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Full text of "Extrait du rapport présenté au Comité de salut public, par Darcet, Pelletier et Lelievre, sur la fabrication de la soude."

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» 


EXTRAIT 


Rapport 

. L '1‘ - ; à ••'  r '*  x ' v 

Présenté  au  Comité  de  Salut  public, 
par  D ^ r c e t , Pelletier  et 
Lelievre; 

SUR  LA  FABRICATION  DE  LA  SOUDE. 

imprimé  par  ordre  du  comité  de  salut  public. 


La  soude,  Pun  des  objets  de  première  nécessité  pour 
nos  usages  domestiques  et  pour  les  besoins  des  arts  , nous 
étoit  vendue  par  une  nation  qui  la  retire  d’une  plante  qui 
- Croît  sur  ses  côtes  ; mais  cette  nation  est  entrée  dans  la 
coalition  contre  la  liberté. 

Cependant  les  chimistes  avoient  découvert  plusieurs 
moyens  d’extraire  la  so^de  du  sel  marin  dont  elle  est  la 
base  5 mais  des  spéculations  isolées  avoient  été  le  but 
principal  des  recherches  : delà,  les  découvertes  étoient 
restées  sous  un  voile  mystérieux  5 elles  n’avoient  pu 
s’éclairer  mutuellement , ni  se  perfectionner  et  s’adapter 

ÏB2N2WSERRY 
I^  UBRAitY 


( 2 ) 

au*  circonstances  locales  : delà,  ancnn  établissement 
n’avoit  encore  pu  obtenir  un  succès  qui  en  assurât 

FlTcoinité  de  Salut  public  , voulant  que  la  nation  tirât 

de  son  heureux  sol  toutes  les  ressources  qui  dolïen‘. 
franchir  des  dispositions  politiques  de. ^ etrangers  a f t un 
aunel  à ceux  qui  possédoient  des  procédés  sur  1 extracti 

a«  1.  soude;  il  . »e~C  F»  >“  ' ““ 

Dusse., 

de  l’intérêt;  et  ceux  qui  étoient  possesseurs  de  quelques 
procédés  en  ont  à ton  fait  hommage.  Les  commissaires 
Int  examiné  les  différents  procédés  = ils  en  ont  perfectionne 

quelques-uns  ; ils  ont  établi  leur  degré  d’utilité  relativement 
aux  circonstances  locales.  On  présente  au  Comité  «n  précis 
des  observations  qu’ils  ont  exposés  dans  leur  rapport. 

Procédé  exécuté  à Franciade. 

Leblanc,  Diaé  et  Shée  -avoient  fait  à Franche  un 
établissement  dont  le  procédé  à été  constate  avec  beauc  p 

Ce' procédé  consiste  à décomposer  le  muriate  de  soude 
par  l’intermède  de  l’acide  sulfurique  , à décomposer  ensuite 

te  sulfate  de  soudé  qui  résulte  de  la  première  opération  en 
Chassant  l’acide  sulfurique  , de  manière  que  la,  sou 
demeure  libre  ou  plutôt  combinée  avec  l’acide  car  omqu  . 

La  décomposition  du  sel  marin  par  l’acide  sulfurique  se 

' fait  dans  des  fourneaux  construits  de 

à volonté  retirer  l’acide  muriatique  qui'  se  degag  , 
s’exaler  en  vapeurs,  ou  le  convertir  immédiatement  en 
muriate  d’ammoniaque,  ou  sel  ammoniac. 


Quand  on 


veut  retenir  l’acide  muriatique  , on  le  reçoi 


(3  \ 

dans  une  chambre  de  plomb  7 dans  laquelle  on  peut  former 
immédiatement  du  sel  ammoniac  , en  y faisant  arriver  des 
vapeurs  d’ammoniaque. 

On  fait  passer  le  résidu  de  la  première  calcination  dans 
un  fourneau  , où  il  reçoit  un  plus  grand  degre  de  chaleur 
pour  achever  la  décomposition. 

On  écrase  le  résidu  de  la  second6  operation  dans  un 
moulin  à manchon  , et  l’on  mêle  dans  ce  meme  moulin  , a 
mille  livres  de  sulfate  de  soude  qu’on  vient  de  former  , 
mille  livres  de  craie  de  Meudon  lavée , et  six  cent  cin- 
quante livres  de  charbon  : on  commence  le  mélange  par 
le  charbon , ensuite  l’on  introduit  la  craie. 

Le  mélange  fait  et  pulvérisé , est  porté  dans  un  fourneau 
à réverbère  qui  doit  être  rouge , et  dans  lequel  on  le  calcine 
en  le  remuant  fréquemment  avec  un  râble  de  fer. 

On  retire  ensuite  la  matière  du  four  5 elle  tombe  sous  la 
forme  d’une  pâte  molle,  terreuse  et  embrasee  $ elle  se  durcit 
-en  se  refroidissant  : on  la  brise , on  la  porte  dans  un  magasin 
un  peu  humide  : là  , elle  se  délite  et  tombe  en  poussière , à 
l’aide  de  l’acide  carbonique  qu’elle  absorbe. 

On  peut  employer  la  soude  dans  cet  état  y ou  bien  en 
séparer  les  matières  étrangères  , par  la  lixiviation  et  la 
cristalisation.  On  retire  alors  soixante-six  livres  de  cristaux 
de  soude  de  cent  livres  de  matière  brute. 

On  propose  d’employer  dans  le  commerce  la  soude 
ainsi  dégagée  des  matières  étrangères. 

On  a joint  au  rapport  non -seulement  les  plana  très- 
détaillés  de  tous  les  fourneaux , ateliers  et  magasins  de 
lp.  soudière  de  Franciade  , mais  le  plan  et  la  description 
d’un  grand  atelier  pour  piler  la  soude  brüté  , pour  k 
lessiver  et  pour  ep  extraire  le  sel, 


( 4 ) 

Procédé  d’Alhan,  établi  h Javelle. 

Alban  se  sert  du  sulfate  de  soude  qu’il  obtient  des 
résidus  de  l’acide  muriatique  oxigéné  qu’il  prépare  pour 
les  blanchisseries. 

Il  calcine  deux  cents  livres  de  sulfate  de  soude  avec 
quarante  livres  de  charbon  pulvérisé  , soixante-cinq  livres 
de  rognures  de  fer  blanc,  de  tôle  et  autres  fragments  de 
fer , vingt-deux  livres  de  charbon  en  état  de  braise.  Il 
introduit  d’abord  dans  le  fourneau  à réverbère  le  sulfate 
de  soude  avec  quarante  livres  de  charbon  en  poudre  ; 
une  heure  après  , il  ajoute  quarante  livres  de  fer  : la  ma- 
tière prend  de  la  consistance  $ alors  il  y jette  seize  livres 
de  braise  de  charbon  : il  brasse  , et  lorsque  le  fer  paraît 
entièrement  dissous  , il  introduit  le  reste  du  fer  et  de  la 
braise  5 enfin , lorsque  le  mélange  est  dans  un  état  de  fusion 
parfait  , il  le  retire  en  le  faisant  couler. 

La  soude  qu’on  obtient  par  ce  procédé  est  d’abord  noi- 
râtre elle  se  délite  à l’air  , et  acquiert  un  poids  considé- 
rable. Cent  livres  ont  donné  , par  la  lixiviation  et  la 
cristallisation,  soixante-onze  livres  quatre  onces  de  soude 
cristalisée. 

Ce  procédé  est  le  même  que  celui  que  proposa  Ma  herbe  , 
en  1 777  , au  gouvernement. 

Procédé  d’Athenas. 

Àthenas  paroit  avoir  été  l’aide  de  Malherbe  ; mais 
ayant  eu  de  la  peine  à se  procurer  de  l’acide  sulfurique 
pour  préparer  le  sulfate  de  èoude  , il  imagina  d’employer 
le  sulfate  de  fer.  Il  calcine  quatorze r parties  de  sulfate  de 
fer  , avec  dix  parties  de  mnriate  de  soude  , qui  se  convertit 
en  sulfate  de  soude.  Lorsqu’il  ajoute  du  charbon  qui  dé- 


(7) 

que  le  gel  décrépite.  Lorsque  la  décrépitation  a cessé  , il 
verse  un  peu  d’eau  sur  le  mélange  qui  se  gonfle  et  devient 
pâteux  ; il  continue  de  brasser  et  de  verser  de  l’eau  jus- 
qu’à ce  que  l’oxide  soit  blanc  dans  toutes  ses  parties  , et  que 
l’eau  domine  environ  d’un  pouce  sur  la  masse  5 alors  il  cesse 
le  feu  5 il  jette  le  mélange  dans  une  chaudière  de  plomb, 
dans  laquelle  il  a mis  environ  cent  livres  d’eau  bien  chaude; 
il  brasse  de  nouveau  ; il  laisse  déposer  pendant  dix  minutes  ; 
il  tire  la  liqueur  a clair;  il  l’a  fait  évaporer  jusqu’à  pelli- 
cule , et  la  laisse  reposer  pendant  trois  ou  quatre  jours.  Le 
muriate  de  soude,  qui  ne  s’est  pas  décomposé  , cristallise  : on 
le  sépare  et  l’on  fait  évaporer  jusqu’à  siccité  , la  soude  qui 
est  dans  l’état  caustique  et  qui  contient  un  peu  d’oxide  de 
plomb  , qu’on  peut  ensuite  en  séparer,  en  la  laissant  exposée 
a l’air  , ou  elle  prend  de  l’acide  carbonique. 

Carny  expose  ensuite  les  moyens  de  tirer  avantage  du 
résidu.  '9 

TJ11  troisième  procédé  consiste  a ^>ndre  parties  égales  de 
feldspath  et  de  sel  marin  , qu’on  stratifie  avec  trois  fois 
autant  de  soude  : on  obtient  par  la  lessive  une  augmentation 
de  soude. 

Dans,  un  quatrième  procédé  , on  décompose  le  sel  marin 
par  la  potasse  ; la  soude  devient  libre  ; on  la  rend  caustique 
par  la  chaux  , afin  de  la  mieux  séparer  du  muriate  de 
potasse  qui  s’est  formé  , et  qui  peut  servit  utilement  pour 
la  fabrication  du  salpêtre. 

Dn  cinquième  procédé  consiste  à retirer  l’acide  pyro- 
ligneux des  bois , et  particulièrement  de  celui  de  hêtre  ; à 
faire  digérer  cet  acide  sur  de  la  iitharge  ; à mêler  la  disso- 
lution qui  en  resuite  avec  une  solution  de  sel  marin.  Le 
plomb  quitte  l’acide  pyroligneux  , et  se  combine  avec 
1 acide  muriatique  ; le  muriate  de  plomb  se  précipite  : on 


/ 


C 8 ) 

évapore  à siccîté  le  pyrolignite  de  soude  qui  s’est  formé  et 
qui  surnage  5 on  le  brûle  5 on  lessive  la  matière  charbon- 
neuse y et  l’on  obtient  un  carbonate  de  soude  blanc  et  bien 
cristallisé. 

Dans  un  sixième  procédé  7 on  réduit  le  sulfate  de  baryte 
en  sulfure  ^ on  décompose  ce  sulfure  par  l’acide  pyro- 
ligne ux  -,  on  m&le  ensuite  le  pyrolignite  de  baryte  avec  du 
muriate  de  soude  5 il  surfait  un  échange  des  bases  j on  éva- 
pore et  l’on  calcine  le  pyrolignite  de  soude. 

Procédés  de  Rihaucourt. 

Ribaucourt  a proposé  plusieurs  moyens  qui  se  réduisent 
aux  procédés  déjà  décrits  ; » cependant  il  s’y  trouve  quelques 
différences  qui  méritent  d’être  remarquées. 

Il  réduit  en  soude  le  sulfate  de  soude  qu’il  mele  avec  un 
quart  de  poussière  de  charbon  , en  calcinant  le  mélangé  et 
en  l’amenant  par  degré  à l’état  de  fusion  ÿ mais  l’operation 
est  difficile  à conduire*de  manière  à dissiper  le  plus  de 
soufre  qu’il  est  possible , et  à empêcher  que  le  sulfure  de 
soude  ne  se  convertisse  en  sulfate  \ de  sorte  qu’il  a fini  par 
adopter  l’addition  du  fer  pour  absorber  le  soufre. 

Il  a aussi  décomposé  le  muriate  de  soude  avec  la  îitharge  5 
et  ce  qui  distingue  son  procédé  de  celui  de  Chaptal  et 
Bérard  7 c’est  qu’il  employé  la  lithargie  et  le  sel  marin  à 
parties  égales  , et  qu’il  se  sert  de  la  presse  pour  exprimer 
la  dissolution  de  soude. 

Il  propose  aussi  de  décomposer  le  muriate  de  soude  par 
la  potasse  y pour  extraire  la  soude  7 et  se  servir  ensuite  du 
muriate  de  potasse  pour  le  travail  du  salpêtre. 

Expériences  des  Commissaires. 


Les  commissaires  ? considérant  la  grande  utilité  dont  e toit 


( 5 ) 

compose  l’acide  sulfurique  , le  fer  qui  provient  du  sulfate 
de  fer  se  combine  avec  le  soufre  , et  l’alcali  reste  séparé. 

La  décomposition  du  muriate  de  soude  par  le  sulfate  de 
fer  a été  publiée  par  Lorgna  en  1786  5 mais  Atlienas  l’avoit 
mise  en.  pratique  long-temps  auparavant. 

Athenas  a encore  fait  une  observation  importante  : il 
a trouvé  que  l’on  pou  voit  substituer  plusieurs  espèces  de 
mines  de  fer  , au  fer  qu’on  emploie  dans  le  procédé  de 
Malherbe.  Il  fait  rougir  la  mine  , il  l’éteint  dans  l’eau  , 
il  la  pile  et  il  la  mêle  avec  suffisante  quantité  de  char- 
bon et  avec  poids  égal  de  sulfate  de  soude. 

Procédé  de  Chaptal  et  Bérard. 

Chaptal  et  Bérard  ont  communiqué  un  procédé  qu’ils 
exécutent  depuis  long-temps  à Montpellier. 

Ce  procédé  consiste  à mêler  quatre  parties  de  litharge 
bien  tamisée  avec  une  dissolution  d’une  partie  de  muriate 
de  soude  dans  quatre  parties  d’eau  qu  on  ajoute  succesive- 
jnent  5 à laisser  le  tout  en  repos  pendant  quelques  heures  $ 
à agiter  ensuite  fréquemment  le  mélange  , en  y ajoutant 
de  la  dissolution  de  muriate  jusqu’à  ce  qu’elle  soit  épuisée. 

L’opération  dure  vingt-quatre  heures  5 on  ajoute  de  l’eau 
bouillante  ; on  filtre  ensuite  la  liqueur  qui  contient  la 
soude  caustique  qu’on  fait  évaporer  pour  l’avoir  sous 
forme  sèche  ; 

On  obtient  d’un  quintal  de  sel  marin  et  de  quatre  quin- 
taux  de  litharge , soixante-quinze  livres  de  soude  caustique 
qui  contient  un  peu  de  muriate  de  plomb  et  de  muriate 
de  soude  , qu’on  peut  séparer  par  des  opérations  subsé- 
quentes : cette  soude  , exposée  pendant  quelque  tems  à Pair, 
perd  sa  causticité  et  se  combine  avec  l’acide  carbonique. 

Le  muriate  de  plomb  qui  se  forme  dans  cette  opération 
prend  une  belle  couleur  jaune  par  la  calcination. 


( 6 ) 

On  peut  en  retirer  le  plomb  , soit  en  le  projettent  à 
travers  des  charbons  ardens  , soit  en  le  traitant  avec  le 
quart  de  son  poids  de  charbon , ou  de  tartre  et  de  lie  de 
vin  desséchée. 

On  peut  aussi  le  décomposer  par  le  moyen  de  l’acide  sul- 
furique 7 et  former  un  sulfate  de  plomb  très-blanc  7 et  plus 
léger  que  le  blanc  de  plomb  ordinaire  7 ou  en  séparer 
l’oxide  de  plomb  7 par  le  moyen  de  l’alcali. 

Ce  procédé  peut  être  avantageux  dans  le  voisinage  des 
mines  de  plomb  et  dans  celui  des  verreries. 

Procédés  de  Guy  ton  et  de  Carny. 

Guy  ton  et  Garni  ont  présenté  leurs  procédés  en  commun. 

Celui  1 que  les  Commissaires  regardent  comme  le  plus 
avantageux  par  sa  simplicité  , a ete  execute  dans  un 
établissement  que  Guyton  a entrepris  à Croisic  7 et  dont  le 
succès  n’a  été  contrarié  que  par  des  circonstances  étrangères. 

Il  consiste  à étendre  la  chaux  vive  dans  l’eau  , à 
ajouter  ensuite  une  dissolution  de  sel  marin.  On  fait  du 
mélange  une  pâte  qu’on  expose  dans  un  lieu  bas  un  peu 
humide  7 et  où  l’air  ne  se  renouvelle  pas  trop  foiblement. 
La.  surface  se  couvre  d’une  efflorescence  de  carbonate  de 
soude  7 ce  qui  peut  se  renouveller  plusieurs  fois  7 et  quand 
enfin  la  chaux  est  épuisée  7 on  peut  la  recalciner  de  nouveau 
et  répéter  successivement  la  même  operation. 

C’est  indubitablement  à l’action  de  la  chaux  sur  le  sel 
marin , que  sont  dues  les  efflorescences  de  soude  qu  on  a 
observées  sur  plusieurs  murs. 

Carny  décompose  le  muriate  de  soude  par  le  moyen  de 
l’oxide  rouge  de  plomb.  Il  prend  cinquante  livres  d’oxide  de 
plomb , et  quarante  livres  de  sel  marin , qu’il  met  dans  une 
chaudière  de  fer  sur  le  feu  7 il  brasse  le  mélangé  pendant 


( 9 ) 

le  sulfate  de  fer  pour  produire  avec  le  sel  marin  le  sulfate 
de  , soude  qui  sert  ensuite  à l’extraction  de  la  soude  , ont 
tenté  des  expériences  pour  s’assurer  si  la  pyrite  elle-même 
ne  pourroit  pas  remplir  le  même  objet , en  épargnant  les 
frais  et  les  longueurs  des  opérations  par  lesquelles  on 
convertit  la  pyrite  en  sulfate  de  fer  ; et  leurs  expériences 
ont  eu  un  succès  complet. 

Iis  ont  calciné  mélange  de  pyrites  et  de  sel  marin  s 
et  ils  ont  obtenu  quarante-cinq  livres  de  sulfate  de  soude  , 
à raison  de  cent  livres  de  pyrites  et  de  quarante  livres  de 
inuriate  de  soude.  Ils  ont  mêlé  ensemble  dix  livres  de 
pyrite  martiale,  trente-deux  livres  de  ciiarbon  de  terre,  pilé 
grossièrement  5 ils  ont  pétri  le  mélange  avec  une  dissolution 
de  six  livres  de  sel  marin.  Ce  mélange  , réduit  en  boules,  à 
ete  brûle  sur  la  grille  d’un  fourneau  à réverbère  , et  les 
cendres  ont  donné  six  livres  de  sulfate  de  soude, 

La  meme  expérience  a eu  un  succès  égal  avec  la  tourbe. 

Il  s exale  dans  ces  dernières  opérations  du  muriate 
d ammoniaque  qu’on  pourroit  retenir  dans  une  chambre 
placée  au-dessus  du  fourneau  5 mais  il  est  mêlé  avec  du 
sulfate  d’ammoniaque. 

R É S U M Ê. 

Le  procédé  par  l’intermède  de  la  ci  aie  paroi  t celui  qui 
peut  être  le  plus  généralement  adopté  , parce  que  cette  ma- 
tière première  est  la  plus  universellement  répandue  , et 
que  sont  mélange  n’empêche  pas  la  soude  d’être  mise  dans 
le  commerce,  et  d’être  employée  dans  l’état  brut , et  qu’elle 
ressemble  plus  particulièrement  à celle  dont  l’usage  est 
établi.  De  plus,  comme  on  dégage  l’acide  muriatique  par 
le  moyen  de  l’acide  sulfurique,  on  peut , par  une  même 
opération , faire  du  muriate  ammonjacal. 


( ÎO  ) 

Ces  avantages  sont  bien  compei^ses  dans  les  procédés, 
dans  lesquels  on  emploie  le  sulfate  de  fer,  les  pyrites  , la 
tourbe , &c.  Les  commissaires  ont  éprouvé  que  l’on  en  reti- 
roit  une  plus  grande  quantité  de  soude  que  par  le  premier 
procédé . 

Mais  on  sera  obligé  de  faire  , dans  les  manufactures 
mêmes  , la  lessive  de  ces  soudes  brutes,  afin  d’en  séparer 
tout  l’oxide  de  fer. 

Les  commissaires  proposent , même  pour  prévenir  la 
la  grande  variété  qui  existe  dans  les  soudes  relativement  à 
la  quantité  d’alcali  qu’elles  contiennene  , et  les  fraudes 
des  marchands,  de  faire  lessiver  toutes  les  soudes  qui  seroient 
mises  dans  le  commerce  , en  proportionnant  leur  prix  à la 
valeur  qu’elles  auroient  acquise  par  cette  opération. 

Il  n’est  presque  point  de  partie  dans  la  France  où  l’on 
ne  puisse  fabriquer  la  soude  ; sinon  pour  en  faire  un  grand 
objet  de  commerce  , au  rpoins  pour  les  besoins  immédiats 
du  lieu*,  mais  il  y a des  endroits  qui  offrent  de  grandes 
ressources  pour  cette  fabrication  > tels  sont  ceux  qu’on  va 
indiquer. 

Le  département  du  Gard,  aux  environs  d’Alais  , et  celui 
de  l’Ardèche  , qui  en  est  voisin  , possède  beaucoup  de  py- 
rites , de  charbon  de  terre  et  schite  pyriteux  ; on  y fabrique 
déjà  une  grande  quantité  de  sulfate  de  fer , et  l’on  pourrait 
y établir  une  distillation  de  soufre  , dont  les  résidus 
pourraient  également  servir  à la  fabrication  du  sulfate 
de  fer  et  à celle  de  la  soude.  Il  serait  avantageux  de 
procurer  de  la  soude  à cette  partie  de  la  République,  pour 
le  savon  qui  s’y  fabrique  en  grande  quantité. 

Le  département  de  l’Isère,  et  particulièrement  le  district 
de  Grenoble,  possèdent  des  charbons  de  terre  pyriteux , des 
tourbes  sulfureuses  qui  , étant  brûlées  avec  du  sel  marin  , 


Ç il  ) 

pîodûiroient  du  sulfate  de  soude,  dont  on  extrairoit  la  soudé 
pour  l’usage  des  blanchisseries  qui  s’y  ouvrent , et  où  la 
potasse  seroit  remplacée  par-là» 

La  pyrite  cuivreuse  et  la  matte  des  mines  de  Chesy  et  de 
Sainû-Bel  , près  de  Commune-Affranchie  , pourraient  pro- 
bablement servir  à convertir  le  sel  marin  en  sulfate  de 
soude.  L©  citoyen  Girard  se  propose  d’en  faire  l’expérience. 

Les  immenses  tourbières  de  la  Vendée  et  de  la  Loire 
inférieure  , donnent  , par  la  simple  incinération  , une 
quantité  considérable  de  sulfate  de  soude. 

Daquin , qui  a communiqué  ses  observations  sur  cet  objet  1 
retire  deux  cents  milliers  de  sulfate  de  soude  des  cendres 
qu’il  achète  ; et  en  profitant  simplement  des  cendres  des 
tourbes  que  l’on  brûle  dans  le  pays , on  pourrait  extraire 
au  moins  cinq  cents  milliers  de  ce  sel  par  an.  Le  sel  marin 
y est  abondant  : il  s’y  fabrique  beaucoup  de  toiles  qui 

demandent  une  grande  quantité  de  soude. 

Le  département  de  l’Aisne  possède  une  vaste  étendue  dé 
tourbières  pyriteuses  et  imprégnées  de  sulfate  de  fer  qui 

seraient  très-propres  à l’extraction de  la  soude  , et  les 

nombreuses  blanchisseries  y sollicitent  un  établissement  de 
cette  espèce. 

Non-seulement  le  sel  marin  , les  mines  de  fer,  les  schistes 
py-riteux  de  toute  espèce  , celles  de  charbon  de  terre  sont 
répandues  en  abondance  dans  le  département  de  la  Meurthe  5 
mais  le  sulfate  de  soude  s’y  trouve  avec  profusion  5 et 
Nicolas  a présenté  des  observations  importantes  sur  cet 
objet  : un  établissement  de  soude  ne  saurait  donc  être 
mieux  placé»  Le  même  département  présente  de  grandes 
ressources  pour  la  fabrication  dû  salin. 

Enfin  il  y a déjà  aux  ©avirons  de  Paris  plusieurs  ateliers 


j 


( 13  ) 

chimiques  qui  peuvent  devenir  promptement  des  soudières 
très -importantes  pour  les  consommations  de  cette  grande 
commune. 

Le  Comité  de  Salut  public  , en  appellant  tous  les 
Citoyens  qui  s’occuppent  d’arts  chimiques  dans  les  lieux 
indiqués  , à s’occuper  de  l’exécution  de  la  soude,  prouve 
qu’il  regarde  cette  opération , comme  une  de  celles  qui 
intéressent  la  prospérité  de  la  République. 


iliET  VU»  .1  -JIM 1 1 — LU ’ ■?  . ..  ..  ...  -i.  1 '-"J  1 

DE  L’IMPRIMERIE  DU  COMITÉ  DE  SALUT  PUBLIC.