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Full text of "Exposition abrégée des Caractères de la vrai religion"

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I  8ZI 


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in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/expositionabrgOOgerd 


EXPOSITÎOIV  AJ5RK01.E 

DES    CARACTÈRES 

I>E    LA 

VRAIE   IlELIGION 

riR    LH    CtP.DI.ML 

IT.    S.    GEBDIL 


T  U  R  I  N 

WDCCCXXI 
IMPRIMERIE     ROYALE. 


BE    L  ORIGINE 

E  T 

DES   PROGRÈS 

DE  LA  RELIGION 

DEPtJIS    LA    CRÉATION    DD    MOKDE. 


Création  ^e  l'homme  ^ans  Vêlai  d'innrtcence , 
et  sa  chiite.  Réparation  du  genre  hiimoin, 
en  vertu  d'un  Libérateur  ,  ffui  est  promis. 

J_^iED  créa  l'homme  dans  Fétat  d'inno- 
cence ,  d'où  étant  tombé  par  sa  désobéis- 
sance ,  l'hamme  encourut  la  disgrâce  de 
Dieu  ,  et  y  enveloppa  avec  lui  toute  sa 
postérité. 

Cependant  Dieu  ,  dont  la  miséricorile 
est  infinie  ,  ne  voulant  pas  abandonner  le 
genre  humain  dans  cet  élat  de  perdition  , 
résolut  et  promit  de  donner  aux.  hommes 
un  Rédempteur  ,  par  la  médiation  duquel 
ils  pussent  rentrer  en  grâce  avec  lui  ,  et 
recouvrer  le  droit  à  la  vie  éternelle  qu'ils 
avoieut  perdu. 


hes  init/iiitf's  ties  Fiamme.';  punies 
l>ar  le  déluge.  Aoé  prese rré. 

Depuis  le  pécliô  cVArlani  ,  à  mesure  qae 
les  homoies  se  inullrpHérent  sur  la  lerre  , 
leurs  iniquités  se  mullijilièrenl  aussi:  nëan- 
inoins  la  connoissance  de  Dieu  et  la  foi  an 
lȎi!en)pteur  quii  avoit  promis  ,  se  con<<er- 
vèrent  dans  quelques  Justes  ,  qui  succëdè- 
reul  jusqu'au  Patriarche  Noé  ,  que  Dieu 
sauva  daus  l'Arche  du  déluge  universel  , 
par  lequel  il  submergea  la  terre  ,  qui  se 
trou  voit  toute  souillée  des  méchancetés  des 
liommes. 

Sem  ,  fils  aîné  de  Noe  ,  et  les  Patriar- 
ches qui  en  furent  les  descendans,  conser- 
tèreut  la  même  foi  pendant  que  Tidolàuie 
se  répandoit  de  plus  en  plus  dans  le  monde 
avec  ses  abominations.  Pour  sauver  son  culte 
de  loubli  général  où  il  alloit  tomber.  Dieu 
jugea  à  propos  de  choisir  une  famille  où 
se  j)erpétuât  successivement ,  comme  par 
droit  d'hérédité  ,  le  souvenir  du  Créateur 
et  de  ses  œuvres,  avec  la  foi  et  Tespérance  a* 
Kedempteur  futur. 

F'ocation  (T Âhinham.  Alliance  de  Dieu 
a^ec  lui. 

C'est  ce  qu'il  fit  par  la  vocation  d'Abra- 
ham ,  qu'il  appella  de  la  Chaldée  pour 
aller  habiter  daus  la  terre  de  Chanaan.    11 


3 

fit  alliance  arec  Itil  jiour  le  combler  de  sei» 
bienfaits  ,  des  ses  grâces  ,  et  lui  déclara 
<}u'il  vouloit  être  sou  Dieu  ,  son  Proîecleuf 
£l  sa   récompense  infiniment  grande. 

Promesses  que  Dieu  fil  à  .Ibraham, 

II  lui  promit  jxarticulièremenl  trois  cho- 
ses :  qu'il  donneroit  à  sa  postérilé  le  pop 
où  il  i'avoit  iait  venir  ,  cpii  fut  appelle 
pourcela  terre  de  Promission  (i):  qu'il  le 
îeroit  devenir  le  Pere  d'un  grand  Peuple, 
en  multipliant  ses  descendans  en  aussi  granii 
nombre  que  celui  des  étoiles  du  ciel  ,  el 
des  grains  de  sable  qui  sont  au  bord  d© 
la  nier  ;  et  que  toutes  les  nations  de  la 
terre,  après  avoir  été  long-tems  envelop- 
pées dans  les  ténèbres  de  l'idolâtrie  ,  sc- 
roient  bénies  et  rapellées  à  la  counoissanco 
de  Dieu  en  un  homme  qui   naiUail  de   lui, 

Alliance  de  Dieu  rcnoui-'ellée  ai'ec  Isaag 
et  Jacob, 

Dieu  renouvella  celte  alliance  avec  Isaac, 
fils  d'Abraham  ,  et  avec  Jacob  fils  d'Isaac 
(ï)  ,  et  conséquemraent  il  se  plut  à  ètra 
particulièrement  appelle  le  Dieu  d'Abraham, 


(i)    Gen.  ch.    12  ,    i5  j    i6  ,    17  ,    18  ,   23, 
i^ï)   Gen,  ch,   16 ,    18, 


6 

le  Dieu  d'Isaac  et  le  Dieu  de  Jacob  (t). 

Jacob  eut  douze  lîls  ,  que  l'on  appelle 
les  douze  Patriarches,  qui  furent  Pères  des 
douze  Tribus  d'Israël.  Aj)pellé  en  E£;vple 
par  son  lils  Joseph,  il  y  vint ,  et  s'y  établi» 
a\ec  sa  famille. 

Prédiction  de  Jacob. 

Ce  saint  Patriarche  avant  que  de  mourir, 
bénit  ses  enfans,  et  prophétisa  que  le  sce- 
})tre  ,  c'est-à-dire  l'autorité  royale,  ne  sor- 
tiroit  point  de  Juda  (a)  ,  jusque  à  ce  que 
Tint  celui  que  Dieu  avoit  résolu  d'envover 
pour  élre  le  salut  des  nations  et  l'objet  de 
leur  attente. 

I.e  nombre  des  Israélites  s'accrut  estra- 
ordluairement  en  Egypte,  au  point  que  les 
Ei;vptiens  qui  en  devinrent  jaloux,  résolu- 
rent de  les  exterminer  ,  en  les  accablant 
du   poids  du  plus  dur  esclavage. 

Pendant  ce  tems-là  ,  les  iniquités  des 
Cananéens  (3)  augmentant  toujours  et  se  trou- 
vant presque  à  leur  couihie,  Uieu,  qui  eu 
avoil  promis  la  terre  aux  Israélites  ,  leur 
suscita  un  Liiiérateur  en  la  personne  de 
Moise  ,  pour  les  tirer  de  l'Egypte  ;  comme 


(i)   Exod.   3  ,   6. 

(2.)    Gènes.   49. 

(  3)  Exod-  c.  la  ,   14^. 


î 

il  fit  ,  en  employant  la  force  des  prodiges 
le  plus  éclalans.  Après  avoir  célébré  la 
Pàqiie,  et  passé  à  pied  sec  au  milieu  de  la 
mer  Rouge,  dont  les  eaux  se  partagèrent 
pour  leur  ouvrir  un  clietnin  ,  ils  entrèrent 
dans  le  désert  où  ils  demettrèrent  quarante 
ans. 

La  Loi  que  Dieu  donna  sur  le  mont  Sina'ù. 

Là  ,  Moïse  reçut  sur  le  mont  Sinai'  les 
précoptes  dn  Décalogue  écrits  de  la  maio 
de  Dieu  (i)  même  sur  des  tables  de  pierre, 
et  par  son  oi'dre  institua  les  cérémonies 
de  la  Religion  ;  la  succession  du  sacerdoce 
dans  la  famille  d'Aaron  son  frère  ,  les  lois 
et  la  forme  du  gouvernement.  Moïse  an- 
nonra  au  peuple  pour  le  tems  à  venir 
un  Prophète  que  Dieu  devoit  susciter  de 
sa  nation  ,  et  au  milieu  de  sa  nation  , 
comme  il  TsToit  suscité  lui-même,  et  il 
enjoignit  de   l'écouler   en  tout   (2). 

Josué  introduit  les    Israélites    dans  la  terre 
promise.  Succession  des  Juges. 

A  Moïse  succéda  Josué,  qui,  après  avoir 
passé  le  Jourdain  à  pieds  secs  ,    introduisit 


(i)  Exod.  c.   19,   20  et  suie. 
(2)  Veut.   18. 


8 

Jts  îsraéîlles  Jans  !a  lerre  promise  ,  et  la 
pi*il<igt'a  enlre  les  Trihus,  La  succession  Ju 
sacerdoce  continua  ,  et  à  i'égaid  du  gou- 
vernenient  ,  Dieu  suscita  des  Juges  l'ua 
après  l'autre  selon  le  besoin  (i)  ;  et  ce 
qui  est  bien  remarcjuable  ,  c'est  que  se- 
lon les  promesses  et  les  menaces  que  Moïse 
a>oit  faites,  la  fidélité  à  observer  la  loi  fui 
toujours  accomj  a;^uée  dune  prospérité  con- 
stante ,  et  que  les  transgressions  ea  furent 
punies  par  des  cLàliaiens  éclatans.  Dieu 
voulant  donner  à  son  peuple  une  preuve 
iisib  le  de  sa  Providence,  toujours  attentive 
à  récompenser  la   vertu  et  à  punir  le  péché. 

Le  voyanie  donné  et  assuré  à    la  famille 
de  David. 

Le  dernier  des  Juges  fut  Samuel.  Ce  fui 
*ous  lui  que  les  Israélites  demandèrent  des 
Rois  pour  les  gouverner.  Après  Saiil  Dieu 
choisit  David,  fils  de  Jessé ,  de  la  tribu 
de  Juda  ,  quMl  avoit  formé  selon  sou  cœur. 
Il  voulut,  non-seulement  assurer  le  royau- 
me à  sa  famille  ,  mais  encore  faire  naître 
de  sa  rdce  le  Messie  promis  aux  Pa- 
triarches. Ce  Roi,  qui  fut  en  mème-tems 
Prophète  ,  éclairé  des  lumières  de  lEsprife 
Saint,  a   prédit  dans  ses    Paeaumes  les  hu- 


(i)  Deul.  f.   3o. 


mlliatlons  et  les  grandeurs  de  ce  Fils  à 
jamais  béni  (i):  et  découvrit  que  toutes 
les  natious  seroient  bénies  en  lui ,  se- 
lon la  promesse  faite  à  Abraham  ;  que  les 
Rois  l'adoreroient  ,  et  que  la  Maj<?sté  du 
Dieu  d'Israel  rempliroit  toute  la  terre. 

Salomon  bâtit  le  temple. 

Il  fut  réservé  à  Salomon  ,  fils  de  David, 
qui  régna  en  paix,  d'avoir  la  glorie  d'éle- 
ver dans  Jérusalem  un  temple  d  une  magni- 
ficence extraordinaire,  qui  fut  le  seul  lieu 
où  Dieu  fut  honoré  par  un  culte  public. 

Division  des  royaiunes  de  Juda 
et  d  Israël. 

Les  dix  tribus  se  séparèrent  sous  son  fils 
Roboani.  Celui-ci  et  tous  ses  descendans 
issus  de  David  comme  lui  ,  continuèrent  à 
régner  successivement  sur  les  deux  tribus 
de  Juda  et  de  Benjamin.  Les  autres  for- 
mèrent le  rojaume  appelle  d  Israël  et  de 
Samarie. 

Les  Prophètes.. 

Il  parut  eu   ce   tems  plusieurs  Prophètes  j 


(i)   Ps,    -ji  ,    II. 

'"'i 


eiHr  autre  Isaïe  ,  fjui  j)ro[)lit'lisa  du  leins 
ilAcbaZjCt  d  Ezéchias  ,  Rois  de  Jiida  (i):  il 
prédit  aussi  les  huiniliaiions  et  les  graudeurs 
du  rejetlon  béni  de  la  race  de  Jessé  .  ou 
de  David  ,  dont  les  plaies  dévoient  opérer 
notre  ouérisou  à  tous,  et  que  Dieu  avoit 
destiné  à  faire  connoître  son  saiut  nom  aux 
nalious  les  plus  éloignées  el  dans  la  posté- 
rité  la  plus   reculée. 

Dispersion    a  Israël.   Captivité  de  Bahylone. 

T-es  prévarications  du  rovauine  d  Israël 
irrisereiit  la  colere  de  f)ieu  qui  le  livra  en 
proie  à  Salmanasar,  P»oi  des  Assyriens.  Les 
dix  tribus  furent  transportées  a  ÎNInive,  et 
dispersées  sans  espérance  détre  jamais  réu- 
nies. Cependant  le  royaume  de  Juda  -se 
soutfctuoit  ,  et  selon  loracie  de  Jacob  ,  de- 
Tuit  subsister  en  corps  de  nation  juscprà  la 
Tenue  du  31pssie.  Ce  royaume  n  éloit  pas 
exempt  de  corruption  ^  il  sy  comiuetloit 
les  plus  grandes  inii|uités.  En  vain  Dieu 
lit  annoncer  par  son  Prophète  Jeremie  (:;) 
qu'il  ctoit  prêt  à  les  cbàiier  ;  le  peuple  ne 
Touiul  pas  profiter  des«*s  avis  pour  apnaiser  le 
Seigneur  par  I9  pénitence  ,  el  Nabu;hoito- 
uosor     vint,     selon     la   preùictioii    du     Pro- 


(1)    Is.    II  ,    !y2.  ,    \?>  ,   ro  ,    55  ,    6j  ,    66. 
{■2.)  Jt'rein,  zi  ,  z'j  ,   2.j. 


TV 

ptcte  ,  prit  et  délrtiisit  Jérusalem  ,  brûla 
le  temple  et  le  sanctuaire  ,  et  emmena  à 
Babvlone  .  la  capitale  de  son  erajìire  ,  toufc 
ce  quii  y  avoit  de  mietix  parmi  le  peuple. 
Celte  transmigration  fut  pour  les  Juifs  un 
jugement  de  la  juslice  de  Dieu  pour  les 
punir  ,  et  non  pour  les  exterminer.  Dieu 
même  protesta  quii  ne  vouloit  que  châtier 
son  peuple  ,  mais  quii  ne  Toulolt  pas  le 
détruire.  Jérémie  prédit  que  la  transmi- 
gration dureroit  soixante  et  dix  ans,  après 
lesquelles  Dieu  visileroit  son  peuple  .  et  le 
rameneroit  dans  la  terre  de  ses  Pères.  Ea 
même  teras  ce  Prophète  annonça  que  la 
ville  de  Babylone  éprouveroit  les  terribles 
effets  de  la  vengeance  divine  ,  après  que 
Dieu  s'en  seroit  servi  pour  châtier  son  ptn- 
ple  ;  que  cette  ville  superbe  seroit  traitée 
comme  Tavoit  été  Sodome  et  Gomorre  (i); 
qu'elle  seroit  réduite  en  un  triste  désert  , 
à  servir  uni([uement  de  retraite  aux  serpf^ns  ;, 
et  qu  un  tems  viendroit  qu'on  n'en  trou.-- 
veroit  aucun   vestige. 

Délivrance  des  Juifs.  Bnhylcne  prise 
el  ruinée. 

Toutes  ces  prophéties  furent    accomplies. 
Les   soixante   et  dix   années   de   la     cantivit» 


^i)     Jérein    5o  ,    ii  ,  Is  ..  i3. 


élant  passées  ,  Dieu  succila  Cyru^  ,  Roi  Je 
Perse,  quii  avoit  déjà  fait  aanoucer  d'avance 
por  le  Prophète  Isaïe  ,  comme  celui  qu'il 
HToit  choisi  pour  èîre  le  ministre  et  l'exé- 
«cuteur  de  ses  décrets.  Cyrus  ^prit  (i)  Ca- 
balone danì  le  teins  que  Balthazar,  qui  eu 
éloit  Roi,  prol'anoit  dans  un  fc--«li:i  sa- 
crilège les  vases  du  temple  de  Jérusalem 
(2),  lîabyloiie  fut  tout  duu  coup  eutlé- 
rcuK'ut  déchue  du  haut  degré  de  puis- 
sauce  et  de  gloire  où  elle  etoit  élevée  , 
et  par  la  suite  des  tems  s'est  trouvée  telle- 
ment anéantie,  que  depuis  plusieurs  sciécles 
ou  ne  scait  pas  même   où  elle  a   existé. 

Retour  des  Juifs.  Le    Temple  rebâti, 

Eahvlone  prise  ,  Cyrus  délivra  les  Juifs  , 
et  les  1  envoya  honorablement  dans  leur  pays 
sous  la  conduite  de  Zorobabel  ,  Prince  de 
la  race  de  David  et  de  Jesus  ,  fils  de  Jose- 
dec  ,  grand  Prêtre  ,  avec  un  plein  pouvoir 
de  rebâtir  le  temple.  Ils  mirent  la  main  à 
r  œuvre  ,  et  comme  les  plus  anciens  de  la 
nalion  (.'))  ,  déploroient  ,  sans  pouvoir  se 
consoler,  de  voir  le  second  temple  si  infé- 
rieur au   premier    en     magnificeiice  ;     Dieu 


(1)  Is.   V,  ,   45. 

(2)  Dan.    5. 

(3)  1  Esdr.  c.  3  j  V.  \z. 


i3 
les  rassura  psr  la  prophétie  d'Aggée  (i), 
qui  prétlit  que  la  gloire  du  second  te'nple 
surpasseioit  de  beaucoup  celle  du  preiiiier, 
lorsque   le  désiré  des  Nations  y  seroit  venu, 

Rélablisseineiit  des  murs  de  Ji'fitsalern. 
Les  soixante  el  dix   se/naines  de   Daniel. 

Les  Juils  obtinrent  des  rescrits  favorables 
des  successeurs  de  Cyrus  ,  non-seulement 
pour  rebâtir  le  temple  ,  mais  encore  pour 
relever  les  murs  de  Jérusalem.  C'est  de 
cette  époque  que  Ton  commence  à  com- 
pter les  soixante  et  dix  semaines  que  le 
Prophète  Daniel  (2)  avoit  prédit  devoir 
s'écouler  jisqu  au  3Iessie  ;  ajoutant  qu'il 
seroit  mis  à  mort  au  milieu  de  la  der- 
nière semaine  ,  et  qu'ensuite  le  peuple 
Juif  seroit  rejette  ,  que  la  ville  et  le  san- 
ctuaire  seroient  détruits. 

Pendant  qu'on  rebâlissoit  Jérusalem  , 
EsJras  ,  Docteur  de  la  loi  ,  et  Néhémias  , 
furent  préposés  pour  gouverner  le  peuple  , 
réformer  les  abus  ,  et  remettre  en  vigueur 
l'observation  de  la  loi.  Dans  le  même  tems 
quelques  Israélites  des  dix  tribus  qui  éloieut 
rerenu  à  Samarie  ,  souilloient  le  culte  de 
Dieu  par  les  superstitions  qu'ils  y  méloient. 


0)  ^Sg-  ^. 
(i)  Dan.  9. 


»4   . 

et  Hès-lors  commença  1  anlipaUiie  qu'il  v  enfc 

toujours  enhe   les  Juils   et   les     Samaritains. 

Cepcnilant  Esdras  revit,  et  mit  en  ordre 
les  livres  de  lEcritiire  sainte  ,  et  les  tran- 
scrivit en  caractères  chaldaïques  qui  étoienfe 
d  venus  en  usage  chez  les  Juils  depuis 
qu'ils  avoient  demeuré  à  Babylone.  Mais  les 
Samaritains  conservèrent  toujours  les  livres 
de  3Iojse  en  caractères  hébraïques  comme 
ils   avoient  été   écrits  anciennement. 

Dieu  suscita  encore  en  ce  tems-là  les 
Prophètes  Zacharie  et  Malachie  qui  prédi- 
rent la  vocation  des  Gentils  à  la  connois- 
sance  de  Dieu  ,  et  le  second  annonça  par- 
ticulièrement que  le  nom  du  Seigneurseroit 
grand  chez  totUes  les  nations  ,  et  que  de- 
puis le  lever  du  soleil  jusqu'à  son  coucher 
on  lui  sacrifieroit  en  tous  lieux  .  et  qu'on 
lui  oilViroil  une   oblalion    tres-pure. 

Le  Seigneur  ayant  éclairé  ce  peuple  par 
tant  d'oracles,  non-seulement  sur  la  venue 
du  Messie  ,  mais  encore  sur  le  tems  où  il 
devoit  venir  ,  sur  les  caractères  de  sa  pré- 
dication et  les  effets  qu  elle  devoit  avoir  , 
mil  fin  au  ministère  des  Prophètes.  Les  Juils 
Jouirent  d  une  longue  paix  sous  les  Kois 
de  Perse  successeurs  de  Cvrus.  La  tribu 
de  .luda.  à  laquelle  étoient  unis  une  gratula 
partie  des  Loites,  et  la  petite  tribu  de 
Bfnjamiii  ,  svibsisîoil  en  corps  de  naliun  , 
cl  touservoit  toujt.uis  i  aunwil^  royale. 


t5 

Les  Macliabdçs. 

L'ein})ire  des  Perses  ayant  été  transféré 
aux  Grecs  ,  les  successeurs  d'Alexandre 
firent  éprouver  aux  Juifs  de  cruelles  per- 
sécutions ;  ce  fut  sur-tout  sous  le  règne 
d  Antiochus,  surnommé  llilustre.  qu  ils  eu- 
rent plus  à  souifrir  de  la  tyrannie.  En  ce 
tems-là  le  saint  vieiiiard  Eléazar  et  les  sept 
frères  Machabées  ,  d  un  âge  encore  tendre, 
donnèrent  ,  avec  leur  généreuse  luere  ,  les 
exemples  d'une  constance  magnanime  ,  en 
soullraiit  la  mort  de  la  nianiere  la  plus 
héroïijue  au  milieu  des  plus  cruels  lour- 
meiis  ,  plutôt  que  de  transgresser  la  loi  de 
Dieu.  Alors  le  Seigneur  suscita  le  zele  de 
Malhalias,  et  la  valeur  invincibile  de  Jiislas 
Machabée  et  de  ses  frères  pour  les  oj)])o- 
ser  ,  comme  un  mur  d'airain  ,  aux  entre- 
prises et  aux  fureurs  de   leurs  ennemis. 

Après  la  mort  de  Juda  et  de  Jonaihas  , 
les  Juifs  éliienl  pour  chef  Simon  leur  frère 
qui  fut  en  même  tems  grand-Prètre.  Ce  fut 
par  lui  et  par  lilhistre  famille  ,  qui  prit 
de  lui  le  nom  d  As'uonéecs  .  qu?  la  royauié 
lut  rélai)lie  dans  Judas  ;  et  ii  la  transmit 
à  sns  descendans. 

Iléroile  ,  surnommé  le  Graud  ,  IduméeQ. 
òv.  nalioii  .  soutenu  de  la  faveur  des  Mo- 
niains.,  enleva  le  royaume  aux  Asp.ionéens, 
et  fut  déclaré  Roi  de  Judée.  Ainsi  le  sce-- 
plre  de  Juvlas  commença  à   pi  ^',-r     en     uuv; 


i6 

main  étrangère  ;  aussi  les  soixante  el  dix 
semaines  prédites  par  le  Prophète  Daniel 
approchoient  de  leur  fin  ;  c'étoit  le  tenis 
marqué  pour  la  venue  du  Messie.  Les  Juifs 
étoieut  si  assurés  que  les  oracles  auroient 
leur  entier  accomplissement  ,  qu'il  s'atten- 
doient  à  le  voir  paroître  dans  peu  ,  et  re- 
gardoient  son  avènement  comme  très-pro- 
chain. Nous  en  avons  une  preuve  bien  claire 
en  ce  que  dès  qu'il  paroissoit  quelqu'hom- 
me  extraordinaire,  ils  coœmencoient  à  for- 
mer des  conjectures  et  à  examiner  extr'eux 
si  ce  ne  seroit  pas  le  Messie  (i)  ,  ce  qui 
n'etoit  jamais  arrivé  dans  les  tems  qui 
avoient  précédé.  On  vit  aussi  paroître  dans 
ce  tems-là  des  Imposteurs,  qui,  abusant 
de  la  croyance  commiine,-  cherchèrent  à 
attirer  les  hommes  à  eux  ,  en  se  fai- 
sant passer  successivement  ,  chacun  l'un 
après  Tau  tre  ,  pour  le  Libérateur  pro- 
mis à  la  nation  ;  chose  que  personne 
n'avoit  osé  auparavant,  parce  que,  comme 
les  Juifs  auroient  bien  connu  que  le  tems 
déterminé  par  les  Prophéties  n'étoit  pas 
encore  venu  ,  un  Imposteur  n'auroit  pu 
leur  en  faire  accroire.  La  ferme  persuasion 
où  étoient  alors  les  Juifs  du  prochain  avè- 
nement du  Messie   étoit  si  connue  et  si  pu- 


lì) Luc.   "i  ,  V.   i5, 
(2)  Jcl.   5. 


17 
blîqiie  ,  que  Ifs  Historiens  profanes  les  plus 

renoiuméà  n'ont  pas  hésité   d'en  parier  com- 
me Jun  fait  certain  et  aréré   (i). 

Jésus-Christ.  Sa   naissance. 

Eu  ce  tenis  donc  qui  avoit  été  marqué 
par  les  Oracles  des  Prophètes  ,  où  tout 
l'Lni\ers  étoit  en  paix  sous  l'empire  d'Au- 
guste ;  Hérode  régnant  en  Judée  ,  Jesus  , 
fils  de  Dieu  ,  et  en  mème-teuis  fils  d'Abra- 
ham et  de  David  ,  naquit  d'une  \'ierge  sa 
mere  à  Bethléem  de  Juda  :  ainsi  descendu 
du  ciel  en  terre  ,  et  lait  Homme  pour  ré- 
concilier le  :;<Mire  humain  avec  Dieu  ,  îi 
est  venu  appeller  toutes  les  nations  pour 
les  ramener  à  la  conuoissance  et  au  culte 
du   Dieu   d'Israël. 

Il  vécut  à  Nazareth  ,  pauvre  et  dans 
l'obscurité  jusqu'à  lâge  de  trente  ans.  Alors 
saint  Jeau-Bapliste  son  précurseur  ,  fit  re- 
tentir le  désert  de  sa  voix  pour  préparer 
les  voies  au  Christ  envoyé  de  Dieu  ,  et  Jesus 
étant  venu  à  lui,  Jean,  éclairé  des  lumiè- 
res de  l'Esprit  Saint,  le  montra  au  peuple 
qui  éloit  accouru  en  foule  pour  l'entendre. 


(i)    Tac.  hisl.  liv.  5. 


j8 

Sa  prèdica  lion.  Preiipe  de  $a  mission. 
Ses  Prophéties. 

Aussî-lôt  Jesus-Chrisl  commença  sa  prérli- 
cation  en  annonçant  TETangile,  cest-à-dire, 
la  nomclie  si  heureuse  ,  si  avantageuse  de 
l'avénemenl  du   régne  de  Dieu   sur  la   terre. 

il  prouva  sa  mission  par  les  merveilles 
que  ,  selon  les  prophéties  ,  le  Messie  de- 
voil  opérer  en  faveur  des  hommes ,  éclai- 
rant les  aveugles  ,  ressuscitant  les  morts  , 
guérissant  toutes  sortes  de  malades  ,  et  an- 
nonçant 1  Evangile  aux  pauvres. 

il  annonça  que  le  tems  étoit  venu  auquel 
le  culte  de  Dieu  devoit  cesser  dans  le  temple 
de  Jérusalem  et  dans  celui  de  Saraarie  , 
et  qu'il  se  formeroit  de  véritables  adora- 
teurs qui  adoreroient  le  Pere  en  esprit  et 
en  vérité   (i). 

Il  prédit  sa  mort  et  sa  résurrection  (2); 
la  ruine  du  temple,  dont  il  ne  devoit 
pas  demeurer  pierre  sur  pierre  ;  la  désola- 
lion  et  la  dispersion  du  j>euple  Juif  qui 
drvoit  arriver  avant  que  fut  j)assée  la  gé- 
nération qui  étoit   (3)  ,  présente  alors. 


(1)  Jean    ■', . 

(2)  Mfit.    16. 

(3)  Lui\  18  ,  19  ,  21,. 


ï9 

jSitz  pnssìoH.  et  sa  mort.  Sa  résurrection. 

Il  souffrit  par  les  mains  des  Juifs  la  pas- 
sion la  plus  cruelle  et  expira  sur  la  croix, 
eu  priant  pour  ses  bourreaux,  et  versant 
sou  sang  pour  l'expiation  des  péchés  ,  et 
la   rédemption  des  pécheurs. 

Étant  ressususcité  ,  il  apparut  à  ses  Di- 
sciples ,  conversa  avec  eux  ,  et  se  fit  voir 
à  plus  de  ciuq  cens  personnes  (i).  Avant 
que  de  monter  au  ciel  ,  il  leur  or- 
donna d'atîendre  à  Jérusalem  la  venue 
du  Sainl-Espril  ,  et  de  se  répandre  ensuite 
dans  tout  le  monile,  enseignant  toutes  les 
nations,  et  les  baptisant  au  nom  du  Pt-re, 
et  du  Fils  ,  et  du  Saint-Esprit  ,  en  leur 
apprenant  à  o'iserver  toutes  les  choses  quii 
leur  avoit  prescrites  ;  et  il  promit  qu'il 
seroit  avec  eux  jusqu'à  la  consoœmalioa 
des  siècles   (2). 

Av^ut  fait  de  cette  maniere  à  ses  Disci- 
ples l'étonnant  commaudement  de  con^ertir 
le  monde  ,  il  les  bénit  ,  et  monta  au  ciel 
eu  leur  présence. 

Retournés  a  Jérusalem  ,  les  Apôtres  se 
réunirent  dans  une  maison  où  avec  3îarie, 
mere  de  Jesus  ,  de  saintes  Femmes  ,  et  les 


(1)  Aux   Cor.  i3. 
\-î)  Malt.  a8. 


2.0 

autres  Disciples,  ils  se  iniieij^l  à  prier  tous 
cûsi mille  sans  se  lasser  de  prier. 

Desccule  du  Saint- Esprit ,  Prédication 
des  .-f/pôtres. 

Le   jour  de  la   Pentecôte  élanl   Tenu  ,    1« 
Saint-Lsprit  descendit  et  parut   eu   fonue  de, 
langues  de  leu   dispersées   fjuî  se  reposèrent 
sur  chacun  dos   disciples. 

Embrasés  de  ce  feu  céleste  ,  les  Apôtres 
coMiincncèrent  à  prêcher  courageusemcnl 
TEvangile  ,  d'abord  dans  la  Judée  et  ;\ 
Saniarie  .  ensuite  chez  les  Gentils  ;  et  un 
petit  nombre  dhoTumes  grossiers,  et  sans 
çs.j)ériei:ce  ,  sans  étude  des  arts  libéraux  , 
sans  extraclion  ,  sans  pouvoir  ,  et  sans  cré- 
dit dans  le  monde  ,  eurent  le  pouvoir  de 
con\e;tir  à  la  lois  de  Jesus-Christ  une  mul- 
titude innombrable  de  personnes. 

Eglises  fondées. 

Ainsi  les  Apôtres  fondèrent  eux-mêmes 
lUi  très  grand  nombre  d'Eglises  ;  c'est-à-dire 
d'as«emblées  de  fidèles  ,  sous  la  direction 
des  E^èques  et  des  Prêtres  ,  consacrés  par 
rimposiliou  des  mains  et  le  rit  saint  de 
l'oriJination.  LE^lise  de  Jérusalem  fut  "ou- 
Ternée  par  lApôtre  saint  Jacques  ,  appelle 
le  31ineur.  L'Eglise  d'Antioche  ,  ville  si 
jenomiûce  en  orient ,  fst  fondée  par   saint 


ir 

Picrro .  el  fut  si  consìrlérabìe  pnnr  le  nom- 
bre; des  fitlel  es,  que  c'est-!à  cjn  ils  coininen- 
crreut  à  être  appelles  Ciiicliens.  J>  i.^iise 
d'iìphèse  ,  et  beaucoup  d'autres  dans  l'/vsie 
Cîiaeure ,  dans  la  Grèce,  dans  la  Macédoi- 
ne ,  en  Créte  et  dans  les  autres  Isles  ,  et 
'dans  diverses  autres  parties  du  monde,  fu- 
rent également  fondées  par  les  Apôtres. 

Eglise  de  Rome, 

Saint  Pierre  fonda  TE^Iise  de  Rome  ,  cl 
la  consacra   par  le  martyre   cju'il    y    souflYit 
en   la  compagnie  de    saint    Paul  .     rApôlrc 
drs   nations.  Saint  Pierre  s'appclloit  d'abord 
Simon,  et  Jesus-Cbrisl  lui  donna  le  nom  de 
Pierre  ,   en  lui  disant,  que  sur  cette  pierre 
il  bàliroit  son  Eglise  ,  et  que  les  portes  de 
l'enfer  ,  c'est-à-dire  ,  les    desseins    et    tous 
les  efforts  de  l'enfer  décbaîné  ,   ne  prévau- 
droient  jamais  contre  elle  :   qu'ils  lui    don- 
neroit  les  clefs  du  royaumes  des  cienx  ,    que 
tout  ce  qu'il  lieroit  sur  la   terre    seroit    lié 
dans  le  ciel ,  et  que   tout  ce  qu'il  délieroit 
seroit     délié     (i).      Il     lui     confia     Ir    soin 
de  paiire  ses    brebis    et     ses    agneaux    (2). 
Il      lui      recommanda     d'affermir    ses     frè- 
res ,  lui  assurant  qu'il  avoil  prié  pour  lui. 


(i)  Malt.   16. 
{a.)  Jean  ai. 


22 

afia  quesa  foi  ne  fut  jamais  cléfaillanle  (i). 
Primauté  du  siège  de  Rome. 

Ainsi  saint  Pierre  fut  le  premier  des 
Apôtres  ,  comme  il  est  toujours  nommé  par 
les  Kvangélistes  ,  et  le  chef  visible  de  l'E- 
glise ,  le  Vicaire  de  Jesus-Christ  en  terre. 
Celte  primauté  de  saint  Pierre  a  été  trans- 
mise à  ses  successeurs  dans  l'Eglise  de 
Rome  ,  qui  a  toujours  été  regardée  comme 
la  premiere  et  la  mere  des  Eglises  répandues 
dans  fout  le  monde,  et  le  centre  de  l'unité 
catholique,  selon  le  témoignage  qu'en  rend 
entr' autres  saint  1  renée  (2)  ,  Erêque  de 
Lyon  ,  disciple  de  saint  Polyoarpe  Evéque 
de  Smyrne,  qui  a  été  instruit  par  l'Apôtre 
Saint  Jean. 

Coiiséqucmment  ,  de  toutes  les  Eglises  , 
que  les  Apôtres  et  leurs  disciples  fondoienl 
successivement  dans  tout  le  monde  ,  il  se 
formoit  une  seule  Eglise  uniTcrselle,  réunie 
sous  un  chef  visible  ,  n'ayant  toutes  , 
comme  le  dit  l'Apôlre  saint  Paul  (3)  , 
qu'un  Dieu  ,  qu'une  foi  ,  qu'un  baptê- 
me    (1)  :    ainsi    cette    union     éloit    fondée 


(i)  Luc.  aa. 
(2)  //«V.  3. 
(-)  Ephes.   5. 
(4)  I  Cor.  I, 


a8 

sur  l'unité  clu  culte,  sur  la  profession 
et  la  régie  dune  même  loi  ,  et  sur  la 
participatiou  aux  mêmes  Sacremens. 

Les  Juifs  détruits. 

Il  existoit  encore  quelques  disciples  de 
Jesus-Christ  ,  lorsque  l'esprit  de  sédition  el 
de  révolte  qui  s'empara  des  Juifs  ,  attira 
sur  eux  la  terrible  vengeance  dont  Dieu 
avoit  résolu  de  punir  leur  endurcissement 
opiniâtre  ,  et  l'exécrable  déicide  ,  dont  ils 
s'étoient  rendus  coupables  ,  en  mettant  à 
mort  l'oint  du  Seigneur.  Les  armées  de 
leurs  ennemis  commencèrent  à  paroitre  dans 
la  Terre-Sainte  avec  ces  enseignes ,  qui 
éloient  pour  eux  l'objet  d'un  culte  idolâtre, 
et  un  objet  (i)  ,  d'abomination  pour 
les  Juifs.  C'étoit-là  le  signal  de  leur  déso- 
lation future  que  Jesus-Christ  avoit  annoncé: 
c'est  pourquoi  les  fidèles  se  rappeliant  l'avis 
do  leur  divin  maître  ,  sortirent  tous  de 
Jérusalem  et  se  retirèrent  à  Pella,  petite 
ville  située  dans  les  montagnes  qui  séparent 
la  Judée  de  l'Arabie.  Mais  les  Juifs  persi- 
stèrent dans  leur  aveuglement.  Peu  d'années 
après  un  premier  siège  ,  Tite  ,  fils  de  Ve- 
spasien  j  Tint  assiéger  une  second  fois  Jéru- 
-salem  ,  dans  le   tems   que  la     solemnité     de 


i^i)   Luc.   2.1. 


Pàqiies  avoit  rassemblé  un  peuple  immense 
tlans  les  murs  de  celte  ville.  Environnée 
de  tranchées  et  resscrée  de  touîçs  j)arts  , 
elle  eut  à  souffrir  les  plus  affreuses  calami- 
tés de  ja  fureur  des  factions  et  dune  fa- 
mine si  horrible  ,  que  Ton  vit  les  mères  j 
manger  leurs  enfans.  Elle  fut  prise  par  les 
Romains,  (jui  lirent  xïd  horrible  carnage 
de  ses  misérables  haWlans.  Le  temple  fut 
1  rûlé  et  détruit,  une  infinité  de  Juifs  tom- 
bèrent sous  lépée  de  lennemi  victorieux  , 
les  autres  furetit  emmenés  en  esclavage  Cl 
disjierscs  parmi   toutes  les  nations. 

Cessation  de  l'ancien   eulfe. 

Alors  cessèrent  les  sacrifices  et  le  sncer- 
doce  judaïcjue  pour  n'être  plus  rétablis  : 
et  ils  furent  abolis  ,  conformément  aux 
oracles  des  Prophètes  ,  dans  le  tems  que 
le  règne  de  Dieu  d'Israël  et  de  son  Christ 
s'éteudoit  de  plus  en  plus  dans  tout  luni- 
y 'rs  par  la  prédication  de  1  Evangile  ,  et 
que  des  Gentils  de  toutes  les  nations  ac- 
couroient  en  foule  se  réunir  à  1  Eglise  , 
cl  concouroient  à  former  un  nouveau  peuple 
d'adorateurs  en  esprit  et  en  Térlté. 

Les  Juifs  dispersés  sont  consen'és  par  un 
miracle  de  la  Providence. 

Dico,  dont  la  Providence  gouverne  tou- 


a? 
tes  ctoses  avec  nn  soaverain  empire  ,  avoifi 
ordonné  que  les  Juiïs  lussent  «lispcrsé* 
pninii  tontes  les  nations  :  mais  il  ne  vou- 
ioil  pas  perdre  enlierement  un  peuple  qui 
comptolt  entre  ses  Patriarches  Ahrahnni  , 
.Isaac  et  Jaeol).  Il  n  avoit  pas  orblié  Tal- 
liance  qu'il  avoit  faite  avec  eux  :  c'est 
pourquoi  (i).  saint  Paul  enseigne  à  leur 
sujet,  qu'une  partie  des  Juifs  est  tora- 
liée  dans  l'aTeuglement,  afin  que  la  multi- 
tude des  nations  entrât  dans  Itglise  ,  e6 
que  les  Juifs  recueillissent  de  nouveau  les 
fruits   de   la   miséricorde   de   Dieu   sur  eus. 

De-là  ce  prodige  constant  ,  prodige  uni- 
que et  inoui  ,  par  lequel  on  loit  depuis 
dix-huit  siècles  ,  le  peuple  Juif  subsister  , 
répandu  parmi  toutes  les  nations  de  la  terre 
sans  se  conlondre  avec  elles,  banni  de  soa 
pays  ,  sans  royaume  ,  sans  sacriticc  ,  sans 
Prêtre  :  toujours  attaché  à  la  loi  de  Moïse 
et  jaloux  de  conserver  les  divines  Ecritu- 
res ,  dans  lesquelles  on  voit  si  clairement 
prédite  la  ^enue  du  Messie  ,  qui  devoit 
être  suivie  de  leur  dispersion  ,  et  la  con- 
version des  Gentils  à  la  connoissance  et  au 
culte   du   Dieu   d'Israël. 


(i)   Rom. 


i 

La  dispersion  âeS  Juifs  et  lu  pranagalion 
dn  culle  du  Dieu  d"^ Israël  parmi  les  na- 
iions  ,  sont  deux:  sii^nes  de  la  venue  da 
Messie  qui  a^'oient  été  prédits. 

II  est  certain  que  la  dispersion  ppnna- 
Donle  des  Juifs  ,  et  la  culte  du  vrai  Diea 
répandu  dans  tonte  îa  (erre  ,  sont  deux 
ëvéneniens  merveilleux,  et  remarquables  par 
eux-mêmes  ,  et  si  l'on  observe  que  ces  deux 
événemens  ont  été  prédits  (i)  ,  comme 
les  conséquences  et  les  suites  que  devoit 
avoir  la  venue  du  Messie  ,  raveugleoient 
actuel  des  Juifs  qui  persistent  à  le  rejetter, 
seroit  incompréhensible  s'il  n'avoit  été  pré- 
dit de  même  (2)  ;  en  quoi  ils  fournissent 
eux-mêmes  une  nouvelle  preuve  de  la  vérilé 
tju"ils  ne  veulent  pas  recounoilre. 

.Difficultés  insurmontables  anse    hommei 
dans  lu  prédication  de  V Evangile. 

Cette  vérité  piroîtra  encore  daTonloge  si 
l'on  considère  les  ditScultés  insurmontai)lps, 
l'.umainemcnt  parlant  ,  qui  s'opposoient  à 
la  propagation  de  Tévangile  parmi  les  ua- 
li.ius.    Le->     Apôtres     (3),     et    les     disciples 


(i)  Dan.   9  ,   26  ,   2y, 
(2,)  Rom.   I  I. 
(j)  Cor.   I. 


éloîent  «^es  hoTîines  de  basse  contluLn  , 
s.-.ns  aucune  piciogalîve  dans  le  iiiontle  nui 
]5Ùt  leur  y  t!ouiu  r  du  crédit  et  de  laato- 
lî.é,  ils  «'toieiit  Juifs  ,  c'es'-à-dire  ,  d'une 
nation  méprisée  el  liaïe  des  peuples  les  plus 
jïolis  et  les  plus  distingués.  Ils  eprouvèieî't 
dans  leur  prédication  les  contradictions  <  .' 
les  persécutions  atroces  que  Jesus-Christ  leur 
aroit  prédites,  lis  lurent  calomniés  ,  i"0rc'.-5 
de  fuir  de  ville  en  ville  ,  traduits  devant 
les  Tribunaux  ,  fouettes  cruellement  ,  l't 
enfin  mis  à  mort.  Le  culte  des  faux  dieus 
éloit  répandu  par-tout  :  culte  qui  fialtoit 
Jjs  sens,  qui  conteutoit  la  superstition  sans 
gcner  les  passions.  Les  Apôtres  reprochoient 
ouvertement  aux  Gcnîih  -leur  aveuglement^ 
ils  annonçoicnt  un  seul  Dieu,  Créateur  du 
ciel  et  de  la  terre  ,  et  disoieat  qu'il  éloit 
le  Dieu  d'Israël  :  eu  quoi  ils  le  présen- 
toient  sous  une  idée  contraire  à  ceiles  de 
tous  les  autres  peuples.  Ils  vouloient  qu'oa 
ne  crût  qu'en  lui  ,  et  en  Jesus-Christ  soa 
Fils  unique  ,  fait  homme  pour  racheter  le 
genre  humain  ;  mort  sur  une  croix  et  res- 
suscité ,  monté  eusuile  au  ciel  ,  d'où  il 
viendra  à  la  fin  du  monde  pour  juger  tous 
les  hommes  ,  et  rendre  à  ctiacun  selon  ses 
oeuvres.  Ils  préchoient  que  pour  avoir  pire 
,  au  salut,  et  éviier  la  d;imnat!on  eternt:lie, 
i!  falloit  se  convertir  à  Jesus-  31irist  en  fai- 
s;;nt  des  dignes  fruits  de  piuitence,  renon- 
ccâ-    au     péché  ,    et    \ivre    pcricréramîaeHt 


aS 

dans  la  piété  ,  ïa  juslîce  et  la  tempérance, 
C"est  à  une  Itile  prédication  que  se  con- 
vertit une  mullitude  inn»mbray)!e  tVlii>m- 
mes  ,  en  changeant  de  >ie  et  de  mœurs, 
en  renonçant  courageusement  aux  pompes 
et  aux  délices  du  siècle  pi»ur  Pamour  de 
Jesus-Christ  et  dans  l'espérance  de  régner 
avec  lui  dans  le  ciel  ;  linnocence  et  la  sain- 
teté de  >ie  des  premiers  Chrétiens,  l'éten- 
due immense  de  la  charité  qu'ils  pratiquè- 
rent ,  non  seulement  entre  eux  ,  mais  en- 
core à  l'égard  des  étrangers  ,  sont  attestées 
par  les  Ecrivains  les  plus  célébrée  du  paga- 
nisme (i). 

La  persécution, 

T^éanmoîns     la     Religion      chrétienne     fui 
exposée    au    commencement    à    des    grandes 


(i)  Julien  ,  dans  sa  lettre  au  Pontife 
des  Galates ,  propose  aux  Gentils  cette 
charité  et  cette  régularité  des  Chrétiens , 
eenirne  des  exemples  à  imiter. 

Saint  Justin  ,  martyr  ,  (jui  ai'oit  été 
d^abord  philosophe  païen  .  assure  que  l  in- 
nocence et  la  sainte  l'ie  des  Chrétiens  les 
distinguait  si  Jort  du  comun  des  paiens  , 
yue  cétoit  un  des  motifs  t/ui  aboient  le 
plus  contribué  à  sa  com'ersion.  On  peut 
voir  encore  la  lettre  de  Pline  à  Trajan.  1. 
iw,  ep.  97. 


29 
persécutions  qnî  durèrent  pendant  le  cours  de 
trois  siècles.  Quiconque  faisoit  profession  de  !a 
foi  en  Jesus-Cbrist  s'exposoit  à  peidro  lout 
en  ce  monde  ,  et  la  vis  nié;ne  dans  les  plus 
eruels  lourmens.  On  compte  un  grand  nora- 
bre  de  martyrs  ([iii  rc-paudirent  leur  sang 
pour  la  cause  de  Pieu;  et  celte  eflusiou 
de  sang  dans  laquelle  le  christianisme  auiolt 
du  être  éteint ,  si  c'eut  été  l'ouvrage  des 
hoinn:es  ,  ser-  il  à  allirer  en  plus  grande 
abondance  le^;  giâires  -de  Dieu  sur  soa 
Eglise,  et  à  multiplier  le  nombre  des  Chré- 
tiens. 

Don  des  mìrncìes.^CeìLÌliKÌe  du  tein  ignage 
(jiie  les  /^poires  reiidjlsnl  à  la  résuneciion 
de  J.   C. 

Ce  qui  Y  contribua  encore  ce  fut  le  doa 
des  miracles,  qui  fut  plus  commun  ei  plus 
fréquent  dans  ces  commencemens  ,  où  il 
tloil  aussi  bien  plus  nécessaire  pour  pro 
Ter  la  mission  diûne  des  premiers  béraulLs 
de  1  Evangile.  Ils  attestoient  qu  ils  avoient 
TU  Jesus-Chri^t  ressusciié,  qu'il  a  voient  con- 
versé avec  lui  ,  et  qu  ils  en  avoient  reçu 
1  ordre  de  prêcher  en  son  nom  îa  n  missioa 
des  péchés  a  toutes  les  naUons.  îis  rendoieat 
témoignage  d'une  chose  qu'ils  aToient  vue  (i), 


(i)  Jet.  2.   3.>  4. 


3« 

â'un  fait  tìmMc  et  pnipabîe  tÎe  sa  nature  , 
et  sur  lequel  ils  ne  jutuvoicynt  se  se  trom- 
jjer  :  leur  témoignage  à  tous  fut  loujciur» 
constant  et  uniforme  ,  chacun  déposant  ce 
qn'il  avoit  vu  ,  et  tous  ayant  tu  la  même 
chose. 

La  csrlitufle  tle  la  vérité  quiîs  altestoient 
étoit  la  seule  raison  (jui  pouvoit  les  eni^a- 
ger  à  la  publier .  puisfpi'ils  n'en  reliroient 
aucun  ayantage  en  ce  monde,  mais  seuiea}eut 
des  persécutions  et  des  souflVancss ,  aux 
«ueiles  certainement  ils  ne  se  seroieril  pa« 
exposés,  jusqu'à  se  livrer  eux-raéraes  ,  s  ils 
n'  avoient  <-té  assurés  de  la  puissance  de 
celr.i  qu'ils  avoient  vu  i^ssuscilé  ,  dont  ils 
exécJitoie'it  les  ordies.  Ils  confirmèrent  cette 
même  vérité  par  des  miracles  si  eclatans  , 
que  les  païens  mêmes  n'ont  pu  les  nier  j 
cl  enfin  ils  ont  eu  le  courage  de  les  scelle» 
de  leur  sang.  D"où  Ion  peut  affirmer  avec 
vérité  que  jamais  aucune  chose  de  fait  n  a 
îamais  été  prouvee  ci  aucun  tribunal  avec 
tant  de  certitude  ,  si  l'on  excepte  linspi- 
ration  des  livres  saints  ,  que  celle  qui  ré- 
sulte du  témoignage  des  Apòires  et  des 
premiers  disciples,  relativement  à  la  résur- 
rection de  Jc^us-Christ  ;  miracle  de  V  ordre 
le  plus  éuiiuent  .  qui  fait  la  base  et  le  fou- 
demeal  de  la  Rc'ligion  chrétienne.  Ou  peut 
raj)peier  ici  ce  qu'a  dit  à  ce  sujet  uu  Fere 
de  rKgîise  avec  tant  de  vérité:  ou  la  con- 
version   du     monde    au    été     opérée    par    la 


Si 
rerlii  des  miracles ,  et  celte  conversion  est 
î'œurre  de  Dieu  ,  oa  c'  est  sans  secours  de 
miracles  ,  quelle  a  été  opérée  ,  et  elle  esg 
elle  nituie  en  ce  sens  un  Ives-gramf  mi- 
racle. 

Eïi  Tain  opposerait-on  ici  qu'il  s'est  trouYé 
des  hommes  qui  ont  luieux  aimé  sacriiier 
leur  -.ie  que  de  rien  changer  à  leurs  iaus- 
ses  opinions  ,  à  leurs  sentiuiens ,  quoiqua 
évidemment  mauvais.  Il  est  vrai  ,  i'homma 
iiaLurellement  attaché  a  sa  facon  de  penser, 
peut  se  porter  à  tel  excès  d  orgueil  et  d'a- 
mour propre  que  d'aimer  iriiciyi  renoncer 
à  la  vie  plutôt  que  d'  ahfuidonner  son  sen^ 
liment  ^  sou  idee  ;  mais  les  Apôtres  n'eloient 
point  dans  ce  cas-là  en  rendant  tcmoiguage 
M  la   résurrection  de   .lesus-Christ. 

Il  aétoii  pas  question  dune  opinion  , 
mais  d'un  tail  :  Jc^us-Christ  leur  assura 
quii  mourroit  sur  une  crois,  comme  il  mou- 
rut en  efl'et,  et  qu  ensuite  il  se  monlreroit 
à  eux.  Si  donc  Jesus-Christ ,  après  sa  mort, 
ne  s'était  pas  montre  à  eux  ,  et  qu  ils  utì 
eussent  pas  conversé  avec  lui .  ils  n'auroient 
pu  douter  (ju'ils  n'en  eussent  été  trompés,  et 
qu'ils  en  auroient  inutilement  attendu  l'as- 
sistance qu'il  leur  avoit  promise  en  celle 
■^  vie  pour  convertir  le  monde  ,  et  la  souve- 
raine félicité  dans  le  ciel  pour  récompense 
des  soiifìVauces  qu'il  leur  avoit  prédites.  Que 
l'on  examine  bien  si  en  pareille  circonstance 
il  peut  y  avoir  nu  homme  assez  diO'erent 
dtii  auUes  hommes  ,  pour  voiJoir  s'engager 


3a 

ennemi  ile  lui-même  ,  à  sautenir  anx  fl<*- 
pciis  de  sa  piopie  vie  ,  un  imposteur  qui 
I  auioit  troiivpe  de  celle  maniere  ,  et  s'eu- 
veiopper  évidemment  et  de  son  plein  gré 
dans  les  meuics  disgrâces ,  les  mêmes  pei- 
nes ,  sans  espciance  de  salut  et  d"auci;us 
récompense  :  et  si  on  ue  peut  l'iui^giuar 
d  un  seul ,  quaiua-l-on  à  diie  de  plusie.as  et 
d'un  grand  uoLibic.  Où  Irou^era-t-ondanstouie 
I  histoire  du  geme  buniaixi  un  seul  exemple 
d  une  ccuspiraiiun  si  étrange  ?  Or  ,  les 
Apôtres  aiCrment  tous  d'un  commun  accord 
qu  ils  ont  reçu  ordte  de  Jesus-Ghrist  oprcs 
sa  résurrection  de  prêcher  son  Evi;iigi;e 
chez  toutes  les  nations  ,  et  ils  n'ont  pas 
liésité  de  s'exposer,  pour  soutenir  le  t,emoi- 
gnage  qu'ils  y  ont  rendu  à  toute  sorte  de 
travaux,   de   peines  et  de   tourmens. 

c  ne  unaniiîiité  si  constante  forme  une 
preuve  invincible  de  la  couviciiun  où  il» 
eloient,  et  par  une  conséquence  uécessaiiC 
de  la  vérité  du  lait  qu  lis  atlesloient  ; 
puisque  s'ils  n  eussent  pas  vu  eu  eilet  Jesus- 
Chiist  ressuscité  etquils  n'en  eussent  pas  reçii 
1  ordre  de  1  annoncer  à  toute  la  lerce  ,  il 
n'étoit  pas  possible  qu'ils  eussent  été  tous 
unis  de  concert  et  disposes  à  atì'ronter  tant 
de  périls  ,  de  disgrâces ,  et  la  mort  même 
pour  établir  et  éLendre  le  culte  d  un  boiu- 
me  qui  les  auroit  trompés  si  indignement. 
iJe  plus  ,  ces  hommes  n'assuroient  pas  seu- 
lement qu  ils  ayoicut  reçu  de  Jesus-ChrisÉ 
l'ordre  Je  prêcher    sou    nom    à    toutâà     les 


DJ 

•Râlions ,  mais  ils  disoleai  ouTerfement  dés 
ie  commencemeut  de  leur  prtdicaliou  qu'on 
auroit  beau  les  présécuter,  les  maltraiier  et 
les  mettre  à  mort  ,  que  malgré  tout  cela  le 
commandement  de  Jesus-Christ  seroit  exécu- 
té :  que  le  règne  de  Tévaûgile  s'étendroit 
<;hez  toutes  les  nations  par  la  vertu  toute- 
puissante  du  nom  de  Jesus-Christ  ,  sans  le 
secours  d'aucune  faveur  ,  d' aucune  puis- 
sance des  hommes  qu'on  éléveroit  par-tout 
sur  les  ruines  de  l'idolatrie  des  autels  au 
Dieu  disraël  et  à  son  fils  unique ,  qui  s'est 
fait  homme ,  et  qui  est  mort  sur  une  croix  ; 
et  que  cette  Religion  divine  ,  protégée  de 
r  assistance  du  Saint-Esprit  seroit  stable  et 
permanente  jusqu'à  la  consommation  des 
siècles. 

Enfin  quiconque  voudra  faire  une  atten- 
tion sérieuse  sur  les  caractères  du  témoi- 
gnage des  Apôtres  ,  sur  l'unanimité  et  la 
constance  qui  l'accompagnoieut  ,  sur  les  ef- 
fets qui  s'ensuivirent  par  rapport  a  eux  ,  et 
par  rapport  au  monde;  eflets  toujours  par- 
faitement répondans  à  ce  qu  ils  anuoncôient, 
se  convaincra  encore  plus  de  tout  ce  qui 
vient  d'être  dit  :  outre  qu'il  n'y  a  aucune 
chose  de  fait,  excepte  l'inspiration  des  Li- 
vres Saints  ,  qui  ait  jamais  été  prouvée  avec 
autant  de  certitude  a  aucun  tribunal ,  que 
ce  qiii  résulte  du  témoignage  des  Apôtres 
et  des  Disciples,  relaliveineat  à  la  resurre- 
clion  de  Jeâus-Chrisl> 

z  -^' 


3^ 

Malgré  la  rîguenr  et  la  fureur  des  per- 
sécutions que  les  Chrétiens  éprouvèrent,  ils 
conservoient  conslaminent  leur  ame  dans 
une  paix  et  une  douceur  que  les  Irihulalions 
n'altéroient  point  ,  non  plus  que  leur  cha- 
rité pour  leurs  persécuteurs  mêmes.  Tls  ne 
irianquoienl  jamais  à  la  fidélité  et  à  Tobéis- 
sance  du  aux  Empereurs  et  aux  Magistrats  : 
ils  servoient  dans  les  armées  ,  et  l'on  trou- 
Toit  en  eux  des  soldats  pleins  de  courage, 
ils  payoient  exactement  les  tribus ,  et  ne 
croyoient  pas  qu'il  leur  lut  permis  de  les 
frauder  ;  ils  prioient  pour  les  Empereurs  et 
pour  toutes  les  personnes  constituées  en  di- 
gnité ,  et  revêtues  d  autorité  ,  les  considé- 
rant comme  les  3{inislres  de  Dieu  ,  instruits 
qu'ils  étoient  par  Jesus-Christ  et  par  ses 
Apôtres   (i). 

Ce  fut  au  milieu  de  la  longue  et  furieuse 
tempéle  de  la  persécution  que  la  Religion 
chrétienne  se  communiqua  de  lieu  en  lieu 
sans  s'arrêter  ,  et  passa  de  beaucoup  la 
Taste  étendue  de  1  Empire  Romain.  Dieu 
voulant  faire  voir  qu'il  navoit  pas  besoia 
du  secours  des  hommes  pour  l'établir  et  la 
défendre  contre  les  ressorts  de  tout  l'enfer 
conjuré  pour  la  détruire  (2). 


(i)  /4ct.  Rom.   i3. 

(■j.)  Pline  asiure,   dans  la  lellre  c/us  j'ai 


35 

la    paix    donnée    h  VEgiise.  L'hérésie 
arienne. 

La  persécution  ayant  duré  trois  cens  ans, 


cilée  ,  ^ue  la  Religion  chrétienne  était  déjà 
répandue  ,  non-seulement  dans  les  failles  , 
niais  encore  dans  les  Bourgs  et  dans  les 
Chajnpagnes ,  (jnelle  étoil  professée  par  des 
personnes  de  tout  âge ^  de  tout  sexe,  et  de 
toute  condition.  Que  de  son  tems  on  avoil 
i'u  les  temples  des  Dieux  abandonnés ,  leurs 
solcmnités  délaissées ,  et  qu^il  ne  se  trouvait 
plus  personne  ijui  achetât  des  victimes.  Il 
ayante  ,  t^ue  par  ses  soins  le  culte  de  Dieu 
caminençoit  à  reprendre  vigueur ,  fjue  ce 
tjfu  il  appelle  la  superstition  des  Chrétiens 
set  oit  bientôt  dissipée  ,  et  cfud  y  avait  lieu 
d  espérer  qu'ils  reviendraient  bientôt  à  leur 
première  Religion.  La  prédiction  politicfue 
de  Pline  ,  n'étant  appuyée  que  sur  les  ré- 
gies de  la  prudence  humaine  ,  a  été  dénien^ 
lie  par  le  fait  ,  au  lieu  que  les  prédictions 
de  Jesus -Christ  et  des  Apôtres  sur  la  per- 
pétuité du  christianisme  se  sont  de  plus  en 
plus  confirmées  au  milieu  des  révolutions 
des  choses  humaines  ,  par cequ  appuyées  sur 
V immutabilité  des  décrets  divins  ,  elles  soni 
supérieures  au  cours  ordinaire  des  événeni'  iis 
et  à  toutes  les  régies  de  la  prudence  tiU' 
maiae^ 


36 

Dieu  voulut  donner  la  paix  à  son  Eglise  par 
ïa  conversion  de  Constantin  le  grand  à  la 
loi  chrétienne.  Mais  la  tranquillité  ne  fut 
pas  longue  ;  on  rit  bientôt  s'élever  la  mal- 
heureuse hérésie  d'Arius  qui  nioit  la  divi- 
nité du  Verbe  ,  seconde  personne  de  la 
Sainte  Trinité  ,  qui  s'est  incarné  pour  nous; 
c'etoit  une  nouveauté  d'autant  plus  horrible 
t{ue  l'on  scait  par  les  Païens  mêmes,  que 
l'Apôtre  Saint  Jean  avoit  enseigné  la  divi- 
nité de  Jesus-Christ ,  et  que  les  premiers 
fidèles  chantoient  des  hymnes  à  liionneur 
de  Jesus-Christ  comme  Dieu. 

La  paix  qu'avoil  donnée  Constantin  fit 
que  Ion  eut  la  liberté  d'assembler  le  pre- 
mier Concile  général  de  ]Nicée ,  où  la  nou- 
Teauté  Arienne  fut  rejettée  publiquement 
avec  exécration  ,  et  la  loi  catholique  main- 
tenue et  authentiquement  confirmée. 

Constance  ,  fils  et  successeur  de  Conslan- 
lln  le  Grand  ,  favorisa  ouvertement  les  Ariens, 
et  l'hérésie  fit  des  grands  progrès;  mais 
malgré  la  laveur  et  tout  le  secours  de  la 
puissance  humaine,  elle  tomba  et  périt  à  la 
îi:i,  comme  il  arrive  à  tous  les  ouvrages 
«es  hommes  ,  au  lieu  que  la  foi  catholique 
d.meura  invariablement  dans  1  Eglise  et  b' j 
Earinliût  sans  altération. 


^7 
Entreprise  de  Julien.  Protection  visible 

de  Dieu  sur  son    E i^' lise. 

Julien  ,  surnommé  TApostat ,  succeda  à 
Constance.  Cet  Empereur  emporté  par  une 
certaine  légèreté  qui  lui  étoit  natui-eile  ,  et 
par  son  caractère  extrêmement  vain,  renonça 
à  la  Religion  chrétienne  ,  dans  laquelle  il 
HToit  été  élevé  ,  pour  suivre  le  culte  et  les 
superstitions  du  paganisme.  Il  devint  un 
cruel  ennemi  du  chcistianisme  ,  et  il  n'est 
pas  de  moyens  qu'il  ne  mit  en  œuvre  pour 
le  détruire  ,  employant  entre  autres  ceux  de 
la  ruse  et  de  Tarlidce;  il  se  montra  impar- 
tial pour  toutes  les  difi'erentes  sectes  de 
Chrétiens  ,  et  parut  vouloir  les  permelire 
toutes  également,  dans  la  vue  de  les  ani- 
mer les  uns  contre  les  autres  ,  et  de  les 
iLiidre  réciproquemeut  les  instrumens  de 
leur  mutuelle  destniction  ,  et  il  ne  manqua 
pas  de  prétextes  et  des  raisons  suj»posees 
pour  répandre  le  sang  des  catholiques.  Il 
«cavoli  que  la  destruction  du  temple  du 
Jérusalem ,  la  cessation  du  culte  Judaique 
et  la  dispersiou  des  Juifs  avoienl  été  prédi- 
tes comme  des  signes  auxquelles  on  de  voit 
leconnoître  la  venue  du  Messie.  Tite  ei 
Adrien,  après  lui  ,  avoient  accompli  Tora- 
cle  sans  le  sçavoir  ,  en  dispersant  les  Juifs 
après  avoir  détruit  le  temple.  Julien  pensa 
\[iì'ìì  y  avo.il  un  moyen  de  le  faire  trouver 
Ikux  ,  et  de  coxifoziJii:  la  couBaace    que   ieâ 


38  ^ 

Chrétiens  avoirnt  c!ans  les  propîiéties  :  c'étoit 
de  lebâllr  le  tenit)Ie ,  de  rappeler  les  Juifi 
de  toutes  les  parties  de  la  terre  ,  et  de  ré- 
tablir les  sacrilîces  avec  toutes  les  cérémo- 
DÎes  de  r  ancienne  loi.  En  conséquence  ii 
invita  les  Juifs  à  cette  entréprise  ,  donna 
des  ordres  les  plus  pressans  à  ses  Gouver- 
neurs de  les  favoriser  ,  et  deuiployer  toute 
la  puissance  de  1  Empire  pour  les  aider  par 
tous  les  secours  et  les  ressources  cpi'ils 
pourroienl  leur  fournir.  Il  manda  à  cet  ef- 
fet à  son  confident  Alyppe  de  veiller  arec 
le  plus  grand  soin  à  l'exécution  de  son  des- 
sein. Les  Juifs  triomphoienl  déjà  et  mirent 
la  main  à  Tœuvre  avec  une  ardeur  incro- 
yable. Il  ne  leur  manquoit  rien  de  tout  ce 
qu'  il  falloit  pour  consommer  prompte- 
ment  un  ouvrage  ,  que  lEmpereur  ne 
desiroit  pas  moins  qu'eux-mêmes  de  voir 
bientôt  achevé.  Mais  comme  Ahppe  poussoit 
fortement  les  travaux ,  des  globes  terribles 
de  flammes  sortant  auprès  des  fondemens 
par  des  élancemens  fréquens,  rendirent  le 
lieu  inaccessible  ,  avant  brûlé  plusieurs  fois 
les  ou\riers  qui  s'y  rencontrèrent.  Ainsi  cet 
élément  s'obstinant  à  les  repousser,  on  fut 
obligé  d'abandonner  leulreprise  (i). 


(i)  Amhillosum  (juondam  apud  Ilieroso- 
lyriiam  leniplum  ,  (jiiod  posi  niulla  et  in- 
ternec'n'a  cerla/nina  ,  olddc.Ue  ycspasiatio  , 


On  ne  voit  pas  clans  aucune  histoire  pro- 
fane de  fait  plus  certain  et  plus  avéré  que  ce- 
lui-là. ill  est  attesté  par  Ammien  Marceilin , 
écrivain  païen,  homme  judicieux.,  et  qui 
étoit  contemporain  ;  par  saint  Grégoire  de 
Nazianze ,  dans  un  discours  composé  la  même 
année  contre  Julien  :  par  saint  Jean-Chry- 
sostôme ,  dans  un  discours  quii  prononça 
devant  tout  le  peuple  d'Antioche;  par  saint 
Ambroise  ,  qui  en  parle  comme  d'un  fait 
notoire  dans  une  lettre  à  1  Empereur  Théo- 
dose. Julien  même  ,  parlant  des  ruines  du 
temple  du  Jérusalem  ,  convient  qu'il  avoit 
voulu  le  rebâtir.  Les  Juifs  qui  ont  écrit' 
peu  de  tems  après  ,  font  mention  de  cette 
entreprise  ,  et  attrilment  à  leurs  péchés  le 
malheureux  succès  qu  elle  eut  par  rapport 
à  eux. 


posleaqne  Tito  ,  àegre  est  expugnnlum ,  in- 
stuurare  cogUabat  sumlibus  immodicis  :  ne- 
gol/unnfue  maluronduiii  Alyppio  dederat 
Alheniensi  ,  (fui  olini  Brilannias  curm'erat 
pro  praefectis.  Cam  ilac/ue  rei  JorLÌler  in- 
slaret  Alyppius ,  im-areli/ue  Proiinciae  re- 
clor ,  metuendi  globi  flammarian  prope  fuii-- 
danienla  crebris  assullibus  erumj'enles  Jeccre 
locuin  ,  exuslis  aliquolies  opvranlihus  ,  inac- 
cessum  ;  hocque  modo  elemenlo  obatindlius 
repellente ,  cessavil    inceplum.    A^JU^o^    ^i'^* 

23  C.    1. 


REFLEXÏO^ 

SCR    l'ordre    et    Li    C0r!KEX10J( 

DES    ÉVt«EMENS 

QUI    VIEÌVNEN.T    DETRE    RAPPORTES, 


Preuve  de  la  diviaité  du  christianisme  qui  résulte 
de  faits  les  plus  notoires  et  iaconlestables. 

V  ous  pouvez  remarquer  ,  mon  fils  ,  dans 
celte  suite  d'ëvéïiemens  que  je  viens  de  vous 
piesenker,  Tordre  qu'a  observû  la  divine 
Frovidcuce  pour  niaiuteulr  sa  Religion  tou- 
jours leruie  et  inébranlable  au  milieu  des 
révolutions  et  des  bouleversemens  qui  ont 
cbangé  tant  de  fois  la  face  du  monde  ,  en 
l'exemptant  de  la  loi  commune  à  toutes  les 
choses  humaines,  assujetties  par  leur  nature 
aux  vicissitudes  du  tems,  qui  altère  et  con- 
sume  tout. 

11  faut  maintenant  ,  en  revenant  sur  ce 
que  nous  avons  dit,  fixer  un  peu  vos  re- 
gards sur  un  petit  nomixe  de  faits  des  plus 
notoires  et  universellement  reconnus  comme 
îres-certaius^  et  tous  verrez  qu'il  «n  résulte 
une  preuve  noa  moins  luL?iineuse  ,  qu'elle 
est  simple  ,  d'une  puissance  divine  et  sou- 
verainemen»  efficace  dans  rétablissement  et 
ics  progrès  de  la  Religiou  chréliexuie. 


41 
H  est  eerìhin  f{u^  dis-huît  sens  ans  avar.fc 
nous  Jesus-Chiist ,  auteur  de  celte  Religioa 
sainte,  est  né,  a  vécu,  et  est  mort  en  Ju- 
dée ,  pays  de  tres-peu  d'étendue  ,  et  mé- 
prisé de  presque   toutes  les   aatious. 

11  est  certain  que  en  ce  tems-Ia  le  re- 
ste du  monde  étoit  enveloppé  dans  les  su- 
perslilions  de  l'idolatrie  ,  et  que  le  Diea 
d  Israël  ,  inconnu  alors  aux  nations,  a  elolt 
adoré   eu  aucun   lieu. 

Il  est  certain  «jue  da^is  ce  méme-tems , 
les  Juifs  avoient  un  corps  d'écritures  très- 
anciennes  ,  et  qu'ils  regardoient  eus.-méme3 
couime  divines ,  dans  lesquelles  étoit  pré- 
dite la  venue  da  Messie  ,  qui  devait  naître 
en  Judée  ,  et  par  {"opération  duquel  le 
Dieu  d'Israël  devoit  être  connu  et  adoié 
par  toute  la  terre.  Il  est  encore  très-certain 
que  telle  étuiè  la  croyance  des  Juifs  ;  el 
que  ,  pleins  de  confiance  dans  leurs  écritu- 
res ,  ils  attendaient  le  3Ies5Ìe  vers  ce  tema- 
là  fij. 


(i)  L\tccoriipîlsseinent  des  ces  deux  fnils 
si  éclalatis  ,  si  luinlneux  ,  et  qui  a^'oieiiê 
été  prédits  si  clairement  ,  suf^t  pour  dé.~ 
vionlrer  la  divinité  et  rautheiitîcité  des 
des  écritures  ,  sans  parler  d'autres  preuves 
particulières  que  Fon  pourrait  en  tirer,  ei 
(jue  j'omets  pour  être  plus  court.  Mon  as~ 
sertion    est   conforme    à  ce   (jfue    dit    saitti 


4a 

Jesus  est  vena  ,  cl  a  déclaré  qu'il  ctoî* 
le  Messie  promis  (ij  dans  les  écritures. 

Pour  dénjoiilrer  qu'il  étoit,  iudépeiidaïa- 
ment  des  autes  preuves  qu'il  pou^oil  ea 
donner ,  il  l'jili.'it  quajant  vécu  Jans  la 
pauvreté  ,  et  étant  mort  sur  une  croix  ,  es 
ftil  par  îui.  par  son  opération  que  !e  cuite 
du  Dieu  d  Israël  se  repaudit  chez  toutes 
les   nati-ns. 

11  1  avoit  promis  ,  il  exécuta  ;  et  remar- 
quez de  quelle  maniere  ;  il  choisit  quel- 
ques fij  l'îscipics  ilans  le  plus  bas  peuplé, 
cl  leur  ordonna  d"iilîer  prêcher  rev.iiigiie 
d.iis  tout  le  monde  ,  leur  auaoacaiit  qu  ils 
aboient  a  vaincre  l'opposition  ties  nations  à, 
le  reconnoitre  pour  seul  ìjìtu  .  le  Dieu 
des  Juiis  ,  leur  prédisant  des  persecutious  , 
et   leur  j>romit   du   secours   et  la   victoire. 

L'ordre  donné  s'exécute  aut-si-tôl.  Les 
Apôtres   annoncent    par-cout    i'e'.a;igile  ,     el 


^l'gîislin  ail  douzième  li- re  Je  la  tilé  de 
Dieu  :  "  ifue  le  léinoignage  de  récriture 
sainte  s^est  acquis  avec  raison  une  incn'eil- 
Imise  autoiité  dans  toute  la  terre  el  parmi 
toutes  les  nations  ,  puisque  entre  autres 
prédictions  ,  (pd  porl*'nt  un  caractère  de 
divinité,  elle  a  annoncé  ausii  la  foi  de 
toutes  les   nations.  „ 

(\)    Jean    'j.    2.(). 

(zj  Matih.  zìi.  iS, 


43 
»ar-toiit  en  très-pffu  ce  icins  forment  dei 
JEijIises  entières  iradoraleuri  Ju  liieu  d'Israc'l 
el   de   son   fils  Jesus  mort  sur  une    croix. 

InKT^inez-vous  mon  fils  douze  hommes  du  peu- 
ple qui  dans  ce  tein->'ci  entreprendi  oient ,  s;»ns 
cLude  ,  sans  secours  humain  ,  d  introduire  i;a 
nomeaa  culte  dans  tout  les  pays  du  monde 
en  proposiuit  d'adorer  comme  i?ieu  un  mort 
sur  un  gibet.  Il  est  très-certain  que  1  ou 
sereit  ibrt  autorisé  à  regarder  une  telle  en- 
treprise comme   vaine  .   lolle  et  irapos;-ihie. 

L'entreprise  des  A{>ôtres  n'étoil  pas  plus 
fecile.  Le  monde  alors  nëtoit  ni  nioint 
c!;-iié,  ni  plus  dupe  quà  présent.  Il  re^noil 
dans  toutes  les  provinces  de  lerapise  Ho- 
ni.iin  lui  luxe  d"u!>e  recherche  ,  d'une  déli- 
catesse ,  et  dune  magnincer.ee  extrême  en 
)t?us.  .  eu  spectacles  ,  en  festins  ,  el  eu  tou- 
tes sortes  de  di  lices  et  de  voluptés  ,  qui 
é'oit  généralement  accompagné  d  une  disso- 
lution effrénée,  d  un  dérèglement  de  mœurs 
excessif.  La  littérature  éîoit  Ires-cultivée  el 
aussi  répandue  que  les  écoles  des  philoso- 
phes ,  et  la  philosophie  qui  éloil  la  plus  à 
la  mode  étoit  celle  qui  eioit  la  plus  ojipo- 
sée  aux  dogmes  el  à  la  morale  du  christia- 
nisme. ]S<  anmoins  douze  misérables  pécheurs 
mettant  toute  leur  confiance  dans  le  com- 
mandement et  ras>islauce  invisible  de  leui 
maitre  .  exécutent  une  entreprise  qui  éloil 
alors  dune  exécution  aussi  impossible  hii- 
Biainemeut,  cruelle  le  seroil   à  pr*;seal  pour 


douze  pêehears  qui  tenleroienl  d'opérer  dans 
le   monde    uue    semblable   revolitlion. 

Apres  la  Teuue  du  Messie,  1«  sacrifice 
ancien  devoit  cesser,  la  nation  Juive  detoit 
être  dispersée,  et  le  temple  deUuit  de  fond 
en  comble.  Jesus-Cbrisl  aroit  prédit  que 
lout  cela  s'aecompliioit  avani  que  (ni  passée 
la  génération  qui  ëloit  alors  présente.  Cer- 
lûiuement  les  Apôtres  n'avoient  ni  le  pou- 
Toir  ni  la  force  d'abattre  le  tenaple  de  Jé- 
riisaîeni,  el  d'exterminer  les  .luifs.  Les  Ro- 
mains tiennent  avaal  que  la  génëratioa 
soit  pass.-'e,  ils  assiégenl  Jérusalem,  comme 
Jesus-Christ  Tavoil  dit  ,  ruinent  le  temple  , 
et  dispersent   les   Juifs. 

Il  ne  devoit  par  rester  pierre  sur  pierre 
de  ce  temple  ,  Jesus  lavoil  dit.  Un  Empe- 
reur lente  de  le  rebâtir,  et  il  ne  peuk  réus- 
sir à  une  entreprise  qui  éloit  si  facile  à  ua 
Empereur,  et  qu'il  désiroit  si  ardemment 
pour  démentir  l'oracle. 

Un  peu  de  réflexion ,  mon  fils  ,  sur  ces 
événemens.  La  conversion  des  Gentils  ame- 
nés à  reconnoitre  le  Dieu  des  Juifs  par  l'ea- 
Iremise  de  quelques  misérables  pécbeurs  , 
éloit  une  oeuvre  bumainement  impossible. 
Jesus-Clirisl  l'ordonne,  il  assure  qu'elle  se 
fera  ,  et  elle  se  lait.  Jesus-Cbrisl  prédit  la 
dispersion  des  Juifs  ,  et  les  Juifs  sont  di- 
spersés. Il  prédit  qu'il  ne  restera  pas  pierre 
sur  pierre  du  temple  de  Jérusalem  ,  et  le 
temple  est    détruit.    Uu   Empereur    tente   de 


le  rehâlir,  et  des  gîobes  de  feu  qui  s'élan- 
cent des  foudeuaeHS  ,  rendeut  son  enlie|)iise 
inutile. 

Les  écritures  que  possédoient  les  Juifs 
ayant  la  naissance  de  Jesus-Christ ,  com- 
me en  fait  loi  leur  conserTatioa  parrai 
eux  jusqu'à  présent  ,  annoncoient  que  tels 
dévoient  élre  les  caractères  du  fllessie  ,  et 
ces  caractères  sont  réunis  en  Jesus-Christ  , 
et  ne  le  sont  quVn  lui  :  c'est  par  lui  et 
en  lui  que  se  sont  accomplis  les  prophéties; 
et  pour  les  accomplir ,  il  a  opéré  par  la 
force  de  sa  parole  des  choses  humainement 
inipossihles.  Pourroit  on  désirer  une  preuve 
plus  convaincante  pour  démontrer  qu'il  est 
véritablement  le  Messie  promis  dans  les  li- 
vres saints  des  Juifs  ,  comme  celui  en  qui 
toutes  les  nations  dévoient  être  bénies  j 
c'est-a-dire  ,  appelires  à  la  connoissance  et 
au  culte  du  r>ieu  d'Israël  ,  dont  la  majesté 
devoit  par  lui  icmplir  toute  la  terre.  Lira- 
Biuable  efficace  de  la  parole  de  Jesus-Christ 
sétant  manifestée  et  démontrée,  pour  ainsi 
dire  ,  elle  même  par  une  preuve  de  lait  si 
frappante  et  lumineuse  sous  le  règne  de  Ju- 
lien .  on  ne  peut  douter  que  la  Religion 
ebrétienne  ,  qui  se  trouvoit  de  son  ti  nas 
avoir  fait  tant  de  progres  par  le  uainislère 
des  Apôtres  et  de  leurs  successeurs  .  n'eût 
conserve  tous  les  caractères  d'une  œuvie  de 
Dieu  ;  «uvre  quii  a  voulu  ,  qu"il  a  ordon- 
né ^  q«  il  a  fait  lui-méine,    et  qu'il  a  so«- 


4^ 

tenue  ,  conservée  et  protégée  par  tiR<*  op#- 
ralion  spéciale  et  manileste  de  sa  Provî- 
•dcQce. 


La  Religion  chrétienne  existante  dans  l'F.glise  à 
ëlé  fondée  par  Jesus-Christ ,  el  étendue  par  les 
Apôtres  et  leurs  successeurs  jusqu'à  nos  jours. 

Cette  Religion  foute  divine  subsisloit  dans 
la  sainte  Eglise  Catholique  au  tems  de  Ju- 
lien ,  telle  que  Jesus  Christ  Pax  oit  fondée  , 
et  que  le  ministère  des  Apôtres  Ta  étendue 
jusqu'à  notre  tems.  Elle  n'éloit  pas  dans 
la  secte  des  Ariens  ,  ni  ne  s'est  jamais  trou- 
Tce  dans  aucune  autre  semMahle  qui  ail 
été  introduite  de  nouveau  ;  leur  nom  même 
désignent  Tauteur  de  leur  nouveauté ,  et  du 
pani  qui  les  a  accréditées  ,  et  après  avoir 
éprouvés  divers  changemens,  elles  ont  fìnale- 
meut  dis])aru. 

Or  je  dis  que  cette  Egli«>e  ,  connue  par- 
tout sous  le  nom  de  Catholique  ,  fondée 
par  Jesus-Christ  ,  et  soutenue  par  sa  puis- 
sance jusqu'à  lévénemenl  des  prodiges  ar- 
rives sous  Julien  ,  est  la  niéine  qui  depuis 
le  tems  de  Julien  s'est  visiblement  perpé- 
tuée jusqu'à  nos  jours  en  conservant  sai;* 
aiicune  variation  le  même  nom  ,  la  mén^e 
doctrine  ,  el  tous  les  mêmes  caractères. 

Il  est  de  toute  notoriété  que  le  nom  est 
toujours  le  même,  que  cette  durée  successive 
cl  uoH  iatcrrouipue  du.  mcoac    aom    marque 


!a  «ontîmiité  ae  sa  même  existence  ,  qu'au- 
cune secte  n"a  jaiuais  pn  parvenir  à  se  fiiirc 
nommer  caîljolique  couime  elle  ,  et  que 
tous  les  hommes  se  sout  constamment  accor- 
dés à  donner  ce  nom  à  celle  qui  seule  a 
toujours  été  reconnue  pour  être  répandue 
dans   toutes  les  parties  du  monde. 

La  doctrine  est  la  même  ,  elle  a  les  mê- 
mes symboles  des  Apôtres  et  de  jSicée  ,  les 
mêmes  sacremcns  ,  le  même  sacrifice  ,  le  sa- 
cerdoce ,  toujours  distingué  de  l'état  des 
simples  fidèles  ,  est  toujours  le  même  dans 
sa  succession  par  le  moven  de  la  sainte  Or- 
dination qui  a  été  pratiquée  par  les  Apô- 
tres ,  spécialement  par  S.  Paul  à  TéganÎ 
de  Timothée  ,  par  Tiniothée  pour  ceux  qu  i 
sont  venus  après  lui,  et  ainsi  successivement. 
La  dispensation  des  mystères ,  le  uinistere 
de  renseignement  ,  la  puissance  de  remettre 
ou  de  retenir  les  pèches  ,  l'autorité  de  dé- 
«der  les  dilFicultés  en  matière  de  foi ,  la 
primaulé  du  Pontife  Romain  ,  la  distinction 
de  la  hiérarchie  eu  difl'érens  ordres  d  Evè- 
ques  ,  de  Prêtres,  de  Diacres,  et  des  autres 
Siinistres  qui  servent  à  l'autel  .•  V  if; vocation 
des  Saints  ,  et  pareillement  Thonneur  qu'on 
rend  à  leurs  reliques  et  à  leurs  images  ré- 
putées pieuses  et  u-tiles  :  en  tin  la  piieî^ 
pour  les  morts  :  tout  cela  étoit  cru  comme 
de  foi  au  lems  de  Julien  ,  et  tout  cel?  con- 
serve de  nos  jours  la  même  prérogative 
4laft8  l'Eglise  Catholique. 


4S 

Les  caractères    essenliol*   à  Ja   Eeligion   de   Jesus 
Clirist  sont  peniiaiicns  dans  l'Eglise. 

Les  caractères  soni  les  niémes,  L'Eglise 
est  toujours  comme  elle  étoit  au  commen- 
cfirenl;  Lne ,  Sainte,  Catholique  et  Apo- 
stolique. 

L'Eglise  de  Jesus-Christ  est  une, 

L'Eglise     de    Jesus-Cbrist    est     une     par 
l'unite  de  la    doctrine  ,    et    par    l'union    de 
toutes  les  Eglises  particulières  a^ec  le  siège 
de  Pierre.   L'unité    de    la     doctrine    est    ua 
caractère   essentiel  à  l'Eglise  de  Jesus-Christ 
qui  en   étant    dépositaire,    doit    par    consé- 
quent   être  une  et  inrariable  ,    parccque    la 
Doctiine   de   Jesus-Chrisl  est   une,   et  ne  peut 
varier  •,    il  l'a  consignée  à  ses   Apôtres  ,,  afin 
qu  eux    et    leurs  successeurs    la    préchassent 
])ar  tout  le  inonde  jusqu'à  la  consouimalioa 
des  siècles.   Au    tems    de     Julien    il    plut    à 
Dieu   de  montrer  par  un    prodige    des    ])lus 
cclatans  que  ,   selon  qu'il  avoit    promis    lui- 
même  ,   les  portes  de     1  "en  1èr    ne    pouvoient 
prévaloir  contre    son     Eglise  ;    et    en     Tertu 
de  cette  promesse  le  dépôt    de    la    doctrine 
doit    demeurer     inviolableraent     et      sans     y 
éprouver  jamais    d'altération.     En    effet  ,    il 
n'est    d'ai-icun    des     dogBfies    qui    sont    cras 
présentement  qui  n'ait  été    connu    au    tems 
ie  Jiilien,  et  il    u'eu    est    aucuB    de    ceux 


tfui  onl  été  cru  au  tems   de   Juiieu    qui   ue 
le  soit  encore  à  présent. 

L'Eglise  de  Jesus-Christ  est  Catholique. 

L'Eglise  de  Jesus-Christ  est  Catholique , 
«*esl-à-dire ,  universelle  et  perpétuelle.  Sous 
.Tulien  ,  et  long-fems  avant  lui  ,  elle  étoit 
répandue  dans  tout  Torient  et  dans  tout  l'oc- 
cident ,  dans  tout  l'Empire  Romain  et  au 
dehors  ,  et  encore  aujourd'hui  elle  est  ré- 
pandue dans  toutes  les  parties  du  monde. 
L'Eglise  Catholique  ne  subsiste  pas  seule- 
ment dans  les  Etats  et  chez  les  peuples  qui 
*e  font  gloire  à  juste  titre  d'en  l'aire  profes- 
sion ,  et  de  l'honorer  par  la  pratique  d'ua 
culte  public  :  elle  existe  aussi  chez  les  infi- 
dèles, elle  y  acquiert  et  y  engendre  des  en- 
fans  à  Dieu.  On  trouve  des  Catholiques  ea 
Turquie  ,  dans  les  Indes  et  dans  les  contrées 
de  l'Amérique  les  plus  éloignées  ,  qui  sont 
tous  unis  par  le  lien  d'une  même  foi  et  pal- 
la participation  aux  mêmes  Sacremens. 

L'Eglisg  çte  Jesus-Christ  est  Apostolique. 

L'Eglîse;:>ést  Apostolique ,  parce  qu'elle 
ot  fondée  (i)    sur    le    fondement    des    Apô- 


(i)  Saint   Jérôme    en    tire    un    moyen'  de 
distinguer   la   véritable    Doctrine    de    celïeis 


bo 

très  (i).  qu'elle  est  tîépssitaire ,  coîrme  je  l'ai 
(lit,  de  la  tloclriiie  qui  leur  a  été  consignée, 
cl  que  le  3Iinistere  Apostolique,  relatif einer.t 
à  la  dispensalion  des  mystères,  s'est  f tendue 
dans  TEglise  par  le  raoven  de  rordination 
sacramentelle  ,  en  vertu  de  laquelle  la  suc- 
cession des  Pasteurs  s'est  soutenue  constaui- 
Tnent  sans  interruption.  Cette  succession  est 
démontrée  avec  la  plus  grande  évidence  dans 
les  Pontifes  Romains.  Saint  I renée  en  rend 
témoignage  ,  Jusqu'au  Pape  saint  Fleulhere. 
Saint  Augustin  qui  vivoil  au  cinquième  siè- 
cle ,  entre  autres  motils  qui  le  Icnoient  at- 
taché inviolableraeut  à  l'Fglise,  se  londoit 
particulièrement  sur  la  succession  non-inter- 
rompue  des  Souverains  Pontiies  depuis  saint 
Pierre  ,  à  qui  Jesus-Christ  donna  la  charge 
de  paître  son  troupeau,  M.  Bosstiet,  écrivant 
«lans  le  siècle  dernier  ,  a  lait  voir  dans  son 
Discours  sur  l'Histoire  T  nlverselle  ,  comoien 
il  est  consolant  pour  les  enians  de  Dieu,  et 
en  mème-tems  combien  de  vérité,  de  force, 
la  preuve  q^.i  resuite  de  voir  que  du  Pape 
Innocent  XI  ,  de  sainte  mémoire  .  qui  rem- 
plissoit    alors    le    premier    siège  de  rEglise  , 


^ni  sont  fausses  et  erronées^  et  inontre  <jue 
Von  (luit  adhcrer  à  l'Eglise,  qui,  ayant  été 
fondée  par  les  Apôtres ,  a  sabsisté  jusqu'à 
ee  jour. 

(i)  Aux  Ephcs.  2. 


«a  vemonlanl  de  Tun  à  l'autre  ,  on  parvint 
?ans  aucune  intenuplion  jusqu'à  saint  l'iene, 
établi  Prince  des  Apôtres  par  Jesus-Chrisî; 
ïnéuie  ;  et  reprenant  tle-là  les  Pontifes  qui 
©nt  exercé  le  minisfere  sous  l'ancienne  loi  , 
on  arrive  juscpi'à  Aaron  et  à  Moïse,  ensuite 
aux  Patriarches  ,  et  enfin  jusqu'au  commen- 
cement du  monde.  Il  s'ciisuit  que  si  l'esprife 
humain  ,  sujet  par  lui-même  à  tant  de  légè- 
reté, d'inconstance,  a  besoin  détre  fixé  par 
vue  assurance  solide,  et  gouverné  par  une 
autorité  infaillible  dans  les  choses  qui  appar- 
tiennent au  salut.  On  ne  peut  pas  en  dési- 
rer de  plus  forte  et  de  plus  décisive  que  celle 
de  l'Eglise  Catholique  ,  qui  réunit  en  elle 
1  autorité  de  tons  les  siècles  passés  ,  et  les 
traditions  du  genre  humain  de  l'antiquité  la 
plus  reculée  jusqu'à  sa  premiere  origine, 

L'Eglise  de  Jfcsus-Christ  est  Sainte. 

L'Eglise  Catholique  est  Sainte  :  précieuse 
prérogative  qui  n"appartient  qu'a  elie  seule, 
ci  qui ,  si  on  la  p  se  bien ,  suffit  pour  coii- 
Taincre  de  sa  divinité  tout  homme  raison- 
nable et  dun   ji.geinenf  sain. 

L"}  glise  est  Sainte,  parce  que  son  Chef, 
qui  est  .lesus-Christ ,  est  Saint;  qu'il  est  le 
principe  et  la  source  de  toute  sainteté ,  et 
qu  il  la  dirige  ,  la  gouverne  par  l'assistance 
<lu  Saint-Esprit. 

Elle  est  Saisie  ,   parce  que    sa   Doctrine  , 


52 

dans  le  dogme  et  dans  la  morale,  ne  respire 
que  la  sainteté:  toni  dans  le  dognje ,  a  une 
relation  intinie  a^ec  la  connoissance  et  le  culte 
d'un  seul  Dieu  ,  premier  principe  de  toutes 
choses  ;  qui  pourvoit  à  tont ,  avec  une  sa- 
gesse et  une  bonté  infinie  ,  et  qni  est  la 
dernière  fin  de  l'honime  et  son  souverain 
bonheur.  Vérité  essentielle  à  la  Religion,  et 
qui  n'étant  présentée  et  manifestée  nulle  part 
aussi  expressément  que  dans  la  loi  divine 
que  renferme  le  Christianisme  ,  et  qu'il  per- 
fectionne, prouve  que  le  caractère  de  la  vraie 
Religion  ne  convient  qu'à  lui  seul. 

Tout  dans  les  préceptes  et  dans  la  morale 
se  rapporte  à  un  amour  de  Dieu  par-dessus 
tontes  choses ,  et  à  un  amour  subordonné 
et  bien  réglé  des  créatures.  Tous  les  devoirs 
de  l'homme  par  rapport  à  Dieu  ,  au  prochain  , 
et  à  lui-même,  y  sont  présentés  et  enseignés 
sans  mélange  d'aucune  erreur. 

Or  il  faut  remarquer  que  celte  coïlection, 
ce  corps  de  toutes  les  vérités  morales  sans 
mélange  d'eneur  ,  est  un  ouvrage  qui  sur- 
passe les  forces  de  la  raison  humaine  ,  su- 
jette à  se  tromper  à  tout  moment ,  tanlôli 
sur  un  objet,  tantôt  sur  un  autre,  comme 
le  démontre  si  évidemment  l'expérience  de 
tous  les  siècles  ,  où  l'on  volt  des  millieres 
de  syslcmes  de  morale  purement  philosophi- 
que donnés  par  les  Platoniciens,  les  Stoïciens 
et  les  Péripathéliciens ,  qui,  tous  en  prescri- 
vant d'excellentes  régies  sur  différen»  poinl^, 


sont  lombes  relativement  à  d'autres  dans  les 
erreurs  les  plus  grossières. 

Outre  cela  la  morale  présente  les  molifs 
les  plus  relevés  et  les  plus  salisiaisans  pour 
inspirer  l'amour  de  la  vertu  et  rhorreur  du 
tIcc.  Elle  montre  la  récompense  de  la  vertu 
en  Dieu  même  ,  qui  est  le  principe  et  la 
source  de  la  plus  grande  félicité  que  l'hoîn- 
me  puisse  désirer;  chose  essenlielie  ,  et  qui 
manque  à  tous  les  systèmes  de  Philosophie 
qui  n'ont  jamais  trouvé  le  moyen  de  conci- 
lier la  vertu  avec  la  {'elicile  que  l'homme 
desire  par-dessus  tout ,  et  qu  il  ne  peut 
pas  ne  pas  désirer. 

L'Eglise  est  Sainte  ,  parce  qu'elle  joint  à 
la  sainteté  de  sa  Doctrine  une  souveraine 
efficacité  que  lui  donne  la  grâce  du  Saint- 
Esprit  pour  convertir  les  araes  et  les  con- 
duire à  la  sanctification.  Celle  efficacité  a 
paru  merveilleusement  au  commencement  de 
la  conversion  des  Gentils  à  la  loi  en  Jesus- 
Christ  par  l'innocence  où  vivoient  les  pre- 
miers fidèles  ,  de  tout  âge  ,  de  tout  sexe  , 
de  toute  condition  ,  par  leur  charité  et  leur 
constance  au  milieu  des  lourmens*;  elle  a 
paru  dans  le  renouvellement  qu'elle  a  opere 
dans  le  monde  en  déracinant  la  corruption 
des  mœurs  qui  étoit  répandue  par-tout ,  et 
par-tout  invétérée  ,  quoique  rien  ne  fut  plu» 
contraire  à  la  loi  naturelle.  Tels  éloieul  les 
sacrilices  abominables,  où  des  hommes  étoient 
les    vicliiîies    que    l'on    immoloit  j    sacrifices 


^4 

pratiqués  chez  les  peuples  les  plus  policés  , 
comme  chez  les  plus  barbares  ,  et  que  le 
Christianisme  a  abolis  par- ton t  ,  autant  chez 
les  uns  que  chez  l^s  autres.  Tels  étoient  les 
spectacles  crneîs  des  Gladiateurs ,  où  Tiu- 
buniaine  curiosité  des  hommes  de  tout  état, 
des  lemmes  même  et  des  enlans  ,  se  repais- 
soit  ,  se  recréoit  à  yoir  couier  le  sang  hu- 
main. 

lei  éloit  encore  la  coutume  d  o.er  la   Tie 
aux  erilttns,  ou  de   les  e>i.poser  au  péril  d'une 
jnort  certaine:   coutume  autrefois  universelle, 
et  t|ue   la  Philosophie  de  Coufucius  n'a    pas 
abolie  daus  le  vaste   Empire  de  la  Chine.  La 
même  efficacité  paroît    aussi    par    Tesprit    et 
ie  zèle   de   la   cliaritë   porté   jusqu'à    l'héroïs- 
Eie,   qui   s"e-->t  toujours  main'euu  dans  IKglise 
Catholique,    et  qui  a  produit  tant  de  saints 
Personnages     remarquables    par     le     sacrilice 
qu'ils  ont  l'ait  constamment   des    commodités 
de  la   vie  dout  ils  pouvoient  jouir  ,    par    les 
disgrâces  -et  les  souHVances  qu'ils  ont  éprou- 
vées pour  procurer  le  bien   spirituel  du  pro- 
chain ,   et  même   son  bien   temporel  ;   il   suf- 
fit de  se  rappeller    ce    qui    fit    saint    Charles 
©orroraée    dans    la    circouslance    de    la   peste 
de   Milan  ,   pour  donner  des  secours  spirituels 
et  temporels  aux  hommes  même  les  plus  mi- 
sérables.   Ce   seul    exemple    est    capable    de 
convaincre    qui    que    ce    soit    que    ces  sortes 
de  sacrifices  ,  sans  espérance  de  récompense 
de  la  part  des  hommes ,   sacrifices  communs 


55 
ci  ordinaires  aux  saints  dans  l'Eglise  Catbo- 
lique  ,  ne  se  iclrouveul  nulle  pari  hors  de 
eçtle  Eglise. 

J.Tglise  Catholique  est  Sainte, parce  qu'elle 
X  seule  pouvoir  de  remettre  les  péchés.  Jesus- 
Cltrist  a  communiqué  ce  pouvoir  à  ses  Apô- 
tres, peur  être  transuiis  par  eux  à  leurs  suc- 
cesseurs. On  a  vu  que  cette  succession  du 
minist'ne  apostolitpie  auquel  est  attachée  la 
puissance  de  remettre  les  péchés,  s'est  per- 
pétuée par  le  même:  rit  de  l'ordination  sa- 
cramenlelle  qu'ont  pratiqué  les  Ap<^tres  :  par 
conséquent  elle  n'a  pas  pu  passer  ou  se 
communiquer  aux  sectes  qui  en  sont  sépa- 
rées ,  c:«ez  lesquelles  elle  est  iaterrom}>ue. 
Or  rti»mme  pécheur  ne  peut  parvenir  à  la 
sainteté  par  le  bienfait  de  la  rémission  de 
ses  p'  chés  ,  et  celie  grâce  ne  peut  être  ob- 
tenue hors  de  T Eglise  (i)  de  la  part  de 
quiconque  en  regette  T  autorité  ,  et  ne  veut 
pas  se  soumettre  a  un  mini-.tere  institué  pour 
cela  par  Jesus-Chrisl  même. 


(i)  Ajoutez,  à  ce -a  cju'il  n'y  a  que  V  Egu.-.c 
ifui  retisnne  le  culte  d'un  véritable  et  l(',-ji' 
lime  sacrifies  ,  ifuelle  peut  iisef  utile, i. tut 
des  Sacrernens  ,  par  lesijuels  comme  par  les 
înslrumens  efficaces  de  la  grâce.  Dieu  com- 
munique la  véritable  sainteté  ,  en  sorla  que 
personne  ne  peut  être  vi  aiment  sainte  ,  el 
n'être  pas  dans  le  sein  de  eette  Eglise.  Ca- 
lée, du  CoEC.  de    l'r. 


S6 

L'Eglise  est  Sainte  ,  parce  que  Dieu  s« 
plaît  à  y  manifester  de  tems  en  tems  la  sain- 
teté (le  ses  serviteurs  par  des  dons  et  des 
grâces  privilégiées ,  et  par  Téclat  des  mira- 
cles ;  e*t  de  ces  miracles  ,  un  grand  nombre 
sont  si  aulhenliquement  avérés  par  des  té- 
inoignages  irréprochables  ,  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  d'en  douter  en  r.ucune  manière. 

De  tous  ces  caractères  in  en  résulte  un 
autre  bien  éclatant,  en  vertu  duquel  1  Eglise 
de  J.  C.  est  nommée  ,  et  est  en  efl'et  visi- 
l)lement  cctîe  Cité  bâtie  sur  la  montagne  à 
jaqueile  dévoient  accourir  toutes  les  nations 
de  la  terre:  ainsi  Dieu  a  voulu  que  son  Iglise 
fût  visible  à  toute  la  terre  ,  et  remarquable 
par  des  signes  si  clairs  et  si  certains  ,  que 
les  hommes  de  tout  état  ,  sçavans  et  iguo- 
raas,  pvissent  la  reconnoitre  et  la  distinguer 
«5es  Religions  fausses  qui  conduisent  à  la 
perdition. 

Le  Calbolique  seul  a  droit  d'être  ti'anqnille  sur  sa 
<:royance.  Tous  les  autres  ont  sujet  de  se  défier 
.  de  la  Pveligion  qu'ils  professent  par  leur  Religion 
îDtme. 

II  se  présente  ici  une  réflexion  à  faire 
qui  mérite  la  plus  grande  attention;  c  est 
que  de  rensemble  de  tous  les  caractères  que 
j'ai  détaillés  ,  il  resuite  en  faveur  de  l'Kglisc 
Caiholique,  une  preuve  de  crédibilité  si  forte 
et  si  convaincante,  qu'aux  yeux  de  tout  Ca- 
tholique ,    même    médiocrement   instruit ,    il 


n'y  a  pas  de  certitude  aussi  solù'pmenl  éta- 
blie dans  les  choses  h'imaines    les   plus  cer- 
taines et  les  plus  indubitables.    Il    scait  «pic 
la  doctrine  que  lui  euseigue  son  Pasteur,  ne 
Tient  pas  de'  lui  nièiue  ;    que  c''est  la   même 
Doctrine  qui  s'enseigne  dans  toutes  les  Fglises 
du  monde  ,   unies  sous    un    Chef  visible  :    il 
scait  que   les  Pasteurs  de    toutes    ces    Fglises 
Pont  eux-mêmes  reçue  de  leurs  pn  decesseurs^ 
et  que  ces  Pasteurs  ont  succédé   les  uns  aux 
autres  de  proche  en   proche  jusqu'aux   Apô- 
tres: conséquemment,  outre  les  autres  signes 
caractéristiques  dont  jai  parlé,  le  Catholicjne 
a  pour  lui  Pautorité  de   toutes  les  Fglises  de 
la  catholicité,    toutes  ensemble  sous  un  Chef 
visible    réunies  par  une  même  Doctrine   qua 
les  Apôtres   leur  ont   transmise   par  une  suiio 
de  Pasteurs  qui   n'a  jamais  été  interrompue. 
Il    n'est    pas    dans    les    affaires  des    hommes 
d'autorité  plus  l'orte  ou  égale  à  celle-là  pour 
faire  foi  sur  tout  ce  que  l'on  croit  de    plus 
certain  et  d'indubitable. 

Au  contraire,  toutes  les  autres  Religions, 
loin  de  réunir  les  caractères  qui  sont  tous 
essentiels  à  la  vraie  Religion  ,  ont  en  elles- 
mêmes  un  principe  de  desfruciion  oui  se 
présente  au  premier  coup  d'ail,  et  qui  donno 
lieu  aux  plus  pressans  motifs  d'eu  soupçon- 
ner la  fausseté  à  tous  ceux  qui  les  profes- 
sent, pour  peu  qu'ils  veuillent  y  faire  quel- 
que réilexioa. 


58 

DES  FAUSSES  RELIGIONS. 

Ces  Pieligions  fausses  sont  ridolâlrie  ,  ie 
Mahotuëtisme,  le  Judaïsme,  TEglise  (ìrecque, 
appeliée  Schisniatique  ,  et  les  sectes  d'iléì'ó- 
tiques  anciennes  et  modernes. 

De  riiiolùtrie. 

ïl  ne  falloit  qxrune  réflexion  touî-à-faiJ 
simple  pour  se  détromper  des  pre«tiges  el 
des  superstitions  de  ridolâtrie.  Au  milieu  des 
plus  épaisses  ténèbres  du  Paganisme,  il  s'étoit 
conserTé  un  rayon  de  la  lumière  naturelle 
de  la  raison  qui  montroit  aux  hommes  dans 
le  Ciel  ,  un  Maître  ,  un  Doiuinaleur  suprê- 
me ,  qui  Tolt  tout  ,  dispose  tout  avec  un 
ordre  plein  de  sagesse  et  de  justice.  Celle 
lumière  de  la  raison  n^éloit  pas  tout-à  l'ail 
éteinte  chez  les  Gentils  ,  on  eti  trouve  des 
preuves  certaines  dans  leur»  Ecrivains.  Or  un 
des  avantages  de  la  vraie  Pieligion  est  de  ra- 
nimer et  de  lorliGer  cette  lumiere  en  donnant 
il  rhomm«  un  moyen  bien  supérieur,  beau- 
coup plus  sûr  ,  et  d'une  bien  plus  grande 
iiUlorité  de  connoître  Dieu,  Créateur  du  ciel 
ri  de  la  terre  ;  de  connoUre  son  unité,  son 
inimensilé ,  sa  providence ,  sa  sainteté  ,  et 
foutes  ses  perfections  infinies:  au  contraire- 
tout  ce  qu'enseignoit  l'idol.îtrie  lendoit  ma- 
pifestement  a  gâter  et  à  corrompre  cette  lu- 
ïiilère  primitive  ,  en  déliguranl  de  toutes  soxle-s 


^9 

âc  rnaiiîcres  les  plus  étranges  ,  et  profanant 
Je  saint  Nom  do  Dieu  ,  jusqu'à  représenter 
la  Divinité  divisée  et  éparse  dans  les  élé- 
iiiens ,  dans  les  plantes  ,  dans  les  bétts  , 
dans  des  simulacres  muets  et  inanimés  ,  dans 
des  personîsages  fabuleux  et  remplis  de  vices 
les  plus  infâmes.  Tels  éloient  les  objets  aux- 
quels lidolàtrie  adressoit  ses  adorations,  tan- 
dis que  le  vrai  Dieu  ,  l'Etre  souverainement 
parfait,  l'Etre  immense,  infini,  le  Saint  des 
Saints  n'avoit  pas  de  culte  public  en  aucun 
endroit  de  la  terre,  si  ce  n'est  dans  la  Ju- 
dée. Celte  opposition  manifeste  entre  la  lu- 
mière naturelle  de  la  raison  ,  qui  drcouvre 
et  fait  voir  distinctement  une  Providence  sa- 
ge ,  bienfaisante  ,  rémunératrice  des  bonnes 
œuvres  ,  vengeresse  des  crimes  ,  et  le  culte 
rendu  à  toutes  ces  divinités  pleines  de  dé- 
fauts ,  de  vices  ,  et  si  absurdes  ,  oflVoit  une 
preuve  des  plus  claires  de  la  fausseté  de 
ridolâtrie. 

Les  lois  de  rhumanité,  de  la  justice  efe 
de  l'honnêteté  «toient  d'un  grand  poids  chez 
les  Gealiis  ,  et  ils  n'ignoroient  pas  que  la 
Pveligion  étoit  nécessaire  aux  hommes  pour 
les  rendre  meilleiirs  ,  et  les  porter  plus  ef- 
ficacement à  la  vertu.  Celte  connoissance  , 
fondée  sur  la  lumiere  de  la  raison,  sutììsoit; 
pour  montrer  la  fausseté  d'un  culle  qui  pres- 
crivoil  des  sacriiices  où  des  hommes  égorgés 
éloient  les  victimes  qu'on  Immoluit,  des  letes 
et  des   danses    contraires   à   rbonnételé ,   et 


4o 

mille  autres  sortes  de  superstitions   et   d'in- 
iamies  (|ue  ces  mêmes  Gentils  réprouToienf 
el  qu'ils  se  gardoieut    bien    d'admettre  dans 
l'usage  et  le  commerce  de  la   vie. 

Aussi  conséquemment  s'cst-il  trouvé  par- 
mi les  Gentils  des  hommes  sensés,  qui  ont 
abandonné  la  Religion  du  peuple  ,  pour  se 
former  une  idée  plus  saine  de  la  divinité , 
cl  pour  suivre  une  morale  plus  exacte  et 
plus  sévère  :  an  lieu  que  peisonne  n'a  ja- 
mais quitté  la  Religion  {|ue  nous  protessons 
pour  se  rendre  meilleur  et  plus  religieux , 
pour  devenir  plus  juste,  plus  tempérant,  el 
honorer  Dieu  avec  plus  de  pieté  et  de  dé- 
tolion. 

Il  faut  remarquer  encore  que  quoique 
lidolâtiie  se  soit  étendue  en  certain  teuis 
par  toute  la  terre  ,  elle  ne  faisoit  pas  une 
seule  et  unique  Religion.  Il  y  avoit  chez  les 
peuples  idolâtres  autant  de  Religions  diffé- 
rentes quii  j  avoit  de  Provinces ,  de  \  iiies; 
toutes  ayant  leurs  dieux  diiVerens  qui  leur 
étoieut  propres,  et  des  rils  particuliers  pro- 
pres à  leur  pays  ;  et  1  on  scait  que  les  su- 
]}erslilions  des  uns  étoieut  odieuses  à  d'au- 
tres tjui  n 'étoieut  pas  moins  supei-sti lieux 
qu'eux.  Au  lieu  que  Ton  voit  par  la  prédi- 
caliou  de  l'Evangile  ce  dont  il  n'y  a  pas 
d  exemple  dans  liiisloire  du  monde  :  on 
▼oit  ,  dis-je  ,  se  l'ormer  chei  toutes  les  na- 
tions ,  quoique  de  j^enie  ,  de  caractères  ,  <i» 
moeurs  et   de    luix    opposées  ,    une    parlaii» 


6i 
unanimilé  <le  senliraens  pour  ce  qni  con- 
cerne le  rulie  du  vrai  Dieu  .  Créateur  cîa 
ciel  el  (le  la  Itrre.  La'pré(!i<-ation  de  I  Evan- 
gile rappelle  les  hommes  à  la  conooissance 
et  au  culte  d-.i  vrai  Dieu  ,~~et  l'on  ne  peut 
nier  que  ce  ne  soit  là  un  caractère  de  lì 
Traie  Religion.  L;i  prédication  de  l'Evangile 
a  rendu  le  culle  du  vrai  Uieu  puMic  et 
commun  à  tout  le  peuple  ,  chez  toutes  les 
nations  ,  et  le  succès  si  supérieur  aux  for 
ces  de  la  sagesse  humaine  ,  est  une  preuTô 
inconleslalde  de  la  puissance  fliri  e  qui  a 
reudue  efEcace  la  prédication  de  l'Evangile. 

Le  MahométisHie. 

Quoique  le  Mahométisme,  que  professeni 
les  Turcs,  les  Persans,  et  d'autres  peuples, 
s'étende  dans  une  grande  partie  de  ce  qui 
faisoit  anciennement  notre  hémisphère  ,  il 
ne  présente  cependant  rien  de  surnaturel  , 
ni  de  sur-humain  dans  sou  établissement  et 
ses  progrès  :  au  contraire  ,  on  trouve  dans 
Tune  tt  dans  Tautre  les  pieuses  distinctes 
de   la   fausseté   la   plus   évidente. 

Mahomet  ,  nalil  de  la  Jlecqiie  ,  ville  de 
l'Arabie  Pétrée  ,  se  mit  à  y  faire  le  rôle 
de  prophète  au  commencement  du  scpîicme 
siècle.  L'Arabie  éloit  peup'ce  de  Juifs,  de 
Chrétien»  de  dilierenies  sectes,  et  d'un  grand 
nombre  d'idolâtres  qui  n'étoient  pas  tout- 
à-fait  privés   de  i^  connoissance  d'un  Eîre 


6â 

suprême.  Le  nom  (T*Abrahanî  éloit  parmi 
eux  en  grau'le  vénération  ,  et  il-»  se  fai- 
solenl  gloire  d'eu  être  les  tlcscendatis.  lis 
avoient  retenu  l'usage  de  la  circoncision  , 
les  aliiutious  et  l'aTersion  des  animaux  qu'ils 
rcendoient  comme  immondes.  Le  temple  de 
la  i\lecqije  éfoit  très-renommé  chez  les  Ara- 
bes ;  on  y  conser^oit  une  pierre  noire  qu'ils 
crovoient  être  tombée  du  ciel  ,  et  par  une 
pure  superstition  ,  on  accouroit  de  toutes 
les  parties  de  l'Arabie  pour  honorer  cette 
pierre.  Les  Arabes  tì voient  divisés  en  tribus, 
errans  çà  et  là,  sans  demeure  fixe.  Ils  éloienl 
grossiers  et  ignorans  ,  féroces  par  caractère 
et  souTerainement  licentieux.  Mahomet,  qui 
étoit  rusé  et  hardi  jusqu  à  I  impudence  , 
s''élant  instruit  dans  ses  voyages  des  usages 
et  dos  ïiKeurs  des  autres  peuples  ,  conçu 
Tambilieux  dessein  de  Taire  une  révolution 
dans  sa  patrie  ,  de  réunir  les  Arabes  sous 
une  même  lui  pour  se  former  un  empire  , 
et  en  acquérant  chez  les  siens  l'autorité 
souveraine,  rendre  son  nom  à  jamais  célè- 
bre chez  les  autres. 

Mahomet  comprit  qu'avec  de  l'imposture, 
il  ne  lui  seroit  pas  difficile  de  reu>sir  chez 
un  peuple  aussi  grossier  et  ignorant  quéloient 
les  Arabes.  Il  usa  d  artifice  en  formant  ua 
mélange  de  Religion  accommodé  au  cara- 
etère  et  aux  mœurs  de  ces  peuples.  Il  di- 
soit  que  Dieu  avoit  envoyé  autrefois  j)!u- 
sieurs  prophètes  pour  iaslruire  les  hommes  j 


63 
il  nommoît  entr'aufres  Abrakam  el  jloïse  , 
pour  lesquels  les  Juifs  aroieiit  de  l.i  réaé- 
ration  ,  et  quelsques-uns  ([ui  a'étoient  con- 
nus que  des  Arabes  ;  qu'ensuite  Dieu  avort 
envoyé  Jesus-Cbrist  le  plus  grand  de  tous, 
qui  etoit  ne  par  miracle»  ,  que  ce  étoit  le 
Messie  ,  le  Verbe  de  Dieu.  11  ajoutoit  que 
les  Juifs  et  les  Cliréliens  ayant  corrompu 
les  Ecritures  ,  Dieu  avoit  en  dernier  lieu 
enToyé  Mahomet  pour  instruire  les  Arabes. 
Il  enseigna  que  l'on  devoit  adorer  un  seul 
Dieu  ,  et  reconnoître  Mahomet  pour  son 
Prophète  ,  eroire  un  Paradis  ,  rempli  de 
délices  et  de  voluptés  sensuelles.  Il  prescri- 
voit  des  ablutions  et  des  jeûnes  ,  Tabslinence 
de  certaines  vian^les  ,  la  prière  à  des  tems 
marqués  ;  permit  la  pluralité  des  femmes  , 
el  recommanda  le  pèlerinage  de  la  Mecque, 
pour  TÎsiler  ce  terapie  pour  lequel  les  Ara- 
bes avoient  tant  de  Ténération.  Il  feignit 
que  Dieu  se  commimiquoit  à  lui  par  len- 
Iremise  de  TAnge  Gabriel  ,  et  au  moyen 
de  ces  arlihcieu'^es  impostures,  il  réussit  à 
se  donner  un  certain  nombre  de  Disciples. 
Il  répondoit  à  ceux  qui  lui  demandoient 
des  miracles  poHr  prouver  sa  nais'-ion  ,  qu'il 
étoit  envoyé  pour  prêcher  la  parole  de  Dieu, 
et  que  Dieu  avoit  déjà  fait  assez  de  mira- 
cles par  Moïse  et  par  Jeius-Christ.  Dés  qu'il 
se  vil  à  la  tête  dun  parti  un  peu  nom- 
breux ,  à  la  place  des  miracles  il  employa 
ia  force  et  les  armes ,  eiboxtaiit  tous  ceus 


qui  le  snivoiont  à  iripllre  Vépce  à  la  main 
pour  sa  Pie!i;^iou  .  prouieltint  !e  Paradis 
ceux  qui  mourroient  en  conihattanl  pouf 
elle  ,  et  proposant  comme  une  œuvre  sou- 
Teraiuement  mériloire  de  tuer  les  Infidèles. 
Il  parvint  de  cette  maniòre  à  subju^jner  les 
Arabes  qui  étoient  divisés  en  différentes  tri- 
bus ,  et  par  le  moyen  des  Arabes,  lui  el  ses 
successeurs  portèrent  leur  loi  les  armes  à  la 
main  chez   les  autres  nations. 

On  Toit  déjà    clairement    par    ce    qne    je 
Tiens  de  dire  ,    que    rétablissement    et    les 
progrès  du   Mahomélisnie  ne  présente  aucun 
caractère   d'une  oeuvre    sur-humaine  ;    qu'il 
ne  paroît  rien  en  cela   que  ne  pût  exécuter 
un    homme  rusé     et    entreprenant    dans    les 
circonstances  où  s'est  trouvé  Mahomet.  Les 
Arabes  éloieut  ignorans,  féroces  et  dissolus, 
Mahomet  promit  un   Paradis    fout    sensuel  , 
et  permit  la   pluralité    des    femmes.    Il    ac- 
commoda  les  rits   de   sa    Religion   aux  tradi- 
tions des  peuples  ;    gagna  à  force    d'impos- 
tures,  la  confiance  dun  certain  nombre  de 
Disciples  ;  arma  ensuite  contre  eux  ceux  qui 
▼oulurent  lui  résister  ,    et  les    soumit    avec 
d'autant  plus  de   faciiilé  ,  qu'ils  éloient  di- 
visés ;   et  les  avant  réunis  sous  ses  étendards, 
il  étendit  sa   Religion  dans    les    autres  pays 
par  la   terreur  de  ses  armes.  Ce  uest  donc, 
comme  on   le   voit  ,   cpi"uue  œuvre  puremrnt 
humaine.   Mais  la    Religion  chrétienne   pres- 
ei'ivoil  une  honuélclé  de  moeurs  tres-sevcre. 


65 
ses  dojnnes  et  ses  maximes  éloienl  entiére- 
ment  opposées  aux  traditions  et  aux.  opi- 
nions des  Gentils  ,  et  cependant  elle  gagna 
•u  trés-peu  de  tems  un  nombre  innombra- 
ble de  prosélytes  de  toutes  les  nations  po- 
licées et  barbares  ,  et  cela  non  par  la  force 
«t  avec  tout  ce  que  les  hommes  peuvent 
employer  de  puissance,  n©n  avec  des  trou- 
pes vaillantes  et  v^ictorieuses  ,  mais  par  la 
pauvreté  ,  la  constance  et  la  patience  dans 
les  tourniens  de  quelques  pauvres  pêcheurs, 
sans  armes  ,  ni  détt-nse  qui  la  préchoient. 
Ce  n'est  pas  là  certainement  une  œuvre  de 
la  main  des  hommes  ,  puisque  ,  humaine- 
ment parlant  ,  il  n  étoit  pas  possi!)le  que 
l'Evangile  prêché  par  quelques  pécheurs  , 
résistât  aux  lorces  de  tant  Je  Puissances 
conjurées   pour  Tanéanlir. 

Mais  de  plus  ,  le  Mahométîsme  présente 
des  preuves  démonstratives  d'une  fausseté 
évidente,  i  .'^  Mahomet  voulant  montrer  dans 
son  Alcoran,  qui  est  le  livre  de  sa  loi,  un 
cai-actère  de  vérité  qui  puisse  le  rendre 
croyable  et  gagner  la  contrance,  dit:  Qiiil 
est  la  vérité  ,  f/ui  conjirme  ce  qui  est  con- 
tenu dans  les  Livres  des  Juifs.  II  devoit 
parler  ainsi  sans  doute,  dès  qu'il  se  faisoit 
gloire  de  vouloir  rétablir  lancienne  Reli- 
gion des  Patriarches.  Or  il  est  trés-évidem- 
meut  faux  que  l'Alcoran  soit  la  vérité  qui 
confirme  ce  qui  est  dans  les  Livres  des  Juifs. 
Tout  dans  les  Livres  des   Juifs    et    dans  la 


«6 

Jleli^îon  (les  Patriarches  se  rapporte  à  ua 
Messie  ,  qui  devoit  .ippelItT  toutes  1rs  na-^ 
lions  à  la  conuoissancii  du  Dieu  d  Israël  , 
cl  ce  Messie  venu  ,  le  sacrifice  aucieu  de- 
Toit  cesser  pour  être  reinplacé  par  un  sa- 
crifice nouveau;  sacrifice  Ires-pur ,  qui  do- 
▼oit  che  oîi'ert  en  toni  lieu,  au  uooj  et  en 
I  honneur  «hi  vrai  Dieu  ,  f^t  il  y  a-oif.  plus 
fie  six  siècles  qu'on  eu  »oyoit  i  accomplis- 
sement pnr  la  prédication  de  TEvangile.  C'est 
dono  rKvangile  et  non  TAIcoran  qui  est  lit 
▼élite  ,  qui  confinile  ce  qui  est  dit  dans  les 
Livres   des  Juiis. 

a.**  LAlcoran  contient  quanlilé  d'erreurs 
manifestes  et  palpables:  par  exemple,  en 
confondant  Marie  soeur  d*  \aroa  ,  avec  31a- 
rie  mere  de  Jesu"^- Christ  :  c'est  encore  une 
eireiir  manifeste  de  dire  que  les  Juifs  et  les_ 
Gbrétiens  avoien»  gàlé  les  Ecri tu les  ,  com - 
me  si  les  Juifs  n»oienl  pu  s'accoiiier  aufre- 
foîs  avec  les  SiunaritaJns  pour  corrompre  le 
Pcnialeu(|ue  ,  et  ensuite  avec  les  Chiëtiecs 
pour  altérer  les  Ecriîures  qui  sont  commu- 
nes aux   uns  et  ans.  autres. 

3.°  L'Alcoiars  contient  les  erreurs  les  plus 
absurdes  coulre  la  irtorale  et  le  culte  de 
Dieu.  Il  permet  un  culte  idolatre  et  supers- 
titieux (jue  les  \rahes  éioient  en  usage  de 
prati(]uer  d ms  Us  moii{;)gncs  \ralat  et  M  u- 
va.  'Il  excuse  de  péciié  le  rei.'ieaient  de  Dieu 
par  la  crainte  de  la  mort  ;  il  excuse  (larcil- 
l^Bàenl  la  Tengeaace  entre  particuliers,  pourvu 


qu'elle  n'excède  pas  l'injure  reçue.  Il  dit 
que  Dieu  ne  punira  pas  les  jureaiens  pro- 
férés inconsifieré'nenf.  Il  permet  enlre  les 
personnes  niarlres  des  choses  qsii  blessent 
Ihonnétete  et  atlribiie  aux  Haitres  un  pou- 
Toir  infâme  sur  les  personnes  du  sfxe  qui 
sont  leurs  esclave^.  Il  promet  que  Dieu  sera 
indul^^eiit  pour  ceiles  qui  étant  forcées  par 
leurs  Plaines  auront  fait  un  gain  honteux 
en  y  consentant  ,  choses  toutes  conformes  à 
l'idée  î»a>;se  et  avilissante  qu'il  donne  da 
Paradis  où  ,  selon  lui  ,  c'est  leNcès  des 
plaisirs  sensuels  ,  non  la  lumiere  pure  de 
la  vérité  ,  non  le  parfait  amour  du  bien  ^ 
no  la  jouissance  et  la  pf)ssession  de  Dica 
qui   doivent   faire    la   téli-ilé   de   Thomme. 

4.°  Mahomet  confesse  que  Jesus  est  le 
Messie  et  le  Verbe  de  Dieu  :  or  Jesus-Cbri"*! 
a  fondé  une  Eglise  où  la  vérité  devoil  être 
enseignée  jusqu  à  la  consommation  des  sié- 
cies.  Il  s'ensuit  que  la  confiance  que  les 
Mabométans  font  profession  d'avoir  en  leur 
Prophète  les  conduit  à  lui  refuser  toute 
croyance  ,  puisque  sii  a  dit  la  vériîé  eu 
assurat^t  que  Jesus  est  le  Messie  et  le  Verbs 
de  Dieu,  il  a  avancé  une  fausseté  en  sou- 
tenant que  la  vérité  est  altérée  et  corrom- 
pue dans  cette  Eglise  à  la  quelle  Jesus-Christ 
a  Dromis  sou  assistance  jusqu'à  la  fin  du 
momie:  au  contraire  la  Religion  de  Mabo- 
met  porte  arec  elle  le  principe  de  sa  pro- 
pre destruc  liou. 


61 

Le  Judaismìr, 

Le  Judaïsme  fat  une  Religion  divine  dams 
son  origine  ;  mais  tout  s'y  rapportoit  au 
Messie  promis  ,  prédit  et  figuré  en  tant  de 
Boaniéres  dans  l'ancien  Testament.  Nous 
avons  TU  que  toutes  ces  prophéties  ont  eu 
leur  accomplissement  de  la  manière  la  plus 
claire  en  la  personne  de  Jesns-Chrisl  ;  d'où 
il  résulte  une  étroite  obligation  pour  les 
Juifs  d'aujourd'hui,  en  tertu  de  leurs  pro- 
pres oracles  ,  d'en  examiner  la  vérité  ;  et 
â  ce  sujet  il  est  à  projjos  de  se  rappeller 
sommairemeut  doux  choses  ;  Tune  que  le 
Messie  devoit  appeller  toutes  les  nations  à  la, 
connoissance  du  Dieu  d'Istraël  ;  l'autre  , 
que  ravénement  du  Messie  devoit  être  sui- 
>i  de  la  désolation  des  Juifs,  et  de  la  ces- 
sation totale  du  culte  judaïque.  Or  après 
l'avénemeut  de  Jesus-Christ ,  la  nation  Juive 
fut  dispersée  ,  le  temple  détruit,  et  l'an- 
cien sacrifice  aboli.  Les  plus  anciens  Rab- 
bins ,  cités  par  M.  Bossuet  ,  ont  reconnu 
que  la  cessation  de  l'autorité  suprême  ,  ar- 
rivée au  tems  où  vivoit  Jcsus-Christ  ,  éloit 
un  signe  très-certain  de  l'avéncment  du 
Messie.  Par  conséquent  la  loi  même  de 
Moïse  et  les  divines  Ecritures  que  les  Juifs 
d'aujourd'hui  ont  en  vénération  ,  leur  of- 
frent des  preuves  assez  certaines  pour  leur 
donner  lieu  de  revenir  de  leur  endurcisse- 
ment opiniâtre  ,  et  de  raveuglement  dans 
lequel  ils  persisloient. 


L'Eglise  Grecque  Scbismatique. 

Venons  maintenant  aux  Grecs  sclûsmali- 
«jues  :  il  est  certain  qu'au  qualiiéme  siècle, 
lorsque  sous  l'Empereur  Julien  la  Religion 
Chrétienne  fut  justifiée,  comme  je  l'ai  dit, 
par  le  merveilleux  téaioignagne  qui  l'ut  ren- 
du en  faveur  de  sa  perpétuité  ,  les  Orien- 
taux étoient  unis  aux  Latins  par  la  profes- 
sion d'une  même  foi;  ce  ne  fut  quensuile 
qu'arriva  la  séparation  de  l'Eglise  Greeque 
de  la  Latine  ,  dont  l'entreprise  de  Michel 
Cérulaire  fut  la  principale  cause. 

Il  est  aisé  d'reconnoitre  dans  cette  sépa- 
ration le  caractère  du  schisme  et  de  1  erreur 
qui  se   trouve  du  côté  des  Grecs. 

La  perpétuité  de  la  durée  d'une  seule 
Eglise  Catholique  et  xVpostoJique  est  cons- 
tatée par  le  symbole  qu'ont  retenu  les  mê- 
mes Grecs  ,  où  est  contenue  la  croyance  à 
l'Eglise,  (i)  comme  étant  L^ue  ,  Sainte, 
Catholique  et  Apostolique  ;  et  comme  le 
symbole  ne  peat  errer  en  aucun  tems,elle 
ne  peut  donc  pas  périr  cette  Eglise  qui  est 
Une  ,  Sainte  ,  Catholique  et  Apostolique  , 
que  Ton  fait  profession  de  croire  dans  le 
symbole. 

Celte  Eglise  existoit  avant  la  séparatioa, 


(i)  In   Unam  ,  Sanclam  ,    CathoUcam  el 
jipostoUcam  Ecclesiam . 


7»  .     .         , 

et  les  Grecs  en  rcconnoissoient  Taulorîtc  ; 

c'est  un  fait  distujcl. 

Llle  a  donc  dû  se  conserver  depuis  la 
!=éparation  ,  ou  chez  les  Latins  ou  chez  les 
Grecs  :  or  ,  quand  les  Grecs  se  séparèrent 
des  Latins  ,  IKglise  Latine  ne  changea  en 
ourune  maniere  ;  elle  demeura  la  même 
quant  au  dogme  et  à  sa  discipline  ,  à  ses 
rits  qu  elle  étoit  avant  le  schisme.  Or  les 
Grecs  ne  peuvent  disconvenir  qu  avant  celte 
funeste  sépaialion  .  la  vëritaMe  Religion  de 
Jesus-Christ  exisioil  dans  l'Eglise  Latine  ; 
fiuisfjuantrement  eli/  ne  se  seroit  pas  trou- 
vée dans  rKglise  Grecque  qui  étoit  unie 
avec  les  Latins  par  la  profession  d'une  mè- 
Bae  foi.  Si  donc  TEglise  Latine  a  été  la 
Traie  Eglise  arant  la  séparation  ,  il  est  évi- 
dent qu'elle  a  continué  et  n'a  pas  cessé  de 
Tetre  ;  étant  vrai  que  la  séparation  des 
Grecs  n'y  a  apporté  aucun   changement. 

Au  contraire  il  s'est  fait  de  leur  côté  un 
olia'igement  irès-notaMe  en  ce  qu'ils  ont 
renoncé  à  la  Communion  avec  le  siège  de 
Pierre  ,  que  leurs  Pères  avoient  toujours 
honoré  comme  la  premiere  de  toutes  les 
Es'ises,  et  comme  le  centre  de  l'unité  Ca- 
tholique.  Les  schismatiques  modernes  recon- 
uolssenl  l'auiorité  «le  sept  premiers  Conciles 
généraux  ,  et  ne  jreuvent  nier  que  la  pri- 
mauté du  siège  de  saint  Pierre  n  y  ait  été 
^olemaeliemcul  reconuue,  et  Bon-seuleoicnt 


7' 
^ans    Ics    premiers  ,    mais  cncorp  dans    les 

derniers  et   les  plus  voisins  flu  schisme. 

Ainsi  les  Grei  s  en  se  séparant  îles  Latins, 
se  sont  écartés  de  la  Toie  que  leurs  Pères 
aToient  suivie  ,  que  leur  aToient  tracée  les 
Atbanase  ,  les  Chrysoslnme,  qui  honoroient 
loujours  dans  le  siège  de  Rome  la  [)rimanlé 
de  saint  Pierre.  C'est  donc  chez  eux  qu  ii 
y  eut  du  changement  ,  et  on  pourra  toujours 
leur  dire:  \os  Pères  pep.datit  le  cours  de 
neuf  cens  ans  ont  cru  la  primante  de  Pierre^, 
et  TOUS  ne  la  croyez  pas  aujourd'hui  ;  et 
c'est  par  ce  même  changement  qu'ils  ces- 
sèrent d'appartenir  à  la  véritable  Eglise  de 
Jesus-Christ  qui  doit  être  toujours  une  .  et 
toujours  la  même  par  la  mémo  prolessioa. 
du   symbole. 

Ainsi  celle  Kglise  scliismatitjue  a  encore 
perdu  le  caractère  de  Catholique,  exprimée 
daus  le  symbole  ,  et  qu'il  est  visible  que 
les  Latins  ont  retenu.  Le  schi'^me  est  res- 
treint à  quelques  pailies  de  l'Orient  ,  en- 
core y  a-t-il  plusiruis  EgIis^'s  Grecques  et 
Orientales  qui  persévèrent  à  être  unies  de 
Communion  avre  PEglise  Latine ,  el  con- 
courent à  former  avec  elle  une  seule  et 
même  Eglise  répandue  da'rs   foute  la    terre. 

I>es  Schisnialiqiies  modernes  ont  de  la 
Téneralion  ponr  les  Solnls  Pères  de  la  pri- 
mitive Egljse  ,  t'ut  Giecque  que  Latiiie  : 
©r  ces  Saints  ont  reconnu  unanimfn.enl  la 
primauté  du  sieje  de  Rome  j  donc  il  res^ 


7*  .  ^    .        . 

dans  la   cîoctiine    <îes   Schisma  tiques    mêmes 

un  principe  qui  les  rappelle  à  riinité  et  à 
la  catbolicité,  dont  leurs  Pères  ont  fait  cons- 
tammenl  profession  en  conserTant  la  subor- 
dination, selon  l'ordre  de  la  hiérarchie,  a» 
successeur  du  Prince  des  Apôtres. 

Des  Novateurs. 

Ces  raisonnemeos  peuvent  élre  encore 
«lieux  employés  à  Tégard  des  Luthériens  , 
des  Calvinistes  ,  des  Zuingliens  et  de  tant 
d'autres  hérétiques  et  de  sectaires  sans  fin. 

Luther,  Calvin,  et  les  autres  chefs  des 
difierentes  sectes  ,  ont  innové  dans  la  doc- 
trine qu'ils  avoient  sucée  avec  le  lait  dans 
LEglise.  Ils  ont  rejette  beaucoup  d'articles 
de  la  doctrine  chrétienne  que  l'Egìise  en- 
seignoil  universellement.  Si  ces  articles  eussent 
été  des  erreurs  ,  comme  ils  le  prétendent  , 
lassistance  du  Saint-Esprit  auroit  manqué  à 
lEglise  avant  la  consommation  des  siècles  ; 
le  tems  seroit  venu  auquel  les  fidèles  n"au 
roicnt  pas  dû  en  entendre  la  voix  ,  ce  qui 
est  manifestement  contre  la  promesse  et  1« 
précepte  de  Jesus-Chrisl. 

Luther,  Calvin,  Zuingle  et  les  autres  sec- 
taires ,  ont  varié  continuellement  dans  leur 
doctrine ,  et  cette  manière  de  varier  sans 
cesse  a  passé  à  leurs  sectateurs  ,  chose  ma- 
nifestement contraire  à  linslitution  de  l'Eglise 
de   Jesus-Cbrist  .    où   la    vérité    devoit    élre 


7^ 
jiennanente  el  înalléiable  comme   un    depô* 

cjui  lui  étoit  confié  pour  être  invariablemenfc 
{i)  conservé,  et  pour  la  conservation  duquel 
Tassistance  du  Saint-Esprit  lui  avoit  été  pro- 
mise jusqu'à  la  fin  du  monde. 

Ces  ?{ovateurs  .  en  séloignanl  de  rensei- 
gnement de  l'Eglise ,  sont  tombés  dans  des 
erreurs  palpables  et  manifestement  injurieu- 
ses à  la  sainteté  de  Dieu.  Ils  ont  dit  que 
Dieu  pousse  au  péché  et  qu'il  le  veut;  quii 
n'est  pas  moins  auteur  de  la  trahison  de 
Judas  que  de  la  pénitence  de  saint  Pierre;, 
que  les  œuvres  qui  sont  bonnes  de  leur  na- 
Uire  ,  de  quelque  manière  qu'elles  soient 
faites,  sont  des  péchés  devant  Dieu  en  ceux 
qui  ne  sont  pas  régénérés;  et  d'autres  prin- 
cipes aussi  horribles  par  lesquels  on  peut 
juger  de  leur  doctrine  ,  comme  on  connoît 
la  nature  d"une  plante  au  iVuit  qu'elle  pro- 
duit. 

En  Tain  se  rejetlent-ils  s>ir  les  abus  qu'ils 
«lisent  s'être  introduits  dans  l'Eglise,  ce  n'est 
qu'un  prétexte  frivole.  Jesus-Christ  a  prédit 
qu'il  s'éleveroit  des  scandales  et  des  abus 
parmi  les  fidèles  ,  et  cependant  il  n'a  pas 
laissé  de  recommander  aux  fidèles  de  demeu- 
rer unis  à  l'Eglise,  supposant  bien  qu'il  peut 
arriver  que  par  un  eflet  de  la  foiblesse  hu- 
maine il  y  ait  des   abus    qui    soient    tolérés 


(i)   ir.  «è   Tim.   1  ,   ijz  ,   ii 


par  ceilaïus  Pasteurs  ,    mais    non    pas   qu'il 
soil  possible  que  Tliglise,  toujours  souleuue 
j)ar  l'assistance  du  Saint-Esprit ,  erre  jamais 
flans    sou   enseignement ,    dans    sa    doctrine. 
Ivejettaut  Taulorité  de  l'Eglise  ,    ils   veulent 
que  tout    se    décide  par  le  texte  même  des 
Ecritures;  ]>uis  ils  laissent  la  liberté  à  cha- 
cun de  concentrer  TEglise  en  lui    seul  ,    en 
donnant  à  chacun    le    pouvoir    d  interpréter 
les  Ecritures  selon  son  senlinieut  parliculie;". 
On  verra  paT  les  réflexions  suivantes    s'il 
y  a  de  la  i-aison  dans  un  tel  principe.  Saint 
4i)  Pierre  dit  clairem-ent    que    l'Ecriture  ne 
doit  pas  s'expli{[uer    par    une   interprétation 
particjiltere  -,     et  en  j)arlaut    des    Ejùtres  de 
saint  Paul,   il   observe  qu'il  s'y  rencontre  des 
endroits  difilciles  à  entendre,   que  des  hom- 
mes igaorans  et  légers  détournent  aussi-l^ien 
<^ue  les  autres  Ecritures   à   de  mauvais  sens 
pour  leur  propre  perte. 

11  est  démontre  par  l'exemple  des  Nova- 
teurs mêmes  ,  que  rien  n'est  j)lus  faux  que 
la  )égle  de  l'esprit  particulier.  Ils  n'ont  ja- 
jnais  pu  s'accoider  entr'eux  sur  le  sens  dans 
lequel  on  doit  entendre  les  Ecritures,  mè- 
ïue  sur  les  points  de  leur  confession  les  plus 
t  sicnliels  ,  tels  que  sont  ceux  qui  regardent 
îe  mvstere  de  la  Trinité  ,  la  divinité  de  .le- 
feus-Chrisl ,    le    Sacrement    de  l'Eucharistie, 


(j)   M.  Pier    l.  20. 


75 
l'éternité  des  peines,  etc.  C'est  pourquoi  on 
peut  dire  qu'ils  sont  divisés  en  autant  de 
sectes  qu'il  y  a  de  têles.  Saint  Paul  pensant 
Lieu  différemnieJit  (i)  ,  recommande  l'una- 
nimité de  sentimens  dans  une  même  régte 
de  foi  ,  comme  faisant  un  caractère  propre 
à  la   profession   du  christianisme. 

Introduire  l'esprit  particulier,  c'est  ôter 
absolument  celte  unanimité.  Si  un  Législa- 
teur pour  fonder  un  Etat ,  formoit  un  corps 
de  loix  ,  et  se  conlentoit  ensuite  de  les  pu- 
blier ,  laissant  à  tout  le  monde ,  jusqu'au 
dernier  homme  du  peuple  à  les  entendre  à 
sa  façon  et  à  son  gré  ,  il  est  visible  qu« 
chacun  tourneroit  la  loi  à  son  avantage  et 
à  sa  fantaisie  ,  et  qu'au  lieu  de  l'harmonie 
d'une  bonne  intelligence  que  voudroit  éta- 
blir le  Législateur  ,  oji  y  verroit  régner  la 
discorde   et  la  confusion  la  plus  horrible. 

Tel  est  à  la  lettre  le  sj  stéme  que  les  No- 
Tateurs  ont  introduit  dans  la  religion.  Pour 
avoir  donné  à  chacun  le  droit  d'interpréter 
chacun  les  Ecritures  à  son  gré ,  ils  se  sont 
divisés  sur  tous  les  articles  de  la  Religion , 
Ton  peut  assurer  nettement  que ,  s'ils  vou- 
loient  s'assembler  aujourd'hui  pour  former 
une  profession  de  foi ,  il  leur  seroit  impos- 
sible de  s'accorder  pleinement  sur  ce  point- 
ci  ,    que  Jesus-Christ  est    le    Messie  ;    j>oJut 


(i)    I,  aux  Cor.   1. 


70 

que  Mahomet   niûme    a    coniessé    Jans    son 
Alcoran.  ^  * 

II  arrive  de-Ià  qu'aucun  des  iSo  va  leurs  'iié 
peut  prendre  confiance  en  aucune  ÌHstruclion 
de  ses  Minisires  ,  sa  religion  même  l'oblige 
à  s'en   défier,  parce  qu'ils  ont  pour  maxime 

?[ue  non-seulement  un  Ministre  en  partica- 
ier  ,  mais  toute  assemblée  des  Ministres  est 
sujette  à  errer  ,  et  que  le  chrétien  seul  est 
juge  compétent  du  sens  dans  lequel  doit; 
être  entendue  l'Ecriture.  C'est  pourquoi  pour 
s'assurer  de  ce  qui  doit  faire  l'objet  de  leur 
eroyance ,  ils  devroient  tous ,  jusqu'à  ceux 
du  plus  bas  peuple  et  aux  artisans  ,  lire 
les  Ecritures  ,  non-seulcmeul  dans  les  ver- 
sions courantes,  mais  dans  les  textes  mêmes 
originaux.  Il  ne  suffit  pas  pour  lever  cette 
difficulté  ,  de  répondre  que  les  articles  fon- 
damentaux sont  clairs  pour  tout  le  monde  , 
d'autant  qu'il  est  faux  ,  en  premier  li«u  , 
(pi'ils  aient  jamais  pu  convenir  tous  parfai- 
tement sur  la  maniere  de  fixer  ces  articles; 
et  en  second  lieu  ,  il  ne  faudroit  pas  moins 
malgré  cela  que  chaque  particulier ,  en  verta 
de  leurs  principes  ,  examinât  et  discutât 
d'après  une  étuie  profonde  de  l'Ecriture 
quels  sont  ces  articles  fondamentaux,  et  s'il 
n'y  en  a  pas  plus  ou  moins  que  ceux  qui 
ont  fait  tant  de  fois  le  sujet  des  disputes 
de  leurs  Docteurs. 

Ainsi  la  Rf  ligion  des  Prolestans  renferme 
un  principe  interne  de  destruction:  puisque 


J7 
tout  homme  qui  y  est  élevé,  doit  par  prin- 
cipe rie  religion  douter  de  tout  ce  qui  lui 
est  enseigné,  et  qu'il  est  obligé,  pour  s'as- 
surer., de, sa  croyance  :  de  faire,  un  examea, 
impossible  à  la  plus  grande  partie  des  hom- 
mes. La  condition  des  filéles  dans  les  pre- 
miers tems  de  rétablissement  de  TEglise  , 
fat  bien  diflerenle  ,  comme  on  îe  voit  par 
le  Concile  de  Jérusalem  ,  dont  la  décision 
lut  proposée  avec  autorité  comme  Toracîe 
du  Saint-Esprit.  Eu  vertu  de  ce  principe  , 
le  catholique  n'a  jamais  lieu  d'hésiter  et 
d^avoir  de  l'inquiélude ,  sur  sa  croyance, 
étant  toujours  assuré  par  Tautorilé  de  rEgli- 
se  ,  à  qui  l'assistance  du  même  Esprit  divin 
a  été  promise  pour  tous  les  siècles  à  venir. 

Kéflexions  sûres  contre  lesNovateurs  en  particuliers. 

Pour  faire  voir  plus  distinctement  combien 
s'abusent  ceux  qui  ,  en  rejettant  Tautorité 
de  l'Eglise,,  recourrent  aux  Ecritures  pour 
juger  par  leurs  propres  lumières  des  dispu- 
tes qui  s'élèvent  sur  les  matières  de  la  foi  , 
je  vais  exposer  quebjues  principes,  dont  la 
vérité  et  la  certitude  ne  peuvent  être  con- 
testées par  qui  que  ce  soit  qui  veuille  pro- 
céder avec  droiture  et  avec  sincérité. 

Conséquemment ,  j'établis  comme  certai- 
nes et  indubitables  ,  les  propositions  sui- 
Tantes  ; 

Que  rEglise  de  Jesus  Christ  existoit  avant 


que  fût  écrit  aucun  Livre  du  îVuoTcau  Tes- 
tament, 

Que  l«s  Apôtres  cboisis  par  Jesus-Chrisf, 
et  îes  Pasteurs  établis  successivement  par 
les  Apôtres  (i)  ,  excrçoienl  le  ministère  de 
la  prédication  et  de  renseignement,  la  dis- 
pensalion  des  divins  Mystères,  et  la  puis- 
sance de  remettre  les  péchés:  que.  par  con- 
séquent dans  les  premiers  tems  ,  '  et  avant 
que  le  Nouveau  Testament  fût  écrit,  c'étoit 
en  vertu  de  la  puissance  ,  et  par  rautorité 
qu'ils  tenoient  de  Jesus-Christ  qu'il  eusei- 
gnoient  ,  dispensoient  les  divins  Mystères , 
remettoient  ou  retencient  les  péchés. 

Que  les  Auteurs  inspirés  de  Dieu  ,  qui 
ont  éerit  successivement  les  Livres  qui  com- 
posent le  Nouveau  Testament,  ne  les  ont 
pas  écrits  pour  donner  atteinte  à  la  consti- 
tulion  primitive  de  l'Eglise  fondée  par  Je- 
sus-Christ, qu'ils  n'ont  ôté  en  aucune  ma- 
niere aux  Pasteurs  rautorité  de  l'enseigne- 
ment, et  n'ont  point  dispensé  les  fidèles  de 
l'obligation  de  les  entendre  :  au  contraire  , 
même  l'une  et  l'autre  sont  clairement  énon- 
cées et  confirmées  en  plusieurs  endroits  de 
l'Ancien  Testament.  Outre  cela  ,  nous  sça- 
Tons  que  ces  Livres  se  lisoient  publiquement 
dans  les  Eglises  ,  les  Pasteurs  y  présidant  , 
et  que  la  lecture  qui  s'en  faisoit  au  peuple. 


(i)  Act.' c,   16,4,  c.  20, 


ëloit  accompagnée  d  une  mslruction  et  de 
renseignement  de  ces  mêmes  Pasteurs  qui 
en  donnoient  l'explication.  On  entend  en- 
core par- là  ,  comme  le  disoit  saint  Pierre  , 
que  l'interprétation  de  lEcrifure  ne  doit 
j>as  se  faire  par  la  voie  de  Tesprit  parti'cu- 
lier  ,  et  comment  les  choses  difficiles  à  en- 
tendre dans  les  Epîtres  de  saint  Paul,  que 
des  hommes  inconsidérés  tournoient  à  lerr 
perte  en  les  interprétant  à  leur  gré  ,  fai- 
soient  dans  lEglise  le  sujet  d'une  très-grande 
édification  ,  élant  annoncées  et  expliquées 
aux  fidèles  par  l'enseignement  et  l'autorité 
des  Pasteurs.  Ce  qui  lait  toît  que  dés  ces- 
premiers  tems  ,  l'autorité  nécessaire  pour  in- 
terpréter les  Ecritures  faisoit  partie  de  l'en-^ 
geignement  que  J.  C.  avoit  attribué  aux. 
Pasteurs. 

11  est  donc  évident  que  quand  les  Livres 
dn  Nouveau  Testament,  ont  été  écrits  et 
adressés  aux  fidèles,,  on  ne  kur  a  pas  dit: 
Prenez  ces  Livres,  lisez-les  ,.  et-  entendez- 
les  à  votre  gré  ;^  mais  recevez  ces  Livres 
que  l'Eglise  vous  présente  ^  et  écoutez-la 
comme  vous  avez  fait  jurrju'à  présent  ,  atia 
de  les  entendre  sainement  pour  votre  ins» 
sft-uction  et  votre  avantage  spirituel.. 

Il  est  certain  que  l'autorité  du  minisfèrç 
que  Je.eus-Christ  a  donné  à  ses  Apôtres  ai 
été  transmise  par  eux  ,  et  communiquée  aux. 
autres  Pasteurs  ^  comme  de  saint  Paul  as 
Timotliée  et  à  Tite  par  au  rit    de    coivsé=- 


8o 

ciatîon,  qu'flm  a  appelle  imposition  des  mains 
et  ordination.  Il  est  certain  que  ces  Pasteurs 
étoient  très-étroitement  unis  parle  lien  d'une 
même  communion  sous  un  premier  Pasteur 
qui  fut  saint  Pierre,  selon  qu'il  est  nommé 
très-distinctement  dans  1  Evangile. 

Timothée  et  Tite,  étant  étaiolis  Pasteurs 
par  rimposition  des  mains,  recurent  alors, 
et  non  auparavant ,  le  pouvoir  d'ordonner 
d'autres  Pasteurs  ,  comme  on  le  voit  par 
les  régies  mêmes  que  saint  Paul  leur  pres- 
crivit à  ce  sujet. 

C'est  pourquoi  dans  l'institution  de  la 
primitive  Eglise,  les  assemblées  des  simples 
IJdéles  ne  s''arrogèrent  jamais  l'autorité  du 
ministère  apostolique.  Jesus-Christ  la  conféra 
aux  Apôtres  ,  les  Apôtres  la  communiquè- 
rent aux.  Ministres  qu'ils  établirent  par  le 
Tît  sacré  de  l'ordination  ,  et  ceux-ci  aux 
autres  successivement  :  ainsi  se  fit  dès  le 
commencement,  et  non  autrement,  la  pro- 
pagation du  ministère  apostolique ,  et  tel  il 
doit  durer,  en  vertu  de  l'assistance  promise 
par  Jesus-Cbrisi  jusqu'à  la  fin  du   monde. 

Il  s'ensuit  clairement  de-là  que  l'ensei- 
gnement auquel  est  jointe  la  conservation 
du  dépôt  de  la  foi ,  et  la  dispensation  <fes 
divers  Mystères ,  sont  des  choses  unies  au 
ministère  apostolique  par  l'état  même  cons- 
titutif de  l'Eglise  ,  pour  y  être  conscrvées^ 
ftt  perpétuées  au  moyen  de  la  perpétuité 
(lu  sacerdoce. 


La  perpetuile  ctu  sacerdoce  avec  le  mé:ue 
ril  ,  par  ieijuel  il  fut  comQiunlqMé  des  le 
taras  lies  Apôtres  ,  est  claire  el  constante 
dans  lEglise  Calliolluue  jusqu'à  noire  tem-i, 
aussi-bien  que  la  perpetuile  de  ru.ûua  pri- 
iuiti\e  de  toutes  les  Eglises  sous  un  Chef 
visible  :  donc  ,  ce  n'est  que  chez  elle  que 
s'est  pus  perpétuer  ,  en  vertu  de  sa  pre- 
Biiere  in^tituliou  ,  l'autorité  de  renseigne- 
ment, la  conservation  du  dépôt  de  la  loi,  et 
la  légitime  dispensa tion  des  divins  Mystères. 

La  continuation  du  sacerdoce  s'est  rom- 
pue chez  les  Protestans  ,  c'est  pourquoi  II 
n'est  pas  étonnant  que  la  succession  apos- 
tolique se  soit  perdue  chez  eux  ,  et  que  le 
dépôt  de  la  foi  ,  qui  est  le  lien  de  com- 
munion, ne  s'y  trouve  plus,  et  que  s'étant 
éloignés  de  TEgUse  ,  qui  est  la  colonne  de 
la  vérité  ,  ils  se  soient  laissés  emporter  à 
tout  vent  de  doctrine  ,  comme  il  paroit  par 
leurs  changeraens  perpétuels  et  leurs  varia- 
tions sans  fia  dans  leurs  euseignemens,  leurs 
principes. 

Il  faut  conclure  de-là  que  le  pouvoir  de 
remellre  les  péchés  n"a  pu  leur  demeurer 
Bon  plus  ,  puisqu'il  a  été  attaché  pas  Jesus- 
Christ  même  au  ministère  apostolique  ,  qui 
n'a  pu  .être  perpétué  qu'avec  le  rit  pratiqué 
par  les  Apôtres. 

C'est  donc  en  vain  que  les  Novateurs  se 
flattent  qu'en  suivant  la  lettre  de  l'Evangile, 
et  eu  TÎTimi.  hauaclemeat  il&  ne  âeroat  pas 


Si 

'fi'pvoMTés  de  Dien  ,  TEtani^iìe  même  les 
réprotne  hautement.  Q>iel!e  que  soit  l'hon- 
nètelé  «lont  ils  se  glorifient  ,  ils  ne  diront 
pas  certainement  qu'ils  soot  sans  péché,  et 
qu  ils  nont  pas  besoin  qne  Dieu  leur  remet- 
te ceux  dont  ils  se  sont  rendus  coupables  : 
quils  lisent  donc  i'Erangi'e,  et  ils  verront 
que  Dieu  par  sa  miséricorde  infinie,  a  ouvert 
aux  hommes  la  voie  de  la  récorciliatiou  par 
les  mérites  de  Jesus-Chri't  son  Fils  ,  mais 
que  Jesus-Christ  a  vou!u  attacher  celte  récon- 
ciliation à  certaines  conditions.  La  premiere 
est  celle  du  (i)  Baptême,  dont  les  Evèques 
et  les  Prélats  sont  les  Ministres  (2)  ordinai- 


(1)  Caléch.  du  Conc.  de    Tr; 

(2)  J'' observerai  ici  pour  rinslruclîon  de 
ceux  (fui  pourront  en  avoir  besoin,  que  quoi- 
que l'administration  du  baptême  appartienne 
seulement  aux  Evéques  et  aux  Prêtres  , 
comme  propre  à  leur  office  y_  et  extroordi" 
nairement  aux  Diacres  ;  cependant  ,  en  cas 
de  nécessité ,  '  lotit  e  personne  peut  baptiser  , 
soit  homme  ou  femme-  ^  et  même  les  héré- 
tiques et  les  injidéles  ^  de  quelque  espéce 
qu'ils  soient ,  pourvu  qiie  Von  emploie  la 
matière ,  la  forme  et  l'intention  nécessaire  ; 
en  observant  cependant  que-  pour  cette  ad- 
ministration un  Ecclésiastique  doit  être  pré- 
féré à  un  Laïc ,   un  homme  à  une  femme  , 

et  un  fidèle ,  s'il  en  est  capable  ,    à  un  in^ 
&/e/e.  Par  eonséquent  le  baptême  donné  par- 


^3 
rcs.  Ensuite  celîe  tîe  la  Pénitence,  en  ayanb 
attaché  de  la  maniero  ia  plus  expresse  au 
ministère  apostolique  et  sacerdotal  le  pou- 
voir de  remettre  et  de  retenir  les  péchés. 
Comment  peuvent- ils  donc  se  flater  d'obte- 
nir la  rémission  de  leurs  péchés,  rémission 
si  nécessaire  ,  par  une  autre  voie  que  celle 
que  Jesus-Christ  a  établie? 


des  injldéles  avec  la  matière  ,  In,  forme  et 
linlenlioa  requises ,  est  un  vrai  baptême  , 
et  ne  peut  se  réitérer.  Ainsi  les  enfaiis  bap^ 
tisés  de  celte  manière  chez  les  hérétiques  de- 
viennent membres  de  V Eglise ,  et  lui  demeu- 
rent unis  ,  à  moins  que  ,  parvenus  à  fnira 
usage  de  leur  raison  :  ils  ne  s^en  séparent 
en  adhérant  volontairement  aux  erreur» 
qu''eile  condamne.  Lorsquon  vient  à  perdre 
par  quelque  péché  mortel  la  grâce  reçue 
dans  le'  baptême  ,  on  ne  peut  la  recoui'rer 
que  par  le  moyen  de  la  pénitence  ,  joint  e  _ 
à  la  confessian  sacramentelle  ^  ou  au  vœu 
de  ce  Sacrement  ;  et  il  n^y  a  que  les  Fas^ 
leurs  et  les  Prêtres  approiwés  par  V  Eglise 
qui  puissent  en  être  les  Ministres  ,  selon  la 
parole  de  Jesus-Christ ,  en  vertu  de  laquelle 
il  voulut  accorder  à  ses  Apôtres  et  à  leurs 
successeurs  dans  le  ministère  apostolique  et 
sacerdotal  ,  la  puissance  de  remettre  et  de 
retenir  les  péchés  j  comme  il  à  été  dit  ci- 
dessus. 


*4 

Il  est  clair  qne  Jesus-Christ  a  donne  s 
ses  Apôtres  ,  pour  eux  et  pour  leurs  suc- 
cesseurs ,  le  pouvoir  de  remettre  les  péchés. 
C'est  donc  être  aveugle  que  d'espérer  qu'on 
aura  la  rémission  des  siens ,  indépendam- 
ment et  au  mépris  de  la  disposition  qu'a 
fait  Jesus-Christ  ,  et  qui  se  conserve  dans 
l'Eglise  Catholique. 

De  tout  cela  il  est  aisé  de  comprendre 
que  Dieu  nous  a  fait  une  grande  grâce  en 
BOUS  iaisant  naître  dans  le  sein  de  cette 
Eglise  qui  est  une,  par  la  communion  d'une 
jnéme  foi  ,  qui  est  Sainte,  par  la  pureté  et 
l'efficacité  de  sa  doctrine  ,  qui  est  Catholi- 
que ,  parce  qu'elle  est  répandue  dans  toutes 
les  p.irties  de  la  terre,  et  qui  s'étant  éten- 
due et  reproduite  sans  cesse  par  une  suite 
de  Pasteurs  qui  n'a  jamais  été  interrompue 
depuis  le  tems  des  Apôtres ,  se  glorifie  avec 
raison  ,  d'être  nommée  Apostolique.  Enfin  , 
avec  la  succession  du  Sacerdoce  ,  le  lien  de 
la  communion  primitive  s'y  est  maintenu 
inviolahlement  ;  par  conséquent  elle  a  con- 
servé tous  les  caractères  de  sa  primitive  in- 
stitution. 

Elle  nous  met  donc  à  labri  de  tout  dan- 
ger d'erreur  ,  et  nous  devons  y  croire  fer- 
mement ,  assurés  par  la  promesse  de  Jesus- 
Christ  et  par  l'immutabilité  du  dogme  ex- 
primé dans  le  symbole  :  c'est  dans  son  sein 
que  nous  pouvous  et  devous  espérer  la  ré<- 


mission  de  nos  péctés  par  la  puissance  que 
lui  a  accordée  Jesus-Christ  même. 

Si  tons  les  saints  Personnages  qui  floris- 
soient  au  tems  de  Julien  ,  ces  Hommes  si 
vénérables  par  l'éclat  de  leur  sagesse  et  de 
leur  eminente  sainteté;  un  Hilaire,  un  Atha- 
nase  ,  un  Basile,  un  Grégoire  de  Nazianze, 
un  Jean  Chrysostôme  ,  un  Cyrille  de  Jéru- 
salem :  si,  dis- je,  ils  revenoienl  dans  l'Egli- 
se ,  malgré  les  révolutions  de  tant  de  siè- 
cles ,  ils  y  reconnoitroient  bientôt  la  forme 
et  la  constitution  de  celle  dans  laquelle  ils 
©nt  été  élevés;  ils  y  retrouveroient  !e  même 
dogme  ,  les  mêmes  Sacremens  ,  la  hiérar- 
cbie  composée  d'Evéques  ,  de  l'rétres  et  de 
Ministres  comme  elle  étoit;  les  mêmes  fon- 
ctions sacerdotales,  Tauguste  sacrifice  de  la 
Messe  offert  pour  les  vivans  et  pour  les 
morts  ,  la  Communion  avec  le  siège  de 
Pierre,  comme  centre  de  l'unité  catholique, 
et  comme  la  Mere  et  la  premiere  de  toutes 
les  Eglises  ;  la  vénération  pour  les  Saints  , 
pour  leurs  reliques  et  leurs  images.  C'esft 
donc  en  elle  et  non  dans  les  communions 
qui  en  sont  séparées,  qu'ils  reconnoitroient 
l'Eglise  dans   laquelle  ils  ont  vécu. 

Or  la  Doctrine  chrétienne  que  Je  dois 
TOUS  enseigner ,  mon  Fils ,  est  la  même  que 
celle  que  ces  saints  Personnages  ensi  ignè- 
rent  autrefois  à  Ifurs  peuples  :  et  ils  ne 
l'avoient  pas  inventée  ,  mais  ils  l'avoient  re- 
«ue  de  leurs  prédécesseurs  de  maiu  eu  maiu. 


S6 

La  inéiae  promesse  de  Jesus-CUrist  cjui  la 
conserva  jusi|irà  saiiil  Damase  ,  qui  >ivoit 
dans  ce  leDJ.>)-là  ,  la  de  nièuie  inTaiiable- 
nient  conservée  sous  les  softverains  Ponllfes 
tjui  ont  suivi  el  qui  se  soûl  succédés  jus- 
qu'au Pontificat  de  Clément  XIV,  à  présent 
réguanl.  Dieu  la  conservée  pour  vous,  pour 
le  salut  de  votre  amc  ,  rachetée  du  propre 
sang  de  Jesus-Christ  son  Fils  à  jamais  béni  , 
afin  qu'instruit  à  marcher  dans  les  voies  du 
Seigneur  ,  vous  profitiez  dos  principes  et  des 
maximes  de  sa  Keligion  sainte  ,  pour  votre 
sancliûcalioia  et  volrc  salut  eleruel. 


s- 
TxlBLE    DES  CHAPITRES 

CONTEKCS  DANS  CET  OUViUG£. 


D, 


e  V origine  et  des  progrès  de  la  Reli- 
gion  depuis  la  création  du  monde  .  pag.      3 

lic/îexion  sur  l  ordre  et  lu  connexion 
des  événeinens  tjui  viennent  d  être  rap- 
portes         4° 

Preuve  de  la  divinité  du  christianisme 
ifui  résulte  de  faits  les  plus  notoires  et 
incontestables ib. 

La  Religion  Chrétienne  existante  dans 
V Eglise  .  a  été  fondée  par  Jesus-Christ 
et  étendue  par  les  apôtres  et  leurs  suc- 
cesseurs jusiju  à  nos  jours     ,      ,      .      .      '4^ 

Les  caractères  essentiels  à  la  Religion 
àe  Jesus-Christ  sont  pernianens  dans 
VE^lise 48 

L''Eglise  de  Jesus-Christ  est   Une       .  ib. 

L  Eglise  de  Jesus-Lliiist  est  Catholit/ue  49 

L^ Eglise  de  Jesus-  Christ  est  AposloH(jue  ib. 

L  Eglise  de  Jesus- Chris'i  est  Sainte   .   5i 

Le  Cathou(jue  seul  a  droit  d  être  tran- 
atiille  sur  sa  croyance  :  tous  les  autres 
ont  sujet  de  se  défer  de  la  Religion  (ju'iis 
professent  par  leur  Religion  même     .      .56 

De  r Idolâtrie 58 

Le  Mahoméliinie     .......  61 


«s 

£?  Judaïsme pag.  6S 

L  Ef^Use  Greccfue   Schismaiicjue     .     .69 

Des  Novateurs 'jx 

Re/7exions  sûres  contre  les   Novateurs 
en  particulier 77 


V.  Tosi  Revisore  Arcivescovile 

Se  ne  permeile  la  stampa, 
l^EssorfE  per  la  grande  Caueeileiia;.