la Guyane qu'à celles de
Venezuela. La dijOTérence
en longitude entre le Cap
Saint-Augustin et le port
de la Guayra (Terre ferme\
par exemple , est de 32** ^ ,
et ce dernier port n'est en-
t»re que de 60** 5o' à l'oc-
cident du méridien de Ca-
dix.
6) — Après avoir quitté
file très basse qui est située
à i5 lieues de distance de
la terre ferme (selon Navar-
re te, l'Ile deMarayo), on
continue à naviguer vers le
nord (Baîid. p. 78) et on
reconnaît une autre île ha-
bitée par les Indiens anthro-
pophages et d^une énorme
stature, appelés Camballi
ou Cambazi, «plus srands
encore que M. Francisco de
Albicio. » La lettre à Mé-
dicis (Bard. p. 74 et 76)
assigne à cette île une lati-
tude boréale de 1 0** (la cote
méridionale de l'Ile de la
Trinité est par les 1 o* 6' N .)
sans lui donner un nom
6) — L'expédition suit la
cote vers le JN. O. sur une
longueur de 3oo lieues,
pour arriver au Golfs de
Paria (III, ao), que Vlti^
nerarium Portugalleruium
(cap, CXIII)appelle ParraZ
L'eau de la mer y est douce
à cause de la proximité de
l'embouchure d'un grand
fleuve (rOrénoque). Expé-
rience Êdte avec un vase à
soupapes, par laquelle on
constate qu'une couche
d*eau douce de six brasses
d'épaisseur couvre l'eau
salée dont la profondeur
n'est que de deux brasses.
(Voyez tom. I, p. 3i4.)
ào8
SECTION D£UXlEBffi«
particulier. Dans la lettre à
doderini (III, ^59), elle est'
nommée Ile des Ûéans, Les
CambaUi (Carabes) de cette
Ue sont àe gentUaisposizio'
ne, a ne mangeant que leurs
ennemis, et parmi ceux-ci
seulement 1^ hommes. »
Ils font des incursions en
d'autres îles pour enlever
des esclaves. Il n j eut pas
de combat avec les Caiibes
de rile des Géans, maisi
Elus loin avec d'autres tri-
us du littOTal. Après avoir
lonffé la cote (méridionale)
de nie, on entre dans un
golfe qui s'appelle Icf Uoffe
de Parias (B/Lun, p. 7 S) : ce
nom manque dans la lettre
àSoderini. L'ancre est jetée
vis-à-vb d'un très grand
fleuve qui rend douce l'eau
du goUè. L'équipage est
traité avec la plus grande
hospitalité dans un viUag»
de la cote où l'on reçoit de
belles perles pochées dans
ces parages mêmes. (Band.
p. yS.) La lettre à Soderini
passe sous silence le Golfe
de Paria et les perles. Elle
ofEre un récit beaucoup
moins circonstancié que la
lettre de Vespuce adressée
à Médicis. Pour ne {>as al-
térer la série des mits, il
feut séparer les deux ver-
sions.
SSCTION DEUXIKMS.
^) — r SSLOII LA LBTTBB A
SOBEEIHI ET AU EOI ReNÉ
itextedeSaint-Dié) : Après
es petits combats qui eu-
rent lieu au-delà (à rouest)
^e l'Ile des Géans (VUe de
la Trinité), on suit la côte.
Comme une année de navi-
gation était déjà révolue et
^eronmanquaitdevivres,
réquipageexprimaitledésir
de retourner en Espagne.
Poiu' réparer les navires,
on relâcne dans un golfe
oix Ton reste pendant qua-
rante-sept jours et acquiert
par voie d'échange 119
marcs de perles. De là l'ex-
pédition se dirige vers l'Ile
Antiglia « que Christophe
Colomb a découverte il 7 a
peu d'années. » Après y
avoir séjourné deux mois et
deuxiours, « souffrant pai^
fois de l'iniquité des cnré-
tiens qui 7 sont établis ^111,
a6i), » on met à la voile le
22 juillet et on arrive le 8
septembre (sans indication
d'année) dans le port de
Cadix. — Seloit la lettre
A Médicis (texte Riccar-
dien): Après avoir quitté le
Gol/e de Parias^ l*expédi-
tion longe la côte (vers
l'ouest) pendant 4oo lieues.
« On conclut (de cette lon-
gueur) et de la présence de
certains (grands) quadru-
pèdes qui ne se trouvent
IV.
«09
7) — Sorti du golfe de
Pana^ Pinson navigue 600
lieues vers l'ouest (fil , ai)
saBs Êdre une mention par-
ticulière de l'Ile de Curaçao,
habitée par des Garibes à
taille gi^tes^e, ni d'un
village construit dans Feau
comme Venise, objets pla-
cés cependant tous deux
sur la route. Anghiera
affirme (Dec. I, lib. IX,
p. ioi) que Pinson aussi
regardait toute cette côte
o(Mnme une terre ferme et
comme faisant partie de
tAsie^ entre le Cathay et
lés bouches du Gange. Les
témoignages du capitaine
DiegorernandesCounene-
ro et de Pedro Ramimez,
compagnons de Pinson
dans le voyage dont je don-
ne ici le précis, nous ap-
prennent (III, 21, 548 et
55o) « que des côtes de
Venezuela on fit voile vers
la Espaàola, appelée Idabel-
la , en relâchant dans cette
traversée à la Guadeloupe
et à San Juan (Portorico). •
i4
210
SEGTIOR DEUXISHB*
^
pas dans des lies (Baitd.
p. 76), que cette terre ap-
parU^it a VAtie orieniale
(« che questaera terra firma
e oonmi dell' Asia per la
parte d'orienté e il princî-
pio ' per la parte d'ocd-
oente »\ Vers le terme 00-
eidentai de la navigation le
Img de la oôte on trouve
des tribus d'hommes grands
etféroces. Il j adefiréfpiaois
combats, parfcns de seize
Espagnols contre deux mille
inoigènes ! On relâche dans
un port pour y guérir les
blessés (K)nt un seul suc-
combe (Bahb. p. 78*). On
touche à une île éloignée de
ft5 lieues de la terre ferme ,
île couverte de bob de brésil
et habitée par un peuple
de stature gigantesque. Lies
hoDunes à genoux étaient
1>lus grands que Vespuce
orsqull se tenait debout.
« Ciascuna délie donne pa-
reva una Pentesika e gli
uomini Antei. » Il n'y eut
pas de combat. Plus loin j à
10 lieues de distance , on
trouve une autre ile voisine
(« commarcana * »). Les|
^ Cet espressioDf rappellent celles de la première lettre de Tos«
canelli. et la dëoomination de Alpha ei Omegm, donnée par
Colomb au cap oriental de l*2le de Coba. (Vojea tome 1, p. ai;
tome ill| p* 9* 193O
* Je signale l'emploi en italien d'un mot espagnol qui a donne
S£CTIOM DEUXIEME.
2ii
^nuisons d'un grand yiUage
jsont oonstmites dans l'eau
comme à Denise (Bahb.
p. 80). On continue la na-
vigation de la côte 3oo lieues
plus loin (en tout 700
lieues). Comme les navires
fiôsaient beaucoup d^eau et 1
ry selon lepêùit d'estime
pilotes, on ne se trou-
vait qu'à 1 30 lieues de dië-
tuioe de Vife Spafnuùla
« dontl'amiralColonu) avait
fiât la découverte il y a six
ans, » on résdut d'j atter^
rer.
tf) — Après une relâche
de deux mois dans cette île
des Chrétiens, l'exp^tion
met de nouveau k la voile
leasjuilletet&itaoo lieues
vers ie nor Jdans l'espace de
quarante-cinq îours, en dé-
couvrant « au-delà de mille
tles » habitées par une race
, d'hcmimes doux et timides.
La navigation entre ces îles
(Bahames?) était extrême-
ment dangereuse à cause
des bas-fonds etdesécueils.
Le manque de vivres feit
accélérer le retour en Es-
pagne. On enlève deux cent]
«) — «De la IsabeHa
Pinzon se dirige par ie nord
vers d'autres îles, vers Sa-
mana et Jumeto (Saometo,
Someto), Maguana et les
bas-fonds de fiabura (pro-
bablementBabueco).Voyes
tome III, p. 192). Deux
caravelles se perdent pen-
dant une tempête sur ces
bas-fonds en juillet i5oa. »
Cette route vers le nord est
même convertie en une rou-
te vers l'ouest par Vltinera-
rium Portugauensium, U y
est dit (cap. ii3), dans le
fragment ou voyage de Pin-
31!»
SECTION DEUXIEME.
trente-deux esch^es dont
trente-deux périrent pen-
dant la traversée (Band.
p. 8a). On arrive en soixan-
te-sept jours aux lies Açores
(les Isole d^ Lazzon) , et à
cause des vents contraires
on ne peut atteindre le peut
de Caoix qu'après avoir re-
connu les Iles Canaries et
Madère. Cette lettre à Mé-
dias porte la date du 18
Juillet 1 SoO) et, comme^ans
un autre endroit (Band.
p. 64)> il y est dit que le
retour en Espagne était un
mois plus tôt j il faut ad-
metttre pour ce i*etour le
i 8 juin i5oo : mais selon la
lettre à Soderini et à René ,
Vespuce n'était parti que le
aa juiUet de l'ile d'Haïti,
et arrivé le 8 septembre 1 5oo
à Cadix. (La lettre à Sode-
rini ne fait pas plus men tien
de l'enlèvement des deux
cent trente-deux esclaves
?ue du village hâti dans
eau et ressemblant à Ve-
nise.)
9)' — Vespuce se vante
d'avoir rapporté de son ex-
pédition un peu d'or en
ffrains, deux pierres /\ l'une
de couleurd'^eraui^J'au-
tre semblable à de Vamé^
thyste très dure (les deux
pierres longues de deux
zon 9 que les vaisseaux ée
ce navigateur arrivèrent
à la Espanola le 23 juin
i5oo : «Inde ajunt rursua
mare sulcasse occideniem
versus supra CCC leucas» et
ciun devenissent ad quan-
dam provinciam atrox tem-
pestas adorta est eo6 »
(GETiiiBiTSy éd. Bas. iSSa,
p. 121) Madrignano place
par conséquent le lieu du
naufirage vers l'O. N. 0.
d'Haïti, entre les Iles Baha^
mes mêmes ; Anghiera
(Dec. I| lib.lX, p. ioi)et,
aaprès lui, Herréra (Dec.I,
lib. IV, cap. 6) le placent
par erreur au sud ou au
sud-est d'Haïti, dans la
traversée vers cette Ue. Pin-
zon arriva à Palos avec les
deux caravelles qui lui
restaient , et , d'après Go-
mara (fol. 48)) avec vingt
esclaves qu'il avait enlevés
pendant le cours de sa na-
vigation, le 3o septembre
i5oo.
9) — Parmi les choses
rares que rapporta de son
voyage Vicente Yanez Pin-
zon , se ti*ouvait une sarieue
vivante , la première qiron
vit en Europe, et beaucoup
de pierres fines « dont ime
très belle fut reconnue pour
# ^
SECTION DEUXIEME.
ai 3
«mpans y et grosse de trcns
doîgU, furent ffardées parmi
les joyaux de Ta couronne),
un grand cristal de èéril et
des perles parmi lesquelles
quaiorzeperles rouges « très
agréables à la reine Isa-
belle. . (Band. p. 83et84.)
Vespuce se plaint que la
reine « lui ota (mi io/sd)^
une coquille à laquelle se
trouvaient attachées cent
trente perles. Il se garda
de lui montrer d'autres ob-
jets clément rares. » (Letr
tre à Soderini d'après le
texte de Baccio Valori
rBAHD. p. '44]9 i^on d'après
rédition de Saint-Dié.) Du-
rée de tout le voyage treize
mois, « après avoir exploré
une immense étendue des
# _
€étes d^Asie, » ( Bahd.
p. 83.)
une topctze par le natura-
liste et médecin italien Bap-
tista Elysius. » (Angh.
Dec. I, lib. IX, p. ICI.)
Durée de tout le voyage,
dix mois, « après a voir par-
couru les côtes d'Asie voi-
sines du Cathay. »
J^ai réuni les deux premières expéditions
d^Améric Vespuce ^ non parce qu^elies furent
entreprises dans les intérêts dW même mo-
narque ^ celui d^Espagne, mais parce que les
adversaires de Vespuce ont avancé que les
deux expéditions ne sont en réalité qu^une seule
différemment relatée, et attribuée par une
fiction intentionnelle à des époques distinctes.
2l4 SBCriÔIf DEUXllbCE.
Le rapprochement des faits sous la forme de
.tableaux m^a paru le muoyen le plus sûr pour
mettre en évidence Fanalogie ou la £ssem-
blance des deux voyages. Ce raj^rochement
n^a point encore été tenté. Dans une question
de cette importance , la critique historiquf^ne
doit pas s^arréter aux détails d^érénemens
partiels qui peuvent être par la négligence du
narrateur plus ou moins altérés; il s^agitdu
fond de vérité que présente Pensemble de la
relation de chaque voyage. L^examen critique
des fidts auquel je me livre n W pas un plai-
doyer tout en Êiveur de Vespuce ; mais vouloir
trouver dans la fi:*aude et dans intention ma-
ligne de nuire à la gloire de G>lomb, la clef de
tout ce qui est inexplicable diaprés les données
incomplètes que nous possédons jusquHci^ me
paraît aussi contraire à Féquité qu^à la pru-
dente réserve de ITiistoire. Tai placé en regard
de chaque relation des voyages de Vespuce im
autre voyage espagnol dont Tauthenticité quant
aux époques et à la série des événemens n^a
jamais été révoquée en doute. Fidèle au systè-
me de scepticisme que j^embrasse dans une
matière si épineuse, j^ai dû fiiciliter une com-
paraison apjMTofondie du premier et du second
SKTION DSUXISBIB,
ai5
Toyage de Veqpuce aTec les deux expéditions
de Hcgeda et de Pinzon. Il existe des ccmyie*
tkms înstinctiTes qu'ion ne peut imposer , maïs
que Êdt naître la réunion de beaucoup de preu*
Tes purement conjecturales.
Nous commencerons par rappeler les élé-
mens numériques de la discussion. Aux quatre
voyages contestés de Vespuce dont les époques
sont relatées dans les textes de Baccîo ValcHEÎ,
dHylacomylus et de la collection Biccar-
dienne, je ferai suivre letaUeaudes prmcipales
expéditions espagmdes et portugaises* Dans
ceUee-ei les dates sont fiondées sur des docu--
mens owtains^ et leur série doit être fM:*ésente à
la mémcûre de ceux qui s^téressent au pro-
blème qui nous occupe.
VOYAGBS nS VESPUGB.
{4 navires.)
a« TOjage.
(a DiTÎres.)
> TOJ.g..
(3 navires*)
<• Toyige.
(o navires.)
Htl. lo ma
Val. lo ma
Htl.* • * ma
Val* i6 ma
RiCC. 18 ma
Htl. 10 ma
Val. 10 ma
RiCC. i3 mai
Htl. 10 ma
Val. 10 ma
1497 — '^ octobre i^QQ*
1497 — 18 octobre 1490.
1489 — 8 septembre »... .
1499 — 8 septembre iSoo.
1499 — 18 jaîn i5oo.
i5oi — i5oi.
1 Sol — 7 septembre i5o3<
i5oi —
i5o3 — 18 juin i5o4*
i5o3 --' 18 |uin i5o4*
2i6 SfiCTIOIf DBUXIÈMB.
Dix-huit expéditions, dirigées toutes , k
Pexception de deux , vers les côtes orientales
du Nouveau Monde, ont eu lieu pendant
Pintervalle des quatre voyages d^Améric Ves-
puce. Dans le tableau chronologique qui suit,
il a fidlu remonter jusqu^à Sébasti^i Cabot et
descendre jusqu^au quatrième voyage d^Alon*
zo de Hqjeda, puisqu^il sVgit ici dWe priorité
de découverte de la terre ferme et que les
différens voyages de Hojeda ont été confondus
avec ceux d^Améric Vespuce. Pour rendre
plus accessibles les sources auxquelles j^ai
puisé, j^ai indiqué avec soin les documens
anglais ou portugais là où la question des
dates pouvait paraître sujette à quelques oon^r.
gestations.
SECTION DBUXlàMB.
CHRONOLOGIE DES KEPÉDITIONS
217
ynê BIS cons oushtaui du hoùveau miihdb* depuis
tX SBCQHD V0TA6B DB CHRISTOPHB COLOMB JU8QU*AU
QUATAlBafB TOTAGE D*ALOHZO DB HOJBDA,
DB 1493 A 1510.
Se^Dd voyage de Christophe Colomb (avec
Juan de la Gosa et ^onso de Hojeda), 25
septembre 149? — ii juin 1496*
Dix-sept navires sortis de Cadix.
Dëpart d'Haïti pour entreprendre la
découverte de la Jamaïque (Santa Glo-
ria, Ile de Santiago) et de la c6te mé-
ridionale de Guba, le 34 ^^^ ^494*
Retour à Isabela, port d'Haïti, le 39
septembre de la même année.
Premier voyage de Jean et Sébastien Cabot ,
printemps 1497 — commencement d^aoùt
i497-
Quatre navires (d'après la cbroni-
que de Robert Fabian , ou plutôt d'a-
près celle de John Stow), sortis de
Bristol > et armés aux frais des n^o-
cians de cette ville. (Tytler, Progr.
ofnorihem discop. i853^ p- si, 4^7 9
440-444. ) M. Biddte ( Jlfon. 0/ Seb.
Cabot y p. 5o) nie que dans ce voyage
2i8
SlCTfOlf DEUXIEME.
Silbastien Cabot , n^ k Bristol en 1477 »
fat accompagné par son père Giovanni
Cabotto (Cabota ou Gaboto) , qui de
Venise 9 sa patrie, ëtaitvenu s'ëtablir
en Angleterre. Ce dernier n'est mort
qu'au printemps de 1498* (Biddlg^
p. 69 et 81 • ) La patente royale pour
le Toyage fut dëlirrée dès le 5 mars
1496. La partie continentale du.
Nouveau Monde fut découverte Ici
a^'juin i497* C'était la Prima f^isia
(terra primum viea) de la c6te du
Labrador , par les 5Ç^ ou 58^ de lati-
tude , vis-à-vis d'une île que Sébastien
Cabot a appelée Hé de St.- Jean (1. c.
p. 53-61 ) et qu'il ne faut pas confon-
dre avec lUe du Prince Edouard^ ja-
dis nommée aussi He de St.-Jean, dans
le Golfo Cuadrado de Gomara qui
est k l'emboucbure du fleuve St«-Lau«
rent.
[ Voyage de Vaeco de Garna , 8 juillet 1497 ' —
10 juillet 1499O
Quatre navires. Gamai plus tard
conde de Vidigueyra (Fabj A T Sous A ,
jisia Portugueea , X703 , 1. 1, p. 4^ ?
SBCnOIC SOBUXIEHB.
219
Id., Hiat. del Reyno d^ Portugal ,
p. 177)^ double le Cap de Bonne-
Espérance le 20 novembre 14^79 ^
arrive à Calecut le 30 mai 1498*
( Barros » Dec. I y lib. IV, c. 5^ 8 et
11^ 1. 1, p. 2869 328 et 570.) II a
fallu conaiguer ^^ns ce tableau les da^
tes d'un voyage aux Indes orientales à
cause de9 etUusions que Yespuce fait à
ce voyage dans sa lettre à Lorenzo de
Mëdicis, du 18 juillet i5oo.
Second voyage de Sébastien Cahot ^ pendant
Fétë de 1498.
Deux navires. Voyage fait aux frais
du gouvernement anglais* Il s'ëtend
depuis une iner couverte de glaces
flottantes (selon VL Bidple, p. 34^
depuis la baie de Hudson, par 67^ j
de latitude?) et la terre des Bacalaos
jusqu'à Fextrémitë de la Fonde ^ sous
le parallèle de Tlle de Cuba. (Ak-
GUIERA. , Océan. Dec. DI , lib. VI ,
p. 267.) Si Caboty au terme septen-
trional de sa course , a longe une côte
dirigée du S. O. au N. E«, comme
prdtend Galvano, il doit avoir ëtë
S20
SBCTIOIf DEUXlàHB.
jusqu'aux hautes latitudes de la grande
tle ou péninsule de Cumberlahd.
Troisième voyage de ChrUiqphe Colomb j 3o
mai 1498—- 25 novembre [5oo.
Trois navires. Découverte de la
Terre Fermé le i*' août 1498. Tai
discuté plus haut (t. I, p. Sog) le point
de la côte qui a été vu le premier.
Premier voyage d'^/orzM) de Hojeda (avec Juan^
de la Gosa et Âméric Vespuce) , 20 mai i49d|
— ml-juiïL i5oo«
Quatre navires. Latitude la plus
méridionale 3^ N. L'expédition de dé-i
couvertes n'a duré que trois mois eu
demi , car le 5 septembre i499 9 Ho-
jeda était déjà arrivé au port de Ya*
quimo à Haïti.
Voyage de Per Alonêo Niho et de Chriatoual
Gz^erra^ juin 1499 — avril i5oo.
Un navire , sorti de la Barra Saltes.
Nino^ le Nignus d'Anghiera ( Océan.
Dec I, lib. Vin, p. 87.94) , l'Alon-
ztts Niger de Yltinerarium Portu^
SECTION DEUXIEBIB.
221
1
;fl
gallensium {cap. ioq - il i ) , ayait
•accompagne Colomb dans les second
et troisième voyages* (Témoignages
recueillis par Diego Penalosa le 13
juin i494)* Fansses dates de Biadri^
gnaiio qui dans Tarrivée à Caachieto
(le 1*' novembre), confond Tannée
i499 ttvec i5o9. Gomara, fol. 4^9 ^y
Nav. U, i47 ; III, 11-17 et 542.
Premier Voyage de Vicente Yàhez Pinzorij
commencement de décembre i499 — ^^ de
septembre i5oo.
Quatre navires, dont deux seule-
ment sont rentrés à Palos. Découverte
etpriiie de possession du Cap St.-Au-
gu&tin parlés 8^ 20' de latitude aus-
trale. (Anghiera, lib* IX, p. 95-
103; G OMAHA , fol. 499 ^9 ^^i^»
Portug. cap. 113, ii3; Nay. III,
18-21 et 547-552.)
voyage de Diego de Lepe^ janvier— juin i5oo.
Deux navires. Licpe fait une obser-
vation importante sur la direction que
suivent les côtes au sud du Cap St.-
322
SECTION DEUXIEME.
Augustin. (Voyes 1. 1 , p. $149 3i5.)
Les quatre expéditions de Hojedav
NilLo j Pinzou et Lepe ont presijue éti
suDultanëet*
Premier voyage de Gaapar Cortereal , prin-
temps i5oo — * 8 octobre 160 u
Deux navires , sortis de Lisbonne«
Recherche d'un passage au N. O. Le
▼ojAge embrasse les cdtes entre les
5o*' et 60^ de latitude y du GoUb Cna*
drado (détroit de Édle-Isle?) à la
Terra Ver de ^ qui n'est pas le Grôn-
land. (Lettre de Pietro Pasqualigo,
ambassadeur de Venise ai Portugal ,
dans les Paeai nopamerUe retropcUij
i5o7, cap. 126. Dakiao de Goes,
Ckron. do Rei D* Manoel^ 1749»
P« I, cap. 66, p. 87. GoMARA, fol. 7,
h. BiDDLB, Mem* qfSebaat. Caboly
p. 1 37-36 i.TTTliBa, p. 54*) La ré-*
gion septentrionale ( Labrador? ) que
Gomara ( fol. sS, a ) appelle Tierra
de Caries râalesj se trouve indiquée
sur une carte du Ptolémée de i5ii,
sous le nom de Regalis Domus.
SECTION DEUXIEME.
2^3
^oyage de Pedro AWarez Cabrai^ 9 mars i5oo
— juillet i5oi.
Treize navires ^ d'après Barres y
Jobst Rucliainerj cap. laS^ et Ves-
puce, dans la lettre récemment de
oouTertepar le comte Baldelli (// il/ï-
konedi Marco Polo^ i. I, p. UV) t
Madrigano et Grjnsns disent par er-
reur ijoatorze navires. Première vue
des terres du Brésil, d'après Barros,
le 2/^ d'après le journal plus précis de
Pedro Vaz de Gaminha , le 23 février
i5oo. Pedralvarez ( Pedralurez dit
Damiao de Goes j Petrus Âliares selon
Madrigano) arrive à Calecut le i3
septembre i5oo. (GoES^cap. 54-6o,
p% 87-82. Lettre du roi D. Manuel de
Portugal du 39 juillet 1 Soi • Nat. 111,
p. 94-iOi. Barros^ Dec. I, lib. V,
cap. 1-105 ^* ^9 P' 378-465. Souaaj
Aaia Port. 1. 1, P. I, cap. 5, p. 4^"
49* Voyez aussi 1. 1, p. 314, 3i5.)
Pedro Vaz de Gaminha, dans la Coro-
grafia hrazUica du père Manuel
Ayrbs de Gazal, t. I ( 1817 ),
p. 13-34*
3^4
flIfeCtION DEUXlàMK.
Voyage de Rodrigo de Bastidas avec k pilote
Juan de la Cosa , octobre i5oo — aeptem-
bre i5o2.
Deux navires , sortis âe Cadix.
(N^y • m, p. 35^28 et 593.) Bastidas
parvint^ en longeimt la c6te de la terre
ferme , a l'ouest jusqu'au Rio Sinu
( voyez ma Relation hiaU t. III
p. 534-S4<>)9 au gotfe d'Uraba et au
Puerto del Retrete ou de ios E^riba-
nos y dans Tisthme de Panama , port
que Colomb ne reconnut que le 36
novembre i5o3, et qui se trouve 17
milles à Test du port de Bastimentos
où Diego de Nicuesa fonda en 1 5 10 la
ville jadis célèbre et aujourd'hui dé-
truite de Nombre de Dios. (OviEDO,
lib. m, cap. 9, fol. 38, b. GoMARA ,
fol. 39, b. Nav. IIL 35*38 et 693.
Second voyage de Gaspar Coriereal, i5 mai
i5oi —
Deux navires, dontunseperdavecle
chef de l'expëdition.L'enlèvement d'es-
claves paraît avoir été le but principal
de ce voyage , dirigé vers le détroit de
Frobisher (GoBS, P. I,cap. OS^p^S/.)
SECnOlN DEUXIEME.
^^5
[ Voyage de Jean de Naça ( Gallego, c'est^i-
direBatif de Galice), 5 mars i5oi — ii sep-
tonbre i5os]
Quatre navires , sortis du Tage.
Voyage aux Indes orientales. Joam
dé Nova (GOBS, P. I» cap. 63, p. 83-
85 ; SousA , jisia Port. t. I, P. I,
cap. 5 ^ p. 5o ^ Barros , Dec. I j
lib. V, cap. 1 o, p. 463-478) découvre,
en allant & 0)chim,une île de l'At-
lantique qu'il appelle la Conception.
Au retour il reconnaît 111e Sainte-
Hélène > devenue si importante pour
la navigation aux Indes. Dés n^ocians
florentins établis 1 Lisbonne ( Ferdi-
nando Vinet et Bartèlemeo Mar-
diione ) étaient péconièrem^nt inté-
ressés dans Texpédition. L'Ile de la
Conception que Nova, cité quelque-
fob sous le nom de Jehan ou Joâo
CroUego, découvrit par les 8** de la-
titude australe (BarroSji 1. 1, p. 466),
est l'île de TÂscension (d'après le capi-
taine Sabine, lat. 7® S^iig''). Ce der-
nier nom lui fut donné par Alphonse
et François d'Albuquerque en i5o3.
(TucKEY, Marit. Geogr. 1. 1, p. 44/ •)
IV.
i5
il
220 SECTION DEUXIÀMË.
Second ypyage à^jéionso de Hojeda , avec Juan
de Vergara, janvier i5o2 —janvier i5o3*
Quatre navires , sortis de Gadiz*
Après avoir touché successivement à la
. Gran Canaria , à la Gomera et à l'île
de Santiago du Gap Vert^ Hojeda at-
terre à la côte de Paria* Il reconnaît
l'île de la Marguerite^ le Gap Godora,
Guriana, Guraçao (Isia de^igantes),
Coquibacoa,..., sans parvienir cepen-
dant jusqu'au Cabo die la Vêla et à la
Εerra nevada de Ciiarma (les mon-
tagnes de Sainte-Marthe). Vers la fin
de mai iSos^ dans une ^eute i bord
du vaisseau, Âlonsode Hojeda fut mis
aux arrêts pr Vergara et Ocampo.
Ils l'amenèrent prisonnier à l'île
d'HaïU. ( Nav. III, p. 28-39, 169 et|
591.)
Voyage de Miguel Cortereal^ 10 mal i5o2 — •••
Trois navires, dont deux retour-
nent à Lisbonne. Expédition faîte à
la baie de Hudson à la recherche de
Gaspar de Gortereal : mais Miguel ,
le second des frères, disparaît égale-
ment. (G0E8, p. 87.) Le troisième,
SËdnON DEUXIEME.
227
-i'atAëde tous, Vasqtteanes Gortereal,
gouverneur de l'île Tercère, fait ar-
mer une caravelle à ses frais en 1 SoS,
et n'est empêche que par les ordres d
roi DoQ Manuel d'aller à k recherche
de Gaspar et de Miguel Gortereal.
Quatrième voyage de Christophe Colomb , 1 1
mai i5o2 — 7 novembre i5o4.
Quatre navires, sortis de Cadix,
Découverte de la côte depuis Hondu-
ras jusqu'au Puerto de Mosquitos, à
Textrëmitë occidentale de l'isthme de
Panama.
iVoyagede Gonzalo Coelho, 10 juin i5o3 — •••
Six navires , sortis du port de Lis-
bonne pour se rendre à la terre de
Santa Grps (au Brésil.) Quatre navi-
res* se perdent dans une tempête.
(D^xiAN dbGob», eap. 65, p. 86.
SiM. DE Yasconcellos , Chron. da
Comp. de Jesu do Estado do BrazU,.
iib. I, § 19. SoUTHEY, Hist. ofBra^
zUj t. I, p. 20.)
mS
SECTION DEUXIEME;
Premier voyage de Juan de la Cosa^ de 1 5o4 —
i5o5«
Quatre navires. Le bat de Texpëdi-
tion ëtait le golfe d'Uraba. C'est le
premier voyage dans lequel Joan de la
Cosa^ appelé aussi Juan Viacainoy
eut le commandement suprême. Il ve
nait de sortir à cette époque des pri-
sons de Lisbonne (août i6oS)y ayant
été envoyé en Portugal pour porter
plainte des incursions faites par quel-
^ ques Portugais sur les côtes découver-
tes par Rodrigo de Bastidas. (Nay.
Il, 395 y m, 109 et 161 •)
Trobième voyage d^Alonao de Hojeda^ du com«
mencementde i5o5 — ••••
Trois navires, dirigés vers la Tierra
de Coquibacoa. Voyage certain , mais
très obscur. (Nav. III, p. 169.)
Second voyage de Flcente Yàhez Pinzon et de
Juan DiazdeSolisy de i5o6 — •...
Expédition (Nav. III, p. 46 ) di-
rigée aux îles Guanajos dans le golfe
de Honduras et aux côtes du Yucatan.
r
SBCTION 0EUXIBMB.
2^9
Second vojage de Juan de la Coêa,àe i5o7 •—
i5o8.
Deux nfiylres , sortis de Cadix* Pi-
lotes; Martia de los Bejes et Jaan
Correa. Voyage à la Terre Ferme et
d'un riche produit en or. (Nav. HI ,
p. i6!i.) Cosa fut nomme le 17 juin
i5o8 alguacil major dlJraba.
Troisième voyage de VicerUe Yanez Pinzon et
de Juan Diaz de SoUa ^ 39 juin i5o8 — oc-
tobre iSog.
Deux navires. On parvint jusqu'à
40^ de latitude australe. ( Nav. ni ,
P- 47-)
Quatrième voyage ^j4lonso de Hojeda avec
Juan de la Cosa^ ii novembre iSog— ....
i5io.
Quatre navires y sortis d'Haïti.
L'expédition se dirige au golfe dlJ-
raba où Hojeda a éié nomme goifema"
dor de la Nuepa Andalwia* Combat
dans le voisinage de Cartbagène des
Indes, i Tarnaco ouTurbaco (voy.
ma Relation hist, t» III , p. $58-
a3o SECTION BBUXUBIIB^.
568 ), oà périt Juan de la Cosa» Ho-
jeda, après avoir fondé dans le Darien
layille de S.-Sébastian, retourne par
Xagna dans l'île de Ciibâ et par la
JamaKjne k Haïti, oii il meurt pauvre
et oublié ( probablement à la fin de
i5i5), mais non comme moine de
Saint-Franfoia* (Na.Y. IIl , p# 170-
176.)
Avant de discuter^ d^^après les données nu-
mériques que je viens de réunir, les voyages
d'^Améric Vespuce y il faut établir le rapport de
priorité entre le premier voyage de Vespuce
et la découverte de la terre ferme par Cabot
et par Christophe Colomb. En faisant abstrac-
tion des expéditions bien avérées d^ailleurs des
Scandinaves ' vers la fin du dixième et le
commencement du onzième siècle, lapremière
découverte de V Amérique continentale (depuis
Finterruption des communications avec les
colonies du Groenland) a été faite par Jean et
' Sur les expéditions de l'Islandais Biam Hei*jol&on,
voye» tom. 11, p. loo.
SBCTION DEUXIÈME. 23i
Sébastien Cahot ^ le %^jum 1497 y au Labra^
dor, entre les 56* et 58^ de latitude. Cette
découverte a précédé par conséquent d^une
année et six jours celle du continent de
r Amérique méridionale feite par Colomb;^
mais il n^est guère probable^ comme on Fa
avancé réceimnent, que le voyage des Gibot^
terminé au comm^icement d^août 1497^ ait
accéléré la troisième expédition du navigateur
génois. Celui-ci pouvait , sans doute à cause
du commerce très actif de Séville avec les
ports de Bristol et de la Belgique , avoir con*
naissance de certaines cotes étendues qui
avaient été vues vers le nord-ouest * ^ mais le
** Les documens les plus importons pour rhbtoire des
<teut premières navigations de Sébastien Cabot, de
i497 ^^ ^49^ (ii en fit une troisième et une quatrième
en iSty et de i5a6 à i53i), sont : 1^ le Discorso del
Bamusîo sopra li viaggi délie Spetiersy dont la Bîogra^
phie universelle conteste naïvement Texistence ; discoui*s
plein de charme et dans lequel Ramusio (t. I j p. 374 7
éd. de 161 3) raconte les résultats d^une conversation
qui eut lieu dans la célèbre villa de Fracastor, à Incaffi^
au pied du Montebaldo. Ramusio expose dans ce même
discours 9 écrit avant la mort de Sébastien Cabot, la
« grande probabilité du passage N. O. fondée sur le
a32 SECTION DBUXIBMB.
bruit d^iine déccniverte de terre finme ne
pouvait guère reffrayer. Diaprés ses idées de
conte des Indiens tombés entre les mains de Metellua
Celer. (Voye« tom. II, p. 359-278.) Hakluyt(t. III^
p. 6) j mêle à tort le témoignage du légat romainr
Galeadus Butrigarinsi ami d^Anghiera (Dec. Il, lib. I,
p. €9. Mem, ofSeh. Cahot ^ p. i^ et 18). a^ La carte du
▼oyage de Cabot gravée en 1649 par Clément Adams ,
carte qui a disparu de la galerie de Wbitehall, s<ût dana
la vente faite après la mort de Charles I , soit par un
incendie sous Guillaume III. (Voyez TrrLua, Vinàica^
tUn of Hakluytf dans Hist, view ofthe Northern coasts
of Americay i832, p. 4^9.) 3** La patente royale du 3
février 1498 retrouvée heureusem^it dans le RoU$
Chc^l par les soins assidus de M. Biddle. (Coopke y
Account ofPuhl, Records y vol. II, p. 48o.)4** L'inscrip-
tion d'un portrait de Sébastien Cabot par Holbein :
Effigies Seà. Caboti Angli,fiiii Johannis CaSoti Fenetif
militis auratiy primi inventoris Terrw Novm sub Hen^*
rico yil, Angliœ Rêge. La tournure grammaticale de
cette inscription (l'emploi du génitif /^rimi inventons) j
est devenue l'objet d'une grave discussion entre M. Bid-
dle (p. 181-1 83, 3a3-3a5) et le savant auteiu* de l'fTij-
toireeT Ecosse (Tthlerj p. 436-44o). Il importe de savoir
si c'est le père Jean ou le fils Sébastien qui est désigné
comme celui auquel la découverte est due. Si c'était le
fils, Holbein aurait probablement placé lemoty?/iVaprès
Veneiiy II aurait écrit: Effigies Seb. Caboti AngUx
Joannis Caboti Venetifilii,,,,
SECTION DEUXlàsiB. 233
géographie systématiqitô, toute terre ferme
trouvée vers Pouest n^était que FAsie orientale,
et luir-méme, dès son premier, et surtout dès
son second YOjage , donc en automne 1492 et
en été 1494» s^était persuadé avoir reconnu le
littoral de ce cqntinent. La grande question
d^atteindre les Indes en naviguant vers Fouest
lui paraisait donc résolue long-temps avant le
24 juin 14979 et les Cabot, pour avoir touché
quelque autre point de FAsie orientale , n^ô-
taient rien à sa gloire. Voici les preuves pour
le premier voyage de Colomb, recueillies dans
son journal même. En s^approchant de File de
Cuba, Colomb s^appréte <c à aller à la terre
ferme et à la grande cité de Guisajr (Quinscu
de Marco Polo), pour remettre les lettres (des
monarques cathoUques) au Grand Can(Khan)j
lui demander une réponse et retourner en
Espagne. » Plus tard, il envoie vers ce Prince
un certain k Luis de Torres , juif baptisé de
Murcie , qui savait lliébreu , le chaldéen et
un peu d^arabe , » langues dans lesquelles on
devait pouvoir se faire entendre dans les villes
commerçantes de FAsie continentale. <( Je suis
sûr, dit Famiral, que Cuba est la terre ferme
et que je me trouve à présent devant Zajrio
234 SEGTIOfI D£UXI£B1£.
{Zaitàn^ Marco Polo, livre II, chap. 77) et
Guitisay (Quihscu)^ à peu près à cent U/eues
de distance de ces deux endroits '« )» La bidle
' Voyez le journal de la première expédition de &>-
lomb) dans Nay. t. I, p. 37, i4j 4^ ^t 47* Las Casas
rapporte dans Textrait de ce journal : Tes eîerio , dice
êlaimirantey questa es la tierrafirmty que esïoy^'dUeely
ante Zayto y Guinsey. J'ai cité plus haut les paroles
remarquables : La tierra firme hago mas adelante ^ que
G>lomb a déjà consignées dans son journal le 16 sep-
tembre iig2y au milieu de l'Atlantique. Le mot Bohio
qui a tant excité la curiosité de l'amiral, indiquait, selon
lui , une terre ferme située au sud d'Haïd. (Nàt. t. 1 9
p. 379 53, 63, 78 et 85.) Il dit asses improprement:
« Vue </ffBohio est plus grande que Cuba, et les Indiens
me font entendre qu*eUe n'est pas environnée d^eau^ que
c'est une terre ferme et cosa infinita. » Bohio me parait
d'ailleurs la corruption du mot haïden hoha^ qui signifie
maison, demeure. L'ignorance de la langue des indigènes
peut avoir &it prendre pour une dénominadon géogra-
phique ou un nom propre, ce qui ne désignait qu'un
terrain habité. Telle était la confusion des idées, que
Colomb regarde queiquefob comme synonyme Baveche
(Babeque) et ^ocAib (Bohio). Voyez t. III, p. ai 5, ai6,
et Vida del Alm. cap. 27 . D'autres fois il nomme Bohio
toute rile d'Haïd (Nav. t. I, p. 109 et lai), ou une
seule province de cette lie (1. c. p. aog), province voi-
sine de celle de Xamana (Samanà), et qui ne se i*etrouve
SECTION DEUXIÈME. aS5
de partition du Pape Alexandre VI^ émaoée
le 4 D^ M93 et pour laq[ueUe Colomb avait
indubitaU^Qairàt fourni les élémens géogra-
pbicpies^ parle des terres fermes même au
pbinel : InQenerunt certas insulas remotis^
simas ^ et etiam terrasfirmas quœ per uUos
hoetenus repertœnonJuer(tnt..:^,T)é^ trois
itKois avant le départ pour le premier voyage
de découvertes, Painiral s^était £dt nommer
gômtmeûr des iles et de la terre Jhme auîr^
qudles il aborderait dans la mar Oceana.
Les armes qui -lui furent accprdées le 20
mai 149^9' après le premier retour d^Haïti,
<f pour honorer et sublimer (sublimar) sa
personne, » présente, pour ainsi dire, la pre-
mière carte des Antilles, car ce nom ', comme
le prouve le pi'emier livre de la première
décade des Océaniques d^Anghiera, rédigé en
pas dans la nomenclature des provinces d'Haïti que pré-
sente Touvrage d*Anghiera ÇOcean. Dec. 111 ^ lib. VII 9
p. 286).
' Vojes tom. II, p. ido, 181, et 196-914* Lsa Casas
prétend cependant (Ms. lib. I, cap. i64) que ce sont les
Portug^s qui les premiers ont appliqué le nom d!Antiiia
à nie Haïti.
!l36 SECTION DEUXIEME.
novembre i493 ? fut dès-lors appliqué aux îles
découvertes par G)loinb. Il est Vrai que la
Provision realen décrivant ces armes, ne parle
que a dlles dorées au milieu des ondes, »
mais ces îles sont placées vis^vis dW contir
nent. Si ce dernier n^est pas expressément
nommé, U n'en est pas moins fecUe à recon-
naître dans le dessin et dans la description très
prolixe qu^Oviedo nous a laissés des nouvelles
armes parlantes de la &mille de Colonibu
« On y voit, dit Oviedo, des îles dans un
golfe formé par la tierra firme de laslndîçs^» )»
' OriEDOy lib. II, cap. y y foi. lo, a. Leoontour de
la terre ferme di£fere un peu dans «le dessin que donne
Spotomo des armes de Tamiral. Oviedo fidt mention
« de palmiers , d'autres arbres qui ne perdent jamais
leurs feuilles j et de pépites d'or figurées dans là partie
continentale, o Cette petite carte géograplûque, com-
posée cinq ans avant la véritable découverte de la terre
ferme de Paria, forme le quatrième et dernier quartier
de Técusson. Les trois autres quartiers sont remplis par
les armes de Castille et de Léon et par les anciennes
armes de Colomb. Telle est la forme prescrite primiti-
vement (N4V. t. II, p. 37), mais dans le dessin d'Ovie*»
do le quatrième quartier renferme cinq ancres qui
désignent la charge A^Almirante de las Islas é tierra
StfTÎKm DEUXJEMB. ^37
LH4|ée qiie Cuba, la plus grande des terres
trouvées vers Fouest , était nécessairement le
continent de TAsie y était jgravée à tel point
dans Fesprit de Colomb, qu^au^second voyage,
afMrès avoir longé la cote méridionale de cette
île, depu^ le Cap Maysi jusqu^au-delà de File
des Pinos, il engagea tout Féquipage de sa
flottille, composé de plus de quatre-vingts
personnes, à déclarer par sermait \ le la
juin 1494) ({u^ 1a ^^^^ d^ Cuba est <( la ierre
ferme y au commencehzerU et à la fin des Indes ^
qu^elle fidsait partie de la province de Mango
(proprement Mangi^ ou Khataï méridional) ,
et (|ue Fon pourrait y aller par terre depuis
firme. Les auiciennes àrmed de G>lemb se trouvent alors
rdéguëes dans le bas, vers la pointe de Técusson. Depuis
que les héritiers de Pamiral ont pris le dtre de duc de
Veragua, les armes ont subi d^autres changemens
(CAifC£LLi£Bi9 p. 4o8): la sphère du monde suppor-
tant une croix a été placée au milieu du golfe, du mare
cœruUum fiuetibus argenieis commotum, cum 5 insulis
aareis,
* Nous possédons le document curieux de ce serment
et de toute la Info^macion delescribanopuhUcOf Fernando
Ferez de Luna, document trouvé dans les archives de
SéviUe. (Nav. t. II, p. i43-i490
!258 SECTION DE(JXlilI£.
l^pagne ' . >» Ceux des pilotes ou des matelots
qui auraient qi;ielque doute sur Péyidence de
ce résultat , devaient Favouer avec franchise ,
car Pècrwain public^ Ferez de Luna, s^engage
M à leur ôter le doute {les quiteria la dubda)
et à leiu* prouver que Cuba est la terre ferme. »
Si un jour quelquW osait avancer le conti*aire
de ce quW lin a feit signer, il aura ptfur
punition , s^il n^est pas assez riche pour p^ jer
Famende , <( cent coups;de fouet et de plus la
langue coupée. » Dans IHntroduction de cette
{Hèoe paraphée, Pamiral fait dire kX^crivano
* Sans doute en all^t de Touest à Test. On devait
affirmer par serment « que esta tierra fuese la tierra
firme al comienzo de las Indias y fin , a quien en estas
partes quisiere venir de Ëspana por tierra. » Colomb
pouvait connaître le nom de Mango par la lettre de
Toscanelli, sans avoir vu un manuscrit de Marco Polo
ou Tédidon de Venise imprimée en 1490. La dénomi-
nation de la Chine méridionale Mangi (Manji y M anzi) ,
dérive de Mantsu, nom par lequel on désignait, sous la
domination Mongole, les habitans du Khataï, au sud du
fleuve Houang-ho. Cette dénomination pouvait aussi
être devenue familière à Colomb par h lecture de Man-
deville , qui au service du Grand Klian , avait fait la
guerre dans le Mangi même.
SBGTIOlf 0EDXIE9IE. 289
que déjà en 1 493, dans sa première expédition,
il a¥aii découTert une partie de U terre ferme
(c^étaii la côte septentrionale de Cuba, depuis
le Cap Majsi, jusquVu* méridien de Nuevitas
del Principe) , « mais qu'alors il n Wait pu se
prononcer encore avec toute assurance sur cet
objet (non declarh c^rmaiwo que fuese la
tierrafirme de las Indias^ salvo que lo pro^
nunciô dubitatwo)» >> Il est assez curieux de
trouTer aussi parmi le grand nombre de té-
moins complaisans, le célèbre pilote Juan ou,
comme il signe ici, Johan de la Cosa, cbargé
de ti^cer les cartes (maestro de hacer carias).
Celui-ci déclare a n Woirjamais entendu parler
d'une ile de 335 lieues de long \ d'une île
dont on ne peut atteindi^ la fin; » il est con-
vaincu qu'en naviguant un peu plus loin, on
découvrirait des peuples civilisés et en contact
avec le reste du monde, génie poliiica de
saberjr que sabe elmundo. Cette déclaration,
malgré la menace de tant de peines sévères,
n'a pas empêché le même Juan de la Cosa , en
^ Anghiera dit également dans sa trcûsième décade
des Océaniques (lib. IX, p. 3o6), écrite après i5i6 :
« Cuba putata diu contineos ob sui longitudinem. »
\
!l40 SECTION DEUXIBME.
iSoo, par coDséqua!it après que Cabot et Co-^
lomb eurent découvert les terres fermes du
Labrador et de Paria, défigurer dans sa mappe-
monde Cuba (la Juana de Colomb) comme une
île. On s^en convaincra en jetant les yeux ^ur
le fi:*agment que j^ai fait graver PL 34«
Le même document géographique peijit aussi
jeter du jour sur la reconnaissance «c de la
terre fermç de TAsie )> en i494> ^ l^on a soin
de profiter des renseignemens que M. Was*
bington bving a tirés le premier de deux copies
des méipoires manuscrits de Bernaldez , curé
de la Villa de los Palacios. Cet ecclésiastique ,
comme on sait, était Tami intime de Colomb,
qu^il avait reçu dans sa maison en 1496, et
dont il conservait des journaux de route et
autres papiers relatifs aux premières découver-
tes. Il existe vis-à-vis de la cote méridionale
de Cuba, depuis le Cabo de Cruz, où Colomb
commença la reconnaissance de l^e, le 18 mai
1494 9 jusqu^au-delà de TUe de Pinos, une
longue série de cayes et de bas-fonds. Cette
série est interrompue, entre les 82* et 83' 5 de
longitude, et divisée par Pintervalle d^unemer
dépourvue d^écueils en deux groupes séparés.
Le premier et le plus oriental de ces groupes
SECTION DEUXIEME^ ^^t
de cayes a été nommé de préférence par
Colomb les Jardins de la Reine '. Ce sont les
Cafos de las doze léguas de nos cartes mo-
dernes, car le nom de Banco de las Jardines
y Jardinillos ^, est restreint aujourd'hui au
groupe ocdd^ital plus rapproché de Tlsla de
^Cest par erreur que quelques cartes portent « Jar-
dina du Roi et de la Reine. » Les Jardines del Rey ont
reçu leur nom par le gouverneur Diego Velasquez ; ils
sont opposés à la côte septentrionale de File de Cuba ,
dans le Vieux Canal dé Bahama^ entre les méridiens de
la Villa de los Remedios et de Puerto Principe.
* Ce groupe porte le nom de Jardin deSaint-ChrbtO"
phe Biu* de très anciennes cartes , par exemple sur celle
de Fijnérique méridionale par Polo Forlani de Vérone,
qui a le titre extraordinaire de Descriltione de tuUo il
Peru, Cette même carte figure deux îles de rSyangelista,
l'une sous le véritable nom moderne Ysoài Pini, l'autre
sous le nom de S. Giacomo. Tel a été le mauvais sort de
cette partie méridionale de Cuba entre Xagua et le cap
Saint-Antoine, que jusqu'en i8ai,où le Diposito hydro-
grafico de Madrid a publié les relèvem^as des capitaines
Barcaiztegui et del Rio, la latitude de toute la cote
boréale de l'île de Pinos était Êiusse de i4 minutes , et
qu'en 1 799, les belles cartes du Diposifo disaient en-
core la largeur de l'île entre la Havane et le Bathabano^
de 16 lieues marines au lieu de 8 •}(/{«/a^/iA4rr. t. III,
p. 58 1 et 583.)
IV. 16
2/^2 SECTION DEUXIEME.
•
Pinos. Aa Ce^ Serafin^ pointe extrêmement
basse, Colomb arrive à Fentrée d'aune grande
baie <y qui s^enfonce profondément dans les
terres vers le nord et même vers Test *. w
(Test le Golfe du Batabano. La carte de Juan
de la Cosa a le nom de Serafin. Je crois que ce
cap est ou la Punta Gorda , ou , un peu plus
au sud-est, laP^^ Matahambre dont f ai fixé
la longitude ' lorsque j^ai parcouru ce petit
ai*chipel dans une traversée du Batabano à
Trinidad de Cuba et de là à Carthagène des
Indes. Le cura de los Palacios Êdt menticHi de
mangliers {palétuviers^ Rizophorà) et dW
terrain fangeux qui bordent la cote entre la
baie de Xagua et le Cap Serafin. Ma carte de
rile de Cuba indique dans ces mêmes parages
des manglares altos et la Cienega (marais)
de Zapaia. Cest près de là que dans un
endroit boisé un matelot eut cette apparition
mystérieuse qui dans Tardente et poétique
imagination de Colomb se liait à Tespérance
* Cura de îos ^afaçwsy cap. 128, d'après Irting,
1. 11, p. 176.
> HuMB. Observ. astr, t. II, p. 60, et la carte de
Cuba dans \ Atlas i^éogr, PI. a3.
SECTION DEUXIEHE. 243
tpi^il nourrissait depuis long-temps de parvenir
bientôt atu pays du Prétre-Jean (rOung-khan
nestorien de Plan Carpin), prêtre-roi qu^un
demi-siècle plus tard, Vasquez de Comado '
découvrit à Quivira et à Cibola , au nord du
Mexique. Il me sera permis , comme natura-
liste, de m^arrêter un instant à cette apparition.
Le matelot chasseur crut voir des hommes
vêtus en blanc, semWables à des reUgieux de
Tordre de la Merci. Ces longues figures, au
nombre de trente, étaient armées de lances.
Les historiens modernes de FAmérique, en
dissertant sur ce qui peut avoir donné lieu à
ce conte étrange, n^ont vu dans ces moines
qu^une bande de grues et de hérons des tropi-
ques ^9 hauts sur jambes comme le flamant
[Phœnicopterus). En effet, ces oiseaux sont
appelés soldqdos par les colons espagnols,
parce que vus contre le ciel, ils ressemblent à
des hommes postés en sentinelle. J^ai raconté
^ Relation Uùt, t. III, p. 167. Gomara, fol. ii5,
Airroif n) ï}% Lson y dans la Biblioteca orientai y occidenr-
tal, 1629, p. 76, le nomment Caronaio. J'ai suivi l'or-
thographe d'HERRERA, Dec. VI, lib. IX, cap. 12.
» IrvinG) t. I! , p. iSo.
^44 8BCTI0N DEUXIÈME.
dans un autre endroit ^ comment un jour une
Tille entière a été alarmée , sur les bords de
rOrénoque, par une bande d^oiseaux soldados^
et cette méprise justifie, selon moi, Texplica-
tion ingénieuse que M. Washington Irving a
donnée des spectre^moines de la Merci sur
les côtes de Cuba.
Colomb, persuadé quW avait trouvé des
hommes blancs et vêtus , crut entendre parler
aux indigènes d'un puissant cacique Magon
(Mangon), dont les sujets avaient de longues
^ Relat, hist, t. II , p. 3i4. Les habitans de FAngo*
stui'Q, peu après la fondation de leur ville, furent un
jour cruellement alarmés par la subite apparition de
hérons y de soidadas et de garzas , sui* la (a*éte d'une
montagne placée vers le sud ; ils se crurent menacés
d'une attaque d'Indios monteras (Indiens sauvages) , et
malgré l'avis de quelques hommes accoutumés à ce genre
d'illusion, le peuple nefîit entièrement rassuré que
lorsque*les oiseaux s'élevèrent dans les airs pour con-
tinuer lexu^ migrations périodiques. J'ai décrit sur les
bords du Rio Magdalena , à Ghilloa , tm héron à tète
noire, voisin de l'Ardea Johannae, qui, en tenant le bec
tout droit en l'air et en alcmgant le cou , était haut de
'4 pieds 3 pouces. L'envergure des ailes était de 5 pieds
apoucest
I
i
SlCCnON DBUXIKHE. 2^&
queues ' et portaient , pour les cadier , des
tuniques qui traînaient jusqu^à terre. Ce nom
de Magon ou Mangon rappelait celui de la
proTince chinoise de Mango * (Man^). Fer-
nand Colomby dans la Vie de son p^, dit que
te cacique portait des habits sacerdotaux , se
vestia como sacerdote. Bemaldez^ en (ait
* MuHOiy lib. Vy § i5. Le conte des hommes à qoeue,
vêtus y se retrouve dans MandeviUe 9 et une note de
Bemaldez recueillie par M. Washington Irving (t. II ,
P* ^7^)' pi^uve que MandeviUe , que j'ai eu tort de ne
pas citer (t. II, pag. 247)9 était connu de Colomb,
sans doute dans la traduction italienne imprimée à
Venise en i48o. Nous n'avons pas la même preuve pour-
Marco Polo dont le nom n'a pas encore été découvert
dans les écrits de l'amiral. MandeviUe expUque le cont^
des hommes à queue en l'attribuant à la malice d'un
peuple voisin et tout nu qui se moquait de l'usage des
vêtemens d'un peuple plus civilisé. Il est curieux de
voir avec queUe naïve créduUté Colomb retrouve dans
le Nouvau Monde tout ce que sa mémoire lui rappelle
de l'Asie orientale, semblable à quelques voyageurs
modernes dont les prétendues observations ne sont dues
qu'à la réminiscence des lectures par lesquelles Us se
sont préparés en quittant le sol natal.
* Un manuscrit de la lettre de Colomb écrite en i5o3
a aussi , au Ueu de Mango , Ma^o (^proi^incia qm part«
con aquella del Catayo), Nav. 1. 1, p. 3o4*
Il46 SBCTION DEUXIEME.
même un saônt qcd ne parlait que par signes.
Tous ces indices réyâaient à Colomb le voi-
sinage du Prétre-Jean^ Fasciné par ces illu-
sions » Cokimb pénétra dans le G<^é du
Batabano, à Fouestcle la grande Ile de Pinos,
si riche en bois dVcajou, jusqu^à une cote
<f qui tournait du nord au sud et au sud^sud-
ouest. » Cette direction du littoral ne se
trouve dans ces parages que Sur deux points,
dVbord entre llSstero de Gua^mal et Tenl-
bouchure du Rio de Diego, de 22" 28' à 22*" 19'
de latitude , puis , quinze lieues plus loin vers
Fouest, dans la baie ou Laguna de Cortès, de
22'' 6' à 21'' 52^ Il est {nresque hors de doute
que cette dernière courbure de la cote,
vis-à-vis du groupe des Cay es de Saint-Philippe
(lieu célèbre par la réunion de la petite flotte
mexicaine de Femand Cortez en iSig), fiit
le terme occidental du second voyage de
Colomb* Les montagnes v^rs lesquelles il dit
s'être dirigé, étaient probablement celles de
la Cabra et de Cayaguatege (au N. E. et au
S. O. de la Vega deFilipinas). On les trouvera
marquées sur la carte- de Tlle de Cuba^
publiée dans mon Atlas géographique. On ne
doit pas être surpris de Timportance que
n
SECTION DEUXIEME. ^47
jVttache à ime détermination minutieuse de
la. sinuosité et du gisement de la cote. Ce
gisement partiel a singulièrement influé sur
les opinions et les projets de Colomb. Le
navigateur n^était sûr d^avoir atteint le littoral
d^Asie qu^après avoir vu la teorre se prolonger
du nord au sud « coomie dans la Chersonèse
d^Ck* \ 1» Son fils, don Fernando et son ami
intime le curé de los Pakcios, sVxprîment à
ce sqjet avec la plus grande clarté^, a Si
Tamiral nWait pas manqué de viTres, il serait
retourné en Espagne /Mzr F Orient, d II aurait
par conséquent &it le tour du globe vingt-six
ans avant Magellan, il aurait a doublé la
ChmH^honeêus aurea^ t|«versé le Golife du
Gange et cherché une nouvelle route, soit
autour de PAiBique, soit en entrant dans la
Mer Rouge et en allant par terre à Joppé
A Anghiera qui se vante d'avoir reçu des lettres de
faillirai; immédiatement après son retour de Cuba, écrit
au mois d'août 149^ au cardinal Bemardino : « Indiae
GangeUdis ocHitinentem eam (Cub») plagam e83e con-
lendit G>lonu8. » (lib. VIII, p. 164; ep. 93.)
^[f^ida iel Aîm. c^p. 54. Munoz, lib. V, § 16.
Manuscrit de Bernaldes, cap. ia3, d'après Irving, 1. 11^
p. 186.
e
248 8BCTI0H DEUXliMB.
(Jafia) et à Jérusalem. » Dans le seimmit que
G>loinb fit prêter le 12 juin l494 pour cons-
tater la découverte de la terrf ferme d^Asie^
ce prolongement de la côte de Cuba vers le
sud et le sud-sud*-ouest, est mentionné qua-
torze fois. Il se trouve singulièrement exagéré
dans la mappemonde de Juan de la Cosa de
iSoo, et lorsqu^on supposait ou quVn savait
déjà que Cuba était une île , le prolongem^at
de son extrémité occidentale, en forme de
grande corne , reparaît encore. Nous retrou-
vons ce type extraordinaire dans les cartes '
ajoutées aux éditions de la Géographie de
Ptolémée de i5o8 et i5i3 comme dans celles
de VIsolario di Benedetto Bordone^ dont la
première édition de Venise date de i528, et
qui présente Fisthme de Panama percé par un
détroit océanique. L^élargissement occidental
défigure même le nord de Tîle, et dans Bor-
done toute Textrémité vers le cap Saint-Antoine
paraît sous la forme dW marteau *• La sup-
^ Voyez mon Atlas ^ PI. 37 et 39. La dernière < arte
place même un Cap S. Marc là où est situé notre Cap
Corientes.
* Isolario di dutte IT^le del Mondo. Venezia j 1 533 »
p. j4.
^
1
SECTION DBUXIBBIB. a49
position dW prolongement indéfini de la côte
ffers le sud^ a exercé une grande influence
sur la Téritable découverte du continent
d^Amérique en 1498. Selonle récit d'Anghiera,
Colomb écrivit aux monarques par les vais-
seaux d^ Antonio de Torres printemps 149^) •
« CuTvari phtriitnum ad meridiem ejus terrœ
{CuhcB) liUora^ lia ut sepraximum aUquando
reperiret oequinoctio '• » Les indigènes avaient
de plus répété sans cesse à G>lomb qu^au sud
d^Haïti il existait une terre de grandeur im-
mense, habitée par ce même peuple caribe
dont d^autres tribus plus dangereuses encore ,
s^étaient fixées dans les Petites Antilles. Ces
considérations motivèrent la route si méri-
dionale que Tamiral suivit ayec tant de persé-
vérance dans la traversée de PAtlantique en
1498. Il agissait diaprés sa conviction intime
de retrouver le prolongement de Cuba , cW-
à-dire le continent d^Asie , dans le voisinage
deVéquateur. Colomb, pendant la traversée,
diminua de latitude jusqu^aux 5^ nord, etc^est
encore Pierre Martyr qui nous a conservé le
précieux renseignement sur la c(Hitiguité des
' EpUt. ca Tertosia V Mus Aug. MCCCCXCV.
\
25o SKGTION DEUXIÈME.
terres découvertes jusque-là : «c Puiat (Colonus)
heu Pariœ regiones esse Cubœ çontiffuns et
adhœrenies^ ita quod utrœque sint Indice
Gangetidis coniinens ipsa^. m Telle a été
dans ses suites Timportance attachée à la direc-
tion des cotes dans une petite baie (Ensenada
de Cariez) du littoral de Cuba. Une tiajisan de
fidts si peu remarquables en apparmce, n^ayait
pas été jusqu^i suffisamment af^réoiée* JLies
géographes se rappelleront d^ailleurs comment,
dans des circonstances analogues, la direction
d^une' petite partie du Uttoral dans TAfiique
occidentale , Isntre la rivière de Nun et le Cap
Bojador dans FAfiîque orientale, dans le golfe
d^Ad^i, entre le détrcHt de Bab-et-Mandeb et
le Cap Guardafui, en Améri<)ue, au sud du
Cap Saint-Augustin ^, ont influé sur les idées
que les peuples anciens et modernes se sont
forméesdelaconfiguration des deux continens.
La carte manuscrite de Juan de la Cosa
nomme Bienhaso (peut-être Bienpcisso)^ le
Heu où est placé aujoiuni^hui le petit bourg du
Batabano avec ses Esteras remplis de deux
* Epist. 168 (avec la fausse date d'octobre 1496).
• Vojex tom. I, p. 3a8, 829, et tom. II, p. 371 .
SfiCTION DEUXIÈME. 25 1
espèces de crocodiles * . Plus à Fouest vers la
Laguna de Cortez, on lit Ckibo de Bien Espéra^
Gap de la Bonne Espérance, nom qui expiime
Fimportance que Colomb attachait à ce lieu
aussi voisin , selon ses idées systématiques ,
des Etats du Grand Khan^ que le promontoire
afiicaîn découvert par Dîaz Fêtait de So&la et
des états de Zomarin. L^Ile de Pinos, qui
produit dans une même plaine des paimicors ,
des pins *, et Facajou (Svvietenia), n^a été
' Relation hist, t. III, p. 46 1 -4^6.
' Cette réunion de formes boréales et tropicales , ces
paîmeta eipineiade Cuba, végétant à une même hauteur
et sous un même climat, avaient déjà frappé Anghiera
(Ocea/i. Dec. I , lib. III , p. 4o)- On peut être surpris
de voir que Juan de la Cosa, qui était de Texpédition de
Colomb en 1494) ^t placé dans sa carte le mot Abange-
lista (Evangelista) au cap le plus occidental de Cuba ,
dans Tintérieur des terres, et non près de ces grandes îles
qu'il figure confusément au sud. Est-ce un nom mal
placé , soit par négligence , soit par un fiiux système de
symétrie d'après lequel tous les noms des lieux , depuis
le Cabo de Cruz , sont inscrits uniformément dans Tin-
teneur de 111e de Cuba? Si Colomb s'était arrêté en
venant de la Bahia de Xagua aux côtes orientales de
l'Evangelista ( Isla de Pinos), on pourrait croire que
la Gosa a regardé les montagnes asses élevées de cette tle
comme faisant partie du prétendu continent (de l'extré-
!l52 SECTION DEUXIÈIIE.
découTerte que le 1 3 juin i494) lorsque Pex-
pédition de Cblomb était sur son retour Ters
le ssud-sud-est ; et cette circonstance &it pré-
sumer qu^en allant à la Laguna de Cortez,
Famiral arait passé près de la côte septen-
trionale, par le canal de la Hacha, au-delà du
Placer de Petatillos. Ne pouvant pénétrer
plus ayant dans la baie étroite de Siffuanca
que nos cartes ont figurée long-temps comme
un canal qui sépare Pile de Pix^os (Eyangdista)
en deux îles distinctes, il fut forcé de retour-
ner par le même chenuin. Au milieu de la
sonde, il fut singulièrement fi:*appé des diffé^
rences de couleur de Peau sur deshauts^fonds
dont j^ai trouvé k température très variable
selon la profondeur. Il décrit la mer <c blanche
comme du lait , épaisse comme si Peau était
mêlée de farine. » Une petite portion de cettc^
mité ooddentale de Cuba) , mais nous savons positi-'
vement que la côte occidentale de TEvaDgelista a été
découveile la premiàre, et que ramiral n'a jamais
révoqué en doute que FEvangelista était tme ile. Ce
D'est donc pas une illusion d'opdque y une supposition
erronée de la contiguité des terres qui a pu motiver cet
élargissement extraordinaire que pendant long-temps
on a attribué à l'extrémité occidentale de Cuba.
SfiCTlCm DEUXIÈME. 253
eau laiteuse fut même recueillie pour la
transmettre aux souverains \ On peut être
* Vida del Alm. p. 56. AnghiouL) p. 4o. layiHGy
t. II y pag. 180. J'ai déjà exposé (t. m, pag. 64-iia)
combien Colomb se distinguait des navigateurs de son
temps par Fimportance qu'il attachait à tous les phéno-
mènes physiques qui firapp^ent son imagination. Don
Fernando a même recueilli dans les journaux de son
père une observation remarqu|d>le sur le sens dans
lequel tourne le vent sur les côtes méridionales de Cuba.
Cette observation acquiert surtout de l'intérêt par les
ingénieuses recherches de M. Dove , qui le premier a
fixé l'attentipn sur la généralité et les efiets de la direc^
iwn du tournoiement anémomitrique. « Tous les soirs y
dit don Fernando^ l'amiral voyait se former vers l'est de
formidables orages. D'après la fréquence des édaii^^ on
aurait cru que de la grêle et des torrens de pluie sorti-
raient de ces grosses nuées , mais aii lever de la lune^
tout se dissipait. Régulièrement (et j'ai fait la même
dMervation en 1 5o3 ^ en allanrà la découverte de Vera-
gua), lèvent souffle du nord, par conséquent du côté de
la terre , pendant la nuit. Après le lever du soleil , le
vent tourne à l'est , et marchant avec le soleil (iendo con
el sot)j il toiune progressivement (par le sud) vers
l'ouest. » (^Vida delAlm, chap. 65, p. 54«)I1 faut rap-
peler cependant que Colomb, dans ce passage, ne géné-
ralise pas le phénomène , comme Bacon de Ver^lam ,
dans le chapitre De successione ventomm où il est dit :
Si çentus se mutet con/brmiler ad motum solis, non
"254 SBCTION DEUXIEME.
surpris de Tintérét qu^excitaii diee un nayir
gateur si expérimenté un phénomène très
commun dans les eaux de sonde.
J^ai taché d^éclaircir par la connaissance
des locaUtés la question de la prétendue dé-
couverte de la terre ferme par Colomb en
i494* Ci^esl la persuasion de la réaUté de cette
découverte qui donna tant de célébrité au
second voyage de Tamiral. L^opinion qui
revertùur plemmjue. Colomb parle (f un phénomène
qui a lieu sur les côtes, du mode de transition du
terrai (vent de terre) en un 'vent du large. C'est la
marche des petites brises ou ^>ents solaires y qui soufflent
au mois de mai sur les côtes de Provence. Biiuuu>,
Description naut. des cotes de P Algérie ^ 4887, p. 60.
Quant à Texamen général de la loi du tournoiement du
vertt {prehungsgesez) dans les deux hémisphères , e£fet
de la rotation du globe et de la vitesse des mc^écvles
d'air correspondant à chaque parallèle, voyez Chvrrvoa ,
yiage al Magallanes j 1793, p. i5, et Dévs, Meteor,
Vntersuchungeriy 1887, p. ta4-i3B. Aristote, Théo-
phraste et Pline ont observé les changemens réguliers
de la direction des vents , mais ils n'ont attribué cette
régularité qu'au mouvement diurne de l'astre calo-
lifiant. Les passages ciu*ieux des anciens relatifs au
mode de succession des venta, se trouvent réunis dans
Ukert, Geogr, der Griechen^ II, i, p. laS, et dans
Ideleb, Meteorologia Veterum^ p. 5B.
SBCnON DEUXIÈME. Il55
rtiltache le nom de Cuba à la ^psrûecontmef^
taie de PAmérique s^est maintenue si lon^
temps parmi les géographes, que dans la
mappemonde ajoutée à Fédition de Grynseus
publiée à Baie en i532 (carte très analogue
sous le rapport de Fouverture de Tisthme de
Panama à celle . d^Appien de i520, dans le
Solin de Camers), le Canada et le Mexique
s^appellent Terra de Cuba y tandis que l^e de
Cuba y porte le seul nom d^lsabela. Plusieurs
mois après avoir reconnu (le i" août 1498)
le Téritable contina^C de FAménque au sud du
promontoire de Paria, tout ^1 fidsant le récit
du troisième voyage ^ Colomb écrit encore
aux monarques 1 l <c Dans la première expé-
dition, j^ai accompli tout ce qui par la bouche
d^Isaïe et en (d'autres) textes des Saintes-Ecri-
tures a été prédit de ces terres où le nom du
Très^Haut serait proclamé par TEspagne. A
pane de retour , Vos Altesses m'ont envoyé
pai^là où j^^ai découvert par in^ration divine
{por viriud dwinal) 333 léguas de la terre
' Probablement du mois d'octobre 1498. (Này. t. I,
p. 243.) Voyez sur h date de cette lettre qui «xtste
copiée de la main de Bartolomc de Las Casas, tome II ,
p. 29a et 338.
a56 SEGTIOlf DEUXIÈMB.
firme ^ qui est la^ del Ori!mte% et en outre
8epts cents îles *« ce Plus loin, en parlant de la
cause de son ophtalmie et en comparant le
nombre de ses veillées pendant le second et le
troisième voyage, G>lomb désigne exprès^
sèment le second comme celui dans lequel
« il fut ' pour découvrir la terre ferme. »
L^expédition de 1498 pouvait seulement ajour-
ter à ce qu^il savait déjà. Il ne s^agissait que de
trouver près de Féquateur, dans ces climats
ardens, dont un lafûdaire de Burgos, Jaime
Ferrer, venait de lui dépeindre llieureuse
influence sur la production de For et des
pierres gemmes , le riche pays du guanin ^.
La côte continentale de Cuba, qu'ion avait vu
« Colomb (Nàt. 1. 1, p. a55) définit cette expression
dans la même lettre : « YAxmoyofin del Oriente adonde
acaba toda la tierra é las islas. » G*eçt la limite orientale
de l'oacovfiiw} des anciens , qui fonpe ime seule masse
continentale. Voyes aussi le joiunai du premier vojrage^
au ai février i493*
* Dans un seul jour Colomb compta 170 cayes
paimi les Jardins de la Reine* Vida del Alm. cap. 55.
^ Nat. t. I, p^ a5a. « En quel viage que yo fui a
discubrir la tierra firme. »
4 Voyes t. H, pag. 45 ^ 4^ ^t ^o. L^ guanin était le
métal que possédait la race noire redoutée à Haïti.
SBcnoif DEUxiim 257
tourner Teis le sud, pouvait se prolonger
jusqu^au-delà de Péquateur • 11 faut bien distin-
guer entre la relation de la découverte de
Paria , que Famiral envoya lui-même en £s-^
pagne, et les comm^itaires que lé fils don
Fernando s^est permis d^ajouter pour le nloîns
quarante ans plus tard , lorsque la configura-
tion de r^mérique comme continent distinct
et séparé de FAsie était xléja suffisamment
connue. Le fils paraît peiné des illusions du
père , il passe sous silence le serment prêté en
1494) pour prouver que Cuba faisait partie de
FAsie , et ne parle pas des rêveries théologiques
sur la situation du Paradis au promontoire de
Paria. L^importance du troisième voyage
s^est accrue dans les récits de don Fernando ,
de Las Casas, d^Oviedo et surtout des histo-
riens modernes. Chez eux ce n'^èst plus un
autre point de FAsie orientale que Fon a
reconnu à Paria, appelée d^abord Tierra de
Gracia , c^est xm nouveau continent qu^on a
atteint. Le simple récit de Christophe Colomb
est bien différent. Comme il veut atteindre la
côte asiatique de Mangi , dans le voisinage de
Féquateur, il se dirige jusquW parallèle de
Sierra Leone , qu'ail croit par les ^ de latitude
IV. m
258 SBCTION DEUXIÈME.
(de y \ trop méridional). Cest la région
doutée des calmes et des pluies, le Sea qf
rains des navigateurs anglais } . Le temps est
constamment brumeux. L^amiral souffre à la
fois de la fièvre et dW cruel accès de goutte;
mais « sa tête était libre i> {caheza firme).
Non abattu par les souffrances physiques, il
notait <( les distances et les changemens m^
téorologiques >» dans un journal quin^apas été
retrouvé. Pour échapper à cette zone ardente,
il chercha à gagner en latitude à mesure qu^il
avançait à Fouest *. Lorsque le i*' août 149S9
il découvrit la terre qui était le continent de
*TucKBr, Mtwitim. Geogr. t. 1^ p. 71.
■ Il croit parvenir de 5° à 7** de latitude. Vida del
Alm. cap. 66, p. 76 . Oviedo remarque à celte occasion
(lib. XIX, cap. 1 , fol. i54, a) que le pilote Heman
Feree « qui vit encore, » raconte les accidens de cette
traversée d*une manière très différente, et qu*au lieu
« des calmes dont parle don Fernando, il y eut une
horrible tempête pendant laquelle il fallut couper les
mâts. » On conçoit que plus près de File de la Trinité ,
« lorsque déjà on gouverna al os noruestcj » on a pu
essuyer une bourrasque apris les ca/m^^y toutefois il est
extraordinaire qu'en i535 il y eut déjà des doutes
sur un événement dont les témoins oculaires existaient
encore.
SfiGTION PBUXlàlIB. 259
VAméiique màidionale, il la crut d^abord
composée de deux îles dont la plus basse fut
i^pelée Isla Santa^ la plus OKHitagiieuse, Isla
de Gracia. Ce&i fia ayançaiit vers la Margue-*
rite qu^il reconnut la contiguïté de ces deux
terres. Il adoptait alors le nom indien de Paria
pour tout le pays depuis le ddta de rCh-énoque
jusqu''aux côtes de Cumana. « Si Fimmense
rivière, dit-il, qui remplit le golfe de son eau
et forme im lac, ne descend pas du Paradis
terrestre, elle sort d^une terre d^une immense
étendue {procède de tierra infinita). w Un
autre passage de, la même lettre est enc(Hre
plus expressif' : h Je ne croîs pas que Ton
* Creo que haya otras muchas tierras en el Austro de
quê jamas se kobo noticia, Nay. t. I, p. 269 et 26a. Il
est asses remarquable que cette idée de Texistence de
ienes auslrmles s'était aussi présentée au roi Jean II de
Portugal, décédé trois ans aidant la troisième expédition
de G>iomb. Herrera (Dec. I, lib. III, cap. 9) dit :
Colomb navigua yers le sud (en 1493), depuis les îles
du Cap Vert, parce qu'il voulut savoir si le roi don
Juan s'était trompé, lorsqu'il affirmait que alsuraçia
tierra firme. C'était prédire le continent avant les véri-
tables découvertes de la teire ferme de Cabot et de
Colomb. Je ne trouve ni dans Barros, ni dans les chro-
niques de Garda de Retende et de Manuel de Faria y
260 SECTION DEIJXIEMC.
comiaisse dans le monde entier one rÎTière d
large et si profonde : je pense que cette terre
que Vos Altesses noi^ont ordonné de découvrir,
est très Taste {grandisinva) et qu^il y en a
vers le sud plusieurs autres dont on n^a pas
encore connaissance. » Voilà un vague indice
de terres australes ^ une simple conjecture
à la manière des anciens : car nous savons par
une lettre d^An^era (13>. IX, cap. 168)
adressée au cardmal Bemar^o Gtrarajal ' et
Sousa j rien qui explique cette citation dUerrera. Nous
savons que le roi Jean II de Portugal , lors de fentrée
de G>loinb y en mars i493 ^ dans la bouche du Tage y
était très efifrayé de yoir que « les indigènes des nou-
velles terres n'étaient pas noirs » (Muiîozi VI, i3).
L'aspect de ces Indiens avait peut-être fidt nattre dans
l'esprit d'im monarque si occupé de découvertes géogra-
phiques et si heureux dans celles que les Portugais
tentaient dans l'hémisphère austral, une hypothèse que
Francisco d'Almeida , fils du comte d'Abrantès y devait
vérifier. (Baabos, Dec. I| lib. III, cap. 1 1| p. a5a.)
* Dans cette même lettre , il y a aussi quelques
considérations curieuses de géographie zoologique:
« Fuit magno nostris argumento terram eam (Pariam)
esse oontinentem y quod animalibus passim nostratibua
eorum plena sint nemora, cervis utpote, apris et id
genus reliquis, et ex avibus, anseribus^ anatibns,
SEGTIOIV BBUXISME. 26 1
citée plus haut , ee que Colomb même pensait
de sa découverte du fNromontoire de Paria.
« Notre amiral revient de certaines côtes
méridionales placées sous les &* de latitude et
riches ^i perles de FOrient. Il croit ces terres
liées et contigu^ {adhœrentes el coniigiMS) à
celle de Cuba, et il les regarde toutes- comme
étant le continent même des IndiBs du Gange, n
Rien n^est plus clair que ce passage, et en
1498, pas plus quWi4949 CSiristophe Colomb
nV pensé avoir découvert un nouveau conti^
nent. Un pilote de Séville, Pedro de Ledesma,
qui avait accompagné Famiral pendant le
troisième voyage, s^exprime avec la même
précision lorsqu^il est appelé à rendre témoi-
gnage dans le procès du fisc sept ans après la
mort du grand homme. U parle de la terre
ferme « que Ton dit être TAsie, h delà tierra
que dicen que es Asia \ La contiguité de
Paria et de Cuba est tellement restée fixée
pavonibusy sed non versiooloribus. A fceminis parum
diBcrepare mares ajunt. » Le manque absolu de grands
quadrupèdes dans les Antilles avait sans doute conduit
è cette réflexion.
^ Nat. t. m, p. 539.
%62 SECTION DEUXIÈMB.
dans Fesprit des géographes, que dans la
mappemonde d^^i{Meii de iSao ajoutée au
Mêla de Vadianus (dans un temps où T Amé-
rique était déjà reconnue comme continent
distinct), le (Canada et le Mexique sont nom-
més Parias. Ces mêmes pays portent le nom
de Tî9t^ de Cuba sinrla carte du No9us
Ori&ûde<aryniaeus de 1 53%. Dans le quatrième
▼oyage Colokqb chercludt à ïfêcouvrir ce qui
formait la liaison dé Ckiba avec Uh côte de
Paria. La Imèveté du trajet de Cuba aux Ses
Guanajas et à Honduras, devait favoriser la
conjecture de cette liaison. «( Colonus (dit
Angfaiera dans les Océaniques ') percurrit
anno MDII terram quœ occidentem Cubas
ultimum ^^tat anguhim ad léguas centum
tringinla; vertitque se inde ad orientem per
«jus littoris oras, versis vestigiis, putans se
Uttus Parim repcrturum. » Je prouverai dans
la Troisième Seaiion , en publiant une lettre
inédite et tirée récemment par M. Ranke des
archives de Venise, que^néme avan^^jVoyage
de Colomb à Honduras et à Vieragua, au mois
d^ootobre i5oi , on savait déjà en Portugal
* Dec. 1; lib. X, p. 119.
SECTION DEUXIÈME. ^63
« que les terres du nord couyertes de neiges
et de glace sont contiguës aux Antilles et à la
Terre des Perroquets nouYellement trouvée
(credeno conjungersi con le Andilie et con la
Terra di Papota nouiter troçata). » Cette
divination qui proclame, malgré Tabsence de
tant de chaînims intermédiaires , une liaison
continentale entre le Brésil découvert par
Vicente Ya&ez Pinzon, Diego de Lépe et
Cabrai (i49^i5oo), et les tares glacées de
Labrador, est très surprenante. Ce n^est pas
ici le lieu de discuter les él^ens sur lesqueb
elle a pu se fonder.
Trois grands événemens qui ont exercé
une influence durable et puissante sur les
destinées du monde, la découverte de FAmé-
rique continentale du nord par Jean et Sébas^
tien Cabot, celle de FAmérique continentale
du sud par Christophe Colomb , et le voyage
de Gama ^ , se sont trouvés sinon simultanés ,
' Les avantages de cette simultanéité dea grandea
découTertes eo Amérique y en Afrique et dans Tlnde ,
sont noblement dépeints par Anghiera dans la lettre
adressée à Pomponius LaetU9> datée de Médina del
Campe en septembre ligS, La lettre se termine par ces
mots : Inhient alii divitiis nos autem noetiis iogeniie
264 SBCTION DEUXIÈME.
du moins très rapprochés les uns des autres ^
à la fin dW siècle fécond en choses extraor-
dinaires. Tandis que les deux Cabot, embar-
qués sur le petit navire le Matthew^ décou-
Trirent le Labrador, Colomb était occupé
(d^ayril i497 à mai 149^) de Farmement des
vaisseaux pour sa troisième expédition. Il se
trouvait déjà en Espagne d^uis le ii juin
1496. Une connaissance approfondie des dates
suffit pour prouver que Texpédition de la
cote de Paria ne fut pas basée sur les succès
que les Cabot avaient obtenus vers le nord.
Dans le même été où Sébastien Cabot longea,
pendant sa seconde expédition , la côte des
Etats-Unis , entre Terre-Neuve ou les Bacca-
laos et Fextrémité australe de la Floride,
Christophe Colomb reconnut la Terre ferme
depuis le promontoire de Paria jusqu^au cap
de la Vêla selon Oviedo ' ; jusquWx côtes de
has escas praebeamus. » (Ep. CLXXXI.) Anghiera
parle avec chaleur de la jouissance qu'offi*e Taspect
d'un rapide agrandissement des. connaissances humai-
nes.
** Je cite cet historiographe (lib. III» cap. 3, fol. a3, ^;
KAMrsio , t. III , p. 78 ) parce que la question de savoir
jusqu'où Colomb est parvenu à l'ouest n'est pas sufllv
SECTION DEUXIEME. 205
Gumana sekm le pilote Andrès de Morales.
Quant au prCTwer voyage de Veôpuce , si Ton
çaBunent édaircie. Oviedo dit clairement « que l*amiral
reconnut Gx^hen, la ricca (et aujourd'hui si misérable),
Isla de Cubagua , vis-^-vis de 4a saline d'Araya , la
Marguerite, Poregari (?), les Testigos, la Isla de lo»
Paxaros , Curazao et le cap de la Vêla ; que de la Boca
del l)rago au cap il y a 180 leguets et que du cap de la
Vêla qui git sud-nord de File Beata , G)lonib se dirigea
sur Haïti. » Les évaluations numériques sont asses
précises. I^e cap de la Vêla n'est en effet que de 5o^ à
1 ouest du méridien de la Beata, et la distance du cap de
la Vêla à la i^oca del Drago est de i84 léguas de 17 ^
au degi*é. Idunos ne Êiit parvenir Colomb que jusqu'à
la l^argueri^ , et lorsque je lis dans la relation du fi)s
(J^ida del Alm. cap. 81) que l'expédition se trouvait
«ncore le 1 i août près du Cabo de la Conchas , un peu
à l'occident de la Sfarguerite, tandis que le 19 du
même mois il atterra à la Beata, siur la c6te méridionale
d'Haïti , j'ai quelque peine à concevoir , d'après la con-
naissance locale que j'ai de ces parages , comment un si
court espace de temps a pu suffire poiu* longer la terre
ferme jusqu'au-delà du golfe de Maracajbo (V^iezuela).
Les courans portant habituellement vers l'ouest et le
nord-ouest (Gilomb les évalue une fois , le 1 5 août , à
60 lieues en a4 heures) , leur force aurait aussi retardé
le trajet di4 cap de la Vêla à la Beata. Don Fernando ne
feit aucune mention de ce capj il dit simplement
f qu'après l'ilôt des Testigos on découvrit encore
266 SECTION OEUXIBIIB.
regardait comme exactes les dcmnées d^Hyla-
comylus , et qu^od supposât sept à huit jours
pour le trajet aux îles Canaries , on trouyerait
que la décourerte du continent coïncide pres-
que avec le jour de Patterrage de Cabot au
Labrador. En choisissant parmi les variantes
îectîones des différentes éditions, celles qui
sont le plus ÊiYorables à Fantériorité de Ves-
puce, celui-ci aurait vu la partie continentale
mucha tierra al pomenie de Paria, mais que aon père*
n'en a pu rendre compte avec quelque certitude (cina
pufUual cuenta^f son ophtalmie le forçant de noter les
choses principales d'après les rapports des pilotes^t des
matelots. » Il est bien extraordinaire cependant que
Gomara (fol. LIV^ <i) désigne le même cap, comme
ayant reçu son nom dans le troisième TOjage de
Tamiral. Aurait<41 confondu ce voyage ayec l'expédition
. de Hqjeda et de Vespuce en i499? Les témoignages
recueillis dans le procès du fisc contre les héritiers de
l'amiral confirment cette explication . Pedro de Ledesma,
Alonzo de Hojeda luinmème^ et le pilote Andrès de
Morales affirment que Colomb &isait route pour Haïti
lorsqu'il se trouvait en vue de la Marguerite « et qu'il
ne passa pas plus loin sur les cotes de la terre ferme. »
Morales ajoute « que le nom du Gabo de la Vêla fiit
imposé à un cap de la province Quinquibacoa par
Hojeda et Juan de la Gosa. » (Nav. t. III, p. 539-54^
et 544)
SECTION DEUXIEME. 267
du Nmireau Monde neuf à dix jours avant
Cabot. TeU^s sont les apparences diaprés les
datses des textes que nous avons sous, les yeux*.
Uexapien des ^ts dont noug devons la
majeure partie aux recherches de M. Navar-
rete prouve que ces élémens riumàîques ne
Biéi9tent aucune confiance. Les dates des
relatipns de voyages i^ttribuées à Vespuce
sont en contradiction entre elles , connue je
Pai exposé dans les tableaux qui précèdent.
Les documens authentiques trouvés par mon
ancien et illustre ami, don Juan Baptista
MoAoz, parmi les Libres de gastos de arma-
das ^ , établissent que Vespuce , placé en dé-
cembre 149^ àla tète de la maison de commerce
de Berardi ^ était chargé de Farmement des
navires pour la troisième expédition de G>-
lomb. La Êiusseté de la date d^un départ de
Vespuce au lo ou 20 mai i497» est par con-
séquei&t démontrée par un aUhi. Le trésorier
Pinek) lui a £iit a un paiement de dix mille
mwavedifl le 12 Janvier 149&9 >> ^ Farmement
^ Bordereaux des comples sœ* les fraôe cPannemens
des flottes de Tlade. Ces bordereaux sont conservés
dans les archives de la Casa de G>iitnitacioa de Sëville.
d68 SECTION DEUXIBMS.
de Texpédition de Cplomb pour Haïti et la*
côte de Paria (expédition pour laquelle on^
eixd>arqua des missibimaires , des herbcMÎsCes-
et « des miliciens qui deyaient diT^rtir les
indigènes ») 9 a occupé Vespuce à Séville et à<
San Lucar ^ y depuis la mi-^vril i497 jusqu^au
départ de G)lomb le 3o mai t^g/è. Le cospao-^
graphe florentin pourrait donc scwir &it une»
absence depuis llÛTer 1496 jusqu\iu printemps
14979 mais une découvwte du continent à la.
fin de juin 1497^ ou un premier voyage
d'Améric Vespuce- du 10 'mai i497 au 18;
octobre X^gS^ est impossible. Diaprés ces
argumens empruntés aux chifires , il n^est pas^
nécessaire de renouveler la question de la
possibilité des voyages clandestins. Je ne
prétends pas que cette possibilité puisse être
niée entièrement entre les années i495 et 1 5oi •
A la première de ces époques y une permis^on
générale * « d^aller découvrir de nouvelles
terres en sortant du port de Cadix, 1» augmenta
singulièrement le nombre des expéditions.
• MwSojBjlib. VI, §«0. Nav. t. II, Doc. CHI, p. i8i._
* Real Provision de lo abril i495. Nàt. Doc^
LXXXVI, t. II , p. i65 ; t. III , p. 3.
SECTION DEUXIÈME. 269
•
Pour réjMTOier les ^bus qui naissaient de cette
licencia gênerai para descubrir et pour cal-
mer les plaintes de ramiral qui au retour de
son second voyage se vit lésé dans ses piivi*
lèges , la permission générale fut retirée ' par
la cédule du 2 juin a 497* Quat^? années plus
tard, de notiveaux désordres forcèrent le
gouTemement à promulguer une défense plus
sévère encore *• Il est donc très probable
qu^il y eut entre la seconde et la quatrième
expédition de Colomb a quelques voyages
obscurs îsîXs furtivement pour ne pas payer
des droits aii fisc '; » toutes les entreprises
n^auront pas été inscrites dans ce livre que
Ton trouve encore aux anciennes archives de
la CcLsa de CorUratacion de SéviUe et qui
' HnasmA, Deâ. I, lib. III , cap. 9. Nat. t. II, Doc.
CXIII| t. II, p. aôi .
* Provision de Sset. i5oi . Nat. t. II, Doc. CXXXIX,
t. II, p. ^57.
' Nat. t. III, p. a4> et dans U Premièiê Secdon de
ï Examen Cridque^ 1. 1, p. 353-36a. Gomara(fbl. 30, a),
tout en confondant les dates, dit « qu'il n'est pas resté
de souvenir de tant de navigateurs qui sont allés &ire
des découvertes vers le nord aux Bacallaos et au
Labrador, ni de ceux qui de i495 a i5oo se sont dirigés
vers la cote de Paria,
270 SBCTION DEUXIEME.
porte le titre de Ubro de licencia S Pai cité
{dus haut (pag. 59-67), eh parlant dea navi*
gâtions que Vespuce exécuta sur des nawes
portugais, im exemple remarquable de Tin-
sufiisance des preuves négatives * : cependant
le premier voyage dont la date de i497 a tant
tourmenté les historiens du Nouyeau-Monde,
ne porte pas le caractère dW voyage clan-
destin. La relation en a été adressée au roi
Ferdinand même , et s^il avait été antérieur à
^ Nay. t. III, p. 18. Voyez aussi Anghibea, Océan,
Dec. Ily lib. VII, p. 179, où il est question en même
tempe de la difficulté que trouvaient les étrangers à
prendre part aux voyages de découvertes. Anghiera
cite Fexemple de son compatriote Françob G>tta, peut*
être membre de la famille de ce Jean Gotta qui travailla
à l'édition vénitienne dePtolémée de i5ii. Le jeune
homme ne put suivre Texpédîtion de Pedrarias Davila
(appelé el Galan) au Darien qu'après avoir obtenu des
lettres de naturalisation. D*uo autre côté y nous voyons
Vespuce embarqué en i499 avec Hojeda et Juan de la
G>sa, quoiqu'il ne |ût naturalisé Espagnol que le
a4 avril i5o5, à son retour du Portugal. (Nav. t. III y
Doc. IV, p. a9a.)
* Oserait-^n nier Fexistence de Cadamnsto et la
réalité de son voyage, parce que Barros, Thistoriographe
des découvertes d'Afrique , n'a pas jugé à propos de les
nommer. (ZvBiA, Viaggi^ t. II, p. io5.)
SBGTION DEUXiBMB. Hyt
la découverte de Paiîa par Coloiid>, comment
cehuMÛ qui , par ses liaisons, intimes arec la
maison de Juanuto Berardi , connaissait Y es*
puce bien avant i49^) V^ séjournait en Espa*
gne depuis Tété de 1496 jusqu^au printemps
de i 49^ et jouissait alors du plus grand crédit à
la cour et dans les villes de commerce , n^au-*
rait-il jamais eu* connaissance dWeexpédition
dirigée vers cette même terre continentale et
vers ce Golfe des Perles qu'il se vantait dWoir
vus le premier? G)mment aucune trace n'en
serait-elle restée dans le procès du fisc pendant
lequel on accueillait avec malice tous les bruits
dé&vorables à Tantériorité des découvertes
de Colomb? G)amient Alonzo de Hojeda avec
qui Vespuce a indubitablement visité en juin
et juillet 1499» ^ ^ô^® ^® Paria', n'aurait-il
* TiBABOSGHI) t. VI, p. I, p. 189. ROBERTSOIf y ^Ù/.
of America^ Book II, note a3.
• Ceet ceUe certitude que Vespuce a accompagé
AloDzo de Hojeda qui est contraire ai«Ai \ toute expli-
cation qu^on voudrait fonder sur Ti^ApIoi du style
florentin. D'après ce style qui n'a été abrogé en Angle-
terre par un acte du parlement qu'en 1763 , Tannée
commençait le a5 mars. Jour de T Annonciation. Si donc
on supposait (et j'avoue que cette idée m'a occupé
autrefob) que la date du pi'obléma tique premier voyage
27% SECTION DEUXIÈMfi*
jaiaab entendu dire à celui-ci qu^il voyait cette
côte pour la seconde fois ^ et quVyant Chris-
tophe Colomb il avait parcouru ces mêmes
parages? Hojeda déclare' au contraire dans
de Vespuce n'est ikusse que pour le mois et non pour
Fannée^ si on lisait ao mars 1497 pour 30 mai 1497»
l'expédition aiu^t commencé effectivement en 149B9 et
sa durée (jusqu'au rotour, le i5 octobre i499) selon
Hjlacomylus)) serait de diiMieuîmois^ ce qui coïnci-
derait asses avec les dix-huit mob indiqués dans les
Quatuor Navigationes. (Nav. t. III^ p. 196.) Beaucoup
de lettres ^ par exemple celles de Machiavel et de Pietro
Mediciy fils de Laurent, prouvent que \t styU fiorentin
était en usage dans des correspondances familières;
mais cette explication perd toute sa valeur quand on se
rappelle que Vespuce a été en Espagne jusqu'au départ
de Colomb pour le trobième voyage (3o mai 149^)9 et
qu'il ne pourrait être parti avec Hojeda le ao mai
i499) s'il n'était revenu d'un voyage antérieur^ que le
1 5 octobre i499*
* VcHci les expressions de cette importante déclara-^
tidn : « Alonzo de Hojeda es el primera hombre que vino
a descubnr despuH^^ue el Àlmirante, » Nav. t. HI ,
p. 544* Alonzo rvino et Christoval Guerra arrivèrent à
Paria quinze jours après Hojeda , selon le témoignage
de Las Casas, lib. I, cap. 171 , et de Nicolas Perez.
Nav. t. III; p. 541. D'autres témoignages paraissent
indiquer que Hojeda prêchait Nino dans l'atterrage de
la terre ferme. (L. c. p. 33i).
r
SliCTION DEUXIEME. 2y3
le procès m. qu'ail est venu le premier après
^amiral. >»
It ne Êtttdrait pas dWtres raoti& pour re-
jeter la date du premier voyage : cependant
nous en avons donné un plus puissant encore,
c^est que Veq)uce a élé occupé en Andalousie
de Farmement de la troisième expédition de
Colomb, depuis la nû-avril jusqu^à la fin de
mai 1498. Telle est la confusion qui règne
dans tous les cbifires qu^ofirent les manuscrits
et les éditions des voyages de Vespuce pai>-
venu^ jusqu^a nos jours, qtt^elle seule semble
déjà prouver qu^il n^ a ri^i eu d^intentionnel
dans leur falsification. Si lé navigateur même,
ou si des éditeurs jaloux de la gloire de G>-
lomb avaient voulu changer les dates pour
tromper la postérité, on les aurait mises faci-
lement d^accord «ntre elles , on n^aurait pas
placé le départ pour le second voyage avant
le retour du premier , on aurait indiqué la
dm^ée de chaque voyage conibnùément aux
dates falsifiées\ Partout les chifires sont alté-
' Selon les Quatuor NapigaHones composées tout
d*Hn jet probablement avant la fin de i5o5 et publiées k
rinsu de Vespuce en 1607, le second voyage commence
IV- 18
274 SRCTION DEUXIfiNE.
rés comme au hasard e), sans xpi^il smi possible
de deviner daiis quel but la fraude aurait agi.
11 semble plus naturel de n^y voir que des
fautes de transcription et d^impre^sion naissant
de la multiplicité des» copies répandues eh tant
*
le 1 6 mai 14^99 quand le premier se tenmne le i octobre
j499* La contradiction est la«méine j si au lieu djç 14B9
■
on lit 149^) et cette substitution s'oppose au &it eertain
que Vespuce soignait à San Lucar Tarmement de la
flotte de G>lomb jusqu'au départ , le 3o mai 1498.
Le texte de Valori fait revenir Vespuce du premier
voyage le tS octobre 449^9 Hylacomylus le 1 5 octobre
i499. Les textes de Saint-Dié et de Valori évaluent la
durée du premier voyage 1 dix-huit mois^ quand les
dates partielles donnent trente-un et seize mois. La
lettre à Médicis relative au second voyage fait retourner
Vespuce à Cadix le 18 juin i5oOy tandis que d'après
Hylacomylus il ne part d'Haïti pour l'Espagne que le
aa juillet, et n'entre dans le port de Cadix que le 8
septembre i5oo. Je passe sous silence une infinité
d'autres variantes relatives à la durée des traversées,
les latitudes y Jes flfctance^, le nombre des pnsonniers.
On trouve pour la même traversée , par exemple ,
dix-neuf, vingt-quatre et quarante-quatre jours; 16*^
de latitude pour 6^, 5® pour 6® ^ et 8®; 35 prisonniers
pour 380. Un léger coup d'oeil jeté sur les tableaux
des deux voyages que j'ai donnés plus haut , justifiera
ces assertions.
SECTION DEUXIEME. 27a
de langiM&^diT^rses. Un niante dli|J>itude
de transformer les chifires r«inains en dôâfres
arabes, ou plutôt indôus^ peut yavoir con^
Inbyt^ quel(tuefois \ De petits traits qui, dans
' On a souvent agité la qu^tion de savoir si danâ la
première lettre de Vespuce dont les date» sont si con-
testée i *on aurait' pu ^nfoÉdre en clii£&*e8 indous
(arabes) iigj.^ec i49B'et 1499. Il n^est^pa» douteux
qa% dans Tlnde même il existe des sij^es numériques
et des méthodes de les grouper qui di£ferent entière-
ment des chif&es et de'la beUe «léthode ie position du
devânagari. (Vpye> nuA mémoire sur Torigine de la
valeur de ppsiiiofClians le Journal des mathématiques
de M. €«^e, t. W^ 1809/ p. ^^g-^l^nqfie dans le i3*
siècle, s(Ht par fiufluence d'Albiruni, de Léonard
Fibonaocide Flanude et de Vincent ^e Bpauvais , soit
par 1^ rapports entre ks négociant italiens et les
douaniers maures du nord de l'Afrique, la valeur de
position s'est introduite en Europe, les signes devaba-
gari , arabes et persans^ n'étaient pas identiques. Le 4
devapagarî , par exem^ , est notfe 8 ; ce que* nous
appelons faussement un 8 arabe est chejs les'Arabes un
f" renversé. Nôtre 7 ressemble en devanag^ri à un 9 ;
mais dans de très anciens manuscrits de Boèce dont te
système de numération est très rapproché de celui de
llnde (voyez le savant mémoire de M. Chasles sur un
passage de la géométrie de Boèce, i836, p. 8), nos 8 et
9 paraissent déjà ayant leur véritable valeur. Malgi*(^
cette diversité primitive des signes numériques que
HJ^ SKCTlOîf 0RUXICME.
Timpression du texte de la Biblioriièfue Rie-
cardif précèdent^ ies clûfFres, ont fidt dire à
Bandini dahs le double du second' Toyage,
au lieu de 5^ | de distaqpe de la lune à Mars^
1 5^ ^ ; au lieu de 5466 milles à Touest de Ca-
dix, i5466. Si les erreurs de chiffres dont
fourmillent les ouvrées imprimés relatifs ^ux
premières découvertes prouvaient Partifice et
la mauvaise foi des vo jî^euro , on pourrait
accuser Cadamosto* et Christophe Colomb
comme on a accusé Vespuce. Madrignano,
ê
nous dësignoqs trop vaguemtDt par le bem àf thifires
indoux, rien ne peut nous fidre sUpppser qu'à la fin du
1 5® siècle , dans des livres imprimés > les 7 , 8 et 9 aient
pu être confondiis. Il &ut ajouter à cela que les chifi&^es
du texte de Saint-Dié sont des chiffi'es romains y et des
exemples tirés des voyages de Cadamosto et de G>lomb
même y nous prouveront bientôt k quel autre genre
d'erreurs expose le système de juxtaposition des Ro-
mains. Même des titres d'ouvrages importans en of&ent
les traceS) par exemple la Géographie de Ptolémée
publiée par Dominicu»de Lapis à Bologne, porte i46a
(sans doute pour 1473)' ^^ 1^ poésies évangéliques
Etlich Cristlich Lider uni Lobgesang^ Wittembergi
MDXIIII (pour i5a4).
* Bajid. p. 7a, corrigé par Caxovâi (éd. de 1817),
p. 57 et 38i.
r
SfiCTION DEUXIEME. 277
Jlins VJimerarium PoniagaUensiuM publié en
i5o8, fait dire^ au célèbre voyageur vénitien
qu^il a commencé ses expéditions d^Afrique en
MDIIII; à rage de vingt-un ans , et qu^ les a
terminées en MCCCCXCIII. Le texte italien
portait pour le départ MCCCCLIIII, vraie date
qu^oiit aussi Ruchamer et Ramusio ; mais Ter-
reur a été conservée' dans toutes les éditions
de Gryqaeus. Un L a éteins pour un C, et
de cette manière 14^4 ^^ devenu i5o4f Le
retour de Câdamosto à Venise était en ftvrier
i463. Cette ml^e troisième expédition de
Christophe Colomb , dont rantériorité au pre-
mier voyage de Vespuce est une question si
ardue , se trouve antidatée de deux ans dans
le grand ouvrage d^Oviedo, et ce qui est le
plus remarquable, cette erreur est ^répétée
trois fois dans la première édition de Séville
de Tannée 1 535 , Fépoque étant indiquée tan-
tôt, en chi&es romains , tantôt en toutes let-
tres. Une seule fois Oviedo ajoute que quel-
' Compares Itin, Port. p. a 3, in Aloisii Cadamosti
Nav. cap. %\ Jobst RuchameA) Unb. Landte^ i5o8y
cap. a ; G&xxinrsy ffoç. Orbisy Bae. i53lay cap. a et 5oy
p. 3 et 8B; Ramusio, i6i3y 1. 1, p. 97. (Voyez aussi
tom. III, p. i4oetsuivH et ZvALA, t. II, p. ii6.)
278 SECTIOiN DEUXIEME.
ques-uns prétendent « que le troisième voyage
de i^amiral, si important par la, découverte de
la terre ferme,, a été exécuté noh en 1496,
mais en 1497 ! >^ Ces incertitudes ont *de quoi
nous surprendre dans im l^sterien appelé
classique, et qui, selon deux excellens juges ,^
MM. MuAoK et Navarrete, mettait le plus grand
soin dans la rédaction des matériaux qu^il em-
ployait. Oviedo ne' £sdt nulle part n^ntion
d^Améric Vespuce ; on ne peut donc admettre
qu^il ait lu un ouvrage imprimé eiï Lorraine ,
et que , frappé de la date du premief voyage
du*navigateûr florentin, il soit devenu incer-
tain sur Tépoque de la découverte de Paria
par Colomb \ Il existe dans les ^*chives de
' Voici les trois passages qui m'ont d'abord catisé de
rétonnement dans Ramusio et que j'ai vérifies sur
Vedilù) princeps de la Historîa gênerai de las Indiaspor
0I capitan Gonzaîo Hernandex de Oviedo y Voldes
{Sevillaj en la emprenta de Juam Crombergerj i535)
appartenant à la Bibliothèque royale de Gottlngae,
lib. III, cap. 3y fol. a3y a (Ramusio, t. III, p. 77, S) :
« En el tercer viage salio el Almirante con seys cara-
veHas de la Bahià deCalix en el mes de marco del afio
de mil! y CGCCXCVI , aunque algUnos dicen que era
en ei ano deXCVII . » -^ Lib. XIX, Prohemio fol. 1 54, a
Ram. p. 164, ^) : * La isia de Cubagua que es^
SECTION DEUXIÈME. 1279
Simahcas la copie d^une lettre de Tamiral au
trésorier don Luis dç Santangel, écrite pei^
dant le retourne la première expédition. L^a-
miral signe en* toutes lettres : « Ceci est écrit
à bord de la caravelle près des (les Canaries ,
le i5 février de quatre-vingt-trois'. » Or Ton
sait par le journal du grand homme que ce
jour-là il se trouvait à 220 lieues de distance
des Canaries , près des îles Aç6res ' . Le premi^
esterilissima y dicen muchos (}ue lo pueden bien saber ,
que desde A ano de MCCCCXCVIy anos que fiie por el
primero Ahnirante don Christoval Colom descu-
bierta. » — Lib. XIX^ cap. i, fol. i53y ^ : « Al tercer
viage y descubriminto que hiso el primer Almirante,
lue en ei ano de mil j quatrocientos j noventa y seys
anos. . . . » On lit dans la traduction italienne de Ramusio
(i. m, p. i65) 1946 pour 14961 et Férudit compilateur
n'ajoute aucune note y quoique dans le même volume,
à la page 10, il dise d'après Anghiera, que Colomb a
commencé son troisième voyage en mai 149B.
' Comparez Nav. t. I, p. i53 et 174. L*crreur est
d'autant plus singulière qu'elle parait être à la fois
erreur de temps et de lieu. La lettre, de 8 pages, ne
porte aucun caractère d'agitation , et cependant le 1 5
février était le lendemain de ce &meux jour oii Colomb,
au milieu de la tempête (Nav. 1. 1, p. 1 Sa) jeta à la mer
le parchemin qui renfermait une courte description de
ses découvertes. La mer, il est vrai, commençait déjà à
280 SECTION DIÎUXIÙMK.
écrit imprimé par lequel le monde a eu con-
Baissance delà découverte du Nouveau Monde,
est la lettre de Colomb à Raphaël Sanchez,
traduite en latin à Rome par Leandro Cosco.
Diaprés le traducteur , Colomb signe la lettre :
Lisbonne, i4 mars : cependant selon le jour-
nal écrit à bord même, le navigateur passa
alors près du cap Saint^Vincent , et M» Na-
varrete' croit que Cosco a lu i4 pour 4«^ Dans
la leUera rarUsùna et dans d^autres docu-
mens, Colomb se trompe singulièrement sur
Fâge qu'ail avait en entrant au service d'Es^
se calmer^ mais on ne put atterrer à Ttte Sainte-Marie
du groupe des Açores, que le 17 février. La lettre
n*aurait-eUe pas été écrite pendant le séjour dans cette
Ue entre le 17 et le a4 février? Dans la traversée à
lisbonne^ Colomb suirit les parallèles de 87® — Sg®,
il restait dix d^és au nord des Canaries. Le 1 5 février^
des pilotes ignorans avaient cru qu'on « était près de la
Roca de Cintra^ sur les côtes du Portugal ^ ou près de
Madèiie ; » mais Famiral^ plus sûr de sa route^ n'avait
jamais douté que la terre que l'on rit-ne fÙtune des îles
Açores. Un papier inclus dans la lettre a Santangel (oa
donnait alors à ces papiei^ inclus le nom d'ame, animd)^
prouve qu'elle ne fut terminée et fermée qu'à Lisbonne^
toujours en laissant subsbter l'erreur de la signature^
* Nav. t. ïy p. i65, 175 et ig^.
SICTIOM DEUXIEMB. 28 f
pagne et sur le temps qu^l séjourna dans ce
pays'. Fernando Colondi raconte (cap- 64).
que son p^e se trouyait en i499 ^ ^ cour à
Jtf edina del Cafldpo , quoiqu^il dise qu'à cette
époque Famiral était à Haïti , de retour de la
cote dé Paria, depuis sept mois. Il termine
même son ouvrage (cap. 108) en avançant
d^une année le terme de la vie du père. Cette
Êiusse date de la mort en i5o5 a passé dans
jdusieurs ouvrages modernes , très estimables
d^ailleurs. Lliistoire des Indes de Gomar»
place * le départ pour la troisième expédition
en mai i497 j ce qui est précisément Tépoque
du premier voyage de Vespuce dans Fédilion
de Saint-Dié. Nous avons déjà fait remarquer
plus haut que le même écrivain ose affirmer
que les Espagnols ont beaucoup fréquente la
côte de Paria dé i49^ ^ i5oo. Ces exemples ,
trop détaillés peut-être > suffisent pour rap-
' Voyez tom. III, p. 353 et 8uiv.
* Il y a en toutes lettres : « Se partio el Âlmirante en
d tenero yiage de San Lucar de Barrcnieda en fin de
mayo del afio de noverUa y siete sohre mil y quatro
cieiUos. (GoMAAA. fol. i4) ^9 et aOy a.) Sur d'aub^es
erreurs de dates de Colomb , voyez Nav. t. I^ p. 167
et aa4-
â8a SECTIOn DEUXIÈME.
peler combieti il est injuste de Toir de la fraude
partout où il y a confusion de dates. Cette
confusion règne par malh^ir au plus haut
degré dans Fintervalle qui sépare le premier
et le second voyage d^Améric Vespuce. Les
cinq expéditions si rapprochées de Colomb ^
d^Alonzo de Hojedar, de NiAo, de Vicente
Yanez Pinzon et de Lepe^ expéditions si sem-
blables dans leur but et dirigées vers les même»
côtes . de la terre ferme^ ont contribué à em-
brouiller la chronologie des évén^aiens. Il
Ëiut considérer ces points de discus^on sous
un point de vue plus général. Les diffà?ente&
expéditions de Sébastien Cabot', de Hojeda*,^
' BiDDLE, Mem, ofSeh. Caioùy-p, lo, i3, 71 et 85.
* Munoz par exemple place le second voyage de
Hojcda en i5oi. Voyez Nay. t. III , p. 3i8 et 693. Las
Casas (lib. II , cap. a) et Herrera (Dec. I, lib. IV,
cap. 9 et 4y t. I, p. 84 et 99) disent par erreur que
Hojeda fiit accompagné par Vespuce dans* le second
voyage, celui de janvier i5oa à janvier i^3. Oviedo
(lib. III , cap. 8 , fol. ^8 , S) mêle en un seul voyage les
évënemens de l'expédition de Hojeda et de Vespuce ea
1 499 avec ceux de FexpédiUon de 1 5oa , faite par Hojeda
et Vergara. Le même auteiu* place en i5oa le voyage de
Rodrigo de Bastidas avec Jhian de la Coea , voyage qui
uctommença qu'en i5oo. J'entie dans ce minutieux.
SECTION DEUXIEME. ^83
de Pinzon, au nombre de deitK(i497 et 1498)
pour le premier, de quatre (i499) i5oi,
i5o5 et 1609) pour le second, et' de trois
(1499, i5o6 et i5p9) pour le dernier de ces
célèbres navigateurs , ont été confondues en-
semble comme cela a eu lieu pour les voyages
de Vespuce. Cependant on n^a jamais argu-
menté de cette concision des dates à la non-
*
existaice des voyages de Gibot, de Hojeda
et de Pinzon , ou à Faltération des &its quHls
rapportent. Tout me semble indiquer que de
maladroits rédacteurs ont publié , à Finsu du
cosmograpbe florentin , ce que nous possédons
de lui. Est-il probable que Vespuce lui-même
eût appelé , dans la lettre d^envôi qui précède
les Quatuor Navigaiiones , le roi d^Aragon
Ferdinand le Catholique / roi de Casiille* , et
que dans le troisième voyage qu^il raconte
avoir entrepris aux frais et par ordre du roi
Emanuel de Portugal, il eût pris possession
détail pour prouver le désordre qui règne dans la
chronologie des expéditions qui ont été entreprises à la
fin du quinzième et au commenoement du seizième
siècle.
' Texte de Baccio Valori, chez Bahdini, p. 3.
a84 SfiCTION DEUXIEME.
du continent pro Serenissimo Castiliœ rege ' 2'
Les discussions qu^ont fait naître récemment
les uomJ)reux voyages de Sébastien Cabot,
devraient surtout rendre jAus circonspects
ceux qui traitent Vespuce avec une si grande
sévérité. Ramusio' fait dire à Cabot même
que son premier voyage était de 1496 (au lieu
de 1497)* B^autres admettent un voyage de
i494) et malgré les variantes de ces dates , on
n^a jamais accusé de fi:*aude le grand naviga-
teur vénitien.
En réunissant dans les deux tableaux qui
précèdent (p. 195-21 3) Fanalyse dés faits
qu^offrent les difTérens textes des premier et
second voyages d^Améric Vespuce et en com-
parant ces Êdts aux voyages d^Alonzb de Ho-
jeda et de Vicente Yafiez Pinzon, j'ai placé
sous les yeux du lecteur les élémens mêmes
de la question. On jugera si les conséquences
auxquelles je me suis arrêté sont exactes et si
elles sortent du domaine des simples conjec-
tures. Pour procéder par induction , il a fallu
chercher un point fixe de départ : ce point ,.
• Texte de Saint-Dié, chex Nav. t. III, p. 267.
a T. I, p. 374, *.
SECnOK DEUXIHRE. aB5
•
C^est rëvidence de l^assodation deVespuce et
de Jimn delaCosa dans Pexpédition dirigée
par tiojeda vers la terre ferme, depuis le 20
mai jusqu^au 3o août i499* Le témoignage
formel de Hojeda dans le procès du fisc et les
manuscrits de Las Casas ne laissent aucun
doute sur Fassociation et sur Pépoque du dé-
part. On demande alors lequel des deux
voyages de Vespucè ressemble le plus à celui
de Hojeda , ou si , comme on Ta avancé sou-
vent, et comme Las Casas% Charlevoix et
Herrera Font d^a soupçonné , le rédacteur
' Las CiflAS, Ms. lib. I, cap. t64 et 1 68. Selon
Nat.. t. III, p. 7 et 33a. Charletoix, Hisl. de Smnt-^
Dominguey t. I, p. a4i* Voici les paroles de Herrera
(Qec. I, bb. IV, cap. 4) : « La ida a la Espanola la
aplica Americo Vespucio al segundo viage de Ojeda y
assi con mucha cautela va Vespucio trastomaDdo las
cosas que -a aoonlecieroa en un viage coo el otro por
oscurecer que el Afanirante don Christoval Colon
descubrîo la tierra firme. » Pour comprendre ce der-
nier passage, it faut se rappeler que Vespuce parle,
non dans le premier, mais dans le second voyage, « de
son arrivée à la Isla Antiglia ou Spagnuola * (textes de
Saiot-Dié et édition Kiccardi), et que Herrera admet
que les premier et second voyages de Hojeda sont aussi
les premier et second de Vespuce.
"286 SECTION DEUXIÈMB.
des Quaiuor Ncwigationes a forgé le premier
voyage en se servant des mêmes matériaux
pour les deux' relations qui portent les dates
de i497 6t i499* Or ce qui caractérise essen-
tiellement les deux relations , prouve que les
voyages qu^elles |:*etracent ne sont pas iden-
tiques. Dans le premier , le navigateur reste
dans lliémisplière bpréal : il ne voit pas la
cote de TAmérique au sud des parallèles de 5^
ou 8® nord. Le second voyage est dirigé vers
lliémisphère austral y jusqu^aux 8** de latitude
sud'. La découverte du cap Saint-Augusdn,
celle de Tembouchure de la rivière des Ama-
zones , les courans qui portent avec violence
au nord-ouest et la vue des constellations du
ciel austral y jouent un rôle principal. Ves-
puce dit clairement que pendant cette seconde
' Si fauteur de la Corogn^la hratUica (Rio de
Jandro^ 1817, t. !> p. 34) avak connu leg témoignages
de Vicente Yanez Pinsop et de Hernandez Golmenero
daoB le procès du fisc -(Nav. t. III, p. 547-549)7 il
n'aurait pas ôf é prétendre que le Cabo Santa Maria de
la Q)nsolaeion9 loin d'être le cap Saint-Augustin j est le
Cap Nord| situé par les i*' 5a' de latitude nord. Pinson
arriva au oap de k Consolation après avmr coupé
Téquateur du nord au sud. (Hebrera, t. I , p. 90.)
SBGTION DEIJXIKHE. ^87
«xpédhicm il a coupé deux fois Féquateur : il
tache en yain 4^ découyrir une étoile qui
^Barque le pôle antarctique. Il regarde comme
une chose très importante dWoir été si loin '
vers le sud, dans Taiitre hémisphère.
Le caractère d^une navigation australe en-
tièrement étrangère au premier Toyage d^A-
mëric Vespuce , est aussi spécialement indiqué
dans la lettre très importante publiée pour la
première f<ns en 1827 dans Féditicm de Marco
Polo du comte Baldelli^ et à laquelle on a £iit
' Dam le' double de la relation du second voyage
(lettre à Médicis, texte Riccardi), Vespuce, après avoir
parlé du célèbre passage du Dante appliqué à la Croix
du sud, ajoute : « Si Dieu me conserve la vie, je compte
retourner bientôt dans cet hémisphère (austral) et ne
pas le quittçr sans découvrir le pôle (Fétoile polaire
antarctique). Cette ibis-ci nous avons navigué dans la
direction du méridien 60® ^; car à Cadix le pôle s'élève
de 35® iy et nous avons été au-delà de Téquateur 6® (la
lettre à Soderini, texte de Baccio Valori, dit 8°) vers le
sud. » Baud. p. 33 et 71. Canovai, p. 56. Il est clair
<{ue Vespuce ou son éditeur confondent la latitude de
Cadix avec la distance zénithale du pôle ou la hauteur
de Téquateur : ils ont pris 54** i pour 55*» ^. La distance
parcourue exprimée par la différence de latitude^ a été
4i'*^,non6o° J.
288 SECTION DEUXIÈME.
peu d altention jusqu^id. Cette lettre est écrite
au Cap \^t le 4 janyier iSoi , lorsque Ves-
puce, au commeocement de ton troisième
Tdyage, renc(Hitre la fbtte de Cabrai qui,
après aToir atterré accidentellem^it au Brésil
à la Terre dehiSamte^Croix^lea^ avril i5oo,
en allant aux Grandes Indes , se trouva sur
son retour à lisbonne. Vespuce , au milieu
des souvenirs de Pautre hémisphère que firent
naître cette rencontre et des conversations
avec les pilotes de Texpcdition , rappelle que
dans le voyage quHl fit pour le roi de Castille ,
il toucha à la même cote (du Brésil) que Ca-
brai avait vue après lui.
Des deux relations du navigateur florentin,*
il n Y a donc que la première dans laquelle on
puisse reconnaître le voyage qu^il fit conjoin-
tement avec Hojeda et Juan de la Cosa. Le
détail des événemens partiels et leur compa-
raison sont consignés dans les tableaux qui
précèdent. Il serait inutile d'^insister de nou-
veau sur ces analogies. Le nombre des na-
vires est le même chez Hojeda et chez Ves-
puce : il difière dans le second voyage de
Vespuce. Diaprés ce que" j'ai rapporté sur Fin-
certitude des dates et des chiffres en général ,
8BCTION DBUXIBMB. 289
Uoe &ut pas être surpris quHls n^oflSrent pas
dWccoid* On n^en trouve dans le départ au
premier voyage que pour le jour du mois
(ao mai). Le retour au i5 octobre i499 p^ut
être exact , car Hojeda dit avoir terminé son
voyage de découverte à la Terre ferme le 3o
août de la même année. Il arrive à Haïti\ au
p(»*t de Yaquino, dès le 5 septembre i499 •
^ Je n'insisterai pas sur Tunique et petite barque
dans laquelle Hojeda et Juan de la G>6a doivent être
venus à Haïti ^ selon le témoignage que rendit dans le
procès du fisc en i5i5, Ciistobçd Garcia, doàki<;ili^à
Palos. « Vinieron, dit-il, de Tierra firme ^i un barquete
que habian perdido los navioa y con obra de i5 o ao
hombre que los ostros se les habian muei*to oqiîfedado. »
Nav. t. m, p. 545. Vespuce est moins positif. Le texte
de Saint-Dié porte, en parlant de ce beau port où Von
resta trente-sept jours pour réparer les vaisseaux : « In
terra autem illa nuviculain unam cum reliquis naviculis
nostris ac doliis novam Êibricavimus. » Nav. t. III,
p. 234. Le texte de Baccio Valori passe cette construc-
tion sous silence et fait élablir un bastion I « In terra
Ëicemmo un bastionc con li nostri batleUi e con tonclli
e botte e nostre artiglierie che giocavano per tutto.»
Bardiui, p. 28. Canovai, 1817, P* 46. La lettre que
Francisco Roldan écrivit à Colomb en lui annonçant
Tarrivée de Hojeda et de Juan de la G>sa à Yaquimo,
nomme plusieurs caravelles de Texpédition : « Yo ove
IV. 19
ago SBCTion deuxiemb.
des afiaires particulières Fy retiennent si lon^
temps qu^il nWeint Cadix qu^en juin de Tan-^
née suivante. Je soupçonne que Vespuce s^est
séparé de Hqjeda pour retoimier seul en £^
pagne où, arrivé en octobre 1499^ comme
porte le texte de Saint-Dié , û est Tenu à temps
pour s^embarquer en décembre dans Pexpé-
dltion de Vincente Yanez Pinzon, Diaprés ce
que je viens d^exposer , tout le premier voyage
de Vespuce (20 mai — ±5 octobre i499) ^^^
rait duré cinq mois, et cette opinion est aussi
celle d^Herrera , fondée sans doute sur des
moti& très difTérens * • Nous avons déjà rappelé
plus haut que les copistes et les éditeurs des
relations de Vespuce ne se sont pas donné la
peine de mettre dVccord les époques du dé-
de ir a ias carabelas y fallé en elias k Juan Vigcaioo
y Juan Velazquez.... » (Las Casas, lib. I, cap. 164).
* Voici ce passage : « Y aunque Vespucio diae que
avia i3 meses que endava por alli, fueen el segundo
viage que hizo coq Ojeda, porque en el prîmero no
esiuvo sitio cinco comoel fiscal real lo prov6 j lo coafesso
con juramento Alonso de Ojeda y otroe. » (Heerera^
Dec. 1, lib. IV, cap. a.) Les parties du procès que
l'enfcnne l'ouvi'age de Navarretene justifient pas la
conclusion d^Henora que je fonde sur d'autres combi-
naisons.
SECTION DEUXIEBifi. agi
part et âe rarrîrëe «wec la ûvarée des voyages»
Peiit-étre a-t-cm t^eculé le premier départ jus-
qu^en i497 pour essayer de justifier le chiflfre
de la durée dé Pexpéditioii , en prenant la date
du retour pour tenve fixe et certain ? Quant
aux degrés de latitude , je dois rappeler que
les nombres en sont quelquefois^ et même
dans les joiunaux de Christophe Colomb, le
'douUe trop grands, non à cause des erreurs
que causaient les chi£rre& indiens ou des traits
en forme d^unités ajoutés, conmie dans le
texte de Riccardi , mais parce que Ton con*
fondait la latitude avec la double hauteur lue
sûr la division des cuadrantes ou instrumens
d^astronomie nautique. On trouve dans le
joiumal de Colomb ' pour la côte de Cuba 4^"*
de hauteur du pôleau heu de 21''. En quittant
la terre ferme Vespucc eut à soutenir un com-
bat dans une île que Fédition d^Hylacomylus
appelle Iti , nom que Tévêque Geraldini donne
à nie Saint-Domingue, et qui paraît identique
avec Haïti. Ce que Vespuce dit de Pesprit
guerrier et du courage des insulaires qui ont
blessé vingt-deux Espagnols, jie ressemble
' Journal des 3o octobre et 2 noveitibre 1 492 .
ag2 SECTION DEUXIEME.
guère aux mœurs paisibles des Haïtiens^ Six
ans après que les Espagnols eurent fondé leur
colonie à Saint-Domingue ^ les indigènes ne
pensaient pas à s^opposer à un débarquement
ni à se montrer si belliqueux. Je persiste à
croire* qu^il n^y a pas plusieurs îles Iti, et que
le synonyme d^Haïti et d^Anti^iia, n^a été
ajouté qu^en fareur de la fin. de la relation du
second Toyage. Pour résumer Fensemble de
ces considérations , nous rappellerons les prin*
cipaux points dans lesquels les expéditions de
Vespuce et de Hojeda ofirent de Fanalogie.
Ce sont : la date du jour du mois pour le dé-
part ; le nombre des navires ; Tatterrage au
sud-est du golfe des Perles , mais toujours au
nord de Téquateur ; les noms de Paria et de
Venise; le combat de vingt à vingt-deux
blessés et d W seul mort : les incursions dans
Tintérieur des terres pendant lesquelles les
naturels reçoivent les Espagnols avec des hon-
neurs extraordinaires ; le séjour dans le beau
' Voyez tome IIl, pag. 222. Le doute qui y semble
exprimé sur le « prétendu «» premier voyage n*a rapport
qu'à Tépoque de i497* «^'aurais dû appeler probléma-
tique ce voyage d'une date contestée.
8EC!T10N DEUXIEME. 298
port (de Mochima) pendant trente-sept jours;
l» manque de perles pendant une expédition
assez infructueuse, et Tenlèvement des es-
claves dont le nombre (222) est sans doute
énoianément exagéré et peut- être calqué sur
le nombre des deux cent vingt-trois captifs de
la seconde, expédition. Les événemens, je
pourrais dire les matériaux , sont les mêmes
dans les dçux voyages de Vespuce et d^Ho-
jeda; mais dans la relation confuse du j»*e-
mièr leur succession est altérée. Cest plutôt
une description des mœurs qu\m itinéraire.
S^il y a Bécessité , pour ain^ dire , que le
premier voyage soit celui qu^Alonzo de Hojeda
fit avec Juan de la Cosa et Vespuce , il me pa-
rait pour le moins prenable que le second qui
CTobrasse Fhémisjdière austral est le voyage
dans lequel Vicente Yanez Pinzon découvrit
le cap Saint-Augustin et Pembouchure de la
rivière des Amazones. On poiurait d^abord
hésiter dans le choix entre les expéditions de
Pinzon et de Lepe si rapprochéespour le temps,
et embrassant toute la côte orientale de PA-
mérique méridionale , depuis les 8" — 9° sud
jusqu^à Paria et la côte ferme de Venezuela.
Il ne peut être question de Per Alonso Nifto
S04 SBCTION DËliXlKME.
et de CristOTal Guerra, qui ne dépassèrent
pas réquateur et n^avaient quW seul navire ,
tandis que pour le second voyage de Vespuce
la lettre à Médicis en indique deux , la lettre
à Soderini trois. Aussi le départ de Nifto n^é*
tait que de quelques semaines postérieur à
celui d^Hqjeda et de Vespuce. Rodrigo de Bas*-
tidas avait deux caravelles ; il ne partit qu^en
octobre iSoo; mais, loin de reconnaître TA-
mazone et le cap Saint-^Augustin , il atterra sur
la côte de Cumana (<c d^abord à Isla Verde^
^itre la Guadeloupe et la Terre ferme » ) , et
se dirigea vers le Rio Sinu , la Culeta d^Urabà,
et Titshme de Panama. Cest pendant le cours
de cette navigation de Bastidas que les Espa-
gnols furent frappés pour la première fois ,
dans la province de Gtarma, de IHmposfflEit
spectacle de montagnes couvertes de neiges
perpétuelles situées sous la zone torride. La
Sierra Nevada} de Santa Maria n^aurait pas
' Ce groupe de montagnes neigeuses dont les points
colminans portent aujourd'hui les noms de la Horqueta
et du Picacho, a probablement près de 3ooo toises
d'âévation. Il est isolé, également sépai*é des Andes
d'Antîoquia et de la chaîne de Pamplona et Merida
(vo^z Aia carte des G>rdillère8, n^ 5 de XAiUu gèogra-
SECTION PEIIXIÈME. HgS
été passée sous silence par Vespuoe s^ii avait
été de cette ejqpédition. En argumentant par
exdusion on arrhre aux voyages de Lqpe et de
fmzaa si semblables soos tant de rapports;
mais Fexpédition de Lepe, dans lM|uelle il n'y
avait que deux navires , se termine d^ àjpfé&
sixmois^ en juin i5oo; tandis que Ve^Mice
fixe le retour de son secoiid voyage au mois
■
phiqu$ et Relation hist. t. III, p. ai4)i par consëqueut
beaucoup moins étendu que, sans doute sur les rensei-
gnemens de Rodrigo de G>lmenares et d'Alonzo de
Hojeda (second voyage en i5oa), ne Ta décrit Enciso
dams la Suma de Geografia imprimée à SéviUe en iSig.
La tierra nevaâàAt Gtarma (JSatutma regio d'Anghiera)
me parait aussi le premier point où les Espagnols ont
reconnu que la limite des neiges est fonction de la lati-
tude et s'élève rapidement vers Téquateur* Je trouve
dans les Oceanica (Dec. II, Hb. II, p. i4o) : « Defluebat
inter portutn Carthaginis et regionem Cuchibacoa
iffmen Gaira ex alto nivali monte quo aitîorem nemo
ex ducis Roderici (G)Imenaris) comitîbus aïebat se
vkiisse unquam. Neque afiter putandum est, si nivlbus
aibescebat in ea r<^one , quae.intra decimum gradum
<fi8tat ab aequinocdali linea. » Ceci a été écrit entre
*5io et i5i4. Anghiera tirait ses notions sur les
montagnes neigeuses de Sainte-Marthe, en partie des
convenBations qu'il avait avec Jean Vespuce, le neveu
d'Améric. Voyez Dec. Ilî, lib. V, p. 258.
296 SECTION DEUXIÈME.
de septembre de la même amiée^ ce qui est
exactement Tépoque du retour de PinzoD.
D^autres points de ressemblance des deux
ex|>éditi(M|s de Vespuce et de Pinzon soiit : le
Ëeu du premier atterrage dans lliémispbère
austral; la découTerte importante du cap Saint-
Augustin et d^une partie du Brésil rappelée
lors de la rencontre avec la £btte de Cabrai;
la reconnaissance de Fembouchure de la ri-
vière des Ama2;ones et des basses terres de
* Selon les textes de Saint*Dié et de fiaccio Valon.
L'édition Riccardi donne 18 juin i5oo, ce qui, combiné
avec le départ de Vespuce, indiqué en mai 14999 oSre
les mêmes dates que le départ et le retour pour le pre-
mier voyage, d'ailleurs entièrement dissemblable de
Hojeda. Cette coïncidence est-elle accidentelle, ou
a-t-on modifié dans le texte Riccardi l'époque du retour
de Ve^uce, parce que, sans ré^échir à la différence
des latitudes parcourues , on a supposé que le second
TOjage de Vespuce , dont la lettre à Médicis évalue )a
durée à treize mois, pouvait être le premier d'AIcmso
de Hojeda. Mais ces treize mois prouvent de nouveau
le peu de confiance que méritent les chiffres cités daiis
les différens textes. De mai 1499 à septembre i5oq
(textes de Saint-Dié et de Valori), il y a seize mois. La
date du retour fixé au 18 juin est-elle établie sur la &i^^-l
pie supposition des treize mois?
8BGTI0N OEUXIEMB. 2^J
VUe Marayo, la mer cTeau douce , les couraii8
qui longent la côle duS. £• au N. O. ; Fex-
pression dW tif intérêt marqué pour les cons-
tdlgtions du ciel austral dont plusieurs pa-
raissaient à de si grandes hauteurs au-dessus
de lliorizon; l'époque de Tarrivée à Haïti
(Pinzon y arrive le 23 juin i5oo, et Vespuce
dit que lui quitte cette île le 22 juillet de la
même année, après un séjour de deux mois et
deux jours) ; la navigation vers le nord et le
nord-K>uest d^Haïti , à des îles entourées de
bas-fonds (îles Bahames, Saometo, Maguana
et écueiis de Babueco) ; des esclaves enlevés
pendant la navigation ; enfin de belles perles
et des pierres gemmes rapportées comme fruit
de Pexpédition.
Ces traits de ressemblance que je viens de
citer sont certainement aussi nombreux que
frappans. Le voyage de Pinzon acquit sa grande
importance par la découverte du cap Saint-
Augustin' et par la vaste étendue de mer et
* Aiighiera revient jusqu'à quatre fois sur cette im-
portance d'un cap) qui se trouve à l'est de la iigne de
démarcaiion du pape Alexandre VI^ et que malgré la
difiérence de latitude, il considère comme une forme
symétriquement analogue au cap de Bonn&^Ëspérance :
298 SBGTION 0£UXIB1U.
de côtes qui avait été parcourue. C'était la
jHrCTodère fois que les Espagnols sur le littoral
de TAmérique avaient pénétré dans cet hémis-
phère austral qui , du côté de TAfrique , était
depuis long-temps devenu le domaine des
navigateurs portugais. Aussi Vespuce, dans la
longue et intéressante lettre quM adresse à
« Cuspis ea quam Vioentîus Annez attigit^ Atlanteim
videtur velle impetere. lUam qu^pe Afiicas partem
spectat quae a Portugallensibus caput Bonae Sperantiae
dicltur AdaDtlci monda squallenda in Oceanum pro-
tehta promontoria. Sed Bon» Sperantiae caput gradus
antartctici coUipt quatuor et triginta (en effet 33*
&6^ 3"') : cuspis autem illa (Sancti Augustini. caput)
septem tantum. Puto terram hanc esse, quam apud
G)smograpIiiae scriptores Adandcam dici magnam insu-
lam reperio, sine ulteriore de illius situ exploratu. »
Océan, Dec. II, Hb. VII, p. i85, lib. VIII, p. i86j
Dec. III, llb. X, p. 3^4. La majeiu*e partie de TAmé-
rique méridionale était regardée comme lui prolonge-
ment du cap Saint-Augustin. « Soliains (Juan Dias
de Solis") sex centum lequas processit. Reperit Sancti
Augustini frontem adeo in latum distindi ad meiidiem
trans œquinoctiunf, ut trigesimum amplius gradum
antarctici praehenderît. » Dec. III, lib. X, p. 317.
Telles étaient les vues de géographie compai'ée jusqu'en
i5i6, époque à laquelle (p. 3a3) Pierre Martyr d'An-
ghiera termine cette troisième décade.
SBCTION DEUXIBMB. 299
Médicis, relève sans cesse ce mérite particu-*
lier de Texpédidon à laquelle il s^était associé.
U se persuade atcnr navigué 5ooo lieues , diê-
coprendo infinitissima terra dçlV Asia^ car
comme Pinion, il répète toujours* que la
' DaDS la même letU^e, cette opinion qui exclut toute
prétention à ki découverte (f un Nouveau Continent, est
énoncée XnAê fbid. « Mia intensione era di vedere se
polevo TDigere une cavo di terra que Ptolcnneo nomina
il caw> di Catt0gara (che è guinto con il Sino tnagmi)
che per mia opinione, non stava molto discosto da esso
secondo i gradi délia longitudine e latitudine, como
qui a *bas80 si darà conto. » (Band. p. ^^, CiiiiovAi,
p. 5i et 367.) — « Di poi d' aver navicato al pie di 4oo
leghe di contîmuo per In oo«ta concludemmoche quetta
era teUra firma ^he la dic« , e' confîni dell' Asia per la
parte d*oriente e il principio per la parte d'occidente. »
(Bahd. p. 76.^ JTai cité plus haut dam le texte le passage
dans lequel Vespuce désigne Fensemble des décou-
vertes faites dans le second voyage : « Stemmo In questo
viaggio i3 mesi, correndo grandissimi perîcoli e disco-
prendo infitdtissima terra del Asia e gran copia dlsole. •
Band. p. 83. Il termine la lettre en annonçant à Pi«T
Francesco de' Mediti que * Ton amie pouf lui {qni
marmano) trois navires qui seront prêts vers la mi-
«cptembre; il espère continuer les découvertes e trar
imove gtandisstme t disroprir f Isola Trapohana cke ê
infra il mar Inékoy ti élmat Oang-etico, tl pûis! rentrer
idâns sa patrie j^otnr soigner m vietileése. * Ces vaîssêinix
300 SBCTIOfi DBUXIBIIB.
terre qu^il a découverle &it partie de Tancien
continent de TAsie orientale. Il compare Pex-
pédition quHl vient de terminer à celle de
Gama, et la trouve bien plus courageuse,
«c Votre Magnificence, écrit-il à Médicis, aura
entendu parler de la flotte que le roi de Por-
tugal a envoyée il y a deux ans (il &llait dire
troisans) vers la Guinée. Un tel voyage, je ne
puis rappeler un voyage de découverte , c^est
se traîner le long des cotes qui étaient déjà dé-
couvertes. Ces navigateurs n^ont pas perdu de
vue la terre , et ils ont Eût le tour de TAfrique
par le sud , comme tous les auteurs de G>s«
mographie l'avaient indiqué. Cette navigation
à Calicut est cependant d'une grande richesse,
et récemment le roi de Portugal a envoyé
une nouvelle flotte de douze ^ navires dans ces
mers. » Comme la lettre est datée du iSjuillet
que Ton armait n'étaient-ib pas de rexpëdltion de
Bastidas et Juan de la Cosa qui sordrent en effet de
Cadix, mais avec deux caravelles seulement, et déjà en
octobi*e i5oo?
^ Gomara, après avoir exposé d'une manière très
satisfaisante les vicissitudes du commerce des épiceries
et proposé en i55i la réunion des deux mers par des
canaux à Chagre dans Tisthme de Panamay à Nicai*agua
SKCTIOlf DEUXIKMK^ 3oi
1 5oo , je ne doute pas que Vespuce nW touIu
désigner, en parlant* de la nouTelle flotte,
Texpédidon de Pedro Alvarez Cabrai , qui en
efiet partit de Lisbonne le g mars i5oo, mais
arec treize -tiavires.
Jusqulci tout paraît &yorable à la proposi-*
tion que je hasarde relativement à Tidentité
du second voyage de Vespuce avec le pre^
mi^ voyage de Vicente Yaâez Pinzon ; mais
il me reste à parler dWe date astronomique
qui paraît détruire tout Fédifice de mes com-
binaisons. La lettre à Médicis si souvent citée
parle de la conjonction de Mars et de la Lune
observée (on ne dit pas sur quel point du lit-
toral) le 23 août i499i P^^ Vespuce, pendant
le cours du second voyage. J^ai vérifié le phé-
nomène sur les Ephémérides de Régiomon-
tanus que cite le navigateur florentin. Il n'y
a pas le moindre doute que le phénomène
n'ait eu lieu à Pépoque indiquée. Or, le voyage
de Pinzon n'ayant commencé qu'en décembre
1499 9 la conjonction ne peut pas avoû* été
et àHuasacualco (fol. 58, h), ne donne aussi que douze
navires à Cabrai (fol. 69, h\ La flotte de Garaa était de
quatre navires.
3o« SBGTION 0SUXliMB.
observée pendant h durée de ce'Toyage; éAe
appartient au contraire à la première nariga*
ûùdl de Hojeda, commencée le ao mai i499 :.
un voyage pendant lequel on prétend avoir
vu la conjonction est ou cette première expé-
dition de Hq|eda , ou un voyage entrepris à la
méipe époque. Ce raisonneiùent ', basé sur un
pbénomène astronomique , nous forcerait
donc à regarder comme exacte la date du dé*
part de Vespuce pour le second voyage (mai
* 499)1 selon les textes de Valorî et de Rie--
cardi; il nous condamnerait à considérer
comme identique le second voyage sfVec le
jH'emier d^Alonso de Hojeda , sauf à admettre
Texistence d\me première expédition de Ves-
^ Pofur faciliter rintelligence de la discussion qui
suity il sera utile de replacer sous les yeux du lecteur
le tableau des voyages qui ont été comparés ensemble.
Vespuce. Premier voya-
ge, du 20 mai i497 au i5
octobre i499*
Colomb. Troisième voya-
ge , du 3o mai 149B au 26
novembre i5oo.
Vespuce. Deuxième voya-
ge, du 16 mai i499 ^u 8
septembre i5oo.
tiojEDA. Premier voyage,
du 'jo mai i499 ^ 1^ ^^~
juin i5oo.
PiHzoN. Premier voyage, du 3o décembre «499 à
septembre i5oo.
^Vespuce, d'après le texte deSaint-Dié.)
sBcnoii DEuxiEBiB. 3o3
*
puoe (mai i ^^y'^ocUjhre 1 498)9 ^^^ un temps
où on le Toyait occupé à Cadix età SéviUe de
rarmement de la flotlede Colomb, qui mit k
la Toile le 3o mai i^d^'
On éprouve d^abord un grand découra**
gement à la Tue de ces contradictions qui nV
Taieat pas encore été pesées; mais les cinfires
ne sont inexorables quêtant qu^ils sont exacts
et dûment employés. Cest un fait positif, et
dont personne jusqu^ici ne s^est avisé de dou-
ter, que Vespuce et Juan de la Cosa ont ac-
compagné Hojeda dans le voyage qui a com^
mencé le 20 mai i4g9- L^ ^ois navigatéiu*s
ont quitté la terre ferme à la côte de Venezuela ,
située entre les 10* et 1 1** de latitude boréale,
le 3o août i499* Us se sont donc trouvés sur
cette cote sept jours avant, au moment de la
conjonction de Mars et de la Lune. Il est cer-
tain , de phis , que Texpédition de Hojeda n^a
jamais été au sud dés parallèles des 3" nord ;
il est par conséquent également impossible
d'^admettre que le second voyage de Vespuce
dans lequel on atterre par les S"* de latitude
australe, on coupe deux fois Féquateur, et
Ton reconnaît l'embouchure de PAmazone ,
soit le premier voyage de Hojeda , et de sup-
3o4 SECTION DBUXlàlfB.
poser un phénomène du 23 août i499 observé
sur les côtes d^Amérique par des personnes
qui ne partirent d'^Ëurope avec Pinzon qu^au
mois de décembre de la même année. Com^
ment appliquer à une expédition yers Fhémis-
phère austral et dont Pitinéraire ressemUe à
la navigation de Pinzon, les dates* de départ
* Si Ton fait attention aux variantes lectionesy on
trouve pour le second voyage de Vespuce, selon le texte
Riccardien (mai 1499-jtLin i5oo), les véritables dates
de l'expédition de Hojeda, selon les textes de Valori et
d*Hylacoinylus (mai i499-8eptembre i5oo), le départ
de Hojeda combiné avec le retour de Pinzon. Les
rédacteurs des écnts de Vespuce auraient-ils altéré les
dates en croyant les rectifier? Nous voyons des traces
de ce genre de rectifications dans Tépoque du retour du
premier voyage. (Voyez plus haut, p. ai 5.) 11 serait
possible que Vespuce eût conservé dans ces dates en
écrivant à des Florentins, l'ère restée en usage dans
son pays natal. D'après cette èi'e que l'on peut prouver
avoir été employée dans les lettres familières (Fâbrori,
ViUiLaurenUi Medici^ 1. 11, p. 47)> les jours de l'année
1498 jusqu'au a5 mars, appartenaient à i4979 1^ com-
mencement de l'année, d'après le style florentin , étant
(Ideler, Chronologiey t. II, p. 33o) le jour de l'Annon-
ciation de la Vierge. G)mme tous les départs de Vespuce
sont entre les 10 et 18 mai, le style florentin ne change
pas l'année.
SECTION DEUXIEME. 3o5
et de retour qui appartiennent au voyage de
Hpjeda avec Vespuce et Juan-de la Cosa ? Pour
sortir de ce dangereux dilemme on ne peut
recourir* à aucune combinaison qui permette
de supposer un séjour de Hojeda dans Tautre
hémisphère. Selon les documens les plus au-
thentiques , ce fameux navigateur n^a dépassé
Péquateur -dans aucune de ses quatre expé-
ditions' de 1499 à i5io. Il ne reste donc plus
qu^à admettre que^ soit accidentellement , soit
par des motifs dont la cause nous est inconnue,
Fobservation de la conjonction de Mars et de
la Lune a été transportée du premier voyage
de Vespuce dans le second. Je dois à cette
occasion appeler Tattention des savans sur les
différences très remarquables qui se trouvent
entre les deux relations que nous possédons
du second voyage; d^abord dans la lettre à
Médids, et puis dans la lettre au roi René,
' Voyez la vie de Hojeda dans Nav. t. lll,p. 16^176.
J'ai déjà rappelé dans un autre endroit que si poui* le
nombre des navires (4) le premier voyage de Vespuce
correspond k celui de Hojeda, le nombre des navires du
second voyage (2 ou 3) est moins conforme au nombre
des navires de Pinzon qui sur quatre en perdit deux.
Voyez plus haut, p. 196, aoo et 221 .
IV. 20
3o6 SECTION DEUXIEME.
insérée dans les Quatuor Nasfigationes. Cette
dernière, rédigée' après Tan i5o4, ne parle
ni de la conjonction , ni du hameau construit
sur pilotis, et offr!uit Taspect de Venise', ni
' Il faut disUDguer entre la date des lettres et Tépoque
ou elles ont été publiées. Les lettres doivent être ran-
gées selon l'antériorité de leur rédaction dans l'ordi^e
suivant : a) Double du second voyage, lettre à Médids
du 18 juillet i5oo. ^) Lettre à Médicis du 4 juin iSoi,
écrite au Cap Vert, au commencement de la troisième
expédition, c) Double du troisième voyage, lettre à
Médicis écrite à la fin de i5oa. d) Les Quatuor Naviga-
tionesj parmi lesquelles se trouve le premier voyage,
rédigées à la fin de i5o4. Le double du troisième
voyage a été imprimé le premier de tous les écrits de
Vespuce, en i5o4; le premier et le quatrième n'ont
paru qu'en 1607.
• L'ouvrage rare et très remarquable de Femandec
de Enciso, alguazil major dans la Castille tTOr^ dit :
« Par les 10** de latitude, près du Cap Coquibacoa
(aujourd'hui Chichibacoa), il y a un golfe très large
dans lequel on trouve un hameau (Jugar de cclscu de
Indios) construit sur une roche (jfend) ti*ès grande et à
sommet plat. Ce hameau s'appelle Feneciuela. » Cette
description diffère un peu de celles données par Hojeda
et par Vespuce. L'un et l'autre parlent de troncs d'ar-
bi^s (estacasj pilotis) siu* lesquels les maisons étaient
construites. Un hameau placé sur une roche à fleur
d'eau aurait pu paraître de loin « fondé dans l'eau, »
SECTION DEUXIÈME. 3o7
de renlèrement de 222 capti&^ Venise et Fen-
lèyement des captifs sont nommés au con-
traire dans la relation du premier yoyage
adressée au roi René. Il ne serait pas extraor-
dinaire que dans différentes navigations Êdtes
le long du même littoral on ait été frappé de
la Yue des mêmes sites et qu^on ait combattu
les mêmes tribus ; mais les analogies que Ton
remarque pourraient aussi indiquer que les
mais les navigateurs virent lever de près les pon^ par
lesquek les habitans communiquèi^ent les uns avec les
autres (Nav. tll , 119) et ils entrèi*ent dans les maisons
qui étaient remplies de coton et de bois de Brésil.
(Band. p. 80.) Venezuela, Curîana et la ville de Coqui-
haeoa étaient, selon Ënciso (Suma de Geoçraphiay 1619,
fol. g IV), auiant de petits centres de civilisation et de
commerce. « Dans* la ville de Coquibacoa les Indiens
ont peso e toque de Xqv : on y porte Tor de tous les
cantons voisins pour le peser et t essayer à la touche, »
Les Indiens distinguaient à la couleur de la trace mé-
tallique sur la pierre dt touche le guanin (JRelat, hist.
t. III, p. 4ûo) de Por pur. Je ferai observer en même
temps ici que dans le premier voyage de Vespuce le
hameau sur pilotis est nommé avant le promontoire de
Paria, et que dans le second, ce qui parait plus naturel
d'après la direction des courans le long de ces côtes, le
hameau « bâti comme Venise » est nommé après Paria.
(Voyez plus haut, p. 196 et 21 1 .)
3o8 SECTION DEUXIKME.
passages d^voï itinéraire ont été transportés
dans Fautre. Dans la lettre à Médicis tout pa-
raît naturellement lié, comme le prouve la
manière dont Fobservation «astronomique e^
amenée dans le récita Je &is remarquer de
plus que cette lettre à Médicis n^offre aucune
allusion à un yoyage antérieur { il n^y est pas
dit , comme dans les Quatuor NavigcUiohes ,
que la terre à laquelle s^est &it le premier
atterrage dans Thémisphère austral, a est liée*
à celle qui a été découverte dans la premièi^e
expédition. » Y aurait-il eu intention du ré-
dacteur de réunir dans une même lettre à Mé-
dicis datée du 18 juillet i5oo, les résultats du
premier et du second voyage? Aussi le com*
mencement'de cette lettre, écrite un mois
• BÀND.p. ^^j 68, 71 et 7a.
* J'ai déjà cité plus haut Texpression (^terrant
quandam novam ienuinius contra iilam de quafacta in
superiorihus meniio est) qu'ofire la lettre au roi René
(Nay. t. III, p. a43). Ce rapport de position entre deux
points d'atten*age du pi*emier et du second voyage, est
désigné presque de la même manière par Anghiera
(Dec. III, lib. X, p. 3i 7). Il dit que le cap S. Augustin
est « a tergo Capitis Draconis et Parias jacentiam ad
boream et arcticum inspectantium. •
SECTION DEUXIBNR. 309
aj»^ le retour de Vespuce à Cadix, est assez
bizarre. « Je ne tous ai pas écrit depuis si
long-temps , parce qu^il ne s^est rien présenté
à moi qui soit degno di memoria ; mais le 18
mai 1499 j^ partis pour fidre des découvertes
vers le nord-est ^ On ne conçoit pas le but de
cette réticei^ce sur le premier voyage , car si
Vespuce avait voulu, comme on Ta prétendu
souvent , n^user de finaude qu^après la mort de
Christophe Colomb , mort qui eut lieu en 1 5o6,
il n^aurait pas parlé, à la fin de i5o2 , dans la
seconde lettre à Médicis, c^est-à-dire dans
celle qui renferme le double de la troisième
expédition, <( des deux voyages antérieurs
fûts par ordre * du roi de Castille , » il n^au-
rait pas rédigé en i5o4) deux mois avant la
mort de son ami Christophe Colomb , le livre
des Quatre navigations. J^expose ces diffi-
cultés avec La réserve qu^exige une matière
singulièrement embrouillée. Si pour conserver
à Inobservation de la conjonction de la Lune
et de Mars sa place dans la seconde expédition,
«
' Une de ces inDombrables erreurs des textes ; nord-
est pour sud-ouest. (Band. p. 65.)
^ Voyez plus haut, p. 91 et 98.
3iO SBOriON DEUXIEME.
on TOulait supposer que ce second voyage
était véritablement celui d^Alonzo de Ho-
jeda, mais que le vaisseau sur lequel était
embarqué Ve^uce a fait seul un att^rage
beaucoup plus méridional vers le cap Saint-
Augustin, et qu^ainsi Vespuce a pu voir à lui
seul, dans un même voyage, tout ce que Ho*
jeda et Pinzon ont découvert Séparément, on
se trouverait en opposition directe avec les
témoignages nombreux que nous présente le
procès du fisc. La découverte de cette partie
de la côte de TAmérique du sud , qui est com-
prise entre le promontoire àe Paria et le cap
$• Augustin, était, à Fépoque de ce procès,
un point de contestation des plus importans.
Vicente Yanez Pinzon , Colmenero , le célèbre
Sébastien Cabot et Juan Vespucio, le neveu
d^Améric , n^ont pas varié dans leurs déposi-
tions à ce sujets Améric Vespuce est nommé
de la mamère la plus uniforme , comme celui
qui a fixé avec certitude la latitude du cap
$• Augustin, et cependant, à cette occasion,
aucune des personnes qui avaient eu d^intimea
^ Nav. t. III, p. 3i9 et 547-552. Voyee auasi plus,
haut. p. i35.
SECTION DEUXIEME. 3ll
liaisons avec Vespuoe , ne p^le de ses pré-
tentions à une découyerte du cap , antérieure
au Toy âge de l^zon , à une découyerte Ëdte
pendant Tété de i 4g9 • L,e fiscal regarde comme
prouvé, par les témoignages rénuis des pilotés
appelés à déposer , que la découverte de tout
le littoral {parte de léchante) qui s^étend de
Paria au cap S, Augustin « n'appartient à au-
cune autre personne qu'à Vicente Aâez , qui
a tout £dt seul por su mdustria. i> Le second
voyage de Vespuce ne peut donc pas être
celui de Hojeda , même si Ton voulait admettre
qu'un des navires ait atterré au sud de Fé-
quateur.
Le calcul grossier de la conjonction de la
Lune et de Mars (le 23 août i499) ^ ^^^ ^^^
discuté par Pabbé Canovai dans son édition
posthume des voyages de Vespuce^. Voici le
' ÉcUtion de 1817, p. 56, 189 et 371-374. « Quanto
alla lon^tudine (dit Vespuce selon le texte de Riccardi)
dico che in saperk trovai tan ta difficoltà, che ebbi
grandissîmo travaglio in conoscer certo il camino che
aveva fattoper la via délia longitudine; e tanto travaj^î
die al fine npp trovai miglior oosa che era a guardare et
veder di notte le opposisioni delF un pianeta coU' altro
e massime délia Luna con gli altri pianett perche il
3ia SECTION DEUXIÈME.
raisonnement du navigateur florentin ; au le*
yer de la lune , une heure et demie après le
pianefa délia Luna ê piu leggier Ji corso chc nessum
ajtro; e riscontrflvalo con l'Al^aDacco di Giovanni da
Monteregio che fit composto al meridiano délia città di
Ferrara, accordandolo con le calcolazioni délie Tavole
dd Re don Alfonso. La conjunzione aveva a esser a
mezza notée o mezza ora prima. » Les Épbémérideft de
Régiomontanus pour les années 1 484-1 5o5 que j*ai
consultées, indiquent la conjonction du 23 août i499 à
minuit juste. Les Ephémérides sont calculées pour le
méridien de Nuremberg, comme dans le grand ouvrage
de Jean Schoner (Tabulas astnmomttœ quas vulgo
resolutas vacant, Nor. i536) publiée par Melanchthon ;
mais quoique Nuremberg soit de 2' 8'' eA temps à Test
de Ferrare, ces deux villes, Milan, Erfurt, et Brunswick
étaient alors regardés comme situés sous le même mé*
ridien. Tel était l'état déplorable de la connaissance des
positions à la fin du i5* siècle, que dans les tables de
Régiomontanus Perreur de longitude s'élevait, pour h.
différence des méridiens de Milan et de Ferrare, à
a** a5'en arc. (Reciomoiit. Ephem, i575-i53o,Norimb.
1473. Id. i475-i525, Venet. 1476 ^t i483. Id. Kalendé
August. Viudel. i485, 1489, 149^ et 1496 apud Erh.
Ratdolt.^ On peut être d'autant plus surpris de voii?
ajccolées dans la lettre de Vespuce les Ëphéméiîdes de
Régiomontanus et les tables Alphonsines , que l'astro-r
nome allemand se plaint constamment des faux calcula
4u roi de CastiUe. « Ne nimium confidas i^anî calcuJoi
SECTION DEUXIÈME. 3f3
coucher du soleil, donc à peu près à sept
heures et demie , la lune se trouvait placée
1 ^ (proprement un grado e alcun mùiulb ) à
Test de Mars. A minuit la lune était éloignée
de Mars 5*" i (proco pih o taeno ) à Pest. Le
mouvement de Mars avait donc été de ù^ \ en
quatre heures et demie. Cette planète avait
employé cinq heures et demie pour arriver du
point de la conjonclion 5** \ vers Test , ce qui
donne {fatta la proporzione : se 24 ore mi
Çdgliano 36oV <^he mi varanno 5 ore et mez-»
zo) 82* \ de longitude. M. Encke observe avec
raison « que pour plus de clarté Vespuce au-
rait Ad dire que la lune , selon ses observa-
tions, avait eu un mouvement de 1^ par
heure , et qu^en attribuant , plus tard dans la
même lettre, après avoir calculé d'après le
méridien de Ferrare , la longitude de 82** j au
méridien de Cadix [città di Calis)^ Vespuce
s'est cru justifié par la supposition im peu ai>
bitraire que la conjonction était à Ferrare à
quasi somnio Alfonsino et facilius intelligas quam
fiÎTola sitilla Régis compago. » {Scripta clar. Mathe-
imuiei Joannit Regiomontani de Torqueto et Astroîabio
firniilim' Norimb. i$44, p..43.)
3l4 SECTION DEUXIÈ1I£«
miauit ou minuit et demi. » Il y a en effet
i** li^ 36^' de différence de longitude entre
Cadix et Ferrare. Ce désir de substituer Fob-
servation de la conjonction des planètes et de
la lune aux éclipses lunaires et d^augmenter
ainsi les moyens de déterminer la longitude
du navire, était dû à Tinfluence que Fastro-
nomie arabe exerçait en Espagne et en Italie.
Depuis le siècle d^Albategni juscp^aux trayaux
d'isba Jounis , une longue suite d^occultations
d'^étoiles et d^oppositions de planètes avaient
été observées dans une vaste étendue de pays ,
depuis le Caire jusqu^à Bagdad et Racca. Les
cbangemens quWait subis la direction des na-
vigations vers la fin du quinzième siècle , Es-
saient sentir la nécessité de multiplier les mé-
thodes astronomiques. On concevait la possi*
bilité de leur emploi, mais Pimperfection des
instrumens nautiques s^opposait au succès plus
encore que Fimperfection des tables. Nous
avons déjà vu que, selon le journal du pre-
mier voyage de Colomb dont Las Casas nous
a conservé la majeure partie, Famiral c( cher-
chait , le i3 janvier i493, à Haïti un port sûr
pour observer tranquillement (para ver en
que paraha) la conjonction du soleil et de la
SECTION D£UX1£M£. 3i5
lune et Fopposition de la )une et de Jupiter \
qui (généralemept) cause beaucoup de yent. m
Après les teiKatives^d^Améric Vespuce signa-
lées dans sa seconde nayigation, un grand
nombre de conjonctions furent observées dans
le voyage de Magellan. Le pilote Andrès de
San Martin sVdonna surtout à ce genre d^ob-
servations en février et en avHl 1520. sans
doute diaprés les conseils de Pastronome Fa-
leiro dont Barros possédait par fragmens le
manuscrit du Traité des longitudes^ . Lorsque
les résultats de ces observations lunaires pa-
raissaient dénués de toute vraisemblance , «c 6n
était incertain si Ton devait accuser la régu-
larité du mouvement des planètes ou supposer
de fréquentes erreurs typographiques dans
les Éphémérides de Régiomontan.o» Comme il
ne s^agissait de rien moins que de la véritable
position de la Ugi^e de démarcation et de
' Le manuscrit de G)loinb fait aussi mention « de la
ooDJoDction de Mercure et de la hine, » mais Las Casas
ajoute prudemment : « Quoiqu'il paraisse que Tamiral
savait un peu (jalgo) d'astrologie, les noms des planètes
sont mal plaçât saps doute par la faute du copiste. »
* Voyez les renseignemens que j*ai donnéa tom. 1,
p. 3oa.
3l6 SECTION DEUXIEME.
la question de ^yoir si les Iles Philippines ap-
partenaient à FEspagne ou au Portugal, ces
prétendues fautes dHmpression ^dans 1& CSon-
naissance des temps de * Nuremberg parais-
saient dWe gravité imposante aux yeux d^un
grand historien portugais de ce temps ^.
Le témoignage de Pierre Martyr d^ An ghiera
m^a déjà servi* pour rappeler Combien Ves-
puce et Pinzon insistaient simultanément , dans
le récit de leur voyage , sur les merveilles de
la voûte étoilée du ciel s^ustral. Les marins qui
avaient accompagné Vicente Yanez Pinzon, af-
firmaient n^avoir trouvé aùcime étoile qui
marquât le pôle antarctique , mais <c Pappari-
tion d^une obscurité nébuleuse et dense près
* Joao de Ëarros. Il dit « que levava Andréa d^ San
Martin errados os numéros das Taboas do Ahnanach
per que se regia. » Barros suppose de plus qu'il y a eu
quelque supercherie dans les calcuk astronomiques des
Espagnbb, et il se fonde sur le témoignage d'un mourant
(Bustamante), compagnon de Magellan. San Martin ne
pouvait se persuader que « os Almanackes de Joannes
de Monte Regio da impressao de Joao Liertestim
(LAchtenstein?) abondan de tantos viciosdaimpresao. »
Asia, Dec. III, P. I (éd. «777), p. 65o et 658-662.
■ Voyrz.plushaut, p. ao5.
S£€TIOfC D£UX1ÈM£. 3i'J
de rfaomon , vers le sud , >» les ayait singuliè-
rement firappés. Interroçatia me nauiœ (qui
FicentiumJgnemPinzonumfuerantcomikiti)
anarUarciicum vidererUpolum: steUarnsenul-
lam hmc arcticœ sindlem quœ dùcemi circa
punctum{pplum?)possit, cognoifisseinquiunt.
Sielîarum iamenaliam^ ajunt^ se prospexUse
faciem densamque qucmdàm ab horizonte va^
porosam caUginem , quœ oculosjere obtene'-
èraret^ . Ces mots me paraissent offiîr la plus
' Ocetm, Dec. I, lib. IX. La rédaction tle ce passage
est probablement de 1 5io , l'observation des marins est
de i499* C'est donc bien à tort que le père jésuite
Kichaud (Mém. de VAcad, t. VII, p. 8a3) se vante
d'avoir vu le premier les s<ics de charbon. Le père
Acosta (Jfist. natufal de las Indias y lib. I, cap. 2^
disserte aussi sur la cause des taches noires du ciel
austral qu'il a observées au Pérou et qui « ressemblent
à la figure et portion de la lune éclipsée par leur noir-
ceur et obscurité. • Ces taches, ajoute Acosta, se meu-
vent « dans le même i*apport que les étoiles dont elles
sont voisines et ne se séparent jamais d'elles. De même
que la voie lactée est plus resplendissante , parce que ,
composée de parties du ciel (des espaces célestes) plus
denses, elle reçoit plus de lumière, les taches noires
qu'on ne voit pas en Europe , sont privées de lumière
pour êti*e des régions composées de parties plus rares et
plus transparentes. » On a de la peine à concevoir
3l8 SECTION DEUXIÈME»
ancienne description des taches noires (sacs
de charbon , coalbags) , région du ciel austral
dont la noirceur variable ne m^a aucunement
paru. TefFet du contraste et sur laquelle sir
John Herschel va bientôt répandre de grandes
vues de philosophie naturelle. Vespuce ne fait
comment un astronome célèbre (M. de Zach, dans
BoDE| lahrbuchy 1788, S. 167) a pu conclure de ce
passage très remarquable d'Acosta que cet auteur dont
Fouvrage parut à Séville en 1690, parle « de taches
du soleil que Ton voit au Pérou et non en Europe, » 11
n'est pas douteux qu'à Lima , lorsque dans la saison de
la garua (brumes), pendant des mois entiers , le disque
du soleil parait voilé, tantôt rouge, tantôt blanc, on
pourrait apercevoir à l'œil nu et sans l'interposition
d'un verre de couleur, de grandes taches du soleil,
comme par exemple du 19 au ao mars 161 a, Galilée en
a vues à l'œil nu : cependant je n'ai jamais ouï dire
pendant mon séjour au Pérou que les indigènes
eussent parlé de taeh^ solaires aux premiers conquis^
tadores. M. Rigaud, dans son intéressant Mémoire sur
le peu de droits que Harriot peut s'arroger à la décou*^
verte des taches du soleil qui est due à Galilée et à
Fabridus Phrysius, rend probable que M. de Zach a
confondu le père Joseph Acosta , auteur de l'histoire
naturelle des Indes , avec Alvarus Telles Dacosta , qui
en 1734 a publié une dissertation de macuiis solis,
{Account of Harriot s astron. popers^ Oxf. i833, p. 37.)
SECTION DEUXIÈME. 3l9
mention des kiches noires que d^une manière
très vague dans le troisième voyage (dans la
lettre àMédids de Tannée i5o2), où il parle
d^un Canopofosco. Le yoyage qui nous oc-
cupe ici n^ofire aucune trace de ce genre d^ob*
servation. Il s^ extasie sur la beauté des qua-
tre étoiles qu'il croit être celles qu'on trouve
désignées dans un célèbre passage de la Dw
if ma Comedia. <( Tandis que j'étais occupé,
dit Vespuce , à chercher vainement une étoile
polaire du sud, je me rappelai des paroles {de
un detto) de notre poète le Dante , qui dans le
premier chapitre du Purgatoire j en feignant
de sortir d'un hémisphère pour entrer dans
l'autre, veut décrire ce pôle antarctique et
chante : la mi volsi a man destra e posi
mente. ... Il me paraît à moi que dans ses vers
le poète a eu l'intention de décrire par les
quatre étoiles le pôle de l'autre firmament et
jusqu'ici je n'ai aucun doute que cela ne soit
ainsi, parce qu'en effet je vis quatre étoiles
qui figuraient (ensemble) una mandorlay et
avaient peu (!) de mouvement. » Vespuce,
comme le prouvent ses deux lettres à Pier
Francesco de' Mediçi , ne connaît point encore
le nom de la constellation : au Ueu d'une croix
3aO SECTION DEUXIEME.
qui inclinée au leyer et au couc)ier, est droite
ou perpendiculaire^ sur Thorizon au moment
du passage par le méridien , il y voit très pro -
saïquement la forme, dbj^ riiombe ou d^une
amande^. Ces circonstances méritent quelque
' Cette position perpendiculaire au moment de la
culminatioDy tient à la très petite dijOfërence d'ascension
droite (4^ aS ^ qu'ont les étoiles a et 7 placées aux deux
extrémités de l'arbre de la Croix du Sud, dont J3 et ^
forment les bras. Dès la fin du seizième siècle (Acosta^
Jlùst, nat.jr moral de las Jndids, Sevilla, iSgo, lib. I|
cap. 5), les colons européens , habitans des tropiques ,
se servent de cette constellation australe comme d'une
espèce d'horloge. Ils oublient seulement quelquefois
que c'est une horloge qui avance de 3' S&' par jour.
J'ai rappelé ailleurs (Relat. hist, 1. 1, p. 209) l'allusion
heureuse que Bernardin de S. Pierre, auquel rien
n'échap|)e de ce qui peut caractériser la localité ou la
nature d'un site^ a faite de la mesure du temps par la
position de la Croix du Sud dans l'admirable ouvrage
de Paul et Virginie.
* Ce mot de mandorla a en effet en italien deux
significations. Aussi obtient-on deux figures distinctes,
le rhombe et un ovale alongé à une de ses extrémités,
selon que l'on tire les lignes droites de 7 à j3, de j3 à a,
de a à ^, et de (? à 7, ou que l'on projette une courbe qui
part de a, traverse j3, 7, S et revient vers la pointe
inférieure a. Il me parait plus probable que Vespuce a
pris mandorla pour losange on figura di rombo.
1
SBCrnON OEUXiBMB. 321
explication. Le grand nom du Dante,. 1^
doutes que ses commentateurs les plus célè*
bres ont &it naître et Tintérét qui se rattache
au déreloppement de Vastroffnosiè du ciel
austral répandue progressivement parmi les
peuples de Poccident, justifieront les éckir-
cissemens dans lesquels je dois entrer. Malgré
le joui* que M« Ideler, dans son ouvrage clas-
sique : Jffiecherches sur P origine des noms des
étoiles^ et ^lus récemment MM. Reinaud , Ar?
taud et Tastronome Cesaris, ont répandu sur
cette matière , il reste encore à discuter le de*
gré de probabilité dont sont susceptibles les
résultats auxquels on s^arréte.
Les quatre étoiles qui forment la Croix- du
Sud étaient , au siècle de Ptolémée , visibles
dans la partie la plus méridionale de la Mé-
diterranée. Du temps de cet astronome, a
(le pied de la Croix) atteignait à Alexandrie ,
lors de son passage par le méridien , une hau-
teur^e 6^ 54'; aujourd'hui cet astre ^ à cause
de Teffet de. la précession des équinoxes , y
reste plus de 3* sous ITiorizon*. Dans le çata-
' IdeleR) Untersuchungén àher der Ursprung und die
Bedeutung der Slernnamen, 1809, p. 277.
IV. 21
3m SBCTIOII I>£UXIB1IB«
logue de Ptolëmée, les beUtes étoiles <x e4 j& de
h Croix du Sud appartienBcnt à la comtejlatioa
du Centaure. £Iles sont placées , selon Texr
pression de Plolémée , dans le sabot du pied
gauche et dans la cheville du pied drcù^.
Alors, lôo aMS avant notre ère et plus encore,
du l^nps d*£udoxe , on découvrait en allant
vers le sud-, d^abord a du Centaure, et plus
tard Canopus : aiqourd^hui on. voit pipgreasi-
vement Canopus , a du Centaure , fci Croix du
Sud et les Nuages de MageUan. Dans un même
lijBu Paspect du ciel change partiellement par
la suite des siècles : entre les parallèles de
■
' D'après Delambre {Hist, de Gastronomie aneienne,
t. Il; p. aSi) ce sont les n^' 34 et 3a de la tnuductioii de
l'abbé de Montigoot {Éfai des étoiles fixes ^ par Claude
PtoUmécy Straab. 1787, p. i49)> en suivant Tanalogic
du texte grec, mais non l'application qu'en Êdt le tra-*
ducteur à la constellation de la Croix. CompareE aussi
V A Images te, édïi, de Halma, t. II, p. 80. M. Id^r
suppose <pie la constellation désignée sous le nom de
twéne de César j dans le curieux passage de PHne Qîh, II,
c. 70) : « Nec Canopum Italia (ceniit) et quem yocant
Bérénices crinem (!), item quem sub Divo Augusto
cognominavere Cœsaris thronorij insignes ibi stellas, »
est aussi notre Croix du Sud. A la cour des Ptolémées
(Ideler, p. 260 et 295), la flatterie des astronomes avait
déjà changé le nom de Canopus en Ptolemaon.
SBGTIOlf DEUXlilfE. 32$
Rbodes et d^Afexandne ces diangemens phy-
sionciiiiiqiies du ciel sont devenus d^autant
plus frappans, qu^ affectaient la déclinaison,
et par conséquent Tapparition des plus re^^
plendissantes éloiles austcales au-dessus de
lliorizoDo Du temps de S. Athanase et de
S« Basile 9 au quatrième siècle, les chrétiens
de la Thébaïde voyaient encore la Croix du
3ud à 16° de hauteur. Nous ij^orons à quelle
époque la figure dWe croix a été signalée
pour la première fois dans la partie inférieure
du Centaine de la sphère grecque ; il est pro-
bable que la déncmûnation est due à des navi-
gateurs chrétiens soit dans la partie septen^
trionale de la Mer Rouge , soit sur les côtes
occidentales de TAfinque, où les Catalans, sous
Jayme Ferrer, étaient dqa arrivés en i346
jttsquWBk>âel Oé*o par les aS"" 4^' de latitMde
nord. Kaxvnni et dWtres astronomes arabes
connaissaient aussi des croix dans la constel-
lation du !Dragon et du Dauphin ^. On ne
peut douter que le Dante, dont Férudition
ég^Jait le géi^ie poéd^âe, a pu avoir notion
des cfuatve étoilesde la Ooîx du Sud, soit par
^ ËtSalib. (Il>t^M,p. 35, iioet4«9)
324 SECTION DEUXIEME.
les Toyageurs pisans ou ^^nitiens qui visitaioit
PÉgypte, FArabie et la Perse, soit par des
globes de construction arabe semblaUes à
ceux de Dresde et de la collection du cardinal
Borgia à Veletri ' . Si donc les quatro sielle
du Dante sont celles de la Croix, ce que la
plupart des commentateurs * admettent, on
' Ce globe céleste, qui a passé de Veletri à Rome> a
été dressé dans la Haute-Egypte par les a8® de latitude
(^Ptirgat, trad. par, Artaud, i83o, p. 167)^ Tan 612 de
l'hégire, pour Tusage du sultan d'Egypte, Malek-
Kamel, fils du célèbre Malek-*Adel. (^Globus cufico
arahicus F'eHterni Musei Borg. a Simone Assemamo
Ulmtr* 1790.) Le Dante a pu avoir ce globe en main,
cbmme il a pu avoir vu, selon l'observation de M. Rei-
naud, la tente que le même sultan d'Egypte envoya,
en ii3i, à Fempereur Frédéric II, et dont la partie
supérieure mise en mouvement par un clepsydre,
comme nos toits toumans d'observatdh^ , offrait la
ooofiguratioD des constellations. Cette recherche de
luxe indique une civilisation singulièrement avancée.
Le globe céleste arabe de Dresde a été décrit par Beigel.
(BoDE, Jahrb» i8o8, p. 97.)
* Lettre écrite à Cochin dans llnde, le 6 janvier
i5i5 (Ramusio, 1. 1, p. 177). Cqrsali raconte ce qu'ils a
vu par les 37** sud, en naviguant de Lisbonne au Cap
de Bonne-Espérance : « Au-dessus de deux nuages
{nugoletfe) qui circulent autour du pôle antarctique,
SECTION DEUXIÈMB. 3â5
n^a pas besoin d^attiîbuer au poète un esprii
prophétique comme le âdsait au commen*
cément du seizième siècle le voyageur floren*
tin Andréa Corsali.
Pour bien juger de Fas^^i^gP^^sie du Dante,
il faut considérer à la fois plusieurspass^ges des
chants I, VIII, XXIX et XXXI du Purgatoire,
qui ont d^întimes rapports entre eux. Aux
quatre étoiles non viste mai fiAor cK alla
prùtia gente\ se trouvent diamétralement op-
posés, et ce fidt est très important, />t>iJ flam-
beaux , /ocelle ^ a ' dont la lumière semble
embrasser toute la région du pôle austral ' • »
parait, à 3o® de distance du pôle, une croix merveil-
leuse (croee maravigliosd) au milieu de cinq étoiles qui
l'entourent (peut-être «, p, e, 7 et <^ du Centaure),
comme le chariot entoure notre étoile polaire. Cette
croix est si belle qu*on n'ose la comparer à aucun autre
signe céleste. & je ne me trompe pas, c'est de ce crusero
qu'a parlé le Dante, con spirito profaHco^ dans le com-
mencement du Purgatono, quand il dit : m lo mi
volsi. »
' Dans Purg. VIII, 85-93 :
Gli ochi miei ghiotti andavan pui*e al cielo,
Piu* là dove le stelle son piu tarde
Si oome ruota più presse allô stelo.
El duc9 mio : Bgliuol, che lassù guarde?
3a6 SEGliOlf DRUXIBlIfi.
Ces demièrw brillent au firmament lorsqu»
les ipreimères sont couchées. Parmi lies. cons«*
tdlàtions que Pantiqinté nous a tnuumîses \ et
parmi ceUes que les astronomes modernes, y
ont sautées, il y mi a qui, par leur isolement,
par un certain agroupement symétrique, ou
par UB rapprochempit d^étoiles de prraûère,
seconde et trdisième grandeur, s^indiv^Uukr
4ùent pour ainsi dm, et forment un tout,
même aux yeux des hommes qui ao»t lespkis
inattèntiâ à ce que Ton pourrait appeler la
composition au paysage au firmament. Telles
sont la Grande.Ourse, Gissiopée, la Couronne
ou le Scorpion. En faisant, dans les forêts de
rOrénoque, à la vue même de la Toute étoilée,
interroger par mes interprètes quelques In-
diens à demi-sauvages, j^ai constamment trou-
Té qu^iis isolaient ces mêmes groupes d^étoiles
et les désignaient dans leur langue par un nom
particidier. DVutres constellations de notre
sphère, et c^est le plus grand nombre, sont des,
£d io a lui : a quelle tre iu^elle
Di che' 1 polo di ^à tutlô quanto arde.
Ëd egli a ne : le qmattro chiare «telle
Che vedevi tUaian, ton di là beêse
£ questB 8on talite oV eran quelle.
SBCnOIf »EVXlàMB. 3S7
groupes formés artificiellemmit^ et que Fobsw^
Tateur exercé a quelquefois de la penae à se
rejnésetiteren entier en contemplûiit le firmàr
ment. Or, dans la partie du diA austral que
voit le Dante au sommet de la mcmtagne du
Purgatoire, aux antipodes de Jàiisalem, il n^
a pas quatre étoiles qui forment un grOi^
plus naturel que cdUes de la Croix du sud»
Cest ce motif qui « guidé Vespuce, Corsali et
les commentateurs, en comparant la CrctLt
aux quatre étoiles du Dante; ittais un nâsoi^-
nement analogue ne peut s^appliquer a au^
trois âàmbeiaix )> qui briUent quand les quar
tre autres sont couchés. Diaprés la su|>positimi
de Pastrcmome de Milan , raU>é de CesariS|
insérée dans le Commentaire de Portireili^ les
trois /melle sont les trois belles étoiles du
NaTire^ de PEridan et du Poisscni austral : oe
sont Canopus , Adiemar et Fomahaut. De ces
trois étoiles, celle du milieu est séparée des
deux extrêmes de 72** {et de 4'f>**f* Cependant
si Ton se rappelle qu^Acli^mar passe au ma:*!*-
dien supérieur quand la Croix n^est éloignée
que de 18'' du méridien inH&rieur (le Dante dit :
4t Les quatre étoiles que tu as vues ce matin
sont à présent là«-ba$ d^où sont sorties ce^
3a8 SBCTlOlf DEUXIÈME.
trois M ), lorsqu^on considère que sur les glo*-
be$ arabes que peut avoir tus le Dante, tout
Te^ce entre le pôle austral et les trois belles
étoiles de Canopus, Achemar et Fomaliaut,
reste vide, Fexplication de Pastronome de
Milan acquiert beaucoup de Traisemblance* H
ne faut pas être trop difficile sur le <c cours
ralenti des astres , comparés à ces parties de
la roue qui sont le plus près dis Pessieu. i»
Fomahaut et Canopus n^ont, il est vrai, que
30"* 29' et 5i2** 36' dé déclinaison .australe; .
mais on ne cherchera pas une précision de
détail dans un morceau de poésie où domine ,
quant à la description de localité , Tidée de la
{»*oxinnté du pôle antarctique et de Taxe du
monde.
Le mysticisme philosophique et religieux
qui pénètre et vivifie Pimmense composition
du Dante, assigne à tous les objets j à côté de
leur eldstence réelle ou matérielle, une exis-
tence idéale. C\est comme deux mondes,
dont Pun est le reflet de Pautre. Le groupe
des quatre étoiles représente, dans Pordre
moral , tes vertus cardinales , la prudenee, la
justice, la force et la tempérance; elles mé-
ritent pour cela le nom de <c saintes lumières, 1^
SECTION DEUXIÈME. SfiQ
luci sàhti ' . Lés trois étoiles « qui éclairent le
pôle n représentent les vertus théologales, la
foi, Fespérance et la charité. Les premiers de
ces êtres nous révèlent eux-mêmes leur dou-
ble nature '; ils chantent : « Ici ;notis sommes
* Parg. Ij 38. Un vieillard véaérable (Cafbn d'U-
dque) 8*approdbe. Il porte une Icnague barbé à moitié
blanchie, ses cheveux tombent par flocons sur sa
poitnne :
Li raggi délie quattro luci santé *
Fregiavan si la sua Êiccia di lume
Gh' io '1 vedea, corne' 1 sol fosse davante.
• Purg. XXXI, io6. Tel est le chant des quattro
Mie:
Noi sem qui Ninfe, e nel ciel semo stelle
Pria que Béatrice discendesse al mondo.
Fummo ordinate a lei pef sue ancelle.
Près des roues du char traîné par le griffon, on voit
danser les groupes des trois et des quatre. « Tre donne
in giro dalla destra rùota, venien dansando. » (JPurg,
XXIX, lai.) • Dalla sinbtra quattro facean festa in
porpora vestite. » {Pur g. XXIX, i3o.) 11 j a plus
encore : Dans la Terre de h vérité, le Paradis terrestre,
sept nymphes sont réunies. • In cerchio le Ëicevan dise
daustro le sette Ninle. » {Purg, XXXII, 97.) C'est la
réunioti des vertus cardinales et théologales. Sous ces
formes mystiques, les objets réels du firmament, éloi-
gnés les uns des autres, d'après les lois étemelles de la
336 SBCTION DEUXIÈME.
des nymphes; dans le ciel nous sommes des
étoiles; )» . •
Un traducteur récent .du Dante, dont les
opmiolis sont d W grand poids, se trouve
tenté de reléguer ce que je crois appartenir au
monde réel, les quatre steUe^ dans le seul
domaine de Timagination. M. Stireckfiiss ' ne
nie pas que le Dante ait pu avoir connaissanoe
de la Croix du Sud ou d^autres ' étoiles voi-
sines du p61é austral, mais il met en doute
que le poète ait voulu désigner des étoiles
réelles vues par des voyageurs ou des peuples
méridionaux^ Dans la précision de son langar
ge, le Dante, selon M. Streckfiiss, n^aurait pas
nommé les quatre étoiles c( non vîstè mai
fuor de la prima gente. » «Pose opposer à ce
raisonnement, que, diaprés les idées de cosmo-
graphie systématique que la Dwina Comedia
a empruntées ' aux Pères de PÉglise, lliémis^
Mécaniquê céleste^ se reconiiaiMait k peine. Le monde
idéal est une libre création de Tamey de l'inspiration
poétique.
* Die goUUche Kùm6die des Dan*» AUghierij t6349
p. i79etadS.
* /n/ÏCTTio, XXVI, la;.
^ L/tk du Purgatoire n'est par conséquent pas l'Ile
SXCTION DEUXIEME. 33 i
• m
pfaère inférieur du ^be est tout aquatique.
Conuiie par kchute du premier homme , Tdot
montagneux du Paradia qiii s^élère au milieu
de Fimmensité de TOcéan^ a perdu ses pre-
iniers et seuls liabitans, « la prima gente, »
Adam, et Ere, cet hémisphère est resté entiè--
rement dépeuplé \ (Test « un mondo sensa
gente. » Cette circonstance ne justifie-t-elle
pas les parcJeiB du Dante, qui sans doute ne
reut pas parier de navigateurs yenus acciden-^
tellement de la partie du globe dont Jérusalem
est le centre, mais de la partie qui est déswte
dqiuis qu^Adam et Eve ont été chassés du
Paradis ?
On pourrait croire aussi que Ve^uce, en
se flattant dWoir vu près du pâle austral lés
quatre célèbres étoiles du Dante, ait pris poiur
telles quatre autres grandes étoiles éparseç,
très éloignées les unes d^ autres, et non la
Croix du Sud ; sans douté il ne connaissait pas
Antilîa, comme Fa pensé M. Ginguené. La connais-
sance de TAntUia ne date que de la première moitié
du quinzième siècle, et le poème du Dante est com-
posé entre 1298 et t3i5.
1 Jnfiernûj XXVI, 117.
332 SBCTIOK DEUXIÈME.
plus que le poète cette dénomination =; mais
la comparaison quHl fait de la figure des qua-
tre étoiles, à une niandorla^ prouve qu^il a tu
xm groupe j et un groupe isolé ^ la Gx>ixméme.
Nous ayons déjà dit plus haut que la . même
analogie avec les vers du Dante s^est présœ-
tée, seize ans plus tard, au compatriote de
Vespuce, à Corsali. A mesure qu^au commeir-
cernent du seizième siècle, les navigations des
Portugais, des Espagnols et des Italiens^
deyinrent plus firéquentes autour dû Cap^ de
Bonne^Espérance et dans la Mer du. Sud, la
célébrité de la beauté du ciel austral devait
grandir de jour en jour. On trouve souvent la
Croix du sud mentionnée dans les journaux
de route} par exemple, dans Pigafetta % le
■ Si le Dante avait entendu prononcer le nom de
Croixj le sens allégorique des quaitro stelîe aurait été
nécessairement changé,* et ce changement aurait été
suivi de graves altét'atlons dans quelques parties du
poème.
% Rahusio, t. \y p. 355. Pigafetta Ci5ao) vit una
croce di 5 s telle chiarissime diritto per ponente. Les cinq
étoiles étaient, selon lui, également espacées. Il compte
sans doute c Crue, (entre « et ^ ) pour la cinquième
étoile.
SECTION DEUXIÈME. 333
COQipagnpn de Magellan, et dans les notices
qu^un pilote portugais ' donnait à Fracastoro,
sur son voyage à Tile Saint-Thomas , placée
24 minutes au nord de Féquateur. Telle était
la prédilection * que les yo jageiu:*s marquèrent
poiu* cette constellation, qu^Oyiedo^ qui passa
trente-quatre années de sa vie (i5i3-i547)
•
^ Letiera di un pilotio porloghese al conte Raimondo
deUa Torre (Ram. 1. 1| p. 1 16.) Le pilote anonyme dit:
• Nous commençâmes à voir quatre étoiles d'une sur-
prenante grandeur en forme d'une croix^ vis-à-vis du
Rio del Oro, et nous les appelâmes le Crusero^ comme
la plus belle d'elles, iV piede del Crusero. L'année n'est
pas indiquée, mais le contenu de la lettre indique qu'elle
est postérieure à la découverte de l'Amérique; je doute
que l'expression nous appelâmes (cAiâ/niamo) doive être
prise très rigoureusement comme/^r^miirrtf dénomination
de la constellation. Le pied de la croix (a) est une étoile
double, comme l'ont d^a observé les pères jésuites
Fortunaj, Nœl et Richaud (Mém. de tAcad. t. VII ,
p* S22 et 84i); en 1681 et 1687, Foitunaj croyait
même l'étoile triple.
^ L'ancien poème de Stella, publié en 1690, à Ronoue,
SQUS le titre de Columbeiilosj offire (p. i36) des vers
descriptife très remarquables sur la Crux aurcUa. Bembo
(/iùt. Venetaj lib. XII, fol. 83) est, contme de cou-
tume, plus élégant qu'exact dans la description du ciel
austral.
334 SECtlOIf k^E|j)[lÊlfB.
ea Amérique, obtint de Fempereur Qiarles V
de pouvoir ajouter aux armes de sa famiUe ,
pour les améliorer (les embellir), à ce qù^il
dit, les quatre grandes étoiles de la Q*oix du
sud, qu^il considère comme les gardes du
pôle anlarctique '. Changeant en parpouraïut
le monde, dVprès Texpression heureuse dW
poète •, de pays et d'étoiles^ le vieillard vou-
lut laisser à sa race le souvenir d^une constel-
lation à laquelle il attachait un culte rehgieux.
Nous avons vu plus haut que Christophe Co-
lomb plaça dans ses. armes di Amiral de la
TH^ Océanique le tracé des terres qu'il avait
découvertes, comme Diego de Ordas la figure
du volcan d^Orizaba quHl avait gravi avec une
hasardeuse intrépidité. Le blason accordé au
• GoifZALO OviEDO Y Valdks, Hist, ffefi. (fêlas fmiùas,
Sevîlla, i555, lib. II, c. ti, foi, 16, b. Il parle d'une
chose très notable « que ne peuvent avoir vue que ceux
qui sont aUét vers le sud jusqu'aux 22^ de latitude 9 de
ces estrellas en cruz que andan al derredor dei circulo
de las guardas del polb antartico : las quales la Cesarea
Majestad me dio , por mejoriamenio de mis armas , para
que io y mis successores las pusiessimos juntamente
con las nuestras antiguas armas de Valdes. » Ces armes
se trouvent gravées à la fin de l'ouvrage.
* Garcîlasso de la Vega.
SBCTION DEUXIl^. 335
pilote Sébastien del Cano ' lorsqu^il tamçtia
un des vaisseaux de Magellan, montrait le
globe terrestre avec la jnagnifique inscription :
Primus circumdedisti me. Quel siècle que
•
^ GoHAftA^ p. 56. (Voyez aussi tome I, p. 299.)
QuiO; ou comme il est plus souvent nommé dans les
documens conservés dans les archives d'Espagne, Juaa
Sébastian de Elcano (Nav. t. IV, p. LXVII, 17 et 3So),
en ramenant le Nao Victoria de Tidore à San Lucar de
Barrameda(2i décembre 1 5a 1 -4 septembre i52a), eut
la gloire de la premièi^e circumnavigation du globe,
dont Strabon (iib. I, p. 11, Alm.) avait entrevu la
possibilité. Au départ de Magellan., le 10 août i5i9,
la Victoria.- avait été commandée par le capitaine Louis
deMendoza, et non par Magellan, qui arborait le pa-
villon d'amiral sur le vaiaseau /i» Trinidad' A cette
époque, Cano n'était que simple conti*e-maitre du navire
la Conception» Il né parait nialheureiisement que trop
certain que ce marin, devenu si célèbre, avait trempé
dans la conjuration de Gaspar de Quesada, qui éclata
contre Magellan, d^ns la baie de St-Julien, en avril
i5ao. Les documens qui viennent d'être publiés (été
1S37) à Madrid, P^ ^^ soins inâitigables de M. Navar-
rete (t. IV, p. LXXXVIl et 19a), jettent beaucoup de
jour sur cette participation. Cano, coihblédes ^veurs
de Charles V, qui lui donna audience à Valladolid, eut
part aux succès de l'importante expédition du comman-
deur Garcia Jofire de Loaysa, auquel est indubitable-
ment due la première découverte du Cap ^e Hom.
336 SBCTION DEUXIÈME.
celui oùlliistoire contemporaine pouvait oflGrir
de telles images à Forgueil des races, perpé-
tuer par dHngénieux emblèmes le souvenir de
cet esprit chevaleresque qui, en frayant de
nouvelles routes et en agrandissant la sphère
des idées, a accéléré puissamment les pro-
grès de Fintelligence et de la civilisation
humaine!
FIN DU QUATRIEME VOLUME.
1
HISTOIRE
DE LA GÉOGRAPHIE
DU NOUVEAU CONTINENT.
V.
A. PIHAN DE LA FOREST ,
fmamBOB 01 la ooor db oassatiok ,
Ruo des Nojers ^ n^ Zj.