%
y-^
'/^ ^
Ak,
w
4 rl'-§fe.
V
v^
./
rï^#
.V
r
^=*T^
-V
w^.
/^ l^-
J^l
0
li.
^-
-^
\(
àj,.'
jf
; LH
; O
; i-=l
! m
'. un
i D
; '-'
I •-=>
i CD
: m
É □
Expédition Antarctique Française
(1903-1905)
COMMANDÉE PAÏt LE
W^ Jean CHARCOT
CARTE DES REGIONS PARCOURUES ET RELEVEES
PAR L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE
Membres de l'Ètat-Major :
Jean Charcot — A. Matha — J. Rey — P. Plknkau — J. Turqijet — E. Gourdon
OUVRAGE PUBUE SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
sous I-A DIRECTION DE
L. JOUBÏN. Professeur au Muséum d'Histoire Naturelle
^hc , ^
EXPEDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1903-1905)
COMMANDEE PAR LE
D-^ Jean CHARCOT
SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
Steliérides, Ophiures
et Échinides
PAR
R. KŒHLER
Professeur à l'Université de I.yon
ÉCHINODERMES
Holot h u r ies
C. VANEY
Makre de Conférences de Zoologie
à 1 UnÎTcrsiié de Lyon
PARIS
MASSON ET C% ÉDITEURS
120, Boulevard Saint-Germain, 120
Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays,
Jlf^de in Fr?.r,c.e
LISTE DES COLLABORATEURS
Les mémoires précédés d'un astérisque ont paru.
MM . TfioUESSART Mammifères.
MÉNÉGAi'x Olseau.x.
* Vaillant Poissons.
- Sluiter Tuniciers.
* Vayssière Nudibranc/ies.
* JoiiBiN Céphalopodes.
« Lamy Gastropodes et Pélécypodes.
* Thielk A mphineures.
Cari Collemboles.
RouBAUD Diptères.
Tbouessart Acariens.
Bouvier Pycnogonides.
* CouriÈRE Crustacés Schisopodes et Décapodes.
m'"- * Ric.HARDSON Isopodes.
MM. * Chevreux Ampliipodes.
* QuiDOR Copépodes.
NoBiLi Ostracodes.
CEhlert Brachiopodes.
Calvet Bryozoaires.
Gravier Polychètes.
liÉRUBEL Géphyriens.
JÀGERSK1ÔLD Nématodes libres.
Railliet Nématodes parasites.
Blanchard Cestodes.
Q\ni^f^-i Trématodes .
JouBiN Némertiens.
Hallez Planaires .
Kd. Perriep, Crinotdes.
* KûEHLER Stellérides, Ophiures et Echinides.
« Vaney Holothuries .
Roule Alcyonaires.
Bedot Siphonophores .
* Billard Hydroïdes.
TopsENT Spongiaires .
Turquet Phanérogames.
Cardot Mousses.
Hariot Algues.
Petit Diatomées .
GoiJRDON Géologie., Minéralogie., Glaciologie.
ÉCHINODERMES
(STÉLLÉRIDES, OPHIURES ET ÉCHINIDES)
Par R. KŒHLER
PBOFESSEtIR A l'uNIVEIISITÉ UE LYON
M. le professeur Joubin a bien voulu me confier l'étude des Stellé-
rides, Ophiures et Échinides recueillis dans l'Océan Antarctique par
l'Expédition du D' Charcot. La collection qui m'a été remise n'est pas
très considérable, mais elle renferme des formes ayant un très grand
intérêt, notamment parmi les Astéries qui m'ont offert non seulement
plusieurs espèces nouvelles, mais encore un genre nouveau et même
une famille nouvelle. Les Ophiures, assez pauvrement représentées, ont
fourni une espèce nouvelle. Quant aux Echinides. ils appartiennent à
trois espèces déjà connues.
Voici l'énumération des espèces recueillies :
STELLÉRIDES
Archastéridées : Ilipaster Chnrcoti nov. gen., nov. sp.
OdontnsU'i' validas nov. sp.
Odontaster lenuis nov. sp.
Gymnastéridées : Porania antarctica Smith.
Stichastéridées : Gi'anaster biseriatiis nov. sp.
AsTÉHiADÉKS : Anasterias tenera nov. sp.
Diplaaterins Turqueti nov. sp.
Diplasterias papillosa nov. sp.
BnisiNGiDÉES : Labidiaster radiosus Lùtken.
Cryastéridées nov. fum. : Crijaster antarclirus nov. gen., nov. sp
Expédition Charcot. — Kcbhleh. — Kchinodermes. »
15987
ÈGHINODERMES.
OPHIURES
Ophioglypha innoxia nov. sp
Ophionotus Victoria} Bell.
ÉCHINIDES
Arbacia Diifresnii (Blainville).
Echinas magellanicus Philippi.
Echinas margarilaceus Lamarck.
La seule inspection de cette liste montre que la faune échinologique
observée par l'Expédition Gharcot est notablement différente de celle
qu'avaient rencontrée d'autres explorations antarctiques, celles de la
« Belgica » et de la « Southern Cross », par exemple.
Parmi les Astéries, deux formes seulement appartiennent à des espèces
déjà connues et d'ailleurs abondamment répandues vers la pointe méri-
dionale de l'Amérique du Sud: ce sont les Porania antarctica et Lahidias-
ter radiosus. Les huit autres sont nouvelles et appartiennent pour la
plupart à des genres bien représentés dans les mers australes : Odontas-
ter, Giwtasler, Anaslerias eiDiplasterias. J'ai du créer un genre nouveau
pour une Archastéridée caractérisée par la minceur des plaques mar-
ginales. Enfin une dernière forme, remarquable par l'absence complète
de squelette dorsal, ne peut rentrer dans aucune famille connue de
Cryptozonia et doit faire le type d'une famille nouvelle, celle des
Cryastèrklèes.
Les Ophiures renferment une Ophioglypha nouvelle et plusieurs
exemplaires cVOphionotus Vicloriœ, espèce découverte tout récem-
ment dans les mers australes par la « Southern Cross ».
Les trois Échinides que j'ai signalés plus haut ont déjà été rencontrés
plus ou moins frét|uemment sur les côtes de la Patagonie et dans les
parages du cap Ilorn. VEch/nus rnargaritaceus est représenté par de
nombreux échantillons que j'ai été très heureux d'étudier, afin de
pouvoir compléter la description et rectifier la synonymie de cette
espèce.
ÉCHINODERMES. 3
La composition de la faune échinologique antarctique observée par
l'Expédition Charcot est complètement différente de celle qu(\ l'on
observe dans les mers arctiques, et son étude viendrait encore, si cela
était nécessaire, apporter un nouvel argument contre la théorie de la
bipolarité des faunes arctique et antarctique. J'ai examiné cette ques-
tion dans un autre travail (1), et plus les observations se multiplient, plus
les différences se montrent nombreuses et accentuées entre les faunes
des régions arctique et antarctique de notre globe. Il me paraît complè-
tement superflu d'insister sur ce point.
(I) Résultais du voyagr du » S. Y. Betgica ». Échinides et Ophiures, p. 36-38.
ECHINODERMRS.
STELLÉRIDES
ARCHASTÉRIDÉES
Ripaster nov. g-en.
Les faces dorsale et ventrale du disque et des bras sont planes et
se réunissent par des angles droits aux faces latérales, qui sont verticales.
Le disque, de moyenne grosseur, est bien séparé des bras, qui s'amin-
cissent graduellement jusqu'à leur extrémité, qui est pointue. La face
dorsale du disque et des bras est couverte de paxilles, petites et serrées.
Les plaques marginales dorsales et ventrales sont assez hautes et exces-
sivement étroites, et les plaques dorsales apparaissent à peine à la face
dorsale des bras, qu'elles limitent d'une bordure très mince : elles sont
recouvertes, comme les plaques ventrales, d'une rangée de piquants
aplatis et couchés, dont la longueur est voisine de celle de la plaque. Les
plaques ventrales sont peu nombreuses. Les piquants ambulacraires sont
disposés en une seule rangée ; les tubes ambulacraires, pointus, for-
ment une double rangée. Les dents, grandes et saillantes, sont garnies
de chaque côté d'une double rangée de piquants dont les internes sont
très courts, épais et fortement élargis à l'extrémité. L'anus est sub-
central.
Le genre Ripaster doit se placer près du genre Dytaster. Il se dis-
tingue de tous les autres genres de la famille des Archastéridées par
l'étroitesse des plaques marginales recouvertes de petits piquants
couchés.
Ripaster Charcoti nov. sp.
(PI. m, fig-. 20, 21, 31 et 32.)
Iles Wincke. Deux exemplaires.
Ile Booth-WanrJel. Trois exemplaires.
Baie Biscoe. Un très petit exemjilaire.
N" 228 (sans autre indication). Trois grands exemplaires secs.
STRLr.ftniDES. 5
Dans les oinq premiers individus, qui claieiiL conservés dans le formol, R varie entre
80 et 00 millim., r = 22 à 24 millim. ; les bras ont 24 millim. de largeur à la base.
Dans l'exemplaire de la haie Biscoe, R = uO millim. Les échanliilons desséchés portant
le n" 228 sont beaucoup plus grands : R — 150 et ;• := 30 millim.
Je décrirai l'espèce d'après un individu de l'ile Booth-Wandel, qui
est très bien conservé et que j'ai fait sécher pour le photographier : c'est
lui qui est représenté figures 20 et 21.
La face dorsale du disque et des bras est couverte de paxilles petites,
fines et très serrées, un peu plus grandes sur le disque que sur les bras
et devenant excessivement petites vers l'extrémité des bras ; les cinq ou
six rangées qui entourent l'anus sont aussi beaucoup plus petites. Dans
les grands échantillons du n° 228, les plus grandes paxilles atteignent à
peine un diamètre de 1 millimètre ; elles offrent une douzaine de gra-
nules périphériques entourant une demi-douzaine de granules centraux.
Sur le disque, les paxilles sont plutôt disposées en cercles concentriques,
tandis que sur les bras elles forment des rangées transversales qui sont
assez irrégulières; vers la base des bras, en un point où l'aire paxillaire
a 22 millimètres de large, j'en compte une quarantaine.
La plaque madréporique est petite, rapprochée du bord.
Les plaques marginales sont très hautes; dans les individus de
moyenne taille, la hauteur des plaques dorsales est un peu inférieure à
celle des ventrales et atteint 12 millimètres environ; dans les grands
exemplaires, la hauteur des plaques ventrales dépasse un peu celle
des dorsales. Ces plaques sont excessivement étroites, et, lorsqu'on les
regarde par en haut, elles sont presque exclusivement limitées aux faces
latérales des bras; les plaques marginales dorsales se montrent sous
forme d'une mince bordure ne dépassant pas 1 millimètre de large; sur
leur face latérale (fig. 32), elles offrent une rangée de cinq ou six petits
piquants aplatis et couchés, les piquants moyens un peu plus longs que
les piquants externes, mais tous plus courts que la plaque. Les plaques
marginales ventrales, qui correspondent exactement aux plaques dorsales,
offrent sur leur bord externe cinq, puis quatre piquants ;iplalis et cou-
chés : les piquants moyens sont plus longs que la plaque, les autres
égalent à peu près sa longueur ; le reste de la surface de ces plaques est
6 ÉCHINODERMES.
couvert de piquants très courts et dressés. Je compte quarante-huit
plaques marginales sur un bras de l'exemplaire que j'ai représenté figure 20.
Dans les grands échantillons du n° 228, les plaques marginales dorsales
sont comparativement plus élevées, et elles portent une dizaine de piquants,
tandis que les plaques ventrales n'offrent pas plus de cinq grands piquants
(iîg. 31) ; il y en a cinquante-quatre sur chaque bras.
Les plaques ventrales sont très peu développées et elles ne forment
qu'une seule rangée, sauf dans l'angle interbrachial où l'on reconnaît
trois ou quatre rangées; elles portent chacune une petite touffe dépiquants
très courts et dressés.
Les piquants ambulacraires sont disposés sur une seule rangée, au
nombre de cinq sur chaque plaque : ils sont grands et aplatis et forment
un petit peigne dressé, les moyens un peu plus longs que les autres; en
dehors de chaque groupe, on trouve un ou deux petits piquants isolés qui
passent aux piquants ventraux. Les tubes ambulacraires sont pointus et
très régulièrement bisériés.
Les dents sont grandes et saillantes ; par leur disposition et leur
armature, elles rappellent le PseudarcJiaster tessellatus. Elles portent
sur leur bord ambulacraire une rangée très régulière de piquants aplatis
et obtus à l'extrémité, très serrés les uns contre les autres et au nombre
de douze à quinze ; sur la face ventrale et de chaque côté de la ligne
médiane, les dents sont munies d'une rangée de piquants courts, larges,
épais et trapus, élargis à l'extrémité, qui est large et obtuse.
Odontaster validas nov. sp.
(PI. III, fig. 22 à 26.)
Ile Anvers. Trois exemplaires.
Ile BooUi-Wandel. Deux exemplaires.
Baie Biscoe. Trois exemplaires.
Baie des Flandres. Un très petit exemplaire.
Un dei-nier exemplaire sans provenance.
Dans le plus grand individu, qui provient de File Anvers, /î =50 et ?■ = 30 millini.;
dans d'autres individus, It — 40 et ;• = 20 millim. ; d'autres sont \m jieu plus petits. Dans
l'échantillon de la baie des Flandres, ^= 10 millim. seulement.
La structure générale de cet Odontaster est robuste et résistante, et tout
STELLÉRIDES. 7
l'ensemble est très rigide et indéformable. Le disque et les bras sont
très épais et hauts : dans le plus grand échantillon, le disque a une
épaisseur de 18 millimètres; cette épaisseur est encore de 17 milli-
mètres dans un échantillon dont R ^= 40 millimètres. Les bras se
confondent avec le disque par leur base, qui est très large; ils sont
triangulaires et s'amincissent assez rapidement.
La face dorsale du disque et des bras est couverte de paxilles serrées
et arrivant toutes à la même hauteur ; elles sont formées i)ar une tige
courte et épaisse (fig. 25), portant une couronne de spinules en forme de
cylindres courts et souvent légèrement élargis à l'extrémité, au nombre
de douze à quinze par paxille : il y a un(^ dizaine de spinules périphériques
et trois à quatre centrales (fig. 20) ; toutes les spinules arrivent à la même
hauteur, ce qui donne beaucoup de régularité à l'ensemble; les spinules
périphériques sont plus ou moins divergentes. Sur le disque, ces paxilles
sont disposées plus ou moins régulièrement, et, sur les bras, elles forment
des séries longitudinales et transversales. Elles deviennent plus petites
vers le boi'd du disque et vers l'extrémité des bras. Dans le plus grand
échantillon de l'ile Booth-Wandel, les paxilles mesurent l°"",o de largeur
au centre du disque. Entre ces paxilles se montrent des papules
isolées.
Les plaques marginales dorsales et ventrales sont peu développées, et
leur forme est presque carrée. Elles sont recouvertes de granules allon-
gés, qui, à la périphérie de la plaque, s'allongent encore de manière à
ressembler aux spinules des paxilles. Dans l'angle interbrachial, les
plaques marginales sont plus étroites que sur le reste du bras, et
elles ressemblent tout à fait à des paxilles qui seraient seulement
un peu plus grandes que les paxilles voisines. Les plaques margi-
nales dorsales et ventrales se correspondent exactement, et, dans
le grand échantillon de l'île Booth-Wandel, j'en compte trente-deux de
chaque côté.
Les plaques ventrales, petites cl })eu distinctes, forment des rangées
régulières obliques, et elles sont uniformément couvertes de piquants
assez courts, cylindriques, à pointe obtuse, au nombre de quatre à cinq
par plaque. Ces piquants deviennent plus courts vers le bord du disque
8 ÉCHINODERMES.
et des bras, et ils se réduisent aussi à mesure qu'on se rapproche de
l'extrémité des bras.
Les piquants ambulacraires sont disposés sur plusieurs rangées,
souvent sans ordre bien régulier. On peut cependant distinguer en
général trois rangées : les deux internes renferment chacune deux
piquants disposés obliquement par rapport au sillon ; la troisième rangée
renferme deux ou trois piquants qui passent aux piquants ventraux. Ces
piquants sont allongés, cylindriques, obtus à l'extrémité, un peu plus
forts et plus longs que les piquants de la face ventrale.
Les tubes ambulacraires sont terminés par une ventouse plissée, et ils
forment souvent sur les grands échantillons plus de deux rangées obliques.
La plaque madréporique est assez grande et peu ou pas saillante : elle
est située presque à égale distance entre le centre et les bords, un peu
plus près du centre.
Les pédiccllaires font complètement défaut.
Les dents présentent sur leur bord libre une rangée de cinq piquants
à peu près de la grandeur des piquants ambulacraires; on trouve en
outre sur leur face ventrale une série de trois piquants. L'épine dentaire,
assez forte, est terminée par une pointe aiguë.
La couleur générale est d'un brun jaunâtre foncé.
Rapports et différences. — VO. valicbis se distingue par la petitesse
des plaques marginales dorsales et ventrales, qui ressemblent plutôt à
des paxilles, par ses paxilles courtes et larges, par la structure robuste
et l'épaisseur du disque et des bras, par les bras larges à la base, par les
piquants de la face ventrale serrés et assez courts.
Odontaster tennis nov. sp.
(PI. IV, fig. 33 à 38.)
Ile Howgard. Cinq exemplaires.
Quatre cxemi»laires desséchés portant respectivement les n°' 99, 228 et 443-48.
Dans le plus grand échantillon, /î =; 58 et ?• = 25 millim. ; d'autres échantillons me-
surent respectivement : R = 50, r = 20 millim. ; 7^ = 50, ?• = 20 millim. ; J{ := 40,
r = 18 millim. ; H = 23, r = 13 millim.
STiaLÉRIDES. 0
Le disque et les bras sont nplatis et minces; la structure générale est
beaucoup moins robuste et moins solide que chez VO. va/idus, et les indi-
vidus conservés dans le formol, au lieu d'être résistants et rip;ides, sont
mous et facilement déformables.
Le disque est très grand ; les bras sont larges à la base, et ils s'amin-
cissent rapidement ; ils sont comparativement plus courts, mais plus
minces et plus effilés que chez VO. va/idus.
La face dorsale du disque et des bras est couverte de forma-
tions paxillaires plus grêles et un pou moins serrées que dans
l'espèce précédente, et les spinules qui les terminent sont plus
allongées ; chaque paxille ressemble à un court pinceau terminé
par une dizaine do soies, tantôt divergentes, tantôt réunies en fais-
ceau, et la tige, étroite, a la même longueur que les spinules
(iîg. 37 et 38). Ces paxilles sont placées sans ordre sur le disque; sur
les bras, elles se disposent régulièrement en rangées longitudinales
et transversales, et l'on remarque entre elles de nombreuses papules
isolées.
Les plaques marginales dorsales et ventrales affectent la forme de
paxilles, aussi bien dans l'angle interbrachial que sur la longueur des
bras; dans cet angle, elles sont simplement plus fortes et plus allongées
que les paxilles voisines. Les plaques ventrales correspondent aux
plaques dorsales; j'en compte environ trente-six de chaque côté dans les
grands échantillons.
Les plaques ventrales sont couvertes de piquants allongés,
cylindriques, obtus à l'extrémité, plus longs et plus développés
que chez VO. va/idus. Il est difficile de distinguer les plaques ven-
trales, (pii portent chacune trois ou quatre piquants. Vers le bord
du dis(|uo, les piquants deviennent plus serrés et en même temps
plus courts : ils forment ainsi sur chaque plaque un petit groupe
de quatre à six piquants divergents, ressemblant à une petite
paxille.
Les piquants ambulacraires sont disposés comme chez VO. validas \ ils
sont seulement un peu plus longs et plus forts. Les dents sont aussi plus
allongées que dans cette dernière espèce ; elles offrent sur leur bord une
Expédition Charcol. — Kuehleu. — Écliinodermcs. 2
10 EGHINODERMES.
bordure de sept piquants, et il y en a en outre trois ou quatre de chaque
côté de l'épine dentaire.
La plaque madréporique est très grosse et très saillante; dans les
grands échantillons, son diamètre atteint 7 millimètres.
Il n'y a pas de pédicellaires.
Les exemplaires dans le formol sont gris, sauf l'un d'eux, qui est brun ;
les individus desséchés sont bruns ou brun rougeàtre.
Rapports et différences. — VO. tcnuis est voisin de VO. validiis; il s'en
distingue par le disque et les bras aplatis, minces et peu rigides, par le
disque plus grand, par les bras plus minces et plus effilés, par les
paxilles plus allongées et plus grêles terminées par des spinules plus
minces et allongées, par les piquants de la face ventrale plus longs
et plus serrés et enfin par la plaque madréporique plus grande et
plus saillante.
GYMNASTÉRIDÉES
Porania antarctica Smilh.
Voir pour la bibliographie : Ludwig-, Résultats du voyage de « ^S". Y. Belgica »,
Seesterne, p. 22, et Leitpoldt, Asleroidea der Veltor Pisani Expédition [Zeit. f. loiss.
Zool.,Bd. LIX, p. 588).
Deux exemplaires dans lesquels les tubercules sont peu développés; l'un n'olîre
guère que des tubercules interstitiels; dans l'autre, qui est plus petit, on aper-
çoit, au contraire, l'indication de tubérosités sur les points de réunion des plaques
principales.
Perrier a montré que les caractères invoqués par Sladen pour
séparer de la P. antarctica les autres espèces antarctiques n'ont
pas l'importance que cet auteur leur attribuait, et il est d'avis de
réunir toutes ces formes en une seule espèce, à laquelle il conserve
le nom de P. antarctica. Je me range absolument à cette manière
de voir.
STKLLÉRIDES. 11
STICHASTÉRIDÉES
Granaster biseriatus nov. sp.
(PI. I, fig. 6; PI. IV, (ig-. 42.)
Six échantillons : deux provenant de l'île Howgaad et quatre de l'île Boolh-Wande-i.
Tous les individus sont de petite taille : dans les plus grands, /?= Ifi et r = 6 millim. ;
dans les plus petits, /?= 10 millim.
Perrier (1) a proposé de séparer le Stichaster nutrix Studer du genre
Stichaster, avec lequel il n'offre que de lointaines analogies, pour en faire
un genre à part auquel il propose d'appliquer le nom de Granaste7\ Ce
Stichaster [Granaster) provient, comme on sait, de la Géorgie du Sud.
L'Expédition Charcot a recueilli quelques exemplaires d'une petite Astérie
très voisine du Granaster nutrix^ dont elle a tout à fait le faciès : cependant
les bras sont comparativement plus allongés et plus grêles ; ils n'ont pas
la forme courte et ramassée qu'indique Studer, et ils sont mieux séparés
du disque.
A cette différence dans la forme extérieure, s'ajoutent deux différences
plus importantes dans la structure. Le sillon ambulacraire, qui est large
dans le Granaster nutrix, est étroit dans les exemplaires que j'ai sous les
yeux, et les tubes ambulacraires, au lieu d'être quadrisériés, sont très
nettement et très régulièrement bisériés. Enfin, sur les plus grands indi-
vidus, je distingue, à la base des bras du moins, trois piquants ambula-
craires : le piquant interne est cylindrique, un peu aplati, assez mince, et
les autres sont moins épais et moins renflés que chez le G. nutrix.
Les autres caractères sont conformes à ceux du G. nutrix.
Dans certains individus, l'estomac est plus ou moins extroversé au
dehors, mais je ne vois pas la moindre trace de pontes analogues à celles
que Studer a constatées chez le G. nutrix.
En raison des différences que je viens d'indiquer, et surtout à cause
de la disposition très régulièrement bisériée des tubes ambulacraires, il
m'a paru que les échantillons recueillis par l'Expédition Charcot devaient
constituer plus qu'une simple variété du G. nutrix, et je propose de les
en séparer sous le nom de G. biseriatus.
(1) Expédition du « Travailkur » et du « Talisman ». Stellérides, p. 129,
12 ÉCHINODERMES.
ASTERIADEES
Anasterias tenera nov. sp.
(PI. II, fig. Il à 10; PI. III, fig. 27 et 28; PI. IV, fig. 41.)
Ile Booth-Wandel, profondeur 40 mètres (drague). Deux exemplaires.
Quatre autres échantillons n'ont pas d'indications de station et portent simplement des
numéros : deux sont étiquetés 445-48, le troisième 644 et le quatrième 758.
Enfin deux échantillons secs portent le n» 758.
Dans le plus grand échantillon (n° 758), R=i20 et ?■ == 25 millim. ; les bras ont
29 millim. de largeur à la base. Dans l'un des échantillons de l'île Rooth-Wandel, 11= 105
et r = 20 millim. ; dans l'autre, 7î = 05 et r^l7 millim. Les autres individus sont moins
grands et/f = 75 et 05 millim.; l'échantillon portant le n" 044 est admirablement conservé :
c'est lui que j'ai représenté figure 11 et 12, d'après des photographies. Les individus
desséchés sont plus petits, et leur grand rayon mesure respectivement 60 et 50 millim.
Dans les échantillons non déformés, le disque et les bras sont épais et
hauts; les bras sont larges à la base, et ils s'amincissent très lentement
et progressivement jusqu'à l'extrémité, qui est large et obtuse. Les indi-
vidus sont assez facilement déformables, mais cependant les gros échan-
tillons offrent une certaine rigidité, tandis que les petits sont en général
très mous.
Tout le tégument est couvert de ces expansions cutanées auxquelles
on a donné le nom de pustules : ces expansions sont basses et assez
larges; elles sont inégales et offrent des contours irréguliers, polygo-
naux ou arrondis; les plus grandes ont une largeur de 2 à 3 millimètres.
Le tissu de ces pustules, qui renferme d'abondantes fibres conjonctives,
présente de nombreux pédicellaires croisés, que j'ai représentés
figures 15 et 16, et dont la tête a 0"°',40 à C,45 de longueur. Entre
les pustules, se montrent de petits groupes de papules peu déve-
loppées.
On rencontre parfois, sur la face dorsale des bras, des pustules offrant
en leur centre un petit piquant; mais cela est très rare, et les piquants
sont à peu près exclusivement localisés sur les parties ventrales et laté-
rales des bras.
Immédiatement en dehors de la rangée de jjiquants ambulacraires, on
remarque une double rangée de piquants s'étendant sur toute la longueur
du bras. Les piquants de la rangée externe correspondent exactement
STRLLÉRIDES. 13
à ceux de la rangée interne. Chaqu<> piquant s'élève au cenli-e d'une
pustule, et toutes ces pustules, de forme assez réfi,ulière et quadran-
yulaire, plus grosses que les autres, forment une double rangée s'éten-
dant sur toute la longueur du bras. Chacun de ces piquants corres-
pond environ à quatre picjuants ambulacraires. Ces piquants sont
ajilalis, et ils vont en s'élargissant légèrement depuis la base jusqu'à
l'extrémité, qui est tronquée; ils débordent de 2 millimètres environ
la pustule au centre de laquelle ils s'élèvent.
Sur l'échantillon que j'ai représenté figures 11 et 12, je compte de
trente-six à quarante pustules ou [)iquants dans chaque rangée. La
rangée externe se trouve à la limite de la face ventrale et de la face
latérale du bras.
A quelque distance au-dessus de la rangée externe de piquants et pas
tout à fait au milieu de la face latérale du bras, on peut remarquer une
autre série de piquants, mais plus courts et plus petits que les précédents
et faisant à peine saillie hors de la pustule qui en entoure la base. Cette
rangée est bien apparente sur l'échantillon n° 644, que j'ai représenté;
mais je n'ai pas pu la reconnaître sur certains individus, sans doute en
raison de leur mauvais état de conservation ; elle ne paraît pas s'étendre
toujours jusqu'à l'extrémité du bras.
Les pustules que j'observe chez l'A, tencra sont les mêmes que celles
qui ont été indiquées chez d'autres espèces cVAfiasterias ; elles sont
évidemment identiques à ces collerettes qu'on trouve à la base des
piquants de beaucoup (.VAsierias et qui renferment de nombreux pédicel-
laires croisés. Dans le genre Anasterias, la plupart des piquants avortent,
et la collerette reste seule, constituant ainsi une pustule.
Les piquants ambulacraires, disposés sur une seule rangée, sont
grands, assez minces, cylindriques, obtus à l'extrémité, qui est parfois
élargie et un peu aplatie sur les grands échantillons ; leur longueur est
égale à 5 millimètres. Le sillon ambulacraire est très large, et les tubes
ambulacraires sont disposés très régulièrement sur quatre rangées. Des
pédicellaires droits, assez nombreux et de taille variable, se rencontrent
à la base des piquants ambulacraires (fig. 14) ; leur longueur varie entre
1 millimètre et r'",20.
14 ÉGHINODERMES.
Je n'ai pas rencontré de pédicellaires en griffe, comme Ludwig en
a signalé chez VA. chirophora.
La plaque madréporique est petite et peu apparente sur les exem-
plaires conservés dans le formol.
Le squelette dorsal du disque et le squelette latéral des bras présentent
le caractère rudimentaire qu'on observe dans le genre Anasterias. Un
anneau irrégulièrement pentagonal limite la région centrale du disque
(fig. 13); cet anneau est formé de petites pièces calcaires, généralement
disposées sur un seul rang et s'imbriquant par leurs bords. La plaque
madréporique est comprise dans ce cercle, qui, sur un échantillon
dans lequel R =^ oO millimètres, a un diamètre de 8 millimètres.
En dedans du cercle, on remarque quelques petites plaqueî» isolées
plus ou moins nombreuses suivant les exemplaires et formant
même parfois de petites séries. La disposition de cet anneau calcaire
rappelle les A. BeUjicee et A. chirophora, étudiées par Ludwig. De
l'anneau calcaire part, dans chaque interradius, une série de petites
plaques disposées sur deux ou trois rangs, qui se dirigent sur l'angle
interbrachial et se continuent vers la face ventrale pour atteindre les
plaques ambulacraires. Ces plaques viennent se confondre avec celles qui
constituent le squelette de la face latérale des bras.
Ce squelette latéral des bras comprend d'abord une première rangée
de plaques que j'appellerai inféro-latérales (fig. 28, i. /), qui se suivent
en s'imbriquant et forment une bande continue, superposée aux plaques
ambulacraires [a) ; elles s'étendent vraisemblablement sur toute la
longueur des bras. Ces plaques sont irrégulièrement losangiques ou
ovalaircs, et chacune d'elles correspond à deux ou trois plaques ambu-
lacraires. De chaque plaque ventro-latérale part une rangée verticale
étroite de trois ou quatre plaques (/), dont l'inférieure s'imbrique sur
la plaque inféro-latérale correspondante. Ces rangées sont largement
séparées les unes des autres; seule, la dernière plaque de chaque série,
plus large que les autres (.f. /), se relie de chaque côté aux deux plaques
voisines, soit par un prolongement direct, soit par une petite plaque
indépendante, de manière à former une rangée supérieure continue.
La série inférieure de plaques supporte la double rangée de piquants
STELLÉRIDES. 15
inférieurs, et la série supérieure supporte les piquants plus petits de la
rangée latérale. Je remarque encore à la base des bras que les plaques
de la rangée supérieure se prolongent vers la face dorsale, mais je n'ai
pu distinguer exactement les contours de ces parties, qui me paraissent
former quelques petites plaques isolées.
Toutes ces pièces du squelette du disque et des bras sont fort difli-
ciles à étudier : on ne peut pas les reconnaître sur les échantillons con-
servés dans un liquide, et il faut les préparer sur des individus desséchés
en détruisant, ta l'aide de la potasse, les téguments qui les recouvrent.
Or on ne peut enlever complètement ces téguments sous peine de voir le
morceau traité se disloquer brusquement, et les tissus mous qu'il faut
laisser en place pour maintenir les plaques calcaires en masquent plus ou
moins les contours. Il est d'autant plus difficile de réussir la préparation
(|U(', les échantillons ayant été traités par le formol, les tissus sont deve-
nus plus résistants. C'est pour cette raison que je n'ai pas pu étudier
d'une manière aussi complète que je l'aurais voulu ce squelette si
délicat.
J'ajouterai encore qu'on peut observer, à la face dorsale du
disque, quelques plaques radiales dont le nombre varie suivant les
échantillons ; ces plaques sont d'ailleurs toujours fort peu dévelop-
pées. Ainsi, sur un des échantillons, je distingue dans un des radius
une petite série de trois ou quatre plaques qui partent de l'anneau
dorsal ; dans les autres radius, il n'y a qu'une seule plaque ou
même pas du tout. Enfin on trouve çà et là, sur la face dorsale des
bras, quelques petites plaques isolées portant chacune un petit pi-
quant ; ces plaques, irrégulièrement disposées, sont toujours très peu
nombreuses.
La couleur des échantillons conservés dans le formol est blanche, sauf
chez les deux exemplaires de l'île Booth-Wandel, qui sont brunâtres.
Rappohts et différences. — L'A. tenera est voisine des A. chirophora
et Belgicse^ dont elle diffère par la constitution du squelette du disque
et des bras ; elle s'éloigne aussi de l'A. chirophora par l'absence de
pédicellaires en griffe.
16 ÉGHINODERMES.
\J Anastcrias teneraesi^ comme d'autres espèces du genre, une Astérie
incubatrice, et l'un des échantillons de l'île lîooth-Wandel, le plus petit, est
en gestation. Les jeunes sont rassemblés sous la face ventrale du disque
de leur mère, et ils forment une masse compacte et serrée qui recouvre
cette face à peu près complètement ; la couvée masque non seulement l'ori-
fice buccal, mais encore le commencement des cinq sillons ambulacraires.
L'Astérie ne présente dans sa forme rien de particulier, et elle n'offre pas
l'attitude que l'on observe souvent chez les espèces incubatrices ; la face
dorsale n'est pas plus bombée que chez les autres exemplaires, qui ne
sont pas en gestation, et les bras sont presque plans. Les jeunes ont un
diamètre de 5 millimètres ; ils sont tous au même stade et dans la même
position par rapport à la mère, leur face ventrale tournée vers la face
ventrale de cette dernière. Comme cet individu est le seul de la collec-
tion qui soit en état de gestation, je n'ai pas voulu dissocier cette cou-
vée, qu'il était intéressant de conserver intacte, soit pour étudier la
structure des jeunes, soit pour rechercher leurs relations avec la mère.
Heureusement une couvée isolée, ou plutôt une portion de couvée, m'a
aussi été remise et m'a permis de faire quelques observations intéres-
santes. Cette couvée appartient très vraisemblement à l'A. tenera^ et
les jeunes offrent la même taille et les mêmes caractères que ceux qui sont
en place. Elle ressemble beaucoup à celle que Ludwig a figurée dans les
Résidkits dit voyage de la « lielgica » (Seesterne, pi. VII, fig. 69 et 70).
Les individus sont reliés par les ramifications d'un pédoncule ou cordon,
que Philippi a appelé le cordon ombUical, et qui se fixe sur chaque jeune
en un point toujours exactement interradial et au voisinage de la bouche,
qui est fermée.
Le développement d'une autre Astérie incubatrice a été étudié avec
beaucoup de soin par Perrier : c'est VAste7'ias spiraliilis, recueillie par la
mission du cap Horn. Comme les jeunes que j'ai eu en mains sont
tous au même stade, mes observations sur le développement de VA. tc-
nera sont forcément très sonnuaires ; je me contenterai de décrire le
squelette de ces jeunes individus, — squelette qui ressemble d'ailleurs
STELLÉRIDES. 17
beaucoup à celui que Perrier a décrit cliez VAsteiuas spirabi/is, — et
d'étudier les relations de ces jeunes avec le cordon ombilical.
Le squelette ambulacraire (PI. IV, fîg. 41) comprend une douzaine de
paires de plaques ambulacraires disposées très régulièrement les unes
à la suite des autres et séparées par des intervalles réguliers : ces pièces
diminuent de longueur et s'amincissent à mesure qu'on se rapproche de
l'extrémité du bras. Elles ont une forme allongée et sont épaissies vers
l'extrémité interne ou radiale. La première pièce de chaque série, un peu
plus forte et plus épaisse que la voisine, quitte l'alignement régulier de la
série et s'infléchit latéralement vers sa congénère du bras voisin pour
constituer la dent; mais ce changement de position ne fait que com-
mencer, et les deux pièces ne sont pas encore accolées l'une à l'autre
comme elles le seront plus tard. Je ne distingue pas l'odontophore. En
dehors de la série des plaques ambulacraires, on reconnaît les plaques
adambulacraires, sous forme de pièces cubiques alternant avec les ambula-
craires. Toutes ces pièces sont dépourvues de piquants, et leur tissu est
constitué par un réseau calcaire assez compact.
Le squelette dorsal comprend d'abord, au centre du disque, un certain
nombre de plaques minces, formées d'un réseau calcaire lâche et délicat,
portant chacune un piquant. On reconnaît toujours une plaque plus
grosse que les autres, placée au voisinage du centre, et un certain nombre
d'autres plaques plus petites et disposées sans ordre ; on peut bien
distinguer des plaques radiales et interradiales, mais il n'y a pas d'alter-
nance régulière entre elles. La situation et le nombre de ces plaques varie
d'ailleurs avec les échantillons. Sur la face dorsale des bras, on retrouve
des plaques analogues et pourvues d'un piquant, mais toujours disposées
sans ordre régulier.
Sur les côtés des bras, une double rangée de plaques régulièrement
alignées, mais non contiguës, représente les plaques marginales dorsales
et ventrales ; ces plaques, minces et arrondies, ressemblent aux plaques
dorsales, mais elles sont do taille plus régulière, et le piquant qu'elles
portent est plus grand. Ces piquants se disposent très régulièrement sur
les côtés des bras, parallèlement les uns aux autres. Enfin les bras
offrent à leur extrémité une plaque terminale, grande et élargie trans-
Expédition Charcot. — Koehler. — Échinoderincs. «>
18 ÉCHINODERMES.
versalement, qui porte une demi-douzaine de piquants un peu plus
grands que les piquants latéraux. Tous ces piquants sont formés d'un
réseau calcaire dont les mailles sont parallèles à leur grand axe, et ils se
terminent par quelques pointes allongées et fines.
Nous devons à Perrier d'intéressants renseignements sur ce curieux
(( cordon ombilical », qui fournit des ramifications à l'extrémité des-
quelles sont appendus les jeunes et qui les rattache à la mère. Il a
reconnu que ce cordon « est simplement formé par un diverticule des
parois du corps (du jeune), dans lequel pénètre un cordon fibreux se
reliant lui-même au plancher fibreux qui supporte l'anneau ambulacraire.
Les fibres ne forment pas une masse compacte ; elfes vont se rattacher, en
divergeant, aux parois du cordon et comprennent entre elles un assez
grand nombre de corpuscules vitellins. Un épithélium épais, formé de
minces et longues cellules, constitue à lui seul la paroi du cordon. Cet
épithélium est recouvert à l'extérieur d'une cuticule ». Je puis confirmer
ces observations de Perrier ; la seule différence que je constate chez
VAiiasterias tenera est l'absence de cette cuticule signalée chez VAsterias
spirab'dis.
Je donne ici (fig. 27) un dessin représentant la coupe transversale
du cordon, dont les parois sont plus ou moins fortement plissées ; on
reconnaît cet épithélium très haut et le tissu conjonctif lâche signalés
par Perrier : en certains points, surtout dans les portions du cordon
voisines de la jeune Astérie, on remarque des lacunes plus ou moins
nombreuses. L'examen de séries de coupes, soit transversales, soit
longitudinales, m'a montré qu'il y avait une continuité parfaite de tissus
entre le cordon et la jeune Astérie ; les lacunes du cordon s'ouvrent dans
la cavité générale de l'Astérie, entre la paroi ventrale du sac stomacal
et la face ventrale du corps ; le tissu conjonctif se continue avec le tissu
conjonctif du corps, et l'épithéliuni du cordon passe à l'épithélium de la
face ventrale du corps de la jeune Astérie.
Il est évident que des relations aussi intimes ne se sont point créées
secondairement. Le cordon ombilical est donc bien une formation
fœtale, et ce sont ses relations avec la mère qui se sont établies secon-
dairement. Perrier, après avoir fait remarquer que le cordon ombilical
STELLÉniDKS. 19
s'insérait toujours au voisinage de la bouche et dans un inlerradius,
a insisté sur la ressemblance de ce cordon avec un appendice de
la Brachiolaire. « C'est donc, dit-il, par une région du corps corres-
pondant aux appendices de la Brachiolaire que nos jeunes Astei^ias
adhèrent à leur mère. » Je renvoie au mémoire de Perricr pour les
considérations qu'il tire, au point de vue phylogénétique, de cette
constatation.
Quant à la manière dont le cordon ombilical se fixe au corps de la
mère, Perrier n'apula déterminer exactement, et je n'ai pu faire aucune
observation sur ce point, n'ayant pas osé dissocier la seule couvée en
place que j'avais à ma disposition. Perrier a reconnu que le pédoncule se
relie << à une membrane provenant du corps maternel, qui a l'aspect plissé
de la membrane stomacale de VAsterias adulte » . Cette membrane ferait
ainsi hernie à l'extérieur. Il est donc vraisemblable que c'est par l'inter-
médiaire du sac stomacal que les jeunes Astéries sont mises en commu-
nication avec leur mère; mais la question ne pourra être résolue défini-
tivement qu'à la condition de pouvoir étudier quelques exemplaires
d'Astéries en état de gestation.
Diplasterias Turqueti nov. sp.
(PI. II, fig. 17 ; PI. IV, fig. 39.)
Ile Booth-Wandel. Six exemplaires.
Dans le plus grand individu, R = 100, r := 20 millim. ; les bras ont 21 millim. de lar-
geur à la base ; dans un autre individu, /J = 83, r = 20 millim., et les bras ont 21 millim.
à la base. Les autres échantillons sont moins grands : dans le plus petit, /? = 54 et
r = 12 millim.
La face dorsale du disque et des bras est couverte de pustules entre
lesquelles se trouvent des papules isolées ou réunies par petits groupes,
de telle sorte que l'apparence extérieure rappelle beaucoup celle de
V Anasterias tenera. Toutefois les pustules sont moins développées,
moins épaisses, plus basses et plus irrégulières que dans cette dernière
espèce. Qu(^lques-unes d'entre elles ofi"rent, en leur milieu, un petit
piquant, mais de tels piquants sont rares, et leur nombre, toujours peu
élevé, varie avec les échantillons. Les pustules renferment quelques
20 ÉCHINODERMES.
pédicellaires croisés, à peine différents par leur taille et par leurs carac-
tères, de ceux de VAîUtsterias tcnera.
Si l'on enlève les parties molles par un traitement à la potasse, ou
simplement qu'on fasse dessécher l'Astérie, on reconnaît un squelette
formé d'ossicules disposés en réseau et rappelant celui d'autres Diplas-
terias ; mais ces ossicules sont très minces et très lâchement unis, et,
lorsqu'on les traite par la potasse, ils se dissocient avec la plus grande
facilité ; aussi leur ensemble est-il très peu rigide. Ceci explique pour-
quoi les exemplaires conservés dans le formol sont tout aussi facilement
déformablcs que les Anasterias tenera, qui sont totalement dépourvues
de squelette réticulé.
A la limite de la face ventrale et de la face latérale des bras, on observe
(PI. II, fig. 17) une double rangée de piquants qui s'étend sur toute la
longueur des bras. Les deux piquants correspondant de chaque rangée
sont très rapprochés l'un de l'autre en un petit groupe oblique. Ces
piquants sont épais, obtus à l'extrémité, ordinairement cylindriques, par-
fois un peu aplatis ; ils sont courts, leur longueur ne dépassant guère celle
des piquants ambulacraires. Chaque groupe de deux piquants est entouré
à la base d'une collerette renfermant de nombreux pédicellaires croisés
et correspond à trois piquants ambulacraires environ. Entre cette double
rangée de piquants et les piquants ambulacraires, s'étend une bande assez
étroite, dépourvue de piquants et où se trouvent d'assez grosses papules
isolées et assez régulièrement espacées (PI. IV, fig. 39) ; çà et là se mon-
trent en outre quelques pédicellaires droits, mais ils sont peu abondants.
Au-dessus de la double rangée de piquants latéro-ventraux, s'étend
une bande qui, à la base des bras, mesure 4 ou 5 millimètres de hau-
teur et qui se rétrécit à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité du
bras. Cette bande est occupée par des pap,ules petites et assez serrées.
En dehors, vient une rangée unique de piquants latéraux, identiques aux
piquants latéro-ventraux et, comme eux, entourés d'une collerette très
développée renfermant des pédicellaires ; ces piquants sont presque
exactement superposés aux piquants latéro-ventraux.
Les piquants ambulacraires sont cylindriques, obtus à l'extrémité qui
n'est pas élargie et assez développés ; les piquants externes, qui sont un
STELLÉRIDES. 21
peu plus grands que les internes, mesurent 3 millimètres de longueur.
Le sillon ambulacraire n'est pas très large, et les tubes ambulacraires,
plutôt petits, forment quatre rangées un peu irrégulières. On ne ren-
contre dans le sillon qu'un petit nombre de pédiccllaires droits, placés
à des distances variables les uns des autres ; leur taille varie également,
et les plus grands ont un peu plus de 1 millimètre de longueur environ ;
ils sont identiques à ceux de YA?iasterias tenera.
La plaque madréporique est petite, assez apparente, un peu plus
rapprochée du bord que du centre du disque.
La couleur des exemplaires dans le formol est blanche.
La Diplasterias Turqiieti est peut-être une espèce incubatrice, car
quelques individus sont fixés dans l'attitude incubatrice, le disque relevé
et la base des bras rapprochée; mais aucun d'eux n'est en gestation.
Rapports et différences. — Par ses téguments couverts de pustules et
l'absence presque complète de piquants sur la face dorsale du disque et
des bras, la D. Turqiœti s'éloigne des autres Diplasterias connues, et je
ne vois pas d'espèce dont on pourrait la rapprocher.
J'ai fait remarquer plus haut que la D. Turqueti avait le même faciès
que V Anasterias tenera ; c'est un exemple intéressant de convergence
entre deux formes ayant une constitution très différente.
Diplasterias papillosa nov. sp.
(PI. I, fig. 2 à 5 ; PI. II, fig. 18 et 19.)
Ile Moureau. Un exemplaire.
Deux autres exemplaires, sans indication de station, portent respectivement les
n" 579 et 787.
Dans le plus grand individu, qui porte le n» 579, /? =; 30 et 7' = 79 millim. ; dans celui
de l'ile Moureau, It = 30 et ?• = 7 millim. ; dans le dernier échantillon, /J= 12 et
r = 5 millim.
Le disque et les bras sont hauts et épais. Dans les deux plus petits
exemplaires, les brsa sont cylindriques, avec la face dorsale convexe ;
dans le plus grand, cette face est déprimée, mais il semble bien que,
chez l'animal vivant, les bras devaient être cylindriques. Dans ce dernier
exemplaire, les bras s'amincissent graduellement jusqu'à l'extrémité, qui
22 ÉCHINODERMES.
se termine en pointe obtuse ; dans les autres, les bras conservent
presque la même largeur jusqu'à une très petite distance de l'extrémité,
qui est plus obtuse.
Toute la surface du corps est couverte de formations papilliformes
dressées, contiguës et serrées, les unes coniques et terminées en pointe
obtuse, les autres aplaties ou prismatiques et plus ou moins déformées
par pression réciproque; leur longueur dépasse 1 millimètre. Ces forma-
tions ressemblent à des papilles qui, tout en étant assez molles, offrent
cependant une certaine élasticité. Quand on les examine au microscope,
surtout après traitement à la potasse (PL II, fig. 18), on reconnaît dans
l'axe de chacune d'elles une tige étroite et mince, formée d'un tissu cal-
caire réticulé, offrant sur les bords et vers l'extrémité quelques pointes
aiguës. La tige calcaire est complètement enveloppée par le tissu de la
papille.
Lorsque les papilles sont aplaties, on peut même distinguer l'axe
calcaire à la loupe. Il s'agit donc ici de piquants papilliformes et non pas
de simples papilles.
Entre ces piquants se montrent quelques papules rares et isolées.
Les piquants papilliformes s'étendent uniformément sur les faces
latérales et ventrales, mais sans présenter aucune disposition régulière
ni aucun alignement. Ceux qui avoisinent les piquants ambulacraires
sont un peu plus grands que les voisins, et leur disposition est plus régu-
lière. Vers la base des bras, on remarque, entre eux et la rangée externe
de piquants ambulacraires, un espace triangulaire très étroit, où le
tégument est nu et très finement plissé. Je n'ai rencontré aucun pédicel-
laire, ni sur cet espace, ni entre les piquants.
Le tégument qui porte les piquants papilliformes est mou et flexible,
assez mince et déformable ; il n'offre pas la moindre trace de squelette, et
l'on ne retrouve même pas un pentagone dorsal, comme chez les Anas-
terias. Cependant, en traitant un morceau de ce tégument par la potasse,
j'ai reconnu, à la base des piquants, de petits îlots microscopiques de
calcaire réticulé. Le squelette proprement dit est donc limité au sillon
ambulacraire.
Les piquants ambulacraires sont disposés sur deux rangées très
STELLÉRIDES. 23
régulières ; les piquants externes et les piquants internes sont de
même taille. Ces piquants sont épais, cylindriques ou légèrement
prismatiques par pression réciproque, avec l'extrémité élargie et
obtuse ; ils sont entourés d'une enveloppe molle et représentent,
eux aussi, des piquants papilliformes; mais la tige calcaire est plus
forte que sur les autres : vue au microscope, elle offre une forme
en massue, avec quelques pointes sur les bords et à l'extrémité
(fig. 19).
La plaque madréporique n'est pas distincte.
Dans le plus grand échantillon que j'ai ouvert, les organes génitaux
ne sont pas développés.
Rapports et différences. — Les exemplaires sont peut-être des jeunes
qui n'ont pas encore acquis leurs caractères définitifs. L'absence do
tout squelette dorsal sur le disque et sur les bras nécessiterait peut-
être leur classification dans un genre à part; mais il faudrait être
certain des caractères de l'adulte. J'ai donc rangé cette espèce dans
le genre Diplasterias , où elle peut se placer sans inconvénient, au
moins provisoirement, en raison de la disposition de ses piquants ambu-
lacraires.
Je crois qu'il faut aussi rapporter à la D. papillosa un échantillon
portant le n° 589, dans lequel iî = 17 et r= 5 millimètres (PI. I, fig. 5).
Les bras sont comparativement plus minces que dans les exemplaires
types: ils sont cylindriques et se rétrécissent très progressivement jus-
qu'à l'extrémité, qui est obtuse. L'aspect extérieur de cet exemplaire est
assez différent de celui des trois autres échantillons, et, au premier
abord, on croirait avoir affaire à une autre espèce. Cela tient à ce que
les piquants papilliformes ressemblent à de vrais piquants et non
à des papilles, le tissu mou qui les recouvre étant mince au lieu
d'être épais et large comme dans les autres ; mais il n'y a là qu'une
différence du plus au moins qui ne saurait justifier une séparation
spécifique.
24 ÉCHINODERiMES.
BRISINGIDÉES
Labidiaster radiosus Lutken.
Voir pour la bibliographie : Ludwig, Résultats du voyage du « ^5'. Y. Belgica », Sees-
terne, p. 58.
Un très bel exemplaire portant le n° (344.
Cet échantillon est superbe et admirablement conservé ; tous les bras
sont entiers. Le disque dépasse 50 millimètres de diamètre ; les bras, au
nombre de quarante-six, sont inégaux : les plus grands ont une longueur
de 16 centimètres.
CRYASTÉRIDÉES nov. fam.
(PI. I, f.g. 1 ; PI. II, fig. 10.)
Cryaster nov. gen.
Disque et bras très épais et hauts, couverts d'un tégument épais et
mou, absolument dépourvu de squelette et portant seulement de petits
piquants courts. Le squelette est réduit aux plaques ambulacraires et
adambulacraires : celles-ci portent des piquants disposés en trois ran-
gées. Les dents sont terminées par quelques piquants semblables aux pi-
quants ambulacraires. Les tubes ambulacraires sont disposés soit en deux,
soit en trois ou quatre séries irrégulières ; ils sont terminés par une ven-
touse large et aplatie. La plaque madréporique est très grande. Un anus.
Le genre Cryaster ne peut rentrer dans aucune famille connue de
Cryptozo7iia. On pourrait le rapprocher des Échinastéridées, mais la
réduction considérable du squelette ne permet pas de le placer dans cette
famille, et il me paraît nécessaire d'en faire le type d'une famille
nouvelle, les Cryastéridées, dont les caractères sont actuellement ceux
du genre Cryfl^to' et qui pourra se placer parmi les Cryptozonia à côté des
Échinastéridées.
Cryaster antarcticus nov. sp.
Quatre exemplaires portant le n° 758.
Deux des échantillons ont cinq bras égaux, un autre a cinq bras inégaux, et le qua-
trième a six bras égaux.
STELLERIDRS. 25
Dans l'un des exemplaires à cinq bras, H = 140 et r ^ 54 millim. ; les bras ont environ
50 millim. de larg-eur à la base, et la hauteur du disque atteint 26 millim. L'autre exem-
plaire à cinq bras a été desséché : il avait à peu près la même taille que le précédent,
mais ses dimensions se sont considérablement réduites par suite de la dessiccation et
actuellement y? = 80 et r =29 millim. , et les bras ont une largeur de 28 à 30 millim. à la base.
Dans l'exemplaire à cinq bras inégaux, trois bras sont normaux et deux sont rudimen-
taires : /f — 125 à 140 et ;' = 47 millim. La largeur des bras à la base varie entre 42 et
50 millim. L'un des bras rudimentaires a la forme d'un moignon très court, triangu-
laire, ayant environ 40 millim. de longueur sur une largeur de 50 millim. à la base;
l'autre bras est très mince : il n'a guère que 18 millim. de largeur à la base sur une lon-
gueur de 25 millim. et il ressemble à l'extrémité d'un bras normal.
Dans l'échantillon à six bras, /i = 110 et ?• = 40 millim.
Dans les échantillons à cinq bras, le disque est extrêmement épais,
comme charnu, et sa surface est plissée ; les bras sont très larges à la
base et sans ligne de démarcation bien précise avec le disque : ils s'amin-
cissent assez rapidement jusque vers le tiers de leur longueur, puis,
au delà, l'amincissement devient plus progressif; l'extrémité est obtuse,
et, vers cette extrémité, les bras mesurent 1 centimètre de large.
Dans l'exemplaire à six bras, le disque est moins épais et moins mou ;
les bras sont comparativement moins élargis à la base, et ils sont mieux
séparés du disque ; ils s'amincissent assez régulièrement depuis la base
jusqu'à l'extrémité, et, d'une manière générale, ils sont plus grêles que
dans les individus à cinq bras.
Tout l'animal est couvert d'un tégument mou et épais, qui se laisse
facilement déprimer et déformer, surtout dans les exemplaires à cinq
bras. 11 n'y a pas la moindre trace de squelette dorsal. De petits
piquants courts et obtus, assez serrés, sont implantés dans ce tégument,
et ils ne font qu'une légère saillie à la surface, environ un demi-milli-
mètre sur les exemplaires au formol ; au toucher, ils donnent la sensation
d'un velours rude. Pour bien les voir, il faut les examiner sur l'échan-
tillon desséché, dans lequel ils sont mieux dégagés des téguments et
offrent à peu près 1 millimètre de longueur. Ils sont serrés et irréguliè-
rement disséminés, tantôt isolés, tantôt formant de petits groupes de trois
à quatre ; ils deviennent un peu plus serrés vers le bord du disque et des
bras. Sur la face ventrale, ils se montrent plus régulièrement groupés par
petits paquets, et ils arrivent même à former des rangées longitudinales et
obliques assez distinctes sur l'échantillon à six bras ; chez les autres, ces
Expédilion Charcot. — K'Jf.hi.ek. — licliiiiuilcniies. 4
26 EGHINODERMES.
rangées sont moins apparentes ; cependant on distingue assez nettement
deux ou trois rangées immédiatement en dehors des piquants ambu-
lacraires. Dans ce même exemplaire à six bras, on reconnaît, en outre,
d'une manière très nette, une rangée assez régulière de piquants plus
grands que les autres et disposés en petits groupes de cinq ou six, mais
plus espacés que les autres groupes de la face ventrale. Cette rangée est
située à une distance de 7 à 8 millimètres du fond de l'arc interbra-
chial, et elle se rapproche davantage du bord à mesure qu'on s'avance
vers l'extrémité du bras. Elle est beaucoup moins nette dans les
individus à cinq bras, et, en certains points même, elle est absolument
indistincte.
Des groupes de piquants un peu plus grands que les voisins entourent
l'anus, qui est très distinct et subcentral. On remarque aussi des piquants
un peu plus forts au pourtour de la plaque madréporique. Enfin on ren-
contre assez fréquemment des groupes de deux piquants un peu plus
développés que les autres et mieux dégagés des téguments ; ces piquants
sont légèrement recourbés l'un vers l'autre, et ils représentent en
quelque sorte des pédicellaires didactylcs.
Tous ces piquants sont cylindriques, obtus à l'extrémité, qui, au
microscope, se montre garnie de très fines aspérités.
Entre les piquants, on observe des papules isolées et assez grosses.
La plaque madréporique est très grande et saillante : sa forme est
ovalaire; dans le plus grand exemplaire à cinq bras, elle mesure 14 mil-
limètres sur 12 et, dans l'individu à six bras, 10 sur 12. Elle oflre à
sa surface des sillons fins et peu profonds, irrégulièrement radiaires, et
elle est morcellée en plusieurs pièces par quelques autres sillons beau-
coup plus profonds.
11 n'y a aucune trace de plaques sur la face dorsale ni sur la face latérale
du disque et des bras, et les formations squelettiques sont limitées au
sillon ambulacraire. J'ai indiqué plus haut la rétraction considérable
qu'un individu avait subie par suite de la dessiccation : le tégument dorsal
est venu s'appliquer contre le tégument ventral, et le rétrécissement
subi par les bras montre bien qu'aucune formation calcaire n'a maintenu
les tissus en place.
OPHIURES. 27
Le sillon ambulacraire est très large, surtout dans la moitié distale.
Les tubes ambulacraires sont très gros et larges, terminés par une large
ventouse plissée ; ils forment quatre rangées irrégulières dans les
échantillons à cinq bras, tandis que dans l'individu à six bras ils sont
plus réguliers et tendent à prendre une disposition bisériée.
Les piquants ambulacraires forment trois rangées : la rangée interne
comprend un piquant très développé, d'une longueur de 4 millimètres,
aplati et élargi à l'extrémité ; la rangée moyenne n'offre le plus souvent
qu'un seul piquant, parfois deux : ces piquants sont plus petits que les
précédents et cylindriques ; enfm la rangée externe renferme habituelle-
ment deux petits piquants courts et obtus.
Les dents offrent à leur extrémité quatre ou cinq grands piquants,
généralement dressés, aplatis, avec l'extrémité obtuse ; les deux médians
sont plus grands que les autres. Ces piquants continuent directement la
rangée interne de piquants ambulacraires.
La coloration générale des exemplaires est gris foncé avec des taches
blanches; les piquants ont l'extrémité blanche.
OPHIURES
Ophioglypha innoxia nov. sp.
(PI. I, fig-. 7 et 8.)
Un seul exemplaire portant le n" 873.
Diamètre du disque, G millim. ; les bras ont environ 16 mîllim. de long-.
La face dorsale du disque offre des plaques très inégales, parmi les-
quelles on reconnaît d'abord une très grosse plaque centro-dorsale
arrondie, et, à une assez grande distance, cinq plaques radiales égale-
ment arrondies et plus petites; dans l'intervalle de ces plaques, mais
séparées d'elles par des plaques beaucoup plus petites, on distingue un
cercle intercalaire de cinq plaques interradiales plus petites que les
radiales. Dans chaque espace interradial, on remarque en outre une
autre plaque arrondie, placée en dehors de la précédente et enfin, vers
le bord du disque, une plaque élargie transversalement. Tout le reste de
28 ÉCHINODERMES.
la face dorsale du disque est couvert de plaques beaucoup plus petites,
polygonales ou arrondies, assez inégales. Les boucliers radiaux sont
petits, triangulaires, avec les angles arrondis, divergents et largement
séparés par plusieurs rangées de plaques, parmi lesquelles il s'en trouve
une plus grande que les autres ; leur longueur est égale au cinquième du
rayon du disque. Les papilles radiales sont petites, mais bien séparées,
coniques, avec la pointe émoussée.
La face ventrale est couverte de plaques assez grandes, minces et
imbriquées. Les fentes génitales, larges, offrent une bordure de courtes
papilles coniques.
Les boucliers buccaux sont grands, pcntagonaux, plus longs que
larges, avec un angle proximal assez ouvert, des bords latéraux légère-
ment excavés par le fond des fentes génitîiles et un bord distal arrondi.
Les plaques adorales sont très allongées, quatre fois plus longues que
larges, se rétrécissant d'abord dans leur tiers externe, puis s'élargissant
en dehors et séparant le bouclier buccal de la première plaque brachiale
latérale. Les plaques orales sont petites et arrondies. Les papilles buc-
cales latérales sont au nombre de trois : elles sont petites et coniques,
l'interne un peu plus grande ; la papille terminale impaire est plus forte
et conique.
Les plaques brachiales dorsales, de moyenne grosseur, sont quadran-
gulaires, avec le bord distal convexe et plus large que le côté proximal,
qui est droit ; les côtés latéraux sont divergents. Elles sont d'abord plus
larges que longues, et elles deviennent ensuite plus longues que larges;
elles sont toutes contiguës.
La première plaque brachiale ventrale est assez grande, triangulaire;
les deux suivantes sont plus grandes, avec un angle proximal aigu et un
bord distal convexe et large. Les suivantes deviennent plus petites, avec
l'angle proximal obtus et le bord distal large et convexe. Elles sont
séparées dès la première.
Les plaques latérales portent trois piquants longs, pointus et minces;
le piquant dorsal est le plus long, et, à la base des bras, sa longueur est
égale à deux articles.
Les pores tentaculaires de la première paire sont grands, et ils offrent
ÉCHINIDES. 29
cinq écailles sur chaque bord ; les suivants ont trois écailles internes
et deux écailles proximales ; les pores de la troisième paire, très petits,
n'ont qu'une seule écaille proximale et une distale; les pores suivants ne
portent plus qu'une seule écaille assez grande, conique et obtuse.
R.vppoF!TS ET DIFFÉRENCES. — VO. iwioxia appartient aux Ophiog/i/p/ia
a papilles radiales coniques et pointues et à plaques brachiales ventrales
larges et courtes : elle se distingue facilement par ses trois grands
piquants brachiaux. Elle rappelle ÏO. Sarsi des mers arctiques par ses
piquants et par la forme des boucliers buccaux, mais elle ne peut pas
être confondue avec cette espèce.
OphioDotus Victoriae J. Bell.
J. Bell, Echinodcrina, in lieport on the collections of Nalural Hisiory inudc in ihe
Antarctic Régions during the voyage of the Southern Cross, p. 21G, PI. XXVIII.
Ile Anvers. 30 mètres. Un exemplaire.
Ile Wandel. 20 mètres. Plusieurs exemplaires.
Cette Ophiure, remarquable par la fragmentation des plaques bra-
chiales latérales, a été étudiée en détail par Bell, à la description duquel
je n'ai rien à ajouter.
ECHINIDES
Arbacia Dufresnii (Blainville).
Voir pour la bibliographie : De Loriol, lYotes pour servir à l'étude des Échinodermes,
2' série, fasc. II, p. 8, PI. II, fig. 2-5.
Ile Booth-Wandel. Un exemplaire de 40 millim. de diamètre.
Cette espèce vient d'être décrite et figurée avec beaucoup de soin par
de Loriol, et je n'ai rien à ajouter à son excellente étude. J'aurais voulu
profiter de l'exemplaire que j'avais en mains pour étudier les pédicel-
laires, qui sont peu ou pas connus ; malheureusement cet échantillon
était conservé dans le formol, et ce liquide avait altéré le tissu calcaire
des valves au point de rendre leur étude impossible.
30 ÉCHINODERMES.
Echinus magellanicus Philippi.
Voir, pour la bibliographie, le travail de M. de Loriol cité ci-contre, p. 13, PI. I, fig-. 0-7.
Ushuaya (Terre-de-Feu). Trois petits exemplaires.
Dans le plus grand, le diamètre ne dépasse pas 12 millimètres.
VE. magellanicus a été étudié tout récemment par de Loriol, à la
description duquel je renvoie. Ce savant a notamment discuté la syno-
nymie de cette espèce et montré que, contrairement à l'opinion de Mor-
tensen, VE. magellanicus était une espèce parfaitement distincte et
bien différente à la fois des Echinus magaritaceus et Sterechinus a^itarc-
ticus. Les différences qui séparent l'-É". magellanicus des autres Echinus
sont assez marquées pour que Dôderlein ait pu récemment proposer
de faire de cet Echiiius le type d'un nouveau genre, qu'il appelle Notechi-
nus {Zool. Anz., 1905, p. 623).
Echinus margaritaceus Lamarck.
(PI. I, fig. 9; PL m, fig. 29 et 30 ; PI. IV, fig. 40 et 43.)
Voir pour la bibliographie :
Meissner, Ecliinoideen Hamburger Magalhaensiche Sammelreise, 1900, p. 11, qui
donne la bibliographie jusqu'en 1900.
Mortensen, Echinoidea. I. The Danish Ingolf Expédition. Gopenhagen, 1903, p. 101
et 177, pi. XIX, fig. 3, 20 et 33.
J. Bell, Echinodenna, in Report on the collections made in the Antarctic régions during
the voyage of the Southern Cross, 1903, p. 219.
De Loriol, Notes pour servir à l'étude des Échinodermes, 2' série, fasc. II, 1904, p. 17.
Ile Booth-Wandel. Nombreux exemplaires.
La plupart des échantillons ont un diamètre de 45 à 50 millim. ; quelques-uns
atteignent 55 millim. ; dans deux individus, très petits, le diamètre ne dépasse
pas 16 et 20 millimètres.
L'exemplaire original d'après lequel ont été dessinées les figures
représentées dans le Voyage autour du monde de la « Vénus » [Zon-
phytes, PI. VI, fig. 1) n'existe plus au Muséum d'histoire naturelle.
Mortensen a déjà dit qu'il l'avait recherché en vain. A ma demande,
M. le professeur Joubin a bien voulu faire de nouvelles recherches,
qui sont également restées sans résultat. La description que Lamarck a
donnée de VEch. marcjaritaceus est trop sommaire pour qu'il soit pos-
sible de reconnaître l'espèce ; les dessins du Voyage de la Vénus sont
ÉCHINIDES. 31
oii\-mêmos insuffisants. La description d'A'^assïz {Revisio?i of the Echini^
p. 193), sans être très détaillée, a fixé certains points très caractéristiques
de VE. margaritaceus : c'est cette description, appuyée d'une photogra-
phie donnée par le même auteur dans le voyage du « Ilassler » [Zool.
Residls ofthe « Hassler » Expédition^ PI. II, fig. 6 (I), qui doit servir de
point de départ pour les discussions et les comparaisons.
Agassiz attribue notamment à V E. margaritaceus les caractères sui-
vants : Il ressemble à l'^". elegam, et il a un gros périprocte ; mais
les plaques génitales sont étroites ; elles portent chacune trois petits
tubercules près du bord anal. Les plaques coronales ne sont pas hautes.
La rangée principale de tubercules interambulacraires est petite ; le
reste des plaques est couvert de tubercules secondaires portant des
piquants courts et fins, formant comme un réseau duquel s'élèvent les
piquants primaires, qui tranchent sur les autres par leur longueur ; dans
l'intervalle, tout le test est couvert de très gros pédicellaires.
Tous ces caractères s'appliquent parfaitement aux Oursins de l'expé-
dition Gharcot.
La description d'Agassiz étant un peu courte et VE. margaritaceus
ayant été, en ces derniers temps, l'objet d'interprétations erronées,
il ne me paraît pas inutile de le décrire ici à nouveau.
Le test, régulièrement arrondi, est assez haut; dans les exemplaires
de grande taille, il est comparativement un peu déprimé. Ainsi sa hauteur
est de 30 millimètres dans des individus dont le diamètre atteint oO et
55 millimètres, et elle est de 23 millimètres dans des individus mesurant
40 millimètres de diamètre. Les aires ambulacraires sont assez larges;
chaque plaque porte un tubercule primaire avec des tubercules secon-
daires et miliaires assez serrés. Les tubercules primaires restent toujours
un peu plus petits que les tubercules interambulacraires correspondants.
Dans un individu ayant 40 millimètres de diamètre, je compte dix-huit
de ces tubercules, et vingt-deux dans un exemplaire de 55 millimètres.
(1) Je ne mentionne pas ici la |iholographie publiée par Agassiz. PI. III, lig. l, el qui représente-
rait un Ech. miirgaritneem de petite taille. Il me paraît évident qu'il y a eu une en'eiu' dans l'e.x-
pliralinn des Planches et que cette photographie se rapporte, non à VEch. margaritaceus mais ù
VEch. magellanicus.
32 ÉGHINODERMES
Dans certains échantillons, ces tubercules ne se montrent que de deux
en deux plaques au-dessus de l'ambitus, tandis que chez d'autres leur
disposition est bien régulière.
Les plaques interambulacraires offrent, vers leur milieu, un tubercule
primaire unique et qui n'arrive jamais à de grandes dimensions ; le reste
de la plaque est couvert de tubercules secondaires et miliaires, qui dispa-
raissent avant d'avoir atteint le bord interambulacraire, de sorte que le
milieu des zones interambulacraires forme une bande nue, mais qui est
plus étroite que ne semble l'indiquer Agassiz. Vers l'ambitus, on voit
apparaître deux séries de tubercules qui deviennent presque aussi gros
que les tubercules primaires : l'une se trouve en dedans, l'autre en
dehors de la rangée principale. Ces deux rangées accessoires se
continuent vers le péristome, mais sans l'atteindre. Je compte dix-sept
plaques interambulacraires dans chaque série sur des exemplaires ayant
de 40 à 45 millimètres de diamètre.
Le périprocte est très grand, souvent irrégulièrement circulaire et
garni de petites plaques subégales, devenant plus petites seulement au-
tour de l'anus. La plaque centro-dorsale est absolument indistincte dans
les exemplaires de moyenne taille et même dans ceux dont le diamètre
n'est pas inférieur à 30 millimètres. On ne peut la reconnaître que dans
de petits individus comme ceux que j'ai représentés (PI. III, fig. 30 f
et g). Les plaques génitales ne sont pas très grandes : elles sont triangu-
laires et terminées par un sommet pointu. Dans les exemplaires de petite
et de moyenne taille, elles offrent vers leur bord anal une rangée de trois
tubercules principaux, ainsi que l'a indiqué Agassiz ; à ces trois tuber-
cules s'en ajoutent quelques autres beaucoup plus petits; mais, sur les
grands individus, cette disposition est moins constante, et l'on trouve le
plus souvent quatre ou cinq tubercules vers la base des plaques. Les
orifices génitaux sont assez grands. La plaque madréporique est grande
et saillante.
Les plaques ocellaires sont petites. J'ai étudié sur plusieurs exem-
plaires de différentes dimensions les dispositions relatives de ces
plaques et des plaques génitales, et voici ce que j'ai observé. Dans la
plupart des exemplaires, deux plaques ocellaires touchent au périprocte,
ÉCHINIDES. 33
et les trois autres en sont séparées par les plaques génitales. Mais, ainsi
qu'on peut s'en assurer sur les dessins que je donne de l'appareil apical
dans plusieurs individus, ce ne sont pas toujours les mêmes plaques qui
sont exclues du périprocte : en général, les deux plaques qui sont conti-
guës à la plaque madréporique sont éloignées du périprocte (PI. III,
fig. 30 />, c, e Qig, et PI. IV, fig. 40) ; cependant, dans certains exemplaires
(fig. 30 «, <^/ et /'), Tune de ces plaques touche au périprocte. Un échan-
tillon dont le diamètre n'a que 20 millimètres, comme celui que j'ai re-
présenté figure 30 /', et dans le périprocte duquel on peut encore recon-
naître la plaque centro-dorsale, présente deux plaques ocellaires conti-
guës au périprocte. Dans un individu dont le diamètre est de 16 milli-
mètres seulement (fig. 30 ^), le plus petit de la collection, une seule
plaque ocellaire touche au périprocte. Dans de très grands échantillons
dont le diamètre atteint 55 millimètres, comme ceux que j'ai représentés
figure 30 a et figure 40, il y a tantôt deux, tantôt trois plaques ocellaires
contiguës au périprocte.
Dans aucun exemplaire, les cinq plaques ocellaires ne sont contiguès
au périprocte comme cela arrive dans le Sterechinus antarcticus. De
même, je n'ai jamais vu les cinq plaques ocellaires exclues du périprocte,
ainsi que le représentent les dessins du voyage de la « Vénus », sur
lesquels le périprocte est aussi un peu trop petit. Je me demande s'il
n'y a pas eu là une erreur du graveur. Quant à la photographie publiée
par Agassiz dans le voyage du « Hassler » (PI. II, fig. 6), je ne puis pas
reconnaître avec certitude les contours de toutes les plaques ocellaires :
celles que je distingue sont exclues du périprocte.
Le péristome est de taille moyenne ; il mesure 27 millimètres dans un
individu dont le diamètre est de 53 millimètres et 11 dans un individu
de 32 millimètres. Les entailles péristomiennes sont peu profondes.
La membrane buccale (Pi. IV, fig. 43 «, c) offre un cercle de dix plaques
buccales ovalaires, portant de petits tubercules. En dedans de ce cercle,
on voit de nombreuses petites plaques fenôtrées, serrées les unes contre
les autres. En dehors de ce cercle, on reconnaît sur les échantillons de
petite et de moyenne taille, un nombre variable de plaques arrondies,
généralement rapprochées par petits groupes, dont les plus grandes sont
Expédition Charcot. — Koeuler. — Écliinodermes. «J
34 ÉCHINODERMES.
contiguës aux plaques buccales ou en sont très voisines (fig. i3 h et c).
Ces plaques externes ne sont constantes ni comme nombre, ni comme
taille, et elles paraissent se résorber chez les grands échantillons, qui
peuvent n'en offrir pour ainsi dire plus trace (fig. 43«). Si Ton examine
au microscope, et après traitement à la potasse, la partie de la membrane
buccale située en dehors du cercle des plaques buccales, on y reconnaît
un certain nombre de petites plaques fenêtrées à tissu délicat et un
nombre variable, mais toujours restreint, de corpuscules en C.
Les tubercules primaires portent de longs piquants grêles et minces,
dont la longueur dépasse 15 millimètres à l'ambitus, et qui tranchent
nettement sur les autres piquants, qui sont très courts et très petits,
assez serrés et comme enchevêtrés. Cette différence dans les dimen-
sions de ces deux sortes de piquants donne à VE. margaritaceus un
faciès particulier et caractéristique, et qui apparaît bien nettement sur la
photographie d'Agassiz (« Hassler », PI. II, fig. 6).
Les pédicellaires sont de quatre sortes. Les plus nombreux à beau-
coup près, et les plus développés, sont des pédicellaires globifères de
grande taille, qui se montrent au milieu des petits piquants qu'ils
dépassent même : ces pédicellaires frappent immédiatement le regard
par leur nombre et par leur taille. Leur tête mesure en moyenne 0"",9
de hauteur. Leurs valves présentent vers l'extrémité trois ou quatre
pointes très développées; une terminale et une ou deux sur chaque
bord (PI. III, fig. 29).
La deuxième forme de pédicellaires comprend des pédicellaires tri-
dactyles, assez rares et de petite taille (PI. I, fig. 9). Dans les plus
grands, la longueur de la tête ne dépasse pas 1 millimètre ; les valves
sont larges et contiguës sur la plus grande partie de leur longueur,
et leurs bords paraissent lisses. Il y a enfin des pédicellaires ophicé-
phales et trifoliés, dont les têtes mesurent respectivement 0'"°',36
etO""°,10 de longueur.
Je ne puis malheureusement donner aucun détail sur la structure
des valves de ces trois sortes de pédicellaires, pour la raison qui m'a déjà
empêché d'étudier ceux de YArbacia Dufresnii. Le formol, dans lequel
étaient conservés les Oursins, a attaqué le calcaire si délicat des valves
ÉCHINIÛËS. So
des pédicellaires, et on ne peut plus en reconnaître que la forme
extérieure. J'ai surtout regretté de ne pas pouvoir examiner les pédicel-
laires tridactyles. Quant aux pédicellaires globifères, les valves avaient
encore conservé leur forme, mais il m'a semblé que cela tenait à ce
qu'elles étaient soutenues par les parties molles : en détruisant ces
dernières à l'eau de Javel, on voit ces valves se recroqueviller et se
déformer.
La couleur des échantillons est tantôt brun clair ou grisâtre, tantôt
brun foncé ou pourpre. Les grands piquants sont blancs ou rosés. Le test
dépouillé de ses piquants est rosé ou rouge.
L'E. margaritaceus a donné lieu, en ces derniers temps, à des
discussions qui ont eu pour point de départ certaines vues erronées
de Mortensen sur la valeur et la synonymie de cette espèce. Dans son
mémoire sur les Échinides de V «. Ingolf », que je considère d'ailleurs
comme des plus remarquables et qui a fait faire un pas considérable
à nos connaissances sur les Échinides, cet auteur est d'avis (p. 101)
que l'Échinide recueilli par la « Belgica » dans l'Antarctique, et
dont j'avais cru devoir faire le type d'un genre nouveau, le Sterechinus
aiitarcticus, n'est autre chose que VE. margaritaceus. Dans l'appendice
qui termine ce mémoire, il revient sur cette manière de voir (p. 177),
en reconnaissant, sur l'observation que lui a faite de Loriol, que les
dessins représentant \E. margaritaceus dans le voyage de la « Vénus »
différaient complètement de ceux que j'avais publiés du Sterechinus
antarcticus . Seulement il ajoute que les Echinus magellanicus et mar-
garitaceus constituent une seule et même espèce, et que l'Oursin qu'il a
étudié dans le cours de son mémoire, sous le nom d.'E. margarita-
ceus^ est VEchinus diadema, espèce à laquelle le Sterechinus antarcticus
doit être réuni.
Cette opinion a été vivement critiquée par de Loriol à propos de
VE. magellanicus : ce savant affirme que les E. magellanicus et mar-
garitaceus sont bien deux espèces distinctes, et que le Sterechinus
anIarclicHs est, de son coté, bien différent de VE. margaritaceus
(Voir de Loriol, loc. cit., \). 17 et suiv.). C'est aussi ma manière
3f) ÉGHINODERMES.
devoir; mais, les questions soulevées par Mortensen étant assez com-
plexes, il me paraît nécessaire de les discuter à nouveau ici.
En ce qui concerne la synonymie admise par Mortensen des E. mar-
garitaceus et magellanicus, la question me paraît complètement tranchée
maintenant : ce sont deux espèces absolument distinctes. De Loriol
a insisté sur leurs caractères différentiels, et ces différences sont même
assez considérables pour que Dôderlein ait créé, tout récemment,
un genre spécial, le genre Notechinus, pour VE. magellanicus : ce genre
est caractérisé par la présence de grandes plaques vers le bord du péri-
procte, par l'absence de plaques fenêtrées sur la membrane buccale,
par deux formes de pédicellaires globifères, etc., tous caractères qui
n'appartiennent pas à VE. margaritaceus (Voir Dôderlein, Zool. Anz.^
1905, p. 623).
VE. margaritaceus (tel que le comprennent les auteurs et moi-même)
ne paraît pas devoir être maintenu dans le genre Sterechinm, où le ran-
geait Mortensen (en le confondant avec le Sterechinus antarcticus). Je
tiens, à ce propos, à revenir sur la valeur et les limites de ce genre. En
le créant, je l'ai défini par trois caractères principaux : l'étroitesse
de l'anneau formé par les plaques génitales et ocellaires, la persistance
chez l'adulte de la plaque centro-dorsale, qui se distingue des autres
plaques du périprocte par une taille beaucoup plus grande et enfin par
la hauteur des plaques coronales.
La validité de ces caractères a été contestée par Mortensen, et ce
savant a complètement modifié les limites que j'avais assignées au
genre Sterechinus afin de pouvoir y faire rentrer les Ecliinus magella-
nicus^ margaritaceus, Neumayeri Meissner et horridus Agassiz. Or j'es-
time que les particularités du genre Sterechinus, tel que je l'ai établi,
sont parfaitement suffisantes pour caractériser un genre d'Échinide. En
ce qui concerne les plaques génitales et ocellaires, j'ai dit que l'anneau
formé par elles était très étroit : c'est sur ce caractère que je me suis
appuyé plus que sur la situation même des plaques ocellaires, toutes
contiguës au périprocte. Or la critique de Mortensen s'adresse au
caractère tiré de la situation des plaques ocellaires, qui ne saurait, à ses
yeux, constituer un caractère générique, parce que cette situation
ÉGHiNiDEs. ;n
change avec l'âge. Cette opinion est peut-être un peu trop absolue,
mais je ne veux pas la discuter, car, je le répète, ce n'est pas la position
de ces plaques qui, pour moi, caractérisait le genre Sterechmus^ mais
bien Tétroitesse du cercle génital. <]ette étroitesse, comparée au diamètre
du périprocte, est telle qu'on n"observe rien d'analogue chez aucun
Echinus, et cette disposition me paraît toujours de nature à caractériser
un genre.
En ce qui concerne la persistance chez l'adulte de la plaque centro-
dorsale, Mortensen m'objecte que, cette plaque disparaissant à une
époque variable au cours de la croissance, on ne saurait fonder sur sa
présence chez l'adulte un caractère générique. Je considère cependant
que la persistance de cette plaque dans le périprocte de l'adulte, sans
constituer, bien entendu, une différence de structure fondamentale,
donne à ce périprocte une allure assez extraordinaire pour justifier une
séparation générique ; il suflit, pour s'en rendre compte, de comparer .
le périprocte du Stercchinus antarcticus adulte avec le périprocte
de n'importe quel Echinus. D'ailleurs, entendons-nous bien : il
s'agit d'animaux adultes, et les caractères génériques ne peuvent évi-
demment s'appliquer qu'aux adultes; si l'on devait exclure d'une dia-
gnose générique d'Échinide toutes les dispositions susceptibles de
se modifier avec l'âge, il serait parfois difficile d'établir ces diagnoses.
Quant au troisième caractère que j'ai invoqué, il n'a pas évidemment
une aussi grande importance que les autres; mais il peut néanmoins
être introduit dans une diagnose, étant entendu qu'il s'agit toujours
d'animaux adultes.
Le genre Stercchinus me parait beaucoup mieux défini de cette
manière que par la diagnose qu'en donne Mortensen. Si l'on compare, en
effet, cette diagnose à celle qu'il donne du genre Echinus, on voit que
deux des principaux caractères sont tirés du nombre des plaques ocel-
laires contiguës au périprocte, et de la présence ou de l'absence de
plaques sur la membrane buccale en dehors du cercle des plaques
buccales. Au sujet de la position des plaques ocellaires, je pourrais
retourner contre Mortensen son propre argument et lui objecter ce (ju'il
écrit (p. 9i), que cette position se modiliant pendant la croissance de
38 ÉCHINODERMES.
l'Oursin, ce caractère n'a pas une grande valeur. Quant aux plaques que
la membrane buccale peut porter en dehors du cercle des plaques buc-
cales, elles ne sont pas constantes et leur nombre peut se modifier avec
l'âge. Les autres caractères différentiels invoqués par Mortensen, à savoir
la différence de taille entre les piquants primaires et secondaires, et
le nombre des rangées de dents sur le bord plus ou moins épaissi
des pédicellaires tridactyles, sont évidemment d'importance secon-
daire.
Je suis donc d'avis de maintenir la diagnose que j'ai donnée du genre
Sterechinus et de renfermer ce genre dans les limites que je lui ai assi-
gnées. Dans ces conditions, l'^". margaritaceus ne peut pas y rentrer.
Nous savons, d'autre part, que VE. magellaniciis constitue un genre à
part. Quant aux Ë . Nemiuvjeri et horrklus^ que Mortensen a introduits
dans le genre Sterechiiius, ils ne me sont pas assez connus pour que je
puisse décider s'ils doivent ou non être rangés dans ce genre.
Je ne crois pas qu'il puisse maintenant subsister de doutes sur ces diffé-
rents points. Je n'ajouterai plus qu'un mot relativement à la synonymie de
VEchinus margaritaceus avec VEchinus {Sterechinusl) diadema Studer, au
sujet de laquelle il subsiste une difficulté. Dans la très courte diagnose
qu'il donne de cette espèce, Studer dit qu'elle est très voisine de VE.
margaritaceus^ et, après lui, différents auteurs ont inscrit l'^". diadema
comme synonyme de l'^". margaritaceus. Ces auteurs ont évidemment
dû comprendre VE. margaritaceus comme Agassiz l'a compris, puisque
la confusion créée par Mortensen entre cette espèce et le Sterechinus
antarcticus n'existait pas encore. D'autre part, Mortensen dit qu'après
examen du type original de Studer il a reconnu l'identité du Sterechinus
antarcticus ei An VEchinus [Sterechijius) diadema. Or, il est évident que
si r^". diadema est identique à VE. tnargaritaceus (au sens des auteurs),
il ne peut pas être identique au Sterechi?ius antatxticus. Je n'ai malheu-
reusement pas en mains de documents suffisants pour résoudre cette
question de synonymie (jui ne pourra être tranchée que par l'examen du
type de VE. diadema. Je n'ajouterai qu'une remarque. Quand j'ai décrit
le Sterechinus antarcticus^ que j'ai considéré comme nouveau, je n'étais
pas sans connaître VEchi?ius diadema, et j'avais comparé les caractères
ÉCHINIDRS. 39
de cette espèce à ceux de mon Oursin. Or, l'on voudra bien m'accordcr,
si plus tard les deux formes étaient reconnues identiques, que la descrip-
tion de Studer était insuffisante pour permettre le rapprochement de ces
deux oursins.
De cette discussion résultent les conclusions suivantes :
1° Les Ech'miis magellanicus et rnargaritaceus sont deux espèces
complètement différentes, la première devant même se ranger dans un
genre spécial ;
2° UEchmiis margaritaceus n'appartient pas au genre Sterechinus tel
que je le comprends; il peut rester classé dans le genre Echinus;
3° L'Echinus margaritaceus est complètement distinct du Sterechinus
antarcticus ;
4° La genre Sterechinus doit conserver les limites que j'ai assignées
à ce genre en le créant. Il offre des caractères bien tranchés, tirés de la
forme de l'appareil apical chez l'adulte, de la persistance de la plaque
centro-dorsale chez l'adulte et de la hauteur des plaques coronales, qui
ont bien la valeur de caractères génériques.
Lyon, 20 décembre 1903.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Fig-, 1. Cryasier antarcticus, exemplaire à
cinq bras vu par la faco dorsale,
réduit d'un quart environ.
Fig-. 2, 3 et 4. Diplasterlas papillosa for-
mes types. Grossissement une fois
et demie environ.
Fig-. 2, face dorsale de l'exem-
plaire de l'île Aloureau ; fig. 3, face
dorsale de l'exemplaire n° 579;
fig. 4, face ventrale du même
exemplaire.
Fig. 5. Dipfasterias papillosa, n° 589,
grossie une fois et demie environ.
Fig. G. Granaster biseriains, face dorsale.
Grossissement une fois et demie
environ.
Fig. 7. Ophioylypha innoxia, face dorsale.
G. = 0.
Fig. 8. Ophinglypha innoxia, face ven-
trale. G. = 0.
Fig. 9. Echinus margaritnceus, pédicel-
laire tridactyle. G. = 35.
PLANCHE n
Fig. 10. Cj-yaster antarcticus, exemplaire
à six bras vu par la face ventrale,
réduit d'un quart environ.
a. Anasterias tencî'a, face dorsale;
Fit
légèrement réduit.
Fig. 12. Anasterias tenera, face ventrale;
légèrement réduit.
Fig. 13. Anasterias tenera, face dor-
sale d'un échantillon desséché
et traité <à la potasse pour mon-
trer le squelette dorsal du dis-
que. Grossissement une fois et de-
mie environ.
Fig. 14. Anasterias tenera, pédicellaire
droit. G. = 20.
Fig. 15. Anasterias tenera, pédicellaire
croisé. G. := 55.
Fig. 10. Anasterias tenera, pédicellaire
croisé. G. = 55.
Fig. 17. Diplasterias Turqueti, vue laté-
rale d'un bras ; légèrement réduit.
Fig. 18. Diplasterias papillosa, piquant
papilliforme de la face dorsale.
G. = 34.
Fig. 19. Diplasterias papillosa, piquant
ambulacraire. G. = 34.
PLANCHE m
Fig. 20. Ripaster Charcoti, face dorsale;
légèrement réduit.
Fig. 21. Bipaster Charcoti, face ventrale;
légèrement réduit.
Fig. 22. Oiiontaster validas, iace dorsale;
légèrement réduit.
Fig. 23. Odontastervalidus, face \enira\e;
légèrement réduit.
Fig. 24. Udontaster validas, face dorsale
d'un autre échantillon ; légèrement
réduit.
Fig. 25. Odontaster validas, vue latérale
d'une paxille. G. = 16.
Fig. 20. Odontaster validas, paxille vue
d'en haut. G. = 10.
Fig. 27. Anasterias tenera, coupe trans-
versale du cordon ombilical.
G. = 80.
Fig. 28. Anasterias tenera, squelette laté-
ral des bras. G. = 5.
Fig. 29. Echinus margaritaceus, une valve
de pédicellaire globifère. G. = 55.
EXPLICATION DES PLANCHES-
Al
Fip-. 30 a-g. Echinus ?nargaritaceu.'!, sys-
tomo apical d'individus de dilFù-
rente taille. Grossissement deax
l'ois environ,
a Chez un individu ayant un diam.de 55"°"
b — ' — 50
c — — 43
d — ■ — 32
c — _ 30
f Giiez un individu ayant un diam. de 20"""
a
10
Fiy. 31. Ripaster Charcoti, plaques margi-
nales d'un grand exemplaire vues
de face. G. = 2 1/2.
Fig. 32. Ripaster Charcoti, plaques mar-
ginales de l'exemplaire représenté
ligure 20. G. = 3.
PLANCHE IV
Pig. '33. Odontastcr tennis, fane dorsale ;
légèrement réduit.
Fig. 34. Odontaster tenuis, face ventrale du
même individu ; iL-gèremcnt ré-
duit.
Fig. 35. Odontdsier validus, face dorsale
d'un autre exemplaire; légèrement
réduit.
30. Odontaster tenais, face ventrale
du môme échantillon; légèrement
réduit.
37. Odontaster tennis, vue latérale
d'une paxille. G. = 10.
38. Odontaster tenuis, paxille vue par
en haut. G. = 16.
39. Diplasterlas Turqueti, face ven-
trale ; légèrement réduit.
Fig. -iO. Echinus inargaritaceiis, système
apical d'un échantillon mesurant
55 millim. do diamètre. Grossisse-
ment une fois et demie environ.
Fig. 'il. Anasterias tenera, jeune individu
provenant d'une couvée. G. = 8.
Fig. 42. Granaster biseriatus, face ven-
Fig
Fig
Fi£
Fig,
traie. Grossissement une fois et
demie environ.
Fig. 43. Echinus tnargnritaceus. Mem-
brane buccale d'exemplaires de
différenle taille. Grossissement
une fois et demie environ.
a Chez un exempt, ayant 55'°°' de diam.
h _ " 45 —
c _ 30 —
NoT.s. — Les figures 7, 8. 9, 14, 15, 10,
18, 19, 25, 26, 28, 29, 31, 32, 37, 38, 41 et 42
ont été dessinées à la chambre claire ;
toutes les autres sont des reproductions
directes de photographies.
Los Planches que j'avais remises avec le
manuscrit de ce mémoire avaient été pré-
parées pour une publication d'un formai
plus grand que celui qui a été adopté défi-
nitivement, et les échantillons en tiers étaient
représentés en vraie grandeur. Malheureu-
sement le format a dû être diminué et mes
dessins ont subi une réduction sur laquelle
je ne comptais point.
Expédition Charcot. — Koehi.eb. — Echinodernios.
I
Vi
0)
1
S
^
fri
fa
a)
■h
o
oti
g
n
"Ij
«
W
a
'■z ^aaife^^r;^^,;
.#■*
HOLOTHURIES
Par CLÉMENT VANEY
MAITRE DE CONFÉRENCES DE ZOOLOGIE DE I.'u.MVERSITÉ DE LYON
M. le professeur Joubin a bien voulu me charger d'étudier les
Holothuries rapportées par l'Expédition du D Gharcot ; je tiens à lui
exprimer tous mes remercîments pour l'honneur qu'il m'a fait en me
confiant cette tâche et pour l'obligeance avec laquelle il m'a communiqué
certains échantillons du Muséum de Paris.
La collection d'Holothuries rapportée par le « Français » est des plus
intéressantes ; quoique ne comprenant qu'un petit nombre d'exem-
plaires, elle m'a fourni quelques documents très précieux. La plupart
des espèces qui la composent, et que j'ai pu déterminer, sont nouvelles.
Je regrette de n'avoir pas pu tirer parti de tous les matériaux; mais leur
détermination est rendue difficile et même souvent impossible à la suite
de l'action nuisible des liquides conservateurs. J'avais déjà signalé la
dissolution par la formaldéhyde des corpuscules calcaires des Holothu-
ries et de la coquille des Mollusques (1); M. Joubin (2) a fait de sem-
blai)les remarques à la Société zoologique de France, et Bell (3) a
observé des altérations identiques chez les Holothuries rapportées par
la « Southern Cross ». On doit donc formellement prohiber l'emploi du
(1) Holothuries recueillies par M. Ch. Gravier sur la cole française des Somalis [Bull. Mus.
Hist. Nat., 1905, n" 3, p. 186).
(2) Huit. Soc. zool. lie France (I90">).
(3) Report on the Colhrtions of Xut. History... of the » Southern Cross » (1902); Vlll, Echinoderma,
p. 214.
Expédition Charcol. — Clément Vaney. — Holothuries. l
2 HOLOTHURIES.
formol pour la conservation des Holothuries et, à plus forte raison, celui
de liquides fortement acides : certains exemplaires de la collection
Cliarcot ont été malheureusement traités par de l'acide acétique glacial.
La disparition des corpuscules calcaires sous l'influence des liquides
conservateurs a rendu la détermination très laborieuse, car elle nous a
privé d'un élément caractéristique des plus utiles ; aussi , malgré les divers
types de comparaison mis à notre disposition par MM. Joubin et Kœhler,
beaucoup de nos déterminations sont incertaines. Quelquefois nous
avons été amenés à réunir sous la même appellation des échantillons
qui présentaient bien un grand nombre de caractères communs, mais
dont les affinités ne pouvaient pas être précisées par la forme des cor-
puscules ; d'ailleurs, pour éviter toute confusion, nous avons décrit
séparément ces échantillons douteux.
Les Holothuries rapportées du pôle Sud par le D' Charcot ne com-
prennent que des Synallactidés et des Cucumariidés. Elles se rapportent
à une seule espèce déjà décrite, le Psoliis antarcticus Philippi, et aux
neuf espèces nouvelles suivantes :
Synallactidés :
Synallactes Cartliagei.
Cucumariidés :
Cucumaria antarctica.
— attenuata.
— grandis.
— irregula/'is.
— lateralis.
— Turqueti.
Psoliis Charcoti.
— f/ranulosus.
A ces formes il faut ajouter une espèce de Synallactes (?) non détermi-
nable et une espèce de Cucumaria probablement nouvelle.
Avant de passer à la description de ces nouvelles espèces, je tiens à
signaler quelques particularités offertes par certains individus de cette
collection.
Certaines des Cucumaria sont de très grande taille : les exemplaires
de la C. antarctica, tous rétractés, atteignent encore 115 millimètres de
ASPIDOCHIROTES. 3
longueur; mais la plus grande espèce est la C. (jrandis, dont l'unique
exemplaire mesure au moins 300 millimètres de longueur. Les tégu-
ments dans ces deux espèces sont fortement pigmentés.
Parmi les échantillons de cette collection, nous avons trouvé deux
nouvelles Holothuries incubatrices : la Cucumaria lateralis et le Psolus
yramdosus . Ludwig, qui a résumé nos connaissances sur les Échino-
dermes incubateurs (1 ), cite parmi eux treize espèces d'Holothuries, dont
six appartiennent aux régions antarctiques et subantarctiques ; nos deux
nouvelles formes accentuent cette prépondérance en portant à huit le
nombre des Holothuries incubatrices provenant du pôle Sud.
Les deux nouvelles Holothuries incubatrices ont chacune un mode
spécial d'incubation : chez la Cucumaria lateralis, la ponte est enfermée
dans deux poches internes latéro-dorsales, identiques à celles de la
Cucumaria glacialis Ljungmann, et qui s'ouvrent chacune séparément
par un pore externe. Quant au Psolus granulosus, il porte sur sa sole
de jeunes embryons et des œufs à difTérents stades de développement,
enchâssés plus ou moins complètement dans des espèces de verrucosités
cutanées.
ASPIDOCHIROTES
SYNALLACTIDÉS.
1. Synallactes Garthagei nov. sp.
(Fis-. 7 a, i; fig-. 27 a, 6, c,d; fig. 28a, 6.)
N° 302. — Port-Gharcot. Dragage, 40 m. — i exemplaire.
Cet unique exemplaire est de petite taille et a seulement 14 millimètres
(le longueur. Le corps (fig. 7 a, b) est ovale avec une région postérieure
arrondie ; il se termine en avant par une couronne de dix tentacules bien
épanouis; sa plus grande largeur, qui atteint 8 millimètres, se trouve
située presque au milieu de la longueur. L'animal paraît légèrement
aplati dorso-ventralement, et son anus est franchement ventral.
Les téguments sont brun noirâtre, minces et couverts extérieurement
(1) BrulpOege bei Kchinodermen (Zoo/. Jrj/,r6., Suppl., Bd. Vil, 1001. \>. 683-69'j).
■* HOLOTHURIES.
de villosités courtes et nombreuses ; chacune de ces villosités recouvre
les pointes de corpuscules calcaires. C'est parmi ces aspérités que l'on
distingue assez facilement les pédicelles ; ceux-ci sont répartis suivant une
rangée sur presque tous les radius. Ces appendices sont peu nombreux,
les radius dorsaux n'en renferment chacun que deux ou trois, tandis que
les radius latéraux du trivium en possèdent sept ou huit disséminés sur
toute la longueur du corps; le radius médian ventral contient dix pédi-
celles, qui sont disposés en deux rangées plus ou moins alternes s'arrê-
tant au tiers postérieur du corps.
Les dix tentacules sont semblables, et, comme ils présentent des rami-
fications latérales développées, ils rappellent beaucoup ceux des Dendro-
chirotes.
Les corpuscules calcaires des téguments (fig. 27 a, b, c, d) ont des
dimensions assez variables; ils se composent d'une base à trois ou quatre
bras, au centre de laquelle s'élève une tige dont l'extrémité s'épanouit en
deux ou trois pointes divergentes. Cette tige, quelquefois perforée par
deux ou trois ouvertures, est enfermée dans les villosités cutanées. Les
bras de la base des corpuscules peuvent se ramifier, et le support offre
alors cinq ou six branches.
Les pédicelles ont des corpuscules (fig. 28 a, b) identiques à ceux du
corps ; mais ici les bras du trépied sont très développés et ont leurs
extrémités libres plus ou moins ramifiées.
Les cinq bandes musculaires longitudinales sont simples.
Les deux organes arborescents ont une longueur de 3 millimètres ;
leur base conique, très large, possède une paroi mince et transparente ;
elle se prolonge, en avant, par un tube brunâtre de plus faible diamètre
et dont l'extrémité libre se replie sur elle-même.
Il existe deux faisceaux de longs tubes génitaux simples; à droite, le
faisceau ne contient que deux tubes, tandis qu'cà gauche il en renferme six.
Il n'existe ni anneau calcaire, ni vésicules tentaculaires.
Rapports et différences. — Cette Holothurie appartient sans aucun doute
aux Synallactidés. Par suite du peu de différenciation de la sole ventrale,
de la répartition des pédicelles sur tous les radius, de la forme des cor-
ASPIDOGHIROTES. ^
puscules calcaires et de la présence de deux faisceaux d'orj^anes génitaux,
nous la considérons comme appartenant au genre Sipitii/actes; mais ici
le nombre des tentacules n'est que de dix, tandis (lu'il est de dix-huit à
vingt dans les Sy7inllactes décrits jusqu'à présent.
Cette nouvelle espèce de Synallacles ne peut pas être rapprochée de la
MesotJiNrin hifiircata Ilérouard rapportée parla « Belgica » du 71" degré de
latitude sud, caria disposition des appendices et la forme des corpuscules
calcaires est toute différente dans ces deux espèces.
Le Synallactes Carthngei se distingue du Synallactes Moseleyi Théel, de
la région patagonienne, par l'absence de pieds adhésifs, par ses rangées
longitudinales de pédicelles, en général simples, et par ses corpuscules
calcaires, dont les bases onttrois branches au lieu de quatre ou huit, comme
d^ns l'espèce de Théel. Les corpuscules calcaires de notre nouvelle
espèce rappellent ceux du Sjjnal lactés C/m/lengeri Thée\, mais cette der-
nière espèce a dix-neuf tentacules, des papilles sur toute la face dorsale
et au moins deux séries de pédicelles sur chaque radius du trivium;
d'autre part, les corpuscules des pédicelles sont des bâtonnets faiblement
incurvés.
2. Synallactes sp. (?)
N° 845. — Baie Biscoë. Dragage, 110 m. — 1 exemplaire.
Cet échantillon est en presque totalité pelé ; seule la couronne tenta-
culaire est bien conservée; elle est entièrement épanouie et tournée du
côté dorsal. La longueur de cet exemplaire est de 62 millimètres; sa lar-
geur est de 20 à 25 millimètres.
Les téguments sont minces et blanchâtres. En les examinant par trans-
parence du côté interne, on distingue, sur chaque radius, deux séries
d'appendices alternant plus ou moins l'une avec l'autre. On ne trouve
aucune trace de corpuscules calcaires.
Les tentacules, au nombre de dix, sont tous semblables; ils sont
courts, massifs, et ils se terminent par un disque épais orné d'un grand
nombre de pointes.
Il existe un canal madréporique et deux vésicules de Poli de 2 à 3 mil-
limètres de longueur.
G HOLOTHURIES.
Les organes arborescents sont très ramifiés ; ils sont inégaux : l'un a
seulement 10 millimètres de longueur, tandis que l'autre atteint 30 à
40 millimètres.
Les organes génitaux sont constitués de nombreux tubes ramifiés ; ils
présentent, de distance en distance, de forts étranglements qui leur donnent
une apparence plus ou moins moniliforme.
Rapports ET DIFFÉRENCES. — L'absence de tout corpuscule calcaire et le
mauvais état de cet individu ne permet d'établir qu'avec doute ses affi-
nités. Nous croyons qu'il représente une nouvelle espèce de Synallacies,
car la disposition des pédicelles n'est pas la même que celle observée
soit chez le S. Mose/eyi Thée], soit chez notre S. Carthagei. Comme cette
dernière espèce, ce nouveau Synallactes n'aurait que dix tentacules.
DENDROCHIROTES
CUCUMARIIDÉS
1. Cucumaria antarctica nov. sp.
(Pig. 3, 8, 20.)
N° 642. — Ile Booth-Wandel, plage sous galets. — 5 exemplaires.
N° 803. — Baie Biscoë. Dragage, 110 m. — 1 exemplaire.
N° 385. — Port-Charcol. Dragage, 40 m. — 1 exemplaire.
Nous groupons dans cette même espèce des exemplaires qui, bien que
récoltés à des profondeurs différentes, neparaissent se distinguer les uns
des autres que par des caractères secondaires. Notre hésitation pour
faire ce rapprochement a été d'autant plus grande que certains échantil-
lons étaient dépourvus de corpuscules calcaires ou partiellement décal-
cifiés. L'exemplaire n° 385 n'a plus aucun corpuscule; les échantillons
provenant de la plage ne présentent de corpuscules que dans les parties
invaginées de la région antérieure du corps; seul, le petit individu de la
baie de Biscoë possède d'assez nombreux sclérites dans ses téguments.
Tous ces individus ont des téguments assez épais, flexibles et de couleur
brun marron , leur région ventrale est plus claire que leur face dorsale.
Les pédicelles sont blanchâtres ou marron clair ; ils sont localisés sur les
DENDROCHIROTES. 7
rfidius, OÙ ils se dis|)(is<'iil en deux rangées très rapprochées riine de l'au-
tre; mais leur réparlitiouu'est pas lamêmedans les dillérents échantillons.
C'est en comparant les corpuscules calcaires du petit exemplaire avec
ceux des individus des îles Booth-Wandel que nous avons été amenés à les
rapprocher les uns des autres; d'autre part, l'échantillon décalcifié, malgré
sa grande taille, a beaucoup de ressemblance avec le petit exemplaire.
Ainsi, en prenant le petit exemplaire comme tei-me de comparaison,
nous avons été conduits à grouper ces divers individus, mais nous décri-
rons séparément chacune de ces trois séries d'échantillons, pour bien in-
diquer leurs particularités.
Les cinq exemplaires des îles Booth-Wandel sont absolument semblables
les uns aux autres. Ils sont tous rétractés; leur couronne tentaculaire est
fortement invaginée, et le reste du corps est plus ou moins plissé. L'échan-
tillon le moins déformé (fig. 3) est pyriforme ; il a une longueur de
1 15 millimètres, et son plus grand diamètre atteint 3o millimètres ; son
extrémité postérieure est arrondie, tandis qu'en avant le corps se pro-
longe sous la forme d'un piisme [lentagonal de 37 millimètres de lon-
gueur et de 13 millimètres de diamètre. Chez les autres individus, le
corps est ovale, terminé en avant et en arrière par un mamelon plus ou
moins marqué; leur longueur varie de 55 à 80 millimètres et leur dia-
mètre de 37 à 55 millimètres.
Les pédicellessont localisés sur les radius, où ils sontdisposés en deux
rangées très rapprochées l'une de l'autre et alternant entre elles. Ces
appendices sont au nombre d'une centaine par chaque radius dutrivium,
alors qu'on en compte seulement quatre-vingts sur chaque radius du bi-
vium. La région antérieure invaginée a une longueur de 37 millimètres,
c'est-à-dire égale au tiers de la longueur du reste du corps ; on y retrouve
la continuation des rangées radiales de pédicelles ; ceux-ci y sont répartis
à raison d'une vingtaine par radius.
Les tentacules sont au nombre de dix ; ils sont courts, massifs, bru-
nâtres et se terminent par de courtes ramifications mamelonnées et de
teinte plus claire que la base.
Dans ces derniers exemplaires, les téguments sont brunâtres extérieu-
rement et blanchâtres du côté interne ; nous n'avons pu y trouver de
8 HOLOTHURIES.
corpuscules calcaires que dans les parties invaginées. Ces sclérites sont
un peu disséminés, et ils ne sont que d'une seule sorte : ce sont des
plaques (fig. 8) plus ou moins allongées, à contour fortement denté,
dont la surface présente de nombreuses perforations entre lesquelles
sont disposés de petits tubercules à extrémité mousse.
(^ihez l'individu le moins contracté, les muscles rétracteurs s'insèrent
à 60 millimètres du bord antérieur ; les muscles longitudinaux ont une
largeur de 3 millimètres dans la région moyenne du corps; puis ils vont
en s'atténuant vers les extrémités.
On ne distingue aucun anneau calcaire.
Les tubes madréporiques, au nombre de quinze à dix-huit, sont courts
et disposés en deux groupes. Il existe trois vésicules de Poli, dont la
plus grande, ventrale, a 2'2 millimètres de longueur; tandis que les deux
autres, placées de part et d'autre de la première, ne mesurent que 10 à
15 millimètres. Les organes génitaux sont formés de deux faisceaux de
tubes simples, blanchâtres, atteignant 80 millimètres de longueur; les
tubes supérieurs ont un diamètre assez grand ; ils présentent un aspect
moniliforme. Les organes arborescents sont blanchâtres et s'étendent
jusqu'à la moitié du corps.
Le petit exemplaire est légèrement incurvé ; sa longueur est de
20 millimètres et sa largeur de 10 millimètres. Il est brun noirâtre avec
la partie antérieure plus foncée. La région tenlaculaire est étalée et com-
prend dix tentacules à pédoncule court et à arborescence mamelonnée et
blanchâtre ; trois de ces appendices sont réduits à leur pédoncule.
Les pédicelles blanc jaunâtre sont disposés, sur chaque radius, en deux
rangées qui alternent irrégulièrement l'une avec l'autre. On compte une
quarantaine de pédicelles sur le radius médian ventral ; sur les radius
dorsaux, ils paraissent plus clairsemés, quelquefois disposés en une seule
série. L'état de contraction du corps ne permet pas de compter ces
appendices; mais si, dans la région ant'érieure, ils sont nombreux, dans
la région postérieure ils sont très distants les uns des autres, et l'on en
trouve plus à quelques millimètres de l'anus. Cette disposition des pédi-
celles est la seule difTérence bien marquée entre ce petit exemplaire et
DENDROCHIROTES. 9
les échantillons précédents. Les téguments renferment aussi une seule
sorte de sclérites assez rapprochés les uns des autres : ce sont de
grandes plaques (fig. 26) allongées, à bords épineux, percées d'un grand
nombre d'ouvertures et présentant à leur surface quelques rares pointes.
Nous n'avons pas trouvé d'anneau calcaire. Les canaux madréporiques
sont nombreux.
Quanta l'échantillon décalcifié, sa longueur atteint HO millimètres ;
le corps est fortement plissé, surtout dans la région antérieure, où la lar-
geur n'est que de 17 millimètres, alors que dans la région postérieure le
diamètre du corps dépasse 30 millimètres.
La couronne tentaculaire est étalée, mais les tentacules sont réduits à
leur pédoncule.
Comme dans les exemplaires précédemment décrits, les pédicelles sont
localisés sur les radius ; mais si, dans la région anale, leur disposition
est la même que pour les exemplaires des îles Booth-Wandel, quoique leur
nombre soit moindre, dans la région antérieure, on remarque que les
rangées dorsales et latérales s'arrêtent à une certaine distance de la cou-
ronne tentaculaire. Malgré cette différence de répartition des pédicelles,
nous pensons que cet exemplaire doit être rattaché à cette espèce, et il
est regrettable que la disparition totale des corpuscules calcaires des
téguments ne permette pas de préciser ces affinités.
Rapports et différences. — La Cucumaria antarctica, d'assez grande
taille, est bien différente de toutes les espèces subantarctiques déjà
décrites. Elle appartient au groupe des Cucumaria antarctiques possé-
dant une seule espèce de corpuscules calcaires dans les téguments ; elle
se rapproche donc à ce point de vue des Cucumaria chiloensis Ludwig,
tabulifera R. Perrier, lœoigata Verrill, steineni Ludwig et de la C. geor-
giana Lamp. Les corpuscules calcaires des C. chiloensis et C. tabulifera
sont bien différents, puisque ce sont des tourelles et non des plaques
perforées ; quant aux C. steineni et C. Isevigata, elles possèdent des
plaques perforées munies, à l'une des extrémités, d'un prolongement épi-
neux. Seuls les exemplaires de la C. georgiana décrits par Lampert ui\L
Expédition Charcot. — Clément Vaney. — Holothuries. ^
10 HOLOTHURIKS.
des corpuscules presque identiques à ceux de noire espèce, quoique les
plaques de la C. ontarctica soient plus grandes et à plus nombreuses
perforations ; mais, chez la C. georç/iana, les pédicelles sont disposés en
rangées doubles et quelquefois triples, suivant les radius du trivium, et ils
sont disséminés, sur le bivium, sans aucune disposition en rangées.
2. Cucumaria attenuata nov. sp.
(Pig. 5 a, 6; lig-. 12; lig-. i:}; lig-. 21 «,6; lig. 22.)
N° i3(j. — Port-Charcot. Drag-ag-e, 40 m. — i exemplaire.
Celte nouvelle espèce est de petite taille; sa longueur est de 1 1 milli-
mètres seulement. Le corps (fig. 5 a, h) est plus ou moins cylindrique,
d'un diamètre de i millimètres; la région postérieure est arrondie; la
partie antérieure de cet unique exemplaire est fortement infléchie, de
telle sorte que la bouche est devenue ventrale et fait une saillie de 2 à
3 millimètres sur le trivium.
Chaque radius porte une rangée de pédicelles disposés en zigzag; mais,
en certains points, il semble y avoirune double rangée. Ces pédicelles sont
de deux tailles, et en général les petits alternent avec les gros. Le radius
médian ventral renferme dix pédicelles paraissant disposer en deux ran-
gées alternant l'une avec l'autre; les radius latéraux ont une rangée
d'une douzaine de pédicelles qui s'étend jusqu'à la bouche : la région
antérieure incurvée en présente un ou deux; les radius dorsaux pos-
sèdent une huitaine d'appendices seulement. Pour tous les radius, les
séries de pédicelles s'arrêtent bien avant l'extrémité postérieure du corps.
Les téguments de cet exemplaire conservé au formol sont blanc jau-
nâtre; ils sont minces, mais assez rigides par suite de la présence de nom-
breux corpuscules calcaires s'imbriquant légèrement les uns sur les
autres. Ces corpuscules (fig. 13 et t\) sont d'une seule sorte : ce
sont des plaques calcaires à contour presque circulaire, percées d'un
grand nombre d'ouvertures et dont le réseau offre de distance en distance
de petits tubercules arrondis.
Ces plaques peuvent avoir des tailles assez variables : les plus grandes
(fig. 21 a, b) sont légèrement incurvées et ont un diamètre de O'""',^;
DENDROCHIROTES. 11
d'autres, plu:^ peliles ifig. 13), n'atteignent que 0°"°,l de diamètre,
et ont un réseau plus grêle que les précédentes. Dans la paroi des
pédicelles, on trouve aussi des plaques de petite taille entières ou en voie
de formation (fig. 1:2).
La couronne tentaculaire est bien épanouie ; elle se compose seulement
(le sept tentacules, dont cinq, bien développés, ont l'aspect caractéris-
lit|ue de Dendrochirotes, tandis que les deux autres, ventraux, sont
léduits à un simple mamelon.
L'anneau calcaire est formé de dix [)ièces pourvues chacune d'une
pointe antérieure, plus développée chez les radiales que chez les interra-
diales.
Les muscles rétracteurs sont grêles et s'insèrent vers le milieu du corps.
Le canal du sable est bien développé et se dirige en avant. Il n'existe
(ju'une vésicule de Poli.
Les organes arborescents sont localisés dans la moitié postérieure du
corps ; ils forment deux tubes blanchâtres qui s'incurvent dans leur région
antérieure et présentent de distance en distance des ramifications simples.
Cet exemplaire n'a pas atteint sa maturité sexuelle.
Rapports et différences. — Cette nouvelle Ciicumaria appartient au
groupe des Cacumaria antarctiques à pédicelles localisés sur les radius,
mais elle se distingue nettement de toutes celles décrites actuellement
par la disposition de ses pédicelles. En effet, ceux-ci sont en petit nombre
sur chaque radius, et, quoique répartis sur deux rangées alternantes, ils
paraissent disposés sur une seule ligne, comme dans une véritable Ocnus.
Il n'y a pas lieu de tenir compte du petit nombre de tentacules de notre
type, qui semble être le résultat d'une anomalie; il est très probable que
les formes normales ont dix tentacules.
La (' . attenuata a quelques points de ressemblance avec la C. lœvifjata
Verrill; mais celle-ci a, sur chaque radius, un plus grand nombre de
pédicelles, de trente à soixante, disposés en deux séries bien nettes ;
d'autre part, les pédicelles ventraux sont bien plus nombreux que les
dorsaux. D'ailleurs les plaques calcaires de notre espèce sont circulaires
et ne présentent pas de prolongement épineux comme dans la C. lœvigata.
12 HOLOTHURIES.
Au point de vue des corpuscules calcaires, la C. attenuata rappelle la
C georyiana Lampertet notre C. antarclica\ mais la disposition des pédi-
celles l'en sépare bien nettement.
Nous rapportons à cette espèce trois échantillons dragués aussi dans
dans le port Charcot, mais seulement à 20 mètres de profondeur.
Leur forme extérieure est presque identique à celle de notre type de
Cucumaria attenuata ; mais ils sont encore de plus petite taille : leur
longueur est de 5 millimètres et leur diamètre de 2 millimètres.
Les pédicelles sont exclusivement placés sur les radius : dans le
radius médian ventral, on en trouve sept répartis en deux rangées alter-
nantes; sur les radius latéro-ventraux, sept pédicelles sont disposés en
une seule rangée ; quant aux radius dorsaux, ils présentent une file
de neuf à dix pédicelles s'étendant assez loin en avant et en arrière. Les
différences extérieures avec le type de la C. attenuata sont que les ran-
gées de pédicelles atteignent toutes l'extrémité postérieure du corps et
que la bouche est entourée de dix tentacules, dont les deux ventraux sont
plus petits. D'autre part, les radius dorsaux renferment, dans ces derniers
échantillons, un plus grand nombre de pédicelles que dans notre type.
Les téguments blanchâtres et très minces contiennent une seule sorte
de corpuscules calcaires : ce sont des plaques (fîg. 22) à nombreuses
perforations, mais incomplètement développées; elles sont assez sem-
blables à celles de notre type, mais elles sont dépourvues de tuber-
cules. De même nous trouvons une grande ressemblance entre les
anneaux calcaires de ces difTérentes formes ; mais ici les prolonge-
ments antérieurs des pièces interradiales sont aussi développés que
ceux des pièces radiales. Tous ces échantillons n'ont pasd'organes géni-
taux développés. Les faibles différences qui existent entrecestrois jeunes
exemplaires et le type de notre Cucumaria attenuata font que nous ne les
considérons, tout auplus, quecommede simples variétés de cette espèce.
3. Cucumaria grandis nov. sp.
Ile Booth-Wandel, plage. — 1 exemplaire.
Les grandes dimensions de cette Cucumaria antarctique nous amènent
à la considérer comme appartenant à une espèce nouvelle, quoique les
DENDROCHIROTES. 13
caractères fournis par les corpuscules calcaires nous fassent complète-
ment défaut. Cet exemplaire, bien que contracté, atteint encore une lon-
gueur de300 millimètres, et sa plusgrande largeur est de 140millimètres ;
son corps est presque cylindrique avec une région postérieure arrondie.
La face ventrale, très plissée, est de couleur plus claire que la face
dorsale ; celle-ci, d'un marron brunâtre, est sillonnée de traînées de
couleur foncée occupant surtout les interradius ; les radius dorsaux sont
pointillés de brun noir.
Sur chaque radius latéral et dorsal sont échelonnés une centaine de
pédicelles disposés en deux rangées alternant l'une avec l'autre. Dans les
portions du corps bien étalées, la distance entre les deux séries de pédi-
celles est de 10 millimètres, et les appendices d'une même rangée sont
aussi à 10 millimètres les uns des autres. Par suite de l'état de contrac-
tion de la face ventrale, il est impossible de compter les pédicelles du
radius médian ventral, mais ils semblent plus nombreux que dans les
radius dorsaux.
A l'extrémité antérieure s'étale une couronne de dix tentacules, au
centre de laquelle s'ouvre la bouche. Ces tentacules sont réduits à un
court moignon de 15 millimètres de longueur ; les deux ventraux sont
plus petits et n'atteignent que 10 millimètres. La couronne tentaculaire
présente des lignes intertentaculaires brunâtres qui viennent jusqu'au
pourtour buccal.
Les téguments sont très minces, un peu gluants, et ils sont totalement
dépourvus de corpuscules calcaires.
A l'intérieur du corps, on observe un bulbe pharyngien de 30 millimè-
tres de hauteur et de 30 millimètres de diamètre, mais nous ne trouvons
aucun anneau calcaire. Les muscles longitudinaux sont simples et ont
une largeur de 10 millimètres; les muscles rétracteurs ont la forme de
lames aplaties larges de 2 à 3 millimètres et qui s'insèrent sur la paroi du
corps à 140 millimètres de l'extrémité antérieure.
La vésicule de Poli unique atteint 120 millimètres de long et 5 milli-
mètres de diamètre. Les organes génitaux sont formés de deux faisceaux
de tubes blanc jaunâtre très nombreux s'étendant sur toute la longueur du
corps. Les organes arborescents sont très ramifiés.
14 HOLOTHURIES.
On n'avait jamais signalé dans la région anlarctique de Cucumaria
d'aussi grande taille. II est regrettable que les corpuscules fassent dél'aut,
car cette absence nous empêche de discuter les affuiités. Cette Cucumaria
grandis se rapproche de notre Cucumariaantarctica.
4. Cucumaria irregularis nov. sp.
(Fig. 2 a, b)
N° 436. — Port-Charcot. Dragag-e, 40 m. — 1 exemplaire.
Cette espèce, de très petite taille, a sa surface externe recouverte de
villosités. Elle a ainsi l'aspect d'une Echinocucumis. Son corps (fig. 2«, b)
est ovale, avec une région postérieure arrondie et une partie antérieure
plus large et terminée par des tentacules bien épanouis.
Les pédicelles sont localisés sur les radius. Sur le triviiun, on observe
onze pédicelles disposés sur le radius médian en deux rangées alternant
assez irrégulièrement l'une avec l'autre, et sept pédicelles sont répartis
en une seule série sur chaque radius latéral. Le bivium ne possède que
quatre à cinq pédicelles sur chaque radius.
Les tentacules sont au nombre de dix, les deux ventraux plus petits.
Chaque tentacule a un pédoncule très développé portant des digitalions
assez longues, en petit nombre et bien séparées les unes des autres.
Les téguments sont blanchâtres, minces et ne renferment aucun cor-
puscule calcaire.
Nous n'avons pas vu d'anneau calcaire, mais il existe un petit canal
madréporique et une vésicule de Poli. Les muscles rétracteurs s'insèrent
tout à fait à la région antérieure du corps.
Les organes génitaux sont constitués de deux faisceaux renfermant
chacun 3 à 4 tubes simples.
Rapports et différences. — Les villosités du corps, la disposition des
pédicelles et la forme des tentacules séparent complètement cette espèce
des autres Cucumaria antarctiques ou subantarctiques.
La 6'. irregn/aris rappelle, par certains caractères externes, le Syno.l-
lactes Carthagei décrit précédemment; mais la structure des tentacules
est bien différente dans les deux cas.
DKNDROCHIROTES. ^o
Par sa forme extérieure, elle se rapproche de la Cucumaria hispirla
(Barrett) [Echinocucunm tijvica M. Sars) des mers du Nord. Les affinités
ne peuvent pas être discutées par suite de la dissolution dos corpuscules
calcaires.
5. Cucumaria lateralis nov. sp.
(Fig-.23, 2'iet25.)
N° 120. — Port-Gharcol; ile Booth-Wandel. Dragage, 20m. — 1 exemplaire.
N" 865. — Baie Biscoë. Dragage, 110 m. — i exemplaire.
Nous rapprochons sous cette même appellation deux exemplaires qui,
extérieurement, présentent un certain nombre de caractères communs,
mais dont l'idontification reste incertaine, car, dans l'un, les corpuscules
calcaires font complètement défaut. Cet échantillon décalcifié est bien
étab' et provient d'un dragage efTectué à 1 10 mètres ; l'aulre, sur lequel
nous établissons la diagnosede la nouvelle espèce, est fortement contracté
et a été recueilli à une profondeur de 20 mètres.
L'individu rétracté est ovoïde, sa longueur est de 50 millimètres, et
son plus grand diamètre atteint 38 millimètres. Les téguments sont
minces et blanc grisâtre. Les pédicelles ont 1 millimètre de diamètre ; ils
sont très saillants et bien nets; leur répartition sur la face dorsale est
(lilFérente de celle de la face ventrale. Sur le trivium, les pédicelles sont
localisés sur les radius : suivant le radius médian, ils se disposent en deux
rangées sur toute la longueur du corps, et, de distance en distance, on en
trouve une troisième série ; de môme deux rangées de pédicelles s'éten-
dent sur toute la longueur des radius latéraux; mais, dans la région
moyenne du corps, ils s'y ajoutent une ou deux nouvelles rangées. A
première vue, les pédicelles paraissent disséminés irrégulièrement sur
toute la face dorsale, aussi bien sur les radius que sur les interradius;
cependant un examen attentif montre que les appendices sont alignés
suivant les radius, où ils forment deux rangées principales, s'étendant sur
toute la longueur du corps, bordées de part et d'autre de deux à trois
rangées latérales qui s'étalent plus ou moins sur les interradius. Les
pédicelles disposés sur les interradius sont semblables à ceux des radius.
Les corpuscules calcaires sont disséminés dans les téguments; ils sont
formés de plaques tuberculées dont les unes(fig. 23), pourvues d'un petit
16 HOLOTHURIES.
nombre d'ouvertures, cinq à six environ , rappellent celles de la Cucumaria
georgiufiahamp., tandis que d'autres (fig. 24) sont quatre fois plus grandes
que les précédentes et présentent une trentaine de perforations.
Dans les pédicelles, les plaques (fig. 23) sont allongées et ont un petit
nombre de perforations et de tubercules.
Les muscles rétracteurs s'insèrent vers le milieu du corps.
L'anneau calcaire est formé de dix pièces fortes présentant chacune un
prolongement médian et antérieur.
La vésicule de Poli unique a 20 millimètres de long ; il n'existe qu'un
seul canal madréporique placé à gauche du mésentère dorsal.
Les organes génitaux sont formés de deux faisceaux de nombreux tubes
simples. On trouve, en outre, deux poches incubatrices remplies d'œufs
segmentés et situées en avant, de part et d'autre du muscle longitudinal
du radius latéro-dorsal droit. Chacune de ces poches s'ouvre à l'extérieur
par un pore situé presque à l'extrémité antérieure du corps.
Le second individu, bien épanoui, aune longueur de 40 millimètres ;
son corps est ovale, à extrémité postérieure terminée en pointe. Les tégu-
ments sont très minces et laissent voir, par transparence, les organes
génitaux.
Les tentacules sont au nombre de dix, les deux ventraux sont plus petits ;
une papille génitale fait saiUie dans le cercle tentaculaire, entre les deux
tentacules dorsaux.
Comme dans l'exemplaire précédent, les pédicelles sont localisés sur
les radius de la face ventrale, tandis que sur le côté dorsal ils sont dis-
posés sur les radius et les inlerradius. Sur le radius médian ventral, les
pédicelles, au nombre de soixante-six, sont placés sur deux rangées alter-
nant en certains points l'une avec l'autre; dans les radius latéro-ventraux,
on en compte soixante-dix, disposés sur deux ou trois rangées. Les
radius dorsaux présentent, dans leur région moyenne, cinq à six rangées
de pédicelles, dont les plus externes par rapport à la ligne médiane du
radius n'atteignent pas l'extrémité du corps, de telle sorte qu'en avant
chaque radius a trois rangées de pédicelles, tandis qu'en arrière il n'en
présente plus que deux.
DKNDROGHIROTES. *?
Dans cet exemplaire, les muscles rétracleurs s'insèrent au quart
postérieur du corps; quant aux autres caractères analomiques internes,
ils concordent avec ceux de l'exemplaire décrit en premier lieu.
L'anneau calcaire est formé de dix pièces pourvues chacune d'un
prolongement médian antérieur ; celui des radiales est plus massif que
celui des interradiaies. La vésicule de Poli unique a 8 millimètres de
longueur; il n'existe qu'un seul canal madréporique dirigé en avant. Les
organes arborescents sont des tubes blanchâtres et ramifiés. Les organes
génitaux sont formés de deux faisceaux d'une vingtaine de tubes simples,
de couleur blanchâtre.
Rapports et différences. — La présence d'une seule sorte de corpus-
cules calcaires dans les téguments rapproche la Cucumaria lateralis de
la C. georgiana ; mais, si des stades d'évolution des sclérites de notre
nouvelle espèce ressemblent aux corpuscules de la C georgiana, les
grosses plaques définitivement formées avec leurs nombreuses perfora-
tions permettent de la distinguer très nettement de l'espèce de Lampert.
La distribution des pédicelles ne peut être ici un caractère spécifique
très important à invoquer, car, dans les types de la C. georgiana, ces
appendices sont disposés en double rangée sur les radius du trivium,
alors qu'ils sont disséminés irrégulièrement sur les radius et interradius
du bivium ; tandis que, dans les exemplaires que Lampert avait séparés
sous le nom de C. pithacnion, et que Ludwig rattache à juste raison à
la C. georgiana, les pédicelles sont en deux rangées sur tous les radius.
Dans la C. laferalii^, la répartition des pédicelles sur les radius latéro-
ventraux est tout autre que dans la f\ georgiana ; d'ailleurs, dans cette
nouvelle espèce, les pédicelles ont des plaques tuberculées, alors que
seuls les exemplaires primitivement rapportés à la C. pithacnion ont de
nombreuses plaques dans les pédicelles, semblables à celles des parois
du corps, mais dépourvues de tubercules.
Dans les nombreux exemplaires de la C^eo/'i^/a^ff, observes par Lampert,
et dontia taille variaitde 0,6 à 7 centimètres, cetauteur ne signale aucune
poche incubatrice. La disposition de la paire de poches incubatrices sur le
radius dorsal droit est actuellement bien spéciale à notre nouvelle espèce .
Expédition Charcol. — Clément Vaney. — Holothuiies. •*
18 HOLOTHURIES.
0. Gucumaria Turqueti nov. sp.
(Fig. 1.)
N" 382. — Port Gharcot. Dragage, 40 m. — 1 exemplaire.
Le corps de cette nouvelle Cucumaria est ovoïde, légèrement atténué
aux deux extrémités. Chez cet exemplaire contracté, la longueur est de
85 millimètres, et le plus grand diamètre atteint 40 millimètres ; la face
dorsale est de couleur marron loncé, tandis que la région ventrale est de
teinte plus claire.
Les pédicelles, de couleur blanchâtre, sont exclusivement localisés
sur les radius. A un premier examen, ils paraissent disposés sur chacun
de ceux-ci en deux rangées bien nettes s'étendant sur toute la longueur
du corps et situées à une certaine distance l'une de l'autre : à 3 millimètres
pour les radius du trivium et à 5 millimètres pour ceux du bivium. Un
examen plus attentif permet de discerner, à côté de pédicelles de grosse
taille, pouvant atteindre 2"", 5 de longueur, de petits appendices très
courts et souvent réduits à un faible mamelon. En général, les petits
pédicelles sont intercalés entre les gros et plus rapprochés que ceux-ci
de l'axe du radius, de telle sorte que chaque rangée d'ambulacres est en
zigzag ; en certains points, elle paraît être constituée de deux séries
d'appendices de taille différente et alternant l'une avec l'autre.
Les pédicelles sont plus nombreux sur le trivium que sur le biviun) ;
chaque radius ventral en comprend de cent à cent sept, tandis que les
radius dorsaux n'en possèdent que soixante-huit environ.
Les téguments sont minces. En préparation éclaircie, ils montrent
seulement de petits amas caractéristiques, résultant de l'attaque des
corpuscules calcaires par les réactifs, et qui, d'après leur disposition,
indiquent que les sclérites étaient très disséminés dans la peau ; mais il
nous a été impossible de retrouver un seul de ces corpuscules calcaires.
L'attaque des acides a dû être prolongée, car nous ne trouvons aucun
anneau calcaire.
Les muscles longitudinaux sont simples et ont 3 millimètres de lar-
geur; les muscles rétracteurs, très grêles, s'insèrent à 30 millimètres
de l'extrémité antérieure. Le pharynx invaginé a 15 millimètres de Ion-
DENDROCHIROTES. 19
gueur. Le cercle aquifère est iiiiini vcntralement d'une vésicule de Poli
de 20 millimètres de longueur el dorsalement d'un canal madréporique
infléchi en avant. Il existe un estomac bien différencié.
Les organes génitaux sont formés de deux faisceaux de simples lubes
blanchâtres, do 20 à 30 millimètres de long et disposés de part et d'autre
du canal évacuateur sur une longueur de 50 millimètres.
Les organes arborescents, très développés, ont une paroi mince et
transparente.
Rapports et différences. — La disparition complète des corpuscules
calcaires, après l'action des agents conservateurs, ne nous permet pas
de fournir tous les caractères de cette espèce, mais nous la croyons
nouvelle.
La coloration du corps, la disposition des pédicelles, rapprochent la
Ciicumarin Turqueti de la Cucumaria crocea Lesson. Elle en diffère essen-
tiellement [)arce que, chez notre nouvelle espèce, les pédicelles de la
face dorsale sont aussi développés que ceux de la région ventrale, et que,
dans chaque radius dorsal, il y a beaucoup moins d'ambulacres que dans
im radius ventral. Chez la C. crocea, au contraire, les appendices dor-
saux sont peu saillants, par suite bien plus petits que ceux de la face
ventrale, et, d'autre part, ils sont plus nombreux que les ventraux.
D'ailleurs, chez la C. crocea, nous ne trouvons pas, dans chaque radius,
cette alternance de pédicelles de grosse et de petite taille que nous
avons signalée chez la C. Turqueti. Au point de vue de l'organisation
interne, il existe dans ces deux espèces un estomac bien différencié;
mais la disposition des organes génitaux est très différente.
7. Cucumaria sp. (?)
N° 269. — Port-Charcot. Dragage, 40 m. — 1 exemplaire.
11 est impossible, après l'action du formol et des acides, de préciser
la détermination de cette Cucumaria, car les corpuscules calcaires ont
complètement disparu.
L'animal, fortement rétracté, est cylindrique, mais il est légèrement
pentagonal dans les régions très contractées ; sa longueur est de 45 milli-
20 HOLOTHURIES.
mètres et son diamètre atteint 15 millimètres. La région moyenne du
corps est fortement plissée, tandis que les régions terminales sont encore
bien gonflées et paraissent recouvertes de petites verrucosités. La
bouche s'ouvre à l'extrémité d'un petit mamelon terminal; l'anus est
déjeté sur le côté.
Les pédicelles sont entièrement localisés sur les radius; on en compte
une quarantaine par radius, disposés en deux rangées alternantes. Les
tentacules sont au nombre de dix ; les deux ventraux sont plus petits.
Les téguments sont blanchâtres, très minces et complètement débar-
rassés de leurs corpuscules calcaires.
L'anneau calcaire est formé de dix pièces, dont chacune est pourvue,
en son milieu,' d'un prolongement antérieur ; celui-ci est plus fort dans
les pièces radiales que dans les interradiales.
Les muscles rétracteurs s'insèrent vers la moitié du corps. La vésicule
de Poli, unique, a lo millimètres de longueur; les canaux madréporiques,
au nombre de trois, sont très courts et terminés chacun par une plaque
madréporique bien nette. Les organes génitaux sont constitués par deux
faisceaux de tubes simples, placés à l'extrémité d'un assez long canal
génital.
Rapports et différences. — Nous avons comparé cet exemplaire aux
espèces de Cucumaria antarctiques qui présentent, comme lui, des pédi-
celles localisés sur les radius. Ces espèces comprennent les C. steineni
Ludwig, C. lœvigata Verrill, C. leonina Semper et C. tabiilifera R. Perrier,
qui sont toutes très riches en corpuscules calcaires et n'offrent pas les
particularités anatomiques de notre exemplaire. Cet échantillon doit
être comparé à la C. cinloensis Ludwig, qui a aussi un contour pentagonal
et une double série de pédicelles sur chaque radius ; mais notre exem-
plaire n'est pentagonal que dans la région fortement contractée, et,
d'autre part, il a tous ses interradius identiques, tandis que chez la
C. chiloetisis les deux interradius du trivium sont plus petits que ceux
du bivium. Seule la comparaison des corpuscules calcaires pourrait per-
mettre de discuter ces affinités ; mais malheureusement ils ont été com-
plètement dissous dans notre échantillon.
DENDROGHIRUTES- 21
S. Psolus antarcticns Philippi.
N° 8G4. — Baie Biscoë. Drag-ag-e, 110 m. — 1 exemplaire.
Cet unique exemplaire a tous les caractères du Psolus antafcticus type ;
il mesure 22 millimètres de long et 17 millimètres de large. R. Perrier
insiste sur ce fait que les Psolus antarcticus décrits actuellement pré-
sentent des individus adultes de deux tailles bien différentes : les plus
grands ont, au moins, 38 X 28 millimètres ; les plus petits ont, au plus,
16 X 12 millimètres. Or l'exetnplaire recueilli parle « Français » a des
dimensions intermédiaires à celles de ces deux séries de formes ; il per-
met donc d'affirmer que ces individus de taille si différente appartiennent
bien à la même espèce.
9. Psolus Charcoti nov. sp.
(Fig:. (j o, 6.)
X° 801. — Baie Biscoe. Dragag-e, 110 m. — 1 exemplaire.
Le corps de ce nouveau Psolus est plus ou moins cylindrique, mais à
extrémités tronconiques ; la région antérieure est plus fortement
tronquée que la région postérieure ; celle-ci se relève dorsalement et se
termine presque en pointe, tandis que la région buccale est franchement
terminale. La longueur totale de cet exemplaire est de 50 millimètres,
et son plus grand diamètre atteint 14 à 15 millimètres. Sa couleur est
uniformément grisâtre, mais les extrémités anale et buccale sont blan-
châtres.
Les téguments sont minces, leur surface est quadrillée et sillonnée
par une réticulation très irréguliôre ; en nul endroit l'on ne trouve de
plaques calcaires imbriquées les unes sur les autres et visibles extérieu-
rement.
La sole ventrale, quoique bien nette, a la même coloration et la même
structure que le reste du corps; elle n'est pas entourée par un rebord
latéral, et elle ne s'étend pas sur toute la longueur du trivium. Sa forme
est celle d'un trapèze de 30 millimètres de hauteur, dont la grande base,
située à 10 millimètres de la bouche, atteint 10 millimètres, alors que
la petite base, qui a 6 millimètres, esta 5 millimètres en avant de l'anus.
22 HOLOTHURIES.
Sur chaque radius de la sole ventrale, se trouve une seule rangée de
j)édicelles; ceux de chaque radius latéral, au nombre de qiialorze à
seize, se répartissent uniformément sur toute la longueur de la sole;
tandis que les neuf pédicelles du radius médian sont disposés par
groupes de trois aux extrémités et dans la région centrale de ce
radius.
Les corpuscules calcaires des parois du corps et de la sole sont abso-
lument les mômes : ce sont des plaques réticulées, plus ou moins circu-
laires et à nombreuses perforations ; leur diamètre peutatteindre 0"'°,70;
souvent leur surface présente deux ou trois réseaux superposés de
travées anastomosées les unes avec les autres et occupant surtout la
région centrale de la plaque.
L'anneau calcaire est formé de dix pièces : les radiales se prolongent
en avant par une pointe assez forte, et les interradiales sont munies d'un
prolongement plus court.
Les muscles rétracteurs s'insèrent à 20 millimètres du bord antérieur.
Les tentacules sont entièrement rétractés dans un pharynx mesurant
9 millimètres de long et 6 millimètres de diamètre. Il existe un long
canal madréporique et une seule vésicule de Poli atteignant 6 milli-
mètres.
Les organes génitaux constituent deux faisceaux d'une vingtaine de
tubes blanchâtres.
Les organes arborescents sont formés de tubes blanchâtres.
Rapports et différences. — Le l*so/us Charcotl se rapproche du
P. Murrayi Théel, parce qu'il présente comme lui une sole n'occupant
qu'une partie de la face ventrale et une disposition presque identique
des pédicelles. Mais il s'en distingue nettement par la continuité parfaite
des parois latérales du corps et de la sole, alors que chez le P.
Murrayi, d'après le dessin de Théel, la sole est circonscrite par
un rebord latéral ; d'autre part, les corpuscules calcaires sont bien
différents dans ces deux espèces, le P. Chnrcoti ne possédant aucune
coupe.
DENDROCHIROTES. 23
10. Psolus granulosus nov. sp.
(Fig-. 4 «, b ; lig-. !) n, 6, c ; fig'. 10; lig. 11 n, h ; lig-. 18.)
N° 545. — Ile Booth-Wandel, plag'e. — 17 exemplaires.
N° 528. — 1 exemplaire.
N" 666. — 1 —
N° 694. _ 1 _
Les nombreux exemplaires de ce nouveau Psolus étaient colorés en
rouge; mais, sous T influence des réactifs, ils ont été presque totalement
décolorés : seuls les organes internes ont conservé leur coloration primi-
tive. Le liquide qui a servi à leurconservation a prisuneleinte rougeâtre.
Ces échantillons sont de différentes tailles : leurs longueurs oscillent
entre 7 et 22 millimètres; leurs largeurs varient de 4 à 10 millimètres, et
leurs hauteurs sont comprises entre2 et 7 millimètres.
L'état de contraction, plus ou moins grand, de ces divers individus
leur donne des aspects assez variés ; pourtant tous présentent une région
dorsale fortement bombée, presque cylindrique, à surface extérieure
grenue, et une sole ventrale plane, constituée par une membrane mince
et lisse. Cette sole est limitée surtout son pourtour par un rebord très
net s'infléchissant quelquefois sur le côté ventral. Dans certains exem-
plaires, le dos est surélevé tantôt vers l'ouverture anale, tantôt vers la
bouche ; ces deux ouvertures anale et buccale sont dorsales chez la plu-
part des individus ; mais, dans un exemplaire bien épanoui (fig. 4 «,/»), la
bouche est franchement terminale, tandis que l'anus est dorsal.
Les granulations qui couvrent la surface dorsale du corps sont plus vi-
sibles autour de la bouche et de l'anus, où elles paraissent se disposer en
cercles concentriques ; dans aucun cas nous n'avons observé de plaques
péribuccales et périanales.
Les pédicelles sont localisés sur le pourtour de la sole ventrale (fig. 4,r/) ;
ils sont disposés sur deux rangées le long des radius latéraux. La ran-
gée interne, constituée d'une trentaine de pédicelles, est toujours bien
visible et est formée surtout degros pédicelles, entre lesquels se trouvent
intercalés des appendices de plus petite taille. Quant à la rangée tout à
fait marginale, elle est plu sou moins cachée par le rebord latéral infléchi,
et les pédicelles qui la composent ont un diamètre deux fois plus pctiL
24 HOLOTHURIES.
que celui des appendices internes. En avant et en arrière, les deux séries
d'ambulacres s'infléchissent et bor-dent ainsi toute lapériphériede la sole.
Aux deux extrémités du radius médian ventral, sont localisés quelques
pédicelles, disposés en deux rangées, et dont le nombre ne s'élève jamais
à plus de deux à trois paires; souvent il n'existe que deux à trois de ces appen-
dices à chaque extrémité.
Les tentacules sont au nombre de dix ; les deux ventraux sont petits
et ne présentent que deux courts rameaux.
La paroi dorsale du corps renferme des corpuscules calcaires de deux
sortes :
l°Des plaques perforées irrégulièrement arrondies, formées de la su-
perposition d'un double et, en certains points, d'un triple réseau de
branches anastomosées et présentant un grand nombre de petites ouver-
tures. Leur diamètre peut atteindre 0'"°',20 ;
2" Des coupes treillissées (fig. 10, fig. H a, h), dont les rebords, plus
ou moins élevés, sont réunis par un réseau d'anastomoses. Ce sont ces
cou[)es qui, en soulevant le tégument externe, donnent l'aspect granulé de
la face dorsale.
La mince membrane de la sole contient des plaques perforées (fig. 18),
plus ou moins ovales et un peu convexes. Sur leur surface, l'on trouve,
en quelques points, de petits tubercules sphériques.
Les pédicelles renferment des plaques perforées, allongéeset à contours
irréguliers (fig. 9 a, b, c).
L'anneau calcaire est formé de dix arceaux identiques.
Il existe deux vésicules de Poli disposées d'une façon symétrique par
rapport au plan médian.
Les organes génitaux sont constitués de deux faisceaux de deux à
trois tubes simples.
Sur la face ventrale de quelques exemplaires, nous avons trouvé de
nombreux œufs incrustés dans la paroi de la sole.
Ces œufs, à différents états de développement, étaient encastrés dans
des verrucosités, d'où il est très facile de les dégager. Sous certains
Psoltfs, nous avons même observé de jeunes larves de 2 millimètres
de longueur, fixées à leur sole.
CONCLUSIONS. '2o
Rapports et différences. — Cette incubation des œufs et déjeunes larves
nous a amenés à comparer le Psolus grcmulosus avec le P. antarcticus
Philippi,qui présente des faits presque analogues. Ces deux formes se dis-
tinguent facilement lune de l'autre : le P. antarcticus possède en effet
des plaques triangulaires périorales et périanales régulièrement disposées
sur un cercle, et sa face dorsale est recouverte deplaques imbriquées. Le
corpuscules calcaires sont bien différents dans ces deux formes de Psolus.
Le Psolus granulosus offre quelque analogie avec le P. belgicœ
Ilérouard, recueilli par la « Belgica » ; mais, dans notre nouvelle espèce, la
bouche est terminale, et il n'existe pas d'écaillés très apparentes présen-
tant une imbrication qui semble partir de deux centres placés symétri-
quement sur les parties latérales du corps. D'ailleurs M. Hérouard a eu
l'obligeance de comparer notre espèce avec son /'. belgicœ, et il ne
doute pas que ce soit deux espèces différentes.
Le P. belgicœ, qui n'a que 7 millimètres de longueur, ne peut être la
forme jeune du P. granulosus, car nos exemplaires de 7 millimètres ont
déjà les caractères de l'adulte et se distinguent par suite très nettement
du /*. belgicœ.
Le Psolus granulosus apparaît donc comme une nouvelle forme d'Ho-
lothuries incubatrices des régions polaires.
CONCLUSIONS.
Les Holothuries recueillies par le « Français» appartiennent toutes à la
faune franchement antarctique, car elles ont été recueillies entre le 64°
et le 66' degré de latitude sud. Nous considérons avec M. Kœhler
comme nettement antarctique toute la région placée au sud du 55' degré
latitude sud et comme subantarctique les parties comprises entre les 50*
et 55' degrés.
D'après cette définition, comme autre collection actuellement connue"
d'Holothuriesantarctiques, nous n'avons que cellede la « Belgica ». La com-
paraison des Holothuries du << Français » avec celles de la « Belgica » montre
qu'entre elles il n'y a aucune espèce commune. Cette dissemblance si
marquée nous conduit à admettre que les documents sur les Holothuries
Expédition Charcul. — Clément Vaney. — Holothuries. 4
26 HOLOTHURIES.
antarctiques sont encore bien incomplets et qu'il y a peut-être dans ces
parages certaines localisations de faune identiques à celles qu'on observe
ailleurs.
La « Belgica » avait rapporté, des régions franchement antarctiques,
des représentants de tous les groupes d'Holothuries : une Synallactidé
nouvelle [Mesothuria bifurcata), un nouveau Psolus {Psnlm belgicœ), une
Trochostoma antarctimm Théel, la Chirodota Studeri Théel et deux nou-
veaux Elpiidés {Rhipidothuria Racovitzai et Peniagone Vignoni), ainsi que
de nombreuses larves d'Élasipodes. Quant aux Cucumaria signalées par
Hérouard, elles appartenaient à la région subantarctique, puisqu'elles ont
été récoltées à Porto-Torro (îles Navarrin).
La collection du « Français » ne renferme aucune Elpiidé, Molpadiidé
et Synaptidé, mais exclusivement des Synallactidés et des Gucumariidés ;
ces dernières sont prépondérantes, car elles constituent au moins six
nouvelles espèces, dont une seule, le Psolus granulosus^ a quelque ressem-
blance avec une espèce de la « Belgica » : le Psolus belgicœ.
Cette prépondérance des Gucumariidés se retrouve dans les collections
recueillies dans les régions subantarctiques (détroit de Magellan, cap
Horn), où le genre Cucumaria comprend de nombreuses espèces, alors
que les autres ordres d'Holothuries n'en renferment qu'un très petit
nombre : les Holotlutridœ^ par exemple, ne sont représentées que par
trois espèces.
D'après les travaux de Ludwig et de Kœhler, sur la comparaison des
Échinodermes arctiques et subarctiques, avec ceux des régions antarc-
tiques et subantarctiques, il résulte qu'il n'existe aucune espèce d'Echi-
noderme bipolaire. Les Holothuries rapportées par le « Français » ne
comportent elles aussi aucune forme bipolaire. Après les nombreux faits
accumulés contre la bipolarité, il semble définitivement acquis que la
faune antarctique est différente de la faune arctique. Je n'aurais pas
cru devoir reprendre cette question, surtout avec des documents si peu
importants, si récemment R. Perrier(l) n'était venu signaler, parmi les
(1) Holothuries antarcliquns du Muséum d'histoire naturelle de Paris (Ann. des Se. nat., ZooL,
9' série, t. 1, p. t-146). Nous renvoyons à ce mémoire pour la bibliographie des Holothuries
antarctiques et de la question de la bipolarité.
CONCLUSIONS. 27
Holothuries, le Psoliis squanuifus Dùben et Koren comme une
espèce commune aux deux zones polaires. Cette identité n'est d'ailleurs
pas parfaite, puisque cet auteur, après ïhéel, constate que le Psolus
sqnamatm antarctique est une variété du type arctique, qu'il désigne
sous le nom de negregatus (Ludwig n'avait pas admis la spéciiication de
Théel).
Il est donc intéressant d'examiner à nouveau comparativement ces deux
formes polaires.
Grâce à l'obligeance de M. Joubin, qui m'a envoyé certains exemplaires
du cap Horn déterminés par R. Perrier, j'ai pu me faire une opinion sur
ce sujet. En comparant ces Psolus antarctiques avec les échantillons de
P. sqiiamatus des mers arctiques de la collection de M. Kœhler, je con-
state, en efTet, qu'entre ces deux formes arctique et antarctique il existe
une très grande ressemblance extérieure; cependant, comme l'avait déjà
signalé R. Perrier, la disposition des plaques péribuccales est plus régu-
lière chez la forme antarctique que dans la forme arctique ; d'autre part,
les prolongements des pièces interradiales de l'anneau calcaire sont plus
forts chez le segregatus que chez le squamutus type ; mais les différences
les plus marquées se montrent dans les corpuscules calcaires de la sole
et des pédicelles. Malgré leur grande variabilité, il n'y a aucune ressem-
blance entre les corpuscules calcaires de la sole de l'une et l'autre de ces
formes. Dans le P. segregatus, ces corpuscules (fig. 14, 20) sont sem-
blables à ceux des pédicelles ventraux (fig. 15, 19 a, b); ce sont des
plaques allongées à contours irréguliers et percées d'un certain nombre
d'ouvertures; sur leur surface, on distingue quelques petits tubercules
perliformes. Chez le P. squamutus type, alors que les corpuscules des
pédicelles (fig. 16 a, 6, c) rappellent ceux du segregatus, ceux de la sole
(fig. 1/0!, h, c) sont bien différents comme dimension et comme struc-
ture; ils affectent la forme d'un x dont les branches bifurquées et
anastomosées circonscrivent deux à quatre grandes ouvertures. Ces diffé-
rences nous paraissent suffisantes pour élever la variété de R. Perrier
au rang d'une espèce distincte du P. squamutus Dùben et Koren et que
nous désignons sous le nom de /'. segregatus R. Perrier. Tout en admet-
tant avec R. Perrier que « le fait de savoir si les deux formes sont deux
2H HOLOTHURIES.
variétés do la môme espèce ou deux espèces voisines est affaire de
sentiment ou d'appréciation personnelle », nous ferons remarquer qu'aux
caractères différentiels, qui ne permettaient pas à cet auteur d'identifier
complètement la forme antarctique avec la forme arctique, nous en
avons ajouté d'autres, fournis surtout par les corpuscules calcaires, qui
nous ont amené à les séparer comme espèces distinctes, confirmant
ainsi l'opinion de Ludwig. L'identification de ces deux espèces, P. squa-
matus eiP.segregatus^ n'est donc plus permise et, par suite, il ne peut plus
être question du P. squamatus comme forme bipolaire ; ainsi disparaît
l'unique exemple de bipolarité fournit par les Échinodermes.
Si, avec la plupart des auteurs, nous n'admettons pas la bipolarité,
nous sommes frappés par les analogies présentées par certaines espèces
arctiques et antarctiques. Le Psolus squamatus arctique ressemble au
P. segregatus antarctique, la Cacumaria glacialh Ljungmann à notre
nouvelle C. altenuata, la Cucumaria hispida (Barrett) à la (J. irregularis.
E. Perrier a dressé des listes de semblables analogies entre les espèces
d'Astériesdes deux pôles. Ces ressemblances externes sont une des raisons
qui avaient entraîné certains zoologistes à admettre la bipolarité ; mais la
plupart de ces espèces bipolaires n'ont pas résisté à un examen appro-
fondi.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Fig-. 1. — Cucumaria Turqueti nov. sp. Réduct. =3/4. env.
Fig. 2 a. — Cucumaria irregularis nov. sp. ; face dorsale. Gr. = 4.
Fig. 2 6. — — — face ventrale. Gr. =: 4.
Fig. 3. — Cucumaria antarctica nov. sp. Réduct. = 2/3.
Fig. 4 a. — Psolus granulosus nov. sp. ; face ventrale. Gr. = 2.
Fig. 4 6. — vue latérale. Gr. = 2.
Fig. 5 a. — Cucumaria attenuata nov. sp. ; vue latérale. Gr. = 4.
Fig. 5 6. — — — face ventrale. Gr. == 4.
Fig. Ci a. — P soins Charcoti nov. sp. ; face ventrale. Gr. = 1.
Fig. 6 6. — — vue latérale. Gr. = 1.
Fig. la. — Synallactes Carthagei nov. sp. ; face ventrale. Gr. ^= 7/2.
Fig. 7 6. — — face dorsale. Gr. = 7/2.
Fig. 8. — Cucutnaria antarctica nov. sp. ; plaque perforée de la région invaginée du
corps. Gr. := 220.
Fig. 9 a, 6, c. — Psolus granulosus nov. sp.; plaques perforées despédicelles. Gr. = 220.
Fig. 10. — Psolus granulosus nov. sp. ; coupe de la paroi dorsale du corps, vue latéra-
lement. Gr. = 306.
Fig. il a, b. — Psolus granulosus nov. sp. ; coupe de la paroi dorsale du corps, vue en
plan et de profil. Gr. = 306.
Fig. 12. — Cucumaria attenuata nov. sp.; corpuscule calcaire despédicelles. Gr. =333.
Fig. 13. — — plaque perforée de petite taille des parois du corps.
Gr. = 2 20
Fig. 14. — Psolus segregatus R. Perrier ; plaque perforée de la sole ventrale. Gr. =^ 220.
Fig. 15. — — R. Perrier ; plaque perforée des pédiceiles. Gr. :=: 220.
PLANCHE n
Fig. 16 a, 6, c. — Psolus squamatus Duben et Koren ; plaques perforées des pédiceiles.
Gr. = 220.
Fig. 17 a, 6, c. — — — corpuscules calcairesde la sole ventrale. Gr.=:220.
Fig. 18. — Psolus granulosus nov. sp. ; plaque perforée de la sole ventrale. Gr. = 220.
Fig. 19a, 6. — Psolus segregatusR. Perrier; plaquesperforéesdespédicelles.Gr. =220.
Fig. 20. — — — plaques perforées de la sole ventrale.
Gr. = 220.
Fig. 21 a, b. — Cucumaria attenuata nov. sp. ; plaques perforées de grande taille de la
paroi du corps. Gr. =: 220.
30 EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 22. — Cucumaria attenuata, exemplaire de petite taille; plaque perforéede la paroi
du corps. Gr. = 220.
Fig. 23. — Cucumaria lateralis nov. sp. ; petite plaque perforée de la paroi du corps.
Gr. = 220. ^
Fig. 24. — Cucumaria lateralis nov. sp. ; grande plaque perforée de la paroi du corps. ^
Gr. = 220.
Fig. 25. — Cucumaria lateralis nov. sp. ; plaque perforée des pédicelles. Gr. =: 220.
Fig. 26. — Cucumaria antarctica nov. sp. ; plaque perforée de l'individu de petite taille.
Gr. = 333.
Fig. 27 a, 6, c, d. — Synallactes Carthagei nov. sp. ; corpuscules calcaires des parois du
corps. Gr. = 90.
Fig. 28 a, b. — Synallactes Carlliagei nov. sp. ; corpuscules calcaires des pédicelles.
Gr. = 220.
l'ixpedili on Chaicol , .(Vâney-HolothuriesJ .
Fl.I,
■ nrooq. Parie.
Holothuries.
Masson 8c C-° Editeurs .
Expéditaoïi Charcot , fVsnev- Holothuries!
PI. IL
Holothuries
Mas son & C'-', Editeurs .
OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE LINSTRUCTION PUBLIQUE
sous LA OtRECTION DL
L. JOUBIN, Professeur au Muséum d Histoire Naturelle
EXPEDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1903-1905)
COMMANDEE PAR LB
D-^ Jean CHARCOT
SCIENCKS NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
ÉCHINODERMES
Stellérides, Ophiures
et Échinides
R. KŒHLER
Professeur à l'Université de Lyon
Holothuries
C. VANEY
Maître de Conférences de Zoologie
à l'Université de l-yon
PARIS
MASSON ET C'% ÉDITEURS
120, Boulevard Saint-Germain, 120
SON & C"
EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1903-1905)
Fascicules publiés
POISSONS Paf L. Vaillant.
/ fascicule de 52 pages : 5 fr.
TUNICIERS ParSLuiTER.
/ fascicule de ôO pages el 5 planches hors texte : 8 fr.
MOLLUSQUES Nudibranehes et Marséniadés, par A. Vayssière. — Cépha-
lopodes, par L. JouBiN. — Gastropodes et Pélécypodes,
par Ed. Lamy. — Amphineures, par le D'" Joh Thiele.
1 fascicule de 90 pages el 6' planches hors texte : 12 //■.
CRUSTACÉS Schizopodes et Décapodes, pai H. Coutière. - Isopodes,
par Harriett Richardson. — Amphipodes, par Ed. Che-
\REux. — Copépodes, par A. Quidor.
ECHINODERMES
HYDROibES.
/ fascicule de 150 pages et 6 planches hors texte : 20 fr.
Stellérides, Ophiures et Échinides, par R. Koehler.
Holothuries, par C. Vaney.
/ fascicule de 74 pages et 6 planches hors texte : 12 fr.
Par Armand Billard.
1 fascicule de 20 pages : 2 (r.
Décembre 1906.
C.ortieil. — liiiprimcric Ko. C.néTÉ.
s?
,^.
fe*4^'^^
■ '^''Oî-^'.'
'€'^!MM
mÊM
pi
'^foî^f^
.*^;«;
Ë^^
.HS«pk*^
i '^,
'%^^^ "■
?^K
^^^^,
■■■„ xs,x>- -^ '^fli'