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Full text of "Expédition antarctique française (1903-1905) : commandée par le dr. Jean Charcot"

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Expédition  Antarctique  Française 

(1903-1905) 


COMMANDÉE     PAÏt    LE 


W^    Jean    CHARCOT 


CARTE  DES  REGIONS  PARCOURUES  ET  RELEVEES 

PAR     L'EXPÉDITION    ANTARCTIQUE    FRANÇAISE 


Membres  de  l'Ètat-Major  : 
Jean  Charcot  —  A.  Matha  —  J.  Rey  —  P.  Plknkau  —  J.  Turqijet  —  E.  Gourdon 


OUVRAGE  PUBUE  SOUS  LES  AUSPICES   DU  MINISTÈRE  DE  L'INSTRUCTION   PUBLIQUE 

sous     I-A      DIRECTION     DE 

L.  JOUBÏN.  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  Naturelle 


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EXPEDITION 

ANTARCTIQUE   FRANÇAISE 

(1903-1905) 


COMMANDEE    PAR    LE 


D-^   Jean    CHARCOT 


SCIENCES  NATURELLES  :  DOCUMENTS  SCIENTIFIQUES 


Steliérides,  Ophiures 
et  Échinides 

PAR 

R.  KŒHLER 

Professeur  à  l'Université  de  I.yon 


ÉCHINODERMES 

Holot  h  u  r  ies 


C.    VANEY 

Makre    de    Conférences    de    Zoologie 
à  1  UnÎTcrsiié  de  Lyon 


PARIS 
MASSON    ET    C%    ÉDITEURS 

120,  Boulevard  Saint-Germain,   120 

Tous  droits  de  traduction  et  de  reproduction  réservés  pour  tous  pays, 

Jlf^de  in  Fr?.r,c.e 


LISTE   DES   COLLABORATEURS 


Les  mémoires  précédés   d'un  astérisque  ont  paru. 


MM .      TfioUESSART Mammifères. 

MÉNÉGAi'x Olseau.x. 

*  Vaillant Poissons. 

-  Sluiter Tuniciers. 

*  Vayssière Nudibranc/ies. 

*  JoiiBiN Céphalopodes. 

«  Lamy Gastropodes  et  Pélécypodes. 

*  Thielk A  mphineures. 

Cari Collemboles. 

RouBAUD Diptères. 

Tbouessart Acariens. 

Bouvier Pycnogonides. 

*  CouriÈRE Crustacés  Schisopodes  et  Décapodes. 

m'"-    *  Ric.HARDSON Isopodes. 

MM.  *  Chevreux Ampliipodes. 

*  QuiDOR Copépodes. 

NoBiLi Ostracodes. 

CEhlert Brachiopodes. 

Calvet Bryozoaires. 

Gravier Polychètes. 

liÉRUBEL Géphyriens. 

JÀGERSK1ÔLD Nématodes  libres. 

Railliet Nématodes  parasites. 

Blanchard Cestodes. 

Q\ni^f^-i Trématodes . 

JouBiN Némertiens. 

Hallez Planaires . 

Kd.  Perriep, Crinotdes. 

*  KûEHLER Stellérides,  Ophiures  et  Echinides. 

«  Vaney Holothuries . 

Roule Alcyonaires. 

Bedot Siphonophores . 

*  Billard Hydroïdes. 

TopsENT Spongiaires . 

Turquet Phanérogames. 

Cardot Mousses. 

Hariot Algues. 

Petit Diatomées . 

GoiJRDON Géologie.,  Minéralogie.,  Glaciologie. 


ÉCHINODERMES 

(STÉLLÉRIDES,   OPHIURES   ET   ÉCHINIDES) 
Par  R.  KŒHLER 

PBOFESSEtIR     A     l'uNIVEIISITÉ    UE     LYON 


M.  le  professeur  Joubin  a  bien  voulu  me  confier  l'étude  des  Stellé- 
rides,  Ophiures  et  Échinides  recueillis  dans  l'Océan  Antarctique  par 
l'Expédition  du  D'  Charcot.  La  collection  qui  m'a  été  remise  n'est  pas 
très  considérable,  mais  elle  renferme  des  formes  ayant  un  très  grand 
intérêt,  notamment  parmi  les  Astéries  qui  m'ont  offert  non  seulement 
plusieurs  espèces  nouvelles,  mais  encore  un  genre  nouveau  et  même 
une  famille  nouvelle.  Les  Ophiures,  assez  pauvrement  représentées,  ont 
fourni  une  espèce  nouvelle.  Quant  aux  Echinides.  ils  appartiennent  à 
trois  espèces  déjà  connues. 

Voici  l'énumération  des  espèces  recueillies  : 


STELLÉRIDES 

Archastéridées  :  Ilipaster  Chnrcoti  nov.  gen.,  nov.  sp. 

OdontnsU'i'  validas  nov.  sp. 

Odontaster  lenuis  nov.  sp. 
Gymnastéridées  :  Porania  antarctica  Smith. 
Stichastéridées  :  Gi'anaster  biseriatiis  nov.  sp. 
AsTÉHiADÉKS  :        Anasterias  tenera  nov.  sp. 

Diplaaterins  Turqueti  nov.  sp. 

Diplasterias  papillosa  nov.  sp. 
BnisiNGiDÉES  :         Labidiaster  radiosus  Lùtken. 
Cryastéridées  nov.  fum.  :  Crijaster  antarclirus  nov.  gen.,  nov.  sp 

Expédition  Charcot.  —  Kcbhleh.  —  Kchinodermes.  » 


15987 


ÈGHINODERMES. 


OPHIURES 


Ophioglypha  innoxia  nov.  sp 
Ophionotus  Victoria}  Bell. 


ÉCHINIDES 

Arbacia  Diifresnii  (Blainville). 
Echinas  magellanicus  Philippi. 
Echinas  margarilaceus  Lamarck. 

La  seule  inspection  de  cette  liste  montre  que  la  faune  échinologique 
observée  par  l'Expédition  Gharcot  est  notablement  différente  de  celle 
qu'avaient  rencontrée  d'autres  explorations  antarctiques,  celles  de  la 
«   Belgica  »  et  de  la  «  Southern  Cross  »,   par  exemple. 

Parmi  les  Astéries,  deux  formes  seulement  appartiennent  à  des  espèces 
déjà  connues  et  d'ailleurs  abondamment  répandues  vers  la  pointe  méri- 
dionale de  l'Amérique  du  Sud:  ce  sont  les  Porania  antarctica  et  Lahidias- 
ter  radiosus.  Les  huit  autres  sont  nouvelles  et  appartiennent  pour  la 
plupart  à  des  genres  bien  représentés  dans  les  mers  australes  :  Odontas- 
ter,  Giwtasler,  Anaslerias  eiDiplasterias.  J'ai  du  créer  un  genre  nouveau 
pour  une  Archastéridée  caractérisée  par  la  minceur  des  plaques  mar- 
ginales. Enfin  une  dernière  forme,  remarquable  par  l'absence  complète 
de  squelette  dorsal,  ne  peut  rentrer  dans  aucune  famille  connue  de 
Cryptozonia  et  doit  faire  le  type  d'une  famille  nouvelle,  celle  des 
Cryastèrklèes. 

Les  Ophiures  renferment  une  Ophioglypha  nouvelle  et  plusieurs 
exemplaires  cVOphionotus  Vicloriœ,  espèce  découverte  tout  récem- 
ment dans  les  mers  australes  par  la  «  Southern  Cross  ». 

Les  trois  Échinides  que  j'ai  signalés  plus  haut  ont  déjà  été  rencontrés 
plus  ou  moins  frét|uemment  sur  les  côtes  de  la  Patagonie  et  dans  les 
parages  du  cap  Ilorn.  VEch/nus  rnargaritaceus  est  représenté  par  de 
nombreux  échantillons  que  j'ai  été  très  heureux  d'étudier,  afin  de 
pouvoir  compléter  la  description  et  rectifier  la  synonymie  de  cette 
espèce. 


ÉCHINODERMES.  3 

La  composition  de  la  faune  échinologique  antarctique  observée  par 
l'Expédition  Charcot  est  complètement  différente  de  celle  qu(\  l'on 
observe  dans  les  mers  arctiques,  et  son  étude  viendrait  encore,  si  cela 
était  nécessaire,  apporter  un  nouvel  argument  contre  la  théorie  de  la 
bipolarité  des  faunes  arctique  et  antarctique.  J'ai  examiné  cette  ques- 
tion dans  un  autre  travail  (1),  et  plus  les  observations  se  multiplient,  plus 
les  différences  se  montrent  nombreuses  et  accentuées  entre  les  faunes 
des  régions  arctique  et  antarctique  de  notre  globe.  Il  me  paraît  complè- 
tement superflu  d'insister  sur  ce  point. 

(I)  Résultais  du  voyagr  du  »  S.  Y.  Betgica  ».  Échinides  et  Ophiures,  p.  36-38. 


ECHINODERMRS. 


STELLÉRIDES 

ARCHASTÉRIDÉES 

Ripaster  nov.  g-en. 

Les  faces  dorsale  et  ventrale  du  disque  et  des  bras  sont  planes  et 
se  réunissent  par  des  angles  droits  aux  faces  latérales,  qui  sont  verticales. 
Le  disque,  de  moyenne  grosseur,  est  bien  séparé  des  bras,  qui  s'amin- 
cissent graduellement  jusqu'à  leur  extrémité,  qui  est  pointue.  La  face 
dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  paxilles,  petites  et  serrées. 
Les  plaques  marginales  dorsales  et  ventrales  sont  assez  hautes  et  exces- 
sivement étroites,  et  les  plaques  dorsales  apparaissent  à  peine  à  la  face 
dorsale  des  bras,  qu'elles  limitent  d'une  bordure  très  mince  :  elles  sont 
recouvertes,  comme  les  plaques  ventrales,  d'une  rangée  de  piquants 
aplatis  et  couchés,  dont  la  longueur  est  voisine  de  celle  de  la  plaque.  Les 
plaques  ventrales  sont  peu  nombreuses.  Les  piquants  ambulacraires  sont 
disposés  en  une  seule  rangée  ;  les  tubes  ambulacraires,  pointus,  for- 
ment une  double  rangée.  Les  dents,  grandes  et  saillantes,  sont  garnies 
de  chaque  côté  d'une  double  rangée  de  piquants  dont  les  internes  sont 
très  courts,  épais  et  fortement  élargis  à  l'extrémité.  L'anus  est  sub- 
central. 

Le  genre  Ripaster  doit  se  placer  près  du  genre  Dytaster.  Il  se  dis- 
tingue de  tous  les  autres  genres  de  la  famille  des  Archastéridées  par 
l'étroitesse  des  plaques  marginales  recouvertes  de  petits  piquants 
couchés. 

Ripaster  Charcoti  nov.  sp. 
(PI.  m,  fig-.   20,  21,  31   et  32.) 

Iles  Wincke.  Deux  exemplaires. 

Ile  Booth-WanrJel.  Trois  exemplaires. 

Baie  Biscoe.  Un  très  petit  exemjilaire. 

N"  228  (sans  autre  indication).  Trois  grands  exemplaires  secs. 


STRLr.ftniDES.  5 

Dans  les  oinq  premiers  individus,  qui  claieiiL  conservés  dans  le  formol,  R  varie  entre 
80  et  00  millim.,  r  =  22  à  24  millim.  ;  les  bras  ont  24  millim.  de  largeur  à  la  base. 
Dans  l'exemplaire  de  la  haie  Biscoe,  R  =  uO  millim.  Les  échanliilons  desséchés  portant 
le  n"  228  sont  beaucoup  plus  grands  :  R  —  150  et  ;•  :=  30  millim. 

Je  décrirai  l'espèce  d'après  un  individu  de  l'ile  Booth-Wandel,  qui 
est  très  bien  conservé  et  que  j'ai  fait  sécher  pour  le  photographier  :  c'est 
lui  qui  est  représenté  figures  20  et  21. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  paxilles  petites, 
fines  et  très  serrées,  un  peu  plus  grandes  sur  le  disque  que  sur  les  bras 
et  devenant  excessivement  petites  vers  l'extrémité  des  bras  ;  les  cinq  ou 
six  rangées  qui  entourent  l'anus  sont  aussi  beaucoup  plus  petites.  Dans 
les  grands  échantillons  du  n°  228,  les  plus  grandes  paxilles  atteignent  à 
peine  un  diamètre  de  1  millimètre  ;  elles  offrent  une  douzaine  de  gra- 
nules périphériques  entourant  une  demi-douzaine  de  granules  centraux. 
Sur  le  disque,  les  paxilles  sont  plutôt  disposées  en  cercles  concentriques, 
tandis  que  sur  les  bras  elles  forment  des  rangées  transversales  qui  sont 
assez  irrégulières;  vers  la  base  des  bras,  en  un  point  où  l'aire  paxillaire 
a  22  millimètres  de  large,  j'en  compte  une  quarantaine. 

La  plaque  madréporique  est  petite,  rapprochée  du  bord. 

Les  plaques  marginales  sont  très  hautes;  dans  les  individus  de 
moyenne  taille,  la  hauteur  des  plaques  dorsales  est  un  peu  inférieure  à 
celle  des  ventrales  et  atteint  12  millimètres  environ;  dans  les  grands 
exemplaires,  la  hauteur  des  plaques  ventrales  dépasse  un  peu  celle 
des  dorsales.  Ces  plaques  sont  excessivement  étroites,  et,  lorsqu'on  les 
regarde  par  en  haut,  elles  sont  presque  exclusivement  limitées  aux  faces 
latérales  des  bras;  les  plaques  marginales  dorsales  se  montrent  sous 
forme  d'une  mince  bordure  ne  dépassant  pas  1  millimètre  de  large;  sur 
leur  face  latérale  (fig.  32),  elles  offrent  une  rangée  de  cinq  ou  six  petits 
piquants  aplatis  et  couchés,  les  piquants  moyens  un  peu  plus  longs  que 
les  piquants  externes,  mais  tous  plus  courts  que  la  plaque.  Les  plaques 
marginales  ventrales,  qui  correspondent  exactement  aux  plaques  dorsales, 
offrent  sur  leur  bord  externe  cinq,  puis  quatre  piquants  ;iplalis  et  cou- 
chés :  les  piquants  moyens  sont  plus  longs  que  la  plaque,  les  autres 
égalent  à  peu  près  sa  longueur  ;  le  reste  de  la  surface  de  ces  plaques  est 


6  ÉCHINODERMES. 

couvert  de  piquants  très  courts  et  dressés.  Je  compte  quarante-huit 
plaques  marginales  sur  un  bras  de  l'exemplaire  que  j'ai  représenté  figure  20. 
Dans  les  grands  échantillons  du  n°  228,  les  plaques  marginales  dorsales 
sont  comparativement  plus  élevées,  et  elles  portent  une  dizaine  de  piquants, 
tandis  que  les  plaques  ventrales  n'offrent  pas  plus  de  cinq  grands  piquants 
(iîg.  31)  ;  il  y  en  a  cinquante-quatre  sur  chaque  bras. 

Les  plaques  ventrales  sont  très  peu  développées  et  elles  ne  forment 
qu'une  seule  rangée,  sauf  dans  l'angle  interbrachial  où  l'on  reconnaît 
trois  ou  quatre  rangées;  elles  portent  chacune  une  petite  touffe  dépiquants 
très  courts  et  dressés. 

Les  piquants  ambulacraires  sont  disposés  sur  une  seule  rangée,  au 
nombre  de  cinq  sur  chaque  plaque  :  ils  sont  grands  et  aplatis  et  forment 
un  petit  peigne  dressé,  les  moyens  un  peu  plus  longs  que  les  autres;  en 
dehors  de  chaque  groupe,  on  trouve  un  ou  deux  petits  piquants  isolés  qui 
passent  aux  piquants  ventraux.  Les  tubes  ambulacraires  sont  pointus  et 
très  régulièrement  bisériés. 

Les  dents  sont  grandes  et  saillantes  ;  par  leur  disposition  et  leur 
armature,  elles  rappellent  le  PseudarcJiaster  tessellatus.  Elles  portent 
sur  leur  bord  ambulacraire  une  rangée  très  régulière  de  piquants  aplatis 
et  obtus  à  l'extrémité,  très  serrés  les  uns  contre  les  autres  et  au  nombre 
de  douze  à  quinze  ;  sur  la  face  ventrale  et  de  chaque  côté  de  la  ligne 
médiane,  les  dents  sont  munies  d'une  rangée  de  piquants  courts,  larges, 
épais  et  trapus,  élargis  à  l'extrémité,  qui  est  large  et  obtuse. 


Odontaster  validas  nov.  sp. 
(PI.  III,  fig.  22  à  26.) 

Ile  Anvers.  Trois  exemplaires. 

Ile  BooUi-Wandel.  Deux  exemplaires. 

Baie  Biscoe.  Trois  exemplaires. 

Baie  des  Flandres.  Un  très  petit  exemplaire. 

Un  dei-nier  exemplaire  sans  provenance. 

Dans  le  plus  grand  individu,  qui  provient  de  File  Anvers,  /î  =50  et  ?■  =  30  millini.; 
dans  d'autres  individus,  It  —  40  et  ;•  =  20  millim.  ;  d'autres  sont  \m  jieu  plus  petits.  Dans 
l'échantillon  de  la  baie  des  Flandres,  ^=  10  millim.  seulement. 

La  structure  générale  de  cet  Odontaster  est  robuste  et  résistante,  et  tout 


STELLÉRIDES.  7 

l'ensemble  est  très  rigide  et  indéformable.  Le  disque  et  les  bras  sont 
très  épais  et  hauts  :  dans  le  plus  grand  échantillon,  le  disque  a  une 
épaisseur  de  18  millimètres;  cette  épaisseur  est  encore  de  17  milli- 
mètres dans  un  échantillon  dont  R  ^=  40  millimètres.  Les  bras  se 
confondent  avec  le  disque  par  leur  base,  qui  est  très  large;  ils  sont 
triangulaires  et  s'amincissent  assez  rapidement. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  paxilles  serrées 
et  arrivant  toutes  à  la  même  hauteur  ;  elles  sont  formées  i)ar  une  tige 
courte  et  épaisse  (fig.  25),  portant  une  couronne  de  spinules  en  forme  de 
cylindres  courts  et  souvent  légèrement  élargis  à  l'extrémité,  au  nombre 
de  douze  à  quinze  par  paxille  :  il  y  a  un(^  dizaine  de  spinules  périphériques 
et  trois  à  quatre  centrales  (fig.  20)  ;  toutes  les  spinules  arrivent  à  la  même 
hauteur,  ce  qui  donne  beaucoup  de  régularité  à  l'ensemble;  les  spinules 
périphériques  sont  plus  ou  moins  divergentes.  Sur  le  disque,  ces  paxilles 
sont  disposées  plus  ou  moins  régulièrement,  et,  sur  les  bras,  elles  forment 
des  séries  longitudinales  et  transversales.  Elles  deviennent  plus  petites 
vers  le  boi'd  du  disque  et  vers  l'extrémité  des  bras.  Dans  le  plus  grand 
échantillon  de  l'ile  Booth-Wandel,  les  paxilles  mesurent  l°"",o  de  largeur 
au  centre  du  disque.  Entre  ces  paxilles  se  montrent  des  papules 
isolées. 

Les  plaques  marginales  dorsales  et  ventrales  sont  peu  développées,  et 
leur  forme  est  presque  carrée.  Elles  sont  recouvertes  de  granules  allon- 
gés, qui,  à  la  périphérie  de  la  plaque,  s'allongent  encore  de  manière  à 
ressembler  aux  spinules  des  paxilles.  Dans  l'angle  interbrachial,  les 
plaques  marginales  sont  plus  étroites  que  sur  le  reste  du  bras,  et 
elles  ressemblent  tout  à  fait  à  des  paxilles  qui  seraient  seulement 
un  peu  plus  grandes  que  les  paxilles  voisines.  Les  plaques  margi- 
nales dorsales  et  ventrales  se  correspondent  exactement,  et,  dans 
le  grand  échantillon  de  l'île  Booth-Wandel,  j'en  compte  trente-deux  de 
chaque  côté. 

Les  plaques  ventrales,  petites  cl  })eu  distinctes,  forment  des  rangées 
régulières  obliques,  et  elles  sont  uniformément  couvertes  de  piquants 
assez  courts,  cylindriques,  à  pointe  obtuse,  au  nombre  de  quatre  à  cinq 
par  plaque.  Ces  piquants  deviennent  plus  courts  vers  le  bord  du  disque 


8  ÉCHINODERMES. 

et  des  bras,  et  ils  se  réduisent  aussi  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de 
l'extrémité  des  bras. 

Les  piquants  ambulacraires  sont  disposés  sur  plusieurs  rangées, 
souvent  sans  ordre  bien  régulier.  On  peut  cependant  distinguer  en 
général  trois  rangées  :  les  deux  internes  renferment  chacune  deux 
piquants  disposés  obliquement  par  rapport  au  sillon  ;  la  troisième  rangée 
renferme  deux  ou  trois  piquants  qui  passent  aux  piquants  ventraux.  Ces 
piquants  sont  allongés,  cylindriques,  obtus  à  l'extrémité,  un  peu  plus 
forts  et  plus  longs  que  les  piquants  de  la  face  ventrale. 

Les  tubes  ambulacraires  sont  terminés  par  une  ventouse  plissée,  et  ils 
forment  souvent  sur  les  grands  échantillons  plus  de  deux  rangées  obliques. 

La  plaque  madréporique  est  assez  grande  et  peu  ou  pas  saillante  :  elle 
est  située  presque  à  égale  distance  entre  le  centre  et  les  bords,  un  peu 
plus  près  du  centre. 

Les  pédiccllaires  font  complètement  défaut. 

Les  dents  présentent  sur  leur  bord  libre  une  rangée  de  cinq  piquants 
à  peu  près  de  la  grandeur  des  piquants  ambulacraires;  on  trouve  en 
outre  sur  leur  face  ventrale  une  série  de  trois  piquants.  L'épine  dentaire, 
assez  forte,  est  terminée  par  une  pointe  aiguë. 

La  couleur  générale  est  d'un  brun  jaunâtre  foncé. 

Rapports  et  différences.  —  VO.  valicbis  se  distingue  par  la  petitesse 
des  plaques  marginales  dorsales  et  ventrales,  qui  ressemblent  plutôt  à 
des  paxilles,  par  ses  paxilles  courtes  et  larges,  par  la  structure  robuste 
et  l'épaisseur  du  disque  et  des  bras,  par  les  bras  larges  à  la  base,  par  les 
piquants  de  la  face  ventrale  serrés   et  assez  courts. 


Odontaster  tennis  nov.  sp. 
(PI.  IV,  fig.  33  à  38.) 

Ile  Howgard.  Cinq  exemplaires. 

Quatre  cxemi»laires  desséchés  portant  respectivement  les  n°'  99, 228  et  443-48. 

Dans  le  plus  grand  échantillon,  /î  =;  58  et  ?•  =  25  millim.  ;  d'autres  échantillons  me- 
surent respectivement  :  R  =  50,  r  =  20  millim.  ;  7^  =  50,  ?•  =  20  millim.  ;  J{  :=  40, 
r  =  18  millim.  ;  H  =  23,  r  =  13  millim. 


STiaLÉRIDES.  0 

Le  disque  et  les  bras  sont  nplatis  et  minces;  la  structure  générale  est 
beaucoup  moins  robuste  et  moins  solide  que  chez  VO.  va/idus,  et  les  indi- 
vidus conservés  dans  le  formol,  au  lieu  d'être  résistants  et  rip;ides,  sont 
mous  et  facilement  déformables. 

Le  disque  est  très  grand  ;  les  bras  sont  larges  à  la  base,  et  ils  s'amin- 
cissent rapidement  ;  ils  sont  comparativement  plus  courts,  mais  plus 
minces  et  plus  effilés  que  chez  VO.  va/idus. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  forma- 
tions paxillaires  plus  grêles  et  un  pou  moins  serrées  que  dans 
l'espèce  précédente,  et  les  spinules  qui  les  terminent  sont  plus 
allongées  ;  chaque  paxille  ressemble  à  un  court  pinceau  terminé 
par  une  dizaine  do  soies,  tantôt  divergentes,  tantôt  réunies  en  fais- 
ceau, et  la  tige,  étroite,  a  la  même  longueur  que  les  spinules 
(iîg.  37  et  38).  Ces  paxilles  sont  placées  sans  ordre  sur  le  disque;  sur 
les  bras,  elles  se  disposent  régulièrement  en  rangées  longitudinales 
et  transversales,  et  l'on  remarque  entre  elles  de  nombreuses  papules 
isolées. 

Les  plaques  marginales  dorsales  et  ventrales  affectent  la  forme  de 
paxilles,  aussi  bien  dans  l'angle  interbrachial  que  sur  la  longueur  des 
bras;  dans  cet  angle,  elles  sont  simplement  plus  fortes  et  plus  allongées 
que  les  paxilles  voisines.  Les  plaques  ventrales  correspondent  aux 
plaques  dorsales;  j'en  compte  environ  trente-six  de  chaque  côté  dans  les 
grands  échantillons. 

Les  plaques  ventrales  sont  couvertes  de  piquants  allongés, 
cylindriques,  obtus  à  l'extrémité,  plus  longs  et  plus  développés 
que  chez  VO.  va/idus.  Il  est  difficile  de  distinguer  les  plaques  ven- 
trales, (pii  portent  chacune  trois  ou  quatre  piquants.  Vers  le  bord 
du  dis(|uo,  les  piquants  deviennent  plus  serrés  et  en  même  temps 
plus  courts  :  ils  forment  ainsi  sur  chaque  plaque  un  petit  groupe 
de  quatre  à  six  piquants  divergents,  ressemblant  à  une  petite 
paxille. 

Les  piquants  ambulacraires  sont  disposés  comme  chez  VO.  validas  \  ils 
sont  seulement  un  peu  plus  longs  et  plus  forts.  Les  dents  sont  aussi  plus 
allongées  que  dans  cette  dernière  espèce  ;  elles  offrent  sur  leur  bord  une 

Expédition  Charcol.  —  Kuehleu.  —  Écliinodermcs.  2 


10  EGHINODERMES. 

bordure  de  sept  piquants,  et  il  y  en  a  en  outre  trois  ou  quatre  de  chaque 
côté  de  l'épine  dentaire. 

La  plaque  madréporique  est  très  grosse  et  très  saillante;  dans  les 
grands  échantillons,  son  diamètre  atteint  7  millimètres. 

Il  n'y  a  pas  de  pédicellaires. 

Les  exemplaires  dans  le  formol  sont  gris,  sauf  l'un  d'eux,  qui  est  brun  ; 
les  individus  desséchés  sont  bruns  ou  brun  rougeàtre. 

Rapports  et  différences.  —  VO.  tcnuis  est  voisin  de  VO.  validiis;  il  s'en 
distingue  par  le  disque  et  les  bras  aplatis,  minces  et  peu  rigides,  par  le 
disque  plus  grand,  par  les  bras  plus  minces  et  plus  effilés,  par  les 
paxilles  plus  allongées  et  plus  grêles  terminées  par  des  spinules  plus 
minces  et  allongées,  par  les  piquants  de  la  face  ventrale  plus  longs 
et  plus  serrés  et  enfin  par  la  plaque  madréporique  plus  grande  et 
plus  saillante. 

GYMNASTÉRIDÉES 

Porania  antarctica  Smilh. 

Voir  pour  la  bibliographie  :  Ludwig-,  Résultats  du  voyage  de  «  ^S".  Y.  Belgica  », 
Seesterne,  p.  22,  et  Leitpoldt,  Asleroidea  der  Veltor  Pisani  Expédition  [Zeit.  f.  loiss. 
Zool.,Bd.  LIX,  p.  588). 

Deux  exemplaires  dans  lesquels  les  tubercules  sont  peu  développés;  l'un  n'olîre 
guère  que  des  tubercules  interstitiels;  dans  l'autre,  qui  est  plus  petit,  on  aper- 
çoit, au  contraire,  l'indication  de  tubérosités  sur  les  points  de  réunion  des  plaques 
principales. 

Perrier  a  montré  que  les  caractères  invoqués  par  Sladen  pour 
séparer  de  la  P.  antarctica  les  autres  espèces  antarctiques  n'ont 
pas  l'importance  que  cet  auteur  leur  attribuait,  et  il  est  d'avis  de 
réunir  toutes  ces  formes  en  une  seule  espèce,  à  laquelle  il  conserve 
le  nom  de  P.  antarctica.  Je  me  range  absolument  à  cette  manière 
de  voir. 


STKLLÉRIDES.  11 

STICHASTÉRIDÉES 

Granaster  biseriatus  nov.  sp. 
(PI.  I,  fig.  6;  PI.  IV,  (ig-.  42.) 

Six  échantillons  :  deux  provenant  de  l'île  Howgaad  et  quatre  de  l'île  Boolh-Wande-i. 

Tous  les  individus  sont  de  petite  taille  :  dans  les  plus  grands,  /?=  Ifi  et  r  =  6  millim.  ; 
dans  les  plus  petits,  /?=  10  millim. 

Perrier  (1)  a  proposé  de  séparer  le  Stichaster  nutrix  Studer  du  genre 
Stichaster,  avec  lequel  il  n'offre  que  de  lointaines  analogies,  pour  en  faire 
un  genre  à  part  auquel  il  propose  d'appliquer  le  nom  de  Granaste7\  Ce 
Stichaster  [Granaster)  provient,  comme  on  sait,  de  la  Géorgie  du  Sud. 
L'Expédition  Charcot  a  recueilli  quelques  exemplaires  d'une  petite  Astérie 
très  voisine  du  Granaster  nutrix^  dont  elle  a  tout  à  fait  le  faciès  :  cependant 
les  bras  sont  comparativement  plus  allongés  et  plus  grêles  ;  ils  n'ont  pas 
la  forme  courte  et  ramassée  qu'indique  Studer,  et  ils  sont  mieux  séparés 
du  disque. 

A  cette  différence  dans  la  forme  extérieure,  s'ajoutent  deux  différences 
plus  importantes  dans  la  structure.  Le  sillon  ambulacraire,  qui  est  large 
dans  le  Granaster  nutrix,  est  étroit  dans  les  exemplaires  que  j'ai  sous  les 
yeux,  et  les  tubes  ambulacraires,  au  lieu  d'être  quadrisériés,  sont  très 
nettement  et  très  régulièrement  bisériés.  Enfin,  sur  les  plus  grands  indi- 
vidus, je  distingue,  à  la  base  des  bras  du  moins,  trois  piquants  ambula- 
craires :  le  piquant  interne  est  cylindrique,  un  peu  aplati,  assez  mince,  et 
les  autres  sont  moins  épais  et  moins  renflés  que  chez  le  G.  nutrix. 

Les  autres  caractères  sont  conformes  à  ceux  du  G.  nutrix. 

Dans  certains  individus,  l'estomac  est  plus  ou  moins  extroversé  au 
dehors,  mais  je  ne  vois  pas  la  moindre  trace  de  pontes  analogues  à  celles 
que  Studer  a  constatées  chez  le  G.  nutrix. 

En  raison  des  différences  que  je  viens  d'indiquer,  et  surtout  à  cause 
de  la  disposition  très  régulièrement  bisériée  des  tubes  ambulacraires,  il 
m'a  paru  que  les  échantillons  recueillis  par  l'Expédition  Charcot  devaient 
constituer  plus  qu'une  simple  variété  du  G.  nutrix,  et  je  propose  de  les 
en  séparer  sous  le  nom  de  G.  biseriatus. 

(1)  Expédition  du  «  Travailkur  »  et  du  «  Talisman  ».  Stellérides,  p.  129, 


12  ÉCHINODERMES. 


ASTERIADEES 


Anasterias  tenera  nov.  sp. 
(PI.  II,  fig.  Il  à  10;  PI.  III,  fig.  27  et  28;  PI.  IV,  fig.  41.) 

Ile  Booth-Wandel,  profondeur  40  mètres  (drague).  Deux  exemplaires. 
Quatre  autres  échantillons  n'ont  pas  d'indications  de  station  et  portent  simplement  des 
numéros  :  deux  sont  étiquetés  445-48,  le  troisième  644  et  le  quatrième  758. 
Enfin  deux  échantillons  secs  portent  le  n»  758. 

Dans  le  plus  grand  échantillon  (n°  758),  R=i20  et  ?■  ==  25  millim.  ;  les  bras  ont 
29  millim.  de  largeur  à  la  base.  Dans  l'un  des  échantillons  de  l'île  Rooth-Wandel,  11=  105 
et  r  =  20  millim.  ;  dans  l'autre,  7î  =  05  et  r^l7  millim.  Les  autres  individus  sont  moins 
grands  et/f  =  75  et  05  millim.;  l'échantillon  portant  le  n"  044  est  admirablement  conservé  : 
c'est  lui  que  j'ai  représenté  figure  11  et  12,  d'après  des  photographies.  Les  individus 
desséchés  sont  plus  petits,  et  leur  grand  rayon  mesure  respectivement  60  et  50  millim. 

Dans  les  échantillons  non  déformés,  le  disque  et  les  bras  sont  épais  et 
hauts;  les  bras  sont  larges  à  la  base,  et  ils  s'amincissent  très  lentement 
et  progressivement  jusqu'à  l'extrémité,  qui  est  large  et  obtuse.  Les  indi- 
vidus sont  assez  facilement  déformables,  mais  cependant  les  gros  échan- 
tillons offrent  une  certaine  rigidité,  tandis  que  les  petits  sont  en  général 
très  mous. 

Tout  le  tégument  est  couvert  de  ces  expansions  cutanées  auxquelles 
on  a  donné  le  nom  de  pustules  :  ces  expansions  sont  basses  et  assez 
larges;  elles  sont  inégales  et  offrent  des  contours  irréguliers,  polygo- 
naux ou  arrondis;  les  plus  grandes  ont  une  largeur  de  2  à  3  millimètres. 
Le  tissu  de  ces  pustules,  qui  renferme  d'abondantes  fibres  conjonctives, 
présente  de  nombreux  pédicellaires  croisés,  que  j'ai  représentés 
figures  15  et  16,  et  dont  la  tête  a  0"°',40  à  C,45  de  longueur.  Entre 
les  pustules,  se  montrent  de  petits  groupes  de  papules  peu  déve- 
loppées. 

On  rencontre  parfois,  sur  la  face  dorsale  des  bras,  des  pustules  offrant 
en  leur  centre  un  petit  piquant;  mais  cela  est  très  rare,  et  les  piquants 
sont  à  peu  près  exclusivement  localisés  sur  les  parties  ventrales  et  laté- 
rales des  bras. 

Immédiatement  en  dehors  de  la  rangée  de  jjiquants  ambulacraires,  on 
remarque  une  double  rangée  de  piquants  s'étendant  sur  toute  la  longueur 
du  bras.  Les  piquants  de  la  rangée  externe  correspondent  exactement 


STRLLÉRIDES.  13 

à  ceux  de  la  rangée  interne.  Chaqu<>  piquant  s'élève  au  cenli-e  d'une 
pustule,  et  toutes  ces  pustules,  de  forme  assez  réfi,ulière  et  quadran- 
yulaire,  plus  grosses  que  les  autres,  forment  une  double  rangée  s'éten- 
dant  sur  toute  la  longueur  du  bras.  Chacun  de  ces  piquants  corres- 
pond environ  à  quatre  picjuants  ambulacraires.  Ces  piquants  sont 
ajilalis,  et  ils  vont  en  s'élargissant  légèrement  depuis  la  base  jusqu'à 
l'extrémité,  qui  est  tronquée;  ils  débordent  de  2  millimètres  environ 
la  pustule  au  centre  de  laquelle  ils  s'élèvent. 

Sur  l'échantillon  que  j'ai  représenté  figures  11  et  12,  je  compte  de 
trente-six  à  quarante  pustules  ou  [)iquants  dans  chaque  rangée.  La 
rangée  externe  se  trouve  à  la  limite  de  la  face  ventrale  et  de  la  face 
latérale  du  bras. 

A  quelque  distance  au-dessus  de  la  rangée  externe  de  piquants  et  pas 
tout  à  fait  au  milieu  de  la  face  latérale  du  bras,  on  peut  remarquer  une 
autre  série  de  piquants,  mais  plus  courts  et  plus  petits  que  les  précédents 
et  faisant  à  peine  saillie  hors  de  la  pustule  qui  en  entoure  la  base.  Cette 
rangée  est  bien  apparente  sur  l'échantillon  n°  644,  que  j'ai  représenté; 
mais  je  n'ai  pas  pu  la  reconnaître  sur  certains  individus,  sans  doute  en 
raison  de  leur  mauvais  état  de  conservation  ;  elle  ne  paraît  pas  s'étendre 
toujours  jusqu'à  l'extrémité  du  bras. 

Les  pustules  que  j'observe  chez  l'A,  tencra  sont  les  mêmes  que  celles 
qui  ont  été  indiquées  chez  d'autres  espèces  cVAfiasterias  ;  elles  sont 
évidemment  identiques  à  ces  collerettes  qu'on  trouve  à  la  base  des 
piquants  de  beaucoup  (.VAsierias  et  qui  renferment  de  nombreux  pédicel- 
laires  croisés.  Dans  le  genre  Anasterias,  la  plupart  des  piquants  avortent, 
et  la  collerette  reste  seule,  constituant  ainsi  une  pustule. 

Les  piquants  ambulacraires,  disposés  sur  une  seule  rangée,  sont 
grands,  assez  minces,  cylindriques,  obtus  à  l'extrémité,  qui  est  parfois 
élargie  et  un  peu  aplatie  sur  les  grands  échantillons  ;  leur  longueur  est 
égale  à  5  millimètres.  Le  sillon  ambulacraire  est  très  large,  et  les  tubes 
ambulacraires  sont  disposés  très  régulièrement  sur  quatre  rangées.  Des 
pédicellaires  droits,  assez  nombreux  et  de  taille  variable,  se  rencontrent 
à  la  base  des  piquants  ambulacraires  (fig.  14)  ;  leur  longueur  varie  entre 
1  millimètre  et  r'",20. 


14  ÉGHINODERMES. 

Je  n'ai  pas  rencontré  de  pédicellaires  en  griffe,  comme  Ludwig  en 
a  signalé  chez  VA.  chirophora. 

La  plaque  madréporique  est  petite  et  peu  apparente  sur  les  exem- 
plaires conservés  dans  le  formol. 

Le  squelette  dorsal  du  disque  et  le  squelette  latéral  des  bras  présentent 
le  caractère  rudimentaire  qu'on  observe  dans  le  genre  Anasterias.  Un 
anneau  irrégulièrement  pentagonal  limite  la  région  centrale  du  disque 
(fig.  13);  cet  anneau  est  formé  de  petites  pièces  calcaires,  généralement 
disposées  sur  un  seul  rang  et  s'imbriquant  par  leurs  bords.  La  plaque 
madréporique  est  comprise  dans  ce  cercle,  qui,  sur  un  échantillon 
dans  lequel  R  =^  oO  millimètres,  a  un  diamètre  de  8  millimètres. 
En  dedans  du  cercle,  on  remarque  quelques  petites  plaqueî»  isolées 
plus  ou  moins  nombreuses  suivant  les  exemplaires  et  formant 
même  parfois  de  petites  séries.  La  disposition  de  cet  anneau  calcaire 
rappelle  les  A.  BeUjicee  et  A.  chirophora,  étudiées  par  Ludwig.  De 
l'anneau  calcaire  part,  dans  chaque  interradius,  une  série  de  petites 
plaques  disposées  sur  deux  ou  trois  rangs,  qui  se  dirigent  sur  l'angle 
interbrachial  et  se  continuent  vers  la  face  ventrale  pour  atteindre  les 
plaques  ambulacraires.  Ces  plaques  viennent  se  confondre  avec  celles  qui 
constituent  le  squelette  de  la  face  latérale  des  bras. 

Ce  squelette  latéral  des  bras  comprend  d'abord  une  première  rangée 
de  plaques  que  j'appellerai  inféro-latérales  (fig.  28,  i.  /),  qui  se  suivent 
en  s'imbriquant  et  forment  une  bande  continue,  superposée  aux  plaques 
ambulacraires  [a)  ;  elles  s'étendent  vraisemblablement  sur  toute  la 
longueur  des  bras.  Ces  plaques  sont  irrégulièrement  losangiques  ou 
ovalaircs,  et  chacune  d'elles  correspond  à  deux  ou  trois  plaques  ambu- 
lacraires. De  chaque  plaque  ventro-latérale  part  une  rangée  verticale 
étroite  de  trois  ou  quatre  plaques  (/),  dont  l'inférieure  s'imbrique  sur 
la  plaque  inféro-latérale  correspondante.  Ces  rangées  sont  largement 
séparées  les  unes  des  autres;  seule,  la  dernière  plaque  de  chaque  série, 
plus  large  que  les  autres  (.f.  /),  se  relie  de  chaque  côté  aux  deux  plaques 
voisines,  soit  par  un  prolongement  direct,  soit  par  une  petite  plaque 
indépendante,  de  manière  à  former  une  rangée  supérieure  continue. 
La  série  inférieure  de  plaques  supporte  la  double  rangée  de  piquants 


STELLÉRIDES.  15 

inférieurs,  et  la  série  supérieure  supporte  les  piquants  plus  petits  de  la 
rangée  latérale.  Je  remarque  encore  à  la  base  des  bras  que  les  plaques 
de  la  rangée  supérieure  se  prolongent  vers  la  face  dorsale,  mais  je  n'ai 
pu  distinguer  exactement  les  contours  de  ces  parties,  qui  me  paraissent 
former  quelques  petites  plaques  isolées. 

Toutes  ces  pièces  du  squelette  du  disque  et  des  bras  sont  fort  difli- 
ciles  à  étudier  :  on  ne  peut  pas  les  reconnaître  sur  les  échantillons  con- 
servés dans  un  liquide,  et  il  faut  les  préparer  sur  des  individus  desséchés 
en  détruisant,  ta  l'aide  de  la  potasse,  les  téguments  qui  les  recouvrent. 
Or  on  ne  peut  enlever  complètement  ces  téguments  sous  peine  de  voir  le 
morceau  traité  se  disloquer  brusquement,  et  les  tissus  mous  qu'il  faut 
laisser  en  place  pour  maintenir  les  plaques  calcaires  en  masquent  plus  ou 
moins  les  contours.  Il  est  d'autant  plus  difficile  de  réussir  la  préparation 
(|U(',  les  échantillons  ayant  été  traités  par  le  formol,  les  tissus  sont  deve- 
nus plus  résistants.  C'est  pour  cette  raison  que  je  n'ai  pas  pu  étudier 
d'une  manière  aussi  complète  que  je  l'aurais  voulu  ce  squelette  si 
délicat. 

J'ajouterai  encore  qu'on  peut  observer,  à  la  face  dorsale  du 
disque,  quelques  plaques  radiales  dont  le  nombre  varie  suivant  les 
échantillons  ;  ces  plaques  sont  d'ailleurs  toujours  fort  peu  dévelop- 
pées. Ainsi,  sur  un  des  échantillons,  je  distingue  dans  un  des  radius 
une  petite  série  de  trois  ou  quatre  plaques  qui  partent  de  l'anneau 
dorsal  ;  dans  les  autres  radius,  il  n'y  a  qu'une  seule  plaque  ou 
même  pas  du  tout.  Enfin  on  trouve  çà  et  là,  sur  la  face  dorsale  des 
bras,  quelques  petites  plaques  isolées  portant  chacune  un  petit  pi- 
quant ;  ces  plaques,  irrégulièrement  disposées,  sont  toujours  très  peu 
nombreuses. 

La  couleur  des  échantillons  conservés  dans  le  formol  est  blanche,  sauf 
chez  les  deux  exemplaires  de  l'île  Booth-Wandel,  qui  sont  brunâtres. 

Rappohts  et  différences.  —  L'A.  tenera  est  voisine  des  A.  chirophora 
et  Belgicse^  dont  elle  diffère  par  la  constitution  du  squelette  du  disque 
et  des  bras  ;  elle  s'éloigne  aussi  de  l'A.  chirophora  par  l'absence  de 
pédicellaires  en  griffe. 


16  ÉGHINODERMES. 


\J Anastcrias  teneraesi^  comme  d'autres  espèces  du  genre,  une  Astérie 
incubatrice,  et  l'un  des  échantillons  de  l'île  lîooth-Wandel,  le  plus  petit,  est 
en  gestation.  Les  jeunes  sont  rassemblés  sous  la  face  ventrale  du  disque 
de  leur  mère,  et  ils  forment  une  masse  compacte  et  serrée  qui  recouvre 
cette  face  à  peu  près  complètement  ;  la  couvée  masque  non  seulement  l'ori- 
fice buccal,  mais  encore  le  commencement  des  cinq  sillons  ambulacraires. 
L'Astérie  ne  présente  dans  sa  forme  rien  de  particulier,  et  elle  n'offre  pas 
l'attitude  que  l'on  observe  souvent  chez  les  espèces  incubatrices  ;  la  face 
dorsale  n'est  pas  plus  bombée  que  chez  les  autres  exemplaires,  qui  ne 
sont  pas  en  gestation,  et  les  bras  sont  presque  plans.  Les  jeunes  ont  un 
diamètre  de  5  millimètres  ;  ils  sont  tous  au  même  stade  et  dans  la  même 
position  par  rapport  à  la  mère,  leur  face  ventrale  tournée  vers  la  face 
ventrale  de  cette  dernière.  Comme  cet  individu  est  le  seul  de  la  collec- 
tion qui  soit  en  état  de  gestation,  je  n'ai  pas  voulu  dissocier  cette  cou- 
vée, qu'il  était  intéressant  de  conserver  intacte,  soit  pour  étudier  la 
structure  des  jeunes,  soit  pour  rechercher  leurs  relations  avec  la  mère. 
Heureusement  une  couvée  isolée,  ou  plutôt  une  portion  de  couvée,  m'a 
aussi  été  remise  et  m'a  permis  de  faire  quelques  observations  intéres- 
santes. Cette  couvée  appartient  très  vraisemblement  à  l'A.  tenera^  et 
les  jeunes  offrent  la  même  taille  et  les  mêmes  caractères  que  ceux  qui  sont 
en  place.  Elle  ressemble  beaucoup  à  celle  que  Ludwig  a  figurée  dans  les 
Résidkits  dit  voyage  de  la  «  lielgica  »  (Seesterne,  pi.  VII,  fig.  69  et  70). 
Les  individus  sont  reliés  par  les  ramifications  d'un  pédoncule  ou  cordon, 
que  Philippi  a  appelé  le  cordon  ombUical,  et  qui  se  fixe  sur  chaque  jeune 
en  un  point  toujours  exactement  interradial  et  au  voisinage  de  la  bouche, 
qui  est  fermée. 

Le  développement  d'une  autre  Astérie  incubatrice  a  été  étudié  avec 
beaucoup  de  soin  par  Perrier  :  c'est  VAste7'ias  spiraliilis,  recueillie  par  la 
mission  du  cap  Horn.  Comme  les  jeunes  que  j'ai  eu  en  mains  sont 
tous  au  même  stade,  mes  observations  sur  le  développement  de  VA.  tc- 
nera  sont  forcément  très  sonnuaires  ;  je  me  contenterai  de  décrire  le 
squelette  de  ces  jeunes  individus,  —  squelette  qui  ressemble  d'ailleurs 


STELLÉRIDES.  17 

beaucoup  à  celui  que  Perrier  a  décrit  cliez  VAsteiuas  spirabi/is,  —  et 
d'étudier  les  relations  de  ces  jeunes  avec  le  cordon  ombilical. 

Le  squelette  ambulacraire  (PI.  IV,  fîg.  41)  comprend  une  douzaine  de 
paires  de  plaques  ambulacraires  disposées  très  régulièrement  les  unes 
à  la  suite  des  autres  et  séparées  par  des  intervalles  réguliers  :  ces  pièces 
diminuent  de  longueur  et  s'amincissent  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de 
l'extrémité  du  bras.  Elles  ont  une  forme  allongée  et  sont  épaissies  vers 
l'extrémité  interne  ou  radiale.  La  première  pièce  de  chaque  série,  un  peu 
plus  forte  et  plus  épaisse  que  la  voisine,  quitte  l'alignement  régulier  de  la 
série  et  s'infléchit  latéralement  vers  sa  congénère  du  bras  voisin  pour 
constituer  la  dent;  mais  ce  changement  de  position  ne  fait  que  com- 
mencer, et  les  deux  pièces  ne  sont  pas  encore  accolées  l'une  à  l'autre 
comme  elles  le  seront  plus  tard.  Je  ne  distingue  pas  l'odontophore.  En 
dehors  de  la  série  des  plaques  ambulacraires,  on  reconnaît  les  plaques 
adambulacraires,  sous  forme  de  pièces  cubiques  alternant  avec  les  ambula- 
craires. Toutes  ces  pièces  sont  dépourvues  de  piquants,  et  leur  tissu  est 
constitué  par  un  réseau  calcaire  assez  compact. 

Le  squelette  dorsal  comprend  d'abord,  au  centre  du  disque,  un  certain 
nombre  de  plaques  minces,  formées  d'un  réseau  calcaire  lâche  et  délicat, 
portant  chacune  un  piquant.  On  reconnaît  toujours  une  plaque  plus 
grosse  que  les  autres,  placée  au  voisinage  du  centre,  et  un  certain  nombre 
d'autres  plaques  plus  petites  et  disposées  sans  ordre  ;  on  peut  bien 
distinguer  des  plaques  radiales  et  interradiales,  mais  il  n'y  a  pas  d'alter- 
nance régulière  entre  elles.  La  situation  et  le  nombre  de  ces  plaques  varie 
d'ailleurs  avec  les  échantillons.  Sur  la  face  dorsale  des  bras,  on  retrouve 
des  plaques  analogues  et  pourvues  d'un  piquant,  mais  toujours  disposées 
sans  ordre  régulier. 

Sur  les  côtés  des  bras,  une  double  rangée  de  plaques  régulièrement 
alignées,  mais  non  contiguës,  représente  les  plaques  marginales  dorsales 
et  ventrales  ;  ces  plaques,  minces  et  arrondies,  ressemblent  aux  plaques 
dorsales,  mais  elles  sont  do  taille  plus  régulière,  et  le  piquant  qu'elles 
portent  est  plus  grand.  Ces  piquants  se  disposent  très  régulièrement  sur 
les  côtés  des  bras,  parallèlement  les  uns  aux  autres.  Enfin  les  bras 
offrent  à  leur  extrémité  une  plaque  terminale,  grande  et  élargie  trans- 

Expédition  Charcot.  — Koehler.   —  Échinoderincs.  «> 


18  ÉCHINODERMES. 

versalement,  qui  porte  une  demi-douzaine  de  piquants  un  peu  plus 
grands  que  les  piquants  latéraux.  Tous  ces  piquants  sont  formés  d'un 
réseau  calcaire  dont  les  mailles  sont  parallèles  à  leur  grand  axe,  et  ils  se 
terminent  par  quelques  pointes  allongées  et  fines. 

Nous  devons  à  Perrier  d'intéressants  renseignements  sur  ce  curieux 
((  cordon  ombilical  »,  qui  fournit  des  ramifications  à  l'extrémité  des- 
quelles sont  appendus  les  jeunes  et  qui  les  rattache  à  la  mère.  Il  a 
reconnu  que  ce  cordon  «  est  simplement  formé  par  un  diverticule  des 
parois  du  corps  (du  jeune),  dans  lequel  pénètre  un  cordon  fibreux  se 
reliant  lui-même  au  plancher  fibreux  qui  supporte  l'anneau  ambulacraire. 
Les  fibres  ne  forment  pas  une  masse  compacte  ;  elfes  vont  se  rattacher,  en 
divergeant,  aux  parois  du  cordon  et  comprennent  entre  elles  un  assez 
grand  nombre  de  corpuscules  vitellins.  Un  épithélium  épais,  formé  de 
minces  et  longues  cellules,  constitue  à  lui  seul  la  paroi  du  cordon.  Cet 
épithélium  est  recouvert  à  l'extérieur  d'une  cuticule  ».  Je  puis  confirmer 
ces  observations  de  Perrier  ;  la  seule  différence  que  je  constate  chez 
VAiiasterias  tenera  est  l'absence  de  cette  cuticule  signalée  chez  VAsterias 
spirab'dis. 

Je  donne  ici  (fig.  27)  un  dessin  représentant  la  coupe  transversale 
du  cordon,  dont  les  parois  sont  plus  ou  moins  fortement  plissées  ;  on 
reconnaît  cet  épithélium  très  haut  et  le  tissu  conjonctif  lâche  signalés 
par  Perrier  :  en  certains  points,  surtout  dans  les  portions  du  cordon 
voisines  de  la  jeune  Astérie,  on  remarque  des  lacunes  plus  ou  moins 
nombreuses.  L'examen  de  séries  de  coupes,  soit  transversales,  soit 
longitudinales,  m'a  montré  qu'il  y  avait  une  continuité  parfaite  de  tissus 
entre  le  cordon  et  la  jeune  Astérie  ;  les  lacunes  du  cordon  s'ouvrent  dans 
la  cavité  générale  de  l'Astérie,  entre  la  paroi  ventrale  du  sac  stomacal 
et  la  face  ventrale  du  corps  ;  le  tissu  conjonctif  se  continue  avec  le  tissu 
conjonctif  du  corps,  et  l'épithéliuni  du  cordon  passe  à  l'épithélium  de  la 
face  ventrale  du  corps  de  la  jeune  Astérie. 

Il  est  évident  que  des  relations  aussi  intimes  ne  se  sont  point  créées 
secondairement.  Le  cordon  ombilical  est  donc  bien  une  formation 
fœtale,  et  ce  sont  ses  relations  avec  la  mère  qui  se  sont  établies  secon- 
dairement. Perrier,  après  avoir  fait  remarquer  que  le  cordon  ombilical 


STELLÉniDKS.  19 

s'insérait  toujours  au  voisinage  de  la  bouche  et  dans  un  inlerradius, 
a  insisté  sur  la  ressemblance  de  ce  cordon  avec  un  appendice  de 
la  Brachiolaire.  «  C'est  donc,  dit-il,  par  une  région  du  corps  corres- 
pondant aux  appendices  de  la  Brachiolaire  que  nos  jeunes  Astei^ias 
adhèrent  à  leur  mère.  »  Je  renvoie  au  mémoire  de  Perricr  pour  les 
considérations  qu'il  tire,  au  point  de  vue  phylogénétique,  de  cette 
constatation. 

Quant  à  la  manière  dont  le  cordon  ombilical  se  fixe  au  corps  de  la 
mère,  Perrier  n'apula  déterminer  exactement,  et  je  n'ai  pu  faire  aucune 
observation  sur  ce  point,  n'ayant  pas  osé  dissocier  la  seule  couvée  en 
place  que  j'avais  à  ma  disposition.  Perrier  a  reconnu  que  le  pédoncule  se 
relie  <<  à  une  membrane  provenant  du  corps  maternel,  qui  a  l'aspect  plissé 
de  la  membrane  stomacale  de  VAsterias  adulte  » .  Cette  membrane  ferait 
ainsi  hernie  à  l'extérieur.  Il  est  donc  vraisemblable  que  c'est  par  l'inter- 
médiaire du  sac  stomacal  que  les  jeunes  Astéries  sont  mises  en  commu- 
nication avec  leur  mère;  mais  la  question  ne  pourra  être  résolue  défini- 
tivement qu'à  la  condition  de  pouvoir  étudier  quelques  exemplaires 
d'Astéries  en  état  de  gestation. 

Diplasterias  Turqueti  nov.  sp. 
(PI.  II,  fig.  17  ;  PI.  IV,  fig.  39.) 

Ile  Booth-Wandel.  Six  exemplaires. 

Dans  le  plus  grand  individu,  R  =  100,  r  :=  20  millim.  ;  les  bras  ont  21  millim.  de  lar- 
geur à  la  base  ;  dans  un  autre  individu,  /J  =  83,  r  =  20  millim.,  et  les  bras  ont  21  millim. 
à  la  base.  Les  autres  échantillons  sont  moins  grands  :  dans  le  plus  petit,  /?  =  54  et 
r  =  12  millim. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  pustules  entre 
lesquelles  se  trouvent  des  papules  isolées  ou  réunies  par  petits  groupes, 
de  telle  sorte  que  l'apparence  extérieure  rappelle  beaucoup  celle  de 
V Anasterias  tenera.  Toutefois  les  pustules  sont  moins  développées, 
moins  épaisses,  plus  basses  et  plus  irrégulières  que  dans  cette  dernière 
espèce.  Qu(^lques-unes  d'entre  elles  ofi"rent,  en  leur  milieu,  un  petit 
piquant,  mais  de  tels  piquants  sont  rares,  et  leur  nombre,  toujours  peu 
élevé,  varie  avec  les  échantillons.    Les  pustules  renferment  quelques 


20  ÉCHINODERMES. 

pédicellaires  croisés,  à  peine  différents  par  leur  taille  et  par  leurs  carac- 
tères, de  ceux  de  VAîUtsterias  tcnera. 

Si  l'on  enlève  les  parties  molles  par  un  traitement  à  la  potasse,  ou 
simplement  qu'on  fasse  dessécher  l'Astérie,  on  reconnaît  un  squelette 
formé  d'ossicules  disposés  en  réseau  et  rappelant  celui  d'autres  Diplas- 
terias  ;  mais  ces  ossicules  sont  très  minces  et  très  lâchement  unis,  et, 
lorsqu'on  les  traite  par  la  potasse,  ils  se  dissocient  avec  la  plus  grande 
facilité  ;  aussi  leur  ensemble  est-il  très  peu  rigide.  Ceci  explique  pour- 
quoi les  exemplaires  conservés  dans  le  formol  sont  tout  aussi  facilement 
déformablcs  que  les  Anasterias  tenera,  qui  sont  totalement  dépourvues 
de  squelette  réticulé. 

A  la  limite  de  la  face  ventrale  et  de  la  face  latérale  des  bras,  on  observe 
(PI.  II,  fig.  17)  une  double  rangée  de  piquants  qui  s'étend  sur  toute  la 
longueur  des  bras.  Les  deux  piquants  correspondant  de  chaque  rangée 
sont  très  rapprochés  l'un  de  l'autre  en  un  petit  groupe  oblique.  Ces 
piquants  sont  épais,  obtus  à  l'extrémité,  ordinairement  cylindriques,  par- 
fois un  peu  aplatis  ;  ils  sont  courts,  leur  longueur  ne  dépassant  guère  celle 
des  piquants  ambulacraires.  Chaque  groupe  de  deux  piquants  est  entouré 
à  la  base  d'une  collerette  renfermant  de  nombreux  pédicellaires  croisés 
et  correspond  à  trois  piquants  ambulacraires  environ.  Entre  cette  double 
rangée  de  piquants  et  les  piquants  ambulacraires,  s'étend  une  bande  assez 
étroite,  dépourvue  de  piquants  et  où  se  trouvent  d'assez  grosses  papules 
isolées  et  assez  régulièrement  espacées  (PI.  IV,  fig.  39)  ;  çà  et  là  se  mon- 
trent en  outre  quelques  pédicellaires  droits,  mais  ils  sont  peu  abondants. 

Au-dessus  de  la  double  rangée  de  piquants  latéro-ventraux,  s'étend 
une  bande  qui,  à  la  base  des  bras,  mesure  4  ou  5  millimètres  de  hau- 
teur et  qui  se  rétrécit  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  l'extrémité  du 
bras.  Cette  bande  est  occupée  par  des  pap,ules  petites  et  assez  serrées. 
En  dehors,  vient  une  rangée  unique  de  piquants  latéraux,  identiques  aux 
piquants  latéro-ventraux  et,  comme  eux,  entourés  d'une  collerette  très 
développée  renfermant  des  pédicellaires  ;  ces  piquants  sont  presque 
exactement  superposés  aux  piquants  latéro-ventraux. 

Les  piquants  ambulacraires  sont  cylindriques,  obtus  à  l'extrémité  qui 
n'est  pas  élargie  et  assez  développés  ;  les  piquants  externes,  qui  sont  un 


STELLÉRIDES.  21 

peu  plus  grands  que  les  internes,  mesurent  3  millimètres  de  longueur. 

Le  sillon  ambulacraire  n'est  pas  très  large,  et  les  tubes  ambulacraires, 
plutôt  petits,  forment  quatre  rangées  un  peu  irrégulières.  On  ne  ren- 
contre dans  le  sillon  qu'un  petit  nombre  de  pédiccllaires  droits,  placés 
à  des  distances  variables  les  uns  des  autres  ;  leur  taille  varie  également, 
et  les  plus  grands  ont  un  peu  plus  de  1  millimètre  de  longueur  environ  ; 
ils  sont  identiques  à  ceux  de  YA?iasterias  tenera. 

La  plaque  madréporique  est  petite,  assez  apparente,  un  peu  plus 
rapprochée  du  bord  que  du  centre  du  disque. 

La  couleur  des  exemplaires  dans  le  formol  est  blanche. 

La  Diplasterias  Turqiieti  est  peut-être  une  espèce  incubatrice,  car 
quelques  individus  sont  fixés  dans  l'attitude  incubatrice,  le  disque  relevé 
et  la  base  des  bras  rapprochée;  mais  aucun  d'eux  n'est  en  gestation. 

Rapports  et  différences.  —  Par  ses  téguments  couverts  de  pustules  et 
l'absence  presque  complète  de  piquants  sur  la  face  dorsale  du  disque  et 
des  bras,  la  D.  Turqiœti  s'éloigne  des  autres  Diplasterias  connues,  et  je 
ne  vois  pas  d'espèce  dont  on  pourrait  la  rapprocher. 

J'ai  fait  remarquer  plus  haut  que  la  D.  Turqueti  avait  le  même  faciès 
que  V Anasterias  tenera  ;  c'est  un  exemple  intéressant  de  convergence 
entre  deux  formes  ayant  une  constitution  très  différente. 

Diplasterias  papillosa  nov.   sp. 
(PI.  I,  fig.  2  à  5  ;  PI.  II,  fig.  18  et  19.) 

Ile  Moureau.  Un  exemplaire. 

Deux  autres  exemplaires,  sans  indication  de  station,  portent  respectivement  les 
n"  579  et  787. 

Dans  le  plus  grand  individu,  qui  porte  le  n»  579,  /?  =;  30  et  7'  =  79  millim.  ;  dans  celui 
de  l'ile  Moureau,  It  =  30  et  ?•  =  7  millim.  ;  dans  le  dernier  échantillon,  /J=  12  et 
r  =  5  millim. 

Le  disque  et  les  bras  sont  hauts  et  épais.  Dans  les  deux  plus  petits 
exemplaires,  les  brsa  sont  cylindriques,  avec  la  face  dorsale  convexe  ; 
dans  le  plus  grand,  cette  face  est  déprimée,  mais  il  semble  bien  que, 
chez  l'animal  vivant,  les  bras  devaient  être  cylindriques.  Dans  ce  dernier 
exemplaire,  les  bras  s'amincissent  graduellement  jusqu'à  l'extrémité,  qui 


22  ÉCHINODERMES. 

se  termine  en  pointe  obtuse  ;  dans  les  autres,  les  bras  conservent 
presque  la  même  largeur  jusqu'à  une  très  petite  distance  de  l'extrémité, 
qui  est  plus  obtuse. 

Toute  la  surface  du  corps  est  couverte  de  formations  papilliformes 
dressées,  contiguës  et  serrées,  les  unes  coniques  et  terminées  en  pointe 
obtuse,  les  autres  aplaties  ou  prismatiques  et  plus  ou  moins  déformées 
par  pression  réciproque;  leur  longueur  dépasse  1  millimètre.  Ces  forma- 
tions ressemblent  à  des  papilles  qui,  tout  en  étant  assez  molles,  offrent 
cependant  une  certaine  élasticité.  Quand  on  les  examine  au  microscope, 
surtout  après  traitement  à  la  potasse  (PL  II,  fig.  18),  on  reconnaît  dans 
l'axe  de  chacune  d'elles  une  tige  étroite  et  mince,  formée  d'un  tissu  cal- 
caire réticulé,  offrant  sur  les  bords  et  vers  l'extrémité  quelques  pointes 
aiguës.  La  tige  calcaire  est  complètement  enveloppée  par  le  tissu  de  la 
papille. 

Lorsque  les  papilles  sont  aplaties,  on  peut  même  distinguer  l'axe 
calcaire  à  la  loupe.  Il  s'agit  donc  ici  de  piquants  papilliformes  et  non  pas 
de  simples  papilles. 

Entre  ces  piquants  se  montrent  quelques  papules  rares  et  isolées. 

Les  piquants  papilliformes  s'étendent  uniformément  sur  les  faces 
latérales  et  ventrales,  mais  sans  présenter  aucune  disposition  régulière 
ni  aucun  alignement.  Ceux  qui  avoisinent  les  piquants  ambulacraires 
sont  un  peu  plus  grands  que  les  voisins,  et  leur  disposition  est  plus  régu- 
lière. Vers  la  base  des  bras,  on  remarque,  entre  eux  et  la  rangée  externe 
de  piquants  ambulacraires,  un  espace  triangulaire  très  étroit,  où  le 
tégument  est  nu  et  très  finement  plissé.  Je  n'ai  rencontré  aucun  pédicel- 
laire,  ni  sur  cet  espace,  ni  entre  les  piquants. 

Le  tégument  qui  porte  les  piquants  papilliformes  est  mou  et  flexible, 
assez  mince  et  déformable  ;  il  n'offre  pas  la  moindre  trace  de  squelette,  et 
l'on  ne  retrouve  même  pas  un  pentagone  dorsal,  comme  chez  les  Anas- 
terias.  Cependant,  en  traitant  un  morceau  de  ce  tégument  par  la  potasse, 
j'ai  reconnu,  à  la  base  des  piquants,  de  petits  îlots  microscopiques  de 
calcaire  réticulé.  Le  squelette  proprement  dit  est  donc  limité  au  sillon 
ambulacraire. 

Les   piquants  ambulacraires   sont   disposés    sur    deux   rangées  très 


STELLÉRIDES.  23 

régulières  ;  les  piquants  externes  et  les  piquants  internes  sont  de 
même  taille.  Ces  piquants  sont  épais,  cylindriques  ou  légèrement 
prismatiques  par  pression  réciproque,  avec  l'extrémité  élargie  et 
obtuse  ;  ils  sont  entourés  d'une  enveloppe  molle  et  représentent, 
eux  aussi,  des  piquants  papilliformes;  mais  la  tige  calcaire  est  plus 
forte  que  sur  les  autres  :  vue  au  microscope,  elle  offre  une  forme 
en  massue,  avec  quelques  pointes  sur  les  bords  et  à  l'extrémité 
(fig.  19). 

La  plaque  madréporique  n'est  pas  distincte. 

Dans  le  plus  grand  échantillon  que  j'ai  ouvert,  les  organes  génitaux 
ne  sont  pas  développés. 

Rapports  et  différences.  —  Les  exemplaires  sont  peut-être  des  jeunes 
qui  n'ont  pas  encore  acquis  leurs  caractères  définitifs.  L'absence  do 
tout  squelette  dorsal  sur  le  disque  et  sur  les  bras  nécessiterait  peut- 
être  leur  classification  dans  un  genre  à  part;  mais  il  faudrait  être 
certain  des  caractères  de  l'adulte.  J'ai  donc  rangé  cette  espèce  dans 
le  genre  Diplasterias ,  où  elle  peut  se  placer  sans  inconvénient,  au 
moins  provisoirement,  en  raison  de  la  disposition  de  ses  piquants  ambu- 
lacraires. 

Je  crois  qu'il  faut  aussi  rapporter  à  la  D.  papillosa  un  échantillon 
portant  le  n°  589,  dans  lequel  iî  =  17  et  r=  5  millimètres  (PI.  I,  fig.  5). 
Les  bras  sont  comparativement  plus  minces  que  dans  les  exemplaires 
types:  ils  sont  cylindriques  et  se  rétrécissent  très  progressivement  jus- 
qu'à l'extrémité,  qui  est  obtuse.  L'aspect  extérieur  de  cet  exemplaire  est 
assez  différent  de  celui  des  trois  autres  échantillons,  et,  au  premier 
abord,  on  croirait  avoir  affaire  à  une  autre  espèce.  Cela  tient  à  ce  que 
les  piquants  papilliformes  ressemblent  à  de  vrais  piquants  et  non 
à  des  papilles,  le  tissu  mou  qui  les  recouvre  étant  mince  au  lieu 
d'être  épais  et  large  comme  dans  les  autres  ;  mais  il  n'y  a  là  qu'une 
différence  du  plus  au  moins  qui  ne  saurait  justifier  une  séparation 
spécifique. 


24  ÉCHINODERiMES. 

BRISINGIDÉES 

Labidiaster  radiosus  Lutken. 

Voir  pour  la  bibliographie  :  Ludwig,  Résultats  du  voyage  du  «  ^5'.  Y.  Belgica  »,  Sees- 
terne,  p.  58. 

Un  très  bel  exemplaire  portant  le  n°  (344. 

Cet  échantillon  est  superbe  et  admirablement  conservé  ;  tous  les  bras 
sont  entiers.  Le  disque  dépasse  50  millimètres  de  diamètre  ;  les  bras,  au 
nombre  de  quarante-six,  sont  inégaux  :  les  plus  grands  ont  une  longueur 
de  16  centimètres. 

CRYASTÉRIDÉES  nov.  fam. 

(PI.  I,  f.g.  1  ;  PI.  II,  fig.  10.) 
Cryaster  nov.  gen. 

Disque  et  bras  très  épais  et  hauts,  couverts  d'un  tégument  épais  et 
mou,  absolument  dépourvu  de  squelette  et  portant  seulement  de  petits 
piquants  courts.  Le  squelette  est  réduit  aux  plaques  ambulacraires  et 
adambulacraires  :  celles-ci  portent  des  piquants  disposés  en  trois  ran- 
gées. Les  dents  sont  terminées  par  quelques  piquants  semblables  aux  pi- 
quants ambulacraires.  Les  tubes  ambulacraires  sont  disposés  soit  en  deux, 
soit  en  trois  ou  quatre  séries  irrégulières  ;  ils  sont  terminés  par  une  ven- 
touse large  et  aplatie.  La  plaque  madréporique  est  très  grande.  Un  anus. 

Le  genre  Cryaster  ne  peut  rentrer  dans  aucune  famille  connue  de 
Cryptozo7iia.  On  pourrait  le  rapprocher  des  Échinastéridées,  mais  la 
réduction  considérable  du  squelette  ne  permet  pas  de  le  placer  dans  cette 
famille,  et  il  me  paraît  nécessaire  d'en  faire  le  type  d'une  famille 
nouvelle,  les  Cryastéridées,  dont  les  caractères  sont  actuellement  ceux 
du  genre  Cryfl^to'  et  qui  pourra  se  placer  parmi  les  Cryptozonia  à  côté  des 
Échinastéridées. 

Cryaster  antarcticus  nov.  sp. 
Quatre  exemplaires  portant  le  n°  758. 

Deux  des  échantillons  ont  cinq  bras  égaux,  un  autre  a  cinq  bras  inégaux,  et  le  qua- 
trième a  six  bras  égaux. 


STELLERIDRS.  25 

Dans  l'un  des  exemplaires  à  cinq  bras,  H  =  140  et  r  ^  54  millim.  ;  les  bras  ont  environ 
50  millim.  de  larg-eur  à  la  base,  et  la  hauteur  du  disque  atteint  26  millim.  L'autre  exem- 
plaire à  cinq  bras  a  été  desséché  :  il  avait  à  peu  près  la  même  taille  que  le  précédent, 
mais  ses  dimensions  se  sont  considérablement  réduites  par  suite  de  la  dessiccation  et 
actuellement  y?  =  80  et  r =29  millim. ,  et  les  bras  ont  une  largeur  de  28  à  30  millim.  à  la  base. 

Dans  l'exemplaire  à  cinq  bras  inégaux,  trois  bras  sont  normaux  et  deux  sont  rudimen- 
taires  :  /f  —  125  à  140  et  ;'  =  47  millim.  La  largeur  des  bras  à  la  base  varie  entre  42  et 
50  millim.  L'un  des  bras  rudimentaires  a  la  forme  d'un  moignon  très  court,  triangu- 
laire, ayant  environ  40  millim.  de  longueur  sur  une  largeur  de  50  millim.  à  la  base; 
l'autre  bras  est  très  mince  :  il  n'a  guère  que  18  millim.  de  largeur  à  la  base  sur  une  lon- 
gueur de  25  millim.  et  il  ressemble  à  l'extrémité  d'un  bras  normal. 

Dans  l'échantillon  à  six  bras,  /i  =  110  et  ?•  =  40  millim. 

Dans  les  échantillons  à  cinq  bras,  le  disque  est  extrêmement  épais, 
comme  charnu,  et  sa  surface  est  plissée  ;  les  bras  sont  très  larges  à  la 
base  et  sans  ligne  de  démarcation  bien  précise  avec  le  disque  :  ils  s'amin- 
cissent assez  rapidement  jusque  vers  le  tiers  de  leur  longueur,  puis, 
au  delà,  l'amincissement  devient  plus  progressif;  l'extrémité  est  obtuse, 
et,  vers  cette  extrémité,  les  bras  mesurent  1  centimètre  de  large. 

Dans  l'exemplaire  à  six  bras,  le  disque  est  moins  épais  et  moins  mou  ; 
les  bras  sont  comparativement  moins  élargis  à  la  base,  et  ils  sont  mieux 
séparés  du  disque  ;  ils  s'amincissent  assez  régulièrement  depuis  la  base 
jusqu'à  l'extrémité,  et,  d'une  manière  générale,  ils  sont  plus  grêles  que 
dans  les  individus  à  cinq  bras. 

Tout  l'animal  est  couvert  d'un  tégument  mou  et  épais,  qui  se  laisse 
facilement  déprimer  et  déformer,  surtout  dans  les  exemplaires  à  cinq 
bras.  11  n'y  a  pas  la  moindre  trace  de  squelette  dorsal.  De  petits 
piquants  courts  et  obtus,  assez  serrés,  sont  implantés  dans  ce  tégument, 
et  ils  ne  font  qu'une  légère  saillie  à  la  surface,  environ  un  demi-milli- 
mètre sur  les  exemplaires  au  formol  ;  au  toucher,  ils  donnent  la  sensation 
d'un  velours  rude.  Pour  bien  les  voir,  il  faut  les  examiner  sur  l'échan- 
tillon desséché,  dans  lequel  ils  sont  mieux  dégagés  des  téguments  et 
offrent  à  peu  près  1  millimètre  de  longueur.  Ils  sont  serrés  et  irréguliè- 
rement disséminés,  tantôt  isolés,  tantôt  formant  de  petits  groupes  de  trois 
à  quatre  ;  ils  deviennent  un  peu  plus  serrés  vers  le  bord  du  disque  et  des 
bras.  Sur  la  face  ventrale,  ils  se  montrent  plus  régulièrement  groupés  par 
petits  paquets,  et  ils  arrivent  même  à  former  des  rangées  longitudinales  et 
obliques  assez  distinctes  sur  l'échantillon  à  six  bras  ;  chez  les  autres,  ces 

Expédilion  Charcot.  —  K'Jf.hi.ek.  —  licliiiiuilcniies.  4 


26  EGHINODERMES. 

rangées  sont  moins  apparentes  ;  cependant  on  distingue  assez  nettement 
deux  ou  trois  rangées  immédiatement  en  dehors  des  piquants  ambu- 
lacraires.  Dans  ce  même  exemplaire  à  six  bras,  on  reconnaît,  en  outre, 
d'une  manière  très  nette,  une  rangée  assez  régulière  de  piquants  plus 
grands  que  les  autres  et  disposés  en  petits  groupes  de  cinq  ou  six,  mais 
plus  espacés  que  les  autres  groupes  de  la  face  ventrale.  Cette  rangée  est 
située  à  une  distance  de  7  à  8  millimètres  du  fond  de  l'arc  interbra- 
chial, et  elle  se  rapproche  davantage  du  bord  à  mesure  qu'on  s'avance 
vers  l'extrémité  du  bras.  Elle  est  beaucoup  moins  nette  dans  les 
individus  à  cinq  bras,  et,  en  certains  points  même,  elle  est  absolument 
indistincte. 

Des  groupes  de  piquants  un  peu  plus  grands  que  les  voisins  entourent 
l'anus,  qui  est  très  distinct  et  subcentral.  On  remarque  aussi  des  piquants 
un  peu  plus  forts  au  pourtour  de  la  plaque  madréporique.  Enfin  on  ren- 
contre assez  fréquemment  des  groupes  de  deux  piquants  un  peu  plus 
développés  que  les  autres  et  mieux  dégagés  des  téguments  ;  ces  piquants 
sont  légèrement  recourbés  l'un  vers  l'autre,  et  ils  représentent  en 
quelque  sorte  des  pédicellaires  didactylcs. 

Tous  ces  piquants  sont  cylindriques,  obtus  à  l'extrémité,  qui,  au 
microscope,  se  montre  garnie  de  très  fines  aspérités. 

Entre  les  piquants,  on  observe  des  papules  isolées  et  assez  grosses. 

La  plaque  madréporique  est  très  grande  et  saillante  :  sa  forme  est 
ovalaire;  dans  le  plus  grand  exemplaire  à  cinq  bras,  elle  mesure  14  mil- 
limètres sur  12  et,  dans  l'individu  à  six  bras,  10  sur  12.  Elle  oflre  à 
sa  surface  des  sillons  fins  et  peu  profonds,  irrégulièrement  radiaires,  et 
elle  est  morcellée  en  plusieurs  pièces  par  quelques  autres  sillons  beau- 
coup plus  profonds. 

11  n'y  a  aucune  trace  de  plaques  sur  la  face  dorsale  ni  sur  la  face  latérale 
du  disque  et  des  bras,  et  les  formations  squelettiques  sont  limitées  au 
sillon  ambulacraire.  J'ai  indiqué  plus  haut  la  rétraction  considérable 
qu'un  individu  avait  subie  par  suite  de  la  dessiccation  :  le  tégument  dorsal 
est  venu  s'appliquer  contre  le  tégument  ventral,  et  le  rétrécissement 
subi  par  les  bras  montre  bien  qu'aucune  formation  calcaire  n'a  maintenu 
les  tissus  en  place. 


OPHIURES.  27 

Le  sillon  ambulacraire  est  très  large,  surtout  dans  la  moitié  distale. 
Les  tubes  ambulacraires  sont  très  gros  et  larges,  terminés  par  une  large 
ventouse  plissée  ;  ils  forment  quatre  rangées  irrégulières  dans  les 
échantillons  à  cinq  bras,  tandis  que  dans  l'individu  à  six  bras  ils  sont 
plus  réguliers  et  tendent  à   prendre  une   disposition  bisériée. 

Les  piquants  ambulacraires  forment  trois  rangées  :  la  rangée  interne 
comprend  un  piquant  très  développé,  d'une  longueur  de  4  millimètres, 
aplati  et  élargi  à  l'extrémité  ;  la  rangée  moyenne  n'offre  le  plus  souvent 
qu'un  seul  piquant,  parfois  deux  :  ces  piquants  sont  plus  petits  que  les 
précédents  et  cylindriques  ;  enfm  la  rangée  externe  renferme  habituelle- 
ment deux  petits  piquants  courts  et  obtus. 

Les  dents  offrent  à  leur  extrémité  quatre  ou  cinq  grands  piquants, 
généralement  dressés,  aplatis,  avec  l'extrémité  obtuse  ;  les  deux  médians 
sont  plus  grands  que  les  autres.  Ces  piquants  continuent  directement  la 
rangée  interne  de  piquants  ambulacraires. 

La  coloration  générale  des  exemplaires  est  gris  foncé  avec  des  taches 
blanches;  les  piquants  ont  l'extrémité  blanche. 


OPHIURES 

Ophioglypha  innoxia  nov.  sp. 
(PI.   I,    fig-.   7  et  8.) 

Un  seul  exemplaire  portant  le  n"  873. 

Diamètre  du  disque,  G  millim.  ;  les  bras  ont  environ  16  mîllim.  de  long-. 

La  face  dorsale  du  disque  offre  des  plaques  très  inégales,  parmi  les- 
quelles on  reconnaît  d'abord  une  très  grosse  plaque  centro-dorsale 
arrondie,  et,  à  une  assez  grande  distance,  cinq  plaques  radiales  égale- 
ment arrondies  et  plus  petites;  dans  l'intervalle  de  ces  plaques,  mais 
séparées  d'elles  par  des  plaques  beaucoup  plus  petites,  on  distingue  un 
cercle  intercalaire  de  cinq  plaques  interradiales  plus  petites  que  les 
radiales.  Dans  chaque  espace  interradial,  on  remarque  en  outre  une 
autre  plaque  arrondie,  placée  en  dehors  de  la  précédente  et  enfin,  vers 
le  bord  du  disque,  une  plaque  élargie  transversalement.  Tout  le  reste  de 


28  ÉCHINODERMES. 

la  face  dorsale  du  disque  est  couvert  de  plaques  beaucoup  plus  petites, 
polygonales  ou  arrondies,  assez  inégales.  Les  boucliers  radiaux  sont 
petits,  triangulaires,  avec  les  angles  arrondis,  divergents  et  largement 
séparés  par  plusieurs  rangées  de  plaques,  parmi  lesquelles  il  s'en  trouve 
une  plus  grande  que  les  autres  ;  leur  longueur  est  égale  au  cinquième  du 
rayon  du  disque.  Les  papilles  radiales  sont  petites,  mais  bien  séparées, 
coniques,  avec  la  pointe  émoussée. 

La  face  ventrale  est  couverte  de  plaques  assez  grandes,  minces  et 
imbriquées.  Les  fentes  génitales,  larges,  offrent  une  bordure  de  courtes 
papilles  coniques. 

Les  boucliers  buccaux  sont  grands,  pcntagonaux,  plus  longs  que 
larges,  avec  un  angle  proximal  assez  ouvert,  des  bords  latéraux  légère- 
ment excavés  par  le  fond  des  fentes  génitîiles  et  un  bord  distal  arrondi. 
Les  plaques  adorales  sont  très  allongées,  quatre  fois  plus  longues  que 
larges,  se  rétrécissant  d'abord  dans  leur  tiers  externe,  puis  s'élargissant 
en  dehors  et  séparant  le  bouclier  buccal  de  la  première  plaque  brachiale 
latérale.  Les  plaques  orales  sont  petites  et  arrondies.  Les  papilles  buc- 
cales latérales  sont  au  nombre  de  trois  :  elles  sont  petites  et  coniques, 
l'interne  un  peu  plus  grande  ;  la  papille  terminale  impaire  est  plus  forte 
et  conique. 

Les  plaques  brachiales  dorsales,  de  moyenne  grosseur,  sont  quadran- 
gulaires,  avec  le  bord  distal  convexe  et  plus  large  que  le  côté  proximal, 
qui  est  droit  ;  les  côtés  latéraux  sont  divergents.  Elles  sont  d'abord  plus 
larges  que  longues,  et  elles  deviennent  ensuite  plus  longues  que  larges; 
elles  sont  toutes  contiguës. 

La  première  plaque  brachiale  ventrale  est  assez  grande,  triangulaire; 
les  deux  suivantes  sont  plus  grandes,  avec  un  angle  proximal  aigu  et  un 
bord  distal  convexe  et  large.  Les  suivantes  deviennent  plus  petites,  avec 
l'angle  proximal  obtus  et  le  bord  distal  large  et  convexe.  Elles  sont 
séparées  dès  la  première. 

Les  plaques  latérales  portent  trois  piquants  longs,  pointus  et  minces; 
le  piquant  dorsal  est  le  plus  long,  et,  à  la  base  des  bras,  sa  longueur  est 
égale  à  deux  articles. 

Les  pores  tentaculaires  de  la  première  paire  sont  grands,  et  ils  offrent 


ÉCHINIDES.  29 

cinq  écailles  sur  chaque  bord  ;  les  suivants  ont  trois  écailles  internes 
et  deux  écailles  proximales  ;  les  pores  de  la  troisième  paire,  très  petits, 
n'ont  qu'une  seule  écaille  proximale  et  une  distale;  les  pores  suivants  ne 
portent  plus  qu'une  seule  écaille  assez  grande,  conique  et  obtuse. 

R.vppoF!TS  ET  DIFFÉRENCES.  —  VO.  iwioxia  appartient  aux  Ophiog/i/p/ia 
a  papilles  radiales  coniques  et  pointues  et  à  plaques  brachiales  ventrales 
larges  et  courtes  :  elle  se  distingue  facilement  par  ses  trois  grands 
piquants  brachiaux.  Elle  rappelle  ÏO.  Sarsi  des  mers  arctiques  par  ses 
piquants  et  par  la  forme  des  boucliers  buccaux,  mais  elle  ne  peut  pas 
être  confondue  avec  cette  espèce. 

OphioDotus  Victoriae  J.  Bell. 

J.  Bell,  Echinodcrina,  in  lieport  on  the  collections  of  Nalural  Hisiory  inudc  in  ihe 
Antarctic  Régions  during  the  voyage  of  the  Southern  Cross,  p.  21G,  PI.  XXVIII. 

Ile  Anvers.  30  mètres.  Un  exemplaire. 

Ile  Wandel.  20  mètres.  Plusieurs  exemplaires. 

Cette  Ophiure,  remarquable  par  la  fragmentation  des  plaques  bra- 
chiales latérales,  a  été  étudiée  en  détail  par  Bell,  à  la  description  duquel 
je  n'ai  rien  à  ajouter. 


ECHINIDES 

Arbacia  Dufresnii  (Blainville). 

Voir  pour  la  bibliographie  :  De  Loriol,  lYotes  pour  servir  à  l'étude  des  Échinodermes, 
2'  série,  fasc.  II,  p.  8,  PI.  II,  fig.  2-5. 

Ile  Booth-Wandel.  Un  exemplaire  de  40  millim.  de  diamètre. 

Cette  espèce  vient  d'être  décrite  et  figurée  avec  beaucoup  de  soin  par 
de  Loriol,  et  je  n'ai  rien  à  ajouter  à  son  excellente  étude.  J'aurais  voulu 
profiter  de  l'exemplaire  que  j'avais  en  mains  pour  étudier  les  pédicel- 
laires,  qui  sont  peu  ou  pas  connus  ;  malheureusement  cet  échantillon 
était  conservé  dans  le  formol,  et  ce  liquide  avait  altéré  le  tissu  calcaire 
des  valves  au  point  de  rendre  leur  étude  impossible. 


30  ÉCHINODERMES. 

Echinus  magellanicus  Philippi. 

Voir,  pour  la  bibliographie,  le  travail  de  M.  de  Loriol  cité  ci-contre,  p.  13,  PI.  I,  fig-.  0-7. 

Ushuaya  (Terre-de-Feu).  Trois  petits  exemplaires. 

Dans  le  plus  grand,  le  diamètre  ne  dépasse  pas  12  millimètres. 

VE.  magellanicus  a  été  étudié  tout  récemment  par  de  Loriol,  à  la 
description  duquel  je  renvoie.  Ce  savant  a  notamment  discuté  la  syno- 
nymie de  cette  espèce  et  montré  que,  contrairement  à  l'opinion  de  Mor- 
tensen,  VE.  magellanicus  était  une  espèce  parfaitement  distincte  et 
bien  différente  à  la  fois  des  Echinus  magaritaceus  et  Sterechinus  a^itarc- 
ticus.  Les  différences  qui  séparent  l'-É".  magellanicus  des  autres  Echinus 
sont  assez  marquées  pour  que  Dôderlein  ait  pu  récemment  proposer 
de  faire  de  cet  Echiiius  le  type  d'un  nouveau  genre,  qu'il  appelle  Notechi- 
nus  {Zool.  Anz.,  1905,  p.  623). 

Echinus  margaritaceus  Lamarck. 
(PI.  I,  fig.  9;  PL  m,  fig.  29  et  30  ;  PI.  IV,  fig.  40  et  43.) 

Voir  pour  la  bibliographie  : 

Meissner,    Ecliinoideen   Hamburger  Magalhaensiche  Sammelreise,  1900,  p.    11,  qui 

donne  la  bibliographie  jusqu'en  1900. 
Mortensen,  Echinoidea.  I.   The  Danish  Ingolf  Expédition.  Gopenhagen,  1903,  p.  101 

et  177,  pi.  XIX,  fig.  3,  20  et  33. 
J.  Bell,  Echinodenna,  in  Report  on  the  collections  made  in  the  Antarctic  régions  during 

the  voyage  of  the  Southern  Cross,  1903,  p.  219. 
De  Loriol,  Notes  pour  servir  à  l'étude  des  Échinodermes,  2'  série,  fasc.  II,  1904,  p.  17. 

Ile  Booth-Wandel.  Nombreux  exemplaires. 

La  plupart  des  échantillons  ont  un  diamètre  de  45  à  50  millim.  ;  quelques-uns 
atteignent  55  millim.  ;  dans  deux  individus,  très  petits,  le  diamètre  ne  dépasse 
pas  16  et  20  millimètres. 

L'exemplaire  original  d'après  lequel  ont  été  dessinées  les  figures 
représentées  dans  le  Voyage  autour  du  monde  de  la  «  Vénus  »  [Zon- 
phytes,  PI.  VI,  fig.  1)  n'existe  plus  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Mortensen  a  déjà  dit  qu'il  l'avait  recherché  en  vain.  A  ma  demande, 
M.  le  professeur  Joubin  a  bien  voulu  faire  de  nouvelles  recherches, 
qui  sont  également  restées  sans  résultat.  La  description  que  Lamarck  a 
donnée  de  VEch.  marcjaritaceus  est  trop  sommaire  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  reconnaître  l'espèce  ;  les  dessins  du  Voyage  de  la  Vénus  sont 


ÉCHINIDES.  31 

oii\-mêmos  insuffisants.  La  description  d'A'^assïz  {Revisio?i  of  the  Echini^ 
p.  193),  sans  être  très  détaillée,  a  fixé  certains  points  très  caractéristiques 
de  VE.  margaritaceus  :  c'est  cette  description,  appuyée  d'une  photogra- 
phie donnée  par  le  même  auteur  dans  le  voyage  du  «  Ilassler  »  [Zool. 
Residls  ofthe  «  Hassler  »  Expédition^  PI.  II,  fig.  6  (I),  qui  doit  servir  de 
point  de  départ  pour  les  discussions  et  les  comparaisons. 

Agassiz  attribue  notamment  à  V E.  margaritaceus  les  caractères  sui- 
vants :  Il  ressemble  à  l'^".  elegam,  et  il  a  un  gros  périprocte  ;  mais 
les  plaques  génitales  sont  étroites  ;  elles  portent  chacune  trois  petits 
tubercules  près  du  bord  anal.  Les  plaques  coronales  ne  sont  pas  hautes. 
La  rangée  principale  de  tubercules  interambulacraires  est  petite  ;  le 
reste  des  plaques  est  couvert  de  tubercules  secondaires  portant  des 
piquants  courts  et  fins,  formant  comme  un  réseau  duquel  s'élèvent  les 
piquants  primaires,  qui  tranchent  sur  les  autres  par  leur  longueur  ;  dans 
l'intervalle,  tout  le  test  est  couvert  de  très  gros  pédicellaires. 

Tous  ces  caractères  s'appliquent  parfaitement  aux  Oursins  de  l'expé- 
dition Gharcot. 

La  description  d'Agassiz  étant  un  peu  courte  et  VE.  margaritaceus 
ayant  été,  en  ces  derniers  temps,  l'objet  d'interprétations  erronées, 
il  ne  me  paraît  pas  inutile  de  le  décrire  ici  à  nouveau. 

Le  test,  régulièrement  arrondi,  est  assez  haut;  dans  les  exemplaires 
de  grande  taille,  il  est  comparativement  un  peu  déprimé.  Ainsi  sa  hauteur 
est  de  30  millimètres  dans  des  individus  dont  le  diamètre  atteint  oO  et 
55  millimètres,  et  elle  est  de  23  millimètres  dans  des  individus  mesurant 
40  millimètres  de  diamètre.  Les  aires  ambulacraires  sont  assez  larges; 
chaque  plaque  porte  un  tubercule  primaire  avec  des  tubercules  secon- 
daires et  miliaires  assez  serrés.  Les  tubercules  primaires  restent  toujours 
un  peu  plus  petits  que  les  tubercules  interambulacraires  correspondants. 
Dans  un  individu  ayant  40  millimètres  de  diamètre,  je  compte  dix-huit 
de  ces  tubercules,  et  vingt-deux  dans  un  exemplaire  de  55  millimètres. 

(1)  Je  ne  mentionne  pas  ici  la  |iholographie  publiée  par  Agassiz.  PI.  III,  lig.  l,  el  qui  représente- 
rait un  Ech.  miirgaritneem  de  petite  taille.  Il  me  paraît  évident  qu'il  y  a  eu  une  en'eiu'  dans  l'e.x- 
pliralinn  des  Planches  et  que  cette  photographie  se  rapporte,  non  à  VEch.  margaritaceus  mais  ù 
VEch.  magellanicus. 


32  ÉGHINODERMES 

Dans  certains  échantillons,  ces  tubercules  ne  se  montrent  que  de  deux 
en  deux  plaques  au-dessus  de  l'ambitus,  tandis  que  chez  d'autres  leur 
disposition  est  bien  régulière. 

Les  plaques  interambulacraires  offrent,  vers  leur  milieu,  un  tubercule 
primaire  unique  et  qui  n'arrive  jamais  à  de  grandes  dimensions  ;  le  reste 
de  la  plaque  est  couvert  de  tubercules  secondaires  et  miliaires,  qui  dispa- 
raissent avant  d'avoir  atteint  le  bord  interambulacraire,  de  sorte  que  le 
milieu  des  zones  interambulacraires  forme  une  bande  nue,  mais  qui  est 
plus  étroite  que  ne  semble  l'indiquer  Agassiz.  Vers  l'ambitus,  on  voit 
apparaître  deux  séries  de  tubercules  qui  deviennent  presque  aussi  gros 
que  les  tubercules  primaires  :  l'une  se  trouve  en  dedans,  l'autre  en 
dehors  de  la  rangée  principale.  Ces  deux  rangées  accessoires  se 
continuent  vers  le  péristome,  mais  sans  l'atteindre.  Je  compte  dix-sept 
plaques  interambulacraires  dans  chaque  série  sur  des  exemplaires  ayant 
de  40  à  45  millimètres  de  diamètre. 

Le  périprocte  est  très  grand,  souvent  irrégulièrement  circulaire  et 
garni  de  petites  plaques  subégales,  devenant  plus  petites  seulement  au- 
tour de  l'anus.  La  plaque  centro-dorsale  est  absolument  indistincte  dans 
les  exemplaires  de  moyenne  taille  et  même  dans  ceux  dont  le  diamètre 
n'est  pas  inférieur  à  30  millimètres.  On  ne  peut  la  reconnaître  que  dans 
de  petits  individus  comme  ceux  que  j'ai  représentés  (PI.  III,  fig.  30  f 
et  g).  Les  plaques  génitales  ne  sont  pas  très  grandes  :  elles  sont  triangu- 
laires et  terminées  par  un  sommet  pointu.  Dans  les  exemplaires  de  petite 
et  de  moyenne  taille,  elles  offrent  vers  leur  bord  anal  une  rangée  de  trois 
tubercules  principaux,  ainsi  que  l'a  indiqué  Agassiz  ;  à  ces  trois  tuber- 
cules s'en  ajoutent  quelques  autres  beaucoup  plus  petits;  mais,  sur  les 
grands  individus,  cette  disposition  est  moins  constante,  et  l'on  trouve  le 
plus  souvent  quatre  ou  cinq  tubercules  vers  la  base  des  plaques.  Les 
orifices  génitaux  sont  assez  grands.  La  plaque  madréporique  est  grande 
et  saillante. 

Les  plaques  ocellaires  sont  petites.  J'ai  étudié  sur  plusieurs  exem- 
plaires de  différentes  dimensions  les  dispositions  relatives  de  ces 
plaques  et  des  plaques  génitales,  et  voici  ce  que  j'ai  observé.  Dans  la 
plupart  des  exemplaires,  deux  plaques  ocellaires  touchent  au  périprocte, 


ÉCHINIDES.  33 

et  les  trois  autres  en  sont  séparées  par  les  plaques  génitales.  Mais,  ainsi 
qu'on  peut  s'en  assurer  sur  les  dessins  que  je  donne  de  l'appareil  apical 
dans  plusieurs  individus,  ce  ne  sont  pas  toujours  les  mêmes  plaques  qui 
sont  exclues  du  périprocte  :  en  général,  les  deux  plaques  qui  sont  conti- 
guës  à  la  plaque  madréporique  sont  éloignées  du  périprocte  (PI.  III, 
fig.  30  />,  c,  e  Qig,  et  PI.  IV,  fig.  40)  ;  cependant,  dans  certains  exemplaires 
(fig.  30  «,  <^/ et  /'),  Tune  de  ces  plaques  touche  au  périprocte.  Un  échan- 
tillon dont  le  diamètre  n'a  que  20  millimètres,  comme  celui  que  j'ai  re- 
présenté figure  30  /',  et  dans  le  périprocte  duquel  on  peut  encore  recon- 
naître la  plaque  centro-dorsale,  présente  deux  plaques  ocellaires  conti- 
guës  au  périprocte.  Dans  un  individu  dont  le  diamètre  est  de  16  milli- 
mètres seulement  (fig.  30  ^),  le  plus  petit  de  la  collection,  une  seule 
plaque  ocellaire  touche  au  périprocte.  Dans  de  très  grands  échantillons 
dont  le  diamètre  atteint  55  millimètres,  comme  ceux  que  j'ai  représentés 
figure  30  a  et  figure  40,  il  y  a  tantôt  deux,  tantôt  trois  plaques  ocellaires 
contiguës  au  périprocte. 

Dans  aucun  exemplaire,  les  cinq  plaques  ocellaires  ne  sont  contiguès 
au  périprocte  comme  cela  arrive  dans  le  Sterechinus  antarcticus.  De 
même,  je  n'ai  jamais  vu  les  cinq  plaques  ocellaires  exclues  du  périprocte, 
ainsi  que  le  représentent  les  dessins  du  voyage  de  la  «  Vénus  »,  sur 
lesquels  le  périprocte  est  aussi  un  peu  trop  petit.  Je  me  demande  s'il 
n'y  a  pas  eu  là  une  erreur  du  graveur.  Quant  à  la  photographie  publiée 
par  Agassiz  dans  le  voyage  du  «  Hassler  »  (PI.  II,  fig.  6),  je  ne  puis  pas 
reconnaître  avec  certitude  les  contours  de  toutes  les  plaques  ocellaires  : 
celles  que  je  distingue  sont  exclues  du  périprocte. 

Le  péristome  est  de  taille  moyenne  ;  il  mesure  27  millimètres  dans  un 
individu  dont  le  diamètre  est  de  53  millimètres  et  11  dans  un  individu 
de  32  millimètres.  Les  entailles  péristomiennes  sont  peu  profondes. 
La  membrane  buccale  (Pi.  IV,  fig.  43  «,  c)  offre  un  cercle  de  dix  plaques 
buccales  ovalaires,  portant  de  petits  tubercules.  En  dedans  de  ce  cercle, 
on  voit  de  nombreuses  petites  plaques  fenôtrées,  serrées  les  unes  contre 
les  autres.  En  dehors  de  ce  cercle,  on  reconnaît  sur  les  échantillons  de 
petite  et  de  moyenne  taille,  un  nombre  variable  de  plaques  arrondies, 
généralement  rapprochées  par  petits  groupes,  dont  les  plus  grandes  sont 

Expédition  Charcot.  —  Koeuler.  —  Écliinodermes.  «J 


34  ÉCHINODERMES. 

contiguës  aux  plaques  buccales  ou  en  sont  très  voisines  (fig.  i3  h  et  c). 
Ces  plaques  externes  ne  sont  constantes  ni  comme  nombre,  ni  comme 
taille,  et  elles  paraissent  se  résorber  chez  les  grands  échantillons,  qui 
peuvent  n'en  offrir  pour  ainsi  dire  plus  trace  (fig.  43«).  Si  Ton  examine 
au  microscope,  et  après  traitement  à  la  potasse,  la  partie  de  la  membrane 
buccale  située  en  dehors  du  cercle  des  plaques  buccales,  on  y  reconnaît 
un  certain  nombre  de  petites  plaques  fenêtrées  à  tissu  délicat  et  un 
nombre  variable,  mais  toujours  restreint,  de  corpuscules  en  C. 

Les  tubercules  primaires  portent  de  longs  piquants  grêles  et  minces, 
dont  la  longueur  dépasse  15  millimètres  à  l'ambitus,  et  qui  tranchent 
nettement  sur  les  autres  piquants,  qui  sont  très  courts  et  très  petits, 
assez  serrés  et  comme  enchevêtrés.  Cette  différence  dans  les  dimen- 
sions de  ces  deux  sortes  de  piquants  donne  à  VE.  margaritaceus  un 
faciès  particulier  et  caractéristique,  et  qui  apparaît  bien  nettement  sur  la 
photographie  d'Agassiz  («  Hassler  »,  PI.  II,  fig.  6). 

Les  pédicellaires  sont  de  quatre  sortes.  Les  plus  nombreux  à  beau- 
coup près,  et  les  plus  développés,  sont  des  pédicellaires  globifères  de 
grande  taille,  qui  se  montrent  au  milieu  des  petits  piquants  qu'ils 
dépassent  même  :  ces  pédicellaires  frappent  immédiatement  le  regard 
par  leur  nombre  et  par  leur  taille.  Leur  tête  mesure  en  moyenne  0"",9 
de  hauteur.  Leurs  valves  présentent  vers  l'extrémité  trois  ou  quatre 
pointes  très  développées;  une  terminale  et  une  ou  deux  sur  chaque 
bord  (PI.  III,  fig.  29). 

La  deuxième  forme  de  pédicellaires  comprend  des  pédicellaires  tri- 
dactyles,  assez  rares  et  de  petite  taille  (PI.  I,  fig.  9).  Dans  les  plus 
grands,  la  longueur  de  la  tête  ne  dépasse  pas  1  millimètre  ;  les  valves 
sont  larges  et  contiguës  sur  la  plus  grande  partie  de  leur  longueur, 
et  leurs  bords  paraissent  lisses.  Il  y  a  enfin  des  pédicellaires  ophicé- 
phales  et  trifoliés,  dont  les  têtes  mesurent  respectivement  0'"°',36 
etO""°,10  de  longueur. 

Je  ne  puis  malheureusement  donner  aucun  détail  sur  la  structure 
des  valves  de  ces  trois  sortes  de  pédicellaires,  pour  la  raison  qui  m'a  déjà 
empêché  d'étudier  ceux  de  YArbacia  Dufresnii.  Le  formol,  dans  lequel 
étaient  conservés  les  Oursins,  a  attaqué  le  calcaire  si  délicat  des  valves 


ÉCHINIÛËS.  So 

des  pédicellaires,  et  on  ne  peut  plus  en  reconnaître  que  la  forme 
extérieure.  J'ai  surtout  regretté  de  ne  pas  pouvoir  examiner  les  pédicel- 
laires tridactyles.  Quant  aux  pédicellaires  globifères,  les  valves  avaient 
encore  conservé  leur  forme,  mais  il  m'a  semblé  que  cela  tenait  à  ce 
qu'elles  étaient  soutenues  par  les  parties  molles  :  en  détruisant  ces 
dernières  à  l'eau  de  Javel,  on  voit  ces  valves  se  recroqueviller  et  se 
déformer. 

La  couleur  des  échantillons  est  tantôt  brun  clair  ou  grisâtre,  tantôt 
brun  foncé  ou  pourpre.  Les  grands  piquants  sont  blancs  ou  rosés.  Le  test 
dépouillé  de  ses  piquants  est  rosé  ou  rouge. 

L'E.  margaritaceus  a  donné  lieu,  en  ces  derniers  temps,  à  des 
discussions  qui  ont  eu  pour  point  de  départ  certaines  vues  erronées 
de  Mortensen  sur  la  valeur  et  la  synonymie  de  cette  espèce.  Dans  son 
mémoire  sur  les  Échinides  de  V  «.  Ingolf  »,  que  je  considère  d'ailleurs 
comme  des  plus  remarquables  et  qui  a  fait  faire  un  pas  considérable 
à  nos  connaissances  sur  les  Échinides,  cet  auteur  est  d'avis  (p.  101) 
que  l'Échinide  recueilli  par  la  «  Belgica  »  dans  l'Antarctique,  et 
dont  j'avais  cru  devoir  faire  le  type  d'un  genre  nouveau,  le  Sterechinus 
aiitarcticus,  n'est  autre  chose  que  VE.  margaritaceus.  Dans  l'appendice 
qui  termine  ce  mémoire,  il  revient  sur  cette  manière  de  voir  (p.  177), 
en  reconnaissant,  sur  l'observation  que  lui  a  faite  de  Loriol,  que  les 
dessins  représentant  \E.  margaritaceus  dans  le  voyage  de  la  «  Vénus  » 
différaient  complètement  de  ceux  que  j'avais  publiés  du  Sterechinus 
antarcticus .  Seulement  il  ajoute  que  les  Echinus  magellanicus  et  mar- 
garitaceus constituent  une  seule  et  même  espèce,  et  que  l'Oursin  qu'il  a 
étudié  dans  le  cours  de  son  mémoire,  sous  le  nom  d.'E.  margarita- 
ceus^ est  VEchinus  diadema,  espèce  à  laquelle  le  Sterechinus  antarcticus 
doit  être  réuni. 

Cette  opinion  a  été  vivement  critiquée  par  de  Loriol  à  propos  de 
VE.  magellanicus  :  ce  savant  affirme  que  les  E.  magellanicus  et  mar- 
garitaceus sont  bien  deux  espèces  distinctes,  et  que  le  Sterechinus 
anIarclicHs  est,  de  son  coté,  bien  différent  de  VE.  margaritaceus 
(Voir   de   Loriol,  loc.   cit.,    \).    17  et    suiv.).   C'est  aussi   ma  manière 


3f)  ÉGHINODERMES. 

devoir;  mais,  les  questions  soulevées  par  Mortensen  étant  assez  com- 
plexes, il  me  paraît  nécessaire  de  les  discuter  à  nouveau  ici. 

En  ce  qui  concerne  la  synonymie  admise  par  Mortensen  des  E.  mar- 
garitaceus  et  magellanicus,  la  question  me  paraît  complètement  tranchée 
maintenant  :  ce  sont  deux  espèces  absolument  distinctes.  De  Loriol 
a  insisté  sur  leurs  caractères  différentiels,  et  ces  différences  sont  même 
assez  considérables  pour  que  Dôderlein  ait  créé,  tout  récemment, 
un  genre  spécial,  le  genre  Notechinus,  pour  VE.  magellanicus  :  ce  genre 
est  caractérisé  par  la  présence  de  grandes  plaques  vers  le  bord  du  péri- 
procte,  par  l'absence  de  plaques  fenêtrées  sur  la  membrane  buccale, 
par  deux  formes  de  pédicellaires  globifères,  etc.,  tous  caractères  qui 
n'appartiennent  pas  à  VE.  margaritaceus  (Voir  Dôderlein,  Zool.  Anz.^ 
1905,  p.  623). 

VE.  margaritaceus  (tel  que  le  comprennent  les  auteurs  et  moi-même) 
ne  paraît  pas  devoir  être  maintenu  dans  le  genre  Sterechinm,  où  le  ran- 
geait Mortensen  (en  le  confondant  avec  le  Sterechinus  antarcticus).  Je 
tiens,  à  ce  propos,  à  revenir  sur  la  valeur  et  les  limites  de  ce  genre.  En 
le  créant,  je  l'ai  défini  par  trois  caractères  principaux  :  l'étroitesse 
de  l'anneau  formé  par  les  plaques  génitales  et  ocellaires,  la  persistance 
chez  l'adulte  de  la  plaque  centro-dorsale,  qui  se  distingue  des  autres 
plaques  du  périprocte  par  une  taille  beaucoup  plus  grande  et  enfin  par 
la  hauteur  des  plaques  coronales. 

La  validité  de  ces  caractères  a  été  contestée  par  Mortensen,  et  ce 
savant  a  complètement  modifié  les  limites  que  j'avais  assignées  au 
genre  Sterechinus  afin  de  pouvoir  y  faire  rentrer  les  Ecliinus  magella- 
nicus^  margaritaceus,  Neumayeri  Meissner  et  horridus  Agassiz.  Or  j'es- 
time que  les  particularités  du  genre  Sterechinus,  tel  que  je  l'ai  établi, 
sont  parfaitement  suffisantes  pour  caractériser  un  genre  d'Échinide.  En 
ce  qui  concerne  les  plaques  génitales  et  ocellaires,  j'ai  dit  que  l'anneau 
formé  par  elles  était  très  étroit  :  c'est  sur  ce  caractère  que  je  me  suis 
appuyé  plus  que  sur  la  situation  même  des  plaques  ocellaires,  toutes 
contiguës  au  périprocte.  Or  la  critique  de  Mortensen  s'adresse  au 
caractère  tiré  de  la  situation  des  plaques  ocellaires,  qui  ne  saurait,  à  ses 
yeux,    constituer    un   caractère  générique,    parce  que  cette   situation 


ÉGHiNiDEs.  ;n 

change  avec  l'âge.  Cette  opinion  est  peut-être  un  peu  trop  absolue, 
mais  je  ne  veux  pas  la  discuter,  car,  je  le  répète,  ce  n'est  pas  la  position 
de  ces  plaques  qui,  pour  moi,  caractérisait  le  genre  Sterechmus^  mais 
bien  Tétroitesse  du  cercle  génital.  <]ette  étroitesse,  comparée  au  diamètre 
du  périprocte,  est  telle  qu'on  n"observe  rien  d'analogue  chez  aucun 
Echinus,  et  cette  disposition  me  paraît  toujours  de  nature  à  caractériser 
un  genre. 

En  ce  qui  concerne  la  persistance  chez  l'adulte  de  la  plaque  centro- 
dorsale,  Mortensen  m'objecte  que,  cette  plaque  disparaissant  à  une 
époque  variable  au  cours  de  la  croissance,  on  ne  saurait  fonder  sur  sa 
présence  chez  l'adulte  un  caractère  générique.  Je  considère  cependant 
que  la  persistance  de  cette  plaque  dans  le  périprocte  de  l'adulte,  sans 
constituer,  bien  entendu,  une  différence  de  structure  fondamentale, 
donne  à  ce  périprocte  une  allure  assez  extraordinaire  pour  justifier  une 
séparation  générique  ;  il  suflit,  pour  s'en  rendre  compte,  de  comparer  . 
le  périprocte  du  Stercchinus  antarcticus  adulte  avec  le  périprocte 
de  n'importe  quel  Echinus.  D'ailleurs,  entendons-nous  bien  :  il 
s'agit  d'animaux  adultes,  et  les  caractères  génériques  ne  peuvent  évi- 
demment s'appliquer  qu'aux  adultes;  si  l'on  devait  exclure  d'une  dia- 
gnose  générique  d'Échinide  toutes  les  dispositions  susceptibles  de 
se  modifier  avec  l'âge,  il  serait  parfois  difficile  d'établir  ces  diagnoses. 

Quant  au  troisième  caractère  que  j'ai  invoqué,  il  n'a  pas  évidemment 
une  aussi  grande  importance  que  les  autres;  mais  il  peut  néanmoins 
être  introduit  dans  une  diagnose,  étant  entendu  qu'il  s'agit  toujours 
d'animaux  adultes. 

Le  genre  Stercchinus  me  parait  beaucoup  mieux  défini  de  cette 
manière  que  par  la  diagnose  qu'en  donne  Mortensen.  Si  l'on  compare,  en 
effet,  cette  diagnose  à  celle  qu'il  donne  du  genre  Echinus,  on  voit  que 
deux  des  principaux  caractères  sont  tirés  du  nombre  des  plaques  ocel- 
laires  contiguës  au  périprocte,  et  de  la  présence  ou  de  l'absence  de 
plaques  sur  la  membrane  buccale  en  dehors  du  cercle  des  plaques 
buccales.  Au  sujet  de  la  position  des  plaques  ocellaires,  je  pourrais 
retourner  contre  Mortensen  son  propre  argument  et  lui  objecter  ce  (ju'il 
écrit  (p.  9i),  que  cette  position  se  modiliant  pendant  la  croissance  de 


38  ÉCHINODERMES. 

l'Oursin,  ce  caractère  n'a  pas  une  grande  valeur.  Quant  aux  plaques  que 
la  membrane  buccale  peut  porter  en  dehors  du  cercle  des  plaques  buc- 
cales, elles  ne  sont  pas  constantes  et  leur  nombre  peut  se  modifier  avec 
l'âge.  Les  autres  caractères  différentiels  invoqués  par  Mortensen,  à  savoir 
la  différence  de  taille  entre  les  piquants  primaires  et  secondaires,  et 
le  nombre  des  rangées  de  dents  sur  le  bord  plus  ou  moins  épaissi 
des  pédicellaires  tridactyles,  sont  évidemment  d'importance  secon- 
daire. 

Je  suis  donc  d'avis  de  maintenir  la  diagnose  que  j'ai  donnée  du  genre 
Sterechinus  et  de  renfermer  ce  genre  dans  les  limites  que  je  lui  ai  assi- 
gnées. Dans  ces  conditions,  l'^".  margaritaceus  ne  peut  pas  y  rentrer. 
Nous  savons,  d'autre  part,  que  VE.  magellaniciis  constitue  un  genre  à 
part.  Quant  aux  Ë .  Nemiuvjeri  et  horrklus^  que  Mortensen  a  introduits 
dans  le  genre  Sterechiiius,  ils  ne  me  sont  pas  assez  connus  pour  que  je 
puisse  décider  s'ils  doivent  ou  non  être  rangés  dans  ce  genre. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  puisse  maintenant  subsister  de  doutes  sur  ces  diffé- 
rents points.  Je  n'ajouterai  plus  qu'un  mot  relativement  à  la  synonymie  de 
VEchinus  margaritaceus  avec  VEchinus  {Sterechinusl)  diadema  Studer,  au 
sujet  de  laquelle  il  subsiste  une  difficulté.  Dans  la  très  courte  diagnose 
qu'il  donne  de  cette  espèce,  Studer  dit  qu'elle  est  très  voisine  de  VE. 
margaritaceus^  et,  après  lui,  différents  auteurs  ont  inscrit  l'^".  diadema 
comme  synonyme  de  l'^".  margaritaceus.  Ces  auteurs  ont  évidemment 
dû  comprendre  VE.  margaritaceus  comme  Agassiz  l'a  compris,  puisque 
la  confusion  créée  par  Mortensen  entre  cette  espèce  et  le  Sterechinus 
antarcticus  n'existait  pas  encore.  D'autre  part,  Mortensen  dit  qu'après 
examen  du  type  original  de  Studer  il  a  reconnu  l'identité  du  Sterechinus 
antarcticus  ei  An  VEchinus  [Sterechijius)  diadema.  Or,  il  est  évident  que 
si  r^".  diadema  est  identique  à  VE.  tnargaritaceus  (au  sens  des  auteurs), 
il  ne  peut  pas  être  identique  au  Sterechi?ius  antatxticus.  Je  n'ai  malheu- 
reusement pas  en  mains  de  documents  suffisants  pour  résoudre  cette 
question  de  synonymie  (jui  ne  pourra  être  tranchée  que  par  l'examen  du 
type  de  VE.  diadema.  Je  n'ajouterai  qu'une  remarque.  Quand  j'ai  décrit 
le  Sterechinus  antarcticus^  que  j'ai  considéré  comme  nouveau,  je  n'étais 
pas  sans  connaître  VEchi?ius  diadema,  et  j'avais  comparé  les  caractères 


ÉCHINIDRS.  39 

de  cette  espèce  à  ceux  de  mon  Oursin.  Or,  l'on  voudra  bien  m'accordcr, 
si  plus  tard  les  deux  formes  étaient  reconnues  identiques,  que  la  descrip- 
tion de  Studer  était  insuffisante  pour  permettre  le  rapprochement  de  ces 
deux  oursins. 

De  cette  discussion  résultent  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  Ech'miis  magellanicus  et  rnargaritaceus  sont  deux  espèces 
complètement  différentes,  la  première  devant  même  se  ranger  dans  un 
genre  spécial  ; 

2°  UEchmiis  margaritaceus  n'appartient  pas  au  genre  Sterechinus  tel 
que  je  le  comprends;  il  peut  rester  classé  dans  le  genre  Echinus; 

3°  L'Echinus  margaritaceus  est  complètement  distinct  du  Sterechinus 
antarcticus  ; 

4°  La  genre  Sterechinus  doit  conserver  les  limites  que  j'ai  assignées 
à  ce  genre  en  le  créant.  Il  offre  des  caractères  bien  tranchés,  tirés  de  la 
forme  de  l'appareil  apical  chez  l'adulte,  de  la  persistance  de  la  plaque 
centro-dorsale  chez  l'adulte  et  de  la  hauteur  des  plaques  coronales,  qui 
ont  bien  la  valeur  de  caractères  génériques. 

Lyon,  20  décembre  1903. 


EXPLICATION    DES    PLANCHES 


PLANCHE  I 


Fig-,  1.  Cryasier  antarcticus,  exemplaire  à 
cinq  bras  vu  par  la  faco  dorsale, 
réduit  d'un  quart  environ. 

Fig-.  2,  3  et  4.  Diplasterlas  papillosa  for- 
mes types.  Grossissement  une  fois 
et  demie  environ. 

Fig-.  2,  face  dorsale  de  l'exem- 
plaire de  l'île  Aloureau  ;  fig.  3,  face 
dorsale  de  l'exemplaire  n°  579; 
fig.  4,  face  ventrale  du  même 
exemplaire. 


Fig.  5.  Dipfasterias  papillosa,  n°  589, 
grossie  une  fois  et  demie  environ. 

Fig.  G.  Granaster  biseriains,  face  dorsale. 
Grossissement  une  fois  et  demie 
environ. 

Fig.  7.  Ophioylypha  innoxia,  face  dorsale. 
G.  =  0. 

Fig.  8.  Ophinglypha  innoxia,  face  ven- 
trale. G.  =  0. 

Fig.  9.  Echinus  margaritnceus,  pédicel- 
laire  tridactyle.  G.  =  35. 


PLANCHE  n 


Fig.  10.  Cj-yaster  antarcticus,  exemplaire 
à  six  bras  vu  par  la  face  ventrale, 
réduit  d'un  quart  environ. 
a.  Anasterias  tencî'a,  face  dorsale; 


Fit 


légèrement  réduit. 


Fig.  12.  Anasterias  tenera,  face  ventrale; 
légèrement  réduit. 

Fig.  13.  Anasterias  tenera,  face  dor- 
sale d'un  échantillon  desséché 
et  traité  <à  la  potasse  pour  mon- 
trer le  squelette  dorsal  du  dis- 
que. Grossissement  une  fois  et  de- 
mie environ. 


Fig.  14.   Anasterias    tenera,    pédicellaire 

droit.  G.  =  20. 
Fig.   15.    Anasterias    tenera,    pédicellaire 

croisé.  G.  :=  55. 
Fig.    10.   Anasterias   tenera,  pédicellaire 

croisé.  G.  =  55. 
Fig.  17.  Diplasterias  Turqueti,  vue  laté- 
rale d'un  bras  ;  légèrement  réduit. 
Fig.   18.   Diplasterias  papillosa,   piquant 

papilliforme  de   la    face  dorsale. 

G.  =  34. 
Fig.  19.  Diplasterias  papillosa,   piquant 

ambulacraire.  G.  =  34. 


PLANCHE  m 


Fig.  20.  Ripaster  Charcoti,  face  dorsale; 

légèrement  réduit. 
Fig.  21.  Bipaster  Charcoti,  face   ventrale; 

légèrement  réduit. 
Fig.  22.  Oiiontaster  validas,  iace  dorsale; 

légèrement  réduit. 
Fig.  23.  Odontastervalidus,  face  \enira\e; 

légèrement  réduit. 
Fig.  24.  Udontaster  validas,  face  dorsale 

d'un  autre  échantillon  ;  légèrement 

réduit. 


Fig.  25.  Odontaster  validas,  vue  latérale 
d'une  paxille.  G.  =  16. 

Fig.  20.  Odontaster  validas,  paxille  vue 
d'en  haut.  G.  =  10. 

Fig.  27.  Anasterias  tenera,  coupe  trans- 
versale du  cordon  ombilical. 
G.  =  80. 

Fig.  28.  Anasterias  tenera,  squelette  laté- 
ral des  bras.  G.  =  5. 

Fig.  29.  Echinus  margaritaceus,  une  valve 
de  pédicellaire  globifère.  G.  =  55. 


EXPLICATION   DES  PLANCHES- 


Al 


Fip-.  30  a-g.  Echinus  ?nargaritaceu.'!,  sys- 
tomo  apical  d'individus   de  dilFù- 
rente    taille.  Grossissement  deax 
l'ois  environ, 
a  Chez  un  individu  ayant  un  diam.de  55"°" 
b  —  '         —  50 

c  —  —  43 

d  —  ■  —  32 

c  —  _  30 


f  Giiez  un  individu  ayant  un  diam.  de  20""" 


a 


10 


Fiy.  31.  Ripaster  Charcoti,  plaques  margi- 
nales d'un  grand  exemplaire  vues 
de  face.  G.  =  2  1/2. 

Fig.  32.  Ripaster  Charcoti,  plaques  mar- 
ginales de  l'exemplaire  représenté 
ligure  20.  G.  =  3. 


PLANCHE  IV 


Pig.  '33.   Odontastcr  tennis,  fane  dorsale  ; 

légèrement  réduit. 
Fig.  34.  Odontaster  tenuis,  face  ventrale  du 

même    individu  ;  iL-gèremcnt   ré- 
duit. 
Fig.  35.   Odontdsier  validus,  face  dorsale 

d'un  autre  exemplaire;  légèrement 

réduit. 
30.  Odontaster  tenais,  face  ventrale 

du  môme  échantillon;  légèrement 

réduit. 

37.  Odontaster   tennis,    vue   latérale 
d'une  paxille.  G.  =  10. 

38.  Odontaster  tenuis,  paxille  vue  par 
en  haut.  G.  =  16. 

39.  Diplasterlas  Turqueti,  face  ven- 
trale ;  légèrement  réduit. 

Fig.  -iO.  Echinus  inargaritaceiis,  système 
apical  d'un  échantillon  mesurant 
55  millim.  do  diamètre.  Grossisse- 
ment une  fois  et  demie  environ. 

Fig.  'il.  Anasterias  tenera,  jeune  individu 
provenant  d'une  couvée.  G.  =  8. 

Fig.  42.  Granaster   biseriatus,  face  ven- 


Fig 


Fig 


Fi£ 


Fig, 


traie.  Grossissement  une  fois  et 
demie  environ. 
Fig.   43.   Echinus   tnargnritaceus.    Mem- 
brane  buccale    d'exemplaires    de 
différenle    taille.      Grossissement 
une  fois  et  demie  environ. 
a  Chez  un  exempt,  ayant  55'°°'  de  diam. 
h  _  "         45  — 

c  _  30  — 

NoT.s.  —  Les  figures  7,  8.  9,  14,  15,  10, 
18,  19,  25,  26,  28,  29,  31,  32,  37,  38,  41  et  42 
ont  été  dessinées  à  la  chambre  claire  ; 
toutes  les  autres  sont  des  reproductions 
directes  de  photographies. 

Los  Planches  que  j'avais  remises  avec  le 
manuscrit  de  ce  mémoire  avaient  été  pré- 
parées pour  une  publication  d'un  formai 
plus  grand  que  celui  qui  a  été  adopté  défi- 
nitivement, et  les  échantillons  en  tiers  étaient 
représentés  en  vraie  grandeur.  Malheureu- 
sement le  format  a  dû  être  diminué  et  mes 
dessins  ont  subi  une  réduction  sur  laquelle 
je  ne  comptais  point. 


Expédition  Charcot.  —  Koehi.eb.  —  Echinodernios. 


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HOLOTHURIES 

Par  CLÉMENT  VANEY 

MAITRE  DE  CONFÉRENCES  DE  ZOOLOGIE  DE  I.'u.MVERSITÉ  DE  LYON 


M.  le  professeur  Joubin  a  bien  voulu  me  charger  d'étudier  les 
Holothuries  rapportées  par  l'Expédition  du  D  Gharcot  ;  je  tiens  à  lui 
exprimer  tous  mes  remercîments  pour  l'honneur  qu'il  m'a  fait  en  me 
confiant  cette  tâche  et  pour  l'obligeance  avec  laquelle  il  m'a  communiqué 
certains  échantillons  du  Muséum  de  Paris. 

La  collection  d'Holothuries  rapportée  par  le  «  Français  »  est  des  plus 
intéressantes  ;  quoique  ne  comprenant  qu'un  petit  nombre  d'exem- 
plaires, elle  m'a  fourni  quelques  documents  très  précieux.  La  plupart 
des  espèces  qui  la  composent,  et  que  j'ai  pu  déterminer,  sont  nouvelles. 
Je  regrette  de  n'avoir  pas  pu  tirer  parti  de  tous  les  matériaux;  mais  leur 
détermination  est  rendue  difficile  et  même  souvent  impossible  à  la  suite 
de  l'action  nuisible  des  liquides  conservateurs.  J'avais  déjà  signalé  la 
dissolution  par  la  formaldéhyde  des  corpuscules  calcaires  des  Holothu- 
ries et  de  la  coquille  des  Mollusques  (1);  M.  Joubin  (2)  a  fait  de  sem- 
blai)les  remarques  à  la  Société  zoologique  de  France,  et  Bell  (3)  a 
observé  des  altérations  identiques  chez  les  Holothuries  rapportées  par 
la  «  Southern  Cross  ».  On  doit  donc  formellement  prohiber  l'emploi  du 

(1)  Holothuries  recueillies  par  M.  Ch.  Gravier  sur  la  cole  française  des  Somalis  [Bull.  Mus. 
Hist.  Nat.,  1905,  n"  3,  p.  186). 

(2)  Huit.  Soc.  zool.  lie  France  (I90">). 

(3)  Report  on  the  Colhrtions  of  Xut.  History...  of  the  »  Southern  Cross  »  (1902);  Vlll,  Echinoderma, 
p.  214. 

Expédition  Charcol.  —  Clément  Vaney.  —  Holothuries.  l 


2  HOLOTHURIES. 

formol  pour  la  conservation  des  Holothuries  et,  à  plus  forte  raison,  celui 
de  liquides  fortement  acides  :  certains  exemplaires  de  la  collection 
Cliarcot  ont  été  malheureusement  traités  par  de  l'acide  acétique  glacial. 
La  disparition  des  corpuscules  calcaires  sous  l'influence  des  liquides 
conservateurs  a  rendu  la  détermination  très  laborieuse,  car  elle  nous  a 
privé  d'un  élément  caractéristique  des  plus  utiles  ;  aussi ,  malgré  les  divers 
types  de  comparaison  mis  à  notre  disposition  par  MM.  Joubin  et  Kœhler, 
beaucoup  de  nos  déterminations  sont  incertaines.  Quelquefois  nous 
avons  été  amenés  à  réunir  sous  la  même  appellation  des  échantillons 
qui  présentaient  bien  un  grand  nombre  de  caractères  communs,  mais 
dont  les  affinités  ne  pouvaient  pas  être  précisées  par  la  forme  des  cor- 
puscules ;  d'ailleurs,  pour  éviter  toute  confusion,  nous  avons  décrit 
séparément  ces  échantillons  douteux. 

Les  Holothuries  rapportées  du  pôle  Sud  par  le  D'  Charcot  ne  com- 
prennent que  des  Synallactidés  et  des  Cucumariidés.  Elles  se  rapportent 
à  une  seule  espèce  déjà  décrite,  le  Psoliis  antarcticus  Philippi,  et  aux 
neuf  espèces  nouvelles  suivantes  : 

Synallactidés  : 

Synallactes  Cartliagei. 
Cucumariidés  : 

Cucumaria  antarctica. 

—  attenuata. 

—  grandis. 

—  irregula/'is. 

—  lateralis. 

—  Turqueti. 
Psoliis  Charcoti. 

—  f/ranulosus. 

A  ces  formes  il  faut  ajouter  une  espèce  de  Synallactes  (?)  non  détermi- 
nable  et  une  espèce  de  Cucumaria  probablement  nouvelle. 

Avant  de  passer  à  la  description  de  ces  nouvelles  espèces,  je  tiens  à 
signaler  quelques  particularités  offertes  par  certains  individus  de  cette 
collection. 

Certaines  des  Cucumaria  sont  de  très  grande  taille  :  les  exemplaires 
de  la  C.  antarctica,  tous  rétractés,  atteignent  encore  115  millimètres  de 


ASPIDOCHIROTES.  3 

longueur;  mais  la  plus  grande  espèce  est  la  C.  (jrandis,  dont  l'unique 
exemplaire  mesure  au  moins  300  millimètres  de  longueur.  Les  tégu- 
ments dans  ces  deux  espèces  sont  fortement  pigmentés. 

Parmi  les  échantillons  de  cette  collection,  nous  avons  trouvé  deux 
nouvelles  Holothuries  incubatrices  :  la  Cucumaria  lateralis  et  le  Psolus 
yramdosus .  Ludwig,  qui  a  résumé  nos  connaissances  sur  les  Échino- 
dermes  incubateurs  (1  ),  cite  parmi  eux  treize  espèces  d'Holothuries,  dont 
six  appartiennent  aux  régions  antarctiques  et  subantarctiques  ;  nos  deux 
nouvelles  formes  accentuent  cette  prépondérance  en  portant  à  huit  le 
nombre  des  Holothuries  incubatrices  provenant  du  pôle  Sud. 

Les  deux  nouvelles  Holothuries  incubatrices  ont  chacune  un  mode 
spécial  d'incubation  :  chez  la  Cucumaria  lateralis,  la  ponte  est  enfermée 
dans  deux  poches  internes  latéro-dorsales,  identiques  à  celles  de  la 
Cucumaria  glacialis  Ljungmann,  et  qui  s'ouvrent  chacune  séparément 
par  un  pore  externe.  Quant  au  Psolus  granulosus,  il  porte  sur  sa  sole 
de  jeunes  embryons  et  des  œufs  à  difTérents  stades  de  développement, 
enchâssés  plus  ou  moins  complètement  dans  des  espèces  de  verrucosités 
cutanées. 


ASPIDOCHIROTES 

SYNALLACTIDÉS. 

1.  Synallactes  Garthagei  nov.  sp. 
(Fis-.  7  a,  i;  fig-.  27  a,  6,  c,d;  fig.  28a,  6.) 

N°  302.  —  Port-Gharcot.  Dragage,  40  m.  —  i  exemplaire. 

Cet  unique  exemplaire  est  de  petite  taille  et  a  seulement  14  millimètres 
(le  longueur.  Le  corps  (fig.  7  a,  b)  est  ovale  avec  une  région  postérieure 
arrondie  ;  il  se  termine  en  avant  par  une  couronne  de  dix  tentacules  bien 
épanouis;  sa  plus  grande  largeur,  qui  atteint  8  millimètres,  se  trouve 
située  presque  au  milieu  de  la  longueur.  L'animal  paraît  légèrement 
aplati  dorso-ventralement,  et  son  anus  est  franchement  ventral. 

Les  téguments  sont  brun  noirâtre,  minces  et  couverts  extérieurement 

(1)  BrulpOege  bei  Kchinodermen  (Zoo/.  Jrj/,r6.,  Suppl.,  Bd.  Vil,  1001.  \>.  683-69'j). 


■*  HOLOTHURIES. 

de  villosités  courtes  et  nombreuses  ;  chacune  de  ces  villosités  recouvre 
les  pointes  de  corpuscules  calcaires.  C'est  parmi  ces  aspérités  que  l'on 
distingue  assez  facilement  les  pédicelles  ;  ceux-ci  sont  répartis  suivant  une 
rangée  sur  presque  tous  les  radius.  Ces  appendices  sont  peu  nombreux, 
les  radius  dorsaux  n'en  renferment  chacun  que  deux  ou  trois,  tandis  que 
les  radius  latéraux  du  trivium  en  possèdent  sept  ou  huit  disséminés  sur 
toute  la  longueur  du  corps;  le  radius  médian  ventral  contient  dix  pédi- 
celles, qui  sont  disposés  en  deux  rangées  plus  ou  moins  alternes  s'arrê- 
tant  au  tiers  postérieur  du  corps. 

Les  dix  tentacules  sont  semblables,  et,  comme  ils  présentent  des  rami- 
fications latérales  développées,  ils  rappellent  beaucoup  ceux  des  Dendro- 
chirotes. 

Les  corpuscules  calcaires  des  téguments  (fig.  27  a,  b,  c,  d)  ont  des 
dimensions  assez  variables;  ils  se  composent  d'une  base  à  trois  ou  quatre 
bras,  au  centre  de  laquelle  s'élève  une  tige  dont  l'extrémité  s'épanouit  en 
deux  ou  trois  pointes  divergentes.  Cette  tige,  quelquefois  perforée  par 
deux  ou  trois  ouvertures,  est  enfermée  dans  les  villosités  cutanées.  Les 
bras  de  la  base  des  corpuscules  peuvent  se  ramifier,  et  le  support  offre 
alors  cinq  ou  six  branches. 

Les  pédicelles  ont  des  corpuscules  (fig.  28  a,  b)  identiques  à  ceux  du 
corps  ;  mais  ici  les  bras  du  trépied  sont  très  développés  et  ont  leurs 
extrémités  libres  plus  ou  moins  ramifiées. 

Les  cinq  bandes  musculaires  longitudinales  sont  simples. 

Les  deux  organes  arborescents  ont  une  longueur  de  3  millimètres  ; 
leur  base  conique,  très  large,  possède  une  paroi  mince  et  transparente  ; 
elle  se  prolonge,  en  avant,  par  un  tube  brunâtre  de  plus  faible  diamètre 
et  dont  l'extrémité  libre  se  replie  sur  elle-même. 

Il  existe  deux  faisceaux  de  longs  tubes  génitaux  simples;  à  droite,  le 
faisceau  ne  contient  que  deux  tubes,  tandis  qu'cà  gauche  il  en  renferme  six. 

Il  n'existe  ni  anneau  calcaire,  ni  vésicules  tentaculaires. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  Holothurie  appartient  sans  aucun  doute 
aux  Synallactidés.  Par  suite  du  peu  de  différenciation  de  la  sole  ventrale, 
de  la  répartition  des  pédicelles  sur  tous  les  radius,  de  la  forme  des  cor- 


ASPIDOGHIROTES.  ^ 

puscules  calcaires  et  de  la  présence  de  deux  faisceaux  d'orj^anes  génitaux, 
nous  la  considérons  comme  appartenant  au  genre  Sipitii/actes;  mais  ici 
le  nombre  des  tentacules  n'est  que  de  dix,  tandis  (lu'il  est  de  dix-huit  à 
vingt  dans  les  Sy7inllactes  décrits  jusqu'à  présent. 

Cette  nouvelle  espèce  de  Synallacles  ne  peut  pas  être  rapprochée  de  la 
MesotJiNrin  hifiircata  Ilérouard  rapportée  parla  «  Belgica  »  du  71"  degré  de 
latitude  sud,  caria  disposition  des  appendices  et  la  forme  des  corpuscules 
calcaires  est  toute  différente  dans  ces  deux  espèces. 

Le  Synallactes  Carthngei  se  distingue  du  Synallactes  Moseleyi  Théel,  de 
la  région  patagonienne,  par  l'absence  de  pieds  adhésifs,  par  ses  rangées 
longitudinales  de  pédicelles,  en  général  simples,  et  par  ses  corpuscules 
calcaires,  dont  les  bases  onttrois  branches  au  lieu  de  quatre  ou  huit,  comme 
d^ns  l'espèce  de  Théel.  Les  corpuscules  calcaires  de  notre  nouvelle 
espèce  rappellent  ceux  du  Sjjnal lactés  C/m/lengeri  Thée\,  mais  cette  der- 
nière espèce  a  dix-neuf  tentacules,  des  papilles  sur  toute  la  face  dorsale 
et  au  moins  deux  séries  de  pédicelles  sur  chaque  radius  du  trivium; 
d'autre  part,  les  corpuscules  des  pédicelles  sont  des  bâtonnets  faiblement 
incurvés. 

2.  Synallactes  sp.  (?) 
N°  845.  —  Baie  Biscoë.  Dragage,  110  m.  —  1  exemplaire. 

Cet  échantillon  est  en  presque  totalité  pelé  ;  seule  la  couronne  tenta- 
culaire  est  bien  conservée;  elle  est  entièrement  épanouie  et  tournée  du 
côté  dorsal.  La  longueur  de  cet  exemplaire  est  de  62  millimètres;  sa  lar- 
geur est  de  20  à  25  millimètres. 

Les  téguments  sont  minces  et  blanchâtres.  En  les  examinant  par  trans- 
parence du  côté  interne,  on  distingue,  sur  chaque  radius,  deux  séries 
d'appendices  alternant  plus  ou  moins  l'une  avec  l'autre.  On  ne  trouve 
aucune  trace  de  corpuscules  calcaires. 

Les  tentacules,  au  nombre  de  dix,  sont  tous  semblables;  ils  sont 
courts,  massifs,  et  ils  se  terminent  par  un  disque  épais  orné  d'un  grand 
nombre  de  pointes. 

Il  existe  un  canal  madréporique  et  deux  vésicules  de  Poli  de  2  à  3  mil- 
limètres de  longueur. 


G  HOLOTHURIES. 

Les  organes  arborescents  sont  très  ramifiés  ;  ils  sont  inégaux  :  l'un  a 
seulement  10  millimètres  de  longueur,  tandis  que  l'autre  atteint  30  à 
40  millimètres. 

Les  organes  génitaux  sont  constitués  de  nombreux  tubes  ramifiés  ;  ils 
présentent,  de  distance  en  distance,  de  forts  étranglements  qui  leur  donnent 
une  apparence  plus  ou  moins  moniliforme. 

Rapports  ET  DIFFÉRENCES.  — L'absence  de  tout  corpuscule  calcaire  et  le 
mauvais  état  de  cet  individu  ne  permet  d'établir  qu'avec  doute  ses  affi- 
nités. Nous  croyons  qu'il  représente  une  nouvelle  espèce  de  Synallacies, 
car  la  disposition  des  pédicelles  n'est  pas  la  même  que  celle  observée 
soit  chez  le  S.  Mose/eyi  Thée],  soit  chez  notre  S.  Carthagei.  Comme  cette 
dernière  espèce,  ce  nouveau  Synallactes  n'aurait  que  dix  tentacules. 


DENDROCHIROTES 

CUCUMARIIDÉS 

1.  Cucumaria  antarctica  nov.  sp. 

(Pig.  3,  8,  20.) 

N°  642.  —  Ile  Booth-Wandel,  plage  sous  galets.  —  5  exemplaires. 
N°  803.  —  Baie  Biscoë.  Dragage,  110  m.  —  1  exemplaire. 
N°  385.  —  Port-Charcol.  Dragage,  40  m.  —  1  exemplaire. 

Nous  groupons  dans  cette  même  espèce  des  exemplaires  qui,  bien  que 
récoltés  à  des  profondeurs  différentes,  neparaissent  se  distinguer  les  uns 
des  autres  que  par  des  caractères  secondaires.  Notre  hésitation  pour 
faire  ce  rapprochement  a  été  d'autant  plus  grande  que  certains  échantil- 
lons étaient  dépourvus  de  corpuscules  calcaires  ou  partiellement  décal- 
cifiés. L'exemplaire  n°  385  n'a  plus  aucun  corpuscule;  les  échantillons 
provenant  de  la  plage  ne  présentent  de  corpuscules  que  dans  les  parties 
invaginées  de  la  région  antérieure  du  corps;  seul,  le  petit  individu  de  la 
baie  de  Biscoë  possède  d'assez  nombreux  sclérites  dans  ses  téguments. 
Tous  ces  individus  ont  des  téguments  assez  épais,  flexibles  et  de  couleur 
brun  marron  ,  leur  région  ventrale  est  plus  claire  que  leur  face  dorsale. 
Les  pédicelles  sont  blanchâtres  ou  marron  clair  ;  ils  sont  localisés  sur  les 


DENDROCHIROTES.  7 

rfidius,  OÙ  ils  se  dis|)(is<'iil  en  deux  rangées  très  rapprochées  riine  de  l'au- 
tre; mais  leur  réparlitiouu'est  pas  lamêmedans  les  dillérents  échantillons. 
C'est  en  comparant  les  corpuscules  calcaires  du  petit  exemplaire  avec 
ceux  des  individus  des  îles  Booth-Wandel  que  nous  avons  été  amenés  à  les 
rapprocher  les  uns  des  autres;  d'autre  part,  l'échantillon  décalcifié,  malgré 
sa  grande  taille,  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  le  petit  exemplaire. 
Ainsi,  en  prenant  le  petit  exemplaire  comme  tei-me  de  comparaison, 
nous  avons  été  conduits  à  grouper  ces  divers  individus,  mais  nous  décri- 
rons séparément  chacune  de  ces  trois  séries  d'échantillons,  pour  bien  in- 
diquer leurs  particularités. 

Les  cinq  exemplaires  des  îles  Booth-Wandel  sont  absolument  semblables 
les  uns  aux  autres.  Ils  sont  tous  rétractés;  leur  couronne  tentaculaire  est 
fortement  invaginée,  et  le  reste  du  corps  est  plus  ou  moins  plissé.  L'échan- 
tillon le  moins  déformé  (fig.  3)  est  pyriforme  ;  il  a  une  longueur  de 
1 15  millimètres,  et  son  plus  grand  diamètre  atteint  3o  millimètres  ;  son 
extrémité  postérieure  est  arrondie,  tandis  qu'en  avant  le  corps  se  pro- 
longe sous  la  forme  d'un  piisme  [lentagonal  de  37  millimètres  de  lon- 
gueur et  de  13  millimètres  de  diamètre.  Chez  les  autres  individus,  le 
corps  est  ovale,  terminé  en  avant  et  en  arrière  par  un  mamelon  plus  ou 
moins  marqué;  leur  longueur  varie  de  55  à  80  millimètres  et  leur  dia- 
mètre de  37  à  55  millimètres. 

Les  pédicellessont  localisés  sur  les  radius,  où  ils  sontdisposés  en  deux 
rangées  très  rapprochées  l'une  de  l'autre  et  alternant  entre  elles.  Ces 
appendices  sont  au  nombre  d'une  centaine  par  chaque  radius  dutrivium, 
alors  qu'on  en  compte  seulement  quatre-vingts  sur  chaque  radius  du  bi- 
vium.  La  région  antérieure  invaginée  a  une  longueur  de  37  millimètres, 
c'est-à-dire  égale  au  tiers  de  la  longueur  du  reste  du  corps  ;  on  y  retrouve 
la  continuation  des  rangées  radiales  de  pédicelles  ;  ceux-ci  y  sont  répartis 
à  raison  d'une  vingtaine  par  radius. 

Les  tentacules  sont  au  nombre  de  dix  ;  ils  sont  courts,  massifs,  bru- 
nâtres et  se  terminent  par  de  courtes  ramifications  mamelonnées  et  de 
teinte  plus  claire  que  la  base. 

Dans  ces  derniers  exemplaires,  les  téguments  sont  brunâtres  extérieu- 
rement et  blanchâtres    du   côté  interne  ;  nous  n'avons  pu  y  trouver  de 


8  HOLOTHURIES. 

corpuscules  calcaires  que  dans  les  parties  invaginées.  Ces  sclérites  sont 
un  peu  disséminés,  et  ils  ne  sont  que  d'une  seule  sorte  :  ce  sont  des 
plaques  (fig.  8)  plus  ou  moins  allongées,  à  contour  fortement  denté, 
dont  la  surface  présente  de  nombreuses  perforations  entre  lesquelles 
sont  disposés  de  petits  tubercules  à  extrémité  mousse. 

(^ihez  l'individu  le  moins  contracté,  les  muscles  rétracteurs  s'insèrent 
à  60  millimètres  du  bord  antérieur  ;  les  muscles  longitudinaux  ont  une 
largeur  de  3  millimètres  dans  la  région  moyenne  du  corps;  puis  ils  vont 
en  s'atténuant  vers  les  extrémités. 

On  ne  distingue  aucun  anneau  calcaire. 

Les  tubes  madréporiques,  au  nombre  de  quinze  à  dix-huit,  sont  courts 
et  disposés  en  deux  groupes.  Il  existe  trois  vésicules  de  Poli,  dont  la 
plus  grande,  ventrale,  a  2'2  millimètres  de  longueur;  tandis  que  les  deux 
autres,  placées  de  part  et  d'autre  de  la  première,  ne  mesurent  que  10  à 
15  millimètres.  Les  organes  génitaux  sont  formés  de  deux  faisceaux  de 
tubes  simples,  blanchâtres,  atteignant  80  millimètres  de  longueur;  les 
tubes  supérieurs  ont  un  diamètre  assez  grand  ;  ils  présentent  un  aspect 
moniliforme.  Les  organes  arborescents  sont  blanchâtres  et  s'étendent 
jusqu'à  la  moitié  du  corps. 

Le  petit  exemplaire  est  légèrement  incurvé  ;  sa  longueur  est  de 
20  millimètres  et  sa  largeur  de  10  millimètres.  Il  est  brun  noirâtre  avec 
la  partie  antérieure  plus  foncée.  La  région  tenlaculaire  est  étalée  et  com- 
prend dix  tentacules  à  pédoncule  court  et  à  arborescence  mamelonnée  et 
blanchâtre  ;  trois  de  ces  appendices  sont  réduits  à  leur  pédoncule. 

Les  pédicelles  blanc  jaunâtre  sont  disposés,  sur  chaque  radius,  en  deux 
rangées  qui  alternent  irrégulièrement  l'une  avec  l'autre.  On  compte  une 
quarantaine  de  pédicelles  sur  le  radius  médian  ventral  ;  sur  les  radius 
dorsaux,  ils  paraissent  plus  clairsemés,  quelquefois  disposés  en  une  seule 
série.  L'état  de  contraction  du  corps  ne  permet  pas  de  compter  ces 
appendices;  mais  si,  dans  la  région  ant'érieure,  ils  sont  nombreux,  dans 
la  région  postérieure  ils  sont  très  distants  les  uns  des  autres,  et  l'on  en 
trouve  plus  à  quelques  millimètres  de  l'anus.  Cette  disposition  des  pédi- 
celles est  la  seule  difTérence  bien  marquée  entre  ce  petit  exemplaire  et 


DENDROCHIROTES.  9 

les  échantillons  précédents.  Les  téguments  renferment  aussi  une  seule 
sorte  de  sclérites  assez  rapprochés  les  uns  des  autres  :  ce  sont  de 
grandes  plaques  (fig.  26)  allongées,  à  bords  épineux,  percées  d'un  grand 
nombre  d'ouvertures  et  présentant  à  leur  surface  quelques  rares  pointes. 
Nous  n'avons  pas  trouvé  d'anneau  calcaire.  Les  canaux  madréporiques 
sont  nombreux. 

Quanta  l'échantillon  décalcifié,  sa  longueur  atteint  HO  millimètres  ; 
le  corps  est  fortement  plissé,  surtout  dans  la  région  antérieure,  où  la  lar- 
geur n'est  que  de  17  millimètres,  alors  que  dans  la  région  postérieure  le 
diamètre  du  corps  dépasse  30  millimètres. 

La  couronne  tentaculaire  est  étalée,  mais  les  tentacules  sont  réduits  à 
leur  pédoncule. 

Comme  dans  les  exemplaires  précédemment  décrits,  les  pédicelles  sont 
localisés  sur  les  radius  ;  mais  si,  dans  la  région  anale,  leur  disposition 
est  la  même  que  pour  les  exemplaires  des  îles  Booth-Wandel,  quoique  leur 
nombre  soit  moindre,  dans  la  région  antérieure,  on  remarque  que  les 
rangées  dorsales  et  latérales  s'arrêtent  à  une  certaine  distance  de  la  cou- 
ronne tentaculaire.  Malgré  cette  différence  de  répartition  des  pédicelles, 
nous  pensons  que  cet  exemplaire  doit  être  rattaché  à  cette  espèce,  et  il 
est  regrettable  que  la  disparition  totale  des  corpuscules  calcaires  des 
téguments  ne  permette  pas  de  préciser  ces  affinités. 

Rapports  et  différences.  —  La  Cucumaria  antarctica,  d'assez  grande 
taille,  est  bien  différente  de  toutes  les  espèces  subantarctiques  déjà 
décrites.  Elle  appartient  au  groupe  des  Cucumaria  antarctiques  possé- 
dant une  seule  espèce  de  corpuscules  calcaires  dans  les  téguments  ;  elle 
se  rapproche  donc  à  ce  point  de  vue  des  Cucumaria  chiloensis  Ludwig, 
tabulifera  R.  Perrier,  lœoigata  Verrill,  steineni  Ludwig  et  de  la  C.  geor- 
giana  Lamp.  Les  corpuscules  calcaires  des  C.  chiloensis  et  C.  tabulifera 
sont  bien  différents,  puisque  ce  sont  des  tourelles  et  non  des  plaques 
perforées  ;  quant  aux  C.  steineni  et  C.  Isevigata,  elles  possèdent  des 
plaques  perforées  munies,  à  l'une  des  extrémités,  d'un  prolongement  épi- 
neux. Seuls  les  exemplaires  de  la  C.  georgiana  décrits  par  Lampert  ui\L 

Expédition  Charcot.  —  Clément  Vaney.  —  Holothuries.  ^ 


10  HOLOTHURIKS. 

des  corpuscules  presque  identiques  à  ceux  de  noire  espèce,  quoique  les 
plaques  de  la  C.  ontarctica  soient  plus  grandes  et  à  plus  nombreuses 
perforations  ;  mais,  chez  la  C.  georç/iana,  les  pédicelles  sont  disposés  en 
rangées  doubles  et  quelquefois  triples,  suivant  les  radius  du  trivium,  et  ils 
sont  disséminés,  sur  le  bivium,  sans  aucune  disposition  en  rangées. 

2.  Cucumaria  attenuata  nov.  sp. 
(Pig.  5  a,  6;  lig-.  12;  lig-.  i:};  lig-.  21  «,6;  lig.  22.) 

N°  i3(j.  —  Port-Charcot.  Drag-ag-e,  40  m.  —  i  exemplaire. 

Celte  nouvelle  espèce  est  de  petite  taille;  sa  longueur  est  de  1 1  milli- 
mètres seulement.  Le  corps  (fig.  5  a,  h)  est  plus  ou  moins  cylindrique, 
d'un  diamètre  de  i  millimètres;  la  région  postérieure  est  arrondie;  la 
partie  antérieure  de  cet  unique  exemplaire  est  fortement  infléchie,  de 
telle  sorte  que  la  bouche  est  devenue  ventrale  et  fait  une  saillie  de  2  à 
3  millimètres  sur  le  trivium. 

Chaque  radius  porte  une  rangée  de  pédicelles  disposés  en  zigzag;  mais, 
en  certains  points,  il  semble  y  avoirune  double  rangée.  Ces  pédicelles  sont 
de  deux  tailles,  et  en  général  les  petits  alternent  avec  les  gros.  Le  radius 
médian  ventral  renferme  dix  pédicelles  paraissant  disposer  en  deux  ran- 
gées alternant  l'une  avec  l'autre;  les  radius  latéraux  ont  une  rangée 
d'une  douzaine  de  pédicelles  qui  s'étend  jusqu'à  la  bouche  :  la  région 
antérieure  incurvée  en  présente  un  ou  deux;  les  radius  dorsaux  pos- 
sèdent une  huitaine  d'appendices  seulement.  Pour  tous  les  radius,  les 
séries  de  pédicelles  s'arrêtent  bien  avant  l'extrémité  postérieure  du  corps. 

Les  téguments  de  cet  exemplaire  conservé  au  formol  sont  blanc  jau- 
nâtre; ils  sont  minces,  mais  assez  rigides  par  suite  de  la  présence  de  nom- 
breux corpuscules  calcaires  s'imbriquant  légèrement  les  uns  sur  les 
autres.  Ces  corpuscules  (fig.  13  et  t\)  sont  d'une  seule  sorte  :  ce 
sont  des  plaques  calcaires  à  contour  presque  circulaire,  percées  d'un 
grand  nombre  d'ouvertures  et  dont  le  réseau  offre  de  distance  en  distance 
de  petits  tubercules  arrondis. 

Ces  plaques  peuvent  avoir  des  tailles  assez  variables  :  les  plus  grandes 
(fig.  21  a,  b)  sont  légèrement  incurvées  et  ont  un  diamètre  de  O'""',^; 


DENDROCHIROTES.  11 

d'autres,  plu:^  peliles  ifig.  13),  n'atteignent  que  0°"°,l  de  diamètre, 
et  ont  un  réseau  plus  grêle  que  les  précédentes.  Dans  la  paroi  des 
pédicelles,  on  trouve  aussi  des  plaques  de  petite  taille  entières  ou  en  voie 
de  formation  (fig.  1:2). 

La  couronne  tentaculaire  est  bien  épanouie  ;  elle  se  compose  seulement 
(le  sept  tentacules,  dont  cinq,  bien  développés,  ont  l'aspect  caractéris- 
lit|ue  de  Dendrochirotes,  tandis  que  les  deux  autres,  ventraux,  sont 
léduits  à  un  simple  mamelon. 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  [)ièces  pourvues  chacune  d'une 
pointe  antérieure,  plus  développée  chez  les  radiales  que  chez  les  interra- 
diales. 

Les  muscles  rétracteurs  sont  grêles  et  s'insèrent  vers  le  milieu  du  corps. 
Le  canal  du  sable  est  bien  développé  et  se  dirige  en  avant.  Il  n'existe 
(ju'une  vésicule  de  Poli. 

Les  organes  arborescents  sont  localisés  dans  la  moitié  postérieure  du 
corps  ;  ils  forment  deux  tubes  blanchâtres  qui  s'incurvent  dans  leur  région 
antérieure  et  présentent  de  distance  en  distance  des  ramifications  simples. 

Cet  exemplaire  n'a  pas  atteint  sa  maturité  sexuelle. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  nouvelle  Ciicumaria  appartient  au 
groupe  des  Cacumaria  antarctiques  à  pédicelles  localisés  sur  les  radius, 
mais  elle  se  distingue  nettement  de  toutes  celles  décrites  actuellement 
par  la  disposition  de  ses  pédicelles.  En  effet,  ceux-ci  sont  en  petit  nombre 
sur  chaque  radius,  et,  quoique  répartis  sur  deux  rangées  alternantes,  ils 
paraissent  disposés  sur  une  seule  ligne,  comme  dans  une  véritable  Ocnus. 
Il  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  du  petit  nombre  de  tentacules  de  notre 
type, qui  semble  être  le  résultat  d'une  anomalie;  il  est  très  probable  que 
les  formes  normales  ont  dix  tentacules. 

La  (' .  attenuata  a  quelques  points  de  ressemblance  avec  la  C.  lœvifjata 
Verrill;  mais  celle-ci  a,  sur  chaque  radius,  un  plus  grand  nombre  de 
pédicelles,  de  trente  à  soixante,  disposés  en  deux  séries  bien  nettes  ; 
d'autre  part,  les  pédicelles  ventraux  sont  bien  plus  nombreux  que  les 
dorsaux.  D'ailleurs  les  plaques  calcaires  de  notre  espèce  sont  circulaires 
et  ne  présentent  pas  de  prolongement  épineux  comme  dans  la  C.  lœvigata. 


12  HOLOTHURIES. 

Au  point  de  vue  des  corpuscules  calcaires,  la  C.  attenuata  rappelle  la 
C  georyiana  Lampertet  notre  C.  antarclica\  mais  la  disposition  des  pédi- 
celles  l'en  sépare  bien  nettement. 

Nous  rapportons  à  cette  espèce  trois  échantillons  dragués  aussi  dans 
dans  le  port  Charcot,  mais  seulement  à  20  mètres  de  profondeur. 

Leur  forme  extérieure  est  presque  identique  à  celle  de  notre  type  de 
Cucumaria  attenuata  ;  mais  ils  sont  encore  de  plus  petite  taille  :  leur 
longueur  est  de  5  millimètres  et  leur  diamètre  de  2  millimètres. 

Les  pédicelles  sont  exclusivement  placés  sur  les  radius  :  dans  le 
radius  médian  ventral,  on  en  trouve  sept  répartis  en  deux  rangées  alter- 
nantes; sur  les  radius  latéro-ventraux,  sept  pédicelles  sont  disposés  en 
une  seule  rangée  ;  quant  aux  radius  dorsaux,  ils  présentent  une  file 
de  neuf  à  dix  pédicelles  s'étendant  assez  loin  en  avant  et  en  arrière.  Les 
différences  extérieures  avec  le  type  de  la  C.  attenuata  sont  que  les  ran- 
gées de  pédicelles  atteignent  toutes  l'extrémité  postérieure  du  corps  et 
que  la  bouche  est  entourée  de  dix  tentacules,  dont  les  deux  ventraux  sont 
plus  petits.  D'autre  part,  les  radius  dorsaux  renferment,  dans  ces  derniers 
échantillons,  un  plus  grand  nombre  de  pédicelles  que  dans  notre  type. 
Les  téguments  blanchâtres  et  très  minces  contiennent  une  seule  sorte 
de  corpuscules  calcaires  :  ce  sont  des  plaques  (fîg.  22)  à  nombreuses 
perforations,  mais  incomplètement  développées;  elles  sont  assez  sem- 
blables à  celles  de  notre  type,  mais  elles  sont  dépourvues  de  tuber- 
cules. De  même  nous  trouvons  une  grande  ressemblance  entre  les 
anneaux  calcaires  de  ces  difTérentes  formes  ;  mais  ici  les  prolonge- 
ments antérieurs  des  pièces  interradiales  sont  aussi  développés  que 
ceux  des  pièces  radiales.  Tous  ces  échantillons  n'ont  pasd'organes  géni- 
taux développés.  Les  faibles  différences  qui  existent  entrecestrois  jeunes 
exemplaires  et  le  type  de  notre  Cucumaria  attenuata  font  que  nous  ne  les 
considérons,  tout  auplus,  quecommede  simples  variétés  de  cette  espèce. 

3.  Cucumaria  grandis  nov.  sp. 
Ile  Booth-Wandel,  plage.  —  1  exemplaire. 

Les  grandes  dimensions  de  cette  Cucumaria  antarctique  nous  amènent 
à  la  considérer  comme  appartenant  à  une  espèce  nouvelle,  quoique  les 


DENDROCHIROTES.  13 

caractères  fournis  par  les  corpuscules  calcaires  nous  fassent  complète- 
ment défaut.  Cet  exemplaire,  bien  que  contracté,  atteint  encore  une  lon- 
gueur de300  millimètres,  et  sa  plusgrande  largeur  est  de  140millimètres  ; 
son  corps  est  presque  cylindrique  avec  une  région  postérieure  arrondie. 

La  face  ventrale,  très  plissée,  est  de  couleur  plus  claire  que  la  face 
dorsale  ;  celle-ci,  d'un  marron  brunâtre,  est  sillonnée  de  traînées  de 
couleur  foncée  occupant  surtout  les  interradius  ;  les  radius  dorsaux  sont 
pointillés  de  brun  noir. 

Sur  chaque  radius  latéral  et  dorsal  sont  échelonnés  une  centaine  de 
pédicelles  disposés  en  deux  rangées  alternant  l'une  avec  l'autre.  Dans  les 
portions  du  corps  bien  étalées,  la  distance  entre  les  deux  séries  de  pédi- 
celles est  de  10  millimètres,  et  les  appendices  d'une  même  rangée  sont 
aussi  à  10  millimètres  les  uns  des  autres.  Par  suite  de  l'état  de  contrac- 
tion de  la  face  ventrale,  il  est  impossible  de  compter  les  pédicelles  du 
radius  médian  ventral,  mais  ils  semblent  plus  nombreux  que  dans  les 
radius  dorsaux. 

A  l'extrémité  antérieure  s'étale  une  couronne  de  dix  tentacules,  au 
centre  de  laquelle  s'ouvre  la  bouche.  Ces  tentacules  sont  réduits  à  un 
court  moignon  de  15  millimètres  de  longueur  ;  les  deux  ventraux  sont 
plus  petits  et  n'atteignent  que  10  millimètres.  La  couronne  tentaculaire 
présente  des  lignes  intertentaculaires  brunâtres  qui  viennent  jusqu'au 
pourtour  buccal. 

Les  téguments  sont  très  minces,  un  peu  gluants,  et  ils  sont  totalement 
dépourvus  de  corpuscules  calcaires. 

A  l'intérieur  du  corps,  on  observe  un  bulbe  pharyngien  de  30  millimè- 
tres de  hauteur  et  de  30  millimètres  de  diamètre,  mais  nous  ne  trouvons 
aucun  anneau  calcaire.  Les  muscles  longitudinaux  sont  simples  et  ont 
une  largeur  de  10  millimètres;  les  muscles  rétracteurs  ont  la  forme  de 
lames  aplaties  larges  de  2  à  3  millimètres  et  qui  s'insèrent  sur  la  paroi  du 
corps  à  140  millimètres  de  l'extrémité  antérieure. 

La  vésicule  de  Poli  unique  atteint  120  millimètres  de  long  et  5  milli- 
mètres de  diamètre.  Les  organes  génitaux  sont  formés  de  deux  faisceaux 
de  tubes  blanc  jaunâtre  très  nombreux  s'étendant  sur  toute  la  longueur  du 
corps.  Les  organes  arborescents  sont  très  ramifiés. 


14  HOLOTHURIES. 

On  n'avait  jamais  signalé  dans  la  région  anlarctique  de  Cucumaria 
d'aussi  grande  taille.  II  est  regrettable  que  les  corpuscules  fassent  dél'aut, 
car  cette  absence  nous  empêche  de  discuter  les  affuiités.  Cette  Cucumaria 
grandis  se  rapproche  de  notre  Cucumariaantarctica. 

4.  Cucumaria  irregularis  nov.  sp. 
(Fig.  2  a,  b) 

N°  436.  —  Port-Charcot.  Dragag-e,  40  m.  —  1  exemplaire. 

Cette  espèce,  de  très  petite  taille,  a  sa  surface  externe  recouverte  de 
villosités.  Elle  a  ainsi  l'aspect  d'une  Echinocucumis.  Son  corps  (fig.  2«,  b) 
est  ovale,  avec  une  région  postérieure  arrondie  et  une  partie  antérieure 
plus  large  et  terminée  par  des  tentacules  bien  épanouis. 

Les  pédicelles  sont  localisés  sur  les  radius.  Sur  le  triviiun,  on  observe 
onze  pédicelles  disposés  sur  le  radius  médian  en  deux  rangées  alternant 
assez  irrégulièrement  l'une  avec  l'autre,  et  sept  pédicelles  sont  répartis 
en  une  seule  série  sur  chaque  radius  latéral.  Le  bivium  ne  possède  que 
quatre  à  cinq  pédicelles  sur  chaque  radius. 

Les  tentacules  sont  au  nombre  de  dix,  les  deux  ventraux  plus  petits. 
Chaque  tentacule  a  un  pédoncule  très  développé  portant  des  digitalions 
assez  longues,  en  petit  nombre  et  bien  séparées  les  unes  des  autres. 

Les  téguments  sont  blanchâtres,  minces  et  ne  renferment  aucun  cor- 
puscule calcaire. 

Nous  n'avons  pas  vu  d'anneau  calcaire,  mais  il  existe  un  petit  canal 
madréporique  et  une  vésicule  de  Poli.  Les  muscles  rétracteurs  s'insèrent 
tout  à  fait  à  la  région  antérieure  du  corps. 

Les  organes  génitaux  sont  constitués  de  deux  faisceaux  renfermant 
chacun  3  à  4  tubes  simples. 

Rapports  et  différences.  —  Les  villosités  du  corps,  la  disposition  des 
pédicelles  et  la  forme  des  tentacules  séparent  complètement  cette  espèce 
des  autres  Cucumaria  antarctiques  ou  subantarctiques. 

La  6'.  irregn/aris  rappelle,  par  certains  caractères  externes,  le  Syno.l- 
lactes  Carthagei  décrit  précédemment;  mais  la  structure  des  tentacules 
est  bien  différente  dans  les  deux  cas. 


DKNDROCHIROTES.  ^o 

Par  sa  forme  extérieure,  elle  se  rapproche  de  la  Cucumaria  hispirla 
(Barrett)  [Echinocucunm  tijvica  M.  Sars)  des  mers  du  Nord.  Les  affinités 
ne  peuvent  pas  être  discutées  par  suite  de  la  dissolution  dos  corpuscules 
calcaires. 

5.  Cucumaria  lateralis  nov.  sp. 
(Fig-.23,  2'iet25.) 

N°  120.  —  Port-Gharcol;  ile  Booth-Wandel.  Dragage,  20m.  —  1  exemplaire. 
N"  865.  —  Baie  Biscoë.  Dragage,  110  m.  —  i  exemplaire. 

Nous  rapprochons  sous  cette  même  appellation  deux  exemplaires  qui, 
extérieurement,  présentent  un  certain  nombre  de  caractères  communs, 
mais  dont  l'idontification  reste  incertaine,  car,  dans  l'un,  les  corpuscules 
calcaires  font  complètement  défaut.  Cet  échantillon  décalcifié  est  bien 
étab'  et  provient  d'un  dragage  efTectué  à  1 10  mètres  ;  l'aulre,  sur  lequel 
nous  établissons  la  diagnosede  la  nouvelle  espèce,  est  fortement  contracté 
et  a  été  recueilli  à  une  profondeur  de  20  mètres. 

L'individu  rétracté  est  ovoïde,  sa  longueur  est  de  50  millimètres,  et 
son  plus  grand  diamètre  atteint  38  millimètres.  Les  téguments  sont 
minces  et  blanc  grisâtre.  Les  pédicelles  ont  1  millimètre  de  diamètre  ;  ils 
sont  très  saillants  et  bien  nets;  leur  répartition  sur  la  face  dorsale  est 
(lilFérente  de  celle  de  la  face  ventrale.  Sur  le  trivium,  les  pédicelles  sont 
localisés  sur  les  radius  :  suivant  le  radius  médian,  ils  se  disposent  en  deux 
rangées  sur  toute  la  longueur  du  corps,  et,  de  distance  en  distance,  on  en 
trouve  une  troisième  série  ;  de  môme  deux  rangées  de  pédicelles  s'éten- 
dent sur  toute  la  longueur  des  radius  latéraux;  mais,  dans  la  région 
moyenne  du  corps,  ils  s'y  ajoutent  une  ou  deux  nouvelles  rangées.  A 
première  vue,  les  pédicelles  paraissent  disséminés  irrégulièrement  sur 
toute  la  face  dorsale,  aussi  bien  sur  les  radius  que  sur  les  interradius; 
cependant  un  examen  attentif  montre  que  les  appendices  sont  alignés 
suivant  les  radius,  où  ils  forment  deux  rangées  principales,  s'étendant  sur 
toute  la  longueur  du  corps,  bordées  de  part  et  d'autre  de  deux  à  trois 
rangées  latérales  qui  s'étalent  plus  ou  moins  sur  les  interradius.  Les 
pédicelles  disposés  sur  les  interradius  sont  semblables  à  ceux  des  radius. 

Les  corpuscules  calcaires  sont  disséminés  dans  les  téguments;  ils  sont 
formés  de  plaques  tuberculées  dont  les  unes(fig.  23),  pourvues  d'un  petit 


16  HOLOTHURIES. 

nombre  d'ouvertures,  cinq  à  six  environ ,  rappellent  celles  de  la  Cucumaria 
georgiufiahamp.,  tandis  que  d'autres  (fig.  24)  sont  quatre  fois  plus  grandes 
que  les  précédentes  et  présentent  une  trentaine  de  perforations. 

Dans  les  pédicelles,  les  plaques  (fig.  23)  sont  allongées  et  ont  un  petit 
nombre  de  perforations  et  de  tubercules. 

Les  muscles  rétracteurs  s'insèrent  vers  le  milieu  du  corps. 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  pièces  fortes  présentant  chacune  un 
prolongement  médian  et  antérieur. 

La  vésicule  de  Poli  unique  a  20  millimètres  de  long  ;  il  n'existe  qu'un 
seul  canal  madréporique  placé  à  gauche  du  mésentère  dorsal. 

Les  organes  génitaux  sont  formés  de  deux  faisceaux  de  nombreux  tubes 
simples.  On  trouve,  en  outre,  deux  poches  incubatrices  remplies  d'œufs 
segmentés  et  situées  en  avant,  de  part  et  d'autre  du  muscle  longitudinal 
du  radius  latéro-dorsal  droit.  Chacune  de  ces  poches  s'ouvre  à  l'extérieur 
par  un  pore  situé  presque  à  l'extrémité  antérieure  du  corps. 

Le  second  individu,  bien  épanoui,  aune  longueur  de  40  millimètres  ; 
son  corps  est  ovale,  à  extrémité  postérieure  terminée  en  pointe.  Les  tégu- 
ments sont  très  minces  et  laissent  voir,  par  transparence,  les  organes 
génitaux. 

Les  tentacules  sont  au  nombre  de  dix,  les  deux  ventraux  sont  plus  petits  ; 
une  papille  génitale  fait  saiUie  dans  le  cercle  tentaculaire,  entre  les  deux 
tentacules  dorsaux. 

Comme  dans  l'exemplaire  précédent,  les  pédicelles  sont  localisés  sur 
les  radius  de  la  face  ventrale,  tandis  que  sur  le  côté  dorsal  ils  sont  dis- 
posés sur  les  radius  et  les  inlerradius.  Sur  le  radius  médian  ventral,  les 
pédicelles,  au  nombre  de  soixante-six,  sont  placés  sur  deux  rangées  alter- 
nant en  certains  points  l'une  avec  l'autre;  dans  les  radius  latéro-ventraux, 
on  en  compte  soixante-dix,  disposés  sur  deux  ou  trois  rangées.  Les 
radius  dorsaux  présentent,  dans  leur  région  moyenne,  cinq  à  six  rangées 
de  pédicelles,  dont  les  plus  externes  par  rapport  à  la  ligne  médiane  du 
radius  n'atteignent  pas  l'extrémité  du  corps,  de  telle  sorte  qu'en  avant 
chaque  radius  a  trois  rangées  de  pédicelles,  tandis  qu'en  arrière  il  n'en 
présente  plus  que  deux. 


DKNDROGHIROTES.  *? 

Dans  cet  exemplaire,  les  muscles  rétracleurs  s'insèrent  au  quart 
postérieur  du  corps;  quant  aux  autres  caractères  analomiques  internes, 
ils  concordent  avec  ceux  de  l'exemplaire  décrit  en  premier  lieu. 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  pièces  pourvues  chacune  d'un 
prolongement  médian  antérieur  ;  celui  des  radiales  est  plus  massif  que 
celui  des  interradiaies.  La  vésicule  de  Poli  unique  a  8  millimètres  de 
longueur;  il  n'existe  qu'un  seul  canal  madréporique  dirigé  en  avant.  Les 
organes  arborescents  sont  des  tubes  blanchâtres  et  ramifiés.  Les  organes 
génitaux  sont  formés  de  deux  faisceaux  d'une  vingtaine  de  tubes  simples, 
de  couleur  blanchâtre. 

Rapports  et  différences.  —  La  présence  d'une  seule  sorte  de  corpus- 
cules calcaires  dans  les  téguments  rapproche  la  Cucumaria  lateralis  de 
la  C.  georgiana  ;  mais,  si  des  stades  d'évolution  des  sclérites  de  notre 
nouvelle  espèce  ressemblent  aux  corpuscules  de  la  C  georgiana,  les 
grosses  plaques  définitivement  formées  avec  leurs  nombreuses  perfora- 
tions permettent  de  la  distinguer  très  nettement  de  l'espèce  de  Lampert. 

La  distribution  des  pédicelles  ne  peut  être  ici  un  caractère  spécifique 
très  important  à  invoquer,  car,  dans  les  types  de  la  C.  georgiana,  ces 
appendices  sont  disposés  en  double  rangée  sur  les  radius  du  trivium, 
alors  qu'ils  sont  disséminés  irrégulièrement  sur  les  radius  et  interradius 
du  bivium  ;  tandis  que,  dans  les  exemplaires  que  Lampert  avait  séparés 
sous  le  nom  de  C.  pithacnion,  et  que  Ludwig  rattache  à  juste  raison  à 
la  C.  georgiana,  les  pédicelles  sont  en  deux  rangées  sur  tous  les  radius. 
Dans  la  C.  laferalii^,  la  répartition  des  pédicelles  sur  les  radius  latéro- 
ventraux  est  tout  autre  que  dans  la  f\  georgiana  ;  d'ailleurs,  dans  cette 
nouvelle  espèce,  les  pédicelles  ont  des  plaques  tuberculées,  alors  que 
seuls  les  exemplaires  primitivement  rapportés  à  la  C.  pithacnion  ont  de 
nombreuses  plaques  dans  les  pédicelles,  semblables  à  celles  des  parois 
du  corps,  mais  dépourvues  de  tubercules. 

Dans  les  nombreux  exemplaires  de  la  C^eo/'i^/a^ff,  observes  par  Lampert, 

et  dontia  taille  variaitde  0,6  à  7  centimètres,  cetauteur  ne  signale  aucune 
poche  incubatrice.  La  disposition  de  la  paire  de  poches  incubatrices  sur  le 
radius  dorsal  droit  est  actuellement  bien  spéciale  à  notre  nouvelle  espèce . 

Expédition  Charcol.  —  Clément  Vaney.  —  Holothuiies.  •* 


18  HOLOTHURIES. 


0.  Gucumaria  Turqueti  nov.  sp. 

(Fig.  1.) 

N"  382.  —  Port  Gharcot.  Dragage,  40  m.  —  1  exemplaire. 


Le  corps  de  cette  nouvelle  Cucumaria  est  ovoïde,  légèrement  atténué 
aux  deux  extrémités.  Chez  cet  exemplaire  contracté,  la  longueur  est  de 
85  millimètres,  et  le  plus  grand  diamètre  atteint  40  millimètres  ;  la  face 
dorsale  est  de  couleur  marron  loncé,  tandis  que  la  région  ventrale  est  de 
teinte  plus  claire. 

Les  pédicelles,  de  couleur  blanchâtre,  sont  exclusivement  localisés 
sur  les  radius.  A  un  premier  examen,  ils  paraissent  disposés  sur  chacun 
de  ceux-ci  en  deux  rangées  bien  nettes  s'étendant  sur  toute  la  longueur 
du  corps  et  situées  à  une  certaine  distance  l'une  de  l'autre  :  à  3  millimètres 
pour  les  radius  du  trivium  et  à  5  millimètres  pour  ceux  du  bivium.  Un 
examen  plus  attentif  permet  de  discerner,  à  côté  de  pédicelles  de  grosse 
taille,  pouvant  atteindre  2"", 5  de  longueur,  de  petits  appendices  très 
courts  et  souvent  réduits  à  un  faible  mamelon.  En  général,  les  petits 
pédicelles  sont  intercalés  entre  les  gros  et  plus  rapprochés  que  ceux-ci 
de  l'axe  du  radius,  de  telle  sorte  que  chaque  rangée  d'ambulacres  est  en 
zigzag  ;  en  certains  points,  elle  paraît  être  constituée  de  deux  séries 
d'appendices  de  taille  différente  et  alternant  l'une  avec  l'autre. 

Les  pédicelles  sont  plus  nombreux  sur  le  trivium  que  sur  le  biviun)  ; 
chaque  radius  ventral  en  comprend  de  cent  à  cent  sept,  tandis  que  les 
radius  dorsaux  n'en  possèdent  que  soixante-huit  environ. 

Les  téguments  sont  minces.  En  préparation  éclaircie,  ils  montrent 
seulement  de  petits  amas  caractéristiques,  résultant  de  l'attaque  des 
corpuscules  calcaires  par  les  réactifs,  et  qui,  d'après  leur  disposition, 
indiquent  que  les  sclérites  étaient  très  disséminés  dans  la  peau  ;  mais  il 
nous  a  été  impossible  de  retrouver  un  seul  de  ces  corpuscules  calcaires. 

L'attaque  des  acides  a  dû  être  prolongée,  car  nous  ne  trouvons  aucun 
anneau  calcaire. 

Les  muscles  longitudinaux  sont  simples  et  ont  3  millimètres  de  lar- 
geur; les  muscles  rétracteurs,  très  grêles,  s'insèrent  à  30  millimètres 
de  l'extrémité  antérieure.  Le  pharynx  invaginé  a  15  millimètres  de  Ion- 


DENDROCHIROTES.  19 

gueur.  Le  cercle  aquifère  est  iiiiini  vcntralement  d'une  vésicule  de  Poli 
de  20  millimètres  de  longueur  el  dorsalement  d'un  canal  madréporique 
infléchi  en  avant.  Il  existe  un  estomac  bien  différencié. 

Les  organes  génitaux  sont  formés  de  deux  faisceaux  de  simples  lubes 
blanchâtres,  do  20  à  30  millimètres  de  long  et  disposés  de  part  et  d'autre 
du  canal  évacuateur  sur  une  longueur  de  50  millimètres. 

Les  organes  arborescents,  très  développés,  ont  une  paroi  mince  et 
transparente. 

Rapports  et  différences.  —  La  disparition  complète  des  corpuscules 
calcaires,  après  l'action  des  agents  conservateurs,  ne  nous  permet  pas 
de  fournir  tous  les  caractères  de  cette  espèce,  mais  nous  la  croyons 
nouvelle. 

La  coloration  du  corps,  la  disposition  des  pédicelles,  rapprochent  la 
Ciicumarin  Turqueti  de  la  Cucumaria  crocea  Lesson.  Elle  en  diffère  essen- 
tiellement [)arce  que,  chez  notre  nouvelle  espèce,  les  pédicelles  de  la 
face  dorsale  sont  aussi  développés  que  ceux  de  la  région  ventrale,  et  que, 
dans  chaque  radius  dorsal,  il  y  a  beaucoup  moins  d'ambulacres  que  dans 
im  radius  ventral.  Chez  la  C.  crocea,  au  contraire,  les  appendices  dor- 
saux sont  peu  saillants,  par  suite  bien  plus  petits  que  ceux  de  la  face 
ventrale,  et,  d'autre  part,  ils  sont  plus  nombreux  que  les  ventraux. 
D'ailleurs,  chez  la  C.  crocea,  nous  ne  trouvons  pas,  dans  chaque  radius, 
cette  alternance  de  pédicelles  de  grosse  et  de  petite  taille  que  nous 
avons  signalée  chez  la  C.  Turqueti.  Au  point  de  vue  de  l'organisation 
interne,  il  existe  dans  ces  deux  espèces  un  estomac  bien  différencié; 
mais  la  disposition  des  organes  génitaux  est  très  différente. 

7.  Cucumaria  sp.  (?) 
N°  269.  —  Port-Charcot.  Dragage,  40  m.  —  1  exemplaire. 

11  est  impossible,  après  l'action  du  formol  et  des  acides,  de  préciser 
la  détermination  de  cette  Cucumaria,  car  les  corpuscules  calcaires  ont 
complètement  disparu. 

L'animal,  fortement  rétracté,  est  cylindrique,  mais  il  est  légèrement 
pentagonal  dans  les  régions  très  contractées  ;  sa  longueur  est  de  45  milli- 


20  HOLOTHURIES. 

mètres  et  son  diamètre  atteint  15  millimètres.  La  région  moyenne  du 
corps  est  fortement  plissée,  tandis  que  les  régions  terminales  sont  encore 
bien  gonflées  et  paraissent  recouvertes  de  petites  verrucosités.  La 
bouche  s'ouvre  à  l'extrémité  d'un  petit  mamelon  terminal;  l'anus  est 
déjeté  sur  le  côté. 

Les  pédicelles  sont  entièrement  localisés  sur  les  radius;  on  en  compte 
une  quarantaine  par  radius,  disposés  en  deux  rangées  alternantes.  Les 
tentacules  sont  au  nombre  de  dix  ;  les  deux  ventraux  sont  plus  petits. 

Les  téguments  sont  blanchâtres,  très  minces  et  complètement  débar- 
rassés de  leurs  corpuscules  calcaires. 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  pièces,  dont  chacune  est  pourvue, 
en  son  milieu,'  d'un  prolongement  antérieur  ;  celui-ci  est  plus  fort  dans 
les  pièces  radiales  que  dans  les  interradiales. 

Les  muscles  rétracteurs  s'insèrent  vers  la  moitié  du  corps.  La  vésicule 
de  Poli,  unique,  a  lo  millimètres  de  longueur;  les  canaux  madréporiques, 
au  nombre  de  trois,  sont  très  courts  et  terminés  chacun  par  une  plaque 
madréporique  bien  nette.  Les  organes  génitaux  sont  constitués  par  deux 
faisceaux  de  tubes  simples,  placés  à  l'extrémité  d'un  assez  long  canal 
génital. 

Rapports  et  différences.  —  Nous  avons  comparé  cet  exemplaire  aux 
espèces  de  Cucumaria  antarctiques  qui  présentent,  comme  lui,  des  pédi- 
celles localisés  sur  les  radius.  Ces  espèces  comprennent  les  C.  steineni 
Ludwig,  C.  lœvigata  Verrill,  C.  leonina  Semper  et  C.  tabiilifera  R.  Perrier, 
qui  sont  toutes  très  riches  en  corpuscules  calcaires  et  n'offrent  pas  les 
particularités  anatomiques  de  notre  exemplaire.  Cet  échantillon  doit 
être  comparé  à  la  C.  cinloensis  Ludwig,  qui  a  aussi  un  contour  pentagonal 
et  une  double  série  de  pédicelles  sur  chaque  radius  ;  mais  notre  exem- 
plaire n'est  pentagonal  que  dans  la  région  fortement  contractée,  et, 
d'autre  part,  il  a  tous  ses  interradius  identiques,  tandis  que  chez  la 
C.  chiloetisis  les  deux  interradius  du  trivium  sont  plus  petits  que  ceux 
du  bivium.  Seule  la  comparaison  des  corpuscules  calcaires  pourrait  per- 
mettre de  discuter  ces  affinités  ;  mais  malheureusement  ils  ont  été  com- 
plètement dissous  dans  notre  échantillon. 


DENDROGHIRUTES-  21 

S.  Psolus  antarcticns   Philippi. 
N°  8G4.  —  Baie  Biscoë.  Drag-ag-e,  110  m.  —  1  exemplaire. 

Cet  unique  exemplaire  a  tous  les  caractères  du  Psolus  antafcticus  type  ; 
il  mesure  22  millimètres  de  long  et  17  millimètres  de  large.  R.  Perrier 
insiste  sur  ce  fait  que  les  Psolus  antarcticus  décrits  actuellement  pré- 
sentent des  individus  adultes  de  deux  tailles  bien  différentes  :  les  plus 
grands  ont,  au  moins,  38  X  28  millimètres  ;  les  plus  petits  ont,  au  plus, 
16  X  12  millimètres.  Or  l'exetnplaire  recueilli  parle  «  Français  »  a  des 
dimensions  intermédiaires  à  celles  de  ces  deux  séries  de  formes  ;  il  per- 
met donc  d'affirmer  que  ces  individus  de  taille  si  différente  appartiennent 
bien  à  la  même  espèce. 

9.  Psolus  Charcoti  nov.  sp. 
(Fig:.  (j  o,  6.) 

X°  801.  —  Baie  Biscoe.  Dragag-e,  110  m.  —  1  exemplaire. 

Le  corps  de  ce  nouveau  Psolus  est  plus  ou  moins  cylindrique,  mais  à 
extrémités  tronconiques  ;  la  région  antérieure  est  plus  fortement 
tronquée  que  la  région  postérieure  ;  celle-ci  se  relève  dorsalement  et  se 
termine  presque  en  pointe,  tandis  que  la  région  buccale  est  franchement 
terminale.  La  longueur  totale  de  cet  exemplaire  est  de  50  millimètres, 
et  son  plus  grand  diamètre  atteint  14  à  15  millimètres.  Sa  couleur  est 
uniformément  grisâtre,  mais  les  extrémités  anale  et  buccale  sont  blan- 
châtres. 

Les  téguments  sont  minces,  leur  surface  est  quadrillée  et  sillonnée 
par  une  réticulation  très  irréguliôre  ;  en  nul  endroit  l'on  ne  trouve  de 
plaques  calcaires  imbriquées  les  unes  sur  les  autres  et  visibles  extérieu- 
rement. 

La  sole  ventrale,  quoique  bien  nette,  a  la  même  coloration  et  la  même 
structure  que  le  reste  du  corps;  elle  n'est  pas  entourée  par  un  rebord 
latéral,  et  elle  ne  s'étend  pas  sur  toute  la  longueur  du  trivium.  Sa  forme 
est  celle  d'un  trapèze  de  30  millimètres  de  hauteur,  dont  la  grande  base, 
située  à  10  millimètres  de  la  bouche,  atteint  10  millimètres,  alors  que 
la  petite  base,  qui  a  6  millimètres,  esta  5  millimètres  en  avant  de  l'anus. 


22  HOLOTHURIES. 

Sur  chaque  radius  de  la  sole  ventrale,  se  trouve  une  seule  rangée  de 
j)édicelles;  ceux  de  chaque  radius  latéral,  au  nombre  de  qiialorze  à 
seize,  se  répartissent  uniformément  sur  toute  la  longueur  de  la  sole; 
tandis  que  les  neuf  pédicelles  du  radius  médian  sont  disposés  par 
groupes  de  trois  aux  extrémités  et  dans  la  région  centrale  de  ce 
radius. 

Les  corpuscules  calcaires  des  parois  du  corps  et  de  la  sole  sont  abso- 
lument les  mômes  :  ce  sont  des  plaques  réticulées,  plus  ou  moins  circu- 
laires et  à  nombreuses  perforations  ;  leur  diamètre  peutatteindre  0"'°,70; 
souvent  leur  surface  présente  deux  ou  trois  réseaux  superposés  de 
travées  anastomosées  les  unes  avec  les  autres  et  occupant  surtout  la 
région  centrale  de  la  plaque. 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  pièces  :  les  radiales  se  prolongent 
en  avant  par  une  pointe  assez  forte,  et  les  interradiales  sont  munies  d'un 
prolongement  plus  court. 

Les  muscles  rétracteurs  s'insèrent  à  20  millimètres  du  bord  antérieur. 
Les  tentacules  sont  entièrement  rétractés  dans  un  pharynx  mesurant 
9  millimètres  de  long  et  6  millimètres  de  diamètre.  Il  existe  un  long 
canal  madréporique  et  une  seule  vésicule  de  Poli  atteignant  6  milli- 
mètres. 

Les  organes  génitaux  constituent  deux  faisceaux  d'une  vingtaine  de 
tubes  blanchâtres. 

Les  organes  arborescents  sont  formés  de  tubes  blanchâtres. 

Rapports  et  différences.  —  Le  l*so/us  Charcotl  se  rapproche  du 
P.  Murrayi  Théel,  parce  qu'il  présente  comme  lui  une  sole  n'occupant 
qu'une  partie  de  la  face  ventrale  et  une  disposition  presque  identique 
des  pédicelles.  Mais  il  s'en  distingue  nettement  par  la  continuité  parfaite 
des  parois  latérales  du  corps  et  de  la  sole,  alors  que  chez  le  P. 
Murrayi,  d'après  le  dessin  de  Théel,  la  sole  est  circonscrite  par 
un  rebord  latéral  ;  d'autre  part,  les  corpuscules  calcaires  sont  bien 
différents  dans  ces  deux  espèces,  le  P.  Chnrcoti  ne  possédant  aucune 
coupe. 


DENDROCHIROTES.  23 

10.  Psolus  granulosus  nov.  sp. 
(Fig-.  4  «,  b  ;  lig-.  !)  n,  6,  c  ;  fig'.  10;  lig.  11  n,  h  ;  lig-.  18.) 

N°  545.  —  Ile  Booth-Wandel,  plag'e.  —  17  exemplaires. 
N°  528.  —  1  exemplaire. 

N"  666.  —  1  — 

N°  694.  _  1  _ 

Les  nombreux  exemplaires  de  ce  nouveau  Psolus  étaient  colorés  en 
rouge;  mais,  sous  T influence  des  réactifs,  ils  ont  été  presque  totalement 
décolorés  :  seuls  les  organes  internes  ont  conservé  leur  coloration  primi- 
tive. Le  liquide  qui  a  servi  à  leurconservation  a  prisuneleinte  rougeâtre. 

Ces  échantillons  sont  de  différentes  tailles  :  leurs  longueurs  oscillent 
entre  7  et  22  millimètres;  leurs  largeurs  varient  de  4  à  10  millimètres,  et 
leurs  hauteurs  sont  comprises  entre2  et  7  millimètres. 

L'état  de  contraction,  plus  ou  moins  grand,  de  ces  divers  individus 
leur  donne  des  aspects  assez  variés  ;  pourtant  tous  présentent  une  région 
dorsale  fortement  bombée,  presque  cylindrique,  à  surface  extérieure 
grenue,  et  une  sole  ventrale  plane,  constituée  par  une  membrane  mince 
et  lisse.  Cette  sole  est  limitée  surtout  son  pourtour  par  un  rebord  très 
net  s'infléchissant  quelquefois  sur  le  côté  ventral.  Dans  certains  exem- 
plaires, le  dos  est  surélevé  tantôt  vers  l'ouverture  anale,  tantôt  vers  la 
bouche  ;  ces  deux  ouvertures  anale  et  buccale  sont  dorsales  chez  la  plu- 
part des  individus  ;  mais,  dans  un  exemplaire  bien  épanoui  (fig.  4  «,/»),  la 
bouche  est  franchement  terminale,  tandis  que  l'anus  est  dorsal. 

Les  granulations  qui  couvrent  la  surface  dorsale  du  corps  sont  plus  vi- 
sibles autour  de  la  bouche  et  de  l'anus,  où  elles  paraissent  se  disposer  en 
cercles  concentriques  ;  dans  aucun  cas  nous  n'avons  observé  de  plaques 
péribuccales  et  périanales. 

Les  pédicelles  sont  localisés  sur  le  pourtour  de  la  sole  ventrale  (fig.  4,r/)  ; 
ils  sont  disposés  sur  deux  rangées  le  long  des  radius  latéraux.  La  ran- 
gée interne,  constituée  d'une  trentaine  de  pédicelles,  est  toujours  bien 
visible  et  est  formée  surtout  degros  pédicelles,  entre  lesquels  se  trouvent 
intercalés  des  appendices  de  plus  petite  taille.  Quant  à  la  rangée  tout  à 
fait  marginale,  elle  est  plu  sou  moins  cachée  par  le  rebord  latéral  infléchi, 
et  les  pédicelles  qui  la  composent  ont  un  diamètre  deux   fois   plus  pctiL 


24  HOLOTHURIES. 

que  celui  des  appendices  internes.  En  avant  et  en  arrière,  les  deux  séries 
d'ambulacres  s'infléchissent  et  bor-dent  ainsi  toute  lapériphériede  la  sole. 
Aux  deux  extrémités  du  radius  médian  ventral,  sont  localisés  quelques 
pédicelles,  disposés  en  deux  rangées,  et  dont  le  nombre  ne  s'élève  jamais 
à  plus  de  deux  à  trois  paires;  souvent  il  n'existe  que  deux  à  trois  de  ces  appen- 
dices à  chaque  extrémité. 

Les  tentacules  sont  au  nombre  de  dix  ;  les  deux  ventraux  sont  petits 
et  ne  présentent  que  deux  courts  rameaux. 

La  paroi  dorsale  du  corps  renferme  des  corpuscules  calcaires  de  deux 
sortes  : 

l°Des  plaques  perforées  irrégulièrement  arrondies,  formées  de  la  su- 
perposition d'un  double  et,  en  certains  points,  d'un  triple  réseau  de 
branches  anastomosées  et  présentant  un  grand  nombre  de  petites  ouver- 
tures. Leur  diamètre  peut  atteindre  0'"°',20  ; 

2"  Des  coupes  treillissées  (fig.  10,  fig.  H  a,  h),  dont  les  rebords,  plus 
ou  moins  élevés,  sont  réunis  par  un  réseau  d'anastomoses.  Ce  sont  ces 
cou[)es  qui,  en  soulevant  le  tégument  externe,  donnent  l'aspect  granulé  de 
la  face  dorsale. 

La  mince  membrane  de  la  sole  contient  des  plaques  perforées  (fig.  18), 
plus  ou  moins  ovales  et  un  peu  convexes.  Sur  leur  surface,  l'on  trouve, 
en  quelques  points,  de  petits  tubercules  sphériques. 

Les  pédicelles  renferment  des  plaques  perforées,  allongéeset  à  contours 
irréguliers  (fig.  9  a,  b,  c). 

L'anneau  calcaire  est  formé  de  dix  arceaux  identiques. 

Il  existe  deux  vésicules  de  Poli  disposées  d'une  façon  symétrique  par 
rapport  au  plan  médian. 

Les  organes  génitaux  sont  constitués  de  deux  faisceaux  de  deux  à 
trois  tubes  simples. 

Sur  la  face  ventrale  de  quelques  exemplaires,  nous  avons  trouvé  de 
nombreux  œufs  incrustés  dans  la  paroi  de  la  sole. 

Ces  œufs,  à  différents  états  de  développement,  étaient  encastrés  dans 
des  verrucosités,  d'où  il  est  très  facile  de  les  dégager.  Sous  certains 
Psoltfs,  nous  avons  même  observé  de  jeunes  larves  de  2  millimètres 
de  longueur,  fixées  à  leur  sole. 


CONCLUSIONS.  '2o 

Rapports  et  différences.  —  Cette  incubation  des  œufs  et  déjeunes  larves 
nous  a  amenés  à  comparer  le  Psolus  grcmulosus  avec  le  P.  antarcticus 
Philippi,qui  présente  des  faits  presque  analogues.  Ces  deux  formes  se  dis- 
tinguent facilement  lune  de  l'autre  :  le  P.  antarcticus  possède  en  effet 
des  plaques  triangulaires  périorales  et  périanales  régulièrement  disposées 
sur  un  cercle,  et  sa  face  dorsale  est  recouverte  deplaques  imbriquées.  Le 
corpuscules  calcaires  sont  bien  différents  dans  ces  deux  formes  de  Psolus. 

Le  Psolus  granulosus  offre  quelque  analogie  avec  le  P.  belgicœ 
Ilérouard,  recueilli  par  la  «  Belgica  »  ;  mais,  dans  notre  nouvelle  espèce,  la 
bouche  est  terminale,  et  il  n'existe  pas  d'écaillés  très  apparentes  présen- 
tant une  imbrication  qui  semble  partir  de  deux  centres  placés  symétri- 
quement sur  les  parties  latérales  du  corps.  D'ailleurs  M.  Hérouard  a  eu 
l'obligeance  de  comparer  notre  espèce  avec  son  /'.  belgicœ,  et  il  ne 
doute  pas  que  ce  soit  deux  espèces  différentes. 

Le  P.  belgicœ,  qui  n'a  que  7  millimètres  de  longueur,  ne  peut  être  la 
forme  jeune  du  P.  granulosus,  car  nos  exemplaires  de  7  millimètres  ont 
déjà  les  caractères  de  l'adulte  et  se  distinguent  par  suite  très  nettement 
du  /*.  belgicœ. 

Le  Psolus  granulosus  apparaît  donc  comme  une  nouvelle  forme  d'Ho- 
lothuries incubatrices  des  régions  polaires. 

CONCLUSIONS. 

Les  Holothuries  recueillies  par  le  «  Français»  appartiennent  toutes  à  la 
faune  franchement  antarctique,  car  elles  ont  été  recueillies  entre  le  64° 
et  le  66'  degré  de  latitude  sud.  Nous  considérons  avec  M.  Kœhler 
comme  nettement  antarctique  toute  la  région  placée  au  sud  du  55'  degré 
latitude  sud  et  comme  subantarctique  les  parties  comprises  entre  les  50* 
et  55'  degrés. 

D'après  cette  définition,  comme  autre  collection  actuellement  connue" 
d'Holothuriesantarctiques,  nous  n'avons  que  cellede  la  «  Belgica  ».  La  com- 
paraison des  Holothuries  du  <<  Français  »  avec  celles  de  la  «  Belgica  »  montre 
qu'entre  elles  il  n'y  a  aucune  espèce  commune.  Cette  dissemblance  si 
marquée  nous  conduit  à  admettre  que  les  documents  sur  les  Holothuries 

Expédition  Charcul.  —  Clément  Vaney.  —  Holothuries.  4 


26  HOLOTHURIES. 

antarctiques  sont  encore  bien  incomplets  et  qu'il  y  a  peut-être  dans  ces 

parages  certaines  localisations  de  faune  identiques  à  celles  qu'on  observe 

ailleurs. 

La  «  Belgica  »  avait  rapporté,  des  régions  franchement  antarctiques, 
des  représentants  de  tous  les  groupes  d'Holothuries  :  une  Synallactidé 
nouvelle  [Mesothuria  bifurcata),  un  nouveau  Psolus  {Psnlm  belgicœ),  une 
Trochostoma  antarctimm  Théel,  la  Chirodota  Studeri  Théel  et  deux  nou- 
veaux Elpiidés  {Rhipidothuria  Racovitzai  et  Peniagone  Vignoni),  ainsi  que 
de  nombreuses  larves  d'Élasipodes.  Quant  aux  Cucumaria  signalées  par 
Hérouard,  elles  appartenaient  à  la  région  subantarctique,  puisqu'elles  ont 
été  récoltées  à  Porto-Torro  (îles  Navarrin). 

La  collection  du  «  Français  »  ne  renferme  aucune  Elpiidé,  Molpadiidé 
et  Synaptidé,  mais  exclusivement  des  Synallactidés  et  des  Gucumariidés  ; 
ces  dernières  sont  prépondérantes,  car  elles  constituent  au  moins  six 
nouvelles  espèces,  dont  une  seule,  le  Psolus  granulosus^  a  quelque  ressem- 
blance avec  une  espèce  de  la  «  Belgica  »  :  le  Psolus  belgicœ. 

Cette  prépondérance  des  Gucumariidés  se  retrouve  dans  les  collections 
recueillies  dans  les  régions  subantarctiques  (détroit  de  Magellan,  cap 
Horn),  où  le  genre  Cucumaria  comprend  de  nombreuses  espèces,  alors 
que  les  autres  ordres  d'Holothuries  n'en  renferment  qu'un  très  petit 
nombre  :  les  Holotlutridœ^  par  exemple,  ne  sont  représentées  que  par 
trois  espèces. 

D'après  les  travaux  de  Ludwig  et  de  Kœhler,  sur  la  comparaison  des 
Échinodermes  arctiques  et  subarctiques,  avec  ceux  des  régions  antarc- 
tiques et  subantarctiques,  il  résulte  qu'il  n'existe  aucune  espèce  d'Echi- 
noderme  bipolaire.  Les  Holothuries  rapportées  par  le  «  Français  »  ne 
comportent  elles  aussi  aucune  forme  bipolaire.  Après  les  nombreux  faits 
accumulés  contre  la  bipolarité,  il  semble  définitivement  acquis  que  la 
faune  antarctique  est  différente  de  la  faune  arctique.  Je  n'aurais  pas 
cru  devoir  reprendre  cette  question,  surtout  avec  des  documents  si  peu 
importants,  si  récemment  R.  Perrier(l)  n'était  venu  signaler,  parmi  les 

(1)  Holothuries  antarcliquns  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  (Ann.  des  Se.  nat.,  ZooL, 
9'  série,  t.  1,  p.  t-146).  Nous  renvoyons  à  ce  mémoire  pour  la  bibliographie  des  Holothuries 
antarctiques  et  de  la  question  de  la  bipolarité. 


CONCLUSIONS.  27 

Holothuries,  le  Psoliis  squanuifus  Dùben  et  Koren  comme  une 
espèce  commune  aux  deux  zones  polaires.  Cette  identité  n'est  d'ailleurs 
pas  parfaite,  puisque  cet  auteur,  après  ïhéel,  constate  que  le  Psolus 
sqnamatm  antarctique  est  une  variété  du  type  arctique,  qu'il  désigne 
sous  le  nom  de  negregatus  (Ludwig  n'avait  pas  admis  la  spéciiication  de 
Théel). 

Il  est  donc  intéressant  d'examiner  à  nouveau  comparativement  ces  deux 
formes  polaires. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Joubin,  qui  m'a  envoyé  certains  exemplaires 
du  cap  Horn  déterminés  par  R.  Perrier,  j'ai  pu  me  faire  une  opinion  sur 
ce  sujet.  En  comparant  ces  Psolus  antarctiques  avec  les  échantillons  de 
P.  sqiiamatus  des  mers  arctiques  de  la  collection  de  M.  Kœhler,  je  con- 
state, en  efTet,  qu'entre  ces  deux  formes  arctique  et  antarctique  il  existe 
une  très  grande  ressemblance  extérieure;  cependant,  comme  l'avait  déjà 
signalé  R.  Perrier,  la  disposition  des  plaques  péribuccales  est  plus  régu- 
lière chez  la  forme  antarctique  que  dans  la  forme  arctique  ;  d'autre  part, 
les  prolongements  des  pièces  interradiales  de  l'anneau  calcaire  sont  plus 
forts  chez  le  segregatus  que  chez  le  squamutus  type  ;  mais  les  différences 
les  plus  marquées  se  montrent  dans  les  corpuscules  calcaires  de  la  sole 
et  des  pédicelles.  Malgré  leur  grande  variabilité,  il  n'y  a  aucune  ressem- 
blance entre  les  corpuscules  calcaires  de  la  sole  de  l'une  et  l'autre  de  ces 
formes.  Dans  le  P.  segregatus,  ces  corpuscules  (fig.  14,  20)  sont  sem- 
blables à  ceux  des  pédicelles  ventraux  (fig.  15,  19  a,  b);  ce  sont  des 
plaques  allongées  à  contours  irréguliers  et  percées  d'un  certain  nombre 
d'ouvertures;  sur  leur  surface,  on  distingue  quelques  petits  tubercules 
perliformes.  Chez  le  P.  squamutus  type,  alors  que  les  corpuscules  des 
pédicelles  (fig.  16  a,  6,  c)  rappellent  ceux  du  segregatus,  ceux  de  la  sole 
(fig.  1/0!,  h,  c)  sont  bien  différents  comme  dimension  et  comme  struc- 
ture; ils  affectent  la  forme  d'un  x  dont  les  branches  bifurquées  et 
anastomosées  circonscrivent  deux  à  quatre  grandes  ouvertures.  Ces  diffé- 
rences nous  paraissent  suffisantes  pour  élever  la  variété  de  R.  Perrier 
au  rang  d'une  espèce  distincte  du  P.  squamutus  Dùben  et  Koren  et  que 
nous  désignons  sous  le  nom  de  /'.  segregatus  R.  Perrier.  Tout  en  admet- 
tant avec  R.  Perrier  que  «  le  fait  de  savoir  si  les  deux  formes  sont  deux 


2H  HOLOTHURIES. 

variétés  do  la  môme  espèce  ou  deux  espèces  voisines  est  affaire  de 
sentiment  ou  d'appréciation  personnelle  »,  nous  ferons  remarquer  qu'aux 
caractères  différentiels,  qui  ne  permettaient  pas  à  cet  auteur  d'identifier 
complètement  la  forme  antarctique  avec  la  forme  arctique,  nous  en 
avons  ajouté  d'autres,  fournis  surtout  par  les  corpuscules  calcaires,  qui 
nous  ont  amené  à  les  séparer  comme  espèces  distinctes,  confirmant 
ainsi  l'opinion  de  Ludwig.  L'identification  de  ces  deux  espèces,  P.  squa- 
matus  eiP.segregatus^  n'est  donc  plus  permise  et,  par  suite,  il  ne  peut  plus 
être  question  du  P.  squamatus  comme  forme  bipolaire  ;  ainsi  disparaît 
l'unique  exemple  de  bipolarité  fournit  par  les  Échinodermes. 

Si,  avec  la  plupart  des  auteurs,  nous  n'admettons  pas  la  bipolarité, 
nous  sommes  frappés  par  les  analogies  présentées  par  certaines  espèces 
arctiques  et  antarctiques.  Le  Psolus  squamatus  arctique  ressemble  au 
P.  segregatus  antarctique,  la  Cacumaria  glacialh  Ljungmann  à  notre 
nouvelle  C.  altenuata,  la  Cucumaria  hispida  (Barrett)  à  la  (J.  irregularis. 
E.  Perrier  a  dressé  des  listes  de  semblables  analogies  entre  les  espèces 
d'Astériesdes  deux  pôles.  Ces  ressemblances  externes  sont  une  des  raisons 
qui  avaient  entraîné  certains  zoologistes  à  admettre  la  bipolarité  ;  mais  la 
plupart  de  ces  espèces  bipolaires  n'ont  pas  résisté  à  un  examen  appro- 
fondi. 


EXPLICATION    DES     PLANCHES 


PLANCHE  I 


Fig-.  1.  —  Cucumaria  Turqueti  nov.  sp.  Réduct.  =3/4.  env. 

Fig.  2  a.  —  Cucumaria  irregularis  nov.  sp.  ;  face  dorsale.  Gr.  =  4. 

Fig.  2  6.  —  —  —  face  ventrale.  Gr.  =:  4. 

Fig.  3.  —  Cucumaria  antarctica  nov.  sp.  Réduct.  =  2/3. 

Fig.  4  a.  —  Psolus  granulosus  nov.  sp.  ;  face  ventrale.  Gr.  =  2. 

Fig.  4  6.  —  vue  latérale.  Gr.  =  2. 

Fig.  5  a.  —  Cucumaria  attenuata  nov.  sp.  ;  vue  latérale.  Gr.  =  4. 

Fig.  5  6.  —  —  —  face  ventrale.  Gr.  ==  4. 

Fig.  Ci  a.  —  P soins  Charcoti  nov.  sp.  ;  face  ventrale.  Gr.  =  1. 

Fig.  6  6.  —  —         vue  latérale.  Gr.  =  1. 

Fig.  la.  —  Synallactes  Carthagei  nov.  sp.  ;  face  ventrale.  Gr.  ^=  7/2. 

Fig.  7  6.  —  —  face  dorsale.  Gr.  =  7/2. 

Fig.  8.  —  Cucutnaria  antarctica  nov.  sp.  ;  plaque  perforée  de  la  région  invaginée  du 
corps.  Gr.  :=  220. 

Fig.  9  a,  6,  c.  —  Psolus  granulosus  nov.  sp.;  plaques  perforées  despédicelles.  Gr.  =  220. 

Fig.  10.  —  Psolus  granulosus  nov.  sp.  ;  coupe  de  la  paroi  dorsale  du  corps,  vue  latéra- 
lement. Gr.  =  306. 

Fig.  il  a,  b.  —  Psolus  granulosus  nov.  sp.  ;  coupe  de  la  paroi  dorsale  du  corps,  vue  en 
plan  et  de  profil.  Gr.  =  306. 

Fig.  12.  —  Cucumaria  attenuata  nov.  sp.;  corpuscule  calcaire  despédicelles. Gr.  =333. 

Fig.  13.  —  —  plaque  perforée  de  petite  taille  des  parois  du  corps. 

Gr.  =  2  20 

Fig.  14.  —  Psolus  segregatus  R.  Perrier  ;  plaque  perforée  de  la  sole  ventrale.  Gr.  =^  220. 

Fig.  15.        —  —  R.  Perrier  ;  plaque  perforée  des  pédiceiles.  Gr.  :=:  220. 

PLANCHE  n 

Fig.  16  a,  6,  c.  —  Psolus  squamatus  Duben  et  Koren  ;  plaques  perforées  des  pédiceiles. 

Gr.  =  220. 
Fig.  17  a,  6,  c. —      —  —  corpuscules  calcairesde  la  sole  ventrale.  Gr.=:220. 

Fig.  18.  —  Psolus  granulosus  nov.  sp.  ;  plaque  perforée  de  la  sole  ventrale.  Gr.  =  220. 
Fig.  19a,  6.  —  Psolus  segregatusR.  Perrier;  plaquesperforéesdespédicelles.Gr.  =220. 
Fig.  20.  —  —  —  plaques    perforées    de    la  sole    ventrale. 

Gr.  =  220. 
Fig.  21  a,  b.  —  Cucumaria  attenuata  nov.  sp.  ;  plaques  perforées  de  grande  taille  de  la 

paroi  du  corps.  Gr.  =:  220. 


30  EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

Fig.  22.  —  Cucumaria  attenuata,  exemplaire  de  petite  taille;  plaque  perforéede  la  paroi 

du  corps.  Gr.  =  220. 
Fig.  23.  —  Cucumaria  lateralis  nov.  sp.  ;  petite  plaque  perforée  de  la  paroi  du  corps. 

Gr.  =  220.  ^ 

Fig.  24.  —  Cucumaria  lateralis  nov.  sp.  ;  grande  plaque  perforée  de  la  paroi  du  corps.  ^ 

Gr.  =  220. 
Fig.  25.  —  Cucumaria  lateralis  nov.  sp.  ;  plaque  perforée  des  pédicelles.  Gr.  =:  220. 
Fig.  26.  —  Cucumaria  antarctica  nov.  sp.  ;  plaque  perforée  de  l'individu  de  petite  taille. 

Gr.  =  333. 
Fig.  27  a,  6,  c,  d.  —  Synallactes  Carthagei  nov.  sp.  ;  corpuscules  calcaires  des  parois  du 

corps.  Gr.  =  90. 
Fig.  28  a,  b.  —  Synallactes  Carlliagei  nov.  sp.  ;  corpuscules  calcaires  des  pédicelles. 

Gr.  =  220. 


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Maître    de    Conférences    de    Zoologie 
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Décembre  1906. 


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