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MONOGRAPHIES INDUSTRIELLES
IG^ BRUXELLES
4!^;^ P. WEIS8ENBRUCH, IMP, DU ROI
^(^^ «V, RUE DU POXNÇOW
ROYAUME DE BELGIQUE
JINISTKRE DE L'INDUSTRIE ET DU TRAVAIL
OFFICE DU TRAVAIL ET INSPECTION DE L'INDUSTRIE
MONOGRAPHIES INDUSTRIELLES
APERÇU ÉCONOMIQUE. TECHNOLOGIQUE ET COMMERCIAL, 'X,
VI. — Industries chimiques.
FABRICATION
DES
PRODUITS CHIMIQUES
PROPREMENT DITS
-•.t„<. .,-.-- ■-■■ ■.. î- "•'--
BRUXELLES
OFFICE DE PUBLICITÉ 1 SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE
J. LEBÈOUE & C» O. SCHEPEN5&C»
190S
INTRODUCTION
Objet des industries chimiques.
Sous le nom général dHndustrie chimique^ on désigne
toute spécialité industrielle dans laquelle se prati-
quent en grand, à Faide d'appareils appropriés, les
diverses opérations effectuées en petit dans les labo-
ratoires de chimie. Ces opérations sont tantôt d'ordre
mécanique (broyage, compression, lavage, décanta-
tion, malaxage, etc.), tantôt d'ordre physique (disso-
lution, évaporation, cristallisation, distillation, etc.j^^
tantôt d'ordre véritablement chimique (décomposi-
tion, substitution, combinaison, etc.).
La chimie industrielle élabore deux espèces bien
distinctes de produits :
i"" Des corps à composition constante, homogène,
définie, connus sous le nom de métaux, métalloïdes,
bases, acides, sels, etc., de nature inorganique ou
organique, formant la catégorie des produits chimiques
proprement dits;
2° Des corps à composition variable, sortes de
— 2 —
mélanges de matières essentielles ou accessoires, dont
la fabrication comporte des opérations analogues à
celles de la fabrication des produits chimiques pro-
prement dits.
Parmi les corps de la première catégorie, nous
trouvons des produits recevant une destination di-
recte, définitive. Mais beaucoup d*entre eux, et non
des moindres, servent à la fabrication d'autres pro-
duits, soit comme matières premières essentielles,
soit comme matières simplement réagissantes ou dis-
solvantes.
Les produits de la seconde catégorie peuvent se
présenter sous une forme artificielle, façonnés d'après
tel ou tel contour; d'autres fois, ils apparaissent sous
l'état d'une composition tout à fait hétérogène, véri-
table aggrégation d éléments absolument différents.
Tous ces produits sont destinés à être consommés dans
l'état où ils se présentent.
D'après cette définition générale, l'extraction des
métaux de leur minerai rentre dans les industries
chimiques. Mais, vu son importance, cette spécialité
forme l'objet d'une branche industrielle bien dis-
tincte : la rnéLallurgie. Il en est de même de la verre-
rie et des industries céramiques : ces fabrications, à
cause de leur développement, méritent d'être étudiées
à part. Le sucre, l'amidon, la glucose, l'alcool, la
gélatine, etc., bien que constituant en quelque sorte
des produits chimiques de nature organique, ne sont
pas non plus considérés comme tels : on les range
dans une classe spéciale, celle des produits alimentaires.
La glycérine, la stéarine, l'oléine, le savon sont dans
— 3 —
le même cas et font partie d'un groupe d'industries
traitant les matières grasses.
Ces restrictions apportées, nous énumérons ci-
après, rangés dans Tordre de la nomenclature scien-
tifique, les produits chimiques qui font Tobjet d'une
fabrication en Belgique :
Corps inorganiques.
Hydrogène. Oxygène. Soufre. Phosphore. Carbone.
Chlorures de potassium, de sodium, de calcium, de
zinc, d'aluminium et de plomb. Perchlorure de fer.
iodure de plomb. Fluorure d'aluminium. Fluorure
double d'alumium et de sodium.
Oxydes de potassium, de sodium, de calcium, de
magnésium, de fer, d'aluminium, de zinc et de plomb.
Ammoniaque.
Sulfures de sodium, de baryum et de zinc.
Phosphure de cuivre. Arséniures de nickel et de
cobalt.
Acides chlorhydrique et fluorhydrique.
Acides sulfureux, arsénieux et carbonique. Acides
sulfurique, nitrique, phosphorique et borique.
Hypochlorites de sodium et de calcium.
Bisulfites de sodium et de calcium.
Sulfates de potassium, de sodium, d'ammoniaque,
de calcium, de magnésium, de baryum, de fer, d'alu-
minium, de cuivre et de plomb. Sulfate double de
potassium et d'aluminium.
Nitrates de potassium, d'ammoniaque, de baryum,
de cuivre et de plomb.
— 4 —
Phosphates de potassium, de sodium et d'ammo-
niaque. Phosphates mono, bi et tricalciques. Borate
de sodium.
Carbonales de potassium, de sodium, de baryum et
de plomb.
Ferrocyanure de sodium. Sulfocyanure de potas-
sium et d'ammoniaque.
Silicates de potassium et de sodium. Fluosilicate
de sodium.
Aluminate de baryum. Chromate de zinc et de
plomb. Composés de sélénium et de ihallium.
Corps organiques.
Alcool mélbylique (méthanal). Chloroforme (tri-
chloromélhane). Èlher éthylique (oxyde d'éthyle),
Hexaméthylène tétramine.
Aldéhyde formique (méthanal), trioxyméthylène.
Aldéhyde et paraldéhyde acétiques (éthanal). Acétone
acétique.
Acide acétique. Acétates de soude, de calcium, de
fer. Arsénio-acétate de cuivre. Acétate d'éthyle (éther
acétique).
Nitrocellulose. Collodion.
Benzène. Nitrobenzine.
Crésylol. Phénol. Biiododiihymol.
Toluène. Dérivés d'aniline.
Benzoates de sodium et d'éthylène.
Créosote, créosoforme, tanno-créosoforme.
Gaïacol, gaïaforme, tanno-gaïaforme.
o —
Carbonates, phosphates et tanno- phosphates de
créosote et de gaïacol.
Salicine. Salycylate d'aniipyrine.
Acide tannique. Oxyiodogallate de bismuth.
Naphtaline. Anthracène. Pirydine.
Il s'en faut de beaucoup que les différents corps
passés en revue soient produits dans l'industrie à
l'état de pureté complète. C'est qu'en effet, à cause de
la composition plus ou moins homogène, plus ou
moins variable des matières premières employées,
par suite d'une certaine irrégularité de travail, inévi-
table dans des manipulations effectuées en grand, des
composés obtenus sont souvent mélangés avec une
certaine proportion de matières étrangères. Dans
beaucoup de cas, il faut éliminer ces malières étran-
gères et amener ces corps au degré de pureté exigé
par le consommateur.
Il en résulte que l'industrie fournit généralement
les produits chimiques en trois qualités :
a) Des produits de fabrication courante, suffîsam*
ment purs pour les usages habituels de l'industrie;
6) Des produits rectifiés ou présentant une pureté
industrielle indispensable dans la fabrication de cer-
tains composés;
c) Des produits chimiquement purs, débarrassés de
toutes matières étrangères, pour les besoins du labo-
ratoire et de la pharmacie
— 6 —
Classification pratique des industries
chimiques.
La classification précédente, purement scientifique,
ne serait pas utilement adoptée dans une étude d'un
caractère essentiellement économique. Dans une étude
de ce genre, il faut, autant que possible, adopter une
classification répondant à la réalité industrielle, Cest
que, dans la pratique, certaines fabrications se com-
binent, s'enchaînent pour certains motifs ne relevant
aucunement de la science pure.
On classait autrefois les industries chimiques en
trois groupes distincts :
1"" La grande industrie chimique;
^'^ La petite industrie chimique;
5° L'industrie chimique pharmaceutique.
Les établissements ressortissant au premier groupe,
avaient pour principal objectif la production du car-
bonate de soude par le procédé Leblanc. Celte classe
d'établissements comprenait nécessairement la fabri-
cation de l'acide sulfurique, de l'acide nitrique, de
l'acide chlorhydrique, du sulfate de soude.
Ces usines fournissaient ainsi les matières pre-
mières principales d'une foule de produits secon-
daires, dont la fabrication rentrait plutôt dans la
petite industrie chimique.
Nous ferons remarquer que cette classification ne
répond plus à la situation actuelle.
Tout d'abord, la fabrication de la soude par la
méthode Leblanc est complètement abandonnée,
cédant la place à la fabrication de la soude par le
procédé Solvay. Cette dernière industrie est devenue,
dès lors, complètement indépendante de la fabrica-
tion des acides sulfurique, nitrique et chlorbydrique.
De ce fait, la fabrication de Tacide sulfurique a vu
considérablement diminuer un de ses principaux
débouchés : la fabrication du sulfate de soude en vue
de sa transformation en carbonate. Ajoutons, d'autre
part, que, depuis que les usines métallurgiques pra-
tiquant le grHIage des pyrites et des blendes ont été
mises d»ns Fobligation de recueillir les gaz sulfureux
provenant de cette opération, la production de Tacide
sulfurique n'a cessé de se développer énormément.
Entretemps prenait naissance une autre industrie
importante : la fabrication des superphosphates de
chaux; cette industrie est devenue le principal con-
sommateur d'acide sulfurique, permettant d'utiliser
ainsi les fortes quantités de cet acide qui proviennent
des fours de grillage.
Remarquons que, malgré cette évolution, le sulfate
de soude n'a pas vu sa production diminuer, car ce
produit est toujours largement utilisé dans les ver-
reries et les glaceries. Mais l'acide chlorbydrique,
obtenu en même temps, est tombé, par suite de son
abondance, au rang de sous-produit. L'application des
nouvelles méthodes de fabrication du chlore et du
chlorure de chaux par la décomposition directe du
chlorure de sodium est venue, en effet, restreindre
les applications de l'acide chlorhydrique.
Toutes ces circonstances ne pouvaient manquer de
— 8 —
forcer nos anciennes fabriques de produits chimiques
à chercher une nouvelle orientation industrielle.
C'est ainsi que beaucoup de ces usines ont annexé à
leur industrie la fabrication des superphosphates.
D'autres ont entrepris la fabrication d'une série de
produits accessoires que Ton rangeait autrefois dans
la petite industrie chimique.
Il en résulte que la distinction autrefois admise
entre la grande et la petite industrie chimique n'a plus
de raison d'être. De nouvelles fabrications ont, d'ail-
leurs, été créées qui ne le cèdent en rien, comme
importance, à nos anciennes fabriques de soude et
d'acide sulfurique.
Quant à l'industrie chimique pharmaceutique, cette
branche ne présente encore qu'une importance rela-
tive en Belgique.
Abandonnant la classiGcation industrielle adoptée
autrefois, nous diviserons l'étude des produits chi-
miques en quatre parties principales :
A. Industries de l* acide sulfurique et des superphos-
phates ;
B. Industries de la soude^ des chlorures et des sels de
potasse ;
C. Produits de nature minérale autres que ceux des
deux premiers groupes ;
D. Produits extraits de la houille et du hois et autres
composés organiques.
Nous terminerons par l'étude de quelques produits
purs, à l'usage du laboratoire et de la pharmacie.
— 9 —
Toutes ces industries comportent un nombre total
de *256 établissements répartis entre 224 firmes. Le
personnel qu'elles occupent peut être représenté par
le chiffre global de 9,500 ouvriers. La puissance
motrice utilisée est, pour l'ensemble, de 14,000 che-
vaux-vapeur environ.
Il convient de faire observer que le nombre d'ou-
vriers employés et la puissance mécanique mise en
jeu ne suffisent pas ici pour apprécier exactement
l'importance des industries chimiques, celles-ci ne
nécessitant le plus souvent, pour l'exécution de leurs
opérations, que le concours d une force motrice peu
considérable et surtout d'une main d'oeuvre assez res-
treinte.
PREMIÈRE PARTIE
INDUSTRIES DE L'ACIDE SULFURIQUE
ET DES SUPERPHOSPHATES.
Renseignements généraux.
Nous rangeons dans ce groupe les trois catégories
de produits suivantes :
I. Les trois principaux acides minéraux et leurs
sous-produits : acide sulfurique^ acide nitrique, sulfate
de soude et acide cidorinjdrique ;
II. Les phosphates de chaux comprenant : les super-
phosphates de chaux ordinaires^ le guano dissous et les
phosphates basiques;
IIL Un certain nombre de produits accessoires fabri-
qués dans les mêmes usines, tels que : le sulfate de
cuivre, le sulfate de fer, les sels de baryum, le fluosilicate
de soude, Varsenic^ etc.
Ces diverses industries sont exercées par 37 établis-
sements, d'importance variable, occupant ensemble
— 12 —
4,885 personnes. Dans 27 de ces usines, le personnel
n'alteint pas le chiffre de 50 ouvriers; 13 établisse-
ments ont de 50 à tOO travailleurs; 9 autres, de 100
à 200; 6, de 200 à 300, et 2 occupent un personnel de
400 à 600 ouvriers.
La première catégorie est formée presque exclusive-
ment par des ateliers qui ne se livrent qu'à la prépa-
ration des superphosphates et des engrais composés.
La totalité des moteurs à vapeur utilisés dans ce
groupe d'industries, représente une puissance globale
d'environ 6,200 chevaux. Cette force motrice se
répartit de la manière suivante :
23 établissements disposent de moins de oO chevaux;
9 » )> de 50 à 100 »
il )) )) de 100 à 200 »
8 )) » de 200 à oOO »
1 établissement dispose d'une force de 1,000 chevaux.
Trois usines seulement n'ont recours à aucune force
motrice mécanique.
, Le travail est organisé à la pièce pour un certain
nombre d'opérations; pour d'autres, il est à la jour-
née, mais alors le plus souvent avec tâche imposée ou
avec primes; le paiement à l'heure est également
appliqué dans certaines fabriques de superphosphates.
Il n'existe à cet égard aucune règle adoptée d'une
façon absolument générale; nous aurons, d ailleurs,
l'occasion de revenir sur ce sujet lorsque nous traite-
rons de chacune des industries en particulier.
Le salaire journalier moyen varie de 2 fr. 50 c. à
3 fr. 25 c, suivant les régions; la moyenne qui se
— 13 -
rencontre le plus fréquemment est celle de 5 francs.
Certaines catégories d'ouvriers spéciaux, tels que
mécaniciens, chauffeurs, maçons, etc., gagnent 4 à
5 francs par jour; le paiement à la tâche permet aussi
aux travailleurs ordinaires d'atteindre à ces salaires
plus élevés.
Au point de vue géographique, ces industries ont
été amenées à s'établir, pour des motifs variés, dans
diverses régions du pays. On trouve d'importantes
usines dans le voisinage des grandes villes (Bruxelles,
Anvers, Gand, Louvain, Bruges); elles se sont éta-
blies à proximité de voies navigables facilitant l'arri-
vage du combustible et des matières premières pon-
déreuses, ainsi que Texpédition de leurs produits, non
moins encombrants. Un certain nombre d'anciennes
fabriques sont installées dans le bassin industriel de
la Sambre, à proximité de nombreuses verreries
auxquelles elles fournissaient autrefois le carbonate
de soude et, maintenant encore, le sulfate de soude
Plusieurs fabriques d'acide sulfurique ont été créées
dans la province de Liège, près des usines à zinc
auxquelles elles doivent livrer la blende grillée et
dont elles constituent en quelque sorte des annexes.
D'autres établissements, et non des moins impor-
tants, ont également été fondés en pleine Campine,
sur les bords du canal qui les met en communication
d'une part, avec le port d'Anvers, d'autre part, avec
les bassins houillers allemands. Enûn, un certain
nombre d'usines, ayant surtout pour but la produc-
tion des superphosphates et la préparation des engrnis
— 14 —
composés, se sont montées dans les diverses zones
agricoles qu'elles doivent desservir, notamment dans
les provinces de Brabant, de Hainaut, de Liège et
même dans celle du Luxembourg.
En ce qui concerne le combustible, il est à re-
marquer que la plupart des usines établies un peu
loin de nos bassins houillers et situées au bord d'une
voie navigable, ont intérêt à employer du charbon
allemand qui, à qualité égale, leur procure une éco-
nomie de 1 à 2 francs par tonne. Les bateaux amenant
le charbon trouvent un fret de retour dans les pyrites
grillées ou les superphosphates que nous exportons
en Allemagne.
I. — ACIDES MINEKAUX ET SOUS-PRODUITS.
1° Acide sulfurique.
Aperçu général de la fabrication.
La fabrication de Tacide sulfurique ordinaire ou
anglais, telle qu'elle se pratique couramment en Bel-
gique, comprend deux opérations fondamentales :
a) La production d'acide ou plutôt d'anhydride sul-
fureux (SO^;
b) La transformation de cet anhydride sulfureux en
acide sulfurique par sa combinaison avec une quan-
tité convenable d'oxygène et d'eau :
SO^ + + H^O = H^SO^
— 15 —
Ces deux opérations sont complétées par une troi-
sième :
c) La récupération des vapeurs nitreuses en excès.
Depuis longtemps, aucune modification essentielle
n'a plus été apportée aux dispositifs réalisant ces
diverses réactions. Ce sont surtout des perfection-
nements de détail, ainsi qu'une combinaison plus
rationnelle des différents appareils, qui ont permis,
en améliorant peu à peu le travail, d'obtenir un ren-
dement supérieur et, par conséquent, d'arriver à un
prix de revient plus avantageux.
L'anhydride sulfureux est obtenu exclusivement par
le grillage de blendes (sulfures de zinc) ou de pyrites
(sulfures de fer), dans des fours appropriés. Les gaz
sulfureux provenant du grillage sont conduits dans
de vastes chambres de plomb, où s opère la transfor-
mation en acide sulfurique. L'eau nécessaire à celte
réaction est fournie sous forme de vapeur ou d'eau
pulvérisée. L'oxygène est amené en même temps que
les gaz sulfureux venant des fours de grillage.
Toutefois, la combinaison de ces éléments et la for-
mation de Tacide sulfurique ne s'effectuent que sous
l'influence de l'acide nitrique, que l'on est obligé d'in-
troduire au sein des gaz sulfureux avant leur entrée
dans les chambres de plomb. Le rôle joué par l'acide
nitrique dans ces réactions n'a pas encore été parfai-
tement élucidé et il est diversement interprété par les
chimistes qui se sont occupés de la question. Il ne
peut entrer dans le cadre de cette étude d'exposer les
différentes théories émises à ce sujet.
— 16 —
Disons seulement que, dans Tintérieur des cham-
bres, il se forme des acides azoteux et hypoazotique,
dont une partie s'échappe avec les gaz non utilisés.
Pour récupérer ces produits nitreux, on fait passer
ces gaz, à leur sortie des chambres, dans une tour
d'absorption appelée condenseur de Gay-Lussac, où ils
rencontrent un courant d'acide sulfurique à 60° B.
Cet acide absorbe les vapeurs nitreuses et il se forme
de l'acide mlroso-sulfurique^ que l'on recueille à la
base du condenseur.
On tire parti de cet acide nitroso-sulfurique en le
dénitrifiant et l'on fait rentrer dans la circulation des
chambres les vapeurs nitreuses qu'il avait absorbées.
A cet effet, l'acide nitroso-sulfurique traverse un autre
appareil appelé tour de Glover, placé entre les fours et
les chambres de plomb, où il rencontre les gaz sul-
fureux venant des fours.
Dans cette tour de Glover, on fait aussi arriver tout
ou partie de l'acide sulfurique extrait des chambres et
dont la densiié est de 5!2 à 55"" B. âu contact des gaz
chauds, cet acide se concentre, alors que les gaz se
refroidissent. Les vapeurs d'eau dégagées rentrent
dans les chambres de plomb.
C'est sous l'influence de ces vapeurs d'eau et des gaz
sulfureux que s'opère la dénitrification de l'acide
nitroso-sulfurique. Le bioxyde d'azote rendu libre
pénètre à nouveau dans les chambres.
C'est également dans la tour de Glover que l'on
introduit l'acide nitrique nécessaire aux réactions, et
qui est entraîné avec les gaz sulfureux dans les
chambres de plomb.
— il —
Telle est, tracée dans ses grandes lignes, la fabrica-
tion de l'acide sulfurique ordinaire. Pour compléter
cet aperçu, ajoutons que dans certaines usines on
effectue, en outre, la purification de Tacide sulfu-
rique, c'est-à-dire, l'élimination de certaines matières
étrangères qu'il contient souvent en petite quantité,
telles que le plomb, le cuivre, le fer, la chaux, l'alu-
mine et, dans certains cas, le sélénium, le thallium
et l'arsenic.
Enfin, lorsque nous aurons mentionné la concentra-
tion de l'acide des chambres, jusque 60 et 66** B.,
nous aurons passé en revue les principales opérations
pratiquées dans une fabrique d'acide sulfurique.
Nous allons maintenant revenir sur ces diverses
opérations et nous signalerons les innovations les plus
intéressantes qui ont été introduites dans les usines
belges.
a) Production de l'anhydride sulfureux.
Minerais.
Les blendes proviennent pour une grande part
d'Espagne ; nous en recevons aussi d'autres pays, tels
que la France, l'Allemagne, la Suède, la Sardaigne,
l'Algérie, l'Amérique du Nord ; il nous en vient égale-
ment, en certaine quantité, de l'Australie et du Japon.
La teneur en soufre varie de 20 à 30 p. c. Le prix du
minerai diffère suivant sa richesse et se calcule en
fonction du cours du zinc à Londres. Les blendes sont
plus ou moins pures. Mentionnons celles d'Algérie
comme ne contenant pas d'arsenic et très peu de fer;
2
— 18 —
elles fournissent un acide très pur, convenant spécia-
lement pour la fabrication du sulfate d*ammoniaque.
Les pyrites nous arrivent surtout de l'Espagne et du
Portugal; celles du Japon sont remarquables parleur
pureté. Les pyriles renferment généralement 50 p. c.
de soufre et assez souvent de 0.3 à 0.4 p. c. de cuivre,
que l'on peut retirer des résidus. Les pyrites valent
de 20 a 25 francs la tonne, suivant leur richesse en
soufre.
Les pyrites cuivreuses, contenant de 2 à 5 V2 P- c. de
cuivre, originaires de Norvège et de Portugal (Poma-
ron), sont traitées par quelques usines. On en extrait
le cuivre par le procédé de cémentation. Le prix de
ces minerais atteint 50 à 40 francs la tonne.
Broyage.
Avant grillage, les blendes doivent être broyées.
Elles passent d'abord dans un concasseur à mâchoires,
puis dans un broyeur à cylindres, avec tamiseur, de
façon à ce que le refus revienne à nouveau dans l'appa-
reil. Parfois, il est nécessaire de sécher la blende;
cette opération se fait économiquement sur des
taques chaufifées par en dessous au moyen d'un ser*
pentin dans lequel circule la vapeur de décharge de
la machine.
Les pyrites sont fournies déjà broyées ou bien sont
pulvérisées dans les fabriques mêmes. Les anciens
broyeurs à meules sont presque partout abandonnés
et remplacés par le broyeur à boulets du système
Krupp, à alimentation et débit continus.
— 19 —
L'organe principal de cet appareil est un tambour
formé de plaques triturantes en acier se recouvrant
partiellement à une de leurs extrémités, cette der-
nière étant renforcée et recourbée vers l'intérieur;
l'autre partie est
perforée et munie
de palettes en tôle
dirigées vers l'exté-
rieur. Le tambour
contient un certain
nombre de boulets
en acier de diverses
dimensions, mais
d'un poids total dé-
terminé.
Extérieurement,
le tambour est en-
touré d'un tamis
cylindrique, com-
posé d'un certain
nombre de châssis,
en bois ou en fer,
garnis de toile mé-
tallique. L'ensem-
ble est entouré
d'une enveloppe,
ou cage à pous-
sière, complètement fermée. Cette cage présente vers
le haut une trémie de chargement et, à la partie infé-
rieure, un orifice fermé par une porte à glissières pour
la décharge du broyeur.
y////M^//////mmm)/^^^
Fig. 1 . — Broyoïir à boiilols (syslème Krupp) .
- 20 —
Le broyeur à boulets exige une force de 25 à
30 chevaux pour traiter 50 tonnes par jour.
GuiLLAGE.
Les blendes sont grillées dans les usines dépendant
des fabriques de zinc ou bien, à façon^ par les fabriques
de produits chimiques proprement dites, qui exé-
cutent cette besogne soit pour le compte des usines à
zinc, soit pour celui de grands négociants en mine-
rais. On paie actuellement 8 francs en moyenne par
tonne pour la désulfuration, le transport aller et
retour étant à la charge des fabriques de zinc.
Quant aux pyrites, elles sont généralement achetées
par les fabriques d'acide sulfurique, qui revendent
ensuite le minerai grillé ou purple ore aux hauts*
fourneaux belges et étrangers. Cependant, les pyrites
cuivreuses sont parfois aussi grillées à façon par des
usines qui en extraient le cuivre.
Les fours employés pour le grillage diffèrent dans
leurs dispositions suivant que Ton traite les pyrites,
les blendes, ou les pyrites et les blendes alternative-
ment.
Fours à pyrites. — Comme le minerai est pulvéru-
lent, les fours employés sont généralement des fours
à dalles à cinq ou six étages, genre Malétra. Une fois
le grillage mis en train, il se continue grâce à la
propre chaleur dégagée par l'oxydation du fer et du
soufre; aucun foyer n'est donc nécessaire.
Les fours mécaniques, malgré les avantages qui
:■ llumiiolili II Kiifk.
— 22 —
peuvent en résulter tant au point de vue de Téconomie
de main-d'œuvre qu'à celui de la régularité de la com-
bustion, sont peu répandus. Une seule usine en Bel-
gique a fait installer récemment un four de ce genre
par la Société Humboldt, de Kalk.
Ce four comprend cinq étages circulaires super-
posés, traversés, à leur centre, par un arbre creux. 11
est alimenté de minerai automatiquement au moyen
d'une trémie et d'une vis horizontale. La matière
tombe successivement d'un étage sur l'autre; le mine-
rai est constamment remué et poussé tantôt vers la
périphérie, tantôt vers le centre, par des bras garnis
de dents taillées en biseau. Ces bras sont doubles et
passent à travers des ouvertures ménagées dans
l'arbre, de façon à présenter en leurs points de con-
tact une grande surface de refroidissement. La pyrite
grillée sort du dernier étage par un clapet automa-
tique et tombe directement dans des wagonnets.
Fours à blendes. — Vu la faible teneur de la blende
en soufre, le grillage de ce minerai ne peut s'effectuer
sans le concours de la chaleur produite par la com-
bustion du charbon. Les fours employés ici sont donc
des fours à foyer. On ne peut faire usage que de fours
à moufles, car il est indispensable que l'acide sulfu-
reux ne soit pas souillé par les gaz provenant de la
combustion.
C'est encore le four Eichhorn, plus ou moins
modifié, qui est le plus répandu. Voici, d'après une
note publiée par M. Demarel-Freson, professeur à
l'École des mines de Mons, quelques détails sur le four
— 23 —
de ce système, adopté par plusieurs de nos princi-
pales fabriques.
Le four est divisé en quatre parties symétriques
travaillées chacune séparément, ce qui facilite la
Fig. l\. — Four à blendes Eii-lihorn.
besogne de l'ouvrier. L*air nécessaire au grillage,
avant d'arriver dans le moufle, s'échauffe préalable-
ment en passant par des carneaux noyés dans la
maçonnerie. Le moufle se trouve à la partie inférieure
du four et est entouré |)ar les flammes du foyer. Â la
partie supérieure se trouvent des tablettes sur les-
quelles on élale en premier lieu les blendes à griller ;
la combustion de ces dernières est assurée grâce au
contingent de chaleur apportée par les gaz sulfureux
venant du moutle inférieur. Une série de portes à
glissières est établie sur un des longs ciMés du four
pour le rablage et l'avancement des matières.
On a imaginé également plusieurs systèmes de fours
à blende à travail mécanique. Ces appareils ont été
mis à l'essai dans un de nos établissements les plus
importants, mais ils n'ont pas donné les résultats
attendus et ont dû être abandonnés.
Fourx à blendes et à pyrites. — Plusieurs usines, qui
grillent tantôt des blendes, tantôt des pyriles, ont
¥\g. l. — Fimi- il dalles Hclplace |h>iil- Mciidi's i-l |ijTiles.
adopté un système de four mixte imaginé par M. Gust.
Delplace et qui donnerait entière satisfaction. C'est un
— 25 —
four à dalles, double, analogue h ceux employés pour
les pyrites et pourvu d'un foyer qu'on utilise seulement
lorsqu'on veut griller des blendes. Dans ce système,
on évite le travail d'avancement latéral du minerai,
qui doit se faire avec le four Eichhorn et qui est
assez pénible. L'expérience a démontré qu'il suffisait
de deux foyers pour trois fours. Les ouvertures pour
le travail sont très petites et munies de portes incli-
nées afin de pouvoir introduire le rable. Un perfec-
tionnement non indiqué dans la ligure consiste dans
l'adjonction d'un moutle dans lequel le combustible
séjourne avant d'arriver dans le foyer, de telle sorte
que le charbon se transforme d'abord en coke et donne
son gaz, puis achève sa combustion sur la |:rille.
Ce système de four, outre l'avantage qu'il présente
quant à la facilité du travail, permet de réaliser une
sérieuse économie de combustible; la consommation
de ce dernier aurait pu être réduite jusqu'à 11 p. c.
du poids de la blende, alors que l'on arrive généra-
lement à une moyenne de 15 p. c, avec les fours
Eichhorn.
Chambres à poussières. — Il est important, au point
de vue du bon fonctionnement des chambres et des
appareils auxiliaires, ainsi que pour obtenir un acide
pur, de débarrasser les gaz sulfureux des matières en
suspension qu'ils entraînent avec eux, ainsi que de
certaines substances maintenues en solution grâce à
leur haute température et qui se déposent par le
refroidissement. Aussi, dans les fabriques bien orga-
nisées, fait-on parcourir aux gaz de grandes chambres
— 26 —
à poussières, iiislallées au-dessus des fours et à côté
de ceux-ci.
Organisation du travail du grillage. — Les ouvriers
chargés de la conduite des fours à griller sont presque
toujours payés à la pièce, rarement à la journée, et,
dans ce cas, ils reçoivent souvent des primes. H y a
généralement deux brigades par vingt-quatre heures
et, exceptionnellement, trois brigades. On a essayé,
mais sans grand succès, un système intermédiaire,
dans lequel certains ouvriers sont sujets à un roule-
ment.
Lorsque la production de Tacide sulfurique est
étroitement liée à celle du zinc, certains fabricants
estiment que le travail à la pièce n'est pas pratique
parce qu'il ne permet pas d'assurer la constance
voulue dans l'alimentation de blende grillée, con-
dition essentielle pour obtenir une fabrication régu-
lière du zinc.
Utilisation des minerais grillés. — Après grillage, les
blendes retournent aux fabriques de zinc; quant aux
pyrites, elles sont expédiées aux hauts- fourneaux
sous le nom de piirple ore; ce minerai contient 60 à
05 p. c. de fer. Son inconvénient, au point de vue
du traitement métallurgique, est d'être à l'état pul-
vérulent. Aussi a-l-on parfois quelque difficulté à
l'écouler, surtout si le grillage n'a pas été complet.
Les pyrites grillées contiennent encore de 0.30 à
1.50 p. c. de soufre, suivant le soin apporté dans le
travail.
— 27 —
Les pyrites cuivreuses, et même parfois celles qui
ne contiennent que quelques dixièmes pour cent de
cuivre, sont, après grillage, travaillées pour en retirer
le cuivre par un traitement que nous exposerons plus
loin.
Le purple ore se vend de 8 à 9 francs la tonne ; il est
en grande partie exporté en Allemagne.
b) Transformation de l'anhydride sulfureux
en acide sulfurique.
Chambres de plomb.
Celte transformation s'opère dans des chambres de
plomb, grâce à l'eau qui y est introduite et à l'oxyda-
tion provoquée par la présence de l'acide nitrique.
On appelle système un groupe de plusieurs chambres
parcourues successivement par les mêmes gaz sulfu-
reux. Généralement, un système comporte deux ou
trois chambres, mais on en trouve aussi qui n'ont
qu'une seule chambre et d'autres qui comprennent
quatre chambres. Dans un système, la capacité des
chambres va en diminuant de la première à la der-
nière, qui porte le nom de tambour.
Presque partout, les chambres ont une base rectan-
gulaire; leur hauteur moyenne est de 8 à 9 mètres;
mais il en est qui ont jusqu'à 11.50 mètres, hauteur
qui parait exagérée.
La capacité d'un système est, en moyenne, de 5,000
à 6,000 mètres cubes, mais on descend parfois jusque
5,000 mètres cubes; le maximum est de 8,000 mètres
— 28 —
cubes. Les avis sont très partagés quant au volume le
plus convenable à donner aux chambres. Certains
spécialistes, admettant que le rôle de l'acide nitrique
se résume en une série de réductions et d'oxydations
successives, sont partisans des chambres de grande
capacité dans lesquelles les masses gazeuses s'isoleni,
de telle sorte que les deux réactions inverses peuvent
s'effectuer simultanément sans se contrecarrer.
Des systèmes circulaires ont été préconisés en vue
d'une meilleure utilisation de l'espace; ils sont com-
posés d'une petite chambre circulaire centrale et
d'une chambre annulaire avec l'espace libre occupé
par les tours de Glover et de Gay-Lussac. Ce sys-
tème, adopté dans deux usines belges, ne s'est guère
répandu.
On a renoncé également aux cheminées d'air mé-
nagées dans l'intérieur des chambres, ainsi qu'aux
tuyaux mettant en communication le haut et le bas
des chambres; ces dispositifs, dont le but était d'aider
au refroidissement des gaz, sont jugés de peu d'etli-
cacité.
Quelques perfectionnements ont été apportés dans
le mode d'accrochage des chambres aux poteaux ver-
ticaux et à la charpente du ciel. Au lieu de plaques de
plomb rectangulaires, on emploie de préférence des
plaques triangulaires, fixées au bois par l'intermé-
diaire de barres de fer; les parois de la chambre ne
touchent pas le bois; elles sont suspendues et tombent
comme des rideaux. Ce genre d'attaches est moins
sujet aux déchirures dans les angles et permet, d'autre
part,de diminuer le nombre des poleaux. Il en résulte.
— 29 —
outre une économie de bois, une meilleure conserva-
tion des parois des chambres; on a constaté, en effet,
que Tusure du plomb se manifeste généralement aux
parties situées derrière les poteaux, où le refroidisse-
ment se fait moins bien.
L'eau nécessaire à la formation de Tacide sulfurique
est introduite presque toujours sous forme de vapeur
et le plus souvent par le ciel des chambres. Une pra-
tique économique consisterait à se servir de la vapeur
de décharge de la machine, en ayant soin, toutefois,
de conserver dans le cylindre une contre-pression
de V2 atmosphère.
Âûn de diminuer la consommation énorme, de vapeur
nécessitée de ce chef dans les fabriques importantes,
on a imaginé d'introduire, au lieu de vapeur, de l'eau
pulvérisée à l'aide d'un appareil approprié. Ce système
est à l'essai dans un de nos grands établissements et
parait devoir aboutir à une solution satisfaisante.
Faisons observer, cependant, que l'appareil est d'un
fonctionnement assez délicat ; la difficulté réside dans
la pulvérisation parfaite de l'eau; ce travail exige une
pression de 5 à 6 atmosphères au moins.
En ce qui concerne l'alimentation des chambres en
acide nitrique, bien rares sont les usines où l'on opère
encore la décomposition du salpêtre dans le canal de
sortie des fours. Presque partout, on a substitué à
cette pratique surannée l'introduction directe de
l'acide nitrique dans la tour de Glover, placée,
comme nous le savons, entre les fours et les cham-
bres de plomb. 11 est ainsi plus facile de régler exac-
tement la consommation de Tacide nitrique, qui est
— 30 -
un produit cher. Quelques usines fabriquent elles-
mêmes Tacide nitrique dont elles ont besoin; d'autres
l'achètent au dehors.
Tirage des fours.
Il est important, pour la bonne marche de la fabri-
cation, d'avoir une circulation régulière des gaz
depuis la sortie des fours jusqu'à leur évacuation par
la cheminée. Bien des causes, provenant, tant du tra-
vail même du grillage que des variations atmosphé-
riques, empêchent d'obtenir un tirage constant dans la
cheminée.
Dans plusieurs usines, on essaie le réglage automa-
tique du tirage au moyen d'une valve placée dans le
canal de la cheminée; l'ouverture de cette valve est
réglée par les changements de dépression subis par
l'atmosphère des chambres mêmes. Le fonctionnement
d'un tel appareil, rationnel en lui-même, paraît devoir
être assez délicat, eu égard aux grandes masses
gazeuses qui sont en mouvement.
De plus, il y a à tenir compte des perturbations pro-
voquées par la fréquence des vents dans nos pays.
C'est ce qui a amené quelques fabriques à essayer le
tirage forcé, que l'on peut régler à volonté, en plaçant
un aspirateur à la sortie des chambres, avant le Gay-
Lussac ou bien entre deux Gay-Lussac.
Aux usines de la Vieille-Montagne^ chacun des dix
systèmes de chambres sera ainsi pourvu d'un ventila-
teur ; les gaz aspirés des tours de Gay-Lussac seront
refoulés dans un autre Gay-Lussac central, puis tra-
— 31 —
verseront une tour arrosée d'eau; celle disposition
aura pour effet d'épuiser à fond les vapeurs nitreuses
qui pourraient encore accompagner les gaz évacués
par la cheminée.
c) Récupération des vapeurs nitreuses.
Condenseur de Gay-I^ussac.
Pour récupérer l'excès des vapeurs nitreuses non
utilisées dans les chambres et entraînées avec les gaz
épuisés qui se rendent à la cheminée, il faut d'abord
faire absorber ces vapeurs par de l'acide sulfurique
à 60" B., puis dénitrifier l'acide nitroso-sulfurique qui
s'est ainsi formé.
La première de ces opérations s'effectue dans la
tour d'absorption de Gay-Lussac placée à la suite des
chambres.
Cet appareil a généralement une section circulaire,
plus rarement carrée; cette dernière forme est plus
économique, mais moins solide. La tour est formée
d'une paroi de plomb, garnie parfois d'un revêtement
intérieur de briques peu épaisses. Le diamètre est en
moyenne de 2 mètres et la hauteur utile de 10 mètres.
On en trouve qui ont 20 mètres de hauteur, mais on
préfère généralement, dans ce cas, pour la facilité du
travail, se servir de deux appareils disposés parallèle-
ment.
Le condenseur de Gay-Lussac est rempli le plus
souvent avec du coke, des briques creuses ou bien
avec des anneaux faits en matériaux inattaquables.
— 32 —
parfois avec plusieurs de ces produits combinés. Les
briques creuses paraissent convenir mieux que les
anneaux, qui livrent un passage trop direct aux gaz.
Quant au coke, il est excellent parce qu'il offre une
grande surface à Faction des gaz, à cause de sa poro-
sité; mais il est sujet à s'encrasser et à se prendre en
croûte dure; cet inconvénient se manifeste lorsqu'on
travaille avec des gaz qui n'ont pas été convenable-
ment refroidis et qui n'ont pas été débarrassés de leurs
impuretés en traversant des chambres à poussières
suffisamment grandes.
Les gaz des chambres circulent de bas en haut et
rencontrent une nappe d'acide sulfurique qui descend
en cascade et absorbe les vapeurs nitreuses. Dans cer-
taines usines, on fait cheminer les gaz de haut en bss ;
on obtiendrait ainsi une récupération plus complète
des vapeurs nitreuses et, grâce à ce mode de travail,
on pourrait porter le diamètre du Gay-Lussac à
A mètres.
Tour de Glover.
La tour de Glover, où s'effectue ladénitriûcation de
l'acide nitroso-sulfurique, est parcourue par les gaz
chauds des fours; elle ne peut donc pas être remplie
avec du coke. On emploie la pierre de Voloicq, après
lui avoir fait subir une certaine préparation ayant
pour but de détruire les matières attaquables par
l'acide. On utilise aussi le silex, qui est facile à net-
toyer en le soumettant à l'action de la chaleur. Les
briques creuses sont peu recommandables parce
— 33 —
qu'elles éclatent lorsqu'on les chauffe pour les dé-
crasser; elles sont d'ailleurs rongées par le fluor qui
se dégage de certains minerais.
La hauteur de la tour de Glover est la même que
celle du Gay Lussac, mais sa section est supérieure,
puisqu'elle doit donner passage à un volume plus
grand de gaz chauffés et dilatés; son diamètre utile
est en moyenne de â^SO.
Ainsi que nous l'avons dit, c'est au haut du Glover
que l'on introduit l'acide nitrique; on y fait couler
également une certaine quantité d'acide des chambres,
dont le contact refroidit les gaz des fours; par contre
l'acide s'échauffe et se concentre.
Le plus souvent, chaque système de chambre com-
prend un Glover et un Gay-Lussac. Dans quelques
usines, travaillant avec de grandes chambres^ on
installe deux et même trois Gay-Lussac par système.
Parfois aussi, on établit un Glover après les cham-
bres, ou Glover de queue.
En général, on donne aux tours d'absorption un
volume variant entre 1 et 3 p. c. de celui des cham-
bres.
DlSTUIBUTIOIN DES ACIDES.
L'élévation et la distribution des différents acides
dans les tours de Gay-Lussac et de Glover est un
point important pour la marche normale de la fabri-
cation; aussi a-t-on cherché à réaliser ces opérations
de la manière la plus rationnelle et la plus régulière
possible.
— 34 —
L'élévation des acides se fait presque exclusivement
à Taide de monte-acides à air comprimé, fonctionnant
comme les monte-jus des sucreries.
Pour distribuer uniformément Tacide à la partie
supérieure des tours, différents systèmes sont em-
ployés. Les plus usuels consistent en un tourniquet
hydraulique ou bien en une série de tuyaux en plomb
amenant aux différents points de la section Tacide
qui se déverse sur une pièce centrale en grès ou en
plomb.
M. Delplace préconise un système assez ingénieux.
L'acide arrive d abord dans un vase qui se vide et se
remplit constamment; à ce vase est adapté un syphon
à deux branches raccordées à des niveaux différents
de façon à fonctionner avec une hauteur motrice
variant périodiquement entre certaines limites. L'autre
extrémité du syphon débouche au centre de la tour et
est percée de trous, par lesquels l'acide s'échappe
avec une force variant sans cesse, produisant tantôt
des jets très courts, tantôt des jets plus étendus, de
sorte que toute la section se trouve alimentée.
Compteur automatique.
Dans beaucoup de fabriques, l'installation est com-
plétée par l'adjonction de compteurs automatiques,
dus également :\ l'invention du même spécialiste. Ces
appareils sont utiles parce qu'ils permettent de con-
trôler et de régler d'une façon sûre les quantités
d'acides distribuées aux tours de Glover et de Gay-
Lussac. Ils sont placés sur ta conduite d*air comprimé
et n'ont aucune pièce en contact avec Tacide; les
r
organes ne sont donc pas susceptibles de se dété-
riorer.
— 36 —
Voici le principe du fonctionnement de l'appa-
reil :
Le courant d'air comprimé arrivant au monte-acide
est intercepté par une soupape; lorsque celle-ci se
soulève, elle agit au moyen d'un levier sur un comp-
teur qui fait apparaître un numéro. Quand la soupape
est fermée et que le monte-acide se remplit, une
petite ouverture ménagée à cet effet dans la soupape
permet à l'air du monte-acide de s'échapper. Dès que
le monte-acide est plein, l'air comprimé fait pression
sous la soupape et la soulève; le compteur fonctionne
et en même temps l'acide s'élève dans le réservoir
supérieur. Le monte-acide redevenant vide, la sou-
pape retombe.
Grâce à un système de flotteurs, de contrepoids et
de leviers en relation avec la sou|)ape, celle-ci ne
fonctionne que lorsque le niveau de l'acide dans le
réservoir supérieur est descendu d'une certaine quan-
tité. On peut donc avec ce compteur fixer à volonté
le nombre de fois que le monte-acide doit se vider
en vingt-quatre heures. Lappareil fonctionne aussi
comme soupape de réduction empêchant de dépasser
la pression voulue d'air sur le monte-jus.
Dans certaines usines, on a cherché à supprimer
tout mécanisme pour Télévation et la distribution de
l'acide dans les tours. Le principe de l'appareil ima-
giné par M. Fraipont consiste à provoquer l'émulsion
du liquide à élever au moyen d'air comprimé, intro-
duit par des orifices d'une inclinaison déterminée pour
que l'air agisse également par propulsion.
Si, dans un tube recourbé en forme d'U, on injecte
— 37 —
(le lair dans une des branches, le niveau du liquide
montera dans celte branche par suite de sa plus faible
densité, provoquée par Témulsion de Pair dans ce
liquide; celui-ci sera donc soulevé à un niveau supé-
rieur à celui de son point d'alimentation. La caracté-
ristique de cet appareil est l'absence complète de
mécanisme et son fonctionnement automatique; le
seul organe est le robinet d'admission d'air, qui a 5 à
10 millimètres de diamètre. Pour Tarrosage des tours,
il n'est pas nécessaire d'avoir un réservoir supérieur,
il suffit d'un distributeur spécial très simple, combiné
avec rémulseur; ce distributeur se compose unique-
ment d'un plateau sur lequel vient se projeter l'acide,
qui est distribué sur un rayon de 1.50 à 2 mètres.
Rendement. — Emmagasinage. — Transport.
Quand la fabrication est conduite normalement, on
obtient, par mètre cube de chambre en fonctionne-
ment, un rendement de 4 kilogrammes d'acide h SS'^B.
avec les pyrites, et de 2.50 à 5 kilogrammes d'acide
à 60"* B. avec les blendes.
L'acide à 5^ B. retiré des chambres est emmaga-
siné dans des réservoirs, pour être expédié ou utilisé
dans l'usine même. Il peut être aussi concentré à 60
ou à OG"" B., soit dans le Glover, soit dans des appa-
reils spéciaux, dont nous parlons ci-après.
Signalons ici un appareil intéressant, qui fournit un
contrôle automatique de la consommation : c'est le
compteur-mesureur d'acide, que l'on place entre les
— 38 —
chambres et le réservoir. Il se compose essentielle-
ment d'un grand cylindre de capacité connue, qui se
remplit complètement. Lorsque ce cylindre est plein,
l'acide se rend dans un petit récipient séparé; le
poids de celui-ci augmente et agit sur un levier qui
commande les soupapes d'arrivée et de sortie de
l'acide du cylindre. La soupape d'arrivée se ferme,
celle de sortie s'ouvre et J'acide du cylindre se rend
dans le réservoir d'emmagasinement. Ce mouvement
de bascule fait en môme temps marquer un comp-
teur. Lorsque le cylindre est vide et le petit récipient
aussi, il y a mouvement en sens inverse des soupapes
et le cylindre peut se remplir de nouveau.
L'acide sulfurique est expédié en touries ou bou-
teilles garnies d'osier d'une contenance de 60 litres
environ. Le transport en grand s'effectue couramment
au moyen de wagons-citernes d'une capacité de 10 et
même 15 tonnes ; on utilise plus rarement des w^agons
chargés de huit grandes jarres en grès. Lorsque les
circonstances s'y prêtent, l'acide sulfurique est égale-
ment transporté dans des bateaux-citernes portant
quatre ou six réservoirs cylindriques de 25 tonnes
chacun.
Pour l'exportation, l'acide s'envoie en fûts de fer
de 100, 200 et 300 litres; pour de faibles quantités,
on le met dans de petites touries en grès de 11, 17 et
50 litres, avec bouchons vissés, placées dans des
caisses, les vides pouvant être remplis par des pro-
duits chimiques divers.
— 39 -
Gonoentration de l'acide sulfiirique.
Ainsi que nous l'avons dit, la concentration à GO^'B.,
sui&sante pour beaucoup d'applications industrielles,
peut s'effectuer au moyen du Glover lui-même; ce
mode d'opérer est pratiqué par beaucoup d'usines.
rf 1. i i- r
Fig. 6. — Appareil de concenti'ation de l'acide sulfiiriquo.
Dans d'autres fabriques, la concentration à 60"" se
fait dans une série de chaudières en plomb, placées en
cascade et chauffées par en dessous; l'acide passe
d'une chaudière à l'autre au moyen d'un syphon.
La concentration à 66'' B. s'effectue dans des vases
en verre, en porcelaine ou en platine, ou dans des
appareils Kessler. En raison du prix élevé atteint
— 40 —
par les alambics de platine, ceux-ci sont de moins en
moins employés; on utilise à leur place les capsules
de porcelaine, beaucoup plus économiques, et surtout
Fappareil Kessler, qui semble réaliser le procédé vrai-
ment industriel pour la concentration de l'acide sulfu-
rique à 60 et à 66^
L'appareil en platine Del place, qui est installé dans
plusieurs de nos usines, permet d'obtenir 97 a 98 p. c.
cÊ=<l
1 1
Fig. 7. — Alambics en platine (système Del|)la<*e).
d'acide monohydraté. L'alambic de platine est à fond
plat, atin d'obtenir l'uniformité du chauffage. Le con-
denseur est également en platine. On peut faire usage
d'un, de deux ou de trois alambics. Lorsqu'on travaille
avec deux appareils, le distillât fourni par le second
est de l'acide chimiquement pur, que l'on concentre
dans des vases en verre ou en porcelaine. L'appareil
fonctionne sous le contrôle d'un pyromètre métallique
— 41 —
formé d'un tube contenant un bâton de graphite et
garni d'une enveloppe de platine pour la partie plon-
geante.
Les vases en porcelaine employés pour la concen-
tration sont généralement des capsules rondes dispo-
Fig. 8. — Api>an.'il ilu roni'Ciitratiuii a vasi's en iiori'elainc
(système Bunker).
sées en cascade et chaulTées par un ou plusieurs
foyers (système Benker).
L'appareil Kessier est basé sur un principe tout
difTérent. Ce principe consiste à faire barboter à la
surface de l'acide les gaz chauds provenant d'un foyer
à coke et à provoquer ainsi l'évaporation et le départ
d'une certaine quantité d'eau. Outre un gazogène,
l'appareil comporte une caisse carrée contenant
l'acide et divisée en compartiments par des cloisons
descendant jusqu'à la surface du liquide : c'est le
saturex. Par-dessus, se trouve le récupérateur, formé
de plateaux en pierre de Volvicq, superposés et percés
— 42 —
de trous par lesquels descend progressivement Facide
introduit à la partie supérieure. Les gaz, saturés de
vapeur d*eau après leur passage dans la caisse,
montent en traversant les plateaux perforés et sont
obligés de barboter encore dans une couche d'acide,
r\
Fig. 9. — Appareil pour la concentrât ion de l'acide sulfurique
(système Kessier).
grâce à des pièces spéciales en porcelaine qui
s'ajustent sur chacune des ouvertures.
L'appareil peut être réglé pour concentrer à 60 ou
à 66*". L'acide s'écoule d'une manière continue par un
syphon; il passe ensuite dans un réfrigérant où il est
refroidi soit par de l'eau, soit par de l'acide à concen-
trer.
— 43 —
Quant aux gaz, ils sont aspirés au sortir du récupé-
rateur, qui les envoie dans un séparateur, sorte de
grande caisse en bois doublée de plomb et remplie de
coke granuleux; ce coke forme filtre et retient méca-
niquement les molécules d'acide liquide. Les eaux
acides ainsi recueillies ont de 15 à ZO^ B ; elles sont
conduites à la tour de Glover ou bien repassent dans
le récupérateur pour être concentrées. Elles peuvent
aussi être employées à quelque autre usage, par exem-
ple au lessivage des pyrites cuivreuses grillées, après
chloruration (voir plus loin). Les gaz et la vapeur
d'eau sont finalement évacués soit par la cheminée de
l'usine, soit par une petite cheminée en plomb parti-
culière.
L'appareil Kessier donne régulièrement de l'acide à
96 el 97 p. c. de monohydraté.
Fabrication de l'acide sulfnriqae par contact.
Le principe de cette méthode de fabrication consiste
à unir directement l'oxygène à l'anhydride sulfureux
et à introduire l'anhydride sulfurique ainsi formé dans
de l'acide sulfurique ordinaire que l'on peut obtenir
au degré de concentration que Ton veut. Pour réaliser
l'union des deux corps gazeux, on les fait passer en
même temps au travers d'une matière catalytique,
telle que la mousse de platine; ce corps jouit de la
propriété de les condenser et d'élever suffisamment
leur température pour que la combinaison chimique
puisse s'effectuer.
— 44 —
La grande difficulté dans ce mode de fabrication
est d'obtenir l'anhydride sulfureux très pur et surtout
exempt d'arsenic, sinon la mousse de platine s'en-
crasse facilement et ne joue plus alors le rôle que l'on
attend d'elle.
On fabrique couramment en Allemagne de l'acide
sulfurique par ce procédé; on l'utilise principalement
dans les fabriques de couleurs d'aniline. En Belgique,
des essais ont été entamés dans trois usines; ils se
poursuivent encore dans deux de ces établissements.
Les systèmes expérimentés sont, l'un d'invention alle-
mande, Tautre d'invention française. L'on ne voit
guère de motifs pour que ces essais ne puissent
aboutir à des résultats concluants, mais il est à
craindre que le manque de consommateurs de ce
produit, en Belgique, ne relarde quelque peu l'adop-
tion des nouveaux procédés dans la pratique courante
de rindustrie.
Sons -produits de la fabrication.
Dans quelques usines les boues extraites des cham-
bres de plomb fournissent certains produits acces-
soires dont on tire parti. Ce sont : le sulfate de
plomb, des composés de sélénium et de thallium,
corps qui accompagnent certains minerais soumis au
grillage.
Ces sous-produits se recueillent en petite quantité
et ont peu d'importance commerciale.
— 45 -
Production. — Commerce.
L'acide sulfurique est fabriqué en Belgique dans
26 établissements, que nous pouvons répartir en deux
classes :
Onze usines produisent soit exclusivement Tacide
sulfurique, soit, en même temps, d'autres produits
chimiques, tels que : l'acide nitrique, le sulfate de
soude et divers composés;
Seize usines s'occupent conjointement de la fabrica-
tion de l'acide sulfurique et des superphosphates et,
parfois aussi, de divers autres produits chimiques
accessoires. La fabrication des superphosphates a
souvent été annexée après coup ; dans d'autres cas, ces
usines ont été créées spécialement en vue de la produc-
tion de ces engrais chimiques.
Le volume total des chambres de plomb dont dis-
pose l'ensemble de ces établissements peut être évalué
à 587,000 mètres cubes.
La production annuelle d'acide sulfurique, bien que
considérable, est loin d'atteindre au chiffre que l'on
pourrait obtenir avec une telle capacité si les appa-
reils étaient en complet fonctionnement. Elle s'est
élevée, pour l'année 1905, à environ 510,000 tonnes
d'acide à 60^ B.
La restriction de la fabrication a sa raison dans ce
fait qu'il existe, entre la plupart des fabricants, une
entente en vertu de laquelle la production de l'acide
est réglée chaque année suivant l'importance de la
demande. Les commandes sont distribuées aux di-
- 46 -
verses fabriques au prorata de leurs moyens de pro-
duction, avec cette condition, toutefois, que les usines
dépendant directement des fabriques de zinc, obli-
gées par la loi à condenser les gaz sulfureux dégagés
par le grillage des blendes, sont favorisées, en tenant
ainsi compte des nécessités métallurgiques.
11 résulte de ces conventions qu'un certain nombre
de chambres restent en inactivité et que beaucoup
d'autres sont loin de fournir le rendement maximum.
L'initiative de cette combinaison commerciale a
été prise par VUnion commerciale^ société coopérative
formée, il y a quinze ans, par six de nos principales
fabriques de produits chimiques, afin d'éviter, ou
tout au moins d'atténuer les conséquences d'une sur-
production exagérée. Si la fabrication netait ainsi
limitée, le marché se trouverait encombré d'une
quantité énorme d'acide qu'il serait indispensable
d'écouler à l'étranger.
L'acide sulfurique est l'un des produits chimiques
qui reçoit le plus grand nombre d'applications indus-
trielles : c'est l'acide par excellence, employé pour
décomposer les substances minérales et organiques.
Son pouvoir réagissant permet d'extraire de leurs
sels les autres acides d'usage courant, tels que les
acides chlorhydrique, nitrique, phosphorique et acé-
tique. Par déplacement ou par simple addition, il
donne naissance à la plupart des sulfates réclamés
par la consommation : sulfates de soude, d'ammo-
niaque, de zinc, de fer, de cuivre, d'alumine. On tire
parti de son action destructrice dans l'épaillage chi-
mique de la laine, l'épuration de l'huile de colza, le
— 47 —
traitement des huiles de goudron, le décapage du fer.
L acide sulfurique est un puissant agent de saponiG-
cation, utilisé pour la séparation de la glycérine
contenue dans les graisses végétales et animales. H
intervient encore, d*une façon indirecte, dans la
fabrication de la nitrocellulose, de l'élher ordinaire
et de la glucose. Ëniln, sa propriété d'agir sur les
matières organiques, en en modiOant la composition,
est mise à profit pour la préparation du papier par-
chemin.
Toutes ces industries sont pratiquées en Belgique
et fo ntune large consommation d'acide sulfurique.
Toutefois, la plus grande partie de la production, les
deux tiers peut-on dire, sont employés à la fabrication
des superphosphates, où son action se résume en la
mise en liberté d'une certaine quantité de Tacide
phosphorique des phosphates de chaux naturel.
Notre exportation d'acide sulfurique n'est actuelle-
ment pas très importante. Elle comporte des acides à
différents degrés de concentration et de pureté, y
compris l'acide chimiquement pur.
La valeur de lacide sulfurique varie naturellement
suivant son degré de concentration et son état de
pureté. On peut admettre comme base actuelle le prix
de 2 fr. 70 c. à 2 fr. 90 c. par 100 kilogrammes à
60^ B. franco wagon-citerne. Par petites quantités,
l'acide sulfurique commercial se vend 5 francs les
100 kilogrammes; l'acide chimiquement pur atteint
25 et 50 francs les 100 kilogrammes en droguerie.
- 48 -
2° Acide nitrique.
Fabrication.
Uacide nitrique est obtenu par décomposition à
chaud du nitrate de sodium, ou salpêtre du Chili, an
moyen de l'acide sulfurique. Dans cette réaction, il se
dégage des vapeurs d'acide nitrique que Ton recueille
et que Ton condense. Le résidu, appelé généralement
sulfate acide de soude, est un mélange de sulfate
neutre et de sulfate acide de sodium. II est vendu aux
verreries ou aux fabricants de cristaux de soude aprèa
avoir été transformé complètement en sulfate neutre
par calcination.
Le salpêtre du Chili est importé par Anvers ou
Dunkerque. Son prix est fort variable; normalement,
il oscille entre 2^ et 25 francs.
La réaction entre le nitrate de soude et Tacide
sulfurique sopère soit dans de petits cylindres, soit
dans de grandes chaudières en fonte, verticales ou
horizontales; elles sont munies d'ouvertures pour
l'introduction du sel et de l'acide, ainsi que d'un
tuyau pour le départ des gaz acides. Ces appareils
sont placés dans des- fours chauffés par un ou plu-
sieurs foyers.
La condensation des vapeurs acides se fait dans des
bonbonnes engrès installées en batterie, auxquelles on
adjoint souvent des serpentins en grès, pour le refroi-
dissement des gaz à leur sortie de la cornue, et de
petites tours d'absorption en grès, remplies de maté-
riaux inattaquables par les acides, dans lesquelles un
- 49 —
courant d'eau condense les dernières traces d'acide.
La bonne qualité des appareils en grès, surtout do
ceux qui reçoivent les gaz les plus chauds, est un
point très important dans la fabrication. On n'est pas
encore parvenu à fabriquer en Belgique des tuyaux
et des touries qui donnent entière satisfaction sous ce
rapport. Beaucoup d'industriels préfèrent s'adresser
à l'Allemagne et surtout à l'Angleterre; c'est ce der-
nier pays qui fournit les produits les plus solides et
les plus estimés.
Dans la plupart des usines, on a adopté des systèmes
perfectionnés, tels que la condensation Guttmann'Rohr'
mann, le procédé Valentiner et le système américain
Sgoldund.
Condensation Guttmann'Rohrmann. — Dans le sys-
tème Guttmann-Rohrmann, les gaz venant des cor-
nues se condensent rapidement, d'abord dans une
première lourie, où on recueille l'acide le plus con-
centré et le plus impur, puis dans une série de longs
tuyaux verticaux en grès, permettant à Tacide de
s'écouler constamment par le bas. La plus grande
partie de l'acide nitreux et du chlore formés pen-
dant la réaction, et qui accompagnent l'acide nitrique,
reste volatile. Un dispositif placé près de la sortie du
four introduit constamment de l'air dans les gaz et
transforme l'acide nitreux en acide nitrique, dans les
cornues ou dans la batterie. L'acide condensé, après
avoir traversé un réfrigérant, s'accumule dans deux
réservoirs collecteurs pourvus de tubes pour le déga-
gement des gaz, qui viennent rejoindre ceux qui
4
s'échappent de la batterie. Ensemble, ils passent dans
une tour d'absorption, remplie de boules creuses en
V la fubrii'Uliiiii
C.iiltiiinnu-Rubrnuinii).
51 —
grès, puis traversent encore une tourie qui en retient
les dernières traces. L'acide sortant de la tour est
élevé dans le couvercle de celle-ci par un monte-acide
automatique et un tuyau en verre (figurés à gauche
dans le dessin); cet acide retombe en pluie et il s'éta-
blit ainsi une circulation continue dont le résultat est
d'enrichir l'acide.
Les boules creuses Guttmann constituent incontes-
tablement un excellent système de remplissage des
tours d'absorption.
Grâce à la disposition
ingénieuse des cavi-
tés et quelle que soit
la position des boules
le liquide ne passe
que goutte à goutte
d'une boule à l'autre
et le passage des gaz
dans l'intérieur des
boules se trouve con-
trarié le plus possible.
La batterie Guttmann
permet d'obtenir un
acide à densité con-
stante et à une teneur
de 95 à 97 p. c. (42 à
48** B.). Cet acide est
surtout utilisé pour
la fabrication des ex-
plosifs et des matières Fig. 11. —Tour d'absorption avec boiilos
coloriantes. (syslème Giittmaiin-UohriManii).
— 52 —
Procédé Valentiner. — Par le procédé Valentiner, on
peut également obtenir de Tacide nitrique pur, débar-
rassé autant que possible de produits nitreux et de
chlore, à une moyenne de 44'' B. Cette méthode de
fabrication est caractérisée par ce fait que la réaction
entre Tacide sulfurique et le nitrate se fait dans le vide
partiel. De ce chef, cette réaction se passe à une tem-
pérature moins élevée que dans les autres procédés ;
elle se fait rapidement et avec très faible dégagement
de gaz. Les vapeurs, après avoir traversé une pre-
mière bonbonne protectrice pour la condensation du
premier acide, sont refroidies successivement dans
deux serpentins entourés d'eau et condensées dans
deux séries de touries en grès. La pompe à vide se
trouve tout à la fin de l'appareil. Il est indispensable,
pour assurer le bon fonctionnement de la pompe, de
retenir les dernières traces d'acide; à cet effet, les
dernières touries contiennent du lait de chaux dans
lequel les gaz doivent barboter avant d'atteindre la
pompe. De plus, on fait usage d'une pompe à piston
liquide, alimentée par de Teau faiblement alcalinisée.
Comme dans le procédé Guttmann, on introduit un
peu d'air dans les gaz à condenser, chose facile à
réaliser à cause de la dépression qui existe dans les
appareils de condensation.
Système Sgoldwid, — Le système américain Sgok-
lund, qui se distingue par son faible coût d'installa-
tion et le peu d'espace qu'il occupe, comporte une
petite tour d'absorption d'environ 40 centimètres de
diamètre et 2"40 de hauteur, remplie de quartz ou
— 54 -
d'autre matière convenable, et une spirale à conden-
sation. Le condenseur est en grès pour la production
d'acide léger et en plomb s'il s'agit de fabriquer de
Tacide à haute densité.
Production. — Commerce.
L'acide nitrique à SG*" est le plus couramment fabri-
qué. Employé pour les usages ordinaires, on l'apelle
communément eau forte. Quelques usines le pro-
duisent à tous degrés, jusque 45 et même 48'' pour
la fabrication des explosifs, de la soie artificielle, etc.
On obtient Tacide nitrique blancj c'est-à-dire, débar-
rassé complètement des produits azoteux et hypoazo-
teux, en faisant traverser l'acide par un courant d'air
préalablement chauffé. Cette opération peut se réali-
ser facilement dans l'appareil Guttmann, en introdui-
sant dans le collecteur un peu d'air comprimé, que
l'on chauffe préalablement au moyen d'un serpentin
placé dans le canal de fumée de la cornue. Les gaz
nitreux enlevés de l'acide nitrique sont réabsorbés par
de l'acide sulfurique et sont utilisés dans la fabrication
de cet acide.
L'acide nitrique est produit en Belgique par lô
usines. La plupart le fabriquent surtout en vue de
leurs propres besoins.
La production annuelle, calculée en acide à 36° B.,
dépasse 11,000 tonnes. La majeure partie de cette
quantité est utilisée dans la fabrication de l'acide sul-
furique, de la nitroglycérine, de la dynamite et de la
nitrocellulose, destinée à la préparation de la poudre
— S5 —
sans fumée et de la soie artificielle; une petite quan-
tité sert à fabriquer du nitrate d'ammoniaque.
Environ 2,000 tonnes, comprenant aussi de Tacide
chimiquement pur, sont exportées, principalement en
France, en Allemagne et en Hollande.
Le prix de Tacide nitrique à 36** B. est actuelle-
ment de 22 fr. 50 c. à 23 fr. 50 c. les 100 kilo-
grammes. Ce prix est, d*ailleurs, sujet à fluctuations;
il dépend du cours du nitrate de soude dont la valeur
correspondante est de 23 à 25 francs les 100 kilo-
grammes à Anvers.
L'acide nitrique blanc atteint le prix de 30 francs.
L'expédition de l'acide nitrique se fait dans des tou-
ries en verre de 60 à 62 litres.
:t' Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Fabrication.
La fabrication de l'acide chlorhydrique et du sul-
fate de soude se fait par le procédé ancien, lequel con-
siste à décomposer le sel marin ou chlorure de sodium
par l'acide sulfurique.
On utilise généralement le sel gemme de prove-
nance allemande; il revient de il à 13 francs la tonne
a l'usine. On y mélange parfois du sel brut plus ou
moins pur, provenant des fabriques de salpêtre.
La décomposition s'effectue dans un four compre-
nant deux parties. Dans la première, chauffée direc-
tement par les flammes du foyer, se trouve une cuvette
en fonte, en acier spécial, ou en plomb si l'on veut
— 56 —
obtenir du sulfale de soude pur et exempt de fer.
Dans cette cuvette, où Ton introduit le sel et Tacide
sulfurique, a lieu le départ de la moitié de Tacide
chlorbydrique, par suite de la formation du sulfate
acide de sodium. Lorsque la masse est arrivée à
un état de consistance pâteuse, on l'amène dans
la seconde partie du four, qui possède une sole à
moufle appelée calcine. Là, s'opère le départ de l'autre
moitié de l'acide chlorbydrique par suite de la trans-
formation du sulfate acide en sulfate neutre de
sodium. On fait tomber celui-ci dans des caves, où il
séjourne pendant quelques beures pour se refroidir.
Les vapeurs acides, qui se dégagent de la cuvette et
de la calcine, se réunissent et sont recueillies dans des
appareils de condensation analogues à ceux employés
dans la fabrication de l'acide nitrique. On les conduit
dans des tours en pierre de Volvicq et en briques
réfractaires, puis dans une série de bonbonnes, et,
enfin, dans une tour de queue. Les bonbonnes sont
parfois remplacées par des tuyaux réfrigérants en
grès, moins encombrants et moins fragiles. Le rem-
plissage des tours se fait avec du coke, de petits pla-
teaux ou des boules Guttmann.
Le premier acide condensé contient de l'acide sul-
furique et n'est pas utilisé. L'acide commercial
recueilli a une densité de 18 à 22^ B.
Dans quelques usines on produit l'acide cblorby-
drique pur, pour l'usage des glucoseries. Cette rec-
tification s'opère, après avoir préalablement séparé
les produits ferreux et ferriques, en déplaçant l'acide
chlorbydrique par l'acide sulfurique; l'acide chlorhy-
— 57 —
driquc qui se dégage est de nouveau condensé dans
une tour d'absorption.
Production. — Commerce.
L'acide chlorhydrique s'expédie en dames-jeannes
contenant 75 à 76 kilogrammes, ou en wagons spé-
ciaux avec cuves en fer doublées d'ébonile; les
wagons avec cuves en bois goudronnées à l'intérieur
sont peu pratiques et ne sont plus guère employés.
L'acide chlorhydrique sert à la fabricalion de
Tacide acétique, du chlorure de zinc et du cuivre de
cément. Il est également utilisé dans le traitement des
os en vue de l'extraction de la gélatine. Les gaz acides
des fours à sulfate sont employés dans la fabrication
du chlorure de chaux par le procédé Deacon, ainsi
que nous le verrons plus loin.
Le prix de l'acide chlorhydrique est un peu infé-
rieur à celui de l'acide sulfurique.
Le sulfate de soude est vendu en partie aux fabri-
cants de cristaux de soude, pour fabriquer des cris-
taux mixtes, ou du sel de Glauber en aiguilles. Mais
son débouché principal est la verrerie, où il ne peut
pas être complètement remplacé par le carbonate de
soude, pour certaines fabrications tout au moins.
L'acidité du sulfate de soude serait, en effet, nécessaire
pour détruire les matières organiques qui se trouvent
dans la composition du verre.
Au point de vue économique, l'emploi du sulfate
serait, d'après certains industriels, plus avantageux
que celui du carbonate. En effet, pour produire le
— 58 —
même effet que 100 kilogrammes de carbonate, valant
9 fr. 50 c. les 100 kilogrammes, il faut 152 kilogram-
mes de sulfate, représentant, à raison de 4 fr. 50 c.
les 100 kilogrammes, une valeur de 6 fr. 50 c. envi-
ron.
La fabrication du sulfate de soude et de Facide
chlorhydrique est réglée comme celle de l'acide sul-
furique, par la Société coopérative VUtnon commer-
ciale, dont nous avons parlé précédemment. Ces deux
produits sont fabriqués par 11 usines; en 1905, la
production a été de 28,500 tonnes de sulfate de soude
et de 27,500 tonnes d'acide chlorhydrique.
L'exportation de ces deux produits est peu considé-
rable.
II. — PHOSPHATES DE CHAFX.
^ Superphosphates ordinaires.
Matières premières.
Les superphosphates sont des engrais chimiques
obtenus en traitant par de l'acide sulfurique de con-
centration moyenne des phosphates naturels plus ou
moins impurs. Cette opération a pour but de transfor-
mer plus ou moins complètement le phosphate de
chaux neutre ou tricalcique, insoluble, en phosphate
acide, soluble dans l'eau et, par conséquent, facile-
ment absorbable par les racines des plantes.
— 59 —
Acide sulfuriqtie.
On emploie l'acide sulfurique à 55^ B., te^ qu'il sort
des chambres, mais, plus généralement, de l'acide
concentré à 69** B. dans la tour de Glover. Dans cer-
taines usines, on utilise l'acide ayant déjà servi dans
les distilleries de goudron.
Phosphates naturels.
Les phosphates travaillés proviennent des exploita-
tions du pays ou sont importés de l'étranger. Les
phosphates du bassin de Liège ont une teneur de
48 p. c. minimum; ils sont payés à raison de 58 à
40 centimes par unité de phosphate de chaux triba-
sique.
Les phosphates de Baudour ont une richesse de 57
à 63 p. c; ils se vendent à raison de o7 à 60 centimes
l'unité. Les craies phosphatées de Mons, dont la teneur
varie de 45 à 50 p. c, ont eu des prix peu diflerents
de ceux des phosphates de Liège.
Les différents phosphates belges sont le plus sou-
vent mélangés, mais ils ne permettent guère d'obtenir
des superphosphates d'une teneur supérieure à 15 ou
16 p. c. On leur adjoint, dans la plupart des fabriques,
des phosphates de provenance étrangère, tels que
ceux de France et d'Algérie, ceux du Tennessee et de
la Floride, ceux du Japon, de l'île d'Arruba (petites
Antilles), des iles Christmas Island (Océanie), etc.
Les phosphates étrangers sont généralement plus
purs et plus riches ; leur valeur atteint de 5 à 6 francs
— 60 —
les 100 kilogrammes, alors que celle des phosphates
belges n'est en moyenne que de 2 fr. 50 c. à 3 francs
les 100 kilogrammes.
FABKlCATiON.
La fabrication des superphosphates comprend les
opérations suivantes :
l"" Broyage des phosphates naturels;
^^ Traitement des phosphates broyés par l'acide
sulfurique;
3** Séchage des superphosphates ;
if" Pulvérisation, tamisage, ensachement.
Broyage des phosphates.
Pour que l'action de l'acide sulfurique soit uniforme
et complète, il convient que les phosphates soient
au préalable fmement pulvérisés. Cette opération se
fait généralement par les exploitants de phosphates.
Cependant, les phosphates étrangers arrivent presque
toujours en roches et doivent être broyés soit par la
maison d'importation, soit par le fabricant de super-
phosphates lui-même; parfois même, ces phosphates
doivent être soumis à un séchage préliminaire dans
des appareils dont nous parlerons plus loin.
Le phosphate en roches passe d'abord dans un con-
casseur à mâchoires qui le débite en morceaux plus
petits; puis il est pulvérisé par des meules ou mieux
par des appareils plus énergiques et à grand rende-
ment tels que le broyeur à boulets Krupp, décrit pré-
cédemment, ou le moulin américain GriiBn.
Le broyeur Griffîa se compose esseDtiellemeDt d'une
meule axée à rextrémité d'un arbre suspendu par un
joint universel; cette meule peut donc tourner libre-
Fig. rt — Broïcui' i plios|>)i9lcs (sjsli'me (li'ifttii).
ment contre un anneau- mortier, en vertu de la force
centrifuge. La matière à pulvériser, introduite d'une
manière continue par un mécanisme automatique,
tombe dans le fond de l'anneau-mortier oii elle est
— 62 —
constamment remuée par des sabots fixés au-dessous
du cylindre broyeur. Elle est écrasée entre celui-ci et
l'anneau-mortier, qui tournent en sens inverses l'un
de l'autre. Le produit fini monte, passe par des tamis
et redescend extérieurement dans un réservoir placé
en dessous de l'appareil et muni d'une vis d'Archi-
mède. Un petit ventilateur fixé à l'arbre, au-dessus du
cylindre broyeur, aspire Tair par l'ouverture du cône
et le lance sur les tamis, qui, ainsi, ne peuvent pas
s'obstruer par la poussière.
Traitement par l'acide sulfurique.
Anciennement, dans les fabriques peu importantes,
le mélange du phosphate et de l'acide sulfurique se
faisait à la main, sur une aire découverte; on faisait
tomber la masse encore fluide dans des fosses en
maçonnerie cimentée. Ce procédé primitif a presque
complètement disparu. On trouve encore des usines
où le travail s*effectue dans des cuves rectangulaires
en maçonnerie, peu profondes, à demi enterrées et
adossées aux quatre côtés d'une cheminée centrale
servant à l'évacuation des vapeurs acides. Ces réser-
voirs sont fermés par des couvercles en fer demi-
cylindriques qu'on peut soulever à volonté à l'aide
d'une chaîne à contrepoids.
Presque partout, on a substitué à ces systèmes rudi-
mentaires des malaxeurs mécaniques en fonte, à axe
horizontal, ou plus souvent à axe vertical, munis d'un
agitateur avec palettes disposées en hélice. Ces mala-
— 63 —
xeurs^dont le fond est hémisphérique, ont un diamètre
de 1 .50 à 5 mètres et une profondeur de 70 centimètres
à 1 mètre. Ces appareils sont à travail intermittent;
le malaxage continu n'est pas pratiqué en Belgique.
L'acide sulfurique doit être introduit en quantité
exactement déterminée, variable avec la composition
du phosphate; on se sert dans ce but de bacs jaugeurs
en plomb. Ce point est important, non seulement au
point de vue de la qualité du superphosphate, mais
encore de la facilité du séchage subséquent.
Au sortir du malaxeur, où le mélange ne séjourne
Fig. li. — Malaxeur vertical à superphosphalos.
que quinze ou vingt minutes, la matière tombe dans
des caves placées en contre-bas, où la réaction s'achève
pendant dix à douze heures. Ces caves sont des loges
en maçonnerie fermées de trois côtés ; on obture le
— 64 —
quatrième côté à Taide de planches, après remplis-
sage. Elles doivent être assez grandes pour faciliter
l'accès de Tair et rendre moins pénible le travail de
vidange par les ouvriers.
Souvent, le malaxeur est placé à cheval sur deux
caves; il est alors muni de deux ouvertures fermées
par des clapets à contrepoids. Parfois, pour des rai-
sons d'économie, on installe un malaxeur mobile sur
un chariot qui, en se déplaçant sur rails, peut desser-
vir successivement chacune des caves.
Dans quelques usines, des exhausteurs installés au
niveau supérieur aspirent les gaz nuisibles pour la
santé; c'est ainsi qu'on recueille les vapeurs de
fluorure de silicium et d'acide fluorhydrique formées
par la décomposition du fluorure de calcium; ces
vapeurs sont employées pour la préparation du fluosi-
licate de soude, ainsi que nous l'expliquerons plus
loin.
Séchage.
Le séchage du superphosphate est souvent une
question qui préoccupe à juste titre les fabricants.
Pour certains produits, ceux provenant du traitement
de phosphates suffisamment riches en calcaire, cette
opération n'offre aucune difficulté; au bout de deux
jours la matière se sèche d'elle-même, à l'air libre. H
n'en est pas de même pour d'autres superphosphates,
notamment ceux fabriqués avec des phosphates conte-
nant une forte proportion d'alumine et de fer. Le
séchage en tas, à l'air libre, exige beaucoup de temps
— 65 —
et nécessile des magasins énormes. On a donc amé-
lioré l'opération en activant artificiellement Tévapo-
ration au moyen de la chaleur.
Le moyen le plus simple consiste à sécher la matière
sur des taques en fonte, chauffées par les flammes
d'un foyer circulant à travers des chicanes. Un autre
système, fort en usage au début, mais qui tend à
disparaître, comprend une étuve dans laquelle on
introduit des v^agonnets à étages sur lesquels on
charge la matière. Dans d'autres usines, on fait usage
d'un tablier sans fin se mouvant à vitesse très lente
dans un canal en maçonnerie incliné ayant un foyer
à son point le plus bas; ce tablier est garni d'une série
de plateaux en tôle qu'un ouvrier charge à mesure
d'une couche de superphosphate peu épaisse. Arrivé
au point le plus haut, celui-ci tombe par un couloir
dans une fosse, tandis que les gaz chauds s'échappent
par la cheminée. Tous ces appareils ont le défaut
d'exiger trop de main-d'œuvre et de combustible et de
ne pas remuer la matière.
Pour obtenir un bon séchage, il est nécessaire que
les surfaces exposées à l'air chaud soient renouvelées;
toutefois, cette manipulation doit s'exécuter délica-
tement, sinon le superphosphate s'agglutine en boules,
ce qui constitue un grave inconvénient au point de
vue de son épandage par les semoirs mécaniques.
C'est pour ce motif que l'on a abandonné les séchoirs
verticaux, dans lesquels la matière tombait succes-
sivement sur des tabliers à secousses, inclinés et
placés en regard les uns des autres.
Les séchoirs les plus usités actuellement sont de
5
— 66 —
deux systèmes : les séchoirs à volets, qui sont les plus
répandus, et les séchoirs à tambour rotatif.
Le séchoir à volets, dont le système Delplace repré-
sente le type le plus rationnel, comporte six à dix
étages constitués chacun par une série de volets pou-
vant basculer autour d'axes horizontaux. La matière
passe, successivement et après un court séjour, d'un
étage à l'autre et tombe finalement dans une trémie
pour être chargée sur wagonnet. Tous les volets d'un
étage se manœuvrent en même temps de l'extérieur.
Les gaz du foyer traversent chacun des étages et
s'échappent du côté opposé, après avoir chauffe l'air
qui entre par des carnaux ménagés à cet effet dans la
maçonnerie.
Parmi les systèmes à tambour rotatif, nous ne
ferons que mentionner celui formé d'un cylindre à
double enveloppe chauffé par la vapeur de décharge de
la machine. On emploie le plus souvent des appareils à
séchage intensif composés d'énormes trommels tour-
nant assez vite et dans lesquels débouchent soit de
l'air chauffé séparément, comme dans le système
Heyman Nitsch, soit directement les gaz chauds d'un
foyer disposé à l'entrée du cylindre. Dans ces sys-
tèmes, le superphosphate est tamisé à chaud.
Pulvérisation, tamisage et ensachement.
Lorsque le produit s'y prête, il peut être mis en
sacs directement après séchage, ou après tamisage.
Mais, le plus souvent, il doit encore subir une pulvé-
risation et un tamisage. L'appareil le plus généra-
— 68 —
emeiit employé dans ce but est le broyeur Carr, qui
donne de bons résultats lorsque la matière a été bien
séchée. On utilise également des broyeurs fouetteurs,
suivis de tamis à secousses; ces appareils sont ana-
logues à ceux en usage dans la préparation des guanos
dissous, dont nous nous occupons ci-après.
Disposition générale de l atelier.
La fabrication des superphosphates mettant en
mouvement de grandes masses pondéreuses, il est de
toute importance de combiner Finstallation de ma-
nière à faciliter les transports le plus possible et à
éviter tout déplacement inutile de matières. La dispo-
sition des appareils en cascade est donc la plus ration-
nelle. Le phosphate, sortant du broyeur, est d'abord
élevé par une chaîne à godets jusqu'au plancher supé-
rieur de Fusine, où se trouvent installés les malaxeurs,
alimentés par les bacs jaugeurs d'acide. Des mala-
xeurs, la matière tombe dans les caves^ dont le sol
constitue l'étage intermédiaire. Â la sortie des caves^
le superphosphate est amené au niveau supérieur du
séchoir, qui se trouve de plein pied avec elles. Au
niveau inférieur de l'usine, les wagonnets conduisent
la matière sèche à un élévateur qui a pour fonction
d'alimenter le broyeur Carr. Sous ce dernier se trouve
une bascule automatique pour le remplissage et le
pesage des sacs.
En vue de faciliter le transport et le chargement
sur wagons, certaines usines ont installé des traînages
— 69t —
automatiques ou de petits chemins de fer aériens, avec
monte-charges aux endroits convenables. L'électricité
est de plus en plus mise à contribution pour assurer
le fonctionnement des divers appareils, souvent assez
éloignés du moteur.
Dans les fabriques de superphosphates, le travail,
notamment le service des caves, Temmagasinage,
Fensachement, se fait à la pièce, plus rarement à la
journée. Dans ce dernier cas, une certaine tâche est
imposée.
Production. — Commerce.
L'industrie des superphosphates a pris en Belgique
une grande extension, à raison de la diffusion crois-
sante des principes agronomiques et de Fadoption, de
plus en plus générale, des méthodes rationnelles de
culture. Son développement a, d'ailleurs, été facilité
par la grande quantité d'acide sulfurique que nos
usines ont été amenées à produire et qui a trouvé,
dans cette fabrication, un de ses débouchés les plus
importants.
Cette industrie est représentée par 33 établisse-
ments, dont 16 sont outillés pour fabriquer eux-
mêmes leur acide sulfurique. Les 17 autres sont
généralement de moindre importance. On en compte
11 qui occupent de 8 à 30 ouvriers et 5 occupant de
30 à 80 ouvriers en moyenne.
La production totale des superphosphates a été, en
1905, d'environ 229,000 tonnes. De cette quantité,
environ 120,000 tonnes ont été exportées, principale-
— 70 —
ment en France, en Espagne, en Hollande et dans les
pays de la mer Baltique.
Jusqu'en ces derniers temps, la plupart des fabri-
cants ont été syndiqués, dans le but de se répartir
les commandes d'après la capacité de leur outillage.
La vente à l'intérieur et l'exportation se faisaient
d'après ces conventions. Cette entente commerciale a
cessé d'exister.
La richesse d'un superphosphate s'estime en raison
de sa teneur en acide phosphorique assimilable ou
soluble dans le citrate d'ammoniaque. Cette teneur
est comprise entre 10 et 20 p. c, pour les phosphates
ordinairement livrés à l'agriculture.
Les superphosphates s'expédient le plus souvent
en sacs de 100 kilogrammes. Quelquefois, les envois
se font en vrac, par bateau, s'il y a lieu d'adopter ce
mode (le transport.
Les superphosphates se vendent actuellement à rai-
son de 33 ou 34 centimes par unité d'acide phospho-
rique, ce qui met le prix d'un sac de 100 kilogrammes,
à 5 ou 6 francs pour les produits des teneurs les plus
courantes, c'est-à-dire, variant de 15 à 18 p. c.
Superphosphates d'os.
Après extraction de la graisse et de la gélatine, les
os donnent un résidu contenant du phosphate de
chaux tricalcique et, par conséquent, insoluble. Cette
matière est employée directement comme engrais
phosphaté à action lente. Elle peut également être
— 71 —
transformée en superphosphate à assimilation plus
rapide. C*est ce qui se pratique dans Tune de nos
fabriques d'acide sulfurique.
Celte usine produit annuellement environ 500
tonnes de cet engrais, qui est entièrement exporté,
principalement en France.
Le superphosphate d os litre de 16 à 18 p. c. d'acide
phospliorique soluble dans le citrate d'ammoniaque
et se vend à raison de 53 à 54 centimes Tunité.
Superphosphates de noir d'os.
Le noir animal ayant servi à la clarification des jus
de sucreries contient une bonne proportion de phos-
phate tricalcique pouvant être transformé en super-
phosphate par traitement à l'acide sulfurique. L'éta-
blissement s'occupant de cette fabrication en produit
/iOO tonnes par an, entièrement consommées en Bel-
gique. Par suite des nouveaux procédés introduits
dans la sucrerie, le noir d'os est de moins en moins
employé. Ce résidu des sucreries devient, par consé-
quent, de plus en plus difficile à se procurer.
Le superphosphate de noir d'os renferme de 15 à
17 p. c. d'acide phosphorique et vaut 44 centimes
l'unité.
— 72 —
^"^ Guano dissous.
Matières premières.
On donne le nom de guano dissous à du guano ayant
subi un traitement par Tacide sulfurique, de façon à
rendre son acide phosphorique facilement soluble
dans l'eau. Cette préparation constitue donc une
industrie connexe de celle des superphosphates.
Les guanos bruts proviennent, pour la plus grande
part, du Pérou; mais, il en vient aussi du Dama-
raland (Afrique occidentale). Leur valeur dépend de
leur richesse en azote, en acide phosphorique et en
potasse, les trois éléments de fertilisation utilisés par
la plante. Cette teneur est fort variable, ainsi que le
montrent les chiffres suivants :
Teneur en azote 2àl5p. c.
Teneur en acide phosphorique . . 9 à 28 )>
Teneur en potasse 2 à 3 »
Les prix des guanos sont loin par conséquent d'être
uniformes; ils peuvent aller de 120 à 520 francs la
tonne.
Traitement.
Les guanos bruis sont d'abord moulus dans des
désintégrateurs^ appareils dans lesquels la matière se
trouve fouettée par deux séries doubles de bras hori-
zontaux Qxés sur des disques et tournant en sens con-
traires, avec une grande vitesse.
Après avoir été convenablement mélangés, les gua-
— 73 -
nos sont traités par de Tacide sulfurique à 60% soit
dans des malaxeurs analogues à ceux des superphos-
phates, soit dans de grandes cuves en maçonnerie,
munies d'un large agitateur, ils sont ensuite séchés
sur une aire, puis emmagasinés. Au moment de les
mettre en sacs, les guanos sont de nouveau moulus
dans un désintégrateur.
Production. — Commerce.
Le guano dissous est vendu avec les teneurs sui-
vantes :
Azote 7 p. c. soluble dans Teau.
Acide phosphorique. 10 » » »
Potasse 2 ^) « »
Il est parfois nécessaire d'ajouter du sulfate ammo-
niaque pour parfaire la teneur en azote.
La valeur du guano dissous varie de 18 à 20 francs
les 100 kilogrammes. Il est livré en sacs de 100 kilo-
grammes pour rintérieur et de 65 kilogrammes pour
l'étranger.
La production totale moyenne est d'environ 38,000
tonnes par an, dont la presque totalité sort des
établissements de la Société anglo-continentale de
Burght. Les deux tiers de cette quantité sont exportés
en Allemagne et en Hollande.
Guano artificiel.
Mentionnons encore le guano artificiel^ préparé par
une de nos petites usines à superphosphates. Cet
— 74 —
engrais, qui offre une teneur de 5 p. c. d'azole et
10 p. c. d'acide phosphorique, est fabriqué au moyen
de déchets de cuir neuf, dissous par de Tacide sulfu-
rique à 60^, dans des chaudières, sous Faction de la
vapeur. La solution est refoulée dans le malaxeur à
superphosphate où on la mélange avec une certaine
quantité de phosphate naturel (^).
3"" Phosphates basiques.
Matière première.
Dans la fabrication de l'acier par le procédé Tho-
mas, les scories retirées des convertisseurs sont con-
stituées par de la chaux mélangée avec une forte pro-
portion de phosphate tricalcique. Cette matière, qui
restait autrefois sans utilisation, constitue un véri-
table engrais chimique phosphaté employé couram-
ment pour la fertilisation des terres.
La teneur des scories en acide phosphorique varie
de 15 a 22 p. c. Cet acide ne se trouve pas sous une
forme directement assimilable par la plante; il ne
devient soluble que peu à peu par l'action lente de
l'eau et de l'acide carbonique qui circulent dans les
interstices du sol.
C) Le guano de poisson fourni par quelques usines établies au bord
de la mer est le résidu de Textraclion des huiles et graisses de cer-
tains poissons, notamment des déchets obtenus dans les usines où
Ton s'occupe de conservation des harengs et de la préparation des
sardines.
— 75 —
Préparation.
Pour faciliter son absorption par les racines, la
matière doit être broyée le plus finement possible
avant d'être épandue sur la terre.
Cette pulvérisation se fait toujours dans des
broyeurs à boulets, appareils dont nous avons eu l'oc-
casion de parler précédemment. Préalablement, les
gros morceaux de scorie subissent un concassage à la
main.
Les broyeurs sont hermétiquement fermés et les
poussières qui se dégagent sont aspirées par un ven-
tilateur à travers une conduite générale qui les amène
à une chambre où elles se déposent.
Au-dessous des broyeurs, sont disposées des bas-
cules automatiques pour le pesage des sacs; ceux-ci
sont remplis au moyen d'une trémie. Certains fabri-
cants préfèrent emmagasiner la scorie moulue en
vrac, afin d'économiser de la place.
Production. — Commerce.
Il y a, en Belgique, sept aciéries qui fabriquent
l'acier par le procédé Thomas; elles produisent, par
an, environ 225,000 tonnes de scories brutes. De
cette quantité, une faible part est expédiée telle
quelle à l'étranger; le reste est traité dans le pays
même et fournit environ 210,000 tonnes de phosphate
basique moulu.
L'Allemagne, l'Angleterre, la France et le Luxem-
bourg nous vendent annuellement environ 50,000
— 76 —
tonnes de scories brutes et de scories moulues.
La consommation du pays est de 80,000 tonnes
environ, ce qui donne pour l'exportation le chiffre
de 175,000 tonnes de scories, dont les trois quarts au
moins s'expédient à Tétat moulu.
Les principaux pays où nous exportons ce produit
sont : l'Allemagne, les pays Scandinaves, l'Angleterre,
l'Irlande, la France, l'Italie, l'Espagne, l'Amérique du
Sud.
Des sept aciéries produisant l'acier Thomas, cinq
ont des installations pour la mouture des scories. Il
existe, en outre, six usines qui s'occupent du broyage
à forfait ou pour leur propre compte; ce sont géné-
ralement des exploitants de phosphates naturels et
des fabriques de superphosphates ou de guanos.
Un personnel total d'environ 500 hommes est em-
ployé au broyage dans les onze usines. La force
motrice nécessaire à cette opération est considé-
rable : elle s'élève globalement à 2,000 chevaux-
vapeur.
Les phosphates basiques se mettent généralement
en sacs de 100 kilogrammes, plus rarement en sacs
de 75 et de 200 kilogrammes, pour certains clients.
La scorie moulue est livrée au consommateur à
différentes teneurs en acide phosphorique. La qua-
lité la plus courante en contient de 18 à 20 p. c. Les
teneurs sont contrôlées par les laboratoires agricoles
de l'État.
Quant au degré de finesse, il est généralement réglé
par la condition qu'une proportion de 75 p. c. du pro-
duit doit pouvoir passer à travers le tamis de O^^l?.
— 77 —
Le prix du superphosphate a parfois subi de fortes
variations; actuellement, il est redevenu plus régu-
lier et se maintient entre 18 et 20 centimes l'unité
d'acide phosphorique.
III. — PRODUITS ACCESSOIRES.
Cuivre de cément.
Matières premières.
Les pyrites cuivreuses, contenant de 2 à 5 7? P- c.
de cuivre, et même des pyrites ordinaires, iie renfer-
mant que 0.3 à 0.4 p. c. de cuivre, sont, après gril-
lage, traitées par voie humide, en vue d'en retirer le
cuivre à l'état pulvérulent. Ce cuivre, connu sous le
nom de cuivre de cément, est vendu aux usines de raf-
finage ou employé pour la fabrication du sulfate de
cuivre.
Fabrication.
Le procédé le plus simple, utilisé seulement pour
les pyrites à faible teneur en cuivre, consiste à les-
siver les minerais grillés avec de Teau acidulée dans
des bacs plombés., puis à précipiter le cuivre, dans les
solutions cuivreuses ainsi obtenues, au moyen de vieux
fer. Le cuivre se dépose sur ce dernier; on racle et on
fait sécher.
Lorsqu'il s'agit des pyrites cuivreuses proprement
dites, le travail est un peu plus compliqué. Les mine-
— 78 —
rais grillés, après avoir été finement pulvérisés, sont
mélangés avec du chlorure de sodium préalablement
égrugé, puis chauffés soit dans les anciens fours à
moufle à un étage, soit dans des fours à réverbère à
quatre soles superposées. Par cette opération, le
cuivre se trouve combiné sous forme d'un composé
soluble. La masse est amenée dans de longs bacs en
maçonnerie, où elle est déposée sur un lit de paille
et lavée à Teau chaude ou à Teau acidulée par de
l'acide sulfurique ou chlorhydrique. La solution cui-
vreuse est conduite dans des bacs de précipitation ou
de cémentation, dans lesquels on introduit le vieux
fer. Le cuivre en poudre que l'on recueille après
vidange des bacs est mis à sécher sur une aire chau*
ffée par en dessous.
Le cuivre de cément renferme de 70 à 80 p. c. de
cuivre. Le résidu du lavage, ou purple ore, est vendu
aux hauts- fourneaux; il contient de 60 à 63 p. c. de
fer.
Production. — Commerce.
Il existe en Belgique deux usines retirant le cuivre
des pyrites grillées par cémentation. Elles traitent
environ 47,000 tonnes de minerais par an. Le prix
des pyrites cuivreuses varie de 30 à 40 francs la tonne,
Le chlorure de sodium, employé à 98* de pureté,
vient d'Allemagne; il vaut 11 francs la tonne. On en
utilise environ 6,400 tonnes par an.
La consommation de vieux fer est considérable;
elle s'élève à environ 13,000 tonnes par an. Ce fer
s'achète à raison de 4 à 5 francs les 100 kilogrammes.
— 79 —
La quantité de piirple ore obtenue comme sous-pro-
duit varie de 24,000 à 25,000 tonnes; ce minerai se
vend à 9 francs ou 9 fr. 50 c. la tonne; la plus grande
partie est expédiée en Allemagne.
La production annuelle totale de cuivre de cément,
en Belgique, peut être estimée à environ 1,400 tonnes,
valant de i,300 à 1,550 francs la tonne. Plus des six
dixièmes de cette quantité sortent des seules usines
d'Hemixem. De la production totale, 950 tonnes
environ sont directement envoyées à l'étranger, car
il n'existe pas, dans notre pays, d'usine pour le trai-
tement métallurgique du cuivre.
Sulfate de cuivre.
Fabrication.
Le cuivre de cément est, après dessiccation, oxydé
dans un four à moufle avec entrées d'air, puis traité
par Tacide sulfurique dilué dans une cuve placée au-
dessus du four.
La solution de sulfate de cuivre est amenée dans
une cuve de concentration, où elle est chauflee jusqu'à
atteindre 54"" 6. Elle est alors soutirée dans des cris-
tallisoirs en bois doublé de plomb, dans lesquels
plongent des lames de plomb. C'est sur ces lames,
ainsi que sur les parois, que viennent se former les
cristaux de sulfate de cuivre, que l'on enlève ensuite
facilement.
Cette méthode de fabrication est suivie dans quatre
établissements.
— 80 —
A l'usine de la Compagnie des métaux et produits
chimiques d'Overpelt, Toxyde de cuivre est obtenu au
moyen d'un procédé par voie sèche.
Les matières premières traitées dans ce but sont les
suivantes :
1** Des mattes cuivreuses provenant des fours à
manche utilisés dans la fabrication du plomb;
2** Différents minerais de cuivre achetés (pyrites,
etc.);
3° Des speiss cuivreux provenant d'un grillage préa-
lable, fait en vue d en retirer l'arsenic.
Ces matières sont broyées, mélangées et traitées au
four à manche. On en retire (outre du plomb argen-
tifère, des résidus arsénifères, des scories, etc.) des
mattes de cuivre que l'on soumet à une série de gril-
lages et de fusions successifs, jusqu'à ce que l'on
arrive à des mattes d'une teneur de 50 p. c. de cuivre.
Ces mattes subissent alors une fusion définitive au
four à manche en vue d'en obtenir du sulfure pur,
puis un grillage dans un four dit de raffinage^ qui
fournit l'oxyde de cuivre à 70 p. c. Celui-ci est traité
par l'acide sulfurique dans des bacs où l'on fait arriver
de la vapeur d'eau, servant à chauffer et à diluer
la solution. La liqueur est concentrée et mise à cris-
talliser comme précédemment.
Le sulfate de cuivre retiré des cristallisoirs passe
par plusieurs tamis, de façon à le classer en trois ou
quatre qualités, suivant la grosseur des cristaux; les
parties les moins propres sont lavées et séchées à la
turbine.
— 81 —
Production. — Commerce.
La production totale de sulfate de cuivre de nos
cinq usines est d'au moins 2,400 tonnes par an, dont
1,800 tonnes sont exportées, surtout en France, où
ce produit sert au traitement de la vigne (sulfatage).
Les prix varient de 47 à 50 francs les 100 kilo-
grammes, suivant finesse. Le produit s expédie soit en
sacs de 50 et 100 kilogrammes, soit en fûts pétroliers
de 200 à 250 kilogrammes, soit en fûts de hêtre de
500 à 550 kilogrammes.
Nitrate de cuivre.
Le nitrate de cuivre ordinaire, employé en agri-
culture pour la destruction des mauvaises herbes, est
fabriqué en petite quantité, au printemps, par une
de nos usines de produits chimiques. On l'obtient en
dissolvant par Tacide nitrique, dans un appareil en
grès, l'oxyde de cuivre préparé au moyen du cuivre
de cément. Ce produit est livré au commerce en
solution titrant 40"* B.; il vaut, sous cette forme,
65 francs les 100 kilogrammes.
La fabrication du nitrate de cuivre cristallisé pour
la teinture n'a pas donné des résultats commerciaux
satisfaisants.
Sulfate de fer.
Fabrication.
Le sulfate de fer se prépare généralement en faisant
réagir de l'acide sulfurique à 60** B. sur des déchets
6
de fer. L'opération s'effectue à chaud, dans un bac
doublé de plomb à double fond. La solution est sou-
tirée, clarifiée et mise à cristalliser.
On a essayé, à Gand, d'extraire le sulfate de fer par
lévigation méthodique des pyrites grillées.
Un autre procédé intéressant est également appli-
qué, depuis quelque temps, à Fontaine-l'Evêque. Deux
usines ont été installées pour traiter les eaux rési-
duaires des clouteries de la région. Les eaux acidulées
ayant servi au décapage des fers étaient auparavant
déversées dans les égouts et les rivières, qu'elles
venaient contaminer, au grand détriment des rive-
rains. Maintenant, on en extrait le sulfate de fer.
Les eaux sont amenées aux usines soit par des cana-
lisations, soit par des tonneaux portés sur camions,
soit par des wagons-citernes. On les concentre d'abord
dans des réservoirs en bois, doublés de plomb, chauf-
fés par des serpentins de vapeur. Les solutions sont
ensuite déversées dans de grands cristallisoirs où on
les laisse refroidir jusqu'à cristallisation complète du
sulfate de fer. Les eaux-mères retournent dans les
cuves de concentration.
Le sulfate de fer retiré des cristallisoirs est classé
en plusieurs catégories : les gros cristaux, le tout-
venant et le menu sel.
Production. — Commerce.
Le sulfate de fer est fabriqué en Belgique par
cinq usines dont la production peut être évaluée à
5,000 tonnes par an. On le prépare sous diverses
— 83 —
formes. Les cristaux gros et durs serveat à la fabri-
cation du colcotar par calcination. Sous un état de
pureté convenable, ils sont utilisés en teinture.
Vu sa faible valeur, le sulfate de fer est très em-
ployé comme désinfectant. Ses applications eu agri-
culture sont nombreuses et intéressantes. Déshydraté
et réduit en poudre fine, il est employé pour com-
battre Tenvahissement des prairies par les mousses.
Sous forme de solution, on s'en sert pour la des-
truction des sanies, sénés, ravenelles, etc., dans les
champs, ainsi que dans le traitement de certaines
maladies de la vigne et des arbres fruitiers.
En gros, le sulfate de fer se vend de 30 à 40 francs
la tonne: par moindres quantités, sa valeur est de 5 à
8 francs les 100 kilogrammes, suivant le degré de
pureté.
Ce produit est presque entièrement consommé dans
le pays; il s'exporte peu.
Perchlorure de fer.
Une de nos usines de produits chimiques fabrique
le protochlorure de fer industriellement pur, pour la
teinturerie, et chimiquement pur, pour usage pharma-
ceutique. Le procédé consiste à dissoudre d'abord du
vieux fer dans de l'acide chlorhydrique, puis à traiter
le sel obtenu par Tacide nitrique.
La production annuelle s'élève à 65,000 kilo-
grammes; elle est surtout vendue en Belgique; on en
exporte, en petites quantités, en Allemagne, en France
et en Angleterre.
— 84 —
Le protochlorure industriel vaut 35 francs les
100 kilogrammes et le protochlorure pharmaceutique
45 francs les 100 kilogrammes.
Composés de baryum.
Sulfure.
11 s'obtient en réduisant le sulfate de baryum, pro-
venant de Fleurus ou d'Allemagne, dans un four à
réverbère à deux étages et deux portes de travail. La
masse obtenue contient 70 p. c. de sulfure de baryum
soluble que l'on retire par lavage. Le sulfure de
baryum sert à fabriquer les sels de baryum et la lito-
pone, couleur blanche employée comme succédané du
blanc de zinc et de la céruse.
Nitrate.
Ce sel est obtenu à Wilsele par un procédé tenu
secret. La fabrication, qui est à ses débuts, ne com-
porte encore que 30 tonnes de production annuelle.
Ce produit est expédié en fûts ou en sacs.
Le nitrate de baryum est utilisé par les artificiers;
il sert également à fabriquer le bioxyde de baryum
employé pour préparer l'eau oxygénée.
Carbonate, chlorure.
Ces sels sont fabriqués à l'usine de Yedrin. La pro-
duction annuelle est d'environ 3,500 tonnes; les neuf
dixièmes de cette quantité sont exportés dans tous les
pays, principalement en Angleterre et dans ses colo-
nies, en Amérique et en Extrême-Orient.
— 85 —
Le carbonate et le chlorure de baryum sont em-
ployés dans la préparation des feux d'artiGce; ils
servent également à désincrusler les chaudières.
Fluosllicate de soude.
Fabuication.
Le fluosilicate de soude, que Ton produit en Bel-
gique, est un sous-produit de la fabrication des super-
phosphates.
Les phosphates naturels contiennent du fluorure de
calcium en plus ou moins grande quantité. Dans le
traitement par l'acide sulfurique, il se forme de Tacide
Quorhydrique qui se dégage des caves. Des exhaus-
teurs installés au-dessus de celles-ci, aspirent ces gaz
et les refoulent soit dans de longs couloirs en bois,
bien étanches, soit dans des colonnes en bois ou en
maçonnerie, dans lesquelles on introduit un courant
d'eau. Ces tours contiennent à leur partie inférieure
du silex. Cette silice, par Faction de l'acide fluorhy-
drique,se transforme en fluorure de silicium. Celui-ci,
en se combinant avec l'acide fluorhydrique qui conti-
nue à affluer, forme l'acide fluosilicique qui est
recueilli en dissolution dans l'eau. Avec certains
phosphates, il se dégage directement des fours du
fluorure de silicium; le résultat est le même.
La fabrication du fluosilicate de soude se fait sépa-
rément. La solution d'acide fluosilicique est transvasée
d'un réservoir dans un bac dans lequel on ajoute une
solution de chlorure de sodium préparée d'avance. Le
— 86 —
flaosilicate se précipite; mais avant qu'il ne se dépose,
la masse est refoulée à Taide d*un monte-jus dans un
filtre-presse, où le fiuosilicate subit un lavage à Teau
pure. Le produit est ensuite séché, puis pulvérisé.
Au lieu de chlorure de sodium, et lorsque l'on ne
veut pas obtenir d'eaux acides, on emploie le carbo-
nate de soude; mais le produit qui est moins pur, a
une valeur moindre.
Production. — Commerce.
Le fiuosilicate, qui est obtenu à un degré de pureté
de 98 p. c, se présente en une masse d'un blanc de
neige. 11 est employé pour remaillage des ustensiles
en fer et des globes pour l'éclairage.
Les deux usines qui, en Belgique, s'occupent de
cette petite industrie, produisent annuellement envi-
ron 170 tonnes de fiuosilicate, qui sont partiellement
vendues dans le pays et partiellement exportées en
Allemagne.
Ce produit s'expédie en sacs de 100 kilogrammes;
sa valeur est de 25 à 26 francs les 100 kilogrammes,
pour le fiuosilicate le plus pur, et de 16 à 20 francs
seulement, pour l'autre qualité.
Arsenic.
Matièues premières.
L'anhydride arsénieux, vulgairement appelé arsenic,
constitue, à proprement parler, un sous-produit de
l'extraction du plomb et d'autres métaux de certains
— 87 —
minerais. Cependant, on emploie aussi pour sa fabri-
cation des minerais achetés spécialement dans ce but.
Les matières premières sont, par conséquent, de
diverses natures; elles renferment l'arsenic, les unes
sous forme d'arséniures métalliques, les autres à Tétat
d'anhydride arsénieux tout formé.
Parmi les premières, on distingue :
l"" Des minerais naturels, tels que le mispickel ou
arsénio-sulfure de fer et des minerais de plomb arsé-
nieux; ces minerais proviennent des pays du sud de
l'Europe, notamment des mines du Laurium, en
Grèce ;
^ Des speiss ou résidus obtenus dans le cours du
traitement métallurgique des minerais de plomb; ces
speiss contiennent, en plus du cuivre et du plomb, du
nickel, du cobalt, et, dans d'autres cas, de l'argent et
de l'or.
Les matières renfermant l'arsenic tout formé sont
d'abord les poussières recueillies dans les cheminées
des fours où l'on traite les minerais de plomb et qui
contiennent en mélange une certaine quantité de ce
métal. On peut adjoindre à ces poussières celles que
fournissent certaines fabriques d'acide sulfurique et
que l'on retire des chambres à poussières établies à la
suite des fours à grillage.
Fabiucation.
Lorsque Ton traite des minerais ou des speiss, on
doit avant tout les amener à letat pulvérulent an
moyen d'un broyage.
— 88 —
Le traitement chimique est à peu près identique
pour toutes les matières. Il consiste à provoquer la
distillation de l'arsenic dans un four à réverbère, puis
à condenser les vapeurs en leur faisant parcourir un
long couloir pour arriver enfin à des chambres en
maçonnerie d'où l'on extrait le produit par en dessous.
Lorsqu'il s'agit de speiss ou de minerais, l'arséniure
subit d'abord un grillage pour se transformer en anhy-
dride arsénieux qui distille ensuite.
Cette première opération donne l'arsenic brut; on
le raffine en le soumettant à une seconde et parfois à
une troisième distillation ou sublimation dans un four
à réverbère ou un four à moufle suivi de chambres de
condensation. On en retire le produit définitif, qui
subit encore une désagrégation et un tamisage avant
d'être emballé. Les vapeurs non condensées se rendent
à la cheminée, après avoir effectué un long parcours;
l'arsenic qui se dépose encore dans ce canal est repris
et est traité à nouveau avec les poussières arsénifères.
Quant aux résidus de la distillation, ils retournent
au traitement métallurgique; on en extrait le plomb,
le cuivre ou les métaux précieux qu'ils renferment.
Dans certains cas, on pourrait en tirer un meilleur
parti en s'en servant pour la fabrication de divers
sels dont la valeur est supérieure à celle des métaux.
On produit aussi l'arsenic vitreux ou en roche, en
soumettant de l'arsenic brut à une distillation avec
fusion dans une étroite chaudière en fonte installée
dans un foyer. Directement au-dessus de cette chau-
dière, on place une espèce de chapiteau ou cylindre
en fonte, qui sert de condenseur. C'est sur les parois
— 89 -
intérieures de ce cylindre que l'arsenic se dépose par
couches successives jusqu'à former une croûte com-
pacte assez épaisse, qu'on détache lorsque l'opération
est terminée. C'est, en réalité, une condensation à
chaud, tandis que, pour obtenir l'arsenic en poudre,
on refroidit le plus tôt possible les vapeurs à leur
sortie du four.
Production. — Commekce.
L'arsenic est produit en Belgique par deux usines,
établies dans la province de Limbourg, près du canal
de la Gampine. Sa fabrication est en relation plus ou
moins étroite avec le traitement métallurgique des
minerais de plomb.
La quantité d'arsenic livrée annuellement au com-
merce par ces deux établissements est de 2,200 à
2,500 tonnes. Près des quatre cinquièmes de cette
production sont exportés dans tous les pays, mais
surtout en Allemagne, en Angleterre et dans le nord
de la France.
Le produit se met soit dans des fûts de bois doubles
ou entourés de toile, soit dans des cylindres en tôle
emboîtés dans des tonneaux en bois. La contenance
de ces récipients varie de 50 à 250 kilogrammes.
L'arsenic en poudre se vend de 25 à 50 francs les
100 kilogrammes; l'arsenic en roche vaut 15 francs de
plus.
La principale application industrielle de l'arsenic
est la purification du verre à vitres, à glaces et à
gobeleterie. Ce produit entre aussi dans la fabrication
— go-
de certaines couleurs minérales et organiques. C'est,
de plus, un préservatif et un insecticide; à ce titre, il
est utilisé en certaine quantité, dans les pays tropi-
caux, pour la conservation des peaux et pour la des-
truction des fourmis qui infestent les terres cultivées.
Nous ne parlerons pas des applications pharmaceu-
tiques et des usages de laboratoire, pour lesquels on
utilise l'arsenic vitreux, qui est évidemment le plus
pur.
Arséniure de nickel et de cobalt.
Le traitement des minerais de plomb, qui fournit
l'arsenic, donne aussi des sous-produits riches en
nickel et cobalt, que l'on concentre et que l'on vend
sous forme d'arseniures (nickelspeiss).
Ce produit, dont la valeur est de 1 franc le kilo-
gramme, est exporté et sert à la fabrication du nickel
et du cobalt.
La production est peu importante et ne s'élève qu'à
50 tonnes environ par an.
REPERTOIRE
Société anonyme G. Dumont et frères, à Sclaigneaux .
Acide sulfurique à 60*. Blendes grillées.
Société des produits chimiques de Moustier-Prayon,
à Trooz-Forêl.
Acide sulfurique à 60^ Blendes grillées.
* Société anonyme des industries chimiques de Wilsele,
à Wilsele-lez-Lourain.
Acide sulfurique à tous degrés et de toutes qua-
lités. Pyrites grillées.
Acide nitrique à tous degrés et de toutes qua-
lités. Sulfate acide de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Sulfate et nitrate de cuiyre. Sulfure et nitrate
de baryum. Perchlorure de fer.
Compagnies des métaux et produits chimiques (Schulte
et O^), à Overpelt.
Acide sulfurique à 60°. Blendes grillées.
Sulfate de cuivre.
Arsenic.
* Les établissements marqués d'un astérisque sont ceux qui figurent
dans plusieurs groupes d'industries.
— 92 —
* Société anonyme des produits chimiques de Droogetibosch,
à Ruysbroeck.
Acide sulfurique à tous degrés et de toutes qua-
lités. Blendes et pyrites grillées.
Acide nitrique à tous degrés et de toutes qualités.
Sulfate acide de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Société anonyme des produits chimiques d'Engis^ h Engis.
Acide sulfurique à 60^. Blendes grillées.
Acide nitrique. Bisulfate de soude.
Sulfate de plomb. Sels de thallium.
Société anonyme des produits chimiques de Laeken^ à
Laeken-lez-Bruxelles.
Acide sulfurique à tous degrés et de toutes qua-
lités. Blendes grillées.
Acide nitrique à tous degrés et de toutes qualités.
Bisulfate de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Sulfate de fer.
Société anonyme belge des usines à cuivre d'Hemixem, à
Hemixem-lez-Anvers.
Acide sulfurique à tous degrés. Pyrites grillées.
Acide nitrique. Bisulfate de soude.
Cuivre de cément.
* Usines des moulins {société anonyme) ^ à Gand.
Acide sulfurique à tous degrés.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
— 93 —
Théodore Verstraeten, à Gand.
Acide sulfurique à tous degrés. Pyrites grillées.
Acide nitrique à tous degrés. Bisulfate de soude.
Sulfate de soude et acide cblorhydrique.
Cuivre de cément. Sulfate de cuivre.
Société anonyme des poudres et dynamites^ à Arendonck.
Acide nitrique à 48^. Bisulfate de soude.
Société anonyme de Matagne-la-Grande, à Matagne-la-
Grande.
Acide nitrique à 56, 42 et 48"*. Bisulfate de soude.
^François Raynaud, à Tessenderloo.
Sulfate de soude et acide cblorhydrique.
*Meurice Save-Simon ^ à Laeken-lez-Bruxelles.
Sulfate de fer pour teinturerie, agriculture, etc.
F. Wargny et C**, à Fontaine-l'Évêque.
Sulfate de fer pour tous usages.
*René Dubois, à Fontaine-FEvêque.
Sulfate de fer tout venant et menu pour industrie
et droguerie.
Sulfate déshydraté moulu pour agriculture.. Sul-
fate de refonte pour droguerie et photogra-
phie.
Société anonyme AnglO'Contvientale{ànc.Oh\endorWsche
Guano Werke), à Burght-lez-Anvers.
Acide sulfurique à 60^
Superphosphate. Guano dissous.
Fluosilicate de soude.
— 94 —
Société anonyme des engrais et produits chimiques agri-
coles^ à Louvain.
Acide sulfurique à 60^ Pyrites grillées.
Sulfate de fer.
Superphosphate. Engrais composés.
* Fabrique d'engrais et produits chimiques [société ano-
nyme)^ à Charleroy.
Acide sulfurique à 60*. Pyrites grillées.
Sulfate de cuivre. Sulfate de fer.
Superphosphate. Superphosphates d'os et de noirs
d'os.
Société anonyme des mines et fonderies de zinc de la
Vieille- Montagne, à Baelen-Wezel.
Acide sulfurique à 60^ Blendes grillées.
Acide nitrique. Bisulfate de soude.
Superphosphate.
Société anonyme des produits chimiques d'Aiseau^ à
Aiseau.
Acide sulfurique à tous degrés. Blendes et pyrites
grillées.
Acide nitrique à tous degrés. Bisulfate de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Superphosphate.
Société anonyme de Pont-Brûlé (Etablissements Duché),
à Vilvorde.
Acide sulfurique à 55*. Pyrites grillées.
Acide nitrique. Bisulfate de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Sulfate de cuivre.
Superphosphate.
— 96 —
Société anonyme des produits et engrais chimiques de
Moustier-sur-Sambre^ à Mornimont.
Acide sulfurique à tous degrés. Blendes et pyrites
grillées.
Sulfate de soude et acide chlorbydrique.
Superphosphate.
Société anonyme des produits et engrais chimiques d'Au-
velais, à Auvelais.
Acide sulfurique à tous degrés et de toutes qua-
lités. Pyrites grillées.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Superphosphate.
Syndicat agricole [société coopérative), à Landen.
Acide sulfurique à tous degrés. Pyrites grillées.
Acide nitrique. Bisulfate de soude.
Superphosphate. Engrais composés.
Société Vnitas, à Overpelt.
Acide sulfurique à ^Tf.
Superphosphate.
Fluosilicate de soude.
^Société anonyme de Vedrin^ à Frizet-lez-Namur.
Acide sulfurique à tous degrés. Blendes et pyrites
grillées.
Acide nitrique à tous degrés. Bisulfate de soude.
Sulfate de soude et acide chlorhydrique.
Superphosphate. Engrais composés.
Carbonate et chlorure de baryum.
— 96 —
Jules Leirens^ à Ledeberg-lez-Gand.
Acide sulfurique à 53**. Pyrites grillées.
Superphosphate. Engrais composés.
*/.-P. Meyers, à Schaerbeek.
Acide sulfurique a 60°. Pyrites grillées.
Superphosphate.
/.-P. Meyers^ à La Chaussée-Lultre.
Acide sulfurique. Pyrites grillées.
Superphosphate.
Alf. Rosier-Bataille^ à Moustier-lez-Frasnes.
Acide sulfurique à 60*.
Superphosphate. Engrais composés.
* Union des produits chimiques^ à Hemixem.
Acide sulfurique à 60^. Pyrites grillées.
Superphosphate. Phosphate basique.
Société anonyme Agricola^ à Louvain.
Superphosphate. Phosphate basique.
G. et /. Baert et B. Roelandt^ à Steenbrugge-lez-Bruges.
Superphosphate. Guano dissous.
Engrais composés. Phosphate basique.
Oct. Battaille^ à Basècles.
Superphosphate. Engrais composés.
Brouette^ Duchateau et 0% à Mons.
Superphosphate. Engrais composés.
— 97 —
A. Dubrunfaut et 0% à Hasècles.
Superphosphate. Engrais composés.
Ach. Eemanj à Âlost.
Superphosphate. Engrais composés.
*Sociélé anonyme des Engrais concentrés, à Engis.
Superphosphate.
Fabrique d'engrais et produits chimiques (société ano-
nyme)^ à Leuze-Longchamps.
Superphosphate.
A. et C. Faidlierbe et 0% à Élouges.
Superphosphate. Engrais chimiques. Phosphate
organique.
Georges Milisse^ à Blaton.
Superphosphate. Engrais composés.
V^' Milisse^ à Quévaucamps.
Superphosphate. Engrais composés.
G. et V. Moreels, à Gand.
Superphosphate. Guano dissous. Phosphate ba-
sique.
Standaert et 0% à Balgerhoek.
Superphosphate. Engrais composés.
Standaert et G**, à Wondelgem.
Superphosphate. Guano dissous. Phosphate ba-
sique.
7
— 98 —
Syndicat agricole des Ardennes et du Condroz, à Marloie.
Superphosphate. Engrais composés.
Union agricole, à Jodoigne.
Superphosphate. Engrais composés.
*Compagnie générale des produits cliimiques et engrais
chimiques de la Sambre^ à Jemeppe-sur-Sambre.
Superphosphate.
Les Phosphates du Piéton ^ à Roux.
Phosphate basique.
^Société anonyme d'Ougrée-Marihaye^ à Ougrée.
Phosphate basique.
Société anonyme des aciéries d'Angleur^ à Tilleur (Liège).
Phosphate basique.
Société anonyme de la Providence^ à Marchienne-au-Pont.
Phosphate basique.
Gustave Boêl, à La Louvière.
Phosphate basique.
Société anonyme de Marcinelle et Couilletj à Couillet.
Phosphate basique.
La Floridienney à Rocour.
Phosphate basique.
DEUXIÈME PARTIE
INDUSTRIES DE LA SOUDE, DES CHLORURES
ET DES SELS DE POTASSE.
Renseignements généraux.
Dans le second groupe nous rangeons les produits
suivants :
I. Carbonate de soude et sous-produits;
II. Chlorure de chaux. Soude caustique;
m. Cristaux de soude. Acide sulfureux et bisulfites.
Composés divers;
IV. Potasse. Salpêtre. Sel raffiné.
La plupart de ces produits ont entre eux des liens
de parenté assez étroits. Ainsi, le carbonate de soude,
la sonde caustique et le chlorure de chaux, qui ne
sont pas les moins importants, ont une origine com-
mune. Ils sont maintenant obtenus au moyen du
chlorure de sodium, grâce à deux nouveaux procédés
par voie humide dont l'application industrielle est
— 100 —
relativement récente : le procédé Solvay ou à Tammo-
niaque et la méthode électrolytique. Le carbonate de
soude, dont le rôle dans Tindustrie est au moins aussi
important que celui de l'acide sulfurique, est le point
de départ d'une série d'autres composés d'ordre secon-
daire, comme les sels de soude, le bisulfite de soude,
Thypochlorite de soude, le sulfure de sodium.
Le carbonate de potasse et la potasse caustique
trouvent logiquement leur place à côté de la soude et
de ses dérivés. Nous avons rangé dans le même
groupe le nitrate de potasse et le sel raffiné a cause
de la similitude que l'on note dans les opérations que
nécessite leur fabrication ; celle-ci comporte en effet
une série de dissolutions, concentrations, évapora-
tions et cristallisations.
On remarquera, d'ailleurs, que beaucoup des com-
posés qui font partie de ce second groupe offrent cer-
taines analogies dans leurs applications, soit qu'on
fasse appel à leur énergie oxydante, soit qu'on utilise
leurs propriétés alcalines. Ces corps sont surtout
employés comme agents de désinfection, de décolora-
tion, de blanchiment ou de saponification.
Les établissements dont nous allons nous occuper
peuvent être classés presque tous dans la petite
industrie chimique. Exception doit être faite pour les
deux usines de la Société Solvay, fabriquant l'une, le
carbonate de soude par le procédé à l'ammoniaque,
l'autre, la soude caustique et le chlorure de chaux par
la méthode électrolytique. A elles seules, ces deux
usines occupent 520 ouvriers et utilisent une puis-
sance motrice de 2,000 chevaux-vapeur.
— iOl —
Parmi les autres établissements, on en compte 51
qui se livrent exclusivement à la fabrication des pro-
duits ci-avant indiqués. Le chiffre du personnel qu'ils
emploient respectivement ne dépasse pas 50 ouvriers.
La force motrice dont ils disposent est au maximum
de 50 chevaux. Toutefois, la surface de chauffe des
générateurs qu'ils utilisent est souvent de beaucoup
supérieure à celle correspondant à cette puissance
mécanique, car le chauffage des solutions se fait
presque toujours au moyen de la vapeur.
11 y a, en outre, 30 usines dans lesquelles les pro-
duits en question ne sont fabriqués qu'accessoire-
ment, conjointement avec d'autres composés ou même
simplement obtenus comme sous-produits d'une autre
branche principale d'industrie. C'est ainsi qu'à part
trois fabriques de produits chimiques proprement
dites, nous trouvons ici un certain nombre d'indus-
tries de genres fort divers : distilleries, brasseries,
amidonneries, filatures de laine, poudreries, etc.
Nous résumerons comme suit les données géné-
rales relatives à ce groupe :
Nombre total d'établissements 80
Nombre total d'ouvriers employés 1,1()7
Force motrice totale en chevaux-vapeur . . . 2,541
Le genre d'opérations exécutées se prête peu ici à
l'organisation du travail à la pièce; aussi, presque
partout, le paiement se fait-il à la journée ou à l'heure.
Le salaire varie de 2 à 5 francs, suivant les régions.
Les deux usines principales sont situées dans le
— 102 —
bassin industriel de la Sambre, à Couillet et à
Jemeppe-snr-Sambre. Les autres se trouvent géné-
ralement dans les grands centres de consommation,
tels que Bruxelles, Anvers, Liège, Gand,Louvain, etc.,
ou à proximité des bassins industriels.
I. — CARBONATE DE SOUDE ET SOUS-PRODUITS.
Aperçu général de la fabrication.
Si Ton en excepte de faibles quantités de carbonate
de soude obtenues comme sous-produits du raflSnage
de la potasse et de la fabrication de Talumine — car-
bonate qui est d'ailleurs livré au commerce directe-
ment sous forme de cristaux — , la totalité de la soude
produite en Belgique est fabriquée suivant le procédé
Solvay (soude à Tammoniaque). L'ancienne méthode
Leblanc, par voie sèche, qui exigeait d'abord la trans-
formation du chlorure de sodium en sulfate, est 'com-
plètement abandonnée depuis un certain nombre
d'années déjà.
Le principe de la fabrication de la soude à l'ammo-
niaque repose sur la double décomposition du chlo-
rure de sodium et du bicarbonate d'ammoniaque, de
façon à obtenir, d'une part, du chlorhydrate d'ammo-
niaque, et, d'autre part, du bicaibonate de soude;
celui-ci est ensuite transformé en carbonate neutre
par calcination.
C'est à M. Ernest Solvay que l'on doit l'invention
— 103 —
des appareils qui ont permis de réaliser pratique-
ment et économiquement cette réaction fondamen-
tale. Aussi, ses procédés, expérimentés avec succès
en Belgique, à la suite de nombreux et patients essais,
n*ont-ils pas tardé à être appliqués sur une vaste
échelle dans tous les autres pays industriels. D'impor-
tants établissements, destinés à l'exploitation de ses
brevets, ont été fondés dans les principales contrées
de l'Europe et de l'Amérique, suivant de près la
première usine créée à Couiliet pour la fabrication de
la soude à l'ammoniaque (^).
Dans la pratique, au lieu de préparer au préalable
le bicarbonate d'ammoniaque, on le produit en faisant
arriver un courant d'acide carbonique dans une
solution de chlorure de sodium contenant de l'ammo-
niaque : le bicarbonate d'ammoniaque, dès qu'il se
forme, est aussitôt décomposé par le chlorure de
sodium, et le bicarbonate de soude qui en résulte se
précipite. Ce sel est filtré, lavé, calciné et l'on obtient
le carbonate de soude commercial.
Outre les opérations précédentes, la fabrication
comporte aussi la production d'une certaine quantité
d'acide carbonique que l'on obtient par la calcination
du carbonate de calcium ou calcaire.
Comme opération complémentaire, il y a la récupé-
ration de l'ammoniaque contenue dans les eaux-mères
(') En 1905, sur une production totale de 1,760,000 tonnes de car-
bonate (le soude dans le monde entier, 1,610,000 tonnes ont été
obtenues par les procédés dits à l'ammoniaque.
— 104 —
séparées du précipité de bicarbonate de soude. Les
eaux-mères sont, dans ce but, traitées par de la
chaux; l'ammoniaque se dégage du chlorhydrate et
celui-ci forme du chlorure de calcium qui reste en
solution; c'est un sous-produit de la fabrication.
Nous exposons ci-après, d'une façon succincte, la
façon dont ces diverses opérations sont réalisées, en
y joignant une description sommaire des appareils
utilisés à cet effet. Ces renseignements ont été puisés
dans le récent ouvrage de chimie industrielle publié
par M. Sorel (^).
Matières premièues.
D'après ce que nous venons de voir, les matières
premières nécessaires à la fabrication sont, indépen-
damment du combustible, au nombre de trois : le sel
marin^ les eaux ammoniacales y le calcaire.
Sel marin. — Le chlorure de sodium servant à pré-
parer la saumure est le sel gemme provenant des
exploitations que la Société Solvay possède à Yarangé-
ville (France) et qui est amené à l'usine à l'état brut.
Eaux ammoniacales. — Ces eaux sont fournies par la
distillation de la houille dans les usines à gaz ou dans
les fours à récupération. Afm de s'assurer un appro-
visionnement suffisant de ces eaux ammoniacales, la
Société Solvay a installé, dans un certain nombre de
(<) La grande industrie chimique minérale.
— 103 —
charbonnages du pays, des fours à coke d'un système
spécial (Semet-Solvay) permettant de recueillir tous
les sous-produits de la distillation. Quelle que soit
leur origine, les eaux ammoniacales sont, avant leur
envoi à la fabrique de soude, concentrées jusqu*à une
densité convenable, au moyen d'appareils sur lesquels
nous reviendrons à un autre endroit (^). Dans certaines
usines à gaz, cette concentration se fait par les soins
de la Société Solvay elle-même, qui y a monté les
installations nécessaires à cet effet.
Calcaire. — Le carbonate de calcium, dont la cal-
cination fournit, d'une part, Tacide carbonique utilisé
pour la carbonatation et, d autre part, la chaux em-
ployée pour le traitement des eaux-mères, est extrait
d'une carrière située à proximité de l'établissement
et appartenant à la société.
Opérations.
Préparation de la saumure ammoniacale.
La saumure ammoniacale est obtenue en dissolvant
le sel marin dans les eaux ammoniacales convenable-
ment concentrées. Les eaux salées sont également
chargées de gaz ammoniac provenant des appareils
de régénération des eaux-mères; celles-ci, soit dit en
passant, fournissent aussi une notable quantité d'acide
carbonique, ainsi que nous le verrons plus loin.
(*) Voir Troisième Parlie : Produits extraits de la houille et du
bois.
— 106 —
Le mélange de chlorure de sodium et d'ammo-
niaque doit se faire dans des proportions rigoureu-
sement déterminées. Comme la dissolution du gaz
ammoniac dans l'eau dégage beaucoup de chaleur, la
saumure doit être refroidie jusqu'en dessous de 20<*,
afin de pouvoir obtenir une carbonatation complète.
Pour effectuer ce refroidissement, on employait
. une batterie de tubes
it) concentriques fonc-
tionnant comme un
réfrigérant de Liebig.
Les tubes intérieurs,
dans lesquels circule
de l'eau pure, com-
muniquent par des
coudes extérieurs,
tandis que la sau-
mure, qui coule dans les intervalles annulaires des
tubes, passe d'un compartiment à l'autre par des
tubulures latérales.
11 paraît que, dans les appareils récents, on a
renoncé à cette complication
et qu'on emploie seulement
des réfrigérants sans tubes
intérieurs, consistant en un
système de vingt séries hori-
zontales de neuf tubes, dans ÉhwiU dun ivfrigôi-anl Solvay.
lesquels la saumure ammonia-
cale s'élève de bas en haut, tandis que l'eau froide
coule de haut en bas à la surface extérieure.
Fig. I(). — Appareil pour la dissolution du sel
dans la saumure annnoniaeale .
J^^'
" "X 25-
— 107 —
Production de l'acide carbonique.
Une partie de lacide carbonique nécessaire à la
carbonatation de la saumure est fournie par la calci-
nation du bicarbonate de soude; une autre provient
de la décomposition du bicarbonate d'ammoniaque
qui reste encore dans les eaux-mères et qui est
décomposé lors du traitement par la chaux. Ces
quantités n'étant pas suffisantes, on doit avoir recours
à la calcination du carbonate de calcium ; cette
opération procure en même temps la chaux néces-
saire à la régénération de l'ammoniaque des eaux-
mères.
On emploie des fours à cuve ordinaires chargés
de couches alternatives de calcaire et de coke. Le
calcaire doit être très pur, afin de donner un gaz
riche, contenant jusque 50 p. c. d'acide carbonique.
La consommation de calcaire est en moyenne de
ioO kilogrammes par 100 kilogrammes de soude pro-
duite.
Les fours ont une hauteur de 10 à 12 mèires et une
section au ventre de 2 à 3 mètres. Le gueulard est
hermétiquement fermé par un couvercle à soupape
de sable et les gaz sont caplés par un canal annulaire
qui les conduit, par un tuyau en fonte, jusqu'aux
appareils de lavage. Avant d'être utilisés, ils y sont
refroidis et débarrassés des impuretés entraînées
mécaniquement, ainsi que de l'acide sulfureux prove-
nant de la combustion du coke.
- 108 —
Carbonatalion de la saumure ammoniacale.
La carbonatalion doit être complète, afin d'éviter
d'avoir un précipité boueux d'une filtration difficile.
En vue d'obtenir un contact plus intime entre le gaz
et la solution, on fait arriver l'acide carbonique sous
une assez forte pression. Comme il
y a un dégagement considérable de
chaleur pendant la réaction, une
réfrigération énergique est indis-
pensable.
Le dispositif adopté à cet effet
consiste dans une tour d'absorption
verticale formée de vingt à vingt-
cinq tronçons en fonte de i mètre
de hauteur et de l^^oO à 2 mètres de
diamètre.
Chaque tronçon a un fond hori-
zontal percé d'une ouverture cen-
trale. Au-dessus repose une calotte
sphérique en fonte perforée et mu-
nie d'une bordure dentelée qui s'ap-
puie sur trois saillies verticales.
Cette calotte laisse un intervalle
annulaire étroit par lequel se fait
,r ,p.,, '^* .CI la circulation du liquide.
umv a absorption Solvay. ^
L'introduction de la saumure a
lieu au seizième compartiment en vue d'augmenter
la durée du contact et la pression. Une autre partie
de la saumure, celle-ci non alcalinisée, pénètre à
— 109 —
5 mètres de la partie supérieure. Cette couche de
saumure sert à retenir Tammoniaque entraînée et à
lui permettre de se carbonater.
L'acide carbonique, comprimé à 1 7? à 2 V2 atmo-
sphères de pression, est amené dans un faux fond per-
foré ; en le traversant, il se répartit en bulles fines qui
s élèvent au sein du liquide, pour se diviser à nouveau
h chaque compartiment.
Pour obtenir une réfrigération suffisamment éner-
gique, on a recours au refroidissement intérieur
d'après le procédé Cogswell. Ce système consiste en
un ensemble de tubes à circulation d'eau qui tra-
versent chaque étage de la tour d'absorption. Chacun
des compartiments de l'absorbeur est pourvu, en
haut, d'ouvertures rectangu-
laires closes par des plaques
tubulaires dans lesquelles s'en-
gagent des tubes en fer. Ces
plaques tubulaires forment le
Fig. 19.
fond de boîtes en fonte divisées Réfrigérant Cogsweii.
par des chicanes, de façon que
l'ensemble des tubes de chaque étage forme un ser-
pentin horizontal dans lequel circule un courant
d'eau.
La circulation d'eau est réglée de façon que la par-
tie supérieure de la tour soit froide et que le liquide
chargé de cristaux en bas n'acquière pas une tempéra-
ture dépassant 23° C.
On peut combiner l'emploi de deux tours, une
grande et une petite. Celle-ci reçoit la saumure
ammoniacale refroidie et l'ammoniaque y est trans-
\
— 110 —
formée en monocarbonate par les gaz du four à
chaux ; puis cette saumure carbonatée pénètre dans la
tour principale aux trois quarts de sa hauteur et elle y
reçoit des gaz riches provenant de la calcination de
bicarbonate de soude; c'est là que la précipitation se
produit.
Fillralion et lavage du précipité.
Fig. 20. — Schéma d'un llllre à vide.
La bouillie cristalline formée dans la tour d'ab-
sorption coule d'une
façon continue sur un
filtre à vide.
Cet appareil consiste
en principe en un cy-
lindre en fonte de 3 mè-
tres de diamètre et 1*50
de hauteur, dans lequel
une grille porte une toile assez serrée, en lin ou en
laine, protégée contre le frottement des outlis par un
treillage métallique ou une tôle perforée. Au-dessous
de la grille, le cylindre est
raccordé par une calotte co-
nique avec le tuyau d'éva-
cuation; ce tuyau met le
dessous du filtre en commu-
nication avec un réservoir
cylindrique en tôle dans
lequel on fait le vide. Dans ces conditions, l'eau-mère
est très rapidement aspirée; on arrose ensuite le sel
avec de l'eau un peu tiède aussi uniformément que
Fig. 21. — Pompes h vide
à piston d'eau.
— 111 —
possible, jusqu'à ce que le dépôt ne sente plus l'am-
moniaque.
On fait usage de pompes à vide à piston d*eau qui
retiennent par dissolution les vapeurs ammoniacales
dégagées et suppriment les inconvénients des espaces
nuisibles.
Dessiccation et calcination du bicarbonate de soude.
Une faible partie du bicarbonate de soude obtenu
est versée sous cette forme dans le commerce. La
plus grande partie subit la trans-
formation en carbonate neutre,
ou bien sert à la fabrication de
cristaux ou de soude caustique.
L'appareil suivant, breveté par
la Société Solvay, est employé
pour la dessiccation préalable du
bicarbonate. Son fonctionnement
rappelle celui du four rotatif pour
le grillage des pyrites, dont nous
avons parlé précédemment.
Dans un cylindre vertical se
trouve disposée une série de pla-
teaux creux chauffés intérieure-
ment par un courant de vapeur
ou de gaz chauds, et alternati-
vement percés de trous de chute
dans Taxe et à la périphérie. Ce
cylindre est traversé par un axe vertical muni à
chaque étage de plusieurs bras portant des socs à leur
Fig. 42. — Appareil Solvay
putir la fabrication
(lu bicarbonate.
H2 —
partie inférieure. Ces socs sont disposés de façon à
repousser dans leur mouvement de rotation la ma-
tière alternativement vers le centre ou la périphérie,
suivant la position des ouvertures.
Le bicarbonate est introduit dans le haut du cylin-
dre par un vase préparatoire muni de bras ana-
logues et maintenu constamment plein aûn d'empê-
cher l'échappement de Facide carbonique. La masse
desséchée arrive au fond du cylindre à Tétat finement
divisé et est prête pour Pexpédition, tandis que les gaz
dégagés s'échappent par un orifice ménagé dans le
couvercle.
S'il s'agit de la transformation en carbonate neutre,
on sèche le bicarbonate et on élimine l'acide carbo-
nique, en chauffant le
sel dans un cylindre
Thelen.
Pour obtenir un sel
d'une densité plus con-
sidérable, on termine
l'opération en le portant
au rouge dans un four
Mactear.
Les appareils de Thelen ont été combinés en vue
d'éviter que le sel de soude adhère aux surfaces métal-
liques. Ils ont le plus souvent 2 mètres à S^oO de
diamètre et jusque 10 mètres de longueur. Ils sont
formés de plusieurs tronçons de fonte et sont cou-
verts à la partie supérieure. Ils sont généralement
chauffés par un foyer installé à l'extrémité opposée
à l'entrée du bicarbonate et par les gaz chauds du
Fig. 2;j. — Appareil Thelen
pour la calcinai ion
(lu carI)onate do soude.
foyer. L'axe est animé d'un mouvement alternatif,
qui empêche les incrustations et entraîne lentement
la matière vers le foyer.
Le four Hactear, dans lequel on pousse plus loin la
calcination, comprend une sole circulaire en tôle, de
6 mètres de diamètre, recouverte d'un dallage en
briques réfractaires. Cette sole est supportée par un
Kig. a. — Kour Mactcar [lour la i-aliinaliuD il» lurbuiiatt- ik- Mudi'.
cbariot en fonte courant sur un rail circulaire. La
sole est munie d'un rebord de 50 centimètres de bau-
teur; elle est recouverte d'une voûte reposant sur
des segments de cercle en fonte soutenus par des
piliers également en fonte. Le chauffage est assuré
par deux foyers contigus ou un gazogène; l'échap-
pement se fait par le point diamétralement opposé au
foyer.
Le cbai^ement du sel s'effectue par une ou plu-
sieurs trémies automatiques. Le .déchargement a lieu
par une ouverture conique au centre de la sole.
— \u —
Pendant la rotation lente de celle-ci, la masse saline
est constamment brassée par une série de fourches
montées en ligne sur des axes verticaux. Pour vider
le four, on opère à la main ou en se servant d*un
certain nombre de racloirs commandés par une chaîne
sans On.
Récupération de l* ammoniaque.
La récupération de l'ammoniaque des eaux-mères
est un point important. Cette ammoniaque est repré-
sentée pour un tiers par du bicarbonate et pour deux
tiers par du chlorhydrate d'ammoniaque.
Pour régénérer l'ammoniaque, la méthode ralion-
nelle consiste d'abord à chauffer les eaux à 55 ou 60"",
pour dégager l'acide carbonique du bicarbonate; cette
opération se fait dans un petit appareil à distiller
chauffé par un peu de vapeur. Dans un second dis-
tillateur, où l'on porte la température à 100% on
achève de chasser le restant d'acide carbonique qui
entraine un peu d'ammoniaque. Finalement, on traite
leau-mère par la chaux.
C'est une opération délicate, car il faut mettre
assez de chaux pour décomposer tout le chlorhydrate,
tout en évitant un excès qui, en se déposant, occa-
sionnerait des obstructions. On emploie de la chaux
bien éteinte sous forme de lait ou de pâte très homo-
gène et exempte de grains. A cet effet, on fait circuler
le lait de chaux, avant de s'en servir, dans plusieurs
bacs de décantation, pour lui permettre d'abandonner
toutes les parties sableuses, les incuits et les surcuils.
— 115 —
Dans Tappareil à régénération, comme le liquide se
trouve déjà à 100°, il se produit un fort dégagement
de chaleur; on introduit la chaux dans un comparti-
ment très élevé, afin d'éviter tout entraînement de
mousses.
Nous avons dit que Feau-mère contient encore un
tiers d'ammoniaque sous forme de bicarbonate; cela
revient à dire que le tiers du chlorure de sodium de
la saumure est resté indécomposé. La réaction ne peut
pas, en effet, être poussée complètement jusqu'au
bout et, pratiquement, l'on n'arrive à transformer en
bicarbonate de soude que les deux tiers du chlorure
de sodium employé.
L'ammoniaque expulsée des eaux-mères est, comme
nous l'avons dit en commençant, introduite dans la
saumure fraîche.
Utilisation des eaux-mères.
Les eaux contiennent encore du chlorure de cal-
cium et du chlorure de sodium en solution. Ces deux
sels peuvent être extraits et obtenus séparément par
cristallisation et évaporation.
Comme les débouchés du chlorure de calcium sont
assez restreints, on a cherché une utilisation plus
avantageuse de sa solution. En décomposant celle-ci
par l'électrolyse, on pourrait obtenir directement du
chlorure de chaux. Ce procédé, qui permettrait de
retirer du sel marin employé comme matière pre-
mière, non seulement le sodium à l'état de carbonate
de soude, mais encore le chlore sous une forme émi-
— H6 —
nemment industrielle, a fait Tobjet de plusieurs bre*
vêts, pris par la Société Solvay; aucun de ceux-ci,
toutefois, n'a encore reçu d'application pratique.
M. Solvay a également proposé d'utiliser les eaux-
mères pour l'enrichissement des craies phosphatées.
Celles-ci seraient, après broyage, lavées puis séchées
et calcinées ; l'on obtient ainsi des phosphates mélan-
gés de chaux caustique. En traitant méthodiquement
les eaux-mères par ces produits calcinés, sous l'action
d'un courant de vapeur, on peut dégager l'ammo-
niaque et obtenir comme résidu des phosphates
riches.
Production. — Commerce.
La production de carbonate de soude par le procédé
Solvay a atteint, en 1905, le chiffre de 50^000 tonnes.
Cette quantité est presque exclusivement consommée
en Belgique, les autres pays étant desservis par les
usines que la Société Solvay a fondées à l'étranger.
Le carbonate produit présente en moyenne une
teneur de 98 p. c.
Sa valeur varie de 10 à 11 francs les 100 kilo-
grammes.
Les industries qui emploient le carbonate de soude,
soit comme matière première, soit comme réactif,
soit comme dissolvant, etc., sont excessivement nom-
breuses.
En premier lieu, le carbonate de soude sert à pré-
parer les cristaux de soude employés dans l'économie
domestique. Avec le carbonate de soude on fabrique
— 117 —
également de la soude caustique. Mais les applications
les plus nombreuses du carbonate de soude sont
d'abord celles qui ont pour but d'introduire la base
soude dans le produit à obtenir, c'est-à-dire de fabri-
quer différents composés de sodium; puis celles dans
lesquelles on utilise la soude comme intermédiaire en
mettant à profit ses propriétés dissolvantes ou réagis-
santes pour éliminer certaines matières dans le cou-
rant d'une fabrication.
Parmi les industries qui emploient la soude comme
matière première proprement dite, citons : la verrerie
(fabrication de verres fins pour lesquels le sulfate de
soude ne peut pas être utilisé), i'émaillage de la
faïence, de la porcelaine, des vitraux, la fabrication
du bleu d'outremer, etc. Dans ces fabrications, la
soude est introduite par voie sèche.
On obtient aussi toute une série de sels de sodium
à l'aide de procédés par voie humide, soit par satura-
tion d'un acide, soit par double décomposition; men-
tionnons entr'autres les composés suivants, qui se
fabriquent en Belgique : fluorure, hypochlorite, bisul-
fite, phosphate, borate, silicate, fluosilicate, sulfo-
cyanure, acétate, etc.
La soude est utilisée comme corps dissolvant,
quelquefois par voie sèche, mais plus généralement
par voie humide, entre autres dans la fabrication du
papier et de l'amidon, le lavage des laines, le travail
du caoutchouc, 1 épuration des huiles végétales, etc.
Elle intervient, comme corps réagissant ou neutra-
lisant d'un acide intermédiaire, dans la fabrication de
la dextrine, de la glucose, de l'éther, de la nitrocel-
— 118 —
lulose, de la soie artificielle, dans la purification de
Talcool, des pétroles, des benzols, la distillation des
eaux ammoniacales, etc.
Le bicarbonate est employé comme levure ; il sert
aussi à la fabrication des savons en poudre, des bois-
sons gazeuses, etc.
Quant au chlorure de calcium, il est livré sous
forme solide. A cause de son avidité pour Teau, il est
employé pour dessécher Vair et les gaz (assèchement
des locaux humides). Il sert également à empêcher la
congélation de Teau; il est utilisé, à cause de cette
propriété, dans les machines frigorifiques et dans le
procédé Poetsch pour le foncement des puits de mine
dans les sables boulants.
ir. — CHLORURE DE CHAUX. — SOUDE CAUSTIQUE.
i'' Chlorure de chaux.
Pkocédés de fabuication.
On ne produit pas en Belgique le chlore pour le
livrer à Tétat libre en dissolution dans Teau^ mais
exclusivement pour la fabrication du chlorure de
chaux. Ce dernier corps, dont les propriétés oxy-
dantes et décolorantes sont bien connues, se présente
sous une forme beaucoup plus commode pour le
transport et pour les applications industrielles.
L'ancien procédé de fabrication au moyen du per-
— H9 --
oxyde de manganèse est complètement abandonné
comme trop coûteux. Le chlorure de chaux est obtenu
dans notre industrie par les deux méthodes suivantes :
1° Par ta décomposition électrolytique du chlorure
de sodium, pratiquée par la Société Solvay;
^ Par le procédé Deacon, dans lequel on utilise
l'acide cblorhydrique produit dans tes fours à sulfate
de soude; ce procédé est appliqué par la fabrique
de produits chimiques de Droogenbosch.
Le premier mode de fabrication tend à prendre
— 120 —
chaque jour plus d'importance. Son développement
serait encore plus rapide s'il n'y avait pas à tenir
compte de ce fait qu'il fournit, parallèlement au
chlore, de la soude caustique, dont les applications
ne sont pas fort nombreuses et dont 1 écoulement
commercial se trouve, par conséquent, assez limité.
Chacune des deux méthodes comporte deux opéra-
tions fondamentales : la production du chlore, la
chloruration de la chaux.
Les matières premières essentielles mises en œuvre
sont, comme pour la fabrication de la soude : le
chlorure de sodium brut, l'acide sulfurique, le cal-
caire servant à préparer la chaux.
a) Méthode éleotrolytique.
Production du chlore.
Principe. — Le principe de la méthode électro-
lytique consiste à décomposer une solution de chlo-
rure de sodium par un courant électrique. Les deux
éléments du sel se séparent. Le chlore se dirige vers
l'anode, où il est recueilli à l'état gazeux; le sodium
se rend à la cathode et, réagissant avec l'eau, se
transforme en soude caustique, tandis que l'hydro-
gène mis en liberté se dégage.
Mais, par suite des courants liquides qui s'éta-
blissent dans le bain, le chlore vient en contact avec
l'alcali et il se forme de l'hypochlorite de soude.
Pour recueillir le chlore séparément, il faut donc
avoir recours à un dispositif approprié. Le moyen
^ 121 —
employé dans le procédé Solvay consiste dans Temploi
d'une cathode en mercure ; ce dernier absorbe à Tétat
naissant le métal alcalin à mesure qu'il se forme par
Félectrolyse, de telle sorte que le chlore peut sortir
librement. Il va de soi qu'il faut ensuite décomposer
l'amalgame formé, pour en dégager le sodium et régé-
nérer le mercure, qui peut servir indéfiniment.
Appareils. — Nous donnons, d'après M. V. Hôlb-
ling (^), une description sommaire des dispositifs
o
V'ig. "US. — Appareil Solvay, pour l'élcctrolyso
(lu chloruro de sodiiini.
imaginés par la Société Solvay pour réaliser l'opé-
ration.
L'électrolyseur, dont on fait usage, est agencé de
telle manière que l'amalgame qui se forme à la sur-
face du mercure et qui, en vertu de sa plus faible den-
sité, se maintient toujours à la partie supérieure, est
enlevé au fur et à mesure de sa formation. Cet amal-
(1) Traité de la fabrication des matières de blanchiment, Irad.
L. Gautier.
— 122 —
game s'écoule d'une façon continue à l'une des extré-
mités par un trop-plein disposé un peu en dessous du
niveau du mercure (à gauche sur le dessin). 11 se rend
ensuite par le tube ascendant D dans l'appareil à
décomposition, où se forme la soude caustique, avec
dégagement d'hydrogène. La rentrée du mercure régé-
néré a lieu en B, à l'autre extrémité.
Au-dessus du mercure, se trouve le bain de chlorure
de sodium dans lequel plongent les anodes en char-
bon. La circulation de ce liquide est continue comme
^^^
Fij< !27. — Appareil Solvay avec dispositif pour la riiTuhUiou
continue <ies liquides
celle du mercure, grâce aux tuyaux d'entrée et de
sortie S et Si. Le chlore gazeux se dégage par un tube
placé à la partie supérieure.
La Société Solvay possède également un dispositif
ayant pour but d'empêcher la régénération du chlo-
rure de sodium, qui tend à se réaliser aux dépens du
sodium mis en liberté à la cathode et du chlore dont
il reste toujours une certaine partie en dissolution
dans la saumure. Ce résultat est obtenu en séparant le
liquide anodique (solution saline) de la cathode (mer-
cure) par une solution plus concentrée de chlorure de
— 123 —
sodium, empêchant le chlore d'arriver au contact du
sodium. 11 y a donc, immédiatement au-dessus du
mercure, une couche de liquide saturée de sel; par-
dessus, se trouve une couche plus pauvre dans laquelle
plongent les anodes et où le chlore gazeux se dégage.
Ces deux couches restent toujours distinctes; mais il
faut constamment enrichir les deux solutions, afin
qu'elles se maintiennent invariablement aux mêmes
degrés de concentration. Dans ce but on fait écouler
les deux liquides continuellement, mais séparément.
Fîg. 28. — Appareil Solvay; autre disposilioii.
à une des extrémités de Tappareii. Après enrichisse-
ment par un passage à travers un réservoir rempli de
sel, on les fait rentrer à l'autre extrémité au moyen
d'une pompe.
Pour empêcher les deux solutions de se mélanger,
des cloisons protectrices, plongeant à des niveaux
différents, sont établies de chaque côté.
La Société Solvay a imaginé une autre disposition
plus simple, qui permet de réaliser le même effet sans
avoir recours à la circulation des solutions salines.
Celles-ci s'enrichissent d'une façon constante et uni-
forme par diffusion; elles communiquent avec des
— 124 —
réservoirs remplis de sel placés à des hauteurs diffé-
rentes et dont la capacité est calculée de façon à main-
tenir les deux solutions toujours aux mêmes degrés de
concentration.
Il est clair que ces dispositifs doivent être combinés
avec la circulation continue du mercure, expliquée
précédemment, afin d^avoir un fonctionnement nor-
mal de l'appareil.
ClILOUU RATION DE LA CHAUX.
Pour obtenir le chlorure de chaux, il suffit de faire
agir le chlore gazeux sur de la chaux éteinte.
Cette opération s'effectue dans des chambres assez
grandes, qui sont généralement en plomb, rappelant
les chambres à acide sulfurique. Elles ont 20 à
50 mètres de long sur 10 de large et au moins 2 mètres
de haut. L'intérieur est peint fortement au minium;
le fond reçoit un enduit d'asphalte. On y étend une
couche de chaux de 20 centimètres. Le chlore est
introduit à la partie supérieure par un ajutage tubu-
laire avec fermeture hydraulique. Les chambres sont
munies de portes en fer ou en bois garni et de regards
pour examiner l'allure de la réaction.
Le travail se fait d'une façon continue; trois ou
quatre chambres sont en communication par le haut;
l'une est en vidange pendant que les autres sont en
fonctionnement. Le chlore est introduit lentement et
passe d'une chambre à l'autre en expulsant l'air devant
lui.
Bien que la chaux absorbe facilement le chlore, on
— 125 —
s efforce d'éviter tout dégagement dans l'atmosphère
de gaz en excès au moyen d'une distribution méca-
nique de chaux en poudre dans les chambres.
On doit pour la chloruration faire usage de chaux
très pure, bien cuite, éteinte lentement et complète-
ment, puis tamisée.
On admet en moyenne un rendement de 9 kilo-
grammes de chlorure de chaux par mètre carré de
chambre.
b) Procédé Deacon.
Pu0DUCTI0?i DU CHLORE.
Le principe du procédé Deacon consiste à faire
passer un mélange d'air chaud et de gaz chlorhy-
drique sur des corps poreux imprégnés d'un sel de
cuivre, tel que le sulfate ou le chlorure cuivrique.
En vertu de certaines réactions inverses, ces sels
abandonnent du chlore, mais se reforment constam-
ment.
Voici, d'après Sorel, comment les opérations se
réalisent dans l'industrie :
Les gaz chlorhydriques, provenant des fours à fabri-
cation du sulfate de soude, sont d'abord refroidis dans
une longue conduite de réfrigération où Ion introduit
une quantité convenable d'air; ce refroidissement a
pour but de débarrasser les gaz de la majeure partie
de la vapeur d'eau, afin d'obtenir une réaction plus
complète sur le sel de cuivre.
Les gaz sont amenés ensuite au surchauffeur, appa-
reil formé de deux séries de douze tuyaux disposés en
arcade sur deux
couples de con-
duites horizon-
tales parallèles.
L'ensemble est
renfermé dans une
chambre en ma-
çonnerie chaufiëe
par un foyer laté-
Kig. ^1. — siinhaiLiTi'iir Dnieim. raL Lc mélange
gazeux, en circu-
lant dans ces tuyaux, est porté à une température
de 450°.
Ils arrivent alors au décomposeiiry dans lequel a
lieu la réaction sur le sel de
cuivre et le dégagement de
chlore. Un décomposeur est
formé par un gros cylindre
en fonte,entouré d'une enve-
loppe en maçonnerie; dans
l'espace vide existant entre
les deux cloisons circulent
d'abord des gaz chauds pro-
venant du surchauOeur.
Le mélange d'acide cblo-
rhydrique et d*airentre dans
le cylindre par la partie su-
périeure; le chlore dégagé
s'échappe par un gros tuyau
— iîl —
central. La décomposition s'effectue dans un espace
polygonal annulaire, disposé autour du tuyau cen-
tral de sortie et divisé en huit ou douze comparti-
ments. Ces compartiments sont remplis de la matière
poreuse imprégnée du sel de cuivre; leurs surfaces
parallèles sont formées de jalousies^ de façon à laisser
pénétrer le mélange gazeux. Des tubulures sont pla-
cées en haut et en bas de chaque compartiment pour
permettre leur remplissage et leur vidange.
La matière poreuse employée consiste en résidus de
pyrite ou en fragments de briques; on l'imprègne
généralement de chlorure cuivrique, sel qui se
prête le mieux à une marche continue. Le chlorure
cuivrique est obtenu en dissolvant les cendres cui-
vriques, au contact de Tair, dans de Tacide chlorhy-
drique.
La masse, se fatiguant, doit être renouvelée à inter-
valles convenables. La vidange est organisée métho-
diquement par roulement des compartiments, de telle
sorte que le travail est continu.
La masse épuisée contient encore de 0.2 à 0.5 p. c.
de cuivre métallique; jusque maintenant, on n'a
pas encore trouvé le moyen de tirer parti de ce
cuivre.
A la sortie du décomposeur, les gaz se rendent dans
un appareil de condensation semblable à ceux utilisés
pour la fabrication de l'acide chlorhydrique; il est
terminé par une tour à plateaux, dans laquelle les
gaz abandonnent l'acide chlorhydrique entraîné. Les
gaz sont ensuite séchés en circulant de bas en haut
dans une tour en plomb dont In garniture intérieure
— 128 —
est arrosée par de Tacide sulfurique à GO"" ou 62^ B.
Les gaz sont alors prêts pour la chloruration de la
chaux.
Chloulration de la chaux.
Les gaz sont refoulés dans les chambres de chloru-
ration par une soufflerie Root. Ces chambres sont
construites au moyen de grandes plaques de schiste
ou de grès, et divisées
en seize étages par des
plaques de même ma-
tière. Sur chaque étage,
on étend une mince cou-
che de chaux éteinte; les
gaz entrent par le haut
et sortent par le bas
après avoir léché tous
les étages, puis pénètrent
dans la chambre suivante
qu'ils parcourent de bas
en haut, et ainsi de suite. Cette disposition est néces-
saire parce qu'on n'a pas affaire ici à une atmosphère
de chlore presque pur, mais à un mélange gazeux
pauvre, contenant une assez grande quantité de gaz
inerte provenant de l'air introduit h la sortie du four
à sulfate; il s'ensuit que la réaction est beaucoup
moins vive et il faut offrir aux gaz de grandes sur-
faces de contact pour utiliser convenablement le
chlore qu'ils contiennent.
Fig. 31. — Chambre do chloruration
Deacon.
— 429 —
Chlorure de chaux liquide.
Le chlorure de chaux liquide est préparé par simple
dissolution du chlorure de chaux solide, qui est
soluble dans Teau.
On pourrait l'obtenir également par l'électrolyse
d'une solution de chlorure de calcium. Aucun dispo-
sitif n'est nécessaire, cette fois, pour soustraire le
métal mis en liberté à l'action du chlore; il faut, au
contraire, laisser ce dernier se combiner avec Thydrate
de chaux qui se forme. Cette méthode de fabrication
n'est pas, croyons-nous, appliquée à l'usine de la
Société Solvay.
Production. — Commerce.
La quantité totale de chlorure de chaux solide
fabriquée annuellement en Belgique, tant par la
méthode électroly tique que par le procédé Deacon,
peut être évaluée à 6,000 tonnes environ. Cette pro-
duction n'est que partiellement affectée aux besoins
du pays et nous importons de grandes quantités de
chlorure de chaux d'Angleterre, de France et d'Alle-
magne. D'autre part, une assez forte partie de notre
chlorure de chaux est vendue à l'étranger, notam-
ment au Canada, aux Ëtats-Unis, etc.
Le chlorure de chaux se présente sous forme d'une
poudre blanche mélangée de petites masses agglomé-
rées; il s'expédie en fûts.
Sa valeur commerciale dépend de sa teneur en
chlore actif, qui va jusque 37 à 38 p. c.
9
— 130 —
Le prix pour Texportation est actuellement de
9 fr. 50 c. les 100 kilogrammes, franco port d'embar-
quement.
La préparation du chlorure de chaux liquide est
pratiquée par deux usines, livrant par an environ
1,600 tonnes. Ce produit est transporté en dames-
jeannes de 60 à 70 litres. Sa valeur est de 4 francs les
100 kilogrammes, pour une densité de 8 à 10*" B.
Le chlorure de chaux solide est très employé comme
matière de blanchiment, dans l'industrie textile, dans
la fabrication du papier, etc.
Le chlorure de chaux liquide n'est destiné qu'à
des besoins locaux.
^'^ Soude caustique.
Procédés de fabrication.
La soude caustique est obtenue soit par la décom-
position électrolytique du chlorure de sodium, ainsi
que nous l'avons expliqué précédemment, soit en
caustifiant le carbonate de soude par la chaux.
Dans le premier procédé, la solution de soude caus-
tique, formée par le sodium dégagé de son amalgame,
doit être concentrée et évaporée jusqu'à ce que
Ton obtienne une masse solide. Le produit présente
une richesse de 76 à 78 p. c. de soude caustique
anhydre.
La fabrication au moyen du carbonate comporte des
opérations assez longues, qui doivent être effectuées
à l'ébullition. Le point important est d'arriver à une
— 131 —
caustiticatioa complète et de débarrasser les lessives
des impuretés qui se précipitent.
L'usine de Couillet, appartenant à la Société Solvay,
possède une installation complète pour l'application
de ce procédé, qui tend, d'ailleurs, de plus en plus à
céder le pas à la méthode électrolytique.
La soude caustique est, dans certains cas, fournie
sous forme de lessives à une densité variant de 55 à
50^6; ces solutions contiennent de 15 à 20 p. c. de
soude caustique anhydre. De petites usines livrent
également, sous le nom de caligène ou extrait de savon,
des lessives de 10 n 30** B.
Production. — Commerce.
La production annuelle de soude caustique solide
peut être estimée à environ 2,000 tonnes.
Ce produit vaut actuellement 27 francs les 100 ki-
logrammes. Il s'expédie généralement en tambours de
fer d'une contenance de 400 kilogrammes.
Les lessives se transportent soit en touries, soit en
wagons-citernes de 10 à 12 tonnes. Elles se vendent
à raison de 50 à 55 centimes l'unité de soude caustique
anhydre.
La principale application de la soude caustique
réside dans la fabrication des savons durs. La soude
caustique est employée pour le lavage de divers pro-
duits après traitement par un acide, notamment de la
naphtaline, de l'anthracène, du naphte,du pétrole, etc.
C'est également au moyen de ce réactif que l'on
— 132 —
dissoud certaines substances animales telles que le
cuir, la laine, la soie, les poils, etc. Enfin, la soude
caustique intervient dans la fabrication des couleurs
d'aniline.
La plupart des industries qui utilisent la soude
caustique remploient sous forme de solution. Il
semble quelles auraient avantage à préparer directe-
ment ces lessives par caustification du carbonate de
soude, de façon à économiser les frais de concentra-
tion et d'évaporation nécessaires pour amener la
soude caustique à l'état solide.
in. — CRISTAUX DE SOLDE.
ACIDE SULFUREUX ET RISULFITES. — COMPOSÉS DIVERS.
1<> Cristaux de soude.
Fabrication.
La soude brute, telle qu'elle était obtenue par l'an-
cienne méthode Leblanc, ne pouvait pas servir direc-
tement aux usages domestiques; il était nécessaire de
la purifier par une dissolution et une cristallisation.
Dans cette opération, le sel de soude absorbe une
notable quantité d'eau et ne contient plus pratique-
ment que 55 à 36 p. c. de carbonate.
Bien que la soude fabriquée par le procédé Solvay
soit beaucoup plus pure, on continue néanmoins à la
transformer en cristaux de soude, l'habitude en étant
— 133 —
prise par le consommateur, qui trouve que le carbo-
nate pur a rinconvénient d'être trop sec.
En même temps, il est d'usage d'ajouter au carbo-
nate une certaine proportion de sulfate de soude, afin
de donner aux cristaux de la solidité. Malheureuse-
ment, cette proportion a été toujours en augmentant
au détriment de la qualité du produit, et, à l'heure
actuelle, le sel de soude ordinaire du commerce est
presque exclusivement constitué par du sulfate de
soude. Ce produit est parvenu ainsi, par un moyen
détourné, à récupérer une partie du débouché qui lui
avait enlevé l'abandon de la méthode Leblanc. On lui
ajoute un peu de carbonate de soude pour neutraliser
l'acidité qu'il pourrait encore présenter.
Parfois, on utilise même, pour faire des cristaux
de soude, le bisulfate provenant de la fabrication de
l'acide nitrique, après l'avoir neutralisé au moyen de
chaux.
Les matières premières, soude Solvay et sulfate de
soude, sont fournies en partie par la Belgique, en
partie par l'Angleterre. Les prix moyens sont respec-
tivement de 10 et 4 francs les 100 kilogrammes.
La dissolution des sels de soude se fait généra-
lement dans des bacs à double fond chauffés à la
vapeur.
Le liquide est maintenu à une température de 55^
jusqu'à ce qu'il atteigne une concentration de 50 à
54"" B. La solution se rend ensuite dans de grands
cristallisoirs à fond hémisphérique, ou dans de petits
cristallisoirs évasés à fond plat. Ce dernier système
donne de meilleurs résultats en été; la chaleur entra-
— 434 —
vant la cristallisation, celle-ci se fait mieux dans des
vases peu profonds qui se refroidissent facilement.
PuoDiCTioN. — Commerce.
On classe commercialement les cristaux de soude
de la manière suivante :
Cristaux purs, genre anglais ou en couteaux, conte-
nant 80 à 90 p. c. de carbonate cristallisé, valeur :
5 à 7 francs les 100 kilogrammes;
Cristaux mixtes, contenant plus ou moins de sul-
fate, valeur : 4 fr. 50 à 5 fr. 50 les 100 kilogrammes,
suivant le degré de pureté;
Cristaux ordinaires, en fer de lance, presque exclu-
sivement composés de sulfate, valeur : 4 francs (^).
On fabrique également du sulfate de soude pur en
cristaux ou en aiguilles. Ce produit, connu dans le
commerce sous le nom de sel de Glauber ou sel anglais,
est utilisé en teinture et employé comme purgatif
pour bestiaux. Sa valeur est de 4 fr. 50 à 5 francs les
100 kilogrammes.
La production totale de ces cristaux s'élève annuel-
lement à environ 40,000 tonnes, non compris ceux
fabriqués à Tusine de la Société Solvay.
(*) Concurremment aux sels de soude, certaines maisons livrent
depuis quelque temps sous le nom de sodea', sodal, litosoline, etc., des
matières de blanchiment en poudre constituées essentiellement par du
carbonate de soude brové.
— 135 —
Les sels de soude pour blanchi ment s'exportent un
peu en Hollande; le sel anglais est vendu en partie
en France, en Angleterre, en Allemagne et en Hol-
lande.
L'expédition se fait pour l'intérieur du pays en sacs
de 50 et 100 kilogrammes et pour l'étranger en fûts
de 100 à 200 kilogrammes.
La préparation des cristaux de soude est générale-
ment pratiquée par de petites usines, répandues un
peu partout dans le pays ; souvent ces établissements
y. adjoignent la fabrication de quelques autres pro-
duits chimiques : sulfate de magnésie, chlorure de
chaux liquide, eau de javelle, bisulfite de chaux; Tun
d'eux fabrique en même temps le sulfate de soude
brut et l'acide chlorhydrique. Quelques savonniers
produisent aussi les cristaux de soude. Enfin, les
cristaux de .soude purs sont encore fabriqués par
l'usine Solvay de Couillet. Ils constituent également
un produit secondaire du raffinage de la potasse et
de la fabrication de Talumine par le procédé Peni a koff.
S"" Acide sulfureux et bisulfites.
Fabrication.
La fabrication de lacide sulfureux en solution et
des bisulfites de soude et de chaux liquides s'opère à
l'aide des mêmes appareils.
Le gaz sulfureux est obtenu par la combustion du
soufre brut, soit dans de simples cylindres horizontaux
— 136 —
en fer dont la porte est percée d'ouvertures pour
rentrée de l'air, soit dans des appareils plus perfec-
tionnés avec injecteurs pour l'introduciion de l'air et
réfrigérant subséquent.
Ap|i,ir<-îl iiM.'i' iiiicrk'iii' |iiiin- la |iii'piiraiii)ii il
— 137 —
Le gaz sulfureux se rend dans une série de cham-
bres en plomb, avec charpente en bois, hermétique-
ment closes. Ces chambres,
qui sont à double fond, con-
tiennent soit du carbonate de
soude, soit du lait de chaux.
Des robinets adaptés à la
partie inférieure servent à
extraire la solution de bisul-
fite formée.
Le gaz sulfureux est expul-
sé par une cheminée après
épuisement convenable, ou
bien est amené dans une
dernière chambre contenant
de Teau et où Ton prépare la solution d'acide sulfu
reux.
Fig m. — Chambre
pour la préparation ftcs bisulfites.
Production. — Commerce.
Acide sulfureux.
La production est d'environ 40 tonnes par an. Ce
produit ne peut supporter un transport un peu long;
il s'expédie en fûts de 150 kilogrammes, quelquefois
en touries. Il vaut environ 10 francs les 100 kilo-
grammes, 15 francs en touries.
L'acide sulfureux liquide, livré au commerce, a une
densité de S^'B; il est employé en brasserie pour la
désinfection des tonneaux et la dissolution des géla-
tines.
— 138 —
Bisulfite de soude.
La production atteint 2,500. tonnes, dont plus de
2,000 s'exportent dans tous les pays du monde, sauf
en France. Le prix est de 9 fr. 50 c. à 10 fr. 50 c.
les 100 kilogrammes; pur et à forte densité, il atteint
25 francs les 100 kilogrammes.
Le bisulfite de soude liquide sert principalement au
lavage des laines. Sa densité va de 50 à 40^ B. On pré-
pare aussi des pastilles avec du bisulfite de soude en
poudre venant d'Allemagne; ces pastilles sont intro-
duites dans les fûts de bière avant la fermeture de In
bonde.
Bissulfile de chaux.
La production annuelle est d'environ 800 tonnes
vendues presque entièrement en Belgique et un
peu en Hollande. Ce produit s'expédie en fûts de
260 kilogrammes; sa valeur est de 8 à 15 francs sui-
vant densité.
Le bisulfite de chaux liquide, sert aux mêmes
usages que l'acide sulfureux; sa densité varie de 11 à
150 B.
L'acide sulfureux en solution et le bisulfite de
chaux sont souvent remplacés ms^intenant par l'acide
sulfureux liquéfié, produit facilement transportable,
dont nous nous occupons à une autre place (^j.
(*) Voir Troisième Partie.
— 139 —
l^"" Composés divers.
Sulfate de magnésie.
Ce produit, vendu en droguerie sous le nom de sel
(VEpsom^ se prépare au moyen du sulfate de magnésie
brut ou kieserite de Stassfurth, par dissolution et
cristallisation.
Il est fabriqué en Belgique par deux usines, qui pro-
duisent ensemble environ 1,700 tonnes par an, dont
1,100 à 1,200 sont exportées.
On fournit deux qualités de sulfate de magnésie : le
sel pour rindustrie (apprêt des tissus), à fr. 8,50 les
100 kilogrammes, et le sel pour usage pharmaceu-
tique, à fr. lia 12 les 100 kilogrammes.
Hypochlorite de soude.
L'hypochlorite de soude est un liquide de blanchi-
ment qui se prépare en faisant réagir du chlorure de
chaux liquide sur du carbonate ou du sulfate de
soude. On obtient une solution d'hypochlorite de
soude contenant également du chlorure de sodium,
et, en outre, un précipité de carbonate ou de sulfate
de calcium que Ton sépare.
La solution d'hypochlorite, connue dans le com-
merce sous le nom d'ean de javel, a une densité qui
varie entre 18 à SO** B; elle s'expédie de la même
manière que le chlorure de chaux liquide.
La valeur varie, suivant densité, de 10 à 16 francs
les 100 kilogrammes.
1
— 140 —
Les cinq maisons, qui s'occupent de la préparation
de l'eau de javel, en produisent environ 500 tonnes
par an, qui sont presque entièrement vendues dans
le pays.
Chlorure de zinc.
Le chlorure de zinc se fabrique en petite quantité
en Belgique; il se prépare en dissolvant du zinc dans
de Tacide chlorhydrique. La solution obtenue a une
densité de SS^'B et contient environ 50 p. c. de chlore.
La production annuelle est d'environ 500 tonnes
dont 200 sont exportées; le prix est de 24 francs les
100 kilogrammes.
Le chlorure de zinc est utilisé en médecine, comme
désinfectant, et en teinture» on s'en sert aussi pour
la préservation des billes de chemin de fer.
Sulfure de sodium.
II s'agit ici, non pas du sulfure de sodium pur, mais
plutôt d'un mélange contenant une certaine propor-
tion de ce composé.
La fabrication comprend d'abord la fusion des
matières premières, soufre brut et carbonate de
soude, dans une chaudière installée au-dessus d'un
foyer. Lorsque la réaction est achevée, on fait couler
la masse, de consistance pâteuse, dans une cuve placée
en contrebas du sol. On la coule en plaques de 10 kilo-
grammes et aussitôt après refroidissement, on emballe
celles-ci dans des caisses de bois zinguées et soudées
— 441 —
afin d'éviter le contact de l'air. Ces caisses ont un poids
de 75 kilogrammes.
La production s'élève à environ 150,000 kilo-
grammes annuellement. La plus grande partie est
exportée en France et dans la République Argen-
tine. La valeur commerciale de ce produit est de
50 francs les 100 kilogrammes.
Le sulfure de sodium sert surtout à la préparation
des bains de Barèges; on l'emploie aussi comme anti-
galleux pour moutons,
La fabrication du sulfure de sodium pur par la
réduction du sulfate de soude est en essai dans une
de nos importantes fabriques de produits chimiques.
IV. — POTASSE. — SALPÊTRE. — SEL RAFFINÉ.
l"" Potasse.
Matières premières.
La potasse fabriquée en Belgique est d'origine végé-
tale et animale. La première est extraite des vinasses
ou résidus de la distillation des mélasses de bette-
rave ; la seconde est retirée des eaux de suint prove-
nant du lavage des laines.
Les vinasses sont les résidus liquides que l'on
obtient après avoir séparé l'alcool par distillation des
mélasses provenant de la fabrication du sucre de
betterave. Ces liquides contiennent, outre diverses
matières organiques, une certaine quantité de sels de
— 142 —
potasse (carbonate, chlorure, sulfate) et du carbonate
de soude.
La teneur des vinasses en sels alcalins est assez con-
sidérable; aussi les distillateurs de mélasses ne négli-
gent-ils pas de tirer parti de ces sous-produits, dont
le traitement constitue une opération rémunératrice.
Le suint, matière grasse sécrétée par la peau des
moutons, se trouve mélangée à la laine brute ou en
suint^ dans une proportion dépassant souvent 20 p. c.
du poids de la laine. Cette substance est formée en
grande partie par des sels organiques de potasse; elle
constitue une source précieuse d'une potasse suscep-
tible d'être obtenue à un haut degré de pureté. On
compte que 100 kilogrammes de laine en suint
peuvent fournir de 5 à 7 kilogrammes de carbonate
de potasse brut.
A. — Potasse de vinasses.
Potasse brute.
F'abuication.
Pour retirer la potasse brute, on concentre les
vinasses, puis on évapore jusqu'à obtenir un résidu
sec qui porte le nom de salin de betterave.
Les vinasses n'ont qu'une densité de 4** B environ.
On les concentre généralement jusqu'à une densité
de W B et, dans certaines usines, jusqu'à une densité
de 30o B. Cette opération s'effectue dans des appareils
à double ou à triple effet, analogues à ceux employés
Vig. :ti. — Kimi- riiiiilnii pour Jn c-n1i'iii;ili
(k)LI|H!S 1rlIl^itll(lil1:ll•■^.
— 144 —
dans la fabrication du sucre. Les vinasses sont ensuite
mises en dépôt dans une grande cuve, d'où un tuyau
les conduit au four de calcination.
Uappareil encore le plus généralement employé
pour la calcination est le four Porion. C'est un four à
réverbère à deux soles séparées par un autel. Les
vinasses arrivent d'abord dans la sole la plus éloignée
du foyer, où elles achèvent de se concentrer jusqu'à
consistance sirupeuse. Dans cette partie, un ou deux
arbres creux, munis de palettes courbes et tournant
assez vite, remuent constamment le liquide et le pro-
jettent contre la voûte, d'où il retombe en une pluie
traversée par le courant des gaz chauds.
La vinasse est ensuite ramenée par un conduit exté-
rieur sur la première sole, où elle s'évapore complète-
ment, en même temps que les substances organiques
se calcinent. Parfois, cette seconde opération se fait
dans un four de calcination séparé.
Le salin, raclé et extrait du four, est mis en silos
sur une aire, où la calcination s'achève lentement pen-
dant une dizaine de jours, le produit continuant à
blanchir. Celui-ci est ensuite emmagasiné pour être
plus tard expédié, soit en vrac dans des wagons
bâchés, soit en sacs ou en barriques, suivant le désir
de l'acheteur.
Dans une usine, on emploie un système plus
moderne, dans lequel le travail se fait d'une façon
continue et nécessite moins de combustible.
Le four, également formé de deux soles, dont une
très grande, est muni de nombreuses portes de chaque
côté pour surveiller l'opération. Les vinasses, préala-
— 445 —
blement concentrées à 50^ B dans un triple effet, sont
mises en dépôt dans un réservoir placé au-dessus du
four. De là, elles arrivent en une nappe continue à
l'extrémité de la grande sole; elles se concentrent
progressivement en s évaporant et finissent par s'en-
flammer. La calcination s'achève sur la petite sole.
Aucun agitateur n'est nécessaire dans ce système.
Fig. 'Xy. — Foui' continu pour la calcination des vinasses.
Coupes transversales.
Le salin est retiré et tombe dans des wagonnets qui
circulent en dessous du four. Les vapeurs qui s'échap-
pent de la sole sont conduites dans la cheminée d'éva-
cuation. Elles peuvent également être amenées vers un
petit foyer pour être brûlées complètement. Les gaz
se rendent ensuite sous les générateurs de façon à
récupérer la chaleur.
PuoDucTiON. — Commerce.
Il existe en Belgique sept distilleries qui s'occupent
de l'extraction des salins. Leur production varie sui-
vant la quantité de mélasses existant sur le marché,
c'est-à-dire suivant la récolte de betteraves; nor-
10
I
— 146 —
malement on peul l'estimer à environ 4,000 tonnes
par an.
Le prix dépend naturellement de l'abondance du
produit et de la demande de potasse raffinée; il oscille
généralement entre 55 et 45 centimes par unité de
carbonate de potasse, la teneur en autres sels n'en-
trant pas en ligne de compte. Il est rare que le prix
du salin tombe en dessous de 15 à 16 francs les
100 kilogrammes.
La majeure partie de la production est vendue en
Belgique aux raffineurs de potasse. L'exportation tend
à augmenter dès que les prix deviennent moins rému-
nérateurs dans le pays. C'est ainsi que, certaine année,
1,500 tonnes ont été expédiées à l'étranger, en France
et en Amérique par la voie de Hambourg.
Potasse raffinée.
Matières premières.
La potasse raffinée ou carbonate de potasse plus ou
moins pure est fabriquée au moyen des salins de
betterave.
La composition de ces salins varie naturellement
suivant la provenance des mélasses et le traitement
qu'elles subissent. Les chiffres suivants représentent
assez bien leur richesse moyenne en sels alcalins :
Carbonate de potasse 43 à 45 p. c.
Carbonate de soude . . . . . . . iO à 15 p. c.
Chlorure de potasse 8 à 15 p. c.
Sulfate de potasse 15 à 17 p. c.
— 147 —
Le reste est formé de matières insolubles minérales
(carbonate et phosphate de chaux) et de substances
charbonneuses, qui communiquent à la masse une
teinte plus ou moins noirâtre.
Les salins employés pour le ratBnage ne sont pas
tous de provenance belge; il en vient de grandes
quantités de Hollande et aussi de France et d'Alle-
magne.
Fabrication.
La potasse raffinée s'obtient en séparant le carbonate
de potasse des autres sels avec lesquels il se trouve
mélangé dans le salin.
On commence par dissoudre la matière, puis on
concentre le liquide jusqu'à 42^ B. Après décantation,
le refroidissement provoque la précipitation, d'abord,
du sulfate de potassium, puis celle du chlorure de po-
tassium; ces deux sels sont enlevés successivement.
Après une nouvelle concentration à l'ébullition des
eaux-mères jusque 50^B, on obtient par cristallisation
du carbonate double de soude et de potasse que l'on
recueille. Le liquide, évaporé à sec et calciné, donne
du carbonate de potasse. D'autre part, on sépare le
carbonate de potasse du carbonate double, en traitant
celui-ci par une faible quantité d eau bouillante qui
dissout le sel de potasse ; il ne reste plus qu'à évaporer
et à calciner cette solution. Le carbonate de soude
restant est mis en solution pour être utilisé.
Comme on le voit, la séparation des différentes
parties du salin est basée sur les différences de solu-
— 148 —
bililë, à différentes températures, des divers sels en
présence. 11 faut donc soigner attentivement le travail
et bien surveiller les températures des lessives afm de
ne pas dépasser les concentrations voulues.
La matière première arrive aux raffineries en
masses plus ou moins grenues; les plus gros mor-
ceaux doivent être cassés à la main ou broyés méca-
niquement. Le salin ainsi préparé est versé dans des
cuves de lixiviation formant filtres, à double fond
garni de sacs, et pouvant contenir 10 tonnes de
matière.
Le chauffage des solutions se fait le plus souvent à
laide de vapeur, ce qui nécessite une surface de
chauffe assez importante.
Tous les salins ne se comportent pas de la même
façon au cours de leur traitement et la séparation des
sous-produils est plus ou moins difficile suivant l'ori-
gine et la composition de la matière première.
La potasse raffinée présente ordinairement un
degré de pureté qui va de 75 à 93 p. c. et qui
descend parfois jusque GO p. c. ; la teneur moyenne
commerciale est de 80 p. c. Elle contient toujours une
certaine proportion de carbonate de soude, sel qu'il
est presque impossible d'éliminer complètement.
Production. — Commeuce.
Les trois usines belges qui s'occupent du raffinage
de la potasse — conjointement avec d'autres fabrica-
tions, telles que celles du nitrate de potasse et du
savon — fournissent ensemble une production qu'on
— 149 —
peut évaluer à environ 2,600 tonnes par an, dont la
moitié à peu près est exportée vers la France, FAlle-
inagne, l'Espagne, l'Angleterre et l'Amérique du
Nord.
La potasse raffinée est surtout consommée par les
fabricants de savon mou, et un peu par les fabricants
de potasse caustique. Elle s'expédie généralement en
barils de 600 kilogrammes.
La valeur moyenne est de 30 francs pour des
teneurs de 70 à 75 p. c, et de 36 francs pour des
teneurs de 95 à 100 p. c.
SOUSPRODUITS.
Carbonate de soude. — 11 se prépare sous forme de
cristaux. La production est à peu près de 350 tonnes
par an. Nous avons déjà indiqué la valeur de ce
produit.
Sulfate et chlorure de potasse, — Ces sels sont obte-
nus en quantités à peu près équivalentes, ils sont
presque exclusivement vendus dans le pays comme
engrais potassiques. Leur titre est de 90 à 95 p. c. et
leur prix de 20 francs les 100 kilogrammes. Produc-
tion annuelle : environ 500 tonnes.
Noirs de potasse. — Ce sont les résidus ultimes de
la fabrication. Contenant encore 1/2 p. c. d'azote et
1/2 p. c. de potasse, ils sont ajoutés aux engrais miné-
raux pour leur donner de la coloration. Leur valeur
est à peine de 1 franc la tonne, ce qui représente les
frais de mise sur wagon.
— 150 -
B. — Potasse de suint.
Fabrication.
Eaux de suint. — Le suint étant très soluble dans
Teau, il est facile de le séparer de la laine par trem-
page avant qu'elle ne passe aux léviathans.
Il existe des systèmes perfectionnés pour épuiser la
laine le plus complètement possible par un lessivage
automatique et méthodique. Tel est l'appareil Richard
Lagerie, qui est divisé en une série de compartiments
contenant des eaux de suint à différentes concentra-
tions. A l'aide d'une petite pompe, on fait passer
successivement ces eaux sur la laine à désuinter que
Ton introduit par parties dans une cuve portée sur
roues. L'eau la plus pure vient en contact avec la
laine presque épuisée et la laine en suint reçoit l'eau
la plus chargée.
Les eaux de suint ainsi obtenues ont une densité
qui varie de 1,050 à l,iOO degrés (10 à 12^ B)- Quand
elles ne sont pas traitées dans l'établissement lui-
même, elles sont mises en fuis de 500 litres pour être
livrées aux fabricants de potasse.
Potasse. — Comme pour la potasse de vinasses, les
eaux sont concentrées, évaporées et calcinées. Ces
opérations s'effectuent dans des fours rappelant le
four Porion, mais sans agitateurs. Il y a également
deux soles séparées par un autel, et en plus une troi*
sième sole supérieure où commence la concentration.
451 —
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a.
— 162 —
La potasse calcinée, retirée du four, est mise dans
des loges en maçonnerie, où elle séjourne de quinze à
vingt jours, pendant lesquels la calci nation s'achève
peu à peu.
La potasse brute de suint rappelle comme aspect le
salin de betterave, mais elle contient de 75 à 80 p. c.
de carbonate de potasse. Grâce à cette richesse, elle
est recherchée pour fabriquer la potasse caustique et
pour préparer les lessives destinées à la fabrication
des savons mous.
Production. — Commerce.
Malgré la valeur réelle des eaux de suint au point
de vue de la potasse, le nombre des fabricants qui
désuintent la laine avant de la soumettre au lavage
proprement dit est assez restreint. Deux maisons
importantes extraient elles-mêmes la potasse des
eaux de suint; il existe, en outre, deux petites usines
qui traitent des eaux de suint provenant du dehors.
La production annuelle de ces quatre établissements
est d'environ 1,100 tonnes, dont un peu plus de la
moitié est exportée en Allemagne et surtout dans
l'Amérique du Nord.
La valeur commerciale de la potasse de suint se
calcule à raison de 52 à 55 centimes par unité de
carbonate de potasse. Ce produit s'expédie en bar-
riques de 600 à 700 kilogrammes.
La production de la potasse de suint tend plutôt à
diminuer. En effet, beaucoup de laines de Buenos-
Ayres, très riches de suint, vont directement aux
— 153 —
usines de peignage d'Allemagne et de France, et leur
traitement échappe ainsi à nos lavoirs. D'autre part,
il arrive de plus en plus de laines brutes lavées à dos et,
par conséquent, peu riches en suint.
Potasse caustique.
Un établissement, situé à Anvers, fabrique la po-
tasse caustique, principalement au moyen de la potasse
de suint.
La potasse caustique se prépare en caustifiant, à
chaud et à l'abri de l'air, une lessive de carbonate de
potasse par une solution de chaux. Après décantation,
on concentre jusqu'à précipitation des sels étrangers,
puis le liquide est évaporé à siccité. On chauffe le
résidu au rouge sombre et on le coule sur des pla-
ques en fonte, afin de l'obtenir le plus anhydre pos-
sible C).
La potasse est livrée au commerce à des titres
de 60 à 65 p. c. et de 75 à 80 p. c. de potasse anhydre;
elle se vend à raison de 64 centimes par unité. Ce
produit s'expédie en fûts de 50, i25 et 280 kilo-
grammes.
La production annuelle est d'environ 500 tonnes,
dont les trois quarts sont envoyés outre-mer.
La potasse caustique est employée dans la droguerie,
la savonnerie, dans le traitement des minerais d'or, la
fabrication de la cellulose, de la soie artificielle, etc.
(*) SoREL : La grande industrie chimique minérale.
— 154 —
Dans notre pays, ce produit doit lutter contre la
concurrence des lessives de potasse importées d'Alle-
magne, fabriquées par Félectrolyse du chlorure de
potassium.
2^" Salpêtre.
Matières premières.
Le salpêtre ou nitrate de potassium s'obtient par la
double décomposition en solution chaude du nitrate
de soude et du chlorure de potassium, donnant comme
sous-produit du chlorure de sodium.
Le nitrate de soude vient du Chili ; son prix esl
sujet à des fluctuations assez considérables et varie
parfois de 20 à 30 francs les 100 kilogrammes sur
bateau à Anvers ou Dunkerque.
Le chlorure de potassium vient de Stassfurth; il
vaut de 17 à 20 francs les 100 kilogrammes sur bateau
au canal le plus rapproché.
Fabrication.
Le mélange des deux matières se fait en parties
égales dans des chaudières chauflées à feu nu ou bien
à la vapeur. Le chauffage à la vapeur est plus facile à
régler, mais plus coûteux pour les usines qui ne sont
pas installées sur une grande échelle. Par contre, le
chauffage à feu nu expose au danger de brûler les
tôles, danger auquel on pare d'ailleurs par l'institu-
tion de primes aux ouvriers chargés de la/conduite
du feu.
— 156 —
Dès que la double décomposition se produit, le
chlorure de sodium se dépose dans la solution chaude;
pour le séparer, on amène la masse sur des filtres. La
solution de nitrate de potasse se rend de là dans des
bacs rectangulaires où il cristallise après refroidisse-
ment. On peut accélérer la réfrigération à Taide d'un
agitateur; dans ce cas, les cristallisoirs ont la forme
cylindrique.
On obtient ainsi le salpêtre brut, que Ton raffine
par une dissolution à chaud dans de l'eau pure et par
une nouvelle cristallisation à froid.
Production. — Commerce.
Le salpêtre raffiné en petits cristaux et connu sous
le nom de salpêtre neige, est généralement livré en
deux qualités :
Celui au ^/i,ooo. c'est-à-dire contenant 1 kilogramme
d'impuretés par 25,000 kilogrammes, et celui au
^7i,ooo. c'est-à-dire contenant 1 kilogramme d'impuretés
par 10,000 kilogrammes.
Le plus pur sert pour la fabrication de la poudre;
l'autre est utilisé dans la glacerie, en agriculture, et
dans la salaison des viandes. Quelques consomma-
teurs exigent également le salpêtre sous forme de gros
cristaux, que l'on obtient par une redissolution et une
cristallisation lente, par temps froid*
Quant au salpêtre brut, sa consommation, comme
engrais azoté et potassique, est des plus restreintes.
Il existe en Belgique cinq fabriques de salpêtre;
— 456 —
trois de celles-ci ont conclu ealre elles des arrange-
ments en vue de limiter la production et d'éviter une
concurrence exagérée; ce groupe est également
d'accord avec le syndicat allemand pour régler l'expor-
tation.
En effet, en Belgique, la consommation de salpêtre
va en décroissant depuis que l'on substitue de nou-
veaux explosifs à la poudre noire de chasse, dont la
production diminue chaque année.
On peut estimer la production actuelle à environ
2,500 tonnes par an ; un bon tiers de cette quantité
est exporté en Orient, en Grèce, en Roumanie, en
Chine, au Japon, dans l'Amérique du Sud, etc.
L'expédition se fait en sacs de 100 kilogrammes,
simples pour l'intérieur, doubles pour l'exportation,
quelquefois en tonneaux de 50 à 500 kilogrammes.
Le prix du salpêtre raffiné dépend naturellement
du cours du nitrate de soude; il varie ordinairement
entre 42 et 47 francs les 100 kilogrammes.
Sous PRODUIT.
Le chlorure de sodium est obtenu comme sous-
produit, en quantité un peu inférieure à celle du sal-
pêtre raffiné.
Les raffîneurs, reculant devant la dépense de com-
bustible nécessaire pour le transformer en sel raffiné,
récoulent souvent à l'état brut au prix de 1 fr. 25 c*
la tonne; son utilisation sous cette forme consiste
dans la falsification de certains engrais chimiques.
r
— 157 —
Nitrate d'ammoniaque.
Le nitrate d'ammoniaque remplace le nitrate de
potasse, pour la préparation de certains explosifs de
sécurité. Quelques fabricants d'explosifs préparent
eux-mêmes tout ou partie du nitrate dont ils ont
besoin; une de nos fabriques de dynamite en produit
également une certaine quantité.
La fabrication consiste simplement à saturer l'acide
nitrique par l'ammoniaque dans une chaudière en
fonte, puis à concentrer la solution et à faire cristal-
liser dans des appareils analogues. Le sel est ensuite
séché.
Il serait difficile d'évaluer la production, qui est
d'ailleurs encore peu importante; ce produit est sou-
vent acheté en Allemagne par les fabricants d'explo-
sifs.
Nous croyons savoir que des études se poursuivent
en vue de l'organisation de la fabrication du nitrate
d'ammoniaque par double décomposition.
i'^ Sel raffiné.
Matières premières.
Une certaine partie du sel employé pour les usages
domestiques est préparé en Belgique par le raffinage
du sel gemme; de petites quantités proviennent égale-
ment du chlorure de sodium obtenu dans la fabrica-
tion du salpêtre et des résidus de la fabrication de la
soude à l'ammoniaque.
— 158 —
Le sel gemme, raffiné en Belgique, est de prove-
nance allemande, anglaise ou française. La plupart
des sauniers préfèrent le sel allemand, qui donnerait
moins de déchet. D'après des analyses, la richesse en
chlorure de sodium serait :
Pour le sel brut allemand . . . . 97 à 98 p. c.
Pour le sel brut anglais 94 à 93 p. c.
Pour le sel brut français 75 à 78 p. c.
Le sel brut vaut de 12 francs à 12 fr. 50 c. la tonne
rendue à Anvers; mais pour les petits sauniers, placés
dans l'intérieur, il revient de 14 à 16 francs, à cause
des transbordements.
Fabrication.
Le raffinage consiste, d*abord, dans la dissolution à
froid du sel brut, puis, dans Tévaporation de la sau-
mure, provoquant la précipitation du sel en cristaux
plus ou moins fins. Chez la plupart des petits sauniers,
rinstallation est ancienne et primitive. Elle comporte,
pour la dissolution, un filtre en bois de chêne, de sec-
tion rectangulaire ou ronde, et, pour la cristallisation,
une poêle ou chaudière rectangulaire en tôle chauffée
par un foyer. A intervalles réguliers, généralement
toutes les deux heures, on retire le sel et on le met à
égoutter dans des paniers. Plus on élève la tempéra-
ture de la saumure, plus le sel recueilli est fin.
Quelques maisons possèdent une installation mo*
derne, permettant une production considérable dans
les meilleures conditions.
— 159 —
La dissolution se fait dans de grands filtres cylin-
driques en tôle ou en béton armé, pouvant contenir
jusque 400 à 600 tonnes de sel brut. Ces filtres pré-
sentent un double fond formé de planches et garni de
pailles, de sacs, etc., pour retenir les matières ter-
reuses. La saumure se rend dans des citernes, parfois
après avoir subi une seconde filtration.
La saumure est préparée à 25"" B.; Feau employée est
la plus pure possible, fournie le plus souvent par un
puits artésien. Les salines favorablement situées pos-
sèdent des bateaux spéciaux de 100 ou 125 tonnes,
qui vont chercher de l'eau de mer à Tembouchure do
l'Escaut. Elles emploient cette eau soit pour dissoudre
tout le sel traité, soit uniquement pour la fabrication
du sel dit en écailles^ réservant l'eau de puits pour la
préparation du sel fin. L'emploi de l'eau de mer pro-
cure un gain de sel de ^ B. environ.
La saumure emmagasinée dans les citernes est
introduite au moyen dune pompe, et d'une façon
continue, dans de grandes poêles, de 50 centimètres
de hauteur, qui ont jusque 30 mètres de long sur
6 mètres de large; elles sont chauffées par deux
foyers, dont les flammes parcourent plusieurs fois la
longueur de la poêle.
Dans les établissements les mieux organisés, ces
poêles sont placées dans des locaux avec voûte demi-
cylindrique en béton armé. Les vapeurs qui se
dégagent, se condensent sur les parois le long
desquelles l'eau ruisselle continuellement. Cette dis-
position est surtout utile pour la production du sel
en écailles, parce qu'elle a pour effet de maintenir
— ICO —
une température assez élevée à la surface de la
saumure.
Le sel est retiré avec des pelles en bols percées de
trous et déposé sur des grilles en bois, ou mieux sur
des couloirs basculants, à cheval sur des baies pra-
tiquées dans le mur. Cette disposition permet de
remplir facilement des wagonnets circulant au dehors
du local. Pour obtenir de bons résultats, il faut main-
tenir dans celui-ci une température constante autant
que possible, afin d'éviter les contractions et les dila-
tations de la tôle. Aussi travaille-t-on d'une façon
continue pendant quinze jours au moins, parfois
pendant six à sept semaines; après quoi on vide et on
nettoie la poéle^ car il se produit des incrustations et
le sel commence à devenir dur.
Les eaux-mères, qui ont encore 3° B., sont trop
pauvres pour être traitées spécialement en vue de
l'extraction de sous-produits; on les ajoute à la
saumure, surtout s'il s'agit de produire du sel en
écailles.
Le sel en écailles, qui exige une cristallisation très
lente, n'est retiré qu'au bout de trois ou quatre jours.
Dans quelques usines on ne le retire qu'après dix ou
quinze jours; mais, alors, il est plus dur et moins
blanc; cette qualité est demandée par la clientèle de
certaines régions.
Un de nos établissements prépare également, par
un second raffinage, du sel de table spécial qui est
fourni en petits paquets. Quant au sel ordinaire, il est
expédié en sacs de 50 kilogrammes.
~ 161 —
Production. — Commerce.
Le raffinage du sel était autrefois pratiqué par un
grand nombre de petits sauniers répartis dans toutes
les régions du pays. Cette industrie ne compte plus
aujourd'hui qu'une quarantaine d'usines, occupant
environ 210 ouvriers et utilisant tout au plus une
force motrice de 60 chevaux.
La production annuelle s'élève encore à environ
30,000 tonnes, les deux tiers de cette quantité sortant
de six principales salines, qui fournissent chacune de
1,000 à 6,000 tonnes. Les autres sauniers travaillent
sur une plus petite échelle et livrent à la consom-
mation des quantités variant de 60 à 800 tonnes par
an. Pour ces derniers, le raffinage du sel ne constitue
souvent qu'une branche accessoire, adjointe à une
autre petite industrie (brasserie^ distillerie, savon-
nerie, amidonnerie, meunerie) ou même à un com-
merce de denrées alimentaires.
Il convient d'ajouter au chiffre total précédent
700 à 800 tonnes provenant des fabriques de salpêtre
et une certaine quantité obtenue comme sous-produil
dans la fabrication de la soude à l'ammoniaque.
L'exportation est d'environ 600 tonnes par an dont
460 tonnes sont achetées par l'Etat indépendant du
Congo. Pour l'expédition outre-mer, l'emballage doit
être particulièrement soigné; il consiste en sacs
doubles ou imperméabilisés, en caisses doublées de
fer-blanc de 25 à 35 kilogrammes, ou en cylindres ou
touques en tôle galvanisée.
41
— 162 —
Les prix varient suivant la ûnesse du grain. Les fins
et demi-fins se vendent en gros à raison de 55 a
40 francs la tonne; le sel gros et le sel en écailles,
employé pour la salaison des viandes, vont jusqu'à
5 fr. 50 c. les 100 kilogrammes. Quant au sel spécial
de table, il se vend à raison de 5 francs la caisse de
100 paquets (55 kilogrammes).
L'industrie saunière en Belgique se trouve dans
une position peu brillante. Elle lutte avec difficulté
contre la concurrence des sels raffinés étrangers.
L'importation dépasse 50,000 tonnes par an; plus
de la moitié de cette quantité est fournie par la
France^ un quart par l'Angleterre, et le reste par
l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie, la Hollande, etc. Le
sel provenant des marais salants d'Espagne n'est pas
raffiné, mais simplement moulu et tamisé.
Il faut noter que les importateurs de sel gemme, qui
introduisent également le set raffiné, se sont entendus
pour ne fournir à chaque saunier qu'une quantité
limitée de sel brut, calculée en prenant pour base la
moyenne de sa production pendant les trois dernières
années.
Pour remédier à la situation précaire qui leur est
faite, les raffineurs de sel réclament l'établissement
d'un droit d'entrée de un franc sur les sels raffinés
étrangers, ou, tout au moins, une majoration de tarif
équivalente au prix du transport par chemin de fer.
L'adoption de ce droit ne pourrait, selon eux, avoir
aucune influence sur le prix de détail, qui depuis
longtemps se maintient en moyenne de 6 à 8 centimes
le kilogramme. Par contre, il permettrait à une indus-
— 163 —
trie intéressante, non seulement de se maintenir,
mais de se développer dans une assez large mesure.
Si nos raffineurs parviennent encore à maintenir
leur production, c'est grâce aux soins qu'ils apportent
dans le travail et à la belle qualité de leurs produits.
Le consommateur belge préfère souvent, quitte à le
payer un peu plus cher, le sel indigène, qui est léger,
au sel importé, souvent beaucoup plus dense.
REPERTOIRE
Solvay et C% à Couillet.
Carbonate et bicarbonate de soude. Chlorure de
calcium.
Cristaux de soude. Sel raffiné.
Solvay et C% à Jemeppe-sur-Sambre.
Chlorure de chaux solide. Soude caustique solide.
* Société anonyme des produits chimiques de Droogenboscli^
h Ruysbroeck.
Chlorure de chaux solide.
A. Vanderstuyft^ à Ledeberg-lez-Gand.
Chlorure de chaux liquide. Eau de javel.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles.
Sulfate de magnésie. Chlorure de zinc.
L. et J. Otten^ frères^ à Ledeberg-lez-Gand.
Chlorure de chaux liquide. Eau de javel. Soude
caustique en lessives.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en aiguilles.
* Les établissements marqués d'un astérisque sont ceux qui figurent
dans plusieurs groupes d'industries.
— 165 —
Mostaerl-Vanneste^ à Roulers.
Chlorure de chaux liquide. Cristaux de soude
purs, mixtes, ordinaires. Sel raffiné.
* Société anonyme filiale belge-néerlandaise d'aluminium,
à Seizaete.
Soude caustique en lessives. Cristaux de soude
purs.
*Meurice Save-Simon, à Laeken-lez-Bruxelles.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles.
Sulfate de magnésie.
Bisulfites de soude et de chaux liquides.
G, Horlaity k Moustier-sur-Sambre.
Soude caustique en lessives.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Acide sulfureux. Bisulfites de soude et de chaux
liquides.
Gillot et Lovinfosse, à Liège.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Bisulfite de soude liquide.
^Compagnie générale des produits chimiques et engrais
chimiques de la Sambre^ à Jemeppe-sur-Sambre.
Acide sulfureux. Bisulfites de soude et de chaux
liquides.
Eau de javel. Sulfure de sodium.
*Société anonyme de Vedrin, à Frizet (Namur).
Sulfure de sodium.
— 4G6 —
Laubach frères, à Molenbeek-Iez-Bruxelles.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles. Eau
de javel.
* François Raynaudy à Tessenderloo.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles.
David et C^, à Moustier-sur-Sambre.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles.
Léon Uervè^ à Theux.
Cristaux de soude purs, mixtes et ordinaires.
Sulfate de soude en cristaux et en aiguilles.
Van Regemorter et Huybrechts^ à Anvers.
Cristaux de soude.
Aimé Grootaert^ à Troncbiennes-lez-Cand.
Cristaux de soude.
Vanbogaert'Cardo, à Hamme.
Cristaux de soude.
/. De Meyere Vermeire, à Hamme.
Cristaux de soude.
Lefebvre Fourez^ à Estaimpuis.
Cristaux de soude.
Verlielst-Valcke^ à Menin.
Cristaux de soude.
— 167 —
Arthur Bruneel, à Snaeskerke.
Cristaux de soude.
Moncheur Du Pont^ à Tournai.
Cristaux de soude.
/. De Cleene Verlieyer (successeur de Holvoet), à Vil-
vorde.
Cristaux de soude.
W. Wiechern, à Anvers.
Cristaux de soude.
Société anonyme des anciens établissements Léon Lobet,
à Verviers.
Cristaux de soude.
Ch. QuanonnCy à Anderlecht-lez-Bruxelles.
Cristaux de soude.
V. et E. Carbonnelle, à Kain (Tournai).
Potasse brute de vinasses.
Félix Wittoucky à Leeuw-Saint-Pierre.
Potasse brute de vinasses.
Dumont frères^ à Chassart.
Potasse brute de vinasses.
Bal et (J**, à Wyneghem.
Potasse brute de vinasses.
Distillerie et sucreries réunies (société anonyme] , à Hal.
Potasse brute de vinasses.
— 168 —
Louis Raucqy à Forest-Iez Bruxelles.
Potasse brute de vinasses.
D. D. Sklirty à HouppertiDgen.
Potasse brute de vinasses.
Leipziger WoUkàmmerei, à Hoboken (Anvers).
Potasse de suint.
Peltzer et fils, h Verviers .
Potasse de suint.
Eugène Cornet et C*^, à Andrimont-lez- Verviers.
Potasse de suint.
Jules PassenbrondeTy à Andrimont-lez- Verviers.
Potasse de suint.
Louis Pilz, à Borgerhout-lez-Anvers.
Potasse caustique solide.
Chlorure et sulfate de potasse. Cristaux de soude.
Max Mertens, à Molenbeek-lez-Bruxelles.
Potasse raffinée.
Raffinerie de potasse et de salpêtre {société anonyme),
à Molenbeek-lez-Bruxelles.
Potasse raffinée. Cristaux de soude.
Société anonyme de produits chimiques et salpêtre de
Louvain, à Louvain.
Potasse raffinée. Chlorure et sulfate de potasse.
Cristaux de soude.
Salpêtre brut et raffiné. Sel brut et raffiné.
— 169 —
Raffinerie de salpêtre (De Koninck), à Dieghem-lez-
Bruxelles.
Salpêtre raffiné. Sel brut et raffiné.
Fabrique de produits chimiques^ h Leupegem.
Salpêtre raffiné. Sel brut.
Société anonyme Cooppal et 0% à Wetleren.
Salpêtre raffiné.
Société c( La Forcite », fabrique de dynamite, à Baelen.
Nitrate d'ammoniaque.
Edmond Vyncke (Saline gantoise), à Gand.
Sel raffiné en écailles, gros, moyen, fin; sel
spécial de table.
m
F. Schram et frères^ à Bruges.
Sel raffiné.
Stas frères et Vande Velde (Salines réunies), à RupeU
monde.
Sel raffiné.
A.ScheltjenS'DeKerf (Salines des Flandres), à Steendorp.
Sel raffiné.
Vertongen frères^ à Hamme.
Sel raffiné.
V^ Van Garsse-Pautvels, à Hamme.
Sel raffiné.
H. Cool Van Der Taelen^a Willebroeck-lez-Bruxelles.
Sel raffiné.
— 470 -
yve Yertongen^ à Moerzeke.
Sel raffiné.
L. Pirenne-Couvreur , à Huy.
Sel raffiné.
Camille Ente, à Roulers.
Sel raffiné.
Cardinal fils^ à Y près.
Sel raffiné.
Emile Gantois^ à Poperinghe.
Sel raffiné.
Feysj h Rousbruggc.
Sel raffiné.
F. De Wachter^ à Eykevliet.
Sel raffiné.
Isidore Marneffe, à Puers.
Sel raffiné.
F. Ceulemans, à Eykevliet.
Sel raffiné.
Maes-Mameffe^ à Eykevliet.
Sel raffiné.
V^ De Wachter, à Puers.
Sel raffiné.
Th. De Bus-De Coninck, à Lokeren.
Sel raffiné.
— 171 —
Th. De Bruycher, à Selzaete.
Sel raffiné.
A. De Bruycker^ à Meerendré.
Sel raffiné.
E. De Bruycker^ à Aeltre.
Sel raffiné.
i). Goethals^ h Eecloo.
Sel raffiné.
Lootvoet^ à Beveren.
Sel raffiné.
Vanden Abeele^ à Lokeren.
Sel raffiné.
Soetens, à Ninove.
Sel raffiné.
De Clercq-De Coen^ à Ninove.
Sel raffiné.
B. Braeckman-Vandenplas^ à Mont-Saint-Amand-lez-
Gand.
Sel raffiné.
H. Van Crombrugge-BourdeauXy à Renaix.
Sel raffiné.
C Beesau-Brongniartj à Ypres.
Sel raffiné.
Van Hoeck'Goffay à Tamise.
Sel raffiné.
— 172 —
De Zuttere Hofman^ à Courtrai.
Sel raffiné.
Calewaert^ à Courtrai.
Sel raffiné.
Charles Vandaele^ à Menin.
Sel raffiné.
Jos. Cools^ à Lierre.
Sel raffiné.
WUlemS'Vinceîit^ à Hassell.
Sel raffiné.
F. Vanden Bossche, à DufTel.
Sel raffiné.
De Weerdt frère el sœur^ à Courtrai.
Sel raffiné.
Cil. De Backer-Ryffranck, à Deynze.
Sel raffiné.
TROISIÈME PARTIE
PRODUITS DE NATURE MINÉRALE
AUTRES QUE CEUX DES DEUX PREMIERS GROUPES.
Renseignements généraux.
Nous rangeons dans ce troisième groupe :
I. L'alumine et les composés d'alumine : sulfate
d'alumine, alun de potasse, aluminate de baryum,
chlorure et fluorure d'alumine; enfin, l'acide fluorhy-
drique, dont la préparation préalable est nécessaire
pour l'obtention de certains de ces produits.
II. L'acide phosphorique et les corps qui en
dérivent : superphosphates doubles de chaux, phos-
phates d'ammoniaque, de soude et de potasse, phos-
phore, phosphure de cuivre.
III. Les couleurs minérales : céruse, minium et
massicot, blanc de zinc, litopone, bleu d'outremer,
couleurs à base d'oxyde de fer, couleurs diverses.
IV. Les corps gazeux comprimés : oxygène et
hydrogène comprimés, anhydride sulfureux liquide,
acide carbonique liquide, ammoniaque anhydre.
— 174 —
Ces composés, qui se présentent à l'état gazeux
dans les conditions habituelles de température et de
pression, sont livrés au commerce à un degré de
compression plus ou moins considérable, suffisant,
dans la plupart des cas, pour amener la liquéfac-
tion. Cette particularité, essentielle au point de vue
de leurs applications, rapproche ces différentes sub-
stances par certaines analogies de fabrication; elle les
différencie nettement des autres produits chimiques
par la forme toute spéciale sous laquelle elles sont
offertes à la consommation et utilisées dans l'industrie.
V. Des produits divers : soufre raffiné, sulfate de
baryte, borate de soude et acide borique, silicates
de soude et de potasse.
Au total, le nombre d'ouvriers, hommes et femmes,
qui trouvent du travail dans les 51 usines qui forment
ce groupe d'industries est d'environ 1,750. Quant à
l'ensemble des machines à vapeur qui y sont en acti-
vité, il représente une force globale approximative
de 5,450 chevaux . Il est à remarquer que la surface
de chauffe des générateurs est supérieure à celle qui
correspond à cette puissance motrice, la vapeur étant
utilisée dans certaines fabrications pour le chauffage
des solutions.
Aucune remarque générale n'est à faire aiu sujet de
la répartition géographique de ces diverses industries,
qui, pour la plupart, sont de petite envergure.
Toutefois une dizaine de ces établissements peuvent
être, à juste titre, rangés dans la grande industrie
chimique, eu égard au chiffre assez élevé de leur
— 175 —
personnel (qui comporte de 75 à 200 ouvriers), à
rimportance de Tinstallation el à la complication
de Toutillage; ces usines utilisent une force motrice
variant de 50 à 550 chevaux.
Les salaires ne sont pas différents de ceux que nous
avons signalés dans les industries précédentes.
Notons que, dans certaines spécialités, telles que la
fabrication du bleu d'outremer et celle du borax, le
travail des femmes est mis à contribution, notamment
dans les opérations nécessitées par l'empaquetage des
produits.
I. — ALUMINE ET COMPOSES D'ALUMINE,
i"" Alumine et sulfate d'alumine.
Matières premières.
L'alumine est fabriquée en Belgique par les procé-
dés Peniakoff, par lesquels on obtient en même temps
l'alumine et le carbonate de soude.
Les matières premières employées sont la bauxite
et le sulfate de soude.
La bauxite est un minerai provenant du départe-
ment du Var, en France, dont le prix à l'usine est de
27 à 30 francs la tonne, suivant le fret. Il contient en
moyenne 60 p. c. d'alumine anhydre, 20 p. c. d'oxyde
de fer, 2 à 5 p. c. de silice et 15 à 20 p. c. d'eau de
combinaison.
Le sulfate de soude est acheté dans le pays.
Fabrication.
Alumine.
On mélange les deux matières premières eu y ajou-
tant un peu de charbon et on les traite dans un four
chaufTé au gaz.
Le sulfate de soude est réduit en soude caustique,
Fig. 37, — Fahriqiie d'nliiiniiip cl <lc siilliitc irnliiniiiii'.
tandis qu'il se d^age de l'anhydride sulfureux et de
l'acide carbonique. La soude caustique se combine
avec l'alumine de la bauxite et l'on obtient de l'nlu-
minate de soude soluble.
On soumet la masse à un lessivage et on passe le
rësidu au filtre-presse.
La solution pure d'aluminate de soude est décom-
posée par un courant d'acide carbonique produit par
un four à chaux. Les earbonaieurs, sorte de vases
— 177 —
cylindriques, sont disposés en une batterie de trois et
parcourus successivement par le gaz carbonique. Il
se forme de Thydrate d'alumine qui se précipite et du
carbonate de soude qui reste en solution. Cette opéra-
tion est assez délicate. 11 faut conserver une tempéra-
ture convenable. Un excès d'acide carbonique provo-
querait la formation de bicarbonate de soude qui,
étant moins soluble, pourrait se précipiter en même
temps que Talumine.
L'acide carbonique nécessaire à la carbonatation
est obtenu par la calcination du calcaire. Les gaz
recueillis en baut du gueulard du four à chaud
passent d'abord dans une colonne où ils traversent
un courant d'eau, barbotent dans un réservoir con-
tenant de l'eau et se rendent enfin aux carbonateurs
après s'être dépouillés des vapeurs aqueuses dans un
appareil de réfrigération.
L'hydrate d'alumine, séparée de la solution de soude
au moyen de filtres-presses, est desséchée à lOO"" dans
une cuve à agitateur; on obtient ainsi l'alumine hydra-
tée qui est livrée au commerce sous forme de poudre
blanche.
Si Ton veut avoir de l'alumine ai^hydre, il suffit de
calciner l'alumine hydratée dans un four à mouffle.
Régénération du sulfate de soude. — Le sulfate de
soude peut être régénéré complètement en appliquant
le procédé Hargreaves et Robinson, pratiqué par cer-
taines usines en Allemagne et en Angleterre. Ce pro-
cédé consiste à faire réagir, à la température de 450""
environ, sur du chlorure de sodium, les gaz sortant
12
— 178 —
des fours où Ton traite la bauxite. Ceux-ci, outre de
Fanhydride sulfureux, contiennent de la vapeur d'eau
et de l'oxygène provenant de Fair introduit par le
foyer; ils renferment donc tous les éléments néces-
saires à la formation de Tacide sulfurique et Ion
obtient de l'acide chlorhydrique et du sulfate de
soude.
Ce procédé a reçu un commencement d'application
à l'usine de la Société anonyme Gliale belge-néerlan-
daise d'aluminium.
Sous-produits. — Le résidu de bauxite, séparé de la
solution d'aluminate de soude, contient, à l'état sec,
6 p. c. de fer; il peut servir à l'épuration du gaz
d'éclairage.
La solution de carbonate de soude, dont la densité
est de 18 à 28** B, est, après décantation, concentrée
dans un triple effet jusque 55 à 56*" B, elle va ensuite
aux cristallisoirs pour être transformée en cristaux de
soude.
La solution de carbonate de soude peut également
servir à la fabrication de lessives de soude caustique.
 cet effet, on l'étend d'eau jusqu'à 10 à IS"" B, puis
on la caustifie à l'aide de chaux; la solution de soude
caustique passe ensuite au triple effet où elle est plus
ou moins concentrée suivant le degré que l'on veut
obtenir pour les lessives.
Sulfate d'alumine.
Le sulfate d'alumine se prépare en faisant agir de
l'acide sulfurique à GO"" sur l'alumine hydratée. On
J
— 179 —
obtient du sulfate d'alumine plus ou moins concentré,
suivant que Ton pousse plus ou moins loin Tévapora-
tion de Thydrate d'alumine.
Le sulfate d*alumine produit à chaud à l'état siru-
peux est coulé en plaques; il solidifie par refroidisse-
ment.
Production. — Commerce.
L'usine de la Société anonyme filiale belge-néerlan-
daise d'aluminium, établie à Selzaete, s'occupe spécia-
lement de la fabrication du sulfate d'alumine. Avec
un personnel de 455 ouvriers et une force motrice de
100 chevaux, elle a atteint, en 1905, une production
totale de 12,760 tonnes, dont 9,000 tonnes sont repré-
sentées par du sulfate d'alumine et le reste principale-
ment par des cristaux de soude et une quantité moins
importante d'autres produits, tels que : alumine, sels
divers d'aluminium, etc.
Le sulfate d'alumine est un produit pur, qui tend de
plus en plus à remplacer l'alun dans ses applications
industrielles. On l'ajoute à la résine pour le collage
du papier; il est beaucoup utilisé dans la teinture du
coton, où il sert comme mordant dans la fabrication
du rouge d'Andrinople.
C'est surtout un produit d'exportation. Les neuf
dixièmes de la production sont expédiés à l'étranger,
dans certains pays d'Europe (Angleterre, Suède, Nor-
wège, Finlande), dans l'Amérique du Sud, dans les
contrées d'Orieni et d'Extrême-Orient. On lemballe en
sacs de 100 kilogrammes pour l'intérieur et en ton-
neaux de 250 à 500 kilogrammes pour l'exportation.
— 180 —
Son prix varie de 8 à 10 francs les 100 kilogrammes,
emballage perdu, suivant la teneur en sulfate anhydre
qui va de 50 à 70 p. c.
Quant à Talumine, on l'emploie surtout dans la tein-
ture et dans l'industrie de la soie; elle sert aussi à
fabriquer les sels d'aluminium.
Sa valeur est de 25 francs les 100 kilogrammes pour
l'alumine hydratée et de 40 francs pour Talumine
anhydre.
S"" Alun de potasse.
Fabrication.
L'alun, ou sulfate double d'alumine et de potasse,
est fabriqué en Belgique par deux procédés :
a) Au moyen des schistes alunifères;
b) Au moyen de l'alunite de Tolfa.
A . — Emploi des sohifites alunifères.
Fabrication.
Ce procédé est pratiqué à Ainpsin, sur les bords de
la Meuse, où il existe de grands dépôts de schistes
alunifères. Ces schistes, ayant contenu de Tampélite,
sont imprégnés de pyrite et renferment de l'alumine
et des roches potassiques en certaine proportion. Ils
ont été traités autrefois d*une façon imparfaite pour
la fabrication de l'alun et sont incomplètement
épuisés.
Les gaz sulfureux provenant du grillage de blendes
- 181 —
sont lancés par des cheminées rampantes dans des
canaux pratiqués au milieu des schistes travaillés
anciennement. Lorsque la sulfatisation s'est opérée
peu à peu par un contact très prolongé, on procède à
la lixiviation des minerais, opération qu'on effectue
dans des cuves en grès ou en bois doublé de plomb.
Les lessives sont amenées à la fabrique d'alun pro-
prement dite. Elles sont d'abord concentrées par
évaporation, puis clarifiées. On leur ajoute ensuite
une solution de sel potassique (chlorure de potassium
ou kaïnite de Stassfurth) et un peu de sulfate d'am-
moniaque. L'alun se forme et comme il est peu soluble
à froid, il est facile de le faire précipiter par cristal-
lisation.
Suivant le mode de travail, on obtient l'alun en gros
blocs, en petits cristaux ou eu poudre, celle ci étant
préparée par mouture.
Au point de vue de la qualité, on produit l'alun
ordinaire, l'alun épuré par une seconde cristallisation
et Talun chimiquement pur.
B. — Emploi de l'alanite de Tolfa.
L'alunite que l'on extrait dans les environs de Tolfa,
en Italie, est un minéral essentiellement composé de
sulfate double d'alumine et de potasse et de silice.
Le traitement comprend les opérations suivantes :
1*" Déshydratation et calcination du minerai, d'abord
dans un four à deux étages, puis dans une étuve où la
réaction s'achève; la masse est ensuite exposée à l'air,
où elle subit une lente désagrégation;
— 182 —
2"" Lessivage de la matière dans des chaudières en
plomb chauffées par la vapeur et décantation ;
5"" Concentration de la solution jusqu'à 40^ B et
addition de sulfate ou de chlorure de potassium;
4"" Cristallisation troublée, filtration lavage;
5"" Dissolution des cristaux et seconde cristallisa-
tion par refroidissement, ce qui donne Talun pur.
Production. — Commerce.
Deux usines s'occupent de la fabrication de l'alun
de potasse. Leur production annuelle s'élève à environ
1 ,800 tonnes, dont plus des neuf dixièmes sont expor-
tés principalement en Orient et dans les Indes néer-
laudaises.
Le produit est expédié soit en vrac, soit en sacs de
100 kilogrammes, soit en barriques de 60 et de
200 kilogrammes.
Sa valeur moyenne est de 11 à 12 francs les 100 ki-
logrammes.
L'alun possède des propriétés antiseptiques et
astringentes qui sont utilisées non seulement en dro-
guerie, mais encore dans certaines industries, telles
que : la papeterie, la teinturerie, etc.
L'industrie belge de l'alun a beaucoup à lutter sur
les marchés étrangers avec les produits similaires
fabriqués en Angleterre; ainsi que nous l'avons dit
précédemment, elle rencontre un concurrent redou-
table dans le sulfate d'alumine, dont l'usage se répand
de plus en plus. 11 en résulte que l'écoulement de
— 483 —
Talun devient difficile et le prix obtenu de moins en
moins rémunérateur.
S'^ Composés divers d*alumine.
On fabrique également en Belgique de petites quan-
tités d'aluminate de baryum, de chlorure et de fluo-
rure d'aluminium et de fluorure double d'aluminium
et de sodium, ces deux derniers sels comportant la
fabrication préalable de Tacide fluorhydrique.
Âluminate de baryum.
Pour préparer l'aluminate de baryum, on remplace
le sulfate de soude par le sulfate de baryte, dans le
traitement au four de la bauxite tel que nous l'avons
exposé à propos de la fabrication de l'alumine. Le
sulfate de baryte provient des exploitations de Fleu-
rus; il revient à 30 francs la tonne à l'usine.
Au lieu de l'aluminate de soude, on obtient ainsi
l'aluminate de baryum brut. Comme celui-ci est peu
soluble, la lixiviation fournit des solutions très
faibles, dont la concentration serait coûteuse. D'autre
part, l'aluminate de baryum est instable; il absorbe
facilement l'acide carbonique de l'air et se transforme
en carbonate.
On tourne la difficulté en décomposant d'un coup
la lessive par de l'acide carbonique, ce qui donne
comme précipité un mélange intime, moléculaire,
d'alumine et de carbonate de baryum, dans les pro-
portions exactement requises pour former l'alumi^
— 184 —
nate de baryum. Après filtration on traite ce mélaDge
au four; à la chaleur rouge, l'acide carbonique se
dégage du carbonate et Ton obtient Faluminate de
baryum anhydre, à un degré de pureté ' allant de
90 à 95 p. c.
Ce sel, qui est très caustique, doit naturellement
être conservé à l'abri de Tair; aussi Texpédie-t-on dans
des fûts en fer, bien fermés, d'une contenance de 100
à 150 kilogrammes.
Ce produit, dont la valeur est de 60 francs les
100 kilogrammes, trouve un débouché important dans
la fabrication du papier et est expédié au loin. Une
autre de ses applications est l'épuration des eaux
industrielles, en vertu de sa propriété de précipiter le
calcaire et la magnésie à froid.
Chlorure d'aloiDinium.
Ce sel est préparé par l'action de l'acide cblorhy-
drique sur l'alumine hydratée. Il est obtenu à l'état
liquide et est expédié en touries. Sa valeur est de 80
à 90 francs les 100 kilogrammes, suivant densité.
Le chlorure d'aluminium est employé pour la car-
bonisation de la laine en tissus; on l'utilise en tein-
ture comme mordant.
Fluorure d'aluminium.
Il est fabriqué synthétiquement par l'action de
l'acide fluorhydrique sur l'alumine. La solution de
fluorure obtenue est concentrée, évaporée et cal-
cinée.
I
— 185 —
Ce produit sert principalement dans le traitement
métallurgique électrochimique de Taluminium; Talu-
mine ne se dissout que sous son influence. Sa valeur
est de 80 à 90 francs les 100 kilogrammes.
Fluorure double de soude et d*alumine.
Ce composé est préparé en faisant réagir de Tacide
fluorhydrique sur un mélange de soude et d'alumine.
Il est livré au commerce sous le nom de cryolithe
artificielle^ opaline; on l'emploie pour remaillage blanc
des ustensiles en fer et des globes en verre. La matière,
en poudre, s'expédie en fûts pétroliers de 250 kilo-
grammes; elle vaut de 70 à 80 francs les 100 kilo-
grammes.
Acide fluorhydrique.
L'acide fluorhydrique nécessaire à l'obtention des
deux produits précédents est produit par les usines
elles-mêmes. L'une d'elles le prépare pour la vente
d'après le procédé Heins, par l'action de l'acide sulfu-
rique à 66'' 6. sur le spath-fluor.
On mélange ces deux corps et, après malaxage, on
presse la masse pour en extraire l'excès d'humidité.
On opère ensuite la dessiccation jusqu'à 300 degrés au
maximum, dans un four à moufle.
La matière est déposée dans une série de bacs peu
profonds reposant Tun sur l'autre par l'intermédiaire
de pieds; l'ensemble est porté par un chariot que
l'on introduit dans le four.
— d86 —
L'acide fluorhydrique qui se dégage s'échappe par
une ouverture, arrive dans un réfrigérant, puis tra-
verse trois condenseurs contenant de Teau et dont le
dernier est en forme de tour. Les vapeurs acides non
absorbées retournent au premier condenseur.
L'acide fluorhydrique fabriqué annuellement par ce
procédé peut atteindre 73,000 kilogrammes environ
par an. Il est utilisé principalement pour la gravure
sur verre; sa teneur en acide va de 50 à 70 p. c. Son
prix varie, suivant richesse, de 60 à 70 francs les
100 kilogrammes.
L'emballage de ce produit est tout particulier ; on le
transporte dans des touries cylindriques en plomb,
exactement emboîtées dans des tonneaux en bois,
laissant dépasser seulement le goulot; celui-ci est
fermé par une rondelle fixée à l'aide de trois boulons.
La capacité de ces récipients varie de 40 à 90 kilo-
grammes.
II. — ACIDE PHOSPHORIQUE ET CORPS QUI EN DÉRIVENT.
I^" Acide phosphorique.
Fabuication.
En Belgique l'acide phosphorique est exclusive-
ment fabriqué au moyen des phosphates naturels. On
utilise dans ce but les phosphates riches de la Floride,
mais surtout des phosphates belges trop pauvres pour
être employés pour la fabrication des superphos-
phates.
— 187 —
On traite ces phosphates, préalablement réduits en
poudre fine, par de Tacide sulfurique. On obtient,
d'une part, une solution d'acide phosphorique dilué
et, d*autre part, un précipité de sulfate de calcium,
mélangé avec les matières siliceuses qui accompa-
gnaient le minerai.
La réaction s'eiïectue dans de grandes cuves munies
d'agitateurs. Lorsqu'elle est accomplie, la masse passe
dans des fil très- presses à plateaux dans lesquels la
solution d'acide phosphorique se sépare de la partie
insoluble, le sulfate de calcium; celui-ci est, après
lavage, séché sur un séchoir à taques.
Ce sous-produit est vendu pour l'amendement des
terres, sous le nom de plâtre phosphaté; il contient
environ 60 p. c. de sulfate de calcium; sa teneur en
acide phosphorique peut aller jusque 2 p. c. Sa valeur
ne dépasse pas iO francs la tonne.
Quant à la solution d'acide phosphorique, elle est
concentrée dans de grands fours. En poussant plus ou
moins loin la concentration, on obtient soit de l'acide
phosphorique liquide (40 à 45 p. c), pâteux (46 à
48 p. c), ou solide (50 à 52 p. c). L'acide phosphorique
concentré a une densité de 55 à 56° B ou 1,600 envi-
ron.
Production. — Commerce.
L'acide phosphorique est fabriqué en partie pour
être vendu comme tel, mais surtout pour la fabri-
cation des superphosphates doubles (engrais concentrés).
Il sert également à la préparation <]es phosphates
alcalins, ainsi qu'à l'extraction du phosphore.
— 188 —
Il est très difficile d'estimer la quantité d'acide
phosphorique produit annuellement en Belgique, car
cet acide est surtout employé à la fabrication des phos-
' phates alcalins et des superphosphates doubles.
Le produit est fourni au commerce sous les trois
états; sous forme liquide, il n'est expédié que par
chemin de fer, vu qu'on ne l'accepte que difficilement
sur les bateaux. Sous forme solide, il est expédié aux
colonies, où il sert spécialement à la défécation du jus
de sucrerie. Il est généralement emballé en fûts pétro-
liers de 500 kilogrammes ou en touries.
Quant à la valeur, celle-ci dépend de la qualité, de
la concentration et de l'emballage. En moyenne, le
prix est calculé à raison de 70 centimes par unité
d'acide phosphorique pour le produit liquide et de
1 franc pour le produit solide.
S"" Superphosphates doubles.
Fabrication.
Les superphosphates doubles ou à forte teneur en
acide phosphorique sont préparés en traitant des
phosphates naturels par une dose convenable d'acide
phosphorique. Cette opération a pour effet de trans-
former le. phosphate tricalcique en phosphate acide
monocalcique, soluble dans l'eau et facilement assimi-
lable par la plante.
On utilise les phosphates bas titre de 40 à 50 p. c.
contenant 1«5 à i8 p. c. d'acide phosphorique. Ces
phosphates sont sèches, broyés, puis traités par l'acide
sulfurique ainsi que nous l'avons expliqué.
— 189 -
La solution phosphorique à 12 ou IS"" p. c , que Ton
obtient, est concentrée jusqu'à une teneur de 50 p. c;
puis on y ajoute, en proportion convenable, du
phosphate haut titre. Le malaxage des deux sub-
stances s*opère dans des cuves en maçonnerie; un
contact de vingt minutes est nécessaire pour obtenir
une réaction complète.
On obtient ainsi le superphosphate double, qui est
séché, pulvérisé, tamisé et mis en sacs. Les appareils
de séchage sont les mêmes que ceux employés pour
les superphosphates simples, mais il faut ici un
séchage très énergique.
Production. — Commerce.
Les superphosphates doubles sont livrés au com-
merce à divers titres. Les deux qualités les plus cou-
rantes sont :
4** Le superphosphate concentré ?i^ / a 42 à 50 p. c.
d'acide phosphorique (dont les neuf dixièmes solubles
dans Teau). Son action sur la plante est rapide; il
ne contient que de faibles quantités de matières
étrangères (sulfate de calcium, acide sulfurique,
chlore, etc.). Cette qualité, vu sa grande richesse en
principe fertilisant, convient particulièrement pour
l'exportation dans les pays lointains;
2*" Le supetyhosphate n^ II, titrant 35 à 40 p. c.
d'acide phosphorique dont les trois quarts, environ,
solubles dans l'eau ; ce produit est appliqué directe-
ment aux cultures ou employé pour des mélanges
— 190 —
d'engrais et pour augmenter le titre des superphos-
phates bas titre.
Les superphosphates doubles se vendent en raison
de leur richesse en acide phosphorique, mais, natu-
rellement, à un taux supérieur à celui adopté pour
les superphosphates simples.
Nous évaluons à 10 ou 15,000 tonnes la quantité
totale de superphosphates doubles produits annuelle-
ment en Belgique. Plusieurs usines s'occupent de la
fabrication de ces engrais à haute teneur; mais la
presque totalité de la production provient d'un vaste
établissement, situé non loin de Liège et qui est spé-
cialement outillé en vue de cette industrie.
3"" Phosphates alcalins.
Les phosphates alcalins fabriqués dans les mêmes
usines sont obtenus par l'action de Tacide phospho-
rique sur la potasse, l'ammoniaque et la soude.
Phosphate de potasse.
Ce sel est un engrais phosphaté et potassique con-
tenant 38 p. c. d'acide phosphorique et 26 p. c. de
potasse; ces deux éléments fertilisants se trouvent
dans ce composé sous une forme soluble et direc-
tement assimilable par la plante.
En raison de son prix élevé, le phosphate de potasse
a une production fort limitée et ne se fabrique guère
que sur commande.
— 191 —
Phosphate d'ammoniaque.
Cet engrais phosphaté et azoté est fourni générale-
ment à deux degrés de concentration :
l"" Le phosphate concentré pour l'horticulture et
pour l'exportation.
La teneur en acide phosphorique est de 60 p. c. ;
celle en azote est de i5 p. c. Prix : 7f> francs les
iOO kilogrammes;
2o Le phosphate ordinaire^ pour l'agriculture en
général.
Les teneurs sont de 50 p. c. en acide phosphorique
et de 5 à 6 p. c. en azote. La valeur dépend du prix de
l'azote des engrais, qui est en moyenne de 1 fr. 50 c.
La production totale de phosphate d'ammoniaque
est d'environ 750 tonnes par an.
Phosphate de soude.
Ce sel, préparé industriellement pur, est surtout
utilisé pour la teinture de la soie et l'impression sur
coton ; on s'en sert également dans les cristalleries.
La production annuelle est d'environ 3,000 tonnes,
qui sont entièrement exportées, principalement en
Allemagne. Ce produit s'expédie en tonneaux de bois
de 400 à 450 kilogrammes; sa valeur est de 16 à
18 francs les 100 kilogrammes.
On fabrique aussi, en petite quantité, et exclusive-
ment pour l'exportation, du phosphate de soude tribal
— 192 —
siquCy qui est employé comme désincrustant; son prix
est de 25 francs les 100 kilogrammes.
Sous-produits.
La préparation des sels précédents donne comme
sous-produit du phosphate précipité bicalcique^ conte-
nant 50 à 55 p. c. d*acide phosphorique assimilable
(soluble dans le citrate d'ammoniaque). C'est un
engrais concentré, mais qui présente la particularité
d'être très léger. On en produit environ 800 tonnes
par an, qui sont vendues à l'étranger à raison de 55 à
54 centimes l'unité d'acide phosphorique.
io Phosphore et phosphure de cuivre.
Phosphore.
Le phosphore est obtenu par la distillation de
l'acide phosphorique dans une cornue. On fabrique
ainsi le phosphore blanc; quant au phosphore amorphe
ou rouge, on le prépare en chauffant le phosphore
ordinaire à 250"" à l'abri de l'air et de l'eau.
On estime que la consommation de phosphore dans
le monde entier ne s'élève pas à plus de 500,000 à
600,000 kilogrammes par an. La fabrication se trouve
répartie entre sept à huit grands établissements
situés en France, en Allemagne, en Angleterre et aux
États-Unis. On conçoit que la production de la
fabrique installée en Belgique ne soit pas considé-
rable. Toutefois, elle livre régulièrement le phosphore
— 193 —
nécessaire à la consommation du pays et en vend égale-
ment une certaine quantité à l'étranger (Chine, Japon).
Le phosphore blanc est expédié en boites de fer-
blanc soudées sous reau,du poids de 25 kilogrammes ;
le phosphore amorphe s'emballe en boîtes de fer-blanc
de 5 kilogrammes.
Les prix sont de 4 francs le kilogramme pour le
phosphore blanc et de 5 à 6 francs pour le phosphore
amorphe.
La principale application du phosphore réside dans
la fabrication des allumettes. Il sert également à la
préparation des produits de laboratoires, tels que
les hypophosphites, etc.
Phosphure de cuivre.
On fabrique en Belgique une certaine quantité
(environ 25,000 kilogrammes par an) de phosphure de
cuivre en faisant réagir dans des appareils spéciaux
du phosphore sur des déchets de cuivre.
Ce produit est employé pour la fabrication du
bronze phosphoreux; il titre 7,. 9, 10, et plus commu-
nément 15 p. c. de phosphore. Cette dernière qualité
vaut actuellement de 2 francs à 2 fr. 25 c. le kilo-
gramme. Son prix suit d ailleurs les fluctuations de
celui du cuivre.
Le phosphure de cuivre est exclusivement con-
sommé dans le pays.
13
— 194 —
III. — COULEURS MINÉRALES.
40 Céruse.
Matières premières.
La céruse, ou carbonate de plomb, est exclusive*
ment fabriquée en Belgique suivant la méthode hollan-
daise. Ce procédé consiste à attaquer le plomb par les
vapeurs d'acide acétique dans une atmosphère d'acide
carbonique dégagé par le fumier en fermentation.
Plomb. — Le plomb brut est acheté en saumons et
vient généralement de Tusine de désargentation de
Hoboken ; sa valeur est actuellement de 31 francs les
100 kilogrammes.
' '. ■ * •
Fumier. — Le fumier, dont il est fait une consom-
mation considérable dans cette industrie, est le fumier
de cheval provenant des écuries militaires et privées.
On en importe de grandes quantités des villes du nord
de la France. Ce fumier est généralement vendu à
70 centimes les 100 kilogrammes ou bien fait l'objet
d'adjudications publiques au prix moyen de 6 cen-
times par cheval et par jour.
Le fumier, après avoir servi, est revendu aux culti-
vateurs et vaut de 1 fr. 25 c. à 1 fr. 75 c. le mètre
cube, soit environ 600 kilogrammes. Dans les environs
des grandes villes, cet engrais est trèâ recherché par
les maraîchers, parce que les mauvaises graines qu'il
contenait ont été détruites par la chaleur provoquée
Il
— 195 —
par la fermentation. A Bruxelles, on le paie jusque
5 francs la tonne.
Certaines usines importantes, pour s'assurer le
ravitaillement de fumier, fournissent aux écuries
particulières la litière (paille ou tourbe) moyennant
une faible rétribution et prennent ensuite livraison
du fumier.
Acide acétique. — L'acide acétique est fourni par
les usines du pays, notamment par une importante
fabrique de Gand.
La consommation de cet acide représente 2 à 5 p. c.
du poids du plomb; on emploie habituellement pour
2,000 kilogrammes de plomb, 50 kilogrammes d*acide
que Ton dilue dans 1,000 litres d'eau.
Bois. — Pour les planches nécessaires aux sépara-
tions des loges, on employait autrefois le peuplier; ce
bois se consommait assez vite. On fait maintenant
usage du pitchpin de la Virginie, bois résineux qui
résiste beaucoup mieux aux vapeurs d'acide acétique;
ces planches, à raison de 6 francs pièce, représentent
un capital assez important.
Fabrication.
La fabrication comporte les différentes opérations
suivantes :
Fusion du plomb et coulage en gaufres ou en
lamelles;
Carbonatation du plomb dans les loges;
— 196 —
Décapage des gaufres ou des lamelles couvertes de
céruse ;
Mouture de la céruse;
Séchage ;
Pulvérisation.
Lorsque la céruse est livrée sous forme de couleur
propre à être directement employée, il y a, en outre,
le broyage de la poudre avec Fhuile.
Fusion et coulage du plomb.
La fusion s'opère dans une cuvette en fonte recou-
verte d'un capuchon ayant pour but de garantir les
ouvriers contre les projections occasionnées par la
volatilisation subite de l'eau qui pourrait se trouver
emprisonnée dans les lingots.
Aussitôt fondu, le plomb est coulé en plaques ajou-
rées en forme de gaufres, dans un moule double bas-
culant, ou bien dans un moule circulaire fournissant
une bande continue qui se découpe ensuite en tron-
çons d'égale longueur. Dans certaines usines, on coule
encore le plomb en lames minces unies, suivant l'an-
cien système hollandais.
Carbonatation.
La transformation du plomb en carbonate se fait
dans des loges en maçonneries d'une hauteur de 4"'50
environ. On dispose d'abord sur le sol, préalablement
battu, un lit de fumier de 50 centimètres, et par-des-
— 197 —
sus on range une série de pots en terre cuite vernis-
sée à l'intérieur et renfermant une certaine quantité
d'acide acétique dilué à 40 ou H"" B. Sur ces pots, on
place les gaufres de plomb. On recouvre le tout d'un
plancher sommaire, en ménageant un certain vidé
au-dessus du plomb; puis, sur le plancher, on refait
une installation identique à la première. Une loge
peut ainsi contenir sept étages de pots comprenant
30,000 à 55,000 kilogrammes de plomb.
Lorsque Ton fait usage de lames unies, elles sont
enroulées et reposent sur de petites consoles ména-
gées à l'intérieur des pots à une certaine hauteur.
Le plomb séjourne dans les loges un mois et demi
à deux mois, après quoi on le retire pour en détacher
la céruse qui s'est formée à la surface.
Décapage.
Le décapage consiste à séparer les croûtes de céruse
de la carcasse des gaufres.
Autrefois, cette opération se pratiquait à la main à
l'aide d'un maillet; ce mode de travail, très insalubre
est aujourd'hui abandonné. Dans beaucoup d'usines,
on emploie une machine composée de deux paires de
cylindres superposés, présentant des cannelures en
sens contraires, transversales pour les cylindres supé-
rieurs, longitudinales pour les cylindres inférieurs.
L'écartement des cylindres est maintenu au moyen de
ressorts.
Il existe des appareils de décapage plus perfection-
nés et garantissant mieux les ouvriers de la poussière
— 198 —
dégagée pendant Topération. Dans ces machines, qui
sont hermétiquement fermées, le plomb décapé
tombe d'un côté, tandis que la céruse, passant au tra-
vers d'une grille, est emportée par une nappe d'eau
courante, qui entraine les parties les plus légères.
Cette eau passe ensuite sur un tamis retenant les
mousses et les particules de fumier qui accompa-
gnent la céruse. Quant aux morceaux de céruse
qui, avec les petits plombs, n'ont pas traversé la
grille et constituent le refus du décapeur, ils sont
conduits dans un séparateur formé d'un tambour
extérieur animé d'un mouvement de rotation très
lent, à l'intérieur duquel une armature avec bras
tourne en sens contraire avec une vitesse dix fois
plus grande.
Dans les établissements bien organisés, les pous-
sières qui se dégagent lors du décapage sont aspirées
et traversent une chambre à poussière comportant une
série de chicanes formées par des cadres verticaux
en feutre. De là, le courant se rend dans une chemi-
née à la base de laquelle se trouve un bac rempli
d'eau chauffée par un serpentin. La vapeur qui s'en
échappe continuellement abat les poussières qui ne
se seraient pas déposées dans les chicanes. Par sur-
croit de précaution, la cheminée se termine par une
chambre circulaire plus large, garnie également de
feutre sur son pourtour intérieur.
Les gaufres, après décapage, peuvent encore être
utilisées dans les loges, jusqu'à ce que le plomb soit
à peu près complètement consommé.
— 199 —
Mouture.
La céruse mélangée à Teau passe à la mouture.
Celle-ci s'effectue dans une série de cinq étages de
meules horizontales, la pâte coulant successivement
de Tune à l'autre. Quelques fabricants préfèrent la
disposition des meules sur un seul et même plan,
alléguant que, dans le système en cascade, il peut
passer de la céruse imparfaitement broyée.
Séchage.
La céruse mouillée, sortant des meules, doit être
sécbée. A cet effet, la pâte est mise dans des écuelles
en terre que Ton charge sur des wagonnets à étages;
ceux-ci sont introduits dans des étuves le plus sou-
vent chauffées à la vapeur par des tuyaux à ailettes.
Pulvérisation.
Après séchage, la céruse est pulvérisée. On déverse
le contenu de chaque écuelle dans un couloir fermé
qui le con4uit dans un broyeur à cylindres pourvu
d'un tamis. La céruse qui traverse ce dernier va rem-
plir un sac adapté à la partie inférieure ; le tassement
de la matière se produit automatiquement au moyen
de secousses imprimées par saccades à une taque sur
laquelle se trouve placé le sac.
Toutes ces opérations s'effectuent dans un appareil
hermétiquement clos, muni d'un aspirateur pour éloi-
gner les poussières.
— 200 —
Broyage à t'huile.
Très souvent la céruse est fournie au commerce
broyée, c'est-à-dire préparée à Thuile et prête à être
utilisée comme couleur; c'est la forme la plus recom-
mandable, comme offrant le moins de danger dans les
manipulations subséquentes.
Le broyage de la céruse s'effectue toujours en deux
opérations. En premier lieu se fait le mélange de
rhuile et de la céruse en poudre dans un malaxeur
horizontal. Au-dessus de l'appareil se trouve un réser-
voir d'huile jaugé, dont on règle le débit au moyen
d'un levier, selon qu'on veut obtenir une pâte plus ou
moins épaisse. Le mélange coule dans un bac d'où il est
relevé automatiquement pour passer au laminage; la
masse est écrasée entre des cylindres et tombe finale-
ment dans un réservoir rempli d'eau. C'est de là qu'on
retire la céruse broyée pour en remplir les fûts.
L'ancien système, qui consiste à exécuter le ma-
laxage et le laminage à la main, n'est plus guère pra-
tiqué que pour préparer les mélanges de céruse et de
sulfate de baryte.
Il existe aussi une machine, de fabrication fran-
çaise, qui permet de broyer directement la pâte
humide sans la sécher. Cet appareil est peu répandu;
la séparation de l'eau se fait incomplètement et il en
reste toujours 7 à 8 p. c. dans la pâte.
Production. — Commerce.
La céruse en poudre s'expédie dans des barils en
— 201 —
bois, garnis de papier, d^une capacité variant de 30 à
500 kilogrammes.
IjC prix de la céruse pure est de 10 francs supérieur
à celui du plomb.
On la mélange souvent avec du sulfate de baryte,
dans une proportion qui varie de 10 à 40 p. c Le sul-
fate de baryte employé à cet usage est de provenance
belge ou allemande et vaut 8 francs les 100 kilo-
grammes rendus.
Pour ûxer le prix de ces qualités, le système le plus
juste consiste à compter séparément le sulfate de
baryte; on prend pour base 10 à 12 francs les 100 kilo-
grammes.
On ajoute souvent à la céruse, avant la mouture,
une petite quantité de bleu d'outremer pour aug-
menter sa blancheur.
La céruse broyée pèse environ 4 kilogrammes par
litre. Elle s'expédie dans des barils en bois reliés eii
pleiriy c'est-à-dire garnis de cercles sur toute leur hau-
teur, sauf vers la partie centrale. Ces barils renferment
de 125 à 200 kilogrammes.
La céruse broyée se transporte également en tam-
bours en fer galvanisé de 200 kilogrammes et en
petits bidons de 10 à 50 kilogrammes.
Le prix de la céruse broyée est généralement de
5 francs supérieur à celui de la céruse en poudre.
On compte actuellement, en Belgique, sept fabriques
de céruse, dont plusieurs sont pourvues d'appareils
perfectionnés. La plupart de ces usines sont situées
dans la Flandre occidentale, notamment dans les envi-
rons de Courtrai . Leur production totale en céruse en
— 202 —
poudre et en céruse broyée est d'environ 15,000 tonnes
par an, dont près de la moitié est fournie par une
seule fabrique, établie à Anderlecht, et parfaitement
outillée au point de vue hygiénique; quatre autres
établissements livrent de 1,000 à 4,000 tonnes par an.
L'exportation, qui s'élève à près de 7,000 tonnes, se
fait surtout vers l'Angleterre, l'Allemagne, le Canada,
la République Argentine, et un peu vers la France, la
Hollande, etc.
Le nombre d'ouvriers travaillant dans cette indus-
trie — en y comprenant la fabrication du minium et
du massicot, qui se pratique dans les mêmes usines —
est de 391.
Les salaires, pour les travaux à la journée, varient
de 2 fr. 50 c. à 5 fr. 50 c. suivant la région. Le travail
des loges est presque partout payé à la pièce.
Les sept fabriques utilisent ensemble une force
motrice de 440 chevaux.
Massicot et minium.
Une de nos fabriques de céruse s'occupe également
de la préparation d'autres couleurs à base de plomb,
le massicot, le minium et la mine orange.
Massicot.
Le massicot ou protoxyde de plomb, connu aussi
commercialement sous le nom de litharge originaire^
est obtenu en fondant les déchets de plomb provenant
de la fabrication de la céruse, dans un four à réverbère
— 203 —
à deux foyers latéraux. Dès que le métal entre en
fusion, on en remue sans cesse la surface à Taide d'un
ringard jusqu'à formation de Toxyde.
Le massicot, retiré du four, subit deux broyages
successifs au moyen de meules horizontales, suivis de
lavages dans des bacs sous un courant d'eau. La masse
est ensuite séchée dans un four chauffé par en dessous
et en même temps on la pulvérise à l'aide du ringard.
Le massicot se met en barils de fer de 250 à
500 kilogrammes. Sa valeur est de 7 francs supérieure
à celle du plomb.
Ce produit est utilisé dans la clarification des huiles
pour vernis, pour former les plaques d'accumula-
teurs; on s'en sert aussi dans la fabrication des papiers
peints.
Minium.
Le minium, ou plombate de plomb, se fabrique au
moyen du massicot. On chauffe ce dernier dans le
même four que précédemment, mais avec modération,
de façon à éviter la fusion. La teinte jaune du massi-
cot tourne au rouge lorsque le minium se forme. Le
minium doit être tamisé à chaud.
La production annuelle est d'environ 1,500 tonnes,
dont la moitié est exportée en France. Le prix est de
6 francs supérieur à celui du plomb.
Mine orange.
Sous ce nom, on prépare en petite quantité une
couleur obtenue en calcinant, dans le même four que
— 204 —
le massicot, les mousses ou résidus légers obtenus aa
cours de la fabrication de la céruse.
Ce produit, dont la valeur est de 20 francs les
100 kilogrammes, est presque tout exporté. On l'uti-
lise dans la fabrication des papiers peints et pour
recouvrir les glaces argentées aûn d'empêcher l'oxy-
dation de la couche métallique.
2" Blanc de zinc.
Fabrication.
L'oxyde de zinc, base de la couleur connue dans le
commerce sous le nom de blanc de zinc, est fabriqué
en Belgique par le procédé par sublimation.
Cette méthode consiste à faire fondre le zinc et à le
porter à une température de ISOO*", à l'abri des fumées
du foyer. Le zinc distille et, au contact d'un courant
d'air, se transforme en oxyde. Ce dernier, étant très
léger, s'échappe et vient se déposer dans des chambres
installées à cet effet.
La fusion du métal s'efl'ectue dans des cornues en
terre réfractaire qui doivent être de très bonne qua-
lité. Ces cornues, de section plus ou moins elliptique,
ont 1 mètre de long sur 50 centimètres de largeur et
20 centimètres de hauteur. Elles sont placées incli-
nées, en trois rangées de trois cornues superposées,
de chaque côté d'un four chauffé par un foyer central.
L'air destiné à l'oxydation du métal s'échaulTe en
passant dans des carnaux ménagés de chaque côté du
foyer et vient déboucher devant les ouvertures des
— 205 —
creusets, où il rencontre les vapeurs du zinc qui
distille.
L'oxyde de zinc qui se forme, se rend par un cou-
loir dans une série de vastes chambres d'abord en tôle,
puis en toile, placées côte à côte sur une longueur de
32 mètres et une hauteur de 10 mètres environ. Le
blanc de zinc se dépose dans ces chambres, qui
forment chicanes. On le recueille en dessous par des
ouvertures à glissières et on en emplit les tonneaux
en tassant bien le produit.
C'est aux points les plus éloignés que l'on obtient
l'oxyde le plus blanc.
Pour certaines qualités, destinées surtout aux pays
du Nord, on mélange au produit un peu de bleu
d'outremer (500 grammes par 1,000 kilogrammes).
Quant aux résidus retirés des creusets, ils sont
traités par voie humide et fournissent un produit de
qualité plus commune, connu sous le nom de gris-
pierre.
Le broyage, ou préparation du blanc de zinc à
l'huile, se fait de la même façon que pour la céruse.
Le blanc est d'abord mélangé dans un malaxeur
avec de l'huile de lin ou de Thuile de pavot, prove-
nant la première d'Angleterre, la seconde du Pas-
de-Calais. La masse passe ensuite dans un broyeur
perfectionné à six cylindres, d'où la couleur sort par-
faitement écrasée et homogène.
4
Production. — Commerce.
Le blanc de zinc est exclusivement fabriqué en Bel-
— 206 —
gique par la Société anonyme des Mines et Usines de
la Yieille-Moniagne.
L'établissement confectionne lui-même les ton-
neaux nécessaires au transport des produits en pou-
dre ; leur contenance va de 25 à 250 kilogrammes.
lie blanc broyé se met dans des bidons en zinc
de 5 à 25 kilogrammes, dont on forme des caisses
de 50 et 100 kilogrammes, ou bien en silosy c'est-à-
dire dans des cylindres en zinc emboîtés dans des
tonneaux.
Le blanc en poudre est livré au commerce en plu-
sieurs qualités :
Le blanc neige pharmaceutique, chimiquement pur
et ne contenant aucune trace d'arsenic ;
Le blanc neige ordinaire ;
Le blanc n"" 1 et le blanc n"" 2 (contenant de faibles
quantités de plomb).
Le blanc broyé est préparé à l'huile de lin pour les
qualités ordinaires et à l'huile de pavot pour la qua-
lité supérieure.
Les prix dépendent naturellement du cours du zinc.
On peut admettre, comme moyennes, les valeurs sui-
vantes :
Neige pharmaceutique . 100 francs les 100 kilogrammes.
Neige ordinaire ... SS à 70 » w
NM 47àol » »
N^a 44à41) )) ))
La production annuelle est de 6,000 à 7,000 tonnes
de blanc en poudre, et de 2,000 à 5,000 tonnes de
blanc broyé.
— 207 —
Les quatre cinquièmes de cette production sont
destinés à Texportation. La France et l'Angleterre en
prennent chacune un tiers; le reste est expédié en
Allemagne, en Russie, etc.
Le blanc de zinc n'est pas seulement employé en
peinture. Il est également utilisé, dans la fabrication
du caoutchouc, du carton-pierre, des émaux, et il
intervient dans diverses autres industries, telles que
le blanchiment des dentelles, l'impression sur étoffes,
la saponification des huiles, l'argenture des glaces,
la fabrication des toiles cirées et des cuirs vernis, etc.
Avec le gris-pierre et l'oxychlorure de zinc, on forme
une espèce de ciment, dont on se sert pour la répara-
tion des vieux monuments.
Oxyde gris et poussière de zinc.
Sous le nom d'oxyde gris ou gris ardoise et de
poussière de zinc, on livre au commerce des produits
provenant directement de la réduction des minerais
de zinc et constitué de zinc métallique en poudre
mélangé à une quantité plus ou moins grande d'oxyde
de zinc.
L'oxyde gris est utilisé comme couleur. Quant à la
poussière de zinc, qui contient 90 p. c. de zinc métal-
lique, elle est employée en galvanoplastie, pour recou-
vrir le fer d'une couche de zinc, pour désoxygéner
l'indigo dans les cuves de teinturerie, pour décolorer
les sirops dans les sucreries et les raffineries.
- 208 —
I •
S^" Liitopone.
Fabrication.
' On ^désigne sous le nom de litopone ou litophane une
couleur blanche que Ton substitue souvent à là céruse
et au blanc dé zinc, à cause de son maniement absolu-
ment inoffensif et de son prix peu élevé.
La litopone est un mélange de sulfate de baryte et
de sulfure de zinc, en différentes proportions; la qua-
lité la plus courante renferme 30 p. c. de sulfure de
zinc. • ' *
" La . fabrication de la litopone comporte un assez
grand nombre d'opérations. La principale consiste à
mettre en présence du sulfure de baryum et du sul-
fate de zinc; ces deux corps réagissent et par double
décomposition donnent du sulfure de zinc et du sul-
fate dje baryum. 11 est donc nécessaire de préparer au
préalable le sulfure de .baryum ,et le sulfate de zinc,
qui. constituent les matières premières de la fabrica.-
tion. . .
*
Préparation du sulfure de baryum.
On prépare ce corps au moyen de sulfate de ba-
ryuin de provenance belge ou allemande.
La riéductiôn du sulfate en sulfure se fait dans un
four à réverbère à deux étages. La masse extraite du
four contient 70 p. c. de sulfure de baryum soluble,
que Ion retire par diissolûtion à l'eau chaude dans un
réservoir.
préparation du sulfate de zinc.
On obtient ce sel en traitant des résidus de zinc par
de l'acide sulfurique dilué, dans de grandes cuves
légèrement coniques, munies d'agitateurs.
Pour obtenir de la litopone bien blanche, il importe
d'avoir une solution de sulfate de zinc très pure^
c'est pourquoi on précipite par du chlorure de chaux
le fer qu'elle pourrait contenir.
Fabrication de la lilojKnie.
On fait arriver dans une même cuve la solution de
Fig. :<H. — Qi Ici nul in» île la 1ilo|><)iic.
sulfure de baryum et celle de sulfate de zinc. La réac-
tion se produit et Ton obtient, sous forme de préci-
pité, la liiopone brute.
— 210 —
Geile-cî, après avoir passé dans des filtres-presses,
est d'abord sécbée sur une aire en matériaux réfrac-
taires, ensuite elle est chauffée au rouge dans un four
à moufle.
Après cette calcination, la litopone est de nouveau
mouillée et broyée dans un moulin à meules; puis
elle va aux fil très- presses, La pâte qui en sort est
placée dans de petits bacs plats et sécbée dans une
étuve à compartiments superposés, chauffée à la
vapeur.
La litopone sèche est enfin triturée dans un broyeur
:} ailettes (desmembrateur).
Production. — Commerce.
Le produit en poudre s'expédie dans des barriques
dont la contenance varie de 50 à 250 kilogrammes.
On prépare aussi la litopone par un broyage à
rhuile et on la livre en bidons d'une contenance de
12 Vs à 100 kilogrammes.
Le prix de la litopone sèche varie de 26 à 55 francs
les 100 kilogrammes suivant qualité; la litopone
broyée vaut 7 francs en plus.
La litopone est fabriquée en Belgique par la Société
des industries chimiques de Wilsele, près de Lou-
vain. Cette usine possède une vaste installation bien
outillée, livrant actuellement 15,000 à 16,000 tonnes
par an.
La moitié de cette production est expédiée à
l'étranger, notamment en Angleterre, en Espagne, en
Italie, en Turquie, etc.
211 —
i° Bleu d'outremer.
Le bleu d*outreiner est une couleur artificielle dont
la composition n'a pas encore été déterminée bien
exactement. Il existe différentes méthodes pour la
prépî^rer.
Le système adopté en Belgique par les trois fabri-
ques qui s'occupent de cette industrie est celui dit
au carbonate de soude.
Matières premières.
Les matières premières employées pour la fabrica-
tion au moyen de ce procédé sont : le kaolin^ le soufre^
la silice^ le carbonate de soude^ plus une petite quantité
de charbon de bois ou de résine.
Le kaolin vient d'Angleterre; il vaut 3 francs les
100 kilogrammes.
Le soufre en masses, venant de Sicile, revient
actuellement à li fr. 50 c. les 100 kilogrammes. Le
soufre régénéré, extrait des pyrites grillées, n'est pas
utilisé en Belgique.
Le silice est généralement le kieselguhr d'Alle-
magne, dont le prix est de 10 à 12 francs les 100 kilo-
grammes.
Le carbonate de soude est le plus souvent de prove-
nance anglaise ou allemande; les fabricants préfèrent,
en efiet, le soude Leblanc à cause de sa plus grande
densité.
— 212 —
Fabrication.
Voici les principales opérations que comporte la
fabrication normalement conduite :
Les différentes matières citées plus haut sont
broyées et mélangées suivant certaines proportions
déterminées. La composition est introduite dans de
petits creusets ou pots en terre légèrement coniques,
de 35 à 40 centimètres de hauteur, munis d'un cou-
vercle. On remplit avec ces creusets des fours h
flamme directe, rappelant ceux employés pour la
cuisson des produits céramiques en casettes. Sous
l'action de la chaleur, les matières réagissent entre
elles et le bleu se forme.
Le produit retiré des pois est soumis à des lavages
répétés à Teau chaude, afin d'en éliminer la soude eu
excès et les autres impuretés solubles. Puis le bleu,
mélangé avec l'eau et sous forme de bouillie, est
broyé dans un grand trommel contenant des galets
de silex (tube-mills). Au sortir de cet appareil, le bleu
passe dans une série de bacs de décantation, dans
lesquels il se dépose en se classant par degrés de
ânesse.
Chacune des qualités est alors traitée séparément.
On passe d'abord la masse au filtre-presse pour en
séparer la plus grande partie de l'eau, puis on la fait
sécher dans de petits vases plats en terre cuite ver-
nissée, que l'on place par exemple dans une chambre
ménagée à la partie supérieure des fours.
Il ne reste plus qu'à pulvériser et à tamiser le pro-
— 213 —
duit sec dans un tube-mill de dimensions plus faibles.
Pour certaines qualités courantes, après le lavage
et le broyage en bouillie, on procède immédiatement
au séchage dans une cuve à double fond, chauffée à la
vapeur.
Le bleu pur est souvent mélangé, en proportion
plus ou moins forte, avec une matière inerte, telle que
du blanc minéral (craie) ou du sable très fin, de façon
à atténuer son pouvoir colorant. C'est ce qu'on appelle
des bleus réduits (bleu d'azur, etc.), ayant une richesse
de bleu pur qui varie de 20 à 90 p. c. Ces mélanges
sont surtout effectués par des négociants.
Pour l'usage domestique, on prépare souvent le
bleu en pâte (bleus Duchesse, Royal, Impérial), ou en
petits cubes, boules ou cylindres comprimés, qui se
confectionnent à la main ou à la machine.
On prépare aussi des bleus d'outremer verts,
violets, rouges. Les procédés de fabrication diffèrent
un peu. Ainsi pour l'outremer vert, le point impor-
tant est d'éviter l'absorption d'oxygène lors duîrefroi-
dissement du produit, lequel doit par conséquent se
faire à four fermé.
D'après Wagner, les outremers violet et rouge
s'obtiendraient par le traitement de l'outremer bleu
et vert à une haute température et en présence de
l'air, au moyen d*acides ou de sels capables d'aban-
donner un acide sous l'influence d'une forte chaleur.
Production. — Commerce.
Le bleu d'outremer s'expédie soit en tonneaux de
— 244 —
bois de 50 à 500 kilogrammes, soit en caisses garnies
de papier, d'une contenance de 5 à 25 kilogrammes.
On prépare aussi des caisses de 50 à 100 kilogrammes,
remplies de paquets d'une contenance de 25 grammes
à 5 kilogrammes; ces paquets, à double enveloppe,
sont recouverts d'un papier de fantaisie.
Dans l'industrie le bleu d'outremer est employé non
seulement comme couleur, mais il sert également à
blanchir un grand nombre de produits : la céruse, le
papier, l'amidon, le sucre, etc.
Les prix varient suivant le degré de finesse, de
pureté et suivant la couleur.
Les bleus purs ordinaires valent de 60 à 80 cen-
times le kilogramme suivant finesse; les bleus réduits
de 50 à 60 centimes suivant finesse et pureté.
Les bleus spéciaux pour papeterie se vendent de
1 franc à 1 fr. 10 c; les bleus d'impression, de 1 fr.
20 c. à 1 fr. 50 c.
Le bleu pour sucrerie, qui doit être d'une pureté
absolue, vaut de 5 à 12 francs le kilogramme.
Les outremers d'autres couleurs se vendent, suivant
teinte et richesse :
Les verts. . de fr. 0.70 à 1 50 le kilogramme.
Les violets . » 2.50 à 4.00 >^
Les rouges . » 4.50 à 8.00 »
La production annuelle de bleu brut est d'environ
2,000 tonnes; on en exporte de 1,500 à 1,400 ton-
nes.
— 21S —
Voici les principaux pays qui nous achètent ce
produit :
Indes anglaises, Amérique du Nord, République
Argentine, Chili, Australie, Chine, Japon, Egypte,
Turquie, Roumanie, Bulgarie, Serbie, Espagne, Alle-
magne, Danemark, Suède-Norvège.
L'exportation en France est impossible par suite du
droit de 25 francs qui a été établi à Tentrée.
L'industrie allemande nous fait une concurrence
redoutable et alimente plus de la moitié de la con-
sommation du pays. Par contre, malgré un droit
d'entrée de 15 marcs, nos fabricants importent en
Allemagne certaines qualités de bleus fins, notamment
ceux destinés à la sucrerie.
L'industrie du bleu d'outremer utilise une force
motrice de 510 chevaux et donne du travail à 195 ou-
vriers. Ceux-ci sont généralement payés à la journée.
La confection des boules et l'emballage sont le plus
souvent confiés à des femmes et s'exécutent à la
pièce.
o"" Couleurs à base d'oxyde de fer.
Fabrication.
Golootar et rouge oxyde.
Le colcotar, appelé aussi potée de fer, est du
peroxyde de fer obtenu par la calcination du sulfate
ferreux dans des fours.
Le sulfate de fer employé à cet effet est acheté en
— 216 —
Belgique; on utilise notamment le sulfate retiré des
eaux de décapage du fer.
On se sert également, pour faire le colcotar, de
pyrites grillées contenant encore une certaine quan-
tité de soufre. Ces pyrites, par leur séjour plus ou
moins prolongé à l'air, se sulfatisent partiellement.
Avant de les soumettre à la calcination, on les sou-
met généralement à un traitement par Tacide sulfu-
rique.
Le colcotar obtenu par ce procédé est moins pur
que le premier; on s'en sert en peinture sous le nom
de rouge oxyde.
Le colcotar est surtout employé pour le polissage
des glaces ; dans ce cas, il doit présenter un certain
mordant. Lorsqu'il est destiné à l'émaillerie ou à la
peinture, le produit doit être plus onctueux. Le travail
diffère un peu suivant que l'on veut obtenir l'une ou
l'autre qualité.
L'emballage du colcotar se fait, pour le pays, en
sacs de 50 kilogrammes et pour l'étranger en fûts de
500 kilogrammes.
Minium de fer.
On réserve plus spécialement le nom de minium de
fer au peroxyde naturel ayant subi une préparation
plus ou moins parfaite. Il est employé comme couleur
à l'état cru ou calciné et présente, suivant les cas, des
teintes qui vont du rouge au noir en passant par le
brun.
En Belgique, le minium provient en premier lieu
— 217 —
des mines d'oligiste exploitées dans la vallée de la
Meuse, entre Liège et Namur. Outre son emploi en
métallurgie, cet oligiste reçoit également des applica-
tions en verrerie, après avoir été transformé en gre-
nailles. Réduit en poudre fine au moyen de meules,
il constitue le minium de fer rouge utilisé en pein-
ture.
Les fabricants qui s'occupent spécialement de la
mouture, achètent aussi des minerais à l'étranger
(Suède, Espagne, etc.). Certains d'entre eux préparent
également le minium en le broyant avec de Thuile.
Une autre source de matière première qui a donné
lieu à la création d'une industrie très intéressante, est
fournie par des dépôts formés par les eaux ferrugi-
neuses dans la région de Spa.
Ces gisements sont constitués, dans certains en-
droits, par de la limonite, dans d'autres par de l'oxyde
magnétique tourbeux; ils sont parfois mélangés avec
une quantité notable d'argile. Les gisements, étant à
fleur de terre, sont d'une exploitation facile; le mine-
rai est simplement extrait à la pelle et conduit à
l'usine daos des brouettes.
La matière subit un traitement plus ou moins long
et différent, suivant qu'il s'agit de fabriquer des pou-
dres jaunes (jaunes d'ocre ou limonite), des poudres
rouges (oligiste) ou des poudres noires (oxyde salin ou
magnétique).
Voici la série des opérations auxquelles on pro-
cède :
Le minerai est d'abord soumis à un débourbage ou
— 218 —
malaxage sous des meules, qui le transforme en une
bouillie claire. Celle-ci passe successivement à travers
deux tamis en toile métallique, qui retiennent les
petites racines et les pierres; puis elle est amenée
dans une série de bacs de décantation, où le minerai
se dépose lentement, tandis que les matières tenues
en suspension sont entraînées par l'eau. Les parties
les plus grossières, provenant des premiers réser-
voirs, retournent au débourbage; les parties les plus
fines, retirées des bacs suivants, sont sécbées en
petites masses, placées dans des augets. Le séchage se
fait soit naturellement dans un bâtiment aménagé à
cet effet, soit artificiellement, à l'aide de wagonnets
que Ton introduit dans un tunnel en maçonnerie
chauffé par un foyer.
Une fois séchée, la matière peut être directement
broyée à 1 état cru et blutée; ce sont les jaunes d ocre,
renfermant en moyenne 65 à 70 p. c. d'oxyde de fer.
On utilise, dans ce cas, des minerais exempts d'argile
et de matières organiques.
Lorsque l'on veut obtenir des poudres rouges, la
matière, après séchage, est calcinée dans des fours à
moufles, à voûtes surbaissées, percées d'ouvertures.
Le produit passe ensuite au broyage et au blutage,
comme précédemment. Sa teinte varie du jaune
orange au rouge brique, selon que la déshydratation
est plus ou moins complète. Si le minerai employé
contient des matières organiques, il s'opère une
réduction partielle de loligiste en oxyde salin et le
produit revêt une teinte brune plus ou moins foncée.
La teneur en oxyde de fer varie donc suivant ces
- 219 —
circonstances; elle est de 95 p. c. pour le rougc-
vîolet et de 60 à 90 p. c. pour le rouge brique et les
bruns.
Pour les miniums noirs, la calcination doit s'effec-
tuer en vase clos, à haute température et pendant un
temps assez long; on se sert de cornues cylindriques
en acier, placées verticalement dans des fours. C'est
une opération délicate et difficile à conduire. Le pro-
duit doit naturellement être pulvérisé et bluté, comme
précédemment. On utilise pour cette fabrication les
minerais fortement imprégnés de matières orga-
niques, capables de favoriser la réduction de Toligiste
en oxyde salin. Lorsque le minerai renferme de Tar-
gile, on obtient des teintes plus ou moins grises. La
richesse en oxyde de fer de ces produits est comprise
entre 60 et 90 p. c.
Dores.
On donne le nom d'ocrés à des terres argileuses,
fortement chargées d'oxyde de fer hydraté, qui leur
donne une teinte jaune plus ou moins foncée. On les
utilise en peinture, soit à I état cru, après leur avoir
fait subir ou non un lavage, soit à l'état calciné; dans
ce cas l'ocre présente une teinte rouge qui se rap-
proche de celle du minium.
La Belgique ne possède pas, à proprement parler,
de gisements d'ocre, sauf les dépôts dont nous avons
parlé précédemment. On exploite sous le nom d'ocre
brune, dans quelques localités de l'Entre-Sambre-et-
Meuse, des dépôts provenant du lavage des minerais
— 220 —
de fer que Ton extrayait anciennement dans cette
région.
Ces dépôts forment des couches d'une épaisseur
variable, mais assez limitée; ils sont plus ou moins
exempts de sable suivant qu^ils ont été entraînés plus
ou moins loin du chantier de lavage. On extrait sim-
plement la terre à la bêche par couches successives et
on la met à sécher sur une aire en attendant son char-
gement. La calcination se fait dans un petit four ana-
logue à ceux de boulanger.
L*ocre brune brute est vendue aux raffineurs, qui
lui font subir, au moyen de meules, une mouture à
sec plus ou moins fine, suivie d'un blutage.
Parfois locre est lavée au préalable et séchée; on a
alors Tocre jaune; mais cette dernière qualité est sur-
tout importée de France.
Vu la pauvreté de nos exploitations d'ocre, les raf-
fineurs opèrent souvent des mélanges avec des pro-
duits venant de l'étranger, afm d'obtenir les nuances
exigées par la clientèle.
Généralement, ces couleurs se livrent en deux qua-
lités : en poudre fine et en poudre impalpable.
Certains fabricants fournissent aussi les ocres en
pâle^ c'est-à-dire broyées à l'eau.
Terres à couleurs.
A côté des ocres viennent se placer les terres h cou-
leur, dont il existe quelques exploitations en Bel-
gique. Ces terres sont colorées par la présence du
— 221 —
fer et revêlent des teintes violette, grise, verte, sui-
vant le cas.
Les exploitations de terre grise sont les plus impor-
tantes et sont situées dans les environs d*Ottiguies.
Les gisements se rencontrent sur une certaine
étendue, à quelques mètres au-dessous du niveau du
sol et recouverts d'une couche de sable. Ils sont
exploités à ciel ouvert sur une hauteur de 15 h
16 mètres. L'extraction se fait à la pioche.
Les blocs de terre brute sont soumis à un premier
broyage avec peu d'eau sous des meules verticales. La
pâte est conduite dans un second broyeur à meules où
elle est mouillée complètement; elle s'y transforme
en boue et s'écoule dans des bassins de décantation.
Quand l'eau a disparu, on procède au séchage par
petites masses, que l'on place d'abord sur des blocs de
craie, puis sur des claies disposées sous toiture.
La terre verte est exploitée dans les environs de
Wavre; la terre violette dans les environs de Vielsalm.
Pkoduction. — Commence.
La fabrication du colcotar, du minium de fer, des
ocres et des terres à couleurs comprend onze installa-
tions industrielles, que nous classerons de la manière
suivante :
Colcotar, 5 établissements; miniums crus et calci-
nés, 5 établissements, extrayant eux-mêmes leur
minerai; minium, ocres, terres et couleurs diverses,
5 établissements.
— 222 —
Il existe, en outre, dix petites exploitations d*ocre et
terres diverses.
Le nombre total douvriers occupés dans cette
industrie est de 115, dont 24 sont affectés à l'extrac-
tion du minerai, de Tocre et des terres.
La force motrice utilisée par l'ensemble de ces
usines est de 325 chevaux.
La production totale annuelle des diverses couleurs
est la suivante :
a) Colcotar : environ 600 tonnes par an, dont les
deux tiers sont exportés principalement en France,
un peu en Russie, en Allemagne, en Hollande.
Les deux qualités courantes se vendent aux prix
moyens de 17 fr. 50 c. et 22 fr. 50 c. les 100 kilo-
grammes. Certains produits supérieurs valent jusque
50 francs les 100 kilogrammes.
b) Minium de fer cru et calciné : 5,100 tonnes.
Les cinq sixièmes de cette quantité sont produits
par les maisons qui exploitent le minerai.
Plus des deux tiers de la production sont vendus,
surtout en France, puis en Angleterre et dans TÂmé-
rique du Sud. La France nous achète surtout les
bonnes qualités pour ses grands chantiers de construc-
tion de wagons, de charpentes, de navires, etc. Les
qualités inférieures, à bas prix, s'écoulent plutôt en
Belgique.
Le prix des miniums rouges, violets, bruns et noirs
varie de 15 à 50 francs les 100 kilogrammes, suivant
(inesse, teinte et richesse.
— 223 —
c) Ocres; brutes : 500 tonnes, dont 50 exportées;
raffinées : 1,000 à 1,100 tonnes; la Belgique ne four-
nit donc que la moitié de la matière première néces-
saire à cette fabrication.
Le quart environ de nos ocres raffinées est exporté
en France, en Hollande et dans quelques pays
d'outre-mer.
L*ocre brute se vend de 5 fr. 50 c. à 8 francs la
tonne suivant qualité; calcinée, elle vaut 17 francs la
tonne.
Le prix des ocres raffinées dépend de la finesse et
de la nuance. Les ocres brunes crues valent de 6 à
11 francs leslOO kilogrammes; les ocres jaunes lavées,
de 7 à 14 francs les 100 kilogrammes; les ocres
rouges (calcinées), de6 fr. 50 c. à 16 francs les 100 kilo-
grammes.
d) Terres à couleur : grise (brute et lavée), 2,100 ton-
nes; verte, 150 tonnes.
Les terres vertes raffinées font l'objet d'une certaine
exportation.
La terre grise brute, en blocs, est vendue surtout
aux fabriques de ciment; elle vaut 250 francs le
wagon de 10 tonnes.
La terre grise lavée est utilisée par les papeteries
et les fabricants de couleurs. Son prix est de 100 francs
la tonne brute; broyée, elle se vend jusque 14 francs
les 100 kilogrammes.
La terre verte coûte brute 25 francs la tonne et
broyée, 6 fr. 50 c. les 100 kilogrammes.
— 224 —
Couleurs diverses.
Fabrication.
On fabrique encore en Belgique quelques autres
couleurs minérales à l'aide de matières premières
venant en partie de l'étranger.
Terre de Sienne. — C'est une terre brune colorée
par du fer, que l'on prépare par lavage, calcination
et mouture. La valeur est de 17 francs les 400 kilo-
grammes.
JSoir (Tivoire. — Cette couleur est obtenue en sou-
mettant à la calcination, puis au lavage et à la mou-
ture, des déchets d'ivoire généralement importés
d'Allemagne. Le noir d'ivoire pur se vend de 100 à
110 francs les 100 kilogrammes.
Jaune de chrome. — Le jaune de chrome ou chro-
mate neutre de plomb s'obtient en faisant réagir
ensemble des solutions de bichromate de potasse et
d'acétale de plomb. Cette couleur à l'état pur vaut de
100 à 125 francs les 100 kilogrammes.
Bleu de Prusse. — On produit le bleu de Prusse en
attaquant de la limaille de fer par un mélange d'acide
sulfurique et d'acide nitrique et en traitant la solution
obtenue par du ferrocyanure de potassium (prussiate
jaune). Le bleu de Prusse est uniquement préparé en
vue de la fabrication du vert de chrome.
Vert de chrome, — En mélangeant du jaune de
— 225 —
chrome avec du bleu de Prusse on forme le vert de
chrome. Les teintes plus ou moins foncées s'obtien-
nent en y ajoutant une certaine quantité soit de sul-
fate de baryte, soit de blanc de zinc (vert au zinc).
Les verts au sulfate de baryte se vendent de 15 à
200 francs, suivant la charge; ceux au blanc de zinc
valent de 25 à 150 francs.
Vert de Schweinfurth. — Ce vert est formé essentiel-
lement d*arsénite de cuivre contenant en mélange de
Tacélate neutre de plomb. On le fabrique en faisant
réagir à chaud deux solutions concentrées d'acide
arsénieux et d acétate de cuivre ou vert-de-gris. Cette
couleur se vend de 100 à 250 francs les 100 kilo-
grammes, suivant la charge.
Dans la fabrication des couleurs précédentes, on
effectue généralement les réactions dans des cuves en
bois, rondes ou rectangulaires, simples ou doublées
de plomb. Les couleurs, produites sous forme de pré-
cipités, sont, après décantation, soumis à des lavages,
puis séchées en petites masses sur des claies placées
dans un séchoir. Elle sont fournies en roches, ou
après mouture et tamisage. On les emballe générale-
ment en barils de bois de 50 kilogrammes.
PiioDucTioN. — Commerce.
Les maisons qui s'occupent de la fabrication des
couleurs que nous venons de passer en revue sont au
nombre de cinq. Leur production annuelle peut être
estimée à 1,100 ou 1,200 tonnes. Les deux tiers
15
— '2iQ —
environ de cette quantité sont vendus à l'étrauger,
notamment en France, en Espagne, en Algérie, en
Tunisie, en Turquie, en Orient, en Angleterre et dans
quelques autres pays d'outremer, le plus souvent par
l'intermédiaire de maisons de Hambourg.
Comme on le voii, l'industrie des couleurs miné-
rales diverses n'est pas très développée en Belgique.
Elle se trouve, en effet, en présence d'une concurrence
redoutable : celle des grandes manufactures alle-
mandes. A part l'arsenic, le blanc de zinc et le sulfate
de baryte, toutes les matières premières doivent être
importées d'Angleterre et d'Allemagne. Les fabriques
de ce dernier pays se trouvent donc dans une situa-
tion plus favorable sous ce rapport. En outre, elles
disposent d'un personnel spécial formé de longue
date, difficile à trouver dans notre pays. Supérieure-
ment outillées et produisant sur une vaste échelle,
les fabriques allemandes sont incontestablement dans
d'excellentes conditions pour satisfaire les exigences,
toujours si variées, de la clientèle.
Nos fabricants éprouvent de sérieuses difficultés
à faire accepter leurs produits par les consomma-
teurs belges, habitués depuis longtemps aux marques
étrangères. L'importation de ces articles est d'ailleurs
encouragée par la modicité des frets.
— 227 —
IV. - CORPS GAZEUX COMPRIMÉS
1" Oxygène et hydrogène.
Fabrication.
La production en grand de l'oxygène et de l'hydro-
gène au moyen de l'électrolyse industrielle de l'eau,
est réalisée par la société anonyme « L'Oxydrique ».
Voici, d'après M. Félix Jottrand f), quelques rensei-
gnements sur cette intéressante fabrication.
L'eau, traversée par un courant électrique, se
décompose en ses deux éléments, oxygène et hydro-
gène, que l'on peut recueillir séparément. Pour réa-
liser industriellement cette décomposition, deux con-
ditions essentielles doivent être réalisées :
1"* Réduction à un minimum de la force électro-
motrice;
2*" Parfaite séparation des deux gaz.
En ce qui concerne la première condition, le pro-
blème à résoudre est.de déterminer la composition la
plus favorable de l'électrolyte, ou liquide à décom-
poser; on sait, en effet, que l'eau pure est peu con-
ductrice de l'électricité, il faut ensuite imaginer une
disposition qui permette de rapprocher les deux
électrodes.
(*) Conférence faite à la Société belge d'électriciens, le 20 décem-
bre 1902.
— 228 —
Pour réaliser la seconde condition, il suffit de placer
entre les électrodes une cloison ou diaphragme. Ce
diaphragme doit être perméable à Teau pour per-
mettre la circulation de Télectrolyte; mais il doit êfre
imperméable aux gaz et, en outre, bon conducteur de
rélectricité.
L'électrolyseur Garuti satisfait à ce programme.
Dans ce système, on fait usage d'un diaphragme
Fig. 39. — Eloctrolyseur Garuti (couim» transversale)
métallique, présentant un grand nombre de perfora-
tions de faible diamètre, réunies en une bande de
quelques centimètres de hauteur placée devant les
électrodes. Ces ouvertures, tout en permettant la libre
circulation de Télectrolyte, ne laissent pas passer les
gaz, en vertu d'un phénomène de capillarité.
L'appareil se compose d'une série de cellules juxta-
posées renfermant chacune une électrode et consti-
tuées par des feuilles métalliques soudées. Ces cellules
— 229 —
sont complètement fermées à la partie inférieure et
ouvertes seulement sur la moitié de leur longueur, à
la partie supérieure. Toutes les cellules contenant une
anode sont ouvertes sur la moitié gauche; toutes les
cellules contenant une cathode sont ouvertes sur la
moitié droite. De cette façon, on peut recueillir sépa-
rément Toxygèue et l'hydrogène au moyen de deux
Fig. iO. — Électrolysour Gaiiiti (vue lungitudinalc).
cloches ou entonnoirs appliquées sur chacune des
moitiés de Télectrolyseur.
Pour la construction de Tappareil, on emploie géné-
ralement de la tôle d'acier doux; Télectrolyte est com-
posé d'une solution de soude ou de potasse caustique
à 25 p. c. Dans des cas spéciaux, on se sert de plomb
avec de l'eau acidulée.
La solution caustique se carbonate à la longue; on
la reviviGe au moyen de la chaux.
Les appareils marchent sans intervention de main-
— 230 —
d'œuvre. Ils sooi rangés les uns à la suite des autres
dans une salle maintenue à une température con-
stante. Les gaz produits sont collectés au moyen d'une
tuyauterie en fer; ils se rendent à un compteur et de
là au gazomètre.
- Si>ll<' ili's i'li'rtn.1
L'oxygène, contenant une petite quantité d'hydro-
gène, doit subir une purification. A cet effet, on lui
fait traverser un petit cylindre rempli de tubes par-
courus par de ta vapeur; l'élévation de température
qui en résulte suffit pour opérer la combustion de
l'hydrogène.
La force électromotrice pratiquement nécessaire
— 231 —
au fonctionnement de l'appareil est en moyenne de
2.4 volts. Industriellement, la production de 1 mètre
cube d'hydrogène exige 6.25 kilowatts et celle de
1 mètre cube d'oxygène 12.50 kilowatts.
Pour être livrés à la consommation, les gaz sont
amenés à la pression de 120 atmosphères à l'aide de
compresseurs, puis, ils sont introduits dans des bou-
teilles en acier à fermeture spéciale d'une contenance
allant de 20 litres à 5,500 litres.
Production. — Commerce.
L'oxygène se vend 5 francs le mètre cube et l'hy-
drogène 1 fr. 25 c.
Avec un personnel de vingt- cinq ouvriers et une
force motrice de 175 chevaux, l'établissement produit
actuellement environ 180,000 mètres cubes par an
(dont % d'hydrogène et Vs d'oxygène).
Comme il s'est créé dans les autres pays d'Europe
des usines pour l'exploitation de la même industrie,
l'oxygène et l'hydrogène comprimés ne sont guère
susceptibles d'exportation.
La fabrication de ces deux gaz à des conditions éco-
nomiques et sous une forme facilement transportable
favorise singulièrement le développement des appli-
cations de la soudure autogène, c'est-à-dire de la sou-
dure par fusion ou ramollissement des points en con-
tact sans interposition d'aucun corps étranger. On
peut, en effet, en brûlant l'hydrogène par un courant
d'oxygène à Taide d'un chalumeau approprié, obtenir
une température de 3000'^ localisée à un endroit
— 232 —
déterminé. Cette chaleur est suffisante pour provo-
quer la fusion de tous les métaux et celles de beau-
coup d'autres substances, telles que la chaux, le silice,
l'alumine.
Le chalumeau oxhydrique est maintenant couram-
ment employé dans l'industrie pour la fabrication des
émaux et des pierres artificielles, pour réparer les
soufiQures dans les pièces d'acier moulées, pour la
soudure des tuyaux en fer et en acier, pour le pla-
cement des collets, brides, raccords, etc., pour la
soudure des tôles minces, la réparation des chau-
dières, la soudure des fils électriques, le sectionne-
ment sur place des poutrelles, tôles, tuyaux, le détar-
trage des générateurs, etc.
Signalons encore l'emploi du gaz oxhydrique pour
les projections lumineuses et les applications inté-
ressantes de l'oxygène en médecine et en chirurgie
pour la respiration artiGcielle, la cicatrisation des
plaies, etc.
2!'' Anhydride sulfureux.
L*anhydride sulfureux, comprimé jusqu'à l'état
liquide, se présente sous une forme très commode
pour le transport; aussi tend-il à se substituer à l'acide
sulfureux en solution et même aux bisulfites de soude
et de chaux, dans les applications industrielles où
l'on utilise les propriétés blanchissantes, antiseptiques
ou désinfectantes de cet acide.
Il existe, près de Liège, une usine qui s'occupe de
cette petite industrie; elle livre, par an, environ
- 233 —
80,000 kilogrammes d'anhydride sulfureux liquide;
un peu plus de la moitié seulement est consommée
en Belgique; le reste est expédié en France, en
Espagne et même dans les pays d'outre-mer.
Pour préparer ce produit, on fabrique d'abord du
gaz sulfureux par le grillage de pyrite et de soufre
dans un four à étage. Le gaz est recueilli, purifié et
desséché, dans une tour analogue à celle de Glover ;
puis, il est aspiré, liquéfié par un compresseur et
refroidi dans un serpentin.
L'acide liquide est emmagasiné dans un réservoir
d'où il est soutiré et mis dans des bouteilles d'acier
d'une contenance de iOO kilogrammes.
L'anhydride sulfureux se vend à raison de 50 cen-
times le kilogramme.
'S° Acide carbonique.
Fabrication.
L'acide carbonique liquide, fabriqué en Belgique,
est obtenu par trois procédés diflerents :
a) La fermentation alcoolique du malt ;
b) La calcination du carbonate de chaux ;
c) La calcination du carbonate de magnésie.
A. — Fermenlation alcoolique.
Le premier procédé est pratiqué par une des
grandes distilleries du pays.
— 234 —
Le gaz carbonique, capté dans les cuves de fermen-
tation, subit d'abord un lavage dans des barboteurs
contenant de l'eau. De là, il se rend dans un gazo-
mètre, d'où un extracteur l'envoie dans les appareils
d'épuration. Ces appareils comprennent une série de
colonnes contenant certains réactifs liquides qui
débarrassent le gaz de ses impuretés. L'acide carbo-
nique est alors desséché en passant sur du chlorure
de calcium, puis traverse un filtre destiné à retenir
les parties de ce sel qui pourraient être entraînées. Le
gaz est enfin comprimé, en trois phases, jusque
70 atmosphères environ, dans un compresseur suivi
d'un serpentin refroidi par l'eau.
B. — Calcination du carbonate de chaux.
Ce procédé est plus compliqué et nécessite des opé-
rations assez nombreuses.
On calcine le calcaire dans un four à chaux ordi-
naire, chauffé au coke; on utilise des déchets de car-
rières, revenant à 3 fr. SÔ c. la tonne.
Les gaz bruts sortant du four sont aspirés et refou-
lés de bas en haut, à travers une colonne dans laquelle
on fait couler de l'eau ; dans cette colonne, les gaz
sont lavés, refroidis; en outre ils se dépouillent des
poussières entraînées. Ils se rendent ensuite dans
deux tours carrées remplies de coke qu'on arrose
avec une lessive de carbonate de potasse. En s'unissant
à Tacide carbonique, le carbonate se transforme en
bicarbonate. On envoie celui-ci dans une chaudière;
par l'effet de la chaleur, l'acide carbonique se dégage
— 235 —
de la solution et, après refroidissement dans un ser-
pentin, il se rend dans un gazomètre.
Du gazomètre, l'acide carbonique aspiré se rend au
compresseur; mais il n'arrive à ce dernier qu'après
avoir traversé deux colonnes de dessiccation contenant
Tune de la pierre ponce, l'autre du chlorure de cal-
cium. La compression s'effectue en trois phases,
d'abord à 4 atmosphères, puis à 20, et finalement à
70 ou 75 atmosphères. Entre deux compressions con-
sécutives, le gaz passe par un réfrigérant.
La chaux grasse obtenue comme sous-produit dans
ce procédé est utilisée dans la fabrication du papier.
C. — Calcinalion du carbonate de magnésie.
La matière première utilisée dans cette méthode
est la magnésite, originaire de Grèce, dont la valeur
est estimée à 20 francs la tonne.
La calcination s'effectue dans d'étroites cornues
verticales en fonte. Le gaz carbonique qui s'en dégage
est simplement soumis à deux lavages à l'eau dans des
colonnes puis se rend au gazomètre. Il en est aspiré
et se dessèche en traversant deux filtres remplis l'un
d'ouate, l'autre de charbon de bois. La compression
du gaz se fait comme précédemment.
Comme on le voit, ce procédé est très simple; il
offre, en outre, l'avantage de donner comme sous-pro-
duit de la magnésie, matière qui se vend avantageuse-
ment et qu'on utilise dans la fabrication des carrelages
et dans celle des bougies, pour la saponification des
graisses. On en produit environ 475 tonnes par an,
— 236 —
dont la moitié est exportée en Angleterre et en Alle-
magne. La valeur de l'oxyde de magnésie est de 90 à
95 francs la tonne.
Production. — Commerce.
La production des trois fabriques belges d'acide
carbonique ne s'élève pas à plus de 370,000 kilo-
grammes par an. Cette quantité représente à peine le
tiers de la consommation du pays.
Exceptionnellement, nous exportons un peu d'acide
carbonique en Hollande, en Syrie, en Egypte. En
France, vu le faible espace de temps accordé pour
l'admission temporaire des tubes (deux mois), on ne
peut exporter que dans des bouteilles appartenant
aux consommateurs.
L'acide carbonique sous pression est utilisé sur une
grande échelle pour la préparation des boissons
gazeuses, la saturation et le soutirage de la bière, sur
laquelle il exerce une action conservatrice. Il reçoit,
eu outre, quelques autres applications, notamment
dans le fonctionnement des extincteurs d'incendie,
dans les laboratoires, etc.
L'acide carbonique liquide se met dans des bou-
teilles cylindriques d'acier, munies d'un détendeur
de pression; ces tubes contiennent habituellement
10 kilogrammes, plus rarement 20 kilogrammes
d'acide.
L'acide carbonique qui, il y a dix ans, se vendait à
plus de 1 franc le kilogramme, s'écoule maintenant à
des prix variant de 5 à 4 francs le tube de 10 kilo-
— 237 —
grammes. L'importation allemande fait à ce produit
une concurrence de plus en plus désastreuse; elle
fournit Tacide carbonique aux consommateurs à des
prix encore inférieurs à ceux que nous venons de
citer. La raison de cet abaissement de la valeur est
vraisemblablement due à ce fait que TAllemagne
possède des sources naturelles d'acide carbonique,
qui peut ainsi être obtenu à un coût insignifiant.
Nos fabricants ont donc beaucoup de peine à main-
tenir leurs débouchés; d'autre part, ils se plaignent
de ce que certains importateurs peu scrupuleux, mais
désireux de gagner la faveur de la clientèle, ne crai-
gnent pas, malgré le danger résultant de l'augmen-
tation de pression, de donner aux tubes de 10 kilo-
grammes une surcharge allant de % à 2 kilogrammes
d'acide.
A"" Ammoniaque anhydre.
Pabricatiois.
L'ammoniaque anhydre est préparé au moyen des
eaux ammoniacales provenant de la distillation de la
houille dans les usines à gaz et dans les installations
de fours à coke à récupération (^). On se sert habituel-
lement d'eaux concentrées à 29** ou SO"" B., contenant
50 p. c. d'ammoniaque, revenant de 52 à 56 francs
les 100 kilogrammes. Ces eaux sont distillées sous
pression; les vapeurs ammoniacales sortant de l'alam-
(*) Voir Quatrième Partie.
— 238 —
bic, traversent d*abord un réfrigérant tubulaire placé
au-dessus; puis, elles subissent une double épuration*
D'abord, la vapeur d*eau est absorbée par de la soude
caustique placée dans une première colonne; dans
une seconde colonne, Tammoniaque barbote dans des
huiles lourdes provenant de la distillation du gou-
dron, qui letiennent la naphtaline. On ne pousse pas
la distillation jusqu'au bout; les eaux ammoniacales
sont retirées de Talambic lorsqu'elles renferment
encore 10 p. c. d'ammoniaque et sont distillées sépa-
rément pour enrichir d'autres eaux.
L ammoniaque purifiée est ensuite comprimée à 6 ou
7 atmosphères dans un serpentin refroidi, puis emma-
gasinée dans un récipient d'où on la soutire pour
remplir les bouteilles. Celles-ci sont constituées par
des tubes d'acier ou formées de tôles d'acier soudées ;
elles contiennent de 5 à 50 kilogrammes d'ammo-
niaque.
Pkoductio?!. — Commerce.
Les deux établissements qui s'occupent de la
fabrication de l'ammoniaque anhydre en produisent
chaque année plus de 50,000 kilogrammes. Les neuf
dixièmes au moins, destinés à l'étranger, sont expé-
diés en Hollande, en France, en Angleterre, dans le
sud de l'Europe et dans les pays d'outre-mer.
L'ammoniaque anhydre est utilisée principalement,
pour la fabrication de la glace, dans les machines
frigorifiques le plus couramment employées. Elle
reçoit encore d'autres applications : dans l'étamage
— 239 —
des glaces, pour combattre l'influence nuisible des
vapeurs de mercure; dans la production de force
motrice par le système Tellier et Morgan.
Le prix de Fammoniaque liquéfiée varie de 2 à
5 francs le kilogramme.
V — PRODUITS DIVERS.
l'' Soufre raffiné.
Fabrication.
Le soufre brut, c'est-à-dire tel qu'il est obtenu par
une première fusion, doit, pour être propre à certains
usages, être débarrassé des impuretés qu'il contient.
Ces impuretés sont constituées, d'abord, par des ma-
tières bitumineuses volatiles, que Ton fait partir en
chauffant le soufre à iSS"* environ; ensuite par des
matières minérales, dont on dégage le soufre en le
distillant dans une cornue. Les vapeurs se rendent
dans un condenseur où le soufre se liquéfie; on
l'extrait et on le coule dans des moules tronconiques :
c'est le soufre en canons.
Si la condensation s'opère lentement dans une
grande chambre, le soufre passe directement de l'état
gazeux à l'état solide : on obtient le soufre en fleur
ou soufre sublimé.
lia Belgique possède à Anvers une importante raf-
finerie de soufre, très bien outillée et pourvue des
installations hygiéniques permettant d'éviter la pré-
— 240 —
sence de gaz sulfureux et assurant Taération parfaite
des locaux.
On y traite le soufre brut provenant surtout de la
Sicile et, en petite quantité, d'Espagne.
Production. — Commerce.
La production totale de soufre raffiné est de 6,000
à 7,000 tonnes par an^ dont les trois quarts sont des-
tinés à l'exportation outre-mer (Amérique du Nord,
Indes anglaises et néerlandaises, Brésil, Colonie du
Cap, Australie, etc.).
Ce soufre raffiné est livré au commerce sous trois
qualités :
Le soufre coulé ou en canons^ qui s*emballe dans des
barils de bois spéciaux, à rainures et languettes, dont
le poids va de 50 à 500 kilogrammes; il vaut 15 à
16 francs les 100 kilogrammes;
Le soufre en fleur^ qui se met en balles de 50, 100
et parfois de 150 kilogrammes, et dont le prix est de
18 à 19 francs les 100 kilogrammes;
Le soufre sublimé^ qualité spéciale de soufre très
fin, tout à fait neutre, titrant 90 à 100° au tube Chan-
cel; il se vend 24 à 27 francs les 100 kilogrammes.
Le soufre raffiné est surtout utilisé dans le blanchi-
ment des matières textiles, du sucre, dans les indus-
tries chimiques.
Le traitement de la vigne absorbe de grandes quan-
tités de soufre en fleur; quant au soufre sublimé, il
est spécialement employé pour la vulcanisation du
caoutchouc.
â* Sulfate de baryte.
Le sulfate de baryte, destiné aux divers usages
industriels, est préparé au moyen du minéral extrait
Fig. Aâ. — Piiils (l'extraction du sulfate de baryte.
en Belgique même; on a également essayé de travail-
ler une certaine quantité de matière brute de prove-
nance allemande.
Il existe aux environs de Fleurus un gisement de
sulfate de baryte, occupant une superficie de terrain
d'environ 6.5 bectares. Ce minéral se présente en
poches ou amas plus ou moins réguliers, commençant
aune faible pro-
fondeur au-des-
sous du niveau
du sol et séparés
par d'étroits fi-
lons de sable ou
de terre.
L'exploitation
se fait d'une ma-
nière très sim-
ple, au moyen de
puils d'un mè-
tre de diamètre
et d'une profon-
deur de 20 mè-
tres environ; il
existe environ
trente-cinq puils
de ce genre.
Apariirdeces
puiis, on perce
dans le gisement
des galeries ho-
rizontales que
l'on remblaie
après extraction
du sulfate de ba-
ryte. On ouvre
ainsi, successi-
vement, des ga-
leries les unes a
. — 243 —
côlé des autres, en ayaat soin d'attendre que le
tassement du remblai se soit effectué convenable-
ment.
L'attaque de la roche se fait au pic; rarement on
doit avoir recours à la poudre.
Deux puits d'exhaure, creusés à 25 mètres de pro-
fondeur et munis de pompes à vapeur, servent à
l'épuisement des eaux.
La descente des ouvriers a lieu au moyen de treuils
manœuvres à la main. Ceux-ci servent également à la
remonte des produits, que Ton dépose dans de petits
paniers, la matière étant très lourde.
Le sulfate de baryte se présente avec des teneurs
variant de 75 à 98 p. c. Sa coloration varie du blanc
au jaune gris. Cette teinte lui a été communiquée par
les eaux d'infiltration provenant de petits gisements
de minerais de fer, exploités jadis à cet endroit.
Un premier triage s'opère à la mine et le sulfate
est classé en quatre qualités, suivant sa teinte, il est
ensuite transporté par chemin de fer aux usines de
préparation situées à 1,500 mètres de distance; pour
ce transport, la traction électrique va être substituée
à la traction par locomotive ordinaire.
Préparation.
A l'usine, le sulfate brut est soumis à une série
d'opérations ayant pour but de le transformer en une
poudre fine et bien homogène.
La matière est d'abord séchée sur des taques en
fonte chauffées, par en dessous, au moyen de la vapeur
— 244 —
de décharge des machines. Elle est ensuite soumise n
un concassage à l'aide de concasseurs à mâchoires ou à
plateaux coniques munis de dents.
Lors du séchage, on procède à un second triage, sui-
vant le degré de hiancheur; le poussier séparé fournil
la qualité inférieure.
Après concassage, la matière est lavée dans un
Fig. 44. — Alolicr ilc (•(inciissaiii!, lavage el sôchagc <lii sullalp dp liniTlc.
cylindre animé d'un mouvement de rotation, puis
aécliée soit sur des taques, comme précédemment, soit
dans un séchoir rotatif, desservi par un foyer spécial.
La grenaille doit encore subir un broyage dans un
moulin à plateaux à dents plus petites, jusqu'à ce que
la grosseur ne dépasse pas celle d'un grain de maïs.
La matière passe alors à la mouture, qui s'effectue
au moyen de meules horizontales. Pour la qualité
supérieure, cette mouture est quadruple, la finesse
de la poudre obtenue correspondant au tamis 500.
— 245 —
Le produit est ensuite mis en sacs de 100 kilo-
grammes ou en fûts de 300 et de 500 kilogrammes.
Quelquefois, on incorpore au sulfate de baryte, pour
le blanchir, un peu de bleu d'outremer; cette addition
se fait lors du second séchage.
Production. — Commerce.
Il existe, en Belgique, quatre usines de préparation
du sulfate de baryte; trois d'entre elles, appartenant à
deux firmes, traitent le sulfate de Fleurus; la qua-
trième reçoit sa matière première de mines situées
en Bavière et dans la province rhénane.
La production totale du sulfate en poudre est
actuellement de 26,000 tonnes par an. Plus de la
moitié de cette quantité est exportée, principale-
ment en Angleterre et, aussi, en France, en Alle-
magne, en Hollande, dans l'Amérique du Nord, en
Chine, etc.
Fie sulfate de baryte moulu est utilisé comme
charge, notamment dans la fabrication du papier,
de la céruse, du caoutchouc, des graisses indus-
trielles, etc. Il sert aussi à la préparation de la lito-
pone et de quelques autres produits chimiques tels
que l'aluminate de baryum, etc.
Les prix diffèrent beaucoup suivant la finesse et la
blancheur du produit; ils peuvent varier de 23 à
60 francs la tonne.
Le nombre total des ouvriers employés dans la pré-
paration du sulfate de baryte est de 85.
Pour le travail d'extraction du sulfate brut, on
— 246 —
compte 180 ouvriers; ceux-ci sont payés à la pièce
et reçoivent, suivant le cas, de 6 à 8 francs par
cense^ mesure locale représentée par un volume de
2"50 X 2*30 X 0"50 (hauteur), soit environ 2"^^5,
correspondant à un poids de 6,000 kilogrammes.
La force motrice nécessaire aux diverses opérations
des usines de préparation est considérable; elle
dépasse 900 chevaux. Le fonctionnement des pompes
aux pulls d'exhaure exige environ 60 chevaux.
3"* Borax et acide borique.
Il existe en Belgique une usine qui s'occupe de la
fabrication du borax ou borate de soude et de Tacide
borique. Le premier de ces produits est surtout utilisé
dans les émailleries et les cristalleries, le second dans
la fabrication de la faïence et de la porcelaine, ainsi
qu'en droguerie.
La matière première employée à la fabrication du
borax est Vulexite ou boronatrocalcite. Ce minerai, qui
est exploité dans la région des Andes de la République
Argentine, est du borate double de soude et de chaux ;
il contient en moyenne 59 p. c. d'acide borique, 12 p. c.
de chaux vive et 7 p. c. de soude caustique, le reste
étant représenté par de l'eau et diverses impuretés
(matières terreuses, chlorure et sulfate de soude, etc.).
La matière, reçue en nodules, est d'abord broyée,
puis traitée dans un autoclave par une solution de
carbonate de soude portée à l'ébullition à l'aide de la
vapeur. La solution de borax obtenue est amenée
aux cristallisoirs, tandis que les résidus vont aux
— 247 —
filtres-presses. Le borax brut est redissous et soumis
à une seconde cristallisation pour fournir le borax
commerciaL
Pour fabriquer l'acide borique, on traite le borax
par Tacide chlorbydrique. Après décantation, la solu-
tion d'acide borique est conduite aux cristallisoirs.
Les dernières opérations consistent dans Tégouttage,
le pressage, le turbinage et le séchage des cristaux
dans une étuve.
La production de borax est d'environ 900 tonnes
par an et celle d'acide borique de 60 tonnes. Une
bonne partie de ces produits est vendue à l'étranger.
L'expédition se fait en sacs pour le pays et en fûts
pour l'exportation.
Les prix moyens sont de 30 à 55 francs les 100 kilo-
grammes pour le borax et de 50 francs pour l'acide
borique.
i"" Silicates de soude et de potasse.
Fabrication.
Les silicates de soude et de potasse sont des verres
qui s'obtiennent d^abord à l'état solide et que l'on fait
ensuite dissoudre dans l'eau pour les adapter à cer-
tains usages.
La fabrication de ces composés est des plus sim-
ples.
On fait réagir dans un four à réverbère de la silice
— du sable lavé, bien blanc — et du carbonate de
soude ou de potasse raffiné. Celui-ci est de prove-
— 248 —
nance française et vaut 35 centimes le kilogramme.
Le verre ainsi formé est introduit dans une chau-
dière autoclave verticale pourvue d'un faux-fond en
forme de grille. On fait arriver de la vapeur sous
pression; puis lorsque le silicate est dissous, on
ferme l'arrivée de la vapeur, on ouvre le robinet de
sortie et la solution se rend d'elle-même dans des bacs
de décantation couverts, d'où on la soutire dans des
fûts.
Le sable employé doit être exempt de chaux et
présenter un grain fin, ce qui est un indice de pureté.
Le sable de la Gampine est très convenable pour cette
fabrication; aussi, est-il important de pouvoir se le
procurer à très bas prix et par bateaux entiers.
La présence du fer donne au silicate de soude une
coloration verte; pour le blanchir on ajoute dans le
four une très petite quantité de sulfate de soude.
La solution marque habituellement SS*" à 40^ B.
Le silicate obtenu est plus ou moins neutre ou alca-
lin, l'alcalinité augmentant la densité; l'alcalinité
dépend évidemment de la proportion suivant laquelle
la soude est ajoutée au sable. Ainsi, pour obtenir le
silicate neutre, on met habituellement 50 p. c. de
soude et pour l'alcalin 65 p. c. et même plus.
Le silicate de potasse se distingue par sa teinte
plus brune.
Production. — Commerce.
La production des deux usines belges n'est pas très
importante et n'atteint pas plus de 1,800 à 2,000 tonnes
— 249 —
par an. Un bon tiers de cette quantité est destiné aux
pays étrangers (Espagne, Portugal, Roumanie, etc.).
Par contre, TÂllemagne fait une importation considé-
rable de ce produit en Belgique.
Les silicates solides, qui se vendent parfois tels
quels, sont expédiés en vrac ou en sacs de 50 et 100 ki-
logrammes. Les silicates liquides sont mis dans des
fûts de bois de 250 kilogrammes.
Voici les valeurs des difierents produits :
Silicate de soude : solide, 8 francs les 100 kilo-
grammes; liquide, 5 à 6 francs les 100 kilogrammes;
silicate de potasse : solide, 25 à 26 francs les 100 kilo-
grammes; liquide, 12 fr. 50 c. les 100 kilogrammes.
Ces produits s'emploient en assez grande quantité
dans la fabrication des savons en poudre, auxquels
ils donnent du poids, tout en les rendant onctueux et
mousseux ; les savons mous et les savons durs en ren-
ferment également un peu.
RÉPERTOIRE
^Société anonyme filiale belge-néerlandaise d'aluminium, à
Selzaele.
Alumine hydratée et anhydre. Sulfate d'alumine.
Fluorure et chlorure d*alumine. Âluminate de
baryte.
Établissements L. de Laminne (société anonyme)^ à
Ampsiu.
Alun de potasse ordinaire, épuré et chimique-
ment pur.
Sulfate d'alumine.
*Société anonyme des produits chimiques de Droogenbosch^
à Ruysbroeck.
Alun de potasse.
Wamier et Leroux, à Baelen-Wezel.
Acide fluorhydrique, fluorure double d'alumine
et de soude (cryolithe artificielle, opaline).
* Les établissements marqués d*un astérisque sont ceux qui figurent
dans plusieurs groupes d'industries.
— 251 —
^Société anonyme des engrais concentrés^ à Engis.
Superphosphates doubles. Plâtre phosphaté.
Acide phosphorique. Phosphate de potasse.
Phosphate bicalcique précipité.
*Union des produits chimiques^ à Hemixem.
Superphosphates doubles.
V. P. Meyers, à Schaerbeek-lez-Bruxelles.
Superphosphates doubles. Phosphate bicalcique
précipité.
Phosphate de soude.
Société anonyme des produits chimiques industriels ^ à
Haren.
Acide phosphorique liquide, pâteux et solide.
Phosphates d'ammoniaque, de soude et de po-
tasse.
J. Descamps et C^^ à Angre.
Phosphore blanc et amorphe. Plâtre phosphaté.
Phosphure de cuivre.
Debbaudt frères et C**, à Cureghem-lez-Bruxelles.
Géruse, minium, massicot, mine orange.
Jenart'Lagae^ à Heule-lez-Courtrai.
Céruse en poudre et broyée.
De Craene et fils, à Waereghem.
Céruse en poudre et broyée.
— 252 —
Albert Van Lerberghe^ à Courtrai.
Céruse en poudre et broyée.
Auguste Boulez^ à Courtrai.
Céruse eu poudre et broyée.
Verschraegen frères^ à Gand.
Céruse en poudre et broyée.
Arthur Robbrecht Laleman^ à Thîelt.
Céruse en poudre et broyée*
Société anonyme des mines et usines de la Vieille-Mon-
tagne^ à Hollogne-aux-Pierres,
Blanc de zinc en poudre et broyé.
Société anonyme des produits chimiques de Wilsele, à
Wilsele-lez-Louvain.
Litopone en poudre et broyée.
Destrée et C*% à Haren.
Bleu d'outremer pur et réduit.
L' lUtramarine {société anonyme}^ à Melle-Iez-Gand.
Bleu d'outremer, bleu, vert, violet, rouge.
Edmond Block, à Gentbrugge-Iez-Gand.
Bleu d'outremer.
F. Wargny et C**, à Dampremy.
Colcotar.
— 253 —
Alfred Gossel et 0% à Mornimont.
Golcotar.
C. Scheibter, à Auvelais.
Golcotar.
Société anonyme des minières de la Meuse, à Sciai-
gneaux.
Minium de fer cru.
Rossignol et Leclercq^ h Seillcs.
Minium de fer cru.
Société anonyme des miniums de fer de Francorchamps, à
Francorchamps.
Miniums rouge, brun et noir. Ocres.
Dardenne, Mahaux et Servais^ à Saint-Fiacre (Namur).
Minium, ocres et terres à couleurs.
A. Sablon-Sauvegarde^ à Walcourt.
Minium, ocres et terres à couleurs.
Société anonyme d'Auderghem (iV. Légotj successeur), à
Âuderghem.
Minium et ocres de toutes nuances, en poudre et
broyées à l'huile.
De Keyser frères, à Laeken-lez-Bruxelles.
Ocres.
— 254 —
Louis SchuUe^ à Liers.
Colcotar, rouge oxyde, minium, terre de Sienne,
noir d'ivoire, vert et jaune de chrome, vert à
la chaux, vert de zinc, couleurs en poudre et
en pâte.
LaureySy frères, à Molenbeek-lez-Bruxelles.
Verts de chrome au sulfate de baryte et au blanc
de zinc.
Vert de Schweinfurth.
Société anonyme « UOxydrique », à Molenbeek-lez-
Bruxelles.
Oxygène et hydrogène comprimés.
Oscar Gœbel, à Flémalle-Haute.
Anhydride sulfureux liquide.
Stoopen et Meetis, à Borgerhout-lez -Anvers.
Bleu de Prusse, vert et jaune de chrome, vert de
zinc, vert à la chaux.
Société anonyme Anglo-Belge pour la fabrication des
vernis anglais, à Hoboken-Iez-Anvers.
Bleu de Prusse, vert et jaune de chrome, vert de
zinc.
Oscar Deschamps, à Anvers.
Vert de chrome.
— 255 —
Société générale des peintures hygiéniques, à Gbàteiet.
Lilium et rutilium, couleurs minérales rempla-
çant la céruse et le minium.
La Carbonique (société anonyme), à Molenbeek-lez-
Bruxelles.
Acide carbonique liquide. Magnésie calcinée.
Ij acide carbonique pur [société anonyme), à Molenbeek-
lez-Bruxelles.
Acide carbonique liquide.
L. Meeus, à Wyneghem.
Acide carbonique liquide.
Bruno Lebrun, h Nimy.
Ammoniaque anhydre.
^Solvay et C'% à Havré-Ville.
Ammoniaque anhydre.
Koch et Reisj à Anvers.
Soufre raffiné en canons, en tleur et sublimé.
Edouard Brunard, à Fleurus.
Sulfate de baryte.
J. Quinet, a Fleurus.
Sulfate de baryle.
Baudier et C^ [société anonyme), à Visé.
Sulfate de baryte.
— 256 —
Compagnie internationale des borax, à Loth.
Borax et acide borique.
H. Deprez et C^, à Châtelineau.
Silicates de soude et de potasse solides et liquides.
A. Carlier et L. Vranckx^ à Merxem.
Silicates de soude et de potasse solides et liquides.
QUATRIÈME PARTIE
PRODUITS EXTRAITS DE LA HOUILLE ET DU BOIS
ET AUTRES COMPOSÉS ORGANIQUES.
PRODUITS POUR LABORATOIRES.
Renseignements généraux.
Nous plaçons dans le quatrième groupe tous les
corps — la plupart de composition organique — que
Ton retire de la houille et du bois. De là, deux, grandes
catégories de produits tirant leur origine respective-
ment de chacune de ces deux matières premières.
Dans Tune et l'autre de ces classes, nous distingue-
rons les substances qui sont extraites directement^ soit
par voie sèche, soit par voie humide, de la houille et
du bois, et les produits dérivés^ fabriqués avec les ma-
tières précédentes, reprises et soumises à un traite-
ment subséquent.
La fabrication de quelques autres corps organiques,
ne rentrant dans aucune des catégories précédentes,
trouve naturellement sa place ici.
Enfin, nous terminons notre travail en consacrant
17
— 258 —
un chapitre à Tindustrie spéciale, d'ailleurs assez peu
importante chez nous, des produits chimiques purs
pour laboratoire et des préparations pharmaceu-
tiques.
Nous établissons donc, comme suit, les sommaires
des différents chapitres qui constituent la quatrième
partie :
L Sous produits directs de la distillation de la houille :
Graphite. Matières épurantes épuisées. Eaux ammo-
niacales. Goudrons. Benzols bruts.
II. Produits secondaires de la distillation de la houille :
A . — Traitement des matières épurantes épuisées : Fer-
rocyanure de sodium. Sulfocyanure de potasse et
d'ammoniaque.
B. — Traitement des eaux ammoniacales : Ammo-
niaque. Sulfate d'ammoniaque.
C. — Distillation des goudrons : Benzol. Benzène.
Toluène. Pyridine. Acides phénique et crésylique.
Naphtaline. Créosote. Anthracène. Brai. Produits
divers. Produits dérivés.
III. Produits extraits directement du bois :
A. — Par voie humide : Extraits tanniques. Salicine.
B. — Par voie sèche [distillation) : Charbon de bois.
Alcool méthylique. Acétates de chaux et de soude.
Pyrolignite de fer. Goudron. Brai.
— 259 —
IV. Produits secondaires de la distillation du bois :
A. — Dérivés de l'alcool méthylique: Formaldéhyde.
Trioxy méthylène. Hexaméthylène tétramine.
B. — Dérivés de l'acétate de chaux : Acétone. Chlo-
roforme. Acite acétique.
C. — Dérivés du goudron végétal : Créosote et sels de
créosote. Gaïacol et sels de gaîacol.
V. Produits organiques divers : Ethers sulfurique et
acétique. Nitrocellulose. Collodion. Aldéhyde et paral-
déhyde acétiques.
VI. Produits chimiques purs^ minéraux et orga-
niques, pour laboratoire, médecine et photographie.
Préparations pharmaceutiques diverses.
Parmi les établissements dont nous allons nous
occuper, nous rencontrons d'abord toutes les usines
à gaz du pays (^).
Viennent ensuite les installations de fours à coke
à récupération. A quelques exceptions près, ces fours
appartiennent aux sociétés exploitant les charbon-
nages. Celles-ci fournissent le charbon et reçoivent le
coke; les sous-produits récupérés sont traités à part
(<) Nous nous abstenons toutefois de les citer au complet dans le
répertoire, vu que le principal objet de leur activité est la fabrication
du gaz d'éclairage, et qu'elles livrent généralement leurs sous-produits
sans leur faire subir aucune préparation. Nous ne tiendrons compte
que de celles qui soumettent ces derniers à un traitement spécial (con-
centration des eaux ammoniacales, fabrication du sulfate d'ammo-
niaque).
— 260 —
dans de petites usines-annexes, le plus souvent pour
le compte de sociétés spéciales, suivant certaines con-
ventions. Dans notre étude, nous n'envisageons que
ces dernières, bien que la récupération des sous-pro-
duits comporte des appareils spéciaux dont le fonc-
tionnement exige une main-d'œuvre et une force
motrice supplémentaires. Mais l'ensemble des installa-
tions de ces fours est plutôt du ressort de la métal-
lurgie.
Les établissements présentant à plus juste titre le
caractère de fabriques de produits chimiques sont
ceux qui s'occupent de la distillation des goudrons et
du traitement de leurs sous-produits; ceux qui
retirent les produits du bois par extraction ou par
distillation; enfin, ceux qui mettent en œuvre les
matières ainsi obtenues ou s'occupent de la fabrication
des autres substances organiques.
Pour l'ensemble, nous arrivons à un total de 65 éta-
blissements. Six de ceux-ci ont déjà figuré dans l'un
des groupes précédents; pour deux firmes, la fabri-
cation des produits chimiques ne constitue qu'une
branche accessoire, l'objet principal de leur activité
étant la production de la poudre.
Si nous cherchons à nous rendre compte de l'impor-
tance de ces usines, nous constatons que 4 d'entre
elles occupent un personnel de 100 à 150 ouvriers et
5 autres un personnel de 50 à 100 ouvriers. Dans ces
divers établissements, la force motrice utilisée varie
de 30 à 500 chevaux.
La puissance motrice globale dont dispose l'en-
semble de ces industries est d'environ 2.000 chevaux.
- 261 —
et le nombre total d'ouvriers qui y trouvent du travail
s'élève à près de 1,400.
Ajoutons que la capacité de production des généra-
teurs est de beaucoup supérieure à celle exigée par le
fonctionnement des moteurs ; la vapeur est, en effet,
largement mise à contribution dans un grand nombre
d'opérations.
On n'a recours au travail des femmes que pour
certaines manipulations relatives à l'emballage de
quelques produits.
Aucune remarque n'est à faire concernant les
salaires; ils ne diffèrent pas de ceux des autres
industries chimiques.
Peu de travaux sont organisés à la tache; on ne
rencontre guère ce système de rémunération que dans
quelques distilleries de bois.
Les usines à gaz qui traitent leurs sous-produits
sont celles qui desservent de grands centres de popu-
lation.
Les fours à récupération se trouvent naturellement
dans les bassins houillers.
Les principales usines qui travaillent les goudrons
sont situées dans le bassin de Charleroi et près des
grandes voies navigables du Nord de la Belgique.
Quant à la distillation du bois, elle ne peut s'exercer
que dans les régions qui renferment des forêts : en
Ardenne et dans l'Entre-Sambre-et-Meuse.
Les maisons qui s'occupent des produits pour labo-
ratoire et pharmacie sont, pour la plupart, installées
à Bruxelles et dans les environs.
— 262 —
I. __ SOUS-PRODLITS DE U DISTILLATION
DE LA HOUILLE.
Matières premières.
La distillation de la houille peut être pratiquée en
vue de deux buts principaux. Elle peut avoir pour
objectif la production du gaz d'éclairage ou bien celle
du coke nécessaire aux besoins de la métallurgie.
A. " Usines à gaz.
On compte actuellement en Belgique 67 usines n gaz
en fonctionnement; leur importance, naturellement
fort variable, dépend de la population des centres
qu'elles sont appelées à desservir.
On emploie^ pour la fabrication du gaz, des char-
bons spéciaux, dit charbons à gaz^ contenant une forte
proportion de matières volatiles.
Ces charbons proviennent en partie du bassin de
Mons. La Belgique est loin de pouvoir fournir tout
le charbon nécessaire à la consommation des usines
à gaz du pays. Aussi en fait-on venir des quantités
considérables d'Allemagne, de France et d'Angleterre.
La proportion pour laquelle ces différents pays inter-
viennent dans cette importation varie d'une année à
l'autre; elle dépend de la situation du marché char-
bonnier et de l'importance du fret par eau, lequel
diffère suivant les saisons et l'intensité des transports.
D'une façon générale, on peut dire que les usines
— 263 —
situées dans le centre du pays et à distance modérée
du bassin houiller de Mons emploient du charbon
belge. Les usines des Flandres, grâce aux facilités de
communication par eau avec le Nord de la France et
au fret avantageux (en moyenne 2 fr. 20 c. par tonne),
se fournissent de préférence dans le bassin du Pas-
de-Calais, dont la forte production assure une alimen-
tation constante.
Les usines placées près de notre frontière de l'Est
ont souvent avantage à consommer du charbon alle-
mand ; il en est de même de celles établies à proximité
d'une voie navigable permettant l'arrivée des grands
bateaux d'intérieur de 800 à 1,000 tonnes, effectuant
le transport à un fret qui ne dépasse pas 1 fr. 60 c. par
tonne.
Quant au charbon anglais, son importation est assez
limitée, en raison surtout du transbordement sur
allège, qui à lui seul exige 90 centimes par tonne.
Voici, à titre de renseignement et d'une façon
approximative, comment se répartissaient les prove-
nances (les divers charbons distillés pendant l'année
1905:
Charbons belges ....
. 212,000 tonnes.
)) français . . .
. 157,000 »
» allemands. . .
. 278,000 »
» anglais . . .
o3,000 »
Total. .
. 700,000 tonnes.
Cette quantité de charbon correspond approxima-
tivement à une production de 196 millions de mètres
cubes de gaz et de 480,000 tonnes de coke.
— 264 —
Le charbon acheté par les usines à gaz est générale-
ment du tout-venant à 20 à 25 p. c. de gros, revenant
à 12 ou 15 francs à lusine.
B. — Fours à coke.
Le nombre d'installations de fours à coke où Ton tire
parti des sous-produits est actuellement de 15, se
décomposant comme suit :
Système Semet-Solvay. . 12 batteries comprenant 761 fours.
» Evence Coppée . 2 » » 114 »
» Colin .... 1 » w 36 »
Une autre batterie de fours Colin est actuellement
en construction.
La capacité de production des fours est de 1,200,
1,500 et 1,800 tonnes de coke par an.
Les charbons utilisés sont le plus souvent de pro-
venance belge; ils sont moins riches en matières vola-
tiles que les charbons employés pour la fabrication du
gaz; ils en contiennent généralement de 16 à 24 p. c.
Certaines installations, placées à proximité de la mer
et des grandes voies navigables, reçoivent du charbon
allemand plus riche, dont la teneur en matières vola-
tiles va jusque 32 p. c.
Nous estimons à 1,700,000 tonnes la quantité de
charbon distillée annuellement dans les fours à coke
à récupération des sous-produits, et à 1 million
250,000 tonnes la quantité de coke qu'ils produisent.
— 265 -
Procédés de fabricatiois.
A . — Usines à gaz.
Le gaz provenant des cornues de distillation est,
par une série d'opérations, débarrassé des impuretés
qui le souillent et dont la présence nuit aux qualités
requises pour un bon éclairage.
Ces impuretés, recueillies séparément à l'aide
d'appareils et de procédés appropriés, constituent
des sous-produits ayant une certaine valeur com-
merciale, non seulement à cause de leurs applica-
tions immédiates, mais encore par suite de leur utili-
sation comme matières premières pour la fabrication
de nombreux composés d'une importance industrielle
considérable.
Ces sous-produits sont :
Le goudron, qui se sépare pendant son parcours
dans les appareils de condensation ;
Les eaux ammoniacales, qui se forment par l'aban-
don de l'ammoniaque, lors du passage du gaz à tra-
vers les appareils laveurs;
Voxyde de fer^ qui sert à l'épuration finale du gaz;
cette matière absorbe l'hydrogène sulfuré et les com-
posés de l'azote, tels que : le cyanogène et l'ammo-
niaque.
Enfin, le graphite, charbon à un haut degré de
pureté, qui se dépose peu à peu et en quantité
minime sur les parois intérieures des cornues.
— 266 -
B. — Fours à coke à récupération.
Lorsqu'on distille la houille en vue de la production
du coke métallurgique, on peut suivre deux procédés
différents.
Dans Tancienne méthode, les gaz provenant de la
distillation s'échappent librement dans Fatmosphère,
après avoir simplement traversé par des tuyaux inté-
rieurs, des générateurs auxquels ils abandonnent une
partie de leur chaleur.
La seconde méthode consiste dans l'emploi des
fours dits à récupération. Dans ce système, les gaz
s'écbappant des fours sont recueillis et débarrassés
de certaines substances utiles; après quoi ils sont
employés au chauffage même des fours et, avant de se
rendre dans la cheminée, ils servent encore à produire
une certaine quantité de vapeur. Il est inutile de faire
ressortir les avantages économiques qui résultent de
cette façon rationnelle de travailler.
Plusieurs systèmes de fours à récupération sont en
fonctionnement en Belgique. Ils diffèrent surtout
entre eux par la disposition donnée aux carneaux et
autres parties du four, par les mécanismes de char-
gement et de défournement, etc. Nous n'insisterons
pas sur ces détails^ qui sortent du cadre de notre
travail.
Le système qui a reçu le plus grand nombre d'appli-
cations est celui des fours Semet-Solvay.
Voici, comment, dans les installations de ce genre,
on procède pour recueillir les différents sous-produits.
Les gaz de la distillation, aspirés par des extrac-
~. 267 —
teurs Beale, passent d'abord dans des barillets où ils
se refroidissent. Ils traversent ensuite des conden-
seurs à double enveloppe avec circulation d'eau où se
déposent les goudrons. Passant alors par les extrac-
teurs, les gaz sont refoulés dans d'autres condenseurs,
formés de sept compartiments superposés contenant
de l'eau ; le gaz, en se divisant au passage de tôles
perforées, barbote dans le liquide auquel il abandonne
son ammoniaque.
Au sortir de ces appareils, les gaz traversent une
colonne alimentée d'huile créosotée provenant de la
distillation des goudrons. Certains hydrocarbures
légers sont absorbés par ces huiles; on les récupère
ensuite, par une distillation, sous forme de benzols
bruts.
Les gaz sont finalement dirigés vers les tuyères des
fours et de là vont aux générateurs.
Les sous-produits obtenus dans les fours à récupé-
ration sont donc : du goudron, des eaux ammonia-
cales et des benzols bruts.
Production, — Commerce.
1^ Graphite.
La production de graphite dans les usines à gaz est
minime; le dépôt dans les cornues est d'autant moins
forte que la distillation est conduite plus énergi-
quement (distillation A mort).
Ija quantité obtenue est d'environ 500 tonnes par
an. Ce produit est vendu on Belgique spécialement
— 268 —
pour la fabrication des crayons électriques pour
lampes à arc et des charbons de pile. Sa valeur
n'atteint guère que 7 francs les 100 kilogrammes.
^ Matières épurantes épuisées.
On emploie, comme matière épurante du gaz d'éclai-
rage, des oxydes de fer, à la richesse de 40 p. c. envi-
ron, plus ou moins tourbeux et pulvérulents. Ces
terres viennent des environs de Tirlemont et du nord
de la province de Limbourg; on en importe aussi de
Hollande. Ces dernières sont considérées comme
meilleures et reviennent à 19 et 20 francs la tonne
rendue dans une usine du centre, alors que les
oxydes du pays ne valent que 14 francs.
Par suite du passage du gaz dans les appareils d épu-
ration, Toxyde de fer s'imprègne de composés de
soufre, de cyanogène, et souvent de sels ammonia-
caux, lorsque le lavage du gaz n'a pas été complet.
La quantité d'oxyde de fer nécessaire à l'épura-
tion du gaz varie suivant la qualité de la matière et le
plus ou moins de méthode apporté dans les opéra-
tions. Cette quantité peut aller de 5 à 11 kilogrammes
par tonne de charbon distillé. On peut, toutefois,
évaluer à 4,000 ou 5,000 tonnes la quantité totale de
matière épurante consommée par an dans les usines à
gaz du pays.
Après épuisement, une grande partie de cette
matière épurante est vendue comme engrais azoté;
on en exporte en France pour cet usage. Elle se paie
à raison de 1 franc le kilogramme d'azote. Cet engrais
— 269 —
doit être employé avec certaines précautionsj il con-
vient de l'épandre cinq à six semaines au moins avant
répoque des semailles, aûn de donner le temps aux
composés toxiques qu'il contient de se décomposer
sous l'influence des agents atmosphériques. D'autre
part, l'application de cet engrais a pour effet, au début,
de détruire les plantes inutiles et les insectes nui-
sibles.
L'oxyde de fer épuisé est également vendu en Bel-
gique et en Allemagne, pour servir à l'extraction de
certains sous-produits, notamment du ferrocyanure
de potassium et le bleu de Prusse. Dans ce cas, il
est vendu d'après la quantité de ce dernier composé
qu'il est susceptible de fournir. Habituellement, la
teneur est de 6 à 8 p. c, mais elle peut aller jusque
H p. c. lorsqu'on revivifle un grand nombre de fois
la matière. L'unité, qui atteignait quarante-cinq cen-
times naguère, ne vaut plus actuellement que 50 cen-
times.
Cette baisse de prix, qui a entraîné la dépréciation
de la matière épurante épuisée, doit être attribuée à
deux causes : d'abord à la vogue croissante des cou-
leurs d'aniline qui supplante de plus en plus les autres
couleurs; ensuite au marasme qui s'est manifesté dans
ces derniers temps dans les exploitations aurifères
d'or du sud de l'Afrique, le traitement du minerai
exigeant de grandes quantités de cyanure de potas-
sium, qui est préparé sur place à l'aide du ferrocya-
nure. Par suite de l'abandon du travail dans beaucoup
de mines, la demande de ce dernier produit a consi-
dérablement diminué.
— 270 —
5"" Eaux ammoniacales.
Les eaux ammoniacales obtenues par le lavage du
gaz provenant de la distillation du charbon ont géné-
ralement une densité de S"" à 5"" B. La teneur en ammo-
niaque est assez variable; toutefois, on peut admettre
comme moyenne 1.500 kilogramme par hectolitre;
les neuf dixièmes de cette teneur sont représentés
par des composés volatils et un dixième par des sels
fixes.
Quant au rendement, il diffère suivant la composi-
tion du charbon, la façon de conduire le travail et le
plus ou moins de perfection du lavage. En général, on
peut compter, par tonne de charbon distillé, une
production de 5 à 4 hectolitres d*eau ammoniacale
ramenée à l^'B. En moyenne, cela donne environ
8,400,000 hectolitres-degrés par an. A cette quantité,
il faut ajouter environ 400,000 hectolitres-degrés d'eau
ammoniacale provenant des distilleries de goudron,
ce qui fait un total de 8,800,000 hectolitres-degrés.
Si Ton veut estimer la valeur de cette eau en ammo-
niaque, on arrive au chiffre total de 5,000 tonnes
en se basant sur une moyenne de 2 kilogrammes
d'ammoniaque par tonne de charbon distillée et une
teneur de 500 grammes par hectolitre-degré.
Cette quantité d'ammoniaque n'est pas entièrement
utilisée, car un certain nombre de petites usines à gaz
et quelques distilleries de goudron ne tirent aucun
parti de leurs eaux.
Dans beaucoup de localités, les eaux ammoniacales
sont vendues à l'agriculture, pour être mélangées avec
— 271 —
le purin ou avec d'autres engrais; leur valeur fertili-
sante est représentée par i p. c. d'azole environ. Le
prix habituel est de 25 centimes par hectolitre; dans
les endroits où la culture maraîchère est très déve-
loppée, il atteint 50 centimes et même 60 centimes
l'hectolitre.
La plus grande partie des eaux ammoniacales est
utilisée pour la fabrication de la soude Solvay, de
l'alcali volatil, du sulfate, du nitrate et du phosphate
d'ammoniaque et de divers autres sels, de l'ammo-
niaque anhydre, des cyanures, etc.
Le prix des eaux ammoniacales se détermine d'après
leur teneur en sels volatils et en sels fixes. On se
base sur le cours du sulfate d'ammoniaque et l'on
adopte des nombres conventionnels pour les frais de
transformation des sels fixes et des sels volatils en
sulfate.
4"* Goudrons.
Les goudrons séparés du gaz par les condenseurs
sont recueillis dans des citernes et séparés, par décan-
tation, des eaux ammoniacales qui les accompagnent.
Toutefois, ils ne peuvent pas être totalement expurgés
et, lorsqu'ils sont livrés aux acheteurs, ils contiennent
généralement de 5 à 10 p. c. d'eau.
La production annuelle de goudron est d'environ
54,200 tonnes pour les usines à gaz et de 22,500 tonnes
pour les fours à récupération, soit un total de
56,700 tonnes, entièrement utilisées dans le pays.
La presque totalité de ces goudrons est destinée à
la distillation, industrie spéciale que nous examinons
— 272 —
ci-après. Le reste reçoit des applications variées,
dont les plus importantes sont : la conservation des
matériaux de construction, la fabrication d'enduiis
désinfectants et d'enduits imperméables pour toitures
(cartons et toiles goudronnées), le revêtement des con-
vertisseurs dans le procédé Thomas-Gilchrist (fabri-
cation de Kacier), le goudronnage des chaussées, la
préparation du coaltar, antiputride employé en méde-
cine pour le pansement des plaies purulentes, etc.
Le goudron se transporte le plus souvent par
wagons-citernes, quelquefois par bateaux-citernes. Le
prix^ sujet à de grandes fluctuations, est réglé par le
marché de Londres; il dépend de la valeur des sous-
produits qu'on en retire et dont TÂngleterre est la
grande productrice. Il varie actuellement entre 25 et
55 francs, suivant la qualité, le degré d'hydratation,
Téloignement des distilleries de goudron, les facilités
de chargement et de transport, etc.
5'' Benzols bruts.
Ainsi que nous Tavons vu, les benzols bruts sont
des hydrocarbures légers extraits directement des gaz
provenant de la distillation du charbon dans les fours
à récupération. Mais, on retire également ces pro-
duits des huiles légères obtenues dans la distillation
des goudrons.
Nous reviendrons sur ce sujet lorsque nous parle-
rons de cette dernière industrie.
273 —
IL — PRODUITS SECONDAIRES DE LA DISTILLATION
DE LA HOUILLE.
A . — Traitement des matières épurantes épuisées.
L'oxyde de fer ayant servi à Tépuration du gaz
contient certains composés de cyanogène, de soufre
et d'ammoniaque, dont la proportion varie suivant la
façon de conduire le travail dans les usines. Ce sont :
d abord, un cyanure double, insoluble, de fer et d'am-
moniaque, puis, du sulfocyanure d'ammoniaque.
Plus le lavage du gaz aura été parfait, plus la pro-
portion du cyanure sera grande et le rendement en
ferro-cyatture ou bleu de Prusse considérable. Au
contraire, un lavage incomplet du gaz donnera moins
de cyanure double et plus de sulfocyanure.
La teneur en sulfocyanure]va de 8 à 14 p. c, suivant
le nombre de revivifications que Ton fait subir à la
matière.
On ne fabrique pas de bleu de Prusse en Belgique,
mais, il existe une usine qui traite les matières
épurantes épuisées pour en retirer les composés
suivants : ferrocyanure de soude, sulfocyanure double
de potasse et d'ammoniaque, sulfocyanure d'ammo-
niaque.
!<" Ferrocyanure de soude.
Les matières sont d'abord lavées. Les eaux qui
proviennent de cette opération sont jetées, à moins
18
— 274 —
qu'elles ne contiennent une proportion suffisante
d'ammoniaque pour permettre lextraction du sulfo-
cyanure d'ammoniaque.
Les matières lavées sont ensuite traitées par la
chaux vive, qui décompose le ferrocyanure double,
élimine l'ammoniaque et donne du ferrocyanure de
calcium soluble. La masse est soumise à des lavages
méthodiques et le liquide résultant est traité par la
soude; le ferrocyanure de calcium est transformé en
ferrocyanure de soude, que l'on fait cristalliser après
concentration.
Au cours de ces opérations, il se forme du sulfate
de soude, qu'on utilise ensuite au lieu de carbonate.
La quantité de ferrocyanure de soude que l'on
produit ainsi est de 250 à 300 tonnes par an; elle est
presque toute exportée en Allemagne, en Angleterre
et aux États-Unis.
Ce produit, qui se met en barils de bois de 300
à 500 kilogrammes, vaut 85 francs les 100 kilo-
grammes.
La matière épurante ayant servi à l'extraction du
ferrocyanure est sécbée et moulue très fln. Elle est
utilisée comme poudre insecticide et est exportée en
France et en Algérie pour le traitement de la vigne.
Elle est vendue 2 francs les 100 kilogrammes; on en
produit environ 1,500 tonnes par an.
2" Sulfocyanure d'ammoniaque.
Le sulfocyanure d'ammoniaque, qui est passé en
solution dans les eaux de lavage des matières, peut
— 275 —
être extrait, soit sous forme de sulfocyanure double de
potasse et d'ammoniaque, soit à Tétat de sulfocyanure
simple. Pour le premier, on traite les eaux par du
carbonate de potasse. Les solutions sont concentrées
et Ton sépare les sels par cristallisation.
Le sulfocyanure double de potasse et d'ammoniaque
est un engrais titrant 4 à 5 p. c. d'azote et 4 à 5 p. c.
de potasse. Il se vend à raison de 5 fr. 50 c. le sac
de 100 kilogrammes. Pour l'utiliser, il faut observer
les mêmes précautions qu'avec la matière épuisée
brute.
La production annuelle est d'environ 2,000 tonnes,
dont 500 tonnes sont vendues en Belgique ; le reste
est expédié à l'étranger, principalement dans l'Amé-
rique du Nord.
Quant au sulfocyanure d'ammoniaque, la fabri-
cation est à ses débuts et, partant, encore peu consi-
dérable. Il est vendu comme engrais titrant 6 à 7 p. c.
d'azote.
B .— Traitement des eaux ammoniacales.
Les eaux ammoniacales faibles, recueillies dans les
usines à gaz, sont généralement concentrées et alors
employées pour la fabrication du sulfate d'ammo-
niaque, de la soude Solvay^ etc. On peut, en outre,
leur faire subir une épuration et l'ammoniaque porte
alors dans le commerce le nom d'alcali volatil; il est
affecté à de nombreux usages industriels.
— 276 —
1» Ammoniaque.
Fabrication.
a. — Concentration des eaux
Dans quelques usines, les eaux ammoniacales tra-
versent tout d*abord une tour de filtration remplie
de coke, dans laquelle sont
retenues les dernières tra-
ces de goudron entraîné.
Elles passent ensuite par
un compteur à eau, pour
être mesurées.
Avant d'entrer dans l'ap-
pareil de concentration^
les eaux parcourent un
avant- chauffeur. Celui-ci
peut être simplement con-
stitué par un simple bac
garni d'un serpentin ali-
menté par la vapeur de
décharge. Les eaux qui en
sortent sont portées à une
température de 70" C. en-
viron. Dans les installa-
tions plus perfectionnées,
Tavant-chauffeur est for-
mé de deux cylindres con-
tenant chacun un tuyau à ailettes. Les eaux ammo-
niacales faibles circulent autour des ailettes, tandis
Fig. 4.').
Dispositiou intérieure d'une colonne
verticale do con<*enlralion.
— 277 —
que les eaux épuisées, échauffées par leur passage
dans Tappareil de concentration, coulent en sens
inverse dans l'intérieur des tuyaux.
Les appareils de concentration sont verticaux ou
horizontaux; les uns et les autres sont d'ailleurs basés
rTr^i^in:::-:
■■^;";^^^/-;?^;;^;a!{jgK^«;i^^^agjj^/^^ -y^"^"* .:>!^> ''X':i-".^^. '..J'ffj.^. w^yv/*
Fig. 4(). — Appareil de concentration vcM'tical.
— 278 —
sur le même principe. Ce principe consiste à faire
parcourir l'appareil en sens inverses par les eaux
ammoniacales et par un courant de vapeur, en pro-
longeant le contact des deux fluides le plus longtemps
possible. La vapeur se charge ainsi de plus en plus
d'ammoniaque jusqu'à sa sortie, tandis que les eaux
s'épuisent progressivement.
La colonne verticale de concentration la plus simple
consiste en un cylindre rempli de coke.
On emploie plus généralement des colonnes divisées
en compartiments superposés communiquant entre
eux par une ou plusieurs ouvertures tubulaires sur-
montées de cloches. L'eau ammoniacale, introduite
par la partie supérieure, descend successivement d'un
compartiment à l'autre par l'intermédiaire d'un trop-
plein; en même temps, des chicanes l'obligent à faire
un circuit horizontal. La vapeur s'élève de bas en
haut et, pour pénétrer dans chaque compartiment,
elle est obligée de barboter dans la couche d'eau
qui se trouve au fond.
Pour enlever l'ammoniaque des sels fixes, il est
nécessaire de transformer ceux-ci en sels volatiles.
Dans ce but, on oblige les eaux à quitter la colonne
vers le milieu de la hauteur et on les conduit jusqu'au
fond d'un bac contenant un lait de chaux; après
quoi, elles retournent à la colonne et reprennent
leur marche descendante.
L'appareil horizontal Solvay consiste en une longue
chaudière horizontale, chauffée à feu nu et divisée
généralement en onze compartiments par des dia-
phragmes verticaux. Les vapeurs dégagées dans
chaque compartiment pénètrent dans le liquide du
compartiment suivant, au moyen d'un gros tuyau
plongeur dont le bord inférieur est découpé en zigzag.
Les eaux ammoniacales font un trajet en sens inverse;
elles passent d'une section dans l'autre par un tube
horizontal débouchant dans un tuyau vertical, con-
centrique au tuyau plongeur, mais fermé par en bas.
Dans chacun de ces tuyaux, l'eau ammoniacale se
>S, „^ïjS y\g, 47. — Apiiareil de i-oiioe ni ration Solvaj.
trouve en contact avec les vapeurs du compartiment
précédent et s'épuise progressivement. Elle ne peut
continuer sa route qu'en passant par-dessus les bords
du vase cylindrique. Les vapeurs ammoniacales con-
centrées traversent, à leur sortie, un serpentin qui
sert à échaufTer les eaux ammoniacales brutes avant
leur entrée dans l'appareil.
Avec ce système, on peut pratiquer la caustiûcation
préalable des eaux ammoniacales au moyen du carbo-
nate de soude.
b. — Épuration.
Lorsque l'on veut obienir de rammoniaque pure
ou alcali volatil, les eaux concentrées doivent éti'e
complètement débarrassées non seulement de l'acide
carbonique et de l'hydrogène suUuré entraînés, mais
Fig. m. — A[ipareil pour 1'(>purtilîon de l'ainiiioiiinqiip.
encore des produits organiques et empyreumaiiques
qu'elles renferment.
Dans ce but, il convient, dit Sorel, de mettre métbo-
diquement les vapeurs en contact avec un alcali qui,
maintenu en excès, sert ensuite à la décomposition
— 281 —
des sels ammoniacaux. Les vapeurs sont ensuite épui-
sées méthodiquement de leurs produits empyreuma-
tiques, soit par barbotage dans des huiles fixes, soit
par le passage dans une série de cylindres contenant
du charbon de bois que Ton régénère de temps en
temps par calcination en vases clos.
Dans la méthode suivie à la Société Solvay, on éli-
mine les gaz carbonique et sulfhydrique, avant de
faire agir Talcali, qui, dans ce cas, est de la soude.
A cet effet, on intercale, entre la colonne de distilla-
tion et le condenseur un appareil à quatre comparti-
ments, qui utilise la chaleur apportée par les vapeurs
ammoniacales pour élever la température des eaux
à épuiser, préalablement échauffée dans le conden-
seur.
Les vapeurs sortant de la colonne de distillation
traversent, dans des serpentins, les liquides des divers
compartiments. Les liquides condensés retournent à
la colonne de distillation. Les gaz dégagés s'élèvent
en barbotant d'un compartiment à l'autre et s'échap-
pent finalement par un vase de sûreté.
Production. — Commerce.
Un certain nombre d'usines à gaz concentrent leurs
eaux en vue de la fabrication du sulfate d'ammo-
niaque. Dans quelques-uns de ces établissements, la
concentration se fait pour le compte et au moyen
d'appareils de la Société Solvay. Cette opération se
pratique, d'ailleurs, dans toutes les installations de
fours à récupération et les eaux servent soit à la fabri-
— 282 —
cation du sulfate, soit à celle du carbonate de soude
par le nouveau procédé.
La quantité totale d'ammoniaque produite et con-
sommée comme telle peut être évaluée à environ
1,500 tonnes dont 250 sont exportées dans les pays
voisins, ainsi qu'en Italie, en Espagne, en Portugal, en
Asie, en Amérique et en Afrique.
L'alcali volatil se met en touries ou en fûts; sa
valeur est en moyenne de 27 francs les 100 kilo-
grammes.
Les usages de l'ammoniaque liquide sont aussi nom-
breux que variés. Parmi les applications industrielles,
nous citerons : le lavage des laines, la teinture, l'im-
pression, le décatissage et le dégraissage des étoffes;
la fabrication des couleurs d'aniline, ainsi que la
dissolution et la préparation de certaines couleurs; la
fabrication des savons, des explosifs, de la cellulose,
de la soie artificielle, des produits émaillés, des perles
fausses, des manchons à incandescence; le décapage
des métaux, le nettoyage de l'argenterie, l'extraction
des matières tannantes, la préparation d'essences aro-
matiques et d'autres produits chimiques. L'alcali
haut titre peut servir à la production du froid. Dans
le système Tellier et Morgan, on s'en sert pour la
production de force motrice.
Mentionnons, enfin, les usages de l'ammoniaque
dans les laboratoires, comme réactif et dissolvant;
en médecine, comme caustique, vésicant et rubé-
fiant; en médecine vétérinaire, contre la météorîsa-
tion chez les bestiaux, etc.
— 283 —
2* Sulfate d'ammoniaque.
Fabrication.
La fabrication du sulfate d'ammoniaque constitue
une des applications les plus importantes des eaux
ammoniacales. Nous avons ex-
pliqué précédemment comment
s'opère la concentration des eaux.
Après cette opération, on effec-
tue la saturation au moyen de
l'acide sulfurique de la manière
suivante :
Les vapeurs ammoniacales sor-
tant de la colonne de concentra-
tion sont dirigées dans un satu-
rateur. Celui-ci est, le plus sou-
vent, formé d'un simple bac en
bois doublé de plomb, que l'on
remplit d'acide sulfurique dilué
à 40''B. Le sulfate d'ammoniaque,
qui se forme, se dépose au fond
et, lorsque l'acide est saturé, on
pèche le sel, puis on le laisse
égoutter sur un plancher ad hoc;
parfois, on le turbine avant de
l'emmagasiner.
L'introduction des vapeurs ammoniacales se fait
par un tuyau placé au centre d'une cloche sous
laquelle s'accumulent les gaz qui les accompagnent
(acide carbonique, hydrogène sulfuré) et qui s'en
Fig. 49. — Appareil
ordinaire de saturation.
1
— 284 —
échappent par un tuyau, se sèchent en traversant un
petit cylindre vertical muni de chicanes et se rendent
ensuite dans la cheminée.
On fait souvent usage de saturateurs à travail
continu. Le plus simple est
constitué par un bac muni à la
partie inférieure d'une vanne
que l'on peut ouvrir au moyen
d'un levier, quand on veut éva-
cuer le sulfate d'ammoniaque.
On renouvelle l'acide sulfuri-
que à l'aide d'un injecteur.
Dans un système plus per-
fectionné, le saturateur pré-
sente la forme d'un cylindre
élevé en fonte garni de plomb
et fermé à la partie supérieure.
En bas il est terminé par une
; L partie conique aboutissant à un
tuyau de décharge; ce dernier
est fermé par une valve que l'on
manœuvre de temps à autre.
Le sulfate descend, à mesure qu'il se produit, dans le
réservoir conique, d'où il tombe sur l'égouttoir.
Production. — Commerce.
Fig. oO. — Saturateur
à travail continu.
La fabrication du sulfate d'ammoniaque se fait dans
un certain nombre d'usines à gaz; douze établisse-
ments de cette catégorie possèdent les appareils néces-
saires à cet effet. Mais l'installation la plus importante
— 285 —
appartient à la Société Solvay <& 0% elle traite non
seulement une grande partie des eaux ammoniacales
provenant de ses fours à récupération, mais encore
celles qu'elle achète aux usines à gaz. Une de nos dis-
tilleries de goudron est également montée pour fabri-
quer le sulfate d'ammoniaque.
L'ensemble de ces fabriques livrent par an
14,700 tonnes de sulfate d'ammoniaque, dont 4,000
proviennent des usines à gaz et des distilleries de
goudron et 10,700 des fours à récupération. Les deux
cinquièmes environ de cette production sont vendus
en Allemagne, en France, en Hollande, en Suisse.
Le sulfate d'ammoniaque s expédie en vrac ou en
sacs de 100 kilogrammes. Son prix, fixé par le mar-
ché de Londres, oscille généralement entre 25 et
50 francs les 100 kilogrammes.
Le sulfate d'ammoniaque est l'engrais azoté le plus
couramment employé.
C. — Distillation des goudrons.
Matières premières.
11 existe, en Belgique, six distilleries de goudron,
dont deux constituent des annexes d'usines à gaz. La
quantité totale de goudron qui y est traitée annuelle-
ment atteint près de 100,000 tonnes; 55,000 tonnes
seulement sont fournies par la Belgique; le reste
vient de l'étranger. On en importe une certaine quan-
tité du nord de la France par chemin de fer. Les
distilleries placées près des grandes voies navigables
reçoivent des goudrons étrangers par bateau. Des
— 286 —
voiliers et des steamers d'un tonnage de 50 à 500 ton-
neaux vont les chercher dans les villes du littoral de
la mer du Nord, de la Baltique, de l'Atlantique et
jusque dans la Méditerranée.
En plus des six distilleries, il existe un établisse-
ment s'occupant spécialement du raffinage de la
naphtaline et de la production de l'anthracène riche.
Procédés de fabrication.
Le goudron est formé par des hydrocarbures
liquides tenant en dissolution des hydrocarbures
solides. Le nombre de ces hydrocarbures est considé-
rable, mais tous n'ont pas la même importance.
Pour les séparer, on distille d'abord le goudron en
recueillant successivement et en condensant à part les
vapeurs qui passent à des températures différentes;
on divise ainsi le goudron en un certain nombre de
produits principaux. Ceux-ci sont à leur tour soumis
à une distillation fractionnée ou traités par des pro-
cédés mécaniques; on obtient alors des produits qui
peuvent être livrés au commerce, soit pour être utilisés
directement, soit pour servir à la préparation d'autres
corps dérivés.
Premier traitement.
Lorsque l'on soumet le goudron à une distillation
fractionnée, on en retire successivement la série des
produits suivants :
1** Des eaux ammoniacales;
2® Des essences brutes.
— 287 -
Ces deux produits passent ensemble de 65^ à HO".
De HO" à 210% la distillation s'arrête;
5" Des huiles moyennes, de 210"* à 230'';
4* Des huUes créosotées, de 230'' à 260";
5° Des huiles anthracéniques , de 260" à 360" ;
6" Du braiy ou résidu plus ou moins solide.
Deuxième traitement.
Les eaux ammoniacales sont séparées des essences
brutes par décantation. Elles sont jetées ou bien uti-
lisées pour la fabrication du sulfate d'ammoniaque.
Les essences brutes, les huiles moyennes et les
huiles créosotées sont reprises et distillées une
seconde fois, tandis que les huiles anthracéniques
sont simplement mises à refroidir. Voici les produits
obtenus dans ces opérations :
1" Les essences brutes donnent par distillation :
a) des huiles légères ou benzols bruts;
b) des huiles moyennes, qui sont ajoutées à celles
obtenues lors de la première distillation;
2" Les huiles moyennes réunies donnent par distil-
lation :
a) des huiles légères, que Ton ajoute aux précé-
dentes ;
b) des huiles à acide carbolique ou phénique;
3" Les huiles créosotées, distillées seules (ou parfois
en même temps que les huiles moyennes), donnent :
a) de la créosote (liquide);
b) de la naphtaline brute (solide);
— 288 —
4** Les huiles antbracéniques donnent par refroi-
dissement :
a) des huiles vertes, qui sont souvent réunies à la
créosote ;
b) de Yanthracène brut (solide).
Troisième ira iiement .
Les diverses opérations précédentes sont celles que
l'on pratique généralement dans les dislilleries de
goudron. Dans certaines usines, les huiles légères et
les huiles à acide carbolique sont soumises à une troi-
sième distillation, afin d'en séparer les différents
constituants; quant à la naphtaline brute et à Tan-
thracène brut, ils sont repris et traités pour obtenir
la naphtaline puriûée et Fanthracène riche.
Rendement.
La proportion des différents produits obtenus par
la distillation des goudrons diffère d'une usine à
l'autre; elle dépend surtout de la nature de la matière
première.
Les goudrons peuvent être plus ou moins déshy-
dratés; habituellement, ils contiennent de 5 à 10 p. c.
d'eaux ammoniacales. Celles-ci constituant une gène
dans les opérations, on a cherché à s'en débarrasser
par un turbinage préalable des goudrons dans des
appareils basés sur le même principe que les écré-
meuses centrifuges, c'est-à-dire sur la séparation
— 289 —
mécanique des liquides par différence de densités. Ce
traitement ne tend pas à se généraliser à cause de son
coût élevé (60 centimes par tonne dé goudron).
Les goudrons présentent aussi des différences de
composition suivant que la distillation a été faite par
chauffage intensif (grandes usines) ou par chauffage
modéré (petites usines). Dans le premier cas, la quan-
tité d^hydrocarbures solides ou brai est plus consi-
dérable que dans le second, mais la teneur en huiles
diverses est moindre.
Il faut considérer, d'autre part, que le travail n'est
pas conduit de la même façon dans toutes les distil-
leries. Quelques-unes se contentent d'effectuer une
seule et unique distillation fractionnée. Les autres
reprennent tout ou partie des premiers produits obte-
nus et les traitent en vue d'en retirer un plus ou moins
grand nombre de produits secondaires ou raffinés.
Les résultats ne peuvent donc pas être les mêmes
partout. Toutefois, voici, à titre de renseignement,
un table;iu qui peut être considéré comme représen-
tant les rendements moyens obtenus par une distilla-
tion effectuée dans des conditions normales :
Eaux ammoniacales 6.00
Huiles légères 1.50
Huiles moyennes et créosotées. . . . 9.C0
Naphtaline brute . ...... 40.00
Huiles vertes et lourdes 7.50
Anthracène à 35 p. c 3.00
Brai 63.00
100.00
19
— 290 —
Appareils employés.
La distillation du goudron s'effectue quelquefois
dans des chaudières horizontales, mais plus générale-
ment dans des alambics verticaux à fond bombé. La
calotte supérieure est percée d'une ouverture pour
amener le goudron et d'un trou d'homme; deux tubu-
lures y aboutissent, Tune servant au départ des
vapeurs, l'autre à Tîntroduction des huiles à mélan-
ger au résidu, lorsque celui-ci est trop sec. Un arbre
creux, pénétrant par le centre, descend jusqu'au point
le plus bas; à cet endroit, il porte un agitateur en
croix, dont les bras, creux également, épousent la
forme courbe du fond. Ou introduit de la vapeur
par l'arbre central et celle-ci s'échappe par des ouver-
tures percées dans les bras de l'agitateur, qui tourne
lentement. En outre, des chaînes attachées aux bras
raclent le fond de l'alambic et empêchent le résidu
d'adhérer à la tôle.
Les produits de la distillation se rendent dans un
condenseur à serpentin, puis coulent dans un réser-
voir mesureur. Ce dernier est muni de plusieurs
robinets permettant de diriger les produits dans des
bacs distincts.
Les gaz non condensés sont, à la sortie du serpen-
tin, aspirés par un injecteur KOrting et lancés dans
la cheminée ou bien conduits préalablement dans des
scrubbers, où ils abandonnent les derniers produits
liquides qui les accompagnent.
La distillation terminée, le résidu ou brai sort par
une ouverture ménagée à cet eflet vers le bas de la
— 292 —
chaudière et coule dans un étouffoir pour se rendre,
de là, dans des réservoirs où il se solidifie.
io Produits retirés des huiles légères.
Benzol, benzène, toluène, pyridine.
Les huiles légères, soit qu'elles proviennent d'une
seconde distillation des essences brutes et des huiles
moyennes, soit qu'elles soient extraites directement
des gaz des fours à récupération, peuvent être ven-
dues, telles quelles, sous le nom de benzol bnil ou
naphte brut. Elles ont une densité de ^&' à IS"" Cartier.
Leur prix est de iO francs les iOO kilogrammes.
Elles peuvent être rectifiées ou lavées et livrées
comme benzol rectifié, à la densité de 24"* à 26" Cartier;
elles valent alors 20 francs les 100 kilogrammes.
On peut aussi soumettre le benzol rectifié à une
distillation fractionnée et en retirer différents pro-
duits : le benzol à 90 p. c. et 97 p. c, le benzène (ben-
zine), le toluène^ le solvent naphte; ces corps sont des
homologues, quant à leur composition chimique.
Ces produits valent de 25 à 30 francs les 100 kilo-
grammes.
Généralement, on se contente de traiter les huiles
légères pour en retirer le benzol à 90 p. c. et la benzine
L'appareil employé pour cette distillation est une
chaudière verticale surmontée d'une colonne distilla-
toire, analogue à celle qui est utilisée pour la rectifi-
cation de l'alcool, et suivie d'un condenseur.
Le benzol est surtout employé pour la carburation
— 293 —
ou renrichissement du gaz d'éclairage el pour la pro-
duction de force motrice.
La benzine est utilisée pour le dégraissage des
étoffes.
Le benzène et le toluène purs servent à préparer
l'aniline et la toluidine, points de départ de la fabri-
cation des couleurs organiques obtenues par synthèse.
L'aniline et la toluidine sont des aminés (composés
azotés) homologues, dont le premier représentant est
la pyridine^ que Ton prépare également au moyen des
huiles légères. Ce produit est employé pour la déna-
turation de l'alcool. Il se vend à 150 francs les
100 kilogrammes.
Le solvent naphte est le dissolvant du caoutchouc,
du phosphore, de l'iode, de la cire, du camphre, etc.
Production. — Commerce.
Les benzols bruts sont produits par nos 6 distilleries
de goudrons et par 14 batteries de fours à récupéra-
tion. Certaines de ces usines trouvent plus avantageux
de ne pas récupérer les benzols, à cause de la faible
valeur actuelle de ces produits.
La distillation des benzols n'est pratiquée que par
A distilleries et par la Société Solvay. Deux de ces
établissements seulement séparent le benzène et le
toluène, matières qui sont vendues en Allemagne.
Une seule distillerie fabrique la pyridine, qui est
exportée dans le même pays.
La production annuelle des huiles légères et des
produits dérivés est d'environ 4,800 tonnes dont
— 294 —
3,200 proviennent des fours à coke et i,600 des distil-
leries de goudron. De cette quantité, nous exportons
environ 4,000 tonnes sous différentes formes, en
Hollande, en France et en Allemagne.
^l"" Produits retirés des huiles moyennes.
Acides phénique et orésyliqne.
Nous avons vu que les huiles moyennes, après sépa-
ration des huiles légères qu'elles contiennent, donnent
les huiles à acide carbolique. Celles-ci sont traitées,
d*abord, par une lessive de soude, puis par de l'acide
chlorhydrique; elles fournissent Vacide phénique ou
phénol, et Vacide cresylique ou cresylol.
On retire également l'acide phénique des benzols
bruts provenant des gaz des fours à récupération, car
ces benzols contiennent toujours une certaine pro-
portion d'huiles moyennes.
De l'huile phéniquée à 40 p. c, on relire d'abord
Yadde phénique brut à 90-95 p. c; celui-ci peut être
purifié et donner Vacide phénique cristallisé. Ce produit
est aussi employé comme désinfectant, mais son appli-
cation principale est la fabrication de l'acide picrique
ou trinitrophénol, substance utilisée dans la teinture
et dans la préparation de la mélinite.
Quant à l'acide cresylique, il sert à préparer la
crésylatine, désinfectant bien connu et très employé,
qui est un mélange de crésylate de soude et de naph-
taline.
L'acide phénique brut est produit par deux distil-
— 295 —
leries de goudron et Tacide phénique cristallisé par
Tune d'elles et par une autre usine de produits chi-
miques.
La quantité fabriquée annuellement est d'environ
250 tonnes ; elle est presque enlièrement destinée à
l'exportation.
Par petites parties, il est mis en flacon de 1/2 et
1 kilogramme ou en estagnons de 25 kilogrammes ;
par grandes quantités, il s'expédie en wagons-citernes.
Sa valeur est de 40 à 50 francs les 100 kilogrammes.
Garbonyle.
Le carbonyle est un liquide antiseptique et insecti-
cide, à base de phénol et crésol, d'huile de résine et
d'essence de térébenthine. Il est employé pour pré-
server le bois de la pourriture provoquée par la
décomposition des matières organiques. On s'en sert
dans les travaux de construction aériens, souterrains
ou immergés, ainsi que pour enduire les cordages,
bâches, voiles, etc.
Le produit est fourni en bidons, en tonnelets ou en
fûts; il vaut de 50 à 55 francs les 100 kilogrammes.
Deux maisons s'occupent de la préparation du
carbonyle. Ce produit s'exporte en certaine quantité
en Hollande, au Congo, etc.
Fluid dip.
Le fluid dip est également un liquide désinfectant
à base d'acide phénique, mélangé à d'autres ingré-
dients contenant de la soude, du soufre, etc.
— 296 —
L'établissement qui prépare ce produit le vend à
raison de 1 fr. 25 c. le litre pour Tintérieur et 1 franc
pour l'exportation. Le liquide est expédié en tines de
fer-blanc ou de fer galvanisé de la contenance de 1,
2, 5, 10 gallons (de 4 1/2 kilogrammes), en fûts pétro-
liers de 180 litres, ou en petits fûts de 50 kilogrammes
pour le pays.
La production en 1904 a été de 20,000 gallons.
3» Produits retirés des huiles créosotëes.
Les huiles créosotées, qui, à la distillation, passent
après les huiles moyennes, donnent, après condensa-
tion et refroidissement, d'une part, la naphtaline brute
qui se dépose sous forme solide et, d'autre part, la
créosote, qui est liquide.
Naphtaline.
Purification.
Parfois, la naphtaline sort des distilleries à l'état
brut et s'exporte sous cet état en Allemagne (en vrac).
Mais, le plus souvent, elle est puriûée et livrée au
commerce sous différentes formes.
Cette purification s'opère de la façon suivante :
La naphtaline brute est distillée. Le résidu, égoutté,
est soumis à chaud à une pression de 300 atmosphères
pour en expurger les huiles lourdes. La naphtaline
ainsi séparée est traitée, d'abord, par l'acide sulfu-
rique, ensuite par la potasse caustique ; puis elle est
— 297 —
distillée une seconde fois et )e produit est coulé dans
des formes.
Après durcissement, les plaques sont débarrassées
des parties moins blanches par ébarbage, et réduites
en poudre fine ou grosse, au moyen d'un broyeur
Carr; c'est la naphtaline en grains ou en cristaux.
On livre également la naphtaline moulée en boules,
bâtons ou tablettes; parfois, on la fait sublimer et
elle se présente alors à Tétat de minces lamelles
brillantes.
La naphtaline brute rend à peu près la moitié de son
poids en naphtaline raffinée; le restant est formé
d*huiles lourdes que Ton joint à la créosote.
La naphtaline est surtout employée pour ses pro-
priétés insecticides; elle remplace Teau arsenicale
pour la conservation des peaux brutes. Transformée
en binitronaphtol, elle forme le point de départ des
couleurs d'aniline azotées (indigo synthétique). La
naphtaline entre aussi dans la préparation de certains
explosifs de sécurité.
Production. — Commerce.
Les six distilleries de goudron du pays produisent
environ 9,000 tonnes de naphtaline brute par an. On
en exporte à peu près 1,500 tonnes en Allemagne;
par contre, nous en introduisons plus de 5,000 tonnes
de l'étranger. Sa valeur est de 40 francs la tonne.
Le raffinage de la naphtaline est pratiqué par quatre
établissements, qui livrent près de 5,500 tonnes de
naphtaline raffinée par an. Les neuf dixièmes de cette
— 298 —
production sont expédiés à Tétranger, principalement
en Allemagne.
Les qualités pour droguerie se vendent surtout en
Suisse, en Turquie, en Egypte, en Chine, dans la
République Argentine, etc.
Les prix diffèrent un peu suivant la forme du pro-
duit et l'emballage; la moyenne est de 15 francs les
iOO kilogrammes. La naphtaline en cristaux et en
poudre se vend 13 francs; la naphtaline sublimée,
16 francs ; la naphtaline en billes et bougies, i8 francs
par sac de 100 kilogrammes.
Mise en barils de bois blanc de 120 kilogrammes,
la naphtaline se paie 2 fr. 50 c. en plus.
Les tablettes sont emballées en caisses de 50 kilo-
grammes.
Créosote.
Le plus souvent, sous le nom de créosote, on range
non seulement les huiles séparées de la naphtaline
brute par distillation et les huiles lourdes obtenues
pendant le raffinage de ce produit, mais encore les
huiles vertes qui se séparent par dépôt de Tanthra-
cène brut et par compression lorsque Ton traite ce
dernier pour la vente. Ainsi s'explique le fait que des
distilleries de goudron obtiennent des rendements de
25 à 25 p. c. d'huiles de créosote.
Cependant ces huiles ne sont pas toutes identiques;
elles peuvent, d'ailleurs, être affectées à différents
usages.
Lorsque leur densité est de 1,025, elles servent
— 299 —
pour réclairage et la préparation des couleurs indus-
trielles.
Avec une densité de 1,100 (huiles vertes), elles
peuvent être utilisées pour la fabrication des {graisses
industrielles.
Pour le créosotage des bois, on emploie surtout de
la créosote brute plus ou moins chargée de naphte.
La production totale d'huiles de créosote s'élève à
environ 22,000 tonnes par an. On peut considérer que
la moitié de cette quantité est destinée à l'étranger.
Les compagnies françaises de chemins de fer en con-
somment beaucoup pour le créosotage des traverses.
Les huiles de créosote se vendent de 45 à 50 francs
la tonne suivant qualité.
4<' Produits retirés des huiles anthracéniques«
Huile verte.
Les huiles anthracéniques, passant en dernier lieu
dans la distillation du goudron, laissent déposer
l'anthracène brut par refroidissement. L'huile qui
surnage est soutirée et constitue l'huile verte ou
grasse, utilisée pour le graissage ou le créosotage.
Ânthraoène commeroial.
Le dépôt solide est la pâte d'anthracène ; elle ne
contient que 10 p. c. d'anthracène pur; commerciale-
ment, la teneur doit être au moins de 55 p. c.
Pour obtenir l'anthracène commercial, on presse
— 300 —
(1 abord la pâte à froid, à 100 atmosphères, dans une
presse hydraulique verticale, puis à chaude à plus de
300 atmosphères, dans une presse horizontale, dont
les plateaux sont chauffés intérieurement par de la
vapeur.
Les huiles lourdes, ainsi extraites par compression,
servent au créosotage ou à la fabrication du noir de
fumée; elles sont également utilisées pour absorber
les huiles légères contenues dans les gaz provenant
des fours à récupération et qui, après, sont retirées
sous le nom de benzols bruts.
Anthraoène riche.
Pour utiliser Tanthracène, les fabricants de cou-
leurs sont obligés de l'enrichir préalablement. Des
producteurs d'anthracène ont cherché à réaliser eux-
mêmes cette opération. Une des distilleries du pays
produit couramment de Tanthracène à 45 et 50 p. c,
grâce à certain traitement dans lequel interviennent
des huiles légères provenant de la distillation des
goudrons de pétrole. Le prix obtenu est de 40 à 50
centimes le kilogramme.
Un autre établissement est également installé pour
préparer Tanthracène à 80 p. c. par l'application
d'un procédé breveté.
Voici sommairement en quoi consiste ce procédé :
On dissout d'abord à chaud la pâte anthracénique
dans certains dissolvants légers. Par refroidissement,
l'anthracène cristallise; on filtre, on presse et on sou-
— 301 —
met la masse à une distillation en vue récupérer les
dissolvants légers.
L^Hitbracène riche ainsi obtenu doit se vendre de
90 centimes à 1 franc le kilogramme.
Production. — Commerce.
On peut estimer approximativement à 4,500 tonnes
la quantité d^anthracène à 35 p. c. que peuvent four-
nir annuellement les distilleries de goudron.
L'anthracène est utilisé par les fabriques de cou-
leurs dans la fabrication de la couleur jaune appelée
alizarine.
La valeur commerciale de l'anthracène à 55 p. c.
étant tombée en dessous de 40 centimes le kilo-
gramme, on n'a plus d'intérêt à la préparer, car la pâte
d'anthracène elle-même s'achète à raison de 35 francs
les 100 kilogrammes. L'anthracène à 35 p. c. est donc
actuellement sans marché.
o" Brai.
Le brai, résidu solide de la distillation du goudron,
est surtout employé pour la fabrication des briquettes
de charbon.
Les distilleries du pays en produisent de 60,000 à
62,000 tonnes par an. Cette quantité ne suffit pas aux
besoins de nos fabriques d'agglomérés; ces dernières
en font venir également de l'étranger, notamment de
l'Angleterre.
La valeur du brai est de 45 francs la tonne.
— 302 —
6"* Produits divers et produits dérivés.
Goudron raflbié.
Sous ce titre, quelques usines fournissent au com-
merce du goudron obtenu par la distillation du gou-
dron ordinaire, dont on enlève Teau, les huiles légères
et moyennes, tout ou partie des huiles créosotées ou
naphtalineuses, suivant la nature du goudron et
l'exigence du client. Parfois aussi, on prépare ce gou-
dron en mélangeant des huiles lourdes à du brai
liquide.
Le goudron raffiné, dont la production est peu
importante (500 à 1,000 tonnes), est surtout utilisé
dans la fabrication de briques de dolomie destinées à
la réfection des fours dans les aciéries Martin. Il se
vend 55 francs la tonne.
Distillation des goudrons de pétrole.
Quelques distilleries traitent également des gou-
drons de pétrole provenant de la fabrication du gaz à
Teau, dont il existe un certain nombre d'installations
en Belgique.
Ces goudrons, après séparation, par dépôt, de leau
qu'ils renferment, sont soumis à une distillation frac-
tionnée: ils fournissent généralement trois catégories
d'huiles de densités différentes. Ces huiles sont
employées à des usages tenus plus ou moins secrets.
La quantité totale de goudron de pétrole distillé
— 303 —
en Belgique peut être évaluée à 2,000 ou 2,500 tonnes
par an.
Hydrocarbures nitrés.
Les hydrocarbures nitrés (binitrobenzol, binitro-
toluol, trinitronaphtaline, brai nitré) sont employés
dans la fabrication des explosifs de sécurité à base de
nitrate d'ammoniaque. Ils sont en partie fabriqués par
les industriels mêmes qui les utilisent, mais on en
importe aussi d'Allemagne.
Le plus souvent la nitrification s'effectue dans des
appareils en grès. Si le produit est solide, il suffit de
le sécher sur des dalles avant de le mélanger au
nitrate d'ammoniaque.
Couleurs d'aniline.
La fabrication des couleurs d'aniline est fort peu
développée en Belgique. On sait que cette industrie
est pour ainsi dire monopolisée par quelques grandes
usines anglaises, françaises et surtout allemandes,
supérieurement organisées et outillées à cet effet.
L'aniline, qui se prépare au moyen de la nitroben-
zine, et qui constitue le point de départ de beaucoup
de couleurs, n'est pas fabriquée dans le pays.
Les deux maisons qui en Belgique, s'occupent des
couleurs d'aniline font venir leurs matières premières
de l'étranger; ces matières subissent ici certaine pré-
paration avant d'être livrées à la consommation.
Bien que notre production soit restreinte^ nos cou-
— 304 —
leurs sont appréciées à l'étranger. Nous vendons
notamment en Allemagne, en France, en Autriche, etc.,
des nigrosines à Teau et à Talcool, des bleus solubles.
Un des établissements est spécialement monté pour la
préparation des couleurs en boites de fer- blanc, pour
drogueries, teintureries, etc. ; il occupe dans ses ate-
liers un assez grand nombre d'ouvriers.
Une autre usine possède une installation pour la
fabrication du jaune de quinoline. Cette couleur s'ob-
tient en préparant d'abord la quinaldine, par réaction
de l'aldébyde acétique sur le chlorhydrate d'aniline.
Cette base, traitée par l'acide phtalique, donne le
phtalone, que Ton sulfure par l'acide sulfurique.
Malgré les difficultés techniques et commerciales
que présente la création d'un établissement a£fecté à
la fabrication des couleurs organiques artificielles, il
est à espérer que la Belgique ne tardera pas à être
dotée de cette intéressante industrie, pour laquelle ni
la matière première, ni les hommes compétents ne
feront défaut.
m. — PRODUITS EXTRAITS DIRECTEMENT DU BOIS.
A . — Procédés par voie humide.
l"» Extrait tannique.
Matières premières.
La quantité de bois travaillée, en Belgique, pour
en retirer Textrait tannique s élève à environ
— 305 —
12,000 tonnes par an. Les deux tiers de cette quan-
tité sont constitués par du quebracho provenant du
nord de la République Argentine, du Paraguay, et
du sud de FËtat de Matto Grosso (Brésil). Le reste
est représenté par du chêne de provenance belge
ou française et par du chataîgner importé de
France.
Ajoutons qu'il entre en plus en Belgique près de
10,000 tonnes de bois de quebracho qui est vendu
aux tanneries, partie sous forme de bûches, mais,
pour la plus grande part, sous forme de copeaux.
Ceux-ci sont livrés en sacs de 65 kilogrammes.
Le bois de quebracho brut vaut 125 francs la tonne.
Moulu, il se vend à raison de 15 francs les 100 kilo-
grammes. On en expédie beaucoup sous celte forme
en Allemagne.
Fabrication.
Pour retirer la matière tannante de certaines
essences d'arbres, tels que le chêne, le chataîgner, le
quebracho, il suffît de découper le bois en petils mor-
ceaux et de mettre ceux-ci dans Feau bouillante. Le
tannin se dissout et le jus obtenu, suffisamment con-
centré, peut être expédié sous forme d'extrait.
Cette méthode, très simple, est pratiquée par une
usine belge.
Aux environs d'Anvers il existe un vaste établis-
sement qui a adopté des procédés perfectionnés,
exigeant une installation plus compliquée.
Les troncs, dégarnis de leur écorce, sont d'abord
20
— 306 —
débités à la scie circulaire, en morceaux de 40 à
50 centimètres de longueur. Les tronçons les plus
beaux sont varlopes à la machine, dans le sens des
fibres; ces parties sont destinées à être vendues direc-
tement aux tanneurs qui en extraient eux-mêmes la
matière tannante.
(le sont les bûches les moins belles qui servent à
fabriquer l'extrait tannique. A cet effet elles sont
réduites en copeaux menus par un travail contre fil.
L'extraction du tannin se fait de la même manière
que l'épuisement des cossettes de betterave. Les
copeaux sont traités par l'eau et la vapeur sous
pression dans une batterie de diffuseurs en cuivre
verticaux, anologues à ceux usités dans les sucreries,
dans lesquels le travail s'opère d'une façon métho-
dique et continue.
Les jus sont concentrés dans des appareils à triple
effet jusqu'à la densité de 25<^ B; on a ainsi l'extrait
liquide.
Pour obtenir l'extrait pâteux ou sec, on continue
Févaporation dans un appareil à cuire dans le vide,
et l'on pousse la concentration jusqu'au degré voulu.
Quant au bois épuisé, il peut servir de combus-
tible.
Toutefois, à l'usine d'Hemixem, on en tire un autre
parti. Comme les copeaux renferment 50 p. c. d'eau,
ils sont d'abord desséchés dans des étuves; après quoi,
ils sont distillés et l'on en retire du charbon de bois
et de l'acide pyroligneux ; ce dernier sert à la fabri*
cation de certains produits chimiques, ainsi que nous
le verrons plus loin.
— 308 -
Production. — Commebce.
«
L'extrait taiinique est fourni au commerce sous
trois formes : liquide, pâteux et sec.
Les extraits liquides et pâteux se mettent dans des
fûts en bois d'une contenance de 230 à 500 kilo-
grammes; l'extrait sec est emballé en sacs de 50 kilo-
grammes.
Les prix diffèrent suivant le degré de concentration.
Ainsi, l'extrait liquide vaut de 20 à 52 francs les
100 kilogrammes selon densité; le pâteux se vend
56 francs et le sec 49 francs les 100 kilogrammes.
Les deux usines qui, en Belgique, font l'extraction
des matières tannantes du bois occupent à cette
fabrication 150 ouvriers environ. Le fonctionnement
de leurs appareils nécessite une puissance motrice
de 600 chevaux.
On peut évaluera 10,000 ou 11,000 tonnes notre
production annuelle d'extraits divers.
La consommation belge n'absorbe qu'une partie
assez restreinte de cette quantité. Les deux tiers au
moins sont exportés en Allemagne, en Angleterre, en
Espagne, en Italie, en Turquie et dans l'Amérique du
Nord.
!2'' Salicine.
Matières pkemièiœs.
La salicine (glucoside saligénique) est une substance
à propriétés médicinales que Ton retire de certaines
espèces de saules et de peupliers.
— 309 —
En Belgique, on l'extrait de Técorce d'osier, dont
la variété rouge {salex rufrraj est surtout exploitée dans
le bassin de l'Escaut. Ces écorces contiennent, indé-
pendamment de la cellulose des fibres, ^2 i/2 à 5 p. c.
de salicine, 2 à 5 p. c. de tannin, de la glucose et
les divers sels minéraux que l'on rencontre habituel-
lement dans les végétaux.
La production totale d'écorces est d'environ
700 tonnes par an. De cette quantité, 500 tonnes sont
traitées en Belgique; le reste est vendu en Angleterre.
Sur les oOO tonnes travaillées dans le f>ays, 200
servent à fabriquer la salicine; des 500 autres, on
relire seulement un extrait qui est expédié en Angle-
terre.
L'écorce d'osier s'achète généralement sur pied ;
après pelage, l'écorce est déposée en meules formées
de bottes de 10 kilogrammes. Elle se paie à raison
de 55 francs les 1,000 kilogrammes, lorsqu'elle est
bien propre et à l'état sec.
Fabrication.
Dans l'établissement ci-dessus signalé, où l'on
fabrique simplement l'extrait, on se contente de
traiter l'écorce, convenablement séchée, par de l'eau
bouillante dans des chaudières avec serpentins de
vapeur; puis on concentre la solution jusqu'à la den-
sité de 25** B. L'extrait est expédié en fûts.
Dans une autre usine, on pratique la fabrication
complète de la salicine en appliquant des procédés
— 310 —
brevetés de M. Crispo, directeur du Laboratoire de
l'État à Anvers.
Voici quelle est la suite des opérations :
Les écorces, préalablement découpées à l'aide d'un
bache-paille, sont introduites dans des diffuseurs en
cuivre à injection de vapeur. Les jus ainsi obtenus
sont traités par un réactif approprié ayant pour effet
de précipiter certaines matières étrangères; le résidu
est séparé au moyen de fil très- presses.
La concentration du liquide s'opère ensuite dans
un évaporateur à vide, jusqu'à une densité de 25'' B.
Le sirop est soutiré et mis à cristalliser dans des
espèces de filtres sous lesquels on fait le vide.
La masse cristalline, de couleur brune, est retirée
du filtre et soumise à des épurations successives par
des procédés tenus secrels, jusqu'à ce que l'on
obtienne un produit bien blanc.
La salicine, dûment séchée, broyée et tamisée, est
mise dans des boites de fer-blanc de la contenance de
1 quarter ou 14 livres anglaises (6 k. 342gr.). Ces boîtes
sont emballées dans des caisses en bois, avec de la
sciure ou de la tourbe, afin d'éviter que l'humidité ne
vienne colorer le produit.
Toute la production est envoyée en Angleterre. La
salicine est très employée pour le traitement de
certaines maladies des pays chauds. Sa valeur est
de 55 à 50 francs le kilogramme; au détail, ce pro-
duit se vend 100 francs le kilogramme en Angle-
terre.
B. — Procédés par voie sèche. — Distillation du l)oi8.
Matières premières.
Les bois employés pour la distillation sont ceux
d'essence dur« : chêne, charme, hêtre. A part un
peu de bouleau, les essences tendres ou résineuses
ne conviennent pas.
Avec le charme et le hêtre, on prend les branches
Fig. 'ill. — (^irmips pour lu ilislillntioii du boîK.
et les taillis; avec le chêne, on utilise les taillis seu-
lement.
Ainsi que nous l'avons vu, on soumet aussi à la dis-
tillation les copeaux de bois de quebracho, après
extraction de la matière tannante qu'ils renfermaient.
On peut esti mer à 50,000 tonnes environ la quantité
totale de bois distillée annuellement par les usines
belges. Plus de 45,000 tonnes sont représentées par
des essences d'Europe et, sur ce chiffre, on peut dire
que 20,000 tonnes à peu près sont importées dé
France.
— 312 —
Procédés de fabrication.
L'industrie de la distillation du bois comprend
denx groupes d'opérations :
l^'L'obtention du pyroligneuxou distillation propre-
ment dite ;
2" Le traitement du pyroligneux en vue d'en séparer
les principes constituants.
!<" Obtention du pyroligneux.
a. — Séchage et débilage du bois.
Le bois est amené à Tusine sous forme de fagots ou
de bûches dégarnies de leur écorce ou non. Dans
certains établissements^ on lui fait subir d'abord une
dessiccation artificielle dans des séchoirs spéciaux
avec courant d'air forcé; ailleurs on se contente de
l'emmagasiner en tas pendant un certain temps afin
de permettre au bois de se dessécher naturellement.
Les bois sont ensuite découpés en rondins d'égale
longueur. Les grosses bûches sont fendues à la main
ou mécaniquement, afm d'obtenir une distillation
uniforme. Dans les usines les mieux installées, tous
les bois sont sciés à la machine, à 45 centimètres de
longueur, ce qui permet de mieux utiliser la capacité
des cornues de distillation.
b. — Distillation,
Les appareils de distillation sont généralement con-
stitués par des cornues cylindriques en tôle, que Ton
— 313 —
ferme, après remplissage, à Faide d'un couvercle
luié. Ces cornues ont une capacité de 4 à 5 mètres
cubes et peuvent contenir de 1,500 à 2,000 kilo-
grammes de bois. Elles sont disposées verticalement
dans un four. Pour opérer le chargement et le défour-
nement, il faut retirer la cornue du four; cette
manœuvre s'exécute à l'aide de grues ou de ponts
roulants.
Les cornues en fonte placées horizontalement à
demeure dans les fours ne sont guère utilisées; ce
système présente, en effet, plus d'inconvénients que
d'avanla6:es.
Le bois de quebracho en copeaux épuisé est distillé
dans de grandes cornues en tôle cylindrique d'une
capacité de 50 mètres cubes, placées dans un foyer et
animées d'un mouvement de rotation très lent.
c. — Condensation.
Les vapeurs et les gaz, qui s'échappent de la cornue
par un tuyau central, se rendent dans un réfrigérant
constitué par une série de tuyaux légèrement inclinés
placés dans une bâche en fer parcourue par un cou-
rant d'eau froide. Dans cet appareil, la plus grande
partie du pyroligneux se condense. Les gaz, conti-
nuant leur chemin, traversent de bas en haut une
colonne remplie de coke, où Ton recueille le reste
du pyroligneux entraîné. Les gaz non condensables
sont fmalement amenés dans les fours pour y être
brûlés.
Certains réfrigérants sont formés de gros tuyaux
— 314 —
traversés intérieureinent par une série de tubes; les
Tapeurs circulent dans ces tubes, qui sont refroidis
extérieurement par un courant d'eau.
S"" Traitement du pyroligneuz.
Le pyroligneux, ou liquide condensé dans les réfri-
gérants, se compose essentiellement de trois parties :
a. — Des goudrons, ou mélange d'hydrocarbures
liquides et solides;
b. — De Talcool méthylique ou méthylène;
c. — De Tacide acétique.
La séparation industrielle de ces trois constituants
se fait de la manière suivante :
a. — Séparation des goudrons.
Le pyroligneux est recueilli dans des cuves ou bacs
de décantation. Là, le liquide se sépare en trois
couches; à la partie supérieure flottent les goudrons
légers, tandis que les goudrons lourds se déposent à la
partie inférieure. Au milieu se trouve le pyroligneux
proprement dit, formé d'alcool méthylique^ d'acide
acétique, d'acétone et de goudrons dissous.
Les goudrons légers sont enlevés tout d'abord; les
goudrons lourds seront retirés à la fin de l'opération.
Ces goudrons peuvent être séparés par des conden-
seurs à tuyaux verticaux analogues à ceux usités dans
les usines à gaz.
— 315 —
6. — Séparation de l'alcool méthylique,
Ij'alcool méthylique est séparé du mélange par dis-
tillation. Les flegmes, riches en alcool, passant en
premier lieu, sont recueillis à part et soumis à une
seconde distillation, pour en séparer lacide acétique
entraîné. L'alcool brut, ainsi obtenu, est rectifié dans
Valcooleriey c'est-à-dire soumis à une série de distilla-
tions fractionnées et de purifications au moyen d'acide
sulfurique et de chaux ou de soude, de façon à obte-
nir des produits présentant les degrés de pureté et de
concentration désirés.
Dans une usine, où Ton distille des résidus de bois
exotiques, on retire également du mélange de Valcool
allylique,
c. — Séparation de l'acide acétique.
Pyrolignite de chaux, — On sépare généralement
Tacide acétique en le transformant en acétate de
chaux.
La saturation par le lait de chaux peut se faire dans
le pyroligneux même avant la distillation.
Après séparation de l'alcool par distillation, on a
une solution d'acétate de chaux plus ou moins pur.
On peut se contenter de concentrer cette solution
jusqu'à une densité de 14° B.; on a alors le pyroli-
gnite de chaux liquide. Par évaporation, on obtient du
pyrolignite de chaux solide plus ou moins pur, brun
ou gris.
— 316 —
Acétate de chaux. — Si Ton veut faire de Tacétate
de chaux, on salure le pyrotigneux après distillation
de Talcool; on évapore la solution jusqu'à siccilé et
l'on achève la dessiccation dans une chaudière ou sur
des aires chauflëes.
Pyrolignite de fer. — Au lieu de saturer le pyrolî-
gneux par de la chaux, on peut le faire réagir sur de
l'oxyde de fer, en y plongeant des vieilles ferrailles
couvertes de rouille.
L'alcool est séparé du liquide par distillation,
comme précédemment, et l'on obtient du pyrolignite
de fer ou solution impure d'acétate de fer.
Acétate de soude. — Dans certaines usines, au lieu
de traiter Tacide acétique par la chaux, on le sature
par le carbonate de soude, de façon à obtenir de l'acé-
tate de soude ; ce sel fait l'objet de la fabrication d'une
de nos distilleries les plus importantes.
On peut obtenir simplement du pyrolignite de soude
par saturation directe de l'acide pyroligneux. Mais les
opérations établies en vuç d obtenir un produit pur
sont assez compliquées.
L'alcool est d'abord retiré par une première distil-
lation effectuée dans des conditions spéciales. En con-
tinuant à chauffer, on recueille l'acide acétique, que
l'on sature par du carbonate de soude.
La solution d'acétate de soude concentrée est sou-
mise à de nombreux traitements pour débarrasser le
produit de ses impuretés et l'amener sous sa forme
commerciale d'acétate blanc cristallisé.
— 317 —
PUODUITS FABRIQUÉS. — RENDEMENT.
On admet généralement que, dans des conditions
normales de fabrication, iOO kilogrammes de bois
fournissent par la distillation :
Charbon de bois 23 à 25 kilogrammes.
Goudron 3 à 4 )>
Acétate de chaux ... 7 )>
Alcool méthylique vendable . 1.3 à 4.8 litre.
Ainsi que nous l'avons vu, l'acélate de soude fait
l'objet d'une fabrication spéciale.
Charbon de bois.
Après refroidissement le charbon de bois relire des
cornues est classé en différentes qualités, d'après gros-
seur. Il est vendu pour des usages domestiques ou
industriels. Le menu et le poussier sont surtout
utilisés comme réducteurs en verrerie et dans la fabri-
cation de la poudre; ils servent également à confec-
tionner des briquettes pour chauffage domestique.
Le charbon de bois est présenté à la consommation
soit en paquets de 10 litres, comme allume-feu, soit
en sacs en papier ou en toile, d'un poids de 20-50 kilo-
grammes, pour la Belgique, et de 50-60 kilogrammes,
pour l'exportation.
La valeur de ce charbon varie beaucoup; elle est
actuellement d'environ 5 francs les 100 kilogram-
mes.
— 318 —
Alcool métliylique.
L'alcool méthylique est fourni au commerce et à
rindustrie en plusieurs qualités, suivant degré de
pureté et de concentration.
11 y a, d'abord, l'alcool ordinaire à 90*95% utilisé
surtout pour la fabrication des vernis; il vaut actuel-
lement de 80 à 90 centimes le litre. Puis, vient le
type régie français à 90**, fortement acétone, employé
pour la dénaturation de l'alcool éthylique; il se vend
actuellement 85 centimes le litre rendu en France.
On fabrique aussi d'autres types de méthylène pour
la dénaturation, d'après les exigences des divers pays.
Le demi-pur, ou cœur de méthylène, à 98-99**, vaut
aujourd'hui 95 centimes; c'est l'alcool à brûler pour
éclairage, chauffage et moteurs.
Le méthylène dit pur ne contient que très peu d'im-
puretés méthyliques et moins de 2/10® p. c. d'acétone;
il sert pour la fabrication du forroaldéhyde et de cer-
taines couleurs organiques ; sa valeur actuelle est de
1 fr. 10 c. à 1 fr. 40 c. le litre.
Enfin le méthylène chimiquement pur ne contient
plus que des traces indosables d'impuretés; il sert
pour la fabrication du formaldéhyde et de certaines
couleurs organiques; sa valeur est de 130 à 140 francs
les 100 kilogrammes.
L'alcool méthylique est expédié dans des fûts d'une
contenance de 200 à 700 litres et en wagons-citernes.
Acétate de chaux.
Suivant sa pureté, l'acétate de chaux présente une
— 319 —
teinte grise plus ou moins foncée. 11 est livré en sacs
de 50 et 100 kilogrammes; son prix varie actuelle-
ment entre i 7 et 51 francs les 100 kilogrammes.
Les principales applications de l'acétate de chaux
sont la fabrication de l'acide acétique et de l'acétone.
Acétate de soude.
L'acétate de soude est obtenu en cristaux plus ou
moins gros et plus ou moins blancs, suivant la con-
duite des opérations. Le produit s'expédie en sacs de
100 kilogrammes ou en fûts de 500 kilogrammes.
Sa valeur est très variable ; son prix a été pendant
plusieurs années de 24 à 25 francs les 100 kilo-
grammes à l'usine, ou 28 à 29 francs fob. Anvers;
actuellement il se vend 40 francs fob. Anvers.
L'acétate de soude est employé pour la fabrication
de l'acide acétique pur concentré, dans la teinture,
la fabrication des couleurs d'aniline, etc.
L'acétate de soude sert aux mêmes usages que l'acé-
tate de chaux.
Pyrolignite de fer.
Le pyrolignite de fer est utilisé en teinturerie.
Il se vend en fûts, à raison de 14 à 15 francs les
100 kilogrammes à l'état concentré.
Goudron.
Le goudron de bois n'est guère utilisé que pour le
chauffage des cornues.
— 320 —
Quelques usines en retirent cependant des huiles
par distillation et brûlent le brai restant comme
résidu. Ce brai se vendait autrefois 4 francs les
100 kilogrammes et servait à fabriquer des agglo-
mérés, mais ces derniers ne furent jamais appréciés
par le consommateur à cause de Todeur qu'ils déga-
gent lors de la combustion.
Production. — Commerce.
Il existe, en Belgique, huit distilleries de bois^ dont
sept travaillent des bois d'Europe et une des bois
exotiques; pour cette dernière, la distillation du bois
n'est qu'une opération accessoire. Elles emploient
ensemble un personnel de 455 ouvriers et utilisent
une force motrice de 530 chevaux.
De ces huit distilleries, quatre s'occupent également
des fabrications secondaires que nous passerons en
revue plus loin (acétone, acide acétique, produits
pharmaceutiques dérivés^ du méthylène, du gou-
dron, etc.).
En général, le marché des produits dérivés de la
distillation du bois est réglé par l'Amérique du Nord,
dont les fabricants sont syndiqués.
Nos usines importent pour environ 500,000 francs
de matières premières et exportent annuellement
pour environ 3 à 4 millions de francs de produits
fabriqués. Une seule d'entre elles a exporté en 1904
pour plus de un million de francs.
— 324 —
Charbon de bois.
La production totale est d'environ 15,000 tonnes;
6,000 tonnes sont exportées en France, principale-
ment à Paris, et un peu dans le Grand-Duché de
Luxembourg.
Alcool mélhyliqtie.
On peut évaluer la production à 800,000 litres
environ, dont la moitié est vendue en France et en
Allemagne.
Le méthylène pur n'est fabriqué couramment que
par deux usines.
Acétate de chaux.
L'acétate de chaux est produit par sept distilleries.
Trois de ces usines le fabriquent pour la vente exclu-
sivement, une pour la vente et la fabrication d'acé-
tone, deux pour la fabrication d acide acétique et
une pour la fabrication d'acide acétique ei d'acétone.
La production totale s'élève à 2,300 tonnes;
1,100 tonnes environ sont exportées en France,
en Italie, en Angleterre.
Acétate de soude.
Ce sel est spécialement fabrique par l'une de nos
grandes distilleries, accessoirement par d'autres.
21
— 322 —
L'importance de la production annuelle dépasse 2,000
tonnes. Cette quantité est presque entièrement achetée
par rétranger. Les principaux pays à qui nous expé-
dions ce produit sont : rÂlIemagne, l'Angleterre, la
France, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, le Mexique,
TAustralie.
IV. — PRODUITS SECONDAIRES DE LA DISTILLATION
DU BOiS.
jû Dérivés de ralcool méthyllque.
Formaldéhyde.
Fabrication.
Le méthylène employé pour la fabrication du for-
mol doit être pur. Comme la plupart de nos distille-
ries de bois fabriquent surtout l'alcool méthylique
ordinaire et demi pur pour la fabrication des vernis
et la dénaturation de l'alcool, on est obligé d'importer
en partie l'alcool pur de l'étranger, notamment de
l'Allemagne.
Le formaldéhyde, ou aldéhyde formique, porte
également les noms de formol et de méthanal.
Ce corps est obtenu en faisant passer sur des masses
de matières catalytiques (noir de platine) un mélange
d'alcool méthylique et d'air en proportions dosées.
Dans ces conditions, il y a oxydation partielle de
l'alcool et formation d'une certaine quantité de for-
maldéhyde.
— 323 —
Le liquide mixte ainsi obtenu est soumis à une
distillation fractionnée, aûn de séparer le formol de
lalcool méthylique, qui est récupéré.
Production. — Commerce.
Le formol est fourni au commerce en deux qua-
lités :
l"" Le formol à 40 p. c, contenant 15 p. c.
d'alcool ;
2*" Le formol à 30 p. c, constituant la solution
stable et saturée du formaldéhyde dans l'eau. On a
constaté que des solutions aqueuses plus concentrées
(à partir de 55 p. c.) se polymérisent, et perdent une
partie de leurs propriétés bactéricides, par suite de
la diminution de teneur en formaldéhyde.
Le formol s'expédie soit en bonbonnes de 60 kilo-
grammes, soit en fûts paraffinés de 250 kilogrammes.
Son prix moyen en droguerie (demi-gros) est de
1 fr. 50 c. par kilogramme.
Le formol reçoit des applications de plus en plus
nombreuses, à cause de ses propriétés désinfectantes,
très énergiques.
Ce corps est également employé dans la fabrication
de certaines couleurs organiques, de la gallalite, suc-
cédané de récaille, du celluloïd et qui n'est autre
chose que de la caséine durcie par le formol.
Le formaldéhyde est fabriqué par une de nos dis-
tilleries de goudron produisant elle-même le méthy-
— 324 —
lène et par une autre usine, achetant sa matière
première.
Cette fabrication, ainsi que celle des produits qui
en dérivent, est susceptible d*un très grand dévelop-
pement.
Trioxyméthylène.
Le trioxyméthylène est un polymère solide du for-
mol. Il est obtenu par la distillation dans le vide de
la solution de formol.
Cette substance est employée comme désinfectant.
Elle est fabriquée par une maison belge.
Hexaméthylène tétramine.
Ce produit pharmaceutique, identique à Turotro-
pine, est également préparé par la même maison.
On l'obtient en mélangeant du formol et de l'ammo-
niaque et en faisant ensuite cristalliser la solution.
^o Dérivés de Facétate de chaux.
Acétone.
L'acétone est obtenue par la distillation sèche de
l'acétate de chaux, ce qui donne V huile d'acétone.
Celle-ci, soumise à une rectification, donne l'acétone
pur, à 99 p. c.
Ce corps est surtout employé pour préparer le
chloroforme, pour dissoudre le caoutchouc et pour
— 325 —
gélatiniser la nitrocellulose formant la base de la
poudre sans fumée.
Deux usines produisent couramment l'acétone, qui
s'exporte en certaines quantités en Angleterre, en
Allemagne et en France.
La décomposition de l'acétate de chaux donne éga-
lement du mélliyléthylcétone, qui est employé pour
dénaturer lalcool.
Chloroforme.
Le chloroforme est fabriqué en Belgique par une
de nos usines de distillation du bois, ainsi que par un
laboratoire pharmaceutique.
Il est obtenu par la réaction du chlorure de chaux
sur l'acétone.
Ce produit anesthésique est livré au commerce en
(laçons de 50 à 1,000 grammes.
Aoide acétique.
Matières premières.
L'acide acétique est exclusivement fabriqué en Bel*
gique avec de l'acétate de chaux de provenance belge
ou allemande; certains industriels préparent eux-
mêmes cet acétate par la distillation du bois.
Les acides sulfurique et chlorhydrique employés
sont de fabrication belge; la fabrique la plus impor-
tante est même pourvue des installations nécessaires
pour la production de ces deux acides.
— 326 —
Fabricatiois.
L'ancien procédé de fabrication consiste à décom-
poser directement Tacétate de chaux par Tacide sulfu-
rique. Il présente un inconvénient : la formation
du sulfate de calcium hydraté ou plâtre, qui gonfle
par absorption d'eau et forme une masse dure et
compacte entravant la suite de la réaction; d'où,
une diminution notable du rendement.
Une usine spécialement outillée pour celte fabri-
cation applique maintenant le procédé Behrens, qui
permet d'atteindre le rendement théorique à i p. c.
près.
Cette méthode consiste à dissoudre d'abord l'acétate
de chaux dans de l'acide acétique préalablement fabri-
qué, puis, à faire arriver l'acide sulfurique goutte à
goutte. Le sulfate de calcium se dépose alors en
poudre; il ne s'hydrate pas et ne gonfle pas. On sou-
met, ensuite, le liquide contenant l'acide acétique à
une distillation.
L'installation comprend un bac pour la dissolution
de l'acétate de chaux dans l'acide acétique, puis une
chaudière oii s'effectue la réaction avec l'acide sulfu-
rique. La distillation s'opère dans un tambour rotatif
chauffé au gaz, suivi d'un serpentin pour la conden-
sation.
L'acide acétique industriel ou mauvais goût peut
aussi être fabriqué en attaquant l'acétate de chaux par
l'acide chlorhydrique, dans une chaudière chauffée à
feu nu.
— 327 —
La rectiûcation se fait dans un alambic en pierres
de Volvicq ou dans un alambic (système Luhn), com-
prenant une chaudière en cuivre chautTée par la
Tapeuretsurmonlée d'une
colonne en cuivre garnie
de disques en porcelaine
et d'anneaux en terre
cuite; l'appareil est com-
plété par un analyseur et
un double serpentin en
cuivre.
La première rectification
de l'acide acétique s'opère
aussi dans un appareil dif-
férent (type Réforme). 11
comprend une chaudière
horizontale en fonte avec
revêtement en maçonne-
rie intérieur. Celte chau-
dière est surmontée d'une
colonne en bronze garnie
d'anneaux et de plateaux
en grès perfores. Le chauf- ^^ ,^^.^^ ^,.,,.„„^ (^j,^^^„,^. i_„,„j
fage se fait à la vapeur.
Ce qui passe en premier lieu est recueilli à part;
c'est de l'acide acétique faible chargé d'impuretés; il
est utilisé comme acide industriel. Ensuite, vient
l'acide de bonne qualité, qui est rectifié dans un
autre alambic en cuivre muni de serpentins en argent
pour la condensation.
— 328 —
Production. — Commerce.
Dans le commerce on distingue deux espèces d'acide
acétique :
l"" L*acide mauvais goût^ pour l'industrie, dont le
degré de concentration va de 40 à 80 p. c. Le prix de
base est de 25 francs les 100 kilogrammes pour une
teneur de 40 p. c. ; il augmente en proportion de la
concentration.
Cet acide est surtout employé dans la teinturerie et
dans la fabrication de la céruse.
Uacide acétique industriel se transporte, soit dans
des touries en verre de 60 kilogrammes, soit, pour
l'exportation, dans des fûts pétroliers de 200 kilo-
grammes, soit, enfin, sur des wagons chargés de
12 pots en grès d'une contenance totale de iO tonnes.
2^ L'acide pur, concentré, pour la table, dont la
richesse va de 80 à 100 p. c.
Cet acide est analogue au vinaigre d'alcool; il est
employé pour la préparation des vinaigres. Sa valeur,
en y comprenant les droits d'accise, est de 180 francs
les 100 kilogrammes; pour l'exportation ce prix se
réduit à 70 francs.
On livre cette qualité en bonbonnes de verre d'une
capacité variant de 5 à 60 kilogrammes ou en barrils
de bois de toute contenance.
On compte, en Belgique, 4 fabriques d'acide acé-
tique; 3 d'entre elles produisent en tout ou en partie
l'acétate de chaux qu'elles travaillent; la quatrième,
— 329 —
qui est de beaucoup la plus importante, achète tout
l'acétate dont elle a besoin.
La production totale de ces 4* usines est : pour
Tacide industriel, de 2,700 tonnes, dont les 2/5 sont
exportés ' dans différents pays, principalement en
Suisse, en Angleterre, au Japon ; pour Tacide de
table^ de 500 tonnes, dont un peu moins de la moitié
est exportée dans différents pays d'Europe, d'Amé-
rique et d'Asie.
L'exportation de l'acide acétique vers rAUemagne
est impossible, à cause du droit prohibitif de 8 marcs
aux 100 kilogrammes. Jusqu'à présent, les fabricants
belges n'ont pas encore eu trop à souffrir de la con*
currence des produits allemands.
S"" Dérivés du goudron de bois.
Procédés de fabrication.
Le goudron de bois, soumis à la distillation, fournit
des huiles contenant, comme produits principaux, la
créosote et le gaïacoL
Ces huiles sont d'abord débarrassées des petites
quantités d'alcool et d'acide acétique qu'elles renfer-
ment; elles sont ensuite traitées par distillation frac-
tionnée.
La créosote qu'on en retire sert de base à la prépa-
ration d'une série de produits pharmaceutiques.
Une seule distillerie de bois s'occupe, en Belgique,
de la production des dérivés du goudron de bois et
spécialement du goudron de hêtre.
— 330 —
Produits fabriqués.
Ces produits sont, d'abord, la créosote dite de hêtre,
et le gaïacol; ce dernier se livre sous forme liquide
ou cristallisé.
Les dérivés fabriqués au moyen de ces deux sub-
stances sont les suivants :
Le carbonate de créosote;
Le phosote ou phosphate de créosote, employé pour
les injections sous-cutanées dans le traitement de la
tuberculose. 11 contient 80 p. c. de créosote de hêtre
et 20 p. c. d'acide phosphorique;
Le taphosote^ renfermant 76 p. de créosote, 19 p. c.
d'acide phosphorique et 5 p. c. de tannin. Ce remède
est utilisé dans le traitement de la tuberculose, de la
bronchite, de la coqueluche, etc. ;
Le créosoforme (poudre jaune verdâtre), succédané
de riodoforme, obtenu par la combinaison de l'aldé-
hyde fonnique et de la créosote;
Le tannocréoso forme ^ combinaison de créosoforme et
de tanin.
Viennent ensuite les produits ayant pour base le
gaïacol : le carbonate et le phosphate de gaïacol^ le
gaïa forme et le tannogaïa forme. Les noms de ces divers
produits indiquent suffisamment leur composition.
— 331 —
V. — PRODUITS ORGANIQUES DIVERS.
l"" Éther snlfurique.
L'éther dit sulfurique,ou éther ordinaire, est obtenu
par Toxydation de Talcool éthylique au moyen de
Tacide sulfurique.
Matières premières.
On emploie Talcool rectiGé à 95% valant 50 à
55 centimes le litre (droits non compris).
L'acide sulfurique utilisé est Tacide à 66^
Ces deux matières premières sont achetées en
Belgique.
Fabrication.
L'opération s'effectue à chaud dans une grande
chaudière contenant l'acide sulfurique. On y fait
arriver l'alcool d'une façon continue.
Dans cette réaction, l'acide sulfurique ne joue qu'un
rôle d'intermédiaire; il se régénère continuellement
et la même quantité peut servir toute l'année.
Les vapeurs d alcool et d'éther, qui se dégagent,
passent d'abord dans un saturateur, où l'on neutralise
l'acide entraîné par du carbonate de soude. Le
mélange est ensuite distillé dans un appareil à
colonne.
Les éthers de tète sont mauvais et rejetés; Téther
— 332 —
de bonne qualité vient ensuite. L*aIcool passe en
dernier lieu et rentre dans le cycle des opérations.
Production. — Commerce.
On fournit au commerce Téther en deux qualités :
V" L'éther pharmaceutique, pour narcose, chimi-
quement pur; sa densité est de 0.720. Il se met en
petits flacons de 1/2 et 1 kilogramme, ou en fûts de
60 litres.
Sa valeur moyenne est de 95 francs les 100 kilo-
grammes.
^ Uéther industriel, dont la densité est 0.725.
11 s'expédie comme ie précédent et, quelquefois,
notamment pour l'étranger, dans des fûts en fer de
500 kilogrammes.
Cet éther se vend de 75 à 80 francs les 100 kilo-
grammes. Il est utilisé en droguerie et dans la fabri-
cation de la soie artiûcielle, de la poudre sans fumée,
comme dissolvant de la nitrocellulose.
L'éther sulfurique n'est fabriqué en Belgique que
par la fabrique de poudre de Wetteren. Elle con-
somme par an 10 à 15 tonnes d'acide sulfurique, et
environ 4,500,000 litres d alcool (y compris l'alcool
employé pour la fabrication de l'éther acétique). La
production annuelle d'éther sulfurique, d'environ
2,500,000 kilogrammes, est presque entièrement
absorbée par la consommation du pays.
L'exportation pourrait prendre beaucoup plus de
— 333 —
développement, n'était la difficulté de se procurer en
Belgique des alcools à bas prix.
Éther acétique.
La fabrique de poudre de Wetteren possède égale-
ment des installations pour la fabrication de Tétber
acétique ou acétate d'éthyle.
Cet éther est préparé en distillant un mélange
d'alcool ordinaire, d'acide sulfurique et d'acétate de
chaux. Il se forme de l'acide acétique, qui réagit sur
l'alcool pour former Téther. Celui-ci est rectifié et
purifié par des lavages à lalcool et au carbonate de
soude, puis finalement desséché par du chlorure de
calcium.
L'acétale de chaux nécessaire à la réaction est
acheté ou préparé, dans l'établissement même, en
saturant par de la chaux le pyroligneux obtenu lors de
la carbonisation des bois en vue de la fabrication de
la poudre.
L'étber acétique a une densité de 0.902 à 0.904. 11
est mis en petits flacons de 1/2 et 1 kilogramme ou en
touries de verre de 60 litres.
Ce corps est employé dans la fabrication de la
poudre sans fumée, comme dissolvant de la nitro-
cellulose.
^ Nitrocellulose.
La nitrocellulose, appelée également coton pou-
dre, fulmicoton, est obtenue par l'action de l'acide
— 334 —
nitrique sur le coton, en présence de l'acide sulfu-
ri que.
Matières premières.
Le coton employé est en grande partie acheté
en Allemagne et vaut actuellement de 1 franc à
i fr. 20 c. le kilogramme. Certaines qualités blanches,
destinées aux usages pharmaceutiques, s'achètent
jusque 2 francs le kilogramme. On trouve, en Alle-
magne, du coton pur, tout préparé pour le déchi-
quetage, ce qui dispense nos fabricants de s'occuper
du dégraissage.
La quantité de coton traitée annuellement dépasse
195,000 kilogrammes.
L'acide nitrique à 48"* est de provenance belge et
allemande. On en consomme environ 225 tonnes par
an. Une des fabriques de nitrocellulose va monter
une installation pour préparer elle même son acide
nitrique.
L'acide sulfurique à 66'' est fourni par la Belgique;
la quantité nécessaire à la fabrication est également
de 225 tonnes par an.
Fabrication .
La fabrication comporte un assez grand nombre
d'opérations; elles sont relatives à la préparation du
coton, à sa nitriûcation et au traitement du coton
nitriûé.
— 335 —
Préparation du coton.
Le coton brut, avant de subir Taction de l'acide
nitrique, doit être convenablement préparé. On le
soumet aux opérations suivantes :
Une purification consistant en un dégraissage à la
soude et un lavage dans une chaudière autoclave;
Un premier séchage;
Un déchiquetage au moyen d'une machine appelée
loup déchiqueteur; le coton, amené par un tablier
sans fin, est pressé contre un cylindre garni de
pointes; après avoir été ouvert et déchiré par ces
pointes, le coton passe entre deux tambours lami-
neurs perforés et les poussières qu'il contient sont
aspirées par l'intérieur ;
Un second séchage, avec refroidissement, dans des
récipients clos, à l'abri de l'air.
Nitrification du coton.
On prépare, d'abord, dans une chaudière horizon-
tale, le mélange d'acide nitrique et d'acide sulfurique
dans les proportions voulues pour la qualité de nitro-
cellulose à obtenir.
On règle, ensuite, la température à laquelle on veut
opérer la nitrification et qui varie suivant le cas, en
faisant passer le mélange d'acides dans une chaudière
voisine, munie d'un serpentin dans lequel on peut
introduire de la vapeur. .
La nitrification du coton s'effectue soit dans des
— 336 —
récipients en grès, soit directement dans des appa-
reils Sellwig et Lunge, qui sont de véritables esso-
reuses. Lorsque Tattaque est terminée, on lâche le
liquide et Ton turbine.
Les acides ayant servi se rendent dans une troi-
sième chaudière pour y être régénérés.
Quant aux vapeurs acides qui se dégagent pendant
l'opération, elles sont recueillies sous une hotte et
aspirées par un ventilateur en grès, non sujet à se
détériorer par l'action des acides. Avant d'entrer dans
cet aspirateur, pour être rejetées dans l'atmosphère,
les vapeurs traversent une série de bonbonnes en grès,
puis une petite tour de condensation remplie de coke
et de plateaux.
Le coton nitriûé est relire de l'appareil et trans-
porté hydrauliquement par un courant d'eau jusqu'à
l'atelier de lavage.
Traitement du coton nitrifié.
Le coton nitrifié subit d'abord une série de lavages
à l'eau froide, d'abord dans une grande cuve ovale on
pile à circulation continue, puis, dans des bacs rec-
tangulaires.
Ces lavages sont suivis d'un déchiquetage ; cette
opération s'effectue à chaud dans une pile identique
à celles employées dans la fabrication du papier; elle
a pour but de bien ouvrir les fibres du coton et de
permettre sa parfaite épuration. On force le coton à
passer entre un bloc à rainures et un cylindre garni
de lames de fer radiales.
— 337 —
Où procède alors à la cuisson. Introduit avec de
l'eau et de la soude dans une grande chaudière verti-
cale, le coton est soumis à rébullition pendant cin-
quante heures. Ce traitement a pour effet de détruire
tous les composés organiques étrangers qui pour-
raient accompagner le nitrocoton.
On le débarrasse de ces impuretés par des lavages
à Teau froide, dans une pile de papeterie. Le nitro-
coton se dépose au fond de l'appareil ; on décante
Teau sale à l'aide d'un tamis cylindrique à palettes
intérieures, que l'on plonge dans le liquide. Si l'eau
contient beaucoup de sable, on la fait sortir par la
partie inférieure de la pile.
Lorsque la nitrocellulose est bien propre, il ne
reste plus qu'à l'essorer; elle est retirée de la tur-
bine avec le degré d'humidité convenable pour le
transport. D'après les décisions de la convention de
Berne, la teneur en eau peut aller jusque 56 p. c.
Produits fabriqués.
La nitrocellulose se fabrique en différentes qualités
d'après l'usage auquel elle est destinée. Il y a d'abord
la nitrocellulose soluble dans la nitroglycérine, pro-
pre à la fabrication de la dynamite; puis les qualités
destinées à la préparation des diverses poudres sans
fumée; enfin la nitrocellulose employée à la fabrica-
tion du collodion.
La qualité varie suivant le dosage des acides
employés et la température de nitrification; elle se
constate par le degré de solubilité du nitrocoton
22
— 338 —
dans un mélange d'éther et d*alcool ; cette solubilité
dépend elle-même de la teneur en bioxyde d'azote.
C'est, d'ailleurs, cette dernière condition qui sert à
fixer le prix de la nitrocellulose, lequel varie actuel-
lement de 4 à 5 francs le kilogramme.
Commerce:.
La fabrication de la nitrocellulose est pratiquée par
deux des principales poudreries du pays.
En y comprenant la fabrication de l'éther et du col-
lodion,qui se préparent conjointement, cette industrie
requiert un personnel d'une cinquantaine d'ouvriers
et une puissance motrice de 175 chevaux, sans natu-
rellement y comprendre la nitrocellulose destinée à la
fabrication de la soie artificielle.
La production actuelle s élève à environ 225,000 ki-
logrammes par an, dont les trois quarts sont utilisés,
par les mêmes établissements, pour la fabrication de
la poudre sans fumée. Toutefois, les installations sont
faites en vue de pouvoir donner une extension consi-
dérable à la production, à mesure du développement
de la fabrication de la poudre sans fumée.
Le transport par chemin de fer de la nitrocellulose
à 56 p. c. d'humidité ne peut se faire que dans des
sacs caoutchoutés contenant 55 kilogrammes au maxi-
mum. Les fabricants, se basant sur Tinocuité du pro-
duit à l'état humide, seraient désireux de voir la limite
de poids modifiée et portée, par exemple, à 70 kilo-
grammes.
^ 339 —
GoUodion.
Le collodion est un liquide visqueux, préparé en
dissolvant la nitrocellulose dans un mélange d'éther
et d'alcool.
Ce produit est employé dans la pharmacie, en
photographie et dans la fabrication des manchons à
incandescence.
Il s'expédie comme l'éther, c'est-à-dire en bon-
bonnes ou en flacons.
Son prix est de 1 fr. 50 c. le kilogramme.
Les deux fabriques de cellulose préparent égale-
ment les différentes qualités de collodion.
La production totale atteint actuellement 7,000 à
8,000 kilogrammes par an.
L'industrie du collodion est à ses débuts en Bel-
gique; elle est appelée à se développer et susceptible
de fournir un certain chiffre d'affaires à l'exportation.
On expédie déjà ses produits dans les pays du sud de
l'Europe et de l'Amérique méridionale.
5° Aldéhyde et paraldéhyde acétiques .
L'aldéhyde acétique et son polymère solide, le
paraldéhyde, sont fabriqués par usine qui s'occupe
principalement de naphtaline purifiée et d'anthracène
riche.
L'aldéhyde acétique ou et banal se prépare en oxy-
dant l'alcool éthylique par l'un des procédés suivis
dans les laboratoires. Le paraldéhyde acétique se
forme sous Tinfluence de l'acide chlorhydrique.
— 340 —
Ces deux produits se livrent dans des bouteilles
ordinaires et valent respectivement 2 fr. 50 c. et
5 fr. 50 c. le kilogramme.
Ils sont utilisés en médecine, comme soporifiques.
Dans l'industrie, l'aldéhyde acétique, ainsi que nous
l'avons vu, est employée pour préparer la quinaldine,
qui sert de base à la fabrication du jaune de qui-
noline (aniline).
VI. — PRODUITS CHIMIQUES PURS,
jo Produits pour laboratoires.
La fabrication de produits chimiques purs, pour
laboratoires scientifiques et industriels et pour usages
médicinaux, est loin d'avoir atteint, en Belgique,
le développement qu'elle a pris dans certains pays
voisins. Pour la plupart de ces substances, nous
sommes tributaires de l'Allemagne.
Cependant, quelques maisons belges de droguerie et
de pharmacie fournissent couramment, dans d'excel-
lentes conditions, un certain nombre de produits purs,
qui sont non seulement consommés dans le pays, mais
encore exportés, en certaine quantité, en France, en
Allemagne, dans l'Amérique du Nord, etc.
Produits fabriqués.
Voici la liste des principaux produits fabriqués
avec indication de leurs prix par kilogramme :
Zinc redistillé^ absolument pur : 7 fr. 50 c. à 7 fr . 75 c.
J
— 341 —
Oxyde de zinc précipité, indifférent au permanganate :
1 fr. 20 à 2 francs. Il est obtenu en purifiant, par des
réactifs spéciaux, le blanc de zinc neige.
Chlorure de plomb cristallisé : 1 fr. 50 c.
Nitrate de plomb : 1 fr. 70 c.
Ces deux sels sont des sous-produits de la prépa-
ration de l'oxyde de zinc.
Peroxyde de plomb ou oxyde puce^ sans manganèse,
obtenu par oxydation du minium : 5 francs.
lodure de plomb.
Chlorure de sodium.
Carbonate calcique, préparé au moyen du chlorure
calcique.
Phosphate tricalcique, préparé au moyen du marbre.
Benzoate de sodium.
Benzoate d'éthylène.
Biododithymol.
Oxyiodogallafe de bismuth.
Produits purifiés.
En plus des produits fabriqués, on effectue éga-
lement la purification de certains composés fabriqués
en Belgique ou importés de l'étranger, tels que :
Borax, nitrate de potasse, sulfate de cuivre, de prove-
nance belge.
Alun potassique^ de provenance anglaise.
Acétate de plomb, de provenance anglaise et alle-
mande.
— 342 —
Réactifs.
Les mêmes maisons se chargent aussi de la prépa-
ration de réactifs spéciaux, tels que : liqueurs alcali-
métriques, réactif de Nessler, liqueur de Fehling,etc.,
ainsi que de la composition de collections de réactifs
pour laboratoires d'étude, de pharmacie et de photo-
graphie.
^ Préparations pharmaceutiques.
Produits.
Les nombreuses et variées préparations qui sont du
ressort de la pharmacie constituent la branche prin-
cipale des établissements qui nous occupent.
Ces produits se rangent en plusieurs catégories
comportant des manipulations fort diverses. Citons :
Les médicaments en poudre et comprimés;
Les pilules, pastilles, capsules;
Les produits granulés et enrobés;
Les extraits, teintures, onguents;
Les préparations organothérapiques (extraits d'or-
ganes d'animaux, sérums, etc.).
Outillage.
Plusieurs de nos maisons sont pourvues d'un outil-
lage complet et perfectionné, qui ne le cède en rien
à celui des établissements les plus réputés de
l'étranger.
La nomenclature suivante donnera une idée de la
— 343 —
grande variété de machines qui sont utilisées dans
cette industrie ; elles sont combinées pour effectuer
les opérations avec la perfection et la célérité
requises et beaucoup d'entre elles fonctionnent méca-
niquement.
Broyage, moulure, pulvérisation.
Meules ordinaires verticales.
Moulin à cylindres pour farines.
Cisaille à découper les racines.
Rouleau à découper les feuilles.
Moulin à onguent (cuve fermée avec meule en fonte).
Tambour en porcelaine avec billes en porcelaine.
Tambour à boulets pour pulvériser, avec tamis.
Broyeur Cyclon, avec croisillon à l'intérieur, pour
corps très durs.
Pilon mécanique double en acier, quadruple, etc.
Tamiseur mécanique.
Compression, granulation^ façonnage.
Machine à façonner les pastilles.
Machine pour Isi compression des pastilles avec
matrice et poinçon.
Machine à fabriquer automatiquement les pilules.
Chaudière rotative en cuivre pour la dragéiâcation.
Sphère rotative en verre pour argenter les pilules.
Machine à disque pour façonner les capsules en
gélatine.
Pompes pour remplissage des capsules.
Séchoirs pour les divers produits, etc.
— 344 —
Exlraclion, fiUraiion, distillation, évaporation,
Macérateur à Tair libre.
Distillateur-extracteur fermé (alambic surmonté
d'un réservoir).
Alambic distillant dans le vide à 2S^^ spécialement
pour produits organothérapiques.
Filtre Ensinger à grande surface, travaillant sous
pression d'acide carbonique.
Filtre rapide à bougie Chamberland, travaillant à
50 atmosphères, avec stérilisation simultanée par
Tacide carbonique (spécialement pour préparations
organothérapiques).
Chaudière à évaporation à Fair libre, à double
enveloppe et chemise de vapeur.
Séchoir dans le vide, à plaques creuses chauffées
par la vapeur, etc.
Séchoir à radiateurs avec ventilateur électrique et
flambage préalable de l'air introduit (pour stérilisa-
tion).
Appareil à stériliser l'ouate dans la vapeur sèche.
Production. — Commerce.
Les maisons qui, en Belgique, s'occupent de la
fabrication des produits chimiques purs pour labora-
toire et des préparations pharmaceutiques sont au
nombre de 5. Trois de ces établissements travaillent
avec force motrice et occupent un personnel relative-
ment important. Le nombre total d'ouvriers et
— 345 —
ouvrières employés dans cette industrie est de 150
environ, ayant à leur disposition une puissance
motrice d'une soixantaine de chevaux.
On peut estimer le chiffre d'affaires total à environ
2,500,000 de francs par an.
L'absence de maisons de commerce belges à Tétran-
ger rend fort difficile Texportation au loin de ce genre
d'articles. Cependant, certains produits pour labora-
toire s'exportent en France, en Allemagne et dans
l'Amérique du Nord.
Les préparations pharmaceutiques trouvent aussi
quelques débouchés en dehors du pays, notamment au
Congo, où nos fabricants ont comme clientèle l'admi-
nistration de l'Ëtatet celles des sociétés particulières.
REPERTOIRE
Société anonyme du gaz de Saint -Josse-ten-Noode, à
Saint-Josse-ten-Noode lez-Bruxelles.
Eaux ammoniacales eoncenlrées.
Usine à gaz de la ville, à Gand.
Eaux ammoniacales concentrées.
Compagnie générale pour l'éclairage et le chauffage par le
gaz^ à Louvain et à Tournai.
Eaux ammoniacales concentrées.
Compagnie continentale du gazy à Anvers et à Koekel-
berg-lez-Bruxelles.
Sulfate d*ammoniaque.
H. Desclée et C*% à Bruges.
Sulfate d'ammoniaque.
Société anonyme d'éclairage du centre^ La Louvière.
Sulfate d'ammoniaque.
Société aiwnyme du gaz d'Alost^ à Alost.
Sulfate d'ammoniaque.
- 347 —
Société anonyme du gaz de Liège, h Liéfi|;e.
Sulfate d*ainmoniaque.
Société anonyme pour la fabrication du gaz, à Angleur
et à Yerviers.
Sulfate d'ammoniaque.
Desclée et (>*, à Courtrai.
Sulfate d'ammoniaque.
Usine à gaz communale, à Saint-Gilles-lez-Bruxelles.
Sulfate d'ammoniaque.
Société anonyme pour le chauffage et l'éclairage par le gaz,
à Ânderlecht-lez-Bruxelles.
Sulfate d'ammoniaque.
Société anonyme d'Ougrée-Marihaye^ à Seraing.
Sulfate d'ammoniaque. Goudrons.
Evence Coppée, à Ressaix-lez-Binche et à Pâturages.
Sulfate d'ammoniaque. Benzols bruts. Goudron.
*Solvay et C, à Havre, Seraing, Ghlin, Gouillet, Fié-
malle, Bois-du-Luc, Crachet-Picquery, Fontaine-
l'Évéque, Élouges, Dour, Zeebrugge, Maurage.
Eaux ammoniacales concentrées. Alcali volatil.
Sulfate d'ammoniaque. Benzols bruts et recti-
fiés. Solvent naphte. Toluène. Benzène pur.
Goudron.
* Les établissements marqués d'un astérisque sont ceux qui figurent
dans plusieurs groupes d'industries.
— 348 —
Compagnie continentale du gaz, à Forest-lez-Bruxelles.
Sulfate d'ammoniaque. Benzols et benzine. Naph-
taline brute. Huiles lourdes et créosotées. An-
tbracène. Brai.
Usine à gaz de la ville de Bruxelles, à Laeken-lez-
Bruxelles.
Sulfate d'ammoniaque. Benzol, toluol, solvent
naphte. Acide phénique brut. Huile de créosote.
Naphtaline brute Anthracène à 50 p. c. Brai.
Burty Boulton et Haywood [société anonyme), à Seizaete.
Sulfate d'ammoniaque. Benzols, benzine rectiGée,
toluol, pyridine. Acide phénique brut. Naphta-
line brute. Anthracène. Brai.
Usine de produits chimiques {société anonyme), îi Schoo-
naerde.
Benzols. Huiles de créosote. Naphtaline brute.
Anthracène. Brai.
Société anonyme des agglomérés réunis du bassin de
Charleroi, à Marcinelle.
Benzols. Acide phénique cristallisé et liquide.
Crésol. Naphtaline purîGée. Huiles de créosote.
Anthracène. Brai.
Société anonyme de charbonnages et sous-produits réunis,
à Flawinne.
Benzols bruts et rectifiés. Benzine. Huiles de
créosote. Naphtaline purifiée. Anthracène.
Brai.
— 349 —
Louis Luyteïiy à Marche-les-Dames.
Naphtaline puriflée. Ânthracène riche. Huiles
lourdes. Jaune de quinoline. Aldéhyde et parai-
déhyde acétique.
*Compagnie générale des produits chimiques et engrais
chimiques de la Sambre^ à Jemeppe-sur-Sambre.
Acide phénique cristallisé.
^Fabrique d!engrais et produits chimiques [société ano-
nymé)^ à Charleroî.
Désinfectant Fluid dip.
*René Dubois^ à Fontaine-l'Évêque.
Carbonyle, marque « Brunitas ».
Hervé frères et Goffart, à Trooz.
Carbonyle.
Alphonse Dupont et C*% à Haren (Nord).
Ferrocyanure de soude. Sulfocyanure double de
potasse et d'ammoniaque. Sulfocyanure d'am-
moniaque.
J.'B. Ibels^ à Anderlecht-lez-Bruxelles.
Couleurs d'aniline. Nigrosines à l'eau et à l'alcool.
Bleus solubles. Couleurs grasses et couleurs
pour vernis à l'alcool.
L. Destrée, A. Wiescher et C% à Haren (Nord).
Couleurs d'aniline.
— 350 —
Société anonyme des matières tannantes et colorantes, à
Jemappes.
Extraits tanniques liquides.
Société anonyme de produits chimiques et électrochimiques ^
à Hemixem.
Extraits tanniques liquide, pâteux et sec. Acide
acétique. Acétone. Alcool méthylique rectifié.
Alcool allylique. Charbon de bois menu. Gou-
dron de bois. Briquettes.
Ch. Van Assche, à Saint-Amand-lezPuers.
Extrait de salicine.
Société anonyme a Pharmaco », à Bornhem.
Salicine.
L. Masure et C**, à Olloy.
Acétate et pyrolignite de chaux. Alcool méthy
lique ordinaire, demi pur et pur. Charbon et
goudron de bois.
V""" Louis Zoude, à Poix-Hatrival.
Acétate de chaux. Pyrolignite de fer. Alcool mé-
thylique rectifié. Charbon et goudron de bois.
/. Capelle, Lutgen et Dury, à Bertrix.
Acétate de chaux. Alcool méthylique ordinaire
et pur. Charbon et goudron de bois.
Les produits chimiques de Chimay (société anonyme]^ à
Chimay.
Acétate de soude. Alcool méthylique. Charbon de
bois. Brai végétal. Huiles de créosote.
— 351 —
LambioUe frères , à Marbehan.
Acétate de chaux et de soude. Acétone. Pyroli^^nite
de fer. Alcool métbylique ordinaire, type régie
et pur. Charbon de bois. Goudron et brai
végétal. Formol. Chloroforme. Créosote et
gaïacol. Créoso forme et gaïaforme. Carbonate
et phosphate de créosote et de gaïacol, etc.
Everaert frères^ à Louvain.
Acide acétique. Alcool mélhylique. Charbon et
goudron de bois.
/. SleelS'Van Huffely à Destelbergen-lez-Gand.
Acide acétique. Pyrolignite de fer. Alcool métby-
lique. Charbon et goudron de bois.
* Usine des Moulins {société anonyme), à Gand.
Acide acétique industriel et de table, vinaigres
d'alcool, de vin et de malt.
Edouard Hawarl^ à Louvain.
Formol. Trioxyméthylène. Hexaméthylène tétra-
mine.
*Sociélé anonyme Cooppal etO% à Wetterenet à Caulille.
Alcool métbylique. Acétate de chaux. Ëther sul-
furique. Éther acétique. Nitrocellulose. Col-
lodion.
Société anonyme des explosifs de Clermont (Muller et C^)^
à Clermont.
Nitrocellulose. Collodiou.
— 352 -
Georges Labouverie^ à Ougrée,
Produits chimiques purs pour laboratoires. Oxyde
de zinc. Chlorure et nitrate de plomb. Zinc
redestillé. Oxyde pure.
Laboratoires Optina, à Schaerbeek-lez-Bruxelles.
Chloroforme. Produits pharmaceutiques. Médica-
ments comprimés à sec. Préparations organe-
therapiques. Extraits et sérums. Pansements
antiseptiques.
Pharmacie centrale de Belgique^ à Hal.
Produils chimiques purs :
Carbonate et phosphate calcique. Chlorure de
sodium. Oxyde de zinc.
Benzoate de sodium et d*éthylène.
Salycilate d*antipyrine. Oxyiodogallate de bis-
muth. Biododi thymol, etc.
Alun potassique, borax^ nitrate de potasse, acé-
tate de plomb, sulfate de cuivre.
Produits pharmaceutiques :
Teintures, extraits, onguents. Pilules, capsules,
pastilles, produits granulés et comprimés,
poudres, etc.
Kalcker-WielemanSj à Bruxelles.
Préparation de réactifs et produits purs pour
recherches chimiques.
Produits pharmaceutiques : essences, extraits,
granules, pilules, capsules, etc.
— 383 —
Pelgrims et fils, à Bruxelles.
Oxyde de zinc, chlorure et nitrate de plomb,
iodure de pomb.
Préparation et collections de réactifs pour labo-
ratoires et photographies.
Produits pharmaceutiques divers.
>S«âo*
23
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Introduction :
Objet des industries chimiques '. . 1
Classification pratique des industries chimiques 6
PREMIÈRE PARTIE.
INDUSTRIES DE L ACIDE SULFURIQUB
ET DES SUPERPHOSPHATES.
Renseignements généraux 11
I. Acides minéraux et sous-produits :
1^ Acide sulfurique 14
Aperçu général de la fabrication 14
a) Production de l'anhydride sulfureux 17
Minerais 17
Broyage 18
Grillage 20
Fours à pyrites . . 20
Fours a blendes .... 22
Fours à blendes et à pyrites 24
Chambres à poussières 25
Organisation du travail du grillage 26
Utilisation des minerais grillés 26
— 356 —
Pages.
6) Transformation de l'anhydride sulfureux en acide sul-
furjque 27
Chambres de plomb 27
Tirage des fours 50
c) Récupération des vapeurs nitreuses 51
Condenseur de Gav-Lussac .51
Tour de Glover 52
Distribution des acides 53
Compteur automatique 54
Rendement. — Emmagasinage. — Transport ... 57
Concentration de Tacide sulfurique 59
Fabrication de Tacide sulfurique par contact ... 45
Sous-produits de la fabrication 44
Production, — Commerce 45
^ Acide nitrique 48
Fabrication 48
Production. — Commerce 54
5^ Sulfate de soude et acide chlorhydrique .55
Fabrication ... .55
Production, — Commerce ... 57
II. Phosphates de chaux :
1^ Superphosphates ordinaires .... 58
Matières premières 58
Acide sulfurique 59
Phosphates naturels 59
Fabrication 60
Broyage des phosphates 60
Traitement par Tacide sulfurique . 62
Séchage du superphosphate 64
Pulvérisation, tamisage et ensachement 66
Disposition générale de Tatelier 68
Production, — Commerce 69
Superphosphates d'os 70
Superphosphates de noir d'os 71
— 3S7 —
Pages.
2° Guano dissous 72
Matières premières . . . . .... 72
Traitement 72
Production. — Commerce . . . . 73
Guano artificiel ... 73
3® Phosphates basiques .... ... ... 74
Matières premières ... . . . . 7i
Préparation .... 75
Production. — Commerce 75
III. Produits accessoires :
Cuivre de cément 77
Matières premières 77
Fabrication 77
Production. — Commerce 78
Sulfate de cuivre 79
Fabrication 79
Production. — Commerce 81
Nitrate de cuivre 81
Sulfate de fer 81
Fabrication 81
Production, — Commerce 82
Perchlorure de fer 83
Composés de baryum ... 84
Sulfure 84
Nitrate 84
Carbonate, chlorure 84
Fluosilicate de soude 85
Fabrication 85
Production. — Commerce 86
arsenic 86
Matières premières 86
Fabrication 87
Production. — Commerce 89
Arséniure de nickel et de cobalt 90
Répertoire 91
— 358 —
DEUXIÈME PARTIE.
INDUSTRIES DE LA SOUDE, DES CHLORURES
ET DES SELS DE POTASSE.
Pages.
Renseignements généraux 99
I. Carbonate de soude et sous-produits :
Aperçu général de la fabrication 102
Matières premières 104
Opérations 105
Préparation de la saumure ammoniacale .... 105
Production de Tacide carbonique 107
Garbonatation de la saumure ammoniacale. . . 108
Filtration et lavage du précipité 110
Dessiccation et calcination du bicarbonate de soude, lit
Récupération de l'ammoniaque 114
Utilisation des eaux-mëres 115
Production. — Commerce 116
II. Chlorure de chaux. — Soude caustique :
1® Chlorure de chaix 118
Procédés de fabrication . . . . 118
a) Méthode électrolytique 120
Production du chlore 120
Chloruration de la chaux 124
b) Procédé Deacon 125
Production du chlore 125
Chloruration de la chaux 128
Chlorure de chaux liquide 129
Production. — Commerce 129
2<* Soude caustique 150
Procédés de fabrication . . 150
Production, — Commerce ... . . 131
J
— 359 —
Pages
III. Cristaux de soude. — Acide sulfureux et bisulfites. —
Composés divers :
i^ Cristaux de soude 132
Fabrication 132
Production. — Commerce 154
2<> Acide sulfureux et bisulhtes 1%Ï3
Fabrication 135
Production. — Commerce 137
Acide sulfureux 137
Bisulfite de soude 138
Bisulfite de chaux 138
3'* Composés divers 139
Sulfate de magnésie 139
Hypochlorite de soude 139
Chlorure de zinc 140
Sulfure de sodium 140
V. Potasse. — Salpêtre. — Sel raffiné :
1° Potasse 141
Matières premières 141
À, Potasse DE vinasses 142
Potasse brute 142
Fabrication 142
Production. — Commerce 145
Potasse raffinée 146
Matières premières 146
Fabrication 147
Production. — Commerce 148
SotAS'produits 149
Carbonate de soude 149
Sulfate et chlorure de potasse 149
Noirs de potasse 149
B. Potasse de suint 150
Matières premières 150
Fabrication . 150
Production, — Commerce 152
Potasse caustique 153
— 360 —
Pages.
2» Salpêtre 154
Matières premières 154
Fabrication 154
Production. — Commerce 155
Sous-produit 156
Nitrate d'ammoniaque 157
3° Sel raffiné 157
Matières premières 157
Fabrication 158
Production. — Commerce 161
Répertoire 164
TROISIÈME PARTIE.
PRODUITS DE NATURE MINÉRALE AUTRES QUE CEUX
DES DEUX PREMIERS GROUPES.
Renseignements généraux 173
I. Alumine et composés d'alumine :
1<* Alumine et sulfate d'alumine 175
Matières premières 175
Fabrication 176
Alumine 176
Sulfate d'alumine 178
Production. — Commerce 179
2<* Alun de potasse . 180
Fabrication 180
À . Emploi des schistes aluniferes 180
B. Emploi de l'alunite de Tolfa 181
Production. — Commerce 182
3° Composés divers d'alumine 183
Aluminate de baryum 183
Chlorure d'aluminium 184
Fluorure d'aluminium 184
Fluorure double de soude et d'alumine 185
Acide fluorhydrique 185
— 361 —
, Pages.
II. Acide phosphorique et corps qui en dérivent :
1^ Acide phosphorique i86
Fabrication 186
Production, — Commerce i87
âo Superphosphates doubles 188
Fabrication 188
Production, — Commerce 189
3° Phosphates alcalins 190
Phosphate de potasse 190
Phosphate d'ammoniaque 191
Phosphate de soude 191
Sous-produit : Phosphate précipité bicalcique . . . . 192
A^ Phosphore et phosphure de cuivre 192
Phosphore 192
Phosphure de cuivre 193
III. Couleurs minérales :
1° Céruse 194
Matières premières 194
Fabrication 195
Fusion et coulage du plomb 196
Carbonatation 196
Décapage 197
Mouture 199
Séchage 199
Pulvérisation 199
Broyage à l'huile 200
Production, — Commerce 200
Massicot et minium ... 202
Massicot 202
Minium 203
Mine orange 203
2« Blanc de zinc 204
Fabrication 204
Production. — Commerce 205
Oxyde gris et poussière de zinc 207
J^
— 362 —
I Pages.
S*» LiTOPONE 208
Fabrication 208
Préparation du sulfure de baryum 208
Préparation du sulfate de zinc 209
Fabrication de la litopone 209
Production — Commerce 210
4<> Bleu d*outremeh 211
Matières premières 2U
Fabrication 212
Production. — Commerce 213
5<* Couleurs a base d'oxyde de fer 215
Fabrication 215
Colcotar et rouge oxyde 215
Miniums de fer 216
Ocres 219
Terres à couleurs 220
Production, — Commerce 221
6° Couleurs diverses 224
Fabrication 224
Terre de Sienne 224
Noir d'ivoire 224
Jaune de chrome 224
Bleu de Prusse 224
Vert de chrome 224
Vert de Schweinfurth 225
Production. — Commerce 225
IV. Corps gazeux comprimés :
1» OXYGÈNB ET HYDROGÈNE ... 227
Fabrication 227
Production. — Commerce 231
2° Anhydride sulfureux 232
3* Acide carbonique 235
Fabrication 253
À. Fermentation alcoolique 233
B. Calcination du carbonate de chaux . ... 234
C. Calcination du carbonate de magnésie .... 235
Production. — Commerce 256
— 363 —
Pages.
A^ AMMONIAQUE ANHYDRE 257
Fabrication 237
Production. — Commerce 238
V. Produits divers :
1° Soufre raffiné 239
Fabrication 239
Production. — Commerce 240
2^» Sulfate de baryte 241
Extraction 241
Préparation 243
Production. — Commerce 245
3° Borax et acide borique 246
4° Silicates de soude et de potasse 247
Fabrication 247
Production. — Commerce 248
Répertoire 250
QUATRIÈME PARTIE.
PRODUITS EXTRAITS DE LA HOUILLE ET DU BOIS
ET AUTRES COMPOSÉS ORGANIQUES.
PRODUITS POUR LABORATOIRES.
Renseignements généraux 257
I. Sous-produits de la distillation de la houille :
Matières premières ... 262
A . Usines à gaz 262
B. Fours à coke 264
Procédés de fabrication 265
A . Usines à gaz 265
B. Fours à coke à récupération 266
— 364 —
Pages,
Production. — Commerce 267
i« Graphite 267
2*^ Matières épurantes épuisées . . .... 268
5^ Eaux ammoniacales 270
4^ Goudrons 271
5° Benzols bruts 272
II. Produits secondaires de la distillation de la houille :
À . Traitement des matières éparantes épuisées 273
i^ Ferrocyanure de soude 273
2^ SULFOCYANURE DE POTASSE ET D'AMMONIAQUE 274
B. Traitement des eaux ammoniacales 275
1» ÂM.M0NIAQLTE 276
Fabrication 276
a. Concentration des eaux 276
6. Épuration 280
Production. — Commerce . . 281
2^ Sulfate d'ammoniaque 283
Fabrication ... 283
Production. — Commerce 284
C. Distillation des goudrons 285
Matières premières 285
Procédés de fabrication ..... ... 286
Premier traitement 286
Deuxième traitement ... 287
Troisième traitement 288
Rendement 288
Appareils employés 290
1° Produits retirés des huiles légères. ... 292
Benzol, benzène, toluène, pyridine 292
Production» — Commerce 293
^ Produits retirés des huiles moyennes 294
Acides phcnique et crésylique 294
Carbonyle 295
Fluiddip 295
— 365 —
Pages.
3^ Produits retirés des huiles créosotées 296
Naphtaline 296
Purification 296
Production. — Commerce . 297
Créosote 298
A° Produits retirés des huiles anthracéniques .... 299
Huile verte 299
Anthracène commercial 299
Anthracène riche 500
Production. — Commerce 301
5° Brai 301
6<* Produits divers et produits dérivés 302
Goudron raffiné 302
Distillation des goudrons de pétrole 302
Hydrocarbures nitrés 305
Couleurs d*aniline 303
III. Produits extraits directement du bois :
 . Procédés par voie humide 304
1® Extraits tanniques ... 304
Matières premières 304
Fabrication 305
Production. — Commerce 308
2« Salicine 508
Matières premières 508
Fabrication 509
B. Prooédét par yoie tèobe. — Distillation du bois 511
Matières premières 511
Procédés de fabrication ... 512
1° Obtention du pyrolicneux 512
a) Séchage et débitage du bois 512
b) Distillation 512
c) Condensation 515
2<> Traitement du pyroligneuk 514
a) Séparation des goudrons 514
b) Séparation de Talcool méthylique 515
c) Séparation de Tacide acétique 515
— 366 —
Pages.
Produits fabriqués. — Rendement 517
Charbon de bois 317
Alcool méthylique 318
Acétate de chaux 318
Acétate de soude 319
Pyrolignite de fer 319
Goudron 319
Production. — Commerce 320
Charbon de bois 321
Alcool méthylique 321
Acétate de chaux 321
Acétate de soude 321
IV. Produits secondaires de la distillation du bois :
1^ Dérivés de l'alcool méthylique 322
Formaldéhyde 322
Fabrication 522
Production. — Commerce 325
Trioxyméthylène 324
Hexaméthvlène tétramine 324
2<* Dérivés de l* acétate de chaux 324
Acétone 324
Chloroforme 325
Acide acétique 325
Matières premières 325
Fabrication 326
Production. — Commerce 328
3° Dérivés du goudron de bois 329
Procédés de fabrication 529
Produits fabriqués 330
V. Produits organiques divers :
i^ f/THER SULFURIQUE 331
Matières premières 331
Fabrication 531
Production. — Commerce 532
Éthrr acétique 355
— 367 —
Pages.
2® NiTROCELLULOSE .... 333
Matières premières 334
Fabrication 334
Préparation du coton 335
Nitrification du coton 335
Traitement du coton nitrifié 336
Produits fabriqués 337
Commerce 338
3» COLLODION 339
Aldéhyde et paraldéhyde acétiques 339
VI. Produits chimiques purs :
1^ Produits pour laboratoires 340
Produits fabriqués 340
Produits purifiés 341
Réactifs 342
â'* Préparations pharmaceutiques 342
Produits 342
Outillage 342
Broyage, mouture, pulvérisation 343
Compression, granulation, façonnage 343
Extraction, filtration, distillation, évaporation 344
Production. — Commerce 344
Répertoire . 346
>:«:oo-
PUBLICATIONS
DU
MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE ET DU TRAVAIL (•)
PUBLICATIONS PERIODIQUES DE l/OFFlCE DU TRAVAIL.
Eevuedu tracail, publication mensuelle. — Éditeur : J. Goemaere, rue de
la Limite, 21. Abonnement pour la Belgique : 2 francs (i^* année [4896] épuisée).
Arbeid0blad^ publication mensuelle. — Éditeurs : Office dé publicité et Société
belge de librairie, à Bruxelles. Abonnement pour la Belgique : 2 francs.
Annuaire de la îégisloiion du travail. — i" année (1897), 1 fr. 50 é.; 2*, 3«
et 4" années (épuiâées); 5« année, 2 fr. 60 c.; 6« année, 3 fr. 10 c; 7* année,
(1903), 3 fr. 30 c. ; 8« année (1904), 3 francs*
Rapports (ùifiueU de V inspection du travail. — ^ 1*^ année, 6 fr. 50 c;
2* année, 7 francs; 3« année, 3 fr. 50 c; 4« année, 3 francs; 5® année, 3 fr. 50 c;
6« année, 3 fr. 50 c.; 7« année, 3 fr. 50 c; 8« année, 3 fr . 50 c.; 9* année
(4903), 4 francs.
PUBLICATION» NON PÉRIODIOCES DE L*OFFICE DU TRAVAIL*
VOfpce du travail de 1895 à i905. Notice publiée ^ l'occasion de Texposidon
de Liège en 1905. 1 volume grand in-S*' de 245 pages ^véc figures et planches,
(Cette i*)ablication n*est pas mise en vente. >
L* assurance contre V invalidité et la vieillesse en AUemagne, — 1895, 1 vol.
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Travail du dimanche, — Belgio^ie. ^ Vol. MI : Établissements industriels;
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tion de l'Association pour la repos du dimanche en Belgique; broché : 3 francs;
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Travail de nuit des ouvrières de Vindustrie dans les pays étrangers (France,
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cotonnière, 1901, 1 volume in-8** de ccxiv-596 pages. Broché : 8 francs; cartonné
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sont en vente à l'Office de publicité, rue de la Madeleine, 46, et à la Société belge de
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flamand. — 1900, 1 volume in-8o de 465 pages. (Épuisé.)
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1900, 1 volume in-8^ de 295 pages, (Épuisé).V
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la cordonnerie à Binche. L'industrie du tissage de la laine dans le pays de Ver-
viers et le Brabant wallon. L'industrie du tissage du coton en Flandre et dans le
Brabant. — 1904, 1 vqI. in-8** de 600 pages. Broché : 5 francs; cartonné toile :
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pages. ~ 1903. Broché : 2 fr. 25 c; cartonné toile : 3 fr. 25 c.
Loi et règlements sur la réparation des dommages résultant des accidents du
trawxiî. — 1905. Broché in-12, de 138 pages : 50 centinies.
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PUBLICATIONS NON PÉHIODIQUES DE LA DIRECTION DE l'ENSEIGNBMENT INI^USTBIEL
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Rapport sur Venseignemetitprofessiomiel en Angleterre^ par Oscar PTFFBROEK.
1896» 1 volume in-8o de XYi'^21 pages. Broché : 2 fr. 25 e. (Épuisé.)
Rapport sur Veyiseignement professionnel en Allemagne^ par le même. —
1897, 1 volume in-8« de xii-354 pages. Broché : 2 fr. 50 c.
Rapport sur V enseignement industriel et professionnel «ni9e/^t^t<e( 1884-1896].
1897, 1 volume in-8o de xxxvi479 pages. Broché :• 3 fr. 75 c
Étîide sur les écoles techniques de V industrie du bâtiment et de V industrie du
bois en Allanagne, par Omer BUYSE. — 1898, 1 volume in-8<» de iv-126 pages.
Broché : 1 fr. 50 c. ^Épuisé.)
Étude sur Inorganisation pédagogique des écoles techniques anglaises^ par le
même. — 1900. 1 volume in-8" de 158 pages. Broché : 1 fr. 75 c^Époisé )
Étude sur renseignement commercial en Allemagne, par Omer BUTSE, et aux
États- Unis, par Gustave Mille. — 1902, 1 voiume in-8« de 192-25 pages. (Épuisé.)
La petite bourgeoisie auœ Pay S' Bas, par Oscar Pyfferoen. — 1902, 1 volume
ïn-S^ de viii-396 pages. Broché : 3 francs ; cartonné : 3 fr. 75 c.
HappoT-t sur la situation d^ V enseignement technique en Belgique (i897-190l}
1903,2 volumes in-8'» de8l8et469 pages. Uroché i 9 francs; cartonné : 10 francs.
^.
V