m primitifs français
tt à la BiblîotDèaue nationale
4i 12 Hvril a» ii 3uillel 1904
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Théophile BEL3N, 29, Quai Vohairc
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Le Burlington Magazine est édité par MM. C. J. Holmes et Robert Dell,
assistés d'un Comité consultatif composé de :
MM. LE VICOMTE DiLLON. LORD BaLCARRES. LORD WiNDSOR. SiR EdWARD
Maunde Thompson. — Sir C, Purdon Clarke. — Sir Martin Conway. — Sir
Charles Holroyd. — Oswald Barron. — Léonce Benedite, — Laurence Binyon. —
George H. Birch. — Dr. W. Bode. — Henri Bouchot, — Sidney Colvin. — Her-
bert F. CooK. — Lionel Cust. — Cyril Davenpokt. — Campbell Dodgson. —
Roger E. Fry. — Dr. A. Furtwangler. — Richard R. Holmes. — Herbert P. Horne.
— Georges Lafenestre. — Guy Francis Laking. — D. S. Maccoll. — Percy Mac-
OuoiD. — Allan Marquand. — André Michel. — Emile Molinier. — Arthur Mor-
risson. — Charles Eliot Norton. — Claude Phillips. — Alfred W. Pollard. —
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Le Burlington Magazine est justement célèbre en Europe et en Amérique
pour la haute valeur documentaire de son texte, dû aux plus éminents historiens,
savants et critiques d'art, et pour la beauté de ses illustrations qui comprennent des
reproductions par la photogravure, la phototypie, l'héliotypie et autres procédés.
Chaque numéro contient des reproductions en couleurs d'objets d'art, de dessins
et exceptionnellement de tableaux. Ces illustrations, dont trente à quarante sont
des planches hors texte, ont pour objet d'accompagner le texte, et la Revue
s'attache d'abord à donner une reproduction exacte et authentique de l'original.
Le Burlington Magazine publie encore chaque mois des notes sur tes
ventes artistiques d'un intérêt inappréciable pour les collectionneurs; des corres-
pondances étrangères, complètes et substantielles qui sont comme un catalogue
documenté de toutes les manifestations artistiques; un calendrier, annonçant toutes
les principales expositions qui doivent avoir lieu dans le mois, en Angleterre et à
l'étranger; une revue analytique, signée des meilleurs critiques d'art, de toutes
les importantes publications artistiques, etc.
CONDITIONS
Prix du numéro 3 fr. 50
Prix de l'abonnement annuel 44 fr. »
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L*EXP©SITI©N
des
Primitifs Français
(La Peinture en France sous les Trahis)
par
M. Henri BOUCHOT
Conservateur du Cabinet des Estampes à la Bibliothèque Nationale
^se^
Cet ouvrage formera un volume petit in-folio
contenant cent planches en héliogravure. Chaque planche
sera accompagnée d'une notice due à la plume de M. Henri
Bouchot.
Prix de Touvrage en souscription : 150 francs
11 sera tire dix exemplaires sur papier des Manu-
factures Impériales du Japon, au prix de 300 francs.
Chacun de ces exemplaires de luxe portera le nom
du souscripteur.
L'ouvrage sera publié en quatre livraisons men-
suelles; la première paraîtra le 3o Avril 1904.
UN PROSPECTUS ILLUSTRÉ SERA ENVOYÉ
A TOUTE PERSONNE QUI LE DEMANDERA
LES PRIMITIFS FRANÇAIS
Imprimé pour
LE COMITÉ DE l'eXPOSITION
DES PRIMITIFS FRANÇAIS
par la
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Paris, 8, rue Favart
1120665
i
EXPOSITION
DES
Primitifs Français
AU PALAIS DU LOUVRE
(Pavillon de Marsan)
ET
A LA BIBLIOTHÉQ.UE NATIONALE
Catalogue
REDIGE PAR
MM. Henri BOUCHOT, Conservateur au Département des Estampes
{Peintures et Dessins) : Léopold DELISLE, Membre de l'Institut,
Administrateur général de la Bibliothèque Nationale -Miniatures
et Manuscrits de la Bibliothèque Nationale et collections
particulières);].-]. GUIFFREY, Membre de l'Institut, Administra-
teur de la Manufacture Nationale des Gobelins {Tapisseries^'^
FRANTZ-MARCOU, Inspecteur général des Monuments histori-
ques (zrw^M a-) ; Henri MARTIN, Conservateur à la Bibliothèque
de l'Arsenal {^Miniatures de la Bibliothèque de V Arsenal ; Paul
VITRY, attaché aux Musées Nationaux {^Sculpture).
Préface de M. Georges LAFENESTRE, Membre de l'Institut,
Conservateur des Peintures au Musée du Louvre
PARIS
PALAIS DU LOUVRE
ET BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
Avril 1904
PRESIDENCE D'HONNEUR:
M. LE Ministre de l'Instruction Publique.
VICE-PRÉSIDENCE D'HONNEUR :
M. le Directeur des Beaux-Arts ; M. le Directeur de l'Enseignement
Supérieur
ADMINISTRATION DE L'EXPOSITION
Président : M.. Edouard Aynard, député du Rhône, membre de
l'Institut.
Vice-Président : M. Georges Berger, membre de l'Institut, président
de l'Union Centrale des Arts décoratifs et de la Société des Amis du
Louvre.
Vice-Président des Comités d'organisation : Le Comte Robert de
Lasteyrie, membre de l'Institut, professeur à l'Ecole des Chartes.
Administrateurs: M. Léopold Delisle, membre de l'Institut, admi-
nistrateur général de la Bibliothèque nationale; M. J.-J. Guiffrey, mem-
bre de l'Institut, administrateur de la Manufacture des Gobelins ; M. Ga-
briel Hanotaux, de l'Académie française; M. Kaempfen, Directeur des
Musées nationaux; M. J.-L. Pascal, membre de l'Institut, architecte,
inspecteur général des Bâtiments civils; M. E. Saglio, membre de l'Ins-
titut, conservateur honoraire du Musée de Cluny.
Secrétaire général :}\. Henri Bouchot, conservateur du Département
des Estampes à la Bibliothèque nationale. — Secrétaire : M. P.-A. Le-
MOiSNE, archiviste paléographe; — Adjoints: MM. Carie Dreyfus et
André Germain ; — Commissaire de V Exposition du Pavillon de Marsan :
M. Metman, conservateur du Musée des Arts décoratifs. — Trésorier :
M. T. Mortreuil, secrétaire trésorier de la Bibliothèque nationale. —
Trésorier adjoint : M. Paul Lacombe, trésorier de la Société de l'Histoire
de Paris.
VI
COMITÉS D'ORGANISATION
I" Section. — Peintures et dessins. — Président: M. Georges
Lafenestre, membre de l'Institut, conservateur du Département de la
Peinture au Musée du Louvre.
Membres : MM. Camille Benoit, conservateur adjoint des Musées
nationaux; François Benoit, professeur à l'Université de Lille; Bigard-
Fabre, chef de bureau à l'administration des Beaux- Arts; H. de Chenne-
viÈRES, conservateur adjoint des Musées nationaux; Jules Comte, direc-
teur de la Revue de l'Art^ ancien Directeur des Bâtiments civils; L. Dimier,
critique d'art ; Comte Paul Durrieu, conservateur honoraire des Musées
nationaux; Charles Ephrussi, directeur de la Ga^eUe des Beaux-Arts;
Louis GoNSE, membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts ; Anatole
Gruyer, membre de l'Institut, conservateur des Peintures du Musée
Condé à Chantilly ; Jean Guiffrey, des Musées nationaux; André Hal-
LAYS, du Journal des Débats; Raymond Kœchlin, secrétaire général de la
Société des Amis du Louvre; Henry Lemonnier, professeur de l'Histoire
de l'art à l'Université de Paris; Paul Leprieur, conservateur adjoint des
Musées nationaux; Paul Leroi, directeur de FArt; Jules Maciet, collec-
tionneur, vice-président de l'Union centrale des Arts décoratifs; Manzi,
directeur du journal Les Arts; Jean Masson, collectionneur; André
Michel, conservateur du Département de la Sculpture au Musée du
Louvre; Pierre de Nolhac, conservateur du Musée de Versailles; André
Peraté, conservateur adjoint du Musée de Versailles; Bernard Prost,
inspecteur général des Bibliothèques et archives; Schlumberger, membre
de l'Institut ; Paul Vitry, attaché aux Musées nationaux.
IL" Section. — Manuscrits et miniatures. — Président :
M. Henri Omont, membre de l'Institut, conservateur du Département
des manuscrits à la Bibliothèque nationale.
Membres : MM. Couderc, conservateur adjoint au Département des
Manuscrits de la Bibliothèque nationale ; Léon Dorez, bibliothécaire au
Département des Manuscrits ; le Comte Paul Durrieu ; Camille Enlart,
conservateur du Musée du Trocadéro ; Henri Gallice, collectionneur ;
Paul Leprieur ; Gustave Macon, conservateur adjoint du Musée Condé à
Chantilly ; Mâle, professeur de première au Lycée Louis-le-Grand ; Ch.
de La Roncière, sous-bibliothécaire au Département des Manuscrits ;
Henri Martin, conservateur du Cabinet des Manuscrits à la Bibliothèque
de l'Arsenal ; Salomon Reinach, conservateur du Musée de Saint-Ger-
main .
III' Section. —Tapisseries et étoffes peintes. - Président :
\1. \1:niric<- F' ^r'! \ y. collectionneur.
VII
Membres : MM. Crost (L.), chef de bureau à l'administration des
B eaux- Arts ; Farcy L. de'i, historien d'art à Angers ; Fournier-Sarlovèze,
artiste peintre, collectionneur et amateur ; J. Guibert, sous-bibliothécaire
au Département des Estampes; J. Maciet, vice-président de l'Union
centrale des Arts décoratifs ; Gaston Lebreton, conservateur du Musée de
Rouen, membre correspondant de l'Institut ; Martin Le Roy, conseiller à
la Cour des comptes ; Metma\, conservateur du Musée des Arts décora-
tifs ; Albert Maignan. artiste peintre, collectionneur.
IV* Section. — Émaux. — Président : Frantz Marcou, inspecteur
général des Monuments historiques.
Membres : MM. François Courboix, bibliothécaire au Département
des Estampes; E. Haraucourt, conservateur du Musée de Cluny ; Henri
de La Tour, conservateur adjoint du Département des médailles à la
Bibliothèque nationale ; Abel Lefraxc, secrétaire du Collège de France ;
Gaston Migeon, conserv'ateur du Département de la Renaissance au
Musée du Louvre ; Lucien Magne, architecte ; J.-J . Marquet de Vasselot,
attaché aux Musées nationaux ; Paul Vitry, attaché aux Musées natio-
naux.
M. P. Vitry a bien voulu se charger de choisir les sculptures qui
ornent les salles du Pavillon de Marsan.
COMITÉ DE PATRONAGE
MM. le Prince A. d'ARENBERG, de l'Institut ; Edouard Aynard. de
l'Institut ; Ernest Babelon, de l'Institut ; S. E. M. Barrère, ambassadeur
de France, Palais Farnèse, Rome ; le duc de Bauffremont ; Georges
Berger, de l'Institut; Bihourd, ambassadeur de France, Berlin;
D"" W. Bode, Directeur du Musée Royal de Berlin; L. Bonnat, de
l'Institut; S. E. M. Cambon, ambassadeur de France, Londres;
Ch. L. Cardon, architecte, Bruxelles ; Georges Clemenceau, Sénateur, ;
Corrado Ricci, Directeur du Musée des Offices, à Florence Italie ; Lio-
nel CusT ; Deville, Président du Conseil municipal; Stéphane Dervillé,
Président du Conseil d'Administration du P.-L.-M. ; Lady Dilke ; Gus-
tave Dreyfus; Charles Ephrussi ; Fétis, Directeur de la Bibliothèque
Royale de Bruxelles (Belgique) ; Lady de Grey ; J.-J. Guiffrey, de l'Insti-
tut ; Gabriel Hanotaux, de l'Académie Française ; Henri Hymans, Con-
servateur du Cabinet des Estampes, Bibliothèque Royale, Bruxelles (Bel-
gique) ; Kaempfen, Directeur honoraire du Musée du Louvre, Palais du
Louvre ; Paul Leroi, Directeur de VArt\ S. A. S. le Prince de Liechten-
stein, Palais de Liechtenstein, Vienne (Autriche i ; J. Maciet; Monsei-
gneur Perraud, de l'Académie Française, Cardinal Evêque d'Autun ; S. A.
le Prince Radolin. Ambassadeur d'Allemagne, Paris ; le Marquis de Re-
verseaux, Ambassadeur de France, Vienne 'Autriche) ; Henri Roujon,
VIII
Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts ; I. Van Rijswijck,
bourgmestre de la Ville, Anvers (Belgique) ; A. Schaffer ; S. E. le D""
ScHONE, Directeur des Musées royaux, Berlin : le Comte de Seckendorf ;
de Selves, Préfet de la Seine, H6tel-de-Ville de Paris ; S. E. M. de
Stuers, Ambassadeur des Pays-Bas; Supino ; S. E. le Comte Tornielli,
Ambassadeur d'Italie ; E. Verlant, Directeur des Beaux-Arts Bruxelles ;
Waldeck-Rousseau, Sénateur ; Wauters, Professeur de l'histoire de
l'Art, à Bruxelles ; le Comte Wilczek, à Vienne (Autriche).
DAMES
M"""* Edouard André; la marquise Arconati Visconti, ; la comtesse
de Béarn; la comtesse Jean de Castellane ; la comtesse Greffulhe; la
comtesse de Pourtalès.
MEMBRES PROTECTEURS
MM. le duc de La Trémoïlle ; Paul Lacombe ; Gabriel Lacombe ;
Gadala. agent de change ; le prince d'Essling ; Fenaille ; Mareuse ;
Edouard Aynard; De Rothschild frères,; Beurdeley; Méry; H. Pereire ;
J. de Kerjégu ; Hugues Krafft ; Cercle de l'Union Artistique; Denys
CocHiN, ; le baron Gérard; Bamberger; Charles Porgès; Archdeacon ;
L. Goldschmidt; Drake; Moreau-Nélaton ; André Germain; le comte
L. Cahen d'Anvers; F. Bischoffsheim ; le comte de Pomereu;
C. Groult; F. Roy; Isidore Leroy ; le comte I. de Camondo ; le comte
Boni de Castellane ; le Cercle Artistique et Littéraire; M"'" la comtesse
de Pourtalès ; M. Ernest Courbet.
MEMBRES ÉTRANGERS DE LA COMMISSION SUPÉRIEURE
MM. le D' John Bottiger, Stockholm; Bredius, La Haye; S. Colvin,
British-Museum ; Herbert Cook ; Robert Dell. Directeur du Bur-
lington-Magazine; Destrée, Directeur des Musées Royaux des Arts
Industriels, Bruxelles; Max Dvorak; C. Fairfax-Murray, Londres; Fiu-
RENS Gewaert, Professeur à l'Université de Liège ; D"" Firmenich-Richartz,
Bonn; J. Friedlander, Kœnigliche-Museum; D*" von Frimmel, historien
d'art; H. de Geymuller. Baden-Baden; Arthur Haseloff, Berlin; Jules
Helbig, Directeur de la Revue de lArt Chrétien, à Liège; Heseltim;.
Londres; Cornélius Hofstede de Groot, La Haye; Georges Hulin, Pro-
fesseur à l'Université de Gand, Gand; D"" Richard von Kaufmann, Pro-
fesseur à l'Université et Conseiller intime, Berlin; H. Kervyn de Li;tten-
HOVE, Bruxelles; Max Lehrs, Kœnigliches Kupferstich Kabinet Director.
Dresde; Le Nain (L); Koch (feu Pierre), Musée des Beaux-Arts d'Anvers :
J. Lessixgs, Directeur du Kœnigliches Kunstgewerbe Muséum, Berlin;
D'A. Lichtwark. Hamburg;(>. de Manoach. Privât docentà l'I'niversitc
IX
de Genève; James Paton, F. L. S, Superintendent Corporation Art
Galleries and Muséums, Glasgow ; A. Pit, Amsterdam ; de Platon Waxel,
conseiller d'Etat, membre effectif de l'Académie impériale des Beaux-
Arts de Saint-Pétersbourg -, Claude Philipps, Londres, Trustée of the
Wallace Collection; B.-W.-F. van Reenneck, directeur du Rijks-Mu-
seum, Amsterdam; Max Rooses, conservateur du Musée Plantin à
Anvers ; Paul Seidel, director des Hohenzollern Muséums, Berlin ;
W. DE Seidlitz, directeur des Beaux-Arts, Dresde ; Jaro Spbinger, conser-
vateur adjoint au Cabinet Royal des Estampes ; B. Supino, directeur des
Musées Nationaux, Florence ; Thompson, conservateur du British Muséum;
TscHUDi, directeur de la National Gallerie, Berlin ; Camille Tulpinck,
secrétaire-général de l'Exposition de Bruges ; Verhaegen, député de Gand;
James Weale, Londres; Weber le Consul, Hambourg; Weizsaeker,
Staedelsches Kunst Institut, Francfurt-a/-Mein.
MEMBRES DE LA COMMISSION SUPÉRIEURE
MM. le Baron d'ALBENAS, collectionneur ; Arsène Alexandre, critique
d'art ; Aude, Bibliothécaire de la ville d'Aix ; Philippe Auquier, Conserva-
teur du Musée de Marseille ; Albert Babeau, membre de l'Institut ; Ernest
Babelon, membre de l'Institut ; Germain Bapst ; Sigismond Bardac, col-
lectionneur ; Henri Béraldi, collectionneur ; Berr de Turique ; Bigard-
Fabre, Chef du Bureau des Musées à la Direction des Beaux-Arts ;
A. de Boislisle, membre de l'Institut, administrateur de Chantilly ;
Léon Bourgeois, ancien président de la Chambre des Députés ;
Breteuil, (M^s de) ; Etienne Bricon, critique d'art ; Brouillon, (D"") ;
Georges Cain, conservateur des Musées de la Ville de Paris ; Capi-
taine Sadi Carnot, collectionneur ; Chevreux, conservateur du
Musée d'Epinal ; Clemenceau (Georges), sénateur ; Jules Claretie,
de l'Académie Française ; Ernest Courbet, receveur municipal de
Paris ; L. Crost, chef de bureau à la Direction des Beaux- Arts ; Henri
Dallemagne, écrivain d'art ; Pierre Daumet, membre de l'Institut ;
Pierre Dauze, publiciste; Dayot (A.); Emile Delignières, à Abbeville;
Deville, avocat, président du Conseil municipal; d'Hesvernay; Paul Du-
bois,membre de l'Institut, directeur de l'Ecole des Beaux- Arts ; iMonseigneur
Duchesne, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole de France à Rome;
Durand (G.) Amiens; E. Durand-Gréville, écrivain d'art ; Edmond Foulc,
collectionneur; L. de Fourcaud, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts ;
Funck-Brentano, de la Bibliothèque de l'Arsenal; Paul Gauchery, ingé-
nieur-architecte, à Vierzon; Gustave Geffroy, écrivain d'art; Léon Giron,
conservateurdu Musée N.-D. du Puy; Guignard (l'abbé) (Loches); baron
Guillibert; Henri Havard, inspecteur général des Beaux-Arts; Maurice
Kann, collectionneur; Labande, conservateur du Musée Calvet; Louvrier de
Lajollais ; Henri Lapauze, critique d'art; Henri Lavedan, membre de
l'Académie française ; Louis Legrand. conseiller d'Etat; Lépine, préfet de
police; Letort, conservateur-adjoint à la Bibliothèque ; Emile Lhvy, direc-
teur d'y! r/^/Z)^Vora/ïO«; Lyon (Maire de) ; Ch. Mannheim, collectionneur;
Farcy (P. de), Angers ; Manzi, directeur du journal Les Arts- G. Marcel,
conservateur-adjoint à la Bibliothèque Nationale ; Paul Marchal, conser-
vateur à la Bibliothèque Nationale ; A. Marignan, écrivain d'art ; Roger
Marx, inspecteur-général des Beaux-Arts ; Frédéric Masson, membre
de l'Académie Française ; F. de Mély, écrivain d'art; Mézières, de l'Aca-
démie Française, conservateur de Chantilly ; Emile Michel, membre
de l'Institut ; Emile Molinier, ancien conservateur du Musée du Louvre,
ancien directeur des Expositions rétrospectives de 1900; Le président
Henri de Montégut, écrivain d'art ; Georges Montorgueil, écrivain d'art ;
A. MouREAu, bibliothécaire au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque
Nationale; Peyre, collectionneur; Ponsonailhe, critique d'art; Jules
Protat, imprimeur et collectionneur; Antonin Proust, ancien ministre;
Louis Quarré-Reybourbon, écrivain d'art ; Maurice Quentin, conseiller
municipal; Quentin-Bauchart, conseiller municipal; A. Raffet, biblio-
thécaire au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale ; Redon,
architecte du Palais du Louvre; Recluin (M. l'abbé) ; Marcel Reymond,
écrivain d'art ; Ricart ; Georges Riat ; Richtenberger, critique d'art ; Roche-
blave, professeur d'histoire à l'École des Beaux-Arts ; Roger-Milès, critique
d'art; Joseph Roman, collectionneur et écrivain d'art; Alexis Rouart,
collectionneur; Henri Rouart, collectionneur; André Saglio. commis-
saire des Expositions; Henri Stein, écrivain d'art, archiviste aux archives
nationales ; V. de Swarte, trésorier payeur général du jNord, président
de la Commission des Musées; Thiébault-Sisson, critique d'art; Félix
Thiollier, coUectionneuretécrivain d'art; Thierry, député des Bouches-
du-Rh6ne;TRAwiNSKi, secrétaire des Musées nationaux; L'rseau le cha-
noine) ; Melchior de Vogué, de l'Académie française.
INTRODUCTION
I
Depuis que les Gaulois, nos ancêtres, amis des cou-
leurs vives et des paroles sonores, furent initiés, par
leurs conquérants, aux séductions de la culture gréco-
romaine, la pratique des arts, plastiques ou littéraires,
n'a guère été interrompue dans notre pays. L'art de la
peinture, notamment, le plus souple de tous et le plus
expressif, facile associé de la poésie, s'y est toujours
montré l'interprète fidèle de nos croyances, de nos
sentiments, de notre pensée. Même aux époques les
plus troublées, à travers les longs flux et reflux des
invasions barbares, sous les Mérovingiens et les Carlo-
vingiens, on couvre encore d'images coloriées, (décor
mural, mosaïques, tissus brodés), plus ou moins gros-
sières, les basiliques et les palais, comme, autrefois chez
les gallo-romains, les temples et les villas. Les scribes
chrétiens s'efforcent aussi de répandre, à leur tour, sur
les feuillets des Missels et des Psautiers une parure
semblable à celle dont leurs prédécesseurs païens
décoraient les rouleaux des Poètes et des Philosophes.
Les chroniques nous apprennent quelles légendes sa-
crées ou héroïques se déroulaient, en scènes parlantes,
sur les murs des cathédrales et des résidences impé-
riales. Quelques manuscrits précieux nous ont conservé,
outre les noms de leurs illustrateurs, des témoignages
de la sincérité naïve, avec laquelle ces protégés de
Charlemagne et de Charles le Chauve essayaient déjà
d'exprimer, par une technique enfantine, la beauté du
décor architectural qui les entourait, la vivacité, sau-
vage ou élégante, des personnages si mêlés qu'ils y
voyaient se mouvoir.
Vers le xi* siècle, les ombres de notre histoire s'é-
claircissent. Le génie national, dès lors formé d'élé-
ments divers dont la fermentation ne cessera d'être
renouvelée par les apports intermittents du Nord, de
l'Est et du Midi, commence à se reconnaître ; il se con-
centre, se fortifie, s'enhardit, se développe avec suite
et rapidité, puis, tout à coup, fait explosion. Par l'hé-
roïque élan des croisades, débordant sur l'ancien
monde, il mêle, en des rivalités pacifiques ou violentes,
les diverses nations d'Europe encore mal formées ; il
reprend avec l'Orient byzantin et l'Orient arabe, foyers
encore actifs de l'art et de la science, un contact fécond.
Aussitôt se précipite chez nous, surtout dans l'Ile de
France, le mouvement, déjà commencé, d'une activité
enthousiaste, créatrice, expansive, la plus originale
qu'on ait connue, depuis l'activité hellénique au V siècle
avant Jésus-Christ.
L'hégémonie de la France, aux xiT et xiir siècles,
dans les arts comme dans les lettres, n'est plus contes-
tée aujourd'hui. Lesérudits d'Allemagne, d'Angleterre,
de Scandinavie, d'Italie, ne sont pas les moins ardents
à recueillir nos titres de gloire. Ce sont même eux qui,
plus d'une fois, les premiers, ont rendu sur ce point,
justice à nos architectes et à nos sculpteurs, autant
qu'à nos troubadours et nos trouvères.
Comment se fait il que nos préjugés scolaires et
mondains, notre ignorance utilitaire, nos passions re-
ligieuses ou politiques nous aient si longtemps caché
la vue de notre passé et fermé les yeux à ses gran-
deurs ? N'a-t-il pas fallu plus d'un siècle pour que les
esprits d'élite, eux-mêmes, reprissent, chez nous, cons-
cience de leur atavisme? On dirait vraiment que notre
activité, si constante dans ses manifestations, mais si
variable dans ses directions, nous condamne sans cesse,
par ses ardeurs même, à l'ingrat dédain d'hier dans
l'enivrement présomptueux d'aujourd'hui ! On dirait
que, fatalement disposés, par notre situation géogra-
phique et notre composition ethnique, par notre terri-
toire ouvert et nos Ames complexes, à recevoir,
accueillir, attirer sans cesse les communications du
dehors, nous soyions toujours prêts aussi à oublier,
dans ce besoin généreux d'assimilation et de pro-
XIII
pagande, les qualités fondamentales et persistantes de
notre propre génie ! Quels courageux et longs efforts,
pour triompher de ces ténèbres, ont dû faire au
XIX' siècle, tant d'érudits, d'archéologues, de poètes,
d'artistes, Chateaubriand, Emerie David, Victor Hugo,
de Caumont, Vitet, Mérimée, Viollet-Leduc, Lassus,
Quicherat, Courajod, etc î Que de patience et de
volonté il a fallu encore aux associations fondées ou
inspirées par eux, officielles ou libres, parisiennes ou
provinciales, sociétés d'antiquaires, commissions des
monuments historiques, pour sauver non sans peine,
quelques reliques, toujours menacées, du plus magni-
fique patrimoine d'art que jamais un vieux peuple, infa-
tigablement laborieux, ait jamais légué à ses enfants !
Bénis soient ces morts, puisqu'ils ont accompli leur
œuvre !
Grâce à eux, nos loyaux « Maistres d'œuvres », nos
honnêtes « Imaigiers » constructeurs et décorateurs de
nos cathédrales, monastères, chapelles, châteaux,
palais, logis, ont repris, dans l'admiration et la recon-
naissance du monde civilisé, la place qu'ils méritaient.
Pourquoi la même justice, en même temps, n'a-t-elle
pas été rendue aux innombrables et bons peintres qui
coloriaient leurs murs, enluminaient leurs statues,
dessinaient ces vitraux, tapisseries, orfèvreries, sans
lesquels leur œuvre leur eût semblé froide, inanimée,
incomplète? La réponse, hélas! est trop simple. Par
leur nature même, fragilité des substances, fragilité des
supports, qu'elles aient été fixées sur des pierres, des
plâtres, des bois, des verres, des tissus ou des métaux,
toutes les œuvres de peinture, promptement altérables,
sont aussi les plus facilement destructibles. Elles n'ont
point pour résister aux ravages du temps et des hommes
la force des matières dures dans lesquelles les archi-
tectes et les sculpteurs ont pu fixer leur rêve et dont
les débris, même les plus mutilés, nous peuvent dire
encore l'habileté de la main qui les travailla, la vigueur
ou la délicatesse de l'imagination qui en conçut la
beauté.
L'exposition qui s'ouvre a donc pour but de réparer,
dans la mesure possible, les injustices d'un long oubli
à l'égard de nos vieux peintres. En y présentant à
XIV
l'examen et à l'étude celles de leurs œuvres qu'on a pu
rassembler, on espère appeler désormais sur toutes
les autres, égarées ou absentes, l'examen attentif des
chercheurs et des curieux, la sollicitude respectueuse de
leurs détenteurs et propriétaires. Le nombre de ces
œuvres est encore bien limité ; cependant ces témoins
variés d'une fécondité incessante (peintures murales,
tableaux, miniatures, dessins, tapisseries) suffiront à
prouver combien, là comme ailleurs, sur le terrain des
arts, furent opiniâtres et vivaces la résistance de notre
vitalité, aux plus tristes heures, comme aux plus glo-
rieuses de notre histoire, et la continuité, éclatante ou
troublée, des recherches et des aspirations particulières
à notre esprit français.
II.
On comprendrait mal les évolutions qui s'opèrent
dans l'art de peindre, entre l'avènement de Philippe VI
(1328) et celui de Henri IV (1589), sous les trois dynas-
ties des Valois, si l'on n'en connaissait les origines aux
xir et xiir siècles. Dès cette époque, durant la double
floraison du génie national, dans la période romane
et la période gothique, les peintres, alliés des
architectes, émules des sculpteurs, collaborateurs
des théologiens et des poètes, s'efforcent, comme
eux, de parler, dans leur langage visible, à l'esprit de
tous. Ils s'adressent donc, à la fois, au peuple par les
représentations murales, à l'élite, ecclésiastique ou
laïque, par les illustrations des manuscrits. Sous ces
deux formes extrêmes et génératrices de toutes les
autres, le décor des édifices et le décor des livres,
ils travaillent, avec une liberté croissante, à instruire,
réjouir, enrichir les imaginations de leurs contempo-
rains. La plupart exerçaient à la fois ces différents
genres, en y joignant souvent la pratique de l'archi-
tecture et de la sculpture. Ainsi s'expliquent l'unité
extraordinaire de l'art du moyen-âge et l'harmonie
décorative qui, jusqu'à la fin, animera toutes ses
œuvres, même les moindres, et leur assurera une
valeur esthétique.
Les peintures du Tnnplc de Saint-Jean^ à Poitiers,
XV
de V Église de Saint-Savin (Vienne), de la Chapelle du
Z/^^/ (Indre-et-Loire), de V Église de Ponce {Sârrthe),
de l'Église du Petit- Quevilly (Seine-Inférieure), de la
Chapelle Saint-Michel, à Rocamadour, restent des
témoignages vénérés et émouvants de la force et du
charme avec lesquels se déroulaient sur les parois d'un
édifice religieux, dans un ensemble harmonieux et ins-
tructif, les grandes pages imagées de l'épopée évangé-
lique. Le style de ces décors sacrés, ici, comme dans
les autres pays, se ressent encore, plus ou moins, de
l'enseignement byzantin qui s'était répandu, si bril-
lamment, sur toute l'Europe depuis deux siècles. Néan-
moins, sous la décomposition très visible de tradi-
tions insuffisantes, reparait déjà, s'essaie et s'enhardit
le génie indigène, impatient des formules, de plus en
plus sensible aux choses de la vie, ami de la vérité
plus que du rêve, de la grâce plus que de la beauté, de
la nature plus que de la science, observateur naïf et
sincère, trouvant l'émotion poétique dans la variété
simple et proche des spectacles quotidiens, et l'expri-
mant, sans emphase, avec une franchise loyale et une
liberté enjouée. Les relevés faits, en divers lieux par
MM. Gélis-Didot et Laffilée (notamment au Petit-
Quevilly), en fournissent plus d'une preuve ^
Ce mouvement d'émancipation se poursuit durant
tout le xiir' siècle. Il ne semble pas, néanmoins, avoir
créé, sur les murs, dans l'ordre narratif et monumental,
des ensembles aussi remarquables qu'au siècle précé-
dent. A mesure que l'architecture gothique, en France,
plus élancée, plus compliquée, plus aérienne, restrei-
gnait, dans ses savants enchevêtrements de colonnes
et de voûtes, les grands espaces de surfaces planes
naguère livrés aux peintres dans les anciennes basili-
ques, ceux-ci doivent s'y réduire de plus en plus au travail
décoratif. Dans l'Italie, au contraire, où les tra-
ditions classiques ne furent qu'à peine troublées, çà et
là, par l'art ogival, la conservation des murailles plates
I. Les relevés de peintures murales faits pour le service des Monuments histo-
riques (Ministère de rinstruction publique et des Beaux-Arts) sont déposés à la
Bibliothèque du Musée de Sculpture comparée au Palais du Trocadéro. V. le
Catalogue des Relevés, Dessins, Aquarelles des Monuments Historiques par
Perrault-Dabot. V. aussi la Peinture Décorative en France du xi* au xvi* siècle
par MM. Gélis-Didot et Laffilée.
XVI
ne cessa d'appeler la fixation tranquille des narrations
développées dans des cadres réguliers. C'est une des
causes qui s'ajoutèrent aux raisons climatériques, pour
conserver, en Italie, à la peinture murale, son rôle
prépondérant et directeur, tandis qu'en France, devaient,
au contraire, de plus en plus, triompher les applica-
tions diverses de la peinture architecturale, notamment
dans les vitrauxet tapisseries, décors utiles et mieux
appropriés aux exigences variables d'un climat moins
lumineux, plus humide et plus froid.
Peintures murales, vitraux, tapisseries, tout, d'ailleurs,
durant cette période, s'inspire, d'abord, des dessins plus
ou moins grossiers, de style barbare ou enfantin, puis
des enluminures, de plus en plus habiles et brillantes,
dont se parent et s'éclairent les manuscrits sacrés et pro-
fanes. C'est dans ces délicats et libres travaux, dont s'ins-
pirèrent bien souvent les grandes peintures anéanties,
qu'on peut vraiment suivre et admirer la rapide éman-
cipation, sous l'influence des lettrés laïques, de l'esprit
observateur et de la sensibilité humaine, en même
temps que les progrès de la technique, chez les minia-
turistes de l'Ile-de-France et des provinces avoisinan-
tes. Peut-être florissaient aussi, dès lors, dans les villes
de la Loire, Orléans, Blois, Tours, des écoles déjà an-
ciennes. En tout cas, les Enlumineurs de Paris prennent
bien vite, et pour longtemps, dans l'admiration des
nations voisines, le même rang que les architectes et
les sculpteurs français. Leurs ouvrages, d'un transport
facile, vont fournir au delà du Rhin, des Alpes, des
Pyrénées, de la Manche, des modèles innombrables à
tous les arts renaissants. Un quartier entier, dans la
région de l'Université, au milieu d'une population
énorme et cosmopolite de professeurs et d'étudiants est
occupé par les libraires et leurs collaborateurs. Dans
ces ateliers laborieux les artistes allemands, flamands,
italiens, qui viennent y gagner leur vie ou apprendre
leur métier, sont presque aussi nombreux que les artis-
tes français.
XVII
III
Au commencement du xiv' siècle, Paris est donc le
centre de l'activité européenne, pour les artistes comme
pour les lettrés.
Sans doute, à ce moment, la prépondérance, dans
l'art de peindre, est en train de passer du côté de l'Ita-
lie, grâce au génie des Siennois et des Florentins, à
Duccio, à Giotto, Simone di Martino, qui le font réso-
lument sortir des incertitudes et lui montrent, dans un
contact direct, méthodique et réfléchi, avec la nature
vivante, le moyen de retrouver la beauté endormie aux
fragments épars de l'antiquité gréco-romaine. Sans
doute, la France n'est point ignorante des chefs-d'œu-
vre nouveaux, elle n'est point insensible à leurs séduc-
tions. En 1304 Philippe-le-Bel reçoit à sa cour trois
peintres de Rome, Philippe Rusuti (probablement l'ar-
tiste florentin, dont la signature se trouve au bas d'une
mosaïque de l'ancienne façade, à Santa Maria-Mag-
giore), son fils Jean, et Nicolas de Massi. Sans doute,
les papes français, installés par lui à Avignon, en 1309,
ne tardent pas à y appeler Giotto, qui n'y vint peut-être
pas, mais aussi Simone di Martino, qui s'y installe et
y meurt en 1344, puis, après eux, d'autres Italiens, Sien-
nois, Romains, Toscans, qui s'y succèdent en nombre.
Néanmoins, les Parisiens ne se laissent point encore
entamer par ces influences, trop passagères ou trop
lointaines, d'un art en formation comme le leur. Au
moment même où Philippe-le-Bel accueillait des peintres
romains, n'envoyait-il pas, de son côté, à Rome, « chargé
de diverses affaires », un peintre de sa cour, Etienne
d'Auxerre, qui devait être un gros personnage ? La
multitude de praticiens du Nord qu'on trouve à Paris,
soit de passage, soit en résidence, n'implique pas,
non plus, de leur part, une action décisive sur la
production locale. Presque tous, apprentis plus que
maîtres, arrivaient de l'Artois, du Hainaut, du Brabant,
des Flandres méridionales, toutes provinces de langue
et de culture françaises, gouvernées par des princes
vassaux et parents du roi de France. L'art, comme la
littérature, qui s'y formaient alors, ne s'y pouvaient dis-
tinguer, dans leurs traits généraux, de l'art et de la lit-
XVIII
térature du centre parisien. L'individualité flamande,
dans les régions septentrionales, commence seulement
à se préciser et se caractériser. On a donc beaucoup
exagéré l'importance et la valeur des apports que les
artistes flamands, sculpteurs ou peintres, ont pu laisser,
à cette époque, dans ce centre actif où ils étaient attirés
à la fois parle désir de voir et de s'instruire, l'appât du
gain et l'espoir de la renommée et qui devait, comme il
arrive toujours en pareil cas, les assimiler, les franciser,
leur donner plus que recevoir. Ne suffit-il pas de regarder
les images naturelles et vivantes, tantôt gracieuses, tan-
tôt hideuses, parfois d'une noblesse imposante, parfois
d'une laideur grimaçante, qui peuplent les portails, les
chapiteaux, les toitures de nos églises ou qui couvrent
les marges de nos manuscrits pour être bien certains
que nos tailleurs de pierre et nos enlumineurs avaient
déjà, d'un œil libre et hardi, embrassé tout le champ
des réalités humaines ? Ils n'avaient plus rien à
apprendre de personne en fait de sincérité, délicate ou
brutale, d'observation grave ou maligne.
Qu'on se rappelle, vers l'an 1300, le vaste décor de
la Coupole dans la Cathédrale de Cahors, les restes des
peintures murales de la Cathédrale de Clermont-Fer-
rand, (Vierge entre deux anges, Vierge entre un prêtre
etun enfant de chœur agenouillé), -pMis, que l'on s'arrête,
à l'Exposition, devant le Parement de Narbonne, la
Mître du Musée de Cluny, la Chape, prêtée par M. Mar-
tin Leroy, dessinés sous Charles V, vers 1370 ou 1380 ;
on reconnaîtra, à première vue, que c'est bien le même
art, la même façon de voir et de comprendre les êtres
et les choses, qui se perpétue, en se modifiant, s'affi-
nant, se compliquant, s'inquiétant, s'agitant ! Partout,
les figures réelles se mêlent sans fausse honte aux figu-
res idéales; et celles-ci ne sont elles-mêmes que des
figures réelles transfigurées par la sincérité de l'émo-
tion. A Cahors, des paysans et des seigneurs accompa-
gnent des saints dans le paysage : ces paysans sont de
lourds rustauds; à Narbonne, des bourreaux frappent
le Christ : ces bourreaux sont d'ignobles soudards.
Leurs laideurs brutales ou grimaçantes sont aussi ex-
pressives que peuvent l'être, à leurs côtés, dans sa
noblesse douloureuse, la beauté de la Vierge, dans sa
tendresse soumise, la grâce de la Madeleine, dans leur
minauderie souriante, les anges efféminés et les jeunes
rois Mages. Ce qui attire sans cesse le peintre, ce qu"il
veut rendre, ce qu'il rend, bien ou mal, avec plus ou
moins d'incorrections et de gaucheries, mais ce qu'il
rend toujours, c'est, avant tout, la vérité franche de
l'attitude, la vivacité claire du mouvement et du geste,
l'expression opportune de la physionomie dans l'action
paisible ou pathétique. Pour bien dire ce qu'il veut dire,
il n'hésite jamais dans ses affirmations ; il insiste, sans
peur du ridicule, sur tous les détails, tous les traits qui
peuvent accentuer le jeu, le caractère, le type de ses
acteurs; la gesticulation, anguleuse ou violente, s'exa-
gère parfois jusqu'à la contorsion et la laideur, incon-
sciente ou fanfaronne, jusqu'à la caricature. Néanmoins,
comme ces excès d'un réalisme naïf sont presque tou-
jours à leur place, ils nous semblent encore l'expression
légitime d'un sentiment sincère.
Dans presque toutes les peintures survivantes du
xW siècle, on trouve des portraits. Dès lors, en effet, le
portrait, transcription fidèle de la personnalité humaine,
devient, pour toute l'Ecole française, comme il restera
toujours, l'objet de ses études préférées, sa passion la
plus constante, la source la plus durable de sa gloire.
Les peintures murales de ce temps, dont l'écriture seule,
hélas ! nous a gardé la mémoire, aux châteaux de Van-
dreuil {Histoire de César), de Conflans {Réunions de
Chevaliers, Combat naval), dans l'église des Carmes, à
Paris {Pèlerinage de saint Louis au Mont Carmel),
contenaient des portraits de personnages contempo-
rains dans des scènes historiques. Histoire et portraits,
c'est le même goût pour la vie et pour la vérité, dans le
présent ou dans le passé, un noble goût que nous
conserverons toujours. Le tableau le plus ancien qu'on
voit à l'Exposition est donc un Portrait, celui du roi
Jean, peint, durant sa captivité en Angleterre, par son
peintre favori, son compagnon d'exil, Girard d'Or-
léans (1359). Certes, le loyal artiste n'a pas flatté son
maître, non plus que Jean d'Orléans, son successeur à
la cour, son fils peut-être (car les peintres d'Orléans
sont une dynastie) ne flattera Charles V et la reine de
Bourbon, dans le dessin de Narbonne (vers 1374). La
XX
pensée d'un mensonge, si léger qu'il soit, ne vient
jamais à ces braves gens-là, ni au modèle, ni à l'artiste.
Dans ce rude profil, épais et charnu, du roi Jean, quelle
ancestrale grosseur du nez! Quelle épaisseur de lèvres !
Quelle rusticité lourde et sérieuse dans cette mine
abattue, dans cette négligence des vêtements et de la
chevelure ! Mais aussi quel accent de sincérité navrante,
quelle puissance de vérité impitoyable ! Cette seule
pièce suffirait à nous dire, par la hardiesse virile et la
largeur libre de sa facture, qu'il y avait alors à Paris des
peintres, de vrais peintres, dans le sens complet du
mot, déjà différents des miniaturistes et brodeurs, et
capables de brosser de grands ouvrages, vigoureux et
simples, comme devaient l'être bientôt, à l'église des
Célestins, tous ces « Ouvraiges de Souverains maîtres »,
et au cimetière des Innocents « les Peintures notables
de la Danse Macabre et autres » si fort admirées d'un
contemporain, Guillebert de Metz.
IV.
Après la mort de Charles le Sage (1380), durant une
trentaine d'années encore, jusqu'aux grandes misères,
émeutes, massacres, épidémies, famines, occupa-
tion anglaise qui appauvrirent Paris, le dépeuplèrent
et l'isolèrent, la vieille capitale de Philippe-Auguste
et de Saint-Louis conserva le prestige qu'un bon gou-
vernement lui avait rendu en peu d'années. Les frères
du feu roi, les Ducs d'Anjou, de Bourgogne, de Berri,
et son fils cadet, Louis d'Orléans, étaient aussi pas-
sionnés que lui pour les arts. Leurs apanages se cou-
vrirent d'édifices magnifiques, châteaux, palais, saintes
chapelles, où les orfèvreries, tapisseries, sculptures,
tableaux, miniatures de toute provenance, s'accumu-
laient avec une abondance et une richesse qu'attes-
tent les inventaires.
« Jamais l'amour des arts et du luxe n'avait été
-y. poussé plusloin»,ditRenan.«Kn 13^0, lors du mariage
« d'Isabelle, fille du roi, avec Richard d'Angleterre,
« chacun trouvait que nul pays n'égalait la France pour
« la pompe et les supcrfluités. On se croirait à deux
XXI
« pas de la Renaissance. » Ce deux pas? C'est trop peu
dire. On y entrait, dans la Renaissance, on y marchait,
et àgrands pas, et de tous côtés ! A Dijon, Bourges, Poi-
tiers, Riom, Pierrefonds, La Ferté-Milon, non moins qu'à
Paris, devançant, comme en Italie, entraînant et pres-
sant les peintres, les architectes et les sculpteurs agran-
dissaient, développaient, simplifiaient, fortifiaient, vi-
vifiaient leurs ouvrages par une conception plus claire et
plus forte de l'art. Chez tous le respect des exigences pra-
tiques et décoratives, l'amour passionné de la nature et
de la vérité, s'épuraient progressivement par des aspira-
tions croissantes comme au-delà des monts, vers la poé-
sie, la grâce et la beauté. Renaissance plus naturelle
et plus libre que ne devait l'être celle du xvr siècle,
fondée sur une imitation matérielle de l'antiquité mal
traduite par des décadents italiens, Renaissance plus
nationale surtout, plus spontanée, et s'épanouissant
sans efforts, joyeusement comme une fleur du terroir,
naïve et fraîche, sortie, en sa juste saison, de la tige
robuste des traditions séculaires.
Le petit diptyque peint à Calais sans doute, en 1396,
à l'occasion de ce mariage royal, dont parle Renan,
appartient à Lord Pembroke ; il est fâcheux qu'il n'ait
pu figurer à l'Exposition. On y aurait vu dans la douce
et noble figure du jeune roi agenouillé, combien le
peintre français s'apparente, d'avance, avec Vittore
Pisano pour la finesse du trait expressif, et dans le
cortège d'Anges, couronnés de roses, aux types déli-
cats et féminins de damoiselles pudiques et élégantes,
types français et anglais mélangés, combien il approche
aussi de Gentile de Fabriano, de Lorenzo Monaco,
d'Allegretto Nuzi, en pressentant Fra Angelico. Il
saute aux yeux de qui a vu et comparé en France, en
Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, les peintures, sur-
tout les dessins de cette époque que, durant vingt ou
trente ans, par suite de communications dont les faits
nous échappent, une gestation générale dans le même
sens s'opère sur ces divers points. Les similitudes de style,
de technique, d'observations, de détails qu'on trouve à
lafois chez des Flamands, des Bourguignons, des Pari-
siens, des Véronais, des Toscans, desOmbriens, des Co-
lonais, ne sont pas dues au pur hasard. Pour la sculp-
XXI!
turc, l'influence de l'Ecole Dijonnaise sur les Ecoles
Toscanes et Lombardes, par les œuvres, de Marville, Slu-
ter, Claus de Werve, etc.. sur Jacopo délia Quercia,
Donatello, Jacopino del Tradate, ne semble pas contes-
table. On trouvera un jour les preuves matérielles des
contacts par lesquels se sont formées alors les deux
grandes Ecoles de peinture, la flamande et la florentine,
dont la virilité souveraine éclata presque en même
temps, à Gand, par le Triotnphe de l'Agneau, des frè-
res Hubert et Jan Van Eyck (142. ..-1432) et à Florence,
par les Fresques du Carminé, de Masolino da Panicale
et de Masaccio (1422-1427).
A cette date, hélas! l'Ecole française a perdu son
avance ; quelqu'en soit notre désir nous ne saurions
montrer alors une peinture puissante et harmonieuse,
dont l'exécution, à la fois correcte et pondérée, libre
et savante, solide et brillante, puisse être comparée à ces
chefs-d'œuvre d'un naturalisme si profondément poé-
tique par sa gravité supérieure. Dans le désarroi où les
événements ont jeté l'Ecole de Paris et celles des pro-
vinces en proie à l'invasion étrangère, aucun des cen-
tres successifs qui se forment, çà et là, sous la protec-
tion de quelques princes éclairés, en Bourgogne,
d'abord et dans leBerri, puis sur les bords de la Loire, en
Provence, dans le Lyonnais et le Bourbonnais, ne
devient assez prépondérant et prospère pour qu'il s'y
développe, avec suite et méthode, une tradition scho-
laire assez forte pour grouper de nouveau tant d'élé-
ments hétérogènes. Dans ces centres, en effet, les ar-
tistes étrangers, appelés par les nobles amateurs, se
mêlent partout aux artistes indigènes, et, suivant qu'ils
sont plus rapprochés des Flandres ou de l'Italie, on y
demande, plus ou moins souvent, des conseils aux
nouvelles écoles grandissantes. Les quelques puis-
santes personnalités qui s'y vont former resteront trop
isolées pour rallier à temps une assez grosse armée de
bons Français capables de résister, par leur masse, à
l'envahissement extérieur.
Raison de plus pour que, constatant les difficultés de
la situation et reconnaissant les fatalités de la défaite
prochaine, nous ayions à cœur de reconnaître et de
constater aussi la valeur collective de ces écoles et la
XXIII
valeur individuelle des artistes qui s'y sont formés ;
c'est précisément cette valeur que l'Exposition doit
mettre en lumière. Si, durant la lutte anxieuse pour la
libération du territoire, architectes, sculpteurs, peintres,
avaient pu et dû. s'attarder dans l'inaction ou la pau-
vreté, leur réveil, à l'aurore de la paix, fut rapide et
admirable. Jamais on n'a tant bâti, sculpté, peint en
France, que depiïis le Traité d'Arras jusqu'à la défaite
de Pavie, sous les règnes réparateurs de Louis XI, Char-
les VIII, Louis XII et le jeune François I". Jamais,
non plus, notre génie ne se sentit si jeune, si gai, si
franc, si libre, si prêt à profiter des exemples d'autrui,
mais si décidé aussi à reprendre tranquillement et hon-
nêtement la belle route, droite, lumineuse et ver-
doyante, un instant barrée par le malheur, qu'avaient
ouverte les ancêtres.
Enrépartissant, par groupes locaux, dans des salles spé-
ciales les tableaux de Bourgogne, du Midi, de la Loire,
du Bourbonnais, les organisateurs de l'Exposition auront
singulièrement facilité cette constatation consolante.
La Bourgogne et les Flandres, au xV siècle, unies
et prospères sous les mêmes princes, travaillent de
concert à la même œuvre de progrès. A Lille, Tour-
nay, Ypres, Bruges, à Dijon ou Beaune, ce sont les
mêmes amateurs qui commandent, souvent les mêmes
artistes qui exécutent. Tout cet art franco-flamand,
jusqu'à l'apparition de Van Eyck, procède de l'art
parisien à la mode sous la génération précédente. Sur
les panneaux de Jean Malouel, présentés ici, comme
sur ceux de Broederlam, restés à Dijon, et sur le
Diptyque de Lord Pembroke, c'est la même façon,
vive et légère, de poser et d'animer les figures, de les
draper à plis minces et secs, avec des tons frais et
transparents d'aquarelle. C'est le procédé des miniatu-
ristes du XIV' siècle, celui aussi des peintres siennois
dont l'influence est durable et visible, mais qui déjà
tend à s'affermir, à devenir plus viril, et plus grave.
Cette évolution s'accentue bientôt, dans l'enluminure
même, entre les mains des trois frères de Limbourg,
neveux de Malouel, instruits et résidant depuis leur
première jeunesse à Paris, de Jacquemart de Hesdin,
des frères Van Eyck, etc.
XXIV
Toutefois, le fond même, l'esprit, reste un dévelop-
pement naturel de l'art français, avec un retour plus
expérimenté vers la simplicité forte des sculpteurs du
xiir siècle, et une intelligence plus étendue de la
nature extérieure et des réalités prochaines. Le jour
où l'on voudra connaître cet art d'une façon com-
plète, il faudra joindre aux œuvres de l'Artois, toutes
celles, au moins, de l'ancien Hainaut. Rogier de la
Pasture (Van der Weyden) « Rogerus Gallicus » pour les
Italiens, comme Jan Van Eyck est «Johannes Gallicus»
Rogier et ses compatriotes, les Tournaisiensdelangue et
de sentiments si français (i), auraient bien le droit de
prendre part à ce concours. En soumettant aux critiques
des experts quelques œuvres du Maître franco-flamand,
encore mal connu, dit le Maître de Flénialle^ on a déjà
indiqué l'étendue et les difficultés de la question.
Tous ces morceaux précieux de la section bourgui-
gnonne, d'un sentiment pathétique si naturel et si
intense, avec leurs fonds et leurs rehauts d'or, leurs
gesticulations anguleuses, souvent brutales, peuvent
encore, il est vrai, malgré les douceurs expressives des
visages pâles, sembler des ouvrages indécis, de vrais
primitifs. Il n'en est pas de même dans les trois autres
sections composées d'œuvres postérieures au Traité
d'Arras(i435). Ici l'on a pu, heureusement, reconstituer,
dans leurs milieux provinciaux, les personnalités de
plusieurs grands artistes. La résurrection éclatante et
définitive de Jean Fotiquet et du Maître de Moulins
pour les Ecoles de la Loire et du Centre (Bourbonnais
et Lyonnais), celle à' Enguerrand Charonton et de
Nicolas Froment pour les écoles du Midi (Avignon et
Provence), parmi leur entourage d'émulés ou de dis-
ciples encore anonymes, ne seront pas la conséquence
la moins heureuse de la consultation solennelle pré-
parée par l'érudition chaleureuse et hardie, par l'acti-
vité militante et infatigable de M. Bouchot.
Grâce au concours généreux et empressé que nous
avons trouvé partout, à l'étranger comme en France,
pour cette entreprise française, chez les chefs d'Etat, les
I. Les habitants de Tournai fournissaient leurs gardes à Charles VII et
Louis XI. Dès qu'ils apprirent la captivité de Jeanne d'Arc, ils lui firent porter,
i Arras, une grosse somme, 33 couronnes d'or.
XXV
administrateurs, les collectionneurs, nous avons pu re-
constituer, dans son intégrité, l'œuvre actuellement con-
nue de notre peintre le plus national au xv' siècle, Jehan
Fouquet. Aux morceaux déjà célèbres, prêtés par le
Musée du Louvre, le Portrait de Charles Vil, le Por-
trait de Jouvenel des Ursins, sont venus se juxtapo-
ser les deux volets du Diptyque de Melun, la Vierge,
sous les traits d'Agnès Sorel, appartenant au Musée
d'Anvers, E. Chevalier et son patron, saint Etienne,
confié par le Musée de Berlin, et deux admirables
Portraits d'hommes, le premier déjà fameux, le second
encore ignoré, tous deux venant de Vienne, prêtés l'un
par le prince de Lichstentein, l'autre par le comte Wil-
czeck. On pourra donc, pièces en mains, juger la valeur,
comme peintre, de ce laborieux et loyal artiste qui fût
un novateur, si résolu et si séduisant, dans ses compo-
sitions d'enluminure, qui fut aussi l'un des premiers
propagateurs, des plus libres aussi et des plus intelli-
gents, de la fusion des deux génies latins, dans la
douceur tourangelle unie à la douceur toscane. Tous
ces portraits ont été peints entre 1445 et 1480. Quel
rang faut-il assigner à Jean Fouquet parmi ses prédé-
cesseurs et contemporains Vittore Pisano, J. Van Eyck,
Masaccio, Paolo Ùccello, Fra Filippo Lippi, comme
peintre de la physionomie humaine? Nous laissons
au spectateur, avec le plaisir d'admirer, celui d'y réflé-
chir et de décider.
Nicolas Froment, d'Uzès, déjà rendu à la lumière
depuis quelques années par les découvertes heureuses
de quelques amateurs érudits, va reprendre aussi une
place plus importante, dans cette école d'Avignon, si
active au xv* siècle, dont les innombrables produits
sont encore dispersés, dans les églises et collections,
sous les rubriques aventureuses à' Ecole Flamande et
à! Ecole Italienne. Le fait est, comme nous le savons
par les recherches de l'abbé Requin, que, dans cette
ville pontificale, où la peinture religieuse était naturel-
lement une industrie privilégiée, les ateliers présentent
un caractère d'internationalisme particulier. Les patrons
et les apprentis sont aussi souvent des Septentrionaux,
Flamands, Lorrains, Francs-Comtois, Parisiens, que
des Méridionaux, Provençaux, Lombards ou Toscans.
XXVI
De là, malgré le voisinage d'Italie et les communica-
tions plus fréquentes avec elle, le caractère mixte de
presque toutes les œuvres. Les Flandres y revivent
fréquemment par certains détails de types, de style,
d'accessoire ; le commerce des maîtres piémontais,
lombards, toscans, s'y révèle aussi par la force du
coloris, la chaleur de l'atmosphère, la variété et la
fermeté plastique des figures lumineuses, la distinction
et la régularité de certains visages. Néanmoins, dans
cette salle, il n'est point un tableau qui, par l'ensemble
et la facture, ne porte la marque de son origine, et
n'atteste une assimilation spontanée et libre d'éléments
divers amalgamés, transformés, vivifiés par un esprit
local de simplification à la fois plus clair que l'esprit
flamand et moins traditionnel que l'esprit italien, et
par une émotion simple, profonde, humaine, devant
les réalités de la nature et de vie qui se distingue encore
de l'analyse à outrance des Septentrionaux, et de la
vision sommaire, plastique et sereine, des Méridionaux.
Depuis la Vierge Glorieuse d'Enguerrand Charon-
ton (1453) jusqu'aux derniers travaux de Nicolas
Froment et de ses successeurs, vers 1480, il y a là
toute une série de chefs-d'œuvres inattendus qui font
un singulier honneur à nos maîtres d'Avignon et des
provinces environnantes.
La Pieta vient de l'Hospice de Villeneuve-sur-Avi-
gnon comme la peinture de Charonton. Le fonds d'or
traditionnel trahit un artiste élevé dans les vieux
principes, mais la gravité puissante des figures, l'inten-
sité pathétique de leurs expressions, la fermeté mâle
de l'exécution chaude et colorée, révèlent aussi un
artiste de premier ordre, comparable à Le Moiturier,
son contemporain et son concitoyen, le beau sculpteur
de la Pieta à Saint-Pierre d'Avignon. Dans les deux
ouvrages, même grandeur d'attitudes, même naturel
de gestes, même intensité de douleurs, même largeur
de style ample à la façon bourguignonne, plus contenu
encore, moins débordant. L'influence de Dijon dut,
en effet, se produire à Avignon, dans la peinture aussi
bien que sur la sculpture. C'est pourquoi nous attribue-
rions encore à l'Ecole de cette région l'éblouissante An-
nonciation, de l'Eglise Sainte-Madeleine, à Aix, où
X XVII
M. Bouchot retrouve avec raison une transformation
de l'art bourguignon.
Comme la plupart des œuvres de cette provenance,
V Annonciation surprend, tout d'abord, et ravit les yeux
par la beauté du décor où la scène est placée. L'inté-
rieur d'église gothique, où le bel ange s'agenouille
devant la Vierge, se développe, en oblique, derrière le
groupe, dans une lumière recueillie, avec une exacti-
tude singulièrement pittoresque . Cette entente du milieu
réel, plein air ou intérieur, et de son éclairage, est, un
des traits communs les plus frappants dans toutes les
œuvres avoisinantes. Non loin de là, un autre chef-
d'œuvre, venu aussi d'Aix, la Légende de saint Mitre ^
nous montre, dans une perspective ensoleillée, une
place et une rue de la ville, toutes grouillantes de
figures mouvementées et expressives, dont quelques-
unes, notamment le bourreau, appellent une comparai-
son impartiale avec les plus beaux morceaux de
Mantegna. T)2ins\esd.e\!OL Résurrection de Lazare, l'une
avec quinze personnages, l'autre avec un donateur,
même sincérité, même chaleur, même poésie dans le
paysage rustique que dans le paysage urbain. Rien de
plus ardent encore, de plus solennel que le crépuscule
dont la pourpre enveloppe les Trois Maries et le Che-
valier, agenouillés autour d'un Christ mort, près des
murs d'une ville fortifiée où se dresse un fin clocher
accompagnant une Sainte Chapelle (coll. d'Albenas).
Rien de plus frais, de plus charmant que l'aurore jaunis-
sant, au-dessus de la muraille grise, dans la cour silen-
cieuse d'un château féodal, pour illuminer la tête ex-
quise d'une Vierge provençale adorant son enfant cou-
ché, tandis que s'approchent un chevalier, en armure
éclatante, et son patron, un Saint Evêque, à mine cou-
perosée, soulevant sa mitre par un geste embarrassé
de pieux respect (Musée d'Avignon). Le premier
tableau a été attribué à Antonello de Messine; le
second à Gérard de Harlem. Ce sont, à n'en pas douter,
des œuvres provençales, des œuvres éclatantes, de
premier ordre. Le paysage de la vallée du Rhône, avec
l'épanouissement touffu, sur le premier plan, des
branches et des feuilles vertes, formant le bouquet
majestueux sur lequel trône la Vierge épanouie dans
XXVI II
le Buisson ardent, l'œuvre capitale de Nicolas Fro-
ment, présente le même attrait dans la même exacti-
tude. Dès que ces braves artistes eurent déchiré les
tentures d'or ou de broderies dans lesquelles s'enfer-
maient leurs vieux maîtres, ils n'ont pu se contenter
ici, comme on le fit d'abord en Italie et, souvent même
dans le Nord, d'une indication sommaire pour les édi-
fices, les terrains, les arbres, l'éclairage, mais ils ont
regardé de tous leurs yeux, ils ont admiré de tout leur
cœur, la vérité entière dans les objets extérieurs, et ils
ont voulu nous la dire ! C'est délicieux et c'est touchant.
Sans doute tous ces frères de la vieille famille Fran-
çaise sont bien dispersés. Comme ils se ressemblent,
pourtant, à distance, comme ils se font signe et se
retrouvent ! Presque tous les Avignonnais, Nicolas
Froment d'abord, furent les familiers du roi René, et
ce dilettante éclectique, presqu'aussi flamand que
français, aussi italien que flamand, aussi provençal
qu'angevin, plus artiste que prince, semble vraiment
leur avoir insufflé à tous son amour cosmopolite pour
l'infinie variété des choses dans la nature et dans l'art.
Et cependant, nous le voyons bien cet éclectisme,
vivant et fécond, n'était pas le privilège des seuls
Méridionaux, car voici un autre vrai maître, un plus
complet peut-être, un plus délicat assurément, qui nous
est révélé ailleurs et qui, lui aussi, avec une aisance
merveilleuse, plus souple et plus habile encore, se
meut dans les traditions du passé, flamandes, ita-
liennes, françaises, tourangelles surtout, pour entrer
doucement, mais résolument, dans la grande Renais-
sance.
D'où vient-il, cependant, ce délicieux artiste, que nous
sommes réduits provisoirement à womvaQYle Maître de
Moulins? De Paris, de Tours, de Lyon, de Moulins ?
A-t-il vu l'Italie? En a-t-il seulement respiré le par-
fum dans quelques œuvres importées? Il tient à Fouquet,
foncièrement, constamment, mais il tient aussi aux
Dijonnais, aux Lombards, aux Toscans, et, néanmoins,
il est bien lui-môme. Voici désormais son œuvre retrou-
vée et parlante. Que dire des grîices souveraines,
grâce d'arrangement, grâce d'expression, grâce de cou-
leur, tendrement associées dans la Nativité de l'évêché
XXIX
d'Autun, les Portraits de Pierre, duc de Bourbon et
de sa femme Anne de Beaujeu (Musée du Louvre).
V Avoué-Chevalier protégé par St Victor, (Musée de
Glascow), dans la Donatrice et la Madeleine (collec-
tion Agnew, de Londres), dans la Vierge et les quatre
Anges (Musée de Bruxelles), dans cette pièce capitale
enfin, le grand Triptyque de la Cathédrale de Moulins,
avec la Vierge glorieuse, les figures en pied du Duc et
de la Duchesse de Bourbon, accompagnés de saint
Pierre et de sainte Anne? Il est plus doux et plus facile
de les admirer que d'en parler. Quoiqu'il soit, l'artiste
qui les fit est un grand artiste, égal à ses meilleurs
contemporains d'Italie et de Flandres, dans le tableau
religieux et le portrait. Est-ce Jehan Perréal, le fameux
Perréal, le collaborateur de Michel Colombe pour le
tombeau de Nantes, Lyonnais ou Parisien, peintre de
Charles VIII, Louis XII, François I"", auquel les
Gonzagues de Mantoue demandaientunportrait, presque
du vivant même de Mantegna ? C'est bien probable.
On l'avait de suite pensé: nous sommes disposés, chaque
jour, à le croire davantage. Par pitié, Messieurs les
archivistes, nos amis, un petit document, un tout
petit document, s'il vous plaît, qui nous permette de
saluer cet homme glorieux de son vrai nom !
V
Le Maître de Moulins est-il le seul qui, durant les
premières expéditions d'Italie, dans la joie nouvelle
d'une rencontre, libre etintelligente, avec les vrais Maî-
tres de la Renaissance ultramontaine, dont l'irrésistible
éblouissement allait enivrer et prosterner tous les peu-
ples, ait cru possible un renouvellement parallèle de
lart français par le développement naturel des traditions
indigènes? Ce serait invraisemblable et ce n'est pas vrai.
La question Perréal soulève la question Bourdichon
qui, elle-même, en appelle bien d'autres ! N'aurions-
nous ici que ce Triptyque de V Eglise de Saint-Antoine
a Loches, de 1485, et quelques fragments de tapisseries
postérieures, nous pourrions le dire hardiment : Oui,
sous Charles VIII, sous Louis XII, alors que le génie
toscan et le génie vénitien étaient encore représentés
chez nous par des artistes supérieurs, d'une âme sym-
pathique, impartiale, large, ouverte, Fra Giocondo, Léo-
nard de Vinci, Andréa Solari, on pouvait espérer encore
cette évolution pacifique, spontanée, progressive vers
une beauté supérieure et complète qui eût été la nôtre.
Malheureusement, c'est moins dans les rétables et les
tableaux, conservés en trop petit nombre, que dans les
vitraux et les tapisseries dont nos peintres fournis-
saient les cartons, que cette preuve pourrait être faite ;
or, une exposition de ce genre présente de telles diffi-
cultés qu'il n'était point possible, à l'heure actuelle, d'y
songer. On devrait, d'ailleurs, y réunir, avec les pièces
de cette période, celles aussi de la période posté-
rieure, en apparence, la moins originale, de notre
histoire, celle du xvi* siècle. Peut-être y verrait-on,
alors, même après l'invasion officielle des virtuoses
expéditifs de l'Italie, durant le divorce brutal opéré
par la mode et le pédantisme, entre l'art de cour, aris-
tocratique et factice, et les arts nationaux, populaires
et naturels, peut-être y verrait-on bon nombre de
peintres inconnus ou méconnus, poursuivre honnê-
tement, sous une forme ou sous une autre, dans l'œu-
vre décorative, historique, littéraire, les recherches
qui, de tout temps, nous furent chères. L'art du por-
trait où les Clouet, Corneille de Lyon et leurs disciples
nous conservèrent, avec une modestie exquise et une
loyauté exemplaire, notre supériorité séculaire, (comme
on peut le constater ici en un grand nombre de pan-
neaux et de dessins délicats), n'est pas le seul genre où.
nos ancêtres aient gardé leur vieille sincérité, où ils
aient précédé et préparé leurs grands successeurs des
xvii', xviir et xix' siècles.
La tâche, entreprise par M. Bouchot et ses collabo-
rateurs était déjà assez vaste pour qu'on dût s'y tenir
en attendant mieux. L'occasion, fournie par l'admi-
rable Exposition des Flamands, à Bruges, en iqoa, d'une
comparaison méthodique et scientifique de deux arts
contemporains, fraternels et jumeaux, était trop sédui-
sante pour qu'on s'y dérobât. L'empressement avec
XXXI
lequel les pouvoirs publics, les personnages influents,
les artistes, les amateurs et les savants, à l'étranger
autant que chez nous, ont répondu à notre appel, nous
a confirmés dans la pensée, que, sur ce point, leurs désirs
n'étaient pas moins vifs que les nôtres. Nous désirons
sans doute, que cette consultation internationale tourne
à l'honneur de nos artistes mais nous n'avons nulle
prétention d'en imposer, d'avance, les conclusions,
même les plus probables, aux esprits éclairés et aux
juges impartiaux, car, nous voulons, avant tout, nous
garder de ces sottes exagérations de vanité patriotique
qui sont la cause la plus fâcheuse des erreurs et des que-
relles, lorsqu'elles se glissent dans les questions d'art,
d'histoire, de science. Comme les vieux artistes que
nous aimons, nous recherchons, la vérité, nous ne
désirons que la vérité.
Le terrain, d'ailleurs, où nous nous plaçons, avait été
bien préparé en ces dernières années. A la suite des
anciens et hardis explorateurs qui, les premiers, avaient
fouillé dans ces champs oubliés, Emeric David, L. de
Laborde,Ph. de Chennevières, A. de Montaiglon, Paul
Mantz, etc de nouveaux érudits, consciencieux et
patients, de nouveaux critiques, passionnés et perspica-
ces, ne cessent, par leurs publications documentaires ou
leurs études sagaces, presque chaque jour, d'en remettre
en lumière quelque coin mieux défriché. Les savants
travaux de MM. Léopold Delisle, Jules Guifîrey,
Bernard Prost, l'abbé Requin, Paul Durrieu, de
Lasteyrie, E. Mâle, P. Vitry, Dimier, Salomon Rei-
nach, etc., les études judicieuses et chaleureuses de
MM. A. Gruyer, André Michel, L Gonse, P. Leprieur,
C Benoit, André Hallays, L. de Fourcaud, etc., bien
d'autres contributions apportées par des travailleurs infa-
tigables et modestes aux Archives des Monuments His-
toriques, aux Comptes- Rendus des reunions annuelles
des Sociétés de Beaux-Arts, aux Archives de VArt
Français, à la Galette des Beaux- Arts, à la Revue de
VArt ancien et m.oderne offrent une vaste carrière,
pour leurs études, à ceux qu'intéresse l'histoire de notre
vieille peinture.
Les abords de toute cette science seront, d'ailleurs, sin-
XXXII
gulièrement facilités, aux visiteurs de l'Exposition, par
les renseignements abondants que M. Bouchot fournit,
dans le catalogue même, sur les œuvres exposés, leur
provenance et leur histoire. Catalogue et Exposition,
tous deux sont des œuvres de bonne foi; qu'il nous soit
permis d'espérer, que, comme toutes les œuvres de
bonne foi, elles seront utiles !
Georges LAFENESTRE.
ŒUVRES EXPOSEES
AU
PALAIS DU LOUVRE
PEINTURES — DESSINS — ÉMAUX
TAPISSERIES
PEINTURES & DESSINS
N* I du Catalogue
Sauvanaud, pliot.
PEINTURES ET DESSINS
I. GIRARD D'ORLÉANS? vers i359-
Portrait du roi de France Jean II, dit le Bon.
H. 0,91, L. 0,41.
Le roi, âgé d'environ quarante ans, est représenté de profil à
gauche. Il porte la barbe rare, les cheveux coupés sur le front et
tombant en mèches sur le col. 11 est vêtu d'une robe bleue à gar-
naches et létices de fourrure blanche. Le fond est d'or, appliqué
sur plâtre et toile, la toile elle-même collée sur un panneau de
bois. Une gaufrure, en dentelle au poinçon, est inscrite sur le
pourtour du champ d'or. La peinture exécutée à l'oeuf a pris un
ton foncé que fait ressortir l'éclat du fond. Ce tableau paraît avoir
été peint en Angleterre, pendant la captivité du roi, aux environs
de 1359. Né en 13 10, le roi Jean avait alors près de quarante ans.
Nous savons, grâce à un compte publié par Mgr le duc d'Aumale,
que le peintre Girard d'Orléans était, en qualité de valet de
chambre, attaché à la personne du Roi en Angleterre, et qu'il
peignit, par son ordre, divers tableaux. Le présent portrait était
autrefois dans les appartements du roi Charles V à l'hôtel Saint-
Paul, et il faisait partie d'un quatriptyque fermant, renfermant trois
autres portraits, ceux d'Edouard III d'Angleterre, de Charles IV
Empereur d'Allemagne et « Roi des Romains» et de Charles V alors
duc de Normandie. Une mention de l'inventaire du Roi Charles V
publié par Labarte n" 2217 montre que Girard d'Orléans avait
peint un quatriptyque de ce genre. Cette œuvre d'un intérêt histo-
rique considérable, à peu près unique aujourd'hui en Europe, est
la preuve la plus saisissante de l'activité et du talent naturaliste
XIV SIÈCLE
des artistes parisiens du xiv* siècle. Dans le xvi' siècle il passa à la
famille du précepteur de François I", Arthur de Gouffier, sieur de
Boisy, et fut transporté à son château d'Oyron. C'est là que Roger
de Gaignières le trouva et l'acquit vers la fin du xvii* siècle. A la
vente de ce dernier en 1717, le portrait du Roi Jean fut réservé
pour le roi Louis XV et, depuis, il est resté dans les collections
nationales. Il appartient aujourd'hui au Département des Estampes
de la Bibliothèque nationale.
Noyer ^ toile et enduit de plâtre doré^ peinture en détrempe.
2. ECOLE DE PARIS i36o.
Mitre d'évêque en samit avec dessins.
Cette pièce faisait partie d'une chapelle quotidienne comme le
Parement de Narbonne (n° 3) et elle dut être « historiée » à
Paris. Cette mode de remplacer les broderies par de la peinture ou
des dessins fut constante pendant un siècle. On en connaît une sur
parchemin dans la collection L'Escalopier à la Bibliothèque
d'Amiens ; il y en a une du xiii' siècle français, à Namur chez les
Sœurs noires. En 1389, Guillaume de Lestrange, archevêque de
Rouen, possédait une « mistre historiée de paintures » vendue
4 livres à l'évêque de Saintes, suivant que l'indique M. P. de Farcy.
Dans le trésor du duc Jean de Berry on trouve « un cothidian de
satin blanc pour le tems de Karesme, paint à ymaiges de blanc et
noir de la Passion », 1404. Ces chapelles quotidiennes servaient
donc surtout pendant le Carême, et cette dernière mention est
fort explicite. Celle que possédait le duc de Berry devait être de
la main d'un artiste.
La pièce fut trouvée aux Archives nationales ; elle n'est au
Musée de Cluny que depuis quelques années.
Soie. Dessin à Vencre de chine. Musée de Cluny.
3. JEAN D'ORLÉANS? vers 1374.
Parement d'autel, sur samit, avec divers tableaux de
la Passion du Christ, vers 1374.
H. 0,78. L. 3,86
Cette pièce capitale pour l'art français du xiv" siècle se compose
d'un motif central, qui est le calvaire, et d'une suite de scènes à
droite et à gauche, séparées entre elles par des décorations archi-
tectoniques, encadrées dans des arcatures gothiques quadrilobées.
La scène principale renferme une vingtaine de personnages, des
séraphins et des anges. De chaque côté, sous une arcade plus
étroite et partagée dans son milieu, on voit à gauche la vraie Foi, et
N" 3 <i'i Catalogue
:ftte des Beaux- Arts.
/ \
N» 3 du Catalogue
(ja^ette des Beaux- Arts.
XIV* SIÈCLE
à droite la Synagogue ; à l'e'tage du dessous à gauche, un roi cou-
ronné est représenté dans l'attitude de la prière ; à droite une reine
également couronnée et priant. Six autres scènes se déroulent,
trois à gauche, trois à droite. A gauche on a V Arrestation de Jésus^
la Flagellation^ le Portement de croix ; à droite, la Mise au tom-
beau, la Descente aux limbes, le Qhrist Jardinier. Une découverte
récente a permis de comparer la composition de ces scènes avec
celles d'un célèbre manuscrit du duc de Berr}% les Petites Heures,
conservées à la Bibliothèque Nationale, Le style des figures, la
disposition dramatiques des scènes, font penser à une inspiration
prise par l'artiste dans la représentation d'un mystère de la Pas-
sion. Les caractères généraux du dessin, les thèmes employés,
sont ceux des sculpteurs parisiens de la date voisine de 1380. La
figure de la Vraie Foi rappelle celle que nous a conservée Villard
de Honnecourt, dans un album de 1250 environ. Le roi représenté
est Charles V, et la reine, Jeanne de Bourbon, sa femme. Le chif-
fre K (Karolus) inscrit sur les bordures démontre que nous avons
affaire à une œuvre commandée par le Roi.
Ce parement faisait partie d'une chapelle quotidienne, c'est-à-
dire d'une réunion d'objets du culte pour une fête déterminée.
Nous savons par des notes d'inventaire que Girard d'Orléans avait
exécuté de ces chapelles en dessin noir et blanc sur soie (Inventaire
de Charles V en 1379 publié par Labarte). En 1374, date approxi-
mative du Parement, Girard d'Orléans était très vieux, mais son fils
Jean lui succédait dans ses charges à la cour du Roi. Il est intéres-
sant de rapprocher cette oeuvre d'une mitre conservée à Cluny, la-
quelle faisait partie d'une chapelle identique, et est conçue dans le
même sentiment de décoration. Un manuscrit de Mandeville con-
servé à la Bibliothèque nationale (n" acquisit.4515) qu'on sait de la
main de Raoulet d"Orléans, est enluminé dans ce style particulier.
Le nom de Jeand'Orléanspeut donc être indiquéàtitrede renseigne-
ment. Il était peintre du roi, il allait en 1391 devenir le chef de la
corporation des peintres, lorsque ceux-ci se séparèrent des selliers
pour prendre une existence à part. Quoiqu'il en soit, ce dessin en
grisaille sur soie est un des documents les plus intéressants de
notre vieille école du xiv' siècle, on y retrouve la « barbarie savou-
reuse » dont parlait Paul Mantz, et surtout une allure particulière-
ment écrite et individuelle.
On le nomme le Parement de Narbonne parce qu'il fut trouvé
dans cette ville par le peintre Boilly qui Tacheta au commencement
du XIX' siècle. Il fut cédé au Louvre en 1852 pour la somme de
1500 francs par M. Jules Boilly.
Dessin sur soie blanche (samit) Musée du Louvre.
XIV SIÈCLE
4. JEAN D'ORLÉANS? vers i38o.
La Mise au Tombeau.
H. 0,33. L. 0,21.
Ce tableau, dont les rapports avec le Parement de Narbonne et
les miniatures de manuscrits français sont indiscutables, est peint
sur fond d'or. Le style des figures est celui des imagiers parisiens
de la seconde moitié du xiV siècle ; l'allure en est noble, en
dépit des naïvetés gothiques de l'artiste, mais se distingue
expressément des travaux contemporains attribués à Malouel ou à
Beauneveu. La Vierge sous son voile est très rapprochée de celle
du Parement de Narbonne et des manuscrits à origine certaine de
l'Ile de France.
Bois. Musée du Louvre.
5. ÉCOLE DU MIDI vers 1395.
L'adoration des Mages.
H. 0,290. L. 0,185.
Cette peinture, qui a de grands rapports de technique
avec certains travaux parisiens, rappelle à la fois les Malouel
et Simone Memmi. L'œuvre est celle d'un peintre sellier pei-
gnant sur fond d'or. M. R.-E. Fry, qui a étudié cette pièce
et la suivante, lors de leur passage à Londres chez MM. Dowdeswell,
écrit cette phrase « This picture is no doubt rightly attri-
buted to the french school of the end of the fourteenth century »
(^Burlington magasine, june 1903, p. 90). On y retrouve certains
caractères des miniatures de manuscrits attribués à André
Beauneveu par M. le Comte Durrieu. Toutefois les costumes de
femme sont plus provençaux que parisiens ; la Vierge est plus dans
les données de Simone di Martino que dans celles des peintres de
Paris. On se rendra compte de la différence des deux écoles en
comparant les deux panneaux à celui de la Collection Carrand de
Florence représentant également une Adoration des Mages.
M. Fry met les deux peintures dont nous parlons en parallèle avec
la Mise au Tombeau du Musée du Louvre exposée ici (n* 4).
Il trouve de grands rapports entre les bleus des uns et de l'autre ;
à notre sens le style est très différent. Cette pièce et la suivante
ont un intérêt capital pour l'étude de la technique. On voit que
les fonds d'or étaient préparés avant la peinture, et que cette
peinture s'appliquait ensuite sur un croquis à la plume.
Ces deux œuvres ont été gracieusement prêtées à l'Expo-
sition par Madame Lippmann, veuve du regretté directeur du
Cabinet des Estampes de Berlin.
Bois^ plâtre et or. Peinture. Madame Lippmann, Berlin.
XIV« SIECLE
6. ECOLE DU MIDI, vers iSpS.
La mort de la Vierge.
H. 0,390. L. 0,185.
Cette scène est celle qui oflFre le plus de rapports avec certaines
miniatures attribuées à Beauneveu, mais les costumes, les meubles
sont de la France me'ridionale. Le dernier apôtre dans le haut à gau^-
che, rappelle l'un des présentateurs du duc de Berry dans le manus-
crit de la Bibliothèque de Bruxelles n' 11060, attribué à Beauneveu,
mais qui est peut-être d'un artiste parisien.
Même provenance que le précédent.
Bois, plâtre et or. Peinture. Madame Lippmann, 5^r//«.
7. ÉCOLE DE PROVENCE 1390.
Le Calvaire — Le Christ jardinier.
H. 0,26. L. 0,15.
Cette pièce, peinte sur panneau à la façon des peintres selliers
du XIV' siècle, avec fond d'or sur plâtre, est de l'école avignonnaise.
La partie peinte a été rapportée sur un ais de reliure du xvi" siècle,
encore décoré de rinceaux dans la façon de Grollier. La croix du
Christ est d'influence parisienne, mais le manteau semé de fleu-
rettes est plus italien.
Bois préparé. Peinture à Vœuf. M. Ed. Ayxard, Lyon.
8. ECOLE DE PARIS, vers 1390.
La Trinité et les Evangélistes.
H. 0,35. L. 0,35 fermé et 0,66 ouvert.
Cette forme quadrilobée est très fréquente dans les décorations
gothiques de l'Ile de France, et plusieurs mentions d'inventaires si-
gnalent des œuvres peintes ainsi encadrées. La pièce, capitale
pour l'histoire de la peinture en France, a été trouvée à la char-
treuse de Dijon et acquise par M. Baudot. A. Michiels, d'après cer-
taines comparaisons avec les volets duretabledeChampmol aujour-
d'hui au Musée de Dijon, l'attribuait résolument à Melchior Bro-
derlam, peintre du duc Philippe. Il y a lieu d'être moins affirmatif.
Ce tableau rappelle par plusieurs points les miniatures des manus-
crits du duc de Berry, le thème de la Trinité est fréquemment retrou-
vé dans les grandes et dans les petites heures de ce prince. Les meu-
bles, les fonds d'or, le type des anges procèdent à la fois du
Parement de Narbonne, des Très riches heures du Musée Condé à
Chantilly, et de certaines parties de la tapisserie de V Apocalypse d'An-
gers. Le fond d'or poinçonné en damasquinure est celui du portrait
XIV' SIECLE
du roi Jean le Bon. Nous signalons les très grands rapports entre le
Christ en croix de cette pièce et celui du Parement de Narbonne
(voir n" 3) ci-devant décrit.
Le triptyque faisait partie de la vente Baudot à Dijon en 1894,
sous le n" 12. Il fut acquis pour le compte de M. le consul Weber,
de Hambourg, qui a bien voulu le prêter à notre exposition.
Bois^ enduit de plâtre, peinture à l'œuf sur or.
M. Weber, Consul à Hambourg.
9-11. ECOLE DE PARIS, XI V^ SIECLE, 1390?
Trois feuillets d'un livre d'heures ayant appartenu au
duc de Berry, et dont la plus grande partie est dispersée.
Le Père éternel — Moïse et la Vierge sur un trône — La
Toussaint.
H. 0,27. L. 1,75.
Le premier et le second de ces tableaux ont de proches parentés
avec le Parement de Narbonne (n" 3). Dieu le père sur son
trône, nous offre les thèmes de plis et accessoires qui seront
adoptés par tous les peintres flamands dans le xV siècle, à partir de
Broderlam et des Limbourg. La Vierge du second feuillet est celle
du Parement. Au bas du tableau principal, une petite miniature
montre le duc de Berry agenouillé devant le Christ, la Vierge et
saint Jean. Le troisième feuillet est peut-être de la main d'André
Beauneveu. Le livre d'où ces feuilles ont été arrachées a disparu
récemment dans l'incendie de Turin. Il avait été heureusement
publié, en l'honneur de M. Léopold Delisle, par M. le comte Dur-
rieu. Comparez ces feuillets avec les grandes heures du duc à la
Bibliothèque nationale, lat, 919.
Vélin. Miniatures. Musée du Louvre.
12. CLAUS SLUTER, vers 1395.
Dessin d'un personnage en costume de deuil (Pleu-
rant).
H. 0,17. L. 0,09
Nous conservons ici l'attribution que nous a obligeamment
fournie M. Walter Gay, mais les plis du manteau ne rappellent pas
ceux de Sluter. Il s'agirait plutôt d'un dessin de Gérines dans le
XV* siècle.
Papier gris. Dessin rehaussé. M. Waltbr Gay, Paris.
XIV* SIECLE
i3. JEAN MALOUEL? iS^S
La Vierge et l'Enfant.
H. o,2i, L. 0,14.
Ce très délicat petit panneau est d'un artiste tout près de
Jean iMalouel travaillant à Dijon chez le duc de Bourgogne, en 139S.
La Vierge, avec son nez effilé, ses yeux noirs, ses mains longues et
fines, se rapproche beaucoup de la Vierge attribuée à Malouel et
conserv'ée au Musée du Louvre (n" 15). La matière de ce tableau
est d'une saveur picturale toute particulière, les ors du fonds, très
délicatement traités, trahissent les influences des peintres parisiens.
Le corps de l'enfant est de toute beauté, et son minois éveillé très
diff"érent de celui qu'on est habitué à retrouver à ces époques.
Bots préparé au plâtre, gravure des nimbes.
M. Edouard Aynard, Lyon.
14. JEAN MALOUEL 1398.
Pieta. Le Christ mort est soutenu par deux anges,
saint Jean et la Vierge.
H. 0,39, L. 0,26
Ce morceau est peint à la détrempe, sur bois préparé au plâtre et
doré. Une des particularités de la scène est dans ce détail : les
anges portent au front la croix que Van Eyck adoptera plus tard,
et qui passera pour une de ses inventions personnelles. St-Jean
porte un manteau rouge, la Vierge un manteau bleu. Le fond d'or
est empreinte en creux, et non en relief ; il rappelle le fond du
portrait duroi Jean (n" i). Le cadre tient au panneau qui est creusé
en cuvette et devait à l'origine être orné de pierres. Cette pièce
est à rapprocher du petit tableau circulaire du Louvre représen-
tant aussi une Picta avec Dieu le Père, également attribuée à Ma-
louel. Elle a beaucoup souffert; les bijoux du cadre ont disparu,
le bois est à découvert en certaines parties, la tête du Christ et celle
de saint Jean sont perdues. Donné au Musée de Troyes, par
M. Fléchey.
Bois préparé. Musée de Troyes (Aube).
i5. JEAN MALOUEL vers 1398.
Pieta avec Dieu le Père, la Vierge, saint Jean et des
anges.
Diamètre 0,64.
Cette œuvre a été donnée à Jean Malouel dans les catalogues
du Louvre parce que le revers porte les armes du duc de Bourgo-
gne chez qui travaillait Malouel; mais il ne faut pas oublier que le
XIV' SIÈCLE
duc de Berry envoyait à son frère de Bourgogne de fréquents
cadeaux en objets d'art, et qu'on y représentait l'écusson
du destinataire. Nous devons reconnaître toutefois que la
manière générale de ce tableau est très différente de celle des
parisiens caractérisée par nombre de miniatures de manuscrits et
par différentes oeuvres ci-devant décrites : la Mise au tombeau^
(n" 4). Le Parement de Narbonnc^ (n" 3), le diptyque de la
collection Carrand au Musée des Offices. Au contraire on y trouve
les caractères d'une Pieta du Musée de Troyes (n" 14) et d'une
petite Vierge appartenant à M. Edouard Aynard (n" 13). Les anges-
sont ceux de la Pieta de Troyes ; ils sont au nombre de six.
Bois préparé^ peinture à Vœuf. Musée du Louvre.
16. ATTRIBUE à JEAN MALOUEL, vers 1400.
Le martyre d'un saint Evêque. Sa dernière communion.
H. 1.60. L 2,oS.
Le martyre de saint Denis est considéré comme l'œuvre de
Jean Maelwael dit Malouel, peintre Gueldrois établi à Dijon vers
1398, et qui devint un Français comme l'Allemand Memling, établi
en Flandres, devint un Flamand. Toutefois, certains rapports entre
la figure du Christ et celles de diverses autres représentations de
Jésus, dans les Tris riches heures du duc de Berry, permettent de
penser que l'œuvre a pu être exécutée à Paris, dans les ateliers du
duc, par l'auteur des miniatures qu'on dit être l'un des frères Lim-
bourg. D'après les recherches les plus récentes, les frères Limbourg
seraient les neveux de Malouel ; ils fussent venus étudier leur
art à Paris dans la fin du xiV siècle. Ils avaient alors 14 et 16 ans.
La comparaison de l'architecture du tableau avec les miniatures
des Tris riches heures de Chantilly, et surtout avec celles du ms.
français 166 à la Bibliothèque Nationale, attribuées également aux
frères Limbourg, donne une grande vraisemblance à cette hypo-
thèse. D'autres concordances établissent une parenté entre les
Limbourg et le peintre anonyme aujourd'hui désigné sous le nom
de Maître de Mérode ou de Flemalle dont il sera parlé ci-après.
Des remarques de détail montrent que le peintre du tableau avait
connu certaines œuvres italiennes, et qu'il s'était imprégné de ce
qu'on nommait alors « l'ouvraige de Lombardie », cette dernière
considération pourrait laisser croire à l'intervention de l'un des
artistes du duc ayant travaillé en Lombardie, tels Jean Mignot ou
Jacques Cône. En l'état actuel des connaissances, il faut réserver
son opinion définitive, mais le Martyre de saint Denis n'en reste
pas moins l'un des morceaux les plus précieux de la peinture go-
thique. Ce tableau provient de la Chartreuse de Champmol à
Dijon. Il a été donné au Louvre par M. Reiset, en 1863.
Bois préparé au plâtre avec fond d'or. Musée du Louvre.
N' ) du Catalogue
Sauvanaud, phot.
XIV» SIÈCLE 9
17. ÉCOLE DE PARIS, vers 1400.
Statuette de la Vierge sous un tabernacle muni de
volets peints décorés de la vie de Marie et de Jésus, vers
1400.
H. 0,46. L. 0,21.
Les peintures de ces volets montrent Y Annonciation^ la Visita-
tion^ V Apparition aux Bergers, la Nativité, les Mages, la Fuite en
Egypte, X Idole brisée, la Présentation au Temple, le Massacre des
Innocents.
On pourra comparer les peintures de cette remarquable pièce
au Parement de Narbonne (n" 3). On y aperçoit un personnage
portant une queue de cheveux comme on en voit à un des bour-
reaux du Calvaire du Parement. Le saint Joseph de la Nativité est
retrouvé dans le manuscrit 166 français de la Bibliothèque natio-
nale, Les soldats sont ceux de France vers 1400 ; l'un d'eux y a le
chapeau de fer, l'autre le bassinet du temps de Duguesclin.
Bois. Peinture à Vœuf, fond d'or.
M. Ch. Léon Cardon, à Bruxelles.
18. ÉCOLE DE PARIS, vers 1400.
Mort, Assomption et Couronnement de la Vierge.
H. 0,64. L. 0,33.
Ce dessin a été attribué à André Beauveneu; il paraît être de la
main de l'artiste qui peignit le célèbre diptyque représentant Ri-
chard 11, aujourd'hui en la possession de Lord Pembroke à Vilton-
House. Rien n'autorise à donner le nom de Beauneveu plutôt que
celui de Jean d'Orléans ou de tout autre. Toutefois, le rapproche-
ment avec le Parement de Narbonne et divers manuscrits nous au-
torise à indiquer l'école des miniaturistes parisiens.
Papier. Dessin. Musée du Louvre.
19-22. ECOLE FRANÇAISE (Commencement du XV* siècle).
Seize feuillets d'un Livre d'Heures, enluminé en
France, représentant des Saints.
Chaque pièce. H. 0,056. L. 0,052.
I" cadre. — Saint Jean, saint Etienne, saint Laurent, saint
Biaise.
2* cadre. — Saint Pierre, saint Jacques, saint Christophe, saint
Antoine.
3* cadre. — Sainte Marie-Madeleine, sainte Geneviève, sainte
Théodoxie, sainte Agnès.
lo XV* SIECLE
4* cadre. — Saint Martin, saint Eloi, sainte Barbe, sainte Cathe-
rine.
Ces miniatures ont été exécutées par un artiste français contem-
porain du duc de Berry, vers 1410 environ. Les fonds sont encore
ceux des manuscripteurs du xiV siècle.
Ve'lin, miniatures application d'or. M. Jean Masson, Amiens.
23. ÉCOLE DE PROVENCE, vers 1400.
La Vierge sur son trône entre Saint-Jean et un béné-
dictin. En bas, trois saints. Saint-Louis de Toulouse.
H. 0,28. L. 0,18.
Cette pièce restaurée rappelle certains manuscrits exécutés
pour le chancelier de l'Empereur, par des artistes méridionaux,
et que M. Max Dvorak a signalés dans son livre : Die Illumi-
nât or en.
Bois fond or. M. Ed. Aynard, Lyon.
24. INCONNU, vers 1400.
Le Jugement dernier et la Résurrection des Morts.
H. 2,93 . L. 0,60.
Cet antipendium est peint sur fond d'or gaufré au fer chaud en
relief sur un mastic. C'est l'œuvre d'un des peintres selliers, très
souvent nomades, venus de l'Ile de France, de la Picardie ou de
l'Artois. Le caractère des figures, l'extrême simplicité des moyens
assurent à ce morceau de l'école française du xiv* siècle une impor-
tance exceptionnelle. On ignore malheureusement à quelle époque
il fut placé dans l'église Saint-Wulfran d'Abbeville où il est encore,
mais tout porte à croire qu'il y est resté depuis le xiv* siècle. Peut-
être est-il l'œuvre d'un de ces peintres de Hesdin dont les premiers
avaient été formés par la comtesse Mahaut d'Artois avec l'aide
des artistes parisiens, entre 1300 et 1329.
Bois préparé fonds dor. Saint-Wulfran dAbbeville.
25. ECOLE DE PARIS, vers J410.
Le Calvaire avec un donateur portant des armes. —
Le Père éternel et le symbole des quatre évangélistes.
H. 0,56. L. 0,26.
Les armes du personnage représenté sont celles de Gérard de
Montaigu, évêque de Poitiers (1406), puis de Paris 1409, chancelier
XV' SIECLE II
du duc de Berry, mort en 1420. M. le C*' Durrieu estime que ces
deux miniatures peuvent être attribue'es à Jacques Cône ou Coene,
peintre Brugeois fixé à Paris dès avant 1398, C'est ce Jacques
Coene qui avait été appelé à Milan pour construire le Dôme,
Vélin. Miniature. Musée de Cluny.
26. ÉCOLE FRANÇAISE 1410.
Portrait d'un prince.
H. 0,200. L. 0,175.
Ce portrait représente Louis II duc d'Anjou, roi de Sicile et de
Jérusalem, père du roi René. La confirmation de cette attribution
se trouve dans le manuscrit latin 11 56 ade la Bibliothèque Natio-
nale, manuscrit ayant appartenu au roi René, où lui-même est
représenté portant une longue barbe italienne. L'aquarelle ici expo-
sée a été léguée au Département des Estampes de la Bibliothèque
Nationale par M. Miller, membre de l'Institut. C'est l'œuvre d'un
des peintres de la cour de France. Traité en miniature, ce portrait
présage les travaux de Fouquet dans le même genre. Il appartint
à J. Ballesdens. le concurrent de Corneille à l'Académie, et fut
ensuite à Roger de Gaignières qui le fit agrandir sur les bords et
orner d'une lettre. Celle-ci disparaît dans l'encadrement, mais elle
a été reproduite dans la copie que Gaignières avait fait faire dans
ses albums de costumes.
Papier. Aquarelle. Département des Estampes.
27. ÉCOLE FRANÇAISE vers 1420.
L'embarquement d'un roi de France. — Un roi sur son
trône salué par cinq personnages.
H. 0,10. L. 0,08.
Ces miniatures, arrachées au manuscrit 5077 de la Bibliothèque
de l'Arsenal, appartiennent à l'école de Paris. Elles ont beaucoup de
rapports avec le tableau de la Vierge au manteau, du Musée du Puy
(n» 28).
Vélin. Miniature. Musée du Louvre.
28. ECOLE DE L'AUVERGNE vers 1420.
La Vierge protectrice.
H. 1,45. L. 1.90.
Ce tableau, qui dut servir de bannière à l'origine, est peint sur
toile. La Vierge, dans le goût des madones des artistes du duc de
Berry, est représentée debout, couronnée et tenant son enfant
pressé contre elle. Elle porte une robe rouge semée de fleurons d'or.
12 XV SIÈCLE
Son large manteau d'hermine est soutenu par deux saintes
femmes. En arrière, on aperçoit six personnages nimbés. En bas,
de chaque côté de la Vierge, deux groupes distincts de dignitaires
ecclésiastiques, de princes et seigneurs laïques, les religieux à
gauche, les laïques à droite. Dans le premier groupe, on remar-
que un pape, des cardinaux, un évêque, des abbés cisterciens et
franciscains. A droite, le groupe des laïques comprend un empe-
reur qui paraît être Charles IV, un roi qui est probablement
Charles VI, une reine qui est Isabeau de Bavière, et des princes
dont l'un, coiffé d'un haut chapeau, est en arrière du groupe. Les
costumes sont ceux des princes et seigneurs français vers 141 5, tels
qu'on les retrouve notamment dans les Très riches heures du duc
de Berry à Chantilly. Trois personnages de la fin du groupe parais-
sent être les donateurs de la bannière ; c'est un riche bourgeois
entre deux femmes. En tout 28 personnages. Le tableau complet
renferme 38 figures y compris celles de la Vierge et des saints.
Cette œuvre est très visiblement influencée par l'école de Paris,
et par les artistes du duc de Berry. La peinture en est soignée et
fine. Il faut penser à un artiste venu du Nord et qui s'est inspiré
de certaines théories avignonnaises. Le sentiment général est fort
rapproché de certaines fresques retrouvées dans la région. Il pré-
sage visiblement Enguerrand Charonton (n" 72).
Provient du couvent des Carmes du Puy, donnée au Musée en
1850 par la Fabrique de la paroisse des Carmes.
Toile, peinture à la détrempe, Musée du Puy.
29. ÉCOLE DE L'ARTOIS? 1430
Suite de 6 pièces sur la vie du Christ, avec portrait
d'un chanoine donateur. Miniatures en grisaille.
Chaque pièce : H. 0,087, L* o>o6o.
Cette suite de grisailles rehaussées d'or rappellent de très près
les œuvres du maître dit de Flémalle.
Velin. Miniature. M. Jean Masson. Amiens.
30. ÉCOLE DE L'ARTOIS (LE MAITRE
DE FLÉMALLE), vers 1430.
La Vierge glorieuse, Saint-Pierre, Saint-Augustin et
un augustin.
H. 0,480. L. 0,316.
Cette œuvre, comparable aux plus célèbres panneaux attribués
aux Van Eyck, est donnée par quelques personnes au peintre
inconnu, désigné aujourd'hui sous le nom de Maître de Flémalle
XV* SIECLE
par M. Von Tschudi de Berlin. (lahrbuch 1898.) On a voulu iden-
tifier ce maître anonyme avec un certain Jacques Daret, person-
nage considérable de la cour du duc de Bourgogne, lequel était né
à Tournai. (Georges Hulin de V identité de Maîtres anonymes. Gand
1902). Mais personne n'a remarqué encore la descendance très
écrite entre la facture et les moyens généraux de ce délicat artiste
et les peintres des Très riches heures du duc de Berry à Chantilly.
Une concordance absolue, mais où l'on sent une différence de date
sensible, relie le prétendu Maître de Flémalle aux prétendus
Limbourg. L'usage des rayons en fusées radiantes remarqués dans
le calendrier des Très riches heures, dans la Nativité du même
manuscrit et en divers endroits, est une note caractéristique. Les
plis d'étoffe, les paysages sont traités de même. Dans le présent
panneau la ville est essentiellement française, elle rappelle certaines
fortifications du Nord de Paris ; les types d'hommes, notamment
celui de St Pierre, qu'on retrouve dans V Adoration des Bergers^
du même maître au Musée de Dijon sous les traits de Saint-Joseph,
accusent des conformités plus sensibles encore avec les miniatures
françaises du xv' siècle. M. Hulin estime que le tableau fut peint
pour l'abbaye d'Eaucourt en Artois. Sans rien affirmer, nous ex-
posons ce tableau en le rapprochant de celui de M. Salting de
Londres, où nous avons signalé une particularité singulière, l'écran
d'osier rencontré dans la miniature initiale des Très riches heures.
L'influence de la France sur le prétendu maître de Flémalle est
confirmée par une Visitation du Musée de Berlin, où l'on aperçoit
le logis de Nesle et les cygnes du duc de Berry.
Bois. Peinture à l'huile. Musée d'Aix.
ECOLE DE L'ARTOIS (LE MAITRE
DE FLÉMALLE), vers 1430.
La Vierge et l'enfant dans un intérieur. La Vierge est
assise sur un banc ; elle est protégée de la flamme du
foyer par un écran d'osier. Par la fenêtre, on aperçoit
une ville.
H. 0,62. L. 0,48.
Nous exposons ce tableau à cause de l'écran d'osier que nous
trouvons absolument semblable dans la miniature initiale des Très
riches heures de Chantilly, derrière le duc de Berry à table.
Cette particularité fort rare, jointe aux nimbes radiants, au
paysage aperçu par la fenêtre ouverte, note une descendance indis-
cutable entre les artistes du duc et le Maître dit de Flémalle. Cet
artiste dut vivre dans l'Artois entre 1425 et 1450. Peut-être même
vint-il à Paris. Ses origines sont inconnues encore et nous n'osons
suivre M. Hulin qui en fait Jacques Daret.
Bois. Peinture à Vhuile.
M. George Salting, esquire^ Londres.
14 XV* SIÈCLE
32. ECOLE DE L'ARTOIS, (LE MAITRE
DE FLEMALLE), vers J43o.
L'adoration des bergers.
H. 0,99. L. 0,66.
Nous avons déjà parlé de ce maître au n" précédent, Ce
tableau de V Adoration est assurément l'une des œuvres les plus
plus fortes sorties de l'atelier de ce peintre inconnu. On a signalé
les caractères qui le rattachaient aux miniatures du livre d'heu-
res du duc de Berry à Chantilly ; ici nous retrouvons plusieurs
particularités qui achèvent la démonstration. Dans les figures, le
type de la Vierge avec les cheveux rejetés derrière les oreilles,
est celui des Très riches heures^ pour Eve dans le Paradis terrestre,
etc. ; Son manteau blanc étoile est semblable à celui de Y Adora-
tion des Bergers du manuscrit. L'ajustement des coiffures de fem-
mesjest aperçu à peu près identique dans les Heures^ quoique à des
dates un peu antérieures. Le Saint-Joseph de la peinture est
très près comme figure, barbe et calvitie du premier berger des
Tris Riches heures dans \ Annonciation aux bergers. L'un des
bergers avec sa musette est retrouvé dans le manuscrit et dans le
présent tableau. Le paysage du tableau est traité dans la manière
du peintre du manuscrit. La forme des montagnes du fond est
identique dans les deux œuvres, mais une particularité, c'est
le soleil perçant en arrière de ces montagnes dans le tableau et
qu'on revoit presque identique dans la Visitation des Très riches
heures. Le fait est trop rare pour ne pas être signalé comme
une concordance décisive. Le reste du paysage, avec son château
et son lac, ou mer intérieure, paraît être, dans le tableau, un de
ces arrangements comme en firent les artistes du duc de Berry,
qui figuraient de très grandes nefs à voiles sur la rivière de Mehun-
-sur-Yèvre, et agrémentaient le paysage de montagnes poin-
tues. Quant aux banderoles aperçues ici, elles sont constantes
dans les Très riches heures et achèvent d'accuser des conformités
trop persistantes pour être l'eflfet d'un pur hasard.
Bois. Peinture à Vhuilc. Musée de Dijon.
33-36. ECOLE DU MIDI, vers 1430.
Légende de Saint-Georges, en quatre tableaux sé-
parés.
H. 1,03. L. 0,50.
Ces tableaux sont d'une peinture de la partie du midi avoisinant
l'Espagne. Toutefois, certains indices trahissent nettement
l'influence française, par exemple le conseiller au Parlement qui se
retrouve dans le tableau de M Accusation. On pourra comparer ce
XV' SIECLE 15
personnage avec les pages des Heures de Fouquet au Musée
Condé. Certaines excentricités dans les chapeaux, et les yeux
tombants sont un indice en faveur des pays voisins de la Navarre.
Les 4 tableaux sont : i" U Accusation — 2" La Flagellation — 3° Le
Saint trainé par des chevaux — 4° La Décapitation.
Bois; fond doré. M. Théophile Belin, Paris
37. ÉCOLE DE BOURGOGNE vers 1440.
L'Annonciation dans une église gothique.
H. 1,55. L. 1,76.
Ce tableau a été successivement attribué à Jean van Eyck et à
Albert Durer ; ces opinions ne se peuvent soutenir. Certains dé-
tails non remarqués encore nous permettent de rattacher l'œuvre
au rameau français des artistes issus des ateliers du duc de Berry.
L'architecture rappelle les plus remarquables miniatures du livre
célèbre des Très riches heures conservé à Chantilly. La décoration
générale, les statuettes de prophètes, inspirées du Puits de Moïse,
l'ornementation des chapiteaux par des raisins et de la vigne, éloi-
gnent l'idée d'un peintre néerlandais. De plus les types du Père
Eternel, de l'Ange, de la Vierge concordent avec les manuscrits
bourguignons à origine certaine ; la Vierge est bourguignonne,
comme la Vierge de Charonton est picarde. D'autres constatations
achèvent d'édifier l'opinion. Entre deux colonnes de l'église, à
droite on aperçoit un autel dont le dais est nettement semé de
France, c'est à dire de fleurs de lis sans nombre. Un Flamand y
eût ajouté les armes de ses princes régnants. Plus à droite, divers
personnages assistent à une messe, ils sont costumés à la mode fran-
çaise de 1440 environ. Sur un vitrail, les armes des Rochechouart.
L'Ange, revêtu d'une ample dalmatique pourpre à orfroi d'or,
rappelle certains similaires de la sculpture dijonnaise et celui du
Buisson Ardent de Nicolas Froment. Il a des ailes empruntées à
un faucon, ce que faisaient volontiers les artistes du duc de Berry.
La Vierge, à genoux devant un pupitre sculpté, est très blonde ;
elle est revêtue d'un ample manteau en brocard de Tours, et, devant
elle, un' manuscrit enluminé est ouvert. En haut, à gauche, Dieu le
Père darde ses rayons sur elle, et dans ces rayons, un petit enfant
s'aperçoit très nettement — formule naïve et inhabituelle imaginée
pour expliquer l'Immaculée-Conception. Par une baie ouverte
en arrière de l'Ange, un paysage s'étend, traité largement, sans
rien des précisions méticuleuses des flamands. Sur le premier
plan, le vase de fleurs obligé, où «le lis le plus pur » est montré.
En comparant ces divers éléments de discussion à l'oeuvre des
maîtres capables d'exécuter avec cette décision un pareil morceau,
en opposant à leurs moyens connus, aux types adoptés par eux
i6 XV SIÈCLE
les remarques ci-devant faites, on s'aperçoit que le tableau ne peut
avoir été composé que par un artiste français du milieu du xv*
siècle, contemporain de Fouquet et de Charonton, mais séparé
d'eux par des influences, une technique plus serrée et des
modèles différents. Si le tableau a été exécuté dans le midi, il le
fut par un de ces artistes voyageurs venus de la région dijonnaise,
attirés par René d'Anjou. Cet artiste avait la tradition des peintres
des Très riches heures du duc de Berry, s'il n'était l'un d'eux. Il
est bon de rappeler ici que Jean Changenet, artiste de Langres, et
Grabusset de Besançon, travaillèrent dans la région au milieu
du xv" siècle. (Note de M. l'abbé Requin).
L'entrée du tableau à l'église de la Madeleine est inconnue.
BoiSj peinture à Vœuf sur plâtre.
Eglise de la Madeleine W Aix-en-Provence
38. JEAN FOUQUET, vers 1445.
Portrait de Charles VII.
H. 0,86. L. 0,73
Le nom du personnage représenté nous est fourni par le cadre,
dans une légende en caractères spéciaux imaginés par Jean Fouquet,
et retrouvés dans la plupart des miniatures du livre d'heures
conservé à Chantilly. Le Très Victorieux Roy de France Charles
septiesme de ce nom. Ce prince est représenté de trois quarts en
grandeur naturelle, tourné à droite et coiffé d'un chapeau, à bords
relevés, orné d'une ganse endenchée. La robe est en velours rouge
garnie deloup-cervierau col et aux poignets. Les mains sont posées
l'une dans l'autre, suivant une attitude remarquée dans la miniature
célèbre du Procès du duc d'Alençon à Munich (Cimiliensaal n" 38)
En arrière, un rideau bleu, partant du milieu du panneau, est relevé
à droite et à gauche. L'inscription est partagée en deux; une partie
en haut, le reste en bas. Pour qu'on osât lui donner ce nom il
fallait que le prince méritât le titre de Victorieux; ce ne fut guère
qu'après la bataille de Formigny, le 15 avril 1450, et surtout après
la conquête de la Guyenne en 1453, qu'il eût pu le revendiquer.
Mais le roi paraît âgé ici d'une quarantaine d'années ; en 1453, il
eût eu cinquante ans. On n'avait donc pas attendu les victoires
finales et on avait dû lui décerner le titre de Victorieux dès la
conférence d'Arras (1444). Ce devait être le moment où Fouquet
revenait d'Italie; il avait peint là bas le portrait du pape; il était
devenu un personnage.
Né aux environs de 1410-15, Jean Fouquet a bien près de
trente ans. Mais sa main n'a pas l'assurance qu'on lui verra dans
le portrait d'homme de la galerie Liechtenstein. Il est minia-
u
i
■ÉiliiililtM^|[j|||(|y^f|||||t|t|^yjP
K" 38 du Catalogue
Giraudon, phot.
XV= SIÈCLE 17
turiste encore, et les colorations sont hésitantes. Ce tableau avait
été copié dans le recueil de Gaignières, mais il ne figure pas à sa
vente de 1717. Il fut acquis par Louis-Philippe comme ouvrage
grec en 1838 et payé 450 francs.
Bois. Peinture à V huile. Musée du Louvre.
39. JEAN FOUQUET, vers 1450.
Buste de Christ.
H. 0,128. L. 0,089.
Cette miniature exécutée sur un feuillet indépendant a été
rapportée dans un manuscrit, connu autrefois sous le nom de« Livre
d'heures de la dernière comtesse de Flandre ». Elle j accompagnait
d'autres miniatures de Fouquet mélangées à des figures de mains
différentes. La tête du Christ est fort intéressante ; elle y témoigne
d'une influence de Fra Angelico sur Fouquet pendant son voyage
en Italie. Le manuscrit où elle était collée provient des
collections Ganay et Spitzer. (Voir n" 49).
Vélin. Miniature. M. le Comte Paul Durrieu, Paris.
40. JEAN FOUQUET J45o.
La Vierge Mère, avec un donateur, Diptyque.
Chaque volet : H. 0,93. L. 0,85.
L'œuvre illustre ici exposée et reconstituée pour la première
fois depuis 1775, était autrefois conservée à la cathédrale Notre-
Dame de Melun. A l'origine, les deux volets étaient enfermés dans
une riche bordure de velours bleu, décorée d'émaux d'or gravés, ou
figurait peut être le portrait de l'artiste, aujourd'hui au Louvre et
provenant de la collection de Janzé. Cette bordure portait une al-
ternance de sujets émaillés et de lettres EC enguirlandées d'une
cordelière comme on en retrouve dans les feuillets des Heures du
Musée Condé à Chantilly. Cette pièce avait été commandée au
peintre Jean Fouquet, de Tours, par Maître Etienne Chevalier, tré-
sorier des finances du Roi Charles VII. Elle montrait, à droite du
spectateur, la Vierge, et à gauche, le donateur Etienne Chevalier
lui-même, présenté par saint Etienne, son patron. Par une particu-
larité fort intéressante et très précieuse pour l'identification de ce
diptyque, les Heures du Musée Condé nous offrent à leur première
page une scène presque identique, sauf que certains détails sont
précisés, et que la Vierge est représentée au porche d'un temple. A
Melun où l'œuvre était attachée à la muraille de la cathédrale, elle
surmontait l'endroit précis de la sépulture d'Etienne Chevalier et de
sa femme Catherine Budé, morte en 1452 et représentée avec son
2
i8 XV« SIÈCLE
mari sur une plate tombe de cuivre. Comme une légende fort an-
cienne voulait que la Vierge du diptyque fût représentée sous les
traits d'Agnès Sorel, maîtresse du roi Charles VII, et protectrice
de Maître Etienne Chevalier, on s'étonnait que Catherine Budé ne
parût pas dans la composition, et on pensait que la prétendue
Agnès Sorel était vraisemblablement la femme du Trésorier.
La comparaison des portraits d'Agnès Sorel, entre autres la sta-
tue du tombeau de Loches et certaines copies assez habiles faites
d'après des œuvres disparues, tel le crayon de la Méjanes à Aix, et
celui du Département des Estampes, semble donner consistance à
la légende. L'œuvre parait avoir eu une destination antérieure par-
faitement explicable. Etienne Chevalier avait été nommé exécu-
teur testamentaire d'Agnès en 1450, il avait dû faire peindre le dip-
tyque pour l'église de Loches, et ceci expliquerait l'absence de
Catherine Budé. Lors des difficultés soulevées par Louis XI à pro-
pos de la sépulture d'Agnès, Etienne Chevalier dut faire dispa-
raître son acte de reconnaissance ; il était devenu le courtisan du
nouveau roi. Sa femme était morte en 1454, le 24 août; on était en
i46i,ilfit transporter le tableau au lieu de sa sépulture à Melun,où
il devint anonyme : nul ne savait que ce fut là la belle Agnès. De
1461 à 1775, le diptyque demeura là; mais le cadre avait dû dispa-
raître plus tôt, car à la dernière date, les deux volets étaient sépa-
rés et placés sous un rideau de serge verte.
Enlevés vers la fin du xviii' siècle, ils eurent des fortunes di-
verses. La Vierge fut recueillie dans la collection Van Ertborn et
entra au Musée d'Anvers ; le panneau représentant Etienne Cheva-
lier fut retrouvé à Munich sous le premier Empire, et reconnu par
M. Brentano, qui possédait le fameux livre d'heures aujourd'hui à
Chantilly. M. Brentano le légua à ses héritiers avec les Heures^ et
on les voyait naguère dans la salle de billard du petit hôtel de
M. Brentano à Francfort sur la Taunus-Platz. Le Musée de Berlin a
acquis le Donateur en 1896.
I' Volet de droite. La Vierge, costumée en française du xv" siè-
cle, avec le petit bandeau de front particulier aux femmes de
France, a le sein nu, et porte sur ses genoux un enfant Jésus.
Comme nous l'avons dit, sa physionomie rappelle celle d'Agnès
Sorel ; la gorge nue concorde avec la remarque du Bourguignon
Châtelain, un ennemi, qui lui reprochait son impudeur: « elle des-
couvroit les espaules et le seing, devant, jusques aux tettins. » Ce
volet du dyptique est fort intéressant à comparer à l'autre. Il est
resté gothique, tout français, à peu près sans influence étrangère.
Il y aura à le mettre en regard du Triomphe de la Vierge d'En-
guerrand Charonton, daté de 1453. Les séraphins multicolores se
rencontrent très semblables chez l'un et l'autre artiste ; ils pro-
viennent de ces anges retrouvés dans les célèbres manuscrits du
duc de Berry, et non des anges italiens comme on l'a dit.
Bois. Peinture à l'huile. Musée d'Anvers.
I
XV« SIECLE
19
41 . — 2" Volet de gauche. Etienne Chevalier vêtu d'une houppelande
foncée, dont la forme se retrouve exactement dans le dessin de sa
tombe que nous a gardé Gaignières, est présenté à mi-corps, de-
vant son patron, au milieu d'un portique richement décoré de
marbre et d'or. Il y a lieu cependant de ne pas voir ici, aussi for-
mellement qu'on l'a voulu faire, un pastiche italien ; nous retrou-
vons ce fond très semblable dans le portrait de Jouvenel des
Ursins au Louvre, avec ses ors gravés que le peintre affectionnait
particulièrement et qui passeront à Nicolas Froment d'Uzès,
Etienne Chevalier, comme tous les courtisans, cherchait à se
faire la tête de son souverain. Il était fils et petit-fils d'officiers
royaux. Son grand-père, Pierre Chevalier, était valet de chambre du
roi Charles V, et il avait pu connaître les peintres Jean d'Orléans,
Colart de Laon, pour ne nommer que les plus célèbres. Son père,
Jean Chevalier, était en 1423 secrétaire de Charles VIL Etienne
Chevalier avait été très jeune ambassadeur en Angleterre (1445).
maître des Comptes (1449), trésorier de France (145 1). Comme
nous l'avons dit, Agnès Sorel l'avait nommé son exécuteur testa-
mentaire, et la chronique un peu scandaleuse, mais invraisemblable,
attribuait à une passion partagée, l'absence de Catherine Budé dans
le diptyque. Nous avons cherché à rétablir les faits dans leur sens
le plus juste, Etienne Chevalier avait de nombreux châteaux:
Eprunes, Plessis-le-Comte, Grigny, et il était originaire de Melun.
Son séjour en Tourraine était la conséquence de son office à la
cour du «Roi de Bourges». Lorsqu'il connut Jean Fouquet vers
1446-50, celui-ci était déjà allé à Rome où il avait exécuté le portrait
du pape Eugène IV. Cependant, eu égard aux différences notables
de composition et de technique remarquées entre les deux volets,
on pencherait à penser que le portrait d'Agnès avait été peint
avant la date de 1450, pendant la vie de la dame de Beauté, et que le
. portrait de son ami fut exécuté à cette date précise.
Bots. Peinture à rhuile. Musée de Berlin.
42 . — 3° Email de la bordure. On suppose que Jean Fouquet favori
de la maîtresse royale, a peint cet émail pour consacrer son souve-
nir et sa gratitude. Il s'est représenté de face, la tête coiffée d'une
petite calotte emboîtant le crâne. Il paraît âgé de trente à quarante
ans environ, ce qui concorde avec la date 1450 fixée pour l'exécution
définitive du dyptique. Né vers 14 15, Fouquet avait alors trente-
cinq ans. Sa physionomie finaude et sincère est encore celle de
certains paysans de la Touraine.
La technique de cette pièce remarquable est celle des miniatu-
res du maître. Fouquet aimait à rehausser d'or au pinceau les plis,
les étoffes, les ciels et les figures. Il tenait le moyen des vieux
miniaturistes du duc de Berry, mais il l'avait élargi, et lui avait
donné la valeur des camaïeux blancs autrefois exécutés par les
20 XV» SIÈCLE
artistes du roi Charles V. Jean Fouquet a tenu à n'être pas confondu
avec un autre, il a écrit son nom dans ce caractère enjolivé, un
peu personnel à lui, qu'on retrouve dans le livre d'heures de Che-
valier au Musée Condé. Il se nomme Jehan Fouquet et non Foucquet,
suivant qu'on l'écrit à tort. On pourra comparer ce portrait à celui
de la Galerie de S. A . S. M. le Prince de Liechtenstein exposé ici ;
la 'date de ce dernier portrait est donnée dans ces caractères spé-
ciaux dont nous parlions.
Email sur argent. Musée du Louvre.
43. JEAN FOUQUET, vers 1450.
Portrait d'un horarae d'une cinquantaine d'années
portant un large chapeau noir, une houppelande fourrée
et tenant un verre à la main.
H. 0,62. L. 0,45.
Ce personnage rappelle un peu le Charles VII, du Louvre ; il
avait été blessé au cou d'un coup de pointe, la cicatrice en est très
visible. L'absence d'armoiries et de tout insigne ne nous permet
pas d'établir son nom.
Bois. Peinture. M. le C" Wilczeck, Vienne.
44. JEAN FOUQUET 1450?
Portrait d'homme de 3/4 à droite, portant une calotte
emboîtant la tête, et un foulard noué autour du cou.
H. 0,195. L. 0,130.
Ce portrait rappelle de trop près les portraits que nous con-
naissons de Fouquet, et la calotte est trop rapprochée de celle de
Jacques-Cœur et de certains petits personnages des Heures
d'Etienne Chevalier, pour qu'onjpuisse beaucoup hésiter dans l'at-
tribution. Le dessin, par ses qualités supérieures de décision et de
fermeté, est à mettre en parallèle avec le portrait d'homme de
de S. A. S. le Prince de Liechtenstein. On lit en haut, à droite
de la main de l'artiste dans une écriture de 14^0 environ: « Un
Roumain légat de nostre St-Père en france ». Cette lettre mon-
tre que nous avons affaire à une oeuvre française, exécutée à la
cour de France au milieu du xv* siècle. Le Romain légat du pape
était sans doute un cardinal romain, peut-être un de ceux qui de-
vinrent papes ultérieurement.
Papier. Crayon. M. Heseltine, esqutre, Londres.
XV' SIÈCLE 21
45. JEAN FOUQUET, vers 1460.
Portrait d'un riche seigneur.
H. 0,92, L. 0,74
Il est représenté de trois quarts tourné à droite; à mi-corps,
tête nue; il porte une robe fourrée et une escarcelle à la ceinture.
Il paraît agenouillé devant un prie-Dieu dont le coussin est à ses
armes. Dans le fond de la salle, l'architecture inspirée de "l'ouvrage
de Lombardie" admis en France dès la fin du xiV siècle, offre un
système de revêtement en marbre vert, encastré dans des boiseries
dorées. Les armes sont celles de la famille Orsini, de Rome, que
prétendaient porter les Juvenal ou Jouvenel des Ursins, italiens
établis en Champagne dans le xiv' siècle. Le personnage représenté
est Guillaume Jouvenel des Ursins, baron de Trainel, chancelier
de France sous Charles VII et sous Louis XI, né à Paris le 15 mars
1400, mort le 23 juin 1472. Il parait âgé ici d'une soixantaine
d'années.
Guillaume Jouvenel, personnage considérable, servit souvent de
modèle à Jean Fouquet dans ses miniatures. C'était un gros
homme, haut en couleur, bon vivant et joyeux. Son portrait avait
appartenu à Gaignières dans le xvii* siècle, mais celui-ci ne l'attri-
buait pas à Fouquet. A la vente de Gaignières, en 1717, il disparut;
peut-être fit-il partie du Cabinet de Quentin Crawfurd à la fin du
XVIII' siècle. Il fut acquis en 18;^ par le roi Louis-Philippe à M. le
Comte du Hamel pour la somme de 900 francs, et on l'attribua à
Wolgemuth, suivant la mode d'alors. Ce portrait a été gravé dans
les Monuments de la Monarchie française du P. Montfaucon, et
récemment par M. Achille Jacquet, membre de l'Institut.
Bois. Peinture a Vhuile. Musée du Louvre.
46. JEAN FOUQUET, 1460?
Portrait d'homme tourné à gauche portant son cha-
peau sur une calotte de tête.
H. 0,225. L. 0,185.
Ce dessin est fort rapproché des œuvres attribuées à Fouquet ;
la calotte ronde emboîtant la tête, sur laquelle le chapeau est placé
est une des coiffures françaises que Fouquet employait le plus dans
ses œuvres. Le nom du personnage est inconnu.
Papier., crayon. Musée du Louvre.
47. JEAN FOUQUET? vers 1460.
Portrait d'un seigneur tenant une flèche et une poignée
d'arc. Il porte un large chapeau noir et un habit à man-
ches larges. Une chaîne d'or pend à son col. A côté de
22 XV' SIÈCLE
lui à droite, une horloge sur laquelle on lit : Tant que je
vive autre n'auray.
H. o, . L. o,
Ce remarquable portrait était donné à l'école Flamande à cause
de la devise qu'on avait lue : Tant que je vive Antwerpen. On peut
comparer le costume de ce personnage avec la miniature du Saint
Martin de Jean Fouquet ici exposée (n" 50) pour se rendre
compte des rapports entre l'un et l'autre. La devise est celle de
Philippe le Bon lors de son mariage avec la duchesse Isabeau
(Tant que je vive autre n'auray dame Ysaheau !) mais elle était
courante au xv" siècle ; elle fut celle des Trasignies, celle de divers
seigneurs tourangeaux avec des variantes. L'attitude du person-
nage, la pose des mains rappellent le Charles vu qu'on aperçoit
près de lui. La matière et la technique sont aussi fort rapprochées.
Nous devons ce tableau à la gracieuse intervention de M. le
Bourgmestre d'Anvers M. Jan van Ryswyck, et à la bienveillance de
Messieurs les membres de la Commission du Musée d'Anvers.
Bois. Peinture à rhuile. Musée d'Anvers.
48. JEAN FOUQUET (Ecole de), vers 1460.
Portrait d'une femme de quarante ans environ por-
tant un chapeau conique avec voile clair avançant sur le
front une robe décolletée et un collier en chainette d'or.
Lesmanches sont cousues etbordées de fourrure. La dame
tient un chapelet. Sur une fenêtre proche un pot d'oeillets
blancs et rouge.
H. 0.56. L. o,a8'
Cette peinture n'est pas de la main de Jean Fouquet. mais par
certains détails la femme représentée rappelle le portrait de Marie
d'Anjou copié dans les recueils de Roger de Gaignières. Provient
de M. de Somzée à Bruxelles,
Bois., peinture à l'huile. MM. Agnew, Londres.
49. JEAN FOUQUET vers 1470.
Portrait d'une dame en hennin, à genoux, en compa-
gnie d'autres dames.
H. 0,130. L. 0,103.
Les armes d'or au lion de sable qu'un historien donnait comme
celles de la Flandre avaient fait désigner le manuscrit à laquelle
appartient cette miniature comme « les Heures de la dernière
comtesse de Flandre*. En réalité il n'y avait plus de comtesse de
XV« SIÈCLE 23
Flandre alors, et les armes sont celles de Baudricourt dont était
le célèbre Baudricourt de Jeanne d'Arc. La dame représentée doit
être Anne de Beaujeu des sires d'Amplepluis, dame de Baudricourt.
Vélin. Miniature. M. le comte Paul Durrieu, Paris.
5o. JEAN FOUQUET, vers 1450?
Deux feuillets d'un livre d'heures. 1° Une sainte ber-
gère dans un paysage. 2" Un saint à cheval, en costume
du XV' siècle, partageant son manteau avec un pauvre.
1" H. 0,91. L. 0,119.
2* H. 0,160. L. 0,118.
Ce sont là deux fragments du livre d'heures célèbre exécuté
par Jean Fouquet pour Etienne Chevalier. Un autre feuil-
let représentant saint Paul est au British Muséum, un autre, les
Trois Marie à la Bibliothèque nationale. Le reste du manuscrit
est aujourd'hui conservé au Musée Condé à Chantilly (quarante
feuillets).
Le premier tableau nous montre sainte Marguerite avec ses
compagnes. Le cavalier aperçu devant un château qui paraît être
le château ^ Loches avec le donjon de Foulques Nerra, est le
général romain Olybrius sous les traits du roi Charles VII.
Le second tableau montre saint Martin sous les traits du roi de
France, passant sur le Pont au Change de Paris au milieu de son
escorte. Nous ferons remarquer les rapports entre l'attitude du
saint Martin, le costume qu'il porte, et Vhomine à la flèche du
Musée d'Anvers (n» 47). Ces miniatures ont été étudiées par
M. le C' Paul Durrieu.
Vélin. Musée du Louvre.
5j. JEAN FOUQUET. 1470.
Portrait d'homme.
H. 0,470 L. 0,395.
Il semblerait que ce portrait eût été l'étude d'après «le vif» pour
l'un des petits personnages de la miniature des Statuts de
Tordre de Saint-Michel conservée à la Bibliothèque nationale.
L'homme inconnu que nous avons sous les yeux a été étudié dans
ses moindres détails de physionomie. Son regard, divergent et
spirituel, marque une énergie et une philosophie sereines. Nous
sommes au plein du talent de Fouquet, à vingt ans au moins du
portrait à'Agtics Sorel et de Charles VII ; dans les comparaisons
que l'on pourrait faire de cette pièce capitale avec les miniatures
XV' SIÈCLE
connues du maître, il faudrait donc rapprocher le portrait de ceux
des Statuts de Saint-Michel, ingénieusement restitués à Fouquet
par M. le comte Paul Durrieu, et de l'admirable page du Boccace de
Munich, représentant le procès du duc d'Alençon. Sans vouloir
opposer cette œuvre à celles ordinairement attribuées à Jean van
Eyck, ou à d'autres, on peut dire que bien peu d'effigies peintes au
XV' siècle ont à la fois cette précision dans la minutie et cette
ampleur d'effet. Le portrait de la Galerie Liechtenstein est le chef-
d'œuvre du maître de Tours, et l'un des morceaux de peinture les
plus considérables du xV siècle, dans tous les pays.
Bois. Peinture à V huile.
S. A. S. Le Prinxe de Liechtenstein, à Vienne.
52. ÉCOLE DE JEAN FOUQUET, vers 1470.
Portrait d'homme coiffé d'une calotte noire.
H. 0,44. L. 0,27.
Ce personnage est tourné à droite, il porte une calotte ronde ;
il paraît âgé de 60 ans environ, et est dans sa taille naturelle.
Grâce au portrait que possédait autrefois Gaignières et qui a été
reproduit dans son recueil Oa 15. fol. 9 du Département des
Estampes de la Bibliothèque nationale, nous connaissons le per-
sonnage. M. Paul Vitry a récemment publié une notice à ce sujet.
Le même portrait a été également donné dans les Hommes illus-
tres d'André Thevet. C'est Jean, bâtard d'Orléans, comte de Dunois
et de Longueville, fils naturel de Louis d'Orléans ; c'est le compa-
gnon de Jeanne d'Arc et d'Arthur, connétable de Richemont ; il
mourut en 1468, et il résidait à Châteaudun qu'il avait bâti.
L'original de cette figure était incontestablement de la main de
Fouquet. La résidence du comte à Châteaudun permettait à l'ar-
tiste de l'y venir chercher sans grand peine. Mais cet original qui
appartenait dans le xvi* siècle à la duchesse de Longueville-Estou-
teville, descendante de Dunois, a disparu après avoir appartenu à
Gaignières, Celui qui est ici exposé est une copie vraisemblable-
ment exécutée dans la fin du xv* siècle pour quelque église des
environs de Châteaudun. A cet égard nul doute. L'art de Fouquet
se retrouve très bien, sans la transcription un peu naïve, mais les
yeux n'ont point la fermeté des yeux de Fouquet, et l'aspect géné-
ral est un peu blafard. Quoiqu'il en soit, c'est ici une relique pré-
cieuse, à comparer au Louis XI, ayant également appartenu à
Gaignières qu'on voit à côté. D'après M. Gabeau, possesseur du
portrait de Dunois, l'œuvre aurait pu figurer dans les collections
du château de Chanteloup appartenant aux Choiseul.
Bois. Peinture à l'huile. M. Gabeau, à Amboise.
N" 40 du Catalogue
Hanfstaengl, phot.
X" 41 du Catalogue
Uanfstaengl, phot.
XV* SIÈCLE 25
53. ÉCOLE DE JEAN FOUQUET, vers 1475.
(COLIN D'AMIENS?)
Portrait d'un personnage de quarante à cinquante
ans, coiffé d'une calotte rouge et d'un habit orange à
revers noirs. Il porte le collier de l'ordre de Saint-Michel
précieusement dessiné.
H. 0,22, L. 0,15.
Portrait inédit du roi Louis XI, exécuté par un miniaturiste sur
un panneau de bois creusé en cuvette. Le roi, né en 1423 et mort
en 1483, paraît âgé de cinquante ans. Il est à rapprocher des minia-
tures de Fouquet pour le détail du collier de l'ordre. Partie enlevée
dans le front. Colin d'Amiens était peintre du roi.
Bots. Peinture à V huile.
M. George de Montbrisox. Château de Saint-Roch .
54. FRANÇOIS FOUQUET? vers 1480.
Le calvaire au centre. A l'entour divers épisodes de
la Passion.
H. 0,40. L. 0,30.
D'après une ingénieuse conjecture de M. Thuasne, le François
dont on ne connaît que le prénom par une lettre de Robert Gaguin
pourrait être identifié avec l'un des fils de Jean Fouquet ayant
porté ce prénom. D'autres ont pensé à François Colombe.
Vélin. Miniature. Musée de Cluny.
55. ÉCOLE FRANÇAISE vers 1450.
Panneau peint sur les deux faces. Un buste de la
Vierge; une sainte face.
H. 0,43. L. 0,32.
Ce panneau préparé au plâtre avec dorure et ornements au
fer, semble appartenir à la région Avignonnaise au temps du Roi
René. On peut le comparer à une tête de Vierge peinte dans un
livre d'heures du Roi René ms. latin 17332 à la Bibliothèque Na-
tionale. C'est un modèle assez rare de ces tableaux portatifs dont
une ancienne peinture de la sainte chapelle de Paris, aujourd'hui
détruite, mais conservée dans une reproduction de Gaignières,
nous montrait un spécimen curieux. C'était un panneau diptyque
offert au pape Clément VI à Avignon par Eudes de Bourgogne en
présence du futur Jean le Bon, alors duc de Normandie.
Bois. Peinture à Vœuf.
Madame la Comtesse Durrieu, Paris.
26 XV SIÈCLE
56. ÉCOLE DE L'ARTOIS vers i^So.
Les quatre docteurs de l'Eglise.
H. 0,920. L. 0,305.
Les quatre personnages sont devant des pupitres et assis. Saint
Jérôme en cardinal ; Saint Grégoire en évêque ; Saint Augustin
en évêque avec un cœur en main ; Saint Ambroise tient un livre
ouvert sur ses genoux et s'apprête à écrire. Ce sont les volets d'un
triptyque au verso duquels est une Annonciation.
Bots, Peinture à Vhuile. M. Martin Le Roy, Paris.
S-j. ÉCOLE DE TOURAINE vers 1450.
Pieta avec saint Jean et la Madeleine.
H. 0,33. L. 0,35.
La Vierge, coiffée et vêtue à la modedes Vierges de Jean Fouquet,
est penchée sur le corps de son fils. Derrière elle se tiennent Saint
Jean et la Madeleine. La scène se présente sur un fond damassé.
Le travail rappelle celui de deux volets d'un diptyque décrits sous
les n°'62-63, appartenant à M. Brouillon de Marseille. Le cadre est
cintré par en haut, il tient au panneau.
Bois. Peinture à Vhuile et à Vœuf. Musée du Louvre.
58. ÉCOLE DE TOURAINE vers 1460.
Deux donateurs, un clerc et une dame. Vitrail.
H. 0,40. L. 0,49,
La femme porte un hennin semé de quartefeuilles dans des
entrelacs d'or, une robe rouge et une chemisette. L'homme
tonsuré porte une houppelande bordée de fourrures. Fond bleu
damassé et fond jaunâtre. Origine inconnue.
Verre peint. M. Léon Arnoult, Paris.
59. ECOLE DE LA LOIRE vers 1470.
Portrait d'un jeune homme inconnu.
H. 0,37. L. 0,36.
Ce portrait d'homme qui a été donné à Memling, puis à Anto-
nello de .Messine, représente un personnage français de la seconde
moitiédu xv* siècle. L'habit et surtout la calotte qui est celle portée
par Jean Fouquet dans son portrait par lui-même sont un indice.
Les mains appuyées au rebord du tableau, sont fort étudiées et
XV« SIECLE
27
rappellent celles de l'homme inconnu, peint par Fouquet, faisant
partie de la collection Liechtenstein et celles du Christ de M. le
comte Paul Durrieu. Dans la main gauche le personnage tient un
œillet rouge. Il porte une houppelande fourrée entrouverte sur
le devant ; il paraît âgé de 30 à 35 ans. Les considérations ci-dessus
énumérées rendent toute attribution à un flamand aussi impru-
dente que l'était celle de Michiels donnant le tableau de Ville-
neuve-les-Avignon à Van der Meire.
Bots. Peinture à Vhuile. M. Ch. du Bourg, à Ferreux^ {Loire).
60. ECOLE DU NORD DE LA FRANCE 1460.
Miniature représentant la Vierge et un donateur pré-
senté par saint Nicolas.
H. 0,060. L. 0,043.
Cette petite miniature, arrachée à un précieux livre d'heures,
montre la Vierge assise devant une draperie damassée à la mode
française.
Parchemin. Miniature. M. Jean Masson. Amiens.
61. ECOLE DU CENTRE vers J475.
La Vierge et l'enfant.
H. 0,12. L. 0,08.
La Vierge est vêtue d'une robe bleue avec rehauts d'or dans le
style français. Le fond est formé d'anges à peine visibles et traité
au pinceau à l'or. Uue Vierge exactement semblable et peinte à
l'huile est en la possession de M. Cardon.
Vélin. Miniature. M. Charles Léon Cardon, Bruxelles.
62. ECOLE DU CENTRE vers 1480.
Piéta.
H. 0,40, L. 0,23.
La Vierge, vêtue d'un manteau noir qui lui voile la tête, et por-
tant une guimpe blanche, tient le corps de son fils sur ses genoux.
En arrière, un paysage que bornent des montagnes. Les physiono-
mies rappellent certaines figures du retable de Loches et permet-
tent de rapprocher ce tableau et le suivant des œuvres tourangelles.
Bois, peinture à Vhiiile et à Vœuf.
M. LE D' Brouillon, Marseille.
28 XV* SIÈCLE
63. ECOLE DU CENTRE vers .480.
Flagellation.
H. 0,40, L. 0,23.
Le Christ, attaché à une colonne de porphyre, est battu du
fouet d'un bourreau dont l'habit est relevé. Le travail de ce pan-
neau rappelle les œuvres de certains artistes tourangeaux et notam-
ment du peintre du retable de Loches.
Bois, peinture à Vœuf et à l'huile.
M. LE D' Brouillon, Marseille.
64. ECOLE DE TOURAINE vers 1480.
La Vierge et sainte-Anne sur un trône avec Dieu le
Père, deux anges et deux saints.
-H. 0,47, L. 0,31.
Ce tableau trahit de nombreuses parentés avec l'école de Fou-
quet dans les figures, les draperies, l'emploi de l'or sur les meubles
et les tentures du dais. Certaines analogies le rapprochent de la
Résurrection de LaT^are aux offices de Florence, peinte par Nicolas
Froment d'Uzès. On a dit les rapports des peintres de Provence
avec l'Anjou et la Touraine sous l'influence du Roi René. La figure
d'homme à droite a de grandes affinités avec les visages des person-
nages barbus des Heures de Chantilly exécutées par Jean Fouquet.
Les deux femmes, la Vierge et sainte-Anne ont des physionomies
très françaises, sans rapports, même lointains, avec les Vierges des
Flandres. Les anges sont aussi très proches des anges français des
manuscrits. Quant à sainte-Anne, son atour de tête est exactement
celui de la Vierge dans l'Ascension des Heures de Chantilly. Les
plis, les étoffes, la décoration du dais sont dans les théories Fou-
quettistes. Il ne paraît pas cependant que l'œuvre puisse être
donnée sans arrière-pensée à l'un des artistes tourangeaux de la
seconde moitié du xV siècle. Origine inconnue.
Bois. Peinture à Vœuf et à l'huile.
Eglise Saint-Jean Joigny (Yonne).
65. ÉCOLE D'AMIENS, vers 1480.
Fragment. L'ange d'une Annonciation avec Dieu le
père.
H. 1,80, L, 0,58.
Ce fragment de tableau trouvé à Amiens, rappelle les anges
autrefois peints contre la muraille de la Cathédrale, aux côtés du
XV' SIECLE
tombeau de l'évêque de Mailly. Ces anges ont été repeints par
VioUet-le-Duc sur l'ancienne fresque. Ils étaient l'œuvre d'un
artiste amiénois.
Bois. Peinture à Vœuf. Musée d'Amiens
66. ECOLE FRANÇAISE, vers 1480.
Une cour de justice à gauche ; à droite, un inté-
rieur de ville avec de nombreux personnages.
H. o. , L. o, .
Cette pièce a de proches affinités avec quatre panneaux de la
légende de Saint-Georges ci-devant décrits (n»* 33-36) et appartenant
à M. Th. Belin. Provient d'un livre d'heures.
Velin. Miniature. Musée du Louvre.
67. ECOLE FRANÇAISE, vers 1480.
Feuillet arraché à un manuscrit montrant « comment
les Platoniciens ont dessiné la vraie beneureté, soit es
anges, soit es hommes. »
H. 0,46, L. 0,32.
C'est un fragment d'une Cite ae Z)zVî^, de saint Augustin, divisé
en tableaux concurrents. Les costumes en sont très précis et ser-
vent à établir diverses comparaisons avec les tableaux ordinaire-
ment réputés flamands.
Vélin. Miniature., rehauts d'or.
Bibliothèque de la Ville, Mâcon.
68. ÉCOLE FRANÇAISE, vers 1480.
Feuillet arraché d'un manuscrit montrant en différentes
scènes liées des épisodes empruntés à la Bible et à la
Mythologie : Sodome, Phaéton, Rémus, Hélène et Paris,
etc., en costumes de la fin du règne de Louis XL
H. 0,46, L. 0,33.
Fragment d'une Cité de Dieu., par saint Augustin.
Vélin. Miniatures^ rehauts d'or.
Bibliothèque de la Ville, Mâcon.
)o XV« SIÈCLE
69. — ÉCOLE DE JEAN FOUQUET 1485.
Triptyque retable représentant, au centre, le Calvaire^
à gauche, un Portement de croix, à droite, une Mise au
tombeau.
H. 1,43, L. 2,83
Ce tableau, qui est aujourd'hui à l'église Saint-Antoine de
Loches, provient de l'ancienne Chartreuse du Liget. Le donateur,
qui était un des moines de la Chartreuse, s'est fait représenter à
droite près du tombeau du Christ. En dépit de l'état de délabre-
ment où il est en ce moment, ce tableau est un des documents les
plus précieux de notre école de Touraine; il est daté de 148^,
c'est-à-dire du temps où Memling terminait le retable de Guillaume
Moreel, et avant qu'il composât la Châsse de Sainte Ursule. Pour
ceux qui ont étudié les miniatures de Jean Fouquet, aujourd'hui
conservées au Musée Condé de Chantilly, le tableau de Loches
offre des points de repère significatifs. Un thème général de
composition, certaines physionomies, les paysages, les lances sur
le ciel bleu, l'accoutrement des Juifs, le cheval du premier plan,
sont autant de faits que les plus opposants ne sauraient mécon-
naître. La parenté éclate également dans la forme radiante des
nimbes, dans les attitudes, le raccourci des visages. On a pensé à
Bourdichon comme pouvant être l'auteur de cette œuvre capitale ;
de fait, certaine façon de dessiner les yeux, d'y mettre des
lumières blanches, certains visages, sont du maître de Tours,
élève de Fouquet; mais cela est cependant trop près de Fouquet
pour ne pas lui tenir de plus près encore. En avait-il donné le plan
général, et son fils François aurait-il terminé la besogne com-
mencée?
Nous connaissons les deux fils de Jehan Fouquet, Louis et
François, par une note de Jean Bresche jurisconsulte de Tours
dans ses commentaires sur les P^wi/^r/^^ (Lyon 1^86, in-fol. p. 410).
M. Thuasne a même donné à ce François Fouquet les miniatures
de la Cité de Dieu de Saint- Augustin de la Bibliothèque Nationale
qui ne paraissent pas de la main du peintre de notre tableau.
Ce serait alors peut-être Louis Fouquet. Cependant Jean
Bresche met au-dessus de Fouquet un certain Jean Poyet, le même
qui enluminera le fameux livre d'heures d'Anne de Bretagne avec
Bourdichon. Or il y a un manuscrit, récemment entre les mains
de M. Marcel Thévenin, aujourd'hui passé à l'étranger, qui renfer-
mait onze miniatures de la main du peintre de notre tableau de
Loches. Le doute n'est plus permis, comme on va le voir.
Ce manuscrit, étudié récemment dans une brochure intitulée
Le livre d'heures de Marguerite de Rohan., comtesse d'Angoulémc
(Paris, Leclerc, 1903), reproduisait, dans les plus délicieuses minia-
tures du livre, le portrait de la comtesse en costume religieux.
XV« SIECLE
C'est elle qu'on retrouve dans le tableau à gauche de la scène,
soutenant la Vierge. Si l'on considère en outre la scène où les deux
hommes de la partie de droite ensevelissent le corps du Christ,
on aperçoit de la part de l'un d'eux un geste d'indication plein
de naturel. Ce geste est le même dans une des miniatures du
livre, la Mise en Croix. Dans cette même Mise en croix., les lances
sur le ciel, sont celles du calvaire du tableau. Mais il y a mieux :
un homme barbu, qui a ser\'i de modèle à l'enlumineur du livre
de Marguerite de Rohan, est exactement le même qu'on retrouve
dans les trois scènes du tableau, tantôt sous un personnage, tantôt
sous un autre. Les casques, les turbans, les armures, les physiono-
mies sont identiques dans l'un et dans l'autre suivant qu'on
pourra s'en convaincre.parla reproduction de miniatures du manus-
crit. Une autre particularité, ce sont les nimbes radiants, peu
habituels, et qui sont semblables dans le ms. et dans le tableau.
On ne concluait en faveur de personne dans la notice, mais on
pensait à un Tourangeau pour les enluminures. Ce miniaturiste
ne serait-il pas l'un des fils de Fouquet, Louis ou François, plutôt
Louis? ou bien Jean Bourdichon qui se fût assimilé la facture de
son vieux maître ? Le problème n'est pas résolu ; mais la preuve
de l'œuvre française et tourangelle est faite. Si l'on compare la
composition à une œuvre identique de Memling, dont la partie cen-
trale est à Budapest et les volets à Vienne, on aura loisir de juger
combien peu l'artiste français avait à demander au flamand,
surtout pour l'anatomie.
Le tableau, comme on a dit, provient de la Chartreuse du
Liget-les-Loches. On a expliqué la lettre F. I. B. par Fecit
Johannes Bourdichon ce <\m\ est bien peu dans les usages. L'homme
représenté dans le costume de Chartreux n'était-il pas tout simple-
ment ce frère Jean Bourgeois, que Bourdichon avait représenté
prêchant devant le roi de France, suivant que nous l'apprend le
Dictionnaire de Jal au mot Bourdichon? C'est fort plausible.
C'est la première fois que le panneau vient à Paris pour y être
étudié.
Bois. Peinture à l'œuf et à Vhuile.
Eglise de Saint-Antoine de Loches.
70. ECOLE DE PROVENCE, vers 1440.
L'extase du bienheureux Pierre de Luxembourg.
H. 0,78. L. 0,58.
Ce tableau donne du bienheureux Pierre de Luxembourg une
représentation qui est devenue populaire et qui a inspiré de nom-
breux artistes du xV au xviii' siècle: l'extase miraculeuse du jeune
32 XV« SIÈCLE
cardinal devant le Christ qui lui apparut en croix, eut lieu lorsqu'il
se trouvait à la cour du pape avignonnais Clément VII.
Pierre de Luxembourg, né à Ligny-en-Barrois, le 20 juillet 1369,
fut nommé cardinal le 15 avril 1384 et mourut à Villeneuve-lès-
Avignon, le 2 juillet 1387. Son procès de canonisation fut engagé
dès l'année 1389.
Ce panneau, qui parait avoir été peint vers 1470, se trouvait
jadis au-dessus du tombeau du bienheureux, en l'église des
Célestins d'Avignon. Il a été acquis par le Musée Calvet en 1840
et reproduit dans le Livre d'or du Musée Calvet avec notice de
M. L.-H. Labande, qui le fait remontera 1430.
Bois. Peinture. Fonds gaufrés sur or. Musée d'Avignon.
71. ENGUERRAND CHARONTON 1453.
Le triomphe de la Vierge Marie.
H. 1,83, L. 2,20.
Ce tableau a une importance exceptionnelle, en ce qu'il est à
peu près le seul dont l'état-civil soit indiscutable. Dans l'histoire
de la peinture en Europe, il occupe un rang prépondérant ; il nous
montre que l'art prétendu flamand était en réalité une formule de
pratique générale employée tout aussi bien dans le Midi que dans le
Nord. On avait longtemps attribué cette œuvre au Roi René, puis à
Jean Van Eyck, et enfin à Van der Meire ; M. l'abbé Requin, d'Avi-
gnon, a retrouvé dans l'étude du notaire Giraudy, au protocole de
Jean Morelli à l'année 14^3, le contrat passé entre un prêtre, Jean de
Montagnac, et le peintre Enguerrand Charonton, de Laon, pour la
confection de ce tableau. Un programme très étroit était imposé au
peintre ; il est transcrit tout au long dans le contrat, et M. l'abbé
Requin l'a publié in-extenso dans l'opuscule intitulé : Un tableau
du Roi René au Musée de Villeneuvc-lcs-Avignon. (Paris, Picard,
1890, iri-8''). Voici la partie de ce programme concernant le Triom-
phe de la Vierge: « Premièrement y doit estre la forme de paradis
« et en ce paradis doit estre la Sainte Trinité, et, du Père et du
« Fils, ne doit avoir nulle différence, et le Saint-Esprit en forme de
« colombe et Nostre-Dame devant, selon qu'il semblera mieulx,
« audit maistre Enguerrand, à laquelle Nostre-Dame la Sainte-Tri-
« nité mettra la couronne sur la teste... » Toute la composition de
cette œuvre est ainsi précisée à l'artiste. Les vêtements doivent
être riches : « Celui de Nostre-Dame doit être de damas blanc,
« figuré selonc l'advis dudict maistre Enguerrand, et alentour la
« Sainte-Trinité doivent être Chérubins et Séraphins ». Remar-
quons dans le tableau la couleur rouge de ces derniers ; c'est ainsi
que Jean Fouquet les traite dans la Vierge d'Anvers (voir n* 40)
et en divers endroits de ses miniatures.
X" 4S du Catalogue
A. Giraiiifott, phot.
II
XV« SIÈCLE
La description fournie par l'acte authentique concorde avec le
tableau, sauf en certains détails insignifiants; l'artiste avait d'ail-
leurs le droit de varier. Aussi la robe de la Vierge est-elle en damas
d'or, dans le style des ornements de Nicolas Froment. La décoration
des dalmatiques des deux personnes de la Trinité est d'une préci-
sion remarquable; on comprend que l'on ait proposé Van Eyck
pour l'auteur du tableau.
L'œuvre renferme cinquante figures sans compter les anges,
la Trinité et les bienheureux ou damnés, en tout, plus de cent
personnages. Jean de Montagnac est représenté dans le bas, au pied
de la croix avec une mitre en tête ; devant lui est le P. abbé de la
Chartreuse de Villeneuve, également à genoux devant la croix.
A gauche, dans le groupe des personnages tournés vers la scène
principale, on remarque un pape, un roi, des princes, des prélats,
des moines. A droite, des papes, des prélats, des princes, des reli-
gieuses et des moines, tous nimbés. Dans le coin, à droite, on
retrouve la figure de la Vierge blonde, qui était peut-être la femme
d'Enguerrand Charonton, et on aperçoit le profil très poussé d'un
homme coiffé d'une calotte qui pourrait être l'artiste lui-même,
comme Nicolas Froment s'est montré dans la Résurrection de
La^are^ du Musée des Offices, signée de lui.
On ne saurait trop insister sur la valeur considérable de cette
pièce si peu connue, laquelle est cependant un document de tout
premier ordre. Les visages, les mains, sont d'une exécution qui
rappelle les plus belles miniatures de Jean Fouquet; la composi-
tion générale concorde avec certaines des miniatures aperçues
au Musée Condé à Chantilly. Nous avons signalé les anges rouges
qui sont si souvent employés par Fouquet, et qui viennent des
miniaturistes français du xiv^ siècle icf. ms. latin 919 à la Biblio-
thèque Nationale .
Enguerrand Charonton, né vers 14 10 dans le diocèse de Laon,
était venu à Avignon en 1447. Il s'y était établi et marié, il y était
encore en 1461. Son origine picarde indiscutable est établie par des
mots inscrits par lui, dans l'acte passé avec Jean de Montagnac,
Chtel pour ciel, anchien pour ancien, aiitier altare pour
autel. Le tableau, commencé le 14 avril 1453, fut placé surl'autel de
la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, en septembre 1454.
Enlevé à la Révolution, il fut recueilli depuis par les soins de l'un
des administrateurs de l'hospice et il figure dans le petit musée de
cet établissement. 11 fut étudié par Mérimée (Voyage dans le Midi^
p. 163;, par A. .Michiels : (L art flamand dans le Midi) et d'une
façon décisive par M. l'abbé Requin.
Bois. Détrempe; fond d'or préparé sur toile et plâtre.
Hospice de Villeneuve-les-Avignon (Musée).
34
XV'= SIÈCLE
72. ECOLE DU MIDI, vers 1450.
Saint Bernardin de Sienne, sainte Catherine et saint
Louis de Toulouse.
H. 0,33. L. 0,69.
Ce tableau a été repeint dans sa plus grande partie, mais le
saint Bernardin et le saint Louis ont la ligure intacte. Les fonds
étaient damassés à l'origine.
Bois. Peinture à Vœuf. M. G. Schlumberger, Paris.
73. ÉCOLE DE PROVENCE, vers 1460.
Calvaire avec deux donateurs, dont l'un est présenté
par saint Sébastien, l'autre par saint Gilles.
H. 0,62. L. 2,07.
Au milieu d'un paysage tourmenté dont une partie est occupée
par une ville ornée de minarets figurant Jérusalem, le Calvaire est
représenté. A gauche, la Vierge; à droite, saint Jean. La Vierge est
dans le pur style français. Derrière la Vierge, un chevalier est à ge-
noux devant un prie-Dieu, et il a derrière lui saint Sébastien
dont le corps est criblé de flèches. Les armes de la cotte d'armes
sont de gueules à trois clés d'or, deux et une. A droite, présenté par
un évêque qui est saint Gilles, un homme en costume de magis-
trat. Dans une notice sur ce tableau M. S. Bayle s'est donné la
tâche de démontrer qu'il était flamand, et que les personnages re-
présentaient : le chevalier Nicolas Rolin ; le magistrat Jean Rolin.
Les trois clés des armes sembleraient donner raison à cette hy-
pothèse, mais il ne faut pas oublier que plusieurs familles portaient
ces armes, et que les Rolin portaient à'a{ur et non de gueules.
Le chevalier n'est pas le chancelier Rolin, comme le dit
M. Bayle, mais vraisemblablement un seigneur du nom de Sébas-
tien. Le magistrat ne peut être Nicolas Rolin, le visage ne rappelle
guère celui du rétable de Beaune, et le saint est saint Gilles. Quant
à l'auteur du tableau, n'est-il pas plutôt un de ces artistes qu'on a
cru élèves des Flamands : Enguerrand Charonton, Nicolas Fro-
ment, Pierre Villate ou Jean Desplans d'Uzès ? Jean Desplans avait
illustré un missel pour le cardinal Rolin ; les Rolin avaient fondé
une chapelle de Saint-Lazare aux Célestins d'Avignon, mais ils
n'avaient pas fait venir un tableau de Bruges pour la décoration de
cette chapelle.
Cette œuvre étrange appartenait à la famille d'Albertas qui
l'avait acquise à Villeneuve-les-Avignon. C'est de la famille d'Al-
bertas que la tenait xM. Clérian, directeur de l'école de dessin
d'Aix, qui la céda à M. Paul Arbaud, le grand collectionneur.
Bois., peinture à V huile M. Paul Arbaud, à Aix.
XV' SIÈCLE 35
74. ROI RENÉ (Le) vers 1470?.
Adoration des Mages.
H. 0,351. L. 0,253.
Parmi les œuvres si nombreuses attribuées au Roi René, celle-ci
offre quelque vraisemblance. La tradition lui confère un titre de
possession. Cette pièce fut donnée par le Roi aux Dominicaines,
dites les Dames de Saint Barthélémy d'Aix. En 1790 elle fut
recueillie par le P. Pouillard, garde des tableaux du cardinal Fesch,
et depuis on la suit jusqu'à nous.
Toile de soie. Peinture à la détrempe.
M. LE BARON GUILLIBERT, à AtX.
j5. ECOLE BOURGUIGNONNE, vers 1460.
Portraitd'un seigneur présenté par un saint pape tenant
une ancre, et portant une mitre fleurdelisée. En arrière, une
ville et dans le ciel, un ange.
H. 0,49. L. 0,37.
Le cadre ancien porte en latin : Crédendo secundum quod pre
nobis deprecare. L'allure un peu brutale du personnage, une
vague ressemblance avec Charles le Téméraire et le paysage, rappe-
lant certaines villes de l'Est de la France, semblent indiquer que ce
tableau est d'origine bourguignonne. Le saint est saint Clément.
On peut rapprocher ce tableau d'un autre attribué à Froment,
conservé aux Offices.
Bois. Peinture à Vhuile. M. George S.a.lting, esquire, Londres.
76. NICOLAS FROMENT, vers 1470.
Portrait d'un saint évêque en pied, et bénissant de la
main droite ; de la gauche, il tient une crosse à édicule
gothique.
H. 2,07. L. 0,66
Cette pièce capitale de Nicolas Froment représente un saint de
la région Avignonnaise, saint SifiFrein. La tête penchée qui rappelle
de si près une des figures du Buisson ardent^ la matière de la peinture,
la saveur brutale et savante du travail ne laissent aucun doute sur le
peintre qui l'a exécutée. La dalmatique porte un orfroi d'or qui a les
plus grandes analogies avec l'encadrement à\x Buisson ardent d'Aix.
La figure du saint, qui est vraisemblablement le portrait d'un prélat
de la région, est d'un caractère noble et puissant; elle s'enlève sur
un fond d'or tout à fait semblable à celui de la Pieta de Villeneuve-
les-Avignon exposée auprès (n" 77). L'art de ce morceau est
36 XV' SIÈCLE
tout à la fois inspiré de Fouquet et de Charonton, mais avec un ac-
cent très personnel et supérieurement vigoureux. Il n'y- a, dans
l'œuvre, rien qui puisse la faire considérer comme flamande, elle
n'a pas les côtés précieux et un peu mesquins de l'école du Nord,
ni les caractères théâtraux et décoratifs des Italiens. Le mors de
bride figure une signature N. F. de Carpentras en bas à gauche.
L'origine de ce tableau est singulière; il servit longtemps de
couvercle à un coffre de l'église de Magon, et fut offert par le curé
à l'archevêque d'Avignon Mgr. Debelay, qui le légua au grand
séminaire, où il est conservé.
Bois. Peinture à V œuf sur or. Grand Séminaire d'Avignon.
77. ECOLE DE NICOLAS FROMENT 1470?
Pieta, avec Saint Jean, la Vierge, la Madeleine et un
donateur.
H. 1,67. L. 2,15.
Ce tableau, comme le Saint Siffrein, n'a jamais été exposé. Il
représente une Pieta. La Vierge âgée, dans une attitude d'un na-
turalisme douloureux, porte le corps de son fils sur ses genoux.
A gauche, Saint-Jean penché sur le visage du Christ, à droite,
la Madeleine, les cheveux épars, tenant un vase à parfums.
Dans le coin, à gauche, le donateur, curé d'une paroisse, revêtu d'un
surplis. Cette dernière figure est d'une énergie et d'une beauté de
métier particulières. Elle représente un méridional à l'œil vif. au nez
très court, aux pommettes saillantes. 11 paraît âgé de cinquante à
cinquante-cinq ans. Tout le fond de la composition est d'or
très brillant. On lit en haut sur une dentelle habilement gra-
vée : qui transitis per viam, attendite; videte si est dolor etc. Cette
inscription est continuée à droite et à gauche. Les nimbes, histo-
riés et gravés, portent le nom des saints personnages en latin. En
arrière du donateur, une ville orientale, avec minarets et croissants,
qui montrent que l'artiste avait eu d'excellents modèles sous les
yeux.
L'œuvre est tout entière peinte sur le fond d'or. Les lettres et
les nimbes sont gravés à l'outil au repoussé. Son origine n'est pas
connue, mais elle provient de la Chartreuse de Villeneuve
comme le tableau d'Enguerrand Charonton (n" 71).
Bois. Peinture à Tœuf et à Vhuile.
Hospice de Villeneuve-lès-Avignon.
78. NICOLAS FROMENT 1475-76.
Le Buisson ardent. A gauche, un volet sur lequel est
représenté un personnage en costume civil, présenté par
XV* SIÈCLE 37
trois saints dont un est saint Maurice. A droite, une prin-
cesse présentée par trois saints : saint Jean, sainte Agnès
et saint Nicolas.
H, 4,10. L. 3,05
Ce tableau monumental est trop connu pour être longuement
décrit. On sait, par les pièces découvertes aux archives des Bou-
ches-du-Rhône par M. Blancard, que l'auteur en est Nicolas Fro-
ment, à qui on redevait, en 1475, 30 écus sur la composition du
Buisson Ardent commandé par le roi René pour la cathédrale
d'Aix. On a cru longtemps que ce morceau capital de l'art français
était une œuvre flamande, même on l'attribua à Van Eyck, à cause
du paysage remarqué dans le panneau central. Ces illusions d'op-
tique proviennent de l'ignorance où nous sommes des véritables
origines de notre école. Ce nom de Froment, que M. iSiichiels
avait revendiqué pour la Flandre, est celui d'un praticien, né à
Uzès. Il composa divers tableaux, entre autre une œuvre qu'il
signa «Nicolaus Frumenti absolvitopus 1461 », et qui est aujourd'hui
conservée au Musée des Offices à Florence. Dans ce dernier tableau
Froment s'est représenté en haut, à gauche, sous les traits d'un
homme encore jeune, au nez très aquilin. et coiflFé d'une calotte,
qui pourrait être signée Jean Fouquet. Dans le Buisson Ardent^ le
saint Nicolas, placé en arrière de la reine Jeanne de Laval, femme
du roi René, sur le panneau de droite, est très rapproché du saint
Siffrein ici exposé (n° 76), et qui est également de Nicolas Fro-
ment. La pose est presque identique. Les colorations puissantes de
cette pièce sont en désaccord formel avec les tons plus mièvres
des écoles du Nord. La distance entre les deux écoles sorties du
rameau parisien du xiV siècle s'accentue ici d'une manière for-
melle et indiscutable.
Les personnages représentés sont à gauche, le roi René, dont
le patron saint Maurice porte les mêmes armes que celui du dona-
teur de Glasgow. La princesse est Jeanne de Laval, sa femme. La
Vierge, substituée à Dieu le Père sur le Buisson, indique une
œuvre Victorine ; René était chanoine de saint Victor.
L'absence d'un historien de la peinture en France nous a em-
pêchés longtemps de connaître ce remarquable artiste, l'un des
hommes les plus considérables de l'art en Europe. 11 avait connu
Enguerrand Charonton, certaine figure d'homme de la Résurrec-
tion de La:^are aux Offices note une parenté très étroite avec le
Triomphe de la Vierge (n» 71), c'est le disciple de la droite du
Christ avec une mèche de cheveux sur le front. Il y aura lieu aussi
de mettre en regard de la photographie du tableau des Offices,
la Vierge et sainte Anne, de l'église de Joigny, (n» 64). Les deux
figures de saints de ce dernier tableau sont dans le tableau des
Offices.
38 XV SIÈCLE
En réalité le Buisson Ardent d'Aix est pour l'art français en
rivalité d'importance, sinon de valeur ou d'époque, avec V Agneau
Mystique des Van Eyck. Et il a l'avantage d'être etayé par des piè-
ces d'archives indiscutables.
Bois. Peinture à lliuile. Cathédrale d'Aix.
79. NICOLAS FROMENT vers 1476.
Diptyque. A gauche, le portrait d'un homme âgé
portant le collier de Saint Michel. A droite, une dame
coiffée d'un chaperon de velours noir à long bavolet.
H. 0,15, L. 0,24.
En rapprochant ce petit diptyque du tableau du Buisson
ardent, il est facile de reconnaître dans les deux personnages le
roi René d'Anjou et sa femme Jeanne de Laval. On attribue géné-
ralement l'œuvre à Nicolas Froment à cause de ce rapport. Le
diptyque est connu sous le nom de diptyque de Marteron.
Bois. Peinture à Vœuf. Musée du Louvre,
80. ECOLE DE NICOLAS FROMENT, vers 1480.
Miracle d'un saint portant sa tête dans ses mains, en
présence de donateurs.
H. 1,60. L. 1,50
L'histoire du saint représenté ici est essentiellement une
légende de la ville d'Aix. Saint Mitre, grec d'origine, quitta son
pays après s'être dépouillé pour les pauvres, et vint s'établir à
Aquae Sextiae dans la fin du V siècle. Là, il devint l'esclave volon-
taire d'un préteur romain du nom d'Arvandus, qu'il espérait gagner
au Christ. Celui-ci lui ayant confié les clefs de sa vigne et de sa
cave, Saint Mitre cueillit quelques raisins qu'il donna à des
pauvres. On l'accusa de larcin ; il comparut devant Arvandus qui
le fit mettre à mort. Alors il prit sa tête dans ses mains et s'en fut
la porter à la cathédrale, sur le seuil de laquelle l'attendaient les
prêtres. Ce sont ces diverses scènes qu'un très habile artiste de
l'école de Provence, s'inspirant de Froment — s'il n'était Froment
lui-même — s'est donné la tâche de reproduire. La remise des
clefs, le saint conduit au prétoire, et dans le fond la treille, et les
pauvres, puis le saint exécuté, le saint portant sa tête à l'église,
tout est décrit avec une précision et une naïveté très sincères. La
ville représentée est, dit-on, la ville d'Aix au xv* siècle; de fait
certains monuments s'en peuvent encore reconnaître.
XV' SIÈCLE 39
Ultérieurement, le tableau dut être repris, à la sollicitation de
donateurs qui firent ajouter leurs figures à gauche et à droite du
saint debout sur le premier plan. Ces personnages sont d'une
main bien infe'rieure. D'après M. Faurie de Saint-Vincent, l'homme
serait Jacques de La Roque, fondateur de l'hôpital d'Aix, et la
femme, habillée à la mode de 1490-1500, serait l'épouse de ce La
Roque.
Ce monument fort curieux de l'art provençal, nous prouve
que l'école de ces contrées avait des tendances particulières, à la
fois inspirée du Nord et du Midi, de la Touraine, de l'Anjou et de
la Provence. Le Miracle de Saint Mitre est un des tableaux les
plus concluants de l'Exposition, en ce qu'il explique les rap-
ports créés entre l'Anjou et le Midi par le Roi René.
Bois. Peinture à VJiuile. Cathédrale d'Aix.
81. NICOLAS FROMENT, vers 1465.
La Résurrection de Lazare au milieu d'un paysage
borné par une ville fortifiée. La scène comporte quinze
personnages dont un donateur.
H. 0,76. L. 1,40.
Ce tableau est donné à Nicolas Froment ; de fait le saint Pierre
à droite est retrouvé semblable dans un tableau des Offices qui lui
est attribué. Le paysage est celui de la Provence. Le Christ, la mère
de Lazare sont des types très français. Ce tableau remarquable est
aujourd'hui pour la première fois soumis au contrôle du Buisson
ardent. La conclusion se tirera d'elle-même.
Bois. Peinture à l'huile. M. Richard von Kaufmann, Berlin.
82. ECOLE DE NICOLAS FROMENT, vers 1480.
Résurrection de Lazare avec un donateur.
H. 0,590. L. 0,785.
Dans un paysage où l'on voit à gauche un château-fort sur une
colline, et à droite une ville fortifiée, le Christ ressuscite Lazare.
La scène comporte quatorze personnages; dans le bas à droite un
seigneur à genoux dont le costume sombre rappelle celui du
bâtard d'Orléans, comte de Dunois. C'est un vieillard de 70 ans
environ, vraisemblablement fondateur d'une maladrerie où était
déposé le tableau; son prénom était Anne.
Bois. Peinture à rhuile. M. le D"^ Reboul, Lyon.
40 XV' SIÈCLE
83. ECOLE DE NICOLAS FROMENT, vers 1480.
Deux saints évêques. Saint Augustin. Saint Louis de
Toulouse?
H. 1,60. L. 1.35.
Ces deux figures étaient se'parées ; elles sont réunies dans un
cadre à meneaux. La peinture en est bonne et rappelle les
œuvres de Nicolas Froment d'Uzès, Le dessin des mains, sinon
celui des visages est inférieur aux travaux de Froment, mais les
motifs de décoration employés par le maître du Buisson ardent^
ont été conservés dans les mitres et les crosses.
Bois. Peinture à V huile et à Vœuf.
M. PoNTHiER, Conservateur du Musée d'Aix,
84. ECOLE DE PROVENCE, vers 1480.
Pieta. La Vierge, un chevalier et deux saintes
Femmes.
H. 0,43. L. 0,57.
Ce tableau a paru l'œuvre d'un flamand travaillant dans le voi-
sinage des Alpes. On a cru aussi retrouver l'indication d'une ori-
gine flamande dans le profil de l'église dont une partie rappelle
une Sainte-Chapelle française. Le donateur est un homme chauve
de 1480 environ, dont le costume est celui d'un seigneur. Il tient
un chapelet, et est représenté de profil à gauche, à genoux. Der-
rière lui, le tombeau du Christ. Au fond du tableau une ville for-
tifiée, la chapelle dont il a été parlé, une tour de clocher et des
montagnes couvertes de neige. Autrefois attribué à Antonello de
Messine.
Bois. Peinture à Vhuile. M. le baron dAlbenas, Montpellier.
85. ECOLE DE PROVENCE, vers 1480.
L'Enfant Jésus adoré par un chevalier et un évêque.
H. 0,95. L. 1,10.
Sous un portique d'architecture méridionale, en avant d'un préau
fermé par un rempart dans lequel une porte fortifiée a été percée,
l'enfant Jésus, assis, reçoit les hommages d'un chevalier, d'un évê-
que et de sa mère. Celle-ci porte le costume des femmes de la Pro-
vence influencé par les modes Milanaises. Le chevalier est revêtu
d'une armure foncée avec cotte d'armes de la fin du xv* siècle.
N" 7b du Catalogue.
Sauvanaiid, phot.
N" 80 du Catalogue
Sauvanaud, phot.
i
i
XV« SIÈCLE 41
L'évêque, qui doit être son patron et paraît être saint Louis de Tou-
louse, porte la main à sa mître comme pour l'ôter. Il n'est pas sans
intérêt de rapprocher cette œuvre du tableau de M. le baron d'Al-
benas attribué à Antonello de Messine (n" 84). M. Waagen nom-
mait Gérard de Haarlem, mais son opinion a été combattue par
M. L.-H. Labande dans le Livre d'ardu Musée Calvet. L'œuvre est
de la descendance de Nicolas Froment, la chape de l'évêque est trai-
tée dans la manière précieuse et finie des costumes de la Résurrection
de Lazare aux Offices de Florence.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée d'Avignon.
86. ECOLE DE PROVENCE, 1490.
Apothéose d'une sainte.
H. 0,183. L. 0,119.
Sainte Marie l'Egyptienne est enlevée au ciel, au milieu d'un
site sauvage rappelant la sainte Baume. Au verso, un Christ et
une prière en français. Cette pièce a des rapports avec un tableau
du Musée Calvet, à Avignon, « la Fontaine de sang ».
Vélin. Miniature. M. Jean Masson, Amiens.
87. SUITE DE NICOLAS FROMENT, vers i5oo.
Peint sur les deux faces.
1' L'Annonciation ;
2° L'ange saint Michel terrassant le démon.
H. 0,80, L. 0,59.
M. Wauters et l'abbé Requin attribuent cette œuvré à
Nicolas Froment, ce qui semble un peu osé. On rapprocherait
la manière de l'artiste de deux panneaux conservés à la Galerie de
Buda-Pesth représentant sainte Barbe et sainte Catherine. Ceux-ci,
en dépit de leurs rapports lointains, mais certains, avec le Vinci,
sont des œuvres du nord de la France. L'inscription du nimbe de
sainte Catherine le prouve. Sancta Katerina, au lieu de Katarina
qui est constant en dehors de France. Ils portent la date i'?2o, qui
serait peut-être plus juste pour le tableau d'Avignon, étant donnée
la cuirasse noire et historiée du saint Michel. La précision des
détails écrit une parenté très évidente entre le tableau d'Avignon
et les panneaux de Buda-Pesth.
Bois. Peinture à rhuiîe. Musée d'Avignon.
42 XV« SIÈCLE
88. INCONNU, vers 1480?
Portrait de femme.
H. 0,34. L. 0,26.
Jeune femme tournée de trois quarts à gauche, portant un hen-
nin et un corsage échancré en pointe. La robe est retenue à la
taille par une large ceinture. Elle caresse un petit chien blanc. Gri-
saille.
Bois. Peinture à Vhuile, M. le baron de Christiani, Paris.
89. ECOLE DE PICARDIE, vers 1480.
Le Songe du Grand Échanson.
H. 0,32. L. 0,23.
Le grand e'chanson explique son rêve à deux personnages dont
l'un en costume de riche bourgeois, et l'autre en costume de pri-
sonnier est assis sur son lit les fers aux pieds. Cette scène est dans
le style de certains manuscrits d'Amiens conservés à la Biblio-
thèque de l'Arsenal.
Une ancienne écriture attribue ce tableau à " Olbinse, (Hol-
bein?) peintre flamand ".
Bois. Peinture à l'huile. M. Edouard Aynard, Lyon.
90. ECOLE DE NAVARRE, vers 1480.
La Vierge entourée de quatre anges.
H. 0,76 L. 0,90.
Cette pièce est d'un art très voisin de la légende de Saint-
Georges, ci-devant (n°' 33-36). Les nimbes à cercles concentriques,
sont une preuve du voisinage des Espagnols, mais nous savons que
certains artistes encore très peu connus, travaillaient sous l'in-
fluence franco-italienne dans la région qui s'étend de la Garonne
aux Pyrénées. Ce tableau fait partie d'une suite d'oeuvres, repré-
sentant la vie d'un saint évêque, et dont l'origine hispano-gasconne
paraît établie par les types d'hommes qu'on y rencontre.
Tous ces tableaux proviennent du Midi de la France.
Bois. Peinture à Vœuf. M. H. Haro, Paris,
9J. INCONNU, vers J480.
Saint-Georges, Aja et le dragon.
H. 0,50 L. 0,37.
Au milieu d'un paysage borné par un très grand château méri-
dional rappelant quelque peu celui de Tarascon, et séparé par une
rivière d'une autre forteresse, au faîte de laquelle le père et la mère
XV' SIÈCLE 43
d'Aja sont dans l'attente, un saint Georges en harnais de chevalier
tue le monstre. Saint Georges porte la croix rouge de la confrérie
franc-comtoise des chevaliers de saint Georges, depuis relevée par
l'empereur Maximilien. Il est vêtu d'une cuirasse noire dans le genre
"^ de celles que Memling donne à ses guerriers; le cheval est harnaché
à la bourguignonne. Aja est habillée à la mode des dames de 1490
environ, elle a la cape à longues oreillettes. Le paysage paraît
planté d'oliviers, et le dragon, de fort belle allure, rappelle la
Tarasque. Il semblerait que ce tableau fut peint par un artiste venu
de Bourgogne, à la fois influencé par les gens de la suite de Martin
Schongauer, et les flamands, mais français par certains détails. On
peut le comparer aux miniatures de la vie de sainte Catherine, ms.
fr. 6449 de la Bibliothèque nationale, illustré par un miniaturiste
picard.
Bois. Peinture à Vhuile. M. H. Haro, Paris.
92. ECOLE DE PARIS, vers 1490?
Le Christ descendu de la croix en présence d'un reli-
gieux.
H. 1,00, L. 2,04.
Le calvaire, étant donnés les fonds qui représentent Saint-Ger-
main-des-Prés, la Seine, le Louvre et Montmartre, paraît être placé
non loin du Montparnasse. Le Christ est descendu de la croix ;
derrière la Vierge est représenté un abbé du xv' siècle, nu-tête.
A droite, Saint-Jean debout, puis Joseph d'Arimathie en turban,
tenant la couronne d'épines. La Madeleine est à genoux entre le
spectateur et les personnages, elle tient un vase sur lequel on a voulu
lire le nom de Scipion, qu'on a pensé être celui du peintre. C'est là un
de ces jeux d'érudition assez fréquents chez Fouquet, Bourdichon
et autres, qui se plaisaient à inscrire des noms latins sur les objets
pour donner à leur tableau plus de couleur locale. Fouquet n'ou-
bliait jamais le S. P. Q.. R. des Romains.
L'intérêt de ce tableau, qui a une belle tenue d'art, réside sur-
tout dans la représentation de l'Abbaye de Saint-Germain-des-
Prés, du Louvre et de Montmartre. Une laitière, qui apparaît sur
le chemin de l'Abbaye, montre, par son costume, que la date est
bien près du xvi« siècle. Ce tableau était autrefois à Saint-Germain-
des-Prés, il a été décrit dans J. Bouillard (Hist. de Saint-Germain-
des-Prés^ p. 169.) L'abbé représenté passait pour être Dom Guil-
laume, mort en 1418. Cette légende de sacristains, qu'on eut pré-
cieusement recueillie ailleurs, n'est pas acceptable, pas plus que
l'attribution de l'œuvre à Fabrino, vénitien qui serait venu à la cour
de Charles Vil, ou la date 1370-1380 proposée par M. de Cla-
rac. Placé à Saint-Denis depuis la Révolution, il entra au Louvre
en 1845.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée du Louvre.
44 XV* SIÈCLE
93. ECOLE DE BOURGOGNE, vers .490.
Descente de croix?
H. 0,75. L. 1,25.
Cette pièce a longtemps été regardée comme une œuvre
flamande ; mais la copie qui en existe dans l'église d'Auxerre,
le type si formel des personnages encore retrouvés dans la Bour-
gogne, une pseudo Agnès Sorel figurant la Madeleine dans la
composition, nous inclinent à attribuer ce travail à l'un des peintres
de Champagne ou de Bourgogne travaillant dans ces contrées dans
la seconde moitié du xv" siècle. Le paysage est un de ces fonds de
pratique dont les peintres se servaient pour figurer Jérusalem.
Bois. Peinture à Vhuile.
M. MuNiER-JoLAiN, ûvocat, Parts.
94. ECOLE DE LORRAINE, vers 1475.
Ecce Homo. Les Juifs sur le premier plan. En arrière
les marches au faîte desquelles est présenté le Christ.
A gauche une rue de ville.
H. 0,50. L. 0,35.
Le style de cette pièce, les costumes sont ceux des manuscrits
exécutés dans l'Est, en Lorraine principalement.
Bois. Peinture à l'huile. M. Crews, Londres.
95. ECOLE DE CHAMPAGNE, vers 1480.
H. 0,67. L. 0,58.
Calvaire avec la Vierge et saint Jean sur un fond de
paysage d'après un original de 1400 environ.
Bois. Peinture à rhuile. M. Martin Le Roy, Parts.
96. ECOLE DE L'EST, vers 1480,
Triptyque. Pieta avec saint Jean et la Madeleine de-j
vant la ville de Jérusalem avec la mosquée d'Omar. A]
droite, volet : sainte Catherine. A gauche, sainte]
Barbe.
H. 0,46. L. 0,33, volets 0,16.
La rue de Jérusalem est fort soignée et traitée en grisaille. Cer-3
tains ornements rappellent Van Mecheln, mais la Madeleine estj
d'inspiration française. On penserait à un tableau exécuté enj
Alsace ou en Souabe. Le verso porte une Annonciation dans le]
goût français.
Bois doré. Peinture à rhuile. M. Richard von Kauffmann, Berlin^
XV* SIÈCLE 45
97. ECOLE DE BOURGOGNE vers 1480.
La mort de la Vierge.
H. 1.35. L. 0.75.
Dans une salle très décorée et dont la voûte est supportée par
des colonnes de jaspe, la Vierge est couchée sur un lit tendu de
rouge. Les apôtres sont autour d'elle et récitent les prières des
agonisants. Ce tableau comme le précédent paraît avoir été peint
dans la région Campano-Bourguignonne.
Bois. Peinture à Vliuile. Musée de Lyon.
98. ECOLE DE BOURGOGNE, vers 1480
Le couronnement de la Vierge.
H. 1,38. L. 0,75.
La Vierge agenouillée sur les dalles d'une salle très décorée est
couronnée par Dieu le père assis sur un trône de marbre avec dais.
Le trône de l'Eternel est d'un travail compliqué rappelant certains
sièges de Jean Fouquet et de Bourdichon. Les types sont français.
Bois. Peinture à V huile. Musée de Lyon.
99. ECOLE DE BOURGOGNE, vers 1495.
Portrait d'homme en costume de la fm du xv* siècle,
portant un chapeau noir, une chemisette et un pourpoint
décolleté. Cintré.
Avec le cadre. H. 0,360, L. 0,275.
On lit au verso d'une écriture ancienne : Pierre de Laval, baillif.,
juge d'apel en la justice de Tournus au commencement du siècle de
1400 (sic) — Qt procureur fiscal en ladite justice. Cette pièce inté-
ressante a beaucoup souffert ; elle est peinte dans la manière ordi-
naire des petits portraits français de cette date.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Lex, Mâcon.
100. ECOLE FRANÇAISE XV* SIECLE, vers J495?
Pieta. La Vierge et le Christ au milieu d'un paysage.
H. 0,72. L. 0,55.
La coiffure de la Vierge est fort rapprochée de celle de certaines
figures de manuscrits de l'enclave lorraine. Le tableau est vraisem-
blablement exécuté dans le voisinage des Ardennes.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Lenoir, Vise {Belgique").
46 XV* SIÈCLE
loi. ECOLE FRANÇAISE, vers 1490.
Portrait d'homme coiffé d'une petite toque noire,
vêtu d'un habit violet à revers sur un fond doré et mou-
cheté de noir.
H. 0,17. L. 0,14.
Ce pprtrait représente un personnage du temps de Charles VIII
au temps où les guerres d'Italie avaient mis à la mode les modes
transalpines. On retrouve de ces habillements dans les livres im-
primés de Vérard. Provient du marquis Charles de Valori.
Bois. Peinture à Vœuf.
M. Walter Gay, Paris.
J02. ECOLE FRANÇAISE, vers 1490.
Portrait d'homme (Louis XI), de profil, à droite ;
il porte un chapeau sur une calotte de tête, et le collier
de Saint-Michel.
H. 0,37. L. 0,27.
Ce portrait, qui a été retrouvé récemment, a eu un gros succès
de curiosité.
Cest un des portraits du roi que posséda au xvii' siècle le
célèbre collectionneur Roger de Gaignières ; celui-ci le fit
d'ailleurs transcrire dans le recueil qu'il destinait aux récréations
de Madame de Montespan, conservé au cabinet des estampes.
Bois. Peinture à l'huile.
M. LE BARON ViTTA. Parts.
io3. LE PEINTRE DES BOURBONS,
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1480.
Nativité avec deux anges, un cardinal et deux bergers.
H. 0,55. L. 0,71
L'œuvre ici exposée fut exécutée à Autun à la fin de la vie
du cardinal qui a été représenté par l'artiste sur le tableau. Ce
prélat est indiqué par les armes qui sont : écartelé au i et 4 d'azur
à trois clefs d'or en pal, qui est Rolin ; aux a et 3 d'argent à la
bande d'azur chargée d'une merlette d'argent. C'est Jean Rolin,
fils de Nicolas Rolin, qui naquit à Autun en 1408. A 22 ans, il était
chanoine et archidiacre de la cathédrale de cette ville et conseiller
du duc Philippe le Bon. D'abord évêque de Châlons en 1436, il
XV^ SIÈCLE 47
fut confesseur du dauphin depuis le roi Louis XL C'est lui qui fit
reconstruire la cathédrale d'Autun incendiée. Bien que peu scru-
puleux sur les moyens, à la mode des seigneurs de son temps, il
enrichit les églises d'œuvres d'art remarquable. Le tableau ici mon-
tré dut être l'un de ses derniers portraits ; il dut être exécuté,
deux ou trois ans avant sa mort, vers 1480, car Jean Rolin mourut
en 1483, âgé de 75 ans. C'est environ l'âge du personnage dans le
tableau.
La disposition de l'œuvre est d'une simplicité et d'un sentiment
qu'il sera bon d'opposer aux œuvres concurrentes et contempo-
raines des artistes des Flandres. Ici le naturalisme précieux s'allie à
l'idéalisme le plus rafliné et le plus délicat. Cette Vierge, chez
laquelle on n'a pas de peine à retrouver le visage de la Vierge du
triptyque de Moulins, est une jeune femme candide, surprise de sa
gloire, et dont le geste d'extase est charmant. Elle est vêtue d'une
robe étroite de couleur bleuâtre, serrée aux manches, d'un manteau
léger, coiffée d'un voile blanc; ses mains élevées, dans l'attitude du
respect, sont d'un dessin et d'une grâce achevés. Devant elle l'En-
fant Jésus nouveau-né, — un vrai enfant naissant, potelé, tel que
le pourrait vouloir le peintre moderne le plus précis — est adoré
par deux anges. Ces anges sont retrouvés dans une miniature du
ms. 14363, au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale.
Ce sont les anges du maître français, que nous ne voulons nommer
encore, mais qui est le peintre des Bourbons. Derrière la crèche
saint Joseph, homme barbu et jeune, joint les mains comme pour
une prière ; ces mains sont un chef-d'œuvre. Plus loin, à l'intérieur
de l'étable, un bœuf — qui est un véritable animal du Bourbonnais
et non l'une de ces bêtes de pratique trop souvent rencontrées
dans les œuvres du Nord — rumine paisiblement. Deux paysans
sont venus regarder la scène par dessus la barrière ; ce sont eux
aussi des portraits, comme est d'ailleurs la figure principale, celle
du cardinal évêque Jean Rolin, placé à droite, à genoux, les mains
jointes, avec sur les plis de son manteau rouge son chien favori,
d'une vérité d'expression incroyable. Tout au fond de la composi-
tion, un paysage du centre de la France, avec une église et une
ville ; des ruines à droite et à gauche, complètent ce morceau d'un
charme, d'une grandeur, d'une impression que seuls les grands
maîtres ont su rendre.
Il semblerait que, chronologiquement, ce tableau fût le plus
ancien connu dans les œuvres du Maître des Bourbons. Ceux du
duc et de la duchesse paraissent de huit ans postérieurs. Certains
détails de costumes et d'attitudes, des concordances de dates font
penser au célèbre Jean Perréal, dit de Paris, dont M. de Maulde a
écrit une notice fort savante, mais en dehors du sujet qui nous
occupe. Le tableau de l'évêché d'Autun n'a pas souffert, il n'a
48 XV SIÈCLE
guère quitté l'évêché où il dut entrer il y a plus de quatre cents ans.
11 ne faut plus songer à van der Goes pour ce tableau, ni à aucun
flamand, mais la descendance de la Vierge de Fouquet y est for-
melle, (voir n° 41).
Bois. Peinture à r huile. Evêché d'Autuk.
104. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS, 1488.
Portrait d'un seigneur à mi-corps, coiffé d'un chapeau,
portant le collier de Saint Michel, et présenté par Saint
Pierre.
H. 0,84, L. 0,77, avec le cadre.
Ce personnage est indiqué par une inscription sur la bordure du
cadre qui ne laisse aucun doute sur son identité, mais ces inscriptions
étant très souvent remises après coup, comme on le voit sur
nombre de tableaux célèbres, nous lui avons fait subir une enquête
d'identité. D'après l'inscription c'est : Pierre., duc de Bour-
bon et d'Auvergne., conte de Clerniont., de Four est (Forez) et de
Gietn (Gien), vicomte de Cariât et de Murât., seigneur de Beau-
jolois., de Chatel-Chinon., de Bourbon Lancey et d" Annonay per et
chamberier de france., lieutenant du roy et gouverneur de Lan-
guedot Van mil CCCC IIII XX et VIII. Or, si l'on compare ce
portrait à celui que nous retrouvons en tête du ras. de la Biblio-
thèque nationale, fonds français 14363, où le duc est aux côtés de
Charles VIII, son beau-frère, on est frappé de ce fait que le por-
trait paraît avoir été fait le même jour par le même artiste. La
pose de la Ggure est identique, les traits absolument semblables :
nul doute n'est donc possible. En revanche, il est moins recon-
naissable, bien que pris dans la même pose, sur le triptyque de
Moulins, où l'artiste lui a ajouté des cheveux et l'a rajeuni.
Le fonds de paysage a été pris sur nature aux environs du château
de Bourbon-l'Archambaud ? peut-être dans le parc du château. Le
prince a 49 ans, étant né en 1439.
Ce tableau fut au roi Louis-Philippe en 1842, et fut acquis pour
500 francs à un M. Vallet. Il resta à Versailles jusqu'en 1870 ; à
cette époque, le Louvre le réclama comme œuvre d'art.
Bois. Peinture à l'huile. Musée du Louvre.
io5. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS. 1488.
Portrait d'une dame en costume sombre, portnni mu
^W^^^^ ^^^^^M W^I^^WI^
I
N" 78 du Catalogue
A'., p/iot.
XV« SIÈCLE 49
cape, et au col un bijou très riche tombant sur la poitrine.
Elle est présentée par saint Jean.
H. 0,84, T.. 0,50
Le panneau qui faisait pendant au précédent a été rogné à
droite et débarrassé de son cadre. 11 représente Anne de Beaujeu,
fille de Louis XL femme de Pierre de Bourbon. Elle a, à l'époque
du tableau, environ vingt-sept ans, étant née en 1461. En 1488,
son mari devient duc de Bourbon, et elle duchesse. Le patron
saint Jean qui la présente est peu explicable; c'est sans doute une
dévotion particulière de la part de la princesse, mais il est impos-
sible de ne pas la reconnaître en la comparant au volet de droite
du diptyque de Moulins. Le paysage du fond, vraisemblablement
arrangé par l'artiste, n'a pas permis de retrouver l'une des rési-
dences du duc de Bourbon. On a pensé à Bourbon l'Archambaud
et à la tour de Quiquengrogne, mais sans preuves.
Le tableau arraché à un triptyque dont le portrait de son mari
(n" 94) constituait l'autre volet, fut acquis à la vente La Béraudière
par M. Jules Maciet qui en fit don au Louvre. La partie centrale
qui représentait soit un calvaire, soit un ensevelissement du Christ,
est aujourd'hui égarée; elle figure peut être en un musée sous un
nom étranger.
Bots. Peinture à Vhuile. Musée du Louvre
106. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1488.
Un donateur avoué-chevalier de Saint-Victor, protégé
par un saint guerrier.
H. 0,550. L. 0,465
Le personnage, portant un cercle de chevalier sur le front et
une dalmatique en brocard d'or, est tourné à gauche. Derrière lui
un saint, qu'on sait être saint Victor de Paris par les armes au rais
d'escarboucle. Ces armes sont également retrouvées dans le Buis-
son ardent de Nicolas Froment à côté d'un saint qui protège le
Roi René. On ne peut s'empêcher de penser à la corrélation
entre le tableau que nous décrivons et l'Etienne Chevalier du
Musée de Berlin; la descendance de l'un à l'autre s'impose très
expressément. Le chanoine est un prince de la maison de France,
la fleur de lis de la cuirasse du saint le semble indiquer. On a vu
dans le personnage, le roi René lui-même, mais M. le comte
Durrieu propose Charles III d'Anjou, neveu du Roi René, en
costume d'avoué de Saint-Victor de Marseille. Il convient de re-
marquer, aussi que, suivant un manuscrit de la Bibliothèque de
l'Arsenal, exécuté pour le Roi René, et ayant rapport à l'ordre
du Croissant, le saint avec les armes au rais d'escarboucle était
saint Maurice. Y a-t-il quelque rapport entre le personnage et les
50 XV' SIECLE
chevaliers du Croissant du Roi René ? Cet ordre se portait sous
le bras droit, et il semblerait que le saint eût l'ordre du Croissant,
Cette pièce capitale de l'art français, tout en montrant de très
grandes conformités avec le Maître de Moulins, notamment dans
le paysage, ne serait-elle pas d'un artiste de l'Ecole de Jean Fouquet?
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Glasgow, Ecosse.
107. LE PEINTRE DES BOURBONS,
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1490.
Portrait d'une petite fille en costume français avec la
cape, le corsage échancré, un bijou de cou, et un cha-
pelet en main.
H. 0.32. L. 0.23
Ce portrait, donné pour celui de Jeanne la Folle dans la collec-
, tion de Don Sébastien Gabriel de Bourbon, était attribué à Hol-
bein. Il suffira de comparer cette petite fille avec le portrait de
Suzanne de Bourbon, fille du duc Pierre de Bourbon et d'Anne de
Beaujeu, pour être pleinement édifié, (voir n" 112). Il s'agit ici de
Suzanne de Bourbon, qui épousera plus tard son parent Charles,
le célèbre connétable; celui-ci lui devra de devenir ducde Bourbon,
C'était une pauvre enfant chétive, maussade et renfrognée, dont
le caractère n'était guère en concordance avec celui de son époux.
Elle devint difforme avec l'âge, et les crayons du xvi« siècle la
montrent ainsi.
L'attribution à Holbein a été combattuepar M. Camille Benoît,
{GaT^cttc des Beaux-Arts., 1901, p. 328). C'est M. le comte Paul
Durrieu qui a constaté le premier la ressemblance de l'enfant avec
la Suzanne de Bourbon de Moulins. Le paysage paraît être le châ-
teau de La Palisse, mais la preuve n'a pas été faite.
Le tableau fut acquis en 1890 par le possesseur actuel.
Bois. Peinture à Vhuile.
M°" DE Yturbe, Paris.
108. LE PEINTRE DES BOURBONS,
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1490.
Une dame présentée par la Madeleine.
H, 0.55, L, 0,40
La dame, d'un certain âge, aux traits accusés, est à genoux, les
mains jointes. Sa robe de velours tanné est bordée d'hermines ; les
manches serrées s'évasent aux poignets ; le corsage entrouvert
est retenu par un bijou. Elle est coiffée d'un chaperon de velours
noir. L'index de la main droite porte une bague. Derrière elle, à
XV= SIECLE m
gauche, Marie Madeleine tenant le vase de parfums et coiffée
comme la sainte Anne du triptyque de Moulins et les statues dont
le dessin est de PerréaL indique de la main sa cliente à une Vierge
qui a disparu. Cette (îgure. et la perfection de ses détails, sont à rap-
procher à la fois du donateur de Glascow (n" io6), et du triptyque
de Moulins (n" 112). La dame représentée doit être une princesse,
dont le prénom était Madeleine, et qui devait appartenir à une
branche de la maison de Bourbon ; toutefois rien ne permet de
l'affirmer, car l'artiste, comme dans le portrait de l'Anne de
Beaujeu du Louvre, a pris soin de n'inscrire ni date, ni armoiries,
ni signe quelconque d'identité.
Si l'on compare la Madeleine à la Tempérance du tombeau du
duc de Bretagne à Rennes dont le dessin est de Jean Perréal, on
est frappé de la similitude absolue dans le style général, dans la
simplicité des physionomies et leur tranquilité, ce qui est juste-
ment le cas de la Madeleine dans le tableau. Davantage il faut
reconnaître que la technique, l'invention, le caractère général se
rapportent étrangement aux procédés d'opération du triptyque de
Moulins. M. Georges Hulin estime que Jean Perréal pourrait être
considéré comme l'auteur de ces œuvres aujourd'hui groupées
sous le nom du Maître de Moulins.
Bois. Peinture à Vhuile. M. M. Agnew, Londres.
09. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1490.
La Vierge et l'enfant Jésus avec quatre anges.
H. 0,26, L. 0,26
Ce tableau, qui est aujourd'hui au Musée de Bruxelles, provient
de la collection Huybrechts d'Anvers. M. Camille Benoit a longue-
ment parlé de cette œuvre dans la Galette des Beaux-Arts de 1901,
p. 374. A ses remarques, il faut ajouter une particularité qui ferait
reconnaître le Maître entre tous autres, c'est la sévérité des phy-
sionomies, l'absence de sourire des anges et de la Vierge. Cette
caractéristique est fort sensible également dans la miniature initiale
du ms. fr. 14363 de la Bibliothèque nationale, montrant
Charles VIII son beau-frère et son cousin; elle sera décisive dans
le grand triptyque de la cathédrale de Moulins (n» 112) dans le
portrait de jeune fille de Madame Yturbe (n» 107), dans la dona-
trice de MM. Agnew de Londres (n' 108) et aussi dans le délicieux
tableau inconnu de V Annonciation révélé ici pour la première
fois (n" m). Dans le présent tableau, la Vierge est une indiscutable
française ; le type qu'elle nous montre s'est conservé encore à peu
près tel. C'est, on le sent, une descendance absolue de l'influence
Fouquettiste, avec les innovations d'une technique plus consora-
52 XV« SIÈCLE
mée et plus sûre d'elle-même. L'enfant, que l'on pourra comparer
à celui de la Vierge de Fouquet, est d'une vérité et d'un natura-
lisme exquis. En l'opposant à la Vierge du triptyque de Moulins,
on constate que les mêmes modèles ont servi à composer la mère
et l'enfant dans les deux tableaux. Quant aux anges, ils sont aussi
les mêmes dans les deux cas. Il faut noter que l'un d'eux relève le
coussin de l'enfant Jésus, comme les anges du tombeau de Rennes
celui du duc de Bretagne.
La provenance ancienne est inconnue. Le tableau fut mis en
lumière à Londres et reconnu pour Français en 1902, à l'expo-
sition des Primitifs flamands du Burlington Club.
Bots. Peinture à l'huile. Musée de Bruxelles.
110. LE PEINTRE DES BOURBONS
ou JEAN BOURDICHON? 1494.
Portrait d'un enfant habillé de blanc.
Le jeune enfant âgé de 26 mois est tourné à gauche. Il porte un
chapeau blanc à oreillettes; il est vêtu de blanc. C'est le fils d'Anne
de Bretagne et de Charles VIII, né au Plessis-les-Tours, le 10 oc-
tobre 1492, et auquel on donna le nom de Charles^ en l'honneur
de Charlemagne, et à'Orland en l'honneur du Preux Roland. Il
porte dans son portrait l'une de ces toques du prix de 50 sols tour-
nois que la reine faisait confectionner par Jean Georget de Tours.
La reine l'avait voué au blanc : elle prenait, en 1493, à Jean de
Poncher, marchand du roy. « treize aunes de drap d'argent pour
l'habillement du daulphin ». Charles Orland tenait, de son père et
de sa mère, une débilité congénitale que le portrait exprime dans
cette chute des joues et cet aspect boursouflé : l'enfant qui avait sa
maison montée, ses écuyers d'honneur, ses gouvernantes, mourut
à Amboise, le 6 décembre 1495, ^8^ ^^ trois ans et cinquante-huit
jours.
Le portrait envoyé par la reine à son mari, fut pris à Fornoue
dans les bagages royaux. Il est signalé en 1532 dans une collec-
tion de Venise. C'est donc un objet capital de l'art français. On
a induit que Perréal en était l'auteur et qu'il l'avait porté au roi
en allant le rejoindre cette année-là en Italie. 11 est probable,
cependant, que le portrait fut exécuté par Bourdichon, qui travail
lait volontiers en grisaille, suivant que nous l'apprennent k-^
comptes. Du reste, il était le peintre officiel des portraits royaux :
il fit le roi, la reine. M"* de Tarente, (1491). Le portrait d'Orland
qui est un chef-d'œuvre, ne se rapproche pas expressément de
œuvres, aujourd'hui données au Maître de Moulins^ que certain^
XV SIÈCLE ^3
pensent être Jean Perréal. En 1492, l'année de la naissance du
dauphin, Bourdichon reçut un habillement complet au nom du
Roi. Quant à Perréal, il n'est pas allé en Italie en 1494, comme le
dit M. Hulin, et il n'entra à la cour de France qu'en 1497. Voilà
donc beaucoup de présomptions en faveur de Jean Bourdichon,
peintre officiel de la reine, et nous croyons pouvoir lui attribuer la
paternité du portrait de Charles Orland en 1494.
Bois, Peinture à l'huile. M. Ayr, Londres.
m. LE PEINTRE DES BOURBONS, vers 1498.
La Vierge glorieuse couronnée parles anges.
H. 0,30. L. 0,16.
La Vierge, vêtue d'une robe bleue, et dont le manteau est
soutenu par six anges, a le pied sur le croissant de la lune. Trois
autres anges la couronnent. Le fond de la composition est jaune,
entouré de nuages foncés. Au-dessous un paysage avec montagnes
et une ville sur le premier plan. Cette pièce, de tout premier ordre,
a été exécutée sous l'inspiration du Maître de Moulins, sinon par
lui. Les anges procèdent à la fois de Fouquet et du peintre en
question. La finesse des physionomies, le charme du coloris assurent
à cette œuvre un des premiers rangs dans les œuvres similaires.
Bois. Peinture à l'huile. M. A. Quesnet, Paris.
112. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS, vers 1498.
La Vierge, l'Enfant Jésus entre deux donateurs.
H. 1,37. L. 2,83.
Ce tableau, autrefois attribué à Ghirlandajo, est composé d'un
panneau central où est représentée la Vierge d'après le ch, xii, ver-
set I de l'Apocalypse . « Elle est vêtue de soleil. Elle a la lune sous
les pieds. Elle a mérité d'être couronnée de douze étoiles. » Marie
assise tient l'Enfant nu qu'elle regarde. Sa robe bleue est doublée
d'hermine, son manteau est de pourpre et retenu par une tresse
d'or terminée par trois grosses perles. Les anges, la Mère de Dieu
doivent être rapprochés d'une miniature de la Bibliothèque Natio-
nale, ms. fr. 14363, où figure précisément le portrait de Pierre II
de Bourbon qui est sur le volet gauche du présent diptique. Il
faut remarquer aussi la physionomie sévère et sérieuse des person-
nages, qui est générale dans les œuvres de ce maître. Le cadre du
tableau a été conservé, il porte les lettres P et A liées, on lit sur la
dalmatique de Saint Pierre la fameuse devise des Bourbons : Espé-
rance !
S4 XV SIÈCLE
Volet DE GAUCHE. (H. 1,57. L. 0,63).
Le duc Pierre II de Bourbon, dont les traits peuvent être comparés
à ceux du panneau du Louvre (n"' 1051 et au portrait du ms. 14363
est en grand costume ducal; il est présenté par saint Pierre, dont la
chape est un chef-d'œuvre de détail et d'harmonie.
Volet DE DROITE. (H. 1,57. L. 0,63).
La duchesse Anne de France, fille de Louis XI, est représentée à
genoux ; elle est en costume de duchesse, et a derrière elle sa
fille Suzanne mariée depuis au célèbre connétable de Bourbon.
A côté d'elle sainte Anne debout, dans le style des figures du tom-
beau d'Anne de Bretagne.
Fermé, le triptyque laisse apercevoir une grisaille française re-
présentant V Annonciation.
Cette pièce capitale de notre école du xV siècle, est attribuée à
Jean Perréal, peintre du duc.
Bois. Peinture à Vhuile. Cathédrale de Moulins.
1 13. LE PEINTRE DES BOURBONS
dit LE MAITRE DE MOULINS? vers i5i4?
Portrait d'une jeune femme à la coiffure anglaise.
H. 0,20. L. 0,15.
Ce petit portrait, si rapproché des œuvres du maître de Moulins,
surtout du tableau de l'évêché d'Autun, est censé représenter
Yolande, sœur de Louis XI, duchesse de Savoie. Une devise
Par tout., par bien est inscrite en haut à droite. La jeune femme
est tournée à droite, elle porte une coiffure à fond relevé qui pré-
sage les coiffes particulières rencontrées dans les crayons d'Holbein
à Windsor, et dans le portrait peint du même, représentant Jane
Seymour. Peut-être sommes-nous ici en présence de la reine Marie
Tudor, qui épousa Louis XII après la mort d'Anne de Bretagne, et
l'on pourrait nommer Perréal à cause des très grands rapports entre
cette physionomie et celles du tombeau des ducs de Bretagne à
Rennes dont le dessin passe pour être de sa main. Quant à
Yolande, sa date de mort, 1478, ne concorde nullement avec le
costume de la jeune femme. N'oublions pas que Perréal fut envoyé
en Angleterre par Louis XII pour y donner des modèles de modes
françaises à la reine Marie. Ce portrait est imité et non copié
d'un autre, en la possession de .M. Benda de Vienne (Autriche).
Bois. Peinture à Vhuile. M. Walter Gay, Paris.
114. ECOLE FRANÇAISE, vers 1490.
La Véronique
H. o.y). L. 0,39.
Ce tableau placé dans un cadre cintré, devait être employé
comme porte de tabernacle. La Véronique est vue jusqu'à mi-jam-
bes; elle est à demi cachée par le voile dont elle fait l'ostension.
XV« SIÈCLE 55
Sa tête est coiffée d'un turban bleu foncé, bleu clair et louge ; elle
a une robe rouge et un manteau vert. On a rapproché la manière
dont est traitée la tète du christ imprimée sur le voile de celle du
saint Jean dans le tableau représentant Anne de Beaujeu au
Louvre (n" 10=5). Quant à la figure ironique de la sainte femme, on
lui sait de grandes analogies avec une série d'œuvres françaises,
celles la Logique dans la fresque à.QsArts libéraux au Puy, \z sainte
Anne du triptyque de Moulins (n* 112), ou la Madeleine de la
Donatrice Somzée (n» 108). M. le comte Durrieu rapproche éga-
lement la Véronique de manuscrits exécutés pour le père ou la
mère de François I, notamment des fol. 23, verso }6 et iio du
ms. français 875, à la Bibliothèque nationale.
Cette pièce fut longtemps conser%'ée en Italie dans un monas-
tère de la vallée de l'Arno, puis à TAnnunciata de Florence.
Bois. Peinture à Vhuile. M°" la Comtesse Durrieu, Paris.
ij5. ECOLE FRANÇAISE, vers i5oo.
Nativité avec douze personnages dont sept anges.
H, 0.72. L. 0,83.
Cette pièce a de proches affinités avec les peintres français de
la fin du XV' siècle, notamment le Maître de Moulins. Les types
d'anges sont purement ceux des peintres de Paris. Le tableau pro-
vient de M. Nicolle, conservateur du Musée de Valenciennes.
Bois. Peinture à Vhuile, Musée de Valenxiennes.
116. ECOLE DE PICARDIE, vers 1490.
La Visitation.
H. 0,110, L. 0,075.
La Vierge est visitée par sainte Elisabeth dans un délicieux
paysage français, rappelant certaines miniatures de la région du
Nord. Sa robe est bleue.
Miniature sur vélin.
M. LE D' Brouillon, Marseille.
117. ECOLE DE PICARDIE, vers 1490.
L'Annonciation.
H. 0,110, L. 0,75.
Dans une salle renaissance avec piliers gothiques aux fenêtres,
l'ange Gabriel est en face de la Vierge. Celle-ci, agenouillée à
droite, porte une robe bleue.
Miniature sur vélin.
M. LE D' Brouillon, Marseille,
56 XV SIÈCLE
ii8. ECOLE DE L'EST, 1490.
La Vierge Mère dans un paysage.
H. 0,70. L. 0,61.
Les montagnes et le lac, la forme des maisons, le nimbe de
l'enfant franchement fleurdelisé, semblent annoncer une œuvre
voisine de l'Alsace ou de la Franche-Comté. Le jpanneau a été
transporté sur toile.
Toile. Peinture à Vhuile.
M. Franxk-Chauveau sénateur., Paris.
119. ECOLE DE L'AMIENOIS, vers 1490.
Jésus au milieu des docteurs.
H. 1,08, L. 0,65.
Jésus enfant est assis sur un trône massif et placé sous un dais
conique, inspiré des objets de même forme employés dès le
XIII' siècle, par les artistes parisiens. Derrière lui, une draperie de
damas d'or empreintée au fer. Sur la partie de la salle, en avant
du trône, sont rangés douze personnages pris sur les modèles con-
temporains du peintre, hommes de loi et seigneurs. L'intérieur
est en briques rouges, ce qui est en faveur de l'origine pi-
carde.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Donaldson, Londres.
J20. ECOLE DE L'AMIENOIS, vers i5oo.
Portrait d'un chanoine, présenté par saint Jérôme.
H. 0,62, L. 0,45.
Ce portrait a été donné comme celui de Jérôme de Busleyden.
Les armes timbrées d'un chapeau cardinalice et les initiales P. B.
ne sont pas les caractéristiques du protecteur de l'Université de
Louvain dont les armes étaient des quintefeuilles. Ici se sont
des roses. Ces armes paraissent être celles de la famille de Baradat
en France. M. Weale attribue au Hainaut l'origine de ce tableau,
qui ofi"re les caractères de certains manuscrits de la région d'Amiens.
Le livre que le personnage a devant lui est enluminé dans le goût
des heures d'Anne de Bretagne.
Il faut faire remarquer les grandes concordances de pose, de
rendu, d'expression générale entre ce tableau et celui du donateur
de Glasgow. Les deux artistes sont sous une même influence de
direction. L'attribution à'Rogerde La Pasture n'est pas maintenue ;
l'œuvre est d'ailleurs d'une qualité de tout premier ordre.
Bois. Peinture à V huile.
M. E. P. MoRRELL, esquire. Black Hall, O.xjord.
N* 109 Ju Catalogue
Ga;ette des Beaux- Arts.
i
N" iio du Catalogne
A. Piricat, à Tours.
XV' SIÈCLE 57
J21. JEAN BOURDICHON, vers 1490.
Portrait d'un seigneur blond très clair, portant au col
la toison d'or et un œillet de la main droite.
H. 0,155, L. 0,130
Ce petit panneau cintré est censé représenter l'Empereur Maxi-
milien au moment où il devait épouser Anne de Bretagne. La date
i^io aurait été mise sur la bordure après coup. Il se pourrait cepen-
dant que ce prince ne fût pas l'Empereur, car sa bouche très line-
ment dessinée ne rappelle en rien le prognatisme singulier de
Maximilien. N'est-ce point là tout simplement un de ces gentils-
hommes demi flamands, demi français, comme on en connut vers la
fin du XV' siècle, qui passaient à la cour de France ? On peut com-
parer ce portrait à celui que nous a conservé Gaignières, représen-
tant Charles, comte d'Angoulême, père du roi François I". C'est la
même coiffure, le même oeillet, mais il manque la Toison d'or. On
pourrait aussi rapprocher ce très curieux petit portrait de ceux
retrouvés dans une reliure de la Bibliothèque Nationale, qui mon-
trent Charles VIII et Anne de Bretagne à peu près au même temps,
(voir Exposition des manuscrits).
Le portrait a appartenu au duc d'Angoulême, fils de Charles X.
Bots. Peinture à rhuiîe. M. H. Haro, Paris.
122. ECOLE DE BOURDICHON, vers 1495.
Un saint écrivant.
H. 0,15, L. 0,12.
Miniature découpée dans le même livre que les suivantes. Elle
paraît de la main de J. Bourdichon.
Velin. Miniature. M
123. ECOLE DE JEAN BOURDICHON? vers i5oo.
Une sainte à qui le démon souffle sa chandelle. Enca-
drement de cordelières. Signature L. G.
H. 0,153, L- 0,112.
C'est sainte Geneviève et non sainte Gudule comme on le
croit généralement.
Vélin. M. Jean Masson. Amiens.
XVSIÈCLE
124. ECOLE DE JEAN BOURDICHON, vers i5oo.
Un saint franciscain tenant un calice et ayant près de
lui un cheval à genoux, dans un coin, près d'un oratoire.
Signature L. C.
H. 0,153, L- °>' '2.
Saint Antoine de Padoue, qu'on peut voir presque semblable
dans les Heures d'Anne de Bretagne, par Bourdichon.
Vélin. M. Jean Masson. Amiens.
125. JEAN BOURDICHON, vers 1510.
Quatre miniatures représentant les quatre états de la
société. L'homme sauvage, le pauvre, l'artisan, l'homme
riche.
Chaque pièce. H. 0,151. L. 0,150.
Ces miniatures sont à rapprocher de celles des Heures de la reine
Anne de Bretagne conservées à la Bibliothèque Nationale. Elles
sont dans la tradition des œuvres de Jean Fouquet avec rehauts
d'or.
Vélin. Miniature. M. Jean Masson, Amiens^
126. ECOLE D'AMIENS, vers i5oo.
Sainte Famille.
Cette Sainte Famille a été donnée au maître de la mort de Marie
à cause de certains détails, mais il n'est pas prouvé que ce maître
soit d'une contrée plutôt que d'une autre; on en a fait Joos van
Clève reçu à Anvers dans la ghilde, en 15 11. Sans doute nous
devons tenir compte des opinions de M. Firmenich-Richartz à ce
propos, mais pour le tableau qui nous occupe Joos van Clève, n'a
pointa intervenir. Nous avons ici une descendance fort écrite d'avec
les illustrateurs du duc de Berry pour les Très riches heures. Le
chapeau de paille de saint Joseph, l'arrangement de tête et les
rayons des nimbes sont formels ; le paysage de même. D'ailleurs
ce tableau qui provient de la collection du Prince de Salm, n'a pas
été trouvé en Allemagne, mais à l'abbaye de Toussaint, près
Saint-Quentin. Divers manuscrits exécutés à Amiens vers la fin du
XV* siècle nous offrent des caractères à rapprocher de ceux-ci, et
divers tableaux, ditsdu Puy d'Amiens, concordent également, à des
dates plus basses.
Il existe de nombreuses répliques de ce tableau, dont une à
saint Pétersbourg au Musée de l'Ermitage, et l'autre à Varerame,
(Belgique), chez M. le baron de Selys-Longchamps.
Bois. Peinture à l'huile. Musi-b d'Epinal.
XV SIÈCLE y)
1 27. ECOLE DE PARIS, vers 1495.
Deux dessins : i" Arrivée d'une princesse dans une
ville, combat et armement d'un jeune chevalier.
2" Bataille, mort d'un guerrier, bataille.
H. 0,^6. L. 0.30.
Ces dessins sont des compositions pour cartons de tapisserie ;
ils ont été exécutés par l'artiste français des Heure de Simon
Vostre et des Heures de la Vierge de Thielman Kerv^er. En dépit
de son extrême fécondité, son nom est inconnu.
i'^ Le premier tableau représente l'arrivée de Penthésilée à
Troie, la bataille des Amazones, Pyrrhus revêtu de ses armes, et
Pyrrhus au combat.
2° Bataille, mort d'Achille, bataille.
On possède du même artiste une grande estampe représentant
la Passion du Christ, conservée au Cabinet des Estampes, et
acquise ces années dernières. Cette pièce a été gravée sur bois
d'après un dessin identique à ceux dont nous parlons.
Dessin lavé au bistre. Musée du Louvre.
128. ECOLE FRANÇAISE, vers i5oo.
Résurrection dans une lettre R.
H. 0.20. L. 0.15.
Miniature de l'Ecole de Paris, rehaussée d'or.
Vélin. M. Jean Masson, Amiens.
129. ECOLE D'AMIENS i52o.
Un prêtre vêtu d'une robe rouge et d'un surplis, pré-
senté par saint Jean-Baptiste. Au revers, le cadavre avec
un phylactère.
H. 0,56. L. 0,44.
Ce panneau est attribué à Simon Marmion, mais les dates s'y
opposent ; Marmion mourut en 1489. Or, on voit en arrière du prê-
tre, sur une terrasse, devant le monument qui est représenté à
gauche du tableau, deux petits personnages en costume du temps
de François i"'. L'influence de Memling est très sensible dans cette
œuvre.
Bois. Peinture à l'huile. Musée de Valbnciennes.
i3o. PEINTRE INCONNU
DE L'ILE DE FRANCE, vers i5io.
Deux volets d'un triptyque, représentant : l'un, saint
Guillaume portant un drapeau fleurdelisé, et présentant
6o XV" SIÈCLE
cinq personnages hommes, le père et ses quatre fils,
dont un moine ; l'autre saint François présentant une
dame et ses trois filles.
Ces deux pièces, d'un art supérieur, ne sont pas sans rapports
avec Jean Bellegambe ; le saint Guillaume fleurdelisé est essentielle-
ment le contemporain de certains bois des livres de Vérard. Les
personnages sont des portraits pleins de vie et de sincérité. Le
paysage a déjà de ces exagérations mises à la mode par les Italiens
et les Flamands, mais les tonalités générales fines et d'une
grande distinction s'éloignent autant des Italiens que des
Flamands. Bien que les tons fussent différents, on songerait
au dyptique de V Immaculée Conception de Douai, peint par Jean
Bellegambe pour Jean Pottier et Marguerite Muret en 1526. Le
paysage des fonds n'y contredirait pas.
Ces deux pièces ont été bizarrement encadrées, et les figures
principales sont coupées par une baguette du cadre.
Bois. Peinture à l'huile. M. H. Haro, Paris.
j3i. ECOLE DE TOURAINE, vers i5oo.
Portrait d'un homme tourné à gauche.
H. 0,20. L. 01 2.
Ce petit portrait rappelle le portrait de Jacques de Beaune
Serablançay autrefois peint sur les vitraux du château de la Carte,
près de Tours. Il est de descendance tourangelle et représente un
personnage de 1490-1500 environ.
Bois. Peinture à r huile. M. l'abbé Req.uin, Avignon.
iSî. ECOLE DE TOURAINE, vers i5oo.
La Vierge, l'Enfant Jésus essayant des sandales, et une;
sainte religieuse.
H. 0,33. L. 0.37.
Ce tableau rappelle, par des dispositions architecturales, une
miniature de la Sainte Famille dans les Heures d'Anne de Bretagne
à la Bibliothèque Nationale. Le portique, venu de Fouquet et de
l'école de la Loire, est fort rapproché dans les deux représentations.
Mais rien ne rappelle Bourdichon, l'auteur des Heures, ni dans la|
représentation des personnages, ni dans les coloris, ni surtout j
dans le dessin des figures.
Bois. Peinture à l'huile. MM. Colnaohi bt C", Londres.
XVI' SIECLE 6i
i33. ECOLE DE LORRAINE, vers i5oo.
La Présentation au Temple.
H. 0,47. L. 0,32.
Cette pièce paraît avoir été peinte dans la partie de la Lorraine
avoisinant la Champagne. Le type du Saint-Joseph tient à l'Alle-
magne ou aux Provinces de l'Est de la France. •
Bois. Peinture à Vhuile.
M. Franxk-Chauveau, sénateur
134. ECOLE LYONNAISE, iSoj.
Portrait de Sainte-Catherine en pied. Au bas une
prédelle avec donateurs. M. Bruchet, M. Gillier et de
l'autre côté A. Polioce, P. Delorme et A. Sarrasin. Date
Mccccc vir.
H. 1,66. L. 1,00.
Tableau votif de fabriciens en exercice dans le courant de 1507.
Bois. Peinture d Vhuile. Musée de Lyon.
)35. ECOLE DE LA HAUTE-BOURGOGNE, vers i5io.
Pieta.
H. 0,47. L. 0,33.
Cette pièce remarquable paraît avoir été exécutée dans le Jura
ou la Franche-Comté sous diverses influences françaises et flamandes.
L'architecture des fonds rappelle expressément certaines églises du
Jura, entre autres celles de Beaufort, de Savigna, de Montevillars
(à Poligny). Le paysage tourmenté ne contredit nullement cette
opinion. En tout cas, ni dans le type du personnage, ni dans les
fonds on ne retrouve l'origine flamande.
Bois. Peinture à lliuile. M. le baron Lazzaroni, Paris.
[iZe. ECOLE FRANÇAISE, vers i5i5.
L'ange annonçant à Abraham la naissance d'un fils.
H. 0,78. L. 0,58.
L'artiste s'est tenu strictement à l'interprétation du passage de
la genèse. « Un ange dit à Abraham : Sara, votre femme, aura un fils.
« Ayant entendu cette parole, Sara se mit à rire derrière la porte..»
Le geste d'Abraham avec son ironie est de bonne essence française.
Il est vêtu d'une robe rouge, d'un chaperon bleu. Sara est en rose
avec fourrure aux manches, et elle porte un manteau vert. L'ange
est en robe blanche. Sur le devant, un chien barbet jaune taillé en
62 XVI* SIECLE
lion, ce qui se voit assez rarement dans les peintures de ce temps.
La peinture, par l'esprit qui l'anime, le caractère des personnages,
le style de la partie architecturale, l'harmonie du coloris est ap-
parenté à un groupe de miniatures de manuscrits d'une extrême
finesse exécutées pour des princes de la maison de Valois. L'ange
est fort rapproché de ceux du maître de Moulins.
Bois. Peinture à l'huile.
Madame la Comtesse Durrieu, Paris.
137. JEAN PERREAL? vers i5i5.
Mariage mystique de Sainte-Catherine, entre la Vierge,
Sainte-Anne, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Louis et Sainte-
Barbe, au milieu d'un riche paysage.
H. 0,80. L. 1,20
Ce tableau a été attribué à Perréal, fort justement, d'après le
tableau du Louvre qui lui est donné et qui provient de M. Bancel.
Mais il ne paraît pas que ce maître soit Perréal à qui on reporte
plus volontiers les œuvres du MaUre dit de Moulins. Le présent
tableau est d'une très grande perfection de détails ; la présence du
roi saint Louis sous les traits de Louis XII, apparenterait cette
œuvre à divers tableaux, entre autre à celui du sacre de Louis XII
au Musée de Cluny, ici exposé. Les fonds nous montrent diverses
scènes de la vie du Christ. On devra comparer aussi le tableau à
celui de l'Eglise de Joigny.
Bois. Peinture à lliuile. M. Richard von Kaufmann, Berlin.
i38. JEAN PERRÉAL? vers i5i 5.
La Vierge et deux donateurs.
H. 0,72. L. 0,51.
Ce tableau a été le prétexte d'un livre publié par M. Bancel
qui donna depuis le tableau au Louvre. Les initiales J. P. ne sont
pas celles de l'artiste, mais celle des deux donateurs, qu'on disait
être Charles VIII et Anne de Bretagne.
Bois, Peinture à V huile. Musée du Louvre
139. ECOLE DE L'EST, vers i5i5.
La Sainte Famille ail repos.
H. 0,35. L. 0,30.
Cette peinture d'une belle qualité montre des ruines dans le
goût des fabriques employées par Jean Cousin dans ses vitraux.
Saint-Joseph est habillé en colporteur. Les maisons, en arrière à
droite, rappellent celles du voisinage de l'Allemagne.
Bois. Peinture à rhuile. M. Arnoult, Paris
\
XVI* SIÈCLE 63
140. ECOLE FRANÇAISE vers iSip.
Calvaire avec la Vierge, saint Jean, saint Etienne,
saint François, et un évêque à genoux. Armes : d'or au
chevron de gueules à 3 coquilles de sable deux et une,
qui est Poncher.
H. 0,85, L. 1,05.
L'intérêt historique de ce tableau ressort de ce fait, que les deux
personnages — l'un en saint Etienne, l'autre en évêque agenouillé
— représentent les deux Poncher. successivement évêques de
Paris, de 1503 à 1532. Le premier. Etienne Poncher. avait été con-
seiller au Parlement en 1485. Président aux Enquêtes. 1498, évêque
de Paris en 1503. Chancelier de Milan, Chevalier de l'Ordre, 1512,
négociateur de la paix de Xoyon, 15 16, ambassadeur en Espagne,
1519, Il avait fait exécuter de grands travaux à l'hôtel de Sens à
Paris, et bâtir le château de Villeneuve-en-Brie. François, le second,
qui dut faire peindre le tableau, fut curé d'Issy. lorsque Rabelais
était curé de Meudon ; à la mort de son oncle, en 15 19, il fut
nommé évêque de Paris; mais en 1529, ayant manœuvré pour faire
prolonger la captivité du roi François et empêcher Louise de Savoie
d'être nommée régente, il fut enfermé à Vincennes. Il mourut en
prison en 1^32 et fut enterré à X.-D. de Paris, dans le chœur. La
tradition veut que Marie Poncher, sœur de ce dernier, mariée à
Eustache Luillier, soit représentée dans le tableau sous les traits de
la Vierge Marie. Acquis dans le milieu du xix' siècle par M. Niel,
auteur de l'ouvrage Personnages illustres du xvi' siècle^ qui l'un
des premiers en France, s'occupa d'études iconographiques.
Bois. Peinture à Vhuile. M"' Niel, Paris.
141. INCONNU, vers i52o.
Adoration des mages. Triptyque.
Ouvert. H. 0,52. L. 0,90.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Gaston le Breton, Rouen.
142. INCONNU, versiSSo.
Portrait d'un homme à manteau d'hermine.
H. 0.37. L. 0,19.
Portrait de seigneur français de la cour de François I".
Bois. Peinture à Vhuile. M. Ed. Aynard, Lyon.
64 XVI» SIÈCLE
143. INCONNU XVI' SIECLE.
Portrait d'un prince portant la toison d'or et d'une
princesse coiffée d'un chaperon et d'une robe brochée
d'or.
Chaque: H. 0,24. L. 0,15.
On Ht au dessus du portrait de l'homme : Philipus dei gratta
dux Austrtoe uxor Margareta. Au dessus du portrait de la femme :
Margareta filia Régis Romanorum. On a pensé à Jean Perréal
pour ces portraits à cause de ses travaux à Brou. C'est l'archiduc
Philippe et Marguerite d'Autriche qui, devenue veuve, fit construire
Brou.
Bois. Peinture à VTiuile. MM. Agnew, Londres.
144. JEAN CLOUET, vers i52o.
Portrait d'homme coiffé d'une toque.
H. 0,35. L. 0,27.
Le personnage représenté doit être le vicomte de Turenne,
François de la Tour, lieutenant-général en Auvergne sous la con-
duite de Jean Stuart duc d'Albany. C'est lui qui, par procuration,
épousa pour le roi François la reine Eléonore d'Autriche. Il mou-
rut à 35 ans en 1532 ; il était contemporain immédiat du roi Fran-
çois I*^.Un crayon représentant ce personnage est à Chantilly,
sous le nom de « Vicomte de Turaine gran père. »
Bois. Peinture à Vliuile. M. Ch. Porgès, Paris.
145. JEAN CLOUET, vers i52o.
Portrait d'un seigneur portant un chapeau noir abords
relevés, une pelisse fourrée et tenant à la main un bou-
quet de pensées. La devise porte : Fol désir nous ahu\e.
H. 0,35. L. 0,26.
Portrait présumé de Guillaume Gouffier, sieur de Bonnivet,
tué à Pavie en 1525.
Bois. Peinture à V huile. M. E. Richtenberger, Paris.
146. ECOLE DE BOURDICHON, vers i52o.
Un repas littéraire ; cinq hommes de lettres attablés,
dont l'un déclame. Sur le devant, deux enfants.
H. 0,12. L. 0,093.
Ce curieux dessin à la gouache rappelle la miniature du
Macault, en tête du Diodore de Sicile^ manuscrit du Musée Condé.
N* 108 du Catalogue.
Sauvaiiaud, phot.
XVI' SIECLE
6s
Le poète récitant n'est-il pas Jean Marot, père de Clément, l'un
des littérateurs les plus célèbres du commencement du xvi* siècle.
Papier? Gouache. M. Orville, Paris.
J47. JEAN PERRÉAL? i52i.
Portrait d'un seigneur âgé portant une toque relevée.
La lettre indique sur le cadre Monsieur de Belefourière.
H. 0,48. L. o. 33.
M. Thiébault-Sisson, Paris.
J48. JEAN CLOUET jSîS.
Portrait d'un seigneur âgé, à la figure émaciée ; il
porte le collier de saint Michel, une robe fourrée et un
chapeau maintenu par un ruban.
H. 0.37, L. 0,26.
Ce tableau fort important montre la descendance de Fouquet
poursuivie jusqu'au xvii» siècle. C'est ici le portrait de Guillaume
baron de Montmorency, chevalier d'honneur de Louise de Savoie,
mort en 1 531. 11 fut le père du Connétable Anne de Montmorency.
Un portrait de la même date et de la même taille est au Louvre.
Ce dernier provenait de Saint Martin de Montmorency. Ce sont là
deux œuvres dues au peintre miniaturiste qui a dessiné les crayons
de cette date conservés à Chantilly et les portraits miniatures
si remarquables du manuscrit français de la Bibliothèque Nationale
sur les Commentaires de la Guerre Gallique (fr. 13429).
Bois. Peinture d Vhuile.
Musée de Lyon.
JEAN CLOUET, i53o.
Portrait d'un prince coiffé d'un chapeau à plumes
blanches et vêtu d'un pourpoint clair à très larges man-
ches. Il porte le collier de saint Michel et a la main gau-
che sur la garde d'une épée très riche.
H. 0,96. L. 0,74.
Ce portrait, qu'une tradition fort ancienne donnait à Janet Clouet
était à Fontainebleau en 1642. Depuis, divers auteurs l'ont débap-
tisé. Bien que représentant le roi François dont le peintre en titre
d'office était Jean Clouet, Denon en fit une œuvre de Jean Mabuse.
De notre temps on a voulu y voir l'œuvre de l'un des italiens de la
66 XVI' SIÈCLE
décadence travaillant à Fontainebleau. L'allure générale du portrait
est française, et il n'y a aucune raison pour le refuser à Jean Clouet,
père de François Clouet, peintre du roi et portraitiste de la
cour.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée du Louvre.
i5o. JEAN CLOUET (Ecole de) vers i53o.
Portrait d'un seigneur portant un chapeau de feutre
noir orné d'une plume blanche, et habillé d'un justau-
corps décolleté et à crevés.
H. 0,14. L. 0,10.
Portrait de François I"" à l'âge de 30 ans environ.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Lyon.
i5i. JEAN CLOUET. vers j534.
Portrait d'une jeune princesse portant un chaperon à
queue relevée, un corsage décolleté et un petit collier.
Elle tient ses patenôtres.
H. 0,18. L, 0,13.
Cette princesse a été prise par Clairambault, qui l'avait trou-
vée chez Gaignières, pour Elisabeth fille de Henri II, mais les
dates de costume s'y opposent. C'est en réalité Jeanne d'Albret,
fille de Henri d'Albret et de Marguerite de Valois, celle qu'on,
appelait alors la « Mignonne de nos Rois » et qui épousa le 20 o(
tobre 1548, Antoine de Bourbon. Elle fut la mère d'Henri IV.
Elle mourut en 1572, à l'âge de 44 ans. Elle était née en 1528. Voit
à Chantilly un crayon la représentant au même âge.
Bois. Peinture à l'huile M, M. Agnew, Londres.
iSî. JEAN CLOUET, vers 1540.
Portrait d'un personnage de trente à quarante ans,
portant un chapeau plat à médaille, un habit tanné e1
tenant un livre sur lequel on lit Petrarca.
H. 0,37. L. 0,31.
Portrait présumé de Claude d'Urfé, sieur de Chateauneuf,
bibliophile, homme de guerre, ambassadeur au Concile de Trente
en 1547. Cette peinture, fort rapprochée de la manière d'Holbein,
comme les crayons de Chantilly le sont de ceux de Windsor,
explique les rapports constants des peintres entre eux. Les détails
XVI' SIÈCLE 67
de cette œuvre la rapprochent des Deux ambassadeurs de la Natio-
nal Gallery, attribués à Holbein, qui sont deux français notables
du XVI' siècle.
Bois. Peinture à Vhuile. S. M. le roi Edouard VII.
i53. JEAN CLOUET, vers 1540.
Portrait d'un personnage vu de face, portant une
toque à plume foncée et un justaucorps à crevés. Fond
bleu.
H. 0,16. L. 0,13.
Ce portrait, par sa qualité, paraît être de la main de Jean dit
Janet Clouet. Il se peut confondre avec ceux ordinairement attri-
bués à Corneille, mais il leur est supérieur. Le nom du personnage
est inconnu.
Bois. Peinture à l'huile. M. Walter Gay, Paris.
154. CLOUET (Ecole Française) versj54o.
Portrait de dame coiffée d'un chaperon ; on lit d'une
écriture du temps Brasac.
C'est l'orthographe ordinaire du nom de Brissac chez cet artiste,
qui a donné la plus grande suite des crayons du xvi* s. aujourd'hui
conservés à Chantilly et provenant de Castle Howard, M""" de
Brissac femme du maréchal, Charles de Cossé.
Papiers. Crayons de couleur. M. Deligand, Paris.
i55. ECOLE DES CLOUET, vers i53o.
Portrait d'une dame coiffée à l'espagnole, portant de
riches bijoux et tenant une bague.
H. 0,26. L. 0,20.
Portrait de la reine Eléonore dans son costume espagnol à cre-
vés. Une œuvre semblable est conser\'ée au Musée Condé à Chan-
tilly. Une dame Béatrix Pacheco du même peintre est au Musée
Stàdel à Francfort.
Bois. Peinture à Vhuile,
M. George de Montbrisox, Château de Saint-Roch
>6. JEAN CLOUET, vers i535-
Portrait d'une jeune femme blonde tournée à gauche
portant un corsage décolleté, un chaperon à templette,
et l'auréole des morts.
H. 0,14. L. 0,10.
Le tableau représente une jeune femme de trente ans à peine.
68 XVI' SIÈCLE
Elle est coiffée de bandeaux plats, légèrement frisés aux tempes ;
elle porte un chaperon à templette, orné d'un cercle d'orfèvrerie
précieuse. Sa robe, échancrée à la mode de 1530-35 environ, est
bleue, et elle a sur la poitrine un collier d'or et de perles. Dans ses
bras elle tient un agneau. Ce portrait, d'une qualité très particu-
lière, paraît être celui de l'une des filles de François I", et de
Claude de France, morte jeune. Fond vert.
Bois. Peinture à l'huile
M. Gaetano Frizzoni, Milan.
iSj. JEAN CLOUET, vers i535.
Portrait d'homme coiffé d'une toque noire à plumes
blanches. Il porte le collier de saint Michel.
H. 0,160. L. 0,135.
Portrait de Henri d'Albret, roi de Navarre, mari de Marguerite
de Valois et grand-père de Henri IV, né en 1503, mort en 1555.
Bois. Peinture à V huile.
M. George de Montbrison, château de Saint-Roch .
j58. corneille DE LYON? vers 1548.
Portrait d'un jeune prince portant un chapeau à plu-
mes blanches sur un bonnet d'enfant.
H. o,i6< L. 0,13.
Portrait de François II enfant, né le 19 janvier 1544. Ses par-
rains furent Paul III, le roi François I", et la Seigneurie de Venise.
Sa marraine. Madame Marguerite, depuis duchesse de Savoie, sa
tante paternelle. Il était venu après 10 ans de mariage de Henri II
et de Catherine. Il est représenté ici dans ses premiers habits
d'homme. Catherine de Médicis nous apprend elle même dans une
lettre que l'enfant « ne veult plus aller en femme », c'est-à-dire
porter une robe de petite fille. Comparer avec un portrait de
Chantilly dessiné au crayon vers la même date. Provient de Roger
de Gaignières en 171 1.
Bois. Peinture à V huile. Musée d'Anvers.
159. CORNEILLE DE LYON 1548.
Portrait d'une jeune femme de trois-quart à droite
portant un chapeau, un corsage décolleté et un collier de
perles.
H. 0,175. L. 0,140.
Ce portrait était donné comme celui de la reine Claude, mais
le costume s'y oppose; la date de la mort de la reine est de i^a^,
XVI« SIÈCLE 69
le costume est de 1540-50 environ. 11 y avait au revers quatre vers
de Ronsard qui ont été enlevés lors d'une restauration. Provient
de la vente Léopold Double, 30 mai 1881.
Bois. Le fond refait. M. Féral, Paris.
160. CORNEILLE DE LYON (École de) vers 1548.
Portrait d'un seigneur portant une toque noire, un
pourpoint foncé et des manches claires.
H. 0,18. L. 0,14.
Charles de Cossé Brissac, maréchal de France. (Comparer à un
même portrait au Louvre).
Bois. Peinture à Vhuile. M. Walter Gay, Paris.
161. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait de jeune homme portant une toque noire, un
habit brodé et le collier de l'ordre.
H. o, 16, L. 0,13.
On a donné ce personnage comme étant Jean de Bretagne,
mari de la duchesse d'Etampes. Le même portrait est au Musée du
Louvre, mais l'âge des personnages et la date du portrait ne per-
mettent pas de reconnaître le duc d'Etampes qui avait 42 ans à
l'époque où l'œuvre fut exécutée. Ce portrait provient de la collec-
tion de Gaignières. Bonnivet le Jeune?
Bois^ peinture à l'huile.
M. George de Monbrison, château de Saint-Roch.
162. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait déjeune homme de 3/4 à gauche, portant une
petite toque et un pourpoint clair.
Ce portrait n'a pu être rapproché d'aucune figure connue; il
est de très belle qualité. Peut-être serait-il le jeune Bonnivet.
Bois. Peinture. Mme Edouard André, Paris.
i63. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait d'une jeune femme, en corsage échancré,
portant un chaperon orné de deux cercles d'orfèvrerie,
un carcan d'or et de perles, une chaîne prise dans le cor-
sage, et des manches bouffantes. La robe est tannée et
les manches blanches.
H. 0,21, L. 0,15
La jeune dame ne nous est pas connue, mais la qualité de la
70 XVI' SIÈCLE
peinture indique la main de Corneille de la Haye, dit de Lyon. Ce
portrait figurait certainement dans la célèbre « Chambre aux pein-
tures », que Corneille avait formée dans cette ville avec les portraits
des dames et seigneurs de la cour de France venus à Lyon en 1^48.
La dame, d'après certains indices, pourrait être la fameuse marquise
de Rothelin, née de Rohan-Gyé, l'une des belles de ces temps.
Elle n'est pas sans rapports non plus avec Françoise de Longwy-
Givry, femme de l'amiral Chabot, mais à cette époque celle-ci
était veuve.
Bois. Peinture à l'huile. M. Edouard Aynard, Lyon.
164. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait d'une jeune femme portant une toque à
plumes et un corsage richement brodé.
H. 0,18. L. 0,14.
Ce portrait a dû être peint à Lyon par Corneille ; la proba-
bilité, c'est qu'il a été gravé dans le Promptuaire des Médailles
de Rouille à Lyon en 1549. Marguerite de France, fdle de
François I et de Claude de France, mariée au duc de Savoie,
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Versailles n" 3 181.
i65. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait d'une jeune femme de 3/4 à gauche, portant
un chaperon orné, un corsage échancré et des bijoux.
H. 0,17, L. 0,15.
Ce portrait, qui est de tous points semblable au précédent,
montre que le peintre multipliait les effigies de la même per-
sonne. Le Musée de Versailles la donne comme Jacqueline de
la Queille, dame d'Aubigny, ce qui est l'attribution la plus
probable.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Versailles n" 3146.
166. CORNEILLE DE LYON, vers 1548.
Portrait de femme de 3/4 à gauche ; elle est légère-
ment voûtée.
H. 0,16. L. 0,15.
Portrait de Renée de France, duchesse de Ferrare, fille de
Louis XII et d'Anne de Bretagne, sœur de la reine Claude.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Versailles n'3121.
XVP SIECLE
167. CORNEILLE DE LYON, vers ^5^8.
Portrait d'homme habillé de noir, portant une toque
noire, et tourné de 3/4 à droite.
H. 0,19. L. 0,15.
Ce personnage est un des officiers royaux, mais sa physionomie
ne peut se rapprocher d'aucune de celles qui nous sont connues .
Bois, peinture à Vhtiile. M°" Ed. Akdré, Paris.
168. ECOLE D'AMIENS, vers i54o.
Deux volets d'un petit diptyque. A droite, le donateur
et quatre fils sous la protection d'un saint archevêque ; à
gauche, la femme et trois jeunes filles sous la protection
de saint Jacques. Verso, une Annonciation en grisaille.
Chaque volet: H. 0,30. L. 0,14.
Cette petite pièce est l'esquisse destinée par l'artiste à un agran-
dissement. Le nom des personnages est inconnu ; les costumes
sont ceux de la Picardie au milieu du xvi' siècle.
Bois. Peinture à Vhuile.
M. Louis Legraxd, Conseiller d'Etat, Paris.
169. ECOLE DE CORNEILLE DE LYON, vers 1540.
Portrait de jeune femme coiffée d'un chaperon, et
portant un corsage à manches ornées de crevés.
H. 0,300. L. 0,225.
Portrait présumé de Renée, fille de Louis XII, duchesse de
Ferrare. née en 15 10, morte en 1575. Elle est représentée à l'âge de
trente ans environ. Réplique ancienne.
Bois. Peinture à l'huile.
M. Georges de Monbrison, château de Saint-Roch.
170. CORNEILLE DE LYON ^S^S.
Portrait d'un jeune homme vu de face, portant un
chapeau noir à plumes blanches et le collier de l'ordre;
on lit en haut: Feu duc d'Orleatis.
H. 0,131, L. 0,1 13.
Ce petit portrait représente Charles d'Orléans, fils de François
I" et frère d'Henri II ; il prit le titre de duc d'Orléans, lorsque
mourut le dauphin François, fils aîné du roi. Le panneau est usé,
73 XVI' SIÈCLE
mais il est un des plus authentiques qui soient. En effet, il appar-
tint à Gaignières qui l'acheta directement au dernier descendant de
Corneille de Lyon. La lettre a été mise postérieurement.
Bois. Peinture à l'huile.
M. PiERPONT-MoRGAN, Londres.
171. CORNEILLE DE LYON vers iS^S.
Portrait d'un homme portant une barrette noire. La
barbe très longue est rousse.
H. 0,14. L. 0,1 1.
Ce portrait représente un homme d'église, vraisemblablement
un protonotaire.
Bois. Peinture à Vhuile. M°" Edouard André, Paris.
172. CORNEILLE DE LYON 1548.
Portrait d'un cardinal.
H. 0,19. L. 0,14
Ce portrait passait pour être celui du cardinal Bembo et avait
été catalogué ainsi dans la Notice des Tableaux du Musée Calvet,
par M. Aug. Deloye; c'est Odet de Coligny, cardinal. Une répli-
que est dans la collection Léopold Goldschmidt.
Ce petit panneau a été acquis par le Musée Calvet en 1834.
Bois. Peinture à l'huile. Musée d'Avignon.
J73. CORNEILLE DE LYON 1548.
Portrait d'une jeune femme tournée de 3/4 à gauche,
portant un chaperon orné de perles, un corsage échancré
et des manches à crevés; on lit en haut: Madame d'Au-
beinhy (Aubigny).
H. 0,17. L. 0,14.
D'après la lettre, il s'agirait ici d'Anne Stuart, fille de Beraud
Stuart, femme de Robert Stuart, duc d'Aubigny en France, maré-
chal de France et gouverneur de Bresse. Un portrait de Madame
d'Aubigny en 1520 est conservé à Chantilly au nombre des crayons
provenant de Castle-Howard. Le Musée du Louvre, de son côté,
possède un portrait représentant la même dame, avec un corsage
un peu différent, elle est nommée Louise de Rieux, marquise
d'Elbeuf. Ce dernier tableau a été donné au Louvre, par M. Kann.
Un autre est à Versailles, (n" 164 ci-devant).
Bois. Peinture à Vhuile.
M. Le Colonel Stuart Wortley, Paris.
N° 95 du Catalogue
Galette des Beaux-Arts.
;^ii^
O
XVI' SIÈCLE 73
174. ÉCOLE FRANÇAISE i55o.
La légende de sainte Marguerite en quatre tableaux
— La sainte et le Roi Olibrius — La sainte battue de
rerges — La sainte et le dragon — Mise à mort de sainte
Marguerite.
Chaque panneau : H. 0,30. L. 0,26.
Il est intéressant de rapprocher cette pièce de la miniature de
Jean Fouquet exposée ici (n" 50), où l'on voit également sainte
Marguerite en présence d'Olibrius. Dans la miniature, Olibrius
représente Charles VII ; ici le tyran romain porte un costume de
convention, mais ses suivants sont ceux de V Entrée de Henri II à
Lyon. Toutefois l'artiste qui pourrait être un des contemporains
immédiats de Geolïroy Torv' conserve quelque souvenir du
gothique de Bourdichon dans l'agencement des scènes. Il y a lieu
de mettre cette œuvre très rare en comparaison du livre d'heures
du roi Henri II, conservé à la Bibliothèque Nationale. Le paysage
y est traité daus le même esprit.
Bois. Peinture à Vhuile, rehauts d'or. S. M. le Roi Edouard VIL
175. CORNEILLE DE LYON vers 1548.
Portrait de jeune femme portant un chaperon orné de
perles, et un corsage décolleté. Un riche collier et une
chainette soutenant un bijou, complètent la parure.
H. 0,16. L. 0,13
Ce portrait est donné comme celui de la duchesse d'Etampes,
Anne de Piesseleu. Il provient de la collection de Gaignières
comme le numéro 1 59. H me paraît pas toutefois que ce soit là le por-
trait de la duchesse qui n'était plus à la cour lors du voyage à Lyon
en 1548.
Bois. Peinture à V huile.
M. George de Mgnbrison, château de St-Roch.
176. CORNEILLE DE LYON vers i55o.
Petit portrait de femme coiffée d'un chaperon de
veuve et d'une robe noire. Dans l'échancrure du corsage
ou aperçoit un bijou suspendu à des lacs de soie.
H. 0,15. L. 0,14.
Une lettre moderne indique Madame de Sauves comme étant
la personne représentée. Cette dame « l'une des plus futées de la
74 XVI' SIÈCLE
cour» perdit son mari de bonne heure et épousa en secondes
noces le marquis de Noirmoutiers. Elle était de la famille de
Beaune-Semblançay. Mais la lettre nous laisse les plus grands
doutes.
Bois. Peinture à VJiuile. M. Doistau, Paris.
177. CORNEILLE, (École de) vers 1 555.
Portrait d'homme en toque noire et costume sombre.
H. 0,16. L. 0,12.
René du Puy du Fou né en 1528, marié à la veuve de Charles
de Chabannes, Catherine de La Rochefoucauld, chevalier de l'or-
dre en i^ôs, mort en 1570. Voir crayon de Chantilly. I, 61.
Bois. Peinture à l'huile. M. Walter Gay, Paris.
178. GEORGES REVERDY, vers i55o.
La Sainte Famille dans un temple, monogramme AA.
Diamètre, 0,20
M. Fairfax Murray, Londres.
179. ECOLE FRANÇAISE vers i55o.
La Nativité, la Cène, le Calvaire. Triptyque avec
cadre.
H. 0,28. L. 0,92.
Cette œuvre d'un miniaturiste français est inspirée d'oeuvres
italiennes du xv' siècle. La Cène avec le dais de François I'% et les
lampadaires est une imitation libre des maîtres italiens.
Vélin. M. Ch. Léon Cardon. Bruxelles.
180. JEAN DE GOURMONT, vers i55o.
Combat de gladiateurs dans un temple.
H. 0,23. L. 0,32
Ce dessin est très rapproché d'un autre aujourd'hui conservé au
département des Estampes.
Papier. Dessin lavé au bistre. M. Fairfax-Murray, Londres.
181. ECOLE DU PONTHIEU, i55i.
Deux panneaux volets en deux tableaux chacun avec
légendes en français.
H. 1,70, L. 0,80.
Ces travaux de peinture secondaire sont exécutés en 15^1
dans la région d'Avesnes. Le premier tableau de gauche
XVI' SIÈCLE 75
porte sur une verrière les armes de Croy-Renty. Les costumes
sont français, du milieu du xvi' siècle. Les légendes explicatives
sont en français. C'est l'histoire de la peste à Rome.
Bois. Peinture à huile. Eglise SAiNT-NicoLAS. Avesnes.
182. GEORGES REVERDY DE LYON, vers i5oo.
Nativité et adoration des bergers.
H. 0,140. L. 0,270
Ce dessin attribué autrefois à un prétendu italien, Cesare Rever-
dino paraît être de la main de Georges Reverdy, artiste lyonnais,
peintre et graveur du milieu du xvi^ siècle.
Papier. Dessin lavé au bistre.
M. Jean Masson, Amiens.
I i83. ECOLE DES CLOUET, vers i545.
Portrait d'homme en pourpoint clair,
H. 0,40. L. 0,35.
Ce personnage n'a pu être identifié. Il porte des boucles d'oreilles.
Bois. M. Martix Le Roy. Paris.
k
184. ÉCOLE DES CLOUET, vers i555.
Portrait de seigneur en pourpoint blanc et manteau
fourré. Il porte une petite toque à plumes, et un collier
de saint Michel.
H. 1,06, L. 0,75.
On lit sur le panneau de chaque côté de la tête :
HENRICVS II FRAC — REX XRIAXISSIMVS
ANNO.ÏTATIS SU^ — XXXVII, 1555.
C'est, dit M. Mantz, le roi dans un de ses mauvais jours. L'œu-
vre est fort médiocre, mais fort intéressante, en ce qu'elle nous
fournit un type inédit et inconnu de ce prince. La tête, très retou-
chée, a perdu beaucoup de sa valeur, mais les détails du costume
sont intéressants. Le fauteuil du roi, marqueté comme une pièce
d'orfèvrerie ou une reliure, est des plus curieux. Le bijou de col
est de l'art de Ducerceau. Il semblerait que l'artiste fut plutôt un
décorateur qu'un portraitiste. Le nom de François Clouet ne peut
être invoqué ici, mais son entourage proche comptait beaucoup
d'artistes capables de faire ce travail.
76 XVI' SIÈCLE
Le tableau, qui a été allongé par en haut, était autrefois de forme
cintrée. Il fut donné au Musée par M. de La Tour-Maubourg,
député de la Loire, en 1872.
Bois, Peinture à Vhuile. Musée du Puy.
i85. ECOLE DES CLOUET, vers i555.
Portrait d'un cardinal.
H. 0,99, L. 0,19.
Ce portrait représente Charles de Lorraine Guise, né en 1525,
fils de Claude de Guise et d'Antoinette de Bourbon. Cardinal à
21 ans, archevêque de Reims en 1546, il fut député au Concile de
Trente. Il mourut à Avignon à 49 ans, le 26 décembre 1^74.
Bois. Peinture à Vhuile.
M. Romans, Chat, de Picomtal (Hautes-Alpes).
186. ECOLE DES CLOUET, i565.
Dessin au crayon rouge représentant un homme de
trente ans environ.
H. 0,33, L. 0,24.
Portrait présumé de Poltrot de Méré, assassin du duc de Guise.
On ne connaît aucune autre effigie de ce personnage.
Papier. M. Jean Masson. Amiens.
187. FRANÇOIS CLOUET? iS^S.
Portrait d'un prince à cheval.
H. 0,28. L. 0,22.
Ce portrait de François I est en peinture au Musée des Offices.
Celui-ci provient de Roger de Gaignières, et de la collection Sau-
vageot. Il est à rapprocher du Henri II achevai, provenant d'Azay-
le-Rideau (n" 186).
Papier. Miniature. Musée du Louvre.
j88. FRANÇOIS CLOUET, vers iSSp.
Portrait d'un prince à cheval, en grand costume civil.
H. 1,60. L. 1,30.
Ce portrait a été composé d'après des éléments antérieurs, peut
être au moment de la mort du roi Henri II, dont c'est le portrait.
La tête, la coiffure, le justaucorps sombre bordé d'or, sont en
effet ceux du portrait officiel du roi, notamment de celui autrefois
XVI' SIÈCLE 77
peint en miniature et placé dans le livre d'heures de la reine Cathe-
rine, d'où on l'a retiré dans le xvii° siècle, et qui, après avoir ap-
partenu à Roger de Gaignières, est aujourd'hui au Département
des Estampes.
Quant à l'allure générale du portrait, au harnachement du
cheval, à la décoration des housses, ce sont les éléments à peine
transformés du portrait équestre du roi François I". Le cheval est
ici de robe foncée, il était café au lait pour le roi François, mais
c'est le même cheval qui a été copié et arrangé par l'artiste. C'était
une formule officielle, le portrait qu'on offrait aux parents et aux
amis, on le grandissait ou on le diminuait suivant les besoins.
L'œuvre est ici d'un artiste très habile, maître de sa technique ; ce
ne peut être que François Clouet.
Provient du château d'Azay-le-Rideau.
Toile. Peinture à Fhuile. MM. Lawrie, Londres»
189. FRANÇOIS CLOUET, vers i56o.
Portrait d'homme jeune à la barbe châtain, portant
une barrette de magistrat, et une simarre de juge.
H. 0,016. L. 0,014.
Ce portrait est une réplique de celui mentionné sous le (n" 19)
et qui appartient à M. Hutteau, avec quelques différences.
Bois. Peinture à l'huile. M"" Ed. André, Paris.
190. FRANÇOIS CLOUET, vers i56o.
Portrait d'un seigneur portant une toque noire, un
pourpoint blanc et un manteau noir.
H. 0,15. L. 0,13.
Ce -portrait paraît représenter Charles de La Rochefoucauld,
comte de Rendan, qui portait le n" 156 de l'inventaire de Roger de
Gaignières en' 1717. Le cachet de Colbert de Torcy retrouvé au
revers du tableau confère à cette pièce un intérêt exceptionnel, car
il marquait les objets de la vente de Gaignières, le grand collec-
tionneur. A la vente, cette pièce atteignit à peine quelques sous.
En ce moment ce cachet donne au petit tableau une importance
d'authenticité.
Bois. Peinture à l'huile, M. Doistau, Paris
78 XVI' SIÈCLE
J9J.LFRANÇOIS CLOUET, vers i56o.
Portrait d'un homme jeune à la barbe châtain clair,
portant une barrette noire et une simarre damassée.
H. 0,016. L. 0,014.
Ce portrait représente un protonotaire ou un ambassadeur ; la
peinture est d'une telle qnalité que nous la voudrions rapprocher
du tableau de la National Gallery « Les deux Ambassadeurs »
attribuée à Holbein (mais qui est peut être d'un autre peintre). Le
nom de Corneille de Lyon, ordinairement appliqué à des œuvres
de dimensions égales, ne paraît pas pouvoir être invoqué ici.
Bots. Peinture à Vhuile. M. Hutteau, ingénieur, Paris.
192. FRANÇOIS CLOUET i563.
Petit portrait d'homme portant une toque noire, un
habit foncé et le collier de l'ordre, sur un couvercle de
boîte ronde.
Diamètre 0,101.
Honorât de Savoie, comte de Tende et de Sommerive, gouver-
neur de Provence en 1563, neveu du connétable de Montmorency
et fils de Claude de Savoie, comte de Tende. Ce portrait miniature
très remarquable était peint à l'intérieur d'un couvercle.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Paul Arbaud. Aix.
193. FRANÇOIS CLOUET j565.
Portrait d'un seigneur en costume noir et en toque
foncée, portant l'ordre de saint Michel.
H. 0,24. L. 0,22.
Ce portrait est celui de Arthur de Cossé, seigneur de Gonnord
et comte de Secondigné, né vers 15 12, surintendant des Finances,
grand pannetier de France, homme de guerre, mort a Gonnord, en
Anjou, en 1582. Les armes placées au bas du portrait ont été
ajoutées.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée d'Aix.
194. FRANÇOIS CLOUET, vers 1 565.
Portrait d'homme tourné à gauche, portant un cos-
tume sombre à col haut; on lit au bas d'une écriture rap-
portée : Pierre Forget de Fresnes, Secrétaire du Roy.
H. 0,30. L. o,a).
Ce portrait, d'une belle qualité, porte au verso le cachet de
XVI* SIECLE 79
Torcy ; il appartint à Gaignières, et il est cité dans son inventaire
sous le n° 113. Il fut vendu 4 livres 11 sous à la vente de 1717.
Bois. Peinture à l'huile.
M"' E. Maurice Mayer, Paris.
195. FRANÇOIS CLOUET, 1 560-70.
Suite de sept dessins exécutés sur nature à la sanguine
et aux crayons de couleurs.
La reine Marie Stuart (1560).
2. — Marguerite de Valois, fille de Henri II (1565).
3. — Albert de Gondi, duc de Retz (1570).
4. — Claude Catherine de Clermont, duchesse de Retz (1570).
5. — Gaspard de Coligny, l'amiral (1570).
6. — François de Coligny, sieur d'Andelot (1569).
7. — Renée de Rieux, demoiselle de Chateauneuf (1565).
Ces portraits d'une exécution supérieure ont été légués par
Clouet à son neveu Benjamin Foulon, peintre médiocre, qui mit
les indications des portraits au crayon sur la marge. Ce sont les œu-
vres les plus rares et les plus précieuses de l'Ecole française du
XVI* siècle. Le portrait de Marie Stuart a serv'i à peindre la miniature
aujourd'hui au château de Windsor.
Papier. Crayons de couleurs.
Département des Estampes.
196. ECOLE FRANÇAISE, iSjo.
Portrait de prince en riche costume sombre brodé
d'or; il porte une toque et il tient la main sur le pommeau
de son épée.
H. 0,82. L. 0,62.
Ce portrait est donné à Antonio Moro par les traditions du châ-
teau d'Azay-k-Rideau ; on le croit être Charles IX mais les vrai-
semblances seraient en faveur du duc d'Alençon, François de Va-
lois, fils de Henri II et de Catherine de Médicis. Cette pièce re-
marquable rappelle les dessins du Département des Estampes attri-
bués à François Clouet, Provient d'Azay-le-Rideau.
Bois. Peinture à l'huile. M. Kraemer. Paris.
8o XVI' SIÈCLE
197. FRANÇOIS CLOUET, vers i565.
Portrait d'homme coiffé d'une toque et portant le
collier de l'ordre. La lettre indique Fontaine-Chalan-
dray.
H. 0,325, L. 0,210.
En dépit de la lettre ce doit être ici non pas M. de Fontaine
Çhalandray, marié à M"" de Torcy, mais Sébastien de Luxembourg,
comte de Martigues, tué au siège de Saint-Jean d'Angely, en 1569.
Papier. Crayon de couleur.
M. George de Monbrison. Château de Saint-Roch.
198. FRANÇOIS CLOUET, vers jSjo.
Portrait d'une jeune femme coiffée en arcelets avec
parure de bijoux et de perles. Elle porte un corsage
bouillonné, des carcans d'orfèvrerie et des pende-
loques.
H. 0,36, L. 0,27.
Elisabeth d'Autriche, fille de Maximilien II empereur d'Alle-
magne, mariée à Charles IX. Le portrait fut d'abord exécuté au
crayon sur nature, et ce crayon est à la Bibliothèque nationale. Il
appartint à Roger de Gaignières et provient de l'ancienne collec-
tion du Musée du Louvre. Cette pièce passe pour être le chef
d'oeuvre de François Clouet.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée du Louvre.
199. FRANÇOIS CLOUET, iSjo.
Portrait d'une jeune dame coiffée en arcelets.
C'est le crayon sur nature qui a servi à exécuter le tableau du
Louvre, le portrait d'Elisabeth d'Autriche, le chef d'oeuvre reconnu
de François Clouet, exposé sous le n" précédent.
Papier. Crayons de couleurs.
Département des Estampes.
200. ECOLE FRANÇAISE, vers i55o.
Panneau décoratif.
H. 0,4g. L. 0,93.
Cette pièce est le modèle de la tapisserie du château d'Anet
représentant la fable de Méléagre.
Papier. Dessin lavé au bistre. M. Jean Masson, Amiens.
N» 195 du Catalogue
Saiivanaud, phot.
N» iq8 du Catalogue.
A. Giraudon, phot.
XVI* SIECLE
201. JEAN DE COURT, iSjo.
Portrait d'une jeune fille.
Ce délicieux crayon représente Marie Touchet, maîtresse du
roi Charles IX, par Jean De Court?
Papier. Crayon de couleur. Département des Estampes.
202. ECOLE DE FONTAINEBLEAU, vers i56o.
Flore et deux génies.
H. 0,94, L. 0,70.
La déesse sous les traits d'une femme de la cour des Valois,
coiffée et ornée de fleurs, est accroupie à terre. Elle est nue, mais
sa coiffure est accommodée, particularité alors fort à la mode chez
les peintres. Les génies ailés rappellent certains anges du Corrège.
Bois. Peinture à rhuile.
M. LE Baron d'Albenas, à Montpellier.
203. ECOLE DE FONTAINEBLEAU, j56o? PRIMATICE.
Vertumne et Pomone?
H. 0,251, L. 0,300.
Dessin attribué au Primatice.
Papier. Dessin lavé au bistre. M. Jean Masson, Amiens.
204. ECOLE DE FONTAINEBLEAU, vers \S-jo.
Diane et trois suivantes écoutant la musette d'un
faune. Dans le lointain, Actéon sous les traits d'un cavalier
du temps de Charles IX.
H. 1,37, L. 1,93.
C'est vraisemblablement une allégorie sur les amours de
Charles IX et de Marie Touchet, et non sur ceux de Henri II et de
Diane de Poitiers.
Bois. Peinture à l'huile. Musée de Rouen.
205. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET i55o.
Portrait de femme de 3/4 à gauche portant un chaperon
ornée de perles et un corsage noir soutaché d'argent.
H. 0,25. L. 0,20.
Portrait présumé de Françoise d'Orléans-Rothelin, Princesse
de Condé, femme de Louis I, prince de Condé.
Bois. Peinture à l'huile. M. Stéphane Dervillé, Paris.
6
82 XVI' SIÈCLE
206. CLOU ET (Ecole de François), vers 1569 (ETIENNE DU-
MONSTIER?)
Portrait d'homme au nez très aquilin ; on lit au bas
d'une écriture très postérieure : Charles 9 roy de France
fait par Du Moutier, ^5^5-
H. 0,35. L. 0,22.
Ce dessin ne représente pas Charles IX, mais peut-être est-il
d'Etienne Dumoustier, peintre de Catherine de Médicis.
Papier. Crayon. M. Walter Gay, Paris.
207. ÉCOLE DE CLOUET.
Portrait d'homme portant un chapeau noir.
H. 0,28. L. 0,27.
Biaise de Monluc ?
Bois. M. Thiébault-Sisson, Paris.
208. ECOLE DE CLOUET, vers )55o.
Portrait d'un homme de 30 à 35 ans portant une petite
toque à plumes et le collier de l'ordre.
Ce portrait donné comme inconnu au Musée du Louvre re-
présente Charles III, duc de Lorraine, marié à Claude de France,
fille de Henri II et de Catherine de Médicis. Ce personnage a été
retrouvé dans le Petit livre d'heures de la reine Catherine de
Médicis au Louvre. C'est l'original d'après lequel fut exécuté le
portrait suivant.
Papier. Crayons de couleurs. Musée du Louvre.
209. ECOLE DE CLOUET i55o.
Portrait d'un homme de 30 à 35 ans portant une petite
toque à plumes et le collier de l'ordre.
H. 0,31. L. o.aa.
Portrait de Charles III, duc de Lorraine, exécuté d'après le
crayon du Louvre ci-devant décrit.
Bois. Peinture à rhuilc. M. Kraemer, Paris.
XVI' SIÈCLE 83
210. LEONARD LIMOSIN, vers i55o.
Portrait d'homme portant une toque.
H. 0,35 L. 0,22
Anne de Montmorency, connétable de France. Crayon ayant
servi à l'émail du Louvre.
Papier. Crayon. Musée National Dubouché, Limoges.
21 1 . JEAN COUSIN, vers i55o.
Portrait d'une femme de la bourgeoisie portant un
chaperon noir et tournée à droite.
H. 0,35. L. 0,275
L'attribution de ce portrait et du suivant à Jean Cousin se jus-
tifie par une tradition de famille. Ils n'ont jamais cessé d'apparte-
nir à la famille Bowyer, depuis le milieu du xvi' siècle. Mais une
raison intrinsèque vient en confirmation. Le Cabinet des Estampes
possède le cahier d'apprenti d'un élève de Jean Cousin, qui copiait
des figures de ce genre dans l'atelier de son maître et donne, entre
autres, le portrait de Madame Cousin très rapproché de celui dont
nous nous occupons. La personne ici représentée est Marie Cousin
(fille du peintre Jean Cousin, et de Christine Rousseau sa seconde
femme), mariée, à Etienne Bowyer en i')')2, morte en 1626 à 90 ans.
Bois, peinture à Thuile. M. Félix Bouvyer, Paris.
212. JEAN COUSIN, vers i55o.
Portrait d'un ecclésiastique en barrette noire, tourné
de 3/4 à gauche, et montrant les mains.
H. 0,33. L. 0,26
Ce portrait serait celui de Jean Bouvier ou Bowyer, chanoine
de la cathédrale de Sens, né en 15 10, à Soucy. Il avait été curé de
Soucy. Il était beau frère de Jean Cousin qui avait épousé Marie
Bowyer sa sœur.
Bois. Peinture à Thuile. M. Félix Bouvyer, Paris.
21 3. INCONNU, vers 1540.
Triptyque. Saint Jérôme dans le désert et deux saints ;
saint Pierre et saint Paul. Ce dernier est le portrait du
donateur.
Ouvert. H. 0,45. L. 0,74.
Cette œuvre peut être attribuée à l'un des peintres italo-flamands
84 XVI* SIÈCLE
qui travaillaient dans l'Est de la France dans le xvi' siècle. Les
revers des volets sont décorés à l'orientale.
Bois. Peinture à l'huile. M. Queyroi, à Moulins.
214. INCONNU, vcrs)55o.
Portrait d'homme imberbe coiffé d'une toque.
H. 0,24. L. 0,18.
Ce portrait et les deux suivants appartiennent à l'école de l'Est,
inspirée d'Holbein.
Bois. M. Fairfax Murray, Londres.
214 bis. INCONNU, vers i55o.
Portrait d'un homme barbu.
H. 0,25. L. 0,17.
Bois. M. Fairfax Murray, Londres
2i5. INCONNU, vers i55o.
Portrait d'homme barbu tenant un paquet de papier
blanc.
H. 0,26. L. 0,18.
Bois. M. Kleinberger, Paris.
216. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET, vers i56o.
Portrait d'une femme en veuve (Catherine de Médi-
cis, 1560).
H. 0,23. L. 0,20.
Ce panneau a un grand intérêt en ce qu'il peut être rapproché
exactement d'un crayon du Cabinet des Estampes de la Biblio-
thèque Nationale, et qu'il montre la façon d'opérer des portrai-
tistes français du xvi* siècle. Ceux-ci exécutaient un crayon sur
nature, et se servaient de ce dessin comme d'un cliché pour
exécuter des peintures. C'est le cas du portrait de la reine Elisabeth
au Louvre, dont le crayon est à la Bibliothèque nationale égale-
ment. Un autre portrait semblable est au Musée de Cahors.
Provenance inconnue.
Bois. Peinture à V huile. M. le baron d'Albenas, Montpellier.
XVP SIÈCLE 85
217. CLOUET (Ecole des) vers i56o.
Portrait d'une dame coiffée de noir avec cheveux
moutonnés aux tempes.
H. 0,18. L. 0,23.
Mêmes remarques qu'au n" précédent.
Bois. Peinture à Vliuile. M. Kraemer, Paris.
218. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET, vers i565.
Portrait de dame tournée à gauche ; elle porte un
chaperon et les cheveux moutonnés.
H. 0,27. L. 0,22.
Une lettre ancienne, mais fausse, nomme ce portrait Claude
Gouffîer, dame de Busançois ; c'est Françoise de Longwy-Givry,
nièce du roi François I" par sa mère sœur bâtarde du roi. Elle
épousa à l'âge de 17 ans, en 1527, Philippe Chabot, sieur de Brion,
amiral de France. Elle était veuve depuis vingt-deux ans quand
ce portrait fut exécuté en 1565, et elle était remariée à Jacques de
Perusse des Cars, mais on continua à l'appeler l'amirale. C'était, au
dire de Brantôme, l'une des plus belles femmes de la cour des
Valois, et le Musée Condé à Chantilly possède plusieurs crayons
de cette personne célèbre.
Le crayon a été retouché en certaines parties, mais le visage est
original.
Papier. Crayons noir et couleur.
M. Elisée Dupuis, architecte à Paris.
219. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET, vers iS-jo.
Portrait d'homme tête nue, le nez légèrement tordu.
C'est ici vraisemblablement le crayon original qui a servi à
peindre le portrait du Musée de Versailles ci-après décrit.
Papier. Crayon de couleurs. Musée du Louvre.
220. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET, vers iSjo.
Portrait d'homme tête nue, portant un pourpoint
jaunâtre.
Ce personnage nous a été révélé par un crayon de la Bibliothè-
que Nationale (collection Clairambault vol. 1123 fol. 48 recto).
86 XVI* SIÈCLE
C'est Georges Babou de la Bourdaisière, comte de Sagonne. Un
autre crayon du même personnage, conservé au Louvre dans les
anonymes, a été rapproché du portrait peint. Ce n'est pas le Prince
de Condé comme on l'avait cru.
Bois. Peinture à Vhuile. Musée de Versailles n" 3380.
221. ECOLE DE FRANÇOIS CLOUET 1572.
Portrait de jeune homme.
D. 0,067.
Ce portrait miniature de qualité médiocre nous montre Henri
de Navarre, depuis Henri IV, à l'époque de son mariage avec
Marguerite de Valois.
Bois. Peinture à l'huile. Musée d'Aix.
Z22. JEAN COUSIN, vers iSjo.
Arthémise.
H. 0,46, L. 0,31.
Ce tableau, d'une fort belle matière fut découvert à
Sens par M. Poncelet vers 186^. Il subit alors le jugement d'un
tribunal d'art, composé de Galichon, directeur de la Galette des
Beaux-Arts et de ses collaborateurs. On le déclara de Jean
Cousin, bien qu'on ne lui reconnût pas « le relief puissant accusé
« par un modelé terme et large, bien que fin, par l'exécution qui
« distingue la Pandore et qui en fait une sœur jumelle de la
« Diane de Jean Goujon. » En réalité, c'est là une très curieuse et
très intéressante page, fortement imbue de décadence italienne,
mais d'une jolie et ferme tenue. L'arrangement de tête, bien que
fort impersonnel, note une date voisine de 1570; l'artiste n'a pu
complètement débarrasser la veuve de Mausole des arcelets chers
aux dames de son temps à lui. On a trouvé dans V Arthémise une
parenté avec la Diane de Jean Goujon ; c'est le mot juste. La
grâce mièvre, la beauté fade remplacent ici les accents souvent si
énergiques d'un François Clouet ou d'un Corneille de Lyon. Nous
avons tenu à montrer cette œuvre charmante à cause de sa célé-
brité, et de tout ce qui la rattache à la Pandore.
Bois. Peinture à V huile. M. Rumeau, Paris.
223. ECOLE DE JEAN COUSIN, vers iSyo.
Portrait de femme sous la figure de la Paix.
H. 1,05, L. 075
Une dame de la cour des Valois a été peinte sous les traits
de la Paix tenant une colombe et un rameau d'olivier au
XVP SIÈCLE 87
milieu d'un paysage dans le goût des œuvres attribuées à Jean
Cousin. En arrière d'elle, des fabriques ruinées et des montagnes,
rappelant les Alpes à Sisteron, Elle est coiffée à la mode des fem-
mes de 1570, ses cheveux sont relevés en arcelets et elle porte
une toque de velours décorée d'un chaînon d'or. A part un collier,
et deux bracelets, elle est entièrement nue.
Marguerite, duchesse de Berry, sœur de Henri II, depuis duchesse
de Savoie, fut représentée ainsi, mais les traits de la personne
rappellent plutôt ceux d'Anne d'Esté, duchesse de Guise, que
ceux de Diane de Poitiers qui était morte à cette époque depuis
près de dix ans. L'œuvre était autrefois attribuée à Jean Matsys;
elle est à rapprocher de VEva Prima Pandora comme style général
et comme intentions.
Bois. Peinture à Thuile. Musée d'Aix.
224. JEAN COUSIN, vers iSyo.
Descente de Croix.
H. 0,650, L. 0.855
Le corps du Christ, qui vient d'être détaché de la Croix, est
soutenu par un homme monté sur une échelle à gauche. Un autre
homme, à droite, retient les pans d'un linceul qui est passé sous
les bras du Christ. Un troisième arrache les clous qui retenaient les
pieds du Sauveur. La Vierge, saint Jean et deux des saintes femmes
sont au pied de la Croix. Dans le fond, paysage avec ruines
romaines et rochers.
Ambroise Firmin-Didot,dans son étude sur Jean Cousin, donne
sur ce tableau l'appréciation suivante : « M. Lèche vallier-Chevi-
gnard, peintre distingué, qui s'est livré à une étude particulière des
œuvres de l'époque de la Renaissance et particulièrement de Jean
Cousin, possède un tableau représentant une Descente de Croix^
qui a tous les caractères de la peinture de Jean Cousin et où la
tradition de l'ancienne école française est influencée quelque peu
par l'art italien. Plusieurs types de têtes, ainsi que les ajustements
et les draperies, dont les plis sont heurtés, ont une grande res-
semblance avec ce que nous savons être de Jean Cousin. Je crois
qu'on peut, sans hésiter, l'attribuer à ce maître ; quelques têtes de
femmes sont peintes avec soin et ont le caractère qu'on lui recon-
naît dans ses compositions. »
Bois. - . M. Rapilly, Paris.
225. ECOLE FRANÇAISE, vers iSjo.
Une dame nue, coiffée d'une couronne, portant un col-
lier et un bracelet au milieu du bras droit. A côté d'elle
88 XVI' SIÈCLE
un escabeau chargé d'objets pour la toilette. A ses pieds
un chien épagneul. Dans le fond, une dame à cheval
accompagnée d'un cavalier à pied,
H. 0,51. L. 0,38
Ce tableau de l'École de Fontainebleau est d'un ton qui rappelle
VArth émise de Jean Cousin (n" 222).
Bois. Peinture a Vhtiile.
M. Henry Havard, inspecteur des Beaux-Arts, Paris.
226. FRANÇOIS QUESNEL, vers i58o.
Portrait d'une dame au bain.
H. 0,90, L. 0,80
Dans une salle splendidement décorée, une baignoire a été ap-
portée. Une dame y est assise, et s'est fait servir une collation. A
côté d'elle deux enfants, dont l'un tente de prendre un fruit et dont
l'autre tette sa nourrice. Dans le fond, une grande cheminée, au
feu de laquelle une chambrière fait chauffer l'eau du bain. Ce por-
trait a été plusieurs fois reproduit, et presque toujours, comme ici,
la tête a été rajeunie postérieurement ; Versailles et Chantilly pos-
sèdent des répliques. Ici tous les accessoires, sauf le visage de la
dame, sont une œuvre originale; le visage de Gabrielle d'Estrées a
été substitué à celui d'une précédente dame. On croit y voir un
des portraits idéalisés de Diane de Poitiers ; mais il y a plus de vrai-
semblance que le visage est celui de la célèbre Gabrielle d'Estrées,
maîtresse du roi Henri, adapté au tableau auparavant représentant
Diane. On lit sur la baignoire Janetii opus, ce qui paraît hasardé.
Bois. Peinture à lliuile Sir Frederick Cook, Richemont.
227. FRANÇOIS QUESNEL, vers iSpo.
Portrait d'une jeune femme.
C'est Gabrielle d'Estrées au commencement du règne de
Henri IV.
Papier. Crayons de couleur. Département des Estampes.
228. FRANÇOIS QUESNEL.
Portrait d'homme, de trois quart à gauche, tête nue.
Il porte un justaucorps sombre et un col blanc.
H. 0,35. L. 0,33.
Portrait présumé de Nompar de Caumont, duc de La Force.
Bois. Peinture à Vhuile. M. Antonin Proust, Paris.
XYI' SIÈCLE 89
229. INCONNU.
Portrait d'une princesse tournée à gauche, en costume
de cour. On lit en haut : La royne dauphine.
Cette petite pièce est dans un encadrement très intéressant.
L'œuvre en elle-même paraît être une des copies faites pour les
amis. C'est Marie Stuart, nommée la Reine Dauphine^ à la mort de
Henri II. Décrite par M. Lionel Cust dans son livre sur Marie
Stuart.
Provient de la collection Magniac.
Bois. Peinture à Vhuile.
Sa Grâce le duc de Westminster, Londres.
230. PIERRE GOURDELLE, vers i58o.
Portrait d'un jeune homme portant une toque noire
rabattue sur l'œil droit qui est crevé, une collerette em-
pesée et un pourpoint vert.
H. 0,40, L, 0.30
Ce portrait est celui de Louis de Maugiron, mignon de Henri III
qui avait eu l'oeil crevé en duel en i^jyy. Un crayon de la Biblio-
thèque nationale a servi à exécuter la peinture.
Bois. Peinture a Vhuile.
M. Henri Lavedan de V Académie française^ Paris.
23i. FRANÇOIS QUESNEL? vers i585.
Portrait d'une jeune femme portant les cheveux rele-
vés, une haute collerette en éventail et un corsage
pincé.
H. 0,35. L. 0,20.
Ce portrait est à rapprocher de certains crayons du Dépar-
tement des Estampes de la Bibliothèque nationale, ayant appar-
tenu à M. de Villeflix, puis à Gaignières. C'est d'un art souple et
léger tout à fait gracieux. Les œuvres peintes de cet artiste soit
fort rares aujourd'hui; celle-ci est l'une des plus remarquables.
Bois. Peinture à Vhuile. M°« Edouard André, Paris.
232. ETIENNE DUMONSTIER? iSpo.
Portrait d'un gentilhomme en pied.
H. 0,21. L. 0.15.
Charles de Balzac d'Entragues,dit Entraguet, mignon de Henri III
Vélin. Miniature. Musée du Louvre.
90 XVI' SIECLE
233. ETIENNE DUMONSTIER, iSpo.
Portrait d'un gentilhomme en pied.
H. 0,21. L. o 15.
Estuer de Caussade de St-Mégrin, mignon de Henri III.
Vélin. Miniature Musée du Louvre
234. FRANÇOIS QUESNEL? vers 1590.
Portrait d'homme de cinquante à soixante ans, por-
tant le collier du saint Esprit.
H. 0,32, L. 0,32
Personnage inconnu qui doit être un ecclésiastique dignitaire
de l'ordre du saint Esprit.
Papier. Crayons de couleur.
M. George de Monbrison, château de sai t Roch.
235. FRANÇOIS QUESNEL (École de), vers 1590.
Portrait de dame en grand costume.
H. 0,51. L. 0,45.
Bois. M. Deligand, Paris.
236. ANTOINE DE RECOUVRANCE 1604.
Prédication de Saint-Paul à Ephèse, au milieu d'un
auditoire de la fm du xvi* siècle.
H. 1,30. L. 0,80.
On lit sur cette composition touffue, au bas du socle surlequel
est placé Saint-Paul, AntJioinc de Recouvrance pictor régis me fecit
et donavit 1604. Ce tableau, qui n'est pas sans analogie avec ceux
du Puy d'Amiens, nous donne le nom d'un peintre médiocre tra-
vaillant à la cour d'Henri IV. Lui-même s'est montré à gauche
tenant une plume et écrivant. Tous les personnages sont des
portraits.
Bois. Peinture à l'huile. M. Scordel, Chaumont.
EMAUX
EMAUX
237. JEAN FOUQUET, peintre du roi Louis XI, y 1480.
Portrait de Jean Fouquet, vers 1450.
Diamètre : 0,068.
Plaque circulaire en camaïeu d'or sur fond noir.
Musée du Louvre.
238. ÉCOLE DE MONVAERNI.
La mise au tombeau.
H. 0,19 L. 0,3a.
Plaque rectangulaire.
Musée National Dubouché, Limoges.
239. ÉCOLE DE MONVAERNI.
Pieta. La Vierge de douleur accompagnée de deux
donateurs.
Plaque rectangulaire.
240. ECOLE DE MONVAERNI.
Le Mariage de la Vierge.
Plaque rectangulaire.
H. 0,24. L. 0,13.
Musée de Cluny.
H. 0.245. L. 0,200.
Musée du Louvre.
241. ECOLE DE MONVAERNI.
L'Entrée du Christ à Jérusalem.
H. 0,34. L. 0,29.
Plaque rectangulaire.
M. SiGiSMOND Bardac, Parts.
242. ÉCOLE DE MONVAERNI, fin du XV' siècle.
H. 0,10. L. 0,10.
Le Martyre de saint Etienne.
Plaque rectangulaire.
M. Piet-Lataudrie, Paris.
94 XVI« SIÈCLE
243. LÉONARD LIMOSIN, vers 1477.
EUonore d'Autriche, f 1558, sœur de Charles-Quint,
femme en premières noces d'Emmanuel, roi de Portugal,
et en secondes de François I", roi de France.
H. 0,36. L. 0,24.
Plaque rectangulaire. Signée L. L. et datée de 1536.
Cf. H. Bouchot. Les portraits aux crayons du XVP et XVII*
siècles, 1884, p. 172 et 321.
Musée de Cluny.
244-245. LEONARD LIMOSIN.
Jean-Philippe Rhingrave, comte palatin du Rhin,
colonel des Reitres au service de Henri IL
H. 0,165. L. 0,145.
Jeanne de Genouillac, y 1 567 , fille de Galiot de Genouil-
lac, seigneur d'Assier, femme en secondes noces de Jean-
Philippe Rhingrave.
Deux plaques rectangulaires.
M°" Edouard André, Paris.
246. LEONARD LIMOSIN.
Anne de Montmorency, Connétable de France, -]- 1567.
H. 0.72. L. 0.56.
Plaque ovale dans un encadrement formé de huit plaques
émaillées. Signée L. L. et datée de 1556.
Cf. le portrait aux crayons d'Anne de Montmorency que pos-
sède le Musée National A. Dubouché, à Limoges, et qui figure à
l'Exposition des Primitifs français.
Cf. H. Bouchot. Les portraits aux crayons des xvi* et xvii* siècles,
p. 319-321.
L. Bourdery et E. Lachenaud, Léonard Limosin, peintre de
Portraits, 1897, n" 117.
Musée du Louvrb.
247. LÉONARD LIMOSIN.
Anne de Montmorency, Connétable de France, -|- 1567.
H. 0,31 L. 0,97.
Plaque rectangulaire.
M"" la Baronne Adolphe de Rothschild, Paris,
XVP SIÈCLE 95
248. LEONARD LIMOSIN.
François de Lorraine^ duc de Guise, -p 1563.
H. 0,463. L. 0,312
Plaque ovale, signe'e L. L. et datée de 1557.
Musée du Louvre.
249-250. LEONARD LIMOSIN.
Claude de Lorraine, duc de Guise et d'Aumale,
Marquis de Mayenne et d'Elbeuf, baron de Joinville,
t 1550-
Antoinette de Bourbon, femme de Claude de Lor-
raine, y 1583, fondatrice, en 1567, de l'Hôpital de Joinville
(H"-Marne).
H. 0,185. L. 0,136
Deux plaques rectangulaires, signées L. L., provenant de
l'Hôpital de Joinville.
Cf. H. Bouchot. Les Portraits aux crayons des xvi' et xvii*
siècles conservés à la Bibl. Nat. 1884, p. 321.
L. Bourdery et E. Lachenaud, Léonard Limosin, peintre de
Portraits, 1897, ^°' l^'l^-
Musée de Cluny.
25i. LEONARD LIMOSIN.
François LL, roi de France, y 1560.
H. 0.447. L. 0,316.
Plaque ovale.
Musée du Louvre.
252. LÉONARD LIMOSIN.
Anne d'Esté et de Ferrare, duchesse de Guise et de
Nemours.
H, 0,19. L. 0,13.
Plaque rectangulaire.
M. LE B" Alphonse de Rothschild, Paris.
253. LEONARD LIMOSIN.
Catherine de Médicis, reine de France, -J- 1589.
H. 0,46. L. 0,32.
Plaque ovale dans un encadrement formé de huit plaques
émaillées. Signée L. L. et datée de 1568.
Cf. H. Bouchot. Les portraits aux crayons des xvi* et xvii» siè-
cles, 1884, p. 321.
96 XVI« SIÈCLE
L, Bourdery et E. Lachenaud, Léonard Ltmosin, peintre de
Portraits^ 1897, n" 14.
M. le Baron Edmond de Rothschild, Paris.
7.S4. LEONARD LIMOSIN.
Louis de Gon^ague, duc de Nevers, 1595.
H. 0,70. L. 0,58.
Plaque ovale dans un encadrement moderne formé de huit pla-
ques émaillées.
Cf. H. Bouchot. Les portraits aux crayons des xvi* etxvii* siècles^
1884, p. 321.
L. Bourdery et E. Lachenaud, Léonard Ltmosin, petntre de
Portraits, 1897, n" 121.
M. Maurice Kann, Paris.
2 55. LEONARD LIMOSIN.
Françoise d'Orléans, ■]• 160J, femme de Louis I" de
Bourbon, prince de Condé.
Plaque rectangulaire.
256. LEONARD LIMOSIN.
Portrait d'homme.
Plaque rectangulaire.
257. LEONARD LIMOSIN.
Portrait d'homme.
H. 0.345. L. 0,347.
Musée du Louvre.
H. 0,19. L. 0,16.
M. SiGiSMOND Bardac, Parts,
Plaque rectangulaire.
H. 0,19. L. 0,16.
M. SiGisMOND Bardac, Paris.
258. MARTIN DIDIER PAPE (attribuée à). Fin du XVI' Siècle.
Catherine de Médicis, reine de France, -J- 1589.
H. 0,40. L. 0,4$.
Plaque rectangulaire formant la partie centrale d'un triptyque
dont les volets sont décorés de plaques figurant diverses scènes de
la vie et de la Passion du Christ.
Musée de Cluny.
TAPISSERIES
TAPISSERIES
259. LA TENTURE DE L'APOCALYPSE.
Atelier parisien de Nicolas Bataille 1375- 1380.
Laine.
La tenture de l'Apocalypse se composait à Torigine de cinq
tapisseries ou draps, comprenant 90 sujets. Il en existe encore
69 entiers ; on a des fragments de neuf autres ; douze sont com-
plètement détruits. Il ne serait pas impossible de les restituer, les
dessins ou patrons exécutés par Jehan de Bandol (Henne-
quin de Bruges), peintre de Charles V, reproduisant fidèlement
les miniatures d'un manuscrit conser\'^é à la Bibliothèque de
Cambrai. Le peintre reçut 50 livres pour son travail, et le tapissier
parisien Nicolas Bataille, chargé de l'exécution des tapisseries,
obtint pour chaque pièce, mesurant 24 mètres de cours sur 5 mètres
60 c. de hauteur, la somme de 1000 livres.
La tenture avait été commandée par Louis I" duc d'Anjou, pour
décorer la chapelle du « chastel d'Angiers » où était exposée la
croix à double traverse, formée du bois de la Vraie Croix, provenant
de l'abbaye de la Boissière. C'est en honneur de cette relique que
fut établi l'ordre de la Croix et cette croix à doubles bras porta
d'abord le nom de croix d'Anjou avant de devenir, après 1480, la
croix de Lorraine.
Chaque pièce se compose de deux séries de sujets superposés,
à fonds alternativement rouges et bleus, disposés de manière qu'un
fond rouge est placé au-dessus d'un fond bleu. A partir du 42' sujet,
le fond est semé de rinceaux ou de fleurettes. Ce n° 42 porte
des initiales L.M. (Louis d'Anjou et Marie de Bretagne, sa femme);
leurs blasons sont tracés sur les ailes des papillons volant autour
des grands prophètes placés au début de chaque pièce. Des
inscriptions en caractères gothiques qui expliquaient chaque scène
ont disparu au xvm* siècle. Il ne serait pas impossible de les réta-
blir.
Mise en vente par le Domaine après 1843, ^^ tenture, alors en
fort mauvais état, fut achetée par Mgr Angebault, évèque d'Angers,
au prix de 300 francs, et offerte par lui à la fabrique ; ainsi a été
conservé un des plus anciens et des plus précieux monuments de
loo XV" SIECLE
l'art français et de l'industrie parisienne. L'abbé Joubert en entre-
prit la restauration etiy consacra des sommes élevées.
M. L. de Farcy, d'Angers, a publié plusieurs études approfon-
dies sur cette oeuvre capitale. Les scènes exposées représentent :
N" 6 de la 'i" tapiisserie : Saint Jean considère les vingt-quatre
vieillards enlevant leurs couronnes et se prosternant devant
Jésus-Christ (fond rouge).
N" 7. Les vieillards chantent un cantique en l'honneur de
l'Agneau immolé, sanglant, et tenant l'étendard de la Résurrection
(fond bleu).
N° 80 (cinquième pièce). Saint Jean contemple les juges assis
sur des trônes (fond bleu).
N" 81. Le dragon à sept têtes sort de l'enfer, suivi de guerriers,
et marche contre la Cité défendue par les soldats fidèles. Le feu
tombe du ciel pour le dévorer (fond rouge).
Appartient à la Cathédrale d^ Angers.
260. SEIGNEURS ET DAMES. Deux tentures.
Atelier français du milieu du xv" siècle.
H. 2,85. L. 3.40. H. 3,70. L. 2,85.
Laine^ soie et métal.
Jeunes seigneurs et dames en riches costumes se détachant sur
un fond à larges raies blanches, rouges et vertes, parsemé de fleurs,
de branches et d'animaux.
Appartiennent à M. L. Bardac.
261. COMBAT D'ALEXANDRE ET DE NICOLAS
— MORT DE NICOLAS.
Atelier français du xV siècle.
H. 3,87, L. 4,85.
Laine et soie.
Fragment important d'une tapisserie qui avait de plus vastes
dimensions ; il présente divers épisodes d'un combat acharné au
cours duquel Nicolas succombe sous les coups d'Alexandre ; on
lui coupe la tête. Au bas, une légende latine explique les sujets.
Il est probable que ces épisodes sont tirés d'un roman
d'Alexandre du xv* siècle.
Appartient à M. Aynard.
262. BERGER ET BERGÈRE.
Atelier français, fin du xv* siècle.
H. a, 10. L. 3,15.
Laine et soie.
Un homme et une femme en habits champêtres gardent des
brebis ; prairie émaillée de fleurs diverses ; oiseaux. Ecusson
XV« SIECLE loi
écartelé d'or et d'azur en haut, au milieu. A droite se lit cette
inscription tronquée :
Le peschier mep esche
Car tant plus y pcsche
Et moins y proiifite.
Pièce incomplète, sans bordure.
Appartient au Musée des Gobelins.
263. PORTRAIT DE CHARLES YIU.
Atelier français fin du xv' siècle.
H. 3.00. L. 2.00.
Laine et soie.
Le Roi Charles VIII, monté sur un cheval blanc et tenant son
épée, se détache sur un fond semé de fleurettes. Dans la bordure
des petits Amours tiennent des banderoles sur lesquelles se lit la
devise : Lnqiiire pacem.
Une inscription placée à droite porte cette légende : Carolus,
invicti Ludo'cicis fiîius, PartJienopein domui, saliens siciit Hanihal
Alpes.
Tout le bas de la tapisserie a été refait et la Salamandre
ajoutée.
Appartient à M. le baron de Schickler.
264. LE MIRACLE DU LANDIT.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 1,81. L. 1,24.
L'évêquede Paris, l'abbé de Saint-Denis et leurs assistants sont
réunis ; un des prêtres tient l'hostie au-dessus d'un corporalier.
Le larron cache le ciboire en terre.
Dans le fond, l'abbaye Saint-Denis et un monument rappelant
le Palais de justice de Paris.
Légende au bas du sujet :
A Sainct Gervays ting larron print Vhostie que au lendic mist
ou s'en alla Feveque de Paris Vahbé Sainct Denys avecque^ mais au
curé deudict lieu est sortie.
Faisait partie d'une suite de onze pièces sur les miracles de
l'Eucharistie provenant de l'abbaye de Ronceray d'Angers et ven-
due au château du Plessis-Macé en 1888 (voir le catalogue).
Appartient au Musée des Gobelins.
(Une partie des tapisseries de cette suite se trouve au château de
Langeais).
102 . XVI- SIÈCLE
265. L'IDOLE.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. i,8i. L. i,io
Laine et soie,
L'Idole est précipitée d'un autel surmonté d'un dais. Saint
Antoine de Padoue nimbé tient le ciboire ; un clerc porte une tor-
che ; autres personnages.
Légende au bas : Ungydolatre qui la fov regnia avait ungfll:^
sainct Anthoine Cor délier Devant Vydole hostie sacrée porta Sou-
dainement on la vit trébucher.
Même origine que le Miracle du Lendit.
Appartient au Musée des Gobelins.
266. HERCULE ENTRE LE VICE ET LA VERTU.
Atelier français. Commencement du xvi' siècle.
H. 3,20. L. 3,$o.
Laine et soie.
Sur un fond rouge, semé de fleurs diverses, un terrain verdoyant
planté d'arbres porte trois personnages : un homme entre deux
femmes. Celle de droite qui personnifie sans doute le Vice plus
richement habillée que l'autre, tient une baguette à la main. Elle
est séparée de l'homme placé au milieu du sujet par un singe assis
à terre qui se gratte.
Appartient à M. Martin Le Roy.
267. ANGES PORTANT LES INSTRUMENTS DE LA
PASSION.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 1,80. L. 7,00.
Laine et soie.
La tenture complète compte trois tapisseries et sept tableaux.
Elle figure toute entière ici. Elle vient de l'église Sainte Croix du
Verger, consacrée en 1494, et porte les armes de Pierre de Rohan,
Seigneur de Gié et du Verger et père de François de Rohan, évê-
que d'Angers. Elle a dû être exécutée de 15 13 à 1320.
Sur un fond vert foncé, semé de fleurettes, d'oiseaux, d'animaux
variés, des Anges vêtus de chapes ou de dalmatiques d'une grande
richesse, tiennent en main les instruments de la Passion et suppor-
tent de larges écriteaux contenant des huitains en lettres gothiques
et en français se rapportant au sujet du panneau.
Appartient à la Cathédrale d'Angers.
XV!-^ SIÈCLE 103
268. PIERRE DE ROHAN ET L'ORGUE.
Atelier français. Commencement du xvi* siècle.
H. 2,10. L. 2,70.
Laine et soie.
Une femme très richement vêtue est assise devant un orgue
portatif à quarante tuyaux. Elle semble accompagner un seigneur
debout à côté d'elle qui chante en suivant les notes inscrites sur
un papier. Un page fait mouvoir le soufflet de l'orgue. Deux au-
tres jouent avec un chien et un chat. Le fond est semé de fleurettes.
La lettre P inscrite sur l'escarcelle du Seigneur fait supposer qu'on
a ici le portrait de Pierre de Rohan et de Marguerite d'Armagnac,
sa deuxième femme. Il e'tait, on le sait par le recueil de Gaignières,
grand amateur de tapisseries. Le Musée des Gobelins possède une
pièce identique, acquise, il y a une quinzaine d'années en Alsace
et qui a pu être emportée du Verger, résidence des Rohan, au
château de Saverne habité par les quatre membres de la famille de
Rohan qui se sont succédés sur le Siège épiscopal de Strasbourg de
1704 à 1790.
Appartient à la Cathédrale d'Angers.
269. LE CONCERT.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 2,90. L. 3.70.
Laine et soie.
Des personnages, hommes et femmes, jouant de l'orgue et de
divers instruments de musique. Des enfants dans les angles tien-
nent des jouets. Fond vert semé de fleurettes. Sur l'aumonière du
principal personnage on lit un A (Armagnac). La seconde femme
de Pierre de Rohan appartenait à la maison d'Armagnac.
Cette pièce paraît sortir des mêmes ateliers que la précédente.
Appartient au Musée des Gobelins.
270. UNE AMAZONE (Penthesiléc?)
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 2,20. L. 1,30.
Sur un fond vert foncé, semé d'ancolies, de pâquerettes et autres
fleurs, une jeune femme est debout portant casque et armure avec
une large ceinture. L'inscription inscrite au bas : Ati grand Siège
de Troie Diomedes requit. — A terre rabati^ tant qu'il en est mé-
moire. Avec mon armée tant d'honneur en acquit. — Que entre les
princes suis en bruyfiiriomfatoire, — semblerait indiquer que cette
guerrière représente Penthésilée,la reine des Amazones qui prit part
au siège de Troie et que nous voyons représentée sur les dessins
104 XVP SIÈCLE
du XV' siècle, relatifs à la guerre de Troie, qui appartiennent au
Musée du Louvre et sont exposés ici. A gauche, un écusson in-
complet représente trois têtes superposées ; peut-être est-ce le
blason de la Preuse que l'on voit ici.
Appartient à la Cathédrale d'Angers.
271. LA RESURRECTION DU CHRIST.
Atelier français ; commencement du xvi" siècle.
H. 3,67. L. 5,83.
Laine^ soie et métal.
"Ltl scène principale représentant le Christ sortant du tombeau
et entouré des soldats romains renversés à terre, est accompagnée
de deux autres épisodes empruntés au Nouveau Testament : l'appa-
rition du Christ à Saint Pierre, à gauche, et à la Madeleine, à
droite.
Cette tapisserie fait partie d'une tenture en quatorze pièces,
trois grandes pour les portes du chœur et onze moins hautes pour
les dossiers des stalles, données en 15 18 par l'abbé Jacques de Saint
Nectaire ou Sennectère, 38*^ et dernier abbé régulier de la Chaise-
Dieu, pour décorer le chœur de l'église. Chaque pièce porte les
armes de l'abbé ; d'argent à trois fuseaux d'azur, surmontées de la
mitre et de la crosse abbatiale.
Appartient à V église delà Chaise-Dieu (récemment réparée aux
Gobelins).
272. HISTOIRE DE SAINT-SATURNIN.
Atelier français, 1527.
H. 2,60. L. des trois panneaux 9,67.
Laine et soie.
Cette tenture, composée à l'origine de sept ou huit tableaux, a
été exécutée probablement dans les ateliers des bords de la Loire
sur les dessins du florentin André PoUastron. Elle avait été donnée
à l'église de Saint Saturnin à Tours par Jacques de Beaune, baron
de Semblançay, représenté avec sa femme Jeanne Ruzé sur le
5* tableau.
Elle porte au même panneau la date 1527. Chaque scène est
accompagnée d'une légende explicative en français.
Les trois panneaux représentent :
Le premier : Jésus-Christ choisit Saint Saturnin. — Crucifie-
ment du Christ - Résurrection — Ascension — Descente du Saint-
Esprit — Pêche miraculeuse.
Le deuxième: Adieux de Saint Pierre et de Saint Saturnin —
Saint Paul montre le ciel à Saint Saturnin — Il fait bâtir une église
— Il ordonne un prêtre.
XVr SIÈCLE 105
i
Le troisième : Délivrance de la fille du roi qui était possédée
du démon — Le roi donne l'ordre de conduire Saint Saturnin au
supplice — Martyre du Saint traîné par un taureau furieux.
C'est sur ce dernier panneau que se trouvent les portraits de
Semblançay et de sa femme.
Appartient à la Cathédrale (T Angers (i)
273. HISTOIRE DE SAINT REMY.
Atelier français. Commencement du xvi* siècle.
H. 5,00. L. 5,00.
Laine et soie.
Cette pièce représente divers traits de l'Histoire de Saint Remy
et de Saint Guénébault. Elle fait partie d'une tenture en dix tapis-
series, commandée par l'archevêque de Reims Robert de
Lenoncourt, dont le portrait se voit sur le dernier panneau, ac-
compagné d'une inscription en vers donnant la date de l'exécu-
tion 1531.
Réparée récemment aux Gobelins.
Appartient à l'Eglise de Saint Rémi à Reims.
274. HISTOIRE DE SAINT REMY.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 5,00. L. 5,00.
Laine et soie.
Dans le haut, des personnages occupés à démolir une chapelle
vers laquelle se dirige une procession. En bas, à gauche, Saint
Remy, sacré évéque de Reims, au milieu d'une assemblée de pré-
lats. A droite, le Saint guérit un possédé du démon.
Réparée récemment aux Gobelins.
Appartient à V Eglise de Saint Rémi à Reims.
zy5. HISTOIRE DE SAINT REMY.
Atelier français. Commencement du xvi' siècle.
H. 5,00. L, 5,00.
Laine et soie.
En haut, la bataille de Tolbiac, gagnée par Clovis sur Aurélien.
En bas, à gauche. Saint Remy en présence de la reine Clotilde
exhorte Clovis. A droite : Baptême de Clovis par Saint Remy.
Réparée récemment aux Gobelins.
Appartient à l'Eglise de Saint Rémi à Reims.
(i) Un quatrième panneau représentant la vocation de Saint Saturnin appar-
tient à M. Siegfried et se voit au château de Langeais.
io6 XVI- SIKCLE
276. HISTOIRE DE SAINT REMY.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 5,00. L. 5,00.
Laine et soie.
Deux sujets différents : en haut. Saint Remy fait ramasser des
blés pour parer à une disette ; des malfaiteurs mettent le feu aux
gerbes. Dans le bas, est réuni un Concile où un hérétique Arien
vient combattre la vraie foi. Il devient muet et fait amende hono-
rable pour recouvrer la parole.
Réparée aux Gobelins.
Appartient à V Eglise de Saint Rémi à Reims.
277. HISTOIRE DE SAINT REMY.
Atelier français. Commencement du xvr siècle.
H. 5,00. L. 5,00.
Laine et soie.
Quatre scènes relatant les diverses phases d'un procès se ter-
minant par la résurrection d'un mort que Saint Remy fait revenir à
la vie pour combattre le faux témoignage du gendre de ce défunt
qui refusait de délivrer un legs fait à l'église.
Réparée récemment aux Gobelins.
Appartient à F Eglise de Saint Rémi à Reims.
278. CYBELE.
Atelier de Fontainebleau. Milieu du xvr siècle.
H, 2,42. L. 4,52.
Laine et soie.
Au centre, dans un cartouche ovale, Cybèle, en camaïeu gris
sur fond jaune. Sur le champ vert qui environne ce cartouche central
s'enlèvent en gris clair des consoles, vases, chimères, corbeilles de
fleurs et petits personnages de fantaisie. Dans le haut : Chiffre de
Henri 11 et de Diane de Poitiers. Dans la bordure montante,
croissants sur fond jaune. Incomplète des parties supérieure
et inférieure. — Restaurée à la Manufacture des Gobelins.
Appartient au Musée des Gobelinsf^K
i'j<^. LA MORT DE JOAB.
Atelier de Fontainebleau. Milieu du xvi* siècle.
H. 3,90. L. 5,30.
Laine et soie.
Fond rouge. Edicules avec personnages à l'antique à gauche et
à droite; corbeilles et vases de fleurs; oiseaux, caducées, orne-
ments. Au centre de la composition, la mort de Joab. Au bas,
aigle tenant la foudre.
(i) Acheté par M. Darcel, en 1883.
XVI«= SIÈCLE 107
Bordure fond jaune, avec Amours, flèches et carquois posés
sur des trépieds; femme à pieds de chèvre portant des bannières.
Les écussons entourés de cordelières, placés aux quatre angles,
ont été ajoutés après coup.
Appartient au Musée des Gobelins.
280. LES FÊTES DE HENRI 111. — LES SIRÈNES ET LE
MONSTRE MARIN.
Tapisserie de Bruxelles, d'après un carton attribué à
François Quesnel, exécuté vers 1580.
H. 3,90. L. 1,48.
Laine, soie et or.
Sur une rivière occupant le milieu de la scène et traversée dans
le fond par un pont, un îlot occupé par trois Sirènes et en avant
une sorte de monstre marin attaqué par des combattants entassés
dans des canots. Un groupe de grands personnages au premier plan ;
on y reconnaît Henri lY de profil, sa femme Marguerite de Valois,
et son beau-frère Charles II, duc de Lorraine.
Bordure de fleurs, de rinceaux et de petites figures.
Appartient au Musée des tapisseries de Florence.
281. LES FÊTES DE HENRI 111. LES AMBASSADEURS
POLONAIS ASSISTENT A UN BALLET DONNÉ A
LA COUR.
Tapisserie de Bruxelles, d'après un carton attribué à
François Quesnel, exécuté vers 1580.
H. 3,90. L. 4,20.
Au premier plan, les ambassadeurs polonais ; l'un d'eux,
debout à gauche dans une riche robe chamarrée, une aigrette à son
chapeau cause avec Henri III, le futur roi; les autres, tournant le
dos, regardent le ballet des diverses nations, donné en leur honneur
en 1573, auquel assiste toute la cour, et, au premier rang, la reine
Catherine. A droite, un rocher sur lequel sont assises des musi-
ciennes jouant de divers instruments.
Le fond est occupé par des perspectives champêtres correc-
tement alignées.
Même bordure qu'à l'autre pièce de la même série.
Appartient au Musée des tapisseries de Florence.
282. OUVRAGE FRANÇAIS. — XVP siècle.
L'Adoration des Mages.
H. 0,47. L. 0,50.
Broderie d'or et de soie sur satin.
On lit sur la bordure Puer natus est hodie, et filius nohisdatus est.
Appartient à M. G. Schlumberger, Paris.
io8 X- SIFXLE
283. OUVRAGE FRANÇAIS (i588?).
Le Jugement de Paris — Samson et Dalila. Tapisserie
brodée.
H. 0,25. L. 2,05.
Cette pièce rappelle parles costumes les célèbres tapisseries de
la vie d'Henri III conservées au Musée des Offices. Les costumes,
les paysages et les châteaux sont de la même date environ. Le
carton de la broderie était d'un artiste habile.
Appartient à M. Charles Porgès. Paris.
284. CROIX DE CHASUBLE, EN BRODERIE, REPRÉSEN-
TANT TROIS SCÈNES DE LA NAISSANCE DU
CHRIST.
Ecole de Provence, vers 1390.
Broderie de soie.
Chronologiquement cette suite de scènes doit être regardée de
bas en haut. En bas V Annonciation, au milieu \zVisitation^ dans la
Croix V Adoration des Mages. Pour ce travail l'art du brodeur s'est
élevé à la hauteur de celui du peintre. Le carton de cette pièce dû
à quelque artiste de l'école de Paris, ayant vécu dans le midi,
rappelle par le charme de sa composition les plus délicates minia-
tures du manuscrit. Le lit sur lequel la Vierge est assise est un
meuble de la région bourguignonne et provençale ; mais la Vierge
avec son voile, ses inflexions de corps, les princes adorateurs, sont
essentiellement des figures de l'Ile de France. L'architecture des
clochers en haut de la pièce est celle de certaines églises du Jura.
Cette broderie est à rapprocher du Parement de Narbonne^ vu
son importance et sa qualité.
Trouvée dans la région du Midi.
Appartient à M. Martin Le Roy, Paris.
285. LES QUATRE AGES.
Ecole de Fontainebleau, xvr siècle.
xM. Paul Decauville.
286. TENTURE DE GOMBAUT ET MACÉE.
Atelier de Tours, xvi" siècle.
Deuxième pièce : le Jeu de Tricquet.
H. 4,30. L. 5 m.
Laine et soie.
Appartient à M. Fenaille.
SCULPTURE
SCULPTURE
Les quelques pièces dont suit V indication n'ont pas la prétention
de constituer une série complète, montrant le développement et les
œuvres essentielles de la sculpture française aux xiv*, xv* et xvi''
siècles. Elles ont été réunies simplement pour contribuer à la déco-
ration des salles de l'Exposition et pour offrir en même temps quel-
ques termes de comparaison caractéristiques entre V évolution de la
peinture française et celle delà sculpture. Elles ont été empruntées
presque uniquement à des collections parisiennes.
288. FIGURE DE ROI en haut-relief.
2* moitié du xiii* siècle.
H. o,ss Argent doré repoussé.
Le roi est représenté debout, les mains jointes, tourné de trois
quarts à droite. La position de ses pieds indique un léger mou-
vement de marche. Il porte une riche couronne d'orfèvrerie, une
tunique retenue par une ceinture et un manteau droit.
Cette pièce d'orfèvrerie, capitale pour l'histoire de l'art français
au XIII' siècle, a été découverte en 1902 à Bourges, lors de la démo-
lition d'un vieux mur d'une maison gothique à pans de bois.
M. Emile Molinier, qui l'étudié dans le volume du Centenaire de la
Société des Antiquaires de France, suppose qu'elle provenait d'une
Châsse des Rois Mages conservée à la cathédrale de Bourges et si-
gnalée encore dans un inventaire de 1537. La Châsse aurait été
détruite au moment des troubles protestants de 1560, la plupart
112 XIII'- SIÈCLE
des morceaux fondus, celui-ci caché et oublié sans doute par le
receleur.
La décoration de cette Châsse des rois Mages, devait com-
prendre, en dehors de la Vierge assise et du Saint Joseph debout
derrière elle, trois rois mages, le premier agenouillé, les autres
debout, chaque ligure étant sans doute comprise dans une niche.
Le style de ce morceau, qui ne paraît pas postérieur à 1260 ou
1270, est comparable à celui des plus belles œuvres plasti-
ques du temps de Saint Louis. Il rappelle de bien près le roi qui
figure dans le Jugement dernier du tympan de la cathédrale de
Bourges, le Childebert de Saint-Germain-des-Prés, aujourd'hui au
Louvre, ou telles des statues exécutées à Saint-Denis par ordre de
Saint Louis pour les tombeaux de ses prédécesseurs.
Comme ces dernières, c'est une figure très impersonnelle, d'une
noblesse tranquille en même temps que d'une vérité d'attitude et de
mouvement admirable. C'est un spécimen unique dans son genre,
très typique dans son caractère général, qui permet de se rendre
compte au seuil de cette exposition, de la qualité de l'art français
immédiatement antérieur à celui qui y est visé.
M. Georges Hoentschel.
289. TÊTE DE FEMME.
Milieu du xiii* siècle.
H. 0,20. Pierre.
, Cette tête provient de Reims et sans doute de la cathédrale.
C'est un type achevé de l'art hautement idéaliste du milieu du xiii"
siècle. Le visage régulier est d'une pureté de lignes absolue, d'une
expression calme et d'une noblesse extrême.
M. PoL Neveux.
290. TÊTE DE ROI.
2* moitié du xiiT siècle.
H. 0,26. Pierre autrefois peinte.
Le ne:^ a été refait.
Ce fragment, qui provient également de Reiras, devait appar-
tenir à quelque figure décorative de la cathédrale. Les cheveux et
la couronne sont largement et sommairement traités. Mais la
figure, d'un modelé souple et individuel, indique déjà les recherches
de vérité plus précise tentées par les derniers imagiers qui travail-
lèrent à Reims vers le temps de la mort de Saint Louis et qui furent
les véritables initiateurs du réalisme français du xiv' siècle.
M. Albert Maignan.
N" 307 du Catalogue
Cliché Fichol.
I
XIII- SIÈCLE 113
29J. ANGE DEBOUT.
2* moitié du xilT siècle.
H. 0,80. Bois peint et doré.
Malgré ses mutilations, cette figure d'ange souriant, qui faisait
partie sans doute d'une Annonciation, garde une grandeur de style
et une beauté tout à fait rare. Elle a été achetée à Gournay par
M. Jules Maciet qui en a fait don au Musée des Arts décoratifs,
ainsi que de la plupart des sculptures gothiques de cette collection.
Elle provient probablement de Saint-Germer. Les draperies, amples
avec leurs grands plis droits et bien formés, sont dans la meilleure
tradition du xiii^ siècle. Le sourire est celui que l'on retrouve dans
nombre des figures d'anges de Reims, sourire épanoui qui devien-
dra grimaçant seulement dans les œuvres de l'Est, de Bâle ou de
Bamberg, dérivées des créations de nos imagiers champenois.
Union centrale des Arts décoratifs.
292. GROUPE DE L'ANNONCIATION.
Fin du xiir siècle.
H. 0,31 et 0.30. Ivoire.
Ces deux statuettes, rapprochées pour la première fois lors de
l'exposition rétrospective de 1900, constituent très probablement
un groupe complet et merveilleusement intact. Seuls, les pieds et
la main droite de l'ange ont été refaits, ses ailes et son phylactère
manquent. Ces deux figurines ont toute l'ampleur des statues monu-
mentales qui garnissent le portail de nos cathédrales du xiii' siè-
cle et dans leurs dimensions restreintes, elles nous donnent un spé-
cimen démonstratif de la perfection atteinte par nos imagiers fran-
çais de cette époque. L'ange, en particulier, a dans l'expression, une
finesse de sourire qui le rapproche des célèbres figures de Reims et
aussi de l'ange de Saint-Germer, ici exposé (n" précédent). LaVierge
est plus originale peut-être encore, elle s'incline légèrement et
respectueusement devant le messager divin, avec une gravité
sereine et une dignité que vont compromettre bientôt les recher-
ches d'élégance précieuse du xiv' siècle.
M. Chalandon — M. Garnier.
293. VIERGE debout portant l'Enfant.
Fin du xiii* siècle.
H. 0,96. Pierre peinte.
Œuvre de transition entre le xiii' et le xiv° siècle gardant encore
la gravité et la dignité des figures du xnr' siècle, mais avec une
recherche très marquée d'élégance et de sveltesse.
Union centrale des Arts décoratifs.
8
114 XIV SIÈCLE
294. LA VIERGE ET L'ENFANT.
Début du XIV" siècle,
H. 1,40. Bois.
Cette statue de provenance inconnue, rappelle encore, par la
grandeur du style et le caractère large et simple des draperies, les
statues monumentales de la seconde moitié du xiii' siècle. Elle
n'est certainement pas très éloignée comme date de la Vierge de la
Porte Dorée d'Amiens, et de celle du portail nord de Notre-Dame
de Paris. L'enfant bénit encore, au lieu de jouer familièrement avec
sa mère comme dans presque toutes les Vierges du xiv* siècle.
Néanmoins, l'élégance de la figure féminine et sa position forte-
ment hanchée, sa grâce souriante et l'allongement de ses propor-
tions, semblent bien indiquer les caractères de l'art qui fleurit, no-
tamment dans l'Ile-de-France, au début du xiv' siècle.
M. Martin Le Roy.
295. DEUX ANGES DEBOUT.
Fin du xiir ou début du xiv' siècle.
H. 0,60. Bots.
Ces deux statuettes d'angelots long-vêtus sont à rapprocher
entre autres des anges provenant de Poissy, aujourd'hui à Cluny
et au Louvre. Bien des caractères y rappellent encore l'art du xiii*
siècle ; mais la draperie plus mince, le sourire très accentué et lé-
gèrement grimaçant,indiquent une date un peu plus avancée.
M. Martin Le Roy.
296. STATUE DE FEMME INCONNUE.
1" moitié du xiv' siècle.
H. 1,35. Bois peint.
(Les mains et la partie supérieure de la tête sont restaurées).
Cette statue, dont on ignore malheureusement la provenance,
offre des rapports évidents avec certaines figures tombales de
Saint-Denis, notamment avec celle qui passe pour représenter
Marguerite d'Artois (1311). Ce n'est pas cependant une figure gi-
sante. La personne était figurée debout, les mains jointes, comme
la belle-sœur de Charles V, Marie de Bourbon, placée jadis ados-
sée à un pilier de l'église de Poissy, aujourd'hui à Saint-Denis.
C'était sans doute une statue de donatrice placée dans quelque
église ou quelque chapelle en mémoire de ses bienfaits. Elle porte
le costume laïque des dames du temps de Philippe le Bel. Elle nous
ofTre, malgré l'emploi assez exceptionnel du bois, un bon type de
ces statues-portraits du début du xiv» siècle, où les intentions réa-
listes s'accusent à peine et où persistent les recherches de style et
XIV« SIECLE IIS
d'élégance de la statuaire gothique de l'époque précédente. On
peut comparer le système de la draperie avec celui des anges de
Saint-Martin de Laon, et de mainte Vierge de la même époque
(début du XIV' siècle). Le travail parait bien appartenir à la région
de l'Ile-de-France.
M. DE Sainville.
297. VIERGE à demi-couchée sur un lit et tenant l'Enfant.
I" moitié du xiv' siècle.
H. 0,65. Haut reliefs bois peint et doré.
La composition de la Nativité à laquelle appartenait ce frag-
ment avec le boeuf et l'âne au pied du lit, peut être rapprochée de
celles de nombre de miniatures et de peintures de l'époque, le type
des figures également. C'est un exemple de ces thèmes courants
dans l'art français de la fin du xiii" et du xiv° siècle, sur lesquels
s'exerça l'activité des artistes de la cour des Valois, qu'ils fussent ori-
ginaires du Centre, du Nord ou du Midi.
Union centrale des Arts décoratifs.
298. VIERGE assise allaitant l'Enfant-
Milieu du xiv* siècle.
H. 0,75. Marbre.
Ce petit groupe en marbre est très caractéristique des formules
courantes dans l'art français du milieu du xiV siècle, ainsi que du
sentiment général de l'art de l'époque, en sculpture comme en
peinture.
M. Martin Le Roy.
299. VIERGE DE L'ANNONCIATION.
Milieu du xiv" siècle.
H. 0,70. Marbre.
Infléchie sur le côté gauche, la tête voilée, sans couronne, la
main droite haute, la gauche ranienée sur la poitrine et tenant le
livre, cette statuette devait faire partie d'un groupe de l'Annoncia-
tion. C'est un exemple parfait d'une exécution et d'une conserv^a-
tion rares de ces figures élégantes, fines, aux formules de draperies
un peu conventionnelles, si fréquentes dans l'art de l'Ile-d-e-France
au milieu du xiv" siècle. Ancienne collection Maillet du Boullay.
M. DOISTAU.
300. VIERGE DEBOUT PORTANT L'ENFANT.
Milieu du xiV siècle.
H. 0,96. Marbre.
Cette Vierge provient de la région du Nord de la France, d'Aire-
ii6 XIV' SIECLE
sur-la-Lys. Elle est taillée dans une matière grisâtre propre à cette
région, Comme style, elle dérive des types qui se créèrent au début
du xiV siècle dans l'Ile-de-France et dont on retrouve l'influence
au Nord comme au Midi, en Flandre comme en Espagne. Elle est de
de proportions très élancées, ce qui est assez contraire aux habi-
tudes proprement flamandes.
M. le D" Edmond Fournier.
3oi . VIERGE debout portant l'Enfant.
XIV' siècle.
H. 0,80. Bois.
Cette figure d'un type connu, n'est pas cependant conçue sui-
vant la formule banale des Vierges du xiV siècle. L'ampleur de son
manteau, la recherche de gravité de l'ensemble, la différencient des
types élégants et maniérés qui sont courants à cette époque. Pro-
venance inconnue.
Union centrale des Arts Décoratifs.
302. VIERGE assise tenant l'Enfant debout sur ses genoux.
xiV siècle.
H. 0,92. Bois.
Un cabochon de verre placé sur la poitrine de la Vierge montre
que la statuette a dû servir de reliquaire. Le type appartient à la
première moitié du xiV siècle ; mais l'œuvre elle-même pourrait
être assez postérieure.
Union centrale des Arts décoratifs.
303. VIERGE OU SAINTE couronnée.
XIV' siècle.
H, 0,7^. Pierre.
Les deux avant-bras manquent et il est assez difficile de préci-
ser quel était au juste le thème ici traité. Le style est élégant, mais
un peu sec et sent la formule.
Union centrale des Arts décoratifs.
304. VIERGE DE DOULEUR.
2" moitié du xiv* siècle.
H. 0,50. Pierre peinte.
Cette statuette de Vierge debout, les mains jointes, devait faire
pendant à un saint Jean et avoir sa place au pied d'un Christ cru-
cifié. On croit qu'elle provient de Clermont-Ferrand. Le système
de la draperie très caractéristique de l'art français du xiv* siècle, la
XIV-^ SIÈCLE 117
disposition du manteau qui forme voile sur la tête, le geste et
l'attitude générale sout tout à fait proches de ce que l'on remarque
dans les nombreuses crucifixions peintes de la même époque,
celle du Parement de Narbonne ou du Diptyque du Bargello, par
exemple,
M. Camille Enlart.
3o5. VIERGE DE DOULEUR.
2' moitié du xiv* siècle.
H. 0.50. Marbre.
Le style, ainsi que le type de cette figure, sont identiques à ceux
de la précédente. Elle est seulement d'exécution plus fine et plus
soignée.
M. Gustave Dreyfus.
3c6. APOTRE.
2* moitié du xiv' siècle.
H. 0,93. Bois peint.
Figure de proportions assez courtes. Draperies maigres et
anguleuses. Style franco-flamand analogue à celui des figures de
Beauneveu.
Union centrale des Arts décoratifs.
307. CHARLES V ET JEANNE DE BOURBON.
2* moitié du xiv' siècle.
H. 1.85, Pierre autrefois peinte.
Ces statues en pied de grandeur naturelle figuraient autrefois
aux deux côtés du portail de l'église des Célestins de Paris, que
Charles V avait fait construire près de son hôtel de Saint-Paul.
Christine de Pisan mentionne cette construction parmi celles qui
illustrèrent le règne de ce roi « grand bâtisseur », et elle ajoute
«... la porte de cette église a la sculpture de son ymage et de la
royne s'espouse, moult proprement faite.» Le portail de l'église des
Célestins est dessiné notamment dans les Antiquités nationales de
Millin (t. I, n" III, pi. 2) avec les deux effigies encore en place et,
au trumeau, une statue du pape Célestin V, canonisé sous le nom
de Saint Pierre Célestin. Dans la gravure de Millin, le roi porte
encore sur le bras gauche le modèle de l'église qu'il a consacrée,
mais sa main droite manque ; les deux mains de la reine manquent
également. On a restitué depuis les parties manquantes d'après
des gravures plus anciennes de Montfaucon.
Les deux statues passèrent, à la Révolution, au Musée des Mo-
numents français où, selon le baron de Guilhermy, on les considéra
comme représentant Saint Louis et Marguerite de Provence. De là
ii8 XIV" SIKCLE
viendrait que la plupart des figures de Saint Louis modernes offrent
les traits authentiques de Charles V.
En 1816, les effigies royales des Célestins furent envoyées à
Saint Denis avec les statues funéraires qui y avaient leur place
légitime et quelques autres comme les statues romanes de Corbeil
où l'on se figurait reconnaître des portraits de rois ou de reines de
France.
Ce sont deux admirables effigies réalistes, souples et vivantes,
dignes d'être classées auprès des statues-portraits du contrefort
d'Amiens et de la cheminée de Poitiers. Elles leur sont même pro-
bablement antérieures, ayant été exécutées, de l'avis de Courajod,
avant 1377, comme le Parement de Narbonne, où figurent aussi les
deux effigies ad vivum de Charles V et de sa femme, morte en
1377, effigies si intéressantes à comparer avec ces deux statues.
De même que le Parement de Narbonne, nous serions beaucoup
plus tentés de les attribuer à des artistes français, à un Jean
de Saint Romain par exemple, auteur des effigies célèbres aussi,
mais malheureusement disparues, de la grande Vis du Louvre, qu'à
un flamand travaillant en France, tel André Beauneveu. dont la
manière peut se juger en sculpture, par les effigies tombales de
Saint-Denis, infiniment plus lourdes dans leur réalisme un peu
vulgaire.
Le Charles V des Célestins, dans sa réalité de physionomie et
d'allure générale, garde une élégance et un esprit qui sont tout
français. Le style de sa draperie, très simple et très logique, est
identique à celui de ces certaines figures essentiellement françaises
du Parement de Narbonne, les Eglises et les Prophètes qui les
accompagnent ; la pose de la tête, la disposition même de la coif-
fure rappellent certaines statues de rois de Reims. La reine Jeanne,
pleine de familiarité et de bonhomie est un type de race et une
figure d'une individualité extrêmement saisissante. Ce sont là deux
documents historiques et deux œuvres d'art de premier ordre et
l'Exposition des Primitifs français ne pouvait s'ouvrir sous un
plus heureux patronage.
Basilique de Saint-Denis.
3o8. PETIT BUSTE D'ENFANT.
2' moitié du xiV siècle.
H. 0,20. Bois.
Ce fragment, de provenance inconnue, est à coup sûr un por-
trait. La physionomie enfantine y est étudiée de façon très précise
et très individuelle, comme dans certains marbres funéraires. Toute
proportion gardée, cette figure est du même art que les statues du
contrefort d'Amiens, en particulier celle du dauphin Charles, plus
tard Charles VI, ou que celles du Palais de Poitiers.
Union centrale des Arts décoratifs.
XV« SIECLE 119
309. LA VIERGE ET L'ENFANT.
2' moitié du xiV siècle.
H. 1,4^. Bois peint et doré.
Cette statue de Vierge portant sur le bras gauche, l'enfant qui
joue avec un oiseau, selon la formule traditionnelle, provient
d'Amiens. L'enfant est assez maladroit, le visage de la Vierge peu
expressif, mais le style de la draperie est d'une très grande allure
et peut se comparer notamment à celui des figures de l'iiglise et de
la Synagogue du Parement de Narbonne ; ces formules de l'art fran-
çais du xiV siècle, plus ou moins compliquées ou appauvries, ont
persisté souvent du reste en certaines régions, jusque dans le xv*
siècle.
Cette pièce est d'une qualité toute particulière au point de vue
de la conservation de la polychromie et de l'or ancien.
M. Albert Maigxan.
3 1 G . ANGELOT assis tenant un phylactère.
2' moitié du xiV siècle.
H. 0,30. Marbre.
Cette figurine passe pour provenir de Bourges. Elle faisait par-
tie, sans doute, d'un ensemble décoratif analogue à ceux qui étaient
familiers aux peintres et miniaturistes et représentaient par exem-
ple la Vierge glorieuse ou la Trinité, entourées d'anges portant des
banderoles, analogue aussi au groupe sculpté de la chapelle Notre-
Dame-la-Blanche, dont les angelots sont conservés au Mu-
sée de Bourges.
La figure poupine de celui-ci. tournée vers le haut, indique qu'il
devait être placé au pied du trône de la Vierge. C'est un spécimen
secondaire, il est vrai, mais charmant, de l'art qui se développe
autour du duc Jean de Berr}'.
M. Albert Maignan.
3ij. VIERGE assise allaitant.
xV siècle.
H. 0,55. Pierre peinte.
Le type de la Vierge et la composition générale dérivent direc-
tement du xiV siècle. Mais la souplesse et la liberté plus grande de
l'agencement, le type plus adouci font plutôt penser à une survi-
vance de l'art du xiv» dans le xV siècle. La polychromie conser-
vée en partie est harmonieuse.
Union centrale des Arts décoratifs.
120 XV' SIÈCLE
3j2. SAINT-JEAN-BAPTISTE.
xv' siècle.
H. 1,30. Bois.
Cette statue est attribuée à l'école bourguignonne, bien qu'elle
ait été acquise par son possesseur actuel à Bayonne. Les propor-
tions élancées de la figure, le caractère un peu menu des draperies,
nous font penser plutôt à quelque atelier méridional ou septentrio-
nal, dérivé de la pure école française du xiv siècle, mais peut-
être assez éloigné du centre d'activité originel.
M. Rey.
3i3. SAINTE-CLAIRE.
2* moitié du xv' siècle.
H. 0,80 Bois.
Cette statuette, de provenance bourguignonne, passe pour
représenter Sainte Claire. Elle porterait dans ce cas le costume des
Clarisses, à moins que ce ne soit simplement un costume de veuve
ou de femme âgée. La disposition des attributs ne permet pas de
préciser . C'est un morceau très robuste, sorti sans doute de quel-
que atelier, issu de celui des ducs de Bourgogne, à Dijon. Les
éléments français et flamands s'y sont fondus dans une combinaison
originale et féconde. Rien n'est plus différent des pures produc-
tions flamandes de l'époque qu'une oeuvre de cette nature ; rien
n'est plus voisin, au contraire, de certaines figures françaises,
comme la Sainte Anne, peinte au triptyque de Moulins, ou celle
sculptée pour le château de Chantelle, aujourd'hui au Louvre.
M. Ch. Masson.
314. VIERGE debout portant l'enfant.
2' moitié du xV siècle.
H. 0.50. Pierre.
Cette statuette est tout à fait caractéristique, dans son allure
générale et notamment dans sa draperie, de l'école bourguignonne
du XV' siècle. C'est aux ateliers dijonnais qui travaillaient pour
Philippe-le-Hardi que remontent ce système de plis larges et
comme gonflés de sève, cette habileté dans le traitement des étoffes
souples et laineuses, ce style puissant et pittoresque. Leur manière
se perpétua au cours du xv siècle, et il se constitua, quoi qu'on en
ait dit, une véritable école locale dont l'action s'étendit sur un grand
grand nombre de provinces françaises. II semble bien que cette
Vierge avec son ample manteau dont un pan lui couvre la tête
et d'où émerge à peine le poupon qu'elle berce très familièrement
entre ses bras, soit issue du centre même de la production bour
XV* SIECLE 121
guignonne. Elle est de la famille des Vierges du Louvre et de
Cluny, de celle de Rouvres et de saint Jean de Losne. Cependant
une grâce plus tendre, un sentiment plus délicat la différencient de
certaines de ces Vierges, assez épaisses et vulgaires. Elle date évi-
tainement du temps ou l'art bourguignon lui-même s'affine, se dé-
tend et cherche aussi à s'approcher de cet idéal nouveau qui appa-
raît, après les grands réalistes du xv- siècle, chez Bourdichon ou
chez le maître de Moulins.
M. Raymond Koechlin.
3i5. SAINTE portant un Livre.
XV' siècle.
H. 0,62. Marbre.
Cette statuette peu caractérisée comme type iconographique
est d'une exécution raffinée et précieuse. On y sent comme dans
un certain nombre de productions françaises du xV siècle, notam-
ment la Vierge du Marturet de Riom et celle de la chapelle de
Chàteaudun la survivance des traditions d'élégance et d'esprit
du xiV siècle, sans aucune intervention de la lourdeur du réalisme
bourguignon. Ces survùvances.beaucoup trop négligées en général,
expliquent bien des caractères de l'art français, particulièrement
de celui du Centre.vers la fin du xV siècle. Elles sont très sensibles
ici dans la façon même de traiter la draperie. Il s'y ajoute une
recherche de grâce souriante et calme, très particulière à l'époque
qui précède immédiatement l'entrée en scène de l'italianisme.
M"^' LA Marquise Arcoxati-Viscoxti.
3i6. SAINT MICHEL.
XV' siècle.
H. 1.5 s Pierre.
Cette statue provient de la région de Chartres. Elle représente
l'archange sous les traits d'un tout jeune homme revêtu d'une
armure et portant par dessus un long manteau. La forme de l'ar-
mure soigneusement étudiée dans ses détails indique à peu près le
milieu du xv« siècle. La figure très élégante et très fine, d'une
allure discrète et modérée, avec une nuance de raffinement pré-
cieux, rappelle comme esprit le charmant angelot-girouette du
château du Lude. 11 fait songer aussi au Saint Michel du Musée de
Montargis et à la tête casquée du Musée d'Orléans,
M. SiGISMOND BaRDAC.
317. VIERGE portant l'Enfant.
2* moitié du xv* siècle.
*H. 1,65 Pierre peinte.
Cette statue, dont nous ne connaissons pas la provenance
122 XV" SIECLE
exacte, nous paraît par tous ses caractères se rapprocher des pro-
ductions de l'Ecole de la Loire immédiatement antérieures aux
guerres d'Italie. Plusgothique et certainement plus ancienne que la
Vierge d'Olivet, elle en est comme la préparation. C'est dans ce
style qu'on devait travailler autour de Michel Colombe, en
Touraine, vers 1480. Sa figure ronde et douce, avec le nez spirituel-
lement retroussé lorsqu'on la voit de profil, les yeux sans malice,
le sourire à peine indiqué est de celles qu'affectionnaient Fouquet
et Bourdichon. Le corsage chastement moulé, le manteau aux plis
lourds, mais sans cassures à la flamande, sans tumulte à la bour-
guignonne, se retrouvent également dans un certain nombre d'oeu-
vres tourangelles contemporaines de la jeunesse et de la maturité
de Michel Colombe, dont par malheur nous ne connaissons aucune
œuvre authentique de cette époque.
M. Georges Hoi.ntschel.
3)8. BUSTE D'UNE VIERGE DE DOULEUR.
2° moitié du xv° siècle.
H. 0,42 Bois.
Ce fragment faisait partie d'une statue de Vierge debout au pied
delà Croix, les mains croisées sur la poitrine. Bien qu'il ait été
recueilli à Chambéry, il y a lieu de le rapprocher, à cause du
type du visage très doux et discret, à cause de l'arrangement du
voile, de certaines figures de l'école de la Loire, notamment d'une
Vierge de douleur en bois dans l'Église de Beaulieu-les-Loches,
celle-ci étant assez proche du reste comme esprit et comme date
probable du Sépulcre de Solesmes. (1496)
M. Durand-Gréville.
3j9. personnage en costume Cl vil
2° moitié du xv° siècle.
H. 0,55. Pierre.
Statuette un peu lourde, aux proportions courtes, à la draperie
épaisse où se sent l'influence bourguignonne. Le personnage tient
un livre ouvert et un phylactère. Il porte sur la tête un bonnet ana-
logue à celui de certaines figures de Fouquet et de son école.
Union centrale des Arts décoratifs.
320. APOTRE.
2* moitié du xv* siècle.
H. 0,92. Pierre peinte.
Cette statuette provient de Rouen. Le personnage imberbe,
pieds nus, vêtu d'un simple manteau, parait bien représenter un
apôtre. On remarquera le sac dans lequel il porte son livre : on le
XV'" SIECLE 12;
retrouve exactement semblable chez certains pleurants des tom-
beaux du XV' siècle. C'est absolument aussi le même esprit qui se
trahit dans les proportions assez trapues de la figure et dans le
caractère réaliste et un peu vulgaire de la physionomie. La draperie
n'a pas cependant la largeur et l'ampleur de la draperie bourgui-
gnonne : avec son geste naïf, sa silhouette pittoresque, on dirait
quelque personnage secondaire emprunté aux miniatures de Fou-
quet.
M. Albert Maignax.
32 1. TÊTE D'ÉVÊQUE.
Fin du XV' siècle.
H. 0,42. Bois.
Ce fragment, d'un style large et puissant, provient d'Amiens.
C'est un type achevé de l'art réaliste du xv" siècle. On remarquera
l'ornementation très soignée de la mitre, où est représenté un
Christ bénissant, entre un saint Pierre et un saint Paul agenouillés.
Union centrale des Arts décoratifs,
322. SAlNT-jEAN-BAPTlSTE.
2' moitié du xv° siècle.
H. 0,90. Bois peint.
Le saint, vêtu d'une tunique en peau de bête et d'un grandjman-
teau, porte simplement l'agneau posé sur le bras gauche, suivant
les habitudes du xv' siècle. Cette statuette un peu courte, de senti-
ment réaliste et pittoresque appartient à la région picarde.
M, Martin Le Roy.
323. LA VIERGE ET L'ENFANT.
Fin du XV' siècle.
H. 0,98, Bois autrefois peint.
Cette statuette de provenance inconnue, paraît appartenir au
nord de la France, peut-être à la région picarde, La Vierge de-
bout, sans inflexion, tient sur le bras droit l'enfant Jésus à qui elle
présente de la main gauche une grappe de raisin. Son manteau jest
assez ample niais sans grande complication de plis. Son visage
offre un type très particulier et très individuel. L'enfant, vêtu-d'une
chemise ouverte qui laisse voir son petit corps grêle, soigneuse-
ment détaillé, est d'une exécution spirituelle. L'ensemble témoigne
d'un esprit réaliste et pittoresque, précis et minutieux, assez com-
mun dans l'école française de la fin du xv' siècle, surtout dans le
Nord,
M. DE Sainville.
124 ^V'= SIÈCLE
324. LA VIERGE ET SAINT JOSEPH.
xV siècle.
H. 0,28. Ivoire.
Ces deux figures agenouillées l'uhe en face de l'autre apparte-
naient a un groupe d'applique représentant la Nativité. L'Enfant
Jésus placé à l'origine entre les deux personnages a disparu.
Cette façon de figurer la scène de la Nativité, d'après les repré-
sentations des mystères, n'apparait guère dans l'art européen qu'au
XV' siècle. On la retrouve, entre beaucoup d'autres exemples, dans
le tableau attribué au Maître de Flemalle et appartenant au Musée
de Dijon.
M. Emile Molinier.
325. SAINT MICHEL.
xv* siècle.
H. 0,80. Marbre.
L'archange, revêtu d'une armure recouverte d'un ample man-
teau, tient la balance de la main gauche et de la droite, la lance
dont il transperce le démon. Celui-ci est représenté sous la
figure humaine. L'attitude juste et précise, l'expression ingénue de
la figure, la draperie souple et sans exagération, rapprochent cette
charmante statuette des œuvres françaises d'origine, bien qu'elle
provienne directement d'Espagne. On sait du reste que presque
toute la sculpture gothique dans ce pays est d'influence sinon
d'exécution française.
M. Georges Hoentschel.
326. DONATEUR AGENOUILLÉ.
Fin du xV siècle.
H. 0,65. Pierre.
Le personnage assez jeune, imberbe et les cheveux longs, sem-
ble porter un costume ecclésiastique. Statuette-applique qui était
placée auprès d'une Vierge debout. Provient de Neufchâtel-en-
Braye.
M. Lemann
327. PERSONNAGE EN COSTUME CIVIL, tenant un faucon
sur son poing.
Début du xvr siècle.
H. 0,45. Pierre.
Cette statuette d'une exécution très fine et soignée paraît avoir
figuré dans quelque ensemble de retable sculpté, peut-être dans un
XVr^ SIÈCLE 125
cortège de rois Mages. C'est une sculpture ferme et précise qui
rappelle les œuvres des huchiers brabançons de la fin du xV siècle,
ou celle de ces imagiers français qui sculptèrent, à peu près dans les
mêmes données, certains hauts-reliefs compliqués et pittoresques,
ou ces petits groupes épisodiques dispersés le long des voussures
des portails flamboyants.
M. LE Comte îsa.\c de Camoxdo.
328. SAINTE-CATHERINE.
Début du xvi* siècle.
H. 0,35. Marbre.
Cette petite figurine de sainte debout portant l'épée et le livre
avec près d'elle la roue de son supplice, représente Sainte Catherine
d'Alexandrie. Par sa matière et aussi un peu par son style, elle fait
penser aux statuettes qui décorent les tombeaux de Brou. Elle
paraît cependant plus française, étant beaucoup plus simple d'ajus-
tement, d'attitude moins maniérée et de charme plus discret.
M. Gustave Dreyfus.
329. VIERGE DE L'ANNONCIATION.
I'' quart du xvr siècle.
H. 0,45. Marbre.
La Vierge est agenouillée à côté d'un pupitre à pied coudé très
fréquent dans l'iconographie du xv' siècle. Elle se retourne vers
l'ange qui lui apporte le message divin. Derrière elle, un petit per-
sonnagebarbu, encapuchonné, représente probablement St Joseph.
Ce fragment provient de Bourg-en-Bresse, et semble pouvoir se
rattacher à l'art de Brou. L'influence flamande y est tout à fait évi-
dente. Le marbre est celui du Jura.
Union centrale des Arts décoratifs.
330. VIERGE DEBOUT, LES BRAS CROISÉS.
i*"" quart du xvr siècle.
H. 1,03. Pierre.
Cette figure paraît avoir fait partie d'un groupe de l'Annoncia-
tion. Le caractère de la tête et de la draperie ainsi que les orne-
ments du manteau donnent une date assez avancée. Le type icono-
graphique est cependant encore celui du xiv' siècle; au xv* et au
xvi' siècle, les Vierges françaises de l'Annonciation sont générale-
ment agenouillées.
Union centrale des Arts décoratifs.
126 XVI" SIÈCLE
33 ï. BUSTE-RELIQUAIRE.
I" quart du xvi' siècle.
H. 0,43. Bois peint.
Ce buste provient d'une ancienne église de Chartres, Aucune
inscription, aucun attribut ne permet d'indiquer la sainte ici repré-
sentée. Le type accusé avec une recherche très précise d'individua-
lisme est, dit-on, tout à fait propre à la région beauceronne. C'est
un véritable portrait.
M. Albert Mayeux.
332. SAINTE MARTYRE.
1" quart du xvi* siècle.
H. 1,35. Pierre autrefois peinte.
La sainte ici représentée porte un livre et une palme, attributs
peu caractéristiques qui ne permettent guère de la nommer. Elle
provient, paraît-il, des environs de Nantes. Le surcot et les diffé-
rentes parties du costume, caractéristique du temps de la reine Anne
de Bretagne, sont très soigneusement détaillés. La figure est
évidemment contemporaine des chefs-d'œuvre de l'école tou-
rangelle et l'on peut même supposer que les sculptures de Michel
Colombe au tombeau des Carmes de Nantes ne furent pas sans in-
fluencer l'imagier, local sans doute, qui tailla cette figure vers isi<>
ou 1^20.
M. Besse.
333. LA VIERGE ET L'ENFANT.
I" moitié du xvr siècle.
H. 1,28. Pierre.
Cette Viergejdebout, portant l'enfant sur le bras gauche, pro-
vient de la collection Vaïsse de Marseille. Elle appartient vraisem-
blablement au Midi de la France. La recherche d'expression un peu
grimaçante de la figure, le geste précieux, le mouvement du corps
très accusé, témoignent des influences italiennes déjà presque
prépondérantes. Elle rappelle, mais avec moins de charme, la
Vierge de Saint-Galmier.
Union Centrale des Arts décoratifs.
334. SAINT-ROCH DANS UNE NICHE FLAMBOYANTE.
I" moitié du xvr siècle.
H, 0,88, Bois.
Fragment pittoresque, mais un peu fruste, qui appartenait sans
doute à la façade de quelque maison. Provient d'Amiens.
Union Centrale des Arts décoratifs.
XVP SIÈCLE 127
335. DEUX APOTRES, dans des niches Renaissance,
I" moitié du xvr siècle.
H. 0,80 Marbre.
Ces deux fragments, représentant Saint Paul et saint Jacques
dans des niches à coquilles flanque'es de pilastres classiques pro-
viennent sans doute de la décoration d'un tombeau due à quelque
atelier franco-italien du temps de Louis XII ou de François I",
le style des figures très classiques et très mouvementées est à peu
près celui des Juste, marbriers italiens établis en Touraine.
M. M. DU Seigneur.
336. LA VIERGE ET L'ENFANT.
Milieu du xvr siècle.
H. 0,95. Marbre.
Cette statuette, d'une exécution très fine, et d'un maniérisme
assez gracieux, n'est pas sans rapport avec les créations de l'école
troyenne du milieu du xvi' siècle. Mais ce style très pénétré d'ita-
lianisme est assez répandu dans presque toutes les provinces
françaises à cette époque et en l'absence de traditions, il nous pa-
raît difficile de préciser sa provenance.
M. Besse.
337. LA JUSTICE.
Milieu du xvi* siècle.
H. 0.58. Pierre.
Cette figure allégorique de Vertu, offre de grandes analogies
avec plusieurs statuettes conservées au Musée de Cluny, ainsi que
dans la collection Meige, à Paris, toutes d'origine champenoise, et
faisant partie sans doute autrefois d'un même ensemble. On peut
les attribuer à l'atelier des Juliot, sculpteurs travaillant à Troyes,
de 1525 à 1550 environ. Ce sont des morceaux élégants, compli-
qués et maniérés qui accusent l'influence grandissante de l'italia-
nisme, tout en gardant certains caractères gothiques, dans le pitto-
resque très cherché de l'ajustement, par exemple. Ancienne
collection Gréau.
M. Raymond Kœchlin.
338. BUSTE D'ENFANT.
2' moitié du xvi* siècle.
H. 0,29. Marbre.
Le costume et la coiffure de ce petit portrait, indiquent la date
approximative de 1570 à 1580. On l'a attribué (Molinier. Monu-
ments Piot, t. VI) à Germain Pilon ou à son atelier, et on a proposé
d'y reconnaître un portrait de la petite Marie-Elisabeth, fille de
128 XVI- SIÈCLE
Charles IX et d'Elisabeth d'Autriche, morte en 1578, à l'âge de cinq
ans ; elle en aurait ici, trois ou quatre. Il est difficile de rien affir-
mer devant une physionomie aussi peu formée, bien que le souci
d'exactitude et la qualité réaliste de l'exécution soient très évi-
dents. D'autre part, l'attribution à Pilon est assez plausible, mais
n'est nullement prouvée ; le caractère de ce buste diffère beaucoup
de celui du Louvre, qui passe pour représenter Henri IV enfant,
et qui n'est du reste attribué à Pilon que par une simple tradition.
Ancienne collection Bonnaffé.
Mme la Marquise Arconati-Visconti.
ŒUVRES EXPOSEES
A LA
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
MANUSCRITS A PEINTURES
MANUSCRITS A PEINTURES
AVIS
La galerie affectée à l'Exposition est destinée à devenir,
dans peu d'années, la pièce principale du Département des
médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale. En la cons-
truisant et en l'aménageant, l'architecte M. Pascal s'est astreint
à y faire respectueusement entrer les peintures et les sculp-
tures qui faisaient l'ornement du Cabinet des médailles du roi
établi au xviii" siècle, au-dessus de l'arcade Colbert.
Les organisateurs de l'Exposition se sont proposé d'y ras-
sembler un choix de manuscrits, d'après lesquels on pourra
suivre l'évolution de la peinture appliquée en France à la
décoration des livres depuis le xiii" siècle jusqu'au xvI^ Ces
manuscrits sont ici catalogués suivant l'ordre chronologique,
auquel il n'a été fait que de rares exceptions, justiiiées par des
analogies de provenance ou de sujet.
Le même principe a présidé, en général, au placement
des manuscrits dans les vitrines. Des exigences matérielles ont
cependant obligé de s'en écarter sur quelques points. De
plus, il a paru convenable de mettre à part, pour être placés
dans un meuble spécial au milieu de la galerie, des morceaux
d'élite qu'il importait de grouper, pour mieux faire apprécier
les chefs-d'œuvre des artistes français du xiv* et du xv® siècle.
En outre, quatre vitrines marquées des lettres A, B, C et du
chiffre XX ont été consacrées à vingt-cinq manuscrits de la
Bibliothèque mazarine, et à neuf manuscrits de la célèbre
collection de M. Henry Yates Thompson. Mais tous les
manuscrits, et plusieurs de ceux dont on trouvera des
fac-similé sur le mur du vestibule au rez-de-chaussée, sont
mentionnés au catalogue, à la place qu'ils avaient droit
d'occuper dans la série chronologique Chaque notice se
termine par l'indication de la vitrine dans laquelle se trouve
le volume décrit. Comme chacun des manuscrits exposés est
accompagné d'un numéro de renvoi à l'article correspondant
du catalogue, il sera toujours facile de se reporter soit
des manuscrits au catalogue, soit du catalogue aux manus-
crits.
Indépendamment du grand meuble installé au milieu de
la galerie et indiqué dans le catalogue par la lettre M, on a
disposé sur trois rangées et contre les murs de la pièce vingt-
huit vitrines, prêtées par l'Union des Arts décoratifs et dis-
tinguées par les chiffres romains I-XXV et par les lettres
A, B, C; ces trois dernières réservées aux manuscrits de la
Bibliothèque mazarine, et la vitrine XX à ceux du cabinet de
M. Henry Yates Thompson.
Dans la première rangée, du côté du chantier, les
vitrines I-VI.
Dans la rangée du milieu, les vitrines VII-X.
Dans la troisième rangée, du côté de la rue Vivienne, les
vitrines X-XVI.
Contre le mur du midi, les vitrines A, B, C.
Contre celui du couchant, les vitrines XX à XXII.
Contre celui du nord, les vitrines XXIII à XXV.
Contre celui du levant, les vitrines XVII à XIX.
Les visiteurs sont invités à étudier l'Exposition de la
Galerie en examinant successivement les vitrines dans l'or-
dre suivant :
Première rangée du côté de l'entrée, le côté droit et en
retour, le côté gauche ; rangée du milieu, la droite et la gau-
che ; troisième rangée, la droite et la gauche ; vitrines ados-
sées aux murs.
La visite pourra commencer ou finir par l'examen des ma-
nuscrits exposés sur les parois du meuble du milieu.
Le public devra savoir gré aux établissements publics et
aux bibliophiles de la bonne grâce avec laquelle ils ont secondé
les organisateurs de l'Exposition.
Leurs noms doivent être relevés en tête du Catalogue,
avec l'indication des manuscrits dont ils ont consenti à se
séparer pendant plusieurs mois,
La bibliothèque de l'Arsenal (les manuscrits réunis dans
les vitrines A. B. C).
La bibliothèque Sainte-Geneviève (N*" 9 et 37).
La bibliothèque Mazarine (N**' 58 et 139).
La bibliothèque Méjanes, à Aix (N° 118 bis).
La bibliothèque de Besançon (N" 43).
La bibliothèque de Bourges (i).
La bibliothèque de Poitiers (N" 119).
La bibliothèque de Verdun (N** 21).
Le séminaire de Soissons (N" 32).
M™* Jacquemart André, à Paris (N"' 34 et 86).
M. Gallice, à Epernay (N*" 126 et 174).
M. Tancrède de Scitivo de Greische (N" 127).
Le très noble marquis de Bute (N" 53).
M. Henry- Yates Thompson (N*" II, 14, 20, 28, 85, 112, 115,
129, 183).
Au rez-de-chaussée sont exposés sous verre des fac-si-
milé de manuscrits de premier ordre qu'il n'était pas possible
de mettre en original sous les yeux des visiteurs tels que :
Le registre des Hommages du comté de Clermont en
Beauvaisis, disparu depuis le xviir siècle ;
Le portrait de Charles V, de la bible du Musée Meermans-
Westreenien à la Haye ;
Les Heures de Charles V et celles du duc de Barri, qui ont
dû périr dans l'incendie de la bibliothèque de Turin;
Les Heures du duc de Berri, de la Bibliothèque royale de
Belgique ;
Les Heures du duc de Berri, et plusieurs autres manuscrits
du Musée Condé, à Chantilly ;
La Cité de Dieu de Philippe de Commynes, de la Bibliothè-
'[ que royale de La Haye ;
(i) La place a manqué pour exposer les grands lectionnaires que le duc de
Berri avait donnés à la Sainte-Chapelle de fiourges.
Les feuillets de la Cité de Dieu, des Minimes, de la Guiche
passés en Amérique.
Les Heures de Jacques Cœur, de la Bibliothèque royale
de Munich.
Les plus beaux manuscrits à peintures d'origine française
que possède le Musée britannique.
A encore trouvé place dans le vestibule une charte enlu-
minée du bon roi René, communiquée par la bibliothèque
Méjanes d'Aix.
MANUSCRITS A PEINTURES
1. LA BIBLE MORALISEE.
Latin 11560.
La Bible moralisée est une compilation de versets de la Bible
accompagnés de commentaires allégoriques et de réflexions m.o-
rales. Elle a dû être faite au temps de saint Louis. Elle comporte
une très riche illustration, consistant en deux petits tableaux pour
chacun des versets choisis par le compilateur. Le peintre chargé
de l'illustration avait à remplir sur chaque page du manuscrit huit
compartiments circulaires à fond d'or, encadrés entre les deux
colonnes de texte.
Ce mers'eilleux travail comprend plus de 5000 tableaux. Un
exemplaire à peu près complet nous en est parvenu, mais partagé
en trois morceaux : le premier (224 feuillets) est à la Bibliothèque
bodléienne d'Oxford, le deuxième (222 feuillets) à la Bibliothèque
Nationale, le troisième (184 feuillets) au Musée britannique (fonds
Harléien). C'est le deuxième de ces morceaux qui est exposé ; il
contient environ 1800 tableaux se rapportant au psautier, aux
livres Sapientiaux et aux Prophètes.
Un second exemplaire de la Bible moralisée, qui devait être
une réplique du premier, n'est plus représenté que par un cahier
de huit feuillets, que le possesseur, M. le vicomte de Hillerin, a
envoyé en 1881 à une exposition retrospective.de l'Union des arts
décoratifs. Ce cahier contient la fin de l'ouvrage. Sur la dernière
page, le peintre a représenté deux religieux occupés, sous les yeux
XIII' SIÈCLE
d'un roi et d'une reine, l'un à dicter, l'autre à copier la Bible. On
peut conjecturer que ce sont là les images de saint Louis et de
la reine Blanche ou de la reine Marguerite.
Il est assez probable que la composition de la Bible moralisée
a été entreprise sous les auspices de saint Louis.
Histoire littéraire de la France^ t.xxxi, p. 218-236. — Une page
du ms. II 560 a été reproduite en héliogravure dans V Album pa-
léographique de la Société de l'iicole des chartes. — Une page du
ms. Harléien est dans le recueil de Warner, Jlluminated manus-
cipts. Vitrine I
2. TABLEAUX BIBLIQUES DU XIU* SIECLE.
Nouv. acq. lat. 2294.
Fragments d'un recueil qui constituait un volume de très grand
luxe, et dont les peintures, remarquables à la fois par la composi-
tion, le dessin et le coloris, étaient accompagnées de légendes
latines. La Bibliothèque nationale n'en possède que quatre pages
(don de M. Jules Macier) ; M. le comte Durrieu en a retrouvé 43
feuillets dans la Bibliothèque de sir Thomas Phillipps.
Bibliothèque de VEcole des chartes^ année 1889, p. 386. —
Histoire littéraire de la France^ t. xxxi, p. 253 Vitrine I
3. EVANGELIAIRE DE LA SAINTE CHAPELLE.
Latin 17326.
Ce volume, qu'un ancien inventaire du trésor de la Sainte
Chapelle qualifie de «très beau texte des évangiles », contient les
évangiles de toutes les messes de l'année. Il peut remonter au
temps de saint Louis, Rien n'a été épargné pour en faire un livre
qui répondit à la splendeur de la Sainte Chapelle. Toutes les pages,
à peu d'exception près, sont ornées de miniatures à fond d'or d'un
éclat éblouissant.
Il en existe une réplique au Musée britannique, ms. addit. 17341.
— La copie du texte est identique dans les deux exemplaires ; les
lignes y sont coupées de la même façon. Les sujets des peintures
sont aussi les mêmes, et ils occupent les mêmes espaces. Les
miniatures du manuscrit de Londres ont été copiées d'après celles
du manuscrit de Paris ; mais la reproduction n'est guère fidèle.
Pour qu'on en puisse juger nous plaçons en regard du fol. 155 V
de notre manuscrit la chromolithographie du feuillet 145 v* du
manuscrit de Londres, que M. Warner a comprise dans son recueil,
en reconnaissant l'antériorité du manuscrit de Paris.
\'itrine I.
XIII' SIECLE
4. EVANGILES DES PRINCIPALES FETES DE
L'ANNEE.
Latin 8892.
Volume exécuté au xiii' siècle. Il vient de la Sainte Chapelle,
et la plupart des évangiles y sont accompagnés de peintures à fond
d'or, dont l'éclat rappelle les plus beaux vitraux de l'époque. C'est
un travail analogue à celui du ms. 17326. Vitrine II.
5. VIE DE SAINT DENIS.
Nouv. acq. franc. 1098.
Manuscrit exécuté en i2«50 dans l'abbaye de Saint-Denis. Donné
en 1877 par M. le duc de la TrémoïUe. Les pages exposées font
partie d'une série de tableaux représentant les scènes de la vie de
saint Denis.
Bibliothèque de V Ecole des chartes^ iS"]"], t. xxxviii, p. 444.
Vitrine IL
6. PSAUTIER DE SAINT LOUIS.
Latin 10525.
Ce petit volume, exécuté peu de temps après le retour de saint
Louis en France, soit vers l'année 1256, est surtout remarquable
par une série de 78 tableaux, à fond d'or, dont les sujets sont
empruntés aux premiers livres de l'Ancien Testament.
Barbet de Jouy, Notice du Musée des Souverains, p. 41 — Al-
bum paléographique de la Société de l'Ecole des chartes. — Hist.
litt. de la France, t. xxxi, p. 268. — Omont, Reproduction des 86 mi-
niatures du ms. latin 10^2^. Paris, 1902. — Delisle, Notice de dou^e
livres royaux, p. 37.
Un psautier pareil, dont les tableaux font suite à ceux du ms.
10525, est conservé à Londres dans la collection de M. Yates
Thompson. Vitrine II.
7. FRAGMENTS DE MISSEL, noté.
Cabinet de M. le comte de Wasiers.
Manuscrit du xiii* siècle. Le feuillet exposé contient le commen-
cement de la préface ; on y remarque deux grandes initiales riche-
ment enluminées, le P du Per omnia et le V du Vere dignum.
Dans la seconde initiale, l'Agneau divin est placé entre les figures
de l'Église et de la Synagogue. Vitrine III.
XIII' SIÈCLE
8. LE LIBER FLORIDUS, de Lambert, chanoine de Saint-Omer.
Latin 8865.
Le Liber Floridus est un recueil de textes théologiques et his-
toriques, qui a été composé au commencement du xii' siècle.
L'exemplaire original, en partie autographe, est à la Bibliothèque
de Gand. L'exemplaire de la Bibliothèque nationale doit avoir été
copié un peu après le milieu du xiiT siècle. Les pages exposées
contiennent une partie des figures de l'Apocalypse.
Vitrine III.
9. LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE.
Sainte-Geneviève, n" 782.
Exemplaire qui paraît bien être celui que Primat, moine de
Saint-Denis, offrit à Philippe le Hardi; le frontispice, représentant
l'offrande du livre au roi, a été reproduit en tête du t. XXIII du
Recueil des Historiens. Vitrine III.
10. LA SOMME LE ROL
Français, 938.
Volume copié en 1294 par Perrin de Falons, orné de quinze
tableaux, ce texte est accompagné de quinze tableaux sur les huit
derniers desquels ont été tracées les figures allégoriques des Vices
et des Vertus. La même suite de peintures se retrouve dans trois
autres manuscrits de l'Exposition : les n"» 14939 et 958 de la Biblio-
thèque Nationale (n"' 45 et 136 de ce livret) et le n' 6329 de l'Arse-
nal. Elle existe aussi dans le ms. 809 de la Mazarine et dans le
ms. additionnel 28162 du Musée britannique. — Les ms. 938 et
14939 nous ont conservé le programme détaillé des sujets que
l'enlumineur devait traiter. Vitrine IV.
11. PSAUTIER DE LA SAINTE CHAPELLE, vers 1290.
Cabinet de iM. H. Yates Thompson.
Manuscrit postérieur à la mort du roi Philippe le Hardi, anté-
rieur à la canonisation de saint Louis. Vitrine XX.
J2. BRÉVIAIRE DE PARIS.
Latin 1023.
Manuscrit exécuté peu de temps avant la canonisation de saint
Louis (1297), à l'usage de la famille royale. Sur le frontispice sont
représentées deux scènes de l'histoire de David.
Delisle, Notice de dou^e livres royaux^ p. 57. Vitrine IV.
XIII'-XIV* SIÈCLE
I
i3. PSAUTIER D'ORIGINE ARTESIENNE.
Latin 10435.
Ce livre, qui peut dater de la fin du xiii* siècle, renferme un
grand nombre de petites miniatures dont le sujet est expli-
qué par des légendes françaises. Sur les marges et aux bouts de
lignes, il y a beaucoup de blasons, de figures grotesques et de
croquis de personnages dont les noms sont tracés en caractères
très fins. Vitrine IV.
14. LA SAINTE ABBAYE.
Cabinet de M. Henry Yates Thompson.
Traité allégorique de dévotion.
Cet exemplaire était jadis réuni à l'exemplaire de la Somme le
Roi qui forme aujourd'hui le nis. add. 28162 du Musée britannique.
Les deux manuscrits n'ont été séparés qu'en cessant d'appartenir
au comte de Bastard.
La Sainte Abbaye et la Somme le Roi sont l'œuvre du même
calligraphe et du même enlumineur. La date peut en être fixée
aux environs de l'année 1300.
Reproduction de peintures de la Somme Le Roi dans le grand
ouvrage du comte de Bastard, dans le Recueil de la Société paléo-
graphique (pi. 245 et 246) et dans le Recueil de M, Warner.
Reproduction de peintures de la Sainte Abbaye dans l'ouvrage
du comte de Bastard et dans le Catalogue illustré de la Bibliothèque
Didot. Vitrine XX.
*. LA SOMME LE ROI, copiée en i3ii.
Arsenal, ms. 6329. (Vitrine A, n" 5).
j5. LE LIVRE DE DINA ET CALILA, mis en français par
Raimond de Béziers.
Latin 8504.
Exemplaire offert en 13 13 au roi Philippe le Bel.
Au commencement, grande miniature de présentation, sur la-
quelle sont figurés Philippe le Bel et toute la famille royale : Louis,
roi de Navarre, Charles, comte de Valois, Isabelle, reine d'Angle-
terre, et les deux jeunes princes qui devaient régner sous les noms
de Philippe le Long et de Charles le Bel. Sur les deux pages précé-
dentes sont représentées plusieurs scènes des fêtes qui eurent lieu
à Paris en 13 13 pour célébrer la chevalerie des fils du roi.
Journal des Savants^ 1898, p. 158. — Histoire îitt. de la France,
t. xxxiii, p. 192. — La miniature représentant l'hommage du livre au
roi, est gravée en tête du tome xxii du Recueil des Historiens de la
France. Vitrine IV.
10 XIV SIÈCLE
16-17-18. VIE ET MIRACLES DE SAINT DENIS.
Français 2090-2092.
Cet ouvrage a été composé en latin par Yves, moine de Saint-
Denis, et présenté au roi Philippe le Long, accompagné d'une
version française et orné d'un grand nombre de miniatures, chefs-
d'œuvre de l'art français dans le premier quart du xiv° siècle.
Le manuscrit doit avoir été exécuté vers l'année 13 17.
Notices et extraits des manuscrits^ t. XXI, part. II, p. 249.
Vitrine V.
19. DERNIERE PARTIE DE LA MEME COMPILATION.
Latin 13836.
Exemplaire copié par Guillaume L'Écossais, à la même
époque, selon toute apparence, mais avec moins de luxe que
l'exemplaire offert à Philippe le Long. 11 est daté de 13 17.
Vitrine V.
20. BRÉVIAIRE DE VERDUN, PARTIE D'HIVER.
Cabinet de M. H. Yates Thompson,
Très beau volume, exécuté au commencement du xiv siècle
pour Marguerite de Bar, abbesse de Saint-Maur de Verdun.
L'illustration en est d'une richesse et d'une variété telles que
M. Montague Rhodes James y a trouvé à décrire 741 sujets (Catal.
des mss. Thompson, série I, p. 148-178). Vitrine XX.
21 . Le tome II de ce Bréviaire (partie d'été) est conservé à la Biblio-
thèque de Verdun, sous le n" 107. La décoration en est identique
à celle du tome I ; mais elle est loin d'avoir été achevée.
Le livre est ouvert au fol. 26, sur lequel on voit dans une initiale
le fou niant l'existence de Dieu. Dans la marge inférieure de la
même page l'enlumineur s'est amusé à figurer un lion qui joue du
violon, et une dame qui fait manger un faucon dans sa main.
De ces deux volumes doit être rapproché un Pontifical fait
pour Renaud de Bar, évêque de Metz, de 1302 à 13 16, qui est dans
la bibliothèque de sir Thomas Brooke, et sur lequel on peut con-
sulter un Mémoire du Rév. E. S. Dewick, accompagné de planches
et inséré dans le tome LIV de VArchacologia; toutes les peintures
en ont été reproduites avec une parfaite fidélité dans un beau
volume que sir Th. Brooke a offert au Roxburghe Club et dont le
texte est l'œuvre du même Rév. Dewick. Le volume de fac simile
est placé à côté du manuscrit de M. Yates Thompson (vitrine XX)
pour montrer que le Bréviaire de Verdun et le Pontifical de Metz
sont sortis du même atelier. Vitrine IV.
XIV' SIÈCLE ir
22. LE ROMAN DE FAUVEL.
Français 146.
Rédaction amplifiée de ce roman, dont la copie peut avoir été
faite sous le règne de Charles le Bel. — Plusieurs des miniatures
sont à rapprocher de celles qui ornent, dans le ms. français 571,
les vers de Raoul Le Petit, sur les faits et gestes du cheval Fauvel,
ce représentant du vice et de la perfidie. La peinture du fol. 34 a
pour sujet un charivari.
Histoire littéraire de la France, t. xxxii, p. 112 et 146.
Vitrine VI.
23, BIBLE LATINE, copiée en iSij, par Robert de Billyng.
Latin 11935.
Au commencement de la Genèse (fol. 5) a été peinte l'initiale I,
qui occupe toute la hauteur de la page et dans le montant de la-
quelle sont encadrés huit médaillons quadrilobés. Le peintre y a
représenté: dans les six premiers, les travaux des six jours delà créa-
tion; dans le septième, Notre-Seigneur assis et bénissant ; dans le
huitième, le calvaire. Les enlumineurs ont fait connaître leurs
noms dans une note tracée à la fin de l'Apocalypse, en caractères
d'une extrême finesse : «Jehan Pucelle, AnciaudeCeus (ou Cens),
Jacquet Maci, il hont enluminé ce livre ci. Geste lingne de vermil-
lon, que vous véés, fu escrite en l'an de grâce MCCC et XXVII, en
un jueudi darrenief jour d'avril, veille de mai, V" die. »
La page contenant cette note a été reproduite dans la Notice sur
dou^^e livres royaux. Vitrine VI.
24-25. BREVIAIRE DE BELLEVILLE.
Latin 10283 ^* 10284.
Bréviaire suivant l'usage des Frères Prêcheurs, paraissant
avoir été exécuté avant la canonisation de saint Dominique (1334),
pour Olivier de Clisson et pour Jeanne de Belleville, femme de
celui-ci. Il a appartenu à Charles V, à Charles VI, à Richard II, roi
d'Angleterre et à Jean, duc de Berri.
Volume de très grand luxe à la décoration duquel ont travaillé
Jean Pucelle, Ancelet de Cens (ou Cens) et Jaquet Maci.
Les peintures sont d'un goût exquis.
Le Bréviaire de Belleville a été beaucoup trop rajeuni quand il
a été donné comme écrit et peint à la fin du xiv» siècle. (Monu-
ments et Mémoires de la Fondation Piot,t. m, p. 194.^
Une page du calendrier reproduite par H.Yates Thompson, The
book o_f hours ofjoan II, quecn of Navarre, part i, en regard de la
p. 6. — Trois pages dans la Notice de douT^e livres royaux.
12 XIV' SIÈCLE
Le premier tome du Bréviaire de Belleville contient une expli-
cation du programme d'après lequel ont été illustrés les calendriers
et les psautiers des deux parties de ce Bréviaire. Chaque page du
calendrier devait être ornée de peintures représentant i" les pro-
phètes et les apôtres, 2° les prédications de saint Paul, 3° les pro-
grès de l'Eglise et la décadence de la Synagogue. Ce programme a
été suivi pour l'illustration du Bréviaire de Belleville, des Heures
de Jeanne de France, reine de Navarre, du Très beau Bréviaire de
Charles V, des Grandes et des Petites Heures du duc de Berri. On
en voit encore l'application dans un manuscrit espagnol de la bi-
bliothèque du baron James de Rothschild: le Bréviaire de Martin le
Vieux, roi d'Aragon, mort en 1410. Vitrine VI.
26. ACTES DU PROCES DE ROBERT D'ARTOIS (i332).
Français 18437.
La première page du volume est remplie par un grand tableau
représentant une séance de la cour, que préâide le roi assisté des
pairs. Vitrine VI.
27. LE MIROIR HISTORIAL DE VINCENT DE BEAU-
VAIS.
Traduit par Jean du Vignai. Tome I de l'exemplaire offert par le
traducteur à Jeanne de Bourgogne, femme du roi Philippe de Va-
lois, en 1333, Français, 316.
Le frontispice représentant d'une part saint Louis et Vincent de
Beauvais, d'autre part la reine Jeanne de Bourgogne et Jean du \'i-
guai, a été reproduit en héliogravure, dans la G.î:{ette archéologi-
que^ année 1886, pi. 13,
Un autre exemplaire a été exécuté un peu plus tard pour Jean,
' duc de Normandie. Le tome I en est conservé à l'Arsenal, n' 5080,
il est exposé dans la vitrine A, n" i. — Le tome II est à Leyde
dans la Bibliothèque de l'Université (Codex Vossianus gallicus,
folio, III, A). Deux pages en ont été reproduites en héliogravure
dans la GaT^ette archéologique, année 1886, pi. 14 et 15.
Vitrine VI.
28. HEURES DE JEANNE DE FRANCE, REINE DE
NAVARRE, vers 1340.
Cabinet de M. H. Yates Thompson.
Volume dans lequel il faut remarquer : le calendrier, décoré
suivant le programme adopté pour le Bréviaire de Belleville ; —
les bordures tricolores des miniatures ; — une série de tableaux
représentant divers traits de la vie de saint Louis. — La reine
XIV SIÈCLE
Jeanne y est figurée une douzaine de fois. — Sur le fol. 150, on
voit Philippe de Valois et la reine Jeanne de Bourgogne en prières
devant les saintes reliques.
Recueil delà Société paléographique, 2" série, pi. )6. — H.Yates
Thompson, Thirty two miniatures froin the book of Hotirs of
Joan II qiieen of Navarre^ London, 1899, 2 fascicules in-4'', 32 hélio-
gravures. — Delisle, Notice de doti^e livres royaux, p. 78.
Vitrine XX.
29. L'IMAGE DU MONDE.
Français, 574.
Exemplaire de Guillaume Flote, chancelier de France sous le
règne de Philippe de Valois. Il a plus tard appartenu au duc de
Berri, qui a mis sa signature à la fin. Vitrine V.
30. LA LEGENDE DOREE EN FRANÇAIS.
Français, 241.
Volume exécuté à Paris en 1348, fournissant un exemple
à date certaine du travail des peintres parisiens à la fin du règne de
Philippe de Valois. On lit ces mots sur le feuillet collé contre le
premier plat du volume: « Richart de Monbaston, libraire, a fait
escrire ceste légende des sains en françois, l'an de grâce Nostre
Seigneur, mil CGC XLVIII ». Le frontispice du fol. 3 représente
Notre Seigneur sur un fond losange. Vitrine V.
3i. STATUTS de L'ORDRE DU SAINT-ESPRIT AU DROIT
DESIR, institué à Naples, en )352, par Louis de Tarente,
roi de Naples.
Français, 4274.
Ge manuscrit est une œuvre italienne ; nous l'avons compris
dans l'Exposition comme pièce de comparaison, et parce que
c'est un monument du règne d'un prince de sang français, Louis de
Tarente, époux de Jeanne , reine de Naples et comtesse de Pro-
vence.
Le frontispice représente le roi et la reine en adoration devant la
divine Trinité.
Une reproduction chromolithographique du manuscrit a été
publiée en 1854 par le comte Horace de Viel Gastel. — Le fac-
similé du frontispice a été compris par le comte de Bastard dans La
librairie de Jean, duc de Berry. Vitrine V.
14 XIV' SIÈCLE
32. MIRACLES DE NOTRE-DAME, mis en vers par Gautier de
de Coinci.
Bibliothèque du Séminaire de Soissons.
Exemplaire de la première moitié du xiv* siècle, très élégam-
ment calligraphé et orné de nombreuses miniatures. Les anciens
inventaires de la librairie du Louvre rappellent que le roi Charles V
le racheta des Anglais, ce qui autorise à penser que ce fut un des
volumes tombés au pouvoir des Anglais, avec les bagages du roi
Jean, à la suite de la bataille de Poitiers, de même qu'une Bible
française aujourd'hui conservée au Musée britannique (fonds
royal, 19. D, II), en tête de laquelle on lit ces mots tracés en
caractères de la fin du xiv" siècle : « Cest livre fut pris ove le roy
de France à la bataille de Peyters.,.».
Le texte et les miniatures de ce manuscrit ont été publiés par
l'abbé Poquet dans le volume intitulé Les Miracles de la sainte
Vierge ^traduits et mis en vers par Gautier de Coincy... Paris,
1857. In 4". Vitrine IV.
33. FRAGMENT DE LA BIBLE glosée en français par Jean
de Sy.
Français 1^397.
Exemplaire original dont la transcription doit être à peu près
contemporaine de la rédaction rapportée à l'an 1356 par une annota-
tion mise à la fin de la Genèse. Les tableaux des premiers cahiers
de ce splendide manuscrit, dont beaucoup sont restés à l'état
d'esquisse ou d'ébauche, peuvent être étudiés, comme les plus
remarquables spécimens de la peinture parisienne du milieu du
XIV' siècle.
Samuel Berger, La Bible française^ p. 238 et 358. — Notice du
comte Durrieu, dans Le Manuscrit, t. I, p. 93. Vitrine IV.
34. LIVRE D'HEURES.
Collection de Madame jAcaUEMART-ÀNDRÉ.
Petit volume très élégant, du milieu du xiv* siècle, fait pour
une dame, qui est représentée dans plusieurs initiales. Au bas de
la plupart des pages sont dessinés des musiciens, des animaux, des
monstres plus ou moins grotesques, etc. Au bas de la première
miniature après le calendrier, le peintre a figuré un cavalier s'ap-
prêtant à percer un léopard. On a cru reconnaître les armes de
Savoie sur l'écu du cavalier et sur la housse du cheval, et on a
supposé que le livre avait appartenu à une dame de la maison de
Savoie.
Joli type du livre d'Heures, tel qu'il a été généralement cons-
titué depuis le milieu du xiv* siècle. Vitrine IV.
XIV» SIÈCLE 15
35. LA VIE DE SAINT LOUIS par Guillaume de Saint-Pathus,
confesseur de la reine Marguerite.
Français 5716.
Exemplaire du milieu du xiv siècle, qui était dans la
librairie de Charles V. Il est orné de nombreuses minia-
tures.
Au fol. 246 V, la Justice de saint Louis. — Le frontispice est
reproduit dans les Fac simile des livres de Charles F, pi. XIII.
Vitrine III.
* MISSEL DU COUVENT DE POISSI.
jyis. 608 de l'Arsenal. Vitrine A, n» 4.
36. SECOND VOLUME DE LA BIBLE HISTORIALE.
Français 5707.
Volume de. grand luxe, copié en 1362, par Raoulet
d'Orléans et dédié à Charles, alors duc de Normandie
et dauphin de Viennois.
Le frontispice du volume est un tableau à quatre compartiments
et à bordure tricolore : le peintre y a représenté la Sagesse de
Salomon.
Sur le feuillet final on voit un petit portrait du dauphin Charles,
en prières devant une statue de la Sainte Vierge.
Barbet de Jouy, Notice du Musée des Souverains^ p. 61. — S.
Berger, La Bible française^ p. 348. — Biblioth^ de V Ecole des
chartes^ 1901? t. LXII, p. 551. — Phototypie de deux pages dans
les Fac-similé de livres de Charles V. Vitrine IV.
37. LES DÉCADES DE TITE LIVE, mises en français par
Pierre Bersuire.
Bibliothèque de Sainte-Geneviève, n* 777.
Le frontispice est un grand tableau divisé en neuf comparti-
ments à bordures tricolores, dans lesquels sont représentées des
scènes de l'histoire romaine. Le volume est ouvert au fol. 316, de
façon à faire voir le frontispice de la tierce décade.
Charles V avait mis à la fin sa signature avec une note attestant
qu'il avait fait écrire et enluminer ce livre. La signature et la note
ont été grattées mais on a pu les faire revivre, et la note était ainsi
i6 CHARLES V
conçue : « Cest livre de Titus Livius est à nous Charles le cin-
quième de notre nom et et le fimes escrire et enlumi-
ner et parfere. »
Le volume fut envoyé en 1427 par le duc de Bedford à son
beau-frère le duc de Glocester. Vitrine III
38. SECOND VOLUME DE LA BIBLE HISTORIALE.
Français 157.
Miniatures à bandes tricolores dans des quadrilobes, générale-
ment sur fond diapré.
Samuel Berger, La Bible française, p. ))). Vitrine III
39. LA BIBLE HISTORIALE.
Ms. français 20090.
Très beau manuscrit, dont les miniatures sont bordées de
bandes tricolores et qui peut dater du commencement du règne de
, Charles V. Il a fait partie de la Librairie du Louvre. Charles VI le
prêta en 1383 au duc de Berri, qui voulut se l'approprier; mais les
exécuteurs testamentaires de ce prince le restituèrent à la librairie
royale.
Samuel Berger, La Bible française, p. 360. Vitrine II
40. PSAUTIER FÉRIAL DE LA CHAPELLE DU ROI.
Latin 1082.
Ce volume, écrit sur du fin parchemin, en caractères très régu-
liers, est orné de petites miniatures bordées de bandes tricolores.
La liste des anniversaires enregistrés dans le calendrier s'arrête
au nom de Jehan, roy de France, écrit en lettres d'or. C'est un
livre écrit au commencement du règne de Charles V.
Vitrine II
41. BREVIAIRE DE PARIS, à l'usage du roi Charles V.
Latin 1052.
Les anciens inventaires des mobiliers de Charles V et du duc
de Berri annoncent ainsi ce manuscrit : « Grand bréviaire entier,
très noblement escript et très noblement enlumyné et ystorié;
Très bel Brevière, escript de bonne lettre de fourme, à l'usaige de
Paris, bien historié et enluminé. » Le livre méritait bien cette
pompeuse désignation.
Il est orné d'environ 200 petites miniatures d'une extrême déli-
catesse. Deux pages en ont été reproduites dans la Notice Je douy^e
livres royaux^ planches XVII et XVIII. Vitrine II
CHARLES V 17
42. LES VOYAGES DE JEAN DE MANDEVILLE.
Nouv. acq. Français 4515 et 4516.
La copie des Voyages est suivie d'un traité intitulé « la Preser-
vacion de epidimie ». C'est un charmant volume que Charles V
reçut en cadeau de Gervais Chrétien, son premier physicien,
comme il l'atteste par une note autographe datée de 137 1. Le
frontispice est une miniature en quatre compartiments quadrilobés
à encadrements tricolores. Le peintre a représenté dans les com-
partiments supérieurs un lecteur sur sa chaire, et un prince rece-
vant l'hommage d'un livre ; dans ceux du bas, l'aventure du
chevalier de l'île de Rhodes et de la fille d'Hippocrate, que Diane
avait métamorphosée en un grand dragon.
Ce manuscrit, jadis volé à la Bibliothèque royale, a été coupé
en deux volumes quand il est entré chez le bibliophile Barrois; il
a été recouvré par la Bibliothèque Nationale en 1888.
La première et la dernière page du Voyage sont en phototypie
dans les Fac-siniile de livres de Charles V, pi. VI et VII.
Vitrine II
«
43. LE LIVRE DE L'INFORMATION DES PRINCES.
Ms. de Besançon, n° 434.
Exemplaire daté de l'année 1372 par une note autographe de
Charles V. Les miniatures en ont des bordures tricolores. A deux
endroits, les armes de France, à fleurs de lis sans nombre, y sont
posées entre deux lions. — Voir plus loin la notice 54.
Vitrine II
44. TRADUCTION DU POLICRATIQUE DE JEAN DE
SALISBURY.
Français 24287.
Cette traduction fut faite en 1372 pour Charles V parle fran-
ciscain Denis FouUechat. Notre manuscrit est peut-être l'exemplaire
offert au roi, qui sur le frontispice est représenté dans son étude.
Vitrine VII
45. LA SOMME LE ROI.
Français 14939.
Volume copié à Paris en 1373. Il est surtout curieux parce qu'il
contient le programme d'après lequel le peintre devait exécuter le
travail. A titre d'exemple voici comment devait être compris le
tableau symbolisant l'Amitié et la Haine :
i8 CHARLES V
« Ci doit avoir une dame en estant qui a non Amistié, qui tient
un coulon. Et devant elle doit avoir un homme en estant, qui est
en forme d'omme viel, et a non Hely. — Et dessous la dame doit
avoir deus personnes qui s'entr'embracent et baisent, qui ont à non
David et Jonathas. — Et dessous Hely doit avoir un roy qui tient
une lance et veult ferirun enfes qui tient un satrelium (psalterium),
à ses pies. Le roi a non Saii, et li enfant David. »
Vitrine L
46. LE RATIONAL DES DIVINS OFFICES de Guillaume
Durant, traduit en français.
Français 437.
Cette traduction du Rational, que Charles V fit faire par Jean
Golain, fut terminée en 1374, comme nous l'apprend une note
écrite de la main du roi. Le frontispice représente Jean Golain,
assis aux pieds du roi, qui ordonne de traduire le Rational ; derrière
le roi se tiennent debout ses deux fils, le dauphin Charles et Louis
duc d'Orléans ; de l'autre côté du tableau, le peintre a figuré la
reine Jeanne de Bourbon, avec ses deux filles, Marie et Isabelle.
Cette peinture est reproduite en phototypie dans les Fac-similé de
Livres de Charles V, planche VHI. Vitrine VII
47. TRADUCTION PAR NICOLE ORESME DES POLITI-
QUES ET DES ÉCONOMIQUES D'ARISTOTE.
Cabinet de M. le comte de Wasiers.
Exemplaire du roi Charles V, copié peu de temps après l'achè-
vement de la traduction à laquelle Nicole Oresme commença à tra-
vailler en 1372.
Il est orné de 17 peintures, dont huit sont encadrées de bordu-
res tricolores. Celle du fol. 256 est un grand tableau, divisé en six
compartiments : dans les trois du haut sont les états qui font par-
tie de la cité : « Gens d'armes, gens de conseil, gent sacerdotale»;
dans les trois du bas, les états qui ne font point partie de la cité :
« Cultiveus de terre, gens de mestier, marchans. »
L'exemplaire des Éthiques qui forme le premier volume de cet
exemplaire des Politiques et des Économiques est à Bruxelles,
n" 9505 de la Bibliothèque Royale.
Delisle, Mélanges de paléographie^ p. 26. Vitrine VII
48. TRADUCTION FRANÇAISE DES PREMIERS LIVRES
DE VALÈRE MAXIME.
Français 9749.
Exemplaire original de la traduction que Simon de Hesdin rédi-
gea en 1375.
CHARLES V 19
Sur la miniature initiale, on voit, dans le compartiment supé-
rieur deux scribes occupés à écrire, l'un le texte latin, l'autre le
texte français ; dans le compartiment inférieur, le traducteur offrant
son livre à Charles V. L'écusson du bas de la page est posé entre
deux lions à très longues queues, du type que nous offrent plu-
sieurs des volumes exécutés pour Charles V.
Le frontispice est reproduit en héliogravure dans V Album pa-
léographique de la Société de l'Ecole des chartes.
Vitrine VIII
49. LE LIVRE DES VOIES DE DIEU (vers i3y5).
Français 1792.
Traduction des Visions de sainte Elisabeth, par Jac-
ques Bauchans.
Sur la première page est représenté l'hommage du livre à Char-
les V ; la marge latérale extérieure est ornée des trois écus du roi,
du dauphin et du duc d'Orléans, Cette page est reproduite dans les
Fac-similé de Livres de Charles F, pi. III. Vitrine VII
50. LA CITÉ DE DIEU DE SAINT AUGUSTIN, traduite par
Raoul de Presles,
Français 22912 et 22913.
Exemplaire destiné à Charles V et dont l'exécution peut être
fixée aux environs de l'année 1376. En tête de la dédicace une mi-
niature représente le roi recevant le livre des mains du traducteur
agenouillé et derrière lequel saint Augustin se tient debout. Sur le
frontispice du premier volume, grande peinture divisée en trois
registres, sur laquelle on voit en haut la cour céleste, en bas l'en-
trée de l'enfer, au milieu le culte des payens, celui des juifs et celui
des Chrétiens.
Cette peinture est reproduite en chromolithographie à la fin de
l'atlas du Cabinet des manuscrits. La première page du texte, en
phototypie dans les Fac-similé de Livres de Charles V, pi. x. Les
sujets choisis pour l'illustration de ces deux volumes se retrouvent
sur un exemplaire du tome II de la traduction de Raoul de Presles
qui a appartenu au duc de Berri et qui fait aujourd'hui partie du
cabinet de M. Yates Thompson. On voit aussi les mêmes sujets
dans un exemplaire du texte latin conservée au Musée britannique
(addit. 15244 et 15245), qui paraît avoir appartenu à Hugues Au-
briot, prévôt de Paris, et dont la miniature du premier livre a été
reproduite par M. W ârner. (Llluminated Mss.)
Dans nos deux volumes les armes royales sont tantôt à fleurs de
lis sans nombre, tantôt à 3 fleurs de lis. Vitrine VIII
20 CHARLES V
5i. LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE.
Français 2813.
Ce magnifique exemplaire des Grandes Chroniques, jadis divisé
en deux tomes, a dû être écrit vers l'année 1375 par un calligraphe
qui a continué à copier la suite de l'ouvrage jusqu'en 1379. Les
peintures se rapportant aux événements antérieurs à l'année 1375
sont encadrées de bordures tricolores.
Le frontispice de la seconde partie est formé par la réunion de
six petits tableaux représentant des scènes de la vie de saint
Louis,
En tête de la première partie a été ajouté, après coup, un
grand tableau représentant, en grisailles, le sacre d'un roi, proba-
blement celui de Charles VI.
Le comte de Bastard a fait reproduire (pi. 2^) A et B) les pein-
tures des fol. 3 v° 467 et 467 v": le sacre du roi et deux scènes du
voyage de l'empereur Charles IV en France. — Le tableau du
sacre de Charles V reproduit dans les Fac-similé de livres de
Charles F, pi. XIV. Vitrine IX.
52. LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE.
Français 10135.
Exemplaire de la fin du xiv siècle, dont plusieurs des minia-
tures sont entourées de bordures tricolores. Sur la dernière page
la signature du roi Charles VI. Vitrine IX.
53 LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE.
Cabinet du très noble Marquis de Bute.
Exemplaire copié à la fin du xiv* siècle, dont beaucoup de
miniatures sont bordées d'une bande tricolore.
Au bas de la première page, dans l'espace compris entre la
dernière ligne du texte et le cadre à feuilles de lierre sont peints
deux béliers s'élançant l'un sur l'autre et portant au cou, déployée
en l'air, une draperie aux armes de France; sur la marge latérale,
trois cygnes.
Chaque colonne de texte est bordée a gauche d'un filet d'or
garni de demi-fleurs de lis alternativement d'or et d'azur; les filets
se terminent en haut par une grande et élégante fleur de lis.
Ce ms. mérite d'être rapproché des deux exemplaires royaux
indiqués sous les numéros précédents.
11 est incomplet d'un certain nombre de feuillets dont plusieurs
se sont retrouvés dans le ms. Cottonien Vitellius. E. II,
Vitrine IX.
Sauvanaud, pkot.
N" 178 du Catalogue
(a* partie)
Galette des Beaux- Arts.
CHARLES V 21
54. LE LIVRE DE L'INFORMATION DES PRINCES.
Cette traduction d'un traité dont nous ne connaissons pas
l'auteur, est l'œuvre du carme Jean Golein. La copie en fut
achevée le 22 septembre 1379 par Henri du Trévou, l'un des
copistes attitrés de Charles V. La première page, ornée d'une
miniature à bordure tricolore, a été reproduite sur la planche XLI
de l'Album paléographique de la Société de l'Ecole des chartes, et
sur la planche X des Fac-similé de livres de Charles V. Voir plus
haut la notice ^j. Vitrine IX.
55. HEURES DE SAVOIE, autrement dites Très belles grandes
Heures de Charles V.
Bibliothèque de l'Université de Turin. E, V. 49.
Volume de grand luxe exécuté pour le roi Charles V et que
Charles VI donna à son oncle, le duc de Berri, en 1409,
époque à laquelle le livre était déjà connu sous la dénomination de
Heures de Savoie. Il y a lieu de craindre qu'il ait péri dans l'irré-
parable catastrophe du 21 janvier 1904.
Nous exposons l'héliotypie d'une page que MM. Carta, Cipolla
et Frati ont comprise dans leur Atlante paleografico-artistico^
publié en 1899. Cette page contient le commencement de l'Office
de saint Louis, avec une miniature représentant la translation de la
Sainte Couronne.
Le manuscrit était orné d'un grand nombre de miniatures enca-
drées de bordures tricolores. On y a compté une trentaine de
petits tableaux, sur lesquels la figure de Charles est parfaitement
reconnaissable.
On ne saurait assez déplorer la perte de ces Heures, les plus
belles probablement qui aient été à l'usage de Charles V.
Vestibule.
56. PORTRAIT DU ROI CHARLES V, PAR JEAN DE
BRUGES.
Musée Meermanno-Westreenien, à La Haye.
Ce beau portrait sert de frontispice à la Bible historiale que
Jean de Vaudetar offrit à Charles V, le 28 mars 1372. Une inscrip-
tion latine mise en regard du portrait, nous apprend qu'il fut fait
en 1371 par Jean de Bruges, peintre du roi : « Johannes de Brugis,
pictor régis, fecil hanc picturam propria sua manu. ». Une réduc-
tion du portrait en chromolithographie a été donnée dans V Inven-
taire du mobilier de Charles V (Collection de documents inédits).
CHARLES V
Le directeur de la Bibliothèque royale de La Haye M. W. G. C.
Byvank a bien voulu en faire exécuter une photographie destinée
à notre Exposition.
Vitrine X.
57. HOMMAGE DU COMTÉ DE CLERMONT EN BEAU-
YAISIS, rendu à Charles V par Louis, duc de Bourbon.
Le registre de la Chambre des comptes qui contenait l'acte de
cet hommage, avec un dénombrement très détaillé des dépen-
dances, n'existe plus. Gaignières en avait fait exécuter, par son ser-
viteur, Barthélemi Rémi, une copie où étaient reproduites les vues
des châteaux et les armes des vassaux du comte deClermont. Cette
copie, aujourd'hui ms. français 20882, est ouverte à la page sur
laquelle est figuré le château de Gournai. En tête du manuscrit
était un grand tableau réprésentant la cérémonie de l'hommage de
Louis, duc de Bourbon ; le roi trône au milieu de sa cour; derrière
lui, se tiennent ses trois frères ; les ducs d'Anjou, de Berri et de
Bourgogne, ses deux jeunes enfants, le dauphin Charles et Louis,
le futur duc d'Orléans. Beaucoup de figures, notamment celles du
roi, doivent être des portraits. Au haut et au bas du tableau sont
peintes les armes des princes, des grands officiers et des grands
vassaux. Dans la copie de Gaignières, ce tableau couvrait la page 37;
mais le feuillet répondant aux pages 37 et 38 a disparu depuis plus
ou moins longtemps. Nous en avons l'équivalent dans la litho-
graphie qu'en avait fait exécuter le comte de Bastard, pour former
la planche I de la Librairie de Jean^ duc de Berry.
Il faut comparer cette lithographie, exposée dans le vestibule
du rez-de-chaussée, avec la gravure que Montfaucon a publiée dans
les Monumens de la Monarchie française^ t. HI, en regard de la
p. 50.
Gaignière a fait entrer dans son recueil de Costumes (règnes de
Charles V et de Charles VI) la copie de plusieurs peintures du
registre des hommages de Clermont, notamment celles de la pres-
tation de l'hommage de Louis, duc de Bourbon. Cette pièce est au
fol. 8 du volume Oa 12 au Déportement des estampes.
Vitrine I.
58. LÉGENDE DORÉE EN FRANÇAIS.
Bibliothèque Mazarine, ms. 1729.
Exemplaire de la seconde moitié du xiv* siècle.
Au commencement, grande miniature représentant Notre-Sei-
gneur et la sainte Vierge, assis sur un long banc, au milieu d'un
tableau doublement quadrilobé, à bordures tricolores, aux coins
duquel sont les symboles des évangélistes.
LE DUC DE BERRI
Au bas de la page, deux lions à longues queues, séparés par un
espace réservé pour recevoir des armes.
Il existe au Musée Condé, une Légende dorée dont le frontis-
pice est analogue à celui du manuscrit de la Mazarine et dont les
peintures ont des encadrements tricolores. Si l'un des deux a été
fait pour Charles V, ce doit être celui de Chantilly, qui est un des
chefs-d'œuvre de peinture du temps de ce prince. Vitrine X
59. BIBLE HISTORIALE.
Français 159.
Volume orné de 107 miniatures à fonds diaprés, quadrillés,
fleurdelisés, échiquetés ou losanges. Il fut donné au duc de Berri
par Raoulet d'Octonville. L'ancien inventaire le dit « écrit de
lettre française ».
Berger, La Bihle française^ p. ^-^-^ Vitrine M, côté droit.
* AUTRE BIBLE HISTORIALE du duc de Berri.
Arsenal, ms. 5058. Vitrine B, n" 2.
60. LE LIVRE DU CIEL ET DU MONDE.
Français 1082.
Ouvrage attribué à Aristote, traduit en français par Nicole
Oresme. — Exemplaire portant la signature du duc de Berri et
dont la première page est ornée des armes du prince et de la devise
Le temps vendra attachée à un cygne noir. — Le frontispice, à
bordure tricolore, représente Notre Seigneurbénissant et montrant
un médaillon sur lequel sont figurés la terre et la mer, avec une
banderole chargée de cette légende : Vir insipiens non cognoscet,
et stultus non intelliget hec. Vitrine IX.
61 . TRADUCTION FRANÇAISE DU LIVRE DE BOCCACE:
DES FEMMES NOBLES ET RENOMMÉES.
Français 598
Volume orné de nombreuses peintures, que Jean de La Barre
donna au duc de Berri en février 1404. Sur le frontispice, Boccace
offre son livre à une dame attachée au service de Jeanne, reine de
Naples. Vitrine M, côté droit.
62. LES COMÉDIES DE TÉRENCE.
Latin 7907 A.
Au bas du frontispice, Térence placé au premier plan d'une
vue de Rome, fait hommage de sa comédie à un magistrat;
dans la partie supérieure, une représentation théâtrale à Rome. Ce
livre fut donné au duc de Berri par Martin Gouge, son trésorier
24 LE DUC DE BERRI
général, en janvier 1408; il est à rapprocher du Térence de la bi-
bliothèque de l'Arsenal que M. Henry Martin a décrit et qu'il
' a proposé d'appeler le Térence des ducs de Guyenne et de Berri.
Vitrine M, pan coupé.
63. RECUEIL DE RELATIONS DE VOYAGES, CONNU
SOUS LE TITRE DE LIVRE DES MERVEILLES.
Français 2810.
Très beau volume, rempli de peintures que Jean sans Peur,
duc de Bourgogne, donna en 1413 au duc de Berri. L'inscription
mise en tête du volume par Jean Flamel a été reproduite dans le
grand ouvrage du comte de Bastard, planche 255 A.
Voir A. de Champeaux et P. Gauchery, Les travaux d'art exé-
cutés pour le duc de Berri^ p. 133.
Le volume est ouvert au fol. 141 pour laisser voir la peinture
qui représente Guillaume de Mandeville prenant congé du roi
d'Angleterre. Vitrine M, côté droit.
* JOSEPHE.
Un exemplaire de la traduction de l'Histoire des Juifs, qui avait
été copié pour le duc de Berri et dont les peintures des premiers
livres avaient été exécutées par un ou plusieurs des enlumineurs
de ce prince, est indiqué plus loin, (n" 128), parmi les œuvres de
Jean Foucquet.
La librairie du duc de Berri contenait un autre exemplaire de
l'Histoire des Juifs (peut-être le texte latin), qui est indiqué dans
les anciens inventaires sous ce titre : « Un livre de Josephas, en
deux volumes, escript de lettre bien ancienne, dont l'un est histo-
rié, au commencement, de la Creacion du monde, de l'ouvrage de
Lombardie, et l'autre du roi Herode et de plusieurs autres
images.»
On voit que cet exemplaire, comme celui qui est enregistré
plus loin, n" 128, était coupé en deux volumes dont l'un commen-
çait par un tableau de la Création et l'autre par une image!
d'Hérode. Vitrine M, côté gauche.
64. PREMIER VOLUME DU ROMAN DE LANCELOT.
Français 117.
Volume ayant appartenu au duc de Berri, et plus tard au duc de
Nemours et aux ducs de Bourbon. Vitrine IX.
LE DUC DE BERRI 2=,
65. POESIES DE GUILLAUME DE MACHAUT.
Français 9221
Exemplaire du duc de Berri, dans lequel plusieurs morceaux
sont accompagnés de la notation musicale. Vitrine X.
66. LA CITE DES DAMES, PAR CHRISTINE DE PISAN.
Français 607
Exemplaire revêtu de la signature du duc de Berri. Sur le fron-
tispice, le peintre a représenté à droite Christine dans son étude,
et à gauche deux dames travaillant à maçonner les murs de la
Cité. Vitrine X.
67. PSAUTIER LATIN FRANÇAIS, copié et enluminé pour
Jean, duc de Berri.
Français 1309 1.
Les figures des prophètes et des apôtres qui sont en tête du vo-
lume sont de la main d'André Beauneveu, comme l'atteste un
article de l'inventaire dressé en 1402 : « Un Psautier escript en
latin et françois, très richement enluminé, oîi il a plusieurs ystoi-
res au commencement de la main de maistre André Beaunepveux».
Dans des inventaires de 1413 et 1416, le nom du peintre est précédé
du mot feu. (Voir R. de Lasteyrie, Monuments et mémoires de la
Fondation Piot. t. III, p. 81 et 116 (avec reproduction de 6 minia-
tures). — La reproduction du saint Pierre est dans Le Manuscrit^
t. I, p. 51. Vitrine M, côté droit.
68. LES GRANDES HEURES DE JEAN, DUC DE BERRI.
Latin 919.
Admirable volume, dont l'exécution fut achevée en 1409, sui-
vant une note de Jean Flamel. Il est ainsi désigné dans un inven-
taire de l'année 1413 : « Unes Très grans moult belles et riches
heures, très notablement enluminées et historiées de grans his-
toires de la main Jaquemart de Hedin et autres ouvriers de mon-
seigneur». Un autre inventaire les indique en ces termes :« les
Belles grandes Heures de monseigneur qu'on appelle les Très riches
Heures,
Ce volume, malgré les mutilation qu'il a subies et malgré l'ab-
sence des grandes peintures qui en ont disparu depuis la fin du
XV* siècle, est encore un des plus merveilleux livres que le moyen
âge ait produits. La décoration due en grande partie à Jacquemart
de Hesdin ne laisse rien à désirer. Les « armes et devises » du
26 LE DUC DE BERRI
duc de Berri, c'est-à-dire les lettres VE enlacées, les ours et les cy-
gnes, le « mot » LE TEMPS VENRA, y reviennent à chaque page
au milieu de rinceaux exquis, de papillons, d'oiseaux, de
quadrupèdes, d'anges, de démons et de figures grotesques
variées à l'infini. On y remarque au moins cinq portraits du duc
de Berri.
Les ours et les cygnes ,qui étaient la « devise » favorite du
duc de Berri, rappelaient peut-être le nom de OURSINE, de
même que le chiffre VE pourrait bien avoir été formé de la pre-
mière et de la dernière lettre du nom URSINE. Ne serait-ce pas le
nom de la maîtresse qui avait charmé le prince pendant qu'il était
prisonnier en Angleterre ? Ces devises se trouvent si souvent sur
les livres et les objets d'art du duc de Berri qu'il n'est pas inutile
d'insérer ici l'explication qui en est donnée dans livre du cuer
espris attribué au roi René. Le blason de Jean, duc de Berri, atta-
ché à la voûte de l'hôpital du Dieu d'amour, y est ainsi décrit :
« . . .Estoit là ataché ung autre escu d'azur à trois fleurs de lis
d'or, bordé d'une bordeure de gueulles dentelée, lequel escu si
estoit adestré d'un cygne blanc navré en la poictrine, et de l'autre
cousté d'un hours brun et très bien fait et paint bien proprement,
desoubz lequel estoit en ung roUet escript :
Jehan duc de Berry suis, ce de vérité saige,
Qui en tenant prison, et pour mon père ostaige
Le roy Jehan qui estoit es mains des Anglois pris,
Je fu si ardemment d'estre amoureux espris
D'une dame englaische, servante au dieu d'Amours,
Que vaincu me senty par ses gracieux tours.
Pour elle prins nng mot, et mis soubz mon escu
Le cygne blanc navré. Autre mot puis n'y fu.
Le livre du ciicr d'amours espris^ dans Œuvres complètes du
roi René ^ éd. de Quatrebarbes, t. III, p. 117.
Entre autres reproductions de pages des Grandes Heures, on
peut citer celles qui sont dans les ouvrages suivants: Paléographie
universelle de Silvestre, - Peintures et ornements des manuscrits
du comte de Bastard. — Le Manuscrit^ t. II, p. 133 et 147 (article
de Durrieu). — Monuments et Mémoires de la Fondation Piot^
t. III, p. 93 et 102 (article de Lasteyrie). — The book of hours qf
Joan LI^ queen of Navarre^ part I, en regard de la p. 8, (H. Yates
Thompson). Vitrine M, côté droit
69. PETITES HEURES DU DUC DE BERRI.
Latin 18014.
Ce volume a été souvent cité sous le titre d'Heures de LouU
d'Anjou; mais quoique les devises du duc de Berri n'y aient pasét^
LE DUC DE BERRI 27
peintes, il est cependant certain qu'il lui a appartenu et qu'il a été
décoré par ses peintres, notamment par Jacquemart de Hesdin.
La miniature représentant saint Louis sur son lit de mort (fol.
16) reproduite dans la Paléographie universelle de Silvestre. — Les
miniatures des fol. 183, 206 et 209 v°, dans le mémoire de M. Dur-
rien, Les Miniatures d'André' Beauneveu (^Le Manuscrit, t. I, p. 85,
88, 90. — Une page et 13 miniaturesdans le mémoire de M, de Las-
teyrie (tome III des Monuments et Mémoires de la Fondation
Piot). Vitrine X
70. LES TRES BELLES HEURES TRÈS RICHEMENT EN-
LUMINÉES DU DUC DE BERRI.
Ms. 11.060 de la Bibliothèque royale de Belgique.
De ce très beau manuscrit dont la décoration a été exécutée
par Jacquemart de Hesdin, suivant un inventaire de l'année 1402,
nous exposons dans le vestibule du rez-de-chaussée, la copie des
deux plus belles peintures : le portrait du duc Jean et l'image de la
Vierge. La photogravure de ces deux morceaux a trouvé place
dans l'ouvrage de Dehaisnes, Histoire de l'art dans la Flandre, pi.
VIII et IX ; la Vierge avait été gravée dans le tome I du lat. des mss.
de la Bibl. royale des Ducs de Bourgogne, publiés en 1844. Vol-
R. de Lasteyrie, Monuments et Mémoires de la Fondation Piot,
t. III, p. 84. Vestibule
71. LES TRES BELLES HEURES DU DUC DE BERRI.
Tel est le titre donné par un ancien inventaire à l'un des plus
précieux livres du duc de Berri qui a jadis été coupé en plusieurs
morceaux.
Le plus important de ces morceaux est celui qui a été étudié
par le comte Durrieu dans le volume publié en 1902 sous ce titre :
Heures de Turin. Quarante-cinq feuillets à peintures provenant
des Très belles Heures de Jean de France, duc de Berry.
Aux cahiers du manuscrit de Turin avaient primitivement appar-
tenu quatre feuillets, aujourd'hui conservés au Musée du Louvre.
— Ces Heures de Itirin ont péri le 21 janvier 1904 dans l'épouvan-
table catastrophe qui a détruit tant de trésors de la Bibliothèque de
Turin. Le souvenir de cet incomparable manuscrit restera conservé
par la publication du comte Durrieu.
Le deuxième morceau des Très belles Heures se trouve à Paris
dans une collection particulière. Il en existe des photographies, li-
thographies et calques qu'un ancien propriétaire du livre avait fait
exécuter et qui sont destinées à la Bibliothèque Nationale. Il y en
a deux pages dans le grand ouvrage du comte de Bastard (pi.
254)-
28 LE DUC DE BERRI
Le troisième morceau fait partie de la Bibliothèque du prince
Trivulce à Milan.
La phototypie de plusieurs des peintures du premier morceau,
dont nous avons à déplorer la perte, est exposée dans le vestibule
du rez-de-chaussée. Sur une des pages il faut remarquer l'un des
meilleurs portraits que nous possédions du duc de Berri.
Du deuxième morceau nous exposons également plusieurs des
copies que l'ancien propriétaire du manuscrit avait fait exé-
cuter. Vestibule
72. LES TRÈS RICHES HEURES DU DUC DE BERRI.
Le manuscrit ainsi dénommé dans un inventaire de l'année 14 16
est celui qui est conservé au Musée Condé et qui constitue l'un des
plus précieux trésors dont le duc d'Aumale a assuré la possession
à la France. L'inestimable valeur de ce chef-d'œuvre de la pein-
ture française au commencement du xV siècle a été souvent
signalée, depuis la notice qui en a été publiée, avec quatre hélio-
gravures, en 1884 dans la Galette des Beaux-Arts. Elle va être
mise en pleine lumière dans le volume qui paraîtra prochainement
à la librairie Pion et dans lequel l'histoire et la description du
manuscrit seront tracées de main de maître par M. le comte Durrieu
et accompagnées de la reproduction héliographique des peintures
par M. Dujardin.
La partie primitive de la décoration des Très Riches Heures est
attribuée à Pol de Limbourg et à ses frères par le rédacteur de
l'inventaire de 1416. Les peintures de la dernière partie du livre
ont été exécutées pour Charles I", duc de Savoie, très probable-
par JeanColombe, de Bourges.
Douze des héliogravures de M. Dujardin sont exposées dans le
vestibule au rez-de-chaussée. Dix viennent de la partie primitive
du livre attribuée à Pol de Limbourg et aux frères de ce peintre.
Les deux autres se trouvent dans la partie du livre dont l'illustra-
tion paraît avoir été confiée à Jean Colombe. Vestibule
73. MISSEL ET PONTIFICAL D'ÉTlENNE DE LOYPEAU,
ÉVÈQUE DE LUÇON.
Latin 8886.
Manuscrit exécuté par les artistes du duc de Berri, dont les
armes sont peintes au bas du premier feuillet et sur la tranche du
volume.
Bibliothèque de V École des chartes^ 1856, 4* série, t. II, p. 1^3.
Dans le même recueil, année 1887, t. XLVIII, p. 527, est décrit un
volume analogue, venu du même Etienne de Loypeau et exécute
dans les mêmes conditions, qui fait partie de la bibliothèque du
chapitre de Bayeux. Vitrine X
RÈGNE DE CHARLES VI 29
74. LE LIVRE DE BONNES MŒURS, composé en 1410 par
JACQUES LE GRANT.
Français 1023.
Exemplaire du duc de Berri, qui est repre'senté sur le frontis-
pice et qui a mis sa signature à la fin. — Au fol. 18, figure allégo-
rique : « Comment ire et haine nuisent à créature ».
Vitrine M, côté droit
j5. LAI DE FRAGILITÉ, par Eustache Deschamps.
Français 20029.
Traduction du De contemptu mundi, d'Innocent III. Exemplaire
orné de miniatures en grisailles, offert en 1383 à Charles VI.
Œuvres d' Eustache Deschamps, t. IL p. 361, avec le fac-similé
de deux miniatures, et t. XI, p. no. Vitrine IX.
76. LES PELERINAGES DE GUILLAUME
DE DIGULLEVILLE.
Français 823.
Manuscrit copié en 1393 par Oudin de Carnavay. La date est à
la fin du Pèlerinage de l'âme (fol. 168 v") ; le nom du copiste est
donné en acrostiche sur la dernière page du volume. — En tête du
poème, tableau divisé en quatre compartiments quadrilobés, à bor-
dures tricolores. — Le manuscrit a appartenu à Jean Bourré, le
conseiller auquel Louis XI accordait toute sa confiance. II est passé
dans la librairie de Charles VIII, qui a fait ajouter au commence-
cément un grand frontispice, aux armes royales, avec les mots
Karolus octavus et un encadrement formé de petits carrés à la
lettre gothique S en forme de 8. Vitrine M, côté droit.
77. MIROIR HISTORIAL DE VINCENT DE BEAUVAIS,
traduit par Jean du Vignai.
Français 312.
Tome I de l'exemplaire copié vers 1395, pour Louis, duc d'Or-
léans.
La miniature de présentation, reproduite en héliogravure dans
la Galette archéologique (année 1886, pi. 16), représente les
même sujets que celle de l'exemplaire offert à la reine Jeanne de
Bourgogne. Voir plus haut, le n" 27. Vitrine IX.
78. SECOND VOLUME DE LA TRADUCTION DE LA
BIBLE, par Raoul de Presles.
Français 158.
Manuscrit de la fin du xiv* siècle, avec des miniatures à bordures
tricolores. Beau frontispice à quatre compartiments quadrilobés.
Vitrine M, côté droit.
30 RÈGNE DE CHARLES VI
* MISSEL DE SAINT-MAGLOIRE DE PARIS.
Arsenal, ms. 623. (Vitrine A, n" 6.)
MISSEL donné en 1426 à Notre-Dame de Paris.
Arsenal, ms. 622. (Vitrine A, n" 3.) Vitrine M côté droit
79. TRADUCTION DE LA CITÉ DE DIEU, par Raoul de
Presles.
Français 170 et 171.
Exemplaire dont quelques miniatures sont encadrées de bor-
dures tricolores. Vitrine VIII.
80. SECOND VOLUME DE LA TRADUCTION DE LA
CITÉ DE DIEU.
Français 174.
Exemplaire des premières années du xv' siècle qui, trouvé dans
les dépouilles du grand maître Jean de Montaigu, fut remis le
7 janvier 14 10 dans la librairie du Louvre. En tête du volume,
grand tableau représentant le Christ faisant annoncer par deux
anges le jugement dernier. Vitrine M, côté droit.
81. TRADUCTION FRANÇAISE DE LA LÉGENDE
DOREE, par Jean du Vignai.
Français 242.
Fin du XIV' siècle. Le frontispice représente le couronnement
de la Vierge dans la cour céleste. Vitrine VIII
82. L'APPARITION DE JEAN DE MEUN, par HONORE
BONET.
Français 811.
Exemplaire offert par l'auteur à Valentine de Milan, duchesse
d'Orléans, comme on le voit sur la miniature de présentation.
Vitrine VIII.
83. HEURES DE LA SECONDE MOITIE DU XIV SIECLE.
Latin lo^ay.
En tête, deux miniatures à fond d'or : le Calvaire, la Vierge
siégeant au ciel à côté de son fils, avec l'inscription : Maria in celis
assumpta, en or, sur le fond d'or. Vitrine VII.
RÈGNE DE CHARLES VI 31
84. HEURES DE MARGUERITE DE CLISSON.
Latin 10528.
Marguerite de Clisson, qui épousa en 1387 Jean de Blois,
comte de Penthièvre, est représentée sur plusieurs pages de ce
livre, et notamment au fol. 29 v". Vitrine M, côté droit.
85. LE ROMAN DE BERTRAND DU GUESCLIN,
par CUVELIER.
Cabinet de M. H. Yates Thompson.
Exemplaire de la fin du xiV siècle. Orné de nombreuses minia-
tures. Vitrine XX.
86. LES HEURES DU MARECHAL DE BOUCICAUT.
Collection de Madame Jacquemart André.
Volume exécuté vers la fin du xiv' siècle pour le maréchal de
Boucicaut. Il y faut remarquer la page sur laquelle le maréchal et
sa femme Antoinette de Turenne, sont représentés à genoux, au
dessous de l'image de Notre-Dame des Sept Joies.
Sur cette page, les armes de Poitiers (d'azur à 6 besants d'or et
au chef de même) et la devise SANS NOMBRE ont été substituées,
après coup, aux armes et à la devise du maréchal. Le peintre chargé
d'opérer la substitution a oublié d'effacer sur un médaillon les
trois premiers mots de la devise de Boucicaut : CE QUE VOUS
[VOUDREZ].
La Société des Bibliophiles françois a fait reproduire en cou-
leurs les peintures de ce manuscrit, avec un mémoire dans lequel
l'ancien possesseur, M. le comte de Villeneuve, a savamment
établi l'origine de ce précieux volume (^Notice sur un manuscrit du
XIV^ stècle : Les Heures du maréchal de Boucicaut. Vzris, 1889;
in-folio). Vitrine M, côté droit.
87. LA BIBLE MORALISÈE.
Ms. français 167.
Exemplaire qui est ainsi décrit dans un inventaire de l'année
1420: «La Bible historiée, escripte en parchemin de lettre déforme,
en françois et en latin, à quatre colonnes, historiée de blanc et de
noir, et enluminé d'or et d'azur; en chacun feuillet seize
histoires ».
Il n'y a pas moins de 17152 petits tableaux, consistant en simples
dessins tracés à l'encre et à peine ombrés d'une grisaille légère au
lavis. C'est un travail de la fin du xiV siècle.
RÈGNE DE CHARLES VI
Le volume appartenait en 1404 à Philippe le Hardi, duc de
Bourgogne ; il passa plus tard dans la librairie des ducs de Bourbon
et finit par arriver dans celle du roi.
Notices et extraits des manuscrits^ YI, p. 107. — His-
toire littéraire de la France^ t. XXXI, p. 237. — Paulin Paris. Les
Manuscrits français^ t. II, p. 33. — Durrieu, Le Manuscrit^
t. II, p. 114. — De Champeaux et Gauchery, Les Travaux d'art
exécutes pour le duc de Bcrry^ p. 138. — Reproduction d'une page
dans \ Album paléographique de la Société de l'Ecole des chartes,
et de trois pages dans Le Manuscrit^ t. II, p. 87, loi et 113.
88. BIBLE MORALISÉE.
Ms. français 166.
Exemplaire inachevé, du commencement du xv' siècle, identi-
que pour le texte au ms. 167. La disposition matérielle est la même.
L'exécution dut en être entreprise par l'ordre de Philippe le Hardi,
duc de Bourgogne. Les peintures des premiers cahiers rappellent
le style de l'illustration des Heures du duc de Berri conservées au
Musée Condé ; on a cru pouvoir les attribuer à Pol de Limbourg
et à son frère, connus aussi sous les noms de Polequin etjanequin
Manuel. — La seconde partie du volume n'a reçu les peintures
dont elle est ornée que vers le milieu du xv' siècle, alors que le
livre appartenait à un membre de la famille de Poitiers.
Au commencement de ce volume, grand et magnifique tableau
en grisaille représentant saint Jérôme. Il a été reproduit dans les
Notices et extraits, t. VI, en regard de la page 124, et à la lin de
l'ouvrage de MM. C. de Champeaux et Gauchery, qui l'apprécient
à la p. 150.
Notices et extraits des tnanuscrits, t. VI, p. 113. — Hist. litt. de
la France, t. XXXI, "p. 241, — P. Paris, Les mss. Jrançois t. II,
p. 18. — B. 'Prost, dans Archives hist. artist. et litt., iS()o-iS<)i, t. Il,
p. 342. — Durneu Le Manuscrit, t. II, p. 120. — De Champeaux et
Gauchery, Les travaux d'art exécutés pour le duc de Berry, p. 138.
Reproduction de deux pages dans Le Manuscrit, t. II, p. 117
et 129. — Quatre des petits tableaux ont été gravés dans la Galette
des Beaux-Arts, 3°" période, t. IV, en regard de la p. 278.
Vitrine VII.
89. LIVRE D'HEURES DE LA PREMIERE MOITIÉ DU
XV SIÈCLE.
Latin 9471.
Volume exécuté pour un membre de la famille de Rohan, et
dont la très remarquable illustration est tirée de l'histoire sainte,
depuis la Création jusqu'à la mort de Moïse. Le sujet des peintures
RÈGNE DE CHARLES VI 33
est la concordance de l'Ancien Testament avec le Nouveau. Vo-
lume venu de la Bibliothèque de La Vallière.
Une page en est reproduite dans l'opuscule de Tabbé Rive.
Essai sur l'art de vérifier les miniatures- Vitrine XI.
90. LIVRE D'HEURES.
Français 9261.
Les peintures de ce manuscrit, se rapportant à l'histoire sainte,
dérivent du même tvpe que celles du ms. latin 9471.
Vitrine VIII
91. GASTON PHŒBUS, COMTE DE FOIX. LE LIVRE DE
LA CHASSE.
Français 619.
Exemplaire de la fin du xiv* siècle, ou du commencement du
XV', orné de peintures en camaïeu, aux armes du comte de Foix, —
Au fol. 57. « Comment on doit aler lessier coure pour le cerf. »
Vitrine VIL
92. GASTON PHŒBUS, COMTE DE FOIX. LE LIVRE DE
LA CHASSE.
Français 616.
Exemplaire du commencement du xv" siècle, aux armes de la
famille de Poitiers. Sorti de la Bibliothèque du roi au commence-
ment du xviii' siècle, il a été réintégré en 1848 dans nos collec-
tions.
Belles et très nombreuses peintures représentant des scènes de
chasse.
A. de Champeaux et P. Gauchery, Les travaux d'art exécutés
pour le duc de Berry^ p. 152. Vitrine M, côté droit.
93. TITE LIVE EN FRANÇAIS.
Français 2 =,9.
Enorme volume, copié au commencement du xv* siècle, orné de
grandes peintures en tête de chaque décade (fol. 15, 2^-) et 466), et
de petites en tête de chaque livre.
Vitrine M côté droit.
94. TRADUCTION DU LIVRE DES PROPRIÉTÉS DES
CHOSES, DE BARTHELEMI L'ANGLAIS, faite en
1 371 , par Jean Corbichon pour le roi Charles V.
Français 16993.
Exemplaire un peu postérieur à la date de la traduction ; le ta-
bleau du frontispice est divisé en quatre compartiments quadrilo-
34 RÈGNE DE CHARLES VI
bés, à bordures tricolores, dans le dernier desquels est représente
l'hommage du livre fait au roi par le traducteur. On ne saurait affir-
mer que ce soit l'exemplaire offert au roi. La même disposition du
frontispice se trouve dans quatre autres exemplaires du même ou-
vrage : les n"' 216, 22533 et 22534 du fonds français et un manuscrit
qui était en 1903 dans la librairie de M. Olschki, à Florence. Les
encadrements tricolores se voient sur les m. s 16993 ^^ 22534, ainsi
que sur l'exemplaire de M. Olschki.
Vitrine XL
95. LE MÊME OUVRAGE.
Français 216.
Très belles peintures. Les sujets du frontispice sont les mêmes
que ceux du ms. 16993, mentionné dans l'article précédent. L'exé-
cution peut dater du commencement du xv* siècle.
Vitrine XL
96. LE MÊME OUVRAGE.
Français 22531.
Exemplaire du commencement du xv' siècle. Sur la première
page, miniature représentant l'hommage du livre au roi; les marges
de cette page sont couvertes d'une suite de neuf petits tableaux
dont les sujets sont tirés du commencement de la Genèse. En re-
gard de cette page ont été ajoutées, après coup,les armes deRoche-
chouart.
Vitrine XL
97. LA FLEUR DES HISTOIRES DE LA TERRE D'ORIENT
par Hayton.
Français 12201.
Exemplaire vendu en 1403 à Philippe le Hardi, duc de Bourgo-
gne, par Jacques Raponde.
Notice du comte Durrieu, dans Le Manuscrit, t. II, p. 179, avec
reproduction de la miniature du fol. 10 v" {ibid., p. 171).
Vitrine M, côté droit.
98. LE LIVRE DES CLÈRES FEMMES, traduit du latin de
Boccace.
Français 12420.
Volume orné de 107 miniatures, que Jacques Raponde donna
en 1403, comme cadeau d'étrennes à Philippe le Hardi, duc de
Bourgogne. Ce volume a dû être copié en 1402.
Le comte Durrieu, dans Le Manuscrit^ t. II, p. 167 et 168, avec
reproduction des miniatures des fol. 18 v" et 20 v" {tbid., p. 161 et
165).
Vitrine XII.
RÈGNE DE CHARLES VI 35
99. TRADUCTION DU LIVRE DE BOCCACE : CAS DES
HOMMES ET DES FEMMES ILLUSTRES.
Français 326.
Volume orné de nombreuses peintures. Celle du fol. 6 v%
représente quatre scènes de l'histoire des premiers parents : la
création d'Eve, les recommandations de Dieu à Adam et live, la
tentation du serpent, l'expulsion du paradis terrestre.
Vitrine XIL
100. AUTRE EXEMPLAIRE du même ouvrage.
Français 127.
Ce volume paraît avoir été fait pour Jean de Daillon, gouver-
neur du Dauphiné sous le règne de Louis XL
Vitrine M, côté droit.
101. ŒUVRES DE CHRISTINE DE PISAN.
Français 603.
Exemplaire du commencement du xV siècle. Au fol. 81 V,
miniature représentant Catherine de Pisan écrivant le livre de
Mutation de fortune.
Vitrine XIL
102. POÉSIES DE CHRISTINE DE PISAN.
Français 836.
Exemplaire du commencement du xV siècle, en tête duquel est
représentée Christine offrant son livre à la reine Isabeau de
Bavière.
Vitrine XIL
jo3. L'AIGUILLON D'AMOUR DIVIN, par saint Bonaventure,
traduit par Simon de Courci.
Français 926.
Volume que Marie de Berri, fille du duc Jean, fit écrire en 1406
par son confesseur, frère Simon de Courci, cordelier. — La prin-
cesse y est représentée en prières devant la Vierge.
Vitrine XlII.
104. DIALOGUE DE CHARLES VI ET DE PIERRE
SALMON, 1409.
Français 23279.
Au fol. 53, bon portrait du duc de Berri. Edition accompagnée
de fac-similé, donnée en 1833 P^"^ Crapelet, sous ce titre: Les
36 RÈGNES DE CHARLES VI ET DE CHARLES VH
Demandes faites par le roi Charles VI touchant son état et le gou-
vernement de sa personne^ avec les réponses de Salmon.
Voir Moranvillé, La Chronique du Religieuxde Saint-Denis^
dans la Bibliothèque de V Ecole des chartes^ t. L, p. lo, et A. de
Champeaux et P. Gauchery, Œuvres d'art exécutées pour le dite
de Berry\ p. 144.
Vitrine M, côté droit.
io5. LA BIBLE HISTORIALE.
Français 163.
Exemplaire aux armes de Montmorency-Laval, copié à Cha-
teaubriant en 1417. — Il a appartenu à un membre de la famille de
Derval.
Vitrine XIII.
106. BRÉVIAIRE SUIVANT L'USAGE DE L'ÉGLISE DE
SALISBURY.
Latin 17294
Volume de 711 feuillets, dont la décoration n'a pas été achevée;
dans l'état actuel, elle consiste en 45 grands tableaux et en
4300 petits disposés sur les marges, à raison de quatre ou cinq sur
chaque page.
Les grandes peintures sont d'une très remaixjuable exécution;
les petites sont d'une qualité inférieure.
Ce livre a été fait en France pour Jean, duc de Bedford, dont
les armes sont peintes à plusieurs endroits. Sur le fol. 10% ces
armes sont accolées à celles de Luxembourg, ce qui prouve que le
travail de décoration n'était pas encore achevé en 1433, date à la-
quelle le duc épousa sa seconde femme Jacqueline de Luxem-
bourg.
Ce beau manuscrit a jadis fait partie de la Bibliothèque du col-
lège des Jésuites à Lyon, d'où il passa chez le duc de La Vallière.
A la vente des livres de ce riche amateur, il fut acheté 5000 livres
pour la Bibliothèque du roi.
Deux des peintures représentent: l'une, l'adoration des mages, et
l'autre sainte Anne, avec les trois Marie, ont été gravées dans
l'opuscule de l'abbé Rive. Essai sur Vart de vérifier les minia-
tures.
Catalogue des Livres du duc de La Vallière^ i'"'partie,t.I,p. 273.
— Article de Vallet de Viriville dans la Galette des Beaux-
Arts, année 1866. — A. de Champeaux et P. Gauchery. Les œuvres
d*art exécutées pour le duc de Berry, p. 160.
Du Bréviaire du duc de Bedford doit être rapproché le Livre
d'Heures du même prince, qui a été exécuté par les mêmes artistes
et dont la décoration est tout à fait analogue. Composé de 389
RÈGNE DE CHARLES VII 37
feuillets, il se conserve au Musée britannique, où il est entré en
1852 et 011 il porte le n" 18850 du fonds additionnel. On croit qu'il
a été fait à Paris, en 1423, à l'occasion du mariage du duc de Bed-
ford avec Anne, fille de Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne ; la
duchesse Anne l'offrit à Henri VI, roi d'Angleterre, aux fêtes de
Noël 1430, qui furent célébrées à Rouen. Le livre passa sans doute
en Angleterre, mais il revint en France au xvi* siècle, et il appar-
tint au roi Henri II.
Les fol. 96 et 258 v" de ce beau manuscrit ont été reproduits
dans le recueil de la Société paléographique (i" série, n"* 172 et 173),
le premier représente la faute et le repentir de David; le second,
le duc de Bedford en prières aux pieds de saint Georges. La page
qui contient l'image de saint Marc se trouve chromolithographiée
dans le recueil de Warner.
Vitrine M, côté gauche.
107. LES APHORISMES D'HIPPOCRATE, avec le commentaire
de Galien.
Français 24246.
Traduction faite en 1362 par Martin de Saint-Gilles. Exemplaire
copié à Rouen, en 1429-1430, par les soins de Jean Tourtier, chi-
rurgien du duc de Bedford. Les marges de plusieurs pages sont or-
nées des insignes de ce prince : des racines, l'antilope, l'aigle por-
tant une couronne; au coin les devises : A vous entier^ — j'ensuis
contente.
Vitrine XI IL
108. LA MER DES HISTOIRES DE JEAN DE COLONNE.
Latin 491s.
Exemplaire dans lequel les initiales de presque tous les chapi-
tres sont aux armes de la famille des Ursins. Sur le frontispice,
on voit la cour céleste, au dessous de laquelle sont représentés
en prières deux membres de la famille des Ursins, un prélat et un
chevalier. La splendeur de ce manuscrit, dans lequel le nombre
des miniatures est très considérable, fait songer à ce Missel de Jac-
ques Jouvenel des Ursins, qui a misérablement péri en 1871, dans
l'incendie de l'Hôtel de Ville de Paris. Le frontispice (fol. 21) est
à rapprocher du tableau du Musée du Louvre où sont représentés
Jean Jouvenel et Michelle de Vitry, avec leurs onze enfants.
A. de Champeaux et P. Gauchery, Les Œuvres d'art exécutées
pour le duc de Berry, p. 157.
Vitrine M, côté gauche.
38 RÈGNE DE CHARLES VII
J09. CÉRÉMONIAL DES GAGES DE BATAILLE.
Français 2258.
Manuscrit du milieu du xv" siècle, dans la première initiale
duquel sont les armes de Bretagne.
Crapelet, Cérémonies des gages de bataille^ Paris, 1830, in-S" ;
avec la reproduction des miniatures. — Il existe des épreuves des
dix premières pages d'une reproduction en fac-similé que le comte
de Bastard avait entrepris de publier. — Durrieu, Un grand enlu-
mineur parisien^ p. 25 et 71.
Vitrine XIV.
* LES DOUZE PÉRILS D'ENFER.
Exemplaire de la reine Marie d'Anjou.
Ms. de l'Arsenal, 5207. (Vitrine B, n» 3).
jio. ARMORIAL D'AUVERGNE, DE BOURBONNAIS ET
DE FOREZ, dédié à Charles VU, par le Hérault Guillaume
Revel.
Français 22297.
Il contient les vues d'un certain nombre de villes et de châteaux
d'Auvergne, de Bourbonnais et de Forez.
Vitrine XV.
111. LIVRE D'HEURES D'ISABELLE STUART,
DUCHESSE DE BRETAGNE.
Latin 1369.
Volume écrit vers l'année 1441. — Sur les fol. 38 et 56 sont
peints le portrait d'Isabelle Stuart et celui de son mari François 1",
duc de Bretagne.
Vitrine XIV.
.12. HEURES DE L'AMIRAL PRIGENT DE COÈTIVY.
Cabinet de M. Yates Thompson.
Volume orné de 148 miniatures d'un très bon travail. Sur beau-
coup de pages se voient peintes les armes et les devises de l'ami-
ral de Coëtivy, mort au siège de Cherbourg en 1450. Les devis», s
sont : Dame sans per et Hélas! Belle merci.
Delisle, dans Bibliothèque de rucole des chartes^ 1900, t. LXl.
p. 186. — S. C. Cockerel, dans Catalogue des mss. Thompson.
seconde série, p. 238
Vitrine XX.
RÈGNE DE CHARLES VII 39
Il 3. MISSEL ROMAIN, à l'usage du cardinal Alain de Coëtivy,
mort en 1 474.
Latin 848
Au foL 272, petites miniatures représentant la mort et le cou-
ronnement de la sainte Vierge.
Vitrine M, côté gauche.
114. LIVRE D'HEURES A L'USAGE DE PIERRE 11, DUC
DE BRETAGNE.
Latin 1159.
Ces Heures ont dû être écrites vers l'année 1455. Le duc y est
figuré sur le fol. 23. La plus curieuse des miniatures est celle du
fol. 160 v% qui représente le Mont-Saint-Michel, peinture à rappro-
cher de celle qui est dans les Heures du duc de Berri, conser\'ées
au Musée Condé à Chantilly.
Vitrine XIV.
ii5. HEURES DU BATARD D'ORLEANS, JEAN, COMTE
DE DUNOIS.
Cabinet de M. H. Yates Thompson.
Volume exécuté en France, vers 1440 (?). Parmi les miniatures,
il faut remarquer celle du fol. 22 v", qui représente le bâtard
d'Orléans en prières. C'est de cette peinture que dérive le portrait
de Dunois qu'a fait graver Montfaucon et qui a été souvent repro-
duit.
Catal. des ms. Thompson, série I, p. 49.
Vitrine XX.
ij6. heures de JACQUES CŒUR.
Bibliothèque royale de Munich, ms. latin 10103.
L'importance de ce très curieux manuscrit nous a été révélée
en 1902 par le D"" Franz Boll, qui lui a consacré une excellente
notice dans le Bïicherfreunde du mois de mai 1902.
Au jugement de M. Boll, les Heures de Jacques Cœur peuvent
prendre place à côté et un peu au-dessous de celles d'ctienne
Chevalier, avec lesquelles elles ont plus d'un point de contact.
M. le comte Durrieu, sur le vu des fac-sirailes joints à la disserta-
tion de M. Boll, est porté à croire que l'un des peintres qui ont
travaillé à les illustrer était ce Jean Colombe, de Bourges, que
nous savons avoir été employé par le duc de Savoie et auquel sont
40 XV' SIÈCLE
attribuées les peintures ajoutées en dernier lieu aux Heures du
duc de Berri conservées à Chantilly.
Parmi les tableaux qui donnent à ce petit volume une valeur
exceptionnelle, il faut citer celui du fol. 15 v" : portrait de Jacques
Cœur, avec la devise yl cuer vaillant riens inpossible. et celui qui
couvre en entier deux pages (fol. 148 v" et 149 recto) : vue très
exacte de l'hôtel de Jacques Cœur, tel qu'il existe encore aujour-
d'hui à Bourges.
Voici les sujets des autres pages, dont la photographie est
exposée : la Visitation, la Nativité, l'Annonce de la nativité aux
bergers, l'Adoration des mages, le Retour d'Egypte, la Présentation
au temple, la Vierge et l'enfant divin, la Résurrection de Lazare,
le Calvaire, la Descente du Saint Esprit.
Vestibule.
117. HEURES DU BON ROI RENÉ D'ANJOU.
Latin 11 56 A.
Manuscrit exécuté vers l'année 1440 (?)
Beaucoup d'initiales renferment un écusson tiercé de Jérusalem,
d'Anjou-Sicile et d'Anjou moderne. ■ — Sur les encadrements de
beaucoup de pages on a peint des aigles, avec de doubles croix
d'or couronnées, des chausse-trappes et des voiles blanches por-
tant en bleu la devise EN DIEU EN SOIT. — Au fol. 81 v".
portrait de René, et au fol. 61, celui de Louis II, duc d'Anjou,
père de René, qui a été ajouté après coup dans le manuscrit. Les
deux portraits sont photogravés dans la Galette archéologique
(année 1886), pour illustrer une notice de M. Bouchot; le portrait
de René est dans la Revue de Vari ancien et moderne^ t. X.V,
p. 175.
Vitrine M, côté gauche.
ij8. LIVRE D'HEURES DU BON ROI RENÉ D'ANJOU,
Latin 17332.
Ce manuscrit a été exécuté vers 1470, après le mariage de René
avec Jeanne de Laval. Les initiales du nom des deux époux (R. J.)
se voient sur les marges et dans beaucoup d'initiales. Les armes de
René ornent l'initiale de l'Office de la Vierge (fol. 16), en regard
d'un tableau représentant la Vierge, qui a été gravé dans la Galette
des Beaux- Arts ^ 2* période, t. XXX. p. 369. C'est la seule grande
peinture qui ait été faite dans ce volume, où beaucoup de pages ont
été laissées en blanc pour le travail du peintre.
Vitrine M, côté gauche.
XV« SIÈCLE 41
J18 bis. LETTRES D'ANOBLISSEMENT délivrées par le roi
René à Jehannot Roy, d'Aix, le 22 mars 1476-
Bibliothèque Méjanes.
L'initiale de ces lettres est enluminée aux armes et à la devise
de René.
Dans le vestibule.
1J9. PSAUTIER DE JEANNE DE LAVAL, femme du bon roi
René d'Anjou.
Bibliothèque de Poitiers, n" 41.
En tête du livre, après le calendrier, sur le recto de dix feuil-
lets, sont peintes avec beaucoup d'élégance, les principales
scènes de la Passion.
Vitrine M, côté gauche.
120. LE ROMAN DE TROILLE ET DE CRISEIDA, copié en
1455 et 1456, par Pierre d'Amboise, pour Marie de Clèves,
duchesse d'Orléans.
Français 25528.
Volume orné de peintures en grisailles. Les armes et la devise
de Marie de Clèves : Riens ne m' est plus^ sont peintes sur le fron-
tispice.
Vitrine XV.
121. CHRONIQUE DE JEAN DE COURCl.
Français 2685.
Exemplaire de l'échevinage de Rouen, copié en 1457. Le
feuillet 159, exposé, représente la fondation des villes de Venise,
Sicambre, Carthage et Rome. — Sur les marges, sont les armes de
France, de France écartelé de Dauphiné, de Berri (France à la
bordure de gueules), de Normandie et de Rouen.
Le Cabinet des manuscrits, t. i, p. 546.
Vitrine XIV.
122. LES MIRACLES DE NOTRE-DAME, traduits par Jean
Miélot, seconde partie.
Français 9199.
Volume copié vers l'année 1456, pour être offert à Philippe le
Bon, duc de Bourgogne. Il est orné de 67 peintures en camaïeu,
dont plusieurs sont de véritables chefs-d'œuvre -, M. le comte
42 RÈGNE DE CHARLES VII
Durrieu a proposé de les attribuer à un peintre français, Philippe
de Mazerolles. Cet artiste aurait travaillé dans un atelier de Bruges,
d'où sont sortis de beaux manuscrits des bibliothèques de Philippe
le Bon et du grand bâtard de Bourgogne.
Le texte du ms. 9199 paraît avoir été servilement copié sur un
manuscrit de la même époque qui est aujourd'hui à Oxford, dans
labibliothèquebodléienne,etdontles 248 pages ont été reproduites
en autotypie, pour le Roxburghe Club, aux frais de M. John Mal-
colm, avec une savante introduction de M. George F. Warner:
Miracles de Notre-Dame^ collected by Jean Miclot (Westminster,
1885 ; in-fol). Cette reproduction est placée à côté du ms. 9199.
Vitrine XVI.
123. MIRACLES DE NOTRE-DAME, traduits par Jean Miélot,
première partie.
Français 9198.
Volume dont la transcription a été achevée à La Haye, en Hol-
lande, le 10 avril 1456. Il est depuis longtemps juxtaposé au ms.
9199. comme pour en former le tome premier. 11 est orné de
58 tableaux en camaïeu, dont deux, représentant l'étude de Jean
Miélot et l'hommage du livre au duc de Bourgogne, sont repro-
duits dans la publication dédiée au Roxburghe Club.
Vitrine XVI.
124. HEURES DE LOUIS, DUC DE SAVOIE, vers 1455.
Latin 9473.
Les armes de Savoie et la devise Fert montrent que ce livre
vient de la maison de Savoie. Parmi les jolies miniatures qui ornent
le livre, on remarque celle du fol. 77 : cortège de dames parées,
dont plusieurs sont des musiciennes.
Mugnier, Les manuscrits à miniatures de la Maison de Savoie
(Moutiers, 1894), p. 79 et suiv. Ce savant y a reconnu des vues de
plusieurs localités de la Savoie. — Le Manuscrit^ t. II, p. 26.
Vitrine XV.
126". LE LIVRE DES MERVEILLES ET DIVERSITÉS DE CE
MONDE, selon Solin, Gervaise et Plinius, translaté de latin
en français.
Cabinet de M. H. Gallice (jadis n" 148 du fonds Barrois).
(i) Le n' 135 avait été réservé pour un manuscrit qui n'a pas été envoyé.
JEAN FOUCQ.UET 43
Ce manuscrit copié au xv" siècle est orné de 57 miniatures.
Celle du chapitre XIII, relative à la Crète, représente les inventions
dont la légende faisait honneur aux Cretois,
La Bibliothèque Nationale possède un exemplaire du même
ouvrage, que le comte de Béthune avait fait relier en trois volumes
(ms. français i377-i379')-
Vitrine XVI .
127. LIVRE D'HEURES.
Cabinet de M. Taxcrède de Scitivana de Greische.
hcriture et miniatures du milieu du xV siècle.
Vitrine XVI.
L'ŒUVRE DE JEAN FOUCQUET
128. LES ANTIQUITÉS JUIVES DE JOSEPHE, ILLUS-
TRÉES PAR JEAN FOUCQUET.
Français 247.
Des quatorze grandes histoires qui ornent cet incomparable
volume, les trois premières sont des artistes qui travaillaient pour
le duc Jean de Berri, et les autres « de la main du bon paintre et
enlumineur du roi Louis XI, lean Foucquet, natif de Tours ». C'est
ce que nous apprend une note ajoutée à la fin du volume par
François Robertet, secrétaire de Pierre de Beaujeu, duc de Bour-
bon. Cette note est la base de tout ce qu'on a écrit depuis un
demi-siècle sur le plus illustre des peintres français du temps de
Charles VII et de Louis XI, et ce sont les peintures du Josèphe
qui ont permis de reconnaître les autres œuvres qu'on peut légiti-
mement lui attribuer. Les onze tableaux, dont la place était restée
en blanc à la mort du duc de Berri, ont été exécutés, une quaran-
taine d'années plus tard, par Foucquet, pour un arrière petit-fils
du duc de Berri, Jacques d'Armagnac, duc de Nemours. C'est un
travail dont tous les critiques s'accordent à proclamer la perfection
et dont la reproduction chromolithographique, publiée par Curmer
(^Œuvres de Jehan Foucquet^ Paris. 1866-1867), donne une idée
très imparfaite.
Le comte de Bastard, qui a le premier apprécié à sa valeur le
talent de Foucquet (dans Les Manuscrits français de Paulin
Paris, t. II, p. 265), a fait reproduire dans son grand ouvrage l.i
première peinture, œuvre d'un des enlumineurs du duc de Berri, et
44 JEAN FOUCQUET
cinq des peintures de Jean Foucquet : la prise de Jéricho, l'annonce
à David de la mort de Saûl, le temple de Salomon, la captivité des
tribus d'Israël et la fin de cette captivité par l'ordre de Cyrus.
Entre autres travaux relatifs au manuscrit et à l'oeuvre de
Foucquet en général, il faut citer les publications suivantes :
Œuvres de Jehan Fouc qi4 et ^ 'publiées par Curmer, Paris, 1866-
1867. — A. de Champeaux et P. Gauchery, Œuvres d'art exécutées
pour le duc de Bcrry, p. 155. — Articles de H. Bouchot, dans la
Gaj^ette des Beaux-arts, 3" période, t. IV, et dans la Revue de l'art
ancien et moderne, année 1903.
Vitrine M, côté gauche.
129. MÊME OUVRAGE, t. 11
Le tome II du Josèphe de Fouquet passait pour perdu depuis
longtemps, quand il a été reconnu par M. Henry Yates Thompson
dans une vente faite à Londres en 1903. Le célèbre bibliophile
s'en est rendu acquéreur.
Malheureusement il ne subsiste plus qu'une des treize histoi-
res qui décoraient ce volume : le tableau représentant l'entrée
d'Hérode à Jérusalem. M. Thompson l'a fait reproduire en hélio-
gravure, et a placé à côté l'héliogravure d'une des peintures d'j
tome I, celle qui représente la prise de possession du Temple par
Pompée. Le rapprochement des deux pages suffit pour démontrer
avec évidence que les deux tableaux sont dus au même artiste. Le
fascicule in-folio qui contient les deux héliogravures est intitulé :
Fac similes of two Histoires by Jean Foucquet front vols. I and II
of the Anciennetés des /7///5 (Privately printed, London 1902). Cf.
Journal des Savants, mai 1903). Vitrine XX.
i3o. LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE.
Français 6465.
Grand volume, dont une partie des peintures est attribuée a
Jean Foucquet. La date en est incertaine ; il peut appartenir à la
première moitié du règne de Louis XI. C'est probablement à tort
qu'on a appliqué au ms. 6465 un texte, assez vaguement cité, rela-
tif à un exemplaire dont la copie aurait été commandée par
Charles VII en 1458 à Jean Donier, maître es arts, et à Noël
Frebois. (Ga:^ette des Beaux-Arts, y période, t. IV, p. 418.)
Au fol. 89 v", tableau du couronnement de Charlemagne. Sur ce
tableau, voir un mémoire du comte Paul Durrieu dans les Mélan-
ges G. B. de Rossi, de l'École française de Fome, 1892. — La mi-
niature de l'entrée d'un roi à Paris est gravée dans la Ga^cttr des
Beaux-Arts, 3* période, t. IV, p. 418.
Vitrine M, côté gauche.
JEAN FOUCQ.UET 45
i3i. FEUILLET DETACHE DES HEURES D'ETIENNE
CHEVALIER, ILLUSTRÉES PAR JEAN FOUCQUET.
Nouv. acq. lat. 1416.
Ce feuillet, dont la Bibliothèque Nationale doit la possession à
la clairvoyance de feu Georges Duplessis et à la libéralité de M. le
duc de La Trémoïlle, contient une miniature représentant sainte
Anne et les trois Maries avec leur famille. Il s'ajoute aux 40 feuil-
lets recouvrés par le duc d'Aumale et qui sont maintenant bien
connus, grâce aux chromolithographies de Curmer, et mieux encore
grâce à la publication de M. Gruyer: Chantilly, Notices des pein-
tures. Les Quarante Fouquet (2" édition), 1900, in-4°.
Deux des feuillets de Chantilly ont encore été reproduits en
héliogravure par Dujardin, pour prendre place dans le tome I du
Catalogue des manuscrits du Musée Condé. Ces héliogravures sont
exposéees dans le vestibule du rez-de-chaussée.
Sur le feuillet de la Bibliothèque Nationale, on peut voir une
notice du comte Paul Durrieu, publiée avec fac-similé, en 1881,
dans le Bulletin de la Société des antiquaires de France.
On s'est peu occupé en France d'un petit livre d'Heures
d'Etienne Chevalier qui est au Musée britannique (addit. 16997). —
Reproduction en noir de deux miniatures dans le recueil de la
Société paléographique, 2' série, pi. 116); une autre est donnée
en couleurs dans le recueil de Warner.
Vitrine M, pan coupé,
i32. STATUTS DE L'ORDRE DE SAINT-MICHEL.
Ms. français 198 19.
Le frontispice représente Louis XI tenant un chapitre de l'ordre
de Saint-Michel. M. Durrieu a développé les arguments qui auto-
risent à attribuer cette remarquable peinture à Jean Foucquet. Il a
identifié comme il suit les personnages qui sont debout, rangés à la
droite du roi : le hérault >lontjoie, Jean Bourré, ... ?, Louis de La-
val, seigneur de Châtillon, le connétable de Saint-Pol (?), Jean II,
duc de Bourbon, Louis, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon;
— et à la gauche, le greffier Jean Robertet, le chancelier de l'ordre
Gui Bernard, évéque de Langres. Antoine de Chabannes, comte de
Dammartin, quatre figures encore indéterminées et enfin Charles
de France, duc de Guyenne, frère du roi.
Le mémoire de M. Durrieu {Galette archéol. année 1890) est
accompagné d'une héliogravure.
Vitrine M, côté gauche.
46 RÈGNE DE LOUIS XI
1 33-1 34. TRADUCTION DE LA BIBLE, par Raoul de Prcslcs.
Français 20065 ^^ 20066,
Grand manuscrit dont l'illustration n'a pas été conduite bien
loin.
Deux pages dans le premier volume et huit dans le second ont
seules reçu leurs peintures ; elles suffisent pour faire honneur à
l'artiste qui devait illustrer cette Bible, dont l'exécution peut être
rapportée au règne de Louis XI.
Dans le ms. 20065, ^^ ^^^' ^^ "^"- grand tableau des travaux du
peuple d'Israël en Egypte ; dans le ms. 20066, aux fol, 6 v" et 7,
scènes d'idolâtrie.
Berger, La Bible française, p. 358. • — A. de Charapeaux et
P. Gauchery. Les œuvres d'art exécutées pour le duc de Berr\\,
p. 161.
Il est douteux que cette Bible inachevée ait été, comme on l'a
dit (Jbid.^^ un des livres confisqués sur Jean Jouvenel. que le duc de
Bedfort s'appropria et parmi lesquels on cite une bible trouvée en
la possession d'un chartreux.
Vitrines XY et XVI.
i35. LES CHRONIQUES DE NORMANDIE en français.
Français 2623.
Exemplaire de l'échevinage de Rouen, copié vers le commen-
cement du règne de Louis XI, Le fol. 40 v", exposé, représente
l'offrande faite à une église par Robert le Magnifique, duc de Nor-
mandie, et celle d'un chevalier à qui le ducavait donné 100 florins
pour aller à l'offrande. Sur les marges de cette page sont les armes
de France, de Dauphiné, de Normandie et de Rouen.
Vitrine XV.
i36. LA SOMME LE ROI.
Français 958.
Volume copié en 1464 par Jean Hubert, pourisabeau d'Ecosse,
duchesse de Bretagne. Au commencement du volume sont repré-
présentées. au pied du crucifix, trois dames: Isabeau d'Ecosse, Mar-
guerite de Bretagne qui épousa François II, duc de Bretagne, et
Marie, fille d'Isabeau, femme de Jean, vicomte de Rohan.
— Les peintures sont accompagnées des instructions d'après
lesquelles le peintre avait dû travailler. Ce sont les mêmes textes
que ceux du manuscrit de l'année 1373, indiqués plus haut,
n" 45. Vitrine XIV.
RÈGNE DE LOUIS XI
47
* VANITÉ DES CHOSES MONDAINES, 1466.
Arsenal, ms. 5102, (Vitrine A. n" i.)
i38 '". LIVRES D'HEURES DE JEAN LE BON, COMTE
D'ANGOULÊME, ou de son fils, Charles.
Latin 11 73.
Volume aux armes du comte d'Angoulême. Il est orné de belles
peintures et de gravures coloriées. La table des Pâques, qui se
trouve au fol. 52 v*, et qui a l'année 1464 pour point de départ,
nous autorise à supposer que le livre a été copié aux environs de
cette date.
Vitrine XVII.
I 39. HEURES DE CHARLES DE FRANCE, DUC DE
NORMANDIE, frère du roi Louis XI (1465-1469).
Ms. 473 de la Mazarine.
"Notice danslâ Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1894, t. LV,
p. 337 ; reproduite dans Le Manuscrit, t. I, p. 149, avec la photo-
gravure d'une page ayant fait partie de ce manuscrit et se trouvant
aujourd'hui dans une collection particulière.
Vitrine M, pan coupé.
140. LE LIVRE DE LA DESTRUCTION DE TROYE.
Français 254.
Manuscrit copié en 1467 par Richard Le Grant, et qui a appar-
tenu à l'amiral Louis Malet de Graville. Le frontispice représente
l'attaque d'une place forte.
Le comte Durrieu, Un grand enlumineur parisien, p. 70.
Vitrine XII.
141-142. LA CITÉ DE DIEU, EN FRANÇAIS.
Français 18 et 19.
Ce magnifique manuscrit, dont l'enluminure s'achevait en 1473,
était destiné à Charles de Gaucourt. Il a successivement appartenu
à Jean Bourré, l'un des plus intimes conseillers de Louis XI, et à
Louis Malet de Graville. L'exécution des peintures en a été dirigée
(i) Le n» 137 étnit réservé à un manuscrit qui n'a pas été envoyé à l'Exposition.
48 RÈGNE DE LOUIS XI
par Robert Gaguin et confiée à un peintre nommé François : egre-
gius pictor Franciscus. C'est ce qui résulte d'une lettre de Gaguin,
qu'a signalée M. Thuasne et qu'il a très judicieusement appliquée au
présent manuscrit, dans un mémoire publié en 1%^% {Revue des
Bibliothèques^ t. VIII, p. 33). M. Thuasne est allé plus loin en
supposant que ce peintre François, devait être un fils de l'illustre
tourangeau Jean Foucquet, ce qui est encore une hypothèse. Quoi-
qu'il en soit, il est permis de supposer que ce François peut être
identifié avec « Maître François l'Enlumineur », qui faisait partie
en 1473 de la maison de Charles d'Anjou, comte du Maine
(B. Prost, dans Archives histor.^ artist. ei littéraires^ 1889-1890,
t. I, p. 426).
Le frontispice est un tableau représentant l'hommage que
Raoul de Presles fit à Charles V, de sa traduction de la Cité de
Dieu. Le peintre a fait entrer dans la composition du tableau,
deux groupes de religieux et de religieuses, le pape, des pèa^es de
l'Église et des théologiens. Cette belle page a été reproduite en
héliogravure, par Dujardin (pi. III de l'ouvrage du comte Dur-
rieu, Un grand enlumineur parisien^; l'héliogravure se retrouve
dans le mémoire de M. Thuasne. Cf. Delisle, dans le Journal des
Savants, 1898. — Au peintre qui a illustré la Cité de Dieu, pour
Charles de Gaucourt, paraît devoir être attribuée l'illustration d'un
Valère Maxime qui est au Musée britannique (Harley, 4374 et 4375)
et qui faisait partie au xvii" siècle de la bibliothèque de l'abbaye de
Sainte-Geneviève de Paris. M. Warner, à qui est due cette attribu-
tion, a fait reproduire dans son recueil la peinture qui sert de
frontispice au livre IX. Vitrine XVII.
143. SECOND EXEMPLAIRE DU MÊME OUVRAGE, qui
paraît bien être une réplique du premier et qui a été fait pour
Philippe de Commynes.
Le tome premier en est à La Haye, dans le Musée Meermanno-
Westreenien.
Nous en exposons, dans le vestibule, une copie en couleur du
frontispice, qu'a bien voulu nous envoyer M. le docteur W. G. C.
Byvank,
Le tome II est à la Bibliothèque de Nantes.
Le comte Durrieu, Un grand enlumineur parisien, p. 79.
Vestibule.
144. UN TROISIEME EXEMPLAIRE DU MÊME OUVRAGE,
venu du couvent des Minimes de la Guiche, a été recueilli à la
Bibliothèque de Mâcon.
On en a coupé trois feuillets, qui ont été vendus aux enchères à
RÈGNE DE LOUIS XI 49
Londres en 1899 et qui sont aujourd'hui dans une bibliothèque
américaine. La photogravure en a été insérée dans le tirage à part
d'un article au Journal des Savants, du mois de juillet 1899. Il y en
a des épreuves dans le vestibule du rez-de-chaussée.
Vestibule.
145. TRADUCTION PAR JEAN DU VlGNAl DU MIROIR
HISTORIAL DE VINCENT DE BEAUVAIS. Tomes 1
et 11.
Français 50.
Exemplaire du duc de Nemours, qui est passé dans la maison de
Bourbon, et dont le tome III est au Musée Condé. — Grandes
peintures d'une bonne facture. Sur le frontispice du tome I, sont
ligures des travaux de construction d'un édifice.
Le comte Durrieu, Un grand enlumineur parisien^ p. 19
et 73.
Vitrine XIII.
146. COMPILATION INTITULÉE « CONPENDION
YSTORIAL, DIT LE MIGNON. »
Français 9186.
Manuscrit du duc de Nemours, qui appartint plus tarda Tanne-
gui du Chàtel. Il est orné de grandes miniatures, dont une repré-
sentant l'Enfer, est héliogravée dans le mémoire du comte Durrieu,
Un grand enlutnineur parisien. -ç\3.nc\\eW . Le volume est ouvert
de façon à faire voir la représentation du Paradis, au fol. 301.
Vitrine M, côté gauche.
147. TRADUCTION, PAR JEAN CORBICHON, DU LIVRE
DES PROPRIÉTÉS DES CHOSES.
Français 9140.
Exemplaire enluminé du temps de Louis XI pour Jean du Mas,
seigneur de L'Isle, par bvrard d'Espingues. peintre originaire de Co-
logne, qui, après avoir habité Paris, entra au service du duc de Ne-
mours et vint se fixer à Ahun. Voir Comptes rendus de V Académie
des inscriptions. 1895, p. 74.
Le frontispice représente la cour céleste.
Vitrine XIV.
50 RÈGNE DE LOUIS XI
148. MÊME OUVRAGE,
Français 22532.
Exemplaire de la seconde moitié du xv' siècle. Au fol. 186 v".
esquisse d'une carte de la Palestine et des pays voisins ; les noms
des lieux figurés sont indiqués par des légendes en caractères cur-
sifs très fins, qui devaient disparaître après l'exécution de la carte.
Vitrine XIV.
149. POSTILLES DE NICOLAS DE LIRE SUR LA BIBLE.
Latin 1 1972-11978.
Cet ouvrage, qui remplit sept volumes in-quarto, a été fait pour
Gui Bernard, évêque de Langres. Il porte la date de 1464 h
la fin du tome coté 11976 ; mais il a été terminé plus tard.
M. l'abbé Marcel a trouvé un compte mentionnant les paiements
faits en 1472 au copiste Pierre Rouche, dont le chiffre P.R. se
trouve à la fin de plusieurs des volumes, et au peintre qui avait été
chargé de l'enluminure du manuscrit : « à maistre Guillaume Hu-
gueniot, enlumineur à Langres, 39 1. 3 s. 4 d., pour 27 histoires et
229 lettres d'or et d'azur, ensemble les paraphes auprès chacune
lettre de 20 deniers, valant 19 1, i s. 8 d. »
L'abbé Marcel, La Calligraphie et la Miniature à Langres à la
fin du XV' siècle ; Paris, 1892. Grand in-4°. Extrait des Mémoires
de la Soc. de Langres. — Bibliothèque de VEcole des chartes.
1892, t. LUI, p. 481. Vitrine XIII.
i5o. TRADUCTION DE LA VIE DU CHRIST PAR LU-
DOLPHE DE SAXE.
Français 177-179
Exemplaire en trois volumes. Une des miniatures du tome III
représente Louis, bâtard de Bourbon, mort en 1487, pour qui ces
volumes ont été copiés et enluminés. Vitrine XIII.
i5i. TRADUCTION DE TITE LIVE PAR PIERRE BER-
SUIRE.
Français 20071.
Copie de la seconde moitié du xv' siècle, avec de grandes
peintures, aux armes et au chiffre de François de Rochechouart et
de Blanche d'Aumont. Le comte de Bastard en attribuait en partie
l'illustration à Jean Foucquet (P. Paris, Les Manuscrits français,
t. II, p. 266). Vitrine XVIII.
RÈGNE DE LOUIS XI
i52. LES PASSAGES D'OUTRE-MER, 1472.
Français 5594.
Ouvrage de Sébastien Mamerot, dédié à Louis de Laval, sei-
gneur de Châtillon. Il est orné de 65 grandes miniatures.
Au fol. 221, tableau de l'embarquement de Philippe-Auguste
pour aller au siège d'Acre. Vitrine XI.
i53. LIVRE D'HEURES DE LOUIS DE LAVAL.
Latin 920.
Ce manuscrit, l'un des chefs-d'œuvre de la peinture française
du temps de Louis XI, fut fait pour Louis de Laval, grand maître
des eaux et forêts de France, mort le 21 août 1489. L'héritier de
Louis de Laval le donna à Anne de France, duchesse de Bourbon-
nais, sœur de Charles VIII. Alfred Ramé, en 1881, appela l'atten-
tion du Comité des travaux historiques sur les Heures de Louis de
Laval, et en particulier sur l'analogie que plusieurs peintures de ce
livre offrent avec les célèbres Heures d'Etienne Chevalier.
Le portrait de Louis de Laval qui est au fol. 51 est particulière-
ment remarquable; d'autres portraits du même personnage sont
aux fol. 45 et 129 v°. Vitrine XII.
]54. LIVRE D'HEURES EXÉCUTÉ EN 1475, A TOURS,
selon toute apparence.
Latin 1179.
Ce volume a été achevé le 30 mai 1475 pour Macé Prestesaille,
qui l'a fait faire en mémoire et souvenance de sa femme Jeanne
Prince, décédée le 26 novembre 1474, et de ses enfants.
Vitrine XI.
i55. RELATION DU SIEGE DE RHODES.
Latin 6067.
Volume dédié en 1480 par Guillaume Caoursin à Pierre
d'Aubusson, grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Une page est reproduite dans le grand ouvrage du comte de
Bastard, pi. 258 : Pierre d'Aubusson recevant la relation de Guil-
laume Caoursin. Vitrine XI.
Au fol. 32, vue à vol d'oiseau du port et de la ville de Rhodes.
32 RÈGNE DE LOUIS XI
i56. LIVRE D'HEURES, DORIGINE BRETONNE, qui, selon
toute apparence, a été fait pour François 11, duc de Bretagne,
mort en 1488.
Latin 1385.
Encadrements à fonds d'or, ornés de fleurs, d'insectes, d'oiseaux
et de quadrupèdes peints avec beaucoup de finesse.
Vitrine XL
157. PREMIER VOLUME DE LA LEGENDE DORÉE EN
FRANÇAIS.
Français 244 et 245.
Exemplaire en deux volumes richement enlumine's, aux armes
et au chiffre d'Antoine de Chourses et de Catherine de Coëtivy, sa
femme. Cet Antoine, qui mourut vers 1487, était un grand biblio-
phile, dont beaucoup de manuscrits sont conservés au Musée
Condé. Au haut du frontispice du ms. 244, tableau de la cour
céleste ; au-dessous, quatre tableaux figurent les diverses périodes
de l'histoire sainte, caractérisées par de courtes légendes en lettres
d'or : tempiis deviationis (la faute des premiers parents), teinpus
revocationis (le serpent d'airain), tempus percgrinationis. tcmpiis
reconciliationis. Au bas de la page, un écrivain dans son étude et
un prédicateur dans sa chaire.
Le comte Durrieu, Un grand enlumineur parisien^ p. 33 et 82,
avec l'héliogravure d'une des peintures. Vitrine XL
i58. CHRONIQUE UNIVERSELLE DE JEAN DE COURCl,
DITE LA BOUQUECHARDIÈRE.
Français 6183.
Exemplaire aux armes de Louis de Brézé, relié pour Diane de
Poitiers.
Ms. français 18 et 19.
Grandes peintures du temps de Louis XI ou de Charles VIII,
analogues à celles de la Cité de Dieu (Voir la notice 141-142). La
première, au fol. 10, représente la fondation des villes d'Argos
et d'Athènes. • Vitrine XVIII.
159. LE DEFENSEUR DE LA CONCEPTION-IMMA-
CULÉE.
Français 989.
Traduction faite par Antoine de Lévis, comte de Villars.
RÈGNE DE LOUIS XI 53
Sur le frontispice a été peint l'hommage du livre fait à Jeanne
de France, femme de Jean II, duc de Bourbon. Les marges de la
même page sont ornées de petites miniatures représentant des
scènes de la vie de la Vierge. Vitrine XVII.
160. LA DANSE DES AVEUGLES, vers 1480.
Français 1989.
Volume copié et enluminé pour Jean II, duc de Bourbon. Il y
a les armoiries de 23 membres de la famille de Bourbon.
Au fol. 19, les jeux de la Fortune qui, les yeux bandés, tourne
la roue en présence d'une bande de danseurs.
Le Cabinet des manuscrits^ t. I, p. 168 et 169.
Vitrine XVII.
161. LA VIE DE JÉSUS-CHRIST, tome 1.
Français 407.
Les deux volumes de cette Vie de Jésus-Christ ont été copiés à
Tours en 1482, pour la reine Charlotte de Savoie, femme de
Louis XL C'est à eux que se rapportent deux articles d'un compte
arrêté par la reine, le 28 avril 1482 : « A Thibaut Bredine, libraire,
demeurant à Tours, pour avoir fait escripre XXXV cayers d'un
livre de Vita Christt, fleury et relyé le dit livre, pour ce L livres.
A Guillaume Piqueau, enlumineur, demeurant à Tours, pour avoir
enluminé le dit livre et fait plusieurs lettres et paraffes, XII livres. >
Vitrine XVII.
162. FORME ET DEVIS D'UN TOURNOI.
Français 2693.
Programme adressé par René d'Anjou à Charles d'Anjou,
comte du Maine.
Exemplaire offert à Charles VIII par Louis de Bruges, sire de
La Gruthuyse. Aux fol. 52 v» et 53 : grand tableau représentant
l'arrivée du seigneur appelant et du seigneur défendant.
Vitrine XIX.
j63. autre exemplaire.
Français 2693.
Au fol. 3 1 V* : Entrée dans la lice, d'un des chefs du tournoi.
Vitrine XIX
54 RÈGNE DE CHARLES VIII
164. TROISIEME EXEMPLAIRE.
Français 2695.
Au fol. 100 V" : Comment les tournoyeurs se vont battans par
troupeaux. Vitrine XIX.
i65. VIE DE SAINT LOUIS.
Français 2829.
Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon, fit écrire et « historier » ce
livre qui fut l'un des plus riches morceaux de la librairie de
Charles VIII. Le frontispice porte les marques qui distinguent les
volumes auxquels ce roi attachait une importance particulière :
les mots Carolus octavus, la lettre gothique s en forme de 8, et la
devise Plus qu'autre. Vitrine XVIII.
166. LA VIE DE SAINT JÉRÔME en français, suivie d'une
Exposition de l'Oraison dominicale.
Français 418.
Exemplaire aux armes d'Anne de Beaujeu, femme de Pierre,
duc de Bourbon. — Au fol. 163 v% tableau représentant Jésus en
prières au jardin des Oliviers. Vitrine XVllI.
167. HEURES DE LA CROIX, EN VERS FRANÇAIS.
Français 5661.
Manuscrit fait à Tours en 1492, par Robert Du Herlin. En tête
est la devise de Charles VIII : Plus qu'autre.
Barbet de Jouy, Notice du Musée des Souverains., p. 75.
Vitrine XVII.
168. PSAUTIER LATIN-FRANÇAIS, à l'usage du roi CharlesVlU.
Latin 774.
Le frontispice représente le roi à genoux devant David.
Vitrine XVIII.
169. HEURES DU ROI CHARLES Vlll.
Latin 1 14s.
Volume dont l'enluminure est fort médiocre. Au commence-
ment, miniature représentant le roi en prières et derrière lui saint
François. Vitrine XVII.
REGNE DE CHARLES VIII
jyo. ORAISONS ADRESSEES A NOTRE-SEIGNEUR ET A
LA SAINTE VIERGE.
Latin 1190.
A l'intérieur de la couverture on a ménagé une coulisse
pour recouvrir deux excellentes miniatures, sur lesquelles
M. Bouchot a reconnu les portraits de Charles VIII et d'Anne de
Bretagne. Ces deux portraits ont été reproduits dans la G^Tj^cfti-
archcologiquc de l'année 1888. Vitrine XVII.
17J. LE SÉJOUR D'HONNEUR, PAR OCTAVIEN DE
SAINT-GELAIS.
Français 12783.
Exemplaire de Charles VIII. Vitrine XVIII.
172. MISSEL ROMAIN, exécuté en 1492 pour Jean de Foix,
évêque de Cominges.
Latin 1682
Le copiste de ce Missel s'est fait connaître : Pierre de La Xoulx.
habitant des Herbiers, au diocèse de Luçon.
Le comte Durrieu. Un grand miniaturiste parisien, p. 80,
note. Vitrine XIX.
173. FEUILLET D'UN LIVRE D'HEURES, écrit en lettres
d'argent sur parchemin teint en pourpre ou peut-être en
noir.
Nouv. acq. lat. 149.
Sur les marges sont peintes des scènes de l'Ancien-Testament.
la fable du Loup et de l'Agneau, etc. Vitrine XVII.
174. HEURES DE ROME.
Cabinet de VI. H. Gallice.
Joli petit livre de la fin du xv' siècle, qui doit avoir été fait pour
servir à des fidèles du diocèse de Troyes. comme l'indiquent les in-
vocations à saint Frobert. à sainte Houlde et à sainte Mathie dans
les Litanies des saints. Ce volume est remaïquable par l'abondance
et l'éclat des illustrations, dont beaucoup sont tirées de l'Ancien-
Testament et qui consistent d'abord en quinze peintures occupant
des pages entières et en petites peintures qui couvrent la marge la-
térale extérieure et la marge inférieure de toutes les pages.
Vitrine XVII.
^6 RÈGNE DE CHARLES VIII
• DIVERS LIVRES D'HEURES DU XV SIECLE.
Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 646, 1197, 1192, 1189, 616, 652 et
562.
(VitrineC, n<"i,3, 4, 5, 7, 8,10.)
175. STATUTS DE L'ORDRE DE SAINT-MICHEL, copiés
vers 1494 pour Charles VI II.
Ms. français 14363.
Ce volume, offert au roi, comme l'atteste la pièce de vers placée
sous la miniature du frontispice, a conservé sa reliure originale en
velours bleu. Les plats sont ornés de l'image de saint Michel au
milieu d'un semé de coquilles.
La miniature représente, une apparition de saint Michel au roi.
Dans la figure de l'archange, M. le comte Durrieu a cru reconnaitre les
traits de la reine Anne de Brejtagne ; il identifie comme il suit les
trois personnages : en avant, Charles VIII ; derrière lui. à droite,
contre la bordure, Pierre II, duc de Bourbon ; à côté de celui-ci,
très probablement, Etienne de Vères, l'un des membres les plus
influents dans les conseils du roi.
La peinture a été très hypothétiquement attribuée à Jean Per-
réal. — Fac-similé àzns Le Manuscrit àe Labitte, t. I, p. 19, et dans
la Revue de V Art ancien et moderne^ tome XV, p. 177.
Vitrine XVII.
L'ŒUVRE DE JEAN BOURDICHON
176. HEURES DE FERDINAND, ROI DE NAPLES. MORT
EN 1498.
Latin 10^32.
Ce beau livre a longtemps passé pour une œuvre italienne.
C'est en 1902, dans la Ga:^ette des Beaux-Arts, que M. timile
Mâle l'a restitué à l'école française, en s'appuyant sur d'excellents
arguments pour l'attribuer à Jean Bourdichon.
A la page 146, l'Adoration des Mages.
Les Heures de Ferdinand peuvent soutenir la comparaison
avec celles d'Anne de Bretagne. Vitiine M, côté gauche.
177. HEURES DU ROI CHARLES VIII.
Latin 1370.
Ce petit livre doit être attribué à Charles VIII : les armes de J
France sont à l'intérieur de beaucoup d'initiales; d'après une note ''%
JEAN BOURDICHON 57
du catalogue de la bibliothèque de Gaignières, la reliure primitive
était ornée de ces s [gothiques, en forme de 8] qui étaient une des
devises de Charles VIII. Au fol. 213 v" se lit une prière en l'hon-
neur de saint Charlemagne. La plupart des peintures qu'il contient
sont de fines grisailles, d'un assez bon travail, pour que M. Emile
Mâle se soit cru autorisé à en faire honneur à Jean Bourdichon,
le peintre des Heures d'Anne de Bretagne.
Voir les trois articles suivants. Vitrine M, pan coupé.
1 78. HEURES E LA REINE ANNE DE BRETAGNE.
Ms. latin 9474.
La réputation de ce livre, solidement établie de bien longue
date, a été popularisée par la reproduction chromolithographique,
bien imparfaite cependant, que Curmer en a publiée en 1859. Elle
est justifiée par la beauté des grandes miniatures qui remplissent
une cinquantaine de pages, et plus encore peut-être par le
naturel, l'éclat et la variété des peintures de fleurs, de fruits, de
libellules, de papillons, de mouches et de chenilles dont sont cou-
vertes les marges du manuscrit. Un mandement de la reine Anne,
du 14 mars 1508, nous a révélé le nom de l'auteur de ce merveil-
leux travail : Jean Bourdichon, tourangeau, mort un peu avant
l'année 1521 et qui occupe une des premières places dans l'histoire
de la peinture française au temps de Charles VIII et de Louis XII.
L'une des meilleures et des plus récentes appréciations de
l'œuvre de Bourdichon est celle que M. Emile Mâle lui a consacrée
en 1902 dans la Ga^^eite des Beaux-Arts.
Le portrait de la reine Anne est au commencement du
volume.
Barbet de Jouy, Notice du Muse'e des Souverains^ p. 85, —
Delisle, Le Cabinet desManuscrits, t. III, p. 345-347.
Vitrine M, côté gauche.
179. MISSEL ROMAIN, du commencement du XVI' siècle, à
l'usage d'une église de Touraine.
Latin 886.
Ce volume a été à l'usage de Martin de Beaune. archevêque de
Tours, de 1520 à 1527; mais il paraît bien avoir été fait pour un
des deux prélats de la famille Fumée, Hugues ou Hardouin, qui
administrèrent l'abbaye de Beaulieu en Touraine, de 1485 à 1521.
M. Mâle a cru pouvoir attribuer à Jean Bourdichon les meilleures
peintures de ce très beau Missel.
Voir le mémoire publié en 1902 dans la Galette des Beaux-
Arts. Vitrine M, côté gauche.
58 RÈGNE DE LOUIS XII
181 ' . TRADUCTION DE L'IMITATION ET DE L'ÉCHELLE
DE PARADIS.
Français 929.
Exemplaire aux armes d'Angoulême, du temps de Louis XII.
Les deux miniatures qui le décorent, sont à rapprocher des gra-
vures qu'on voit dans quelques exemplaires de l'édition de l'Imi-
tation et de l'Échelle du Paradis, imprimée à Toulouse en 1488.
Vitrine XXI.
182. DIURNAL DE RENE 11, DUC DE LORRAINE,
(1473-1508).
Latin 10491.
Volume exécuté vers l'année 1500 (?), orné de onze grandes
peintures, dont la troisième représente Jésus au milieu de ses dis-
ciples.
Le Diurnal de René II fut donné, en 1 5 1 9, au couvent des sœurs
de Sainte- Claire de Pontamousson, par la veuve de ce prince.
Philippe de Gueldre. Vitrine XXI.
• BREVIAIRE DU MEME PRINCE.
Ms. 601 de l'Arsenal. — (Vitrine B, n" i).
j83. MEDITATION (DE LUDOLFE) SUR LA VIE DE
JÉSUS-CHRIST, tome 11.
Cabinet de M. Henry Yates Thompson.
Très riche manuscrit, exécuté pour Philippe de Gueldre, femme
de René II, duc de Lorraine, qui en fit don après la mort de son
mari, arrivée en 1^08, au couvent des religieuses de Pontamousson,
Catal.dcs Mss. Thompson, série I, p. 216.
Le tome I de ce manuscrit est dans le trésor de la cathédrale de
Lyon. Vitrine XX.
* HEURES DE JEANNE DE FRANCE, femme de LouisXll.
(Vers i5oo).
Arsenal, ms. 644. (Vitrine C, n' 1 1).
(i) Le numéro 180 avait été réservé pour un manuscrit qui n'a pas été envoyc.
RÈGNE DE LOUIS XII 59
' HEURES ENLUMINÉES par Jean de Montluçon.
Arsenal, ms. 438. (Vitrine C. n" 2).
* EVANGELIAIRE A L'USAGE DE L'ÉGLISE D'AMIENS.
Arsenal, ms.66i. (Vitrine C, n" 6). Vitrine XX.
184. TRADUCTION D'APPIEN, par Claude de Seyssel.
Français 715.
Miniature de présentation au roi Louis XII. Vitrine XXI.
i85. TROIS LIVRES DE DIODORE DE SICILE, traduits par
Claude de Seyssel.
Français 712.
Miniature de présentation au roi Louis XII. Vitrine XXI.
186. TRADUCTION EN VERS DE L'ENEIDE DE VIRGILE
par Octovien de Sajnt-Gelais.
Français 861.
Exemplaire daté du 27 avril 1500. Il fut présenté au roi, dont
les armes, soutenus par deux porcs-épics, sont peintes sur le
fol. 3. Vitrine XXI.
187. ÉPI TRES D'OVIDE, traduites par Octovien de Saint-
Gelais.
Français 873.
Exemplaire du roi Louis XII, sur les marges duquel sont pein-
tes des L. des ailes d'oiseau et des ailes de moulin à vent. En tête
de chaque épître, l'image de l'héroïne. Au fol. 68 v°, « Epître de
Canocée à Macarée. »
Une page reproduite dans le grand ouvrage du comte de Bas-
tard. Vitrine XXII.
188. AUTRE EXEMPLAIRE.
Français 874.
Sur le fol. 3, l'image de Pénélope. Vitrine XXIII.
6o RÈGNE DE LOIUS XII
189. POEME DE JEAN MAROT sur la campagne de Louis XI 1
en Italie (i5o7) et la soumission de la ville de Gênes.
Français 5091.
Exemplaire dédié à la reine Anne de Bretagne. Il est orné de
onze grandes miniatures attribuées à Jean Perréal dit Jean de Paris.
Ces tableaux ont été reproduits dans le volume de M. Bancel inti-
tulé/^/?^« de Perréal dit Jehan de Paris (Paris, 1885, in-8''). —
Une page en avait été donnée en fac-similé dans le grand ouvrage
du comte de Bastard (pi. 259). Vitrine M, pan coupé.
190. LE TRÉPASSEMENT DE SAINT JÉRÔME, en français.
Français 421.
Exemplaire dédié à Louise de Savoie, qui est qualifiée de mère
du dauphin François et de madame d'Alençon, d'où l'on peut con-
clure que le manuscrit a été fait entre les années 1509 et 1515. —
Au fol. 6, tableau de la mort de saint Jérôme. Vitrine XXIII
191. LES ÉCHECS AMOUREUX.
Français 143.
Ce manuscrit a dû être fait pour l'éducation des enfants de
Louise de Savoie, François, depuis roi de France, et Marguerite,
depuis reine de Navarre. On a cru voir sur une des peintures, les
portraits des deux enfants et de leur gouverneur Artus Gouffier.
P. Paris, Les Manuscrits français^ t. I, p. 279.
Vitrine XXI.
192. LES REMEDES DE L'UNE ET L'AUTRE FORTUNE.
Traduction de ce livre de Pétrarque par Jean Daudin.
Français 224.
Volume orné de peintures à pleine page, aux armes de Louise
de Savoie, dont le portrait est en tête du livre.
Vitrine XXII.
193. MÊME OUVRAGE.
Français 22s.
Volume exécuté à Rouen en 1503, pour le roi Louis XII. Il est
orné de peintures à pleine page, dont la plus intéressante est au
fol. 165 : on y voit représenté Louis XII, le cardinal d'Araboise,
Anne de Bretagne et la petite princesse Claude, qui devait être
reine de France. Vitrine XXII.
RÈGNE DE LOUIS XII 6i
194. LA FLEUR DES HISTOIRES DE JEAN MANSEL.
Ms. français 53.
Ce volume contient la seconde partie de la grande compilation
de Jean Mansel, texte de la deuxième rédaction. Il doit venir de la
librairie de l'amiral Louis Malet de Graville. Parmi les nombreuses
et belles miniatures qu'on y voit sur les marges et au milieu du
texte, on doit remarquer celle du fol. 167 V, qui représente un
gros vaisseau. Vitrine M, côté gauche.
195. MÊME OUVRAGE.
Français 54.
Manuscrit rouennais fait pour le cardinal d'Amboise. Il ne ren-
ferme pas moins de 428 miniatures. Le mot Rotomagensis est ins-
crit sur un vase qui est entré dans la décoration du fol. 190.
Vitrine XXIII.
196. ŒUVRES DIVERSES DE SAINT JÉRÔME, en deux vo-
lumes.
Latin 1890 et 1891.
Ces deux volumes ont été copiés en 1483 et 1484 à Florence.
Les frontispices aux armes du cardinal d'Amboise, ont été refaits
une trentaine d'années plus tard. Vitrine XXIII.
197. TRADUCTION FRANÇAISE DE LA PRAGMATIQUE
DE CHARLES Vil.
Français 2031.
Exemplaire aux armes du roi et de l'amiral Louis Malet de Gra-
ville. En tête, grande peinture représentant la remise du livre au
roi par le traducteur.
Sur une des miniatures, le peintre a montré le roi Louis XI
recevant les remontrances du Parlement. Vitrine XXII.
• GILLES DE ROME, DU GOUVERNEMENT DES
PRINCES. — Exemplaire du maréchal d'Aubigny.
Ms. 5062 de l'Arsenal. (Vitrine B, n" 5.)
198. HEURES DE LA FAMILLE ANGO, de Rouen.
Nouv. acq. lat. 592.
Manuscrit exécuté à l'occasion de la naissance de Marie Ango
en juillet 1514. Dans ce charmant volume, presque toutes les pages
62 RÈGNE DE LOUIS XII
sont encadrées de quatre peintures exécutées avec finesse et dispo-
sées avec beaucoup d'art. Au bas de la plupart des feuillets, on a
figuré des scènes enfantines, très gracieuses et très animées. L'an-
cien possesseur, le comte de Bastard y a compté 160 groupes d'en-
fants, 9^6 compositions de tout genre et environ 4.000 figures.
Vitrine XXIV.
199. CHANTS ROYAUX EN L'HONNEUR DE LA VIERGE,
déclamés au Puy d'Amiens.
Français 145.
Copie de tableaux offerts à la cathédrale d'Amiens par les con-
frères de Notre-Dame du Puy de cette ville, et dont plusieurs exis-
tent encore aujourd'hui. Ce volume fut présenté en 1517 ou 1518,
à Louise de Savoie ; il contient 47 grandes peintures, qui durent
être faites par Jean Pinchon, 'K enlumineur et historien de Paris ».
Le Cabinet des manuscrits^ t. I, p. 185.
Vitrine XXIV
200. CHANTS ROYAUX DU PUY DE ROUEN, de i5i9 à
i528.
Français 1537.
Au fol. 36: métier à tisser. Vitrine XXIII
201. FLEUR DE VERTU.
Français 1877.
Ouvrage allégorique traduit de l'italien par François de Rohan.
archevêque de Lyon, et paraissant avoir été fait pour Marguerite
d'Angoulême.
Sur le fol. 36 v% le Renard et le Corbeau, figure allégorique de
la flatterie.
Le Qdbinct des manuscrits , t. I, p. 186.
Vitrine XXIV
* INITIATOIRE de Henri d'Albrct et de Marguerite de Valois.
Ms. de l'Arsenal, n" 5096. — (Vitrine B, n" 4.)
ao2. COMMENTAIRES DE LA GUERRE GALLIQUE, par
Albert Pigghe de Campen.
Tome IL
Français 13429.
Le tome I de cet ouvrage est au Musée britannique, et le tome
ni au Musée Condé, à Chantilly.
XYP SIÈCLE 6?
Godefroi leBatave en a fait l'illustration.
Le volume possédé par la Bibliothèque Nationale contient les
médaillons des grands personnages de la cour de François I*^
La Société des Bibliophiles françois a publié le texte des trois
volumes, avec le fac-similé des peintures. Vitrine XXIV
203. OFFICE DE NOTRE-DAME, suivant l'usage de Rome.
Latin 10563.
Manuscrit daté de 1531, orné de peintures en camaïeu avec
rehauts d'or. — Au fol. 14, image de saint Jean, avec une appari-
tion de la sainte Vierge au milieu des nuages, sur un fond d'or.
Vitrine XXIV
204. HEURES D'ANTOINE LE BON, DUC DE LORRAINE,
i533
Nouv. acq. lat. 302.
La devise J'espère avoir se lit sur beaucoup de pages.
Vitrine XXIV
* HEURES DE CLAUDE 1 % DUC DE LORRAINE.
Ms. de l'Arsenal, n" 654. — (Vitrine B, n» 7.)
ao5. HEURES DE HENRI H.
Latin 1429.
Volume orné de peintures remarquables, dont plusieurs en
camaïeu bleu, rouge ou or. Initiales sur champ fleurdelisé,
quelques unes avec les armes de France justaposées à celles des
Médicis, d'autres avec les armes de Dinteville. Ce livre paraît être
sorti du même atelier que les Heures du connétable de Montmo-
rency, conservées au Musée Condé.
Le Comte de Bastard en a reproduit dans son grand ouvrage
(pi. 260) le tableau qui représente le roi touchant les malades des
écrouelles. — Barbet de Jouy, Notice du Musée des Souverains,
p. loS. — Didot, Etude sur Jean Cousin, p. 50 (attribution des
peintures à Jean Cousin). — Delisle, Les Heures du connétable
Anne de Montmorency, p. 16 {Annuaire bulletin de la Soc. de Vhist.
de France^ 1900).
De ce manuscrit il convient de rapprocher un livre de prières à
l'usage de Henri II, lequel affecte la forme d'une fleur de lis quand
il est ouvert, (à la Bibliothèque d'Amiens, n* loi du fonds L'Esca-
lopier). Voir Z^ Manuscrit, t. I, p. 3. Vitrine XXIV
64 XVI' SIÈCLE
106. HEURES DE DINTEVILLE.
Latin 10558.
Volume offrant beaucoup d'analogie avec le précédent. Plusieurs
des tableaux sont les uns en camaïeu vert, les autres en camaïeu
rouge. Les armes de la famille de Dinteville y ont été peintes sur
beaucoup de feuillets; nous venons de les signaler dans les Heures
de Henri II.
Voir la notice sur les Heures du connétable Anne de Montmo-
rency, p. 18. Vitrine XXIV
207. CHOIX DE MESSES ET DE PARTIES D'OFFICES.
Latin 9446.
Volume de grand luxe, à l'usage de François II de Dinteville,
évêque d'Auxerre, de 1533 à 1554. Vitrine XXIV
* PSAUTIER DE CLAUDE GOUFFIER.
Manuscrit à rapprocher du livre d'heures que le même person-
nage fit imprimer à Paris en 1558.
Arsenal, n" 5095. — (Vitrine B, n' 6).
* PRIVILEGES DES NOTAIRES ET SECRÉTAIRES
DU ROI.
Arsenal, n° 5169. — (Vitrine B, n» 8).
208. RECUEIL DES ROIS DE FRANCE, par Jean Du Tillct.
Français 2848.
Le portrait de François i" inséré dans cet ouvrage, au fol. 150
y", a été reproduit par le comte de Bastard. Peintures et ornements
des manuscrits, pi. a6i. Vitrine XXIV
209. HEURES, DITES DE HENRI IV.
Latin 1171.
Volume écrit au xvi* siècle sur des feuillets de parchemin doré.
La dénomination sous laquelle il est connu tient à ce que les noms
et les armes de Henri IV ont été dorées sur la couverture. 11 vient
de la librairie de Gaillon et porte au dos la marque du cardinal de
Bourbon : des lis, avec la légende Candore superat et odore.
Les 60 miniatures dont le livre est orné sont peintes en gri-
sailles, avec des rehauts d'or.
XVI* SIÈCLE 65
Les ornements des marges sont ainsi décrits dans le catalogue
du Musée des Souverains :
«Semé de lettres M simples, doubles, entrecroisées; chapelet
auquel est suspendue une médaille de saint François ; lettres de
l'alphabet alignées autour des pages ; semé de cordons ; tourteaux ;
M brisées ; gerbe de pensées ; colonnes rompues, autour desquelles
s'enroulent des rubans sur lesquels sont plusieurs fois répétés les
mots (Car. non.), qui peuvent être l'abréviation de (Carolvs
NONvs). Le livre aurait appartenu à Charles IX, avant d'être en la
possession de Henri IV». (Barbet de Jouy, Notice des objets compo-
sant le Musée des Souverains, p. 154.) Vitrine XXIII
210. LIVRE DU CARDINAL GEORGES D'ARMAGNAC.
Recueil de prières et de cérémonies à l'usage de ce
prélat, qui mourut 6111585.
Nouv. acq. lat. 1506.
Le portrait de Georges d'Armagnac est peint en tête du vo-
lume. Vitrine XXV
J)
LIVRES IMPRIMÉS
ORNÉS DE PEINTURES.
211. JOSEPHE FLAVIUS.
De la bataille judaïque, trad. en français. Paris, Antoine
Vérard, 1492. In-fol. Sur vélin.
Vitrine XXV
212. LANCELOT DU LAC.
Paris, Antoine Vérard, 1494, in-fol.
Exemplaire paraissant avoir appartenu à Louis XII, lorsqu'il
n'était encore que duc d'Orléans, et c'est très vraisemblablement
ce prince qu'on voit représenté sous les yeux du public, couvert
de son armure dorée. 11 tient d'une main un petit bâton,
et de l'autre il saisit la selle d'un cheval blanc qu'il est
prêt à monter, ayant un pied dansl'étrier. Au même moment, Vé-
rard offre an prince, un exemplaire du roman relié en velours
bleu avec semé de fleurs de lys. Vitrine XXV
21-,. LANCELOT DU LAC.
Paris, Antoine Vérard, 1494. 3 vol. in-fol. Sur vélin.
Exemplaire de Charles VIII. Des vers français adressés au roi
sont imprimés sur un feuillet séparé, placé en tête du 1" volume
et qui ne se trouve que dans cet exemplaire. La première
grande miniature représente un combat à la lance entre un grand
nombre de chevaliers. Au fond du tableau sont deux tribunes
occupées, l'une par les cinq juges du combat, l'autre par le roi
Charles VIII, à qui Vérard fait hommage de cet exemplaire, orné
d'initiales, de bordures en or et en couleurs, de 13 grandes minia-
tures et de 140 petites. Vitrine XXV
LIVRES IMPRIMES 67
214. JACQUES DE VORAGINE. La Légende dorée, traduite ?n
françois par Jean du Vignai.
Paris, Antoine Vérard, 1493. In-fol. Sur vélin.
Exemplaire de Charles VIII, orné de 178 miniatures et d'orne-
ments variés. Le volume est ouvert de manière à présenter la
grande miniature de la première page. On y voit Charles VIII
agenouillé devant un prie-Dieu, saint Louis, debout derrière lui,
le touchant d'une main à l'épaule, lui montre la cour céleste repré-
sentée dans la partie supérieure du tableau. Au-dessous, égale-
ment à genoux devant son prie-Dieu et entourée de plusieurs
femmes, la reine Anne de Bretagne a les yeux dirigés vers le ciel.
Vitrine XXV
21 5. APOLOGUES ET FABLES D'ÉSOPE, trad. du grec en la-
tin par Laurent Valle, et du latin en français par Guil. Tardif,
Paris, A. Vérard, vers 1490. In-fol.
Exemplaire de Charles VIII. Le vol. est ouvert de manière à
présenter la grande miniature de la première page. On y voit Char-
les VIII et sa femme Anne de Bretagne, tous deux debout et cou-
ronnés. Le roi tient un sceptre d'or d'une main, et de l'autre reçoit
le volume que lui offre Vérard à genoux. Cinq hommes et trois
femmes assistent à cette présentation. Vitrine XXV
216. LES CHRONIQUES DE FRANCE.
Paris, imp. (par Jehan Maurand) pour Antoine
Vérard, 1493. 3 '^'ol. in-fol. Sur vélin.
Exemplaire de Charles VIII, contenant près de 1,000 minia-
tures. Vitrine XXV
MANUSCRITS
DE LA BIBLIOTHEQUE DE L'ARSENAL
217. PETIT TRAITÉ DE LA VANITÉ DES CHOSES MON-
DAINES. — XV siècle.
Ce traité fut composé en 1466 par frère Jehan Ber-
thélemy, de l'ordre des Frères Mineurs, à la requête de
sœur Jehanne Gérande, religieuse du couvent de l'Hu-
milité Notre-Dame de Longchamp.
Fol. I. Représentation de frère Jehan Berthelemy et de sœur
Jehanne Gérande.
Arsenal, ms. 5102. — Vitrine A, n" i.
218. BIBLE HISTORIALE DE JEAN, DUC DE BERRY. —
XIV' siècle au XV' siècle.
Tome II, comprenant des Paraboles à l'Apocalypse.
Vex-libris autographe du duc de Berry est à la fin du
volume. — Le manuscrit contient 48 peintures.
Fol. 300. La Sagesse de Salomon, grande peinture à quatre
compartiments.
I. Le jugement de Salomon.
IL La mort d'Adonias.
III. Salomon enseignant.
IV. Salomon et la reine de Saba.
Arsenal, ms. 5058. — Vitrine A, n" 2.
219. MISSEL A L'USAGE DE L'ÉGLISE DE PARIS. — Fin du
XIV* siècle ou commencement du XV'.
Ce missel fut donné à Notre-Dame de Paris, en 1426,
70 XIV SIÈCLE
par Olivier de l'Empire et Gérard Morel, prêtre, chapelain
de Notre-Dame.
Fol. 138 ter. A gauche, le Christ en croix, entre la Vierge et
saint Jean. Deux anges recueillent le sang qui coule des plaies
des mains. — A droite, Dieu le père assis sur le trône, bénissant et
tenant le monde. Aux quatre angles, les attributs des évangélistes.
Les deux tableaux sont encadrés d'une bordure tricolore,
Arsenal, ms. 622. — Vitrine A, n" 3.
220. MISSEL DE SAINT-LOUIS DE POISSY. — XIV siècle.
Le calendrier contient les obits de Philippe-le-Bel,
de sa femme, de Louis X et de Charles de Valois, père
de Philippe VI.
Fol. 148 F. A gauche, le Christ en croix, entre la Vierge et
saint Jean. A droite, le Christ tenant le monde et bénissant, en-
touré des attributs des quatre évangélistes. Ces peintures exécu-
tées dans la seconde moitié du xiv* siècle ont été retouchées dans
certaines parties à l'extrême fm du xv* siècle. C'est de cette der-
nière époque que datent les médaillons des angles, les nimbes et
les rehauts d'or des robes de la Vierge et de saint Jean.
Arsenal, ms, 608. — Vitrine A, n" 4.
221. LA SOMME LE ROL — Commencement du XI V siècle.
Volume écrit par Lambert le Petit, en 131 1, pour
Jeanne, comtesse d'Eu et de Guines.
Fol. 1-2. A gauche, Jeanne, comtesse d'Eu et de Guines, age-
nouillée et priant devant la Vierge tenant l'Enfant ; aux quatre an-
gles du tableau, les armes de la comtesse de Guines. — A droite,
le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean. Un ange dans une
nuée recueille le sang coulant du côté.
Ce portrait de Jeanne d'Eu a été publié et étudié récemment
(Voir Henry Martin, Notes pour un « Corpus iconunt » du moyen-âge,
dans Mémoires de la Société des Antiquaires de France, 7* série,
t. I" (1902), p. 23-51).
Arsenal, ms. 6339. — Vitrine A, n" 5.
222. MISSEL DE SAINT-MAGLOIRE DE PARIS. — XIV' au
XV* siècle.
Ce missel fut donné à Saint-Magloire, en 14 12, paj
XVI'etXV SIÈCLE 71
Jehan de la Croix, conseiller et maître des comptes du
roi, et damoiselle Jehanne la Coquatrixe, sa femme.
Fol. 213 B. A gauche, le Christ en croix entre les deux larrons.
Le soldat perce le côté du Christ avec la lance ; auprès de lui,
la Vierge, soutenue par saint Jean ; derrière eux, les saintes femmes.
Du côté opposé, le centurion, soldats et juifs. Dans le ciel, la lune
et le soleil ; un ange recueille le sang du Christ ; un diable emporte
l'âme du mauvais larron, un ange reçoit l'âme du bon larron. - — A
droite, Dieu le père, coiffé de la tiare, assis sur un trône avec dais,
bénissant et tenant le monde ; aux quatre angles, les évangélistes
avec leurs attributs.
Arsenal, ms. 623. — Vitrine x\, n" 6.
223. BRÉVIAIRE DE RENÉ 11 DE LORRAINE. — Fin du XV
siècle.
Ce manuscrit, longtemps appelé Psautier du roi René,
contient 14 miniatures.
Fol. 44. Joueurs d'instruments, avec deux bannières aux armes
de Lorraine.
Arsenal, ms. 601. — Vitrine B, n" i.
224. MIROIR HISTORIAL DE VINCENT DE BEAUVAIS,
traduit en français par Jean du Vignai. — XIV' siècle.
Tome II d'un exemplaire en quatre volumes. Le
tome I est conservé à la Bibliothèque de Leyde. Les
tomes III et IV n'ont pas été retrouvés.
Exemplaire du roi Jean, dont la signature est à la fin
du volume.
Le manuscrit contient 450 miniatures.
Fol, 11^. L'Empereur Domitien sur son trône, dictant une lettre
où il se donne le titre de dieu. Autour de lui sont disposés des mi-
roirs pour surveiller ce qui se faisait derrière lui.
Dans la petite miniature du feuillet de gauche, chiens déterrant
le cadavre d'un mathématicien mis à mort sur l'ordre de Domi-
tien.
Arsenal, ms. 5080. — Vitrine B, n* 2,
225. LE LIVRE DES DOUZE PÉRILS D'ENFER, par Robert
Blondel. — XV' siècle.
Fol. I. L'auteur, Robert Blondel, à genoux, présentant son
7a XIV' et XV SIÈCLE
livre à Marie d'Anjou, femme de Charles VII, entourée de ses
dames d'honneur.
La licorne, le chiffre et les armes qui se voient dans l'encadre-
ment, ont été ajoutés après coup, quand le volume se trouvait entre
les mains de Catherine de Coëtivy, bâtarde de Charles VII et
femme d'Antoine de Chource.
Bernard de Montfaucon, qui a fait graver cette peinture, cite le
manuscrit comme appartenant à M. d'Aigrefeuille, président en
la Cour des comptes de Montpellier. Le volume est aujourd'hui
relié aux armes de Condé.
Arsenal, ms. 5207. — Vitrine B, n" 3.
226. INITIATOIRE INSTRUCTION EN LA RELIGION
CHRESTIENNE POUR LES ENFFANS. — Volume
exécuté vers iSiy.
Fol. I. Henri d'Albret, grand-père du roi Henri IV, cueillant
une marguerite. Au-dessous de lui, ses armes peintes, et au-des-
sous des armes, sur une banderole, les mots : « Inveni unam pre-
ciosam margaritam quam intimo corde collegi. »
Sur l'autre page, les armes de Henri d'Albret et de Marguerite
de Valois, et au-dessous, les marguerites, emblème de la prin-
cesse.
Arsenal, ms. 5096. — Vitrine B, n" 4.
227. LE LIVRE DU GOUVERNEMENT DES PRINCES, par
Gilles de Rome. — XV au XVI ^ siècle.
Manuscrit exécuté probablement pour Robert Stuart,
comte de Beaumont-le-Roger, dit le maréchal d'Aubigny,
maréchal de France en 1515, mort en 1543.
Fol. 149"°. Vue d'une rue, avec boutiques. A droite, un mar-
chand de gâteaux, de sucre, de liqueurs, etc., à l'enseigne : Bon
Ipocras] plus loin un barbier, puis des marchands d'étoffes. A
gauche, deux tailleurs d'habits assis les jambes croisées.
Arsenal, ms. ^062. — Vitrine B, n" 5.
228. PSAUTIER FRANÇAIS DE CLAUDE GOUFFIER,
marquis de Boissy, grand écuyer de France, duc de Roannais,
mort en iSjo. — XVl' Siècle.
Fol. 18^°. Divers épisodes de la vie de David. En haut du
tableau, les armes et le chiffre de Claude Gouffier ; en bas, sa devise :
« Hic terminus haeret ».
Arsenal, ms. 5095. — Vitrine B, n* 6.
XV et XVI' SIÈCLE 73
229. LIVRE D'HEURES DE CLAUDE I" DUC DE LOR-
RAINE. — XVI' siècle.
Le volume, qui est du commencement du xvi* siècle, a
reçu après coup les armes du duc de Lorraine. Vers le
milieu du siècle, il fut ajouté plusieurs cahiers au livre
d'heures. La peinture exposée fait partie de ces cahiers
ajoutés.
Fol. 91"°. Episode de la Passion. La prière du Christ et les
apôtres endormis. Au premier plan, saint Pierre dormant, puis
saint Jean l'évangéliste et saint Jacques le Majeur. Dans le fond,
la troupe des soldats pénétrant dans le jardin des Oliviers. Tout à
fait au dernier plan, Jérusalem.
On a voulu rapprocher cette peinture de certaines œuvres de
Jean Cousin.
Arsenal, ms. 654. — Vitrine B, n" 7.
230. PRIVILÈGES DU COLLEGE DES NOTAIRES ET
SECRÉTAIRES DU ROI. — XVl^ siècle.
Fol. 2'°. Intérieur de la salle du collège des notaires et secré-
taires du roi.
Arsenal, ms. 5169. — Vitrine B, n" 8.
23i. LIVRE D'HEURES DE PARIS. — XV' siècle.
Fol. 30. Tableau central : L'Annonciation. Dans les tableaux de
l'encadrement : la conception de la Vierge, la naissance de la
Vierge, la consécration de la Vierge au Temple, la Vierge tissant,
le mariage de la Vierge, l'annonce aux bergers.
Arsenal, ms. 646. — Vitrine C, n" i.
232. LIVRE D'HEURES enluminé par JEAN DE MONTLUÇON.
— Fin du XV' siècle.
Fol. 74. Le mariage de la Vierge et de saint Joseph. La signa-
ture du peintre se voit sur la bordure du vêtement du grand-
prêtre officiant : « Johannes de Montelucio me pinxit ».
Arsenal, ms. 438. — Vitrine C, n* 3.
233. LIVRE D'HEURES DE PARIS. — XV siècle.
Fol. 93'°. Le couronnement de la Vierge.
Arsenal, ms. 1197. Vitrine C, n'3.
74 XV* et XVI' SIÈCLE
234. LIVRE D'HEURES DE PARIS. — XV' siècle.
Fol. 28. L'Annonciation. Dans les petits tableaux de l'encadre-
ment : la conception de la Vierge, la naissance de la Vierge, le
mariage de la Vierge.
Arsenal, ms. 1192. — Vitrine C, n" 4.
235. LIVRE D'HEURES DE REIMS.— XV siècle.
Volume écrit par Mariette, femme de Person l'Es-
cripvain.
Fol. 65. Un enterrement. Au fond, à gauche, un charnier plein
de têtes de morts. Au-dessus, un ange dispute à un diable l'âme
du défunt qui s'élance vers Dieu.
Arsenal, ms. 1189. — Vitrine C, n» 5.
236. ÉVANGÉLIAIRE D'AMIENS. — Commencement du XVI*
siècle.
Ce volume fut donné, en même temps qu'un Épistolaire, à
l'église Saint-Firmin-au-Val d'Amiens, en 1505, par sire Antoine
Clabault, maieur d'Amiens.
Fol. 151. Grand tableau : la naissance de saint Jean-Baptiste.
Dans le fond, une servante fait chauffer un linge pour l'enfant.
Au-dessus de sa tête, un lustre d'une grande élégance. — Dans les
tableaux de l'encadrement, on voit : en haut, l'ange parlant à
Zacharie dans le Saint des saints ; au-dessous, la fille d'Hérodiade
présentant à Hérode et à sa mère la tête de Jean-Baptiste ; au-des-
sous encore, I3 fille d'Hérodiade recevant des mains du bourreau
la tête de Jean-Baptiste sur un plateau.
Arsenal, ms. 661. — Vitrine C, n° 6.
237. LIVRE D'HEURES DE VANNES. - XV siècle.
Ce manuscrit a appartenu au P. de La Chaise, confes-
seur du roi Louis XIV.
Fol. 25. Le baiser de Judas, - La Trinité.
Arsenal, ms. 616. — Vitrine C, n" 7.
238 LIVRE D'HEURES. — XV siècle.
Fol. 49'° . Famille en adoration devant de Saint-Sacrement.
Derrière le chef de famille, cinq hommes ou jeunes gens. De l'au-
tre côté, sept femmes ou jeunes filles agenouillées. Il semble bien
XV' et XA^I* SIÈCLE 75
que ce sont là des portraits, mais le manuscrit ne contient ni armes,
ni marques de possession.
Arsenal, ms. 652. — Vitrine C, n° 8.
239. LIVRE D'HEURES D'UN COMTE DE VENDOME,
attribué à l'École de Jean Bourdichon. — Fin du XV* siècle.
Fol. 24. A gauche, trois prophètes. — A droite, l'Annonciation.
Au-dessous, les armes du comte de Vendôme, avec la devise :
Bien ay causé, et le chiffre A. L. F.
Arsenal, ms. 417. — Vitrine C. n" 9.
240. LIVRE D'HEURES DE ROUEN. — XV siècle.
Fol. 60^° . Les Noces de Cana.
Arsenal, ms. 562. — Vitrine C, n" 10.
241. LIVRE D'HEURES DE JEANNE DE FRANCE, fille de
Louis XI et première femme de Louis XII. — XV' au XVI*
siècle.
Fol. 27. A droite, l'Annonciation. — A gauche, portrait age-
nouillé de Jeanne de France (la bienheureuse Jeanne de Valois).
En haut du cadre, les armes de France. Sur l'écusson posé devant
le prie-dieu et aussi dans l'encadrement, les lettres I. M., initiales
du nom que la princesse avait adopté après son divorce, Jehanne
Marienne. Jeanne de France, divorcée le 12 décembre 1498, mou-
rut le 4 février 150^. De 1498 à 1505, cette princesse vécut à
Bourges, où elle fonda l'ordre des Annonciades. C'est à cette
époque qu'à été faite cette peinture. Le portrait de Jeanne de
France a été publié et étudié récemment. (Voir Henrj' Martin,
Notes pour un « Corpus iconum » du moyen âge, dans Mémoires
la Société des Antiquaires de France, 7* série, t. I"(i902), p. 23-51).
Arsenal, ms. 644. — Vitrine C, n" 11.
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Hevae mensuelle illustrée. — P. BUSGHMflKH Jf ■ Dlifeeteup.
On s'abonne à PATOIS, à la librairie yjCTO'J{-HJlYAJ{'D et Cie
18, T^ue de V Ancienne-Comédie.
Ainsi que son titre l'indique, cette revue est essentiellement consacrée à l'art
néerlandais, ancien et moderne, dans toutes ses manifestations, tant aux Pays-Bas
proprement dits qu'aux contrées avoisinantes.
C'est la première revue qui se spécialise sur ce terrain nettement déterminé,
dont les richesses n'ont encore été que fort incomplètement étudiées et mises en
valeur par les revues existantes.
Un grand nombre de critiques d'art et de savants ont assuré leur collaboration
à cette revue, où leurs études sur l'art néerlandais sont publiées et illustrées avec
l'importance et les développements désirables. Il suffira de citer parmi les collabo-
rateurs les noms de MM. Max Rooses, H. Hymans, A. Bredius, W. Bode, A. Ver-
MEYLEN, w. VOGELSANG, JaN VetH, JoS. DeSTRÉE, G. HuLIN, W. MaRTIC, G. EeKHOUD,
w. Steenhoff, j. Mesnil, H. de Marez, J. Helbig, etc.
Aussi cette revue, créée au moment où le besoin d'un tel organe se faisait
réellement sentir, a-t-elle rencontré un accueil des plus enthousiastes parmi les
amateurs d'art, les érudits et les bibliophiles. Editée tout d'abord en langue néer-
landaise sous le titre On^e Kuust, elle a été amenée à publier successivement des
éditions française et anglaise, et se trouve actuellement répandue dans tous les pays
où l'on apprécie l'art des grands maîtres flamands et hollandais, tant des siècles
passés que de nos jours.
Cette revue s'impose spécialement à l'attention des visiteurs de VExposition
des Primitifs français. Non seulemeiit y sera-t-il publié un compte-rendu détaillé
de cette exposition, mais encore a-t-elle dès ses débuts attaché une grande impor-
tance à l'étude de l'art « primitifs- flamand ou français. Parmi les maUres dont les
œuvres ont déjà été reproduites et commentées, signalons : H. Bosch, P. Breu-
GHEL, Jehan de Bruges, T. Bouts, P. Cristus, G. David, J. Van Eyck, Juste de
Gand, h. van der Goes, J. Gossaert de Maubeuge, L. de Leyde, S. Marmion,
Q.. MaTSYS, le MAITRE DES DEMI-FIGURES, LE MAITRE DE FlÉMALLE, H. MeMLINE, J. PaTI-
NIR, R. DE LA PaSTURE, etC. CtC.
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au moins, richement illustrées, et forme annuellement deux forts volumes in-4".
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lin numéro d'essai est envoyé franco sur demande, à condition qu'il soit renvoyé ou
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