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Full text of "Exposition des primitifs français au Palais du Louvre (Pavillon de Marsan) et à la Bibliothèque nationale"

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m  primitifs  français 


tt  à  la  BiblîotDèaue  nationale 

4i  12  Hvril  a»  ii  3uillel  1904 


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Frix:  Deux  franco 


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17,    Berners    Street,    17,    LONDON,   W. 

et  chez  FIiOUHY,  1,  Boulevard  des  Gapueifies,  Pafis 


Le  Burlington  Magazine  est  édité  par  MM.  C.  J.  Holmes  et  Robert  Dell, 
assistés  d'un  Comité  consultatif  composé  de  : 

MM.  LE  VICOMTE  DiLLON.   LORD   BaLCARRES.  LORD  WiNDSOR.  SiR  EdWARD 

Maunde  Thompson.  —  Sir  C,  Purdon  Clarke.  —  Sir  Martin  Conway.  —  Sir 
Charles  Holroyd.  —  Oswald  Barron.  —  Léonce  Benedite,  —  Laurence  Binyon.  — 
George  H.  Birch.  —  Dr.  W.  Bode.  —  Henri  Bouchot,  —  Sidney  Colvin.  —  Her- 
bert F.  CooK.  —  Lionel  Cust.  —  Cyril  Davenpokt.  —  Campbell  Dodgson.  — 
Roger  E.  Fry.  —  Dr.  A.  Furtwangler.  —  Richard  R.  Holmes.  —  Herbert  P.  Horne. 
—  Georges  Lafenestre.  —  Guy  Francis  Laking.  —  D.  S.  Maccoll.  —  Percy  Mac- 
OuoiD.  —  Allan  Marquand.  —  André  Michel.  —  Emile  Molinier.  —  Arthur  Mor- 
risson.  —  Charles  Eliot  Norton.  —  Claude  Phillips.  —  Alfred  W.  Pollard.  — 
Charles  H.  Read.  —  Salomon  Reinach,  — Cecil  H.  Smith. —  R.  Piiené  Spiers. — 
A.  G.  Temi'le.  —  Emery  Walker.  —  Whitworth  Wallis.  —  W.  H.  James  Weale. 

Le  Burlington  Magazine  est  justement  célèbre  en  Europe  et  en  Amérique 
pour  la  haute  valeur  documentaire  de  son  texte,  dû  aux  plus  éminents  historiens, 
savants  et  critiques  d'art,  et  pour  la  beauté  de  ses  illustrations  qui  comprennent  des 
reproductions  par  la  photogravure,  la  phototypie,  l'héliotypie  et  autres  procédés. 
Chaque  numéro  contient  des  reproductions  en  couleurs  d'objets  d'art,  de  dessins 
et  exceptionnellement  de  tableaux.  Ces  illustrations,  dont  trente  à  quarante  sont 
des  planches  hors  texte,  ont  pour  objet  d'accompagner  le  texte,  et  la  Revue 
s'attache  d'abord  à  donner  une  reproduction  exacte  et  authentique  de  l'original. 

Le  Burlington  Magazine  publie  encore  chaque  mois  des  notes  sur  tes 
ventes  artistiques  d'un  intérêt  inappréciable  pour  les  collectionneurs;  des  corres- 
pondances étrangères,  complètes  et  substantielles  qui  sont  comme  un  catalogue 
documenté  de  toutes  les  manifestations  artistiques;  un  calendrier,  annonçant  toutes 
les  principales  expositions  qui  doivent  avoir  lieu  dans  le  mois,  en  Angleterre  et  à 
l'étranger;  une  revue  analytique,  signée  des  meilleurs  critiques  d'art,  de  toutes 
les  importantes  publications  artistiques,  etc. 

CONDITIONS 

Prix  du  numéro 3  fr.  50 

Prix  de  l'abonnement  annuel 44  fr.      » 

ON      S'ABONNE 

Jlux  bureaux  de  la  T^evue,  tj,  Bernen  Street,  London,  W.  et  chez  Thury,  i,  boulevard 
des  Capucines,  Parti. 

Le  reprétenlant  du  Burlington  Magazine  à  Pari$  est  le  Vicomte  G.  de  7{prtbays,  tS3,  rue 
de  Hennet. 


PARIS   —  18,    Rue   de   Vzvloîs,    18  —  PARIS 


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du  Jrarjsport  des  Tableaux  et  Sculptures  au  pavillon  de  Jffarsan 

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EN    SOUSCRIPTION  : 

L*EXP©SITI©N 

des 

Primitifs   Français 

(La  Peinture  en    France   sous   les    Trahis) 

par 

M.   Henri   BOUCHOT 

Conservateur  du  Cabinet  des  Estampes  à  la  Bibliothèque  Nationale 
^se^ 

Cet  ouvrage  formera  un  volume  petit  in-folio 
contenant  cent  planches  en  héliogravure.  Chaque  planche 
sera  accompagnée  d'une  notice  due  à  la  plume  de  M.  Henri 
Bouchot. 

Prix  de  Touvrage  en  souscription  :  150  francs 

11  sera  tire  dix  exemplaires  sur  papier  des  Manu- 
factures Impériales  du  Japon,  au  prix  de  300  francs. 

Chacun  de  ces  exemplaires  de  luxe  portera  le  nom 
du  souscripteur. 

L'ouvrage  sera  publié  en  quatre  livraisons  men- 
suelles; la  première  paraîtra  le  3o  Avril  1904. 


UN   PROSPECTUS  ILLUSTRÉ  SERA  ENVOYÉ 

A  TOUTE   PERSONNE   QUI    LE    DEMANDERA 


LES    PRIMITIFS    FRANÇAIS 


Imprimé  pour 

LE     COMITÉ     DE     l'eXPOSITION 

DES  PRIMITIFS  FRANÇAIS 

par   la 

GAZETTE    DES     BEAUX-ARTS 

Paris,  8,  rue    Favart 


1120665 


i 


EXPOSITION 

DES 


Primitifs  Français 

AU   PALAIS  DU    LOUVRE 

(Pavillon  de  Marsan) 

ET 

A    LA    BIBLIOTHÉQ.UE    NATIONALE 


Catalogue 


REDIGE    PAR 

MM.  Henri  BOUCHOT,  Conservateur  au  Département  des  Estampes 
{Peintures  et  Dessins)  :  Léopold  DELISLE,  Membre  de  l'Institut, 
Administrateur  général  de  la  Bibliothèque  Nationale  -Miniatures 
et  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  Nationale  et  collections 
particulières);].-].  GUIFFREY,  Membre  de  l'Institut,  Administra- 
teur de  la  Manufacture  Nationale  des  Gobelins  {Tapisseries^'^ 
FRANTZ-MARCOU,  Inspecteur  général  des  Monuments  histori- 
ques (zrw^M  a-)  ;  Henri  MARTIN,  Conservateur  à  la  Bibliothèque 
de  l'Arsenal  {^Miniatures  de  la  Bibliothèque  de  V Arsenal  ;  Paul 
VITRY,  attaché  aux  Musées  Nationaux  {^Sculpture). 

Préface  de  M.    Georges   LAFENESTRE,    Membre   de   l'Institut, 
Conservateur  des  Peintures  au  Musée  du  Louvre 


PARIS 

PALAIS    DU    LOUVRE 
ET    BIBLIOTHÈQUE   NATIONALE 
Avril  1904 


PRESIDENCE    D'HONNEUR: 

M.   LE  Ministre  de  l'Instruction  Publique. 

VICE-PRÉSIDENCE    D'HONNEUR  : 

M.  le  Directeur  des  Beaux-Arts  ;  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement 

Supérieur 


ADMINISTRATION  DE  L'EXPOSITION 


Président  :  M..  Edouard  Aynard,  député  du  Rhône,  membre  de 
l'Institut. 

Vice-Président  :  M.  Georges  Berger,  membre  de  l'Institut,  président 
de  l'Union  Centrale  des  Arts  décoratifs  et  de  la  Société  des  Amis  du 
Louvre. 

Vice-Président  des  Comités  d'organisation  :  Le  Comte  Robert  de 
Lasteyrie,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'Ecole  des  Chartes. 

Administrateurs:  M.  Léopold  Delisle,  membre  de  l'Institut,  admi- 
nistrateur général  de  la  Bibliothèque  nationale;  M.  J.-J.  Guiffrey,  mem- 
bre de  l'Institut,  administrateur  de  la  Manufacture  des  Gobelins  ;  M.  Ga- 
briel Hanotaux,  de  l'Académie  française;  M.  Kaempfen,  Directeur  des 
Musées  nationaux;  M.  J.-L.  Pascal,  membre  de  l'Institut,  architecte, 
inspecteur  général  des  Bâtiments  civils;  M.  E.  Saglio,  membre  de  l'Ins- 
titut, conservateur  honoraire  du  Musée  de  Cluny. 

Secrétaire  général  :}\.  Henri  Bouchot,  conservateur  du  Département 
des  Estampes  à  la  Bibliothèque  nationale.  —  Secrétaire  :  M.  P.-A.  Le- 
MOiSNE,  archiviste  paléographe;  —  Adjoints:  MM.  Carie  Dreyfus  et 
André  Germain  ;  —  Commissaire  de  V Exposition  du  Pavillon  de  Marsan  : 
M.  Metman,  conservateur  du  Musée  des  Arts  décoratifs.  —  Trésorier  : 
M.  T.  Mortreuil,  secrétaire  trésorier  de  la  Bibliothèque  nationale.  — 
Trésorier  adjoint  :  M.  Paul  Lacombe,  trésorier  de  la  Société  de  l'Histoire 
de  Paris. 


VI 


COMITÉS  D'ORGANISATION 

I"  Section.  —  Peintures  et  dessins.  —  Président:  M.  Georges 
Lafenestre,  membre  de  l'Institut,  conservateur  du  Département  de  la 
Peinture  au  Musée  du  Louvre. 

Membres  :  MM.  Camille  Benoit,  conservateur  adjoint  des  Musées 
nationaux;  François  Benoit,  professeur  à  l'Université  de  Lille;  Bigard- 
Fabre,  chef  de  bureau  à  l'administration  des  Beaux- Arts;  H.  de  Chenne- 
viÈRES,  conservateur  adjoint  des  Musées  nationaux;  Jules  Comte,  direc- 
teur de  la  Revue  de  l'Art^  ancien  Directeur  des  Bâtiments  civils;  L.  Dimier, 
critique  d'art  ;  Comte  Paul  Durrieu,  conservateur  honoraire  des  Musées 
nationaux;  Charles  Ephrussi,  directeur  de  la  Ga^eUe  des  Beaux-Arts; 
Louis  GoNSE,  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux-Arts  ;  Anatole 
Gruyer,  membre  de  l'Institut,  conservateur  des  Peintures  du  Musée 
Condé  à  Chantilly  ;  Jean  Guiffrey,  des  Musées  nationaux;  André  Hal- 
LAYS,  du  Journal  des  Débats;  Raymond  Kœchlin,  secrétaire  général  de  la 
Société  des  Amis  du  Louvre;  Henry  Lemonnier,  professeur  de  l'Histoire 
de  l'art  à  l'Université  de  Paris;  Paul  Leprieur,  conservateur  adjoint  des 
Musées  nationaux;  Paul  Leroi,  directeur  de  FArt;  Jules  Maciet,  collec- 
tionneur, vice-président  de  l'Union  centrale  des  Arts  décoratifs;  Manzi, 
directeur  du  journal  Les  Arts;  Jean  Masson,  collectionneur;  André 
Michel,  conservateur  du  Département  de  la  Sculpture  au  Musée  du 
Louvre;  Pierre  de  Nolhac,  conservateur  du  Musée  de  Versailles;  André 
Peraté,  conservateur  adjoint  du  Musée  de  Versailles;  Bernard  Prost, 
inspecteur  général  des  Bibliothèques  et  archives;  Schlumberger,  membre 
de  l'Institut  ;  Paul  Vitry,  attaché  aux  Musées  nationaux. 

IL"  Section.  —  Manuscrits  et  miniatures.  —  Président  : 
M.  Henri  Omont,  membre  de  l'Institut,  conservateur  du  Département 
des  manuscrits  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Membres  :  MM.  Couderc,  conservateur  adjoint  au  Département  des 
Manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  ;  Léon  Dorez,  bibliothécaire  au 
Département  des  Manuscrits  ;  le  Comte  Paul  Durrieu  ;  Camille  Enlart, 
conservateur  du  Musée  du  Trocadéro  ;  Henri  Gallice,  collectionneur  ; 
Paul  Leprieur  ;  Gustave  Macon,  conservateur  adjoint  du  Musée  Condé  à 
Chantilly  ;  Mâle,  professeur  de  première  au  Lycée  Louis-le-Grand  ;  Ch. 
de  La  Roncière,  sous-bibliothécaire  au  Département  des  Manuscrits  ; 
Henri  Martin,  conservateur  du  Cabinet  des  Manuscrits  à  la  Bibliothèque 
de  l'Arsenal  ;  Salomon  Reinach,  conservateur  du  Musée  de  Saint-Ger- 
main . 

III'  Section.  —Tapisseries  et  étoffes  peintes.  -  Président  : 

\1.  \1:niric<-  F'  ^r'!  \  y.  collectionneur. 


VII 


Membres  :  MM.  Crost  (L.),  chef  de  bureau  à  l'administration  des 
B eaux- Arts  ;  Farcy  L.  de'i,  historien  d'art  à  Angers  ;  Fournier-Sarlovèze, 
artiste  peintre,  collectionneur  et  amateur  ;  J.  Guibert,  sous-bibliothécaire 
au  Département  des  Estampes;  J.  Maciet,  vice-président  de  l'Union 
centrale  des  Arts  décoratifs  ;  Gaston  Lebreton,  conservateur  du  Musée  de 
Rouen,  membre  correspondant  de  l'Institut  ;  Martin  Le  Roy,  conseiller  à 
la  Cour  des  comptes  ;  Metma\,  conservateur  du  Musée  des  Arts  décora- 
tifs ;  Albert  Maignan.  artiste  peintre,  collectionneur. 

IV*  Section.  —  Émaux.  —  Président  :  Frantz  Marcou,  inspecteur 
général  des  Monuments  historiques. 

Membres  :  MM.  François  Courboix,  bibliothécaire  au  Département 
des  Estampes;  E.  Haraucourt,  conservateur  du  Musée  de  Cluny  ;  Henri 
de  La  Tour,  conservateur  adjoint  du  Département  des  médailles  à  la 
Bibliothèque  nationale  ;  Abel  Lefraxc,  secrétaire  du  Collège  de  France  ; 
Gaston  Migeon,  conserv'ateur  du  Département  de  la  Renaissance  au 
Musée  du  Louvre  ;  Lucien  Magne,  architecte  ;  J.-J .  Marquet  de  Vasselot, 
attaché  aux  Musées  nationaux  ;  Paul  Vitry,  attaché  aux  Musées  natio- 
naux. 

M.  P.  Vitry  a  bien  voulu  se  charger  de  choisir  les  sculptures  qui 
ornent  les  salles  du  Pavillon  de  Marsan. 

COMITÉ  DE  PATRONAGE 

MM.  le  Prince  A.  d'ARENBERG,  de  l'Institut  ;  Edouard  Aynard.  de 
l'Institut  ;  Ernest  Babelon,  de  l'Institut  ;  S.  E.  M.  Barrère,  ambassadeur 
de  France,  Palais  Farnèse,  Rome  ;  le  duc  de  Bauffremont  ;  Georges 
Berger,  de  l'Institut;  Bihourd,  ambassadeur  de  France,  Berlin; 
D""  W.  Bode,  Directeur  du  Musée  Royal  de  Berlin;  L.  Bonnat,  de 
l'Institut;  S.  E.  M.  Cambon,  ambassadeur  de  France,  Londres; 
Ch.  L.  Cardon,  architecte,  Bruxelles  ;  Georges  Clemenceau,  Sénateur,  ; 
Corrado  Ricci,  Directeur  du  Musée  des  Offices,  à  Florence  Italie  ;  Lio- 
nel CusT  ;  Deville,  Président  du  Conseil  municipal;  Stéphane  Dervillé, 
Président  du  Conseil  d'Administration  du  P.-L.-M.  ;  Lady  Dilke  ;  Gus- 
tave Dreyfus;  Charles  Ephrussi  ;  Fétis,  Directeur  de  la  Bibliothèque 
Royale  de  Bruxelles  (Belgique)  ;  Lady  de  Grey  ;  J.-J.  Guiffrey,  de  l'Insti- 
tut ;  Gabriel  Hanotaux,  de  l'Académie  Française  ;  Henri  Hymans,  Con- 
servateur du  Cabinet  des  Estampes,  Bibliothèque  Royale,  Bruxelles  (Bel- 
gique) ;  Kaempfen,  Directeur  honoraire  du  Musée  du  Louvre,  Palais  du 
Louvre  ;  Paul  Leroi,  Directeur  de  VArt\  S.  A.  S.  le  Prince  de  Liechten- 
stein, Palais  de  Liechtenstein,  Vienne  (Autriche i  ;  J.  Maciet;  Monsei- 
gneur Perraud,  de  l'Académie  Française,  Cardinal  Evêque  d'Autun  ;  S.  A. 
le  Prince  Radolin.  Ambassadeur  d'Allemagne,  Paris  ;  le  Marquis  de  Re- 
verseaux,  Ambassadeur  de  France,   Vienne    'Autriche)  ;   Henri    Roujon, 


VIII 


Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  ;  I.  Van  Rijswijck, 
bourgmestre  de  la  Ville,  Anvers  (Belgique)  ;  A.  Schaffer  ;  S.  E.  le  D"" 
ScHONE,  Directeur  des  Musées  royaux,  Berlin  :  le  Comte  de  Seckendorf  ; 
de  Selves,  Préfet  de  la  Seine,  H6tel-de-Ville  de  Paris  ;  S.  E.  M.  de 
Stuers,  Ambassadeur  des  Pays-Bas;  Supino  ;  S.  E.  le  Comte  Tornielli, 
Ambassadeur  d'Italie  ;  E.  Verlant,  Directeur  des  Beaux-Arts  Bruxelles  ; 
Waldeck-Rousseau,  Sénateur  ;  Wauters,  Professeur  de  l'histoire  de 
l'Art,  à  Bruxelles  ;  le  Comte  Wilczek,  à  Vienne  (Autriche). 

DAMES 

M"""*  Edouard  André;  la  marquise  Arconati  Visconti,  ;  la  comtesse 
de  Béarn;  la  comtesse  Jean  de  Castellane  ;  la  comtesse  Greffulhe;  la 
comtesse  de  Pourtalès. 

MEMBRES   PROTECTEURS 

MM.  le  duc  de  La  Trémoïlle  ;  Paul  Lacombe  ;  Gabriel  Lacombe  ; 
Gadala.  agent  de  change  ;  le  prince  d'Essling  ;  Fenaille  ;  Mareuse  ; 
Edouard  Aynard;  De  Rothschild  frères,;  Beurdeley;  Méry;  H.  Pereire  ; 
J.  de  Kerjégu  ;  Hugues  Krafft  ;  Cercle  de  l'Union  Artistique;  Denys 
CocHiN,  ;  le  baron  Gérard;  Bamberger;  Charles  Porgès;  Archdeacon  ; 
L.  Goldschmidt;  Drake;  Moreau-Nélaton  ;  André  Germain;  le  comte 
L.  Cahen  d'Anvers;  F.  Bischoffsheim  ;  le  comte  de  Pomereu; 
C.  Groult;  F.  Roy;  Isidore  Leroy  ;  le  comte  I.  de  Camondo  ;  le  comte 
Boni  de  Castellane  ;  le  Cercle  Artistique  et  Littéraire;  M"'"  la  comtesse 
de  Pourtalès  ;  M.  Ernest  Courbet. 

MEMBRES  ÉTRANGERS  DE  LA  COMMISSION  SUPÉRIEURE 

MM.  le  D'  John  Bottiger,  Stockholm;  Bredius,  La  Haye;  S.  Colvin, 
British-Museum  ;  Herbert  Cook  ;  Robert  Dell.  Directeur  du  Bur- 
lington-Magazine;  Destrée,  Directeur  des  Musées  Royaux  des  Arts 
Industriels,  Bruxelles;  Max  Dvorak;  C.  Fairfax-Murray,  Londres;  Fiu- 
RENS  Gewaert,  Professeur  à  l'Université  de  Liège  ;  D""  Firmenich-Richartz, 
Bonn;  J.  Friedlander,  Kœnigliche-Museum;  D*"  von  Frimmel,  historien 
d'art;  H.  de  Geymuller.  Baden-Baden;  Arthur  Haseloff,  Berlin;  Jules 
Helbig,  Directeur  de  la  Revue  de  lArt  Chrétien,  à  Liège;  Heseltim;. 
Londres;  Cornélius  Hofstede  de  Groot,  La  Haye;  Georges  Hulin,  Pro- 
fesseur à  l'Université  de  Gand,  Gand;  D""  Richard  von  Kaufmann,  Pro- 
fesseur à  l'Université  et  Conseiller  intime,  Berlin;  H.  Kervyn  de  Li;tten- 
HOVE,  Bruxelles;  Max  Lehrs,  Kœnigliches  Kupferstich  Kabinet  Director. 
Dresde;  Le  Nain  (L);  Koch  (feu  Pierre),  Musée  des  Beaux-Arts  d'Anvers  : 
J.  Lessixgs,  Directeur  du  Kœnigliches  Kunstgewerbe  Muséum,  Berlin; 
D'A.  Lichtwark.  Hamburg;(>.  de  Manoach.  Privât  docentà  l'I'niversitc 


IX 


de  Genève;  James  Paton,  F.  L.  S,  Superintendent  Corporation  Art 
Galleries  and  Muséums,  Glasgow  ;  A.  Pit,  Amsterdam  ;  de  Platon  Waxel, 
conseiller  d'Etat,  membre  effectif  de  l'Académie  impériale  des  Beaux- 
Arts  de  Saint-Pétersbourg  -,  Claude  Philipps,  Londres,  Trustée  of  the 
Wallace  Collection;  B.-W.-F.  van  Reenneck,  directeur  du  Rijks-Mu- 
seum,  Amsterdam;  Max  Rooses,  conservateur  du  Musée  Plantin  à 
Anvers  ;  Paul  Seidel,  director  des  Hohenzollern  Muséums,  Berlin  ; 
W.  DE  Seidlitz,  directeur  des  Beaux-Arts,  Dresde  ;  Jaro  Spbinger,  conser- 
vateur adjoint  au  Cabinet  Royal  des  Estampes  ;  B.  Supino,  directeur  des 
Musées  Nationaux,  Florence  ;  Thompson,  conservateur  du  British  Muséum; 
TscHUDi,  directeur  de  la  National  Gallerie,  Berlin  ;  Camille  Tulpinck, 
secrétaire-général  de  l'Exposition  de  Bruges  ;  Verhaegen,  député  de  Gand; 
James  Weale,  Londres;  Weber  le  Consul,  Hambourg;  Weizsaeker, 
Staedelsches  Kunst  Institut,  Francfurt-a/-Mein. 

MEMBRES   DE   LA    COMMISSION   SUPÉRIEURE 

MM.  le  Baron  d'ALBENAS,  collectionneur  ;  Arsène  Alexandre,  critique 
d'art  ;  Aude,  Bibliothécaire  de  la  ville  d'Aix  ;  Philippe  Auquier,  Conserva- 
teur du  Musée  de  Marseille  ;  Albert  Babeau,  membre  de  l'Institut  ;  Ernest 
Babelon,  membre  de  l'Institut  ;  Germain  Bapst  ;  Sigismond  Bardac,  col- 
lectionneur ;  Henri  Béraldi,  collectionneur  ;  Berr  de  Turique  ;  Bigard- 
Fabre,  Chef  du  Bureau  des  Musées  à  la  Direction  des  Beaux-Arts  ; 
A.  de  Boislisle,  membre  de  l'Institut,  administrateur  de  Chantilly  ; 
Léon  Bourgeois,  ancien  président  de  la  Chambre  des  Députés  ; 
Breteuil,  (M^s  de)  ;  Etienne  Bricon,  critique  d'art  ;  Brouillon,  (D"")  ; 
Georges  Cain,  conservateur  des  Musées  de  la  Ville  de  Paris  ;  Capi- 
taine Sadi  Carnot,  collectionneur  ;  Chevreux,  conservateur  du 
Musée  d'Epinal  ;  Clemenceau  (Georges),  sénateur  ;  Jules  Claretie, 
de  l'Académie  Française  ;  Ernest  Courbet,  receveur  municipal  de 
Paris  ;  L.  Crost,  chef  de  bureau  à  la  Direction  des  Beaux- Arts  ;  Henri 
Dallemagne,  écrivain  d'art  ;  Pierre  Daumet,  membre  de  l'Institut  ; 
Pierre  Dauze,  publiciste;  Dayot  (A.);  Emile  Delignières,  à  Abbeville; 
Deville,  avocat,  président  du  Conseil  municipal;  d'Hesvernay;  Paul  Du- 
bois,membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'Ecole  des  Beaux- Arts  ;  iMonseigneur 
Duchesne,  membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'Ecole  de  France  à  Rome; 
Durand  (G.)  Amiens;  E.  Durand-Gréville,  écrivain  d'art  ;  Edmond  Foulc, 
collectionneur;  L.  de  Fourcaud,  professeur  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  ; 
Funck-Brentano,  de  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal;  Paul  Gauchery,  ingé- 
nieur-architecte, à  Vierzon;  Gustave  Geffroy,  écrivain  d'art;  Léon  Giron, 
conservateurdu Musée  N.-D.  du  Puy;  Guignard  (l'abbé)  (Loches);  baron 
Guillibert;  Henri  Havard,  inspecteur  général  des  Beaux-Arts;  Maurice 


Kann,  collectionneur;  Labande, conservateur  du  Musée  Calvet;  Louvrier  de 
Lajollais  ;  Henri  Lapauze,  critique  d'art;  Henri  Lavedan,  membre  de 
l'Académie  française  ;  Louis  Legrand.  conseiller  d'Etat;  Lépine,  préfet  de 
police;  Letort,  conservateur-adjoint  à  la  Bibliothèque  ;  Emile  Lhvy,  direc- 
teur d'y!  r/^/Z)^Vora/ïO«;  Lyon  (Maire  de)  ;  Ch.  Mannheim,  collectionneur; 
Farcy  (P.  de),  Angers  ;  Manzi,  directeur  du  journal  Les  Arts-  G.  Marcel, 
conservateur-adjoint  à  la  Bibliothèque  Nationale  ;  Paul  Marchal,  conser- 
vateur à  la  Bibliothèque  Nationale  ;  A.  Marignan,  écrivain  d'art  ;  Roger 
Marx,  inspecteur-général  des  Beaux-Arts  ;  Frédéric  Masson,  membre 
de  l'Académie  Française  ;  F.  de  Mély,  écrivain  d'art;  Mézières,  de  l'Aca- 
démie Française,  conservateur  de  Chantilly  ;  Emile  Michel,  membre 
de  l'Institut  ;  Emile  Molinier,  ancien  conservateur  du  Musée  du  Louvre, 
ancien  directeur  des  Expositions  rétrospectives  de  1900;  Le  président 
Henri  de  Montégut,  écrivain  d'art  ;  Georges  Montorgueil,  écrivain  d'art  ; 
A.  MouREAu,  bibliothécaire  au  Cabinet  des  Estampes  de  la  Bibliothèque 
Nationale;  Peyre,  collectionneur;  Ponsonailhe,  critique  d'art;  Jules 
Protat,  imprimeur  et  collectionneur;  Antonin  Proust,  ancien  ministre; 
Louis  Quarré-Reybourbon,  écrivain  d'art  ;  Maurice  Quentin,  conseiller 
municipal;  Quentin-Bauchart,  conseiller  municipal;  A.  Raffet,  biblio- 
thécaire au  Cabinet  des  Estampes  de  la  Bibliothèque  Nationale  ;  Redon, 
architecte  du  Palais  du  Louvre;  Recluin  (M.  l'abbé)  ;  Marcel  Reymond, 
écrivain  d'art  ;  Ricart  ;  Georges  Riat  ;  Richtenberger,  critique  d'art  ;  Roche- 
blave,  professeur  d'histoire  à  l'École  des  Beaux-Arts  ;  Roger-Milès,  critique 
d'art;  Joseph  Roman,  collectionneur  et  écrivain  d'art;  Alexis  Rouart, 
collectionneur;  Henri  Rouart,  collectionneur;  André  Saglio.  commis- 
saire des  Expositions;  Henri  Stein,  écrivain  d'art,  archiviste  aux  archives 
nationales  ;  V.  de  Swarte,  trésorier  payeur  général  du  jNord,  président 
de  la  Commission  des  Musées;  Thiébault-Sisson,  critique  d'art;  Félix 
Thiollier,  coUectionneuretécrivain  d'art;  Thierry,  député  des  Bouches- 
du-Rh6ne;TRAwiNSKi,  secrétaire  des  Musées  nationaux;  L'rseau  le  cha- 
noine) ;  Melchior  de  Vogué,  de  l'Académie  française. 


INTRODUCTION 


I 


Depuis  que  les  Gaulois,  nos  ancêtres,  amis  des  cou- 
leurs vives  et  des  paroles  sonores,  furent  initiés,  par 
leurs  conquérants,  aux  séductions  de  la  culture  gréco- 
romaine,  la  pratique  des  arts,  plastiques  ou  littéraires, 
n'a  guère  été  interrompue  dans  notre  pays.  L'art  de  la 
peinture,  notamment,  le  plus  souple  de  tous  et  le  plus 
expressif,  facile  associé  de  la  poésie,  s'y  est  toujours 
montré  l'interprète  fidèle  de  nos  croyances,  de  nos 
sentiments,  de  notre  pensée.  Même  aux  époques  les 
plus  troublées,  à  travers  les  longs  flux  et  reflux  des 
invasions  barbares,  sous  les  Mérovingiens  et  les  Carlo- 
vingiens,  on  couvre  encore  d'images  coloriées,  (décor 
mural,  mosaïques,  tissus  brodés),  plus  ou  moins  gros- 
sières, les  basiliques  et  les  palais,  comme,  autrefois  chez 
les  gallo-romains,  les  temples  et  les  villas.  Les  scribes 
chrétiens  s'efforcent  aussi  de  répandre,  à  leur  tour,  sur 
les  feuillets  des  Missels  et  des  Psautiers  une  parure 
semblable  à  celle  dont  leurs  prédécesseurs  païens 
décoraient  les  rouleaux  des  Poètes  et  des  Philosophes. 

Les  chroniques  nous  apprennent  quelles  légendes  sa- 
crées ou  héroïques  se  déroulaient,  en  scènes  parlantes, 
sur  les  murs  des  cathédrales  et  des  résidences  impé- 
riales. Quelques  manuscrits  précieux  nous  ont  conservé, 
outre  les  noms  de  leurs  illustrateurs,  des  témoignages 
de  la  sincérité  naïve,  avec  laquelle  ces  protégés  de 
Charlemagne  et  de  Charles  le  Chauve  essayaient  déjà 
d'exprimer,  par  une  technique  enfantine,  la  beauté  du 
décor  architectural  qui  les  entourait,  la  vivacité,  sau- 
vage ou  élégante,  des  personnages  si  mêlés  qu'ils  y 
voyaient  se  mouvoir. 


Vers  le  xi*  siècle,  les  ombres  de  notre  histoire  s'é- 
claircissent.  Le  génie  national,  dès  lors  formé  d'élé- 
ments divers  dont  la  fermentation  ne  cessera  d'être 
renouvelée  par  les  apports  intermittents  du  Nord,  de 
l'Est  et  du  Midi,  commence  à  se  reconnaître  ;  il  se  con- 
centre, se  fortifie,  s'enhardit,  se  développe  avec  suite 
et  rapidité,  puis,  tout  à  coup,  fait  explosion.  Par  l'hé- 
roïque élan  des  croisades,  débordant  sur  l'ancien 
monde,  il  mêle,  en  des  rivalités  pacifiques  ou  violentes, 
les  diverses  nations  d'Europe  encore  mal  formées  ;  il 
reprend  avec  l'Orient  byzantin  et  l'Orient  arabe,  foyers 
encore  actifs  de  l'art  et  de  la  science,  un  contact  fécond. 
Aussitôt  se  précipite  chez  nous,  surtout  dans  l'Ile  de 
France,  le  mouvement,  déjà  commencé,  d'une  activité 
enthousiaste,  créatrice,  expansive,  la  plus  originale 
qu'on  ait  connue,  depuis  l'activité  hellénique  au  V  siècle 
avant  Jésus-Christ. 

L'hégémonie  de  la  France,  aux  xiT  et  xiir  siècles, 
dans  les  arts  comme  dans  les  lettres,  n'est  plus  contes- 
tée aujourd'hui.  Lesérudits  d'Allemagne,  d'Angleterre, 
de  Scandinavie,  d'Italie,  ne  sont  pas  les  moins  ardents 
à  recueillir  nos  titres  de  gloire.  Ce  sont  même  eux  qui, 
plus  d'une  fois,  les  premiers,  ont  rendu  sur  ce  point, 
justice  à  nos  architectes  et  à  nos  sculpteurs,  autant 
qu'à  nos  troubadours  et  nos  trouvères. 

Comment  se  fait  il  que  nos  préjugés  scolaires  et 
mondains,  notre  ignorance  utilitaire,  nos  passions  re- 
ligieuses ou  politiques  nous  aient  si  longtemps  caché 
la  vue  de  notre  passé  et  fermé  les  yeux  à  ses  gran- 
deurs ?  N'a-t-il  pas  fallu  plus  d'un  siècle  pour  que  les 
esprits  d'élite,  eux-mêmes,  reprissent,  chez  nous,  cons- 
cience de  leur  atavisme?  On  dirait  vraiment  que  notre 
activité,  si  constante  dans  ses  manifestations,  mais  si 
variable  dans  ses  directions,  nous  condamne  sans  cesse, 
par  ses  ardeurs  même,  à  l'ingrat  dédain  d'hier  dans 
l'enivrement  présomptueux  d'aujourd'hui  !  On  dirait 
que,  fatalement  disposés,  par  notre  situation  géogra- 
phique et  notre  composition  ethnique,  par  notre  terri- 
toire ouvert  et  nos  Ames  complexes,  à  recevoir, 
accueillir,  attirer  sans  cesse  les  communications  du 
dehors,  nous  soyions  toujours  prêts  aussi  à  oublier, 
dans    ce   besoin    généreux  d'assimilation  et  de  pro- 


XIII 


pagande,  les  qualités  fondamentales  et  persistantes  de 
notre  propre  génie  !  Quels  courageux  et  longs  efforts, 
pour  triompher  de  ces  ténèbres,  ont  dû  faire  au 
XIX'  siècle,  tant  d'érudits,  d'archéologues,  de  poètes, 
d'artistes,  Chateaubriand,  Emerie  David,  Victor  Hugo, 
de  Caumont,  Vitet,  Mérimée,  Viollet-Leduc,  Lassus, 
Quicherat,  Courajod,  etc  î  Que  de  patience  et  de 
volonté  il  a  fallu  encore  aux  associations  fondées  ou 
inspirées  par  eux,  officielles  ou  libres,  parisiennes  ou 
provinciales,  sociétés  d'antiquaires,  commissions  des 
monuments  historiques,  pour  sauver  non  sans  peine, 
quelques  reliques,  toujours  menacées,  du  plus  magni- 
fique patrimoine  d'art  que  jamais  un  vieux  peuple,  infa- 
tigablement laborieux,  ait  jamais  légué  à  ses  enfants  ! 

Bénis  soient  ces  morts,  puisqu'ils  ont  accompli  leur 
œuvre  ! 

Grâce  à  eux,  nos  loyaux  «  Maistres  d'œuvres  »,  nos 
honnêtes  «  Imaigiers  »  constructeurs  et  décorateurs  de 
nos  cathédrales,  monastères,  chapelles,  châteaux, 
palais,  logis,  ont  repris,  dans  l'admiration  et  la  recon- 
naissance du  monde  civilisé,  la  place  qu'ils  méritaient. 

Pourquoi  la  même  justice,  en  même  temps,  n'a-t-elle 
pas  été  rendue  aux  innombrables  et  bons  peintres  qui 
coloriaient  leurs  murs,  enluminaient  leurs  statues, 
dessinaient  ces  vitraux,  tapisseries,  orfèvreries,  sans 
lesquels  leur  œuvre  leur  eût  semblé  froide,  inanimée, 
incomplète?  La  réponse,  hélas!  est  trop  simple.  Par 
leur  nature  même,  fragilité  des  substances,  fragilité  des 
supports,  qu'elles  aient  été  fixées  sur  des  pierres,  des 
plâtres,  des  bois,  des  verres,  des  tissus  ou  des  métaux, 
toutes  les  œuvres  de  peinture,  promptement  altérables, 
sont  aussi  les  plus  facilement  destructibles.  Elles  n'ont 
point  pour  résister  aux  ravages  du  temps  et  des  hommes 
la  force  des  matières  dures  dans  lesquelles  les  archi- 
tectes et  les  sculpteurs  ont  pu  fixer  leur  rêve  et  dont 
les  débris,  même  les  plus  mutilés,  nous  peuvent  dire 
encore  l'habileté  de  la  main  qui  les  travailla,  la  vigueur 
ou  la  délicatesse  de  l'imagination  qui  en  conçut  la 
beauté. 

L'exposition  qui  s'ouvre  a  donc  pour  but  de  réparer, 
dans  la  mesure  possible,  les  injustices  d'un  long  oubli 
à  l'égard  de  nos  vieux   peintres.   En    y  présentant   à 


XIV 


l'examen  et  à  l'étude  celles  de  leurs  œuvres  qu'on  a  pu 
rassembler,  on  espère  appeler  désormais  sur  toutes 
les  autres,  égarées  ou  absentes,  l'examen  attentif  des 
chercheurs  et  des  curieux,  la  sollicitude  respectueuse  de 
leurs  détenteurs  et  propriétaires.  Le  nombre  de  ces 
œuvres  est  encore  bien  limité  ;  cependant  ces  témoins 
variés  d'une  fécondité  incessante  (peintures  murales, 
tableaux,  miniatures,  dessins,  tapisseries)  suffiront  à 
prouver  combien,  là  comme  ailleurs,  sur  le  terrain  des 
arts,  furent  opiniâtres  et  vivaces  la  résistance  de  notre 
vitalité,  aux  plus  tristes  heures,  comme  aux  plus  glo- 
rieuses de  notre  histoire,  et  la  continuité,  éclatante  ou 
troublée,  des  recherches  et  des  aspirations  particulières 
à  notre  esprit  français. 

II. 

On  comprendrait  mal  les  évolutions  qui  s'opèrent 
dans  l'art  de  peindre,  entre  l'avènement  de  Philippe  VI 
(1328)  et  celui  de  Henri  IV  (1589),  sous  les  trois  dynas- 
ties des  Valois,  si  l'on  n'en  connaissait  les  origines  aux 
xir  et  xiir  siècles.  Dès  cette  époque,  durant  la  double 
floraison  du  génie  national,  dans  la  période  romane 
et  la  période  gothique,  les  peintres,  alliés  des 
architectes,  émules  des  sculpteurs,  collaborateurs 
des  théologiens  et  des  poètes,  s'efforcent,  comme 
eux,  de  parler,  dans  leur  langage  visible,  à  l'esprit  de 
tous.  Ils  s'adressent  donc,  à  la  fois,  au  peuple  par  les 
représentations  murales,  à  l'élite,  ecclésiastique  ou 
laïque,  par  les  illustrations  des  manuscrits.  Sous  ces 
deux  formes  extrêmes  et  génératrices  de  toutes  les 
autres,  le  décor  des  édifices  et  le  décor  des  livres, 
ils  travaillent,  avec  une  liberté  croissante,  à  instruire, 
réjouir,  enrichir  les  imaginations  de  leurs  contempo- 
rains. La  plupart  exerçaient  à  la  fois  ces  différents 
genres,  en  y  joignant  souvent  la  pratique  de  l'archi- 
tecture et  de  la  sculpture.  Ainsi  s'expliquent  l'unité 
extraordinaire  de  l'art  du  moyen-âge  et  l'harmonie 
décorative  qui,  jusqu'à  la  fin,  animera  toutes  ses 
œuvres,  même  les  moindres,  et  leur  assurera  une 
valeur  esthétique. 

Les  peintures  du  Tnnplc  de  Saint-Jean^  à  Poitiers, 


XV 


de  V Église  de  Saint-Savin  (Vienne),  de  la  Chapelle  du 
Z/^^/  (Indre-et-Loire),  de  V Église  de  Ponce  {Sârrthe), 
de  l'Église  du  Petit- Quevilly  (Seine-Inférieure),  de  la 
Chapelle  Saint-Michel,  à  Rocamadour,  restent  des 
témoignages  vénérés  et  émouvants  de  la  force  et  du 
charme  avec  lesquels  se  déroulaient  sur  les  parois  d'un 
édifice  religieux,  dans  un  ensemble  harmonieux  et  ins- 
tructif, les  grandes  pages  imagées  de  l'épopée  évangé- 
lique.  Le  style  de  ces  décors  sacrés,  ici,  comme  dans 
les  autres  pays,  se  ressent  encore,  plus  ou  moins,  de 
l'enseignement  byzantin  qui  s'était  répandu,  si  bril- 
lamment, sur  toute  l'Europe  depuis  deux  siècles.  Néan- 
moins, sous  la  décomposition  très  visible  de  tradi- 
tions insuffisantes,  reparait  déjà,  s'essaie  et  s'enhardit 
le  génie  indigène,  impatient  des  formules,  de  plus  en 
plus  sensible  aux  choses  de  la  vie,  ami  de  la  vérité 
plus  que  du  rêve,  de  la  grâce  plus  que  de  la  beauté,  de 
la  nature  plus  que  de  la  science,  observateur  naïf  et 
sincère,  trouvant  l'émotion  poétique  dans  la  variété 
simple  et  proche  des  spectacles  quotidiens,  et  l'expri- 
mant, sans  emphase,  avec  une  franchise  loyale  et  une 
liberté  enjouée.  Les  relevés  faits,  en  divers  lieux  par 
MM.  Gélis-Didot  et  Laffilée  (notamment  au  Petit- 
Quevilly),  en  fournissent  plus  d'une  preuve  ^ 

Ce  mouvement  d'émancipation  se  poursuit  durant 
tout  le  xiir'  siècle.  Il  ne  semble  pas,  néanmoins,  avoir 
créé,  sur  les  murs,  dans  l'ordre  narratif  et  monumental, 
des  ensembles  aussi  remarquables  qu'au  siècle  précé- 
dent. A  mesure  que  l'architecture  gothique,  en  France, 
plus  élancée,  plus  compliquée,  plus  aérienne,  restrei- 
gnait, dans  ses  savants  enchevêtrements  de  colonnes 
et  de  voûtes,  les  grands  espaces  de  surfaces  planes 
naguère  livrés  aux  peintres  dans  les  anciennes  basili- 
ques, ceux-ci  doivent  s'y  réduire  de  plus  en  plus  au  travail 
décoratif.  Dans  l'Italie,  au  contraire,  où  les  tra- 
ditions classiques  ne  furent  qu'à  peine  troublées,  çà  et 
là,  par  l'art  ogival,  la  conservation  des  murailles  plates 

I.  Les  relevés  de  peintures  murales  faits  pour  le  service  des  Monuments  histo- 
riques (Ministère  de  rinstruction  publique  et  des  Beaux-Arts)  sont  déposés  à  la 
Bibliothèque  du  Musée  de  Sculpture  comparée  au  Palais  du  Trocadéro.  V.  le 
Catalogue  des  Relevés,  Dessins,  Aquarelles  des  Monuments  Historiques  par 
Perrault-Dabot.  V.  aussi  la  Peinture  Décorative  en  France  du  xi*  au  xvi*  siècle 
par  MM.  Gélis-Didot  et  Laffilée. 


XVI 


ne  cessa  d'appeler  la  fixation  tranquille  des  narrations 
développées  dans  des  cadres  réguliers.  C'est  une  des 
causes  qui  s'ajoutèrent  aux  raisons  climatériques,  pour 
conserver,  en  Italie,  à  la  peinture  murale,  son  rôle 
prépondérant  et  directeur,  tandis  qu'en  France,  devaient, 
au  contraire,  de  plus  en  plus,  triompher  les  applica- 
tions diverses  de  la  peinture  architecturale,  notamment 
dans  les  vitrauxet  tapisseries,  décors  utiles  et  mieux 
appropriés  aux  exigences  variables  d'un  climat  moins 
lumineux,  plus  humide  et  plus  froid. 

Peintures  murales,  vitraux,  tapisseries,  tout,  d'ailleurs, 
durant  cette  période,  s'inspire,  d'abord,  des  dessins  plus 
ou  moins  grossiers,  de  style  barbare  ou  enfantin,  puis 
des  enluminures,  de  plus  en  plus  habiles  et  brillantes, 
dont  se  parent  et  s'éclairent  les  manuscrits  sacrés  et  pro- 
fanes. C'est  dans  ces  délicats  et  libres  travaux,  dont  s'ins- 
pirèrent bien  souvent  les  grandes  peintures  anéanties, 
qu'on  peut  vraiment  suivre  et  admirer  la  rapide  éman- 
cipation, sous  l'influence  des  lettrés  laïques,  de  l'esprit 
observateur  et  de  la  sensibilité  humaine,  en  même 
temps  que  les  progrès  de  la  technique,  chez  les  minia- 
turistes de  l'Ile-de-France  et  des  provinces  avoisinan- 
tes.  Peut-être  florissaient  aussi,  dès  lors,  dans  les  villes 
de  la  Loire,  Orléans,  Blois,  Tours,  des  écoles  déjà  an- 
ciennes. En  tout  cas,  les  Enlumineurs  de  Paris  prennent 
bien  vite,  et  pour  longtemps,  dans  l'admiration  des 
nations  voisines,  le  même  rang  que  les  architectes  et 
les  sculpteurs  français.  Leurs  ouvrages,  d'un  transport 
facile,  vont  fournir  au  delà  du  Rhin,  des  Alpes,  des 
Pyrénées,  de  la  Manche,  des  modèles  innombrables  à 
tous  les  arts  renaissants.  Un  quartier  entier,  dans  la 
région  de  l'Université,  au  milieu  d'une  population 
énorme  et  cosmopolite  de  professeurs  et  d'étudiants  est 
occupé  par  les  libraires  et  leurs  collaborateurs.  Dans 
ces  ateliers  laborieux  les  artistes  allemands,  flamands, 
italiens,  qui  viennent  y  gagner  leur  vie  ou  apprendre 
leur  métier,  sont  presque  aussi  nombreux  que  les  artis- 
tes français. 


XVII 


III 

Au  commencement  du  xiv'  siècle,  Paris  est  donc  le 
centre  de  l'activité  européenne,  pour  les  artistes  comme 
pour  les  lettrés. 

Sans  doute,  à  ce  moment,  la  prépondérance,  dans 
l'art  de  peindre,  est  en  train  de  passer  du  côté  de  l'Ita- 
lie, grâce  au  génie  des  Siennois  et  des  Florentins,  à 
Duccio,  à  Giotto,  Simone  di  Martino,  qui  le  font  réso- 
lument sortir  des  incertitudes  et  lui  montrent,  dans  un 
contact  direct,  méthodique  et  réfléchi,  avec  la  nature 
vivante,  le  moyen  de  retrouver  la  beauté  endormie  aux 
fragments  épars   de  l'antiquité    gréco-romaine.    Sans 
doute,  la  France  n'est  point  ignorante  des  chefs-d'œu- 
vre nouveaux,  elle  n'est  point  insensible  à  leurs  séduc- 
tions. En   1304    Philippe-le-Bel  reçoit  à  sa  cour  trois 
peintres  de  Rome,  Philippe  Rusuti  (probablement  l'ar- 
tiste florentin,  dont  la  signature  se  trouve  au  bas  d'une 
mosaïque    de  l'ancienne  façade,  à  Santa  Maria-Mag- 
giore),  son  fils  Jean,  et  Nicolas  de  Massi.  Sans  doute, 
les  papes  français,  installés  par  lui  à  Avignon,  en  1309, 
ne  tardent  pas  à  y  appeler  Giotto,  qui  n'y  vint  peut-être 
pas,  mais  aussi  Simone  di  Martino,  qui  s'y  installe  et 
y  meurt  en  1344,  puis,  après  eux,  d'autres  Italiens,  Sien- 
nois, Romains,  Toscans,  qui  s'y  succèdent  en  nombre. 
Néanmoins,  les  Parisiens  ne  se  laissent  point  encore 
entamer   par  ces  influences,  trop  passagères   ou  trop 
lointaines,   d'un  art  en  formation  comme  le  leur.  Au 
moment  même  où  Philippe-le-Bel  accueillait  des  peintres 
romains,  n'envoyait-il  pas,  de  son  côté,  à  Rome,  «  chargé 
de  diverses  affaires  »,  un  peintre  de  sa  cour,  Etienne 
d'Auxerre,   qui  devait  être   un  gros   personnage  ?  La 
multitude  de  praticiens  du  Nord  qu'on  trouve  à  Paris, 
soit    de    passage,   soit   en   résidence,    n'implique  pas, 
non    plus,   de   leur  part,   une    action   décisive   sur   la 
production   locale.    Presque  tous,  apprentis  plus  que 
maîtres,  arrivaient  de  l'Artois,  du  Hainaut,  du  Brabant, 
des  Flandres  méridionales,  toutes  provinces  de  langue 
et  de  culture  françaises,  gouvernées  par  des  princes 
vassaux  et  parents  du  roi  de  France.  L'art,  comme  la 
littérature,  qui  s'y  formaient  alors,  ne  s'y  pouvaient  dis- 
tinguer, dans  leurs  traits  généraux,  de  l'art  et  de  la  lit- 


XVIII 


térature  du  centre  parisien.  L'individualité  flamande, 
dans  les  régions  septentrionales,  commence  seulement 
à  se  préciser  et  se  caractériser.  On  a  donc  beaucoup 
exagéré  l'importance  et  la  valeur  des  apports  que  les 
artistes  flamands,  sculpteurs  ou  peintres,  ont  pu  laisser, 
à  cette  époque,  dans  ce  centre  actif  où  ils  étaient  attirés 
à  la  fois  parle  désir  de  voir  et  de  s'instruire,  l'appât  du 
gain  et  l'espoir  de  la  renommée  et  qui  devait,  comme  il 
arrive  toujours  en  pareil  cas,  les  assimiler,  les  franciser, 
leur  donner  plus  que  recevoir.  Ne  suffit-il  pas  de  regarder 
les  images  naturelles  et  vivantes,  tantôt  gracieuses,  tan- 
tôt hideuses,  parfois  d'une  noblesse  imposante,  parfois 
d'une  laideur  grimaçante,  qui  peuplent  les  portails,  les 
chapiteaux,  les  toitures  de  nos  églises  ou  qui  couvrent 
les  marges  de  nos  manuscrits  pour  être  bien  certains 
que  nos  tailleurs  de  pierre  et  nos  enlumineurs  avaient 
déjà,  d'un  œil  libre  et  hardi,  embrassé  tout  le  champ 
des  réalités  humaines  ?  Ils  n'avaient  plus  rien  à 
apprendre  de  personne  en  fait  de  sincérité,  délicate  ou 
brutale,  d'observation  grave  ou  maligne. 

Qu'on  se  rappelle,  vers  l'an  1300,  le  vaste  décor  de 
la  Coupole  dans  la  Cathédrale  de  Cahors,  les  restes  des 
peintures  murales  de  la  Cathédrale  de  Clermont-Fer- 
rand,  (Vierge  entre  deux  anges,  Vierge  entre  un  prêtre 
etun  enfant  de  chœur  agenouillé), -pMis,  que  l'on  s'arrête, 
à  l'Exposition,  devant  le  Parement  de  Narbonne,  la 
Mître  du  Musée  de  Cluny,  la  Chape,  prêtée  par  M.  Mar- 
tin Leroy,  dessinés  sous  Charles  V,  vers  1370  ou  1380  ; 
on  reconnaîtra,  à  première  vue,  que  c'est  bien  le  même 
art,  la  même  façon  de  voir  et  de  comprendre  les  êtres 
et  les  choses,  qui  se  perpétue,  en  se  modifiant,  s'affi- 
nant,  se  compliquant,  s'inquiétant,  s'agitant  !  Partout, 
les  figures  réelles  se  mêlent  sans  fausse  honte  aux  figu- 
res idéales;  et  celles-ci  ne  sont  elles-mêmes  que  des 
figures  réelles  transfigurées  par  la  sincérité  de  l'émo- 
tion. A  Cahors,  des  paysans  et  des  seigneurs  accompa- 
gnent des  saints  dans  le  paysage  :  ces  paysans  sont  de 
lourds  rustauds;  à  Narbonne,  des  bourreaux  frappent 
le  Christ  :  ces  bourreaux  sont  d'ignobles  soudards. 
Leurs  laideurs  brutales  ou  grimaçantes  sont  aussi  ex- 
pressives que  peuvent  l'être,  à  leurs  côtés,  dans  sa 
noblesse  douloureuse,  la  beauté  de  la  Vierge,  dans  sa 


tendresse  soumise,  la  grâce  de  la  Madeleine,  dans  leur 
minauderie  souriante,  les  anges  efféminés  et  les  jeunes 
rois  Mages.  Ce  qui  attire  sans  cesse  le  peintre,  ce  qu"il 
veut  rendre,  ce  qu'il  rend,  bien  ou  mal,  avec  plus  ou 
moins  d'incorrections  et  de  gaucheries,  mais  ce  qu'il 
rend  toujours,  c'est,  avant  tout,  la  vérité  franche  de 
l'attitude,  la  vivacité  claire  du  mouvement  et  du  geste, 
l'expression  opportune  de  la  physionomie  dans  l'action 
paisible  ou  pathétique.  Pour  bien  dire  ce  qu'il  veut  dire, 
il  n'hésite  jamais  dans  ses  affirmations  ;  il  insiste,  sans 
peur  du  ridicule,  sur  tous  les  détails,  tous  les  traits  qui 
peuvent  accentuer  le  jeu,  le  caractère,  le  type  de  ses 
acteurs;  la  gesticulation,  anguleuse  ou  violente,  s'exa- 
gère parfois  jusqu'à  la  contorsion  et  la  laideur,  incon- 
sciente ou  fanfaronne,  jusqu'à  la  caricature.  Néanmoins, 
comme  ces  excès  d'un  réalisme  naïf  sont  presque  tou- 
jours à  leur  place,  ils  nous  semblent  encore  l'expression 
légitime  d'un  sentiment  sincère. 

Dans  presque  toutes  les  peintures  survivantes  du 
xW  siècle,  on  trouve  des  portraits.  Dès  lors,  en  effet,  le 
portrait,  transcription  fidèle  de  la  personnalité  humaine, 
devient,  pour  toute  l'Ecole  française,  comme  il  restera 
toujours,  l'objet  de  ses  études  préférées,  sa  passion  la 
plus  constante,  la  source  la  plus  durable  de  sa  gloire. 
Les  peintures  murales  de  ce  temps,  dont  l'écriture  seule, 
hélas  !  nous  a  gardé  la  mémoire,  aux  châteaux  de  Van- 
dreuil  {Histoire  de  César),  de  Conflans  {Réunions  de 
Chevaliers,  Combat  naval),  dans  l'église  des  Carmes,  à 
Paris  {Pèlerinage  de  saint  Louis  au  Mont  Carmel), 
contenaient  des  portraits  de  personnages  contempo- 
rains dans  des  scènes  historiques.  Histoire  et  portraits, 
c'est  le  même  goût  pour  la  vie  et  pour  la  vérité,  dans  le 
présent  ou  dans  le  passé,  un  noble  goût  que  nous 
conserverons  toujours.  Le  tableau  le  plus  ancien  qu'on 
voit  à  l'Exposition  est  donc  un  Portrait,  celui  du  roi 
Jean,  peint,  durant  sa  captivité  en  Angleterre,  par  son 
peintre  favori,  son  compagnon  d'exil,  Girard  d'Or- 
léans (1359).  Certes,  le  loyal  artiste  n'a  pas  flatté  son 
maître,  non  plus  que  Jean  d'Orléans,  son  successeur  à 
la  cour,  son  fils  peut-être  (car  les  peintres  d'Orléans 
sont  une  dynastie)  ne  flattera  Charles  V  et  la  reine  de 
Bourbon,  dans  le  dessin  de  Narbonne  (vers  1374).  La 


XX 


pensée  d'un  mensonge,  si  léger  qu'il  soit,  ne  vient 
jamais  à  ces  braves  gens-là,  ni  au  modèle,  ni  à  l'artiste. 
Dans  ce  rude  profil,  épais  et  charnu,  du  roi  Jean,  quelle 
ancestrale  grosseur  du  nez!  Quelle  épaisseur  de  lèvres  ! 
Quelle  rusticité  lourde  et  sérieuse  dans  cette  mine 
abattue,  dans  cette  négligence  des  vêtements  et  de  la 
chevelure  !  Mais  aussi  quel  accent  de  sincérité  navrante, 
quelle  puissance  de  vérité  impitoyable  !  Cette  seule 
pièce  suffirait  à  nous  dire,  par  la  hardiesse  virile  et  la 
largeur  libre  de  sa  facture,  qu'il  y  avait  alors  à  Paris  des 
peintres,  de  vrais  peintres,  dans  le  sens  complet  du 
mot,  déjà  différents  des  miniaturistes  et  brodeurs,  et 
capables  de  brosser  de  grands  ouvrages,  vigoureux  et 
simples,  comme  devaient  l'être  bientôt,  à  l'église  des 
Célestins,  tous  ces  «  Ouvraiges  de  Souverains  maîtres  », 
et  au  cimetière  des  Innocents  «  les  Peintures  notables 
de  la  Danse  Macabre  et  autres  »  si  fort  admirées  d'un 
contemporain,  Guillebert  de  Metz. 


IV. 

Après  la  mort  de  Charles  le  Sage  (1380),  durant  une 
trentaine  d'années  encore,  jusqu'aux  grandes  misères, 
émeutes,  massacres,  épidémies,  famines,  occupa- 
tion anglaise  qui  appauvrirent  Paris,  le  dépeuplèrent 
et  l'isolèrent,  la  vieille  capitale  de  Philippe-Auguste 
et  de  Saint-Louis  conserva  le  prestige  qu'un  bon  gou- 
vernement lui  avait  rendu  en  peu  d'années.  Les  frères 
du  feu  roi,  les  Ducs  d'Anjou,  de  Bourgogne,  de  Berri, 
et  son  fils  cadet,  Louis  d'Orléans,  étaient  aussi  pas- 
sionnés que  lui  pour  les  arts.  Leurs  apanages  se  cou- 
vrirent d'édifices  magnifiques,  châteaux,  palais,  saintes 
chapelles,  où  les  orfèvreries,  tapisseries,  sculptures, 
tableaux,  miniatures  de  toute  provenance,  s'accumu- 
laient avec  une  abondance  et  une  richesse  qu'attes- 
tent les  inventaires. 

«  Jamais  l'amour  des  arts  et  du  luxe  n'avait  été 
-y.  poussé  plusloin»,ditRenan.«Kn  13^0, lors  du  mariage 
«  d'Isabelle,  fille  du  roi,  avec  Richard  d'Angleterre, 
«  chacun  trouvait  que  nul  pays  n'égalait  la  France  pour 
«  la  pompe  et  les  supcrfluités.  On  se  croirait  à  deux 


XXI 


«  pas  de  la  Renaissance.  »  Ce  deux  pas?  C'est  trop  peu 
dire.  On  y  entrait,  dans  la  Renaissance,  on  y  marchait, 
et  àgrands  pas,  et  de  tous  côtés  !  A  Dijon,  Bourges,  Poi- 
tiers, Riom,  Pierrefonds,  La  Ferté-Milon,  non  moins  qu'à 
Paris,  devançant,  comme  en  Italie,  entraînant  et  pres- 
sant les  peintres,  les  architectes  et  les  sculpteurs  agran- 
dissaient, développaient,  simplifiaient,  fortifiaient,  vi- 
vifiaient leurs  ouvrages  par  une  conception  plus  claire  et 
plus  forte  de  l'art.  Chez  tous  le  respect  des  exigences  pra- 
tiques et  décoratives,  l'amour  passionné  de  la  nature  et 
de  la  vérité,  s'épuraient  progressivement  par  des  aspira- 
tions croissantes  comme  au-delà  des  monts,  vers  la  poé- 
sie, la  grâce  et  la  beauté.  Renaissance  plus  naturelle 
et  plus  libre  que  ne  devait  l'être  celle  du  xvr  siècle, 
fondée  sur  une  imitation  matérielle  de  l'antiquité  mal 
traduite  par  des  décadents  italiens,  Renaissance  plus 
nationale  surtout,  plus  spontanée,  et  s'épanouissant 
sans  efforts,  joyeusement  comme  une  fleur  du  terroir, 
naïve  et  fraîche,  sortie,  en  sa  juste  saison,  de  la  tige 
robuste  des  traditions  séculaires. 

Le  petit  diptyque  peint  à  Calais  sans  doute,  en  1396, 
à  l'occasion  de  ce  mariage  royal,  dont  parle  Renan, 
appartient  à  Lord  Pembroke  ;  il  est  fâcheux  qu'il  n'ait 
pu  figurer  à  l'Exposition.  On  y  aurait  vu  dans  la  douce 
et  noble  figure  du  jeune  roi  agenouillé,  combien  le 
peintre  français  s'apparente,  d'avance,  avec  Vittore 
Pisano  pour  la  finesse  du  trait  expressif,  et  dans  le 
cortège  d'Anges,  couronnés  de  roses,  aux  types  déli- 
cats et  féminins  de  damoiselles  pudiques  et  élégantes, 
types  français  et  anglais  mélangés,  combien  il  approche 
aussi  de  Gentile  de  Fabriano,  de  Lorenzo  Monaco, 
d'Allegretto  Nuzi,  en  pressentant  Fra  Angelico.  Il 
saute  aux  yeux  de  qui  a  vu  et  comparé  en  France,  en 
Italie,  en  Allemagne,  aux  Pays-Bas,  les  peintures,  sur- 
tout les  dessins  de  cette  époque  que,  durant  vingt  ou 
trente  ans,  par  suite  de  communications  dont  les  faits 
nous  échappent,  une  gestation  générale  dans  le  même 
sens  s'opère  sur  ces  divers  points.  Les  similitudes  de  style, 
de  technique,  d'observations,  de  détails  qu'on  trouve  à 
lafois  chez  des  Flamands,  des  Bourguignons,  des  Pari- 
siens, des  Véronais,  des  Toscans,  desOmbriens,  des  Co- 
lonais,  ne  sont  pas  dues  au  pur  hasard.  Pour  la  sculp- 


XXI! 


turc,  l'influence  de  l'Ecole  Dijonnaise  sur  les  Ecoles 
Toscanes  et  Lombardes,  par  les  œuvres,  de  Marville,  Slu- 
ter,  Claus  de  Werve,  etc..  sur  Jacopo  délia  Quercia, 
Donatello,  Jacopino  del  Tradate,  ne  semble  pas  contes- 
table. On  trouvera  un  jour  les  preuves  matérielles  des 
contacts  par  lesquels  se  sont  formées  alors  les  deux 
grandes  Ecoles  de  peinture,  la  flamande  et  la  florentine, 
dont  la  virilité  souveraine  éclata  presque  en  même 
temps,  à  Gand,  par  le  Triotnphe  de  l'Agneau,  des  frè- 
res Hubert  et  Jan  Van  Eyck  (142. ..-1432)  et  à  Florence, 
par  les  Fresques  du  Carminé,  de  Masolino  da  Panicale 
et  de  Masaccio  (1422-1427). 

A  cette  date,  hélas!  l'Ecole  française  a  perdu  son 
avance  ;  quelqu'en  soit  notre  désir  nous  ne  saurions 
montrer  alors  une  peinture  puissante  et  harmonieuse, 
dont  l'exécution,  à  la  fois  correcte  et  pondérée,  libre 
et  savante,  solide  et  brillante,  puisse  être  comparée  à  ces 
chefs-d'œuvre  d'un  naturalisme  si  profondément  poé- 
tique par  sa  gravité  supérieure.  Dans  le  désarroi  où  les 
événements  ont  jeté  l'Ecole  de  Paris  et  celles  des  pro- 
vinces en  proie  à  l'invasion  étrangère,  aucun  des  cen- 
tres successifs  qui  se  forment,  çà  et  là,  sous  la  protec- 
tion de  quelques  princes  éclairés,  en  Bourgogne, 
d'abord  et  dans  leBerri,  puis  sur  les  bords  de  la  Loire,  en 
Provence,  dans  le  Lyonnais  et  le  Bourbonnais,  ne 
devient  assez  prépondérant  et  prospère  pour  qu'il  s'y 
développe,  avec  suite  et  méthode,  une  tradition  scho- 
laire  assez  forte  pour  grouper  de  nouveau  tant  d'élé- 
ments hétérogènes.  Dans  ces  centres,  en  effet,  les  ar- 
tistes étrangers,  appelés  par  les  nobles  amateurs,  se 
mêlent  partout  aux  artistes  indigènes,  et,  suivant  qu'ils 
sont  plus  rapprochés  des  Flandres  ou  de  l'Italie,  on  y 
demande,  plus  ou  moins  souvent,  des  conseils  aux 
nouvelles  écoles  grandissantes.  Les  quelques  puis- 
santes personnalités  qui  s'y  vont  former  resteront  trop 
isolées  pour  rallier  à  temps  une  assez  grosse  armée  de 
bons  Français  capables  de  résister,  par  leur  masse,  à 
l'envahissement  extérieur. 

Raison  de  plus  pour  que,  constatant  les  difficultés  de 
la  situation  et  reconnaissant  les  fatalités  de  la  défaite 
prochaine,  nous  ayions  à  cœur  de  reconnaître  et  de 
constater  aussi  la  valeur  collective  de  ces  écoles  et  la 


XXIII 


valeur  individuelle  des  artistes  qui  s'y  sont  formés  ; 
c'est  précisément  cette  valeur  que  l'Exposition  doit 
mettre  en  lumière.  Si,  durant  la  lutte  anxieuse  pour  la 
libération  du  territoire,  architectes,  sculpteurs,  peintres, 
avaient  pu  et  dû.  s'attarder  dans  l'inaction  ou  la  pau- 
vreté, leur  réveil,  à  l'aurore  de  la  paix,  fut  rapide  et 
admirable.  Jamais  on  n'a  tant  bâti,  sculpté,  peint  en 
France,  que  depiïis  le  Traité  d'Arras  jusqu'à  la  défaite 
de  Pavie,  sous  les  règnes  réparateurs  de  Louis  XI,  Char- 
les VIII,  Louis  XII  et  le  jeune  François  I".  Jamais, 
non  plus,  notre  génie  ne  se  sentit  si  jeune,  si  gai,  si 
franc,  si  libre,  si  prêt  à  profiter  des  exemples  d'autrui, 
mais  si  décidé  aussi  à  reprendre  tranquillement  et  hon- 
nêtement la  belle  route,  droite,  lumineuse  et  ver- 
doyante, un  instant  barrée  par  le  malheur,  qu'avaient 
ouverte  les  ancêtres. 

Enrépartissant,  par  groupes  locaux,  dans  des  salles  spé- 
ciales les  tableaux  de  Bourgogne,  du  Midi,  de  la  Loire, 
du  Bourbonnais,  les  organisateurs  de  l'Exposition  auront 
singulièrement  facilité  cette  constatation  consolante. 

La  Bourgogne  et  les  Flandres,  au  xV  siècle,  unies 
et  prospères  sous  les  mêmes  princes,  travaillent  de 
concert  à  la  même  œuvre  de  progrès.  A  Lille,  Tour- 
nay,  Ypres,  Bruges,  à  Dijon  ou  Beaune,  ce  sont  les 
mêmes  amateurs  qui  commandent,  souvent  les  mêmes 
artistes  qui  exécutent.  Tout  cet  art  franco-flamand, 
jusqu'à  l'apparition  de  Van  Eyck,  procède  de  l'art 
parisien  à  la  mode  sous  la  génération  précédente.  Sur 
les  panneaux  de  Jean  Malouel,  présentés  ici,  comme 
sur  ceux  de  Broederlam,  restés  à  Dijon,  et  sur  le 
Diptyque  de  Lord  Pembroke,  c'est  la  même  façon, 
vive  et  légère,  de  poser  et  d'animer  les  figures,  de  les 
draper  à  plis  minces  et  secs,  avec  des  tons  frais  et 
transparents  d'aquarelle.  C'est  le  procédé  des  miniatu- 
ristes du  XIV'  siècle,  celui  aussi  des  peintres  siennois 
dont  l'influence  est  durable  et  visible,  mais  qui  déjà 
tend  à  s'affermir,  à  devenir  plus  viril,  et  plus  grave. 
Cette  évolution  s'accentue  bientôt,  dans  l'enluminure 
même,  entre  les  mains  des  trois  frères  de  Limbourg, 
neveux  de  Malouel,  instruits  et  résidant  depuis  leur 
première  jeunesse  à  Paris,  de  Jacquemart  de  Hesdin, 
des  frères  Van  Eyck,  etc. 


XXIV 


Toutefois,  le  fond  même,  l'esprit,  reste  un  dévelop- 
pement naturel  de  l'art  français,  avec  un  retour  plus 
expérimenté  vers  la  simplicité  forte  des  sculpteurs  du 
xiir  siècle,  et  une  intelligence  plus  étendue  de  la 
nature  extérieure  et  des  réalités  prochaines.  Le  jour 
où  l'on  voudra  connaître  cet  art  d'une  façon  com- 
plète, il  faudra  joindre  aux  œuvres  de  l'Artois,  toutes 
celles,  au  moins,  de  l'ancien  Hainaut.  Rogier  de  la 
Pasture  (Van  der  Weyden)  «  Rogerus  Gallicus  »  pour  les 
Italiens,  comme  Jan  Van  Eyck  est  «Johannes  Gallicus» 
Rogier  et  ses  compatriotes,  les  Tournaisiensdelangue  et 
de  sentiments  si  français  (i),  auraient  bien  le  droit  de 
prendre  part  à  ce  concours.  En  soumettant  aux  critiques 
des  experts  quelques  œuvres  du  Maître  franco-flamand, 
encore  mal  connu,  dit  le  Maître  de  Flénialle^  on  a  déjà 
indiqué  l'étendue  et  les  difficultés  de  la  question. 

Tous  ces  morceaux  précieux  de  la  section  bourgui- 
gnonne, d'un  sentiment  pathétique  si  naturel  et  si 
intense,  avec  leurs  fonds  et  leurs  rehauts  d'or,  leurs 
gesticulations  anguleuses,  souvent  brutales,  peuvent 
encore,  il  est  vrai,  malgré  les  douceurs  expressives  des 
visages  pâles,  sembler  des  ouvrages  indécis,  de  vrais 
primitifs.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  trois  autres 
sections  composées  d'œuvres  postérieures  au  Traité 
d'Arras(i435).  Ici  l'on  a  pu,  heureusement,  reconstituer, 
dans  leurs  milieux  provinciaux,  les  personnalités  de 
plusieurs  grands  artistes.  La  résurrection  éclatante  et 
définitive  de  Jean  Fotiquet  et  du  Maître  de  Moulins 
pour  les  Ecoles  de  la  Loire  et  du  Centre  (Bourbonnais 
et  Lyonnais),  celle  à' Enguerrand  Charonton  et  de 
Nicolas  Froment  pour  les  écoles  du  Midi  (Avignon  et 
Provence),  parmi  leur  entourage  d'émulés  ou  de  dis- 
ciples encore  anonymes,  ne  seront  pas  la  conséquence 
la  moins  heureuse  de  la  consultation  solennelle  pré- 
parée par  l'érudition  chaleureuse  et  hardie,  par  l'acti- 
vité militante  et  infatigable  de  M.  Bouchot. 

Grâce  au  concours  généreux  et  empressé  que  nous 
avons  trouvé  partout,  à  l'étranger  comme  en  France, 
pour  cette  entreprise  française,  chez  les  chefs  d'Etat,  les 

I.  Les  habitants  de  Tournai  fournissaient  leurs  gardes  à  Charles  VII  et 
Louis  XI.  Dès  qu'ils  apprirent  la  captivité  de  Jeanne  d'Arc,  ils  lui  firent  porter, 
i  Arras,  une  grosse  somme,  33  couronnes  d'or. 


XXV 


administrateurs,  les  collectionneurs,  nous  avons  pu  re- 
constituer, dans  son  intégrité,  l'œuvre  actuellement  con- 
nue de  notre  peintre  le  plus  national  au  xv'  siècle,  Jehan 
Fouquet.  Aux  morceaux  déjà  célèbres,  prêtés  par  le 
Musée  du  Louvre,  le  Portrait  de  Charles  Vil,  le  Por- 
trait de  Jouvenel  des  Ursins,  sont  venus  se  juxtapo- 
ser les  deux  volets  du  Diptyque  de  Melun,  la  Vierge, 
sous  les  traits  d'Agnès  Sorel,  appartenant  au  Musée 
d'Anvers,  E.  Chevalier  et  son  patron,  saint  Etienne, 
confié  par  le  Musée  de  Berlin,  et  deux  admirables 
Portraits  d'hommes,  le  premier  déjà  fameux,  le  second 
encore  ignoré,  tous  deux  venant  de  Vienne,  prêtés  l'un 
par  le  prince  de  Lichstentein,  l'autre  par  le  comte  Wil- 
czeck.  On  pourra  donc,  pièces  en  mains,  juger  la  valeur, 
comme  peintre,  de  ce  laborieux  et  loyal  artiste  qui  fût 
un  novateur,  si  résolu  et  si  séduisant,  dans  ses  compo- 
sitions d'enluminure,  qui  fut  aussi  l'un  des  premiers 
propagateurs,  des  plus  libres  aussi  et  des  plus  intelli- 
gents, de  la  fusion  des  deux  génies  latins,  dans  la 
douceur  tourangelle  unie  à  la  douceur  toscane.  Tous 
ces  portraits  ont  été  peints  entre  1445  et  1480.  Quel 
rang  faut-il  assigner  à  Jean  Fouquet  parmi  ses  prédé- 
cesseurs et  contemporains  Vittore  Pisano,  J.  Van  Eyck, 
Masaccio,  Paolo  Ùccello,  Fra  Filippo  Lippi,  comme 
peintre  de  la  physionomie  humaine?  Nous  laissons 
au  spectateur,  avec  le  plaisir  d'admirer,  celui  d'y  réflé- 
chir et  de  décider. 

Nicolas  Froment,  d'Uzès,  déjà  rendu  à  la  lumière 
depuis  quelques  années  par  les  découvertes  heureuses 
de  quelques  amateurs  érudits,  va  reprendre  aussi  une 
place  plus  importante,  dans  cette  école  d'Avignon,  si 
active  au  xv*  siècle,  dont  les  innombrables  produits 
sont  encore  dispersés,  dans  les  églises  et  collections, 
sous  les  rubriques  aventureuses  à' Ecole  Flamande  et 
à! Ecole  Italienne.  Le  fait  est,  comme  nous  le  savons 
par  les  recherches  de  l'abbé  Requin,  que,  dans  cette 
ville  pontificale,  où  la  peinture  religieuse  était  naturel- 
lement une  industrie  privilégiée,  les  ateliers  présentent 
un  caractère  d'internationalisme  particulier.  Les  patrons 
et  les  apprentis  sont  aussi  souvent  des  Septentrionaux, 
Flamands,  Lorrains,  Francs-Comtois,  Parisiens,  que 
des  Méridionaux,  Provençaux,  Lombards  ou  Toscans. 


XXVI 


De  là,  malgré  le  voisinage  d'Italie  et  les  communica- 
tions plus  fréquentes  avec  elle,  le  caractère  mixte  de 
presque  toutes  les  œuvres.  Les  Flandres  y  revivent 
fréquemment  par  certains  détails  de  types,  de  style, 
d'accessoire  ;  le  commerce  des  maîtres  piémontais, 
lombards,  toscans,  s'y  révèle  aussi  par  la  force  du 
coloris,  la  chaleur  de  l'atmosphère,  la  variété  et  la 
fermeté  plastique  des  figures  lumineuses,  la  distinction 
et  la  régularité  de  certains  visages.  Néanmoins,  dans 
cette  salle,  il  n'est  point  un  tableau  qui,  par  l'ensemble 
et  la  facture,  ne  porte  la  marque  de  son  origine,  et 
n'atteste  une  assimilation  spontanée  et  libre  d'éléments 
divers  amalgamés,  transformés,  vivifiés  par  un  esprit 
local  de  simplification  à  la  fois  plus  clair  que  l'esprit 
flamand  et  moins  traditionnel  que  l'esprit  italien,  et 
par  une  émotion  simple,  profonde,  humaine,  devant 
les  réalités  de  la  nature  et  de  vie  qui  se  distingue  encore 
de  l'analyse  à  outrance  des  Septentrionaux,  et  de  la 
vision  sommaire,  plastique  et  sereine,  des  Méridionaux. 

Depuis  la  Vierge  Glorieuse  d'Enguerrand  Charon- 
ton  (1453)  jusqu'aux  derniers  travaux  de  Nicolas 
Froment  et  de  ses  successeurs,  vers  1480,  il  y  a  là 
toute  une  série  de  chefs-d'œuvres  inattendus  qui  font 
un  singulier  honneur  à  nos  maîtres  d'Avignon  et  des 
provinces  environnantes. 

La  Pieta  vient  de  l'Hospice  de  Villeneuve-sur-Avi- 
gnon comme  la  peinture  de  Charonton.  Le  fonds  d'or 
traditionnel  trahit  un  artiste  élevé  dans  les  vieux 
principes,  mais  la  gravité  puissante  des  figures,  l'inten- 
sité pathétique  de  leurs  expressions,  la  fermeté  mâle 
de  l'exécution  chaude  et  colorée,  révèlent  aussi  un 
artiste  de  premier  ordre,  comparable  à  Le  Moiturier, 
son  contemporain  et  son  concitoyen,  le  beau  sculpteur 
de  la  Pieta  à  Saint-Pierre  d'Avignon.  Dans  les  deux 
ouvrages,  même  grandeur  d'attitudes,  même  naturel 
de  gestes,  même  intensité  de  douleurs,  même  largeur 
de  style  ample  à  la  façon  bourguignonne,  plus  contenu 
encore,  moins  débordant.  L'influence  de  Dijon  dut, 
en  effet,  se  produire  à  Avignon,  dans  la  peinture  aussi 
bien  que  sur  la  sculpture.  C'est  pourquoi  nous  attribue- 
rions encore  à  l'Ecole  de  cette  région  l'éblouissante  An- 
nonciation,  de  l'Eglise    Sainte-Madeleine,    à    Aix,  où 


X  XVII 


M.  Bouchot  retrouve  avec  raison  une  transformation 
de  l'art  bourguignon. 

Comme  la  plupart  des  œuvres  de  cette  provenance, 
V Annonciation  surprend,  tout  d'abord,  et  ravit  les  yeux 
par  la  beauté  du  décor  où  la  scène  est  placée.  L'inté- 
rieur d'église  gothique,  où  le  bel  ange  s'agenouille 
devant  la  Vierge,  se  développe,  en  oblique,  derrière  le 
groupe,  dans  une  lumière  recueillie,  avec  une  exacti- 
tude singulièrement  pittoresque .  Cette  entente  du  milieu 
réel,  plein  air  ou  intérieur,  et  de  son  éclairage,  est,  un 
des  traits  communs  les  plus  frappants  dans  toutes  les 
œuvres  avoisinantes.  Non  loin  de  là,  un  autre  chef- 
d'œuvre,  venu  aussi  d'Aix,  la  Légende  de  saint  Mitre ^ 
nous  montre,  dans  une  perspective  ensoleillée,  une 
place  et  une  rue  de  la  ville,  toutes  grouillantes  de 
figures  mouvementées  et  expressives,  dont  quelques- 
unes,  notamment  le  bourreau,  appellent  une  comparai- 
son impartiale  avec  les  plus  beaux  morceaux  de 
Mantegna.  T)2ins\esd.e\!OL Résurrection  de  Lazare,  l'une 
avec  quinze  personnages,  l'autre  avec  un  donateur, 
même  sincérité,  même  chaleur,  même  poésie  dans  le 
paysage  rustique  que  dans  le  paysage  urbain.  Rien  de 
plus  ardent  encore,  de  plus  solennel  que  le  crépuscule 
dont  la  pourpre  enveloppe  les  Trois  Maries  et  le  Che- 
valier, agenouillés  autour  d'un  Christ  mort,  près  des 
murs  d'une  ville  fortifiée  où  se  dresse  un  fin  clocher 
accompagnant  une  Sainte  Chapelle  (coll.  d'Albenas). 
Rien  de  plus  frais,  de  plus  charmant  que  l'aurore  jaunis- 
sant, au-dessus  de  la  muraille  grise,  dans  la  cour  silen- 
cieuse d'un  château  féodal,  pour  illuminer  la  tête  ex- 
quise d'une  Vierge  provençale  adorant  son  enfant  cou- 
ché, tandis  que  s'approchent  un  chevalier,  en  armure 
éclatante,  et  son  patron,  un  Saint  Evêque,  à  mine  cou- 
perosée, soulevant  sa  mitre  par  un  geste  embarrassé 
de  pieux  respect  (Musée  d'Avignon).  Le  premier 
tableau  a  été  attribué  à  Antonello  de  Messine;  le 
second  à  Gérard  de  Harlem.  Ce  sont,  à  n'en  pas  douter, 
des  œuvres  provençales,  des  œuvres  éclatantes,  de 
premier  ordre.  Le  paysage  de  la  vallée  du  Rhône,  avec 
l'épanouissement  touffu,  sur  le  premier  plan,  des 
branches  et  des  feuilles  vertes,  formant  le  bouquet 
majestueux  sur  lequel  trône  la  Vierge  épanouie  dans 


XXVI  II 


le  Buisson  ardent,  l'œuvre  capitale  de  Nicolas  Fro- 
ment, présente  le  même  attrait  dans  la  même  exacti- 
tude. Dès  que  ces  braves  artistes  eurent  déchiré  les 
tentures  d'or  ou  de  broderies  dans  lesquelles  s'enfer- 
maient leurs  vieux  maîtres,  ils  n'ont  pu  se  contenter 
ici,  comme  on  le  fit  d'abord  en  Italie  et,  souvent  même 
dans  le  Nord,  d'une  indication  sommaire  pour  les  édi- 
fices, les  terrains,  les  arbres,  l'éclairage,  mais  ils  ont 
regardé  de  tous  leurs  yeux,  ils  ont  admiré  de  tout  leur 
cœur,  la  vérité  entière  dans  les  objets  extérieurs,  et  ils 
ont  voulu  nous  la  dire  !  C'est  délicieux  et  c'est  touchant. 

Sans  doute  tous  ces  frères  de  la  vieille  famille  Fran- 
çaise sont  bien  dispersés.  Comme  ils  se  ressemblent, 
pourtant,  à  distance,  comme  ils  se  font  signe  et  se 
retrouvent  !  Presque  tous  les  Avignonnais,  Nicolas 
Froment  d'abord,  furent  les  familiers  du  roi  René,  et 
ce  dilettante  éclectique,  presqu'aussi  flamand  que 
français,  aussi  italien  que  flamand,  aussi  provençal 
qu'angevin,  plus  artiste  que  prince,  semble  vraiment 
leur  avoir  insufflé  à  tous  son  amour  cosmopolite  pour 
l'infinie  variété  des  choses  dans  la  nature  et  dans  l'art. 
Et  cependant,  nous  le  voyons  bien  cet  éclectisme, 
vivant  et  fécond,  n'était  pas  le  privilège  des  seuls 
Méridionaux,  car  voici  un  autre  vrai  maître,  un  plus 
complet  peut-être,  un  plus  délicat  assurément,  qui  nous 
est  révélé  ailleurs  et  qui,  lui  aussi,  avec  une  aisance 
merveilleuse,  plus  souple  et  plus  habile  encore,  se 
meut  dans  les  traditions  du  passé,  flamandes,  ita- 
liennes, françaises,  tourangelles  surtout,  pour  entrer 
doucement,  mais  résolument,  dans  la  grande  Renais- 
sance. 

D'où  vient-il,  cependant,  ce  délicieux  artiste,  que  nous 
sommes  réduits  provisoirement  à  womvaQYle Maître  de 
Moulins?  De  Paris,  de  Tours,  de  Lyon,  de  Moulins  ? 
A-t-il  vu  l'Italie?  En  a-t-il  seulement  respiré  le  par- 
fum dans  quelques  œuvres  importées?  Il  tient  à  Fouquet, 
foncièrement,  constamment,  mais  il  tient  aussi  aux 
Dijonnais,  aux  Lombards,  aux  Toscans,  et,  néanmoins, 
il  est  bien  lui-môme.  Voici  désormais  son  œuvre  retrou- 
vée et  parlante.  Que  dire  des  grîices  souveraines, 
grâce  d'arrangement,  grâce  d'expression,  grâce  de  cou- 
leur, tendrement  associées  dans  la  Nativité  de  l'évêché 


XXIX 


d'Autun,  les  Portraits  de  Pierre,  duc  de  Bourbon  et 
de  sa  femme  Anne  de  Beaujeu  (Musée  du  Louvre). 
V Avoué-Chevalier  protégé  par  St  Victor,  (Musée  de 
Glascow),  dans  la  Donatrice  et  la  Madeleine  (collec- 
tion Agnew,  de  Londres),  dans  la  Vierge  et  les  quatre 
Anges  (Musée  de  Bruxelles),  dans  cette  pièce  capitale 
enfin,  le  grand  Triptyque  de  la  Cathédrale  de  Moulins, 
avec  la  Vierge  glorieuse,  les  figures  en  pied  du  Duc  et 
de  la  Duchesse  de  Bourbon,  accompagnés  de  saint 
Pierre  et  de  sainte  Anne?  Il  est  plus  doux  et  plus  facile 
de  les  admirer  que  d'en  parler.  Quoiqu'il  soit,  l'artiste 
qui  les  fit  est  un  grand  artiste,  égal  à  ses  meilleurs 
contemporains  d'Italie  et  de  Flandres,  dans  le  tableau 
religieux  et  le  portrait.  Est-ce  Jehan  Perréal,  le  fameux 
Perréal,  le  collaborateur  de  Michel  Colombe  pour  le 
tombeau  de  Nantes,  Lyonnais  ou  Parisien,  peintre  de 
Charles  VIII,  Louis  XII,  François  I"",  auquel  les 
Gonzagues  de  Mantoue  demandaientunportrait,  presque 
du  vivant  même  de  Mantegna  ?  C'est  bien  probable. 
On  l'avait  de  suite  pensé:  nous  sommes  disposés,  chaque 
jour,  à  le  croire  davantage.  Par  pitié,  Messieurs  les 
archivistes,  nos  amis,  un  petit  document,  un  tout 
petit  document,  s'il  vous  plaît,  qui  nous  permette  de 
saluer  cet  homme  glorieux  de  son  vrai  nom  ! 


V 


Le  Maître  de  Moulins  est-il  le  seul  qui,  durant  les 
premières  expéditions  d'Italie,  dans  la  joie  nouvelle 
d'une  rencontre,  libre  etintelligente,  avec  les  vrais  Maî- 
tres de  la  Renaissance  ultramontaine,  dont  l'irrésistible 
éblouissement  allait  enivrer  et  prosterner  tous  les  peu- 
ples, ait  cru  possible  un  renouvellement  parallèle  de 
lart  français  par  le  développement  naturel  des  traditions 
indigènes?  Ce  serait  invraisemblable  et  ce  n'est  pas  vrai. 
La  question  Perréal  soulève  la  question  Bourdichon 
qui,  elle-même,  en  appelle  bien  d'autres  !  N'aurions- 
nous  ici  que  ce  Triptyque  de  V Eglise  de  Saint-Antoine 
a  Loches,  de  1485,  et  quelques  fragments  de  tapisseries 
postérieures,  nous  pourrions  le  dire  hardiment  :  Oui, 


sous  Charles  VIII,  sous  Louis  XII,  alors  que  le  génie 
toscan  et  le  génie  vénitien  étaient  encore  représentés 
chez  nous  par  des  artistes  supérieurs,  d'une  âme  sym- 
pathique, impartiale,  large,  ouverte,  Fra  Giocondo,  Léo- 
nard de  Vinci,  Andréa  Solari,  on  pouvait  espérer  encore 
cette  évolution  pacifique,  spontanée,  progressive  vers 
une  beauté  supérieure  et  complète  qui  eût  été  la  nôtre. 
Malheureusement,  c'est  moins  dans  les  rétables  et  les 
tableaux,  conservés  en  trop  petit  nombre,  que  dans  les 
vitraux  et  les  tapisseries  dont  nos  peintres  fournis- 
saient les  cartons,  que  cette  preuve  pourrait  être  faite  ; 
or,  une  exposition  de  ce  genre  présente  de  telles  diffi- 
cultés qu'il  n'était  point  possible,  à  l'heure  actuelle,  d'y 
songer.  On  devrait,  d'ailleurs,  y  réunir,  avec  les  pièces 
de  cette  période,  celles  aussi  de  la  période  posté- 
rieure, en  apparence,  la  moins  originale,  de  notre 
histoire,  celle  du  xvi*  siècle.  Peut-être  y  verrait-on, 
alors,  même  après  l'invasion  officielle  des  virtuoses 
expéditifs  de  l'Italie,  durant  le  divorce  brutal  opéré 
par  la  mode  et  le  pédantisme,  entre  l'art  de  cour,  aris- 
tocratique et  factice,  et  les  arts  nationaux,  populaires 
et  naturels,  peut-être  y  verrait-on  bon  nombre  de 
peintres  inconnus  ou  méconnus,  poursuivre  honnê- 
tement, sous  une  forme  ou  sous  une  autre,  dans  l'œu- 
vre décorative,  historique,  littéraire,  les  recherches 
qui,  de  tout  temps,  nous  furent  chères.  L'art  du  por- 
trait où  les  Clouet,  Corneille  de  Lyon  et  leurs  disciples 
nous  conservèrent,  avec  une  modestie  exquise  et  une 
loyauté  exemplaire,  notre  supériorité  séculaire,  (comme 
on  peut  le  constater  ici  en  un  grand  nombre  de  pan- 
neaux et  de  dessins  délicats),  n'est  pas  le  seul  genre  où. 
nos  ancêtres  aient  gardé  leur  vieille  sincérité,  où  ils 
aient  précédé  et  préparé  leurs  grands  successeurs  des 
xvii',  xviir  et  xix'  siècles. 

La  tâche,  entreprise  par  M.  Bouchot  et  ses  collabo- 
rateurs était  déjà  assez  vaste  pour  qu'on  dût  s'y  tenir 
en  attendant  mieux.  L'occasion,  fournie  par  l'admi- 
rable Exposition  des  Flamands,  à  Bruges,  en  iqoa,  d'une 
comparaison  méthodique  et  scientifique  de  deux  arts 
contemporains,  fraternels  et  jumeaux,  était  trop  sédui- 
sante  pour   qu'on  s'y  dérobât.    L'empressement  avec 


XXXI 


lequel  les  pouvoirs  publics,  les  personnages  influents, 
les  artistes,  les  amateurs  et  les  savants,  à  l'étranger 
autant  que  chez  nous,  ont  répondu  à  notre  appel,  nous 
a  confirmés  dans  la  pensée,  que,  sur  ce  point,  leurs  désirs 
n'étaient  pas  moins  vifs  que  les  nôtres.  Nous  désirons 
sans  doute,  que  cette  consultation  internationale  tourne 
à  l'honneur  de  nos  artistes  mais  nous  n'avons  nulle 
prétention  d'en  imposer,  d'avance,  les  conclusions, 
même  les  plus  probables,  aux  esprits  éclairés  et  aux 
juges  impartiaux,  car,  nous  voulons,  avant  tout,  nous 
garder  de  ces  sottes  exagérations  de  vanité  patriotique 
qui  sont  la  cause  la  plus  fâcheuse  des  erreurs  et  des  que- 
relles, lorsqu'elles  se  glissent  dans  les  questions  d'art, 
d'histoire,  de  science.  Comme  les  vieux  artistes  que 
nous  aimons,  nous  recherchons,  la  vérité,  nous  ne 
désirons  que  la  vérité. 

Le  terrain,  d'ailleurs,  où  nous  nous  plaçons,  avait  été 
bien  préparé  en  ces  dernières  années.  A  la  suite  des 
anciens  et  hardis  explorateurs  qui,  les  premiers,  avaient 
fouillé  dans  ces  champs  oubliés,  Emeric  David,  L.  de 
Laborde,Ph.  de  Chennevières,  A.  de  Montaiglon,  Paul 

Mantz,  etc de  nouveaux  érudits,  consciencieux  et 

patients,  de  nouveaux  critiques,  passionnés  et  perspica- 
ces, ne  cessent,  par  leurs  publications  documentaires  ou 
leurs  études  sagaces,  presque  chaque  jour,  d'en  remettre 
en  lumière  quelque  coin  mieux  défriché.  Les  savants 
travaux  de  MM.  Léopold  Delisle,  Jules  Guifîrey, 
Bernard  Prost,  l'abbé  Requin,  Paul  Durrieu,  de 
Lasteyrie,  E.  Mâle,  P.  Vitry,  Dimier,  Salomon  Rei- 
nach,  etc.,  les  études  judicieuses  et  chaleureuses  de 
MM.  A.  Gruyer,  André  Michel,  L  Gonse,  P.  Leprieur, 
C  Benoit,  André  Hallays,  L.  de  Fourcaud,  etc.,  bien 
d'autres  contributions  apportées  par  des  travailleurs  infa- 
tigables et  modestes  aux  Archives  des  Monuments  His- 
toriques, aux  Comptes- Rendus  des  reunions  annuelles 
des  Sociétés  de  Beaux-Arts,  aux  Archives  de  VArt 
Français,  à  la  Galette  des  Beaux- Arts,  à  la  Revue  de 
VArt  ancien  et  m.oderne  offrent  une  vaste  carrière, 
pour  leurs  études,  à  ceux  qu'intéresse  l'histoire  de  notre 
vieille  peinture. 

Les  abords  de  toute  cette  science  seront,  d'ailleurs,  sin- 


XXXII 


gulièrement  facilités,  aux  visiteurs  de  l'Exposition,  par 
les  renseignements  abondants  que  M.  Bouchot  fournit, 
dans  le  catalogue  même,  sur  les  œuvres  exposés,  leur 
provenance  et  leur  histoire.  Catalogue  et  Exposition, 
tous  deux  sont  des  œuvres  de  bonne  foi;  qu'il  nous  soit 
permis  d'espérer,  que,  comme  toutes  les  œuvres  de 
bonne  foi,  elles  seront  utiles  ! 

Georges  LAFENESTRE. 


ŒUVRES  EXPOSEES 

AU 

PALAIS  DU  LOUVRE 


PEINTURES  —  DESSINS    —   ÉMAUX 
TAPISSERIES 


PEINTURES   &   DESSINS 


N*  I  du  Catalogue 


Sauvanaud,  pliot. 


PEINTURES     ET     DESSINS 


I.   GIRARD  D'ORLÉANS?  vers  i359- 

Portrait  du  roi  de  France  Jean  II,  dit  le  Bon. 

H.  0,91,  L.  0,41. 
Le  roi,  âgé  d'environ  quarante  ans,  est  représenté  de  profil  à 
gauche.  Il  porte  la  barbe  rare,  les  cheveux  coupés  sur  le  front  et 
tombant  en  mèches  sur  le  col.  11  est  vêtu  d'une  robe  bleue  à  gar- 
naches  et  létices  de  fourrure  blanche.  Le  fond  est  d'or,  appliqué 
sur  plâtre  et  toile,  la  toile  elle-même  collée  sur  un  panneau  de 
bois.  Une  gaufrure,  en  dentelle  au  poinçon,  est  inscrite  sur  le 
pourtour  du  champ  d'or.  La  peinture  exécutée  à  l'oeuf  a  pris  un 
ton  foncé  que  fait  ressortir  l'éclat  du  fond.  Ce  tableau  paraît  avoir 
été  peint  en  Angleterre,  pendant  la  captivité  du  roi,  aux  environs 
de  1359.  Né  en  13 10,  le  roi  Jean  avait  alors  près  de  quarante  ans. 
Nous  savons,  grâce  à  un  compte  publié  par  Mgr  le  duc  d'Aumale, 
que  le  peintre  Girard  d'Orléans  était,  en  qualité  de  valet  de 
chambre,  attaché  à  la  personne  du  Roi  en  Angleterre,  et  qu'il 
peignit,  par  son  ordre,  divers  tableaux.  Le  présent  portrait  était 
autrefois  dans  les  appartements  du  roi  Charles  V  à  l'hôtel  Saint- 
Paul,  et  il  faisait  partie  d'un  quatriptyque  fermant,  renfermant  trois 
autres  portraits,  ceux  d'Edouard  III  d'Angleterre,  de  Charles  IV 
Empereur  d'Allemagne  et  «  Roi  des  Romains»  et  de  Charles  V  alors 
duc  de  Normandie.  Une  mention  de  l'inventaire  du  Roi  Charles  V 
publié  par  Labarte  n"  2217  montre  que  Girard  d'Orléans  avait 
peint  un  quatriptyque  de  ce  genre.  Cette  œuvre  d'un  intérêt  histo- 
rique considérable,  à  peu  près  unique  aujourd'hui  en  Europe,  est 
la  preuve  la  plus  saisissante  de  l'activité  et  du  talent  naturaliste 


XIV  SIÈCLE 


des  artistes  parisiens  du  xiv*  siècle.  Dans  le  xvi'  siècle  il  passa  à  la 
famille  du  précepteur  de  François  I",  Arthur  de  Gouffier,  sieur  de 
Boisy,  et  fut  transporté  à  son  château  d'Oyron.  C'est  là  que  Roger 
de  Gaignières  le  trouva  et  l'acquit  vers  la  fin  du  xvii*  siècle.  A  la 
vente  de  ce  dernier  en  1717,  le  portrait  du  Roi  Jean  fut  réservé 
pour  le  roi  Louis  XV  et,  depuis,  il  est  resté  dans  les  collections 
nationales.  Il  appartient  aujourd'hui  au  Département  des  Estampes 
de  la  Bibliothèque  nationale. 

Noyer ^  toile  et  enduit  de  plâtre  doré^  peinture  en  détrempe. 

2.  ECOLE  DE  PARIS  i36o. 

Mitre  d'évêque  en  samit  avec  dessins. 

Cette  pièce  faisait  partie  d'une  chapelle  quotidienne  comme  le 
Parement  de  Narbonne  (n°  3)  et  elle  dut  être  «  historiée  »  à 
Paris.  Cette  mode  de  remplacer  les  broderies  par  de  la  peinture  ou 
des  dessins  fut  constante  pendant  un  siècle.  On  en  connaît  une  sur 
parchemin  dans  la  collection  L'Escalopier  à  la  Bibliothèque 
d'Amiens  ;  il  y  en  a  une  du  xiii'  siècle  français,  à  Namur  chez  les 
Sœurs  noires.  En  1389,  Guillaume  de  Lestrange,  archevêque  de 
Rouen,  possédait  une  «  mistre  historiée  de  paintures  »  vendue 
4  livres  à  l'évêque  de  Saintes,  suivant  que  l'indique  M.  P.  de  Farcy. 
Dans  le  trésor  du  duc  Jean  de  Berry  on  trouve  «  un  cothidian  de 
satin  blanc  pour  le  tems  de  Karesme,  paint  à  ymaiges  de  blanc  et 
noir  de  la  Passion  »,  1404.  Ces  chapelles  quotidiennes  servaient 
donc  surtout  pendant  le  Carême,  et  cette  dernière  mention  est 
fort  explicite.  Celle  que  possédait  le  duc  de  Berry  devait  être  de 
la  main  d'un  artiste. 

La  pièce  fut  trouvée  aux  Archives  nationales  ;  elle  n'est  au 
Musée  de  Cluny  que  depuis  quelques  années. 

Soie.  Dessin  à  Vencre  de  chine.  Musée  de  Cluny. 

3.  JEAN  D'ORLÉANS?  vers  1374. 

Parement  d'autel,  sur  samit,  avec  divers  tableaux  de 
la  Passion  du  Christ,  vers  1374. 

H.  0,78.  L.  3,86 

Cette  pièce  capitale  pour  l'art  français  du  xiv"  siècle  se  compose 
d'un  motif  central,  qui  est  le  calvaire,  et  d'une  suite  de  scènes  à 
droite  et  à  gauche,  séparées  entre  elles  par  des  décorations  archi- 
tectoniques,  encadrées  dans  des  arcatures  gothiques  quadrilobées. 
La  scène  principale  renferme  une  vingtaine  de  personnages,  des 
séraphins  et  des  anges.  De  chaque  côté,  sous  une  arcade  plus 
étroite  et  partagée  dans  son  milieu,  on  voit  à  gauche  la  vraie  Foi,  et 


N"  3  <i'i  Catalogue 


:ftte  des  Beaux- Arts. 


/   \ 


N»  3  du  Catalogue 


(ja^ette  des  Beaux- Arts. 


XIV*   SIÈCLE 


à  droite  la  Synagogue  ;  à  l'e'tage  du  dessous  à  gauche,  un  roi  cou- 
ronné est  représenté  dans  l'attitude  de  la  prière  ;  à  droite  une  reine 
également  couronnée  et  priant.  Six  autres  scènes  se  déroulent, 
trois  à  gauche,  trois  à  droite.  A  gauche  on  a  V Arrestation  de  Jésus^ 
la  Flagellation^  le  Portement  de  croix  ;  à  droite,  la  Mise  au  tom- 
beau, la  Descente  aux  limbes,  le  Qhrist  Jardinier.  Une  découverte 
récente  a  permis  de  comparer  la  composition  de  ces  scènes  avec 
celles  d'un  célèbre  manuscrit  du  duc  de  Berr}%  les  Petites  Heures, 
conservées  à  la  Bibliothèque  Nationale,  Le  style  des  figures,  la 
disposition  dramatiques  des  scènes,  font  penser  à  une  inspiration 
prise  par  l'artiste  dans  la  représentation  d'un  mystère  de  la  Pas- 
sion. Les  caractères  généraux  du  dessin,  les  thèmes  employés, 
sont  ceux  des  sculpteurs  parisiens  de  la  date  voisine  de  1380.  La 
figure  de  la  Vraie  Foi  rappelle  celle  que  nous  a  conservée  Villard 
de  Honnecourt,  dans  un  album  de  1250  environ.  Le  roi  représenté 
est  Charles  V,  et  la  reine,  Jeanne  de  Bourbon,  sa  femme.  Le  chif- 
fre K  (Karolus)  inscrit  sur  les  bordures  démontre  que  nous  avons 
affaire  à  une  œuvre  commandée  par  le  Roi. 

Ce  parement  faisait  partie  d'une  chapelle  quotidienne,  c'est-à- 
dire  d'une  réunion  d'objets  du  culte  pour  une  fête  déterminée. 
Nous  savons  par  des  notes  d'inventaire  que  Girard  d'Orléans  avait 
exécuté  de  ces  chapelles  en  dessin  noir  et  blanc  sur  soie  (Inventaire 
de  Charles  V  en  1379  publié  par  Labarte).  En  1374,  date  approxi- 
mative du  Parement,  Girard  d'Orléans  était  très  vieux,  mais  son  fils 
Jean  lui  succédait  dans  ses  charges  à  la  cour  du  Roi.  Il  est  intéres- 
sant de  rapprocher  cette  oeuvre  d'une  mitre  conservée  à  Cluny,  la- 
quelle faisait  partie  d'une  chapelle  identique,  et  est  conçue  dans  le 
même  sentiment  de  décoration.  Un  manuscrit  de  Mandeville  con- 
servé à  la  Bibliothèque  nationale (n"  acquisit.4515)  qu'on  sait  de  la 
main  de  Raoulet  d"Orléans,  est  enluminé  dans  ce  style  particulier. 
Le  nom  de  Jeand'Orléanspeut  donc  être indiquéàtitrede  renseigne- 
ment. Il  était  peintre  du  roi,  il  allait  en  1391  devenir  le  chef  de  la 
corporation  des  peintres,  lorsque  ceux-ci  se  séparèrent  des  selliers 
pour  prendre  une  existence  à  part.  Quoiqu'il  en  soit,  ce  dessin  en 
grisaille  sur  soie  est  un  des  documents  les  plus  intéressants  de 
notre  vieille  école  du  xiv'  siècle,  on  y  retrouve  la  «  barbarie  savou- 
reuse »  dont  parlait  Paul  Mantz,  et  surtout  une  allure  particulière- 
ment écrite  et  individuelle. 

On  le  nomme  le  Parement  de  Narbonne  parce  qu'il  fut  trouvé 
dans  cette  ville  par  le  peintre  Boilly  qui  Tacheta  au  commencement 
du  XIX'  siècle.  Il  fut  cédé  au  Louvre  en  1852  pour  la  somme  de 
1500  francs  par  M.  Jules  Boilly. 

Dessin  sur  soie  blanche  (samit)  Musée  du  Louvre. 


XIV  SIÈCLE 

4.  JEAN  D'ORLÉANS?  vers  i38o. 

La  Mise  au  Tombeau. 

H.  0,33.  L.  0,21. 

Ce  tableau,  dont  les  rapports  avec  le  Parement  de  Narbonne  et 
les  miniatures  de  manuscrits  français  sont  indiscutables,  est  peint 
sur  fond  d'or.  Le  style  des  figures  est  celui  des  imagiers  parisiens 
de  la  seconde  moitié  du  xiV  siècle  ;  l'allure  en  est  noble,  en 
dépit  des  naïvetés  gothiques  de  l'artiste,  mais  se  distingue 
expressément  des  travaux  contemporains  attribués  à  Malouel  ou  à 
Beauneveu.  La  Vierge  sous  son  voile  est  très  rapprochée  de  celle 
du  Parement  de  Narbonne  et  des  manuscrits  à  origine  certaine  de 
l'Ile  de  France. 

Bois.  Musée  du  Louvre. 

5.  ÉCOLE  DU  MIDI  vers  1395. 

L'adoration  des  Mages. 

H.  0,290.  L.  0,185. 

Cette  peinture,  qui  a  de  grands  rapports  de  technique 
avec  certains  travaux  parisiens,  rappelle  à  la  fois  les  Malouel 
et  Simone  Memmi.  L'œuvre  est  celle  d'un  peintre  sellier  pei- 
gnant sur  fond  d'or.  M.  R.-E.  Fry,  qui  a  étudié  cette  pièce 
et  la  suivante,  lors  de  leur  passage  à  Londres  chez  MM.  Dowdeswell, 
écrit  cette  phrase  «  This  picture  is  no  doubt  rightly  attri- 
buted  to  the  french  school  of  the  end  of  the  fourteenth  century  » 
(^Burlington  magasine,  june  1903,  p.  90).  On  y  retrouve  certains 
caractères  des  miniatures  de  manuscrits  attribués  à  André 
Beauneveu  par  M.  le  Comte  Durrieu.  Toutefois  les  costumes  de 
femme  sont  plus  provençaux  que  parisiens  ;  la  Vierge  est  plus  dans 
les  données  de  Simone  di  Martino  que  dans  celles  des  peintres  de 
Paris.  On  se  rendra  compte  de  la  différence  des  deux  écoles  en 
comparant  les  deux  panneaux  à  celui  de  la  Collection  Carrand  de 
Florence  représentant  également  une  Adoration  des  Mages. 
M.  Fry  met  les  deux  peintures  dont  nous  parlons  en  parallèle  avec 
la  Mise  au  Tombeau  du  Musée  du  Louvre  exposée  ici  (n*  4). 
Il  trouve  de  grands  rapports  entre  les  bleus  des  uns  et  de  l'autre  ; 
à  notre  sens  le  style  est  très  différent.  Cette  pièce  et  la  suivante 
ont  un  intérêt  capital  pour  l'étude  de  la  technique.  On  voit  que 
les  fonds  d'or  étaient  préparés  avant  la  peinture,  et  que  cette 
peinture  s'appliquait   ensuite  sur  un   croquis  à  la  plume. 

Ces  deux  œuvres  ont  été  gracieusement  prêtées  à  l'Expo- 
sition par  Madame  Lippmann,  veuve  du  regretté  directeur  du 
Cabinet  des  Estampes  de  Berlin. 

Bois^  plâtre  et  or.  Peinture.  Madame  Lippmann,  Berlin. 


XIV«   SIECLE 


6.  ECOLE  DU  MIDI,  vers  iSpS. 

La  mort  de  la  Vierge. 

H.  0,390.  L.  0,185. 

Cette  scène  est  celle  qui  oflFre  le  plus  de  rapports  avec  certaines 
miniatures  attribuées  à  Beauneveu,  mais  les  costumes,  les  meubles 
sont  de  la  France  me'ridionale.  Le  dernier  apôtre  dans  le  haut  à  gau^- 
che,  rappelle  l'un  des  présentateurs  du  duc  de  Berry  dans  le  manus- 
crit de  la  Bibliothèque  de  Bruxelles  n'  11060,  attribué  à  Beauneveu, 
mais  qui  est  peut-être  d'un  artiste  parisien. 

Même  provenance  que  le  précédent. 

Bois,  plâtre  et  or.  Peinture.  Madame  Lippmann,  5^r//«. 

7.  ÉCOLE  DE  PROVENCE  1390. 

Le  Calvaire  — Le  Christ  jardinier. 

H.  0,26.  L.  0,15. 
Cette  pièce,  peinte  sur  panneau  à  la  façon  des  peintres  selliers 
du  XIV'  siècle,  avec  fond  d'or  sur  plâtre,  est  de  l'école  avignonnaise. 
La  partie  peinte  a  été  rapportée  sur  un  ais  de  reliure  du  xvi"  siècle, 
encore  décoré  de  rinceaux  dans  la  façon  de  Grollier.  La  croix  du 
Christ  est  d'influence  parisienne,  mais  le  manteau  semé  de  fleu- 
rettes est  plus  italien. 

Bois  préparé.  Peinture  à  Vœuf.    M.  Ed.  Ayxard,  Lyon. 

8.  ECOLE  DE  PARIS,  vers  1390. 

La  Trinité  et  les  Evangélistes. 

H.  0,35.  L.  0,35  fermé  et  0,66  ouvert. 
Cette  forme  quadrilobée  est  très  fréquente  dans  les  décorations 
gothiques  de  l'Ile  de  France,  et  plusieurs  mentions  d'inventaires  si- 
gnalent des  œuvres  peintes  ainsi  encadrées.  La  pièce,  capitale 
pour  l'histoire  de  la  peinture  en  France,  a  été  trouvée  à  la  char- 
treuse de  Dijon  et  acquise  par  M.  Baudot.  A.  Michiels,  d'après  cer- 
taines comparaisons  avec  les  volets  duretabledeChampmol  aujour- 
d'hui au  Musée  de  Dijon,  l'attribuait  résolument  à  Melchior  Bro- 
derlam,  peintre  du  duc  Philippe.  Il  y  a  lieu  d'être  moins  affirmatif. 
Ce  tableau  rappelle  par  plusieurs  points  les  miniatures  des  manus- 
crits du  duc  de  Berry,  le  thème  de  la  Trinité  est  fréquemment  retrou- 
vé dans  les  grandes  et  dans  les  petites  heures  de  ce  prince.  Les  meu- 
bles, les  fonds  d'or,  le  type  des  anges  procèdent  à  la  fois  du 
Parement  de  Narbonne,  des  Très  riches  heures  du  Musée  Condé  à 
Chantilly,  et  de  certaines  parties  de  la  tapisserie  de  V Apocalypse  d'An- 
gers. Le  fond  d'or  poinçonné  en  damasquinure  est  celui  du  portrait 


XIV'   SIECLE 


du  roi  Jean  le  Bon.  Nous  signalons  les  très  grands  rapports  entre  le 
Christ  en  croix  de  cette  pièce  et  celui  du  Parement  de  Narbonne 
(voir  n"  3)  ci-devant  décrit. 

Le  triptyque  faisait  partie  de  la  vente  Baudot  à  Dijon  en  1894, 
sous  le  n"  12.  Il  fut  acquis  pour  le  compte  de  M.  le  consul  Weber, 
de  Hambourg,  qui  a  bien  voulu  le  prêter  à  notre  exposition. 

Bois^  enduit  de  plâtre,  peinture  à  l'œuf  sur  or. 

M.  Weber,  Consul  à  Hambourg. 

9-11.   ECOLE  DE  PARIS,  XI V^   SIECLE,   1390? 

Trois  feuillets  d'un  livre  d'heures  ayant  appartenu  au 
duc  de  Berry,  et  dont  la  plus  grande  partie  est  dispersée. 
Le  Père  éternel  —  Moïse  et  la  Vierge  sur  un  trône  —  La 
Toussaint. 

H.  0,27.  L.  1,75. 
Le  premier  et  le  second  de  ces  tableaux  ont  de  proches  parentés 
avec  le  Parement  de  Narbonne  (n"  3).  Dieu  le  père  sur  son 
trône,  nous  offre  les  thèmes  de  plis  et  accessoires  qui  seront 
adoptés  par  tous  les  peintres  flamands  dans  le  xV  siècle,  à  partir  de 
Broderlam  et  des  Limbourg.  La  Vierge  du  second  feuillet  est  celle 
du  Parement.  Au  bas  du  tableau  principal,  une  petite  miniature 
montre  le  duc  de  Berry  agenouillé  devant  le  Christ,  la  Vierge  et 
saint  Jean.  Le  troisième  feuillet  est  peut-être  de  la  main  d'André 
Beauneveu.  Le  livre  d'où  ces  feuilles  ont  été  arrachées  a  disparu 
récemment  dans  l'incendie  de  Turin.  Il  avait  été  heureusement 
publié,  en  l'honneur  de  M.  Léopold  Delisle,  par  M.  le  comte  Dur- 
rieu.  Comparez  ces  feuillets  avec  les  grandes  heures  du  duc  à  la 
Bibliothèque  nationale,  lat,  919. 

Vélin.  Miniatures.  Musée  du  Louvre. 

12.   CLAUS  SLUTER,  vers  1395. 

Dessin  d'un  personnage  en  costume  de  deuil  (Pleu- 
rant). 

H.  0,17.  L.  0,09 

Nous  conservons  ici  l'attribution  que  nous  a  obligeamment 
fournie  M.  Walter  Gay,  mais  les  plis  du  manteau  ne  rappellent  pas 
ceux  de  Sluter.  Il  s'agirait  plutôt  d'un  dessin  de  Gérines  dans  le 
XV*  siècle. 

Papier  gris.  Dessin  rehaussé.     M.  Waltbr  Gay,  Paris. 


XIV*   SIECLE 


i3.   JEAN  MALOUEL?  iS^S 

La  Vierge  et  l'Enfant. 

H.  o,2i,  L.  0,14. 

Ce  très  délicat  petit  panneau  est  d'un  artiste  tout  près  de 
Jean  iMalouel  travaillant  à  Dijon  chez  le  duc  de  Bourgogne,  en  139S. 
La  Vierge,  avec  son  nez  effilé,  ses  yeux  noirs,  ses  mains  longues  et 
fines,  se  rapproche  beaucoup  de  la  Vierge  attribuée  à  Malouel  et 
conserv'ée  au  Musée  du  Louvre  (n"  15).  La  matière  de  ce  tableau 
est  d'une  saveur  picturale  toute  particulière,  les  ors  du  fonds,  très 
délicatement  traités,  trahissent  les  influences  des  peintres  parisiens. 
Le  corps  de  l'enfant  est  de  toute  beauté,  et  son  minois  éveillé  très 
diff"érent  de  celui  qu'on  est  habitué  à  retrouver  à  ces  époques. 
Bots  préparé  au  plâtre,  gravure  des  nimbes. 

M.  Edouard  Aynard,  Lyon. 

14.  JEAN  MALOUEL  1398. 

Pieta.  Le  Christ    mort   est  soutenu  par  deux  anges, 
saint  Jean  et  la  Vierge. 

H.  0,39,  L.  0,26 
Ce  morceau  est  peint  à  la  détrempe,  sur  bois  préparé  au  plâtre  et 
doré.  Une  des  particularités  de  la  scène  est  dans  ce  détail  :  les 
anges  portent  au  front  la  croix  que  Van  Eyck  adoptera  plus  tard, 
et  qui  passera  pour  une  de  ses  inventions  personnelles.  St-Jean 
porte  un  manteau  rouge,  la  Vierge  un  manteau  bleu.  Le  fond  d'or 
est  empreinte  en  creux,  et  non  en  relief  ;  il  rappelle  le  fond  du 
portrait  duroi  Jean  (n"  i).  Le  cadre  tient  au  panneau  qui  est  creusé 
en  cuvette  et  devait  à  l'origine  être  orné  de  pierres.  Cette  pièce 
est  à  rapprocher  du  petit  tableau  circulaire  du  Louvre  représen- 
tant aussi  une  Picta  avec  Dieu  le  Père,  également  attribuée  à  Ma- 
louel. Elle  a  beaucoup  souffert;  les  bijoux  du  cadre  ont  disparu, 
le  bois  est  à  découvert  en  certaines  parties,  la  tête  du  Christ  et  celle 
de  saint  Jean  sont  perdues.  Donné  au  Musée  de  Troyes,  par 
M.  Fléchey. 

Bois  préparé.  Musée  de  Troyes  (Aube). 

i5.   JEAN  MALOUEL  vers  1398. 

Pieta  avec  Dieu  le  Père,  la  Vierge,  saint  Jean  et  des 
anges. 

Diamètre  0,64. 
Cette  œuvre  a  été  donnée  à  Jean  Malouel  dans  les  catalogues 
du  Louvre  parce  que  le  revers  porte  les  armes  du  duc  de  Bourgo- 
gne chez  qui  travaillait  Malouel;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  le 


XIV'   SIÈCLE 


duc  de  Berry  envoyait  à  son  frère  de  Bourgogne  de  fréquents 
cadeaux  en  objets  d'art,  et  qu'on  y  représentait  l'écusson 
du  destinataire.  Nous  devons  reconnaître  toutefois  que  la 
manière  générale  de  ce  tableau  est  très  différente  de  celle  des 
parisiens  caractérisée  par  nombre  de  miniatures  de  manuscrits  et 
par  différentes  oeuvres  ci-devant  décrites  :  la  Mise  au  tombeau^ 
(n"  4).  Le  Parement  de  Narbonnc^  (n"  3),  le  diptyque  de  la 
collection  Carrand  au  Musée  des  Offices.  Au  contraire  on  y  trouve 
les  caractères  d'une  Pieta  du  Musée  de  Troyes  (n"  14)  et  d'une 
petite  Vierge  appartenant  à  M.  Edouard  Aynard  (n"  13).  Les  anges- 
sont  ceux  de  la  Pieta  de  Troyes  ;  ils  sont  au  nombre  de  six. 
Bois  préparé^  peinture  à  Vœuf.  Musée  du  Louvre. 

16.   ATTRIBUE  à  JEAN  MALOUEL,  vers  1400. 

Le  martyre  d'un  saint  Evêque.  Sa  dernière  communion. 

H.  1.60.  L  2,oS. 
Le  martyre  de  saint  Denis  est  considéré  comme  l'œuvre  de 
Jean  Maelwael  dit  Malouel,  peintre  Gueldrois  établi  à  Dijon  vers 
1398,  et  qui  devint  un  Français  comme  l'Allemand  Memling,  établi 
en  Flandres,  devint  un  Flamand.  Toutefois,  certains  rapports  entre 
la  figure  du  Christ  et  celles  de  diverses  autres  représentations  de 
Jésus,  dans  les  Tris  riches  heures  du  duc  de  Berry,  permettent  de 
penser  que  l'œuvre  a  pu  être  exécutée  à  Paris,  dans  les  ateliers  du 
duc,  par  l'auteur  des  miniatures  qu'on  dit  être  l'un  des  frères  Lim- 
bourg.  D'après  les  recherches  les  plus  récentes,  les  frères  Limbourg 
seraient  les  neveux  de  Malouel  ;  ils  fussent  venus  étudier  leur 
art  à  Paris  dans  la  fin  du  xiV  siècle.  Ils  avaient  alors  14  et  16  ans. 

La  comparaison  de  l'architecture  du  tableau  avec  les  miniatures 
des  Tris  riches  heures  de  Chantilly,  et  surtout  avec  celles  du  ms. 
français  166  à  la  Bibliothèque  Nationale,  attribuées  également  aux 
frères  Limbourg,  donne  une  grande  vraisemblance  à  cette  hypo- 
thèse. D'autres  concordances  établissent  une  parenté  entre  les 
Limbourg  et  le  peintre  anonyme  aujourd'hui  désigné  sous  le  nom 
de  Maître  de  Mérode  ou  de  Flemalle  dont  il  sera  parlé  ci-après. 
Des  remarques  de  détail  montrent  que  le  peintre  du  tableau  avait 
connu  certaines  œuvres  italiennes,  et  qu'il  s'était  imprégné  de  ce 
qu'on  nommait  alors  «  l'ouvraige  de  Lombardie  »,  cette  dernière 
considération  pourrait  laisser  croire  à  l'intervention  de  l'un  des 
artistes  du  duc  ayant  travaillé  en  Lombardie,  tels  Jean  Mignot  ou 
Jacques  Cône.  En  l'état  actuel  des  connaissances,  il  faut  réserver 
son  opinion  définitive,  mais  le  Martyre  de  saint  Denis  n'en  reste 
pas  moins  l'un  des  morceaux  les  plus  précieux  de  la  peinture  go- 
thique. Ce  tableau  provient  de  la  Chartreuse  de  Champmol  à 
Dijon.  Il  a  été  donné  au  Louvre  par  M.  Reiset,  en  1863. 

Bois  préparé  au  plâtre  avec  fond  d'or.  Musée  du  Louvre. 


N'  )  du  Catalogue 


Sauvanaud,  phot. 


XIV»   SIÈCLE  9 

17.  ÉCOLE  DE  PARIS,  vers  1400. 

Statuette  de  la  Vierge  sous  un  tabernacle  muni  de 
volets  peints  décorés  de  la  vie  de  Marie  et  de  Jésus,  vers 
1400. 

H.  0,46.  L.  0,21. 
Les  peintures  de  ces  volets  montrent  Y  Annonciation^  la  Visita- 
tion^ V Apparition  aux  Bergers,  la  Nativité,  les  Mages,  la  Fuite  en 
Egypte,  X Idole  brisée,  la  Présentation  au  Temple,  le  Massacre  des 
Innocents. 

On  pourra  comparer  les  peintures  de  cette  remarquable  pièce 
au  Parement  de  Narbonne  (n"  3).  On  y  aperçoit  un  personnage 
portant  une  queue  de  cheveux  comme  on  en  voit  à  un  des  bour- 
reaux du  Calvaire  du  Parement.  Le  saint  Joseph  de  la  Nativité  est 
retrouvé  dans  le  manuscrit  166  français  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, Les  soldats  sont  ceux  de  France  vers  1400  ;  l'un  d'eux  y  a  le 
chapeau  de  fer,  l'autre  le  bassinet  du  temps  de  Duguesclin. 
Bois.  Peinture  à  Vœuf,  fond  d'or. 

M.  Ch.  Léon  Cardon,  à  Bruxelles. 

18.  ÉCOLE  DE  PARIS,  vers  1400. 

Mort,  Assomption  et  Couronnement  de  la  Vierge. 

H.  0,64.  L.  0,33. 
Ce  dessin  a  été  attribué  à  André  Beauveneu;  il  paraît  être  de  la 
main  de  l'artiste  qui  peignit  le  célèbre  diptyque  représentant  Ri- 
chard 11,  aujourd'hui  en  la  possession  de  Lord  Pembroke  à  Vilton- 
House.  Rien  n'autorise  à  donner  le  nom  de  Beauneveu  plutôt  que 
celui  de  Jean  d'Orléans  ou  de  tout  autre.  Toutefois,  le  rapproche- 
ment avec  le  Parement  de  Narbonne  et  divers  manuscrits  nous  au- 
torise à  indiquer  l'école  des  miniaturistes  parisiens. 

Papier.  Dessin.  Musée  du  Louvre. 

19-22.    ECOLE  FRANÇAISE  (Commencement  du  XV*  siècle). 

Seize  feuillets  d'un  Livre  d'Heures,  enluminé  en 
France,  représentant  des  Saints. 

Chaque  pièce.  H.  0,056.  L.  0,052. 

I"  cadre.  —  Saint  Jean,  saint  Etienne,  saint  Laurent,  saint 
Biaise. 

2*  cadre.  —  Saint  Pierre,  saint  Jacques,  saint  Christophe,  saint 
Antoine. 

3*  cadre.  —  Sainte  Marie-Madeleine,  sainte  Geneviève,  sainte 
Théodoxie,  sainte  Agnès. 


lo  XV*   SIECLE 


4*  cadre.  —  Saint  Martin,  saint  Eloi,  sainte  Barbe,  sainte  Cathe- 
rine. 

Ces  miniatures  ont  été  exécutées  par  un  artiste  français  contem- 
porain du  duc  de  Berry,  vers  1410  environ.  Les  fonds  sont  encore 
ceux  des  manuscripteurs  du  xiV  siècle. 

Ve'lin,  miniatures  application  d'or.       M.  Jean  Masson,  Amiens. 

23.  ÉCOLE  DE  PROVENCE,  vers  1400. 

La  Vierge  sur  son  trône  entre  Saint-Jean  et  un  béné- 
dictin. En  bas,  trois  saints.  Saint-Louis  de  Toulouse. 

H.  0,28.  L.  0,18. 

Cette  pièce  restaurée  rappelle  certains  manuscrits  exécutés 
pour  le  chancelier  de  l'Empereur,  par  des  artistes  méridionaux, 
et  que  M.  Max  Dvorak  a  signalés  dans  son  livre  :  Die  Illumi- 
nât or  en. 

Bois  fond  or.  M.  Ed.  Aynard,  Lyon. 

24.  INCONNU,  vers  1400. 

Le  Jugement  dernier  et  la  Résurrection  des  Morts. 

H.  2,93  .  L.  0,60. 

Cet  antipendium  est  peint  sur  fond  d'or  gaufré  au  fer  chaud  en 
relief  sur  un  mastic.  C'est  l'œuvre  d'un  des  peintres  selliers,  très 
souvent  nomades,  venus  de  l'Ile  de  France,  de  la  Picardie  ou  de 
l'Artois.  Le  caractère  des  figures,  l'extrême  simplicité  des  moyens 
assurent  à  ce  morceau  de  l'école  française  du  xiv*  siècle  une  impor- 
tance exceptionnelle.  On  ignore  malheureusement  à  quelle  époque 
il  fut  placé  dans  l'église  Saint-Wulfran  d'Abbeville  où  il  est  encore, 
mais  tout  porte  à  croire  qu'il  y  est  resté  depuis  le  xiv*  siècle.  Peut- 
être  est-il  l'œuvre  d'un  de  ces  peintres  de  Hesdin  dont  les  premiers 
avaient  été  formés  par  la  comtesse  Mahaut  d'Artois  avec  l'aide 
des  artistes  parisiens,  entre  1300  et  1329. 

Bois  préparé  fonds  dor.  Saint-Wulfran  dAbbeville. 

25.  ECOLE  DE  PARIS,  vers  J410. 

Le  Calvaire  avec  un  donateur  portant  des  armes.  — 
Le  Père  éternel  et  le  symbole  des  quatre  évangélistes. 

H.  0,56.  L.  0,26. 

Les  armes  du  personnage  représenté  sont  celles  de  Gérard  de 
Montaigu,  évêque  de  Poitiers  (1406),  puis  de  Paris  1409,  chancelier 


XV'   SIECLE  II 


du  duc  de  Berry,  mort  en   1420.  M.  le  C*'  Durrieu  estime  que  ces 
deux  miniatures  peuvent  être  attribue'es  à  Jacques  Cône  ou  Coene, 
peintre  Brugeois  fixé  à   Paris   dès  avant    1398,   C'est  ce  Jacques 
Coene  qui  avait  été  appelé  à  Milan  pour  construire  le  Dôme, 
Vélin.  Miniature.  Musée  de  Cluny. 

26.  ÉCOLE  FRANÇAISE  1410. 

Portrait  d'un  prince. 

H.  0,200.  L.  0,175. 

Ce  portrait  représente  Louis  II  duc  d'Anjou,  roi  de  Sicile  et  de 
Jérusalem,  père  du  roi  René.  La  confirmation  de  cette  attribution 
se  trouve  dans  le  manuscrit  latin  11 56  ade  la  Bibliothèque  Natio- 
nale, manuscrit  ayant  appartenu  au  roi  René,  où  lui-même  est 
représenté  portant  une  longue  barbe  italienne.  L'aquarelle  ici  expo- 
sée a  été  léguée  au  Département  des  Estampes  de  la  Bibliothèque 
Nationale  par  M.  Miller,  membre  de  l'Institut.  C'est  l'œuvre  d'un 
des  peintres  de  la  cour  de  France.  Traité  en  miniature,  ce  portrait 
présage  les  travaux  de  Fouquet  dans  le  même  genre.  Il  appartint 
à  J.  Ballesdens.  le  concurrent  de  Corneille  à  l'Académie,  et  fut 
ensuite  à  Roger  de  Gaignières  qui  le  fit  agrandir  sur  les  bords  et 
orner  d'une  lettre.  Celle-ci  disparaît  dans  l'encadrement,  mais  elle 
a  été  reproduite  dans  la  copie  que  Gaignières  avait  fait  faire  dans 
ses  albums  de  costumes. 

Papier.  Aquarelle.  Département  des  Estampes. 

27.  ÉCOLE  FRANÇAISE  vers  1420. 

L'embarquement  d'un  roi  de  France.  — Un  roi  sur  son 
trône  salué  par  cinq  personnages. 

H.  0,10.  L.  0,08. 
Ces  miniatures,  arrachées  au  manuscrit  5077  de  la  Bibliothèque 
de  l'Arsenal,  appartiennent  à  l'école  de  Paris.  Elles  ont  beaucoup  de 
rapports  avec  le  tableau  de  la  Vierge  au  manteau,  du  Musée  du  Puy 
(n»  28). 

Vélin.  Miniature.  Musée  du  Louvre. 

28.  ECOLE  DE  L'AUVERGNE  vers  1420. 

La  Vierge  protectrice. 

H.  1,45.  L.  1.90. 

Ce  tableau,  qui  dut  servir  de  bannière  à  l'origine,  est  peint  sur 
toile.  La  Vierge,  dans  le  goût  des  madones  des  artistes  du  duc  de 
Berry,  est  représentée  debout,  couronnée  et  tenant  son  enfant 
pressé  contre  elle.  Elle  porte  une  robe  rouge  semée  de  fleurons  d'or. 


12  XV   SIÈCLE 


Son  large  manteau  d'hermine  est  soutenu  par  deux  saintes 
femmes.  En  arrière,  on  aperçoit  six  personnages  nimbés.  En  bas, 
de  chaque  côté  de  la  Vierge,  deux  groupes  distincts  de  dignitaires 
ecclésiastiques,  de  princes  et  seigneurs  laïques,  les  religieux  à 
gauche,  les  laïques  à  droite.  Dans  le  premier  groupe,  on  remar- 
que un  pape,  des  cardinaux,  un  évêque,  des  abbés  cisterciens  et 
franciscains.  A  droite,  le  groupe  des  laïques  comprend  un  empe- 
reur qui  paraît  être  Charles  IV,  un  roi  qui  est  probablement 
Charles  VI,  une  reine  qui  est  Isabeau  de  Bavière,  et  des  princes 
dont  l'un,  coiffé  d'un  haut  chapeau,  est  en  arrière  du  groupe.  Les 
costumes  sont  ceux  des  princes  et  seigneurs  français  vers  141 5,  tels 
qu'on  les  retrouve  notamment  dans  les  Très  riches  heures  du  duc 
de  Berry  à  Chantilly.  Trois  personnages  de  la  fin  du  groupe  parais- 
sent être  les  donateurs  de  la  bannière  ;  c'est  un  riche  bourgeois 
entre  deux  femmes.  En  tout  28  personnages.  Le  tableau  complet 
renferme  38  figures  y  compris  celles  de  la  Vierge  et  des  saints. 

Cette  œuvre  est  très  visiblement  influencée  par  l'école  de  Paris, 
et  par  les  artistes  du  duc  de  Berry.  La  peinture  en  est  soignée  et 
fine.  Il  faut  penser  à  un  artiste  venu  du  Nord  et  qui  s'est  inspiré 
de  certaines  théories  avignonnaises.  Le  sentiment  général  est  fort 
rapproché  de  certaines  fresques  retrouvées  dans  la  région.  Il  pré- 
sage visiblement  Enguerrand  Charonton  (n"  72). 

Provient  du  couvent  des  Carmes  du  Puy,  donnée  au  Musée  en 
1850  par  la  Fabrique  de  la  paroisse  des  Carmes. 

Toile,  peinture  à  la  détrempe,  Musée  du  Puy. 

29.  ÉCOLE  DE  L'ARTOIS?  1430 

Suite  de  6  pièces  sur  la  vie  du  Christ,  avec  portrait 
d'un  chanoine  donateur.  Miniatures  en  grisaille. 

Chaque  pièce  :  H.  0,087,  L*  o>o6o. 
Cette  suite  de  grisailles  rehaussées  d'or  rappellent  de  très  près 
les  œuvres  du  maître  dit  de  Flémalle. 

Velin.  Miniature.        M.  Jean  Masson.  Amiens. 

30.  ÉCOLE  DE  L'ARTOIS  (LE  MAITRE 

DE  FLÉMALLE),  vers  1430. 

La  Vierge  glorieuse,  Saint-Pierre,  Saint-Augustin  et 
un  augustin. 

H.  0,480.  L.  0,316. 
Cette  œuvre,  comparable  aux  plus  célèbres  panneaux  attribués 
aux  Van  Eyck,  est   donnée   par  quelques  personnes   au    peintre 
inconnu,  désigné  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Maître  de  Flémalle 


XV*   SIECLE 


par  M.  Von  Tschudi  de  Berlin.  (lahrbuch  1898.)  On  a  voulu  iden- 
tifier ce  maître  anonyme  avec  un  certain  Jacques  Daret,  person- 
nage considérable  de  la  cour  du  duc  de  Bourgogne,  lequel  était  né 
à  Tournai.  (Georges  Hulin  de  V identité  de  Maîtres  anonymes.  Gand 
1902).  Mais  personne  n'a  remarqué  encore  la  descendance  très 
écrite  entre  la  facture  et  les  moyens  généraux  de  ce  délicat  artiste 
et  les  peintres  des  Très  riches  heures  du  duc  de  Berry  à  Chantilly. 
Une  concordance  absolue,  mais  où  l'on  sent  une  différence  de  date 
sensible,  relie  le  prétendu  Maître  de  Flémalle  aux  prétendus 
Limbourg.  L'usage  des  rayons  en  fusées  radiantes  remarqués  dans 
le  calendrier  des  Très  riches  heures,  dans  la  Nativité  du  même 
manuscrit  et  en  divers  endroits,  est  une  note  caractéristique.  Les 
plis  d'étoffe,  les  paysages  sont  traités  de  même.  Dans  le  présent 
panneau  la  ville  est  essentiellement  française,  elle  rappelle  certaines 
fortifications  du  Nord  de  Paris  ;  les  types  d'hommes,  notamment 
celui  de  St  Pierre,  qu'on  retrouve  dans  V Adoration  des  Bergers^ 
du  même  maître  au  Musée  de  Dijon  sous  les  traits  de  Saint-Joseph, 
accusent  des  conformités  plus  sensibles  encore  avec  les  miniatures 
françaises  du  xv'  siècle.  M.  Hulin  estime  que  le  tableau  fut  peint 
pour  l'abbaye  d'Eaucourt  en  Artois.  Sans  rien  affirmer,  nous  ex- 
posons ce  tableau  en  le  rapprochant  de  celui  de  M.  Salting  de 
Londres,  où  nous  avons  signalé  une  particularité  singulière,  l'écran 
d'osier  rencontré  dans  la  miniature  initiale  des  Très  riches  heures. 
L'influence  de  la  France  sur  le  prétendu  maître  de  Flémalle  est 
confirmée  par  une  Visitation  du  Musée  de  Berlin,  où  l'on  aperçoit 
le  logis  de  Nesle  et  les  cygnes  du  duc  de  Berry. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  d'Aix. 

ECOLE  DE  L'ARTOIS  (LE  MAITRE 

DE  FLÉMALLE),  vers  1430. 
La  Vierge  et  l'enfant  dans  un  intérieur.  La  Vierge  est 
assise  sur  un  banc  ;  elle  est  protégée  de  la  flamme  du 
foyer  par  un  écran  d'osier.  Par  la  fenêtre,  on  aperçoit 
une  ville. 

H.  0,62.  L.  0,48. 
Nous  exposons  ce  tableau  à  cause  de  l'écran  d'osier  que  nous 
trouvons  absolument  semblable  dans  la  miniature  initiale  des  Très 
riches  heures  de  Chantilly,  derrière  le  duc  de  Berry  à  table. 

Cette  particularité  fort  rare,  jointe  aux  nimbes  radiants,  au 
paysage  aperçu  par  la  fenêtre  ouverte,  note  une  descendance  indis- 
cutable entre  les  artistes  du  duc  et  le  Maître  dit  de  Flémalle.  Cet 
artiste  dut  vivre  dans  l'Artois  entre  1425  et  1450.  Peut-être  même 
vint-il  à  Paris.  Ses  origines  sont  inconnues  encore  et  nous  n'osons 
suivre  M.  Hulin  qui  en  fait  Jacques  Daret. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  George  Salting,  esquire^  Londres. 


14  XV*   SIÈCLE 

32.   ECOLE  DE  L'ARTOIS,  (LE  MAITRE 

DE  FLEMALLE),  vers  J43o. 

L'adoration  des  bergers. 

H.  0,99.  L.  0,66. 
Nous  avons  déjà  parlé  de  ce  maître  au  n"  précédent,  Ce 
tableau  de  V Adoration  est  assurément  l'une  des  œuvres  les  plus 
plus  fortes  sorties  de  l'atelier  de  ce  peintre  inconnu.  On  a  signalé 
les  caractères  qui  le  rattachaient  aux  miniatures  du  livre  d'heu- 
res du  duc  de  Berry  à  Chantilly  ;  ici  nous  retrouvons  plusieurs 
particularités  qui  achèvent  la  démonstration.  Dans  les  figures,  le 
type  de  la  Vierge  avec  les  cheveux  rejetés  derrière  les  oreilles, 
est  celui  des  Très  riches  heures^  pour  Eve  dans  le  Paradis  terrestre, 
etc.  ;  Son  manteau  blanc  étoile  est  semblable  à  celui  de  Y  Adora- 
tion des  Bergers  du  manuscrit.  L'ajustement  des  coiffures  de  fem- 
mesjest  aperçu  à  peu  près  identique  dans  les  Heures^  quoique  à  des 
dates  un  peu  antérieures.  Le  Saint-Joseph  de  la  peinture  est 
très  près  comme  figure,  barbe  et  calvitie  du  premier  berger  des 
Tris  Riches  heures  dans  \ Annonciation  aux  bergers.  L'un  des 
bergers  avec  sa  musette  est  retrouvé  dans  le  manuscrit  et  dans  le 
présent  tableau.  Le  paysage  du  tableau  est  traité  dans  la  manière 
du  peintre  du  manuscrit.  La  forme  des  montagnes  du  fond  est 
identique  dans  les  deux  œuvres,  mais  une  particularité,  c'est 
le  soleil  perçant  en  arrière  de  ces  montagnes  dans  le  tableau  et 
qu'on  revoit  presque  identique  dans  la  Visitation  des  Très  riches 
heures.  Le  fait  est  trop  rare  pour  ne  pas  être  signalé  comme 
une  concordance  décisive.  Le  reste  du  paysage,  avec  son  château 
et  son  lac,  ou  mer  intérieure,  paraît  être,  dans  le  tableau,  un  de 
ces  arrangements  comme  en  firent  les  artistes  du  duc  de  Berry, 
qui  figuraient  de  très  grandes  nefs  à  voiles  sur  la  rivière  de  Mehun- 
-sur-Yèvre,  et  agrémentaient  le  paysage  de  montagnes  poin- 
tues. Quant  aux  banderoles  aperçues  ici,  elles  sont  constantes 
dans  les  Très  riches  heures  et  achèvent  d'accuser  des  conformités 
trop  persistantes  pour  être  l'eflfet  d'un  pur  hasard. 

Bois.  Peinture  à  Vhuilc.  Musée  de  Dijon. 

33-36.    ECOLE  DU  MIDI,  vers  1430. 

Légende  de  Saint-Georges,   en  quatre   tableaux   sé- 
parés. 

H.  1,03.  L.  0,50. 

Ces  tableaux  sont  d'une  peinture  de  la  partie  du  midi  avoisinant 

l'Espagne.     Toutefois,     certains     indices     trahissent     nettement 

l'influence  française,  par  exemple  le  conseiller  au  Parlement  qui  se 

retrouve  dans  le  tableau  de  M  Accusation.  On  pourra  comparer  ce 


XV'   SIECLE  15 

personnage  avec  les  pages  des  Heures  de  Fouquet  au  Musée 
Condé.  Certaines  excentricités  dans  les  chapeaux,  et  les  yeux 
tombants  sont  un  indice  en  faveur  des  pays  voisins  de  la  Navarre. 
Les  4  tableaux  sont  :  i"  U Accusation  —  2"  La  Flagellation  —  3°  Le 
Saint  trainé  par  des  chevaux  —  4°  La  Décapitation. 

Bois;  fond  doré.  M.  Théophile  Belin,  Paris 

37.   ÉCOLE  DE  BOURGOGNE  vers  1440. 

L'Annonciation  dans  une  église  gothique. 

H.  1,55.  L.  1,76. 

Ce  tableau  a  été  successivement  attribué  à  Jean  van  Eyck  et  à 
Albert  Durer  ;  ces  opinions  ne  se  peuvent  soutenir.  Certains  dé- 
tails non  remarqués  encore  nous  permettent  de  rattacher  l'œuvre 
au  rameau  français  des  artistes  issus  des  ateliers  du  duc  de  Berry. 
L'architecture  rappelle  les  plus  remarquables  miniatures  du  livre 
célèbre  des  Très  riches  heures  conservé  à  Chantilly.  La  décoration 
générale,  les  statuettes  de  prophètes,  inspirées  du  Puits  de  Moïse, 
l'ornementation  des  chapiteaux  par  des  raisins  et  de  la  vigne,  éloi- 
gnent l'idée  d'un  peintre  néerlandais.  De  plus  les  types  du  Père 
Eternel,  de  l'Ange,  de  la  Vierge  concordent  avec  les  manuscrits 
bourguignons  à  origine  certaine  ;  la  Vierge  est  bourguignonne, 
comme  la  Vierge  de  Charonton  est  picarde.  D'autres  constatations 
achèvent  d'édifier  l'opinion.  Entre  deux  colonnes  de  l'église,  à 
droite  on  aperçoit  un  autel  dont  le  dais  est  nettement  semé  de 
France,  c'est  à  dire  de  fleurs  de  lis  sans  nombre.  Un  Flamand  y 
eût  ajouté  les  armes  de  ses  princes  régnants.  Plus  à  droite,  divers 
personnages  assistent  à  une  messe,  ils  sont  costumés  à  la  mode  fran- 
çaise de  1440  environ.  Sur  un  vitrail,  les  armes  des  Rochechouart. 

L'Ange,  revêtu  d'une  ample  dalmatique  pourpre  à  orfroi  d'or, 
rappelle  certains  similaires  de  la  sculpture  dijonnaise  et  celui  du 
Buisson  Ardent  de  Nicolas  Froment.  Il  a  des  ailes  empruntées  à 
un  faucon,  ce  que  faisaient  volontiers  les  artistes  du  duc  de  Berry. 
La  Vierge,  à  genoux  devant  un  pupitre  sculpté,  est  très  blonde  ; 
elle  est  revêtue  d'un  ample  manteau  en  brocard  de  Tours,  et,  devant 
elle,  un' manuscrit  enluminé  est  ouvert.  En  haut,  à  gauche,  Dieu  le 
Père  darde  ses  rayons  sur  elle,  et  dans  ces  rayons,  un  petit  enfant 
s'aperçoit  très  nettement  —  formule  naïve  et  inhabituelle  imaginée 
pour  expliquer  l'Immaculée-Conception.  Par  une  baie  ouverte 
en  arrière  de  l'Ange,  un  paysage  s'étend,  traité  largement,  sans 
rien  des  précisions  méticuleuses  des  flamands.  Sur  le  premier 
plan,  le  vase  de  fleurs  obligé,  où  «le  lis  le  plus  pur  »  est  montré. 
En  comparant  ces  divers  éléments  de  discussion  à  l'oeuvre  des 
maîtres  capables  d'exécuter  avec  cette  décision  un  pareil  morceau, 
en  opposant  à  leurs  moyens  connus,  aux  types  adoptés  par  eux 


i6  XV   SIÈCLE 


les  remarques  ci-devant  faites,  on  s'aperçoit  que  le  tableau  ne  peut 
avoir  été  composé  que  par  un  artiste  français  du  milieu  du  xv* 
siècle,  contemporain  de  Fouquet  et  de  Charonton,  mais  séparé 
d'eux  par  des  influences,  une  technique  plus  serrée  et  des 
modèles  différents.  Si  le  tableau  a  été  exécuté  dans  le  midi,  il  le 
fut  par  un  de  ces  artistes  voyageurs  venus  de  la  région  dijonnaise, 
attirés  par  René  d'Anjou.  Cet  artiste  avait  la  tradition  des  peintres 
des  Très  riches  heures  du  duc  de  Berry,  s'il  n'était  l'un  d'eux.  Il 
est  bon  de  rappeler  ici  que  Jean  Changenet,  artiste  de  Langres,  et 
Grabusset  de  Besançon,  travaillèrent  dans  la  région  au  milieu 
du   xv"  siècle.   (Note  de  M.  l'abbé  Requin). 

L'entrée  du  tableau  à  l'église  de  la  Madeleine  est  inconnue. 

BoiSj  peinture  à  Vœuf  sur  plâtre. 

Eglise  de  la  Madeleine  W Aix-en-Provence 


38.   JEAN  FOUQUET,  vers  1445. 
Portrait  de  Charles  VII. 

H.  0,86.  L.  0,73 
Le  nom  du  personnage  représenté  nous  est  fourni  par  le  cadre, 
dans  une  légende  en  caractères  spéciaux  imaginés  par  Jean  Fouquet, 
et  retrouvés  dans  la  plupart  des  miniatures  du  livre  d'heures 
conservé  à  Chantilly.  Le  Très  Victorieux  Roy  de  France  Charles 
septiesme  de  ce  nom.  Ce  prince  est  représenté  de  trois  quarts  en 
grandeur  naturelle,  tourné  à  droite  et  coiffé  d'un  chapeau,  à  bords 
relevés,  orné  d'une  ganse  endenchée.  La  robe  est  en  velours  rouge 
garnie  deloup-cervierau  col  et  aux  poignets.  Les  mains  sont  posées 
l'une  dans  l'autre,  suivant  une  attitude  remarquée  dans  la  miniature 
célèbre  du  Procès  du  duc  d'Alençon  à  Munich  (Cimiliensaal  n"  38) 
En  arrière,  un  rideau  bleu,  partant  du  milieu  du  panneau,  est  relevé 
à  droite  et  à  gauche.  L'inscription  est  partagée  en  deux;  une  partie 
en  haut,  le  reste  en  bas.  Pour  qu'on  osât  lui  donner  ce  nom  il 
fallait  que  le  prince  méritât  le  titre  de  Victorieux;  ce  ne  fut  guère 
qu'après  la  bataille  de  Formigny,  le  15  avril  1450,  et  surtout  après 
la  conquête  de  la  Guyenne  en  1453,  qu'il  eût  pu  le  revendiquer. 
Mais  le  roi  paraît  âgé  ici  d'une  quarantaine  d'années  ;  en  1453,  il 
eût  eu  cinquante  ans.  On  n'avait  donc  pas  attendu  les  victoires 
finales  et  on  avait  dû  lui  décerner  le  titre  de  Victorieux  dès  la 
conférence  d'Arras  (1444).  Ce  devait  être  le  moment  où  Fouquet 
revenait  d'Italie;  il  avait  peint  là  bas  le  portrait  du  pape;  il  était 
devenu  un  personnage. 

Né  aux  environs  de  1410-15,  Jean  Fouquet  a  bien  près  de 
trente  ans.  Mais  sa  main  n'a  pas  l'assurance  qu'on  lui  verra  dans 
le   portrait  d'homme  de  la  galerie   Liechtenstein.    Il   est    minia- 


u 


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K"  38  du  Catalogue 


Giraudon,  phot. 


XV=   SIÈCLE  17 


turiste  encore,  et  les  colorations  sont  hésitantes.  Ce  tableau  avait 
été  copié  dans  le  recueil  de  Gaignières,  mais  il  ne  figure  pas  à  sa 
vente  de  1717.  Il  fut  acquis  par  Louis-Philippe  comme  ouvrage 
grec  en  1838  et  payé  450  francs. 

Bois.  Peinture  à  V huile.  Musée  du  Louvre. 

39.  JEAN  FOUQUET,  vers  1450. 

Buste  de  Christ. 

H.  0,128.  L.  0,089. 
Cette  miniature  exécutée  sur  un  feuillet  indépendant  a  été 
rapportée  dans  un  manuscrit,  connu  autrefois  sous  le  nom  de«  Livre 
d'heures  de  la  dernière  comtesse  de  Flandre  ».  Elle  j  accompagnait 
d'autres  miniatures  de  Fouquet  mélangées  à  des  figures  de  mains 
différentes.  La  tête  du  Christ  est  fort  intéressante  ;  elle  y  témoigne 
d'une  influence  de  Fra  Angelico  sur  Fouquet  pendant  son  voyage 
en  Italie.  Le  manuscrit  où  elle  était  collée  provient  des 
collections  Ganay  et  Spitzer.  (Voir  n"  49). 

Vélin.  Miniature.  M.  le  Comte  Paul  Durrieu,  Paris. 

40.  JEAN   FOUQUET  J45o. 

La  Vierge  Mère,  avec  un  donateur,  Diptyque. 

Chaque  volet  :  H.  0,93.  L.  0,85. 
L'œuvre  illustre  ici  exposée  et  reconstituée  pour  la  première 
fois  depuis  1775,  était  autrefois  conservée  à  la  cathédrale  Notre- 
Dame  de  Melun.  A  l'origine,  les  deux  volets  étaient  enfermés  dans 
une  riche  bordure  de  velours  bleu,  décorée  d'émaux  d'or  gravés,  ou 
figurait  peut  être  le  portrait  de  l'artiste,  aujourd'hui  au  Louvre  et 
provenant  de  la  collection  de  Janzé.  Cette  bordure  portait  une  al- 
ternance de  sujets  émaillés  et  de  lettres  EC  enguirlandées  d'une 
cordelière  comme  on  en  retrouve  dans  les  feuillets  des  Heures  du 
Musée  Condé  à  Chantilly.  Cette  pièce  avait  été  commandée  au 
peintre  Jean  Fouquet,  de  Tours,  par  Maître  Etienne  Chevalier,  tré- 
sorier des  finances  du  Roi  Charles  VII.  Elle  montrait,  à  droite  du 
spectateur,  la  Vierge,  et  à  gauche,  le  donateur  Etienne  Chevalier 
lui-même,  présenté  par  saint  Etienne,  son  patron.  Par  une  particu- 
larité fort  intéressante  et  très  précieuse  pour  l'identification  de  ce 
diptyque,  les  Heures  du  Musée  Condé  nous  offrent  à  leur  première 
page  une  scène  presque  identique,  sauf  que  certains  détails  sont 
précisés,  et  que  la  Vierge  est  représentée  au  porche  d'un  temple.  A 
Melun  où  l'œuvre  était  attachée  à  la  muraille  de  la  cathédrale,  elle 
surmontait  l'endroit  précis  de  la  sépulture  d'Etienne  Chevalier  et  de 
sa  femme  Catherine  Budé,  morte  en  1452  et  représentée  avec  son 

2 


i8  XV«    SIÈCLE 


mari  sur  une  plate  tombe  de  cuivre.  Comme  une  légende  fort  an- 
cienne voulait  que  la  Vierge  du  diptyque  fût  représentée  sous  les 
traits  d'Agnès  Sorel,  maîtresse  du  roi  Charles  VII,  et  protectrice 
de  Maître  Etienne  Chevalier,  on  s'étonnait  que  Catherine  Budé  ne 
parût  pas  dans  la  composition,  et  on  pensait  que  la  prétendue 
Agnès  Sorel  était  vraisemblablement  la  femme  du  Trésorier. 

La  comparaison  des  portraits  d'Agnès  Sorel,  entre  autres  la  sta- 
tue du  tombeau  de  Loches  et  certaines  copies  assez  habiles  faites 
d'après  des  œuvres  disparues,  tel  le  crayon  de  la  Méjanes  à  Aix,  et 
celui  du  Département  des  Estampes,  semble  donner  consistance  à 
la  légende.  L'œuvre  parait  avoir  eu  une  destination  antérieure  par- 
faitement explicable.  Etienne  Chevalier  avait  été  nommé  exécu- 
teur testamentaire  d'Agnès  en  1450,  il  avait  dû  faire  peindre  le  dip- 
tyque pour  l'église  de  Loches,  et  ceci  expliquerait  l'absence  de 
Catherine  Budé.  Lors  des  difficultés  soulevées  par  Louis  XI  à  pro- 
pos de  la  sépulture  d'Agnès,  Etienne  Chevalier  dut  faire  dispa- 
raître son  acte  de  reconnaissance  ;  il  était  devenu  le  courtisan  du 
nouveau  roi.  Sa  femme  était  morte  en  1454,  le  24  août;  on  était  en 
i46i,ilfit  transporter  le  tableau  au  lieu  de  sa  sépulture  à  Melun,où 
il  devint  anonyme  :  nul  ne  savait  que  ce  fut  là  la  belle  Agnès.  De 
1461  à  1775,  le  diptyque  demeura  là;  mais  le  cadre  avait  dû  dispa- 
raître plus  tôt,  car  à  la  dernière  date,  les  deux  volets  étaient  sépa- 
rés et  placés  sous  un  rideau  de  serge  verte. 

Enlevés  vers  la  fin  du  xviii'  siècle,  ils  eurent  des  fortunes  di- 
verses. La  Vierge  fut  recueillie  dans  la  collection  Van  Ertborn  et 
entra  au  Musée  d'Anvers  ;  le  panneau  représentant  Etienne  Cheva- 
lier fut  retrouvé  à  Munich  sous  le  premier  Empire,  et  reconnu  par 
M.  Brentano,  qui  possédait  le  fameux  livre  d'heures  aujourd'hui  à 
Chantilly.  M.  Brentano  le  légua  à  ses  héritiers  avec  les  Heures^  et 
on  les  voyait  naguère  dans  la  salle  de  billard  du  petit  hôtel  de 
M.  Brentano  à  Francfort  sur  la  Taunus-Platz.  Le  Musée  de  Berlin  a 
acquis  le  Donateur  en  1896. 

I'  Volet  de  droite.  La  Vierge,  costumée  en  française  du  xv"  siè- 
cle, avec  le  petit  bandeau  de  front  particulier  aux  femmes  de 
France,  a  le  sein  nu,  et  porte  sur  ses  genoux  un  enfant  Jésus. 
Comme  nous  l'avons  dit,  sa  physionomie  rappelle  celle  d'Agnès 
Sorel  ;  la  gorge  nue  concorde  avec  la  remarque  du  Bourguignon 
Châtelain,  un  ennemi,  qui  lui  reprochait  son  impudeur:  «  elle  des- 
couvroit  les  espaules  et  le  seing,  devant,  jusques  aux  tettins.  »  Ce 
volet  du  dyptique  est  fort  intéressant  à  comparer  à  l'autre.  Il  est 
resté  gothique,  tout  français,  à  peu  près  sans  influence  étrangère. 
Il  y  aura  à  le  mettre  en  regard  du  Triomphe  de  la  Vierge  d'En- 
guerrand  Charonton,  daté  de  1453.  Les  séraphins  multicolores  se 
rencontrent  très  semblables  chez  l'un  et  l'autre  artiste  ;  ils  pro- 
viennent de  ces  anges  retrouvés  dans  les  célèbres  manuscrits  du 
duc  de  Berry,  et  non  des  anges  italiens  comme  on  l'a  dit. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  d'Anvers. 


I 


XV«   SIECLE 


19 


41  .  —  2"  Volet  de  gauche.  Etienne  Chevalier  vêtu  d'une  houppelande 
foncée,  dont  la  forme  se  retrouve  exactement  dans  le  dessin  de  sa 
tombe  que  nous  a  gardé  Gaignières,  est  présenté  à  mi-corps,  de- 
vant son  patron,  au  milieu  d'un  portique  richement  décoré  de 
marbre  et  d'or.  Il  y  a  lieu  cependant  de  ne  pas  voir  ici,  aussi  for- 
mellement qu'on  l'a  voulu  faire,  un  pastiche  italien  ;  nous  retrou- 
vons ce  fond  très  semblable  dans  le  portrait  de  Jouvenel  des 
Ursins  au  Louvre,  avec  ses  ors  gravés  que  le  peintre  affectionnait 
particulièrement  et  qui  passeront  à  Nicolas  Froment  d'Uzès, 

Etienne  Chevalier,  comme  tous  les  courtisans,  cherchait  à  se 
faire  la  tête  de  son  souverain.  Il  était  fils  et  petit-fils  d'officiers 
royaux.  Son  grand-père,  Pierre  Chevalier,  était  valet  de  chambre  du 
roi  Charles  V,  et  il  avait  pu  connaître  les  peintres  Jean  d'Orléans, 
Colart  de  Laon,  pour  ne  nommer  que  les  plus  célèbres.  Son  père, 
Jean  Chevalier,  était  en  1423  secrétaire  de  Charles  VIL  Etienne 
Chevalier  avait  été  très  jeune  ambassadeur  en  Angleterre  (1445). 
maître  des  Comptes  (1449),  trésorier  de  France  (145 1).  Comme 
nous  l'avons  dit,  Agnès  Sorel  l'avait  nommé  son  exécuteur  testa- 
mentaire, et  la  chronique  un  peu  scandaleuse,  mais  invraisemblable, 
attribuait  à  une  passion  partagée,  l'absence  de  Catherine  Budé  dans 
le  diptyque.  Nous  avons  cherché  à  rétablir  les  faits  dans  leur  sens 
le  plus  juste,  Etienne  Chevalier  avait  de  nombreux  châteaux: 
Eprunes,  Plessis-le-Comte,  Grigny,  et  il  était  originaire  de  Melun. 
Son  séjour  en  Tourraine  était  la  conséquence  de  son  office  à  la 
cour  du  «Roi  de  Bourges».  Lorsqu'il  connut  Jean  Fouquet  vers 
1446-50,  celui-ci  était  déjà  allé  à  Rome  où  il  avait  exécuté  le  portrait 
du  pape  Eugène  IV.  Cependant,  eu  égard  aux  différences  notables 
de  composition  et  de  technique  remarquées  entre  les  deux  volets, 
on  pencherait  à  penser  que  le  portrait  d'Agnès  avait  été  peint 
avant  la  date  de  1450,  pendant  la  vie  de  la  dame  de  Beauté,  et  que  le 
.    portrait  de  son  ami  fut  exécuté  à  cette  date  précise. 

Bots.  Peinture  à  rhuile.  Musée  de  Berlin. 

42 .  —  3°  Email  de  la  bordure.  On  suppose  que  Jean  Fouquet  favori 
de  la  maîtresse  royale,  a  peint  cet  émail  pour  consacrer  son  souve- 
nir et  sa  gratitude.  Il  s'est  représenté  de  face,  la  tête  coiffée  d'une 
petite  calotte  emboîtant  le  crâne.  Il  paraît  âgé  de  trente  à  quarante 
ans  environ,  ce  qui  concorde  avec  la  date  1450  fixée  pour  l'exécution 
définitive  du  dyptique.  Né  vers  14 15,  Fouquet  avait  alors  trente- 
cinq  ans.  Sa  physionomie  finaude  et  sincère  est  encore  celle  de 
certains  paysans  de  la  Touraine. 

La  technique  de  cette  pièce  remarquable  est  celle  des  miniatu- 
res du  maître.  Fouquet  aimait  à  rehausser  d'or  au  pinceau  les  plis, 
les  étoffes,  les  ciels  et  les  figures.  Il  tenait  le  moyen  des  vieux 
miniaturistes  du  duc  de  Berry,  mais  il  l'avait  élargi,  et  lui  avait 
donné   la  valeur  des  camaïeux  blancs  autrefois  exécutés  par  les 


20  XV»   SIÈCLE 


artistes  du  roi  Charles  V.  Jean  Fouquet  a  tenu  à  n'être  pas  confondu 
avec  un  autre,  il  a  écrit  son  nom  dans  ce  caractère  enjolivé,  un 
peu  personnel  à  lui,  qu'on  retrouve  dans  le  livre  d'heures  de  Che- 
valier au  Musée  Condé.  Il  se  nomme  Jehan  Fouquet  et  non  Foucquet, 
suivant  qu'on  l'écrit  à  tort.  On  pourra  comparer  ce  portrait  à  celui 
de  la  Galerie  de  S.  A  .  S.  M.  le  Prince  de  Liechtenstein  exposé  ici  ; 
la  'date  de  ce  dernier  portrait  est  donnée  dans  ces  caractères  spé- 
ciaux dont  nous  parlions. 

Email  sur  argent.  Musée  du  Louvre. 

43.  JEAN   FOUQUET,  vers    1450. 

Portrait  d'un  horarae  d'une  cinquantaine  d'années 
portant  un  large  chapeau  noir,  une  houppelande  fourrée 
et  tenant  un  verre  à  la  main. 

H.  0,62.  L.  0,45. 

Ce  personnage  rappelle  un  peu  le  Charles  VII,  du  Louvre  ;  il 
avait  été  blessé  au  cou  d'un  coup  de  pointe,  la  cicatrice  en  est  très 
visible.  L'absence  d'armoiries  et  de  tout  insigne  ne  nous  permet 
pas  d'établir  son  nom. 

Bois.  Peinture.  M.  le  C"  Wilczeck,  Vienne. 

44.  JEAN  FOUQUET  1450? 

Portrait  d'homme  de  3/4  à  droite,  portant  une  calotte 
emboîtant  la  tête,  et  un  foulard  noué  autour  du  cou. 

H.  0,195.  L.  0,130. 

Ce  portrait  rappelle  de  trop  près  les  portraits  que  nous  con- 
naissons de  Fouquet,  et  la  calotte  est  trop  rapprochée  de  celle  de 
Jacques-Cœur  et  de  certains  petits  personnages  des  Heures 
d'Etienne  Chevalier,  pour  qu'onjpuisse  beaucoup  hésiter  dans  l'at- 
tribution. Le  dessin,  par  ses  qualités  supérieures  de  décision  et  de 
fermeté,  est  à  mettre  en  parallèle  avec  le  portrait  d'homme  de 
de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Liechtenstein.  On  lit  en  haut,  à  droite 
de  la  main  de  l'artiste  dans  une  écriture  de  14^0  environ:  «  Un 
Roumain  légat  de  nostre  St-Père  en  france  ».  Cette  lettre  mon- 
tre que  nous  avons  affaire  à  une  oeuvre  française,  exécutée  à  la 
cour  de  France  au  milieu  du  xv*  siècle.  Le  Romain  légat  du  pape 
était  sans  doute  un  cardinal  romain,  peut-être  un  de  ceux  qui  de- 
vinrent papes  ultérieurement. 

Papier.  Crayon.  M.  Heseltine,  esqutre,  Londres. 


XV'   SIÈCLE  21 


45.  JEAN  FOUQUET,  vers  1460. 

Portrait  d'un  riche  seigneur. 

H.  0,92,  L.  0,74 
Il  est  représenté  de  trois  quarts  tourné  à  droite;  à  mi-corps, 
tête  nue;  il  porte  une  robe  fourrée  et  une  escarcelle  à  la  ceinture. 
Il  paraît  agenouillé  devant  un  prie-Dieu  dont  le  coussin  est  à  ses 
armes.  Dans  le  fond  de  la  salle,  l'architecture  inspirée  de  "l'ouvrage 
de  Lombardie"  admis  en  France  dès  la  fin  du  xiV  siècle,  offre  un 
système  de  revêtement  en  marbre  vert,  encastré  dans  des  boiseries 
dorées.  Les  armes  sont  celles  de  la  famille  Orsini,  de  Rome,  que 
prétendaient  porter  les  Juvenal  ou  Jouvenel  des  Ursins,  italiens 
établis  en  Champagne  dans  le  xiv'  siècle.  Le  personnage  représenté 
est  Guillaume  Jouvenel  des  Ursins,  baron  de  Trainel,  chancelier 
de  France  sous  Charles  VII  et  sous  Louis  XI,  né  à  Paris  le  15  mars 
1400,  mort  le  23  juin  1472.  Il  parait  âgé  ici  d'une  soixantaine 
d'années. 

Guillaume  Jouvenel,  personnage  considérable,  servit  souvent  de 
modèle  à  Jean  Fouquet  dans  ses  miniatures.  C'était  un  gros 
homme,  haut  en  couleur,  bon  vivant  et  joyeux.  Son  portrait  avait 
appartenu  à  Gaignières  dans  le  xvii*  siècle,  mais  celui-ci  ne  l'attri- 
buait pas  à  Fouquet.  A  la  vente  de  Gaignières,  en  1717,  il  disparut; 
peut-être  fit-il  partie  du  Cabinet  de  Quentin  Crawfurd  à  la  fin  du 
XVIII'  siècle.  Il  fut  acquis  en  18;^  par  le  roi  Louis-Philippe  à  M.  le 
Comte  du  Hamel  pour  la  somme  de  900  francs,  et  on  l'attribua  à 
Wolgemuth,  suivant  la  mode  d'alors.  Ce  portrait  a  été  gravé  dans 
les  Monuments  de  la  Monarchie  française  du  P.  Montfaucon,  et 
récemment  par  M.  Achille  Jacquet,  membre  de  l'Institut. 
Bois.  Peinture  a  Vhuile.  Musée  du  Louvre. 

46.  JEAN  FOUQUET,   1460? 

Portrait  d'homme  tourné  à  gauche  portant  son  cha- 
peau sur  une  calotte  de  tête. 

H.  0,225.  L.  0,185. 
Ce  dessin  est  fort  rapproché  des  œuvres  attribuées  à  Fouquet  ; 
la  calotte  ronde  emboîtant  la  tête,  sur  laquelle  le  chapeau  est  placé 
est  une  des  coiffures  françaises  que  Fouquet  employait  le  plus  dans 
ses  œuvres.  Le  nom  du  personnage  est  inconnu. 

Papier.,  crayon.  Musée  du  Louvre. 

47.  JEAN  FOUQUET?  vers  1460. 

Portrait  d'un  seigneur  tenant  une  flèche  et  une  poignée 
d'arc.  Il  porte  un  large  chapeau  noir  et  un  habit  à  man- 
ches larges.  Une  chaîne  d'or  pend  à  son  col.  A  côté  de 


22  XV'   SIÈCLE 


lui  à  droite,  une  horloge  sur  laquelle  on  lit  :  Tant  que  je 
vive  autre  n'auray. 

H.  o,  .  L.  o, 
Ce  remarquable  portrait  était  donné  à  l'école  Flamande  à  cause 
de  la  devise  qu'on  avait  lue  :  Tant  que  je  vive  Antwerpen.  On  peut 
comparer  le  costume  de  ce  personnage  avec  la  miniature  du  Saint 
Martin  de  Jean  Fouquet  ici  exposée  (n"  50)  pour  se  rendre 
compte  des  rapports  entre  l'un  et  l'autre.  La  devise  est  celle  de 
Philippe  le  Bon  lors  de  son  mariage  avec  la  duchesse  Isabeau 
(Tant  que  je  vive  autre  n'auray  dame  Ysaheau  !)  mais  elle  était 
courante  au  xv"  siècle  ;  elle  fut  celle  des  Trasignies,  celle  de  divers 
seigneurs  tourangeaux  avec  des  variantes.  L'attitude  du  person- 
nage, la  pose  des  mains  rappellent  le  Charles  vu  qu'on  aperçoit 
près  de  lui.  La  matière  et  la  technique  sont  aussi  fort  rapprochées. 
Nous  devons  ce  tableau  à  la  gracieuse  intervention  de  M.  le 
Bourgmestre  d'Anvers  M.  Jan  van  Ryswyck,  et  à  la  bienveillance  de 
Messieurs  les  membres  de  la  Commission  du  Musée  d'Anvers. 
Bois.  Peinture  à  rhuile.  Musée  d'Anvers. 

48.  JEAN  FOUQUET  (Ecole  de),  vers  1460. 

Portrait  d'une  femme  de  quarante  ans  environ  por- 
tant un  chapeau  conique  avec  voile  clair  avançant  sur  le 
front  une  robe  décolletée  et  un  collier  en  chainette  d'or. 
Lesmanches  sont  cousues  etbordées  de  fourrure.  La  dame 
tient  un  chapelet.  Sur  une  fenêtre  proche  un  pot  d'oeillets 
blancs  et  rouge. 

H.  0.56.  L.  o,a8' 

Cette  peinture  n'est  pas  de  la  main  de  Jean  Fouquet.  mais  par 
certains  détails  la  femme  représentée  rappelle  le  portrait  de  Marie 
d'Anjou  copié  dans  les  recueils  de  Roger  de  Gaignières.  Provient 
de  M.  de  Somzée  à  Bruxelles, 

Bois.,  peinture  à  l'huile.  MM.  Agnew,  Londres. 

49.  JEAN  FOUQUET  vers  1470. 

Portrait  d'une  dame  en  hennin,  à  genoux,  en  compa- 
gnie d'autres  dames. 

H.  0,130.  L.  0,103. 

Les  armes  d'or  au  lion  de  sable  qu'un  historien  donnait  comme 
celles  de  la  Flandre  avaient  fait  désigner  le  manuscrit  à  laquelle 
appartient  cette  miniature  comme  «  les  Heures  de  la  dernière 
comtesse  de  Flandre*.  En  réalité  il  n'y  avait  plus  de  comtesse  de 


XV«  SIÈCLE  23 


Flandre  alors,  et  les  armes  sont  celles  de  Baudricourt  dont  était 
le  célèbre  Baudricourt  de  Jeanne  d'Arc.  La  dame  représentée  doit 
être  Anne  de  Beaujeu  des  sires  d'Amplepluis,  dame  de  Baudricourt. 
Vélin.  Miniature.    M.  le  comte  Paul  Durrieu,  Paris. 

5o.   JEAN  FOUQUET,  vers  1450? 

Deux  feuillets  d'un  livre  d'heures.  1°  Une  sainte  ber- 
gère dans  un  paysage.  2"  Un  saint  à  cheval,  en  costume 
du  XV'  siècle,  partageant  son  manteau  avec  un  pauvre. 

1"  H.  0,91.  L.  0,119. 
2*  H.  0,160.  L.  0,118. 

Ce  sont  là  deux  fragments  du  livre  d'heures  célèbre  exécuté 
par  Jean  Fouquet  pour  Etienne  Chevalier.  Un  autre  feuil- 
let représentant  saint  Paul  est  au  British  Muséum,  un  autre,  les 
Trois  Marie  à  la  Bibliothèque  nationale.  Le  reste  du  manuscrit 
est  aujourd'hui  conservé  au  Musée  Condé  à  Chantilly  (quarante 
feuillets). 

Le  premier  tableau  nous  montre  sainte  Marguerite  avec  ses 
compagnes.  Le  cavalier  aperçu  devant  un  château  qui  paraît  être 
le  château  ^  Loches  avec  le  donjon  de  Foulques  Nerra,  est  le 
général  romain  Olybrius  sous  les  traits  du  roi  Charles  VII. 

Le  second  tableau  montre  saint  Martin  sous  les  traits  du  roi  de 
France,  passant  sur  le  Pont  au  Change  de  Paris  au  milieu  de  son 
escorte.  Nous  ferons  remarquer  les  rapports  entre  l'attitude  du 
saint  Martin,  le  costume  qu'il  porte,  et  Vhomine  à  la  flèche  du 
Musée  d'Anvers  (n»  47).  Ces  miniatures  ont  été  étudiées  par 
M.  le  C'  Paul  Durrieu. 

Vélin.  Musée  du  Louvre. 

5j.  JEAN  FOUQUET.   1470. 

Portrait  d'homme. 

H.  0,470  L.  0,395. 

Il  semblerait  que  ce  portrait  eût  été  l'étude  d'après  «le  vif»  pour 
l'un  des  petits  personnages  de  la  miniature  des  Statuts  de 
Tordre  de  Saint-Michel  conservée  à  la  Bibliothèque  nationale. 
L'homme  inconnu  que  nous  avons  sous  les  yeux  a  été  étudié  dans 
ses  moindres  détails  de  physionomie.  Son  regard,  divergent  et 
spirituel,  marque  une  énergie  et  une  philosophie  sereines.  Nous 
sommes  au  plein  du  talent  de  Fouquet,  à  vingt  ans  au  moins  du 
portrait  à'Agtics  Sorel  et  de  Charles  VII  ;  dans  les  comparaisons 
que  l'on  pourrait  faire  de  cette  pièce  capitale  avec  les  miniatures 


XV'   SIÈCLE 


connues  du  maître,  il  faudrait  donc  rapprocher  le  portrait  de  ceux 
des  Statuts  de  Saint-Michel,  ingénieusement  restitués  à  Fouquet 
par  M.  le  comte  Paul  Durrieu,  et  de  l'admirable  page  du  Boccace  de 
Munich,  représentant  le  procès  du  duc  d'Alençon.  Sans  vouloir 
opposer  cette  œuvre  à  celles  ordinairement  attribuées  à  Jean  van 
Eyck,  ou  à  d'autres,  on  peut  dire  que  bien  peu  d'effigies  peintes  au 
XV'  siècle  ont  à  la  fois  cette  précision  dans  la  minutie  et  cette 
ampleur  d'effet.  Le  portrait  de  la  Galerie  Liechtenstein  est  le  chef- 
d'œuvre  du  maître  de  Tours,  et  l'un  des  morceaux  de  peinture  les 
plus  considérables  du  xV  siècle,  dans  tous  les  pays. 
Bois.  Peinture  à  V huile. 
S.  A.  S.  Le  Prinxe  de  Liechtenstein,  à   Vienne. 

52.   ÉCOLE  DE  JEAN  FOUQUET,  vers  1470. 

Portrait  d'homme  coiffé  d'une  calotte  noire. 

H.  0,44.  L.  0,27. 

Ce  personnage  est  tourné  à  droite,  il  porte  une  calotte  ronde  ; 
il  paraît  âgé  de  60  ans  environ,  et  est  dans  sa  taille  naturelle. 
Grâce  au  portrait  que  possédait  autrefois  Gaignières  et  qui  a  été 
reproduit  dans  son  recueil  Oa  15.  fol.  9  du  Département  des 
Estampes  de  la  Bibliothèque  nationale,  nous  connaissons  le  per- 
sonnage. M.  Paul  Vitry  a  récemment  publié  une  notice  à  ce  sujet. 
Le  même  portrait  a  été  également  donné  dans  les  Hommes  illus- 
tres d'André  Thevet.  C'est  Jean,  bâtard  d'Orléans,  comte  de  Dunois 
et  de  Longueville,  fils  naturel  de  Louis  d'Orléans  ;  c'est  le  compa- 
gnon de  Jeanne  d'Arc  et  d'Arthur,  connétable  de  Richemont  ;  il 
mourut  en  1468,  et  il  résidait  à  Châteaudun  qu'il  avait  bâti. 

L'original  de  cette  figure  était  incontestablement  de  la  main  de 
Fouquet.  La  résidence  du  comte  à  Châteaudun  permettait  à  l'ar- 
tiste de  l'y  venir  chercher  sans  grand  peine.  Mais  cet  original  qui 
appartenait  dans  le  xvi*  siècle  à  la  duchesse  de  Longueville-Estou- 
teville,  descendante  de  Dunois,  a  disparu  après  avoir  appartenu  à 
Gaignières,  Celui  qui  est  ici  exposé  est  une  copie  vraisemblable- 
ment exécutée  dans  la  fin  du  xv*  siècle  pour  quelque  église  des 
environs  de  Châteaudun.  A  cet  égard  nul  doute.  L'art  de  Fouquet 
se  retrouve  très  bien,  sans  la  transcription  un  peu  naïve,  mais  les 
yeux  n'ont  point  la  fermeté  des  yeux  de  Fouquet,  et  l'aspect  géné- 
ral est  un  peu  blafard.  Quoiqu'il  en  soit,  c'est  ici  une  relique  pré- 
cieuse, à  comparer  au  Louis  XI,  ayant  également  appartenu  à 
Gaignières  qu'on  voit  à  côté.  D'après  M.  Gabeau,  possesseur  du 
portrait  de  Dunois,  l'œuvre  aurait  pu  figurer  dans  les  collections 
du  château  de  Chanteloup  appartenant  aux  Choiseul. 
Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Gabeau,  à  Amboise. 


N"  40  du  Catalogue 


Hanfstaengl,  phot. 


X"  41  du  Catalogue 


Uanfstaengl,  phot. 


XV*   SIÈCLE  25 

53.  ÉCOLE  DE  JEAN  FOUQUET,  vers  1475. 

(COLIN  D'AMIENS?) 

Portrait  d'un  personnage  de  quarante  à  cinquante 
ans,  coiffé  d'une  calotte  rouge  et  d'un  habit  orange  à 
revers  noirs.  Il  porte  le  collier  de  l'ordre  de  Saint-Michel 
précieusement  dessiné. 

H.  0,22,  L.  0,15. 
Portrait  inédit  du  roi  Louis  XI,  exécuté  par  un  miniaturiste  sur 
un  panneau  de  bois  creusé  en  cuvette.  Le  roi,  né  en   1423  et  mort 
en  1483,  paraît  âgé  de  cinquante  ans.  Il  est  à  rapprocher  des  minia- 
tures de  Fouquet  pour  le  détail  du  collier  de  l'ordre.  Partie  enlevée 
dans  le  front.  Colin  d'Amiens  était  peintre  du  roi. 
Bots.  Peinture  à  V huile. 
M.  George  de  Montbrisox.  Château  de  Saint-Roch . 

54.  FRANÇOIS  FOUQUET? vers  1480. 

Le  calvaire  au  centre.  A  l'entour  divers  épisodes  de 
la  Passion. 

H.  0,40.  L.  0,30. 
D'après  une  ingénieuse  conjecture  de  M.  Thuasne,  le  François 
dont  on  ne  connaît  que  le  prénom  par  une  lettre  de  Robert  Gaguin 
pourrait  être  identifié   avec  l'un  des  fils  de  Jean  Fouquet    ayant 
porté  ce  prénom.  D'autres  ont  pensé  à  François  Colombe. 
Vélin.  Miniature.  Musée  de  Cluny. 

55.  ÉCOLE  FRANÇAISE  vers  1450. 

Panneau   peint   sur  les  deux  faces.  Un  buste    de    la 
Vierge;  une  sainte  face. 

H.  0,43.  L.  0,32. 
Ce  panneau  préparé  au  plâtre  avec  dorure  et  ornements  au 
fer,  semble  appartenir  à  la  région  Avignonnaise  au  temps  du  Roi 
René.  On  peut  le  comparer  à  une  tête  de  Vierge  peinte  dans  un 
livre  d'heures  du  Roi  René  ms.  latin  17332  à  la  Bibliothèque  Na- 
tionale. C'est  un  modèle  assez  rare  de  ces  tableaux  portatifs  dont 
une  ancienne  peinture  de  la  sainte  chapelle  de  Paris,  aujourd'hui 
détruite,  mais  conservée  dans  une  reproduction  de  Gaignières, 
nous  montrait  un  spécimen  curieux.  C'était  un  panneau  diptyque 
offert  au  pape  Clément  VI  à  Avignon  par  Eudes  de  Bourgogne  en 
présence  du  futur  Jean  le  Bon,  alors  duc  de  Normandie. 
Bois.  Peinture  à  Vœuf. 

Madame  la  Comtesse  Durrieu,  Paris. 


26  XV   SIÈCLE 

56.   ÉCOLE  DE  L'ARTOIS  vers  i^So. 

Les  quatre  docteurs  de  l'Eglise. 

H.  0,920.  L.  0,305. 

Les  quatre  personnages  sont  devant  des  pupitres  et  assis.  Saint 
Jérôme  en  cardinal  ;  Saint  Grégoire  en  évêque  ;  Saint  Augustin 
en  évêque  avec  un  cœur  en  main  ;  Saint  Ambroise  tient  un  livre 
ouvert  sur  ses  genoux  et  s'apprête  à  écrire.  Ce  sont  les  volets  d'un 
triptyque  au  verso  duquels  est  une  Annonciation. 

Bots,  Peinture  à  Vhuile.      M.  Martin  Le  Roy,  Paris. 

S-j.   ÉCOLE  DE  TOURAINE  vers  1450. 

Pieta  avec  saint  Jean  et  la  Madeleine. 

H.  0,33.  L.  0,35. 

La  Vierge, coiffée  et  vêtue  à  la  modedes  Vierges  de  Jean  Fouquet, 
est  penchée  sur  le  corps  de  son  fils.  Derrière  elle  se  tiennent  Saint 
Jean  et  la  Madeleine.  La  scène  se  présente  sur  un  fond  damassé. 
Le  travail  rappelle  celui  de  deux  volets  d'un  diptyque  décrits  sous 
les  n°'62-63,  appartenant  à  M.  Brouillon  de  Marseille.  Le  cadre  est 
cintré  par  en  haut,  il  tient  au  panneau. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile  et  à  Vœuf.  Musée  du  Louvre. 

58.  ÉCOLE  DE  TOURAINE  vers  1460. 

Deux  donateurs,  un  clerc  et  une  dame.  Vitrail. 

H.  0,40.  L.  0,49, 

La  femme  porte  un  hennin  semé  de  quartefeuilles  dans  des 
entrelacs  d'or,  une  robe  rouge  et  une  chemisette.  L'homme 
tonsuré  porte  une  houppelande  bordée  de  fourrures.  Fond  bleu 
damassé  et  fond  jaunâtre.  Origine  inconnue. 

Verre  peint.  M.  Léon  Arnoult,  Paris. 

59.  ECOLE  DE  LA  LOIRE  vers  1470. 

Portrait  d'un  jeune  homme  inconnu. 

H.  0,37.  L.  0,36. 

Ce  portrait  d'homme  qui  a  été  donné  à  Memling,  puis  à  Anto- 
nello  de  .Messine,  représente  un  personnage  français  de  la  seconde 
moitiédu  xv*  siècle.  L'habit  et  surtout  la  calotte  qui  est  celle  portée 
par  Jean  Fouquet  dans  son  portrait  par  lui-même  sont  un  indice. 
Les  mains  appuyées  au  rebord  du  tableau,   sont   fort  étudiées  et 


XV«   SIECLE 


27 


rappellent  celles  de  l'homme  inconnu,  peint  par  Fouquet,  faisant 
partie  de  la  collection  Liechtenstein  et  celles  du  Christ  de  M.  le 
comte  Paul  Durrieu.  Dans  la  main  gauche  le  personnage  tient  un 
œillet  rouge.  Il  porte  une  houppelande  fourrée  entrouverte  sur 
le  devant  ;  il  paraît  âgé  de  30  à  35  ans.  Les  considérations  ci-dessus 
énumérées  rendent  toute  attribution  à  un  flamand  aussi  impru- 
dente que  l'était  celle  de  Michiels  donnant  le  tableau  de  Ville- 
neuve-les-Avignon  à  Van  der  Meire. 

Bots.  Peinture  à  Vhuile.      M.  Ch.  du  Bourg,  à  Ferreux^  {Loire). 

60.  ECOLE  DU  NORD  DE  LA  FRANCE  1460. 

Miniature  représentant  la  Vierge  et  un  donateur  pré- 
senté par  saint  Nicolas. 

H.  0,060.  L.  0,043. 

Cette  petite  miniature,  arrachée  à  un  précieux  livre  d'heures, 
montre  la  Vierge  assise  devant  une  draperie  damassée  à  la  mode 
française. 

Parchemin.  Miniature.      M.  Jean  Masson.  Amiens. 

61.  ECOLE  DU  CENTRE  vers  J475. 
La  Vierge  et  l'enfant. 

H.  0,12.  L.  0,08. 

La  Vierge  est  vêtue  d'une  robe  bleue  avec  rehauts  d'or  dans  le 
style  français.  Le  fond  est  formé  d'anges  à  peine  visibles  et  traité 
au  pinceau  à  l'or.  Uue  Vierge  exactement  semblable  et  peinte  à 
l'huile  est  en  la  possession  de  M.  Cardon. 

Vélin.  Miniature.      M.  Charles  Léon  Cardon,  Bruxelles. 

62.  ECOLE  DU  CENTRE  vers  1480. 
Piéta. 

H.  0,40,  L.  0,23. 

La  Vierge,  vêtue  d'un  manteau  noir  qui  lui  voile  la  tête,  et  por- 
tant une  guimpe  blanche,  tient  le  corps  de  son  fils  sur  ses  genoux. 
En  arrière,  un  paysage  que  bornent  des  montagnes.  Les  physiono- 
mies rappellent  certaines  figures  du  retable  de  Loches  et  permet- 
tent de  rapprocher  ce  tableau  et  le  suivant  des  œuvres  tourangelles. 

Bois,  peinture  à  Vhiiile  et  à  Vœuf. 

M.  LE  D'  Brouillon,  Marseille. 


28  XV*   SIÈCLE 

63.  ECOLE  DU  CENTRE  vers  .480. 

Flagellation. 

H.  0,40,  L.  0,23. 
Le  Christ,  attaché   à  une  colonne  de  porphyre,  est  battu   du 
fouet  d'un  bourreau  dont  l'habit  est  relevé.  Le  travail  de  ce  pan- 
neau rappelle  les  œuvres  de  certains  artistes  tourangeaux  et  notam- 
ment du  peintre  du  retable  de  Loches. 

Bois,  peinture  à  Vœuf  et  à  l'huile. 

M.  LE  D'  Brouillon,  Marseille. 

64.  ECOLE  DE  TOURAINE  vers  1480. 

La  Vierge  et  sainte-Anne  sur  un  trône  avec  Dieu  le 
Père,  deux  anges  et  deux  saints. 

-H.  0,47,  L.  0,31. 

Ce  tableau  trahit  de  nombreuses  parentés  avec  l'école  de  Fou- 
quet  dans  les  figures,  les  draperies,  l'emploi  de  l'or  sur  les  meubles 
et  les  tentures  du  dais.  Certaines  analogies  le  rapprochent  de  la 
Résurrection  de  LaT^are  aux  offices  de  Florence,  peinte  par  Nicolas 
Froment  d'Uzès.  On  a  dit  les  rapports  des  peintres  de  Provence 
avec  l'Anjou  et  la  Touraine  sous  l'influence  du  Roi  René.  La  figure 
d'homme  à  droite  a  de  grandes  affinités  avec  les  visages  des  person- 
nages barbus  des  Heures  de  Chantilly  exécutées  par  Jean  Fouquet. 
Les  deux  femmes,  la  Vierge  et  sainte-Anne  ont  des  physionomies 
très  françaises,  sans  rapports,  même  lointains,  avec  les  Vierges  des 
Flandres.  Les  anges  sont  aussi  très  proches  des  anges  français  des 
manuscrits.  Quant  à  sainte-Anne,  son  atour  de  tête  est  exactement 
celui  de  la  Vierge  dans  l'Ascension  des  Heures  de  Chantilly.  Les 
plis,  les  étoffes,  la  décoration  du  dais  sont  dans  les  théories  Fou- 
quettistes.  Il  ne  paraît  pas  cependant  que  l'œuvre  puisse  être 
donnée  sans  arrière-pensée  à  l'un  des  artistes  tourangeaux  de  la 
seconde  moitié  du  xV  siècle.  Origine  inconnue. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf  et  à  l'huile. 

Eglise  Saint-Jean  Joigny  (Yonne). 

65.  ÉCOLE  D'AMIENS,  vers  1480. 

Fragment.  L'ange  d'une  Annonciation  avec  Dieu  le 
père. 

H.  1,80,  L,  0,58. 
Ce  fragment  de  tableau  trouvé  à  Amiens,  rappelle   les  anges 
autrefois  peints  contre  la  muraille  de  la  Cathédrale,  aux  côtés  du 


XV'   SIECLE 


tombeau  de  l'évêque  de  Mailly.  Ces  anges  ont  été  repeints  par 
VioUet-le-Duc  sur  l'ancienne  fresque.  Ils  étaient  l'œuvre  d'un 
artiste  amiénois. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf.  Musée  d'Amiens 


66.   ECOLE  FRANÇAISE,  vers  1480. 

Une    cour  de  justice    à  gauche  ;   à   droite,    un  inté- 
rieur de  ville  avec  de  nombreux  personnages. 

H.  o.     ,  L.  o,     . 
Cette  pièce  a  de  proches  affinités  avec  quatre  panneaux  de  la 
légende  de  Saint-Georges  ci-devant  décrits  (n»*  33-36)  et  appartenant 
à  M.  Th.  Belin.  Provient  d'un  livre  d'heures. 

Velin.  Miniature.  Musée  du  Louvre. 


67.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  1480. 

Feuillet  arraché  à  un  manuscrit  montrant  «  comment 
les  Platoniciens  ont  dessiné  la  vraie  beneureté,  soit  es 
anges,  soit  es  hommes.  » 

H.  0,46,  L.  0,32. 

C'est  un  fragment  d'une  Cite  ae  Z)zVî^,  de  saint  Augustin,  divisé 
en  tableaux  concurrents.  Les  costumes  en  sont  très  précis  et  ser- 
vent à  établir  diverses  comparaisons  avec  les  tableaux  ordinaire- 
ment réputés  flamands. 

Vélin.  Miniature.,  rehauts  d'or. 

Bibliothèque  de  la  Ville,  Mâcon. 

68.  ÉCOLE  FRANÇAISE,  vers  1480. 

Feuillet  arraché  d'un  manuscrit  montrant  en  différentes 
scènes  liées  des  épisodes  empruntés  à  la  Bible  et  à  la 
Mythologie  :  Sodome,  Phaéton,  Rémus,  Hélène  et  Paris, 
etc.,  en  costumes  de  la  fin  du  règne  de  Louis  XL 

H.  0,46,  L.  0,33. 
Fragment  d'une  Cité  de  Dieu.,  par  saint  Augustin. 
Vélin.  Miniatures^  rehauts  d'or. 

Bibliothèque  de  la  Ville,  Mâcon. 


)o  XV«   SIÈCLE 


69.  —  ÉCOLE  DE  JEAN  FOUQUET  1485. 

Triptyque  retable  représentant,  au  centre,  le  Calvaire^ 
à  gauche,  un  Portement  de  croix,  à  droite,  une  Mise  au 
tombeau. 

H.  1,43,  L.  2,83 

Ce  tableau,  qui  est  aujourd'hui  à  l'église  Saint-Antoine  de 
Loches,  provient  de  l'ancienne  Chartreuse  du  Liget.  Le  donateur, 
qui  était  un  des  moines  de  la  Chartreuse,  s'est  fait  représenter  à 
droite  près  du  tombeau  du  Christ.  En  dépit  de  l'état  de  délabre- 
ment où  il  est  en  ce  moment,  ce  tableau  est  un  des  documents  les 
plus  précieux  de  notre  école  de  Touraine;  il  est  daté  de  148^, 
c'est-à-dire  du  temps  où  Memling  terminait  le  retable  de  Guillaume 
Moreel,  et  avant  qu'il  composât  la  Châsse  de  Sainte  Ursule.  Pour 
ceux  qui  ont  étudié  les  miniatures  de  Jean  Fouquet,  aujourd'hui 
conservées  au  Musée  Condé  de  Chantilly,  le  tableau  de  Loches 
offre  des  points  de  repère  significatifs.  Un  thème  général  de 
composition,  certaines  physionomies,  les  paysages,  les  lances  sur 
le  ciel  bleu,  l'accoutrement  des  Juifs,  le  cheval  du  premier  plan, 
sont  autant  de  faits  que  les  plus  opposants  ne  sauraient  mécon- 
naître. La  parenté  éclate  également  dans  la  forme  radiante  des 
nimbes,  dans  les  attitudes,  le  raccourci  des  visages.  On  a  pensé  à 
Bourdichon  comme  pouvant  être  l'auteur  de  cette  œuvre  capitale  ; 
de  fait,  certaine  façon  de  dessiner  les  yeux,  d'y  mettre  des 
lumières  blanches,  certains  visages,  sont  du  maître  de  Tours, 
élève  de  Fouquet;  mais  cela  est  cependant  trop  près  de  Fouquet 
pour  ne  pas  lui  tenir  de  plus  près  encore.  En  avait-il  donné  le  plan 
général,  et  son  fils  François  aurait-il  terminé  la  besogne  com- 
mencée? 

Nous  connaissons  les  deux  fils  de  Jehan  Fouquet,  Louis  et 
François,  par  une  note  de  Jean  Bresche  jurisconsulte  de  Tours 
dans  ses  commentaires  sur  les  P^wi/^r/^^  (Lyon  1^86,  in-fol.  p.  410). 
M.  Thuasne  a  même  donné  à  ce  François  Fouquet  les  miniatures 
de  la  Cité  de  Dieu  de  Saint- Augustin  de  la  Bibliothèque  Nationale 
qui  ne  paraissent  pas  de  la  main  du  peintre  de  notre  tableau. 
Ce  serait  alors  peut-être  Louis  Fouquet.  Cependant  Jean 
Bresche  met  au-dessus  de  Fouquet  un  certain  Jean  Poyet,  le  même 
qui  enluminera  le  fameux  livre  d'heures  d'Anne  de  Bretagne  avec 
Bourdichon.  Or  il  y  a  un  manuscrit,  récemment  entre  les  mains 
de  M.  Marcel  Thévenin,  aujourd'hui  passé  à  l'étranger,  qui  renfer- 
mait onze  miniatures  de  la  main  du  peintre  de  notre  tableau  de 
Loches.  Le  doute  n'est  plus  permis,  comme  on  va  le  voir. 

Ce  manuscrit,  étudié  récemment  dans  une  brochure  intitulée 
Le  livre  d'heures  de  Marguerite  de  Rohan.,  comtesse  d'Angoulémc 
(Paris,  Leclerc,  1903),  reproduisait,  dans  les  plus  délicieuses  minia- 
tures du   livre,  le   portrait  de  la  comtesse  en  costume  religieux. 


XV«   SIECLE 


C'est  elle  qu'on  retrouve  dans  le  tableau  à  gauche  de  la  scène, 
soutenant  la  Vierge.  Si  l'on  considère  en  outre  la  scène  où  les  deux 
hommes  de  la  partie  de  droite  ensevelissent  le  corps  du  Christ, 
on  aperçoit  de  la  part  de  l'un  d'eux  un  geste  d'indication  plein 
de  naturel.  Ce  geste  est  le  même  dans  une  des  miniatures  du 
livre,  la  Mise  en  Croix.  Dans  cette  même  Mise  en  croix.,  les  lances 
sur  le  ciel,  sont  celles  du  calvaire  du  tableau.  Mais  il  y  a  mieux  : 
un  homme  barbu,  qui  a  ser\'i  de  modèle  à  l'enlumineur  du  livre 
de  Marguerite  de  Rohan,  est  exactement  le  même  qu'on  retrouve 
dans  les  trois  scènes  du  tableau,  tantôt  sous  un  personnage,  tantôt 
sous  un  autre.  Les  casques,  les  turbans,  les  armures,  les  physiono- 
mies sont  identiques  dans  l'un  et  dans  l'autre  suivant  qu'on 
pourra  s'en  convaincre.parla  reproduction  de  miniatures  du  manus- 
crit. Une  autre  particularité,  ce  sont  les  nimbes  radiants,  peu 
habituels,  et  qui  sont  semblables  dans  le  ms.  et  dans  le  tableau. 
On  ne  concluait  en  faveur  de  personne  dans  la  notice,  mais  on 
pensait  à  un  Tourangeau  pour  les  enluminures.  Ce  miniaturiste 
ne  serait-il  pas  l'un  des  fils  de  Fouquet,  Louis  ou  François,  plutôt 
Louis?  ou  bien  Jean  Bourdichon  qui  se  fût  assimilé  la  facture  de 
son  vieux  maître  ?  Le  problème  n'est  pas  résolu  ;  mais  la  preuve 
de  l'œuvre  française  et  tourangelle  est  faite.  Si  l'on  compare  la 
composition  à  une  œuvre  identique  de  Memling,  dont  la  partie  cen- 
trale est  à  Budapest  et  les  volets  à  Vienne,  on  aura  loisir  de  juger 
combien  peu  l'artiste  français  avait  à  demander  au  flamand, 
surtout  pour  l'anatomie. 

Le  tableau,  comme  on  a  dit,  provient  de  la  Chartreuse  du 
Liget-les-Loches.  On  a  expliqué  la  lettre  F.  I.  B.  par  Fecit 
Johannes  Bourdichon  ce  <\m\  est  bien  peu  dans  les  usages.  L'homme 
représenté  dans  le  costume  de  Chartreux  n'était-il  pas  tout  simple- 
ment ce  frère  Jean  Bourgeois,  que  Bourdichon  avait  représenté 
prêchant  devant  le  roi  de  France,  suivant  que  nous  l'apprend  le 
Dictionnaire  de  Jal  au  mot  Bourdichon?  C'est  fort  plausible. 
C'est  la  première  fois  que  le  panneau  vient  à  Paris  pour  y  être 
étudié. 

Bois.  Peinture  à  l'œuf  et  à  Vhuile. 

Eglise  de  Saint-Antoine  de  Loches. 

70.    ECOLE  DE  PROVENCE,  vers   1440. 

L'extase  du  bienheureux  Pierre  de  Luxembourg. 

H.  0,78.  L.  0,58. 
Ce  tableau  donne  du  bienheureux  Pierre  de  Luxembourg  une 
représentation  qui  est  devenue  populaire  et  qui  a  inspiré  de  nom- 
breux artistes  du  xV  au  xviii'  siècle:  l'extase  miraculeuse  du  jeune 


32  XV«   SIÈCLE 


cardinal  devant  le  Christ  qui  lui  apparut  en  croix,  eut  lieu  lorsqu'il 
se  trouvait  à  la  cour  du  pape  avignonnais  Clément  VII. 

Pierre  de  Luxembourg,  né  à  Ligny-en-Barrois,  le  20  juillet  1369, 
fut  nommé  cardinal  le  15  avril  1384  et  mourut  à  Villeneuve-lès- 
Avignon,  le  2  juillet  1387.  Son  procès  de  canonisation  fut  engagé 
dès  l'année  1389. 

Ce  panneau,  qui  parait  avoir  été  peint  vers  1470,  se  trouvait 
jadis  au-dessus  du  tombeau  du  bienheureux,  en  l'église  des 
Célestins  d'Avignon.  Il  a  été  acquis  par  le  Musée  Calvet  en  1840 
et  reproduit  dans  le  Livre  d'or  du  Musée  Calvet  avec  notice  de 
M.  L.-H.  Labande,  qui  le  fait  remontera  1430. 

Bois.  Peinture.  Fonds  gaufrés  sur  or.         Musée  d'Avignon. 

71.   ENGUERRAND  CHARONTON   1453. 
Le  triomphe  de  la  Vierge  Marie. 

H.  1,83,  L.  2,20. 

Ce  tableau  a  une  importance  exceptionnelle,  en  ce  qu'il  est  à 
peu  près  le  seul  dont  l'état-civil  soit  indiscutable.  Dans  l'histoire 
de  la  peinture  en  Europe,  il  occupe  un  rang  prépondérant  ;  il  nous 
montre  que  l'art  prétendu  flamand  était  en  réalité  une  formule  de 
pratique  générale  employée  tout  aussi  bien  dans  le  Midi  que  dans  le 
Nord.  On  avait  longtemps  attribué  cette  œuvre  au  Roi  René,  puis  à 
Jean  Van  Eyck,  et  enfin  à  Van  der  Meire  ;  M.  l'abbé  Requin,  d'Avi- 
gnon, a  retrouvé  dans  l'étude  du  notaire  Giraudy,  au  protocole  de 
Jean  Morelli  à  l'année  14^3,  le  contrat  passé  entre  un  prêtre,  Jean  de 
Montagnac,  et  le  peintre  Enguerrand  Charonton,  de  Laon,  pour  la 
confection  de  ce  tableau.  Un  programme  très  étroit  était  imposé  au 
peintre  ;  il  est  transcrit  tout  au  long  dans  le  contrat,  et  M.  l'abbé 
Requin  l'a  publié  in-extenso  dans  l'opuscule  intitulé  :  Un  tableau 
du  Roi  René  au  Musée  de  Villeneuvc-lcs-Avignon.  (Paris,  Picard, 
1890,  iri-8'').  Voici  la  partie  de  ce  programme  concernant  le  Triom- 
phe de  la  Vierge:  «  Premièrement  y  doit  estre  la  forme  de  paradis 
«  et  en  ce  paradis  doit  estre  la  Sainte  Trinité,  et,  du  Père  et  du 
«  Fils,  ne  doit  avoir  nulle  différence,  et  le  Saint-Esprit  en  forme  de 
«  colombe  et  Nostre-Dame  devant,  selon  qu'il  semblera  mieulx, 
«  audit  maistre  Enguerrand,  à  laquelle  Nostre-Dame  la  Sainte-Tri- 
«  nité  mettra  la  couronne  sur  la  teste...  »  Toute  la  composition  de 
cette  œuvre  est  ainsi  précisée  à  l'artiste.  Les  vêtements  doivent 
être  riches  :  «  Celui  de  Nostre-Dame  doit  être  de  damas  blanc, 
«  figuré  selonc  l'advis  dudict  maistre  Enguerrand,  et  alentour  la 
«  Sainte-Trinité  doivent  être  Chérubins  et  Séraphins  ».  Remar- 
quons dans  le  tableau  la  couleur  rouge  de  ces  derniers  ;  c'est  ainsi 
que  Jean  Fouquet  les  traite  dans  la  Vierge  d'Anvers  (voir  n*  40) 
et  en  divers  endroits  de  ses  miniatures. 


X"  4S  du  Catalogue 


A.  Giraiiifott,  phot. 


II 


XV«  SIÈCLE 


La  description  fournie  par  l'acte  authentique  concorde  avec  le 
tableau,  sauf  en  certains  détails  insignifiants;  l'artiste  avait  d'ail- 
leurs le  droit  de  varier.  Aussi  la  robe  de  la  Vierge  est-elle  en  damas 
d'or,  dans  le  style  des  ornements  de  Nicolas  Froment.  La  décoration 
des  dalmatiques  des  deux  personnes  de  la  Trinité  est  d'une  préci- 
sion remarquable;  on  comprend  que  l'on  ait  proposé  Van  Eyck 
pour  l'auteur  du  tableau. 

L'œuvre  renferme  cinquante  figures  sans  compter  les  anges, 
la  Trinité  et  les  bienheureux  ou  damnés,  en  tout,  plus  de  cent 
personnages.  Jean  de  Montagnac  est  représenté  dans  le  bas,  au  pied 
de  la  croix  avec  une  mitre  en  tête  ;  devant  lui  est  le  P.  abbé  de  la 
Chartreuse  de  Villeneuve,  également  à  genoux  devant  la  croix. 

A  gauche,  dans  le  groupe  des  personnages  tournés  vers  la  scène 
principale,  on  remarque  un  pape,  un  roi,  des  princes,  des  prélats, 
des  moines.  A  droite,  des  papes,  des  prélats,  des  princes,  des  reli- 
gieuses et  des  moines,  tous  nimbés.  Dans  le  coin,  à  droite,  on 
retrouve  la  figure  de  la  Vierge  blonde,  qui  était  peut-être  la  femme 
d'Enguerrand  Charonton,  et  on  aperçoit  le  profil  très  poussé  d'un 
homme  coiffé  d'une  calotte  qui  pourrait  être  l'artiste  lui-même, 
comme  Nicolas  Froment  s'est  montré  dans  la  Résurrection  de 
La^are^  du  Musée  des  Offices,  signée  de  lui. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  la  valeur  considérable  de  cette 
pièce  si  peu  connue,  laquelle  est  cependant  un  document  de  tout 
premier  ordre.  Les  visages,  les  mains,  sont  d'une  exécution  qui 
rappelle  les  plus  belles  miniatures  de  Jean  Fouquet;  la  composi- 
tion générale  concorde  avec  certaines  des  miniatures  aperçues 
au  Musée  Condé  à  Chantilly.  Nous  avons  signalé  les  anges  rouges 
qui  sont  si  souvent  employés  par  Fouquet,  et  qui  viennent  des 
miniaturistes  français  du  xiv^  siècle  icf.  ms.  latin  919  à  la  Biblio- 
thèque Nationale  . 

Enguerrand  Charonton,  né  vers  14 10  dans  le  diocèse  de  Laon, 
était  venu  à  Avignon  en  1447.  Il  s'y  était  établi  et  marié,  il  y  était 
encore  en  1461.  Son  origine  picarde  indiscutable  est  établie  par  des 
mots  inscrits  par  lui,  dans  l'acte  passé  avec  Jean  de  Montagnac, 
Chtel  pour  ciel,  anchien  pour  ancien,  aiitier  altare  pour 
autel.  Le  tableau,  commencé  le  14  avril  1453,  fut  placé  surl'autel  de 
la  Chartreuse  de  Villeneuve-lès-Avignon,  en  septembre  1454. 
Enlevé  à  la  Révolution,  il  fut  recueilli  depuis  par  les  soins  de  l'un 
des  administrateurs  de  l'hospice  et  il  figure  dans  le  petit  musée  de 
cet  établissement.  11  fut  étudié  par  Mérimée  (Voyage  dans  le  Midi^ 
p.  163;,  par  A.  .Michiels  :  (L art  flamand  dans  le  Midi)  et  d'une 
façon  décisive  par  M.  l'abbé  Requin. 

Bois.  Détrempe;  fond  d'or  préparé  sur  toile  et  plâtre. 
Hospice  de  Villeneuve-les-Avignon  (Musée). 


34 


XV'=  SIÈCLE 


72.  ECOLE  DU  MIDI,  vers  1450. 

Saint  Bernardin  de  Sienne,  sainte  Catherine  et  saint 
Louis  de  Toulouse. 

H.  0,33.  L.  0,69. 

Ce  tableau  a  été  repeint  dans  sa  plus  grande  partie,  mais  le 
saint  Bernardin  et  le  saint  Louis  ont  la  ligure  intacte.  Les  fonds 
étaient  damassés  à  l'origine. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf.  M.  G.  Schlumberger,  Paris. 

73.  ÉCOLE  DE  PROVENCE,  vers  1460. 

Calvaire  avec  deux  donateurs,  dont  l'un  est  présenté 
par  saint  Sébastien,  l'autre  par  saint  Gilles. 

H.  0,62.  L.  2,07. 

Au  milieu  d'un  paysage  tourmenté  dont  une  partie  est  occupée 
par  une  ville  ornée  de  minarets  figurant  Jérusalem,  le  Calvaire  est 
représenté.  A  gauche,  la  Vierge;  à  droite,  saint  Jean.  La  Vierge  est 
dans  le  pur  style  français.  Derrière  la  Vierge,  un  chevalier  est  à  ge- 
noux devant  un  prie-Dieu,  et  il  a  derrière  lui  saint  Sébastien 
dont  le  corps  est  criblé  de  flèches.  Les  armes  de  la  cotte  d'armes 
sont  de  gueules  à  trois  clés  d'or,  deux  et  une.  A  droite,  présenté  par 
un  évêque  qui  est  saint  Gilles,  un  homme  en  costume  de  magis- 
trat. Dans  une  notice  sur  ce  tableau  M.  S.  Bayle  s'est  donné  la 
tâche  de  démontrer  qu'il  était  flamand,  et  que  les  personnages  re- 
présentaient :  le  chevalier  Nicolas  Rolin  ;  le  magistrat  Jean  Rolin. 
Les  trois  clés  des  armes  sembleraient  donner  raison  à  cette  hy- 
pothèse, mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  plusieurs  familles  portaient 
ces  armes,  et  que  les  Rolin  portaient  à'a{ur  et  non  de  gueules. 
Le  chevalier  n'est  pas  le  chancelier  Rolin,  comme  le  dit 
M.  Bayle,  mais  vraisemblablement  un  seigneur  du  nom  de  Sébas- 
tien. Le  magistrat  ne  peut  être  Nicolas  Rolin,  le  visage  ne  rappelle 
guère  celui  du  rétable  de  Beaune,  et  le  saint  est  saint  Gilles.  Quant 
à  l'auteur  du  tableau,  n'est-il  pas  plutôt  un  de  ces  artistes  qu'on  a 
cru  élèves  des  Flamands  :  Enguerrand  Charonton,  Nicolas  Fro- 
ment, Pierre  Villate  ou  Jean  Desplans  d'Uzès  ?  Jean  Desplans  avait 
illustré  un  missel  pour  le  cardinal  Rolin  ;  les  Rolin  avaient  fondé 
une  chapelle  de  Saint-Lazare  aux  Célestins  d'Avignon,  mais  ils 
n'avaient  pas  fait  venir  un  tableau  de  Bruges  pour  la  décoration  de 
cette  chapelle. 

Cette  œuvre   étrange  appartenait   à  la  famille  d'Albertas  qui 
l'avait  acquise  à  Villeneuve-les-Avignon.  C'est  de  la  famille  d'Al- 
bertas que  la   tenait  xM.  Clérian,  directeur  de  l'école  de  dessin 
d'Aix,  qui  la  céda  à  M.  Paul  Arbaud,  le  grand  collectionneur. 
Bois.,  peinture  à  V huile      M.  Paul  Arbaud,  à  Aix. 


XV'   SIÈCLE  35 


74.   ROI   RENÉ  (Le)  vers  1470?. 
Adoration  des  Mages. 

H.  0,351.  L.  0,253. 

Parmi  les  œuvres  si  nombreuses  attribuées  au  Roi  René,  celle-ci 
offre  quelque  vraisemblance.  La  tradition  lui  confère  un  titre  de 
possession.  Cette  pièce  fut  donnée  par  le  Roi  aux  Dominicaines, 
dites  les  Dames  de  Saint  Barthélémy  d'Aix.  En  1790  elle  fut 
recueillie  par  le  P.  Pouillard,  garde  des  tableaux  du  cardinal  Fesch, 
et  depuis  on  la  suit  jusqu'à  nous. 

Toile  de  soie.  Peinture  à  la  détrempe. 

M.  LE  BARON    GUILLIBERT,  à  AtX. 

j5.   ECOLE  BOURGUIGNONNE,  vers  1460. 

Portraitd'un  seigneur  présenté  par  un  saint  pape  tenant 
une  ancre,  et  portant  une  mitre  fleurdelisée.  En  arrière,  une 
ville  et  dans  le  ciel,  un  ange. 

H.  0,49.  L.  0,37. 

Le  cadre  ancien  porte  en  latin  :  Crédendo  secundum  quod  pre 
nobis  deprecare.  L'allure  un  peu  brutale  du  personnage,  une 
vague  ressemblance  avec  Charles  le  Téméraire  et  le  paysage,  rappe- 
lant certaines  villes  de  l'Est  de  la  France,  semblent  indiquer  que  ce 
tableau  est  d'origine  bourguignonne.  Le  saint  est  saint  Clément. 
On  peut  rapprocher  ce  tableau  d'un  autre  attribué  à  Froment, 
conservé  aux  Offices. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  George  S.a.lting,  esquire,  Londres. 

76.   NICOLAS  FROMENT,  vers  1470. 

Portrait  d'un  saint  évêque  en  pied,  et  bénissant  de  la 
main  droite  ;  de  la  gauche,  il  tient  une  crosse  à  édicule 
gothique. 

H.  2,07.  L.  0,66 

Cette  pièce  capitale  de  Nicolas  Froment  représente  un  saint  de 
la  région  Avignonnaise,  saint  SifiFrein.  La  tête  penchée  qui  rappelle 
de  si  près  une  des  figures  du  Buisson  ardent^  la  matière  de  la  peinture, 
la  saveur  brutale  et  savante  du  travail  ne  laissent  aucun  doute  sur  le 
peintre  qui  l'a  exécutée.  La  dalmatique  porte  un  orfroi  d'or  qui  a  les 
plus  grandes  analogies  avec  l'encadrement  à\x  Buisson  ardent  d'Aix. 
La  figure  du  saint,  qui  est  vraisemblablement  le  portrait  d'un  prélat 
de  la  région,  est  d'un  caractère  noble  et  puissant;  elle  s'enlève  sur 
un  fond  d'or  tout  à  fait  semblable  à  celui  de  la  Pieta  de  Villeneuve- 
les-Avignon    exposée  auprès  (n"    77).    L'art   de    ce  morceau  est 


36  XV'    SIÈCLE 


tout  à  la  fois  inspiré  de  Fouquet  et  de  Charonton,  mais  avec  un  ac- 
cent très  personnel  et  supérieurement  vigoureux.  Il  n'y-  a,  dans 
l'œuvre,  rien  qui  puisse  la  faire  considérer  comme  flamande,  elle 
n'a  pas  les  côtés  précieux  et  un  peu  mesquins  de  l'école  du  Nord, 
ni  les  caractères  théâtraux  et  décoratifs  des  Italiens.  Le  mors  de 
bride  figure  une  signature  N.  F.  de  Carpentras  en  bas  à  gauche. 

L'origine  de  ce  tableau  est  singulière;  il  servit  longtemps  de 
couvercle  à  un  coffre  de  l'église  de  Magon,  et  fut  offert  par  le  curé 
à  l'archevêque  d'Avignon  Mgr.  Debelay,  qui  le  légua  au  grand 
séminaire,  où  il  est  conservé. 
Bois.  Peinture  à  V œuf  sur  or.    Grand  Séminaire  d'Avignon. 

77.  ECOLE  DE  NICOLAS  FROMENT  1470? 

Pieta,  avec  Saint  Jean,  la  Vierge,  la  Madeleine  et  un 
donateur. 

H.  1,67.  L.  2,15. 

Ce  tableau,  comme  le  Saint  Siffrein,  n'a  jamais  été  exposé.  Il 
représente  une  Pieta.  La  Vierge  âgée,  dans  une  attitude  d'un  na- 
turalisme douloureux,  porte  le  corps  de  son  fils  sur  ses  genoux. 
A  gauche,  Saint-Jean  penché  sur  le  visage  du  Christ,  à  droite, 
la  Madeleine,  les  cheveux  épars,  tenant  un  vase  à  parfums. 
Dans  le  coin,  à  gauche,  le  donateur,  curé  d'une  paroisse,  revêtu  d'un 
surplis.  Cette  dernière  figure  est  d'une  énergie  et  d'une  beauté  de 
métier  particulières.  Elle  représente  un  méridional  à  l'œil  vif.  au  nez 
très  court,  aux  pommettes  saillantes.  11  paraît  âgé  de  cinquante  à 
cinquante-cinq  ans.  Tout  le  fond  de  la  composition  est  d'or 
très  brillant.  On  lit  en  haut  sur  une  dentelle  habilement  gra- 
vée :  qui  transitis  per  viam,  attendite;  videte  si  est  dolor  etc.  Cette 
inscription  est  continuée  à  droite  et  à  gauche.  Les  nimbes,  histo- 
riés et  gravés,  portent  le  nom  des  saints  personnages  en  latin.  En 
arrière  du  donateur,  une  ville  orientale,  avec  minarets  et  croissants, 
qui  montrent  que  l'artiste  avait  eu  d'excellents  modèles  sous  les 
yeux. 

L'œuvre  est  tout  entière  peinte  sur  le  fond  d'or.  Les  lettres  et 
les  nimbes  sont  gravés  à  l'outil  au  repoussé.  Son  origine  n'est  pas 
connue,  mais  elle  provient  de  la  Chartreuse  de  Villeneuve 
comme  le  tableau  d'Enguerrand  Charonton  (n"  71). 

Bois.  Peinture  à  Tœuf  et  à  Vhuile. 

Hospice  de  Villeneuve-lès-Avignon. 

78.  NICOLAS  FROMENT   1475-76. 

Le  Buisson  ardent.  A  gauche,  un  volet  sur  lequel  est 
représenté  un  personnage  en  costume  civil,  présenté  par 


XV*    SIÈCLE  37 


trois  saints  dont  un  est  saint  Maurice.  A  droite,  une  prin- 
cesse présentée  par  trois  saints  :  saint  Jean,  sainte  Agnès 
et  saint   Nicolas. 

H,  4,10.  L.  3,05 

Ce  tableau  monumental  est  trop  connu  pour  être  longuement 
décrit.  On  sait,  par  les  pièces  découvertes  aux  archives  des  Bou- 
ches-du-Rhône  par  M.  Blancard,  que  l'auteur  en  est  Nicolas  Fro- 
ment, à  qui  on  redevait,  en  1475,  30  écus  sur  la  composition  du 
Buisson  Ardent  commandé  par  le  roi  René  pour  la  cathédrale 
d'Aix.  On  a  cru  longtemps  que  ce  morceau  capital  de  l'art  français 
était  une  œuvre  flamande,  même  on  l'attribua  à  Van  Eyck,  à  cause 
du  paysage  remarqué  dans  le  panneau  central.  Ces  illusions  d'op- 
tique proviennent  de  l'ignorance  où  nous  sommes  des  véritables 
origines  de  notre  école.  Ce  nom  de  Froment,  que  M.  iSiichiels 
avait  revendiqué  pour  la  Flandre,  est  celui  d'un  praticien,  né  à 
Uzès.  Il  composa  divers  tableaux,  entre  autre  une  œuvre  qu'il 
signa  «Nicolaus  Frumenti  absolvitopus  1461  »,  et  qui  est  aujourd'hui 
conservée  au  Musée  des  Offices  à  Florence.  Dans  ce  dernier  tableau 
Froment  s'est  représenté  en  haut,  à  gauche,  sous  les  traits  d'un 
homme  encore  jeune,  au  nez  très  aquilin.  et  coiflFé  d'une  calotte, 
qui  pourrait  être  signée  Jean  Fouquet.  Dans  le  Buisson  Ardent^  le 
saint  Nicolas,  placé  en  arrière  de  la  reine  Jeanne  de  Laval,  femme 
du  roi  René,  sur  le  panneau  de  droite,  est  très  rapproché  du  saint 
Siffrein  ici  exposé  (n°  76),  et  qui  est  également  de  Nicolas  Fro- 
ment. La  pose  est  presque  identique.  Les  colorations  puissantes  de 
cette  pièce  sont  en  désaccord  formel  avec  les  tons  plus  mièvres 
des  écoles  du  Nord.  La  distance  entre  les  deux  écoles  sorties  du 
rameau  parisien  du  xiV  siècle  s'accentue  ici  d'une  manière  for- 
melle et  indiscutable. 

Les  personnages  représentés  sont  à  gauche,  le  roi  René,  dont 
le  patron  saint  Maurice  porte  les  mêmes  armes  que  celui  du  dona- 
teur de  Glasgow.  La  princesse  est  Jeanne  de  Laval,  sa  femme.  La 
Vierge,  substituée  à  Dieu  le  Père  sur  le  Buisson,  indique  une 
œuvre  Victorine  ;  René  était  chanoine  de  saint  Victor. 

L'absence  d'un  historien  de  la  peinture  en  France  nous  a  em- 
pêchés longtemps  de  connaître  ce  remarquable  artiste,  l'un  des 
hommes  les  plus  considérables  de  l'art  en  Europe.  11  avait  connu 
Enguerrand  Charonton,  certaine  figure  d'homme  de  la  Résurrec- 
tion de  La:^are  aux  Offices  note  une  parenté  très  étroite  avec  le 
Triomphe  de  la  Vierge  (n»  71),  c'est  le  disciple  de  la  droite  du 
Christ  avec  une  mèche  de  cheveux  sur  le  front.  Il  y  aura  lieu  aussi 
de  mettre  en  regard  de  la  photographie  du  tableau  des  Offices, 
la  Vierge  et  sainte  Anne,  de  l'église  de  Joigny,  (n»  64).  Les  deux 
figures  de  saints  de  ce  dernier  tableau  sont  dans  le  tableau  des 
Offices. 


38  XV    SIÈCLE 


En  réalité  le  Buisson  Ardent  d'Aix  est  pour  l'art  français  en 
rivalité  d'importance,  sinon  de  valeur  ou  d'époque,  avec  V Agneau 
Mystique  des  Van  Eyck.  Et  il  a  l'avantage  d'être  etayé  par  des  piè- 
ces d'archives  indiscutables. 

Bois.  Peinture  à  lliuile.  Cathédrale  d'Aix. 


79.    NICOLAS  FROMENT  vers  1476. 

Diptyque.  A  gauche,  le  portrait  d'un  homme  âgé 
portant  le  collier  de  Saint  Michel.  A  droite,  une  dame 
coiffée  d'un  chaperon  de  velours  noir  à  long  bavolet. 

H.  0,15,  L.  0,24. 

En  rapprochant  ce  petit  diptyque  du  tableau  du  Buisson 
ardent,  il  est  facile  de  reconnaître  dans  les  deux  personnages  le 
roi  René  d'Anjou  et  sa  femme  Jeanne  de  Laval.  On  attribue  géné- 
ralement l'œuvre  à  Nicolas  Froment  à  cause  de  ce  rapport.  Le 
diptyque  est  connu  sous  le  nom  de  diptyque  de  Marteron. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf.  Musée  du  Louvre, 


80.   ECOLE  DE  NICOLAS  FROMENT,  vers  1480. 

Miracle  d'un  saint  portant  sa  tête  dans  ses  mains,  en 
présence  de  donateurs. 

H.  1,60.  L.  1,50 

L'histoire  du  saint  représenté  ici  est  essentiellement  une 
légende  de  la  ville  d'Aix.  Saint  Mitre,  grec  d'origine,  quitta  son 
pays  après  s'être  dépouillé  pour  les  pauvres,  et  vint  s'établir  à 
Aquae  Sextiae  dans  la  fin  du  V  siècle.  Là,  il  devint  l'esclave  volon- 
taire d'un  préteur  romain  du  nom  d'Arvandus,  qu'il  espérait  gagner 
au  Christ.  Celui-ci  lui  ayant  confié  les  clefs  de  sa  vigne  et  de  sa 
cave,  Saint  Mitre  cueillit  quelques  raisins  qu'il  donna  à  des 
pauvres.  On  l'accusa  de  larcin  ;  il  comparut  devant  Arvandus  qui 
le  fit  mettre  à  mort.  Alors  il  prit  sa  tête  dans  ses  mains  et  s'en  fut 
la  porter  à  la  cathédrale,  sur  le  seuil  de  laquelle  l'attendaient  les 
prêtres.  Ce  sont  ces  diverses  scènes  qu'un  très  habile  artiste  de 
l'école  de  Provence,  s'inspirant  de  Froment  —  s'il  n'était  Froment 
lui-même  —  s'est  donné  la  tâche  de  reproduire.  La  remise  des 
clefs,  le  saint  conduit  au  prétoire,  et  dans  le  fond  la  treille,  et  les 
pauvres,  puis  le  saint  exécuté,  le  saint  portant  sa  tête  à  l'église, 
tout  est  décrit  avec  une  précision  et  une  naïveté  très  sincères.  La 
ville  représentée  est,  dit-on,  la  ville  d'Aix  au  xv*  siècle;  de  fait 
certains  monuments  s'en  peuvent  encore  reconnaître. 


XV'   SIÈCLE  39 


Ultérieurement,  le  tableau  dut  être  repris,  à  la  sollicitation  de 
donateurs  qui  firent  ajouter  leurs  figures  à  gauche  et  à  droite  du 
saint  debout  sur  le  premier  plan.  Ces  personnages  sont  d'une 
main  bien  infe'rieure.  D'après  M.  Faurie  de  Saint-Vincent,  l'homme 
serait  Jacques  de  La  Roque,  fondateur  de  l'hôpital  d'Aix,  et  la 
femme,  habillée  à  la  mode  de  1490-1500,  serait  l'épouse  de  ce  La 
Roque. 

Ce  monument  fort  curieux  de  l'art  provençal,  nous  prouve 
que  l'école  de  ces  contrées  avait  des  tendances  particulières,  à  la 
fois  inspirée  du  Nord  et  du  Midi,  de  la  Touraine,  de  l'Anjou  et  de 
la  Provence.  Le  Miracle  de  Saint  Mitre  est  un  des  tableaux  les 
plus  concluants  de  l'Exposition,  en  ce  qu'il  explique  les  rap- 
ports créés  entre  l'Anjou  et  le    Midi  par  le  Roi  René. 

Bois.  Peinture  à  VJiuile.  Cathédrale  d'Aix. 


81.    NICOLAS  FROMENT,  vers  1465. 

La  Résurrection  de  Lazare  au  milieu  d'un  paysage 
borné  par  une  ville  fortifiée.  La  scène  comporte  quinze 
personnages  dont  un  donateur. 

H.  0,76.  L.  1,40. 

Ce  tableau  est  donné  à  Nicolas  Froment  ;  de  fait  le  saint  Pierre 
à  droite  est  retrouvé  semblable  dans  un  tableau  des  Offices  qui  lui 
est  attribué.  Le  paysage  est  celui  de  la  Provence.  Le  Christ,  la  mère 
de  Lazare  sont  des  types  très  français.  Ce  tableau  remarquable  est 
aujourd'hui  pour  la  première  fois  soumis  au  contrôle  du  Buisson 
ardent.  La  conclusion  se  tirera  d'elle-même. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.         M.  Richard  von  Kaufmann,  Berlin. 


82.    ECOLE  DE  NICOLAS  FROMENT,  vers  1480. 
Résurrection  de  Lazare  avec  un  donateur. 

H.  0,590.  L.  0,785. 

Dans  un  paysage  où  l'on  voit  à  gauche  un  château-fort  sur  une 
colline,  et  à  droite  une  ville  fortifiée,  le  Christ  ressuscite  Lazare. 
La  scène  comporte  quatorze  personnages;  dans  le  bas  à  droite  un 
seigneur  à  genoux  dont  le  costume  sombre  rappelle  celui  du 
bâtard  d'Orléans,  comte  de  Dunois.  C'est  un  vieillard  de  70  ans 
environ,  vraisemblablement  fondateur  d'une  maladrerie  où  était 
déposé  le  tableau;  son  prénom  était  Anne. 

Bois.  Peinture  à  rhuile.  M.  le  D"^  Reboul,  Lyon. 


40  XV'    SIÈCLE 


83.  ECOLE  DE  NICOLAS  FROMENT,  vers  1480. 

Deux  saints  évêques.  Saint  Augustin.  Saint  Louis  de 
Toulouse? 

H.  1,60.  L.  1.35. 

Ces  deux  figures  étaient  se'parées  ;  elles  sont  réunies  dans  un 
cadre  à  meneaux.  La  peinture  en  est  bonne  et  rappelle  les 
œuvres  de  Nicolas  Froment  d'Uzès,  Le  dessin  des  mains,  sinon 
celui  des  visages  est  inférieur  aux  travaux  de  Froment,  mais  les 
motifs  de  décoration  employés  par  le  maître  du  Buisson  ardent^ 
ont  été  conservés  dans  les  mitres  et  les  crosses. 

Bois.  Peinture  à  V huile  et  à  Vœuf. 

M.  PoNTHiER,  Conservateur  du  Musée  d'Aix, 

84.  ECOLE  DE  PROVENCE,  vers  1480. 

Pieta.  La  Vierge,  un  chevalier  et  deux  saintes 
Femmes. 

H.  0,43.  L.  0,57. 

Ce  tableau  a  paru  l'œuvre  d'un  flamand  travaillant  dans  le  voi- 
sinage des  Alpes.  On  a  cru  aussi  retrouver  l'indication  d'une  ori- 
gine flamande  dans  le  profil  de  l'église  dont  une  partie  rappelle 
une  Sainte-Chapelle  française.  Le  donateur  est  un  homme  chauve 
de  1480  environ,  dont  le  costume  est  celui  d'un  seigneur.  Il  tient 
un  chapelet,  et  est  représenté  de  profil  à  gauche,  à  genoux.  Der- 
rière lui,  le  tombeau  du  Christ.  Au  fond  du  tableau  une  ville  for- 
tifiée, la  chapelle  dont  il  a  été  parlé,  une  tour  de  clocher  et  des 
montagnes  couvertes  de  neige.  Autrefois  attribué  à  Antonello  de 
Messine. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.     M.  le  baron  dAlbenas,  Montpellier. 

85.   ECOLE  DE  PROVENCE,  vers  1480. 

L'Enfant  Jésus  adoré  par  un  chevalier  et  un  évêque. 

H.  0,95.  L.  1,10. 
Sous  un  portique  d'architecture  méridionale,  en  avant  d'un  préau 
fermé  par  un  rempart  dans  lequel  une  porte  fortifiée  a  été  percée, 
l'enfant  Jésus,  assis,  reçoit  les  hommages  d'un  chevalier,  d'un  évê- 
que et  de  sa  mère.  Celle-ci  porte  le  costume  des  femmes  de  la  Pro- 
vence influencé  par  les  modes  Milanaises.  Le  chevalier  est  revêtu 
d'une  armure  foncée  avec  cotte  d'armes  de  la  fin  du  xv*  siècle. 


N"  7b  du  Catalogue. 


Sauvanaiid,  phot. 


N"  80  du  Catalogue 


Sauvanaud,  phot. 


i 


i 


XV«   SIÈCLE  41 


L'évêque,  qui  doit  être  son  patron  et  paraît  être  saint  Louis  de  Tou- 
louse, porte  la  main  à  sa  mître  comme  pour  l'ôter.  Il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  rapprocher  cette  œuvre  du  tableau  de  M.  le  baron  d'Al- 
benas  attribué  à  Antonello  de  Messine  (n"  84).  M.  Waagen  nom- 
mait Gérard  de  Haarlem,  mais  son  opinion  a  été  combattue  par 
M.  L.-H.  Labande  dans  le  Livre  d'ardu  Musée  Calvet.  L'œuvre  est 
de  la  descendance  de  Nicolas  Froment,  la  chape  de  l'évêque  est  trai- 
tée dans  la  manière  précieuse  et  finie  des  costumes  de  la  Résurrection 
de  Lazare  aux  Offices  de  Florence. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  d'Avignon. 


86.  ECOLE  DE  PROVENCE,   1490. 

Apothéose  d'une  sainte. 

H.  0,183.  L.  0,119. 

Sainte  Marie  l'Egyptienne  est  enlevée  au  ciel,  au  milieu  d'un 
site  sauvage  rappelant  la  sainte  Baume.  Au  verso,  un  Christ  et 
une  prière  en  français.  Cette  pièce  a  des  rapports  avec  un  tableau 
du  Musée  Calvet,  à  Avignon,  «  la  Fontaine  de  sang  ». 

Vélin.  Miniature.  M.  Jean  Masson,  Amiens. 

87.  SUITE  DE  NICOLAS  FROMENT,  vers   i5oo. 

Peint  sur  les  deux  faces. 
1'  L'Annonciation  ; 
2°  L'ange  saint  Michel  terrassant  le  démon. 

H.  0,80,  L.  0,59. 

M.  Wauters  et  l'abbé  Requin  attribuent  cette  œuvré  à 
Nicolas  Froment,  ce  qui  semble  un  peu  osé.  On  rapprocherait 
la  manière  de  l'artiste  de  deux  panneaux  conservés  à  la  Galerie  de 
Buda-Pesth  représentant  sainte  Barbe  et  sainte  Catherine.  Ceux-ci, 
en  dépit  de  leurs  rapports  lointains,  mais  certains,  avec  le  Vinci, 
sont  des  œuvres  du  nord  de  la  France.  L'inscription  du  nimbe  de 
sainte  Catherine  le  prouve.  Sancta  Katerina,  au  lieu  de  Katarina 
qui  est  constant  en  dehors  de  France.  Ils  portent  la  date  i'?2o,  qui 
serait  peut-être  plus  juste  pour  le  tableau  d'Avignon,  étant  donnée 
la  cuirasse  noire  et  historiée  du  saint  Michel.  La  précision  des 
détails  écrit  une  parenté  très  évidente  entre  le  tableau  d'Avignon 
et  les  panneaux  de  Buda-Pesth. 

Bois.  Peinture  à  rhuiîe.  Musée  d'Avignon. 


42  XV«   SIÈCLE 

88.  INCONNU,  vers  1480? 

Portrait  de  femme. 

H.  0,34.  L.  0,26. 
Jeune  femme  tournée  de  trois  quarts  à  gauche,  portant  un  hen- 
nin et  un  corsage  échancré  en  pointe.    La  robe  est  retenue  à  la 
taille  par  une  large  ceinture.  Elle  caresse  un  petit  chien  blanc.  Gri- 
saille. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile,  M.  le  baron  de  Christiani,  Paris. 

89.  ECOLE  DE  PICARDIE,  vers  1480. 

Le  Songe  du  Grand  Échanson. 

H.  0,32.  L.  0,23. 

Le  grand  e'chanson  explique  son  rêve  à  deux  personnages  dont 
l'un  en  costume  de  riche  bourgeois,  et  l'autre  en  costume  de  pri- 
sonnier est  assis  sur  son  lit  les  fers  aux  pieds.  Cette  scène  est  dans 
le  style  de  certains  manuscrits  d'Amiens  conservés  à  la  Biblio- 
thèque de  l'Arsenal. 

Une  ancienne  écriture  attribue  ce  tableau  à  "  Olbinse,  (Hol- 
bein?)  peintre  flamand  ". 
Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Edouard  Aynard,  Lyon. 

90.  ECOLE  DE  NAVARRE,  vers  1480. 

La  Vierge  entourée  de  quatre  anges. 

H.  0,76  L.  0,90. 

Cette  pièce  est  d'un  art  très  voisin  de  la  légende  de  Saint- 
Georges,  ci-devant  (n°'  33-36).  Les  nimbes  à  cercles  concentriques, 
sont  une  preuve  du  voisinage  des  Espagnols,  mais  nous  savons  que 
certains  artistes  encore  très  peu  connus,  travaillaient  sous  l'in- 
fluence franco-italienne  dans  la  région  qui  s'étend  de  la  Garonne 
aux  Pyrénées.  Ce  tableau  fait  partie  d'une  suite  d'oeuvres,  repré- 
sentant la  vie  d'un  saint  évêque,  et  dont  l'origine  hispano-gasconne 
paraît  établie  par  les  types  d'hommes  qu'on  y  rencontre. 

Tous  ces  tableaux  proviennent  du  Midi  de  la  France. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf.  M.  H.  Haro,  Paris, 

9J.    INCONNU,  vers   J480. 

Saint-Georges,  Aja  et  le  dragon. 

H.  0,50  L.  0,37. 

Au  milieu  d'un  paysage  borné  par  un  très  grand  château  méri- 
dional rappelant  quelque  peu  celui  de  Tarascon,  et  séparé  par  une 
rivière  d'une  autre  forteresse,  au  faîte  de  laquelle  le  père  et  la  mère 


XV'  SIÈCLE  43 


d'Aja  sont  dans  l'attente,  un  saint  Georges  en  harnais  de  chevalier 
tue  le  monstre.  Saint  Georges  porte  la  croix  rouge  de  la  confrérie 
franc-comtoise  des  chevaliers  de  saint  Georges,  depuis  relevée  par 
l'empereur  Maximilien.  Il  est  vêtu  d'une  cuirasse  noire  dans  le  genre 
"^  de  celles  que  Memling donne  à  ses  guerriers;  le  cheval  est  harnaché 
à  la  bourguignonne.  Aja  est  habillée  à  la  mode  des  dames  de  1490 
environ,  elle  a  la  cape  à  longues  oreillettes.  Le  paysage  paraît 
planté  d'oliviers,  et  le  dragon,  de  fort  belle  allure,  rappelle  la 
Tarasque.  Il  semblerait  que  ce  tableau  fut  peint  par  un  artiste  venu 
de  Bourgogne,  à  la  fois  influencé  par  les  gens  de  la  suite  de  Martin 
Schongauer,  et  les  flamands,  mais  français  par  certains  détails.  On 
peut  le  comparer  aux  miniatures  de  la  vie  de  sainte  Catherine,  ms. 
fr.  6449  de  la  Bibliothèque  nationale,  illustré  par  un  miniaturiste 
picard. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  H.  Haro,  Paris. 

92.  ECOLE  DE  PARIS,  vers  1490? 

Le  Christ  descendu  de  la  croix  en  présence  d'un  reli- 
gieux. 

H.  1,00,  L.  2,04. 

Le  calvaire,  étant  donnés  les  fonds  qui  représentent  Saint-Ger- 
main-des-Prés,  la  Seine,  le  Louvre  et  Montmartre,  paraît  être  placé 
non  loin  du  Montparnasse.  Le  Christ  est  descendu  de  la  croix  ; 
derrière  la  Vierge  est  représenté  un  abbé  du  xv'  siècle,  nu-tête. 
A  droite,  Saint-Jean  debout,  puis  Joseph  d'Arimathie  en  turban, 
tenant  la  couronne  d'épines.  La  Madeleine  est  à  genoux  entre  le 
spectateur  et  les  personnages,  elle  tient  un  vase  sur  lequel  on  a  voulu 
lire  le  nom  de  Scipion,  qu'on  a  pensé  être  celui  du  peintre.  C'est  là  un 
de  ces  jeux  d'érudition  assez  fréquents  chez  Fouquet,  Bourdichon 
et  autres,  qui  se  plaisaient  à  inscrire  des  noms  latins  sur  les  objets 
pour  donner  à  leur  tableau  plus  de  couleur  locale.  Fouquet  n'ou- 
bliait jamais  le  S.  P.  Q..  R.  des  Romains. 

L'intérêt  de  ce  tableau,  qui  a  une  belle  tenue  d'art,  réside  sur- 
tout dans  la  représentation  de  l'Abbaye  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  du  Louvre  et  de  Montmartre.  Une  laitière,  qui  apparaît  sur 
le  chemin  de  l'Abbaye,  montre,  par  son  costume,  que  la  date  est 
bien  près  du  xvi«  siècle.  Ce  tableau  était  autrefois  à  Saint-Germain- 
des-Prés,  il  a  été  décrit  dans  J.  Bouillard  (Hist.  de  Saint-Germain- 
des-Prés^  p.  169.)  L'abbé  représenté  passait  pour  être  Dom  Guil- 
laume, mort  en  1418.  Cette  légende  de  sacristains,  qu'on  eut  pré- 
cieusement recueillie  ailleurs,  n'est  pas  acceptable,  pas  plus  que 
l'attribution  de  l'œuvre  à  Fabrino,  vénitien  qui  serait  venu  à  la  cour 
de  Charles  Vil,  ou  la  date  1370-1380  proposée  par  M.  de  Cla- 
rac.  Placé  à  Saint-Denis  depuis  la  Révolution,  il  entra  au  Louvre 
en  1845. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  du  Louvre. 


44  XV*   SIÈCLE 


93.  ECOLE  DE  BOURGOGNE,  vers  .490. 

Descente  de  croix? 

H.  0,75.  L.  1,25. 

Cette  pièce  a  longtemps  été  regardée  comme  une  œuvre 
flamande  ;  mais  la  copie  qui  en  existe  dans  l'église  d'Auxerre, 
le  type  si  formel  des  personnages  encore  retrouvés  dans  la  Bour- 
gogne, une  pseudo  Agnès  Sorel  figurant  la  Madeleine  dans  la 
composition,  nous  inclinent  à  attribuer  ce  travail  à  l'un  des  peintres 
de  Champagne  ou  de  Bourgogne  travaillant  dans  ces  contrées  dans 
la  seconde  moitié  du  xv"  siècle.  Le  paysage  est  un  de  ces  fonds  de 
pratique  dont  les  peintres  se  servaient  pour  figurer  Jérusalem. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  MuNiER-JoLAiN,  ûvocat,  Parts. 

94.  ECOLE  DE  LORRAINE,  vers   1475. 

Ecce  Homo.  Les  Juifs  sur  le  premier  plan.  En  arrière 
les  marches  au  faîte  desquelles  est  présenté  le  Christ. 
A  gauche  une  rue  de  ville. 

H.  0,50.  L.  0,35. 

Le  style  de  cette  pièce,  les  costumes  sont  ceux  des  manuscrits 
exécutés  dans  l'Est,  en  Lorraine  principalement. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Crews,  Londres. 

95.  ECOLE  DE  CHAMPAGNE,  vers  1480. 

H.  0,67.  L.  0,58. 

Calvaire  avec  la  Vierge  et  saint  Jean  sur  un  fond  de 
paysage  d'après  un  original  de  1400  environ. 
Bois.  Peinture  à  rhuile.  M.  Martin  Le  Roy,  Parts. 

96.  ECOLE  DE  L'EST,  vers  1480, 

Triptyque.  Pieta  avec  saint  Jean  et  la  Madeleine  de-j 
vant  la  ville  de  Jérusalem  avec  la  mosquée  d'Omar.  A] 
droite,  volet  :  sainte  Catherine.  A  gauche,  sainte] 
Barbe. 

H.  0,46.  L.  0,33,  volets  0,16. 
La  rue  de  Jérusalem  est  fort  soignée  et  traitée  en  grisaille.  Cer-3 
tains  ornements  rappellent  Van  Mecheln,  mais  la  Madeleine  estj 
d'inspiration  française.  On  penserait  à  un  tableau  exécuté  enj 
Alsace  ou  en  Souabe.  Le  verso  porte  une  Annonciation  dans  le] 
goût  français. 
Bois  doré.  Peinture  à  rhuile.  M.  Richard  von  Kauffmann,  Berlin^ 


XV*   SIÈCLE  45 

97.  ECOLE  DE  BOURGOGNE  vers  1480. 

La  mort  de  la  Vierge. 

H.  1.35.  L.  0.75. 

Dans  une  salle  très  décorée  et  dont  la  voûte  est  supportée  par 
des  colonnes  de  jaspe,  la  Vierge  est  couchée  sur  un  lit  tendu  de 
rouge.  Les  apôtres  sont  autour  d'elle  et  récitent  les  prières  des 
agonisants.  Ce  tableau  comme  le  précédent  paraît  avoir  été  peint 
dans  la  région  Campano-Bourguignonne. 

Bois.  Peinture  à  Vliuile.  Musée  de  Lyon. 

98.  ECOLE  DE  BOURGOGNE,  vers  1480 

Le  couronnement  de  la  Vierge. 

H.  1,38.  L.  0,75. 

La  Vierge  agenouillée  sur  les  dalles  d'une  salle  très  décorée  est 

couronnée  par  Dieu  le  père  assis  sur  un  trône  de  marbre  avec  dais. 

Le  trône  de  l'Eternel  est  d'un  travail  compliqué  rappelant  certains 

sièges  de  Jean  Fouquet  et  de  Bourdichon.  Les  types  sont  français. 

Bois.  Peinture  à  V huile.  Musée  de  Lyon. 

99.  ECOLE  DE  BOURGOGNE,  vers  1495. 

Portrait  d'homme  en  costume  de  la  fm  du  xv*  siècle, 
portant  un  chapeau  noir,  une  chemisette  et  un  pourpoint 
décolleté.  Cintré. 

Avec  le  cadre.  H.  0,360,  L.  0,275. 
On  lit  au  verso  d'une  écriture  ancienne  :  Pierre  de  Laval,  baillif., 
juge  d'apel  en  la  justice  de  Tournus  au  commencement  du  siècle  de 
1400  (sic) —  Qt  procureur  fiscal  en  ladite  justice.  Cette  pièce  inté- 
ressante a  beaucoup  souffert  ;  elle  est  peinte  dans  la  manière  ordi- 
naire des  petits  portraits  français  de  cette  date. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Lex,  Mâcon. 

100.   ECOLE  FRANÇAISE  XV*  SIECLE,  vers   J495? 

Pieta.  La  Vierge  et  le  Christ  au  milieu  d'un  paysage. 

H.  0,72.  L.  0,55. 
La  coiffure  de  la  Vierge  est  fort  rapprochée  de  celle  de  certaines 
figures  de  manuscrits  de  l'enclave  lorraine.  Le  tableau  est  vraisem- 
blablement exécuté  dans  le  voisinage  des  Ardennes. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Lenoir,  Vise  {Belgique"). 


46  XV*   SIÈCLE 


loi.   ECOLE  FRANÇAISE,  vers  1490. 

Portrait  d'homme  coiffé  d'une  petite  toque  noire, 
vêtu  d'un  habit  violet  à  revers  sur  un  fond  doré  et  mou- 
cheté de  noir. 

H.  0,17.  L.  0,14. 
Ce  pprtrait  représente  un  personnage  du  temps  de  Charles  VIII 
au  temps  où  les  guerres  d'Italie  avaient  mis  à  la  mode  les  modes 
transalpines.  On  retrouve  de  ces  habillements  dans  les  livres  im- 
primés de  Vérard.  Provient  du  marquis  Charles  de  Valori. 

Bois.  Peinture  à  Vœuf. 

M.  Walter  Gay,  Paris. 

J02.    ECOLE  FRANÇAISE,  vers  1490. 

Portrait  d'homme  (Louis  XI),  de  profil,  à  droite  ; 
il  porte  un  chapeau  sur  une  calotte  de  tête,  et  le  collier 
de  Saint-Michel. 

H.  0,37.  L.  0,27. 

Ce  portrait,  qui  a  été  retrouvé  récemment,  a  eu  un  gros  succès 
de  curiosité. 

Cest  un  des  portraits  du  roi  que  posséda  au  xvii'  siècle  le 
célèbre  collectionneur  Roger  de  Gaignières  ;  celui-ci  le  fit 
d'ailleurs  transcrire  dans  le  recueil  qu'il  destinait  aux  récréations 
de  Madame  de  Montespan,   conservé  au  cabinet  des  estampes. 

Bois.  Peinture  à  l'huile. 

M.  LE  BARON  ViTTA.  Parts. 


io3.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS, 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers  1480. 

Nativité  avec  deux  anges,  un  cardinal  et  deux  bergers. 

H.  0,55.  L.  0,71 
L'œuvre  ici  exposée  fut  exécutée  à  Autun  à  la  fin  de  la  vie 
du  cardinal  qui  a  été  représenté  par  l'artiste  sur  le  tableau.  Ce 
prélat  est  indiqué  par  les  armes  qui  sont  :  écartelé  au  i  et  4  d'azur 
à  trois  clefs  d'or  en  pal,  qui  est  Rolin  ;  aux  a  et  3  d'argent  à  la 
bande  d'azur  chargée  d'une  merlette  d'argent.  C'est  Jean  Rolin, 
fils  de  Nicolas  Rolin,  qui  naquit  à  Autun  en  1408.  A  22  ans,  il  était 
chanoine  et  archidiacre  de  la  cathédrale  de  cette  ville  et  conseiller 
du  duc  Philippe  le  Bon.  D'abord  évêque  de  Châlons  en   1436,  il 


XV^   SIÈCLE  47 


fut  confesseur  du  dauphin  depuis  le  roi  Louis  XL  C'est  lui  qui  fit 
reconstruire  la  cathédrale  d'Autun  incendiée.  Bien  que  peu  scru- 
puleux sur  les  moyens,  à  la  mode  des  seigneurs  de  son  temps,  il 
enrichit  les  églises  d'œuvres  d'art  remarquable.  Le  tableau  ici  mon- 
tré dut  être  l'un  de  ses  derniers  portraits  ;  il  dut  être  exécuté, 
deux  ou  trois  ans  avant  sa  mort,  vers  1480,  car  Jean  Rolin  mourut 
en  1483,  âgé  de  75  ans.  C'est  environ  l'âge  du  personnage  dans  le 
tableau. 

La  disposition  de  l'œuvre  est  d'une  simplicité  et  d'un  sentiment 
qu'il  sera  bon  d'opposer  aux  œuvres  concurrentes  et  contempo- 
raines des  artistes  des  Flandres.  Ici  le  naturalisme  précieux  s'allie  à 
l'idéalisme  le  plus  rafliné  et  le  plus  délicat.  Cette  Vierge,  chez 
laquelle  on  n'a  pas  de  peine  à  retrouver  le  visage  de  la  Vierge  du 
triptyque  de  Moulins,  est  une  jeune  femme  candide,  surprise  de  sa 
gloire,  et  dont  le  geste  d'extase  est  charmant.  Elle  est  vêtue  d'une 
robe  étroite  de  couleur  bleuâtre,  serrée  aux  manches,  d'un  manteau 
léger,  coiffée  d'un  voile  blanc;  ses  mains  élevées,  dans  l'attitude  du 
respect,  sont  d'un  dessin  et  d'une  grâce  achevés.  Devant  elle  l'En- 
fant Jésus  nouveau-né,  —  un  vrai  enfant  naissant,  potelé,  tel  que 
le  pourrait  vouloir  le  peintre  moderne  le  plus  précis  —  est  adoré 
par  deux  anges.  Ces  anges  sont  retrouvés  dans  une  miniature  du 
ms.  14363,  au  cabinet  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale. 
Ce  sont  les  anges  du  maître  français,  que  nous  ne  voulons  nommer 
encore,  mais  qui  est  le  peintre  des  Bourbons.  Derrière  la  crèche 
saint  Joseph,  homme  barbu  et  jeune,  joint  les  mains  comme  pour 
une  prière  ;  ces  mains  sont  un  chef-d'œuvre.  Plus  loin,  à  l'intérieur 
de  l'étable,  un  bœuf —  qui  est  un  véritable  animal  du  Bourbonnais 
et  non  l'une  de  ces  bêtes  de  pratique  trop  souvent  rencontrées 
dans  les  œuvres  du  Nord  —  rumine  paisiblement.  Deux  paysans 
sont  venus  regarder  la  scène  par  dessus  la  barrière  ;  ce  sont  eux 
aussi  des  portraits,  comme  est  d'ailleurs  la  figure  principale,  celle 
du  cardinal  évêque  Jean  Rolin,  placé  à  droite,  à  genoux,  les  mains 
jointes,  avec  sur  les  plis  de  son  manteau  rouge  son  chien  favori, 
d'une  vérité  d'expression  incroyable.  Tout  au  fond  de  la  composi- 
tion, un  paysage  du  centre  de  la  France,  avec  une  église  et  une 
ville  ;  des  ruines  à  droite  et  à  gauche,  complètent  ce  morceau  d'un 
charme,  d'une  grandeur,  d'une  impression  que  seuls  les  grands 
maîtres  ont  su  rendre. 

Il  semblerait  que,  chronologiquement,  ce  tableau  fût  le  plus 
ancien  connu  dans  les  œuvres  du  Maître  des  Bourbons.  Ceux  du 
duc  et  de  la  duchesse  paraissent  de  huit  ans  postérieurs.  Certains 
détails  de  costumes  et  d'attitudes,  des  concordances  de  dates  font 
penser  au  célèbre  Jean  Perréal,  dit  de  Paris,  dont  M.  de  Maulde  a 
écrit  une  notice  fort  savante,  mais  en  dehors  du  sujet  qui  nous 
occupe.  Le  tableau  de  l'évêché  d'Autun   n'a  pas   souffert,    il   n'a 


48  XV  SIÈCLE 


guère  quitté  l'évêché  où  il  dut  entrer  il  y  a  plus  de  quatre  cents  ans. 
11  ne  faut  plus  songer  à  van  der  Goes  pour  ce  tableau,  ni  à  aucun 
flamand,  mais  la  descendance  de  la  Vierge  de  Fouquet  y  est  for- 
melle, (voir  n°  41). 

Bois.  Peinture  à  r huile.  Evêché  d'Autuk. 


104.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,   1488. 

Portrait  d'un  seigneur  à  mi-corps,  coiffé  d'un  chapeau, 
portant  le  collier  de  Saint  Michel,  et  présenté  par  Saint 
Pierre. 

H.  0,84,  L.  0,77,  avec  le  cadre. 

Ce  personnage  est  indiqué  par  une  inscription  sur  la  bordure  du 
cadre  qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  son  identité,  mais  ces  inscriptions 
étant  très  souvent  remises  après  coup,  comme  on  le  voit  sur 
nombre  de  tableaux  célèbres,  nous  lui  avons  fait  subir  une  enquête 
d'identité.  D'après  l'inscription  c'est  :  Pierre.,  duc  de  Bour- 
bon et  d'Auvergne.,  conte  de  Clerniont.,  de  Four  est  (Forez)  et  de 
Gietn  (Gien),  vicomte  de  Cariât  et  de  Murât.,  seigneur  de  Beau- 
jolois.,  de  Chatel-Chinon.,  de  Bourbon  Lancey  et  d" Annonay  per  et 
chamberier  de  france.,  lieutenant  du  roy  et  gouverneur  de  Lan- 
guedot  Van  mil  CCCC  IIII  XX  et  VIII.  Or,  si  l'on  compare  ce 
portrait  à  celui  que  nous  retrouvons  en  tête  du  ras.  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  fonds  français  14363,  où  le  duc  est  aux  côtés  de 
Charles  VIII,  son  beau-frère,  on  est  frappé  de  ce  fait  que  le  por- 
trait paraît  avoir  été  fait  le  même  jour  par  le  même  artiste.  La 
pose  de  la  Ggure  est  identique,  les  traits  absolument  semblables  : 
nul  doute  n'est  donc  possible.  En  revanche,  il  est  moins  recon- 
naissable,  bien  que  pris  dans  la  même  pose,  sur  le  triptyque  de 
Moulins,  où  l'artiste  lui  a  ajouté  des  cheveux  et  l'a  rajeuni. 
Le  fonds  de  paysage  a  été  pris  sur  nature  aux  environs  du  château 
de  Bourbon-l'Archambaud  ?  peut-être  dans  le  parc  du  château.  Le 
prince  a  49  ans,  étant  né  en  1439. 

Ce  tableau  fut  au  roi  Louis-Philippe  en  1842,  et  fut  acquis  pour 
500  francs  à  un  M.  Vallet.  Il  resta  à  Versailles  jusqu'en  1870  ;  à 
cette  époque,  le  Louvre  le  réclama  comme  œuvre  d'art. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  du  Louvre. 

io5.    LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS.    1488. 

Portrait  d'une  dame  en  costume  sombre,  portnni  mu 


^W^^^^  ^^^^^M  W^I^^WI^ 


I 


N"  78  du  Catalogue 


A'.,  p/iot. 


XV«   SIÈCLE  49 


cape,  et  au  col  un  bijou  très  riche  tombant  sur  la  poitrine. 
Elle  est  présentée  par  saint  Jean. 

H.  0,84,  T..  0,50 

Le  panneau  qui  faisait  pendant  au  précédent  a  été  rogné  à 
droite  et  débarrassé  de  son  cadre.  11  représente  Anne  de  Beaujeu, 
fille  de  Louis  XL  femme  de  Pierre  de  Bourbon.  Elle  a,  à  l'époque 
du  tableau,  environ  vingt-sept  ans,  étant  née  en  1461.  En  1488, 
son  mari  devient  duc  de  Bourbon,  et  elle  duchesse.  Le  patron 
saint  Jean  qui  la  présente  est  peu  explicable;  c'est  sans  doute  une 
dévotion  particulière  de  la  part  de  la  princesse,  mais  il  est  impos- 
sible de  ne  pas  la  reconnaître  en  la  comparant  au  volet  de  droite 
du  diptyque  de  Moulins.  Le  paysage  du  fond,  vraisemblablement 
arrangé  par  l'artiste,  n'a  pas  permis  de  retrouver  l'une  des  rési- 
dences du  duc  de  Bourbon.  On  a  pensé  à  Bourbon  l'Archambaud 
et  à  la  tour  de  Quiquengrogne,  mais  sans  preuves. 

Le  tableau  arraché  à  un  triptyque  dont  le  portrait  de  son  mari 
(n"  94)  constituait  l'autre  volet,  fut  acquis  à  la  vente  La  Béraudière 
par  M.  Jules  Maciet  qui  en  fit  don  au  Louvre.  La  partie  centrale 
qui  représentait  soit  un  calvaire,  soit  un  ensevelissement  du  Christ, 
est  aujourd'hui  égarée;  elle  figure  peut  être  en  un  musée  sous  un 
nom  étranger. 

Bots.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  du  Louvre 

106.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers  1488. 

Un  donateur  avoué-chevalier  de  Saint-Victor,  protégé 
par  un  saint  guerrier. 

H.  0,550.  L.  0,465 
Le  personnage,  portant  un  cercle  de  chevalier  sur  le  front  et 
une  dalmatique  en  brocard  d'or,  est  tourné  à  gauche.  Derrière  lui 
un  saint,  qu'on  sait  être  saint  Victor  de  Paris  par  les  armes  au  rais 
d'escarboucle.  Ces  armes  sont  également  retrouvées  dans  le  Buis- 
son ardent  de  Nicolas  Froment  à  côté  d'un  saint  qui  protège  le 
Roi  René.  On  ne  peut  s'empêcher  de  penser  à  la  corrélation 
entre  le  tableau  que  nous  décrivons  et  l'Etienne  Chevalier  du 
Musée  de  Berlin;  la  descendance  de  l'un  à  l'autre  s'impose  très 
expressément.  Le  chanoine  est  un  prince  de  la  maison  de  France, 
la  fleur  de  lis  de  la  cuirasse  du  saint  le  semble  indiquer.  On  a  vu 
dans  le  personnage,  le  roi  René  lui-même,  mais  M.  le  comte 
Durrieu  propose  Charles  III  d'Anjou,  neveu  du  Roi  René,  en 
costume  d'avoué  de  Saint-Victor  de  Marseille.  Il  convient  de  re- 
marquer, aussi  que,  suivant  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  de 
l'Arsenal,  exécuté  pour  le  Roi  René,  et  ayant  rapport  à  l'ordre 
du  Croissant,  le  saint  avec  les  armes  au  rais  d'escarboucle  était 
saint  Maurice.  Y  a-t-il  quelque  rapport  entre  le  personnage  et  les 


50  XV'   SIECLE 

chevaliers  du  Croissant  du  Roi  René  ?  Cet  ordre  se  portait  sous 
le  bras  droit,  et  il  semblerait  que  le  saint  eût  l'ordre  du  Croissant, 
Cette  pièce  capitale  de  l'art  français,  tout  en  montrant  de  très 
grandes  conformités  avec  le  Maître  de  Moulins,  notamment  dans 
le  paysage,  ne  serait-elle  pas  d'un  artiste  de  l'Ecole  de  Jean  Fouquet? 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.       Musée  de  Glasgow,  Ecosse. 

107.  LE  PEINTRE  DES  BOURBONS, 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers  1490. 

Portrait  d'une  petite  fille  en  costume  français  avec  la 
cape,  le  corsage  échancré,  un  bijou  de  cou,  et  un  cha- 
pelet en  main. 

H.  0.32.  L.  0.23 

Ce  portrait,  donné  pour  celui  de  Jeanne  la  Folle  dans  la  collec- 
,  tion  de  Don  Sébastien  Gabriel  de  Bourbon,  était  attribué  à  Hol- 
bein.  Il  suffira  de  comparer  cette  petite  fille  avec  le  portrait  de 
Suzanne  de  Bourbon,  fille  du  duc  Pierre  de  Bourbon  et  d'Anne  de 
Beaujeu,  pour  être  pleinement  édifié,  (voir  n"  112).  Il  s'agit  ici  de 
Suzanne  de  Bourbon,  qui  épousera  plus  tard  son  parent  Charles, 
le  célèbre  connétable;  celui-ci  lui  devra  de  devenir  ducde Bourbon, 
C'était  une  pauvre  enfant  chétive,  maussade  et  renfrognée,  dont 
le  caractère  n'était  guère  en  concordance  avec  celui  de  son  époux. 
Elle  devint  difforme  avec  l'âge,  et  les  crayons  du  xvi«  siècle  la 
montrent  ainsi. 

L'attribution  à  Holbein  a  été  combattuepar  M.  Camille  Benoît, 
{GaT^cttc  des  Beaux-Arts.,  1901,  p.  328).  C'est  M.  le  comte  Paul 
Durrieu  qui  a  constaté  le  premier  la  ressemblance  de  l'enfant  avec 
la  Suzanne  de  Bourbon  de  Moulins.  Le  paysage  paraît  être  le  châ- 
teau de  La  Palisse,  mais  la  preuve  n'a  pas  été  faite. 

Le  tableau  fut  acquis  en  1890  par  le  possesseur  actuel. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M°"  DE  Yturbe,  Paris. 

108.  LE  PEINTRE  DES  BOURBONS, 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers  1490. 

Une  dame  présentée  par  la  Madeleine. 

H,  0.55,  L,  0,40 

La  dame,  d'un  certain  âge,  aux  traits  accusés,  est  à  genoux,  les 
mains  jointes.  Sa  robe  de  velours  tanné  est  bordée  d'hermines  ;  les 
manches  serrées  s'évasent  aux  poignets  ;  le  corsage  entrouvert 
est  retenu  par  un  bijou.  Elle  est  coiffée  d'un  chaperon  de  velours 
noir.   L'index  de  la  main  droite  porte  une  bague.  Derrière  elle,  à 


XV=   SIECLE  m 


gauche,  Marie  Madeleine  tenant  le  vase  de  parfums  et  coiffée 
comme  la  sainte  Anne  du  triptyque  de  Moulins  et  les  statues  dont 
le  dessin  est  de  PerréaL  indique  de  la  main  sa  cliente  à  une  Vierge 
qui  a  disparu.  Cette  (îgure.  et  la  perfection  de  ses  détails,  sont  à  rap- 
procher à  la  fois  du  donateur  de  Glascow  (n"  io6),  et  du  triptyque 
de  Moulins  (n"  112).  La  dame  représentée  doit  être  une  princesse, 
dont  le  prénom  était  Madeleine,  et  qui  devait  appartenir  à  une 
branche  de  la  maison  de  Bourbon  ;  toutefois  rien  ne  permet  de 
l'affirmer,  car  l'artiste,  comme  dans  le  portrait  de  l'Anne  de 
Beaujeu  du  Louvre,  a  pris  soin  de  n'inscrire  ni  date,  ni  armoiries, 
ni  signe  quelconque  d'identité. 

Si  l'on  compare  la  Madeleine  à  la  Tempérance  du  tombeau  du 
duc  de  Bretagne  à  Rennes  dont  le  dessin  est  de  Jean  Perréal,  on 
est  frappé  de  la  similitude  absolue  dans  le  style  général,  dans  la 
simplicité  des  physionomies  et  leur  tranquilité,  ce  qui  est  juste- 
ment le  cas  de  la  Madeleine  dans  le  tableau.  Davantage  il  faut 
reconnaître  que  la  technique,  l'invention,  le  caractère  général  se 
rapportent  étrangement  aux  procédés  d'opération  du  triptyque  de 
Moulins.  M.  Georges  Hulin  estime  que  Jean  Perréal  pourrait  être 
considéré  comme  l'auteur  de  ces  œuvres  aujourd'hui  groupées 
sous  le  nom  du  Maître  de  Moulins. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  M.  Agnew,  Londres. 

09.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers   1490. 

La  Vierge  et  l'enfant  Jésus  avec  quatre  anges. 

H.  0,26,  L.  0,26 
Ce  tableau,  qui  est  aujourd'hui  au  Musée  de  Bruxelles,  provient 
de  la  collection  Huybrechts  d'Anvers.  M.  Camille  Benoit  a  longue- 
ment parlé  de  cette  œuvre  dans  la  Galette  des  Beaux-Arts  de  1901, 
p.  374.  A  ses  remarques,  il  faut  ajouter  une  particularité  qui  ferait 
reconnaître  le  Maître  entre  tous  autres,  c'est  la  sévérité  des  phy- 
sionomies, l'absence  de  sourire  des  anges  et  de  la  Vierge.  Cette 
caractéristique  est  fort  sensible  également  dans  la  miniature  initiale 
du  ms.  fr.  14363  de  la  Bibliothèque  nationale,  montrant 
Charles  VIII  son  beau-frère  et  son  cousin;  elle  sera  décisive  dans 
le  grand  triptyque  de  la  cathédrale  de  Moulins  (n»  112)  dans  le 
portrait  de  jeune  fille  de  Madame  Yturbe  (n»  107),  dans  la  dona- 
trice de  MM.  Agnew  de  Londres  (n'  108)  et  aussi  dans  le  délicieux 
tableau  inconnu  de  V Annonciation  révélé  ici  pour  la  première 
fois  (n"  m).  Dans  le  présent  tableau,  la  Vierge  est  une  indiscutable 
française  ;  le  type  qu'elle  nous  montre  s'est  conservé  encore  à  peu 
près  tel.  C'est,  on  le  sent,  une  descendance  absolue  de  l'influence 
Fouquettiste,  avec  les  innovations  d'une  technique  plus  consora- 


52  XV«   SIÈCLE 


mée  et  plus  sûre  d'elle-même.  L'enfant,  que  l'on  pourra  comparer 
à  celui  de  la  Vierge  de  Fouquet,  est  d'une  vérité  et  d'un  natura- 
lisme exquis.  En  l'opposant  à  la  Vierge  du  triptyque  de  Moulins, 
on  constate  que  les  mêmes  modèles  ont  servi  à  composer  la  mère 
et  l'enfant  dans  les  deux  tableaux.  Quant  aux  anges,  ils  sont  aussi 
les  mêmes  dans  les  deux  cas.  Il  faut  noter  que  l'un  d'eux  relève  le 
coussin  de  l'enfant  Jésus,  comme  les  anges  du  tombeau  de  Rennes 
celui  du  duc  de  Bretagne. 

La  provenance  ancienne  est  inconnue.  Le  tableau  fut  mis  en 
lumière  à  Londres  et  reconnu  pour  Français  en  1902,  à  l'expo- 
sition des  Primitifs  flamands  du  Burlington  Club. 

Bots.  Peinture  à  l'huile.        Musée  de  Bruxelles. 

110.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

ou  JEAN  BOURDICHON?  1494. 

Portrait  d'un  enfant  habillé  de  blanc. 


Le  jeune  enfant  âgé  de  26  mois  est  tourné  à  gauche.  Il  porte  un 
chapeau  blanc  à  oreillettes;  il  est  vêtu  de  blanc.  C'est  le  fils  d'Anne 
de  Bretagne  et  de  Charles  VIII,  né  au  Plessis-les-Tours,  le  10  oc- 
tobre 1492,  et  auquel  on  donna  le  nom  de  Charles^  en  l'honneur 
de  Charlemagne,  et  à'Orland  en  l'honneur  du  Preux  Roland.  Il 
porte  dans  son  portrait  l'une  de  ces  toques  du  prix  de  50  sols  tour- 
nois que  la  reine  faisait  confectionner  par  Jean  Georget  de  Tours. 
La  reine  l'avait  voué  au  blanc  :  elle  prenait,  en  1493,  à  Jean  de 
Poncher,  marchand  du  roy.  «  treize  aunes  de  drap  d'argent  pour 
l'habillement  du  daulphin  ».  Charles  Orland  tenait,  de  son  père  et 
de  sa  mère,  une  débilité  congénitale  que  le  portrait  exprime  dans 
cette  chute  des  joues  et  cet  aspect  boursouflé  :  l'enfant  qui  avait  sa 
maison  montée,  ses  écuyers  d'honneur,  ses  gouvernantes,  mourut 
à  Amboise,  le  6  décembre  1495,  ^8^  ^^  trois  ans  et  cinquante-huit 
jours. 

Le  portrait  envoyé  par  la  reine  à  son  mari,  fut  pris  à  Fornoue 
dans  les  bagages  royaux.  Il  est  signalé  en  1532  dans  une  collec- 
tion de  Venise.  C'est  donc  un  objet  capital  de  l'art  français.  On 
a  induit  que  Perréal  en  était  l'auteur  et  qu'il  l'avait  porté  au   roi 
en  allant  le  rejoindre  cette  année-là  en  Italie.   11   est  probable, 
cependant,  que  le  portrait  fut  exécuté  par  Bourdichon,  qui  travail 
lait   volontiers   en   grisaille,   suivant   que    nous   l'apprennent   k-^ 
comptes.  Du  reste,  il  était  le  peintre  officiel  des  portraits  royaux  : 
il  fit  le  roi,  la  reine.  M"*  de  Tarente,  (1491).  Le  portrait  d'Orland 
qui  est  un  chef-d'œuvre,  ne  se  rapproche  pas  expressément  de 
œuvres,  aujourd'hui  données  au  Maître  de  Moulins^  que  certain^ 


XV  SIÈCLE  ^3 


pensent  être  Jean  Perréal.  En  1492,  l'année  de  la  naissance  du 
dauphin,  Bourdichon  reçut  un  habillement  complet  au  nom  du 
Roi.  Quant  à  Perréal,  il  n'est  pas  allé  en  Italie  en  1494,  comme  le 
dit  M.  Hulin,  et  il  n'entra  à  la  cour  de  France  qu'en  1497.  Voilà 
donc  beaucoup  de  présomptions  en  faveur  de  Jean  Bourdichon, 
peintre  officiel  de  la  reine,  et  nous  croyons  pouvoir  lui  attribuer  la 
paternité  du  portrait  de  Charles  Orland  en  1494. 

Bois,  Peinture  à  l'huile.  M.  Ayr,  Londres. 

m.    LE  PEINTRE  DES  BOURBONS,  vers  1498. 

La  Vierge  glorieuse  couronnée  parles  anges. 

H.  0,30.  L.  0,16. 
La  Vierge,  vêtue  d'une  robe  bleue,  et  dont  le  manteau  est 
soutenu  par  six  anges,  a  le  pied  sur  le  croissant  de  la  lune.  Trois 
autres  anges  la  couronnent.  Le  fond  de  la  composition  est  jaune, 
entouré  de  nuages  foncés.  Au-dessous  un  paysage  avec  montagnes 
et  une  ville  sur  le  premier  plan.  Cette  pièce,  de  tout  premier  ordre, 
a  été  exécutée  sous  l'inspiration  du  Maître  de  Moulins,  sinon  par 
lui.  Les  anges  procèdent  à  la  fois  de  Fouquet  et  du  peintre  en 
question.  La  finesse  des  physionomies,  le  charme  du  coloris  assurent 
à  cette  œuvre  un  des  premiers  rangs  dans  les  œuvres  similaires. 
Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  A.  Quesnet,  Paris. 

112.   LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS,  vers   1498. 

La  Vierge,  l'Enfant  Jésus  entre  deux  donateurs. 

H.  1,37.  L.  2,83. 
Ce  tableau,  autrefois  attribué  à  Ghirlandajo,  est  composé  d'un 
panneau  central  où  est  représentée  la  Vierge  d'après  le  ch,  xii,  ver- 
set I  de  l'Apocalypse .  «  Elle  est  vêtue  de  soleil.  Elle  a  la  lune  sous 
les  pieds.  Elle  a  mérité  d'être  couronnée  de  douze  étoiles.  »  Marie 
assise  tient  l'Enfant  nu  qu'elle  regarde.  Sa  robe  bleue  est  doublée 
d'hermine,  son  manteau  est  de  pourpre  et  retenu  par  une  tresse 
d'or  terminée  par  trois  grosses  perles.  Les  anges,  la  Mère  de  Dieu 
doivent  être  rapprochés  d'une  miniature  de  la  Bibliothèque  Natio- 
nale, ms.  fr.  14363,  où  figure  précisément  le  portrait  de  Pierre  II 
de  Bourbon  qui  est  sur  le  volet  gauche  du  présent  diptique.  Il 
faut  remarquer  aussi  la  physionomie  sévère  et  sérieuse  des  person- 
nages, qui  est  générale  dans  les  œuvres  de  ce  maître.  Le  cadre  du 
tableau  a  été  conservé,  il  porte  les  lettres  P  et  A  liées,  on  lit  sur  la 
dalmatique  de  Saint  Pierre  la  fameuse  devise  des  Bourbons  :  Espé- 
rance ! 


S4  XV  SIÈCLE 


Volet  DE  GAUCHE.  (H.  1,57.  L.  0,63). 

Le  duc  Pierre  II  de  Bourbon,  dont  les  traits  peuvent  être  comparés 
à  ceux  du  panneau  du  Louvre  (n"'  1051  et  au  portrait  du  ms.  14363 
est  en  grand  costume  ducal;  il  est  présenté  par  saint  Pierre,  dont  la 
chape  est  un  chef-d'œuvre  de  détail  et  d'harmonie. 

Volet  DE  DROITE.  (H.  1,57.  L.  0,63). 

La  duchesse  Anne  de  France,  fille  de  Louis  XI,  est  représentée  à 
genoux  ;  elle  est  en  costume  de  duchesse,  et  a  derrière  elle  sa 
fille  Suzanne  mariée  depuis  au  célèbre  connétable  de  Bourbon. 
A  côté  d'elle  sainte  Anne  debout,  dans  le  style  des  figures  du  tom- 
beau d'Anne  de  Bretagne. 

Fermé,  le  triptyque  laisse  apercevoir  une  grisaille  française  re- 
présentant V  Annonciation. 

Cette  pièce  capitale  de  notre  école  du  xV  siècle,  est  attribuée  à 
Jean  Perréal,  peintre  du  duc. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Cathédrale  de  Moulins. 

1 13.  LE  PEINTRE  DES  BOURBONS 

dit  LE  MAITRE  DE  MOULINS?  vers  i5i4? 

Portrait  d'une  jeune  femme  à  la  coiffure  anglaise. 

H.  0,20.  L.  0,15. 
Ce  petit  portrait,  si  rapproché  des  œuvres  du  maître  de  Moulins, 
surtout  du  tableau  de  l'évêché  d'Autun,  est  censé  représenter 
Yolande,  sœur  de  Louis  XI,  duchesse  de  Savoie.  Une  devise 
Par  tout.,  par  bien  est  inscrite  en  haut  à  droite.  La  jeune  femme 
est  tournée  à  droite,  elle  porte  une  coiffure  à  fond  relevé  qui  pré- 
sage les  coiffes  particulières  rencontrées  dans  les  crayons  d'Holbein 
à  Windsor,  et  dans  le  portrait  peint  du  même,  représentant  Jane 
Seymour.  Peut-être  sommes-nous  ici  en  présence  de  la  reine  Marie 
Tudor,  qui  épousa  Louis  XII  après  la  mort  d'Anne  de  Bretagne,  et 
l'on  pourrait  nommer  Perréal  à  cause  des  très  grands  rapports  entre 
cette  physionomie  et  celles  du  tombeau  des  ducs  de  Bretagne  à 
Rennes  dont  le  dessin  passe  pour  être  de  sa  main.  Quant  à 
Yolande,  sa  date  de  mort,  1478,  ne  concorde  nullement  avec  le 
costume  de  la  jeune  femme.  N'oublions  pas  que  Perréal  fut  envoyé 
en  Angleterre  par  Louis  XII  pour  y  donner  des  modèles  de  modes 
françaises  à  la  reine  Marie.  Ce  portrait  est  imité  et  non  copié 
d'un  autre,  en  la  possession  de  .M.  Benda  de  Vienne  (Autriche). 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.         M.  Walter  Gay,  Paris. 

114.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  1490. 

La  Véronique 

H.  o.y).  L.  0,39. 
Ce  tableau    placé   dans  un  cadre  cintré,  devait  être  employé 
comme  porte  de  tabernacle.  La  Véronique  est  vue  jusqu'à  mi-jam- 
bes; elle  est  à  demi  cachée  par  le  voile  dont  elle  fait  l'ostension. 


XV«   SIÈCLE  55 

Sa  tête  est  coiffée  d'un  turban  bleu  foncé,  bleu  clair  et  louge  ;  elle 
a  une  robe  rouge  et  un  manteau  vert.  On  a  rapproché  la  manière 
dont  est  traitée  la  tète  du  christ  imprimée  sur  le  voile  de  celle  du 
saint  Jean  dans  le  tableau  représentant  Anne  de  Beaujeu  au 
Louvre  (n"  10=5).  Quant  à  la  figure  ironique  de  la  sainte  femme,  on 
lui  sait  de  grandes  analogies  avec  une  série  d'œuvres  françaises, 
celles  la  Logique  dans  la  fresque  à.QsArts  libéraux  au  Puy,  \z  sainte 
Anne  du  triptyque  de  Moulins  (n*  112),  ou  la  Madeleine  de  la 
Donatrice  Somzée  (n»  108).  M.  le  comte  Durrieu  rapproche  éga- 
lement la  Véronique  de  manuscrits  exécutés  pour  le  père  ou  la 
mère  de  François  I,  notamment  des  fol.  23,  verso  }6  et  iio  du 
ms.  français  875,  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Cette  pièce  fut  longtemps  conser%'ée  en  Italie  dans  un  monas- 
tère de  la  vallée  de  l'Arno,  puis  à  TAnnunciata  de  Florence. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.         M°"  la  Comtesse  Durrieu,  Paris. 

ij5.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  i5oo. 

Nativité  avec  douze  personnages  dont  sept  anges. 

H,  0.72.  L.  0,83. 
Cette  pièce  a  de  proches  affinités   avec  les  peintres   français   de 
la  fin  du  XV'  siècle,  notamment  le  Maître  de  Moulins.   Les  types 
d'anges  sont  purement  ceux  des  peintres  de  Paris.  Le  tableau  pro- 
vient de  M.  Nicolle,  conservateur  du  Musée  de  Valenciennes. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile,        Musée  de  Valenxiennes. 

116.  ECOLE  DE  PICARDIE,  vers  1490. 

La  Visitation. 

H.  0,110,  L.  0,075. 
La  Vierge  est  visitée  par  sainte  Elisabeth  dans   un   délicieux 
paysage  français,  rappelant  certaines  miniatures  de  la  région  du 
Nord.  Sa  robe  est  bleue. 

Miniature  sur  vélin. 

M.  LE  D'  Brouillon,  Marseille. 

117.  ECOLE  DE  PICARDIE,  vers  1490. 

L'Annonciation. 

H.  0,110,  L.  0,75. 
Dans  une  salle  renaissance  avec  piliers  gothiques  aux  fenêtres, 
l'ange  Gabriel  est  en  face  de   la  Vierge.   Celle-ci,  agenouillée    à 
droite,  porte  une  robe  bleue. 
Miniature  sur  vélin. 

M.  LE  D'  Brouillon,  Marseille, 


56  XV   SIÈCLE 


ii8.   ECOLE  DE  L'EST,   1490. 

La  Vierge  Mère  dans  un  paysage. 

H.  0,70.  L.  0,61. 
Les  montagnes  et  le  lac,  la  forme  des  maisons,  le  nimbe  de 
l'enfant  franchement   fleurdelisé,  semblent  annoncer  une  œuvre 
voisine  de  l'Alsace  ou  de  la  Franche-Comté.   Le  jpanneau  a  été 
transporté  sur  toile. 

Toile.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  Franxk-Chauveau  sénateur.,  Paris. 

119.    ECOLE  DE  L'AMIENOIS,  vers  1490. 

Jésus  au  milieu  des  docteurs. 

H.  1,08,  L.  0,65. 

Jésus  enfant  est  assis  sur  un  trône  massif  et  placé  sous  un  dais 
conique,  inspiré  des  objets  de  même  forme  employés  dès  le 
XIII'  siècle,  par  les  artistes  parisiens.  Derrière  lui,  une  draperie  de 
damas  d'or  empreintée  au  fer.  Sur  la  partie  de  la  salle,  en  avant 
du  trône,  sont  rangés  douze  personnages  pris  sur  les  modèles  con- 
temporains du  peintre,  hommes  de  loi  et  seigneurs.  L'intérieur 
est  en  briques  rouges,  ce  qui  est  en  faveur  de  l'origine  pi- 
carde. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.         M.  Donaldson,  Londres. 

J20.    ECOLE  DE  L'AMIENOIS,  vers  i5oo. 

Portrait  d'un  chanoine,  présenté  par  saint  Jérôme. 

H.  0,62,  L.  0,45. 

Ce  portrait  a  été  donné  comme  celui  de  Jérôme  de  Busleyden. 
Les  armes  timbrées  d'un  chapeau  cardinalice  et  les  initiales  P.  B. 
ne  sont  pas  les  caractéristiques  du  protecteur  de  l'Université  de 
Louvain  dont  les  armes  étaient  des  quintefeuilles.  Ici  se  sont 
des  roses.  Ces  armes  paraissent  être  celles  de  la  famille  de  Baradat 
en  France.  M.  Weale  attribue  au  Hainaut  l'origine  de  ce  tableau, 
qui  ofi"re  les  caractères  de  certains  manuscrits  de  la  région  d'Amiens. 
Le  livre  que  le  personnage  a  devant  lui  est  enluminé  dans  le  goût 
des  heures  d'Anne  de  Bretagne. 

Il  faut  faire  remarquer  les  grandes  concordances  de  pose,  de 
rendu,  d'expression  générale  entre  ce  tableau  et  celui  du  donateur 
de  Glasgow.  Les  deux  artistes  sont  sous  une  même  influence  de 
direction.  L'attribution  à'Rogerde  La  Pasture  n'est  pas  maintenue  ; 
l'œuvre  est  d'ailleurs  d'une  qualité  de  tout  premier  ordre. 
Bois.  Peinture  à  V huile. 

M.  E.  P.  MoRRELL,  esquire.  Black  Hall,  O.xjord. 


N*  109  Ju  Catalogue 


Ga;ette  des  Beaux- Arts. 


i 


N"  iio  du  Catalogne 


A.  Piricat,  à  Tours. 


XV'   SIÈCLE  57 


J21.   JEAN  BOURDICHON,  vers  1490. 

Portrait  d'un  seigneur  blond  très  clair,  portant  au  col 
la  toison  d'or  et  un  œillet  de  la  main  droite. 

H.  0,155,  L.  0,130 

Ce  petit  panneau  cintré  est  censé  représenter  l'Empereur  Maxi- 
milien  au  moment  où  il  devait  épouser  Anne  de  Bretagne.  La  date 
i^io  aurait  été  mise  sur  la  bordure  après  coup.  Il  se  pourrait  cepen- 
dant que  ce  prince  ne  fût  pas  l'Empereur,  car  sa  bouche  très  line- 
ment  dessinée  ne  rappelle  en  rien  le  prognatisme  singulier  de 
Maximilien.  N'est-ce  point  là  tout  simplement  un  de  ces  gentils- 
hommes demi  flamands,  demi  français,  comme  on  en  connut  vers  la 
fin  du  XV'  siècle,  qui  passaient  à  la  cour  de  France  ?  On  peut  com- 
parer ce  portrait  à  celui  que  nous  a  conservé  Gaignières,  représen- 
tant Charles,  comte  d'Angoulême,  père  du  roi  François  I".  C'est  la 
même  coiffure,  le  même  oeillet,  mais  il  manque  la  Toison  d'or.  On 
pourrait  aussi  rapprocher  ce  très  curieux  petit  portrait  de  ceux 
retrouvés  dans  une  reliure  de  la  Bibliothèque  Nationale,  qui  mon- 
trent Charles  VIII  et  Anne  de  Bretagne  à  peu  près  au  même  temps, 
(voir  Exposition  des  manuscrits). 

Le  portrait  a  appartenu  au  duc  d'Angoulême,  fils  de  Charles  X. 

Bots.  Peinture  à  rhuiîe.  M.  H.  Haro,  Paris. 


122.  ECOLE  DE  BOURDICHON,  vers  1495. 

Un  saint  écrivant. 

H.  0,15,  L.  0,12. 

Miniature  découpée  dans  le  même  livre  que  les  suivantes.  Elle 
paraît  de  la  main  de  J.  Bourdichon. 

Velin.  Miniature.  M 

123.  ECOLE  DE  JEAN  BOURDICHON?  vers   i5oo. 

Une  sainte  à  qui  le  démon  souffle  sa  chandelle.  Enca- 
drement de  cordelières.  Signature  L.  G. 

H.  0,153,  L-  0,112. 

C'est  sainte  Geneviève  et  non  sainte  Gudule  comme   on  le 
croit  généralement. 

Vélin.  M.  Jean  Masson.  Amiens. 


XVSIÈCLE 


124.  ECOLE  DE  JEAN  BOURDICHON,  vers   i5oo. 

Un  saint  franciscain  tenant  un  calice  et  ayant  près  de 
lui  un  cheval  à  genoux,  dans  un  coin,  près  d'un  oratoire. 
Signature  L.  C. 

H.  0,153,  L-  °>'  '2. 
Saint  Antoine  de  Padoue,  qu'on  peut  voir  presque  semblable 
dans  les  Heures  d'Anne  de  Bretagne,  par  Bourdichon. 

Vélin.  M.  Jean  Masson.  Amiens. 

125.  JEAN  BOURDICHON,  vers   1510. 

Quatre  miniatures  représentant  les  quatre  états  de  la 
société.  L'homme  sauvage,  le  pauvre,  l'artisan,  l'homme 
riche. 

Chaque  pièce.  H.  0,151.  L.  0,150. 
Ces  miniatures  sont  à  rapprocher  de  celles  des  Heures  de  la  reine 
Anne  de  Bretagne  conservées  à  la  Bibliothèque  Nationale.  Elles 
sont  dans  la  tradition  des  œuvres    de  Jean  Fouquet  avec  rehauts 
d'or. 

Vélin.  Miniature.  M.  Jean  Masson,  Amiens^ 

126.  ECOLE  D'AMIENS,  vers   i5oo. 

Sainte  Famille. 

Cette  Sainte  Famille  a  été  donnée  au  maître  de  la  mort  de  Marie 
à  cause  de  certains  détails,  mais  il  n'est  pas  prouvé  que  ce  maître 
soit  d'une  contrée  plutôt  que  d'une  autre;  on  en  a  fait  Joos  van 
Clève  reçu  à  Anvers  dans  la  ghilde,  en  15 11.  Sans  doute  nous 
devons  tenir  compte  des  opinions  de  M.  Firmenich-Richartz  à  ce 
propos,  mais  pour  le  tableau  qui  nous  occupe  Joos  van  Clève,  n'a 
pointa  intervenir.  Nous  avons  ici  une  descendance  fort  écrite  d'avec 
les  illustrateurs  du  duc  de  Berry  pour  les  Très  riches  heures.  Le 
chapeau  de  paille  de  saint  Joseph,  l'arrangement  de  tête  et  les 
rayons  des  nimbes  sont  formels  ;  le  paysage  de  même.  D'ailleurs 
ce  tableau  qui  provient  de  la  collection  du  Prince  de  Salm,  n'a  pas 
été  trouvé  en  Allemagne,  mais  à  l'abbaye  de  Toussaint,  près 
Saint-Quentin.  Divers  manuscrits  exécutés  à  Amiens  vers  la  fin  du 
XV*  siècle  nous  offrent  des  caractères  à  rapprocher  de  ceux-ci,  et 
divers  tableaux,  ditsdu  Puy  d'Amiens,  concordent  également,  à  des 
dates  plus  basses. 

Il  existe  de  nombreuses  répliques  de  ce  tableau,  dont  une  à 
saint  Pétersbourg  au  Musée  de  l'Ermitage,  et  l'autre  à  Varerame, 
(Belgique),  chez  M.  le  baron  de  Selys-Longchamps. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musi-b  d'Epinal. 


XV     SIÈCLE  y) 


1  27.    ECOLE  DE  PARIS,  vers  1495. 

Deux  dessins  :  i"  Arrivée  d'une  princesse  dans  une 
ville,  combat  et  armement  d'un  jeune  chevalier. 
2"  Bataille,  mort  d'un  guerrier,  bataille. 

H.  0,^6.  L.  0.30. 

Ces  dessins  sont  des  compositions  pour  cartons  de  tapisserie  ; 
ils  ont  été  exécutés  par  l'artiste  français  des  Heure  de  Simon 
Vostre  et  des  Heures  de  la  Vierge  de  Thielman  Kerv^er.  En  dépit 
de  son  extrême  fécondité,  son  nom  est  inconnu. 

i'^  Le  premier  tableau  représente  l'arrivée  de  Penthésilée  à 
Troie,  la  bataille  des  Amazones,  Pyrrhus  revêtu  de  ses  armes,  et 
Pyrrhus  au  combat. 

2°  Bataille,  mort  d'Achille,  bataille. 

On  possède  du  même  artiste  une  grande  estampe  représentant 
la  Passion  du  Christ,  conservée  au  Cabinet  des  Estampes,  et 
acquise  ces  années  dernières.  Cette  pièce  a  été  gravée  sur  bois 
d'après  un  dessin  identique  à  ceux  dont  nous  parlons. 

Dessin  lavé  au  bistre.  Musée  du  Louvre. 

128.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  i5oo. 

Résurrection  dans  une  lettre  R. 

H.  0.20.  L.  0.15. 
Miniature  de  l'Ecole  de  Paris,  rehaussée  d'or. 

Vélin.  M.  Jean  Masson,  Amiens. 

129.  ECOLE  D'AMIENS  i52o. 

Un  prêtre  vêtu  d'une  robe  rouge  et  d'un  surplis,  pré- 
senté par  saint  Jean-Baptiste.  Au  revers,  le  cadavre  avec 
un  phylactère. 

H.  0,56.  L.  0,44. 
Ce  panneau  est  attribué  à  Simon  Marmion,  mais  les  dates  s'y 
opposent  ;  Marmion  mourut  en  1489.  Or,  on  voit  en  arrière  du  prê- 
tre, sur  une  terrasse,  devant  le  monument  qui  est  représenté  à 
gauche  du  tableau,  deux  petits  personnages  en  costume  du  temps 
de  François  i"'.  L'influence  de  Memling  est  très  sensible  dans  cette 
œuvre. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.         Musée  de  Valbnciennes. 

i3o.    PEINTRE  INCONNU 

DE  L'ILE  DE  FRANCE,  vers  i5io. 

Deux  volets  d'un  triptyque,  représentant  :  l'un,  saint 
Guillaume  portant  un  drapeau  fleurdelisé,  et  présentant 


6o  XV"  SIÈCLE 


cinq  personnages  hommes,  le  père  et  ses  quatre  fils, 
dont  un  moine  ;  l'autre  saint  François  présentant  une 
dame  et  ses  trois  filles. 

Ces  deux  pièces,  d'un  art  supérieur,  ne  sont  pas  sans  rapports 
avec  Jean  Bellegambe  ;  le  saint  Guillaume  fleurdelisé  est  essentielle- 
ment le  contemporain  de  certains  bois  des  livres  de  Vérard.  Les 
personnages  sont  des  portraits  pleins  de  vie  et  de  sincérité.  Le 
paysage  a  déjà  de  ces  exagérations  mises  à  la  mode  par  les  Italiens 
et  les  Flamands,  mais  les  tonalités  générales  fines  et  d'une 
grande  distinction  s'éloignent  autant  des  Italiens  que  des 
Flamands.  Bien  que  les  tons  fussent  différents,  on  songerait 
au  dyptique  de  V Immaculée  Conception  de  Douai,  peint  par  Jean 
Bellegambe  pour  Jean  Pottier  et  Marguerite  Muret  en  1526.  Le 
paysage  des  fonds  n'y  contredirait  pas. 

Ces  deux  pièces  ont  été  bizarrement  encadrées,  et  les  figures 
principales  sont  coupées  par  une  baguette  du  cadre. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  H.  Haro,  Paris. 

j3i.    ECOLE  DE  TOURAINE,  vers  i5oo. 

Portrait  d'un  homme  tourné  à  gauche. 

H.  0,20.  L.  01  2. 

Ce  petit  portrait  rappelle  le  portrait  de  Jacques  de  Beaune 
Serablançay  autrefois  peint  sur  les  vitraux  du  château  de  la  Carte, 
près  de  Tours.  Il  est  de  descendance  tourangelle  et  représente  un 
personnage  de  1490-1500  environ. 

Bois.  Peinture  à  r huile.  M.  l'abbé  Req.uin,  Avignon. 

iSî.    ECOLE  DE  TOURAINE,  vers  i5oo. 

La  Vierge,  l'Enfant  Jésus  essayant  des  sandales,  et  une; 

sainte  religieuse. 

H.  0,33.  L.  0.37. 

Ce  tableau  rappelle,  par  des  dispositions  architecturales,  une 
miniature  de  la  Sainte  Famille  dans  les  Heures  d'Anne  de  Bretagne 
à  la  Bibliothèque  Nationale.  Le  portique,  venu  de  Fouquet  et  de 
l'école  de  la  Loire,  est  fort  rapproché  dans  les  deux  représentations. 
Mais  rien  ne  rappelle  Bourdichon,  l'auteur  des  Heures,  ni  dans  la| 
représentation  des  personnages,  ni  dans  les  coloris,  ni  surtout j 
dans  le  dessin  des  figures. 
Bois.  Peinture  à  l'huile.       MM.  Colnaohi  bt  C",  Londres. 


XVI'  SIECLE  6i 


i33.   ECOLE  DE  LORRAINE,  vers  i5oo. 
La  Présentation  au  Temple. 

H.  0,47.  L.  0,32. 
Cette  pièce  paraît  avoir  été  peinte  dans  la  partie  de  la  Lorraine 
avoisinant  la  Champagne.  Le  type  du  Saint-Joseph  tient  à  l'Alle- 
magne ou  aux  Provinces  de  l'Est  de  la  France.  • 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  Franxk-Chauveau,  sénateur 

134.   ECOLE  LYONNAISE,   iSoj. 

Portrait  de  Sainte-Catherine  en  pied.  Au  bas  une 
prédelle  avec  donateurs.  M.  Bruchet,  M.  Gillier  et  de 
l'autre  côté  A.  Polioce,  P.  Delorme  et  A.  Sarrasin.  Date 

Mccccc  vir. 

H.  1,66.  L.  1,00. 
Tableau  votif  de  fabriciens  en  exercice  dans  le  courant  de  1507. 
Bois.  Peinture  d  Vhuile.  Musée  de  Lyon. 

)35.    ECOLE  DE  LA  HAUTE-BOURGOGNE,  vers  i5io. 
Pieta. 

H.  0,47.  L.  0,33. 
Cette  pièce  remarquable  paraît  avoir  été  exécutée  dans  le  Jura 
ou  la  Franche-Comté  sous  diverses  influences  françaises  et  flamandes. 
L'architecture  des  fonds  rappelle  expressément  certaines  églises  du 
Jura,  entre  autres  celles  de  Beaufort,  de  Savigna,  de  Montevillars 
(à  Poligny).  Le  paysage  tourmenté  ne  contredit  nullement  cette 
opinion.  En  tout  cas,  ni  dans  le  type  du  personnage,  ni  dans  les 
fonds  on  ne  retrouve  l'origine  flamande. 

Bois.  Peinture  à  lliuile.  M.  le  baron  Lazzaroni,  Paris. 

[iZe.   ECOLE  FRANÇAISE,  vers  i5i5. 

L'ange  annonçant  à  Abraham  la  naissance  d'un  fils. 

H.  0,78.  L.  0,58. 
L'artiste  s'est  tenu  strictement  à  l'interprétation  du  passage  de 
la  genèse.  «  Un  ange  dit  à  Abraham  :  Sara,  votre  femme,  aura  un  fils. 
«  Ayant  entendu  cette  parole,  Sara  se  mit  à  rire  derrière  la  porte..» 
Le  geste  d'Abraham  avec  son  ironie  est  de  bonne  essence  française. 
Il  est  vêtu  d'une  robe  rouge,  d'un  chaperon  bleu.  Sara  est  en  rose 
avec  fourrure  aux  manches,  et  elle  porte  un  manteau  vert.  L'ange 
est  en  robe  blanche.  Sur  le  devant,  un  chien  barbet  jaune  taillé  en 


62  XVI*  SIECLE 


lion,  ce  qui  se  voit  assez  rarement  dans  les  peintures  de  ce  temps. 
La  peinture,  par  l'esprit  qui  l'anime,  le  caractère  des  personnages, 
le  style  de  la  partie  architecturale,  l'harmonie  du  coloris  est  ap- 
parenté à  un  groupe  de  miniatures  de  manuscrits  d'une  extrême 
finesse  exécutées  pour  des  princes  de  la  maison  de  Valois.  L'ange 
est  fort  rapproché  de  ceux  du  maître  de  Moulins. 
Bois.  Peinture  à  l'huile. 

Madame  la  Comtesse  Durrieu,  Paris. 

137.   JEAN  PERREAL?  vers  i5i5. 

Mariage  mystique  de  Sainte-Catherine,  entre  la  Vierge, 
Sainte-Anne,  Saint-Jean-Baptiste,  Saint-Louis  et  Sainte- 
Barbe,  au  milieu  d'un  riche  paysage. 

H.  0,80.  L.  1,20 
Ce  tableau  a  été  attribué  à  Perréal,  fort  justement,  d'après  le 
tableau  du  Louvre  qui  lui  est  donné  et  qui  provient  de  M.  Bancel. 
Mais  il  ne  paraît  pas  que  ce  maître  soit  Perréal  à  qui  on  reporte 
plus  volontiers  les  œuvres  du  MaUre  dit  de  Moulins.  Le  présent 
tableau  est  d'une  très  grande  perfection  de  détails  ;  la  présence  du 
roi  saint  Louis  sous  les  traits  de  Louis  XII,  apparenterait  cette 
œuvre  à  divers  tableaux,  entre  autre  à  celui  du  sacre  de  Louis  XII 
au  Musée  de  Cluny,  ici  exposé.  Les  fonds  nous  montrent  diverses 
scènes  de  la  vie  du  Christ.  On  devra  comparer  aussi  le  tableau  à 
celui  de  l'Eglise  de  Joigny. 
Bois.  Peinture  à  lliuile.       M.  Richard  von  Kaufmann,  Berlin. 

i38.   JEAN  PERRÉAL?  vers  i5i 5. 

La  Vierge  et  deux  donateurs. 

H.  0,72.  L.  0,51. 
Ce  tableau  a  été  le  prétexte  d'un  livre  publié  par  M.  Bancel 
qui  donna  depuis  le  tableau  au  Louvre.  Les  initiales  J.  P.  ne  sont 
pas  celles  de  l'artiste,  mais  celle  des  deux  donateurs,  qu'on  disait 
être  Charles  VIII  et  Anne  de  Bretagne. 

Bois,  Peinture  à  V huile.  Musée  du  Louvre 

139.    ECOLE  DE  L'EST,  vers  i5i5. 

La  Sainte  Famille  ail  repos. 

H.  0,35.  L.  0,30. 
Cette  peinture  d'une  belle  qualité  montre  des  ruines  dans  le 
goût  des  fabriques  employées  par  Jean  Cousin  dans  ses  vitraux. 
Saint-Joseph  est  habillé  en  colporteur.   Les  maisons,  en  arrière  à 
droite,  rappellent  celles  du  voisinage  de  l'Allemagne. 

Bois.  Peinture  à  rhuile.  M.  Arnoult,  Paris 


\ 


XVI*   SIÈCLE  63 


140.  ECOLE  FRANÇAISE  vers  iSip. 

Calvaire  avec  la  Vierge,  saint  Jean,  saint  Etienne, 
saint  François,  et  un  évêque  à  genoux.  Armes  :  d'or  au 
chevron  de  gueules  à  3  coquilles  de  sable  deux  et  une, 
qui  est  Poncher. 

H.  0,85,  L.  1,05. 
L'intérêt  historique  de  ce  tableau  ressort  de  ce  fait,  que  les  deux 
personnages  — l'un  en  saint  Etienne,  l'autre  en  évêque  agenouillé 
—  représentent  les  deux  Poncher.  successivement  évêques  de 
Paris,  de  1503  à  1532.  Le  premier.  Etienne  Poncher.  avait  été  con- 
seiller au  Parlement  en  1485.  Président  aux  Enquêtes.  1498,  évêque 
de  Paris  en  1503.  Chancelier  de  Milan,  Chevalier  de  l'Ordre,  1512, 
négociateur  de  la  paix  de  Xoyon,  15 16,  ambassadeur  en  Espagne, 
1519,  Il  avait  fait  exécuter  de  grands  travaux  à  l'hôtel  de  Sens  à 
Paris,  et  bâtir  le  château  de  Villeneuve-en-Brie.  François,  le  second, 
qui  dut  faire  peindre  le  tableau,  fut  curé  d'Issy.  lorsque  Rabelais 
était  curé  de  Meudon  ;  à  la  mort  de  son  oncle,  en  15 19,  il  fut 
nommé  évêque  de  Paris;  mais  en  1529,  ayant  manœuvré  pour  faire 
prolonger  la  captivité  du  roi  François  et  empêcher  Louise  de  Savoie 
d'être  nommée  régente,  il  fut  enfermé  à  Vincennes.  Il  mourut  en 
prison  en  1^32  et  fut  enterré  à  X.-D.  de  Paris,  dans  le  chœur.  La 
tradition  veut  que  Marie  Poncher,  sœur  de  ce  dernier,  mariée  à 
Eustache  Luillier,  soit  représentée  dans  le  tableau  sous  les  traits  de 
la  Vierge  Marie.  Acquis  dans  le  milieu  du  xix'  siècle  par  M.  Niel, 
auteur  de  l'ouvrage  Personnages  illustres  du  xvi'  siècle^  qui  l'un 
des  premiers  en  France,  s'occupa  d'études  iconographiques. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M"'  Niel,  Paris. 

141.  INCONNU,  vers  i52o. 

Adoration  des  mages.  Triptyque. 

Ouvert.  H.  0,52.  L.  0,90. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Gaston  le  Breton,  Rouen. 

142.  INCONNU,  versiSSo. 

Portrait  d'un  homme  à  manteau  d'hermine. 

H.  0.37.  L.  0,19. 
Portrait  de  seigneur  français  de  la  cour  de  François  I". 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.         M.  Ed.  Aynard,  Lyon. 


64  XVI»  SIÈCLE 


143.  INCONNU  XVI'  SIECLE. 

Portrait  d'un  prince  portant  la  toison  d'or  et  d'une 
princesse  coiffée  d'un  chaperon  et  d'une  robe  brochée 
d'or. 

Chaque:  H.  0,24.  L.  0,15. 

On  Ht  au  dessus  du  portrait  de  l'homme  :  Philipus  dei  gratta 
dux  Austrtoe  uxor  Margareta.  Au  dessus  du  portrait  de  la  femme  : 
Margareta  filia  Régis  Romanorum.  On  a  pensé  à  Jean  Perréal 
pour  ces  portraits  à  cause  de  ses  travaux  à  Brou.  C'est  l'archiduc 
Philippe  et  Marguerite  d'Autriche  qui,  devenue  veuve,  fit  construire 
Brou. 

Bois.  Peinture  à  VTiuile.  MM.  Agnew,  Londres. 

144.  JEAN  CLOUET,  vers  i52o. 

Portrait  d'homme  coiffé  d'une  toque. 

H.  0,35.  L.  0,27. 

Le  personnage  représenté  doit  être  le  vicomte  de  Turenne, 
François  de  la  Tour,  lieutenant-général  en  Auvergne  sous  la  con- 
duite de  Jean  Stuart  duc  d'Albany.  C'est  lui  qui,  par  procuration, 
épousa  pour  le  roi  François  la  reine  Eléonore  d'Autriche.  Il  mou- 
rut à  35  ans  en  1532  ;  il  était  contemporain  immédiat  du  roi  Fran- 
çois I*^.Un  crayon  représentant  ce  personnage  est  à  Chantilly, 
sous  le  nom  de  «  Vicomte  de  Turaine  gran  père.  » 

Bois.  Peinture  à  Vliuile.     M.  Ch.  Porgès,  Paris. 

145.  JEAN  CLOUET,  vers   i52o. 

Portrait  d'un  seigneur  portant  un  chapeau  noir  abords 
relevés,  une  pelisse  fourrée  et  tenant  à  la  main  un  bou- 
quet de  pensées.  La  devise  porte  :  Fol  désir  nous  ahu\e. 

H.  0,35.  L.  0,26. 
Portrait  présumé  de  Guillaume  Gouffier,  sieur  de  Bonnivet, 
tué  à  Pavie  en  1525. 
Bois.  Peinture  à  V huile.  M.  E.  Richtenberger,  Paris. 

146.  ECOLE  DE  BOURDICHON,  vers   i52o. 

Un  repas  littéraire  ;  cinq  hommes  de  lettres  attablés, 
dont  l'un  déclame.  Sur  le  devant,  deux  enfants. 

H.  0,12.  L.  0,093. 
Ce    curieux    dessin   à  la    gouache  rappelle  la    miniature    du 
Macault,  en  tête  du  Diodore  de  Sicile^  manuscrit  du  Musée  Condé. 


N*  108  du  Catalogue. 


Sauvaiiaud,  phot. 


XVI'   SIECLE 


6s 


Le  poète  récitant  n'est-il  pas  Jean  Marot,  père  de  Clément,  l'un 
des  littérateurs  les  plus  célèbres  du  commencement  du  xvi*  siècle. 
Papier?  Gouache.  M.  Orville,  Paris. 

J47.   JEAN   PERRÉAL?  i52i. 

Portrait  d'un  seigneur  âgé  portant  une  toque  relevée. 
La  lettre  indique  sur  le  cadre  Monsieur  de  Belefourière. 

H.  0,48.  L.  o.  33. 
M.  Thiébault-Sisson,  Paris. 


J48.   JEAN  CLOUET  jSîS. 

Portrait  d'un  seigneur  âgé,  à  la  figure  émaciée  ;  il 
porte  le  collier  de  saint  Michel,  une  robe  fourrée  et  un 
chapeau  maintenu  par  un  ruban. 

H.  0.37,  L.  0,26. 

Ce  tableau  fort  important  montre  la  descendance  de  Fouquet 
poursuivie  jusqu'au  xvii»  siècle.  C'est  ici  le  portrait  de  Guillaume 
baron  de  Montmorency,  chevalier  d'honneur  de  Louise  de  Savoie, 
mort  en  1 531. 11  fut  le  père  du  Connétable  Anne  de  Montmorency. 
Un  portrait  de  la  même  date  et  de  la  même  taille  est  au  Louvre. 
Ce  dernier  provenait  de  Saint  Martin  de  Montmorency.  Ce  sont  là 
deux  œuvres  dues  au  peintre  miniaturiste  qui  a  dessiné  les  crayons 
de  cette  date  conservés  à  Chantilly  et  les  portraits  miniatures 
si  remarquables  du  manuscrit  français  de  la  Bibliothèque  Nationale 
sur  les  Commentaires  de  la  Guerre  Gallique  (fr.  13429). 


Bois.  Peinture  d  Vhuile. 


Musée  de  Lyon. 


JEAN  CLOUET,  i53o. 

Portrait  d'un  prince  coiffé  d'un  chapeau  à  plumes 
blanches  et  vêtu  d'un  pourpoint  clair  à  très  larges  man- 
ches. Il  porte  le  collier  de  saint  Michel  et  a  la  main  gau- 
che sur  la  garde  d'une  épée  très  riche. 

H.  0,96.  L.  0,74. 

Ce  portrait,  qu'une  tradition  fort  ancienne  donnait  à  Janet  Clouet 
était  à  Fontainebleau  en  1642.  Depuis,  divers  auteurs  l'ont  débap- 
tisé. Bien  que  représentant  le  roi  François  dont  le  peintre  en  titre 
d'office  était  Jean  Clouet,  Denon  en  fit  une  œuvre  de  Jean  Mabuse. 
De  notre  temps  on  a  voulu  y  voir  l'œuvre  de  l'un  des  italiens  de  la 


66  XVI'   SIÈCLE 


décadence  travaillant  à  Fontainebleau.  L'allure  générale  du  portrait 
est  française,  et  il  n'y  a  aucune  raison  pour  le  refuser  à  Jean  Clouet, 
père  de  François  Clouet,  peintre  du  roi  et  portraitiste  de  la 
cour. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  du  Louvre. 

i5o.   JEAN  CLOUET  (Ecole  de)  vers  i53o. 

Portrait  d'un  seigneur  portant  un  chapeau  de  feutre 
noir  orné  d'une  plume  blanche,  et  habillé  d'un  justau- 
corps décolleté  et  à  crevés. 

H.  0,14.  L.  0,10. 
Portrait  de  François  I""  à  l'âge  de  30  ans  environ. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  de  Lyon. 

i5i.   JEAN  CLOUET.  vers  j534. 

Portrait  d'une  jeune  princesse  portant  un  chaperon  à 
queue  relevée,  un  corsage  décolleté  et  un  petit  collier. 
Elle  tient  ses  patenôtres. 

H.  0,18.  L,  0,13. 

Cette  princesse  a  été  prise  par  Clairambault,  qui  l'avait  trou- 
vée chez  Gaignières,  pour  Elisabeth  fille  de  Henri  II,  mais  les 
dates  de  costume  s'y  opposent.  C'est  en  réalité  Jeanne  d'Albret, 
fille  de  Henri  d'Albret  et  de  Marguerite  de  Valois,  celle  qu'on, 
appelait  alors  la  «  Mignonne  de  nos  Rois  »  et  qui  épousa  le  20  o( 
tobre  1548,  Antoine  de  Bourbon.  Elle  fut  la  mère  d'Henri  IV. 
Elle  mourut  en  1572,  à  l'âge  de  44  ans.  Elle  était  née  en  1528.  Voit 
à  Chantilly  un  crayon  la  représentant  au  même  âge. 

Bois.  Peinture  à  l'huile  M,  M.  Agnew,  Londres. 

iSî.   JEAN  CLOUET,  vers  1540. 

Portrait  d'un  personnage  de  trente  à  quarante  ans, 
portant  un  chapeau  plat  à  médaille,  un  habit  tanné  e1 
tenant  un  livre  sur  lequel  on  lit  Petrarca. 

H.  0,37.  L.  0,31. 

Portrait  présumé  de  Claude  d'Urfé,  sieur  de  Chateauneuf, 
bibliophile,  homme  de  guerre,  ambassadeur  au  Concile  de  Trente 
en  1547.  Cette  peinture,  fort  rapprochée  de  la  manière  d'Holbein, 
comme  les  crayons  de  Chantilly  le  sont  de  ceux  de  Windsor, 
explique  les  rapports  constants  des  peintres  entre  eux.  Les  détails 


XVI'   SIÈCLE  67 


de  cette  œuvre  la  rapprochent  des  Deux  ambassadeurs  de  la  Natio- 
nal Gallery,  attribués  à  Holbein,  qui  sont  deux  français  notables 
du  XVI'  siècle. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.        S.  M.  le  roi  Edouard  VII. 

i53.   JEAN  CLOUET,  vers  1540. 

Portrait  d'un  personnage  vu  de  face,  portant  une 
toque  à  plume  foncée  et  un  justaucorps  à  crevés.  Fond 
bleu. 

H.  0,16.  L.  0,13. 
Ce  portrait,  par  sa  qualité,  paraît  être  de  la  main   de   Jean   dit 
Janet  Clouet.  Il  se  peut  confondre  avec  ceux  ordinairement  attri- 
bués à  Corneille,  mais  il  leur  est  supérieur.  Le  nom  du  personnage 
est  inconnu. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.         M.  Walter  Gay,  Paris. 

154.    CLOUET  (Ecole  Française)  versj54o. 

Portrait  de  dame  coiffée  d'un  chaperon  ;  on  lit  d'une 
écriture  du  temps  Brasac. 

C'est  l'orthographe  ordinaire  du  nom  de  Brissac  chez  cet  artiste, 
qui  a  donné  la  plus  grande  suite  des  crayons  du  xvi*  s.  aujourd'hui 
conservés  à  Chantilly  et  provenant  de  Castle  Howard,  M"""  de 
Brissac  femme  du  maréchal,  Charles  de  Cossé. 

Papiers.  Crayons  de  couleur.       M.  Deligand,  Paris. 

i55.    ECOLE  DES  CLOUET,  vers  i53o. 

Portrait  d'une  dame  coiffée  à  l'espagnole,  portant  de 
riches  bijoux  et  tenant  une  bague. 

H.  0,26.  L.  0,20. 
Portrait  de  la  reine  Eléonore  dans  son  costume  espagnol  à  cre- 
vés. Une  œuvre  semblable  est  conser\'ée  au  Musée  Condé  à  Chan- 
tilly. Une  dame  Béatrix  Pacheco  du  même  peintre  est  au  Musée 
Stàdel  à  Francfort. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile, 
M.  George  de  Montbrisox,  Château  de  Saint-Roch 

>6.  JEAN  CLOUET,  vers  i535- 

Portrait  d'une  jeune  femme  blonde  tournée  à  gauche 
portant  un  corsage  décolleté,  un  chaperon  à  templette, 
et  l'auréole  des  morts. 

H.  0,14.  L.  0,10. 
Le  tableau  représente  une  jeune  femme  de  trente  ans  à  peine. 


68  XVI'   SIÈCLE 


Elle  est  coiffée  de  bandeaux  plats,  légèrement  frisés  aux  tempes  ; 
elle  porte  un  chaperon  à  templette,  orné  d'un  cercle  d'orfèvrerie 
précieuse.  Sa  robe,  échancrée  à  la  mode  de  1530-35  environ,  est 
bleue,  et  elle  a  sur  la  poitrine  un  collier  d'or  et  de  perles.  Dans  ses 
bras  elle  tient  un  agneau.  Ce  portrait,  d'une  qualité  très  particu- 
lière, paraît  être  celui  de  l'une  des  filles  de  François  I",  et  de 
Claude  de  France,  morte  jeune.  Fond  vert. 
Bois.  Peinture  à  l'huile 

M.  Gaetano  Frizzoni,  Milan. 

iSj.  JEAN  CLOUET,  vers  i535. 

Portrait  d'homme  coiffé  d'une  toque  noire  à  plumes 
blanches.  Il  porte  le  collier  de  saint  Michel. 

H.  0,160.  L.  0,135. 
Portrait  de  Henri  d'Albret,  roi  de  Navarre,  mari  de   Marguerite 
de  Valois  et  grand-père  de  Henri  IV,  né  en  1503,  mort  en  1555. 
Bois.  Peinture  à  V huile. 
M.  George  de  Montbrison,  château  de  Saint-Roch . 

j58.   corneille  DE  LYON?  vers  1548. 

Portrait  d'un  jeune  prince  portant  un  chapeau  à  plu- 
mes blanches  sur  un  bonnet  d'enfant. 

H.  o,i6<  L.  0,13. 
Portrait  de  François  II  enfant,  né  le  19  janvier  1544.  Ses  par- 
rains furent  Paul  III,  le  roi  François  I",  et  la  Seigneurie  de  Venise. 
Sa  marraine.  Madame  Marguerite,  depuis  duchesse  de  Savoie,  sa 
tante  paternelle.  Il  était  venu  après  10  ans  de  mariage  de  Henri  II 
et  de  Catherine.  Il  est  représenté  ici  dans  ses  premiers  habits 
d'homme.  Catherine  de  Médicis  nous  apprend  elle  même  dans  une 
lettre  que  l'enfant  «  ne  veult  plus  aller  en  femme  »,  c'est-à-dire 
porter  une  robe  de  petite  fille.  Comparer  avec  un  portrait  de 
Chantilly  dessiné  au  crayon  vers  la  même  date.  Provient  de  Roger 
de  Gaignières  en  171 1. 
Bois.  Peinture  à  V  huile.  Musée  d'Anvers. 

159.  CORNEILLE  DE  LYON  1548. 

Portrait  d'une  jeune  femme   de  trois-quart  à  droite 

portant  un  chapeau,  un  corsage  décolleté  et  un  collier  de 

perles. 

H.  0,175.  L.  0,140. 

Ce  portrait  était  donné  comme  celui  de  la  reine  Claude,  mais 
le  costume  s'y  oppose;  la  date  de  la  mort  de  la  reine  est  de  i^a^, 


XVI«   SIÈCLE  69 


le  costume  est  de  1540-50  environ.  11  y  avait  au  revers  quatre  vers 
de  Ronsard  qui  ont  été  enlevés  lors  d'une  restauration.  Provient 
de  la  vente  Léopold  Double,  30  mai  1881. 

Bois.  Le  fond  refait.  M.  Féral,   Paris. 

160.  CORNEILLE  DE  LYON  (École  de)  vers  1548. 

Portrait  d'un  seigneur  portant  une  toque  noire,  un 
pourpoint  foncé  et  des  manches  claires. 

H.  0,18.  L.  0,14. 
Charles  de  Cossé  Brissac,  maréchal  de  France.  (Comparer  à  un 
même  portrait  au  Louvre). 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.      M.  Walter  Gay,  Paris. 

161.  CORNEILLE  DE  LYON,  vers   1548. 

Portrait  de  jeune  homme  portant  une  toque  noire,  un 
habit  brodé  et  le  collier  de  l'ordre. 

H.  o,  16,  L.  0,13. 
On  a  donné  ce   personnage  comme  étant  Jean  de   Bretagne, 
mari  de  la  duchesse  d'Etampes.  Le  même  portrait  est  au  Musée  du 
Louvre,  mais  l'âge  des  personnages  et  la  date  du  portrait  ne  per- 
mettent pas  de  reconnaître  le  duc  d'Etampes  qui  avait  42  ans  à 
l'époque  où  l'œuvre  fut  exécutée.  Ce  portrait  provient  de  la  collec- 
tion de  Gaignières.  Bonnivet  le  Jeune? 
Bois^  peinture  à  l'huile. 
M.  George  de  Monbrison,  château  de  Saint-Roch. 

162.  CORNEILLE  DE  LYON,  vers  1548. 

Portrait  déjeune  homme  de  3/4  à  gauche,  portant  une 
petite  toque  et  un  pourpoint  clair. 

Ce  portrait  n'a  pu  être  rapproché  d'aucune  figure  connue;  il 
est  de  très  belle  qualité.  Peut-être  serait-il  le  jeune  Bonnivet. 
Bois.  Peinture.  Mme  Edouard  André,  Paris. 

i63.    CORNEILLE  DE  LYON,  vers  1548. 

Portrait  d'une  jeune  femme,  en  corsage  échancré, 
portant  un  chaperon  orné  de  deux  cercles  d'orfèvrerie, 
un  carcan  d'or  et  de  perles,  une  chaîne  prise  dans  le  cor- 
sage, et  des  manches  bouffantes.  La  robe  est  tannée  et 
les  manches  blanches. 

H.  0,21,  L.  0,15 
La  jeune  dame  ne  nous  est   pas   connue,  mais  la  qualité  de  la 


70  XVI'   SIÈCLE 


peinture  indique  la  main  de  Corneille  de  la  Haye,  dit  de  Lyon.  Ce 
portrait  figurait  certainement  dans  la  célèbre  «  Chambre  aux  pein- 
tures »,  que  Corneille  avait  formée  dans  cette  ville  avec  les  portraits 
des  dames  et  seigneurs  de  la  cour  de  France  venus  à  Lyon  en  1^48. 
La  dame,  d'après  certains  indices,  pourrait  être  la  fameuse  marquise 
de  Rothelin,  née  de  Rohan-Gyé,  l'une  des  belles  de  ces  temps. 
Elle  n'est  pas  sans  rapports  non  plus  avec  Françoise  de  Longwy- 
Givry,  femme  de  l'amiral  Chabot,  mais  à  cette  époque  celle-ci 
était  veuve. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Edouard  Aynard,  Lyon. 

164.   CORNEILLE  DE  LYON,  vers    1548. 

Portrait    d'une    jeune    femme   portant  une  toque    à 
plumes  et  un  corsage  richement  brodé. 

H.  0,18.  L.  0,14. 
Ce  portrait  a  dû  être  peint  à  Lyon  par  Corneille  ;  la  proba- 
bilité, c'est  qu'il  a  été  gravé  dans  le  Promptuaire  des  Médailles 
de  Rouille    à  Lyon    en   1549.    Marguerite    de    France,     fdle    de 
François  I  et  de  Claude  de  France,  mariée  au  duc  de  Savoie, 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.    Musée  de  Versailles  n"  3 181. 

i65.   CORNEILLE  DE  LYON,  vers    1548. 

Portrait  d'une  jeune  femme  de  3/4  à  gauche,  portant 
un  chaperon  orné,  un  corsage  échancré  et  des  bijoux. 

H.  0,17,  L.  0,15. 
Ce  portrait,  qui  est  de  tous  points  semblable  au  précédent, 
montre  que  le  peintre  multipliait  les  effigies  de  la  même  per- 
sonne. Le  Musée  de  Versailles  la  donne  comme  Jacqueline  de 
la  Queille,  dame  d'Aubigny,  ce  qui  est  l'attribution  la  plus 
probable. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.     Musée  de  Versailles  n"  3146. 

166.   CORNEILLE  DE  LYON,  vers   1548. 

Portrait  de  femme  de  3/4  à  gauche  ;  elle  est  légère- 
ment voûtée. 

H.  0,16.  L.  0,15. 

Portrait  de  Renée  de   France,  duchesse  de  Ferrare,   fille   de 
Louis  XII  et  d'Anne  de  Bretagne,  sœur  de  la  reine  Claude. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.     Musée  de  Versailles  n'3121. 


XVP   SIECLE 


167.  CORNEILLE  DE  LYON,  vers   ^5^8. 

Portrait  d'homme  habillé  de  noir,  portant  une  toque 
noire,  et  tourné  de  3/4  à  droite. 

H.  0,19.  L.  0,15. 
Ce  personnage  est  un  des  officiers  royaux,  mais  sa  physionomie 
ne  peut  se  rapprocher  d'aucune  de  celles  qui  nous  sont  connues  . 
Bois,  peinture  à  Vhtiile.  M°"  Ed.  Akdré,  Paris. 

168.  ECOLE  D'AMIENS,  vers  i54o. 

Deux  volets  d'un  petit  diptyque.  A  droite,  le  donateur 
et  quatre  fils  sous  la  protection  d'un  saint  archevêque  ;  à 
gauche,  la  femme  et  trois  jeunes  filles  sous  la  protection 
de  saint  Jacques.  Verso,  une  Annonciation  en  grisaille. 

Chaque  volet:  H.  0,30.  L.  0,14. 
Cette  petite  pièce  est  l'esquisse  destinée  par  l'artiste  à  un  agran- 
dissement.  Le  nom  des  personnages  est  inconnu  ;   les  costumes 
sont  ceux  de  la  Picardie  au  milieu  du  xvi'  siècle. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  Louis  Legraxd,  Conseiller  d'Etat,  Paris. 

169.  ECOLE  DE  CORNEILLE  DE  LYON,  vers  1540. 

Portrait  de  jeune  femme  coiffée  d'un  chaperon,  et 
portant  un  corsage  à  manches  ornées  de  crevés. 

H.  0,300.  L.  0,225. 
Portrait  présumé  de  Renée,   fille   de  Louis  XII,  duchesse  de 
Ferrare.  née  en  15 10,  morte  en  1575.  Elle  est  représentée  à  l'âge  de 
trente  ans  environ.  Réplique  ancienne. 
Bois.  Peinture  à  l'huile. 
M.  Georges  de  Monbrison,  château  de  Saint-Roch. 

170.  CORNEILLE  DE  LYON   ^S^S. 

Portrait  d'un  jeune  homme  vu  de  face,  portant  un 
chapeau  noir  à  plumes  blanches  et  le  collier  de  l'ordre; 
on  lit  en  haut:  Feu  duc  d'Orleatis. 

H.  0,131,  L.  0,1 13. 
Ce  petit  portrait  représente  Charles  d'Orléans,  fils  de  François 
I"  et  frère  d'Henri  II  ;  il  prit  le  titre  de  duc  d'Orléans,    lorsque 
mourut  le  dauphin  François,  fils  aîné  du  roi.  Le  panneau  est  usé, 


73  XVI'   SIÈCLE 


mais  il  est  un  des  plus  authentiques  qui  soient.  En  effet,  il  appar- 
tint à  Gaignières  qui  l'acheta  directement  au  dernier  descendant  de 
Corneille  de  Lyon.  La  lettre  a  été  mise  postérieurement. 
Bois.  Peinture  à  l'huile. 

M.  PiERPONT-MoRGAN,  Londres. 

171.  CORNEILLE  DE  LYON  vers  iS^S. 

Portrait  d'un  homme  portant  une   barrette  noire.  La 
barbe  très  longue  est  rousse. 

H.  0,14.  L.   0,1 1. 
Ce  portrait  représente  un  homme  d'église,  vraisemblablement 
un  protonotaire. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.         M°"  Edouard  André,  Paris. 

172.  CORNEILLE  DE  LYON   1548. 

Portrait  d'un  cardinal. 

H.  0,19.  L.  0,14 
Ce  portrait  passait  pour  être  celui  du  cardinal  Bembo  et  avait 
été  catalogué  ainsi  dans  la  Notice  des  Tableaux  du  Musée  Calvet, 
par  M.  Aug.  Deloye;  c'est  Odet  de  Coligny,  cardinal.  Une  répli- 
que est  dans  la  collection  Léopold  Goldschmidt. 

Ce  petit  panneau  a  été  acquis  par  le  Musée  Calvet  en  1834. 
Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  d'Avignon. 

J73.   CORNEILLE  DE  LYON   1548. 

Portrait  d'une  jeune  femme  tournée  de  3/4  à  gauche, 

portant  un  chaperon  orné  de  perles,  un  corsage  échancré 

et  des  manches  à  crevés;  on  lit  en  haut:  Madame  d'Au- 

beinhy  (Aubigny). 

H.  0,17.  L.  0,14. 

D'après  la  lettre,  il  s'agirait  ici  d'Anne  Stuart,  fille  de  Beraud 
Stuart,  femme  de  Robert  Stuart,  duc  d'Aubigny  en  France,  maré- 
chal de  France  et  gouverneur  de  Bresse.  Un  portrait  de  Madame 
d'Aubigny  en  1520  est  conservé  à  Chantilly  au  nombre  des  crayons 
provenant  de  Castle-Howard.  Le  Musée  du  Louvre,  de  son  côté, 
possède  un  portrait  représentant  la  même  dame,  avec  un  corsage 
un  peu  différent,  elle  est  nommée  Louise  de  Rieux,  marquise 
d'Elbeuf.  Ce  dernier  tableau  a  été  donné  au  Louvre,  par  M.  Kann. 
Un  autre  est  à  Versailles,  (n"  164  ci-devant). 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  Le  Colonel  Stuart  Wortley,  Paris. 


N°  95  du  Catalogue 


Galette  des    Beaux-Arts. 


;^ii^ 


O 


XVI'   SIÈCLE  73 


174.  ÉCOLE  FRANÇAISE  i55o. 

La  légende  de  sainte  Marguerite  en  quatre  tableaux 
—  La  sainte  et  le  Roi  Olibrius  —  La  sainte  battue  de 
rerges  —  La  sainte  et  le  dragon  —  Mise  à  mort  de  sainte 
Marguerite. 

Chaque  panneau  :  H.  0,30.  L.  0,26. 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  cette  pièce  de  la  miniature  de 
Jean  Fouquet  exposée  ici  (n"  50),  où  l'on  voit  également  sainte 
Marguerite  en  présence  d'Olibrius.  Dans  la  miniature,  Olibrius 
représente  Charles  VII  ;  ici  le  tyran  romain  porte  un  costume  de 
convention,  mais  ses  suivants  sont  ceux  de  V Entrée  de  Henri  II  à 
Lyon.  Toutefois  l'artiste  qui  pourrait  être  un  des  contemporains 
immédiats  de  Geolïroy  Torv'  conserve  quelque  souvenir  du 
gothique  de  Bourdichon  dans  l'agencement  des  scènes.  Il  y  a  lieu 
de  mettre  cette  œuvre  très  rare  en  comparaison  du  livre  d'heures 
du  roi  Henri  II,  conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale.  Le  paysage 
y  est  traité  daus  le  même  esprit. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile,  rehauts  d'or.  S.  M.  le  Roi  Edouard  VIL 

175.  CORNEILLE  DE  LYON  vers  1548. 

Portrait  de  jeune  femme  portant  un  chaperon  orné  de 
perles,  et  un  corsage  décolleté.  Un  riche  collier  et  une 
chainette  soutenant  un  bijou,  complètent  la  parure. 

H.  0,16.  L.  0,13 

Ce  portrait  est  donné  comme  celui  de  la  duchesse  d'Etampes, 
Anne  de  Piesseleu.  Il  provient  de  la  collection  de  Gaignières 
comme  le  numéro  1 59.  H  me  paraît  pas  toutefois  que  ce  soit  là  le  por- 
trait de  la  duchesse  qui  n'était  plus  à  la  cour  lors  du  voyage  à  Lyon 
en  1548. 

Bois.  Peinture  à  V huile. 

M.  George  de  Mgnbrison,  château  de  St-Roch. 

176.  CORNEILLE  DE  LYON  vers  i55o. 

Petit  portrait  de  femme  coiffée  d'un  chaperon  de 
veuve  et  d'une  robe  noire.  Dans  l'échancrure  du  corsage 
ou  aperçoit  un  bijou  suspendu  à  des  lacs  de  soie. 

H.  0,15.  L.  0,14. 
Une  lettre  moderne  indique  Madame  de  Sauves  comme  étant 
la  personne  représentée.  Cette  dame  «  l'une  des  plus  futées  de  la 


74  XVI'  SIÈCLE 

cour»  perdit  son  mari  de  bonne  heure  et  épousa  en  secondes 
noces  le  marquis  de  Noirmoutiers.  Elle  était  de  la  famille  de 
Beaune-Semblançay.  Mais  la  lettre  nous  laisse  les  plus  grands 
doutes. 

Bois.  Peinture  à  VJiuile.  M.  Doistau,  Paris. 

177.  CORNEILLE,  (École  de)  vers  1 555. 

Portrait  d'homme  en  toque  noire  et  costume  sombre. 

H.  0,16.  L.  0,12. 
René  du  Puy  du  Fou  né  en  1528,  marié  à  la  veuve  de  Charles 
de  Chabannes,  Catherine  de  La  Rochefoucauld,  chevalier  de  l'or- 
dre en  i^ôs,  mort  en  1570.  Voir  crayon  de  Chantilly.  I,  61. 
Bois.  Peinture  à  l'huile.      M.  Walter  Gay,  Paris. 

178.  GEORGES  REVERDY,  vers  i55o. 

La  Sainte  Famille  dans  un  temple,  monogramme  AA. 

Diamètre,  0,20 
M.  Fairfax  Murray,  Londres. 

179.  ECOLE  FRANÇAISE  vers   i55o. 

La  Nativité,  la  Cène,  le  Calvaire.  Triptyque  avec 
cadre. 

H.  0,28.  L.  0,92. 

Cette  œuvre  d'un  miniaturiste  français  est  inspirée  d'oeuvres 
italiennes  du  xv'  siècle.  La  Cène  avec  le  dais  de  François  I'%  et  les 
lampadaires  est  une  imitation  libre  des  maîtres  italiens. 

Vélin.  M.  Ch.  Léon  Cardon.  Bruxelles. 

180.  JEAN  DE  GOURMONT,  vers   i55o. 

Combat  de  gladiateurs  dans  un  temple. 

H.  0,23.  L.  0,32 
Ce  dessin  est  très  rapproché  d'un  autre  aujourd'hui  conservé  au 
département  des  Estampes. 
Papier.  Dessin  lavé  au  bistre.        M.  Fairfax-Murray,  Londres. 

181.  ECOLE  DU  PONTHIEU,   i55i. 

Deux  panneaux  volets  en  deux  tableaux  chacun  avec 
légendes  en  français. 

H.  1,70,  L.  0,80. 

Ces  travaux  de  peinture  secondaire  sont  exécutés  en  15^1 
dans    la    région    d'Avesnes.     Le    premier    tableau    de    gauche 


XVI'   SIÈCLE  75 


porte  sur  une  verrière  les  armes  de  Croy-Renty.  Les  costumes 
sont  français,  du  milieu  du  xvi'  siècle.    Les  légendes  explicatives 
sont  en  français.  C'est  l'histoire  de  la  peste  à  Rome. 
Bois.  Peinture  à  huile.      Eglise  SAiNT-NicoLAS.  Avesnes. 

182.   GEORGES  REVERDY  DE  LYON,  vers  i5oo. 
Nativité  et  adoration  des  bergers. 

H.  0,140.  L.  0,270 

Ce  dessin  attribué  autrefois  à  un  prétendu  italien,  Cesare  Rever- 
dino  paraît  être  de  la  main  de  Georges  Reverdy,  artiste  lyonnais, 
peintre  et  graveur  du  milieu  du  xvi^  siècle. 
Papier.  Dessin  lavé  au  bistre. 

M.  Jean  Masson,  Amiens. 

I  i83.    ECOLE  DES  CLOUET,  vers  i545. 

Portrait  d'homme  en  pourpoint  clair, 

H.  0,40.  L.  0,35. 
Ce  personnage  n'a  pu  être  identifié.  Il  porte  des  boucles  d'oreilles. 

Bois.  M.  Martix  Le  Roy.  Paris. 

k 

184.  ÉCOLE  DES  CLOUET,   vers   i555. 

Portrait  de  seigneur  en  pourpoint  blanc  et  manteau 
fourré.  Il  porte  une  petite  toque  à  plumes,  et  un  collier 
de  saint  Michel. 

H.  1,06,  L.  0,75. 
On  lit  sur  le  panneau  de  chaque  côté  de  la  tête  : 

HENRICVS  II  FRAC  —  REX  XRIAXISSIMVS 

ANNO.ÏTATIS  SU^  —  XXXVII,  1555. 

C'est,  dit  M.  Mantz,  le  roi  dans  un  de  ses  mauvais  jours.  L'œu- 
vre est  fort  médiocre,  mais  fort  intéressante,  en  ce  qu'elle  nous 
fournit  un  type  inédit  et  inconnu  de  ce  prince.  La  tête,  très  retou- 
chée, a  perdu  beaucoup  de  sa  valeur,  mais  les  détails  du  costume 
sont  intéressants.  Le  fauteuil  du  roi,  marqueté  comme  une  pièce 
d'orfèvrerie  ou  une  reliure,  est  des  plus  curieux.  Le  bijou  de  col 
est  de  l'art  de  Ducerceau.  Il  semblerait  que  l'artiste  fut  plutôt  un 
décorateur  qu'un  portraitiste.  Le  nom  de  François  Clouet  ne  peut 
être  invoqué  ici,  mais  son  entourage  proche  comptait  beaucoup 
d'artistes  capables  de  faire  ce  travail. 


76  XVI'   SIÈCLE 

Le  tableau,  qui  a  été  allongé  par  en  haut,  était  autrefois  de  forme 
cintrée.  Il  fut  donné  au  Musée  par  M.  de  La  Tour-Maubourg, 
député  de  la  Loire,  en  1872. 

Bois,  Peinture  à  Vhuile.  Musée  du  Puy. 

i85.  ECOLE  DES  CLOUET,  vers  i555. 
Portrait  d'un  cardinal. 

H.  0,99,  L.  0,19. 

Ce  portrait  représente  Charles  de  Lorraine  Guise,  né  en  1525, 
fils  de  Claude  de  Guise  et  d'Antoinette  de  Bourbon.  Cardinal  à 
21  ans,  archevêque  de  Reims  en  1546,  il  fut  député  au  Concile  de 
Trente.  Il  mourut  à  Avignon  à  49  ans,  le  26  décembre  1^74. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

M.  Romans,  Chat,  de  Picomtal  (Hautes-Alpes). 

186.  ECOLE  DES  CLOUET,    i565. 

Dessin  au  crayon  rouge  représentant  un  homme  de 
trente  ans  environ. 

H.  0,33,  L.  0,24. 
Portrait  présumé  de  Poltrot  de  Méré,  assassin  du  duc  de  Guise. 
On  ne  connaît  aucune  autre  effigie  de  ce  personnage. 

Papier.  M.  Jean  Masson.  Amiens. 

187.  FRANÇOIS  CLOUET?  iS^S. 

Portrait  d'un  prince  à  cheval. 

H.  0,28.  L.  0,22. 
Ce  portrait  de  François  I  est  en  peinture  au  Musée  des  Offices. 
Celui-ci  provient  de  Roger  de  Gaignières,  et  de  la  collection  Sau- 
vageot.  Il  est  à  rapprocher  du  Henri  II  achevai,  provenant  d'Azay- 
le-Rideau  (n"  186). 

Papier.  Miniature.  Musée  du  Louvre. 

j88.   FRANÇOIS  CLOUET,  vers   iSSp. 

Portrait  d'un  prince  à  cheval,  en  grand  costume  civil. 

H.  1,60.  L.  1,30. 

Ce  portrait  a  été  composé  d'après  des  éléments  antérieurs,  peut 
être  au  moment  de  la  mort  du  roi  Henri  II,  dont  c'est  le  portrait. 
La  tête,  la  coiffure,  le  justaucorps  sombre  bordé  d'or,  sont  en 
effet  ceux  du  portrait  officiel  du  roi,  notamment  de  celui  autrefois 


XVI'   SIÈCLE  77 


peint  en  miniature  et  placé  dans  le  livre  d'heures  de  la  reine  Cathe- 
rine, d'où  on  l'a  retiré  dans  le  xvii°  siècle,  et  qui,  après  avoir  ap- 
partenu à  Roger  de  Gaignières,  est  aujourd'hui  au  Département 
des  Estampes. 

Quant  à  l'allure  générale  du  portrait,  au  harnachement  du 
cheval,  à  la  décoration  des  housses,  ce  sont  les  éléments  à  peine 
transformés  du  portrait  équestre  du  roi  François  I".  Le  cheval  est 
ici  de  robe  foncée,  il  était  café  au  lait  pour  le  roi  François,  mais 
c'est  le  même  cheval  qui  a  été  copié  et  arrangé  par  l'artiste.  C'était 
une  formule  officielle,  le  portrait  qu'on  offrait  aux  parents  et  aux 
amis,  on  le  grandissait  ou  on  le  diminuait  suivant  les  besoins. 
L'œuvre  est  ici  d'un  artiste  très  habile,  maître  de  sa  technique  ;  ce 
ne  peut  être  que  François  Clouet. 

Provient  du  château  d'Azay-le-Rideau. 

Toile.  Peinture  à  Fhuile.  MM.  Lawrie,  Londres» 


189.   FRANÇOIS  CLOUET,  vers  i56o. 

Portrait  d'homme  jeune  à  la  barbe  châtain,  portant 
une  barrette  de  magistrat,  et  une  simarre  de  juge. 

H.  0,016.  L.  0,014. 

Ce  portrait  est  une  réplique  de  celui  mentionné  sous  le  (n"  19) 
et  qui  appartient  à  M.  Hutteau,  avec  quelques  différences. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M""  Ed.  André,  Paris. 


190.   FRANÇOIS  CLOUET,  vers  i56o. 

Portrait  d'un  seigneur  portant  une  toque  noire,  un 
pourpoint  blanc  et  un  manteau  noir. 

H.  0,15.  L.  0,13. 

Ce  -portrait  paraît  représenter  Charles  de  La  Rochefoucauld, 
comte  de  Rendan,  qui  portait  le  n"  156  de  l'inventaire  de  Roger  de 
Gaignières  en' 1717.  Le  cachet  de  Colbert  de  Torcy  retrouvé  au 
revers  du  tableau  confère  à  cette  pièce  un  intérêt  exceptionnel,  car 
il  marquait  les  objets  de  la  vente  de  Gaignières,  le  grand  collec- 
tionneur. A  la  vente,  cette  pièce  atteignit  à  peine  quelques  sous. 
En  ce  moment  ce  cachet  donne  au  petit  tableau  une  importance 
d'authenticité. 

Bois.  Peinture  à  l'huile,  M.  Doistau,  Paris 


78  XVI'   SIÈCLE 


J9J.LFRANÇOIS  CLOUET,  vers  i56o. 

Portrait  d'un  homme  jeune  à  la  barbe  châtain  clair, 
portant  une  barrette  noire  et  une  simarre  damassée. 

H.  0,016.  L.  0,014. 
Ce  portrait  représente  un  protonotaire  ou  un  ambassadeur  ;  la 
peinture  est  d'une  telle  qnalité  que  nous  la  voudrions  rapprocher 
du  tableau  de  la  National  Gallery  «  Les  deux  Ambassadeurs  » 
attribuée  à  Holbein  (mais  qui  est  peut  être  d'un  autre  peintre).  Le 
nom  de  Corneille  de  Lyon,  ordinairement  appliqué  à  des  œuvres 
de  dimensions  égales,  ne  paraît  pas  pouvoir  être  invoqué  ici. 
Bots.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Hutteau,  ingénieur,  Paris. 

192.  FRANÇOIS  CLOUET  i563. 

Petit  portrait  d'homme  portant  une  toque  noire,  un 
habit  foncé  et  le  collier  de  l'ordre,  sur  un  couvercle  de 
boîte  ronde. 

Diamètre  0,101. 
Honorât  de  Savoie,  comte  de  Tende  et  de  Sommerive,  gouver- 
neur de  Provence  en  1563,  neveu  du  connétable  de  Montmorency 
et  fils  de  Claude  de  Savoie,  comte  de  Tende.  Ce  portrait  miniature 
très  remarquable  était  peint  à  l'intérieur  d'un  couvercle. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Paul  Arbaud.  Aix. 

193.  FRANÇOIS  CLOUET  j565. 

Portrait  d'un  seigneur  en  costume  noir  et  en  toque 
foncée,  portant  l'ordre  de  saint  Michel. 

H.  0,24.  L.  0,22. 
Ce  portrait  est  celui  de  Arthur  de  Cossé,  seigneur  de  Gonnord 
et  comte  de  Secondigné,  né  vers  15 12,  surintendant  des  Finances, 
grand  pannetier  de  France,  homme  de  guerre,  mort  a  Gonnord,  en 
Anjou,  en  1582.  Les  armes  placées  au  bas  du  portrait  ont  été 
ajoutées. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  d'Aix. 

194.  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  1 565. 

Portrait  d'homme  tourné  à  gauche,  portant  un  cos- 
tume sombre  à  col  haut;  on  lit  au  bas  d'une  écriture  rap- 
portée :  Pierre  Forget  de  Fresnes,  Secrétaire  du  Roy. 

H.  0,30.  L.  o,a). 
Ce  portrait,  d'une  belle  qualité,  porte  au  verso  le  cachet  de 


XVI*   SIECLE  79 


Torcy  ;    il  appartint  à   Gaignières,  et  il  est  cité  dans  son  inventaire 
sous  le  n°  113.  Il  fut  vendu  4  livres  11  sous  à  la  vente  de  1717. 

Bois.  Peinture  à  l'huile. 

M"'  E.  Maurice  Mayer,  Paris. 


195.   FRANÇOIS  CLOUET,   1 560-70. 

Suite  de  sept  dessins  exécutés  sur  nature  à  la  sanguine 
et  aux  crayons  de  couleurs. 


La  reine  Marie  Stuart  (1560). 


2.  —  Marguerite  de  Valois,  fille  de  Henri  II  (1565). 

3.  —  Albert  de  Gondi,  duc  de  Retz  (1570). 

4.  —  Claude  Catherine  de  Clermont,  duchesse  de  Retz  (1570). 

5.  —  Gaspard  de  Coligny,  l'amiral  (1570). 

6.  —  François  de  Coligny,  sieur  d'Andelot  (1569). 

7.  —  Renée  de  Rieux,  demoiselle  de  Chateauneuf  (1565). 

Ces  portraits  d'une  exécution  supérieure  ont  été  légués  par 
Clouet  à  son  neveu  Benjamin  Foulon,  peintre  médiocre,  qui  mit 
les  indications  des  portraits  au  crayon  sur  la  marge.  Ce  sont  les  œu- 
vres les  plus  rares  et  les  plus  précieuses  de  l'Ecole  française  du 
XVI*  siècle.  Le  portrait  de  Marie  Stuart  a  serv'i  à  peindre  la  miniature 
aujourd'hui  au  château  de  Windsor. 

Papier.  Crayons  de  couleurs. 

Département  des  Estampes. 


196.   ECOLE  FRANÇAISE,    iSjo. 

Portrait  de  prince  en  riche  costume  sombre  brodé 
d'or;  il  porte  une  toque  et  il  tient  la  main  sur  le  pommeau 
de  son  épée. 

H.  0,82.  L.  0,62. 

Ce  portrait  est  donné  à  Antonio  Moro  par  les  traditions  du  châ- 
teau d'Azay-k-Rideau  ;  on  le  croit  être  Charles  IX  mais  les  vrai- 
semblances seraient  en  faveur  du  duc  d'Alençon,  François  de  Va- 
lois, fils  de  Henri  II  et  de  Catherine  de  Médicis.  Cette  pièce  re- 
marquable rappelle  les  dessins  du  Département  des  Estampes  attri- 
bués à  François  Clouet,  Provient  d'Azay-le-Rideau. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Kraemer.  Paris. 


8o  XVI'   SIÈCLE 


197.  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  i565. 

Portrait  d'homme  coiffé  d'une  toque    et   portant  le 

collier  de  l'ordre.   La  lettre  indique   Fontaine-Chalan- 

dray. 

H.  0,325,  L.  0,210. 

En  dépit  de  la  lettre  ce  doit  être  ici  non  pas  M.  de  Fontaine 
Çhalandray,  marié  à  M""  de  Torcy,  mais  Sébastien  de  Luxembourg, 
comte  de  Martigues,  tué  au  siège  de  Saint-Jean  d'Angely,  en  1569. 
Papier.  Crayon  de  couleur. 
M.  George  de  Monbrison.  Château  de  Saint-Roch. 

198.  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  jSjo. 

Portrait  d'une  jeune  femme  coiffée  en  arcelets  avec 
parure  de  bijoux  et  de  perles.  Elle  porte  un  corsage 
bouillonné,  des  carcans  d'orfèvrerie  et  des  pende- 
loques. 

H.  0,36,  L.  0,27. 

Elisabeth  d'Autriche,  fille  de  Maximilien  II  empereur  d'Alle- 
magne, mariée  à  Charles  IX.  Le  portrait  fut  d'abord  exécuté  au 
crayon  sur  nature,  et  ce  crayon  est  à  la  Bibliothèque  nationale.  Il 
appartint  à  Roger  de  Gaignières  et  provient  de  l'ancienne  collec- 
tion du  Musée  du  Louvre.  Cette  pièce  passe  pour  être  le  chef 
d'oeuvre  de  François  Clouet. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.  Musée  du  Louvre. 

199.  FRANÇOIS  CLOUET,  iSjo. 

Portrait  d'une  jeune  dame  coiffée  en  arcelets. 

C'est  le  crayon  sur  nature  qui  a  servi  à  exécuter  le  tableau  du 
Louvre,  le  portrait  d'Elisabeth  d'Autriche,  le  chef  d'oeuvre  reconnu 
de  François  Clouet,  exposé  sous  le  n"  précédent. 
Papier.  Crayons  de  couleurs. 

Département  des  Estampes. 

200.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  i55o. 

Panneau  décoratif. 

H.  0,4g.  L.  0,93. 

Cette  pièce  est  le  modèle  de  la  tapisserie  du  château  d'Anet 
représentant  la  fable  de  Méléagre. 

Papier.  Dessin  lavé  au  bistre.    M.  Jean  Masson,  Amiens. 


N»  195  du  Catalogue 


Saiivanaud,  phot. 


N»  iq8  du  Catalogue. 


A.  Giraudon,  phot. 


XVI*  SIECLE 


201.  JEAN  DE  COURT,   iSjo. 

Portrait  d'une  jeune  fille. 

Ce  délicieux  crayon  représente  Marie  Touchet,  maîtresse  du 
roi  Charles  IX,  par  Jean  De  Court? 

Papier.  Crayon  de  couleur.         Département  des  Estampes. 

202.  ECOLE  DE  FONTAINEBLEAU,  vers  i56o. 

Flore  et  deux  génies. 

H.  0,94,  L.  0,70. 

La  déesse  sous  les  traits  d'une  femme  de  la  cour  des  Valois, 

coiffée  et  ornée  de  fleurs,  est  accroupie  à  terre.  Elle  est  nue,  mais 

sa  coiffure  est  accommodée,  particularité  alors  fort  à  la  mode  chez 

les  peintres.  Les  génies  ailés  rappellent  certains  anges  du  Corrège. 

Bois.  Peinture  à  rhuile. 

M.  LE  Baron  d'Albenas,  à  Montpellier. 

203.  ECOLE  DE  FONTAINEBLEAU,   j56o?  PRIMATICE. 

Vertumne  et  Pomone? 

H.  0,251,  L.  0,300. 

Dessin  attribué  au  Primatice. 
Papier.  Dessin  lavé  au  bistre.        M.  Jean  Masson,  Amiens. 

204.  ECOLE  DE  FONTAINEBLEAU,  vers   \S-jo. 

Diane  et  trois  suivantes  écoutant  la  musette  d'un 
faune.  Dans  le  lointain,  Actéon  sous  les  traits  d'un  cavalier 
du  temps  de  Charles  IX. 

H.  1,37,  L.  1,93. 
C'est    vraisemblablement  une  allégorie    sur    les    amours    de 
Charles  IX  et  de  Marie  Touchet,  et  non  sur  ceux  de  Henri  II  et  de 
Diane  de  Poitiers. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  de  Rouen. 

205.  ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET  i55o. 

Portrait  de  femme  de  3/4  à  gauche  portant  un  chaperon 
ornée  de  perles  et  un  corsage  noir  soutaché  d'argent. 

H.  0,25.  L.  0,20. 
Portrait  présumé  de   Françoise  d'Orléans-Rothelin,  Princesse 
de  Condé,  femme  de  Louis  I,  prince  de  Condé. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.     M.  Stéphane  Dervillé,  Paris. 

6 


82  XVI'   SIÈCLE 

206.  CLOU  ET  (Ecole  de  François),  vers    1569  (ETIENNE    DU- 

MONSTIER?) 

Portrait  d'homme  au  nez  très  aquilin  ;  on  lit  au  bas 
d'une  écriture  très  postérieure  :  Charles  9  roy  de  France 
fait  par  Du  Moutier,  ^5^5- 

H.  0,35.  L.  0,22. 

Ce  dessin  ne  représente  pas  Charles  IX,  mais  peut-être  est-il 
d'Etienne  Dumoustier,  peintre  de  Catherine  de  Médicis. 

Papier.  Crayon.  M.  Walter  Gay,  Paris. 

207.  ÉCOLE  DE  CLOUET. 

Portrait  d'homme  portant  un  chapeau  noir. 

H.  0,28.  L.  0,27. 
Biaise  de  Monluc  ? 

Bois.  M.  Thiébault-Sisson,  Paris. 

208.  ECOLE  DE  CLOUET,  vers  )55o. 

Portrait  d'un  homme  de  30  à  35  ans  portant  une  petite 
toque  à  plumes  et  le  collier  de  l'ordre. 

Ce  portrait  donné  comme  inconnu  au  Musée  du  Louvre  re- 
présente Charles  III,  duc  de  Lorraine,  marié  à  Claude  de  France, 
fille  de  Henri  II  et  de  Catherine  de  Médicis.  Ce  personnage  a  été 
retrouvé  dans  le  Petit  livre  d'heures  de  la  reine  Catherine  de 
Médicis  au  Louvre.  C'est  l'original  d'après  lequel  fut  exécuté  le 
portrait  suivant. 

Papier.  Crayons  de  couleurs.  Musée  du  Louvre. 

209.  ECOLE  DE  CLOUET  i55o. 

Portrait  d'un  homme  de  30  à  35  ans  portant  une  petite 
toque  à  plumes  et  le  collier  de  l'ordre. 

H.  0,31.  L.  o.aa. 

Portrait  de  Charles  III,  duc  de  Lorraine,  exécuté  d'après  le 
crayon  du  Louvre  ci-devant  décrit. 

Bois.  Peinture  à  rhuilc.  M.  Kraemer,  Paris. 


XVI'   SIÈCLE  83 


210.  LEONARD  LIMOSIN,  vers  i55o. 

Portrait  d'homme  portant  une  toque. 

H.  0,35  L.  0,22 
Anne   de  Montmorency,  connétable  de  France.  Crayon  ayant 
servi  à  l'émail  du  Louvre. 

Papier.  Crayon.       Musée  National  Dubouché,  Limoges. 

21 1 .  JEAN  COUSIN,  vers  i55o. 

Portrait  d'une  femme  de  la  bourgeoisie  portant  un 
chaperon  noir  et  tournée  à  droite. 

H.  0,35.  L.  0,275 
L'attribution  de  ce  portrait  et  du  suivant  à  Jean  Cousin  se  jus- 
tifie par  une  tradition  de  famille.  Ils  n'ont  jamais  cessé  d'apparte- 
nir à  la  famille  Bowyer,  depuis  le  milieu  du  xvi'  siècle.  Mais  une 
raison  intrinsèque  vient  en  confirmation.  Le  Cabinet  des  Estampes 
possède  le  cahier  d'apprenti  d'un  élève  de  Jean  Cousin,  qui  copiait 
des  figures  de  ce  genre  dans  l'atelier  de  son  maître  et  donne,  entre 
autres,  le  portrait  de  Madame  Cousin  très  rapproché  de  celui  dont 
nous  nous  occupons.  La  personne  ici  représentée  est  Marie  Cousin 
(fille  du  peintre  Jean  Cousin,  et  de  Christine  Rousseau  sa  seconde 
femme),  mariée,  à  Etienne  Bowyer  en  i')')2,  morte  en  1626  à  90  ans. 
Bois,  peinture  à  Thuile.  M.  Félix  Bouvyer,  Paris. 

212.  JEAN  COUSIN,  vers  i55o. 

Portrait  d'un  ecclésiastique  en  barrette  noire,  tourné 
de  3/4  à  gauche,  et  montrant  les  mains. 

H.  0,33.  L.  0,26 
Ce  portrait  serait  celui  de  Jean  Bouvier  ou  Bowyer,  chanoine 
de  la  cathédrale  de  Sens,  né  en  15 10,  à  Soucy.  Il  avait  été  curé  de 
Soucy.  Il  était  beau  frère  de  Jean  Cousin  qui  avait  épousé  Marie 
Bowyer  sa  sœur. 
Bois.  Peinture  à  Thuile.  M.  Félix  Bouvyer,  Paris. 

21 3.  INCONNU,  vers  1540. 

Triptyque.  Saint  Jérôme  dans  le  désert  et  deux  saints  ; 
saint  Pierre  et  saint  Paul.  Ce  dernier  est  le  portrait  du 
donateur. 

Ouvert.  H.  0,45.  L.  0,74. 
Cette  œuvre  peut  être  attribuée  à  l'un  des  peintres  italo-flamands 


84  XVI*    SIÈCLE 

qui  travaillaient  dans  l'Est  de  la  France  dans  le  xvi'  siècle.    Les 
revers  des  volets  sont  décorés  à  l'orientale. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Queyroi,  à  Moulins. 

214.    INCONNU,  vcrs)55o. 

Portrait  d'homme  imberbe  coiffé  d'une  toque. 

H.  0,24.  L.  0,18. 
Ce  portrait  et  les  deux  suivants  appartiennent  à  l'école  de  l'Est, 
inspirée  d'Holbein. 

Bois.  M.  Fairfax  Murray,  Londres. 

214  bis.    INCONNU,  vers  i55o. 

Portrait  d'un  homme  barbu. 

H.  0,25.  L.  0,17. 
Bois.  M.  Fairfax  Murray,  Londres 

2i5.   INCONNU,  vers  i55o. 

Portrait  d'homme  barbu  tenant  un  paquet  de  papier 
blanc. 

H.  0,26.  L.  0,18. 
Bois.  M.  Kleinberger,  Paris. 

216.    ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  i56o. 

Portrait  d'une  femme  en  veuve  (Catherine  de  Médi- 
cis,  1560). 

H.  0,23.  L.  0,20. 

Ce  panneau  a  un  grand  intérêt  en  ce  qu'il  peut  être  rapproché 
exactement  d'un  crayon  du  Cabinet  des  Estampes  de  la  Biblio- 
thèque Nationale,  et  qu'il  montre  la  façon  d'opérer  des  portrai- 
tistes français  du  xvi*  siècle.  Ceux-ci  exécutaient  un  crayon  sur 
nature,  et  se  servaient  de  ce  dessin  comme  d'un  cliché  pour 
exécuter  des  peintures.  C'est  le  cas  du  portrait  de  la  reine  Elisabeth 
au  Louvre,  dont  le  crayon  est  à  la  Bibliothèque  nationale  égale- 
ment. Un  autre  portrait  semblable  est  au  Musée  de  Cahors. 

Provenance  inconnue. 
Bois.  Peinture  à  V huile.      M.  le  baron  d'Albenas,  Montpellier. 


XVP  SIÈCLE  85 


217.    CLOUET  (Ecole  des)  vers   i56o. 

Portrait   d'une   dame  coiffée    de   noir  avec  cheveux 
moutonnés  aux  tempes. 

H.  0,18.  L.  0,23. 
Mêmes  remarques  qu'au  n"  précédent. 

Bois.  Peinture  à  Vliuile.  M.  Kraemer,  Paris. 


218.    ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  i565. 

Portrait   de    dame  tournée  à   gauche  ;  elle  porte  un 
chaperon  et  les  cheveux  moutonnés. 

H.  0,27.  L.  0,22. 

Une  lettre  ancienne,  mais  fausse,  nomme  ce  portrait  Claude 
Gouffîer,  dame  de  Busançois  ;  c'est  Françoise  de  Longwy-Givry, 
nièce  du  roi  François  I"  par  sa  mère  sœur  bâtarde  du  roi.  Elle 
épousa  à  l'âge  de  17  ans,  en  1527,  Philippe  Chabot, sieur  de  Brion, 
amiral  de  France.  Elle  était  veuve  depuis  vingt-deux  ans  quand 
ce  portrait  fut  exécuté  en  1565,  et  elle  était  remariée  à  Jacques  de 
Perusse  des  Cars,  mais  on  continua  à  l'appeler  l'amirale.  C'était,  au 
dire  de  Brantôme,  l'une  des  plus  belles  femmes  de  la  cour  des 
Valois,  et  le  Musée  Condé  à  Chantilly  possède  plusieurs  crayons 
de  cette  personne  célèbre. 

Le  crayon  a  été  retouché  en  certaines  parties,  mais  le  visage  est 
original. 

Papier.  Crayons  noir  et  couleur. 

M.  Elisée  Dupuis,  architecte  à  Paris. 


219.  ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET,  vers   iS-jo. 

Portrait  d'homme  tête  nue,  le  nez  légèrement  tordu. 

C'est  ici  vraisemblablement  le  crayon   original  qui  a  servi  à 
peindre  le  portrait  du  Musée  de  Versailles  ci-après  décrit. 
Papier.  Crayon  de  couleurs.         Musée  du  Louvre. 

220.  ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET,  vers  iSjo. 

Portrait  d'homme    tête  nue,    portant    un   pourpoint 
jaunâtre. 

Ce  personnage  nous  a  été  révélé  par  un  crayon  de  la  Bibliothè- 
que Nationale  (collection    Clairambault  vol.   1123  fol.  48  recto). 


86  XVI*  SIÈCLE 

C'est  Georges  Babou  de  la  Bourdaisière,  comte  de  Sagonne.  Un 
autre  crayon  du  même  personnage,  conservé  au  Louvre  dans  les 
anonymes,  a  été  rapproché  du  portrait  peint.  Ce  n'est  pas  le  Prince 
de  Condé  comme  on  l'avait  cru. 

Bois.  Peinture  à  Vhuile.      Musée  de  Versailles  n"  3380. 

221.   ECOLE  DE  FRANÇOIS  CLOUET  1572. 

Portrait  de  jeune  homme. 

D.  0,067. 

Ce  portrait  miniature  de  qualité  médiocre  nous  montre  Henri 
de  Navarre,  depuis  Henri  IV,  à  l'époque  de  son  mariage  avec 
Marguerite  de  Valois. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  Musée  d'Aix. 

Z22.  JEAN  COUSIN,  vers  iSjo. 
Arthémise. 

H.  0,46,  L.  0,31. 
Ce  tableau,  d'une  fort  belle  matière  fut  découvert  à 
Sens  par  M.  Poncelet  vers  186^.  Il  subit  alors  le  jugement  d'un 
tribunal  d'art,  composé  de  Galichon,  directeur  de  la  Galette  des 
Beaux-Arts  et  de  ses  collaborateurs.  On  le  déclara  de  Jean 
Cousin,  bien  qu'on  ne  lui  reconnût  pas  «  le  relief  puissant  accusé 
«  par  un  modelé  terme  et  large,  bien  que  fin,  par  l'exécution  qui 
«  distingue  la  Pandore  et  qui  en  fait  une  sœur  jumelle  de  la 
«  Diane  de  Jean  Goujon.  »  En  réalité,  c'est  là  une  très  curieuse  et 
très  intéressante  page,  fortement  imbue  de  décadence  italienne, 
mais  d'une  jolie  et  ferme  tenue.  L'arrangement  de  tête,  bien  que 
fort  impersonnel,  note  une  date  voisine  de  1570;  l'artiste  n'a  pu 
complètement  débarrasser  la  veuve  de  Mausole  des  arcelets  chers 
aux  dames  de  son  temps  à  lui.  On  a  trouvé  dans  V Arthémise  une 
parenté  avec  la  Diane  de  Jean  Goujon  ;  c'est  le  mot  juste.  La 
grâce  mièvre,  la  beauté  fade  remplacent  ici  les  accents  souvent  si 
énergiques  d'un  François  Clouet  ou  d'un  Corneille  de  Lyon.  Nous 
avons  tenu  à  montrer  cette  œuvre  charmante  à  cause  de  sa  célé- 
brité, et  de  tout  ce  qui  la  rattache  à  la  Pandore. 

Bois.  Peinture  à  V huile.  M.  Rumeau,  Paris. 

223.  ECOLE  DE  JEAN  COUSIN,  vers  iSyo. 

Portrait  de  femme  sous  la  figure  de  la  Paix. 

H.  1,05,  L.  075 
Une  dame  de  la  cour  des  Valois  a  été  peinte  sous  les  traits 
de    la    Paix    tenant    une    colombe    et    un    rameau   d'olivier  au 


XVP   SIÈCLE  87 


milieu  d'un  paysage  dans  le  goût  des  œuvres  attribuées  à  Jean 
Cousin.  En  arrière  d'elle,  des  fabriques  ruinées  et  des  montagnes, 
rappelant  les  Alpes  à  Sisteron,  Elle  est  coiffée  à  la  mode  des  fem- 
mes de  1570,  ses  cheveux  sont  relevés  en  arcelets  et  elle  porte 
une  toque  de  velours  décorée  d'un  chaînon  d'or.  A  part  un  collier, 
et  deux  bracelets,  elle  est  entièrement  nue. 

Marguerite,  duchesse  de  Berry,  sœur  de  Henri  II,  depuis  duchesse 
de  Savoie,  fut  représentée  ainsi,  mais  les  traits  de  la  personne 
rappellent  plutôt  ceux  d'Anne  d'Esté,  duchesse  de  Guise,  que 
ceux  de  Diane  de  Poitiers  qui  était  morte  à  cette  époque  depuis 
près  de  dix  ans.  L'œuvre  était  autrefois  attribuée  à  Jean  Matsys; 
elle  est  à  rapprocher  de  VEva  Prima  Pandora  comme  style  général 
et  comme  intentions. 

Bois.  Peinture  à  Thuile.  Musée  d'Aix. 

224.  JEAN  COUSIN,  vers  iSyo. 

Descente  de  Croix. 

H.  0,650,  L.  0.855 
Le  corps  du  Christ,  qui  vient  d'être  détaché  de  la  Croix,  est 
soutenu  par  un  homme  monté  sur  une  échelle  à  gauche.  Un  autre 
homme,  à  droite,  retient  les  pans  d'un  linceul  qui  est  passé  sous 
les  bras  du  Christ.  Un  troisième  arrache  les  clous  qui  retenaient  les 
pieds  du  Sauveur.  La  Vierge,  saint  Jean  et  deux  des  saintes  femmes 
sont  au  pied  de  la  Croix.  Dans  le  fond,  paysage  avec  ruines 
romaines  et  rochers. 

Ambroise  Firmin-Didot,dans  son  étude  sur  Jean  Cousin,  donne 
sur  ce  tableau  l'appréciation  suivante  :  «  M.  Lèche vallier-Chevi- 
gnard,  peintre  distingué,  qui  s'est  livré  à  une  étude  particulière  des 
œuvres  de  l'époque  de  la  Renaissance  et  particulièrement  de  Jean 
Cousin,  possède  un  tableau  représentant  une  Descente  de  Croix^ 
qui  a  tous  les  caractères  de  la  peinture  de  Jean  Cousin  et  où  la 
tradition  de  l'ancienne  école  française  est  influencée  quelque  peu 
par  l'art  italien.  Plusieurs  types  de  têtes,  ainsi  que  les  ajustements 
et  les  draperies,  dont  les  plis  sont  heurtés,  ont  une  grande  res- 
semblance avec  ce  que  nous  savons  être  de  Jean  Cousin.  Je  crois 
qu'on  peut,  sans  hésiter,  l'attribuer  à  ce  maître  ;  quelques  têtes  de 
femmes  sont  peintes  avec  soin  et  ont  le  caractère  qu'on  lui  recon- 
naît dans  ses  compositions.  » 

Bois.  -  .  M.  Rapilly,  Paris. 

225.  ECOLE  FRANÇAISE,  vers  iSjo. 

Une  dame  nue,  coiffée  d'une  couronne,  portant  un  col- 
lier et  un  bracelet  au  milieu  du  bras  droit.  A  côté  d'elle 


88  XVI'    SIÈCLE 

un  escabeau  chargé  d'objets  pour  la  toilette.  A  ses  pieds 
un  chien  épagneul.  Dans  le  fond,  une  dame  à  cheval 
accompagnée  d'un  cavalier  à  pied, 

H.  0,51.  L.  0,38 
Ce  tableau  de  l'École  de  Fontainebleau  est  d'un  ton  qui  rappelle 
VArth émise  de  Jean  Cousin  (n"  222). 
Bois.  Peinture  a  Vhtiile. 

M.  Henry  Havard,  inspecteur  des  Beaux-Arts,  Paris. 

226.  FRANÇOIS  QUESNEL,  vers   i58o. 

Portrait  d'une  dame  au  bain. 

H.  0,90,  L.  0,80 

Dans  une  salle  splendidement  décorée,  une  baignoire  a  été  ap- 
portée. Une  dame  y  est  assise,  et  s'est  fait  servir  une  collation.  A 
côté  d'elle  deux  enfants,  dont  l'un  tente  de  prendre  un  fruit  et  dont 
l'autre  tette  sa  nourrice.  Dans  le  fond,  une  grande  cheminée,  au 
feu  de  laquelle  une  chambrière  fait  chauffer  l'eau  du  bain.  Ce  por- 
trait a  été  plusieurs  fois  reproduit,  et  presque  toujours,  comme  ici, 
la  tête  a  été  rajeunie  postérieurement  ;  Versailles  et  Chantilly  pos- 
sèdent des  répliques.  Ici  tous  les  accessoires,  sauf  le  visage  de  la 
dame,  sont  une  œuvre  originale;  le  visage  de  Gabrielle  d'Estrées  a 
été  substitué  à  celui  d'une  précédente  dame.  On  croit  y  voir  un 
des  portraits  idéalisés  de  Diane  de  Poitiers  ;  mais  il  y  a  plus  de  vrai- 
semblance que  le  visage  est  celui  de  la  célèbre  Gabrielle  d'Estrées, 
maîtresse  du  roi  Henri,  adapté  au  tableau  auparavant  représentant 
Diane.  On  lit  sur  la  baignoire  Janetii  opus,  ce  qui  paraît  hasardé. 

Bois.  Peinture  à  lliuile       Sir  Frederick  Cook,  Richemont. 

227.  FRANÇOIS  QUESNEL,  vers  iSpo. 

Portrait  d'une  jeune  femme. 

C'est   Gabrielle  d'Estrées    au    commencement   du    règne   de 
Henri  IV. 
Papier.  Crayons  de  couleur.         Département  des  Estampes. 

228.  FRANÇOIS  QUESNEL. 

Portrait  d'homme,  de  trois  quart  à  gauche,  tête  nue. 
Il  porte  un  justaucorps  sombre  et  un  col  blanc. 

H.  0,35.  L.  0,33. 
Portrait  présumé  de  Nompar  de  Caumont,  duc  de  La  Force. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M.  Antonin  Proust,  Paris. 


XYI'   SIÈCLE  89 


229.  INCONNU. 

Portrait  d'une  princesse  tournée  à  gauche,  en  costume 
de  cour.  On  lit  en  haut  :  La  royne  dauphine. 

Cette  petite  pièce  est  dans  un  encadrement  très  intéressant. 
L'œuvre  en  elle-même  paraît  être  une  des  copies  faites  pour  les 
amis.  C'est  Marie  Stuart,  nommée  la  Reine  Dauphine^  à  la  mort  de 
Henri  II.  Décrite  par  M.  Lionel  Cust  dans  son  livre  sur  Marie 
Stuart. 

Provient  de  la  collection  Magniac. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile. 

Sa  Grâce  le  duc  de  Westminster,  Londres. 

230.  PIERRE  GOURDELLE,  vers  i58o. 

Portrait  d'un  jeune  homme  portant  une  toque  noire 
rabattue  sur  l'œil  droit  qui  est  crevé,  une  collerette  em- 
pesée et  un  pourpoint  vert. 

H.  0,40,  L,  0.30 
Ce  portrait  est  celui  de  Louis  de  Maugiron,  mignon  de  Henri  III 
qui  avait  eu  l'oeil  crevé  en  duel  en  i^jyy.   Un  crayon  de  la  Biblio- 
thèque nationale  a  servi  à  exécuter  la  peinture. 
Bois.  Peinture  a  Vhuile. 

M.  Henri  Lavedan  de  V Académie  française^  Paris. 

23i.    FRANÇOIS  QUESNEL?  vers  i585. 

Portrait  d'une  jeune  femme  portant  les  cheveux  rele- 
vés, une  haute  collerette  en  éventail  et  un  corsage 
pincé. 

H.  0,35.  L.  0,20. 
Ce  portrait  est  à  rapprocher  de  certains  crayons  du  Dépar- 
tement des  Estampes  de  la  Bibliothèque  nationale,  ayant  appar- 
tenu à  M.  de  Villeflix,  puis  à  Gaignières.  C'est  d'un  art  souple  et 
léger  tout  à  fait  gracieux.  Les  œuvres  peintes  de  cet  artiste  soit 
fort  rares  aujourd'hui;  celle-ci  est  l'une  des  plus  remarquables. 
Bois.  Peinture  à  Vhuile.  M°«  Edouard  André,  Paris. 

232.   ETIENNE  DUMONSTIER?  iSpo. 

Portrait  d'un  gentilhomme  en  pied. 

H.  0,21.  L.  0.15. 
Charles  de  Balzac  d'Entragues,dit  Entraguet,  mignon  de  Henri  III 
Vélin.  Miniature.  Musée  du  Louvre. 


90  XVI'   SIECLE 


233.  ETIENNE  DUMONSTIER,   iSpo. 

Portrait  d'un  gentilhomme  en  pied. 

H.  0,21.  L.  o  15. 
Estuer  de  Caussade  de  St-Mégrin,  mignon  de  Henri  III. 

Vélin.  Miniature  Musée  du  Louvre 

234.  FRANÇOIS  QUESNEL?  vers   1590. 

Portrait  d'homme  de  cinquante  à  soixante  ans,  por- 
tant le  collier  du  saint  Esprit. 

H.  0,32,  L.  0,32 
Personnage  inconnu  qui  doit  être  un  ecclésiastique  dignitaire 
de  l'ordre  du  saint  Esprit. 

Papier.  Crayons  de  couleur. 

M.  George  de  Monbrison,  château  de  sai  t  Roch. 

235.  FRANÇOIS  QUESNEL  (École  de),  vers  1590. 

Portrait  de  dame  en  grand  costume. 

H.  0,51.  L.  0,45. 
Bois.  M.  Deligand,  Paris. 

236.  ANTOINE  DE  RECOUVRANCE  1604. 

Prédication  de  Saint-Paul  à  Ephèse,  au  milieu  d'un 
auditoire  de  la  fm  du  xvi*  siècle. 

H.  1,30.  L.  0,80. 

On  lit  sur  cette  composition  touffue,  au  bas  du  socle  surlequel 
est  placé  Saint-Paul,  AntJioinc  de Recouvrance pictor  régis  me  fecit 
et  donavit  1604.  Ce  tableau,  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  ceux 
du  Puy  d'Amiens,  nous  donne  le  nom  d'un  peintre  médiocre  tra- 
vaillant à  la  cour  d'Henri  IV.  Lui-même  s'est  montré  à  gauche 
tenant  une  plume  et  écrivant.  Tous  les  personnages  sont  des 
portraits. 

Bois.  Peinture  à  l'huile.  M.  Scordel,  Chaumont. 


EMAUX 


EMAUX 


237.  JEAN  FOUQUET,  peintre  du  roi  Louis  XI,  y  1480. 

Portrait  de  Jean  Fouquet,  vers  1450. 

Diamètre  :  0,068. 
Plaque  circulaire  en  camaïeu  d'or  sur  fond  noir. 

Musée  du  Louvre. 

238.  ÉCOLE  DE  MONVAERNI. 

La  mise  au  tombeau. 

H.  0,19  L.  0,3a. 
Plaque  rectangulaire. 

Musée  National  Dubouché,  Limoges. 

239.  ÉCOLE  DE  MONVAERNI. 

Pieta.  La  Vierge  de  douleur  accompagnée    de   deux 
donateurs. 


Plaque  rectangulaire. 

240.   ECOLE  DE  MONVAERNI. 

Le  Mariage  de  la  Vierge. 

Plaque  rectangulaire. 


H.  0,24.  L.  0,13. 
Musée  de  Cluny. 

H.  0.245.  L.  0,200. 
Musée  du  Louvre. 


241.  ECOLE  DE  MONVAERNI. 

L'Entrée  du  Christ  à  Jérusalem. 

H.  0,34.  L.  0,29. 
Plaque  rectangulaire. 

M.  SiGiSMOND  Bardac,  Parts. 

242.  ÉCOLE  DE  MONVAERNI,  fin  du  XV'  siècle. 

H.  0,10.  L.  0,10. 

Le  Martyre  de  saint  Etienne. 
Plaque  rectangulaire. 

M.  Piet-Lataudrie,  Paris. 


94  XVI«   SIÈCLE 

243.   LÉONARD  LIMOSIN,  vers  1477. 

EUonore  d'Autriche,  f  1558,  sœur  de  Charles-Quint, 
femme  en  premières  noces  d'Emmanuel,  roi  de  Portugal, 
et  en  secondes  de  François  I",  roi  de  France. 

H.  0,36.  L.  0,24. 
Plaque  rectangulaire.  Signée  L.  L.  et  datée  de  1536. 

Cf.  H.  Bouchot.  Les  portraits  aux  crayons  du  XVP  et  XVII* 
siècles,  1884,  p.  172  et  321. 

Musée  de  Cluny. 

244-245.   LEONARD  LIMOSIN. 

Jean-Philippe  Rhingrave,  comte  palatin  du  Rhin, 
colonel  des  Reitres  au  service  de  Henri  IL 

H.  0,165.  L.  0,145. 

Jeanne  de  Genouillac,  y  1 567 ,  fille  de  Galiot  de  Genouil- 
lac,  seigneur  d'Assier,  femme  en  secondes  noces  de  Jean- 
Philippe  Rhingrave. 

Deux  plaques  rectangulaires. 

M°"  Edouard  André,  Paris. 

246.  LEONARD  LIMOSIN. 

Anne  de  Montmorency,  Connétable  de  France,  -]- 1567. 

H.  0.72.  L.  0.56. 

Plaque  ovale  dans  un  encadrement  formé  de  huit  plaques 
émaillées.  Signée  L.  L.  et  datée  de  1556. 

Cf.  le  portrait  aux  crayons  d'Anne  de  Montmorency  que  pos- 
sède le  Musée  National  A.  Dubouché,  à  Limoges,  et  qui  figure  à 
l'Exposition  des  Primitifs  français. 

Cf.  H.  Bouchot.  Les  portraits  aux  crayons  des  xvi*  et  xvii*  siècles, 
p.  319-321. 

L.  Bourdery  et  E.  Lachenaud,  Léonard  Limosin,  peintre  de 
Portraits,  1897,  n"  117. 

Musée  du  Louvrb. 

247.  LÉONARD  LIMOSIN. 

Anne  de  Montmorency,  Connétable  de  France,  -|- 1567. 

H.  0,31  L.  0,97. 
Plaque  rectangulaire. 

M""  la  Baronne  Adolphe  de  Rothschild,  Paris, 


XVP  SIÈCLE  95 


248.   LEONARD  LIMOSIN. 

François  de  Lorraine^  duc  de  Guise,  -p  1563. 

H.  0,463.  L.  0,312 
Plaque  ovale,  signe'e  L.  L.  et  datée  de  1557. 

Musée  du  Louvre. 

249-250.   LEONARD  LIMOSIN. 

Claude   de    Lorraine,    duc   de    Guise    et    d'Aumale, 
Marquis   de  Mayenne   et  d'Elbeuf,  baron  de  Joinville, 

t  1550- 

Antoinette  de  Bourbon,  femme  de  Claude  de  Lor- 
raine, y  1583,  fondatrice,  en  1567,  de  l'Hôpital  de  Joinville 
(H"-Marne). 

H.  0,185.  L.  0,136 
Deux    plaques  rectangulaires,    signées  L.    L.,   provenant    de 
l'Hôpital  de  Joinville. 

Cf.  H.  Bouchot.  Les  Portraits  aux  crayons  des  xvi'  et  xvii* 
siècles  conservés  à  la  Bibl.  Nat.   1884,  p.  321. 

L.  Bourdery  et  E.  Lachenaud,  Léonard  Limosin,  peintre  de 
Portraits,  1897,  ^°'  l^'l^- 

Musée  de  Cluny. 

25i.   LEONARD  LIMOSIN. 

François  LL,  roi  de  France,  y  1560. 

H.  0.447.  L.  0,316. 
Plaque  ovale. 

Musée  du  Louvre. 

252.  LÉONARD  LIMOSIN. 

Anne  d'Esté  et  de  Ferrare,  duchesse  de  Guise  et  de 
Nemours. 

H,  0,19.  L.  0,13. 
Plaque  rectangulaire. 

M.  LE  B"  Alphonse  de  Rothschild,  Paris. 

253.  LEONARD  LIMOSIN. 

Catherine  de  Médicis,  reine  de  France,  -J- 1589. 

H.  0,46.  L.  0,32. 

Plaque  ovale  dans  un  encadrement  formé  de  huit  plaques 
émaillées.  Signée  L.  L.  et  datée  de  1568. 

Cf.  H.  Bouchot.  Les  portraits  aux  crayons  des  xvi*  et  xvii»  siè- 
cles, 1884,  p.  321. 


96  XVI«   SIÈCLE 


L,  Bourdery  et  E.   Lachenaud,  Léonard  Ltmosin,  peintre    de 
Portraits^  1897,  n"  14. 

M.  le  Baron  Edmond  de  Rothschild,  Paris. 

7.S4.   LEONARD  LIMOSIN. 

Louis  de  Gon^ague,  duc  de  Nevers,  1595. 

H.  0,70.  L.  0,58. 

Plaque  ovale  dans  un  encadrement  moderne  formé  de  huit  pla- 
ques émaillées. 

Cf.  H.  Bouchot.  Les  portraits  aux  crayons  des  xvi*  etxvii*  siècles^ 
1884,  p.  321. 

L.  Bourdery  et  E.  Lachenaud,  Léonard  Ltmosin,  petntre    de 
Portraits,  1897,  n"  121. 

M.  Maurice  Kann,  Paris. 

2  55.   LEONARD  LIMOSIN. 

Françoise   d'Orléans,  ■]•  160J,  femme  de  Louis  I"  de 
Bourbon,  prince  de  Condé. 


Plaque  rectangulaire. 

256.  LEONARD  LIMOSIN. 

Portrait  d'homme. 

Plaque  rectangulaire. 

257.  LEONARD  LIMOSIN. 

Portrait  d'homme. 


H.  0.345.  L.  0,347. 
Musée  du  Louvre. 

H.  0,19.  L.  0,16. 
M.  SiGiSMOND  Bardac,  Parts, 


Plaque  rectangulaire. 


H.  0,19.  L.  0,16. 
M.  SiGisMOND  Bardac,  Paris. 
258.   MARTIN  DIDIER  PAPE  (attribuée  à).  Fin  du  XVI'  Siècle. 
Catherine  de  Médicis,  reine  de  France,  -J-  1589. 

H.  0,40.  L.  0,4$. 

Plaque  rectangulaire  formant  la  partie  centrale  d'un  triptyque 
dont  les  volets  sont  décorés  de  plaques  figurant  diverses  scènes  de 
la  vie  et  de  la  Passion  du  Christ. 

Musée  de  Cluny. 


TAPISSERIES 


TAPISSERIES 


259.   LA  TENTURE  DE  L'APOCALYPSE. 

Atelier  parisien  de  Nicolas  Bataille  1375- 1380. 

Laine. 

La  tenture  de  l'Apocalypse  se  composait  à  Torigine  de  cinq 
tapisseries  ou  draps,  comprenant  90  sujets.  Il  en  existe  encore 
69  entiers  ;  on  a  des  fragments  de  neuf  autres  ;  douze  sont  com- 
plètement détruits.  Il  ne  serait  pas  impossible  de  les  restituer,  les 
dessins  ou  patrons  exécutés  par  Jehan  de  Bandol  (Henne- 
quin  de  Bruges),  peintre  de  Charles  V,  reproduisant  fidèlement 
les  miniatures  d'un  manuscrit  conser\'^é  à  la  Bibliothèque  de 
Cambrai.  Le  peintre  reçut  50  livres  pour  son  travail,  et  le  tapissier 
parisien  Nicolas  Bataille,  chargé  de  l'exécution  des  tapisseries, 
obtint  pour  chaque  pièce,  mesurant  24  mètres  de  cours  sur  5  mètres 
60  c.  de  hauteur,  la  somme  de  1000  livres. 

La  tenture  avait  été  commandée  par  Louis  I"  duc  d'Anjou,  pour 
décorer  la  chapelle  du  «  chastel  d'Angiers  »  où  était  exposée  la 
croix  à  double  traverse,  formée  du  bois  de  la  Vraie  Croix,  provenant 
de  l'abbaye  de  la  Boissière.  C'est  en  honneur  de  cette  relique  que 
fut  établi  l'ordre  de  la  Croix  et  cette  croix  à  doubles  bras  porta 
d'abord  le  nom  de  croix  d'Anjou  avant  de  devenir,  après  1480,  la 
croix  de  Lorraine. 

Chaque  pièce  se  compose  de  deux  séries  de  sujets  superposés, 
à  fonds  alternativement  rouges  et  bleus,  disposés  de  manière  qu'un 
fond  rouge  est  placé  au-dessus  d'un  fond  bleu.  A  partir  du  42'  sujet, 
le  fond  est  semé  de  rinceaux  ou  de  fleurettes.  Ce  n°  42  porte 
des  initiales  L.M.  (Louis  d'Anjou  et  Marie  de  Bretagne,  sa  femme); 
leurs  blasons  sont  tracés  sur  les  ailes  des  papillons  volant  autour 
des  grands  prophètes  placés  au  début  de  chaque  pièce.  Des 
inscriptions  en  caractères  gothiques  qui  expliquaient  chaque  scène 
ont  disparu  au  xvm*  siècle.  Il  ne  serait  pas  impossible  de  les  réta- 
blir. 

Mise  en  vente  par  le  Domaine  après  1843,  ^^  tenture,  alors  en 
fort  mauvais  état,  fut  achetée  par  Mgr  Angebault,  évèque  d'Angers, 
au  prix  de  300  francs,  et  offerte  par  lui  à  la  fabrique  ;  ainsi  a  été 
conservé  un  des  plus  anciens  et  des  plus  précieux  monuments  de 


loo  XV"   SIECLE 


l'art  français  et  de  l'industrie  parisienne.  L'abbé  Joubert  en  entre- 
prit la  restauration  etiy  consacra  des  sommes  élevées. 

M.  L.  de  Farcy,  d'Angers,  a  publié  plusieurs  études  approfon- 
dies sur  cette  oeuvre  capitale.  Les  scènes  exposées  représentent  : 

N"  6  de  la  'i"  tapiisserie  :  Saint  Jean  considère  les  vingt-quatre 
vieillards  enlevant  leurs  couronnes  et  se  prosternant  devant 
Jésus-Christ  (fond  rouge). 

N"  7.  Les  vieillards  chantent  un  cantique  en  l'honneur  de 
l'Agneau  immolé,  sanglant,  et  tenant  l'étendard  de  la  Résurrection 
(fond  bleu). 

N°  80  (cinquième  pièce).  Saint  Jean  contemple  les  juges  assis 
sur  des  trônes  (fond  bleu). 

N"  81.  Le  dragon  à  sept  têtes  sort  de  l'enfer,  suivi  de  guerriers, 
et  marche  contre  la  Cité  défendue  par  les  soldats  fidèles.  Le  feu 
tombe  du  ciel  pour  le  dévorer  (fond  rouge). 

Appartient  à  la  Cathédrale  d^ Angers. 

260.  SEIGNEURS  ET  DAMES.   Deux  tentures. 

Atelier  français  du  milieu  du  xv"  siècle. 

H.  2,85.  L.  3.40.  H.  3,70.  L.  2,85. 

Laine^  soie  et  métal. 

Jeunes  seigneurs  et  dames  en  riches  costumes  se  détachant  sur 
un  fond  à  larges  raies  blanches,  rouges  et  vertes,  parsemé  de  fleurs, 
de  branches  et  d'animaux. 

Appartiennent  à  M.  L.  Bardac. 

261.  COMBAT  D'ALEXANDRE  ET  DE  NICOLAS 

—  MORT  DE  NICOLAS. 

Atelier  français  du  xV  siècle. 

H.  3,87,  L.  4,85. 

Laine  et  soie. 
Fragment  important  d'une  tapisserie  qui  avait  de   plus  vastes 
dimensions  ;  il  présente  divers  épisodes  d'un  combat  acharné   au 
cours  duquel  Nicolas  succombe  sous  les  coups   d'Alexandre  ;  on 
lui  coupe  la  tête.  Au  bas,  une  légende  latine  explique  les  sujets. 

Il  est  probable  que  ces  épisodes  sont  tirés  d'un  roman 
d'Alexandre  du  xv*  siècle. 

Appartient  à  M.  Aynard. 

262.  BERGER  ET  BERGÈRE. 

Atelier  français,  fin  du  xv*  siècle. 

H.  a, 10.  L.  3,15. 

Laine  et  soie. 

Un  homme  et  une  femme  en  habits  champêtres  gardent  des 
brebis  ;    prairie  émaillée  de   fleurs  diverses  ;    oiseaux.    Ecusson 


XV«  SIECLE  loi 


écartelé  d'or  et  d'azur  en  haut,   au   milieu.   A  droite  se  lit   cette 
inscription  tronquée  : 

Le  peschier  mep esche 

Car  tant  plus  y  pcsche 

Et  moins  y  proiifite. 
Pièce  incomplète,  sans  bordure. 

Appartient  au  Musée  des  Gobelins. 

263.  PORTRAIT  DE  CHARLES  YIU. 

Atelier  français  fin  du  xv'  siècle. 

H.  3.00.  L.  2.00. 
Laine  et  soie. 

Le  Roi  Charles  VIII,  monté  sur  un  cheval  blanc  et  tenant  son 
épée,  se  détache  sur  un  fond  semé  de  fleurettes.  Dans  la  bordure 
des  petits  Amours  tiennent  des  banderoles  sur  lesquelles  se  lit  la 
devise  :  Lnqiiire  pacem. 

Une  inscription  placée  à  droite  porte  cette  légende  :  Carolus, 
invicti  Ludo'cicis  fiîius,  PartJienopein  domui,  saliens  siciit  Hanihal 
Alpes. 

Tout  le  bas  de  la  tapisserie  a  été  refait  et  la  Salamandre 
ajoutée. 

Appartient  à  M.  le  baron  de  Schickler. 

264.  LE  MIRACLE  DU  LANDIT. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  1,81.  L.  1,24. 

L'évêquede  Paris,  l'abbé  de  Saint-Denis  et  leurs  assistants  sont 
réunis  ;  un  des  prêtres  tient  l'hostie  au-dessus  d'un  corporalier. 
Le  larron  cache  le  ciboire  en  terre. 

Dans  le  fond,  l'abbaye  Saint-Denis  et  un  monument  rappelant 
le  Palais  de  justice  de  Paris. 

Légende  au  bas  du  sujet  : 

A  Sainct  Gervays  ting  larron  print  Vhostie  que  au  lendic  mist 
ou  s'en  alla  Feveque  de  Paris  Vahbé  Sainct  Denys  avecque^  mais  au 
curé  deudict  lieu  est  sortie. 

Faisait  partie  d'une  suite  de  onze  pièces  sur  les  miracles  de 
l'Eucharistie  provenant  de  l'abbaye  de  Ronceray  d'Angers  et  ven- 
due au  château  du  Plessis-Macé  en  1888  (voir  le  catalogue). 

Appartient  au  Musée  des  Gobelins. 

(Une  partie  des  tapisseries  de  cette  suite  se  trouve  au  château  de 
Langeais). 


102  .     XVI-   SIÈCLE 

265.  L'IDOLE. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  i,8i.  L.  i,io 
Laine  et  soie, 

L'Idole  est  précipitée  d'un  autel  surmonté  d'un  dais.  Saint 
Antoine  de  Padoue  nimbé  tient  le  ciboire  ;  un  clerc  porte  une  tor- 
che ;  autres  personnages. 

Légende  au  bas  :  Ungydolatre  qui  la  fov  regnia  avait  ungfll:^ 
sainct  Anthoine  Cor  délier  Devant  Vydole  hostie  sacrée  porta  Sou- 
dainement on  la  vit  trébucher. 

Même  origine  que  le  Miracle  du  Lendit. 

Appartient  au  Musée  des  Gobelins. 

266.  HERCULE  ENTRE  LE  VICE  ET  LA  VERTU. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvi'  siècle. 

H.  3,20.  L.  3,$o. 
Laine  et  soie. 

Sur  un  fond  rouge,  semé  de  fleurs  diverses,  un  terrain  verdoyant 
planté  d'arbres  porte  trois  personnages  :  un  homme  entre  deux 
femmes.  Celle  de  droite  qui  personnifie  sans  doute  le  Vice  plus 
richement  habillée  que  l'autre,  tient  une  baguette  à  la  main.  Elle 
est  séparée  de  l'homme  placé  au  milieu  du  sujet  par  un  singe  assis 
à  terre  qui  se  gratte. 

Appartient  à  M.  Martin  Le  Roy. 

267.  ANGES     PORTANT     LES     INSTRUMENTS     DE    LA 

PASSION. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  1,80.  L.  7,00. 
Laine  et  soie. 

La  tenture  complète  compte  trois  tapisseries  et  sept  tableaux. 
Elle  figure  toute  entière  ici.  Elle  vient  de  l'église  Sainte  Croix  du 
Verger,  consacrée  en  1494,  et  porte  les  armes  de  Pierre  de  Rohan, 
Seigneur  de  Gié  et  du  Verger  et  père  de  François  de  Rohan,  évê- 
que  d'Angers.  Elle  a  dû  être  exécutée  de  15 13  à  1320. 

Sur  un  fond  vert  foncé,  semé  de  fleurettes,  d'oiseaux,  d'animaux 
variés,  des  Anges  vêtus  de  chapes  ou  de  dalmatiques  d'une  grande 
richesse,  tiennent  en  main  les  instruments  de  la  Passion  et  suppor- 
tent de  larges  écriteaux  contenant  des  huitains  en  lettres  gothiques 
et  en  français  se  rapportant  au  sujet  du  panneau. 

Appartient  à  la  Cathédrale  d'Angers. 


XV!-^   SIÈCLE  103 


268.  PIERRE  DE  ROHAN  ET  L'ORGUE. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvi*  siècle. 

H.  2,10.  L.  2,70. 
Laine  et  soie. 

Une  femme  très  richement  vêtue  est  assise  devant  un  orgue 
portatif  à  quarante  tuyaux.  Elle  semble  accompagner  un  seigneur 
debout  à  côté  d'elle  qui  chante  en  suivant  les  notes  inscrites  sur 
un  papier.  Un  page  fait  mouvoir  le  soufflet  de  l'orgue.  Deux  au- 
tres jouent  avec  un  chien  et  un  chat.  Le  fond  est  semé  de  fleurettes. 
La  lettre  P  inscrite  sur  l'escarcelle  du  Seigneur  fait  supposer  qu'on 
a  ici  le  portrait  de  Pierre  de  Rohan  et  de  Marguerite  d'Armagnac, 
sa  deuxième  femme.  Il  e'tait,  on  le  sait  par  le  recueil  de  Gaignières, 
grand  amateur  de  tapisseries.  Le  Musée  des  Gobelins  possède  une 
pièce  identique,  acquise,  il  y  a  une  quinzaine  d'années  en  Alsace 
et  qui  a  pu  être  emportée  du  Verger,  résidence  des  Rohan,  au 
château  de  Saverne  habité  par  les  quatre  membres  de  la  famille  de 
Rohan  qui  se  sont  succédés  sur  le  Siège  épiscopal  de  Strasbourg  de 
1704  à  1790. 

Appartient  à  la  Cathédrale  d'Angers. 

269.  LE  CONCERT. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  2,90.  L.  3.70. 
Laine  et  soie. 

Des  personnages,  hommes  et  femmes,  jouant  de  l'orgue  et  de 
divers  instruments  de  musique.  Des  enfants  dans  les  angles  tien- 
nent des  jouets.  Fond  vert  semé  de  fleurettes.  Sur  l'aumonière  du 
principal  personnage  on  lit  un  A  (Armagnac).  La  seconde  femme 
de  Pierre  de  Rohan  appartenait  à  la  maison  d'Armagnac. 

Cette  pièce  paraît  sortir  des  mêmes  ateliers  que  la  précédente. 
Appartient  au  Musée  des  Gobelins. 

270.  UNE  AMAZONE  (Penthesiléc?) 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  2,20.  L.  1,30. 

Sur  un  fond  vert  foncé,  semé  d'ancolies,  de  pâquerettes  et  autres 
fleurs,  une  jeune  femme  est  debout  portant  casque  et  armure  avec 
une  large  ceinture.  L'inscription  inscrite  au  bas  :  Ati  grand  Siège 
de  Troie  Diomedes  requit.  —  A  terre  rabati^  tant  qu'il  en  est  mé- 
moire. Avec  mon  armée  tant  d'honneur  en  acquit.  —  Que  entre  les 
princes  suis  en  bruyfiiriomfatoire,  —  semblerait  indiquer  que  cette 
guerrière  représente  Penthésilée,la  reine  des  Amazones  qui  prit  part 
au  siège  de  Troie  et  que  nous  voyons  représentée  sur  les  dessins 


104  XVP   SIÈCLE 


du  XV'  siècle,  relatifs  à  la  guerre  de  Troie,  qui  appartiennent  au 
Musée  du  Louvre  et  sont  exposés  ici.  A  gauche,  un  écusson  in- 
complet représente  trois  têtes  superposées  ;  peut-être  est-ce  le 
blason  de  la  Preuse  que  l'on  voit  ici. 

Appartient  à  la  Cathédrale  d'Angers. 

271.  LA  RESURRECTION  DU  CHRIST. 

Atelier  français  ;  commencement  du  xvi"  siècle. 

H.  3,67.  L.  5,83. 
Laine^  soie  et  métal. 

"Ltl  scène  principale  représentant  le  Christ  sortant  du  tombeau 
et  entouré  des  soldats  romains  renversés  à  terre,  est  accompagnée 
de  deux  autres  épisodes  empruntés  au  Nouveau  Testament  :  l'appa- 
rition du  Christ  à  Saint  Pierre,  à  gauche,  et  à  la  Madeleine,  à 
droite. 

Cette  tapisserie  fait  partie  d'une  tenture  en  quatorze  pièces, 
trois  grandes  pour  les  portes  du  chœur  et  onze  moins  hautes  pour 
les  dossiers  des  stalles,  données  en  15 18  par  l'abbé  Jacques  de  Saint 
Nectaire  ou  Sennectère,  38*^  et  dernier  abbé  régulier  de  la  Chaise- 
Dieu,  pour  décorer  le  chœur  de  l'église.  Chaque  pièce  porte  les 
armes  de  l'abbé  ;  d'argent  à  trois  fuseaux  d'azur,  surmontées  de  la 
mitre  et  de  la  crosse  abbatiale. 

Appartient  à  V église  delà  Chaise-Dieu  (récemment  réparée  aux 
Gobelins). 

272.  HISTOIRE  DE  SAINT-SATURNIN. 

Atelier  français,  1527. 

H.  2,60.  L.  des  trois  panneaux  9,67. 

Laine  et  soie. 

Cette  tenture,  composée  à  l'origine  de  sept  ou  huit  tableaux,  a 
été  exécutée  probablement  dans  les  ateliers  des  bords  de  la  Loire 
sur  les  dessins  du  florentin  André  PoUastron.  Elle  avait  été  donnée 
à  l'église  de  Saint  Saturnin  à  Tours  par  Jacques  de  Beaune,  baron 
de  Semblançay,  représenté  avec  sa  femme  Jeanne  Ruzé  sur  le 
5*  tableau. 

Elle  porte  au  même  panneau  la  date  1527.  Chaque  scène  est 
accompagnée  d'une  légende  explicative  en  français. 

Les  trois  panneaux  représentent  : 

Le  premier  :  Jésus-Christ  choisit  Saint  Saturnin.  —  Crucifie- 
ment du  Christ  -  Résurrection  —  Ascension —  Descente  du  Saint- 
Esprit  —  Pêche  miraculeuse. 

Le  deuxième:  Adieux  de  Saint  Pierre  et  de  Saint  Saturnin  — 
Saint  Paul  montre  le  ciel  à  Saint  Saturnin  —  Il  fait  bâtir  une  église 
—  Il  ordonne  un  prêtre. 


XVr   SIÈCLE  105 


i 


Le  troisième  :  Délivrance  de  la  fille  du  roi  qui  était  possédée 
du  démon  —  Le  roi  donne  l'ordre  de  conduire  Saint  Saturnin  au 
supplice  —  Martyre  du  Saint  traîné  par  un  taureau  furieux. 

C'est  sur  ce  dernier  panneau  que  se  trouvent  les  portraits  de 
Semblançay  et  de  sa  femme. 

Appartient  à  la  Cathédrale  (T Angers  (i) 

273.  HISTOIRE  DE  SAINT  REMY. 

Atelier  français.   Commencement  du  xvi*  siècle. 

H.  5,00.  L.  5,00. 
Laine  et  soie. 

Cette  pièce  représente  divers  traits  de  l'Histoire  de  Saint  Remy 
et  de  Saint  Guénébault.  Elle  fait  partie  d'une  tenture  en  dix  tapis- 
series, commandée  par  l'archevêque  de  Reims  Robert  de 
Lenoncourt,  dont  le  portrait  se  voit  sur  le  dernier  panneau,  ac- 
compagné d'une  inscription  en  vers  donnant  la  date  de  l'exécu- 
tion 1531. 

Réparée  récemment  aux  Gobelins. 

Appartient  à  l'Eglise  de  Saint  Rémi  à  Reims. 

274.  HISTOIRE  DE  SAINT  REMY. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  5,00.  L.  5,00. 
Laine  et  soie. 

Dans  le  haut,  des  personnages  occupés  à  démolir  une  chapelle 
vers  laquelle  se  dirige  une  procession.  En  bas,  à  gauche,  Saint 
Remy,  sacré  évéque  de  Reims,  au  milieu  d'une  assemblée  de  pré- 
lats. A  droite,  le  Saint  guérit  un  possédé  du  démon. 

Réparée  récemment  aux  Gobelins. 

Appartient  à  V Eglise  de  Saint  Rémi  à  Reims. 

zy5.   HISTOIRE  DE  SAINT  REMY. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvi'  siècle. 

H.  5,00.  L,  5,00. 
Laine  et  soie. 

En  haut,  la  bataille  de  Tolbiac,  gagnée  par  Clovis  sur  Aurélien. 
En  bas,  à  gauche.  Saint  Remy  en  présence  de  la  reine  Clotilde 
exhorte  Clovis.  A  droite  :  Baptême  de  Clovis  par  Saint  Remy. 

Réparée  récemment  aux  Gobelins. 

Appartient  à  l'Eglise  de  Saint  Rémi  à  Reims. 

(i)  Un  quatrième  panneau  représentant  la  vocation  de  Saint  Saturnin  appar- 
tient à  M.  Siegfried  et  se  voit  au  château  de  Langeais. 


io6  XVI-   SIKCLE 

276.  HISTOIRE  DE  SAINT  REMY. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  5,00.  L.  5,00. 
Laine  et  soie. 
Deux  sujets  différents  :  en  haut.  Saint  Remy  fait  ramasser  des 
blés  pour  parer  à  une  disette  ;  des  malfaiteurs  mettent  le  feu  aux 
gerbes.  Dans  le  bas,  est  réuni  un  Concile  où  un  hérétique  Arien 
vient  combattre  la  vraie  foi.  Il  devient  muet  et  fait  amende  hono- 
rable pour  recouvrer  la  parole. 
Réparée  aux  Gobelins. 

Appartient  à  V Eglise  de  Saint  Rémi  à  Reims. 

277.  HISTOIRE  DE  SAINT  REMY. 

Atelier  français.  Commencement  du  xvr  siècle. 

H.  5,00.  L.  5,00. 
Laine  et  soie. 
Quatre  scènes  relatant  les  diverses  phases  d'un  procès  se  ter- 
minant par  la  résurrection  d'un  mort  que  Saint  Remy  fait  revenir  à 
la  vie  pour  combattre  le  faux  témoignage  du  gendre  de  ce  défunt 
qui  refusait  de  délivrer  un  legs  fait  à  l'église. 
Réparée  récemment  aux  Gobelins. 

Appartient  à  F  Eglise  de  Saint  Rémi  à  Reims. 

278.  CYBELE. 

Atelier  de  Fontainebleau.  Milieu  du  xvr  siècle. 

H,  2,42.  L.  4,52. 
Laine  et  soie. 
Au  centre,  dans  un  cartouche  ovale,  Cybèle,  en  camaïeu  gris 
sur  fond  jaune.  Sur  le  champ  vert  qui  environne  ce  cartouche  central 
s'enlèvent  en  gris  clair  des  consoles,  vases,  chimères,  corbeilles  de 
fleurs  et  petits  personnages  de  fantaisie.  Dans  le  haut  :  Chiffre  de 
Henri  11  et  de  Diane  de    Poitiers.   Dans   la   bordure   montante, 
croissants  sur  fond  jaune.    Incomplète    des    parties    supérieure 
et  inférieure.  —  Restaurée  à  la  Manufacture  des  Gobelins. 
Appartient  au  Musée  des  Gobelinsf^K 

i'j<^.    LA  MORT  DE  JOAB. 

Atelier  de  Fontainebleau.  Milieu  du  xvi*  siècle. 

H.  3,90.  L.  5,30. 
Laine  et  soie. 
Fond  rouge.  Edicules  avec  personnages  à  l'antique  à  gauche  et 
à  droite;  corbeilles  et  vases  de  fleurs;  oiseaux,  caducées,  orne- 
ments. Au  centre  de  la  composition,  la  mort  de  Joab.  Au  bas, 
aigle  tenant  la  foudre. 

(i)  Acheté  par  M.  Darcel,  en  1883. 


XVI«=   SIÈCLE  107 


Bordure  fond  jaune,  avec  Amours,  flèches  et  carquois  posés 
sur  des  trépieds;  femme  à  pieds  de  chèvre  portant  des  bannières. 

Les  écussons  entourés  de  cordelières,  placés  aux  quatre  angles, 
ont  été  ajoutés  après  coup. 

Appartient  au  Musée  des  Gobelins. 

280.  LES    FÊTES  DE  HENRI   111.  —  LES  SIRÈNES  ET  LE 

MONSTRE  MARIN. 

Tapisserie  de  Bruxelles,  d'après  un  carton  attribué  à 
François  Quesnel,  exécuté  vers  1580. 

H.  3,90.  L.  1,48. 
Laine,  soie  et  or. 
Sur  une  rivière  occupant  le  milieu  de  la  scène  et  traversée  dans 
le  fond  par  un  pont,  un  îlot  occupé  par  trois  Sirènes  et  en  avant 
une  sorte  de  monstre  marin  attaqué  par  des  combattants  entassés 
dans  des  canots.  Un  groupe  de  grands  personnages  au  premier  plan  ; 
on  y  reconnaît  Henri  lY  de  profil,  sa  femme  Marguerite  de  Valois, 
et  son  beau-frère  Charles  II,  duc  de  Lorraine. 

Bordure  de  fleurs,  de  rinceaux  et  de  petites  figures. 
Appartient  au  Musée  des  tapisseries  de  Florence. 

281.  LES   FÊTES  DE  HENRI     111.     LES    AMBASSADEURS 

POLONAIS  ASSISTENT  A  UN  BALLET  DONNÉ  A 
LA  COUR. 

Tapisserie  de  Bruxelles,  d'après  un  carton  attribué  à 
François  Quesnel,  exécuté  vers  1580. 

H.  3,90.  L.  4,20. 

Au  premier  plan,  les  ambassadeurs  polonais  ;  l'un  d'eux, 
debout  à  gauche  dans  une  riche  robe  chamarrée,  une  aigrette  à  son 
chapeau  cause  avec  Henri  III,  le  futur  roi;  les  autres,  tournant  le 
dos,  regardent  le  ballet  des  diverses  nations,  donné  en  leur  honneur 
en  1573,  auquel  assiste  toute  la  cour,  et,  au  premier  rang,  la  reine 
Catherine.  A  droite,  un  rocher  sur  lequel  sont  assises  des  musi- 
ciennes jouant  de  divers  instruments. 

Le  fond  est  occupé  par  des  perspectives  champêtres  correc- 
tement alignées. 

Même  bordure  qu'à  l'autre  pièce  de  la  même  série. 

Appartient  au  Musée  des  tapisseries  de  Florence. 

282.  OUVRAGE  FRANÇAIS.   —  XVP  siècle. 

L'Adoration  des  Mages. 

H.  0,47.  L.  0,50. 
Broderie  d'or  et  de  soie  sur  satin. 
On  lit  sur  la  bordure  Puer  natus  est  hodie,  et  filius  nohisdatus  est. 
Appartient  à  M.  G.  Schlumberger,  Paris. 


io8  X-   SIFXLE 


283.  OUVRAGE  FRANÇAIS  (i588?). 

Le  Jugement  de  Paris  —  Samson  et  Dalila.  Tapisserie 
brodée. 

H.  0,25.  L.  2,05. 
Cette  pièce  rappelle  parles  costumes  les  célèbres  tapisseries  de 
la  vie  d'Henri  III  conservées  au  Musée  des  Offices.  Les  costumes, 
les  paysages  et  les  châteaux  sont  de  la  même  date  environ.   Le 
carton  de  la  broderie  était  d'un  artiste  habile. 

Appartient  à  M.  Charles  Porgès.  Paris. 

284.  CROIX  DE  CHASUBLE,  EN   BRODERIE,    REPRÉSEN- 

TANT   TROIS   SCÈNES    DE    LA   NAISSANCE    DU 
CHRIST. 

Ecole  de  Provence,  vers  1390. 

Broderie  de  soie. 

Chronologiquement  cette  suite  de  scènes  doit  être  regardée  de 
bas  en  haut.  En  bas  V Annonciation,  au  milieu  \zVisitation^  dans  la 
Croix  V Adoration  des  Mages.  Pour  ce  travail  l'art  du  brodeur  s'est 
élevé  à  la  hauteur  de  celui  du  peintre.  Le  carton  de  cette  pièce  dû 
à  quelque  artiste  de  l'école  de  Paris,  ayant  vécu  dans  le  midi, 
rappelle  par  le  charme  de  sa  composition  les  plus  délicates  minia- 
tures du  manuscrit.  Le  lit  sur  lequel  la  Vierge  est  assise  est  un 
meuble  de  la  région  bourguignonne  et  provençale  ;  mais  la  Vierge 
avec  son  voile,  ses  inflexions  de  corps,  les  princes  adorateurs,  sont 
essentiellement  des  figures  de  l'Ile  de  France.  L'architecture  des 
clochers  en  haut  de  la  pièce  est  celle  de  certaines  églises  du  Jura. 
Cette  broderie  est  à  rapprocher  du  Parement  de  Narbonne^  vu 
son  importance  et  sa  qualité. 

Trouvée  dans  la  région  du  Midi. 

Appartient  à  M.  Martin  Le  Roy,  Paris. 

285.  LES  QUATRE  AGES. 

Ecole  de  Fontainebleau,  xvr  siècle. 

xM.  Paul  Decauville. 

286.  TENTURE  DE  GOMBAUT  ET  MACÉE. 

Atelier  de  Tours,  xvi"  siècle. 

Deuxième  pièce  :  le  Jeu  de  Tricquet. 

H.  4,30.  L.  5  m. 

Laine  et  soie. 

Appartient  à  M.  Fenaille. 


SCULPTURE 


SCULPTURE 


Les  quelques  pièces  dont  suit  V indication  n'ont  pas  la  prétention 
de  constituer  une  série  complète,  montrant  le  développement  et  les 
œuvres  essentielles  de  la  sculpture  française  aux  xiv*,  xv*  et  xvi'' 
siècles.  Elles  ont  été  réunies  simplement  pour  contribuer  à  la  déco- 
ration des  salles  de  l'Exposition  et  pour  offrir  en  même  temps  quel- 
ques termes  de  comparaison  caractéristiques  entre  V évolution  de  la 
peinture  française  et  celle  delà  sculpture.  Elles  ont  été  empruntées 
presque  uniquement  à  des  collections  parisiennes. 


288.    FIGURE  DE  ROI   en  haut-relief. 

2*  moitié  du  xiii*  siècle. 

H.  o,ss  Argent  doré  repoussé. 

Le  roi  est  représenté  debout,  les  mains  jointes,  tourné  de  trois 
quarts  à  droite.  La  position  de  ses  pieds  indique  un  léger  mou- 
vement de  marche.  Il  porte  une  riche  couronne  d'orfèvrerie,  une 
tunique  retenue  par  une  ceinture  et  un  manteau  droit. 

Cette  pièce  d'orfèvrerie,  capitale  pour  l'histoire  de  l'art  français 
au  XIII'  siècle,  a  été  découverte  en  1902  à  Bourges,  lors  de  la  démo- 
lition d'un  vieux  mur  d'une  maison  gothique  à  pans  de  bois. 
M.  Emile  Molinier,  qui  l'étudié  dans  le  volume  du  Centenaire  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  France,  suppose  qu'elle  provenait  d'une 
Châsse  des  Rois  Mages  conservée  à  la  cathédrale  de  Bourges  et  si- 
gnalée encore  dans  un  inventaire  de  1537.  La  Châsse  aurait  été 
détruite  au  moment  des  troubles  protestants  de   1560,  la  plupart 


112  XIII'-   SIÈCLE 


des  morceaux  fondus,  celui-ci  caché  et  oublié  sans  doute  par  le 
receleur. 

La  décoration  de  cette  Châsse  des  rois  Mages,  devait  com- 
prendre, en  dehors  de  la  Vierge  assise  et  du  Saint  Joseph  debout 
derrière  elle,  trois  rois  mages,  le  premier  agenouillé,  les  autres 
debout,  chaque  ligure  étant  sans  doute  comprise  dans  une  niche. 
Le  style  de  ce  morceau,  qui  ne  paraît  pas  postérieur  à  1260  ou 
1270,  est  comparable  à  celui  des  plus  belles  œuvres  plasti- 
ques du  temps  de  Saint  Louis.  Il  rappelle  de  bien  près  le  roi  qui 
figure  dans  le  Jugement  dernier  du  tympan  de  la  cathédrale  de 
Bourges,  le  Childebert  de  Saint-Germain-des-Prés,  aujourd'hui  au 
Louvre,  ou  telles  des  statues  exécutées  à  Saint-Denis  par  ordre  de 
Saint  Louis  pour  les  tombeaux  de  ses  prédécesseurs. 

Comme  ces  dernières,  c'est  une  figure  très  impersonnelle,  d'une 
noblesse  tranquille  en  même  temps  que  d'une  vérité  d'attitude  et  de 
mouvement  admirable.  C'est  un  spécimen  unique  dans  son  genre, 
très  typique  dans  son  caractère  général,  qui  permet  de  se  rendre 
compte  au  seuil  de  cette  exposition,  de  la  qualité  de  l'art  français 
immédiatement  antérieur  à  celui  qui  y  est  visé. 

M.  Georges  Hoentschel. 

289.  TÊTE  DE  FEMME. 

Milieu  du  xiii*  siècle. 

H.  0,20.  Pierre. 

,  Cette  tête  provient  de  Reims  et  sans  doute  de  la  cathédrale. 
C'est  un  type  achevé  de  l'art  hautement  idéaliste  du  milieu  du  xiii" 
siècle.  Le  visage  régulier  est  d'une  pureté  de  lignes  absolue,  d'une 
expression  calme  et  d'une  noblesse  extrême. 

M.  PoL  Neveux. 

290.  TÊTE  DE  ROI. 

2*  moitié  du  xiiT  siècle. 

H.  0,26.  Pierre  autrefois  peinte. 

Le  ne:^  a  été  refait. 

Ce  fragment,  qui  provient  également  de  Reiras,  devait  appar- 
tenir à  quelque  figure  décorative  de  la  cathédrale.  Les  cheveux  et 
la  couronne  sont  largement  et  sommairement  traités.  Mais  la 
figure,  d'un  modelé  souple  et  individuel,  indique  déjà  les  recherches 
de  vérité  plus  précise  tentées  par  les  derniers  imagiers  qui  travail- 
lèrent à  Reims  vers  le  temps  de  la  mort  de  Saint  Louis  et  qui  furent 
les  véritables  initiateurs  du  réalisme  français  du  xiv'  siècle. 

M.  Albert  Maignan. 


N"  307  du  Catalogue 


Cliché  Fichol. 


I 


XIII-   SIÈCLE  113 


29J.   ANGE  DEBOUT. 

2*  moitié  du  xilT  siècle. 

H.  0,80.  Bois  peint  et  doré. 

Malgré  ses  mutilations,  cette  figure  d'ange  souriant,  qui  faisait 
partie  sans  doute  d'une  Annonciation,  garde  une  grandeur  de  style 
et  une  beauté  tout  à  fait  rare.  Elle  a  été  achetée  à  Gournay  par 
M.  Jules  Maciet  qui  en  a  fait  don  au  Musée  des  Arts  décoratifs, 
ainsi  que  de  la  plupart  des  sculptures  gothiques  de  cette  collection. 
Elle  provient  probablement  de  Saint-Germer.  Les  draperies,  amples 
avec  leurs  grands  plis  droits  et  bien  formés,  sont  dans  la  meilleure 
tradition  du  xiii^  siècle.  Le  sourire  est  celui  que  l'on  retrouve  dans 
nombre  des  figures  d'anges  de  Reims,  sourire  épanoui  qui  devien- 
dra grimaçant  seulement  dans  les  œuvres  de  l'Est,  de  Bâle  ou  de 
Bamberg,  dérivées  des  créations  de  nos  imagiers  champenois. 
Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

292.  GROUPE  DE  L'ANNONCIATION. 

Fin  du  xiir  siècle. 

H.  0,31  et  0.30.  Ivoire. 

Ces  deux  statuettes,  rapprochées  pour  la  première  fois  lors  de 
l'exposition  rétrospective  de  1900,  constituent  très  probablement 
un  groupe  complet  et  merveilleusement  intact.  Seuls,  les  pieds  et 
la  main  droite  de  l'ange  ont  été  refaits,  ses  ailes  et  son  phylactère 
manquent.  Ces  deux  figurines  ont  toute  l'ampleur  des  statues  monu- 
mentales qui  garnissent  le  portail  de  nos  cathédrales  du  xiii'  siè- 
cle et  dans  leurs  dimensions  restreintes,  elles  nous  donnent  un  spé- 
cimen démonstratif  de  la  perfection  atteinte  par  nos  imagiers  fran- 
çais de  cette  époque.  L'ange,  en  particulier,  a  dans  l'expression,  une 
finesse  de  sourire  qui  le  rapproche  des  célèbres  figures  de  Reims  et 
aussi  de  l'ange  de  Saint-Germer,  ici  exposé  (n"  précédent).  LaVierge 
est  plus  originale  peut-être  encore,  elle  s'incline  légèrement  et 
respectueusement  devant  le  messager  divin,  avec  une  gravité 
sereine  et  une  dignité  que  vont  compromettre  bientôt  les  recher- 
ches d'élégance  précieuse  du  xiv'  siècle. 

M.  Chalandon  —  M.  Garnier. 

293.  VIERGE  debout  portant  l'Enfant. 

Fin  du  xiii*  siècle. 

H.  0,96.  Pierre  peinte. 

Œuvre  de  transition  entre  le  xiii'  et  le  xiv°  siècle  gardant  encore 
la  gravité  et  la  dignité  des  figures  du  xnr'  siècle,  mais  avec  une 
recherche  très  marquée  d'élégance  et  de  sveltesse. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

8 


114  XIV  SIÈCLE 


294.  LA  VIERGE  ET  L'ENFANT. 

Début  du  XIV"  siècle, 

H.  1,40.  Bois. 

Cette  statue  de  provenance  inconnue,  rappelle  encore,  par  la 
grandeur  du  style  et  le  caractère  large  et  simple  des  draperies,  les 
statues  monumentales  de  la  seconde  moitié  du  xiii'  siècle.  Elle 
n'est  certainement  pas  très  éloignée  comme  date  de  la  Vierge  de  la 
Porte  Dorée  d'Amiens,  et  de  celle  du  portail  nord  de  Notre-Dame 
de  Paris.  L'enfant  bénit  encore,  au  lieu  de  jouer  familièrement  avec 
sa  mère  comme  dans  presque  toutes  les  Vierges  du  xiv*  siècle. 
Néanmoins,  l'élégance  de  la  figure  féminine  et  sa  position  forte- 
ment hanchée,  sa  grâce  souriante  et  l'allongement  de  ses  propor- 
tions, semblent  bien  indiquer  les  caractères  de  l'art  qui  fleurit,  no- 
tamment dans  l'Ile-de-France,  au  début  du  xiv'  siècle. 

M.  Martin  Le  Roy. 

295.  DEUX  ANGES  DEBOUT. 

Fin  du  xiir  ou  début  du  xiv'  siècle. 

H.  0,60.  Bots. 

Ces  deux  statuettes  d'angelots  long-vêtus  sont  à  rapprocher 
entre  autres  des  anges  provenant  de  Poissy,  aujourd'hui  à  Cluny 
et  au  Louvre.  Bien  des  caractères  y  rappellent  encore  l'art  du  xiii* 
siècle  ;  mais  la  draperie  plus  mince,  le  sourire  très  accentué  et  lé- 
gèrement grimaçant,indiquent  une  date  un  peu  plus  avancée. 

M.  Martin  Le  Roy. 

296.  STATUE  DE  FEMME  INCONNUE. 

1"  moitié  du  xiv'  siècle. 

H.  1,35.  Bois  peint. 

(Les  mains  et  la  partie  supérieure  de  la  tête  sont  restaurées). 

Cette  statue,  dont  on  ignore  malheureusement  la  provenance, 
offre  des  rapports  évidents  avec  certaines  figures  tombales  de 
Saint-Denis,  notamment  avec  celle  qui  passe  pour  représenter 
Marguerite  d'Artois  (1311).  Ce  n'est  pas  cependant  une  figure  gi- 
sante. La  personne  était  figurée  debout,  les  mains  jointes,  comme 
la  belle-sœur  de  Charles  V,  Marie  de  Bourbon,  placée  jadis  ados- 
sée à  un  pilier  de  l'église  de  Poissy,  aujourd'hui  à  Saint-Denis. 
C'était  sans  doute  une  statue  de  donatrice  placée  dans  quelque 
église  ou  quelque  chapelle  en  mémoire  de  ses  bienfaits.  Elle  porte 
le  costume  laïque  des  dames  du  temps  de  Philippe  le  Bel.  Elle  nous 
ofTre,  malgré  l'emploi  assez  exceptionnel  du  bois,  un  bon  type  de 
ces  statues-portraits  du  début  du  xiv»  siècle,  où  les  intentions  réa- 
listes s'accusent  à  peine  et  où  persistent  les  recherches  de  style  et 


XIV«   SIECLE  IIS 


d'élégance  de  la  statuaire  gothique  de  l'époque  précédente.  On 
peut  comparer  le  système  de  la  draperie  avec  celui  des  anges  de 
Saint-Martin  de  Laon,  et  de  mainte  Vierge  de  la  même  époque 
(début  du  XIV'  siècle).  Le  travail  parait  bien  appartenir  à  la  région 
de  l'Ile-de-France. 

M.  DE  Sainville. 

297.  VIERGE  à  demi-couchée  sur  un  lit  et  tenant  l'Enfant. 

I"  moitié  du  xiv'  siècle. 

H.  0,65.  Haut  reliefs  bois  peint  et  doré. 

La  composition  de  la  Nativité  à  laquelle  appartenait  ce  frag- 
ment avec  le  boeuf  et  l'âne  au  pied  du  lit,  peut  être  rapprochée  de 
celles  de  nombre  de  miniatures  et  de  peintures  de  l'époque,  le  type 
des  figures  également.  C'est  un  exemple  de  ces  thèmes  courants 
dans  l'art  français  de  la  fin  du  xiii"  et  du  xiv°  siècle,  sur  lesquels 
s'exerça  l'activité  des  artistes  de  la  cour  des  Valois,  qu'ils  fussent  ori- 
ginaires du  Centre,  du  Nord  ou  du  Midi. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

298.  VIERGE  assise  allaitant  l'Enfant- 

Milieu  du  xiv*  siècle. 

H.  0,75.  Marbre. 

Ce  petit  groupe  en  marbre  est  très  caractéristique  des  formules 
courantes  dans  l'art  français  du  milieu  du  xiV  siècle,  ainsi  que  du 
sentiment  général  de  l'art  de  l'époque,  en  sculpture  comme  en 
peinture. 

M.  Martin  Le  Roy. 

299.  VIERGE  DE  L'ANNONCIATION. 

Milieu  du  xiv"  siècle. 

H.  0,70.  Marbre. 

Infléchie  sur  le  côté  gauche,  la  tête  voilée,  sans  couronne,  la 
main  droite  haute,  la  gauche  ranienée  sur  la  poitrine  et  tenant  le 
livre,  cette  statuette  devait  faire  partie  d'un  groupe  de  l'Annoncia- 
tion. C'est  un  exemple  parfait  d'une  exécution  et  d'une  conserv^a- 
tion  rares  de  ces  figures  élégantes,  fines, aux  formules  de  draperies 
un  peu  conventionnelles,  si  fréquentes  dans  l'art  de  l'Ile-d-e-France 
au  milieu  du  xiv"  siècle.  Ancienne  collection  Maillet  du  Boullay. 

M.  DOISTAU. 

300.  VIERGE  DEBOUT  PORTANT  L'ENFANT. 

Milieu  du  xiV  siècle. 

H.  0,96.  Marbre. 

Cette  Vierge  provient  de  la  région  du  Nord  de  la  France,  d'Aire- 


ii6  XIV'    SIECLE 


sur-la-Lys.  Elle  est  taillée  dans  une  matière  grisâtre  propre  à  cette 
région,  Comme  style,  elle  dérive  des  types  qui  se  créèrent  au  début 
du  xiV  siècle  dans  l'Ile-de-France  et  dont  on  retrouve  l'influence 
au  Nord  comme  au  Midi,  en  Flandre  comme  en  Espagne.  Elle  est  de 
de  proportions  très  élancées,  ce  qui  est  assez  contraire  aux  habi- 
tudes proprement  flamandes. 

M.  le  D"  Edmond  Fournier. 

3oi  .   VIERGE  debout  portant  l'Enfant. 
XIV'  siècle. 
H.  0,80.  Bois. 

Cette  figure  d'un  type  connu,  n'est  pas  cependant  conçue  sui- 
vant la  formule  banale  des  Vierges  du  xiV  siècle.  L'ampleur  de  son 
manteau,  la  recherche  de  gravité  de  l'ensemble,  la  différencient  des 
types  élégants  et  maniérés  qui  sont  courants  à  cette  époque.  Pro- 
venance inconnue. 

Union  centrale  des  Arts  Décoratifs. 

302.  VIERGE  assise  tenant  l'Enfant  debout  sur  ses  genoux. 

xiV  siècle. 

H.  0,92.  Bois. 

Un  cabochon  de  verre  placé  sur  la  poitrine  de  la  Vierge  montre 
que  la  statuette  a  dû  servir  de  reliquaire.  Le  type  appartient  à  la 
première  moitié  du  xiV  siècle  ;  mais  l'œuvre  elle-même  pourrait 
être  assez  postérieure. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

303.  VIERGE  OU  SAINTE  couronnée. 

XIV'  siècle. 

H,  0,7^.  Pierre. 

Les  deux  avant-bras  manquent  et  il  est  assez  difficile  de  préci- 
ser quel  était  au  juste  le  thème  ici  traité.  Le  style  est  élégant,  mais 
un  peu  sec  et  sent  la  formule. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

304.  VIERGE  DE  DOULEUR. 

2"  moitié  du  xiv*  siècle. 

H.  0,50.  Pierre  peinte. 

Cette  statuette  de  Vierge  debout,  les  mains  jointes,  devait  faire 
pendant  à  un  saint  Jean  et  avoir  sa  place  au  pied  d'un  Christ  cru- 
cifié. On  croit  qu'elle  provient  de  Clermont-Ferrand.  Le  système 
de  la  draperie  très  caractéristique  de  l'art  français  du  xiv*  siècle,  la 


XIV-^   SIÈCLE  117 


disposition  du  manteau  qui  forme  voile  sur  la  tête,  le  geste  et 
l'attitude  générale  sout  tout  à  fait  proches  de  ce  que  l'on  remarque 
dans  les  nombreuses  crucifixions  peintes  de  la  même  époque, 
celle  du  Parement  de  Narbonne  ou  du  Diptyque  du  Bargello,  par 
exemple, 

M.  Camille  Enlart. 

3o5.   VIERGE  DE  DOULEUR. 

2'  moitié  du  xiv*  siècle. 

H.  0.50.  Marbre. 

Le  style,  ainsi  que  le  type  de  cette  figure,  sont  identiques  à  ceux 
de  la  précédente.  Elle  est  seulement  d'exécution  plus  fine  et  plus 
soignée. 

M.  Gustave  Dreyfus. 

3c6.   APOTRE. 

2*  moitié  du  xiv'  siècle. 

H.  0,93.  Bois  peint. 

Figure  de  proportions  assez  courtes.  Draperies  maigres  et 
anguleuses.  Style  franco-flamand  analogue  à  celui  des  figures  de 
Beauneveu. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

307.   CHARLES  V  ET  JEANNE  DE  BOURBON. 

2*  moitié  du  xiv'  siècle. 

H.  1.85,  Pierre  autrefois  peinte. 

Ces  statues  en  pied  de  grandeur  naturelle  figuraient  autrefois 
aux  deux  côtés  du  portail  de  l'église  des  Célestins  de  Paris,  que 
Charles  V  avait  fait  construire  près  de  son  hôtel  de  Saint-Paul. 
Christine  de  Pisan  mentionne  cette  construction  parmi  celles  qui 
illustrèrent  le  règne  de  ce  roi  «  grand  bâtisseur  »,  et  elle  ajoute 
«...  la  porte  de  cette  église  a  la  sculpture  de  son  ymage  et  de  la 
royne  s'espouse,  moult  proprement  faite.»  Le  portail  de  l'église  des 
Célestins  est  dessiné  notamment  dans  les  Antiquités  nationales  de 
Millin  (t.  I,  n"  III,  pi.  2)  avec  les  deux  effigies  encore  en  place  et, 
au  trumeau,  une  statue  du  pape  Célestin  V,  canonisé  sous  le  nom 
de  Saint  Pierre  Célestin.  Dans  la  gravure  de  Millin,  le  roi  porte 
encore  sur  le  bras  gauche  le  modèle  de  l'église  qu'il  a  consacrée, 
mais  sa  main  droite  manque  ;  les  deux  mains  de  la  reine  manquent 
également.  On  a  restitué  depuis  les  parties  manquantes  d'après 
des  gravures  plus  anciennes  de  Montfaucon. 

Les  deux  statues  passèrent,  à  la  Révolution,  au  Musée  des  Mo- 
numents français  où,  selon  le  baron  de  Guilhermy,  on  les  considéra 
comme  représentant  Saint  Louis  et  Marguerite  de  Provence.  De  là 


ii8  XIV"   SIKCLE 


viendrait  que  la  plupart  des  figures  de  Saint  Louis  modernes  offrent 
les  traits  authentiques  de  Charles  V. 

En  1816,  les  effigies  royales  des  Célestins  furent  envoyées  à 
Saint  Denis  avec  les  statues  funéraires  qui  y  avaient  leur  place 
légitime  et  quelques  autres  comme  les  statues  romanes  de  Corbeil 
où  l'on  se  figurait  reconnaître  des  portraits  de  rois  ou  de  reines  de 
France. 

Ce  sont  deux  admirables  effigies  réalistes,  souples  et  vivantes, 
dignes  d'être  classées  auprès  des  statues-portraits  du  contrefort 
d'Amiens  et  de  la  cheminée  de  Poitiers.  Elles  leur  sont  même  pro- 
bablement antérieures,  ayant  été  exécutées,  de  l'avis  de  Courajod, 
avant  1377,  comme  le  Parement  de  Narbonne,  où  figurent  aussi  les 
deux  effigies  ad  vivum  de  Charles  V  et  de  sa  femme,  morte  en 
1377,  effigies  si  intéressantes  à  comparer  avec  ces  deux  statues. 

De  même  que  le  Parement  de  Narbonne,  nous  serions  beaucoup 
plus  tentés  de  les  attribuer  à  des  artistes  français,  à  un  Jean 
de  Saint  Romain  par  exemple,  auteur  des  effigies  célèbres  aussi, 
mais  malheureusement  disparues,  de  la  grande  Vis  du  Louvre,  qu'à 
un  flamand  travaillant  en  France,  tel  André  Beauneveu.  dont  la 
manière  peut  se  juger  en  sculpture,  par  les  effigies  tombales  de 
Saint-Denis,  infiniment  plus  lourdes  dans  leur  réalisme  un  peu 
vulgaire. 

Le  Charles  V  des  Célestins,  dans  sa  réalité  de  physionomie  et 
d'allure  générale,  garde  une  élégance  et  un  esprit  qui  sont  tout 
français.  Le  style  de  sa  draperie,  très  simple  et  très  logique,  est 
identique  à  celui  de  ces  certaines  figures  essentiellement  françaises 
du  Parement  de  Narbonne,  les  Eglises  et  les  Prophètes  qui  les 
accompagnent  ;  la  pose  de  la  tête,  la  disposition  même  de  la  coif- 
fure rappellent  certaines  statues  de  rois  de  Reims.  La  reine  Jeanne, 
pleine  de  familiarité  et  de  bonhomie  est  un  type  de  race  et  une 
figure  d'une  individualité  extrêmement  saisissante.  Ce  sont  là  deux 
documents  historiques  et  deux  œuvres  d'art  de  premier  ordre  et 
l'Exposition  des  Primitifs  français  ne  pouvait  s'ouvrir  sous  un 
plus  heureux  patronage. 

Basilique  de  Saint-Denis. 

3o8.   PETIT  BUSTE  D'ENFANT. 

2'  moitié  du  xiV  siècle. 

H.  0,20.  Bois. 

Ce  fragment,  de  provenance  inconnue,  est  à  coup  sûr  un  por- 
trait. La  physionomie  enfantine  y  est  étudiée  de  façon  très  précise 
et  très  individuelle,  comme  dans  certains  marbres  funéraires.  Toute 
proportion  gardée,  cette  figure  est  du  même  art  que  les  statues  du 
contrefort  d'Amiens,  en  particulier  celle  du  dauphin  Charles,  plus 
tard  Charles  VI,  ou  que  celles  du  Palais  de  Poitiers. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 


XV«    SIECLE  119 

309.    LA  VIERGE  ET  L'ENFANT. 

2'  moitié  du  xiV  siècle. 

H.  1,4^.  Bois  peint  et  doré. 

Cette  statue  de  Vierge  portant  sur  le  bras  gauche,  l'enfant  qui 
joue  avec  un  oiseau,  selon  la  formule  traditionnelle,  provient 
d'Amiens.  L'enfant  est  assez  maladroit,  le  visage  de  la  Vierge  peu 
expressif,  mais  le  style  de  la  draperie  est  d'une  très  grande  allure 
et  peut  se  comparer  notamment  à  celui  des  figures  de  l'iiglise  et  de 
la  Synagogue  du  Parement  de  Narbonne  ;  ces  formules  de  l'art  fran- 
çais du  xiV  siècle,  plus  ou  moins  compliquées  ou  appauvries,  ont 
persisté  souvent  du  reste  en  certaines  régions,  jusque  dans  le  xv* 
siècle. 

Cette  pièce  est  d'une  qualité  toute  particulière  au  point  de  vue 
de  la  conservation  de  la  polychromie  et  de  l'or  ancien. 

M.  Albert  Maigxan. 

3 1 G .    ANGELOT  assis  tenant  un  phylactère. 
2'  moitié  du  xiV  siècle. 
H.  0,30.  Marbre. 

Cette  figurine  passe  pour  provenir  de  Bourges.  Elle  faisait  par- 
tie, sans  doute,  d'un  ensemble  décoratif  analogue  à  ceux  qui  étaient 
familiers  aux  peintres  et  miniaturistes  et  représentaient  par  exem- 
ple la  Vierge  glorieuse  ou  la  Trinité,  entourées  d'anges  portant  des 
banderoles,  analogue  aussi  au  groupe  sculpté  de  la  chapelle  Notre- 
Dame-la-Blanche,  dont  les  angelots  sont  conservés  au  Mu- 
sée de  Bourges. 

La  figure  poupine  de  celui-ci.  tournée  vers  le  haut,  indique  qu'il 
devait  être  placé  au  pied  du  trône  de  la  Vierge.  C'est  un  spécimen 
secondaire,  il  est  vrai,  mais  charmant,  de  l'art  qui  se  développe 
autour  du  duc  Jean  de  Berr}'. 

M.  Albert  Maignan. 

3ij.   VIERGE  assise  allaitant. 
xV  siècle. 
H.  0,55.  Pierre  peinte. 

Le  type  de  la  Vierge  et  la  composition  générale  dérivent  direc- 
tement du  xiV  siècle.  Mais  la  souplesse  et  la  liberté  plus  grande  de 
l'agencement,  le  type  plus  adouci  font  plutôt  penser  à  une  survi- 
vance de  l'art  du  xiv»  dans  le  xV  siècle.  La  polychromie  conser- 
vée en  partie  est  harmonieuse. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 


120  XV'  SIÈCLE 

3j2.  SAINT-JEAN-BAPTISTE. 

xv'  siècle. 
H.  1,30.  Bois. 

Cette  statue  est  attribuée  à  l'école  bourguignonne,  bien  qu'elle 
ait  été  acquise  par  son  possesseur  actuel  à  Bayonne.  Les  propor- 
tions élancées  de  la  figure,  le  caractère  un  peu  menu  des  draperies, 
nous  font  penser  plutôt  à  quelque  atelier  méridional  ou  septentrio- 
nal, dérivé  de  la  pure  école  française  du  xiv  siècle,  mais  peut- 
être  assez  éloigné  du  centre  d'activité  originel. 

M.  Rey. 
3i3.  SAINTE-CLAIRE. 

2*  moitié  du  xv'  siècle. 

H.  0,80  Bois. 

Cette  statuette,  de  provenance  bourguignonne,  passe  pour 
représenter  Sainte  Claire.  Elle  porterait  dans  ce  cas  le  costume  des 
Clarisses,  à  moins  que  ce  ne  soit  simplement  un  costume  de  veuve 
ou  de  femme  âgée.  La  disposition  des  attributs  ne  permet  pas  de 
préciser  .  C'est  un  morceau  très  robuste,  sorti  sans  doute  de  quel- 
que atelier,  issu  de  celui  des  ducs  de  Bourgogne,  à  Dijon.  Les 
éléments  français  et  flamands  s'y  sont  fondus  dans  une  combinaison 
originale  et  féconde.  Rien  n'est  plus  différent  des  pures  produc- 
tions flamandes  de  l'époque  qu'une  oeuvre  de  cette  nature  ;  rien 
n'est  plus  voisin,  au  contraire,  de  certaines  figures  françaises, 
comme  la  Sainte  Anne,  peinte  au  triptyque  de  Moulins,  ou  celle 
sculptée  pour  le  château  de  Chantelle,  aujourd'hui  au  Louvre. 

M.  Ch.  Masson. 

314.   VIERGE  debout  portant  l'enfant. 

2'  moitié  du  xV  siècle. 

H.  0.50.  Pierre. 

Cette  statuette  est  tout  à  fait  caractéristique,  dans  son  allure 
générale  et  notamment  dans  sa  draperie,  de  l'école  bourguignonne 
du  XV'  siècle.  C'est  aux  ateliers  dijonnais  qui  travaillaient  pour 
Philippe-le-Hardi  que  remontent  ce  système  de  plis  larges  et 
comme  gonflés  de  sève,  cette  habileté  dans  le  traitement  des  étoffes 
souples  et  laineuses,  ce  style  puissant  et  pittoresque.  Leur  manière 
se  perpétua  au  cours  du  xv  siècle,  et  il  se  constitua,  quoi  qu'on  en 
ait  dit,  une  véritable  école  locale  dont  l'action  s'étendit  sur  un  grand 
grand  nombre  de  provinces  françaises.  II  semble  bien  que  cette 
Vierge  avec  son  ample  manteau  dont  un  pan  lui  couvre  la  tête 
et  d'où  émerge  à  peine  le  poupon  qu'elle  berce  très  familièrement 
entre  ses  bras,  soit  issue  du  centre  même  de  la  production  bour 


XV*   SIECLE  121 


guignonne.  Elle  est  de  la  famille  des  Vierges  du  Louvre  et  de 
Cluny,  de  celle  de  Rouvres  et  de  saint  Jean  de  Losne.  Cependant 
une  grâce  plus  tendre,  un  sentiment  plus  délicat  la  différencient  de 
certaines  de  ces  Vierges,  assez  épaisses  et  vulgaires.  Elle  date  évi- 
tainement  du  temps  ou  l'art  bourguignon  lui-même  s'affine,  se  dé- 
tend et  cherche  aussi  à  s'approcher  de  cet  idéal  nouveau  qui  appa- 
raît, après  les  grands  réalistes  du  xv-  siècle,  chez  Bourdichon  ou 
chez  le  maître  de  Moulins. 

M.  Raymond  Koechlin. 

3i5.   SAINTE  portant  un  Livre. 

XV'  siècle. 

H.  0,62.  Marbre. 

Cette  statuette  peu  caractérisée  comme  type  iconographique 
est  d'une  exécution  raffinée  et  précieuse.  On  y  sent  comme  dans 
un  certain  nombre  de  productions  françaises  du  xV  siècle,  notam- 
ment la  Vierge  du  Marturet  de  Riom  et  celle  de  la  chapelle  de 
Chàteaudun  la  survivance  des  traditions  d'élégance  et  d'esprit 
du  xiV  siècle,  sans  aucune  intervention  de  la  lourdeur  du  réalisme 
bourguignon.  Ces  survùvances.beaucoup  trop  négligées  en  général, 
expliquent  bien  des  caractères  de  l'art  français,  particulièrement 
de  celui  du  Centre.vers  la  fin  du  xV  siècle.  Elles  sont  très  sensibles 
ici  dans  la  façon  même  de  traiter  la  draperie.  Il  s'y  ajoute  une 
recherche  de  grâce  souriante  et  calme,  très  particulière  à  l'époque 
qui  précède  immédiatement  l'entrée  en  scène  de  l'italianisme. 
M"^'  LA  Marquise  Arcoxati-Viscoxti. 

3i6.   SAINT  MICHEL. 

XV'  siècle. 

H.   1.5  s  Pierre. 

Cette  statue  provient  de  la  région  de  Chartres.  Elle  représente 
l'archange  sous  les  traits  d'un  tout  jeune  homme  revêtu  d'une 
armure  et  portant  par  dessus  un  long  manteau.  La  forme  de  l'ar- 
mure soigneusement  étudiée  dans  ses  détails  indique  à  peu  près  le 
milieu  du  xv«  siècle.  La  figure  très  élégante  et  très  fine,  d'une 
allure  discrète  et  modérée,  avec  une  nuance  de  raffinement  pré- 
cieux, rappelle  comme  esprit  le  charmant  angelot-girouette  du 
château  du  Lude.  11  fait  songer  aussi  au  Saint  Michel  du  Musée  de 
Montargis  et  à  la  tête  casquée  du  Musée  d'Orléans, 

M.  SiGISMOND  BaRDAC. 

317.   VIERGE  portant  l'Enfant. 
2*  moitié  du  xv*  siècle. 
*H.  1,65  Pierre  peinte. 

Cette  statue,  dont   nous   ne   connaissons   pas  la   provenance 


122  XV"  SIECLE 


exacte,  nous  paraît  par  tous  ses  caractères  se  rapprocher  des  pro- 
ductions de  l'Ecole  de  la  Loire  immédiatement  antérieures  aux 
guerres  d'Italie.  Plusgothique  et  certainement  plus  ancienne  que  la 
Vierge  d'Olivet,  elle  en  est  comme  la  préparation.  C'est  dans  ce 
style  qu'on  devait  travailler  autour  de  Michel  Colombe,  en 
Touraine,  vers  1480.  Sa  figure  ronde  et  douce,  avec  le  nez  spirituel- 
lement retroussé  lorsqu'on  la  voit  de  profil,  les  yeux  sans  malice, 
le  sourire  à  peine  indiqué  est  de  celles  qu'affectionnaient  Fouquet 
et  Bourdichon.  Le  corsage  chastement  moulé,  le  manteau  aux  plis 
lourds,  mais  sans  cassures  à  la  flamande,  sans  tumulte  à  la  bour- 
guignonne, se  retrouvent  également  dans  un  certain  nombre  d'oeu- 
vres tourangelles  contemporaines  de  la  jeunesse  et  de  la  maturité 
de  Michel  Colombe,  dont  par  malheur  nous  ne  connaissons  aucune 
œuvre  authentique  de  cette  époque. 

M.  Georges  Hoi.ntschel. 

3)8.   BUSTE  D'UNE  VIERGE  DE  DOULEUR. 

2°  moitié  du  xv°  siècle. 

H.  0,42  Bois. 

Ce  fragment  faisait  partie  d'une  statue  de  Vierge  debout  au  pied 
delà  Croix,  les  mains  croisées  sur  la  poitrine.  Bien  qu'il  ait  été 
recueilli  à  Chambéry,  il  y  a  lieu  de  le  rapprocher,  à  cause  du 
type  du  visage  très  doux  et  discret,  à  cause  de  l'arrangement  du 
voile,  de  certaines  figures  de  l'école  de  la  Loire,  notamment  d'une 
Vierge  de  douleur  en  bois  dans  l'Église  de  Beaulieu-les-Loches, 
celle-ci  étant  assez  proche  du  reste  comme  esprit  et  comme  date 
probable  du  Sépulcre  de  Solesmes.  (1496) 

M.  Durand-Gréville. 

3j9.    personnage  en  costume  Cl  vil 

2°  moitié  du  xv°  siècle. 

H.  0,55.  Pierre. 

Statuette  un  peu  lourde,  aux  proportions  courtes,  à  la  draperie 
épaisse  où  se  sent  l'influence  bourguignonne.  Le  personnage  tient 
un  livre  ouvert  et  un  phylactère.  Il  porte  sur  la  tête  un  bonnet  ana- 
logue à  celui  de  certaines  figures  de  Fouquet  et  de  son  école. 
Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

320.  APOTRE. 

2*  moitié  du  xv*  siècle. 

H.  0,92.  Pierre  peinte. 

Cette  statuette  provient  de  Rouen.  Le  personnage  imberbe, 
pieds  nus,  vêtu  d'un  simple  manteau,  parait  bien  représenter  un 
apôtre.  On  remarquera  le  sac  dans  lequel  il  porte  son  livre  :  on  le 


XV'"   SIECLE  12; 


retrouve  exactement  semblable  chez  certains  pleurants  des  tom- 
beaux du  XV'  siècle.  C'est  absolument  aussi  le  même  esprit  qui  se 
trahit  dans  les  proportions  assez  trapues  de  la  figure  et  dans  le 
caractère  réaliste  et  un  peu  vulgaire  de  la  physionomie.  La  draperie 
n'a  pas  cependant  la  largeur  et  l'ampleur  de  la  draperie  bourgui- 
gnonne :  avec  son  geste  naïf,  sa  silhouette  pittoresque,  on  dirait 
quelque  personnage  secondaire  emprunté  aux  miniatures  de  Fou- 
quet. 

M.  Albert  Maignax. 

32  1.  TÊTE   D'ÉVÊQUE. 

Fin  du  XV'  siècle. 

H.  0,42.  Bois. 

Ce  fragment,  d'un  style  large  et  puissant,  provient  d'Amiens. 
C'est  un  type  achevé  de  l'art  réaliste  du  xv"  siècle.  On  remarquera 
l'ornementation  très  soignée  de  la  mitre,  où  est  représenté  un 
Christ  bénissant,  entre  un  saint  Pierre  et  un  saint  Paul  agenouillés. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs, 

322.  SAlNT-jEAN-BAPTlSTE. 

2'  moitié  du  xv°  siècle. 

H.  0,90.  Bois  peint. 

Le  saint,  vêtu  d'une  tunique  en  peau  de  bête  et  d'un  grandjman- 
teau,  porte  simplement  l'agneau  posé  sur  le  bras  gauche,  suivant 
les  habitudes  du  xv'  siècle.  Cette  statuette  un  peu  courte,  de  senti- 
ment réaliste  et  pittoresque  appartient  à  la  région  picarde. 

M,  Martin  Le  Roy. 

323.  LA  VIERGE  ET  L'ENFANT. 

Fin  du  XV'  siècle. 

H.  0,98,  Bois  autrefois  peint. 

Cette  statuette  de  provenance  inconnue,  paraît  appartenir  au 
nord  de  la  France,  peut-être  à  la  région  picarde,  La  Vierge  de- 
bout, sans  inflexion,  tient  sur  le  bras  droit  l'enfant  Jésus  à  qui  elle 
présente  de  la  main  gauche  une  grappe  de  raisin.  Son  manteau  jest 
assez  ample  niais  sans  grande  complication  de  plis.  Son  visage 
offre  un  type  très  particulier  et  très  individuel.  L'enfant,  vêtu-d'une 
chemise  ouverte  qui  laisse  voir  son  petit  corps  grêle,  soigneuse- 
ment détaillé,  est  d'une  exécution  spirituelle.  L'ensemble  témoigne 
d'un  esprit  réaliste  et  pittoresque,  précis  et  minutieux,  assez  com- 
mun dans  l'école  française  de  la  fin  du  xv'  siècle,  surtout  dans  le 
Nord, 

M.  DE  Sainville. 


124  ^V'=  SIÈCLE 

324.  LA  VIERGE  ET  SAINT  JOSEPH. 

xV  siècle. 

H.  0,28.  Ivoire. 

Ces  deux  figures  agenouillées  l'uhe  en  face  de  l'autre  apparte- 
naient a  un  groupe  d'applique  représentant  la  Nativité.  L'Enfant 
Jésus  placé  à  l'origine  entre  les  deux  personnages  a  disparu. 

Cette  façon  de  figurer  la  scène  de  la  Nativité,  d'après  les  repré- 
sentations des  mystères,  n'apparait  guère  dans  l'art  européen  qu'au 
XV'  siècle.  On  la  retrouve,  entre  beaucoup  d'autres  exemples,  dans 
le  tableau  attribué  au  Maître  de  Flemalle  et  appartenant  au  Musée 
de  Dijon. 

M.  Emile  Molinier. 

325.  SAINT  MICHEL. 

xv*  siècle. 

H.  0,80.  Marbre. 

L'archange,  revêtu  d'une  armure  recouverte  d'un  ample  man- 
teau, tient  la  balance  de  la  main  gauche  et  de  la  droite,  la  lance 
dont  il  transperce  le  démon.  Celui-ci  est  représenté  sous  la 
figure  humaine.  L'attitude  juste  et  précise,  l'expression  ingénue  de 
la  figure,  la  draperie  souple  et  sans  exagération,  rapprochent  cette 
charmante  statuette  des  œuvres  françaises  d'origine,  bien  qu'elle 
provienne  directement  d'Espagne.  On  sait  du  reste  que  presque 
toute  la  sculpture  gothique  dans  ce  pays  est  d'influence  sinon 
d'exécution  française. 

M.  Georges  Hoentschel. 

326.  DONATEUR  AGENOUILLÉ. 

Fin  du  xV  siècle. 

H.  0,65.  Pierre. 

Le  personnage  assez  jeune,  imberbe  et  les  cheveux  longs,  sem- 
ble porter  un  costume  ecclésiastique.  Statuette-applique  qui  était 
placée  auprès  d'une  Vierge  debout.  Provient  de  Neufchâtel-en- 
Braye. 

M.  Lemann 

327.  PERSONNAGE  EN  COSTUME   CIVIL,    tenant  un   faucon 

sur  son  poing. 

Début  du  xvr  siècle. 

H.  0,45.  Pierre. 

Cette  statuette  d'une  exécution  très  fine  et  soignée  paraît  avoir 
figuré  dans  quelque  ensemble  de  retable  sculpté,  peut-être  dans  un 


XVr^   SIÈCLE  125 


cortège  de  rois  Mages.  C'est  une  sculpture  ferme  et  précise  qui 
rappelle  les  œuvres  des  huchiers  brabançons  de  la  fin  du  xV  siècle, 
ou  celle  de  ces  imagiers  français  qui  sculptèrent,  à  peu  près  dans  les 
mêmes  données,  certains  hauts-reliefs  compliqués  et  pittoresques, 
ou  ces  petits  groupes  épisodiques  dispersés  le  long  des  voussures 
des  portails  flamboyants. 

M.  LE  Comte  îsa.\c  de  Camoxdo. 

328.  SAINTE-CATHERINE. 

Début  du  xvi*  siècle. 

H.  0,35.  Marbre. 

Cette  petite  figurine  de  sainte  debout  portant  l'épée  et  le  livre 
avec  près  d'elle  la  roue  de  son  supplice, représente  Sainte  Catherine 
d'Alexandrie.  Par  sa  matière  et  aussi  un  peu  par  son  style,  elle  fait 
penser  aux  statuettes  qui  décorent  les  tombeaux  de  Brou.  Elle 
paraît  cependant  plus  française,  étant  beaucoup  plus  simple  d'ajus- 
tement, d'attitude  moins  maniérée  et  de  charme  plus  discret. 

M.  Gustave  Dreyfus. 

329.  VIERGE  DE  L'ANNONCIATION. 

I''  quart  du  xvr  siècle. 

H.  0,45.  Marbre. 

La  Vierge  est  agenouillée  à  côté  d'un  pupitre  à  pied  coudé  très 
fréquent  dans  l'iconographie  du  xv'  siècle.  Elle  se  retourne  vers 
l'ange  qui  lui  apporte  le  message  divin.  Derrière  elle,  un  petit  per- 
sonnagebarbu, encapuchonné,  représente  probablement  St  Joseph. 
Ce  fragment  provient  de  Bourg-en-Bresse,  et  semble  pouvoir  se 
rattacher  à  l'art  de  Brou.  L'influence  flamande  y  est  tout  à  fait  évi- 
dente. Le  marbre  est  celui  du  Jura. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 

330.  VIERGE  DEBOUT,  LES  BRAS  CROISÉS. 

i*""  quart  du  xvr  siècle. 

H.  1,03.  Pierre. 

Cette  figure  paraît  avoir  fait  partie  d'un  groupe  de  l'Annoncia- 
tion. Le  caractère  de  la  tête  et  de  la  draperie  ainsi  que  les  orne- 
ments du  manteau  donnent  une  date  assez  avancée.  Le  type  icono- 
graphique est  cependant  encore  celui  du  xiv'  siècle;  au  xv*  et  au 
xvi'  siècle,  les  Vierges  françaises  de  l'Annonciation  sont  générale- 
ment agenouillées. 

Union  centrale  des  Arts  décoratifs. 


126  XVI"   SIÈCLE 


33 ï.  BUSTE-RELIQUAIRE. 

I"  quart  du  xvi'  siècle. 

H.  0,43.  Bois  peint. 

Ce  buste  provient  d'une  ancienne  église  de  Chartres,  Aucune 
inscription,  aucun  attribut  ne  permet  d'indiquer  la  sainte  ici  repré- 
sentée. Le  type  accusé  avec  une  recherche  très  précise  d'individua- 
lisme est,  dit-on,  tout  à  fait  propre  à  la  région  beauceronne.  C'est 
un  véritable  portrait. 

M.  Albert  Mayeux. 

332.  SAINTE  MARTYRE. 

1"  quart  du  xvi*  siècle. 

H.  1,35.  Pierre  autrefois  peinte. 

La  sainte  ici  représentée  porte  un  livre  et  une  palme,  attributs 
peu  caractéristiques  qui  ne  permettent  guère  de  la  nommer.  Elle 
provient,  paraît-il,  des  environs  de  Nantes.  Le  surcot  et  les  diffé- 
rentes parties  du  costume, caractéristique  du  temps  de  la  reine  Anne 
de  Bretagne,  sont  très  soigneusement  détaillés.  La  figure  est 
évidemment  contemporaine  des  chefs-d'œuvre  de  l'école  tou- 
rangelle et  l'on  peut  même  supposer  que  les  sculptures  de  Michel 
Colombe  au  tombeau  des  Carmes  de  Nantes  ne  furent  pas  sans  in- 
fluencer l'imagier,  local  sans  doute,  qui  tailla  cette  figure  vers  isi<> 
ou  1^20. 

M.  Besse. 

333.  LA  VIERGE  ET  L'ENFANT. 

I"  moitié  du  xvr  siècle. 

H.  1,28.  Pierre. 

Cette  Viergejdebout,  portant  l'enfant  sur  le  bras  gauche,  pro- 
vient de  la  collection  Vaïsse  de  Marseille.  Elle  appartient  vraisem- 
blablement au  Midi  de  la  France.  La  recherche  d'expression  un  peu 
grimaçante  de  la  figure,  le  geste  précieux,  le  mouvement  du  corps 
très  accusé,  témoignent  des  influences  italiennes  déjà  presque 
prépondérantes.  Elle  rappelle,  mais  avec  moins  de  charme,  la 
Vierge  de  Saint-Galmier. 

Union  Centrale  des  Arts  décoratifs. 

334.  SAINT-ROCH   DANS   UNE   NICHE   FLAMBOYANTE. 

I"  moitié  du  xvr  siècle. 

H,  0,88,  Bois. 

Fragment  pittoresque,  mais  un  peu  fruste,  qui  appartenait  sans 
doute  à  la  façade  de  quelque  maison.  Provient  d'Amiens. 
Union  Centrale  des  Arts  décoratifs. 


XVP   SIÈCLE  127 


335.  DEUX  APOTRES,  dans  des  niches  Renaissance, 

I"  moitié  du  xvr  siècle. 

H.  0,80  Marbre. 

Ces  deux  fragments,  représentant  Saint  Paul  et  saint  Jacques 
dans  des  niches  à  coquilles  flanque'es  de  pilastres  classiques  pro- 
viennent sans  doute  de  la  décoration  d'un  tombeau  due  à  quelque 
atelier  franco-italien  du  temps  de  Louis  XII  ou  de  François  I", 
le  style  des  figures  très  classiques  et  très  mouvementées  est  à  peu 
près  celui  des  Juste,  marbriers  italiens  établis  en  Touraine. 

M.  M.  DU  Seigneur. 

336.  LA  VIERGE  ET  L'ENFANT. 

Milieu  du  xvr  siècle. 

H.  0,95.  Marbre. 

Cette  statuette,  d'une  exécution  très  fine,  et  d'un  maniérisme 
assez  gracieux,  n'est  pas  sans  rapport  avec  les  créations  de  l'école 
troyenne  du  milieu  du  xvi'  siècle.  Mais  ce  style  très  pénétré  d'ita- 
lianisme est  assez  répandu  dans  presque  toutes  les  provinces 
françaises  à  cette  époque  et  en  l'absence  de  traditions,  il  nous  pa- 
raît difficile  de  préciser  sa  provenance. 

M.  Besse. 

337.  LA  JUSTICE. 

Milieu  du  xvi*  siècle. 

H.  0.58.  Pierre. 

Cette  figure  allégorique  de  Vertu,  offre  de  grandes  analogies 
avec  plusieurs  statuettes  conservées  au  Musée  de  Cluny,  ainsi  que 
dans  la  collection  Meige,  à  Paris,  toutes  d'origine  champenoise,  et 
faisant  partie  sans  doute  autrefois  d'un  même  ensemble.  On  peut 
les  attribuer  à  l'atelier  des  Juliot,  sculpteurs  travaillant  à  Troyes, 
de  1525  à  1550  environ.  Ce  sont  des  morceaux  élégants,  compli- 
qués et  maniérés  qui  accusent  l'influence  grandissante  de  l'italia- 
nisme, tout  en  gardant  certains  caractères  gothiques,  dans  le  pitto- 
resque très  cherché  de  l'ajustement,  par  exemple.  Ancienne 
collection  Gréau. 

M.  Raymond  Kœchlin. 

338.  BUSTE  D'ENFANT. 

2'  moitié  du  xvi*  siècle. 

H.  0,29.  Marbre. 

Le  costume  et  la  coiffure  de  ce  petit  portrait,  indiquent  la  date 
approximative  de  1570  à  1580.  On  l'a  attribué  (Molinier.  Monu- 
ments Piot,  t.  VI)  à  Germain  Pilon  ou  à  son  atelier,  et  on  a  proposé 
d'y  reconnaître  un  portrait  de  la  petite  Marie-Elisabeth,  fille  de 


128  XVI-  SIÈCLE 

Charles  IX  et  d'Elisabeth  d'Autriche,  morte  en  1578,  à  l'âge  de  cinq 
ans  ;  elle  en  aurait  ici,  trois  ou  quatre.  Il  est  difficile  de  rien  affir- 
mer devant  une  physionomie  aussi  peu  formée,  bien  que  le  souci 
d'exactitude  et  la  qualité  réaliste  de  l'exécution  soient  très  évi- 
dents. D'autre  part,  l'attribution  à  Pilon  est  assez  plausible,  mais 
n'est  nullement  prouvée  ;  le  caractère  de  ce  buste  diffère  beaucoup 
de  celui  du  Louvre,  qui  passe  pour  représenter  Henri  IV  enfant, 
et  qui  n'est  du  reste  attribué  à  Pilon  que  par  une  simple  tradition. 

Ancienne  collection  Bonnaffé. 

Mme  la  Marquise  Arconati-Visconti. 


ŒUVRES  EXPOSEES 


A  LA 


BIBLIOTHÈQUE    NATIONALE 


MANUSCRITS    A    PEINTURES 


MANUSCRITS  A   PEINTURES 


AVIS 


La  galerie  affectée  à  l'Exposition  est  destinée  à  devenir, 
dans  peu  d'années,  la  pièce  principale  du  Département  des 
médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque  Nationale.  En  la  cons- 
truisant et  en  l'aménageant,  l'architecte  M.  Pascal  s'est  astreint 
à  y  faire  respectueusement  entrer  les  peintures  et  les  sculp- 
tures qui  faisaient  l'ornement  du  Cabinet  des  médailles  du  roi 
établi  au  xviii"  siècle,  au-dessus  de  l'arcade  Colbert. 

Les  organisateurs  de  l'Exposition  se  sont  proposé  d'y  ras- 
sembler un  choix  de  manuscrits,  d'après  lesquels  on  pourra 
suivre  l'évolution  de  la  peinture  appliquée  en  France  à  la 
décoration  des  livres  depuis  le  xiii"  siècle  jusqu'au  xvI^  Ces 
manuscrits  sont  ici  catalogués  suivant  l'ordre  chronologique, 
auquel  il  n'a  été  fait  que  de  rares  exceptions,  justiiiées  par  des 
analogies  de  provenance  ou  de  sujet. 

Le  même  principe  a  présidé,  en  général,  au  placement 
des  manuscrits  dans  les  vitrines.  Des  exigences  matérielles  ont 
cependant  obligé  de  s'en  écarter  sur  quelques  points.  De 
plus,  il  a  paru  convenable  de  mettre  à  part,  pour  être  placés 
dans  un  meuble  spécial  au  milieu  de  la  galerie,  des  morceaux 
d'élite  qu'il  importait  de  grouper,  pour  mieux  faire  apprécier 
les  chefs-d'œuvre  des  artistes  français  du  xiv*  et  du  xv®  siècle. 
En  outre,  quatre  vitrines  marquées  des  lettres  A,  B,  C  et  du 
chiffre  XX  ont  été  consacrées  à  vingt-cinq  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  mazarine,  et  à  neuf  manuscrits  de  la  célèbre 
collection    de    M.  Henry    Yates  Thompson.    Mais    tous    les 


manuscrits,  et  plusieurs  de  ceux  dont  on  trouvera  des 
fac-similé  sur  le  mur  du  vestibule  au  rez-de-chaussée,  sont 
mentionnés  au  catalogue,  à  la  place  qu'ils  avaient  droit 
d'occuper  dans  la  série  chronologique  Chaque  notice  se 
termine  par  l'indication  de  la  vitrine  dans  laquelle  se  trouve 
le  volume  décrit.  Comme  chacun  des  manuscrits  exposés  est 
accompagné  d'un  numéro  de  renvoi  à  l'article  correspondant 
du  catalogue,  il  sera  toujours  facile  de  se  reporter  soit 
des  manuscrits  au  catalogue,  soit  du  catalogue  aux  manus- 
crits. 

Indépendamment  du  grand  meuble  installé  au  milieu  de 
la  galerie  et  indiqué  dans  le  catalogue  par  la  lettre  M,  on  a 
disposé  sur  trois  rangées  et  contre  les  murs  de  la  pièce  vingt- 
huit  vitrines,  prêtées  par  l'Union  des  Arts  décoratifs  et  dis- 
tinguées par  les  chiffres  romains  I-XXV  et  par  les  lettres 
A,  B,  C;  ces  trois  dernières  réservées  aux  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  mazarine,  et  la  vitrine  XX  à  ceux  du  cabinet  de 
M.  Henry  Yates  Thompson. 

Dans  la  première  rangée,  du  côté  du  chantier,  les 
vitrines  I-VI. 

Dans  la  rangée  du  milieu,  les  vitrines  VII-X. 

Dans  la  troisième  rangée,  du  côté  de  la  rue  Vivienne,  les 
vitrines  X-XVI. 

Contre  le  mur  du  midi,  les  vitrines  A,  B,  C. 

Contre  celui  du  couchant,  les  vitrines  XX  à  XXII. 

Contre  celui  du  nord,  les  vitrines  XXIII  à  XXV. 

Contre  celui  du  levant,  les  vitrines  XVII  à  XIX. 

Les  visiteurs  sont  invités  à  étudier  l'Exposition  de  la 
Galerie  en  examinant  successivement  les  vitrines  dans  l'or- 
dre suivant  : 

Première  rangée  du  côté  de  l'entrée,  le  côté  droit  et  en 
retour,  le  côté  gauche  ;  rangée  du  milieu,  la  droite  et  la  gau- 
che ;  troisième  rangée,  la  droite  et  la  gauche  ;  vitrines  ados- 
sées aux  murs. 

La  visite  pourra  commencer  ou  finir  par  l'examen  des  ma- 
nuscrits exposés  sur  les  parois  du  meuble  du  milieu. 

Le  public  devra  savoir  gré  aux  établissements  publics  et 


aux  bibliophiles  de  la  bonne  grâce  avec  laquelle  ils  ont  secondé 
les  organisateurs  de  l'Exposition. 

Leurs  noms  doivent  être  relevés  en  tête  du  Catalogue, 
avec  l'indication  des  manuscrits  dont  ils  ont  consenti  à  se 
séparer  pendant  plusieurs  mois, 

La  bibliothèque  de  l'Arsenal  (les  manuscrits  réunis  dans 
les  vitrines  A.  B.  C). 

La  bibliothèque  Sainte-Geneviève  (N*"  9  et  37). 

La  bibliothèque  Mazarine  (N**'  58  et  139). 

La  bibliothèque  Méjanes,  à  Aix  (N°  118  bis). 

La  bibliothèque  de  Besançon  (N"  43). 

La  bibliothèque  de  Bourges  (i). 

La  bibliothèque  de  Poitiers  (N"  119). 

La  bibliothèque  de  Verdun  (N**  21). 

Le  séminaire  de  Soissons  (N"  32). 

M™*  Jacquemart  André,  à  Paris  (N"'  34  et  86). 

M.  Gallice,  à  Epernay  (N*"  126  et  174). 

M.  Tancrède  de  Scitivo  de  Greische  (N"  127). 

Le  très  noble  marquis  de  Bute  (N"  53). 

M.  Henry- Yates  Thompson  (N*"  II,  14,  20,  28,  85,  112,  115, 
129,  183). 

Au  rez-de-chaussée  sont  exposés  sous  verre  des  fac-si- 
milé de  manuscrits  de  premier  ordre  qu'il  n'était  pas  possible 
de  mettre  en  original  sous  les  yeux  des  visiteurs  tels  que  : 

Le  registre  des  Hommages  du  comté  de  Clermont  en 
Beauvaisis,  disparu  depuis  le  xviir  siècle  ; 

Le  portrait  de  Charles  V,  de  la  bible  du  Musée  Meermans- 
Westreenien  à  la  Haye  ; 

Les  Heures  de  Charles  V  et  celles  du  duc  de  Barri,  qui  ont 
dû  périr  dans  l'incendie  de  la  bibliothèque  de  Turin; 

Les  Heures  du  duc  de  Berri,  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Belgique  ; 

Les  Heures  du  duc  de  Berri,  et  plusieurs  autres  manuscrits 
du  Musée  Condé,  à  Chantilly  ; 

La  Cité  de  Dieu  de  Philippe  de  Commynes,  de  la  Bibliothè- 
'[  que  royale  de  La  Haye  ; 

(i)  La  place    a  manqué   pour  exposer  les  grands  lectionnaires  que  le  duc  de 
Berri  avait  donnés  à  la  Sainte-Chapelle  de  fiourges. 


Les  feuillets  de  la  Cité  de  Dieu,  des  Minimes,  de  la  Guiche 
passés  en  Amérique. 

Les  Heures  de  Jacques  Cœur,  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Munich. 

Les  plus  beaux  manuscrits  à  peintures  d'origine  française 
que  possède  le  Musée  britannique. 

A  encore  trouvé  place  dans  le  vestibule  une  charte  enlu- 
minée du  bon  roi  René,  communiquée  par  la  bibliothèque 
Méjanes  d'Aix. 


MANUSCRITS    A    PEINTURES 


1.    LA  BIBLE  MORALISEE. 

Latin  11560. 

La  Bible  moralisée  est  une  compilation  de  versets  de  la  Bible 
accompagnés  de  commentaires  allégoriques  et  de  réflexions  m.o- 
rales.  Elle  a  dû  être  faite  au  temps  de  saint  Louis.  Elle  comporte 
une  très  riche  illustration,  consistant  en  deux  petits  tableaux  pour 
chacun  des  versets  choisis  par  le  compilateur.  Le  peintre  chargé 
de  l'illustration  avait  à  remplir  sur  chaque  page  du  manuscrit  huit 
compartiments  circulaires  à  fond  d'or,  encadrés  entre  les  deux 
colonnes  de  texte. 

Ce  mers'eilleux  travail  comprend  plus  de  5000  tableaux.  Un 
exemplaire  à  peu  près  complet  nous  en  est  parvenu,  mais  partagé 
en  trois  morceaux  :  le  premier  (224  feuillets)  est  à  la  Bibliothèque 
bodléienne  d'Oxford,  le  deuxième  (222  feuillets)  à  la  Bibliothèque 
Nationale,  le  troisième  (184  feuillets)  au  Musée  britannique  (fonds 
Harléien).  C'est  le  deuxième  de  ces  morceaux  qui  est  exposé  ;  il 
contient  environ  1800  tableaux  se  rapportant  au  psautier,  aux 
livres  Sapientiaux  et  aux  Prophètes. 

Un  second  exemplaire  de  la  Bible  moralisée,  qui  devait  être 
une  réplique  du  premier,  n'est  plus  représenté  que  par  un  cahier 
de  huit  feuillets,  que  le  possesseur,  M.  le  vicomte  de  Hillerin,  a 
envoyé  en  1881  à  une  exposition  retrospective.de  l'Union  des  arts 
décoratifs.  Ce  cahier  contient  la  fin  de  l'ouvrage.  Sur  la  dernière 
page,  le  peintre  a  représenté  deux  religieux  occupés,  sous  les  yeux 


XIII'   SIÈCLE 


d'un  roi  et  d'une  reine,  l'un  à  dicter,  l'autre  à  copier  la  Bible.  On 
peut  conjecturer  que  ce  sont  là  les  images  de  saint  Louis  et  de 
la  reine  Blanche  ou  de  la  reine  Marguerite. 

Il  est  assez  probable  que  la  composition  de  la  Bible  moralisée 
a  été  entreprise  sous  les  auspices  de  saint  Louis. 

Histoire  littéraire  de  la  France^  t.xxxi,  p.  218-236.  —  Une  page 
du  ms.  II 560  a  été  reproduite  en  héliogravure  dans  V Album  pa- 
léographique de  la  Société  de  l'iicole  des  chartes.  —  Une  page  du 
ms.  Harléien  est  dans  le  recueil  de  Warner,  Jlluminated  manus- 
cipts.  Vitrine  I 

2.  TABLEAUX  BIBLIQUES  DU  XIU*  SIECLE. 

Nouv.  acq.  lat.  2294. 

Fragments  d'un  recueil  qui  constituait  un  volume  de  très  grand 
luxe,  et  dont  les  peintures,  remarquables  à  la  fois  par  la  composi- 
tion, le  dessin  et  le  coloris,  étaient  accompagnées  de  légendes 
latines.  La  Bibliothèque  nationale  n'en  possède  que  quatre  pages 
(don  de  M.  Jules  Macier)  ;  M.  le  comte  Durrieu  en  a  retrouvé  43 
feuillets  dans  la  Bibliothèque  de  sir  Thomas  Phillipps. 

Bibliothèque  de  VEcole  des  chartes^  année  1889,  p.  386.  — 
Histoire  littéraire  de  la  France^  t.  xxxi,  p.  253         Vitrine I 

3.  EVANGELIAIRE  DE  LA  SAINTE  CHAPELLE. 

Latin  17326. 

Ce  volume,  qu'un  ancien  inventaire  du  trésor  de  la  Sainte 
Chapelle  qualifie  de  «très  beau  texte  des  évangiles  »,  contient  les 
évangiles  de  toutes  les  messes  de  l'année.  Il  peut  remonter  au 
temps  de  saint  Louis,  Rien  n'a  été  épargné  pour  en  faire  un  livre 
qui  répondit  à  la  splendeur  de  la  Sainte  Chapelle.  Toutes  les  pages, 
à  peu  d'exception  près,  sont  ornées  de  miniatures  à  fond  d'or  d'un 
éclat  éblouissant. 

Il  en  existe  une  réplique  au  Musée  britannique,  ms.  addit.  17341. 
—  La  copie  du  texte  est  identique  dans  les  deux  exemplaires  ;  les 
lignes  y  sont  coupées  de  la  même  façon.  Les  sujets  des  peintures 
sont  aussi  les  mêmes,  et  ils  occupent  les  mêmes  espaces.  Les 
miniatures  du  manuscrit  de  Londres  ont  été  copiées  d'après  celles 
du  manuscrit  de  Paris  ;  mais  la  reproduction  n'est  guère  fidèle. 
Pour  qu'on  en  puisse  juger  nous  plaçons  en  regard  du  fol.  155  V 
de  notre  manuscrit  la  chromolithographie  du  feuillet  145  v*  du 
manuscrit  de  Londres,  que  M.  Warner  a  comprise  dans  son  recueil, 
en  reconnaissant  l'antériorité  du  manuscrit  de  Paris. 

\'itrine   I. 


XIII'   SIECLE 


4.   EVANGILES  DES  PRINCIPALES  FETES  DE 

L'ANNEE. 

Latin  8892. 

Volume  exécuté  au  xiii'  siècle.  Il  vient  de  la  Sainte  Chapelle, 
et  la  plupart  des  évangiles  y  sont  accompagnés  de  peintures  à  fond 
d'or,  dont  l'éclat  rappelle  les  plus  beaux  vitraux  de  l'époque.  C'est 
un  travail  analogue  à  celui  du  ms.  17326.  Vitrine  II. 


5.   VIE  DE  SAINT  DENIS. 


Nouv.  acq.  franc.  1098. 


Manuscrit  exécuté  en  i2«50  dans  l'abbaye  de  Saint-Denis.  Donné 
en  1877  par  M.  le  duc  de  la  TrémoïUe.  Les  pages  exposées  font 
partie  d'une  série  de  tableaux  représentant  les  scènes  de  la  vie  de 
saint  Denis. 

Bibliothèque  de  V Ecole  des  chartes^  iS"]"],  t.  xxxviii,  p.  444. 

Vitrine  IL 


6.   PSAUTIER  DE  SAINT  LOUIS. 


Latin  10525. 


Ce  petit  volume,  exécuté  peu  de  temps  après  le  retour  de  saint 
Louis  en  France,  soit  vers  l'année  1256,  est  surtout  remarquable 
par  une  série  de  78  tableaux,  à  fond  d'or,  dont  les  sujets  sont 
empruntés  aux  premiers  livres  de  l'Ancien  Testament. 

Barbet  de  Jouy,  Notice  du  Musée  des  Souverains,  p.  41  —  Al- 
bum paléographique  de  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes.  —  Hist. 
litt.  de  la  France,  t.  xxxi,  p.  268.  —  Omont,  Reproduction  des  86  mi- 
niatures du  ms.  latin  10^2^.  Paris,  1902.  —  Delisle,  Notice  de  dou^e 
livres  royaux,  p.  37. 

Un  psautier  pareil,  dont  les  tableaux  font  suite  à  ceux  du  ms. 
10525,  est  conservé  à  Londres  dans  la  collection  de  M.  Yates 
Thompson.  Vitrine  II. 


7.  FRAGMENTS  DE  MISSEL,  noté. 

Cabinet  de  M.  le  comte  de  Wasiers. 

Manuscrit  du  xiii*  siècle.  Le  feuillet  exposé  contient  le  commen- 
cement de  la  préface  ;  on  y  remarque  deux  grandes  initiales  riche- 
ment enluminées,  le  P  du  Per  omnia  et  le  V  du  Vere  dignum. 
Dans  la  seconde  initiale,  l'Agneau  divin  est  placé  entre  les  figures 
de  l'Église  et  de  la  Synagogue.  Vitrine  III. 


XIII'  SIÈCLE 


8.  LE  LIBER  FLORIDUS,  de  Lambert,  chanoine  de  Saint-Omer. 

Latin  8865. 
Le  Liber  Floridus  est  un  recueil  de  textes  théologiques  et  his- 
toriques, qui  a  été  composé  au  commencement  du  xii'  siècle. 
L'exemplaire  original,  en  partie  autographe,  est  à  la  Bibliothèque 
de  Gand.  L'exemplaire  de  la  Bibliothèque  nationale  doit  avoir  été 
copié  un  peu  après  le  milieu  du  xiiT  siècle.  Les  pages  exposées 
contiennent  une  partie  des  figures  de  l'Apocalypse. 

Vitrine  III. 

9.  LES  GRANDES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Sainte-Geneviève,  n"  782. 

Exemplaire  qui  paraît  bien  être  celui  que  Primat,  moine  de 
Saint-Denis,  offrit  à  Philippe  le  Hardi;  le  frontispice,  représentant 
l'offrande  du  livre  au  roi,  a  été  reproduit  en  tête  du  t.  XXIII  du 
Recueil  des  Historiens.  Vitrine  III. 

10.  LA  SOMME  LE  ROL 

Français,  938. 
Volume  copié  en  1294  par  Perrin  de  Falons,  orné  de  quinze 
tableaux,  ce  texte  est  accompagné  de  quinze  tableaux  sur  les  huit 
derniers  desquels  ont  été  tracées  les  figures  allégoriques  des  Vices 
et  des  Vertus.  La  même  suite  de  peintures  se  retrouve  dans  trois 
autres  manuscrits  de  l'Exposition  :  les  n"»  14939  et  958  de  la  Biblio- 
thèque Nationale  (n"'  45  et  136  de  ce  livret)  et  le  n'  6329  de  l'Arse- 
nal. Elle  existe  aussi  dans  le  ms.  809  de  la  Mazarine  et  dans  le 
ms.  additionnel  28162  du  Musée  britannique.  —  Les  ms.  938  et 
14939  nous  ont  conservé  le  programme  détaillé  des  sujets  que 
l'enlumineur  devait  traiter.  Vitrine  IV. 

11.  PSAUTIER  DE  LA  SAINTE  CHAPELLE,  vers  1290. 

Cabinet  de  iM.  H.  Yates  Thompson. 
Manuscrit  postérieur  à  la  mort  du  roi  Philippe  le  Hardi,   anté- 
rieur à  la  canonisation  de  saint  Louis.  Vitrine  XX. 

J2.   BRÉVIAIRE  DE  PARIS. 

Latin  1023. 
Manuscrit  exécuté  peu  de  temps  avant  la  canonisation  de  saint 
Louis  (1297),  à  l'usage  de  la  famille  royale.  Sur  le  frontispice  sont 
représentées  deux  scènes  de  l'histoire  de  David. 

Delisle,  Notice  de  dou^e  livres  royaux^  p.  57.  Vitrine  IV. 


XIII'-XIV*   SIÈCLE 


I 


i3.    PSAUTIER  D'ORIGINE  ARTESIENNE. 

Latin  10435. 
Ce  livre,  qui  peut  dater  de  la  fin  du  xiii*  siècle,  renferme  un 
grand  nombre  de  petites  miniatures  dont  le  sujet  est  expli- 
qué par  des  légendes  françaises.  Sur  les  marges  et  aux  bouts  de 
lignes,  il  y  a  beaucoup  de  blasons,  de  figures  grotesques  et  de 
croquis  de  personnages  dont  les  noms  sont  tracés  en  caractères 
très  fins.  Vitrine  IV. 

14.   LA  SAINTE  ABBAYE. 

Cabinet  de  M.  Henry  Yates  Thompson. 

Traité  allégorique  de  dévotion. 

Cet  exemplaire  était  jadis  réuni  à  l'exemplaire  de  la  Somme  le 
Roi  qui  forme  aujourd'hui  le  nis.  add.  28162  du  Musée  britannique. 
Les  deux  manuscrits  n'ont  été  séparés  qu'en  cessant  d'appartenir 
au  comte  de  Bastard. 

La  Sainte  Abbaye  et  la  Somme  le  Roi  sont  l'œuvre  du  même 
calligraphe  et  du  même  enlumineur.  La  date  peut  en  être  fixée 
aux  environs  de  l'année  1300. 

Reproduction  de  peintures  de  la  Somme  Le  Roi  dans  le  grand 
ouvrage  du  comte  de  Bastard,  dans  le  Recueil  de  la  Société  paléo- 
graphique (pi.  245  et  246)  et  dans  le  Recueil  de  M,  Warner. 

Reproduction  de  peintures  de  la  Sainte  Abbaye  dans  l'ouvrage 
du  comte  de  Bastard  et  dans  le  Catalogue  illustré  de  la  Bibliothèque 
Didot.  Vitrine  XX. 

*.    LA  SOMME  LE  ROI,  copiée  en  i3ii. 

Arsenal,  ms.  6329.  (Vitrine  A,  n"  5). 

j5.    LE    LIVRE    DE    DINA    ET  CALILA,   mis  en  français  par 
Raimond  de  Béziers. 

Latin  8504. 

Exemplaire  offert  en  13 13  au  roi  Philippe  le  Bel. 

Au  commencement,  grande  miniature  de  présentation,  sur  la- 
quelle sont  figurés  Philippe  le  Bel  et  toute  la  famille  royale  :  Louis, 
roi  de  Navarre,  Charles,  comte  de  Valois,  Isabelle,  reine  d'Angle- 
terre, et  les  deux  jeunes  princes  qui  devaient  régner  sous  les  noms 
de  Philippe  le  Long  et  de  Charles  le  Bel.  Sur  les  deux  pages  précé- 
dentes sont  représentées  plusieurs  scènes  des  fêtes  qui  eurent  lieu 
à  Paris  en  13 13  pour  célébrer  la  chevalerie  des  fils  du  roi. 

Journal  des  Savants^  1898,  p.  158.  — Histoire  îitt.  de  la  France, 
t.  xxxiii,  p.  192. —  La  miniature  représentant  l'hommage  du  livre  au 
roi,  est  gravée  en  tête  du  tome  xxii  du  Recueil  des  Historiens  de  la 
France.  Vitrine  IV. 


10  XIV    SIÈCLE 


16-17-18.   VIE  ET  MIRACLES   DE  SAINT  DENIS. 

Français  2090-2092. 
Cet  ouvrage  a  été  composé  en  latin  par  Yves,  moine  de  Saint- 
Denis,  et  présenté  au  roi  Philippe  le  Long,  accompagné  d'une 
version  française  et  orné  d'un  grand  nombre  de  miniatures,  chefs- 
d'œuvre  de  l'art  français  dans  le  premier  quart  du  xiv°  siècle. 
Le  manuscrit  doit  avoir  été  exécuté  vers  l'année  13 17. 

Notices  et  extraits  des  manuscrits^  t.  XXI,  part.  II,  p.  249. 

Vitrine  V. 

19.  DERNIERE  PARTIE  DE  LA  MEME  COMPILATION. 

Latin  13836. 
Exemplaire    copié    par    Guillaume    L'Écossais,    à    la    même 
époque,  selon   toute   apparence,  mais  avec  moins  de  luxe  que 
l'exemplaire  offert  à  Philippe  le  Long.  11  est  daté  de  13 17. 

Vitrine  V. 

20.  BRÉVIAIRE  DE  VERDUN,  PARTIE  D'HIVER. 

Cabinet  de  M.  H.  Yates  Thompson, 

Très  beau  volume,  exécuté  au  commencement  du  xiv  siècle 
pour  Marguerite  de  Bar,  abbesse  de  Saint-Maur  de  Verdun. 
L'illustration  en  est  d'une  richesse  et  d'une  variété  telles  que 
M.  Montague  Rhodes  James  y  a  trouvé  à  décrire  741  sujets  (Catal. 
des  mss.  Thompson,  série  I,  p.  148-178).  Vitrine  XX. 

21  .  Le  tome  II  de  ce  Bréviaire  (partie  d'été)  est  conservé  à  la  Biblio- 

thèque de  Verdun,  sous  le  n"  107.  La  décoration  en  est  identique 
à  celle  du  tome  I  ;  mais  elle  est  loin  d'avoir  été  achevée. 

Le  livre  est  ouvert  au  fol.  26,  sur  lequel  on  voit  dans  une  initiale 
le  fou  niant  l'existence  de  Dieu.  Dans  la  marge  inférieure  de  la 
même  page  l'enlumineur  s'est  amusé  à  figurer  un  lion  qui  joue  du 
violon,  et  une  dame  qui  fait  manger  un  faucon  dans  sa  main. 

De  ces  deux  volumes  doit  être  rapproché  un  Pontifical  fait 
pour  Renaud  de  Bar,  évêque  de  Metz,  de  1302  à  13 16,  qui  est  dans 
la  bibliothèque  de  sir  Thomas  Brooke,  et  sur  lequel  on  peut  con- 
sulter un  Mémoire  du  Rév.  E.  S.  Dewick,  accompagné  de  planches 
et  inséré  dans  le  tome  LIV  de  VArchacologia;  toutes  les  peintures 
en  ont  été  reproduites  avec  une  parfaite  fidélité  dans  un  beau 
volume  que  sir  Th.  Brooke  a  offert  au  Roxburghe  Club  et  dont  le 
texte  est  l'œuvre  du  même  Rév.  Dewick.  Le  volume  de  fac  simile 
est  placé  à  côté  du  manuscrit  de  M.  Yates  Thompson  (vitrine  XX) 
pour  montrer  que  le  Bréviaire  de  Verdun  et  le  Pontifical  de  Metz 
sont  sortis  du  même  atelier.  Vitrine  IV. 


XIV'   SIÈCLE  ir 

22.  LE  ROMAN  DE  FAUVEL. 

Français  146. 
Rédaction  amplifiée  de  ce  roman,  dont  la  copie  peut  avoir  été 
faite  sous  le  règne  de  Charles  le  Bel.  —  Plusieurs  des  miniatures 
sont  à  rapprocher  de  celles  qui  ornent,  dans  le  ms.  français  571, 
les  vers  de  Raoul  Le  Petit,  sur  les  faits  et  gestes  du  cheval  Fauvel, 
ce  représentant  du  vice  et  de  la  perfidie.  La  peinture  du  fol.  34  a 
pour  sujet  un  charivari. 

Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  xxxii,  p.  112  et  146. 

Vitrine  VI. 

23,  BIBLE  LATINE,   copiée  en  iSij,  par  Robert  de  Billyng. 

Latin  11935. 

Au  commencement  de  la  Genèse  (fol.  5)  a  été  peinte  l'initiale  I, 
qui  occupe  toute  la  hauteur  de  la  page  et  dans  le  montant  de  la- 
quelle sont  encadrés  huit  médaillons  quadrilobés.  Le  peintre  y  a 
représenté:  dans  les  six  premiers, les  travaux  des  six  jours  delà  créa- 
tion; dans  le  septième,  Notre-Seigneur  assis  et  bénissant  ;  dans  le 
huitième,  le  calvaire.  Les  enlumineurs  ont  fait  connaître  leurs 
noms  dans  une  note  tracée  à  la  fin  de  l'Apocalypse,  en  caractères 
d'une  extrême  finesse  :  «Jehan  Pucelle,  AnciaudeCeus  (ou  Cens), 
Jacquet  Maci,  il  hont  enluminé  ce  livre  ci.  Geste  lingne  de  vermil- 
lon, que  vous  véés,  fu  escrite  en  l'an  de  grâce  MCCC  et  XXVII,  en 
un  jueudi  darrenief  jour  d'avril,  veille  de  mai,  V"  die.  » 

La  page  contenant  cette  note  a  été  reproduite  dans  la  Notice  sur 
dou^^e  livres  royaux.  Vitrine  VI. 

24-25.     BREVIAIRE  DE  BELLEVILLE. 

Latin  10283  ^*  10284. 

Bréviaire  suivant  l'usage  des  Frères  Prêcheurs,  paraissant 
avoir  été  exécuté  avant  la  canonisation  de  saint  Dominique  (1334), 
pour  Olivier  de  Clisson  et  pour  Jeanne  de  Belleville,  femme  de 
celui-ci.  Il  a  appartenu  à  Charles  V,  à  Charles  VI,  à  Richard  II,  roi 
d'Angleterre  et  à  Jean,  duc  de  Berri. 

Volume  de  très  grand  luxe  à  la  décoration  duquel  ont  travaillé 
Jean  Pucelle,  Ancelet  de  Cens  (ou  Cens)  et  Jaquet  Maci. 

Les  peintures  sont  d'un  goût  exquis. 

Le  Bréviaire  de  Belleville  a  été  beaucoup  trop  rajeuni  quand  il 
a  été  donné  comme  écrit  et  peint  à  la  fin  du  xiv»  siècle.  (Monu- 
ments et  Mémoires  de  la  Fondation  Piot,t.  m,  p.  194.^ 

Une  page  du  calendrier  reproduite  par  H.Yates  Thompson,  The 
book  o_f  hours  ofjoan  II,  quecn  of  Navarre,  part  i,  en  regard  de  la 
p.  6.  —  Trois  pages  dans  la  Notice  de  douT^e  livres  royaux. 


12  XIV'   SIÈCLE 


Le  premier  tome  du  Bréviaire  de  Belleville  contient  une  expli- 
cation du  programme  d'après  lequel  ont  été  illustrés  les  calendriers 
et  les  psautiers  des  deux  parties  de  ce  Bréviaire.  Chaque  page  du 
calendrier  devait  être  ornée  de  peintures  représentant  i"  les  pro- 
phètes et  les  apôtres,  2°  les  prédications  de  saint  Paul,  3°  les  pro- 
grès de  l'Eglise  et  la  décadence  de  la  Synagogue.  Ce  programme  a 
été  suivi  pour  l'illustration  du  Bréviaire  de  Belleville,  des  Heures 
de  Jeanne  de  France,  reine  de  Navarre,  du  Très  beau  Bréviaire  de 
Charles  V,  des  Grandes  et  des  Petites  Heures  du  duc  de  Berri.  On 
en  voit  encore  l'application  dans  un  manuscrit  espagnol  de  la  bi- 
bliothèque du  baron  James  de  Rothschild:  le  Bréviaire  de  Martin  le 
Vieux,  roi  d'Aragon,  mort  en  1410.  Vitrine  VI. 

26.  ACTES  DU  PROCES  DE  ROBERT  D'ARTOIS  (i332). 

Français  18437. 

La  première  page  du  volume  est  remplie  par  un  grand  tableau 
représentant  une  séance  de  la  cour,  que  préâide  le  roi  assisté  des 
pairs.  Vitrine  VI. 

27.  LE  MIROIR   HISTORIAL  DE  VINCENT   DE  BEAU- 

VAIS. 

Traduit  par  Jean  du  Vignai.  Tome  I  de  l'exemplaire  offert  par  le 
traducteur  à  Jeanne  de  Bourgogne,  femme  du  roi  Philippe  de  Va- 
lois, en  1333,  Français,  316. 

Le  frontispice  représentant  d'une  part  saint  Louis  et  Vincent  de 
Beauvais,  d'autre  part  la  reine  Jeanne  de  Bourgogne  et  Jean  du  \'i- 
guai,  a  été  reproduit  en  héliogravure,  dans  la  G.î:{ette  archéologi- 
que^ année  1886,  pi.  13, 

Un  autre  exemplaire  a  été  exécuté  un  peu  plus  tard  pour  Jean, 
'  duc  de  Normandie.  Le  tome  I  en  est  conservé  à  l'Arsenal,  n'  5080, 
il  est  exposé  dans  la  vitrine  A,  n"  i.  —  Le  tome  II  est  à  Leyde 
dans  la  Bibliothèque  de  l'Université  (Codex  Vossianus  gallicus, 
folio,  III,  A).  Deux  pages  en  ont  été  reproduites  en  héliogravure 
dans  la  GaT^ette  archéologique,  année  1886,  pi.  14  et  15. 

Vitrine  VI. 

28.  HEURES    DE    JEANNE     DE     FRANCE,     REINE     DE 

NAVARRE,  vers  1340. 

Cabinet  de  M.  H.  Yates  Thompson. 

Volume  dans  lequel  il  faut  remarquer  :  le  calendrier,   décoré 

suivant  le  programme  adopté  pour  le  Bréviaire  de  Belleville  ;  — 

les  bordures  tricolores  des  miniatures  ;  —  une  série  de  tableaux 

représentant  divers  traits  de  la  vie  de  saint  Louis.   —  La  reine 


XIV   SIÈCLE 


Jeanne  y  est  figurée  une  douzaine  de  fois.  — Sur  le  fol.  150,  on 
voit  Philippe  de  Valois  et  la  reine  Jeanne  de  Bourgogne  en  prières 
devant  les  saintes  reliques. 

Recueil  delà  Société  paléographique,  2"  série,  pi.  )6.  —  H.Yates 
Thompson,  Thirty  two  miniatures  froin  the  book  of  Hotirs  of 
Joan  II  qiieen  of  Navarre^  London,  1899,  2  fascicules  in-4'',  32  hélio- 
gravures. —  Delisle,  Notice  de  doti^e  livres  royaux,  p.  78. 

Vitrine  XX. 


29.  L'IMAGE  DU  MONDE. 

Français,  574. 

Exemplaire  de  Guillaume  Flote,  chancelier  de  France  sous  le 
règne  de  Philippe  de  Valois.  Il  a  plus  tard  appartenu  au  duc  de 
Berri,  qui  a  mis  sa  signature  à  la  fin.  Vitrine  V. 

30.  LA  LEGENDE  DOREE  EN  FRANÇAIS. 

Français,   241. 

Volume  exécuté  à  Paris  en  1348,  fournissant  un  exemple 
à  date  certaine  du  travail  des  peintres  parisiens  à  la  fin  du  règne  de 
Philippe  de  Valois.  On  lit  ces  mots  sur  le  feuillet  collé  contre  le 
premier  plat  du  volume:  «  Richart  de  Monbaston,  libraire,  a  fait 
escrire  ceste  légende  des  sains  en  françois,  l'an  de  grâce  Nostre 
Seigneur,  mil  CGC  XLVIII  ».  Le  frontispice  du  fol.  3  représente 
Notre  Seigneur  sur  un  fond  losange.  Vitrine  V. 

3i.  STATUTS  de  L'ORDRE  DU  SAINT-ESPRIT  AU  DROIT 
DESIR,  institué  à  Naples,  en  )352,  par  Louis  de  Tarente, 
roi  de  Naples. 

Français,  4274. 

Ge  manuscrit  est  une  œuvre  italienne  ;  nous  l'avons  compris 
dans  l'Exposition  comme  pièce  de  comparaison,  et  parce  que 
c'est  un  monument  du  règne  d'un  prince  de  sang  français,  Louis  de 
Tarente,  époux  de  Jeanne  ,  reine  de  Naples  et  comtesse  de  Pro- 
vence. 

Le  frontispice  représente  le  roi  et  la  reine  en  adoration  devant  la 
divine  Trinité. 

Une  reproduction  chromolithographique  du  manuscrit  a  été 
publiée  en  1854  par  le  comte  Horace  de  Viel  Gastel.  —  Le  fac- 
similé  du  frontispice  a  été  compris  par  le  comte  de  Bastard  dans  La 
librairie  de  Jean,  duc  de  Berry.  Vitrine  V. 


14  XIV'  SIÈCLE 


32.  MIRACLES  DE  NOTRE-DAME,  mis  en  vers  par  Gautier  de 

de  Coinci. 

Bibliothèque  du  Séminaire  de  Soissons. 

Exemplaire  de  la  première  moitié  du  xiv*  siècle,  très  élégam- 
ment calligraphé  et  orné  de  nombreuses  miniatures.  Les  anciens 
inventaires  de  la  librairie  du  Louvre  rappellent  que  le  roi  Charles  V 
le  racheta  des  Anglais,  ce  qui  autorise  à  penser  que  ce  fut  un  des 
volumes  tombés  au  pouvoir  des  Anglais,  avec  les  bagages  du  roi 
Jean,  à  la  suite  de  la  bataille  de  Poitiers,  de  même  qu'une  Bible 
française  aujourd'hui  conservée  au  Musée  britannique  (fonds 
royal,  19.  D,  II),  en  tête  de  laquelle  on  lit  ces  mots  tracés  en 
caractères  de  la  fin  du  xiv"  siècle  :  «  Cest  livre  fut  pris  ove  le  roy 
de  France  à  la  bataille  de  Peyters.,.». 

Le  texte  et  les  miniatures  de  ce  manuscrit  ont  été  publiés  par 
l'abbé  Poquet  dans  le  volume  intitulé  Les  Miracles  de  la  sainte 
Vierge  ^traduits  et  mis  en  vers  par  Gautier  de  Coincy...  Paris, 
1857.  In  4".  Vitrine  IV. 

33.  FRAGMENT    DE    LA    BIBLE   glosée    en  français   par  Jean 

de  Sy. 

Français  1^397. 

Exemplaire  original  dont  la  transcription  doit  être  à  peu  près 
contemporaine  de  la  rédaction  rapportée  à  l'an  1356  par  une  annota- 
tion mise  à  la  fin  de  la  Genèse.  Les  tableaux  des  premiers  cahiers 
de  ce  splendide  manuscrit,  dont  beaucoup  sont  restés  à  l'état 
d'esquisse  ou  d'ébauche,  peuvent  être  étudiés,  comme  les  plus 
remarquables  spécimens  de  la  peinture  parisienne  du  milieu  du 
XIV'  siècle. 

Samuel  Berger,  La  Bible  française^  p.  238  et  358.  —  Notice  du 
comte  Durrieu,  dans  Le  Manuscrit,  t.  I,  p.  93.       Vitrine IV. 

34.  LIVRE  D'HEURES. 

Collection  de  Madame  jAcaUEMART-ÀNDRÉ. 

Petit  volume  très  élégant,  du  milieu  du  xiv*  siècle,  fait  pour 
une  dame,  qui  est  représentée  dans  plusieurs  initiales.  Au  bas  de 
la  plupart  des  pages  sont  dessinés  des  musiciens,  des  animaux,  des 
monstres  plus  ou  moins  grotesques,  etc.  Au  bas  de  la  première 
miniature  après  le  calendrier,  le  peintre  a  figuré  un  cavalier  s'ap- 
prêtant  à  percer  un  léopard.  On  a  cru  reconnaître  les  armes  de 
Savoie  sur  l'écu  du  cavalier  et  sur  la  housse  du  cheval,  et  on  a 
supposé  que  le  livre  avait  appartenu  à  une  dame  de  la  maison  de 
Savoie. 

Joli  type  du  livre  d'Heures,  tel  qu'il  a  été  généralement  cons- 
titué depuis  le  milieu  du  xiv*  siècle.  Vitrine  IV. 


XIV»   SIÈCLE  15 


35.  LA  VIE  DE  SAINT  LOUIS  par  Guillaume  de  Saint-Pathus, 

confesseur  de  la  reine  Marguerite. 

Français  5716. 

Exemplaire  du  milieu  du  xiv  siècle,  qui  était  dans  la 
librairie  de  Charles  V.  Il  est  orné  de  nombreuses  minia- 
tures. 

Au  fol.  246  V,  la  Justice  de  saint  Louis.  —  Le  frontispice  est 
reproduit  dans  les  Fac  simile  des  livres  de  Charles  F,  pi.  XIII. 

Vitrine  III. 

*      MISSEL  DU  COUVENT  DE  POISSI. 

jyis.  608  de  l'Arsenal.  Vitrine  A,  n»  4. 

36.  SECOND  VOLUME  DE  LA  BIBLE  HISTORIALE. 

Français  5707. 

Volume  de.  grand  luxe,  copié  en  1362,  par  Raoulet 
d'Orléans  et  dédié  à  Charles,  alors  duc  de  Normandie 
et  dauphin  de  Viennois. 

Le  frontispice  du  volume  est  un  tableau  à  quatre  compartiments 
et  à  bordure  tricolore  :  le  peintre  y  a  représenté  la  Sagesse  de 
Salomon. 

Sur  le  feuillet  final  on  voit  un  petit  portrait  du  dauphin  Charles, 
en  prières  devant  une  statue  de  la  Sainte  Vierge. 

Barbet  de  Jouy,  Notice  du  Musée  des  Souverains^  p.  61.  —  S. 
Berger,  La  Bible  française^  p.  348.  —  Biblioth^  de  V Ecole  des 
chartes^  1901?  t.  LXII,  p.  551.  —  Phototypie  de  deux  pages  dans 
les  Fac-similé  de  livres  de  Charles  V.  Vitrine  IV. 

37.  LES  DÉCADES    DE   TITE    LIVE,    mises    en    français    par 

Pierre  Bersuire. 

Bibliothèque  de  Sainte-Geneviève,  n*  777. 

Le  frontispice  est  un  grand  tableau  divisé  en  neuf  comparti- 
ments à  bordures  tricolores,  dans  lesquels  sont  représentées  des 
scènes  de  l'histoire  romaine.  Le  volume  est  ouvert  au  fol.  316,  de 
façon  à  faire  voir  le  frontispice  de  la  tierce  décade. 

Charles  V  avait  mis  à  la  fin  sa  signature  avec  une  note  attestant 
qu'il  avait  fait  écrire  et  enluminer  ce  livre.  La  signature  et  la  note 
ont  été  grattées  mais  on  a  pu  les  faire  revivre,  et  la  note  était  ainsi 


i6  CHARLES   V 


conçue  :  «  Cest  livre  de  Titus  Livius  est  à  nous  Charles  le  cin- 
quième de  notre  nom  et et  le  fimes  escrire  et  enlumi- 
ner et  parfere.  » 

Le  volume  fut  envoyé  en  1427  par  le  duc  de  Bedford  à  son 
beau-frère  le  duc  de  Glocester.  Vitrine  III 

38.  SECOND  VOLUME  DE  LA  BIBLE  HISTORIALE. 

Français  157. 

Miniatures  à  bandes  tricolores  dans  des  quadrilobes,  générale- 
ment sur  fond  diapré. 

Samuel  Berger,  La  Bible  française,  p.  ))).    Vitrine  III 

39.  LA  BIBLE  HISTORIALE. 

Ms.  français  20090. 

Très  beau  manuscrit,  dont  les  miniatures  sont  bordées  de 
bandes  tricolores  et  qui  peut  dater  du  commencement  du  règne  de 
,  Charles  V.  Il  a  fait  partie  de  la  Librairie  du  Louvre.  Charles  VI  le 
prêta  en  1383  au  duc  de  Berri,  qui  voulut  se  l'approprier;  mais  les 
exécuteurs  testamentaires  de  ce  prince  le  restituèrent  à  la  librairie 
royale. 

Samuel  Berger,  La  Bible  française,  p.  360.      Vitrine  II 

40.  PSAUTIER  FÉRIAL  DE  LA  CHAPELLE  DU  ROI. 

Latin  1082. 

Ce  volume,  écrit  sur  du  fin  parchemin,  en  caractères  très  régu- 
liers, est  orné  de  petites  miniatures  bordées  de  bandes  tricolores. 

La  liste  des  anniversaires  enregistrés  dans  le  calendrier  s'arrête 
au  nom  de  Jehan,  roy  de  France,  écrit  en  lettres  d'or.  C'est  un 
livre  écrit  au  commencement  du  règne  de  Charles  V. 

Vitrine  II 

41.  BREVIAIRE  DE  PARIS,  à  l'usage  du  roi  Charles  V. 

Latin  1052. 

Les  anciens  inventaires  des  mobiliers  de  Charles  V  et  du  duc 
de  Berri  annoncent  ainsi  ce  manuscrit  :  «  Grand  bréviaire  entier, 
très  noblement  escript  et  très  noblement  enlumyné  et  ystorié; 
Très  bel  Brevière,  escript  de  bonne  lettre  de  fourme,  à  l'usaige  de 
Paris,  bien  historié  et  enluminé.  »  Le  livre  méritait  bien  cette 
pompeuse  désignation. 

Il  est  orné  d'environ  200  petites  miniatures  d'une  extrême  déli- 
catesse. Deux  pages  en  ont  été  reproduites  dans  la  Notice  Je  douy^e 
livres  royaux^  planches  XVII  et  XVIII.  Vitrine  II 


CHARLES  V  17 


42.  LES  VOYAGES  DE  JEAN  DE  MANDEVILLE. 

Nouv.  acq.  Français  4515  et  4516. 

La  copie  des  Voyages  est  suivie  d'un  traité  intitulé  «  la  Preser- 
vacion  de  epidimie  ».  C'est  un  charmant  volume  que  Charles  V 
reçut  en  cadeau  de  Gervais  Chrétien,  son  premier  physicien, 
comme  il  l'atteste  par  une  note  autographe  datée  de  137 1.  Le 
frontispice  est  une  miniature  en  quatre  compartiments  quadrilobés 
à  encadrements  tricolores.  Le  peintre  a  représenté  dans  les  com- 
partiments supérieurs  un  lecteur  sur  sa  chaire,  et  un  prince  rece- 
vant l'hommage  d'un  livre  ;  dans  ceux  du  bas,  l'aventure  du 
chevalier  de  l'île  de  Rhodes  et  de  la  fille  d'Hippocrate,  que  Diane 
avait  métamorphosée  en  un  grand  dragon. 

Ce  manuscrit,  jadis  volé  à  la  Bibliothèque  royale,  a  été  coupé 
en  deux  volumes  quand  il  est  entré  chez  le  bibliophile  Barrois;  il 
a  été  recouvré  par  la  Bibliothèque  Nationale  en  1888. 

La  première  et  la  dernière  page  du  Voyage  sont  en  phototypie 
dans  les  Fac-siniile  de  livres  de  Charles  V,  pi.  VI  et  VII. 

Vitrine  II 

« 

43.  LE  LIVRE  DE  L'INFORMATION  DES  PRINCES. 

Ms.  de  Besançon,  n°  434. 

Exemplaire  daté  de  l'année  1372  par  une  note  autographe  de 
Charles  V.  Les  miniatures  en  ont  des  bordures  tricolores.  A  deux 
endroits,  les  armes  de  France,  à  fleurs  de  lis  sans  nombre,  y  sont 
posées  entre  deux  lions.  —  Voir  plus  loin  la  notice  54. 

Vitrine  II 

44.  TRADUCTION     DU    POLICRATIQUE    DE   JEAN    DE 

SALISBURY. 

Français  24287. 
Cette  traduction  fut  faite  en  1372  pour  Charles  V  parle  fran- 
ciscain Denis  FouUechat.  Notre  manuscrit  est  peut-être  l'exemplaire 
offert  au  roi,  qui  sur  le  frontispice  est  représenté  dans  son  étude. 

Vitrine  VII 

45.  LA  SOMME  LE  ROI. 

Français  14939. 

Volume  copié  à  Paris  en  1373.  Il  est  surtout  curieux  parce  qu'il 
contient  le  programme  d'après  lequel  le  peintre  devait  exécuter  le 
travail.  A  titre  d'exemple  voici  comment  devait  être  compris  le 
tableau  symbolisant  l'Amitié  et  la  Haine  : 


i8  CHARLES  V 


«  Ci  doit  avoir  une  dame  en  estant  qui  a  non  Amistié,  qui  tient 
un  coulon.  Et  devant  elle  doit  avoir  un  homme  en  estant,  qui  est 
en  forme  d'omme  viel,  et  a  non  Hely.  —  Et  dessous  la  dame  doit 
avoir  deus  personnes  qui  s'entr'embracent  et  baisent,  qui  ont  à  non 
David  et  Jonathas.  —  Et  dessous  Hely  doit  avoir  un  roy  qui  tient 
une  lance  et  veult  ferirun  enfes  qui  tient  un  satrelium  (psalterium), 
à  ses  pies.  Le  roi  a  non  Saii,  et  li  enfant  David.  » 

Vitrine  L 

46.  LE   RATIONAL   DES    DIVINS   OFFICES  de    Guillaume 

Durant,  traduit  en  français. 

Français  437. 

Cette  traduction  du  Rational,  que  Charles  V  fit  faire  par  Jean 
Golain,  fut  terminée  en  1374,  comme  nous  l'apprend  une  note 
écrite  de  la  main  du  roi.  Le  frontispice  représente  Jean  Golain, 
assis  aux  pieds  du  roi, qui  ordonne  de  traduire  le  Rational  ;  derrière 
le  roi  se  tiennent  debout  ses  deux  fils,  le  dauphin  Charles  et  Louis 
duc  d'Orléans  ;  de  l'autre  côté  du  tableau,  le  peintre  a  figuré  la 
reine  Jeanne  de  Bourbon,  avec  ses  deux  filles,  Marie  et  Isabelle. 
Cette  peinture  est  reproduite  en  phototypie  dans  les  Fac-similé  de 
Livres  de  Charles  V,  planche  VHI.  Vitrine  VII 

47.  TRADUCTION  PAR  NICOLE  ORESME  DES  POLITI- 

QUES ET  DES  ÉCONOMIQUES  D'ARISTOTE. 

Cabinet  de  M.  le  comte  de  Wasiers. 

Exemplaire  du  roi  Charles  V,  copié  peu  de  temps  après  l'achè- 
vement de  la  traduction  à  laquelle  Nicole  Oresme  commença  à  tra- 
vailler en  1372. 

Il  est  orné  de  17  peintures,  dont  huit  sont  encadrées  de  bordu- 
res tricolores.  Celle  du  fol.  256  est  un  grand  tableau,  divisé  en  six 
compartiments  :  dans  les  trois  du  haut  sont  les  états  qui  font  par- 
tie de  la  cité  :  «  Gens  d'armes,  gens  de  conseil,  gent  sacerdotale»; 
dans  les  trois  du  bas,  les  états  qui  ne  font  point  partie  de  la  cité  : 
«  Cultiveus  de  terre,  gens  de  mestier,  marchans.  » 

L'exemplaire  des  Éthiques  qui  forme  le  premier  volume  de  cet 
exemplaire  des  Politiques  et  des  Économiques  est  à  Bruxelles, 
n"  9505  de  la  Bibliothèque  Royale. 

Delisle,  Mélanges  de  paléographie^  p.  26.     Vitrine  VII 

48.  TRADUCTION  FRANÇAISE  DES  PREMIERS  LIVRES 

DE  VALÈRE  MAXIME. 

Français  9749. 
Exemplaire  original  de  la  traduction  que  Simon  de  Hesdin  rédi- 
gea en  1375. 


CHARLES  V  19 


Sur  la  miniature  initiale,  on  voit,  dans  le  compartiment  supé- 
rieur deux  scribes  occupés  à  écrire,  l'un  le  texte  latin,  l'autre  le 
texte  français  ;  dans  le  compartiment  inférieur,  le  traducteur  offrant 
son  livre  à  Charles  V.  L'écusson  du  bas  de  la  page  est  posé  entre 
deux  lions  à  très  longues  queues,  du  type  que  nous  offrent  plu- 
sieurs des  volumes  exécutés  pour  Charles  V. 

Le  frontispice  est  reproduit  en  héliogravure  dans  V Album  pa- 
léographique de  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes. 

Vitrine  VIII 

49.  LE  LIVRE  DES  VOIES  DE  DIEU  (vers  i3y5). 

Français  1792. 
Traduction  des  Visions  de  sainte  Elisabeth,  par  Jac- 
ques Bauchans. 

Sur  la  première  page  est  représenté  l'hommage  du  livre  à  Char- 
les V  ;  la  marge  latérale  extérieure  est  ornée  des  trois  écus  du  roi, 
du  dauphin  et  du  duc  d'Orléans,  Cette  page  est  reproduite  dans  les 
Fac-similé  de  Livres  de  Charles  F,  pi.  III.        Vitrine  VII 

50.  LA  CITÉ  DE  DIEU  DE  SAINT  AUGUSTIN,  traduite  par 

Raoul  de  Presles, 

Français  22912  et  22913. 

Exemplaire  destiné  à  Charles  V  et  dont  l'exécution  peut  être 
fixée  aux  environs  de  l'année  1376.  En  tête  de  la  dédicace  une  mi- 
niature représente  le  roi  recevant  le  livre  des  mains  du  traducteur 
agenouillé  et  derrière  lequel  saint  Augustin  se  tient  debout.  Sur  le 
frontispice  du  premier  volume,  grande  peinture  divisée  en  trois 
registres,  sur  laquelle  on  voit  en  haut  la  cour  céleste,  en  bas  l'en- 
trée de  l'enfer,  au  milieu  le  culte  des  payens,  celui  des  juifs  et  celui 
des  Chrétiens. 

Cette  peinture  est  reproduite  en  chromolithographie  à  la  fin  de 
l'atlas  du  Cabinet  des  manuscrits.  La  première  page  du  texte,  en 
phototypie  dans  les  Fac-similé  de  Livres  de  Charles  V,  pi.  x.  Les 
sujets  choisis  pour  l'illustration  de  ces  deux  volumes  se  retrouvent 
sur  un  exemplaire  du  tome  II  de  la  traduction  de  Raoul  de  Presles 
qui  a  appartenu  au  duc  de  Berri  et  qui  fait  aujourd'hui  partie  du 
cabinet  de  M.  Yates  Thompson.  On  voit  aussi  les  mêmes  sujets 
dans  un  exemplaire  du  texte  latin  conservée  au  Musée  britannique 
(addit.  15244  et  15245),  qui  paraît  avoir  appartenu  à  Hugues  Au- 
briot,  prévôt  de  Paris,  et  dont  la  miniature  du  premier  livre  a  été 
reproduite  par  M.  W ârner. (Llluminated  Mss.) 

Dans  nos  deux  volumes  les  armes  royales  sont  tantôt  à  fleurs  de 
lis  sans  nombre,  tantôt  à  3  fleurs  de  lis.  Vitrine  VIII 


20  CHARLES  V 


5i.   LES  GRANDES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Français  2813. 

Ce  magnifique  exemplaire  des  Grandes  Chroniques,  jadis  divisé 
en  deux  tomes,  a  dû  être  écrit  vers  l'année  1375  par  un  calligraphe 
qui  a  continué  à  copier  la  suite  de  l'ouvrage  jusqu'en  1379.  Les 
peintures  se  rapportant  aux  événements  antérieurs  à  l'année  1375 
sont  encadrées  de  bordures  tricolores. 

Le  frontispice  de  la  seconde  partie  est  formé  par  la  réunion  de 
six  petits  tableaux  représentant  des  scènes  de  la  vie  de  saint 
Louis, 

En  tête  de  la  première  partie  a  été  ajouté,  après  coup,  un 
grand  tableau  représentant,  en  grisailles,  le  sacre  d'un  roi,  proba- 
blement celui  de  Charles  VI. 

Le  comte  de  Bastard  a  fait  reproduire  (pi.  2^)  A  et  B)  les  pein- 
tures des  fol.  3  v°  467  et  467  v":  le  sacre  du  roi  et  deux  scènes  du 
voyage  de  l'empereur  Charles  IV  en  France.  —  Le  tableau  du 
sacre  de  Charles  V  reproduit  dans  les  Fac-similé  de  livres  de 
Charles  F,  pi.  XIV.  Vitrine  IX. 

52.   LES  GRANDES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Français  10135. 

Exemplaire  de  la  fin  du  xiv  siècle,  dont  plusieurs  des  minia- 
tures sont  entourées  de  bordures  tricolores.  Sur  la  dernière  page 
la  signature  du  roi  Charles  VI.  Vitrine  IX. 

53     LES  GRANDES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Cabinet  du  très  noble  Marquis  de  Bute. 

Exemplaire  copié  à  la  fin  du  xiv*  siècle,  dont  beaucoup  de 
miniatures  sont  bordées  d'une  bande  tricolore. 

Au  bas  de  la  première  page,  dans  l'espace  compris  entre  la 
dernière  ligne  du  texte  et  le  cadre  à  feuilles  de  lierre  sont  peints 
deux  béliers  s'élançant  l'un  sur  l'autre  et  portant  au  cou,  déployée 
en  l'air,  une  draperie  aux  armes  de  France;  sur  la  marge  latérale, 
trois  cygnes. 

Chaque  colonne  de  texte  est  bordée  a  gauche  d'un  filet  d'or 
garni  de  demi-fleurs  de  lis  alternativement  d'or  et  d'azur;  les  filets 
se  terminent  en  haut  par  une  grande  et  élégante  fleur  de  lis. 

Ce  ms.  mérite  d'être  rapproché  des  deux  exemplaires  royaux 
indiqués  sous  les  numéros  précédents. 

11  est  incomplet  d'un  certain  nombre  de  feuillets  dont  plusieurs 
se  sont  retrouvés  dans  le  ms.  Cottonien  Vitellius.  E.  II, 

Vitrine  IX. 


Sauvanaud,  pkot. 


N"  178  du  Catalogue 
(a*  partie) 


Galette  des  Beaux- Arts. 


CHARLES  V  21 


54.  LE  LIVRE  DE  L'INFORMATION  DES  PRINCES. 

Cette  traduction  d'un  traité  dont  nous  ne  connaissons  pas 
l'auteur,  est  l'œuvre  du  carme  Jean  Golein.  La  copie  en  fut 
achevée  le  22  septembre  1379  par  Henri  du  Trévou,  l'un  des 
copistes  attitrés  de  Charles  V.  La  première  page,  ornée  d'une 
miniature  à  bordure  tricolore,  a  été  reproduite  sur  la  planche  XLI 
de  l'Album  paléographique  de  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes,  et 
sur  la  planche  X  des  Fac-similé  de  livres  de  Charles  V.  Voir  plus 
haut  la  notice  ^j.  Vitrine  IX. 

55.  HEURES  DE   SAVOIE,    autrement  dites  Très  belles  grandes 

Heures  de  Charles  V. 

Bibliothèque  de  l'Université  de  Turin.  E,  V.  49. 

Volume  de  grand  luxe  exécuté  pour  le  roi  Charles  V  et  que 
Charles  VI  donna  à  son  oncle,  le  duc  de  Berri,  en  1409, 
époque  à  laquelle  le  livre  était  déjà  connu  sous  la  dénomination  de 
Heures  de  Savoie.  Il  y  a  lieu  de  craindre  qu'il  ait  péri  dans  l'irré- 
parable catastrophe  du  21  janvier  1904. 

Nous  exposons  l'héliotypie  d'une  page  que  MM.  Carta,  Cipolla 
et  Frati  ont  comprise  dans  leur  Atlante  paleografico-artistico^ 
publié  en  1899.  Cette  page  contient  le  commencement  de  l'Office 
de  saint  Louis,  avec  une  miniature  représentant  la  translation  de  la 
Sainte  Couronne. 

Le  manuscrit  était  orné  d'un  grand  nombre  de  miniatures  enca- 
drées de  bordures  tricolores.  On  y  a  compté  une  trentaine  de 
petits  tableaux,  sur  lesquels  la  figure  de  Charles  est  parfaitement 
reconnaissable. 

On  ne  saurait  assez  déplorer  la  perte  de  ces  Heures,  les  plus 
belles  probablement  qui  aient  été  à  l'usage  de  Charles  V. 

Vestibule. 

56.  PORTRAIT     DU    ROI    CHARLES    V,     PAR    JEAN  DE 

BRUGES. 

Musée  Meermanno-Westreenien,  à  La  Haye. 

Ce  beau  portrait  sert  de  frontispice  à  la  Bible  historiale  que 
Jean  de  Vaudetar  offrit  à  Charles  V,  le  28  mars  1372.  Une  inscrip- 
tion latine  mise  en  regard  du  portrait,  nous  apprend  qu'il  fut  fait 
en  1371  par  Jean  de  Bruges,  peintre  du  roi  :  «  Johannes  de  Brugis, 
pictor  régis,  fecil  hanc  picturam  propria  sua  manu.  ».  Une  réduc- 
tion du  portrait  en  chromolithographie  a  été  donnée  dans  V Inven- 
taire du  mobilier  de  Charles  V  (Collection  de  documents  inédits). 


CHARLES  V 


Le  directeur  de  la  Bibliothèque  royale  de  La  Haye  M.  W.  G.  C. 
Byvank  a  bien  voulu  en  faire  exécuter  une  photographie  destinée 
à  notre  Exposition. 

Vitrine  X. 

57.  HOMMAGE  DU  COMTÉ  DE  CLERMONT  EN  BEAU- 

YAISIS,  rendu  à  Charles  V  par  Louis,  duc  de  Bourbon. 

Le  registre  de  la  Chambre  des  comptes  qui  contenait  l'acte  de 
cet  hommage,  avec  un  dénombrement  très  détaillé  des  dépen- 
dances, n'existe  plus.  Gaignières  en  avait  fait  exécuter,  par  son  ser- 
viteur, Barthélemi  Rémi,  une  copie  où  étaient  reproduites  les  vues 
des  châteaux  et  les  armes  des  vassaux  du  comte  deClermont.  Cette 
copie,  aujourd'hui  ms.  français  20882,  est  ouverte  à  la  page  sur 
laquelle  est  figuré  le  château  de  Gournai.  En  tête  du  manuscrit 
était  un  grand  tableau  réprésentant  la  cérémonie  de  l'hommage  de 
Louis,  duc  de  Bourbon  ;  le  roi  trône  au  milieu  de  sa  cour;  derrière 
lui,  se  tiennent  ses  trois  frères  ;  les  ducs  d'Anjou,  de  Berri  et  de 
Bourgogne,  ses  deux  jeunes  enfants,  le  dauphin  Charles  et  Louis, 
le  futur  duc  d'Orléans.  Beaucoup  de  figures,  notamment  celles  du 
roi,  doivent  être  des  portraits.  Au  haut  et  au  bas  du  tableau  sont 
peintes  les  armes  des  princes,  des  grands  officiers  et  des  grands 
vassaux.  Dans  la  copie  de  Gaignières,  ce  tableau  couvrait  la  page  37; 
mais  le  feuillet  répondant  aux  pages  37  et  38  a  disparu  depuis  plus 
ou  moins  longtemps.  Nous  en  avons  l'équivalent  dans  la  litho- 
graphie qu'en  avait  fait  exécuter  le  comte  de  Bastard,  pour  former 
la  planche  I  de  la  Librairie  de  Jean^  duc  de  Berry. 

Il  faut  comparer  cette  lithographie,  exposée  dans  le  vestibule 
du  rez-de-chaussée,  avec  la  gravure  que  Montfaucon  a  publiée  dans 
les  Monumens  de  la  Monarchie  française^  t.  HI,  en  regard  de  la 
p.  50. 

Gaignière  a  fait  entrer  dans  son  recueil  de  Costumes  (règnes  de 
Charles  V  et  de  Charles  VI)  la  copie  de  plusieurs  peintures  du 
registre  des  hommages  de  Clermont,  notamment  celles  de  la  pres- 
tation de  l'hommage  de  Louis,  duc  de  Bourbon.  Cette  pièce  est  au 
fol.  8  du  volume  Oa  12  au  Déportement  des  estampes. 

Vitrine  I. 

58.  LÉGENDE  DORÉE  EN  FRANÇAIS. 

Bibliothèque  Mazarine,  ms.  1729. 

Exemplaire  de  la  seconde  moitié  du  xiv*  siècle. 

Au  commencement,  grande  miniature  représentant  Notre-Sei- 
gneur  et  la  sainte  Vierge,  assis  sur  un  long  banc,  au  milieu  d'un 
tableau  doublement  quadrilobé,  à  bordures  tricolores,  aux  coins 
duquel  sont  les  symboles  des  évangélistes. 


LE    DUC   DE   BERRI 


Au  bas  de  la  page,  deux  lions  à  longues  queues,  séparés  par  un 
espace  réservé  pour  recevoir  des  armes. 

Il  existe  au  Musée  Condé,  une  Légende  dorée  dont  le  frontis- 
pice est  analogue  à  celui  du  manuscrit  de  la  Mazarine  et  dont  les 
peintures  ont  des  encadrements  tricolores.  Si  l'un  des  deux  a  été 
fait  pour  Charles  V,  ce  doit  être  celui  de  Chantilly,  qui  est  un  des 
chefs-d'œuvre  de  peinture  du  temps  de  ce  prince.     Vitrine  X 

59.  BIBLE  HISTORIALE. 

Français  159. 

Volume  orné  de  107  miniatures  à  fonds  diaprés,  quadrillés, 
fleurdelisés,  échiquetés  ou  losanges.  Il  fut  donné  au  duc  de  Berri 
par  Raoulet  d'Octonville.  L'ancien  inventaire  le  dit  «  écrit  de 
lettre  française  ». 

Berger,  La  Bihle française^  p.  ^-^-^  Vitrine  M,  côté  droit. 

*  AUTRE    BIBLE    HISTORIALE  du  duc  de  Berri. 

Arsenal,  ms.  5058.  Vitrine  B,  n"  2. 

60.  LE  LIVRE  DU  CIEL  ET  DU  MONDE. 

Français  1082. 

Ouvrage  attribué  à  Aristote,  traduit  en  français  par  Nicole 
Oresme.  —  Exemplaire  portant  la  signature  du  duc  de  Berri  et 
dont  la  première  page  est  ornée  des  armes  du  prince  et  de  la  devise 
Le  temps  vendra  attachée  à  un  cygne  noir.  —  Le  frontispice,  à 
bordure  tricolore,  représente  Notre  Seigneurbénissant  et  montrant 
un  médaillon  sur  lequel  sont  figurés  la  terre  et  la  mer,  avec  une 
banderole  chargée  de  cette  légende  :  Vir  insipiens  non  cognoscet, 
et  stultus  non  intelliget  hec.  Vitrine  IX. 

61 .  TRADUCTION  FRANÇAISE  DU  LIVRE  DE  BOCCACE: 

DES  FEMMES  NOBLES  ET  RENOMMÉES. 

Français  598 
Volume  orné  de  nombreuses  peintures,  que  Jean  de  La  Barre 
donna  au  duc  de  Berri  en  février  1404.  Sur  le  frontispice,  Boccace 
offre  son  livre  à  une  dame  attachée  au  service  de  Jeanne,  reine  de 
Naples.  Vitrine  M,  côté  droit. 

62.  LES  COMÉDIES  DE  TÉRENCE. 

Latin  7907  A. 

Au  bas  du  frontispice,  Térence  placé  au  premier  plan  d'une 

vue    de   Rome,   fait  hommage   de    sa   comédie    à    un    magistrat; 

dans  la  partie  supérieure,  une  représentation  théâtrale  à  Rome.  Ce 

livre  fut  donné  au  duc  de  Berri  par  Martin  Gouge,  son  trésorier 


24  LE   DUC   DE  BERRI 


général,  en  janvier  1408;  il  est  à  rapprocher  du  Térence  de  la  bi- 
bliothèque de  l'Arsenal  que  M.  Henry  Martin  a  décrit   et   qu'il 
'  a  proposé  d'appeler  le  Térence  des  ducs  de  Guyenne  et  de  Berri. 

Vitrine  M,  pan  coupé. 

63.   RECUEIL    DE   RELATIONS    DE   VOYAGES,    CONNU 
SOUS   LE    TITRE    DE    LIVRE   DES  MERVEILLES. 

Français  2810. 

Très  beau  volume,  rempli  de  peintures  que  Jean  sans  Peur, 
duc  de  Bourgogne,  donna  en  1413  au  duc  de  Berri.  L'inscription 
mise  en  tête  du  volume  par  Jean  Flamel  a  été  reproduite  dans  le 
grand  ouvrage  du  comte  de  Bastard,  planche  255  A. 

Voir  A.  de  Champeaux  et  P.  Gauchery,  Les  travaux  d'art  exé- 
cutés pour  le  duc  de  Berri^  p.  133. 

Le  volume  est  ouvert  au  fol.  141  pour  laisser  voir  la  peinture 
qui  représente  Guillaume  de  Mandeville  prenant  congé  du  roi 
d'Angleterre.  Vitrine  M,  côté  droit. 

*      JOSEPHE. 

Un  exemplaire  de  la  traduction  de  l'Histoire  des  Juifs,  qui  avait 
été  copié  pour  le  duc  de  Berri  et  dont  les  peintures  des  premiers 
livres  avaient  été  exécutées  par  un  ou  plusieurs  des  enlumineurs 
de  ce  prince,  est  indiqué  plus  loin,  (n"  128),  parmi  les  œuvres  de 
Jean  Foucquet. 

La  librairie  du  duc  de  Berri  contenait  un  autre  exemplaire  de 
l'Histoire  des  Juifs  (peut-être  le  texte  latin),  qui  est  indiqué  dans 
les  anciens  inventaires  sous  ce  titre  :  «  Un  livre  de  Josephas,  en 
deux  volumes,  escript  de  lettre  bien  ancienne,  dont  l'un  est  histo- 
rié, au  commencement,  de  la  Creacion  du  monde,  de  l'ouvrage  de 
Lombardie,  et  l'autre  du  roi  Herode  et  de  plusieurs  autres 
images.» 

On  voit  que  cet  exemplaire,  comme  celui  qui  est  enregistré 
plus  loin,  n"  128,  était  coupé  en  deux  volumes  dont  l'un  commen- 
çait par   un   tableau   de   la   Création   et   l'autre    par  une   image! 
d'Hérode.  Vitrine  M,  côté  gauche. 

64.   PREMIER  VOLUME  DU  ROMAN  DE  LANCELOT. 

Français  117. 

Volume  ayant  appartenu  au  duc  de  Berri,  et  plus  tard  au  duc  de 
Nemours  et  aux  ducs  de  Bourbon.  Vitrine  IX. 


LE  DUC  DE  BERRI  2=, 


65.  POESIES  DE  GUILLAUME  DE  MACHAUT. 

Français  9221 
Exemplaire  du  duc  de  Berri,  dans  lequel   plusieurs  morceaux 
sont  accompagnés  de  la  notation  musicale.  Vitrine  X. 

66.  LA  CITE  DES  DAMES,  PAR  CHRISTINE  DE  PISAN. 

Français  607 
Exemplaire  revêtu  de  la  signature  du  duc  de  Berri.  Sur  le  fron- 
tispice, le  peintre  a  représenté  à  droite  Christine  dans  son  étude, 
et  à  gauche   deux  dames   travaillant   à   maçonner  les  murs  de  la 
Cité.  Vitrine  X. 

67.  PSAUTIER    LATIN    FRANÇAIS,    copié  et  enluminé   pour 

Jean,  duc  de  Berri. 

Français  1309 1. 

Les  figures  des  prophètes  et  des  apôtres  qui  sont  en  tête  du  vo- 
lume sont  de  la  main  d'André  Beauneveu,  comme  l'atteste  un 
article  de  l'inventaire  dressé  en  1402  :  «  Un  Psautier  escript  en 
latin  et  françois,  très  richement  enluminé,  oîi  il  a  plusieurs  ystoi- 
res  au  commencement  de  la  main  de  maistre  André  Beaunepveux». 
Dans  des  inventaires  de  1413  et  1416,  le  nom  du  peintre  est  précédé 
du  mot  feu.  (Voir  R.  de  Lasteyrie,  Monuments  et  mémoires  de  la 
Fondation  Piot.  t.  III,  p.  81  et  116  (avec  reproduction  de  6  minia- 
tures). —  La  reproduction  du  saint  Pierre  est  dans  Le  Manuscrit^ 
t.  I,  p.  51.  Vitrine  M,  côté  droit. 

68.  LES  GRANDES  HEURES  DE  JEAN,  DUC  DE  BERRI. 

Latin  919. 

Admirable  volume,  dont  l'exécution  fut  achevée  en  1409,  sui- 
vant une  note  de  Jean  Flamel.  Il  est  ainsi  désigné  dans  un  inven- 
taire de  l'année  1413  :  «  Unes  Très  grans  moult  belles  et  riches 
heures,  très  notablement  enluminées  et  historiées  de  grans  his- 
toires de  la  main  Jaquemart  de  Hedin  et  autres  ouvriers  de  mon- 
seigneur». Un  autre  inventaire  les  indique  en  ces  termes  :«  les 
Belles  grandes  Heures  de  monseigneur  qu'on  appelle  les  Très  riches 
Heures, 

Ce  volume,  malgré  les  mutilation  qu'il  a  subies  et  malgré  l'ab- 
sence des  grandes  peintures  qui  en  ont  disparu  depuis  la  fin  du 
XV*  siècle,  est  encore  un  des  plus  merveilleux  livres  que  le  moyen 
âge  ait  produits.  La  décoration  due  en  grande  partie  à  Jacquemart 
de  Hesdin  ne  laisse  rien  à  désirer.    Les  «  armes  et  devises  »  du 


26  LE  DUC   DE   BERRI 


duc  de  Berri,  c'est-à-dire  les  lettres  VE  enlacées,  les  ours  et  les  cy- 
gnes, le  «  mot  »  LE  TEMPS  VENRA,  y  reviennent  à  chaque  page 
au  milieu  de  rinceaux  exquis,  de  papillons,  d'oiseaux,  de 
quadrupèdes,  d'anges,  de  démons  et  de  figures  grotesques 
variées  à  l'infini.  On  y  remarque  au  moins  cinq  portraits  du  duc 
de  Berri. 

Les  ours  et  les  cygnes  ,qui  étaient  la  «  devise  »  favorite  du 
duc  de  Berri,  rappelaient  peut-être  le  nom  de  OURSINE,  de 
même  que  le  chiffre  VE  pourrait  bien  avoir  été  formé  de  la  pre- 
mière et  de  la  dernière  lettre  du  nom  URSINE.  Ne  serait-ce  pas  le 
nom  de  la  maîtresse  qui  avait  charmé  le  prince  pendant  qu'il  était 
prisonnier  en  Angleterre  ?  Ces  devises  se  trouvent  si  souvent  sur 
les  livres  et  les  objets  d'art  du  duc  de  Berri  qu'il  n'est  pas  inutile 
d'insérer  ici  l'explication  qui  en  est  donnée  dans  livre  du  cuer 
espris  attribué  au  roi  René.  Le  blason  de  Jean,  duc  de  Berri,  atta- 
ché à  la  voûte  de  l'hôpital  du  Dieu  d'amour,  y  est  ainsi  décrit  : 

«  .  .  .Estoit  là  ataché  ung  autre  escu  d'azur  à  trois  fleurs  de  lis 
d'or,  bordé  d'une  bordeure  de  gueulles  dentelée,  lequel  escu  si 
estoit  adestré  d'un  cygne  blanc  navré  en  la  poictrine,  et  de  l'autre 
cousté  d'un  hours  brun  et  très  bien  fait  et  paint  bien  proprement, 
desoubz  lequel  estoit  en  ung  roUet  escript  : 

Jehan  duc  de  Berry  suis,  ce  de  vérité  saige, 
Qui  en  tenant  prison,  et  pour  mon  père  ostaige 
Le  roy  Jehan  qui  estoit  es  mains  des  Anglois  pris, 
Je  fu  si  ardemment  d'estre  amoureux  espris 
D'une  dame  englaische,  servante  au  dieu  d'Amours, 
Que  vaincu  me  senty  par  ses  gracieux  tours. 
Pour  elle  prins  nng  mot,  et  mis  soubz  mon  escu 
Le  cygne  blanc  navré.  Autre  mot  puis  n'y  fu. 

Le  livre  du  ciicr  d'amours  espris^  dans  Œuvres  complètes  du 
roi  René ^  éd.  de  Quatrebarbes,  t.  III,  p.  117. 

Entre  autres  reproductions  de  pages  des  Grandes  Heures,  on 
peut  citer  celles  qui  sont  dans  les  ouvrages  suivants:  Paléographie 
universelle  de  Silvestre,  -  Peintures  et  ornements  des  manuscrits 
du  comte  de  Bastard.  —  Le  Manuscrit^  t.  II,  p.  133  et  147  (article 
de  Durrieu).  —  Monuments  et  Mémoires  de  la  Fondation  Piot^ 
t.  III,  p.  93  et  102  (article  de  Lasteyrie).  —  The  book  of  hours  qf 
Joan  LI^  queen  of  Navarre^  part  I,  en  regard  de  la  p.  8,  (H.  Yates 
Thompson).  Vitrine  M,  côté  droit 

69.   PETITES  HEURES  DU   DUC  DE  BERRI. 

Latin  18014. 

Ce  volume  a  été  souvent  cité  sous  le  titre  d'Heures  de  LouU 
d'Anjou;  mais  quoique  les  devises  du  duc  de  Berri  n'y  aient  pasét^ 


LE    DUC   DE   BERRI  27 


peintes,  il  est  cependant  certain  qu'il  lui  a  appartenu  et  qu'il  a  été 
décoré  par  ses  peintres,  notamment  par  Jacquemart  de  Hesdin. 

La  miniature  représentant  saint  Louis  sur  son  lit  de  mort  (fol. 
16)  reproduite  dans  la  Paléographie  universelle  de  Silvestre.  —  Les 
miniatures  des  fol.  183,  206  et  209  v°,  dans  le  mémoire  de  M.  Dur- 
rien,  Les  Miniatures  d'André' Beauneveu  (^Le  Manuscrit,  t.  I,  p.  85, 
88,  90.  —  Une  page  et  13  miniaturesdans  le  mémoire  de  M,  de  Las- 
teyrie  (tome  III  des  Monuments  et  Mémoires  de  la  Fondation 
Piot).  Vitrine  X 

70.  LES  TRES  BELLES   HEURES  TRÈS  RICHEMENT  EN- 

LUMINÉES DU  DUC  DE  BERRI. 

Ms.  11.060  de  la  Bibliothèque  royale  de  Belgique. 
De  ce  très  beau  manuscrit  dont  la  décoration  a  été  exécutée 
par  Jacquemart  de  Hesdin,  suivant  un  inventaire  de  l'année  1402, 
nous  exposons  dans  le  vestibule  du  rez-de-chaussée,  la  copie  des 
deux  plus  belles  peintures  :  le  portrait  du  duc  Jean  et  l'image  de  la 
Vierge.  La  photogravure  de  ces  deux  morceaux  a  trouvé  place 
dans  l'ouvrage  de  Dehaisnes,  Histoire  de  l'art  dans  la  Flandre,  pi. 
VIII  et  IX  ;  la  Vierge  avait  été  gravée  dans  le  tome  I  du  lat.  des  mss. 
de  la  Bibl.  royale  des  Ducs  de  Bourgogne,  publiés  en  1844.  Vol- 
R.  de  Lasteyrie,  Monuments  et  Mémoires  de  la  Fondation  Piot, 
t.  III,  p.  84.  Vestibule 

71.  LES  TRES  BELLES  HEURES  DU  DUC  DE  BERRI. 

Tel  est  le  titre  donné  par  un  ancien  inventaire  à  l'un  des  plus 
précieux  livres  du  duc  de  Berri  qui  a  jadis  été  coupé  en  plusieurs 
morceaux. 

Le  plus  important  de  ces  morceaux  est  celui  qui  a  été  étudié 
par  le  comte  Durrieu  dans  le  volume  publié  en  1902  sous  ce  titre  : 
Heures  de  Turin.  Quarante-cinq  feuillets  à  peintures  provenant 
des  Très  belles  Heures  de  Jean  de  France,  duc  de  Berry. 

Aux  cahiers  du  manuscrit  de  Turin  avaient  primitivement  appar- 
tenu quatre  feuillets,  aujourd'hui  conservés  au  Musée  du  Louvre. 
—  Ces  Heures  de  Itirin  ont  péri  le  21  janvier  1904  dans  l'épouvan- 
table catastrophe  qui  a  détruit  tant  de  trésors  de  la  Bibliothèque  de 
Turin.  Le  souvenir  de  cet  incomparable  manuscrit  restera  conservé 
par  la  publication  du  comte  Durrieu. 

Le  deuxième  morceau  des  Très  belles  Heures  se  trouve  à  Paris 
dans  une  collection  particulière.  Il  en  existe  des  photographies,  li- 
thographies et  calques  qu'un  ancien  propriétaire  du  livre  avait  fait 
exécuter  et  qui  sont  destinées  à  la  Bibliothèque  Nationale.  Il  y  en 
a   deux  pages   dans   le  grand  ouvrage  du  comte  de    Bastard  (pi. 

254)- 


28  LE  DUC  DE  BERRI 


Le  troisième  morceau  fait  partie  de  la  Bibliothèque  du  prince 
Trivulce  à  Milan. 

La  phototypie  de  plusieurs  des  peintures  du  premier  morceau, 
dont  nous  avons  à  déplorer  la  perte,  est  exposée  dans  le  vestibule 
du  rez-de-chaussée.  Sur  une  des  pages  il  faut  remarquer  l'un  des 
meilleurs  portraits  que  nous  possédions  du  duc  de  Berri. 

Du  deuxième  morceau  nous  exposons  également  plusieurs  des 
copies  que  l'ancien  propriétaire  du  manuscrit  avait  fait  exé- 
cuter. Vestibule 

72.  LES  TRÈS  RICHES  HEURES  DU  DUC  DE  BERRI. 

Le  manuscrit  ainsi  dénommé  dans  un  inventaire  de  l'année  14 16 
est  celui  qui  est  conservé  au  Musée  Condé  et  qui  constitue  l'un  des 
plus  précieux  trésors  dont  le  duc  d'Aumale  a  assuré  la  possession 
à  la  France.  L'inestimable  valeur  de  ce  chef-d'œuvre  de  la  pein- 
ture française  au  commencement  du  xV  siècle  a  été  souvent 
signalée,  depuis  la  notice  qui  en  a  été  publiée,  avec  quatre  hélio- 
gravures, en  1884  dans  la  Galette  des  Beaux-Arts.  Elle  va  être 
mise  en  pleine  lumière  dans  le  volume  qui  paraîtra  prochainement 
à  la  librairie  Pion  et  dans  lequel  l'histoire  et  la  description  du 
manuscrit  seront  tracées  de  main  de  maître  par  M.  le  comte  Durrieu 
et  accompagnées  de  la  reproduction  héliographique  des  peintures 
par  M.  Dujardin. 

La  partie  primitive  de  la  décoration  des  Très  Riches  Heures  est 
attribuée  à  Pol  de  Limbourg  et  à  ses  frères  par  le  rédacteur  de 
l'inventaire  de  1416.  Les  peintures  de  la  dernière  partie  du  livre 
ont  été  exécutées  pour  Charles  I",  duc  de  Savoie,  très  probable- 
par  JeanColombe,  de  Bourges. 

Douze  des  héliogravures  de  M.  Dujardin  sont  exposées  dans  le 
vestibule  au  rez-de-chaussée.  Dix  viennent  de  la  partie  primitive 
du  livre  attribuée  à  Pol  de  Limbourg  et  aux  frères  de  ce  peintre. 
Les  deux  autres  se  trouvent  dans  la  partie  du  livre  dont  l'illustra- 
tion paraît  avoir  été  confiée  à  Jean  Colombe.  Vestibule 

73.  MISSEL  ET  PONTIFICAL  D'ÉTlENNE  DE  LOYPEAU, 

ÉVÈQUE  DE  LUÇON. 

Latin  8886. 

Manuscrit  exécuté  par  les  artistes  du  duc  de  Berri,  dont  les 
armes  sont  peintes  au  bas  du  premier  feuillet  et  sur  la  tranche  du 
volume. 

Bibliothèque  de  V École  des  chartes^  1856,  4*  série,  t.  II,  p.  1^3. 
Dans  le  même  recueil,  année  1887,  t.  XLVIII,  p.  527,  est  décrit  un 
volume  analogue,  venu  du  même  Etienne  de  Loypeau  et  exécute 
dans  les  mêmes  conditions,  qui  fait  partie  de  la  bibliothèque  du 
chapitre  de  Bayeux.  Vitrine  X 


RÈGNE  DE  CHARLES  VI  29 


74.    LE  LIVRE  DE  BONNES  MŒURS,  composé  en   1410   par 
JACQUES  LE  GRANT. 

Français  1023. 
Exemplaire  du  duc  de  Berri,  qui  est  repre'senté  sur  le  frontis- 
pice et  qui  a  mis  sa  signature  à  la  fin.  —  Au  fol.  18,  figure  allégo- 
rique :  «  Comment  ire  et  haine  nuisent  à  créature  ». 

Vitrine  M,  côté  droit 

j5.    LAI   DE  FRAGILITÉ,  par  Eustache  Deschamps. 

Français  20029. 

Traduction  du  De  contemptu  mundi,  d'Innocent  III.  Exemplaire 
orné  de  miniatures  en  grisailles,  offert  en  1383  à  Charles  VI. 

Œuvres  d' Eustache  Deschamps,  t.  IL  p.  361,  avec  le  fac-similé 
de  deux  miniatures,  et  t.  XI,  p.  no.  Vitrine  IX. 

76.  LES    PELERINAGES    DE    GUILLAUME 

DE  DIGULLEVILLE. 

Français  823. 
Manuscrit  copié  en  1393  par  Oudin  de  Carnavay.  La  date  est  à 
la  fin  du  Pèlerinage  de  l'âme  (fol.  168  v")  ;  le  nom  du  copiste  est 
donné  en  acrostiche  sur  la  dernière  page  du  volume.  —  En  tête  du 
poème,  tableau  divisé  en  quatre  compartiments  quadrilobés,  à  bor- 
dures tricolores.  —  Le  manuscrit  a  appartenu  à  Jean  Bourré,  le 
conseiller  auquel  Louis  XI  accordait  toute  sa  confiance.  II  est  passé 
dans  la  librairie  de  Charles  VIII,  qui  a  fait  ajouter  au  commence- 
cément  un  grand  frontispice,  aux  armes  royales,  avec  les  mots 
Karolus  octavus  et  un  encadrement  formé  de  petits  carrés  à  la 
lettre  gothique  S  en  forme  de  8.  Vitrine  M,  côté  droit. 

77.  MIROIR   HISTORIAL  DE  VINCENT    DE  BEAUVAIS, 

traduit  par  Jean  du  Vignai. 

Français  312. 

Tome  I  de  l'exemplaire  copié  vers  1395,  pour  Louis,  duc  d'Or- 
léans. 

La  miniature  de  présentation,  reproduite  en  héliogravure  dans 
la  Galette  archéologique  (année  1886,  pi.  16),  représente  les 
même  sujets  que  celle  de  l'exemplaire  offert  à  la  reine  Jeanne  de 
Bourgogne.  Voir  plus  haut,  le  n"  27.  Vitrine  IX. 

78.  SECOND    VOLUME    DE    LA    TRADUCTION    DE    LA 

BIBLE,  par  Raoul  de  Presles. 

Français  158. 
Manuscrit  de  la  fin  du  xiv*  siècle,  avec  des  miniatures  à  bordures 
tricolores.  Beau  frontispice  à  quatre  compartiments  quadrilobés. 

Vitrine  M,  côté  droit. 


30  RÈGNE  DE  CHARLES  VI 

*  MISSEL  DE  SAINT-MAGLOIRE DE  PARIS. 

Arsenal,  ms.  623.  (Vitrine  A,  n"  6.) 

MISSEL  donné  en  1426  à  Notre-Dame  de  Paris. 

Arsenal,  ms.  622.  (Vitrine  A,  n"  3.)    Vitrine  M  côté  droit 

79.  TRADUCTION    DE    LA    CITÉ   DE   DIEU,  par  Raoul  de 

Presles. 

Français  170  et  171. 
Exemplaire  dont  quelques  miniatures  sont  encadrées  de  bor- 
dures tricolores.  Vitrine  VIII. 

80.  SECOND    VOLUME    DE   LA    TRADUCTION    DE    LA 

CITÉ  DE  DIEU. 

Français  174. 
Exemplaire  des  premières  années  du  xv'  siècle  qui,  trouvé  dans 
les  dépouilles  du  grand  maître  Jean  de  Montaigu,  fut  remis  le 
7  janvier  14 10  dans  la  librairie  du  Louvre.  En  tête  du  volume, 
grand  tableau  représentant  le  Christ  faisant  annoncer  par  deux 
anges  le  jugement  dernier.  Vitrine  M,  côté  droit. 

81.  TRADUCTION      FRANÇAISE      DE      LA      LÉGENDE 

DOREE,  par  Jean  du  Vignai. 

Français  242. 
Fin  du  XIV'  siècle.   Le  frontispice  représente  le  couronnement 
de  la  Vierge  dans  la  cour  céleste.  Vitrine  VIII 

82.  L'APPARITION    DE   JEAN   DE  MEUN,  par  HONORE 

BONET. 

Français  811. 
Exemplaire  offert  par  l'auteur  à  Valentine  de  Milan,  duchesse 
d'Orléans,  comme  on  le  voit  sur  la  miniature  de  présentation. 

Vitrine  VIII. 

83.  HEURES  DE  LA  SECONDE  MOITIE  DU  XIV  SIECLE. 

Latin  lo^ay. 
En  tête,  deux  miniatures  à  fond  d'or  :  le  Calvaire,  la  Vierge 
siégeant  au  ciel  à  côté  de  son  fils,  avec  l'inscription  :  Maria  in  celis 
assumpta,  en  or,  sur  le  fond  d'or.  Vitrine  VII. 


RÈGNE  DE  CHARLES  VI  31 


84.  HEURES  DE  MARGUERITE  DE  CLISSON. 

Latin  10528. 
Marguerite    de    Clisson,  qui   épousa  en   1387  Jean   de   Blois, 
comte  de  Penthièvre,  est  représentée  sur  plusieurs  pages  de  ce 
livre,  et  notamment  au  fol.  29  v".  Vitrine  M,  côté  droit. 

85.  LE  ROMAN  DE  BERTRAND  DU  GUESCLIN, 

par  CUVELIER. 

Cabinet  de  M.  H.  Yates  Thompson. 

Exemplaire  de  la  fin  du  xiV  siècle.  Orné  de  nombreuses  minia- 
tures. Vitrine  XX. 

86.  LES  HEURES  DU  MARECHAL  DE  BOUCICAUT. 

Collection  de  Madame  Jacquemart  André. 

Volume  exécuté  vers  la  fin  du  xiv'  siècle  pour  le  maréchal  de 
Boucicaut.  Il  y  faut  remarquer  la  page  sur  laquelle  le  maréchal  et 
sa  femme  Antoinette  de  Turenne,  sont  représentés  à  genoux,  au 
dessous   de  l'image  de  Notre-Dame  des  Sept  Joies. 

Sur  cette  page,  les  armes  de  Poitiers  (d'azur  à  6  besants  d'or  et 
au  chef  de  même)  et  la  devise  SANS  NOMBRE  ont  été  substituées, 
après  coup,  aux  armes  et  à  la  devise  du  maréchal.  Le  peintre  chargé 
d'opérer  la  substitution  a  oublié  d'effacer  sur  un  médaillon  les 
trois  premiers  mots  de  la  devise  de  Boucicaut  :  CE  QUE  VOUS 
[VOUDREZ]. 

La  Société  des  Bibliophiles  françois  a  fait  reproduire  en  cou- 
leurs les  peintures  de  ce  manuscrit,  avec  un  mémoire  dans  lequel 
l'ancien  possesseur,  M.  le  comte  de  Villeneuve,  a  savamment 
établi  l'origine  de  ce  précieux  volume  (^Notice  sur  un  manuscrit  du 
XIV^  stècle  :  Les  Heures  du  maréchal  de  Boucicaut.  Vzris,  1889; 
in-folio).  Vitrine  M,  côté  droit. 

87.  LA  BIBLE  MORALISÈE. 

Ms.  français  167. 

Exemplaire  qui  est  ainsi  décrit  dans  un  inventaire  de  l'année 
1420:  «La  Bible  historiée,  escripte  en  parchemin  de  lettre  déforme, 
en  françois  et  en  latin,  à  quatre  colonnes,  historiée  de  blanc  et  de 
noir,  et  enluminé  d'or  et  d'azur;  en  chacun  feuillet  seize 
histoires  ». 

Il  n'y  a  pas  moins  de  17152  petits  tableaux,  consistant  en  simples 
dessins  tracés  à  l'encre  et  à  peine  ombrés  d'une  grisaille  légère  au 
lavis.  C'est  un  travail  de  la  fin  du  xiV  siècle. 


RÈGNE  DE  CHARLES  VI 


Le  volume  appartenait  en  1404  à  Philippe  le  Hardi,  duc  de 
Bourgogne  ;  il  passa  plus  tard  dans  la  librairie  des  ducs  de  Bourbon 
et  finit  par  arriver  dans  celle  du  roi. 

Notices  et  extraits  des  manuscrits^  YI,  p.  107.  —  His- 
toire littéraire  de  la  France^  t.  XXXI,  p.  237.  —  Paulin  Paris.  Les 
Manuscrits  français^  t.  II,  p.  33.  —  Durrieu,  Le  Manuscrit^ 
t.  II,  p.  114.  —  De  Champeaux  et  Gauchery,  Les  Travaux  d'art 
exécutes  pour  le  duc  de  Bcrry^  p.  138.  —  Reproduction  d'une  page 
dans  \ Album  paléographique  de  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes, 
et  de  trois  pages  dans  Le  Manuscrit^  t.  II,  p.  87,  loi  et  113. 

88.  BIBLE  MORALISÉE. 

Ms.  français  166. 

Exemplaire  inachevé,  du  commencement  du  xv'  siècle,  identi- 
que pour  le  texte  au  ms.  167.  La  disposition  matérielle  est  la  même. 
L'exécution  dut  en  être  entreprise  par  l'ordre  de  Philippe  le  Hardi, 
duc  de  Bourgogne.  Les  peintures  des  premiers  cahiers  rappellent 
le  style  de  l'illustration  des  Heures  du  duc  de  Berri  conservées  au 
Musée  Condé  ;  on  a  cru  pouvoir  les  attribuer  à  Pol  de  Limbourg 
et  à  son  frère,  connus  aussi  sous  les  noms  de  Polequin  etjanequin 
Manuel.  —  La  seconde  partie  du  volume  n'a  reçu  les  peintures 
dont  elle  est  ornée  que  vers  le  milieu  du  xv'  siècle,  alors  que  le 
livre  appartenait  à  un  membre  de  la  famille  de  Poitiers. 

Au  commencement  de  ce  volume,  grand  et  magnifique  tableau 
en  grisaille  représentant  saint  Jérôme.  Il  a  été  reproduit  dans  les 
Notices  et  extraits,  t.  VI,  en  regard  de  la  page  124,  et  à  la  lin  de 
l'ouvrage  de  MM.  C.  de  Champeaux  et  Gauchery,  qui  l'apprécient 
à  la  p.  150. 

Notices  et  extraits  des  tnanuscrits,  t.  VI,  p.  113.  —  Hist.  litt.  de 
la  France,  t.  XXXI,  "p.  241,  —  P.  Paris,  Les  mss.  Jrançois  t.  II, 
p.  18.  —  B.  'Prost,  dans  Archives  hist.  artist.  et  litt.,  iS()o-iS<)i,  t.  Il, 
p.  342.  —  Durneu  Le  Manuscrit,  t.  II,  p.  120.  —  De  Champeaux  et 
Gauchery,  Les  travaux  d'art  exécutés  pour  le  duc  de  Berry,  p.  138. 

Reproduction  de  deux  pages  dans  Le  Manuscrit,  t.  II,  p.  117 
et  129.  —  Quatre  des  petits  tableaux  ont  été  gravés  dans  la  Galette 
des  Beaux-Arts,  3°"  période,  t.  IV,  en  regard  de  la  p.  278. 

Vitrine  VII. 

89.  LIVRE  D'HEURES    DE   LA   PREMIERE  MOITIÉ   DU 

XV  SIÈCLE. 

Latin  9471. 
Volume  exécuté  pour  un  membre  de  la  famille  de  Rohan,  et 
dont  la  très  remarquable  illustration  est  tirée  de  l'histoire  sainte, 
depuis  la  Création  jusqu'à  la  mort  de  Moïse.  Le  sujet  des  peintures 


RÈGNE   DE   CHARLES   VI  33 

est  la  concordance  de  l'Ancien  Testament  avec  le   Nouveau.  Vo- 
lume venu  de  la  Bibliothèque  de  La  Vallière. 

Une  page  en  est  reproduite  dans  l'opuscule  de  Tabbé  Rive. 
Essai  sur  l'art  de  vérifier  les  miniatures-  Vitrine  XI. 

90.  LIVRE  D'HEURES. 

Français  9261. 

Les  peintures  de  ce  manuscrit,  se  rapportant  à  l'histoire  sainte, 
dérivent  du  même  tvpe  que  celles  du  ms.  latin  9471. 

Vitrine  VIII 

91.  GASTON  PHŒBUS,  COMTE  DE  FOIX.  LE  LIVRE  DE 

LA  CHASSE. 

Français  619. 

Exemplaire  de  la  fin  du  xiv*  siècle,  ou  du  commencement  du 
XV',  orné  de  peintures  en  camaïeu,  aux  armes  du  comte  de  Foix,  — 
Au  fol.  57.  «  Comment  on  doit  aler  lessier  coure  pour  le  cerf.  » 

Vitrine  VIL 

92.  GASTON  PHŒBUS,  COMTE  DE  FOIX.  LE  LIVRE  DE 

LA  CHASSE. 

Français  616. 

Exemplaire  du  commencement  du  xv"  siècle,  aux  armes  de  la 
famille  de  Poitiers.  Sorti  de  la  Bibliothèque  du  roi  au  commence- 
ment du  xviii'  siècle,  il  a  été  réintégré  en  1848  dans  nos  collec- 
tions. 

Belles  et  très  nombreuses  peintures  représentant  des  scènes  de 
chasse. 

A.  de  Champeaux  et  P.  Gauchery,  Les  travaux  d'art  exécutés 
pour  le  duc  de  Berry^  p.  152.  Vitrine  M,  côté  droit. 

93.  TITE  LIVE  EN  FRANÇAIS. 

Français  2  =,9. 
Enorme  volume,  copié  au  commencement  du  xv*  siècle,  orné  de 
grandes  peintures  en  tête  de  chaque  décade  (fol.  15,  2^-)  et  466),  et 
de  petites  en  tête  de  chaque  livre. 

Vitrine  M  côté  droit. 

94.  TRADUCTION    DU    LIVRE    DES   PROPRIÉTÉS    DES 

CHOSES,    DE   BARTHELEMI    L'ANGLAIS,    faite    en 
1 371 ,  par  Jean  Corbichon  pour  le  roi  Charles  V. 

Français  16993. 
Exemplaire  un  peu  postérieur  à  la  date  de  la  traduction  ;  le  ta- 
bleau du  frontispice  est  divisé  en  quatre  compartiments  quadrilo- 


34  RÈGNE  DE  CHARLES  VI 


bés,  à  bordures  tricolores,  dans  le  dernier  desquels  est  représente 
l'hommage  du  livre  fait  au  roi  par  le  traducteur.  On  ne  saurait  affir- 
mer que  ce  soit  l'exemplaire  offert  au  roi.  La  même  disposition  du 
frontispice  se  trouve  dans  quatre  autres  exemplaires  du  même  ou- 
vrage :  les  n"'  216,  22533  et  22534  du  fonds  français  et  un  manuscrit 
qui  était  en  1903  dans  la  librairie  de  M.  Olschki,  à  Florence.  Les 
encadrements  tricolores  se  voient  sur  les  m. s  16993  ^^  22534,  ainsi 
que  sur  l'exemplaire  de  M.  Olschki. 

Vitrine  XL 

95.  LE  MÊME  OUVRAGE. 

Français  216. 
Très  belles  peintures.  Les  sujets  du  frontispice  sont  les  mêmes 
que  ceux  du  ms.  16993,  mentionné  dans  l'article  précédent.  L'exé- 
cution peut  dater  du  commencement  du  xv*  siècle. 

Vitrine  XL 

96.  LE  MÊME  OUVRAGE. 

Français  22531. 
Exemplaire  du  commencement  du  xv'  siècle.  Sur  la  première 
page,  miniature  représentant  l'hommage  du  livre  au  roi;  les  marges 
de  cette  page  sont  couvertes  d'une  suite  de  neuf  petits  tableaux 
dont  les  sujets  sont  tirés  du  commencement  de  la  Genèse.  En  re- 
gard de  cette  page  ont  été  ajoutées, après  coup,les  armes  deRoche- 
chouart. 

Vitrine  XL 

97.  LA  FLEUR  DES  HISTOIRES  DE  LA  TERRE  D'ORIENT 

par  Hayton. 

Français  12201. 
Exemplaire  vendu  en  1403  à  Philippe  le  Hardi,  duc  de  Bourgo- 
gne, par  Jacques  Raponde. 

Notice  du  comte  Durrieu,  dans  Le  Manuscrit,  t.  II,  p.  179,  avec 
reproduction  de  la  miniature  du  fol.  10  v"  {ibid.,  p.  171). 

Vitrine  M,  côté  droit. 

98.  LE  LIVRE  DES  CLÈRES  FEMMES,  traduit  du  latin  de 

Boccace. 

Français  12420. 
Volume  orné  de  107  miniatures,  que  Jacques   Raponde  donna 
en  1403,  comme  cadeau  d'étrennes  à  Philippe  le  Hardi,  duc  de 
Bourgogne.  Ce  volume  a  dû  être  copié  en  1402. 

Le  comte  Durrieu,  dans  Le  Manuscrit^  t.  II,  p.  167  et  168,  avec 
reproduction  des  miniatures  des  fol.  18  v"  et  20  v"  {tbid.,  p.  161  et 
165). 

Vitrine  XII. 


RÈGNE  DE  CHARLES  VI  35 


99.  TRADUCTION  DU  LIVRE  DE  BOCCACE  :    CAS   DES 
HOMMES  ET  DES  FEMMES  ILLUSTRES. 

Français  326. 
Volume   orné   de   nombreuses     peintures.  Celle   du  fol.  6  v% 
représente  quatre  scènes  de  l'histoire   des   premiers   parents  :   la 
création  d'Eve,  les  recommandations   de  Dieu  à  Adam  et  live,  la 
tentation  du  serpent,  l'expulsion  du  paradis  terrestre. 

Vitrine  XIL 

100.  AUTRE  EXEMPLAIRE  du  même  ouvrage. 

Français  127. 
Ce  volume  paraît  avoir  été  fait  pour  Jean  de  Daillon,  gouver- 
neur du  Dauphiné  sous  le  règne  de  Louis  XL 

Vitrine  M,  côté  droit. 

101.  ŒUVRES  DE  CHRISTINE  DE  PISAN. 

Français  603. 
Exemplaire   du   commencement  du  xV  siècle.  Au  fol.    81    V, 
miniature  représentant  Catherine  de  Pisan  écrivant  le  livre   de 
Mutation  de  fortune. 

Vitrine  XIL 

102.  POÉSIES  DE  CHRISTINE  DE  PISAN. 

Français  836. 
Exemplaire  du  commencement  du  xV  siècle,  en  tête  duquel  est 
représentée   Christine   offrant   son  livre  à   la    reine    Isabeau   de 
Bavière. 

Vitrine  XIL 

jo3.   L'AIGUILLON    D'AMOUR  DIVIN,  par  saint   Bonaventure, 
traduit  par  Simon  de  Courci. 

Français  926. 
Volume  que  Marie  de  Berri,  fille  du  duc  Jean,  fit  écrire  en  1406 
par  son  confesseur,  frère  Simon  de  Courci,  cordelier.   —  La  prin- 
cesse y  est  représentée  en  prières  devant  la  Vierge. 

Vitrine  XlII. 

104.   DIALOGUE  DE   CHARLES  VI    ET    DE   PIERRE 

SALMON,   1409. 

Français  23279. 
Au  fol.  53,  bon  portrait  du  duc  de  Berri.  Edition  accompagnée 
de  fac-similé,  donnée  en    1833  P^"^  Crapelet,    sous  ce   titre:   Les 


36  RÈGNES  DE  CHARLES  VI  ET  DE  CHARLES  VH 

Demandes  faites  par  le  roi  Charles  VI  touchant  son  état  et  le  gou- 
vernement de  sa  personne^  avec  les  réponses  de  Salmon. 

Voir  Moranvillé,  La  Chronique  du  Religieuxde  Saint-Denis^ 
dans  la  Bibliothèque  de  V Ecole  des  chartes^  t.  L,  p.  lo,  et  A.  de 
Champeaux  et  P.  Gauchery,  Œuvres  d'art  exécutées  pour  le  dite 
de  Berry\  p.  144. 

Vitrine  M,  côté  droit. 

io5.   LA  BIBLE  HISTORIALE. 

Français  163. 
Exemplaire  aux  armes   de  Montmorency-Laval,  copié  à  Cha- 
teaubriant  en  1417.  —  Il  a  appartenu  à  un  membre  de  la  famille  de 
Derval. 

Vitrine  XIII. 

106.   BRÉVIAIRE   SUIVANT    L'USAGE    DE    L'ÉGLISE     DE 
SALISBURY. 

Latin  17294 

Volume  de  711  feuillets,  dont  la  décoration  n'a  pas  été  achevée; 
dans  l'état  actuel,  elle  consiste  en  45  grands  tableaux  et  en 
4300  petits  disposés  sur  les  marges,  à  raison  de  quatre  ou  cinq  sur 
chaque  page. 

Les  grandes  peintures  sont  d'une  très  remaixjuable  exécution; 
les  petites  sont  d'une  qualité  inférieure. 

Ce  livre  a  été  fait  en  France  pour  Jean,  duc  de  Bedford,  dont 
les  armes  sont  peintes  à  plusieurs  endroits.  Sur  le  fol.  10%  ces 
armes  sont  accolées  à  celles  de  Luxembourg,  ce  qui  prouve  que  le 
travail  de  décoration  n'était  pas  encore  achevé  en  1433,  date  à  la- 
quelle le  duc  épousa  sa  seconde  femme  Jacqueline  de  Luxem- 
bourg. 

Ce  beau  manuscrit  a  jadis  fait  partie  de  la  Bibliothèque  du  col- 
lège des  Jésuites  à  Lyon,  d'où  il  passa  chez  le  duc  de  La  Vallière. 
A  la  vente  des  livres  de  ce  riche  amateur,  il  fut  acheté  5000  livres 
pour  la  Bibliothèque  du  roi. 

Deux  des  peintures  représentent:  l'une, l'adoration  des  mages, et 
l'autre  sainte  Anne,  avec  les  trois  Marie,  ont  été  gravées  dans 
l'opuscule  de  l'abbé  Rive.  Essai  sur  Vart  de  vérifier  les  minia- 
tures. 

Catalogue  des  Livres  du  duc  de  La  Vallière^  i'"'partie,t.I,p.  273. 
—  Article  de  Vallet  de  Viriville  dans  la  Galette  des  Beaux- 
Arts,  année  1866.  —  A.  de  Champeaux  et  P.  Gauchery.  Les  œuvres 
d*art  exécutées  pour  le  duc  de  Berry,  p.  160. 

Du  Bréviaire  du  duc  de  Bedford  doit  être  rapproché  le  Livre 
d'Heures  du  même  prince,  qui  a  été  exécuté  par  les  mêmes  artistes 
et  dont  la  décoration  est  tout  à  fait   analogue.  Composé   de  389 


RÈGNE  DE  CHARLES  VII  37 


feuillets,  il  se  conserve  au  Musée  britannique,  où  il  est  entré  en 
1852  et  011  il  porte  le  n"  18850  du  fonds  additionnel.  On  croit  qu'il 
a  été  fait  à  Paris,  en  1423,  à  l'occasion  du  mariage  du  duc  de  Bed- 
ford  avec  Anne,  fille  de  Jean-sans-Peur,  duc  de  Bourgogne  ;  la 
duchesse  Anne  l'offrit  à  Henri  VI,  roi  d'Angleterre,  aux  fêtes  de 
Noël  1430,  qui  furent  célébrées  à  Rouen.  Le  livre  passa  sans  doute 
en  Angleterre,  mais  il  revint  en  France  au  xvi*  siècle,  et  il  appar- 
tint au  roi  Henri  II. 

Les  fol.  96  et  258  v"  de  ce  beau  manuscrit  ont  été  reproduits 
dans  le  recueil  de  la  Société  paléographique  (i"  série,  n"*  172  et  173), 
le  premier  représente  la  faute  et  le  repentir  de  David;  le  second, 
le  duc  de  Bedford  en  prières  aux  pieds  de  saint  Georges.  La  page 
qui  contient  l'image  de  saint  Marc  se  trouve  chromolithographiée 
dans  le  recueil  de  Warner. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

107.  LES  APHORISMES  D'HIPPOCRATE,  avec  le  commentaire 

de  Galien. 

Français  24246. 

Traduction  faite  en  1362  par  Martin  de  Saint-Gilles.  Exemplaire 
copié  à  Rouen,  en  1429-1430,  par  les  soins  de  Jean  Tourtier,  chi- 
rurgien du  duc  de  Bedford.  Les  marges  de  plusieurs  pages  sont  or- 
nées des  insignes  de  ce  prince  :  des  racines,  l'antilope,  l'aigle  por- 
tant une  couronne;  au  coin  les  devises  :  A  vous  entier^  — j'ensuis 
contente. 

Vitrine  XI  IL 

108.  LA  MER  DES  HISTOIRES  DE  JEAN  DE  COLONNE. 

Latin  491s. 

Exemplaire  dans  lequel  les  initiales  de  presque  tous  les  chapi- 
tres sont  aux  armes  de  la  famille  des  Ursins.  Sur  le  frontispice, 
on  voit  la  cour  céleste,  au  dessous  de  laquelle  sont  représentés 
en  prières  deux  membres  de  la  famille  des  Ursins,  un  prélat  et  un 
chevalier.  La  splendeur  de  ce  manuscrit,  dans  lequel  le  nombre 
des  miniatures  est  très  considérable,  fait  songer  à  ce  Missel  de  Jac- 
ques Jouvenel  des  Ursins,  qui  a  misérablement  péri  en  1871,  dans 
l'incendie  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris.  Le  frontispice  (fol.  21)  est 
à  rapprocher  du  tableau  du  Musée  du  Louvre  où  sont  représentés 
Jean  Jouvenel  et  Michelle  de  Vitry,  avec  leurs  onze  enfants. 

A.  de  Champeaux  et  P.  Gauchery,  Les  Œuvres  d'art  exécutées 
pour  le  duc  de  Berry,  p.  157. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 


38  RÈGNE  DE  CHARLES  VII 


J09.   CÉRÉMONIAL  DES  GAGES  DE  BATAILLE. 

Français  2258. 
Manuscrit  du   milieu  du  xv"  siècle,  dans   la   première  initiale 
duquel  sont  les  armes  de  Bretagne. 

Crapelet,  Cérémonies  des  gages  de  bataille^  Paris,  1830,  in-S"  ; 
avec  la  reproduction  des  miniatures.  —  Il  existe  des  épreuves  des 
dix  premières  pages  d'une  reproduction  en  fac-similé  que  le  comte 
de  Bastard  avait  entrepris  de  publier.  —  Durrieu,  Un  grand  enlu- 
mineur parisien^  p.  25  et  71. 

Vitrine  XIV. 

*     LES  DOUZE  PÉRILS  D'ENFER. 

Exemplaire  de  la  reine  Marie  d'Anjou. 
Ms.  de  l'Arsenal,  5207.  (Vitrine  B,  n»  3). 

jio.  ARMORIAL  D'AUVERGNE,  DE  BOURBONNAIS  ET 
DE  FOREZ,  dédié  à  Charles  VU,  par  le  Hérault  Guillaume 
Revel. 

Français  22297. 
Il  contient  les  vues  d'un  certain  nombre  de  villes  et  de  châteaux 
d'Auvergne,  de  Bourbonnais  et  de  Forez. 

Vitrine  XV. 

111.   LIVRE  D'HEURES  D'ISABELLE  STUART, 
DUCHESSE  DE  BRETAGNE. 

Latin  1369. 

Volume  écrit  vers  l'année  1441.  —  Sur  les  fol.  38  et  56  sont 
peints  le  portrait  d'Isabelle  Stuart  et  celui  de  son  mari  François  1", 
duc  de  Bretagne. 

Vitrine  XIV. 

.12.    HEURES  DE  L'AMIRAL  PRIGENT  DE  COÈTIVY. 

Cabinet  de  M.  Yates  Thompson. 

Volume  orné  de  148  miniatures  d'un  très  bon  travail.  Sur  beau- 
coup de  pages  se  voient  peintes  les  armes  et  les  devises  de  l'ami- 
ral de  Coëtivy,  mort  au  siège  de  Cherbourg  en  1450.  Les  devis»,  s 
sont  :  Dame  sans per  et  Hélas!  Belle  merci. 

Delisle,  dans  Bibliothèque  de  rucole  des  chartes^  1900,  t.  LXl. 
p.  186.  —  S.  C.  Cockerel,  dans  Catalogue  des  mss.  Thompson. 
seconde  série,  p.  238 

Vitrine  XX. 


RÈGNE  DE  CHARLES  VII  39 

Il  3.   MISSEL  ROMAIN,   à  l'usage   du  cardinal  Alain  de  Coëtivy, 
mort  en  1 474. 

Latin  848 
Au  foL  272,  petites  miniatures  représentant  la  mort  et  le  cou- 
ronnement de  la  sainte  Vierge. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

114.   LIVRE  D'HEURES   A    L'USAGE  DE  PIERRE  11,  DUC 
DE  BRETAGNE. 

Latin  1159. 
Ces  Heures  ont  dû  être  écrites  vers  l'année  1455.  Le  duc  y  est 
figuré  sur  le  fol.  23.  La  plus  curieuse  des  miniatures  est  celle  du 
fol.  160  v%  qui  représente  le  Mont-Saint-Michel,  peinture  à  rappro- 
cher de  celle  qui  est  dans  les  Heures  du  duc  de  Berri,  conser\'ées 
au  Musée  Condé  à  Chantilly. 

Vitrine  XIV. 

ii5.   HEURES   DU   BATARD   D'ORLEANS,  JEAN,  COMTE 
DE  DUNOIS. 

Cabinet  de  M.  H.  Yates  Thompson. 

Volume  exécuté  en  France,  vers  1440  (?).  Parmi  les  miniatures, 
il  faut  remarquer  celle  du  fol.  22  v",  qui  représente  le  bâtard 
d'Orléans  en  prières.  C'est  de  cette  peinture  que  dérive  le  portrait 
de  Dunois  qu'a  fait  graver  Montfaucon  et  qui  a  été  souvent  repro- 
duit. 

Catal.  des  ms.  Thompson,  série  I,  p.  49. 


Vitrine  XX. 


ij6.   heures  de  JACQUES  CŒUR. 


Bibliothèque  royale  de  Munich,  ms.  latin  10103. 

L'importance  de  ce  très  curieux  manuscrit  nous  a  été  révélée 
en  1902  par  le  D""  Franz  Boll,  qui  lui  a  consacré  une  excellente 
notice  dans  le  Bïicherfreunde  du  mois  de  mai  1902. 

Au  jugement  de  M.  Boll,  les  Heures  de  Jacques  Cœur  peuvent 
prendre  place  à  côté  et  un  peu  au-dessous  de  celles  d'ctienne 
Chevalier,  avec  lesquelles  elles  ont  plus  d'un  point  de  contact. 
M.  le  comte  Durrieu,  sur  le  vu  des  fac-sirailes  joints  à  la  disserta- 
tion de  M.  Boll,  est  porté  à  croire  que  l'un  des  peintres  qui  ont 
travaillé  à  les  illustrer  était  ce  Jean  Colombe,  de  Bourges,  que 
nous  savons  avoir  été  employé  par  le  duc  de  Savoie  et  auquel  sont 


40  XV'   SIÈCLE 


attribuées  les  peintures  ajoutées  en  dernier  lieu  aux  Heures  du 
duc  de  Berri  conservées  à  Chantilly. 

Parmi  les  tableaux  qui  donnent  à  ce  petit  volume  une  valeur 
exceptionnelle,  il  faut  citer  celui  du  fol.  15  v"  :  portrait  de  Jacques 
Cœur,  avec  la  devise  yl  cuer  vaillant  riens  inpossible.  et  celui  qui 
couvre  en  entier  deux  pages  (fol.  148  v"  et  149  recto)  :  vue  très 
exacte  de  l'hôtel  de  Jacques  Cœur,  tel  qu'il  existe  encore  aujour- 
d'hui à  Bourges. 

Voici  les  sujets  des  autres  pages,  dont  la  photographie  est 
exposée  :  la  Visitation,  la  Nativité,  l'Annonce  de  la  nativité  aux 
bergers,  l'Adoration  des  mages,  le  Retour  d'Egypte,  la  Présentation 
au  temple,  la  Vierge  et  l'enfant  divin,  la  Résurrection  de  Lazare, 
le  Calvaire,  la  Descente  du  Saint  Esprit. 

Vestibule. 

117.    HEURES  DU  BON  ROI   RENÉ  D'ANJOU. 

Latin  11 56  A. 

Manuscrit  exécuté  vers  l'année  1440  (?) 

Beaucoup  d'initiales  renferment  un  écusson  tiercé  de  Jérusalem, 
d'Anjou-Sicile  et  d'Anjou  moderne.  ■ —  Sur  les  encadrements  de 
beaucoup  de  pages  on  a  peint  des  aigles,  avec  de  doubles  croix 
d'or  couronnées,  des  chausse-trappes  et  des  voiles  blanches  por- 
tant en  bleu  la  devise  EN  DIEU  EN  SOIT.  —  Au  fol.  81  v". 
portrait  de  René,  et  au  fol.  61,  celui  de  Louis  II,  duc  d'Anjou, 
père  de  René,  qui  a  été  ajouté  après  coup  dans  le  manuscrit.  Les 
deux  portraits  sont  photogravés  dans  la  Galette  archéologique 
(année  1886),  pour  illustrer  une  notice  de  M.  Bouchot;  le  portrait 
de  René  est  dans  la  Revue  de  Vari  ancien  et  moderne^  t.  X.V, 
p.  175. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

ij8.    LIVRE  D'HEURES  DU  BON  ROI   RENÉ  D'ANJOU, 

Latin  17332. 
Ce  manuscrit  a  été  exécuté  vers  1470,  après  le  mariage  de  René 
avec  Jeanne  de  Laval.  Les  initiales  du  nom  des  deux  époux  (R.  J.) 
se  voient  sur  les  marges  et  dans  beaucoup  d'initiales.  Les  armes  de 
René  ornent  l'initiale  de  l'Office  de  la  Vierge  (fol.  16),  en  regard 
d'un  tableau  représentant  la  Vierge,  qui  a  été  gravé  dans  la  Galette 
des  Beaux- Arts ^  2*  période,  t.  XXX.  p.  369.  C'est  la  seule  grande 
peinture  qui  ait  été  faite  dans  ce  volume,  où  beaucoup  de  pages  ont 
été  laissées  en  blanc  pour  le  travail  du  peintre. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 


XV«   SIÈCLE  41 


J18  bis.  LETTRES    D'ANOBLISSEMENT   délivrées   par   le   roi 
René  à  Jehannot  Roy,  d'Aix,  le  22  mars  1476- 

Bibliothèque  Méjanes. 

L'initiale  de  ces  lettres  est  enluminée  aux  armes  et  à  la  devise 
de  René. 

Dans  le  vestibule. 

1J9.    PSAUTIER  DE  JEANNE  DE  LAVAL,  femme  du  bon  roi 
René  d'Anjou. 

Bibliothèque  de  Poitiers,  n"  41. 

En  tête  du  livre,  après  le  calendrier,  sur  le  recto  de  dix  feuil- 
lets, sont  peintes  avec  beaucoup  d'élégance,  les  principales 
scènes  de  la  Passion. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

120.  LE  ROMAN  DE  TROILLE  ET  DE  CRISEIDA,  copié  en 

1455  et   1456,  par  Pierre  d'Amboise,  pour  Marie  de  Clèves, 
duchesse  d'Orléans. 

Français  25528. 
Volume  orné  de  peintures  en  grisailles.  Les  armes  et  la  devise 
de  Marie  de  Clèves  :  Riens  ne  m' est  plus^  sont  peintes  sur  le  fron- 
tispice. 

Vitrine  XV. 

121.  CHRONIQUE  DE  JEAN  DE  COURCl. 

Français  2685. 
Exemplaire  de  l'échevinage  de  Rouen,  copié  en  1457.  Le 
feuillet  159,  exposé,  représente  la  fondation  des  villes  de  Venise, 
Sicambre,  Carthage  et  Rome.  —  Sur  les  marges,  sont  les  armes  de 
France,  de  France  écartelé  de  Dauphiné,  de  Berri  (France  à  la 
bordure  de  gueules),  de  Normandie  et  de  Rouen. 
Le  Cabinet  des  manuscrits,  t.  i,  p.  546. 

Vitrine  XIV. 

122.  LES   MIRACLES    DE    NOTRE-DAME,    traduits   par  Jean 

Miélot,  seconde  partie. 

Français  9199. 
Volume  copié  vers  l'année  1456,  pour  être  offert  à  Philippe  le 
Bon,  duc  de  Bourgogne.  Il  est  orné  de  67  peintures  en  camaïeu, 
dont  plusieurs  sont  de   véritables   chefs-d'œuvre  -,   M.    le    comte 


42  RÈGNE  DE  CHARLES  VII 


Durrieu  a  proposé  de  les  attribuer  à  un  peintre  français,  Philippe 
de  Mazerolles.  Cet  artiste  aurait  travaillé  dans  un  atelier  de  Bruges, 
d'où  sont  sortis  de  beaux  manuscrits  des  bibliothèques  de  Philippe 
le  Bon  et  du  grand  bâtard  de  Bourgogne. 

Le  texte  du  ms.  9199  paraît  avoir  été  servilement  copié  sur  un 
manuscrit  de  la  même  époque  qui  est  aujourd'hui  à  Oxford,  dans 
labibliothèquebodléienne,etdontles  248  pages  ont  été  reproduites 
en  autotypie,  pour  le  Roxburghe  Club,  aux  frais  de  M.  John  Mal- 
colm,  avec  une  savante  introduction  de  M.  George  F.  Warner: 
Miracles  de  Notre-Dame^  collected  by  Jean  Miclot  (Westminster, 
1885  ;  in-fol).  Cette  reproduction  est  placée  à  côté  du  ms.  9199. 

Vitrine  XVI. 

123.  MIRACLES  DE  NOTRE-DAME,  traduits  par  Jean  Miélot, 

première  partie. 

Français  9198. 

Volume  dont  la  transcription  a  été  achevée  à  La  Haye,  en  Hol- 
lande, le  10  avril  1456.  Il  est  depuis  longtemps  juxtaposé  au  ms. 
9199.  comme  pour  en  former  le  tome  premier.  11  est  orné  de 
58  tableaux  en  camaïeu,  dont  deux,  représentant  l'étude  de  Jean 
Miélot  et  l'hommage  du  livre  au  duc  de  Bourgogne,  sont  repro- 
duits dans  la  publication  dédiée  au  Roxburghe  Club. 

Vitrine  XVI. 

124.  HEURES  DE  LOUIS,   DUC  DE  SAVOIE,  vers  1455. 

Latin  9473. 

Les  armes  de  Savoie  et  la  devise  Fert  montrent  que  ce  livre 
vient  de  la  maison  de  Savoie.  Parmi  les  jolies  miniatures  qui  ornent 
le  livre,  on  remarque  celle  du  fol.  77  :  cortège  de  dames  parées, 
dont  plusieurs  sont  des  musiciennes. 

Mugnier,  Les  manuscrits  à  miniatures  de  la  Maison  de  Savoie 
(Moutiers,  1894),  p.  79  et  suiv.  Ce  savant  y  a  reconnu  des  vues  de 
plusieurs  localités  de  la  Savoie.  —  Le  Manuscrit^  t.  II,  p.  26. 

Vitrine  XV. 

126".  LE  LIVRE  DES  MERVEILLES  ET  DIVERSITÉS  DE  CE 
MONDE,  selon  Solin,  Gervaise  et  Plinius,  translaté  de  latin 
en  français. 

Cabinet  de  M.  H.  Gallice  (jadis  n"  148  du  fonds  Barrois). 


(i)  Le  n'  135  avait  été  réservé  pour  un  manuscrit  qui  n'a  pas  été  envoyé. 


JEAN  FOUCQ.UET  43 


Ce  manuscrit  copié  au  xv"  siècle  est  orné  de  57  miniatures. 
Celle  du  chapitre  XIII,  relative  à  la  Crète,  représente  les  inventions 
dont  la  légende  faisait  honneur  aux  Cretois, 

La  Bibliothèque  Nationale  possède  un  exemplaire  du  même 
ouvrage,  que  le  comte  de  Béthune  avait  fait  relier  en  trois  volumes 
(ms.  français  i377-i379')- 

Vitrine  XVI . 

127.   LIVRE  D'HEURES. 

Cabinet  de  M.  Taxcrède  de  Scitivana  de  Greische. 
hcriture  et  miniatures  du  milieu  du  xV  siècle. 

Vitrine  XVI. 


L'ŒUVRE  DE  JEAN  FOUCQUET 

128.   LES    ANTIQUITÉS    JUIVES    DE    JOSEPHE,    ILLUS- 
TRÉES PAR  JEAN  FOUCQUET. 

Français  247. 

Des  quatorze  grandes  histoires  qui  ornent  cet  incomparable 
volume,  les  trois  premières  sont  des  artistes  qui  travaillaient  pour 
le  duc  Jean  de  Berri,  et  les  autres  «  de  la  main  du  bon  paintre  et 
enlumineur  du  roi  Louis  XI,  lean  Foucquet,  natif  de  Tours  ».  C'est 
ce  que  nous  apprend  une  note  ajoutée  à  la  fin  du  volume  par 
François  Robertet,  secrétaire  de  Pierre  de  Beaujeu,  duc  de  Bour- 
bon. Cette  note  est  la  base  de  tout  ce  qu'on  a  écrit  depuis  un 
demi-siècle  sur  le  plus  illustre  des  peintres  français  du  temps  de 
Charles  VII  et  de  Louis  XI,  et  ce  sont  les  peintures  du  Josèphe 
qui  ont  permis  de  reconnaître  les  autres  œuvres  qu'on  peut  légiti- 
mement lui  attribuer.  Les  onze  tableaux,  dont  la  place  était  restée 
en  blanc  à  la  mort  du  duc  de  Berri,  ont  été  exécutés,  une  quaran- 
taine d'années  plus  tard,  par  Foucquet,  pour  un  arrière  petit-fils 
du  duc  de  Berri,  Jacques  d'Armagnac,  duc  de  Nemours.  C'est  un 
travail  dont  tous  les  critiques  s'accordent  à  proclamer  la  perfection 
et  dont  la  reproduction  chromolithographique,  publiée  par  Curmer 
(^Œuvres  de  Jehan  Foucquet^  Paris.  1866-1867),  donne  une  idée 
très  imparfaite. 

Le  comte  de  Bastard,  qui  a  le  premier  apprécié  à  sa  valeur  le 
talent  de  Foucquet  (dans  Les  Manuscrits  français  de  Paulin 
Paris,  t.  II,  p.  265),  a  fait  reproduire  dans  son  grand  ouvrage  l.i 
première  peinture,  œuvre  d'un  des  enlumineurs  du  duc  de  Berri,  et 


44  JEAN  FOUCQUET 


cinq  des  peintures  de  Jean  Foucquet  :  la  prise  de  Jéricho,  l'annonce 
à  David  de  la  mort  de  Saûl,  le  temple  de  Salomon,  la  captivité  des 
tribus  d'Israël  et  la  fin  de  cette  captivité  par  l'ordre  de  Cyrus. 

Entre  autres  travaux  relatifs  au  manuscrit  et  à  l'oeuvre  de 
Foucquet  en  général,  il  faut  citer  les  publications  suivantes  : 

Œuvres  de  Jehan  Fouc qi4 et ^ 'publiées  par  Curmer,  Paris,  1866- 
1867.  —  A.  de  Champeaux  et  P.  Gauchery,  Œuvres  d'art  exécutées 
pour  le  duc  de  Bcrry,  p.  155.  —  Articles  de  H.  Bouchot,  dans  la 
Gaj^ette  des  Beaux-arts,  3"  période,  t.  IV,  et  dans  la  Revue  de  l'art 
ancien  et  moderne,  année  1903. 


Vitrine  M,  côté  gauche. 


129.   MÊME  OUVRAGE,  t.  11 


Le  tome  II  du  Josèphe  de  Fouquet  passait  pour  perdu  depuis 
longtemps,  quand  il  a  été  reconnu  par  M.  Henry  Yates  Thompson 
dans  une  vente  faite  à  Londres  en  1903.  Le  célèbre  bibliophile 
s'en  est  rendu  acquéreur. 

Malheureusement  il  ne  subsiste  plus  qu'une  des  treize  histoi- 
res qui  décoraient  ce  volume  :  le  tableau  représentant  l'entrée 
d'Hérode  à  Jérusalem.  M.  Thompson  l'a  fait  reproduire  en  hélio- 
gravure, et  a  placé  à  côté  l'héliogravure  d'une  des  peintures  d'j 
tome  I,  celle  qui  représente  la  prise  de  possession  du  Temple  par 
Pompée.  Le  rapprochement  des  deux  pages  suffit  pour  démontrer 
avec  évidence  que  les  deux  tableaux  sont  dus  au  même  artiste.  Le 
fascicule  in-folio  qui  contient  les  deux  héliogravures  est  intitulé  : 
Fac  similes  of  two  Histoires  by  Jean  Foucquet  front  vols.  I  and  II 
of  the  Anciennetés  des  /7///5  (Privately  printed,  London  1902).  Cf. 
Journal  des  Savants,  mai  1903).  Vitrine  XX. 

i3o.    LES  GRANDES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Français  6465. 

Grand  volume,  dont  une  partie  des  peintures  est  attribuée  a 
Jean  Foucquet.  La  date  en  est  incertaine  ;  il  peut  appartenir  à  la 
première  moitié  du  règne  de  Louis  XI.  C'est  probablement  à  tort 
qu'on  a  appliqué  au  ms.  6465  un  texte,  assez  vaguement  cité,  rela- 
tif à  un  exemplaire  dont  la  copie  aurait  été  commandée  par 
Charles  VII  en  1458  à  Jean  Donier,  maître  es  arts,  et  à  Noël 
Frebois.  (Ga:^ette  des  Beaux-Arts,  y  période,  t.  IV,  p.  418.) 

Au  fol.  89  v",  tableau  du  couronnement  de  Charlemagne.  Sur  ce 
tableau,  voir  un  mémoire  du  comte  Paul  Durrieu  dans  les  Mélan- 
ges G.  B.  de  Rossi,  de  l'École  française  de  Fome,  1892.  —  La  mi- 
niature de  l'entrée  d'un  roi  à  Paris  est  gravée  dans  la  Ga^cttr  des 
Beaux-Arts,  3*  période,  t.  IV,  p.  418. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 


JEAN    FOUCQ.UET  45 


i3i.   FEUILLET     DETACHE    DES    HEURES     D'ETIENNE 
CHEVALIER,  ILLUSTRÉES  PAR  JEAN  FOUCQUET. 

Nouv.  acq.  lat.  1416. 

Ce  feuillet,  dont  la  Bibliothèque  Nationale  doit  la  possession  à 
la  clairvoyance  de  feu  Georges  Duplessis  et  à  la  libéralité  de  M.  le 
duc  de  La  Trémoïlle,  contient  une  miniature  représentant  sainte 
Anne  et  les  trois  Maries  avec  leur  famille.  Il  s'ajoute  aux  40  feuil- 
lets recouvrés  par  le  duc  d'Aumale  et  qui  sont  maintenant  bien 
connus,  grâce  aux  chromolithographies  de  Curmer,  et  mieux  encore 
grâce  à  la  publication  de  M.  Gruyer:  Chantilly,  Notices  des  pein- 
tures. Les  Quarante  Fouquet  (2"  édition),  1900,  in-4°. 

Deux  des  feuillets  de  Chantilly  ont  encore  été  reproduits  en 
héliogravure  par  Dujardin,  pour  prendre  place  dans  le  tome  I  du 
Catalogue  des  manuscrits  du  Musée  Condé.  Ces  héliogravures  sont 
exposéees  dans  le  vestibule  du  rez-de-chaussée. 

Sur  le  feuillet  de  la  Bibliothèque  Nationale,  on  peut  voir  une 
notice  du  comte  Paul  Durrieu,  publiée  avec  fac-similé,  en  1881, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  France. 

On  s'est  peu  occupé  en  France  d'un  petit  livre  d'Heures 
d'Etienne  Chevalier  qui  est  au  Musée  britannique  (addit.  16997).  — 
Reproduction  en  noir  de  deux  miniatures  dans  le  recueil  de  la 
Société  paléographique,  2'  série,  pi.  116);  une  autre  est  donnée 
en  couleurs  dans  le  recueil  de  Warner. 

Vitrine  M,  pan  coupé, 

i32.   STATUTS  DE  L'ORDRE  DE  SAINT-MICHEL. 

Ms.  français  198 19. 

Le  frontispice  représente  Louis  XI  tenant  un  chapitre  de  l'ordre 
de  Saint-Michel.  M.  Durrieu  a  développé  les  arguments  qui  auto- 
risent à  attribuer  cette  remarquable  peinture  à  Jean  Foucquet.  Il  a 
identifié  comme  il  suit  les  personnages  qui  sont  debout,  rangés  à  la 
droite  du  roi  :  le  hérault  >lontjoie,  Jean  Bourré,  ...  ?,  Louis  de  La- 
val, seigneur  de  Châtillon,  le  connétable  de  Saint-Pol  (?),  Jean  II, 
duc  de  Bourbon,  Louis,  bâtard  de  Bourbon,  comte  de  Roussillon; 
—  et  à  la  gauche,  le  greffier  Jean  Robertet,  le  chancelier  de  l'ordre 
Gui  Bernard,  évéque  de  Langres.  Antoine  de  Chabannes,  comte  de 
Dammartin,  quatre  figures  encore  indéterminées  et  enfin  Charles 
de  France,  duc  de  Guyenne,  frère  du  roi. 

Le  mémoire  de  M.  Durrieu  {Galette  archéol.  année  1890)  est 
accompagné  d'une  héliogravure. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 


46  RÈGNE  DE  LOUIS  XI 


1 33-1 34.   TRADUCTION  DE  LA  BIBLE,  par  Raoul  de  Prcslcs. 

Français  20065  ^^  20066, 

Grand  manuscrit  dont  l'illustration  n'a  pas  été  conduite  bien 
loin. 

Deux  pages  dans  le  premier  volume  et  huit  dans  le  second  ont 
seules  reçu  leurs  peintures  ;  elles  suffisent  pour  faire  honneur  à 
l'artiste  qui  devait  illustrer  cette  Bible,  dont  l'exécution  peut  être 
rapportée  au  règne  de  Louis  XI. 

Dans  le  ms.  20065,  ^^  ^^^'  ^^  "^"-  grand  tableau  des  travaux  du 
peuple  d'Israël  en  Egypte  ;  dans  le  ms.  20066,  aux  fol,  6  v"  et  7, 
scènes  d'idolâtrie. 

Berger,  La  Bible  française,  p.  358.  • —  A.  de  Charapeaux  et 
P.  Gauchery.  Les  œuvres  d'art  exécutées  pour  le  duc  de  Berr\\, 
p.  161. 

Il  est  douteux  que  cette  Bible  inachevée  ait  été,  comme  on  l'a 
dit  (Jbid.^^  un  des  livres  confisqués  sur  Jean  Jouvenel.  que  le  duc  de 
Bedfort  s'appropria  et  parmi  lesquels  on  cite  une  bible  trouvée  en 
la  possession  d'un  chartreux. 

Vitrines  XY  et  XVI. 


i35.    LES  CHRONIQUES  DE  NORMANDIE  en  français. 

Français  2623. 

Exemplaire  de  l'échevinage  de  Rouen,  copié  vers  le  commen- 
cement du  règne  de  Louis  XI,  Le  fol.  40  v",  exposé,  représente 
l'offrande  faite  à  une  église  par  Robert  le  Magnifique,  duc  de  Nor- 
mandie, et  celle  d'un  chevalier  à  qui  le  ducavait  donné  100  florins 
pour  aller  à  l'offrande.  Sur  les  marges  de  cette  page  sont  les  armes 
de  France,  de  Dauphiné,  de  Normandie  et  de  Rouen. 

Vitrine  XV. 
i36.   LA  SOMME  LE  ROI. 

Français  958. 

Volume  copié  en  1464  par  Jean  Hubert,  pourisabeau  d'Ecosse, 
duchesse  de  Bretagne.  Au  commencement  du  volume  sont  repré- 
présentées.  au  pied  du  crucifix,  trois  dames:  Isabeau  d'Ecosse,  Mar- 
guerite de  Bretagne  qui  épousa  François  II,  duc  de  Bretagne,  et 
Marie,  fille  d'Isabeau,  femme  de  Jean,  vicomte  de  Rohan. 

—  Les  peintures  sont  accompagnées  des  instructions  d'après 
lesquelles  le  peintre  avait  dû  travailler.  Ce  sont  les  mêmes  textes 
que  ceux  du  manuscrit  de  l'année  1373,  indiqués  plus  haut, 
n"  45.  Vitrine  XIV. 


RÈGNE  DE  LOUIS  XI 


47 


*     VANITÉ  DES  CHOSES  MONDAINES,   1466. 

Arsenal,  ms.  5102,  (Vitrine  A.  n"  i.) 

i38  '".   LIVRES  D'HEURES  DE  JEAN  LE  BON,  COMTE 
D'ANGOULÊME,  ou  de  son  fils,  Charles. 

Latin  11 73. 

Volume  aux  armes  du  comte  d'Angoulême.  Il  est  orné  de  belles 
peintures  et  de  gravures  coloriées.  La  table  des  Pâques,  qui  se 
trouve  au  fol.  52  v*,  et  qui  a  l'année  1464  pour  point  de  départ, 
nous  autorise  à  supposer  que  le  livre  a  été  copié  aux  environs  de 
cette  date. 

Vitrine  XVII. 

I  39.   HEURES  DE  CHARLES  DE  FRANCE,  DUC  DE 
NORMANDIE,  frère  du  roi  Louis  XI  (1465-1469). 

Ms.  473  de  la  Mazarine. 

"Notice  danslâ  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  chartes,  1894,  t.  LV, 
p.  337  ;  reproduite  dans  Le  Manuscrit,  t.  I,  p.  149,  avec  la  photo- 
gravure d'une  page  ayant  fait  partie  de  ce  manuscrit  et  se  trouvant 
aujourd'hui  dans  une  collection  particulière. 

Vitrine  M,  pan  coupé. 

140.   LE  LIVRE  DE  LA  DESTRUCTION  DE  TROYE. 

Français  254. 

Manuscrit  copié  en  1467  par  Richard  Le  Grant,  et  qui  a  appar- 
tenu à  l'amiral  Louis  Malet  de  Graville.  Le  frontispice  représente 
l'attaque  d'une  place  forte. 

Le  comte  Durrieu,  Un  grand  enlumineur  parisien,  p.  70. 

Vitrine  XII. 

141-142.    LA  CITÉ  DE  DIEU,  EN  FRANÇAIS. 

Français  18  et  19. 

Ce  magnifique  manuscrit,  dont  l'enluminure  s'achevait  en  1473, 

était  destiné  à  Charles  de  Gaucourt.  Il  a  successivement  appartenu 

à  Jean  Bourré,  l'un  des  plus  intimes  conseillers  de  Louis  XI,  et  à 

Louis  Malet  de  Graville.  L'exécution  des  peintures  en  a  été  dirigée 


(i)  Le  n»  137  étnit  réservé  à  un  manuscrit  qui  n'a  pas  été  envoyé  à  l'Exposition. 


48  RÈGNE    DE   LOUIS  XI 


par  Robert  Gaguin  et  confiée  à  un  peintre  nommé  François  :  egre- 
gius  pictor  Franciscus.  C'est  ce  qui  résulte  d'une  lettre  de  Gaguin, 
qu'a  signalée  M.  Thuasne  et  qu'il  a  très  judicieusement  appliquée  au 
présent  manuscrit,  dans  un  mémoire  publié  en  1%^%  {Revue  des 
Bibliothèques^  t.  VIII,  p.  33).  M.  Thuasne  est  allé  plus  loin  en 
supposant  que  ce  peintre  François,  devait  être  un  fils  de  l'illustre 
tourangeau  Jean  Foucquet,  ce  qui  est  encore  une  hypothèse.  Quoi- 
qu'il en  soit,  il  est  permis  de  supposer  que  ce  François  peut  être 
identifié  avec  «  Maître  François  l'Enlumineur  »,  qui  faisait  partie 
en  1473  de  la  maison  de  Charles  d'Anjou,  comte  du  Maine 
(B.  Prost,  dans  Archives  histor.^  artist.  ei  littéraires^  1889-1890, 
t.  I,  p.  426). 

Le  frontispice  est  un  tableau  représentant  l'hommage  que 
Raoul  de  Presles  fit  à  Charles  V,  de  sa  traduction  de  la  Cité  de 
Dieu.  Le  peintre  a  fait  entrer  dans  la  composition  du  tableau, 
deux  groupes  de  religieux  et  de  religieuses,  le  pape,  des  pèa^es  de 
l'Église  et  des  théologiens.  Cette  belle  page  a  été  reproduite  en 
héliogravure,  par  Dujardin  (pi.  III  de  l'ouvrage  du  comte  Dur- 
rieu,  Un  grand  enlumineur  parisien^;  l'héliogravure  se  retrouve 
dans  le  mémoire  de  M.  Thuasne.  Cf.  Delisle,  dans  le  Journal  des 
Savants,  1898.  —  Au  peintre  qui  a  illustré  la  Cité  de  Dieu,  pour 
Charles  de  Gaucourt,  paraît  devoir  être  attribuée  l'illustration  d'un 
Valère  Maxime  qui  est  au  Musée  britannique  (Harley,  4374  et  4375) 
et  qui  faisait  partie  au  xvii"  siècle  de  la  bibliothèque  de  l'abbaye  de 
Sainte-Geneviève  de  Paris.  M.  Warner,  à  qui  est  due  cette  attribu- 
tion, a  fait  reproduire  dans  son  recueil  la  peinture  qui  sert  de 
frontispice  au  livre  IX.  Vitrine  XVII. 

143.  SECOND    EXEMPLAIRE    DU    MÊME  OUVRAGE,   qui 

paraît  bien  être  une  réplique  du  premier  et  qui  a  été  fait  pour 
Philippe  de  Commynes. 

Le  tome  premier  en  est  à  La  Haye,  dans  le  Musée  Meermanno- 
Westreenien. 

Nous  en  exposons,  dans  le  vestibule,  une  copie  en  couleur  du 
frontispice,  qu'a  bien  voulu  nous  envoyer  M.  le  docteur  W.  G.  C. 
Byvank, 

Le  tome  II  est  à  la  Bibliothèque  de  Nantes. 

Le  comte  Durrieu,  Un  grand  enlumineur  parisien,  p.  79. 

Vestibule. 

144.  UN  TROISIEME  EXEMPLAIRE  DU  MÊME  OUVRAGE, 

venu  du  couvent  des  Minimes  de  la  Guiche,  a  été  recueilli  à  la 

Bibliothèque  de  Mâcon. 

On  en  a  coupé  trois  feuillets,  qui  ont  été  vendus  aux  enchères  à 


RÈGNE  DE  LOUIS  XI  49 


Londres  en  1899  et  qui  sont  aujourd'hui  dans  une  bibliothèque 
américaine.  La  photogravure  en  a  été  insérée  dans  le  tirage  à  part 
d'un  article  au  Journal  des  Savants,  du  mois  de  juillet  1899.  Il  y  en 
a  des  épreuves  dans  le  vestibule  du  rez-de-chaussée. 

Vestibule. 

145.  TRADUCTION   PAR  JEAN    DU  VlGNAl    DU  MIROIR 

HISTORIAL  DE  VINCENT  DE  BEAUVAIS.  Tomes  1 
et  11. 

Français  50. 

Exemplaire  du  duc  de  Nemours,  qui  est  passé  dans  la  maison  de 
Bourbon,  et  dont  le  tome  III  est  au  Musée  Condé.  —  Grandes 
peintures  d'une  bonne  facture.  Sur  le  frontispice  du  tome  I,  sont 
ligures  des  travaux  de  construction  d'un  édifice. 

Le  comte  Durrieu,  Un  grand  enlumineur  parisien^  p.  19 
et  73. 

Vitrine  XIII. 

146.  COMPILATION     INTITULÉE    «   CONPENDION 

YSTORIAL,  DIT  LE  MIGNON.   » 

Français  9186. 

Manuscrit  du  duc  de  Nemours,  qui  appartint  plus  tarda  Tanne- 
gui  du  Chàtel.  Il  est  orné  de  grandes  miniatures,  dont  une  repré- 
sentant l'Enfer,  est  héliogravée  dans  le  mémoire  du  comte  Durrieu, 
Un  grand  enlutnineur  parisien. -ç\3.nc\\eW .  Le  volume  est  ouvert 
de  façon  à  faire  voir  la  représentation  du  Paradis,  au  fol.  301. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

147.  TRADUCTION,    PAR  JEAN  CORBICHON,  DU  LIVRE 

DES  PROPRIÉTÉS  DES  CHOSES. 

Français  9140. 

Exemplaire  enluminé  du  temps  de  Louis  XI  pour  Jean  du  Mas, 
seigneur  de  L'Isle,  par  bvrard  d'Espingues.  peintre  originaire  de  Co- 
logne, qui,  après  avoir  habité  Paris,  entra  au  service  du  duc  de  Ne- 
mours et  vint  se  fixer  à  Ahun.  Voir  Comptes  rendus  de  V Académie 
des  inscriptions.  1895,  p.  74. 

Le  frontispice  représente  la  cour  céleste. 

Vitrine  XIV. 


50  RÈGNE  DE  LOUIS  XI 


148.  MÊME  OUVRAGE, 

Français  22532. 

Exemplaire  de  la  seconde  moitié  du  xv'  siècle.  Au  fol.  186  v". 
esquisse  d'une  carte  de  la  Palestine  et  des  pays  voisins  ;  les  noms 
des  lieux  figurés  sont  indiqués  par  des  légendes  en  caractères  cur- 
sifs  très  fins,  qui  devaient  disparaître  après  l'exécution  de  la  carte. 

Vitrine  XIV. 

149.  POSTILLES  DE  NICOLAS  DE  LIRE  SUR  LA  BIBLE. 

Latin  1 1972-11978. 

Cet  ouvrage,  qui  remplit  sept  volumes  in-quarto,  a  été  fait  pour 
Gui  Bernard,  évêque  de  Langres.  Il  porte  la  date  de  1464  h 
la  fin  du  tome  coté  11976  ;  mais  il  a  été  terminé  plus  tard. 
M.  l'abbé  Marcel  a  trouvé  un  compte  mentionnant  les  paiements 
faits  en  1472  au  copiste  Pierre  Rouche,  dont  le  chiffre  P.R.  se 
trouve  à  la  fin  de  plusieurs  des  volumes,  et  au  peintre  qui  avait  été 
chargé  de  l'enluminure  du  manuscrit  :  «  à  maistre  Guillaume  Hu- 
gueniot,  enlumineur  à  Langres,  39  1.  3  s.  4  d.,  pour  27  histoires  et 
229  lettres  d'or  et  d'azur,  ensemble  les  paraphes  auprès  chacune 
lettre  de  20  deniers,  valant  19  1,  i  s.  8  d.  » 

L'abbé  Marcel,  La  Calligraphie  et  la  Miniature  à  Langres  à  la 
fin  du  XV'  siècle  ;  Paris,  1892.  Grand  in-4°.  Extrait  des  Mémoires 
de  la  Soc.  de  Langres.  —  Bibliothèque  de  VEcole  des  chartes. 
1892,  t.  LUI,  p.  481.  Vitrine  XIII. 

i5o.   TRADUCTION    DE   LA   VIE   DU    CHRIST     PAR    LU- 
DOLPHE  DE  SAXE. 

Français  177-179 
Exemplaire  en  trois  volumes.  Une  des  miniatures  du  tome  III 
représente  Louis,  bâtard  de  Bourbon,  mort  en   1487,  pour  qui  ces 
volumes  ont  été  copiés  et  enluminés.  Vitrine  XIII. 

i5i.   TRADUCTION    DE    TITE    LIVE    PAR    PIERRE  BER- 
SUIRE. 

Français  20071. 

Copie  de  la  seconde  moitié  du  xv'  siècle,  avec  de  grandes 
peintures,  aux  armes  et  au  chiffre  de  François  de  Rochechouart  et 
de  Blanche  d'Aumont.  Le  comte  de  Bastard  en  attribuait  en  partie 
l'illustration  à  Jean  Foucquet  (P.  Paris,  Les  Manuscrits  français, 
t.  II,  p.  266).  Vitrine  XVIII. 


RÈGNE  DE  LOUIS  XI 


i52.   LES  PASSAGES  D'OUTRE-MER,    1472. 

Français  5594. 

Ouvrage  de  Sébastien  Mamerot,  dédié  à  Louis  de  Laval,  sei- 
gneur de  Châtillon.  Il  est  orné  de  65  grandes  miniatures. 

Au  fol.  221,  tableau  de  l'embarquement  de  Philippe-Auguste 
pour  aller  au  siège  d'Acre.  Vitrine  XI. 

i53.   LIVRE  D'HEURES  DE  LOUIS  DE  LAVAL. 

Latin  920. 

Ce  manuscrit,  l'un  des  chefs-d'œuvre  de  la  peinture  française 
du  temps  de  Louis  XI,  fut  fait  pour  Louis  de  Laval,  grand  maître 
des  eaux  et  forêts  de  France,  mort  le  21  août  1489.  L'héritier  de 
Louis  de  Laval  le  donna  à  Anne  de  France,  duchesse  de  Bourbon- 
nais, sœur  de  Charles  VIII.  Alfred  Ramé,  en  1881,  appela  l'atten- 
tion du  Comité  des  travaux  historiques  sur  les  Heures  de  Louis  de 
Laval, et  en  particulier  sur  l'analogie  que  plusieurs  peintures  de  ce 
livre  offrent  avec  les  célèbres  Heures  d'Etienne  Chevalier. 

Le  portrait  de  Louis  de  Laval  qui  est  au  fol.  51  est  particulière- 
ment remarquable;  d'autres  portraits  du  même  personnage  sont 
aux  fol.  45  et  129  v°.  Vitrine  XII. 

]54.    LIVRE    D'HEURES    EXÉCUTÉ    EN     1475,  A    TOURS, 
selon  toute  apparence. 

Latin  1179. 

Ce  volume  a  été  achevé  le  30  mai  1475  pour  Macé  Prestesaille, 
qui  l'a  fait  faire  en  mémoire  et  souvenance  de  sa  femme  Jeanne 
Prince,  décédée  le  26  novembre  1474,  et  de  ses  enfants. 

Vitrine  XI. 
i55.   RELATION  DU  SIEGE  DE  RHODES. 


Latin  6067. 

Volume  dédié  en  1480  par  Guillaume  Caoursin  à  Pierre 
d'Aubusson,  grand  maître  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 

Une  page  est  reproduite  dans  le  grand  ouvrage  du  comte  de 
Bastard,  pi.  258  :  Pierre  d'Aubusson  recevant  la  relation  de  Guil- 
laume Caoursin.  Vitrine  XI. 

Au  fol.  32,  vue  à  vol  d'oiseau  du  port  et  de  la  ville  de  Rhodes. 


32  RÈGNE  DE  LOUIS  XI 

i56.  LIVRE  D'HEURES,  DORIGINE  BRETONNE,  qui,  selon 
toute  apparence,  a  été  fait  pour  François  11,  duc  de  Bretagne, 
mort  en  1488. 

Latin  1385. 

Encadrements  à  fonds  d'or,  ornés  de  fleurs,  d'insectes,  d'oiseaux 
et  de  quadrupèdes  peints  avec  beaucoup  de  finesse. 

Vitrine  XL 

157.  PREMIER  VOLUME  DE  LA  LEGENDE  DORÉE  EN 
FRANÇAIS. 

Français  244  et  245. 

Exemplaire  en  deux  volumes  richement  enlumine's,  aux  armes 
et  au  chiffre  d'Antoine  de  Chourses  et  de  Catherine  de  Coëtivy,  sa 
femme.  Cet  Antoine,  qui  mourut  vers  1487,  était  un  grand  biblio- 
phile, dont  beaucoup  de  manuscrits  sont  conservés  au  Musée 
Condé.  Au  haut  du  frontispice  du  ms.  244,  tableau  de  la  cour 
céleste  ;  au-dessous,  quatre  tableaux  figurent  les  diverses  périodes 
de  l'histoire  sainte,  caractérisées  par  de  courtes  légendes  en  lettres 
d'or  :  tempiis  deviationis  (la  faute  des  premiers  parents),  teinpus 
revocationis  (le  serpent  d'airain),  tempus  percgrinationis.  tcmpiis 
reconciliationis.  Au  bas  de  la  page,  un  écrivain  dans  son  étude  et 
un  prédicateur  dans  sa  chaire. 

Le  comte  Durrieu,  Un  grand  enlumineur  parisien^  p.  33  et  82, 
avec  l'héliogravure  d'une  des  peintures.  Vitrine  XL 

i58.  CHRONIQUE  UNIVERSELLE  DE  JEAN  DE  COURCl, 
DITE  LA  BOUQUECHARDIÈRE. 

Français  6183. 

Exemplaire  aux  armes  de  Louis  de  Brézé,  relié  pour  Diane  de 
Poitiers. 

Ms.  français  18  et  19. 

Grandes  peintures  du  temps  de  Louis  XI  ou  de  Charles  VIII, 
analogues  à  celles  de  la  Cité  de  Dieu  (Voir  la  notice  141-142).  La 
première,  au  fol.  10,  représente  la  fondation  des  villes  d'Argos 
et  d'Athènes.  •  Vitrine  XVIII. 

159.  LE  DEFENSEUR  DE  LA  CONCEPTION-IMMA- 
CULÉE. 

Français  989. 
Traduction  faite  par  Antoine  de  Lévis,  comte  de  Villars. 


RÈGNE  DE  LOUIS  XI  53 


Sur  le  frontispice  a  été  peint  l'hommage  du  livre  fait  à  Jeanne 
de  France,  femme  de  Jean  II,  duc  de  Bourbon.  Les  marges  de  la 
même  page  sont  ornées  de  petites  miniatures  représentant  des 
scènes  de  la  vie  de  la  Vierge.  Vitrine  XVII. 

160.  LA  DANSE  DES  AVEUGLES,  vers  1480. 

Français  1989. 

Volume  copié  et  enluminé  pour  Jean  II,  duc  de  Bourbon.  Il  y 
a  les  armoiries  de  23  membres  de  la  famille  de  Bourbon. 

Au  fol.  19,  les  jeux  de  la  Fortune  qui,  les  yeux  bandés,  tourne 
la  roue  en  présence  d'une  bande  de  danseurs. 

Le  Cabinet  des  manuscrits^  t.  I,  p.  168  et  169. 

Vitrine  XVII. 

161.  LA  VIE  DE  JÉSUS-CHRIST,  tome  1. 

Français  407. 

Les  deux  volumes  de  cette  Vie  de  Jésus-Christ  ont  été  copiés  à 
Tours  en  1482,  pour  la  reine  Charlotte  de  Savoie,  femme  de 
Louis  XL  C'est  à  eux  que  se  rapportent  deux  articles  d'un  compte 
arrêté  par  la  reine,  le  28  avril  1482  :  «  A  Thibaut  Bredine,  libraire, 
demeurant  à  Tours,  pour  avoir  fait  escripre  XXXV  cayers  d'un 
livre  de  Vita  Christt,  fleury  et  relyé  le  dit  livre,  pour  ce  L  livres. 
A  Guillaume  Piqueau,  enlumineur,  demeurant  à  Tours,  pour  avoir 
enluminé  le  dit  livre  et  fait  plusieurs  lettres  et  paraffes,  XII  livres.  > 

Vitrine  XVII. 

162.  FORME  ET  DEVIS  D'UN  TOURNOI. 

Français  2693. 

Programme  adressé  par  René  d'Anjou  à  Charles  d'Anjou, 
comte  du  Maine. 

Exemplaire  offert  à  Charles  VIII  par  Louis  de  Bruges,  sire  de 
La  Gruthuyse.  Aux  fol.  52  v»  et  53  :  grand  tableau  représentant 
l'arrivée  du  seigneur  appelant  et  du  seigneur  défendant. 

Vitrine  XIX. 

j63.   autre  exemplaire. 

Français  2693. 
Au  fol.  3 1  V*  :  Entrée  dans  la  lice,  d'un  des  chefs  du  tournoi. 

Vitrine  XIX 


54  RÈGNE  DE  CHARLES  VIII 


164.   TROISIEME  EXEMPLAIRE. 

Français  2695. 

Au  fol.  100  V"  :  Comment  les  tournoyeurs  se  vont  battans  par 
troupeaux.  Vitrine  XIX. 

i65.   VIE  DE  SAINT  LOUIS. 

Français  2829. 

Pierre  de  Beaujeu,  duc  de  Bourbon,  fit  écrire  et  «  historier  »  ce 
livre  qui  fut  l'un  des  plus  riches  morceaux  de  la  librairie  de 
Charles  VIII.  Le  frontispice  porte  les  marques  qui  distinguent  les 
volumes  auxquels  ce  roi  attachait  une  importance  particulière  : 
les  mots  Carolus  octavus,  la  lettre  gothique  s  en  forme  de  8,  et  la 
devise  Plus  qu'autre.  Vitrine  XVIII. 

166.  LA    VIE    DE    SAINT    JÉRÔME    en    français,  suivie    d'une 

Exposition  de  l'Oraison  dominicale. 

Français  418. 

Exemplaire  aux  armes  d'Anne  de  Beaujeu,  femme  de  Pierre, 
duc  de  Bourbon.  —  Au  fol.  163  v%  tableau  représentant  Jésus  en 
prières  au  jardin  des  Oliviers.  Vitrine  XVllI. 

167.  HEURES  DE  LA  CROIX,  EN  VERS  FRANÇAIS. 

Français  5661. 

Manuscrit  fait  à  Tours  en  1492,  par  Robert  Du  Herlin.  En  tête 
est  la  devise  de  Charles  VIII  :  Plus  qu'autre. 

Barbet  de  Jouy,  Notice  du  Musée  des  Souverains.,  p.  75. 

Vitrine  XVII. 

168.  PSAUTIER  LATIN-FRANÇAIS,  à  l'usage  du  roi  CharlesVlU. 

Latin  774. 
Le  frontispice  représente  le  roi  à  genoux  devant  David. 

Vitrine  XVIII. 

169.  HEURES  DU  ROI   CHARLES  Vlll. 

Latin  1 14s. 

Volume  dont  l'enluminure  est  fort  médiocre.  Au  commence- 
ment, miniature  représentant  le  roi  en  prières  et  derrière  lui  saint 
François.  Vitrine  XVII. 


REGNE  DE  CHARLES  VIII 


jyo.    ORAISONS    ADRESSEES  A  NOTRE-SEIGNEUR  ET  A 
LA  SAINTE  VIERGE. 

Latin  1190. 

A  l'intérieur  de  la  couverture  on  a  ménagé  une  coulisse 
pour  recouvrir  deux  excellentes  miniatures,  sur  lesquelles 
M.  Bouchot  a  reconnu  les  portraits  de  Charles  VIII  et  d'Anne  de 
Bretagne.  Ces  deux  portraits  ont  été  reproduits  dans  la  G^Tj^cfti- 
archcologiquc  de  l'année  1888.  Vitrine  XVII. 

17J.   LE  SÉJOUR  D'HONNEUR,  PAR  OCTAVIEN  DE 
SAINT-GELAIS. 

Français  12783. 
Exemplaire  de  Charles  VIII.  Vitrine  XVIII. 

172.   MISSEL    ROMAIN,    exécuté    en    1492    pour  Jean    de  Foix, 
évêque  de  Cominges. 


Latin  1682 


Le  copiste  de  ce  Missel  s'est  fait  connaître  :  Pierre  de  La  Xoulx. 
habitant  des  Herbiers,  au  diocèse  de  Luçon. 

Le  comte  Durrieu.  Un  grand  miniaturiste  parisien,  p.  80, 
note.  Vitrine  XIX. 

173.  FEUILLET    D'UN    LIVRE    D'HEURES,     écrit    en    lettres 

d'argent    sur    parchemin    teint    en   pourpre    ou    peut-être    en 
noir. 

Nouv.  acq.  lat.  149. 
Sur  les  marges  sont  peintes  des  scènes  de  l'Ancien-Testament. 
la  fable  du  Loup  et  de  l'Agneau,  etc.  Vitrine  XVII. 

174.  HEURES  DE  ROME. 

Cabinet  de  VI.  H.  Gallice. 
Joli  petit  livre  de  la  fin  du  xv' siècle,  qui  doit  avoir  été  fait  pour 
servir  à  des  fidèles  du  diocèse  de  Troyes.  comme  l'indiquent  les  in- 
vocations à  saint  Frobert.  à  sainte  Houlde  et  à  sainte  Mathie  dans 
les  Litanies  des  saints.  Ce  volume  est  remaïquable  par  l'abondance 
et  l'éclat  des  illustrations,  dont  beaucoup  sont  tirées  de  l'Ancien- 
Testament  et  qui  consistent  d'abord  en  quinze  peintures  occupant 
des  pages  entières  et  en  petites  peintures  qui  couvrent  la  marge  la- 
térale extérieure  et  la  marge  inférieure  de  toutes  les  pages. 

Vitrine  XVII. 


^6  RÈGNE  DE  CHARLES  VIII 


•  DIVERS  LIVRES  D'HEURES  DU  XV  SIECLE. 

Bibliothèque  de  l'Arsenal,  ms.  646,  1197,  1192,  1189,  616,  652  et 
562. 

(VitrineC,  n<"i,3,  4,  5,  7,  8,10.) 

175.    STATUTS   DE    L'ORDRE   DE    SAINT-MICHEL,  copiés 
vers  1494  pour  Charles  VI II. 

Ms.  français  14363. 

Ce  volume,  offert  au  roi,  comme  l'atteste  la  pièce  de  vers  placée 
sous  la  miniature  du  frontispice,  a  conservé  sa  reliure  originale  en 
velours  bleu.  Les  plats  sont  ornés  de  l'image  de  saint  Michel  au 
milieu  d'un  semé  de  coquilles. 

La  miniature  représente,  une  apparition  de  saint  Michel  au  roi. 
Dans  la  figure  de  l'archange,  M. le  comte  Durrieu  a  cru  reconnaitre  les 
traits  de  la  reine  Anne  de  Brejtagne  ;  il  identifie  comme  il  suit  les 
trois  personnages  :  en  avant,  Charles  VIII  ;  derrière  lui.  à  droite, 
contre  la  bordure,  Pierre  II,  duc  de  Bourbon  ;  à  côté  de  celui-ci, 
très  probablement,  Etienne  de  Vères,  l'un  des  membres  les  plus 
influents  dans  les  conseils  du  roi. 

La  peinture  a  été  très  hypothétiquement  attribuée  à  Jean  Per- 
réal.  —  Fac-similé  àzns  Le  Manuscrit àe  Labitte,  t.  I,  p.  19,  et  dans 
la  Revue  de  V Art  ancien  et  moderne^  tome  XV,  p.  177. 

Vitrine  XVII. 


L'ŒUVRE  DE  JEAN  BOURDICHON 

176.  HEURES  DE  FERDINAND,  ROI   DE  NAPLES.  MORT 

EN   1498. 

Latin  10^32. 

Ce  beau  livre  a  longtemps  passé  pour  une  œuvre  italienne. 
C'est  en  1902,  dans  la  Ga:^ette  des  Beaux-Arts,  que  M.  timile 
Mâle  l'a  restitué  à  l'école  française,  en  s'appuyant  sur  d'excellents 
arguments  pour  l'attribuer  à  Jean  Bourdichon. 

A  la  page  146,  l'Adoration  des  Mages. 

Les  Heures  de  Ferdinand  peuvent  soutenir  la  comparaison 
avec  celles  d'Anne  de  Bretagne.        Vitiine  M,  côté  gauche. 

177.  HEURES  DU  ROI  CHARLES  VIII. 

Latin  1370. 
Ce  petit  livre  doit  être  attribué  à  Charles  VIII  :  les  armes  de    J 
France  sont  à  l'intérieur  de  beaucoup  d'initiales;  d'après  une  note   ''% 


JEAN  BOURDICHON  57 


du  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Gaignières,  la  reliure  primitive 
était  ornée  de  ces  s  [gothiques,  en  forme  de  8]  qui  étaient  une  des 
devises  de  Charles  VIII.  Au  fol.  213  v"  se  lit  une  prière  en  l'hon- 
neur de  saint  Charlemagne.  La  plupart  des  peintures  qu'il  contient 
sont  de  fines  grisailles,  d'un  assez  bon  travail,  pour  que  M.  Emile 
Mâle  se  soit  cru  autorisé  à  en  faire  honneur  à  Jean  Bourdichon, 
le  peintre  des  Heures  d'Anne  de  Bretagne. 

Voir  les  trois  articles  suivants.        Vitrine  M,  pan  coupé. 

1  78.   HEURES  E  LA  REINE  ANNE  DE  BRETAGNE. 

Ms.  latin  9474. 

La  réputation  de  ce  livre,  solidement  établie  de  bien  longue 
date,  a  été  popularisée  par  la  reproduction  chromolithographique, 
bien  imparfaite  cependant,  que  Curmer  en  a  publiée  en  1859.  Elle 
est  justifiée  par  la  beauté  des  grandes  miniatures  qui  remplissent 
une  cinquantaine  de  pages,  et  plus  encore  peut-être  par  le 
naturel,  l'éclat  et  la  variété  des  peintures  de  fleurs,  de  fruits,  de 
libellules,  de  papillons,  de  mouches  et  de  chenilles  dont  sont  cou- 
vertes les  marges  du  manuscrit.  Un  mandement  de  la  reine  Anne, 
du  14  mars  1508,  nous  a  révélé  le  nom  de  l'auteur  de  ce  merveil- 
leux travail  :  Jean  Bourdichon,  tourangeau,  mort  un  peu  avant 
l'année  1521  et  qui  occupe  une  des  premières  places  dans  l'histoire 
de  la  peinture  française  au  temps  de  Charles  VIII  et  de  Louis  XII. 

L'une  des  meilleures  et  des  plus  récentes  appréciations  de 
l'œuvre  de  Bourdichon  est  celle  que  M.  Emile  Mâle  lui  a  consacrée 
en  1902  dans  la  Ga^^eite  des  Beaux-Arts. 

Le  portrait  de  la  reine  Anne  est  au  commencement  du 
volume. 

Barbet  de  Jouy,  Notice  du  Muse'e  des  Souverains^  p.  85,  — 
Delisle,  Le  Cabinet  desManuscrits,  t.  III,  p.  345-347. 

Vitrine  M,  côté  gauche. 

179.   MISSEL   ROMAIN,    du    commencement    du    XVI'    siècle,    à 

l'usage  d'une  église  de  Touraine. 

Latin  886. 
Ce  volume  a  été  à  l'usage  de  Martin  de  Beaune.  archevêque  de 
Tours,  de  1520  à  1527;  mais  il  paraît  bien  avoir  été  fait  pour  un 
des  deux  prélats  de  la  famille  Fumée,  Hugues  ou  Hardouin,  qui 
administrèrent  l'abbaye  de  Beaulieu  en  Touraine,  de  1485  à  1521. 
M.  Mâle  a  cru  pouvoir  attribuer  à  Jean  Bourdichon  les  meilleures 
peintures  de  ce  très  beau  Missel. 

Voir  le  mémoire  publié  en  1902  dans  la  Galette  des  Beaux- 
Arts.  Vitrine  M,  côté  gauche. 


58  RÈGNE  DE  LOUIS  XII 

181  '  .  TRADUCTION  DE  L'IMITATION  ET  DE  L'ÉCHELLE 
DE  PARADIS. 

Français  929. 

Exemplaire  aux  armes  d'Angoulême,  du  temps  de  Louis  XII. 
Les  deux  miniatures  qui  le  décorent,  sont  à  rapprocher  des  gra- 
vures qu'on  voit  dans  quelques  exemplaires  de  l'édition  de  l'Imi- 
tation et  de  l'Échelle  du  Paradis,  imprimée  à  Toulouse  en  1488. 

Vitrine  XXI. 

182.    DIURNAL  DE  RENE  11,  DUC  DE  LORRAINE, 

(1473-1508). 

Latin  10491. 

Volume  exécuté  vers  l'année  1500  (?),  orné  de  onze  grandes 
peintures,  dont  la  troisième  représente  Jésus  au  milieu  de  ses  dis- 
ciples. 

Le  Diurnal  de  René  II  fut  donné,  en  1 5 1 9,  au  couvent  des  sœurs 
de  Sainte- Claire  de  Pontamousson,  par  la  veuve  de  ce  prince. 
Philippe  de  Gueldre.  Vitrine  XXI. 

•  BREVIAIRE  DU  MEME  PRINCE. 

Ms.  601  de  l'Arsenal.  —  (Vitrine  B,  n"  i). 

j83.   MEDITATION     (DE     LUDOLFE)     SUR    LA    VIE    DE 
JÉSUS-CHRIST,  tome  11. 

Cabinet  de  M.  Henry  Yates  Thompson. 

Très  riche  manuscrit,  exécuté  pour  Philippe  de  Gueldre,  femme 
de  René  II,  duc  de  Lorraine,  qui  en  fit  don  après  la  mort  de  son 
mari,  arrivée  en  1^08,  au  couvent  des  religieuses  de  Pontamousson, 

Catal.dcs  Mss.  Thompson,  série  I,  p.  216. 

Le  tome  I  de  ce  manuscrit  est  dans  le  trésor  de  la  cathédrale  de 
Lyon.  Vitrine  XX. 

*  HEURES  DE  JEANNE  DE  FRANCE,  femme  de  LouisXll. 

(Vers  i5oo). 

Arsenal,  ms.  644.  (Vitrine  C,  n'  1 1). 


(i)  Le  numéro  180  avait  été  réservé  pour  un  manuscrit  qui  n'a  pas  été  envoyc. 


RÈGNE  DE  LOUIS  XII  59 

'     HEURES  ENLUMINÉES  par  Jean  de  Montluçon. 

Arsenal,  ms.  438.  (Vitrine  C.  n"  2). 

*     EVANGELIAIRE  A  L'USAGE  DE  L'ÉGLISE  D'AMIENS. 

Arsenal,  ms.66i.  (Vitrine  C,  n"  6).  Vitrine  XX. 

184.    TRADUCTION  D'APPIEN,  par  Claude  de  Seyssel. 

Français  715. 
Miniature  de  présentation  au  roi  Louis  XII.  Vitrine  XXI. 

i85.   TROIS  LIVRES  DE  DIODORE  DE  SICILE,   traduits  par 
Claude  de  Seyssel. 

Français  712. 

Miniature  de  présentation  au  roi  Louis  XII.    Vitrine XXI. 

186.  TRADUCTION  EN  VERS  DE  L'ENEIDE  DE  VIRGILE 

par  Octovien  de  Sajnt-Gelais. 

Français  861. 

Exemplaire  daté  du  27  avril  1500.  Il  fut  présenté  au  roi,  dont 
les  armes,  soutenus  par  deux  porcs-épics,  sont  peintes  sur  le 
fol.  3.  Vitrine  XXI. 

187.  ÉPI  TRES     D'OVIDE,    traduites      par     Octovien     de    Saint- 

Gelais. 

Français  873. 

Exemplaire  du  roi  Louis  XII,  sur  les  marges  duquel  sont  pein- 
tes des  L.  des  ailes  d'oiseau  et  des  ailes  de  moulin  à  vent.  En  tête 
de  chaque  épître,  l'image  de  l'héroïne.  Au  fol.  68  v°,  «  Epître  de 
Canocée  à  Macarée.  » 

Une  page  reproduite  dans  le  grand  ouvrage  du  comte  de  Bas- 
tard.  Vitrine  XXII. 

188.  AUTRE  EXEMPLAIRE. 

Français  874. 
Sur  le  fol.  3,  l'image  de  Pénélope.  Vitrine  XXIII. 


6o  RÈGNE  DE  LOIUS  XII 

189.  POEME  DE  JEAN  MAROT  sur  la  campagne  de  Louis  XI 1 

en  Italie  (i5o7)  et  la  soumission  de  la  ville  de  Gênes. 

Français  5091. 
Exemplaire  dédié  à  la  reine  Anne  de  Bretagne.  Il  est  orné  de 
onze  grandes  miniatures  attribuées  à  Jean  Perréal  dit  Jean  de  Paris. 
Ces  tableaux  ont  été  reproduits  dans  le  volume  de  M.  Bancel  inti- 
tulé/^/?^«  de  Perréal  dit  Jehan  de  Paris  (Paris,  1885,  in-8'').  — 
Une  page  en  avait  été  donnée  en  fac-similé  dans  le  grand  ouvrage 
du  comte  de  Bastard  (pi.  259).  Vitrine  M,  pan  coupé. 

190.  LE  TRÉPASSEMENT  DE  SAINT  JÉRÔME,  en  français. 

Français  421. 

Exemplaire  dédié  à  Louise  de  Savoie,  qui  est  qualifiée  de  mère 
du  dauphin  François  et  de  madame  d'Alençon,  d'où  l'on  peut  con- 
clure que  le  manuscrit  a  été  fait  entre  les  années  1509  et  1515.  — 
Au  fol.  6,  tableau  de  la  mort  de  saint  Jérôme.         Vitrine  XXIII 

191.  LES  ÉCHECS  AMOUREUX. 

Français  143. 
Ce  manuscrit  a  dû  être  fait  pour  l'éducation  des  enfants   de 
Louise  de  Savoie,  François,  depuis  roi  de  France,  et  Marguerite, 
depuis  reine  de  Navarre.  On  a  cru  voir  sur  une  des  peintures,  les 
portraits  des  deux  enfants  et  de  leur  gouverneur  Artus  Gouffier. 
P.  Paris,  Les  Manuscrits  français^  t.  I,  p.  279. 

Vitrine  XXI. 

192.  LES  REMEDES  DE  L'UNE    ET  L'AUTRE  FORTUNE. 

Traduction  de  ce  livre  de  Pétrarque  par  Jean  Daudin. 

Français  224. 
Volume  orné  de  peintures  à  pleine  page,  aux  armes  de  Louise 
de  Savoie,  dont  le  portrait  est  en  tête  du  livre. 

Vitrine  XXII. 

193.  MÊME  OUVRAGE. 

Français  22s. 
Volume  exécuté  à  Rouen  en  1503,  pour  le  roi  Louis  XII.  Il  est 
orné  de  peintures  à  pleine  page,  dont  la  plus  intéressante  est  au 
fol.  165  :  on  y  voit  représenté  Louis  XII,  le  cardinal  d'Araboise, 
Anne  de  Bretagne  et  la  petite  princesse  Claude,  qui  devait  être 
reine  de  France.  Vitrine   XXII. 


RÈGNE  DE  LOUIS  XII  6i 


194.  LA  FLEUR  DES  HISTOIRES  DE  JEAN  MANSEL. 

Ms.  français  53. 
Ce  volume  contient  la  seconde  partie  de  la  grande  compilation 
de  Jean  Mansel,  texte  de  la  deuxième  rédaction.  Il  doit  venir  de  la 
librairie  de  l'amiral  Louis  Malet  de  Graville.  Parmi  les  nombreuses 
et  belles  miniatures  qu'on  y  voit  sur  les  marges  et  au  milieu  du 
texte,  on  doit  remarquer  celle  du  fol.  167  V,  qui  représente  un 
gros  vaisseau.  Vitrine  M,  côté  gauche. 

195.  MÊME  OUVRAGE. 

Français  54. 

Manuscrit  rouennais  fait  pour  le  cardinal  d'Amboise.  Il  ne  ren- 
ferme pas  moins  de  428  miniatures.  Le  mot  Rotomagensis  est  ins- 
crit sur  un  vase  qui  est  entré  dans  la  décoration  du  fol.  190. 

Vitrine  XXIII. 

196.  ŒUVRES  DIVERSES  DE  SAINT  JÉRÔME,  en  deux  vo- 

lumes. 

Latin  1890  et  1891. 
Ces  deux  volumes  ont  été  copiés  en  1483  et  1484  à  Florence. 
Les  frontispices  aux  armes  du  cardinal  d'Amboise,  ont  été  refaits 
une  trentaine  d'années  plus  tard.  Vitrine  XXIII. 

197.  TRADUCTION    FRANÇAISE  DE  LA  PRAGMATIQUE 

DE  CHARLES  Vil. 

Français  2031. 

Exemplaire  aux  armes  du  roi  et  de  l'amiral  Louis  Malet  de  Gra- 
ville. En  tête,  grande  peinture  représentant  la  remise  du  livre  au 
roi  par  le  traducteur. 

Sur  une  des  miniatures,  le  peintre  a  montré  le  roi  Louis  XI 
recevant  les  remontrances  du  Parlement.  Vitrine  XXII. 

•     GILLES  DE  ROME,  DU  GOUVERNEMENT  DES 
PRINCES.  —   Exemplaire   du   maréchal  d'Aubigny. 

Ms.  5062  de  l'Arsenal.  (Vitrine  B,  n"  5.) 

198.  HEURES  DE  LA  FAMILLE  ANGO,  de  Rouen. 

Nouv.  acq.  lat.  592. 

Manuscrit  exécuté  à  l'occasion  de  la  naissance  de  Marie  Ango 
en  juillet  1514.  Dans  ce  charmant  volume,  presque  toutes  les  pages 


62  RÈGNE  DE  LOUIS  XII 

sont  encadrées  de  quatre  peintures  exécutées  avec  finesse  et  dispo- 
sées avec  beaucoup  d'art.  Au  bas  de  la  plupart  des  feuillets,  on  a 
figuré  des  scènes  enfantines,  très  gracieuses  et  très  animées.  L'an- 
cien possesseur,  le  comte  de  Bastard  y  a  compté  160  groupes  d'en- 
fants, 9^6  compositions  de  tout  genre  et  environ  4.000  figures. 

Vitrine  XXIV. 

199.  CHANTS  ROYAUX  EN  L'HONNEUR  DE  LA  VIERGE, 

déclamés  au  Puy  d'Amiens. 

Français  145. 
Copie  de  tableaux  offerts  à  la  cathédrale  d'Amiens  par  les  con- 
frères de  Notre-Dame  du  Puy  de  cette  ville,  et  dont  plusieurs  exis- 
tent encore  aujourd'hui.  Ce  volume  fut  présenté  en  1517  ou  1518, 
à  Louise  de  Savoie  ;  il  contient  47  grandes  peintures,  qui  durent 
être  faites  par  Jean  Pinchon,  'K  enlumineur  et  historien  de  Paris  ». 
Le  Cabinet  des  manuscrits^  t.  I,  p.  185. 

Vitrine  XXIV 

200.  CHANTS   ROYAUX  DU    PUY    DE    ROUEN,    de    i5i9   à 

i528. 

Français  1537. 
Au  fol.  36:  métier  à  tisser.  Vitrine  XXIII 

201.  FLEUR  DE  VERTU. 

Français  1877. 

Ouvrage  allégorique  traduit  de  l'italien  par  François  de  Rohan. 
archevêque  de  Lyon,  et  paraissant  avoir  été  fait  pour  Marguerite 
d'Angoulême. 

Sur  le  fol.  36  v%  le  Renard  et  le  Corbeau,  figure  allégorique  de 
la  flatterie. 

Le  Qdbinct  des  manuscrits ,  t.  I,  p.  186. 

Vitrine  XXIV 

*     INITIATOIRE  de  Henri  d'Albrct  et  de  Marguerite  de  Valois. 
Ms.  de  l'Arsenal,  n"  5096.  —  (Vitrine  B,  n"  4.) 

ao2.   COMMENTAIRES   DE    LA    GUERRE   GALLIQUE,    par 

Albert  Pigghe  de  Campen. 

Tome  IL 

Français  13429. 

Le  tome  I  de  cet  ouvrage  est  au  Musée  britannique,  et  le  tome 
ni  au  Musée  Condé,  à  Chantilly. 


XYP  SIÈCLE  6? 


Godefroi  leBatave  en  a  fait  l'illustration. 

Le  volume  possédé  par  la  Bibliothèque  Nationale  contient  les 
médaillons  des  grands  personnages  de  la  cour  de  François  I*^ 

La  Société  des  Bibliophiles  françois  a  publié  le  texte  des  trois 
volumes,  avec  le  fac-similé  des  peintures.  Vitrine  XXIV 

203.  OFFICE  DE  NOTRE-DAME,  suivant  l'usage  de  Rome. 

Latin  10563. 

Manuscrit  daté  de  1531,  orné  de  peintures  en  camaïeu  avec 
rehauts  d'or.  —  Au  fol.  14,  image  de  saint  Jean,  avec  une  appari- 
tion de  la  sainte  Vierge  au  milieu  des  nuages,  sur  un  fond  d'or. 

Vitrine  XXIV 

204.  HEURES  D'ANTOINE  LE  BON,  DUC  DE  LORRAINE, 

i533 

Nouv.  acq.  lat.  302. 
La  devise  J'espère  avoir  se  lit  sur  beaucoup  de  pages. 

Vitrine  XXIV 

*  HEURES  DE  CLAUDE  1  %  DUC  DE  LORRAINE. 

Ms.  de  l'Arsenal,  n"  654.  —  (Vitrine  B,  n»  7.) 

ao5.   HEURES   DE  HENRI   H. 

Latin  1429. 

Volume  orné  de  peintures  remarquables,  dont  plusieurs  en 
camaïeu  bleu,  rouge  ou  or.  Initiales  sur  champ  fleurdelisé, 
quelques  unes  avec  les  armes  de  France  justaposées  à  celles  des 
Médicis,  d'autres  avec  les  armes  de  Dinteville.  Ce  livre  paraît  être 
sorti  du  même  atelier  que  les  Heures  du  connétable  de  Montmo- 
rency, conservées  au  Musée  Condé. 

Le  Comte  de  Bastard  en  a  reproduit  dans  son  grand  ouvrage 
(pi.  260)  le  tableau  qui  représente  le  roi  touchant  les  malades  des 
écrouelles.  —  Barbet  de  Jouy,  Notice  du  Musée  des  Souverains, 
p.  loS.  —  Didot,  Etude  sur  Jean  Cousin,  p.  50  (attribution  des 
peintures  à  Jean  Cousin).  —  Delisle,  Les  Heures  du  connétable 
Anne  de  Montmorency,  p.  16  {Annuaire  bulletin  de  la  Soc.  de  Vhist. 
de  France^  1900). 

De  ce  manuscrit  il  convient  de  rapprocher  un  livre  de  prières  à 
l'usage  de  Henri  II,  lequel  affecte  la  forme  d'une  fleur  de  lis  quand 
il  est  ouvert,  (à  la  Bibliothèque  d'Amiens,  n*  loi  du  fonds  L'Esca- 
lopier).  Voir  Z^  Manuscrit,  t.  I,  p.  3.  Vitrine  XXIV 


64  XVI'   SIÈCLE 

106.   HEURES  DE  DINTEVILLE. 

Latin  10558. 

Volume  offrant  beaucoup  d'analogie  avec  le  précédent.  Plusieurs 
des  tableaux  sont  les  uns  en  camaïeu  vert,  les  autres  en  camaïeu 
rouge.  Les  armes  de  la  famille  de  Dinteville  y  ont  été  peintes  sur 
beaucoup  de  feuillets;  nous  venons  de  les  signaler  dans  les  Heures 
de  Henri  II. 

Voir  la  notice  sur  les  Heures  du  connétable  Anne  de  Montmo- 
rency, p.  18.  Vitrine  XXIV 

207.  CHOIX    DE  MESSES    ET    DE  PARTIES  D'OFFICES. 

Latin  9446. 
Volume  de  grand  luxe,  à  l'usage  de  François  II  de  Dinteville, 
évêque  d'Auxerre,  de  1533  à  1554.  Vitrine  XXIV 

*  PSAUTIER  DE  CLAUDE  GOUFFIER. 

Manuscrit  à  rapprocher  du  livre  d'heures  que  le  même  person- 
nage fit  imprimer  à  Paris  en  1558. 

Arsenal,  n"  5095.  — (Vitrine  B,  n'  6). 

*  PRIVILEGES     DES     NOTAIRES     ET     SECRÉTAIRES 

DU    ROI. 

Arsenal,  n°  5169.  —  (Vitrine  B,  n»  8). 

208.  RECUEIL  DES  ROIS  DE  FRANCE,  par  Jean  Du  Tillct. 

Français  2848. 

Le  portrait  de  François  i"  inséré  dans  cet  ouvrage,  au  fol.  150 
y",  a  été  reproduit  par  le  comte  de  Bastard.  Peintures  et  ornements 
des  manuscrits,  pi.  a6i.  Vitrine  XXIV 

209.  HEURES,  DITES  DE  HENRI   IV. 

Latin  1171. 

Volume  écrit  au  xvi*  siècle  sur  des  feuillets  de  parchemin  doré. 
La  dénomination  sous  laquelle  il  est  connu  tient  à  ce  que  les  noms 
et  les  armes  de  Henri  IV  ont  été  dorées  sur  la  couverture.  11  vient 
de  la  librairie  de  Gaillon  et  porte  au  dos  la  marque  du  cardinal  de 
Bourbon  :  des  lis,  avec  la  légende  Candore  superat  et  odore. 

Les  60  miniatures  dont  le  livre  est  orné  sont  peintes  en  gri- 
sailles, avec  des  rehauts  d'or. 


XVI*  SIÈCLE  65 


Les  ornements  des  marges  sont  ainsi  décrits  dans  le  catalogue 
du  Musée  des  Souverains  : 

«Semé  de  lettres  M  simples,  doubles,  entrecroisées;  chapelet 
auquel  est  suspendue  une  médaille  de  saint  François  ;  lettres  de 
l'alphabet  alignées  autour  des  pages  ;  semé  de  cordons  ;  tourteaux  ; 
M  brisées  ;  gerbe  de  pensées  ;  colonnes  rompues,  autour  desquelles 
s'enroulent  des  rubans  sur  lesquels  sont  plusieurs  fois  répétés  les 
mots  (Car.  non.),  qui  peuvent  être  l'abréviation  de  (Carolvs 
NONvs).  Le  livre  aurait  appartenu  à  Charles  IX,  avant  d'être  en  la 
possession  de  Henri  IV».  (Barbet  de  Jouy,  Notice  des  objets  compo- 
sant le  Musée  des  Souverains,  p.  154.)  Vitrine  XXIII 

210.   LIVRE  DU  CARDINAL  GEORGES  D'ARMAGNAC. 

Recueil  de  prières  et  de  cérémonies  à  l'usage  de  ce 
prélat,  qui  mourut  6111585. 

Nouv.  acq.  lat.  1506. 

Le  portrait  de  Georges  d'Armagnac  est  peint  en  tête  du  vo- 
lume. Vitrine  XXV 


J) 


LIVRES   IMPRIMÉS 
ORNÉS  DE   PEINTURES. 


211.  JOSEPHE  FLAVIUS. 

De  la  bataille  judaïque,  trad.  en  français.  Paris,  Antoine 
Vérard,  1492.  In-fol.  Sur  vélin. 

Vitrine  XXV 

212.  LANCELOT  DU  LAC. 

Paris,  Antoine  Vérard,  1494,  in-fol. 

Exemplaire  paraissant  avoir  appartenu  à  Louis  XII,  lorsqu'il 
n'était  encore  que  duc  d'Orléans,  et  c'est  très  vraisemblablement 
ce  prince  qu'on  voit  représenté  sous  les  yeux  du  public,  couvert 
de  son  armure  dorée.  11  tient  d'une  main  un  petit  bâton, 
et  de  l'autre  il  saisit  la  selle  d'un  cheval  blanc  qu'il  est 
prêt  à  monter,  ayant  un  pied  dansl'étrier.  Au  même  moment,  Vé- 
rard offre  an  prince,  un  exemplaire  du  roman  relié  en  velours 
bleu  avec  semé  de  fleurs  de  lys.  Vitrine  XXV 


21-,.   LANCELOT  DU  LAC. 

Paris,  Antoine  Vérard,  1494.  3  vol.  in-fol.  Sur  vélin. 

Exemplaire  de  Charles  VIII.  Des  vers  français  adressés  au  roi 
sont  imprimés  sur  un  feuillet  séparé,  placé  en  tête  du  1"  volume 
et  qui  ne  se  trouve  que  dans  cet  exemplaire.  La  première 
grande  miniature  représente  un  combat  à  la  lance  entre  un  grand 
nombre  de  chevaliers.  Au  fond  du  tableau  sont  deux  tribunes 
occupées,  l'une  par  les  cinq  juges  du  combat,  l'autre  par  le  roi 
Charles  VIII,  à  qui  Vérard  fait  hommage  de  cet  exemplaire,  orné 
d'initiales,  de  bordures  en  or  et  en  couleurs,  de  13  grandes  minia- 
tures et  de  140  petites.  Vitrine  XXV 


LIVRES  IMPRIMES  67 


214.  JACQUES  DE  VORAGINE.   La    Légende  dorée,   traduite  ?n 

françois  par  Jean  du  Vignai. 

Paris,  Antoine  Vérard,  1493.  In-fol.  Sur  vélin. 

Exemplaire  de  Charles  VIII,  orné  de  178  miniatures  et  d'orne- 
ments variés.  Le  volume  est  ouvert  de  manière  à  présenter  la 
grande  miniature  de  la  première  page.  On  y  voit  Charles  VIII 
agenouillé  devant  un  prie-Dieu,  saint  Louis,  debout  derrière  lui, 
le  touchant  d'une  main  à  l'épaule,  lui  montre  la  cour  céleste  repré- 
sentée dans  la  partie  supérieure  du  tableau.  Au-dessous,  égale- 
ment à  genoux  devant  son  prie-Dieu  et  entourée  de  plusieurs 
femmes,  la  reine  Anne  de  Bretagne  a  les  yeux  dirigés  vers  le  ciel. 

Vitrine  XXV 

21 5.  APOLOGUES  ET  FABLES  D'ÉSOPE,  trad.  du  grec   en  la- 

tin par  Laurent  Valle,  et  du  latin  en  français  par  Guil.  Tardif, 
Paris,  A.  Vérard,  vers  1490.  In-fol. 

Exemplaire  de  Charles  VIII.  Le  vol.  est  ouvert  de  manière  à 
présenter  la  grande  miniature  de  la  première  page.  On  y  voit  Char- 
les VIII  et  sa  femme  Anne  de  Bretagne,  tous  deux  debout  et  cou- 
ronnés. Le  roi  tient  un  sceptre  d'or  d'une  main,  et  de  l'autre  reçoit 
le  volume  que  lui  offre  Vérard  à  genoux.  Cinq  hommes  et  trois 
femmes  assistent  à  cette  présentation.  Vitrine  XXV 

216.  LES  CHRONIQUES  DE  FRANCE. 

Paris,    imp.    (par  Jehan   Maurand)   pour  Antoine 
Vérard,  1493.  3  '^'ol.  in-fol.  Sur  vélin. 

Exemplaire  de  Charles  VIII,  contenant  près  de  1,000  minia- 
tures. Vitrine  XXV 


MANUSCRITS 
DE  LA  BIBLIOTHEQUE  DE  L'ARSENAL 


217.  PETIT  TRAITÉ  DE  LA  VANITÉ  DES  CHOSES  MON- 

DAINES. —  XV  siècle. 

Ce  traité  fut  composé  en  1466  par  frère  Jehan  Ber- 
thélemy,  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs,  à  la  requête  de 
sœur  Jehanne  Gérande,  religieuse  du  couvent  de  l'Hu- 
milité Notre-Dame  de  Longchamp. 

Fol.  I.  Représentation  de  frère  Jehan  Berthelemy  et  de  sœur 
Jehanne  Gérande. 

Arsenal,  ms.  5102.  —  Vitrine  A,  n"  i. 

218.  BIBLE   HISTORIALE   DE  JEAN,  DUC  DE   BERRY.  — 

XIV'  siècle  au  XV'  siècle. 

Tome  II,  comprenant  des  Paraboles  à  l'Apocalypse. 
Vex-libris  autographe  du  duc  de  Berry  est  à  la  fin  du 
volume.  — Le  manuscrit  contient  48  peintures. 

Fol.  300.  La  Sagesse  de  Salomon,  grande  peinture  à  quatre 
compartiments. 

I.  Le  jugement  de  Salomon. 
IL  La  mort  d'Adonias. 

III.  Salomon  enseignant. 

IV.  Salomon  et  la  reine  de  Saba. 
Arsenal,  ms.  5058.  —  Vitrine  A,  n"  2. 

219.  MISSEL  A  L'USAGE  DE  L'ÉGLISE  DE  PARIS.  —  Fin  du 

XIV*  siècle  ou  commencement  du  XV'. 

Ce  missel  fut  donné  à  Notre-Dame  de  Paris,  en  1426, 


70  XIV  SIÈCLE 

par  Olivier  de  l'Empire  et  Gérard  Morel,  prêtre,  chapelain 
de  Notre-Dame. 

Fol.  138  ter.  A  gauche,  le  Christ  en   croix,  entre  la  Vierge  et 

saint  Jean.  Deux  anges  recueillent  le  sang  qui  coule  des  plaies 

des  mains.  —  A  droite,  Dieu  le  père  assis  sur  le  trône,  bénissant  et 

tenant  le  monde.  Aux  quatre  angles,  les  attributs  des  évangélistes. 

Les  deux  tableaux  sont  encadrés  d'une  bordure  tricolore, 

Arsenal,  ms.  622.  —  Vitrine  A,  n"  3. 

220.  MISSEL  DE  SAINT-LOUIS  DE  POISSY.  —  XIV  siècle. 

Le  calendrier  contient  les  obits  de  Philippe-le-Bel, 
de  sa  femme,  de  Louis  X  et  de  Charles  de  Valois,  père 
de  Philippe  VI. 

Fol.  148  F.  A  gauche,  le  Christ  en  croix,  entre  la  Vierge  et 
saint  Jean.  A  droite,  le  Christ  tenant  le  monde  et  bénissant,  en- 
touré des  attributs  des  quatre  évangélistes.  Ces  peintures  exécu- 
tées dans  la  seconde  moitié  du  xiv*  siècle  ont  été  retouchées  dans 
certaines  parties  à  l'extrême  fm  du  xv*  siècle.  C'est  de  cette  der- 
nière époque  que  datent  les  médaillons  des  angles,  les  nimbes  et 
les  rehauts  d'or  des  robes  de  la  Vierge  et  de  saint  Jean. 

Arsenal,  ms,  608.  —  Vitrine  A,  n"  4. 

221.  LA  SOMME  LE  ROL  —  Commencement  du  XI V  siècle. 

Volume  écrit  par  Lambert  le  Petit,  en  131 1,  pour 
Jeanne,   comtesse  d'Eu  et  de  Guines. 

Fol.  1-2.  A  gauche,  Jeanne,  comtesse  d'Eu  et  de  Guines,  age- 
nouillée et  priant  devant  la  Vierge  tenant  l'Enfant  ;  aux  quatre  an- 
gles du  tableau,  les  armes  de  la  comtesse  de  Guines.  —  A  droite, 
le  Christ  en  croix  entre  la  Vierge  et  saint  Jean.  Un  ange  dans  une 
nuée  recueille  le  sang  coulant  du  côté. 

Ce  portrait  de  Jeanne  d'Eu  a  été  publié  et  étudié  récemment 
(Voir  Henry  Martin,  Notes  pour  un  «  Corpus  iconunt  »  du  moyen-âge, 
dans  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  7*  série, 
t.  I"  (1902),  p.  23-51). 

Arsenal,  ms.  6339.  —  Vitrine  A,  n"  5. 

222.  MISSEL  DE  SAINT-MAGLOIRE  DE  PARIS.  —  XIV' au 

XV*  siècle. 

Ce  missel  fut  donné  à  Saint-Magloire,   en   14 12,  paj 


XVI'etXV  SIÈCLE  71 


Jehan  de  la  Croix,  conseiller   et  maître  des  comptes  du 
roi,  et  damoiselle  Jehanne  la  Coquatrixe,  sa  femme. 

Fol.  213  B.  A  gauche,  le  Christ  en  croix  entre  les  deux  larrons. 
Le  soldat  perce  le  côté  du  Christ  avec  la  lance  ;  auprès  de  lui, 
la  Vierge,  soutenue  par  saint  Jean  ;  derrière  eux,  les  saintes  femmes. 
Du  côté  opposé,  le  centurion,  soldats  et  juifs.  Dans  le  ciel,  la  lune 
et  le  soleil  ;  un  ange  recueille  le  sang  du  Christ  ;  un  diable  emporte 
l'âme  du  mauvais  larron,  un  ange  reçoit  l'âme  du  bon  larron.  - —  A 
droite,  Dieu  le  père,  coiffé  de  la  tiare,  assis  sur  un  trône  avec  dais, 
bénissant  et  tenant  le  monde  ;  aux  quatre  angles,  les  évangélistes 
avec  leurs  attributs. 

Arsenal,  ms.  623.  —  Vitrine  x\,  n"  6. 

223.  BRÉVIAIRE  DE  RENÉ  11  DE  LORRAINE.  —  Fin  du  XV 

siècle. 

Ce  manuscrit,  longtemps  appelé  Psautier  du  roi  René, 
contient  14  miniatures. 

Fol.  44.  Joueurs  d'instruments,  avec  deux  bannières  aux  armes 
de  Lorraine. 

Arsenal,  ms.  601.  —  Vitrine  B,  n"  i. 

224.  MIROIR   HISTORIAL  DE  VINCENT  DE  BEAUVAIS, 

traduit  en  français  par  Jean  du  Vignai.  —  XIV'  siècle. 

Tome  II  d'un  exemplaire  en  quatre  volumes.  Le 
tome  I  est  conservé  à  la  Bibliothèque  de  Leyde.  Les 
tomes  III  et  IV  n'ont  pas  été  retrouvés. 

Exemplaire  du  roi  Jean,  dont  la  signature  est  à  la  fin 
du  volume. 

Le  manuscrit  contient  450  miniatures. 

Fol,  11^.  L'Empereur  Domitien  sur  son  trône,  dictant  une  lettre 
où  il  se  donne  le  titre  de  dieu.  Autour  de  lui  sont  disposés  des  mi- 
roirs pour  surveiller  ce  qui  se  faisait  derrière  lui. 

Dans  la  petite  miniature  du  feuillet  de  gauche,  chiens  déterrant 
le  cadavre  d'un  mathématicien  mis  à  mort  sur  l'ordre  de  Domi- 
tien. 

Arsenal,  ms.  5080.  —  Vitrine  B,  n*  2, 

225.  LE  LIVRE  DES  DOUZE  PÉRILS  D'ENFER,  par    Robert 

Blondel.  —  XV'  siècle. 

Fol.  I.    L'auteur,    Robert  Blondel,  à  genoux,  présentant  son 


7a  XIV'  et  XV  SIÈCLE 


livre  à  Marie   d'Anjou,   femme  de  Charles  VII,  entourée  de  ses 
dames  d'honneur. 

La  licorne,  le  chiffre  et  les  armes  qui  se  voient  dans  l'encadre- 
ment, ont  été  ajoutés  après  coup,  quand  le  volume  se  trouvait  entre 
les  mains  de  Catherine  de  Coëtivy,  bâtarde  de  Charles  VII  et 
femme  d'Antoine  de  Chource. 

Bernard  de  Montfaucon,  qui  a  fait  graver  cette  peinture,  cite  le 
manuscrit  comme  appartenant  à  M.  d'Aigrefeuille,  président  en 
la  Cour  des  comptes  de  Montpellier.  Le  volume  est  aujourd'hui 
relié  aux  armes  de  Condé. 

Arsenal,  ms.  5207. —  Vitrine  B,  n"  3. 

226.  INITIATOIRE      INSTRUCTION     EN      LA    RELIGION 

CHRESTIENNE    POUR    LES    ENFFANS.  —  Volume 
exécuté  vers   iSiy. 

Fol.  I.  Henri  d'Albret,  grand-père  du  roi  Henri  IV,  cueillant 
une  marguerite.  Au-dessous  de  lui,  ses  armes  peintes,  et  au-des- 
sous des  armes,  sur  une  banderole,  les  mots  :  «  Inveni  unam  pre- 
ciosam  margaritam  quam  intimo  corde  collegi.  » 

Sur  l'autre  page,  les  armes  de  Henri  d'Albret  et  de  Marguerite 
de  Valois,  et  au-dessous,  les  marguerites,  emblème  de  la  prin- 
cesse. 

Arsenal,  ms.  5096.  —  Vitrine  B,  n"  4. 

227.  LE  LIVRE  DU  GOUVERNEMENT  DES  PRINCES,  par 

Gilles  de  Rome.  —  XV  au  XVI ^  siècle. 

Manuscrit  exécuté  probablement  pour  Robert  Stuart, 
comte  de  Beaumont-le-Roger,  dit  le  maréchal  d'Aubigny, 
maréchal  de  France  en  1515,  mort  en  1543. 

Fol.    149"°.    Vue  d'une  rue,  avec  boutiques.  A  droite,  un  mar- 
chand de  gâteaux,  de  sucre,  de  liqueurs,  etc.,  à  l'enseigne  :  Bon 
Ipocras]  plus  loin  un  barbier,  puis  des  marchands  d'étoffes.  A 
gauche,  deux  tailleurs  d'habits  assis  les  jambes  croisées. 
Arsenal,  ms.  ^062.  —  Vitrine  B,  n"  5. 

228.  PSAUTIER     FRANÇAIS    DE     CLAUDE      GOUFFIER, 

marquis  de  Boissy,  grand  écuyer  de  France,  duc  de  Roannais, 
mort  en  iSjo.  —  XVl'  Siècle. 

Fol.  18^°.  Divers  épisodes  de  la  vie  de  David.  En  haut  du 
tableau,  les  armes  et  le  chiffre  de  Claude  Gouffier  ;  en  bas,  sa  devise  : 
«  Hic  terminus  haeret  ». 

Arsenal,  ms.  5095.  —  Vitrine  B,  n*  6. 


XV  et  XVI'  SIÈCLE  73 


229.  LIVRE    D'HEURES    DE  CLAUDE    I"  DUC    DE    LOR- 

RAINE. —  XVI' siècle. 

Le  volume,  qui  est  du  commencement  du  xvi*  siècle,  a 
reçu  après  coup  les  armes  du  duc  de  Lorraine.  Vers  le 
milieu  du  siècle,  il  fut  ajouté  plusieurs  cahiers  au  livre 
d'heures.  La  peinture  exposée  fait  partie  de  ces  cahiers 
ajoutés. 

Fol.  91"°.  Episode  de  la  Passion.  La  prière  du  Christ  et  les 
apôtres  endormis.  Au  premier  plan,  saint  Pierre  dormant,  puis 
saint  Jean  l'évangéliste  et  saint  Jacques  le  Majeur.  Dans  le  fond, 
la  troupe  des  soldats  pénétrant  dans  le  jardin  des  Oliviers.  Tout  à 
fait  au  dernier  plan,  Jérusalem. 

On  a  voulu  rapprocher  cette  peinture  de  certaines  œuvres  de 
Jean  Cousin. 

Arsenal,  ms.  654.  —  Vitrine  B,  n"  7. 

230.  PRIVILÈGES     DU     COLLEGE     DES     NOTAIRES    ET 

SECRÉTAIRES  DU  ROI.  —  XVl^  siècle. 

Fol.  2'°.  Intérieur  de  la  salle  du  collège  des  notaires  et  secré- 
taires du  roi. 

Arsenal,  ms.  5169.  —  Vitrine  B,  n"  8. 

23i.   LIVRE  D'HEURES  DE  PARIS.  —  XV' siècle. 

Fol.  30.  Tableau  central  :  L'Annonciation.  Dans  les  tableaux  de 
l'encadrement   :  la  conception  de  la  Vierge,  la   naissance   de   la 
Vierge,  la  consécration  de  la  Vierge  au  Temple,  la  Vierge  tissant, 
le  mariage  de  la  Vierge,  l'annonce  aux  bergers. 
Arsenal,  ms.  646.  —  Vitrine  C,  n"  i. 

232.  LIVRE  D'HEURES  enluminé  par  JEAN  DE  MONTLUÇON. 

—  Fin  du  XV'  siècle. 

Fol.  74.  Le  mariage  de  la  Vierge  et  de  saint  Joseph.  La  signa- 
ture du  peintre  se  voit  sur  la  bordure  du  vêtement  du  grand- 
prêtre  officiant  :  «  Johannes  de  Montelucio  me  pinxit  ». 
Arsenal,  ms.  438.  —  Vitrine  C,  n*  3. 

233.  LIVRE  D'HEURES  DE  PARIS.  —  XV  siècle. 

Fol.  93'°.  Le  couronnement  de  la  Vierge. 
Arsenal,  ms.  1197.  Vitrine  C,  n'3. 


74  XV*  et  XVI'  SIÈCLE 


234.  LIVRE  D'HEURES  DE  PARIS.  —  XV'  siècle. 

Fol.  28.  L'Annonciation.  Dans  les  petits  tableaux  de  l'encadre- 
ment :  la  conception  de  la  Vierge,  la  naissance  de  la  Vierge,  le 
mariage  de  la  Vierge. 

Arsenal,  ms.  1192.  —  Vitrine  C,  n"  4. 

235.  LIVRE  D'HEURES  DE  REIMS.—  XV  siècle. 

Volume  écrit  par  Mariette,  femme  de  Person  l'Es- 
cripvain. 

Fol.  65.  Un  enterrement.  Au  fond,  à  gauche,  un  charnier  plein 
de  têtes  de  morts.  Au-dessus,  un  ange  dispute  à  un  diable  l'âme 
du  défunt  qui  s'élance  vers  Dieu. 

Arsenal,  ms.  1189.  —  Vitrine  C,  n»  5. 

236.  ÉVANGÉLIAIRE    D'AMIENS.  —  Commencement  du  XVI* 

siècle. 

Ce  volume  fut  donné,  en  même  temps  qu'un  Épistolaire,  à 
l'église  Saint-Firmin-au-Val  d'Amiens,  en  1505,  par  sire  Antoine 
Clabault,  maieur  d'Amiens. 

Fol.  151.  Grand  tableau  :  la  naissance  de  saint  Jean-Baptiste. 
Dans  le  fond,  une  servante  fait  chauffer  un  linge  pour  l'enfant. 
Au-dessus  de  sa  tête,  un  lustre  d'une  grande  élégance.  —  Dans  les 
tableaux  de  l'encadrement,  on  voit  :  en  haut,  l'ange  parlant  à 
Zacharie  dans  le  Saint  des  saints  ;  au-dessous,  la  fille  d'Hérodiade 
présentant  à  Hérode  et  à  sa  mère  la  tête  de  Jean-Baptiste  ;  au-des- 
sous encore,  I3  fille  d'Hérodiade  recevant  des  mains  du  bourreau 
la  tête  de  Jean-Baptiste  sur  un  plateau. 

Arsenal,  ms.  661.  —  Vitrine  C,  n°  6. 

237.  LIVRE  D'HEURES  DE  VANNES.  -    XV  siècle. 

Ce  manuscrit  a  appartenu  au  P.  de  La  Chaise,  confes- 
seur du  roi  Louis  XIV. 

Fol.  25.  Le  baiser  de  Judas,    -  La  Trinité. 
Arsenal,  ms.  616.  —  Vitrine  C,  n"  7. 

238     LIVRE  D'HEURES.  —  XV  siècle. 

Fol.  49'° .  Famille  en  adoration  devant  de  Saint-Sacrement. 
Derrière  le  chef  de  famille,  cinq  hommes  ou  jeunes  gens.  De  l'au- 
tre côté,  sept  femmes  ou  jeunes  filles  agenouillées.  Il  semble  bien 


XV'  et  XA^I*  SIÈCLE  75 


que  ce  sont  là  des  portraits,  mais  le  manuscrit  ne  contient  ni  armes, 
ni  marques  de  possession. 

Arsenal,  ms.  652.  —  Vitrine  C,  n°  8. 

239.  LIVRE    D'HEURES    D'UN    COMTE    DE    VENDOME, 

attribué  à  l'École  de  Jean  Bourdichon.  —  Fin  du  XV*  siècle. 

Fol.  24.  A  gauche,  trois  prophètes.  —  A  droite,  l'Annonciation. 
Au-dessous,  les  armes  du  comte  de  Vendôme,  avec  la  devise  : 
Bien  ay  causé,  et  le  chiffre  A.  L.  F. 

Arsenal,  ms.  417.  —  Vitrine  C.  n"  9. 

240.  LIVRE  D'HEURES  DE  ROUEN.  —  XV  siècle. 

Fol.  60^° .  Les  Noces  de  Cana. 
Arsenal,  ms.  562.  —  Vitrine  C,  n"  10. 

241.  LIVRE  D'HEURES  DE  JEANNE  DE  FRANCE,    fille  de 

Louis  XI  et  première  femme  de  Louis  XII.  —  XV'  au  XVI* 

siècle. 

Fol.  27.  A  droite,  l'Annonciation.  —  A  gauche,  portrait  age- 
nouillé de  Jeanne  de  France  (la  bienheureuse  Jeanne  de  Valois). 
En  haut  du  cadre,  les  armes  de  France.  Sur  l'écusson  posé  devant 
le  prie-dieu  et  aussi  dans  l'encadrement,  les  lettres  I.  M.,  initiales 
du  nom  que  la  princesse  avait  adopté  après  son  divorce,  Jehanne 
Marienne.  Jeanne  de  France,  divorcée  le  12  décembre  1498,  mou- 
rut le  4  février  150^.  De  1498  à  1505,  cette  princesse  vécut  à 
Bourges,  où  elle  fonda  l'ordre  des  Annonciades.  C'est  à  cette 
époque  qu'à  été  faite  cette  peinture.  Le  portrait  de  Jeanne  de 
France  a  été  publié  et  étudié  récemment.  (Voir  Henrj'  Martin, 
Notes  pour  un  «  Corpus  iconum  »  du  moyen  âge,  dans  Mémoires 
la  Société  des  Antiquaires  de  France,  7*  série,  t.  I"(i902),  p.  23-51). 

Arsenal,  ms.  644.  —  Vitrine  C,  n"  11. 


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Ainsi  que  son  titre  l'indique,  cette  revue  est  essentiellement  consacrée  à  l'art 
néerlandais,  ancien  et  moderne,  dans  toutes  ses  manifestations,  tant  aux  Pays-Bas 
proprement  dits  qu'aux  contrées  avoisinantes. 

C'est  la  première  revue  qui  se  spécialise  sur  ce  terrain  nettement  déterminé, 
dont  les  richesses  n'ont  encore  été  que  fort  incomplètement  étudiées  et  mises  en 
valeur  par  les  revues  existantes. 

Un  grand  nombre  de  critiques  d'art  et  de  savants  ont  assuré  leur  collaboration 
à  cette  revue,  où  leurs  études  sur  l'art  néerlandais  sont  publiées  et  illustrées  avec 
l'importance  et  les  développements  désirables.  Il  suffira  de  citer  parmi  les  collabo- 
rateurs les  noms  de  MM.  Max  Rooses,  H.  Hymans,  A.  Bredius,  W.  Bode,  A.  Ver- 

MEYLEN,  w.  VOGELSANG,  JaN   VetH,  JoS.    DeSTRÉE,  G.  HuLIN,  W.  MaRTIC,  G.  EeKHOUD, 

w.  Steenhoff,  j.  Mesnil,  H.  de  Marez,  J.  Helbig,  etc. 

Aussi  cette  revue,  créée  au  moment  où  le  besoin  d'un  tel  organe  se  faisait 
réellement  sentir,  a-t-elle  rencontré  un  accueil  des  plus  enthousiastes  parmi  les 
amateurs  d'art,  les  érudits  et  les  bibliophiles.  Editée  tout  d'abord  en  langue  néer- 
landaise sous  le  titre  On^e  Kuust,  elle  a  été  amenée  à  publier  successivement  des 
éditions  française  et  anglaise,  et  se  trouve  actuellement  répandue  dans  tous  les  pays 
où  l'on  apprécie  l'art  des  grands  maîtres  flamands  et  hollandais,  tant  des  siècles 
passés  que  de  nos  jours. 

Cette  revue  s'impose  spécialement  à  l'attention  des  visiteurs  de  VExposition 
des  Primitifs  français.  Non  seulemeiit  y  sera-t-il  publié  un  compte-rendu  détaillé 
de  cette  exposition,  mais  encore  a-t-elle  dès  ses  débuts  attaché  une  grande  impor- 
tance à  l'étude  de  l'art  «  primitifs-  flamand  ou  français.  Parmi  les  maUres  dont  les 
œuvres  ont  déjà  été  reproduites  et  commentées,  signalons  :  H.  Bosch,  P.  Breu- 
GHEL,  Jehan  de  Bruges,  T.  Bouts,  P.  Cristus,  G.  David,  J.  Van  Eyck,  Juste  de 
Gand,   h.  van  der  Goes,  J.    Gossaert   de  Maubeuge,   L.   de  Leyde,  S.  Marmion, 

Q..    MaTSYS,    le  MAITRE   DES  DEMI-FIGURES,  LE   MAITRE  DE  FlÉMALLE,    H.    MeMLINE,   J.  PaTI- 
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