I 8ZI
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/expositionabrgOOgerd
EXPOSITÎOIV AJ5RK01.E
DES CARACTÈRES
I>E LA
VRAIE IlELIGION
riR LH CtP.DI.ML
IT. S. GEBDIL
T U R I N
WDCCCXXI
IMPRIMERIE ROYALE.
BE L ORIGINE
E T
DES PROGRÈS
DE LA RELIGION
DEPtJIS LA CRÉATION DD MOKDE.
Création ^e l'homme ^ans Vêlai d'innrtcence ,
et sa chiite. Réparation du genre hiimoin,
en vertu d'un Libérateur , ffui est promis.
J_^iED créa l'homme dans Fétat d'inno-
cence , d'où étant tombé par sa désobéis-
sance , l'hamme encourut la disgrâce de
Dieu , et y enveloppa avec lui toute sa
postérité.
Cependant Dieu , dont la miséricorile
est infinie , ne voulant pas abandonner le
genre humain dans cet élat de perdition ,
résolut et promit de donner aux. hommes
un Rédempteur , par la médiation duquel
ils pussent rentrer en grâce avec lui , et
recouvrer le droit à la vie éternelle qu'ils
avoieut perdu.
hes init/iiitf's ties Fiamme.'; punies
l>ar le déluge. Aoé prese rré.
Depuis le pécliô cVArlani , à mesure qae
les homoies se inullrpHérent sur la lerre ,
leurs iniquités se mullijilièrenl aussi: nëan-
inoins la connoissance de Dieu et la foi an
lȎi!en)pteur quii avoit promis , se con<<er-
vèrent dans quelques Justes , qui succëdè-
reul jusqu'au Patriarche Noé , que Dieu
sauva daus l'Arche du déluge universel ,
par lequel il submergea la terre , qui se
trou voit toute souillée des méchancetés des
liommes.
Sem , fils aîné de Noe , et les Patriar-
ches qui en furent les descendans, conser-
tèreut la même foi pendant que Tidolàuie
se répandoit de plus en plus dans le monde
avec ses abominations. Pour sauver son culte
de loubli général où il alloit tomber. Dieu
jugea à propos de choisir une famille où
se j)erpétuât successivement , comme par
droit d'hérédité , le souvenir du Créateur
et de ses œuvres, avec la foi et Tespérance a*
Kedempteur futur.
F'ocation (T Âhinham. Alliance de Dieu
a^ec lui.
C'est ce qu'il fit par la vocation d'Abra-
ham , qu'il appella de la Chaldée pour
aller habiter daus la terre de Chanaan. 11
3
fit alliance arec Itil jiour le combler de sei»
bienfaits , des ses grâces , et lui déclara
<}u'il vouloit être sou Dieu , son Proîecleuf
£l sa récompense infiniment grande.
Promesses que Dieu fil à .Ibraham,
II lui promit jxarticulièremenl trois cho-
ses : qu'il donneroit à sa postérilé le pop
où il i'avoit iait venir , cpii fut appelle
pourcela terre de Promission (i): qu'il le
îeroit devenir le Pere d'un grand Peuple,
en multipliant ses descendans en aussi granii
nombre que celui des étoiles du ciel , el
des grains de sable qui sont au bord d©
la nier ; et que toutes les nations de la
terre, après avoir été long-tems envelop-
pées dans les ténèbres de l'idolâtrie , sc-
roient bénies et rapellées à la counoissanco
de Dieu en un homme qui naiUail de lui,
Alliance de Dieu rcnoui-'ellée ai'ec Isaag
et Jacob,
Dieu renouvella celte alliance avec Isaac,
fils d'Abraham , et avec Jacob fils d'Isaac
(ï) , et conséquemraent il se plut à ètra
particulièrement appelle le Dieu d'Abraham,
(i) Gen. ch. 12 , i5 j i6 , 17 , 18 , 23,
i^ï) Gen, ch, 16 , 18,
6
le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob (t).
Jacob eut douze lîls , que l'on appelle
les douze Patriarches, qui furent Pères des
douze Tribus d'Israël. Aj)pellé en E£;vple
par son lils Joseph, il y vint , et s'y établi»
a\ec sa famille.
Prédiction de Jacob.
Ce saint Patriarche avant que de mourir,
bénit ses enfans, et prophétisa que le sce-
})tre , c'est-à-dire l'autorité royale, ne sor-
tiroit point de Juda (a) , jusque à ce que
Tint celui que Dieu avoit résolu d'envover
pour élre le salut des nations et l'objet de
leur attente.
I.e nombre des Israélites s'accrut estra-
ordluairement en Egypte, au point que les
Ei;vptiens qui en devinrent jaloux, résolu-
rent de les exterminer , en les accablant
du poids du plus dur esclavage.
Pendant ce tems-là , les iniquités des
Cananéens (3) augmentant toujours et se trou-
vant presque à leur couihie, Uieu, qui eu
avoil promis la terre aux Israélites , leur
suscita un Liiiérateur en la personne de
Moise , pour les tirer de l'Egypte ; comme
(i) Exod. 3 , 6.
(2.) Gènes. 49.
( 3) Exod- c. la , 14^.
î
il fit , en employant la force des prodiges
le plus éclalans. Après avoir célébré la
Pàqiie, et passé à pied sec au milieu de la
mer Rouge, dont les eaux se partagèrent
pour leur ouvrir un clietnin , ils entrèrent
dans le désert où ils demettrèrent quarante
ans.
La Loi que Dieu donna sur le mont Sina'ù.
Là , Moïse reçut sur le mont Sinai' les
précoptes dn Décalogue écrits de la maio
de Dieu (i) même sur des tables de pierre,
et par son oi'dre institua les cérémonies
de la Religion ; la succession du sacerdoce
dans la famille d'Aaron son frère , les lois
et la forme du gouvernement. Moïse an-
nonra au peuple pour le tems à venir
un Prophète que Dieu devoit susciter de
sa nation , et au milieu de sa nation ,
comme il TsToit suscité lui-même, et il
enjoignit de l'écouler en tout (2).
Josué introduit les Israélites dans la terre
promise. Succession des Juges.
A Moïse succéda Josué, qui, après avoir
passé le Jourdain à pieds secs , introduisit
(i) Exod. c. 19, 20 et suie.
(2) Veut. 18.
8
Jts îsraéîlles Jans !a lerre promise , et la
pi*il<igt'a enlre les Trihus, La succession Ju
sacerdoce continua , et à i'égaid du gou-
vernenient , Dieu suscita des Juges l'ua
après l'autre selon le besoin (i) ; et ce
qui est bien remarcjuable , c'est que se-
lon les promesses et les menaces que Moïse
a>oit faites, la fidélité à observer la loi fui
toujours accomj a;^uée dune prospérité con-
stante , et que les transgressions ea furent
punies par des cLàliaiens éclatans. Dieu
voulant donner à son peuple une preuve
iisib le de sa Providence, toujours attentive
à récompenser la vertu et à punir le péché.
Le voyanie donné et assuré à la famille
de David.
Le dernier des Juges fut Samuel. Ce fui
*ous lui que les Israélites demandèrent des
Rois pour les gouverner. Après Saiil Dieu
choisit David, fils de Jessé , de la tribu
de Juda , quMl avoit formé selon sou cœur.
Il voulut, non-seulement assurer le royau-
me à sa famille , mais encore faire naître
de sa rdce le Messie promis aux Pa-
triarches. Ce Roi, qui fut en mème-tems
Prophète , éclairé des lumières de lEsprife
Saint, a prédit dans ses Paeaumes les hu-
(i) Deul. f. 3o.
mlliatlons et les grandeurs de ce Fils à
jamais béni (i): et découvrit que toutes
les natious seroient bénies en lui , se-
lon la promesse faite à Abraham ; que les
Rois l'adoreroient , et que la Maj<?sté du
Dieu d'Israel rempliroit toute la terre.
Salomon bâtit le temple.
Il fut réservé à Salomon , fils de David,
qui régna en paix, d'avoir la glorie d'éle-
ver dans Jérusalem un temple d une magni-
ficence extraordinaire, qui fut le seul lieu
où Dieu fut honoré par un culte public.
Division des royaiunes de Juda
et d Israël.
Les dix tribus se séparèrent sous son fils
Roboani. Celui-ci et tous ses descendans
issus de David comme lui , continuèrent à
régner successivement sur les deux tribus
de Juda et de Benjamin. Les autres for-
mèrent le rojaume appelle d Israël et de
Samarie.
Les Prophètes..
Il parut eu ce tems plusieurs Prophètes j
(i) Ps, -ji , II.
'"'i
eiHr autre Isaïe , fjui j)ro[)lit'lisa du leins
ilAcbaZjCt d Ezéchias , Rois de Jiida (i): il
prédit aussi les huiniliaiions et les graudeurs
du rejetlon béni de la race de Jessé . ou
de David , dont les plaies dévoient opérer
notre ouérisou à tous, et que Dieu avoit
destiné à faire connoître son saiut nom aux
nalious les plus éloignées el dans la posté-
rité la plus reculée.
Dispersion a Israël. Captivité de Bahylone.
T-es prévarications du rovauine d Israël
irrisereiit la colere de f)ieu qui le livra en
proie à Salmanasar, P»oi des Assyriens. Les
dix tribus furent transportées a ÎNInive, et
dispersées sans espérance détre jamais réu-
nies. Cependant le royaume de Juda -se
soutfctuoit , et selon loracie de Jacob , de-
Tuit subsister en corps de nation juscprà la
Tenue du 31pssie. Ce royaume n éloit pas
exempt de corruption ^ il sy comiuetloit
les plus grandes inii|uités. En vain Dieu
lit annoncer par son Prophète Jeremie (:;)
qu'il ctoit prêt à les cbàiier ; le peuple ne
Touiul pas profiter des«*s avis pour apnaiser le
Seigneur par I9 pénitence , el Nabu;hoito-
uosor vint, selon la preùictioii du Pro-
(1) Is. II , !y2. , \?> , ro , 55 , 6j , 66.
{■2.) Jt'rein, zi , z'j , 2.j.
TV
ptcte , prit et délrtiisit Jérusalem , brûla
le temple et le sanctuaire , et emmena à
Babvlone . la capitale de son erajìire , toufc
ce quii y avoit de mietix parmi le peuple.
Celte transmigration fut pour les Juifs un
jugement de la juslice de Dieu pour les
punir , et non pour les exterminer. Dieu
même protesta quii ne vouloit que châtier
son peuple , mais quii ne Toulolt pas le
détruire. Jérémie prédit que la transmi-
gration dureroit soixante et dix ans, après
lesquelles Dieu visileroit son peuple . et le
rameneroit dans la terre de ses Pères. Ea
même teras ce Prophète annonça que la
ville de Babylone éprouveroit les terribles
effets de la vengeance divine , après que
Dieu s'en seroit servi pour châtier son ptn-
ple ; que cette ville superbe seroit traitée
comme Tavoit été Sodome et Gomorre (i);
qu'elle seroit réduite en un triste désert ,
à servir uni([uement de retraite aux serpf^ns ;,
et qu un tems viendroit qu'on n'en trou.--
veroit aucun vestige.
Délivrance des Juifs. Bnhylcne prise
el ruinée.
Toutes ces prophéties furent accomplies.
Les soixante et dix années de la cantivit»
^i) Jérein 5o , ii , Is .. i3.
élant passées , Dieu succila Cyru^ , Roi Je
Perse, quii avoit déjà fait aanoucer d'avance
por le Prophète Isaïe , comme celui qu'il
HToit choisi pour èîre le ministre et l'exé-
«cuteur de ses décrets. Cyrus ^prit (i) Ca-
balone danì le teins que Balthazar, qui eu
éloit Roi, prol'anoit dans un fc--«li:i sa-
crilège les vases du temple de Jérusalem
(2), lîabyloiie fut tout duu coup eutlé-
rcuK'ut déchue du haut degré de puis-
sauce et de gloire où elle etoit élevée ,
et par la suite des tems s'est trouvée telle-
ment anéantie, que depuis plusieurs sciécles
ou ne scait pas même où elle a existé.
Retour des Juifs. Le Temple rebâti,
Eahvlone prise , Cyrus délivra les Juifs ,
et les 1 envoya honorablement dans leur pays
sous la conduite de Zorobabel , Prince de
la race de David et de Jesus , fils de Jose-
dec , grand Prêtre , avec un plein pouvoir
de rebâtir le temple. Ils mirent la main à
r œuvre , et comme les plus anciens de la
nalion (.')) , déploroient , sans pouvoir se
consoler, de voir le second temple si infé-
rieur au premier en magnificeiice ; Dieu
(1) Is. V, , 45.
(2) Dan. 5.
(3) 1 Esdr. c. 3 j V. \z.
i3
les rassura psr la prophétie d'Aggée (i),
qui prétlit que la gloire du second te'nple
surpasseioit de beaucoup celle du preiiiier,
lorsque le désiré des Nations y seroit venu,
Rélablisseineiit des murs de Ji'fitsalern.
Les soixante el dix se/naines de Daniel.
Les Juils obtinrent des rescrits favorables
des successeurs de Cyrus , non-seulement
pour rebâtir le temple , mais encore pour
relever les murs de Jérusalem. C'est de
cette époque que Ton commence à com-
pter les soixante et dix semaines que le
Prophète Daniel (2) avoit prédit devoir
s'écouler jisqu au 3Iessie ; ajoutant qu'il
seroit mis à mort au milieu de la der-
nière semaine , et qu'ensuite le peuple
Juif seroit rejette , que la ville et le san-
ctuaire seroient détruits.
Pendant qu'on rebâlissoit Jérusalem ,
EsJras , Docteur de la loi , et Néhémias ,
furent préposés pour gouverner le peuple ,
réformer les abus , et remettre en vigueur
l'observation de la loi. Dans le même tems
quelques Israélites des dix tribus qui éloieut
rerenu à Samarie , souilloient le culte de
Dieu par les superstitions qu'ils y méloient.
0) ^Sg- ^.
(i) Dan. 9.
»4 .
et Hès-lors commença 1 anlipaUiie qu'il v enfc
toujours enhe les Juils et les Samaritains.
Cepcnilant Esdras revit, et mit en ordre
les livres de lEcritiire sainte , et les tran-
scrivit en caractères chaldaïques qui étoienfe
d venus en usage chez les Juils depuis
qu'ils avoient demeuré à Babylone. Mais les
Samaritains conservèrent toujours les livres
de 3Iojse en caractères hébraïques comme
ils avoient été écrits anciennement.
Dieu suscita encore en ce tems-là les
Prophètes Zacharie et Malachie qui prédi-
rent la vocation des Gentils à la connois-
sance de Dieu , et le second annonça par-
ticulièrement que le nom du Seigneurseroit
grand chez totUes les nations , et que de-
puis le lever du soleil jusqu'à son coucher
on lui sacrifieroit en tous lieux . et qu'on
lui oilViroil une oblalion tres-pure.
Le Seigneur ayant éclairé ce peuple par
tant d'oracles, non-seulement sur la venue
du Messie , mais encore sur le tems où il
devoit venir , sur les caractères de sa pré-
dication et les effets qu elle devoit avoir ,
mil fin au ministère des Prophètes. Les Juils
Jouirent d une longue paix sous les Kois
de Perse successeurs de Cvrus. La tribu
de .luda. à laquelle étoient unis une gratula
partie des Loites, et la petite tribu de
Bfnjamiii , svibsisîoil en corps de naliun ,
cl touservoit toujt.uis i aunwil^ royale.
t5
Les Macliabdçs.
L'ein})ire des Perses ayant été transféré
aux Grecs , les successeurs d'Alexandre
firent éprouver aux Juifs de cruelles per-
sécutions ; ce fut sur-tout sous le règne
d Antiochus, surnommé llilustre. qu ils eu-
rent plus à souifrir de la tyrannie. En ce
tems-là le saint vieiiiard Eléazar et les sept
frères Machabées , d un âge encore tendre,
donnèrent , avec leur généreuse luere , les
exemples d'une constance magnanime , en
soullraiit la mort de la nianiere la plus
héroïijue au milieu des plus cruels lour-
meiis , plutôt que de transgresser la loi de
Dieu. Alors le Seigneur suscita le zele de
Malhalias, et la valeur invincibile de Jiislas
Machabée et de ses frères pour les oj)])o-
ser , comme un mur d'airain , aux entre-
prises et aux fureurs de leurs ennemis.
Après la mort de Juda et de Jonaihas ,
les Juifs éliienl pour chef Simon leur frère
qui fut en même tems grand-Prètre. Ce fut
par lui et par lilhistre famille , qui prit
de lui le nom d As'uonéecs . qu? la royauié
lut rélai)lie dans Judas ; et ii la transmit
à sns descendans.
Iléroile , surnommé le Graud , IduméeQ.
òv. nalioii . soutenu de la faveur des Mo-
niains., enleva le royaume aux Asp.ionéens,
et fut déclaré Roi de Judée. Ainsi le sce--
plre de Juvlas commença à pi ^',-r en uuv;
i6
main étrangère ; aussi les soixante el dix
semaines prédites par le Prophète Daniel
approchoient de leur fin ; c'étoit le tenis
marqué pour la venue du Messie. Les Juifs
étoieut si assurés que les oracles auroient
leur entier accomplissement , qu'il s'atten-
doient à le voir paroître dans peu , et re-
gardoient son avènement comme très-pro-
chain. Nous en avons une preuve bien claire
en ce que dès qu'il paroissoit quelqu'hom-
me extraordinaire, ils coœmencoient à for-
mer des conjectures et à examiner extr'eux
si ce ne seroit pas le Messie (i) , ce qui
n'etoit jamais arrivé dans les tems qui
avoient précédé. On vit aussi paroître dans
ce tems-là des Imposteurs, qui, abusant
de la croyance commiine,- cherchèrent à
attirer les hommes à eux , en se fai-
sant passer successivement , chacun l'un
après Tau tre , pour le Libérateur pro-
mis à la nation ; chose que personne
n'avoit osé auparavant, parce que, comme
les Juifs auroient bien connu que le tems
déterminé par les Prophéties n'étoit pas
encore venu , un Imposteur n'auroit pu
leur en faire accroire. La ferme persuasion
où étoient alors les Juifs du prochain avè-
nement du Messie étoit si connue et si pu-
lì) Luc. "i , V. i5,
(2) Jcl. 5.
17
blîqiie , que Ifs Historiens profanes les plus
renoiuméà n'ont pas hésité d'en parier com-
me Jun fait certain et aréré (i).
Jésus-Christ. Sa naissance.
Eu ce tenis donc qui avoit été marqué
par les Oracles des Prophètes , où tout
l'Lni\ers étoit en paix sous l'empire d'Au-
guste ; Hérode régnant en Judée , Jesus ,
fils de Dieu , et en mème-teuis fils d'Abra-
ham et de David , naquit d'une \'ierge sa
mere à Bethléem de Juda : ainsi descendu
du ciel en terre , et lait Homme pour ré-
concilier le :;<Mire humain avec Dieu , îi
est venu appeller toutes les nations pour
les ramener à la conuoissance et au culte
du Dieu d'Israël.
Il vécut à Nazareth , pauvre et dans
l'obscurité jusqu'à lâge de trente ans. Alors
saint Jeau-Bapliste son précurseur , fit re-
tentir le désert de sa voix pour préparer
les voies au Christ envoyé de Dieu , et Jesus
étant venu à lui, Jean, éclairé des lumiè-
res de l'Esprit Saint, le montra au peuple
qui éloit accouru en foule pour l'entendre.
(i) Tac. hisl. liv. 5.
j8
Sa prèdica lion. Preiipe de $a mission.
Ses Prophéties.
Aussî-lôt Jesus-Chrisl commença sa prérli-
cation en annonçant TETangile, cest-à-dire,
la nomclie si heureuse , si avantageuse de
l'avénemenl du régne de Dieu sur la terre.
il prouva sa mission par les merveilles
que , selon les prophéties , le Messie de-
voil opérer en faveur des hommes , éclai-
rant les aveugles , ressuscitant les morts ,
guérissant toutes sortes de malades , et an-
nonçant 1 Evangile aux pauvres.
il annonça que le tems étoit venu auquel
le culte de Dieu devoit cesser dans le temple
de Jérusalem et dans celui de Saraarie ,
et qu'il se formeroit de véritables adora-
teurs qui adoreroient le Pere en esprit et
en vérité (i).
Il prédit sa mort et sa résurrection (2);
la ruine du temple, dont il ne devoit
pas demeurer pierre sur pierre ; la désola-
lion et la dispersion du j>euple Juif qui
drvoit arriver avant que fut j)assée la gé-
nération qui étoit (3) , présente alors.
(1) Jean ■', .
(2) Mfit. 16.
(3) Lui\ 18 , 19 , 21,.
ï9
jSitz pnssìoH. et sa mort. Sa résurrection.
Il souffrit par les mains des Juifs la pas-
sion la plus cruelle et expira sur la croix,
eu priant pour ses bourreaux, et versant
sou sang pour l'expiation des péchés , et
la rédemption des pécheurs.
Étant ressususcité , il apparut à ses Di-
sciples , conversa avec eux , et se fit voir
à plus de ciuq cens personnes (i). Avant
que de monter au ciel , il leur or-
donna d'atîendre à Jérusalem la venue
du Sainl-Espril , et de se répandre ensuite
dans tout le monile, enseignant toutes les
nations, et les baptisant au nom du Pt-re,
et du Fils , et du Saint-Esprit , en leur
apprenant à o'iserver toutes les choses quii
leur avoit prescrites ; et il promit qu'il
seroit avec eux jusqu'à la consoœmalioa
des siècles (2).
Av^ut fait de cette maniere à ses Disci-
ples l'étonnant commaudement de con^ertir
le monde , il les bénit , et monta au ciel
eu leur présence.
Retournés a Jérusalem , les Apôtres se
réunirent dans une maison où avec 3îarie,
mere de Jesus , de saintes Femmes , et les
(1) Aux Cor. i3.
\-î) Malt. a8.
2.0
autres Disciples, ils se iniieij^l à prier tous
cûsi mille sans se lasser de prier.
Desccule du Saint- Esprit , Prédication
des .-f/pôtres.
Le jour de la Pentecôte élanl Tenu , 1«
Saint-Lsprit descendit et parut eu fonue de,
langues de leu dispersées fjuî se reposèrent
sur chacun dos disciples.
Embrasés de ce feu céleste , les Apôtres
coMiincncèrent à prêcher courageusemcnl
TEvangile , d'abord dans la Judée et ;\
Saniarie . ensuite chez les Gentils ; et un
petit nombre dhoTumes grossiers, et sans
çs.j)ériei:ce , sans étude des arts libéraux ,
sans extraclion , sans pouvoir , et sans cré-
dit dans le monde , eurent le pouvoir de
con\e;tir à la lois de Jesus-Christ une mul-
titude innombrable de personnes.
Eglises fondées.
Ainsi les Apôtres fondèrent eux-mêmes
lUi très grand nombre d'Eglises ; c'est-à-dire
d'as«emblées de fidèles , sous la direction
des E^èques et des Prêtres , consacrés par
rimposiliou des mains et le rit saint de
l'oriJination. LE^lise de Jérusalem fut "ou-
Ternée par lApôtre saint Jacques , appelle
le 31ineur. L'Eglise d'Antioche , ville si
jenomiûce en orient , fst fondée par saint
ir
Picrro . el fut si consìrlérabìe pnnr le nom-
bre; des fitlel es, que c'est-!à cjn ils coininen-
crreut à être appelles Ciiicliens. J> i.^iise
d'iìphèse , et beaucoup d'autres dans l'/vsie
Cîiaeure , dans la Grèce, dans la Macédoi-
ne , en Créte et dans les autres Isles , et
'dans diverses autres parties du monde, fu-
rent également fondées par les Apôtres.
Eglise de Rome,
Saint Pierre fonda TE^Iise de Rome , cl
la consacra par le martyre cju'il y souflYit
en la compagnie de saint Paul . rApôlrc
drs nations. Saint Pierre s'appclloit d'abord
Simon, et Jesus-Cbrisl lui donna le nom de
Pierre , en lui disant, que sur cette pierre
il bàliroit son Eglise , et que les portes de
l'enfer , c'est-à-dire , les desseins et tous
les efforts de l'enfer décbaîné , ne prévau-
droient jamais contre elle : qu'ils lui don-
neroit les clefs du royaumes des cienx , que
tout ce qu'il lieroit sur la terre seroit lié
dans le ciel , et que tout ce qu'il délieroit
seroit délié (i). Il lui confia Ir soin
de paiire ses brebis et ses agneaux (2).
Il lui recommanda d'affermir ses frè-
res , lui assurant qu'il avoil prié pour lui.
(i) Malt. 16.
{a.) Jean ai.
22
afia quesa foi ne fut jamais cléfaillanle (i).
Primauté du siège de Rome.
Ainsi saint Pierre fut le premier des
Apôtres , comme il est toujours nommé par
les Kvangélistes , et le chef visible de l'E-
glise , le Vicaire de Jesus-Christ en terre.
Celte primauté de saint Pierre a été trans-
mise à ses successeurs dans l'Eglise de
Rome , qui a toujours été regardée comme
la premiere et la mere des Eglises répandues
dans fout le monde, et le centre de l'unité
catholique, selon le témoignage qu'en rend
entr' autres saint 1 renée (2) , Erêque de
Lyon , disciple de saint Polyoarpe Evéque
de Smyrne, qui a été instruit par l'Apôtre
Saint Jean.
Coiiséqucmment , de toutes les Eglises ,
que les Apôtres et leurs disciples fondoienl
successivement dans tout le monde , il se
formoit une seule Eglise uniTcrselle, réunie
sous un chef visible , n'ayant toutes ,
comme le dit l'Apôlre saint Paul (3) ,
qu'un Dieu , qu'une foi , qu'un baptê-
me (1) : ainsi cette union éloit fondée
(i) Luc. aa.
(2) //«V. 3.
(-) Ephes. 5.
(4) I Cor. I,
a8
sur l'unité clu culte, sur la profession
et la régie dune même loi , et sur la
participatiou aux mêmes Sacremens.
Les Juifs détruits.
Il existoit encore quelques disciples de
Jesus-Christ , lorsque l'esprit de sédition el
de révolte qui s'empara des Juifs , attira
sur eux la terrible vengeance dont Dieu
avoit résolu de punir leur endurcissement
opiniâtre , et l'exécrable déicide , dont ils
s'étoient rendus coupables , en mettant à
mort l'oint du Seigneur. Les armées de
leurs ennemis commencèrent à paroitre dans
la Terre-Sainte avec ces enseignes , qui
éloient pour eux l'objet d'un culte idolâtre,
et un objet (i) , d'abomination pour
les Juifs. C'étoit-là le signal de leur déso-
lation future que Jesus-Christ avoit annoncé:
c'est pourquoi les fidèles se rappeliant l'avis
do leur divin maître , sortirent tous de
Jérusalem et se retirèrent à Pella, petite
ville située dans les montagnes qui séparent
la Judée de l'Arabie. Mais les Juifs persi-
stèrent dans leur aveuglement. Peu d'années
après un premier siège , Tite , fils de Ve-
spasien j Tint assiéger une second fois Jéru-
-salem , dans le tems que la solemnité de
i^i) Luc. 2.1.
Pàqiies avoit rassemblé un peuple immense
tlans les murs de celte ville. Environnée
de tranchées et resscrée de touîçs j)arts ,
elle eut à souffrir les plus affreuses calami-
tés de ja fureur des factions et dune fa-
mine si horrible , que Ton vit les mères j
manger leurs enfans. Elle fut prise par les
Romains, (jui lirent xïd horrible carnage
de ses misérables haWlans. Le temple fut
1 rûlé et détruit, une infinité de Juifs tom-
bèrent sous lépée de lennemi victorieux ,
les autres furetit emmenés en esclavage Cl
disjierscs parmi toutes les nations.
Cessation de l'ancien eulfe.
Alors cessèrent les sacrifices et le sncer-
doce judaïcjue pour n'être plus rétablis :
et ils furent abolis , conformément aux
oracles des Prophètes , dans le tems que
le règne de Dieu d'Israël et de son Christ
s'éteudoit de plus en plus dans tout luni-
y 'rs par la prédication de 1 Evangile , et
que des Gentils de toutes les nations ac-
couroient en foule se réunir à 1 Eglise ,
cl concouroient à former un nouveau peuple
d'adorateurs en esprit et en Térlté.
Les Juifs dispersés sont consen'és par un
miracle de la Providence.
Dico, dont la Providence gouverne tou-
a?
tes ctoses avec nn soaverain empire , avoifi
ordonné que les Juiïs lussent «lispcrsé*
pninii tontes les nations : mais il ne vou-
ioil pas perdre enlierement un peuple qui
comptolt entre ses Patriarches Ahrahnni ,
.Isaac et Jaeol). Il n avoit pas orblié Tal-
liance qu'il avoit faite avec eux : c'est
pourquoi (i). saint Paul enseigne à leur
sujet, qu'une partie des Juifs est tora-
liée dans l'aTeuglement, afin que la multi-
tude des nations entrât dans Itglise , e6
que les Juifs recueillissent de nouveau les
fruits de la miséricorde de Dieu sur eus.
De-là ce prodige constant , prodige uni-
que et inoui , par lequel on loit depuis
dix-huit siècles , le peuple Juif subsister ,
répandu parmi toutes les nations de la terre
sans se conlondre avec elles, banni de soa
pays , sans royaume , sans sacriticc , sans
Prêtre : toujours attaché à la loi de Moïse
et jaloux de conserver les divines Ecritu-
res , dans lesquelles on voit si clairement
prédite la ^enue du Messie , qui devoit
être suivie de leur dispersion , et la con-
version des Gentils à la connoissance et au
culte du Dieu d'Israël.
(i) Rom.
i
La dispersion âeS Juifs et lu pranagalion
dn culle du Dieu d"^ Israël parmi les na-
iions , sont deux: sii^nes de la venue da
Messie qui a^'oient été prédits.
II est certain que la dispersion ppnna-
Donle des Juifs , et la culte du vrai Diea
répandu dans tonte îa (erre , sont deux
ëvéneniens merveilleux, et remarquables par
eux-mêmes , et si l'on observe que ces deux
événemens ont été prédits (i) , comme
les conséquences et les suites que devoit
avoir la venue du Messie , raveugleoient
actuel des Juifs qui persistent à le rejetter,
seroit incompréhensible s'il n'avoit été pré-
dit de même (2) ; en quoi ils fournissent
eux-mêmes une nouvelle preuve de la vérilé
tju"ils ne veulent pas recounoilre.
.Difficultés insurmontables anse hommei
dans lu prédication de V Evangile.
Cette vérité piroîtra encore daTonloge si
l'on considère les ditScultés insurmontai)lps,
l'.umainemcnt parlant , qui s'opposoient à
la propagation de Tévangile parmi les ua-
li.ius. Le-> Apôtres (3), et les disciples
(i) Dan. 9 , 26 , 2y,
(2,) Rom. I I.
(j) Cor. I.
éloîent «^es hoTîines de basse contluLn ,
s.-.ns aucune piciogalîve dans le iiiontle nui
]5Ùt leur y t!ouiu r du crédit et de laato-
lî.é, ils «'toieiit Juifs , c'es'-à-dire , d'une
nation méprisée el liaïe des peuples les plus
jïolis et les plus distingués. Ils eprouvèieî't
dans leur prédication les contradictions < .'
les persécutions atroces que Jesus-Christ leur
aroit prédites, lis lurent calomniés , i"0rc'.-5
de fuir de ville en ville , traduits devant
les Tribunaux , fouettes cruellement , l't
enfin mis à mort. Le culte des faux dieus
éloit répandu par-tout : culte qui fialtoit
Jjs sens, qui conteutoit la superstition sans
gcner les passions. Les Apôtres reprochoient
ouvertement aux Gcnîih -leur aveuglement^
ils annonçoicnt un seul Dieu, Créateur du
ciel et de la terre , et disoieat qu'il éloit
le Dieu d'Israël : eu quoi ils le présen-
toient sous une idée contraire à ceiles de
tous les autres peuples. Ils vouloient qu'oa
ne crût qu'en lui , et en Jesus-Christ soa
Fils unique , fait homme pour racheter le
genre humain ; mort sur une croix et res-
suscité , monté eusuile au ciel , d'où il
viendra à la fin du monde pour juger tous
les hommes , et rendre à ctiacun selon ses
oeuvres. Ils préchoient que pour avoir pire
, au salut, et éviier la d;imnat!on eternt:lie,
i! falloit se convertir à Jesus- 31irist en fai-
s;;nt des dignes fruits de piuitence, renon-
ccâ- au péché , et \ivre pcricréramîaeHt
aS
dans la piété , ïa juslîce et la tempérance,
C"est à une Itile prédication que se con-
vertit une mullitude inn»mbray)!e tVlii>m-
mes , en changeant de >ie et de mœurs,
en renonçant courageusement aux pompes
et aux délices du siècle pi»ur Pamour de
Jesus-Christ et dans l'espérance de régner
avec lui dans le ciel ; linnocence et la sain-
teté de >ie des premiers Chrétiens, l'éten-
due immense de la charité qu'ils pratiquè-
rent , non seulement entre eux , mais en-
core à l'égard des étrangers , sont attestées
par les Ecrivains les plus célébrée du paga-
nisme (i).
La persécution,
T^éanmoîns la Religion chrétienne fui
exposée au commencement à des grandes
(i) Julien , dans sa lettre au Pontife
des Galates , propose aux Gentils cette
charité et cette régularité des Chrétiens ,
eenirne des exemples à imiter.
Saint Justin , martyr , (jui ai'oit été
d^abord philosophe païen . assure que l in-
nocence et la sainte l'ie des Chrétiens les
distinguait si Jort du comun des paiens ,
yue cétoit un des motifs t/ui aboient le
plus contribué à sa com'ersion. On peut
voir encore la lettre de Pline à Trajan. 1.
iw, ep. 97.
29
persécutions qnî durèrent pendant le cours de
trois siècles. Quiconque faisoit profession de !a
foi en Jesus-Cbrist s'exposoit à peidro lout
en ce monde , et la vis nié;ne dans les plus
eruels lourmens. On compte un grand nora-
bre de martyrs ([iii rc-paudirent leur sang
pour la cause de Pieu; et celte eflusiou
de sang dans laquelle le christianisme auiolt
du être éteint , si c'eut été l'ouvrage des
hoinn:es , ser- il à allirer en plus grande
abondance le^; giâires -de Dieu sur soa
Eglise, et à multiplier le nombre des Chré-
tiens.
Don des mìrncìes.^CeìLÌliKÌe du tein ignage
(jiie les /^poires reiidjlsnl à la résuneciion
de J. C.
Ce qui Y contribua encore ce fut le doa
des miracles, qui fut plus commun ei plus
fréquent dans ces commencemens , où il
tloil aussi bien plus nécessaire pour pro
Ter la mission diûne des premiers béraulLs
de 1 Evangile. Ils attestoient qu ils avoient
TU Jesus-Chri^t ressusciié, qu'il a voient con-
versé avec lui , et qu ils en avoient reçu
1 ordre de prêcher en son nom îa n missioa
des péchés a toutes les naUons. îis rendoieat
témoignage d'une chose qu'ils aToient vue (i),
(i) Jet. 2. 3.> 4.
3«
â'un fait tìmMc et pnipabîe tÎe sa nature ,
et sur lequel ils ne jutuvoicynt se se trom-
jjer : leur témoignage à tous fut loujciur»
constant et uniforme , chacun déposant ce
qn'il avoit vu , et tous ayant tu la même
chose.
La csrlitufle tle la vérité quiîs altestoient
étoit la seule raison (jui pouvoit les eni^a-
ger à la publier . puisfpi'ils n'en reliroient
aucun ayantage en ce monde, mais seuiea}eut
des persécutions et des souflVancss , aux
«ueiles certainement ils ne se seroieril pa«
exposés, jusqu'à se livrer eux-raéraes , s ils
n' avoient <-té assurés de la puissance de
celr.i qu'ils avoient vu i^ssuscilé , dont ils
exécJitoie'it les ordies. Ils confirmèrent cette
même vérité par des miracles si eclatans ,
que les païens mêmes n'ont pu les nier j
cl enfin ils ont eu le courage de les scelle»
de leur sang. D"où Ion peut affirmer avec
vérité que jamais aucune chose de fait n a
îamais été prouvee ci aucun tribunal avec
tant de certitude , si l'on excepte linspi-
ration des livres saints , que celle qui ré-
sulte du témoignage des Apòires et des
premiers disciples, relativement à la résur-
rection de Jc^us-Christ ; miracle de V ordre
le plus éuiiuent . qui fait la base et le fou-
demeal de la Rc'ligion chrétienne. Ou peut
raj)peier ici ce qu'a dit à ce sujet uu Fere
de rKgîise avec tant de vérité: ou la con-
version du monde au été opérée par la
Si
rerlii des miracles , et celte conversion est
î'œurre de Dieu , oa c' est sans secours de
miracles , quelle a été opérée , et elle esg
elle nituie en ce sens un Ives-gramf mi-
racle.
Eïi Tain opposerait-on ici qu'il s'est trouYé
des hommes qui ont luieux aimé sacriiier
leur -.ie que de rien changer à leurs iaus-
ses opinions , à leurs sentiuiens , quoiqua
évidemment mauvais. Il est vrai , i'homma
iiaLurellement attaché a sa facon de penser,
peut se porter à tel excès d orgueil et d'a-
mour propre que d'aimer iriiciyi renoncer
à la vie plutôt que d' ahfuidonner son sen^
liment ^ sou idee ; mais les Apôtres n'eloient
point dans ce cas-là en rendant tcmoiguage
M la résurrection de .lesus-Christ.
Il aétoii pas question dune opinion ,
mais d'un tail : Jc^us-Christ leur assura
quii mourroit sur une crois, comme il mou-
rut en efl'et, et qu ensuite il se monlreroit
à eux. Si donc Jesus-Christ , après sa mort,
ne s'était pas montre à eux , et qu ils utì
eussent pas conversé avec lui . ils n'auroient
pu douter (ju'ils n'en eussent été trompés, et
qu'ils en auroient inutilement attendu l'as-
sistance qu'il leur avoit promise en celle
■^ vie pour convertir le monde , et la souve-
raine félicité dans le ciel pour récompense
des soiifìVauces qu'il leur avoit prédites. Que
l'on examine bien si en pareille circonstance
il peut y avoir nu homme assez diO'erent
dtii auUes hommes , pour voiJoir s'engager
3a
ennemi ile lui-même , à sautenir anx fl<*-
pciis de sa piopie vie , un imposteur qui
I auioit troiivpe de celle maniere , et s'eu-
veiopper évidemment et de son plein gré
dans les meuics disgrâces , les mêmes pei-
nes , sans espciance de salut et d"auci;us
récompense : et si on ue peut l'iui^giuar
d un seul , quaiua-l-on à diie de plusie.as et
d'un grand uoLibic. Où Irou^era-t-ondanstouie
I histoire du geme buniaixi un seul exemple
d une ccuspiraiiun si étrange ? Or , les
Apôtres aiCrment tous d'un commun accord
qu ils ont reçu ordte de Jesus-Ghrist oprcs
sa résurrection de prêcher son Evi;iigi;e
chez toutes les nations , et ils n'ont pas
liésité de s'exposer, pour soutenir le t,emoi-
gnage qu'ils y ont rendu à toute sorte de
travaux, de peines et de tourmens.
c ne unaniiîiité si constante forme une
preuve invincible de la couviciiun où il»
eloient, et par une conséquence uécessaiiC
de la vérité du lait qu lis atlesloient ;
puisque s'ils n eussent pas vu eu eilet Jesus-
Chiist ressuscité etquils n'en eussent pas reçii
1 ordre de 1 annoncer à toute la lerce , il
n'étoit pas possible qu'ils eussent été tous
unis de concert et disposes à atì'ronter tant
de périls , de disgrâces , et la mort même
pour établir et éLendre le culte d un boiu-
me qui les auroit trompés si indignement.
iJe plus , ces hommes n'assuroient pas seu-
lement qu ils ayoicut reçu de Jesus-ChrisÉ
l'ordre Je prêcher sou nom à toutâà les
DJ
•Râlions , mais ils disoleai ouTerfement dés
ie commencemeut de leur prtdicaliou qu'on
auroit beau les présécuter, les maltraiier et
les mettre à mort , que malgré tout cela le
commandement de Jesus-Christ seroit exécu-
té : que le règne de Tévaûgile s'étendroit
<;hez toutes les nations par la vertu toute-
puissante du nom de Jesus-Christ , sans le
secours d'aucune faveur , d' aucune puis-
sance des hommes qu'on éléveroit par-tout
sur les ruines de l'idolatrie des autels au
Dieu disraël et à son fils unique , qui s'est
fait homme , et qui est mort sur une croix ;
et que cette Religion divine , protégée de
r assistance du Saint-Esprit seroit stable et
permanente jusqu'à la consommation des
siècles.
Enfin quiconque voudra faire une atten-
tion sérieuse sur les caractères du témoi-
gnage des Apôtres , sur l'unanimité et la
constance qui l'accompagnoieut , sur les ef-
fets qui s'ensuivirent par rapport a eux , et
par rapport au monde; eflets toujours par-
faitement répondans à ce qu ils anuoncôient,
se convaincra encore plus de tout ce qui
vient d'être dit : outre qu'il n'y a aucune
chose de fait, excepte l'inspiration des Li-
vres Saints , qui ait jamais été prouvée avec
autant de certitude a aucun tribunal , que
ce qiii résulte du témoignage des Apôtres
et des Disciples, relaliveineat à la resurre-
clion de Jeâus-Chrisl>
z -^'
3^
Malgré la rîguenr et la fureur des per-
sécutions que les Chrétiens éprouvèrent, ils
conservoient conslaminent leur ame dans
une paix et une douceur que les Irihulalions
n'altéroient point , non plus que leur cha-
rité pour leurs persécuteurs mêmes. Tls ne
irianquoienl jamais à la fidélité et à Tobéis-
sance du aux Empereurs et aux Magistrats :
ils servoient dans les armées , et l'on trou-
Toit en eux des soldats pleins de courage,
ils payoient exactement les tribus , et ne
croyoient pas qu'il leur lut permis de les
frauder ; ils prioient pour les Empereurs et
pour toutes les personnes constituées en di-
gnité , et revêtues d autorité , les considé-
rant comme les 3{inislres de Dieu , instruits
qu'ils étoient par Jesus-Christ et par ses
Apôtres (i).
Ce fut au milieu de la longue et furieuse
tempéle de la persécution que la Religion
chrétienne se communiqua de lieu en lieu
sans s'arrêter , et passa de beaucoup la
Taste étendue de 1 Empire Romain. Dieu
voulant faire voir qu'il navoit pas besoia
du secours des hommes pour l'établir et la
défendre contre les ressorts de tout l'enfer
conjuré pour la détruire (2).
(i) /4ct. Rom. i3.
(■j.) Pline asiure, dans la lellre c/us j'ai
35
la paix donnée h VEgiise. L'hérésie
arienne.
La persécution ayant duré trois cens ans,
cilée , ^ue la Religion chrétienne était déjà
répandue , non-seulement dans les failles ,
niais encore dans les Bourgs et dans les
Chajnpagnes , (jnelle étoil professée par des
personnes de tout âge ^ de tout sexe, et de
toute condition. Que de son tems on avoil
i'u les temples des Dieux abandonnés , leurs
solcmnités délaissées , et qu^il ne se trouvait
plus personne ijui achetât des victimes. Il
ayante , t^ue par ses soins le culte de Dieu
caminençoit à reprendre vigueur , fjue ce
tjfu il appelle la superstition des Chrétiens
set oit bientôt dissipée , et cfud y avait lieu
d espérer qu'ils reviendraient bientôt à leur
première Religion. La prédiction politicfue
de Pline , n'étant appuyée que sur les ré-
gies de la prudence humaine , a été dénien^
lie par le fait , au lieu que les prédictions
de Jesus -Christ et des Apôtres sur la per-
pétuité du christianisme se sont de plus en
plus confirmées au milieu des révolutions
des choses humaines , par cequ appuyées sur
V immutabilité des décrets divins , elles soni
supérieures au cours ordinaire des événeni' iis
et à toutes les régies de la prudence tiU'
maiae^
36
Dieu voulut donner la paix à son Eglise par
ïa conversion de Constantin le grand à la
loi chrétienne. Mais la tranquillité ne fut
pas longue ; on rit bientôt s'élever la mal-
heureuse hérésie d'Arius qui nioit la divi-
nité du Verbe , seconde personne de la
Sainte Trinité , qui s'est incarné pour nous;
c'etoit une nouveauté d'autant plus horrible
t{ue l'on scait par les Païens mêmes, que
l'Apôtre Saint Jean avoit enseigné la divi-
nité de Jesus-Christ , et que les premiers
fidèles chantoient des hymnes à liionneur
de Jesus-Christ comme Dieu.
La paix qu'avoil donnée Constantin fit
que Ion eut la liberté d'assembler le pre-
mier Concile général de ]Nicée , où la nou-
Teauté Arienne fut rejettée publiquement
avec exécration , et la loi catholique main-
tenue et authentiquement confirmée.
Constance , fils et successeur de Conslan-
lln le Grand , favorisa ouvertement les Ariens,
et l'hérésie fit des grands progrès; mais
malgré la laveur et tout le secours de la
puissance humaine, elle tomba et périt à la
îi:i, comme il arrive à tous les ouvrages
«es hommes , au lieu que la foi catholique
d.meura invariablement dans 1 Eglise et b' j
Earinliût sans altération.
^7
Entreprise de Julien. Protection visible
de Dieu sur son E i^' lise.
Julien , surnommé TApostat , succeda à
Constance. Cet Empereur emporté par une
certaine légèreté qui lui étoit natui-eile , et
par son caractère extrêmement vain, renonça
à la Religion chrétienne , dans laquelle il
HToit été élevé , pour suivre le culte et les
superstitions du paganisme. Il devint un
cruel ennemi du chcistianisme , et il n'est
pas de moyens qu'il ne mit en œuvre pour
le détruire , employant entre autres ceux de
la ruse et de Tarlidce; il se montra impar-
tial pour toutes les difi'erentes sectes de
Chrétiens , et parut vouloir les permelire
toutes également, dans la vue de les ani-
mer les uns contre les autres , et de les
iLiidre réciproquemeut les instrumens de
leur mutuelle destniction , et il ne manqua
pas de prétextes et des raisons suj»posees
pour répandre le sang des catholiques. Il
«cavoli que la destruction du temple du
Jérusalem , la cessation du culte Judaique
et la dispersiou des Juifs avoienl été prédi-
tes comme des signes auxquelles on de voit
leconnoître la venue du Messie. Tite ei
Adrien, après lui , avoient accompli Tora-
cle sans le sçavoir , en dispersant les Juifs
après avoir détruit le temple. Julien pensa
\[iì'ìì y avo.il un moyen de le faire trouver
Ikux , et de coxifoziJii: la couBaace que ieâ
38 ^
Chrétiens avoirnt c!ans les propîiéties : c'étoit
de lebâllr le tenit)Ie , de rappeler les Juifi
de toutes les parties de la terre , et de ré-
tablir les sacrilîces avec toutes les cérémo-
DÎes de r ancienne loi. En conséquence ii
invita les Juifs à cette entréprise , donna
des ordres les plus pressans à ses Gouver-
neurs de les favoriser , et deuiployer toute
la puissance de 1 Empire pour les aider par
tous les secours et les ressources cpi'ils
pourroienl leur fournir. Il manda à cet ef-
fet à son confident Alyppe de veiller arec
le plus grand soin à l'exécution de son des-
sein. Les Juifs triomphoienl déjà et mirent
la main à Tœuvre avec une ardeur incro-
yable. Il ne leur manquoit rien de tout ce
qu' il falloit pour consommer prompte-
ment un ouvrage , que lEmpereur ne
desiroit pas moins qu'eux-mêmes de voir
bientôt achevé. Mais comme Ahppe poussoit
fortement les travaux , des globes terribles
de flammes sortant auprès des fondemens
par des élancemens fréquens, rendirent le
lieu inaccessible , avant brûlé plusieurs fois
les ou\riers qui s'y rencontrèrent. Ainsi cet
élément s'obstinant à les repousser, on fut
obligé d'abandonner leulreprise (i).
(i) Amhillosum (juondam apud Ilieroso-
lyriiam leniplum , (jiiod posi niulla et in-
ternec'n'a cerla/nina , olddc.Ue ycspasiatio ,
On ne voit pas clans aucune histoire pro-
fane de fait plus certain et plus avéré que ce-
lui-là. ill est attesté par Ammien Marceilin ,
écrivain païen, homme judicieux., et qui
étoit contemporain ; par saint Grégoire de
Nazianze , dans un discours composé la même
année contre Julien : par saint Jean-Chry-
sostôme , dans un discours quii prononça
devant tout le peuple d'Antioche; par saint
Ambroise , qui en parle comme d'un fait
notoire dans une lettre à 1 Empereur Théo-
dose. Julien même , parlant des ruines du
temple du Jérusalem , convient qu'il avoit
voulu le rebâtir. Les Juifs qui ont écrit'
peu de tems après , font mention de cette
entreprise , et attrilment à leurs péchés le
malheureux succès qu elle eut par rapport
à eux.
posleaqne Tito , àegre est expugnnlum , in-
stuurare cogUabat sumlibus immodicis : ne-
gol/unnfue maluronduiii Alyppio dederat
Alheniensi , (fui olini Brilannias curm'erat
pro praefectis. Cam ilac/ue rei JorLÌler in-
slaret Alyppius , im-areli/ue Proiinciae re-
clor , metuendi globi flammarian prope fuii--
danienla crebris assullibus erumj'enles Jeccre
locuin , exuslis aliquolies opvranlihus , inac-
cessum ; hocque modo elemenlo obatindlius
repellente , cessavil inceplum. A^JU^o^ ^i'^*
23 C. 1.
REFLEXÏO^
SCR l'ordre et Li C0r!KEX10J(
DES ÉVt«EMENS
QUI VIEÌVNEN.T DETRE RAPPORTES,
Preuve de la diviaité du christianisme qui résulte
de faits les plus notoires et iaconlestables.
V ous pouvez remarquer , mon fils , dans
celte suite d'ëvéïiemens que je viens de vous
piesenker, Tordre qu'a observû la divine
Frovidcuce pour niaiuteulr sa Religion tou-
jours leruie et inébranlable au milieu des
révolutions et des bouleversemens qui ont
cbangé tant de fois la face du monde , en
l'exemptant de la loi commune à toutes les
choses humaines, assujetties par leur nature
aux vicissitudes du tems, qui altère et con-
sume tout.
11 faut maintenant , en revenant sur ce
que nous avons dit, fixer un peu vos re-
gards sur un petit nomixe de faits des plus
notoires et universellement reconnus comme
îres-certaius^ et tous verrez qu'il «n résulte
une preuve noa moins luL?iineuse , qu'elle
est simple , d'une puissance divine et sou-
verainemen» efficace dans rétablissement et
ics progrès de la Religiou chréliexuie.
41
H est eerìhin f{u^ dis-huît sens ans avar.fc
nous Jesus-Chiist , auteur de celte Religioa
sainte, est né, a vécu, et est mort en Ju-
dée , pays de tres-peu d'étendue , et mé-
prisé de presque toutes les aatious.
11 est certain que en ce tems-Ia le re-
ste du monde étoit enveloppé dans les su-
perslilions de l'idolatrie , et que le Diea
d Israël , inconnu alors aux nations, a elolt
adoré eu aucun lieu.
Il est certain «jue da^is ce méme-tems ,
les Juifs avoient un corps d'écritures très-
anciennes , et qu'ils regardoient eus.-méme3
couime divines , dans lesquelles étoit pré-
dite la venue da Messie , qui devait naître
en Judée , et par {"opération duquel le
Dieu d'Israël devoit être connu et adoié
par toute la terre. Il est encore très-certain
que telle étuiè la croyance des Juifs ; el
que , pleins de confiance dans leurs écritu-
res , ils attendaient le 3Ies5Ìe vers ce tema-
là fij.
(i) L\tccoriipîlsseinent des ces deux fnils
si éclalatis , si luinlneux , et qui a^'oieiiê
été prédits si clairement , suf^t pour dé.~
vionlrer la divinité et rautheiitîcité des
des écritures , sans parler d'autres preuves
particulières que Fon pourrait en tirer, ei
(jue j'omets pour être plus court. Mon as~
sertion est conforme à ce (jfue dit saitti
4a
Jesus est vena , cl a déclaré qu'il ctoî*
le Messie promis (ij dans les écritures.
Pour dénjoiilrer qu'il étoit, iudépeiidaïa-
ment des autes preuves qu'il pou^oil ea
donner , il l'jili.'it quajant vécu Jans la
pauvreté , et étant mort sur une croix , es
ftil par îui. par son opération que !e cuite
du Dieu d Israël se repaudit chez toutes
les nati-ns.
11 1 avoit promis , il exécuta ; et remar-
quez de quelle maniere ; il choisit quel-
ques fij l'îscipics ilans le plus bas peuplé,
cl leur ordonna d"iilîer prêcher rev.iiigiie
d.iis tout le monde , leur auaoacaiit qu ils
aboient a vaincre l'opposition ties nations à,
le reconnoitre pour seul ìjìtu . le Dieu
des Juiis , leur prédisant des persecutious ,
et leur j>romit du secours et la victoire.
L'ordre donné s'exécute aut-si-tôl. Les
Apôtres annoncent par-cout i'e'.a;igile , el
^l'gîislin ail douzième li- re Je la tilé de
Dieu : " ifue le léinoignage de récriture
sainte s^est acquis avec raison une incn'eil-
Imise autoiité dans toute la terre el parmi
toutes les nations , puisque entre autres
prédictions , (pd porl*'nt un caractère de
divinité, elle a annoncé ausii la foi de
toutes les nations. „
(\) Jean 'j. 2.().
(zj Matih. zìi. iS,
43
»ar-toiit en très-pffu ce icins forment dei
JEijIises entières iradoraleuri Ju liieu d'Israc'l
el de son fils Jesus mort sur une croix.
InKT^inez-vous mon fils douze hommes du peu-
ple qui dans ce tein->'ci entreprendi oient , s;»ns
cLude , sans secours humain , d introduire i;a
nomeaa culte dans tout les pays du monde
en proposiuit d'adorer comme i?ieu un mort
sur un gibet. Il est très-certain que 1 ou
sereit ibrt autorisé à regarder une telle en-
treprise comme vaine . lolle et irapos;-ihie.
L'entreprise des A{>ôtres n'étoil pas plus
fecile. Le monde alors nëtoit ni nioint
c!;-iié, ni plus dupe quà présent. Il re^noil
dans toutes les provinces de lerapise Ho-
ni.iin lui luxe d"u!>e recherche , d'une déli-
catesse , et dune magnincer.ee extrême en
)t?us. . eu spectacles , en festins , el eu tou-
tes sortes de di lices et de voluptés , qui
é'oit généralement accompagné d une disso-
lution effrénée, d un dérèglement de mœurs
excessif. La littérature éîoit Ires-cultivée el
aussi répandue que les écoles des philoso-
phes , et la philosophie qui éloil la plus à
la mode étoit celle qui eioit la plus ojipo-
sée aux dogmes el à la morale du christia-
nisme. ]S< anmoins douze misérables pécheurs
mettant toute leur confiance dans le com-
mandement et ras>islauce invisible de leui
maitre . exécutent une entreprise qui éloil
alors dune exécution aussi impossible hii-
Biainemeut, cruelle le seroil à pr*;seal pour
douze pêehears qui tenleroienl d'opérer dans
le monde uue semblable revolitlion.
Apres la Teuue du Messie, 1« sacrifice
ancien devoit cesser, la nation Juive detoit
être dispersée, et le temple deUuit de fond
en comble. Jesus-Cbrisl aroit prédit que
lout cela s'aecompliioit avani que (ni passée
la génération qui ëloit alors présente. Cer-
lûiuement les Apôtres n'avoient ni le pou-
Toir ni la force d'abattre le tenaple de Jé-
riisaîeni, el d'exterminer les .luifs. Les Ro-
mains tiennent avaal que la génëratioa
soit pass.-'e, ils assiégenl Jérusalem, comme
Jesus-Christ Tavoil dit , ruinent le temple ,
et dispersent les Juifs.
Il ne devoit par rester pierre sur pierre
de ce temple , Jesus lavoil dit. Un Empe-
reur lente de le rebâtir, et il ne peuk réus-
sir à une entreprise qui éloit si facile à ua
Empereur, et qu'il désiroit si ardemment
pour démentir l'oracle.
Un peu de réflexion , mon fils , sur ces
événemens. La conversion des Gentils ame-
nés à reconnoitre le Dieu des Juifs par l'ea-
Iremise de quelques misérables pécbeurs ,
éloit une oeuvre bumainement impossible.
Jesus-Clirisl l'ordonne, il assure qu'elle se
fera , et elle se lait. Jesus-Cbrisl prédit la
dispersion des Juifs , et les Juifs sont di-
spersés. Il prédit qu'il ne restera pas pierre
sur pierre du temple de Jérusalem , et le
temple est détruit. Uu Empereur tente de
le rehâlir, et des gîobes de feu qui s'élan-
cent des foudeuaeHS , rendeut son enlie|)iise
inutile.
Les écritures que possédoient les Juifs
ayant la naissance de Jesus-Christ , com-
me en fait loi leur conserTatioa parrai
eux jusqu'à présent , annoncoient que tels
dévoient élre les caractères du fllessie , et
ces caractères sont réunis en Jesus-Christ ,
et ne le sont quVn lui : c'est par lui et
en lui que se sont accomplis les prophéties;
et pour les accomplir , il a opéré par la
force de sa parole des choses humainement
inipossihles. Pourroit on désirer une preuve
plus convaincante pour démontrer qu'il est
véritablement le Messie promis dans les li-
vres saints des Juifs , comme celui en qui
toutes les nations dévoient être bénies j
c'est-a-dire , appelires à la connoissance et
au culte du r>ieu d'Israël , dont la majesté
devoit par lui icmplir toute la terre. Lira-
Biuable efficace de la parole de Jesus-Christ
sétant manifestée et démontrée, pour ainsi
dire , elle même par une preuve de lait si
frappante et lumineuse sous le règne de Ju-
lien . on ne peut douter que la Religion
ebrétienne , qui se trouvoit de son ti nas
avoir fait tant de progres par le uainislère
des Apôtres et de leurs successeurs . n'eût
conserve tous les caractères d'une œuvie de
Dieu ; «uvre quii a voulu , qu"il a ordon-
né ^ q« il a fait lui-méine, et qu'il a so«-
4^
tenue , conservée et protégée par tiR<* op#-
ralion spéciale et manileste de sa Provî-
•dcQce.
La Religion chrétienne existante dans l'F.glise à
ëlé fondée par Jesus-Christ , el étendue par les
Apôtres et leurs successeurs jusqu'à nos jours.
Cette Religion foute divine subsisloit dans
la sainte Eglise Catholique au tems de Ju-
lien , telle que Jesus Christ Pax oit fondée ,
et que le ministère des Apôtres Ta étendue
jusqu'à notre tems. Elle n'éloit pas dans
la secte des Ariens , ni ne s'est jamais trou-
Tce dans aucune autre semMahle qui ail
été introduite de nouveau ; leur nom même
désignent Tauteur de leur nouveauté , et du
pani qui les a accréditées , et après avoir
éprouvés divers changemens, elles ont fìnale-
meut dis])aru.
Or je dis que cette Egli«>e , connue par-
tout sous le nom de Catholique , fondée
par Jesus-Christ , et soutenue par sa puis-
sance jusqu'à lévénemenl des prodiges ar-
rives sous Julien , est la niéine qui depuis
le tems de Julien s'est visiblement perpé-
tuée jusqu'à nos jours en conservant sai;*
aiicune variation le même nom , la mén^e
doctrine , el tous les mêmes caractères.
Il est de toute notoriété que le nom est
toujours le même, que cette durée successive
cl uoH iatcrrouipue du. mcoac aom marque
!a «ontîmiité ae sa même existence , qu'au-
cune secte n"a jaiuais pn parvenir à se fiiirc
nommer caîljolique couime elle , et que
tous les hommes se sout constamment accor-
dés à donner ce nom à celle qui seule a
toujours été reconnue pour être répandue
dans toutes les parties du monde.
La doctrine est la même , elle a les mê-
mes symboles des Apôtres et de jSicée , les
mêmes sacremcns , le même sacrifice , le sa-
cerdoce , toujours distingué de l'état des
simples fidèles , est toujours le même dans
sa succession par le moven de la sainte Or-
dination qui a été pratiquée par les Apô-
tres , spécialement par S. Paul à TéganÎ
de Timothée , par Tiniothée pour ceux qu i
sont venus après lui, et ainsi successivement.
La dispensation des mystères , le uinistere
de renseignement , la puissance de remettre
ou de retenir les pèches , l'autorité de dé-
«der les dilFicultés en matière de foi , la
primaulé du Pontife Romain , la distinction
de la hiérarchie eu difl'érens ordres d Evè-
ques , de Prêtres, de Diacres, et des autres
Siinistres qui servent à l'autel .• V if; vocation
des Saints , et pareillement Thonneur qu'on
rend à leurs reliques et à leurs images ré-
putées pieuses et u-tiles : en tin la piieî^
pour les morts : tout cela étoit cru comme
de foi au lems de Julien , et tout cel? con-
serve de nos jours la même prérogative
4laft8 l'Eglise Catholique.
4S
Les caractères essenliol* à Ja Eeligion de Jesus
Clirist sont peniiaiicns dans l'Eglise.
Les caractères soni les niémes, L'Eglise
est toujours comme elle étoit au commen-
cfirenl; Lne , Sainte, Catholique et Apo-
stolique.
L'Eglise de Jesus-Christ est une,
L'Eglise de Jesus-Cbrist est une par
l'unite de la doctrine , et par l'union de
toutes les Eglises particulières a^ec le siège
de Pierre. L'unité de la doctrine est ua
caractère essentiel à l'Eglise de Jesus-Christ
qui en étant dépositaire, doit par consé-
quent être une et inrariable , parccque la
Doctiine de Jesus-Chrisl est une, et ne peut
varier •, il l'a consignée à ses Apôtres ,, afin
qu eux et leurs successeurs la préchassent
])ar tout le inonde jusqu'à la consouimalioa
des siècles. Au tems de Julien il plut à
Dieu de montrer par un prodige des ])lus
cclatans que , selon qu'il avoit promis lui-
même , les portes de 1 "en 1èr ne pouvoient
prévaloir contre son Eglise ; et en Tertu
de cette promesse le dépôt de la doctrine
doit demeurer inviolableraent et sans y
éprouver jamais d'altération. En effet , il
n'est d'ai-icun des dogBfies qui sont cras
présentement qui n'ait été connu au tems
ie Jiilien, et il u'eu est aucuB de ceux
tfui onl été cru au tems de Juiieu qui ue
le soit encore à présent.
L'Eglise de Jesus-Christ est Catholique.
L'Eglise de Jesus-Christ est Catholique ,
«*esl-à-dire , universelle et perpétuelle. Sous
.Tulien , et long-fems avant lui , elle étoit
répandue dans tout Torient et dans tout l'oc-
cident , dans tout l'Empire Romain et au
dehors , et encore aujourd'hui elle est ré-
pandue dans toutes les parties du monde.
L'Eglise Catholique ne subsiste pas seule-
ment dans les Etats et chez les peuples qui
*e font gloire à juste titre d'en l'aire profes-
sion , et de l'honorer par la pratique d'ua
culte public : elle existe aussi chez les infi-
dèles, elle y acquiert et y engendre des en-
fans à Dieu. On trouve des Catholiques ea
Turquie , dans les Indes et dans les contrées
de l'Amérique les plus éloignées , qui sont
tous unis par le lien d'une même foi et pal-
la participation aux mêmes Sacremens.
L'Eglisg çte Jesus-Christ est Apostolique.
L'Eglîse;:>ést Apostolique , parce qu'elle
ot fondée (i) sur le fondement des Apô-
(i) Saint Jérôme en tire un moyen' de
distinguer la véritable Doctrine de celïeis
bo
très (i). qu'elle est tîépssitaire , coîrme je l'ai
(lit, de la tloclriiie qui leur a été consignée,
cl que le 3Iinistere Apostolique, relatif einer.t
à la dispensalion des mystères, s'est f tendue
dans TEglise par le raoven de rordination
sacramentelle , en vertu de laquelle la suc-
cession des Pasteurs s'est soutenue constaui-
Tnent sans interruption. Cette succession est
démontrée avec la plus grande évidence dans
les Pontifes Romains. Saint I renée en rend
témoignage , Jusqu'au Pape saint Fleulhere.
Saint Augustin qui vivoil au cinquième siè-
cle , entre autres motils qui le Icnoient at-
taché inviolableraeut à l'Fglise, se londoit
particulièrement sur la succession non-inter-
rompue des Souverains Pontiies depuis saint
Pierre , à qui Jesus-Christ donna la charge
de paître son troupeau, M. Bosstiet, écrivant
«lans le siècle dernier , a lait voir dans son
Discours sur l'Histoire T nlverselle , comoien
il est consolant pour les enians de Dieu, et
en mème-tems combien de vérité, de force,
la preuve q^.i resuite de voir que du Pape
Innocent XI , de sainte mémoire . qui rem-
plissoit alors le premier siège de rEglise ,
^ni sont fausses et erronées^ et inontre <jue
Von (luit adhcrer à l'Eglise, qui, ayant été
fondée par les Apôtres , a sabsisté jusqu'à
ee jour.
(i) Aux Ephcs. 2.
«a vemonlanl de Tun à l'autre , on parvint
?ans aucune intenuplion jusqu'à saint l'iene,
établi Prince des Apôtres par Jesus-Chrisî;
ïnéuie ; et reprenant tle-là les Pontifes qui
©nt exercé le minisfere sous l'ancienne loi ,
on arrive juscpi'à Aaron et à Moïse, ensuite
aux Patriarches , et enfin jusqu'au commen-
cement du monde. Il s'ciisuit que si l'esprife
humain , sujet par lui-même à tant de légè-
reté, d'inconstance, a besoin détre fixé par
vue assurance solide, et gouverné par une
autorité infaillible dans les choses qui appar-
tiennent au salut. On ne peut pas en dési-
rer de plus forte et de plus décisive que celle
de l'Eglise Catholique , qui réunit en elle
1 autorité de tons les siècles passés , et les
traditions du genre humain de l'antiquité la
plus reculée jusqu'à sa premiere origine,
L'Eglise de Jfcsus-Christ est Sainte.
L'Eglise Catholique est Sainte : précieuse
prérogative qui n"appartient qu'a elie seule,
ci qui , si on la p se bien , suffit pour coii-
Taincre de sa divinité tout homme raison-
nable et dun ji.geinenf sain.
L"} glise est Sainte, parce que son Chef,
qui est .lesus-Christ , est Saint; qu'il est le
principe et la source de toute sainteté , et
qu il la dirige , la gouverne par l'assistance
<lu Saint-Esprit.
Elle est Saisie , parce que sa Doctrine ,
52
dans le dogme et dans la morale, ne respire
que la sainteté: toni dans le dognje , a une
relation intinie a^ec la connoissance et le culte
d'un seul Dieu , premier principe de toutes
choses ; qui pourvoit à tont , avec une sa-
gesse et une bonté infinie , et qni est la
dernière fin de l'honime et son souverain
bonheur. Vérité essentielle à la Religion, et
qui n'étant présentée et manifestée nulle part
aussi expressément que dans la loi divine
que renferme le Christianisme , et qu'il per-
fectionne, prouve que le caractère de la vraie
Religion ne convient qu'à lui seul.
Tout dans les préceptes et dans la morale
se rapporte à un amour de Dieu par-dessus
tontes choses , et à un amour subordonné
et bien réglé des créatures. Tous les devoirs
de l'homme par rapport à Dieu , au prochain ,
et à lui-même, y sont présentés et enseignés
sans mélange d'aucune erreur.
Or il faut remarquer que celte coïlection,
ce corps de toutes les vérités morales sans
mélange d'eneur , est un ouvrage qui sur-
passe les forces de la raison humaine , su-
jette à se tromper à tout moment , tanlôli
sur un objet, tantôt sur un autre, comme
le démontre si évidemment l'expérience de
tous les siècles , où l'on volt des millieres
de syslcmes de morale purement philosophi-
que donnés par les Platoniciens, les Stoïciens
et les Péripathéliciens , qui, tous en prescri-
vant d'excellentes régies sur différen» poinl^,
sont lombes relativement à d'autres dans les
erreurs les plus grossières.
Outre cela la morale présente les molifs
les plus relevés et les plus salisiaisans pour
inspirer l'amour de la vertu et rhorreur du
tIcc. Elle montre la récompense de la vertu
en Dieu même , qui est le principe et la
source de la plus grande félicité que l'hoîn-
me puisse désirer; chose essenlielie , et qui
manque à tous les systèmes de Philosophie
qui n'ont jamais trouvé le moyen de conci-
lier la vertu avec la {'elicile que l'homme
desire par-dessus tout , et qu il ne peut
pas ne pas désirer.
L'Eglise est Sainte , parce qu'elle joint à
la sainteté de sa Doctrine une souveraine
efficacité que lui donne la grâce du Saint-
Esprit pour convertir les araes et les con-
duire à la sanctification. Celle efficacité a
paru merveilleusement au commencement de
la conversion des Gentils à la loi en Jesus-
Christ par l'innocence où vivoient les pre-
miers fidèles , de tout âge , de tout sexe ,
de toute condition , par leur charité et leur
constance au milieu des lourmens*; elle a
paru dans le renouvellement qu'elle a opere
dans le monde en déracinant la corruption
des mœurs qui étoit répandue par-tout , et
par-tout invétérée , quoique rien ne fut plu»
contraire à la loi naturelle. Tels éloieul les
sacrilices abominables, où des hommes étoient
les vicliiîies que l'on immoloit j sacrifices
^4
pratiqués chez les peuples les plus policés ,
comme chez les plus barbares , et que le
Christianisme a abolis par- ton t , autant chez
les uns que chez l^s autres. Tels étoient les
spectacles crneîs des Gladiateurs , où Tiu-
buniaine curiosité des hommes de tout état,
des lemmes même et des enlans , se repais-
soit , se recréoit à yoir couier le sang hu-
main.
lei éloit encore la coutume d o.er la Tie
aux erilttns, ou de les e>i.poser au péril d'une
jnort certaine: coutume autrefois universelle,
et t|ue la Philosophie de Coufucius n'a pas
abolie daus le vaste Empire de la Chine. La
même efficacité paroît aussi par Tesprit et
ie zèle de la cliaritë porté jusqu'à l'héroïs-
Eie, qui s"e-->t toujours main'euu dans IKglise
Catholique, et qui a produit tant de saints
Personnages remarquables par le sacrilice
qu'ils ont l'ait constamment des commodités
de la vie dout ils pouvoient jouir , par les
disgrâces -et les souHVances qu'ils ont éprou-
vées pour procurer le bien spirituel du pro-
chain , et même son bien temporel ; il suf-
fit de se rappeller ce qui fit saint Charles
©orroraée dans la circouslance de la peste
de Milan , pour donner des secours spirituels
et temporels aux hommes même les plus mi-
sérables. Ce seul exemple est capable de
convaincre qui que ce soit que ces sortes
de sacrifices , sans espérance de récompense
de la part des hommes , sacrifices communs
55
ci ordinaires aux saints dans l'Eglise Catbo-
lique , ne se iclrouveul nulle pari hors de
eçtle Eglise.
J.Tglise Catholique est Sainte, parce qu'elle
X seule pouvoir de remettre les péchés. Jesus-
Cltrist a communiqué ce pouvoir à ses Apô-
tres, peur être transuiis par eux à leurs suc-
cesseurs. On a vu que cette succession du
minist'ne apostolitpie auquel est attachée la
puissance de remettre les péchés, s'est per-
pétuée par le même: rit de l'ordination sa-
cramenlelle qu'ont pratiqué les Ap<^tres : par
conséquent elle n'a pas pu passer ou se
communiquer aux sectes qui en sont sépa-
rées , c:«ez lesquelles elle est iaterrom}>ue.
Or rti»mme pécheur ne peut parvenir à la
sainteté par le bienfait de la rémission de
ses p' chés , et celie grâce ne peut être ob-
tenue hors de T Eglise (i) de la part de
quiconque en regette T autorité , et ne veut
pas se soumettre a un mini-.tere institué pour
cela par Jesus-Chrisl même.
(i) Ajoutez, à ce -a cju'il n'y a que V Egu.-.c
ifui retisnne le culte d'un véritable et l(',-ji'
lime sacrifies , ifuelle peut iisef utile, i. tut
des Sacrernens , par lesijuels comme par les
înslrumens efficaces de la grâce. Dieu com-
munique la véritable sainteté , en sorla que
personne ne peut être vi aiment sainte , el
n'être pas dans le sein de eette Eglise. Ca-
lée, du CoEC. de l'r.
S6
L'Eglise est Sainte , parce que Dieu s«
plaît à y manifester de tems en tems la sain-
teté (le ses serviteurs par des dons et des
grâces privilégiées , et par Téclat des mira-
cles ; e*t de ces miracles , un grand nombre
sont si aulhenliquement avérés par des té-
inoignages irréprochables , qu'il n'y a pas
lieu d'en douter en r.ucune manière.
De tous ces caractères in en résulte un
autre bien éclatant, en vertu duquel 1 Eglise
de J. C. est nommée , et est en efl'et visi-
l)lement cctîe Cité bâtie sur la montagne à
jaqueile dévoient accourir toutes les nations
de la terre: ainsi Dieu a voulu que son Iglise
fût visible à toute la terre , et remarquable
par des signes si clairs et si certains , que
les hommes de tout état , sçavans et iguo-
raas, pvissent la reconnoitre et la distinguer
«5es Religions fausses qui conduisent à la
perdition.
Le Calbolique seul a droit d'être ti'anqnille sur sa
<:royance. Tous les autres ont sujet de se défier
. de la Pveligion qu'ils professent par leur Religion
îDtme.
II se présente ici une réflexion à faire
qui mérite la plus grande attention; c est
que de rensemble de tous les caractères que
j'ai détaillés , il resuite en faveur de l'Kglisc
Caiholique, une preuve de crédibilité si forte
et si convaincante, qu'aux yeux de tout Ca-
tholique , même médiocrement instruit , il
n'y a pas de certitude aussi solù'pmenl éta-
blie dans les choses h'imaines les plus cer-
taines et les plus indubitables. Il scait «pic
la doctrine que lui euseigue son Pasteur, ne
Tient pas de' lui nièiue ; que c''est la même
Doctrine qui s'enseigne dans toutes les Fglises
du monde , unies sous un Chef visible : il
scait que les Pasteurs de toutes ces Fglises
Pont eux-mêmes reçue de leurs pn decesseurs^
et que ces Pasteurs ont succédé les uns aux
autres de proche en proche jusqu'aux Apô-
tres: conséquemment, outre les autres signes
caractéristiques dont jai parlé, le Catholicjne
a pour lui Pautorité de toutes les Fglises de
la catholicité, toutes ensemble sous un Chef
visible réunies par une même Doctrine qua
les Apôtres leur ont transmise par une suiio
de Pasteurs qui n'a jamais été interrompue.
Il n'est pas dans les affaires des hommes
d'autorité plus l'orte ou égale à celle-là pour
faire foi sur tout ce que l'on croit de plus
certain et d'indubitable.
Au contraire, toutes les autres Religions,
loin de réunir les caractères qui sont tous
essentiels à la vraie Religion , ont en elles-
mêmes un principe de desfruciion oui se
présente au premier coup d'ail, et qui donno
lieu aux plus pressans motifs d'eu soupçon-
ner la fausseté à tous ceux qui les profes-
sent, pour peu qu'ils veuillent y faire quel-
que réilexioa.
58
DES FAUSSES RELIGIONS.
Ces Pieligions fausses sont ridolâlrie , ie
Mahotuëtisme, le Judaïsme, TEglise (ìrecque,
appeliée Schisniatique , et les sectes d'iléì'ó-
tiques anciennes et modernes.
De riiiolùtrie.
ïl ne falloit qxrune réflexion touî-à-faiJ
simple pour se détromper des pre«tiges el
des superstitions de ridolâtrie. Au milieu des
plus épaisses ténèbres du Paganisme, il s'étoit
conserTé un rayon de la lumière naturelle
de la raison qui montroit aux hommes dans
le Ciel , un Maître , un Doiuinaleur suprê-
me , qui Tolt tout , dispose tout avec un
ordre plein de sagesse et de justice. Celle
lumière de la raison n^éloit pas tout-à l'ail
éteinte chez les Gentils , on eti trouve des
preuves certaines dans leur» Ecrivains. Or un
des avantages de la vraie Pieligion est de ra-
nimer et de lorliGer cette lumiere en donnant
il rhomm« un moyen bien supérieur, beau-
coup plus sûr , et d'une bien plus grande
iiUlorité de connoître Dieu, Créateur du ciel
ri de la terre ; de connoUre son unité, son
inimensilé , sa providence , sa sainteté , et
foutes ses perfections infinies: au contraire-
tout ce qu'enseignoit l'idol.îtrie lendoit ma-
pifestement a gâter et à corrompre cette lu-
ïiilère primitive , en déliguranl de toutes soxle-s
^9
âc rnaiiîcres les plus étranges , et profanant
Je saint Nom do Dieu , jusqu'à représenter
la Divinité divisée et éparse dans les élé-
iiiens , dans les plantes , dans les bétts ,
dans des simulacres muets et inanimés , dans
des personîsages fabuleux et remplis de vices
les plus infâmes. Tels éloient les objets aux-
quels lidolàtrie adressoit ses adorations, tan-
dis que le vrai Dieu , l'Etre souverainement
parfait, l'Etre immense, infini, le Saint des
Saints n'avoit pas de culte public en aucun
endroit de la terre, si ce n'est dans la Ju-
dée. Celte opposition manifeste entre la lu-
mière naturelle de la raison , qui drcouvre
et fait voir distinctement une Providence sa-
ge , bienfaisante , rémunératrice des bonnes
œuvres , vengeresse des crimes , et le culte
rendu à toutes ces divinités pleines de dé-
fauts , de vices , et si absurdes , oflVoit une
preuve des plus claires de la fausseté de
ridolâtrie.
Les lois de rhumanité, de la justice efe
de l'honnêteté «toient d'un grand poids chez
les Gealiis , et ils n'ignoroient pas que la
Pveligion étoit nécessaire aux hommes pour
les rendre meilleiirs , et les porter plus ef-
ficacement à la vertu. Celte connoissance ,
fondée sur la lumiere de la raison, sutììsoit;
pour montrer la fausseté d'un culle qui pres-
crivoil des sacriiices où des hommes égorgés
éloient les victimes qu'on Immoluit, des letes
et des danses contraires à rbonnételé , et
4o
mille autres sortes de superstitions et d'in-
iamies (|ue ces mêmes Gentils réprouToienf
el qu'ils se gardoieut bien d'admettre dans
l'usage et le commerce de la vie.
Aussi conséquemment s'cst-il trouvé par-
mi les Gentils des hommes sensés, qui ont
abandonné la Religion du peuple , pour se
former une idée plus saine de la divinité ,
cl pour suivre une morale plus exacte et
plus sévère : an lieu que peisonne n'a ja-
mais quitté la Religion {|ue nous protessons
pour se rendre meilleur et plus religieux ,
pour devenir plus juste, plus tempérant, el
honorer Dieu avec plus de pieté et de dé-
tolion.
Il faut remarquer encore que quoique
lidolâtiie se soit étendue en certain teuis
par toute la terre , elle ne faisoit pas une
seule et unique Religion. Il y avoit chez les
peuples idolâtres autant de Religions diffé-
rentes quii j avoit de Provinces , de \ iiies;
toutes ayant leurs dieux diiVerens qui leur
étoieut propres, et des rils particuliers pro-
pres à leur pays ; et 1 on scait que les su-
]}erslilions des uns étoieut odieuses à d'au-
tres tjui n 'étoieut pas moins supei-sti lieux
qu'eux. Au lieu que Ton voit par la prédi-
caliou de l'Evangile ce dont il n'y a pas
d exemple dans liiisloire du monde : on
▼oit , dis-je , se l'ormer chei toutes les na-
tions , quoique de j^enie , de caractères , <i»
moeurs et de luix opposées , une parlaii»
6i
unanimilé <le senliraens pour ce qni con-
cerne le rulie du vrai Dieu . Créateur cîa
ciel el (le la Itrre. La'pré(!i<-ation de I Evan-
gile rappelle les hommes à la conooissance
et au culte d-.i vrai Dieu ,~~et l'on ne peut
nier que ce ne soit là un caractère de lì
Traie Religion. L;i prédication de l'Evangile
a rendu le culle du vrai Uieu puMic et
commun à tout le peuple , chez toutes les
nations , et le succès si supérieur aux for
ces de la sagesse humaine , est une preuTô
inconleslalde de la puissance fliri e qui a
reudue efEcace la prédication de l'Evangile.
Le MahométisHie.
Quoique le Mahométisme, que professeni
les Turcs, les Persans, et d'autres peuples,
s'étende dans une grande partie de ce qui
faisoit anciennement notre hémisphère , il
ne présente cependant rien de surnaturel ,
ni de sur-humain dans sou établissement et
ses progrès : au contraire , on trouve dans
Tune tt dans Tautre les pieuses distinctes
de la fausseté la plus évidente.
Mahomet , nalil de la Jlecqiie , ville de
l'Arabie Pétrée , se mit à y faire le rôle
de prophète au commencement du scpîicme
siècle. L'Arabie éloit peup'ce de Juifs, de
Chrétien» de dilierenies sectes, et d'un grand
nombre d'idolâtres qui n'étoient pas tout-
à-fait privés de i^ connoissance d'un Eîre
6â
suprême. Le nom (T*Abrahanî éloit parmi
eux en grau'le vénération , et il-» se fai-
solenl gloire d'eu être les tlcscendatis. lis
avoient retenu l'usage de la circoncision ,
les aliiutious et l'aTersion des animaux qu'ils
rcendoient comme immondes. Le temple de
la i\lecqije éfoit très-renommé chez les Ara-
bes ; on y conser^oit une pierre noire qu'ils
crovoient être tombée du ciel , et par une
pure superstition , on accouroit de toutes
les parties de l'Arabie pour honorer cette
pierre. Les Arabes tì voient divisés en tribus,
errans çà et là, sans demeure fixe. Ils éloienl
grossiers et ignorans , féroces par caractère
et souTerainement licentieux. Mahomet, qui
étoit rusé et hardi jusqu à I impudence ,
s''élant instruit dans ses voyages des usages
et dos ïiKeurs des autres peuples , conçu
Tambilieux dessein de Taire une révolution
dans sa patrie , de réunir les Arabes sous
une même lui pour se former un empire ,
et en acquérant chez les siens l'autorité
souveraine, rendre son nom à jamais célè-
bre chez les autres.
Mahomet comprit qu'avec de l'imposture,
il ne lui seroit pas difficile de reu>sir chez
un peuple aussi grossier et ignorant quéloient
les Arabes. Il usa d artifice en formant ua
mélange de Religion accommodé au cara-
etère et aux mœurs de ces peuples. Il di-
soit que Dieu avoit envoyé autrefois j)!u-
sieurs prophètes pour iaslruire les hommes j
63
il nommoît entr'aufres Abrakam el jloïse ,
pour lesquels les Juifs aroieiit de l.i réaé-
ration , et quelsques-uns ([ui a'étoient con-
nus que des Arabes ; qu'ensuite Dieu avort
envoyé Jesus-Cbrist le plus grand de tous,
qui etoit ne par miracle» , que ce étoit le
Messie , le Verbe de Dieu. 11 ajoutoit que
les Juifs et les Cliréliens ayant corrompu
les Ecritures , Dieu avoit en dernier lieu
enToyé Mahomet pour instruire les Arabes.
Il enseigna que l'on devoit adorer un seul
Dieu , et reconnoître Mahomet pour son
Prophète , eroire un Paradis , rempli de
délices et de voluptés sensuelles. Il prescri-
voit des ablutions et des jeûnes , Tabslinence
de certaines vian^les , la prière à des tems
marqués ; permit la pluralité des femmes ,
el recommanda le pèlerinage de la Mecque,
pour TÎsiler ce terapie pour lequel les Ara-
bes avoient tant de Ténération. Il feignit
que Dieu se commimiquoit à lui par len-
Iremise de TAnge Gabriel , et au moyen
de ces arlihcieu'^es impostures, il réussit à
se donner un certain nombre de Disciples.
Il répondoit à ceux qui lui demandoient
des miracles poHr prouver sa nais'-ion , qu'il
étoit envoyé pour prêcher la parole de Dieu,
et que Dieu avoit déjà fait assez de mira-
cles par Moïse et par Jeius-Christ. Dés qu'il
se vil à la tête dun parti un peu nom-
breux , à la place des miracles il employa
ia force et les armes , eiboxtaiit tous ceus
qui le snivoiont à iripllre Vépce à la main
pour sa Pie!i;^iou . prouieltint !e Paradis
ceux qui mourroient en conihattanl pouf
elle , et proposant comme une œuvre sou-
Teraiuement mériloire de tuer les Infidèles.
Il parvint de cette maniòre à subju^jner les
Arabes qui étoient divisés en différentes tri-
bus , et par le moyen des Arabes, lui el ses
successeurs portèrent leur loi les armes à la
main chez les autres nations.
On Toit déjà clairement par ce qne je
Tiens de dire , que rétablissement et les
progrès du Mahomélisnie ne présente aucun
caractère d'une oeuvre sur-humaine ; qu'il
ne paroît rien en cela que ne pût exécuter
un homme rusé et entreprenant dans les
circonstances où s'est trouvé Mahomet. Les
Arabes éloieut ignorans, féroces et dissolus,
Mahomet promit un Paradis fout sensuel ,
et permit la pluralité des femmes. Il ac-
commoda les rits de sa Religion aux tradi-
tions des peuples ; gagna à force d'impos-
tures, la confiance dun certain nombre de
Disciples ; arma ensuite contre eux ceux qui
▼oulurent lui résister , et les soumit avec
d'autant plus de faciiilé , qu'ils éloient di-
visés ; et les avant réunis sous ses étendards,
il étendit sa Religion dans les autres pays
par la terreur de ses armes. Ce uest donc,
comme on le voit , cpi"uue œuvre puremrnt
humaine. Mais la Religion chrétienne pres-
ei'ivoil une honuélclé de moeurs tres-sevcre.
65
ses dojnnes et ses maximes éloienl entiére-
ment opposées aux traditions et aux. opi-
nions des Gentils , et cependant elle gagna
•u trés-peu de tems un nombre innombra-
ble de prosélytes de toutes les nations po-
licées et barbares , et cela non par la force
«t avec tout ce que les hommes peuvent
employer de puissance, n©n avec des trou-
pes vaillantes et v^ictorieuses , mais par la
pauvreté , la constance et la patience dans
les tourniens de quelques pauvres pêcheurs,
sans armes , ni détt-nse qui la préchoient.
Ce n'est pas là certainement une œuvre de
la main des hommes , puisque , humaine-
ment parlant , il n étoit pas possi!)le que
l'Evangile prêché par quelques pécheurs ,
résistât aux lorces de tant Je Puissances
conjurées pour Tanéanlir.
Mais de plus , le Mahométîsme présente
des preuves démonstratives d'une fausseté
évidente, i .'^ Mahomet voulant montrer dans
son Alcoran, qui est le livre de sa loi, un
cai-actère de vérité qui puisse le rendre
croyable et gagner la contrance, dit: Qiiil
est la vérité , f/ui conjirme ce qui est con-
tenu dans les Livres des Juifs. II devoit
parler ainsi sans doute, dès qu'il se faisoit
gloire de vouloir rétablir lancienne Reli-
gion des Patriarches. Or il est trés-évidem-
meut faux que l'Alcoran soit la vérité qui
confirme ce qui est dans les Livres des Juifs.
Tout dans les Livres des Juifs et dans la
«6
Jleli^îon (les Patriarches se rapporte à ua
Messie , qui devoit .ippelItT toutes 1rs na-^
lions à la conuoissancii du Dieu d Israël ,
cl ce Messie venu , le sacrifice aucieu de-
Toit cesser pour être reinplacé par un sa-
crifice nouveau; sacrifice Ires-pur , qui do-
▼oit che oîi'ert en toni lieu, au uooj et en
I honneur «hi vrai Dieu , f^t il y a-oif. plus
fie six siècles qu'on eu »oyoit i accomplis-
sement pnr la prédication de TEvangile. C'est
dono rKvangile et non TAIcoran qui est lit
▼élite , qui confinile ce qui est dit dans les
Livres des Juiis.
a.** LAlcoran contient quanlilé d'erreurs
manifestes et palpables: par exemple, en
confondant Marie soeur d* \aroa , avec 31a-
rie mere de Jesu"^- Christ : c'est encore une
eireiir manifeste de dire que les Juifs et les_
Gbrétiens avoien» gàlé les Ecri tu les , com -
me si les Juifs n»oienl pu s'accoiiier aufre-
foîs avec les SiunaritaJns pour corrompre le
Pcnialeu(|ue , et ensuite avec les Chiëtiecs
pour altérer les Ecriîures qui sont commu-
nes aux uns et ans. autres.
3.° L'Alcoiars contient les erreurs les plus
absurdes coulre la irtorale et le culte de
Dieu. Il permet un culte idolatre et supers-
titieux (jue les \rahes éioient en usage de
prati(]uer d ms Us moii{;)gncs \ralat et M u-
va. 'Il excuse de péciié le rei.'ieaient de Dieu
par la crainte de la mort ; il excuse (larcil-
l^Bàenl la Tengeaace entre particuliers, pourvu
qu'elle n'excède pas l'injure reçue. Il dit
que Dieu ne punira pas les jureaiens pro-
férés inconsifieré'nenf. Il permet enlre les
personnes niarlres des choses qsii blessent
Ihonnétete et atlribiie aux Haitres un pou-
Toir infâme sur les personnes du sfxe qui
sont leurs esclave^. Il promet que Dieu sera
indul^^eiit pour ceiles qui étant forcées par
leurs Plaines auront fait un gain honteux
en y consentant , choses toutes conformes à
l'idée î»a>;se et avilissante qu'il donne da
Paradis où , selon lui , c'est leNcès des
plaisirs sensuels , non la lumiere pure de
la vérité , non le parfait amour du bien ^
no la jouissance et la pf)ssession de Dica
qui doivent faire la téli-ilé de Thomme.
4.° Mahomet confesse que Jesus est le
Messie et le Verbe de Dieu : or Jesus-Cbri"*!
a fondé une Eglise où la vérité devoil être
enseignée jusqu à la consommation des sié-
cies. Il s'ensuit que la confiance que les
Mabométans font profession d'avoir en leur
Prophète les conduit à lui refuser toute
croyance , puisque sii a dit la vériîé eu
assurat^t que Jesus est le Messie et le Verbs
de Dieu, il a avancé une fausseté en sou-
tenant que la vérité est altérée et corrom-
pue dans cette Eglise à la quelle Jesus-Christ
a Dromis sou assistance jusqu'à la fin du
momie: au contraire la Religion de Mabo-
met porte arec elle le principe de sa pro-
pre destruc liou.
61
Le Judaismìr,
Le Judaïsme fat une Religion divine dams
son origine ; mais tout s'y rapportoit au
Messie promis , prédit et figuré en tant de
Boaniéres dans l'ancien Testament. Nous
avons TU que toutes ces prophéties ont eu
leur accomplissement de la manière la plus
claire en la personne de Jesns-Chrisl ; d'où
il résulte une étroite obligation pour les
Juifs d'aujourd'hui, en tertu de leurs pro-
pres oracles , d'en examiner la vérité ; et
â ce sujet il est à projjos de se rappeller
sommairemeut doux choses ; Tune que le
Messie devoit appeller toutes les nations à la,
connoissance du Dieu d'Istraël ; l'autre ,
que ravénement du Messie devoit être sui-
>i de la désolation des Juifs, et de la ces-
sation totale du culte judaïque. Or après
l'avénemeut de Jesus-Christ , la nation Juive
fut dispersée , le temple détruit, et l'an-
cien sacrifice aboli. Les plus anciens Rab-
bins , cités par M. Bossuet , ont reconnu
que la cessation de l'autorité suprême , ar-
rivée au tems où vivoit Jcsus-Christ , éloit
un signe très-certain de l'avéncment du
Messie. Par conséquent la loi même de
Moïse et les divines Ecritures que les Juifs
d'aujourd'hui ont en vénération , leur of-
frent des preuves assez certaines pour leur
donner lieu de revenir de leur endurcisse-
ment opiniâtre , et de raveuglement dans
lequel ils persisloient.
L'Eglise Grecque Scbismatique.
Venons maintenant aux Grecs sclûsmali-
«jues : il est certain qu'au qualiiéme siècle,
lorsque sous l'Empereur Julien la Religion
Chrétienne fut justifiée, comme je l'ai dit,
par le merveilleux téaioignagne qui l'ut ren-
du en faveur de sa perpétuité , les Orien-
taux étoient unis aux Latins par la profes-
sion d'une même foi; ce ne fut quensuile
qu'arriva la séparation de l'Eglise Greeque
de la Latine , dont l'entreprise de Michel
Cérulaire fut la principale cause.
Il est aisé d'reconnoitre dans cette sépa-
ration le caractère du schisme et de 1 erreur
qui se trouve du côté des Grecs.
La perpétuité de la durée d'une seule
Eglise Catholique et xVpostoJique est cons-
tatée par le symbole qu'ont retenu les mê-
mes Grecs , où est contenue la croyance à
l'Eglise, (i) comme étant L^ue , Sainte,
Catholique et Apostolique ; et comme le
symbole ne peat errer en aucun tems,elle
ne peut donc pas périr cette Eglise qui est
Une , Sainte , Catholique et Apostolique ,
que Ton fait profession de croire dans le
symbole.
Celte Eglise existoit avant la séparatioa,
(i) In Unam , Sanclam , CathoUcam el
jipostoUcam Ecclesiam .
7» . . ,
et les Grecs en rcconnoissoient Taulorîtc ;
c'est un fait distujcl.
Llle a donc dû se conserver depuis la
!=éparation , ou chez les Latins ou chez les
Grecs : or , quand les Grecs se séparèrent
des Latins , IKglise Latine ne changea en
ourune maniere ; elle demeura la même
quant au dogme et à sa discipline , à ses
rits qu elle étoit avant le schisme. Or les
Grecs ne peuvent disconvenir qu avant celte
funeste sépaialion . la vëritaMe Religion de
Jesus-Christ exisioil dans l'Eglise Latine ;
fiuisfjuantrement eli/ ne se seroit pas trou-
vée dans rKglise Grecque qui étoit unie
avec les Latins par la profession d'une mè-
Bae foi. Si donc TEglise Latine a été la
Traie Eglise arant la séparation , il est évi-
dent qu'elle a continué et n'a pas cessé de
Tetre ; étant vrai que la séparation des
Grecs n'y a apporté aucun changement.
Au contraire il s'est fait de leur côté un
olia'igement irès-notaMe en ce qu'ils ont
renoncé à la Communion avec le siège de
Pierre , que leurs Pères avoient toujours
honoré comme la premiere de toutes les
Es'ises, et comme le centre de l'unité Ca-
tholique. Les schismatiques modernes recon-
uolssenl l'auiorité «le sept premiers Conciles
généraux , et ne jreuvent nier que la pri-
mauté du siège de saint Pierre n y ait été
^olemaeliemcul reconuue, et Bon-seuleoicnt
7'
^ans Ics premiers , mais cncorp dans les
derniers et les plus voisins flu schisme.
Ainsi les Grei s en se séparant îles Latins,
se sont écartés de la Toie que leurs Pères
aToient suivie , que leur aToient tracée les
Atbanase , les Chrysoslnme, qui honoroient
loujours dans le siège de Rome la [)rimanlé
de saint Pierre. C'est donc chez eux qu ii
y eut du changement , et on pourra toujours
leur dire: \os Pères pep.datit le cours de
neuf cens ans ont cru la primante de Pierre^,
et TOUS ne la croyez pas aujourd'hui ; et
c'est par ce même changement qu'ils ces-
sèrent d'appartenir à la véritable Eglise de
Jesus-Christ qui doit être toujours une . et
toujours la même par la mémo prolessioa.
du symbole.
Ainsi celle Kglise scliismatitjue a encore
perdu le caractère de Catholique, exprimée
daus le symbole , et qu'il est visible que
les Latins ont retenu. Le schi'^me est res-
treint à quelques pailies de l'Orient , en-
core y a-t-il plusiruis EgIis^'s Grecques et
Orientales qui persévèrent à être unies de
Communion avre PEglise Latine , el con-
courent à former avec elle une seule et
même Eglise répandue da'rs foute la terre.
I>es Schisnialiqiies modernes ont de la
Téneralion ponr les Solnls Pères de la pri-
mitive Egljse , t'ut Giecque que Latiiie :
©r ces Saints ont reconnu unanimfn.enl la
primauté du sieje de Rome j donc il res^
7* . ^ . .
dans la cîoctiine <îes Schisma tiques mêmes
un principe qui les rappelle à riinité et à
la catbolicité, dont leurs Pères ont fait cons-
tammenl profession en conserTant la subor-
dination, selon l'ordre de la hiérarchie, a»
successeur du Prince des Apôtres.
Des Novateurs.
Ces raisonnemeos peuvent élre encore
«lieux employés à Tégard des Luthériens ,
des Calvinistes , des Zuingliens et de tant
d'autres hérétiques et de sectaires sans fin.
Luther, Calvin, et les autres chefs des
difierentes sectes , ont innové dans la doc-
trine qu'ils avoient sucée avec le lait dans
LEglise. Ils ont rejette beaucoup d'articles
de la doctrine chrétienne que l'Egìise en-
seignoil universellement. Si ces articles eussent
été des erreurs , comme ils le prétendent ,
lassistance du Saint-Esprit auroit manqué à
lEglise avant la consommation des siècles ;
le tems seroit venu auquel les fidèles n"au
roicnt pas dû en entendre la voix , ce qui
est manifestement contre la promesse et 1«
précepte de Jesus-Chrisl.
Luther, Calvin, Zuingle et les autres sec-
taires , ont varié continuellement dans leur
doctrine , et cette manière de varier sans
cesse a passé à leurs sectateurs , chose ma-
nifestement contraire à linslitution de l'Eglise
de Jesus-Cbrist . où la vérité devoit élre
7^
jiennanente el înalléiable comme un depô*
cjui lui étoit confié pour être invariablemenfc
{i) conservé, et pour la conservation duquel
Tassistance du Saint-Esprit lui avoit été pro-
mise jusqu'à la fin du monde.
Ces ?{ovateurs . en séloignanl de rensei-
gnement de l'Eglise , sont tombés dans des
erreurs palpables et manifestement injurieu-
ses à la sainteté de Dieu. Ils ont dit que
Dieu pousse au péché et qu'il le veut; quii
n'est pas moins auteur de la trahison de
Judas que de la pénitence de saint Pierre;,
que les œuvres qui sont bonnes de leur na-
Uire , de quelque manière qu'elles soient
faites, sont des péchés devant Dieu en ceux
qui ne sont pas régénérés; et d'autres prin-
cipes aussi horribles par lesquels on peut
juger de leur doctrine , comme on connoît
la nature d"une plante au iVuit qu'elle pro-
duit.
En Tain se rejetlent-ils s>ir les abus qu'ils
«lisent s'être introduits dans l'Eglise, ce n'est
qu'un prétexte frivole. Jesus-Christ a prédit
qu'il s'éleveroit des scandales et des abus
parmi les fidèles , et cependant il n'a pas
laissé de recommander aux fidèles de demeu-
rer unis à l'Eglise, supposant bien qu'il peut
arriver que par un eflet de la foiblesse hu-
maine il y ait des abus qui soient tolérés
(i) ir. «è Tim. 1 , ijz , ii
par ceilaïus Pasteurs , mais non pas qu'il
soil possible que Tliglise, toujours souleuue
j)ar l'assistance du Saint-Esprit , erre jamais
flans sou enseignement , dans sa doctrine.
Ivejettaut Taulorité de l'Eglise , ils veulent
que tout se décide par le texte même des
Ecritures; ]>uis ils laissent la liberté à cha-
cun de concentrer TEglise en lui seul , en
donnant à chacun le pouvoir d interpréter
les Ecritures selon son senlinieut parliculie;".
On verra paT les réflexions suivantes s'il
y a de la i-aison dans un tel principe. Saint
4i) Pierre dit clairem-ent que l'Ecriture ne
doit pas s'expli{[uer par une interprétation
particjiltere -, et en j)arlaut des Ejùtres de
saint Paul, il observe qu'il s'y rencontre des
endroits difilciles à entendre, que des hom-
mes igaorans et légers détournent aussi-l^ien
<^ue les autres Ecritures à de mauvais sens
pour leur propre perte.
11 est démontre par l'exemple des Nova-
teurs mêmes , que rien n'est j)lus faux que
la )égle de l'esprit particulier. Ils n'ont ja-
jnais pu s'accoider entr'eux sur le sens dans
lequel on doit entendre les Ecritures, mè-
ïue sur les points de leur confession les plus
t sicnliels , tels que sont ceux qui regardent
îe mvstere de la Trinité , la divinité de .le-
feus-Chrisl , le Sacrement de l'Eucharistie,
(j) M. Pier l. 20.
75
l'éternité des peines, etc. C'est pourquoi on
peut dire qu'ils sont divisés en autant de
sectes qu'il y a de têles. Saint Paul pensant
Lieu différemnieJit (i) , recommande l'una-
nimité de sentimens dans une même régte
de foi , comme faisant un caractère propre
à la profession du christianisme.
Introduire l'esprit particulier, c'est ôter
absolument celte unanimité. Si un Législa-
teur pour fonder un Etat , formoit un corps
de loix , et se conlentoit ensuite de les pu-
blier , laissant à tout le monde , jusqu'au
dernier homme du peuple à les entendre à
sa façon et à son gré , il est visible qu«
chacun tourneroit la loi à son avantage et
à sa fantaisie , et qu'au lieu de l'harmonie
d'une bonne intelligence que voudroit éta-
blir le Législateur , oji y verroit régner la
discorde et la confusion la plus horrible.
Tel est à la lettre le sj stéme que les No-
Tateurs ont introduit dans la religion. Pour
avoir donné à chacun le droit d'interpréter
chacun les Ecritures à son gré , ils se sont
divisés sur tous les articles de la Religion ,
Ton peut assurer nettement que , s'ils vou-
loient s'assembler aujourd'hui pour former
une profession de foi , il leur seroit impos-
sible de s'accorder pleinement sur ce point-
ci , que Jesus-Christ est le Messie ; j>oJut
(i) I, aux Cor. 1.
70
que Mahomet niûme a coniessé Jans son
Alcoran. ^ *
II arrive de-Ià qu'aucun des iSo va leurs 'iié
peut prendre confiance en aucune ÌHstruclion
de ses Minisires , sa religion même l'oblige
à s'en défier, parce qu'ils ont pour maxime
?[ue non-seulement un Ministre en partica-
ier , mais toute assemblée des Ministres est
sujette à errer , et que le chrétien seul est
juge compétent du sens dans lequel doit;
être entendue l'Ecriture. C'est pourquoi pour
s'assurer de ce qui doit faire l'objet de leur
eroyance , ils devroient tous , jusqu'à ceux
du plus bas peuple et aux artisans , lire
les Ecritures , non-seulcmeul dans les ver-
sions courantes, mais dans les textes mêmes
originaux. Il ne suffit pas pour lever cette
difficulté , de répondre que les articles fon-
damentaux sont clairs pour tout le monde ,
d'autant qu'il est faux , en premier li«u ,
(pi'ils aient jamais pu convenir tous parfai-
tement sur la maniere de fixer ces articles;
et en second lieu , il ne faudroit pas moins
malgré cela que chaque particulier , en verta
de leurs principes , examinât et discutât
d'après une étuie profonde de l'Ecriture
quels sont ces articles fondamentaux, et s'il
n'y en a pas plus ou moins que ceux qui
ont fait tant de fois le sujet des disputes
de leurs Docteurs.
Ainsi la Rf ligion des Prolestans renferme
un principe interne de destruction: puisque
J7
tout homme qui y est élevé, doit par prin-
cipe rie religion douter de tout ce qui lui
est enseigné, et qu'il est obligé, pour s'as-
surer., de, sa croyance : de faire, un examea,
impossible à la plus grande partie des hom-
mes. La condition des filéles dans les pre-
miers tems de rétablissement de TEglise ,
fat bien diflerenle , comme on îe voit par
le Concile de Jérusalem , dont la décision
lut proposée avec autorité comme Toracîe
du Saint-Esprit. Eu vertu de ce principe ,
le catholique n'a jamais lieu d'hésiter et
d^avoir de l'inquiélude , sur sa croyance,
étant toujours assuré par Tautorilé de rEgli-
se , à qui l'assistance du même Esprit divin
a été promise pour tous les siècles à venir.
Kéflexions sûres contre lesNovateurs en particuliers.
Pour faire voir plus distinctement combien
s'abusent ceux qui , en rejettant Tautorité
de l'Eglise,, recourrent aux Ecritures pour
juger par leurs propres lumières des dispu-
tes qui s'élèvent sur les matières de la foi ,
je vais exposer quebjues principes, dont la
vérité et la certitude ne peuvent être con-
testées par qui que ce soit qui veuille pro-
céder avec droiture et avec sincérité.
Conséquemment , j'établis comme certai-
nes et indubitables , les propositions sui-
Tantes ;
Que rEglise de Jesus Christ existoit avant
que fût écrit aucun Livre du îVuoTcau Tes-
tament,
Que l«s Apôtres cboisis par Jesus-Chrisf,
et îes Pasteurs établis successivement par
les Apôtres (i) , excrçoienl le ministère de
la prédication et de renseignement, la dis-
pensalion des divins Mystères, et la puis-
sance de remettre les péchés: que. par con-
séquent dans les premiers tems , ' et avant
que le Nouveau Testament fût écrit, c'étoit
en vertu de la puissance , et par rautorité
qu'ils tenoient de Jesus-Christ qu'il eusei-
gnoient , dispensoient les divins Mystères ,
remettoient ou retencient les péchés.
Que les Auteurs inspirés de Dieu , qui
ont éerit successivement les Livres qui com-
posent le Nouveau Testament, ne les ont
pas écrits pour donner atteinte à la consti-
tulion primitive de l'Eglise fondée par Je-
sus-Christ, qu'ils n'ont ôté en aucune ma-
niere aux Pasteurs rautorité de l'enseigne-
ment, et n'ont point dispensé les fidèles de
l'obligation de les entendre : au contraire ,
même l'une et l'autre sont clairement énon-
cées et confirmées en plusieurs endroits de
l'Ancien Testament. Outre cela , nous sça-
Tons que ces Livres se lisoient publiquement
dans les Eglises , les Pasteurs y présidant ,
et que la lecture qui s'en faisoit au peuple.
(i) Act.' c, 16,4, c. 20,
ëloit accompagnée d une mslruction et de
renseignement de ces mêmes Pasteurs qui
en donnoient l'explication. On entend en-
core par- là , comme le disoit saint Pierre ,
que l'interprétation de lEcrifure ne doit
j>as se faire par la voie de Tesprit parti'cu-
lier , et comment les choses difficiles à en-
tendre dans les Epîtres de saint Paul, que
des hommes inconsidérés tournoient à lerr
perte en les interprétant à leur gré , fai-
soient dans lEglise le sujet d'une très-grande
édification , élant annoncées et expliquées
aux fidèles par l'enseignement et l'autorité
des Pasteurs. Ce qui lait toît que dés ces-
premiers tems , l'autorité nécessaire pour in-
terpréter les Ecritures faisoit partie de l'en-^
geignement que J. C. avoit attribué aux.
Pasteurs.
11 est donc évident que quand les Livres
dn Nouveau Testament, ont été écrits et
adressés aux fidèles,, on ne kur a pas dit:
Prenez ces Livres, lisez-les ,. et- entendez-
les à votre gré ;^ mais recevez ces Livres
que l'Eglise vous présente ^ et écoutez-la
comme vous avez fait jurrju'à présent , atia
de les entendre sainement pour votre ins»
sft-uction et votre avantage spirituel..
Il est certain que l'autorité du minisfèrç
que Je.eus-Christ a donné à ses Apôtres ai
été transmise par eux , et communiquée aux.
autres Pasteurs ^ comme de saint Paul as
Timotliée et à Tite par au rit de coivsé=-
8o
ciatîon, qu'flm a appelle imposition des mains
et ordination. Il est certain que ces Pasteurs
étoient très-étroitement unis parle lien d'une
même communion sous un premier Pasteur
qui fut saint Pierre, selon qu'il est nommé
très-distinctement dans 1 Evangile.
Timothée et Tite, étant étaiolis Pasteurs
par rimposition des mains, recurent alors,
et non auparavant , le pouvoir d'ordonner
d'autres Pasteurs , comme on le voit par
les régies mêmes que saint Paul leur pres-
crivit à ce sujet.
C'est pourquoi dans l'institution de la
primitive Eglise, les assemblées des simples
IJdéles ne s''arrogèrent jamais l'autorité du
ministère apostolique. Jesus-Christ la conféra
aux Apôtres , les Apôtres la communiquè-
rent aux. Ministres qu'ils établirent par le
Tît sacré de l'ordination , et ceux-ci aux
autres successivement : ainsi se fit dès le
commencement, et non autrement, la pro-
pagation du ministère apostolique , et tel il
doit durer, en vertu de l'assistance promise
par Jesus-Cbrisi jusqu'à la fin du monde.
Il s'ensuit clairement de-là que l'ensei-
gnement auquel est jointe la conservation
du dépôt de la foi , et la dispensation <fes
divers Mystères , sont des choses unies au
ministère apostolique par l'état même cons-
titutif de l'Eglise , pour y être conscrvées^
ftt perpétuées au moyen de la perpétuité
(lu sacerdoce.
La perpetuile ctu sacerdoce avec le mé:ue
ril , par ieijuel il fut comQiunlqMé des le
taras lies Apôtres , est claire el constante
dans lEglise Calliolluue jusqu'à noire tem-i,
aussi-bien que la perpetuile de ru.ûua pri-
iuiti\e de toutes les Eglises sous un Chef
visible : donc , ce n'est que chez elle que
s'est pus perpétuer , en vertu de sa pre-
Biiere in^tituliou , l'autorité de renseigne-
ment, la conservation du dépôt de la loi, et
la légitime dispensa tion des divins Mystères.
La continuation du sacerdoce s'est rom-
pue chez les Protestans , c'est pourquoi II
n'est pas étonnant que la succession apos-
tolique se soit perdue chez eux , et que le
dépôt de la foi , qui est le lien de com-
munion, ne s'y trouve plus, et que s'étant
éloignés de TEgUse , qui est la colonne de
la vérité , ils se soient laissés emporter à
tout vent de doctrine , comme il paroit par
leurs changeraens perpétuels et leurs varia-
tions sans fia dans leurs euseignemens, leurs
principes.
Il faut conclure de-là que le pouvoir de
remellre les péchés n"a pu leur demeurer
Bon plus , puisqu'il a été attaché pas Jesus-
Christ même au ministère apostolique , qui
n'a pu .être perpétué qu'avec le rit pratiqué
par les Apôtres.
C'est donc en vain que les Novateurs se
flattent qu'en suivant la lettre de l'Evangile,
et eu TÎTimi. hauaclemeat il& ne âeroat pas
Si
'fi'pvoMTés de Dien , TEtani^iìe même les
réprotne hautement. Q>iel!e que soit l'hon-
nètelé «lont ils se glorifient , ils ne diront
pas certainement qu'ils soot sans péché, et
qu ils nont pas besoin qne Dieu leur remet-
te ceux dont ils se sont rendus coupables :
quils lisent donc i'Erangi'e, et ils verront
que Dieu par sa miséricorde infinie, a ouvert
aux hommes la voie de la récorciliatiou par
les mérites de Jesus-Chri't son Fils , mais
que Jesus-Christ a vou!u attacher celte récon-
ciliation à certaines conditions. La premiere
est celle du (i) Baptême, dont les Evèques
et les Prélats sont les Ministres (2) ordinai-
(1) Caléch. du Conc. de Tr;
(2) J'' observerai ici pour rinslruclîon de
ceux (fui pourront en avoir besoin, que quoi-
que l'administration du baptême appartienne
seulement aux Evéques et aux Prêtres ,
comme propre à leur office y_ et extroordi"
nairement aux Diacres ; cependant , en cas
de nécessité , ' lotit e personne peut baptiser ,
soit homme ou femme- ^ et même les héré-
tiques et les injidéles ^ de quelque espéce
qu'ils soient , pourvu qiie Von emploie la
matière , la forme et l'intention nécessaire ;
en observant cependant que- pour cette ad-
ministration un Ecclésiastique doit être pré-
féré à un Laïc , un homme à une femme ,
et un fidèle , s'il en est capable , à un in^
&/e/e. Par eonséquent le baptême donné par-
^3
rcs. Ensuite celîe tîe la Pénitence, en ayanb
attaché de la maniero ia plus expresse au
ministère apostolique et sacerdotal le pou-
voir de remettre et de retenir les péchés.
Comment peuvent- ils donc se flater d'obte-
nir la rémission de leurs péchés, rémission
si nécessaire , par une autre voie que celle
que Jesus-Christ a établie?
des injldéles avec la matière , In, forme et
linlenlioa requises , est un vrai baptême ,
et ne peut se réitérer. Ainsi les enfaiis bap^
tisés de celte manière chez les hérétiques de-
viennent membres de V Eglise , et lui demeu-
rent unis , à moins que , parvenus à fnira
usage de leur raison : ils ne s^en séparent
en adhérant volontairement aux erreur»
qu''eile condamne. Lorsquon vient à perdre
par quelque péché mortel la grâce reçue
dans le' baptême , on ne peut la recoui'rer
que par le moyen de la pénitence , joint e _
à la confessian sacramentelle ^ ou au vœu
de ce Sacrement ; et il n^y a que les Fas^
leurs et les Prêtres approiwés par V Eglise
qui puissent en être les Ministres , selon la
parole de Jesus-Christ , en vertu de laquelle
il voulut accorder à ses Apôtres et à leurs
successeurs dans le ministère apostolique et
sacerdotal , la puissance de remettre et de
retenir les péchés j comme il à été dit ci-
dessus.
*4
Il est clair qne Jesus-Christ a donne s
ses Apôtres , pour eux et pour leurs suc-
cesseurs , le pouvoir de remettre les péchés.
C'est donc être aveugle que d'espérer qu'on
aura la rémission des siens , indépendam-
ment et au mépris de la disposition qu'a
fait Jesus-Christ , et qui se conserve dans
l'Eglise Catholique.
De tout cela il est aisé de comprendre
que Dieu nous a fait une grande grâce en
BOUS iaisant naître dans le sein de cette
Eglise qui est une, par la communion d'une
jnéme foi , qui est Sainte, par la pureté et
l'efficacité de sa doctrine , qui est Catholi-
que , parce qu'elle est répandue dans toutes
les p.irties de la terre, et qui s'étant éten-
due et reproduite sans cesse par une suite
de Pasteurs qui n'a jamais été interrompue
depuis le tems des Apôtres , se glorifie avec
raison , d'être nommée Apostolique. Enfin ,
avec la succession du Sacerdoce , le lien de
la communion primitive s'y est maintenu
inviolahlement ; par conséquent elle a con-
servé tous les caractères de sa primitive in-
stitution.
Elle nous met donc à labri de tout dan-
ger d'erreur , et nous devons y croire fer-
mement , assurés par la promesse de Jesus-
Christ et par l'immutabilité du dogme ex-
primé dans le symbole : c'est dans son sein
que nous pouvous et devous espérer la ré<-
mission de nos péctés par la puissance que
lui a accordée Jesus-Christ même.
Si tons les saints Personnages qui floris-
soient au tems de Julien , ces Hommes si
vénérables par l'éclat de leur sagesse et de
leur eminente sainteté; un Hilaire, un Atha-
nase , un Basile, un Grégoire de Nazianze,
un Jean Chrysostôme , un Cyrille de Jéru-
salem : si, dis- je, ils revenoienl dans l'Egli-
se , malgré les révolutions de tant de siè-
cles , ils y reconnoitroient bientôt la forme
et la constitution de celle dans laquelle ils
©nt été élevés; ils y retrouveroient !e même
dogme , les mêmes Sacremens , la hiérar-
cbie composée d'Evéques , de l'rétres et de
Ministres comme elle étoit; les mêmes fon-
ctions sacerdotales, Tauguste sacrifice de la
Messe offert pour les vivans et pour les
morts , la Communion avec le siège de
Pierre, comme centre de l'unité catholique,
et comme la Mere et la premiere de toutes
les Eglises ; la vénération pour les Saints ,
pour leurs reliques et leurs images. C'esft
donc en elle et non dans les communions
qui en sont séparées, qu'ils reconnoitroient
l'Eglise dans laquelle ils ont vécu.
Or la Doctrine chrétienne que Je dois
TOUS enseigner , mon Fils , est la même que
celle que ces saints Personnages ensi ignè-
rent autrefois à Ifurs peuples : et ils ne
l'avoient pas inventée , mais ils l'avoient re-
«ue de leurs prédécesseurs de maiu eu maiu.
S6
La inéiae promesse de Jesus-CUrist cjui la
conserva jusi|irà saiiil Damase , qui >ivoit
dans ce leDJ.>)-là , la de nièuie inTaiiable-
nient conservée sous les softverains Ponllfes
tjui ont suivi el qui se soûl succédés jus-
qu'au Pontificat de Clément XIV, à présent
réguanl. Dieu la conservée pour vous, pour
le salut de votre amc , rachetée du propre
sang de Jesus-Christ son Fils à jamais béni ,
afin qu'instruit à marcher dans les voies du
Seigneur , vous profitiez dos principes et des
maximes de sa Keligion sainte , pour votre
sancliûcalioia et volrc salut eleruel.
s-
TxlBLE DES CHAPITRES
CONTEKCS DANS CET OUViUG£.
D,
e V origine et des progrès de la Reli-
gion depuis la création du monde . pag. 3
lic/îexion sur l ordre et lu connexion
des événeinens tjui viennent d être rap-
portes 4°
Preuve de la divinité du christianisme
ifui résulte de faits les plus notoires et
incontestables ib.
La Religion Chrétienne existante dans
V Eglise . a été fondée par Jesus-Christ
et étendue par les apôtres et leurs suc-
cesseurs jusiju à nos jours , , . . '4^
Les caractères essentiels à la Religion
àe Jesus-Christ sont pernianens dans
VE^lise 48
L''Eglise de Jesus-Christ est Une . ib.
L Eglise de Jesus-Lliiist est Catholit/ue 49
L^ Eglise de Jesus- Christ est AposloH(jue ib.
L Eglise de Jesus- Chris'i est Sainte . 5i
Le Cathou(jue seul a droit d être tran-
atiille sur sa croyance : tous les autres
ont sujet de se défer de la Religion (ju'iis
professent par leur Religion même . .56
De r Idolâtrie 58
Le Mahoméliinie ....... 61
«s
£? Judaïsme pag. 6S
L Ef^Use Greccfue Schismaiicjue . .69
Des Novateurs 'jx
Re/7exions sûres contre les Novateurs
en particulier 77
V. Tosi Revisore Arcivescovile
Se ne permeile la stampa,
l^EssorfE per la grande Caueeileiia;.